RER LAS heu PE et mn tue ès cr rs ma a … - mn tee D , e. 5 9 c : SAV CDS D te Der a _ Sr Fe nn Bree : ae ce dd 2 a ist Nate ed ter gts ET 2 EEmae vi MAACALE LS MC PTE GR Cr Rs Lens ot qe a 2 + ae eme “ ee ne . cd à COMPTES RENDUS DES SÉANCES ET MÉMOIRES LUS LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1882 COMPTES RENDUS DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TOMEQUATRIÈMEDELA SEPTIÈMESÉRIE ANNÉE 1882 TRENTE-QUATRIÈME DE LA COLLECTION Avec figures PARIS V. À. DELAHAYE Fr LECROSNIER, LIBRAIRES-ÉDITEURS, Place de l'École-de-Médecine, 1882 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÊTE DE BIOLOGIE EN 1882 COMPOSITION DU BUREAU. Président rperpétuel...... M. Paul Bert. Wice-présidents...... PET fee core | M. Ranvier. Secrétaire général ....... M. Dumontp: hier. M. d'Arson: il. Secrétaires ordinaires... De QI Le SA M. Dastre. 1 M. Richet. Ærénorier. 02... M. Chatin (Joanues). _Archiviste.................. M. Hardy. MEMBRES HONORAIRES. MM. Chevreul. MM. Milne Edwards. Dumas. De Quatrrfages.. Gosselin. NA Guéneau de Mussy (H.). Ni Martins. == = MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES (1882). MM. Balbiani. MM. Laborde. Ball. Laboulbène. Bert (Paul). Lancereaux. Berthelot. Leblanc. Bloi. Le Bret. Bouchut. Leven. Bouley (Henri). Luys. Brown Séquard. Magnan Carville. Magitot. Charcot. Marey. Chatin. Michon. Cornil. Milne Edwards (Alph.). Davaine. Moreau (Armand). Depaul. Ollivier. Duguet. Rabuteau. Fournier (Eue.). Ranvier. Gallois. Raymond. Goubaux. Robin (Charles). Gréhant. _ Sappey. Hardy. Trasbot. Hayem. Vaillant. Hillairet. Verneuil. Houel. Vidal. Krishaber. Vulpian. MEMBRES TITULAIRES. MM. Bochetontaine. MM. Franck. Bouchard. Galippe. Bouchereau. Grancher. Bourneville. Grimaux. Budin. Hallopeau. Chatin (J.). Hamy. Cotard. Hanot. d’Arsonval. | Hénocque. Dastre Javal. Dumontpallier, Joffrox. Duret. Kunckel. Duval (Mathias). | Landouz\. NII MM. Liouville. MM. Pouchet, Malassez. Quinquaud. Mégnin. Regnard. Nepveu. Richet. Onimus. Robin (Albert). Parrot. Sinéty (de). Poncet. Straus. MEMBRES ASSOCIÉS. Da:wiu. MM. Paget (James). Donders. Siebold. Gurlt (Ernsi-Friedrich). Sédillot. Huxley. Valentin. Owen (Richard). MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX. MM EX rlomes sense à Lyon Baréty ti he R ue à Nice Bevhard "vs à Paris. Chaussat fr: eee à Aubusson. Chauveau #0) à Lyon. COUT APN ere à Montpellier. Covnes Nine à Bordeaux. Daremberg............ à Menton. Darestes memes à Paris. Delore. "2" ... à Lyon. Dessranges”.. à Lyon. Dufour (Gustave)....... à Toulouse. Dugès aîné ............ au Mexique. Estor.............:.... à Montpellier. Gimbert rt à Cannes. Guérin (Jules).......... à Paris. JObertia ere à Dijon. Jolyel te er ne à Bordeaux. Lecadre se re au Havre. Lépine: sc. .. à Lyon. Leroy de Méricourt.... à Paris. Leudet (Emile)......... à Rouen. Éortet 5 era à Lyon. UOTE SR AQU RS à Reims. VIII MM. Martins (Charles)... ... à Montpellier. CHI EN EN Lrsr à Lyon. 0 JE R RES ne RAR AE ARE à Bordeaux. PBINB GEAR RENE à Dives. Peyraude is cuire . à Livourne. RICALON SEEN SEE Ge à Lyon. Pigemet in Men rAr à Bordeaux. Fitness TAN An à Bordeaux. Ronaut tonne à Lyon. Hougét int à Paris. Saint-Pierre, ....... .. à Montpelier. Thann ess à Nice. Prier tn sn riNenre à Lyon. MM. MM. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS. Grande-Bretagne. Beale::.:.1: Re . à Londres. * Berkelex (M.-J.)....... à Kings-Cliff Bowman (Mama à Londres. Carpenter (W.-B:)..:.. à Londres. Jones (Wharton)...:... à Londres. Macisess nest à Londres. NIATCELE SR A Re ra à Londres. Redféra en cs es à Aberdeen. Di ON (ON) MAT à Londres. Thomson (Ailen)...... . à Glasgow. Toynbee....… RAR à Londres. Williamson. ........ ... à Londres. Aflemagne. “Brücke-(Ernst):,%.... à Vienne Dubois-Reymond ...... à Berlin. Helmholteni rss trans à Berlin. Henlo sise à Gœttingen. HéTRO por ETRERe à Stuttgard. Hoffmeister....... “sur 14 Leipziss 15 ER AR A .... à Vienne. Keller, ira à Würzbourg. LOUCRATt SR Amis da MUTICN: LENS Fe Nr A à Leipzig. + É IX MM. Meckel (Albert)... à Halle. SITES. 00 ..... à Cassel. a HCDOW.. à Benin. Belgique. MM: Crocq..…....... Mae à Bruxelles. Gripoe idee -. à Bruxelles, ÉPhiemesse 2 ue. à Bruxelles Van-Beneden......... à Louvain. Wehenkeh ue à Bruxelles. Danemark. NT SHNuoNer.- ur nue Copenhague. Suède. M: Santesson 2:20: .... à Stockholm. Hollande. MM Donders.i sisi ste . à Utrecht. 15 EN EN NRC RE A à Utrecht. à Hongrie. M. Lenhossek (de)...... ... à Pesth. SUISSE. MEN DHby re maris à Genève. EDEN A Re Nu à Zurich. Niescherm same a balle Nibati le nN Zuvier. MIN OO dier reste ets . à Genève. PLENOSb Eee ee à Genève. None et 2)Geneve: : Xtalie. MEN RUSS AA A Aa .. a, Palerme. Marine: 3.2 Naples. Moleschott. 2:22 424% 7 aTurm: à Sienne. Vel Aer sr nAc L'ENTES MM. MM. MM. X Russie. Ée be à Saint-Pétersbourg® PAR à Saint-Pétersbourg. Poele à Saint-Pétersbourg. Portugal. ANONNIUE à Lisbonne. États-Unis. A eee à New-York. ARR ER à New-York. Te à Philadelphie. Bresil AN à Bahia. FT à Rio-de-Janeiro. FL ms #* De JS À a Le Fons COMPTES RENDUS DES SÉANCES ts se JE DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1882 PRÉSIDENCE DE M. RANVIER Séance du 7 janvier 1882. A l'occasion du procès-verbal de la dernière séance, M. Du- montpallier expose que chez une des hystériques de son service il a réussi, comme dans les observations qu’il a exposées antérieurement, à faire disparaitre en quelques minutes, et cela au moyen du vent d’un soufflet ordinaire, les contractures consécutives à une attaque récente d’hystérie. Be plus, chez une autre malade devenue lypémaniaque après une attaque d’hystérie, l'hypnotisme, provoqué par le regard, à suffi pour modifier considérablement l’état mental de cette Hat et, depuis sept jours, il n’y a pas eu de rechute de Hobrone D Enfin, combinant l’étude de l’action des agents physiques sur la production d’actes réflexes cutano — musculaires , M. Dumontpallier a constaté, à l’aide de la lumière de Drum- mond passant à travers un prisme de cristal, que les rayons extra-rouges et extra-viulets du spectre avaient une action sur la surface de la peau, laquelle action déterminait secon- dairement une contraction musculaire. Le son produit à une certaine distance et transmis au moyen d’un long tube de caoutchouc, à la surtace de la peau d’une hystérique hypnotisée, détermine des contractions muscu- laires et, lorsque l’on transmettait ainsi le tictac d’une montre, on voyait les contractions des muscles marcher d’une façon synchrone avec les bruits de la montre. Si on retirait la montre, les contractions musculaires s’arrêtaient. Des éxpériences analogues ont êté faites avec le téléphone et le microphone, c’est-à-dire que des vibrations très faibles de ces instruments suffisaient pour déterminer des contractions musculaires, et on augmentait les contractions musculaires lorsque l’on fixait le regard 6u lorsque l’on dirigeait un fais- ceau lumineux sur la plaque du microphone. NOTE SUR LES LÉSIONS HISTOLOGIQUES DU FOIE, DU REIN ET DU POUMON DANS L’EMPOISONNEMENT PAR LE PHOSPHORE ET PAR L’ARSENIC, par MM. Cornic et BRAuLT. - Nos expériences ont porté uniquement sur les cobayes. . Nous les avons empoisonnés en leur faisant avaler soit, en une seule fois, la valeur de quatre à cinq allumettes chimiques en suspension dans de la solution de gomme, soit, chaque Jour, cinq centigrammes environ d’acide arsénieux dans une solution sucrée. Les animaux soumis journellement à à cette dose d'acide arSénieux vivaient quatre ou cinq jours, ou même une semaine, en éliminant l'acide arsénieux par les selles et parles urines ; ils finissaiént par succomber. Lésions du foie dans l'empoisonnement par le phosphore. — Nous avons eu pour but d'étudier quelles étaient les lésions initiales du foie dans cet empoisonnement, quels étaient leur siège et leur mode de répartition dans le lobule DepAAe PU: Éd LA ES dm ES Se EEE EN EEE SPRL Comme il s'agissait surtout. de rechercher des granulations graisseuses, nous nous sommes servis de morceaux du foie durcis dans lacide osmique. Lorsqu'on examine le foie normal du cobaye durci par l'acide osmique, on voit, sur des coupes, que les cellules hépatiques sont constituées par une membrane mince, à dou- ble contour, appliquée contre la membrane des cellules voi- sines, et par une cavité au milieu de laquelle se trouve un noyau relié à la membrane par des filaments protoplasmi- ques. ” Six heures aprés l’ingestion du phosphore, on assiste au début des lésions du foie. Les cellules hépatiques qui siègent à la périphérie de l’ilot, au voisinage des branches de la veine- porte, sont beaucoup plus volumineuses que les cellules nor- males ou que celles de la partie moyenne ét centrale des mêmes îlots. Leur protoplasma est en quelque sorte liquéfié et contient des granvlations albumineuses ei quelques granu- lations graisseuses fines. Cette lésion, consistant dans le gonflement des cellules et dans la formation, à leur intérieur, de granulations albumi- neuses et graisseuses, s’accentue progressivement, en restant toujours localisée à la périphérie des lobules hépatiques, au voisinage des rameaux périlobulaires de la veine-porte. Vingt-quatre heures après le début de l’intoxication, les cellules périphériques de l’ilot sont très grosses, remplies de granulations et gouttelettes albumineuses et graisseuses, tandis que les cellules des parties moyenne et centrale ont conservé leur forme et leur volume, bien qu’elles montrent déjà des granules graisseux fins dans leur protoplasma. . Cette distribution de la lésion, avec prédominance ‘de ia tuméfaction des cellules et de leur dégénérescence graisseuse dans la zone externe des lobules, est constante chez le cobaye et se manifeste pendant toute la durée de l’emtpoisonnement. Ainsi, deux, trois ou quatre jours après le début, on voit, sur les coupes minces obtenues par le durcissement à l'acide ‘ osmique ou après l’action de l'alcool, la zone externe des lobules occupée par une sûrte de réticulum formé par les cel- lules dilatées. Les travées du réseau sônt formées par les nn AAA vaisseaux et les cloisons des cellules agrandies ; les cavités, par les utricules cellulaires. Souvent la cloison mince qui sé- pare la cavité de deux cellules disparaît et il en résulte une cavité plus grande. Les cellules des deux tiers ou de la moitié centrale des ilots possèdent au contraire leur forme, leurs di- mensions et leurs rapports normaux. Sur les coupes colorées par l’acide osmique, les granulations graisseuses sont beau— coup plus grosses a la périphérie qu’au centre des lobules. Sur les coupes provenant de pièces qui ont séjourné dans la liqueur de Müller, la périphérie de l’ilot est claire, parce que la graisse contenue dans les mailles. du réticulum n’est pas colorée. Nous n’avons pas vu de lésion appréciable dans les canaux biliaires de nos cobayes. Les cellules des canalicules biliaires étaient normales et ces canalicules ne présentaient aucun ves- tige d’inflammation catarrhale. Lésions du foie dans l’empoisonnement par l’arsenie. — La dégénérescence graisseuse était répandue uniformément dans tout l’ilot, aussi bien à son centre qu’à sa périphérie, mais elle était loin d’être aussi prononcée que dans l’empoi- sonnement par le phosphore. À ltérations du poumon dans l’empoisonnement par le phos- phore et par l’arsenie. — Nous étudions ensemble les lésions di poumon dans ces deux empoisonnements, parce qu’elles sont identiques. Il s’agit dans l’un et l’autre cas: d’une dégé- nérescence graisseuse primitive des cellules épithéliales des alvéoles. Les cellules épithéliales des alvéoles, qui s'appliquent, comme on le sait, sur les travées et les vaisseaux capillaires des alvéoles, deviennent turgides, voluminéuses, saillantes ; elles se remplissent de granulations et de gouttelettes de graisse très volumineuses, plus grosses que le noyau des cel- lules par exemple: Ce dernier est parfaitement conservé. Les cellules se détachent facilement de la paroi et tombent dans la cavité alvéolaire, où on les trouve avec des globules rouges au milieu d'un exsudat que brunit l'acide osmique. Cette altération est très manifeste. On l’observe constamment dans l’empoisonnement par l’arsenic chez les cobayes qui A or ont succombé spontanément à la suite de l’intoxication. Elle est moins constante dans nos autopsies de cobayes empoison— nés par le phosphore. Elle nous paraît expliquer les con- gestions, les ecchymoses et les hémorrhagies pulmonaires. Le vernis épithélial protecteur qui recouvre les capillaires saillants dans les alvéoles étant tombé, les cellules tuméfiées et des- quamées n'étant plus à leur place, les globules rouges peuvent en effet sortir des vaisseaux capillaires avec d'autant plus de facilité que ces vaisseaux sont très dilatés et pleins de sang. Dans le poumon des cobayes morts par l’ingestion de l'ar— senic, nous avons noté aussi de la lymphangite partielle. Les vaisseaux lymphatiques qui accompagnent les bronches et les vaisseaux sanguins étaient alors remplis de cellules Iym- phatiques. Les bronches, comme les groupes d’alvéoles, étaient souvent remplies de sang. Cette lésion des cellules épithéliales du poumon, qui est pri- mitive comme celles du foie, sous l’influence des poisons stéa- togènes, ét qui, croyons-nous, n’a pas été signalée jusqu'ici, diffère essentiellement des dégénérescences graisseuses des cellules du poumon qu’on observe quelquefois dans les affec-— tions pulmonaires. Les gouttelettes graisseuses sont en effet beaucoup plus volumineuses que celles qu’on trouve dans les congestions et les pneumonies. De plus, dans ces dernières af- fections, la dégénérescence graisseuse est la fin d’un proces— sus, tandis que dans l’empoisonnement par l’arsenic et le phos- phore elle en est le commencement. On peut s’assurer de ce fait en étudiant des coupes dans lesquelles les cellules épithé- liales remplies de granules graisseux sont encore en place, à la surface d’alvéoles qui necontiennent aucun exsudot. En d’au- tres termes, des alvéoles sans traces d'infammation possèdent dec cellules épithéliales en dégénérescence graisseuse. Lésions du rein dans l’empoisonnement par le phosphore.— Nous avons vérifié simplement ce qui est connu déjà. Les cellules épithéliales des canaux contournés sont tuméfiées et contiennent des granulations graisseuses ‘trés nettes, bien que petites, six ou huit heures après le début de l’intoxication. La cavité des tubes renferme un exsudat qui se colore à l’acide 6 — osmique et des boules colloïdes. Lorsque la lésion est plus an- cienne, les gouttelettes graisseuses sont plus grosses et plus nombreuses. Souvent les cellules épithéliales, au lieu d’être bien néitement séparées les unes des autres, sont réduites en une sorte de magma albumino-graisseux qui est accolé à la paroi hyaline des tubes. Ceux-ci en sont plus ou moins com- plètement remplis. Dans les différents organes desanimaux morts d'intoxication par le phosphore, et particulièrement dans le muscle cardia- que, nous avons vérifié l’état de dégénérescence graisseuse partielle que présentent parfois les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins. Lésions du rein dans l’empoisonnement par l'arsenie. — La dégénérescence graisseuse des cellules épithèliales des tubes urinifères est limitée à un certain nombre d’entre eux. Les cel- lules possèdent alors de fines granulations graisseuses ; ; les gouttelettes de graisse ne sont jamais aussi grosses ni aussi abondantes que lorsqu'on a employé le phosphore. On n’obtient pas non plus avec l’arsenic une généralisation de-la lésion com- parable à ce qu’on observe dans le rein phosphoré. .PHÉNOMÈNES QUI SE MANIFESTENT A LA SUITE DE L’APPLICATION DU COURANT GALVANIQUE SUR LA VOUTE CRANIENNE, PENDANT LA PÉRIODE LÉTHARGIQUE DE L’HY PNOTISME CHEZ LES HYSTÉ- RIQUES, par M. CHARCOT ï Dans la phase du sommeil hypnotique des hystériques désignée par l’auteur sous le nom de léthargie hypnotique provoquée, on voit se produire une hyperexcilabilité neuro— musculaire, qui consiste essentiellement en une aptitude spéciale des nerfs et des muscles à réagir sous l'influence de l’excitation mécanique. D'après nos dernières expériences, cette hyperexcitabilité ne s'étend pas seulement aux muscles et aux nerfs, mais encore aux régions motrices du centre cérébral. Ainsi le courant galvanique, agissant sur un des côtés du crâne, produit des secousses musculaires dans la face et dans les pe pee RES ts membres du côté opposé, tandis que le même courant ne provoque aucune contraction, la malade étant éveillée. En recherchant chez les hystériques la résistance des tissus au passage du courant galvanique, nous avons décou— vert par hasard les faits précédents. Voici comment nous avons disposé les expériences : une hystérique, plongée dans la léthargie par les procédés habi- tuels, présente l’hyperexcitabilité neuro-musculaire ; l’un des tampons (le positif) est appliqué successivement, seit sur la bosse frontale, soit à deux centimètres due du pavilion de l'oreille ; l’autre est placé sur la ligne médiane du sternum. On interrompt le courant et l’on constate, du côté opposé à: l'application du tampon, une-secousse très manifeste (la commissure labiale est tirée en dehors, et le bras et la jambe sont soulevés brusquement). Ces mouvements se es duisaient soit dans: une seule région, soit dans les trois à la fois. L'expérience réussissait, quel que fût le côté du . où l’on appliquait le courant. Lo courant galvanique avait une intensité telle.qu'il faisait dévier de 20 à 800 l'aiguille du galvanomètre gradué en dix millimètres (on s’est servi de quatre à dix éléments Léclan- ché, et dix de ces éléments équivalent environ à quinze Da- . niell). — Les secousses ne se montrent qu’à l'interruption du courant. Dans cette manière de faire, on pourrait attribuer les mou- vements de la face à l’action directe du courant sur les muscles faciaux. C’est pour obvier à cette objection que nous avons placé les pôles sur une même moitié du crâne; Pun est maintenu un peu au-dessus du pavillon de l'oreille ou bien quatre à cinq centimètres en arrière - et au--dessus de l’apophyse mastoïde, l’autre au sommet, à trois centimètres de la ligne médiane, à l’extrémité d’une ligne verticale. qui passerait par le conduit auditif externe; cette région corres- pond à la partie supérieure de la région dite motrice encé— phalique. Dans ces nouvelles conditions d’expériences, les résultats ont été absolument les mêmes. Le Maintenant surgit une autre question : ces faits appartien— nent-—ils à cet état nerveux spécial, ou bien se rencontrent-ils également à l’état de veille ? Le même sujet étant éveillé, nous avons répété les expériences dans des conditions identiques (même intensité de courant, dispositif semblable); le résultat a toujours été négatif : aucun mouvement n’a été observé soit aux membres, soit à la face. Ces phénomènes ont été reproduits sur trois hystériques hypnotisables à des degrés divers, mais offrant toutes de l’hyperexcitabilité neuro-musculaire. Jusqu'à plus ample informé, nous pouvons conclure que pendant la léthargie hypnotique il y a une hyperexcitabilité spéciale de certaines régions de l’encéphale. 11 ne s’agit pas ici de localisation cérébrale. Sur quel point exact de la masse de l’encéphale le courant galvanique porte-t-il son action? Comment se fait-il que le courant agissse au travers des parois du crâne ? Nous ne cher- chons pas à résoudre ces questions, du moins pour le moment. Que le courant agisse par induction ou directement, que les régions atteintes soient corticales ou basilaires, peu importe, du moins pour le présent. | Retenons le fait qui se dégage de nos recherches : les ré- _gions encéphaliques motrices pendant la léthargie hystérique sont impressionnables au courant galvanique. C’est là un fait nouveau, car dans la littérature médicale qui se rapporte à la galvanisation de la tête chez l’homme nous n’avons rien roté de semblable. En outre, c’est un caractère nosographique précis de plus qu'il faut ajouter à ceux de l’hypnotisme. SUR LES CAUSES DE LA FORMATION DES GONOPHORES ET DES MÉDUSES CHEZ LES HYDRAIRES, par ANDRÉ DE VARENNE. J'ai montré dans un travail qui doit être prochainement présenté comme thèse de doctorat ès sciences, .et dont j'ai publié les principaux résultats dans les comptes ‘rendus de l’Académie des sciences, que les œufs et les spermoto- zoïdes chez plusieurs espèces d'Hydraires que j'ai observées — 9 — ne naissent pas, corume on le croyait, dans l’intérieur des go- nophores et des méduses, c’est-à-dire dans les tissus des indi- vidus que l'on considère jusqu’à présent comme représentant la génération sexuée chez ces animaux, mais proviennent de les de l’endoderme différenciées du polype hydraire lui- même; ils passent ensuite dans l’intérieur d’un diverticulum en cul-de-sac des parois du corps ; ce diverticulum se développe et dévient, suivant les cas, un gonophore toujours fixé à la colonie où une méduse libre. D’après ces résultats, il m'est impossible d'admettre que les produits sexuels mâles ou femelles naissent dans l’intérieur de ces gonophores et de ces méduses, et l’on ne peut pas en effet considérer ces individus comme représentant la génération sexuée chéz ces animaux. Je me suis demandé si l’on ne pou- vait pas aller même un peu plus loin, et si ce ne seraient pas les produits sexuels qui détermineraient la formation des go- nophores et des méduses. . Pour cette expérience, j'ai eu recours à une espèce très D sur nos côtes, la Campanularia fleruosa. Je l'ai observée et suivie pendant l'hiver, à un moment où, à cause de la température du milieu où elle vit, elle ne présentait pas d'individus reproducteurs, mais seulement des individus nour— riciers. Or, en la conservant dans des cuvettes de verre, dans une salle où la température est suffisamment élevée, et en la replaçant ainsi dans des conditions où elle peut produire par bourgeonnement des individus reproducteurs, j’ai vu au bout de quelques jours certaines cellules de l’endoderme changer d'aspect et se transformer : bientôt j’ai reconnu des ovules qui se sont développés. Comme dans les conditions normales, ces cellules de l’'endoderme différenciées sont devenues des œufs. La présence d’un certain nombre de ces ovules en certains points de la colonie a déterminé en ces mêmes points la for- mation d’un bourgeon en cul-de-sac qui est devenu un gonophore, dans lequel ces produits sexuels ont fini par passer. Il me semble donc bien démontré que non seulement les pro- duits sexuels ne naissent pas dans l’intérieur des gonophores et des méduses, et que ces individus ne peuvent pas être con- c, R. 1882 è Ham sidérés comme représentant la génération sexuée chez ces animaux, comme je l'ai déjà dit, meis que même c'est la pré- sence d’un certain nombre d'éléments sexuels qui détermine en ces points de la colonie la formation des gonophores et des méduses. Ainsi, loin d’être antérieurs aux œufs et aux sper- matozoïdes, les gonophores et les méduses leur sont posté- rieurs. (Travail du laboratoire de. physiologie générale du Muséum.) "2 Séance du 14 janvier 1882. Présidence de M. Ranvier. PHÉNOMÈNES QUI 3E MANIFESTENT A LA SÜITE DE L'ACTION DU VENT D'UN SOUFFLET CAPILLAIRE SUR DIFFÉRENTES RÉ— GIONS DU CUIR CHEVELU PENDANT LA PÉRIODE CATALEPTIQUE DE L’HYPNOTISME CHEZ LES HYSTÉRIQUES, par M. Dumont- PALLIER, Dans une récente communication faite à la Société de Bio Jlogie, M. le professeur Charcot a exposé les résultats de ses expériences à la suite de l'application du courant galvanique . sur la voûte crânienne, pendant la période. léthargique de l’hypnotisme, chez les hystériques. et a conclu desdites expé- riences que l’hyperexcitabilité ne s'étend pas seulement aux muscles et aux nerfs, mais ‘encore aux régions motrices du centre cérébral. Cette hyperexcitabilité aurait pour consé- quence une secousse très manifeste de la commissure labiale, du bras et de la jambe, du côté opposé à celui où les électrodes ont êté appliqués sur le cuir chevelu (1). Ces faits avaient un grañd intérêt ; toutefois il nous sem- blait difficile de limiter en un point de la surface du crâne et de la masse cérébrale l’action d'un courant‘électrique de 4 à 10 éléments Léclanché. Aussi avons-nous voulu rechercher si une piqûre d’épingle, pratiquée en des régions limitées du cuir chevelu, ne suffirait pas pour déterminer des mouvements variés et plus ou moins étendus dans les membres et sur la face. : Nous avons, dans ces recherches, porté lirritation de la piqûre sur les régions du cuir chevelu qui correspondent aux régions corticales du cerveau dites motrices et, à notre (1) COMPTE RENDU H&BDOMADAIRE DE LA Soc. Bioz., no 1, p 6. D — grande satisfaction, nous avons constaté des mouvements de rotation ct d’inelinaison de la tête, des mouvements considé-— rables des membres inférieurs et supérieurs, et l’ensemble de ces mouvements variait suivant le point irrité du cuir chevelu. Nous avons de plus remarqué que l'épingle étant mainte— nue au point piqué, il suffisait, au bout d'une ou deux minutes, d'appuyer sur l’épingle pour défaire les mouvements qui avaient été produits. Nous avons, de plus, constaté qu'il suffi sait d'agir avec l’épingle sur le point similaire du côté opposé du cuir chevelu pour défaire les mouvements produits par la piqüre pratiquée sur le côté primitivement irrité. Ces expériences ont été faites plus de cinquante fois sur des hystériques de notre service, et toujours les résultats ont èté en rapport avec les régions irritées. Il ressortait de ces expériences qu'une irritation par la pointe d’une épingle dans une région limitée du cuir chevelu, correspondant aux zones motrices corticales du cerveau, suffi- ait pour déterminer des mouvements très étendus. Dans cette première série d'expériences, nous avons agi : lo sur le cuir ‘chevelu d’une hystérique dans la période cata- leptique de l’hypnotisme et qui, depuis plusieurs jours, avait recouvré la sensibilité du cuir chevelu par l'application d’une plaquette métallique sur le milieu du front; 2osurle cuir chevelu d’une autre hystérique'en état croisé de catalepsie et de contrac- ture par le fait de l’application d’une plaque de métal au niveau de la bosse frontale gauche. Chez cette dernière malade, lors- qu’on agissait sur le côté du cuir chevelu où la plaque métallique avait maintenu là sensibilité, on déterminait des mouvements croisés des membres supérieurs et inférieurs. La piqûre faite sur le côté où le cuir chevelu était insensible ne déterminait aucun mouvement dans les membres. mis en état cataleptique par l’ouverture de l’œil. Mais le vent d’un soufflet capillaire sur le cuir chevelu, insensible à la piqûre, déterminait des mou- vements des membres et la rotation avec inclinaison de la tête. Ce dernier fait d'observation ei constaté, nous avons attendu vingt-quatre heures et, après ce temps, nous avons 13 — mis la même malade en état de léthargie, puis de catalépsie généralisée (cette fois iln "y avait pas eu d'application métal- _ lique sur le front ni sur aucune autre partie du corps). Alors. nous avons, -par l’action du vent d’un soufflet capillaire sur dif- férentes régions du cuir chevelu, produit des mouvements très accusés des mus:les de la face, des mouvements très étendus de la tête et des mouvements croisés des membres supérieurs et inférieurs, et cela en agissant tantôt sur le côté droit, tantôt sur le côté gauche, tantôt sur la ligne médiane du cuir chevelu. Il me serait facile de répéter devant la Société de Biologie la plupart des expériences auxquelles je viens de faire allu— sion ; mais, pour ne pas abuser trop longtemps des moments de la Société, je m2 bornerai aujourd’hui à répéter devant vous sur une malade hystérique dans la période dé catalepsie hypnotique quelques expériences, pratiquées avec le vent du soufflet capillaire en différentes régions du cuir chevelu, pour déterminer des mouvements des membres ét des muscles de Ja face. Cette hystérique, avant le commencement .de Pexpériénce, est sensible à la piqûre. Je l’hypnotise par le regard: quarante à cinquante secondes suffisent pour obtenil la Somniation provoquée.— Elle est maintenant insénsible et dans la période léthargique de l’hypnotisme. — L'ouverture moméntanée des yeux. détermine immédiatement la catalepsie. —: La malade est toujours insensible à la piqûre, ainsi qu’il est facile de s’en convaincre en la piquant en ditférentes parties du corps. A. Alors, si je dirige le vent d’un soufflet capillaire eur ka région gauche du cuir chevelu, à 8 centimètres en dehors de la ligne médiane et à 3 centimètres en avant de la ligne bi-auri- culaire, je produis la contraction du muscle sterno-cleido-mas- toïdien droit et par suite la rotation de la tête à gauche. De plus, si, le mouvement étant terminé, j'agis de nouveau sur le même point, je défais, ainsi que vous le voyez, le mouvement d’abord produit. Répétant la même expérience sur le point similaire du côté droit du cuir chevelu, les mouvements sont les mêmes que dans la première expérience, mais en sens inverse. SUN Pt . B. Portant maintenant l’action du vent du soufflet sur le zôté gauche du cuir chevelu, à 9 centimètres environ en dehors de la ligne médiane et à 3 centimètres en avant de la ligne bi-auriculaire, nous observons un mouvement de rotation de la tête à gauche et l’inclinaison de la tête avec contraction du sterno-mastoïdien du côté droit. La malade présente l’attitude et là physionomie d’une personne qui écoute. C. Si j'agis sur la région temporale à 9 centimètres de la ligne médiane et à 3 centimètres en avant de la ligne bregma- tique, nous produisons la rotation de la tête à gauche avec un léger renversement de la tête en arrière et l’élévation du membre supérieur droit en même temps que l'élévation du membre inférieur gauche. D. Si, toujours du côté gauche, nous dirigeons le vent du soufflet sur le cuir chevelu dans la région qui correspond à l’extrémité postérieure de la scissure de Sylvius, nous voyons immédiatement le corps de la malade se pencher et s’incliner fortement à droite, c'est-à-dire du côté opposé au côté sur lequel on a agi. E. Enfin, agissant sur la ligne médiane avec le vent du soufflet dirigé du bregma Culorioue vers la partie supérieure et médiane du front, la tête se porte légèrement en avant et la figure de la malade prend l'expression du sourire. _ F. Si, au contraire, j’agis sur la ligne médiane en dirigeant Je vent du soufflet du bregma postérieur vers le trou occipital, aussitôt la tête se renverse en arrière et la figure de la malade prend l’expression de la tristesse. G. De plus, la double expression du sourire et de la tristesse peut être produite simultanément sur la figure de la malade, en dirigeant le vent du soufflet sur la bosse frontale gauche pour produire le sourire du côté gauche de la face et sur la bosse occipitale droite pour produire la tristesse où côté droit de la face. Je pourrais multiplier èes expériences et produire des con- tractions variées des muscles de la face et des mouvements divers des membres et du tronc. Je m’arrête, les expériences que je viens de faire devant vous établissant suffisamment que, dans les conditions ci-dessus exposées, j'ai pu à volonté 4 su 4 déterminer des mouvements d’ensembie où des mouvements isolés des membres et de la face par l’action du vent d’un soufflet capillaire sur différentes parties du cuir chevelu, chez une hystérique dans la période cataleptique de l’hypnotisme. J'ai montré des faits, je n’ai rien à ajouter. Il me reste maintenant à réveiller la malade, ce que je vais faire en lui appliquant des plaques métalliques sur le front, — je pourrais aussi la réveiller en appliquant les mêmes plaques sur la région ombilicale.— Ce procédé de réveil était, je crois, entièrement ignoré avant l’époque où j’en ai parlé pour la première fois dans une précédente communication. — Cela dit, vous remarquerez que le réveil va s’effectuer en plusieurs temps : les mouvements respiratoires vont devenir plus ma- nifestes, plus fréquents et plus amples; un peu de mousse salivaire apparaîtra sur les lévres qui seront agitées par de petites contractions, les lèvres s’écarteront de façon à laisser voir les dents incisives supérieures. Le figure exprimera l’ex- tase et le sourire. Puis, après quelques mouvements alter- natifs de resserrement et de dilatation de l’ouverture buccale, la malade ouvrira la bouche et poussera un cri ;— au même moment, elle ouvrira les yeux. Elle sera réveillée et la sensi- bilité existera en toutes les parties de la surface du corps; elle verra, elle entendra. Toutes choses viennent de se passer comme je l'avais annoncé. La malade est réveillée, elle sent la piqüre, et j'enlève immédiatement les plaques appliquées sur le front ; si je les laissais appliquées, nous assisterions à la période de oscilla- tions successives du réveil et du sommeil. Enfin pour réveiller complètement la malade, il me suffit, vous le voyez, d’agiter les mains au-devant de son visage. Elle peut se lever; mar— cher et elle quitte la salle de nos séances. Dans différentes périodes de l'hypnotisme, il est donc pos- sible, au moyen d’un dispositif spécial, de limiter sur la sur- face du cuir chevelu un certain nombre de zones réflexogènes dont l'irritation détermine des mouvements en différentes parties du corps. Quelques-unes de ces zones paraissent cor— respondre par leur situation aux régions motrices corticales de l’encéphale. Nous avons dit quelle était l’action de la pi- AE 5 qûre, dû vent d’un soufflet capillaire. D’autres agents physi- ques, tels que des couranñts électriques continus très faibles, l’aimant, la chaleur, la lumière, le son, dont l’action serait portée sur différentes régions du cuir chevelu, pourront-ils déterminer les mêmes résultats que dans nos expériences ? Cette supposition est justifiée par lcs expériences que nous avons antérieurement exposées au sujet desdits agents sur la production de l’aphasie, sur la perte de la notion de l’usage des objets et sur la perte de la faculté du calcul. Fn terminant cette commuication, je tiens à rappeler la collaboration que me prête mon élève, M, Paul Magnin, pour faire mes expériences, SUR L'HISTOLOGIiE DU SYSTÈME NERVEUX DES HIRUDINÉES, pär M. Vicnaz. L'histologie du système nerveux des hirudinées a déjà été l’ubjet des investigations de plusieurs savants, parmi lesquels je ns citerai que Faivre, Leydig, Walter et Hermann. La bande nerveuse réunissant entre eux les ganglions de là chaîne ventrale est formée de trois cylindres nerveux. Les deux plus gros situés à la même hauteur sont les deux connectifs proprement dits, le troisième plus petit placé en avant entre les deux autres est le nerf intermédiaire décou-— vert par Faivre. Ces cylindres nerveux sont enveloppés d’une gaine conjonctive très épaisse, dense, formée de lamelles im— briquées et renfermant des cellules conjonctives plates. Les connectifs examinés à plat paraissent avoir une stria- tion longitudinale, mais vague et un peu diffuse. Si on exa— mine des coupes transversales faites après durcissement dans l'acide chromique faible (pour 5,000), on voit que la gaine conjonctive envoie à l’intérieur des connectifs une série de cloisons qui délimitent des espaces de forme et de grandeur variables; sur de telles préparations, il est impossible de reconnaître la nature du contenu de ces espaces. Pour y arriver, il faut examiner un connectif préparé par la méthode de l’or bouilli avec-l’acide formique. Sur des coupes bien iransversales et suffisamment minces, on voit que la contenu — 17 — des cloisons est un protoplasma se colorant faiblement en violet et renfermant des fibrilles très fines. Il me semble, mais je ne saurais l’affirmer, que le protoplasma entourant chaque fibrille est enveloppé d’une gaine très mince venant des cloisons dont j'ai parlé plus haut. Leydig (1) dit que les connectifs sont formés d’une enve- loppe de fibres et d’une portion centrale granuleuse. Ce fait, qu'il donne comme constant, ne l’est pas toujours, mais se présente fréquemment, non pas dans la bande connective entière de toute une hirudinée, mais çà et là entre deux gan- glions, et d’une façon si irrégulière, qu’il n’est pas possible de lui assigner une place déterminée. Lorsque ce cylindre cen- tral existe, les choses ne se passent pas aussi simplement que Leydig l’avait cru ; arrivées près du centre, les cloisons dont j'ai parlé plus haut se soudent les unes avec les autres et forment quelquefois une cloison centrale très épaisse, Dans ce cas, la disposition du connectif rappelle une roue dont les lamelles de la gaine les plus voisines du connectif seraient les jantes, les cloisons les rayons, se soudant ensemble pour for— mer le moyeu, êt le trou par lequel passe l’essieu est l’espace rempli (d'après mes observations) d’une substance peu gra- nuleuse, presque homogène. Je n’ai jamais vu dans les con- nectifs de noyau comme le dit Leydig (Loc. eit., p. 520), et encore moins de grosses cellules bipolaires, comme Her- mann (2) l’a décrit et figuré. Le nerf intermédiaire de Faivre a la même structure que les connectifs. Les nerfs examinés soit à l’état frais, soit après avoir été fixés par l’acide osmique, paraissent être formés d’une série de fibres ayant en moyenne 4 mm. de large et une longueur si grande qu'il est impossible de les voir se terminer; mes observations me portent à croire qu’elles ont la longueur du nerf. (1) Levdig, Uceber dus Nervensystem der Anneliden. Reichert u. Dubois Reymond’s Arcniv, 1862, p. 90. Partie histol., p. 117 et suivantes. (2) Hermann, Das Centralnervensystem von Hirudo, Men, Gekr. Preisscarirr. München, 1875, to Sur une coupe transversale, on constate que le nerf est enveloppé d’'nne gaine assez épaisse ayant la même structure que l’enveloppe des connectifs. Cette gaine envoie à l’intérieur du nerf des cloisons épaisses limitant une série de petits ‘ espaces polygonaux renfermant un protoplasma presque ho- mogène, au milieu duquel se trouvent des fibrilles plus grosses que celles des connectifs. Les cellules des ganglions A sous-œsopha- giens et ventraux sont formées d’un globe central, entouré de fines fibrilles qui, après l’avoir contourné en anse, se rendent dans un prolongement toujours unique. Entre ces fibrilles, il. existe une matière homogène à l’état frais, se colorant peu par l’acide osmique et paraissant être l’analogue du proto— plasma des fibres nerveuses. Ce protoplasma renferme un assez grand nombre de petites granulations que les réactifs appropriés montrent être de nature graisseuse. Ces cellules n’ont pas, comme Hans Schultze (1) l’a dit, de membrane d'enveloppe. Leur noyau se trouve à la surface du globe ganglionnaire, entre lui et les fibrilles, c’est-à-dire qu’il affecte la même position que celle que M. Ranvier a le premier indiquée pour les cellules des ganglions spinaux des plagiostomes. Le noyau des cellules ganglionnaires des hiru- dinées a un double contour très net, il a un contenu homogène très réfringent. Sur des noyaux mis à nu, il est facile de constater que le nucléole n’est pas un corps libre dans leur intérieur, mais bien, ainsi que ITermann (/0e. eit., p. 28) l’a dit, un épaississement lenticulaire de leur membrane. Dans tous les ganglions, les cellules forment la cbstance cortivale. Elles envoient leurs prolongements dans l’intérieur de la substance centrale qu'ils contribuent à former par l’en- trecroisement de leurs fibrilles. Ontre ces fibrilles, leur substance contient encore des fibrilles venant des connertifs et une matière protoplasmique (1) H. Schultze, Die fibrillære Siructur der Nercenelemente bei Wairbellosen. (Arcaiv Fur Mir. ANAT., Bd 16, 1870, p. 47.) ANELE WA >. Uri M is ei RO — 19 — renfermant les mêmes petites granulations graisseuses que nous avons vues sur les cellules. Les nerfs qui partent de la substance centrale sont au nombre de douze de chaque côté pour tous les ganglions, sauf pour le premier et le dernier qui en émettent .un pius grand nombre. Je n’ai jamais vu dans l’intérieur des ganglions de grosses fibres nerveuses décrivant, comme Bruch (1), Wal- ter (2) et d’autres auteurs l’ont dit, un trajet fort compliqué. Je le répète, la masse centrale du ganglion est formée par un mélange intime de fibrilles réunies par du protoplasma, n’af— feciant aucune direction déterminée, sauf au voisinage des nerfs où on les voit converger pour les constituer. Je n'ai jamais vu non plus les cellules multipolaires étoilées que Walter y a placées pour pouvoir expliquer les actions réflexes. Bruch et, à sa suite, différents auteurs ont dit que tout le long des nerfs on rencontre des cellules nerveuses, soit unipo- laires, soit bipolaires, voire même apolaires (Hermann). Mes recherches me conduisent à un résultat tout contraire, car je n’ai jamais rencontré sur la sangsue de cellules nerveuses hors des ganglions de la chaîne ventrale et des ganglions que j'appellerai latéraux. Ceux-ci se trouvent sur les nerfs anté- rieurs, au point où ils se divisent pour la première fois; ils sont formés de quelques cellules unipolaires (6 à 10). L'existence de ces ganglions n’est pas constante ; ce sont probablement ceux que Bruch avait vus, mais il a singulièrement augmenté leur nombre en les plaçant à chaque bifurcation importante du nerf antérieur. Le système gastro-intestinal ou système sympathique forme dans tout le tube digestif un double plexus fort compliqué, sur lequel je ne m’étendrai pas, car M. Ranvier (3) l’a décrit fort (1) Bruch, Ucber d. Nervensystem d. Blutegels. Zeïtsch. f. Wiss, Zool., 1849. (2) Walter, Mikrosk. Ctud. über das Centralncrocnsystem wirbellaser Thiere.'Bonn, 1863. (3) Ranvier, Leçons d'anatomie générale, recueillies par MM. We. ber et Lataste, Paris, 1880, p. 493 et suiv. io 2 exactement à propos des terminaisons des nerfs dans les fibres musculaires lisses. Les cellules nerveuses qui se trouvent dans tout le plexus, sauf dans les parties qui s'étendent sur l’œso- phage et sur l’intestin, ont la même structure fondamentale que les cellules des ganglions. Elles peuvent présenter des différences, peu importantes du reste lorsqu'on songe à la structure fibrillaire de leur partie corticale, qui les transforme, ainsi que M. Ranvier l’a fait remarquer à propos des cellules du plexus myentérique de l’escargot, en véritables cellules multipolaires. Ces différences consistent en ce qu’assez sou- vent les fibrilles qui viennent du nerf peuvent y retourner par un trajet différent, ou hien regagner celui-ci en formant deux ou trois faisceaux, ce qui les ferait rentrer dans l’ancienne classe des cellules multipolaires. Ces cellules sont, de plus, recquvertes par la gaine générale de ce système, qui, en se repliant sur chacune d'elles, leur constitue une enveloppe trés mince. on a Quelques auteurs et entre autres lirandt (ANNALES DES Sc. NAT., 1835) ont rattaché au système gastro-intestinal les trois petits ganglions qui se trouvent en avant du ganglion sus-æsophagien. Avec Leydig, je suis porté à penser qu'ils ne dépendent pas de ce systéme, mais sont destinés à innerver- les museles buccaux. Je crois que le système gastro-intestinal est un système ayant une existence propre, qu'il n’a pas d’autres ganglions que ceux qui existent dans la paroi gastro— intestinale, et que, s’il se trouve en rapport avec la chaîne ganglionnaire, c’est par de fins rameaux qui partent de celle-ci pour percer la paroi gastro-intestinale. Les points sur lesquels je désire surtout attirer l'attention sont : 1o la structure fibrillaire des connectifs, des nerfs et de la partie corticale des cellules du système central et du système gastro-intestinal; 20 le manque absolu de noyaux qui indi- queraient une formation cellulaire dans les connectifs et les nerfs des deux systèmes; 30 l’enchevêtrement des fibrilles : dans la partie centrale des ganglions; 40 l’absence de cellules situées en dehors des ganglions sur les nerfs venant du système central. (Ce travail a été fait au laboratoirs d’hfstolosie du Collège de France.) op NOTE SUR QUELQUES FAITS RELATIFS À L'EXCITABILITÉ MUSCULAIRE, par M. Cuarces RICHET. En poursuivant l’étude de l’excitabilité musculaire chez l’homine, dans diverses conditions physiologiques, j'ai pu ob- server quelques faits dont l'interprétation est encore malhceu- reusement très obscure. Je rappellerai que j'ai montré d'une part : que, en dehors de l'état d'attaque hystérique ou de somnambulisme, il y a chez les hystériques une excitabhilité telle que la moindre excita- tion de la masse musculaire provoque la contracture (1\. Depuis, j’ai pu prouver que, dans la première période du somnambulisme alors qu'il n'y à nul autre symptôme ap-— parent, on pont constater comme premier phénomène l’augmen- tation de la tonicité musculaire, qui se traduit par la facilité de la contracture (2). Mais, en réalité, ce n’est pas seulement avant la période som:ambulique que l’excitabilité des muscles est exagérée; c'est encore après que l'attaque de somnamhulisme a pris fin. Il'est probable, sans que je puisse malheureusement assi- gner une durée précise à la persistance de ce phénomène, qu'il se prolonge deux ou trois heures, et peut-être plus, après l’état de somnambulisme. En elfet, j'ai pu examiuer des jeunes hommes qui avaient été hypnotisés pendant une demi-heure environ, et qui avaient présenté, durant cette période,+les symptômes habituels de l’é- tat hypnotique : contracture, etc. Or, une demi-heure environ après qu'ils étaient revenus à eux, alors que dans leur allure rien, sinon peut-être un peu de lassitude, ne trahissait une modification physiologique quelconque, ils avaient des muscles tellement excitables qu’on pouvait facilement, en provoquant leur contraction forte, déterminer la contracture de ce muscle. L'expérience était facile à faire sur le triccps brachial et sur les muscles jumeaux dela jambe. À la vérité, cette contracture (1) En collaboration avec M. Brissaud. CouPTES RENDUS DE L'ACA— DÉMIE DES SCIENCES, août 1879, t. LXXXIX, p. 489. (2) ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE, 1881, p. 155. C. R. 1882 3. di ge n'était pas extrêmement violente, et pouvait se relâcher par un certain effort de volonté. Les trois individus que j'ai examinés ainsi présentaient tous les trois ce phénomène. Il est donc vraisemblable que létat d’excitabilité musculaire exagérée est un des phénomènes principaux de l’état som- nambulique, puisque, d’une part, il précède ls autres symptô— mes et que, d’aütre part, il persiste, alors que tous les autres symptômes ont disparu. L'autre fait, que je viens rapporter ici, est certainement un fait exceptionnel ; maïs je suis convaincu qu’en dirigeant l’at- tention de ce côté, on parviendrait à recueillir un certain nom- bre de cas bat Il s’agit d’une femme de 44 ans, mére de famille, trois fils dont l’ainé a 25 ans, qui n’a jamais présenté les symptômes de l’hystérie Contre Tout au plus a-i-elle ressenti autre- fois quelques-uns de ces vagues phénomènes communs à presque toutes les jeunes femmes, et qui ne suffisent pas à caractériser une affection morbide. En tout cas, elle n’a jamais eu de crise ou d’attaque. En outre on n’a jamais fait sur elle d'expériences de magnétisme ou d’hypnotisme. Cette personne peut donc être considérée comme étant dans un état tout à fait physiologique. : Or, si, sans faire de passes, sans provoquer la fixation du. regard, on presse un peu fortement les masses musculaires de l’avant-bras ou du bras, on détermine alors la contrac- ture de ces muscles, contracture qui se présente avec tous les caractères classiques et qui peut être indifféremment pra- voquée sur les extenseurs, les fléchisseurs des doigts, les fléchisseurs du pouce, le biceps ou le triceps brachial, etc. En un mot, elle est normalement dans le même état que les hys- tériques atteinies d’hysteria major. : Tout d’abord ces contractures sont un peu difficiles à pro- voquer: mais peu à peu elles surviennent de plus en plus facilement, si bien qu’au bout de quelques minutes de relâche- ments et de contractions successives on peut observer des contractures aussi intenses que n’importe quelle contracture pathologique ancienne. Ces contractures provoquées disparaissent avec une facilité Li — RO — extrême, et il.suffit d’une excitation trés légère, comme par exemple l’insufflation, ou un bruit soudain, pour la faire cesser. (1). On peut aussi, chez cette personne, faire une expérience assez intéressante, car elle jette quelque lumière sur la nature physiologique de ces phénomènes. Si on lui prend la main et qu'on imprime à cette main un léger mouvement oscillatoire, pendant une demi-minute à une minute environ, ce mouvement ne pourra plus être arrêté par sa volonté. La premiére fois que ’ai fait l'expérience, à notre grande surprise à tous deux, lei mouvement. d’oscillation de la main a continué pendant près de dix minutes sans que la volonté ait pu l'entraver. Les oscillations vont mème en $’exagérant tant soit peu, de sorte -que leur amplitude devient de plus en plus grande. Il est permis de supposer que la cause de ce phénomène est la même que celle de la contracture. Par suite d’une disposi- tion individuelle bizarre, les centres psychiques ne peuvent pas exercer leur autorité sur la moelle, de sorte que l’excita- bilité médullaire réflexe est exagérée: les contractions persistent à l’état de contractures, de mème que les mon- vements automatiques dus à la moelle se prolongent sans que la volonté puisse les faire cesser. En tout cas, il est remarquable de voir ces phénomènes se manifester à l'état physiologique sans qu’on puisse invoquer l’hystérie, l’hystéro-épilepsie, le magnétisme ou lhypno- tisme. Quoique pour beaucoup de raisons diverses il soit difficile d'étudier ce cas d'une manière approfondie, j'espère cepen-— dant pouvoir bientôt donner à la Société plus de détails à ce sujet. PRODUCTION EXCESSIVE DE FORCE NÉRVEUSE ET MUSCULAIRE PENDANT UNE ATTAQUE D'EXTASE, par M. Brown-Siaquarn En 1851, je fus appelé par un commissaire de police à m'assurer s'il y avait maladie ou simulation chez une jeune (4) Ce fait est la confirmation formelle des expériences de MM. Bubnoff et Heidenhain. Archices de Pflücysr, t. XXV, fasc. 3 et 4. AAC PRE fille de vingt ou vingt et un ans, aui était en apparence atteinte d’extase une fois par semaine. Tous les dimanches, au moment où la cloche d’une église voisine (Saint-Sulpice) commençait à sonner, à huit heures du matin, cette jeune fille montait sur le rebord courbe ét poli du pied d’un lit en noyer et elle y res- tait debout, sur la pointe des pieds, jusqu'à ce que la même cloche sonnât, à huit heures du soir. Elle s’y tenait dans l’atti- tude de la prière, la tête un peu renversée en arrière, les yeux grandement ouverts, regardant en haut, et elle adressai des invocations à la Vierge Marie, les articuülant d’une ma-— nière assez distincte et.à voix très audible dans toute la petite cuambre. À première vue, il était évident que toute simula- tion était d’une impossibilité absolue et que cette jeune fille était atteinte d'extase causée par une exaltation religieuse et que, si sa mère faisait entrer dans cette chambre des personnes qui payaient pour être témoiis de ce qu’on leur disait être un miracle, 1l n’y avait pas déception de la part de la jeune fille. Le commissaire de police, cependant, désirant qu'une expé- rience au moins füt faite pour s'assurer de l’état de la sensi- bilité chez cette jeune malade, je fis venir deux de mes élèves (le docteur Frédéric Bonnefin et un autre dont j'ai oublié le nom) ct les ayant placés de maniére: à supporter la malade si elle tombait, je lui appliquai deux ou trois chocs électro-magnétiques violents sur un des cotés de la face. Il y eut, comme on le pense bien, une contraction énergique, des muscles de la face du côté correspondant, mais rien ne chan- sea dans l’attitude des diverses parties du corps de la malade. L’articulation des sons fut un instant troublée, mais les mêmes | prières continuèrent d’être émises à haute voix. Employant le même courant sur la face du commissaire qui montrait encore du scepticisme, il jeta un cri et reconnut, un peu tard, qu'in- contestablement il n’y avait pas simulation chez la malade. Comme il n’est possible à personne, dans l’état de santé, de rester debont sur la pointe des pieds (c'est-à-dire sur les orteils et une très petite partie de la surface plantaire) plus d’un nombre peu considérable de minutes, même sur une sur— face plane, non glissante, il est évident que pour pouvoir persister dans l'exécution de ce tour de force —- et j'ajoute DIX D is, d'adresse — pendant douze fois soixante minutes (de huit heures du matin à huit heures du soir), il a fallu que, sous l'influence d’une cause morale, il y eût chez cette malade un développement vraiment prodigieux de puissance d’action dans tout l'appareil moteur des membres inférieurs, en y com- prenant non seulement les centres nerveux et les nerfs, mais aussi les muscles du tronc et de ces membres. Il a fallu, en outre, une augmentation considérable de la puissance du sens musculaire. J'ai souvent cité ce fait dans mes. cours, depuis 1851, pour montrer combien peut être grande la pro— duction de in dans les troncs nerveux et dans les muscles sous l'influence d’une cause morale. Je n’ai guère besoin de dire que cette jeune fille était obligée de garder le lit presqu2 toute la semaine après chacun des dimanches nombreux où elle a été soumise à une attaque de l'espèce décrite. Elle était dans un état d’épuisement extrême et presque incapable, pendant plusieurs jours, de mouvoir ses mernbres ou son corps. Elle était d’ailleurs profondément ané- mique et avait déjà été très faible avant la première de ses attaques d’extase. Obligé de quitter Paris, je l’ai perdue de vue et ne sais ce qu’elle est devenue. NOUVELLES RECHERCHES SUR L’APPARITION DE CONTRACTURE APRÈS LA MORT, par M. BRoWwN-SÉQuarp. Dans la séance du 19 novembre dernier, j’ai communiqué à la Société des recherches montrant qu'après certaines lésions encéphaliques la contracture peut apparaître, après la mort, aussi bien que pendant la vie. (Voyez GAZETTE MÉDICALE DE Paris, 26 novembre 1881, p. 678.) Depuis cette époque, j'ai constaté que de toutes les parties de l’encéphale c’est le cer- velet dont les lésions sont le plus souvent suivies de contrac— ture apparaissant après la mort. J'ai déjà signalé ce fait dans ‘une communication faite à l’Académie dessciences le 26 décembre dernier. Je viens aujourd'hui rapporter quelques faits nouveaux et montrer que la rigidité musculaire post mortem que j'ai signalée comme étant une contracture est, en effet, une véri- table contracture et non de la rigidité cadavérique. Le premier des faits que je désire mentionner montre que la ee irope cause, quelle qu’elle soit, de la contracture qui survient quelques minutes après la mort, est modifiée ou plutôt anni- hilée sous l’influence de certaines irritations. J'ai trouvé que certaines lésions du cervelét (dans l’une de ses masses [atérales), chez les lapins, sont constamment (1) suivies d'apparition de contracture, dans un membre au moins, de 3 à 12 minutes après la mort causée par l'ouverture du thorax. Or, sur trois lapins, après avoir lésé le cervelet et ouvert le thorax, j'ai immédiatement galvanisé les nerfs du _ plexus brachial soit d’un côté, soit des deux côtés, et il n'ya eu de contracture chez aucun de ces arimaux. La rigidité cadavérique s’est montrée assez tardivement, comme cela arrive chez des lapins n’ayant guère eu de convulsions au moment de la mort. Il est clair, conséquemment, que dans ces trois cas la cause de la contracture a été supprimée sous l'in fluence de l’irritation des nerfs brachiaux. : Un autre fait digne d’mtérêt montre que la contracture, même lorsqu'elle ne survient qu'après la mort (pourou que ce soit bientôt après), peut produire des changements analogues à ceux que causent le tétanos, les convulsions (quelle qu’en soit la cause : altérations des centres nerveux, galvanisme ou poisons) ou la mise en jeu des muscles par la volonté (marche ou course prolongée), changements qui font que la rigidité dure peu et que la putréfaction apparaît promptement. J’en ai un très grand nombre de preuves, mais surtout les deux suivantes : 10 chez un lapin tué par application de chloral sur la peau d’un des côtés (le droit) du thorax et de l'abdomen et par linjection sous-cutanée de 2 centimètres cubes d’éther ‘sulfurique sur le même côté de l’abdomen, j'ai vu survenir de la contracture au bras gauche immédiatement après l’ouver- ture du thorax. Cette contracture, tout à fait passagère, n’a duré que huit minutes après lesquelles les nerfs et les muscles du membre étaient très excitables. Au contraire, dans les membres droits qui n’ont eu de contracture que quelques mi- nutes après l'ouverture du thorax, elle à duré et s’est trans- (1) Dans un cas cependant je n’en.ai pas observé, mais la lésion était si superficielle que je puis négliger ce fait. 1 Por sormée en rigidité cadavérique sans que je puisse savoir, tant elle est restée intense, à quel moment le passage de l’un des états à l’autre s’est produit. Dès le lendemain matin (seize heures après la mort) la rigidité avait presque complètement disparu de ces deux membres, alors que la rigidité qui n’avait paru que très tardivement (quatre heures après la mort) dans les membres gauches, n’y était pas encore absolument com-— plète. Dans ces derniers membres, il y æ encore un peu de raideur aujourd’hui (six jours après la mort); les deux membres droits, au contraire, n'avaient plus de trace de rigidité au bout de trente-six heures après la mort; 2 chez un cobaye mort à l’état syncopal et sans trace de convulsions ni d’agitation, sous l'influence d’une application prolongée de la moitié d’une feuille de papier couverte de moutarde (un Rigollot) sur la peau rasée de l’abdomen et du thorax, il est survenu de la. contracture partout très rapidement après la dernière respira- tion ; il s’est produit de lopisthotonos et la raideur à été partout (au tronc, au cou, aux mâchoires et aux membres) beaucoup plus forte que celle de la rigidité cadavérique. Une heure aprés la mort, je l’ai montré à mon cours : il avait une raideur d’une intensité vraiment excessive. Deux heures plus tard, il y avait, au contraire, un relâchement considérable et, le lendemain, il était partout en pleine putréfaction et sans trace conséquemment de rigidité cadavérique. Il est clair, d’après ces deux expériences et beaucoup d’autres, que la contracture, en proportion de son intensité, comme les con- vulsions, altère le tissu musculaire de telle façon que la rigidité cadavérique y dure peu et que (comme chez le cobaye dont je viens de parler) la putréfaction y apparaît très vite et y progresse rapidement. Il est impossible d’avoir le moindre doute à l’égard de l’ap- parition d’une véritable contracture dans les cas où j'en ai signalé l'existence dans cette note et dans les communica- tions que j'ai faites antérieurement à la Société et à l’Acadé— mie des sciences. En premier lieu, la contracture que j'ai étu- diée après la mort est quelquefois la continuation, sans chan- gement, d’une contraciure qui s’est produite avantla mort, Il ne viendra à l’idée de personne que cette raideur ante- ir ORTE mortem soit de la rigidité cadavérique, et si elle se continue sans changements au moment de la mort et après celle-ci, il est clair qué, pendant un certain temps, cette raideur post mortem est encore de la contracture. En second lieu, j'ai souvent vu dé Îàa contracture qui avait précédé la mort ou qui s’étäit produite quelques minutes après la dernière respiration, dürer un temps variable (dix, quinze, trente mi- nutés ou mêmeé un peu plus), puis cesser complètement, sans qu'aucune traction, sans qu'aucune influence extérieure, mé- ganique ou autre, ait été mise en œuvre pour la faire cesser. Or, après cette cessation de la raideur, j'ai constaté que les muscles qui avaient été contractés étaient encore irritables, d’où il suit clairement que c’était bien de læ contracture qui avait existé et non de la rigidité cadavérique. En troisième lieu, en vertu des lois bien démontrées établissant les relations entre l'irritabilité musculaire au moment de la mort et la rigidité cadavérique, il serait impossible que -cette rigidité survint quelques minutes après la mort, dans des membres où l'irritabilité musculaire n’a pas été préalablement épuisée par un travail considérable des muscles. Et comme deux espèces seules de raideur peuvent alors exister — la contrac— ture ou la rigidité cadavérique — il est évident que c’est bien de la contracture qui se montre alors. Séance du 21 janvier 1882 Présidence de M. RANVIER. RECHERCHES AYANT POUR OBJET D'ÉTABLIR QUE LES LÉSIONS ENCÉ-— PHALIQUES UNILATÉRALES SI ELLES DÉTERMINENT UNE HÉMIPLÉGIE COMPLÈTE OU CONSIDÉRABLE, PRODUISENT AUSSI DE LA PARÉSIE DANS LES AUTRES MEMBRES, SURTOUT DANS L’INFÉRIEUR ,PAR M. BROWN- SÉQUARD. Ayant eu pendant plusieurs années. à Londres, à examiner un très grand nombre de paralytiques, j'ai trouvé et je l'ai si- gnalé dans des leçons cliniques, faites à l'hôpital dontj’avais la charge. que tous lés malades atteints d’hémiplégie complète cu presque complète sont en même temps paralysés à des de- grés très variables, mais en général légèrement, des deux membres et surtout de l’inférieur. du côté considéré comme sain, Îl y a donc, si mon observation est exacte, dans tous ces cas simultanément, une hémiplégie croisée et ne hémi- parésie directe. Depuis cette époque(1863) j'ai encore vu un très grand nombre d’hémiplégiques et j'ai eu la confirmation de . cette loi qu'une hémiplégie de cause encéphalique unilatérale s'accompagne toujours, si elle est complète ou trés considé- rable, d’une parésie, sinon d’une paralysie du membre infé- rieur, au moins du côté que l’on croit sain. J’ai constaté d’a- bord cette paralysie du membre inférieur en m’assurant que si le malade est capable de se tenir debout sur ses deux jam- bes, il ne peut pius le faire au moins sans tituber beaucoup, souvent même quand ses yeux sont ouverts. On pourrait sup- poser que cette difficulté dépend soit d’un trouble mental ou d'une sorte de vertige, soit d’une altération du sens muscu- laire, soit enfin d’une paralysie des muscles de la gouttière vertébrale du côté de l’hémiplégie. Non seulement je ne nie pas l’existence de ces causes, mais je crois que si nous ne prenons que les cas où les deux premières font défaut nous nous trouvons toujours plus ou moins en présence de la quatrième, sinon de la troisième. Cependant il est facile de s’assurer chez des hémiplégiques, sains d’esprit, qu’il y a dans le membre inférieur qu’on suppose à l’état normal, une diminution paraly- tique incontestable de la puissance des mouvements volon- taires. J’ai mesuré comparativement, à l’aide du précieux dy- namomètre d’Axenfeld, les divers mouvements de la cuisse, de la jambe et du pied dans ce membre chez des hémiplégiques et dans les membres inférieurs de personnes non paralysées, de même âge et de même sexe, et j’ai toujours trouvé une perte de force chez les malades à lésion encépbalique unilaté- rale atte'nts d’hémiplégie complète ou considérable, dans le membre inférieur considéré comme sain, Le membre supérieur de ce côté est aussi atteint sinon toujours au moins presque tou- jours, mais à un moindre degré que l’inférieur. Il l’est quelque- fois pourtant à un degré très notable. La sensibilité est rare - ment très affectée dans les membres supposés sains, chez les hémiplégiques. J'y aj cependant trouvé assez souvent une 8 a anesthésie (tactile surtout) assez marquée. L’hyperesthésie s'y constate quelquefois. L'état parétique du membre inférieur du côté supposé sain peut s’aggraverconsidérablement et il y a alors paraplégie avec paralysie d’un bras. J’ai montré depuis longtemps qu’une lé- sion unilatérale de l’encéphale peut déterminer d’emblée de la paraplégie, qui n’est d’abord qu’un effet inhibitoire du cer- veau sur la moelle épinière, mais qui peut devenir ensuite un effet de maladie organique de la moelle elle-même, mala- die produite par une influence d'irritations venant de l'encé- phale exactement comme se produisent par une semblable influence les altérations de nutrition que l’on connaît dans les articulations, la peau, les muscles, etc. RÉGÉNÉRATION DU NERF SCIATIQUE DANS UNE LONGUEUR DE DOUZE CENTIMÈTRES, DANS L'ESPACE DE DIX SEMAINES CHEZ UN PETIT SINGE, par M. Brown-Séquarp. Sur un petit singe qui était soumis le 5 novembre dernier à diverses expériences sur les effets de l’élongation du nerf scia- tique, ce nerf se rompit tout à coup lorsqu'on ajouta au poids qu’il supportait (plus de 3,500 grammes) 150 grammes. Deux déchirures pariielles se firent l’une à l'échancrure ssiatique, ‘autre (sur le poplité interne) au milieu de la jambe, et les deux portions du nerf se séparèrent complètement l’une de l’autre. Je coupai alors le bout supérieur restant à l’échan- crure sciatique et l’autre bout au bas de la cuisse. A.ma grande surprise après avoir tué l’animal le 17 janvier (2 mois et 12 jours après ce que je viens de mentionner) je le trouvai régénéré dans toute sa longueur, la division en poplités interne et externe ayant lieu à l'endroit ordinaire et une continuité, en apparence parfaite de la partie nouvelle avec les parties anciennes Je ne sache pas qu'il y ait dans la science un seul fait de régénération d’une aussi longue portion de nerf que dans ce cas. Chez cet animal, la longueur du sciatique depuis l’échancrure jusqu’à la bifurcation poplitée n’était pas tout à fait de 8 centimètres : mais la branche poplitée iiterne s’était déchirée au milieu de la jambe et j'avais coupé le nerf à l’é- LS CARRE Ra A0 chancrure sciatique. Or cette portion de nerf avait une lon- gueur de 12 centimètres. Elle est entièrement remplacée, de mème que l’autre portion s'étendant de l’échancrure à la par- tie inférieure de la cuisse. Les renfflements ordinaires s’ob- servent à l’échancrure et sur la portion tibiale du poplité in- terne. L'examen microscopique sera fait et j'en communique- rai les résultats à la Société; Il importe d’ajouter que malgré l'apparence d’une régéné- ration compléte, ni la sensibilité ni le mouvement volontaire n'étaient encore revenus dans le membre où l’opération avait été faite. J'ai le vif regret de ne pas m'être assuré si le nerf avait recouvré au moins le pouvoir d'agir sur les muscles sous l'influence d’une excitation galvanique directe. Mais j'ai au moins constaté que les muscles sont restés presque aussi longtemps irritables dans ce membre postérieur que dans son homologue du côté sain. Nombre de faits très remarquables de régénération de nerfs même chez l’homme, sont connus. J’en signalerai un très-in- téressant. Chez un malade atteint de névralgie, le nerf sous- orbitaire coupé uue première fois avait été l’objet d’une prompte réunion. Quelque temps aprés cette réunion l’éminent chirurgien William Fergusson pratiqua la résection d'une portion de ce nerf, longue de près de 5 centimètres. Plusieurs mois après (plus de trois mois), la névralgie reparut. Je vis alors le malade et je constatai un retour plus que complet de la sensibilité. Il y avait de l’hyperesthésie tactile (d’après l’es- thésiomètre) et aussi de l’hyperesthésie aux causes de douleur et aux impressions thermiques. PERSISTANCE DE L’ÉTAT NORMAL DE LA NUTRITION DANS UN MEMBRE DE SINGE PARALYSÉ PAR SUITE DE L’ABLATION DB NERF SCIATIQUE DANS TOUTE SA LONGUEUR, PAR M. BRoOwWN-SÉQUARD. Chez le Sue. dont il était question dans la note qui précède celle-ci, j'ai constaté à diverses reprises, pendant les 2 mois et 42 jours de vie de l’animal, que les divers muscles de la jambe et du pied avaient conservé leur irritabilité presque au même degré que les mêmes muscles de l’autre membre posté- Hoi rieur. De plus, ainsi que je l’ai dit, l’irritabilité dans ces mus- cles paralysés a duré presque aussi longtemps que dans ceux de l’autre membre (3 heures 1/4 et le l’autre côté 3 heures 1/2). La rigidité cadavérique est survenue un peu plus tard dans le membre paralysé que dans l’autre. Ni la peau ni les ongles n’ont montré la plus légère aliéra- tion. Le fait est décisif à l'appui de l’opinion que je soutiens que les altérations de nutrition par suite de section de nerfs ne dépendent pas de l'absence d'action de prétendus centres trophiques, mais bien d’une irritation du nerf au moment de la section et pendant les 2 ou 3 jours suivants, irritation qui peut ne pas exister. | ZONES RÉFLEXOGÈNES MOTRICES CHEZ LES HYSTÉRIQUES DANS LA PÉ- RIODE CATALEPTIQUE DE L'HYPNOTISME. — THÉRAPEUTIQUE DE LA CONTRACTURE.— ACTION DES COURANTS CODTINUS FAIBLES Par M. DumonTPALLIEr. Je n’abuserai pas aujourd’hui de l'attention bienveillante de la Société de Biologie. Je mentionnerai seulement que, sur la nommée G..., malade hystérique que je lui ai pré- sentée dans la séance précédente, j'ai pu délimiter qua-— torze zones réflexogènes de chaque côté du cuir chevelu et deux zones réflexogènes sur la ligne médiane du cuir chevelu. Les zones qui, sous l'influence du vent d’un soufflet capillaire, déterminent des mouvements très étendus de la tête des membres et des muscles de la face, ces zones, dis-je, sont distribuées de la façon suivante: cinq zones réflexogènes existent sur la ligne bi-auriculaire à 3, 6, 9, 12 et 15 centi- mètres à partir de la ligne médiane du cuir chevelu; trois zones réflexogènes existent sur une ligne située à trois centi- mètres au-devant de la ligne bi-auriculaire; cette ligne qu pourrait être appelée bregmatique antérieure est parallèle à la iigne bi-auriculaire et s’étend de la ligne médiane du cuir che- velu à la fosse temporale. Les zones réflexogènes de cette ligne sont au nombre de trois et sont situées sur cette ligne à 3, 6 et 9 centimètres de la ligne médiane du cuir :«evelu. De plus, sur une troisième ligne parallèle à la ligne bi-auricu- laire et passant par l’extrémité supérieure du sillon de Rolando, RD ee j'ai constaté l'existence de trois zones rétlexogènes situées à 2,6 et 9 centimètres de la ligne médiane. Enfin, au niveau de la terminaison snpérieure et postérieure de la scissure de Syl- vius il existe une zone réflexogène de même qu'au niveau des bosses occipitales et frontales de chaque côté. Puis une zone réflexogène sur la ligne médiane au niveau du bregma postérieur et une zone réflexogène au-devant du bregma anté- rieur. Ce qui fait en tout 16 zones réflexogènes ainsi réparties, 14 de ’haque côté du cuir chevelu et deux sur la ligne médiane. Il est probable qu’il existe encore d'autres lignes réflexo- ‘gènes sur le cuir chevelu. Il importe dans la recherche de ces zones réflexogènes de tenir-compte des insertions museulaires et en particulier des insertions des muscles du cou qui ont lieu sur la ligne courbe occipitale supérieure, le soufflet capillaire ou tout autre agent réflexogène pouvant avoir une action sur la peau correspondant aux attaches tendineüses en ces régions. ‘Rappelons que les actes réflexes auxquels il est fait allusion ont été obtenus chez une hystérique dans la période de ca- talepsie hypnotique et uu moyen du soufflet. Dans des con- ditions identiques, nous avons obtenu des résultats analogues chez une autre hystérique, la nommée C..,et nous sommes au- torisés à dire que, dans des conditions autres que dans la pé- riode cataieptique, on pourra vraisemblablement produire des actes réflexes, identiques ou analogues à ceux que nous avons consignés plus haut, en agissant avec l’épingie ou avec tous autres agents capables d’exciter lesdites zones réflexo- gènes : courants continus très faibles, aimant faible, rayon lu- mineux, onde sonore limitée, etc, etc. Il me reste à consigner deux faits: lun de thérapeutique pratique et l'autre d'ordre expérimental. Le nremier fait a rapport à la contracture de la langue, qui peut être produite accidentellement dans les expériences que l’on pratique sur les hystériques en état de catalepsie hypno- tique. On a cité des observations où cette contracture de la langue aurait pu créer un embarras sérieux pour les expéri- mentateurs. J’ai lieu de croire qu’en pareille circonstance il- suffira, pour remédier au mal, de faire usage de l’agent même Rs qui a fait la contracture. Toutes les fois que j'ai produit par e vent du soufflet, accidentellement ou volontairement, cette contracture de la langue qui met les malades en grand émoi, il m'a suffi d’avoir recours au soufflet capillaire ou au souffle buc cal, dirigé sur la langue, pour faire cesser immédiatement la contracture qui veñait de se produire. Le fait expérimental dont il me reste à entretenir la Société à une grande importance, parce qu'il permettra de re- chercher, chez les hystériques anesthésiques hypnotisées ou non hypnotisées, les actes croisés sur lesquels M. Magnin et moi nous avons été les premiers à appeler l'attention. Ces ac- tes croisés, nous les avions constatés .en appliqnant isolé- ment des plaquettes métalliques sur l’une des régions latérales du front; de même que nous avions découvert que les mêmes plaques métalliques, appliquées sur le tronc dans les zones sus ou sous-ombilicales chez des hysté- riques anesthésiques, ramenaient la sensibilité dans les régions sus ou sous-ombilicales isolément, ou fixaient la sen- _Sibilité en ces mêmes régions chez des hystériques non anes- thésiques, De même aussi nous avions remarqué que les pla- ques métalliques appliquées isolément de chaque côté des zones ombilicale et frontale ou sur la partie médiane de ‘chacune de ces régions empêchaient d’hypnouser les malades hystériques ou les réveillaient lorsqu'elles avaient été hyp- notisés. Tous ces faits, consignés avec tous les détails néces- saires dans le mémoire que nous avons présenté à l’Académie des sciences, étaient d’une confirmation délicate pour beau- coup d’expérimentateurs, parce qu’ils nécessitaient une étude spéciale de l'action de différents métaux chez les hysté- riques. Dans cet état des choses, nous avons expérimenté l’action des courants continus sur la nommée G... en état de veille et dans les périodes léthargiques ou cataleptiques de l’hypnotisme et nous avons constaté que le courant continu d’un petit élé- ment de Trouvé dont l’électrode positif était appliqué sur le côté droit ou gauche du front, l’électrode négatif étant appliqué sur l’apophyse mastoide, déterminait et fixait la sensibilité dans le bras gauche et la jambe droite ou dans le bras drait et la don jambe gauche, suivant le côté du front où avait été appliqué l’électrode positif. Nous avons de mème constalé qu'un courant continu très faible, dont les deux poles étaient appliqués dans les zones sus ou sous-ombilicales, sur les régions frontale où ombilicale, déterminaient des résultats identiques aux résultats abtenus par l'application des plaques métalliques dans les mêmes régions. Nous avons ainsi réussi avec des courants très faibles à obtenir les actes croisés, à fixer la sensibilité en différentes régions du corps et de plus à réveiller la malade hypnotisée en appliquant les électrodes sur les région frontale ou ombilicale. Il sera donc facile désormais à tout expérinentateur de con- firmer les faits sus-énoncés, sans avoir recours aux plaques métalliques, mais en faisant usage de courants continus très faibles, appliqués dans Îles régions sus-indiquées. En terminant, nous croyons qu'il est prudent dé n'employer que des courants trés faibles, dont l’action est à peine appré- ciable à la langue de l’expérimentateur. Si l’on ne se confor-. inait pas à cé conseil, on s’exposerait à déterminer de la doi- leur de tête et une malaise général chez iles hystériques. Notons que chez notre malade les résultats ont été obtenus très rapidement et que le réveil s’est effectué sous l’influence des ‘conrants, appliqués sur le front ou la région ombilieale, sans période d’hésitation, avec calme et: sans que la malade ait poussé de cri ni agité ses membres, ce qui avait toujours eu lieu ehez ceite mème malade lorsqu'elle se réveillait sous l'influence des plaques mctalliques. REMARQUES À PROPOS DE LA COMMUNICATION FAITE A LA. SOCIÉTÉ DE BioLoGtE Par M. DumonTPaLLier, LE 14 Janvier 1882, par M. Cuanrcor. Les faits observés par M. Dumontpailier sont, sans doute, fort intéressants. Mais il n’y a pas d’assimilation possible entre ces phénomènes et ceux que j'ai communiqués à la So- cièté dans sa séance du 7 janvier. En effet, les faits que j'ai signalés sont relatifs à la forme léthargique avec hyperexcita— bilité neuro-musculaire, et, chez la malade présentée par M. Dumontpallier, cette hyperexcitabilité n’existe pas. D Ye L’hyperexcitabilité en question, je tiens à le rappeler, est un phénomène objectif des plus saisissants. En effet, quand elle existe, en excitant mécaniquement par pression, à l’aide d’un petit bâton, d'un manche de plume par exemple, ou encore par un léger attouchement, le tronc d’un nerf, tous les mus- cles qui sont tributaires de ce nerf entrent en contraction: c’est ainsi que se produisent les griffes radiale, cubitale, mé- diane caractéristiques, suivant que l’excitation mécanique porte sur le nerf radial, le cubital ou enfin le médian. Le: muscles eux-mêmes peuvent être directement excités de la même façon. On comprend, soit dit en passant, que la consta- tauon régulière de ces phénomènes constitue une sorte d’é- preuve anatomo-physiolégique, qui met l'observateur à l'abri de-toute intervention voulue de la part du sujet. Chez les ma- lades que j'ai observées, les conditions sont donc différentes de celles où se trouve le sujet présenté par M. Dumontpallier, bien qu'il s'agisse des deux côtés de femmes hystériques hyp- notisées. C’est qu’en réalité l’hypnotisme comprend une longue série d'états nerveux très divers, différents les uns des autres, qu’it faut au préalable s'attacher, suivant l'exemple des noso- graphes, à bien délimiter et à bien définir. Pour ne citer que quelques exemples, l’état léthargique, ainsi que je l’ai fait re- marquer dés l'origine de nos études, en 1878, diffère foncière- .ment de l’état cataleptique, et ce dernier diffère à son tour de l’état dit somnambulique, etc., etc. Ces formes si diverses ap- partiennent cependant toutes au groupe de l’hypnotisme. Il est, on le voit, fort important de spécifier les caractéres de l'état où se trouve le sujet chez lequel on relève une, observa- tion, car, sans cette précaution fondamentale, on risque de ne point s'entendre et d’arriver à se contredire sans motifs sufli- sants. Les femmes hypnotis.. «auxquelles se rapporte ma dernière communication étaient toutes en état de léthargie avec hype:- excitabilhité. De plus, les mouvements observés chez elles, par l'excitation galvanique du crâne, consistent en mouvements brusques, en secousses, aussitôt suivis de relichement, mou- vements se produisant exclusivement au moment de l’ouver- _turect surtout de la fermeture du courant. On voit que ces D EEE faits différent complètément de ceux sur lesquels M. Dumont- pallier appelle l'attention. M. Dumontpailier reconnaît la diffé- rence des phénomènes ; mais il assure que les faits observés, soit par lui, soit var moi sont d'ordre réflexe. Jetiens pour mon compte à réserver, pour le moment, la question de théorie. Je ne nie point que les actes réflexes aient une pari dans Île pro- duction du phénomène d’hyperexcitabilité neuro-musculaire, ainsi que cela résulte de diverses communications que j'ai fai- tes sur ce sujet, l’an passé, à la Société, en commun avec M. le docteur Richer. Mes observations, faites avec le concours de M. Richer sur ce dernier point, ont été publiées in exétenso dans lés Archives de neurologie. DÉTaiLs COMPLÉMENTAIRES SUR LA COMMUNICATION FAITE À LA So CIÉTÉ LE 7 JANVIER PAR M. CHARCOT. Je reviendrai sur la communication que j'ai faite à la Société dans la séance du 7 janvier. J’y voudrais ajouter de nouvéaux détails et apporter aux conclusions auxquelles je m'étais ar- rêté provisoirement, des modifications que des observations ultérieures ont rendües nécessaires. Les maladies hystériques sur lesquelles ont, jusqu’à ce joùrs porté mes observations sont au nombre de dix. Elles peuvent être ramenées à 3 groupes. Sur quatre de ces sujets constituant le premier groupe, la galvanisation d'une moitié du crâne, faite de I: façon que j'ai précédemment indiquée, a toujours provoqué dans l’état lé- thargique avec hyperexcitabilité neuro-musculaire des mouve- ments localisés sur le côté opposé du corps — face, bras, jambe. — Ces mouvements, je le rappelle, ont présenté le ca- ractère d'une secousse plus ou moins brusque e‘ ils se sont montrés généralement à la fermeture du courant. La même expérience, répétée dans l’ctat de veille, chez ces quatre sujets, a toujours donné un résultat négatif. Les expériences ont été répétées plusiecrs fois chez la même malade et ont toujonrs donné les mêmes résultats. Ainsi chez C, il y a eu 2 séances, ? chez W, 4 chez P, et jusqu’à 10 chez B. Dans chacune de ces séances des mouvements croisés et exclusivement croisés ont SE Ve ASE été provoqués une quarantaine de fois ; soit 720 fo:s en tout. Cestlà, dans l’espèce, un chiffre qui paraîtra sans doute con- sidérable. En me fondant sur ces résultats constants pour la série, j'avais été amené à admettre, toutefois provisoirement, que dans l’état de léthargie hypnotique avec hyprexcitabilité neuro-musculaire, il existe une hyperexcitebilité spéciale de certaines régions de l’encéphale. Il était devenu nécessaire d’établir que excitation galvani- que extérieure se transmet réellement à travers les téguments, la paroi crânienne, la dure mère, jusqu’à l’encéphale. C’est là, on le sait, une question controversée ; personne de vous _n’ignore comment M. Erb a cherché à la résoudre par la voie expérimentale. Avec le conconrs de MM. Richer et Feré, j'ai répété l’expérience de M. Erb en la modifiant. Voici le dispo- sitif que nous avons adopté et, en même temps, l'indication des résultats obtenus. Sur un cadavre couché sur le ventre, l’une des moitiés du. crâne est enlevée par deux traits de scie, l’un horizontal, l’autre vertical, comme on a coutume de le faire pourla préparation de la faux du cerveau. L’hémisphère de ce côté est enlevé. Deux tiges métalliques’enduites de cire à modeler sont plongées dans l’au- tre hémisphère resté en place : l’une supérieure est recourbée de rnanière à contourner le bord inférieur de la faux du cer-— veau et à atteindre par son extrémité la surface corticaie vers la partie supérieure des circonvolutions äscendantes. L’autre tige placée plus inférieurement est droite et enfoncée directe- ment au travers de l'hémisphère de façon à ce que son extré- mité atteigne la face interne de l’os temporal. Les extrémités des deux tiges sont mousses et poussées avec précaution jus- . qu’au contact des parois osseuses ; elles ne peuvent déchirer les membranes qui revêtent les parois. Ensuite, les parties libres des deux tiges métalliques sont isolées de on een avec de la cire fondue, dont on remplit d’ailleurs exactement toute la partie de la cavité crânienne laissée vide par l’ablation d’un hémisphère. Enfin les extrémités libres des deux tiges sont reliées à un téléphone; alors le courant galvanique est appliqué sur le côté du crâne demeuré intact, de la même façon qu’il l’a été chez = — les malades, à savoir : un électrode sur le sommet du crâne, à quelques centimètres en dehors de la ligne médiane, l’autre en arrière et au-dessus du pavillon de l’oreille. L’intensité du cou- rant, comme dans les expériences sur le vivant, a été représen- tée par 1° du galvanomètre gradué en Milli- Weber. Or, à l'ouverture et à la fermeture du courant, on entendait dans le téléphone un petit craquement très distinct. Si au contraire les deux électrodes étaient appliqués près des extrémités libres des tiges, à la surface de la masse de cire qui remplit la boîte crânienne, le galvanomètre ne déviait pas et naturellement le téléphone restait muet. Enfin, les deux tampons étant appli- qués sur l’épaule et le galvanomètre indiquant le passage du courant, le téléphone restait encore une fois silencieux au mo- ment des interruptions. La patte galvanoscopique de la grenouille a donné, dans toutes ces récherches at d’une façon très nette, les mêmes in- dications, soit négatives, soit positives, que le téléphone. Cette expérience me paraît plutôt plaider en faveur de l'opinion qui admet que les courants galvaniques d’une certaine intensité appliqués à la surface du crâne peuvent pénétrer jusqu’à l’en céphale. Je suis bien loin toutefois de l? considérer comme inattaquable et je la livre à la critique de nos collègues. Les choses en étaient là lorsque, voulant répéter et multiplier mes expériences, je me suis adressé à quatre nouveaux sujets qui constituent une 2e série. Voici ce que j'ai observé chez les hystériques de ce deuxième groupe, les conditions de l’expé- rience étant exactement les mêmes que ci-dessus. Sur un même sujet les résultats, cette fois, ont quelquefois varié d’une expérience à l’autre. Mais toujours les mouvements des mem- bres ef de la face occasionnés par l'interruption du courant galvanique appliqué sur un des côtés du crâne se sont produits avec une prédominance marquec du même côté du corps. Il ne s’agit donc plus ici, comme dans le groupe précédent, de mouvements Re hétérolatéraux, mais, au con- traire, surtout de mouvements homolatéraux, par rapport au côté du crâne où l'excitation galvanique était produite. J’ajou- terai que sur les quatre sujets de ce groupe, trois ont présenté pendant l’état de veille, sous l'influence de la galvanisation A0 céphalique, des secousses semblables à celles qui avaient été obtenues, par le même procédé, pendant l’état de léthargie. Aussi, chez une seulede ces malades, les secousses provoquées, par l’excitation galvanique du crâne ont paru exclusivement propres à l’état d’hypnotisme. Pour ce qui est de notre 8e groupe, il comprend 2 hystéri- ques chez lesquelles la galvanisation céphalique ‘pratiquée dans les mêmes conditions que précédemment n’a donné lieu à aucun mouvement. L'une de ces malades ne présentait pas le phénomène de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire, l’autre ne le présentait qu'à un degré fort incomplet. Les résultats que je viens de rendent, je le crois du moins, pour le moment, toute conciusion définitiveimpossihle. Pourquoi les secous:es consécutives à la galvanisation d'une moitié du crâne se produisent-elles chez un certain nombre de sujets du côté opposé du corps, tandis que chez d’autrcs, en nombre égal, elles se produisent du même côté? L’exeitation des régions de. motrices de l’encéphale ne saurait rendre compte, je pense, de ces résultats. Il y à donc là bien des inconnues à dégager. Peut-être pourrait-on, se fondant sur les expériences bien connues de Marshall-Hall, Brown-Séquard, Bochefon- taine, Duret, faire intervenir ici l’excitation des régions seusi- bles de la dure-mère. Mais sur ce point je ne saurais me pro- noncer quant à présent. Quoi qu’il en soit, les rsultats obtenus dans cette série de recherches, tout contradictoires qu'ils puissent paraître, offrent cependant, je crois, quelque intérêt. Ils démontrent pour le moins, une fois de p'us, combien il faut se montrer réservé en matière d’hypnotisme comme en matière de pathologie ner- vense, en général; avec quel soin il importe de répéter les oh- servations uu grand nombre de fois et sur divers sujets ; cuim- bien cufin, même en te qui concerne Îles plus simples, les plus grossiers, les plus conformes en apparence aux faits physio— giques connns, il fant se garder de conclure hâtivement, 1 — SUR LA STRUCTURE DU CŒUR ET DU PERICARDE CIIEZ LES ‘ ASCIDIES SIMPLES, par G. IIERRMANN. Le cœur des ascidies simples (Phgllusia gelatinosa, Ciona _intestinalis) se présente sous forme d’un tube‘plus ou moins recourbé, animé de mouvements péristaltiques qui se font alternativement dans un sens ou dans l’autre, changeant ainsi de direction toutes les 30 ou 40 pulsations. Le procédé qui nous a donné les meilleurs résultats pour examiner la structure de cet organe consiste à piquer le cœur vivant à l’aide d’une seringue de Pravaz et à y pousser une injection composée d’un mélange à parties égales d’a!cool à 360 et d'acide osmiqne concentré. Les éléments se trouvent fixés instautanément ;. au bout de quelques secondes, le tnhe cardiaque est enlevé, fendu en long et lavé à l’eau distillée, On peut ensuite le colorer et monter des prévarations persis - _tantes dans la glycérine. Sur des pieces ainsi traitées, on constate que le cumr es: - formé de deux tuniques superposées : une couche externe musculaire constituée par un seul plan de fibres très ininces disposées circulairement, et une membrane interne amorphe très délicate. Les.éléments musculaires vus de face ont Ir forme de petits cylindres un peu aplatis et rnbanés, larges de 1 y à 2 x selon qu'ils ont été saisis au repos ou à Pétat de con- traction. À leur face externe, on voit des noyaux arrondis ou ovoides (4 ou 6 u de diaim.: enveloppés chacun d’une petite masse de protoplasma grannleux. Ces corps généralement contigus, parfois plus où moins distants Îes uns des autres on disposées en séries parallèles, nous paraissent devoir être con- sidérés comme les restes des cellules musculaires primitives eux dépeus desquelles ont pris naissance les fibrilles contrue- tiles. Lorsqu'on parvient à isoler ces ternières par dissociation et qu’elles se trouvent fixées en état d'extension, elles offrent ‘très neitement la succession des disunes foncés alternaiive- ment larges et minces sépaiés par des espaces clairs, telle qu’on la connaît chez les insectes et la plupart des aniuiaux supérieurs. Sur le côté externe des fibrilles demenrent adhé- rents des fuseanx protoplasinmiques longs d'environ 60 et C. R. 1882 4 — 42 — renfermant dans leur portion renflée, épaisse de 6 à 8 , les noyaux décrits plus haut. La membrane interne, limitant la cavité du cœur, est par- faitement anhiste et transparente, et son épaisseur ne dépasse pas 1,5 4, sa face interne est lisse, tandis que l’externe pré- sente des stries , extrêmement fines répondant à des dépres- sions, et des crêtes dirigées circulairement comme les fibres musculaires et répondant à des inégalités correspondantes de ces dernières avec lesquelles elles s Ge Cette membrane sur laquelle nous n’avons pu déceler là présence de noyaux, ni obtenir de contours épithéliaux au moyen du nitrate d'argent, offre une résistance notable aux réactifs ; les acides la gonflent très légèrement. Elle se con- tinue au delà du cœur pour former à elle seule la paroi propre des ramifications du système vasculaire. Chaque fibre musculaire n’entoure que la moitié du tube cardiaque. Celui-ci, en effet, a un bord adhérent, et présente en outre, du côté opposé à ce bord, une ligne longitudinale au niveau de laquelle les fibres .se terminent; cette ligne est marquée par une seule rangée de cellules anguleuses, un peu ramifiées, munies chacune d’un noyau arrondi. Nous igno- -rons la signification de ces éléments qui rous ont offert cette . particularité qu’ils se colorent vivement au chlorure d’or. Grâce à l’existence de ces deux lignes ou coutures longitudi- nales, chaque fibre contractile n ‘embrasse que la moitié de la. circonférence du cœur. Cet organe est enveloppé par un péricarde aussi très mince et transparent, dépourvu d’épithélium à sa face interne. Il est facile par contre de mettre en évidence, sur les parois de l2 cavité générale du corps située à côté du péricarde, sur les replis mésentériques, etc., l'existence d’un épithélium plat, irréguliéèrement polygonal, dont les contours apparaissent nettement par l’action du nitrate d'argent ; chaque cellule ren- ferme un noyau sphérique très petit (3 x de diam. en moyenne). pourvu d’un nicléole. En examinant comparativement les muscles des autres par- ties du corps, nous n’avons trouvé que des fibres lisses de très : grandes dimensions, dont les contractions lentes, vermiformes, —… 43 — obtenues par l'excitation électrique (soit directe, soit appliquée sur le ganglion situé entre la bouche et l’anus), contrastaient avec la rapidité et l'instantanéité des mouvements du cœur. Séance du 28 Janvier 1882. Présidence de M. Paul BBRT. NOTE SUR LES ALTÉRATIONS HISTOLOGIQUES DU REIN CHEZ LE COBAYE A LA SUITE DE LA LIGATURE DE L'URETÈRE, par MM. STRaus ET GERMONT. Nos expériences ont porté sur des cobayes chez lesquels nous avons lié l’uretère (constamment l’uretère gauche) par la voie abdominale. L'opération fut faite avec l'emploi le plus rigou- reux de la méthode antiseptique, et les animaux, vigoureux, étaient placés dans des cages neuves et tenues proprement. Les résultats de l’opération, dans la plupart des cas, furent très favorables ; la réunion de la plaie-abdominale s’effectuait- ‘ par première intention. — Pas de suppuration du péritoine ; au niveau de la ligature jetée sur l’uretère, le lien de catgut déterminait seulement une inflammation adhésive très cir- conscrite. Les animaux se remeftaient très vite et présentaient à partir des premiers jours un état de santé parfait. Nous les ‘avons sacrifiés au bout d’un temps variant de quelques heures à six et sept mois après l’application de la ligature, de sorte que nous avons pu suivre toutes les étapes des modifications subies par le rein à la suite de la ligature de soncanal excréteur. Dès les premières heures qui suivent la ligature, on constate la distension de l’uretère au-dessus du lien et celle du bassi- net. Du 15e au 20e jour, l’uretère attéint le calibre d'une plume d’oie et le bassinet est dilaté au point de pouvoir loger un gros pois. La surface du rein est pâle, lisse, tendue, et l'organe s’affaisse quand on donne issue äu liquide. Sur une coupe faite selon le grand diamètre, on constate la diminution d'épaisseur de la substance corticale et de la substance pyra- midale, l’effacement de la saillie de la papille et la pâleur gé- nérale de l’organe. Sur une section de rein dont l’uretère a été lié depuis quatre — 44 — à six mois, la substance rénale est réduite à une coque de deux à trois millimètres d’épaissour sur laquelle la distinction entre l'écorce et la pyramide n’est plus possible à l'œil nu. Pasd’inflammation ni d’exsudat àla surface de la muqueuse du bassinet et de l’uretère. Le liquide accumulé au-dessus de la ligature est parfaitement clair ; examiné au microscope, il ne contient ni bactories ni leucocytes ; l'analyse chimique y dé- cèle la présence d’urée et d’albumine. Pendant que lerein dont l’urétère est lié s’atrophie gra-. duellement, le rein sain, le droit, présente une hypertrophie com- pensatrice très accusée dès les premières semaines et qui paraît achevée vers le troisième mois. Les lésions histologiques du rein à la suite de la ligature de l’uretère présentent deux phases successives, une phase d’eêtasie des canalicules ét une phase de collapsus atrophique. La phase d’ectasie est caractérisée surtout par la dilatation rapide et progressive des tubes urinifères, depuis le glomé- rule jusqu'aux canaux collecteurs. La dilatation est plus précoce.et plus accusée sur les tubes contournés que sur les rayons médullaires et surles tubes col- lecteurs ; ce qui s'explique si l’on réfléchit que c'est au voisi- nage du glomérule que se fait la filtration et que règne la es maxima. Au bout de huit à dix jours, l’ectasie est elle que les coupes du rein présentent un aspect aréolaire très frappant. L'augmentation énorme de la lumière des tubes quise traduit par cet aspect aréolan:: de la “our reconnaît deux factenrs : 10 la dilatation vraie des tubes, zu l'applatis- sement excessif de Dee thélium de revêtement. A cette période, il n’y a, dans les espaces intertubulaires de la substance corticale,, ni infiltration cellulaire, ni trace de selérose. Dans la pyramide où le tissu conjonctif intertubulaire estnormalement assez abondant, il n’y a également ni hyperpla- sie conjonctive ni infiltration nucléaire. La deuxième phase qui s'établit quatre à cinq semaines après là ligature est caractérisée par le collapsus des tubes urinife- res, tant contournés que droits ; la dilatation ne persiste qu’en nn seul point, sur la capsule de Bowman qui subit parfois une Po distension kystique considérable, le bouquet glomérulaire re- foulé et atrophié n’en occupant plus qu’un des pôles. Les tubes se retrécissent et reviennent sur eux-mêmes. L’épithélium est réduit à un noyau circulaire entouré d’une mince couche de protoplasma et la lumière des conduits est effacée. Sur des coupes mal orientées, on pourrait être tenté d'admettre une infiltration nucléaire généralisée. Mais à un examen plus attentif on s'assure qu’à cette période encore les interstices intertubulaires n’offrent ni infiltration cellulaire ni sclérose. Les membranes propres, visiblement épaissirs, ilest vrai, par suite de leur retrait élastique, sont juxtaposées, sans interposition ancrmale de tissu conjonctif modelé ou embryon- _ naire. En un mot, il n'y a pas de néphrite interstitielie. Cependañt, en deux points très circonscrits, il existe un processus sciéreux manifeste: 10 autour des capsules da Bowman dilatées; 20 autour des artérioles qui présentent une périartérite non douteuse. En résumé, pendant toutes les phases d’altération que subit le rein. à la suite de la ligature de l’uretère, on ne constate qu'un simple fait mécanique : une ectasie initiale, suivie du re- trait atrophique des tubes urinifères. L’épithélium, de spé- cifique qu'il était, devient indifférent ; il n’y à ni processus phlegmasique, ni selérose interstitielle. A ce. dernier point de vue, nos résultats ne sont pas con- formes à ceux qui ont été obtenus par nos prédécesseurs, no- tamment par MM. Charcot et Gomoault. : Ces expérimentateurs ont rencontré à la suite de la ligature de l’uretère, outre la régression nucléaire de l’épithélium, un processus interstitiel actif. iis signalent l'existence, dans la région Jabyrinthique, « d’une production exubérante de tissu interstitiel tantôt à un état d'organisation plus ou moins avancé, tantôt complètement embryonnaire... De distance en distance, les leucoyctes infiltrent le tissu en telle abondance et sont tellement rapprochés les uns des autres qu’on a sous les yeux de véritables abcès microscopiques (1). » (1} Charcot. Des cirrhoses viscérales épithéliales (Progrès médi- cal, 1878, n° 5, p. 61): M. Anfrecht, à la suite de ses expériences, arrive à des résultats identiques (1). Ces descriptions sont parfaitement exactes, mais elles se rapportent a un ordre de feits différents de ceux que nous avons étudiés. MM. Üharcot ‘et Gombault, ainsi que M. Au- frecht, pratiquaient [a ligature de l’uretère sans recourir, comme nous, à la méthode antiseptique. Le processus mor- -bide qu’ils ont ainsi provoqué dans les reins dovait être dif- férent. 11 suffit de réfléchir aux conditions spéciales que créent d’une part une intervention opératoire aseptique, dans la- quelle les organes sont entièrement soustraits aux agents phlogogènes (quelle que soit leur nature), et d’autre part une opération qui laisse libre carrière à leur action, pour se ren- dre compte de ces contradictions apparentes. Nos recherches, du reste, n'ébranlent en rien la théorie célébre de M. Charcot surles cirrhoses viscérales épithéliales : elle repose sur un faisreau de faits anatomo-pathologiques trop nombreux et trop solidement établis. Les conditions dans les— quelles nous avons eu suin de nous placer sont, pour ainsi dire, idéales et ne se réalisent que bien rarement en patholo- gie. MM. Charcot et Gombault dans leurs expériences de liga- ture du canal cholédoque ou de l’uretère, ne cherchant pas à s’opposer à l'introduction des agents inflammatoires provo- quaient des lésions à la fois dégénératives et irritatives de lépithélium d'abord, avec retentissement ultérieur sur le tissu conjonctif interstitiel. Toutes choses qui se retrouvent en effet eu pathologie humaine à la suite de la compression ou de l’obstruction de l’uretére ou du canal cholédoque. Rappelons que les résultats auxquels nous sommes arrivés ne sont pas complétement isolés. MM. Buchwaïd et Litten (2), dans leurs ‘expériences sur la ligature da la veine rénale, ont constaté qu’elle ne déterminait qu'une atrophie de l'organe, . sans néphrite interstitielle : ils avaient employé la méthode antiseptique. MM. Grawitz et Israël, en employant la pratique de (1) Autreeht, Die diffuse Nephritis, etc. Berlin, 1879. (2) Ueber die Structurverxnderungen der Niere nach Unterbin- dung ihrer Vene (Virchow’s Arch, Bd. 66, 1876, p. 135). = dre Litteu qui consiste dans le pincement temporaire de l'artère rénale, ont vu se développer à la suite de cette expérience, faite aussi avec les précautions. antiseptiques, le collapsus atro- phique du rein, sans sclérose (1). On voit‘donc que toute intervention expérimentale (ligature de l'uretére, ligature dela veine rénale, ou pincement tempo- raire de l’aitère rénale) qui se borne à supprimer la fonction du rein en évitant l'introduction d'organismes inférieurs doués de propriétés phlogogènes conduit à l’atrophie simple de l’or- gane, sans déterminer de phénomène interstitiel inflamma- toire ou scléreux. C’est grâce à la méthode antiseptique que les processus expérimentaux peuvent être ainsi provoqués et étudiés dans leur simpiicité. L'introduction systématique de cette méthode dans la technique expérimentale-nous parait être nécessaire. Il ne s’agit pas seulement d’une modification du manuel opé- ratoire assurant aux animaux plus de chances de survie ; mais on réduit ainsi le problème expérimental à ses données les plus simples et on écarte les éléments étrangers qui. peu- vent le compliquer et l’obscurcir.: NOUVELLES RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LE MÉCANISME DU POULS VEINEUX JUGULAIRE NORMAL ET SUR LA PART PRÉPONDÉRANTE QUI REVIENT AU RELACHEMENT DIASTOLIQUE DE L'OREILLETTE DROITE DANS LE BRUSQUE AFFAISSEMENT INITIAL DE LA JUGULAIRE, par M. Françots-FRANCK. | Dans une précédente communication faite à la Société de Biologie (séance du 2 juillet 1881), jai indiqué sommairement quelques-unes des raisons qui permettent de maintenir la théorie courante du pouls veineux Honor normal et qui sont contraires à la théorie nouvelle qu’on a CAsreRe à RC NIGE récemment à la première. Je crois nécessaire de revenir aujourd’hui sur ces points (1; Experimentelle Untersuchungen über den Zusammenhang zwischen Nierenerkrankung und Herzhypertrophie (Virchow’s Arch. Bd. 77, 1880). Ag Le a vec quelques détails complémentaires, la question commen çant à prendre à l'étranger une importance clinique sérieuse, Rappelons d’abord succinctement les théories relatives au point particulier dont il s’agit, c'est-à dire à l’affaissement brusque des jugulaires qui se produit à chaque systole des ventricules. Dans l'idée ancienne qui a cours dans la science depuis les _ premières observations sur les mouvements des veines du cou on admet qu’à l’état normal chaque systole de l'oreille droite produit le soulèvement initial ei que le relâchement rapide des parois de la même cavité provoque l’affaissement brusque qui fait suite à ce premier soulévement. Cette opinion a été particulièrement défendue en France par M. Potain dans un travail remarquable, publié en 1868 (1). La théorie nouvelle invoque, pour expliquer l’affaissement brusque de la jugulaire qui est immédiatement consécutif au premier soulèvement, un mécanisme tout différent : elle pré- sente comme condition unique de ce phénomème l’aspiration renforcée à l'intérieur du thorax par la diminution de volu- me des ventricules au moment de leur évacuation systolique. Cette théorie a été défendue par Mosso en 1878 et 1879 (2); elle a déjà commencé à être appliquée aux études cliniques, par exemple dans un travail de Riegel (3). Examinons donc d’un peu près les faits sur lesquels re- pose cette nouvelle interprétation, afin d’être en mesure d’en juger la valeur. Le point essentiel est le sujvant :. chaque fois que les ventri- cules se vident pendant leur systole, ils créent autour d’eux une aspiration qui se traduit, comme on le sait depuis long- temps, par une dilatation du poumon: celui-ci cède à l'ut- traction augmentée à l’intérieur du thorax ; elle se n'auifuste (1) Potain, Mouvements et bruits des veines jugulaires (Mémw. soc. méd. des Hôpitaux 1868. — Communication du 24 mai 1867). (2) Mosso, Sul polso negativo. (Arch. p. I. Scienze mediche. — Turin 1878. Vol. Il, Fasc. 4 -- Du même, Die Diagnost:k des Pulses… Leipsig, 1879. (3) Riegel, Berlin. klin, Wochensch., 2? mai 1881. ao aussi par le retrait des espaces intercurstaux au voisinage du cœur. La même influence a été invoquée par Brücke comme éminemment favorable à l’afflux du sang veineux dans la poi- trine; c’est cette idée de Brücke qui & été reprise et développée par Mosso (1). Pour bien fixer les idées sur ce point, je soumets à la Société une expérience demi-schématique qui m'a servi à la fois de moyen de démonstration dans les cours et de moyen d'étude. Expérience.— Un cœur de tortue complet, muni de ses oreillettes avec le sinus veineux et de son ventricule, reçoit du sang défibri- né sous une faible charge et expulse ce sang par ses deux aortes aboutissant à un tube d'écoulement commun. Ce cœur est enfermé dans ua petit bocal muni d'une tubulure in- férieure qu’on peut laisser fermée avec un bouchon de caout- chouc ou par laquelle on peut introduire une sorte de poumon ar- tificiel formé d’une mince ampoule de caoutchouc. On rend évidente l'action aspiratrice da ventricule en systole, action résultant de ‘son évacuation à l’extérieur, en montrant l'ex- pansion que subit à ce moment le poumon artificiel modérément insuffié et mis dans un état de tension moyenne Pour établir et analyser l’efiet de’cette expansion du poumon sur l'air quil contient, on fait communiquer avec un appareil enre- gistreur (manomètre ou tambour à levier) la cavité de ce poumon schématique : on voit alors qu'il s’opére une rentrée d'air à chaque évaeuation de sang hors des ventricules. C’est le phénomène étudié par Buisson, Ceradini, Landois, etc. (1) Chauveau dans son mémoire sur les murmures veineux (Gaz. médicale de Paris., 1858) me parait être le premier qui ait insisté sur Ce fait de l'aspiration systolique des ventricules et sur la con- séquence qui en résulte au point de vue de l'exagération du vide thoracique. — Ch. Buisson en 1662, Chauveau et Marey dans leurs “expériences cardiographiques en 1862, Marey dans son livre sur la circulation en 1863, Paul Bert dans ses leçons sur la respiration en 1870 ontensuite examiné quelques-unes des consequences du mème fait; ce n'est qu'à partir de 1865 qu'ont paru à l'étranger les premières recherches sur ce sujet qui depuis a pris une grande extension, surtout grâce aux travaux de Laudois. J'aurai bientôt l'occasion d'exposer dans une étude d'ensemble sur la circulation veineuse l'historique détaillé de tes questions. Ven Maintenant, pour mettreen évidence l'effet analogue produit sur les parois des oreillettes, il suffit d'enleverle poumon arti- ficiel et de fermer l’orifice inférieur du bocal qui contient le cœur. De cette façon, l'effet aspiratif systolique se reporte en totalité sur les oreillettes et on peut voir la grande expan- sion qu’elles subissent à chaque évacuation ventriculaire. On rend le phénemèneplus saisissent en utilisant cette force aspiratrice des oreillettes (créée par la systole ventriculaire), pour faire monter, contre la pesanteur, une colonne de sang jnsque dans le cœur. Il est clair enfin que ces phénomènes d'aspiration sur les oreillettes peuvent être enregistrés tout comme les phénomènes d'aspiration sur le poumon. Il s’agit en dernier lieu de savoir si la même influence as- piratrice d’origine ventriculaire continuera à se faire sen- tir sur les oreillettes quand on lui permettra d'agir en même temps sur le poumon. Pour cela, ayant vu isolément les deux phénomènes (pulmonaire et auriculaire), nous cher- chons à les produire simultanément en introduisant de nou- veau le poumon artificiel dans le bocal qui renferme le cœur. Nous constatons alors que l’aspiration sur les oreillettes est très notablement diminuée, sans cesser pourtant d'exister. Ces expériences ont été faites maintes fois et avec beaucoup de détails depuis plusieurs mois : je n’en présente ici que les conséquences ayant directement trait au sujet qui nous oc- cupe. : En résumé, elles nous ont montré qu'en effet, comme l’a dit d’abord Brücke, comme l’a développé plus tard Mosso, à chaque systole ventriculaire il se fait un renforcement d’aspira- ticn à l’intérieur du thorax, appels’exerçant sur le sang veineut et eq:«ble, À PREMIÈRE VUE, d'expliquer, ainsi que le veut Mosso, ie phénomène de la dépression des veines du cou sur lequel nous :nsistons. II. Cette aspiration de provenance ventriculaire étant ad- mise, faut-il supprimer la théorie ordinaire de l’affaissement brusque des jugulaires, celle qui attribue cet affaissement au relâchement de l'oreillette droite, et -substituer à cette inter- prétation l’opinion défendue par Mosso, à savoir que la dé ou pression jugulaire est seulement la conséquence de l’appel tho- racique que nous venons d'examiner ? Tel est le point à étudier maintenant. Déjà, dans me première communication sur ce sujet, j'ai in diqué la raison essentielle qui devait autoriser à conserver l’ancienne théorie : si l’on-supprime toute possibilité d’aspira- tion autour du cœur en ouvrant lethorax d’un animal, on voit persister l’affaissement veineux dont il s’agit, et la comparai- son des courbes du pouls veineux avant et après l’ouverture du thorax permet d'affirmer ce que la vue seule pourrait lais- serencore douteux. Je soumets à la Société quelques-uns des nombreux tracés recueillis dans ces conditions. Mais, depuis l’époque de ma précédente communication (2 juillet 1881), la question a été traitée de différents côtés; j'ai eu notamment connaissance, au Congrès de Londres, en août 1881, d'un travail de M. Ewald (de Strasbourg), développé et complété dans un mémoire de M. Gottwalt (de Moscou). Ce dernier travail a été fait dans le laboratoire du prof. Goltz et publié dans les Ancaives de PrLüGer, en 1881. — Les auteurs de ces recherches concluent aussi que la dépression normale de la jugulaire n'a pas besoin pour se produire de l'influence | invoquée par Mosso. J'aurai à signaler plus tard les différences qui existent entre leurs résultats et les miens au sujet du pouls veineux ju- gulaire; je rappelle seulement aujourd’hui l’une de leurs con- clusions principales, laquelle s’ appuie du reste sur -des argu- ments tout différents. Les faits sur lesquels ; je désire iusister sont relatifs à la dé- monstration, par plusieurs séries d'expériences, de l’impor- tance prédominante qui revient au relâchement brusque de l'oreillette droite dans la production de l’affaissement des ju- gulaires, immédiatement consécutif au premier soulèvement. Indépendamment du fait essentiel que cette dépression per- siste quand le thorax est ouvert, et conserve ses rapports avec les autres accidents de la courbe, voici les expériences direc- tes qui démontrent la part de l’oreillette droite dans la produc- tion de ce phénomène : Résultats des expériences directes montrant l'influence des ED systoles et diastoles de l'oreillette drotte sur le soulèvement et l’affaissement iniliaux du pouls jugulaire (1). 1° Sur un chien curarisé, dont le thorax a été ouvert, on inscrit simultanément le pouls de la jugulairé exrerne droite et les pulsations ventriculaires ou bien les variations de la pressionintra-ventriculaire droite. Quand on a recueilli ces courbes simultanées, on supprime à l'aide de longues pinces à branches parallèles, ou simple- ment avec le pouce et l'index, la communication entre l’oreil- lette droite et le ventricule droit. Le pouls jugulaire persiste et à chaque relâchement diasto- lique de l'oreillette le jugulaire présente son affaissement ha- bituel. 20 Quand on arrive à produire l’umertie fonctionnelle de lo- reilletie droite (excitations locales électriques ou mieux trau— matiques, souvent ligature de l’auricule sur une canule, pin- cement de l'oreillette à sa base, etc.), le pouls jugulaire se sup- prime complétement (les ventricules continuant à battre). Dès que les mouvements de l'oreillette droite reparaissent, le pouls jugulaire avec son affaissement initial caractéristique, coïincidant avec le relâchement brusque de l'oreillette, reparaît. 30, Si l'on suspend (comme je l'ai indiqué dans une note à la Société le 5 mars 1881) les systoles ventriculaires en obte- nant pendant quelques instants la persistance des mouvements des orcillettes, on voit persister le pouls jugulaire, avec son af- faissement, tant que durent les mouvements des oreillettes; 1! disparaît quand les systoles et diastoles auriculaires se sup priment à leur tour. 40 Dansle même ordre d'idées, chaque fois qu'une intermit- tence spontanée du cœur se produit, si cette intermittence est limitée (conne cela arrive sur le chien) à la seuie por- tion rentriculaire du cœur, le pouls jugulaire persiste avec «D Tous les détails de ces expériences seront publiés dans mon tra- vail d'ensemble sur la circulation veineuse, qui contiendra toutes les leçons et communications que j'ai faites sur la question. On trou- vera les courbes présentées à la Société dans un article historique et critique que publiera sous peu la: Gasette hebdomadaire de médecine et chirurgie « sur le pouls veineux jugulaire». Son affaissemont : comme dans le cas précédent, les mouve- ments de l’orcillette droite peuvent seuls produire les phé- nomènes jugulaires. 5° Il arrive souvent que la systole de l'oreillette s 2 déplaz2 par rapport à la systole ventriculaire, par exemple dans les expériences de cardiographie sur les grands animaux (Chau- veau) ; elle occupe alors un instant quelconque de la dias- tole : on voit dans ces conditions le pouls jugulaire se déplacer comme la systole auriculaire, et l’affaissement jugulaire coïin- ider toujours avec le relâchement de l’oreillette. On pourrait ajouter d'autres preuves aux cinq séries d’ex- périences qui précédent pour démontrer que le relâchement. brusque de l'oreillette droite suffit à lui seul pour produire l’'affaissement initial brusque dela jugulaire. Les expérien- ces ci-dessus me semblent suffisantes pour é tablir définitive- ment ce fait qui jusqu'ici n’a pas été, à ma connaissance, dé- montré d’une manière directe. Par conséquent, on peut considérer seulement comme une infiuence intervenant à étre secondaire, d'une manière adju- vante, l’aspiration générale intra-thoracique qui se produit au” même moment par le fait de évacuation systolique des ven- tricules. Et la théorie ancienne, appuyée sur des expériences multiples, conserve toute sa valeur, la théorie -nouvelle se trouvant par le fait reléguée au second plan. : J'ajouterai que des expériences que j'ai faitesä Lyon, au mois d'octobre 1881, dans le laboratoire du professeur Chau- veau, sur la vitesse du cours du sang dans les jugulaires, vien- nent confirmer, par une autre série de preuves, les idées émi- ses plus haut. Ces expériences, que je complète actuellement, seront sous peu présentées à la Société. DE LA DIFFUSION PES COURANTS ÉLECTRIQUES, par M. Onimus. Nous voulons ne dire que quelques mots au sujet de la ques- tion de la diffusion des courants électriques, question qui a été soulevée, dans les dernières séances de la gociété, par M. Brown-Séquard et par M. Charcot. Nous sommes persuadés, quant à nous, qu’on ne peut pas placer les rhéophores dans le courant de la pile, — et nous — 54 — disons courant de la pile, et ndn courant électrique — sans que les parties profondes soient soumises plus ou moins à l’action de ce courant. 1l y a plus de dix ans, nous avons répété l’expérience d’Erb, en platant dans le crâne et le rachis des grenouilles galvanoscopiques, et nous ajouterons que l'expérience réussit surtout lorsque préalablement on em- poisonne la grenouille avee de la strychnine. Cette pénétration des courants continus dans les tissus pro- fonds s’observe même chez l’homme, et nous avons insisté à plusieurs reprises sur les phénomènes que l’on produit en élec- trisant non pas seulement la tête, mais en mettant les tampons sur le cou ou sur la colonne vertébrale. De plus, en 1868 déjà, nous avons rapporté des expériences montrant qu’en électri- sant un membre, on pouvait, au moyen d’un, galvanomèetre, constater le passage des courants, non seulement dans les ré- gions avoisinantes, mais encore dans le membre opposé et dans les membres inférieurs, si l’on tenait à placer les tampons sur un membre supérieur. Donc les courants de la pile ont une pénétration profonde, et sous ce rapport ils se distinguent nettement des autres ex- citations. C’est mème sur cette propriété que nous avons in- sisté dans une des critiques que nous avons formulées contre les expériences faites pour démontrer les localisations céré- brales. En effet — et l’on n’a guère encore répondu à cette objection —- les expériences dans lesquelles on constate des mouvements des membres ont été faites avec des courantsdela pile, etles auteurs savaient eux-mêmes qu'avec les courants induits, ils obtenaient beaucoup moins facilement ces résultats. Cela seul tend à prouver qu’il v avait diffusion du courant et non’ excitation directe et nous étions en droit de dire que les faits sur lesquels on s’appuyait ne démontraient nullement le fonctionnement de ces régions de l’encéphale. Dans tous les cas, il est curieux et très important de cons- tater que les courants de la pile, dans l'organisme, pénétrent très profondément et plus profondément que les courants élec- triques induits ou d'origine statique, ce qui est contraire aux lois physiques. En effet, plus un courant a de tension, plus il es a de force de pénétration, et ce sont précisément les courants de la pile qui ont la tension la plus faible. Ces différences s'expliquent peut-être par ce fait que dans l’organisme il existe des quantités de courants électriques, car chaque élément est une source de production de courants . électro-capillaires, courants dont l’origine est analogue à celle de la pile, et que tous ces courants sont influencés rapidement et profondément par les courants du dehors, qui, comme ceux des tissus, ont pour cause une action chimique. Ceux-ci au- raient ainsi une action directrice et une influence plus ou moins considérable de polarisation. EXPÉRIENCES SUR LES CENTRES MOTEURS CORTICAUX, par M. A. Marcacoi M. le docteur Arthur Marcacci demande l'ouverture d’un _ pli cacheté déposé sur le bureau de la Société le 11 j::in 1881 par M. Brown-Séquard. Ce pli renferme la relation d’expérien- ces entreprises à l’occasion de la question des centres moteurs corticaux mise au concours par l’Institut lombard. Le mémoire de M. Marcacci à remporté le prix. Les conditions du concours exigeaient que le travail fût inédit et c'est pour cela que l’auteur avait consigné ses principaux résultats sous . le pli cacheté dont il demande aujourd’hui l'ouverture. Lorsque l’on excite les centres moteurs corticaux,l’encépha- le, la moelle épinière et les nerfs périphériques interviennent dans la production des phénomènes de mouvement que l’on. a observés. Le problème que l’auteur s'est proposé est de sa- voir ce qui appartient à l'encéphale et ce qui appartient à la moelle et de distinguer le rôle de ces deux organes. La méthode expérimentale consistait à supprimer par diffé- rents moyens l’action du cerveau en laissant la moelle intacte et à voir comment cet état de choses modifiait les effets de l'excitation électrique de la zone corticale. On peut dire, en résumé, qu’il ne les modifie pas du tout. 1: Pour supprimer l’activité cérébrale, M. Marcacci a eu re- cours à la congélation. La boîte crânienne étant ouverte, on'di- rige un jet de chlorure de méthyle pulvérisé sur l'hémisphère cérébral. Lorsque la surface est complètement congelée, no = qu'elle est devenue dure et sonore comme un morceau de bois sec, on pratique l'excitation de la zone motrice avec.le même courant minimum qui est efficace sur l'organe sain. L'effet est le même : les mêmes mouvements se produisent. 2: En second lieu, l’on supprime l’activité cérébrale en re- courant à l'emploi gradué des anesthésiques. Lorsque l’on opère dans la période d’insensibilité correspondant à la suppression des fonctions cérébrales. l'excitation conserve son efficacité. Un peu plus tard, lorsque le pouvoir excito-réflexe a disparu, c'est-à-dire quand la moelle est atteinte, l'excitation ne pro- duit plus de mouvements. | 3° Ou peut encore supprimer le fonctionnement cérébral var le refroidissement général de l’anhual. En abaissant, par des procédés connus, la température du chien au-dessous de 229, l'animal succombe bientôt. Les fonctions cérébrales disparais- sent d'abord. L’excitation des prétendues zones motrices pro- voque encore des mouvements. Un peu après, lorsque la res - piration et la circulation connnencent à s’affecter (action sur le bulbe), le phénomène n’a plus lieu. 4° On coupe toutes les racines rachidiennes qui se rendent à la patte postérieure et l'on excite le centre moteur eorrespou- dant. Le courant détermine alors le mouvement de la patte an- térieure qui, précédemment, restait inerte pour la même excitation. Dans cette expérience, la modification, quelle qu’elle soit d’ailleurs, subie par la moelle et par la moëlle seule, a suffi à faire varier le sens du phénomène. 5° Lorsque l'on rend des animaux paraplégiques par nue dé- compression brusque succédant à une surpression de 7 à 8 at- mosphères, l'application électrique provoque des mouvements, tandis que la volonté, c’est-à-dire l'acte correspondant au fonctionnement normal de la zone motrice, est incapable d’ef- fets. | Lorsque l’on rend des animaux paraplégiques par la con- gélation en anneau de la moelle mise à nu, le résultat est le même et prouve encore que l’état physiologique de prétendus centres corticaux est indifférent à la production du phéno- mène, 6: M. Couty avait déjà montré qu’en liantles gros vaisseaux DIS N ESS de la tête, c’est-à-dire en entravant le fonctionnement céré- bral par ischémie ou anémie totale, l'excitation électrique conserve ses effets. M. Marcacci reproduit l’expérience d’une manière plus convaincante en liant dans le thorax le trone bra- chio-céphalique et la carotide gauche. L'auteur, de plus, fournit la contre-épreuve de cette expé- rience. Il supprime la circulation cérébrale, de manière que les _ substances injectées dans les vaisseaux ne puissent se diffuser dans les organes céphaliques. Aussitôt, pendant que l’excita- tion des zones motrices a encore ses effets connus, il injecte du chloral dans les veines. L'action du chloral porte exclusi- vement sur la moelle. On voit dans ce cas l'excitation. tout à l'heure efficace, n'avoir plus d’effe:. Ces expériences ont été exécutées dans le laboratoire de la Sorbonne, sous la direction de M. Dastre, suppléant de M. Paul Bert. Elles montrent que l'intégrité de la moelle est indispen- sable à la production des phénomènes moteurs déterminés par l'excitation des prétendus centres corticaux, tandis que l’inté- grité physiologique de ces centres eux-mêmes n’est nullement nécessaire. 7: Enfin l’auteur a exécuté des expériences du même genre et conduisant aux mêmes conclusioùs, sur des animaux .nou- veau-nés et sur des fœtus. DES INJECTIONS HYPODERMIQUES DE CYANURE DE MERCURE DANS LES AFFECTIONS SYPHILITIQUES DE L'Œ'L ET DU CERVEAU, par le Dr GaLzezowoski. Depuis longtemps nous avons cherché un moyen qui puisse agir d’une manière rapide et énergique sur le système nerveux atteint par les accidents syphilitiques, car il est un faitincon- testable c’est que lesnévriteset rétinitessyphilitiques, de même que les névro-rétinites cérébrales, présentent une marche, généralement tellement rapide, que nous voyons survenir des atrophies des fibres optiques avant que les moyens que nous employons contre la syphilis parviennent à atteindre le mal dans la substance nerveuse. Le peptonate de inercure, l’albuminate de mercure s’intro- duisent, il faut dire très rapidement, dans le sang, maisleur C. R 1882 5 ee action n’est pas plus efficace dans les affections du systéme nerveux oculaire que les méthodes par frictions ou le traite- ment méthodique interne. C'ést alors que J'ai pensé à avoir recours au cyanure de mer- cure, qui est excessivement soluble, très énergique et pouvait par conséquent présenter des avantages que je recherchais. Les expériences que nous avons faites sur les moe avec mon assistant, M. -Despagnet, m'ont démontré jusqu’à quel point 6e médicament était énergique dans son action sur le système nerveux, et qu’il pouvait devenir un poison violent si on dépassait une certaine limite. Injecté, en effet, à la dose de deux centigrammes sous la peau d’un lapin pesant 3 livres, le cyanure de mercure a amené, au bout de 3 à 5 minutes, un tremblementdans les ‘quatre membres, puis survint une paralysie dans les membres antérieurs et quelques minutes après dans les membres pos- térieurs. À ce moment, l’animal est devenu insensible, les pu- pilles se sont contractées, les cornées insensibles. Les batte- ments du cœur devinrent très fréquents, de 120 à 140 pulsa- tions, le corps s’est refroidi, et les oreilles devinrent exsan- gues. Dans cet état, l'animal resta plus de deux heures ,puis peu à peu il.se réveilla, reprit ses mouvements ; il a commencé à manger et il était guéri. Les mêmes symptômes se sont reproduits sur un autre la- pin, mais il était plus jeune et ne pesait que ? livres, etla dose de ? centigrammes était trop forte. L'animal succomba après avoir passé par les mêmes phénomènes que le précé- dent. On voit donc combien est puissante et rapide l’action de ce médicament sur le système cérébro-spinal. Employé donc avec modération, il peut présenter de sérieux avantages. Encouragés par cette aclion puissante, nous avons essayé d’abord à la dose de.5 milligrammes chez des malades, puis suc- cessivement nous avons porté la dose à 10, 15 et 20 milli- grammes. Le résultat a été on ne peut plus satisfaisant : Dans quatre cas d’iritis syphilitiques, avec des condylômes HAT pes ou des kératites ponctuées, l’affection a été guérie au bout de cinq à dix injections. Dans un cas de choroïdite syphilitique, une amélioration des plus sensibles s’est produite au bout de vingt injections. Dans deux cas d’atrophie des papilles syphilitique, la maladie a été arrêtée chez une femme depuis six semaines, chez un homme depuis un mois. Mais nous devons remarquer que si on porte la dose à 20 milligrammes, on s’expose à provoquer une diarrhée avec de coliques et quelques tremblements nerveux. Séance du 4 février 1882 Présidence de M. PAUL BERT NOTE SUR LES ARGAS DE PERSE Communiquée par M. MÉGNIN EN SON NOM et AU NOM DEF M. LE PROFESSEUR LABOULBÈNE. Tous les ouvrages d'histoire naturelle médicale parlent d’un parasite exotique, l’Argas persicus, qui jouirait de propriétés terribles, d’après le naturaliste russe qui l’a fait connaître, Fischer de Valdheim. Ce parasite, qui est de la taille d'une punaise dont il a aussi l’apparence, ce qui l’a encore fait nom- mer Punaise de Miana, inquiéterait de préférence les étran- gers ; ses piqûres produiraient une vive douleur et elles peu- vent entrainer la consomption et la mort. Dans le DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE DES SCIENCES MÉDICALES, à l’article Argas, publié en‘1867 (T. VI, p. 54) où il n’avait pu que reproduire la description et les assertions de Fischer, M. le professeur Laboulbène avait demandé à son ami le docteur Tholozan, médecin du shah de Perse, de le fixer au nom de - la science sur la punaise de Miana. Au mois de juin 1878, M. Tholosan lui remit plusieurs de cesarachnides, récoltés quel- que temps auparavant, accompagnés d'une lettre. Ces objets, par des circonstances fortuites, furent égarés ot ce n’est qu'en juillet dernier qu’un hasard les lui fit retrouver. À son grand étonnement, plusieurs de ces argas étaient encore vivantes après trois ans de jeñne complet et surtout d'incarcération étroite dans du coton et du papier. Le 27 juillet 1881, il les 2 Gore montrait aux membres de la Société entomologique de France et donnait communication des passages suivants de la lettre du docteur Tholozan : « J'aurais bien voulu vous ramener de la Perse quelques- » unes de ces merveilles dont les Mille et une Nuits dotent nos » pays d'Orient. À défaut de gros diamants et de rubis, je ne » vous apporte que des Argas pour votre microscope. La pu- » naise de Charoud-Bastam (à l'angle sud-est de la mer Cas- » pienne et 30 lieues dans es terres) a une réputation aussi » mauvaise que celle de Miane : son nom de Garib-Gues indi- »que qu’elle ne touche qu'aux étrangers. La punaise du mou- » ton, que j'ai recueillie à Djemalabad à 5 liéues au sud de » Mianè et de l’autre côté de la chaîne du Kaflankoub, est » tout à fait innocente suivant les uns et dangereuse selon » d’autres. Croiriez-vous que je n’ai pu encore me faire une » idée exacte des dangers de la piqûre de l’insecte de Mianè? » J'ai recueilli beaucoup d'histoires de maladies singulières : » fièvres intermittentes graves, sortes de fièvres récurrentes, » etc. Les environs de Miane et de Charoud sont tres insalu- » bres-l’été et c’est la seule saison où les étrangers courent » des dangers d’être piqués. » L'opinion générale des médecins est que les accidents » observés tiennent au climat. L’opinion bien enracinée des » gens du pays est.que cela provient de l’insecte... Je n’ai pas » eu le temps de mettre mes notes sur le papier..….., je tâche- » rai de les publier un jour... Je crois comme vous qu'il se— » rait utile de connaître à fond les insectes désignés sous le nom de Guérib-Guez (sic). Je vais tàcher de vous en envoyer » de différentes provenances. » Les Argas de Perse envoyés par M. Tholwan à Ch. Laboul- bène, en trois lots ayant chacun une origine bien déterminée, m'ont été remis afin d’en faire l'étude anatomique et zoolo- gique et des dessins très complets pour un mémoire que rous devons publier sur ce parasite. Mais, en attendant, je viens présenter ces Argas à la Société de Biologie pendant que quel- ques-uns d’entre eux sont encore en vie... après quatre années de jeûne ! L’étude zoologique que j'ai faite de ces Argas de provenance OP diverse m'a montré qu'ils constituent deux espèces parfaite- ment distinctes : 19 La Punaise de Miana ou Mianè repré- sente l’Argas persicus de Fischer, caractérisée par sa forme ovo-arrondie plus large en arrière qu’en avant et par des dessins circulaires gaufrés, semés symétriquement sur le tégument. 20 La Punaise des moutons de Djémalabad est une autre espèce parfaitement distincté de la première, à corps plat, rectangulaire, anguleux antérieurement, arrondi posté- rieurement, à tégument chagriné sans grandes plaques rondes gaufrées comme la précédente; le reste présente aussi des différences. Cette espèce étant nouvelle, nous proposons de la nouuner Argas Tholosant, en honneur du médecin qui l’a recueillie. L'examen du lot de Gurrib-Gucs ou Garib-Gue:, punaises de Charoud-Bastam, m'a fait reconnaître qu'il était composé d’un mélange des deux espèces précédentes. Cette punaise de Charoud-Bastam ne constitue donc pas une espèce particu- lière d’Argus, comme on pourrait le croire et comme on le croit, sans doute, en Perse. Je me borne à faire passer sous les yeux des membres de la Société les tubes contenant les Argas et les dessins grossis et très détailiés des deux espèces qu’ils constituent, renvoyant, pour (le plus amples renseignements, au mémoire complet que nous ferons paraître dans quelque temps sur ces intéressants arasites. Quant à leurs propriétés nocives, nous pouvons dire dès à présent que la piqûre des Argas de Perse n’est pas plus dange- reuse que celle de nos Ixodes indigènes, dont ils sont très voi- sins. En cffot, l'automne dernier nous avons déposé un spé- cimen de chaque espèce sur le dos d’un lapin ; ils s’y sont implantés et gonflés, et, bien qu'ensuite ils aient quitté leur victime et aient disparu de manière à ne pouvoir être retrou- vés, le lapin s’est toujours parfaitement porté et ma même paru n'éprouver aucune sensation quand les Argas le suçaient. La même expérience avait déjà été faite, il y a une quin- zaine l’années, avec un spécimen femelle de l'espèce, alors la seule connue, PArgus persieus de Fischer, par M le Dr l'u- mouze; cette femelle avait été trouvée vivante dans des — 62 — échantillons de laine d’origine persane par M. E. Deyrolle, naturaliste ; M. le Dr l‘umouze l’a gardée pendant de longs mois et il l’alimentait en lui faisant piquer de temps en temps un lapin ; je fus témoin un jour d’un de ces repas, qui lais- saient le lapin parfaitement indifférent. Comme non seulement la laine-de Perse, mais des irou- peaux entiers de moutons arrivent maintenant de Perse sur. nos marchés, il se pourrait que des Argas de Perse devins- sent indigènes däns notre pays, comme le phylloxera et beau- coup d’autres insectes exotiques. II est bon de savoir qu'il est peu da de et que les croyances qui règnent chez le peuple persan sur son compte sont des fables. SUITE DES RECHERCHES CRITIQUES ET EXPÉRIMENTALES SUR LE POULS JUGULAIRE NORMAL. — ÉTUDE DES EFFETS ASPIRATIFS DE LA DIASTOLE VENTRICULAIRE. — SCHÉMA GÉNÉRAL DU POULS VEINEUX, par M. FRANçÇoIS-FRANCK. Dans la séance précédente (28 janvier 1882), j'ai insisté sur Pimportance prépondérante du relâchement de l'oreillette droite pour expliquer l’affaissement initial du pouls veineux jugulaire. Je désire aujourd’hui soumettre à la Société les résultats de recherches de contrôle du même ordre que j'ai faites pour déterminer la part quirevient au relâchement centriculaire dans Ja production de l’affaissement secondaire du pouls veineux normal du cou. Mais il est auparavant indispensable de présenter, sous forme de figure demi-schématique, la succession des acci- dents qui se produisent dans les mouvements des veines du cou pendant une révolution cardiaque tout entière. Ce sché- ma correspond, à quelques détails prés, à la figure d'ensemble donnée par M. Potain dans son mémoire lu à la Société médi- cale des hôpitaux en 1867 (1). J'aurai l’occasion de revenir tout à l'heure sur certains détails de ces courbes ; il suffit pour le moment de considérer que la ligne d’ensemble du pouls jugulaire normal présente (1) Potain. — Mém. Soc. méd. des hôpitaux. 1868. D - deux affaissements successifs , l’un déjà étudié dans mes pré- cédentes communications, l’a ffaissement initial AA’ qui corres- pond à la diastole auriculaire et s'arrête à la fin de la systole des ventricules; l’autre, l’affaissement secondaire BB, qui com- mence au moment du début du relâchement lon. et dure pendant une partie plus ou moins considérable de la période diastolique des ventricules. Fig, 1. Pouls jugulaire (P.J.) chez l’homme et ses rapports avec les diffé- rentes phases d'une révolution Cardinque (P.C.). C’est précisément de ce second affaissement BB’ qu’il s’agit aujourd’hui. En le voyant coïncider avec la première partie de la diastole ventriculaire DV, on doit être aussitôt engagé à l’attribuer à cette diastole elle-même. C’est ce qu'ont fait les physiologistes ou cliniciens qui l’ont étudié jusqu'ici ; sans aborder le détail historique de la question qui sera exposé ailleurs, je me con- tenterai de citer Chauveau (1858), Potain (1867) et Gottwalt (1881). Mais si nous cherchons à pénétrer le mécanisme qui établit une relation de cause à effet entre le phénomène ventriculaire (diastole) et le phénomène jugulaire (affaissement), nous nous NPA heurtons du premier coup à la question si controversée de l'aspiration cardiaque. Ici encore il y aurait à dresser une liste considérable de tra- vaux concluant contre la théorie de l'aspiration ventriculaire ou en faveur de cette théorie, depuis Galien et Vésale qui l’ont imaginée, depuis Harvey qui l’a formellement niée, jusqu'aux auteurs les plus récents qui l’admettent positivement, comme résultat direct de la fonction du cœur, mais chacun à leur manière, Luciani par exemple (1871-1876), Goltz et Gaule (1878). Je ne puis évidemment aborder ici ce côté de la ques- tion : l’important est de chercher à savoir, en s’appuyant sur des expériences directes, si oui ou non cette force aspiratrice existe dans le cœur en général et dans le ventricule droit en particulier. Jai donc repris à cet effet les expériences anciennes et ré— centes en cherchant à appliquer à cette étude les procédés d'investigation précis que fournit la méthode graphique et en employant surtout la méthode des explorations simultances des inouvements, pressions et vitesses veineuses, d’une part, des mouvements et pressions cardiaques d'autre part (1). Je crois qu’il est indispensable de distinguer deux conditions expérimentales absolument différentes pour bien s'entendre sur cette question. 1° Le cœur exerce-t-il une aspiration sur le sang, pendant sa diastole, quand il est enfermé dans le thorax ? 20, Cette aspiration, si elle existe, dans le premier eas, per- (1) C'est cette méthode des superpositions de plusieurs phêno- mènes simultanés ou successifs, inaugurée en physiologie par Marey, qui seule peut permettre l’analçse exacte et l’interpréta- tion de monvements aussi compliqués que ceux des veines du cou Il est regrettable que les plus récentes expériences surce sujet, celles de Gottwalt par exemple /1881), ne se soient pas appurées sur ce contrôle, alors surtout que dès 1867 cette méthode avait té appliquée précisément à l'étude du pouls veineux par Potain. On trouvera, à la fin de cette note, une figure d'ensemble confirmant ce qui précède et znontrant les relations des différents actes car diaques et veineux, ainsi que leurs rapports avec les changements. de calibre de la veine exploréc et les variations des bruits qu’on peut entendre sur le trajet de la veine. — 69 — siste-t-elle quand le cœur est soustrait aux influences intra- thoraciques, par l’ouverture de la poitrine ? C’est à ces deux questions que nous allons chercher à répondre. I. Le sang est-il aspiré vers le cœur quand cet orgrne est situé dans le milieu thoracique? La réponse est absolument affirmative et l’expérimentation a permis de se prononcer sans réserves sur ce point depuis les célèbres expériences de Barry faites en 1825 sur le che- val. Mais ces expériences ne montraient nettement qu’une chose. la réalité de laspiration thoracique en général ; elles n’éta- blissaient pas suffisamment la part qui peut revenir au cœur lui-même dans l'aspiration du sang veineux. Parmi les expérimentateurs qui ont surtout contribuéà mettre en évidence la force de « succion » ventriculaire sur le sang vei- neux, il convient de rappeler particulièrement Chauveau qui a insisté en 1858 (1) sur le mécanisme de cette influence as— piratrice. Pour lui, comme je l'ai dit dans la derniére réunion, l'aspiration due à l’élasticité pulmonaire est renforcée par le fait même de la tension plus grande du poumon créée par la _ systole ventriculaire (évacuation), de telle sorte que, au mo- ment où les ventricules se relâchent brusquement, ils se trou- vent soumis à leur surface externe à une attraction excen-— trique qui dilate mécaniquement leurs parois. Tel est le fait mis en évidence par Chauveau et accepté depuis, qu’on lait ou non rapporté à son véritable auteur, comme au-dessus de toute contestation (2). Mais on voit qu'il (1) Chauveau. — Etudes sur les murmures veineux (Gaz. méd. Paris, 1858). (2) L’aspiration exercée à la surface externe des ventricules par le retrait élastique du poumon agissant de la manière la plus favorable quand le cœur qui vient de se vider passe à l’état de relâchement complet, c’est-à-dire au début de la diastole ventri- culaire, a été plus nettement établie encore dans les expériences ardiographiques de Chauveau et Marey en 1862 : ces physiolo- gistes ont désigné sous le nom de oide post-eystolique la grande — 66. — n’est pas question d’une force aspiratrice propre au cœur lui- même : Chauveau repoussait tout à fait cette interprétation en 1858. Ces expériences, que tout le monde a répétées,prouvent done qu'au moment du relâchement ventriculaire, il se produit une aspiration sur toute la colonne de sang veineux qui s'étend de la eavité de l’oreillette droite à la limite de la sone d’aspira- tion extra-thoracique. Maïs il est clair que cette aspiration partant du ventricule droit doit se manifester surtout en de- hors du thorax, puisque tout le reste du système veineux est à ce moment sous la même pression négative que le ventri- cule lui-même, et que les veines extra-thoraciques sont sou- mises à la pression atmosphérique. Il faut chercher maintenant si, indépendamment de cette force aspiratrice d'emprunt, le ventricule droit jouirait par ui-même, en vertu d’une propriété de tissu quelconque, d’un certain degré de puissance de succion. Telle est la seconde question qui se présente : IT. Le cœur, par lui-même, possède-t-il une force aspira- trice diastolique ? On connaît les expériences anciennes de L. Fick, celles de Chassaignac et de beaucoup d’autres, exécutées sur des cœurs détachés vivants ou morts qu’on plongeait dans l’eau, en cherchant si, après leur resserrement spontané ou produit par la compression de la main, ils exerçaient une aspiration sur le liquide dans lequel ils étaient immergés ou sur un manomètre mis en rapport avec les cavités ventriculaires. Toute cette catégorie d'expériences a été justement critiquée et je en parle ici que pour mémoire. On sait aussi qu’on à voulu démontrer la force aspiratrice dépression intra-ventriculaire qui se produit dès que les valvules sigmoides sont fermées. Or cette vacuité post-systolique ne dure qu’un temps très court, précisément parce que l’afflux du sang vient aussitôt satisfaire l'aspiration intra-ventriculaire. On lira avec fruit sur cette question compliquée des aspirations cardiaques le chapitre que M. Marey lui a consacré dans l'édition de 1863 de a «Physiologie médicale de la circulation» (p. 92 et suiv). pre diastolique du ventricule en opérant sur des cœurs d'animaux à sang froid soumis à une circulation artificielle : c'est sur cette série d'expériences que repose la théorie de la déastole active remise en honneur par Luciani dans ces dernières an- nées et qui a également été l’objet de critiques un peu sévères mais légitimes. En reprenant moi-même des expériences semblables sur des cœurs de tortue, je n'ai pu obtenir la moindre indication d’une force aspiratrice diastolique. Enfin, en répétant les tentatives sur le cœur d'animaux mammifères, fonctionnant dans le thorax ouvert, on a pu rè- temment opérer dans de meilleures conditions expérimentales et fournir des renseignements precis sur la question quino us occupe : en 1878, Goltz et Gaule, à l’aide de manomètres à minima introduits dans les cavités ventriculaires droite et gauche, ont établi, je crois, d’une façon définitive, qu'il se produit, au moment du relâchement diastolique, une véritable aspiration intra-ventriculaire, indépendante de toute influence aspiratrice extérieure (1). Cette aspiration, très notable dans le ventricule gauche, est extrêmement minime dans le ventri- cule drait. Les expériences de Goltz et Gaule reprises avec des appa- reils enregistreurs un peu différents (manomètres à pressions positives et négatives fonctionnant simultanément ou isolé- ment) mont donné des résultats analogues. J’ai également constaté une dépression intra-ventriculaire droite, le cœur étant mis à nu, mais cette dépression a été trouvée infé- rieure encore à celle qu'avaient annoncée les auteurs précé- dents ; elle dépassait à peine, dans la moyenne de mes expé- riences — 3 où — + millimètres d’eau. ! Mes recherches sur ce point m'ont en outre permis d'éta- (1) Les conclusions de MM. Goltz et Gaule (Pflüger’s-Archiv., 1878) ont cté attaquées l’année’suivante par M. J. Mocns (mème recueil). Mais ce dernier me pärait avoir confondu la fin de. la période systolique avec le début dc la phase diastolique veutricu- laire. En répétant ses expériences, avec le soin de mieux préciser les périodes, j'ai constaté cette cause d'erreur qui explique suffi- samment le désaccord intervenu entre M. Moens et MM. Goltz e Gaule. LR a Pr ds CALE À, Cuérr 2 bn. — 08 — blir un détail qui faisait défaut dans les expériences des auteurs précédents : à savoir quelle durée de la diastole ventricu- lire occupe la dépression dont il s’agit (1); elle débute avec Pinstant de la clôture des valvules sigmoïdes et dure un temps de la diastole qui varie suivant la rapidité avec laquelle se fait l'afflux veineux. De tout ce qui précède il résulte que le ventricu!e droit, par lui-même, indépendamment de toute influence extérieure, semble bien exercer une action aspiratrice sur le sang vei- neux. Cette action, du reste, ne saurai têtre en aucune facon comprise comme un phénomène actif, comme le résultat d’une « extensibilité active » du muscle cardiaque, ainsi que cela a été avancé par Luciani. fille est le résultat de Ja force élas- tique du muscle cardianue, force très minime dans le ventri- cule droit, relativement grande dans le ventricule gauche. C'est ainsi que les auteurs précédents ontinterprété le résultat de leurs expériences ; telle est également la conclusion des miennes. Par conséquent ectte action aspiratrice propre du ventri- eule droit, si négligeable qu'elle soit en réalité, existe cepen- dant et vient ajouter son influence trés réduite à linfluence beaucoup plus énergique de l’attraction élastique du poumon, quand le cœur est enfermé dans le thorax. Il faut ajouter que cette aspiration intra-ventriculaire dias- tolique ne s'exerce ntilement sur le sang des jugulaires que grace à l'écartement des parois de l'oreillette et des gros troncs veineux thoraciques : cette expansion de système afférent est maintenue par l’aspiration constante exercée à leur surface par le poumon. (1) Goltz et Gaule, en effet, ayant opéré avec un appareil qui ne renscignait que sur.un seul phénomène à la fois, n’ont pu préciser l'instant et la durée du phénomène de dépression qu'ils ont établi sur fe cœur libre d'aspiration extérieure. C’est ce qu'a fait remar- quer Ch. Roy ( Jour. of Physiology, janvier 1879. p. 466), en ajou- tant que Goltz inclinait à admettre que la dépression constatée était un phénomène du début de la diastole (communication orale). Ce fait, du reste, était déjà établi par les courhes cardiographi- ques de Chauyeau et Marey. Roue Ces deux actions combinées, uspiration propre du ventrieule droit ct aspiration d'emprunt, mais surtout la dernière, doicent être considérées eomme le point de départ de l’affarssement secon- daire du pouls veineux jugulaire. Mais cette dépression ne dure qu'un temps assez court, el à mesure que le sang s’accumule dans les réservoirs veincux du thorax, il augmente graduellement de pression dans les Fo. Hp ea 10 l'ig. 2. En passant en revue les différents délails des courbes simultanées de la figure 2 on arrive aux propos tions suivantes : lo Soulèvement initial du pouls jugulaire en rapport avec la systole : de l'oreillette(S.O..) — 20 Début du pre mierallaissement en rapport avec la diastole de l'oreillette (DO), éniterrompu par un léver soulèvement 3 qui est dû au soulèvement valvulaire auriculo-ventriculaire (S.Vo), et qui place sur le trajet . du premier affaissement (ll') peniant que le ventricule se vide dans les artères. Le premier aflaissement «loit donc Ctre considéré comme commençant . ayec la diastole de l'oreillette et durant autans que la systole ventriculaire, : c'est à-dire s'étendant de a en a’. -— Pendant que ce premier afl'aissement ARTE veines extérieures : c’est pourquoi à l'affaissement secon- daire du pouls veineux jugulaire succède une période de sou- lëèvement graduel qui termine la série et aboutit au phénomène nitial de la révolution suivante, c’est-à-dire au soulèvement brusque produit par la systole de l'oreillette (1). Nous pouvons donc maintenant présenter dans une courbe d'ensemble la série de ces accidents du pouls veineux jugulaire normal dans leurs rapports avec les différents actes d’une révolution cardiaque. Il peut être intéressant aussi de mettre en regard de cette courbe demi-schématique type, les varia- tions le calibre de la veine ainsi que les instants des ren- forcements du bruit continu qui existe dans les veines du cou chez certain nombre de sujets. Si je présente ici, sans autres commentaires, la figure d'ensemble ci-jointe, c’est qu'elle ser- vira de terme de comparaison pour les variations pathologiques de ce pouls veineux que je me propose d'exposer à la Société dans de prochaines communications. se prorluit, la veine se déprime (Sch. V.) et le souflle continu, s'il erictait, peut présen'er un promier renforcement (Sch. S.). Au moment où cesse la svstole ventriculaire (début de la diastole D.V.) un soulèvement 5 appararaît dans le pouls veineux : il serait du à la fois à la cessation brusque de l'aspiration péri-auriculaire de provenance systolique ven- triculaire (Voy.communication du ?8 janvier 1882)et àl'augmen ation de pression légère produite par la clôture des sigmoides (?) — Puis vient le second affaissement 6 qui serait survenu dès le début de la diastole ventriculaire, si l'accident surajouté 5 n'était intervenu. Cet affaissement commence avec la dépression post-systolique (Asp. V.), s’accentue quand l'oreillette envoie son flot de sans (F.0.) dans la cavité ventriculaire relâchée, dure de a’ a et fait place à un soulèvement graduel terminal 7 qui résulte de la réplétion progres sive des veines quand le système veineux intra-thoracique commence à être tendu. Pendant le second affaissement se produit le renforcement 2 (sighalé e expliqué par Chauveau) du souffle veineux continu, en concidenec avec ja diminution de ealibre de la veine Sch. V. Si l’on compare cette courbs d'ensemble à celle qua donnée M. Potain en 1867-58, on voit qu'elle présente à peu près exactement les.mêmes détails. Ici l'expirimentation directe confirme donc les données établies par la clinique. ô (1) Cette période de réplétion graduelle des veines du cou r'est pas indiquée dans les courbes d'ensemble de M. Gotiwalt qui pa- raît croire à la continuité de l'aspiration ventriculaire pendant toute la duré: de sa diastole. RE SUR L'HISTOLOGIE DE LA CHAÎNE NERVEUSE DU LOMBRIC AGRICOLE, par M. W. Vicna. La chaine nerveuse ventrale du lombric agricole est formée d'une série de ganglions ovoïdes, aplatis et soudés bout à bout ; ils vont en diminuant de volume de haut en bas. Ils sont tous semblables, sauf le premier qui a la forme d'un écu et qui se trouve soudé au ganglion sus-æsophagien par deux petites commissures parlant de ses angles supérieurs. La chaine nerveuse, comme Levdig (1) et plus tard Clapa— réde (2) l'ont dit, est enveloppée de trois gaines : la premiere est épithéliale et formée de cellules polygonales aplaties, la seconde est composée de fibres musculaires lisses disposées longitud.nalement, abondantes surtout dans les parties supé- rieures de la chaine ; la troisième, anhiste, assez épaisse, me paraît rentrer dans les cuticules et présente de grandes ana- logies anatomiques et chimiques avec la membrane basale postérieure de ia cornée (31. Chaque ganglion émet six nerfs, trois de chaque côté. Les deux premiers quittent le ganglion immédiatement l'un au- dessus de l’autre, le troisième presque au voisinage de la ligne de soudure de ce ganglion avec le suivant. Pour connaître la structure d’un ganglion, il est nécessaire d’en examiner au moins trois coupes transversales, la première passant au-dessus des nerfs jumeaux, la seconde au point de sortie de l’un de ces nerfs, la troisième un peu au-dessous du nerf unique. Je dois dire de suite que des coupes passant entre le nerf jumeau et le nerf unique et une coupe passant par ce dernier auront respectivement la même structure que celles qui passent au-dessus du nerf jumeau et par ce nerf. (1) Leydig, Vom Bau des tiehrischen Kærpers. Tubingen, 1864 Anneliden, p. 138. ; (2) Claparède, Histoloyische Untersuchunyen ueber den Regen- wurm. Zeits. f. Wiss. Zool., V. XIX, 186). Das Nervensystem, p. 550. (3) Ranvier, Leçons d'anatomie gén. recueillies par M. Weber Cornée, p. 196. Les coupes transversales d'un ganglion du lombric ont la forme d'une ellipse et montrent qu’il est formé de deux moitiés latérales symétriques, de sorte que toutes leurs parties cons- ütutives sont doubles, à l'exception du tube central géant (1), sur lequel je reviendrai. 1] suffira de faire la description histo- logique de la moitié de la coupe. 1re coupe. — Le névrilème interne est doublé d’une couche de cellules foncées granuleuses, entremèlées de fibres de tissu conjonctif; ces cellules sont surtout abondantes contre la paroi interne du névrilème (2). Les fibres conjonctives pénètrent dans l’intérieur du ganglion et délimitent ces deux moitiés. En dedans de cette conche de cellules conjonctives vient une couche de cellules nerveuses. Ces cellules occupent la partie inférieure et les côtés latéraux de la chaîne ; elles paraissent envoyer leurs prolongements dans le centre de chaque moitié, qui est formé par une série de cloisons conjonctives, limitant des espaces de grandeur et de forme variables, remplis d’une matière visqueuse, presque homogène, contenant quelques ra- res cranulations tres fines. Cet espace cloisonné est la coupe de la colonne fibreuse de la chaîne. À ce niveau, les côlénnes fibreuses des deux moitiés du ganglion se pénètrent un peu l'une l'autre et affectent la disposition que Leydig a cru exister dans toute la longueur de la chaine. ?e coupe. — Surla coupesuivante, qui passe par l’origine d’un des nerfs jumeaux, on voit que la couche des cellules conjonc- tives est plus épaisse et que les fibrilles qui les accompagnent forment une cloison complete entre les deux moitiés du gan- glion. On ne rencontre que quelques rares cellules nerveuses, qui sont généralement situées sur les côtés. (1) Riesige dunkelrandige Nervenfasern (Leydig). (2) Elles forment pour ainsi dire une quatrième gaine jouant le rôle de coussin d’eau, car elles sont essentiellement malléables et se prêtent aux diverses formes que prennent les ganglions dans les contractions de l'animal; elles paraissent aussi être les organes sécréteurs de la gaine anhiste. nt Les nerfs qui paraissent prendre leur origine dans la par- tie centrale fibrillaire de chaque moitié du ganglion s’en échappent à peu près suivant le grand diamètre de la coupe, mais en s’inclinant généralement un peu en bas. Ils ne sont entourés que par des prolongements de la gaine anhiste. 3e coupe. — Sur la coupe passant au point de réunion des gauglions, on remarque que la couche conjonctive est très épaisse, qu’elle renferme rarement quelques cellules nerveu- ses et que la cloison qui divise le ganglion en deux moïitiés est toujours très accentuée. La coupe de la colonne fibreuse sc présente avec son aspect ordinaire. De l'étude de ces coupes et de celles que nous avons indi- quées plus haut, on peut tirer les notions suivantes sur la structure de chaque ganglion. Les cellules nerveuses ne for- ment pas, comme Leydig, L. Clarke (1), Claparêde l'ont dit, une couche continue le long de la face ventrale et sur les cô- tés de la chaîne ganglionnaire. Elles constituent deux grou- pes principaux, l’un s'étendant du sommet du ganglion aux nerfs jumeaux, l’autre de ces nerfs au nerf unique. Les tubes géants découverts par Claparède qui les avait logés d’abord au centre de la chaîne nerveuse, puis dans l'épaisseur de la troisième gaine, ont été étudiés par Leydig, qui 2 indiqué exactement leur place. Ils eont au nombre de trois; celui du milieu est le plus gros. Ils s'étendent dans presque toute la longueur de la chaîne. Le central commence au milieu du premier ganglion, les deux autres généralement plus bas dans le deuxième ganglion. Lorsqu’on-les examine sur une chaîne ganglionnaire durcie dans l’acide osmique, on . “emarque sur leurs bords une zone noire, qui paraît être for- inée par une matière graisseuse, car, sur une chaîne nerveuse traitée avant l’action de l'acide osmique par l'alcool et l’éther, elle nc se colore plus d’une façon aussi intense, bien qu’elle paraisse toujonrs plus compacte que la substance centrale du tube. Cette dernière substance. possède les mêmes réactions (1) L. Clarke, On the nervous System of Lumbricus terrestris. — (Proc. of the royal Soc. of London, t VIII, 1867, p. 343.) EP AE physiques et chimiques que celle qui remplit les tubes des deux colonnes fibreuses de la chaîne. Ces tubes sont-ils complètement isolés, ou bien sont-ils en rapport avec les cellules nerveuses ou avec les colonnes fibreuses ? Je ne saurais rien affirmer d’absolument précis à ce sujet, mais il me paraît qu’ils sont en rapport avec les colonnes fibreuses, car si on examine un grand nombre de coupes, on verra certainement, sur quelques-unes d’en- tre elles, un fin tube, venant des colonnes, déboucher dans un tube géant. Je pense qu'ils sont destinés à assurer à solidarité des différentes parties de la chaîne, qu ne le serait qu'insuffisamment par le peu de contact qu'ont les tubes nerveux de chaque moitié entre eux, ear je rejette d'une façon absolue la description du trajet des fibres nerveuses donnée par L. Clarke. Les cellules nerveuses, en majorité unipolaires, me parais- sent être formées par une substance demi-liquide, visqueuse, excessivement malléable, peu granuleuse. Elles ‘contiennent un noyau réfringent,homogéne,et des granulations graisseuses situées surtout dans son voisinage. Leur prolongement parait être homogène et semble toujours venir se perdre dans es colonnes fibreuses. Il existe aussi des cellules bipolaires et même multipolaires, mais ces dernières surtout sont tres rares et n'occupent pas de place déterminée comme VWalter(1)} l'a dit. À Les striations longitudinale et concentrique décrites par M certains auteurs me paraissent être des produits artificiels, M dus aux réactifs altcrants. Les colonnes fibreuses sont formées par une série de tubes dépourvus de parois propres et limités simplement par Îles cloisons du tissu conjonctif. La matière qui remplit ces tubes est visqueuse, presque homogène, avec de rares granulations qui paraissent être simplement des grumeaux plus condensés. Elle se colore peu par l’acide osmique, n’a aucune élection (1) Walter, Central Nervensystem wirbelioser Thicre. Bonn, * 1863. Lumbricus agricola, p. 15. PSE pour les substances colorantes et se rétracté considérablement par l'alcool. Les nerfs prennent naissance dans les colonnes fibreuses et celles-ci doivent être en rapport avec les prolongements des cellules par une disposition en T. Des observations, trop longues à rapporter dans cette note, m'ont convaincu de l’exis- tence d’une disposition de ce genre, malgré que je r'aie pas pu la reconnaître bien nettement sur les coupes et que la mollesse et la friabilité des parties rendent impossible de la constater par dissociation. — Ce travail a été fait au laboratoire d’histologie du Coilèse de France et au laboratoire de zoologie expérimentale de Roscoff, RECHERCHES SUR LE BYSSUS DES MOLLUSQUES BIVALVES, par M. Joserr. L’organe qui est chargé de l'élaboration du Byssus à l’aide duquel certains Bivalves s’attachent si solidement aux corps extérieurs a été l’objet de recherches qui n’ont donné que des résultats discordants (À. Müller, J. Müller, R. Wagner, Leydig); nous avons cherché à résoudre définitivement la question et nous avons étudié spécialement les Pinna Muria= tica, nobilis, l'Arca byssourca, le Mytilus edulis et le M. litho- domus. L'appareil chez les Pinna est fort remarquable : il se com- pose de deux glandes situées dans la languette du pied, les- quelles se prolongent jusqu’à la naissance des muscles qué Poli appelle droits abdominaux et que M. IT.-M. Edwards désigne sous le nom de rétracteurs du pied (M. Edwards, voya- ge en Sicile). Arrivées en ce point, les glandes se divisent, pénètrent profondément de chaque côté dans les masses mus- culaires, s'étendent dans toute la longueur des muscles et viennent se terminer tout près de leur insertion à la coquille sous la forme de deux renflements lenticulaires faciles à ob- server àu point de jonction de ces muscles avec le gros abducteur postérieur. Les organes sécréteurs sont composés de culs-de-sac contenant de grosses cellules semblables à tente _-celles de toutes les glandes cutanées des mollusques ; ils sont placés sur deux rangset viennent déverser leur produit dans une cavité centrale ; les culs-de-sac excréteurs, bien que pla- cés dans un interstice musculaire, ne sont point unis aux mus— cles d’une façon intime: des brides conjonctives seules les rattachent ; une coupe transversale faite perpendiculairement à l’axe du muscle permet de se rendre un Fompia © trés exact de da disposition de l’appareil. - A la partie interne du muscle on voit le Byssus di sous forme de lamelles dans les interstices musculaires, puis se terminer tout à coup par un petit pointblanc visible à la loupe et tranchant par sa couleur plus. mate sur celle du mus- cle: c’est la glande. Si l’on examine cette coupe à un plus fort grossissement, on voit les parois glandulaires se rappro- cher en forme de canal excréteur tapissé d’excroissances pa- pilliformes apposées face à face, se touchant presque, et dont les intervalles sont remplis par le produit glandulaire. _ Au-dessous de ces détroits, la paroi propre du conduit est. intimement unie aux muscles; il est impossible de l’en séparer, elle est tapissée d’un bel épithélium prismatique Il est facile de constater également dans cette région l’existence de longs an el là es = 87 — canse des différences signalées plus haut à la suppression du nerf de Cyon. Lorsque ce nérfest intact, toute augmentatien de pression dans le domaine de la carotide détermine une excitation des filets endocardiques de ce nerf, et aussitôt, par action réflexe, survient ane vaso-dilatation compensatrice dans le même do- maine. Si ce nerf est coupé, la région céphalique correspon- dante se trouve entièrement abandonnée à l’action vaso- constrictive du sympathique. Quoi qu’il en soit, le nerf chez les solipèdes renferme des fi- lets vaso-moteurs dont la zone d'action s’étend à la tête, de sorte qu’il faut se garder de généraliser et d'attribuer au sym- pathique toutes les modifications circulatoires qui se produi- sent dans la région céphalique pendant l'excitation du cordon commun au vague et au sympathique, chez les animaux où ces deux nerfs sont confondus. PROCÉDÉ POUR APPRÉCIER SUR L'ANIMAL VIVANT L'INFLUENCE DE L'ÉLASTICITÉ DES GROS TRONCS ARTÉRIELS SUR LA RÉGULARISA— TION DU COURANT SANGUIN, par M. S. ARLOING. On admet et ilest prouvé que l’élasticité des gros troncs convertit le jeu intermittent du sang à la sortie du cœur en jet continu dans les petites branches artérielles. Pendant combien de temps l’élasticité artérielle peut-elle faire progresser le sang, en l’absence des systoles ventricu- laires? Ce temps varie énormément, comme la tension arté— rielle qui est elle-même subordonnée à deux facteurs sans cesse variables, le cœur et les capillaires. Il est donc impossible de donner des évaluations absolues et d'établir par le calcul une série dont on connaîtrait les termes extrêmes. de Dans des conditions déterminées, on peut arriver à trouver ce chiffre, à l’aide de l’hémodromographie. Quand on supprime la circulation dans une artère par apla- tissemement de son calibre, la plume de l’hémodromographe tombe brusquement au zéro et s’y maintient tant que dure l'oblitération de l'artère. Si on supprime brusquement l’action du cœur, par une excitation du vague. suffisante pour produire reg l'arrêt immédiat de cet organe, la plume de l’hémodromo- graphe continue à être actionnée plus ou moins longtemps par le sang qui coule de l’aorte vers les capillaires, par conséquent elle descend lentement vers Je zéro en traçant une courbe pa- rabolique. Le temps, compté sur l’abscise, que met le levier de l’hémo- dromographe à retomber au zéro représente la durée de impulsion que l’élasticité du gros tronc communique à la co— lonne sanguine. En comparant le tracé hémodrographique au tracé ma- nométrique pris simultanément, on constate que le zéro vitesse est loin de correspondre au zéro pression. Nous avons moutré dans un autre travail (Revue de méd., 8 février 1882) que les changements de pression ne s’établis- _ sent pas dans le système artériel qui se vide comme dans un ballon de caoutchouc dont on ouvrirait le robinet. De sorte que rien dans l’évaluation en question ne peut être abandonné au calcul ou à la déduction. Chaque changement de condition demande une nouvelle expérience. Dans quelques cas, où la tension était moyenne et la vitesse grande, l’inpulsion com- muniquée au sang par l’élasticité des artères a duré 8, 9 et 10 secondes. SUR LA PART IMPORTANTE QUI REVIENT A L'ÉTAT DU MUSCLE CARDIAQUE DANS LA PRODUCTION DES INSUFFISANCES TRICUSPI— DIENNES TRANSITOIRES ; EXPÉRIENCES SUR LES REFLUX PRODUITS PAR L'EXCITATION DU PNEUMOGASTRIQUE ET SUR L'ACTION ANTAGO— NISTE DE LA DIGITALE, par M. FRançois-FRancx. On saït qu’on distingue en clinique deux formes principales d'insuffisance tricuspidienne : l'insuffisance transitoire, et l'insuffisance permanente. Chacune de ces deux formes reconnaît un mécanisme diffé- rent au point de vue du mode de production direct de l’insuf- fisance valvulaire. Dans l'insuffisance permanente, celle par exemple qui s’ob- serve chez les sujets atteints d’affections anciennes du cœur gauche, d'insuffisance avec rétrécissement mitral particuliè- à DEN) Dès rement, on sait très bien que l’orifice auriculo-ventriculaire droit présente une dilatation souvent considérable : il est facile dès lors de comprendre pourquor les valvules ne peuvent plus se rejoindre au centre de l’orifice et laissent entre elles un pertuis par lequel s’opère le reflux systolique. Ce sont là des insuffisances par dilatation de l'anneau fibreux auriculo-ventri- culaire. Mais dans les insuffisances transitoires le mécanisme est tout différent : ici il s’agit d’un refoulement excentrique de la paroi musculaire par l’excès de pression qui s’exerce à l’inté- . rieur du ventricule droit (1), sous une influence souvent pas- sagère: cette paroi entraîne avec elle les muscles papillaires et les cordages tendineux qui s’insèrent à la valvule ; l’insuffi- sance se produit alors par écartement mécanique des bords et des faces valvulaires sans aucune dilatation de l’orifice. En cherchant à reproduire expérimentalement ces insuffi- sances auriculo-ventriculaires droites transitoires, j'ai eu recours à plusieurs procédés dont quelques-uns, l’arrêt pro longé de la respiration chez les animaux par exemple, ont donné les résultats attendus, résultats déjà soumis à la Société au mois de juillet de l’année dernière (2). Depuis cette époque, j’ai poursuivi ces recherches à d’autres points de vue et j'ai obtenu la production des reflux tricuspi- diens par l'excitation du bout périphérique du pneumogas- trique. C’est précisément sur l'interprétation de ces résultats que je veux attirer l’attention de la Société. (1) Les détails de ce mécanisme ont été presque complètement élucidés dès 1837 par King (Guy’s Hosprraz Reports) et depuis cette époque plusieurs auteurs, Mahôt par exemple dans »a thèse en 1869, moi-même dans une communication à la Société en 1881, ont reproduit à peu près, sans la connaître, l'interprétation très exacte de King. (2) François-Franck. Société de Biologie, 16 juillet 1881, et Thèse de Lalesque sur la Circulation pulmonaire. (Th. Doct. Paris, 1881). On trouvera dans ce dernier travail, très complet et contenant de nombreuses recherches originales, un grand nombre de détails que je suis forcé de passer ici sous silence, sur la nature des obs- tacles que crée dans le poumon l'arrêt simple de la respiration. 2902 I. Reflux tricuspidiens pendant le ralentissement du cœur produit par l'excitation du pneumogastrique. Quand on obtient, avec des excitations de moyenne intensité appliquées au bout périphérique du pneumogastrique, un ralen- tissement assez considérable des battements du cœur, durant un temps suffisant, de 10 à 20 secondes par exemple, il est très ordinaire de voir survenir, à chaque systole, un reflux tricuspidien notable. Ce reflux s’accuse, entre autres signes, par un soulèvement de la jugulaire synchrone ou à peu près avec la systole ven- triculaire. Tel est le fait dans ce qu'il a d’essentiel. Ajoutons que le reflux ne dure pas toujours autant que la période systolique : ce qui peut s'expliquer assez aisément en admettant que l’écar- tement mécanique des valvules, dû à l’excès de distension ven- triculaire, disparaît dès que le ventricule droit s’est débarrassé du sang en surcharge par le fait même du reflux dans le sys- tème veineux. Dés lors, il reprend ses diamètres normaux et la clôture valvulaire peut s’opérer avant la fin de la poussée systolique. Un autre détail, qui a son intérêt pour l'interprétation du pouls veineux par reflux chez les malades et qui confirme du reste ce qu’on en sait; est le suivant : il est très fréquent d’ob- server dans ces mêmes expériences une dissociation de la fonction auriculaire et de la fonction ventriculaire ; l'oreillette donne sa systole avant l'instant normal, de sorte que dans le pouls jugulaire on voit se succéder l'indication de la systole et de la diastole de l'oreillette (soulèvement et affaissement), puis se produit le grand mouvement de reflux trieuspidien (1). Ces détails sont faciles à constater sur les courbes simul- tanéees du pouls jugulaire et. de la pression intra-cardiaque que je mets sous les yeux de la Société. Mais je ne veux pas insister autrement sur ces faits d'im— portance secondaire au noint de vue actuel ; c’est de l’action (1) Voir dans le compte reru de la même’séance une note inté- ressante de M. Lépine « sur i'écartement des systoles auriculaire et ventriculaire ». SU AIG 2191 — même du pneumogastrique sur le cœur que je dois surtout m'occuper aujourd’hui. Quand on se demande par quel mécanisme l’excitation du pneumogastrique peut produire l’insuffisance tricuspidienne, la première explication qui se présente est celle-ci : en ralen- tissant considérablement le rythme du cœur, on exagère les pauses diastoliques et on donne au ventricule droit le tempsde se remplir d’une façon exagérée. C'est parce qu’une réplétion excessive écarte ses parois et avec elles les valvules qui s’y attachent que le reflux peut se produire. Il est certain que ce facteur : réplétion exagérée, distension excessive, entre pour une large part dans la production du reflux. Il peut d'autant mieux contribuer à le déterminer que la cavité ventriculaire gauche reçoit très peu de sang et que la cloison interventriculaire n’est pas soutenue de ce côté. Mais ce n’est certainement pas tout. Car bien souvent j'ai déterminé chez ces mêmes animaux qui donnaient des reflux pendant l’excitation du pneumogastrique, des pressions intra- ventriculaires droites beaucoup plus élevées sans parvenir à provoquer l'insuffisance tricuspidienne. Sans entrer dans d’autres détails, je crois qu’il faut tenir le plus grand compte de l’action musculaire, propre, relächante du nerf excité, quel que soit du reste le mécanisme prochain de cette action. L'influence relâächante du pneumogastrique sur le muscle cardiaque a été mise en évidence depuis longtemps déjà, et établie comme indépendante de toute variation circulatoire : c'est dans le laboratoire de Ludwig, en 1869, que Coats (de Glasgow) a inauguré ces recherches reprises depuis par beau- coup de physiologistes, notamment par Luciani (1) et que j'ai répétées moi-même, en les variant, l’année dernière à propos d’un cours sur l’innervation du cœur. (1) Au cours de la séance,M.Dastre a rappelé qu’il avait également étudié avec M. Morat cette action musculaire du pneumogastri- que sans connaître les travaux de ses devanciers et qu’il lui avait même donné le nom, très juste à notre avis, d'action anti- tonique. (Voy. P. Reynier, Sur les nerfs du cœur. Thèse d'agréga- tion, Paris, 1880). C. R,. 1332 6. — R — Il suffit pour poursuivre la démonstration dont ils ’agit d’être fixé sur ce point essentiel que le pneumogastrique exerce sur lecœur, non seulement l’action suspensive, inhibitoire, classiquement admise pour le rythme, mais encore et surtout peut-être uue influence inhibitoire sur le muscle cardiaque. Si donc, sous cette influence, le muscle cardiaque perd mo- mentanément sa tonicité, sa force de résistance, on comprerd pourquoi une même pression exercée à l’intérieur du ventri- cule droit sera capable de déployer pour ainsi dire les parois flasques de ce ventricule, et alors que, quand le cœur n’est pas soumis à l’action du pneumogastrique, cette pression est absolument inefficace à produire la même distension et le même effet valvulaire. En résumé, je crois pouvoir dire quest l’on observe aussi fact- lement des reflux auriculo-ventriculaires droits pendant les grands ralentissements du cœur produits par l'excitation du prneumogastrique c’est 1: parce qu’une quantité exagérée de sang veineux a le temps de distendre le ventricule pendant ses pauses diastoliques prolongées; 2° et surtout peut-être parce que le muscle cardiaque perd toute résistance tonique sous l'influence inhibitoire du preumogastrique (1). Comme complément des considérations qui précèdent, et pour montrer en passant qu’on en pourra sans doute tirer quel- ques applications pratiques, je signalerai les points suivants : 1o Ilest très vraisemblable que dans un certain nombre de cas cliniques bien connus aujourd’hui depuis les recherches de M. Potain et de ses élèves (2), depuis les expériences de (1) Ici nous éliminons complètement l’action hypothétique du pneumogastrique comme vaso-moteur du poumon: on pourrait supposer en effet qu'il s'ajoute aux influences ci-dessus, exclusive- ment cardiaques, un resserrement simultané des vaisseaux pulmo- naires. : Les expériences ont prononcé, je crois, contre la théorie de la provenance pneumogastrique des Vaso-moteurs pulmonaires, et établi leur provenance sympathique. 2) Voir sur ces questious la Thèse d'agrégalion de M. Pütres « sur les dilatations et hypertrophies du cœur sans lésions val- vulaires» (Paris, 1878). 98e MM. Arloing et Morel dans le laboratoire de M. hear les dilatations cardiaques droites transitoires reconnaissent pour cause non seulement la résistance anormale à travers les vaisseaux pulmonaires, mais encore l'action relâchante du pneumogastrique sur le muscle cardiaque. 20 Les faits observés dans mes expériences de reflux tri- cuspidien pendant le ralentissement du cœur se retrouvent en clinique : chez certains sujets, on voit se produire un reflux jugulaire à la suite de chaque intermittence du cœur (Potain, communication orale). 30 On pourrait invoquer, à l'appui de la théorie que j'ai présentée et pour montrer la part importante que prend l’état du muscle cardiaque à la production des insuffisances, une série de faits cliniques, par exemple la facilité avec laquelle les dilatations avec insuffisance se produisent quand le myo-— carde est malade, dans le cours d’une péricardite aigüe, etc. Je veux seulement insister en terminant sur les effets si remarquables et importants à connaitre de la digitale quand il ya une dilatation cardiaque transitoire avec atonie du muscle, c’est-à-dire dans des cas analogues à ceux qui nous occupent ici. Dans ces conditions, on voit disparaître l’atonie musculaire cardiaque avec l’insuffisance transitoire et la dilatation qui la déterminait: ce fait s’observe en clinique et on a remarqué que la disparition de ces reflux, qui préservaient la circulation pul- monaire d'une surcharge dangereuse, pouvait être suivie d'accidents graves d’apoplexie pulmonaire. Cet effet paraît résulter de l’action musculaire propre de la digitale qui exagère, comme on sait, la puissance du muscle cardiaque : les faits pathologiques et les expériences direc- tes ont surabondamment démontré cette influence de la digi- tale (1). Elle se manifeste dans les expériences d’une façon très évidente : par exemple, quand on a produit sur un animal des (1) Les expériences sur cette action musculaire cardiaque de la digitale sont très nombreuses ; j'en ai communiqué moi-même quelques-unes à la Société d'anatomie et de physiologie de Bor- deaux, au mois d'avril 1881. (V. les Bulletins de cette Société.) M ot reflux tricuspidiens par obstacle à la circulation pulmonaire, les mêmes reflux cessent de survenir sous les mêmes influen- ces quand on a administré une dose suffisante de digitaline pour produire un grand ralentissement du cœur. De cet ensemble de faits il résulte : 10 que l’état du muscle cardiaque intervient pour une large part dans la production des insuffisances tricuspidiennes engénéral et des insuffisances transitoires en particulier ; 20 que la flaccidité musculaire maxima déterminée par l’action directe ou réflexe du pneumo- gastrique est un facteur essentiel des dilatations avec reflux produites si facilement par une surcharge ventriculaire droite modérée ; 39 que les influences pathologiques qui agissent dans le même sens sur le muscle cardiaque (myocardites — dé- générescences graisseuse s’interviennent activement aussi pour faciliter les dilatations ventriculaires droites ; 4o qu’au con- traire les influenées renforçant l’action tonique du muscle cardiaque, comme celle de la digitale, peuvent empêcher de se produire et même faire disparaître une insuffisance par dilatation préexistante. | ; 2 M. Dasrre.— Sur l’antitonus du cœur.— M. Fr.-Franck, dans le cours des explications qu’il vient de donner à l’occa- sion du pouls veineux, a fait intervenir une circonstance très intéressante de l’action du pneumo-gastrique sur le cœur: c'est que l'excitation du pneumo-gastrique non seulement modifie le système cardiaque en ralentissant ou arrêtant les battements, mais produit une condition du muscle remarqua- ble, à savoir un relâchement plus complet que le repos dias- tolique.— Le fait est très réel et nous en avons signalé l'im- portance il y a quelques années, M. Moratet moi, sans savoir que Coats eût déjà attiré l'attention sur ce point, et nous awons donné à cet état le nom d’état antitonique. Nos recherches sur ce point ont été publiées plus tard dans la Thèse d’agrega- tion de P. Reynier sur les nerfs du cœur. On y indique cette observation que l'excitation du nerf vague supprime le tonus normal du muscle cardiaque. Le cœur:se relâchant plus que dans les diastoles, on pourrait dire que le vague produit l’antt- tonus du cœur. dr Ed RP PEN de Ré Ur De NÉ PPS on Il est intéressant de signaler un fait qui n’a point êté re- marqué à ma connaissance. C’est que le relâchement produit par l'excitation d'un des pneumo-gastriques, bien que plus pro- fond que le relâchement diastolique, peut être encore exagéré lorsqu'on excite aussitôt après le second pneumogastrique. SUR LA CAPACITÉ RESPIRATOIRE DU SANG DES ANIMAUX, HABITANT LES HAUTS PLATEAUX DE L'AMÉRIQUE DU sup, par M. Pau BERT. Les médecins, les voyageurs et les savants qui ont fait des observations dans les régions les plus élevées des Cordillières sont unanimes à signaler l'existence, dans ces régions, d’acci- dents qui atteignent spécialement les Européens arrivés récemment. Les animaux domestiques ne sont pas épargnés, tandis que les animaux sauvages ne présentent rien de sem— blable, non plus que les Indiens depuis longtemps établis dans ces contrées. Les accidents observés consistent en une anhélation extrême, résultant du moindre effort, et en des syncopes com— plètes, qui peuvent provenir de la persistance même de la marche ou de la course. Cela constitue un ensemble de symp— tômes que les habitants des Cordillières ont nommé soroché ou encore pura. L’Européen récemment arrivé à la Paz, disent les frères Grandidier, éprouve les effets d’un violent soroché ; quand il parcourt la ville, il est obligé de s’arrèter souvent pour repren- dre haleine, tant est grande la difficulté de respiration et l’op- pression de sa poitrine. J’ai donné dans mes travaux antérieurs une analyse et une explication complète de ces accidents (1). Les Indiens au contraire courent sans perdre haleine, sui- vent à pied un cheval lancé au trot et étonnent d'autant plus Européen que celui-ci ne peut, comme l’indigène, vaincre l'oppression que lui cause la raréfaction de l'air et courir à cette altitude sans tomber aussitôt. Il résulte de plus d’un séjour prolongé sur les hauts pla- teaux une anémie ou mieux une anoxhémie profonde que la (1) La Pression barométrique. Paris, Masson. nn moindre maladie ou le moindre traitement malencontreux vient pousser à l’extrème. Ce fait curieux à été découvert et mis hors de doute par M. le Dr Jourdanet. Il semblerait qu’un séjour, même prolongé, ne provoque que difficilement l’acclimatement des hommes ou des animaux, nés dans les régions situées plus près du niveau de la mer. Le point dont nous voulons nous occuper aujourd’hui se rapporte principalement à la différence qu’on observe entre les indigènes (hommes et animaux) et les autres êtres im- portés dans le pays. Pourquoi, les mêmes causes d’anoxhémie existant pour les uns et pour les autres, voyons-nous les pre- miers résister et les seconds succomber ? Cela pourrait s'expliquer par ce fait que les indigènes auraient dans leur sang une quantité d’hémoglobine plus grande et qu'ils’absorberaient par conséquent, sous la même pression, plus d'oxygène que les Européens. Ou bien encore, mais céla est moins vraisemblable, ils auraient une hémoglo- bine particulière ayant un pouvoirabsorbant plus considérable. Peu importe d’ailleurs ; ce qu’il était intéressant de connai- tre expérimentalement, c’est ce que le raisonnement nous avait déjà amené à soupçonner, à savoir, que le sang de ces êtres des hauts plateaux pouvait, sous un même volume, absorber plus d'oxygène que celui des êtres vivant dans les régions basses. Pour arriver à résoudre ce problème, je me suis adressé à un certain nombre de voyageurs, et je viens de recevoir enfin quelques flacons remplis de sang d'animaux vivant nor- malement a 200 ou 300 m. au-dessus de la Paz, et par consé- quent à plus de 4,009 m. au-dessus de la mer. Ils me sont en voyés par M. Eug. Guinault, qui habite depuis longtemps la Paz. Ce sang m'est arrivé à l’état de putréfaction complète. . Mais peu importe ; les expériences de M. Jolyer ont démontré que le sang putréfié absorbe juste autant d'oxygène que quand ilétait frais. . Voici, ramené à 0», le chiffre maximum d'oxygène que 100cc de ces sangs pouvaient absorber. Ils ont été agités avec _— 97 de l'air à la. température de To ét analysés ensuite à la pompe : Vigogne . ee es 19003 Cochon-d'Inde. . … . . 15cc$ ViscacHe ss . dc Mouton:mäâle .-°7 =. © :17cc0. Lama male : + .. . 2fccb Vigogne 5 2 4 "19e Poules ri Mr r. Æécce Alpaca . . ‘5 4 17ec0 Cerf à pelage gris. tn i. 2lced Jeune poule + . .! 15ce0. Poutisa 1 7 2e. Ces chiffres sont considérables, car le sang des herbivores de nos pays n’absorbe guère au maximum que 10 à 12 0/0 d'oxygène. Il faudrait, pour que le rene | fût complètement résolu, savoir encore si ces animaux des hauts plateaux utilisent dans les mêmes proportions que nous l'oxygène qu'ils absor- bent, il faudrait aussi connaître la quantité totale de leur sang ; ce sont là des recherches bien difficiles dans l'espèce, mais il sera peut-être possible de les tenter un jour. SUR L'ÉCARTEMENT DES SYSTOLES en. ET VENTRICULAIRE DANS CERTAINS CAS DE bruit de galop par R. LÉPINE J'ai montré il y à quelque temps à la Société des sciences mé- dicales de Lyon un certain nombre de tracés sur lesquels on constatait d’une manière évidente que l'intervalle, normale ment très court, séparant a:Systole du ventricule ‘de celle de l'oreillette peut être parfois notablement augmenté (4). Ce fait, (1) La plupart de ees tracés sont des cardiogrammes de la pointe du cœur recugillis avec ua tambour de Marey. L'un d'eux se rap- porte à un pouls veineux diastolique. J'en ai soumis plusieurs à lexamen de M. Francois Franck qui a b'en voulu partager ma manière de les interpréter. Quelques-uns d’entre eux paraitront dans le prochain numéro de la Æeoue de médecine. MU. nu laissé jusqu'ici dans l'ombre, me semble avoir de l'intérêt, non seulement pour la physiologie du cœur en général, mais spé- cialement pour l'interprétation exacte de certains bruits de galop, dont la première partie (bruit surajouté), dans le cas où elle précède de beaucoup le début de la systole ventriculaire, a paru jusqu'ici difficile à considérer comme isochrone avec la systole de l'oreillette (2). Or cette difficulté disparaît si le fait que j'indiquais au commencement de cette note est, comme je le crois, solidement établi. Reste maintenant à expliquer à quoi tient l’écartement des systoles auriculaire et ventriculaire. Est-ce la première qui anticipe ou la seconde qui retarde ? En égard à l'énergie anormale de la contraction auriculaire, bien évidente parfois, on pourrait supposer une excitabilité exa- gérée de l'oreillette, et, par suite, admettre que la cause essen- tielle de l’écart réside duns l’anticipation de la systole auricu- laire. Mais, d'autre part, il ne faut pas perdre de vue que dans les circonstances où se produit ce bruit de galop le ventricule se contracte presque toujours sous une charge relativement trop forte, d’où l’on peut induire la possibilité d’un retard de sa contraction. Je n’ignore pas, à la vérité, que, surchargé, le ventricule de la grenouille (isolé) parait au contraire préci- piter ses systoles (C. Ludwig, Tschirjeff, J.-M. Ludwig et Luchsinger, etc.); mais il ne doit pas en être de même quand la période d’épuisement arrive. Le ventricule se trouve alors sans doute dans les conditions du muscle jatigué, chez lequel le temps perdu (autrement dit la période d’excitation latente) est plus grand qu’à l’état normal. Or, dans l’espèce, c’est-à- dire dans le cas de bruit de galop, ce qui prouve l’état de fati- gue du cœur, c’est le fait, maintes fois constaté, de la dispa- rition du bruit de galop sous l'influence de la digitale ou de la caféine. Pour ce motif, je suis conduit à admettre que l’écarte- ment des systoles auriculaire et ventriculaire tient plutôt à un retard de la systole ventriculaire. Je soumets cette vue à l’exa- men des physiologistes et des cliniciens. (2) Voyez notamment à ce sujet un excellent article de M. Fran- çois-Franck. (Gas. hebd., 1380, p. 351). e 20912 SUR LA MANIÈRE DIFFÉRENTE DONT SE COMPORTENT LES PARTIES SUPÉRIEURE ET INFÉRIEURE DE L'INTESTIN GRÈLE AU POINT DE VUE DE L’ABSORPTION ET DE LA TRANSSUDATION, PAR MM. Lan- Nois et R. LÉPINE. Nos recherches ont eu pour but principal de savoir si l’ab- sorption se fait également, surface de muqueuse égale, dans toute la longueur de l'intestin grêle, question qui n’a été abor- ‘ dée, à notre connaissance, par aucun physiologiste, sauf d’une manière incidente par M. Tappeiner dans ses recher- ches sur l'absorption des acides biliaires. Renvoyant, pour les détails, à notre mémoire qui paraîtra prochainement dans la Revue de médecine, nous nous bornerons ici à indiquer som- mairement comment nous avons procédé : Toutes nos expériences (au nombre de plus de quarante) ont été faites sur des chiens en état de jeûne et non narco- tisés. Après incision de la ligne blanche, nous prenons deux anses, l'une à la partie supérieure, l’autre à la partie inférieure de l'intestin grêle, et après les avoir lavées à l’intérieur nous y Séquestrons, par deux ligatures, quelques centimètres cubes d’une solution bien dosée d’une substance donnée. Nous refer- mons l’abdomen par une suture et nous sacrifions l’animal au bout d’une demi-heure à une heure, et plus. Nous enlevons immédiatement alors les anses séquestrées et nous y dosons la quantité de substance qui y est contenue (c’est-à-dire qui n’a pas été absorbée). La seule difficulté est de prendre deux anses dont la surface muqueuse soit égale. Voici les princi- paux résultats que nous avons obtenus : Avec les peptones, nous avons trouvé que l’anse supérieure avait absorbé près des deux tiers de la quantité introduite, tandis que dans le même temps l’anse inférieure avait absorbé la moitié seulement. Avec l’huile émulsionnée, les différences ont été encore plus marquées. Ainsi, dars une de nos expé- riences, 1 gr. 63 d'huiie émulsionnée ayant été introduit dans chaque anse, nous avons trouvé que l’absorption en avait fait disparaître 0 gr. 768 en haut et seulement O gr. 12 en bas. Il en a été de même pour la glycose : après 25 minutes, dans une ‘ de nos expériences, sur 0 gr. 344 l’anse supérieure avait ab A0 sorbé 0 gr. 271 et l’anse inférieure O gr. 069. L’amidon, à l’état d’empois, nous a aussi paru mieux saccharifié et mieux absorbé en haut qu’en bas. Certains sels nous ont paru se comporter à-peu près de la même manière, bien que les différences aient été moins accen- tuées (chlorure de sodium et iodure de potassium). Jusqu'ici nous avons parlé seulement d’anse supérieure et d’anse inférieure de l'intestin grêle; mais il importe de pré- : ciser davantage, attendu que dans le duodenum, ainsi que l’a parfaitement vu M. Tappeiner pour le giycocholate de soude, l’absorptior est beaucoup moins active que dans le jejunum ; par anse supérieure, nous avons entendu la partie supérieure du jejunum. Un sait que si, à l’exemple de Moreau, on introduit en même temps dans une anse une substance absorbable et un agent d’exosmose tel que le sulfate de soude dans la proportion de 1 à 6 0 0 de liquide, l'absorption est très diminuée. Nous avons constaté que c’est dans l’anse inférieure qu’elle l’est au plus haut deoré. Si l’on séquestre dans les anses quelques centimètres d’un solution de sulfate de soude concentrée, la itranssudation est beaucoup plus abondante dans le jejunum qu’à la pañtie infé- rieure de l’intestin grêle. Le plus souvent même, le liquide transsudé est constitué pour la plus grande partie par du sang, soit à la partie supérieure du jejunum, soit dans le duodenum. Cette circonstance ne nous a pas permis d'étudier comparati— vement l'énergie de la transsudation du liquide intestinal dans le duodenum et dans la partie supérieure du jejunum. NOTE SUR LES TROUBLES NUTRITIFS SECONDAIRES AUX LÉSIONS DES BRONCHES ET DES POUMONS, par MM. Quinquaup ET P10GEY. En pathologie humaine, il est difficile de mesurer exacte— ment les modifications nutritives secondaires aux maladies du poumon ; par exemple, avant l’affection morbide, on ne connaissait point la normale physiologique de la constitution chimique du sang, des tissus ni des humeurs, en un mot l'état physiologique n’est connu que par des moy2nnes, qui sont — 101 — souvent loin de la réalité. De plus, en pathologie, les cas sont complexes ; plusieurs lésions coexistent chez le même sujet ; dans ces circonstances, il est bien difficile de dire ce qui ap- partient à l’une ou à l’autre altération dans l’ordre des troubles nutritifs. L'expérimentation nous vient en aide pour résoudre ces pro- blèmes ; nous avons d’abord soumis les animaux (cobayes, chiens) à l'épreuve dite normale physiologique ; pendant ce temps, ils étaient soumis à la ration d'entretien ; après 10 à 12 jours, et à plusieurs reprises, nous avons déterminé la normale du poids, de la composition chimique et histologique du sang et des urines. Après cette détermination, par une petite incision trachéale, nous avous introduit jusque dans les bronches, à l’aide d’une sonde, du pus, du sang, du chyme, des aliments divers, de la poudre de cantharides, de la graine de moutarde, des corps inertes, des grains de plomb de divers calibres ; après un laps de temps variable, nous avons analysé les liquides de l’orga- nisme. Voici maintenant les premiers résultats de ces recherches en envisageant tout d'abord les cas où des lésions graves ont été produites dans le parenchyme pulmonaire : en général, les troubles nutritifs sont en raison directe de l’étendue et de Vintevsité de ces lésions ; les troubles s’accentuent à mesure que l’on se rapproche de la mort. Les modifications sont multiples. L’hémoglobine diminue de quantité ; pour fixer les idées, prenons comme exemple un chien qui a péri à la suite d’injections de nitrate d'argent. Epreuve dite normale. Hémoglobine active 158 grammes pour 1,000 grammes de sang. | Hémoglobine totale obtenue : Par la décolorimétrie chimique, 165 gr.; » le coefficient d'absorption, 163 gr.; » l'analyse directe 162 g.; Globules rouges, 5,230,420. Fibrine, 2,5. — 102 — A l’état pathologique. — 1: Cinq jours après l'injection äintra- bronchique : Hémoglobine active, 140 gr.; » totale obtenue : - Par la décolorimétrie, 169 g. 3; » le coefficient d'absorption, 157 1 » l'analyse directe. 162 Globules rouges, 4,227, 300. Mhte 3 g. 2; ; 2 Dix jours après le début, hémoglobine active, 128 gr. Hémoglobine totale obtenue : Par la décolorimétrie, 148 gr. 5; » le coefficient d'absorption, 144 g. 2, » l'analyse directe, 151 gr; Globules rouges, 3,921,425. Fibrine, 5 g. 4. 2. Trente-cinq jours après l'injection : hémoglobine active, 94 gr. 2. Hémoglobine totale obtenue : Par la décolorimétrie. . . . . AN Re A ONE De — le coefficient d'absorption. . . . . . . . . 106 gr. 7 —Panalyse directe. 4,4 00e . 112 gr. 4 Globuies rouges, 3,841,100. Fibrine, 4 gr. 8. La destruction porte donc sur le nombre des globules, la quantité d’hémoglobine, tandis que l'augmentation de la fibrine est en rapport avec les phlegmasies. Nous avons ob- servé la plus grande destruction des globules et de l’hémoglo- bine à la suite d’injections hydrargyriques. L'animal a pu per- dre la moitié de l’hématocristalline avant la mort, tandis que dans les cas d’injection de nitrate d'argent, de sang, etc., la perte n’est en moyenne que le tiers du chiffre normal. L’atélectasie, les emphysèmes artificiels amènent également des lésions hématiques semblables aux précédentes. Dans les cas d’altérations broncho-pulmonaires chroniques, il arrive parfois que la moitié de l’hémoglobine reste inactive. Urée. — Le premier effet de toute irritation expérimentale broncho-pulmonaire est de Done la quantité d'urine et la quantité d’urée. Nous expérimentons sur un chien de 6 kilogrammes. L'épreuve de la normale donne : — 103 — Urine : 300 c. c. Urée : 3 gr. 70 en 24 heures. Après l'injection de sang, pendant les six premiers jours, la température rectale oscille entre 39,8 ct 400,3 ; la quantité d'urine varie de 85 c. c. à 180 c. c. en 24 heures : l’urée reste aux environs de 1 gr. 82 centigr. ; ce n’est que le neuvième jour que l’urée s’élève à 3 grammes, 3 gr. 4 décigr. dans les 24 heures. L’urine augmente : nous notons 2 à 300 c. c. ; en même temps, la température s’abaisse. Nous observons les mêmes variations dans les cas d’injec- tion de uitrate d’argent. On voit encore, lorsque les lésions mettent longtemps à gnérir, des sortes de crises avec élimination d’une plus grande quantité d’urée. Ce sont les corps phlogogènes qui déterminent ces troubles avec un maximum d'intensité, tandis que les corps moins irri- tants les engendrent à leur minimum. Ainsi, à la suite d’intro- duction de grains de plomb dans les bronches d’un chien de 12 kilogrammes, qui, à l’état normal, urinait en moyenne 450 c. c. et8 grammes d’urée en 24. heures, nous avons pu constater une émission d'urine moindre. La quantité est des- cendue à 290, 270 c. c. et l’urée est tombée à 5 gr. 3 décigr. pourredescendre au taux normal, et l’urée s’élève à 8 grammes, 11 gr. 5 et revient à 8 grammes. Les phénomènes se passent comme si, au début, il existait un barrage rénal qui cesse la phase de réparation. Poids. — Le poids diminue, et toutes choses égales d’ail- leurs, la ration d'entretien et les conditions hygiéniques in— _ fluent sur le graphique de cette perte de poids quotidien; mais le corps injecté qui favorise le plus une courbe descendante est le mercure : « En 20 jours, un chien de 13 kilogr-. 350 gr., - qui a eu deux injections de mercure, a perdu? kilogr. 250 gr., près de 3 kilogrammes ; tandis que, dans le même temps, un chien de même poids, placé dans les mêmes conditions hygié- niques, n’a perdu que + à 600 grammes.» Les lésions inflammatoires, elles-mèmes, produites par les injections de nitrate d'argent, n’agissent pas aussi active- — 104 — ment. Ainsi, un chien de 14 kilogrammes ne perd en 26 jours qu’un kilogr. 500 gr. à 2 kilogr. ; ; un chien de 6 kilogrammes, auquel nous avons eat du sang, a perdu 2 kilogr. 109 gr. en 27 jours: Les corps non irritants (poudre de lycopode, graines de cé- réales, etc.) en déterminant des obstructions, des atélectasies, font diminuer également le poids, mais dans des proportions moindres. Les altérations mécaniques retentissent donc sur la nutri- tion générale; on s’explique pourquoi les oblitérations bron- chiques par elles-mêmes, étendues ou limitées, sont nuisibles au fonctionnement régulier de l'organisme et pourquoi le mé- decin doit veiller, autant que faire se peut, à leur cessation. Si la lésion D disparait, on voit le poids augmenter peu à peu, jusqu’au taux physiologique. Dans le cours de ces expériences, nous avôns pu constater que la théorie de Gairdner ne pouvait se soutenir: en injectant de la cire dans un point limité, o n oblitère la bronche de telle sorte qu'il est impossible à l'air de passer entre le bouchon et ia paroi bronchique; cependant le tissu pulmonaire s'aftaisse, non pas immédiatement, mais peu à peu, à mesure que l'air enfermé dans la bronche se résorbe. Il nous à été possible de constater que chaque groupe d’a- gents détermine des lésions différentes. La poudre de lyco- pode injectée en suffisante quantité pesant un emphysème: vésiculaire on circonscrit: Le mercure engendre des lésions pseudo- tuberchlnees avec un grain hydrargyrique au centre. La poudre de cantharide et le nitrate d'argent produisent des altérations broncho-pulmonaires avec le FE phleg- masique pér.bronchique bien décrit par MM. Charcot, Joffroy et Balzer, etla broncho-pneumonie expérimentale peut aller jusqu’à la destruction puro-sanieuse du poumon avec caver- nules limitées et complications pleuraies fréquentes. Les injections de chyme déterminent des lésions à peu près semblables et donnent lieu à des noyaux de pneumonie gan- gréneuse et septique. Le sang frais sortant du vaisseau peut devenir une cause DS — 105 — de lésions broncho-pulmonaires avec des troubles HHiS si graves que l’animal en meurt. On comprend facilement toutes les applications de ces faits à la pathologie humaine; certes les altérations broncho-pui- monaires consécutives aux bronchorrhagies guérissent sou- vent; mais elles peuvent devenir graves, sans ioutefois engen- drer la phthisie;et au lieu de dire qu'elles produisent la phthisis cb haemoptoe, il serait plus juste de dire qu’elles engendrent la broncho-pneumontie ab haemoptoe. De même il est des cas où les aliments, après avoir séjour- né dans l'estomac, s’introduisent dans la trachée et dans les bronches et y déterminent des lésions broncho-pulmonaires qui peuvent devenir mortelles. Ici encore l’expérimentation est d'accord avec la clinique. (Dans une autre note nous étudierons les désordres surve- nus dans la fonction pulmonaire et les caractères histo-chi- miques. ) MÉTHODE POUR L'ÉTUDE DE LA PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE, par M. Quinquauo. L'importance de la physiologie (CUS des organes, des tis- ‘sus vivants et de leur fonction) n’est plus à io bien que notre savoir soit encore bien restreint. Néanmoins, c’est en s'appuyant sur ces notions . que les nd essaient de constituer une physiologie patho- logique ; cette manière de faire est insuffisante. et peut même conduire à l’erreur. Nous croyons qu'il est préférable d’instituer des expériences qui se rapprochent beaucoup plus du but à atteindre: après avoir soumis les animaux, pendant huit à dix ; jours, à l’épreuve de la normale pour toutes les fonctions, après avoir réglé leur ration d'entretien; en employant la méthode antiseptique, on détermine des cessations de fonction, des phlegmasies dans chaque organe, dans chaque tissu, dont on peut étudier le retentissement sur le reste de l’organisme ; — on peut même produire des états morbides sinon identiques, du moins analo- gues à ceux du cadre nosologique ; l’on arrive alors à étudier les fonctions et les tissus neuro“musculaires, la température, ST en un mot les liquides et les solides de l'organisme au double point de vue de leurs fonctions et de leurs qualités physico-chi- miques, pour arriver à établir des parallèles multiples à l’état physiologique et à l’état pathologique. Pour atteindre ce but, nous avons eu recours aux méthodes les plus exactes de la physiologie, de la physique et de la chimie, nous avons perfectionné les méthodes anciennes, après en avoir créé de nouvelles, qui ont été soumises à l’é- preuve suprême de la balance ; parmi ces dernières nous cite- ‘ rons la décolorimétrie chimique et le dosage de l’hémoglobine par la méthode des coefficients d'absorption (méthode optique à intensité lumineuse constante). Parmi les applications nombreuses de la méthode, nous nous bornerons à citer : 1° une note en collaboration avec M. Piogey, sur les troubles nutritifs secondaires à des lésions expérimentales broncho-pulmonaires ; 2° des travaux divers, faits en commun avec M. Gréhant, sur l’étude des fonctions de l’organisme. Comme on le voit, cette méthode a déjà été oo de elle le deviendra davantage, grâce aux pionniers de la science qui, en cultivant ce champ fertile, reculeront, nous en sommes persuailé, les bornes encore si restreintes de la physiologie pathologique. EÉTUNF DES ZONES RÉFLEXOGÈNES MOTRICES DE LA PEAU DE LA RÉGION VERTÉBRALE. CHEZ DES HYSTÉRIQUES, DANS LA PÉRIODE CATALEP— TIQUE DF L'HYPNOTISME, par M. DUMONTPALLIER. Il résulte des recherches que j'ai faites sur deux hy slériques, dans la période cataleptique de l’hypnotisme, que la peau qui recouvré la colonne vertébrale, depuis la septième vertèbre dorsale jusqu’à la deuxième vertébre lombaire, est le siège de zones réflexogènes motrices. : Ces zones peuvent être divisées en trois départements principaux : l’un supérieur, cervico-dorsal, qui s'étend de la dernière vertébre cervicale à la huitième vertébre dorsale ; l'autre inférieur,qui s'étend de la onzième vertèbre dorsale à la seconde vertébre lombaire; enfin un troisième département, — 107 — intermédiaire aux deux autres, comprend la région située entre la neuvième et la onzième vertèbre dorsales. Lorsqu'on agit, par la pression du doigt ou au moyen du vent d’un soufflet capillaire, sur la peau qui recouvre les apo— physes épineuses des vertèbres du département supérieur, dit cervico-dorsal, on détermine des mouvements simultanés et semblables dans les deux meiabres supérieurs. Si, suivant les mêmes procédés, on agit sur le départemént inférieur, dit dorso-lombaire, on détermine des mouvements simultanés et semblables dans les deux membres inférieurs. L'action est-elle portée. sur le département intermédiaire, ‘.t dorsal inférieur, on détermine simultanément des mouve- ments dans les quatre membres. Dans une communication ultérieure, je décrirai les diffé rents mouvements obtenus et j indiquerai les mouvements bi- latéraux ou unilatéraux qui sont déterminés suivant que l’ac- tion porte sur les régions méldianes ou latérales de la colonne vertébrale. RecHBRCHES SUR L'ORGANISATION ET LE DÉVELOPPEMENT DES INSEC— TES DIPTÈRES, par M. Juzes Kuncxec D'HERCULAIS. J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie un atlas de 15 planches qui est l’expression des recherches que j'ai. poursuivies pendant ces dernières années sur l’organisation et le développement des insectes diptères, recherches que j'ai résumées dans plusieurs communications faites en 1880 et en 1881. J’appellerai plus particuliérement l’attention sur les cinq planches (pl. XIX à XXIIT) où sont représentés 40 appareils nerveux, quirésument mes Recherches morphologiques et z0olo- giques sur le système nerveux des insectes diptéres,ainsi que sur es planches XXIV, XXV et XXVI, consacrées à l'étude de la structure de la trompe des diptères dela famille des $yrphides, étude faite en collaboration avec M. G. Gazagnaire. Sur ces planches on peut suivre le rapport du cylindre axe et des cel- lules nerveuses périphériques avec les organes des sens chez les insectes, reconnaître le siège de la gustation et la structure des organttes gustatifs chez les diptères, se rendre compte dela — 108 — disposition des muscles dans la trompe et du mécanisme de la succion ches les mouches. * Erraium.— Dans la communication de M. Danillo (séance du 4 février, p. 83, ligne 14), au lieu de: «en leur injectant dans les urines », fee : © en leur injectant dans les veines ». Séance du 18 février 1882 Présidence de M. Paul Bert. M. FRançois-Francx. — A l’occasion du procès-verbal et à propos de la première communication de M. Arloing, je suis chargé de fournir deux détails complémentaires : 19 M. Arloing a répondu à une objection que je lui faisais au sujet de sa théorie de la régulation circulatoire céphalique par le nerf dépresseur, qu'il a observé la disparition des effets indiqués après la section des deux nerfs pneumogas- triques, c’est-à-dire après la section des nerfs dépresseurs de chaque côté ; 20 Les nerfs dépresseurs.ont été étudiés comparativement dans une série d'animaux, dans un travail récent de M. Ad. Finkelstein (Archives de His et Braune, 1880). Dans cette étude comparative, le nerf dépresseur du cheval est étudié comme celui du lapin, du chat et du chien. PRODUCTION ARTIFICIELLE D'INSUFFISANCES TRICUSPIDIENNES MITRALE ET AORTIQUE, ISOLÉES OU COMBINÉES, CHEZ LE CHIEN. —- SURVIE DES ANIMAUX. — ÉTUDE DES TROUBLES CIRCULATOIRES ET DES LÉSIONS CARDIAQUES OU GÉNÉRALES CONSÉCUTIVES A CES LÉSIONS VALVULAIRES PURES, — PRÉSENTATION DES INSTRUMENTS EMPLOYÉS ET D'UN ANIMAL OPÉRÉ, par M. FRANÇOIS-FRANCK. I. — Je soumets àla Société de Biologie quelques résultats de mes expériences sur la production directe de lésions valvu- laires du cœur, chez des animaux sains, conservés à la sure de la de ca des lésions. 12400 2° Mon but, en entreprenant ces recherches qui sont depuis longtemps en voie d'exécution, a êté de chercher quelle part peut être faite aux perturbations circulatoires que provoquent les lésions valvulaires, dans l’ensemble des altérations qu’on observe chez les sujets atteints d’affections cardiaques complexes. Pour prendre seulement deux exemples : 1, les reflux aortiques produits par les lésions destructives des sigmoïdes de l’aorte sont suivis de troubles nutritifs considérables dans le muscle cardiaque. Si l’on peut obtenir, comme j’y suis par- venu, la survie prolongée des animaux opérés, il sera facile de suivre le processus pathologique en examinant le muscle cardiaque à des périodes diverses à partir de la création de la lésion (1) ; 20 Les reflux considérables s’opèrent du ventricul e droit dans le système afférent, à la suite de la lésion, volon- tairement produite, de la valvule tricuspide, sont-ils capables, à eux seuls, de troubler assez profondément la circulation veineuse générale pour qu’on observe à leur suite des conges- tions passives viscérales, des dilatations variqueuses loin- taines ? Quelle nature de trouble fonctionnels surviendront du fait de ces surcharges veineuses dans les différents organes et notamment du côté du foie et des centres nerveux ? Telles sont les questions auxquelles on pourra sans doute répondre grâce à la conservation des animaux opérés. En outre, ces lésions valvulaires pures (insuffisances) per- mettent d'étudier à loisirles troubles fonctionnels cardiaques, les bruits de souffle, les troubles de rythme, les effets méca- niques artériels (insuffisances aortiques), ou veineux (insuffi= sances tricuspidienneé) ; et cela pendant.un temps fort long à dater de la lésion. - J'ai réussi dans quelques cas à produire l'insuffisance mitrale _en on dans le ventricule gauche par l’orifice aortique ; mais jusqu'ici je n’ai point obtenu la lésion mitrale pure, Sans lésion des sigmoïdes de l’aorte. Je crois cependant qu’il est (1) MM. Chauveau et Marey ont fait depuis longtemps des in- suffisances aortiques par rupture des sigmoïdes sur le cheval, et ont étudié les troubles circulatoires immédiats produits par ces ésions. (Voy. notamment un mémoire de M. Marey sur les signes de l'insuffisance aortique.… Arch. Physiologie, 1869.) — 110 — possible d'arriver à ce résultat important et les tentatives que j'ai déjà faites m’autorisent à y compter. Dans toutes ces expériences, le procédé est le même, et son application est très simple, quand on a fait quelques essais : il s’agit de faire la section des cordages tendineux des valvules tricuspide ou mitrale, ou la section longitudinale des sigmoïdes aortiques (1). . Les instruments employés pour la section des valvules auriculo-ventriculaires sont lespolypotomes laryngés,employés en chirurgie, et dont j'ai fait l’essai, grâce à l’obligeance bien connue de M. Collin. Avec quelques modifications telles que redressement des courbures, suppression des angles vifs, ces instruments courants sont très avantageux. Pour la section longitudinale des sigmoïdes aortiques, un certain nombre d’uréthrôtomes à lame cachée sont également très commodes. Ce sont ces instruments que je montre à la Société. L'introduction de ces appareils se fait par la jugulaire externe droite pour l'orifice tricuspidien ; par la carotide droite de préférence pour l’orifice aortique et pour l’orifice mitral. Je montre aujourd’hui à la Société un jeune chien dont les valves tricuspidiennes ont été en partie coupées, et qui. pré- sente une large insuffisance auriculo-ventriculaire droite s’accusant par un souffle systolique perceptible à distance avec un grand tube branché, et par un pouls veineux vrai de la jegulaire ; on perçoit de plus un frémissement vibratoire trés intense sur la partie droite du cœur; rien de semblable à gauche. Cette simple note a pour but de prendre date au sujet de cette série de recherches. Le point sur lequel je tiens 4 attirer l'attention cst relatif à la survie des animaux et à la possibilité d'étudier facilement les accidents consécutifs aux lésions. (1) J'ai renoncé à l’arrachement des cordages tendineux et à la rupture par défoncement des sigmoïdes de l’aerte. Les accidents que j'ai observés avec cette manière de procéder, surtout pour les valvules æuriculo-ventriculaires, m'out amené à recourir à la section. AA APFAREILS EMPLOYÉS POUR L'ÉTUDE DU POULS VEINEUX JUGULAIRE CHEZ L'HOMME ET CHEZ LES ANIMAUX (SPHYGMOGRAPHF. VEINEUX), par M.FkR AnçoIs-FRANcCk. Dans mes précédentes communications sur le pouls veineux jugulaire, j'ai souvent parlé de la nécessité d'appliquer à l’é- tude de ces mouvements délicats des veines des appareils d’une grande sensibilité, et de combiner avec l'inscription de ces mouvements l'inscription des pulsations du cœur ou des artères. Déjà on a exécuté des recherches analogues avec des pro- cédés réalisant plus ou moins complètement les conditions in- diquées : je rappellerai particulièrement l’application de l’en- tonnoir de Buisson, faite par M. Potain à l'exploration du pouls veineux jugulaire normal ou pathologique chez l’'home, et un appareil formant une sorte de gouttière à membrane pour recevoir la veine jugulaire dénudée chez les animaux: ce dernier appareil est celui de M. Ewald, employé par lui et par M. Gottwald (1881). Il a donné de bons résultats et je l'ai appliqué moi-même après les auteurs précédents, en constatant sa fidélité. Mais ce dernier appareil exige la dénudation de la veine sur une grande étendue ; on la prive de ses connexions nor- males avec les tissus voisins, point qui a sa grande impor- tance. D’autre part, l’entonnoir employé par M. l’otain donne d'excellentes courbes, quoique un peu amortiex, à la condi- tion qu'on procède avec de grandes précantians pc tr ne pas déprimer la veine. Il m’a semblé qu’en employant un tout petit tambour explo- rateur sur le modéle de ceux de M. Marey, mais rendu très sensible par l’application d’une membrane de caoutchouc soufflé, munie d’une tige articulée qui exerce sur la veine une très légère pression par son simple poids, on pouvait faire rentrer cette exploration veineuse dans le cadre des explora- tions artérielles et cardiaques : l’uniformité des types d’ins- truments est en effet un point sur lequet insiste heancous M. Marey. De plus, ce même appareil à l’avantage de s’appliquer aussi bien à l’étude du pouls veineux chez l’homme que chez ro les animaux, et il est important d'employer les mêmes métho- des si l’on veut être autorisé à comparer les résultats. Pour assurer la bonne application de ce petit explorateur’ je l'ai fait fixer à un support articulé qui se glisse en arrière du cou du sujet, homme ou animal, et permet d'approcher la pièce exploratrice de la région veineuse : on est ainsi à l'abri des inégalités de pression qu'on ne saurait éviter en tenant l’appareil à la main ; on peut toujours le placer de manière à recueillir les moivements veineux perpendiculairement à la direction de la veine ; enfin il peut être appliqué à la région sus-claviculaire aussi pe qu’à la région parotidienne et four- nir les pulsations limitées de la jugulaire externe ou celles de toute la région sus-claviculaire. Sur le même support et fixé par une articulation en forme de « noix » on place un explorateur du pouls carotidien, mo- dèle de M. Marey, pour obtenir en même temps, et dans les mêmes conditions de fixité des appareils, les courbes caroti- diennes et les courbes veineuses. Tout cet ensemble d'instruments se démonte et se place dans le support général formant coussin, et qui se replieen forme de boîte. Le tout peut prendre ee dans le polygraphe clinique deM. Marey, ainsi que je le montre à la Société. On peut donner à cet appareil complet le nom de « spkygmographe veineux ». | Il est évident qu’on devra méttre en rapport ce petit explo- rateur du pouls veineux aves: un tambour à levier inscripteur ayantlui aussi une faible capacité intérieure et muni d’une mermteane, aussi peu résistante, avec un levier très léger. Je me. suis assuré que l'emploi des plümes à encre pour recueillir les mouvements veineux crée une condition très défectueuse, à cause du poids dont elles surchargent l’extré- mité du levier enregistreur, Si l’on compare les courbes de pouls veineux obtenues par les procédés que je viens d'indiquer avec celles fournies par les autres méthodes, on peut voir combien les détails sont plus nets dans les tracés que je présente. La comparaison est sur— tout avantageuse si l’on se reporte aux tracés recueillis autre- fois avec le sphygmographe ordinaire, qui n’est pas du tout on à applicable à ce genre d’explorations, ou aux tracés fournis par le tambour à levier non modifié, par exemple, dans les expé- riences de Mosso. On voit dans les tracés de Mosso qu’un cer- tain nombre de détails du pouls jugulaire font défaut, et, d’au- tre part,que les courbes simultanées du pouls carotidien laissent des doutes sur les rapports qu’elles présentent avec le pouls veineux. Cette dernière remarque a déjà été faite par Riegel (Berlin. klin. Wochensch , mai 1881), lequel annonce la publi- cation, non encore faite, je crois, d’un travail complet sur le pouls veireux, avec courbes à l'appui (1). Noïe SUR LA PHOTOGRAPHIE APPLIQUÉE A LA REPRODUCTION DES GRAPHIQUES FAITS PAR LA MÉTHODE DE PROJECTION A LA LU-— MIÈRE ÉLECTRIQUE, par M. LaBoRpe. (Travaux du laboratoire de physiologie de la Faculté de Paris, sous la direction de M. Larorvr, chef des travaux physio- logiques). Frappé des avantages de la méthode de projection appliquée, nonseulement à l’enseignement età ladémonsiration pratiques, mais aussi à la recherche expérimentale des phénomènes fonctionnels, j'ai introduit, il y a bientôt trois années, cette méthode dans l’enseignement de la physiologie expérimentale à la Faculté de Paris, et je me suis occupé incessamment, de- puis cette époque, des perfectionnements de toute nature à apporter à cetle méthode. Au nombre de ces perfectionneménts, il en est un dont l’im- portance à frappé l'esprit de tous ceux qui s'occupent de ces questions et a déjà suscité des essais dignes d'attention : c’est la reproduction photographique plus ou moins instantanée, soit des préparations micrographiques naturelles, soit des dessins représentatifs de ces préparations ou des dessins faits sur la nature, soit enfin des tracés obtenus par la méthode graphique. Des résultats assez satisfaisants ont été déjà obtenus en ce qui concerne les deux premières espèces, et cependant, ainsi que l’on peut s’en assurer par l'examen des planches photo- graphiques d’embryogénie du poulet que voici, on est arrivé, (1) L'appareil qne j'ai présenté 4 la Société a été construit sur mes indications par M. Charles Verdin, mécanicien. — 114 — sur ce point, au laboratoire de physiologie, à des résultats plus satisfaisants encore. Mais c’est surtout relativement à la reproduction des gra- phiques que nous sommes parvenus à réaliser un véritable et remarquable progrès, dont les spécimens que je fais passer sous les yeux de mes collègues peuvent donner une idée. C’est à l’aide d’un procédé diréct dû à un jeune artiste très distingué, M. Gaston Escupier, qui veut bien prêter au labo- ratoire le secours de son talent, que ces photographies sont instantanément obter.ues sur les plaques de verre sur lesquelles sont inscrits les tracés en projection (les tracés que nous mon- trors ici sont ceux des contractions ventriculaires du cœur du chien, dans diverses conditions expérimentales portant sur les pneumogastriques). On obtient par le procédé de M. Escudier un cliché fixe sur plaque de verre pouvant servir, à la fois, à la démonstration par la méthode de projection, et à une reproduction lithogra- phique à volonté. Je n’ai pas besoin d'’insister sur la pureté, et, 1l est permis de le dire, la beauté de ces épreuves, où le tracé se détache d’une façon si nette, si saisissante dans ses détails les plus minutieux et rendus avec une fidélité parfaite, qu’il est impos- sible à la gravure d’atteimdre. Il n’est pas inutile d'ajouter que ce procédé réalise une grande économie sur les prix de revientdes procédés ordinaires de gravure. SUR L'EXISTENCE D'ALTÉRATIONS DES NERFS CUTANÉS CHEZ LES ATAXIQUES, ET SUR LE ROLE QUE JOUENT CES ALTÉRATIONS DANS LA PRODUCTION DES TROUBLES DE LA SENSIBILITÉ CUTANÉE, QUE L’ON OBSERVE CHEZ CES MALADES, Par J. DEJÉRINE. Les médecins anatomistes ont depuis longtemps constaté que la lésion médullaire ne suffisait pas, à elle seule, pour expliquer les altérations de la sensibilité chez les ataxiques. En effet, il arrive fréquemment, en clinique, de rencontrer des malades atteints de sclérose systématique des cordons pos- térieurs, arrivée à un degré très avancé de son évolution, sans que la sensibilité cutanée soit très altérée, tandis que, chez d’autres, ces troubles de la sensibilité sont portés à un 1 : + i L: F É < # à 4 $. \ | ES RES pin 2 “2e — 115 — trés haut degré (anesthésie, analgèsie, hyperesthésies di- verses). Lorsque l’on a Poccasion de pratiquer l’autopsie dans des cas où les troubles sensitifs ont été très accusés pen- dant la vie, on remarque, ce que j'ai pu constater très nette- ment dans deux cas, que laltération médullaire et que l'atrophie des racines postérieures ne sont pas plus accusées que dans d'autres cas, où la sensibilité avait été fort peu touchée. D'après un fait qu'il m'a été donné de recueillir réceminent, je crois que ces différences dans l’état de la sensibilité cutanée, que l’on observe chez les ataxiques, tien- nent, dans certains cas du moins, à l'altération des nerfs cutanés, qui était extrêmement marquée au niveau des zones d’anesthésie, chez la malade dont j'ai eu l’occasion de faire lautopsie. Il s’agit d'une femme âgée d’une cinquantaine d'années, et atteinte d’ataxie locomotrice depuis 10 ans. Douleurs fulgurantes dans les quatre membres, incoordimation tellement marquée dans les membres inférieurs que la station debout et la marche étaient impossibles. Abolition du réflexe patellaire. Arthropathie des deux genoux. Macilence musculaire très prononcée. Surdité. Atrophie papil- laire doublé. Crises laryngées. Plaques d’anesthésie et d'a- nalgésie sur les jambes etles cuisses. Cette femme que nous avons pu observer pendant 7 mois dans le service de M le docteur Hardy, à la Charité, ayant succombhé dans le ma- rasme, l’autopsie montra les lésions ordinaires de la selérose postérieure, avec atrophie des racines correspondantes et atrophie des deux nerfs optiques. Les nerfs cutanés corres- pondant aux zones anesthésiées furent pris suivant la méthode habituelle, traités par l'acide osmique ct le picro- carmin, et montés dans la glycôrine picro-carminée. * Au microscope, ces nerfs présentent des altérations extrêmement prononcées, que l'examen à Fœil nu me faisait déjà prévoir, car, après avoir séjourné pendant 24 heures dans l'acide osmique à 1200, ces nerfs avaient conservé une teinte gri- sätre, bien différente de la coloration noire caractéristique. Je ne puis mieux comparer cette altération des nerfs cutanés dans le cas actuel qu'à celle qui siégeait dans Îles racines postérieures de la même malade. Gaines vides, extrêmement nombreuses, avec leurs caractères histolosiques ordinaires, HE tubes sains en très petit nombre, trois ou quatre par prépa- ration, tout au plus; enfin, mais très rarement, quelques tubes en voie d’altération. Ce petit nombre de tubes altérés, comparé à la grande quantité des gaines vides, est caracté- ristique de la lenteur d’évolution du processus (1). Les raci- nes postérieures présentaient les lésions ordinaires, tellement prononcées, qu'à la résion lombaire par exemple on pouvait faire un très grand nowbre de préparations, sans rencontrer un seul tube sain ou en voie d’altération ; tous étaient réduits à l’état de gaines vides. Cette altération des nerfs cutanés me parait devoir entrer en ligne de compte dans l'explication des troubles de la sen- sibilité cutanée, qui existaient à un degré si prononcé chez cette malade; elle ne peut, en effet, ètre mise uniquement sur : le compte de l’altération des faisceaux postérieurs et des racines correspondantes, puisque, dans des cas où ces der- niers sont tout aussi altérés que dans le cas actuel, les trou- bles de la sensibilité sont souvent très peu marqués. Je crois en outre que cette altération des nerfs cutanés est vraisem-— blablement d’ordre périphérique. car, dans le cas actuel, j'ai examiné, à la région cervicale, les racines postérieures entre le ganglion et la coalescence, par les mêmes procédés, et cette partie de la racine était absolument saine, contrastant d’une façon absolue avec la partie comprise entre la moelle et le ganglion qui était extrêmement altérée. Il s’agit là d’un fait d'observation déjà ancienne. Dans le cas actuel, je n'ai pas (1) Lorsque l’on examine (ainsi que j’ai eu l’occasion de le faire) les racines postérieures, entre le ganglion et la moelle, chez un certain nombre d’ataxiques, on trouve relativement un très petit nombre de tubes en voie d’altération; ce que l’on constate surtout, ce sont des gaines vides en plus où moins grand nombre, avec des tubes sains. Ce peuit nombre de tubes en voie d’altération est en rapport avec l'évolution lente de la maladie. Du reste, mème darsles tubes altérés si peu nombreux qu'on rencontre, la lésion parait avoir quelque chose de spécial, et présente certains carac— tères distinctifs d'avec la névrite parenchymateuse ordinaire. Je parle ici, bien entendu, de cas d’ataxie à marche classique, met- tant plusieurs années à évoluer. Dans les ataxies à marche rapide, les choses se passent peut-être différemment ; jusqu'ici, je n’ai pas ou l'occasion d’en observer anatomiquement. tir pratiqué cet examen au-dessous du ganglion pour les racines lombaires, mais J’aiconstaté-à l œil nu, sur les deux ganglions examinés dans cette région, que la partie de la racine allant rejoindre la racine an'érieure, pour former le tronc nerveux, présentait sa coloration nacrée habituelle et son volume nor- mal. Il est donc. probable que cette altération des nerfs cuta- nés est d’origine périphérique, et on peut la’ rapprocher d’autres altérations des nerfs sensitifs où moteurs, que l’on observe si fréquemment chez les malades atteints de sclérose systématique des faisceaux postérieurs, telles que l’atrophie du nerf optique qui, comme on le sait, débute par la rétine, et qui wa pas encore été, que je sache, reliée à une lésion des centres, pas plus du reste que les paralysies transitoires ou permanentes de la troisième et de la sixième paire. La Î La L3 ETAT DES NERFS OPTIQUES ET DE LA RÉTINE DANS UN CAS DE CÉCITÉ REMONTANT 4 10 ANS, CHEZ UN ATAXIQUE, par M... Poncer(ne CLuNY). La question des altérations nerveuses périphériques dans l’ataxie, résolue par la précédente communication de M. Déjc- rine, laisserait penser que peut-être la cécité des ataxiques est de même nature. On discute aussi depuis longtemps sur Pétiologie de cette sclérose. Est-elle primitive ? est-elle secon- daire ou relative et liée à la dégénérescence purenchymateuse primitive ? J'ai eu l’occasion, dans ces derniers temps, d'examiner deux yeux appartenant à un ataxique aveugle depuis 106 ans, mort à. Bicêtre, dans le service de M. le prof. agrégé Debove, qui a bien voulu me livrer ces pièces importantes. Voici l’état du nerfoptique et de la rétine : Nerf optique (portion orbitaire). A l'œil nu, la substance propre du nerf paraît déjà grise, lâche et flottante dans sa gaine. Sur des coupes perpendicu- laires, on constate un épaississement de la gaine piale et du tissu sous-arachnoïdien. Les travées qui plongent dans le nerf sont hypertrophites, contournées, enclavant des espaces nerveux, sinueux et de forme absolument anormale. Chaque ilot de ces faisceaux connectifs porte au centre un petit capil- Cr. 1882 8 SÈ est laire 4 peine visible, atrophié. De fibres nerveuses, à cylindre axe, à myéline, 1l n'existe pas trace ; c’est une masse granu- leuse amorphe, formant des plaques irrégulières et sinueuses. L'hématoxyhne révèle dans ces loges nerveuses une quantité peut-être trop grande de cellules de la névroglie; le tissu fibrillaire, si délicat, de la névroglie y est à peine reconnais- sable. Il n'est pas hypertrophié. Cette description est applicable aussi bien aux coupes per- pendiculaires qu'aux coupes parallèles. Seulement, dans cel- les-ci, nou avons encore rencontré quelques vestiges de fibres nerveuses altérées, mais non réduites en granulations. Cet état pourrait faire croire à ure sclérose primitive de la substance connective du nerf; cependant nous ne pouvons accepter cette hypothèse, parce que l'examen des parties pos- térieures ne la confirme pas. Nerf optique (portion cérébrale). les coupes ne démontrent qu'un amas de vacuoles inco- iores. Il n'existe pas trace de fibres nerveuses. Mais là il ny a pas dre sclérose n1 de la gaine connective, ni des cellules ou issu névroglique ni périvasculaire. Le nerf est simplement réduit à l’état de fines granulations ou de vésicules, sans l’im- tervention d'aucun autre agent mécanique. C'est précisément cette dégénérescence parenchymateuse de la portion postérieure du nerf optique qui nous fait juger que l’atrophie de la partie antérieure est de même nature. Si les cellules névrogiiques sont un peu plus abondantes en avant, c'est qu'elles ont été tassées sur une plus grande étendue ; si le tissu conjonctif émanant de la gaine s’est hypertrophié, c’est que la substance nerveuse était détruite. Le procesus scléreux péricapillaire n’est pas inflammatoire, il est compressif et secondaire, fétine. Jei la rène est très nettement tranchée dans deux régions de la rétine. Les fibres propres du nerf optique n’existent plus, non plus que les cellules ganglionnaires. Les deux par- tes sont remplacées par des vacuoles entre les fibres de sou- tien. nm — 119 — Le plexus central (Ranvier) ou couche granuleuse interne est dissocié par des vésicules d’œdème et de dégénérescence. La couche des grains internes (cellules unipolaires et bipo - laires de Ranvier) est absolument saine. Le plexus basal, très net, esl sain, La couche des grains externes (cellules visuelles de Ranvier) était parfaitement nette. Enfin ‘des coupes multiples, surtout dans la région de Îa macula, nous permettent de dire que les cônes étaient con- servés. Ainsi cette rétine d’un ataxique aveugle depuis 10 ans n’était privée que de ses fibres optiques et des cellules gan- ulionnaires. Les couches externes propres de la rétine étaient saines. Cet examen confirme en tous points les lésions que nous avons figurées en 1879 (1). Nous y ajoutons aujourd’hui quel- ques données plus précises sur l’état de la névroglie et des différentes cellules rétiniennes d’après la classification et les derniers travaux de notre maître et ami M. le professeur Ranvier (2). Mais, de ces recherches, un fait se dégage, c’est que : 1° dans la cécité ataxique, l’altération, loin d'être périphérique, laisse intactes les parties externes de l’appareil sensoriel ; 2 la sclé- rose de la partie orbitaire du nerf optique est secondaire à latrophie parenchymateuse ; 3e dans l’ataxie, le tissu et les cellules névrogliques ne présentent pas d’hypergenèse. La cécité qui accompagne cette affection parait bien due à une affection nerveuse centrale. (1) Atlas des maladies profondes de l’œil, par Perrin et Poncet (pl. 34. Anatomie pathologique). — Masson, 1879, Paris. (2) Leçons faites au Collège de France, 1881 et 1882. bp QUATRIÈME NOTE SUR L'ORGANE ADAMANTIN : les Balænides, par MM. Poucuer et CHaBry (1). L'évolution des dents des Balœnides était inconnue. On savait seulement, comme on pouvait d’ailleurs s'y at tendre, qu’elles étaient précedées d'un organe adamantin (juillet 1880). Nous avons observé la Balænonteræ Libbaldii et peut-être B. musculus. Sur un embryon de 30 centimètres, la lame relie encore les organes adamantins les uns aux autres, profondément plongée dans les tissus de la gencive, conformément à ce que nous avons indiqué dans nos notes précédentes. Les germes observés vers le milieu de la mâchoire sont beaucoup plus avancés à la supérieure, où l'organe adamantin offre une disposition des plus intéressantes. Il est réduit à la couche épithéliale interne. La couche externe ne subsiste que sur les bords de l’organe; elle a disparu sur toute la partie sphérique, laissant en continuité la pulpe adamantine avec le tissu lumineux embryonnaire périphérique. Nous avons déjà insisté, dans nos précédentes communications, sur l’iden- tité des deux tissus, dont les Balænides offrent une démons- tration nouvelie. Sur un embryon de 90 centimètres, les dents des deux mä- choires ne présentent plus de différence dans leur développe- ment. Elles mesurent environ 3 millimètres. Le chapeau de dentine est bien développé, et sur le point de percer la cou- che adamantine considérablement amincie à ce niveau. La dentine, épaisse de 40 à 50 u vers le sommet de la dent, est sans canalicules, lisse extérieurement, creusée du côté de la pulpe d’excavations alvéolaires où sont logés des groupes de cellules (odontoblastes-ostéoblastes ?). Vers les bors du cha— peau, la dentine n’est plus homogène, mais lacunaire, creu- sée de cavités remplies de cellules évidemment de même nature, beaucoup plus volumineuses que les ostéoblastes en— veloppés dans le travail d’ossification des maxillaires. Sur un embryon de 1 in. 50 les dents n’ont augmenté ni en hauteur ni en largeur; mais elles mesurent prés de 1 centi- (1) Voy. Soc. de Biologie, 11 décembre 1880, 21 février, 12 no- vxembre 1881. ns ARS ES Dé EP Ne de 2 = SES SRS a de HD > APN PETER RER PE TETE LEP ER EE ec ne à nn tél SC 2 gd LE Us dl Los hé, à RE Sn ET ce re DE d — 121 — mètre dans le sens de la longueur des mâchoires. La couche celluleuse interne de l’organe adamantin, dissociée, se re- trouve en lambeaux formés de cellules ayant subi une trans- formation qui les rapproche de l’apparence d’un épithélhum corné. Le chapeau de dentine, considérablement accru en dimen- sion, s’est aminei : il est réduit à l’état d’une lame perforée d’orifices plus ou moins larges de 1 à 40 u environ à travers lesquels le tissu de la pulpe est maintenant en communication avec le tissu lamineux périphérique, devenu de son côté très adhérent par places à la dentine,; sur d’autres points, la cou- che primitive de dentine se double extéricurement d’une cou- ahe plus mince, irrégulière, fragmentte. La dent s’est donc accrue ici, non par simple apposition, comme cela est le cas ordinaire, mais par un véritable travail nutritif analogue à celui des os qui grandissent, Cette dentine, ainsi envahie par le tissu lamineux, perforée cemme une lame criblée, est sans doute appelée dès ce mo- ment à disparaître très vite, car nous ne retrouvons plus de dents sur un antre fœtus mesurant à peu près les mêmes di- mensions, c’est-à-dire 1 m. 50, À la mâchoire supérieure , les germes des dents sont placés au niveau d’une sorte de gouttière encore très nette- ment dessinée sur la tête osseuse d’un fœtus de 3 mètres, et au fond de laquelle viennent s’ouvrir de volumineux orifices pour les vaisseaux et les nerfs dés fanons. Plus tard, cette gorttière, véritable bord alvéolaire de ia mâchoire, s'étale aux dépens de la voûte palatine proprement dite, et répond à tout l’espace où s’insèrent les fanons. MM. Pouchet et Beauregard ont trouvé les nerfs olfactifs de ia baleine et ils en feront l’objet d’une prochaine communica- tion. NoTE SUR LE FROTTEMENT NORMAL DE L’ARTICULATION DU GENOU, \ par M. H. SECRÉTAN. On considère généralement le bruit de cuir neuf et de fré- missement vibratoire perçus pendant le glissement des sur- faces séreuses comme résultant de leur dépolissement ou de la présence de pseudo-membranes. Il existe à cette loi une exception. L’articulation du genou présente à l’état physiolo- gique un bruit de frottement analogue à celui de la pleurésie et de l’arthrite sèche au début, et qui se révèle par une cré- pitation facile à constater dans les conditions suivantes : Les jambes étant croisées dans la flexion et la jambe supé- riéure pendante, on la relève avec une extrême lenteur, en embrassant la rotule avecla main. A partir de la demi-exten- sion, alors que la face post”rieure de la rotule entre en con- tact intime avec la poulie fémorale, le frémissement vibra- toire se perçoit nettement et souvent avec une remarquable ‘intensité. Dans cette attitude, il suffit d'imprimer à la rotule des mouvements latéraux ou verticaux, pour le déterminer. On sait que, dans le glissement saccadé de deux surfaces l’une sur l’autre, une série d’arrêts est interrompue par une série de progressions plus ou moins courtes. Ces arrêts résul- tent d’adhésions plus intimes qui-constituent des résistances au mouvement et sont brusquement rompues par la force qui continue à agir. À la succession rythmique des arrêts et des départs répond une succession rythmique de vibrations qui constitue le bruit de cuir neuf. Or il n’est pas nécessaire, pour déterminer le glissement saccadé, que les deux surfaces ou l’une d’elles soient plus ou moins rugueuses. Si l’on choisit deux corps durs parfaitement lisses, comme des lames de verre ou d'ivoire polis, qu’on les mouille d’un liquide même albumineux ou huileux et qu’on mette leurs surfaces planes en contact dans une certaine étendue, on réussit à provoquer le même phénomène. Les conditions sont plus favorables quand on détermine le glissement des surfaces dans un vase plein de liquide, en exerçant sur elles une pression suffisante. Elles sont réalisées au moment où la surface articulaire de la rotule glisse sur la poulie cartilagineuse du fémur. Telles sont les conclusions de nos recherches sur ce fait, qur les membres de la Société de Biologie nous ont fait l’hon- meur de constater et que j'ai soumis au bienveillant examen de M. Terrillon, dont les travaux importants sur la physiolo- gie du genou sont connus. Ce phénomène nous à paru pré- senter un intérêt théorique et clinique suffisant pour mériter quelque attention. # $ } # À À : ONE NE CPE CNP EE 7, TT PR RS TROT le Re de ge. Mere VE in Séance du 25 février 1882 Présidence de M. faborde. M. Arprrtr Romix. — À l'occasion de l'intéressante commu- nication faite dans la derniére séance par M. Dejérine, je rappellerai à la Société de biologie que dans ma these d'agré- gation «: Des éroublesoculiires dans les maladies de l'encé- phale », j'avais déja signalé, d'après une note émanant de mon ami M. Picrret, à qui revient l'honneur de la découverte : 10 }’existence des altérations des nerfs cutanés chez les atixiques. 2 Le caractère périphé rique de ces a:térations nerveuses. Voiei d’ailleurs l'extrait de ma thèse reproduisant une partie de la:note qui m'avait été fournie par M. Pierret : « Si l'on examine avec soin les expansions terminales des nerfs qui se-rendent à ces zones cutanées où se montrent chez les ataxiques les douleurs fulgurantes, les anesthésies, les hyperesthésies, ou ces éruptions pemphigoïdes que l’on observe si souvent, on y rencontre une névrite parfaitement comparable à: 1a névrite, Optique... . Toutefois, et comme pour complèter lanalowie, les altérations deviennent moins nettes à mesure qu'on s'éloigne de la périphérie ; bien- tôt elles disparaissent tout à fait, mais pour se retrouver dans les dépendances centrales des nerfs sensitifs. » Norr SUR UN PROCÉDÉ DE RESPIRATION ARTIFICIELLE, PERMETTANT L'EMPLOI DU SOUFFLET, COMME DANS LE PROCÉDÉ DE LABORA- TOIRE, SANS EXIGER LA TP ACHÉOTOMI, ET APPLICABLE À L'EXPÉ- RIMENTATION ET AU TRAITEMENT DES ASPIIYXIES, par M. La- BORDE.. ï Dan : unecommunication datont de quelques mois surl'étude expérimentale de l’asphyxie typique parprivation d'air, consi- dérée principalement au point dé vue du teinps maximum au bout duquel l'animal en état de mort avparente peut être rap- pelé à la vie, j'ai insisté sur les avantages et inûême la néces- sité du recours an procéd® de respiration artificielle par le soufflet, tel qu'il est en usage dans nos laboratoires. On est ainsi en possession d’une méthode véritablement efficace,dans les cas si fréquents où l'application immédiate de la respiration artificielle estindiquée et commandée, cas qui ressortissent non C. r. 1382 &. — 124 — seulementauxasphyxies proprementdites, mais encore à la plu- part des intoxications, dans lesquelles le processus asphyxique soit instantané (syncope respiratoire), soit plus ou moins lent, constitue essentiellement le mécanisme de la mort. Je rappelais, à ce propos, l’intoxication par l’opium, et sur- tout par l’aconit et l’aconitine, dans laquelle la respiration ar- tificielle bien faite et assez longtemps coutinuée suffit, sans adjuvant pharmaceutique ou antidote d'aucune sorte, pour conjurer une mort certaine et rapide, ainsi que l’ont démontré nos expériences. - Il est évident que, quels que soïent les avantages, en l’ab- sence d’un procédé plus efficace, du procédé pratique de respi- ration artificielle par pression thoracique avec ses variantes, ces avantages ne sauraient être mis en parallèle avec ceix du procédé expérimental par le soufflet; et il est permis d’ajou-: ter que celui-ci est seul capable de réaliser le résultat pour- suivi par cette méthode de traitement, dans certaines condi- tions d’asphyxie qui nécessitent une large et longue application de la respiration artificielle. Mais le procédé du soufflet exige une opération préalable, la trachéotomie, qui, si elle n'offre pas de dangers, ni même de sensibles inconvénients dans la pratique expérimentale, ne se présente pas, tant s’en faut, avec les mêmes allures d'in- nocuité sur le terrain de la médecine humaine. Même dans | les cas les plus graves, il est permis de reculer devant l’opé- . ration de la trachéotomie, pratiquée dans l’unique but de pro céder à la respiration artificielle. Il s'agissait donc de débarrasser, pour ainsi dire, le procédé du soufflet de la nécessité de la trachéotomie pour le rendre pratiquement applicable. Facile et simple en apparence, la solution du problème offre certaines difficultés inattendues qui ont beaucoup retardé le résultat favorable de nos investigations déjà anciennes sur ce sujet; il est juste aussi de faire la part de difficultés d’un autre ordre, celles d’avoir à son service un instrument exécuté par un constructeur habile, mais suffisam- ment zélé ou disponible pour ne pas apporter de retards inter- minables dans la réalisation instrumentale qu’on attend de lui. Le même motif,ou du moins de même nature, qui me portait à mettre de côté la trachéotomie, me faisait ‘immédiatement — 125 — repousser l'emploi du tube laryngien, dont l’emploi peut n’être pas sans danger consécutif pour l'organe vocal. Ma première idée fut d'essayer la respiration artificielle par l’intermédaire tout naturel des voies nasales; et, à ceteffet, nous avons fait construire le petit et simple appareil que voici, qui n’est pas autre que la canule trachéale ordinaire à respi- ration artificielle, modifiée de façon à pouvoir recevoir, dans des tubulures appropriées et à frottement , deux sondes en gomme élastique de divers calibres, qui, par leur autre extrémité munie d’un bout arrondi, peuvent être introduites dans les narines, jusque dans l’arrière-fosse nasale. On comprend comment, dans le dispositif, la bouche étant mainte- nant close, la respiration artificielle peut être réalisée. Mais, j'ai hâte de le dire, le procédé présente des inconvé- nients qui m’en ont fait vite chercher un autre : il n’est pas facile notamment, même en la choisissant d’un calibre propor- tionné, de faire pénétrer la sonde dans les narines des ani- maux, dans celles du chien en particulier; il est vrai que l'homme se prêterait mieux à cette introducuon; et peut-être ce petit appareil, convenablement modifié, de façon surtout à être solidement fixé et maintenu en place, pourra-t-l trouver quelques applications. | Mais voici le procédé qui, à tous égards, nous paraît, dès aujourd’hui, mériter une préférence pleinement justifiée du reste, malgré ses imperfections natives, par les résultats obtenus et clairement constatés : L'idée de ce procédé a été simplement celle d’un masque s’adaptant parfaitement au museau de l'animal (nous avons particulièrement en vue, pour le moment, le chien) et compre- nant, par conséquent, dans son intérieur à la fois les onvertu- res buccale et nasale. et terminé, de l’autre coté, par un em- bout exactement en forme de canule trachéale à respiration artificielle ; à cette canule s’adapte le tube en caoutchouc qui va au soufflet. Le mécanisme de l’appareil se comprend de soi. La disposition importante et nécessaire consiste en ce que le masque présente le moins de vide possible en sa cavité,afin qu'il n'y ait pas d'emmagasinement ni de perte de l’air intro- duit par le soulet : c'est pourquoi la muselière en caoutchouc que nous avions eu, tout d’abord, la pensée d'employer ne — 126 — remplit pas les conditions auxquelles il s’agit de satisfaire, et le masque en métal est préférable. L’essai expérimental de l’appareïl, même tel qu'il est, -’est- à-dire, je le répète, encore imparfait dans sa construction, a complètement répondu à mes espérances: nous avons pu, pas plus tard qu’avant-hier, ramener à la vie un chien chez le- quelles mouvementsrespiratoires thoraciques avaient été sus- pendus par une forte excitation électrique des deux pneumo- gastriques et qui était mis, par là, en état complet de mort apparente; et ce même chien a pu ensuite être tenu pendant plus d'une heure, c'est-à-dire pendant tout le temps que nous avons voulu. sous la respiration artificielle, lethorax étant lar- gement ouvert pour prendre le graphique des contractions cardiaques : l'expansion pulmonaire constatée de visu était exactement celle que l’on obtient à la suite de l'introduction du tube dans la trachée, après trachéotomie. Doné le problème peut être considéré comme résolu. Il ne s’agit plus, pour ren- dre le procédé pratique et applicable aux cas humains (c'estlà notre but essentiel), que de lui faire subir les modifications appropriées à cette application : or il n’est pas difficile d'en- trevoir pour notre masque expérimental les modifications, que nous nous occupons de faire réaliser, en même temps que celles qu’il convient d'apporter à notre masque primitif. Toujours est-il que dès à présent et grâce au résültat positif qu'il m'est permis de vous annoncer, on peut prévoir la possi- bilité certaine de l’application rendue pratique d'une méthode qui est appelée à rendre les plus grands services au traitement des asphyxies proprement dites, de l’asphyxie d’origine séri- gène ou lymphomatique d'un certain nombre de maladies appartenant au cadre nosologique ordinaire. Dans cette note sommaire destinée surtoutà prendre date scientifiquement, nous avons volontairement omis la partie historique du sujet, laquelle n'offre d’ailleurs que des exemples de tentatives plus ou moins infructueuses, ou entièrement différentes de la nôtre. Mais un de nos élèves du laboratoire," M. Piot, médecin stagiaire à l'Ecole militaire du Val-de-Grâce, et qui a pris une part aciive à ces recherches, préparant, en ce moment même, sa thèse «ur ce sujet, le côté Mistorique de la question sera complètement traité dans ce travail d'ensemble. ee IS IT ET ce Nr RES Ho RECHERCHES SUR LES EFFETS ET LE MODE D'ÉLIMINATION DE L’I0- DURE DE MÉTHYLTRIÉTHYLSTIBONIUM. — CLASSIFICATION DE CETTE SUBSTANCE PARMI LES AGENTS DITS CURARIQUES. — Note de M. RaBureau. On sait que l'azote, le phosphore, l’arsenic, l’artimoine et le bismuth font partie d’une même famille natureile. C’est ainsi qu’à l’'ammoniaque AZI correspondent les hydrogenes phos- phorés, arsenié, antimonié, PhIB, As, SbHS. De même, à Vanhydride azotique Az*O° correspondent les anhydrides phosphorique, antimonique et bismuthique Ph?20°, As20”, Sb205, Bi205. H Soit l’'ammontum Az Hi — à Az H Si, dans ce radical,on suppose l’azote Az remplacé par l’an- ümoine Sb, on a H le stchonium ou stibammonium Sb H#+ — = H Or, de même que l’on peut remplacer, dans l’ammonium, hydrogène typique par des radicaux alcooliques tels que le méthyle, léthyle, l’amyle, ete., et obtenir, par exemple, des sels de tétraméthylammonium, de tétramylammonium, de même on peut, dans le stibonium, remplacer chaque atome d'hydrogène par ces mêmes radicaux alcooliques et obtenir des sels de stibonium composés analogues aux sels d’ammo- nium composés. La connaissance de ces diverses combinaisons est due à Landolt, qui les a découvertes en 1851 (1. Dès cette époque, on a reconnu que les sels de stibonium ou stibammonium qua- ternaires n’agissaient point comme les sels d’antimoine, qu'ils ne provoquaient pas de vomissements ; on a même cru qu'ils n’exerçaient sur l'économie aucune action vénéneuse. (1) Annalen der Chemie und Pharm., LXXVII et LXXXIV. Rs Les expériences que j'ai faites avec lun de ces composés vont démontrer que l’action de l’antimoine s’y trouve dissi-: mulée, mais que, d'autre part, ils possèdent des propriétés remarquables, analogues à celles des composés d’ammonium quaternaires, tels que les iodures de tétraméthyl et de tétra- mylammonium, propriétés que j'ai fait connaître en 1873 (1). Le composé dont j'ai étudié les effets est l’iodure de méthyl- triéthylstibontum C H3 | 2 F5 Ces EDIT - CH (C4) ch CH5 \ Il représente par conséquent de l’iodure de stibonium, dans lequel un atome d'hydrogène serait remplacé par le radical méthyle CH, et les trois autres atomes d'hydrogène seraient remplacés chacun par le radical éthyle C5. Ce sel m'a été remis par M. Lebel qui l'avait préparé au laboratoire de M. Wurtz. Je l’ai déjà présenté à la Société il di a deux ans et j'en ai indiqué à cette époque les effets dans une communication simplement orale. Dropriëtés physico-chimiques. — L'iodure de méthyltriéthyl- stibonjum est un sel blanc ou incolore, facilement soluble dans l’eau et dans l'alcool. Il possède une saveur amère et une réaction neutre au papier de tournesol. Traité par l'acide ni- trique, il se décompose comme les iodures métalliques en don- nant de l'iode libre. Cette propriété est importante à noter. Elle permet de reconnaître l'absorption et le passage de ce sel dans l'urine aussi facilement que le passage de lio- dure de potassium au moyen de acide nitrique ei de l’eau d'amidon, surlout lorsque l'acide nitrique employé comme réactif contient des vapeurs nitreuses. L'acide chlorhydrique donne également un précipité diode dans les solutions d’iodure de méthyltriéthylstibonium. Tou- tefois, lorsqu'on mélange des solutions 2queuses très éten- (1) Comptes rendus des séances de l'Acad. des sciences, 7 avril 1873 io ee dues de cet iodure avec de l’eau simplement acidulée par l'acide chlorhydriqueil ne se produit pas de décomposition, ou bien une décomposition très minime, à peine appréciable par Peau d’amidon. Le mélange des solutions reste incolore ou presque incolore, tandis qu’il prendrait une coloration bleu intense si tout l’iode de l’iodure était mis en liberté. La potasse donne, dans les solutions aqueuses de ce sel, un précipité blanc d'oxyde de méthyltriéthylstibonium hydraté qui se dissout ensuite. L'iodure de méthyltriéthylstibonium ne coagule pas l’albu- mine. Æffets toxiques. — Ces effets sont des plus remarquables A vant de signaler les expériences qui m'ont permis de les ap- précier , je dirai tout d’abord que l’action de ce sel est complè- tement analogue à celle du curare, toutefois à la condition d’être employé à des doses beaucoup plus fortes. Si les effets toxiques des composés quaternaires de stibonium ont passé inapercçus, c’est que, d’une part, les doses appliquées à l’or- ganisme n'étaient pas assez fortes, et que, d'autre part, ces mêmes effets ne provoquent pas les vomissements que déter- minent les préparations stibiées proprement dites. Si l’on injecte chez un cochon d’Inde, à la fois sous la peau des aines et des aisselles (pour que l’absorption soit plus ra- pide), 15 à 20 centigrammes d’iodure de méthyltriéthylstibo- ‘nium dissous dans 2 grammes d’eau, on n’observe rien d’a- bord ; mais, vers la cinquième ou la septième minute après l'opération, on voit que l’animal est déjà fatigué. Ses pattes, surtout les pattes postérieures, semblent ne pouvoir plus le porter. Il a de la trépidation, la progression est impossible ; il reste bientôt couché sur le ventre ou sur le côté. En même temps, il fait de fortes inspirations saccadées : ses oreilles et son nez sont un peu chauds, son cœur bat vite. Vers la dixième minute, la respiration est très pénible ; les inspirations sont saccadées et deviennent de moins en moins fréquentes ; les mouvements de dilatation de la poitrine de- viennent impossibles comme ceux des membres. Les battements cardiaques commencent à se ralentir et à — 130 — devenir moms énergiques. Enfin, vers la quinzième minute, la respiration cesse, le cœur bat très faiblement et s’arrète ensuite. À l’autopsie, faite immédiatement, on ne trouve rien oupres- que rien, si ce n’est que le sang est un peu sombre ou moins rouge que d'ordinaire, même dans le cœur gauche, ce qui in- dique que la mort a eu lieu par asphyxie. En effet, c’est le cœur qui s'arrête le dernier. Les auricules se contractent quel- que temps d’une manière faible et assez rapide, lorsque les oreillettes et les ventricules sont au repos absolu. Les pou- mons sont normaux Ou bien ils présentent çà et là quelques ecchymoses sous-pleurales. Tels sont les phénomènes observés après l'injection de 15 à 20 centigrammes d’iodure de méthyltriéthylstibonium chez les cochons d’Inde de taille ordinaire, c’est-à-dire du poids de 400 à 900 grammes. | Les doses supérieures produisent des effets du même ordre, mais plus rapides. Les doses moindres, celles de 15 à 10 centi- grammes, ne sont pas mortelles; elles produisent de la fatigue et une légère élévation de la temperature animale ; puis, tout rentre dans l’ordre normal, ce qui s'explique par Pélimina- tion facile et rapide de la substance imjectée. Les doses de 10 à 5 centigrammes et au-dessous ne produisent, pour ain- si dire, aucun effet appréciable. Si l’on injecte chez un lapin de taille ordinaire, de la mème maniére, sous la peau des aines et des aisselles, 80 centigram- mes d’iodure de méthyltriéthylstibonium, dissous dans 4 à 5 grammes d’eau, l'animal n’'éprouve rien d'abord ; il conserve ses allures habituelles. Cependant il n’a que quelques instants à vivre. Au bout de sept à dix minutes, il est fatigué ; ses membres postérieurs ne semblent plus pouvoir le supporter ; puis il s'étend sur ses pattes de devant qui se paralysent à leur tour. Sa tête se penche, les paupières s'abaissent, les pupilles sont dilatées, les sphincters se relâchent, les mouvements respiratoires cessent ; le cœur continue de battre, puis il finit par sarrêter quinze minutes après l'injection de la substances toxique, sans que l’on observe en général des convulsions. Celles-ci n’ont lieu que lorsque la mort arrive un peu plus tard; a are Lo RER PT Te TE = mL - 131 — toutefois il ne s’agit pas de convulsions ordinaires, mais de tressaillements analogues à ceux du frisson et à ceux que pro- duit le curare lorsque la mort n’est pas rapide. A l’autopsie, on n’observe rien ou peu de chose. Le sang pré- sente un aspect plus où moins sombre, même dans les cavi- tés gauches du cœur. Les doses de 8) centigrammes ne sont généralement pas mortelles, à moins qu'elles ne soient injectées partiellement en plusieurs points sous la peau, pour que labsorption en soit ra- pide et que l'organisme, qui élimine vite le poison, ea contienne néanmoins à un moment donné une dose suffisante. Les doses de 40 à 30 centigrammes ne produisent qu’un affaiblissement des mouvements respiratoires. Les doses inférieures à ces der- nières, chez les lapins, passent inaperçues. Il faut employer des doses assez considérables chez les chiens pour amener la mort. D’après mes expériences, la quantité in- jectée sous la peau en solution aqueuse au quart doit être de 50 centigrammes par kilogramme du poids de l’animal, tandis qu’elle n'est que de 30 centigrammes par kilograinme du poids d’un cochon d'Inde ou d’un lapin. À la dose indiquée de 50 centigramnmes par kilogramme, in- jectée sousla peau des aineset des aisselles, on n’observe rien d’abord pendantles dix premières minutes,si ce n’est que lenez devient un peu chaud et que, vers la dixième minute, l'animal commence à avoir une démarche d’abord saccadée, puis de plus en plus difficile. Bientôt 1l ne peut plus s@ tenir debout; les membres postérieurs se paralysent d’abord ; les membres an- térieurs se paralysent ensuite. La respiration devient difficile, les sphincters se relichent. L'animal meurt dans un état d’as- phyxie plus où moins rapide suivant la quantité du poison qui à pénétré dans l'organisme. À l’état fébrile primitif succède une réfrigération d'autant plus considérable que l’asphyxie arrive plus lentement. Cet état d’asphyxie, lorsque la dose n’est pas rapidement mortelle peut durer plusieurs heures ; enfin le cœur, qui battait rapidement au début,bat de plus en plus faiblement et finit par s’arrêter A l’autopsie, on ne trouve également rien ou presque rien. Les poumons sont normaux, à moins que la mort ne soit ar- Lt — 132 — rivée lentement ; ils présentent alors un léger état congestif dans la déclivité correspondant à la position dans laquelle l’a- nimal a succombé. Le sang est sombre, même dans le cœur gauche. Les reins sont normaux ; ils ont éliminé de l’urine en assez grande quantité que l’on retrouve dans la vessie, à moins quel’animal n’ait uriné pendant l’empoisonnement.Cette urine est acide et ne renferme ni sucre ni albumine. lle con- tient une grande quantité d'iodure de méthyltriéthylstibonium, ainsique je le rappellerai au sujet de l'élimination de ce sel. Cette élimination facile et rapide de l’iodure de méthyltrié- thylstibonium est sans doute l’une des causes qui nécessitent l'injection d’une grande quantité de ce sel pour amener la ‘mort. Il en serait comme du curare, qui peut être introduitsans danger dans l'estomac à des doses qui seraient toxiques en injections sous-cutanées. Dans ce cas, le poison, comme on le sait,s’élimineassez vite pour quel’organismen’en contienne pas à un moment donné une dose mortelle. Il était donc intéres- sant de répéter avec l’iodure de stibonium quaternaire l’expé- rience de la ligature des artères rénales. C’est ce qui a été fait avec l’aide de M. Bochefontaine. Un chien de taille ordinaire a subi cette opération. Nous lui avons injecté ensuite en quatre points différents (sous la peau des aines et des aisselles), 80 centigrammes d’iodure de méthyltriéthylstibonium dissous dans 4 grammes d’eau, c’est- à-dire dans le contenu de quatre seringues ordinaires de Pra- vaz. Aucun résultat direet de l'injection n'a pu être observé. La dose était trop faible ; ce qui indique que le sel en ques- tion n’est toxique qu'aux doses indiquées de 30 à 50 cen- tigrammes par kilogramme d'animal, introduites d’emblée dans le tissu cellulaire sous-cutané. Je viens d’exposer les résultats de mes expériences sur les animaux à sang chaud. Il s'agissait d'interpréter ces résultats * en expérimentant sur les grenouilles. Sur une grenouille (fig. 1), j'applique, à l'origine d’un mem- bre postérieur P, une ligature n qui comprend ce membre tout entier, moins le nerf sciatique, préalablement mis à nu et isolé. Cela fait, j'injecte sous la peau du dos de la grenouille, en deux points différents, à l’aide d’une seringue de Pravaz, — 133 — un centigramme d’iodure de méthyltriéthylstibonium dissous dans 10 centigrammes d’eau. Le poison se diffuse peu à peu dans toutes les parties du corps de l’animal, excepté dans le membre P, où la circulation est complètement interceptée par a ligature. 1 PE ile Des la deuxième minute, la grenouille commence à se mou- voir avec difficulté. Mise sur le dos, elle ne peut plus se re- tourner. Cinq minutes après le début de l'expérience, elle est comme morte ; cependant les battements cardiaques sont très perceptibles à travers les parois de la poitrine. T’excitation mécanique, le pincement, la piqûre, ne provoquent aucun mou- vement, excepté dans la patte P qui est préservée du poison par la ligature. La sensibilité persiste donc, mais IC. mouve- ments volontaires sont abolis dans les parties atteintes par le 1934 — poison. En excitant avec une pile électrique le nerf sciatique n dela patte P préservée de l’agent toxique, on provoque de vives contractions de cette patte, tandis qu’en excitant de la même manière le nerf s de la patte P’, quin’a pasété liée et qui a pu recevoir le poison par la circulation, on ne provoque aucune contraction. Néanmoins les muscles se contractent sous l’in- fluence de l'électricité directement appliquée sur eux. Il ya donc une similitude complète entre les effets du sel de stibo- nium quaternaire et ceux du eurare, c’est-à-dire qu'il y à perte totale de la conductibilité des nerfs moteurs avec con- servation de la contractilité musculaire et de la sensibilité, et persistance des battements core quee qui peuvent durer très longtemps. Une autre grenouille ayant reçu, sous la peau du dos et vers l'origine des cuisses, 2 centigrammes du même sel dissous dans 20 centigrammes d’eau est anéantie en trois minutes environ. Néanmoins les battements persistent pendant un temps considérable. Je les ai observés au bout de douze heures. Les doses inférieares à 1 centigramme peuvent n'être pas mortelles chez les grenouilles, surtout chez celles de forté taille. Ainsi, après l'injection de 5 milligrammes du poison dissous dans 5 centigrammes d’eau, l'animal perd, il est vrai, tout mouvement volontaire ; mais si l'on abandonne la gre- nouille à elle-même, soit dans l'eau, soit dans l’air humide, elle élimine peu à peu le poison et revient à elle-même en vingt à trente heures après le début de l'expérience. En somme. l’analogie entre les effets de l’iodure de méthyl- triéthlystibonium et ceux des poisons dits çurariques est com- plète. Toutefois, je crois devoir dire que j’ai cru observer par- fois ‘un certain affaiblissement de la contractibilité musculaire elle-même, comme s’il était resté un vestige des effets de l'an- timoine non complètement dissimulé dans le stibonium. Elimination. — L'iodure de méthyltriéthylstiborium passe facilement dans l'urine et dans la salive. Chez un chien qui avait recu, sous la peau des aines et des aisselles, 40 centigrammes de cesel dissous dans 4 grammes d’eau, j'ai pu facilementen reconnaître la présence dans l'urine de cet animal, — 1355 —— qui avait uriné dix minutes aprés l'opération. J’ajouterai, qu'aux doses non dangereuses ce sel paraît produire des effets diurétiques, Aux doses fortes, qui peuvent devenir mortelles, il ne paraît pas agir comme diurétique. L’iodure de méthyliriéthylstibonium traverse l'organisme sans éprouver de décomposition. En effet, après son absorption, on peut facilement déceler, soit dans l'urine, soit dans la salive, d’une part, la présence d'un iodure, d’autre part, la présence de l’antimoine. Lorsque ce sel a pu passer dans l’urine en quanuité consi- dérable, comme dans les expériences à doses toxiques, il suffit pour constater la présence de l’iodure d’y verser de l'acide nitrique contenant des vapeurs nitreuses. Il se produit un précipité abondant d’iode. Lorsque la quantité en est faible, on ajoute un peu d'eau d’amidon, et l’on observe, après l'addition de l'acide nitrique,une coloration bleu violet plus ou moins intense qui est perceptible lors même que l'urine n’en contient qu'un cinquante-millième. Pour reconnaître la présence de l’antimoine dans l'urine après l’absorption de cet iodure, je recours à l’électrolyse au moyen d’une pile telle que celle de Grenet. Les deux pôles de — 136 — la pile (fig. 2?) Sont mis en: communication chacun avec une lame où un fil de platine, qui plonge dans l’urine contenue dans un verre à pied ou dans un vase quelconque en verre. On voit bientôt l’antimoine se dépuser sur le platine au pôle négatif. Classification de l’iodure de méthy ylériéth ylstibonium parmi les agents curariques. — Le sel dont je viens d’étudierles effets se rattache à un groupe nombreux,celui des sels de stiboniums composés quaternaires, lesquels se rattachent à leur tour aux sels d’ammoniums et de phosphoniums composés quater— naires. Tandis que les sels d’ammonium ordinaires, tels que le chlo- rure, le bromure, l’iodure d’ammonium, sont des sels ammonia- caux agissant à peu près de la même manière, mais jamais comme les poisons curariques, les sels d'ammonium composés quaternaires tels que les iodures de tétraméthylammonium CH | C5 Hii CH3 C5 H11 CH3 Az I C5 Hi Az I CH3 C5 Hii lodure de ‘étraméthylammonium. Iodure de tétramylammonium. sont de véritables poisons curariques, tandis que LE sels ammoniacaux ie CH3 CEH3 H CH3 HN AC tu H H - Chlorure de méthyÿlammonium ou chlorhy- lodure de triméthylammonium ou dratede méthyliaque. . icdhydrate de triméthyliaque. ne sont que des composés ammoniacaux dont les effets sont du même ordre que ceux des sels ammoniacaux ordinaires, tels que le sulfate, le carbonate, néanmoins à des différences près résultant de leur décomposition plus ou moins facile sous l’in- fluence de l’alcalinité du liquide sanguin. D'autre part, M. Vulpian (1) a fait voir que l’iodure de tétré- (1) Archices de physiologie de Brown-Séquard, Charcot et Vui-- pian, 1868. — 137 — thylphosphonium (ou phosphéthylium) agit également en abolissant la conductibilité des nerfs moteurs et conservant l'irritabilité musculaire. Or ce composé C2 H5 C? H5 C2 H5 Iodure de tétréthylphospnoniun représente les sels précédents dans lesquels l’azote ou l’anti- moine serait remplacé par le phosphore. Le fait le plus remarquable qui résulte de cette étude, ou plutôt de ces études multiples, c’est que, dans les sels de sti- bonium, de phosphonium, quaternaires, l’antimoine et le phosphore sont complètement dissimuiés. Ces éléments sont tellement rivés dans la molécule complexe que les propriétés toxiques ordinaires de l’antimoine et du phosphore ne s’y retrouvent. pas davantage que les propriétés chimiques ordi- naires. Mes recherches ont été faites dans le laboratoire de M. le pro- fesseur Vulpian, à la Faculté de médecine. SUR UN NOUVEAU RÉGULATEUR DE TEMPÉRATURE, par M. P. REGNAR». Îl est extrêmement fréquent que l’on ait besoin dans les recherches biologiques du maintien pendant un temps donné d’une température absolument fixe, et c’est pour y arriver que beaucoup d'auteurs ont imaginé des régulateurs automatiques qui éteignent le feu de l’étuve dès que celle-ci est arrivée au degré voulu de température et qui rallument ce feu dès que la chaleur vient à baisser, Les membres de la Société connais- sent tous les très remarquables appareils de régulation ima- ginés par MM. Friedel, Schlæsing, d’Arsonval. Tous ces ins- truments ont des qualités reconnues de tous, mais ils ont un défaut qu’acceptent leurs auteurs eux-mêmes, c’est d'être fort longs à régler. Toutes les personnes en effet qui ont eu à ré- gler des étuves savent qu'il faut quelquefois plusieurs jours de tâtonnement pour que la température demeure définitive- ment fixe et ne monte ni ne descende plus. Dans bien des cas, — 138 — cela n’a aucun inconvénient, car l’étuve une fois mise à une -température donnée est destinée à y demeurer fort longtemps. Mais certaines recherches, où l’on a besoin subitement d’une - Série de températures fixes, ne peuvent être faites dans les con- ditions que je viens de dire. C’est précisément ce qui m’est arrivé dans une série de tra- vaux que j'ai faits autrefois surla consommation d'oxygène par le sang. Il fallait que mon étuve füt successivement ré- glée de deux en deux heures à des températures différentes et qu'elle ne mit pas plus de cinq ou six minutes à se régler. On conviendra qi'aucun instrument existant ne me permet- tait d'atteindre ce but ; aussi ai-je dû imaginer celui que je mets en ce moment sous les yeux de la Société et qui depuis cinq ans nous donne au laboratoire de physiologie de la Sor- bonne les meilleurs résultats Dans mon appareil, c'est le thermomètre lui-même qui règle la température. Pour cela, il est ouvert et, dans son tube, des- cend un fil de platine trés fin. Le mercure du thermomètre est en rapport avec un élément de Leclanché par un fil soudé dans la boule même. Je suppose qu’on ait mis le fil de platine mobile en rapport avec l’autre pôle de la pile; dés que le mercure touchera ce fil, le courant sera fermé. Si on a mis le bout du fil en regard de la division 40o, le courant se -fer- mera quand l’étuve sera à 400; si le fil est arrêté à 500, le cou- rant se fermera quand l’étuve sera à 500. Il ne reste donc qu’à réaliser ce fait qu’en se fermant le courant éteigne le gaz. Rien de plus simple : le gaz est obligé de traverser une petite cloche pour arriver au brüleur; cette cloche est placée sur une cuvette à mercure g'osse comme un dé à coudre environ, et elle est attachée à la palette d’un électro aimant. Quand le courant passe, l'électro-aimant plonge la cloche dans le mercure, le gaz ne peut plus le raviver et s'éteint sauf un bec de rallume qui reste au bleu: dès que le courant ne passe plus, la cloche se retire et le gaz se rallume. Voilà cinq ans que l’appareil fonctionne sans s’être jamais détérioré. Son principal avantage, c’est la régulation instan- tanée et la possibilité de passer subitement d'une tempéra- ture à une autre. + — 139 — J'ai déjà décrit ce régulateur il y a quatre ans dans mou ouvrage intitulé : Recherches expérimentales sur les modifica- {ions pathologiques des combustions respiratoires. MODIFICATIONS LOCALES ET TRANSFERT CROISÉ-ALTERNE DE LA SENSIBILITÉ CHEZ LES HYSTÉRIQUES DANS L'ÉTAT DE VEILLE, par M. DUMONTPALLIER. Dans mon service de la Pitié se trouve, au no ? de la salle Valleix, une jeune malade, Marin C..., qui n’a que très rare- ment des attaques d’hystéro-épilepsie. En étudiant l’état de la sensibilité chez cette malade, nous avons constaté : 19 Que la sensibilité pour la jambe droite est réparti de la façon suivante : la peau de la partie antérieure externe de la jambe est insensible à la piqüre dans la région moyenne, tandis que les ré- gions supérieure et pédieuse de la même partie sont sensibles. La partie postérieure interne de la jambe présente une répartition in- verse de la sensibilité, c'est-à-dire que la région moyenne de cette partie est sensible et que les régions supérieure et pédieuse sont insensibles. ) 20 Une répartition analogue de la sensibilité est constatée sur lavant-bras gauche, c’est-à-dire que la partie moyenne et externe de l’avant-bras est insensible, tandis que les parties externes supé- rieure et inférieure de l’avant-bras sont sensibles à la piqûre. La distribution de la sensibilité est régulièrement inverse pour la région interne et antérieure de l’avant-bras. Ces distributions de la sensibilité ayant été bien constatées et limitées par des lignes tractes à l'encre, si l'on dirige le souffle pneumique, pendant 30 à 40 secondes, sur la résion externe inseusible de la jambe droite on constate que toutes les parties insensibles du membre inférieur droit et du mem-— bre supérieur gauche sont devenues sensibles à la piqûre et que les parties primitivement sensibles sont devenues insensi- bles. H y a donc eu dans cette expérience modification locale et transfert croisé-alterne de la sensibilité sous l'influence du souffle pneumique. L'expérience a été répétée plusieurs fois dans l’espace d’un demi-heure et les résultats ont toujours été les mêmes, soit — 140 — quele souffle fütdirigé sur le membre inférieur ou sur le membre supérieur. Mais ces résultats étaient passagers, ils n'avaient qu'une durée de 40 à 50 secondes, Chez une autre malade hystérique non hypnotisable hémia- nesthésique gauche générale et sensorielle, un élè de mon service, M. Forfer, avait constaté que l’action du vent du soufflet capillaire, dirigé sur les parties insensibles, ramenait la sensibilité en ces parties avec transfert de l’insensibilité pour les régions homologues du côté opposé du corps. L'action du regard et de la lumière, directe ou réfléchie, donnait les mêmes résultats. Jai pu vérifier l'exactitude de ces résultats en agissant avec le soufflet capillaire et de plus j'ai constaté que l’action directe du soufflet capillaire sur les régions sensti- bles déterminait leur insensibilité à la piqûre et que, en même temps, l'on produisait la sensibilité du côté insensible. On pouvait donc avec le vent du soufflet, porté sur les régions sensibles ou insensibles, obtenir des résultats identiques c’est-à-dire l’insensibilité des parties sensibles et la sensibilité des parties insensibles. On pouvait donc à volonté déterminer le transfert de la sensibilité en agissant sur la région Sensible ou Je transfert de l’insensibilité en agissant sur la région in- sensible. | J’ai obtenu les mûmes résultats avec le son, c’est-à-dire en frappant avec une clef sur un verre à expériences et en ap- prochant ce verre des parties qui étaient sensibles ou insensi- bles. | L'action des ondes sonores étant portée directement sur la région supérieure de la colonne vertébrale, je n’avais d'action que sur les membres supérieurs et quand je portais le corps résonnant au voisinage de la région dorso-lombaire, la sensi- bilité réapparaissait avec transfert d’un côté à l’autre pour les membres inférieurs. ‘Cette malade étant hémianesthésique sensorielle, les agents physiques qui avaient modifié la sensibilité générale, modi- fiaient aussi la sensibilité des organes des sens. L’achroma- topsie passait de droite à gauche ou de gauche à droite aux différents temps de l'expérience ; de même pour la sensibilité spéciale des organes de l’odorat et du goût. — 141 — OSsciLLATIONS EXPÉRIMENTALES DES ÉTATS CATALEPTIQUE ET SOM- NAMBULIQUE CHEZ UNE HYSTÉRIQUE, par M. DUMONTPALLIER ET M. Macni. Un auteur très autorisé, M. le professeur Charcot, a écrit que chez un sujet, dans l’état somnambulique, il suffit, à l’aide des doigts appliqués sur les paupières, d'exercer une légère compression dos globes oculaires pour remplacer l’état som- nambulique par l’étatléthargique avec hyperexcitabilité neuro- musculaire. Si, au contraire, continue le même auteur, rele- vant les paupières, on maintient dans un lieu éclairé l’œil ou- vert, l’état cataleptique ne se produit pas.— Certes, ces faits ont été bien observés par M. Charcot; mais, voulant répéter la même expérience chez une de nos malades hystériques, nous evons constaté qu'il nous était très facile de faire passer le sujet de l’état cataleptique à l’état somnambulique, et récipro- quement de l’état somnambulique à l’état cataleptique. Pour obtenir ce double résultat, il nous a suffi d'exercer une légère pression ou une légère friction sur le vertex de la malade. Voici comment nous avons procédé ; l’état cataleptique étant bien constaté, la pression sur le vertex déterminait immédia- tement l’état somnambulique. Puis, ce dernier état existant, il nous suffisait d'exercer une nouvelle pression sur le vertex pour produire de nouveau l’état cataleptique. — Nous avons pu, en procédant de cette façon, dans l’espace de quelques mi- nutes, mettre la malade en état. somnambulique ou catalepti- que, et inversement. Nous pensons donc que dans certains cas la même expérience pourra être reproduite par la pression sur le vertex dans les périodes somnambulique et cataleptique de l’hypnotisme chez les hystériques, et cela, en vertu &e la loi _que nous avons formulée, à savoir que la cause qui fait peut défaire. — La même pression sur le vertex peut faire et défaire l’état somnambulique ou l’état cataleptique et faire pas- ser le sujet de l’état cataleptique à l’état somnambalique et ré” ciproquement. — Ces dernières expériences nous ont été sug- gérées par unc remarque de notre élève M. Magnin qui avait cru constater que, dans nes expériences sur la détermination des zones réfléxes motrices du cuir chevelu, il nous était ar- rivé parfois, chez une de nos malades, de déterminer l’état — 142 — somnambulique, puis l’état cataleptique, par lapression sur le cuir chevelu. Peut-être existe-t-il entre l’état cataleptique et l’état som- nambulique une relation plus directe qu’on ne l'avait d’abord pensé, ainsi que semblent le démontrer les expériences faites par nous et ci-dessus rapportées et la facilité avec laquelle, sui vant M. Charcot, les malades subissent, dans ces deux états, les impulsions automatiques par voie de suggestion ou d’in- jonctions, tandis que dans l’état léthargique, ainsi que chacun a pu le constater, les diverses tentatives que l’on peut faire pour impressionner le sujet par l’intimidation ou la suggestion restent le plus souvent sans effet, DivisioN DES NOYAUX ET FORMATION DES CELLULES DANS LE PARABLASTE DES POISSONS OSSEUX, par L.-F. HENNEGUY. Dans une récente communication, j'ai exposé le processus de division des cellules embryonnaires résultant de la segmen- tation du germe des poissons osseux. J’ai l'honneur de faire connaître aujourd’hui à la Société les faits que j'ai observés relativement à la formation des cellules dans la couche sous- jacente au germe. Cette couche, appelée par Lereboullet feuillet muqueux, par Ollacher membrane vitelline, par van Bambeke couche intermédiaire, par Kupffer sone nucléaire, par Klein para- blaste, n'existe au début qu’à la péréphérie du germe, et ne paraît être qu'un épaississement de la couche corticale qui envelope le vitellus de nutrition. Elle est formée par un protoplasma finement granuleux, ayant la même apparence que celui qui constitue le germe. Lorsque ce dernier est déjà segmenté en un assez grand nombre de sphères, le parablaste s'étend au-dessous de lui, de la périphérie vers le centre, en conservant toujours une plus grande épaisseur sur les bords. Il constitue alors une sorte de capsule dans laquelle est en- châssé le germe, qui a une forme lenticulaire. À un certain moment, ainsi que Kupffer l’a vu le premier chez l’épinoche, on voit apparaître, du troisième au quatrième jour, chez la truite, de nombreux noyaux dans le parablaste. — 143 — Ces noyaux deviennent des centres de formation de cellules. Hoffmann (1) dit avoir constaté chez certains poissons de mer, Scopæna, Julis, Crenilabrus, que le premier noyau de segmentation se divise en deux, que l’un des nouveaux noyaux reste dans le germe, et que l’autre passe dans le parablaste et produit par division successive tous les noyaux qui existent dans cette couche. Il m'a été impossible de trouver des noyaux dans le para- blaste de la truite et de l’épinoche pendant les premiers stades de la segmentation, mais j'ai constaté que chez la truite ces noyaux, peu nombreux vers la fin du troisième jour, se multi- plient rapidement par voie de division en présentant toutes les phases qui s’observent dans les cellules embryonnaires, fu- seau avec plaque équatoriale, figure pectiniforme, etc., en- tourés des amphiasters. Presque tous ces noyaux présenjent simultanément les mêmes phases de la division. Les noyaux ainsi produits restent plongés dans le proto- plasma du parablaste qui ne se segmente pas. Mais bientôt, sur les bords du germe, on voit certains de ces noyaux s’en- tourer de lignes radites, claires, constituant un aster, et le protoplasma environnant se séparer du reste du parablaste pour former des cellules qui s’ajoutent à celles du germe. Le phénomène est surtout très visible chez l’épinoche, où il peut être suivi par transparence sur l’œuf vivant. Kupffer et beaucoup d’autres observateurs avaient déjà constaté que des cellules s'organisent autour des noyaux du parablaste, mais ils pensaient que ces noyaux apparaissent par formation libre et que les cellules prennent naissancé äu- tour d’eux au fur et à mesure de leur apparition. Seul Balfour avait vu dans le parablaste des plagiostomes quelques figu- res fusiforines de division. Mes propres observations, bien que laissant encore dans le doutc l'origine des premicrs noyaux du parablaste, d'inon- trent que ces noyaux se multiplient par voie de division et que la formation des cellules se fait postéricurement d’une ima- nière indépendante. Elles ‘omprenuent, pour les animaux, les (1) Zoologischer Anceiyer, nos 71 et 72, 1880 — 144 — observations de Strasburger, Treub, Hegelmaier, Guignard, etc., qui ont vu que, chez les végétaux, les noyaux peuvent se multiplier par partition dans une cellule sans que celle- ci se divise, et que la cellule peut se subdiviser plus tard par des cloisonnements simultanés, les noyaux restant au repos. La division du noyau et celle de la cellule, bien qu’étant deux phénomènes généralement intimement liés l’un à l’autre et simultanés, peuvent donc cependant être indépendants aussi bien chez les animaux que chez les végétaux. Les noyaux de parablaste autour desquels ne se forment pas de cellules, persistent pendant toute la durée du développe- ment embryonnaire. Ils subissent des modifications intéres- santes, mais leur destinée et leur rôle sont encore peu connus; je ferai connaître prochainement mes, observations à ce sujet. Ce travail a été fait dans le laboratoire d'embryogénie comparée du Collège de Franco. SUR UN CAS D'HERMAPHRODISME MALE CHEZ L’AIGLE par MM. BouLarT et CHABRY. L’aigle que nous avons observé présente un appareil géni- tal mâle bien conformé et constitué par deux testicules renfer- mant des spermatozoïdes, par deux épididymes et canaux déférenis qui s'ouvrent dans le cloaque en haut eten dehors des papilles uréthrales. Indépendamment de ces parties mâles, il possède un oviducte placé à gauche, comme l’est toujours loviducte unique des oiseaux. La situation de cet organe est celle qu’il présente chez une femelle bien conformée; sa lon- gueur est la même, mais son diamètre est deux fois moindre environ. En bas, il se termine par une extrémité borgne adhé- rente à la paroi du cloaque au voisinage de l’ouverture du ca- na] déférent à gauche. Son extrémité supérieure située sur la face antérieure du premier lobe rénal, au niveau du testicule, est coupée obliquement et il en résulte une ouverture ellipti- que ou trompe à bords légèrement godronnés. Un petit liga- dé dE © ion 2 7 Er in TT DR — 145 — ment part de la trompe et va se perdre sur le péritoine qui ta- pisse la face inférieure du poumon. Ce ligament; analogue à celui quiréunit la trompe à l'ovaire, ne présente sur son trajet aucun vestige de glande femelle ou parovaire. En résumé, la coexistence d’un organe de Müller développé en-oviducte et de canaux déférents aboutissant à des 1esticu- les doit faire ranger ce cas parmi les hermaphrodismes avec eæcts ou complexes de Geoffroy Saint-Hilaire. Ces hermaphro- dismes formert une variété des plus rares chez les manmifè- res et leur existence chez les oiseaux n’est pas signalée par cet auteur. DouBLE PROLAPSUS OVARIEN CHEZ UNE HYSTÉRIQUE. — CoMPres- SION OVARIENNE INTRA-VAGINALE PRODUISANT LE TRANSFERT, par M. H. Baraouc. Mad. B., trente-quatre ans, en 1878 était sujette à 3 états hystériques : 1° grandes crises d’hystéro-épilepsie presque: quotidiennes, complètement guéries par-un traitement dirigé sur les points hyperesthésiés de la colonne et par la pose de deux sétons filiformes préovariens ; 20 attaques de contractu- res fréquentes mais assez courtes des deux membres gauches ; 30 hémi anesthésie avec ovarie gauche persistant actuelle- ment, sans que la pression abdominale ait jamais.eu d’effet sur l’état hémi anesthésique actuel ou sur celui des crises antérieures. La malade a de plus une rétroftexion utérine avec rétroversion qui rend compte de la facilité avec laquelle - on perçoit les ovaires par le toucher vaginal. À travers la paroi du vagin on sent,sur les côtés du fond de l'utérus rétrofléchi, un corps pédiculé, en forme d'amande, fuyant sous le doigt comme un testicule ; le gauche est plus bas et plus gros; il est d’une exquise sensibilité à la douleur, constituant l’ovarte, tandis que le droit, situé du côté non hémi anesthésique, est indolore. Ils disparaissent par le redressement utérin et reparaissent ‘avec la rétroflexion : au moment de l’époque, l'ovaire prend : une forme globuleuse. Expériences : 4o La pression sur la plaque dermalgique _ gauche produit une souffrance, mais sans transfert. Cr. 1882 9 AG 29 La pression inéra-vaginale franche sur l'ovaire gauche, fait jeter un cri à la malade et le transfert est effectué; du coté gauche : retour de la sensibilité trés nette dans les mem- bres; zône dermalgique disparue, motilité montée de 5 à 20 kilogr. Du côté droit : la motilité et la sensibilité ont diminué ; apparition de la plaque dermalgique ; l'ovaire droit au toucher vaginal « hérité de la douleur si vive- qui vient de disparaître de l’ovaire gauche, ainsi qu’on peut le constater en le retou- chant. 50 La pression franche intra-vaginale de l’ovaire droit fait de ce côté cesser tous les phénomènes dus au transfert; la sensibilité et la motilité existent alors dans les quatre mem- bres et les ovaires sont indolores. Il faut une pression /ranche et énergique pour obtenir ces résultats, tandis qu’une pression incomplète de l'ovaire, si elle cause le transfert, ne détermine pas la cessation com- plète de la douleur ovarienne ; et la plaque dermalgique per- siste un peu. On peut donc tirer les conclusions suivantes : 1o Ce sont bien les deux ovaires en prolapsus dans le fond du petit bassin qui ont été comprimés. 20 La pression intra-vayinale étant pour ainsi dire directe a seule pu déterminer le transfert. 30 Le degré d’ovariè de l'ovaire est en rapport avec celui de la dermalgte de la plaque cutanée qui le recouvre. do L'ovaire seul est le siège de cette douleur spéciale à l’hystérie, qui a pour expression cutanée sa plaque dermal- gique. Ainsi se trouve affirmée la théorie de M. Charcot, qui a assisté à quelques-unes de ces expériences. L’ovaire est le siège de la douleur dite ovarte. . 4, L (i 4 à | — 147 — Séance du 4 février 1882 Présidence de M. Paul BERT. NOTE SUR LES CONDITIONS QUI METTENT EN ÉVIDENCE LE PHÉNOMÈNE DÉSIGNÉ SOUS LE NOM D'HYPEREXCITABILITÉ NEURO-MUSCULAIRE DANS LES DIFFÉRENTES PÉRIODES DE L'HYPNOTISME, par MM. Du- MONTPALLIER ET MAGNIN. Dans la dernière séance, je vous ai dit que nous avions pu, sur nos malades hystériques, mises au préalable en état de catalepsie, produire le somnambulisme par pression du vertex et qu'il nous avait été possible de faire repasser ces malades dans l’état cataleptique par pres- sion exercée de nouveau sur le même point. Nous avons pu de même provoquer d'emblée et faire cesser la léthargie, la catalepsie ou le somnambulisme, en nous servant toujours pour défaire de l'agent qui avait fait. Nous avons pu égale- ment faire passer successivement nos malades par les diffé- rentes phases de l’hypnotisme, dans tel ou tel ordre, à notre gré,et défaire chacun des états produits par l'agent même qui en avait déterminé l'existence. Nous avons réussi de même à produire simultanément l’hémiléthargie et lhémicatalepsie (ce que d’autres avaient déjà fait). Nous avons obtenu de plus lJ’hémicatalepsie et l’hémisomnaämbulisme, l’hémisomnambu- hsme et l’hémiléthargie. Nous avons même fait sur une ma Jade la catalepsie alterne croisée coïncidant avec le somnarn- bulisme alterne croisé. Nous reviendrons d’ailleurs sur ces faits dans une prochaine communication, Nous demandons aujourd’hui à la Société la permission de lui présenter en notre nom et au nom de notre élève une note sur les conditions qui mettent en évidence le phénomène désigné sous le nom d’hyper_ excitabilité neuro-musculaire dans les différentes périodes de l’hypnotisme. On 2 fait jusqu’à présent du phénomène décrit sous le nom d’hyperexcitabilité neuro-musculaire un caractère principe de la période léthargique de l’hypnotisme. Nos expériences nous IR er permettent de penser que, si l’on n’a pas pu mettre toujours le phénomène en évidence dans les deux autres phases de cet état, c'est faute d’avoir eu-recours à un agent susceptible de le produire. L’hystérique en état ae nous l'avons dit ailleurs, offre une hyperexcitabilité nerveuse telle qu’il n’est peut-être pas d’instrument de physique qui puisse accuser à un même degr' des actions aussi infinitésimes que celles déterminées dans nos expériences par les différents agents employés. Nous pensons qu’en tenant compte de cette observation il sera possible de mettre en évidence, dans la catalepsie et dans le somnambulisme aussi bien que dans la léthargie, l’existence du phénomène dit : hyperexcitabilité neuro-musculaire. Ces procédés varieront suivant la période de l’hypnotisme et aussi suivant le sujet en expérience. Sur une malade mise en léthargie par abaissement des paupières et frottement des globes oculaires, nous constatons l'existence du réflexe tendineux exagéré par choc ou pression du poignet. Nous déterminons de même la griffe cubitale par pression du nerf cubital au niveau du coude. Ces expériences plusieurs fois répétées et les phénomènes nettement constatés, nous faisons passer la malade de l’état léthargique à l'état cataleptique. Dans ce nouvel état, le choc, la pression exercée comme ci-dessus restent sans effet. Mais le vent d’un soufflet capillaire dirigé sur les points plus haut nommés détermine tous les phénomènes avec autant de netteté que l’avaient fait le choc et la pression dans la léthargie. Nous faisons ensuite passer la malade de l’état cataleptique à l’état somnambulique par pression sur le vertex, et dans cette troi- sième période le choc et la pression agissent de nouveau avec autant de netteté que dans la léthargie. Rappelons encore une fois que la cause qui a fait la griffe cubitalé, par exemple, dans ces expériences, peut la défaire, portée de nouveau sur le même point. De même cette cause peut défaire | état produit soit en agissant immédiatement sur les antagonistes des muscles contracturés, soit reportée au bout d’un instant sur les muscles contracturés eux-mêmes. Mise en action d'une façon continue, elle eût pu déterminer ER RS TT TT NP TS 201210 des alternatives, des oscillations de contracture ei de résolu- tion musculaire. L'expérience présente une netteté particulièrement frap- pante lorsqu'on rend, par exemple, la malade hémiléthargique et hémicataleptique. Le phénomène dit hyperexcitabilité neuro-musculaire peut alors être produit du côté léthargique seulement par choc ou pression, et du côté cataleptique seu- lement par action du soufflet. Il va de soi que la malaxation ne pourra faire cesser les phénomènes que du côté léthargique et sera sans action du côté cataleptique. Au contraire, le souffle n’agira dans les mêmes conditions que du côté cata- leptique et restera sans effet du côté léthargique. Il est cependant des cas où le souffie pourra défaire ce que la pression aura fait, ou réciproquement. On est alors en pré- sence d’un état mixte. La malade, par exemple, étant catalep- tique, a-t-elle tendance à fermer les yeux et à passer en état de léthargie? Ilest un moment intermédiaire entre cesdeux phases, où la pression et le souffle agiront simultanément. On n'aura alors affaire ni à de la vraie léthargie, ni à de la vraie cata- lepsie, mais bien à de la catalepto-léthargie. Ces états peuvent se produire spontanément. Ils pourront aussi être provoqués à la volonté de l’expérimentateur. Dans le cas où, dans une même phase de l’hypnotisme, des excitations de nature différente ont une même action, l’une quelconque.de ces excitations pourra défaire ce qu’une autre aura fait. | Les remarques qui précèdent nous paraissent établir nette- ment ce fait que, dans les différentes périodes de l'hypnotisme et, pour une même période, suivant le sujet en expérience, il existe des modalités différentes de la sensibilité cutanée. On devra donc, dans chacune des phases du sommeil provoqué et suivant les différentes malades, employer un agent approprié à la modalité de sensibilité cutanée reconnue. Une même ma- lade pourra d’ailleurs être sensible à plusieurs agents dans une même période et à un même agent dans plusieurs de ces périodes. L’exemple suivant, par lequel nous terminerons, nous paraît démonstratif. La Société n’a sans doute pas oublié une malade — 150 — sur laquelle, ici même, l’un de nous avait répété quelques-unes de ses expériences sur les zones réflexogènes motrices du cuir chevelu Chez ce sujet mis en léthargie, le choc, la pression restaient sans action. Ce résultat négatif avait fait dire à M. Dumont- pallier que chez cette malade le phénomène d’hyperexcitabi- lité neuro-musculaire n'existait pas. Il se trouvait d’accord en cela avec un des membres de la Société qui avait examiné la malade à ce point de vue. C'était cependant là une erreur. Persuadés de l’exactitude des faits que nous venons de vous exposer, nous avons cherché s’il ne serait pas possible, chez cette même malade en état de léthargie, de produire la griffe cubitale par un autre agent que le choc ou la pression que nous savions être sans effet dans ces conditions. Nous avons obtenu un résultat évident par action du froid (goutte d’éther, pointe d’un crayon de glace), portée au niveau du coude sur le trajet du nerf cubital. Cette observation établit qu'ici la sensibilité cutanée était nulle au toucher, mais pouvait être inise en évi- derice par action du froid. Le phénomène dit hyperexcitabilité neuro-musculaire nous avait donc échappé, faute d’avoir eu recours à un agent susceptible de le produire chez cette ma- lade, dans cette phase du sommeil provoqué. En résumé on pourra toujours, dans les trois périodes fran- ches de l’hypnotisme, déterminer les phénomènes dits d’hype- rexcitabilité neuro-musculaire en portant une excitation, faible en général. sur la zone cutanée correspondant au muscle, au groupe de muscles ou au nerf animant les muscles que l'on veut mettre en action. Le mode d’excitation seul variera sui- vant les différentes périodes du sommeil provoqué et aussi suivant les différents sujets. Ces variations seront en rapport avec le mode ou les modes particuliers de sensibilité cutanée chez le sujet en expérience, dans une période déterminée. L'action produite sera toujours la même. On aura ainsi l'avantage, dans les trois phases de l’hypnotisme, d’être à l'abri de toute simulation de la part du sujet en expérience, — 151 — CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DB LA QUESTION DU PLATRAGE DES VINS. — ELIMINATION DU SULFATE DE POTASSE. — Note de M. RABUTEAU. On sait que le plâtrage des vins consiste à ajouter aux vins du plâtre ou sulfate de chaux anhydre, CaSO4. Après l'addition du sulfate calcaire, il se produit une double décomposition de ce sel et du bitartrate de potasse, ou crème de tartre, contenu naturellement dans les vins. Il se forme du sulfate de potassium ou de potasse K2S04, qui reste en dissolution dans le vin, et du tartrate de chaux qui se pré- cipite et vient Rorage la crème detartre dans la lie. Le vin plâtré ne contient donc plus de crème de tartre, mais du sulfate de potasse, à moins que le plâtre n'ait été ajouté en quantité insuffisante. D’autre part, ce même vin peut contenir un excès de sulfate de chaux, si celui-ci a été ajouté en quantité plus que suffisante pour effectuer. la décomposi- tion totale du bitartrate de potasse naturel. Toujours est-il que cette pratique a pour résultat de subs- tituer, dans le vin, un produit artificiel à un produit naturel, à la crème de tartre qui se trouve dans le raisin. Cette pratique a été autorisée administrativement, à la con- dition que le vin ainsi adultéré ne contiendrait pas plus de # grammes de sulfate de potasse par litre. Récemment, il s’est élevé une prétention nouvelle, celle d’obtenir l'autorisation de livrer à la consommation des vins contenant 3 grammes de sulfate de potasse par litre. Devant une pareille prétention, les recherches physiologi- ques deviennent urgentes. Nous savons aujourd’hui que Pal- coolisme est produit beaucoup moins par le vin naturel et par l’alcool du vin que par les vins vinés avec des alcools impurs, ou par l'usage de ces mêmes alcools en nature, qui renfer- ment des alcools d’atomicité supérieurs et d’autres substances toxiques. La question de l’alcoolisme paraît devoir se compliquer par suite des fraudes nouvelles. Je crois même pouvoir avancer que beaucoup d’accidents que l’on a rattachés à cette der- nière maladie dépendent on seulement des alcools impurs, mais des substances étrangères, telles que les matières colo- C. r. 1882 3. — 152 — rantes artificielles et le sulfate de potasse contenus dans les ‘ins frelatés et fabriqués. Je ne m’occuperai aujourd’hui que du sulfate de potasse. Et d’abord, une question se présente. On pourrait objecter que les vins contiennent naturellement du sulfate de potasse et que, par conséquent, un excès de ce sel ne paraîtrait pas devoir être dangereux. Les vins contiennent, il est vrai, un ou plusieurs sulfates, mais en proportions si minimes, qu'évalués intégralement à l’état de sulfate de potasse, ils correspondent seulement à une moyenne de 10 centigrammes de ce dernier sel par litre, c’est- à-dire à une quantité trente fois moindre que celle que l’on voudrait faire ingérer par litre. C’est ce qui résulte des analyses suivantes, que j'ai effectuées. Il s’agit de vins natu- rels, d’une provenance et d’une authenticité certaines : Sulfate Sulfate . Etat de baryum de ptasgse Localités géologiqne obtenu correspondant — — par précipitation par litre Vin rouge de Boën- sur-Liguon (Loire) Terrain 1881. ne gramtique 14 centigr. 4 10 centigr. 75 Vin rouge de Joué- les-Tours (Indre- et-Loire) 1879... . Fahluns 20 centigr. 5 15 centigr. 30 Vin rouge de Ville- Lias moyen une "(Côte . d'Or) etsupérieur ... 4 —Marnesà Bclemnites et Calcaires à Ostrœa cyrmbium 2 centigr. 00 1 centigr. 50 Vin blanc de Vallan Terrain près Auxerre calcaire (Yonne) 1881.... et siliceux 10 centigr. 00 7 centigr. 47 On voit que les vins naturels ne contiennent pour sinsi dire que des traces de sulfates. Elimination du sulfate de potasse. — Cette question étant résolue, il s’en présentait naturellement une autre, celle üe ‘ PP ET EL PES PPS Re TU A A NT Te D ee PE EE US 2 PE OR Re EN OS — 153 — savoir ce que devenait le sulfate ingéré et quels effets 1l pouvait produire. Pour étudier l’élimination de ce sel, j'ai fait sur moi-même 14 expérience suivante : J'ai suivi, pendant trois jours, un régime à peu près identi- que. Le premier jour, je n'ai pas pris de sulfate de potasse. Le deuxième jour, j'ai ajouté à mon vin, au déjeuner (une bouteille de vin blanc), 18r,50 de sulfate de potasse, et, au dîner (une. bouteille de vin rouge), 18r,50 de ce même sel, ce quifait un total de 3 grammes dans la j journée. Le troisième jour, je n'ai pas pris ce sel. Le vin, surtout le vin blanc, a acquis une verdeur un peu prononcée, Il était loin d’être aussi agréable que le vin natu- rel, non seulement d’après mon opinion, mais d’après celle de diverses personnes à qui j'ai fait goûter de ces mêmes vins naturels, puis additionnés d'un peu de sulfate de potasse. Les résultats de cette expérience sont contenus dans le ta- bleau suivant : Quantité Sulfate Caicul du sulfate Jours des urines de baryum de potasse — — obtenu correspondant par précipitation — Du 24 au 25 février, de 10 heures du matin au lerde- main à la même à heure. . . . ... 2070 c.-cubes 2 gr. 42 1 gr. 80 Du 25 au 26, après ingestion de 3 gr. de sulfate de po- tasse. . . . . . .« 1860 c.-cubes 5 gr. 58 4 gr. 167 Du 26 au 27..... 1950c.-cubes 2 gr. 20 1 gr. 64 La quantité des urines a été un peu plus considérable qu’elle ne l’est habituellement chez moi, ce qui a tenu certainement à usage du vin blanc qui produit des effets très diurétiques. Les urines ont toujours été claires et acides. Elles ont été ur peu plus acides le deuxième et le troisième jour, surtout le deuxième jour, pendant l'élimination du sulfate de potasse. — 154 — En prenant la moyenne de 2sr,42 et de 1er,64, soit 2gr,31, et retranchant ce nombre de 5er,58, on obtient pour différence 38r,25. Cette différence, calculée en sulfate de potasse, corres- pond à 2er,45 de ce sel. Il résulte de ce calcul que le sulfate de potasse ingéré par l'homme sain, à la dose de 3 grammes, s’élimine presque en totalité par les reins. La proportion a été, dans ce cas, celle des 5 sixièmes du sulfate ingéré. Le reste a dû s’éliminer par le tube digestif. Je n’ai rien ressenti à la suite de cette expérience. Mais j'avoue que je n’aurais pas été assez hardi pour prendre une dose doubie ou triple de sulfate de potasse, c’est-à-dire 6 ou 9 grammes de ce sel. Nous savons, en effet, que le sulfate de potasse (sel de duobus), qui a été employé jadis comme pur- gatif aux doses de 10 à 15 grammes, a produit parfois des effets alarmants,et même amené la mort aux doses de 15 à 20 grammes. Dans ce cas, le sel, au lieu de cheminer en solution aqueuse le long du tube digestif en produisant des effets pur- gatifs, avait passé dans la circulation et avait agi à la manière du nitrate de potasse, en produisant un affaiblissement, une paralysie musculaire, le ralentissement du cœur, la réfrigéra- tion consécutive à ce ralentissement, et la mort par syncope. Dans les pays vignobles, la consommation du vin est consi- dérable. Il n’est pas rare de rencontrer des hommes, des tra- vailleurs, qui ingèrent trois et quatre litres de vin par jour et même davantage. Ces hommes ne sont point malades à la suite de cette ingestion de leur vin naturel. Supposons qu’au lieu de ce vin naturel ils ingèrent accidentellement seulement trois litres de vin dénaturé contenant 3 grammes de sulfate de potasse par litre, soit 9 grammes en tout, il est évident qu’ils en ressentiraient certainement des effets, un affaiblissement général, à moins que ces effets ne fussent contrebalancés par une action purgative salutaire, le sel s'éliminant alors en grande partie par le tube digestif. On pourrait objecter que le sulfate de potasse, qui se forme après l'addition du plâtre aux vins, provient uniquement du bitartrate de potasse et que, par conséquent, ingérer soit du sulfate de potasse, soit du bitartrate de potasse, c’est la RTE EN PT « PT — 155 — même chose. L’objection ne serait point spécieuse. En effet, le . sulfate de potasse s’élimine en nature; il filtre presque en totalité à travers les reins qui sont obligés d'éliminer ce sel étranger. De plus, il tend à augmenter l'acidité des urines. Le bitartrate de potasse change au contraire de nature dans l’organisme. Il est brülé, métamorphosé en bicarbonate de potasse qui peut rendre les urines alcalines et, dans tous les cas, en diminuer l’acidité. C’est, par suite de cette métamorphose, un agent de nutrition. Tandis que la crème de tartre oppose un obstacle à la diathèse urique et à la goutte, le sulfate de potasse ne tendrait qu'à en augmenter la gravité. Il faudrait expérimenter sur les animaux à des doses conti- nues pour juger de l'effet de l’élimination continue du sulfate de potasse par les reins. Mais n'est-il pas rationnel d'admettre que faire filtrer constamment, tous les jours, par ces organes, un sel étranger qui est toxique à des doses relativement peu élevées, ce serait s’exposer à produire des affections rénales ? Et, à mon avis, beaucoup d’affections des reins qu’on attribue à l’alcaolisme devraient être attribuées plutôt à l'élimination par ces organes de diverses substances étrangères contenues dans les vins frelatés et fabriqués, tels que le sulfate de potasse et les matières colorantes provenant du goudron de houille. LES SURPRISES DE LA MÉTALLOTHÉRAPIE. — HISTOIRE CURIEUSE DE 3,000 DISQUES D’ACIER ; ENSEIGNEMENTS QUI EN RÉSULTENT AU POINT DE VUE DE LA THÉORIE DE {he expectlant attention DES ANGLAIS EN MÉTALLOSCOPIE ET DE L'ACTION COMPARÉE DÉS AIMANTS ET DES MÉTAUX. — UN MOT SUR LA SUGGESTION MEN- TALE DANS L'HYPNOTISME, par le docteur V. Bura. La métallothérapie offre parfois des surprises qui devront faire l’objet d’un chapitre spécial. Parmi les faits destinés à y figurer, il en est de particulièrement remarquables, tant par les circonstances exceptionnelles dans lesquelles ils se sont pro- duits que par leur signification propre et les enseignements qui en résultent. : Tel ce fait, par exemple, que nous avons rapporté dans une conférence que nous eûmes l'honneur de faire en juin 1878, à — 156 — l'hôpital de la Pitié, dans le fauteuil de M. le professeur Lasè- gue, conférence que l’on trouvera in extenso dans la Gasette des hôpitaux des mois d’août et septembre qui suivirent. Un matin aous trouvons à la Salpêtrière un médecin anglais, M. le Dr Bruce, qu'y était venu tout exprès pour voir la mé- tallothérapie entre les mains mêmes de son inventeur. Ce jour-là les malades avaient comme congé, c'était un dimanche, et nous nous trouvions exceptionnellement pressés. Ne pouvant cependant ne pas donner quelque satisfaction à notre honorable confrère, nous prenons, parmi les malades les moins récalcitrantes, la nommée Vandeline, qui était sensible au zinc, et nous lui appliquons en hâte une armature que nous _ croyiuns bien être faite avec ce métal. Dix minutes et plus se passent et aucun des phénomènes, qui n’en demandaient jamais plus de cinq pour se produire, n’apparaît. Après une demi-heure d’attente vaine, pendant laquelle la malade trépigne d’impatience, car entre temps la cloche avait sonné le déjeuner, et qui ne laisse pas de nous occasionner un certain embarras, nous nous avisons de regarder de près les disques appliqués et nous reconnaissons quoi? Qu'ils sont en acier et non en zinc. Alors, sans mot dire, nous substituons à l'armature d'acier une armature de zinc composée d’un même nombre de disques identiques de forme et d'aspect, et de plus à la même température, car l’écrin qui les contenait n’était autre que la poche de notre pantalon, et quelques minutes s'étaient à peine écoulées que tous les phénomènes métalloscopiques, jusque-là si vainement attendus, se produisirent à la satisfac- tion du visiteur et à notre très grand soulagement, car ce jour- là même le Dr Bruce devant repartir pour l’Angleterre, nous ne pouvions pas espérer une revanche. Telle aussi la mésaventure arrivée à M. Dumontpallier sur Witmann, un autre malade de M. Charcot, certain jour que MM. les: professeurs Vulpian, Bouley et Marey s'étaient joints à la commission pour procéder à la vérification des phénomè- nes métalloscopiques. Le corps du délit fut ici une simple queue de euivre (métal neutre) en contact avec une plaque d’or sertie sur. un bouton en bois, et lorsque M. Dumontpallier eut remplacé le bouton À È 4 4 4 | et oi de De Ni à ee RTE ET PET ea malencontreux que nous faisons passer sous les yeux de la So ciété par deux louis de 20 francs. alors tout marcha à souhait comme devant. Mais voici maintenant un autre fait plus significatif encore, s’il se peut, car il ne s’agit plus d’une hystérique, mais bien d’un Romme, et de l’homme qu'on va voir. M. X..., journaliste bien connu, tout à l'heure c’est lui- même qui dire son nom, doublé d'un romancier émérite, et, de plus,psychologue des plus sagaces,il l'a prouvé en maintes pages où il met en scène des hystériques étudiées sur le vif, que plus d’un spécialiste serait heureux d’avoir signées, fut attiré par nos expériences de la Salpêtrière. Il nous demande à les voir, et il en sort non seulement con- vaincu, ce qui était beaucoup, car M. X..., il n’est point inu- tile de l’ajouter à cause de ce qui va suivre, pratique äunrare degré la maxime de Claude Bernard sur le doute, mais aussi _avec l'espérance que la métallothérapie pourrait peut-être lui venir en aide. M. X... est en effet un névropathe sensitif de premier ordre, sujet, depuis son enfance, à des névralgies sié- geant particulièrement vers la tête. Les variations atmosphé- riques, les temps de neige surtout, le faisaient crucllement souffrir. Nous procédâmes donc à un examen métalloscopique en règle qui eut pour résultat d'établir que nous avions affaire ici à une sensibilité fer pe commune. Cela étant, nous soumîmes tout d’abord M. X... à la métallothérapie externe, et il s’en trouva si bien qu’il prit l’habitude de ne plus travailler que.le front ceint d’une armature d’acier. A ce prix,sa tâche quotidienne lui devint facile et cessa d’être interrompue. Ce n’est point seulement dans son cabinet de rédaction que M. X... se. mit à se couronner de la sorte aux yeux de tous. Toujours muni de son armature il lui arriva plus d’une fois d’y avoir recours au dehors et il est tel mem- bre de la Société de biologie qui pourrait témoigner que, se trouvant un jour à la même table, il le vit retirer son diadème d’acier de sa poche et se l’appliquer sans vergogne en présence d’une dizaine de convives qui purent ensuite continuer à jouir — 158 — de sa présence et de son entrain, qui sans cela leur eussent certainement fait défaut. Entre temps, l’état névrosique de M. X... s'étant singulière- ment amendé, nous lui donnâmes le conseil de remplacer les plaques du front par des disques de même métal sous la plante de chaque pied. Cette application en sourdine eut pour résul- tat de mettre fin aux plaisanteries de son entourage et suffit à maintenir son état de santé relative, plus à réchauffer: les extrémités qui étaient habituellement froides ; mais elle avait l'inconvénient de tacher de rouille les chaussettes. - Afin d'éviter que la métallothérapie ne comptät des ennemis jusque dans son ménage, M. X... prit alors le parti de renou-, veler ses disques tous les jours. Il arriva de la sorte à en faire une consommation telle, que pour ne point être pris au dé- pourvu, il nous demanda de lui faire 1000 plaques ; nous disons mille « ot pas une de moins ». Nous obtempérâmes à son désir et nous fimes même porter la livraison à 1200, si nous avons bonne mémoire. | Mais rien n’est éternel et vint un jour où le stock de disques d’acier se trouva épuisé. Alors M. X.., pour des raisons dont nous ne dirons rien autre à cette place, si ne n’est qu'elles témoignent chez lui d’une délicatesse sans pareille, fit chercher un autre fabricant que le nôtre qui lui renouvelât sa provision de plaques « n'importe à quel prix ». Ces mots étaient bien imprudents. Aussi M. X... fut-il servi à soubait. Ïl reçut d’un seul coup 1,800 disques, au lieu de 1,000 com- mandés, et peu s'en fallut qu’on ne lui en demandätle prix d'un domaine en Beauce. M. X... payales frais de sa débauche métallothérapique, et se montra heureux d’avoir par devers lui de quoi calmer ses nerfs pendant plusieurs années, fussent- elles bissextiles. Mais sa satisfaction dura peu. L'application réitérée des nouveaux disques n’eut plus aucun effet et la paix fut moins que jamais troublée en son logis. 1l eut beau faire lessiver les disques que le fabricant avait englués d’un corps gras, sous le prétexte de les garantir con- tre la rouille, mais plus véridiquement pour en dissimuler les défectuosités que l’on va voir ; il eut beau en appliquer davan- nge, ses chaussettes continuérent à rester indemnes, ses — 159 — pieds ne furent plus réchauffés et la névralgie menaça de re- devenir aussi féroce que jamais. C’est alors seulement que M. X..., quelque peu confus, se décida à nous mettre au courant de sa mésaventure. Nous examinons attentivement les disques et nous voyons que l’honnèête fabricant s’est borné à les découper dans de la tôle d'acier brute ; qu’il ne s’est même point donné la peine de les débarrasser, par un simple dérochage, d’une couche bleuâtre d’oxyde de fer et de carbone qui encroûte le métal et l’isole complètement, ainsi que le fait la soie enroulée autour d’un fil de cuivre dans une bobine d’induction. En con- séquence nous indiquons le remède suivant : Décaper à froid les disques dans une solution d’acide sul- furique à 1/10 et, si cela ne suffit point, les faire polir. A quelque jours de là, nous recevions la lettre qui suit: « Mon cher docteur, je vous autorise parfaitement à citer > mon nom et mon Cas. » Les plaques à corps isolants ne produisent aucun effet. » Lavées dans de l’eau carbonatisée, pas davantage. » J'en ai actuellement qui ont été débarrassées à moitié ou’ » plutôt aux trois quarts ; l’effet est suffisant sans être entière- » ment satisfaisant. On m'affirme qu'on débarrassera tout à » fait les autres en les faisant passer au tonneau. » Paris, le 1er décembre 1881. » H. Escorrirr. » Alias Thomas Grimm, rédacteur en chef du Petit Journal. » Nous avons revu récemment notre cher névropathe qui nous a appris que maintenant les plaques, bien polies, faisaient merveille comme les premières. L'observation sommaire que nous venons de rapporter com- porte plusieurs enseignements, dont deux surtout que nous ne saurions ne pas faire remarquer : le premier. c’est une réponse péremptoire, ce nous semble, aux partisans attardés, s’il en existe encore après les réfutations de Schiff, Westphal, Eu- lemberg, Seppili, Tuke, Thomson, Jordani, etc., etc , de cette doctrine qui a pris naissance en Angleterre, savoir : que les — 160 — phénomènes métalloscopiques réssortissaient uriquement à ce que le docteur Carpenter a appelé the expectant attention, c’est- à-dire ne dépendaient que de l'imagination des malades. Le deuxième, c’est un argument non moins topique à l'adresse des ennemis que la métallothérapie compte encore, mais sur- tout à cellé de certains de ses partisans qui se sont mis tout à coup, en plein succès, à la délaisser ostenstblrment, affectant de ne plus prononcer que le nom de sa fille aînée, la métallo- scopie, « si tant est qu’elle existe par elle-même », ont-ils en- core le soin d'ajouter, et qui, pendant qu’ils continuaient à appliquer les doctrines æsthésiogènes et dynamogènes qui lui servent de base, se sont efforcés d'en détourner les regards au profit exclusif des aimants d’abord, puis de l'électricité sta- tique, du diapason, du tamtam, etc., etc., que le burquisme avait ressuscités, ou qui en sont nés,que ses amis d'hier nous permettent de le leur rappeler. Mais il y a là une double question trop importante, et celle de l’Aypnotisme, sur laquelle nous aurons, à notre tour, à nous expliquer bientôt, s’y trouve mêlée trop intimement; d'autre part, certains faits, dont un surtout qui s’est produit au sein de la Société de biologie, la veille du jour même où allait pa- raître à l’Officiel un acte de justice suprême envers lin- venteur de la métälloscopie et de la métallothérapie, nous ont trop ému pour nous contenter de traiter incidemment de tout un semblable sujet, alors même que nous pourrions le faire sans abuser de la faveur qui nous est accordée par la Société. Nous y reviendrons donc dans une autre séance. Pour aujourd’hui, nous nous bornerons à compléter cette première communication par une présentation d’échantllous des disques divers qui ont servi à M. Escoffier pour combattre sa névrose. À leur aspect il ne sera point difffcile de se rendre compte pourquoi les uns, les premiers et les derniers, polis de façon à mettre bien à nu le métal, ont été efficaces et pour- quoi les autres, au contraire, n'ont eu qu’un efïet nul ou insuf- fisant. On comprendra également pourquoi, quand il s’agit de ne tallothérapie externe, nous ne manquons jamais de recom- mander aux malades d’avoir bien soin d’enlever des armatures — 161 — les oxydes et les sels qui s'y forment d'autant plus vite qu’eller agissent mieux. NoTE SUR LE PLEXUS NERVEUX FONDAMENTAL DE L'UTÉRUS, P à M.G. Rein, de Saint-Pétersbourg. L'appareil nerveux de tous les organes à fibres musculaires lisses, ainsi que XVebs l’a établi pour la vessie de la grenouille, se compose de trois parties: plexus fondamental, plexus inter- médiaire et plexus intramusculaire duquel dépendent les ter- minaisons nerveuses (1). Le plexus fondamental à fait le principal objet de mes re- cherches anatoniques sur l’appareil nerveux de l'utérus, car la connaissance exacte de ce plexus et de ses centres gan- glionnaires paraît avoir une grande importance physiologique et clinique. Déjà, en 1882, Tiedemann avait décrit et figuré des ganglions se ‘trouvant dans le tissu cellulaire de la partie supérieure de la paroi du vagin de la femme, mais il n’est pas affirmatif sur leur rôle. Plus tard, Moreau (1839) donna une description de ces ganglions, se rapprochant de celle de Tiedemann. La nème année, Robert Lee a décrit également un grand gang'ion dans la même région et d’autres, sur presque toute la surface de l'utérus, mais Snew- Beck (1845) et plusieurs observateurs ont démontré que cet auteur avait souvent pris du tissu conjonctif pour: des masses nerveuses. Remuk et Kilian ont cherché infructueusement les centres péri- phériques de l'utérus; le premier ne vit que quelques cellules ner- veuses sur le trajet des nerfs se trouvant des deux côtés du col utérin chez [a truie. Koërner (1863), Frantenhacuser, Kehrer (1864), Koch et Polle (1865) décrivirent des ganglions microscopiques dans le tissu celilu- laire entourant la partie supérieure du vagin et dans le tissu sous-séreux du col utérin chez la femme, le lapin, le chien, le chat, la souris, la brebis, etc. Chez le veau, ces ganglions ont été observés dans le tissu sous-séreux de la partie inférieure des cor- nes utérines par Polle. Enfin Henocque, le premier, indiqua (1870) que les ganglions si- (1) Cette division est actucllement admise par tous les anatomistes et pour la plupart des organes à fibres lisses. — 162 — tués autour du col utérin appartiennent à un plexus analogue au - plexus fondamental des autres organes à fibres lisses. Il n’existe aujourd’hui, ni pour la femme ni pour aucun animal, une description exacte du plexus fondamental de l’uté- rus. Car, chez la femme, les préparations macroscapiques de cette région, faites et figurées par différents auteurs, pré- sentent, dans les points essentiels, de grandes divergences. Pour les uns, il existe beaucoup de petits ganglions au voisi- nage du col utérin (Tiedémann, Moreau, Snow-Beck, Henle, Jas- treboff); tandis que, pour d’autres, il n’y a de chaque côté qu'un gros ganglion, d’où partent la plupart des nerfs du vagin, de l'utérus, de la vessie et du rectum (Robert Eee Franken- haeuser). Frankenhaeuser a Sonnéune description assez complète de ce plexus chez le lapin; mais, ayant eu simplement recours à des dissections, iln’a pu obtenir que des résultats insuffisants. C’est ce qui m’a engagé à entrepreudre des recherches sur le plexus fondamental de l’utérus. Il m'a semblé que pour ces études difficiles, il convenait de choisir des animaux aussi petits que possible, traiter leur ap- pareil génital par les réactifs appropriés au tissu nerveux èt examiner les préparations entières à l’aide de faibles et de moyens grossissements, ainsi aucun détail n’échappera à l'observation. Aussi, ai-je choisi le lapin, le cobaye, le rat et la souris, comme objets de mes recherches. J'ait fait aussi quelques observations sur le chien, le chat, et la brebis. Les meilleurs résultats ont été obtenus chez le cobaye et la souris. Parmi les différentes méthodes que j’ai employées, je donne la préférence à la suivante. L'animal étant décapité, on laisse s'écouler le Liu de sang possible; puis, après avoir coupé la symphyse pubienne, on écarte les osiliaques jusqu’à ce qu’une luxation sacro-iliaqu e soit produite. Le contenu du bassin est détaché des parois iliaque et sacrée à l’aide d’un instrument mousse, et les nerfs’ sacrés et sympathiques utérins sont fixés à mesure qu’ils ap- paraissent, par une solution à 1 pour 100 de chlorure d’or, : se PP VIS Re Del EE re Re et 2 DR ten D it ati e nas, — 163 — porté avec un pinceau; püis on enlève le vagin avec la vessie et le rectum, et on les étale sur une lame de liège, en les tendant légèrement avec des piquants de hérisson. Cette manœuvre est facile à exécuter tout en conservant les rapports, sion la pratique sous une couche de liquide indifférent ;eau salée 6 pour 1000). On enlève ensuite la vessie et le rectum et on subs- titue à la solution de chlorure de sodium un mélange bouilli et refroidi de 4 parties de chiorure d’or à 1 pour 100 et de une d’acide formique (Ranvier:. Au bout de 30 à 40 minutes, la pièce est‘m'se pendant 48 heures à l’obscurité,dans un mé- lange de q: tre parties d’eau et d’une d'acide formique; on change la : olution formique après les 24 premières heures. Au bout de ce temps, on détache assez facilement ie tissu conjonctif recouvrant le vagin, dans lequel se trouve le plexus. Cetie lame est alors étalée sur un porte--objet. À l’aide de la loupe, on enlève la majeure partie du tissu graisseux et les gros vaisseaux qui gèneraient l'observation et après une légère compression, la préparation esi montée dans a glycérine. Sur une préparation ainsi obtenue on voit, en haut, le plexus hypogastrique (1) descendant, il est formé de quelques flbres à myéline et de fibres de Remak, entre lesquelles se trouvent ur grand nombre de cellules nerveuses, isolées ou réunies en ganglions de différents volumes (une a quelques dizaines de cellules). Le plexus hypogastrique se divise en deux branches : l’une contribue à former le plexus fondamental utérin; l'autre, la plus faible, se rend directement à l'utérus. Au point où elle se détache, à environ un centimètre avant le plexus utérin chez la femelle de cobaye, on observe deux gros ganglions. Cette observation prouve que les nerfs qui se rendent à Vutérus, bien qu’ils ne fassent pas tous partie du plexus fonda- mental, n'en sont pas moins soumis à l'influence des cellules ganglionnaires. De la partie postérieure et inférieure, se diri- (1) Plexus hypogastricus, plezue hypogastrious lateralie, plètus uleri-. nus MAGNUS AUCIOrFUIN. — 164 - geant sur le plexus hypogasirique, arrive un autre gros fais ceau nerveux formé principalement de fibres à myéline, ve- nant de la troisième paire des nerfs sacrés. Bientôt ce nerf se divise en plusieurs branches, qui, à leur tour, se ramifient encore plusieurs fois et s’anastomosent avec des branches de même ordre venant du plexus hypogastrique. À son arrivée dans le plexus fondamental, la branche sacrée porte plusieurs gros ganglions nerveux. Sur les fibres du réseau à larges mail- les formé autant par le ploxus hypogastrique que par Îles branches sacrées; on remarque un grand nombre de ganglions de forme et de volune variables, généralement plus petits que ceux des deux groupes dont nous avons déjà parlé. Les branches innervant l'utérus prernent leur origine du _plexus, et non comme quelques auteurs l’ont prétendu, des ra- Meaux sacrés où hypogastriques. A leur point de départ, on trouve encore quelques gros ganglions. Plus haut, on rencon- tre, jusqu’à l’origine des cornes utérines des cellules nerveu- ses, isolées où réunies en petits groupes (2 ou #); plus haut encore elles font complétement défaut, soit dans les ligaments larges, soit dans l’utérus même. La majorité des fibres innervant la vessie vienrent direc- tement du plexus hypogastrique et du nerf sacré. De la partie inférieure du plexus fondamental utérin par- tent quelques fibres nerveuses qui, après s'être anastomosées avec une branche venant de la quatrième paire sacrée, forment le plexus vaginal, sur lequel se trouvent des ganglions. Chez le lapin, la forme et la topographie générale du plexus utérin sont les mêmes, et je ne puis partager l'opinion émise récenunent par Kohnstein, qui croit que les cellules ganglion- naires se rencontrent aussi dans la musculeuse vaginale, et que la limite supérieure de ce plexus correspond au fond de la cavité de Douglas. La souris présente, comme particularité intéressante, un gros ganglion au milieu du plexus fondamental de Putérus. Conclusions. 16 Le plexus fondamental de l'utérus prèsente les mèmes ca- ractères généraux que ceux des autres organes à fibres lisses. PR SET PUR Pen rer I UE DS DU TR 24 Tr — 165 — 20 Il se trouve en dehors de l'utérus, principalement dans le tissu cellulaire entourant le vagin, au point où le plexus hypogasirique s’anastomose avec les branches sacrées uté- rines. 30 Il renferme un grand nombre de cellules gangl'ennaires, formant, chez le cobaye, plus d’une centaine de ganglions de difiérente grandeur. 40 Ces ganglions sont situés, pour la plupart, sur ie trajet des faisceaux nerveux principaux entrant et sortant du plexus. Il ya aussi un certain nombre de petits ganglions situés, sans ordre, dans les mailles du réseau du plexus lui- méme. 50 On peut distinguer, selon leur situation, les ganglions hypogastriques, sacrés, utérins, vésicaux et du plexus fon- damental proprement hi. Go La limite supérieure des cellules on utérines chez le cobaye et chez le lapin se trouve au commencement des cornes utérines. En bas, le plexus fondamental de l'utérus se confond avec le plexus vaginal. .7° Aucune fibre, ni du plexus hypogastrique, ni des nee sacrés, n'entre directement dans l'utérus ; elles y pénètrent seulement après avoir passé par le plexus fondamental. Je me réserve, dans un prochain mémoire, de décrire, avec tous les détails qu’ils comportent, les faits histolosiques et d'anatomie comparée que j'ai observés dans le courart de ces recherches. Ce travail a été fait au laboratoire d’histologie du Collège de France. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE DES TRAVAUX CITÉS DANS CETTI: NOTE. Klebs.— Archives de Virchow, T. XXXII. Tiedemann.— Tabulae nervorum uteri. Heidelberg. Moreau.— Traité pratique des accouchements. Rob. Lee.— Philosophical Trans. 1841 et 1842. Snow-Beck.— Ibidem. 1846. Remak. — Encyclopedisches Woerterbuch, 1841, t. XXV, p 149. F. Kilian.— Zeitschrift füx rat. Med., VII, p. 285, et X, p. 41. CRETE ee Koerner.— Studien d. Physiol. Inst. zu Breslau, 1865. Frankenhaeuser. — Jenaische Zeitschrift, t. II. Kehrer.— Beitraege zur vergleich. u. exper. Géburtskunde, t. I, Giessen Koch.— Thèse de Goettingen, 1865. Polle.— Thèse de Goettingen, 1865. Hénocque.— Du mode de distribution et de terminaison des nerfs dans les muscles lisses. Paris, 1870. Henle.— Traité d'anatomie. Jastreboff.— Thèse de St-Pétersbourg, 1881. Frankenhaeuser.— Die Nerven der Gebærmutter. Iéna, 1867. Ranvier.— Leçons d'anatomie générale. Appareils nerveux ter— minaux des muscles de la vie organique. Paris 1880, p. 117. Koknstein. — Archiv. f. Gynaek. B. XVIII, p. 384, 1881. PROCÉS-VERBAL SUR LES EXPÉRIENCES DE M. DuMoNTPALLIER, Par MM. Poucner et Javaz. À la séance de la Société de biologie du 25 février 1882. M. Dumontpallier a dit que : une hystérique offrant une con- tracture du jambier antérieur gauche faisant le pied bot-varus équin, il suffit à tout observateur de fixer du regard le ten- don dudit muscle, pour faire disparaître le pied bot. Il a dit de plus : que cette action du regard avait encore lieu lorsque l’ex- périmentateur interposait entre la figure et le pied de la ma- lade une large vitre. Lesdits phénomènes se constatent dans la période cataleptique de l’hypnotisme. M. Pouchet a expri- mé des doutes catégoriques sur cette prétendue action du regard en tant qu’il s’agit du regard de l’expérimentateur, et. M. Dumontpallier a ajouté qu'il ne croyait point à l’action spéciale du regard, mais à celle de la lumière probablement réfléchie par les globes oculaires. M. Dumontpallier a ajouté que l'expérience réussit à tout coup sur la nommée Coudert, la malade ignorant absolument la nature de l'expérience que l'on doit pratiquer sur elle. Sur la demande de M. Jave!, M. Dumontpallier a répondu que, dans le cas où les yeux de l'observateur seraient rem- placés par des yeux de verre faisant miroir, les mêmes phé- nomènes seraient observés. ; ME — 197 — Il a été convenu entre MM. Dumontpallier, Javalet Pouchet que MM. Pouchet et Javal seraient appelés à constater l’exac— titude des affirmations de M. Dumontpallier. En conséquen- ce, ces messieurs se sont transportés le lundi 27 février dans le service de M. Dumontpallier à la Pitié et le présent procès- verbal a été rédigé, séance tenante. M. Dumontpallier était assisté de son collaborateur, M. Magnin. ire Expérience.— Avant l’arrivée de M. Pouchet, la malade étant amenée par hypnotisation en état de catalepsie, il con- vient de noter ici que la malade s’est endormie pendant que M. Javal regardait son visage. M. Duinontnallier a déclaré que le pied-bot du pied gauche disparaîtrait sous l'influence du regard de M. Javal. MM. Dumontpaliier et Magnin étant derrière lui, M. Javal s’est mis dans la position prescrite, et. après environ deux minutes, l'expérience a pleinement réussi; mais M. Javal a déclaré qu'il avait tenu les yeux fermés tout le temps. M. Dumontpallier à fait remarquer que le résultat pouvait être dû à l’action des lunettes de M. Javal, ou à celle de son regard à travers les paupières fermées. En ce moment, M. Pouchet arrive. 2e Expérience. — On procède à une nouvelle expérience. M. Dumontpallier regardant le tendon du jambièr antérieur, et ayant les deux mains appuyées sur le rebord du lit de la malade, le visage à 50 ou 60 centimètres de la jambe, après une minute environ, la contracture se produit en se manifes- tant dans les deux pieds. M. Dumonipallier reprenant la même attitude, le phénomène cesse après un temps à peu près égal : le pied revient à l’état normal. Il est convenu, à l’insu de la malade, que M. Pouchet ten- tera une expérience de contrôle. M. Pouchet s'avance à la place qu’occupait M. Dumontpallier, en tournant le dos à la ma- lade, mais en appuyant en arrière les mains sur le lit aux places qu’occupaient les mains de M. Dumontpallier. Les assistants constatent qu’à peu près dans les mêmes délais les deux mêmes phases de contracture et de relâchement se sont produites. M. Magnin fait observer que M. Javal assistait à l’expé- M TGe rience en regardant les pieds de la malade à un mètre envi— ron de distance. M. Ja val répond qu'il tournait le dos à la fenêtre et qu’en conséquence 1l ne saurait être question de réflexion lumineuse, et qu’en acceptant l’observation de M. Magnin adoptée par M. Dumontpallier, il deviendrait vraiment difficile de réaliser des expériences. M. Dumontpallier fait remarquer que, dans les conditions de l’expérience, la présence des mains, à une certaine. dis- tance ds membres de la malade, suffit pour faire et défaire la contracture d’un même pied ou pour déterminer des oseil- lations d’un pied à l’autre. M. Javal rappelle que, dans son expérience faite avant l'arrivée de M. Pouchet, il avait également les mains sur le lit sans qu'il lui ait été fait aucune observation à cet égard. 30 Expérience. — Les quatre expérimentateurs s’éloignent autant que possible du lit (3 à 4 mètres), le dos tourné à la fenêtre unique éclairant l'appartement. Il a été conven antérieurement, sans que la malade puisse en avoir notion, qu’on observerait pendant cinq minutes entières les faits tels qu'ils se présenteraient. Il s’est produit pendant cet espace de temps (les quatre observateurs regardant naturellément les pieds de la malade) des oscillations de contraction et de relàächement du pied gauche. Bien entendu, dans cette expérience comme dans les précédentes, le pied droit a pré- senté de son côté des oscillations de contraction et de relàche- ment. 40 Exnérience. — Le plan convenu est le suivant : M. Du- montpallier produira et fera disparaître la contracture sous Vinfluence du regard; puis il répètera une seconde fois la même expérience à travers une vitre interposée entre le membre de la malade et ses yeux; puis, suivant les indications qui lui seront données de loin par gestes, il regardera ou ne regardera pas le tendon à travers la vitre, en continuant de maintenir celle-ci dans la même position. La première partie de l'expérience se fait avec les résultats — 169 —- annoncés par M. Dumontpallier. Celui-ei se tient les yeux à un mètre environ de la jambe de la malade, sans toucher le lit, les autres observateurs étant au fond de l’appzrtement, comme dans l’expérience précédente. Pendant que M. Dumontpallier regarde le pied sans la vitre, la contracture apparait, puis disparaît. M. Dumontpallier recommence en interposant la vitre qu'il tient des deux mains, et les mêmes phérfoménes se produisent. Sur un signe qui lui est fait, M. Dumontpallier, maintenant toujours la glace de la même facon, porte les regards en l'air. On voit alors se produire de nouvelles oscil- lations de contraction et de relichement dans le pied gauche, en même temps que quelques oscillations dans le pied droit. MM. Dumontpallier et Magnin font remarquer que la lumière tombant de la fenêtre sur la vitre pouvait porter sur la jambe et avoir eu une action. Les expériences étant arrivées à ce point, MM. Javal et Pouchet ont jugé inutile de tenter de nouvelles expériences avec les yeux artificiels qu’ils avaient apportés. l'ait en double et signé : G. POUCHET, AM. DUMONTPALLIER. E. JaAvaL. P. MAGnin. NoïrE SUR UNE EXPLICATION PLAUSIBLE DES PIIÉNOMIINES OBSERVÉS SUR LA MALADE DE M. DUMONTPALLIER, par M. G. Poucet. Nous n'avons pas besoin de dire que l'examen auquel il nous a été donné de nous livrer sur une malade de M. Dumontpal- lier, la nommée C.., n’a fait que nous confirmer dans lé- nergique négation que nous avons opposée dès le premier jour à une influence quelconque du regard s’eserçunt & l'insu de la malade. On doit, croyons-nous, expliquer comme il suit les phé- noménes dont nous avons été témoins. On n’a point dit, on n’a jusqu'ici aucune raison de penser que dans l’état observé la transmission régulière des impres- sions extérieures par les conducteurs nerveux soit suspendue, pas plus qu’elle ne l’est dans l’état de sommeil, de somnambu- lisme ou de catalepsie. Cr. 1882 10 170 D'autre part, les rêves, certaines ivresses (opium, has- chisch}, des observations comme celle du docteur Azam, le fait que les malades en état cataleptique ou somnambulique obéis- sent aux suggestions ou injonctions (Charcot), et sans aller plus loin, tout sunplement le phénomène de l'attention, démon- trent qu'il peut toujours se faire en nous une-sorte de dédou- blement plus ou moins complet de ce que nous appellerons la personnalité ou la conscience. On conçoit que les termes man- quent ici de précision en un sujet si peu étudié : nous croyons cependant nous faire comprendre. Or il suffit d'admettre un dédoublement de ce genre dans les malades comme celle qui a été soumise à notre examen; avec cette simple donnée : on expliquera de la façon la plus nette les résultats des expé- riences pratiquées devant nous ou par AONERUCE. L'hypo- thèse est suffisante. Et d’abord, nous écartons tout soupçon de simulation. Nous admettons que la malade avait absolument perdu le sentiment, en ce sens que tout ce qui s’est passé autour d'elle n’aura laissé à sa mémoire aucune notion coordonnée dans le temps ou dans l’espace. Mais, par contre, toutes les expériences dont nous avons été témoins, positives ou négatives, prouvent de la façon la plus catégorique, que les impressions reçues par les organes sensitifs de la malade étaient perçues par elle dans une certaine mesure, et devenaient le point de départ d'actes voulus, vaguement voulus si l’on veut, plus ou moins pénibles peut-être, incertains dans l'exécution (d’où les phéno- mènes d’oscillation qui seraient d’origine médullaire), et tout naturellement empreints de ce goût pour l’extraordinaire si fréquent chez les malades en question. En effet, dans les expériences dont nous avons été témoins (nous ne parlons que de celles-là), tout s’est passé comme si nous ævions été en présence d’un être faible d'intelligence, de mauvaise fi, manifestant très bien quand il sait ce qu’on veut de lui, tâtonnant et donnant la moitié du temps à côté de il ne le sait pas au juste, demeurant tranquille dès qu’on ne s'occupe plus de lur. De quelque côté que l’on envisage. les phénomènes, l’expli- cation proposée répond à tout : elle rend parfaitement compte — 171 — de ce que nous avons vu. De plus, elle sera facilement vérifia- ble. par quelques expériences très simples, mais instituées dans la donnée même de notre hypothèse, c’est-à-dire en partant de cette notion que la malade endormie, hypno- tisée, etc., conserve, dans une certaine mesure, ses facultés de perception et de volition. M. Javaz. — Notre procès-verbal ne contient et ne devait contenir que des faits ; je tiens à ajouter que M. Pouchet et moi sommes revenus sans avoir pu constater aucune relation entre les mouvements de la malade et la position des yeux de l’ob- servateur. Mais on ne prouve pas une négative. C'était à M. Dumontpallier à fournir la preuve de ses assertions, et nous déclarons que nous n'avons rien vu qui fût de nature à entraîner notre conviction. REMARQUES DE M. D'UMONTPALLIER li ressort de la rédaction du procès-verbal dont M. Javal vient de donner communication à la Société de Biologie: 19 Que le regard, agissant directement ou médiatement à travers une vitre, peut déterminer chez l’hystérique hypnoti- sée la contracture et la décontracture d'un muscle; 20 Que les mêmes états d’un muscle peuvent être produits, sur la même hystérique hypnotisée, par des actions autres que l’action du regard. Ces faits étant établis, je rappellerai d’abord que, dans toutes mes communications devant la Société de Biologie, je me suis attaché à faire remarquer que les yeux de l’expéri- mentateur n’agissent qu’en réfléchissant la lumière. Je suis autorisé à émettre cette interprétation, parce que, avec un rayon de lumière solaire ou artificielle réfléchi au moyen d’un miroir, j'ai obtenu les mêmes résultats qu'avec le regard. Quant aux autrés causes de contracture et de décontracture des muscles, lorsque l’'expérimentateur est près ou à une cer- taine distance du sujet en expérience, elles peuvent ètre très nombreuses : la chaleur rayonnante du corps, des mains, du visage de l’expérimentateur, la réflexion de la lumière qui éclaire les différentes parties de-son corps, sont suffi- santes pour produire une grande variété de phénomènes sur po l’'hystérique hypnotisée. Les expériences que j'ai maintes fois répétées avec la chaleur, le froid, le vent d’un soufflet capil- laire, l'électricité, le son, témoignent de l’impressionnabilité ex- cessive de l’hystérique hypnotisée. Il n’est donc pas étonnant que MM. Javal et Pouchet, ayant expérimenté dans des conditions variées, aient déterminé des contractures et des décontractures musculaires semblables à celles que j'ai obtenues par la lumière réfléchie des globes oculaires sur les muscles. Mais ce qui est important pour moi, c’est de rappeler que, dans le procès verbal, il est bien établi que j'ai déterminé les faits que j'avais affirmé pouvoir déterminer dans les condi- tions énoncées par moi. Que l’on interprète différemment les faits, je ne saurais m'y refuser; mais ce que je tiens à relever, c’est que mes affir- nations expérimentales ont été confirmées par les expériences personnelles que j'ai reproduites devant mes honorables col- lègues. J'ai affirmé des faits, et ces faits ont éré constatés par M. Pouchet, puisqu'il vient de vous exposer une théorie pour les expliquer. Les mêmes faits ne peuvent être niés par M. Javal, et de plus, il les a reproduits lui-même en se plaçant dans d'autres conditions expérimentales. Quant à l’action réelle des yeux de l’expérimentateur sur l'hystérique hypnotisée, action qui ne paraît pas démontrée à M. Javal, je me réserve d’en fournir la preuve scientifique par de nouvelles expériences. Séance du 11 mars 1882. Présidence de M. Paul Bert. DS ROLE DES ANKYLOSTOMES ET DES TRICHOCÉPHALES DANS LE DÉVELOPPEMENT DES ANÉMIES PERNICIEUSES par M. P. MÉenix. Il est souvent question, depuis quelque temps, de PAnkylos- tome et de l’anémie grave qu’il détermine chez certaines agglomérations d'ouvriers. On vous a rapporté, dans une de vos dernières séances, que, surles indications de M. le pro- re fesseur Pérrancito, de Turin, qui l’avait étudié chez les ou- vriers employés au percement du Saint-Gothard,on venait de le retrouver à Saint-Etienne et à Anzin, chez des mineurs atteints de l’anémie spéciale que l’on a décrite comme particulière aux ouvriers employés dans les travaux de mines souterraines ; on l'avait retrouvé aussi quelque temps auparavant chez des ouvriers employés dans des mines de la Hongrie; enfin, il paraît tellement commun en Egypte qu’au dire de Biïlharz et de Pruner, la moitié de la population pauvre, celle des fellahs, serait atteinte d'une anémie, que l’on a nommée la chlorose égyptienne, et qui serait due aussi à l’ankylosiome duo- dénal. Comment agit l’ankylostome, qui est un des plus petits des vers intestinaux ? par quel mécanisme amène-t-il l’anémie ? On n’a guère invoqué jusqu'à présent, pour expliquer le développe- ment de cette affection, que les petites hémorhagies que ce parasite provoque. Or, ces hémorhagies sont si faibles qu’elles ne tachent même pas les fèces ; chaque parasite extrait une goutteletie de sang si petite, que, fussent-ils au nombre de 1,000 à 1,500, chiffres les plus élevés que l’on ait rencontrés chez les malades du Saint-Gothard, le total de ces goutte- lettes ferait tout au plus 20 à 30 grammes de sang, quantité impuissante à elle seule à produire l’anémie. C’est sans doute pour cette raison que certains médecins, entre autres le docteur Niepce, de Genève, ne veulent pas reconnaître dans l’ankylostome la cause de l’anémie des ou- vriers travaillant dans les tunnels, et persistent à la regarder comme une anémie essentielle. En étudiant dernièrement une maladie qui décime les chiens de meutes dans plusieurs régions de la France, et qui a la plus grande analogie avec la chlorose égyptienne, ou l’anémie des mineurs, j'ai pu réunir des éléments en nombre suffisant pour éckurcir la question du rôle des ankylositomes dans les anèmies pernicieuses, et aussi celle d’un autre parasite, qui vit aussi chez l’homme, le Triehocéphale, sur le compte duquel on n’est non plus nullement fixé. La maladie des chiens en question est connue vulgairement sous le nom de saignement de nez, parce que beaucoup de AU chiens atteints — mais non pas tous — présentent un écou- lement muqueux nasal, ordinairement sanguinolent. Ils mai grissent, dépérissent, quoiqu’ayant conservé un certain appétit, et finissent par mourir étiques. Quand cette maladie règne dans une meute, la plupart des chiens qui la compo- sent, sinon tous, en sont successivement atteints. Plusieurs membres de la Société centrale des chasseurs de France, au bulletin de laquelle je collabore, m’ayant parlé de cetie affection, qui n’est pas encore connue des vétérinaires, je léur demandai, afin de pouvoir l’étudier, de m’abandonner un certain nombre de sujets malades : c’est ainsi que jai pu en ob- _Server cinq ou six vivants, venus de divers côtés, et faire leur autopsie avec soin, ainsi que celle de plusieurs autres dont les cadavres m’avaient été aussi envoyés. Chez tous j'ai constamment trouvé une grande pauvreté du sang, qui était à un certain degré leucocythémique, et des lé- sions locslisées dans l'intestin etles ganglions mésentériques; ceux-ci étaient hypertrophiés ; mais l'organe le plus malade était la muqueuse intestinale: elle était considérablement épaissie et marbrée de larges taches rouges violactes ; les vil- losites, quintuplées de volume et injectées comme à la cire rouge par des globules arrêtés dans leurs vaisseaux, étaient tassées et serrées les unes contre les autres — (on peut juger de l’état de la muqueuse intestinale par la pièce que je fais passer sous les yeux; elle est conservée dans une solution faible de chloral qui lui a conservé toute sa souplesse, mais qui l’a malheureusement beaucoup décolorée). — Cette lésion de la muqueuse était d'autant plus étendue que la maladie était plus ancienne. Dansles nombreuses autopsies que j'ai faites, j’aiconstaté que cette lésion débute par le duodénum et s'étend ensuite au jeju- numetmêmeà l’iléon. Dans les pa tiesrelativement saines, sur la muqueuse encore blanche et couverte de mücus jaunûtre, on voit une foule de petits points hémorrhagiques constitués par une petite gouttelette de sang à demi coagulé ; au centre de cette gouttelette,ou tout à côté, on trouve un petit ver d’un centimètre et demi de long, filiforme, blanc avec une petite ligne noire longitudinale, fixé à la muqueuse ou libre : C’est — 175 — un ankylostome. Le nombre des ankylostomes est d'autant plus abondant que l'étendue de muqueuse saine est plus considé- rable : les ankylostomes sont par conséquent plus nombreux chez les chiens récemment malades que chez les chiens qui le sont depuis longtemps, lesquels présentent à peine quelques parasites dans la région de l’iléon. Ces parasites me parais- sent avoir des mœurs analogues à celles de certains acariens- psoriques, le Psoroptes longirostris du cheval, par exemple, qui abandonne progressivement le terrain où il a mordu et qui s’est enflammé, pour un terrain plus sain. On s’explique ainsi la marche progressive de la maladie du duodenum à liléon. A la suite des morsures des ankylostomes, morsures qui sont certainement accompagnées du dépôt d’une salive irri- tante, comme celle des acariens:et des cousins — (les anky- lostomes ont, en effet, des glandes salivaires très développées) — une inflammation de la muqueuse et des villosités s’en suit et persiste jusqu'à devenir chronique ; les foncuons d’absorp- tion de l'intestin sont perverties, puis annihilées : de la l’ané- mie. C’est sans doute ainsi qu’agit l’'ankyiostome de l’homme dans l’anémie du Saint-Gothard, dans celles des mineurs, et et enfin dans la chlorose égyptienne, noms différents de la même affection : l’'ankylostomasie. Il est souvent aidé dans cette affection par d'autre parasites nématoïdes, entre autres l’'anguillula stercoralis et l'anguillula intestinalis,qui sont aussi la cause de la diarrhée de Cochinchine Dans quelques cas,on a trouvé, en même temps que l’ankylostome, des trichocéphales dans le cœcum. Chez le chien affecté de l’anémte pernicieuse des meutes,il est aidé constamment par le Trichocéphalus depressiuseulus Duj., que j'ai rencontré dansle cœcum au nombre de plusieurs cen- taines : ce parasite introduit dans la muqueuse la partie capi!- laire de son corps,qui est très longue, et ces centaines d'épines provoquent une telle inflammation de cette membrane, que le cœæcum du chien, qui eat à peine du volume‘et de la longueur de la moitié du petit doigr, devient gros comme un œuf de poule et s’invagine quelquefois, comme je l'ai constaté. C'est une véritable typhlite que ce parasite cause quand il est en C. r. 1862 10. gr nombre, et cette lésion n’est pas sans avoir une part im- portante dans le développement de l’anémie pernicieuse. En étudiant les ankylostomes récoltés chez les différents chiens dont j'ai fait l’autopsie, j'ai constaté un fait assez in- téressant : c’est que, bien qu’identiquement semblable pour la taille et pour l’organisation interne, l’armature de la bouche présente certaines différences qui pourraient faire croire à l'existence de deux et même trois espèces vivant côte à côte chez le même hôte. En effet, quand on examine à un grossis- sement suffisant la tête d'un ankylostome, on voit que la bouche est ie résultat d’une section de l'extrémité antérieure. oblique de haut en bas et d’arrière en avani, et présente une ouverture ovale dont le bord ventral dépasse le bor:i dorsal ; cettebouche,ou ventouse, est creusée en entonnoir etses parois latérales et inférieures sont soutenues par deux lames plates en chitine, disposées par paires de chaque côté et conjuguées; ces lames s’élargissent et s’épaississent en arrivant à la marge de la bouche de manière à présenter une extrémité refoulée en tête de coin, fournissant, en dedans, une saillie tranchante et aiguë en forme de dent, presque droite chez les uns et cro- chue chez les autres. Les ankylostomes dont les dents sont presque droites, et par suite peu apparentes vues de face, ré- pondent exactement au Dochmius trigonocephalus de Dujar- din; ceux, au contraire, dont les dents sont crochues répon- dent à l’Ankylostoma duodenalis de Dubini; — la paire de dents internes, dans les deux cas, est plus petite que la paire de dents externes. — Enfin, il y a même un certain nombre d'individus à dents crochues, chez lesquels, en dedans des dents internes, et leur adhérant intimement, se remarque un petit tubercule à pointe recourbée et aiguë qui rapproche singuliè- rement ces ankylostomes du Dochmius Balsami de rassi (1), lequel, d’après M. Bugnon (?), ne serait autre que le Dochmius tubæformis de Dujardin, rencontré chez le chat domestique et chez quelques grands félins de méragerie. A-t-on réellement (1) C. Parona e Grassi. — Di una nuora specie di Dochmius (D. Bal- sami) mai 1877. (Rendie del R. Instit. Lomb. ser. 2 vol. 10.) 12) Bugnon. — L'ankylostome dbodenal et l'anémie du Saint-Gothard, dans la Revue médivale de la Suisse romande. — Genève 1881. — 177 — affaire à trois espèces différentes d’ankylostome ou à une seule, chez laquelle, suivant l'âge probablement, la forme en crochet des dents serait plus ou moins bien marquée ? J'incline fort vers cette dernière hypothèse, en raison de ce fa:t, c'est que dans le même chien malade se rencontrent des ankylos- tomes présentant ces trois variétés d’armatures buccales et ayant tout le reste de leur organisation parfaitement identi- que. | _ J'ai parlé ci-dessus de Dochmius Balsami de Grassi; ce pa- rasite, qui ne diffère de l’Ankylostoma duodenalis de Dubini que par une paire de petites dents supplémentaires en dedans de la paire interne, a été étudié par MM. Parona et Grassi au laboratoire d'anatomie et de physiologie comparée de Puni- versité de Pavie, en 1877; M. Grassi a constaté qu’it déter- mine chez le chat une maladie tout à fait analogue à la chlo- rose égyptienne de l’homme (1) et par conséquent à l’anémie du Saint-Gothard ou des mineurs, et, par suite, à la maladie que j'ai étudiée chez le chien. J'ai eu l’occasion, en décembre dernier, de vérifier l’assertion des auteurs italiens ci-dessus cités, et de la trouver exacte : j’ai constaté chez un chat l’exis- tence d’une entérite chronique mortelle due à l’ankvlostome en question, ét j'ai vu qu'il agit chez le chat exactement de la même manière que chez le chien, et sans doute que chez l’homme. Je vais maintenant expérimenter, chez le chien atteint de l’anémie pernicieuse des meutes, le traitement anthelminti- que du professeur Perroncito, et j'insisterai surtout sur le dé- sinfection des eaux de boissons, principal véhienle des em- bryons des nématoïdes. Je ferai part des résultats à ka Société. Note sUR UNE LAMPR A INCANDESCENCE FONCTIONNANT PAR L'AIR CARBURÉ, par M. P. REGNarp. - L'appareil que j'ai l'honneur de présenter à la Société n'a que médiocrement rapport à la Biologie. Je me suis pourtant décidé à vous le montrer parce que plusieurs d’entre vous qui (1) Grassi. — Interno ad una nuoca malartia del gatto analoga al'a chlvrusi d'Égito dell'uomo, (Gaz. méd. Italiana-Lombardia ser. 8, t. 3, 18:8) — 178 — font de l’enseignement pourront en tirer parti dans maintes circonstances. On cherche depuis longtemps des procédés pour faire des projections. Dans les pays où on possède la lu- mière électrique, la chose est bien simpie. Elle est encore facile dans les endroits où on rencontre le gaz, mais alors il faut de l'oxygène et vous savez par expérience combien cela est difficile à transporter et à agencer. Mais dans tous les pays où on n’a même pas le gaz, on a été obligé de renoncer absolument à une méthode d'enseignement, qui pourtant, de l’aveu de tous, est excellente. Tout récemment, le ministre de l'instruction publiqu? de- mandait à une commission spéciale de lui désigner les appa- reils qui pourraient le plus facilement servir à faire des pro- jections dans les écoles primaires : il résulte de l'examen de cette commission, dont j’ai l'honneur de faire partie, Gi si les appareils Sles pour projeter ne manquent pas, il s’en fax beaucoup que les foyers lumineux soient assez intenses pour obtenir des images un peu grandes. J’ai eu l’idée,pour avoir une lumière vive, de faire brûler sur une toile métallique en platine un mélange d'air et de vapeur de pétrole. Il en résulte une chaleur intense qui porte au rouge blanc les fils de platine ; de là une lumière qui est égale envi- ron à la moitié de la lumière oxhydrique, et qui permet de. faire des projections d’une assez grande dimension. L'appareil est très simple: c’est un bec Bunsen ordinaire terminé par une petite cage en fil de platine; au lieu de pousser du gaz dans le bec Bunsen, on y fait arriver un courant d’air qu'on a fait barbotter dans de l'essence minérale suivant le procédé connu depuis longtemps et que les divers auteurs de thermo-cauteres ont utilisé après tous les inventeurs d’air carburé. Un simple soufflet à deux vents ou une poire de Richardson sont très suffisants pour provoquer ce courant d'air. Pour que l’appa- reil permette d'utiliser toute la lumière et pour qu'il ne fasse aucun bruit, on peut recouvrir le bec Bunsen d’un tube ayant la forme d’une extrémité de trompette dont le pavillon serait f:vmé précisément par la grille de platine. Il suffit de régler par l’anneau du bec Else l’arrivée du mélange d’air et de - 179 — vapeur, pour avoir, tout le temps qu’on souffle, une lumière excessivement vive. Si au lieu d’un soufflet, on envoie le courant d’air par un ventilateur ou une pompe mue par l’eau, on peut alimenter un nombre considérable de becs et éclairer ainsi, avec une lu- mière qui ressemble beaucoup à la lumière électrique, des sal- les, des usines, etc., dans les pays où le gaz n'existe pas. Mon appareil, qui, comme on le voit, tient du bec Bourbouze, pourra servir encore aux médecins pour les examens laryn- goscopiques et otoscopiques. Il a de plus un avantage que personne ne dédaignera, c’est de ne coûter presque rien et de dépenser à peine cinq centimes par heure quand il fonc- tionne au maximum. Il peut même avoir une application industrielle très impor- tante. Vous savez que pour la saccharimétrie il faut employer la lumière monochromatique jaune. Or pour produire cette lumière, il faut le gaz d'éclairage. Dans toutes les sucreries, situées au milieu des champs, on n’a pas le gaz et on est pres- que obligé de renoncer à se servir du saccharimètre à pénom- bre. Or voyez : en mettant une goutte d’eau salée sur la grille de ma lampe, la lumière change instantanément, elle est monochromatique et peut éclairer le saccharimètre ; on peut donc faire désormais les essais à l'usine même : les ingé- nieurs comprendront l'avantage que comporte ce détail. DES RAPPORTS CROISÉS ET DIRECTS DES NERFS OPTIQUES AVEC LES ILÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX, note par M. IENRt PariNaun. De Graefe posa en principe qu’une lésion centrale d’un hémis- phère, intéressant l'expansion des nerfs optiques, ne pouvait produire que l’hémiopie. M. Charcot a protesté contre cette opinion trop absolue qui ne permet pas d'expliquer l’amblyopie monoculaire liée à l’hémianesthésie.Cette amblyopie etd’autres formes de trouble visuel supposent, en effet, un rapport croisé entre chaque rétine dans sa totalité et l'hémisphère opposé. D’autre part, quelques observations avec autopsie établis- sent qu'une lésion de l'hémisphère peut réellement produire l'hémiopie du côté opposé, ce qui correspond à une lésion de la baudelette correspondante (le croisement résultant de la. 2 490 2 réfraction oculaire). Plusieurs particularités cliniques ne peu- vent d’ailleurs s’expliquer antrement. À ne considérer que les faits, sans préoccupation théori- que, on est conduit à admettre une double connexion des nerfs- optiques avec l’encéphale en vertu de laquelle, chaque nerf dans sa totalité est en rapport avec l'hémisphère opposé, et cha- que bandelette avec l'hémisphère correspondant. Voici les faits cliniques qui établissent lexistence de cette double connexion, étant admise la sémidécussarion dans le chiasma. A. — FAITS QUI DÉMONTRENT L'EXISTENCE D'UN RAPPORT CROISÉ ENTRE CHAQUE RÉTINE DANS SA TOTALITÉ ET L'HÉMISPHÈRE OP- POSE. À Ü 1: Amblyopie monolatérale liée à l'hémianesthésie. — On a objecté que cette forme d’amblyopie n’est pas rigoureusement monolatérale et que, par suite, elle n’a pas une signification bien définie. 1l est vrai que l’autre œil est fréquemment intéressé, mais il y a de sérieux motifs de eroire que, dans ce cas, l’anesthésie n’est pas non plus tout à fait monolatérale et que les deux héinisphères sont atteints à des degrés différents (1). Quoiqu'il en soit, l’amblyopie hystérique rigoureusemenz monolatérale existe. J'en ai observé récemment trois cas très tranchés dans le service de M. Charcot. Ces malades, de l'œil sain, lisaient couramment le no { des nouvelles échelles de M. Giraud-Teulon, que beaucoup d'yeux réputés : normaux ne peuvent déchiffrer. La sensibilité pour la lumière et les couleurs, étudiée par des moyens précis, à la vision centrale et périphérique, était intacte. L’argument de M. Charcot conserve donc toute sa valeur. Cette amblyopie monoculaire, manifestement d’origine cen- trale, suppose déjà par elle-même un foyer cérébral particulier pour chaque œil. Mais sa signification devient bien plus pré- cise encore, si l’on considère qu’elle est associée à des troubles de la sensibilité ou du mouvement, à forme hémiplé- (1) M. Baliet, dans sa thèse remarquable, a émis une vpinion semblable. La — 181 — gique, en rapport avec l'hémisphère opposé et que, dans Île transfert, elle se déplace avec tous les autres symptômes. Je rappellerai encore que dans lhypnotisme on peut provo- quer l’état cataleptique dans un seul côté en exposant l'œil correspondant à la lumière, ce qui suppose que limpression umineuse va retentir sur l'hémisphère opposé. 2: Daltonisme congénital monoculaire. — Otto Becker, Hip pel et Holmgren en ont cité des exemples. Etant admis, ce qui n’est guère contestable, que la lésion du daltonisme congéni. tal siège dans le cerveau, ces faits plsident dans le même sens que l’achromatopie hystérique monoeulaire. 30 Hémiopie latérale typique monoculaire. — Cette forme d’hémiopie, qui ne. trouve pas d'explication satisfaisante avec la seule hypothèse de l’origne de la bandelette dans l'hémis- phère correspondant, est mise en doute ou passée sous silence par la plupart des auteurs. Mauthner, dans son récent ouvrage (Œüil et Cerveau), l'explique par une lésion partielle de Ia ban- delette, du chiasma ou du nerf optique. J'ai observé un cas de ce genre où la moitié gauche du champ visuel de l’œil droit était perdue, l'œil gauche étant ‘intact. J'ai suivi le malade pendant près d’une année, et j'ai pu me convaincre qu'il s'agissait bien d’une hémiopie typique. (Ligne de démarcation verticale passant par le point de fixa- tion, aucune tendance à l’envahissement de la moitié saine du champ visuel.) I] n’est pas possible d'expliquer une hémiopie semblable par une lésion partielle de la bandelette ou du nerf. D'ailleurs la papille, après un an d'observation, ne présentait aucune trace d’atrophie. Ia lésion était Er Dabement congé-— nitale. Les faits de ce genre supposent que les deux faisceaux appartenant à chaque œil, dont se compose la bandelette, se séparent quelque part dans le cerveau; ils Fret ‘bien par le schéma de M. Charcot. M. Coursserant a rapporté une observation semblable dans laquelle la moitié temporale du champ visuel d'un seul œil était perdue. 40 Amblyopie passagère monoculaire. — Si cette forme de 1e trouble visuel (migraine ophthalmique, scotome scintillant) a un siège central, comme on l'admet généralement, sa localisation à un seul œil prouve que chaque rétine est en rapport avec un foyer cérébral distinct. On a, avec peu de vraisemblance, rapporté les cas de ce genre à un trouble vasculaire de la rétine. J’ai eu l’occasion d'examiner à l’ophthalmoscope un confrère atteint de cette affection pendant une de ses crises monoculaires ; je n’ai constaté aucune différence appréciable entre les deux yeux. B. Fairs qui DÉMONTRENT L’EXISTENCE D'UN RAPPORT DIRECT ENTRE CHAQUE BANDELETTE OU LES DEUX MOITIÉS HOMONYMES DES RÉTINES ET L'HÉMISPHÈRE CORRESPONDANT. 1o Début presque toujours subit de l'hémiopie latérale, impli- quant un processus hémorrhagique ou embolique, plus favo- rable à une lésion des centres que de la bandelette. 20 Coincidence de phénomènes hémiplégiques ou d’aphasie avec l’hémiopie latérale. — Dans les faits de ce genre, on peut, il est vrai, expliquer l’hémiopie par une lésion de voisinage de la bandelette, et il paraît effectivement en être ainsi dans cer- tains cas, mais on ne saurait admettre cette interprétation lorsque se rencontrent les particularités suivantes : (a) Il arrive: fréquemment que les phénomènes hémiplé- giques ou autres disparaissent, pendant que l’hémiopie per- siste, de telle sorte qu’il serait plus rationnel de rapporter ceux-ci à de la compression de voisinage. Tout guérit sauf l’hémiopie ; c’est là, d’après mon expérience, un des traits cliniques de l’hémiopie avec hémiplégie ou hémianesthésie. (b) Dans l’hémiopie latérale, l’altération, au lieu d’intéresser ‘ toute une moitié du champ visuel binoculaire, est quelquefois limitée à un segment plus ou moins étendu, ayant une dispo- sition symétrique dans les deux yeux. On pourrait caractériser cette variété du nom d’hémiopie latérale partielle typique. J'en ai observé un certain nombre de cas, deux encore dans ‘le cours de l’année dernière. Les faits de ce genre différent des scotomes symétriques à développement progressif qu’on observe quelquefois dans certaines amblyopies, par l’état sta- FRE PE ES Ne EE I MES ae HE Fo cs tionnaire et en particulier par l’absence de tendance à envahir le côté opposé du champ visuel, par l’étendue sensiblement égale de l’altération dans les deux yeux et par sa forme carac- téristique, qui est celle d'un segment triangulaire dont le sommet proémine jusqu’au point de fixation. Cette forme d’altération du champ visuel appartient si bien à l’hémiopie, que, dans une de mes observations, le trouble visuel au début (quatre jours après l’invasion subite des accidents) offrait tous Jes caractères d’une hémiopie latérale complète droite, avec aphasie et hémiplégie passagères, pour se limiter les jours suivants et conserver définitivement la forme d’hémiopie laté- rale partielle. . ‘Pour expliquer cette variété d’hémiopie par une lésion de la bandelette, on est obligé de faire cette hypothèse invrai- semblable que la lésion intéresse partiellement chacun des deux faisceaux fusionnés dans la bandelette et, ce qui est . plus inadmissible encore, qu’elle ne s'adresse qu'aux fibres qui correspondent aux parties symétriques de chaque rétine. Il est au contraire facile de l’interpréter en localisant la lésion dans un foyer central où vont aboutirles points identiques ou symétriques de chaque rétine. 30 Daltonisme congénital à forme hémiopique. — Observa- tions de Treitel, Charpentier, Samelsohn. L’hémiopie chro- matique prouve à la fois que la lésion du daltonisme ne peut être localisée que dans le cerveau, et qu’il y a un centre spécial pour chaque moitié du champ visuel binoculaire. 40 Amblyopie passagère à forme hémiopique. — Comme l’amblyopie chromatique, l’amblyopie passagère présente les deux formes monoculaire et hémiopique. Ces deux modalités d’un même trouble visuel constituent, il me semble, un argu- ment sérieux en faveur de la double connexion des nerfs op- tiques avec les hémisphères. Je me borne ici à signaler les faits cliniques. Je n’ai pas . besoin de rappeler que Ferrier, Munck et d’autres expérimen- tateurs ont produit sur le singe et le chien, par l’ablation des couches corticales du lobe occipital ou du gyrus angulaire tantôt l’amblyopie croisée, tantôt l’hémiopie. M. Ferrier, modi- 18 fiant son opinion première, admet d’ailleurs la double con- nexion, ainsi que l’atteste une lettre insérée dans le thèse de M. Gille. Les faits cliniques et expérimentaux offrent donc une concordance assez heureuse au point de vue des rapports gé- néraux des nerfs optiques avec l'encéphale. Mais si l'on veut faire de la localisation plus précise, il faut se garder d’une assi- milation trop complète. La lésion-de l’hémiopie,dans l’immense majorité des cas,ne doit pas siéger dans les couches corticales. Cette affection a un caractère de persistance et d’incurabilité qui contrasteavec la fugacité des troubles visuels produits ex- périmentalement par la destruction de la substance grise des circonvolutions.L’amblyopie passagère présente plusieurs par- ticularités qui établissent entre elle et les faits expérimentaux une analogie plus grande, favorable à la localisation de cette affection lus la substance grise des couches corticales. CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES CELLULES GÉANTES. Nore par M. LauLanté. I! n’est pas, je crois, un histologiste qui soutienne encore que les cellules géantes répondent à la section transversale de vaisseaux oblitérés par un coagulum fibrineux. On les considère aujourd’hui, soit comme des cellules vaso-formatives en pleine activité, soitcomme des blocs protoplasmiques déjà altérés par un cormencement de dégénérescence et résultant de la fusion des cellules épithélioïdes développées dans les vaisseaux sous l'influence d’une irritation continue. Les observations que j'ai pu faire sur la tuberculose parasi- taire des chiens m'ont permis d’assister à la formation des cellules géantes dans des circonstances particulièrement dé- monstratives qui établissent la justesse de cette dernière opi- nion. Dans une précédente note (1), j'ai fait Connaître une forme de pseudo-granulie déterminée par les œufs du sérongylus oasorum (Ballet) et j'ai montré que ces œufs, arrêtés dans leg artérioles du poumon,provoquent la formation d’une vascularité (3) Comptes rendus de l’Académie des sciences. Séance du 2 janv. 1882. *2F8 ne ARS noduleuse ayant la plus grande ressemblance avec le follicule tuberculeux. La présence d'un œuf ou d’un embryon à linté- rieur de la cellule géante centrale de ces pseudo-follicules suf- firait à démontrer l’origine intra-vasculaire des riesenselle, si déjà cette origine n’était établie par de nombreuses recher- ches. Que s’il pouvait rester quelque doute sur ce point, la: formation des cellules géantes autour des œufs ou des em- bryons d’un parasite qui habite nécessairement les vaisseaux du poumon, devrait suffire à ke dissiper. L'observation qui précède me parait done avoir le mérite de démontrer péremp- toirement que les riesenselle peuvent se former à lintérieur des petits vaisseaux. Quant au mode de formation des cellules géantes intra-vas- culaires, tout concourt à démontrer qu’elles résultent de la soudure des cellules épithélioïdes issues de la prolifération endothéliale. On peut d’ailleurs parcourir sur la même pré- paration toutes les phases du processus, depuis la simple tu- méfaction de l’endothélium jusqu’à la fusion définitive de ses produits. Au début, l'œuf est entouré d’une couronne de chutes épithélioïdes dont on peut assez fréquemment saisir la con- tinuité avec une colonne d'éléments de même nature occupant la lumière du vaisseau oblitéré. Ces cellules périovulaires perdent peu à peu la netteté de leurs contours et forment de gros blocs distincts et multinuclés. Ces blocs, résultant d’une fusion partielle affectent le plus souvent la forme de croissants dont la concavité embrasse l’enveloppe transparente de l'œuf et dont les cornes s’imbriquent les unes sur les autres. Ces croissants sont quelquefois assez déliés pour rappeler Îles schémas dont les botanistes se servent pour représenter la préfoliation. Ils ne tardent pas à se souder entre eux et for- ment un bloc uniqne embrassant complètement l’œuf à la ma- nière d’un diaphragme. Si la plupart des riesenselle se forment à l’intérieur des vaisseaux, on ne saurait attribuer la même origine à tous les éléments du même ordre que l’on rencontre dans divers pro- duits pathologiques. Déja M. Kiener (1) les a vues se former (1} Archives de physiologie, numéros 5 et 6, 1880. — 186 — dans les mailles de l’épiploon tuberculeux. De mon côté, j'en ai constaté la présence à l’intérieur des alvéoles pulmonaires dans la tuberculose et dans la morve. J'ai eu la bonne fortune de pouvoir étudier les lésions de la tuberculose des solipèdes sur un cas de phthisie spontanée, le seul, à ma connaissance, qui ait été sérieusement déterminé chez le cheval. On voit sur les préparations des îlots tubercu- leux exclusivement formés de cellules épithélioïdes englobant des alvéoles à épithélium cubique. Ces alvéoles contiennent une ou deux cellules géantes entourées de cellules épithélioïdes. J'ai observé des faits analogues dans la tuberculose du porc et dans la zone de pneumonie interstitielle qui entoure certains nodules de la morve chronique du cheval. Si maintenant.on considère que cette formation intra-alvéo= laire de cellules géantes se fait particuliérement remarquer dans les formes de la tuberculose, empruntant les procédés de pneumonie (alvéolite de M. Grancher) avec production de cellules épithélioïdes ; que d’autre part ces derniers éléments peuvent se constituer dans le tissu conjonctif aux dépens des cellules plates (1), on sera amené à réunir dans le même groupe, au point. de vue pathologique, des éléments dont l'ana- tomie générale à d’ailleurs démontré la parenté, c’est-à-dire les cellules du tissu conjonctif et les endothéliums, y compris l’épithélium des alvéoles pulmonaires, qui possèdent en com- mun la propriété de former des cellules épithélioïdes. Quant à la sisnification des cellules épithélioïdes, les cir- constances dans lesquelles on les voit se former permettent d'établir qu’elles sont le produit d’une évolution paresseuse, déterminée par une irritation continue, mais peu intense. leur tendance à la soudure dans les espaces étroits témoigne, d’au- tre part, d'une altération précoce qui les atteint dès leur naissance. S'ilest vrai que les cellules épithélioïdes et, par conséquent, les cellules géantes se forment toujours dans les foyers de (1) l’ar exemple, dans la tunique externe des artères de poumons tubercu- leux que j'ai vue, chez le lapin, remplacée par une gaine compacte de cellules épithélioides. Les masses tuberculeuses des p'évres du bœuf sont aussi pres- que exclusivement composées de ces éléments. - 217 prolifération peu active, 1l me paraît difficile de leur conser- rer le rôle vaso-formaleur qui leur est encore attribué par quelques histologistes. Les prolongements plus ou moins ramifiés qui émanent quelquefois de leur surface, sont certai- nement le produit d’une action toute mécanique, comme le prouve l'observation suivante : Ces prolongements sont d’au- tant mieux marqués et d'autant plus nombreux, que la zone de cellules épithélioïdes qui entoure les cellules centrales est plus épaisse. Dans les pseudo-follicules, où cette zone se ré- duit à une ou deux rangées d'éléments, la ce'lule centrale conserve sa régularité. Quand les rangées se multiplient, les contours de la rie:enzelle se découpent en festons dont les sommets s’effilent parfois en prolongements. Sur les coupes tangentielles parallèles au vaisseau oblitéré, les cellules géantes offrent l'aspect de blocs cylindriques, dont la surface est creusée de dépressions et parcourue par des crêtes d'em- preinte, qui, sur les bords se prolongent sous forme de lames amincies, quelquefois ramifiées. L'apparition des pralongements dans les pseudo-follicules où l’évolution épithéliale s’est longtemps prolongée, et leur absence dans ceux où cette évolution s’est arrêtée aux pre- miers termes, permettent d'attribuer leur formation à l’accu- mulation des cellules épithélioïdes et à la compression qui en résulte. Le rapprochement des faits précédemment exposés me paraît autoriser les conclusions suivantes : 10 Les cellules épithélioïles résultent de la prolifération des cellules plates du tissu conjonctif ou des endothéliums, déter- minée par une irritation peu intense et continue. 2 Les cellules géantes se forment par la soudure des cellu- les épithelioïdes dans les espaces étroits: vaisseaux, mailles de l’épiploon, alvéoles pulmonaires. 30 Les cellules géantes sont des éléments dépourvus de toute individualité et de toute activité vaso-formative. (Sen ACTION DU SYSTÈME NERVEUX SUR LES VAISSEAUX LYMPIIATIQUES. PAR MM. PAUL BERT @t LAFFONT. Nous venons donner quelques développements nouveaux à une communication faite l’année dernière à la Société de Bio- logie. Nos expériences peuvent être résumées comme il suit : 1: Ayant ouvert, dans de l’eau tiède,-l’abdomen d’un chien ou d’un lapin en digestion, afin d'éviter l’action de Pair et du froid sur les vaisseaux lymphatiques et excitant alors élee- triquement les nerfs mésentériques, nous vîmes les chylifères se retrécir peu à peu et disparaître pour se dilater ensuite énormément, ? minutes environ après la cessation de l’irrita- tion. 2° Sur un autre animal, portant la même excitation électri— que sur les nerfs splanchniques en employant fe même cou- rant à peine sensible, à la longue nous vimes, au contraire, les vaisseaux chylifères se dilater d’une façon évidente et re- venir turgescents. 3: Après section des pneumogastriques, la même excitation des bouts périphériques de cés nerfs en provoquant les mou vements péristaltiques de la première partie de l'intestin, a produit simultanément une dilatation rapide et fugace de ces vaisseaux et ensuite un rétrécisseiaent constant. 4 Nous avons voulu voir encore si les phénomènes seraient les mêmes chez les animaux curarisés. On sait en effet, que les cœurs lymphatiques paraissent être sous la domination directe des nerfs rachidiens, ou mieux des nerfs moteurs or- dinaires, car les pulsations des cœurs lymphatiques de la grenouille s’arrêtent lorsqu'on curarise ce batracien en même temps que les fonctions des nerfs musculo-moteurs sont sus-— pendues. Devrait-il en être de même pour les vaisseaux lymphati- ques ? L'expérience a prouvé le contraire. Néanmoins la cura- risation a provoqué des modifications du phénomène. C’est ainsi que tandis que l’excitation des nerfs mésentériques pro- voquait chez l'animal intact une constriction du vaisseau lymphatique, chez l'animal curarisé, au contraire, la d.lata- — 189 — tion du vaisseau a été constante, que l'excitation füt portée sur le nerf splanchnique ou le nerf mésentérique. 5° Nous devions nous demander encore si ces modifications dans le diamètre des lymphatiques n'étaient pas le résultat se condaire d’une action des nerfs excités sur la circulation san- guine de l'intestin. Nos recherches neus ont montré que les phénomènes de constriction ou de dilatation des vaisseaux lymphatiques étaient indépendants de l’état de replétion ou de vacuité des vaisseaux sanguins. En effet, la section des nerfs mésentériques, en provoquant la turgescence des vaisseaux sanguins, n'empêche pas le cours normai du chyle et n’amène aucune modification dans le calibre des chylifères; la ligature des artères ne s'oppose pas non plus à la contraction ou à la dilatation des vaisseaux lymphatiques satellites chez l’animal non curarisé. Go Nos recherches ne se sont pas bornées à l’étude des nerfs des chylifères, et dans des expériences faites sur de gros ani- maux (âne, cheval), nous avons vu, sous l'influence de l’élec— trisation du bout périphérique du trijumeau(nerfsous-orbitaire) les vaisseaux lymphatiques de la lèvre supérieure devenir variqueux et faire une saillie incolore sous la muqueuse de la lèvre supérieure. 7o Nous avons enfin pu reproduire sur les lymphatiques chy- lifères du chien et sur le canal thoracique, l’expérience de Gubler sur les veines de la main. Un choc léger sur le vais- seau a produit un rétrécissement lent et qui s’est propagé en avant. À ce rétrécissement à fait suite une intumescence vo- lumineuse et ovoïde qui a duré près de 3 minutes. NOTE SuR L’HISTOLOGIE Du Psoriasis, par les Drs E. Vipaz et H. Lecoir. Les dessins -histologiques que nous faisons passer sous les yeux de la Société moñtrent qu’il existe, dans le psoriasis, des lésions des plus nettes, portant à la fois sur l’épiderme et sur le derme. Ce sont ces lésions,plus ou moins connues des dermatologistes, que nous nôus proposons de préciser dans. cette note. L’ÉPIDERME, considérablement épaissi, présente des modifi- to cations variables suivant les différentes couches qui le consti- tuent. D’une façon générale toutefois, l’épiderme est épaissi, et ses prolongements interpapillaires notablement hypertro- phiés. Si l'on étudie successivement, en allant de bas en haut, les lésions que présentent les différentes couches de l’épiderme, on constate : Que la couche des cellules perpendiculaires présente son aspect et sa disposition normales ; Que la couche de Malpighi est fortement hyperthrophiée ; qu’un grand nombre des cellules de cette couche présentent l’altération spéciale décrite par M. Ranvier sous le nom d’atrophie du noyau par dilatation du nucléole, altération qui semble particulière aux processus desquammatifs, et qu’il faut bien distinguer de l’altéra‘ion décrite par l’un de nous sous le nom d'altération cavitaire (Leloir, Société de Biologie 1878, etc.), lésion cellulaire qui constitue la caractéristique des processus suintants, et tendant à la formation de vésicules et pustules. La couche granuleuse est intacte. Elle ne parait pas contenir plus d’éleïdine qu’à l'état normal. Le sérutum lucidum présente également son aspect et sa dis- position normales. Mais, au niveau de la couche cornée (fortement épaissie, il existe des modifications importantes, d’une grande netteté, et qui, jusqu'ici. n'ont pas été signalées, que nous sachions. Dans son tiers et mème parfois dans sa moitié inférieure, la couche cornée, au lieu d’être constituée comme à l’état nor- mal par des cellules cornifiées, dépourvues de noyau, ne se colorant plus par le carmin, est constituée par des cellules encore vivantes, non cornifiées. pourvues d'un protoplasine et d'un noyau se colorant très nettement par le carmin. Ainsi done, contrairement à ce qui existe à l’état norfnal, la cowche cornée épaissie demeure vivace dans son tiers et même parfois dans sa moitié inférieure. Cette persistance de la vitalité de la couche cornée au-dessus du stratuim lucidum, qui ne se rencontre jamais au niveau de la peau normale, nous explique facilement. l’'épaississement considérable de cette couche, la production considérable et rapide des squames au niveau des — 191 — pustules de psoriasis. L'un de nous a constaté une modifica- tion analogue dans des syphilides papulo-squameuses, ce qui peut faire présumer que le fait précité se rencontre dans dif- férentes affections cutanées desquammatives. Le permEe est infiltré de cellules embryonnaires, dont le nombre et le tassement varient avec l’ancienneté de la plaque de psoriasis. Cette infiltration existe surtout dans les papilles du derme, lesquelles sont parfois légèrement hypertrophiées. et dans les régions superficielles du derme. Elles sont principalement dis- posées sous forme de manchons le long des vaisseaux, les- . quels sont assez notablement dilatés, surtout au niveau des papilles. Une grande partie de ces cellules nous paraissent être un produit de diapédèse. Toutefois, un certain nombre d’entre elles proviennent évidemment de la prolifération des cellules fixes du tissu conjonctif, ainsi que nous avons pu le constater. Dans certains cas de psoriasis invétéré, il existe des ilôts, des manchons, ou tout au moins une infiltration de cellules embryonnaires, non seulement dans les couches superficielles du derme, mais encore dans les couches plus profondes, sur- tout autour des vaisseaux et des glandes. Dans certains cas de psoriasis fortement congestif, nous avons pu constater de petits foyers hémorrhragiques périvas- culaires, dans les couches papillaires du derme. Les nerfs examinés soit au moyen de coupes, soit par dis- sociation d’après les procédés techniques décrits récemment par l’un de nous dans sa thèse nous ont paru toujours absolu- - ment sains. (Les lambeaux de peau qui ont fait l'objet de cette étude avaient été excisés sur le vivant). CAN LI PES CoNTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ACTION DE LA CHALEUR ET DU DESSÉ— CHEMENT SUR LA VIRULENCE DES LIQUIDES SEPTIQUES ET SUR LES - ORGANISMES INFÉRIEURS; par le Dr A. Lebedeff (de Saint-Pé- tersbourg). L'action de la chaleur sur la virulence des liquides septiques. a été déjà le sujet de plusieurs travaux, parmi lesquels nous mentionnons ceux de MM. Onimus (1873), Colin (1873), Da- vaine (1873), Feltz (1874 et 1875), Pasteur et Joubert (1877 et 1878). Les opinions de ces auteurs divergeant entre elles, nous nous sommes proposé d'étudier cette question à divers points de vue, sous lesquels ä notre connaissance elle n’a pas encore été envisagée. Nous avons fait nos expériences dans le laboratoire de M. Vulpian. | Ce n’est pas ici le lieu d'entrer dans les détails de la mé- thode expérimentale que nous avons employée; disons seule- ment que le liquide septique dont nous nous sommies servi. était exclusivement le liquide séro-sanguinolent du tissu cel- lulaire des animaux morts de septicémie après les inocula- tions de matière septique. Ce sont surtout de cobayes que: nous avons fait usage comme réactif physiologique pour ju- ger la virulence de ces matières. Les ballons Pasteur, avant d’être employés, ont été d’abord soigneusement désinfectés . avec de l’acide sulfurique pur et chauffés à la température de. 1700 à 1800 centigrades. Les tubes en verre étaient préalable- ment flambés au chalumeau. Les résultats de nos racherches peuvent être résumés ainsi: 10 A l’ébullition, le liquide séro-sanguinolent:se coagule en . partie, et en même temps son principe virulent se préci- pite avec le coagulum, de sorte que la sérosité transparente et incolore ne contient presque pas d'organismes inférieurs et est tout à fait inoffensive, tandis que le coagulum conserve. la virulence que possédait le liquide séro-sanguinolent ävant d’avoir été soumis à l’ébullition. _ Ainsi 5 cobayes inoculés avec du coagulum sont tous morts après 60, 71 et 72 heures, tandis que deux autres inoculés avee de |n aérasité incolore sont restés bien portants. 193 — - 20 Le liquide septique est placé dans un ballon fermé hermé- tiquement, où le volume d’air est plus grand que celui du liquide. Le ballon est mis ensuite dans l’étuve à la tempéra- ture de 380 à 400 centigrades.Le liquide perd complètement sa virulence au bout de 48 heures. Une autre portion du inême liquide, toutes conditions égales d'ailleurs, mais soumis à la température de 120 ä 150, conserve sa virulence au bout de 15 jours. | Quant aux organismes inférieurs, dans la première portion de ce liquide, qui perd sa couleur rouge et devient noir, ils changent d'aspect, c’est-à-dire queles bactéries se remplis- sent de corpuscules brillants qui se trouvent aussi en quan- tité énorme à l'état libre, de même que les bactériums capita- tums. Les globules blanes du sang, qui contenaient des points brillants semblables aux corpuscules en question, se dé- truisent complètement. Dans la deuxième portion du liquide, au contraire, les bactéries se multiplient presque exclusive ‘ment par scission, de sorte qu'ici on ne constate presque ni bactéries sporogènes (contenant des corpuscules brillants), ni corpuscules brillants libres, ni bactériums capitatums. Les globules blanes du sang restent intacts. Sur 10 inoculations faites avec le liquide porté à la tempé- rature de {0o, nous n'avons observé aucun casde mort, tan- dis que 3 cobayes, inoculés avec le même liquide, mais sou- mis à la tempéraiure de 150,sont morts. 30 La perte de virulence du liquide est due essentiellement, non pas à l'influence de l'oxygène de l’air, mais à la tempéra- ture, sous l’action de laquelle ce liquide commence à s’altérer, en dégageant des gaz, comme il résulte des expériences sui- vantes. Le liquide est placé dans des tubes en verre, dont les deux bouts eflilés sont soudés et purgés d’air. On met l’un de ces tubes dans l’étuve à ia température de 380 à K)o c., eton laisse l'autre à la température de 120 à 150. On constate que le premier liquide (380 à 400) perd toute sa virulence au bout de 48 heures, tandis que l’autre (12° à 150) conserve ses pro- priétés virulentes. Quant aux modifications que subissent les bactéries, en gé- néral elles sont analogues à celles qui sont décrites ci-dessus. — 194 — Par exemple, six expériences, faites dans ces conditions, ont donné toutes les mêmes résultats concluants, c’est-à-dire que, quatre animaux inoculés avec du liquide à la température de 400, ont tous survécu, tandis que deux autres. inoculés avec le même liquide à la température de 15°, sont morts. 49 Le déssèchement de ce liquide sérc-sanguinolent con- serve les organismes inférieurs dans le même état dans lequel ils se trouvaient avant le déssèéchement ; en sorte que si l’on dilue le résidu desséché avec de l’eau, on peut, dans le champ du microscope, observer pour ainsi dire leur résurrection. Les corpuscules brillants n’y existent pas. La matière desséchée conserve parfaitement sa virulence. 50 La virulence de la matière septique desséchée ne dispa- raît pas quand on la porte à une température de 100 c., même pendant 24 heures ; les corpuscules brillants n’y appa- raissent pas non plus, tandis que l’élévation de la température jusqu’à 1750 et 1800 la rend tout à fait inoffensive au bout d’une heure. Six cobayes, inoculés avec de la matière septique, portée à la température de 1000 c., sont tous morts dans un intervalle de temps qui a varié entre 36 et 84 heures ; tandis que l’ino- culation de la même matière, soumise à la température de 1750 à 1800, chez quatre autres cobayes, n’a produit sur eux aucune action même locale Dans un mémoire qui paraîtra plus tard seront consignées en détail les méthodes de recherches dont nous nous som- mes servi, de même que toutes les données bibliographi- ques qui sont en rapport avec la question qui a été l’objet de notre étude. — 195 — RECHERCHES SUR LES EFFETS ET LE MODE D'ÉLIMINATION DE L'IODURE DE TÉTRÉTHYLARSONIUM ET DES IODURES DOUBLES DE TÉTRÉTHY— LARSONIU si ET DE ZINC OU DE CADMIUM. — ÜLASSIFICATION DE CES SUBSTANCES PARMI LES AGENTS PARALYSO-MOTEURS OU CURA— RIQUES. — Première note de M. RABuTEAU. Ces nouvelles recherches sont, en quelque sorte, la suite de celles que j'ai fait connaître, dans la séance du 25 février, sur l'iodure de méthyltriéthylstibonium. Les analogies qui existent, au point de vue des combinai- sons chimiques, entre l'azote et l’arsenic sont aussi remarqua- bles et même plus intimes que celles que l’on constate entre l'azote et l’antimoine. I À l’'ammoniaque Az H3— II} Az correspond IT IH laydrogène arsenié As H3 = TI | As IT Aux ammontaques composées on amines, telles que la trimé- thylamine, la triéthylamine, correspondent les arsines com- posées, telles que : C H° | CH C H\ As C? H5 } As C H; C? H5 — Triméthylarsine. Triéthylarsine. De méme, aux sels d’ammonium composés quaternatres tels que les iodures de tétraméthylammonium et de tétramy- lammonium, correspondent les sels d’arsonium composés qua- ternaires tels que : C HS C2 H5 | C I1B C? H5 C 118 { ASI C2 15 | ASI C I C? H5 | Te lodurc de triméthylarsonium. lodure de tétréthylaraoniam. et une foule d’autres, suivant que l’on groupe différemment — 196 — les radicaux alcooliques précédents, ou qu’ou leur substitue d’autres radicaux tels que le propyle C3 7, le butyle CR, Pamyle C5 Hi, | La connaissances des diverses combinaisons d'arsonium quaternaires est déjà ancienne. Elle est due principalement et primitivement aux travaux de MM. Cahours et Riche (1) et à ceux de Landolt (?). J'ai pu effectuer mes nouvelles recherches par suite de l'o- bligeance de M. Cahours, qui m'a remis deux échantillons de ces combinaisons sinombreuses. L'un était de l’iodure double de tétréthylarsonium et de zinc, l’autre de l'iodure douhle de tétréthylarsonium et de cadmium. D’autre part,en déecomposant ce dernier sel double jar une solution bouillantede potasse, j'ai obtenu une petite quantité d’iodure simple de tétréthylar- 1 sonium parfaitement cristallisé. Je traiterai d'abord de ce- lui-c1. : Iodure de tétréthylarsonium. — Propriélés physico- chirriques. — Ce composé, que l'on appelle également codure d'arsénéthylium, et dont la formule est citée plus haut, est un sel incolore, inodore, cristallisant en longues aïguilles. Il pos- sède une saveur amère. Il est trés soluble dans l'eau et dans l'alcool, insoluble dans l’éther, 1 coutient en avsenic 25,587 Oj0 de son poids Traité par l'acide azotique ou par l'acide sulfurique, il donne de l’iode libre. Cette réaction est importante. Elle permet de reconnaitre, Vans l’eau et dans l’urine, la présence de c iodure aussi facilement que celle des iodures métalliques. L’acide chiorhydrique en dégage également de l’iode. Toutefois, lorsque les solutions en sont très diluées, ou que l'acide chlorhydrique est étendu d’une très grande quantité deau, la réaction est très peu apparente ou presque nulle. L'eau d’amidon ajoutée au mélange ne donne lieu à aucune coloration bleue où produit une coloration extrèmement faible. L’oxyde d'argent récemment précipité, ajouté aux solutions aqueuses d'iodure de tétréthylarsonium, décompose ce. sel (1) Comptes rendus da l'Académie «les sciences. t. XXXVI, (2) Journ. J'ur praktisch. Chemie, 1553. Lx, 386. — 1497 — . endonnant de l'iodure d’argent qui se précipite et de C2 H C? HS C° H5 C? H5 . tétrétBylarsontum hydraté : As | HO EC D ER ere qui est analogue à la potasse hydratée KHO, Le groupe trié- thylarsonium, compris entre les crochets de la formule précé- dente, fonctionne comme un corps simple tel que le po- - tassium ou le sodium. Cet oxyde est très soluble dans l’eau, Hi possède une réaction fortement alcaline, et chasse mêine lammoniaque de ses combinaisons comme le fait la potasse ou soude. L'iodure de tétréthylarsonium ne coagule pas l’albumine, - Les caractères qui viennent d’être assignés à ce se} Sont communs à la plupart des sels d’arsonium quaternaires, Parmi ces caractères généraux domine celui-ci : l’arsenie est tellement rivé aux radicaux alcooliques duns la molécule des arsontums quaternaires, que ces arsoniums fonctionnent abso- lument comme des corps simples. à J'insiste sur ceite donnée qui servira à expliquer les résul- tats surprenants de l’expérimentation biologique. Effets toxiques. — 10 J'ai injecté, chez un cochon d'Inde pe- sant 570 grammes, sous la peau des aines et des aisselles, 10 centigrammes d’iodure de tétréthylarsonium dissous dans 2 grammes d’eau. Dix minutes après l'injection, l'animal était déjà fatigué. Sa démarche était saccadée et difficile, surtout dans les membres postérieurs. Il est resté ensuite étendu sur ses pattes de de Vant, la tête penchée. Le nez était un peu chaud, les batte- ments cardiaques rapides, la sensibilité intacte. Une demi- heure après l'opération, l'animal était un peu moins fatigué. Il est revenu ensuite peu à peu à l’état normal, de sorte qu’au bout de deux heures et demie, il mangenit avec appétit. Pendant ce temps, l'animal, mis dans un cristallisoir en verre, à uriné. Ses urines d’un aspect normal, étaient très peu alcalines ; elles ne contenaient ni sucre ni albumine. Traitées C, r. 1882 il — 198 — par l'acide nitrique, elles ont donné ain abondant précipité d’iode. Le sel d’arsonium s’était donc éliminé facilement par les urines, ce qui explique la disparition rapide des effets pri- mitifs. Néanmoins, l'élimination n’en était pas tout à fait com- plète au bout de 20 heures, car de l’urine émise à ce mo- ment s’est encore faiblement colorée en bleu. 7n somme, l'injection sous-cutanée de 10 centigr. de trié- thylarsonium n’a produit chez un cochon d'Inde, que des effets peu marqués et passagers. Cependant cer animal avait reçu ? cent. 36 d’arsenic, quantité correspondant approximativement à 3 centigr d'acide arsénieux.On aurait pu croire, d’après cette expérience, que l’iodure de tétréthylarsonium et les combi- raisons des autres arsoniums quaternaires n'étaient pas toxi- ques, comme on l'avait cru jadis pour les combinaisons des stiboniums quaternaires. Il n’en est rien. Si les effets de l’arse- nic disparaissent complètement, comme ceux de l’antimoine, dans ces composés quaternaires, ces mêmes composés provo- quent des effets paralyso-moteurs analogues à ceux des sels d’ammonium quaternaires, c’est-à-dire des propriétés curari- santes, lorsque les doses absorbées en sont suffisantes. C’est ce que démontre l'expérience suivante. 20 Un cochon d’Inde, pesant 600 grammes, reçoit de même, sous la peau des aines et des aisselles, 18 centi- grammes d’iodure de triéthylarsonium dissous dans 3 gr. 50 d’eau. Cette quantité correspond à 30 centigrammes de sel in- jecté par kilogr. de poids d'animal. Péndant les cinq premières minutes, l’animal ne paraît rien éprouver. De la cinquième à la disième minute, 1l est déjà très fatigué et l’on peut prévoir qu'il n’a que peu de temps à vivre. Il s'étend sur son train de derrière, puis sur ses pattes antérieures ; sa tête est penchée et inclinée. La sensibilité est intacte. Il s’agite et crie même quand on le pince ou qu’on le pique ; il progresse difficilement; ses mouvements sont plutôt de la trépidation. Cette trépidation se manifeste lorsqu'on frappe sur la table où il repose. Le cœur bat vite; le nez est un peu chaud. Bientôt la respiration devient difficile, les mus- cles dilatateurs de la poitrine étant paralysés à leur tour. Aux inspirations profondes et espacées succèdent des inspirations — 199 — plus rapides et de plus en plus faibles La mort arrive par asphyxie au bout de 25 minutes. | A l’autopsie faite 10 minutes après la cessation des mou- vements respiratoires, le cœur est arrêté, mais les auricules se contractent encore. Le cœur contient du sang noir, même à gauche. Les poumons présentent quelques ecchymoses sous- pleurales, sans doute parce que l’asphyxie a été un peu lente à la dose injectée. Les organes abdominaux sont un peu con- gestionnés ; toutefois les reins paraissent normaux. La vessie contient de l’urine qui est peu alcaline et ne renferme ni albu- mine ni sucre, ou seulement des traces de cette dernière sub- stance, car la potasse la colore très faiblement par l’ébullition. Traitée par l’acide nitrique après addition d’un peu d’eau d’ami- don, elle se colore fortement en bleu violet, ce qui indique le passage du poison dont l'élimination n’a pu toutefois être assez rapide pour empêcher la mort de l’animal. Les expériences précédentes démontrent l’analogie qui existe entre les effets de l’iodure de méthyltriéthylstibonium et ceux du curare. Cette analogie est rendue plus évidente par l’expérimentation sur les grenouilles. J'ai répété, sur ces derniers animaux, celles que j'avais faites avec l’iodure de méthylstriéthylstibonium et que j'ai rapportées aux pages 163 etsuivantes des Comptes rendus de la Société de biologie. Les résultats ont été absolument identiques À la dose de 1 centigramme injectée sous la peau des gre- nouilles, ces animaux ont commencé à se mouvoir difficile- ment dès la deuxième ou la troisième minute; puis tous les mouvements ont cessé, à l'exception de ceux du cœur, qui a continué à battre pendant très longtemps alors que ces ani- maux étaient complètement inertes. Les nerfs sciatiques mis à nu et excités par la pile, e pro voquaient aucune contraction dans les membres postérieurs, à moins que ces membres n'eussent été préservés du poison, par une ligature comprenant tout, moins le nerf sciatique corres- pondant. Les muscles des membres ayant reçu le poison par la cir- culation se contractent cependant sous l'influence des exci- tants mécaniques ou électriques, -- 200 — Le cœur, mis à nu, a battu spontanément pendant huit ou dix heures. Plus tard, lorsqu'il était exsangue et arrêté, l’exci- tation produite par la pile a pu le faire battre Pons quinze à vingt heures. Aux doses supéricures à 1 centigramme, telles que celles de 2 à 8 centigrammes, les résultats ont été du même ordre, Si ce n’est que le cœur a battu moins longtemps, soit spon- tanément, soit sous l’influence de la pile. Les battements en ont persisté huit à dix heures seulement après l’injection sous- cutanée de 2 centig. 5 d'iodure de triéthylarsonium. À la dose de 5 milligrammes en injection sous-cutanée dans : 5 à 10 centigrammes d’eau, les grenouilles sont fatiguées. Elles r’éxécutent plus de mouvements au bout de quinze à vingt- cinq minutes; mais plus tard, si on les abandonne soit dans l'air humide, soit mieux dans une petite quantité d’eau, elles reviennent peu à peu à elles-mêmes et, le lendemain, elles se portent bien. Elles ont éliminé le poison, dont la présence est facile à constater dans l’eau où elles ont séjourné. Séance du 18 mars 1882 Présidence de M. Paul Bert. ACTION DU REGARD OU DE LA LUMIÈRE RÉFLÉCHIE DES YEUX DE L’EX— PÉRIMENTATEUR SUR LES YEUX DE L'HYSTÉRIQUE HYPNOTISÉE, par M. DuMoNTPALLIER. En entrant dans la salle Valleix, à la Pitié, je trouve l’une des hystériques hypnotisables de mon servive, assise devant son miroir et dans l'attitude d’une femme qui se coiffe. — Je m’approche et je constate que la malade est dans la période cataleptique de l’hypnotisme. La tête était légèrement inclinée à droite, les yeux dirigés à droite et en haut, la main gau- che passant devant le cou pour tenir une tresse de cheveux tombée sur l'épaule draite et la main droite portée à la hau- teur de l'épaule du même côté. — Je pensai que la malade avait été hypnotisée par la lumière qui venait de la fenètre en Oe face de laquelle elle était placée ou par la lumière diffuse ré- fléchie du miroir sur les yeux de la malade. Si l'une ou l'autre de ces hypothèses était exacte, la malade devait se réveiller spontanément par le fait de la continuité de la cause qui avait déterminé la catalepsie hypnotique. J'engageai les élè- ves à s'éloigner de la malade. Ayres une heure, nous trouvions la malade dans l'attitude où nous l'avions laissée. La continuité de la cause supposée de l'hypnotisme n'avait pas défait l’état produit. Il était donc vraisemblable que notre première hypothèse étiologique était crronée. Dans ces conditions il était naturel de rechercher une autre vause.-S’agissait-il dans cette observation d’un fait d'auto hypnotisme déterminé par la fixité du regard de la malade sur son miroir? Si cette seconde hypothèse était exacte, on comprenait que la fixité du regard de la malade ayant cessé par l’abaissèement incomplet des paupières, le réveil ne pou- vait avoir lieu, puisque la continuité de la cause de lhypno- tisme avait cessé ; et la malade serait restée un temps illimité dans la période cataleptique de l’hypnotisme. Pour faire cesser cet état, il nous eût suffi de diriger un faisceau lumineux sur le miroir, lequel miroir eût, par ré- flexion de la lumière sur le visage de la malade, déterminé le réveil. Nous avons préféré faire l'expérience suivante : Nous nous sommes placé derrière la malade et nous avons porté notre regard sur le miroir de façon à bien fixer les yeux entr’ouverts de la malade. Bientôt de petits mouvements se sont produits dans les paupières, la malade faisait effort pour , ouvrir ses yeux ; en même temps sa tête se tournait de gauche à droite, puis ses yeux se sont ouverts, la malade était ré- veillée. Et n’avait aucune conscience de la durée de son état hypnotique. ; Quelle que soit la théorie que l’on veuille proposer pour expliquer l’action du regard de l’expérimentateur dans cette expérience, il reste constant que cette action a été effectuée et n'a pu se produire que par réflexion du regard par le miroir sur le visage de la malade. On voit, dans cette PPÉRONES) que la malade était entrée _— 202 — dans la période cataleptique par l’action de son propre regard et de plus, que le regard de l’expérimentateur a suffi pour faire cesser cet état hypnotique. Cette observation nous conduit à exposer devant la Société es règles à suivre dans l’hypnotisation des hystériques règles qui nous ont été inspirées par de nombreuses expériences. NOTE SUR LES RÈGLES A SUIVRE DANS L'HYPNOTISATION DES HYSTÉRIQUES, par MM. DUMONTPALLIER ET MAGNIn. Nous demandons à la Société la permission de lui exposer quelques remarques qui nous ont été suggérées par les expé- riences que nous avons pratiquées sur les hystériques hypnotisables. L’hypnotisme est un état nerveux spécial dont l’existence ne saurait plus être niée dans l’état actuel de la science. La physiologie expérimentale comparée a, du reste, admis la réalité de l’hypnotisme, puisque l’on a dit que l’hypnotisme pourrait peut-être déterminer sur l'homme, comme sur les- animaux, de graves accidents. Cela étant, nous nous sommes proposé de rechercher les procédés les plus simples pour produire chacune des périodes de l’hypnotisme. Dans le passé, on trouve des observations contradictoires. La cause de ces contradictions, plus apparentes que réelles» réside dans la connaissance incomplète où l’on était des ca- ractères de chacune des périodes et dans la variété des pro- cédés employés pour les provoquer. Aujourd’hui, croyons-nous, ces causes d'erreur cesseront d’exister. En effet, avec des moyens simples et fixes, on peu déterminer à volonté, et d'emblée, l’une ou l’autre de ces phases _avec tous ses caractères et, à l’aide de ces mêmes moyens, on peut faire cesser l’état produit. C’est ainsi que, chez une hystérique hypnotisable, l abaisse ment des paupières supérieures et le frottement des globes oculaires peut déterminer d'emblée la léthargie, et cet état se maintiendra aussi longtemps que l’on aura soin de tenir fermés les yeux du sujet. Le frottement des globes oculaires — 203 -— exercé à nouveau fera cesser la léthargie et réveillera la malade. La période cataleptique peut être obtenue d'emblée parla fixation du regard de l’expérimentateur sur les yeux ouverts du sujet, ou par l’action de la lumière. Cette période persiste aussi longtemps que l’on a soin de maintenir les paupières supérieures élevées. En agissant de nouveau, par les mêmes procédés, on détermine la disparition de la catalepsie et le réveil. La période de somnambulisme s’obtiendr.. d'emblée par légère pression sur le vertex. La même pression exercée à nouveau fera sortir le sujet de l’état produit et le réveillera. Dans l’une quelconque de ces expériences, la cause mise en action d’une façon continue, eût déterminé sans interruption des oscillations de réveil et de l’état produit. Il nous a été possible aussi,chez quelques malades, d'obtenir un des trois états de l’hypnotisme sur une moitié du corps, tandis que l’autre moitié était plongée dans une phase diffé- rente du sommeil provoqué. Nous avons pu produire, comme d’ailleurs d’autres expérimentateurs l’avaient déjà fait, l’hémi- léthargie coïncidant avec l’hémicatalepsie. Nous avons pu, de -plus, réaliser l’hémicatalepsie avec l’hémisomnambulisme et l’hémisomnambulisme avec l’hémiléthargie. Nous avons même, chez une malade, déterminé la catalepsie croisée alterne et le somnambulisme croisé alterne. D’autres procédés que ceux énumérés ci-dessus peuvent servir à plonger les hystériques dans telle ou telle période de l’hypnotisme. Nous nous abstiendrons de les exposer. Ceux que nous venons d'indiquer nous paraissent devoir être em- ployés de préférence, tant à cause de leur simplicité et de leur facilité d'application, qu’en raison de la constance de leurs résuliats. Dans toutes ces expériences, il est possible de faire passer le sujet d’une période dans une autre, en faisant usage de chacun des procédés ci-dessus énoncés et cela, en commen- çant à volonté par telle ou telle phase. On devra faire dispa- raître les états provoqués en ordre précisément inverse de celui de leur production,en employant les moyens qui leur ont donné naissance. CT 11, — 204 ——— Pour ne prendre qu’un exemple, supposons la malade mise d'emblée en léthargie parle frottement des globes oculaires, puis en catalepsie par la lumière et enfin en somnambulisme par | pression sur le vertex ; pour faire descendre l'échelle, il suffira d’abord d'exercer à nouveau la même pression sur le vertex pour faire cesser l'état somnambulique, et obtenir de nouveau la deuxième phase, c’est-à-dire la catalepsie. Puis, l’action de la lumière sur les yeux du sujet défera la catalepsie pour reproduire le degré inférieur de l'échelle, la léthargie. Enfin, la pression exercée à nouveau sur les pois oculaires déter- minera le réveil. On voit par l'exposé de ce modus faciendt que la première et la dernière phase de l'expérience a été la léthargie, que la troisième phase, qui représente le sommet de l’échelle,a été le somnambulisme, et la phase intermédiaire de l’échelle ascen- dante et de l'échelle descendante a été la catalepsie. Dans cette expérience, le procédé qui a fait l’un des états a défait ce même état en reproduisant dans l’échelle descendante la phase qui l'avait immédiatement précédé dans l'échelle ascendante. Un schéma permettra de saisir plus lement le fait : Pression sur le vertex Action de la lumière Frotitement des globes oculaires Etat Nous avions d’ailleurs maintes fois constaté, dans notre- Somnembulisme Catalepsie Léthargie de veille Catalepsie Lethargie Réveil Pression sur le vertex Action do l8 lumière Frottement des globes oculaires étude de l’action des métaux et des agents physiques sur les hystériques en état d’hypnotisme, que l’agent qui avait fait la contracture d’un muscle pouvait la faire cesser. L’un de nous, M. Dumontpallier, a nettement formulé cette loi. L'agent qui fait défait. De même, nous avions constaté qu’un quelconque des agents électricité, aimants, métaux, etc.) pouvait, dans certaines conditions, défaire ce qu’un autre (souffle, lumitre, agent avait fait. son, 12} : 205 — -Nous avions vu aussi que toute action continuée sans inter ruption déterminait des oscillations. Un métal, par exemple, appliqué sur le front pour réveiller une malade en état d’'hypnotisme et laissé en place, la malade une fois éveillée, produisait des alternatives de réveil et de sommeil successsif. Dans le schéma figuré plus haut, on eût pu faire passer la malade de la période léthargique à la période cataleptique par simple ouverture des yeux, et il eùt suffi, pour reproduire ensuite la léthargie,de fermer les yeux et d'exercer une légère pression sur les globes oculaires, employant ainsi pour défaire un agent autre que celui qui avait fait. Mais nous pensons qu'il est préférable de rester fidèle à la loi généraie et d'employer pour défaire l'agent même qui a fait. Cela pour deux raisons: La premiére, pour éviter de se re en présence d'états P L mixtes, états quise sont souvent rencontrés de par le fait de Ja substitution d’un agent à l’autre dans le cours des expé. riences. La seconde raison d'agir ainsi nous paraît bien justifiée par ce fait que le réveil s'effectue toujours normalement et avec ealme, lorsque, pendant toute la durée des expériences, on s’est conformé rigoureusement aux règles que nous venons de poser et que les malades, dansces conditions, déclarent n’éprouver aucune fatigue une fois réveillées. Nous pensons en résumé que tout expérimentateur qui voudra suivre cette méthode n’aura à redouter, pour le sujet en expérience, aucun inconvénient dans sa détermination des Hits périodes de l'hypnotisme. FAIM. — APPéTIT, par M. le D, Leven. La faim et l'appétit sont deux sensations que les physiolo- gistes ont étudiées, mais dont l’analyse ne peut se faire parla méthode expérimentale. On'emploic'indistinctement ces deux termes l’un pour l’autre; mais ils ont un sens différent. La faim et l appétit ne peuvent être étudiésque chez l’homme à l’état de santé ou malade. On peut observer la faim chez le nouveau-né, durant les trois — 206 — ou quatre premiers mois de la vie; poussé par l'instinct de l'aliment, il prend le sein de la nourrice, et tire une certaine quantité de lait, suffisante pour satisfaire cet instinct et il s'en- dort jusqu’à ce que la sensation de la faim le réveille; il reprend le sein. La faim est une sensation simple que le lait seul peut calmer. Si vous essayez d'ajouter quelqu'’autre aliment à son repas, vous risquez de compromettre son faible organisme. Laissez s’écouler quatre ou cinq mois; ses forces se seront accrues, les organes auront plus de vigueur, et on ajoutera sans risque au lait des œufs, des soupes, des farines. À ce moment de la vie, l'esprit de l'enfant se manifeste ; il accep- tera ou refusera à certain jour tel ou tel de ces aliments, après avoir consulté les nerfs du goût et de l’odorat, selon les impressions que lui donne telle ou telle substance; tant qu'il ne buvait que du lait, le cerveau était passif, poussé par le seul instinct de la faim. Quand les nerfs du goût et de l’odorat interviennent, le cer- veau est actif, il est déterminé par l’appétit. II faut donc distinguer la faim, qui n’a sa source que dans un nerf, et la sensation de l’appétit qui est une résultante des sensations provoquées par les nerfs de la faim, du goût et de l’odorat. Toutes les fois que nous faisons un repas, dans l’état de santé, ces trois groupes de nerfs fonctionnent simultané- ment. L’appétit peut rester intact dans la dyspepsie ; mais le plus souvent, il diminue ou disparait entièrement. Les trois nerfs sont troublés simultanément; l'aliment a un goût, un fumet désagréables, il est pris sans faim. Dans un très grand nombre de cas, il se fait une dissocia. tion fonctionnelle de ces nerfs, et l’on observe la faim modi- fiée seule, sans que les nerfs du goût et de l’odorat soient tou- chés, ou bien les nerfs du goût seuls atteints ou encore les nerfs de l’odorat dérangés, alors que les nerfs de la faim et du goût ont échappé à l'influence de la dyspepsie. | Passons rapidement en revue ces différents désordres fonc- tionnels. Chez certains malades, aussitôt qu’une bouchée d’aliment 07 prise avec plaisir, bien accueillie par les nerfs du goùt et de l’odorat est introduite dans l'estomac, la faim est calmée et le malade dose plus continuer le repas, ou s’il le continue, il a des nausées. Pour d’autres, la faim augmente sans cesse et est auss] vive, le repas fini, qu'avant d’être commencé. C’est là ce qu’on a appelé boulimie. Les gens nerveux, dyspeptiques, qui sen- tent le besoin de manger ne trouvent plus à l’aliment son goût normal ou bien ont de l’appétence pour des substances exci- tantes, pour des substances bizarres, telles que du vinaigre, de la craie, du charbon et se rempliraient avec plaisir l’es- tomac de ces aliments. Les femmes enceintes présentent des types de ces désordres du goût dans la dyspepsie provoquée par la grossesse. Enfin il y a une dernière catégorie de dyspeptiques chez qui les nerfs de l’odorat seuls ont un fonctionnement dérangé. J’ai traité un malade âgé de 40 ans affecté de dilatation de l’esto- mac, qui avait faim, prenait la viande avec plaisir, mais elle lui laissait pendant douze heures une sensation de putréfac- tion qui ne disparut que quand l'estomac fut rétabli. Le siège de ces sensations est dans les nerfs de la langue et du nez. Mais où siège la faim ? C’est ce que l’on ne sait pas encore. Sédillot, Longet ont coupé le nerf pneumo-gastrique chez les chienset les ont vus manger trois ou quatre jours après l’opéra- tion; mais on n’a jamais pu couper le grand sympathique.N’est- ce pas lui, qui en l'absence du pneumo-gastrique, transmet la sensation de l'estomac au cerveau? Longet et Schiff ont sou- tenu que la faim ne siège pas dans l’estomac, mais dans tout l’organisme, que nous avons faim dans tous nos tissus, dans nos muscles, dans nos nerfs et qu'on pourrait établir une vé- ritanle équation entre de degré de la faim et les déchets de l’organisme. Ii est facile de leur objecter qu’il y des gens qui jamais ne sentent la faim, que la plus grande usure de l’orga- nisme se fait dans l’état fébrile, où la faimest absente. Schiff a fait des expériences pour démontrer que la faim n’est pas localisée dans l'estomac. I] prenait des chiens à jeun affamés qui ne cessaient de — 208 — crier. Quand il avait injecté des peptones dans les veines, ils cessaient de crier. ; Mais tous les physiologistes ont observé qu'en injectant de l’eau dans les veines de chiens à jeun, ils cessent de crier et ils se calment. : On ne peut rien déduire de ces expériences. Ce qui parait certain, c’est que la sensation de la faim est localisée dans l'estomac, transmise au cerveau par les deux nerfs sympathique et pneumo-sastrique. Pour que la faim soit sentie, il faut que la muqueuse de l'es- tomae ne soit pas congestionnée, soit à l’état sain. La déducuon pratique àatirer de ces données, c'est qu'on ne rétablit pas la faim par des médicaments, mais pâr le ré- cime alimentaire en proportionnant le nombre de repas avec des aliments solides à l’état congestif de la muqueuse. On ne rétablit pas Ja faim avec du vin de quinquina. ni avec des substances ferrugineuses, ni avec des préparations amé- res, mais en traitant rationnellement la dyspepsie. SUR LA LO: DE L'INEXCITABILITÉ CARDIAQUE, par MM. Dasrre et Marcaccr. Les excitations identiques que l’on porte sur le cœur d’un animal à sang froid, battant réculiérement, n'ont pas un effet identique. Bowditch en 1872 à montré que tantôt l'excitation état efficace, c'est-à-dire aisait naître une pulsation soudaine qui s’intercalait dans la série des battements,:et que d’autres fois elle était inefficace, c’est-à-dire qu'elle ne modifiait en rien Je cours régulier du cœur: Une excitation suffisante a ou n'a pas d'effet suivant les circonstances. ; La raison de cette diversité de résultats a échappé à Bowditch : il n'a pas su préciser exactoment les circonstances qui faisaient réussir où échouer la provocation électrique. C’est M. Marey qui, en 1876, a résolu cette question. Il a vu que ces vicissitudes expérimentales tenaient à la diversité des conditions où le cœur se trouve placé lorsqne la stimulation Patteint, L'existence ou Fabsence de la réaction tient à la phase de la révolution cardiaque avec laquelle coïncide l'exci- tation.Si l'excitation surprend le cœur dans la phase systolique, je) elle ne le trouble pas : si elle le surprend dans la phase dias- tolique, elle fait naître une pulsation soudaine. Le cœur est réfractaire aux excitations dans la période qui sépare la systole de la diastole extrême. L'organe cardiaque passe ainsi, dans le cours d’une seule révolution,par un état où il est excitable et par un état où il cesse de l’être..Ces faits se formulent en une loi connue des physiologistes sous le nom de loi de l’nex- citabilité périodique du cœur. Il ne faut pas croire que cette inexcitabilité soit absolue : elle est toute relative ; elle dépend de la force de l’excitant. En réalité le cœur est seulement moins excitable dans la phase systolique que dans la phase diastolique, de telle sorte qu’une stimulation juste suffisante du repos diastolique sera à coup sr inefficace pendant l’activité de la systole. Mais si l’on vient à accroître la force du stimulant, il viendra un moment où celui-ci sera efficace à tout moment, ou, comme disait Bowditch, infaillible FM. Marey a parfaitement compris cette condition du muscle cardiaque, qui est plus indifférent aux sollicitations expérimentales pendant le temps qu’il tra- vaille. La loi qu'il .a fait connaître pourrait s'exprimer en disant que le cœur éprouve périodiquement une diminution d’excitabilité pendant qu’il se contracte. « Plus l'intensité des courants employés est grande, plus « cette phase est courte : elle se réduit aux premiers instants « des périodes systoliques, puis disparait complètement si & l'excitation est plus forte encore. » (Marer,C. Rendus Ac. Sc., 28 juillet 1879.) Depuis lors, I. Burdon Senderaon et Page (juillet 1880) ont étudié avec plus de détail les circonstances des phénomènes sigoificatifs que M. Marcy avait fait connaître. Celui-ci avait constaté après Bowditch l'influence de l’excitant et l'influence _ de la température. Il avait vu que la chaleur abrège ou sup- prime la période réfractaire, que le froid l’allonge. Les phy- siologistes anglais. ont soumis ces influences à des mesures précises, mesures chronométriques qui font connaître la durée de la période réfractaire, et les retards de plus en plus grands que le cœur met à répondre à la sollicitation à mesure qu'on s’approche du moment où 1l deviendra sourd à cette sollici- ao ee tation. Ils ont mesuré aussi,avec exactitude, les températures et la force de l’excitant électrique. — Pour réaliser ces me- sures Burdon Sanderson et Page ont dù employer, comme l’avait fait Marey, et comme nous l’avons fait nous-même, les excitations minima, c'est-à-dire précisément celles dent la force est juste suffisante pour provoquer une réponse du cœur au repos. La durée de la période réfractaire est l'intervalle du temps le plus court qui sépare deux excïilations minima effi- caces. Un rhéotome particulier a permis aux auteurs anglais de s'assurer que=chez la Rana esculenta, à 120, deux secondes marquent la durée de la périoge réfractaire, ou mieux, de la période d’excitabilité diminuée. Cette période est réduite de moitié, 1 seconde, à la température de 230. On peut ensuite chercher la relation qui existe entre la durée de la période réfractaire et l'intensité de l’excitant : par exemple, avec le cœur de la tortue à 2%, on peut s'assurer que pour réduire de 1/5e la période en question, pour l’amener par exemple de 2,5 à 2”, 1l faut doubler la force de l’excitant. La loi de la diminution périodique de l’excitabilité cardiaque n’a pas seulement un intérêt intrinsèque ; elle est féconde en conséquences.M. Marey en a déduit une explication des mou- vements rhythmés provoqués dans le cœur per le passage de courants continus ou interrompus, et 1l l’a fait servir de fondement à une théorie rationnelle du rhythme cardiaque. Ces conséquences ont été développées dans la note lue à l'Académie des Sciences par M. Marey, le 8 juillet 1879, en réponse à la communication faite le 21 juillet par MM. Dastre et Morat. Le même physiologiste rappelle qu'il a cherché et fait rechercher cette même propriété sur d’autres muscles. Cette observation et le caractère général de la note montrent bien que l'ingénieux physiologiste n’hésitait pas à considérer la propriété en question comme appartenant au muscle lui- même, comme une propriété musculaire. Nous-mêmes nous reconnaissions à la même époque (11 août 1879, C. R. Acad. sc.) que çette propriété spéciale (l’inexcitabilité périodique) doit être rapportée au tissu musculaire seul et non pas aux éléments nerveux. Cependant on n’en a pas donné la démonstration. M. Marey ot avait opéré sur le cœur tout entier, c’est-à-dire sur un appa- reil qui est à la fois nerveux et musculaire. On pourrait done se demander si cétte extension implicite, si vraisemblable qu’elle fût était justifiée par l'expérience. La diminution pério- dique d’excitabilité appartient-elle au muscle, appartient-elle à l'appareil nerveux ganglionnaire du cœur ? L'examen expérimental est d'autant plus nécessaire que quelques faits autorisaient le doute. Les expériences de Donders, d’une part, de Tarchanoffet Franck.d’autre part, sur la fonction modératrice de l'appareil ganglionnaire du cœur en rapport avec le nerf vague, montraient, en effet, que la rapi- dité de la réaction consécutive à l'excitation de ce nerfdépend de la phase de la révolution cardiaque avec laquelle coïncide l'excitation. L'arrêt survient plus brusquement pendant la pé- riode diastolique que pendant la période systolique. Cette paresse relative et périodique de l'appareil modérateur n’a pas été rattachée encore à la diminution périodiquede l’excitabilité cardiaque : elle paraissait être, par conséquent, une propriété de l’appareil nerveux. — Une seconde raison qui commandait un nouvel examen expérimental, est tirée des réserves mêmes . que quelques physiologistes ont faitessur laloide l’inexcitabilité cardiaque (Aubert, Arch. de Pflüger,25 mars 1881). Une troi- sième raison, c’est l'échec des tentatives faites jusqu'ici pour découvrir la même propriété sur d’autres muscles. — Les expériences que nous avons faites, M. Marcacci et moi, pour décider la question de savoir si la diminution d’exci- tabilité est une propriété du muscle ou de l'appareil nerveux du cœur étaient donc nouvelles au moment où elles ont été exécutées, et où le résultat en a été publié (Rapport sur PEcole Pratique des Hautes-Etudes, 1879-1839). Elles nous ont paru nécessaires, précisément'à cause de la légitimité des doutes que le résultat pouvait encore comporter. Enfin, elles avaient pris un certain intérêt, depuis que tant de travaux récents ont établi que le rhythme du cœur, considéré d’abord comme une fenction nerveuse, était une propriété du muscle cardiaque. On sait les efforts nombreux qu’il a fallu pour en venir là Des raisons générales et particulières plaidaient en faveur de — 212 — l'attribution au système nerveux ganglionnaire de la fonction régulatrice du cœur. La proprièté excito-motrice et le pouvoir réfiexe attribués par CI. Bernard au ganglion sous maxillaire — les mêmes propriétés attribuées aux masses ganglionnaires des vaisseaux sanguins (centres périphériques de Huizinga) — la propriété excito-frénatrice, assignée par MM. Dastre et Morat au ganglion étoilé du sympathique, voilà autant de raisons d'ordre général. Parmi les raisons d’ordre particulier, l'existence d’un appareil modérateur et d'un appareil accélé- rateur extra-cardiaque — le fait de l’inertie de la pointe du cœur (muscle cardiaque), le rôle du système ganglionnaire mis en lumière par les expériences de Stannius, en 1851, enfin les conclusions très nettes du travail de Bowditch en 1879, et celles du travail plus récent de Bernstein, sont les principales. D'autre part, l'idée contraire que la fonction rhythmique serait une propriété musculaire avait été exprimée incidem-— ment par Brown-Séquard dès l’année 1853. Schfff l'avait adop- tée en 1865 pour des raisons indirectes. Elle résultait plus nettement des recherches de Eckhardt et de Heidenhain, qui étaient longtemps restées dans l’ombre, de celles dé Lueiani en 1873, de Rossbach en 1874, de Merunowicz en 1875, de Ranvier (1878), de Dastre et Morat (1878), de Ludwig et Luch- singer, de Michael Foster et de Gaskell. — Nous n’avons qu’à citer à ce propos le résumé de l’exposé très lumineux que M. Fr.-Franck a présenté au congrès de Londres (août 1881), à propos de cette question : « Résumé. Si nous rapprochons les faits remarquables « observés par M. Foster et Gaskell, par J. M. Ludwig er « Luchsinger, de ceux qu'avait constatés Merunowiez : si «nous tenons compte des résultats fournis par les excitations « électriques appliquées au muscle cardiaque par Eckhardt, « Heidenhain, Ranvier, Dastre et Morat, nous. voyons qu’on « est amené aux conclusions suivantes : « Que l'influence des ganglions du cœur n’est pas indispen- « sable à la production des mouvements rhythmiques de cet « organe. — Que la fonction rhythmique paraît appartenir en propre — 213 — à la fibre « musculaire cardiaque ». (Transactions of the Me- dical International Congress, vol. I, p.253.) — Les considérations précédentes font comprendre l'intérêt physiologique du problème qui nous a préoccupés, lorsque nous avons voulu nous assurer expérimentalement si la loi de linexcitabilité cardiaque appartenait au muscle ou aux gan- glions, nerveux du cœur. - Voici maintenant le dispositif expérimental . Il n’était pas possible de calquer exactement la méthode de M. Marey. Dans les expériences de ce physiologiste,le cœur battait normalement et réguiièrement, et il suffisait de Île sur. prendre aux différentes périodes d’une même révolution par me excitation électrique. — Si l’on veut wpérer sur le muscle cardiaque (pointe du cœur), l’on n'a pas la même ressource, La pointe du cœur détachée ne bat plus. A la vérité, il existe un moyen de provoquer le mouvement rhythmique de ce fragment musculaire — c’est de le soumettre à l’action d’un courant continu. Il faudrait alors, en employant un second circuit, Superposer à un moment donné à ce courant continu une excitation produite par une série rapide de courants d’in- duction. — Mais cette façon d'opérer aurait des inconvénients pratiques tenant à l'accumulation des produits électrolytiques, etun inconvénient théorique résultant de ce que le stimulant continu disparaît pendant la durée du coup d’induction. Une remarque faite antérieurement par l'un de nous permettait d'esquiver cette difficulté. L’excitation diseontinue d’un rhythme fréquent est assimilable à l’excitation du courant continu (C. R. de l’Académie des Sciences, 21 juillet et 11 août 1879). Il s’agissait donc d’entretenir les battements du cœur au moyen d'un appareil d'induction à rhythme fréquent, et de provoquer mécaniquement, à tel moment que l’on voudra, un accroissement brusque de ces décharges. Cette condition a été remplie en introduisant dans le circuit une résistance que l'on supprimait mécaniquement pendant un très court in- tervrlle de temps. De là une stimulation que l’on pouvait placer à telle phase que l’on désirait de la révolution car- diaque. Ce n’est pas le lieu de décrire ici en détail le dispositif instrumental. Il suffit d’en faire comprendre le principe. — 214 — Le résultat des expériences a été très net. La pointe du cœur se comporte comme le cœur tout entier : la loi d’inexci- tabilité périodique est bien véritablement une loi musculaire. A côté de ce résultat principal, il s’en présente un autre éga- lement intéressant, mais dont la constatation offre quelques irrégularités. Les contractions provoquées secondairement s'intercalent dans la série primitive très fréquemment sans en troubler la régularité, par simple addition. C’est là une con- dition tout à fait différente de celle que M. Marey a observée, conformément à la loi de Cyon. — L’excitation efficace n’ajoutait pas, en effet, de contraction nouvelle, elle ne faisait que hâter une pulsation et la rapprocher de la précédente, de façon que, dans un temps donné, le nombre était le même. Si les irrégularités de nos expériences s’expliquaient, il faudrait en conclure que cette régulation remarquable du travail car- diaque est la fonction de l'appareil ganglionnaire. C’est le rôle de cet appareil nerveux de faire en sorte que la somme des périodes d'activité du. cœur, dans un temps donné, reste toujours la même, quelle que soit la rapidité des battements. (Cyon, 1860.) Une autre méthode aurait pu être employée encore et l’a été réeHement pour vérifier le premier des faits que nous signa- lons ici. Au lieu d’entretenir la pomte du cœur en mouvement rhythmique, on pourrait se continter d'étudier l'effet de deux contractions provoquées successivement à différents interval- les. C’est ainsi que Burdon Sanderson et Page ont procédé dans leur travail sur l'excitation du ventricule du cœur de la grenouille, où ils avaient surtout en vue les relations chrono- logiques des phénomènes de la contraction. La méthode que nous avions suivie un peu antérieurement aux physiologistes anglais, en essayant de produire non pas une seule contrac- tiôn mais un rhythme régulier, ne permettait pas les mêmes mesures précises, mais en revanche elle nous aamenés à une constatation qui n’est pas sans intérêt, relativement à la dis- tribution du travail cardiaque. osiss sis. à s - 215 — NOTE COMPLÉMENTAIRE A LA COMMUNICATION FAITE A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE, LE 18 FÉVRIER, SUR LES ALTÉRATIONS DES NERFS CUTANÉS DANS L’ATAXIE LOCOMOTRICE ET SUR LE RÔLE DE CES ALTÉRATIONS DANS LA PRODUCTION DES TROUBLES DE LA SENSIBI- LITÉ QUE L’ON. OBSERVÉ CHEZ LES MALADES ATTÉINTS DE SCLÉROSE POSTÉRIEURE, par M.J. DEJERINE. Dans une note communiquée à la Société dans la séance du 18 février, j'ai montré que l’on observait chez certains ataxi- ques, au niveau des parties de la peau anesthèsiée, une alté-— ration des nerfs cutanés, très prononcée dans le cas qu'il m'avait été donné d'observer. À la séance suivante (25 février) M. À. Rubin fit une réclamation de priorité en faveur de M. Pierret, qui aurait le premier constaté, suivant lui, ces al- térations nerveuses et démontré, en outre, leur nature péri- phérique, d’après une note remise à M. Robin pour sa thèse d’agrégation.(Des troubles oculaires dans les maladies de l’en- céphale par A. Robin. Paris 1880.) Voici la partie de cette note qui se rapporte à ma communication : « Si l’on examine avec soin les expansions terminales des « nerfs qui se rendent à ces zones cutanées, où se produisent « chez les ataxiques les douieurs fulgurantes, les anes- « thésies, les hyperesthésies ou ces éruptions pemphigoïdes « que l’on observe si souvent, on y rencontre une névrite par- ‘« faitement comparable à la névrite optique. Il est probable, « bien que nous ne l'ayons pas encore vérifié, que cette in- « flammation se traduit aussi au niveau des corpuscules spé- « ciaux que l’on remarque dans la peau. Toutefois, et comme « pour compléter l’analogie, les altérations deviennent moins « nettes à mesure que l’on s’éloigne de la périphérie, bien- tôtelles disparaissent tout à fait, mais pour se retrouver « dans les dépendances centrales des nerfs sensitifs (loco ci- « zato p. 327 et 328). » Les recherches bibliographiques que j'ai faites depuis ma communication démontrent que la priorité n’appartient pas à M Pierret, mais bien à M. Westphal, qui, dans un travail pu- blié en 1878, deux ans avant la thèse de M. Robin, a dé- montré, avec planches à l'appui, l'existence d’altérations pé- À — 216 — riphériques dans les nerfs sensitifs cutanés (branches cutanées du petit sciatique) chez les ataxiques ; l’altération nerveuse est décrite avec une grande précision (Ueber com- binirte (primære) Erkrankung der Ruckenmarkstrænge, par C.Westphal in Arch.der Psychiatrie und Nervenkrankheiten, 1878, T. VIIL 2e p. pg. 480 fig. 4et 5 de la planche XI). Du reste, en 1863, Friedreich (Arch. de Virchow,T.26, pg. 399 et 452) avait déjà signalé des altérations des troncs nerveux (sciatique, crural, radial), chez ces malades. Ces altérations ne sont du reste pas constantes car mon maître, M. Vulpian, les a recherchées plusieurs fois dans les nerfs periphériques mixtes ou purement sensibles et ne les a pas rencontrées; il a même constaté très nettement l'intégrité des nerfs cutanés dans un cas (A. Vulpian, Note sur l’état des nerfs sensitifs, des ganglions spinaux et du grand sympathique dans les cas de sclérose des faisceaux postérieurs de la moelle épinière avec atrophie des racines postérieures; in Arch, de Phys. norm. et pathol., 1868, p. 128, et l’intégrité des nerfs cutanés est notée p. 140). Les altérations périphériques des nerfs sensitifs périphéri- ques ont donc été décrites pour la première fois en 1878, par Westphal, car les recherches de Friedreich, quoiqu'ayant abouti à des résultats positifs, ont porté sur des nerfs mixtes. Quant à la démonstrazion de la nature périphérique, elle n’a pas été donnée jusqu'ici par aucun des auteurs qui m'ont pré- cédé. M. Pierret dit que ces altérations des nerfs sensitifs diminuent pour disparaître bientôt à mesure que l’on se rap- proche des centres, mais il ne mentionne pas l’état des gan- glions spinaux dans ces cas, ni de la partie de la racine pos- térieure située au-dessus de ces derniers. Dans le cas que j'ai : examiné, et dont j'ai complété l’examen depuis ma précé- dente communication, j'ai étudié les ganglions spinaux et les racines postérieures au-dessus et au-dessous des ganglions. Ces derniers tenant sous leur dépendance la nutrition des ra- cines postérieures et des nerfs sensitifs par conséquent, leur intégrité permet seule d'affirmer qu’une névrite des nerfs cu- tanés est d’origine périphérique. Or, tandis que les racines postérieures entre le ganglion et la moelle:ne contenaient de ne on mod : sa GSE CE Éd cER EE — 217 — presque que des gaînes vides, la partie de la racine située au-dessous, entre le ganglien et la coalescence avec la racine antérieure,ne contenait pas un seul tube malade, et, au mi- croscope, ces ganglions présentaient les caractères de l'état physiologique. Il est évident que l’altération des-nerfs cutanés doit se produire, en vertu de causes que nous ignorons encore, dans le domaine périphérique des nerfs sensitifs, et que les. centres trophiques de cesderniers ne sont pas en cause. LÉSIONS HISTCLOGIQUES DE L'ONGLE DANS LES INFLAMMATIONS DE CET ORGANE, par M. SucHano. Depuis les recherches de M. Ranvier, on sait que la kérati- nisation de l’ongle coïncide avec la présence, dans la couche granuleuse de la matrice et du lit de l’ongle, d’une substance spéciale qu’il a nommée substance onychogène. Cette sub- stance se colore en brun par le picrocarminate d’ammonia- que après l’action de l’alcaol. Elle diffère par cette réaction de la substance qui se trouve dans la couche granuleuse de l’épi- derme. Cette dernière substance & laquelle M. Ranvier a donné le nom d’éleidine se présente sous la forme de gout- telettes arrondies qui se colorent sous l'influence du picro— carminate en rouge vif. Toutes les fois qu’il y a inflammation néoformatrice de l’épiderme, il y a accumulation d’éleidine au point enflammé (Ranvier, académie des sciences, 30 juin 79). Je me suis proposé de rechercher si, dans les inflammations du corps muqueux de l’ongle, il y avait de même accumulation de substance onychogène. Le problème étant ainsi posé, j'ai examiné ce qui se passait dans la matrice et le lit de l’ongle, dans l’onyxis développé sur des es atteints de mal plan- taire perforant. Sur des coupes parallèles à l'axe du doigt, perpendiculaires à la surface de l’ongle, jai reconnu que, au lieu d’accumula- tion de substance onychogène, il y avait, au contraire, dispa- rition de cette substance, et que de plus, elle était és par de l'éleidine en très grande abondance. J'ai observé le même fait dans un onyxis développé au voi- sinage d’une tumeur blanche et dans l’onyxis syphilitique. — 218 — Dans d’autres inflammatious qui sont localisées en un po de la matrice ou du lit de l’ongle, comme, par exemple, pour les pustules de variole sous-unguéales et'le psoriasis unguéal j'ai remarqué la même modification. J'en ai conclu qué dans toutes ces maladies, la kératinisation ‘unguéale était remplacée par une kératinisation épidermique généralisée ou localisée, et qu’au lieu d’ongle, il se dévelop- pait au point enflammé de l’épiderme corné. Lorsque l’inflammation a cessé, la kératinisation unguéale recommence et s’accuse par une production nouvelle de subs- tance onychogène ; c’est ce que j'ai pu constater sur un ongle repoussant avec tous ses caractères, après un onyxis simple. Ces faits m'ont paru intéressants au point de vue spécial de la dermatologie, et aussi au point de vue de la pathologie gé- nérale. V En premier lieu, ils expliquent le mécanisme de certaines inflammations de l’ongle. Dans les onyxis généralisés, la forme de l’ongle est modifiée dans toute son étendue. Dans les onyxis localisés en un point de la matrice ou du lit, il se forme de l’épiderme corné au point enflammé, tandis qu'à la périphérie l'ongle persiste avec tous ses caractères. À mesure que l’ongle pousse, l’épiderme corné se desquame, et par suite, il se pro- duit une perte de substance dépendant uniquement de l'étendue de l’inflammation et non pas de sa nature. Au point de vuë de la pathologie générale, il est intéressant de voir que la ktratinisation épidermique remplace dans les inflammations de l’ongle la kératinisation unguéale. Les cel- lules enflammées tendent ainsi à revenir à un type plus simple, la kératinisation épidermique étant un phénomène d’un ordre moins élevé que la kératinisation unguéale. L'étude comparée des sabots des différents animaux montre, du reste, que la substance cornée épidermique et la substance cornée un- gutale peuvent se remplacer l’une l’autre pour concourir 4 la formation de parties homologues. : pige DE QUELQUES FAITS AYANT TRAIT A L'ACTION DES MÉTAUX SUR LES HYSTÉRIQUES, par le Dr VÉTAULT, DE Ponrs-nEe-Cé. Ayant eu l’occasion d’expérimenter sur six malades offrant des phénomènes de contracture hystérique, j'ai pu constater les faits suivants : 1o S1 l’on met sur une table une plaque d'un métal auquel la malade est sensible, et si on dispose le bras de la malade de telle sorte que la pulpe des doigts se trouve directement au- dessus de cette plaque et à une certaine distance (20 centi- mètres et souvent plus), on voit, au bout de quelques minutes, les doigts s’abaisser lentement vers la plaque. Lorsque ce mouvement lent les en a rapprochés jusqu’à un centimètre environ et qu'ils se trouvent dans ce que j’appel- lerai, par analogie avec l’aimant, la zone d'attraction, ils s’abaissent rapidement, s'appliquent sur la plaque de métal et se contracturent. Cette contracture augmente rapidement d'intensité, gagne la main, puis le bras si l’on n'intervient pas. Elle est telle- ment violente que la malade, malgré ses efforts, ne parvient pas à détacher ses doigts de la plaque métallique sans une intervention étrangère. 2o Chez une de mes malades, qui est sensible à l’or et au cuivre, j'ai pu constater que ces métaux agissaient beaucoup plus énergiquement à distance qu’appliqués directement sur la peau. Lorsque l’on place une plaque de cuivre directement sur le dos la main, il faut attendre une minute environ avant d'obtenir de la contracture du membre. Si au contraire cette même plaque est maintenue à une certaine distance de la main, celle-ci entre en contracture au bout de quelques se- condes. — L’expérience réussit également bien, si au lieu de tenir à la main la plaque métallique, je la maintiens dans une fente pratiquée dans une tige de bois. 3: J’ai observé qu’il existe des points beaucoup plus sensibles que les autres à l’influence métallique. Sur la même ma- Jade, sensible à l'or et au cuivre, j’ai remarqué qu’une pièce — 220 — d’or placée à trente ou quarante centimètres du dos de la main, déterminait une contracture des plus violentes, qu’en ne pouvait vaincre qu’en écartant la plaque et en agissant sur les antagonistes, ou bien encore en présentant simplement la plaque métallique à proximité de la face dorsale de la main du côté opposé. Cette sensibilité excessive à l’or me paraissait en contra- diction avee la présence, à l’annulaire de la main gauche sur laquelle j’expérimentais, d’une bague également en oret qui ne produisait aucune action. Cela ne tenait pas à l’habitude, car en passant l’anneau à l’annulaire de l’autre main, il ne produisait non plus aucun effet. Je plaçai alors la bague entre l’extrémité du pouce et celle de l’annulaire de la main gauche. Il se produisit bientôt une contractur: de ces deux doigts telle qu’il fallut une certaine force pour enlever la bague. Cette contracture, abandonnée à elle-même, ne fit qu'augmenter ; ellé s’étendit aux autres doigts, à la main, au bras, et je fus obligé d'intervenir pour l'arrêter. Ce fait, que j'ai constaté sur plusieurs de mes malades, les unes sensibles à l'or, les autres au cuivre et au zine, j'ai pu le reproduire devant MM. Dumontpallier et Bouley, dans le service de M. Dumontpallier, sur la nommée Guæry, sensible à l’action de l’argent et du laiton. Des expériences que je viens d'indiquer, je crois pouvoir conclure que la pulpe des doigts est plus sensible que les autres parties du corps à l’action des métaux, peut-être à cause de sa richesse en terminaisons tactiles, et je pense que la connais- sance de ce fait pourra faciliter et abréger considérablement la recherche, souvent assez diffcile, du métal auquel un ma ladé est sensible. Ces faits, qui n’ont pas encore été signalés, que je sache, m'ont paru mériter d'attirer l’attention de la Société. Je me propose de poursuivre mes recherches à leur sujet. — 991 — Séance du 25 mars 1882 Présidence de M. GRIMAUX TUBERCULES’ DES POUMONS CHEZ UNE VACHE CAUSÉS PAR DES pouvEs (distoma hepatica) par M. Minis. La picce pathologique que je présente est une portion de l'extrémité inférieure du poumon gauche d’üne vache qui vient de m'être adressée par un confrérc de province. Cette vache avait cu plusicurs compagnes atteintes de péripneumonie contagieuse, et, comme elle mangeait mal et qu'elle e paraissait souffrante, on l'envoya à l’abattoir. Les Ra mons, examinés par le vétérinaire qui était chargé de s’as- surer si la bête n’était pas péripneumonique, présentèrent un : groupe de trois tumeurs tuberculeuses à parois fibreuses très épaissies, bosselces , qui, incisées, laissèrent écouler une matière purulente, couleur chocolat, très analogue à celle des abcés du fuie ; dans cette matière, se trouvaient aussi des douves hépatiques. Trouvant la lésion curieuse, il me l’a envoyée. J'ai prolongé l’incision des tuméurs, et j'ai encore trouvé un distome que je présente et qui me paraît adulte, bien qu’il soit moins grand que ceux dont les ovaires sont remplis d'œufs. Cette lésion a une grande analogie d'aspect et de structure avec celles du foie des moutons atteints de cachexie aqueuse et dont j'ai déjà présenté des spécimens à la Société. Le fait de la présence de la douve hépatique dans les pou- mons est extrêmement rare ; il y en a encore qu'un exemple enregistré dans la science; ii est dû à R volta, professeur vétérinaire à Pise, qui l'a observé sur nn bœuf ct qui l’a con- signé dans él Medico reterinario de juillet 1868. INFLUENCE DE LA SECTION DES NERFS PNEUMO-GASTRIQUES SUR L'EX- HALATION DE L'ACIDE CARBONIQUE PAK LES POUMONS. — În- FLUENCE 2E LA MORPIIINE SUR CETTE FONCTION, par M. GRÉHANT. 1o L'our rechercher si la section d’un seul nerf pneumo-gas- trique modifie la quantité d'acide carhonique exhalé par les poumons, j'ai d’abord fait circuler à travers les poumons d’un C. r. 1882 12 — 222 — chien 50 litres d’air qui ont enlevé, en 7’ 42”, 2 gr. 55 d’acide carbonique, puis je fis la section d’nn seul nerf pneumo-gas- trique ; une heure après cette opération, j'ai fait circuler dans les poumons 50 litres d’air qui ont reçu ? gr. 65 d’acide carbo- nique ; l'expérience a duré 8 32”. 24 heures après l’opération, le même volume d'air a entraîné 2 gr. 65 d'acide carbonique en 9° 22”. ._ Enfin, 48 heures après la section du nerf, 50 litres d’air ont reçu, en 6’ 52”, 2 gr. 60 du même gaz. Quoique les durées de ces expériences aient-été un peu différentes, on peut con- _clure des nombres obtenus que la section d’un seul nerf pneu- mogastrique ne paraîtnullement modifier l’exhalation de l’acide- carbonique par les poumons. : 6 mois après, on fit chez le même animal la section du second nerf pneumo-gastrique : l’animal devint très malade et maigrit considérablement ; cependant on obtint, quelques jours après l'opération, les nombres 2 gr. 72,2 gr. 74, 2 gr.62 pour les quantités d'acide carbonique exhalé dans 50 litres . d'air, nombres presque identiques à ceux qui ont été obtenus dans la première série d'expériences ; seulement la circulation de ce volume d’air à travers les poumons a duré 14 minutes au lieu de 8 minutes; c’est la seule différence que j’aie pu cons- tater. 20 Chez un chien du poids de 15 kilog.600, 50 litres d’air ont enlevé aux poumons, en 7’ 35”,2 gr. 64 d’acide carbonique ; on fait chez cet animal une injection sous-cutanée de 15 centigr. 6 d’une solution de chlorhydrate de morphine renfermant? centig. par centimètre cube : on a donc injecté 2 centigr. par kilogr. du poids de l'animal; une demi-heure après l'injection, le chien étant plongé dans un sommeil profond, on fait circuler de nouveau à travers les poumons 50 litres d’air:l’expérience est beaucoup plus longue, elle dure 18 15”, et l’acide car- bonique exhalé a été trouvé égal à 2 gr. 245; non seulement la quantité d'acide carbonique exhalé a Den mais si on cherche quel est le poids de ce gaz que l'animal aurait éli- iminé à l’état de veille en 18 15”, on trouve 6 gr. 356, c’est à-dire presque le triple dé la quantité trouvée. Si l’on admet, ce qui paraît rationnel, que la quantité d' acide — 223 — carbonique qui se forme dans tout l'organisme en un certain temps est à peu près égale à celle qui est exhalée par les pou- mons dans le même temps, l’activité de la production de l'acide carbonique dans les tissus, pendant le sommeil provo- qué par la dose de morphine que j'ai employée, serait donc presque trois fois moindre que chez l’animal à l’état de veille; cette conclusion ne peut être exacte qu’à une condition, c’est que l’acide carbonique ne s’accumule point dans le sang ou dans les tissus pendant le sommeil artificiel. DE LA CONGESTION VEINEUSE ENCÉPHALIQUE DANS L'ANÉMIR ABTSÉ- RIELLE PAR ARRÊT DU CŒUR (Accumulation compensatrice de sang veineux), par M. François-Francx. Dans l'étude de la circulation à l’intérieur de la grande ca- vité céphalo-rachidienne, il y a un point qui est aujourd’hui assez généralement accepté comme acquis, c’est que les va- riations du contenu artériel du crâne ont pour conséquence directe et immédiate des déplacements en sens inverse du h- quide céphalo-rachidien. Les remarquables études de M. A. Richet, commencées dès 1846, ont largement contribué à éta- blir chez nous cette notion, très logique du reste, et satisfai- sante au point de vue théorique. Nous nous représentons vo- lontiers le liquide sous-arachnoïdien comme chargé de com- bler l’espace laissé libre quand le sang artériel afflue moins abondamment,et pouvant fuir dans le canal rachidien quand un apport plus considérable de sang artériel se produit dans le crâne. Cette théorie a paru recevoir un appui très sé- rieux quand on 2 repris, à l’aide des appareils enregistreurs, l’étude des mouvements du liquide céphalo-rachidien et quand on a montré, comme l’a fait M. Salathé en 1876, que les oscillations de ce liquide sont dans un rapport étroit avec les variations du contenu artériel de la cavité cranienne. Mais, dans toutes ces recherches, dont jai moi-même abso- lument accepté les résultats dans quelques notes ou mémoires antérieurement publiés (1), on a évidemment fait une trop (1) François-Franck. — Mouvements du cerveau (Journal de l’Anatomie, Mai 1877). — Brissaud et François-Franck, mème sujet. C. R. du Labora- toire de M. Marev, 1877. — 224 — faible part aux déplacements du sang veineux qui sont, dans le crâne du moins, directement commaidés par les variations du contenu artériel. Déjà Mosso, reprenant une idée émise par: Carson (1815-1820), par Berthold (1869) et d’autres encore, a montré en 18N0 (Acad. dei Linceï),et tout récemment dans une édition condensée du mème travail (Arch. p. L. Sciense me- diche, 1882), qu'à chaque pénétration du sang artériel dans le crâne se produit la projection du sang veineux en dehors de la cavité cranienne. Ce fait,du reste ,n’a rien despécial au crâne: on le retrouve dans les autres cavités closes, à parois résis- tantes, et notamment dans la cavité oculaire : l’affaissement brusque des veines rétiniennes à chaque afflux artériel paraît ne pas reconnaître d'autre cause. (V. les travaux de Coccius, Donders, Berthold, etc.). Je crois aussi que le déplacement du sang veineux produit par l'expansion artérielle du tissu, con- stitue une condition circulatoire importante du pied, chez l’homme, surtout quand ilest comprimé par la chaussure; pour le sabot du cheval le fait m'a paru évident d'après quelques expériences que j'ai faites dans le laboratoire de M. Chau- veau. Je me suis deinandé ce qui advient de la répartition des deux liquides veineux et sous-arachnoïdien quand on considère, non plus los conditions circulatoires normales,les afflux succes- sifs de sang artériel dans la cavité cranienne, mais quand on provoque l’anémie artérielle de l'encéphale par l'arrêt du cœur. Dans ce cas, on devrait, d’après la théorie courante, voir se produire du côté de la cavité cranienne un afflux compensa- teur considérable de liquide sous-arachnoïdien : en effet, il est impossible d'admettre que l’encéphale,privé de sang arté- riel, s'affaisse en laissant autour de lui un vide que rien ne vienne combler. < Or lPexpérience démontre que la place laissée libre par le défaut d’afflux ar‘ériel est occupée surtout par du sang veineux qui s’accumule dans le crâne sous pression crois: sante, de telle sorte qu’en réalité wn cerreau wnémié de sañg artériel parait être un cerveau congestionné de sang véineur, pour exprimer, par une sorte de formule, le fait dont il s’agit. Résumé des expériences. — Sans entrer ici dans le détail FE EE (Lie _— 22% — des expériences, je me contenterai d'indiquer les faits princi- paux qui me paraissent établir le résultat 15 je viens d’énoncer. On pratique l'expérience, soit sur un chien mobiles par le curare et dont la respiration est artificiellement entretenue, soit sur un chien anesthésié par un procédé quelconque : quel que soit le mode de respiration de l’animal, artificiel ou natu- rel, le résultat n’a pas varié. Une trépanation, faite à la partie postérieure du pariétal, a permis de visser dans le crâne un tube dont la cavité est mise en rapport par l’excision de la dure-mère avec la cavité sous- arachnoïdienne. Quelques centimètres cubes d’eau salée à 5 . ou 6 pour 1000 sont versés dans le tube et on obtient ainsi un niveau dont les variations correspondent, comme on sail, aux mouvements d'expansion et de retrait du cerveau en rapport avec la respiration et le cœur. Ces mouvements sont inserits à distance au moyen de la transmission par l'air : c’est l’ex- périence classique pour l’exploration des mouvements du cer- veau chez les animaux. En même temps que les courbes de ces mouvements, on re- cueille celles des battements du cœur et des mouvements res- piratoires à l’aide d’un. explorateur à ressort appliqué sur la paroi thoracique au niveau de la région précordiale ; on inscrit de mème les variations de la pression artérielle avec un sphyg: moscope placé, au moyen d’un tube en T, sur le trajet de l’une des carotides. À cette inscription simultanée des mouvements du cerveau, des pulsasions du cœur, des mouvements respiratoires et de la pression carotidienne, onjoint celle des signaux électriques indiquant le début, la durée et la fin des excitations appliquées au bout inférieur du preumogastrique, quand on agit sur lui pour produire, à un moment donné, l'arrêt plus ou moins pro- longé des battements du cœur. L’animal est placé en position horizontale, et il est IMpor- tant que la circulation intra-cranienne s’opère régulièrement au moment de l'expérience, que le cerveau, mis à nu, ne fasse pas hernie au niveau de la trépanation. Telle est, sommairement, la disposition de l'expérience prin- — 226 — cipale. Dans ces conditions, si l’on vient à arrêter le cœur pendant un temps correspondant à une moyenne de 25 à 30 secondes, voici ce qu’on observe : au premierinstant, brusque affaissement du cerveau; puis, presque aussitôt, apparition d’un gonflement de l'organe, ou plutôt, pour ne rien préjuger, d’une élévation du niveau du liquide dans l'appareil explora- teur, S'accusant par une ascension graduelle de la courbe, qui dépasse de beaucoup le maximum qu'elle atteignait avant l’arrêt du cœur. Tant que cet arrêt se prolonge, l’augmenta- tion de la pression intra-cranienne va croissant jusqu’à une certaine limite, à laquelle aucun soulèvement supplémentaire ne peut se produire que sous l'influence d’une poussée énergique, le cerveau étant venu s'appliquer sur les bords de l’orifice de la trépanation. On assiste donc à ce phéno- mène, en apparence paradoxal, du gonflement d’un organe qui ne reçoit plus de sang artériel. On a déjà signalé depuis longtemps des faits analogues pour certains organes, comme le rein, mais ici la question qui se pose est plus complexe, car, & priori, on ne peut dire si ce gonflement du cerveau est la conséquence d’un reflux com— pensateur du liquide céphalo-rachidien ou s’il résulte d’une stase veineuse considérable : les deux hypothèses soat éga- lement plausibles. La première hypothèse se juge par l'expérience sui- vante : si on supprime la possibilité d’un afflux de liquide sous-arachnoïdien par la compression circulaire de la moëlle faite avec un fil immédiatement au-dessous du bulbe, à l’endroit où les enveloppes de la moelle s’écartent des ver- tèbres, ou bien encore par l’ouverture large de larachnoïde dans l’espace occipito-atloïdien et qu’on répète l’expérience de l'arrêt du cœur, on voit se produire les mêmes phénomènes : élévation du liquide dans le tube explorateur vissé au crâne a sensiblement la même importance, bien que le liquide sous- arachnoïdien ne puisse refluer du rachis vers le crâne. Démonstration de la congestion veineuse compensant l’anémie artérielle. — Reste donc seulement l'hypothèse relative à une siase veineuse considérable qu’il s’agit d'examiner mainte- nant. — 227 — Il y a tout d'abord un fait général qui permettrait d’admet- tre la provenance veineuse du gonflement observé pendant l’anémie artérielle du cerveau produite par l'arrêt du cœur : On sait, en effet, que quand le cœur est arrêté, le sang vei- neux, continuant à affluer des parties périphériques vers les parties centrales, s’accumule dans les réservoirs veineux des régions profondes en abandonnant les artères qui l’expulsent par leur retrait élastique. La pression s’élève dans les veines profondes, qui se distendent au point de loger presque toute la masse du sang. Par conséquent, on devait être amené, en considération de cette première observation, à mettre sur le compte d’une distension du système veineux intra-cranien le gonflement cé- rébral observé. Mais il fallait démontrer la réalité de cette intervention veineuse : plusieurs expériences paraissent l’établir nettement. 10 Si l’on explore en même temps que les variations de pression intra-cranienne, la pression dans l’une des veines du cou, on retrouve dans cette dernière les mêmes variations qu’au crâne, avec cette différence toutefois que l’affaissement passager du début ne s’y produit pas. 20 L’examen direct des veinules de la pie-mère montre directemert l’engorgement veineux dont le cerveau est le siège. 30 Une forte saisnée veineuse supprime plus ou moins com-— plétement le gonflement encéphalique, sielle est pratiquée sur le trajet d’un sinus ou sur l’une des veines quifont communi- quer le département veineux intra-cranien avec les réseaux superficiels; mais on voit alors l’hémorrhagie veineuse augmenter considérablement pendant toute la durée de l'arrêt du cœur. il Ces résultats suffisent, je crois, pour faire admettre comme démontré le faitde la congestion veineuse encéphalique com- pensant l’anémie artérielle qui produit l’arrèt du cœur; ils permettent, en outre, de considérer comme secondaire le rôle du liquide sous-arachnoïdien dans les cas examinés. Tout ce qui a été dit jusqu'ici à propos de l’arrêt du cœur s'applique également à la compression du cœur par les épan- _ 298 — chements du péricarde, comme je m'en suis assuré par des expériences directes ; dans ce cas l'arrêt de l’afflux artériel se produit aussi, mais par un autre mécanisme (1), et les phé. nomènes de congestion veineuse compensatrice sont . les mêmes. Ce n’est pas le lieu d’insister sur les applications qui peuvent être faites de ces données à la physiolagie pathologique de ces états complexes englobés sous le nom d’anémie cérébrale ; je crois devoir néanmoins signaler un point qui se rattache immédiatement à ce qui précède : L’accumulation du sang veineux dans l’encéphale ne pour- rait-elle jouef un rôle important dans la réparation spontanée des accidents syncopaux chez l’homme? On connaît bien, depuis les travaux de Brown-Séquard et de tous ceux qui l'ont suivi, l’action excitante du sang noir sur tous les éléments anatomiques : oril me paraît vraisemblable que cette in- fluence n’est pas étrangère à la provocation de la première inspiration par laquelle s’annonce le retour à la vie dans la syncope complète, inspiration qui entraîne à sa suite, par un mécanisme qu’on pourrait déterminer, la reprise des batte- ments du cœur. C’est là un point que je mentionne en passant, ayant surtout en vue le fait essentiel de ma communication. Retour aux conditions ereulatoires normales. — Je dirai, avant de terminer, quelques mots sur la manière dont se mo- difient les pnénomènes de tension veineuse intra--cranienne au moment de la reprise des battements du cœur et dans les instants suivants. Quand le cœur reprend ses battements et envoie des ondées artérielles volumineuses et pressées dans les artères désem-— plies, il pousse dans le cerveau déjà tendu dusang artériel sous pression croissante : de telle sorte qu’à ce moment, la tension intra-cranienne augmente encore et que l’on peut voir le cerveau s’appliquer plus étroitement sur les bords de la trépa- nation et faire saillie dans l’orifice. Mais l’afflux du sang ar- tériel dans le crâne est précisément une condition essentielle de la sortie du sang veineux. Et, d'autre part, ce sang veineux (1) Voyez François-Franck. Accidents des épanchements du ‘éricarde. C. R. Lab. Marey, 1877, et Gazette hebdomad. 1877. — 929 — tend à s’écouler vers le cœur qui se débarrasse maintenant de celui qu’il reçoit. Il faut, néanmoins, un temps relativement considérable pour que l’équilibre se rétablisse: la tension du cerveau persiste deux ou trois minutes à un point tel que les : battements d’origine cardiaque et les oscillations respiratoires s’y font à peine sentir; c’est seulement après plusieurs mi- nutes que ces mouvements reviennent graduellement à leur amplitude normale. — Tous ces phénomènes n’ont nul besoin, pour se produire, que le crâne soit ouvert ; ils surviennent exactement de même quand le crâne estintact. La preuve en est donnée par les indications que fournit un tube fixé dans la membrane occi- pito-atloïdienne. On retrouve -leurs analogues quand, au lieu d'examiner ce quise passe dans la cavité cranienne, on étudie les modi- fications de la tension rachidienne. Mais je ne pourrai indi- quer ce qui se produit de ce côté que quand j'aurai exposé les résultats de mes recherches sur les conditions de la circulation veineuse du rachis. SUR QUELQUES-UNES DES CONDITIONS QUI RÈGLENT LA CIRCULATION VEINEUSE A L'INTÉRIEUR DU CANAL RACHIDIEN, par M. Francors- FRANcCx. La circulation du sang veineux à l’intérieur du canal rachi- dien a fait déjà l’objet de travaux importants ; je rappellerai seulement ceux de Magendie résumés dans son grand mé- moire sur le fluide céphalo-rachidien, en 1842, et ceux te M A. Richet exposés dans les diverses éditions de son Anato- mie Chirurgicale. Si je reviens sur cette question, dont j'ai déjà dit quelques mots à la Société dans une communication antérieure sur le système azygos du thorax et du cou (veines vertébrales) (1), c’est que je crois possible d'établir expérimentalement l’indé- pendance relative du courant veineux intra-rachidien par rap- port aux déplacements du liquide céphalo-rachidien. Je ne veux pas aujourd’hui discuter la question des mouve- (1) Société de biol. 11 jüin 1881. — 230 — ments du liquide sous-arachnoïdien : cette étude viendra plus tard, quand nous serons mieux fixés: sur les conditions circu- latoires sanguines des deux cavités cranienne et rachidienne ; je voudrais seulement montrer que l'écoulement du sang vei- neux au dehors de la cavité rachidienne est soumis aux mé- mes lois générales qui commandent au déversement du sang veineux des autres régions voisines du thorax, et essayer d'établir que cette circulation veineuse rachidienne peut très bien se concevoir sans l'intervention d’une poussée exercée par le liquide sous-arachnoïdien. On peut se représenter les plexus veineux intra-rachidiens comme formant à la face interne du canal une sorte d’étui veineux concentrique à ses parois etau centre duquel est 1ogée la moelle avec ses enveloppes. En haut, cette nappe de sang veineux communique avec les sinus craniens, en bas avec les veines du système cave et du système porte, et sur tout le le trajei de la colonne vertébrale avec le grand système azy- gos constitué, — au cou par les veines vertébrales principale- ment, — à la régiondorsale par les azygos proprement dites et lés intercostales supérieures, — dans la région lombo-sacrée, par les vertébro-lombaires, sacrées moyenne et latérales, etc. Pour nous borner aux rapports avec les différents segments du système azygos cervico-thoraco-abdominal, nous devons chercher à savoir si l'écoulement du sang veineux rachidien se fait en suivant les mêmes lois dans tous les points de la région rachidienne et quelles sont les conditions qui détermi- nent cet écoulement. On peut partir de la région dorsale prise pour type et cons- tater, après avoir mis à nu les plexus rachidiens antérieurs | par l’ablation de quelques arcs vertébraux et d'un tronçon de moelle, que ces veines sont animées de doubles mouvements, les uns en rapport évident avec la respiration, les autres plus rapides, se superposant pour ainsi dire aux premiers, et affec- tant le même rythme que le cœur. Dans les conditions de cette expérience, toute influence pro- venant des régions supérieures de l’axe spinal a été supprimée par le tamponnement de l’orifice supérieur de Ja plaie rachi- dienne ; les mouvements du liquide sous-arachnoïdien, s’il en — 231 — existait encore après l’ouverture des méninges, ne peuvent se transmettre au sang contenu dans les veines longitudinales qu'on examine, à cause de la compression exercée au-dessus du point considéré. Par suite, ces doubles mouvements respiratoires et cardia- ques ont leur source ailleurs, et c’est évidemment dans le tho- rax qu'il en faut chercher l'explication. En effet, tout comme les veines du cou situées dans la zone d’aspiration thoracique, les veines rachidiennes s’affaissent à chaque inspiration et présentent une dépression brusque à chaque systole du cœur. Une même condition parait donc présider à la circulation vei- neuse rachidienne et à la circulation veineuse jugulaire, par exemple : c’est l’aspiration thoraciqne avecses renforcements inspiratoires et cardiaques. Magendie avait bien compris le le sens général de la relation dont il s’agit, mais s'était con- tenté de l'indiquer théoriquement, sans entrer du reste dans aucun détail. Il considérait même les influences respiratoires sur les veines rachidiennes comme assez accusées pour en- traîner les mouvements du liquide sous-arachnoïdien. — À la région du cou, les mêmes oscillations se retrouvent, affectant la même indépendance par rapport aux mouvements du liquide céphalo-rachidien et la même subordination aux influences thoraciques. La transmission de ces influences parait se faire par une double voie : 1° par les plexus rachi- diens eux-mêmes qui sont en continuité à la région dorsale et à la région cervicale ; 2: par les veines profondes du cou, les vertébrales particulièrement, disposées comme je l’ai indiqué précédemment de manière à communiquer au loin l’action as- piratrice de la poitrine. J’ajouterai ici que cette influence se fait si bien sentir jusqu’en haut du cou, qu'on voit mourir d’in- troduction d’air dans les veines les petits animaux, comme le lapin, dont on ouvre le sinus situé au niveau de l’arce posté- rieur de l’atlas : M. Brown-Séquard m'a cité plusieurs obser- vations de ce genre qui viennent à l’appui des conclusions que j'ai soumises l’année dernière à la Société. — Quant à la région lombo-sacrée, nous éprouvons plus de difficultés pour expliquer les mouvements veineux qu'on y observe. Cependant, s1 l'on se borne à l’examen des mouve- NTRT 232 er ments respiratoires, on peut adméttre que chaque inspiration agit sur la cifculation veineuse de ce segment inférieur de la façon suivante : 1: la continuité des plexus rachidiens lombo- sacrés avec les plexus dorsaux assure la transmission de l'aspiration du thorax au moins jusqu’à ure certaine distance: 2: l'augmentation de pression qui se produit dans l’abdomen à chaque abaissement du diaphragme provoque, comme dans la veine cave inférieure, l’expulsion du sang veineux des veines lombaires dans la cavité thoracique vers laquelle ce sang est directement attiré : les azygos se trouvent, en effet, dans le milieu thoracique où règne une pression négative continue, renforcée au moment de l’inspiration. De telle sorte que l'aspiration de la poitrme s’exerce à la fois, par des voies plus ou moins directes, sur le sang contenu dans l’ensemble de la cavité rachidienne: les courants con- vergent vers la région dorsale si l’on considère les plexus ra- chidiens eux-mêmes et aboutissent à la poitrine par les di- vers segments du grand système azygos, si l'on envisage les veines extra-rachidiennes antérieures au niveau du cou et de la région loinbo-sacrée. On voit donc que la circulation veineuse rachidienne se ‘ trouve soumise, au point de vue des influences respiratoires, aux mêmes conditions générales que toutes les veines avoisi— nant la poitrine : indépendamment de toute pression latérale comme celle que pourrait exercer le liquide sous-arachnoïdien, le retour du sang rachidien vers la poitrine est assuré. Une expérience simple qui montre bien l'influence capitale de l'aspiration thoracique sur toute cette circulation veineuse rachidienne, c'est qu’aussitôt qu’on vient à la supprimer en ouvrant la poitrine d’un animal dont le canal rachidien a été mis à nu, des hémorhagies veineuses se produisent de tousles côtés et les veines intra-rachidiennes prennent un volume re- lativement considérable. Il est possible qu’à cette condition essentielle s’ajoute l’in- fluence des déplacements du liquide sous-arachnoïdien. C'est là une question que je soumettrai à la Société en même temps que celle du pouls veineux rachidien subordonné à l'ac- tion du cœur. — 233 — Séance du 1er Avril 1882 Présidence de M. Laborde NOTE SUR LES RÉACTIONS CHIMIQUES RÉDUCTRICES DU LAIT ET DE L'URINE, par M. Cu. Ricuxr. Dans une note présentée à la Société de Biologie au mois d’août 1881, en collaboration avec M. A. Chavanne, j'avais montré que l’urine traitée par l’iodhydrargyrate de potassium donne une réduction abondante, même à froid (1). J’ai cherché à étendre cette réaction à d’autres liquides or- ganiques, et j'ai ainsi constaté que le lait frais dont on a précipité la caséine par l'acide acétique, et qui a été ensuite neutralisé avec de la potasse, réduit très faiblement la liqueur iodhydrargyrique (2). Mais, si l'on laisse, pendant vingt-quatre heures'ou plus, ce lait fermenter dans une étuve à 350, on voit que le liquide acide filtré, neutralisé par la potasse et filtré de nouveau réduit plus nettement leliquide mercurique.Si,au lieu de laisser simplement le lait fermenter et devenir acide, on le mélange, avant la fermentation, avec une certaine quantité de carbonate de soude, ou si, ce qui est préférable, on dépose des cristaux d’hydrate de baryte au fond du vase où se fait la fermentation, dans ce cas, la fermentation continue à se faire, mais elle a une autre apparence. Le lait, francheruent blanc ou jaunâtre quand la fermentation est acide, se colore fortement en brun quand la fermentation se fait dans une liqueur alcaline. Cette coloration est due, très vraisemblablement, à l’action de lalcali sur la lactose. : D'ailleurs, le réactif mercurique n’est pas le seul qui per- (1) La créatinine à froil réagit sur l’iodhydrargyrate de potassium, mais il Be me paraît pas certain que ce soit cette substance qu',dans l’urire normale, donne toute la réduction. En effet, { gr. de créatinine réduit à froid 1,8 de mercure environ. Or, un litre d'urine réduit environ 5 gr. de mercure. Je re- viendrai prochainement sur ces expé:iences. (2) Il fut é:idemment taire cette réaction à froid, car, à chaud, la lactose précipiterait de l'oxyd+ de mercure, ou du mercure métaliique, même à froid, au bout de quelques minutes. il y a légère réduction par le sucre de lait, tandis qu'avec le lait la réaction est plus rapide. C. r. 1882 13 — 234 — mette de constater les propriétés réductrices de l’urine fraîche ou du lait fermenté. Si l'on mélange à l'urine une solution diluée de ferricyanure de potassium dans l'acide acétique, le ferricyanure est trans— formé au-sit't en ferrocyanure, comme on peut le constater en ajoutant quelques gouttes de perchlorure de fer. On obtient alors une magnifique coloration bleue, indice manifeste de la transformation du ferricyanure en ferrocyanure. Avec le lait frais on ne voit qu’une teinte très légère, tandis qu'avec le lait fermenté, la teinte bleue est extrêmement marquée. Cette réaction réductrice est importante, car elle indique peut-être la présence à l’état normal dans l'urine d’un de ces alcaloïdes animaux que Selmi et M. Gautier ont récemment si bien étudiés. Je rappell=rai à ce propos que M. Gabriel Pouchet, en éva- porant de très grandes quantités d'urine, a pu extraire un corps se comportant comme les alcaloïdes, mais qu'il n’a pu obtenir qu’en proportion extrêmement faible (1). Sur cette minime quantité de substances (2),on a pu vérifier, à l’aide du réactif de MM. Brouardel et Boutmy, la propriété caractéris- tique des ptomaïnes, c’est-à-dire la transformation du ferricya- nure en ferrocyanure de potassium. Toutefis, il ne semble pas qu'on ait reconnu que l’u- rine normale fraîche donne d'une manière évidente la réaction du bleu de Prusse avec le ferricyanure de potassium et le perchlorure de fer. Ii est intéressant de constater que l’urine, même très diluée (et j’ai pu la diluer dans deux cents fois son volume d’eau sans lui faire perdre la propriété de verdir les solutions de ferricyanure de potassium et de perchlo- rure de fer), donne encore la réaction des ptomaïnes, malheu- reusement je ne saurais dire encore quelle est Ia substance ou (D) G. Pouchet. Contribution à la connaissaee des matières extractives 1e l'urine, Thès- de Doctorat, Paris. 1881, r. 21. \ 1 (2) M. Pouch-t ne le dit pas dans sa thèse, mais M. Gautier, en signalant l'observati n intéressante de M. Pouchet. l'indique dans son mémoire intitulé: Les Alcaloïdes, derivés des matières protéiques. — Jou-nat de l'Anatomie et de la Physiologie, sept. oct. 1881, p. 356. MT us quelles sont les substances qui donnent cette réaction réduc trice. NOTE SUR ‘UN NOUVEL APPAREIL RESPIRATOIRE POUR LE SAUVETAGE DANS LES MINES ET LES INCENDIES, par M. P. REGNARD». L’immense majorité des houillères actuellement en exploita- tion présentent des galeries dans lesquelles l’air est absolu- ment irrespirable. Cela tient à trois causes. 10 Dans les explosions de feu grisou, l'hydrogène carboné se combine à la presque totalité de oxygène, de telle sorte que l’airn’en contient plus trace. Les ouvriers meurent alors asphyxiés faute d'air respirable. Bien plus, les hommes qui vont à leur secours tombent très rapidement, s'ils ne sont munis d'appareils respiratoires particuliers. 20 Il se développe souvent, dans les galeries, des incendies spontanés tenant à la combinaison lente de l'oxygène de l’air avec les él'ments de la houille. Ces incendies épuisent très rapidement l’oxygène des galerieset les rendent absolument in- habitables. Il est souvent nécessaire d'envoyer des ouvriers pour combattre le feu et ces ouvriers succombcraient tres vite s'ils n'étaient, eux aussi, munis d'appareils respiralo res. 30 Enfin dans les vieux travaux, dans les galeries aban- données, il se produit des dégagements intenses d’acide car- bonique (moffettes). L’air devient très vite irrespirable et les ouvriers qui vont en exploration dans ces travaux doivent être munis d'appareils qui leur permettent de vivre. Anssi, depuis très longtemps, a-t-on cherché à fabriquer des instruments qui permissent de séjourner dans ces milieux ir- respirables, tant pour les travaux que pour le sauvetage. Les plus simples consistaient en de longs tubes de caout- chou: dont on laissait un bout au dehors et dont l'autre arri- vait à la bouche du sauveteur. On conçoit que de pareils ins- truments aient été peu utilisés : ils ne permettaient pas d’al- ler au lo n et la respiration y était très difficile à cause de la résistance mêmes des tibes. D’autres consistaient en une petite provision d'air que le sauveteur emportait sur son dos et qui lui permettait de res- pirer pendant quelques minutes (Figol). Mais ici encore il était — 236 — impossible d’aller bien loin et l'ouvrier sauveteur risquait bien de revenir avant d’avoir rien pu faire. Pour avoir une provision un peu supérieure, on a comprimé Pair dans des réservoirs étanches ; on pouvait ainsi empor- ter plusieurs centaines de litres d’air dans un très petit vo- lume. Mais ici les inconvénients sont devenus très grands; il faut dès heures pour comprimer l'air dans les appareils, et, dans les cas de sauvetage, on n’a pas le temps de le faire. Si le gaz est comprimé d'avance, il y a bien des chances pour que les appareils aient fui et soient totalement vides au mo- ment où on en aura besoin. C’est pour remédier à ces divers inconvénients que nous avons construit l'appareil que nous mettons sous les yeux de la Société. Il se compose,com ne on voit, d'un réservoir en fer blanc, très léger, qui se place sur le dos du sauveteur. Ca ré- servoir cylindrique est à l’intérieur divisé en deux chambres. Dans l’une se trouve un sac contenant 40 litres d'oxygène, soit une provision de deux heures; dans l’autre, ily a de la ponce imbibée d’eau de baryte très concentrée ou de potasse caustique. : Le sauveteur respire au moyen d’un tube dans ce compar- timentet un jeu de soupapes fait que l’air est obligé de tra- verser toute la colonne de ponce avant de revenir au poumon. L’air est donc totalement purgé d’acide carbonique quand il est inspiré de nouveau. Il résulte de cette absorption une ten- dance au vide, d’où la rentrée d une quantité égale d'oxygène. L’air contenu dans l'appareil ne change donc pas de compo- sition et c’est toujours le même azote qui sert. En emportant sur son dos un appareil de 40 litres, le sau- veteur peut donc rester deux heures dans un milieu absolu- ment irrespirable,puisqu'il faut environ 20 litres d'oxygène par heure à un homme de poids moyen. De plus l'appareil est toujours prêt à fonctionner; l'oxygène étant renfermé dans une bâche qui, elle-même est totalement entourée de métal, ne peut diffuser au dehcrs ei demeure tou- jours aussi pur, même après un temps très long. Deux expériences ont déjà été faites. Dans la première, le sauveteur à pu demeurer une heure cinq minutes dans un “ 0297 — milieu irrespirable. Dans la seconde, un ouvrier a pü rester ÉRCR minutes dans une cave de l'Ecole des Mines qu’on avait incendiée et où iln’y avait plus trace d'oxygène. Enfin, tandis que la plupart des appareils respiratoires coù- tent plusieurs milliers de francs, l'appareil que je présente à la Société coûte environ vingt fois moins, ce qui, pratique- men , rest pas à dédaigner. En résurié, notre méthode consiste à emporter une très pe— tite quantité d’air, à la purger de l’acide carbonique produit à mesure de sa formation et à renlre l’oxygène bulle’ à bulle, de telle sorte que la composition de l’air demeure toujours la même. NOTE SUR LA DIMENSION DES CELLULES MULTIPOLAIRES DES CORNES ANTÉRIEURES DE LA MOELLE DE LA GIRAFE, par M. Huer. On admet généralement que la dimension des cellules ner— veuses de la moelle est proportionnelle à la distance à la- quelle ces éléments doivent agir. Si cette règle était absolue, les cellules multipulaires des cornes antérieures de la mœælle du cou de la girafe devraient être plus volumineuses que celles du bœuf. Or, le contraire a lieu. Nous avons eu l’occasion d'examiner un fragment de la moelle d’une girafe mâle morte à la ménagerie du Muséum dans le courant de l’année 1880. Ce fragment, pris dans la région cerviale au poirt d'émergence des nerfs du plexus brachial est assez grêle. Son diamètre transversal est de 17 millimètres, son diamètre antéro-postérieur de 13 millimètres: ce qui n’est pas tout à fait la dimension de la moelle d’un bœuf de taille ordinaire. Sur une coupe,la substance grise est beaucoup plus réduite, toutes proportions gardées, que chez le bœuf et même que chez l'homme. Les cornes postérieures se font remarquer par leur brièveté. Loin de s'étendre vers la périphérie de l’organe,elles en sont presque aussi distantes que les cornes antérieures. Aussi les cordons postérieurs sont-ils peu dstincts. Enfin. si l’on procède à l'examen microscopique d’une coupe transver- sale, on est frappé d’abord du petit nombre de cellules multipo- on laires contenues dans les cornes antérieures, fait probablement en rapport avec l’élongation de l'organe. Mais, de plus, ces cellules sont sensiblement moins volumi- neuses que celles du bœuf. On les a mesurées comme il suit: Des cellules multipolaires du bœuf et de la girafe ayant éte dessinées à la chambre claire, on superposa à leur contour un morceau de papier transparent sur lequel est tracé un qua- drilage dont les éléments sont distants de cinq millimètres. En comptant les carrés circonscrits par chaque figure, on &6b- tient une mensuration dont l'exactitude, quoique approxima- tive, est très suffisante. La plus grande cellule trouvée sur un certain nombre de pré- parations de la moelle de la girafe, cellule de dimension tout à fait exceptionnelle, ne circonscrivait que 23 de ces carrés.Dans cha jue préparation du bœuf, il existait au contrai :e plusieurs cellules circonserivant 27 et même 30 carrés. Soit, à l'avantage du bœuf, une différence de plus de 1/6. Îlest à noter en outre, au point de vue de la forme, que les cellules de la moelle de la girafe sont allongées, fusiformes. grêles : celles du bœuf, ramassées, massives, étoilées. PRÉSENTATION D'UN APPAREIL A ANESTHÉSIE LOCALE M. le Dr R. B'anchard présente à la Société un nouvel appareil, grâ:e auquel M. le Dr Ladislas de Lesser, privat- docent de chirurgie à l'Université de Leipzig, obtient l'anes- thésie locale. Le principe de cet appareil repose, non point sur l'application de la g'ace ou d’un mélange refrigérant sur la région que l’on veut rendre insensible, mais sur la simple application de plaques d’un métal bon conducteur de la chaleur, refroidies au mnyen d'une rapide évaporatian d'éther. L'appareil consiste en une caisse métallique (fig. 4) en nickel : le fond, léxèrement concave, peut s’appliquer exacte- ment sur les doigts, les orteils, le bras, l’avant-bras et les tumeurs arrondies, tels que les bubons inguinaux; le cou- vercle, convexe, peut s'appliquer au contraire dans les dépres- sions telles que la paume de la main, le pli du coude, l’aisselle: Ve di = TE y NC ce IN _ AIN ” — 240 — les autres faces de l'appareil sont plates et peuvent s’appli- quer sur tout le reste du corps. Dans tous les cas, la surface de la boîte qui est en contact avec la peau est assez large pour que la peau se refroidisse sur une grande étendue. Deux tubes débouchent dans l'appareil : l’un d’eux (zu), amène l'air au ose d’un insufflateur en caoutchouc; par l'autre (ab), qui sert à la sortie de l’air, on verse de l’éther au mo;en d’un entonnoir, de façon à remplir les trois quarts de l’appareil. On fait alors passer un courant d'air à travers la caisse : l’air, en traversant l’êther, se charge des vapeurs de ce liquide, puis sort de l’appareil. L’évaporation produit un refroidissement rapide et très SUEree e des parois de appareil. Cette méthode si simple donne d'excellents résultats. M. de Lesser a pu de la sorte opérer avec succès des panaris, des ongles incarnés, extirper des corps étrangers, désarticuler, amputer ou réséquer des doigts et des orteils. Avant de com-— mener l’opéra.ion, il a toujours soin d'empêcher l'accès du Sang au moyen de ia bande d'Eswarch, s’il doit opérer sur le bras ou la jambe, et par une méthode analogue, s’il opère sur le doigt. Le refroidissement des parois de la caisse est tel que, si ‘on opère sur des points du corps où la peau est très mince, on doit faire attention à ne pas la congeler. Un autre appareil, basé sur le même principe que le précé- dent, sert encore à M. de Lesser à obtenir par refroidissement l’anesihésie de la cavité buccale. L'appareil (fig. 2) consiste en deux caisses, de très petites dimensions et pleines d’éther. Le refroidissement de leurs parois s’obtient de la même manière. Ces deux caisses métalliques sont portées chacune à l’extré- mité d’un manche, le long duqu 1 courent les tubes de caout- chouc qui apportent l'air et le reinportent. Elles communiquent au moyen de deux tubes de caoutchouc avec deux flacons (fig. 1) que l'air insufflé doit traverser tout d’abord, pour 5’y charger des vapeurs d'éther. Grâce au froid produit par cet appareil, l’extraction des dents, l’extirpation des amygdales et les opérations sur le larynx se font sans difficulté. _ 941 — On peut enfin appliquer cetie méthode à l'histologie. Il suffit, en effet, pour congeler les pièces anatomiques dont on désire faire des préparations, de les placer sur le couvercle de la caisse métallique (fig. 3). D Aporaues de l’éther les_con- gèle très rapidement. NOTE SU: UN NOUVEAU CORPS. LA B-COLLIDINE, DI :IVÉ DE LA CIN- CHONINE ET SUR SON ACTION PHYSIOLOGIQUE, par MM. Marcus ET (ŒCxasnER DE CoNINCK. La distillation de la cinchonine avec la potasse fournit un certain nombre de bases appartenant à une série particulière désignée par les chimistes sous le nom de série pyridique. L'un de nous a montré que les bases ont pour formule géné- rale CnHen-5A7. Il nous a paru intéressant d'étudier l’action physiologique d’une de ces bases la B-Collidine qui se forme en quantité notable dans la réaction de la potasse sur la cin- chonine. Dans le cours des distillations fractionnées qui ont permis de l'isoler,un de nousa été frappé de certains effets produits sur lui-même, caractérisés par un malaise général, du vertige, de la somnolence, etc. La constatation de ces différents symptômes nous a engagés à chercher quelle pouvait être l’action physiologique de ce nouveau corps, et à entreprendre à cet effet une série d’expé- riences que nous avons l'honneur de soumettre à la Sociéié. Toutefois, nous croyons utile, avant de vous faire part de nos observations,de vous faire faire connaissance avec ce nouveau - corps, qui a servi de bases à nos différentes recherches. C'est, ainsi que vous pouvez le voir, ur liquide vola.il,bouil- lanit à haute température, d’un jaune clair, s’oxydant facile- ment à l’air et possédant une saveur brülante d'une grande intensité. Appliqué sur la peau, il ne produit aucun effet ap- préciable ; mais dès que celle-ci vient à être dénudée, 1l déter- mine une vive irritation des parties sous-jacentes. Possédant ainsi une connaissance suffisante du corps que nous voulons expérimenter, nous pouvons, dès maintenant, étudier ses propriétés physiologiques. Nous avons donc, dans 242 — une première expériense, injecté sous la peau de plusieurs grenouilles une quantité notable de la base ; une demi-heure ne s'était pas écoulée que tous les animaux mis en expé- rience avaient succombé : Voilà donc un corps doué de propiétés toxiques puissantes et avec lequel nous devrons désormais compter. Restait à nous rendre compte du mode d’action de ce nouvel agert, et pour cela il nous fallait recourir à une nouvelle série d'expériences. Un des premiers phénomènes qui a attiré notre attention a été l’action paralysante que cette substance nous parut exercer sur la rana temporaria et esculenta. _ Des injections sous-cutanées dans la région jembière à la dose de 0g, 05 à 0, 15 provoquent chez ces animaux, peu de temps apres Ho un affaiblissement général et pro- gressif suivi bientôt d’une abolition complète des mouvements volontaires. Les mouvements réflexes nous ont paru conser- ver leur intégrité physiologique. Une légère période d’excita- . ion précède cet ensemble symptomatique. Si maintenant nous passons des animaux à sang froid aux animaux à sang chaud,la B-collidine manifeste surtout son action chez ces derniers sur les centres psychomoteurs en paralysant l’action. A une période plus avancée, cette action s'étend aux centres médullaires ainsi qu'aux vaso-constric— teurs, Les observations kymographiques faites sur le chien ont montré une diminution de la pression sanguine intra- carotidienne, d’où faiblesse dans l'énergie de contraction du muscle cardiaque, d'où abaissement de la température cen- trale de 8 degrés environ deux heures après l'opération. Le temps nécessaire à l'élimination du produit absorbé nous a paru être de 5 à 10 heures. Les glandes salivaires et les reins ont été parmi les appa- reils de secrétion les premiers à subir des modifications in- times, ainsi que l’ont prouvé la salivation exagérée et la diu- rèse que nous avons observée. Voici, par exemple, 2 cobayes qui ontune subi, il y a douze jours,une injection suus-cutanée dans le pli de l’aine(07,05-0,15 par kilogramme du poids de leur corps). Ces animaux, après avoir présenté les phénomènes que nous venons de passer en RAT Mn use revue , après avoir présenté des signes d’une prostration non douteuse, se sont cependant complètement rétablis ; mais, fait curieux, trois jours après, les ré‘lexes de la cornée étaient complètement abolis comme ils le sont encore aujourd’hui. Inutile de dire que nous ne nous chargeons pas d’expliquer le mécanisme physiologique de ce phénomène. Nous avons donc passé en revue les actions principales de ce nouveau corps. Il nous a semblé qu’il n'était pas sans intérêt de faire ressortir comment un dérivé aussi immédiat d'un. corps, comme la cinchonine, pouvait avoir des propriétés physiologique aussi différentes. Nous espérons que de plus habiles observateurs voudront bien continuer les recherches que nous avons entre- prises et éclairer d’un nouveau jour le mécanisme physiolo- gique de l’action de cette base curieuse. APPAREIL PERMETTANT DE PRÉPARER L'OXYGENE @ frOiQ . ET D'UNE MANIÈRE CONTINUE, par M. D'ArsonvaL. La réaction génératrice est basée sur la décomposition . mutuelle de l’eau oxygénée et de l’acide chromique. L'appareil se compose de deux flacons : le premier porte un bouchon à deux trous et contient du bioxyde de baryum en fragments ; le second flacon, tubulé dans le bas, contient une solution de bichromate de potasse dans l’acide chlorhy- drique en excès. Un tube de caoutchouc relie les deux flacons et permet de faire tomber sur le bioxyde de baryum un filet de la solution chromique. L’acide chlorhydrique en exeès donne, au contact du bioxyde, de l’eau oxygénée. Cette eau oxygénée se décompose au con- tact de l’acide chromique et entraine la décomposition de ce dernier. On a donc un courant d'oxygène provenant de deux sources, et que l’on règle LCemen en réglant l'écoulement du liquide. Cet écoulement peut d’ailleurs s’arrêter automatiquement en disposant l'appareil comme d’après la méthode de Deville. Je me réserve de faire connaître prochainement le titre de la liqueur qui donne les meilleurs résultats. C. r. 1882 14 — 244 -— MÉTHODE NOUVELLE POUR EXCITER ÉLECTRIQUEMENT LES NERFS ET LES MUSCLES, par M. D'ARSOXvAL. Cette méthoile permet d’inecrire la courbe d’excitation élec- trique avec toutes ses constantes phrsiques, de façon à pou- voir lui superposer la courbe de contraction musculaire qui en résulte. On peut ainsi observer, de la manière la plus commode et la plus précise, les relations qui existent entre l'énergie de la contraction musculaire et la forme, ainsi que les phases de la variation électrique. De plus, cette méthode ne donne pas de polarisation et per- met de donner, à la courbe de Variation électrique, toutes les formes possibles. L'appareil se compose essentiellement des dispositifs sui- vants : 1o Une pile de Daniell, d'un nombre variable d'éléments, soit 0, par exemple.Le circuit de cette pile est fermé sur une colonne d’eau saturée de sulfate de cuivre, qui se trouve con- tenue dans un tube de verre disposé verticalement. Le courant est anené aux deux extrémités du tube par des électrodes de cuivre rouge pour éviter toute polarisation. Là chute de potentiel électrique se fait régulièrement le ong de cette colonne liquide, ainsi qu'on le sait. Si nous relions. par exemple, l’électrode inférieure à un galvanomètre et que nous complétions le circuit, en faisant mouvoir vertica- lcinent un fil de cuivre qui n'est découvert qu'à son extrémité, nous obtenons, à travers le galvanomètre, un courant de dér cation. La force électro-motrice de ce conrant est proportionnelle, rigoureusement, à la longueur de la colonne liquide de deri- vation. Si nous supposons que ce fil soit attaché à lextrémité d’un levier mobile, a deux, bras égaux ,comme le fléau d'une balance, l'autre extrémité du levier décrira une ligne dont la longueur Sera rigoureusement proportionnelle à la force électro-motrice du courant de dérivation. I] restait à rendre constante la quantité d'électricité mise ON] en circulation. Pour atteindre ce but, j'ai interposé un ho condensateur sur le trajet de ce courant de dérivation. l,s nerf à exciter complèie le circuit et se trouve traversé par le flux électrique qui sert à charger et à décharger le condensa- teur. Pour une même course du levier, la quantité d'électricité mise en mouvement est toujours la même : que cette ascen- sion se fasse brusquement ou lentement. La variation maxima de potentiel est donc également constante. Il n’y a de changé que les phases de la variation électrique; cela permet d'étudier l'influence des phases de l’état variable sur la contraction musculaire. Pour les excitations répétées, le fil de dérivation est sus- pendu à une des branches d’un diapason dont la vibration est entretenue électriquement. Dans ces conditions, la courbe d’excitation est sinusoïdale. On peut lui donner toute autre forme; pour cela, je mets en mouvement le fil de dérivation par un moteur élec- trique isochrone qui porte une «ame dont le fil de dérivation est astreint à suivre le profil, que l’on peut faire quelconque. On peut donc varier à l'infini la forme de la courbe d’exei- tation ainsi que sa fréquence. Un autre dispositif permet de conserver à la courbe le même paramètre, tout en faisant varier la période. Dans une prochaine communication, je montrerai à la Société les faits nouveaux que m'a fait connaître l’emploi de cette méthode. Séance du 15 avril 1882 Présidence de M. Grimaux. M. ze PROFESSEUR BouLry. — Messieurs, depuis notre der- nière séance, un fait très important s’est produit, qui doit être pour la Société de Biologie un motif de grande satisfaction La Société a attribué à l’un de ses membres l'honneur insigne de succéder à Claude Bernard dans le fauteuil de la Présidence perpétuelle, et elle a témoigné parlà de la hauteur d'estime où elle tenait son œuvre scientifique. _— 246 — L'Académie des Sciences vient de ratifier ce jugement en donnant ses suffrages au Président perpétuel de la Sceiété de Biologie. M. Paul Bertest bu membre de l’institut de France, comme son illustre prédécesseur. Ce succès est d'autant dre méritoire que M. Paul Bert avait des compétiteurs qui, à des titres divers, étaient dignes, eux aussi, des suffrages de l’Aca- démie des sciences ; entre autres, notre éminent confrère et ami, que je vois présent ici, dont la candidature, il est juste de le dire, est du reste restée platonique, car il n’a fait aucun effort pour la faire prévaloir. M. Paul Bert étant actuellement en Algérie, à la recherche de }’emplacement d’une ville Romaine dont il est devenu acqué- reur pour la plus modique des sommes, la Société voudra sans doute lui envoyer des félicitations pour cet honneur si légi- time dont il went d’être investi. FAITS MONTRANT QUE LES MOUVEMENTS PRODUITS PAR L'IRRITA- TION DES DIVERSES PARTIES DE L'ENCÉPHALE SONT TRES DIFFÉ— RENTS DE CEUX QUI DEVRAIENT SURVENIR D'APRÈS LES DOCTRINES ADMISES A L'ÉGARD DES APPAREILS MOTEUR ETF SENSITIF DU SYS- TÈME CÉRÉBRO-sPINAL.— Note de M. Brown-Séquap. Les résultats singuliers que j'ai à mentionner ont été obte- nus, non seulement chez des lapins, des cobayes. des chats et des chiens, mais aussi chez des. singes, (surtout des Macaques). Dane plusieurs publications et dans lune d’elles surtout(voyez les Archives de physiologie,1879,p.499), j'ai déjà rapporté des faits montrant que l’irritation de la base de l’encéphale d’un côté détérmine le plus souvent des mouve- ments des membres du côté correspondant. Si c’est au bulbe que l’irritation est faite, neuf fois sur dix, c’est dans ce côté que le mouvement se produit. La fréquence de ce résultat de- vient de moins en moins grande au fur et à mesure que lirri- tation est faite plus haut, c’est-à-dire en allant du bulbe au corps strié et à la capsule interne. Les effets varient d’ani- mal à animal, mais aussi suivant le point de l’irritation, chez un mêmeé individu. Les parties qui s'étendent de la zone exci- table à la surface cérébrale jusqu'aux pédoncules cérébraux op donnent origine aussi quelquefois à des mouvements du côté correspondant. À ces faits j'ajoute aujourd’hui les suivants: $. I. — Effets de l’irritation de la pyramide antérieure. — J'ai fait de très nombreuses expériences pour atteindre cette partie et l’irriter mécaniquement ou par le galvanisme. Des trois procédés que j'aiemployés dans mes recherches sur les effets des irritations de l’encéphale, celui qui convient le mieux pour les pyramides est le suivant: après la ligature des caro- tides, je mets à nu la face antérieure du bulbe, en enlevant successivement la mächoire inférieure, les muscles et les os de la base du crâne. Par une irritation mécanique (qui a con- sisté surtout en une ou plusieurs sections transversales) ou galvanique (en ayant soin de localiser autant que possible l’action du courant), j'ai vu que les pyramides et même leur partie interne seule (celle que l’examen anatomique, après l'expérience, a montré comme s’entrecroisant avec la partie si- milaire de l’autre côté), déterminent le : plus souvent des mou- vements dans les deux membres du côté correspondant ou dans l’un des deux (le bras ou la jambe). Il est clair que l'ir- ritation, portant alors sur des éléments nerveux qui, en tota- lité ou en grande partie se rendent, comme l’anatomie le mon- tre, dans le côté opposé de la moelle épinière, il faut admettre qu’elle est revenue de ce dernier côté au premier pour pouvoir ÿ produire les mouvements observés. L'irritation, partant par exemple du côté droit, passe de là à gauche, puis revient à droite. Cela ressort déjà du fait que j'ai rapporté, mais bien plus ‘encore d’autres expériences qué je communiquerai bientôt à la Société. se S II.—Æ ffets de lirritation desdeux surfaces quel’on obtient par la section transversale d’une moitié latérale de la base de l’encé- phale. — Si, par exemple, on coupe la moitié latérale gauche du bulbe ou du pont de Varole et qu’on irrite parle galvanisme la surface de section inférieure on obtient, dans la plupart des cas, des mouvements de l’un ou des deux membres du côté correspondant, c’est-à-dire dugauche, mouvements semblables àä-ceux que la section elle-m’me, c’est-à-dire une simple irri- tation mécamique, avait produits. Si alors, sur ce côté encore - 248 — (le gauche) on irrite la surface de section supérieure on déter- mine, encore et le plus souvent, des mouvements du côté cor- respandant (le gauche). Il y à donc à la base de l'encéphale des éléments conducteurs capables de transmettreuneirritation d'abord en haut ou en avant, puis du côté gauche au droit et enfin «le ce dernier côté à la moelle épinière et à ses nerfs moteurs du côté gauche. Ainsi un mème effet moteur (quant aux membres mis en action) peut être produit :1: par l’exci- tation mécanique que l’on cause en coupant transversalement une moitié latérale de la base de lencéphale ; 2: par l’irritation galvanique de la surface inférieure de cette section ; 8° par la même 1rritation de la surface supérieure. J'ajoute qu’une nou- velle section transversale faite au-dessous ou au-dessus de la prenncre détermine aussi très souvent des mouvements des membres du côté correspondant. SI Zffets de l'irritation de la basede l'encéphaleaprèsla sec- tion d'une moitié latérale de lit moelle épinière. —Bien que les e:- fets observés dans ces conditions varient suivant les individus mis cn expérience, fes résultats généraux sont presque tou- jours les mémes, 1est donc possible de se servir d'une expé-— Hence comme type de nombre d’autres. C’est ce que je vais faire on donnant les plus importants détails d'un fait observé ces jours: ci à mon laboratoire, -en présence, non seulement de mes assistants ordinaires (les docteurs d’Arsonval et Hénocque) mais aussi du professeur Charpentier, de Nancy. Sur un cobaye adulte, inälé, vigoureux, aprés la ligature des carotides, la moitié latérale gauche de la moelle épinière fut coupée transversalement entre la deuxiéme et la troisième paire des nerfs Cervicaux. (L'autopsie a montré que cette hé-° misection était complète), On mit à nu le cerveau et l’on cons- . tata d'abord (en passant): 1° qu'une galvanisation assez forte des centres prétendus psycho-moteurs des deux côtés produi- ‘sait le même effet, c'est-à-dire un mouvement du membre antérieur droit; 2: qu'une galvanisation plus forte (appareil Dubois-Reymond, chariot à huit centimètres), de ces deux centres, à droite comme à gauche, produisait un mouvement du membre antérieur droit et du membre postérieur gauche — 249 — (bipède diagonal droit), mais qu’il y avait cette différence que, lorsque la galvanisation était faite à droite, les mouvements étaient bien plus forts dans le membre postérieur gauche que lorsqu'elle était faite à gauche. On enleva le cerveau rapide- ment après une section à la partie supérieure des pédoncules cérébraux immédiatement en avant des tubercules nates. Cette section (soit à gauche, soit à droite), ne produisit de mouve- ments que dansle membre postérieur droit qui n’en avait pas eu quand la surface cérébrale avait été galvanisée. En com- mençant la section du pédoncule cérébral et des nates, à droite il y eut un mouvement des deux membres postérieurs et du tronc; en finissant cette section, il y eut un trés fort mouvement dans le membre postérieur droit et dans l’anté- - rieur gauche (bipède diagonal gauche) et un très faible mouve- ment des deux autres membres. La section transversale de la moitié latérale gauche donna au commencement un mou- vement assez fort lu membre postérieur drou et à la fin du membre antérieur gauche (bipède diagonal gauche), Il importe de faire remarquer la différence si nette qui s'est montrée entre les effets produits par l’irritation de la surface cérébrale et ceux causéspar l’irritation de la base de lencéphale chez cet animal, qui n’avait que la moitié droite de la moelle comme voie de transmission aux membres. Dans le cas de l'irritation de la zone motrice cérébrale, il y-a eu le mouve- ment que l’on appelle bipède diagonal droit, et dans le cas de l'irritation de la zone motrice cérébrale, il y a eu un mouve- ment bépède diagonal gauche. On remarque, en outre, que les quatre membres ont pu être mis en mouvement, chez cet ani- mal, malgré la section de la moitié gauche de la moelle : tantôt l’antérieur droit et le postérieur gauche, tantôt l’anté- rieur gauche et le postérieur droit. Je reviens aux détails de l'expérience : la gslvanisation de la surface de section de l’un des pédoncules cérébraux donna, suivant le côté, les effets suivants : à droite, un mouvement bipède diagonal droit ; à gauche d'abord, un très fort mouve- ment des deux membres antérieurs, puis ure série de soule- vements du membre antérieur gauche. A (rois reprises, on constata ces derniers faits. La section transversale du tu- C. r. 1842 u — 250 — bercule testes et du pédoncule cérébral, à droite, donna umouvem ent du tronc, du membre antérieur gauche et des deux membres postérieurs. La section desmêmes par- ties, à gauche, donna lieu à un mouvement de ces mê- mes trois membres, mais plus fort à l’antérieur gauche, moins fort dans les deux postérieurs. La galvanisation de la surface de section, à droite, donna un mouvement des deux membres antérieurs et une série de secpusses convulsives au membre postérieur droit. On coupa alors transversalement le pont de Varole, à droite, au niveau du pédoncule cérébelleux moyen (apres l’ablation du cervelet), il y eut un mouvement du membre postérieur droit ; on coupa ensuite la même partie à gauche: il y eut un mouvement des deux membres gauches. La * galvanisation du plancher du quatrième ventricule, à droite comme à gauche, donna un mouvement des deux membres droits. Il en fut de même pour la galvanisation des deux côtés de la surface de section du pont. On commença à couper le pont à droite, en arrière du pédoncule cérébelleux moyen, il y eut immédiatement un fort mouvement du membre antérieur gauche et un faible mouvement de l’antérieur droit, En conti- nugnt et en achevant la section, on produisit les mêmes mou- vements et, en outre, de faibles mouvéments dans les deux membres postérieurs. La section de la même partie, à gauche, ne produisit qu’un mouvement assez fort dans le’ membre antérieur droit. La galvanisation de la surface de section, à droite ou à gauche, ne produisit qu’un mouvement du membre antérieur droit, plus fort quand lirritation était faite de ce côté, que lorsqu'elle était faite à gauche. On coupa alors transversalement la moitié droite du bulbe au niveau du bec du calamus, il y eut d’abord un très fort mouvement du mem- bre antérieur droit et un très faible mouvement du postérieur droit aussi; maïs apres la section, il y eut plusieurs mouve- ments de ces deux membres. La section transversale de la moitié gauche du bulbe, au même point, ne produisit aucun mouvement. La section transversale de la’ moitié latérale droite de la moelle épinière, à un millimètre en arrière de l’entrecroisement des pyramides, produisit un mouvement du membre antérieur drout. La section de la moitié gauche de la 251 moelle, au meme point, produisit uu mouvement bipède dia- gonal gauche, ce qui (je croie devoir le répéter) veut dire: du . membre antér'eur gauche et du postérieur droit. On le voit, par les détails de cette expérience, des effets extrêmement différents peuvent avoir lieu, lorsqu'on irrite mécaniquement ou par le galvanisme les diverses: parties de l’encéphale, chez un animal ayant eu une section transversale complète d’une moitié latérale de ia moelle épinière. Il y a eu, en effet, par une seule moitié latérale de ce centre nerveux, transmission d’irritations faites à l’encéphale, et produisant, suivant les ponts irrités et l'espèce d’irritation (mécanique ou galvanique), tantôt des mouvements associés de deux membres (bipède diagonal surtout, mais une ou deux fois bipède latéral) ou de trois (les deux postérieurs, et un antérieur) ou des quatre, ou enfin des mouvements d’un seul membre. Devant continuer cette communication à la prochaine séance, je n’en donnerai que plus tard les conclusions géné- rales. M. DumonTtPaLLier. — Je demande la parole pour faire re- marquer que les communications de M. Brown-Sequard con- firment les résultats cliniques que j’ai exposés devant la So- ciété, en mon nom et au nomde mon collaborateur M. Magnin, -Sur les entre-croisements multiples des éléments nerveux de la moelle au-dessous de l’entre- croisement des pyramides an- térieures. Il ressort, en effet, des communications antérieurement exposées par nous devant la Société que des excitations périphériques sur différentes régions du cuir. chevelu et sur diverses régions du tronc et des membres déterminent des ac- tes croisés qui permettent d'affirmer l’existence d’entre-croi- sements nombreux dans toute l’étendue del’axe cérébro-spinal. Cette affirmation clinique est pleinement confirmée par les nombreuses expériences de vivisecticns pratiquées’ par M. Brown-Sequard sur différents animaux et spécialement sur le chien et le singe. Les expériences si habilement pratiquées par le savant pro fesseur du collège de France donnent à nos études person- — 252 — nelles une sanction &ont l’importance:est considérable. Je dois rappeler ici que nos expériences de physiologie clinique ont été faites sur des s.jets en étai de veille et en état d’hyp- notisme provoqué, asi que cela est consigné dans les mé- moires que nous avons présentés à l’Académie des Sciences. SUR UNE VARIÉTÉ DE LA TEIGNR FAVEUSE A FORME LYCOPERDOÏDE, °CHEZ LE LAPIN À FOURRURE, par M. P. MÉcnin. J'ai l'honneur de présenterà la Société le cadavre d’un jeune lapin à fourrure qu est affecté d'une variété de teigne assez intéressante. Il m'a été adressé par un cuniculteur de Troyes qui fait sur une grande échelle l'élevage des lapins domes- tiques de toutes variétés. Son élevage est en ce moment en- vahi par ane maladie de peau qui affecte les jeunes sujets d’un à trois mois et qui, chose curieuse, épargne les sujets âgés; bien mieux, chez ceux qui sont malades et qui atteignent l'âge de quatre mois, on voit les croûtes disparaître sans lais- ser aucune trace. Le sujet que j'ai reçu est mort à l'âge de trente-quatre jours et la cause de sa mort est le développement d’une croûte au- tour de l'anus qui a fermé cette ouverture et empêché ses fonc- tions. Comme on voit par ce spécimen, l'affection se présente sous forme de larges croûtes isolées, un peu globuleuses, cir- culaires, aplaties d’un diamètre de un centimètre à un centi- mètre et demi, coriaces seulement à la surface, qui est facile à déchirer et qui laisse alors s'échapper un contenu farineux d’un blanc de plâtre que l'examen microscopique montre com- posé exclusivement de sporules généralement ovoïdes ou sphé- riques, quelques-ünes allongées, d’un diamètre variant entre quatre et sept millièmes de millimètres, les plus grandes étant les plus nombreuses. Ce n’est donc pas sous forme de favus ou godets solides dans toute leur épaisseur et d’une couleur jaune de soufre que se présente cette teigne:: c’est plutôt sous forme d’ampoule fermée et aplatie rappelant le. /ycoperdon ou vesse-de-loup; aussi proposerai-je dé nommer cette variété de teigne, fezgne lycoperdoïide, tout en la regardant néanmoins comme causée par un achorion qui ne se distingue pas de l’achorion Schein- e Ne D à LPS T TRE SNE N -= 253 --. leinii, sinon par sa couleur blanche et par l'absence d’odeur de souris. Cette teigne est trés contagieuse entre lapins de moins de quatre mois; l'est-elle à l’homme ou à l’enfant? C’est ce que je ne puis dire; j'ai demandé des renseignements à mon ex- péditeur et s’il m'en donne qui apportent quelques éclair- cissements sur ce point, je m’empresserai d'en faire part à La Société. NOTE SUR L'ACTION POLAIRE DU COURANT INDUIT ; SON IMPORTANCE EN ÉLECTRO-DIAGNOSTIC, par le Dr Romaix Vicouroux. L'electro-diagnostic, en ce qui concerne les muscles et les nerfs, consiste essentiellement en deux choses : 1o Apprécia- tion quantitative de l’excitabilité par les deux ordres de cou- rant; 2° appréciation qualitatire de l'excitabilité galvanique. Pour cette dernière, on étudie le mode de contraction du muscle et on examine si cette contraction à lieu à l'ouverture ou à la fermeture du circuit, au pôle négatif ou au pôle positif. Les variations que peut présenter, de ce chef, lexcitabilité galva- nique, ont, comme on le sait, une importance des plus grandes. Pour l’excitahilité faradique, il n'existe rien d’analogue. On laisse complètement de côté toute considération de l’action distincte des pôles, pour se borner à nne simple évaluation quantitative. C’est pourtant un fait bien connu que, de deux courants alternatifs dont se compose le courant induit, l’un, celui d’ou- verture, est plus fort que l’autre et détermine par conséquent le sens du courant total. Il faut donc, pour le courant induit, aussi bien que pour celui de la pile, reconnaitre un pôle positif et un pôle negatif, doués de propriètés physiologiques diffé- rentes. L'observation la plus superficielle suffit d’ailleurs pour le constater. : | Supposons que l'on excite un muscle malade avec le pôle négatif du courant induit (d'ouverture) et que l’on n’obtienne pas de contracuon, même en poussant la force du courant aussi loin que peut le supporter le malade ; il ne faudrait pas en conclure, comme on le fait généralement, que la contrac- . tilité faradique est abolie. En effet, si l’on change la direction — 954 du courant (au moyen du commutateur qui doit se trouver dans tous les appareils), il peut arriver que la contraction se produise avec un courant très modéré, mais par le pôle positif. Nous avons eu, depuis que notre attention est portée sur ce point, l’occasion de constater ce fait sept ou huit fois, sur des sujets atteints d’affections spinales avec atrophie anciens Dans ces cas existait la réaction de dégénérescence pour le courant galvanique, c’est-à-dire absence ou diminution de contraction à la fermeture du circuit sur le pôle, négatif (KSZ) et conservation ou augmentation relative de la contraction de fermeture au pôle positif (ASZ). Or l’excitabilité faradique examinée pour les deux sens du courant, manquait ou était diminuée pour le pôle négatif et était conservée ou relative- ment augmentée pour le positif. En d’autres termes, ellen’avait pas disparu, mais elle avait subi une modification parallèle à celle de l'excitabilité galvanique. La prétendue opposition du courant galvanique et du fara- dique joue un grand rôle dans tous les travaux publiés en Allemagne sur ce sujet depuis uné quinzaine d’années.La réac- tion de dégénérescence, suivant Erb notamment, a pour ca- ractère principal la perte de l’excitabilité faradique du muscle et la conservation de la galvanique. D'après ce qui précède, on voit que ce caractère n’est -qu'apparent. Ce qui a disparu ou diminué, c’est l’excitabilité par le pôle négatif, et cela aussi bien pour la galvanique que pour l’induit; mais si l’on peut obtenir une contraction avec le pole positif de la pile, onl’obtiendra égalemerit avec celui du courant d’induction. Il pourrait même être indifférent d’em- ployer l’un ou l'autre courant, exclusivement, pour se faire une idée suffisante des réactions électriques du muscle C’est, croyons-nous, par des considérations de ce genre que l’on pourrait expliquer les anomalies de la réaction de Erb observées par différents auteurs. On pouvaitse dispenser de noter la direction du courant lorsqu'on employait la faradisation à la manière de Duchenne (de Boulogne), c’est-à-dire en plaçant les deux électrodes très près l’une de l’autre sur l’organe à exciter. Mais il est indis- 2 DES pensable de tenir compte de cette direction dans la méthode polaire aujourd’hui universellement usitée et où une seule électrode est active. En résumé : 1: dans l’examen électrique des nerfs et des muscles, il est indispensable de noter les réactions obtenues avec les deux pôles du courant induit. Les observations où il est simplement question de l’absence ou de la présence de la contractilité faradique sont incomplètes et insuffisantes. 2: Dans l’atrophie dégénérative, la contractilité faradique n’est pas abolie, comme le croit la généralité des auteurs, elle a simplement subi le même changement qualitatif que la gal- vanique. _8- Le seul caractère essentiel de la réaction de dégénéres- cence du tissu musculaire est donc l’action plus grande du pôle positif, inversement à ce qui a lieu dans l’état normal, mais cela pour les deux ordres de courant. SUR LES MICROZYMAS GASTRIQUES, par M. À. Bécnawr, Corres- pondant de l’Académie de Médecine. — (ire Communi- cation.) L'étude plus approfondie des matières: albuminoïdes m’a conduit à celle des produits de leur digestion par le suc gastrique. Les chimistes croyaient à l'unité substantielle des matières albuminoïdes. Dans un mémoire étendu, qui est à l’Académie des Sciences, je démontre leur pluralité spécifique. Bien plus, le blanc d'œuf de poule, que l’on croyait contenir l’albumine rype et unique, s’est trouvé composé de trois matières albu- minoïdes très distinctes par un ensemble de propriétés carac-. véristiques. Les matières albuminoïdes du jaune d'œuf de poule, solubles ou insolubles, se sont trouvées plus nom- breuses encore. Lehmann avait considéré la partie albumi- noïde insoluble du jaune de cet œuf comme identique avec la caséine (alkalifretes Casein). J'ai démontré que cette pré- tendue caséine sans alcali contenait beaucoup plus de cendres que la caséine du lait pure, que j'ai appris à préparer, laquelle peut ne pas contenir une trace de cendre; bien plus, cette 6 matière insoluble du jaune de l’œuf s’est trouvée complexe et organisée. Pour compléter ma démonstration de la pluralité spécifique des matières albuminoïdes, j’ai voulu prouver que les produits des digestions des différents types que j’avaisisolés étaient éga- lement différents. De telle sorte que, en employant la nomencla- ture de M. Mialhe, qui est la bonne, il y a, non seulement une albumtinose relative à telle albumine, mais des albuminoses ; pour la caséine, non pas seulement une easéinose, mais des caséinoses, et ainsi de suite: des /ibrinoses, des musculinoses, des osséinoses, des gélatinoses. Cette étude des produits des digestions de diverses matières albuminoïdes pures, nettement définies par leurs pouvoirs rotatoires moléculaires, exigeait une connaissance plus exacte du suc gastrique physiologique. Pour obtenir ce suc gastrique, d’un chien muni d’une fistule, on faisait jeùner l’animal pen- dant 24 heures, et après l'avoir affamé, on lui donnait un fragment d'os, et l’on recueillait le suc gastrique. Je ne veux pas entretenir la Société biologique de mes recherches sur le suc gastrique, j'espère lui communiquer, plus tard, ce travail ; je dirai seulement que les produits sur lesquels j'ai opéré, après une filtration soignée, étaient presque incolores et d’une absolue limpidité. Durant deux ans qu'ont duré mes expé- riences, j'ai pris les pouvoirs rotatoires des parties solubles de ces sucs sur plus de 100 échantillons. Il est résulté de là bien des observations intéressantes ; je ferai seulement observer que l’on ne peut prendre les pouvoirs rotatoires que de matières solubles ; de sorte qu’il n’est jamais entré dans mon esprit l'opinion que l’activité actuelle du suc gastrique püt être attribuée à quelque chose d'insoluble qu'il contiendrait. Tout à l'heure, je dirai le motif de cette remarque. Laissons done le suc gastrique filtré, pour arriver aux matières restées sur le filtre. Elles sont fort intéressantes à étudier; mais avant de le faire, il est nécessaire de donner quelques développements préliminaires sur les circonstances qui m'ont amené à y donner quelque attention. Il y a bien longtemps déjà, EURE il s’agit de cheb à qui vont de 1855 à 1866 et que j'ai poursuivies sans interruption — 257 — au milieu d’autres travaux, j'ai noté dans l’atmosphère, dans la craie naturelle, dans le sol, dans la poussière des rues, les productions que j’ai nommées les Microzymas. Je les ai mon- trés actifs comme les ferments les plus énergiques : ferment lactique, ferment butyrique, ferment alcoolique, car, avec le sucre ou la fécule, ils produisent tout cela. Ces microzymas, dans l'air, dans la craie, dans la poussière des rues de Montpellier, sont représentés par de petites sphères brillantes, visibles seulement sous de très forts grossissements. Ils sont doués du mouvement brownien: ce n’est cependant pas de cette propriété que j'ai conclu à leur organisation, mais du fait qu'ils contiennent de la matière organique azotée, qu'ils sont actifs comme les ferments sur l’organisation desquels on ne discute plus, et qu’ils peuvent se multiplier dans des mi- lieux appropriés. Bientôt après, j'ai signalé ‘leur présence dans le lait, je les ai rapprochés de ceux de la craie, leur attribuant la cause pro- chaine de la coagulation du lait. J'en vins enfin à regarder certaines granuiations molécu-- laires des auteurs comme étant pareillement des Hu mas. Avec M. Estor, je les ai découverts dans le sang, dans le foie, dans toutes les glandes, dans tous les tissus viv dia J’ai d'abord isolé ceux du foie. La glande,dilactrée par le ri- clage, lavage et lévigation, les fournit à l’état de liberté et, avec un peu de soi, on parvient à les obtenir privés de cel- lules hépatiques. Il est bon, pour les obtenir plus facilement purs, d'opérer sur le foie hydrotomisé. Ces microzvmas, bien Jlavés 4 l'eauet à l’éther,desséchés, ont fourni à l'analyse élé- mentaire, pour le foie de mouton hydrotomisé : RUE pour cent : 3,02, et, ceudres déduites : Carbone Ne M SAS Re Hydrogène: 0h ei ABOU MR NN ANT Oxyrener) ci bte 4 100,0 C’est la composition d’une matière albuminoïde, 258 — Lorsqu'on a opéré sur un foie hydrotomisé et qu’après le traitement à l'éther on la. lave encore à l’éther alcoolisé pour les faire sécher dans le. vide, on peut les obtenir sous l’aspect d’une masse presque blanche, friable. A l’état humide, es- _sorés, ils contiennent jusqu’à près de 82 pour cent d’eau Ces microzymas, mis dans l’empois, en opérent assez rapi- dement la fluidification, mais il n’y a pas saccharification : la transformation s'arrête à la modification de la matière amyla- cée que j'ai nommée fécule soluble ; si la durée de l’action est plus grande, il peut se former de la dextrine. Dans l’empois ils évoluent en bactéries en passant par les intermédiaires da microzymas associés, de chapelets, etc. Dans des conditions convenables, ils peuvent opérer la fer- mentation lactique ou la butyrique. J'ai aussi isolé les microzymas du pancréas. C’est plus dif- ficile ; quoiqu'il en soit, la glande hachée, broyée, reprise par l’eau, la pulpe passée au tamis et traitée par lévigation à l’eau alcoolisée, abandonne ses microzymas, qui peuvent être re- cueillis sur le filtre. Dans l’état où le filtre les retient, ils ont l’aspect de levure blonde; mais ils ne sont pas purs: chaque microzyma est représenté par une sphère entourée d’une atmosphère de corps gras. Un traitement à l’éther et à l’alcool éthéré les prive dela graisse; alors, tout.en ayant gardé léur forme, ils apparaissent brun olive grisâtre. Les microzymas pancréatiques, avant ou après le traite- ment qui les prive des corps gras, agissent vivement sur l’em- pois de fécule pour le fluidifier et le saccharifier. Ils différent donc des microzymas hépatiques par cette propriété; ils en différent encore par une fonction importante : ils digèrent les matières alhuminoïdes avec une grande énergie, et cela dans un milieu neutre ou à peine acidulé. Or ces propriétés ‘ sont celles du suc pancréatique ou des solutions que l’on obtient par l’infusion du pancréas dans l’eau, ainsi que l'ont démon- tré MM. Bouchardat et Sandras pour l’amidon et Corvisart pour les matières albuminoïdes. Les microzymas du foie n'agissent sur les matières albumi- noïdes ni dans un milieu neutre, ni dans un milieu acide. Voilà donc deux productions animales morphologiquement — 259 — identiques et,comme nous l’allons voir, de composition chimi- que très rapprochée, qui sont fonctionnellement distinctes. ‘J'ai essayé de déterminer la quantité de microzymas fournis par le pancréas de bœuf. Après le traitement à l’éther, à . l’éther alcoolisé et encore à l’eau, la masse, bien égouttée sur le filtre, pèse plus de 130 grammes pour vingt pancréas de bœuf contenant environ 12 pour 100 de microzymas secs. Je n'ai pas prétendu faire un dosage rigoureux, qui n’est pas de mise dans ces sortes de recherches; mais ilyalà une approxi- mation suffisante. L'analyse a donné, pour les microzymas bien lavés à l’éther, à l'éther alcolisé, encore à l’eau et à l’éther, après dessication suffisante, 4,676 pour cent de cendres, remarquables par l'abondance d'oxyde de fer qu’elles contenaient. L'analyse élémentaire, cendres déduites, a donné, pour les microzymas pancréatiques de bœuf dont il s’agit : Carbone......... 52,38 Hydrogène....... 02 Nzalte relie en 14,01 Oxygène ...... PS0 0) 100,00 Il n’est pas superflu de faire remarquer que les microzymas pancréatiques, grâce au traitement qui permet deles extraire, ne peuvent pas retenir de leucine, ni de tyrosine, etc., c'est-à- dire aucun des composés cristallisables qui sont contenus dans le suc pancréatique ou dans l’infusion aqueuse du pancréas. Ce fait m’a permis de démontrer en quoi les di- gestions pancréatiques différent des digestions gastriques. Dans les premières, avec des matières albuminoïdes absolu- ment pures, les produits digérés contiennent toujours de la leucine,de la tyrosine; jy ai même trouvé de l'acide aspar- tique, du moins un acide aussi peu soluble que lui, mais en irop petite quantité pour pouvoir le déterminer autrement. Dans les disgestions gastriques par le suc gastrique je n’ai jamais vu apparaître de composés cristallisés. Il résulte de là que l’action des microzymas pancréatiques est bien plus pro- 260 MDN) ER fonde sur les matières albuminoïdes que celle du suc gastrique. Les microzymas pancréatiques résument donc les propriétés essentielles du suc pancréatique ; et l'identité fonctionnelle est telle, que ces microzymas n’agissent pas non pue sur le sucre de canne. Et il est impossible de ne pas signaler ici un , fait important, déjà publié par MM. J. Béchamp et E. Baltus, savoir : que les microzymas pancréatiques, en injection intraveineuse, tuent presque immédiatement un chien quand la proportion de mi- crozymas atteint 1 milligramme par kilogramme d'animal. À dose égale, et même un peu supérieure,l'injection intravei- neuse des microzymas hépatiques est inoffensive ! Enfin, les microzymas pancréatiques, malgré les lavages prolongés qu’on leur fait subir pour les isoler, sont encore ca- pables de fournir. par infusion dans l’eau distillée, des liqueurs absolument limpides et dépourvues de particules solides qui sont capables de fluidifier l’empois et d'agir sur les matières albuminoïdes. Ce n’est donc pas comme corps insolubles qu'ils manifestent leur activité, mais comme quelque chose d’orga- nisé qui sécrète un contenu préexistant ou qui s’y élaborerait comme dans une cellule. En effet, un microzyma, malgré son extrème petitesse, qui est presque de la dernière des gran- deurs observables (il y en a de si petits qu il en faudrait plus de 15 milliards pour remplir 1 millimètre cube), sous un gros- sissement suffisant (obj.10 ocul. 1de Nachet) apraraît comme nnepetite cellule eu miniature,un contenant et un contenu,dans laquelle on ne distingue qu’un centre brillant et un contour; on ne voit rien de plus, mais, dans certains états de la levure de bière jeune, on ne voit pas autre chose; on ne la regarde pas moins comme upe cellule organisée. J'ajoute que, comme les microzymas du foie et d’autres tissus, ceux du pancräns sont susceptibles d'évoluer pour produire des bactéries. J'arrive aux microzymas gastriques. J'avais plusieurs fois essayé d'isoler les microzymas des glandes stomacales ; mais l’état muqueuz de ces glandes détachées de l'estomac y avait constamment mis obstacle. Une observation ue je vais rap- porter m'a mis sur la voie. En examinant attentivement les produits insolubles qui res- 969 tent sur le filtre, sur lequel le suc gastrique a été filtré,. j'ai remarqué des cellules qui avaient certainement pour origine les glandes pepsiques, et des granulations moléculaires. Jai supposé que c’étaient les microzymas- provenant de la fonte des cellules glandulaires. La matière provenant d’un litre de suc gastrique, après un lavage soigné sur le filtre, en a été détachée pendant qu’elle était encore très humide ; elle a été traitée par l’éther pour la débarrasser de la graisse; puis, sous un filet d’eau créosotée on l’a passée par les mailles d'un tamis de soie bien lavé à l’eau créosotée. Par lévigation, les parties les plus ténues ont été séparées : le produit étant dé- posé, ce qui exige souvent plus de 48 heures, on le recueille sur un filtre: il n’est presque composé que de fines granulations peut-être un peu.plus volumineuses que celles du pancréas. Jai fait avec ces granulations les essais suivants, qui de- vaient, si l'hypothèse était fondée, posséder les propriétés du suc gastrique : 190 gr. 6 de ces microzymas, humides, en päte, mis dans 50 gr.d’empois de fécule, le fluidifient lentement, à latempéra- - ture de 40°. Après 24 heures d'action, il n’y avait ni dextrine, ni glucose, rien que de la fécule soluble, ce qui a été démontré par le pouvoir rotatoire moléculaire et par la teinture d’iode qui colore la solution en bleu pur. Si la réaction dure plus longtemps, le mélange devient acide et les microzymas évoluent en chapelets de grains et en bac- téries grèles. 20 Leur action sur le sucre de canne est nulle. Je reviendrai plus loin sur les conséquences de ces faits né- gatifs. 30 Leur action sur la fibrine est nulle, quand on les met en contact avec cette substance dans l’eau pure. Leur activité ne se manifeste que dans l’eau acidulée par l'acide chlorhydrique. Il en est de même à l'égard de la caséine et de l'albumine. Je vais rapporter deux expériences. a. 0:'6 de ces microzymas en pâte sont mis en réaction dans 40% d’eau acidulée par 04,018 d’acide chlorhydrique,avec gros comme une forte noix de fibrine très blanche de sang artériel et veineux de bœuf : après dix minutes, le mélange était pâ- &, . 262 teux, liquide une heure après et complètement liquéfié après trois heures, la température étant de 35 à 40 degrès. Laissé réagir pendant 24 heures : les microzymas étaiént compléte- ment déposés : au microscope, on les retrouve avec leur forme initiale, pas une bactérie,pas un ferment étranger. La solution filtrée est incolore et limpide. J’ai pris le pouvoir rotatoire de la matière dissoute ; trouvé, en appliquant la formule de M. Berthelot : fa]; — == a; ——-6,94; 1—92;0 — 5e; p — Or 252 (cendres, Os, 001). Rl; = — — 680 Dans une autre expérience où la quantité de microzymas était plus grande ainsi que la durée de l’action, le pouvoir ro- tateur a diminué : aj = — 40; l= 2;0 — 5%; p — 0 +185 (cendres Os 006), (a] j = — 54e. 6.58 de caséine pure, réduite en poudre fine,sont mis avec 3€" de ces microzymas en pâte (contenant Os 5 en matière sèche) et le tout délayé dans 90° d’acide chlorhydrique au centième d'acide fumant. Laissé réagir pendant 52 heures à 350 — 400. Tout n’est pas dissous. Filtré ; le pouvoir rotatoire du produit digéré est le suivant : aj —— 6012, L— 92, o — 5% p — Os 152 (cendres 0,0015). [el]; = 10006 Il y avait 3#04 de matière en solution... Je viens de dire que tout n’était pas dissous. Le suc gastrique se comporte de la même manière avec la caséine : cette ma- tière laisse toujours un produit inattaqué par le suc gas- trique : c’est une substance nouvelle que nous voyons se produire aussi avec les microzymas gastriques. Il n’est pas superflu de faire observer que les microzymas n’épuisent pas leur activité par une première action. Ceux qui ont agi sur la fibrine peuvent encore agir sur la caséine, eté. J'ai étudié l’action des microzymas gastriques sur d’autres matières albuminoïdes : elle est du même ordre. — 263 — Ces microzymas sont donc, à leur tour, différents de ceux du foie, dont ils se rapprochent par leur action sur l’empois de fé- cule laquelle ne va que jusqu’à la formation de la fécule soluble, mais s’en éloignent par leur manière d’être à l’égard des ma- tières albuminoïde . Ils diffèrent des microzymas pancréati- ques à la fois par leur action sur la fécule, que ces derniers. saccharifient et par celle qu’ils exercent sur les matières al- buminoïdes, ceux du suc gastrique n’v agissant que dans un milieu acide. J'ai dit plusieurs fois que j’employais la créosote ou l’acide phénique dans mes recherches sur les mierozymas ; c’est dans le but d’annihiler l'influence des germes atmosphériques, dont l’évolution est entravée par la présence de ces deux agents antiseptiques, ainsi que je l'ai prouvé dès mes premières recherches. De telle sorte qu’un agent est antiseptique parce qu'il tarit la fécondité ou la multiplication de ces germes. Dans toutes les expériences qui précèdent, j'ai opéré en pré- sence de l’un ou l’autre de ces agents, dans les conditions où l’évolution des germes de l'air était impossible. Les micro— zymas actifs sont donc bien ceux qui provenaient de l'estomac de l'animal. : Avant de continuer, j'ai besoin de prévenir une objection. N'est-ce pas l’acide chlorhydrique tout seul qui opère les trans- formations des matières albuminoïdes sur lesquelles j'ai opéré? Des expériences très suivies m'ont démontré qu'il n’en était rien. Je me suis assuré, notamment, que l'acide chlorhydri- que, au titre où il a été employé dans l’expérience sur la ca- séine, par une action prolongée sur cette substance, la Jaissait intacte, à la même température que celle où a été faite la digestion par les microzymas. Dans cette der- nière, nous l'avons vu, il se forme un produit insoluble; dans le même temps, la solution chlorhydrique de caséine est res- tée limpide et la caséine a pu être isolée avec son pouvoir ro- tatoire initial, qui est, en solution ammoniacale : [a]; — 1200. Or le pouvoir rotatoire du produit digéré s’est trouvé bien moindre. Doncla transformation est attribuable aux micro- zymas, l'acidité n’étant qu’une condition de miheu. (Suite et fin au prochain numéro.) — 264 — RECHERCHES ANATOMIQUES SUR L’ACNÉ, par les docteurs E. Vinaz et IL. L'rr.oir. Les planches que nous avons l'honneur de présenter à la Société représentent des prévarations histologiques de ditffée- rentes variétés d’Acné. Kllcs permettent d’élucider certains points encore obscurs de laratomie pathoïogique de cette affection 1). | D'une facon générale,on à fait jouer un role trop prépondé- rant, trop absolu aux lésions des glandes sébacées dans l'étivlogie des différentes formes d'acné. Laissant de côté les séborrhées et autres altérations desécretion des glandes séba- cées ainsi que l'acné varioliforme et ne nous occupant que de acné proprement dite, nous allons voir que les différentes formes d'acné présentent une pathogénie complexe. Commençons d'abord par l'acné pustuleuse. Les différentes formes d'acnces pustuleuses que nous allons étudier successi- vement, ainsi que les comédons ont été recueillis sur le dos d'individus atteints d’acné polymorphe, On sait que la réu- nion sur lemème sujet de l'acné punctata, pustuleuse et indu- rata constitue l'acné polymorphe, symplôme avéré de scrofule. Sur des coupes ‘passant par le milieu de pustules l'acné pilaris enflammée on peut constater que la cavité du follicule pileux est fortement dilatée, qu’elle est remplie de cellules cornées, de globules de pus granuleux formant des inasses casécuses plus ou moins adhérentes les unes aux autres. Dans la cavité du folticule on trouve parfois un ou plusieurs poils follets. La gaine interne du follicule, qui est formée de cellules crénelces analogues à celles du corps muqueux, semble com- plètement intacte (ainsi que M. Cornil la signalé dans son travail su l'anatomie pathologique de l'acné). Le derme qui entoure le follicule présente des signes très prononcés d'hy- (1) Les lambeaux cutanés qui ont fait l'objet de cette étude ont été excisés sur le vivant, plongés immédiatement dans l'alcool absolu ou bien le liquide de Müller ou l'acide osmique à 1 pour 500 et après durcissement, détaillés en coupes minces colorés par le picro-carmin. “oGr purhémie, les vaisseaux nombreux qui forment un lacis autour du follicule sont fortement dilatés et gorgés de sang, ils sont entourés de cellules lymphatiques qui paraissent être un pro- duit de diapédèse ; par place on peut constater que les ceilules du tissu conjonctiftendent à proliférer. Il paraît certain que le pus contenu dans l’intérieur du follicule provient du derme ambiant enflanmmé; que le pus formé autour du follicule s'ouvre dans celui-ci par suite de la chute de l’épithélium de la membrane interne du follicule ainsi que le fait remar- quer M. Cornil et ainsi que nous avons pu le constater aussi aprés lui. Tel est le premier degré de l’acné pilaris pus- tuleuse. Dans des pustules un peu plus anciennes, il existe des ilôts du pus plus étendus dans le derme qui entoure le follicule. Mais de plus,on rencontre souvert,dans l’épiderme avoisinant le follicule pileux, de petits nids purulents, de véritables petits abcès intraépidermiques siégeant au milieu d’un reticulum d’origine épithéliale plus ou moins désagrègé; réticulum et nids purulents qui se sont formés dans l’épiderme d’après Je mécanisme de l’altération cavitaire décrite en premier par l’un de nous. (Voir Leloir, compte rendu de la Société de Biologie, 1878, et Archives de physiologie 1878 et1880.) Les glandes sébacées ne nous ont pas paru prendre part à inflammation, dans cette forme d’acné pilaire, ainsi que l’avait d’ailleurs déja dit Bazin (article du Dictionnaire encyclo- pédique), et,ainsi que l’a surtout montré M. Cornil dans ses belles recherches sur l'anatomie pathologique de l’acné(Journal de l’Anatomie et de la Physiologie, 1879): « Nans cette forme d’acné pilaris, dit M. Cornil, les glandes sébacées ne m'ont paru prendre aucune part active à l’inflammation. Il s’agit uniquement, comme Bazin l’a établi par desrecherches faites à l'œil nu,d’une inflammation portant sur le follicule lui-même, dont le goulot est obstrué par un bouchon de cellules épider- miques ». Cette périfolliculite suppurée explique pourquoi V'acné . pustuleuse, si légère soit-elle, laisse toujours à sa suite descicatrices,quelque minuscules, quelquè microscop'ques qu’elles soient. Lorsque l’inflammation a duré plus longtemps, lorsqu'elle a NOTONS été plus intense, on voit ces formes d’acné pilaris se trans- former en acné indurata. Dans ces gros boutons d’acné indu- rata on peut constater que le follicule pileux est énormément dilaté, que son orifice est rempli de cellules cornées, que sa cavité, devenue presque kystique, contient des cellules épider- _ miques cornées et des globules de pus altérés. Les couches . épidermiques qui constituent les parois du follicule sont forte- mentépaissies.Ce sont les mêmes couches que celles du restede l'épiderme : couche cornée, couche granuleuse, couche de Mälpighi. Mais l’hyperthophie épithéliale porte principale- ment sur ces deux dernières couches et surtout, pour ne pas - dire uniquement, sur la couche de Malpighi.En certains points, le tissu conjonciif qui entoure la cavité du follicule dilaté présente des papilles très nettes qui pénètrent dans l'épaisseur de la couche de cellules crénelées hypertrophiées,analogue du corps de Malpighi (membrane interne du follicule:, ainsi que l’a très bien montré M. Cornil. Letissu conjonctif qui entoure les follicules dilatés présente des signes très prononcés d’in- flammation, il est rempli de cellules embryonnaires, ses vais- seau sont dilatés, pleins de sang; enfin, les papilles voisines de l'ouverture du follicute sont également enflammées, elles sont hypertrophiées et remplies de cellules rondes. Sur d’autres boutons d'acné plus globuleux, on peut cons- tater que le follicule pileux s’est transformé en un véritable kyste. nes Les grosses glandes sébacées nous ont paru complètement _intactes dans cette forme d’acné. Cependant nous n’oserions affirmer d’une façon abolue avec M. Cornil (loc. cit.,page 6 du tirage à part}: « Que dans ces jeunes boutons d’acné les glandes sébacées ne sont nullement en cause... » et que (page ?) : « l'acné indurata chronique dont nous venons de rapporter un exemple, consiste uniquement dans une inflam- mation chfonique du follicule pileux. Elle constitue un inter- médiaire entre l’aené pilaris et les kystes sébacés:» Ainsi donc dans les formes prédécrites d’acné pilaris et d'acné indurata, il semble que les glandes sébacées ne prennent pas une part active à l’inflamma ion. Toutefois il ne faudrait pas refuser d’une façon absolue aux glandes sébacées tout rôle dans la — 267 — production de ces formes d'acné, car follicule pileux et glande sébacée sont en somme unis d’une façon intime et constituent un tout indissoluble, le follicule pilo-sébacé; de sorte que l'ouverture de la glande sébacée,tout au moins, se trouve prise en même temps que le follicule pileux. Mais les glandes sébacées des poils follets, auxquels les follicules pileux de ces dits poils sont, pour ainsi dire, an- nexés comme des appendices, qui sont en général bien plus pro- fondément situées: et plus volumimeuses, nous ont parues en général infactes, et semblent réellement ne prendre aucune part active à l’inflammation, par leur corps glandulaire tout au moins, car leur orifice d'ouverture, leurconduit, se trouve toujours plus ou moins atteint. Lorsque l’inflammation périfolliculaire est plus accentuée, plus étendue, qu’elle atteint les couches profondes du derme et même le tissu cellulaire sous-cutané, l’on a l’acné phlegmoneuse avec ses abcès intradermiques. Les acnés pustuleuses que nous venons d'étudier sont des périfolliculites suivies de folliculites suppurées provenant de troubles de fonctionnement du follicule pileux qui rempli de cellules cornées, etc., constitue un véritable corps étranger, et plongé dans l’épaisseur du derme dont il amène l’inflamma- tion et la suppuration consécutives.—Les glandes sébacées par leur altération peuvent-elles jouer le même rôle et aboutir également à l’acné pustuleuse,; les acnés pustuleuses doivent-elles être considérées toujours comme des périfollicu- lites pileuses suppurées ? Non, certes. Si nous étudions par exemple. l’acné punctata, le Cométdun, nous voyons que, ainsi que l'a très bien démontré Virchow, celui-ci se trouve constitué par l’accumulation dans le conduit excréteur du follicule pilosébacé, de matières sébacées. Cette masse de matière sébacée, plus ou moins mélangée de crasse, de poussière et de cellules cornifiées dansles parties supérieu- res (ce qui lui donne à ce niveau son aspect noirâtre et fait apparaître les comédons comme des grains de poudre enchäâs- sés dans l'épaisseur de la peau) s’accumule dans le conduit pilo-sébacé. Parfois le bouchon qui obstrue le conduit contient des poils et l’acarus foliculorum. Le conduit excréteur de la MAN Te glande se dilate, Si, à ce moment, on pratique une coupe verti- cale du comédon, l’on constate simplement cette accumulation de matière sébacée, et, dans le conduit pilo-sébacé une dila- tion des vaisseaux sarguins qui avoisinent le follicule, et la présence de quelques cellules rondes dans le derme ambiant. C’est là tout. Mais au bout d’un certain temps, ce bouchon de sébum devient une véritable épine inflammatoire entée dans l’épais- seur du derme, un véritable corps étranger, et peut-être même des modifications chimiques de ce bouchon augmentent- elles encore les causes d’irritation. Alors, le derme environ- nant s’enflamme, il se produit une inflammation périfolliculaire etle comédon est devenu une acné pustuleuse;quel’inflammation soit plus intense et plus persistante, et l’on aura l'acné pus- tuleuse indurée et même l'acné phlegmonneuse. On conçoit donc que le traitement de cette forme d’acné est l'expulsion du corps étranger, du comédon.. Ces différentes formes d’acné pustuleuse dont lorigine dif- fère un peu de’celles que nous avons décrites précédemment présentent cependant, à peu de chose près, la même anatomie pathologique. Mais il arrive parfois que le conduit de la glande sébacée S ’oblitère, alors la matière sébacée s’accumule dans la glande, celle ci se dilate, s’hypertrophie par sa forme allongée et lobu-. lée, ainsi se produit le mélium ou gnitum. L’accumulation de la matière sébacés augmentant encore dans le follicule, et ses parois s’épaississant, il peut se produire. ainsi de véritables _ kystes d'origine sébacée, lesquelsserapprochent beaucoup comme structure des kystes folliculaires que nous avons dé- crits à propos de l'acné pilanis. Ces kystes d’origine sébacée s’enflamment rarement. Il paraît en être de même pour une forme d’acné à peine décrite, si même elle ést décrite anatomo-pathologiquement : nous voulons parler de l'acné cornea. Cette forme d’acné, dis- tincte de l’acné punctata, (c’est une iolliculite pileuse), est caractérisée cliniquement par les symptômes suivants : « la saillie de follicules pileux, rarement isolés, surmontés » d’une pointe dure, d'apparence cornée, sans inflammation + — 269 — » périphérique; ces suillies sont presque toujours agminées et » forment une plaque circonscrite hérissée de pointes multi » ples dont chacune est enchässée par sa racine dans le con- » duit du follicule qui lui a donné naissance. » L'anatomie pathologique de cette forme d’acné est la sui- vante : la lésion qui la constitue siège dans le follicule-pileux ou dans le goulot du follicule pilo-sébacé. Elle est caractéri- sée par une dilatation notable du follicule pileux, dont l’épider- me corné est considérablement épaissi. Cependant, cet épiderme corné si épaissi présente, surtout dans ses parties profondes, des cellules encore vivaces, comme le démontre, leur noyau fortement coloré en rouge par le carmin, et leur protoplasme également coloré par ce réactif. Il existe donc dans la couche cornée, dans ses parties profondes, des cellu- les encore vivaces, non cornifiées, au-dessus du stratum luci- dum. Cette persistance de la vitalité de la couche cornée dans ses parties profondes se rapproche de celle que nous avons récemment signalée dans le psoriasis, bien qu'à un degré moindre (Vidal et Leloir, Société de Biologie, mars 1882); sou- vent cet épiderme corné si épaissi tend à se cliver, à se dédoubler vers sa partie moyenne. Les poils se trouvent en quelque sorie étouffés par cette cornification si prononcée. Ils se montrent souvent « constituant, avec la couche cornée qui les englobe » une sorte de bouchon corné adhérent aux par- ties superficielles de la couche cornée. Le stratum lucidum et la couche granuleuse persistent ; cette dernière couche paraît un peu plus épaisse qu’à l’état normal. Le corps de Malpighi est notablement épaissi, hypertrophié ; par place il envoie des prolongemenis dans l'épaisseur du derme comme dans les papillômes. La couche des cellules perpendiculaires, au lieu ..de se présenter sous forme d’une seule rangée de cellules en Palissades contient jusqu’à trois couches de cellules en palis- sades superposées. Cette disposition de la couche des cel- _lules perpendiculaires se ripproche beaucoup de celle que Neumann a signalée à propos du psoriasis. Les papilles du derme sont très allongées, un peu élargies : leurs vaisseaux sont dilatés ainsi que les vaisseaux dermiques superficiels, et entourés çà et là de manchons de cellules embryonnaires. — 270 — Mais, en somme, au début, cette forme d’acné ne s’accom- pagne que d’une infiltration embryonnaire du derme relative- ment minime; aussi n’existe-t-il pas ou à peine de sigr'es d'inflammation du derme ambiant, de périfollicuhte. Mais l’acné pustuleuse doit-elle être toujours considérée comme secondaire à une altération de follicule pilo-sébacé, comme nous venons de le voir; le mécanisme de sa produc- tion est-il toujours une folliculite pilo-sébacée jouant le rôle d’épine inflammatoire plongée dans le derme et irritant celui- ci consécutivement ? Non, certes. Il existe une forme d’acné où le follicule pilo- sébacé n’est pas la cause primordiale de l’affection (en tant que corps étranger plongés dans le derme, du moins), mais où la cause première, principale, est la conge hors Nous vou- Jons parler de la couperose. _ Dans cette affection, en effet, qu'il vaut mieux désigner sous le nom de couperose (préférable à celui d’acné rosée, car il ne préjuge rien et englobe les divers degrés de l'affection qui peut persister longtemps à l’état congestif ou variqueux sans pus- tule d’acné), il peut n’exister au début qu’une simple rougeur plus ou moins foncée sans pustules :d’acné; c’est la période érythémateuse caractérisée par de simples phénomènes congestifs. Il existe un engorgement des capillaires qui entou- rent les follicules pilo-sébacés. La stase sanguine persistant, les congestions se répètent, l’hyperhémie devient chronique, etilne tarde pas à se faire une infiltration de cellules embryon- naires autour des vaisseaux ; en même temps les cellules du üssu conjonctif tendent à se multiplier et les lésions de la périfolliculite commencent à se montrer. A un degré plus: avancé l’inflammation perifolliculaire s'accentue, il se produit des ilôts de suppuration le long de la gaine du poil et de l'en- veloppe de la glande sébacée ; le pus chemine le long du con- duit du follicuie pilo-sébacé, infiltre également les papilles voi- _sines de ce follicule, l'épiderme voisin se prend à son tour, il contient des nids purulents et présente les différents signes de l’akération cavitaire. Enfin, souvent la paroi du follicule pilo-sébacé se perfore et le pus pénétre dans l’intérieur du follicule. L’acné pustu- — 211 — leuse superficielle, ou plus ou moins indurée de la couperose est constituée. Plus tard les vaisseaux se dilatent encore da- vantage ; les capillaires superficiels deviennent variqueux, les lésions de l’æœdème chronique s’accentuent, et en même temps les glandes sébacées s’hypertrophient; elles sécrètent da- vantage, et cette séborrhèe produit l’aspect huileux de la couperose chronique. Il se produit donc ici une sorte de cercle vicieux, la con- gestion chronique amenant l’hypertrophie des glandes séba- cées, et celles-ci devenant à leur tour une sorte de corps étran- ger, cause d’irritation permanente. À un degré plus avance, les lésions de l’œdème chronique s’accentuent encore, les glandes sébacées s’hypertrophient davantage, le nez et les parties voisines bourgeonnent ou s’hypertrophient en masse, nous arrivons ainsi à l'acné hyper - trophique qui va maintenant nous arrêter. Les acnés hypertrophiques sont loin de présenter toujours une structure identique comme on l’a cru à tort. Il faut distin- guer dans l’acné hypertrophique deux formes principales au— tour desquelles se groupent un grand nombre d’autres formes secondaires ou mixtes, résultant du mélange de ces deux formes. D'une façon générale il faut noter que la peau participe seule aux monstruosités, parfois considérables, de l’acné hy- pertrophique. Les tissus sous-jacents, les Heat, les os, les cartilages, paraissent demeurer toujours indernnes. Dans une premiére forme d’acné hypertrophique, à laquelle on pourrait donner le nom de forme glandulatre, les parties atteintes, le nez, par exemple, présentent en général un aspect plus bombé (rappelant une pelure d'orange à gros grains), les conduits des glandes sébacées sont dilatés d’une façon consi- dérable, parfois tellement considérable qu’ils peuvent admettre un tuyau de plume, la- peau présente un aspect luisant dû à la séborrhée. Dans cette forme l’on peut constater histologi- quement que les glandes sébacées sont énormément hyper- trophiées, elles sont parfois douze et quinze fois plus grosses qu'à l’état normal, les conduits des follicules pilo-sébacés sont énormément dilatés ; en général les follicules pileux sont atro- C.r. 1882. | 15 c— 272 — phiés et les poils ont disparu. Le derme qui entoure les glandes sébacées et souvent même le derme dans toute son épaisseur, mais toujours principalement autour des glandes sébacées et de leur conduit, est fortement sclérosé. Les giandes sudori- pares, les fibres musculaires lisses du derme sont souvent très atrophiées, souvent même elles ont complètement disparu. Les vaisseaux sanguins sont dilatés etleurs parois sclérosées. L'épiderme paraît sain. Dans une deuxième forme d'acné hypertrophique, à laquelle on pourrait donner le nom de forme tléphantirsique, les lé- sions du derme priment tout, les lésions glandulaires, quand elles existent, sont absolument secondaires. Dans cette forme, la peau du nez est beaucoup plus lisse, elle présaste un grand nombre d’arborisations vasculaires, elle est hypertrcohiée et épaissie comme dans la pachydernie ou éléphantiasis des Arabes ; tantôt l’hyperthrophie du nez se fait en masse, tan- tôt il se fait des tumeurs plus ou moins pédiculées. Histologi- quement, on constate que la peau des régions ainsi atteintes, le nez, par exemple, présente les lésions connues de l’æœdème chronique. Les vaisseaux sanguins, en particulier les veines, sont dilatés, gorgés de sang. Les artères ont souven: des pa- rois épaissies ; il est fréquent de constater, tant sur les veines que sur les artères, une prolifération de l’endothelium vascu- laire. Il existe autour des vaisseaux des manchons de cel- lules embryonnaires, le derme lui-même contient une grande quantité de cellules migratrices, ces cellules tendent à prolifé— rer; par place l’évolution est plus avancée et le derme présente des traces d’hyperplasie scléreuse. Çà et là on rencontre dans le derme des lacunes plus ou moins étoilées, dont l'intérieur est tapissé parunes couche endothéliale continue, ce sont des espaces lymphatiques dilatés qui sont souvent entourés de manchons de leucocytes. Par places, la dilatation des vaisseaux sanguins, et sur- tout. des lymphatiques cutanés est tellement considérable que: le tissu prend un aspect qui rappelle celui d’un angiôme, ou mieux, comme dans ces points, c’est surtout la dilatation des lÿmphatiques qui prédomine, d’un Iymphangiôme (dans plu- sieurs de ces vaisseaux lymphatiques il y a prolifération de — 213 — Fendothélium). Les glandes sébacées sont toujours intactes ; on ne peut constater qu'une très légère dilatation de leur conduit excréteur, et une très légère hypertrophie de la glande elle-même, et encore. Il ne faut d’ailleurs pas oublier qu'à Pétat normal les glandes sébacées du nez sont toujours trés volumineuses. L’épiderme paraît sain. En résumé, nous voyons quil faut distinguer les acnés au point de vue de leur pathogenie. Les unes, l'acnée rosée et certaines formes d’acné hyper- trophique, sont d'abord d'origine vasculaire et succèdent à des congestions plus ou moins répétées, plus ou moins vou ne D’autres succèdent à des lésions du follicule HRnne telles sont l’acné cornée, l'acné punctata, certaines formes d’acné hypertrophique, l'acné kystique. Ce sont alors des folliculites pilo-sébacées non suppurées, folliculites par rétention ou mo- dification du produit de sécrétion du follicule. Mais souvent, le follicule malade constituant un véritable corps étranger irritant plongé dans l'épaisseur du derme, celui-ci s’irrite, s’enflamme à des degrés divers comme intensité et comme durée. Ainsi se produisent iles acnés pustuleuses, l'acné pilaris suppurée simple, l’acné indurée, l'acné phlegmoneuse. Celles-ci ne sont en somme que des périfolliculites suppurées, secondaires à des folliculites, à des altérations du follicule pilo-sébacé. Et ici il semble qu'il faille distinguer comme cause principale, tantôt le follicule pileux, tantôt la glande sébacée, : Nous avons vu que dans la coupercse, la congestion, cause primaire, finit souvent par amener l'acné pustuleuse,des lésions des glandes sébacées et qu'ainsi se trouve exister une sorte de cercle vicieux, l’hyperhémie chronique, amenant des lésions des follicules pilo-sébacées, et celles-ci devenant à leur tour une sorte de corps étranger, cause d'irritation perma- nente. — 214 — Séance du 22 avril 1882 Présidence de M. Grimaux. M. LABoRDE, à propos de l’allocution de M. Bouley, dans la dernière séance. « Messieurs, sans vouloir abuser de l’usage des congratula- tions qui, surtout dns une Société savante, n’a véritabiement sa raison d'être que quand il a toute sonopportunuïlé, je crois pouvoir vous faire aujourd’hui une proposition qui est bien dans des conditions opportunes, et aussi dans des conditions de justice à rendre, que vous apprécierez, j’en suis sûr. » Notre éminent collègue M. Bouzey s’est fait, dans la der- nière séance, l'interprète — et il ne pouvait y en avoir de mieux autorisé que lui — des sentiments de la Société à pro- pos de la dignité nouvelle et tant méritée dont notre Président, M. Paul Berr, vient d’être l’objet : son élection à l’Institut. Mais, plus la Société a à se féliciter et à s’honorer de cet heureux événement, plus elle a le devoir de se montrer recon- naissante envers ceux qui ont contribué à cette élection, dans les conditions exceptionnelles de lutte où elle s’est produite : conditions qui sont connues, sans doute, de la plupart d’entre vous, messieurs, et où ont été en jeu contre le canditat élu tant d’autres passions, que la noble passion de la science. » Or vous le savez aussi, personne plus que M. Bouley n’a pris une part active, efficace, victorieuse,en définitive, à cette bataille électorale académique. » Je suis convaincu, messieurs, que vous vous associerez à moi pour exprimer publiquement à M. Bouley la reconnaissance . qu'il a méritée de notre Société en cette circonstance; et comme - il n’est pas présent à la séance, ce qui me met plus à l'aise pour cette motion de gratitude, je me propose de lui en trans- mettre l’expression, au nom de la Société ». La proposition est acceptée à l'unanimité. l qe) ss) CT SUR UN DISPOSITIF SIMPLE POUR AVOIR UNE TEMPÉRALURE CONS- TANTE SANS GAZ NI RÉGULATEUR, par NM. D'ARSONVAL. J'ai dû imaginer ce dispositif pour pouvoir continuer à la campagne des expériences commencées dans mon laboratoire à Paris. Les températures usuelles en biologie oscillent dans des limites assez restreintes : de + 37° à + 70 au maximum. Le procédé suivant permet d’avoir très simplement toutes ces températures en procédant par degré ou mème par fraction de degré, si on le désire. La méthode repose sur la constance üe la température d’é- bullition des liquides. L'appareil se compose d’une étuve à double paroi,de capa- cité quelconque. La cavité centrale sert d’étuve. Le haut de la cavité annulaire communique avec un petit serpentin réfri- gérant en plomb disposé verticalement et entouré d’une masse d’eau froide. Dans l’espace annulaire on verse un peu d’éther sulfurique qui tombe au fond, on n’a plus alors qu’à mettre sous l’étuve une petite lampe à essence minérale pour avoir constamment une température de 370 centigrades sans aucune surveillance. L’éther sulfurique entre en effet en ébullition à 37e. Sa vap:ur chauffe l’étuve ; comme elle est produite en excès, elle va se condenser dans le serpentin et retombe continuellement das l’étuve. Il n’y a donc qu’à entretenir le feu, ce qui se fait en remettant de l’essence dans la lampe toutes les 24 heures, par exemple, pour avoir une température de 37° absolument fixe. Pour avoir une température de plus en plus élevée, je fais des mélanges d’éther et de chloroforme de plus en plus riches en chloroforme,je vais ainsi jusqu’à 600, 80:,température d'é- bullition du chloroforme pur. Pour aller au delà,je mélange le chloroforme avec de l'alcool, puis l’alcool avec de l’eau, ce qui me permet d'atteindre 1000. Enfin pour aller au delà de 100o, je fais des mélanges d’eau et de glycérine.Je donnerai exactement les proportions des n.élanges qui produisent une température donnée. Rien de plus simple et de plus exact que ce procédé, — 276 — qui permet de passer très rapidement d’une température à l’autre, s1 on à préalablement fait une série de mélanges conservés dans des flacons indépendants. La quantité de li- quide nécessaire se réduit à 1 ou ? décilitres pour les plus grandes étuves, l’appareil étant chauffé seulement par la va- peur. Pour les températures inférieures à 370, j'avais pensé à faire le vide pour abaisser le point d’ébullition, mais ce pro- cédé esttrop compliqué. Il vaut mieux prendre des liquides plus volatils, tels que l’éther chlorhydrique par exemple, qui bout à 12° et que l’on mélange à l’éther sulfurique ordinaire : pour élever le point d’ébullition de + 12 à + 370 . Pour les températures au-dessous de la température am- biante j'ai fait déjà connaître une méthode qui permet d’avoir irés simplement toutes les températures jusqu’à — 230. C'est une étuve à double paroi qui contient du chlorure de mé- thyle, qui bout à— 230 à la pression ordinaire ; pour élever son point de plus en plus, on le laisse échapper par une soupape de sûreté dont on règle la charge en taisant glisser le poids. - Par cette série de procédés on peut donc avoir sans gaz, sans régulateur, et sans aucun mécanisme sujet à dérange- gement, des températures rigoureusement constantes allant de — 23%, centigrades jusqu’à + 150 .J’ai cru devoir signaler à la Société ces moyens simples quim’ont rendu de grands ser- vices en me permettant de travailler en dehors de mon labora- toire et sans installation spéciale. ACTION D'UN CHAMP MAGNÉTIQUE PUISSANT SUR LES FERMENTATIONS par M. D'ARSONVAI.. Cette communication constituesimplement une prise de date, les faits que je vais signaler ayant besoin d’être contrôlés et leur déterminisme rigoureusement fixé. En plaçant dans un électro-aimant puissant une solution de sucre de canne avec du ferment inversif de levure de bière, j'ai vu que l’inversion était considérablement retardée lorsqu'on animait l’électro- aimant. Il en a été de même pour le ferment intestinal. D'autres réactions, purement chimiques, m'ont semblé être — 277 — arrêtées ou tout au moins considérablement ralenties par la même influence. Je reviendrai très prochainement sur ces faits, qui me paraissent intéressants, en montrant par quelle voie on peut arriver à expliquer les phénomènes si curieux que produisent sur les hystériques l’électricité et le magnétisme. — Je rappellerai à la Société qu'en 1874 j'avais déja fait des essais avec le sang en le plaçant dans un champ magnétique puissant. J’ai constaté qu’il se comportait comme un corps magnétique et qu'on pouvait même arriver à doser l’hémo- globine en observant la déviation produite. Je vais reprendre ces différentes expériences. . SUR UN PROCÉDÉ PERMETTANT D'OBTENIR UN TRACÉ A DISTANCE SANS FROTTEMENT, par M. D'ARSONVAL. J'ai constaté qu’en faisant sortir de la fumée de tabac par un orifice capillaire situé à 3 ou 4 millimètres, et même plus, d’une feuille de papier ordinaire, ce jet de fumée laisse une trace noire extrêmement déliée et indélébile. | Les molécules charbonneuses en suspension dans la fumée se précipitent sur le papier et y adhèrent fortement. Il en est de même sur toute espèce de corps, même le verre. J’aiimmédiatement pensé à tirer parti de cette observation pour constituer une méthode générale applicable à tous les appareils enregistreurs. J'ai commencé par les galvanomètres et je montrerai sans tarder à la Société les beaux résultats que l’on obtient par cette méthode. La fumée peut être emmagasinée d'avance dans un sac en caoutchouc ou produite par un courant d'air provenant d’un gazomètre ou d’un sac à gaz. Le débit n’est en effet que de quelques litres à l'heure. L’amadou et les feuilles de différentes plantes donnent les mêmes résultats que la fumée de tabac, il en est de même du noir de fumée ‘très léger provenant d’une lampe ou d’une chandelle fumeèuse. Le levier inscripteur est creux et la fumée arrive par l’axe de rotation. Dans d’autres cas, le levier porte la feuille et c’est le jet de fumée qui est fixe. Les dispositions peuvent varier C. r. 1882 (5. — 278 — à l'infini, le procédé est toujours le même et l'inscription se fait très facilement et sans frottement. Je montrerai prochai- nement différents appareils enregistreurs munis de mon style à jet de fumée. INFLUENCE PHYSIOLOGIQUE DE L’ÉTAT MAGNÉTIQUE, par M. DASrRE M. d’Arsonval nous à entretenus de l'influence que l’action magnétique paraît exercer sur l’activité du ferment inversif, c'est-à-dire sur un phénomène chimique qui se rattache de près au fonctionnement physiologique. Il est évident que beaucoup de conditions physiques influencent les énergies des ferments solubles. Pour n’en citer qu’une seule, je signalerai l’action de la pression. Le ferment glycosique ou saccharifiant prend une énergie particulière quand on le fait agir sur l’ami- don à une forte pression. Cette remarque, que je n’ai vu con- signée nulle part, a cependant donné lieu à des applications industrielles : on l’a utilisée dans quelques brasseries. Il est possible que les conditions magnétiques exercent aussi une influence plus où moins marquée sur cet ordre de fermenta- tions; les expériences ultérieures de M.d’Arsonval nous rensei- gneront à cet égard. Pour le moment, nous devons retenir, de la communication que nous venons d'entendre, ce point principal, à savoir que l’auteur a songé à rechercher le role possible dans la phy- siologie de cet agent physique que l’on nomme le magnétisme. I me paraît utile de rappeler que d’autres physiologistes, parmi nos devanciers, ont eu la même idée. On a étudié un certain nombre de tissus, vivants ou morts, placés dans le champ magnétique ; on se servait pour cela du même appareil que M. d’Arsonval, le seul d’ailleurs qui se prête à ces recher- ches, la double bobine électro-magnétique de Faraday.On peut aussi rechercher les variations de l'état magnétique ou de l’état diamagnétique. J’ai moi-mème institué des expériences de ce genre en disposant entre les nôlesde l'appareil des frag- ments de muscle ou de nerf. On. opérait comparativement sur le tissu au repos, ou excité mécaniquement. = 050 7 Enfin, on a essayé d'apprécier l'influence que le magnétisme exercerait sur la germination des grains tels que celles du cresson alénois ou des haricots. Pour cela un appareil à ger- miñation était placé entre les pôles, dans le champ magné- tique, et un autre en dehors, toutes les autres conditions res- tant identiques. Les résultats de ces épreuves n ’on point paru assez nets pour pouvoir être publiés encore sans ètre discutés :: c’est pourquoi j’insiste ici plus particulièrement sur le principe de la recherche que sur ses conséquences. RECHERCHES RELATIVES A LA PRODUCTION DE MOUVEMENTS DANS LES MEMBRES, SOUS L'INFLUENCE D'IRRITATIONS DE DIVERSES PARTIES DE L'ENCÉPHALE. — Note de M. Brown-SÉquaro. Dans une précédente communication (Voyez Comptes Rendus de la Société de Biologie, 21 avril 1882, p. 246 , j'ai montré : 1° Qu’une irritation, mécanique ou galvanique, de la base d l’encéphale, détermine presque toujours un mouvement des meinbres du côté correspondant et une ou deux fois sur dix seulement, un mouvement de ceux du côté opposé, 20 Qu'après la section transversale d’une moitié latérale de la base de l’encéphale, Pirritation de la surface supérieure produit le même effet que l’irritation de la surface inférieure (c’est-à-dire un mouvement des membres du côté correspondant); 3° Que la section d’une moitié latérale de la moelle épinière à la région cervicale, ne laissant que la possibilité de communica- tion des deux côtés de l’encéphale avec les membres des deux côtés du corps, que par une moitié latérale de la moelle épi- nière, permet cependant aux irritations mécaniques ou galva- niques de produire des mouvements, tantôt dans les membres d’un côté, tantôt dans ceux de l’autre. Je vais maintenant rapporter de, nouveaux faits qui con- duisent, non seulement aux conclusions qui précèdent, mais à d'autres encore. L'expérience suivante est tout aussi impor- tante que celle dont j'ai donné les détails dans le numéro dernier de nos Comptes Rendus (p. 218). Je coupai transversa- lement la moitié latérale gauche de la moelle épinière, entre la seconde et la troisième vertèbres cervicales, chez un cobaye mâle, adulte, vigoureux, après lui avoir lié les carotides. Je RON mis à nu le cerveau et je constatal, avec mes assistants, les docteurs d’Arsouval, Iénocque et Eloy, les particularités sui- vantes : | La galvanisation de la zone excitable (à 8 centimètres, appar. il Dubois-Reymond) du côté gauche (côté de la section de la moelle) donna un mouvement des Jeux membres drocts (bipède latéra! droit). La galvanisation du côté droit fit mou— voir le membre antérieur gauche et le postérieur droit (mouve- ment ipède diagonal gauche). Un changement de place des. électrodes ne changea pas l'effet précédemment produit, quant à la galvanisatiou sur le côté gauche, mais modifia l'effet de la œalvanisation sur le côté droit : il y eut mouvement des deux membres postérieurs et de l’'antérieur droit. En galvanisant la partie tout à fait pos- térieure de la zone excitable à droite, il y eut encore un mou- vement des deux membres postérieurs, mais de l’antérieur gauche au lieu de l’autre. Ainsile mouvement produit varia beaucoup dans les trois galvanisations du côté droit, mais il fut exactement le même dans trois cas où l’on appliqua le cou- rant sur des points différents de la zone excitable. La galvani- sation du corps strié droit donna un mouvement bipède din- yonal droit ; celle du gauche un mouvement bipède latéral droit. Apres l'ablation du cerveau par une section sur les couches optiques et la capsule interne, la galvanisation de la surface de section, soit à droite, soit à gauche, donna le même résultat: un mouvement bipède diagonal droit. On irrita alors mécaniquement ces parties de l’encéphale, par une nouvelle section faite transversalement de la ligne médiane au côté externe, à droite: il se produisit au commen- cement de la section un mouvement du membre antérieur droït, et à la fin, du membre postérieur droit. En coupant de la même manière et au même niveau, la moitié gauche, il y eut d’abord un mouvement du membre antérieur droit, puis des deux membres postérieurs, enfin des quatre membres à la fois. 11 y eut par la galvanisation de la surface dè section, à droite comme à gauche, un mouvement des deux membres dro ts, mais le membre antérieur gauche eut aussi un mou- vement quand l'irritaion porta sur le côté droit. En renou- OR — * velant la galvanisation à droite,je ne produisis de mouvement que dans le seul des quatre membres qui n’avait pas éte mis en action par la première irritation galvanique: le membre postérieur gauche. Je fis commencer alors l’insufflation pulmo- naire, la respiration s'étant altérée. Je coupai ensuite transversalement les pédoncules cérébraux, au niveau des tubercules nates. Pendant la section à droite, il y eut un mouvement du membre postérieur gauche; pendant .l& section à gauche, il y eut des mouvements des deux mem- _bres postérieurs et de l’antérieur droit. La galvanisation dela : surface de section du pédoncule droit, produisit un mouvement des deux membres droits, puis de l’antérieur seul. La même irritation du pédoncule gauche produisit d’abord un mouvement des deux membres droits, puis de ces membres et de l’antérieur gauche. Je coupai alors transversalement les nates et les pé- doncules sous-jacents. Pendant la section à droite il y eut un mouvement des deux membres gauches et du postérieur droit; pendant la section à gauche, mouvement des deux membres droits et du postérieur gauche (plus fort dans ce dernier membre). | La galvanisation de la surface de section (à 18 centimètres app. Dubois-Reymond) à droite, donna: mouvement du membre postérieur droit, à aauche,mouvement des deux mem- bres postérieurs, surtout du gauche. Une nouvelle galvanisa- tion à gauche ne fit mouvoir que le membre postérieur droit. -— Nouvelle section transversale faite sur la partie antérieure des tubercules testes et les pédoncules cérébraux. Pendant la section à droite,mouvement du tronc etdes quatre membres, plus fort dans le postérieur droit qu'ailleurs. Pendant la sec— tion à gauche, très violent mouvement du membre postérieur droit seulement. La galvanisation, soit à droite,soit à gauche, ne donna qu'un mouvement du membre droit, mais le cou- rant nécessaire pour agir surce membre était bien plus fort (7 centimètres) quand l'application fut faitz à gauche.que lors- qu’elle fut faite à droite (16 centimètres). —Nouvelle section transversale, faite entre les tubercules et le cervelet, sur les pédoneules cérébraux à ieur entrée dans le pont de Varole. 2 peine de mouvement,excepté dans lesmembres postérieurs. — 282 — : J'enlève le cervelet: la section du pédoncule cérébelleux droit produisit un mouvement des denx membres postérieurs, plus fort à droite. La galvanisation du plancher du 4e ventricule à droite aonna: mouvement du membre postérieur droit; à gauche: mouvements des deux membres droits. La galvani- sation de la surface de section à droite donna : mouvement des deux membres droits; à gauche, mouvements des deux mem-— bres droits et de l’antérieur gauche. Galvanisant alors de nou- veau le‘plancher du 4e ventricule, je produisis plus d'effet qu'avant : l'irritation à droite fit mouvoir les quatre mem-— bres, les droits plus que les autres ; l’irritation à gauche fit mouvoir les deux membres droits. — Nouvelle. section transversale faite : la partie supérieure du bulbe. Pen- dant la section à droite, il y a eu des mouvements des deux membres postérieurs, plus forts à droite qu’à gauche ; pendant la section à gauche il y a eu des mouvements des mem- bres droits. La galvanisation de la surface de section à droite donna d’abord un mouvement des deux membres postérieurs, puis un mouvement de l’antérieur droit seul : à gauche un mou- vement du membre antérieur droit.— Nouvelle section trans- versale, faite un peu en avant du bec de calamus. Pendant la: section à droute il y eut un mouvement des deux membres postérieurs etde l’antérieur droit. Pendant la section à gauche il ny eut aucun mouvement des membres. La galvanisation de la surface de section à droite donna un mouvement des deux membres droits; à gauche, da membre antérieur gauche seul. Uue nouvelle galvanisation à gauche donna un mouvement bipde diagonal gauche.J'essavai de limiter l’action du courant en appliquant les excitateurs tout près l’un de l’autre sur la pyramide antérivure droite : il \ eut un mouvement du membre antérieur gauche. — Deux nouvelles sections transversales faites toutes deux sur la moelle épinière : la première au ni- veau de l’origine de la première paire de nerfs, la: seconde entre cette origine et la secticn hémilatérale gauche faite à la moelle au début de l'expérience. Pendant les deux sections il n’y eut aucun mouvement quand l'instrument coupa la moitié gauche et il y eut des mouvements des deux membres droits, quand l'instrument coupa la droite, mais pendant. la première 208 — section le membre postérieur s’est mu avec les postérieurs. Cette expérience, de méme que nombre d’autres sur des sin- ges, des chiens, des lapins, des cobayes montre: 1o que les prétendus centres psycho-moteurs de même que les autres parties de l’encéphale peuvent agir sur les membres des deux côtés du corps, bien qu’une moitié laiérale seule de la moelle épinière existe pour transmettre aux membres l’irritation pro- venant de ces centres ; 20 que les excitations mécaniques des différentes parties de la base de l’encéphale peuvent, comme les irritations galvaniques,produire des mouvements des mem- bres soit d’un côté, soit de l’autre, malgré la section d’une moitié latérale de la moelle épinière à la région cervicale ; 30 que les effets des irritations mécaniques de plusieurs par- ties de l’encéphale sont assez souvent différents, non seule— ment dans leur degré, mais dans leur espèce, de ceux qui ré- sultent d’irritations galvaniques des mêmes parties ; 4o que des différences très considérables existent entre des parties de l’encéphale, trés voisines l’une de l’autre à l'égard des effets qu’elles produisent sous l'influence d’irritations sembla- bles. J’appelle l’attention sur un point très important dans l’étude des effets moteurs que produit une irritation d’une partie de l’encéphale, chez des animaux ayant eu une ou plusieurs sec- tions transversales d’une moitié latérale de la base de l’encé- phale ou de la moelle épinière. Je veux parler des influences dynamiques que les lésions de ces parties possèdent et en vertu desquelles ces lésions déterminent de l’inhibition ou de la dynamogénie. Il est clair que ces diminutions ou augmen- tations de puissance expliquent au moinsen partie les change- ments d'intensité d'action que nous voyonsquelquefoissurvenir chez les animaux soumis à ces expériences. OBSERVATION A PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. browk- SEQuARD. — par M. DASTRE. Parmi les faits que M. Brown-Sequard vient de faire con- naître à la Société, il faut retenir ceux qui sont relatifs à l’ac- tion de la chaleur sur les nerfs sensitifs et sur les nerfs mo- teurs. Ces dernières sont déjà connus. On sait que la chaleur — 284 — agit très différemment sur les deux catégories d'instruments nerveux : c’est un excitant pourles filets centripètes ou sensitifs bien plus énergique que pour les filets centrifuges ou moteurs. La plupart des auteurs classiques, Wundt parexemple (p.404), rappellent que l’on peut se mettre dans des conditions telles que la chaleur n’excite pas le nerf moteur. On peut tuer un nerf moteur, le sectionner sans provoquer de secouses en em- ployant une tige métallique graduellement chauffée. M.Marcacci a reproduit cette expérience,connue dans mon la- boratoire,en opérant sur le sciaiique de la grenouille avec des précautions convenables. Moi-même j'ai pu fréquemment, chez le chien, sectionnerau moyen du cautère Paquelin, les cordons antérieurs de la moelle, sans provoquer de mouvements dans l’arrière-train de l’animal. Mais, jele répète, ces faits ne sont pas nouveaux. P. Grützner a publié un travail étendu sur ce sujet dans les Archives de Pflüger pour 1878, p. 215. RSR RES DR RS ee QUE DES à M Pen PTE ST Le vie or DE HI NSP DES sg 4 SUR CERTAINES FORMES CONCRÈTES DES ALBUMINOIDES DU SANG, frs par M. Poucxer. J'ai l'honneur de résumer, dans la présente note, la double communication que j'ai faite dans les deux dernières séances. 1 Si, après avoir fait un mélange de sang de cheval et de sulfate de magnésie dans les proportions indiquées pour empé- cher la coagulation, on décante le plasma liquide et qu’on en fasse évaporer quelques gouttes sur des lames de verre, qu'on enlève ensuite le sel par un lavage à l’eau ou au picro-car- min, il reste sur la plaque une matiere albuminoïde (fi- brine ? ) qu’on peut observer dans les conditions les plus favo- rables sous formes d’aiguilles très fines, semblatles à des aiguilles cristallines, se coupant à angle, ou greffées les unes sur les autres comme dans une cristallisation. D’autres fois, .— sans doute selon les conditions de rapidité plus ou moins grande dans lesquelles s’est faite l’évaporation, — au lieu de fines aiguilles, on observe des fuseaux très effilés à l’extré- mité, hyalins, larges de 2 x ou davantage, longs de 40 à 50 u Si ces aiguilles ou ces fuseaux sont rapprochés, ils PT Eee robes ee EN à NN FT: M TRUE DES A rs EN TE Er Ps D MP ER De DEN SN POP PIS ET PPS De CPS E OS UT ESA — 285 — tombent à angle droit les uns sur les autres et se soudent, formant un réseau plus ou moins dense. Ces aiguilles, ces filaments, se teignent par le picro-carmin et sont insolubles dans l’eau. — Les mêmes produits s’observent avec la plas- mine précipitée par le chlorure de sodium et redissoute dans le sulfate de magnésie. 20 Plusieurs centimètres cubes de plasma au:sulfate de magnésie sont mis à évaporer dans une étuve à la tempéra- ture de 38° environ. Au bout de quelques jours, le liquide, con- sidérablement réduit, fait place à un dépôt crémeux d’un jaune sale, où ne se voit aucun cristal. Ce dépôt est principa- lement formé de matières albuminoïdes, réduites à l’état de globules hyalins, parfaitement sphériques, ne se déformant pas par pression réciproque, ayant un diamètre qui peut va- rier de 3 à 9 ou 10 On observe de plus des filaments vari- queux qu’on dirait formés, de pareils globules disposés bout à bout. Ces filaments variqueux portent quelquefois des ramifi- cations, et, dans ce cas, l’aspect général qu'ils présentent rappelle, de loin, celui de certains mycéliums. — Ces globes et ces filaments sont solubles dans l’eau (fibrinoplastique ?); ils sont fixés et colorés en rose par le picro-carmin. 30 Une veine jugulaire de cheval a été liée avec précau- tion : on a laissé les globules se déposer : la veine a été alors suspendue dans une petite quantité de la solution Ce sulfate de magnésie, et placée pendant huit jours dans une étuve à 35°. Au bout de ce temps, le caillot formé au sein du plasma a la couleur et l'aspect de l’ambre nuageux. On y trouve: 1o des réticules serrés de fibrine; 20 des. substances albu- minoïdes réduites à l’état de globules, et de filaments monili- formes décrits plus haut; 30 de petits cristaux prismatiques d’une beile coloration jaune rappelant exactement celle du sérum du cheval, et qui proviennent certainement des prin- cipes qui colorent celui-ci. Ces observations prêtent à quelques remarques. Les fines aiguilles et les fuseaux de fibrine permettent de rapprocher, dans une certaine mesure, le réticulum que forme celle-ci dans le sang, d’une sorte de cristallisation, en aiguilles tres fines, se rencontrant dans toutes les directions, finissant par — 286 — constituer ls réticulum que l’on connaît, et dont les filaments, parfaitement hyalins, se distinguent des albuminoïdes, préci- pités soit par la chaleur, soit par l’action directe des réac- tifs. Aucune combinaison ne parait intervenir Outre le sulfate de magnésie et les albuminoïdes du plasma pour donner nais- sance soit à ces globes, soit à ces filaments moniliformes. Nos observations s’éloignent par ce côté de celles de MM. Har- ting, Vogt, etc. Celte différence peut être attribuée au genre de sel employé. Les mêmes expériences devront, toutefois, être reprises avec d’autres albuminoïdes, tels que lPalbumine de l'œuf, etc... SUR LES MIcroZYMAS GAS8TRIQUES, par M. À Bécuawr, Corres- _ pondant de l’Académie de Médecine. (Suite et fin.) Des microzyñnas des glandes stomacales. — Les microzymas que l’on extrait des détritus des glandes gastriques, qui accom- pagnent nécessairement le suc gastrique du chien obtenu à l'aide d’une fistule, jouissent donc de la propriété de digérer les matières albuminoïdes dans un milieu convenablement -acidulé par l’acide chlorhydrique ; et les produits de ces di- gestions sont les mêmes que ceux que l’on obtient par l’action du suc gastrique sur ces mêmes matières albumi- noïdes. J'avais, autrefois, essayé d’extraire les microzymas des glandes stomacales par le procédé qui m'avait réussi pour ceux du foie et du pancréas: Mais l'état muqueux du tissu. de ces glandes ne me l’a pas permis. Les considérations sui- vantes m'ont mis sur là voie. Puisque, dans les expériencés précédentes, les microzymas ont opéré la digestion des matières albuminoïdes sans se dis- soudre eux-mêmes, c’est que la substance qui les compose nepeut pas être digérée, ni dissoute par l’acide chlorhydrique au titre de l'acidité du suc gastrique. Bref, les microsymas gastriques ne se digèrent pas eux-mêmes. D’après cela, si la remarque était fondée, je devais pouvoir où; extraire les microzymas des glandes à pepsine en traitant celles-ci par l'acide chlorhydrique. La tentative a été cou- ronnnée de succès. Cependant l'opération est longue, délicate et demande beaucoup de soins. J'ai opéré sur la muqueuse . stomacale de veaux n’ayant encore été nourris que de lait, du veau ayant mangé, du chien et du porc adultes. Le procédé a réussi dans tous les cas, et je n’ai pas trouvé de différence pour le veau quand l’animal était à jeun, ce qui prouve que la cause qui produit le suc gastrique dans la glande est alors simplement au repos. La caillette du veau, l'estomac du chien ou du pore on ouverts, sont vidés et soumis à un lavage soigné pour en dé- barrasser exactement les parois et les anfractuosités de tous les restes d'aliments, etc., qu’ils pouvaient recéler. Alors, à l’aide d’une brosse de chiendent, neuve, bien lavée à l’eau phéniquée à deux gouttes pour 100 centimètres cubes, et im- bibée d” cette eau, on détache la muqueuse en intéressant le moins possible le iissu sous-jacent.On obtient ainsi un magma muqueux dont le poids est d'environ 1,500 grammes pour six estomacs de porc, par exemple. Au microscope,on y découvre des tubes glandulaires plus ou moins déformés avec leurs cellules, des cellules libres et des noyaux de ces cellules. A la température ordinaire, l'acide chlorhydrique très étendu ne paraît pas y agir beaucoup plus que l’eau pure ; ilen est au- trement à la température de 30 à 40 degrés ; dans ces condi- tions, le magma étant additionné d’acide chlorhydrique au centième d’acide fument, de manière que l’acidité du mélange soit semblable à celle du suc gastrique physiologique,on trouve que la masseest moins muqueuse au bout de12 heures environ. On jette sur un ou plusieurs filtres, ce qui fournit une première liqueur et un magma moins visqueux ; celui-ci est alors repris par l’éther pour le débarrasser des corps gras; en même temps que la graisse, l’éther dissout une matière colorante rouge. Après ce traitement, la matière, plus pâle, est presque dépour- vue de viscosité; on la délaye dans environ son volume d'acide chlorhydrique étendu (0,5 à 1,0 pour cent d'acide ferment), et on abandonne le mélange à 30-40: pendant 16 à 24 heures. La filtration fournit une nouvelle solution et un — 288 — produit insoluble très divisé, presque pulvérulent, qui, lavé à l’eau, passé au tamis de soie, est séparé par lévigation des parties grossières. Parvenue à cet état, la matière se résout, au microscope, en granulations moléculaires et en noyaux granuleux des cellules gastriques ; toute trace de la structure glandulaire a disparu ; on n’y découvre aucune autre forme organisée que des microzymas et des noyaux granuleux de cellules, en grande partie déformés. Ce mélange étant recueilli sur un filtre y est bien lavé, jusqu'à ce que toute trace d’acide chlorhydrique ait été enlevée ; il affecte alors, quand il est bien égoutté, l'aspect gris-jaunâtre de la levüre de bière en pâte. Un estomac de chien produit environ 4 gr. de cette pâte; une caiilette de veau, de 4 à 6 gr. Donnons une idée de la näture de la matière de ces miero- zymas. A l’état frais, bien égouttés sur le filtre, ils contiennent : Matiere organique fixe. . + 1.27 13 ag EN RE et Ne 87. 100 Séchés à 100 degrés, ils ne laissent à l’incinération que 1,02 pour cent de matières minérales. lis sont non seulement insolubles dans l'eau, mais dans l’acide chlorhydrique au centième, quelque prolongé que soit le contact. Ils ne se dissolvent pas dans l’acide au vingtième, même à l’ébullition; mais les amas granuleux des noyaux se résolvent de plus en plus en granulations ou microzymas libres. L’acide chlorhydrique concentré, étendu de son volume d’eau, ne les dissout pas non plus, même à chaud. La potasse caustique au dixième les déforme en les gon- flant. À chaud, la potasse caustique concentrée les dissout en dégageant de l’'ammoniaque, ou du moins un gaz alcalin. Traités à chaud par le réactif de Millon, ils se colorent en rose. L’acide nitrique les dissout en se colorant faiblement en jaune. - 289 — Pendant leur incinération, ils répandent une odeur qui n’est pas précisément celle de la corne brülée. La matière qui les compose est donc albuminoïde, mais spéciale. Eh bien! la matière qui possède ces propriétés, qui a subi les longs traitements qui ont permis de l’isoler, est-elle bien la matière organisée active des glandes gastriques? Je les ai étudiés, ces microzymas, comme je l’avais fait pour les microzymas séparés du suc gastrique. Action sur le sucre de canne. — Lorsque le lavage a été bien complet, qu’ils ne sont vlus du tout acides, iis sont sans action sur le sucre de canne. Action sur t’empois de fécule. — Il en est péniblement flui- difié sans aucune saccharification. À la longue, des microzy- mas associés et de petites bactéries se développent, comme résultat de l’évolution dés microzymas. Si le mélange est préalablement acidulé par l'acide chlorhydrique, l’apparition des bactéries est entravée, vorlà tout. Action sur les matières albuminoïides. — Elle est nulle dans les milieux neutres. L'activité ne se manifeste qu'en présence de l'acide chlorhydrique. Je vais rapporter trois expériences qui se contrôlent ; la dernière démontre que l’on ne peut pas attri- buer l'intensité de l’action à un peu de pepsine qui y serait restée adhérente. I. — Gros comme une noisette de microzymas en pâte, 12? grammes de fibrine fraîche et 60 centigrammes d'acide chlorhydrique étendu, contenant 08,5 d'acide fument, sont mis à l’étuve. En moins d’une heure, à 30°-40", la fibrine avait disparu. Laissé réagir 26 heures; filtré et déterminé le pouvoir rotatoire de la matière digérée : aj—=—5",6,1—=2,0—= 10€, p —09",35 (cendres, 09,063), Lie e0 IT. — Cette expérience devait servir de témoin. La même quiuntité de fibrine et d’acide au même titre sont mis en réac- — 299 — tion, au même moment, dans les mèmes conditions de tempé- rature. Vingt-quatre heures après la fibrine était simplement gonflée. Alors on ajoute gros comme une noisette de microzy- mas en pâte; la dissolutioa n'a pas tardé à être complète ; vingt-quatre heures plus tard on ajoute de l’eau pour filtrer plus vite. Le pouvoir rotatoire de la matière digérée s’est trouvé le suivant : 2j =— 0,09, 12, 0 = 10 €, p—07",237 (cendres 097,003), FA J — — 74,9 II. — Les microzymas sont encore délayés dans une grande . masse d'eau créosotée. Ils n'étaient déposés que huit jours aprés. On les fait agir sur la fibrine dans l'acide chlorhydrique étendu au deux-centiéme. La solution s'est rapidement accom- plie; vingt-quatre heures après, filtré et observé : a = — 365, 122, o — 10e, p — 0264 (cendres — 0003), [al; = — 603 Les microzymas niles noyaux granuleux, ne changent de forme ou d'aspect durant ces actions, et j'ajoute qu'ils n’y épuisent pas leur activité. Enfin, de même que dans les di- gestions par suc gastrique de chien, les produits de ces di- gestions ne sont pas représentés par un terme unique, ce dont on à la preuve par la détermination des pouvoirs rotatoires et par l'analyse détaillée de ces produits. J'ai étudié l’action des mèmes microzymas sur la caséine, sur la musculine, sur l& lactalbumina : elle est toujours com- parable à celle du suc gastrique physiologique de chien. Ainsi, voilà un produit, insoluble, qui opère desdilssolutions de matières insolubles, et des transformations profondes, iden- tiques à celles que l'on obtient par le sue gastrique ! Comment expliquer un tel phénomène ? L'explication va de soi, si l’on veut bien admettre, confor- mément aux faits exposés au début de cette communication, que les mycrozymas sont organisés sur le type cellule: un coutenant dans un contenu; dans le milieu approprié, le mi- crozyma, cellule en miniature, sécrète le produit. soluble — 291 — (pepsine ou gastérase) qui est l'agent de la digestion: voilà tout, et cela est aussi simple que nécessaire. Et la présence de la matière albuminoïde n’est pas indispensable pour que cette sécrétion se fasse. En voici la preuve: Des produits de l’action de l'acide ehlorhydrique sur les glandes stomaeales. — Les propriétés de la solution aqueuse qu'on obtient par la macération de la muqueuse stomacale sont connues, je n'ai pas à les rappeler. Mais il n'est pas su- perflu de faire connaitre celles des solutions que l’on obtient avec l’acide chlorhydrique. J'ai étudié le pouvoir digestif des produits dissous dans les actions successives de Pacide chlorhydrique sur les muqueu- ses gastriques de porc, de veau et de chien. J'ai aussi déter- miné les pouvoirs rotatoires des matières fixes de ces solu- tions. Le pouvoir digestif n’est pas identiquement le même, et les pouvoirs rotatoires ne sont identiques, ni pour les esto- macs de diverses provenances, ni d’un même animal en n’im- porte quel moment, Et cela se conçoit, si l'on veut bien con- sidérer que les produits dissous sont le résultat de la digestion de la matière glandulaire par les microzymas des cellules glandulaires! Mais si, après Îles premiers traitements par l'acide chlorhydrique et par l'éther, on fait agir l'acide chiorhydrique sur les microzymas bien lavés à l’eau, on ob- tient de nouvelles solutions dont la substance organique tend vers un pouvoir rotatoire sensiblement le même; ce dont on peut juger par les nombres suivants: Pour les microzymas de la muqueuse de la caillette du veau : [a]; = — 570,2 ou — 460,7. Pour les microzymas de la muqueuse stomacale du chien : (al; = — 540, Pour les microzymas de la muqueuse stomacale du porc: ee Et toutes ces solutions digèrent vivement la fibrine, la caséine, les albumines, la musculine, ete., à la facon du suc gastrique physiologique. Je donnerai comme exemple la di- _ 292 — gestion de la caséine par le dernier produit dont je viens de parler, provenant des microzymas de la muqueuse stomacale de porc. La caséine employée avait pour pouvoir rotatoire, en solu- tion ammoniacale, — 120. 1 gr. 5 de cette caséine ont été mis en réaction avec 13 ce de cette solution. Après 24 heures d'action à 300-400, filtré pour séparer le produit insoluble qui se forme également dans la digestion par le suc gastrique physiologique, ou sous l’influence des microzymas gastriques. Le volume de la solution filtrée et des eaux de lavage mesu- rait 45 ce, 4, Le pouvoir rotatoire du produit digéré a été dé- terminé. ei — OU? 0106 /n 027 (cendres, 0 gr:,003) [a] ; = — 1130 caséine digérée, soustraction faite de la matière ou produits fixes continus dans les 14cc de solution active :.18",12. L’ana- lyse du produit digéré y a décelé trois substances, dont l’une est soluble dans l’alcool et dont les pouvoirs rotatoires sont res- pectivement — 112", —126°,6, — 94°. Il y a donc des caséinoses, comme dans les digestions normales de la caséine. Je me suis assuré que les solutions dont je viens de parler digèrent également la fibrine, la musculine et les albumines, absolument comme le suc gastrique physiologique du chien. Les microzymas que l’on isole des glandes gastriques, par le procédé que j'ai fait connâître, sont donc. les mêmes que ceux qui s’échappent des glandes pendant la sécrétion du suc gastrique. Les observations que j'ai faites en les comparant aux microzymas hépatiques et pancréatiques leur sont donc applicables. Conclusion. — Comme la pepsine elle-même, les micro- zymas gastriques n’agissent sur les matières albuminaïdes que dans un milieu acide. J’admets que dans les cellules des glandes à pepsine, cette zymase est le fruit de l'action des microzymas de ces cellules sur les matériaux qui y affluent pendant la période où la glande fonctionne : bref, la pepsine est formée par les microzymas gastriques dans les cellules dnart. — — 293 glandulaires, de la mème manière que la pancréazymase par les microzymas paneréatiques dans les cellules du pancréas ou que la zythozymase (ferment inversif) dans la cellule de la levure de hiére. Ce qui revient à dire que les microzymas en question sont actifs, non comme une substance insoluble qui se transformerait peu à peu en quelque chose de soluble qui est ja pepsine, mais en tant qu'organismes vivants qui élsborent cette pepsine pour la sécréter à propos. Et tous les faits de ‘cette communication sont d'accord avec la théorie qu'ils ont fondée. Mais, puisque sous l’influence de l'acide chlorhydrique, à fa température physiologique, la matière des glandes pepsiques disparaît, sauf les microzymas, et que ceux-ci possèdent lac- tivité que nous Jeur avons reconnue, c'est qu'ils constituent /« matière organisée active des glandes gastriques. Il découle de là une autre conséquence, c’est que, si la matière de la mu- queuse stomacale disparaît dans ces conditions, sauf les micrazymas et les noyaux granuleux des cellules glandulaires, c'est que cette muqueuse se digère, est digérée par ses micro- zymas. S'il en est ainsi, on ne comprend pas pourquoi cette muqueuse ne se digérerait pas physiologiquement. Elle se di- gère nécessairement, puisque le suc gastrique contient évi- demment des produits de digestion. Seulement, nous n'aper- cevons pas que la muqueuse s’use ou disparaisse, et cela tient au travail histogénique intérieur : tandis que la glande fônc- tionne, les cellules glandulaires deviennent turgides; il y a apport de nouveaux matériaux, multiplication des microzy- mas, organisation, formation de nouvelles cellules pour rem- placer celles qui disparaissent par l’usure ou la fonte. Si donc, les glandes paraissent ne pas se dissoudre, c’est que la pro- duction est supérieure à la consommation et que l’équilibre s'établit pendant la periode de repos. _ À cette étude se rattache nécessairement la solution d’au- tres problèmes. Quel est l’acide du suc gastrique où du moins de quelle nature est cette acidité ? Quel est le mode de la for- mation physiologique de l'acide chlorhydrique dont la présence est nécessaire pour que les microzymas ou la pepsine mani- festent leur activité ? l 294 J'ajoute que cette étude des microzymas gastriques se rat- tache intimement à celle de la formation de la présure et de la coagulation du lait dans l’estomac. Toutes ces questions sont plus ou moins résolues ; j’espère avoir l'honneur d'en communiquer les résultats à la Société de Biologie. DE LA TEMPÉRATURE DE LA PEAU DU THORAX ET DE LA TEMPÉRATURE. COMPARÉE DES AISELLES DANS LA TUBERCULOSE PULMONAIRE, par le D,: P. Reparp. Dans une note précédente (Société de Biologie, 23 novem- bre 1880), nous avons présenté nos recherches sur la tempé- rature de la peau du thorax à l’état normal, dans la pneumonie et la pleurésie. Depuis cette époque, nous avons étudié la température péri- phérique de la poitrine dans les différentes formes de phtisie. . Nous rappellerons d’abord les difficultés pour l'observation des températures pariétales du thorax, qui présente très. rarement à l’état normal des températures égales et qui est soumis à des variations thermiques brusques sous l'influence des agents extérieurs, la nécessité de se servir d'instruments précis et d’avoir recours, si lon désire avoir des résultats scientifiques, à la méthode thermo-électrique. Pour l'observation de la température des parois du thorax des phtisiques, il est nécessaire de suivre les malades pen- dant longtemps de les observer le matin et le soir, de bien. grouper les différentes formes de phtisie observées. De même que pour la pleurésie et la pneumonie, il faut explorer avec les appareils thermométriques toute la surface: du thorax, et non un seul poirt, ainsi que cela a été fait jus- qu'à ce jour. La méthode thermo-électrique seule permet de faire ces recherches assez rapidement et d'obtenir une topo graphie exacte de la température périphérique de la poitrine. Il suffit, en effet, de promener lentement les plaques thermo- électriques sur toutes les parties du thorax et de noter les. résultats obtenus. UN L' RTS — 295 — C’est en prenant les précautions que nous vevons d'indiquer sur un très grand nombre de malades que nous sommes arrivé aux conclusions suivantes : I. — Température de la peau du thorax dans la tuberculose pulmonaire. _ do Tout foyer tuberculeux n’élève pas constamment la tem- pérature de la paroi correspondante / 20 L’élévation de la température locale n’est pas toujours proportionnelle à l’étendue des lésions. 30 La température pariétale du thorax peut varier à des 6po- ques rapprochées, uñ point qui, comparé au côté opposé, donne une température élevée le soir, peut donner une température plus basse le lendemain au matin. De là nécessité de suivre [a marche de la température périphérique du thorax péndant plu- sieurs jours et de prendre des moyennes. 45 Les tuberculeux seuls ne présentent pas des différences de température des deux cotés du thorax ; les chlorotiques et ‘surtout les hystériques, ainsi que nous l'avons noté fréquem- ment, ont des températures périphériques très différentes des deux côtés du thorax. 5o Dans la phtisie aiguë, dans la phtisie au premier degré et principalement dans les formes congestives avec ac- cès fébriles, hémoptysies, ou note très souvent une élévation thermique de 5 à 8 dixièmes de degré environ du côté ou sit- gent principalement les lésions tuberculeuses. Cette hyperthermie n’est pas localisée au foyer tuberculeux, it existe généralement une hémi-hyperthermie notée dans toute l'étendue du thorax, souvent aussi marquée dans les points correspondant aux parties saines que dans ceux cor- respondant aux parties infiltrées. — L’élévation de la tem-— pérature locale peut exister à la base du cou, au niveau des dernières côtes, à la limite du thorax et de l'abdomen. 6o Dans les cas de phtisie à la période de ramollissement, dans lés formes chronique et sans fiévre intense, les résuitats fournis par la\ thermométrie locale sont absolument incertains et leur constatation ne peut être d’une utilité sérieuse. 296 — Sur 60 cas, 28 fois l'élévation de la température existait du côté le plus atteint, dans 3? cas du côté le moins malade, dans 10 cas, la température était égale des deux côtés. 70 Dans la phtisie à la 3e période, les résultats sont peu précis. Chez les sujets atteints de tubercules infiltrés d’un côté ou à la période de ramollissement, et de cavernes de l’autre côté, l'élévation de température se montre généralement du côté le moins malade. ; Dans quelques cas, l'élévation de température existe au ni- veau des cavernes. Dans ces deux derniers grouves de faits, de même que pour la phtüsie au premier degré, l’élévation de température s’ob- serve dans une grande étendue du thorax et non seulement dans les points où l’auscultation et la percussion permettent de reconnaitre les lésions les plus avancées. So Dans aucun cas, nous n’avons trouvé la température de la peau du thorax supérieure à la température générale ou axillaire. | En résumé, l'examen de la température périphérique dans la phtisie ne permet pas d'arriver à aucune règle précise. Les résultats de la thermométrie des parois du thorax au début de la phtisie donnent seuls quelques indications à peu près constantes. Il. — De la température comparée des aisselles dans la phtisie. De même que. pour l'exploration de la température périphé- rique des parois du thorax, la recherche des températures comparées des aisselles ne donne pas de loi précise. Dans les phtisies à marche rapide, avec fievre, la tempé- rature est généralement plus élevée (de 5 à 6 dixiémes en moyenne), du côté le plus atteint. Dans les phtisies chroniques, les résultats sont très variables, Les tubercules à l’état infiltré élèvent plus la tem- pérature de l’aisselle du côté infiltré que de l’aisselle du côté ‘en voie de ramollissement. La température de l’aisselle du côté atteint de cavernes, comparée à celle de l’aisselle du côté — 297 — atteint de tubercules en voie de ramollissement, est générale- ment moins élevée. NOTE POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA PNEUMONIE PARASITAIRE CHEZ LE CHEN, par le Dr Courrin (de Bordeaux), présentée par M. MÉcnin. Chien de chasse pesant 15 kilos, jeune, fourni par le ser- vice de l’équarrissage de la ville à la faculté de médecine de Bordeaux, entre dans le laboratoire de physiologie du pro- fesseur Oré le 15 décembre 1881, en excellent état de santé. _ Je pratique sur ce chien des expériences avec l’extrait de veratrum album, administré soit par la voie gastrique,soit par la voie sous-cutanée, soit par la voie veineuse. L'animal vomit après ch2que expérience et refuse de pren- dre pendant quelque temps toute nourriture. Ceci n'offre rien d'étonnant, car ielle est l’action physiologique de la subs- tance expérimentée. Mais pen à peu le chien maigrit; une injection sous-cutanée a produit un abcès qui laisse échapper chaque jour une grande quantité de pus, bref, l'animal refuse de prendre toute nourri- ture, je le sacrifie le 25 décembre 1881, et je pratique son au- topsie le même jour. Je m'attache simplement à la description des poumons. Légère congestion que je constate dans toute l’étendue des deux poumons. À la partie postérieure des lobes inférieurs, ilôts de subs- tance blanchâtre indurée, ayant l'apparence extérieure de la substance amyloïde. Ces ilôts, qui ne font aucune saillie sous la plèvre, sont, les uns de la grosseur d’un pois, d’autres, au contraire, atteignent le volume d’une grosse noix. Cette substance gagne profondément le tissu pulmonaire, auquel elle se substitue. Je pratique une incision, il ne s'écoule aucune sérosité, au- cun liquide purulent, pas de points ramollis. J'essaye en vain les réactifs de la substance amyloïde (iode et acide sulfurique), je n’obtiens aucune coloration. C’est alors que je fais durcir les pièces et que, sous le champ du microscope, je découvre la présence de petits vers, les uns 8 — à l’état libre dans les alvéoles pulmonaires, les autres au contraire enkystés. Exsudat inflammatoire répandu dans le parenchyme pul-, monaire circumvOISIn. M. Mécnix complète la communication de M. Courtin par les observations suivantes : « Il se-pourrait que l'affection parasitaire des poumons du chien observé par M.le Dr Courtin soit analogue à celle dont M. Laulanié,de Toulouse,a entretenu l’Académie des Sciences, il y a trois ou quatre mois (Comptes rendus du? janvier 1882). Cependant il y a quelques différences entre la description don- née par ce dernier et celle de M. Courtin, dont j ai pu véri- fier l'exactitude par l’examen des préparations et des pièces ci ‘il m’a envoyées et par l'examen du produit du râclage que jai pratiqué sur la coupe d’un morceau de poumon, ce qui m'a permis d'obtenir des embryons entiers et isolés et de les dessiner. M. Laulanié parle de la présence d’œufs dans les folli- eules dont ils provoquent la formation: iciil n’y en a aucune trace.« Les poumons, dit-il, dont les vaisseaux sont rem- plis de strongles, qui sont criblés de fines granulations grises, demi-transparentes, sailiantes, qui donnent un aspect perlé et, chagriné aux surfaces de section et réalisent par leurs carac- tères physiques et leur nombre considérable, toutes les ap- parences de la granulie. » Ce n’est pas l’aspect que présen- tent les pièces de M. le Dr Courtin qui rappellent bien plus ce. j'ai observé chez les moutons d'Afrique atteints de la pneu- monie lobulaire vermineuse déterminée parle strongylus mi- nulissimus. L'absence d'œufs pouvant être comparés à ceux du séron- gylus vasorum dont M.Baillet donne les dimensions, l’analogie que présentent entre eux les embryons des strongiliens qui se ressemblent tous, étant tous anguilluliformes, toutes ces raisons font qu'il est impossible, dans l’état actuel de laques- tion, de rapporter avec certitude des lésions pulmonaires re- cueillies par le Dr Courtin aux embryons du sérongylus vaso- rum, surtout que ceux-ci se trouvent particulièrement dansles alvéoles pulmonaires,souvent au nombre dé plusieurs, et libres. — 299 — PRÉSENTATION D'UN MALADE, par M. Vinar. l/enfant que je présente à la Société est âgé de 10 ans 11?, et atteint d’une affection de la peau, rarement observée et que Devergie a distinguée, le premier, sous le nom de Pityriasis pilaris avec pityriasis palmaire et plantaire — L’anatomie pathologique de cette maladie n’est pas encore faite, ses cau- ses sont inconnues ; aussi a-t-elle été confondue pendant {ong- temps avec le psoriasis, avec l'ichthyose et avec le pityriasis rubra. Les dermatologues qui l’ont le mieux etudiée lui ont donné différents noms, dont aucun ne répond complètement à sa symptomatologie. Pour Duhring et les Américains, c'est le kératosis pilaris. Pour M.Besnier, c’est le pityriasis rubra pi- laris. Notre savant collègue M. Hillairet, tenant compte d’un des symtômes saillants de l’affection de la seborrhée,lui donne Je nom de piéyriasis pilo-sébacé. Jusqu’à meilleure dénomina- üon, je propose celle d’épidermotroph:e généralisée. Tous les éléments de l’épiderme sont en prolifération ex- cessive : desquamation active de l’épiderme corné, pouvant en imposer pour une ichthyose, mais s’en distinguant par la suillie des papilles, même dans les plis de flexion etpar la des- quamation‘en larges lamelles de lépiderme de la paume des mains et de la plante des pieds; activité exagérée de la sécre- tion sébacée et séborrhée sèche, abondante, dont les produits couvrent la face et le cuir chevelu d’une couche épaisse d’a- nas épidermiques mélangés de matière grasse; accroissement insolite des cheveur, des poils et des ongles dont la pousse est presque deux fois plus rapide qu’à l’état normal. J’in- siste sur cette vitalité exagérée des poils et des ongles, qui, je crois, n’a pas encore été signalée et dont il n’est pas fait mention dans la thèse de M. Alfred Richaud: (Etude sur le pi- tyr asis pilaris, Thèses de Paris 1877). Le jeune malade, Louis Il...,est entré, le 21 septembre 1881, à l'hôpital Saint-Louis, dans le service de M. Vidal,rem- placé momentanément par M. Hillairet. Le père est rhumatisant. Jusqu'au mois de décembre 1878, époque à lsquelle débuta l'affection cutanée,la santé générale du petit malade était bonne et la peau d'apparence parfaite- ment normale. C.r. 1882 16 = 300 — Üne desquamation pityriasique au niveau des sourcils fut le premier symptôme. Elle s’étendit bientôt sur d’autres régions et ne fut pas modifiée par une rougeole contractée en 1879. Les coudes, les genoux, les cous-de-pieds, puis la paume des mains et la plante des pieds furent graduellement en- vahis. Depuis deux ans l’extension s’est faite au cuir che- velu. Les cheveux,très abondants et d’une crûe très active, obli- geant à les faire couper souvent, sont assez secs; leur base est engainé®e par une couche épaisse d’amas de cellules épi- dermiques mélangées de sebum. La masse, qui a près d’un centimètre d'épaisseur est d’une couleur blanc jaunâtre et a la consistance pâteuse Ce laséborrhée concrète.Le front,les oreil- les, sont couverts d’une couche identique qui remplit les con- duits auditifs et une partie de la conque de l'oreille et a déter- miné de la dysacousie. Sur le cou, particulièrement à la nuque, les lignes de papil- les sont rouges et forment des saïllies recouvertes d’une des- quamation épidermique abondante et sèche, donnant au tou- cher une sensation de râpe. On retrouve ces mêmes saillies pavillaires rougeâtres sur plusieurs régions. Elles sont très marquées sur les'bras et on les constate très apparentes sur les plis des coudes et sur les creux axillaires. Sur les avant- bras et sur les poignets on voit une couche épaisse d’épider- me, stratifiée et rugueuse, s’étendant sur les mains et sur les doigts. Autour des poils il y à comme des saillies épidermi- ques brunâtres. En y regardant de près on voit que la plaque épidermique est percée de trous pour le passage des poils. La paume des mains et la plante des pieds sont rouges, sèches, luisantes, comme vernisséeset l’épiderme s’y exfolie par larges lamelles trés minces. La lésion est étendue à toute la surface cutanée, elle est ab- golument généralisée. . Le système pileux est plus abondant qu'à l’état normal; tout le corps est couvert d’un duvet plus fort et plus long que chez les enfants de cet âge. On trouve ces poils sur le ventre, sur la poitrine, sur le dos, sur les mains, sur les doigts et même sur le pli du coude. = 301 — Les ongles sont un peu aplatis sur les côtés, arrondis, uñ peu mous au niveau de la lunule, qui est très apparente. Ils poussent très rapidement et une marque tracée au nitrate d'argent au niveau de la racine est arrivée en trois mois très près de l’extrémité libre. Les ganglions àxillaires et inguinaux sont un peu plus gros qu’à l’état normal. Sauf un peu d’amaigrissement, l’état général est très bon. SUR UNE ESPECE PARTICULIÈRE D'IMAGES CONSÉCUTIVES D'ORIGINE CÉREBRALE, par M. Poucet. On sait que Newton reconnaissait à certaines images con- sécutives une origine cérébrale (psychique). Des expériences directes démontrent que ces sortes d'images ont véritablement la rétine pour siège dansla plupart des cas. Mais il semble exis- ter une espèce particulière d'images consécutives peu ou point décrites, d’origine cérébrale.Nous avons deux observations per- sonnelles. Bien que la première nous eût très vivement frappé, nous n'avions pas cru devoir la faire connaître, précisément à cause de son caractère unique. Elle remonte à deux ans. Nous nous occupions alors de l’étude des globulins, passant une partie du jour à examiner un grand nombre de prépara- tions microscopiques du sang, toutes assez semblables néces- sairement les unes aux autres. Une après-midi je me trou- vais en voiture, descendant du pont des Saints-Pères à la place du Carrousel, causant de tout autre chose avec une personne étrangère aux sciences. Tout à coup je fus frappé de saisir dans mon champ visuel, pendant un instant, super- posée aux objets extérieurs, une disposition qui rappelait celle des globuies du sang dans le champ du microscope. Je fus assez surpris de cette impression fugitive,mais très nette et ‘survenue à l’improviste, pour faire part de mon étonnement à la personne qui m’accompagnait. Tout récemment, j’eus de mème l’occasion d'examiner deux jours de suite un grand nombre de préparations microscopiques présentant de la fibrine coagulée en forme de fines aiguilles éparses ; revenu une après-midi chez moi et occupé de tout autre chose, je 302 — fus de nouveau très vivement frappé du mème phénomène : aux objets extérieurs s’était superposée pendant un instant l'apparence de ces fines aiguilles que j'avais eues deux jours sous les yeux. J'ai bien éprouvéle lendemain encore la même impression,mais d’une maniére plus fugitive. Je n’en tiens pas compte : j'étais au moment du réveil et j'avais, depuis la veille, l'esprit attaché de ce côté. Je dois ajouter que j'ai une grande habitude d’observer sur moi-même les images rétiriennes consécutives. Dans les deux cas dont je parle, les images ne pouvant pas dériver direc- tement des objets extérieurs et d’une observation plus que d'une autre, représentaient par conséquent une sorte de syn- thèse d'observations multipliées. Il est encore à noter que ces images ne m'ont frappé par aucun caractère chromatique spécial, et que leur extension ne m'a paru, dans aucun des deux cas, limitée par un contour circulaire rappelant la forme du champ du microscope. Enfin et surtout ces images, loin d’être évoquées, ont surgi par un effort d'attention au moment où je m’y attendais le moins, ve- nant en réalité me surprendre pour disparaitre aussitôt, à l'instant même où mon attention s’y portait. Ce double carac- itère synthétique et spontané indique nettement l'origine cé- rébrale de ces sortes d'illusions, qui sont peut-être favorisées par l’usage des instruments d'optique. Séance du 29 avril 1882 Présidence de M. Grimaux. DécocorimMÉrrie (dosage de l’hémoglobine totale), par M. E. Quinauau. Cette méthode géntrale repose sur les propriétés connues du chlore, qui agit comme décolorant en déshydrogénant, en oxydant ou en provoquant des phénomènes de substitution bien ‘étudiés par Dumas, Laurent, Regnault, etc. Ici, nous l’appliquons au dosage de l’hématocristalline totale. En ajoutant de l’eau de chlore ou des hypochlorites au — 303 2e liquide sanguin et en agitant, celui-ci passe par les teintes noir foncé, jaune-noir, jaune sale, jaune-verdâtre et teinte limite gris-verdâtre, qui est fort nette, lorsqu'on regarde à la lumière réfléchie. Pour doser l’hémoglobine totale, il suffit donc de connaître, une fois pour toutes, quel volume d’eau de chlore titrée déco- lore une quantité connue d’hémoglobine cristallisée ; c’est la une donnée fondamentale. On pourra ensuite se servir de cette inême eau de chlore pour décolorer un volume donné de sang ; on connaîtra ainsi trois termes d’une équation dont il sera facile de déterminer le quatrième. Il faut commencer par titrer l’eau de chlore à l’aide d’une solution alcaline d’acide arsénieux, dont on prend 4 centime- tres cubes : Fadidistulée ht CS DS OEr, Aoide STSEDIEUX à LP Due G8r,187. Carbonate de soude. . . . . . . . . . 3er,312. Le point-limite est indiqué par la décoloration du sulfate d’in- digo. A l'aide d’un dispositif particulier, on aspire, dans une burette graduée, de l’eau de chlore qui doit décolorer un ou deux centimètres cubes de sang; on note la quantité d’ean de chlore employée, et l’on ramère, à l’aide d’une simple propor- tion, cette quantité à ce qu'elle aurait été, s'il avait fallu 10cc pour + centimètres cubes de la solution arsenicale. : D'autre part, on décolore de la même manière une solution titrée d’hémogilobine cristallisée ; l’on a ainsi la quantité d'eau de chlore qui correspond à une quantité déterminée d’hémo- globine desséchée à 100°. D'un autre coté bien que l'analyse soit longue ct pénible, nous avons dosé directement l’hémo- globine cristallisée, dans un volume donné de sang : au total des cristaux, on ajoute la quantité d'hémoglobine restée en solution dans les eaux-mères, ce quis obtient par la méthode optique. Préalablement, on décolore 1 à 2 centimètres cubes de ce même sang à l’aide de l’eau chlorée titrée; on peut alors déter- miner l’équivalence de l’eau chlorée en hémoglobine. En opé- rant de cette manière, on arrive à conclure que 5°',5 d’une AGO TO ES eau chlorée titrant 10 pour 4cc de solution arsenicale de la composition précédente, décolorent 02,035 d’ hémoglobine cris- tallisée, purifiée et desséchée à 100°. — Certes, le chlore agit sur d’autres substances; mais pour un centimètre cube de sang décoloré par 16 à 18 centimètres cubes d’eau de chlore, l'erreur n’est guère plus de Occ,3 à Occ,5 ; d’ailleurs, cette diffé- rence peut être fort atténuée. Manière d'opérer. — En titrant la sclution arsénicale, on trouve que 4 centimètres cubes exigent 110,3 d'eau de chlore pour la transformation en arséniate. D’autre part, un centi- mètre cube de sang nécessite 112C,1 d’eau de chlore pour se décolarer. Pour savoir quelle est la quantité d’eau de chlore qu’il fau- drait, si le titre était 10 au lieu de 112,3, on aura : 11,3 __ 10 ii 2 d’où : 11,1 x 10 Has ee Mais nous avons appris, par des recherches multipliées, que 5,5 d'eau de chlore, au titre 10 correspondent à 02,085 d’hémoglobine; on aura donc, pour la quantité d’hémoglobine d’un centimètre cube de sang : 5.5 9,82 0,088 — z d’où : (00 8 x 0,085 5,9 ou bien : 9,82 Gi5 — 0,1517 ou 151,7 par 1,0002r de sang. Dans ce cas, la méthode optique a donne 153er, et la méthode directe 1508r. D'ailleurs, nous avons fait un dosage comparatif du même — 305 — sang par diverses méthodes; les nombres du tableau expri- ment, en grammes, ia quantité d'hémoglobine contenue dans 1,0008 de sang. Tableau montrant la quantité d’hémoglobine contenue dans 1,0009" de sang, quantité doste par diverses méthodes. LS À ; MÉTuODE | méruons | MÉTHODE ESPÈCES ANIMALES AGE | DÉCOLORIMÉTRIE ; : de | GAS MAGIE lhydrosulfite (4) (E | Il aux, gr. gt. are VE | TOUR PÉRSGSORNEE es 6 120.6 122 116.1 116 | Chiea bouledogue... 3 158 160 151.3 153 Chien d'arret. 7.2 2 150.4 153 145 147 HANENASSE 0e 4 112 119.3 121 113.4 114 VV 2 mois. 84.5 86 18.2 79.7 | dote MERS 3 13.8 55 AE :0.2 | Rémmentssmiserte Alt 50 123.3 126 » 119.6 . La décolorimétrie, la méthode optique et la méthode directe donnent des nombres. très semblables : toutes trois mesurent l’hémoglobine totale; les chiffres obtenus par la méthode à ’hydrosulifite sont inférieurs, puisque le procédé n'apprécie que l’hémoglobine active, EXPÉRIENCF SUR L'ACTION NOCIVE DES AnGas DE Pres, per M. P. MÉéGnix. Dans une précédente communication (séance du 4 février dernier) j'ai montré à la Société des Argas de Perse que M. le professeur Laboulbène avait reçus, il y a quatre ans,de M. le docteur Tholozan, et dont plusieurs, malgré le long espace de temps pendant lequel ils avaient été emprisonnés, étaient encore parfaitement vivants, et je disais qu’ils constituent deux espèces parfaitement distinctes, l'une qui correspond à l’an- (1; E. Quinquaud. — Académie des sciences, juillet 1872. __ 306 — cien argas persieus de Fischer, l’autre entièrement nouvelle, à laquelle, dans le mémoire où nous les décrivons, nous don- nons le nom d’argas Thoiosani. Je disais aussi que, sur la foi de Fischer de Waldheim, na- turaliste russe qui, le premier, a fait connaître l’argas de Pa tous les auteurs de zoologie médicale répètent que cet argas attaque l’hou.me, que ses piqüres sont très douloureuses, et capables d’entraîner la consomption et la mort. Dans une let- tre adressée à M. le professeur Laboulbène, M. le docteur Tholozan rapporte que le vulgaire, en Perse, regarde ce pa- rasite comme très dangereux et fatal surtout aux étrangers, comme l'indique son nom de guér1:b-quez; on lui attribue le développement de fièvres intermittentes graves, de fiévres ré- eurrentes,etc.; il a recueilli une foule d'histoires sur son compte et en somme il avoue n'être nullement fixé sur les dangers des piqûres des punaïses de Miana, nom sous lequel on dési- gne encore les argas de Perse. En ce qui regarde l'ancienne espèce de Fischer, la démons- tration de son inocuité a été faite, il y a plusieurs années, par M. le docteur Fumouze, qui, ainsi que je l’ai dit aussi dans ma première communication, à nourri pendant longtemps un individu femelle, qui était arrivé vivant en France dans des laines de Perse, en lui faisant piquer un lapin qui ne s’en por- tait pas plus mal. J’avais répété la même expérience avec le même succès sur la même espèce de rongeur. Encouragé par ces résultats, je n’ai pas craint de faire sur moi-même la même expérience, car il était intéressant de voir si les effets des piqûres des argas étaient les mêmes que chez le lapin. a Hier, 28 avril, j'ai déposé sur le dos de ma main gauche, et couvert par un verre de montre, un argas Tholosani; il n'a pas tardé à implanter son rostre dans ma peau et à se mettre en devoir de se gorger de sang. Sa piqüre, au point de vue de la douleur provoquée, est exactement semblable à celle d’une sangsue, peut-être même un peu plus faible. Au bout d’une demi-heure il était assouvi et retirait son bec de la petite bles-. sure qu’il avait faite; il était devenu très replet, ses rides et ses plis s’étaient effacés, il était devenu épais, mais ses di- Es D Let ES { doit” 2 Va AT - < ER s FL AIT LE PNEU Re FO % RER — 307 mensions en longueur et en largeur n'avaient pas sensible ment changé; ii n’avait pas fait comme les ixodes qui décu- plent de volume, — il est vrai qu’ils restent fixés sur leur victime, occupés à sucer, pendant plusieurs jours, tandis que l'argas, comme je le dis, est resté à peine une trentaine de minutes ; j'ai pu néanmoins, et pendant qu'il était en fonction, le montrer à plusieurs personnes, entre autres à mon voisin M. Grandvaux, pharmacien, et à son élève. Une fois repu, cet argas, au lieu de sa couleur jaunâtre ter- reuse, a pris une couleur violacée foncée, et il est facile de le distinguer de ses compagnons, à jeun depuis quatre ans, au milieu desquels je l’ai replacé. Pendant l'heure qui a suivi le détachement de l’argas, j'ai encore éprouvé des picotements comme quand il était en fonc- tion, puis toute sensation a disparu. Au point piqué une gouttelette de sang s’est coagulée et tout autour, sur un dia- mètre de six millimètres, une eccchymose violette s'est dessi- née, qui-persiste encore vingt-quatre heures après, quoiqu'un peu pälie, comme on peut en juger. Voilà toutes les sensations que j'ai éprouvées et tous les ef- fets produits par la piqüre de l’argas. Ti est donc suffisamment démontré, je pense, par cette expé- rience, que tout ce qu'on a dit sur les propriétés dangereuses des argas de Perse à l'égard de l’homme, sont des fables, et que leur action nocive est en tout comparable à celie bien con- nue de nos ixodes indigènes qui s’attachent, comme on sait, particuliérement aux chiens, mais qui ne dédaignent pas l’homme à l’occasion. AUSCULTATION TRANSAURICULAIRF, par M. GELLé. . Je continue mes études sur le diagnostic des lésions des _ fenêtres ovale et ronde au moyen des pressions centripèles. On sait que par des poussées d’air sur le tympan,on agit sur la sensation sonore perçue par le sujet(c’est le son du diapason posé sur la bosse frontale), et on juge au moyen des variations ou de l’absence de ces variations annoncées par le patient de l’état de l'appareil conducteur du son et surtout de la mobilité de l’étrier. — 308 — Ces épreuves ne fournissent à l’observateur que les réponses du malade : j'ai tenté de constater moi-même les variations du son dues aux pressions opérées au moyen de la poire à air. Voici comment je dispose l'expérience : Un tube de caouchouc est adapté à l'oreille du sujet en obser- vation et par l’autre extrémité à celle de l'observateur. La : poire à insuffler de Politzer est annexée at milieu du tube, et sert à pousser de Pair qui comprime le tympan du sujet ; celui de l'opérateur est isolé par un mince diaphragme de baudruche. Tout ainsi disposé, on place sur la bosse frontale un diapason la, en vibration. Le sujet perçoit le son transmis et en mème temps l’obser- vateur le perçoit aussi. Mais le son ne suit pas le même chemin pour aller de la paroi cranienne, soit à l’oreille du sujet, soit à celle de l’opé- rateur. Dans le premier cas, le son pénètre dans la cavité tympa- nique et frappe la fenêtre ovale, et fait vibrer la platine de l’étrier. Ainsi le patient ne percoit que le son qui a ébranlé cet osselet. D’un autre côté, l'observateur reçoit les ondes sonores qui, de l1 cavité tympanique, traversent la membrane du tympan et s’écoulent par le tube otoscopique. Quand, avec la poire à air, on tend la cloison et tout l’appa- reil conducteur du son, on modifie aussitôt la sensation irans- mise, et d’une façon identique pour le sujet et pour l’opérateur; si l'oreille donnée est saine, on produit à volonté l’atténuation du son; c'est un fait démontré. Mais il n’en est plus de même si une lésion altère la mobi- lité, soit du tympan, soit de l’étrier. Dans ces cas, l'effet des pressions continue de se produire du côté resté sam, mais 1l est modifié complétement par la maladie de l’autre côté. Ainsi, la sensation sonore sera perçue par l’observateur avec ses modifications, en rapport avec les pressions exercées sur la poire de caoutchouc, si le tympan est resté bon conducteur du son ef mobile, tandis que le sujet même éprouvera tantôt : l'arrêt de la sensation à chaque poussée et tantôt une sensa- tion verti“ineuse provoquée à chaque fois qu’on presse la poire à air, on bien un bourdonnement intense. _ 309 — H peut arriver que l’audition du diapason n'ait pas lieu par Ja voie des os craniens, et que cependant le médecin qui auscuite perçoive nettement ce son transmis à travers l'oreille. On comprend que, dans ces cas, le diagnostic du siège de la lésion cause soit éclairé par une semblable expérience, qui donne à la fois la mesure de la mobilité et de la conductibilité de l'organe de l’ouîe. Dans l’état sain, il y a concordance parfaite entre ce qu'éprouve l'observateur et ce qu'entend le sujet. Dans l’état pathologique, il y a, au contraire, discordance complète ; et le jeu des pressions centripètes met en évidence la cause de ce disparate dans la circulation du son et précise le siège de la lésion — L'analyse d’un cas pathologique montre bien la valeur de cette expérience. C’est ainsi que, dans le vertige de Ménière, qu’on a voulu rapporter exclusivement à une lésion des canaux semi-circu- laires, j'ai pu, au moyen de ces épreuves, rendre évidente la lésion des fenêtres rondes ou ovales, puisque les pressions centripètes, qui modifiaient à volonté le son perçu par l’obser- vateur, amenaient chez le sujet tantôt le silence et tantôt restaient sans effet et tantôt produisaient le vertige. J'ai nommé cette expérience : auscultation transaurieu- laire dans l'expérience des pressions centripètes. SUR LA THÉORIE DE L'ACCOMMODATURE, par M. Java Il y à bientôt neuf ans (5 juillet 1873), je signalais à la So- eiété de Biologie le fait d'une augmentation survenue gra- duellement dans le degré de mon astigmatisme. J'ai pu cons- tater depuis la fréquence extrème d’augmentations analogues chez les astigmates hypermétropes et je suis en mesure d’en donner l'explication. Chez les jeunes hypermetropes, il arrive le plus souvent que l’astigmatisme est diminué ou annulé par une contraction astigmatique du cristallin; pour s’en assurer, il suffit de mesurer chez un certain nombre de sujets l’astig- matisme cornéen au moyen de l’ophtalmomètre Javal et Schcotz, puis l’astigmatisme total avant et après atropinisa- — 310 — tion, en se servant de mon optomètre ou de tout autre moven analogue. Ce n’est pas.le lieu d’insister sur les conséquences pratiques qui découlent de l'existence d’un astigmatisme acccomodatif, mais il n’échappera pas à la Société que le fait vient clore le débat entre les différentes théories de l’accommodation, en l'obligeant à rejeter celles qui font agir le muscle ciliaire à la façon d’un sphincter. LES SURPRISES DE LA MÉTALLOTHÉRAPIE (swzle), par le Docteur V. Bura. Nous avons lhonneur de reprendre notre communication du 4 mars dernier au point où nous l'avons laissée. Nous avons parlé de deux réponses à l'adresse, l’une des partisans attardés de la théorie anglaise de the expectant atten- tion en métalloscopie, et l’autre des ennemis que compte en- core la métallothérapie, mais plus encore à l’adresse de ses amis d’hier, qui l’avaient subitement délaissée au profit exc/u- sif des aimants, de l'électricité statique etc. Voyons d’abord la première. M. le docteur Oscar Jennings, membre du collège royal des chirurgiens de Londres, s’est fait tout particulièrement, en l'rance, l'écho de ses compa- triotes quant à l'interprétation des phénomënes métalloscopi. ques. Dans une thèse inaugurale qu'il a soutenue à Paris, en août 1878. sur la métallothérapie, notre honorable con- frère a cherché à établir: qu’en métalloscopie, tous les phé- nomènes, tant subjectifs qu objectifs, qui sont si nombreux et si variés qu’il faut en avoir faisune étude attentive, rien que pour les retenir et ne point se tromper dans l’ordre qu’ils af- fectent, qui se reproduisent presque toujours invariablement de la même facon sur des malades de.toute provenance, dont Pévolution successive fut si lente dans la découverte de la mé- tellothérapie d’abord, de la métalloscopie ensuite, tous ces phénomènes., disons-nous, même celui du transfert, que nous-même n'avions point su voir au cours d’une observation de trente années, relèvent exclusivement du domaine de l'i- magination des sujets, de leur attention expectante ! A une telle manière de voir, qui ne tend rien moins qu’à D: = LG - on faire croire que des juges aussi autorisés que MM. Charcot, Luys et Dumontpallier furent victimes d’une immense illusion les faits que nous avons rapportés, entre bien d’autres que nous aurions pu y ajouter,ne répondent pas moins victorieuse- ment que les expériences de Schiff, de Westphal, d’Eulenberg, etc., et du docteur Jordanis surtout, qui, avec sa æyloseopie, a infligé la leçon que l’on sait au docteur Bennett, de Londres. ue voit-on, en effet, dans le cas de M. Escoffier ? Durant deux années et plus, disparition ou atténuation extrême de la névralgie céphalique par des disques d’aciers convenabies, appliqués d’abord sur le front puis simplement sous les pieds, et réchauffement, chaque fois, de ces derniers ; effet absolu- ment nul de disques semblables, d'aspect à s’y tromper, mais réduits à l’état de simples jetons par une couche épaisse de matière isolante inerte, alors que cependant le sujet avait les meilleures raisons pour être plus que jamais sous l’influence de l'attention expectante ; puis la réapparition des bons effets primitifs, une fois les disques de deuxième main, 4 leur tour bien décapés et polis, quand au contraire la foi du patient avait pu être singulièrement ébranlée par desidéceptions multipliées ! Et les deux malades de M. Charcot, si intéressées l’une (Vandeline) à voir l'expérience prendre fin, et l’autre (Witt- mann), à ne pas déchoir, car ce jour-là, la réunion était ex- ceptionnellement imposante ; n’étaient-elles point, elles aussi, dans les conditions les meilleures pour donner raison à la théorie de l’atiention exæpectante ? Cette théorie interprétative n’est donc point ici soutenable. Esi-ce à dire cependant que les faits sur lesquels on s'est appuyé en Angleterre pour faire ESReE à la métallothérapie soient sans fondement ? _ Est-ce à dire queni l'attention expectante des sujets, ni ce qu'on a appelé la suggestion, objection autrement sérieuse que les médecins anglais ont omise, ne puissent jamais avoir de part dans la production des phénomènes métalioscopiques? Est-ce à dire aussi, puisque la question s’impose de par les communications que la Société de Biologie reçoit depuis quel- que temps sur les phénomènes dits hypnotiques, qu'il n'y ait à tenir aucun compte de l’une comme de l’autre dans les faits — 912 — qui lui ont été signalés par MM. Charcot, Dumontpallier et Magnin ? Ces questions nous amènent à faire la confession qui Va SUIvre : À une époque déjà lointaine, où il y avait de bien autres dangers qu'aujourd'hui à passer outre aux préjugés et ana- thèmes de l’Ecole, nous devions en faire une cruelle expé- rience ; nous nous sommes occupé longuement, nombre de nos contemporains ne l’ignorent point, de l’étude de la ques- tion qui a fait son entrée au sein de la Société de Biologie sous le vocable exclusif d’ hypnotisme. Nous recueillimes ainsi à Paris, à Londres, sur les choses de son domaine, une foule de faits et observations consignés, pour la plupart, dans des documents qui ont attendu patiemment une occasion favora- ble de voir le jour. Cette occasion étant aujourd’hui née, et la question des phénomènes tangibles étant assez avouée main- tenant, assez enirée dans les esprits qui ne croient point que la science ait atteint ses dernières limites pour pouvoir pas- ser utilement à celle de la psychiâtrie hypnotique, qui ne sau- rait aussi ne point avoir son tour, si la Société de Biologie veut bien nous le permettre, nous viendrons prochainement lui faire part du résultat de nos propres études en cette ma- tière, études poursuivies durant dix années (de 1846 à 1856) et qui ne prirent fin que lorsqu” elles nous eurent appris tout ce que nous désirions savoir. : Nous montrerons par des révélations qui, depuis plus de trente années, pèsent sur notre conscience, que ce n’est point sans raison que tous les amis de la vérité, d’où qu’elle vienne, ont apnlaudi ou applaudiront à l’initiative du-vaillant con- frère an aura eu l'honneur de saisir le premier la Société de Biologie d’une question à laquelle tant de noins des plus res- pectables furent mêlés, et de lui fournir une occasion nouvelle d'affirmer son indépenance scientifique. Nous établirons qu'il y a nécessité absolue de tenir compte, dans les phénomènes actuellement à l’étude, de l'attention expectante du sujet, d’une part, et d'autre part, de la suggestion plus ou moins active, plus ou moins consciente chez l'opérateur, et que, sans faire intervenir l’une et l’autre, il est telles objections qu’il est impossible de rélorquer. Ml - 313 — En attendant, ce que nous ne devons pas différer plus long- temps, c'est de reconnaître qu’il est parfaitement vrai que sur certains sujecs et dans de certaines conditions que nous ferons connaître, l’on peut produire parfois des effets analogues à ceux que déterminent les applications de métaux appropriés avec des disques en bois,d’'ivoire, d’os,de verre,de carton,etc., et avec moins encore, tandis que, par contre, nous nous plaisons à en aviser les confrères qui ont accueilli avec tant de faveur les expériences du docteur Bennett, il est possible sur ces mêmes sujets et dans les mêmes conditions, d’annuler l’action d’un métal actif au point de déterminer artificielle- ment ce que nous avons appelé une aptitude métallique dissi- mulée ou larvée, de telle sorte que, si le sujet so trouve dans l’état hypnotique, ce métal ne pourra plus l’en tirer, surtout si sa surface d’application est petite. Seulement, hâtons-nous de l'ajouter, ces sujets et ces conditions sont rares, et les inter- prétations des faits exceptionnels données par les Anglais péchent en ce sens surtout qu’ils ne tiennent nul compte de la suggestion. | Nous passons maintenantà la deuxième réponse que contient le cas de M. Escoffier. Depuis que l’œuvre que nous poursuivimes, durant plus d’un quart de siècle, a pris enfin droit de cité dans la sience, de- puis qu'avec ses procédés et par ses doctrines, la métallothé- rapie à changé la face de beaucoup de choses dans le domaine de la pathologie nerveuse, depuis qu'elle a montré, par exemple, le peu de place que tiennent dans l’étiologie de l’hystérie les troubles de l'utérus et de ses annexes, dont hier encore on en faisait comme le pivot, et le rôle prépondérant que jouent, au contraire, dans cette affection, ainsi que déns les désor- dres de la nutrition et autres qui lui font fatalement cortège, les troutles de la sensibilité, que l’on regardait à peine, et ceux de la motilité (’amyosthénie) que l’on ignorait encore avant les recherches que nous exposions, il y a trente ans, dans notre thèse inaugurale ; Depuis que la métalloscopie est venue jeter des clartés ines- pérées dans le dédale de la thérapeutique par les métaux et démontrer qu’à côté de ces agents, le fer, le zinc et l’arsenic, 314 — qui opèrent chaque jour des merveilles entre des mains plus ou moins inconscientes de leur action véritable, il y avait toute une grande série d’autres modificateurs dynamiques non moins puissants, tels que le cuivre, l'or, l'argent, l’étain, le platine etc., etc., à réhabiliter ou à y ajouter ; Depuis que, l’esthésiomètre et le dynamomètre toujours à la main, nous avons établi que tous les métaux avaient les mê- mes propriétés esthésiogénes et dynamogènes, que tous agis- saient invariablement de la même façon, en névropathie, et que toute la différence de leur action, positive dans un cas et négative dans un autre, dépendait uniquement de cette grande inconnue, l’idiosyncrasie, que lact.or externedes métaux était, merveilleusement propre à dégager; Depuis enfin que nous avons fondé sur des bases solides une métallothérapie interne rationnelle, en lieu et place de la mé- tallothérapie toute de hasard pratiquée jusqu'alors au grand détriment de l’art comme des malades, et malgré tout reste pourtant toujours si vivace, depuis, surtout, que le Burquisme, dontlenom futprononcé, pour la première fois dans cetteenceinte a obtenu les hautes consécrations dont la Société de Biologie prit l'initiative, nous ne saurions ne pas saisir cette occasion pour lui en exprimer itérativement notre profonde gratitude; il s’est produit à l'encontre de la métallothérapie une opposition partie du côté d’où nous devions le moins l’attendre. La Scciété n’a point été sans remarquer cette opposition qui se manifestait naguère encore devant elle par des dénégations aussi imprévues qu'inopportunes. Pour nous, nous en avons été singuliérementémus, c’est tout ce que nous nous permettons de dire aujourd’hui, par défé- rence pour les honorables confrères qui nous font l’honneur de nous écouter. Plus tard, lorsque nous pourrons le faire en toute liberté, nous nous expliquerons. Après avoir démontré que la métal- lothérapiene vaut pas moins qu’à l’époque où M. le professeur Charcot signait avec ses éminents collègues, MM. Luys et Dumontpallier. les rapports qui la concernent, nous établirons, notre thèse et notre premier traité de 1853 à la main, que tout le grand chapitre de l’esthésiogénie, né de nos recherches, — 919 est nouveau que de nom seulement; que, loin de « nous ima- yiner que les métaux fussent seuls doués de propriétés esthè- siogènes »... et dynamogènes, ajoutons-le, nous avions le premier cherché à les aider ou à les suppléer, quand il ne pouvaient rien, par l'électricité dynamique sous toutes les for- mes et par les aimants, par le cathétérisme du tympan, parles excitants de toute sorte, par les vésicatoires et les révulsifs divers, par l’hypnotisme lui-même ; que pour obéir à cette indication quenous posions, dès 1851, comme une loi suprême dans le traitement de l'hystérie et de tous les états phatolo- giques qui, comme la chlorose, lui font cortège, le rétablis- sement préalable, n'importe de quelle façon, de la sensibilité et des forces musculaires, personne plus que nous ne dirigea ses malades vers l’hydrothérapie fluviale . ou marine, vers la uymnrastique ou la kinésithérapie, et que, par conséquent, loin de voir des ennemis dans les aimants, dans l’éleciricité stati- que, et nous devions être le premier à nous réjouir de toute tentative ayant pour but, comme la xylothérapie, d’augmen- ter le domaine de l’esthésiogénie et de la dynamogénie. Nous montrerons que nous avons seulement prétendu que nous avons tout droit de persister àcroire que la métal- lothérapie est le. chemin le plus sûr, le plus commode et. le moins coûteux pour conduire à la guérison, quand il ne se trouve point barré, et qu’étant donnée une affection justicia- ble des agents esthésiogènes, c’est d'abord aux métaux qu'il faui s'adresser, puisqu'ils sont partout et à la portée de tous, et que, depuis des siècles, ils ont fait leurs preuves. En attendant, pour revenir à notre point de départ, nous prendrons la liberté de poser cette question à ceux qui sesont particulièrement complu à opposer les aimants aux mé- Comment M. Escoffier, condamné à toujours combattre sa névralgie toujours renaissante, aurait-il donc bien pu s’y pren- dre pour s'appliquer au front ou pour dissimuler dans sa chaussure des aimants, comme ceux que la métallothérapie a remis on vogue, à la place de plaquettes si peu gênantes, tue ce n’est qu’exceptionnellement que nous pümes l’amener à y substituer une préparation du même métal à l’intérieur, C. r. 1RR2 h — 316 —. dont les effets eussent été autrement durables, ainsi que le démontre, une fois de plus, le fait suivant. Iln’y a pas longtemps, M. le docteur Dumontpallier fut appelé auprès d’une jeune fille hystérique pour des accidents sévères dus à une gastralgie. Il eut recours extemporanément à un gros aimant et la malade s’en trouva bien. Mais les troubles gastriques ne tardant pas à reparaître, aussitôt qu’on suspendait l’application de l’aimant, et, d'autre part, Mile X. n'étant rien moins que disposée à se condamner à vivre en promiscuité perpétuelle avec un hôte aussi incommode, il fal- lut bien aviser. Alors notre savant confrère procède à un exa- men métalloscopique en règle. Ayant reconnu que sa malade était sensible au cuivre, il lui appliqua ce métal d’abord, puis il le donna à l’intérieur sous la forme bénigne d’eau minérale naturelle de St-Christôt, et bientôt après tout rentra si bien dans l’ordre qu’aujourd’hui Mlle X. est mariée et sur le-point de devenir mère. Séance du 6 mai 1882 Présidence de M. Grimaux. Du DIAMAGNÉTISME ANIMAL. — Observations de M. RABuTEau. Dans la séance du 22 avril, M. d’Arsonval a exposé que le sang était magnétique. Je crois devoir rappeler que, le 9 juin 1877, j'ai remis à la Société une note qui est relative à cette, question et à l’action des électro-aimants sur l’animal vivant. Les résultats que j'ai observéssont en oppositionavec ceux de M. d'Arsonval en ce qui concerne le sang. Ce liquide est diamagnétique et non magnétique. RECHERCHES DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE SUR LA RESPIRATION, par MM. Gréuanr et E. Quinquaun. La fonction pulmonaire, au point de vue de l’exhalation de CO? , subit de nombreuses modifications qui feront l’objet de mémoires spéciaux. Pour le moment, bornons-nous à signaler la note suivante : — 917 - toutes les fois qu'il existe une lésion broncho-pulmonaire ou pleurale, lexhalation du C0? diminue dans des proportions qui varient suivant une multitude de circonstances. Nous avons vérifié exactitude du fait par de nombreuses expériences fai- tes, soit sur des animaux chez lesquels nous avons déterminé à plusieurs reprises la moyenne physiologique, soit sur des malades atteints d’affections pleuro-pulmonaires : Voici à titres d'exemples quelques expériences et une ob- servation de pleurésie avec épanchement. 1'e EXPÉRIENCE. Injection de nitrate d'argent dans les poumons (solution à 1 0/0). SR POIDS DURÉE CHIEN d'acide carbonique de exhalé dans 50 lit. d'air | l'expérience TEMPÉHATURE reclale LE TS kil. gr. Fe ESr degr. 30 octobre 1881 18 300 5 déc. 1881, à 3 heures » 5 déc.. à 5 heures, iuiection par une sonde introduite par une ouverture faite à la trachée de 6 de solution de ni- trate d’argent...... déc., râles sous- crépitants 8 décembre 04 Nombre identique au 4er, du 30 nov. A8&1, obtenu avant l'injccliou de nitrate. — 318 — % EXPÉRIENCE, Injection de nitrate d'argent dans les bronches (solution à 1 0/0). POIDS PURÉE d'acide carbonique de exhalé daus 50 lit. d'air | l'expérience CHIEN TEMPÉRATURE PETIT TERRIER rertale ; Ed m. &S degr. il Respiration normale. à 401 12295 39 3 Respiration normale. 2 332 - 19 » » (Temps plus long) 22 déc, injection de 5cc de solution de nitrate d'argent par une sonde intro- duite par ia glotte. {| 23 décembre........ \| 24 _ des 26 — ARS A cera it 27 déc., souffle à droite et râles sous-crépi- tants, ÉOUX......e0 il 28 décembre........ er mars 1882, bron- il chite chronique, a engraisasé cepen- dant, mals tousse fréquemment... 2 MOTBssssserverss L9 49 Z eh LA G cs S SR — = 1 — 319 — AIT, Pleurèsie avec épanchement chez une femme adulte : dosage de Co? avant et après la thoracentèse. DATE POIDS DE cul DURÉI: des REMARQUES CLINIQUES exhalé, de REGHERCHES daus-50 lit. d'air| L'EXPÉRIENCE gr. Grand épanchement pleura! droit avec imatité absolue dans les 213 inférieurs de la Depuis plusieurs nuits, légers accès de suffocation; thora- centèse; on retire 1,600 gr. . «de ‘iquide citrin La respiration s'enteni dans les 213 supérieurs de la POLDPINE RARES LA NE E 25, mars.....l Ce qui restait de liquide se : résurbe graduellement. ... 3 avril La respiration ne reste obs- eure que dans le 115 infé- rieur Il est facile de voir que dans les deux premières expérieri- ces, l’exhalation a diminué de moitié; dans le 1er cas la quan- tité de CO? exhalée est revenue à l’état normal avec la guéri- son de la lésion. Dans le 2e cas, la quantité normale exhalée a coïncidé exactement avec la résolution de la pleurésie. — Cette méthode peut donc servir de mesure à la fonction pulmonaire. De nombreux observateurs ont fait des recherches analo- . gues; nous insisterons surtout sur la méthode que nous avons employée, et qui sera décrite dans nne séance ultérieure. — 320 — NOTE SUR UN NOUVEAU RÉGULATEUR DE TEMPÉRATURE FONC— TIONNANT SANS LE SECOURS DU GAZ D'ÉCLAIRAGE, par M. P. REGNARD. Les personnes que la nature de leurs travaux oblige à tra vailler à la campagne, au bord de la mer, loin,en un mot, des villes où se trouve une usine à gaz, ontla plus grande diffi- culté pour entretenir des étuves à une température constante. Tous les régulateurs un peu précis que l’on utilise dans les la- boratoires demandent l'emploi du gaz d'éc laivage qu’un méca- nisme quelconque vient éteindre ou rallumer au moment voulu. Dans une des dernières séances dela Société, M. D’Arsonval a présenté une étuve qui peut fonctionner sans gaz en utilisant les points d’ébullition de liquides volatils. Cette présentation n’a engagé à vous montrer une étuve dont je me sers depuis quelque temps et qui fonctinnne d’une ma- nière tres régulière avec une sensibilité extrême. Dans un bain d’eau plonge un thermomètre électrique, e’est- à-dire un thermomètre ouvert par en haut,dans le tube duquel plonge un fil de platine très fin qu’on peut élever ou abaisser et arrèter définitivement devant un degré quelconque de la division. [Le mercure de la boule du thermomètre est en com- munication par un fil soudé dansile verre avec le pôle d’une pile Leclanché. Le fil de platine supérieur étant en rapport avec l’autre pôle, des que le mercure, en se dilatant, viendra toucher ce pôle, le courant sera fermé : on pourra faire fermer le courant à telle division que l’on voudra. Sur le trajef de ce courant se trouve un électro-aimant dont la palette, munie d’un long levier, porte une lampe à essence de pétrole. Quand le courant ne passe pas, cette lampe est placée sou: l'étuve: dès que le courant passe, la palette de l’électro-aimant est attirée et la lampe entraînée au loin. L'étuve ne chauffe donc plus. Presque aussitôt,le thermomètre se refroidissant, la colonne mercurielle quitte le curseur de platine Aussitôt le courant est rompu, l’électro-aimant est inactif et un ressort antagoniste ramènela lampe à pétrole saus l'étuve,et ainsi de suite indéfiniment, — 821 — De sorte que la température de l’étuve ne saurait varier puisque, dès qu’elle s’élève,la source de chaleur est enlevée, dès qu’elle s'abaisse, la source de chaleur est ramenée. Cette étuve, comme celle que nous avons déjà fait connaître, 8. encore l'avantage d’être instantanément réglée à telle tempé- rature que l’on désire, puisqu'il suffit pour cela d'amener d’un coup le fil de platine au devant du degré que lon veut avoir. . C'est dorénavant toujours en face de ce degré que le courant _ sera fermé et que la lampe quittera l’étuve. NOTE SUR Des PARASITES TROUVÉS DANS LES POUMONS ET DANS LES MUSCLES pE L'OTariA Cazirornians par LE D' L. Hugr, Dans Ja nuit du vendredi 28 au semedi 29 avril, il est mort à la ménagerie du Muséum un lion de mer (Otaria Califor- . niana). | Cet animal est mort Dhs, la veille encore il ea toute l’activité et la vivacité habituelles. Cn l’apporta au laboratoire d'anatomie comparée et nous fâmes priés d'indiquer les causes de sa mort. A l'ouverture du thorax,les poumons furent trouvés très congestionnés et remplis de granulations blanches qui, à pre mière vue, simulaient assez bien des granulations tubereu- leuses. Un examen plus attentif fit bientôt découvrir que chacun de ces grains était formé par une filaire enroulée . d’une espèce probablement indéterminée. La plupart étaient des femelles, renfermant en ad nom bre des œufs à différents degrés de développement. Les mâles, beaucoup plus petits, étaient rares. Elles n'étaient pas en- kystées, mais libres dans les lobules pulmonaires, ou logésé sous la plévre. Par leur présence, elles avaient très probablement déter- miné la violente congestion de l'organe, qui a entraîné la mort de l'animal. Notre attention fut ensuite attirée par les muscles, dont la couleur était singulièrement foncée et nous les trouvômes littéralement farcis de parasites dent voici la description, Nous n'attachons du reste l'idée d'aucune relation de cause — 322 — it eflet entre l'existence de ces parasites el la couleur des muscles, Ce sont des corps cylindriques tres allongés, mousses à leurs extrémités, situés toujours dans l'intérieur d’une fibre musculaire. Quelquefois ils touchent au sarcolemme ou sont même appli- qués contre lui, plus souvent ils occupent le centre même de l'élément. Leur longueur varie, entre trois dixièmes de millimètre et 1, 2,3 et même 4 millimètres. Leur diamètre moyen est de 20 y. à 30 w. Ils sont formés d’une membrane amorphe, ren- fermant des granulations qui, vues avec un fort grossisse- ment (le 10 à immersion de Hartnack), ont la forme de erois- sants; — on ny voit pas de noyau. Ces granulations elles- mêmes sont formées d’une enveloppe renfermant, ontre une substance hyaline, un amas sranuleux. Elles mesurent 5 u. sur 4 vu. Les fibres musculaires au voisinage de ces corps ne sont pas altérées, elles se sont simplement écartées pour leur faire place, limitant ainsi un espace fusiforme. Le vide qui existe entre les pointes de ces fuseaux et l'extrémité mousse du parasite est combié, par des cellules de tissu conjonetif. La description que nous venons de donner se rapproche de celle de certains parasites connus sous le nom de Psoro- spermies, variété utriculaire (Davaine) ou d'Utricules de Mies- cher, qui ont été observés principalement sur le porc. Ces êtres sont voisins des grégarines, mais leur organisa- tion est encore plus simple. Leur évolution est inconnne, on présume seulement qu’il sort des corps en croissant des amibes qui reproduiraient des Psorospermies.. Dans le but d’élucider cette question, nous avons institué un certain nombre d'expériences, dont nous espérons avoir à vous entretenir ultérieurement. LiPoME FIRREUX, par le docteur CH. Livox, Professeur suppléant à l’Ecole de Médecine de Marseille. Au mois de février dernier, j’enlevai de la partie inférieure et interne de la cuisse droite d’une dame de 50 ans une tn- meur pédiculée, indolente, dont l'origine était très ancienne 909 (20 ans environ) et qui, à la suite d’une chute et par conséquent d’une contusion, avait fini par s’ulcérer en un point. L'opération fut des plus simples et la guérison très rapide. Je passe sur tous ces détails d'observation pour en arriver à l'examen histologique. En divisant cette tumeur, du poids de 70 grammes, le scal- pel rencontrait des parties molles et d’autres dures criant sous le scalpel; l’aspect de la coupe n’était pas homogène, car à côté d’ilots jaunâtres se trouvaient de grandes traïnées blanches. La pièce fut plongée dans l'alcool fort, afin de la conserver et de la rendre propre à l’examen histologique. Vu la nature de cette tumeur à éléments apparents divers, les investigations ont porté surles parties molles, sur les par- ties dures et enfin sur la phériphérie, car il était intéressant de rechercher la structure de l& peau qui servait d’enveloppe. 1: Parties molles, jaunâtres. — Ces parties étudiées, soit au moyen du picro-carminate soit surtout avec l’acide osmique, étaient constituées par une quantité de cellules adipeuses, for- tement colorées en brun par l’osmium, à noyaux colorés en rouge par le carmin ; ces cellules constituaient à peu près à elles seules toute la préparation. _ Il s’agissait donc là de la véritable structure des lipomes, pourtant sur certains points et principalement sur les prépa- rations colorées simplement par le picro-carminate et traitées par de la glycérine légèrement acidulée, ilétait facile de voir que le tissu conjonctif occupait une place un peu plus grande que dans les lipomes proprement dits. Les cellules _ adipeuses, au lieu de se trouver pour ainsi dire soutenues les unes par les autres et d’être polyédriques, étaient maintenues par une charpente conjonctive devenant de plus en plus épaisse vers la phériphérie des zones jaunâtres. 2° Parties dures, blanches. — Dans ces parties, qui occupent surtout le centre de la tumeur, on ne trouve plus de cellules adipeuses, on ne rencontre que du tissu conjonctif dense et serré présentant à l’examen histologique la même siructure que celle des fibrômes, c’est-à-dire que la substance fonda- mentale est fasciculée et renferme une quantité de cellules 0 D Ha, plasmatiques, irès reconnaissables à leurs noyaux colorés en rcuge par le carmin. Au u.illieu de ce tissu conjonctif dense ilest facilede recon- naître une grande quantité de vaisseaux sanguins remplis de globules et se dirigeant en tous sens. 3° Enveloppe cutanée, -- Sur des coupes perpendiculaîres, la structure de cette enveloppe paraît êtrela suivante, en allant de la phériphérie au centre; premièrement : une couche cellu- laire analogue à l’épiderme cutané, seulement d’une épaisseur moindre ; c’est un épithélium pavimenteux stratifié. Au-des- sous de cet épiderme se trouve un derme formé de tissu con jonctif assez lâche à faisceaux entrecroisés et renfermant beaucoup de noyaux embryonnaires. Ce derme renferme une assez grande quantité de vaisseaux et envoie de nombreuses papilles dans la couche épidermique ; ces papiiles sont pure- ment vasculaires et, sur des coupes horizontales de l’épiderme, l’on peut se rendre compte de leur grand nombre et de leur dis- position. Par le fait de ia présence de ces papilles, la ligne de séparation du derme de l’épiderme est très irrégulière, très accidentée. En dessous de cette zone conjonctive commence alors la zone graisseuse, le vrai lipome, qui reçoit de nombreux pro- longements conjonctifs et qui renferme des vaisseaux san- guins en assez grand nombre soutenus par la charpente con- jonctive. - Mon examen ne m’a révélé ni glandes cutanées ni follicules pileux dans cette enveloppe. Résumant maintenant notre examen, il sera facile de préci- ser l® nature de cette tumeur. Il s’agit réellement ici d’un lipome, mais l'examen histolo- gique a démontré que l’on avait affaire à une variété, à cette variété qui rentrait dans les stéatomes des anciens auteurs, que Cruveilhier appelait l’adipo-fibrome et que MM. Cornil et Ranvier, Lancereaux, appellent des lipomes fibreux à cause de leur structure, qui tient du lipome et du fibrome. Seulement ce lipome, au lieu de se développer comma d'ha— bitude dans l’intérieur des tissus, après avoir pris naissance très probablement dans le tissu cellulaire sdus-cutané de la +FVNVES Er — 525 — cuisse, s’est portè au dehors, a fini par se pédiculer et a con- _ tinué à se développer étant presque complétement enveloppé par la peau, dont la structure s’est légèrement modifiée. Note SUR L’HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE LA CAPSULE SURRÉ-— NALE, par M. Rarxaëz BLanNcxarn Pendant longtemps on a considéré Eustache comme le pre- mier auteur qui ait signalé l'existence de la capsule surré- nale. En 1837, Delle Chiaje émit une opinion différente et, s'appuyant sur les passages suivants du Lévitique, emprun- tés au texte de la Vülgate, pensa que Moïse connaissait déjà cet sonne: ; Ch. I, v. 4 — Et offerent « duos renes cum adipe quo tegun- tur ilia, et reticulum j jecoris cum renunçulis. ». V.. 9. — « Et offerent àe pacificorum hostia secrificium Domino : adipem et caudam totam. V. 10. — « Cum renibur, et pinguedinem quæ operit ventre atque universa vitalia, et uérumque renunculum cum adipe qui est juxts ilia, reticulumque jecoris cum renunculis. » .V.5. — Toltent ex ea (capra) « duos renunculos cum reti- culo quod est super eos juxta ilia,et arvinam jecoris cum reamun- calis: » Ch. IV, v. 8. — « Et adipem vituli auferet pro peccato, tam eum qui vitalia operit, quem omnie quæ intrinsecus sunt: V. 9. — « Quos renunculos, et reticulum quod est super eos juxta iliu, et adipem jecoris cum renunculis. » Ch. VII, v. 4. — Offerent « duos renunculos, et pinguedinem . que juxta. ilia est, reticulumque jecoris cum remunculis. » Les deux mots ren et renuneulus, qui sont employés tour à tour dans les versets que nous venons de citer, semblent bien désigner des organes différents l’un de l'autre, d'autant plus qu'ils paraissent être le plus souvent mis en opposition. En présence de ce texte, Delle Chiaje a tout naturellement pensé que le mot ren désignait le rein, tandis que le mot renunculus était plus spécialement réservé à la capsule surrénale. * Mais saint Jérôme, l’auteur de la traduction de la Vulgate, _ n’était point un lettré: l’hébreu lui était à peu près inconnu — 326 — et la traduction latine qui lui est attribuée a bien plutot été faite sous sa direction par des Juifs. La version de la Vul- gate ne doit donc être acceptée qu'avec réserve, et, au lieu de nous en tenir à elle, reportons-nous au texte hébreu lui-même : cest de cette facon seulement que nous arriverons à la solu- tion du problème qui nous occupe. Cette vérification est d’autant plus nécessaire que Reuss, dans la remarquable traduction de la Bible qu'il à récemment publiée, n'emploie toujours que le seul mot « rognon » pour désigner les organes que la Vulgate appelle tantôt ren et tan- tôt renunculus. De l'examan du texte hébreu auquel nous nous sommes li- vré, il est résulté de la façon la plus incontestable que les li- vres mosaïques ne font nulle part mention de la capsule sur— rénale, contrairement à ce qu’admettait Delle Chiaje. En effei, les mots ren et renunculus de la Vulgate sont partout repré- sentés, dans le texte original, par le seul mot Kelâyêt, rein, on Kakkelâyôt, le rein. L'opinion de Delle Chiaje repose donc uniquement sur une faute de traduction commise par saint Jérôme. Moïse ne saurait être considéré comme ayant signalé le premier l’existence de la capsule surrénale. Il s’agit de rechercher maintenant si cêt organe n’aurait pas été connu avant Eustache. Les Grecs ne semblent pas l'avoir connu : nous n’avons rien trouvé, dans les ouvrages d’Aristote et de Galien, qui pût s’y rapporter et J. Geoffroy, qui vient de publier un intéressant travail sur l'anatomie et la physiologie d’Aristote, n’en fait non plus aucune mention. : Les Latins méconnurent aussi la capsule surrénale. Peut- étre cependant Pline la rencontra-t-il sous son scalpel ? Il nous semble en effet que la phrase suivante puisse être inter- prétée dans ce sens : «in Brileto et in Tharne quaterni renes CeTVIS. » Seize siécles après Pline, en 1543, Eustache découvre les capsules surrénales et les décrit avec soin dans son ouvrage Sur le rein. Onle voit, c’est donc bien à cet anatomiste que revient l'honneur d’avoir découvert ces organes mystérieux ; il déclare ignorer leurs fonctions et il laisse à d’autres le soin — 327 — de les déterminer: « lis relinquo, qui anatomen accuratius exercent, inquirendum. » Cett: dernière phrase ne semble-t-elle pas dater dhier ? En effet, depuis Eustache, on a bien acquis des notions précises sur l’anatomie et la structure de la capsule surrénale, mais l'usage de cet organe est demeuré tout aussi obscur. rs Séance du 13 mai 1882. Présidence de M. Paul Bert. M. le président Pauc Beer prononce l’allocution suivante. Messieurs, Je désire que l’on ajoute comme annexe au procès-verbal mes paroles de remerciements à la fois pour la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'ndrescer par l'intermédiaire de votre Secrétaire général, et pour l’allocution de notre spirituel - et savant collègue M: Bouley. Ces marques de votre estime et de votre affection m'ont tout particulièrement touché en raison de l’éloignement, de l'isolement, et peut-être aussi de certains contrastes. : Mais je vous avouerai fianchement que je n’en aipas été fort étonné. C’est que je suis un élève et j’oserai dire un en- fant de la Société de Biologie, n'ayant jamais appartenu à au- cune corporation. J'ai débuté devant elle il y a 25 ans, je lui ai toujours été fidèle en lui offrant la primeur et le développe- ment de mes travaux. . . Du reste, quoi qu’il advint de lélection académique, la So- cièté n'aurait eu qu'à s’en réjouir, puisque tous les candidats classés sur la liste de présentation à l’Académie des sciences font partie de ses membres honoraires. Et celui qui a réuni après moi le plus grand nombre de suffrages à présenté à la _ Société de Biologie, dès leurs premiers débuts, les décou- vertes, qui ont illustré son nom. Il me semble toutefois que le - titre de Président perpétuel, dont vous m’avez honoré, a été pour quelque chose dans le succès et a pu entrainer certains suffrages. C. r. 1882 ! 18 — 828 — | Je vous remercie donc doublement, d’abord pour votre affec- tueux souvenir, ensuite pour le surcroît de chances que le ti- tre de Président a donné, sans que ce fût votre intention, à ma candidature. Faïrs MONTRANT COMBIEN SONT VARISES ET NOMBREUSES LES VOIES DE COMMUNICATION ENTRE LES ZONES MOTRICES DE LA SUR- FACE CÉRÉBRALE ET LES MEMBRES. Note de M. Brown-Séquaro. D’après les doctrines généralementadmises, les deux zones motrices corticales communiquent avec les membres par des fibres se rendant de ces zones à la capsule interne et aux parties antérieures des pédoncules cérébraux, du pont de Va- role et du bulbe. Ces fibres s’entrecroiseraient dans le pont et le bulbe de telle façon que celles provenant de la zone motrice d’un côté arriveraient à la moelle épinière du côté opposé. Pour ceux qui croient que la zone motrice contient les centres psychomoteurs des membres, ces fibres seraient les conduc- teurs servant à la transmission des ordres de la volonté aux muscles. Les arguments suivants montrent combien ces opi- nions sont fausses. I. Îl est clair que, si ces doctrines étaient exactes, le section d’une moitié latérale de la moelle épinière, au niveau de la seconde vertébre cervicale, devrait nécessairement faire cesser complètement ou à bien peu près toute action de l’une ou de Vautre des deux zones motrices sur les membres du côté de la section de la moelle. Or il n’en est pas ainsi: non seule- ment la zone motrice du côté opposé à celui de cette section peut faire mouvoir ces membres et quelquefois tout aussi bien au moins qu’à l'état normal, mais encore il n’est pas rare que la zone motrice du côté même de la section médullaire, mo- difiée dans ses propriétés, détermine des mouvements dans lun des membres (et même dans les deux) du côté de cette section. Ainsi, par exemple, si c’est la moitié gauche de la moelle cervicale qui est coupée, on peut voir la galvanisation de la zone motrice corticale droite faire mouvoir le membre pos- térieur gauche et l'irritation de la zone motrice gauche faire \ — 329 — aussi mouvoir ce même membre postérieur gauche. (Voyez ma première Note, ci-dessus, p. 248). Des effets divers s’ob- _ servent à la suite de l’hémisection latérale de la moelle épi- nière. En général, la zone motrice du côté correspondant à cette section conserve son action croisée ordinaire (voyez ma seconde Note, ci-dessus, p. 280). Quelquefois cette zone mo- trice produit le même mouvement bipède diagonal que déter- mine aussi la zone de l’autre côté. Dans d’autres cas, par mo- ments, le mouvement est produit dans le membre antérieur ou dans le postérieur du côté même de la section ou dans les deux à la fois, quelle que soit la zone motrice galvanisée. Une perturbation s’est donc produite alors dans la zone motrice du côté correspondant , mais c’est dans la zone du côté opposé à celui de ia section qu’une perturbation est fréquente. Ou bien toute puissance d’action y est perdue, ou bien cette zone pro- duit des mouvements des membres du même côté (c'est-à- dire de ceux du côté où la moelle n’est pas lésée), au lieu de déterminer les mouvements croisés ordinaires. Dans d’autres cas, cette zone fait mouvoir trois membres, soit les deux anté- rieurs et l’un des postérieurs, soit les deux postérieurs et l’un des antérieurs. Enfin, ainsi que je l’ai déjà dit, cette zone peut produire le même mouvement bipède diagonal que la zone du côté de l’hémisection médullaire. Ces effets si variés impliquent nécessairement l'existence de voies de communication extrè- mement nombreuses entre les zones motrices et les mem- bres. | IT. Il est clair que si les doctrines que je combats étaient exactes, une section transversale d’une moitié latérale du bulbe rachidien au-dessus de la décussation des pyramides, devrait produire l’un ou l’autre des effets suivants : 10 Si l’on âdmet avec Ferrier que les entrecroisements des conducteurs pour le mouvement ont lieu à la partieinférieure du bulbe, une perte complète de la puissance d’action de la zone motrice de - ce côté sur les membres du côté opposé devrait exister. De plus l& zone excitable du côté opposé à celui de la lésion bul-. . baire devrait continuer à pouvoir produire les mouvements croisés ordinaires. Les choses sont loin de se passer ainsi, — 330 — car c’est l'inverse que l'on observe le plus souvent: la zone excitable du côté correspondant gagne en puissance ou tout au moins demeure très capable d'agir, tandis que celle du côté opposé a une diminution sinon une perte complète de puis- sance (1); 2: Si l’on admet avec Moritz Schiff, Lussana et Lemoigne et d’autres physiologistes que les entrecroisements pour le mouvement se font principalement sinon entièrement dans le pont de Varole, la section d’une moitié latérale du bulbe devrait toujours faire perdre à la zone motrice du côté opposé sa puissance d'action eur les membres du côté de la section. Or ce résultat n’est pas constant et, de plus, le résultat d’une section d’un des pédoncules cérébraux est, comme on le verra tout à l’heure, absolument contraire. De plus la sec- tion longitudinale du pont sur l2 ligne médiane devrait, si l’opi- nion de ces physiologistes était fondée, faire disparaître complètement ou à peu près la puissance d’action des deux zones excitables. Or cette section laisse, en général, persister cette puissance des deux côtés l1I. Il est clair que si les doctrines généralement admises à l'égard des zones excitables et des voies motrices dans lés centres nerveux étaient exactes, la section transversale de l’un des pédoncules cérébraux devrait faire perdre toute puis- sance d'action ou à peu près à la zone excitable corticale du côté correspondant et läisser persister la puissance de la zone du côté opposé. Or il n’en est pas ainsi, au moins dans . la plupart des cas. Je trouve qu’en général la puissance d’ac- . tion de la zone du côté correspondant persiste entièrement et qu’elle est même assez souvent plus ou moins augmentée. De plus, la puissance de la zone du côté opposé est le plus sou- vent diminuée et quelquefois perdue. IV. est clair que les doctrines reçues sont aussi en , } , Û . . . camplet désaccord avec les faits suivants: je fais deux sec- (1) J'ai signalé déjà les résultats que j'ai obtenus après l’hémisection du bulbé et j'ai aussi puhlié nombre de faits verant à l'appui des arguments développés ci-dessus: — Voyez les Comptes Rendus de la Société de Bio- logie, pour 1879, p. 140, 152, 165 et 335, et la Gazette Médicale de Paris, 1881, p. 37, — 201 — tions transversales, l’une sur la moitié latérale droite (par exemple) du pont de Varole à sa partie supérieure, l’autre sur la moitié latérale gauche du bulbe. Il semble que toute commu- nicarion ou à bien peu près, doive être coupée, dans ces cons ditions, entre les deux zones motrices (tout au moins pour la zone motrice droite) et les membres. Il n’en est rien cepen- dant. Si, après avoir fait une des hémisections, celle du pont, on examine l’état des zones excitables, on constate que la zone excitable à droute (côté de cette section) est très puissante tandis que la zone de gauche a perdu d'une manière plus ou moins considérable sa puissance d'action. Mais si l’on fait alors l’hémisection du bulbe à gauche, on trouve ordinaire- ment que la puissance d’action de cette dernière zone motrice la gauche) non seulement n est plus affaiblie, mais qu’elle est quelquefois augmentée. En comparant les deux zones motrices l’une à l’autre, on constate le plus souvent qu’elles ont à peu près la même puissance et l’on trouve, de plus, que toutes les deux ont, quelquefois, plutôt une exagération qu’une diminu- tion d'énergie. Il est évident que la transmission se fait alors par des voies tout autres que celles que l’on suppose exister entre les zones excitables et les membres. V. Il est clair que les doctrines reçues sont en complet dés- accord avec le fait suivant : sur un chien ayant eu une section longitudinale du pont de Varole sur la ligne médiane et, en outre, une section transversale de la moitié latérale droite du bulbe juste au-dessus de l’entrecroisement des pyramides, j'ai vu persister la puissance d'action de la zone motrice droite. Ce . fait et d’autres que j'ai déjà publiés montrent que les trans- missions motrices croisées s’opérent au dessus ou en avant du pont de Varole (voyez mon travail sur la participation du corps calleux à ces transmissions, in Gazette médicale de Paris, 1881 p. 377) Conclusions : 1° Les effets ordinaires de la galvanisation des zones motrices corticales, qui ont conduit à la snpposition de l'existence, dans ces parties, de centres psycho-moteurs, per- dent toute leur valeur en présence des faits rapportés dans ce travail. — 332 = 2" Il faut admettre que les zones excitables rorticales sont capables de mettre les membres en mouvement par des voies tout autres que celles qui sont admises et que ces voies ex- drêémement nombreuses et variées impliquent l'existence de conducteurs passant plusieurs fois d'un côté du centre encé- phalo-rachidien à l’autre. 8° Une moitié latérale, soit du pont de Varole, soit du bulbe, soit de la moelle cervicale, est suffisante pour les transmis- sions des deux zones motrices corticales aux membres des deux côtés du corps. 4° Un très petit nombre de conducteurs peut suffire pour la transmission des excitations des zones motrices corticales aux membres. “ho EXPÉRIMENTALES SUR LA GRSFFE D'UN O8 MORT DANS UN OS VIVANT. — RÉSORPTION DES SÉQUESTRES, par O. Lan- NELONGUE et W. VIGNAL. La question de la résorption des séquestres n’était pas suf- fisamment résolue, à notre gré. On n’en avait pas donné la preuve expérimentale, et, d’autre paït, l'appréciation des faits d'observation clinique n’était pas à Pabri de contesta- tions qui pouvaient, à juste titre, faire naître des doutes sur V'interprétation à tirer de ces faits. Ces doutes ne sauraient persister désormais, en présence des résultats que nous venons d'obtenir dans nos expériences. Mais avant de les relater, qu'il nous soit permis de rappeler en quelques mots l’état de la question. Un séquestre véritable, c’est-à-dire une portion d’os séparée depuis loñïgtemps du squelette et contenue dans une capsule qui l’isole, se montre sous deux conditions. Tantôt ce séques- tre baigne dans le pus et est recouvert sur tous les points par une nappe purulente, tantôt il est entouré par une membrane granuleuse, dont les bourgeons et les végétations s’appliquent sur ses faces et sur les anfractuosités qu’elles présentent. 1. Séquestres entourés de nus. — Dans le premier cas, l’ex- périmentation et ’observation clinique ont prononcé. Le sé- questre conserve indéfiniment sa forme et ses caractères ; il _ 333 — n’est l’objet d'aucun processus qui en amoindrisse le volume. A l’appui de cette opinion, nous pouvons invoquer, en dehors de l'observation journalière au lit du malade, l’étude de séques- tres anciens, qui avaient séjourné de longues années dans un foyer purulent. M. Ranvier en a examine un qui avait séjourné trente ans au milieu du pus, et dont la couche si caractéristi- que des lamelles périphériques était complètement intacte. Nous-même nous avons fait l'examen histologique d’un séquestre du tibia, qui était resté huit ans au fond d’un trajet fistuleux ; dans ce cas comme dans le précédent les lamelles périphériques étaient complètement intacres. D'autre part nous avons observé, dans des expériences qui ont duré jusqu’à un an et demi, que des fragments d'os mis au miheu des tissus qui ont suppuré, ont pu y séjourner, sans que leur poids et leur volume aient changé. IT, Séquestres immédiatement recouverts par des fongosités. Les séquestres placés dans ces conditions pourraient être l’objet d’une résorption plus ou moins considérable. Les expé- riences de Billroth sur le mécanisme de la résorption de Pivoire implanté dans les os ou les tissus vivants, jointes aux observations de Langenbeck, de Diffenbach, etc., sont venues donner à cette opinion un appui considérable, Volkmann et beaucoup de chirurgiens allemands la partagent sans hésita- tion ; on a même cherché le mécanisme de cette résorption, et la théorie de Billroth (2), qui pense que l'acide lactique ou les acides gras ont un rôle dans cette résorption, celle de A. Kôlliker (3), qui croit que «les myéloplaxes ou ostéophages sont les véritables organes ou éléments qui, par une fonc- tion non encore déterminée, produisent la résorption »; celle de MM. Cornil et Ranvier (4) qui lattribuent à l’action des bourgeons cellulo-vasculaires de la moelle, témoignent des (1) Conwiz et Ranvier, Manuel d’Anat. Path. 2e éd. Paris, p. 204, fig. 189. _ (2) Bizzrota. Eléments de pathologie chirurgicale Trad. fr. Paris, 1868, p. 501, 542. (3) A. Kæzuiker. De l'absorption normale et typique des os et des dents Arch. zool exp., t. Il 1853, p. I. (4) Corxiz et Ranvier, loc. cit. C. r. 1802 18. — 3954 — efforts tentés pour l'explication du mécanisme de cett® résorption. Malgré ces théories et ces interprétations, la preuve cer- taine de la résorption d’une portion d’un os absolument inerte et frappée de mort n’était pas encore fournie, et nous croyons avoir contribué à combler cette lacune par les expériences suivantes : D'une part, nous avons assisté à la résorption d’un cylindre osseux de six millimètres et demi de longueur, et detrois de diamètres, fragment d’un volume considérable relativement à l’os dans lequel il a été introduit, qui est le tibia d’un lapin. L’'os que nous avons pris était un morceau du tissu compact d’un humerus humain, qui depuis dix ans servait aux dé- monstrations du laboratoire ; mais hâtons-nous de dire que le. fragment a été complétement désinfecté en séjournant pen- dant vingt quatre heures dans une solution phéniquée (acide phénique 4, alcool 100); ajoutons enfin que lopération a été faite avec grand soin, ce qui a permis d'éviter la suppu- ration. Nous avons comparativement implanté une cheville d'ivoire de même dimension, et dans le même laps de temps la résorption a été infiniment moins complète. PREMIÈRE EXPÉRIENCE, — Chevulle d'os. — Au milieu du tiers supérieur du tibia d’un lapin adulte, mais jeune, nous avons, à l’aide d’un petit trépan, pratiqué un trou de trois millimètres de diamètre, dans lequel nous introduisimes une cheville d'os humain. La cheville traversait le tissu compact et le canal médullaire, et s’appuyait par son extrémité contre la paroi opposée de ce canal. De la sorte, nous avons pu étudier les phénomènes qui se sont produits dans le tissu compact et dans le issu médullaire. La cheville entrait à frottement dur dans le trou de trépan, et avait été taillée aussi exactement que possible, de manière à le remplir sans laisser aucun vide. La plaie cutanée, après l'opération, avait été, après le lavage à l'alcool, fermée par quelques points de suture; elle se cicatrisa, les fils tombèrent, il n’y eut pas la moindre sup- = 999 —. puration. L'animal fut sacrifié deux mois et neuf jours après. Le tibia contenant la cheville a été décalcifié dans l'acide picrique, afin qu’on en püt faire l’examen histologique. Signalons que le pot du tibia où était la cheville d’os n’était reconnaissable qu’à un léger pointillé, qu'on ne décou- vrait qu'après avoir enlevé le périoste. Examen histologique. — Aspect général. — Coupe transver- sale passant au milieu de la cheville. — La continuité de la cheville osseuse n'existe plus; cette cheville est fragmentée dans sa portion médullaire ; elle est réduite à quelques frag- ments irréguliers, isolés les uns des autres au milieu de la moelle ; ils ont conservé cependant leurs rapports anciens, c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas déplacés dans le canal médullaire. Dans le tissu compact, la fragmentation est moins avancée, et, sous le périoste, la cheville est couverte d’une lamelle osseuse nouvelle; au Re dans le ‘issu compacte,la résorption est d'autant moindre qu’on est plus près de la surface, et on peut dire que ce n’est que près de cette surface que la cheville conserve toute sa largeur. Plus loin, dans le tissu compact, elle est l’objet d’une résorption assez grande, quoique moins avancée, que dans le canal médullaire. En un mot, plus on se rapproche de la moelle, plus la résorption a été active, et dans le canal médullaire ce travail a été tel qu’on peut estimer qu’il a fait disparaître environ huit dixièmes de la cheville. Mécanisme de cette résorption. — L’examen de la portion médullaire et de la portion compacte est instructif, car il donne la clé du mécanisme de résorption et des PEAU qui se produisent alors. Dans le tissu médullaire, l’ancien os se présente tantôt entouré d’une couche d’os nouveau, tantôt environné seule- ment d'éléments embryonnaires extrêmement nombreux. Le premier fait ne trouvera sa description qu'après le second, parce qu'il le suit ; c’est une phase d'organisation ultérieure à celle qui à amené la disparition de los ancien. — 336 — Les fragments d'os ancien sont très irréguliérement décou- pés et leurs bords sont festonnés ou présentent des lacunes comparables à celles de Howship, mais toujours ouvertes.Le tissu de la cheville est normal comme os mort, les cellules osseuses sont vides; des phénomènes intéressants ont leur siège dans les canaux de Havers. Partout, les anciens ca- naux de Havers, même dans les points où la cheville est la plus épaisse, sont remplis d'éléments embryonnaires, accom- pagnés de vaisseaux. Parmi ces canaux, quelques-uns sont dilatés 20, 30 fois et même plus, tandis que d’autres ne pré- sentent pas de dilatation reconnaissable, et néanmoins dans ces derniers, comme dans les autres, il ya déjà des cellules embryonnairés. Par suite, le système de lamelles autour d’eux est intact, il est au contraire affaibli et détruit d'autant là où il y a agrandissement. | Ce fait est des plus intéressants, il permet de comprendre comment la destruction fait disparaître depuis l’origine toute une portion considérable; de là, en effet, ces fragments de toute forme qu’on rencontre. Cependant, la forme des fragments qui restent rappelle la direction des canaux de Havers ; sur des coupes qui leur sont parallèles on a de longs morceaux. Etat de la moelle. — Autour de chaque fragment, de même que dans les canaux de Havers, la moelle se présente formée d'éléments cellulaires jeunes avec de nombreux vaisseaux. Ces éléments viennent se mettre en contact direct avec le tissu de l'os mort. Îls n’en sont pas séparés par des éléments Spéciaux, on n’y découvre pas de cellules géantes particuhié- res, bien plus, ces dernières font presque totalement défaut. Ces cellules restent donc contre la paroi de l'os ancien où elles y sont soutenues et appliquées par les vaisseaux qui se trouvent au milieu d'elles, dans les petits fragments, elles forment comme des collerettes autour de l'os. NUE Partout, c'est le même état au pourtour de l'os ancien, comme dans les cavités de Havers agrandies. ‘Dans le canal médullaire,lamoelle n’est embryonnaire qu'au- tour des fragments de la cheville, — 337 — Dans une étendue d’un millimètre environ, elle n’a pas de cellules de graisse, elle a proliféré abondamment. Au delà, c’est la vieille moelle avec une graisse abondante et peu de cellules, cependant, il faut considérer qu’elle présente, même là, un peu de prolifération. Dans cette moelle, les vaisseaux sont très augmentés de volume, très dilatés sans épaississement de leurs parois. Les veines sont gorgées de sang, dans la moelle proliférée les capillaires sont gros et nombreux. : Dans le tissu compact, on observe le même processus, Île mème envahissement des canaux de Havers. Ces faits parlent mieux que toute autre explication, ils in- ciquent le mécanisme de la résorption et on peut suivre tous les temps du processus dans la pièce Il y à eu réunion par première intention entre l’os ancien et l'os nouveau, c’est-à-dire qu’autour de l’os ancien lirritation a été simple et n’a abouti qu’à la formation d’une couche d’é- léments embryonnaires dans le canal médullaire comme dans le tissu compact; ces éléments ont pénétré dans toutes les la- cunes de l'os mort; partout où il s’est trouvé un vide, ce vide a été comblé et envahi par des éléments embryon- naires et des vaisseaux, c’est-à-dire par des bourgeons char- nus. # L’envahissementne s'est pas bornéäla surface,ils’estrépandu dans les parties profondes de la cheville ; il a été seulement moins actif dans le tissu compa:t que dans le tissu médullaire. Parallèlement à ce travail, le tissu osseux mort a disparu, qu’est-il devenu ? on n’en trouve plus trace, on peut donc dire qu'il a été résorbé, ou qu'ilest rentré dans l'organisme : ré- sorbé sans ramollissement préalable et on ne saurait dire que c’est un liquide qui l’a fait disparaitre. On ne saurait non plus accuser une cellule dévorante spé- ciale (ostéophage), car on n’en aperçoit pas en plein tra- vail de résorption. L'agent actif de cette résorption ne peut être que fa couche de cellules embryonnaires et les vais- seaux qui sont liés à son développement. Les effets produits pat elle sont-ils purement mécaniques et comparables à l’u- sure, on ne peut le dire, parce qu'on ne trouve pas des traces 338 de cette usure ; ils sont semblables à ceux qui aménent la ré- sorption de los dans l’ostéite, Formation du nouvel os. Réparation. — Les fragments de los ancien sont quelquefois isolés les uns des autres et entou- rés d'éléments embryonnaires. Mais le plus souvent ils sont reliés les uns aux autres par une néo-formation osseuse qui rétablit en quelque sorte la continuité de la cheville intro- duite. L’os de nouvelle formation n’existe pas seulement à la périphérie de l’ancien os, il s’est également formé en propor- tion considérable dans les anciens canaux de Havers agran- dis, dans les lacunes osseuses nouvellement formées.Ce nou- vel os a tous les attributs des os jeunes nouvellement consti- tués, c’est-à-dire que ses vaisseaux ne sont pas entourés de lamelles concentriques régulières, les corpuscules osseux sont plus volumineux, eic. La néo-formation osseuse a pris: une telle importance dans le canal médullaire,que là elle a presque totalement remplacé la portion de la cheville qui y pénétrait. Celle-ci se trouve réduite à des ilots complètement ou incomplètement environ- nés de nouvel os, baignant dans la moelle embryonnaire. Un fait des plus remarquables est la soudure du jeune os avec l'os mort. Quand on examine, par exemple, une couche osseuse nouvellement formée autour d’un canal de Havers dilaté de l’os mort, cette couche se continue sans démarcation autre qu’une ligne réfringente apparaissant entre les deux. La soudure est donc absolue et elle présente la forme d’une ligne onduleuse, festonnée, entièrement en rapport avec la maniére dont les vaisseaux et les éléments embryonnaires ont rongé l'os ancien avant la formation du nouvel os. Si on voulait forcer la comparaison, on dirait que l’os mort est frap- pé d’ostéite rarifiante suivie d’ostéite productive. Dans le tissu-compact la soudure de la cheville à ce tissu est encore plus intime,et,au centre de l'os mort, on trouve des vides, des espaces rappelant souvent la direction des anciens canaux de Havers ; ces espaces présentent ainsi de nouvelles formations osseuses en continuité pour la plupart avec le ti- bia, sans que cela soit pourtant une condition nécessaire. — 339 Notons enfin qu’au pourtour de la cheville le tissu compact du tibia présente une ostéite raréfiante et productive qui a èté d’une part, l’origine de la soudure, d’autre part, l’origine de la néo-formation osseuse qui se prolonge dans cette che- ville. Enfin la surface sous-périostée de la cheville est recouverte d’une mince lamelle osseuse ; entre cette lamelle et la surface même de la cheville, se trouve une couche de cellules em- bryonnaires, qui s'engagent aussi dans la cheville pour y pro- voquer la résorption qui doit être suivie plus tard de néo- formation osseuse. On peut, en quelques mots, résumer le travail qui s’est effec- tué ainsi: l’os inerte introduit dans los vivant a provoqué dans ce dernier une irritation nutritive dont les premiers ef- fets ont été une prolifération des éléments médullaires. Sous influence de ce mouvement exagéré, les cellules embryon- naires s'accumulent en masse autour de l’os ancien, de nou- veaux vaisseaux se développent en même temps que toutes les cellules graisseuses disparaissent à leur voisinage. C’est à ce moment que l'os inerte est attaqué; les cellules em- bryonnaires pénétrent avec les vaisseaux dans tous les vides que présente l'os mort; elles le détruisent petit à petit, sans qu’il en reste de trace. Cette absence de résidu semble indi- quer que l'os ancien fait retour à l'organisme, comme en vertu d’une absorption dont il serait l’objet. 2e Expérience. — Cheville d'ivoire. — Sur la jambe opposée du même lapin, nous avons répété le même jour l'opération précédente, mais le séquestre artificiel introduit était formè par une cheville d'ivoire, de même volume que celle d’os, afin de confirmer les expériences de Billroth. La cicatrisation se fit rapidement sans une goutte de pus. Lorsque l'animal fut sacrifié et le périoste enlevé, le pourtour de la cheville d'ivoire était reconnaissable et entouré d'une zone de pointillé rou- geûtre, À l'examen histologique, on remarque qu’elle a résisté da vantage à la récorption que la cheville d’os ; une petite parte a été résorbée, cellequi plongeait dans le canal médullaire; — 340 son extrémité arrive encore jusqu'à plus de la moitié du canal, elle est devenue conique et festonnée. La portion qui pénetre dans le tissu compact ne présente pas l’envahisse- ment qu’on trouve dans la cheville d'os, elle montre seule- ment à la surface des dépressions peu profondes ; en quelques points cependant, on trouve,dans cette cheville des points résorbés comme s’il y avait des canaux. Partout autour de la cheville, et dans une faible étendue, la moelle est embryon- naire ; ailleurs, dans le canal médullaire, elle est normale. Il ressort de là que la résorption de l’ivoire se fait par le même mécanisme que la résorption de l'os, mécanisme qu'avait bien vu Billroth, mais les conditions du tissu de livoire (densité plus grande et extrême finesse des canalicules font que la réscrption y est beaucoup moins active que dans l'os. Conclusions. — Un séquestre peut se résorber lorsqu'il n’y - a pas de suppuration autour de lui. Peut-être en est-il ainsi lorsqu'il y a eu suppuration véritable et que celle-ci cesse. Âïors la capsule séquestrale,qui a suppuré un certains temps, cesse de le faire et devient végétante ; les bourgeons charnus, dans ce cas, doivent s’accoler au séquestre, s'engager dans les espaces et se comporter comme à l’égard de la cheville expé- rimentale. | | On a préconisé en médecine opératoire l’emploi de chevilles d'ivoire dans les résections des os: les expériences précéden- tes tendent à établir que l’emploi de l’os, préparé pour ce but, avec tous les soins que comporte la méthode antiseptique, se- rait préférable. Trivail fait au laboratoira d'histologie du Coilège de France. SUR LES ÉLÉMENTS NSRVEUX DES CRUSTACÉS, par M. VIGNAL. En 1844 Remak (1) signala dans les gros tubes nerveux de . la chaîne ganglioñnaire de l’écrevisse, un paquet central de fibrilles qu’il compara au cylindre d’axe des nerfs des verté- brés, dont il venait de reconnaître la nature fibrillaire. (1) Remak, Neurologische Erl«uterungen. Müiler's Archiv. 1844, p. 468, — 341 — Depuis cette époque, divers auteurs (Walter (1), Krieger (2), confirmérent la découverte de Remak, tandis que d’autres Îa niérent ( Yung GS), etc.) a ion j'ai repris l’étude de cette question en me servant du chlorure d'or, réactif à la technique duquel M.Ran- vier a fait faire dernièrement de si remarquables progrès et j'ai constaté sur les coupes transversales et sur des dissocin- tions de nerfs et de connectifs les faits suivants: 1: L'observation de Remak est parfaitement exacte, car en effet les gros tubes nerveux renferment généralement un paquet central de fibriüles; cependant on en rencontre dans lesquels les fibrilles sont dispersées dans toute l'épaisseur. 2: De plus, j'ai vu que la majorité des tubes moyens et fins des connectifs et des nerfs contenaient aussi des fibrilles, celles-ci sont rarement réunies en un faisceau central Le nombre des fibrilles qui sont enfermées dans un tube ner- veux diminue avec le volume de celui-ci. 3° Si, sur une soupe transversale, on ne peut pas constater dans l’intérieur de tous les tubes nerveux des fibrilles, je pense que cela tient plutôt à l’imperfection actuelle de la me thode qu’à une absence réelle de ces fibrilies, car les tubes qui en paraissent dépourvus n’occupent pas une place déter- minée dans les nerfs ei les connectifs. 40 Les fibrilles nerveuses sont trés fines, elles ont en moyenne un diamètre de 1,5 u, elles soni plus que probable- ment formées par la réunion de plusieurs fibrilles plus fines; en effet il n’est pas rare d’en voir quelques-unes se diviser -en deux dans l’intérieur d’un tube nerveux. 5o Remak a décritle trajet de ces fibres comme étant on- duleux; si, avant de faire agir sur les nerfs ou les connectifs _ l’agent fixateur, on à pris la précaution de les tendre,on verra (1) WazrEer. Mikroskopische Studien iber das Centralnerrensystem M'ir- belosser 1 hiere. Bonn 1863. (2) KR1EGER. Ueber das Nervensystem «des l'lusslcreba. Zeit. für Wiss. Zoo!. 1880, p. 527. (3). Yuna. Recherches sur la structure intime du système nerveux chez les crustacés. Archives de Zool. Exp. 1878, p. 401, — 342 — que leur trajet dans l’intérieur du tube est presque recti- ligne. 6° Dans le mémoire que nous avons cité plus haut, Re-— mak dit que la substance des cellules est constituée tout en- tière par fibres concentriques granuleuses, mais qu'il lui a été impossible de voir si .ces fibres étaient en rapport avec les fibrilles des gros tubes. En effet, il était impossible pour ce grand anatomiste, qui faisait ses observations sur des tissus frais, le voir les fibrilles dans les tubes fins qui sont la continuation du prolongement cellulaire, la réfringence des fibrilles et du liquide remplis- sant le tube étant la même. Mais si on modifie la réfringence des fibrilles et du tissu en l’exposant, grossièrement dissocié, pendant quelques minutes aux vapeurs de l'acide osmiqne, on constate que dans l’intérieur du globe ganglionnaire granu- . leux il existe un grand nombre de fines fibrilles qui se conti- nuent dans le tube nerveux qui forme le prolongement cellu- laire. .Ce travail a été fait au laboratoire d’histologie du Collège de France et au laboratoire de zoologie expérimentale de Roscoff, Du SrÉGr CÉRÉBRAL DES IMAGES CONSÉCUTIVES, par M. II. PariNauD Dans la séance du 22 avril dernier, M. Pouchet a fait à la Société de Biologie une intéressante communication «sur une espèce particulière d'images consécutives d’origine cûré- brale ». Il a eu soin de distinguer le phénomène en question des images conséeutives ordinaires, bien connues des physio- logistes. Je rappelle que ces images consécutives ou accidentelles, qui succèdent sinon instantanément, du moins d’une maniere irès immédiate à l'impression d’un objet, ont été distinguées en positives et en négatives. L'image positive nous donne la représentation de lobjet tel qu'il est, avec conservation de l'intensité lumineuse relative de ses différentes parties. Dans Pimage négative, tout est renversé, comme dans l'épreuve négative d’une photographie. Les parties claires sont obscures et inversenient. Si l’objet cest coloré, l'image positive offre — 343 — d'ordinaire la même teinte plus ou moins atténuée, l’image négative la teinte compl‘mentaire. Ces images accidentelles sont localisées dans la rétine par tous les physiologistes et, si je ne me trompe, par M. Pouchet lui-même. Plateau (1) les explique par une série d’oscillations que la lumière développe dans la rétine et qui la font passer alternativement par des étais opposés avant d'arriver au repos. 1l admet une activité propre de la rétine dans le phénomène pour expliquer certaines particularités. D’après Fechner (2), tous les phénomènes des images acci- dentelles trouvent leur explication en partie dans une exci- tation persistante de la rétine, en partie dans une diminution de son excitabilité. Helmholtz (2) accepte et développe les idées de Fechner en les rattachant à la théorie de Th. Young sur les couleurs et en attribuant un rôle important à ce qu’il appelle la lamière propre de la rétine. Dans son récent ou- vrage, Giraud-Teulon (4) propose une nouvelle explication basée sur la fluorescence des milieux de l’œil et les propriétés du pourpre visuel. Aucun de ces éminents physiologistes ne semble avoir admis la possibilité d’un siège cérébral pour ces images, Voici les faits qui établissent que c’est dans le cerveau et non dans Ja rétine qu’il faut les localiser. A. Une image accidentelle produite par l'impression d'un seul œil peut être extériorée par l’autre.— M. Charcot, qui m'a suggéré l’idée de ces recherches m’a en même temps signalé une expérience peu connue, décrite en ces tzrmes dans le Traité de phystologie de Béclard : « L’impression d'une couleur » sur une rétine éveille sur le point identique de l’autre rétine » l’impression de la couleur complémentaire. Exemple : Fer- » mez l’un des yeux, fixez avec l’œil ouvert et. pendant (1) PLATEAU. Essai d'une théorie générale comprenant l'ensemble des apparences visuelles qui succèdent à la contemplation d'un objet coloré, Bruxelles 1834. (2) Fecanxer. Pogg. Ann. XLIV, XL, L. (3) HELMHOLTZ. Optique physiolegique p. 471-508, édit. franc. (4) GrRaun-TeuLonx. La vision et ses anomalies p. 266-297. =. 944- » longtemps un cercle rouge : puis fermez cet œil, ouvrez ce- » lui qui était fermé, vous verrez apparaître une auréole » verte » p. 863, édit. de 1866. Ainsi présentée, cette expérience prête à la critique; sa formule énoncé même une erreur; mais, ramenée à sa véritable signification, elle renferme la démonstration de la proposition que je viens d'émettre. Pour bien nous rendre compte de la nature de la sensation développée dans l'œil non impressionné, voyons d’abord ce qui se passe dans l'œil qui reçoit l’impression. Fermant l'œil gauche pour le moment exclu de l’expérience, nous fixons un cercle rouge sur une feuille de papier blanc, ou mieux, un point tracé au centre du cercle, afin de mieux immobiliser l'œil. Après quelques secondes, le fond blanc perd de son intensité et la couleur elle-m me s’obscurcit. Retirant le cercle rouge sans cesser de fixer le point, nous voyons apparaître, sur le papier, l’image du cercle colorée en vert et plus claire que le fond : c’est l’image négative. Ferme-. t-on l’œil, après avoir disparu un instant, l’image se reproduit avec les memes caractères. Répétons maintenant l'expérience de Béclard, c’est-à-dire, au moment où nous retirons le cercle, fermons l’œil droit impressionné et ouvrons l'œil gauche en fixant toujours Île papier. L'image du cercle n'apparaît pas immédiatement. Le blanc du fond s’obscurcit tout d’abord, et c’est seulement alors que l’image se dessine colorée en vert et plus claire que le fond. C’est la même image négative, extériorée par l'œil gauche non impressionné telle que nous l'avons reconnue dans l’æil droit qui a reçu l’impression (1). On peut produire le. même transfert avec l'image positive en variant les conditions de l’expérience. L’extérioration de l’image accidentelle par l’œil qui n’a pas - reçu l'impression implique forcément l’intervention du cerveau et, avec une grande probabilité, le siège cérébral de l’image (1) M. Giraud-Teulon, qui a répété cette expérience, lui attribue les mêmes . caractères. (Note inédite remise. à M. Charcot.) as elle-même. Je ne parle que de probabilité, car, ainsi que semble le faire Béclard, on peut admettre, par hypothèse, une modification de la rétine non impressionnée par une sorte d’acrion réflexe partant de l'œil opposé. L’hypothèse serait fausse, ainsi que le démontrent les expériences sui- vanies : B. Les images aceidentelles qui suivent les mouvements inten- tionnels de l'œil ne se déplacent pas quand on dévie l'axe optique à l'aide du doigt.— Une des raisons qui ont sans doute le plus contribué à la localisation des images accidentelles dans la rétine, c’est que, si l’on promène le regard sur un fond uni, gris de préférence, ses images se déplacent avec l’œil, tradui- sant avec une grande précision ses moindres mouvements. Ellés se comportent, en un mot, comme des images rétiniennes. Mais, par un contraste bien remarquable, elles ne se dépla- cent plus dans les déviations non intentionnelles du globe, lorsque, par exemple, on déplace l’axe optique à l’aide du doigt. Si l’image est extériorée sur un fond, elle paraît bien se mouvoir au premier abord, mais il est facile de se convaincre que c’est l’effet d’une illusion. C’est le fond et non l’image con- sécutive qui se déplace. Si l'écran est assez étendu pour em- brasser tout le champ visuel et assez uni pour que l’on n'ait pas la sensation de son déplacement, l’image accidentelle reste immobile. Une épreuve non moins concluante résulte de l'impossibilité de produire le dédoublement de l’image lors- que les deux yeux ont été impressionnés et que l’on déplace Pun d'eux à l’aide du doigt, de manière à produire 1a diplo- pie des objets extéræurs. Enfin, si au lieu de projeter l’image accidentelle sur un écran, on l’observe les yeux étant fermés, on remarquera encore qu’elle se déplace dans la direction in- . tentionnelle du regard, mais nullement dans les mouvements imprimés artificiellement au globe de l'œil. Est-il nécessaire de faire remarquer que si l’image avait un siège périphérique sur la rètine, cette différence dans les ré- sultats obtenus par les deux espèces de mouvements ne devrait pas exister? Une image persistante de la rétine se dépla- cerait dans la déviation mécanique du globe aussi bienque — 946 — dans les mouvements intentionnels, au même titre qu'un sen- tome positif produit par une lésion de la macula. Les images accidentelles ont donc un siège cérébral. Dans le-jeu normal des organes, elles sont extériorées par les parties de la rétine qui ont reçu l'impression. Grâce à cette propriété, indispensable pour que le sensorium ait la notion exacte de la position des objets dans l’espace, elles se comportent comme des images rétiniennes. Quels rapports existent entre les images accidentelles or- dinaires dont je viens de parler et celles dont M. Pouchet a entretenu la Société de Biologie ? Plusieurs jours après des examens microscopiques prolon- gés portant sur le mème sujet, M. Pouchet voit apparaître dans son champ visuel l’image de ses préparations se super- posant aux objets extérieurs. Ce fait n’est pas sans analogie avec celui de Newton, qui pouvait évoquer l’image du soleil observé plusieurs semaines auparavant (1). Il est évident q’une impression visuelle trop vive ou trop prolongée entre comme facteur important dans la production d’un tel phénomène. Mais là s'arrête l’analogie entre ces images apparaissant longtemps après l'impression et d’une manière excepconnelle et celles qui succèdent immédiatement à l'impression, se produisant d’une manière en quelque sorte fatae, comme une réaction photographique, lorsque l’on réa- lise les conditions nécessaires. _ Avec beaucoup de justesse, M. Pouchet à remarqué que si ses préparations portaient sur le même sujet, elles n'étaient cependant pas identiques entre elles. L2s images qu'il a ob- servées sur lui-même impliquent un travail de synthèse et par suite l'intervention active du sensorium. Par ce caractère, cette variété d'images ‘consécutives se rapproche de l’halluei- nation. L'observation de M. Pouchet ne me paraît pas ditfé- rer essentiellement de celle d'Andral qu'il raconte lui-même en ces termes: « Au début de mes études, je fus vivement frappé de voir dans un des coins des salles de dissection de la Piété, le cadavre d'un enfant à demi rongé par les vers. Le (1). Newton. Lettre à Locke in. Vie de Locke, par lord King. Londres 18304 — 347 — Jendemain matin en me levant et m’approchant de laæ chemi- née pour rallumer môn feu, je vis ce cadavre, il était bien la. Je sentais son odeur infecte, et j'avais beau me dire qu'il était impossible qu’il en fût ainsi, cette hallucination dura un quart d'heure (1).» J’ai observé, il y a deux ans, un fait qui [touche déjà à la pathologie, mais qu’il ne sera pas dans l'intérêt de rapprocher des précédents. Une dame vint me consulter pour une throm- bose de l'artère centrale de la rétine. Elle ne tarda pas à être prise de symptômes de ramollissement sénil du cerveau, im- putables à la mênr wause que les accidents oculaires. Un jour, elle voit dans l’encadrement de. sa fenêtreune branche de lilas. Elle s'approche, croyant que quelqu'un au dehors te- nait cette branche; elle ne trouve personne et la vision dispa- raît. Elle comprit son erreur et vint me raconter le fait comme une chose extraordinaire qui l’avait vivement étonnée. Mais elle ajoute que cette branche de lilas n’était pas fleurie; elle était seulement ornée de bourgeons entr’ouverts. Or, l’on était précisément à l’époque où cette plante commençait à bour- geonner. Sans nul doute l’hallucination n’était que l’extério- ration d’une image cérébrale antérieurement reçue. Sur L'HÉLÉNINE CRISTALLISÉE L'ESSENCE D'AUNÉE ET LEUR ACTION PHYSIOLOGIQUE, par le docteur pe KoraB (note présentée par M. Kunoxez D’HercuLais). On sait que l’Znula Helenium, de la famille des composés, renférme 3 principes : l’Inuline, l’'Hélénine et une essence très volatile d’une odeur pénétrante, d’une saveur âcre et causti- tique. L'Inuline (C1? H10 O10) est simplement un isomère de l’amidon. L’hélénine, un stéaroptère, est blanc, comme vous le voyez, soluble dans l’alcool, dans l’éther, fond à 72 et se présente au microscope sous forme des prismes quadrilatères. Quant à l'essence, elle a une odeur sui generis, une saveur un peu brülante et appartient au groupe des huiles essen- tielles oxygénées. C’est sur ces derniers corps que nous avons entrepris une (1). AnprAL. Pathologie interne, t. LI. p.184. C. r. 1882 19 RAA QE série d'expériences physiologiques. Des injections sous cu- tanées faites sur des cobayes, lapins et chiens,abaissent d’une façon notable la pression intracarotidienne ; ainsi, nous avons vu baisser le mercure d’un manomètre de Om, 135 à 0°,115 chez un “hien qui a reçu une injection de 25 ctg. dans le pli de laine. Sur les lapins, l’hélénine paraît agir plus difficilement; seu- lement nous pouvions constater une diminution remarquable de la sensibilité pharyngienne, de sorte que nous pouvions entrer facilement avec un stylet dans la trachée sans provo-. quer aucun accès de toux. Le fait curieux est que la toux ne . vient pas par elle-même à cause de la grande sécheresse de la muqueuse que produit cette substance. L’hélénine, comme aussi l’essence, diminue d’une façon notable toute secrétion, ainsi que nous ne pouvions produire les effets sialagogues et diaphorétiques du jaborandi après avoir fait une faible injec- tion de l'essence à l’animal. D'ailleurs, les auptosies mon- traient aussi une grande sécheresse de là muqueuse de la trachée et des bronches jusqu’au troisième ordre. Des crachements provoqués sur des chiens par ie chlorure d’Ammonium s'arrêtent presque aussitôt si on injecte 25 ctgr. d’hélénine dans la veine saphène de l’animal. Il résulte done qu'il s’agit ici d’une substance, qui n’est pas autre chose qu’un camphre oxygéné, et qui exerceune grande influence sur les muqueuses en général et surtout sur les or— ganes respiratoires. Etant d'autre part indubitablement un antiseptique, car nous avons pu empêcher par 50 ctg. d’hélé- nine la putréfaction de 5 litres d'urine exposés à l'air, noys n’hésiterons pas à engager nos grands médecins d’entre- prendre quelques expériences cliniques sur l’action de l’hélé- nine dans les maladies pulmonaires, IniOTiE SYMPTOMATIQUE D'UNE MÉNINGO-ENCÉPHALITE CHRONIQUE GÉNÉRALISÉE CHEZ.UN ENFANT DE CINQ ANs, par MM. Bour- NEVILLE et DAUGE. , y L'étude clinique et anatomo-pathologique de l’idiotie conduit à distinguer dans cette sorte d’entité encore mal connue des groupes qui, un jour, auront leur histoire particulière et 90 pourront être reconnus pendant la vie d’une manière précise, ce qui permettra de poser un pronostic à peu près sûr et d’instituer un fraitement judicieux. A côtédes idioties qui reconnaissent pour cause soit l’Aydro- céphale (1), soit la microcéphalie (2), il en est d’autres qui sont dues tantôt à une sclérose atrophique des circonvolutions (atrophie cérébrale), tantôt à une selérose hypertrophique ou tubéreuse (4). Enfin, dans d’autres cas, l’idiotie est consé- cutive à une méningo-encéphalite chronique diffuse. Aux faits relatifs à cette dernière forme et antérieurement rapportés (5) vient se joindre le suivant, qui mérite, à plusieurs égards, d'appeler l'attention de la Société. OBSERVATION. — Consanguinité. — Sœur morte de convulsions. * — Premières convulsions à quatorze mois; secondes convulsions à trois ans-et demi. — Étourdissements. — Méningo-encépha- lite chronique. — Accidents aigus : leurs caractères, tempéra- ture. — Autopsie : séparation complèle de la substance grise el de la substance blanche. Re... , Georges, âgé de ciaq ans, est entré à la section des enfants idiots de Bicètre (service de M. BourNeviLLe), le 16 février 1882. Antécédents. — (Renseignements fournis par la mère, 28 février ‘ 1882). Père, trente ans, journalier chez un emballeur ; de taille moyenne, sujet à des rhumes, mais pas d'hémoptysie. Douleurs de tête assez fréquentes, n'ayant pas les caractères de la migraine. Excèés de boisson très rares (vin). Fume très peu. Assez nerveux ; pas d'attaques. Marié à vingt-trois ans. [Père, soixante-quatre ans; mère, soixante-et-un ans, tous deux sont bien portauts, n’ont pas d'accidents nerveux. Trois frères en bonne santé: l’un a eu trois enfants dont deux sont murts à la suite de conoulsions et le (1) BouenæviLre. — Contribution à l'étude de l'idiotie (Arch. de neu- rologie, Il, p. 69. (2) BourneviiLe et WuILLAMIÉ. — Société anatomique, dec. 1881. (3) Bouanevicze. — Arch. de Neurologie, t. 1, p. 35 et 392. (4) BoueneviLLe et Brissauo.. — Etude sur l'idiotie (Arch. de Neuro- logie, 1, p. 81 et 397. — BourneviLce et BonNaAIRE. — Progrès Médical, 1881, p. 667.— Isip, p, 1007. ‘5)\BourneviLe et d'OLigr. — (Compte rendu du service des énilene tiques et idiots de Bicètre, pour 1880, p. 50-73. — BounneviLze et Wuiz- LAMIÉ.— Archives deNeurologie, t. III, p. 327. — 350 — troisième après une fièvre; un autrea eu six enfants dont deux sont morts, l’un d’une bronchite, l’autre on ne 8 it de quoi, mais sans convulsions; le troisième n’a pas d'enfants. Deux sœurs bien portantes, ont trois enfants intelligents et qui n’ont pas eu de convulsions. Ni aliénés, ni épileptiques, ni apoplectiques, ni para- lytiques, ni difformes, ni suicidés, ni criminels dans la famille.] Mère, trente ans, blanchisseuse, bien portante, brune, physio- nomie assez régulière ; intelligente; assez nerveuse et sujette à des douleurs de tête ordinaires ; après les émotions, elle éprouve une sensation d’étranglement à la gorge. Pas de convulsions, pas de dartres, etc. (Père, cinquante-quatre ans ; mère, cinquante-six ans, fileurs de soie, bien portants, sobres, pas d'accidents nerveux. Deux ‘frères et une sœur jouissant d’une bonne-santé. Pas d'alié- nés, etc.] : Consanguinité. — (Les parents sont cousins germains.) Trois enfants : 1° Fille, morte à un an ; elle aurait eu peur d’un orage et aurait été prise de couvulsions qui auraient duré quatre jours avec des rémissions et auraient été suivies d’une paralysie du côté gauche, qu’elles auraient exclusivement intéressé ; 2° notre malade ; 3° garçon, deux ans et demi, bien venant, intelligent. Notre malade. — La conception n'aurait pas eu lieu dans li- vresse ; grossesse bonne, pas de chagtins, pas de traumatisme, pas de compression, pas d’alcoolisme. Accouchement à terme, naturel - lement, en deux heures.A la naissance, bien que la tête ne soit pas restée longtemps au passage, l'enfant était noir; on a dû le fouetter rigoureusement pour le ranimer. Elevé au sein par sa mère, il a été propre à onze mois, a marché à treize mois, a com- mencé à parler vers quatorze mois. La dentition a débuté dans le cours du septième mois et s’est terminée 4 quatorze mois; à cette époque, l'enfant était intelligent, riait, joua, était caressant. C’est alors qu’il a eu pour la première fois des convulsions qui ont duré environ vingt minutes: déviation des yeux, rigidité des bras qui étaient tournés, bouche tirée à gauche, quelques secousses des membres. On ne sait comment étaient les jambes et on croit, mais sans l’affirmer, que le bras gauche était plus secoué que le droit. ” Le lendemain, R..... était remis, il s’est levé, a marché comme d'habitude, on ne s’est aperçu de rien. L'évolution a paru conti- nuer : à deux ans et demi il. prononçait tous les mots ; il était affec- tueux, comprenait bien ei ressemblait à tous les autres enfants. Mis à l’école à trois ans et demi, il n'y estallé que quinze jours, parce qu'il a été pris de ses secondes conoulsions ; elles ont auré — 301 — vingt-cicq minutes, elles étaient fortes, paraissaient générales et égales (cyanose, écume, pas de morsures de la langue, coutracture des mâchoires). Puis l'enfant s’est endormi, et au bout d’une demi- heure de sommeil, il a été repris de convulsions qui ont duré quatre à cinq minutes; sommeil consécutif et ainsi de suite de cinq heures du matin à quatre heures et demie du soir. Le lendemain R..... était abattu. Le surlendemain, nouvelles convulsions durant envi- ron deux heures; à partir de là, il n’a plus eu de convulsions. Au bout de quatre à cinq jours, on a constaté une transformation com- plète dans la situation de l'enfant : il était incapable de se tenir surles jambes ; il avait perdu la parole; il était redevenu sale ; tandis qu'auparavant il aidait bien à s’habiller,il ne le pouvait plus. | Une quinzaine de jours après les convulsions, sont survenus les étourdissements. Ils venaient tous les jours et on en a même compté neuf en un seul jour ; depuis le commencement de l’année, il en aurait cependant moins souvent. Voici en quoi ils consistent : étant assis, la tête se porte en. arrière, les yeux tournent, la face pâlit; puis la tète révient en avant, l'enfant dit : «ah! papa, ah! maman » (les seu's mots qu'ilait conservés) et tout est fini. Depuis les dernières convulsions, on aurait remarqué que R..... était comparavetiment moins faible des bras que des jambes ; i! ne reconnaît personne,pas même sa mère; quelquefois il cherche à être caressé ; d’autres fois, au contraire, il mord si on veut l’embrasser. Il ne grincerait pas des dents et n’aurait ni bave ni succion. A la maison, il restait tout le temps assis ct attaché sur un fauteuil. Sa mère essayait de le faire marcher en le tenant sous les bras; il saute tout le temps, dit-elle, plutôt qu’il ne s'appuie. Il peut tenir un objet entre les mains, mais si cet objet tombe, il lui est impos- sible de le ramasser: il ne sait ni boire ni se servir d’un cuiller; il ne demande rien pour ses besoins. Sommeil paisible, pas de peur. Pas d’onanisme; pas de vers. Aucune manifestation scrofuleuse, pas de dartres. Aucune autre maladie ; pas de tremblement, pas de tics, pas de balancement. Avant son entrée à Bicètre, il a été traité à l'hôpital des Enfants malades par le bromure de potassium et !es bains, et à l’hôpital Trousseau par le bromure et la valériane. Depuis son admissioh à Bicêtre, à part une légère diarrhée daus le courant de mars, le même état persiste sans amélioration ni asgravation notable. 24 avril. — Hier l'enfant a été moins gai que d’habitude. Au- jourd’hui les. yeux sont noirs et battus; il crie pendant des heures HS rene entières et se raidit ; il s'est fait une contusion au coude en se heu-tant contre sa chaise, dans des secousses. T. R. 370,4. — Soir, T.R. 38°. 25 avril. — T. R. 389,2. — Soir, T. R. 38,6. 26 aoril. — Mème agitation, mêrnes cris, mêmes phénomènes nerveux T. R. 38°,4. — Soir, 38,6. 27 aoril. —T. R. 38°,2. — Soir, 38,6. 28 avril. — Le sommeil,est interrompu par des cris qui durent une ou deux heures. À la vi-ite, l'enfant crie, semble souffrir. Petites secousses dans les bras et dans les jambes ; quelquefois une secousse agite la tête brusquement, A un moment de l'examen, les cris s'arrêtent ; le regard est fixe : les pupilles, normales d’habi- tude, se dilatent légèrement ; on note quelques convulsions dans la joue gauche et la moitié correspondante de la bouche, puis du mä- chonnement. Au bout de quelques secondes, les cris recommen- cent, durent deux ou trois minutes, et on observe un nouvel état convulsif qui se prolonge plus ou moins longtemps. Parfois les bras sont agités de secousses ; il sont raides, et cela, à peu près égile- ment ; parfois les mouvements convulsifs, durant les cris,paraissent . plus accusés à gauche. Pas de grincements de dents, pas de vo- missements, pas de constipation. Parfois la figure devient très rouge avec des raies vianches comme l'empreinte des doigts dans un soufflet ; d’autres fois, c’est l’un ou j’autre des bras. Les raies tracées avec l'ongle rougissent lentement ; la rougeur se présente de la mème façon à gauche et à droite et persiste assez iongtemps. T. R. 38°. — Soir, T. R. 37,8. Au coude droit, ulcération de 2 centimètres sur 1 de large, en dehors de l'olécrâne; petite ulcération au niveau de l'olécrâne ; bords tillés à pic ; que deux consécutives aux contusions qu’il s'est faites). À ane — To inbalations de bromure d'éthyle dans la journée ; lotions viuaigrées; 2 gr. de chlora!'; purgatif, lait, potages. 29 @oril. — La nuit a été plus calme; ceperdant, il y a eu encoré deux périodes de cris. A la visite, agitation moindre qu’hier; les phénomènes convulsifs ont cessé. — Trois inhalations de bro- mure d'éthyle; bain de son. T. R. 37°,6. — nus T. R. 38°,6. 30 aorcl. — T. R. 38°,2. — Soir, T. R. 38°,8. 1" mai. — T. R. 38°,6. — Soir, T. R. 38°. 2 mat: — Hier, la figure de l'enfant est restée très rouge pen- dant toute la journée ; les mouvements convulsifs et les cris ont cessé et ont êlé remplacés par.une somnolence continuelle. Ce EE — 993 —- matin, l'enfant est endormi : figure pâle; pas de secousses cloni- ques dans les membres; pas de raideur. Mais les petites secousses, qui avaient été déjà notées les jours précédents, persistent; elles sont surtout marquées à la face postérieure de la cuisse gauche et à la bouche, où elles sont presque continuelles. Pas de vomisse- ments ; garde-robes involontaires abondantes. T. R. 38. Dans la journée, l’enfant a paru prendre son lait et son bouillon avec moins de goût que d'habitude. À 4 heures, à la contre- visite, on s’aperçoit que les convulsions ont recommencé ; la tem- pérature qui, jusqu’à présent, oscillait autour de 38°, a monté brusquement à 40°,8. L'enfant est dans l’état suivant : décubitus latéral droit, le bras gauche allongé le long du corps, le bras droit étendu, les membres inférieurs fléchis, les jambes croisées, la gauche passant sur la droite. Les cris, qui étaient continuels les jours précédents, sont devenus intermittents ; quand la douleur parait devenir trop forte, l'enfant pousse un cri léger et isolé. La figure est agitée de mouvements continuels, surtout marqués à la bouche, qui se contorsionne et parfois s'ouvre convulsivement ; les mouvements intéressent les deux côtés de la figure. Pas de roule- ment des globes de l'œil; par moments, froncement spasmodiaue du sourcil. L’épaule gauche est projetée en avant comme si l'enfant voulait repousser quelque chose avec cette épaule ; les mouvements convulsifs du reste des membres sont surtout des mouvements de pronation et de supination et la crispation des doigts. Ces mouvements, si marqués dans le membre supérieur gauche, existent à peine dans le droit; et ce n’est que par moments que l'on constate une légère secousse qui se passe dans l’articula- tion au coude; la figure revêt alors une expression de vive souffrance, et l’on observe en même temps de légers mouvements d’opisthotonos. Le membre inférieur gauche est complètement immobile ; à droite, on observe des mouvements de flexion spas— modique dans les deux premiers orteils ; ces mouvements convul- sifs sont aussi fréquents dans ce pied qu'à la figure et au membre supérieur gauche, c'est-à-dire à peu près continuels. Pas de raideur dans les articulations, pas de contracture. — Une imhala- tion de bromure d’éthyle. 3 mat. — Nystagmus; pupilles égales, normales comme dimen- sions, contractiles; mouvements convulsifs de la face et dela bouche, ayant lieu surtout à droite. Pas de raideur du cou. Pas de vomis- sements, selles régulières. T. R. 40°. — Soir, T. R. 40°,6. — Suppression du bromure d’éthyle. Lotions vinaigrées; deux sangsues derrière chaque oreille. C. r. 1882 19, No 4 mai. —. Paupières entrouvertes. clignotantes; regard éteint, direct ; nystagmus ; pupilles normales, égales ; légère injection des conjonctives, mucosités palpébrales ; narines pulvérulentes, Petites secousses dans les muscles.des joues et des lèvres, mâchonnement de la lèvre inférieure ; secousses soulevant la tête et tantôt un bras, tantôt l’autre ; par moments, la bouche s'ouvre largement, spasmo- diquement, Tête inclinée sur l'épaule droite. — Bras droik : pas de rigidité ; pas de paralysie. — Bras gauche, même état, mais les secousses y sont plus fréquentes; c’est toujours là qu’elles prédominent. — Membres inférieurs allongés ou légèrement fléchis ; pas de rigidité; très souvent, mouvements convulsifs qui fléchissent les orteils avec petites secousses des membres; pas de parälysie. Pas d’exagéra-. tion du réflexe tendineux. Sensibilité au chatouillement, au pince- ment conservée. Ventre déprimé. Peau chaude et sèche. Pouls. imperceptible, aux radiales; battements du cœur, 120. Respiration courte, irrégu- lière, 40. T. R,. 49,2. — Le soir, T. R. 41°,2. L'enfant prend, dans la journée, un gobelet de lait et ne le vomit pas.. Traitement. : vésicatoire sur la tête. ‘5 mai. — Le vésicatoire a beaucoup dbnné. Les convulsions ont continué hier pendant ioute la soirée avec le même caractère ; la face était très rouge. À la nuit, les convulsions de la bouche ont, cessé ; l'enfant était dans la résolution, sans mouvements des membres ; pas.de cris. Ce matin, face pâle, regard éteint, pupilles légèrement dilatées,. égales ; mâchonnement, quelques petites secousses des épaules et. de la tête; langue presque toujours en mouvement, assez humide, La déglutition est génée, et l'enfant étoulfe presque chaque fois qu’on veut lui faire prendre quelque chose. Pas de hoquet: pas. de raïdeur des. bras qui se maintiennent toujours, quand on les. soulève. Pas d’eschares au sacrum. A l’auscultation, on ne déeou-. vre rien à gauche; à droite, la respiration est obscure, surtout en bas. T. R. 10",8. Soir : les convulsions ont été un peu plus fortes, tout en gardant, les mêmes caractères ; face très pâle ; pas de grincements de dents., T. R; 4!°. 6 mai.— Situation à peu près la même. Pas de paralysie ; pas de. contracture, mais légère raideur du cou. Même état des pupilles ; injection plus.prononcée des. conjonctives ; les autres symptômes persistent, — T. R. 39°,8.—Le soir, T. R. 40°,4.— Nouveau cést-. catoire sur la tête ; lotions vinaigrées; inhalations d'ammoniaque. — 9399 — 7 mai. — ‘Décubitus dorsal, la tête légèrement inclinée sur le côté droit, bouche entrouverte, paupières fermées; pas de cris; face très pâle. Les mouvements convulsifs de la face persistent ; ils sont surtout marqués à la partie inférieure de la face ; toutes les deux ou trois secondes, les commissures des lèvres sont tirées spasmodiquement en bas et en dehors; la. lèvre inférieure est attirée en bas et En. arrière, et la. bouche s’ouvre toute grande. Parlois, ces mouvements coïncident avec un froncement spasmo- dique des paupières et des sourcils et avec un mouvement de rota- tion du cou et d’élévation, des épaules. L’occlusion des paupières est due à une blépharite ciliaire qui n'existait pas les jours pré- cédents. Nystagmus ; pupilles égal+s et modérément dilatées. Pas de paralysie, pas de contracture des membres. L'enfant tousse un peu depuis hier soir; räles sibilants et ronflants dazs les deux poumons, surtout à droite. Durant l’examen, l'enfant se met à pousser de petits cris ; la figure exprime la souffrance et sougit ; mais, pendant cette crise, qui dure deux ou trois minutes seulement, les convulsions n’ausmentent pas. — Le vésicatoire n’a pas pris; glace sur la tête, inhalations d’ammoniaque. T. R, 40°. — Le soir, T. R. 40°,4 8& mai. — Mème état, les mouvements convulsifs des paupières | sont un peu moins fréquents; les deux cornées sont comme obscures dans leur. moitié inférieure. T. R. 39,4. — Le soir, T. R. 40°,4. 9 ma. — Dans l'après-midi, on à remarqué que les joues, les pommettes et le menton étaient très rouges, tandis que le nez et les sillons naso-labizux avaient conservé leur colorat'on ordinaire. Les mouvements convulsifs: de la face sont bien moins fréquents ; ceux de la bouche ne consistent plus qu’en un léger mouvement d’élévation de la lèvre inférieure, ayant pour résultat l’occlusion de la cavité, et qui est, par conséquent, le contraire de ce qui se passait les jours précédents. Pupilles modérément dilatées: la droite parait un peu plus grande que ia gauche. Ni raideur ni paralysie. T. R. 39,8. — Le soir, T. R. 40°. 10 mat. — Même état. La toux est moins forte que les jours pré- cédents; dyspnée; battements des ailes du nez à chaque inspira- tion; tirage. Le ventre est rélracté et a La forme dite en bateau. F.R. 39,8. — Le soir T. R. 3%,6. Îl mai. — L'affaissement paraît encore. plus grand. La tête est «animée d’un mouvement de balancement en avant peu accentué, mais continue], isochrone et se répétant environ 50 fois par minute. Les mouvements convulsifs sont limités maintenant à la bouche — 9596 ils sont beaucoup moins fréquents; ordinairement bilatéraux comme les jours précédents, ils sont parfois limités à l'un des côtés, tan- tôt l’un, tantôt l’auire. Les paupières sort collées par la blépha- rite; L: nystagmus persiste; pupilles rétrécies, mais inégales, lu gauche étant plus resserrée que la droite. Râle trachéal léger, l’. nfant tousse encore un peu, surtout quand on le remue; la toux est comme étouffée. Riles sous-crépitants dans les deux poumons, principalement à la base gauche. Pas de paralysie, pas de raideur dans les articulations, pas d’exagération des réflexes. T. R. 409,2. L'affaiblissement augmente dans la journée; mort à sept heures du soir; poids après décès 11 kil. 10; le poids à l'entrée, trois mois auparavant était de 13 kil. 90; l'enfast a donc perdu pendant sa maladie le cinquième de son poids. T. R. post-mortem d1'. AuToprsie 38 heures après la mort. — Corps très aimaigri; ven- tre excavé et verdâtre, peau pâle sur les autres parties; la rigidité cadavérique a disparu Thcrax et abdomen symétriques, poitrine assez bombée; membres réguliers; pas de déformations. À l'ouverture de l'abdomen, pas de liquide dans le péritoine; ganglions mésentériques légèrement tuméfiés. Vessie à peu près pleine. Le diaphragme remonte à droite au bord supérieur de Ia quatrième côte et à gauche au bord inférieur de la même. côte. — Pas de liquide dans la plèvre, pas d’adhérences pleurales, rien dans le péricarde. Thoraz.— Cœur 76 gr. , normal. Poumons: en enlevant les pou- mons, il sort des ou grosses bronches un liquide jaunâtre en assez grande abondance. Quelques vestiges du thymus. Les gan- glions péribronchiques sont hypertrophiés; l’un deux est caséeux et crétacé à la périphérie. — Le poumon gauche (140 gr.) ne crépite plus dans sa moitié inférieure; lorsqu'on incise, coloration à peu près normale, coupe lisse. Le poumon droit (185 gr.) est le siège des mêmes lésions. — Larynæx, rien. Reins égaux, légèrement lobulés, 50 gr. chacun; foie 515 gr.; rate 130 gr ; éntustins, rien. Testicules. —Sont tous les deux au-dessous de l’anneau, mais ne sont pas descendus complètement dans les bourses. Tête. — Le crâne parait symétrique en avant, mais asymétrique en arrière ; pas de saillie de l’occipital, mais au-dessous de la fon- tanelle postérieure existent deux saillies assez développées, iné- gales, la gauche l’emportant sur la droite. Bosses pariétales égales; apophyse mastoide gauche plus volumineuse que la droite. Pas de dépression sus-surciliaire; arcades surciliaires égales, peu” saillantes. Sourcils et cils bruns assez abondants. ue 397 RER Circonf. horizontale ............ 41725 Demi-circonf. biauriculaire..... : ! cent. Diamètre biauriculaire.. ........ 100 millim. Diamètre occipto-frontal......... 168 millim. * Les os du crâne sont durs, assez épais; la dure-mère estun peu épaissie, trés résistante; quelques adhérences avec la pie-mère; sinus gorgés de saug; pas d'exagération du liquide céphalo-rachi- di ur; l’apophyse crista-galli est assez volumineuse, épaisse, mais sans aspérités. La voûte osbitaire droite est plus saillante que la gauche. La moitié droite de l’occipital est plus arrondie que la gauche, cs qui augmente la caviié correspon'lante. Encéphale, 810 gr. La pie-mère à la base est très finement et très fortement vascularisée dans toute son étendue ; ‘il en est de mème sur le bulbe, sur la protubérance et sur le cervelet. Les nerts, les artères et les différentes parties de la base ne présen- tent ni anomalies ni différences. Adhérences nombreuses de Ia pie-mère de la face interne des deux lobes frontaux. L'hémisphère gauche semble être un peu en retrait à ses deux extrémités sur le droit. La pie-mère de la convexité est très injec- tée, principalement au niveau des lobes frontaux ; elle est opaque presque partout; les intervalles des circonvolutions sont huursou- flés, œdémateux, mais il n’y a pas de granulations tuberculeuses. Corps calleux normal. Cervelet et isthme, 100 gr. La pic-mère du cervelet est œdéma- teuse, épaissie et s’enlève avec la plus grande facilité; le cervelet est comme lavé, ses circonvolutions sont fermes. Hémisphére droit. — La pie-mè-e est partout très adhérente à la substance grise sur tout le lobe occipital, tout le {obe temporal, J'ace postérieure de la circonvolution pariétare ascendante (les faces convexe et antérieure étant saines) et sur le tiers inférieur de la pariétale assendante. La frontale ascendante est saine, sauf sur quelques points de son tiers inférieur, où il y a quelques adhérences superficielles. Les érois circonvolutions frontales sont également le siège de nombreuses adhérences, mais tandis que, en arriére de la pariétale ascendante, on en! êce toute la substance grise, met- tant ainsi à découvert le squelette de la substance blanche, en avant de la frontale ascendante, on n'enlève qu’une partie de cette substance, et des îlots de circonvolutions variant de 2 à 10 milli- mètres de diamètre sont sains, principalemement au niveau de la racine des trois circonvolutions frontales. Un trouve quelques par- ties de cirronvolutions saines dans le fond de la scissure de Sylvius. Mere Les digitations du lobule de l’insula sont presque entièrement dépouillées de leur substance grise,dont il reste pourtant une mince couche. — Sur la jace interne de l'hémisphère, le lobule paracen- tral est parfaitement sain, sans traces d’adhérences; il en est de même de la face interne de la première cireoncolution frontale dans son tiers postérieur; le sillon callosce-marginal est à peu près sain, mais la cérconvolution du corps calleux, les deux ‘tiers anté- rieurs de /a première frontale, la face inférieure du lobe frontal, le lobe carré, le coin et le lobe occipital sont complètement äépouil- lés de substance grise par l'ablation de la pie-mère Hémisphère gauche. — Il est le siège des mêmes lésions prédo- minant également sur les circonvolutions situées en arrière de la pariétale ascendante. La frontale et la pariétale ascenäante sont lésées dans leurs moitiés inférieures avec quelques parties saines; leurs moitiés supérieures, sauf quelques très rares adhérences,sont saines ; en somme,ces circonvolutions sont plus atteintes que celles du côté opposé. Le lobe paracentral est lésé dans toüte sa partie inférieure, son bord supérieur est sain; au milieu, existe dans toute la hauteur une bande saine de 8 millim. de largeur. Sur le lobe frontal, portions saines surtcut dans le fond des sillons. Le {c- bule de l’insula, sauf à sa partie la.plus inférieure et antérieure. est dénudé de substance grise. La face supérieure de la première t:mporale est à peu près saine. La pointe du lobe occipital pré- sente quelques petites portions saines et c’est toujours dans le fond des sillons. Le squelette de substance blanche a un aspect légèrement rosé sur lequel on voit de nombreux points rouges étoilés; cet aspect se rencontre sur les deux hémisphères cérébraux. La substance blan- che n’est ni indurée ni atrophiée; les bords des circonvolutions ainsi réduites sont encore arrondis et ne se présentent pas sous l'aspect de crêtes. Les centricules latéraux, les masses centrales, les cornesd'Am- mor n'offraient aucune altération. Si l’on met en regard des lésions les symptômes observés pendant la vie, on voit que la perte de la parole et de l’intel- ligence est parfaitement expliquée par l’étendue et l'intensité des lésions des lobes frontaux. D'un autre côté nous avons vu que l’enfant n'étaitpas «entièrement paralysé, qu’il pouvait se -soûtenir sur les jambes, qu’il marchait en sautant;. cette con- servation partielle du mouvement dés membres inférieurs est —.,399 — en rapport avec l'intégrité relative des circonvolutions parié- tales et du lobe paracentral. Nous avons vu que l’enfant se servait des membres supér.eurs, qui paraissaient plus vigoureux et plus habiles que les mem- bres inférieurs ; l’autopsie nous a montré que les circonvolu- tions frontales ascendantes étaient encore bien moins touchées que les pariétales ascendantes, nous trouvons donc là. une nou- velle confirmation de la localisation du siège des centres mo- teurs des membres. La‘séparation presque complète de la substance grise, et de la ‘substance blanche des circonvolutions a été signalée chez les ‘paralytiques généraux; mais le plus souvent,même dans ce cas, cette séparation était circonserite et non pas presque générale, ‘comme chez notre malade. Enfin, tandis que les cas auxquels nous faisons allusion ét qui ontété surtout mentionnés par MM. Calmeil et Baïllarger ‘concernaïent des adultes, celui qui précéde se rapporte à un en- fant de cing ans. Ce n’est pas:là un fait exceptionnel. L’un de nous en a consigné un autre exemple dans le dernier n° des Archives de Neurologie (t. TI, p. 327). La planche aui a pagne donne une excellente idée de l'aspect des lésions. La Subtance blanche était atrophiée, indurée, offrait des crêtes vives au sommet du squelette des circonvolutions ; la lésion était pour ainsi dire à son maximum. Dans c: nouveaucas,amsique vouspouvez vous en assurer, la lésion était à une période relativement moins avancée ; la sub- ‘stance grise se séparait complétement, il est vrai, mais le ‘Squelette de la substance blanche avait une coloration légère- ment rosée ; les bords des circonvolutions étaient plus arrondis ; enfin, la substance blanche ne paraissait pas avoir perdu de son épaisseur. Nous ne pouvons, pour le moment, donner le tableau symp- tomatique de la forme d’idiotie qui correspond à ces lésionse Nous nous bornerons à citer les accés de cris, l'absence de bave, de succion, de balancement, phénomènes si communs dans les cas d’idiotie, réputée idiopathique. — 360 — Séance du 20 mai 1882. Présidence de M. Paul Bert. VERTIGE, par M. LEVEN. Le vertige consiste dans un trouble de la sensibilité muscu- laire, dû à l’irritation du noyau encéphalique où se groupent toutes les sensations des muscles. La condition d'équilibre de l’homme est la même que celle à laquelle sont soumis tous les corps en général. Il faut qu’il soit soutenu par son centre de gravité qui varie chaque instant,dans tous lesmouvements que nous faisons, dans les déplacements du corps, dans la marche; il varie à l’état de repos, qu'il soit assis, qu’il se penche d’un côté ou de l’autre; la condition pour qu'il soit en équilibre, . c’est, dis-je, que son centre de gravité soit toujours assuré. . Or le centre de gravité n’est fixé que grâce aux contractions musculaires. Ce sont les groupes musculaires dont la contrac- tion doit être mesurée, appropriée aux différentes positions qu’il prend. La contraction des muscles est toujours réglée par l'esprit, par la conscience qui est en rapport avec la partie de l’encéphale où aboutissent toutes les sensations musculaires: c’est l’esprit qui réglemente le noyau encéphalique dont le rôle est d’innerver le systéme musculaire. Si nous supposons que ce noyau soit irrité par des impressions quelconques, toutes les sensations musculaires sont confusément accueillies et transmises confusément au moi, et de là ilne résulte qu'un désordre musculaire généralisé. Ce sont là les faits physiologiques qui peuvent servir à expliquer le vertige. : Ce noyau encéphalique que nous ne connaissons pas, mais qui existe certainement et qui est le siège de ce que Charles Bell appelait le sens musculaire, peut êtreirrité directement, rester pendant des mois et des années en état d’irritation, ou bien l’irritation est transmise indirectement par des impres- sions morbides que transmettent les organes. Un premier fait nous donnera un exemple d’irritation pro- — 361 - duite directement par les fatigues d'un travail intellectuel ex- cessif, Mme S... professeur de musique, qui donne des leçons de8 à 9 heures par jour, est affectée de vertige depuis 5 ans, lequel a résisté à tous les traitements, aux douches,aux eaux de Ra- gatz,de Piombières, à l’hydrothérapie, à l’électricité, aux pré- parations ferrugineuses, bromurées. Voici comment il s’est produit. Il y a cinq ans, elle se sent faiblir sur les jambes un matin, ñe voit pas pendant 2? ou 3 secondes et depuis ce jour le vertige a débuté ; il est continuel. Eile ne peut se tenir debout sans s’appuyer ; elle ne peut rester assise si elle n’a un poids sur ses genoux pour maintenir ses muscles au repos, et sans cette précaution, elle tomberait de sa chaise. Elle n’a pas la sensation de tournoiement. Les facultés intel- lectuelles sont intactes et, de plus, elle a du gonfiement de l'estomac, des fringales, rend des gaz tonte la journée, elle a le foie très gonflé. Elle 2, en résumé, ce que j'ai abpaie la maladie cérébro-gas- trique, mais ce qu’elle présente de particulier c’est que les facultés de l'esprit ne sont pas atteintes, mais seulement le noyau encéphalique, siège du sens musculaire. Ces cas de vertige chronique sont rares, le vertige produit par uneirritation directe du cerveau. Ce qui est plus fréquent, c'est le vertige déterminé indirectement par les impressions transmises par l'estomac malade. 11 est- extrêmement que des dyspeptiques dont la maladie dure un certain temps échappent à ce syptôme. Il dure quelques secondes ou quelques minutes. L’individu se lève, flagelle un instant sur les jambes, s'accroche à un objet parce qu’il est menacé de tomber et reste immobile jusqu’à ce que le phénomène ait disparu et recommence à marcher. Il peut durer plusieurs heures ou plusieurs jours, être précédé d’une sensation violente dans le cerveau, ou une sensation de vide, ou une sensation de cercle de fer qui étreint les deux tempes ; mais ce ne sont là que des sensations accessoires qui ne font pas partie intégrante du vertige. L’individu n'ose plus sortir pendant plusieurs jours, n’ose plus se tenir debout. — 362 — Il reste couché de peur de tomber. Il en‘est qui tombent par terre et prévoient leur chute, qu’ils ne peuvent prévenir. Tan- tôt ils roulent sur eux-mêmes, le plus souventils sont entraînés à droite. Îlen est qui tombent er avant, d’autres en arrière, mais ces diverses espèces de chutes dont on a fait des variétés de ver- tiges, vertigo titubans, vertigo girosa, etc., n’ont point d'in térèt. Le phénomène peut ne se produire que dans les muscles dela tête, dans les muscles des jambes etc. Ce qui le catac- térise, c’est le défaut de contractions réglées dans une partie du système musculaire, ou dans le système musculaire tout entier. C'est là le vertige simple, caractérisé par les désordres des muscles ; si à ce fait s'ajoute un désordre des facultés durant quelques secondes, la difficulté de penser, de vouloir et une menace de perdre connaissance, on doit dire qu'il ne s’agit plus d’un vertige simple, ‘et qu’au vertige s’ajoute un étour- dissement. L’étourdissement se complique souvent de troubles dela vue, de pâleurs de la face, de la chute du pouls. C’est là alors - une vraie caomtmotion cérébrale incompléte ; elle est quelque- fois complète, le vertigineux tombe par terre après avoir perdu tout à fait connaissance. Enfin au vertige s’ajoutent encore des hallucinations. Les malades croient s’enfoncer dans un précipice, dans un gouffre, ou bien il en est qui ont la sensation d’anéantissement ou de mort imminente. Etiologie. — C’estJa dyspepsie qui le détermine le plus souvent. Il paraît à des heures quelconques du jour ou de la nuit. La nuit, le dyspeptique se réveille en sursaut, s’assecit sur son lit et balance. Il a même peur d’être jeté hors de son lit. Toutes les fois que le centre cérébral, siège du centre mus- culaire, est excité directement ou indirectement, toutes les impressions morales, les fatigues physiques ou autres, les organes des sens, peuvent le susciter. Une mauvaise nouvelle le réveille. Sens de la vue. — Une lumière vive, la traversée d'une — 903 — grande place la vue d’un grand nombre d'individus, d’un grand nombre d’objets l’excite et il peut s’accompagner d’hallucira- tions, de visions de rayons lumineux, de feux. Les objets peuvent perdre leur couleur et leur forme, danser au devant des yeux, tourner. Quand ce dernier fait se produit, il est probable que le sys- tème musculaire de l'œil participe à l’agitation qui affecte tous les muscles. _ Les uns calment le vertige en fermant les yeux. Pour d’au— tres, au contraire l'obscurité profonde aggrave le vertige, les épouvante et ils sont forcés de tenir un flambeau allumé même quand ils dorment. . Enfin il en est, et j'en ai observé plusieurs cas, chez qui un œil seulement est capable de déterminer le vertige. Sens de l’ouïe, de l’odorat et du tact.— Un son intense,une odeur vive, une température élevée suffisent à déterminer le phénomène. Physiologie pathologique. — Il ne peut être expliqué par lanémie cérébrale car, parmi les vertigineux, les uns font cesser le phénomène par la position verticale, les autres par la position horizontale ; il ne paraît pas soumis aux influen- ces de la circulation, mais Gù, ainsi que le démontre ma pre- mière observation, à un état d’irritation du noyau encépha- Jique. S'il est si commun chez les dyspeptiques. ce n’est pas, comme on le répète journellement, parce que la dyspepsie a créé l’anémie ; dans le plus grand nombre des cas. les dyspeptiques ne sont pas anémiques, mais l’estomac irrité impressionne jour et nuit l’encéphale et finit par l’irriter dans ses différentes parties. DE L'ACTION DU CHLORURE DE SODIUM A HAUTE DOSE. — Note de M. Cu. Ricuet. Tous les physiologistes savent que le chlorure de sodium injecté dans les veines à dose modérée est à peu près complè- tement inoffensif. Cependant, il est évident, qu’à forte dose, cette substance doit agir sur les tissus et leurs fonctions. Le seul auteur qui, à ma connaissance, ait étudié l’action — 361 — toxique du chlorure de sodium à haute dose, sur des mam- miféres, est M. Falck (1) qui détermina la mort de deux chiens en leur injectant des quantités assez notables de sel marin dissous dans l’eau. Il observa la production d’une sirosité pulmonaire abondante, une accélération de la respiration, du tremblement, quelques contractions musculaires localisées ; mais il n’a pas autrement indiqué les causes de la mort. J'ai fait un assez grand nombre d'expériences sur l’action physiologique du sel marin, et j'ai constaté que la dose toxi- que est très différente, suivant qu'on pratique ou non la res- piration artificielle. Si, à un cobaye ou à un chien, on injecte une quantité de chlorure de sodium répondant à environ un gramme de Na métallique, (pour un kilogramme du poids de l’animal) la mort survient, avec un état convulsif passager, état qui entraîne l'insuffisance de la respiration, avec des combustions :xagé- rées dans l'intimité des tissus. L'animal meurt donc asphyxié. Ce n’est ras une asphyxie ordinaire; mais une asphyxie lente, progressive, qui entraine des accidents plus lents que ’asphyxie brutale qui résulte de l’oblitération de la trachée. Ce n'est pas le cœur qui est paralysé, c'est le centre inspira- teur qui ne fonctionne plus dans son intégrité. Ou plutôt, ce sont les inspirations qui sont devenues tétaniques, et, par conséquent, insuffisantes. L’analogie entre ce genre de mort et la mort des chiens empoisonnés par la strychnine, m'a fait penser que la respi- ration artificielle pourrait retarder tes conséquences de l’em- joisonnement par le chlorure de sodium. En réalité, la respi- ration artificielle fait qu’on peut injecter des doses très fortes de sel marin ; et elle permet, en outre, d'observer certains phénomènes qui intéressent la physiologie générale. À une première période, répondant à une dose inférieure à un gramme par kilog. l’excitabilité est plutôt diminuée qu’aug- mentée; mais, si la dose est plus forte et atteint 1 gr. 5 de Na par kilog, on voit survenir des convulsions cloniques, (1) Ein Beitrag zur Physiologie des Chlornatriums. Archives de Vir- chow. T. LVI, 1552, pages 315 à 341. — 365 — tout à fait analogues à celles que produisent les autres -poi- sons tétanisants. (Peut-être même observe-t-on des hallucina- tions, comme dans l'empoisonnement par l'essence d’absinthe). Le moindre choc de la table détermine une convulsion. Les muscles orbiculaires des paupières sont convulsivement fermés. Quand ia respiration artificielle est vigoureusement faite, plus rapide que selon les données classiques, les con- vulsions sont d’une violence extrême, et peuvent persister plus d’une demi-heure, avec une intensité et une force que je n’ai vues dans aucun autre empoisonnement. Si alors on continue l'injection du sel, on voit peu à peu les secousses devenir de plus en plus faibles. A la période _convulsive succède la période choréique, caractérisée par des secousses intermittentes qui se répètent cinq ou six fois par minute, de plus en plus faibles à mesure que la dose de sel in- jectée est plus considérable. À ce moment, la respiration spontanée n’est pas encore dé- finitivement abolie; mais toutes les autres actions nerveuses ont cessé. Il n'y a plus ni mouvements réflexes, ni mouve- ments spontanés. La respiration seule pérsiste et elle est im- puissante à maintenir une quantité d'oxygène suffisante dims le sang. En somme, à ce degré de l’empoisonnement, l'ani- : mal se comporte à peu près comme un animal chloralisé, chez lequ2l le bulbe seul, dans l’axeencéphalo-médullaire, a conservé son intégrité. Enfin, si la dose est plus forte encore, les mouvements spuntanés de l'inspiration disparaissent à leur tour, les nerfs eux-mêmes cessent d'agir sur les muscles. Quant aux mus- cles, j'ai vu dans un cas la rigidité musculaire survenir, alors que le cœur n'avait pas cessé de battre. Par conséquent, on peut, dans l’empoisonnement par le chlorure de sodium, comme. je l’ai signalé dans l'empoisonne- ment par la strychnine, suivre les différentes phases de l'in- toxication des tissus nerveux. Une première phase est carac- térisée par l’excitabilité plus grande; une seconde par le tétanos ; une troisième par les secousses choréiformes ; une quatrième enfin par la résolution complète. _Je me propose de poursuivre ces études avec les autres — 366 — chlorures, afin d'observer l’influence de la respiration artifi- cielle dans ces diverses intoxications. DE L'ACTION COMPARÉE DES CHLORURES ALCALINS. — Note de M. Ch. Ricaer. J'ai comparé, en les injectant sous ia peau à l’état de solu- tion concentrée, l’action toxique des principaux chlorures alcalins, et j'ai constaté que leur toxicité n’est pas en rapport avec leur poids atomique, comme notre distingué collègue, M. Rabuteau, l'avait le premier indiqué en 1867. Ainsi, le poids atomique étant: pourle lithium 7, pour le sodium 23, pour le potassium 39, pour le rubidium 85, la dose toxique de métal est en chiffres ronds (pour un kilogramme du poids de l’animal (cobaye) : Pour le lithium de. . . . . . 0.1 (huit expériences). — SOdiurn de. De 0 T1» id. = potassium. . . . . . 0.5 (cinq expériences). — rubidium, supérieure à. 1 (quatre expériences). Ainsi le lithium, dont le poids atomique est le plus faible, est, pour un même poids de métal, le plus toxique des métaux alcalins, et le rubidium, dont le poids atomique est le plus fort, est lè moins toxiue,cu du moins son chlorure n’est pas ie toxique que le chlorure de sodium. Je donnerai prochainement, avec plus de détails, la relation de ces expériences. INSUFFISANCE TRICUSPIDIENNE PAR SECTION INTRA-CARDIAQUE DES CORDAGES TENDINEUX. — PRÉSNTATION DE PIÈCES ANATOMIQUES. — PRÉSENTATION D'UN CHIEN OPÉRÉ. — ANALYSE DES PRINCIPAUX SYMPTOMES PRESENTÉS A PARTIR DU MOMENT DE LEA LÉSION CHEZ DES ANIMAUX AYANT SURVÉCU DEUX ET TROIS MOIS, Par M. FRançois-FRANCK. I. — Jai présenté à la Société de Biologie, dans la séance du 18 février dernier, un jeune chien opéré depuis plusieurs jours et chez lequel j'avais fait, d’après le procédé que j'ai in- diqué ators, la section des cordages tendineux de la valvule — 307 — auniculo-ventriculaire droite. L'animal a survécu deux mois et demi ; l’autopsie en a été faite avec le plus grand soin et l'étude histologique des organes, dont M.Malassez a bien voulu se charger, sera. soumise à part à la Société. Je veux seulement montrer aujourd’hui le cœur de ce chien, comparativement au cœur d’un animal. sain, pour: qu’on puisse se bien rendre compte des lésions. On voit que les cordages tendineux. des. trois colonnes charnues antéro-externes ont été coupés ; la portion correspondante de la tricuspide s’est rétractée vers le bord de l’orifice, laissant libre un large passage par lequel se sont produits d’abondants reflux. Telles sont les lésions produites immédiatement el secondai- rement du côté du ventricule droit: jen’insiste pas autrement sur la question anatomique qui sera traitée prochainement. IT. — Avant d'exposer les principaux symptômes présentés par les animaux opérés, je désire montrer un autre chien . chez lequel la même opération a été pratiquée il y à six jours et qui ne paraît pas devoir survivre aussi longtemps. Ce chien, conservé plusieurs mois au Laboratoire, dans des conditions hygiéniques défectueuses, était malade quand'il a été opéré; le sang, examiné par M. Malassez, offrait les caractères du sang des sujets profondément chlorotiques ; la muqueuse: des gencives était ulcérée en plusieurs points, et les incisives de- chaussées étaient branlantes comme chez un scorbutique. L’animal,de race boule-dogue mâtiné, est âgé de quatre à cinq ans, maigre, nerveux et très irritable. C’est précisément pour pouvoir comparer les effets des mêmes lésions chez les ani- maux jeunes et vigoureux et chez des sujets dans de mau- vaises conditions de santé, que j'ai choisi ce dernier.La lésion tricuspidienne s'accuse chez lui par le souffle systolique et. le frémissement vibratoire que les membres de la. Société ont constatés. Je reviendrai plus tard sur les points particuliers que présente l'observation de cet animal. III. — En comparant entre eux les phénomènes présentés par les animaux sains du reste, qui ont survécu un temps suffisant aux lésions tricuspidiennes, il est facile de constituer l’histoire clinique de l'affection cardiaque produite expérimen- — 368 — talement : elle est identique au fond à celle des malades qui sont atteints de la mêmelésion; aussi cette étude présente-t-elle surtout l’intérêt d’une reproduction, parda-voie expérimentale, des phénomènes observés en clinique.On peut se contenter par conséquent d’une simple énumération des troubles observés chezles animaux, en développant toutefois certains points qui ont pu être plus complètement analysés chez eux. 19 TROUBLES CARDIAQUES. — Souffle. — Au moment même où est produite la section des cordages tendineux, le premier bruit est remplacé par un souffle ; ce souffle est d'emblée assez intense pour couvrir le claquement mitral, de sorte ‘que, bien que la lésion soit limitée à la valvule tricuspide, on peut dire que le premier bruit normal a disparu. Toutefois on retrouve le claquement mitral en auscultant la partie latérale : gauche de la gouttière costosternale. Le souffle varie avec l’étendue de la lésion : son timbre est beaucoup plus aigu avec une lésion limitée. n’établissant qu'un passage étroit pour le sang qui reflue du ventricule dans l'oreillette. Quand on continue l'opération, à mesure qu’un plus grand nombre de cordages tendineux est coupé, et que l’insuffisance devient plus large, le souffle prend un tim- bre plus grave; mais il persiste toujours, même quand la xal- vule tricuspide est complétement détachée de ses insertions: tendineuses et que l’orifice est largement béant. Les différen- ces acoustiques du souffle paraissent donc liées à la facilité plus ou moins grande avec laquelle le sang peut être projeté du ventricule dans l'oreillette et on peut dire que son acuité est en raison inverse de l'étendue de la lésion. Les caractères du souffle varient aussi à partir de la lésion jusqu’à la mort de l’animal, c’est-à-dire pendant une période de 2 à 3 mois chez les animaux opérés en état de santé. Sans insister sur ces variations qui paraissent liées à plusieurs conditions, et notamment aux changements qui surviennent peu à peu dans la capacité ventriculaire, dans la force impul- sive du muscle cardiaque, etc., je ferai seulement remarquer que pendant les 8 ou 10 premiers jours, la valvule devient le siège d’une endocardite localisée, qui -s’accompagne d’un boursoufiement de ses bords devenus libres et d’un dépôt de — 269 — fibrine dans les dentelures formées par les insertions des cordages coupés. Il me paraît vraisemblable, sans que j'en aie la preuve directe, que dans cette première période, un cer- tain degré de rétrécissement auriculo-ventriculaire se consti- tue, d'où l’empiètement du souffle sur la phase diastolique de chaque révolution cardiaque. Plus tard, quand la valvule se rétracte et devient racornie, comme cela se voit sur la pièce qui est présentée à la Société, le souffle redevient franche- ment systolique. Si les animaux survivent un temps suffisant pour que des troubles graves se produisent dans le muscle cardiaque, le sonffle s’atténue notablement : il semble que la dilatation graduelle du ventricule droit avec amincissement de ses pa- “rois joue le principal rôle dans cette aiténuation du souffle.Du reste on sait bien, en clinique, que de larges insuffisances tricuspidiennes avec dilatation du cœur droït, ne s’accompa- gnent souvent, surtout chez les vieillards, que d’un bruit anormal difficile à considérer comme un souffle. J’ajouterai que chez tous les animaux, porteurs d’une large insuffisance, le souffie s'accompagne d’un frémissement ca- taire variable comme intensité, mais toujours facile à percé- voir et ayant son maximum au niveau de la partie droite du cœur : ici, le frémissement vibratoire est évidemment indé- pendant de toute hypertrophie du cœur et traduit à la main les vibrations du rebord de l’orifice insuffisant qui donnent nais sance au bruit anormal. Fréquence des pulsations. — Un fait très remarquable et dont la cause prochaine pourrait prêter à d’intéressantes con- _sidérations physiologiques, c’est qu’. partir du moment de lu lésion, le nombre des pulsations augmente considérablement. Chez plusieurs animaux, le fréquence a doublé, et le chiffre élevé qui a été atteint, dés le premier jour (136-144-156 pulsa- tions au lieu de 84-92) s’est maintenu jusqu’à la mort. Cette augmentation de fréquence paraît donc indépendante des acci- dents transitoires, tels que l’endocardite traumatique, le mou- vement fébrile des premiers jours, etc.; en raison de son apparition, qui coïncide avec l'établissement de la lésion et de . Sa pcrsistance régulière, nous sommes autorisé à la. rapporter — 370 — aux troubles fonctionnels produits par l'insuffisance auriculo— ventriculaire droite. Sans entrer ici dans le détail, je ferai seulement remarquer que l’accélération considérable des pul- sations paraît liée à la diminution du travail du cœur, résultat direct des reflux auriculo-ventriculaires droits : le ventricule- droit évacue facilement son contenu à la fois dans un réseau pulmonaire peu chargé et dans un système afférent, où la résistance est sensiblement nulle; d’autre part, le cœur gauche reçoit peu de sang et n’envoie dans l'aorte que de petites. ondées ; la pression artérielle présente un abaissement constant considérable, comme l’ont montré les observations. manométriques. Il résulte de là que les deux cœurs ont une charge moindre à surmonter, et que, conformément à la loi établie par Marey, on peut subordonner ici l'augmentation de- fréquence à la diminution des résistances. 2 TROUBLES DE LA CIRCULATION PULMONAIRE ET DE LA CIRCULA- TION ARTÉRIELLE. — Le même phénomène de l'accélération du cœur paraît encore lié aux perturbations de la circulation pul- monaire et de la fonction respiratoire : il est certain que l’hé— matose est profondément compromise, par suite du défaut d’afflux normal du sang veineux dans les vaisseaux pulmo- naires ; un seul fait suffirait à le prouver, c’est l’augmen-- tation également considérable de la fréquence respiratoire : un animal, au repos, respirant avant l'opération, 14 à 16 fois par minute, arrive à fournir 56 à 60 respirations dans le même temps. On dirait que la respiration se précipite et que: le cœur accélère ses battements comme pour compenser le déficit éprouvé par la circulation pulmonaire à la suite des. refiux. De l’association des troubles apportés à la circulation pul- monaire et à la circulation artérielle par les larges reflux. tricuspidiens, paraît résulter l’anémie profonde des ani- maux. | Cette anémie, qui s’accuse par les signes extérieurs ordi naires, prend, dans certaines circonstances, un caractère d'acuité important à signaler : dès que les animaux opérés sont forcés d'exécuter des mouvements rapides, accompagnés. d’un certain effort, quand, par exemple, on leur fait monter un. — 351 — escalier, ils s'arrêtent bientôt essouffiés, refusant d'avancer, et quelquefois présentent de véritables accidents de syncope. Ces accidents se sont produits à plusieurs reprises chez l'animal dont le cœur a été montré à la Société : une fois même, j'ai cru qu'il allait mourir de syncope à la suite d’un exercice räpide. Les troubles qui surviennent dans ces condi- tions sont faciles à interpréter : il est évident que la cir- culation artérielle, déjà à peine entretenue par l’apport san- guin du poumon, quand l'animal est au repos, ne sera plus suffisamment alimentée dès qu’une cause d'accélération circu- latoire interviendra: c’est le cas pour la course. De là, ressort l'intérêt des recommandations qui sont faites aux cardiaques, notamment à ceux dont la circulation pulmonaire est embar- rassée et le cœur droit insuffisant, de s'abstenir, non seulement de tout effort, mais aussi de tout exercice rapide. Dans le même sens et avec les mêmes inconvénients, agis— sent toutes les causes d’accélération circulatoire périphérique, telles que l’action d’un grand nombre de substances, du nitrite d’amyle, par exemple, et des anesthésiques : j'aurai, plus tard, l’occasion de revenir sur ces points importants à propos des lésions valvulaires en général. J'ai parlé seulement de l’anémie artérielle, résultant du défaut d’apport suffisant de sang dans les organes. Mais il est certain qu'indépendamment de ces perturbations toutes mécaniques de la circulation générale, les larges lésions tricuspidiennes produisent encore des altérations du sang lui- même. Ces altérations que nous avons commencé à étudier, M. Malassez et moi, doivent être examinées avec détail; aussi n’en dirai-je qu'un mot. Elles consistent surtout en une dimi- nution considérable du nombre des globules rouges qui, de 5 à 6 millions, chiffre normal, tombe à 2 millions et demi: les globules blancs sont alors avec les globules rouges dans le rapport de 1/115. Mais on n’observe pas la diminution simul- tanée de la richesse en hémoglobine : celle-ci, évaluée par les procédés hémochromométriques de Malassez, conserve sa valeur à peu près normale (8,5 par millimètre cube— 29 mili- lièmes de milligramme par globule. Les perturbations de la circulation dans le système-porte et — 372 — spécialement dans le foie entrent certainement pour une large part dans les modifications du liquide sanguin. C’est une étude qui demande à être poursuivie et dont les résultats seront soumis à la Société. 3° PERTURBATIONS DE LA CIRCULATION VEINEUSE. — L'ensemble des troubles apportés à la circulation veineuse par les insuf- fisances tricuspidiennes directement produites correspond exaciement à ce qu’on observe en clinique : il est inutile par conséquent d'y insister longuement, d'autant plus que j’ai eu l’occasion d'analyser certains de ces troubles dans des com- munications antérieures (juillet 1881, février 1882). Les reflux se font sentir au loin dans le système afférent ; ils sont surtout marqués sur le trajet des veines jugulaires au niveau du foie. D'où le pouis veineux du cou et le pouls veineux hépathique par reflux. Ces pulsations anormales ont été étudiées avec le plus grand soin chez les animaux opérés et cela presque quotidiennement; je les ai enregistrées en même temps que les pulsations du cœur et le pouls ou les va- riations de la pression artérielle.L’exposé détaillé de cette par- tie du sujet m’entraînerait beaucoup trop loir; il suffit de faire remarquer que, malgré la présence des valvules jugulaires, le pouls apparaît d'emblée dans ces veines; on peut le suivre jusqu’à l’angle de la mâchoire et les reflux se font sentir dans tout le système encéphalique. La conséquence anatomique de cet engorgement veineux du cerveau est bien évidente à l’autopsie : on constate une diks- tation notable de toutes les veines de la pie-mére et notam- ment de celles qui font cémmuniquerles sinus de la voute avec ceux de la base (veines communiquantes de Trolard,de Labbé). On observe aussi un œdème cérébral manifeste, sans piqueté de la substance blanche. À mesure que la vie se prolonge, on voit se dilater et deve- nir pulsatiles des veines jusque-là invisibles : par exemple la céphalique qui, dans un cas, donnait des battements et offrait une résistance telle que nous nous sommes demandé, M. Gra- tiat, qui m’assistait, et moi, si nous n'avions pas affaire à une anomalie artérielle. L’autopsie a montré q'il s'agissait bien de la veine céphalique. Ces remarques ont leur intérêt, A — 373 — en ce sens qu’elles fournissent un appoint à l’une des th£o- ries de la formation des varices chez les sujets porteurs d'insuffisance tricuspidienne. Les battements veineux du foie, du. consistent, comme on sait, en une expansion du tissu tout entier, rapparaissen: que tardivement par rapport au pouls veineux jugulaire. C’est du moins ce que semble montrer l'examen de la région de l’hypochondre droit. Mais il y a ici une cause d'erreur que je crois devoir signaler : le foie est profondément caché par les dernières côtes et il ne devient accessibie à la palpation que quand ila acquis un volume assez considérable. C’est seulement à ce moment qu'on perçoit les battements hépa-. tiques. Mais en réalité ils existent beaucoup plus tôt, comme on peut s’en assurer par l'examen direct. Dans les expérien- ces de ce genre, j'ai observé là production simultanée des bat- tements hépatiques par reflux et des pulsations jugulaires relevant de la même couse. Il est possible que chez l’homme, comme on l’a dit, les battements hépatiques se produisent plus rapidement que le pouls jugulaire vrai, dans l’insuffisance tricuspidienne ; mais cette différence tiendrait alors à une ré- sistance plus prolongée des valvules jugulaires. J’aiinscrit le pouls veineux hépatique de plusieurs manié- res, Soit en recueillant extérieurement les battements à la surface de la peau, soit en explorant directement le bord tran- : chent du foie avec un appareil en forme de pince, sur le mo- dèle du double explorateur des battements du cœur que M. Marey a fait construire pour les pétits animaux. Les tra- cés que je montre à la Société ont été recueillis par cés deux procédés; les derniers montrent bien l'expansion totale de l'organe, qui est analogue au pouls totalisé d'une extrémité enfermée dans un appareil à déplacement. L'énorme congestion veineuse du foie se traduit anstomi- quement par les modifications connues et ici je signalerai l'identité du foie cardiaque des animaux opérés avec le foie cardiaque de l’homme. Au point de vue des troubles fonctionnels, il y aurait beau- coup à dire : modifications de la secrétion biliaire,des fonctions glycogénique et hématopoiétique du foie, tout cela doit être do7d ee étudié d’une façon spéciale. Je noierai seulement la conséquence directe, toute mécanique,de la surcharge veineuse de l’organe et detoute la portion intestinale du système porte: au bout d'un mois et demi en moyenne, une ascite rapidement crois- sante se produit. Il est remarquable que cet épanchement (qui est le premier phénomène d’hydropisie survenant chez nos animaux) débute pour ainsi dire brusquement. J’ai vu, du jour au lendemain, l’ascite se produire chez un chien dont le ventre était jusque-là affaissé et ne contenait certainement pas de liquide. On peut supposer que pendant un certain temps les vaisseaux hépatiques ont résisté jusqu'à ce que l'organe ait acquis une distension considérable; puis qu'ils ont cédé à la surcharge, laissant exsuder rapidement le serum sanguin. Ce qui donne quelque vraisemblance à cette opinion, c’est que le liquide de l’ascite est très riche en matière colorante du sang, à ce point que si j'avais fait une ponction aux animaux pendant la vie, j'aurais pu croire qu'un vaisseau de la parôi abdominale avait êté blessé. Il est à remarquer que malgré l'énorme distension du sys- ‘ème veineux hépatique et la surcharge très évidente des branches gastro-intestinales de la veine porte, la rate ne pré- sente pas la moindre augmentation de volume, même à une période avancée de la maladie. Si cet organe échappe à la congestion veineuse qui PEUR à les autres parties du même système, cela tient sans doute à sa structure musculaire qui lui permet de se rétracter activement. Avant l’ascite apparaît la diarrhée : le liquide des selles est très chargé de matière colorante biliaire et à partir de ce mo- ment l’animal devient vraiment malade ; il ne mange plus que très peu et boit de grandes quantités d’eau. Cette diarrhée semble reconnaitre je même point de départ te l’ascite qui lui succède et, si elle se produit plus rapidement c’est que sans doute la résistance des vaisseaux intestinaux est moindre que célle des portions hépato-mésentériques du même système. Pour terminer cet examen rapidedes troubles de la cireula— tion porte, j'ajouterai qu’on observe une dilatation considérable des plexus vésicaux et hémorroïdaux ; chez une chienne, les- vaisseaux utéro-ovariens offraient une distension très notable. Mo es Le système azygos apparaît gorgé de sang, et, en ouvrant . le canal rachidien, on trouve distendus tous les plexus veineux entourant la moelle. Il se produit dans le canal rachidien a même pertubation que dans la cavité cranienne; quant «x rapports de ces stases veineuses et de ces reflux avec les rou- bles fonctionnels, nous ne pouvons rien dire à cet égard. La veine cave inférieure et les veines rénales sost très distendues; les reins offrent une congestion veineuse corticale très apparente quand on enlève la capsule fi- breuse et quand on fait les coupes. Sur deux animaux observés spécialement, on n’a constaté d’albuminerie que dans . les derniers jours de la vie; par conséquent il est difficile de rapporter l’abuminerie à la seule congestion veineuse du rein, alors qu’à ce moment les altérations du sang étaient très accusées. L'œdème des parois abdominales et de la face interne des cuisses s’est produit plusieurs jours après le début de l’ascite, quand celle-ci avait déjà acquis un volume considérable (en- viron 3 litres pour un chien de 15 kilog). On n’a point observé d’æœdème des extrémités, ce qui tient sans doute à la texture très serrée du tissu cellulaire des pattes chez le chien. J'ai cherché à résumer dans cette communication les faits principaux qui résultent d’une série de recherches faites sur les effets de l'insuffisance tricuspidienne produite expérimen- talement. Mais j'ai cru devoir mettre surtout en rellef les points de contact de ces troubles et de ceux qui s’observent en clinique; aussi beaucoup de détails ont-ils dû être passés sous silence. Ce qu’il me paraît intéressant de retenir dans cétte revue symptomatique, c’est que nouspouvons reproduire sur les animaux et les signes physiques et les troubles fonc- tionnels des insuffisances tricuspidiennes, grâce à la conser- vation des sujets opérés. Dans une prochaine communica- tion, nous examinerons, M. Malassez et moi, la question anatomo-pathologique: c’est peut-être là surtout que réside l'intérêt deces recherches de pathologie expérimentale, car nous sommes certains du point de départ cardiaque des lésions organiques. C. r. 1882 20 — 9376 Séance du 27 mai 1882. Présidence de M. Grimaux. CoONSIDÉRATIONS ET RECHERCHES NOUVELLES SUR LA LOI ATOMIQUE OU THERMIQUE, par M. RaguTEAU. Depuis longtemps déjà, j'avais été frappé de ce fait, que les métaux lourds, tels que le plomb, le mercure, sont en général toxiques, tandis que les métaux légers, tels que le sodium, le magnésium, sont pour ainsi dire incffensifs. Aussi avais-je pensé d’abord qu’il existait une certaine corrélation entre la densité des métaux et leur énergie physiologique. Mais, en examinant cet aperçu de plus près, les exceptions se sont pré- sentées tellement nombreuses que j'ai dû l’abandonner com- plétement, et je me suis rattaché à une autre idée, à celle du . poids atomique, ou, si l'on veut encore, à celle de la chaleur spécifique des divers métaux. C’est alors que j'ai touvé une loi, à la démonstration de la- quelle j’ai consacré la plus grande partie de ma thèse inaugu- rale (1) et que j'ai étudiée depuis et citée dans mes diverses publications (2). | Cette loi, que jai appelée Loi atomique ou thermique, s’énonce ainsi : Les métaux sont d'autant plus actifs que leur poids atomique est plus élevé ou que leur chaleur spécifique est plus faible. Je ne veux point dire par là qu’un métal dont le poids atomique est double de celui d’un autre soit deux fois plus actif que ce dernier, je veux exprimer seulement qu'il l’est davantage. La seconde partie de ma définition, celle qui est re- lative à la chaleur spécifique, est fondée sur la découverte remarquable faite par Dulong et Petit en 1819, savoir, que les atomes de tous les corps simples possèdent la même chaleur (1) Étude expérimentale sur les effats physiologiques des. flucrures et des composés métalliques en général. Paris, 1867. (2) Voyez ma Thérapeutique, mes Elémenta de toæicologie et ma Chimie médicale, 1er volume. Le EE spécifique, ou, ce qui revient au même, que Les chaleurs spé- cifiques des corps simples sont en raison inverse de leurs poids atomiques. Si l'on considère les métaux aicalins : sodium, potassium et thallium, on voit, d’après le tableau placé plus bas, que les poids atomiques et les chaleurs spécifiques de ces trois métaux présentent des différences considérables. L’analogie qui existe entre les propriétés chimiques de leurs composés aurait pu faire croire que la même analogie düt exister entre leurs pro- priétés physiologiques. FM n’en est rien ; Îe sodium est inotfen- sif ; le potassium est dangereux, car ses composés à hautes doses sont des poisons musculaires ; le thallium est aussi terrible que le plomb, d Île paraît même davantage au premier abord. H y a donc à considérer, dans l’activité physiologique des métaux, autre chose que les propriétés chi- miques qui n'expliquent pas ces différences d'action : it faut faire intervenir l’idée des propriîtés physiques que possèdent les atomes. La même comparaison peut se poursuivre dans d'autres groupes. Que Ÿon compare entre eux les métaux de la série magnésienne, savoir : ile lithium, fe magnésium,le calcium, le strontium, Île baryum, et l’on verra que l'énergie physiolo- gique de ces métaux suit une progression croissante, comme leurs poids atomiques. Cette même loi s’applique à divers groupes de métalloïdes. Si, par exemple, on considère les métalloïdes biatomiques, savoir: Poxygène, le soufre, le sélénium et le tellure, on voit que l'oxygène (p. at. 16) n'est toxique que lorsqu'il est com- primé. d’après les expériences de M. Paul-Bert, que les compo- sés du soufre (p. at. 32) sont en général peu actifs, tandis que ceux du sélénium (p. at. 79,5) et ceux du tellure (p.at. 128,28) sont éminemment dangereux. Les sélénites et tes tellurites, les séléniates et les tellurates sont des poisons redoutables, tardis que les sulfites et hyvosulfites, les sulfates et hyposul- faites sont pour ainsi dire inotfensifs, toutes les fois que le métal qui entre dans leur constitution estlui-mêmé peu actif. De même, si l'on compare le carhone, le bore, le silicium, on — 378 remarque que les carbonates sont inoffensifs quand le métal qu’ils contiennent l’est également, que les borates sont peu actifs, tandis que les silicates sont dangereux à haute dose. Or, le poids atomique du silicium est plus élevé que celui du bore, et celui-ci plus élevé que celui du carbone, et les chaleurs spécifiques de ces corps simples suivent une gradation inverse. Pour le moment, je ne m’occuperai que de l’activité des di- vers métaux Avant de reprendre ou plutôt de compléter cette étude, il est utile d'indiquer dans un même tableau le poids atomique et la chaleur spécifique des divers métaux. La liste suivante contient des corps simples tels que l’anti- moine, lebismuth, l’osmium, que &vers chimistes croient de- voir être rangés parmi les métalloïdes et que, pour ma part, je n’ai pas hésité à classer dans mon Traité de Chimie parmi les métalloïdes,à la suite de l’azote,du phosphore et de l’arsenic, c’est-à-dire dans le groupe des métalloïdes pentatomiques. TABLEAU INDIQUANT LE POIDS ATOMIQUE ET LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DES MÉTAUX. Métaux. Poids atomiques. Chaleurs spécifiques. Lithium "hr Sc è 1 p Glucynium....... SHboce .. 14 » à DOUIUM: 2200 23 0,2934 Magnésium............ .. 24 » Aluminium.......... SNS 2735 x 0,2181 Potassium .............. 39 0,16956 Galciunnet NEA 40 » Titane... SAR 50 » Vanadium........ SON SERA 51,3 » Chrome......... Ste Ti 53,5 » Manganèse.........,..... 55 0,14411 Fenit eR NNUE ER Tt 56 0,11379. Cobalt. ...... NRA ETS : 59 0,10696 Nickel oeil RAR Re AE 59,16 0,10863 . Wttrium reine San ue 61,6 » Cuivres neue sis se 63,5 0,09555 ZINC: Se Ut ES 65,32. 0,09515 Zirconium................ 67,16 » Gallium tr. erree LT 100082 0,079 Indium........... EMEA 75,8 » Rubidium......... RARE Ë 85,36 » Strontium....... che an 87,5 » CérIUM Se eme 92 » Lanthane................. 92,8 » INIODIUM AT meet : 94 » Didyme....i..o.s.es.ose 96 » Molybdène.............., 96 0,07218 — 379 — Métaux. Poids atomiques. Chaleurs spécifiques. Rhodium...... RAA EEE AN 104 0,05408 RuthénRinmecese.-ceeecre 104,32 » Palladinm een es 106,5 0,05927 IV HHON boone Sd vo Hebdo 108 0,95701 Cadmium.. ..... Re tele 112 0,05669 Érbiumi 202 112,6 » Ain ee Un ete OU DES 0,05623 Thorium rer SRE 119,2: » Uranium: semestre 120 0,05190 Antimoine. ........ SE 122 0,05177 ‘Cæsium ......... Se D PElE 133,036 » Baryum........... conan de 137,28 ». fantale nes irenie se FRS 2 » Tungstène.. .....-....... 184 0,03636 CB FERA AIRE D EN CI ETES 196,5 0,03244 Platine: 22e Rte 197 0,03248 MÉTIER une ele 197,4 » Ogmium...:,..:.:...... 19974 6,03063 Mercure... 1:22. 200 0,03332 Lhallinnns isoler 201 0,03375 alerte donae RS PEte 207 0,03140 Ris mu Re ee ace , 210 0,03084 Terbium: themes » » Pélopium.:........:.... » » Ilménium.. .............. » » On voit, à l'inspection de ce tableau, que les métaux, étant rangés suivant l’ordre croissant de leurs poids atomiques, le sont également suivant l’ordre décroissant de leurs chaleurs spécifiques. La troisième colonne n’est pas complète, et pré- sente pour certains métaux, tels que le mercure et le thal- lium, une exception à la loi de Dulong et Petit; mais je ferai remarquer que les poids atomiques de ces métaux dif- fèrent très peu les uns des autres, et qu’une erreur a pu se glisser dans des expériences aussi délicates que celles de la détermination des chaleurs spécifiques. La relation que j'ai établie est la première qui ait êté signalée entre l’activité physiologique ou toxique d’un corps et une propriété purement physique, telle que la chaleur spéci- fique. Elle a contribué à établir, pour moi, de plus en plus, cette conviction profonde, que fous les phénomènes qui se pas- sent dans l'organisme sont des phénomènes physico-chimiques. La vie n’est qu’une transformation des forces les unes dans les autres, parmi lesquelles figurent, en premiére ligne, la chaleur et le mouvement ; ou, si l’on veut une définition plus brève, la vie n’est que le mouvement, cet agent auquel se has) rapportent tous les autres agents physiques. Il n'y a donc rien d'étonnant que l’activité des métaux soit une fonction de leur chaleur spéeifique. | On admet souvent qu’il n’y a pas de loi sans exception. J'avais cru, pour ma part, en 1867, que ma loi atomique ou thermique était moins générale He ne l'était. Ainsi, j'avais con- ‘sidéré, sur la foi des auteurs de toxicologie de l’époque, que le cuivre était très toxique, qu'il faisait une exception remar- quable, attendu que son poids atomique n’est pas très élevé. Mais les expériences de Pecholier et Saint-Pierre, et surtout les travaux gt remarquables de notre collègue, M. Galippe, ont démontré que ce métal n'était pas plus toxique que ne l’indique ma loi, confirmation d'autant plus précieuse qu’elle reposait sur un nombre considérable de recherches et d’expé- riences. … Mes travaux, presque aussitôt leur apparition, ont suscité la critique. J'ai lu, en 1868, dans Schnidts Yahresbücher, un article rédigé par Husemann, au sujet de ma thèse inaugurale. L'auteur de cet article, auteur lui-même d'un traité de toxi- cologie, avait cru devoir louer mes efforts, mais il m'avait ençorg moins épargné la critique. J'aurais préféré des argu- ments, ou le citation d'expériences contradictoires dont j'aurais pe tirer parti. Ces ne contradictoires sont venues en 1875 (1). On peut en lire un résumé dans la ÆRecuc des Seiences médicales, 1876, t. VII, p. 543. D'après les expériences citées par Huse- mann, le un est moins toxique que le potassium, ce qui est contraire à ma loi. Mais n’ai-je pas été le premier à recon- naître que, d’après les expériences de Grandeau (2), expé- riences rapportées dans ma thèse, que le rubidium présentait uue exception à la loi atomique ? Par contre, Husemann ne (1) Ueber das Rabutau’sche Gesetz der toæisehen Wäirkung, von Th. Huse- maun. (Getting Naokrisht, 24 februar 1818.) — De la loi de Rabuteau sur l'action torique. (2) L. GRanDEAU. — Leçon sur le cæsium et le rubidium professée, le 20 février 1863, devant la Société chimique de Paris. 381 — parle en aucune façon du thallium métal, très toxique, qui vient confirmer la loi d’une manière si remarquable. Il reste le lithium sur lequel s’élêve un débat. Il me sera facile de démontrer, par mes expériences anciennes, que ce corps simple, qui fait partie de la série magnésienne, est celui qui, à poids métalliques égaux, peut être injecté dans l’orga- nisme, aux doses les plus fortes, parmi ceux de la même série, sans provoquer immédiatement la mort. Que si l’on observe plus tard des accidents aux doses fortes, ces accidents provien- nent de phénomènes de chimie biologique et générale, encore peu étudiés, qui ne permettent guère de ranger actuellement ce métal parmi les métaux alcalins. Dans ces derniers temps, noire savant et laborieux collègue, M. Charles Richet, a cru devoir nier toute relation entre la toxi- cité des métaux et leurs poids atomiques (1). M. Richet a expé- rimenté d’abord, en plongeant des poissons dens des solutions aqueuses de divers sels métalliques ; plus tard, il a versé, sur le cœur de grenouilles, mis à nu, des solutions contenant éga- Jement divers métaux. La méthode qui consiste à plonger de poissons dans diverses solutions n’est pas nouvelle, Je j'ai empruntée $ Bouchardat et Stuart Cooper, au début de mes expériences, et me suis hâté de l’abandonner, comme étant excessivement défectueuse. Les solutions métalliques produisent, sur les branchies, des altérations qui rendent stérile toute interprétetion sur la toxicité comparative des divers sels métalliques. L'autre méthode doit être rejetée également. Les solutions métalliques, appliquées sur le cœur des grenouilles, mis à nu, produisent des altérations chimiques aussi bien que sur les musles ordi- naires. J'ai observé, dans une foule de circonstances, la dispa- rition des striations, laltération générale, à moins que les solutions ne fussent trés étendues, Il s'agissait alors, non d’une modification fonctionnelle, d’un ordre physique que je me permettrai d'appeler physiologique, mais d’une altération de structure immédiate non consécutive à des altérations de nutri- (1) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, 24 oc- tobre 1881 et 13 mars 1882. — 382 — tion déjà préexistantes. Aussi les conclusions sont-elles inac- ceptables. Il est impossible, par exemple, d'avancer, puisqu'il s’agit de toxicité, que le calcium soit plus toxique que le strontium, et que le zinc trouve immédiatement sa place après le mercure. Il est un fait bien connu qu'il me suffira de rap- peler, pour mettre en évidence les causes d'erreurs auquelles on s’expose en plongeant les poissons dans diverses solutions métalliques. Il suffit de mettre, dans une rivière, une pette quantité de chaux, pour que les poissons meurent rapidement, sur un assez long parcours. —-- Cependant le calcium, qui se trouve en si grande quantité dans l’organisme, ne peut pas être considéré comme toxique (1), ainsi que l'indique la place que M. Richet lui attribue. Récemment, M. J. Blake s’est chargé de réfuter M. Richet (2), et de plus, il s’est atribué la loi que j'avais trouvée et publiée depuis quinze ans, c’est-à-dire en 1867. Une revendication est venue aussitôt en ma faveur, de la part de M. Dumas, devant l'Académie des Sciences. En présence d’un témoignage si éclatant, toute réclamation devenait inutile. Ces préliminaires m'ont paru nécessaires pour établir clai- rement la question. D’une part, la loi Re est niée; d'autre part, elle est affirmée. En mettant de côté le sodium, qui est si répandu dans l'organisme et dont la toxicité est nulle, pour ainsi dire, et laissant de côté également le rubidium, dont l’étude chimique paraît encore insuffisante, je puis RUE que la loi atomique ou thermique est exacte. C’est ce que j'établirai en reprenant l'étude des divers métaux. (1) Voyez mes Éléments de Toxicolagie (2) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 10 avril 1882. . 999 DES ORIGINES DE LA MÉTALLOTHÉRAPIE. — PART QUI DOIT ÊTRE _ FAITE AU MAGNÉTISME ANIMAL DANS SA DÉCOUVERTE. — Îre PAR- TIE. — Par le docteur V. Bura. « Mais il reste une chose constante, que ne peuvent désavouer les philoso- phes les plus incrédules, c’est qu'il y a nécessairement quelque chose qui fais persévérer le magnétisme animal, malgré les sarcasmes du ridicule, si puissant parmi nous. », ViREYy. Le Magnétisme, in-8°, Gr. dict., &. 29. Dans une lecture récente sur les surprises de la métallothé- rapie, nous avions l’honneur de dire à cette tribune : « Si la Société de Biologie veut bien nous le permettre, nous vien- drons prochainement parler à notre tour, dans cette enceinte, sur la question qui y & fait son apparition sous le vocable ex- clusif d’Hypnotisme. Nous démontrerons par des révélations qui, depuis plus de trente années, pèsent sur notre conscience, que ce n'est point sans raison que tous les amis de la vérité, d’où qu’elle vienne, ont applaudi ou applaudiront à l'initiative du vaillant confrère qui aura eu l'honneur, le premier, de por- ter cette question devant la Société et de lui fournir par là même une nouvelle occasion d'affirmer son indépendance scientifique. » La promesse que nous faisions, à la date du 29 avril dernier, nous venons aujourd'hui la tenir. Ceux qui se sont demandé comment avait pu naître la métallothérapie, par quels faits elle s'était d’abord affirmée, et qui, plus d’une fois, nous in- terrogèrent à ce sujet nous sauront gré, nous l’espérons, de nos révélations. Quant aux intéressés qui pourraient les trou ver bien tardives et être tentés de nous reprocher d’avoir ris- qué d’emporter avec nous le secret de ce que « nous devons à César... », nous leur répondrons que toutes nos précautions avaient été bien prises pour qu'il en füt autrement. Voici, en effet, le manuscrit d’un mémoire de concours pré senté par nous, en l’année 1854, à l’Académie des sciences — 584 — de Milan, qui le qualifia « degno di molté considerasione, » où sont mentionnés les faits dont nous allons parler et d’autres qui suivront, et, en cherchant bien, on trouverait bon nombre de ces mêmes faits dans notre thèse inaugurale, dans notre premier traité sur la métallothérapie, publié en 1853, mais surtout dans la collection du journal megmérique : the Zoist, publié à Londres par J. Elliotson. Seulement, comme nous ne tardîmes point à avoir par devers nous les raisons les meilleures pour nous résigner à savoir attendre, nous: eûmes le soin de ne jamais les remettre en mémoire. Deux questions préalables, l’une technique et l’autre histo- rique, feront l’objet de cette première communication. GLOSSAIRE Avant d'aborder notre sujet, il nous paraît nécessaire de bien préciser quelle est, suivant nous, la valeur respective de ces deux mots magnétisme et hypnotisme, qui, FUb beaucoup, sont synonymes. Les phénomènes magnétiques et hypnotiques ont, | en appa- rence, la plus grande analogie. Tous ont un terrain commun nécessaire, la névrose, soit Dalve goit accidentelle, caracté- rigée par des troubles en moins de la calorification, de la cir- eulation, de la sensibilité et de la motilité; plus l'athermie, l'anesthésie et l’amyosthénie sont Doctte plus elles sont profondes, et plus promptement se manifestent ces phéno- mènes sous l'influence des divers moyens propres à les prô- duire. Tous ont pour caractéristique des sensibilités métal- liques spéciales, que nous ferons connaître, d’après lesquelles on peut préjuger des unes ou des autres, ainsi que des moyens de s'en rendre maître. Tous aussi relévent plus ou moins des conditions mentales du sujet et, surtout, de celui qui conduit l'expérience. Mais il existe entre eux des différences capitales parmi lesquelles nous nous bornerons à signaler les suivan- tes : 1o Dans le non le sujet ast entièrement passif, il reçoit du magnétisant: force ou fluide neurique, ou autre, peu importe ie nom; dans l’hypnotisme, au contraire, le sujet est 0 essentiellement actif, c’est lui-même qui fait tous les frais ‘de son nouvel état, 1l s’auto-magnétise. 20 La réceptivité ou sensibilité magnétique est beaucoup moins répandue que la sensibilité hypnotique. La première a pour corollaire obligé la deuxième, mais la réciproque n'existe point toujours, ce qui revient à dire que, tandis que tous les sujets magnétiques sont aussi hypnotiques, ces derniers peu- vent, eux, se montrer insensibles à l'influence magnétique d'autrui. 30 Dans le somineil hypnotique le sujet peut encore plus ou moins s’appartenir, bien que l'influence de la suggestion y soit des plus marquées, mais dans le somnanbulisme magné- tique, surtout lorsqu'il est poùssé jusqu’à la production du phénomène qui a reçu le nom de lucidité, le sujet a perdu sa personnalité, une autre volonté s’est substituée à la sienne, ce n’est plus qu’un reflet et c’est alors que s’ohserve la dualité psychique et la transmission de la pensée. 4 Le magnétisme animal, tel que nous l’avons vu appliquer à l’infirmerie mesmérique de Londres, sous la direction de J. Ellistson, et employé souvent nous-même sous les yeux de Rostan, Robert, Horteloup (père), Trousseau, G. Monod, etc. — dans le but de guérir des névroses invétérées — est un agent thermogène, esthésiogène el dynamogène de premier ordre, dont on peut suivre les effets suratifs avec le thermomètre, l’esthésiomètre et le dynamomèétre, et qui ne saurait être nui- sible que lorsqu'il est appliqué intempesrivement. 5° L’hypnotisme est un agent tout autre. Il ne mérite point assurément, sous le rapport de la nocivité, tous les reproches qui lui sont venus d'Allemagne et qui ont trouvé de l'écho jusque devant l’Académie des sciences, mais par l’expérience que nous en avons acquise, expérience très limitée..il est vrai, par la raison que le véritable avènement de l’hypnotisme est de date postérieure à celle où nous fimes les recherches sur lesquelles est basé ce travail, nous nous croyons autorisé à dire que les pratiques hypnotiques tendent généralement à perpé- tuer, sinon à aggraver, les état spathologiques dans lesquels les _ phénomènes qu’elles déterminent sont seulement possibles, et que la science peut seule en retirer des services réels. JS ags Donc la différence entre le magnétisme et l’hypnotisme est trop grande, en somme, pour qu'il soit possible de continuer à leur appliquer indistinctement la même dénomination. Le mot d’hypnotisme eut un moment il est vrai, ses avantages. Mais, en outre que ce vocable ne peut plus aujourd’hui trom- per personne, outre que le nombre de ceux qui se compromi- rent davantage à crier haro! sur le magnétisme animal, va diminuant de jour en jour, et que de nos jours personne n’ose- rait plus traiter de mystifiés ou de mystificateurs les Jussieu, Deslon, Deleuze, Husson, Rostan, Georget, etc, etc., notre amour pour la vérité, aussi bien que notre indépendance, nous faisaient un devoir d’arborer franchement notre drapeau. Voilà pourquoi, dût l'étiquette du sac nuire à son contenu, nous avons inscrit sans ambages ni réticences le mot de ma- gnétisme animal en tête de cette première communication, pourquoi nous continuerons à l'écrire dans celles qui suivront, et pourquoi nous ne parlerons point d'autre langage que celui qui a été consacré par les maîtres vénérés que nous venons de nommer, et tant d autres qui, pour être moins connus, d’en sont pas moins dignes du respect de tous. HISTORIQUE Nombre de ceux qui ont étudié de près les phénomènes magnétiques n’ont point pu ne pas observer ce fait, tant il est commun, à savoir: que dans l’état somnambulique les sujets magnétisés appréhendent. beaucoup le contact de cer- iains métaux, et prennent plaisir, au contraire, à en manier certains autres. M. le professeur Charcot, dans une leçon remarquable sur la métalloscopie et sur la métallothérapie insérée in-extenso par la Gazette des Hôpitaux les 7, 12 et 14 mars 1878, a cité, d'aprés un auteur allemand, Witchmann, le cas d’une hystérique chez laquelle les convulsions et les contractures étaient calmées instantanément par l'application d’objets en fer. Mais Witchmann ayant fait remarquer que son observation datait de 1769 « époque. à laquelle, dit-il, il n’était point encore _— 987 — parlé du mesmérisme », il ne saurait être question dans l’es- péce de l’action du fer sur l’état mesmérique. Mesmer qui, on le sait, débuta par les aimants qu'il tenait du P. Hell, a-t-il eu connaissance de l'influence des métaux sur les sujets magnétisés ? On pourrait le croire d'aprés le fréquent usage qu'il faisait des tiges métalliques, soit pour composer ses baquets, soit pour toucher les malades durant la crise magnétique. Ces tiges étaient ordinairement en fer, mais il y en avait qui étaient faites d'un autre métal, cela ressort des passages sui- vants que nous empruntons à l’article de Virey sur le magné- tisme dans le tome 29 du Grand Dictionnaire. « L'on touche aussi avec avantage au moyen d’un conducteur qui est une baguette de dix à quinze pouces, soit de verre soit d'acier, d'argent, d’or, etc.» « Quelques personnes ont employé des tracteurs ou tiges, soit de verre, soit de métal comme l’acier, mais non de cuivre, dont l’odeur déplaît, » p. 519. « Une autre somnambaule avait de l’antipathie pour le mé— taux. » Seulement ni Mesmer ni ses disciples ne se sont be nulle part, que nous sachions, d’une manière catégorique à ce sujet, et 1l ne pouvait guëre en être autrement par cette double raison que, pour Mesmer, le fluide magnétique devait suffire à tout, et que le somnambulisme magnétique, où s’observent sur- tout les répulsions et les attractions métalliques, ne fut dé- couvert que plus tard par les frères de Puységur. Dans une communication, faite l’an dernier à la Société de Biologie, touchant les antériorités de la métallothérapie, l’un de ses honorables membres, M. le docieur Richet, en a cité une empruntée aux Archives de physiologie du docteur John- Christ Reil, de Halle. Elle figure dans le t. VI, année 1805: sous la rubrique: Obsercations sur le magnétisme animal eË sur le somnambulisme, par F. Fischer. L’obligeance de M. Richet nous a permis de remonter à la source des citations, et voici tout ce que y avons trouvé. Ïl #’agit d’un malade traité par le magnétisme pour des at-- taques dites d’épilepsie, mais qui, comme on vs pouvoir en lue. juger, eussent été qualifiées autrement si Fischer avait été plus qu’un simple magnétiseur, ou si, à son époque, on eût su davantage que l’hystérie peut aussi exister chez l'homme. « Le malade que j'avais à traiter était un jeune homme de 20 ans, de faible constitution, qui, dans l’année 1802, con- tracta, après un vif chagrin, des attaques d’épilepsie sans perte de connaissance, qui alternaient avec des battements et des crampes au cœur. « Ces attaques étaient pressenties par la répulsion trés vio- lente qu'éprouvait le malade pour tout métal. Dans sun état ordinaire, il était très sensible à toute influence métallique, de manière qu'il ne pouvait passer sur une grande masse de métal surtout du cuivre, sans en ressentir dans tout le corps un sentiment désagréable indescriptible. Cette répulsion, à l'égard des métaux, il la manifestait aussi dans ses attaques. le soufre exerçait, au contraire, sur lui une grande attraction, fait qui a été souvent constaté. Outre ses attaques, il avait souvent la nuit des accès de somnambulisme. Ce malade avait été magnétisé déjà par un de ses amis, qui l'avait debarrassé pour plus d’un mois de ses attaques par ce traitement. « Au mois de mai 1803, je fus prié de le magnétiser de nouveau et ce qui suit est le résultat des observations prin- cipales que j'ai eu occasion de faire dans le courant d’uue demi-année. « J'arrivai à obtenir le sommeil en 5 secondes. — Crainte des métaux dans le sommeil... Aussitôt qu’on portait de ces derniers dans son voisinage et surtout qu’on le touchait avec, il devenait inquiet et avait des convulsions. Les sons métal- liques, les battements des cloches qui arrivaient jusqu’à lui, l'inpressionnaient désagréablement, quoiqu'il ne püût les en- tendre. « Parmi les influences métalliques, j’ai note les suivantes : Tous les métaux avaient, pour la plupart, une influence répul- sive,même à une distance de quelques pouces. L'or, le cuivre et le zinc étaient ceux qui l'affectaient le plus. 11 distinguait chaque métal à part par une sensation spéciale. L'argent opérait d'une manicre msupportable, comme sil Pavalt coupé ou piqué. Il tolérait plus facilement le fer, l'acier — 389 - lui pesait encore moins. Ce métal, manipulé par moi, lui pa- raissait chaud, rouge. Tous les oxydes de métaux l’oppres- saient. Le plus insupportable pour lui était l’oxyde de magné- sium. Les acides cristallisés excitaient chez lui le même sentiment désagréable. Les sels métalliques lui étaient indif- férents au toucher. « L’écorce de quinquina, il ne pouvait pas la tenir long- temps dans la main, à cause de la douleur piquante qu’elle y déterminait. L’opium, il le confondait toujours avec l’argent. Le verre lui causait des coups électriques au toucher. Il aimait à toucher la résine. Il saisissait avidemment le soufre, il le sentait déjà à distance et se montrait heureux de le posséder. « Les influences métalliques ont été probablement remar- quées par d’autres », dit Fischer au cours de son observation, Un ancien médecin des eaux d’Aix, en Savoie, le baron Despine, s’est avancé un peu plus avant dans le sujet auquel avait touché Fischer. Les faits qu’il avait observés ont été consignés dans un livre publié en 1838, à Annecy (Savoie), sous le titre : « Observations de médecine pratique*à Aix-les- Bains: » MM. les docteurs F. Despine neveu, et J. Monard, les ont rappelés, lé premier dans une lettre publiée par la Gasette médicale du 30 juin 4877, sous la rubrique : De l’action des métaux sur les hystériques mises en état de somnambu- lisme, et le deuxième dans un long mémoire : La Métallothé- rapie en 1820, qui a paru quelque temps après dans le Lyon Médical. Iei nous étions sommé, en bonne et due forme, d’avoir à reconnaître : « Que dès 1820, A. Despine avait posé les pre- 1nières bases de la Métallothérapie; que la découverte de l'idée mère lui appartient; qu'il n’en avait ignoré rien d’essentiel; qu'il n'est pas jusqu'au phénomène du tr msfert qu’il n'ait reconnu, et qu'enfin le Burquisme n'est que sa doctrine régénérée et per- fectionnée. » Nous avons répondu à des revendications, aussi étranges qu'inattendues dans le journal où elles s’étaient produites, de façon à en faire bonne justice. Mais, comme les assertions de M. Monard surtout, ont trouvé, malgré tout, quelque crédit et que d’aucuns sont allés jusqu’à accuser implicitement la So- ciété de Biologie de ne-point avoir fait à Despine la part qui 1130) lui revenait, il ne sera point inutile d'y revenir à cette place. A partir de 1820, A. Despine se met à étudier le magné-— tisme animal. Il magnétise des hystériques, il les endort et bientôt il remarque que ces malades, une fois en crise, ont « une appétence singulière pour l'or le plus pur », appétence qu'elles manifestent par des applications qu’elles se plaisent à se faire spontanément sous la forme de pièces de monnaie, d’une montre ou de bijoux divers de ce métal, et des répulsions non moins grandes pour tous les autres métaux, toutes les fois qu’il leur arrive d’en toucher par inadvertance. Il suffit que l'or se trouve en contact avec du fer pour qu’il produise lui- même les mêmes effets répulsifs. Despine interroge ses sujets sur ces attractions et répulsions et elles lui en donnent pour motif : « que les applications d’or les soulagent, leur font du bien, tandis que les autres, celles du cuivre en particulier, les enratdissent, lèur font mal. » Son éducation faite sur ce point, Despine se met, à son tour, à faire intentionnellement des unes et des autres dans l’état somnambulique, et dans cet état exclu- sivement, et il arrive en somme à constater, nous citons presque textuellement, que l'application de l’or, et de l’or seu- lement, calme toujours des douleurs violentes au synciput et fait cess2r le trismus des mâchoires ou des raideurs produites par les passes magnétiques et qu’il soulage en raison directe de sa pureté, de sa masse et de son étendue. « Qu’une pièce d’or appliquée chez un paraplégique sur les gros tronçons ner- veux d’un des membres paralysés augmente la force locomo- trice de ce membre... qu’une montre en or pendue au cou donne plus de force et de vitalité dans leurs mouvements à Micheline, Annette et Estelle, mais à la condition d’être sus- pendue par une chaîne d’or ou par un ruban de fil et non de soie qui brüle, et de ne point s arrêter, car alors les mouve- ments des membres s’arrêtent aussi, et parfois les malades tombent en faiblesse. » — « Que le cuivre et les autres métaux, au contraire, enraïdissent, fatiguent, brülent comme du feu, particuliérement lorsqu'ils sont deux à deux, ce qui fait que quels que soient leur forme et leur brillant ou valeur appa- rente (comme celle du chrysocale), les malades les rejettent tout aussitôt qu’elles en ont été touchées. » — 391 Tous ces faits, À. Despine les rattache à lélectro-galr - nisme et il reste bien convaincu que la puissance d'action des métaux est en concordance parfaite — non point avec l'idio- syncrasie du sujet, dont il ne dit mot — mais avec la série établie par les physiciens Avogardi et Michelotti, par rap- port à leur capacité ou puissance galvanique, série dans laquelle l'or et, tout près de lui, le platine occupent l'extrême négatif, le zinc l’extrême positif, et le fer est placé seulement vers le milieu et à la suite du cuivre. Vowant expliquer pourquoi une montre d’or qui cesse de battre fait tomber les malades en faiblesse, Despine dit : « Une montre est un. système de mouvement composé de divers métaux. Ce système marche-til? Aussitôt il en résulte, par suite des frottements qui ont lieu, une puissance galvanique bien plus marquée que quand la montre est en repos, et, par suite des effets sensibles sur des malades en crise, dont l’impressionnabilité est cent fois plus grande que dans l’état ordinaire ! » Quant au phénomène qui tient ici la. premiére e place, l’action du mètal sur la sensibilité cutanée, Despine n’en dit rien. Des lois, il en promet, mais il n’en trace aucune. De métailothé- rapie de la loi,si féconde en applications thérapeutiques internes basées sur la métalloscopie,qui y permet de conclure de l’action externe d’ux métal à son action interne et réciproquement, bien entendu, pas un mot; et, ce qui est étrange, c'est que pas une fois il ne lui vient à la pensée d'essayer même l'or en dehors de l’état magnétique, ne füt-ce qu’à titre de simple curiosité. En somme, des explications souvent enfantines ; une pré- tendue loi de concordance entre l’action des métaux et leur puissance galvanique, loi erronnée, s’il en fut, car d’après elle, le platine, dont la place est au bas de l’échelle métallos- _copique, en occuperait le sommet tout à côté de l’or, qui, lui- même, ne vient que bien après le cuivre, et surtout le fer qui, d’après la loi, ne serait au contraire que vers le milieu, et une métallothérapie monocorde, toujours de l'or, toujours de l'or, si tant est qu’on puisse donner un tel nom à l'application de ce métal, faite toujours exclusivement dans l’état magné- tique, qui ne fut marquée par aucune guérison, et qui, d’ailleurs, C. r. 1882 2t — 392 - n'en visa jamais, par la raison que, pour lui, le magnétisme devait suffire à tout. Métallothérapie fausse, d’ailleurs, en ce sens, nous l'avons démontré, et nous aurons occasion d'y revenir, que c'était le cuivre allié à l’or et non point ce métal qui agissait dans ses applications ; voilà tout ce que Despine a ajouté aux observations de Fischer et d’autres précurseurs ; voilà l’antériorité qu’on a prétendu nous opposer, et que nous fûmes sommé d’avoir à reconnaître, comme l’idée mère qui, pruvablement, nous avait éclairé dans nos recherches ! Peut- être avons-nous insisté un peu plus que de raison, mais d'honorables confrères s’y étant laissé prendre jusqu’à écrire « que Despine avait entreovu la métallothérapie », nous ne pouvions faire moins. Maintenant que nous avons préparé le terrâin et fait la part du passé; maintenant aue nous croyons nous être mis suffisamment à l'abri du reproche, soit de pécher par trop de précipitation, puisque nos observations remontent au delà de trente années, soit de combattre pro aris et focis, puisque, à partir de l’année 1856, époque à laquelle, ayant appris tout ce que nous désirions savoir, nous ne touchâmes plus personnel- lement à un sujet magnétique ; maintenant enfin que, grâce à l'intiative prise par la Société de Biologie, les faits qui relè- vent de la métallothérapie sont suffisamment acquis pour que nous n’ayons plus à redouter de les voir rejetés à cause de leur origine et parenté; nous pouvons dévoiler, sans en rien cacher, le secret de la naissance du Burquisme ! Puisse cetto révélation être une leon salutaire contre les préjugés et pré- ventions et montrer, une fois de plus, qu'il peut exister des choses dans le domaine des sciences, dites occultes, qui valent un peu mieux que les sarcasmes ou les dédains de ceux dont les yeux ue surent point en percer les ténèbres! Seulement, comme notre sujet embrasse une période d’études qui ne compte pas moins de dix années, nous serons obligé de beaucoup lécourter et de le scinder en un certain nombre de communications dont nous arrèterons ici la première. — 393 Séance du 3 juin 1882. Présidence de M. PauL BERT. Dans la séance du 27 mai, M. J.-L. Prévosr (de Genève), a communiqué à la Société un travail de M. Lucien WiNTZENRIED, Sur l'Action phystologique de la Brucine. Vu son étendue, ce travail paraîtra dans les Mémoires. LÉTHARGIE INCOMPLÈTE AYEC CONSERVATION DE L’OUIE ET DE LA MÉMOIRE. — DE L'INDÉPENDANCE FONCTIONNELLE DE CHAQUE HÉMISPHÈRE CÉRÉBRAL, par M. DumonTPALLIER. Une jeune malade de notre service, la nommée Maria C..., nous a offert une observation de léthargie, remarquable par ce double fait que la résolution musculaire était complète ainsi que l’anesthésie et que le sens de l’ouïe était seul con- servé en même temps que la mémoire. Le 16 mai, à huit heures du matin, cette malade parais- sait endormie au moment de notre entrée dans notre service d'hôpital. On attribuait son sommeil à la fatigue que lui avait occasionné l'agitation élirante de l’une de ses voisines de la salle. À onze heures, Maria C... dormait toujours : le décubitus dorsal n'avait pas varié, la tête et les membres avait con- servé la même position. Il n’était guère vraisemblable que ce sommeil apparent fût naturel. La malade était-elle en état léthargique ? La piqüre en différents endroits du corps ne dé-= terminait aucun mouvement, les membres soulevés retom- baient sur le plan du lit. De plus, l’état léthargique était dé- montré par l'existence du réflexe cutano-musculaire, déter- miné par le frottement léger de la surface de la peau de Pa- vant-bras ou la pression légère sur le trajet du nerf cubital. Cet état léthargique étant bien établi, l’action du regard sur les paupières abaissées de Ia malade a suffi, après quelques secondes, pour déterminer le réveil. La malade était aphone ; elle nous fit comprendre qu’elle voulait écrire. Alors elle nous = 394 — apprit que, vers le milieu de la nuit, sa voisine affectée de dé- lire, s'était approchée de son lit, ce qui l'avait effrayée, et aussitôt elle se sentit. paralysée ,de tout le corps. Depuis ce moment il lui fut impossible de faire aucun mouvement, mais elle entendait tout ce qui se faisait autour d’elle, et, dans la narration qu’elle a rédigée le jour même, elle marquait qu’elle attendait avec impatience notre arrivée à l'hôpital pour la ré- veiller. Aussi fut-elle très émue lorsque, passant près de son lit, elle nous entendit recommander aux élèves de ne pas trou- Ha son sommeil. Elle craignait de rester dans cet état de paralysie; elle était Dante ee qu’on eût pu l’ensevelir dans cet état sans qu’elle eût eu aucun moyen de faire comprendre qu’elle n’était pas morte. Elle ne pouvait remuer les lévres ni la langue, elle ne pouvait ouvrirles yeux, ses membres étaient inertes et elle entendait tout ce qui se disait autour d'elle. Il est regrettable que dans cet état nous n’ayons pas compté les mouvements respiratoires et les battements du cœur, et que nous n’ayons pas pris la température du corps. Quoi qu'il en soit, cette observation par l’insensibilité cu- tanée, la. résolution musculaire et l'impossibilité absolue où se trouvait la malade de faire comprendre qu'elle entendait, qu'elle ne dormait pas, rappelle certaines observations de mort apparente qui ont eu les plus g graves conséquences. Cet état nerveux spécial, der par la frayeur, a pré- senté les caractères de la léthargie provoquée expérimentale- ment, mais il en diffère par la conservation de l'ouïe et de la mémoire. Dans les jours qui ont suivi cette crise de léthargie incom- plète, la malade a présenté plusieurs phénomènes nerveux, qui démontrent l’indépendance fonctionnelle de chaque hémi- sphère cérébral. Voici le résumé des expériences qui nous ont conduit à formuler cette proposition de l'indépendance fonctionelle de chaque hémisphère cérébral. La malade étant éveillée, nous fixons notre regard sur ses yeux; bientôt nous remarquons que la malade porte sa tête de droite à gauche, comme si elle cherchait à suivre un objet as Le avec l’œil droit. L’état léthargique étant produit, nous cons- tatons que la léthargie n’existe que pour le membre supérieur droit et le membre inférieur gauche. De même pour l’état ca- taleptique et l’état somnambulique. L'action de la lumière sur l'œil gauche et la pression sur le côté gauche du vertex res- tent sans résultat. La malade est alors réveillée par le regard ou par l’action d’un rayon de lumière dirigé sur les yeux, nous recherchons quel est l’état de la sensibilité générale et sensorielle, et nous reconnaissons que la malade ne distingue aucun objet de l'œil gauche et qu’elle ne sent pas la pression sur le membre supé- rieur gauche.La vue, distincte bien qu'affaiblie, est conservée . pour l’œil droit et la pression est sentie sur le bras droit. * Il ressort de cette expérience que la rétiie de l’œil droit seulement transmettait au cerveau l'impression de la lumiére, de même que la pression sur le côté droit du vertex étaittrans- mise au cerveau. De plus, étant admis l’entre-croisement des fibres nerveuses de la sensibilité générale et spéciale, nous étions conduit à supposer que le cerveau gauche seulement avait conservé son activité fonctionnelle. Le lendemain, nous fimes la contre-expérience, c’est-à-dire qu'ayant obtenu, au moyen des plaques, le transfert de l’anes- thésie sensorielle et spéciale, nous pümes constater que l’ac- tion du regard ou d'un rayon lumineux, dirigé sur les yeux pour hypnotiser la malade, déterminait ia rotation de la tête de gauche à droite et que les états léthargique, cataleptique et somnambulique des membres supérieur et inférieur ne pou- vaient être produits qu’en agissant sur l'œil gauche seulement, dont la rétine était sensible et sur la région gauche du vertex, qui seule était sensible à la pression. Dans cette seconde expérience, les résultats obtenus indi- quaient donc que le cerveau droit se trouvait dans les condi- tions où était le cerveau gauche le jour précédent. L'action des plaques métalliques avait transféré d’un côté à l’autre lactivité cérébrale, et lhypnotisme avait rendu manifeste cette activité cérébrale unilatérale. De plus, la malade étant réveillée, on pouvait constater que l'œil gauche seul distinguait les objets, de même que la sensi- 21-906 00 bilité à la pression existait seulement du côté gauche du ver- tex. Il résultait donc de ces exp'riences : 10 Que l’anesthésie et l’amyosthénie étaient la conséquence de l’hémiparalysie cérébrale : 20 Que l’hémiactivité cérébrale pouvait être transférée d’un côté à l’autre par l’application des plaques métalliques d’un seul côté, ce qui démontrait l’action croisée des excitations périphériques. Dans un troisième ordre d'expériences, nous avois recher- ché, un côté de la partie supérieure du corps étant anesthé- tique et la malade étant hypnotisée, si les phénomènes lé- thargique, cataleptique et somnambulique seraient modifiés par l’application d’un bandeau fixé sur l’œil sensible. Dans les expériences instituées dans de telles conditions, nous avons reconnu que les états léthargique, cataleptique et somnambulique persistaient, mais étaient amoindris,ce qui, du reste, était démontré par les procédés qui permettent de me- surer les réflexes cutano-musculaires dans ces différentes pé- riodes de l’hypnotisme. L'activité cérébrale paraissait donc en rapport avec l'excitation périphérique. Enfin, dans une dernièresérie d'expériences, ayant apoliqué sinultand een les plaques métalliques de chaque côté du front la sensibilité générale et sensorielle existait des deux côtés de la partie supérieure du corps, mais elle était affaiblie, c’est-à- dire moins accusée que dans les expériences où la sensibilité avait été fixée d’un seul côté du corps. Dans ces conditions nous avons constaté que les états lé- thargique, cataleptique et somnambulique pouvaient être dé- terminés, mais à un degré moins accusé que dans les expé- riences hémilatérales. Aa Il est donc permis de supposer que dans cette dernière ex- périence la somme d'activité du système nerveux étant également répartie dans les deux hémisphères de l’encéphale, cette activité paraissait notablement moindre pour chaque hémisphére que dans les cas où un seul hémisphère était le siège de l’activité nerveuse, Ces faitset ces remarques consent du resteavec les faits — 397 — consignés dans les rapports que nous avons rédigés à une épo- que antérieure (Société de biologie, 1877 et 1878) sur les phé- nomènes du transfert. Les résultats de ces expériences conduisent à tenter de nouvelles recherches. En effet, l'indépendance fonction- nelle de chaque hémisphère cérébral étant établie, et cette indépendance pouvant être rendue manifeste par divers procédés d’expérimentation, nous nous proposons de re- chercher: 10 Si différentes fonctions relèvent principalement de l’un ou de l’autre hémisphère cérébral ; 20 Si la suppléance fonctionelle dechaque hémisphère existe et dans quelles conditions, dans quelles proportions cette sup- _pléance peut être constatée. DE L'ACTION COMPARÉE DES CHLORURES DE LITHIUM, DE SODIUM ET DE POTASSIUM SUR LA FERMENTATION LACTIQUE. — Note de M. Cu. Ricaer. Je voudrais indiquer une nouvelle série de faits qui tendent à confirmer ce que j'ai avancé précédemment, à savoir que la hiérarchie de toxicité des métaux n’est pas la même que leur hiérarchie atomique. J'ai pris pour sujet d'étude les trois chlorures. alcalins de lithium, de sodium, de potassium dont les poids atomiques sont de 7, de 23, de 39. Par conséquent, ils devraient être de plus en plus toxiques à mesure qu’on va du lithium au sodium, du sodium au potassium, si la loi de M. Rabuteau était géné- rale. Au lieu d'étudier l’action physiologique de ces chlorures uniquement sur les mamnifères, ou sur les vertébrés, ou sur les animaux, j'ai pensé qu'il serait utile d'analyser l’action toxique que ces substances exercent sur les organismes infé- rieurs, sur les végétaux microscopiques qui font la fermenta- tion lactique. Déjà, à plusieurs reprises, j'ai étudié l'influence de divers agents physiques ou chimiques sur la fermentation lactique. Cette fermentation offre en effet à l'examen du physiologiste deux grands avantages ;: — 398 — 10 Elle se fait régulièrement, sans qu’il soit nécessaire de purifier par des cultures successives ou d’ensemencer le liquide qu’on examine. 20 Le dosage de l’activité du ferment est très simple ; puis- qu’il consiste en un simple titrage acidimétrique. On peut supposer. que plus l'acide lactique a été formé en grande. quantité, plus l’activité du ferment aété grande (1). Nous avons donc un moyen simple pour apprécier l’action . de tel ou tel milieu, de tel ou tel agent sur la vitalité du fer- ment lactique : c’est de doser la quantité d’acide qui a été formée, comparativement à une certaine quantité de lait non altéré pris comme témoin. A la vérité. en agissant ainsi, noys supposons résolues ces deux hypothèses : 10 que la transformation du sucre de lait en -acide lactique est due à un ferment organisé ; 20 que la trans- formation chimique est d'autant plus active que l’activité phy- siologique du ferment est plus grande. Mais ces deux hypo- . thèses sont tellement vraisemblables que nous croyons pou- voir les accepier comme point de départ de nos recherches. Cela posé, voici comment j'ai procédé. Il s'agissait de pren- dre une méthode de dosage applicable à un liquide organique à acides faibles. La teinture de tournesol ne donne que des ré- sultats médiocres. Aussi ai-je voulu employer une méthode différente. La phtaléine du phénol en dissolution dans lalcool fournit d'excellentes indications. Elle se colore en rouge vif dès que la liqueur est alcaline et on peut facilement saisir le passage de la neutralité (ou l'acidité) à l’alcalinité par le fait de la coloration rose que prend immédiatement le lait mélangé à la phtaléine du phénol. Pour indiquer à quel point ce procédé est sensible, il me suffira de dire que si on dose l’acidité de 50cc. de lait froid, on trouve un chiffre un peu plus fort que si l’on dose l’acidité de 50cc. du même lait.porté pendant dix minutes à 600, ce qui (1) Veici l'indication des recherches que j'ai aéjà faites sur la fermentation lactique. De la fermentation lactique du sucre de lait. Comptes rendus. 25 février 1878, t. LXXXV, p. 550. De quelques conditions de la fermen- tation lactiqus. Ibid, 5 avril 1879, t. LXXXVIII, p. 750. De l'électrisation de: ferments. Revue scuentéfique, ler sem. 1881, p. 603, Laon tient au départ d’une certaine quantité d’acide carbonique par le fait de l’élévation de la température. Si l’on prend du lait et qu’on l’expose pendant 24 heures à la température de 350 das un matras scellé, il fermente; et si l’on a préparé plusieurs matras scellés contenant des quan- tités égales de lait de la même provenance, on trouve des nombres rigoureusement égaux pour exprimer l'acidité dès des différentes liqueurs. : - (Les dosages ont $té faits avec une liqueur alcaline conte- nant 8 gr. d'Az H3 par litre) et dans deux expériences de con- trôle, j'ai trouvé (pour 4occ. de lait): ire Expérience matras À — Gcc 7 — matras B — 6ec 9 — matras C — 6cc 7 2e Expérience matras À — Icc 8 — matras B — 9cc 6. Li — matras © — 9Qcc 7 On voit que la précision de ces expériences est aussi satis- faisante que l’on peut le désirer. Toutefois, il est clair que les expériences ne seront compa- rables que dans les conditions suivantes : 1o Le lait doit être de la même provenance. 20 Les matras doivent avoir une forme analogue. 3o Ils doivent être placés dans la même étuve, et pendant le même temps. Les expériences dont je vais donner le résumé ont été faites dans des conditions diverses de durée,de température, etc. Aussi ne peut-on pas les identifier les unes aux âutres. Mais dans la série que je donne sous la rubrique Expérience I, Exp. IL., etc., lacomparaison peut être rigoureusement éta- blie, car les conditions d'expérience sont toujours restées les mêmes : le lait était de la même provenance et ils ont été soumis à la fermentation Hour et dans des condi- tions identiques. J'espère pouvoir donner plus tard quelques détails sur l'in- fluence de la durée de la fermentation, de la température, de de l’oxygénation, de la concentration du lait, etc. Pour le mo- MAT g jen ment, je n’insiste que sur l’action des chlorures métalliques, quelle que soit la durée de la fermentation. Soit la quantité d'acide formée dans les tubes témoins — 100 (1), les quantités d'acide formées dans les tubes en expé- rience ont été les suivantes : (Les sels de potassium, de sodium et de lithium ajoutés au lait qui fermente étaient des chloru- res parfaitement neutres. La quantité indiquée se rapporte, non-au poids de chlorure, mais au poids de métal combiné.) 1e EXPÉRIENCE. ACIDITÉ en ACIDITÉ door ACIDITÉ 8-6 95 sn 112 1.6 95 15.6 80 d He . . 21 44 40 23 412 Li 23 41 44 a4 Le M 25 , 26 47 26 5 à \ 2e EXPÉRIENCE - ; 7 2 0.8 84 8.6 125 11 127 1.6 95 il 107 26 113 1.9 110 14 104 30 107 2.4 110 99 32 106 2.5 107 18 16 34 100 2.7 110 20 63 45 80 3 98 26 30 » » 4 36 (1) Il faut avant de préparer les matras, doser l'acidité du lait qu'on va faire fermenter. Le iait qu'on peut se procurer à Paris est toujours érés acide. Cette acidité répond à environ { gr. 5 ou 2 gr. d'acide lactique par litre. On doit soustraire cette quantité d'acide préalable de la quantité d'acide qu'on. trouve après la fermentation. Na MÉTAL PAR LITRE — 401 — 9€ EXPÉRIENCE. acnité |[E: METAL) \cnrré || por ACIDITÉ PAR LITRE PAR LITRE 87 ue 115 0.5 80 119 2.6 112 1 100 99 3.1 102 2 88 29 3.6 91 3.2 20 19 6 94 3.8 15 » 9 101 » » » 14 124 » : » 17 110 » » » 26 80 » » » 35 20 » » 4e EXPÉRIENCE. 81 6.2 104 Un on 101 14 98 » » 112 26 55 » » 113 » » » » 98 » » » » 97 » » » » 69 » » » » mn » » » » 23 » » » » 3 » » » » — 402 — 5e EXPÉRIENCE. Na MÉTAL K. MÉTA i MÉ Paie ACIDITÉ ||” PL Cintre | METAL PAR LITRE PAR LITRE PAR LITRE ACIDITÉ [Sal Cri et e2] LE) — = C2 28 22 40 54 » » | 56 » 80 13 » » » » 150 » » » | 15.6 13 24 50 a 68 21 40 47 35 5 à 13 23 40 » » » » (1) On voit tien mieux ces divers résultats, si l'on construit le sraphique | de ces courbes. Je pourrais donner un plus grand nombre d’expériences , mais celles qu’on vient de voir résumées dans le tableau pré- cédent suffisent pour en tirer les déductions principales. Un premier fait se dégage, c’est que des quantités assez considérables de substance saline peuvent favoriser la fer- ‘ ; A0 — mentation lactique au lieu de l’entraver. Le lait fermente . mieux quand il contient environ 5 gr. de sodium ou 15 gr. de potassium par litre que quand il est pur. Même le lithium accélère quelquefois son activité, quand il y en a de faibles doses (2.5 par litre environ). Cette action stimulante du sel me paraît due à un phéno- mèue chimique particulier, c’est-à-dire à la dissolution plus ou moins complète de la caséine: Le lait pur, quand il fer- mente, donne de gros flocons de caséine: mais quand il fer- mente en présence d’une quantité notable de chlorures de sodium ou de-potassium, il donne de fins grumeaux de ca- séine, et la liqueur est presque homogène tellement les gru- meaux sont fins. À dose un peu plus forte de sel, la caséine n’est pas coagulée; elle est soluble et il faut la neutralisation du liquide pour déterminer sa coagulation. Quoiqu'il en soit, on peut constater un certain maximum d'acide lactique formé, maximum qui correspond à des quan- tités variables de sodium, de potassium et de lithium. 11 semble même qu’une petite dose de chlorures de sodium ou de potassium ou de lithium, au lieu d'activer la fermenta- tion,-la diminue. Une dose plus forte l’accélère; une dose plus forte encore l’abolit tout à fait. Reste a savoir quelle est la limite arbitraire qu’il convient de choisir pour.comparer, dans les expériences précédentes, Paction toxique des trois chlorures alcalius. Il me parait que cette limite peut être prise dans la quanti- té de sel qui répond à une production d'acide lactique égale à la moitié de l'acide lactique formé dans les conditions nor- _ males. Ainsi, si la dose d'acide lactique formée dans le tube té- moin est de 100, nous dirons que la dose de métal est toxique quand la quantité d'acide lactique formé alors n’est plus que. de 50. Cette quantité est, si l’on effectue les calculs nécessaires : Na. K, 4 Li. EXPÉRIENCE Î. 20. 41. 4, EXPÉRIENCE II. 22. plus de 45. 3.8 EXPÉRIENCE III. 17.4 30.5 2.6 EXPÉRIENCE ÎV. 15. Were » EXPÉRIENCE ME 20. 42. » EXPÉRIENCE VI. 20, 34. 4. Dans toutes ces expériences, 1l s’est trouvé que le métal le plus actif, celui qui entrave la fermentation lactique à plus petite dose, c’est le lithium, puisque, à la dose de 4gr., de 3 gr. 8, de 2 gr.6 par litre, il a diminué de moitié l’acti- vilé de cette fermentation. Dans toutes ces expériences, le sodium a été plus actif que le potassium, puisque, pour diminuer de moitié l’activité de la. fermentation il à fallu presque toujours un poids de potassium à peu près double du poids de sodium. Nous avons ainsi précisément uue hiérarchie inverse de la hiérarchie atomique. Le lithium est plus*toxique que le so- dium. Le sodium est plus toxique que le potassium. Si le poids de lithium nécessaire pour diminuer de moitié l’activité de la fermentation lactique est de 4 gr., le poids de sodium nécessaire sera de 20 gr.; le poids de potassium né- cessaire sera de 40 gr. Aïnsi, le sodium est deux fois plus ac- tif que le potassium et cinq fois moins actif que le lithium.C’est absolument le contraire de ce que l’on aurait constaté, si la loi indiquée.,par M. Rabuteau pouvait se vérifier. On peut aussi déduire de ces expériences une proposition très générale; c’est qu'il n’y à pas de toxicité absolue. Ce qui esttoxique pour les animaux n’est pas toxique pour les vé- gétaux, et réciproquement. Pour les végétaux, le potassium est moins toxique que le sodium, tandis que pour les animaux c’est précisément l'inverse qu’on observe. — 405 — En fait de toxicité, ilfaut étudier l’action toxique d’une sub- stance sur tel ou tel tissu, sur tel ou tel organe. La hiérarchie toxique sera alors profondément différente, selon qu’on s’a- dressera aux branchies des poissons, au cœur dela grenouille, au ferment lactique, etc. Mais comme on constatera des Prcnces perpétuelles dans la hiérarchie toxique, il s’ensuivra que l’on ne peut établir de relation entre une fonction fixe comme l’atomicité et une fonction variable comme la toxicité. RECHERCHES SUR LES RÉSULTATS DE L'ALIMENTATION AZOTÉE CHEZ LES HERBIVORES, par M. P. REGARD. On a déjà plusieurs fois essayé de substituer chez les her- bivires l'alimentation animale au régime végétal : 1l y a no- tamment un certain nombre de chevaux qu'on a nourris avec de la viande. Les résultats obtenus ont rarement été favo- rables et, comme d'autre part la méthode était loin d’être économique, on l’a justement abandonnée. Le peu de succès obtenu tenait à ce qu’on choisissait mal alimentation et d’un autre côté à ce qu’on la donnait à une époque où l'animal n'avait plus aucun avantage à la recevoir. On donnait, en effet, aux animaux de la viande crue ou salée qui troublait rapidement leur digestion. Le dégoût même que leur inspirait leur ration les empêchait souvent d’y toucher ; aussi un amaigrissement rapide ne tardait-il pas à survenir. . Comme, d'autre part, la viande est la substance alimentaire de beaucoup la plus coûteuse, 1l n’y avait guère d'avantage à s'en servir. | Nous avons pensé, malgré les insuccès des précédents expé- “imentateurs, qu'en donnant à des animaux herbivores une alimentation azotée des les premiers moments de leur vie on arriverait peut-être à hâter considérablement leur développe- ment. Dans la première période de son existence, en effet, l’her- bivore est en réalité carnivore : il ne se nourrit que du lait maternel et par conséquent de substances exclusivement ani- males : à ce moment il croît avec une grande rapidité et ar- rive à doubler de poids en quelques mois. PAGE Nous nous sommes demandé s’il n’y aurait pas moyen pen- dant cette périod> de croissance de remplacer le lait maternel par quelqu’autre substance azotée. Il y aurait à cela un in- térèt économique réel: on le verra tout à l'heure. Nous avons alors pensé au sang, qui contient une quantité considérable de substances alimentaires. Ce sang n’est pour ainsi dire pas utilisé dans nos abattoirs. On le jette à l’égout ou bien on l'envoie aux usines de cyanures. Je lis dans le Bulletin sta- tistique officiel que cette semaine il a été tué à Paris 5,000 bœufs, 4,000 veaux, 34,000 moutons et 4,000 porcs. On peut dire que le sang de ces animaux a été presque complètement, perdu ; c’est, en calculant, approximativement 420,000 kilogr. de substance très nutritive qu'on pourrait utiliser et dont on fait de l’engrais. ; Comme expérience d’essai, nous avons voulu nourrir avec du sang quelques agneaux abandonnés par leur mère: ces petits animaux périssent généralement et constituent un vé- ritable déchet dans les troupeaux. Nous avons donc installé dans notre laboratoire de la ferme- école de Joinville six agneaux réduits à l'état le plus déplora- ble; presque mourants. Bien qu’àgés de deux mois, ils ne pesaient que 6 kilos en moyenne. Ils furent partagés en deux lots et placés chacun dans une case différente. Les nos 4, 5, 6 furent nourris comme les autres agneaux or- phelins de la bergerie et reçurent ? kil. de betterave et 500 gr. de foin. Les agneaux 1, 2, 5 eurent la même ration plus une certaine quantité de sang dont on verra la dose dans le tableau ci-contre. Le spng n’était pas donné cru, les herbivores l’auraient refusé à cet état : il était porté à 100, il se coagulait, puis on muttait le coagulum sous une presse et on le desséchait rapi- dement à l’étuve. Après quoi il était broyé en poudre fine avec un moulin à café. On obtient ainsi une substance finement pulvérulente, sans odeur, sans saveur, imputrescible et qui ne se corrompt pas mêlée aux autres aliments, pourvu qu’on y mette quelque propreté. Les animaux n’éprouvent auéune répugnance à la manger et même après un peu d'habitude la recherchent vi- D — 407 vement et mangent tout d’abord les morceaux qui en sont imprégnés. Si on veut bien considéser le tableau placé à la fin de cette note,on verra que tandis que les moutons au régime ordinaire ont dépéri'et n’ont presque pas augmenté, les moutons au ré- gime du sang ont triplé de poids.Leur santé est excellente, et, de l’avis des fermiers et des bergers de Joinville, jamais on n’a vu d'agneaux du même âge aussi beaux: leur laine est très longue,leurs formes excellentes, ils dépassent en taille et en beauté les agneaux du même âge allaités par leur mère. Au début, l'expérience eut contre elle tout le personnel agricole de la ferme. Aujourd’hui tout le monde est surpris du résultat, J'ai résumé en courbe les chiffres du tableau et on peut voir sur ce graphique la rapidité de la croissance des animaux nourris au sang desséché, et la lenteur du développement des agneaux nourris au régime végétal. Ceci n’est, bien entendu, qu’une expérience d'essai, mais on _ peut en percevoir l’importance économique. $i, comme nous allons l’eësayer, il était possible de nourrir des veaux au sang desséché on gagnerait pendant des mois le lait de la vache: c’est un avantage tellement grand, ce lait a une telle valeur, qu'en Brie, par exemple, il arrive qu’on tue presque de suite le jeune veau pour ne pas se priver du lait maternel utilisé dans l’industrie fromagère. Cette pratique fâcheuse n'aurait plus sa raison d’être si on pouvait élever dans de bonnes Fr le jeune animal sans sa mère. Cette alimentation des veaux est déjà commencée: je rendra compte à la Société des résultats qu’elle m’aura fournis. C. r. 1882 2? — 408 — AGNEAUX MIS EN EXPÉRIENCE LE Ÿ MARS Chaque mouton a étè pesé à jeun tous les deux jours ET EDR PE DS RS ER ES SES S REGIME DU SANG ALIMEN1ATION ORDINAIRE DATES 1 2 Quantité one 6 Mâle |Femelle|Femelle| %.5%%€ || Mâle |Femelle|Femell POIDS | Poips | Poins |par jour.|| POrDS | Porps | Poins kil. gram.plal. gram.jkil. gram. grammes |Ikil. gram.|kil. gram.|kil. gram. Mers 9 6 750 | 7 650 | 6 750 | 10 6 300 |11 200 | 5 900 11 6 650 | 7 350 | 6 730 10 , 6 280 |11 550 | 5 650 13 6 710 | 7 720 | 7 750 10 5 850 |11 250. | 5 670 15 1 100 | 7 880 | 7 750 10 6 100 |11 100 | 5 900 7 1 300 | 8 » | 7 480 10 6 250 |10 800 | 5 750 19 7 220 | 8 500 | 7 570 10 6 450 {1 » | 5 750 21 7 050 | 8 200 | 8 200 10 6 150 |11 250 | 5 900 23 71 200 | 8 470 | 7 900 20 6 150 |10 750 | 5 600 25 7 150 | 8 500 | 7 850 30 6 350 |11 800 | 5 650 27 7 350 |:8 300 | 8 » 30 6 500 |11 200 | 5 650 29 6 900 | 7 900 | 8 400 30 6 350 |11 200 | 5 900 3 7 700 | 7 700 | 8 500 30 6 250 |11 550 | 6 250 Avril 9 7 950 | 7 950 | 8 850 30 6 650 |11 200 | 6° 100 4 8 100 | 8 400 | 9 100 30 6 650 |11 500 | 6 450 (D 8 059 | 9 400 | 8 800 40 7 400 |{1 700 | 6 559 8 8 200 | 9 200 | 8 700 40 7 100 |11 600 | 6 250 10 9 100 | 9 700 | 9 400 40 7 750 |12 100 | 6 500 12 9 400 | 9 950 | 9 950 50 7 &00 112 » | 6 850 14 9 » | 9 750 | 9 700 50 7 600 [12 300 | 6 700 16 9 200 110 700 | 9 900 50 7 600 |12 100 | 6 750 18 9 600 |i0 850 |10 600 60 8 050 112 250 | 6 800 | 20 10 200 |11 350 |10 600 60 8 600 |12 300 | 6 850 | 22 10: 450 |11 700 |10 700 10 8 800 |12 200 | 7 100 24 10 600 |11 900 {11 150 710 8 800 |12 700 | 7 » 26 10 800 |12 200 |11 600 10 9 350 |12 200 | 6 850 28 11 450 |12 700 |12 450 s0 9 350 |12 450 | 7 2:0 30 12 350 |13 300 |12 900 80 8 600 {12 450 | 7 350 Mai 2 12 » |13 500 112 900 80 10 » 112 500 | 7 200 4 12 150 |14 300 |13 150 80 16 400 112 600 | 7 500 6 12 690 |14 250 113 700 80 10 800 |12 900 | 7 800 8 13 550 |14 850 114 050 80 10 950 }12 750 | 7 550 10 13 300 |14 800 |14 300 80 10 950 |12 850 | 7 600 12 13 750 |15 900 |14 550 80 {il » [12 940 | 8 100 14 14 200 |16 500 |15 100 11 700 113 » | 8 350 16 Lo Ent 200 12 400 113 200 | & 650 18 15 450 117 350 |16 » 12 950 |13 450 | 8 750 20 15 950 117 650 [16 150 ! LAN 0300NIRO PRE) 2 15 500 118 100 |16 500 13 500 |13 250 | 9 250 24 16 800 |18 200 |16 450 13 800 113 300 | 9 600 26 16 900 118.550 117 100 14 050 [13 050 | 9 100 RO en RECHERCHES SUR LES EFFETS ET LE MODE D'ÉLIMINATION DE L'IODURE DE TÉTRÉTHYLARSONIUM ET DES IODURES DOUBLES DE TÉTRÉTHYLARSONIUM ET DE ZINC OU DE CADMIUM. — CLASSIFICA- TION DE CES SUBSTANCES PARMI LES AGENTS PARALYSO-MOTEURS OU CURARIQUES. — Deuxième note de M. RaguTEAu. (Voir la première note, page 195 des comptes rendus (1), séance du 11 mars.) Iodure de tétréthylarsonium et de zinc. — Ce com- posé, que l’on appelle également iodure d’arsenéthylium et de sine, a pour formule : è C2 H5 2 Nue hall 7znr— CG H) As | DE nil C2 H5 2! La découverte en est due à M. Cahours (2), qui l’a obtenu en faisant agir liodure d’éthyle sur l’arséniure de zinc pulvérisé, dans des tubes scellés, à une température de 170 à 1750, et épuisant par l’alcool le produit de la réaction. Cet iodure double cristallise en prismes brillants, lésérement jaunâtres, terminés par des pointements pyramidaux. Il pos- sède une réaction neutre, une saveur amère et styptique. Traité par l’acide nitrique ou par l'acide sulfurique, il donne de l’iode libre. L’acide chlorhydrique en dégage également de l'iode, à moins que l'acide ne soit très faible ou que les solu- tions ne soient très étendues. Traité par une lessive concentrée de potasse, il se dédouble en zincate de potassium et iodure de tétréthylarsonium. Distillé sur la potasse caustique, il donne un liquide bouillant à 1420, qui n’est que l’arsentriéthyle ou la triéthylarsine pure. L’iodure de tétréthylarsonium et de zinc coagule l’albumine. Le coagulum est insoluble dans un excès du précipitant, solu- ble dans un excès d’albumine. (1) Errata. — Page 198, lignes 7 at 24, et page 200, ligne 10, Lisez tétré- thylersonium au lieu de triéthylarsonium. — Page 199, ligne 18, lisez tétré- thylersonium au lieu de méthyltriéthylstibonium. (2) Aug. Canours. — Recherches sur les radicaux orsanométalliques (Annales de chimie et de physique 1861, 3° série, t. LXIL, p. 303). — 410 — D’après la formule qui lui a été assignée, ce sel double contient 2 molécules, soit 2 x 318 — 636 d'iodure de tétréthylarsonium et 1 molécule, soit 319,02 d'iodure de cadrmmiem. Le poids moléculaire en est, par conséquent, égal à 636 + 319,02 — 955,02. Il résulte de ces chiffres que le sel double eontient 66,59 0/0 d'iodure de tétréthylarsonium et 33,41 0/0 d’iodure de zine, soit presque exactement les deux tiers de son poids du sel arsenical et un tiers de sel de cadmium (1). Effets toxiques. — J'ai étudié ces effets sur les grenouilles et sur les cochons d’Inde. On a vu précédemment que l’iodure de tétréthylarsonium simple, injecté sous la peau chez les grenouilles, à la dose de 1 centigramme, provoque un empoisonnement tout à fait analogue à l’empoisonnement par le curare. Or, l’iodure de tétréthylarsonium ét de zine, injecté de la méme maniëre à la dose de f centigramme chez les gre- nouilles, n’amène généralement pas la mort. Il ne provoqué qu'une fatigue temporaire. Ce résultat s'explique. Ea effet, 1 centigramme du sel double contient 6 milligr. 6 d’iodure de tétréthylarsonium, quantité insuffisante pour être mortelle (p. 200). D’autre part, cette même dose de 1 centigramme ne contient que 3 milligr. 8 d'iodure de zinc, quantité habituelle- mént insuffisante pour être mortelle d’après des expériences que je publierai ultérieurement. À la dosé de 2 centigrammes, injectée sous la peau du dos et des membres dans 10 à 15 centigrammes d’eau, la scène change et l’on observe un empoisonnement qui est double ou mixte pour ainsi dire. Les effets de l’iodure de tétréthylar- sonium, poison parolyso-moteur, se compliquent de eeux de l'iodure de zinc, poison musculaire. Au bout de 5 minutes, la grenouille ne peut plus se retour- mer lorsqu'on la met sur le dos ; néanmoins elle à des mouve- a (ct n°) = 116 As = 15 Zn + 05,02 Î = 127 [2 ec 25400 (CH) As! 918 Zn 1? = 319,0? A1: ments de trépidation, de frémissement, mouvements que j'ai observés si souvent dans l’étude des poisons métalliques. Plus tard, les effets curarisants Se manifestent de plus en plus et deviennent analogues à ceux de l’iodure de tétréthylarso— nium injecté seul ; mais on remarque en outre un ralentisse- ment du cœur, puis un arrêt de cet organe dans un espace de temps relativement peu considérable. Ainsi, tandis qu'après l’injection scus-cutanée de 1 centigramme d’iodure de tétréty- larsonium chez la grenouille, le cœur peut battre pendant 20 heures et même davantage, alors que tous les nerfs mo- teurs des membres sont naralysés, on observe, dans. le cas précité, l’'arrèt du cœur au bout de 5 à 6 heures et même moins. Les muscles se contractent beaucoup moins bien sous l’in- fluence de l'électricité. Il y a donc une action paralysante du sel de zinc sur le système musculaire, action qui vient s’ajou- ter à celle de liodure de tétréthylarsonium sur le système ner- veux moteur. Le cœur, après son arrêt, est pâle exsangue. En somme : l’iodure de tétréthylarsonium et de zinc est un sel-double non seulement au point de vue chimique, mais au point de vue physiologique et toxique Il agit à la fois sur le système nerveux moteur et sur le système musculaire. Mes expériences sur les cochons d’Inde ne sont pas mi aussi nombreuses, ni aussi concluantes que celles que jai faites sur les Et de La quantité du sel double que j'ai eu à ma disposition était insuffisante. Mais ces expériences prouvent de nouveau ce fait remar- quable, que l’on peut faire pénétrer dans l’organisme, à l’état de sel d’arsonium quaternaire, des quantités d’arsenic véri- tablement prodigieuses, qui amèneraient fatalement la mort si elles se trouvaient soit à l’état d’acide arsénieux ou arsénique, soit à l’état d’arsénites ou d'arséniates. 1o J'ai injecté très approximativement 20 centigrammes d’icdure de tétréthylarsonium et de zinc sous la peau du dos chez un cochon d’Inde pesant 1100 grammes. Le sel était dissous dans 5 grammes d’eau, et l'injection a été pratiquée en six points différents, sous la peau du dos, aux aines et aux aisselles. Ne ne L'animal n'a paru presque rien éprouver de cette opé- ration. Cependant 1l avait absorbé très approximativement 13 centigr.,3 d'iodure de tétréthylarsonium simple contenant 23,587 O10 d’arsenic, soit 3 centier., 136 d’arsenic métalloïdique quantité correpondant à 4centigr., 14 d’anhydride arsénieux. Ces résultats s’expliquent en premier lieu. par le poids con- . sidérable de l’animal (1,100 grammes au lieu de 500 à 600 grammes, poids ordinaire des cochons d’Inde); en second lieu, par l'élimination du poison. En effet, les urines de cet animal ont présenté rapidement et pendant trois jours, comme il arrive après l'administration de l’iodure de potassium à des doses se rapprochant de la précédente, les réactions de l’iode par l'amidon et l’acide nitrique ajouté simplement aux urines. 20 J'ai injecté de la même manière, chez un cochon d'Inde pesant 560 grammes, 15 centigrammes d’iodure de tétréthy- larsonium et de zinc dissous dans 3 grammes d’eau. J'ai observé cette fois chez cet animal, dont le poids était ordinaire, les symptômes d’une intoxication qui a été passa- gère, mais dans laquelle on pouvait reconnaître l’action double du sel introduit dans l'organisme. 5 minutes après l'opération. — Inquiétude, démarche moins facile. 10 minutes. — Démarche encore moins facile. Cœur présentant déjà du ralentissement. 15 minutes. — Respiration anxieuse. Ne peut presque plus marcher, se traine sur ses pattes de derrière (action paralyso- motrice ou curarisante du sel d’arsonium). Cœur ralenti et très affaibli (action musculaire su cardiaque du sel de zinc). 30 minutes. — Respiration péuible, ne peut plus se trainer, est étendu sur ses pattes de devant, crie lorsqu'on veut le faire mar- cher, frémissements parfois. Cœur ralenti. 50 minutes. — Est anéanti, la tête appuyée sur le sol. Batte- ments cardiaques très affaiblis ; je ne puis en compter que 90, tandis qu'un autre cochon d'Inde, non en expérience, en a 180 par minute. 1 heure. — Mème état, mais plus marqué. 1 heure 15.— L'état ne s’est pas aggravé. L'animal semble mème devoir se remettre. Il er'e parfois. 2 heures. — Le cochon d’Inde paraît devoir se rétablir complé - — 415 — tement. Il commence à se relever et à marcher. Un peu plus tard, il rend de l'urine qui donne avec l’acide nitrique un précipité d’iode. Il y à par conséquent une élimination rapide du poison, ce qui explique la cessation des effets toxiques. En résumé : l'iodure de tétréthylarsonium et de zinc injecté chez un cochon d’Inde de poids moyen, à la dose de 13 cen- tigrammes, n’a provoqué que des symptômes nassagers. L'animal àa pu manger avec un certain appétit, trois à quatre heures après le début de l'expérience. Le lendemain et les jours suivants, sa santé a été parfaite ; toutefois j’ai constaté des ulcérations aux points où les injections avaient été pra- tiquées. Ces ulcérations étaient sans doute le résultat de l’action du sel de zinc combiné avec le sel d’arsonium. J’ai examiné les urines de l’animal à diverses périodes.Elles ont toujours été alcalines et n’ont contenu jamais ni sucre ni albumine. Elies ont présenté les réactions de l'iode pendant trois jours. Séance du 10 juin 1882. Présidence de M. PAUL BERT. SUR LA DÉTERMINATION EXPÉRIMENTALE ET MORPHOLOGIQUE DU ROLI: FONCTIONNEL DES CANAUX SEMI—CIRCULAIRES, par M. LaBRpoe. Je vous ai rendu plusieurs fois témoins, depuis trois ans, d'expériences entreprises et disposées dans le but derésoudre la question encore controversée du rôle fonctionnel des canaux semi-circulaires : Cette étude m’a conduit à une systématisa- tion qui appuyée d’une part sur la démonstration expérimen- tale, ei d'autre partsur des données morphologiques concor- dantes, fournit si je ne m’abuse, la véritable clef de ce délicat problème physiologique. En déposant sur le bureau de la Société le mémoire dans lequel j’ai résumé cette systématisation et qui, par des motifs qu'on pourrait appeler. d'opportunité scientifique, a été pré- senté en premier lieu, à notre savante voisine, la Société d’an- thropologie, je me fais un devoir de vous en donner uneanalyse C. r. 1882, 224 — 414 — qui comprendra, d’ailleurs quelques nouveaux renseignements dignes d’intérêt, auxquels j'ajoute encore un intérêt d'actualité, grâce à deux communications récentes faites à la Société : Celle de M.le Dr GELLÉ relative aux effets des pressions intra— labyrintiques, et celle de notre collègue M. le Dr. Levex sur le vertige en général et le vertige stomacal en particulier. Je me suis surtout efforcé, dans cette étude, qu’il me soit permis de le dire de suite, de replacer et de maintenir la ques- tion, sur le véritable terrain des faits et de l’interprétation physiologique, d’où l’on s’est complu à la faire sortirpour le domaine plus ou moins conjectural de l’hypothèse empruntée à la psychologie et à la métaphysique, ce qui n’a pas peu con- tribué à l’obscurcir. I.— On sait depuis Flourens qui,le premier, réalisa par hasard cette expérience, que lorsqu'on pique ou que l’on sectionne les canaux semi-cireulaires chez un animal, plus particulié- rement chez un oiseau, un pigeon, par exemple, il se produit immédiatement, du côté de la tête d'abord, puis du côté des membres en mouvement, des phénomènes très singuliers de déséquilibration motrice : ces phénomènes consistent essen— tiellement, pour la tête, en un mouvement brusque et rapide, soit dans le sens horizontal, soit dans le sens vertical ; et pour les membres et la locomotion générale, en des mouvements désordonnés, tantôtavec prospulsion et culbute en avant, tan- tôt, au contraire, avec entraînement et culbute en arrière (1). Selon Flourens, et d’après ses expériences, cette variété serait dans la production des phénomènes en rapport direct avec le canal semi-cireulaire impliqué et avec sa direction. De telle sorte que le section des canaux horizontaux déter- minerait un mouvement hortzontal, celle des canaux verticaux un mouvement vertieal. « De plus, l’un des canaux verticaux, l’inférieur, étant dirigé d'avant en arrière, sa section détermine un mouvement d'avant en arrière, ou de. culbute en arrière : l’autre canal vertical, le supérieur, ayant une direction d’arrière en avant, sa section {1) Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonations du oye. tème nerveux dans les animaux uertébrés, 2e edit., 1842, p. 446 et suiv. — 415 — détermine un mouvement d’arrière en avant ou de culbute en avant. » C’est done, pour Flourens, il convient de le noter dès à pré- sent, un fait capital dans l’histoire physiologique des canaux semi-circulaires que cette relation entre la variété de l'effet produit par la lésion de chacun des canaux et la direction de ce canal. Ce fait devient effectivement, pour lui, le point de départ et le fondement d’une systématisation des ea qui seraient tout à fait spéciales aux canaux semi- Landes si bien que le branlement particulier de la tête, déterminé par la section de ces canaux, appartiendrait exclusivement et en propre à cette lésion expérimentale : « S'il n’en était pas ainsi, dit Flourens, la direction de ce branlementne varierait pas comme varie la direction des canaux eux -mêmes. » Cela posé, Flourens s’ingénie à montrer que ces phénomé- nes, malgré leurs apparentes analogies avec les phénomènes cérébelleux qu'il avait lui-même si bien étudiés, n’ont cepen- dant avec les fonctions de cet organe aucune liaison réelle (p- 467) ; bien que, par une singulière contradiction, il suppose ensuite et cherche à démontrer que « c’est surtout dans le cervelet que réside la première et fondamentale cause des mouvements qui suivent la section des canaux semi-circulai- res. » Mais, pour Flourens, coue cause réside essentiellement dans la direction diverse des fibres cérébelleuses, savoir : Fibres transverses (pont de Varole, pédoncules transverses), rotation de l'animal sur lui-même à la suite de la section de ces fibres, comme dans le cas, ou très peu s’en faut, de sec- tion du canal semi-circulaire horizontal. Fibrespostéro- antérieures, c'est-à-dire d’arrière en avant - (pédoncules antérieurs), mouvement de propulsion ou de cul- bute ea avant, comme à la suite de la section du canal vertical antérieur ; ; Enfin, fibres antéro-postérteures, d'avant en arrière ou rétro- gades (pédoncules inférieurs et postérieurs) : culbuteen: arrière, par leur section, exactement comme après celle du canal ver- tical postérieur ou inférieur. 416 « Soit donc que l’on considère la direction des fibres nerceu- ses coupées, soit que l’on considère la direction des canaux semi-circulaires coupés, il y a toujours un rapport donné, un rapvort frappant entre la direction des Jibres ou des canaux coupés et la direction des mouvements produits (loc. citat., p. 488). » Et maintenant, comment ces fibres nerveuses. se trouvent- elles en relation avec les canaux semi-circulaires? Par la branche du nerf acoustique qui se distribue à ces canaux, et qui constituerait, toujours d’après Flourens, une paire nou- velle, une paire de plus à ajouter aux paires craniennes et encéphaliques : ce nerf serait doué de la propriété singulière d'agir sur la direction des mouvements, grâce à ses relations avec les fibres dont les effets sont no comme, leur direc- tion. Si l’on ajoute à cela la théorie générale, selon laquelle Flourens rattache tous les phénomènes nerveux fonctionnels à trois ordres de force et de principe : 10 Le principe excitateur des mouvements, qui résiderait dans toutes les parties du système nerveux qui, étant piquées ou irritées, provoquent immédiatement des contractions mus— culaires, par la moelle épinière, par la moelle allongée, par les nerfs. 20 Le principe régu'’ateur qui émane du cervelet ; 3° Le principe modérateur qui réside tout à la fois dans les canaux semi-circulaires et dans les fibres opposées de l’en- céphale ; se On aura complété la théorie physiologique de Flourens sur les canaux semi-circulaires, lesquels constituent, en définitive, d’après lui, les organes modérateurs du mouvement. Et il y aurait, dans ces canaux comme dans les fibres de l’encéphale, - autant ae forces modératrices opposées qu'il y « de direc- tions. principales ou cardinales des mouvements (loc. citat., p-498, etc.). Dans cette dernière expression de la théorie de Jlourens, il y.a, pour le dire par avance, le germe héréditaire d’une systématisation récente des fonctions des canaux semi-circu- laires, qui les considère comme l'organe d’un sens particulier 417 -- le sens de l’espace ; systématisation qui a pris un certain crédit auprès de physiologistes sérieux. Aussi avons-nous dû insister tout particulièrement sur les recherches de Flourens, car non seulement elles marquent le point de départ de tous les travaux entrepris, depuis, sur ce sujet, mais encore presque toutes les tentatives d'explication faites postérieurement à lui se rattachent plus ou moins à sa théorie, dont elles ne sont qu’une variante. D'ailleurs, il est juste de le reconnaître, les expériences de Flourens ont été parfaitement conçues et non moins bien réalisées, et elles ont mis en lumière des faits incontestables; seules, l’interprétation et la systématisation de ces faits est erronée, ainsi que nous nous proposons de le montrer bientôt. IT. — Les phénomènes dits de Flourens ont été, depuis les. travaux de ce dernier, l'objet de nombreuses tentatives d’ex- plications et d’interprétations, tantôt basées sur de pures con- ceptions psychologiques et plus ou moins conjecturales, tan- tôt appuyées sur l’expérimentation : c’est principalement de ces dernières que ñous nous occuperons dans cette rapide revue historique. Un auteur allemand dont le nom est devenu célébre par une découverte embryologique de premier ordre, celle de la vésicule germinative de l’œuf, Purkinje, publiait, presque au même moment où Flourens faisait connaître ses recherches sur les fonctions des canaux semi-circulaires, des observa- tions relatives à la sensation ou au phénomène dits du ver- tuye, qui ont servi de point de départ à la plupart des théories basées sur la considération de ce phénomène, c'est-à-dire qui attribuent & un vertige auditif les troubles fonctionnels provoqués par les lésions des canaux semi-circulaires. Il n’est pas inutile, à ce propos, de connaître, dans ses termes exacts, l’interprétation de Purkinge : « Pendant la rotation du corps autour de son axe longitu- dinal, le cerveau, en raison de sa consistance molle, doit avoir de la tendance à rester un peu en arrière du mouvement de la boîte cranienne : c'est le même phénomène que nous ob- 8ervons sur un liquide dont le vase est mis en rotation. — 418 — Les parties du liquide conservent leur position dans les- pace extérieur jusqu'à ce que leur adhésion aux parois du vase les entraine dans le mouvement de ce dernier. La cohé- sion du cerveau est trop forte pour que le même phénomène puisse s’y reproduire exactement; mais étant donnée la masse molle et capable, jusqu’à un certain point, de déplace- ment intérieur, le cerveau partage par là certaines qualités des liquides ; il faut donc nécessairement admettre qu’étant donné un mouvement plus ou moins intense, ses parties doi- vent se déplacer et se détendre, sans cependant qu'il puisse y avoir une véritable rupture de leur continuité. Des distor- sions pareilles doivent amener les mêmes troubles que les véritables lésions mécaniques et n’en différer qu’en degrés. « D’après les résultats connus des expériences sur les ani- maux,j'attribuerais ces troubles surtout à l’altération du cer- velet et des pédoncules cérébraux; l’étourdissement devrait être attribué aux lobes cérébraux » (1). Les troubles en question ne seraient autres, selon l’auteur, que le changement des sensations que les parties du cerveau éprouvent, à l’ét&. normal, de leur contact mutuel, change- ment provoqué par le déplacement de ces parties, produit par la rotation du corps ; en sorte que la sensation de vertige ré-: sulterait, en dernière analyse, des mouvements, des efforts inconscients qu’exécutent les muscles du corps et ceux des globes oculaires pour rétablir l’équilibre rompu par la rotation apparente. Telle est, en substance, la théorie de Purkinje sur le vertige : or, l'adaptation de cette théorie aux troubles fonctionnels dé- pendant d’une lésion des canaux semi-circulaires, constitue le fond commun des travaux de tous les auteurs qui font de ces troubles un phénomène de vertige, et basent sur cette consi- dération la fonction desdits canaux. Parmi ces auteurs, nous devons porticulièrement signaler E. de Cyon, Mach, Crum, Brown et Breuer. Pour MM. Mach, Crum Brown et Breuer, les canaux semi- (1) E. pe Crow, Recherches expérimentales sur les fonctions des canaux semi- circulaires, etc., 1878, p. 10. 419 circulaires seraient les organes des sensations de l’accéléra-- tion du mouvement ou, autrement dit, les organes des sens de la rotation : ces sensations seraient elles-mêmes provoquées par la tendance de l’endolymphe à exécuter ces mouvements en sens contraire de celui du canal membraneux pendant la rotation de la tête. Le vertige de Purkinje serait le résul- tat de ces modifications éprouvées par les canaux semi-circu- laires. L'idée ‘d'attribuer ces modifications fonctionnelles à lin- fluence d’un changement de pression de l’endolymphe sur Îles ampoules pendant la rotation de la tête, et les expériences teniées en vue de justifier cette idée appartiennent surtout à M. Goltz, qui a été amené à considérer les canaux semi-cir- culaires comme les organes de l’équilibre et de la coordina- tion des mouvements. C’est un retour à la conception de Flourens, avec cette différence, toutefois, que Flourens & cherché à mieux spécialiser le rôle fonctionnel des canaux. Quant au prétendu rôle de l’endolymphe, rien n’est moins démontré, comme il est facile de s’en convaincre expérimen— talement, ainsi que l’a fait E. de Cyon, et ainsi que nous Fa- * vons fait nous-même, en prenant toutes les précautions néces- saires pour ne pas produire d’irritation dans lintérieur deg ampoules. (1). Les premières recherches de M. E. de Cyon sur ce sujet datent de 1873 ; elles ont été continuées les années suivantes, et enfin reprises et complètement résumées dans un travail d'ensemble dont l’auteur a fait sa thèse inaugurale passée en ‘1878 devant la Faculté de Paris (2). Pour M. E. de Cyon, les fonctions des canaux semi-circu- laires consistent à nous donner une série de sensations in- conscientes sur la situation de notre tête dans l’espace ; cha- que canal a un rapport strictement déterminé à une des di- mensions de l’espace. La perte de l'équilibre et les autres (1) Gezrz, Ueber die Physiologiache Bedeatung, etc.,in, J fuger'e Arcek., Bd III. (2) Ce travail a pourtitre : Recherches expérimentales sur les jonctians des canaux semi-circulaires et sur leur rôle dans la formation de la no- #ion de l'espace, — 420 —. troubles des mouvements ne sont que la suite des perturba- tions apportées à ces sensations par la section des canaux. E. de Cyon a créé, en un mot, comme un nouveau sens, le sens de l’espace, en prenant, comme l’avait fait Flourens, pour base de son interprétation la direction des canaux. Flourens avait aussi, d’ailleurs, on s’en souvient, et nous l’avons remarqué plus haut, considéré le nerf acoustique dans sa portion anté- rieure, comme une paire nouvelle, eu égard à sa fonction spé- ciale, à ajouter aux autres paires craniennes ; et la dénomi- nation de nerf de l’espace, qui lui est attribuée aujourd’hui par quelques auteurs, à la suite de E. de Cyon, ne fait que consa- crer, en quelque sorte, l’idée première de Flourens ; car, mal- gré toute l’habileté bien connue avec laquelle ont été condui- tes la plupart des expériences de Cyon, son interprétation ne nous paraît pas admissible, et la création d’un sens spécial de l’espace, non seulement n’est pas justifiée dans l’espèce, mais élle est contraire aux principes mêmes, aux notions fonda- mentales de la physiologie ; c’est ce que nous espérons pou voir bientôt démontrer d’une facon péremptoire. | Parmi les auteurs qui sont portés à attribuer les troubles moteurs qui suivent la section des canaux à un vertige auditif, il faut encore citer les professeurs Brown-Séquard et Vulpian. Brown-Séquard a pu,dans des expériences déjà anciennes(1), renouvelées récemment, produire ces mêmes troubles fonc- tionnels en blessant le nerf auditif. M. Schiff, il est vrai, nie absolument ce résultat expérimental(2?)..Sa possibilité, nous le verrons bientôt, dépend de la portion lésé du nerf auditif et c’est ce que ne dit pas explicitement Brown-Séquard. Quoi- qu'il en soit, Vulpian trouve dans les résultats des ‘evpérien- ces de ce dernier une nouvelle confirmation de sa manière de voir, qui considère tous ces phénomènes « comme étant dus à un vertige auditif, bien que les canaux semi-circulaires ne renferment pas de ramifications visibles du nerf acoustique, ces ramifications s’arrêtant dans les ampoules (3).» (L) Brown-Séeuanp. Eæperim Researches, 1853, p. 21 et 29, (8) Scuirr, Lehrbuch der Physiolog., 1858-59, p. 396. (3) Vurrian, Leçons sur la physiologie générale et comparée du système rRerveuz, 1866, p 601. — 421 — Un des travaux les plus remarquables, sans contredit, qui aient été faits, depuis Flourens, sur lé rôle fonctionnel des ca. naux semi-cireulaires, travail basé sur des expériences nom- breuses, variées, bien conçues èt auquel n’a pas été accordée toute l'attention qu’il méritait, c’estle travail de M. Lœven- berg en 1869. Les conclusions essentielles des recherches de cet auteur sont les suivantes : rs 1: Les troubles de locomotion produits par la lésion des ca- naux sont dus à une excitation et non à une paralysie ; 2: L’excitation des canaux produit les mouvements convul- sifs par voie réflexe, sans aucune participation de la con- science ; 3: La transmission de cette excitation réflexe se fait dans les couches optiques (1). Nous verrons bientôt, par les résultats de nos propres re- cherches, combien la seconde conclusion de M. Lœvenberg se rapproche de ce que nous croyons être la vérité sur ce sujet. Mais là où il fait complètement fausse route et erreur, c’est lorsqu'il place dans les couches optiques la voie de transmis- sion réflexe. Il n'avait pas, d’ailleurs,pour cette détermination exacte, les données que nous possédons aujourd’hui, grâce aux résultats convergents des recherches d'anatomie micro- graphique et de physiologie expérimentale. En terminant cette rapide revue rétrospective, nous ne fe- rons que mentionner de récentes expériences de Benno Ba- ginsky, expériences relatives surtout aux effets de la pression de divers liquides injectés dans la caisse tympanique, et d'’a- près lesquelles les phénomènes attribués à la lésion des canaux semi-circulaires seraient exclusivement sous la dépendance des lésions cérébrales de voisinage (2).C'’est ce qu'avait déjà prétendu Bættcher, à propos des expériences de Goltz, très défectueuses, d’ailleurs, il faut en convenir. Mais celles de Baginsky ne le sont guère moins, assurément, car il est im- possible, en poussant dans la caisse, comme il le fait, des li- _ quides, sous des pressions diverses, de ne pas pénétrer avec (1) Lœvensero, Ueber die nach\Durchachneidung der Bogengænge, etc. (Arch. für Augen und Ohrenheilund von Knapp und Moos, Bd III. ‘ (@) Arck. für Anatomir und Phyrio!ogie, 1881, p. 201. — 422 —. effraction dans la cavité cranieune ; c’est ce que l’auteur, du reste, constate lui-même à l’aide de liquides colorés; et en somme il rend pleinement justice à la valeur de ses propres expériences, en en tirant la conclusion négative qu’elles com- portent, relativement à la détermination des fonctions des ca- naux semi-circulaires. III. — En négligeant, pour le moment, les explications et la théorie, et en n’envisageant que le côté des faits, il convient de se demander, avant tout, si la variété des effets des lésions des canaux semi-circulaires,selon la direction de ces derniers, est un fait aussi réel, aussi constant que Flourens a cherché à l’établir, et croit l’avoir expérimentalement établi. Or, il est facile de montrer que, sur ce point capital, il y & tout au moins une exagération qui r’est pas loin de l’errenr, et qui est devenue l’origine, et peu à peu, grâce aux entraîne- ments d’une systématisation plus ou moins ingénieuse, le pivot d’une doctrine physiologique inacceptable. Et d’abord, il ne faudrait pas s’imaginer qu’il est aussi facile de léser tout à fait trdiciduellement les canaux semi- circulaires que pourrait le faire croire la description de Flou- rens, et d’autres expérimentateurs après lui: l'isolement complet sur l’animal vivant de ce petit appareil est des plus laborieux et des plus délicats, et il expose à des accidents intercurrents presque inévitables, qui, lorsqu'ils ne sont pas une entrave ou un empêchement de l’expérience projetée, sont souvent de nature à influencer les résultats cherchés : telles sont surtout les hémorragies et les lésions de voisinage por- tant sur ie système nerveux encéphalique. Afn de nous mettre, autant que possible, à l’abri de ces. accidents, nous avons l’habitude, lorsque nous faisons l’ex- périence en isolant les canaux, de pratiquer cet isolement en deux temps : dans un premier temps, qui constitue une pre= mière partie de lopération, nous mettons à nu, par une sculp- ture très lente et très attentive, la partie d'os temporal qui recèle le petit appareil semi-circulaire, et cela fait, nous lais- sons l’animaï (ordinairement un oiseau, pigeon, poule ou din- don) se reposer durant vingt-auatre ou quarante-huit heures. 499 — Puis, nous procédons à la deuxième partie de l'opération, qui constitue la véritable tentative expérimentale, c’est-à-dire à la section,ou à la piqüre individuelle ou simultanée des canaux (1)- Mais nous usons aussi d’un autre procédé, qui, quoique exigeant plus d'habitude et d'exercice, sinon autant de patience, donne des résultats très satisfaisants et permet d'atteindre directement ét immédiatement le but : il consiste à traverser directement, à l’aide d’un petit instrument appro- prié, la surface osseuse et à léser un ou plusieurs canaux après s'être bien assuré préalablement de leur situation chez l'animal soumis à l’expérience. 11 nous est arrivé, dans ces conditions où-le hasard de la réussite a certainement une grande part, de ne toucher qu’un seul canal (habituellement l’horizontal ou le vertical posté- rieur), sans léser aucune des parties voisines et sans provoquer trace d’hémorrhagie : nous possédons plusieurs témoignages anatomo-pathologiques de ce résultat. Or, l'effet immédiat, constant, l'effet essentiel et, pour ainsi dire, caractéristique de cette lésion, — quel que soit d’ailleurs le canal atteint, — c’est une deséquilibration de la tête, et presque simultanément du corps de l’animal, due à un entrai- nement irrésistible soit d’un côté, soit d’un autre, soit alterna- tivément d’un côté et de l’autre, suivant que la lésion porte sur un seul côté, ou sur les deux côtés à la fois. Tel est le phénomène capital qui, pour être apprécié et in- terprété Comme il convient, c’est-à-dire pour être ramené à l'expression saisissable d’un fait véritablement physiologique, ayant sa raison d’être fonctionnelle dans des dispositions et des relations organiques parfaitement déterminées, a besoin d’être considéré et étudié isolément, dans toute sa simplicité, dégagé, en un mot, des variétés plus ou moins accessoires (1) On peut rendre plus apparents les canaux semi-—cireulaires mis à na, à l'aide d’un stratagème qui a été employé par plusieurs expérimentateurs, no- tamment par llourens lui-même, et par le professeur Vulpian, et qui consiste à nourrir les pigeons avec des aliments mélangés de garance; le système osseux se colorant, comme on sait, en rouge, sous l'influence de cette ali- mentation, les canaux semi-circulaires osseux se distinguent, par cette colo- ration, des parties voisines, et sont alors plus facilement individualisés. — 424 — qui, comme nous le verrons plus tard, ne lui enlèvent, d’ail- leurs, rien de son caractère primordial et dominant. Voici un pigeon sur lequel nous avons pratiqué, par notre procédé de piqûre instantanée, la piqûre de l’appareil semi- circulaire du côté gauche, sans lésion de voisinage, sans pro- voquer l’épanchement d'une seule goutte de sang. Instantanément la tête se porte irrésistiblement à gauche, dans un mouvement de rotation plus ou moins complet, autour dur axe représenté par la direction normale de la tête et du cou, puis elle retourne à son point départ, pour être entraînée de nouveau, et ainsi de suite, de facon à pré- senter un mouvement alternatif de va-et-vient, à caractère convuïsiforme clonique, qui bientôt se régularise en une sorte de mouvement oscillatoire et rythmique de la tête, comparable au nystagmus oculaire : si bien que le mot de nystagmus dela tôte, appliqué par analogie à ce phénomène, ainsi qu’a eu l’idée de le faire, en le voyant se produire, notre ami !e doc- teur Gellé, exprime très bien son caractère objectif, en même temps, pour le dire par avance, que sa nature fonctionnelle. Mais il importe de le remarquer, les effets constatables de la lésion ne se bornent pas, sur cet animal, de même que sur tous ceux qui sont soumis à une expérience semblable, au phénomème susdit de déséquilibration de la tête; ce même phénomène de déséquilibration se manifeste également dans les mouvements généraux, et particulièrement dans ceux de la marche et même du vol chez l'oiseau : de telle façon que, la régularité, l'harmonie nécessaires à l'exercice normal de ses mouvements faisant plus ou moins défaut, ils s’accomplissent sans mesure, sans direction déterminée, avec un désordre contre lequel l’animal lutte en vain de toute sa volonté, ou plutôt, qu’il augmente et aggrave d'autant plus, qu’il fait de plus grands efforts d'intervention volontaire ; car, seul, le repos absolu amène la cessation de ces phénomènes désordonnés. . En considérant-toujours, ainsi que nous nous évertuons à le faire ici, ce trouble fonctionnel dans toute sa simplicité, ii est permis de dire qu’en général, la déséquilibration des mouvements corporels s’accomplit, au point de vue de l’en- traînement irrésistible et de sa prédominance, dans le même sens ou du même .côté que celui de la tête. Mais ce fait n’im- plique pas nécessairement, du moins pour nous et d’après nos observations expérimentales, une relation constante et aussi claire qu’on a voulu l’établir entre la direction de l’en- traînement et celle du canal lésé. Tout au plus est-on auto- risé à admettre, en se tenant autant que possible dans l’ob- servation et l'interprétation rigoureuse des faits, qu'il v a certaines prédominances d’entraînement en avant, en ar- rière, ou latéralement, selon l'étendue de la lésion expéri-- mentale, et de la simultanéité d’atteinte de telles ou telles par- ties de l’apparei! semi-circulaire, parties qu'il est, d’ailleurs, tres difficile de limiter exactement et d’individualiser. . Mais un fait beaucoup plus significatif, à notre sens, et qui ne paraît pas avoir attiré l'attention ni de Flourens, ni des expérimentateurs qui l’ont suivi dans cette étude, c’est que l'entrainement de la tête, à la suite d’une lésion unilatérale d’un ou de plusieurs canaux, peut prendre et prend parfois la forme d’une contracture permanente des plus intenses. Le dindon, avec son long cou, se prête fort bien à cette obser- vation expérimentale, et celui que nous avons montré à la Société nous a fourni un des plus remarquables exemples de cette contracture provoquée. Nous avions, sur ce dindon, pratiqué l’expérience de la mise à nu des canaux Are enr du côté droit, par notre procédé en deux temps; mais, malgré les plus minu- tieuses précautions prises dans la première partie de l’expé- rience, l'appareil semi-circulaire avait été touché (proba- blement au niveau des canaux horizontal et postérieur); car, dans la même journée et peu de temps après lopération préliminaire, nous .vimes se produire un commencement d'entraînement irrésistible de la tête à droite, avec balan- cement Caractéristique, et de la difficulté à garder l’équi- libre dans la station et l’harmonie âes mouvements dans la marche. Ces phénomènes s’accentuèrent les jours suivants avec rapidité, et à ce point que le cou arriva à éprouver une torsion complète sur lui-même, le bec regardant complètement en — 426 — haut : dans cette situation singulière, la tête présentait un renversement complet, et les yeux, révulsés par suite du ‘déplacement de la tête, cherchaient vainement, dgns un mou- vement continu de rotation orbitaire, leur axe visuel déplacé : la force d'entraînement et de torsion, c’est-à-dire la contrac- ture était telle, qu’il était presque impossible de ramener, dans la rectitude, le cou et la tête, qui reprenaient immédiateinent leur situation anomale, aussitôt qu'ils étaient abandonnés à eux-mêmes. Aussi, n’était-ce pas sans peine que l’on parve-. nait à gaver l'animal, qui était dans l'impossibilité de prendre spontanément la moindre nourriture : il fallait pour cela se mettre à deux, l’un pour maintenir le cou redressé, et l’autre pour introduire les aliments. La déséquilibration motrice était d’ailleurs complète, et ce n’est qu’à grand’peine et en se tenant accroupi et au repos absolu sur une plan- cheite, que l'animal parvenait à éviter une chute toujours imminente. Si on l’excitait à se mouvoir, on voyait ses pattes se cramponner instinctivement à leur place. Il a pu vivre ainsi plus de deux mois; mais l’alimeniation forcée étant devenue de plus en plus difficile, il a succombé. La crête s’était très anémiée dans les derniers temps. L'autopsie immédiate a montré, comme résultat important au point de vue du symptôme prédominant observé durant la vie, que l'appareil semi-circulaire était compris dans les alté- rations progréssives qui avaient envahi presque toutes les parties de l'oreille interne, sans trace apparente d'extension aux parties encéphaliques avoisinantes, notamment au cer- velet. C’étaient donc bien les lésions des canaux semi-circu- laires qui avaient été, en ce cas, la cause réelle et originelle du phénomène si remarquable de contracture et d’entraîne- ment de la tête et du cou, avec déséquilibration consécutive des mouvements généraux. On peut, du reste, reproduire à volonté ce phénomène en renouvelant exactement les mêmes conditions expérimen- tales. TV. — fl y a longtemps que des recherches expérimentales faites sur les diverses portions du bulbe rachidien dans de but dre d'en déterminer aussi exactement que possible, et d’en localiser les influences fonctionnelles et, en particulier, des expériences pratiquées sur le trajet des fibres restiformes, qui nous ont conduit à trouver le siège organique du noyau d’origine de la racine descendante ou sensitive de la cinquième paire ; il y a longtemps, dis-je, que ces recherches avaient attiré notre attention sur certains phénomènes d’en- traînement de la tête et du cou, et de déséquilibration motrice générale concomitante ayant une ressemblance frappante avec les troubles fonctionnels occasionnés par une lésion expérimentale des canaux semi-circulaires. Cette similitude et la présomption qu’elle suggérait comme relation fonction- nelle et organique entre l’appareil semi-circulaire et la région bulbaire en question, principalement constituée par les fibres restiformes, prolongement des fibres pédonculaires cérébel- leuses inférieures, nous engagèrent à multiplier nos expé- riences à ce sujet, et voici les résultats auxquels elles nous ont conduit : Lorsquesurun animalapproprié, par exemple et de préférence sur un pigeon, on cherche à atteindre directement les parties postérieures et un peu latérales du bulbe, à l’aide d’un instru- ment piquant, que l’on dirige à travers les tissus de la nuque de façon à pénétrer par la membrane occipito-atloïdienne, si l’on arrive exactement sur cette région du bulbe visé qui con- tient les fibres restiformes, au voisinage du lieu d’origine, c'est-à-dire du noyau de la racine descendante du trijumeau (point de repère important, ainsi que nous l’allons voir), la pi- qûre étant à peme réalisée, on voit se produire instantanément un entraînement irrésistible de la tête du côté de la lésion ; et, si celle-ci est suffisante, sans être cependant ni trop profonde . nitrop étendue, on voit survenir, aussitôt que l’animal est abandonné à lui-même, une déséquilibration totale des mou- vements, qui le met plus ou moins dans les conditions appa- rentes de l’ivresse. Bref, la physionomie de ces troubles fonctionnels est telle, que le physiologiste le plus habitué est porté, — quand il n’a pas été informé du siège réel de la lésion expérimentale, — à les attribuer à la lésion typique des canaux semi-circulaires; DUT poa tE si bien que nous avons pu provoquer un jour cette confusion de la manière suivante: C'était au cours de physiologie ;-le D Rdeur traitait de la fonction du sens de l'ouïe et avait été naturellement amené à parler des singuliers phénomènes dus à la lésion des canaux semi-cireulaires. Nous avions préparé pour la démonstra- tion un certain nombre de pigeons: aux uns, nous avions lésé les canaux semi-circulaires, soit d’un seul côté, soit des deux côtés ; aux autres, nous avions pratiqué la piqüré simple ou double du bulbe, au lieu d’élection susmentionné. En mon- trant aux élèves les oiseaux en expérience, le professeur a si bien confondu, qu’il a spontanément choisi, comme offrant les troubles fonctionnels typiques de la lésion des canaux semi-circulaires, tous ceux sur lesquels avail été pratiquée la piqère des fibres restiformes. Si nous rappelons, en y insistant, ce fait de confusion, c’est pour montrer combien il est effectivement légitimé. Nous avons aussi maintes fois répété l'expérience devant nos collègues de la Société de Biologie, toujours avec les mêmes résultats ; et il est permis de dire aujourd’hui que cette possibilité de confusion constitue une véritable démonstration. Cette dé- monstration va précisément nous donner la clef du mé- canisme physiologique des troubles dont il s’agit, et par conséquent la clef de la fonction de l'appareil semi-circu- laire. Un mot encore sur le fait expérimental lui-même. Nous venons de diré que la piqüre des fibres restiformes, pour produire les effets en question, devait intéresser un point avoisinant le noyau d’origine de la racine descendante ou sen- sitive du trijameau, noyau dont le sisge est aujourd’ui exacte- ment déterminé par les résultats solidaires de la recherche expérimentale et morphologique. Or, il a été démontré, ei . nos expériences en collaboration avec Mathias Duval, qu’un des résultats constants et significatifs de cette lésion était des troubles trophiques de l'œil correspondant au côté lésé, trou- bles caractérisés d'abord par une opacité plus ou moins pro- fonde, etconéécutivem ant par l’ulcération et l’opacité dela cor- née, absolument comme dans le cas de la section intra-cra— uo nienne du trijumeau. Eh bien, de même que la lésion du noyau d’origine de la branche descendante du trijumeau s’accompa-— gne habituellement des troubles fonctionnels de déséquilibra- tion de la tête et du corps qui caractérisent les lésions des fibres cérébelleuses et restiformes, de même la lésion de ces mêmes fibres avec production des phénomènes caractéristi- ques en question, tout à fait assimilabies aux phénomènes de Flourens, tributaires d’une lésion des canaux semi-circulaires s'accompagne des troubles trophiques oculaires, qui sont un témoignage certain du siège de la lésion. C’est ce qui nous a été permis d'observer de la façon la plus nette sur le pigeon que voici, que vous connaissez déjà et qui a subi, il y a maintenant plus d’an an (1) (particularité inté- ressante), la piqûre à l’aide du procédé direct décrit plus haut, des fibres de l’un des pédoncules cérébelleux inférieurs, ou ce qui est tout un, des fibres restiformes, du côté gauche, juste : en un point que la lé-ion survenue du côté de l’œ1l corres- pondant au côté de la piqüre, nous permet de préciser pres- que exactement. L’altération oculaire dont il s’agit, et qu’il est on ne peut plus facile de constater sur cet oiseau, consiste en une ulcération de la cornée on voie de cicatrisation, avec opacité circonvoisine ; cette ulcération et cette opacité sont la conséquence des altérations dites érophiques de l’œil, qui ac- compagnent constamment, ainsi que nous l’avons montré avec Mathias Duval, la lésion expérimentale du noyau d’origine de la racine descendante ou sensitive du trijumeau, de même que la section intra-cranienne de ce nerr. On observe de plus, sur ce pigeon et très probablement sous la même influence de la racinenerveuse en question, une modification trophique du côte du bec, donnant à celui-ci une longueur et une forme qui le font ressembler au bec recourbé du perroquet ; c'est une sorte: de poussée hypernutritive(hypertrophie) des éléments comnés, qui paraissent être sous la dépendance tropique de la cin- quième paire. : Jl résulte de ce qui précède, et en particulier de l’alteration (D Séance de la Société de Biologie, du 6 août 1881. — V. Compte rendu dans la Tribune médicale du 14 août 1881. — 430 — oculaire caractéristique, que la lésion expérimentale a bien porté sur un point de la région bulbaire avoisinant le noyau d’origine de la racine descendante du trijumeau, et que le siège de la lésion se trouve, de la sorte, exactement déter- miné, puisque nous connaissons exactement celui dudit noyau. Mais nous constatons, en outre, sur le même animal, les troubles fonctionnels suivants: phénomènes d’entraîinement et de tournoiement de la tête et du corps, toujours du même côté (côté droit), avec déséquilibration tant dans la marche que dans le vol. Ces désordres fonctionnels ont une telle parité avec ceux qui succèdent à une lésion unilatérale des canaux semi-Circulaires, que l’idée de l'existence de cette lésion chez notre pigeon est la première qui vient à l’idée de la plupart des personnes compétentes auxquelles nous le montrons. I y a donc, dans ce résultat expérimental constant, la démonstration définitive d’une corrélation fonctionnelle entre Pappareil semi-circulaire et la région bulbo-protubérantielle que nous venons de préciser expérimentalement, région cons- tituée par les fibres restiformes, émanation, en majeure partie des pédoncules cérébelleux inférieurs. Il est permis, en con- séquence, et sans sortir du domaine des déductions purement physiologiques suggérées par les faits qui précédent, d’expli- quer ansi qu'il suit la relation fonctionnelle ci-dessus : lors- qu'on a produit une lésion de l’appareil semi-cireulaire, cette lésion va retentir, par voie de continuité, sur la région bulbaire en question, de facon à donner lieu aux troubles fonctionnels caractéristiques dont il s’agit. Or, nous savons, de par des notions physiologiques incontestablement acquises, que cette région, formée par des fibres cérébelleuses, appar- tient au centre fonctionnel proprement dit de l’éqailibration et de l’association fonctionnelle des mouvements: il est par suite facile de comprendre que les troubles consécutifs à la lésion des canaux, et au retentissement de cette iésion sur les fibres restiformes, soient essentiellement des troubles de déséquilibration Telle est l'interprétation physiologique générale du fait; — 431 — mais elle ne suffit pas: comment l’appareil semi-circulaire se trouve-t-il en rapport de continuité avec les corps restiformes, et par quel mécanisme s'opère le retentisse- ment sur cette région de la lésion des canaux ? Ce sont là des questions complémentaires, pour lesquelles il nous faut demander le secours de la recherche morphologique, toujours solidaire, qu’elle soit antérieure ou postérieure, de la recherche expérimentale. Or, les bellss recherches histologiques de notre savant ami et collaborateur Mathias [nval, sur les origines des nerfs cranio-bulbaires, sont venues nous éclairer très heureusement à. cet égard. (La fin au prochain numéro.) NOTE RELATIVE A LA CONSERVATION ET A LA DESTRUCTION DE LA. VIRULENCE DU MICROBE DU CHARBON SYMPTOMATIQUE, par MM. ArLoinc, CoRNevin et THomas. Si l’on fait dessécher rapidement à 359 dans des vases plats qui permettent une évaporation facile, les pulpes préparées avec les tissus des tumeurs du charbon symptomatique, on obtient un résidu où le microbe spécifique conserve toute son activité. Il suffit d’en délayer un peu dans quelques centi- mètres cubes d'eau pour obtenir un liquide dont les effets ne diffèrent point de ceux produits par le virus frais. Dans ces conditions, la conservation intégrale de ses propriétés dure au moins deux ans ; l'avenir nous apprendra quel terme il faudra lui assigner. La nature infectieuse et transmissible de la maladie, læ grande résistance du microbe aux causes de dasimeron et même la possibilité de la guérison dans quelques cas, nous ont engagés à chercher les substances capables de détruire la virulence et d’annuler les propriétés, funestes des cadavres et détritus qui peuvent souiller le sol, les étables, les litières les mangeoires, ete. L’hygiène et la thérapeutique y sont grandement intéressées. En nous plaçant aussi pres que ob des conditions ordinaires de la pratique, nous avons fait agir sur le virus charbonneux un grand nombre de substances liquides où en LEE Sa dissolution recommandées dans les injections ou ies lavages antiseptiques. Nous avons étudié également les gaz ou les substances liquides susceptibles de se vaporiser spontané- ment préconisés pour la désinfection des habitations. A. — Action de substances liquides ou en dissolution sur le virus FRAIS. NE DÉTRUISENT PAS LA VIRULENCE DÉTRUISENT LA VIRULENCE Ce rase phénique (solution & 2/100). salycilique (1/1000). Alcool à 90°. Alcool camphrè (saturé). Alcool phénique (id.). HS bor que (1/5). Glycérine. li. azotique (dilué 1/20). Ammoniaque. Id. sulfurique (dilué). Acétate d'ammoniaque. Id. chlorhydrique (1/2). Sulfate id. Id. oxalique (à saturation). Sulfhyirate id. Alcool salyciliqué (id.). Benzine id. Soude (solution 1/5). Chlorure de sodium (dis. saturée. Potasse (solution 1/5). Chaux vive et eau de chaux. lode Polysulfure de calcium. Chlorure de manganèse (dis. 1/5). Sulfate de fer (dissol. 1/5). Sulfate de quiuine (dissol. 1/10). Borate de soude (1/5). Hyposulfite de soude (1/2). Acide tannique (1/2). Essence de térébenthine. Camphre monochioré (Cazeneuve). Salycilate de soude (aolutian 1/5). l'ermanganate de potasse (1/20. Su'fate de cuivre (1/5). Nitrate d'argent (soluiion 1/1000). Sublimé (dissolution 1/5000). B. — Action de gaz ou de substances employées à l'état de vapeurs sur le virus FRAIS. NE DÉTRUISENT PAS LA VIRULENCE DÉTRUISENT LA VIRULENCE Ammoniaque. Acide sulfureux.’ Chloroforme. En agissant sur du yirus frais et sur du virus desséché nous n'avons point tardé à nous apercevoir que la conserva- Brôme Chlore. Sulfure de carbone. — 433 — tion des propriétés virulentes est différente dans l’un ou l’autre cas. La résistance du virus desséché est beaucoup plus con- sidérable que celle du contage frais, toute substance capable de détruire l’activité du premier anéantit celle du second, tandis que l’inverse n’est pas vrai. Les diverses matières employées ont été laissées pendant 48 heures en contact avec le virus. Les substances gazeuses ont été amenées dans un bocal fermé par un bouchon luté à la cire auquel était suspendu un verre de montre contenant le virus, le tout d’après un dispositif indiqué par M. Pétaux. Il va de soi que pour l'essai de l’activité, on s’est servi cons - tamment de la même quantité de virus (5 gouttes) qui a été inoculée par injection kypodermique. Nous avons résumé, dans les deux tableaux précédents, l'action des substances vis-à-vis du virus frais et dans un troisième nous indiquons celles qui détruisent le virus _ desséché et celles qui, capables de le détruire à l’état frais, sont impuissantes quand il est sec. C. — Action de substances liquides ou pus sur le virus DESSÉCHÉ. DÉTRUISENT LA VIRULENCE NE DÉTRUISENT PAS LA VIRULENCE LIQUIDES OU SOLUTIONS : Acide phénique (2/100). Id. . saiycilique (1/1606), Id. nitrate d'argent (1/1099). | | LIQUIDES OU SOLUTIONS : Acile oxalique. Permanganate de potasse. Soude. Sulfate de cuivre (1/5). È Acide chlorhydiique (1/2). fl Acide borique (1/5). Alcool salyciliqué (à saturation). Sublimé (1/5000). : GAZ OU VAPEURS : Chlore. Sulfure de carbone. GAZ OU VAPEURS : Brôme. On remarquera que plusieurs substances préconisées unani- ei mement comme antisepliques sont sans effet sur le virus même à l’état frais. L'alcool pur ou camphré que les chirurgiens emploient volontiers pour le lavage de leurs instruments ne peut donner ici qu'une sécurité illusoire, La chaux, que les hygiénistes recommandent de jeter sur les cadavres des animaux char- bonneux et dont ils font badigeonner les murs, est dans le même cas ; au moment de son hydratation et par la chaleur dégagée, il y a probablement quelques microbes de dédruits, ceux qui se trouvent à la surface, en contact immédiat avec “elle ; mais à une profondeur insignifiante, ils ont conservé toute leur activité. Nous avons coupé, dans des tumeurs charbonneuses, de très minces lanières musculaires et nous les avons enrobées et enfoncées dans de la chaux vive. Triturées après 48 heures de contact, elles nous ont fourni un liquide très actif. L’inefficacité de l’acide tannique nous porte à nous deman- der si le tannage des cuirs est vraiment propre à détruire la virulence; la réponse est négative en ce qui concerne la sa- laison, le éhlorure dé sodium n’a pas de prise sur le microbe. Nous étions curieux de savoir si le sulfate de quinquine, si recommandable dans les affections paludéennes, vraisembla- blement de nature microbienne, aurait quelque action ici et fournirait une ressource au thérapeutiste; il s’est montré ra- dicalement impuissant. L’ammoniaque et tous ses composés sont dans le même < 318 — 636, et 1 molécule. d’iodure de cadmium, soit 366 (1), le poids moléculaire s’en trouve être très approxima- tivement égal à 1,000 (en effet, 636 + 366 — 1,002). Il résulte de ces chiffres que ce sel double contient 63,6 0/0 d’iodure de tétréthylarsonium et 36,6 0/0 d’iodure de cadmium. La pro- portion du sel arsenical se trouve, par conséquent, un peu moindre que dans liodure de tétréthylarsonium et de zinc. Effets toxiques. — J'ai répété avec ce sel les expériences que j'avais faites avec l’iodure de tétréthylarsonium et de zinc. + On a vu que ce dernier composé agissait à la fois comme liodure arsenical et comme l’iodure de zinc, de sorte qu'il y avait, en réalité, après la pénétration de ce sel dans l’orga- nisme, un double empoisonnement : l’un produit par le sel d’arsonium quaternaire ; l’autre par le sel de zinc. Dans l’intoxication par l’iodure de tétrétylarsonium et de cadmium, c’est l’action du sel de cadmium qui domine la scène et qui finit même par devenir seule évidente. 1o Si, par exemple, on injecte chez une grenouille la quan- tité minime de 5 milligrammes d’iodure de tétréthylarsonium et de cadmium, dans 50 centigr. d’eau, quantité qui n’amè- nerait point la mort si elle était exprimée en iodure de tétré- thylarsonium seul, on observe néanmoins que la grenouille ne survit pas. Elle conserve ses mouvements volontaires pendant trois ou quatre heures et même davantage, mais, pen- dant ce temps, le cœur se ralentit peu à peu et enfin cesse de battre alors que la grenouille a conservé des vestiges de mouvements. Le cœur est arrêté en diastole. Si l’on inter- roge la contractilité musculaire, on voit qu’elle est anéantie dans le voisinage des points où l’injection a eu lieu, et qu’elle est considérablement diminuée dans les autres parties du corps de l’animal. Les nerfs sciatiques ont conservé leur pou- voir excito-moteur; sous l'influence de la pince électrique ils font contracter les muscles qui ont reçu le plus tardivement le poison par suite de la faible diffusion du sel de cadmium (1) Cd — 112 ; KE = 254, d’où Cl I? = 365. à Ds ES SA 0 qui est astringent. Les choses se passent d'ailleurs d'une ma- nière analogue avec tous les sels métalliques peu diffusibles, c'est-à-dire avec ceux qui coagulent facilement les matières albuminoïdes, tels que les sels de mercure par exemple. Si l’on injecte de la même manière sous la peau, chez une grenouille, une dose double de la précédente, soit 1 centi- gramme d’iodure de tétréthylarsonium et de cadmium, elle est fatiguée dès la cinquième minute (action du sel d’arso- nium compliqué du sel de cadmium). Elle ne peut plus se remuer spontanément, au bout de 10 à 15 minutes, néanmoins la sensibilité est conservée,car on ob- sorve des mouvements des membres lorsqu'on la pince ou qu’on la pique fortement. Pendant ce temps, le cœur se ralentit peu à peu. Il ne bat plus au bout de 4 à 6 heures. tandis qu’il pourrait battre pen- dant 15 et 20 heures après l'injection de 1 centigramme d’io- dure de tétréthylarsonium seul. Il ya donc une action évi- dente du sel de cadmium, qui agit comme poison musculaire sur le cœur. Lorsque la grenouille estanéantie et que le cœur va cesser de battre,on peut constater à l’aide de la pince élec- trique une action double : 1° action paralyso-motrice de l’io- dure de iétréthylarsonium qui, à la dose indiquée, se trouve en quantité suffisante pour produire des effets ; 2° action pa- ralyso-musculaire du sel de cadmium. A la dose de 2 centigrammes et demi irjectés sous la peau chez les grenouilles, l’iodure de tétréthyiarsonium et de cad mium produit de Ja fatigue dès la quatrième minute. Au bout de 15 à 20 minutes, on observe un anéantissement pres- que complet ; néanmoins la sensibilité est conservée car les animaux exécutent encore des mouvements lorsqu'on les pince ou les pique. Le cœur se ralentit. Les mouvements ne sont pas encore abolis au bout d’une heure ; on observedes frémis- sements, notamment dans les extrémités des membres où le poison na pu agir par suite de sa faible diffusion comme sel de cadmium. Enfin le cœur s’arrête au bout de 3 à 4 heu- res. 20 Chez un cochon d’Inde pesant 490 grammes, j'ai injecté sous la peau des aines et des aisselles, 7 centigrammes d'’io- UP AR ES dure de tétréthylarsonium et de zinc dissous dans 4 grammes d’eau. Cet animal n’a paru rien éprouver d’abord. I! a couru dans le laboratoire, il était très vif. Je l’ai rapporté chez moi et, le soir, 6 heures 112 après le début de l’expérience. il a rendu un peu d'urine alcaline dans laquelle j'ai constaté la présence d’un iodüre, mais ni sucre ni albumine. Il n’avait plus d’appétit. Il a commencé à être un peu abattu et, le lendemain matin, je l'ai trouvé mort. Il avait uriné très peu depuis, car je n’ai re— cueilli dans le vase au-dessus duquel il se trouvait que 14 cen- timètres cubes d'urine, ce liquide était également alcalin, se colorait fortement en bleu par l’amidon et l’acide nitrique et ne contenait ni sucre ni albumine. À l’autopsie, le cœur renfermait du sang coagulé dans ses quatre cavités.Les poumons étaient congestionnés, le foie très rouge, la muqueuse de l'estomac et celle du gros intestin étaient également congestionnées, la muqueuse de l'intestin grêle presque normale. Le cerveau ne présentait rien de par- ticulier. Ne La vessie contenait 2 à 3 centimètres cubes d’une urine alcaline qui a donné un léger trouble avec l’acide nitrique et renfermait,par conséquent, un peu d’albumine. Cette albuminu- rie terminale était liée à un état congestif, notamment à une altération déjà commençante des tubuli, que j'ai trouvés desquamés en quelques endroits. Il résulte de ces données qu’il y avait eu empoisonnement par le se lde cadmium. Il ne pouvaitêtre question des effets de l’iodure de tétréthylarsonium, qui eût été inoffensif s’il eût été injecté seul, même à la dose de 7 centigrammes. D’ail- leurs, certaines expériences que j'ai entreprises avec les sels decadmium, en particulier avec l’acétate, le sulfate et liodure de ce métal, établissent une analogie complète entre l'intoxication par ces divers sels et l’empoisonnement pré- cédent. L’iodure de tétréthylarsonium et de cadmium s’est montré plus actif que le sel de zinc parce que le poids atomique du cadmium est plus élevé que celui du zinc. — A47 = Elimination. — L’iocdurede tétréthylarsonium simple passe . rapidement dans l'urine. C’est ce qui explique son innocuité remarquable à des doses relativement considérables, l'orga- nisme n’en contenant pas assez à un moment donné pour pro- yoquer un empoisonnement. L’élimination en est aussi facile que celle de l’iodure de potassium. Dès les premières minutes après l'injection, sil’a- nimai vient à uriner, on peut obtenir une belle coloration des urines par l’amidon et l'acide nitrique. Aux doses indiquées dans mes expériences sur les cochons d'Inde, la réaction des iodures a êté manifeste pendant trois jours. À ce moment, les urines en contenaient seulement des traces infinitésimales 41100,000 (un cent millième au plus). Il ‘est probable que, les jours suivants, si javais préalablement évaporé les urines avec un peu de potasse pure,puis traité le résidu par quelques centimètres cubes d’eau, j'aurais pu reconnaître dans Îles urines des traces d’iodure pendant huit jours, comme après l'administration de Diodore de potassium ou de l’iodure de sodium. La réaction des iodures indiquait seulement le passage dé l'iode contenu dans l’iodure de tétréthylarsonium. Le radical tétréthylarsonium s’éliminait-il lui-même en nature ? Pour résoudre la question, il fallait rechercher l’arsenie. Si Von introduit dans l'appareil de Marsh de l’iodure de tétréthy- larsonium dissous dans l'urine et même dans l’eau pure, on n'obtient rien. L’électrolyse par la pile donne, au pôle positif, de l’iode métalloïdique dont il est facile de constater immédia- tement la séparation en approchant de l’élecirode ane bande de papier amidonné. Mais on ne constate aucun dépôt d’ar- senic ni au pôle positif, ni au pôle négatif. L’arsenic se trouve donc rivé, dansles composés d’arsonium, aussi intimement que l'azote dans les composés d’ammorium, et c’est ce qui explique son innocuité remarquable, son état latent pour ainsi dire, de telle sorte qu’il peut migrer dans l'organisme aussi bien que l'azote combiné dans les ammoniums quaternaires. Pour déceler l’arsenic dans liodure de tétréthylarsonium contenu dans les urines, j’ai employé les moyens. usités dans les recherches de médecine légale, par exemple la destruction 4e — préalable, au moyen de l'acide chlorhydrique et du chlorate de potassium. : Je n’ai encore rien obtenu de précis, à cause de la fixité remarquable du tétréthylarsonium, de sorte qu’il n’y a de certain au sujet de l'élimination de ce sel que la constata- tion rapide de la réaction des iodures. Dans mes expériences avec les iodures de tétréthylarsonium et de zinc ou de cadmium, j'ai constaté de même rapidement la réaction des iodures dans les urines ües animaux. Cette réaction a persisté pendant le même temps qu'après l’admi- nistration de l'iodure de tétréthylarsonium seul. Quant au zincet au cadmium, je n’ai pu en constater le passage dans les urines qu’à des doses extrêmement faibles. Il en est donc de ces sels comme des diverssels métalliques. Ils subissent un dédoublement dans lorganisme. L’iode passe rapidement dans les urines à l’état d'iodure (de sodium) tandis quele métal demeure plus ou moins longtemps dans l'organisme pour s’éliminer surtout par la bile. C’est ce que j'avais constaté il y a quinze ans déjà pour l’acétate de cad- mium. Ce métal ne se retrouvait pas dans les urines, mais il s'était localisé dans le foie,puis dans la bile, conformément à ce qui était admis déjà à cette époque pour divers métaux après l’administration de leurs sels. De même pour l’iodate de cuivre (1). On constate facilement la réaction des iodates et des iodures dans les urines, après l’ingestion de ce sel, tandis que le métal s’élimine par les reins en quantité infini- tésimale. Lorsqu'on soumet à l’électrolyse une solution d’iodure de tétréthylarsonium et de zinc ou de cadmium, on constate im= médiatement, au pôle positif en platine,le dépôt d’iode libre et au pôle négatif, également en platine, un dépôt peu adhérent de zinc ou de cadmium. Cette méthode d’analyse est appliquable lorsque les sels en question se trouvent dans l'urine, mais, je le répète, le zinc et ie cadmium contenus dans ces composés s’éliminent diffi- cilement par les reins, de sorte que l’on ne constate par l’élec- trolyse que le passage des iodures dont l’iode se dépose au pôle positif. (1) Comptes rendus de la Société de biolngie, 9 janvier 1869. — 449 — Classification toxicologique des arsoniums quater- naires. — Si l’on compare les effets de l’iodure de tétréthy- larsonium (sel d’arsonium quaternaire) avec ceux de l’iodure de méthyltriéthylstibonium (sel de stibonium également qua- ternaire) on voit que l’analogie est complète. Même innoccité relative ; même action sur les nerfs moteurs c’est-à-dire sur les plaques motrices terminales de ces nerfs. “Yes iodures de tétréthylarsonium et de zinc ou de cadmium sont au contraire des poisons doubles, ce sont: 10 des poisons du système nerveux moteur; 20 des poisons muscu- laires. De même que les poisons métalliques, ils portent pri- mitivement, comme sel de zinc et de cadmium, leur action sur l’élément anatomique musculaire dont ils abolissent ou diminuent la conctractilité ; d’où la difficulté des mouvements, l'arrêt du cœur ou la mort par syncope parce que cet organe,est mis plus souvent,et davantage que les autres organes muscu- laires en contact avec la substance toxique qui migre dans l’or- ganisme.Plus tard,ainsi que je l'ai constaté après l'empoison- nement par liodure de tétréthylarsonium et de cadmium, il se produit, comme dans l’action ultérieure et lente des poisons métalliques, des altérations du liquide sanguin (anémie métal- lique),des altérations de nutrition qui entraînent la dégénéres- cence des organes, notamment celle des reins,d’où les «lbumi- nuries métalliques sur lesquelles jai insisté jadis. Les sels d’arsonium quaternaires sont aussi nombreux que les sels de stibonium, de phosphonium et d’ammorium quaternaires. Or, ces derniers sont des agents paralyso-mo— teurs ou curarisants. L’étude que j'ai faite de l’iodure de tétré- thylarsonium vient done augmenter de plusieurs centaines le nombre des agents paralyso-moteurs. — 450 - LÉSIONS VALVULAIRES EXPÉRIMENTALES DU CŒUR : I. LÉSIONS DE LA VALVULE TRICUSPIDE SUR DE PETITS ANIMAUX JEUNES (LAPINS, COBAYES); ESSAIS DE TRANSMISSIONS HÉRÉDITAIRES DES AFFEC- TIONS CARDIAQUES. — JI. RAPPORT INVERSE DE L'ACUITÉ DU SOUFFLE ET DE L’INTENSITÉ DE LA LÉSION VALVULAIRE (AORTIQUE OU AURICULO—VENTRICULAIRE).— III. EFFETS DES REFLUX VEINEUX ET DE ZA HAUTE FRESSION VEINEUSE SUR LE COURS DE LA LYMPHE DANS LE CANAL THORACIQUE, par M. FRançois-FRANCK. I. — Les expériences que j'ai presentées jusqu'ici à la Société de biologie avaient été presque toutes faites sur des chiens, c’est-à-dire sur des animaux de taie relativement grande et chez lesquels les opérations sont faciles. Il y avait intérêt à reprendre ces recherches sur des animaux plus pe- tits, sur des lapins et des cobayes : non seulement en effet on peut s* procurer ei conserver plus commodément un grand nombre de sujets, mais -es études comparatives offrent plu- sieurs autres avantages. Chez les lapins, tous les accidents d’hydropisie des séreuses et du tissu cellulaire sous-cutané sont à leur maximum ; on peut provoquer très facilement des troubles cardiaques momentanés par voie réflexe et faire varier ainsi les caractères du souffle qui résulte de la lésion. Mais le point le plus important à mettre en relief est assuré- ment le suivant : les lapins et les sobayes se reproduisent avec une très grande rapidité et il est possible d'observer plu- sieurs générations. Dès lors on pourra s'assurer d’un fait d’une très grande valeur, à savoir si une lésion cardiaque déterminée chez les ascendants par la voie expérimentale se transmet telle quelle ou se traduit chez les descendants par quelque trouble circulatoire défini. Les remarquables résultats obtenus par M. Brown-Séquard dans ses études sur la trans- mission héréditaire des désordres produits par les lésions du système nerveux, et un certain nombre de faits d'observation courante, autorisent à penser que les troubles cardiaques pro- duits chez les parents pourront se manifester d’une façon ou d’une autre dans les générations suivantes. La solution de cette question prend un cerlain intérêt médical en raison du fait bien établi, semble-t-il (Barié-Potain),de la production de lésions valvulaires chez l’homme par le traumatisme. -- 451 — C’est donc surtout dans le but de poursuivre cette recherche que j'ai entrepris une nouvelle série d'expériences sur les lapins et les cobayes : la seule difficulté consiste dans les opérations elles-mêmes : autant il est facile de produire des lé- sions, des sigmoïdes aortiques chez ces petits animaux, autant la section des valvules tricuspides ou de leurs cordages est une opération délicate et hasardée.Toujours est-il qu’elle réus- sit dans un assez grand nombre de cas, même sur des ani- maux très jeunes, comme on peut s’en assurer sur ce lapin, à peine âgé de six semaines, Les membres de la Société qui l’ont ausculté ont été frappés de la neiteté et de l'intensité du souffle systolique qu’il pré- sente. J’ai aussi montré combien il est facile de modifier ce souffle et de permettre d’en apprécier tous les caractères en ralentissant le cœur par voie réflexe : il suffit, sur tous les lapins, de toucher les narines avec un pinceau trempé dans un liquide irritant (chloroforme, ammoniaque, acide acétique, etc.) pour produire instantanément un arrêt complet de la res- piration et un ralentissement considérable des battements du cœur. On remarque qu’à chacune des rares systoles qui se pro- duisent pendant cette période syncopale, le bruit sourd, mus- culaire, qui coïncide ordinairement avec le souffilc systolique, disparaît, et qu’on entend avec une netteté remarquable le souffle tout seul. Je n’insiste pas autrement sur ces faits, vou- lant seulement indiquer à la Société la nouvelle série d’ex- périences que je poursuis actuellement et dont les résultats, positifs ou négatifs, lui seront soumis. : II. — Dans l’étude de ces souffles cardiaques produits par les lésions valvulaires expérimentales, il y a un grand nombre de points intéressant la clinique : je désire simplement si- gnaler aujourd’hui ce fait que plus une lésion est jimitée, plus le souffle qui la traduit à l'oreille est d’une grande acuité. Déjà j’ai mentionné ce rapport inverse dans une communica- tion précédente (20 mai 1882); mais comme il se retrouve avec une parfaite constance aussi bien dans toutes les lésions auriculo-ventriculaires que dans les lésions aortiques, jy — 452 — reviens aujourd’hui pour en marquer de nouveau la valeur. C’est ainsi que dans une série d'animaux auxquels j'ai prati- qué des insuffisances aortiques et qui ont servi aux démons- trations de M. Labcrde à l'Ecole pratique, on peut très bien suivre l’acuité croissante du souffle à mesure que la lésion diminue d'importance : un jeune chien auquel une perforation d’une seule valvule sigmoïde a été pratiquée,présente ux souffle intense, tandis qu'un autre dont deux sigmoïdes bnt été cou- pées, fait entendre un souffle grave avec vibrations peu fré- quentes, perceptibles à la main. Ce phénomèné que la phy- sique faisait prévoir me parait devoir être indiqué avec insis- tance : chacun sait en effet qu’il est difficile, en auscultant un malade, de ne pas être tenté d'établir un rapport direct entre l'intensité du souffle et la gravité de la lésion valvulaire. Or, c'est le contraire qui se présente souvent à égale force impul- sive du cœur pour les souffies systoliques, à égale valeur de la pression artérielle pour les souffies d'insuffisance aortique. _ Chez le jeune lapin que j'ai fait ausculier tout à l’heure, on peut entendre un souffle caractérisé par plusieurs personnes de « souffle énorme » : Or, la lésion tricuspidienne qu’il présente est extrêmement minime. : Un second point sur lequel je désire attirer l’attention est relatif aux variations d'intensité d’un même souffle aortique (souffle de reflex) suivant qu’on élève ox qu’on abaisse la pression dans l'aorte. Si, pendant qu'on ausculte l’animal, on vient à comprimer l'aorte abdominale, la pression s'élève considérablement dans tout le cercle supérieur, ei à mesure que cette élévation se produit, le souffle prend un ton plus élevé : ceci s'explique par la différence de plus en plus grande ‘des deux pressions aortique et ventriculaire au début de la diastole du cœur ; les vibrations sont d’autant plus rapides et le son d’autant plus aigu que le reflux se fait sous une pres- sion plus énergique. Ce fait a son intérêt clinique, car la même influence qui exagère le souffle de l'insuffisance aor- tique, atténuerait le souffle diastolique résultant de la rentrée du sang d’une poche anévrysmale dans l'aorte : on pourrait peut-être appliquer cette notion au diagnos- tic toujours difficile de la coexistence ou de l'absence + LS 26 RL # RE — 453 - . d’une insuffisance aortique avec un anévrysme de la crosse. Le fait qui précède se relie à une série de faits analogues indiqués par M. Marey comme pouvant rendre de grands services dans le diagnostic différentiel des altérations qui se caractérisent par un souffle soit systolique, soit diasiolique : M. Marey a pensé que sous l'influence des causes qui accé- lèrent la circulation périphérique et font baisser la pression dans les artères, tel souffle systolique doit diminuer, tel autre augmenter d'intensité. C’est à l’expérimentation de détermi- ner la portée de ce moyen de diagnostic et j'espere que les recherches que je poursuis actuellement pourront fournir quelques données positives sur cette importante question sou- levée par M. Marey. III. — Obstacle apporté au déversement de la lymphe du canal thoracique dans les cas de large insuffisance tricuspi- dienne. J'ai plusieurs fois constaté à l’autopsie des gnimaux morts à la suite de lésions tricuspidiennes provoquées, une distension considérable du canal thoracique avec pénétration du sang dans son tiers supérieur. En examinant de plus près les pièces anatomiques, j'ai Vu que le canal était trés dilaté à - son embouchure simple ou multiple dans la veine sous-cla- vière et que les valvules qui doivent normalement empêcher le reflux du sang étaient devenues insuffisantes. Dans les conditions normales, l'écoulement de la lymphe se produit dans une veine où la pression sanguine est le plus souvent négative, et la seule vis a lergo du liquide contenu dans le canal thoracique, quelque faible qu’elle soit, assure cet écoulement. Quand, au contraire, sous l'influence d’une insuffisance auriculo-ventriculaire droite, le systéme veineux cave sUpé-— rieur devient le siège d’une haute pression permanente, ren— forcée rythmiquement par les reflux ventriculaires, les condi- tions favorables au déversement de la lymphe sont supprimées et remplacées par des conditions aussi défavorables que pos- Sible. Non seulement la pression sanguine élevée fait obstacle à l'écoulement lymphatique, mais les veines se dilatent gra- — 454 — duellement et, là comme ailleurs, leurs appareils valvulaires deviennent insuffisants. Aussi n'est-il pas étonnant de rencon- trer du sang jusqu’à une grande distance dans le canal tho- racique: celui-ci apparaît très distendu au-dessous de la limite occupée par la colonne sanguine qui a reflué dans son intérieur, et il semble que ce soit la résistance de la lymphe accumulée qui ait empêché le sang de progresser davantage. Dans ces conditions évidentes sur les pièces que je montre à la Société, on trouve tout l’appareil lymphatique de la cavité abdominale gorgé de liquide; les gauglions mésentériques particulièrement ont acquis un volume considérable. En présence de ces faits, on peut se demander si les trou- bles apportés à l’écoulement de la lymphe et du chyle par le système veineux, ne déterminent pas des désordres nutritifs très graves et rapides chez les sujets atteints d'insuffisance tricuspidienne avec reflux veineux abondant et grande aug- mentation de la pression veineuse. Cette hypothèse, déjà in- diquée dans plusieurs ouvrages, trouverait un appui dans les faits anatomiques que je viens d'indiquer. Séance du 17 juin 1882. * Présidence de M. PauL BERT. SUR UN PARASITE INTESTINAL DE L'ÉLÉPHANT: /’Amphistoma ornatum (CoBsoLp,) par M. MÉGnin. Le 8 mai dernier mourait, au Museum, un éléphant mâle qui avait été donné par le roi de Siam, en 1862; il y a donc 20 ans. Lors de la dissection de cet animal, après avoir incisé le gros intestin on a 'trouvé, détachés de la muqueuse et repo- sant sur les matières alimentaires, une grande quantité de petits trématodes, dont M. Pouchet m’a remis quelques exemplaires que je fais passer sous les yeux des membres de la Société, ainsi qu’un déssin grossi que j'en ai fait. Ces parasites sont des Amphistomes, d’une espèce qui a été. — 455 — décrite il y a trois mois par S. Cobbold dans un grand et re- marquable mémoire que cet helminthologiste a consacré aux Parasites de l'éléphant et qui est publié dans les Transactions de la Société linnéenne de Londres (mars 1882). Cette espèce d’amphistome a été nommée par Cobbold 4m- phistoma ornatum,; il l’avait trouvée à l’autopsie d’un éléphant de l’Inde appartenant au cirque Sanger, et mort à Londres le 24 août 1876. Elle a pour caractère: Un corps plano-convexe, pointu en avant, très arrondi en arrière, une tête et un cou légèrement marqués, une bouche petite, terminale, entourée de cinq ou six rangs de papilles; ventouse caudale large et profonde, sub-terminale, et papille : génitale grande, saillante, en avant du milieu de la face ven- trale. Une particularité que Cobbold ne signale pas et que j'ai constatée, c'est que les papilles, disposées en couronnes autour de la bouche, épaisses chezles sujets de petite taille, jeunes par conséquents, se rétrécissent chez les amphistomes de moyenne taille et finissent par disparaître chez les plus grands. Ce fait de la présence de papilles grêles et minces chez certains Amphistomes ornés, les rapproche d’une autre es— pèce d’amphistomes décrite par Cobbold sous le nom d’Amphis- toma Hawkesii dont les spécimens lui avaient été envoyés de l'Inde par le colonel Hawkes; aussi M. Cobbold, dans la cor- respondance que je viens d’avoir avec lui au sujet de ce para- . site, admet-il maintenant l’Amphistoma ornatum comme une simple variété de l'Amphistoma Hatvkesit et ayant la même origine. Ce fait de la présence d’un parasite de l'Inde en plein Paris, apporté par un éléphant, est certainement intéressant, mais ce qui l’est bien davantage ce sont les conséquences qu’on est en droit de tirer de ce fait au point de vue de la biologie des Trématodes. On admet que les trématodes, avant de se montrer à létat adulte chez les mammifères, passent par plusieurs états lar- . vaires successifs et dans d’autres milieux: ils vivent d’abord à l’état d’embryons infusoriformes dans l’eau, puis à l'état de cercaires chez des mollusques ou autres animaux inférieurs. Si cette loi est suivie par certains Distomes et autres tréma- todes, nos amphistomes y font certainement exception. En effet, à moins d'admettre qu'ils aient pour origine les mêmes cercaires qui produisent l’Amphistoma conieum, grande espèce très commune chez nos ruminants indigènes — (hy- pothèse qui ne peut pipes passer pour invraisemblable depuis qu'Ercolani a montré, qu’un même cercaire pouvait se déve— lopper dans deux milieux différeuts, grenouille et couleuvre, et donner deux espèces différentes) — on est bien forcé d’ad- metire que l'éléphant qui les nourrissait les a apportés de Siam, qu'ils ont vécu et se sont multiplies dans ses intestins pendant vingt ans, et que par conséquent ils n’ont pas eu be- soin de changer de milieu pour se propager. Rien ne prouve même qu'ils aient passé par l'état de cercaires, qui est peut-être un état larvaire adventif, commandé par certaines circon- stances, comme le cysticerque des ténias, car Ércolani a encore démontré que certains trématodes pouvaient se développer sans passer par tous les états intermédiaires que l’on connaît, de même que l’on sait maintenant que la grande majorité des ténius se développent sans passer par l’état de cysticerque. Je regrette, en ce qui concerne l'Amphistome de l'éléphant, de n'avoir pu m’assurer si dans les liquides de l'intestin du pachyderime il existait un état larvaire quelconque de ce tré- matode. Ce point reste malheureusement obseur. DOSAGE DES MATIÈRES EXTRACTIVES DE L'URINE PAR L'EAU BROMÉE, Note de MM. Erarp et Cu. RicueT -T'urine contient un grand nombre de matières extractives dont quelques-unes ont la propriété remarquable d’être très avides d'oxygène et de réduire les liquides qui cèdent facile- ment leur oxygène. I à été montré par l’un de nous, à la So- ciété de Biologie, que l'iodhydrargyrate de potassium était réduit par l’urine, et qu il en était de même pour le ferricya- pure de potassium, qui est rapidement transformé en ferro- cyannure. L’urine donne encore d’autres réductions. Ainsi, elle réduit, même à froid, le permanganate de potasse en solution acide. brie En solution neutre, ou faiblement acide, l'urine est aussi oxydée par le brome. C’est cette dernière réaction que nous avons utilisée pour le dosage du pouvoir réducteur de l'urine. Si l’on traite un volume déterminé d'urine par de l’eau bro- mée, lorsque le brome n’est pas en trop grande quantité, il est complètement transformé en acide bromhydrique et l'on ne peut plus déceler sa présence par les réactifs appropriés.Nous avions d’abord employé l’amidon et l'iodure de potassium; réactifs qui, dans les liqueurs minérales, révèlent des traces de brome li- bre. Mais, dans les liqueurs organiques, dont les réactions ne sont pas trés bien définies, la limite n’est pas facile à saisir. Nous avons alors employé un réactif dont la sensibilité est extrême, de sorte que, même pour la chimie minérale, il y aurait avantage à s’en servir pour le dosage du brome. Si l’on agite, dans un flacon fermé, du brome en solution aqueuse, de l’iodure de potassium et du sulfure de carbone, ce dernier liquide s’empare de l’iode libre,eë prend une teinte violette in- tense. Que l’on vienne alors à faire tomber goutte à goutte, dans le flacon qu’on agite fréquemment,un liquide avide 4’oxy- gène, comme le chlorure stanueux par exemple, l’iode dispa- raitra ; et le virage de la teinte violacée à la décoloration sera immédiat. Cela posé, supposons que l’on connaisse la quantité de chlo- rure stanneux qui décolore une quantité donnée de brome et d'iodure de potassium ; si l’on a au préalable mélangé l'urine avec un excès de brome, en traitant ensuite le mélange par le chlorure stanneux,on retrouvera moins de brome qu'onn'en avait mis. Cette quantité de brome qui a disparu représente le brome qui s’est combiné à l’hydrogène pour former de l’acide bromhydrique, et par conséquent qui a oxydé les matières extractives de l'urine. : | Voici comment l'opération est pratiquée : elle est plus longue à décrire qu’à effectuer, et elle donne des résultats très constants. On prend 50cc d'urine qu’on place dans un flacon avec un excès d’eau bromée, soit un volume égal (50cc) d’une eau con- tenant un dixième d’équivalent (8 grammes) de brome par litre. — 458 — Il est nécessaire d'ajouter un excès de brome. L'expérience nous a montré que la réduction n’est pas complète si le brome -n’est pas en grand excès. On agite; puis rapidement on ajoute environ 10 grammes d’une solution concentrée d’iodure de potassium et 25 grammes de sulfure de carbone. Alors, on fait tomber dans le mélange, en agitant incessamment le flacon, une solution diluée et titrée de chlorure stanneux.On saisit ainsi exactement le moment où se décolore la liqueur. Je suppose, pour préciser les idées, qu’un centimètre cube de la solution bromée réponde à un centimètre cube de la solution stanneuse. Si les 50cc d’urine ont été mélangés à 50cc d’eau bromée, au lieu de trouver que 50€c d’étain sont néces- saires pour décolorer la liqueur, on trouvera, je suppose, que 2{ec suffisent. Cela signifie que 50€c d'urine ont absorbé 80cc d’eau bromée, soit 08,24 de brome. Autrement dit, qu’un litre d'urine absorbe environ 5 grammes de brome. Dans ces conditions, ni l’urée, ni la créatinine, ne sont oxydées. Si l’on abandonne, pendant vingt-quatre heures, de l'urine et un excès de brome, une quantité de brome nota- blement plus considérable que si l’action est moins pro- longée, est transformée en acide bromhydrique; mais une heure de contact ne modifie pas sensiblement les résultats. Toutefois il vaut mieux faire immédiatement le dosage, et ne pas laisser longtemps l’urine en contact avec le brome. Ainsi, toutes les expériences sont comparables. Donnons, pour montrer la précision du résultat, quelques chiffres seulement : 100cc de la même urine nous ont donné successivement les chiffres suivants, exprimant la quantité d’eau bromée ab- sorbée : 43cc — 45ce — 45ec — 42,2cc — 44,dcc _— 44 dec, Chaque centimètre cube représente 0.008 de brome. Nous avons constaté ainsi que des urines appartenant à dif- férents individus ont un pouvoir réducteur qui varie du simple au quadruple ; beaucoup plus que, dans ces mêmes urines, ne varient les quantités relatives d’urée. C’est là un fait impor- tant sur lequel nous reviendrons. — 459 —- Notre but ici a été seulement d’indiquer un procédé d’analyse rapide et facile, qui rendra sans doute quelques services à la clinique médicale. D’ailleurs, par une méthode quelque peu analogue, à l’aide des mêmes liqueurs titrées, on peut aussi, comme nous le montrerons prochainement, faire le dosage de l’urée. APPAREIL DESTINÉ À ENREGISTRER SOUS FORME DE COURBE CONTINUE LES PHÉNOMÈNES DE LA FERMENTATION, par M. P. Recwarn. Ce qu’on connaît aujourd’hui des fermentations c’est surtout leur résultat final. Cela tient à la manière dont on les étudie. On se contente en effet en général de placer le ferment en présence de la matière fermentescible, on attend que toute action de l’un sur l’autre soit terminée, on analyse le produit obtenu et on s’en tient là. Mais de cette manière on ignore la marche de la fermentation, on ne sait si à certains moments donnés, elle a des arrêts ou des temps de suractivité, si elle augmente ou si elle diminue d’intensité à mesure qu’elle mar- che, si elle s'arrête brusquement ou progressivement, si certaines substances ont la propriété de l'accélérer ou de le ralentir. La méthode graphique, qui, dans tous les ordres de la science, a rendu de si éminents services, est seule capable de nous donner tous ces renseignements puisqu'elle peut noter à mesure toutes les phases Au phénomène sans l’interrompre. L'appareil que nous présentons aujourd’hui à la Société nous a permis d'obtenir ce résultat avec une précision telle que nous n'osions l’espérer au début de nos recherches. Il sert à enregistrer la marche de toute fermentation ou putréfaction pouvant donner lieu à un dégagement gazeux et c’est précisément le dégagement du gaz qu’il enregistre. En jetant un simple coup d'œil sur l'appareil figuré ci- après on verra combien il est compliqué, mais cette compli- cation même est nécessaire si on veut arriver à des résultats certains. C’est sur un cylindre tournant G couvert d’une feuille de papier enduite de noir de fumée qu’un style viendræ tracer le courbe de la fermentation. Las AG je Ce cylindre est müû lentement par une horloge : un méca- nisme fort simple nous permet de réaliser, à peu de frais, ce | Hi A mouvement très régulier. Nous nous servons d’une horloge . ordinaire A : la corde qui en soutient le poids s’enroule autour d’un treuil B, qui tourne régulièrement à mesure que descend” le poids. Ce treuil, au moyen d’une cordelette de transmission, — 461 — entraîne le cylindre dans son mouvement : il suffit d'augmenter la puissance du poids de l'horloge pour conduire des cylindres aussi lourds et aussi volumineux que l’on veut; ce qui est impossible avec les appareils en usage jusqu’à présent. En K, se trouve un flacon de verre, dans lequel se passe la fermentation. Ce flacon est plongé dans un bain-marie tenu à une température constante par un thermomètre électrique M et un régulateur N actionné par la pile P. Nous ne reviendrons pas sur la description de ce régulateur, nous l’avons déjà donnée à la Société dans une précédente séance. Qu'il suffise de savoir que dans ia figure, les organes M, K, P, N n’ont d'autre but que de maintenir le bain à une température constante. Le flacon communique par deux tubes : 1° avec un mano- mètre à eau J; 20 avec une petite cloche H plongée dans du mercure. Quand, par suite de la fermentation, les gaz viennent à se dégager dans le flacon fermé, ie flotteur, placé sur l’eau du manomètre, s'élève ei il entraîne avec lui le bras de la balance auquel il est attaché. Le bras opposé s’abaisse et un fil de platine qui le termine vient plonger, dars un godet de mer- cure, O. Ce contact ferme le courant d’une pile placée dans une pièce voisine, et dont les conducteurs sont seuls repré- sentés sur la figure. Or, ce courant passe, à la fois et en même temps, dans la bobine F et dans la bobine E. Ces bobines s’aimantent et atti- rent leurs armatures. En basculant l’armature de la bobine, E pouse une dent de la roue à rochet qui est au-devant d'elle. Cette roue à rochet entraîne, au moyen d’une corde de transmission, la vis D qui porte le style inscripteur. Cette vis tourne d’une certaine quantité, et le style avance d’autant. Mais, du même coup, la bobine F s’est aimantée. En bas- culant son armature a soulevé la clochette qui plongeait dans le mercure et qui communiquait avec le flacon à fermentation. Celui-ci s’est trouvé débouché; le gaz produit s’est échappé. Aussitôt l'excès de pression a été détruit ; le manomètre est retombé à Oo; le fil de platine a quitté le mercure et le courant — 462 — a été rompu. Les deux bobines se sont désaimantées ; la clo- chette est retombée dans le mercure; l’armature de E est revenue sous une autre dent de la roue à rochet, et tout est retombé dans le repos jusqu'au moment où une quantité de gaz, juste égale à la première, aura été produite par la fer- mentation. Alors, le même mécanisme se reproduira et le style avancera d’un nouveau degré. Finalement, il résultera de là, sur le cylindre, une courbe odométriqne qui indiquera toutes les phases de la fermentation. Il est évident qu’on devra toujours se servir du même flacon et y mettre toujours la même quantité d’eau si on veut que ce soient des quanutés de gaz égales qui produisent le déclanchemernt de la machine. Notre appareil, on le voit, peut enregistrer toute espèce de dégagement gazeux. Nous l'avons surtout employé à d'étude des fermentations; mais il nous a servi aussi à mesurer l’intensité des phénomènes de la chimie minérale, à enregistrer les phénomènes chimiques de la respiration, la marche des piles décomposant l’eau, l’in- tensité des phénomènes de dialyse. Il y a là tout un champ d’études que nous allons parcourir. Nous nous sommes contenté aujourd’hui de faire connaître à la Société notre méthode. Nous lui apporterons dans la suite nos résultats. DE L'INFLUENCE EXERCÉE PAR LE NERF DÉPRESSEUR DE LUDWIG ET CYoN SUR LA CIRCULATION BUCCO-LABIALE, par MM. DasTRe et Morar. Dans une série de communications dont quelques membres de la Société ont pu garder le souvenir, nous avons essayé de démontrer le rôle vaso-dilatateur du système Grand Sympa- thique dont on connaissait déjà la propriété vaso-constric- tive. Nos conclusions furent contestées par différents physiolo- gistes et tout particulièrement par M. Laffont. Le débat se restréignit à la question de savoir si, comme nous l’affirmions, le cordon cervical contenait, à côté de ses constricteurs, des dilatateurs vasculaires pour la région bucco-faciale. Nous avons dû aitendre, avant de poursuivre l’exposé de — 463 — nos recherches, que ce premier point füt à l’abri de toute con-- testation. — Ce moment est venu. — La publication de notre mémoire dans les Archives de Physiologie a dissipé tous les doutes. D'autre part, après avoir répété et varié de toutes les manières nos expériences sur l'excitation du vaso-sympa- thique, sur les résultats de sa dégénérescence, sur la destruc- tion du bulbe, sur l’arrachement des nerfs craniens, sur l’in- fluence de l’asphyxie, avec l'illusion d'y voir une condamna- tion de nos résultats. M. Laffont lui-même a été obligé de re- connaître son erreur. Il confesse aujourd’hui avec nous que « le sympathique cervical contient, en réalité, des filets vaso- _ «dilatateurs de la région bucco-faciale » (Rapport sur l'Ecole pratique des Hautes-Etudes 1880-1881. — 15 mai 1882, p. 99). Nous pouvons donc procéder maintenant avec une sécurité absolue au développement de nos études. Dans la note pré- sente, nous n’aurons en vue qu’un point particulier du fonc-— tionnement circulatoire de la région bucco-faciale. Nous avons rappelé que la région bucco-faciale avec toutes ses anfractuosités et les replis cutanés et muqueux qui en 1evètent ia surface, présente chez le chien une importancé exceptionnelle. De tout le revêtement cutané, c’est certaine- ment la région où la cireulation et l’exhalation atteignent ic plus haut degré d'activité. Comme activité circulatoire, comme mobilité des phénomènes vaso-moteurs, comme influence sur la régulation de la chaleur animale, cette région remplit chez le chien un rôle comparable à celui de l’oreille chez le lapin. C’est la, en tous cas, que les phénomènes vaso-moteurs sont les plus accusés et les plus visibles. Nous, avons recherché quelles étaient les influences phy- siologiques qui mettaienten action les nerfs vaso-dilatateurs sympathiques de cette région: ce sont les nerfs de sensibiiité générale et le pneumogastrique en particulier qui conduisent aux centres vaso-dilatateurs l'excitation qui, réfléchie sur les nerf dilataiteurs buccaux, les provoque à l’action. Mais dans le nerf pneumogastrique il y a diverses cate- gories de filets nerveux, les uns viennent du cœur (filets car- diaques) les autres des organes respiratoires (nerfs larynuts, irachéens ét pulmonaires); les autres enfin, des viscires CT. 16? 21 — 404 — digestifs (nerfs pharyngiens, œsophagiens, gastriques). — Nous avons fait l’essai de ces différentes espèces de nerfs, au point de vue de leur action vaso-motrice réflexe. Cet examen nous a montré que les nerfs respiratoires, particulierement le laryngé supérieur et les nerfs pulmonaires exercent une action remarquable sur la circulation bucco-faciale et l’exa- serent considérablement en dilatant les vaisseaux. l'out au contraire, les nerfs cardiaques se sont montrés à peu près indifférents. De même, les nerfs gastriques n’ont qu'un rôle effacé dans la production de la congestion bucco-facials. Ces expériences nous montraient ainsi une relation fonc- tionnelle intéressante entre la circulation faciale et les orga- nes respiratoires. Cette relation pourrait expliquer certains phénomènes pathologiques tels que la rougeur phrmique ou la rougeur pneumonique. Au contraire, ces mêmes expériences montraient la cireu- laiion faciale indépendante jusqu’à un certain point de l’état du cœur, la mise en jeu des nerfs cardiaques n’ayant pas d'influence réflexe sur la dilatation bucco-faciale. Cependant on aurait pu croire, « priori, qu'il en füt autre- ment. On aurait pu penser, par exemple, que l’excitation des filets endocardiques sensitifs, provoquée par une réplétion exagérée du système carotidien, serait capable de provoquer par aciion réfiexe une dilatation compensatrice dans les vais- seaux de la tête. Ce mécanisme compensateur aurait ainsi paré à la surcharge cardiaque. Cette hypothèse rationnelle à été faite. Daus la séance du 11 février dernier, M. Arloing à signalé des particularités qui s’expliqueraient bien par une supposition de ce genre, en imaginant que les nerts sensitifs cardiaques, particulièrement ceux qui forment le nerf dépres- seur de Cyon, exerceraient une excitation constante sur les vaso-dilatateurs céphaliques, en d’autres termes, posséde- raient une sorte d'activité tonique vaso-dilatatrice. En ce qui concerne le département bucco-facial de la cir- culation céphalique, noùs venons de voir que nos expériences contredisaient cette suppos'tion. Nous avons voulu la soumettre encore d’une autre façon à la vérification expérimentale. » KL S-« — 465 — Nous prenons cette fois un animal chez lequel le dépres- seur soit séparé et isolé, le lapin. Nous préparons ce nerf à sa partie inférieure et, après l’avoir coupé, nous excitens le bout céphalique en observant la circulation bucco-faciale. Cette observation est facile sur un lapin à museau blanc préa- lablement rasé. L’excitation ne provoque aucunement la con- gestion de la région bucco-faciale. Au contraire, on observe une pâleur évidente : il y à une constriction des vaisseaux. En excitant par comparaison les filets pulmonaires du tronc du vague, en excitant un nerf de sensibilité générale, le scia- tique, on aperçoit en revanche la congestion réflexe bien con- nue. L'observation que nous venons de faire surla région bucco- faciale, on peut la répéter avec un succès à peu prés pareil sur la région de l'oreille. L’excitation du dépresseur fait pà- lir l'oreille à peu de chose près comme les lèvres et Ïa mu- queuse buccale. Nous ne retrouvons donc pas ici la congestion d’origine car- diaque, congestion compensatrice qui doit dégager le cœur surchargé. On sait d’ailleurs que la compensation, si elle ne se fait pas dans la région céphalique, n’en est pas moins as- surée. Elle a lieu par la circulation abdominale. En résumé, ces expériences sur l'excitation du dépresseur ont pour nous un double enseignement. Elles complètent, en premier lieu, nos connaissances sur le rôle du déprosseur. La dépression ne tient pas à une dilatation vasculaire géné- rale, puisque, en même temps que les canaux sanguins des viscères abdominaux sont dilatée, ceux de la région bacco- faciale sont contractés. a En second lieu,nous voyons ici un second exemple du re- marquable antagonisme qui existe entre la cireulation de l’in- testin et la circulation de la peau, les vaisseaux se dilatant d'un côté, pendant qu ils se contractent de l’autre. 1 resterait à savoir si la constriction bucco-faciale et auri- culaire est active, c’est-à-dire provoquée par des vaso-con- stricteurs, ou passive, et résultant simplement du déplace- ment du liquide sanguin. II nous a paru, à la suite d’une expé- rience de la section de la moelle cervicale, que c’est le prenuer ne AO cas qui se réalise. Nos conclusions sont d’ailleurs indépen- dantes de la solution que recevrait cette question secon- daire. RECHERCHES SUR LES PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUES ET LE MODE D'ÉLIMINATION DU SULFOPHÉNATE OU PHÉNYLSULFATE DE SOULE. — EFFETS PURGATIFS DE CE SEL. — (CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DU SULFOCRÉSYLATE OU CRÉSYLSULFATE DE soupe. — Note de M. RaBuTEAu. Cette communication est la suite de celle que j'ai faite, l’an dernier, à la Société de Biologie (séance du 29 janvier 1881). À cette époque, j'ai fait connaître les propriétés physiolo- giques et le mode d’élimination du sulfophénate de soude ou de sodium. Je n’y reviendrai pas. Je rappellerai seulement les points les plus importants , savoir : 1° que ce sel est inoffensif à des doses mêmes très considérables ; 29 qu’injecté dans le sang chez les chiens, aux doses de 5 et de 10 grammes dissous dans 40 à 60 grammes d’eau, il produit, non de la diarrhée, mais plutôt de la constipation; 30 qu’il s’élimine presque totalement, sinon totalement en nature, c’est-à-dire sans avoir subi de modifications dans l’organisme, et que l’élimination en est rapide. À ces données, j’ajouterai que le sulfophénate de soude pré- sente une fixité remarquable. J’ai conservé, depuis le 7 juin 18380, c’est-à-dire depuis plus de deux ans, deux solutions de ce sel que j'avais préparées avec soin : l’une dans l’eau pure, l’autre dans l’eau sucrée. Or, ces deux solutions ne donnent aucun précipité avec les sels de baryum, tels que le chlorure, l’azotate, ce qui indique qu’elles ne contiennent pas trace de sulfate de sodium qui se serait formé. La molécule du sulfo- phénate de sodium est, par conséquent, très stable, ce qui la distingue de celles du sulfovinate et du sulfométhylate de sodium que j'ai étudiés jadis; ces deux derniers sels se décomposent peu à peu, en donnant du sulfate de sodium. Effets purgatifs. — Le sulfophénate de soude produisant de la constipation après son injection dans le sang chez les animaux, j'ai conclu que ce même sel, étant introduit à doses — 407 — suffisantes en solutions aqueuses dans le tube digestif, devait produire des effèts purgatifs, suivant la régle que j'ai établie, dès 1868, sur le mode d'action des purgatifs salins (1). L’expé- rience est venue confirmer mes prévisions. Les observations suivantes ont été recueillies dans le ser- vice de M. le professeur Hayem, à l'hôpital Saint-Antoine. Le médicament a été administré par moi-même ou sous mes yeux. Osserv. 1. — Femme âgée de vingt-cinq ans, couturière. — Embarras gastrique simple. 20 grammes de sulfophénate de soude dans deux verres d'eau, à 10 minutes d'intervalle. La saveur de la solution paraît être beaucoup moins salée et moins désagréable que le mélange de sulfate de soude et de sulfate de magnésie que la malade avait pris autrefois. — Quatre selles dans la journée sans coliques. chée depuis trois semaines, n’a pas de garde-robes depuis cinq jours. 30 grammes de sulfophénate dans deux verres d’eau sont ingérés à midi. Elle avait pris de la soupe vers sept heures du matin. — Une heure environ après l’ingestion du purgatif, qu’elle a trouvé beaucoup moins désagréable que le sel de Sedlitz qu’on lui avait fait prendre antérieurement, elle a une garde-robe demi-fluide, suivie de sept autres selles tout à fait liquides. Elle a également une garde-robe fluide le lendemain matin. Les urines recueillies dans la nuit sont acides et ne con- tiennent ni sucre ni albumine. Elles ont un aspect normal. Elles deviennent jaunes par l’ébullition avec l’acide nitrique et prennent, par l’addition de quelques gouttes d’une solution de perchlorure de fer, une coloration violette qui devient ensuite rouge-vineux. Elles contiennent, par conséquent, une petite quantité de sulfophénate qui avait passé par absorption OBserv. 2. — Femme âgée de vingt ans, couturière, accou- (1) Gas hebd. de méd. et de chir., 15 mai 1868, Société de Biologie et Gas. méd. de Paris, octobre 1868. — 46$ dans le torrent circulatoire au lieu de cheminer le long du tube digestif. Les urines du matin présentent les mêmes caracteres. Toutefois, le perchlorure de fer n’y développe qu’une coloration violette fugace, difficile à discerner au milieu du précipité que le perchlorure de fer produit naturel- lement dans les urines. UBserv. lil. — X.., âgée de 33 ans, femme de ménage. Em- barras gastrique simple. 80 grammes de sulfophénate dans deux verres d’eau. — La malade 2 huit selles dans la journée. Les effets du purgauf se manifestent plusieurs fois le lendemain. Toutes les évacua- tions ont eu lieu sans coliques ni autre malaise. Cette femme, qui avait été purgée assez souvent avec le sulfate de magné- sie, a trouvé le nouveau purgatif beaucoup moins désagréable que lesel magnésien. Ogserv. IV. — Jacques .. âgé de 19 ans, ébéniste. Ervsi- pèle de la face. 30 grammes dans deux verres d’eau, vers onze heures du matin. — Cinq selles liquides dans la journée, et une selle également fluide le lendemain matin. Pas de coliques. Osserv. V. — X.., âgé de 23 ans, homme de peine. Embarras gastrique. 30 grammes dans deux verres d’eau, vers midi. Trois selles le jour de l’ingestion du médicament, et une le lendemain ma- tin. Le malade avait des coliques avant Padministration du pur- gatif. Elles n’augmentérent pas pendant l’acti5n du médica- ment; elles diminuèrent plutôt et, le lendemain, elles avaient presque disparu. Osserv. VI. — Eugène B..., âgé de 27 ans, forgeron. — Mé- ringite {uberculeuse d'abord douteuse. 30 grammes de sulfophénate de soude dans deux verres d'eau. Une selle unique. Ce faible ‘résultat s’explique par la constipation qu'on o bserve dans la méningite. Ossenv. VI. — X..., âgé de 62 ans, imprimeur sur étoffes. Bronchite et enbarras gastrique. : | ne » " k à te nee ré A — 469 — 25 grammes de sulfophénate de soude dans ni verres d’eau. Quatre selles sans coliques. Les urines recueillies pendant la nuit, etle lendemain maün jusqu'à neuf heures, sont acides et ne contiennent ni sucre ni albumine. Elles prennent une coloration violette fugace par l'addition de quelques gouttes d’une solution de perchlorure de fer, et se colorent en jaune par l’ébullition avec l'acide nitri- que. Elles contiennent, par conséquent, une petite quantité de sulfophénate. Ces observations démontrent que le sulfophénate de soude est un purgatif d'une grande douceur et d’une efficacité certaine. 1] possède, sur le sulfovinate et le sulfométhylate de soude, l’avantage d’être très stable, puisqu'il ne se décompose ni par son exposition à l’air ni dans ses solutions aqueuses. Les sulfophénates étant tous solubles dans l’eau, l’emplai du sel de soude peraîtrait rationnel, à la place du sulfate de soude ou du sulfate de magnésie, dans l’intoxication saturnine où l’on éviterait ainsi le danger de localiser davantage le plomb dans l’organisne par suite de la formation de sulfate de plomb. Le sulfophénate de soude pourrait même jouer, dans cette intoxication, le rôle d’éliminateur, comme l'iodure et le bromure de potassium. Le choix de ce même sel, parmi les autres purgatifs, semblerait indiqué dans la fièvre typhoïde et les affections putrides. Sulfocrésylate ou crésylsulfate de sodium ou de sous. _— Les eaux-mères, qui avaient laissé déposer en beaux cris- taux le sulfophénate de soude que j'avais préparé pour mes recherches, contenaient un sel difficilement cristallisable et présentant des réactions analogues à celles du sulfophénate. Ce sel était le sulfocrésylate de soude. | La présence de ce composé s’expliquait facilement. En effet l’alcool phénylique, ou acide phénique du commerce, contient presque toujours, sinon toujours, de l’alcoo! crésy- lique (crésylol ou hydrate de crésyle), qui se produit, en même temps que l’alcool phénylique, dans la distillation de la houille. J'étais conduit, par conséquent, à étudier le sulfocrésylate de soude. C. r. 1882. e4. — 470 - Pour préparer ce sel, qu’on ne trouve pas dans le commerce, j'ai mélangé du crésylol avec l’acide sulfurique, et abandonné le mélange à lui-même pendant deux jours à une température de 50 à 60 degrés. II s’est forms de l’acide sulfocrésylique ou crésylsulfurique. (C7HT) HO + H?SO1 — H20 + (C?H7)HSO4 alcool crésylique acide sulfurique acide sulfocrésylique cu crésylal ou crésylsulfurique Le mélange a été neutralisé par le carbonate de baryum qui a déterminé la séparation de l’acide sulfurique employé en excès. Le sulfocrésylate de baryum a été ensuite traité par le sulfate de sodium. Il s’est formé, par double décomposition, du sulfate de beryum qui s’est précipité et du sulfocrésylate de sodium que j'ai fait eristalliser autant que possible. . Ce sel, qui à pour formule (C7 H7) Na S O4 + xAq, est inco- lore et inodore lorsqu'il est pur. IL est légèrement coloré en rose, et présente une odeur d’alcool crésylique, lorsqu'il n’a pas été complètement purifié. La cristallisation en est d’ailleurs difficile. Il se dépose par évaporation en aiguilles soyeuses, flexibies. Il est très soluble dans l’eau, peu soluble dans lal- cool à 92 degrés qui n’en prend que le neuvième de son poids, presque insoluble dans l'alcool absolu, La saveur en est faible- ment salée et suivie d’un léger arrière-goût sucré. ‘Le sulfocrésylate de soude donne, avec le perchlorure de fer, une coloration violette aussi belle que celle que produit le sul- fophénate de soude. Traité par l’ébullition avec l'acide nitrique, il donne également une coloraticn jaune. Ilne coagule pas l’albumine. Action physiologique. — J'ai injecté dans le sang chez les chiens, des quantités variables de sulfocrésylate de soude. Les résultats ont été les mêmes que ceux que j'avais observés avec le sulfo-phénate de soude. Je citerai l'expérience sui- vante : Chez un chien de petite taille, pesant huit kilogrammes en- viron, j'ai injecté lentement, en deux minutes environ, dans - 471 — une veine d’une patte postérieure, 6 grammes de sulfocrésy- late de soude dissous dans 40 grammes d’eau. Dix minutes après l’injection, l’animal a déféqué sans diar- rhée. Les matières étaient même sèches. Quelques minutes après, il a uriné assez abondamment. L’urine était acide. Elle donnait, avec le pershlorure de fer, une coloration violette très belle, ce qui indiquait que le sel injecté avait déjà passé en quantité très appréciable dans l'urine et que l’éli- mination s’en faisait, par conséquent, d’une manière rapide. Le lendemain, l'animal se portait parfaitement. 11 avait con- servé son appétit et sa turbulence habituelle. Les urines se coloraient en violet par le perchlorure de fer et ne contenaient ni sucre ni albumine. Le surlendemain, l’élimination du sulfo- crésylate était complète. Il résulte de cette expérience que le sulfocrésylate de soude possède des propriétés physiologiques analogues à celles du du sulfophénate et qu'il produirait, sans doute, des effets pur- gatifs s’il était ingéré en solution aqueuse dans le tube diges- tif aux mêmes doses que le sel précédent. ORIGINES DE LA MÉTALLOTHÉRAPIE (deuxième communication). — PREMIÈRES OBSERVATIONS SUR L'ACTION EXTERNE DES MÉTAUX DANS L'ÉTAT MESMÉRIQUE. — DÉCOUVERTE DES PROPRIÉTÉS ES-— THÉSIOGÈNES ET ANTIMAGNÉTIQUES DU CUIVRE, par Je docteur V. Bure. Le 5 avril de uies. il se passait à l'hôpital de la Pitié, de- vant'un nombreux auditoire, le fait suivant. G... est hypnotisée par M. Dumontpallier. Après une série d'expériences, la malade est mise en somnambulisme. M. Du- montpallier lui ordonne de quitter le laboratoire, où se tenait la séance, et de se rendre à 'son lit. G... obéit, marche droit dévant elle, bien que ses paupières soient hermétiquement closes, arrive à une porte qui est fermée, en saisit le bouton et tout aussitôt elle pousse un grand cri. Or, ce bouton était en cüivre!..… La métallothérapie est partie d’un fait semblable. Ce fait tient ‘trop de place dans son histoire, pour qu'il n’y aïît-point inté- D res rêt à faire connaître d’ abord les circonstances dans lesquelles il se produisit. Vers la fin de l’année 1847, il entrait à l'hôpital Beaujon, dans le service de Robert, une certaine Clémentine X... Cette: malade avait une affection qui n’était rien moins que du do- maine de la chirurgie. — X... était atteinte d’une phtisie très avancée, greffée sur de l’hystérie, — mais elle était douée de rares aptitudes magnétiques, nous avions eu occasion d’en acquérir personnellement la preuve, et Robert en avait été instruit par un de ses élèves, notre collègue dans cet hôpital. L'éminent chirurgien avait toujours en mémoire l’opéra- tion fameuse, ablation du sein, pratiquée par le professeur j. Cloquet dans l’anesthésie magnétique. Il avait lu vrai— semblablement les ouvrages de Deleuze, Husson, Rostan, etc., et n'avait point pu ne pas faire les mêmes réflexions que celles qui avaient inspiré à Virey, un incrédule cependant, ces paroles, si dignes d’ètre méditées : « Il reste une chose constante et que ne peuvent désavouer les philosophes les plus incrédules, c’est qu’il y a nécessaire: . ment quelque cause qui fait persévérer le magnétisme animal, ou des pratiques analogues à celui-ci, malgré la lutte terrible des savants, malgré les sarcasmes du ridicule, si puissant parmi nous. C’est qu'on voit d’habiles médecins, en Allema- gne et ailleurs, se déclarer pour lu: ; c’est que, si le charla- tanisme et la cupidité privée s'en emparent le plus souvent, il a été capable d’enthousiasmer des personnes généreuses et bien au-dessus de tout calcul vil, qui lui sacrifient leur temps, leur fortune même, pour le sel amour de faire du bien. Enfin, on cite des faits incontestables de guérisons réelles... » — MAGNÉTISME ANIMAL. — Gr. dict. t. XXIX. Aussi Robert désirait-il tant de savoir par lui-même ce qu’il y avait de vrai au fond de cette question du magnétisme animal, alors surtout tant.conspué par un grand nombre de savants, qu'il osa faire rechercher et réintégrer à l’hôpital, dans ses propres salles, X..., qui avait été expulsée la veille d'un autre service pour s’y être targuée de ses facultés som— nambuliques, et qu’il voulut bien donner à l’élève un témoi- gnage particulièrement précieux de sa confiance en l’invitant — 473 — à l’aider à faire son éducation sur les choses du mesmérisme. Quant à nous, nous aurons donné aussi la mesure du dé- sir que nous avions de compléter ici la nôtre, si nous ajou- tons, qu’afin d’avoir plus de temps et d'occasions pour étudier la malade, nous primes prétexte d’un accident qui nous était survenu à un genou pour nous faire donner un lit par Robert dans son pavi lon des hommes, et que nous nous condamnä- _mes à l’occuper tout le temps que X... demeura elle-même à l’hôpital. Pendant ce temps, des expériences de différente nature furent faites en graud nombre sur X... Il y en eut de particulièrement remarquables, une surtout de magnétisation à la distance de près de cent mètres, dont Robert avait seul conçu et tracé le programme, qui ne peut poirt ne pas avoir laissé d’ineffaçables souvenirs parmi les survivants, qui en furent témoins. Il serait trop long d’en par- ler ici, et d’ailleurs nous n’y trouverions rien qui se rapporte directement à notre sujet. Passons. Au bout de deux mois environ, X..., sentant sa fin appro- cher, demanda sa sortie et fut se réfugier dans un garni de la rue des Beaux-Arts. Nous ly suivimes. Le sommeil magné- tique, étant devenu pour elle de première nécessité, nous ler fimes plus que jamais bénéficier, et ce fut souvent pour nous et pour nombre de nos camarades admis à nos magnétisations un spectacle des nlus attachants de voir cette malheureuse, qui n'avait plus que le souffle, jouir dans l'état. mesmériqué d’un calme et d’une sérénité qu’elle ne connaissait plus à l’état de veille, et présenter les phénomènes psychiques les plus inattendus... Mais, passons encore et courons au plus pressé. Un jour que X..., en état de somnambulisme, avait à ouvrir la porte de sa chambre, nous la vimes s’en approcher avec précaution, s’isoler la main droite avec un pan de son jupon, la porter sur le bouton de la serrure, tourner ce bouton pres- tement, puis frotter sa main après elle, comme si elle avait touché un corps chaud. A quelques jours de là, même manœuvre nécessitée par le - même besoin. — 474 — Ce bouton était aussi en cuivre ou plutôt en laiton (alliage de cuivre et de zinc). Très frappé. du fait, nous en demandons l'explication à X... qui nous répond : « Que le contact. du cuivre lui fait mal, que ce métal la brûle comme du feu, et que c’est pour cela qu’elle se recouvre la main avant que d’y toucher. » Nous sortons alors quelques sous de la poche de notre pan- talon, et par conséquent à la température moyenne du corps, et nous les lui mettons dans la main. Aussitôt X... pousse un cri, exactement comme G..., jette au loin les sous et se met à frotter plus vivement encore sa main après ses vêtements. « Mais, disons-nous alors à X..., vous portez bien sur la poi- trine une médaille que vous ne quittez point! » —« Oh! pour ce qui est de cette médaille, c’est bien différent, elle est en ar- gent et j'aime le contact de ce métal ainsi que celui de l'or, tous deux me font du bien quand je les touche. » Et, ayant remis à X... une pièce de cinq francs en argent, puis une montre en or, elle prit plaisir, en effet, à les mani- puler et ne voulait plus s’en dessaisir. Notre première pensée fut d'attribuer ces effets à son ima- gination, et de croire qu'ils cesseraient aussitôt que celle-ci ne serait plus en jeu. En conséquence, nous interrompons la conversation, nous endormons X... profondément, et, lorsque depuis un moment elle est en état apparent de léthargie, nous mettons dans sa main la pièce d’argent et la montre de tout à l'heure. X... les garde sans en être troublée. . Nous remplaçons ces objets par des sous, et alors mêmes effets répulsifs que devant. Nous répétons etnous varions l’expérience, à des jours dif- férents, les résultatssont lesmèmes. Nous nous assuronsde plus que le cuivré n’a même pas besoin pour agir d’être en contact immédiat. Si l’objet fait avec ce métal présente. un certain volume, tels qu’un bougeoir ou une casserole, il suffit soit de le mettre dans le lit à la distance de 20 à 30 centimètres du corps, soit de l’apposer au-dessus des couvertures pour que bientôt X... s’en montre comme oppressée, le repousse et de- vienne colère, pour peu que nous mettions d’insistance à lui imposer le voisinage ou le contact médiat du cuivre. — 475 L'imagination, l’expectant attention du sujet n’était donc pour rien dans la production des phénomènes. Quant à faire inter- venir ici l'influence de la suggestion, il n’y avait point à y son- ger puisque les faits observés étaient tout aussi nouveaux pour nous que pour X... Arrivé à ce point, voici les différentes expériences que nous fimes ; la première est capitale. La malade étant dans son lit, qu’elle ne pouvait déjà plus _ quitter, nous la magnétisons. Nous mettons un de ses bras à nu, nous nous assurons bien que sa sensibilité est absolument abolie, après quoi nous lui posons un gros sou vers le milieu de la région externe de l’avant-bras. Au bout de 3 ou 4 secondes, X... secoue son bras, comme toujours, et rejette le sou. Aussitôt nous piquons le bras et, à notre très grande surprise, nous constatons que la sensibilité est devenue des plus vives à la place même qu’occupait le sou, et s’irradie un peu au voisinage. — Nous réanesthésions le bras et nous appliquons sur le même point une clef. La sensibilité revient encore sous le fer même, mais elle n’est point aussi vive et s'étend moins loin. De plus, le contact du métai agace peu ou pas X.., et nous pouvons ici renouveler à loisir l’ap- plication sans produire chez elle les mêmes marques d’impa- tience. Le bras ayant été réanesthésié, nous appliquons successi- vement un écu de 5 francs, un louis et la cuvette d’une montre en or : aucun effet ; l’anesthésie persiste. Nous expérimentons de même, les jours suivants, et nous voyons encore la sensibilité reparaître par le cuivre, et l’anes- thésie résister toujours à l’application de l'argent comme de Por. _ Une autre fois, nous endormons X... et nous cataleptisons son bras droit. Lorsqu'il est devenu bien rigide, nous le fric- tionnons avec un tube de lorgnette en cuivre : en quelques secondes tous les muscles raidis s’assouplissent, l’anesthésie disparaît et le membre recouvre toute sa liberté. Nous réanesthésions et nous recataleptisons le bras; nous le frictionnons avec une cuillère d'argent, rien; avec la cu- vette d’une montre en or, pas davantage. Nous substituons à — 476 — cette dernière une lame de couteau de table, la contracture se défait, et l’anesthésie disparaît, mais bien plus lentement qu'avec le cuivre et la sensibilité s’étend moins loin. À peu de temps de là, Clémentine X..., que nous retrouverons un moment à l’hôpital Cochin, quand nous aurons à parler d’autres phénomènes, mourut sans nous laisser le temps de pousser plus loin sur elle nos recherches, et, disons-le, sans se douter un seul instant, malgré sa lucidité, qui était des plus rares, de l'importance des observations qui, nécessairement, . l'avaient eue pour confidente. Mais nous lui devions de savoir déjà que le magnétisme ani- mal présentait un côté physique d’un grand intérêt pour la physiologie, et que par là nous pourrions peut-être arriver à une démonstration scientifique de son existence. Cela suffit pour nous faire diriger nos études dans une voie toute autre que celle que nous avions suivie jusqu'alors; voie féconde qui, on le verra, devait singulièrement profiter à la pratique du magnétisme lui-même. Après la mort de X..., et mème déjà un peu de son vivant. les yeux toujours fixés sur l’anesthésie mesmérique, qui étail devenue comme notre étoile polaire, nous fimes sur d’autres sujets de nouvelles expériences qui confirmèrent en tous points - les premières, en y ajoutant. Comme chez X..., ce furent les mêmes répulsions et les mêmes attractions métalliques, les mèmés phénomènes subjectifs et objectifs ; mais il y eut une variante pour le fer et pour l’or. Ainsi, tandis que dans l’état magnétique le cuivre, soit seul, soit allié au zinc ou à l’étain, dans la proportion voulue pour former le laiton, ou cuivre jaune, et le bronze, était toujours repoussé, ramenait invaria- blement la sensibilité et assouplissait les muscles contractu- rés, il nous advint de voir soit le fer, soit l’acier être supportés d’ernblée, ou arriver à être parfaitement tolérés par certains sujets — ce qui, du reste, concordait avec ce fait que les ma- lades rangés autour des baquets de Mesmer pouvaient toucher impunément aux tringles de fer qui en sortaient, — et l'or, au contraire, produire comme le cuivre des effets répulsifs trés grands. C’est ainsi, par exemple, que chez un gros homme» — 411 — somnambule de profession, nous avions une fois déterminé un violent accès convulsif pour lui avoir mis une montre d’or dans la main, durant son sommeil. Aussi cet homme avait-il grand soin, avant que de se laisser endormir, de vider toutes ses poches et de se débarrasser de sa montre, de ses brelo- ques et bijoux. Les pièces d’or lui produisaient moins d’effet. Nous en avons donné et longuement développé les raisons dans la brochure : LA MÉTALLOTHÉRAPIE DEVANT LE LYON MÉDICAL (Libr. A. DeLAHAYyE) auquel nous renvoyons. Disons seulenrent que le seul coupable était ici le cuivre et non l'or, et que si la cuvette de montre était particulisrement redoutée, c’est parce que dans l’alliage, qui sert à faire les bijoux, ce métal n’entre pas pour moins de près d’un tiers, en volume. Toute contraction cataleptique se dissipait également par le cuivre et, déjà même, il nous arriva de voir l’application de ce métai être tout aussi efficace contre certains spasmes spon- tanés, contre un trismus des mâchoires, deux fois, survenu dans la crise magnétique. Nul besoin d’ajouter qu'avec l’amyos- thénie magnétique disparaissait également l’anesthésie. . Mais enfin pourquoi ces répulsions, ces plaintes de la part des sujets, dés qu'ils étaient mis en contact avec le cuivre, - soit en nature, soit plus ou moins allié au zine et à l’or ? Pourquoi paraissaient-ils et disaient-ils en souffrir ? La clé nous en fut donnée par l’expérience complémentaire qui suit. Sur l’avant-bras d’un sujet magnétisé, absolument anesthé- sique, nous fixons, à l’aide d’un mouchoir, une plaque de lai- ton de la grandeur d’une pièce de 5 francs, environ. La sensi- bilité à la piqûre revient, comme toujours, sous le métal ; elle s’irradie bientôt dans tout le membre, mais plus rapidement en hauteur ; au bout de quelques secondes, elle est devenue parfaite jusqu’à l'épaule ; elle gagne le tronc, puis, cheminant de proche en proche, mais si vite qu’il nous est trés difficile de la suivre, elle s’étend au bras, du côté opposé, et aux membres inférieurs. Pendant ce temps, le sujet s’agite, geint et soupire. Il est pris de légers soubresauts et tremblements ; le spasme incessant de ses deux orbiculaires — (signe caractéris- tique du sommeil magnétique) — diminue, puis cesse complé- — 478 — tement; les globes oculaires, convulsés vers le haut de l'orbite, g’abaigsent; les yeux s'ouvrent et, finalement, voilà le sujet revenu à son état ordinaire! L'expérience est renouvelée, en variant le point d’applica- tion d1 cuivre; un deuxième sujet en fait encore les frais et, chaque fois, le réveil s’opère en s’accompagnant des mêmes phénomènes précurseurs. L'anesthésie était donc une condition essentielle du sommeil magnétique, et c'était parce que l’application du cuivre la faisait cesser, parce qu’il détruisait l'isolement absolu, l’équi- libre négatif, si nous pouvons ainsi parler, nécessaire à l’état dans lequel ils se complaisent, qué les sujets magnétisés le repoussaient et semblaient en souffrir. Le cuivre était donc un agent antimagnétique par excellence ; il réveillait donc sûrement, quelle que fût la profondeur du sommeil mesmé-— rique l… Après l'étude des effets du cuivre, du fer, de l'argent et de l'or sur l’anesthésie mesmérique, nous passons successi— vement à l’action du verre, de la résine, du bois, de différents tissus, de l’aimant, de l'électricité, de l’eau froide et chaude, du vent, provenant soit de la main agitée automatiquement, soit d’un soufflet de cuisine, etc., etc., et, afin d’avoir un con- trôle des effets sur lequel nous puissions absolument compter, nous faisons intervenir le thermomètre et nous l’employons concurremment avec l'aiguille. | Puis, partant de l'opinion formulée déjà en ces termes par Cuvier lui-même : « Il y a grande apparence que c'est par un fluide impondérable que le nerf ayit sur la fibre, d'autant qu’il est démontré qu'il n’agit pas mécaniquement »; nous faisons de nombreuses expériences à l’effet de recueillir, de condenser, en quelque sorte, le fluide émis soit par nous-même dans les passes magnétiques, soit par les hystériques, pendant leurs attaques, sur des substances isolantes, telles que le coton, en ouate, et la soie tissée, disposées de certaine façon, et nous nous servons ensuite de ces substances tantôt pour anesthé- sier isolément tel ou tel autre membre d’un sujet magnétisable, mais à l'état de veille, aussi bien avec son propre fluide qu'avec le nôtre ou celui émis par un autre sujet, tantôt pour 479 obtenir le contraire de ce que nous verrons faire plus loin aux applications métalliques dans l’attaque d’hystérie, nous vou- lons dire pour empêcher ou, sinon, retarder la ee hystérique. Sur tout cela nous recueillimes des faits dont nous faisions, dès 1849, l’objet de deux plis cachetés, déposés à l’Académie des Sciences : l’un, le 13 avril, sous le n° 905, et l’autre, le 19 novembre, sous le n° 963. Nous voudrions bien ne pas tarder davantage à en faire connaître le contenu, mais c’est là un sujet trop important et trop délicat pour être traité inci- demment, alors même que nous en aurions ici la place. Qu'on mous permette donc de différer encore de nous expliquer sur ce point et de nous borner, pour le moment, à faire l’indis- pensable. Avant de passer outre, dressons l'inventaire des richesses que le magnétisme animal venait d’accumuler à notre portée, et expliquons pourquoi nous n’en sûmes voir qu’une partie. Puisque la sensibilité et la motilité revenaient Ron chez les sujets magnétisés par l’application du cuivre, n’en ressor— tait-il point que ce métal était un agent esthésiogène et dyna- mogène, appelé particulièrement à rendre des services dans l’hystérie qui, précisément, est le terrain de prédilection du magnétisme ? Ne pouvait-on aussi induire de l’action résolutive du cuivre sur les spasmes provoqués artificiellement, de la souplesse qu'il rendait aux muscles cataleptisés, la possibilité d’en obt2nir d'aussi bons effets contre les attaques, voire même, contre les contractures hystériques ?.… Et, en Somme, l’action esthésiogène, dynamogène et anti- spasmodique du cuivre, dans l’état mesmérique, ne contenait- elle point, en germe, les principes majeurs de la métallothé- rapie externe ? Mais, pour pouvoir conclure de la sorte, il nous eût fallu connaître pertinemment ces deux choses ; savoir : 19 Que les troubles, en moins, de la sensibilité et de la motilité sont de règle dans l’hystérie et ses congénères ; que l’anesthés'e et l'amyosthénie mesmérique ne font que s’y — AN) — surajouter, si bien que le retour de la sensibilité et de la motilité par une application du cuivre impliquait aussi nécessairement la cessation de l’anesthésie et-de l’amyos- thénie pathologique ; 20 Que les troubles inverses de la sensibité et de la moti- lité — les spasmes comme les névralgies — dérivaient fatale- ment des premiers et devaient nécessairement disparaître avec eux, quels qu’en fussent la forme, le siège et l’intensité. Or, * ce moment, (rendrin, Beau et leurs élèves commen- çaient à peine à démontrer la fréquence de l’Anesthésie ou de son diminutif, l’Analgésie, dans l’hystérie, et, nous-même; nous n'avions point encore fixé l'attention sur la coexis- tence d’un autre symptôme non moins constant, l’'Amyosthénie, et établi la nécessité d’une dynamométrie précise dans toutes les affections du système nerveux. D'autre part, les idiosyncrasies métalliques n’émergeaient- elles point, elles-mêmes, de la facon toute différente dont se comportaient les métaux cuivre et fer, d'un côté, argent et or, de l’autre, mais surtout des différentes sensibilités indivi- duelles par rapport soit au fer ou à l'acier, soit à l’or ‘plus ou moins allié au cuivre ? N’était-il point à présumer qu'on trou- verait d’autres idiosyncrasies ou sensibilités métalliques, quand on en viendrait à appliquer aussi le zinc, l’étain, le pla- tine, etc. ? Et, puisque le métal qui avait fait cesser les spas- ‘mes magnétiques était celui-là même qui ramenait la sensi- bilité, puisque l’anesthésie jouait ici le rôle d’un véritable réactif, n’avions-nous point déjà. dans l'application du métal sur un point anesthésique un moyen certain de reconnaitre son appropriation individuelle et, partant, un criterium pour nous assurer d'avance de ses effets curatifs, c’est-à-dire les prémisses mêmes de la métalloscopie telle que nous l'avons conçue depuis ?.… De plus, de l’action si constante du cuivre sur les sujets magnétisés n’y avait-il point à tirer cette conclusion : que la sensibilité magnétique et la sensibilité cuivre étaient le corol- laire réeiproque l’une de l’autre, si bien, qu’étant donnée une hystérique,il suffisait que le cuivre ramenât sa sensibilité pour être certain d’être en présence d’un sujet magnétique ? — 481 — C'étaient là trop de choses à. la fois, trop d’éblouisse- ments pour nos yeux à peine dessillés !... Aussi, nous le confes- sons humblement, nous ne sûmes d’abord qu’entrevoir le plus petit nombre des enseignements qui ressortissaient au magné- tisme animal, et ce n'étaient point les plus féconds. Quant à ces derniers ce n’est que plus tard,lorsque les faits, dont nous parlerons à la suite, nous eurent forcé la main, pour ainsi dire, qu'il nous fut enfin donné de ne plus les méconnaitre. Errata. — Lisez, p. 390, lig. 25 : trones nerveux, au licu de tronçons. Lisez, p. 391, lig. 20 et suivantes : Des lois? Ilen promet, mais _ il n’en trace aucune. De métallothérapie interne, de la loi s: fé- conde en applications thérapeutiques, sur laquelle cest basée la métalloscopie, qui permet de... \ Lisez, p. 392, lis. 2 : devait suffire à tout, métailotiérapio fausse... DE LA POSSIBILITÉ DE FAIRE CONTRACTER LE CHARBON AUX ANIMAUX A SANG FROID EN ÉLEVANT LEUR TEMPÉRATURE, par M. Pau Gisier, interne des hôpitaux, aide-naturaliste de pathologie comparée au Muséum. La température qui semble la plus formelle à la bactéridie charbonneuse est celle des maunniféres, c'est-à-dire une chaleur de 370 à 380. Les oiseaux et notamment la poule ayant une température plus élevée (42 degrés environ) ne contracient pas dans les conditions ordinaires la maladie dont nous parlons. _ Cependant, M. Pasteur, comme on le sait, est parvenu 4 donner le charbon à la poule et à faire développer la bactéri- . die dans le sang de cet oiseau en abaïissant sa température par une immersion prolongée des pattes dans l'eau froide. Après avoir constaté qu’à la température ordinaire de l'eau les grenouilles ne paraissent pas se ressentir d’une injection Sous-cutanée ou intra-péritonéale de liquides charbonneux, nous nous sommes posé la question de savoir si en élevant leur température à 370 environ, la bactéridie charbonneuse trou- 482 — verait chez ces animaux à sang froid, devenus ainsi momenta- nément des animaux à sang chaud, les conditions propres à son développement. Cette question, nous croyons l'avoir résolue, au moins en partie et nous sommes arrivé à donner le charbon à des gre- nouilles en les obligeant à vivre dans l’eau à la températura de 330 à 370. On ne réussit pas toujours, même dans ces conditions, à rendre charbonneuse une grenouille. Ainsi, sur vingt de ces animaux, nous avons obtenu cinq cas de charbon seulement. Les autres sont mortes presqu’aussitôt après leur immersion dans l’eau chaude ou seulement trois ou quatre jours après - sans présenter de bactéridies. Deux ont résisté complètement. On voit que chez les grenouilles, ainsi que dans les autres es-. pèces animales, il existe des variations individuelles. Nous possédons de nombreuses préparatiors de sang de grenouille et des coupes du foie où les bactéridies abondent. Elles sont remarquables par leur longueur infiniment plus con- sidérable que celle des cobayes qui nous ont servi à con- trôler la nature des bâtonnets de la grenoville. Une goutte de sang prise dans le cœur de cette dernière et inoculée à un co- baye le tuait dans les quarante-huit heures. On peut attribuer la longueur des bactéridies charbonneuses de la grenouille à la lenteur de la circulation chezce batracien. Le cours du sang plus rapide chez les animaux à sang chaud briseles bâtonnets ou bien empêche leur long dévoloppe- ment. Quelques faits secondaires, mais importants néanmoins, méritent d’être notés au cours de cette expérience; nous les résumons brièvement : 19 Nous avons remarqué que les grenouilles où s’est déve- loppé le charbon jeûnaient depuis un temps plus ou moins long. Les grenouilles vigoureuses, nouvellement capturées. ont résisté ou sont mortes au bout de quelques jours sans bac- téridies et sans augmentation du volume du foie 20 Les grenouilles que l’on plongea sans transition de l’eau froide dans l’eau chaude aussitôt après linoculation succom- bent plutôt au charbon que celles acclimatées tout d’abord. | 4 }. 4 S Los 2 80 Enfin, un fait curieux qui n’est peut-être qu’une simple coïncidence, c’est qu'aucune des grenouilles inoculées jadis à froid, n'est morte à la suite d’une deuxième inoculation dans l’eau chaude. Doit-on considérer là un phénomème de vacci- nation. Nous nous proposons d'examiner ces différents points. Qu'il nous soit permis en terminant de faire remarquer l’im- portance des expériences de M. Pasteur sur la poule et des nôtres que nous venons d'exposer; on peut conclure d’après leurs résultats que pour faire contracter une maladie infec- tieuse à un animal physiologiquement réfractaire, on doit re- chercher, avant toute chose, les conditions pouvant conférer aptitude morbide à l’organisme sur lequel on expérimente. Séance du 24 juin 1882. Présidence de M. GRimAux. DE LA MORT PAR MÉNINGITE AIGUE DANS LE DELIRIUM TREMENS, par M. Arserr Rosin, médecin des hôpitaux. Le delirium tremens se termine par la mort dans 15 des cas environ; la gravité de la forme apyrétique est beaucoup moins considérable et ce sont surtout ies formes fébriles e+ suraiguës (Delasiauve) qui, par leur mortalité plus grande, influencent la statistique. L’autopsie des sujets qui ont suc- combé révèle habituellement, à côté des fréquentes lésions de Valcoolisme chroniquè,. une congestion des méninges et de l'écorce du cerveau ; maïs parfois cet éta: hyperémique es très peu accentué ou manque même totalement, et l’on est tenté d'attribuer alors la terminaison funeste à l’action spéci- fique de l’aléool sur'ies éléments nerveux, à moins qu’une affection intercurrente n’ait causé la mort. On conçoit que cette congestion méningée puisse dépasser les limites d’une simple hyperémie et aboutir à une véritable inflammation des méninges ; et l’on s’attendrait, au premier abord, à voir la méningite figurer quelquefois parmi les causes de la mort dans le délire alcoolique. — 484 — Or, au contraire, rien ne parait plus rareque cette termi- naison,et l’on est étonné que la plupart des auteurs n° en fassent pas mention. M. le professeur Fournier, dans son article A/coo!isme (1), dit bien que, dans des cas très rares,la méniugite peut succé= der à la forme suraiguë du delirium, mais des recherches: faites dans plusieurs recueils, et entre autres dans le Jéhres- bericht de Virchow et Hirsch,depuis 1874,ne m'ont fourni au- : cune abservation. MM. Rall et Chambard. dans leur article Delirium Tremens (2), font à peine allusion à la méningite. À ma connaissance, c’est M. le professeur Jaccoud qui, le premier,a attiré l'attention des cliniciens sur cette terminaison rare du delirium tremens. L’éminent professeur cite, en effet, dans son Traité de Patologie, le cas d'un individu qui, après avoir présenté pendant quelques jours de signes non équi- voques de delirium tremens, mourut de méningite aiguë. Il résulte donc de ce bref exposé que la méningite survenant comme complication du delirium tremens, est tout au moins un accident d’une extrême rareté ; et pourtant,par un singulier hasard, je viens d'observer, coup sur coup, dans le service de l'Hôte!-Dieu annexe dont je suis chargé, trois malades mani- festement atteints de delirium tremens à leur entrée à l'Hô- pital,et qui ont succombé tous les trois à des accidents ménin- gitiques dont j'ai pu suivre assez nettement l'évointion. le diagnostic porté pendant la vie ayani été confiné par - l'autopsie. Les observations de ces trois malades devant paraitre in extenso dans la thèse inaugurale de M.Radjeau, je me borne. ‘à les résumer sommairement ici. Le premier malade était un comptable de 36 ans, adonné depuis longtemps à l’absinthe et au rhum, et qui s’était- livré à des libations acooliques exagérées dans les jours qui pré- cédèrent son entrée à l’hôpital, Le nuit qui suivit son arrivée, on dut l’atiacher dans son lit, tant était grande sonagitation ; il poussait des vociférations, appelait à l'aide, se croyait (1) Mict. de Méd. et de chir. pratiques. (3) Dict. Encyclop. des sc. méd, +; . RARE Pa te poursuivi et tentait à tout moment de s'échapper dans la salle. Le lendemain matin, l'agitation n'avait pas diminué, la face et les yeux étaient injectés, le corps agité d'un tremblement in- . tense et tout couvert de sueur; la température était de 580. Dans la soirée, l'agitation se calma peu à peu; mais le lende- main, le malade fut trouvé dans une sorte d’éiat comateux, en pleine résolution, sans paralysie manifeste, avec une termpé- rature de 400 ; il suecomba pendant la nuit suivante. L’autopsie montra sur l'hémisphère gauche du cerveau des trainées d’un pus jaunètre et concret dans la scissure de _ Sylvius, te sillon de Rolando, dans le sillon de .séparation des circonvolutions front£les, ainsi qu’au niveau du lobe pare- _central.A droite,exsudat méningitique au niveau du lobe para- central, ainsi qu'entre les 1e et 2e circonvolutions frontales. Ce malade était déjà en plein délire quand ;j je le vis pour ia première fois,aussi mon observation est-elle assez incomplète, vu qu’il ne répondait nettement à aucune question : on pouvait * cependant obtenir encore quelques vagues réponses en attirant fortement son attention. Le lendemain, rien ne pouvait ie faire sortir de son coma; le tremblement général avait cessé, les sueursavaient diminué,la température s'était élevée de deux degrés ; nous pensions qu'il s'agissait soit d’un delirium tre- mens fébrile, soit d’une complication méningitique, malgré l'absence de paralysies, de contractures, de troubles ocu- laires, ete., mais Pexistence de quelques irrégularités du pouls : nous fit pencher vers cette seconde hypothèse. L'histoire du second malade est beaucoup plus complète. 1l s'agissait d'un boulanger de 52 ans, buveur de profession, et s'étant livré dans les derniers temps à des excès plus répétés. Cet homme fut apporé à l’hôpital avec un délire alcoolique des mieux caractérisés: facies agité, œil brillant, mouvements brus- ques, tremblotement général et continuel, sueurs profuses, incohérence des réponses, cris et appels, défense contre des ennemis imaginaires, teinte subictérique générale. La témpéra- ture se maintint pendant cinq jours entre 570 5 et 38 : puis l’agi- tation se calma, il survint des mouvements choréiformes dans les doigts et les avant-bras, en même temps que les muscles des jambes étaient agités par des contractions spasmodiques : + (4 — 486 — le coma fit suite aux symptômes précédents, la température monta brusquement à 39, le pouls devint d’une extrême fré— quence et d’une remarquable irrégularité; on remarqua de plus une très manifeste irrégularité des pupilles. Le lende- main la température atteignit 40; aux symptômes constatés la veille, s’ajouta une raideur très accusée du cou et du tronc, avec incurvation légère du corps en arrière ; le soir, la tem- pérature monta à 410; le malade était en pleine résolution, dans le plus profond coma : il mourut dans la nuit. À l’autopsie, on trouva des traînées d’exsudat méningitique le long la scissure de Sylvius, dans le sillon de Rolando et dans les sillons qui séparent les circonvolutions frontales ; les ménin- ges cérébelleuses et médullaires, dans la région cervicale, étaient très congestionnées. À propos de cette observation, un doute légitime pourrait s'élever : le malade présentait, a1 sommet du poumon droit, une caverne de la grosseur d'une noix; autour de cette ca- verne, il y avait quelques tubercules anciens, caséeux, ayant le volume d’un petit pois, et le poumon opposé renfer- mait aussi des tubercules semblables. Il était donc permis de se demander si la méningite trouvée à l’autopsie n'était pas tout simplement, ou bien une méningite tuberculeuse, ou bien une de ces méningites simples que l’on a décrites comme re- lativement fréquentes chez les tuberculeux. L'idée d’une méningite tuberculeuse tombe d’elle-même devant ce fait que les méninges, examinées minutieusement, ne renfermaient aucune granulation tuberculeuse. Quant à l'hypothèse d’une méningite simple chez un tuberculeux, elle est contredite par la symptomatologie elle-même de notre ma- lade, par l’existence au début de ce délire alcoolique, si net dans son expression, apyrétique, qui précéda de cinq jours cette singulière mutation symptomatique, caractérisée par l'élévation brusque de la température, les mouvements choréiformes, les troubles pupillaires, l4 raideur de la nuque, et enfin par lé coma hyperpyrétique final. J'arrive à mon troisième malade. C'était un cuisinier de 52 ans, robuste, adonné de longue date à l'alcool, ayant fait de récents excès de boisson, à la — 487 - suite desquels il avait été pris de délire plusieurs jours avant son entrée à l'hôpital. Le jour de son arrivée, il avait l’œil hagard, était en proie à une inexprimable agita— tion, donnait des coups de poing dans le vide, proférait sans suite des mots incohérents, regardait fixement quand on lui adressait la parole, mais ne répondait aux questions que par des syllabes incoordonnées et dénuées de tout sens. Le corps était couvert de sueurs abondantes, et les mains agitées “d’un tremblement continu. À côté de cela, pas de fièvre (370,4), pouls normal; les té- guments et la conjonctive avaient une teinte subictérique. Trois jours après, le délire se calma : le malade, encore sans fièvre, tomba dans un état semi-comateux. Le quatrième jour, on observa de l'inégalité pupillaire et une légère contracture du bras gauche ; le membre supérieur droit, étendu, non coniracturé, s’agitait presque convulsive- mént dans l'air comme si le malade voulait poursuivre et saisir quelque objet imaginaire. Le pouls était plus rapide, la _ peau brûlante (1). Les jours suivants, la contracture gagna le bras droit ; on observa de la déviation conjuguée des yeux du côté gauche, sans déviation correspondante de la tête. -— Le pouls était lent et quelque peu irrégulier ; la température s'élevait à 40. La mort survint verse :a fin du septième jour, après avoir été précédée par des sueurs profuses et par la disparition de la contracture dans le bras droit. Les lésions des méninges étaient des plus remarquables : En dehors des caractères d’adhérences de la pie-mère, et des autres lésions d'ordre secondaire, il y avait à gauche des exsudats méningitiques épais et jaunâtres dans la scissure de Sylvius, sur les circonvolutions frontale et pariétale ascen- dantes, ainsi que sur les deux premières circonvolutions fron- tales. — Il y avait aussi des traînées de méningite sur le pli courbe et le lobule du pli courbe. Dans l’hémisphère droit, la méningite s’étendait à la scissure de Sylvius, au sillon de (1) La température de çe jour n’a pas été’ prise, je rote simplement le dé- tail « peau brülante » relevé danse l’observation. Ro Rolando, à la première circonvolution frontale, au pli courbe, au lobule du pli courbe et à la scissure pariétale : enfin une grande plaque dé méningite recouvrait le lobule paracentral, Ce cas ne me paraît pas moins net que les précédents ; il- est vrai que je n'ai pas observé le malade au début même des accidents, et que plusieurs jours Se sont écoulés entre ce. début et l’entrée à l'hôpital, mais il est incontestable qu’au moment où je l'ai examiné pour la première fois. il avait ab- solument l'aspect et les symptômes d’un individu atteint de délire alcoolique. Voici done tro's malades chez lesquels après avoir porté, au début des accidents, le diagnostic: Delirium tremens non fübrile, on à vu se développer du 2e au 6e jour des symptô- mes non équivoques ressortissant si bien à la méningite que l'on a dû modifier dans ce sens le diagnostic primitif: j'en conclus que ces trois malades ont été atteints d’un delirium iremens qui, contrairement à l’opinion courante, s’est terminé par: une méningite. On ne peut pas discuter ici, ce me semble, le diagnostic délire alcoolique : la symptomatologie était trop précise pour laisser place au moindre doute ; néanmoins, n’est-il pas permis de se demander si ces malades n'étaient déjà pas atteints de méningite au moment de leur entrée à l'hôpital, et s'ils n’ont pas fait du délire alcoolique à l’occasion de cette méningite commencante ? S'il en était ainsi, ces trois cas rentreralent dans la catégorie banale des délires alcooliques qui surviennent si fréquemment comme épiphéaomènes dans un certain nombre d’affections pyrétiques ou phlegmasiques. Mais, si la diagnostic Delirium tremens devait être sus- pecté chez ces trois malades, je ne sais trop dans quelles cn constances, on pourrait l’aflinuer; tout se trouve réuni: les _ excès récents greffés sur les habitudes alcooliques invétérées, la forme du délire, le facies, le tremblement général des mem- bres, les sueurs profuses, la teinte subictérique si souvent signalée, etc., et surtout l’absence de fièvre; ce n’est point ainsi que débute la méningite aiguë, au moins dans son expression symptomatique la plus habituelle. Puis, après une durée de 2 à 6 jours Ja scène change, la température s’élève brusque- S 2480 ment de un à deux degrés, des signes rationnels de méningite apparaissent et imposent le diagnostic. Quelle forme étrange de méningite, que cette maladie qui nendant G jours aurait été caractérisée par le plus violent délire, par les symptômes insolites rapportes plus haut, et cela sans que le thermomè- tre s'élève, puis qui brusquement change de type, et rentre dans la méningite régulière ? Devant cette différence si tranchée entre les deux phases de la symptomatologie, je n'hésite donc pas à repousser l’hypo- thèse d’un délire aicoolique secondaire. Il resterait maintenant à envisager dans ses détails cette méningite terminale et à rechercher si elle est influencée dans sa forme anatomique, dans sa marche et dans son ex- pression par le délire alcoolique antécédent; puis à étudier à laide de quels signes, un delirium tremens étant donné, on peut reconnaitre l'invasion de la méningite. Sur ces trois points je serai bref, la question devant être traitée à rie dans la thèse dont j'ai déjà parlé. à Dans les cas où elle est précédée de delirium tremens, la mar- che de la méningite paraît plus rapide; nos malades sont morts, en effet, un, deux et trois jours et demi après la consta- tauon de la fièvre et des premiers signes de méningite. L'expression symptomatique semble aussi quelque peu mo- difiée. Dans un cas observé récemment à la Pitié, dans le ser- vice du professeur Lasègue, cas sur lequel je n’ai que de va- ques renseignements, mails qui paraitrait, suivant ce qui m'a été dit, se rapprocher de ceux que je signale, la méningite trouvée à l’autopsie n'aurait été révélée pendant la vie par au- cun symptôme. Dans ma première observation, la méningite ne fut aceu- sée par aucun de ses signes essentiels et l’on ne remarqua qu'un état comateux avec résolution musculaire, élévation de température de 2? degrés et de légères irrégularités du pouls. Le tableau fut assez complet, au contraire, dans la seconde et la troisième observation. Sauf dans le premier cas, le diagnostic à étéfacile, vu la netteté des symptômes; mais ce qui n’a jamais manqué, et ce 240 qui me paraît avoir une importance de premier ordre pour l'établissement du diagnostic méningite, c’est une élévation rapide et considérable de la température dont on trouve pas la cause dans l’examen attentif des différents organes (1). Cette élévation de la température semble précéder le développement des symptômes localisés de la méningite; elle me paraît indi- ‘quer le début précis de ia transformation morbide. ‘ Au point de vue de l'anatomie pathologique, je ferai simple- ment remarquer que les exsudats méningés occupaient ex- clusivement la convexité du cerveau. Je ne chercherai pas faire ici la physiologie pathologique de ces méningites ; il y a peut-être là une question de terrain que de plus nombreuses observations peuvent seules résoudre; mais, comme je le disais au début de cette note, je ne vois dans ces méningites que l’évolution, dans le sens vraiment inflammatoire, de ces lésions de congestion si souvent ren- contrées à l’autopsie des malades qui ont succombé au delirium tremens. Si on ne les rencontre pas plus fréquemment, c’est peut-être parce que les malades succombent au délire alcoo- lique, avant que l’exsudat n’ait eu le temps de se développer, et l'on pourrait considérer alors certaines congestions ménin- gées du delirium tremens comme des méningites en prépara- tion. En résumé, je crois pouvcir poser les conclusions suivantes: 19 Le delirium tremens non fébriie peut, dans des circons— tances encore assez rares, se terminer par méningite aiguë. 22 Dans les trois observations citées, cette méningite a ëèté localisée à la convexité du cerveau. 30 L’entrée en scène de la méningite est annoncée, entre au- ‘tres symptômes par une élévation rapide et assez considérable de la température axillaire : par conséquent, la fièvre qui se dé- clare rapidement dans le cours du delirium tremens apyré- tique, acquiert une importance pronostique grave toute parti- puis à 350 centigrades paraissent être les conditions nécessaires pour obtenir une inoculation positive. Plusieurs membres de la Société ont fait des objections à ces expériences. On a dit que la bactéridie charbonneuse se développe peut-être chez la grenouille comme dans un milieu inerte. Cette objection ne saurait avoir aucune valeur aux yeux de ceux qui connaissent la marche des maladies infectieuses. En effet, j'ai inoculé des grenouilles qui sont mortes presque aussitôt après l’inoculation ; je les ai laissées dans l’eau chaude et au bout de douze heures il me fut impossible de dé- couvrir des bactéridies dans le sang ou dans les vaisseaux des viscères de ces animaux. De plus, toutes les grenouilles inoculées ne meurent pas, ainsi que je lai dit, plusieurs survivent; donc elles luttent contre l'invasion. Un milieu inerte ne saurait résister au dé- veloppement du parasitisme. Enfin, dans les préparations de sang et des coupes minces de foie, de muscles de grenouilles que j'ai déjà eu l’honneur de présenter à l’Académie des Sciences, on voit des embolies nombreuses, des obstructions vasculaires déterminées par des amas de bactéridies absolument comme chez les mammi- fères. Ces oblitérations vasculaires multiples doivent suffire à — 510 — expliquer la mort de la grenouille ; ou bien si on veut conti- nuer à la considérer comme un milieu inerte on devra, étant donné l’identité des lésions, décerner la même qualité aux mammifères et cela revient au même pour ce que nous avons voulu démontrer. On a paru surpris de m’entendre dire que chez la gre- nouille les bactéridies du sang sont beaucoup plus longues que celles des mammifères, ce que je mets sur le compte de de la différence de vitesse dons la circulation qui est très lente chez les grenouilles. Mais tout le monde connaît l'expérience qui consiste à semer des bactéridies dans plusieurs vases contenant du liquide de culture. L’un de ces vases est laissé en repos: les bâtonnets prennent de grandes proportions en longueur, ils s’enchevêtrent en tout sens; un deuxième flacon est agité d’une façon lente et continue, un troisième flacon est agité plus vivement, ainsi de suite. Eh bien ! qu’observe-t-on ? Les bactéridies sont d’autant plus courtes que l'agitation a été plus vive et cela se comprend. On peut même empêcher de la sorte toute espèce de développement. Une cbjection m’a encore été faite que je me refuse à con- sidérer comme peu courtoise malgré la forme que lui ont prêtée certains journaux, et cette objection est celle-ci: «Il est impossible qu'une grenouille vive dans une eau à la tem- pérature de 300, 359 et 370, surtout si on l’y plonge brusque- ment. » 7 Ma réponse sera péremptoire, Messieurs. Voici un appareil que j'ai fait installer depuis trois jours dans la salle des séances de la Société ; c’est un bain-marie dans l’eau duquel je n’ai pu faire passer un courant d’air comme dans mes précédentes expériences. Malgré cela, ainsi que vous pouvez le constater, les grenouilles contenues dans cet appareil sont parfaitement vivantes et très vives bien que la température de l’eau ait dépassé 350. Il y a plus de 48 heu- res que j'ai introduit brusquement ces animaux dans l’eau où ils vivent actuellement et à ce moment les trois thermonètres plongés dans le liquide marquaient 330 et quelques dixièmes. — 511 — EFFETS DU FROID SUR LA VITALITÉ DES TRICHINES par M. Paur GiBier. J'ai l'honneur de communiquer, au nom de M. le profes- seur Bouley et au mien, les résultats d'expériences entreprises en commun pour rechercher les effets du froid sur la vitalité dés trichines contenues dans les viandes d'Amérique. La vitalité des trichines existant dans les jambons fut cons- tatée avant la réfrigération par les moyens suivants. 1° Au moyen de la chaleur : en chauffant doucement la platine du microscope on voyait l'animal se mouvoir sponta- nément quand la température atteignait + 40° 20 En colorant les préparations par le bleu d’aniline, le vio- let de méthylaniline ou le picrocarminate d’ammoniaque, les trichines restaient transparentes et ne se coloraient qu'après plusieurs jours. Mais si on chauffait fortement la lame porte- objet, la trichine après s’être agitée, éprouvait un mouvement brusque, puis restait immobile et se colorait rapidement. 30 Cinq jeunes oiseaux furent alimentés pendant 8 jours avec cette viande préalablement dessalée. Dans les excré-- ments et dans les intestins de ces oiseaux on trouvait une grande quantité de trichines vivantes. La réfrigération fut portée à — 200 dans un jambon et à — 150 dans un autre. Dans le premier cas la viande était restée exposée pendant 4 heures à un froid sec de — 270 et dans le second cas un froid de — 200 pendant six heures. La tempé- rature était indiquée par un thermomètre à alcool introduit au centre du jambon. Le froid était obtenu au moyen d’un appareil Carré analo- gue à celui que MM. Mignon et Rouart viennent d'installer à la Morgue et qui produit un froid de — 200 et — 250 dans une étendue de vingt mètres cubes environ. L'examen des viandes congelées a démontré que toutes les trichines qu’elles renferment sont mortes. Les procédés mis en usage pour cette constatation ont été les mêmes que les précédents et les résultats de l’examen sont les suivants : 1° Sous l'influence d’une chaleur douce,les trichines ne pré- C. r. 1882 | 26 - 512 — sentent aucun mouvement. Quand on chauffe davantage, les trichines éprouvent les mêmes mouvements passifs que les fi- bres musculaires ; 20 Soumises à l’action des colorants cités plus haut, les tri- chines se colorent en quelques minutes et d’une façon très in- tense. 30 Cinq jeunes oiseaux de la même famille et du même âge que les précédents ont été nourris pendant un temps égal avec de la même viande, mais congelée. Dans les excréments pas plus que dans les intestins de ces oiseaux, l’éxamen micros- copique le plus minutieux ne put démontrer la présence d’une seule trichine. Le froid les avait tuées et la digestion les avait fait disparaître comme les matières organiques dénuées de vie. Enfin, il semble que la température de Oo soit déjà très nui- sible, sinon fatale, pour la trichine.En effet, des fragments de muscles, infestés de ces nématoïdes vivants, furent scellés entre deux lames de verre et placés dans dé la glace fondante pendant six heures. Au bout de ce temps on attendit encore quelques heures avant de colorer les préparations au bleu d’aniline.Les trichines étaient colorées au bout de deux heures et demie et ne présentaient aucun mouvement sous l’excitation de la chaleur. Depuis plusieurs semaines la viande congelée n’a pas changé d'aspect et ne peut être distinguée de celle qui n’a pas subi l’action du froid. Cet:agent ne paraît pas détruire les effets du sel et de la j'umure. Îlest de toute justice de dire, avant de terminer cette com- munication,que MM. Livon, Bouisson et Caillol de Poncy;,pro- fesseurs à l’Ecole de Médecine de Marseille, om constaté anté- rieurement les mêmes effets du froid sur la trichine. Il paraît donc démontré que la science possède dans le froid un agent puissant d'assainissement des viandes trichi- nées qui pourra rendre service à l’'Hygiène publique. — 913 — Le PERKINISME ET LE BUuRQUISME. — LES MARTIAUX ET LA MÉDICATION POLYMÉTALLIQUE DANS LA CHLOROSE, par le docteur V. Bura. Il y aura tantôt cinq années, M. le professeur Charcot fai- sait une leçon sur la métalloscopie et la métallothérapie de- vant son nombreux auditoire de la Salpêtrière. Après avoir esquissé l’une et l’autre à grands traits, le maître disait : « Tous ces faits, comme l’idée théorique qui les relie entre eux, appartiennent à M. Burq, d’où le nom de BurquisME que l’on commence, et c’est justice, à employer comme synonyme de métallothérapie (Gazette des Hôpitaux, mars 1878).» Cet acte de justice, qui en avait été le promoteur? Quel était celui qui, le premier, avait prononcé le moi de Burquisme? M. Rabuteau, c'est lui-même qui est venu le rappeler haute- ment devant la Société de Biologie. Mais notre savant con- frère avait à peine revendiqué ce parrainage que, sans se dé- fendre d'y avoir ajouté encore en votant les coxclusions des deux rapports de M. Dumontpallier, il le répudiait tout aussi- tôt par des paroles comme celles-ci: « Que le Burquisme ne lui avait rien appris que le Perki- nisme ne lui eût déjà enseigné; qu'une seule chose nouvelle en était sortie, le transfert, et que c'était à M, Regnard que la découverte en revenait!! » La métallothérapie ne pouvait écnapper au sort commun à toutes les découvertes. Pendant plus d'un quart de siecle elle fut niée ; hier nousétions obligé de la défendre contre des revendications ne tendant à rien moins qu’à nous en dé- pouiller au profit de A. Despine, ancien médecin des eaux d’Aix en Savoie; et voici aujourd'hui M. Rabuteau qui vient dire qu’elle ne contient rien de nouveau, et que notre seul mérite c’est la ténacité avec laquelle nous avons défendu des faits déjà acquis. Nous eussions voulu pour M. Rabuteau lui-même, pour la part de reconnaissance que nous lui devions, qu'il ent laissé à un autre le soin de donner à la métallothérapie cette der- nière consécration. Mais puisque notre confrère en a décidé — 514 - autrement, puisqu'il n’a pas craint de se donner un lémenti à lui-même, en même temps qu'il infligeait implicitement un blâme à toute la Société de Biologie et à son illustre prési- dent, en particulier, pour les récompenses décernées enfin à nos travaux, cela nous met à l’aise pour dire la cause véritable de ses dénégations, aussi tardives qu’inattendues, dénégations dont il nous avait déjà donné, du reste, un avant-goût dans une précédente séance en se taisant absolument, à propos de l’action des sels de cuivre, sur nos nombreuses recherches et sur les expériences que nous fimes, à partir de 1869, en col- laboration avec un de ses maîtres. M. le Docteur Ducom, à l'effet d'établir l’inanité de la colique dite de cuivre et la non toxicité des sels de cuivre, aux doses où jusqu'alors on les avait crus éminemment vénéneux. Parlons donc un peu du Perkinisme, puisque nous y som- mes contraint. Nous nous sommes reporté aux traités de thérapeutique de Schwilgué et d’Alibert, invoqués par M.Rabuteau, et nous n’y avons trouvé rien autre que ce que tout le monde connaît et. qu’avaient si bien dit Percy et Laurent en 1819, c’est-à-dire à une époque assez proche des hauts faits de Perkins pour qu'ils n’en pussent rien ignorer. Ces auteurs nous ont écrit dans le tome 41), page 529, du Grand Dictionnaire: PErkinisue... Deux aiguilles d'un métal différent, l’une de couleur jaunâtre qui paraît être de laiton et l’autre d’un blanc bleuâtre qui est de fer blanc non aimanté. Ces aiguilles (d’un décimètre de longueur, dit Schwilgué et seulement de deux et demi d’après Alibert), ont une extrémité arrondie (de 7 mm. de diamètre d’après Schwilgué) tandis que l’autre est pointue. Le docteur Perkins promenait la pointe de ces deux aiguilles (liées ensemble) sur les parties du corps où les malades éprouvaient de la douleur et quelquefois même dans le voisinage jusqu’à production de phlogose dans le système dermoïde. On mit à contribution pour la confection des aï- guilles tous les métaux et différents végétaux (on en fit même en ivoire, en os et en ardoise), et chacun s’évertua pour donner à cet agent thérapeutique un degré d'efficacité qui — 915 — devait remplacer tous les moyens thérapeutiques en vogue. » Suit une courte critique et c’est tout. Ainsi donc, association du fer et du cuivre et chances, par conséquent, d'annuler l’action de l’un par l’autre, ces deux métaux étant respectivement neutres; emploi toujours des mêmes métaux sur tous les individus et dans tous les cas indistinctement ; application, et quelquefois présentation seu- lement, des tracteurs par leurs pointes, uniquement en vue de combattre hic et nune spasmes ou névralgies; voilà tout le Perkinisme ! Voilà ce que M. Rabuteau vient affirmer si tar- divement être tout le Burquisme ! Voilà tout ce dont se serait En vérité, Messieurs, est-ce bien sérieux? Et M. Rabuteau, en soutenant une semblable thèse, ne s'est-il point grande- ment exposé à ce qu’on le soupçonnât de ne jamais avoir mê- me lu les rapports dont il a, lui aussi, voté les conclusions ? Il l’a confirmé devant nous-même. Où sont, en effet, exposés, dans son propre traité de théra- peutique aussi bien que dans Alibert et Schwilgué, les effets physiologiques des métaux en applications, qui ont été de no- tre part l’objet d’une si longue étude et dont, dès l’année 1851, nous faisions l’objet d’une première communication devant l'Académie des sciences ? Où sont les observations établissant que dans les affections justiciables des métaux ce qui domine ce sont toujours les troubles périphériques, et que c’est à eux surtout que l'on doit s’adresser, sous peine de ne faire que de la médecine palliative? . Où sont les idiosyncrasies métalliques? Ou est la preuve que Perkins ait seulement soupçonné l'existence de ce réactif, l’anesthésie, et, à son défaut, l’'amyosthénie, dont le burquisme a su tirer un si grand parti pour reconnaître ces idiosyncra- sies et mesurer sur l’heure les effets thérapeutiques, non seulement des métaux, mais d’un traitement quelconque? Où est la métalloscopie? Où est cette loi si féconde qui per- met de conclure de l’action externe d’un métal à son action interne et réciproquement ? Où est la métallothérapie interne? Où sont les faits et la — 916 — soctrine sur lesquels celle-ci est fondée, aussi bien que la mé- tallothérapie externe, et ne faut-il point plus que de la complai- dance pour voir cette dernière même poindre dansles tracteurs de Perkins accusés, non sans raison, de n’agir que par l'in- termédiaire de limagination, puisque leur confection vi- cieuse devait, dans la majorité des cas, détruire les effets pos- sibles de chaque métal, employé isolément, puisqu'on les avait vus agir même à distance et qu'il fut possible d'obtenir les mêmes effets avec des tracteurs nullement métalliques? Si M. Rabuteau avait bien voulu se donner la peine de nous lire, 1l aurait, sans remonter jusqu’à la thérapeutique de Schwilgué, qui date de 1805, trouvé dans différentes de nos publicetions de bien autres antériorités que le perkinisme, et il aurait vu combien, en présence d’une incrédulité que nous ne pouvions parvenir à vaincre, nous nous évertuâmes à trou- ver à la métallothérapie des ancêtres. Voici, par exemple, nôtre petit traité sur la métallothérapie de 1853. Il contient tout un chapitre spécial sur l’historique des différentes applications de métaux en médecine, qui débute ainsi : « Il y a déjà plusieurs siècles quel’usage externe des métaux occupe une certaine place en médecine, mais comme il est sou- vent dans nos destinées de marcher bien longtemps à côté de la VÉRITÉ, sans même soupconner sa présence, surtout si la déesse a pris les moindres précautions pour voiler sa nudité, ces agents sont presque toujours passés inaperçus sous divers déguisements.» Suitune exposition, avec commentaires, des anneaux constellés de Paracelse, des baignoires de cuivre de Pomme, des armures d'aimant, du perkinisme, de l’acupunc- ture, des appareils dits magnétiques, galvaniques et électriques de toute sorte, des pratiques populaires — applications diverses du fer, de l'acier, de l'or et du euore sous différentes for- mes —de guérisons consignées dans les annales de la science. Parlant des anneaux de Paracelse qui, on le sait, étaient tantôt en or, tantôt en argent, tantôt en fer, en cuivre, en étain et en plomb, suivant que le constellé était censé sous l'influence du soleil, de la lune, de Mars, de Vénus, etc., nous disions : FA — 917 — « Si laracelse eut possédé à un moindre degré les supersti- tions de son époque, il est fort à présumer qu’il ne nous aurait point laissé à découvrir les différentes aputudes métalliques qui furent toutes si bien sous sa main ‘lans les anneaux cons- tellés.» Nous disions ensuite, comme nous l’avions déjà fait dans notre thèse inaugurale (p. 57 et suivantes) pourquoi, malgré des succès incontestables, les aiguilles de Perkins, celles à acupuncture et tous les appareils ou objets qu'on avait déco- rés du titre de magnétiques, galvaniques etélectriques étaient tombés dans l’oubli, et pourquoi les bains prolongés ne don naient plus les résultats que Pomme en avait certainement obtenus. Ce n’est point ici le lieu d’y revenir. Nous avions donc fait la part de Perkins, comme de tous ceux dont le nom avait pu venir à notre connaissance, et cela d'autant plus volontiers qu’en obéissant ici au sentiment de la justice, nous augmentions d’autant les chances de vaincre enfin l’incrédulité qu’avaient rencontré toutes nos expé- riences. Pourquoi maintenant M. Rabuteau pense-t-il tout autre- ment qu'il ne le faisait il y a quatre années? Pourquoi vient-il, lui aussi, nier, à cette heure, la métallothérapie aprés l'avoir acclamée avec tous ses honorables collègues de la Société de Biologie ? Pourquoi voudrait-il mettre le Burquisme sur le même rangque le Perkinisme, oublié aujourd’hui ? Etant bien connues, d’une part, les prédilections de M. Ra- buteau pour les martiaux et; d'autre part, la guerre que fait le polymétallisme de la métallothérapie avec ses succès dans des cas nombreux où le fer, administré sous toutes les formes et à toute dose, avait absolument échoué, il ne sera point dif- ficile de trouver la réponse. Quant à nous, afin que cette discussion ne soit point stérile, nous résumerons toute notre pensée dans les propositions qui vont suivre, propositions dont les cliniciens, qui ne professent point plus de goût que nous-même pour les théories physi- co-chimiques, en médecine, nous sauront peut-être quelque gré. 19 Que la théorie directement reconstituante du fer sur les globules du sang, dans l’aglobulie, est une vieille théorie chi- — 518 — miètrique; qu'elle n’a encore sa raison d'être que dans les idées surannées de ceux qui ont négligé d'y regarder de près et, surtout, dans la ténacité des intéressés, et ils sont légion, qui ont su trouver ici la solution pratique du problème de la transmutation des métaux. 20 Qu'il n’est point vrai, comme ces derniers le prétendent, que le fer soit une sorte de panacée dans la chlorose ou l’ané- mie ; que le zinc, le cuivre, l'or, l’argent, etc., et le platine lui-même, si complètement inconnu hier encore comme re- mède, agissent absolument de la même façon et dans les mêmes cas; que tous n’ont point d'autre effet que d’ouvrie la porte aux aliments et seulement que le fer est le métal qui ouvre cette porte plus souvent qu'aucun autre métal. 30 Que l’action de tel ou tel autre métal intus comme extra, dépend exclusivement de l’idiosyncrasie ; 40 Que, quand le fer est approprié, toutes les préparations martiales se valent, et que la plus simple, telle que la limaille de fer ou le fer réduit, est encore la meilleure, parce que l’estomac n’en prend que ce qui lui convient, et que l'organisme a peu à faire ensuite pour se débarrasser du reste ; 5o Que, lorsque le fer ne correspond pas à l’idiosyncrasie, il devient un ennemi, et que tous les efforts de la pharmacie moderne pour arriver à mieux n’ont eu d'autre résultat que de le rendre alors moins nocif. 6o Que la métalloscopie, jetant des clartés inespérées dans le dédale de la thérapeutique par les métaux, permet de reconnaître sûrement, dans ia majorité des cas, quel est celui qu’il faut administrer ou appliquer. — 519 — Séance du 8 juillet 1882 Présidence de M. Paul Bert DE L'INDÉPENDANCE FONCTIONNELLE DE CHAQUE HÉMISPHÈRE CÉRÉ- ‘ BRAL ET DE L'INFLUENCE DU DEGRÉ DES EXCITATIONS FÉRIPHÉ-— RIQUES SUR LE DEGRÉ DES MANIFESTATIONS FONCTIONNELLES DFE CHAQUE HÉMISPHÈRE CÉRÉBRAL CHEZ L'HYSTÉRIQUE HYPNOTISABLE, par M. DuMoNTPALLIER. Dans une précédente communication j'ai exposé que, chez l’hystérique hémianesthésique, on peut successivement, à l’aide du transfert, démontrer l'indépendance fonctionnelle de chaque hémisphère du cerveau. De plus, par de récentes expériences, j'ai constaté que,chez l’hystérique qui a recouvré en grande partie la sensibilité et la force musculaire de chaque côté du corps, on peut : 19 En agissant isolément sur un seul hémisphère cérébral, rendre manifeste cette indépendance fonctionnelle de chaque moitié de cerveau. 20 En agissant simultanément sur les deux hémisphères, on peut déterminer des manifestations fonctionnelles simul- tanées dont le degré, pour chaque côté du corps, est en rapport avec le degré d’excitation de chaque hémisphére cérébral. Voici, résumées, les expériences qui m'ont permis de for- muler les deux propositions sus-énoncées : A. On place un bandeau sur l'œil gauche du sujet et l’expé- rimentateur fixe son regard sur l'œil resté libre et ouvert. Bientôt l’hypnotisme est produit, maïs le côté droit seulement du sujet présente les diverses manifestations des périodes té- thargique, cataleptique et somnambulique. Le côté gauche est en résolution complète et reste indifférent aux divers procé- dés qui rendent manifestes les trois périodes de l’hypnotisme. B. Le sujet étant réveillé, on répète la même expérience après avoir transporté le bandeau sur l'œil droit, alors le côté gauche du corps répond seul aux différents procédés qui font la léthargie, la catalepsie et le somnambulisme, le côté droit ne répond à aucune excitation. — 92) — La cause excitante, en agissant sur la rétine d'un seul œil droit ou gauche, a donc déterminé une activité cérébrale limi- tée à l'hémisphère opposé et cette activité s’est manifestée par des actes croisés, l’autre hémisphére cérébral restant au repos. C. et D. Dans une troisième et dans une quatrième expé- rience, le bandeau est placé successivement sur l'œil droit ou sur l'œil gauche, mais l’expérimentateur fixe simultanément .les deux yeux du sujet. L’action du regard agit dans ces expé- riences avec une intensité différente. L'action est entière sur l'œil libre et ouvert, elle est amoindrie, affaiblie sur l'œil recouvert par le bandeau Alors on constate que l'excitation cérébrale croisée est en rapport avec le degré de la cause excitante rétinienne, ce qui est démontré par les différents degrés des manifestations léthargique, cataleptique et sommanbulique observées de cha- que côté du corps. C’est ainsi que les divers phénomènes, ee dans cha- cune des périodes de lPhypnotisme, sont en rapport avec le degré d'activité de chaque hémisphère cérébral, laquelle ac- tivité est elle-même en rapport avec le degré d’excitation réti- nienne du côté opposé. E. Dans une seconde série d'expériences du même ordre, nous avons constaté,en agissant sur la membrane du tympan, des résultats comparables aux résultats obtenus sur chaque hémisphère cérébral par l'excitation rétinienne. F. Chez la même malade il existait une aphonie hysté- rique, aphonie presque complète depuis une année ; Pappli- cation de plaques métalliques sur la région laryngée, pendant la période somnambulique de l’hypnotisme, a eu pour conséquence de rendre la voix à la malade. Mais sa voix était de nouveau éteinte si l’on enlevait les plaques métalliques ou si l’on faisait cesser la période som- nambulique. L’état somnambulique et l'application simultanée des fi ques métalliques sur la région laryngée avaient donc une action spéciale sur les muscles du larynx. Cette action était modifiée lorsque l’on déterminait l’hémi- — 521 somnambulisme ou lorsque les plaquettes étaient appliquées seulement sur un des côtés de la région laryngée. Peut-être,en répétant chaque jour cette expérience, pourra- t-on obtenir une action thérapeutique sur l’aphonie, que celle-ci soit la conséquence de la paralysie ou de la contrac- ture des muscles de la glotte. G. Enfin mentionnons que chez une autre hystérique hypno- tisable, affectée de léthargie spontanée intermittente, il suffit de diriger le vent d’un soufflet sur les paupières abaissées pour déterminer le réveil. Vgau MONSTRUEUX INioDYME, par MM. Poucuer el BEAUREGAR»D. Nous présentons à la Société de Biologie un veau mâle monstrueux qui offre un cas curieux d’iniodymie. L'animal, originaire du Morbihan, est âgé d’un mois. Son corps, unique, bien développé , porte deux têtes unies latéralement, de telle sorte, que la tête parasite est appliquée par sa base sur les régions occipitale et pariéto-temporale gauches de la tête voi- sine. Les rapports sont tels que les yeux des deux têtes se. trouvent au même niveau. La tête parasite mesure Om,185 de long, de la corne à l'extrémité du museau, l’autre tête mesure 0,m21 dans le même sens. La première est donc moins développée, elle présente en outre une certaine atrophie dans sa partie anté- rieure, atrophie qui porte principalement sur la mâchoire in- férieure, qui est courte et rudimentaire. La couleur du pelage des deux têtes est à peu près la même, toutefois,une large tache blanches qui occupe la région fron- tale, s'étend jusqu’à l'extrémité du museau sans discontinuité sur la tête parasite, tandis que sur la tête voisine elle est in- terrompue par une tache en avant des yeux. On peut sentir parfaitement les quatre cornes en état de développement, ce qui prouve que la soudure osseuse n’a lieu qu’en arriére de celles-ci, bien que la peau des deux têtes soit confondue un peu en avant, c’est-à-dire jusqu’au niveau de la commissure des yeux. Les yeux sont au nombre de quatre, mais les deux veux de on la tête parasite semblent profondément désorganisés. L'oœil droit, celui qui est du côté de l’union, n'offre plus qu’une masse œdématiée. Du pus se trouve dans la commissure in- terne. , L'œil gauche est moins atrophié. On y distingue une cor- née qui n’a pas perdu toute sa transparence. Les yeux paraissent insensibles à la lumière, toutefois ils ont des mouvements spontanés et on peut déterminer des mouvements réflexes du moignon et des paupières de l'œil droit en touchant le globe oculaire ou les cils de l’œil gauche de la tête voisine. Les yeux de cette dernière paraissent ex- térieurement sains et normaux, cependant il existe une grande différence dans leur degré de sensibilité. Les paupières de l’œil gauche, en effet, paraissent ne se fermer que par l’ac- tion de la volonté si toutefois cette occlusion est possible, car il nous a paru que les paupières étaient presque immobiles et ne se fermaient pas pendant le sommeil. Dans tous les cas, par l’attouchement des cils ou de la cornée, on ne détermine pas leur occlusion, la troisième paupière seule fait quelques mouvements. À cette différence dans la sensibilité des deux yeux et aussi à la position de la tête parasite,qui obstrue le champ visuel du côté gauche, il faut rapporter les chocs fréquents que l’a- nimal ne sait pas éviter à sa tête parasite pendant la marche. Il paraît ne pas s’apercevoir du parasitisme dont il est pourvu. Les narines,bien développées dans la tête saine, sont moins larges qu’à l’état normal dans la tête parasite. Ces dernières présentent un suintement muqueux continu. Au moyen d’une glace, nous avons pu nous convaincre de l’existence d’un cou- rant respiratoire s’effectuant par ces deux narines. Les oreilles sont au nombre de trois. L’oreille moyenne, située dgns l’angle formé par les deux têtes, est en forme de cuillèreiet résulte évidemment de la soudure des deux oreilles voisines. L’oreille gauche de la tête parasite est déjetée en bas et cachée dans l'angle que fait cette tête avec l'épaule. Il existe une assez grande différence de température entre ces trois oreilles. L’oreille moyenne est chaude tandis que les deux autres sont froides. on La bouche dela tête parasite est réduite à un orifice circu— jaire mesurant Om,028 de diamètre, déjeté sur le côté droit. À travers cet orifice on aperçoit la voûte palatine sous forme d'un tubercule de la grosseur d’une noix. On peut introduire la moitié dela première phalange par l’orifice buccal, qui n’admet pas l’intromission plus avant. ._L’obstacle est formé par l'extrémité antérieure de la mâchoire inférieure. La mâchoire inférieure de la tête saine est no1male; la lan- gue est déviée à gauche, que l'animal soit au repos ou qu'il fasse les mouvements de succion pour prendre le lait que nous lui administrons au moyen d’un tube de caouichouc fixé à un entonnoir. Nous espérons, dans une prochaine communication, faire connaître les détails anatomiques de cette monstruosité, lors que l’autopsie de l’animal aura pu être faite. NOTE SUR L’IDENTITÉ DES CONDITIONS A RÉALISER POUR OBTENIR L'ANESTHÉSIE GÉNÉRALE DANS LES ANIMAUX ET LES VÉGÉTAUX par M. ARLoIxG. A l’aide d'expériences variées, CI. Bernard a démontré que, pour obtenir l’anesthésie générale chez les animaux supérieurs, il était nécessaire que l’anesthésique pénétrât dans le sanget fût conduit aux centres nerveux sur lesquels porte son ac- tion (Voyez Leçons sur les anesthésiques et l’asphyxie, Paris 1875). Je désire prouver qu’il est également indispensable, pour plonger dans l’anesthésie générale des végétaux doués d’une irritabilité manifeste, comme la sensitive, que l’agent anes- thésique se mélange au suc nutritif. de la plante, circule avec lui et soit porté aux organes qui semblent tenir lieu de centres nerveux. On sait que Dutrochet, Leclerc (de Tours) et M. P. Bert ont déterminé, chez la sensitive, un état comparable à l’anes- thésie en la plongeant dans les vapeurs d’éther ou de chloro— forme. Cl. Bernard a assimilé cet état à l'anesthésie céné- , : 2 rale que l’on obtient sur un oiseau, une souris et une cre- nouille placés sous des cloches de verre dont mediioes C. L1 2 re 188 27 — 524 — est saturée de vapeurs anesthésiques (Leçons sur les phéno- mênes de la vie, p. 258 et suto.) En réalité, ce phénomène n’est pas semblable à l’anesthésie générale observée sur les animaux dans les mêmes conditions. Au contraire, chacun des départements excitables que l’on pourrait tracer à la surface de la plante sont dans l’état que produit l’action locale des vapeurs d’éther. Effectivement, si on répèle, avec une modification impor— tante, une expérience faite autrefois par Leclere et par M. Bert, en 1866, c’est-à-dire si on enferme tous les rameaux feuillés d’une sensitive, moyennement excitable, dans un vaste ballon, à l'exception des deux premiers, en procédant du col- let du végétal, et si l’on dispose dans le goulot du ballon un tube recourbé qui permettra, à un moment donné, de faire pen des vapeurs anesthésiques sur les trois quarts des feuilles de la plante, on note les effets suivants: Douze minutes après le contact des vapeurs de chloroforme, toutes les folioles des feuilles enfermées dans le ballon se redressent, et les pétioles communes s’abaissent vers le sol. Pendant les quinze minutes suivantes, les pétioles revien- nent à leur position primitive; mais si on les pique, ils se montrent inexcitables, tandis que les deux feuilles exté— rieures n’ont pas changé d’attitude et n'ont rien perdu de leur excitabilité. Le ballon est remis et maintenu en place pendant deux heures ; les feuilles extérieures restent toujours immobiles et irritables. Le lendemain, les feuilles supérieures sont mortes; les inférieures sont à peu près à l’étatnormal. Ainsi, malgré le contact prolongé des vapeurs anesthésiques avec les trois quarts de la surface foliée, celles-ci n’ont point imprégné toutes les parties de la plante: le végétal s’est trouvé divisé en deux portions, l’une sensible, l’autre anes- thésiée localement. Pour obtenir la véritable anesthésie générale, il faut faire pénétrer le chloroforme par absorption radicellaire, en l’offrant aux racines associé à 20 fois son volume d’eau. Lorsque le chloroforme est administré de cette façon, il se È — 525 — mélange à la sève, chemine progressivement dans la sensi- tive, de bas en haut, du centre à la périphérie, et éteint suc- cessivement la sensibilité des bourrelets pétiolaires et pétio- lulaires ; à un moment donné, la plante est entièrement in- sensible. L’expérimentation directe démontre que l’anesthésie est précédée de phénomenes d’excitation et que ceux-et coin- cident avec l’arrivée du chloroforme dans les organes qui en sont le siège. Nous avons particulièrement exposé ces derniers phéno- mènes dans une note insérée aux comptes rendus de l’Aca- démie des sciences (25 août 1879). En les rapprochant de ceux que je signale aujourd’hui pour la première fois. on peut induire ce fait intéressant que, dans les êtres vivants, l’anes- thésie générale s'obtient aux mêmes conditions. NOTE SUR LE STOMATO-GASTRIQUE DES CRUSTACÉS Isopones par M. L. Huer. C’est Brandt qui, le premier, a signalé l'existence d’un sto- mato-gastrique chez les crustacés Isopodes (Zoologie médi- cale page 75, pl, 15, fig. 27 C). Il l’a décrit chez les Porcellis Scaber et Dilatatus. Voici comment il s'exprime à ce sujet dans les Annales des sciences naturelles de 1836 : « Tout ce qui a été vu jusqu’à présent consiste en deux « renflements généralement fort petits, placés au devant d’un « estomac peu volumineux et en arrière du cerveau, auquel « ils communiquent par deux filets très minces. « Ils envoient en arrière deux cordons très déliés qui se « rendent à l’estomac. » Et il ajoute: « Que les recherches ultérieures fassent découvrir ou non « un système impair, dont l'existence semble indiquée par l’analogie de ces animaux avec les décapodes, la présence « des deux renflements, séparés en arrière du cerveau, n’en « reste pas moins une preuve remarquable de leurs rapports « avec les insectes. » Pour Leydig (Vom Bau des Thierischen Kærper, Tubingæ 1864) ce système impair est représenté par un nerf longitu— À sie dinal, qu’il nomme nerf intermédiaire, situé sur la partie mé- diane du corps, entre les commissures qui réunissent les gan- glions de la chaîne ventrale. Ce nerf serait en connexion avec chacun de ces ganglions et donnerait des filets aux branches nerveuses latérales qui en émanent. Ayant eu l’occasion d'étudier la Lygia Oceanica, crustacé Isopode de nos côtes, dont la grande taille facilite singulière- ment la dissection, j’ai vu partir de chacune des deux bran- ches nerveuses qui font suite à la chaîne ventrale et se ren- dent aux urostyles, à deux millimètres environ de leur ori- gine, de chaque côté du corps, un filet nerveux d’un volume très appréciable qui se dirige immédiatement en haut et en avant et se distribue sur l'intestin, dans la couche musculaire duquel il se ramifie. J'ai retrouvé cette disposition chez l’Idotæa Eutomon, chez l’Anilocre et enfin chez les Porcellio lœvis et scaber et l’'Omicus muscorum.Chez les Isopodes deplus petitetaille,cette recherche présente de telles difficultés qu’il m’est impossible de me pro- noncer sur l’existence ou la non-existence de ces filets ner- veux splanchniques. Cependant, comme le plan d'organisation de tous ces animaux est le même ou peut, je crois, sans être taxé de témérité, conclure à l’identité de leur système ner- veux. d D L'ACTION DU MOURON ROUGE SUR LES OISEAUX, par M. Henri GaDEau De KERVvILLE, secrétaire de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen. Dans beaucoup de traités d’ornithologie et dans quelques ouvrages de botanique, il est dit quele mouron rouge (Ana- gallis arvensis, L., var. phænicea,Lam.)est un poison pour les oiseaux. Doutant de la véracité de cette assertion, quiest gé- nér&lement acceptée, j'ai voulu voir si réellement cette plante avait des propriétés toxiques en expérimentant sur plusieurs espèces d'oiseaux. Les résultats obtenus sont très concluants, mais avant de les faire connaître, je les ai communiqués à mon collègue, M. Mégnin, et c’est d’après son conseil que je les publie aujourd’hui. — 527 — Mes expériences, prolongées chacune pendant huit jours, ont été faites à trois reprises différentes et dans les conditions ‘ suivantes : PREMIÈRE EXPÉRIENCE. — 1 Serin ordinaire (Fréngilla cana- ria, L.). — 1 Bruant jaune (Emberiza cttrinella, L.), en- fermés séparément. Nourriture habituelle. — Verdure composée uniquement de plantes entières de mouron rouge (racine, tige, feuilles, fleurs, fruits et graines. Boisson. Eau ordinaire sauf les trois derniers jours pendant lesquels je leur donnai une infusion très forte de mouron rouge. En outre, des graines de cette plante, récoltées l’an dernier, furent placées sur du pain mouillé. RésuLTaT. — Le serin a mangé chaque jour quelques feuil- les et des graines de mouron rouge; le bruant très peu. Ces oiseaux avaient été privés de verdure plusieurs jours avant l'expérience pour les exciter à manger davantage du mouron rouge. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. — 2 Serins ordinaires (Frengtlla ca- naria, L.). — 2? Perruches ondulées d et a. (Melopsittacus undulatus, Shaw), enfermés séparément. Nourriture habituelle. — Pâtée et chènevis écrasé mélan- gés avec des plantes entières de mouron rouge finement ha- chées et quelques graines mûres de cette même plante. — Verdure. Uniquement du mouron rouge excepté le dernier jour où du mouron blanc (Stellaria media, Vill.) leur fut donné avec le rouge. Ils laissèrent alors complètement cette der- nière plante dont ils se montrent, en général, peu friands. Boisson. {nfusion très forte de mouron rouge. RésuLTAT. — Les serins ont mangé une certaine quantité de mouron rouge frais, quelques graines et tout le mouron rouge haché. Les perruches, laissant de côté les plantes fraîches, ne mangèrent que du mouron haché et un petit nombre de graines. . Prog TROISIÈME EXPÉRIENCE. — 2 Paddas oryzivores (Padda oryst- vora, L.), — 2 Rossignols de Chine (Leiothrix lutea, Scop.). — 2? Pinsons ordinaires Q. (Fringtlla ecælebs, L.), enfermés séparément. Nourriture habituelle. — Pâtée et chènevis écrasé mélan- gés avec du mouron rouge finement haché et quelques grai- nes mûres. — Verdure. Uniquement du mouron rouge. — Boisson. Infusion très forte de cette plante. f RÉSULTAT. — Tous ces oiseaux mangèrent le mouron rouge hâché et les graines, ne touchant que fort peu aux plantes fraiches, sauf les rossignols, qui paraissaient friands des pé- tales des fleurs. Il résulte de ces expériences, conduites, je crois, avec toute la rigueur desirable, que le mouror rouge ne possède point les propriétés toxiques qu'on lui attribue généralement. Sans vouloir étendre ces résultats aux autres oiseaux,il m'est permis d'affirmer actuellement que cette plante n’a aucune action sur les espèces précédemment indiquées et en particu- lier sur les serirs, qui mangent beaucoup de verdure en cage.Il y a déjà plus d’un mois que j'ai fait la première expé- rience et mes oiseaux sont encore parfaitement bien por- tants. " ! RECHERCHES CRITIQUES ET EXPÉRIMENTALES SUR L'EMPLOI DE L'AI- MANT DANS L'ÉPILEPSIE , par NIM. BouRNEvILLE ET BRricoN Les nombreuses applications faites dans ces dernières années du magnétisme minéral nous ont engagé à recher- cher,dans les auteurs, ce qui concernait le érattement de l'épi- lepsie. Sans nous faire d’illusion sur les résultats probables, nous n'avons pas hésité d'entreprendre ce travail à la fois critique et expérimental. Historique.— Paracelse (1603) semble avoir le premier em- p'oyé contre l’épilepsie la pierre d’aimant. Au XVIlle siècle, les aimants artificiels furent substitués aux pierres naturel les ; Hell (1777), Mesmer (1779), Unzer (1775), Heinsius (1777). Cases de Mautone (1776), Le Noble, De Harsu, Andry et EC — 529 — Thouret (1780, Histoire de la Société royale de médecine) les appliquèrent avec des résultats divers dans le traitement de l’épilepsie. : Des huit observations d'Andry et Fhouret, publiées au pa. ragraphe Epilepsie, six seulement peuvent être rapportées à cette maladie. 1: (obs. 41). — La malade de cette observation parait être une épileptique; toutefois 1l y a encore des réserves à faire. Doit-on, en tous cas, dire après six semaines de traitement seulement que cette malade a réellement subi une améliora- tion par les aimants Le Noble ? 2: (ohs. 42). — Cette observation est susceptible d’être rat= tachée à l’épilepsie, mais il est difficile de certifier que celle- ci ait été guérie par les aimants; la maladie était de date trop récente, et la mort est survenue un an seulement après le dé- but de lPapplication. 3: (obs. 43). — Il s’agit d’une épilepsie hémiplégique infun- tile traitée sans résultat par les armures magnétiques. + (obs. 44). — Cette observation, très bien rédigée, est un bel exemple de cette forme d’épilepste à laquelle M.Hughlings- Jackson a attaché son nom. Le traitement par les aimants Le Noble semble avoir produit une amélioration notable. 5° (obs. 45). — C’est encore un exemple d’épilepsie jackson- nienne ; les effets des armures sur les accès sont plus que dou- teux, mais leur action sur les crampes paraît réelle. 6: (obs. 46). — L’épilepsie tardive et probablement sympto- matique du malade qui fait l’objet de cette observation ne semble pas avoir subi de modification dans sa marche, à la suite de l'usage de l’aimant. Depuis le rapport d'Andry et Thouret, de nombreux auteurs ont fait usage de l’aimant dans diverses maladies ; toutefois, nous ne citerons que Kumpel, Schnitzer, Keil, Becker, Bul- merincq, Barth, Beydler, enfin MM. Magoiorani et Paolo Ferry qui ont prétendu que l'épilepsie était justiciable du trai- tement par l’aimant. Jusqn’au XVIIe siecle la pierre d’aimant était employée en amulette ou associée à deg emplâtres. Les aëmants artificiels qui servirent d’abord à des applications momentanées furent, CPAS 2 Pari — 530 — vers 1760, utilisés pour la fabrication de pièces aimantées pou- vant s’adapter aux diverses parties du corps. Nous mention- nerons particulièrement les armures magnétiques de Le No- ble, de Harsu et Filliet. Les aimants en fer à cheoul furent aussi employés par la plupart des auteurs, entre autres par Schnitzer. Quant à M. Maggiorani, il se servait de petits barreaux aimantés qu’il présentait à telle ou telle partie du corps. Mode opératoire. — À Bicêtre, nous nous sommes servis : 1° des aimants en fer à cheval appliqués pendant une heure en contact de la peau, soit sur la nuque soit sur une autre région du corps; chez quelques malades l’application durait toute la nuit, les aimants en ce cas étaient placés sous le drap et de chaque côté du corps ; — 2: d’armures magnétiques composées d’une série de petits barreaux aimantés réunis soit pour for- mer des colliers, bracelets, jarretières, ou plaques pour diver- ses régions. Effets phystologiques. — Nous allons résumer d’autant plus brièvement nos observations sur ce point que presque tou- jours, elles ont été négatives. Le pouls est resté, tantôt absolument stationnaire comme chez Grandi…,qui avant, pendant et après l'application de l’ai- mant (sur le veriex et sur la nuque) avait toujours 60 pul- sations à la minute; tantôt il s’est le plus souvent abaissé pendant et après l’application comme chez Sir. et Pint...Chez tous nos autres malades les baitements du pouls ont été aug- mentés ou diminués d’une façon tout à fait irrégulière non seulement d’un jour à l’autre, mais encore pendant toute la durée de l’application. Un de nos malades, Pap..., a présenté souvent une très . grande irrégularité du pouls ; nous n’avons jamais constaté d’intermittences. En somme, nous n’avons observé de ce côté rien de précis. Dans la moitié des cas, dit M. Maggiorani, pendant le contact magnétique la circulation s’accélère de 6 à 8 battements à la minute (application de 3 à 4 minutes) et l'artère se montre plus COPRESIES qu'avant l'expérience. (Accélération émotive ?) — 531 — La respiration ne nous a fourni aucune donnée; la fré- _quence, le rythme ne nous ont pas paru sensiblement modi- fiés ; seul un de nos épileptiques adultes, qui se plaignait d’un sentiment de gêne de ce côté, nous a dit surtout pen- dant les premiers jours, que sous l’aimant (appliqué à la nuque) i respirait plus librement et plus profondément: « voyez comme je respire bien,» et il faisait une profonde inspiration. « C’est, disait-il, pibe tard, le seul bénéfice que j'ai retiré de l’aimant.» Les pupilles n’ont jamais offert de variation dans leur dimension qui puisse être attribuée à l’action magnétique. Maggiorani mentionne chez les épileptiques la dilatation de la pupile sous l’influence de l’aimant, il classe ce phénomène paru i ceux que fournit l’aimant pour distinguer l’épilepsie simulée. | La sensibilité générale et locale (cette dernière prise surtout aux endroits d’application de l’aimant) n’a jamais été mo- difiée par l’application. Ces résultats sont contraires à ceux que M. Maggiorani prétend avoir enregistrés; selon lui, la sensibilité au. tact et à la douleur diminuerait chez les épi- leptiques sous l'influence de l’aimant. La force musculaire appréciée dynamométriquement n’a jamais varié que dans les limites que l’on note en dehors des applications d’aimant, tantôt un peu plus élevée, avant ou après l’application. M. Debove cite plusieurs observations où la force dynamométrique augmenta sous l'influence de l’aimantation, mais il ne s’agissait pas d’épileptiques. La température reclale prise avec un thermomètre clinique ordinaire n’a jamais subi aucune variation attribuable à l’action de l’aimant. C’est ainsi que, dans les observations thermométriques prises sur Dog..., nous avons toujours noté un abaissement continu de la température (dù à l’immobi- lité de 13,10) commençant à se produire après 3/4 d’heure de repos au lit, ie malade étant soumis à une application de un ou de deux aimants pendant une heure ; rous avons obte- nu chez ce malade le même résultat en dehors de toute aimantation. Sur quinze malades épileptiques soumis à Bi- és nc he cêtre au traitement par l’aimant en fer à cheval, dix n'ont jamais rien accusé ; cinq seulement nous ont dit éprouver des sensations particuliéres. Fauv..., 54 ans, aurait ressenti des élancements au pôle nord (nuque); il lui semblait que des” mouches marchaient du côté de laimant, il sentait des battements qui n’occupaient que la surface du pôle nord; il aurait eu aussi des picotements,des tiraillements : «ça mord», disait-il ; jamais il ne s’est plaint de céphalalgie.Un autre de nos adultes, Defarc..., nous a assuré ressentir, mais seule- ment un jour ou deux, des picotements comme des aiguilles du côté de. l’aimant (nuque). Trois des enfants nous ont accusé des phénomémes variés. Dog..., attribuait à l’aimant une céphalalgie et des baille- ments qui ne le prenaient, prétendait-il, que pendant l’apphi- cation de lPaimant (nuque); il s’est aussi plaint deux ou trois jours de salivation et de larmoiement. l'err... déclarait avoir des élancements au point d'application de l’aimant et a signalé une salivation passagère. Enfin Pint..…. a ressenti un tout, fout petit cent. Nous ferons remarquer que ces phénomènes n’ont été indiqués par ces malades que pendant les premiers jours de l’aimantation ; plus tard, interrogés à ce sujet, ils nous ont dit ne plus rien ressentir et Sauv... disait à un de ses camarades, qui nous l’a rapporté : « bah ! l'aimant n’agit que dans les premiers jours.» Nous ajouterons encore que quelques-uns de ces malades accusent souvent des symptômes de méme nature en dehors de tout traitement. Un de nos malades, non compris dans les quinze épilepu- ques dont il est ici question, lors de Papplication de l’aimant à la nuque, disait les premières fois seulement: « ca mord »; il accusait en outre des picotements au pôle sud. Nous avons quelquefois noté de la roujeur au niveau des parties en con- tact avec l’aimant, mais les marques laissées par celui-ci étaient tellement nettes qu'il n’y avait pour nous aucun doute sur la cause de cette rougeur. Nous ne serions pas éloignés d'attribuer en partie au froid, puis à la pression de l’aimant quelques-uns des phénomènes présentés par nos malades, tels que picotements, fourmillements, etc. Un de nos épilep- — 980 - tiques, Sirve..., a présenté de l’épulepste spinale à deux ou trois reprises pendant l’anmantation. Sur septmalades soumis à un traitement parles armures ma- _gnétiques, trois seulement nous ont accusé des sensations par- ticulières. Cassaign.... nous a dit au commencement de février ressentir de la chaleur du côté de l’aimant. Marqg.... a éprouvé à différentes reprises la sensation de cloques éclatant sous la . plaque aimantée; mais :l est à noter qu'il a accusé le même phénomème sur d’autres parties du corps, telles qu'à l'ais- selle et à l'extrémité de la jambe du côté droit. Avant le trai- tement par l'aimant il ne se souvient pas avoir observé ce phénomène; 1l est vrai, ajoute-t-il, que son attention n'avait pas été attirée de ce côté. Enfin, Grar.... a aussi accusé une sensation de chaleur dans la main lors du renouvellement de son bracelet. En somme, nous croyons, avec Mérat et De- lens, que trop de crédulité d'une part, trop de scepticisme de l’autre, ont également nui à l’appréciation exacte des effets de l’aimant. Tant de causes, erf effet (l'imagination des mala- des et quelquefois celle des médecins eux-mêmes, l'extrème variabilité des phénomènes nerveux, là marche trompeuse des maladies, l'influence cachée du de circonstances, etc.), peuvent en imposer sur la véritable source des effets ob- tenus. Effets thérapeutiques. La plupart de nos malades soumis au traitement. par l’aimant en fer à cheval (? enfants, 8 adu - tes), n’ont éprouvé aucune amélioration dans leur état. Un enfant, Pinch..., n'a eu que 57 accès pendant la durée du traitement, au lieu de 89 pour la période correspondante de l’année précédente; mais ce malade prend depuis longtemps du sirop de picrotozine. Un autre enfant, Dog..…., a eu aussi moins d'accès, mais seulement pendant les deux premiers mois de l'application, et à cette époque il suivait en même temps un éraitement hydrothérapique. Def..., un de nos épi- leptiques adultes, n’a eu que 52 accès au lieu de 29, mais on a relevé 106 vertiges au lieu de 7. Ce malade avait paru amé- lioré pendant les premiers temps du traitement, hâtons-nous d’ajouier que cette amélioration momentanée semble due à ce que Def... s’adonnait alors moins fréquemment à lonantsme. ie Sous Enfin, Pap...., malade que nous avons déjà signalé, qui pa- raissait avoir une aura cardiaque, n’a eu que 108 accès et un vertige pendant la durée du traitement (4 mois) tandis que l’an- née dernière, pour la période correspondante, nous trouvons 115 accès et 14 vertiges. Ce serait le seul malade qui aurait bénéfi- cié dutraitement. Est-ce à l’action de l’aimant qu'est due cette amélioration ? Les trois malades soumis à l’aimant en fer à cheval la nuit n’en ont retiré aucun bénéfice. Sur les sept malades soumis au traitement par les armures, ? ont pa— ru améliorés. On a relevé chez Lan...…., pendant les quatre mois de traitement parles armures, 25 accès et 2 vertiges; en 1881, ce malade a eu pendant les mêmes mois 58 accès et 11 vertiges; en 1880, 35 accés et 13 vertiges et en 1879, 25 accès. Mais nous ferons observer que l’amélioration semble dater du mois de décembre 1881, c’est-à-dire un mois avant le traitement magnétique. Marq.... a eu pendant les quatre mois de traitement 10 accès; en 1881, il en avait eu 12 et en 1880, 9. Les armures ont paru produire la disparition des crampes auxquelles était sujet l’un de nos malades. Est-ce une coïncidence ? Enfin l’avortement des accès chez Cassaign et Grar..., serait deveñu plus facile, depuis le traitement par les armures magnétiques. En résumé, les ‘aimants en fer: à cheval ne nous ont donné aucun résultat satisfaisant. Doit- on attribuer aux armures magnétiques l’amélioration subie par Lan... et Marq..…..? Nous ne saurions le dire, nous croyons donc que l’aimant en fer à cheval doit être absolument rejeté du traitement de l'épilepsie. En ce qui concerne les ar- mures magnétiques, NOUS ne pouvons nous prononcer qu'après une plus longue expérimentation; toutefois nous doutons, dès maintenant, que le résultat soit satisfaisant. Cette communication résume les faits qui seront consi- gnés avec tous les détails nécessaires dans la thèse de l’un de nous (1). (1) Bricon, traitement de l'épilepsie, 1882. — 535 — Séance du 15 juillet 1882. Présidence de M. GRIMAUX. ACTION DES AGENTS STÉATOGÈNES SUR LE DIABÈTE ARTIFICIEL ET LE DIABÈTE SPONTANÉ, par E. Quinquaun. Les recherches expérimentales dans cet ordre d'idées ne sont point suffisamment multipliées (Nothnagel et Rosbach), on ne trouve pas une démonstration SOnniRRe et rigou- reuse de cette action: le phénomène n’a pas été mesuré avec assez d’exactitude à l’aide de bonnes méthodes analy- tiques. (Frerichs, Saikowski, Lüschinger et Führbringer). Il y à donc intérêt à reprendre ces recherches. Dans un mé- moire spécial nous établirons l'historique complet de la ques- tion. Notre méthode de démonstration repose sur l’association de la physiologie à la clinique ; en premier lieu, nous produisons sur les animaux une intoxication arsénicale pendant 7 à 8 jours (injection sous-cutanée d’un centigramme d’arséniate de soude par kilogramme d'animal); à ce moment nous dé- terminons le diabète artificiel par piqûre du plancher du quatrième ventricule, et nous dosons le sucre dans le foie, le sang et les urines. Comme point de repère, nous avons produit le diabète arti- ficiel sur six chiens,à peu près du même poids,non intoxiqués, et le dosage du sucre a été fait dans le foie, le sang et les urines. De plus, nous soumettons les malades diabétiques à un ré- gime mixte uniforme pendant toute la durée de l'observation; nous dosons la quantité de sucre excrétée en 24 heures (le dosage est fait pendant 6 à 8 jours), après quoi, sans rien changer, au régime nous leur donnons la préparation arséni- cale (liqueur de Fowler, dix à trente gouttes en vingt-quatre heures.) De nos recherches ainsi conduites, il ressort nettement que dans le diabète artificiel, l’arsenic diminue toujours la glyco- — 536 — surie, la glycémie, la glycogénie ; chez les anhnaux, en pous- sant un peu loin lintoxication, la glycosurie est presque nulle, mais il serait imprudent, je crois, d'aller jusque-là chez l’homme. Il semble, en effet, que l’action de l’arsenie chez les animaux est d'autant plus nette que la stéatose est plus avancée. Il est donc rationnel en slinique, bien qu'ici le mode d'action ne soit pas élucidé, du moins pour les doses faibles, de donner aux malades dix à vingt gouttes de liqueur de Fowler, pendant dix à douze jours, de cesser et d’y reve- nir. Chez les animaux, ces résultats présentent une régularité presque mathématique ; il n’en est pas de même chez l’homme: ici souvent la diminution de la glycosurie existe bien, mais elle est parfois moins nette, moins constante, il est vrai que dans . ce dernier cas, les doses sont proportiellement plus faibles. Les agents stéatosgénes produisent des effets analogues ; nous avons fait de nombreuses expériences dans ce sens, par exemple à la suite d’injections de phosphore, on produit presque une cessation de la glycosurie,de la glycémie et de la glycogénie. Voici d'ailleurs un tableau montrant l'influence de l’arsenic et du phosphore sur la production du diabète expérimental : ë SUCRE POUR | QUANTITÉ SUCRE ? h a. ARSENIC DENSITÉ 100 cent.c. d'urine TOTAL | D'URINE | ES cs mmennees | memes | seems | cree | cent. € ei gr À Chien non intoxiqué avec | diabète artificiel........ 120 1030 10 909 9 083 Chien iatoxiqué avec dégé- ! î nérescence graisseuse.. 130 1023 Ù 175 0 134 Chien intoxiqué avec stéa- NT se DORE A A ati eie ne 80 …. 1021 0 218 0 255 Chien intoxiqué avec stéa- tose plus faible. Premier dosage.......... 45 1025 VAS 2 5 Deuxième dosage.. Ati 38 1024 0 2:26 1 90 b. PHOSPHORE | nes Ale | Chien intoxiqué avec stéa- tose. Premier dosage ........ ss 85 » OMIS 0 155 | Deuxième dosage.........| 350 5 9 101 0 028 Ainsi le chien non intoxiqué et rendu diabétique excrète 16 gr. 909 de sucre en 24 heures, tandis qu'un chien de même poids intoxiqué par l’arsenic et diabétique, n’excrète que 0 g.175 de sucre dans le même temps : la conclusion est que le stéatogène diminue ou fait presque cesser la glycosurie arti- ficielle. Chez nos malades, nous trouvons aussi une diminution de la glycosurie sous l'influence des stéatogènes, par exemple de sage Parsenic; ainsi un malade, qui éliminait en 24 heures 300 gr. de sucre avant le traitement arsénical, n’en excrète plus que 134 gr. après un mois dé médication; en même temps on ob- servait un abaissement du chiffre de l’urée et de la quantité des urines; chez un second le sucre tombe de 92 gr. à 60 en 12 jours; un troisième, rendant 133 gr. de glycose avant le traite- ment, n’en excrète que 65 après dix jours de la médication arsénicale, etc. Chez ces malades, lorsque le sucre était des- cendu à 134, à 60, à 65 gr., on avait beau c ntinuer la médi- cation, la glycose ne diminuait point. Enfin, chez certains diabétiques, la diminution était nulle ou très faible. DE L’IMPORTANCE DES FIGURES KARYOKINÉSIQUES DANS LESRECHER— CHES EMBRYOGÉNIQUES, par L.-F. HENNEGuY. J'ai eu récemment l’occasion d'appeler l’attention de la So- ciété sur les intéressants phénomènes qui accompagnent la division des noyaux et des cellules. Les figures si caractéris- tiques qui s’observent dans le protoplasma et les dispositions “que prennent les éléments nucléaires, prouvent que la cellule est à ce moment le siège de modifications importantes, qui, malgré les meilleures recherches faités à ce sujet, ne peuvent être encore facilement expl'quées. Ce qu’on peut affirmer au- jourd’hui, c’est que, chaque fois qu’on cherche dans une cel- lule l’une quelconque des figures dites karyokinésiques, aster, fuseau, plaque équatoriale, figure pectiniforme, etc., on est certain que cette cellule est en voie de division. Ce fait me semb'e avoir, au point de vue pratique, une importance sur laquelle les auteurs qui se sont occupés de la division cels lulaire n’ont pas insisté. Lorsqu'on a étudié des tissus vivan‘s, il est facile de cons- tater la modification des éléments : en fixant pendant un cer- temps une cellule, on la verra s’étrangler et finalement se di- viser. Mais les tissus qui peuvent s’ubserver ainsi à l’état vi- ‘vant sont peu nombreux,et,généralement,on étudie des tissus morts, tuës plus ou moins rapidement par les réactifs et dans lesquels il est souvent très difficile de voir s1 les éléments sont en voie demultiplication. Cette difficulté existe surtout = fe de none pour les tissus embryonnaires, dont presque tous les éléments se ressemblent. On a déjà cherché un signe permettant de reconnaître les éléments en activité. Nuel (1) a indiqué récemment de curieu— ses modifications dans les éléments embryonnaires de la lam- proie : au moment où les cellules, après une certaine période de repos; rentrent en activité et se divisent, les cristaux vi- tellins qu’elles renferment prennent une ôrientation trans- versale perpendiculaire au grand axe de la cellule. C’est là un fait particulier, qui se retrouve peut-être chez les batra- ciens, dont les éléments embryonnaires contiennent aussi des tablettes vitellines, mais qui ne peut être étendu aux autres animaux. Les figures karyokinésiques ont au contraire une existene tout à fait générale et, parmi elles, il en est sur- tout deux que l’on reconnaît facilement, mème dans les élé- ments les plus petits, ce sont la plaque équatoriale et la fi- gure pectiniforme. Les noyaux que présentent ces figures prennent, dans tous les réactifs colorants,une coloration beau- coup olus énergique que les noyaux à l’état de repos, et ils tranchent sur ces derniers par leur réfringence. J'ai observé _ces figures chez la truite à tous les stades de développement et dans tous les tissus chez les mammifères(embryons de lapin et de rat), chez l'embryon de poulet, chez les batraciens, dans dans le blastoderme des crustacés (écrevisse, asellus) etc. . La présence de figures karyokinésiques dans les coupes d’embryons permet de déterminer les points dans lesquels les éléments sont en pleine activité et lon peut, par c.tte mé— thode, établir certains principes généraux du développement embryonnaire. On sait que les embryogénistes ont émis différentes hypo- thèses pour expliquer le mécanisme des premiers change- . ments de forme de l'embryon. Gætte (2) Stricker et sesélèves, font jouer le principal rôle à la migration des éléments con. stitutifs de D Pour His (3), au contraire, les phéno- (1) P.-. Nue. Recherches sur le Rex loppement du Patromyson Planeri. Arch. de biol., II, 1881. (2) Gærrs. Entwicklungseschichte der Unke, 1874. (3) His. Untersach.über iie erste Aulage des Vierbelthier, 1868. 2 ARUNRE mènes de croissance agissent moins d'une facon directe qne par les moments mécaniques très divers qu'ils provoquent pour, déterminer la production et la forme des organes. Kœl- hiker(3) établit comme loi que tout accroissement d’un orga- nisme doit être en première ligne et surtout ramené au mode d'a:croissement de ses éléments anatomiques; il reconnait ce- pendant que la différenciation histologique et les moments mé- caniques des éléments ont une certaine importance. Les recherches que ja poursuis depuis longtemps sur le dé- veloppement des poissons osseux m'ont permis de vérifier complètement la loi formulée par Koœlliker. Pendant les premiers stades de la segmentation du germe, la multiplication des cellules se fait d’une manière très active, et il est souvent difficile de trouver une cellule à l’état de re- pos. On remarque, de plus, que presque toutes les cellules pré- : sentent en même temps les mêmes figures karyokinésiques. Plus tard, lorsque le germe,qui à d’abord la forme d’une len- tille biconvexe, commence à s’étaler sur le vitellus, la prolifé- ration des cellules diminue, mais il intervient un autre pro- cessus qui amène l'extension du germe et la formation de la cavité germinative; c’est le déplacement des cellules ainsi que l’a très bien démontré Gætte. L'apparition de l’écusson embryonnaire est due à une nou- velle prolifération de cellules sur un point du bourrelet mar- ginal, eten même temps à une migration de ces cellules. Ces deux phénomènes combinés aménent la réflexion de la partie marginale l’ectoderme et la formation de l’entoderme primaire, ainsi que je l'ai déjà annoncé dans une précédente communi- cation. La multiplication des cellules, localisée en certains points, ou se faisant suivant certaines directions déterminées, a une grande importance dans la formation de tous les organes de l'embryon. Grâce aux figures karyokinésiques, on peut suivre cette prolifération dans l’axe nerveux et constater que c’est Du méme.— Unsere Korperform und does physiol. Problem ihrer Entstchunr. 1875. (3). KæœzLiker. Embryologie de l’homme et des animaux supérieurs. CS D41 elle qui en détermine la forme dans la vésicule optique et le cristallin, dans l'intestin, etc. La corde dorsale, au contraire, née par différenciation de l’entoderme primaire, en même temps que le mésoderme, est un organe dont les éléments perdent detrès bonne heure ieur faculté reproductrice. On n’y observe jamais de figures karyo- kinésiques; ses éléments ne font qu'augmenter de volume pen- dant le développement de l’embryon. Je ferai connaître prochainement le résultat de mes recher- ches sur le développement du feuillet moyen, de la corde dor- sale et du système nerveux chez la truite, et sur l’origine du mésoderme chez le poulet, d’aprèsles indications que donnent les figures qui accompagnent la division cellulaire. Jajouterai en terminant que l’existence de figures karyoki- nésiques est non seulement un indice précieux pour la résolu- tion de certains problèmes d’embryogénie, mais encore un critérium qui permet de reconnaitre la bonne préparation des pièces histologiques. On ne les trouve, en effet, que dans les tissus tués rapidement par les réactifs qui n’altèrent pas les éléments. Pour les embryons, c’est l'acide picrique, soit seul, soit uni à l’acide acétique ou à l’acide osmique, qui n’a donné les meilleurs résultats. (Travail du laboratoire d’embryogénie comparée du collège de France). LES ÉTONNEMENTS DE LA MÉTALLOTHÉRAPIE.— AÂNGINE DE POITRINE CHEZ UN BIMÉTALLIQUE, GUÉRISON RAPIDE PAR LE CUIVRE EXTRA ET L'OR INTUS (Observation communiquée à la Société mé- dicale d'Amiens par M. le docteur DupBois (de Villers- Bretonneux). — ACTION DES PLAQUES DOUBLES DANS UN CAS D'HYSTÉRIE REBELLE, par M. le docteur V. Bura. Il y a quelque temps, nous traitions devant la Societé de Biologie des surprises de la métallothérapie. Aujour- d’hui nous venons y ajouter la première page d’un deuxième xième chapitre, destiné à venir à la suite, celui de ses étonne- ments. à De quel autre nom qualifier, en effet, l'impression produite — 542 — parla découverte de ce phénomène si inattendu, le transfert, où l’on voit un côté du corps perdre ou gagner, exactement dans des points symétriques, ce que l’autre côté gagne ou perd ; ou bien par des guérisons de malades, comme celles dont il est parlé dans les rapports de M. Dumontpallier sur. la métalloscopie et sur la métallothérapie, par quelques doses de sel d'or ou de sel de cuivre, guérisons qui faisaient dire à M. le professeur Charcot devant son nombreux auditoire de la Salpêtrière : « Je dois déclarer que j'ai été quelque peu ému de voir que chez quatre malades, que j'avais choisies moi-même. parmi les cas les plus accentués et que j'avais offertes à la mé- tallothérapie comme pouvant lui fournir l’occasion d’une épreuve décisive, la situation s'était trèe remarquablement amendée, pour ne pas dire plus ,» (V.in Gazette des Hôpitaux. de mars 1878, Leçon surla métalloscopie et la métallothérapie du 31 décembre 1877.) Et, presque dans le même moment où M. Charcot témoi- . gnait de la sorte en faveur de la métallothérapie, il obtenaiït, lui-même, ce double succès, que nous aurions, nous, hésité à dire si la bonne fortune nous en était échue, la guérison dé- fintive, par une seule application métallique de moins d’une demi-heure de durée, dans deux cas de paralysie organique, l’une, post-némorragique, qui datait de dix aunées, et l'autre infantile, qui durait depuis un temps presque double | Comment qualifier aussi le fait de: cette jeune mercière, Mile M..., présentée à la Société de Biologie d’abord par M. Charcot et plus tard par nous-même, chez laquelle l’appli- cation sur un seul bras d’une simple plaque d’argent doublée, au moment voulu, d’une plaque de métal neutre (maillechor) à suffi pour lui rendre, sur l'heure, chaleur, vision des couleurs, sensibilité, force musculaire etc., et fixer cette fois les résul- tats, qui jusqu'alors n'avaient été que passagers; rétabh toutes les fonctions,restituer au sang tous les éléments qui lui manquaient et, finalement, faire engraisser la malade de 7 kilos 500 gram. en moins de deux mois! Quoi de plus étonnant encore que le cas de cette malade, C..., publié in extenso par la Gasette des Hôpitaux,qui nous valut l’honneur de faire, à la Pitié, le 13 juin 1878, une confé- — 543 — rence sur la Métallothérapie dans le fauteuil de M. le profes- seur Lasègue, que rien, depuis quatre années, ni les courants continus appliqués pendant quatre mois consécutifs, ni les in- : jections de morphine à haute dose,etc.,n’avaient pu même sou- lager, et qui fat débarass-e, en quelques heures, d’une hyper- esthésie atroce, siégeant dans tout le membreinférieur gauche, par une armature d’or et d’un pied-bot varus, du même côté, par cinq ou six jours d'administration interne de ce même métal, auquel un des internes de la Pitié, M. Boussi, l'avait trouvée très sensible. Et que dire de ces guérisons de tétanie ou de crampes féroces, de violente migraine, etc., obtenues, à moins de frais encore et tout aussi vite, par MM. Bouchut, A. Richard, Dufraigne, Durand,Defaucomberge, etc., etc., guérisons qui, plus d’une fois, firent crier au miracle par les assistants ? A tous ces faits si peu véridiques, mais trop hautement affirmés par de nombreux témoins, aussi compétents que désintéressés, pour que personne ait le droit de les révoquer en doute, nous allons eu ajouter deux autres. Le premier concerne une infirmière de l’hôpital Cochin :; nous le réserverons pour la fin. Dans le deuxième, il ne s’agit rien moins que d’un casd’an- gine de poitrine de l’apparence la plus grave, qui s'était mon- tré rebelle à tous les traitements et que la métallothérapie a jugulé, pour ainsi dire, du jour au lendemain, M. le docteur Dubois, de Villers-Bretonneux, vient d’en témoigner devant la Société médicale d'Amiens dans une note qu'il a bien voulu nous communiquer. C’est dans cette note,bien plus que dans nos propres souvenirs, que nous puiserons ce qui va suivre. - Dans les premiers jours de février dernier, notre honorable confrere nous amenait un de ses clients, M. X. ., député, âgé d'environ 40 ans, qui, depuis deux mois passés, se trouvait en proie à des accidents thoraciques qu’il a caractérisés en ces termes : « Tout à coup M. X... est pris d’une douleur présternale atroce qui l’étreint et l’immobilise. L’oppression est accablante, les yeux sont hagards,le facies exprime l'anxiété et la terreur; les muscles de la mâchoire inférieure et du cou sont contrac- tés, la tête est renversée en arrière et le rachis est fortement étendu comme dans l’opisthotonos ; la voix est entrecoupée, l'inspiration est accompagnée d’une espèce de cri rauque et étouffé. « J'ai assisté à un de ces accès qui, au dire du malade, n’était qu’un diminutif de ses fortes crises et j'ai été vérita- blement effrayé de sa gravité. Les crises duraient quelquefois plus d’une heure. « Les accès se produisent plusieurs fois par jour et par nuit. « Ils arrivent au milieu du sommeil le plus profond.Un chan- gement de température, le passage d’un appartement dans un autre, des mouvements trop brusques les provoquent. M. X... ne peut plus monter un escalier sans souffrir. Impossible à lui d'écrire ou de toucher du piario. La lecture détermine une crise. « Il faut remarquer cependant que M. X... n'avait pas d’irra- diation bien marquée de la douleur dans les membres supé- rieurs !... » Les accidents remontaient à deux mois. Une course rapide à coñtre-vent—M. X... est un grand marcheur — en avait été le point de départ..., et tout ce qu'on avait pu faire pour les conjurer,l’opium, la morphine, le bromure de potassium, à la dose de 8 grammes. etc., avait échoué. M. le professeur Charcot, consulté avant nous, avait prescrit à peu près les mêmes moyens. M. le docteur Dubois et un autre confrère, M. le docteur Lenoël, estimant que M. X... n'avait plus de. temps à perdre, le dirigérent alors vers la métallothérapie. Cette préférence était pour elle, sans doute, un grand hon- neur, mais nous confessons que, de prime abord, elle ne fut . point sans faire naître en nous des regrets que nous ne pümes taire à notre confrère. Outre que l’état de M. X... paraissait des plus graves, bien que lirradiation brachiale fit presque défaut, son affection ne semblait point, en effet, rentrer pré- cisément dans le cadre de celles dont la Métallothérapie es habituée à triompher, et nous aurions trés vraisemblablement décliné ici notre compétence, si les choses que nous allons dire ne nous eussent inspiré confiance. — 945 — « Le père de M. X..., était mort diabétique. Sa mère, qui vil encore est névropatiqu®. M. X... avait, de scn côté, une im-- pressionnabilité vive , mobilité des traits, volubilité dans le langage, gestes saccadés. Il était depuis longtemps sujet à de violentes migraines qui avaient complètement cessé depuis la venue des accès; inais surtout, il était anesthésique et amyosthénique à un degré qui était en rapport avec la sévé- rité des acciderts. Son cas se trouvait donc sous le coup @e cette loi que, depuis trente années, nous nous efforçons de faire prévaloir,à savoir : « Qu’une affection nerveuse avec anesthésie et am osthénie —proportionnées à l'intensité des accidents inverses, :pasmes et névcralgies —étant donnée,tout le traitement consiste à trou- ver un moyen, quel qu'il soit, qui puisse ramener la sersibi- lité et la motilité à l'état normal. » : De plus, la mère de M. X... et sa fille avaient présenté des acces de somnambulisme, et lui-même, sans avoir offert les mêmes phénomènes, était rêvasseur, sujet aux eauchomars. Nous pouvions done aussi supposer déjà qu'il existait chez lui une sensibilité cuivre où or, cette sensibilité marchant toujours de pair avec l’aptitude somnambulique ou maguéti- que. D’autre part, nous n'ignorions pas les succés que Laënnee avait obtenus dns des cas semblables avec des plaques d'acier aimanté ; nous avions lu la remarquable observation qu'ont publiée MM. Lépine et Garel dans la Zcoue mensuelle d? mé- decine et de chirurgie, en juin 18S9, relativement à un cas de même nature traité avec succès par l'or intus; mais nous nous Souvenions surtout qu’à Vichy, en 1871, nous avions obtenu une guérison par la métallothérapie chez un diabé- tique, M. S.., graveur, atteint de cette complication, l’an- gine de poitrine, qu'on a signalée comme assez fréquente dans le diabète, et, partant, chez les individus qui sont prô- disposés à cette affection par leur hérétiié, ainsi que c’élait le cas dé M. X..., guérison, qui se trouve longuement décrite N° IX p. 78 et suiv., dans notre brochure : La Métallothéra- pie à Vichy contre le Diabète et la Cachexie alealine (chez À. Delahaye). AE PLUS Nous nous mîmes donc. à faire l'examen métalloscopique, et bientôt nous eûmes acquis la preuve et démontré à notre confrère que M. X... était sensible au cuivre et ä l'or, mais surtout, au premier métal, comme nous l’avions prévu et annoncé tout d’abord, et à ces deux métaux seulement. ‘« I} était vraiment curieux, disait, le 2 mai, le docteur Du- ‘bois devant ses honorables collègues d'Amiens,de voir M.X..., dont on piquait le bras à traverser la peau depart en part, ne rien sentir-et le sang ne pas couler avant l'application du cuivre, et, au bout d’un quart d'heure de cette application, la force musculaire augmenter de dix kilogrammes, la sensibi— lité revenir et les piqûres suinter, en même temps que dela chaleur et des fourmillements se faisaient sentir dans le même membre. Mêmes phénomènes, mais moins intenses avec l'or. » En conséquence, nous prescrivimes le traitement suivant : io Application d'une armature de cuivre, la nuit, sur les quatre membres et, en ceinture, sur la poitrine. 20 Solution de chlorure d’or à 1/100 deux fois par jour, 1/2 heure avant le repas, depuis 5 gouttes jusqu’à 15, dans un peu. d’eau pure. 30 Frictions stimulantes le matin avec de l’eau de Cologne etun gant de crin. 4o Si, au bout d’une quinzaine, pas de résultat, faire de la métallothérapie à en sens inverse, c’est-à-dire donner le cuivre à l’intérieur et appliquer l’or extérieurement. Le traitement fut commencé le 12 février. Sur ses résultats, voici comment s'exprime le Dr Dubois, d’après des notes : prises, jour par jour, par M. X... « Je vous ferai remarquer, messieurs, qu’à partir du pre- mier jour de l’application du traitement, les grandes attaques ne se sont plus montrées. Il resta seulement à M.X... un peu de toux, nrécédée de douleur présternale. Cette dernière dis: parut elle-même bientôt et fut remplacée par un léger point sous la première côte droite. La toux, d’abord nerveuse, de- vint ensuite un peu plus grasse. Un vésicatoire, appliqué dans le but de faire disparaître les râles du côté droit, produisit de DAT la douleur, tandis qu’au mois de janvier, M. X... était resté in- sensible à l'application d’un premier vésicatoire, qui avait pourtant produit une grosse cloque. « Le traitement avait commencé le 12 février. « Dès le 17, il n’y avait plus ni spasmes ni toux. « Le 18, un peu de diarrhée étant survenue et ayant forcé. de suspendre le chlorure d’or, la douleur présternale et la toux revinrent un peu. Un accès, qui eut lieu la nuit, fut cal- mé par l’application des armatures. « Le 24 févriera,ucun point douloureux,pas de toux. 16 gout- tes de chlorure. « Le 12 mars, en tournant un coin de rue, par un vent très frais, un accés de toux avec douleur força le malade à re- monter en voiture. « 15 mars. Il n’y a plus d’oppression. Le malade marche comme avant sa maladie ; il monte les escaliers sans suffo- cation ni essoufflement. Pouls à 60. « 21 mars.Les plaques ayant été remises seulement au bras, il survient vers minuit une douleur présternale très aiguë. Le malade remet aussitôt son armature entière. Au bout d’un quart d'heure, tous les symptômes disparaissent et le malade se rendort. « Le 2 avril, cessation de tout traitement. Depuis ce moment aucun accident n’est survenu. « Aujourd’hui M. X... est complètement guéri et a repris ses occupations et sa vie active. « Quand il se sent fatigué et qu’il s'aperçoit d’une fréquence plus grande du pouls, il remet son armature de cuivre et le pouls redescend,quelquefois en un quart d'heure, de 15 à 20 pulsations. » . Nous n’ajouterons aucun commentaire eé nous nous borne- rons à dire que nous avons revu deux fois M. X..., qu’il avait repris des couleurs et de l’embonpoint, que sa sensibilité et sa force musculaire étaient normales et qu’il ne se plaignait plus de rien, voire même de migraine. Aujourd'hui, 10 juillet, son état de santé continue à être aussi bon que possible — 548 - Nous passons maintenant au cas de l'infirmière de Cochin. Nous serons bref sur l’histoire de sa maladie. P... est hystéri‘sue à un haut degré et, par conséquent, amyosthénique et anesthésique en proportion. Ses sens sont tous, sans exception, plus ou moins fermés. Nous pourrions montrer, en effet, par ceriains détails qui sont venus à notre connaissance, que P... est une de ces insensibles qu’a si bien décrites,en sès romans, M. H. Escoffier, le névropathe aux 3000 disques d’acier, dont nous parlions récemment à la Société de Biologie, et que l’on pourrait parfaitement dire d’elle ce que l’historien a écrit de la plus célèbre de sespareilles Lassata, sed non satiata. Il paraîtrait que c’est là un mal de famille, car P... a deux sœurs et toutes deux sont hystériques comme elle. | Les attaques sont généralement violentes, durent long- temps el s’accompagnent de perte complète de connaissance. Quand elles font défaut, P... est plus que jamais en proie à l’ovarie, à des névralgies et à des spasmes de toute sorte, siégeant tantôt sur un point et tantôt sur un autre. C’est ainsi, qu’il y a deux ans, il lui survint une coxalgie féroce pour laquelle M. le professeur Trélat l'envoya à M. Dumontpallier. Elle fut traitée à la Pitié par le platine, intus ctextra, après examen métalloscopique préalable. La coxalgie se dissipa, mais très lentement — après environ 3 mois seulement — etil resta de l’anesthésie et de l’amyos- thénie pendant et après le traitement. Il y avait donc lieu de supposer que la sensibilité platine n’était point la vraie, qu’elle ne venait qu’en sous-ordre, et que P... était vrai- semblablement une polymétallique. Dernièrement, nous avons eu occasion de revoir P... Elle avait redescendu la pente, son état de santé était redevenu très misérable. Nous l’avons soumise à un nouvel examen mé- _talloscopique et nous avons pu constater qu’en effet, en plus de la sensibilité platine, elle avait une sensibilité cuivre peu commune. Son cas étant particulièrement intéressant, nous avions fait promettre à P... de se rendre à cette séance. Mais elle n’en a rien fait pour deux raisons : la première, parce qu’une promesse d’hystérique vaut généralement,on le 549 — sait, moins encore que certain billet fameux, et la seconde qui, nous le croyons, est la principale, parce qu’elle redoutait Ja démonstration que nous nous proposions de faire sur elle sous les yeux de la Société. Voici une simple plaque de cuivre, grande, au plus, comme deux fois une pièce d'argent de 5 francs, et P... en a une telle peur qu’on lui demanderait vai- nement de se la laisser appliquer, en l’état où nous la prèsen- tons. Pourquoi ? Parce que ce métal a le don de déterminer chez elle des effets caloriques comme nous n’en avons jamais vus. À peine la plaque en question a-t-elle touché la peau de . son bras, du côté plus particulièrement frappé d’anesthésie, qu’il se produit dans ce membre, en outre de tous les autres phénomènes bien connus, une sensation de chaleur intolé- rable semblable, dit P..., à celle que lui occasionnerait un charbon ardent. Et qu'on ne croie pas que c’est là un caprice ou une pure fantaisie d'hystérique, ni que pour P... ladite plaque ait quelque chose de cabalistique. Un objet quelconque en cuivre produit absolument les mêmes effets thermiques, et - il est tout aussi redouté. Nous avons, maintes fois, cherché à tromper la malade, à lui faire accroire, ses yeux étant fermés ou détournés, que nous lui appliquions autre chose que du cuivre; nous n’y sommes jamais parvenu.On peut au contraire la couvrir de fer, d’acier, de zinc, d'argent, etc., elle ne res- sent absolument rien. Avec le platine seulement il se pro- duit une chaleur douce et de la sensibilité au contact et à la piqüre,mais qui n’a point d’acuité et ne rayonne que très peu, P...est donc une bimétallique sensible au platine un peu, mais sensible, à un rare degré, au cuivre, et, partant, un su- jet éminemment magnétique, il suffit de fixer un moment les yeux sur les siens pour s’en convaincre. Mais comment la faire bénéficier de la métallothérapie externe toute seule ! Comment atténuer chez elle les effets du cuivre de façon à le faire supporter tout le temps voulu; et ces effets étant, bien entendu, des plus fugaces, comment arriver à les fixer, comment s'opposer à l'anesthésie et à l'amyosthénie postmétalliques ? Enfin, comment, surtout, empêcher que P... ne donnât rai- son à feu M. Briquet disant : « Que la métallothérapie n’était 0e bonne à rien, puisqu'un côté du corps y perdait ce que l’autre gagnait. » La réponse ne semblait, de prime abord, rien moins que facile. Heureusement nous avions, par devers mous, le cas de Mlle M..., la jeune mercière que nous rappelions en com- mençant, cas identique à celui de P..., sauf que les deux métaux qui étaient la caratéristique de son bimétallisme, ‘étaient l’argent d’abord et l’or ensuite, au lieu d’être le cuivre puis le platine, et que l’argent n’avait point chez elle la féro- cité d'action du cuivre. En conséquence, nous avons pris un métal neutre, l'acier, qui, dans l’échelle métalloscopique,est à l'opposé du cuivre.Nous l'avons marié, sous forme d’un disque à peu près grand comme une pièce de deux francs, à la ter- rible plaque, mais, au lieu de procéder iti, comme nous l’avions fait chez Mlle M..., c’est-à-dire d'attendre que les effets métalloscopiques de la première phase se fussent pro- duits pour mettre l’acier sur le cuivre, nous avons appliqué de suite la plaque double. Le retour de la sensibilité et des forces musculaires s’est ‘encore effectué, un peu moins vite seulement, et cette fois la chaleur produite a été si modérée que P...s’est laissé et faire. De plus, il n’y a point eu de phénomènes postmétalliques du côté de l'application, mais le transfert a continué à se produire, de sorte que nous n'avions encore résolu que la moitié du problème. Nous z«vons alors forîné un bracelet avec trois de nos an- ciens disques, mi-partie cuivre et acier; nous avons laissé revenir toutes choses en leur état habituvl par le retrait de la plaque double, et, lorsqu'il en a été ainsi, nous avons com- mencé par poser une barrière du côté gauche, par le fermer, pour ainsi dire, au moyen du bracelet de cuivre et acier, après quoi la plaque double a été réappliquée à droite sur le bras, dans un point correspondant, et fixée à demeure par une ban- delette de sparadrap. Il n’en a point fallu davantage pour obtenir sur l’heure tous les résultats souhaités. A partir de ce moment, la sensibilité générale et spéciale et les forces musculaires n’ont plus rien laissé à désirer, les vaso-moteurs se sont mis à fonctionner sl régulièrement, la figure a repris de l’animation et, chose inouïe, les règles, qui étaient absentes depuis plusieurs mois, se sont montrées quelques heures après. La nuit suivante, P..., qui ne trouvait plus un peu de sommeil qu’au prix d'une piqûre de morphine, a dormi comme elle ne l’avait point fait depuis longtemps ; le lendemain elle faisait déjà sa besogne avec entrain et sans fatigue; elle mangeait avec plaisir, etc., _et trois jours ne s'étaient point écoulés qu'il était déjà survenu une axélioration telle que P..., ne croyant plus avoir besoin de rien, mettait de côté plaque et bracelet ! En vérité, le mot étonnement est-il encore ici de trop? N'est-ce point plutôt celui de stupéfaction que nous devrions écrire, et n'est-il pas profondément regrettable,qu’on nous per- mette de l’ajouter, qu’une méthode qui peut donner des ré- sultats pareils ne soit pas plus connue, et que ceux qui ne peuvent arguer qu'ils l’ignorent n’en usent point tout d’abord, puisqu'elle est applicable partout et à la portée de tous,quitte à recourir ensuite, s'il en est besoin, à tous autres agents esthésiogènes et dynamogènes, la métallothérapie, redi- sons-le, puisque l’occasion s’en présente, n'ayant jamais eu d'autre prétention que d'en grossir le nombre, d'éclairer. d'un jour tout nouveau l’action de ceux dont elle fait usage et de diriger sûrement dans leur emploi. Nous n’avons pas besoin d'ajouter que P..., chez laquelle le traitement externe n’avait duré qu’un moment et qui n’avait point encore reçu & l’intérieur ls métal que nous nous étions proposé de lui administrer pour rendre les résultats plus du- rables, n’a point tardé à subir les conséquences de son indo- cilité, et qu'aujourd'hui tout est à recommencer. P.-S. Au moment où notre manuscrit venait d'être livré à l’impréssion, nous recevions de M. Ile Dr Dubois une deuxième observation d'angine de poitrine guérie encore par la métal- lothérapie. Nous avons eu l’honneur de l’adresser à la Société de Biologie. Comme on va le-voir, c'est là un digne pendant du cas de M. X..; Le nouvelle observation, ayant été recuail- lie par notre distingué confrère fout reul, a cet avantage de C. r. 1882 2er * — 992 := témoigner qu'il n'est nullement nécessaire d’avoir fait une étude spéciale de la métallothérapie pour pouvoir grossir soi- même le chapitre de ses étonnements. Séance du 22 juillet 1892. Présidence de M. GaimAux. ANGINE DE POITRINE (sensibilité acier). — Lecture faite à la So- cièté médicale d'Amiens, dans la séance du 7 juin 1882, par le docteur Dusois. La nommée L..., femme robuste, agée de 57 ans, a joui jusque dans ces derniers temps d’une excellente santé. Elle est mère de sept enfants, tous bien portants. Elle eut quel- ques métrorragies à l’époque de la ménopause qui n’altérè- rent point sensiblement sa santé. Rien donc ne pouvait faire prévoir linvasion d’une affection grave, quand, le 21 février dernier, à la suite de vives contrariétés, Mme L..…. fut prise d'une attaque d’angine de poitrine typique, — constriction de la poitrine, douleur présternale, irradiant dans le bras gauche, trismus de la mâchoire inférieure, contraction des muscles du cou, opisthotonos,cris rauques, étouffés au commencement de acces, angoisse extrême. Les accés, d’abord éloignés, de- vinrent d’une extrême fréquence. Ils se répétaient plusieurs fois le jour et la nuit, ne laissant que de rares intervalles d’accalmie, et duraient souvent deux heures consécutives. Dans ces derniers temps, ils en étaient arrivés à se produire sous l'influence du moindre bruit. Les enfants etle maeri de cette malheureuse femme n’osaient plus la quitter. C’est à peine si elle pouvait se lever pour faire son lit, Il y avait perte complète d’appétit, constipation opiniôtre. Le danger semblait imminent. J'avais employé toute la série des cal- mants et des antispasmodiques sans procurer. le moindre soulagement. C’est alors que j’eus recours à la métallothéra- pie, Je reconnus que Mme L... était sensible à l’acier.Le trai- — 553 — tement métallique fut commencé le fer juin dernier (notez bien ceite date). C’est dans la nuit du 1er au ? juin, que je fis faire à cette. malade l’application de 48 plaquettes d'acier, et à dater de cette nuit, la dame L... n’a plus eu ni accès, ni crise d’au- cune sorte. La première nuit, elle dormit d’un profond som- meil. Élle ressentit une chaleur agréable. Comme traite- ment interne, je prescrivis à la malade de l’eau ferrugineuse naturelle qui se trouve à Amiens, à la source des Huchets. Tous les matins, frictions sur tout le corps avec un gant de crin ‘imprégné d’eau de Cologne. À partir de cette époque, la malade, qui ne pouvait plus boire que du lait et du bouillon, a repris appétit. Elle mange bien maintenant et n’a plus de constipation. Ses selles sont régulieres. 7 juin. La douleur, qui irradiait dans le bras gauche, bien que diminuée, persiste encore. Mais la malade, qui ne pou. vait se lever, a pu hier (6 juin), après G jours de métallothé- rapte, sortir de chez elle et faire une promenade à pied de près de 3 kilomètres. . N. B. — Aujourd’hui, 15 juillet, la malade continue d'aller de mieux en mieux, au pointque depuis irois semaines je n'en ai plus entendu parler. Inutile d'ajouter que Mme L.. n’avait aucune lésion du cœur, ni du poumon. EXAMEN DU SYSTÈME GANGLIONNAIRE DU GRAND SYMPATHIQUE DANS DEUX CAS DE TABES DORSALIS (Chaîne thoracique — ganglions cercicaux — ganglions semi-lunaires). — EXAMEN COMPARATIF DES MÊMES GANGLIONS, CHEZ D'AUTRES MALADES, par MM. F. RayMonp ét ARTHAUD. ; Dans deux cas d’ataxie, que nous avons eus sous les yeux à l’hospice d’Ivry, nous avons conservé le système ganglionnaire du grand sympathique pour le soumettre à l'examen micros- copique et rechercher s’il n'existait point, dans ces ganglions, . des lésions anatomiques pouvant jouer un rôle dans la patho- génie des troubles trophiques du tabes dorsalis. Dans ces deux premiers cas, nous avons soumis les gan- -&lions, retirés à l’autopsie; à l’action de l'acide osmique, soiten —. 954 — les plongeant dans üne quantité très grande de solution faible à 1 pour 200-300 pendant quelques heures, soit en les expo- sant pendant quelques minutes à Paction des vapeurs de cet acide ; puis, complétant le durcissement par l'alcool, la gomme et l'alcool, nous examinions des coupes fines du gan- glion montées dans la glycérine, après coloration au picro— carmin. Relativement à un troisième malade, notre na Le M. le professeur Vulpian, nous ayant fait observer que les lésions observées n'étaient peut-être que des artifices de prépara- tion tenant à la manière dont nous avions traité le tissu des . ganglions, nous avons alors procédé à un examen comparatif en employant différents procédés de préparætion, et en parti- eulier en faisant durcir les ganglions par une immersion pro- longée dans l’acide-chromique ou le bichromate d’ammoniaque, et nous avons constaté que les résultats étaient les mêmes, quels que fussent les procédés employés, et comme le pre- mier procédé présente, entre autres avantages, celui d’être rapide et de nécessiter des coupes moins fines pour l'examen dans la glÿcérine, c’est À lui que nous avons donné la préfé- rence . = Dans les ganglions traités de cette manière, nous avons vorstaté qu'il existait des altérations variées portant à la fois sur l'élément nerveux et l'élément conjonctif des ganglions du _ système grand sympathique. Les travées conjonctives qui, à l’état normal, divisent et séparent les faisceaux de fibres de Remak, sont épaissies. Les vaisseaux contenus dans ces travées sont élargis; leurs pa.ois ont augmenté d' épaisseur dans des proportions très notables. Non seulement les cellulés genglionnaires sont fortement pigmentées, ce qui est un fait presque normal dans l’âge adulte et surtout dans la vieillesse, mais encore elles ont subi de la dégénérescence granulo-graisseuse, ce qui est plus rare comme altération sénile, et quelques-unes, n'ayant conservé ni leur noyau, ni leur nucléole, sont réduites à une petite masse granuleuse teintée en noir par l'osmium, ou à une masse pigmentée qui représente seule la place de l'élément nerveux. ED D’autres, enfin, ont complètement disparu et laiasent à leur place une lacune au milieu du tissu du ganglion. Les filets nerveux qui traversent le ganglion sont eux-mêmes malades ; les fibres pâles de Remak sont à peines reconnais- sables. Les noyaux d’un certain nombre d'entre elles, proba- blement les noyaux des fibres qui sont en rapport avec les cellules détruites, ont participé à la dégénérescence des cel- lules, et l’on aperçoit, au milieu des faisceaux de fibres saines ou à peu prés, des îlots granuleux allongés dans le sens des fibres et représentant un noyau qui s’est chargé de pigments et s’est altéré consécutivement aux éléments cellulaires. Les _autres fibres de Remak elles-mêmes sont tuméfiées ; leur diamètre paraît augmenté, et il existe là quelque chose d’ana- logue à la tuméfaction du cylinder-axis dans les myélites. Ces aitérations, dont nous venons de parler, n’existent point au même degré chez tous les malades que nous avons exami- nés, mais chez les deux premiers surtout, elles étaient fort nettes. Chez le troisième, elles étaient, au contraire, peu marquées, et nous n’en aurions point parlé s’il ne nous avait servi à exa- miner la valeur relative des différents modes de préparation. _ D'autant plus que chez ce malade le diagnostic clinique est douteux et l'examen microscopique de la moelle n’a pas encore été fait. Les deux premiers malades, chez qui la lésion était très évidente, étaient morts tuberculeux, et il y avait lieu de se demander si la tuberculose n’avait pas joué un rôle dans la production de ces lésions ; nous avons examiné des ganglions pris dans les mêmes conditions, chez des hommes du même âge (45-50 ans, morts tuberculeux), et nous n’avons pas re- trouvé ces altérations. En résumé, en laissant de côté l’épaississe nent des tractus vasculaires, l'augmentation d'épaisseur des parois vascu- laires, la surcharge pigmentaire des cellules qui sont évidem- ment des lésions vulgaires, il reste deux sortes d’altérations que nous n'avons pas rencontrées dans les ganglions de vieil- lards morts de maladies étrangères au tabes dorsalis : ce sont d’abord latrophie des cellules et leur disparition; ensuite la — 556 — disparition des fibres de Remak et la dégénérescence de léurs noyaux. Dans les autres ganglions que nous avons examinés et dont nous avons étudié les modifications morbides, la dégénéres- cence pigmentaire ou granuleuse ne va jamais jusqu’à l’atro- phie, et les fibres de Remak se retrouvent dans l’intérieur du ganglion avec tous leurs caractères normaux Pour conclure, nous pensons que s’il n’existe pas dans le système sympathique des ataxiques des lésions ayant un ca- ractère absolument spécifique, ces lésions se présentent avec un caractère d'intensité très grande, surtout chez les malades depuis longtemps atteints de tabes dorsalis et que ce n’est que chez ces malades que la dégénérescence des cellules va jus- qu’à l’atrophie, et qu’on ne renccntre que chez eux la dégéné- rescence des fibres de Remak. Cette note n’est d’ailleurs que le prélude d’une série d’études sur le même sujet, et nous pubiierons l’observation détaillée des malades dans de prochaines communications, où nous traiterons la question bibliographique, que nous laissons au- jourd’hui de côté avec intention. Nous présentons, à l’appui de notre thèse, une série de pré- parations de ganglions provenant, les premières, d’un jeune homme de vingt ans, mort de fièvre typhoïde; les secondes, d’un vieillard de soixante ans, mort de pneumonie, et les autres appartiennent aux deux ataxiques dont nous avons parlé. ExPÉRIENCE SUR L'ALIMENTATION DES JEUNES MAMMIFÈRES AVEC UN SUCCÉDANÉ PU LAIT, par M. ANDRÉ SANSON L'expérience dont j'ai demandé à la Société la permission de lui communiquer les résultats a été instituée à l’école de Grignon par son regretté directeur M.-Dutertre. Elle a eu pour ubjet.d’étudier.comparativement la valeur nutritive, pour les jèunes agneaux, d’une mixture vendue en Angleterre sous le nom de /actina de Bovick et qui lui avait été envoyée à ti- tre d’essai. Cette mixture, d’après les analyses qui en ont été publiées, serait très complexe. Le malt d'orge, la farine de lentille, la poudre d’aubier de l’orme d'Amérique, la canne à — 557 — sucre entreraient dans sa composition avec cinq ou six autres substances. Elle doserait 15 0j0 de protéine, 5 â 6 de matiè- res grasses et 3,5 de matières minérales. Délayée dans l’eau, elle donne un liquide dont l’aspect et la saveur sont analogues à ceux du lait. La lactina doit d’abord être mélangée avec quatre cinquiè- mes de lait de vache, puis avec trois quarts, puis avec deux tiers, de façon à ce qu'après les quinze premiers jours de son usage le mélange arrive à être par égales portions. Le li- quide alimentaire ainsi formé de moitié lait et moitié lactina délayée, est ensuite pris durant deux mois, après quoi l’on donne le produit pur. L'expérience a commencé le 15 mars et s’est terminée le 1er juillet. On a pris, dans le troupeau, 20 agneaux jumeaux. De chacune des portées doubles, l’un des jumeaux est nourri, au biberon, de /actina, et l’autre a été nourri par sa mère. C’est à l'allaitement maternel qu'il fallait, en effet, comparer les résultats obtenus pour qu’ils fussent signifi- catifs. Voici maintenant, dans le tableau suivant, les pesées : (= r. 1882, PI — 558 oor”62lozs 1eloot-stlosr- 15/0082 lon: cé seloi1 221082 911072 1351081 "8 poz821001"1eloos 251001 "21|02E L loog'921008"1eloo8 srloor er lost 9 loo8'saloss"zzlo13"r1/002 "8: |001 6 EU a | 0 | 4 | à ES ES Rs a | ride ; e & 7 L < ë a B. S 3, 00€°F 006°6 001°6 00F'°S « Joss's 00S°F 06073 002°F | su 008°LI °ST 985°0T °8 « « °LU9] “uoy Îoss-erlooz srloge 01! ‘x | « « | ojeu “um Îoos ei] ‘ailosr's loze'o oo9°c loose | ‘tue ‘u osz-oiloo’z loza‘o | *s looz:r |002'2 | “way “u |oos-cilocc"arlosaorlogs’8 | ‘2 [os | ‘œey « |ocs:srloos-a1lose’s looo°s [o0z°s | *e | ‘wez « « « « oo» 5 loos°r foos'e | tuer ‘u | « « « « logo looz's | sieur ‘u | a: a a {0099 looz's | ‘6 | ‘we “ü oz eslosz*ril ‘orl002°2 loo6°s [0028 | ‘tue “u | -syloce-erlooz te Loos 9 loo9°s looze | “we ee | -crlooor1lorso1{000°8 [ooç'o | ‘5 | eut 4 al ml ml ml sx sise). Lai S NUE LE = = œ@ re SGIOd °°° uMOpPyIN0S SOUIIgUW ÂS[USIG ° Pt XAVAINOV S3ql} J94dS4 — 559 — Un simple coup d'œil sur les poids constatés au 1er juillet pour les deux groupes d’agneaux montre constamment, en faveur de ceux qui ontété allaités par leur mère, des diffé rences qui vont plusieurs fois du simple au double et dépas- sent toujours un tiers en sus. Il est donc évident que l’alimen- tation des autres a été très inférieure, bien qu’ils aient cha- que jour reçu autant de l’aliment liquide que leur appétit leur permettait d’en prendre. De plus, trois sont morts dans le cours de l’expérience. On pourrait toutefois être tenté, de prime-abord, d’attri- buer ces différences de poids, au moins pour une part, à ce _ que dans le groupe des agneaux nourris avec la lactina, il n’y avait presque que des femelles, et dans l'autre presque que des mâles. À régime égal, ceux-ci atteignent normalement des poids plus élevés. Mais il suffit de comparer les résultats qui concernent les sujets de même sexe pour s’apercevoir qu’une telle considération ne peut pas intervenir. Un dishley mâle nourri de lactina, par exemple, est arrivé au poids de . 15 kilog. Un autre dishley mâle, son frère jumeau, nourri par sa mère, 2 atteint celui de 31 k. 270. Un southdown mâle et un autre, dans les mêmes conditions, ont pesé l’un 18 k. 500 et l’autre 29 k. 100. Le sexe n’est donc pour riencet l’infériorité énorme de la valeur nutritive de la mixture, par rapport au lait maternel, est notoire. Je dois dire que, pour mon compte, les résultats de l’expé- rience ne me surprennent nullement. INFLUENCE DE LA SECTION DE LA MOELLE CERVICALE SUR L'EXHALATION PULMONAIRE DE L’ACIDE CARBONIQUE, par MM. GRÉHANT et QuiNquaur. Lorsqu'on sectionne la moelle épinière au-dessous du centre moteur des mouvements respiratoires, il se produit, : comme l’a montré l’illustre physiologiste Claude Bernard, un abaissement très marqué de la température, de sorte que les animaux à sang chaud, après cette section, deviennent sem- blables à des animaux à sang froid; nous nous sommes propo- — 560 — sés d’abord de rechercher quelle est l’influence de cette lésion sur l’exhalation pulmonaire de l’acide carbonique. Avant l'expérience, la température rectale du chien était de 40 degrés; dans 50 litres d’air expiré ayant traversé les poumons en 11 m. 30s., on a trouvé 2 gr. 47 d’acide carboni- que exhalé, on fait, en employant le tue-chien, la section de la moelle cervicale à 5 h. 30 m. après avoir dénudé la région: à la partie inférieure du cou. L'animal, mis à terre, est para- lysé complètement du train une mais avec les pattes antérieures il essaye encore de se démuseler. ._ Une demi-heure aprés la section, la température rectale est 39 degrés ; 1 heure après, de 380,5. On fait alors une ?me prise d’air expiré en faisant circuler 50 litres d’air, l'expérience dure 12 m. 45 s.; elle est un peu plus longue, et le poids d'acide carbonique exhalé a été trouvé égal à 1 gr. 73, c'est-à-dire 2,47 — 1,73 — 0 gr. 74 en moins. Le lendemain, 21 heures après la section de la moelle, la température rectale est de 25 degrés. On fait circuler 50 litres à travers les poumons, ce qui exige un temps beaucoup plus long, 31 m. au lieu de 12 m.,et cependant le poids d'acide carbonique exhalé a été trouvé égai à 0 gr. 82. Ainsi la production de l'acide carbonique dans tout l’orga- nisme est considérablement diminuée, car nous admettons qu’elle est à peu près égale à celle qui est exhalée dans le même temps par les poumons. En 91 m. l'animal à l’état sain aurait exhalé 6 gr. 07 d'acide carbonique cu 7 fois plus d’acide carbonique que le nombre trouvé, ce qui rend compte de l’abaissernent de température si considérable qui a été observé. L'animal est mort dans la nuit, les poumons étaient un peu congestionnés à gauche, du côté sur lequel l'animal était resté couché. Les poumons du côté opposé étaient normaëx; on a observé en outre un peu d’emphysème sous-pleural à droite. L’autopsie a démontré que la section de la moelle avait été complète entre la 5me et la Gme vertébre cervicale. — 561 — BRIDES VERTICALES SITUÉES A L'ORIFICE VULVO-VAGINAL, par M. DE SinéTy J'ai eu l’occasion d'observer, dernièrement, une disposition curieuse de l’orifice vulvo-vaginal, dont l’origine me semble _ assez difficile à interpréter, et sur laquelle je désire appeler. l'attention de la Société. Ïl s’agit d’une femme de 18 ans, normande d’origine, nulli- pare, réglée à 15 ans, actuellement enceinte de trois mois, et ne présentant aucune autre anomalie que celle que nous allons décrire. En écartant les grandes et les petites lèvres, on voit, au niveau, ou plutôt à la partie inférieure du vestibule, une saillie de la muqueuse, représentant une sorte de bride arrondie, séparée de la muqueuse sous-jacente dans toute son étendue, excepté à ses points d'insertion, Sa dispo- sition rappelle la forme d’un Y, dont les deux branches supé- rieures s’insérent de chaque côté du méat, et la branche in- férieure sur la paroi antérieure du vagin. La muqueuse qui revêt cette saillie a la même apparence que celle qui l’avoi- sine. L'espace qui s'étend entre les insertions supérieures et inférieure de ce cordon muqueux mesure % centimètres. L'’épaisseur de la bride est de cinq à six millimètres.En intro- duisant le doigt entre cette bride et la muqueuse vulvo-vagi- nale, on donne lieu à une sorte d’anneau de 2 centimètres de diamètre. _À la partie correspondante de la paroi postérieure de lori- fice vulvo-vaginal, on trouve également une petite saillie coni- que, se confondant, à son point d'insertion, avec la muqueuse vaginale, dont elle présente les rides transversales.Cet appen- dice est mobile et se réiracte sous l'influence d’une excitation quelconque. Il rappelle, par sa forme et ses dimensions, l’as- pect de la luette. Chez une autre malade, âgée de 48 ans, ayant eu un accou- ‘chement à terme il y a 25 ans, nous avons rencontré une disposition presque analogue à celle que nous venons de dé- crirs. Il existe au niveau du méat, un appendice de plusieurs centimètres de long, s’insérant, en haut, de chaque côté de l'orifice urèthral, libre dans tout le reste de son — 562 — étendue. Cet appendice est revêtu d’une muqueuse rosée,sem- blable à la muqueuse ambiante, et représente, à peu près, la longueur de l’orifice vulvo-vaginal. A la partie postérieure correspondante de cet orifice, on voit une autre saillie de la muqueuse, conique, mobile, se rétractant quand on la touche, en un mot, présentant les mêmes caractères que ceux signales dans l’observation précédente. Si on compare ces deux descriptions entre elles, on constate que la disposition de l’anomalie vulvo-vaginale est à peu près identique dans les deux cas. Quelques points seulement dif- fèrent. Chez le second sujet, l'insertion supérieure de l’appen- dice muqueux ne se faisait pas par deux branches séparées une de l’autre, comme dans le premier cas, et l’extrémité in- férieure de cet appendice était libre, au lieu d’adhérer à la paroi antérieure du vagin, comme chez notre première malade. Quant à la saillie postérieure en forme de luette, elle était à peu près semblable chez les deux sujets. Enfin, j'ai eu l’occasion d'examiner une troisième femme, nullipare, bien conformée du reste, âgée de 20 ans (également d'origine normande),et qui présentaitla même disposition ana- tomique que celle de notre seconde observation, avec la seule différence que l’appendice muqueux antérieur n’atteignait que la moitié, environ, de la longueur de l’orifice vulvo- vaginal. | J'ai vainement recherché, dans les auteurs, une description Se rapportant à des faits analogues à ceux que je viens de si- gnaler. Il est probable qu’un certain nombre de cas de ce genre ontété considérés commedes cloisonnements incomplets du vagin, tel que celui qui a été communiqué à E Société de Biologie par M. Odier, en 1866 (1). Devons-nous adopter cette interprétation, pour les sujets dont 1l vient d’être question ? La correspondance des deux appendices muqueux pourrait faire admettre qu’il y a eu, à une certaine époque, une bride verticale complète, déchirée par les rapports sexuels, comme (1) Ovrer. Bride verticale située à la partie antérieure du vagin, Société de ‘Biologie, 1866, p. 53. — 563 — elle l'avait été par l'accouchement, dans le cas de M. Odier. Mais la disposition constatée chez notre première malade est peu en rapport avec la supposition d’un cloisonnement verti- cal de la partie inférieure du vagin, ou d’un hymen biperforé, expressions à peu près synonymes, d’après les récents travaux de notre collègue M. Budin (1). En outre, l'insertion de la bride ou de l’appendice muqneux, au niveau da méat, ne concorde pas, non plus, avec l’idée d’unebride vaginale; celle-ci devrait, ce me semble, s'implanter plus bas. Peut-on admettre que cette dispositionrésulte d’adhérences s’évant produites pendant la vie intra-utérine,entres les parois du sinus uro-génital ? Je ne le pense pas, surtout à cause de la situation constante des appendices muqueux, toujours placés exactement sur la ligne médiane, chez nos trois malades, tandis que des adhérences se produiraient irrégu- lièrement et sur des points divers. Ou bien, enfin, y aurait-il eu, dans ces cas, un rudiment de cloisonnement, plus où moins comparable à ce qui a lieu pour l'individu mâle, à une certaine période de la vie embryon- naire, lorsque se forme le raphé scrotal ? C’est là une suppo- sition que je n’émets, bien entendu, que sous toute réserve, et à litre de simple hypothèse. Les deux figures que je mets sous les yeux de la Société, et que j'ai dessinées d’après nature, sur deux de mes malades, feront mieux comprendre les dispositions anatomiques dont je viens de vous entretenir. Du cONTRASTE CHROMATIQUE. — SA RAISON PHYSIOLOGIQUE.— SON SIÈGE CÉRÉBRAL, par M. II. lParinaun Depuis les remarquables travaux de Chevreul, on a étudié minutieusement les conditions physiques qui produisent le contraste des couleurs, mais nous sommes moins bien fixés sur les causes réelles du phénomène, c’est-à-dire sur les propriétés de l'organe visuel qui lui donnent naissance. Les phénomènes de contraste sont intimement liés à la pro- (1) Buoix. Recherches sur l’hymen ctl'orilice vaginal, Société de Biologie. 1579. — 564 — duction des images ou sensations consécutives. C’est dans les caractères de ces sensations qu'il faut chercher les lois qui les régissent. \ dé On distingue deux espèces de contrastes ehromatiques: le contraste consécutif et le contraste simultané, Dans le con- traste simultané, on confond deux ordres de phénomènes. Le plus souvent, la couleur induite est complémentaire de la couleur inductrice, mais ily a des cas, signalés par Brucke et Helmholtz, où les deux couleurs sont homonymes. À. Contraste consécutif. — Il suppose deux impressions se produisant successivement sur la même partie de la rétine. La seconde se trouve modifiée par la‘première. Son interprétation est facile. L'impression d'une couleur,suffisamment prolongée, laisse après elle, dans la partie correspondante du champ vi- suel,la sensation plus ou moins persistante de la couleur com- plémentaire. C’est l’image négative; l'image positive, trop fu- gace, intervient rarement dans le contraste consécutif. Cette sensation subjective s'ajoute aux effets des impressions nou- velles et les modifie de telle sorte qu'une couleur de même ton que la première paraîtra moins saturée, tandis qu'une couleur qui se rapproche de la complémentaire se plus saturée qu’elle FES réellement. Exp. [. — Fixez une surface rouge pendant quelques secon- des avec l'œil droit, le gauche étant fermé; regardez ensuite une autre couleur rouge, elle vous paraîtra de pâle qu'avec ‘œil gauche qui n’a pas reçu l'impression. Regardez au con- traire une surface verte; elle vous paraîtra mie saturée qu’a- vec l'œil gauche. . B. Contraste simultané. — I] suppose deux impressions se produisant simultanément sur des parties différentes dè la rétine dans des conditions particulières. Entre plusteues exemples, prenons celui des ombres colorées. | ExpP, II. À l'aide de deux lumières, l’une blanche (celle du jour) l’autre colorée (la lumière jaune-orange d’une bougie), on projette sur un écran deux ombres d’une même tige. L’om- bre qui est produite par linterception de la lumière blanche 7 009 est éclairée par la bougie et présente la couleur jaune de la _ flamme. Celle de la D éclairée par la lumière blanche, … parait bleue, dela teinte complémentaire de la flamme (1). La couleur bleue, qui n’a pas de réalité objective, a-t-elle une réalité subjective, c'est-à-dire est-elle produite par une modification positive des éléments.nerveux,. ou bien n'est-elle que l'effet d’une illusion, d’une erreur de jugement? Cette der- nière interprétation est celle d'Helmholtz. Acceptée par cer- tains physiologistes, elle est repoussée par d’autres, en par- ticulier par Hering et Giraud-Teulon. L'étude des 1 images consécutives démontre que le contraste simultané, aussi bien que le contraste successif à sa cause dans une sensation subjective réelle qu modifie Ne impres- sions venues du dehors. _ Il relève de la propriété suivante de no visuel: Une. image Ou sensation consécutive, produite par une impression chromatique surune partie dela rétine, développe dans la par- lie non tmpressionnée la sensation de la couleur complémen- -taire de celle de l’image. Nous savons que l’image consécutive peut être positive et. de même couleur que l’objet ou négative et de couleur complé- mentaire. Etudions d’abord le cas où la sensation consécutive est négative, comme elle est plus persistante que la positive, qi se prète mieux à l expérimentation. Exe. III. — Un carton carré de dix centimètres de côté : présente, sur une de ses faces, une moitié blanche et l’autre rouge. La face opposée est complétement blanche. Un point, tracé au centre du carton, sur les deux faces, servira à immo- biliser le regard. On fixe pendant une minute le côté blanc- rouge en tenant le regard bien immobile. On retourne le car- ton et, fixant le point central, on voit les deux moitiés de la surface blanche teintes de couleurs complémentaires. Celle * qui correspond à la moitié de la rétine impressionnée par la (1) Dans cette expérience classique, le contraste ne résulte pas de l'impres- sion des deux ombres. On peut couvrir l'ombre jaune sans que la bleue perde ga couleur. C’est en réalité la couleur du fond, mélange de jaune et de klanc* qui produit le contraste. — 566 couleur rouge est verte, l’autre est rouge etun peu plus som- bre, On peut encore ed de la manière suivante en expéri- mentant avec un seul œil: Au centre d’une feuille de papier blanc, on trace un point que fixe l’œil droit, le gauche étant fermé. On avance au-devant de l'œil ouvert un verre rouge tenu verticalement jusqu’au contact du point fixé, de manière qu'une moitié de la rétine reçoive de la lumière rouge, l’autre de la lumière blanche. Après quelques secondes, on retire le verre sans cesser de fixer le même point. Les deux moitiés du papier paraissent alors colorées de teintes complémentaires comme dans l’expé- rience précédente. Le développement de la sensation rouge dans la partie du champ visuel qui n’a reçu aucune impression chromatique est bien évidemment lié à celui de la sensation verte dans la par- tie qui aété directement impressionnée. Toutes deux appa- raissent dès que l’on supprime le verre et toutes deux s’ef- facent en même temps, ou à peu près. Cette même sensation rouge est bien une sensation réelle et non l'effet d’une erreur de jugement par comparaison avec la couleur verte, car cette dernière, étant de nature sub- jective, on peut la supprimer, ou du moins l’atiénuer beau- coup comme sensation perçue, sans qu'elle cesse d'exercer son action inductrice sur la partie de l'appareil visuel non im- pressionné, On obtient ce résultat en glissant sur la moitié du papier qui paraît coloré en vert, un écran noir. Dans ces con- ditions, la couleur verte est difficilement perçue, tandis que le rouge ne perd rien de son intensité, Ce phénomène est tout à fait comparable, on le voit, à ce qui se passe dans un corps que l’on aimante par influence. L'accumulation d’un fluide dans une partie de ce corps dé- termine l'accumulation du fluide de nom contraire dans la partie opposée. | Ainsi se trouvent expliqués les faits de contraste simultané où la couleur dé contraste estla même que la couleur induc- trice. Les cas plus nombreux où elle est de teinte complémen- taire relèvent de la même propriété et s’expliquent de lamême TR RU manière, avec cette différence que c’est l'image consécutive positive qui intervient au lieu de la négative. Voici l’expérien- ce qui le démontre, elle est un peu plus délicate que la précé- dente, mais tout aussi démonstrative. Exp. IV. — Le carton mi-partie blanc et rouge est placé sur une table de manière à recevoir directement la lumière so- laire. Les yeux étant tenus fermés pendant une minute, re- couverts de la main pour les soustraire plus complètement à la lumière, on les ouvre rapidement et l’on fixe pendant moins d’une seconde la feuille de papier, puis on les ferme de nou- veau. On voit alors apparaître les images positives des deux surfaces, L'image de la moitié rouge est rouge, et celle de la moitié blanche offre une teinte verte. L'image consécutive positive jouit donc des mêmes propriétés inductrices que la né- gative,. _ Telle est la propriété générale de l’appareil visuel qui donne naissance au contraste simultané. Mais celui-ci ne se produit d’une manière sensible que dans des conditions particulières que l’on réalise dans un grand nombre d’expériences. fi sem- ble difficile de fnrmuler d’une manière précise les lois physi- ques qui déterminent la production du contraste. Cependant les expériences que je viens de rapporter, en nous faisant con- naître la nature intime du phénomène, nous permettent de mieux apprécier le rôle des conditions extérieures. Elles nous rendent compte en particulier du fait suivant, en apparence paradoxal, Ainsi que l’a fait remarquer Helmholiz, lorsque l'on prolonge une expérience de contraste simultané, il peut arriver que les résultats, après un certain temps, soient tout différents de ce qu’ils étaient au début et que la couleur de contraste ou cou- leur induite, qui était d’abord complémentaire de la couleur inductrice, soit remplacée par la couleur homonyme. Ce fait n’a rien de surprenant si l’on considère que le véritable agent inducteur n’est pas la couleur objective, mais la modification des éléments nerveux qu’elle impressionne. Or, nous savons que cette modification 8e fait d’abord daris le sens de la cou- leur objective (image positive) mais qu’elle fait insensiblement: Re place à celle qui nous donne la sensation de la couleur com- plémentaire (image négative). Tant que la couleur exerce son action sur l’œil, elle tend à maintenir la première influence; la seconde se manifeste snrtout quand on interrompt cette ac- tion. Mais ce n’est pas là une règle absolue. L'influence de l’image négative peut devenir prédominante, même lorsque la -couleur continue d’impressionner l’œil, surtout si cette couleur est très vive et que son action se prolonge bien exactement sur la niême partie de la rétine. C'est pour la même raison que des couleurs peu intenses sont plus favorables à la production etäla persistance du con- traste simultané. Au résumé, ious les phénomènes du contraste chromatique ont leur cause dans les deux propriétés suivantes de l’appareil visuel, déduites des caractères des images consécutives. 10 Toute impression d’uné couleur sur la rétine détermine dans les éléments nerveux un état particulier qui se traduit par une sensation persistante positive ou négative. Cette sen- sation consécutive, surtout la négative, modifie les impressions nouvelles qui portent sur les mêmes parties de la rétine (con- iraste successif). 20 À cet état des parties directement nan cor- respond, dans les parties qui n’ont pas reçu l'impression ; l’état contraire, qui donne la sensation de la couleur complé- mentaire. Cette nouvelle sensation subjective modifie, comme la première, les impressions rétiniennes (contraste simultané). C. Siège cérébral du contraste chromatique. — Nous venons de voir queles phénomènes de contraste consécutif ou simul- tané relèvent, en définitive, de la production des images consécutives. Dans une précédente communication à la So- ciété de Biolokie (19 mai) j'ai fait connaître des expériences qui établissent le siège cérébral de ces images. On peut donc conclure que le processus qui donne lieu au contraste siège également dans le cerveau. Voici des expériences qui donnent de ce fait la démonstration directe, en ce qui concerne le con- _traste simultané. Tout phénomène de contraste implique deux impressions don l’une réagit sur l’autre. Lorsque ces deux impressions — 969 — se produisent dans le même œil, on peut supposer que la réaction se passe dans la rétine, mais quand chacune d'elles est reçue par un œil différent, on est bien forcé d’admettre qu'elle a lieu dans le cerveau, or il est facile de modifier les expériences précédentes, relatives au contraste simultané, de telle sorte que la couleur inductrice agissant sur un œil, . la couleur induite se développe dans Pautre. Exp. V (reproduction de l’exp. INT). — Un verre rouge étant . placé sur l’œil droit, on fixe ucec les deux yeux une surface blanche vivement éclairée (1). Portant ensuite le regard sur une surface blanche ou grise, moins fortement éclairée et fer- mant alternativement l'un des yeux, on voit que l’image con- sécutive de chacun d’eux est diversement colorée. Celle de l'œil droit muni d’un verre rouge,est verte,celle de l’œil gauche, qui n’a reçu que de la lumière blanche, est rouge. Exr. VI (reproduction de l’exp. IV). — Le carton mi-partie blanc et rouge étant dirertement éclairé par la lumière so- _laire, on applique au devant de chaque œil un tube noirci à l'intérieur, de manière que l’œil droit ne voie que la surface rouge, l'œil gauche la surface blanche. Si, par une fixation très courte, on développe des images consécutives positives, on remarque que l’image de l'œil gauche est verte, de teinte complémentaire de celle de l'œil droit. M. Gorham (2) a publié récemment des expériences qui (L) Elle ne doit cependant pas ètre éblouissante, pas plus que dans aucune expérience de ce genre, car alors les images conséutives subissent des phases colorées qui nuisent à la netteté des résultats. On ne confondra pas l’exp. V et la suivante avec celle de Béclard, dont j'ai parlé en traitant du siège cérébral dee images consécutives. Ces faits sont d'un ordre tout différent, bien que, dans l’un et l’autre cas, on développe une sensation chromatique dans un œil en agissant sur l'autre. Il faut distinguer les aite où les deux yeux sont ouverts bien que l’on n'agisse que sur l’un deux, de ceux où ils ne fixent qu’alternativement. On observe dans lesdeux cas des ré- aultats différents, qui tiennent, vraisemblablement, à Ce que les rétines, dans ces conditions, n'affectent pas les mêmes rapports avec les hémisphères,conformé- ment à l'existence d’une double connexion que j'ai cherché à établir en me basant eur des faits d’un autre ordre. (Société de Biologie, 11 mars 1882). (2) On the blending of colours by tne sole agency of the sensorium. Brain, anvier, 1882. — 670 — donnent la même démonstration d'une manière peut-être plus saisissante. Ce n’est pas, cependant, la conclusion que l’auteur en tire, car 1l ne fait aucune allusion au contraste des cou- leurs. Apres les détails dans lesquels je viens d’entrer, on re- connaîtra facilement que les résultats qu’il a obtenus ne sont autres que des effets de contraste simultané dans lesquels, la couleur inductrice agissant sur un œil, la couleur induite se développe dans l’autre, comme dans les expériences V et VI, la couleur induite est complémentaire ou homonyme de la cou- leur inductrice objective, d’après les lois que nous venons d'étudier. Ces resberches out été faites au Laboratoire d’ophthalmologie de le Clinique des maladies nerveuses, à la Salpétrière, D£ L'EXAGÉRATION DES RÉFLEXES PUPILLAIRES, par M. H. Parinaus La pupille, à l’état normal, se contracte par deux influen- ces différentes : l’excitation lumineuse et le mouvemënt de convergence des axes visuels auquel s'associe l'effort d’ac-, commodation.Dans les affections cérébro-spinales, dans l’ataxie en particulier, il arrive fréquemment, ainsi que l’a signalé Argyl Robertson, que la pupille ne réagisse plus par l’excita-- tion lumineuse, alors qu’elle se contracte par là convergence. Cette raideur de l'iris s'accompagne quelquefois d’une dita- tation modérée de la pupille, mais elle est plus fréquemment associée au myosis. Quand le myosis tabétique est très pro- noncé, la pupille est assez souvent complétement immobile, elle ne réagit ni par d’excitation lumineuse, ni par la conver- gence. Dans certaines affections, les réflexes, au lieu d’être abolis, sont au contraire exagérés, et cette exagération s’accompa- gne elle aussi d’un myosis parfois excessif. Il est remarquable que ces deux états opposés coïncident souvent avec l’aboli- tion ou l’exagération des réflexes tendineux et s’observent dans les mêmes affections. Les deux formes de myosis sont assez faciles à dieneuee. Dans le myosis avec aboliion des réflexes, la pupille ne se mo- difie ni par les changements d'éclairage, ni même par le con- vergence dans certains cas. Dans la seconde forme, la contrac- — 571 — tion de la pupille s’exagère encore par l’excitation de la lu- mière, surtout de la lumière diffuse, gt, si l’on y joint l'influence de la convergence, on la réduit à l’état punctiforme. Par con- tre, elle se dilate dans un lieu faiblement éclairé, non pas aussi complètement que celle d’un œil normal, surtout si l'affection est ancienne, mais d’une manière assez notable cependant pour former un contraste remarquable avec la pupille tabétique. Chez ces mêmes malades on observe encore de l'inégalité pupillaire, ordinairement peu prononcée et inconstante, sul- vant l'intensité, de l'éclairage. Elle semble reconnaître pour cause l’exagération inégale des réflexes dans les deux yeux, car chez un malade, j'ai remarqué que là pupille gauche, un peu plus dilatée, réagissait plus énergiquement quand loue tation portait sur l’œil opposé que lorsqu'elle agissait sur l'œil gauche lui-même. Sur sept malades atteints de sclérose en plaques, que j ai observés dans le service de M. Charcot, depuis que mon at- tention a été appelée sur cette a cube j'ai trouvé l’exa- gération des réflexes pupillaires très accusée dans trois cas. Deux fois elle coïncidait avec lexagération des réflexes ro- tuliens, une fois avec leur abolition. Je signalerai en terminant une autre particularité des ré- flexes pupillaires que l’on observe dans certains états patholo- giques. Il arrive parfois qu’en concentrant la lumière d’une lampe sur l’œil avec une lentille ou le miroir ophthalmos- copique, on dilate la pupille au lieu de la contracter. Si l’on observe une légère contraction au début, elle fait immé- diatement place à une dilatation plus grande qu'avant l’exci- tation. Je ne saurais préciser la significätion clinique de ce phénomène, mais il mérite de fixer l’attention des physiolo- gistes. OBSERVATIONS SUR LE SIÈGE DU SCOTÔME SCINTILLANT, par M. Pauz BerT J'ai ressenti, dans l’espace de ces quatre dernières années, cinq attaques de scotôme-scintullant. J'ai peu de choses à ajou- ter aux desrriptions qu’en ont faites les auteurs, et notam- . ment Donders, qui l’a observé sur lui-même. Chez moi, le C. r. 1882 29 SA y D Ent scotôme envahit progressivement, en partant. du point vi- suel, la partie gauche du champ visuel. Lorsque sa bordure, crénelée et miroitante est arrivée à peu nrès à la moitié du champ, le point visuel se dégage, et la vue n’est plus trou- blée, malgré la sensation désagréable que fait éprouver ce de- mi-cercle brillant et oscillant. Un fait intéressant, c’est que les créneaux du scotôme sont encore perçus en dehors de la limite extérieure du champ visuel, dont l'étendue réelle est évidemment rétrécie par les obstacles latéraux. La durée de l’attaque est d'environ une demi-heure. Elle est survenue dans des conditions très variées d’heure, de fa- tigue rétinienne, de dispositions générales : aucune raison étiologique n’a pu être dégagée. Mais l’observation suivante, que personne, je crois, n’a- vait faite avant moi, me paraît présenter un véritabie intér t. Si, pendant Mie je dévie l’un des yeux avec lé doigt, ou si je louche par contraction volontaire des muscles droits internes, l’image scintillante reste unique, tandis que les ima- ges rétiniennes se dédoublent. Ce fait doit être rapproché de celui que citait, dans une de nos dernières séances, M. Parinaud. Le scotôme scintiliant se comporte comme l’image consécutive obtenue après con- templation d’un objet brillant. Si l’on tient compte de tous ces faits, on arrive à eon- clure : 1° Que les apparences multiples attribuées à la fatigue de la rétine sont dues en réalité à la fatigue des centres nerveux percepteurs en rapport avec la rétine ; 2° Que l'excitation qui a pour conséquence le scotôme scin- tillant a son siège, non dans la rétine, mais dans les centres nerveux. | | EFFETS PRODUITS PAR L ’ARRACHEMENT DU NERF PHRÉNIQUE ET LA RÉGÉNÉRATION DE CE NERF, par MM. AzserT HÉNOCQUE et ELoy. Nous rte à la Société les résultats d'expériences que nous avons pratiquées dans le laboratoire de M. Brown- Séquard, au Collège de France. é — 578 — Ayant pour but l'étude des fonctions des nerfs phréniques, dit-il, nous avons, dans une première série d'expériences, re- cherché les modifications apportées aux phénomènes méca- niques de la respiration par la destruction d’un nerf He que, où même des deux nerfs phréniques. Nous avons procédé de la manière suivante : Pour être. sûrs de bien séparer les racines cervicales du nerf phrénique, nous arrachons les racines du phrénique au cou et en même ten ps ‘la portion voisine-des branches antérieures des racines cervi- cales, la troisième, la quatrième, la cinquième et la sixième, la branche supérieure du plexus brachial est déchirée ainsi que l’anastomose du nerf phrénique. Nous observons les mouvements respiratoires des deux côtés de la poitrine au moyen de divers appareils enregis- treurs, tels que des pneumographes analogues à celui dont M. Bert s’est servi, mais de moindre volume, de sorte que nous avons pu en appliquer jusqu’à quatre à diverses hauteurs de la poitrine chez des animaux “d’ascez petite taille (singes et chats). Nous nous sommes également servis d’un explorateur 4 deux tambours conjugués, de Marey, dans lequel nous enle- vons le tube qui réunit les deux tambours, de façon à avoirle tracé de chaque tambour, c'est-à-dire de chaque côté de la poitrine séparément. L’explorateur ou les pneumographes étaient reliés par des tubes à des tambours à levier inscrivant . les tracés sur un cylindre enregistreur de Marey. Les expériences ont êté faites sur 4 chats, 1 chien, 5 ne . 5 cobayes et 1 singe macaque. Les effets immédiats sont la douleur au moment de l’arra- chement avec des mouvements de défense ou de l'agitation; même lorsque l'animal est chloroformé, il y a ordinairemént des marques de sensibilité vive. En même temps, il survient dans Je tracé de la respiration des modifications importantes, le rythme respiratoire est altéré, ainsi que le démontrent les tracés, la respiration s'accélère et le type normal du tracé est changé de la manière suivante, qui s’observe chez le chien, le lapir, le chat, le cobaye, les arcs formés par la dilatation . du thorax deviennent plus aigus, plus rapprochés, mais moins — 574 — étendus ; bientôt ils S’arrondissent et on trouve que l’abaisse- ment dû à l'inspiration trace une ligne oblique ou une ligne presque verticale, mais très courte, à laquelle succède un plateau ; il semble que l’on n’observe que la moitié ou le tiers de l'inspiration, puis un plateau d’arrêt et une expiration éga- lement très courte. Ces tracës sont comparables à ceux que Marey indique comme correspondant à une respiration pra- tiquée avec un tube très étroit. Enfin, le tracé peut devenir presque rectiligne, à peine soulevé par quelques ondulations, ou bien présentant une série de plateaux séparés par une trés : courte courbe d'aspiration et d’expiration. À ce moment, si on examine la poitrine et l’abdomen, on voit que le thorax ne se soulève plus du côté opéré, l'abdomen est encore mobile à l'inspiration, mais il se dilate très peu * du bôté opéré, et cette dilatation n’est pas isochrone avec celle qui se:praduit par la ccntraction de la moitié du dia- phragme dont le nerf est intact; elle sé produit un peu plus tard et est due à la propagation de l’impulsion des viscères. En résumé, dans la période initiale, après des contractions vives de tous les. muscles inspirateurs, la poitrine se dilate encore, il y a des contractions diaphragmatiques, mais les contractions cessent bientôt du côté opéré. Il reste à peine un peu d’élévatior’ des dernières côtes par le jeu des intercostaux inférieurs et des muscles élévateurs accessoires. Les jours suivants, lorsque les animaux résistent à l’opé- ration, la cage thoracique devient presque complètement im- mobile, il y a d’ailleurs des phénomènes inflammatoires qui provoquent la douleur, amènent des contractions musculaires volontaires et des contractions qui immobilisent presque com- plètement le thorax, le cou et la tête du eôté opéré. Cet état persiste plus ou moins longtemps. C’est surtout chez le singe gt le chien qu’il est le plus prononcé; chez le cobaye et le «hat, la réparation est plus prompte. C’est ainsi qu’au bout de six jours nous avons pu prendre sur un chat jeune, du côté non operé, un tracé qui est loin d’être recliligne, puisqu'il montre à chaque aspiration une légère encoche et quelques * onduæations correspondant à l'expiration. es Cd mn Les phénomènes ultérieurs correspondent à la période de réparation et de régénération des nerfs. Nous avons pu suivre pendant plusieurs mois quelques-uns de nos opérés ; les uns ont succombé au bout de plusieurs mois, pour ainsi dire accidentellement, mais ils étaient affai- blis, amaigris et peu développés; le miaulement chez les chets présentait un timbre plus aigu ; le ronronnement ce- pendant s’est rétabli rapidement, dans un cas il existait dès le sixième jour et s’inscrivait dans le tracé. Chez le singe, la voix était aigre, plaintive dans les premiers jours; cet ani- mal a d’ailleurs été atteint de phlegmon, et d’un érysipéle de la tête et de la face, de sorte que pendant les premières se- maines nous craignions de ne pas le conserver; chez les co- bayes il y a eu un arrêt de développement manifeste, et plusieurs sont morts de froid, alors que les cobayes sains ré- sistaient parfaitement, cependant l’un de ces cobayes a sur- vécu pendant plus d’un an et n’est mort que parce que nous avons fait la section du second nerf phrénique. Nous avons néanmoins pu conserver vivants, une année environ, un chat, un cubaye et une guenon désignée sous le nom de Junon et qui à pu intéresser tous ceux qui fréquentaient le labora- toire. Chez ces animaux nous avons pu prendre, à des intervalles plus ou moins éloignés, deux semaines, deux mois, dix mois, des tracés de la respiration. Nous avons constaté que peu à peu la courbe de la respiration du côté opéré devenait sem- blable à celle du côté normal, les mouvements d'inspiration et d'expiration du thorax reprenant l'aspect normal des deux cô- tés, et dans la courbe altérée les élévations et les abaisse- ments représentent leur caractère normal, ces animaux ont pu être chloroformés sans accident pour de nouvelles opérations et il était souvent difficile de reconnaître le côté lésé. Cepen- dant il est manifestement resté dans les tracés du côté opéré un affaiblissement dans l'élévation des arceaux qui indiquent le rythme respiratoire. Chez ces animaux,sacrifiés pour diverses expériences,nous avons constaté à l’autopsie la régénération des racines du nerf phrénique; chez lé chat, le cobaye et le singe, nous avons e — 576 — retrouvé le nerf phrénique adhérent à une cicatrice nerveuse, sorte de plexus unissant les trois dernières racines cervicales et le plexus brachial au milieu desquelles il est possible de distinguer deux faisceaux plus circonserits dont l’un adhère au plexus brachia!, (par deux branches chez le chat), et l’autre à la cicatrice des 4me et 5me cervicale: chez le singe les ra- cines cervicales antérieures et les nerfs musculaires qui avâient été séparés par arrachement s'étaient réunis en for- mant un plexus cicatriciel, dans léèquel la racine supérieure du phrénique formait uñ cordon un peu grisâire et un peu plus gros que la racine du côté non opéré, Dans ces trois cas, le diaphragme se présenta sous un aspect normal; à l’inspection du muscle, on n'aurait su deviner le côté opéré (il n’en était pas de même dans le cas où la mort a eu lieu neuf jours après l’opération chez un chat; le dia- phragme était aminci, plus transparent et altéré dans sa structure). : : Un phénomène important à noter dans ces observations est lhypertrophie des nerfs intercostaux inférieurs, et en parti- culier des sixième, septième, huitième, neuvième espaces intercostaux nl cette hypertrobine nous paraît avoir un rôle prononcé dans le rétablissement des mouvements de dilatation du thorax et surtout de la base de la poitrine dans l'inspiration. Ce rôle s'accorde avec les notions que nous pos- sédons sur l’action des muscles accessoires de la respiration; il est d'autant plus remarquable que les lésions des nerfs et des mugcles du cou ne permettaient pas aux élévateurs des côtes supérieures une suppléance qui paraît avoir FIASRCRCES par les intercostaux inférieurs. En résumé, cette action supplémentaire des nerfs intercos- taux inférieurs, d'une part, la régénération, d'autre part, et enfin les phénomènes immédiats, c’est-à-dire la persistance de contractions diaphragmatiques, l’exagération même de la éon- traction des deux parties du diaphragme aussitôt après l’opé-. ration, tels sont les phénomènes. qui nous ont paru devoir attirer l’attention de la Société. Ajoutons en terminant que cette persistance des contractions après l’arrachement ou la section ne doit pas étonner ceux qui ont constaté les contrac- tions rythmiques du diaphragme après la mort, telles que les ont décrites M. Brown-Séquard et M. Vulpian. Séance du 29 juillet 1882. Présidence de M. Lasonps. Sur LES ARGAS DE Perse, par MM. Lasoursène et Mécnin. Nous venons communiquer à la Société un mémoire de M. le docteur Tholozan, relatif à la piqûre des argas et à leur nocuité, admise par ce distingué confrère. Nous avons déjà entretenu la Société de ces argas (séances du 4 février et du 5 mai derniers) et, de plus, il va paraître, dans le Journal de l’Anatomie et de la Physiologie, de M. le professeur Ch. Robin, un travail complet sur la détermination zoologique des deux principales espèces : Argas persicus Fis- cher et Argas Tholosani Laboulbène et Mégnin. L'opinion de M. Tholozan est contraire à celle que nous avons émise et qui est basée, on s’en souvient, sur des expériences faites sur des lapins et sur l’un de nous ; néanmoins, tout en faisant nos réserves, nous pensons qu'il faut tenir grand compte des ob- servations du distingué médecin du shah de Perse, et que nous nous faisons un devoir de communiquer. Nos réserves ont principalement pour base les faits suivants : 10 Dans les faits qu’on‘va lire l’insecte qu’on accuse n’a jamais été pris sur le fait : les patients se sont sentis piqués; l’un d’eux, pen- dant la nuit, a même saisi le corps du délit, l’a écrasé, et a constaté qu’il ne sentait pas la punaise, voilà tout. 20 Les argas recueillis l’ont été sur des moutons vivants. Ce qui le prouve, c’est que nous avons trouvé avec les argas un gros Mélophagus, parasite ordinaire et spécial à ce ruminant; or jamais il n’est question, dans les relations qu’on fait des ma- ladies causées par les argas, d'accidents arrivés par leur fait aux moutons, qui paraissent, comme les indigènes, réfrac- taires à l’action de ces arachnides, ce qui paraît peu ra- tionnel. C. r. 1882 29. — 578 — ETUDE COMPARATIVE DE L'ACTION DES NERFS INTERCOSTAUX ET DES DIVERSES RACINES DU NERF PHRÉNIQUE, par MM. Hénocque et ELoy. Voulant approfondir certaines particularités qui se présen-— tent dans les tracés respiratoires après la section des nerfs phréniques, nous avons recherché l'influence réciproque de la section des nerfs phréniques et de l’arrachement des nerfs intercostaux inférieurs et moyens, et en particulier des 8 der- niers nerfs intercostaux. Nous résumerons trois de ces expériences qui nous ont fourni des tracés d’une grande netteté que nous présentons à la Société. Expérience I. 10 juillet. — Chez un lapin vigoureux, anes- thésié par le chloroforme, nous avons pris le tracé de la res- piration, après la section de la peau; nous avons alors arra- ché 3 nerfs intercostaux du côté droit puis 4 autres nerfs, en tout les sept nerfs intercostaux inférieurs droits, le résultat a été pour les courbes des deux côtés de la poitrine une dimi- nution dans la hauteur de l'inspiration, et une transformation dans la courbe, celle-ci en effet se présentait sous forme de festons plus rapprochés et moins élevés, l'inspiration et l’ex- piration formant les deux arcs. du feston et étanc presque sem- blables, mais la modification portait sur les deux côtés. Nous avons arraché le nerf phrénique droit, et alors nous avons pris le tracé représentant l’action du nerf phrénique gauche, des nerfs intercostaux gauches et des muscles acces- soires non coupés. Ce tracé formé de festons plus larges et plus élevés corres- pondant à un ralentissement de la respiration, diffère du tracé normal par la formation d’un plateau entre l’élévation et l’a- baissement de l'inspiration et de l'expiration. La section du second phrénique a déterminé la mort. Expérience I. 15 juillet. — Chez un lapin présentant une respiration très rapide, nous arrachons les 4 derniers nerfs intercostaux du côté gauche et nous prenons le tracé respira- — 979 — toire, le ralentissement est considérable; les angles aigus formés par les mouvements d’élévation et d’abaissement de la base de la poitrine forment une ligne sinueuse dans laquelle l'inspiration forme les trois quarts, et l'expiration, plus courte, un quart seulement ; les deux racines du nerf phrénique droit sont arrachées, le tracé du côté droit devient presque recti- ligne, le tracé du côté gauche forme des festons arrondis pres- que régulièrement. dans lesquels l’inspiration et l'expiration sont semblables, mais qui sont au motns deux fois moins lar- ges que les ondulations du tracé précédent, il y a donc eu ac- célération de la respiration et augmentation de la force inspt- ratrice du côté opposé à la section du nerf phrénique et du côté correspondant à la section des nerfs intercostaux. La sec- tion du nerf phrénique gauche étant alors pratiquée, les deux tracés sont réduits à une ligne assez régulièrement .feston- née, mais dont les arcs sont très bas et très courts, presque semblables à droite et à gauche, représentant les dernières contractions des intercostaux et des muscles accessoires, jus- qu’à la mort. Expérience III. 13 juillet. — Chez un chien de taille moyenne anesthésié par l’éther, après avoir pris les tracés costal supérieur et costal inférieur, nous arrachons les huit derniers nerfs intercostaux, à droite. Les tracés costaux infé- rieurs des deux côtés,d’abord un peu différents, prennent des deux côtés un aspect identique, qu’on peut définir ainsi qu’ll suit : deux festons arrondis en demi-cercle presque régulier sont séparés par un plateau presque rectiligne mais incliné de l'inspiration vers l’expiration, en d’autres termes l'inspiration et l'expiration sont à peu près semblables, mais après l'inspi- ration il y a un plateau d'arrêt de mouvement respiratoire qui dure ordinairement un peu moins longtemps que chaque mou- vement d'inspiration ou d'expiration; des cris survenant, le tracé se modifie et alors on trouve une amplitude moindre à droite (du côté opéré) qu’à gauche. -Le nerf phrénique gauche est arraché au cou, le tracé se modifie immédiatement des deux côtés de la poitrine, d’une manière analogue, il forme des festons arrondis, séparés par too 0i— un angle trés aigu, la hauteur n’a pas sensiblement varié, mais l'inspiration et l’expiration sont devenues semblables et l'ascension comme la descente se font brusquement, dans la moitié de leur durée. Quelques minutes plus tard, le tracé gauche (côté du phrénique opéré) ne présente plus que des ondulations très peu élevées, tandis que le tracé du côté droit redevient à peu près analogue à ce qu’il était avant la dernière opération. Enfin, on sectionne les quatre derniers nerfs intercostaux du côté gauche, il ne reste plus que le nerf phrénique croit, les nerfsintercostaux supérieurs et les muscles accessoires, or le tracé costo-abdominal à gauche ne présente que de très courtes irrégularités dues à l'inspiration tandis que du côté droitle tracé démontre des contractions du diaphragme très énergiques d'amplitude égale à celle du tracé normal, et de plus ayant cet aspect caractéristique du tracé figuré par. M. Marey comme représentant les mouvements thoraciques obtenus en respirant par un tube très étroit (Méthode graphi- que, page 549) avec cette différence que les tracés de l’expi- ration et de l'inspiration sont séparés par un arc arrondi au lieu de former un angle aigu, c’est-à-dire que l’inspiration se fait en deux temps, d’abord par une dilatation brusque, puis elle s'achève plus lentement, pour être suivie sans intervalle par une expiration beaucoup plus régulière mais d’une durée à très peu près égale à celle des deux temps de l'inspira- tion. & Remarques. — Ces trois expériences sont intéressantes en dehors même de l'utilité des tracés comparatifs qu’elles nous ont permis de recueillir, parce qu’elles nous montrent que la section des nerfs intercostaux inférieurs n'apporte pas des changements très notables aux effets produits par l’arrache- ment des nerfs phréniques sur les tracés respiratoires, c’est-à- dire sur le mécanisme de l'inspiration, du moins dans lespre- : miers moments ; de plus, elles mettent en relief l'influence que la section d’un nerf phrénique peut avoir, non seulement sur la moitié correspondante du diaphragme mais encore sur l’autre moitié, en d’autres termes la section d’un seul phréni- LE - — 581 — que modifie le mécanisme respiratoire des deux côtés. Il nous restait donc à examiner quelle part peut prendre chaque ra- cine du phrénique dans cette influence, d'autant plus que M. Paul Bert, dans ses leçons sur la respiration (page 349), avait remarqué chez des chiens adultes une différence d'ac- tion des deux racines du phrénique, « la racine supérieure, dit-il,tout en faisant contracter toute l’étendue du diaphragme, agit particulièrement sur les fibres sterno-costales, tandis que la racine inférieure paraît avoir plus spécialement sous sa dépendance les piliers et les fibres postérieures. » C’est pourquoi nous avons commencé une nouvelle série d’expé- riences dont nous reproduisons les premiers résultats. Expérience IV. Arrachement de la racine inférieure du nerf phrénique des deux côtés. — Sur un cobaye âgé de 85 jours et pesant 628 grammes; ayant anesthésié l'animal et pris les tracés respiratoires après la section de la peau du cou, nous sectionnons sur la sonde cannelée la racine inférieure dunerf phrénique droit, les tracés donnent une accélération de la res- piration et une diminution d'amplitude de l’effort inspiratoire des deux côtés, nous sectionnons la racine inférieure du phré- nique gauche, les deux tracés deviennent presque rectilignes, puis, après une minute, l'inspiration et l’expiration se distin- guent par un léger soulèvement du tracé, à des intervallesré- guliers, l'inspiration et l’expiration forment deux lignes légè- rement courbes se réunissant à angle aigu et égales l’une à l’autre ; quelques minutes plus tard le tracé prend un aspect particulier qu’il a conservé pendant plusieurs minutes, l’ins- piration est représentée par une ligne oblique dont se détache une très courte ligne presque perpendiculaire à la première et représentant une expiration brusque qui nedure pas le quart de l'inspiration. On ouvre l’abdomen, les deux diaphragmes s’arrêtent brus- quement pendant plus d’une demi-minute, le cœur continue à battre, mais, à la suite de quelques tiraillements sur le foie et l'estomac, le diaphragme s’est de nouveau contracté des deux côtés, donnant des amplitudes très grandes, 48 par minute, puis,pendant une minute encore,les contractions se sont affai- — 582 — blies et enfin sont devenues très irrégulières jusqu’à la mort complète. Cette expérience montre que la section de la racine inférieure d’un seul phrénique ne produit pas un change- ment très notable dans la respiration, il y a eu séulement ac- célération,mais après la section du second phrénique,lerythme a été modifié, et de la même manière dans les deux côtés ; la respiration était devenue tellement faible que l’animal aurait succombé de lui-même si nous n’avions pas ouvert l'abdomen. L'arrêt prolongé du diaphragme après louverture du ventre est un fait à noter, car nous ne l’avons pas rencontré à un pareil degré dans les expériences de section d’un côté seule- ment, ou de section des racines supérieures. Les expériences faites sur les racines supérieures du nerf phrénique nous ont donné des résultats différents des précé- dents, mais qui ont été identiques chez un R et un cobaye opérés le même ; jour. Expérience V. Section de la racinesupérieure du nerf phréni- que des deux côtés. —. Chez un lapin vigoureux nous section- nons la racine supérieure du nerf phrénique droit,et,pour plus de sécurité,nous coupons les deux racines cervicales au-des- sus du plexus brachial et l’anastomose du plexus cervica avec le plexus brachial. Les tracés sont modifiés des deux cô- tés, il y a accélération, formation de festons arrondis ayani une amplitude plus grande que les arcs allongés du tracé nor— mal pris précédemment. La respiration, qui était de 48 par minute l’animal maintenu sur le dos, s’est élevée à 60 par mi- nute. On pratique la section de la racine supérieure du côté gauche, de la même manière que pour le côté droit, la respi- ration s’accélère, elle est de 68 par minute. Les tracés pren- nent un aspect caractéristique, l’amplitude est considérable, Vinspiration et l'expiration forment deux lignes obliques se réunissant à angles aigus, les deux temps de la respiration ne sont pas séparés par, un intervalle, l'expiration succède brus- quement à l'inspiration, mais l'expiration se ralentit un peu à la fin de cette période de la respiration. Les sortes de dents aiguës formées ont la forme de dents de requin, elles attei- — 583 — _gnent une hauteur de éreise millimètres, tandis que dans le tracé normal l’amplitude n’était que de deux millimètres et demi, Dix minutes plus tard,ce tracé est quelque peu modifié, sui- vant qu'il est pris à la base du thorax ou plus bas; le tracé gauche présente des festons moins aigus, moins élevés, mais un quart d’heure après la double section on retrouve pour le tracé du côté droit l’aspect encore caractéristique de « dent de requin ». Nous laissons l'animal au repos pendant une demi-heure, et nous observons 40 minutes après la dernière opération ces mêmes tracés caractéristiques, tout à fait sem- blables à ceux qui avaient été pris une demi-heure aupara- vant. A l'ouverture de l'abdomen, les deux diaphragmes se con- - tractaient dans leur position périphérique comme dans leurs piliers. Expérience VI. Section de la racine supérieure du nerf phré- nique des deux côtés.— Chez un cobaye du poids de 447 gram- mes, anesthésié par l’éther, ayant 88 inspirations par minute, nous sectionnons la racine supérieure du phrénique et les deux racines cervicales correspondantes,ainsi que la première branche du plexus brachial, du côté gauche; la respiration se ralentit, le tracé est modifié des deux côtés, mais l'amplitude n’est pas exagérée; nous pratiquons la section du côté droit et immédiatement la respiration s’accélère,sans être aussi ra- pide qu'avant toute opération ; elle est égale à 56 par minute. Les tracés ont pris la forme de « dent de requin », l’ampli- tude est considérable, la hauteur de la dent est de 12 à 13 millimètres à droite, de 5 à 6 à gauche, au lieu de 2? à 3 mili- mètres qui, dans les tracés précedents donnent l’amplitude de - l'inspiration et de l’expiration. Ces tracés ressemblent d’une manière remarquable à ceux du lapin de l’observation précé- cédente, ils ont été pris l’animal reposant sur ses quatre pattes, Après un repos d’une heure, l'animal meurt par entrée de Vair dans les veines au moment où nous voulons prendre un nouveau tracé. — 584 - Remarques. — Si nous comparons les phénomènes observés dans les expériences que nous citons et dans des expériences analogues, nous pouvons établir les conclusions suivantes, à savoir que : 1: la section du nerf phrénique agitsur le rythme respiratoire des deux côtés; 2° La section des racines inférieures seules des deux côtés présente cette action à un degré moindre que la section de la racine supérieure d'un seul côté; 3° La section de la racine supérieure des deux côtés pré- sente au plus haut degré l’action modificatrice du rythme res- piratoire. 4: La section des racines supérieures des deux côtés pro- duit une amplitude extrême dans les mouvements respiratoi- res, et cet effet peut durer pendant plus de trois quarts d'heure; 5° La section, l’arrachement, le pincement, la ligature de la racine supérieure du nerf phrénique est très douloureuse ; 6: Il y a une différence dans l’action des deux racines du phrénique sur les contractions du diaphragme. Nous arrêtons ici nos conclusions, car nous pourrions être tentés de dépasser en déductions ce qui nous est permis par les résultats d'expériences qui, bien que nombreuses,ne sont pas encore assez multipliées pour nous permettre d’ex- pliquer complètement ce rôle différent des deux racines du phrénique. Cependant nous examinerons brièvement les hy- pothèses qui pourraient être proposées; nous ne croyons pas que la douleur seule puisse expliquer cette sorte d’excitation de l'amplitude des mouvements respiratoires, parce que la du- rée de cette action ne permet pas d’invoquer la douleur,et que dans nos expériences sur les racines inférieures, sur les nerfs intercostaux, sur les deux racines du phrénique,nour n’avons pas observé cette action qui nous paraît spéciale aux racines supérieures. Pourrait-on invoquer un mode d’action de la racine supé- rieure consistant à régulariser les contractions diaphragmati- ques ? Nous croyons que cette hypothèse serait prématurée. Reste enfin la question de savoir si l’arrachement ou la section de la racine supérieure du nerfphrénique,qui présente Ses ordinairement plusieurs anastomoses avec les racines cervi- cales, ne détermine pas dans la moelle une irritation qui pro- duirait les changements respiratoires. Une expérience faite sur un lapin (17 juillet) nous a montré que si un coupe la ra- cine supérieure du phrénique après la ligature de cette ra- cine etentrela ligature et la moelle, le tracé n’est en rien modifié. Cette même expérience nous a montré que l’excita- tion électrique de la racine supérieure du nerf phrénique (l'excitation par les courants induits étant faite sur le bout pé— riphérique de cette racine séparé du bout central), cette ex- citation amène une augmentation dans l’amplitude des mou- vements respiratoires. Nous n’insisterons pas sur ces faits, dont nous poursuivons l'étude ; il nous suffit pour le moment d’avoir mis en relief cette différence d'action des deux racines. MM. Bournevizee et GILLE DE LA TouRETTE communiquent deux observations de erétinisme et une de cachexie pachyder- mique, avec présentation des malades. Ce travail, vu son étendue, paraîtra dans le prochain fascicule des Mémoires. PRÉSENTATION DE COUPES HISTOLOGIQUES DE LA PUSTULE VACCINALE DU VEAU AVEC COLORATION DU MICRC®OCCUS DU COWPOX, par M. I. STraus. J'ai l'honneur de présenter à la Société des préparations histologiques de pustules vaccinales du veau,où la présence du imicrococeus spécial de la vaccine, coloré dans les coupes, est d'une constatation nette et facile. Ces coupes ont êté obtenues sur des pustules vaccinales du veau excisées chaque jour, du premier au huitième } jour à partir du moment de l'inoculation, de sorte que j'ai pu suivre pas à pas les étapes de la forma- nation de la pustule. Les fragments de peau excisés ont été placés immédiatement dans l’alcool absolu et les coupes fines, pratiquées après _urcissement, ont été traitées par le procédé de coloration des microbes de M. le professeur Weigert (1) (de (1) Wsiaert (C.). Zur Technik der mikrokospischen Bacterienuntersu- chung (Virchow'e, Arch. 1881, Bd, 84,p. 275). — 586 — Leipsig), que M. Malassez (1), un des premiers, a fai: connai- tre en France. Ce procédé tonsiste, en substance, à surcolorer les coupes (qui doivent être très fines), dans une solution plus ou moins concentrée de violet de méthylaniline (2), puis à les décolorer par l’action successive de l’alcool absolu et de l'essence de clou de girofle; on monte dans le baume du Canada. 1 La décoloration (et c’estlä que réside la difficulté) doit être telle que la totalité de la coupe devient presque incolore, sauf les noyaux des cellules, les bactéries et micrococcus; ces mi- crorganismes jouissent de la propriété de retenir la matière colorante bleue avec une énergie plus grande que les tissus animaux et même que les noyaux des cellules, si avides ce- pendant des couleurs d’aniline. Je passe sur les lésions communes que révèlent les prépara- tions que-je vous soumets et ne veux appeler votre attention que sur la présence des micrococcus. On les aperçoit, à l’aide d’un fort grossissement, sous la forme de points extrêmement petits, nettement colorés en bleu et tranchant par cette colo- ration sur le reste de la coupe presque entièrement décolorée. Les points, parfaitement circulaires, identiques les uns aux autres, mesurant à peine 1 de diamètre, apparaissent sous forme d’amas ou de colonies; ils occupent les lèvres de la plaie d’inoculation, engagés dans la couche de Malpighi, ou, quand la lésion est de date plus ancienne, dans cette couche et dans le derme sous-jacent, ou ils occupent surtout les fentes lym- phatiques. À côté des amas conglobés de ces microrganismes, ‘ on en voit qui partent des nids sous forme de traïînées, com- posées d’une rangée unique de micrococeus, alignés très exac- tement les uns à la file des autres, et témoignant ainsi nette- (1) Mazassez (Gazette médicale de Paris, 1881, p. 758). (2) M. Weige:t recommantle, comme plus particulièrement favorabie à la colorati :n les microbe:, un violet le méthyle provenant de la fabrique d° ani line de Berlin (Actiengeselschaft) et désigné sous le nom deciol+{ de gen- tiane B R, C'est celui dont je me suis servi surtout, mais je dois à l'obli- geance de M. Rosensti-hl, directeur de l'usine Poirrier, de St-Denis, la com- munication d'un violet de méthyle produit par cette fabrique et ayant la marque 200 N. qui m'a donné des résultats au moins aussi beaux que le violet de gentiane. M Milassez recommande le violetde Paris marque BBBBB, — 587 — ment de leur mode de migration et de propagation dans les tissus. Ces micrococcus sont identiques à ceux que l’on voiten sus- pension dans la lymphe vaccinale et que M. Chauveau a si- gnalés depuis longtemps das ce liquide sous le nom de granu- lations élémentaires. Le but etl’intérêt de ces préparations histologique ; est sur- tout de fournir la preuve anatomique irréfutable de la présence de ces organismes dans la lésion cutanée spécifique que dè- termine l’inocu!ation du cowpox; elles montrent, en outre, la marche parallèle de la mulitiplication et de l’invasion locale : du microbe d’une part, et di: développement de la pustule vac- cinale de l’autre; enfin le rapport de cause à effet s'impose ici, car sur des plaies cutanées simples (non virulentes) pratiquées sur le veau de la même façon que l'insertion de la vaccine, ces micrococeus font, ilest à peine besoin de le dire, entière- ment défaut. L'examen de ces préparations convaincra,je pense, même les plus sceptiques au sujet du rôle pathogénique des microbes. Je m'occupe actuellement de l’étude de la pustule vaccinale chez le lapin, le cobaye, le rat, le cochon et enfin chez l’homme, et les résultats de cet ordre de recherches seront ul- térieurement communiqués à la Société. VARIATIONS DES MATÉRIAUX SOLIDES DU SANG ET DE L'EXHALATION PULMONAIRE DE L’ACIDE CARBONIQUE DANS LA PLEURÉSIE EXPÉRI- MENTALE, PAR M. BuTTrE. Dans ces expériences, nous nous sommes proposé de déter- miner les modifications survenues d’une part dans la quantité d'acide carbonique exhalé, d’autre part, dans le poids des matériaux solides du sang dans les cas de pleurésie artifi- cielle. : Nous avons dosé l’acide carbonique exhale à l’aide de l’ap- pareil dont se sont servis MM. Gréhant et Quinquaud dans leurs recherches de physiologie pathologique sur la respira- tion, | _ 5% — Quant au dosage des matériaux solides du sang, il a été fait par la méthode classique. Le 15 juillet 1882, chez un chien du poids de 8 kilog. 500 grammes, nous faisons circuler à travers les poumons 95 li- tres d'air en 6 minutes 50 secondes. Le nombre des respira- tions par minute est de 21 ; la température rectale est à 37:5. Nous trouvons, comme poids de l'acide carbonique exhalé, 1 gr. 17, ou, pour 50 litres, 2 gr. 54. à hnmédiaiement après, nous prenons dans l'artère fémorale droite 5 cent. de sang, que nous mettons évaporer après l’a- voir défibriné ; la pesée nous donne 1 gr. 222 ou 244 gr. 4 de matériaux solides pour 1,000 cent. de sang. Cette normale étant ainsi établie, nous faisons dans le sixième espace intercostal droit une .incision de 0 m. 02, qui comprend la peau et le tissu cellulaire, puis, à l’aide d’une petite canule à bord mousse, nous perforons le muscle et nous arrivons dans la plèvre ; nous adoptons alors à la canule une seringue contenant exactement 25 cent. d’huile que nous injectons dans la séreuse. L'animal ne présente rien d’anormal à la suite de cette in- jection. Le lendemain, 16 juillet, ôn entend à l’ auscultation quelques frottements au niveau du poumon droit. Le 17 juillet, on fait respirer à l’animal 40 litres d’air en 7 minutes 25 secondes ; la température est à 386, on compte 30 respirations par minute ; la quantité d'acide carbo- nique exhalé est de 0 gr. 96 ou, pour 50 litres, 1 gr. 20. -5 cent. de sang donnent 1 gr. 047 ou 206 gr. 55 de matériaux solides pour 1,000. Le 19 juillet, l’animal pèse 7 kilogr. 750 gr., sa température est à 38; il respire 40 litres d'air en 17 minutes 38 secondes. On note 14 respirations ÈS minute ; le dosage de l’acide car- bonique donne 1 gr. 88 ou 2 gr. 35 pour 50 litres. On extrait encore de l'artère fémorale 5 cent. de sang, qui laissent 0 gr. 331 de résidus secs ou 186 gr. 2 par litre. ù À lauspultation, on entend à droite un souffle pseudo- cavitaire et des SENSUEL ressemblant à des râles, — 589 — A la percussion, on constate une légère diminution de la sonorité à droite. L'animal est oppressé depuis trois jours. Le 21 juillet, 40 litres d'air circulent à travers les poumons en 10 minutes 30 secondes, il y a 22 respirations par minute, la température est à 38,04. La quantité d'acide carbonique contenue dans les 40 litres est de 1 gr. 39 ou, pour 50 litres, de 1 gr. 73. On trouve pour le poids des matériaux solides de 5 cent. de sang, toujours pris dans la même artère, 8 gr. 896 ou 179 gr. ? pour 1,000. Le 24 juillet, au soir, l’animal qui, pendant toute la durée de l'expérience, avait toujours bien mangé, succombe à la suite d’une hémorragie provenant de l’ouverture de l'artère fémorale devenue friable. L’autopsie nous montre que la plèvre droite est recouverte dansses deux tiers antérieurs de fausses membranes SUR, assez adhérentes, sans épanchement. La plèvre gauche, le péricarde, le péritoine et les autres organes sont sains. Pour résumer cette PRpsnence, nous avons établi ci-dessous un tableau. — 590 — Pleurésie sèche produite expérimentalement chez un chien. — Dosage de l'acide carbonique exhalé. — Poids des matériaux solides du sang. TE ENS CE [ea EU ä rh ue DATÉE À a lSs5slQ 225,18 m 825 | | m = |2s=elu à less le 2e DS REMARQUES A 7, a5$ à È SRE e = RE =] DEwE Eu BEN Ole. : O d'|R325IS x |SES|S Ll3es « el " Pa n=] RECHBRCHES & 53 S Ë Sie à à | =: Ë HE ë ‘ J re: k gr. min. degrés| gr 15 juill. 1882} Etat normal. — On injecte en- suite dans la plèvrs droite 25 cc d'huile..|[ 8.2(60| 2.54 |13.:0 21 37.5 [244.44 16 id On entend quel--|. ques frotte- mentzs'au niveau du poumon droit] » D DD RUES » » AT e 1.20 | 9.40 ! 30 | 35.6 |209.55 19 id. [Onentendà droite|_ unsouffle pseu- . do-cavitaire et quelques frot- tements res- sermblant à des râles. Légère diminution de lx sonorité à Antares) 2236012150 10140 lo M6 on 21 id » 1.73./13.7 | 90 | 38/47/1409 .20 24 ‘id. [’autopsie mon- tre des fausses membranes sur la plèvre droite gans épanche- Il est facile de voir qu'après l’aggravation de l’état mcrhide coïncide ung diminution dans l’exhalation de l'acide carbonique et dans le poids des matériaux fixes du sang. Ces recherches ont été faites dans le laboratoire de M. Quinquaul. — 591 — PRÉSENTATION D’'INSTRUMENT, par M. lIENNEGUv. à 1 J’ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie deux instruments construits par M. Galante sur mes indications. Le premier est un microtome établi d’après le type des mi- crotomes à main de Nachet, mais modifié de la facon sui- vante : Le cylindre creux est échancré à sa partie supérieure et n’est terminé que par une moitié de plate-forme ; le cylindre intérieur qui porte la vis est entier. L'avantage de cette dis- position est de permettre de fixer très rapidement la picce à couper dans l'instrument. Pour cela, on place le morceau de moclle de sureau, dans lequel est enchässée la pièce, dans la gouttière formée par la moitié du cylindre creux et on la maintient en place par quelques tours de ficelle ou de petit ruban. Lorsqu'on coupe un embryon, il est uüle de savoir à quel * niveau les coupes sont faites et il faut pouvoir examiner fré- quemment la pièce. Dans ce but, l'embryon est monté dans le collodion sur une petite lamelle de moelle de sureau:; cette lamelle est placée entre les deux moitiés d'un cylindre de moelle de sureau fendu longitudinalement. Il suffit d'enlever le ruban et d’écarter les deux moitiés du cylindre pour constater l’état de la pièce; le tout est remis facilement en place sans aucun déplacement. L'idée de ce microtome, qui depuis un an me rend de grands services pour couper de petits objets, m'a été donnée par un petit appareil fort simple qu'avait fait construire le regretté docteur Armand Moreau, pour servir de guide au rasoir dans les coupes à main levée... Le second instrument que je mets sous les yeux de la So- ciété est un pied de loupe, qui permet de donner à la lentille toutes ies positions désirables et de la maintenir d’une manière fixe dans ces positions. Il est surtout utile pour la dissection des objets dans l’eau, dans des cuvettes un peu profondes. Toutes les pièces de ce pied de loupe se démontent, ce qui le rend très transportable en voyage. CT. 1882 30 D'Ecs 2 AUSITION AU POINT DE VUE DE L'HYGIÈNE SCOLAIRE. La SURDITÉ À L'ÉCOLE, par M. GEzLé. Il semble inutile de dire combien il importe que l’ouie de ’élève soit bonne pour qu’il puisse profiter des leçons orales du professeur. Or, il existe un grand nombre d’enfants atteints d’affaiblis- sement de l’audition, tantôt des deux côtés, tantôt d’un seul. Ces élèves se trouvent donc placés, au point de vue de leur éducation, dans des conditions défavorables, surtout pour le milieu scolaire, où une règle unique s'applique à tous. Cette question a été étudiée en Allemagne par Weil, et par Sam el Sentoz (1881), et CI. Blake en Amérique (Congrès de Philadel- phie, 1879). Ces auteurs concluent qu'il y a urgence de faciliter l’éduca- tion des enfants durs d'oreille, dont le nombre est plus grand qu’on ne pense. Weil aurait trouvé des troubles de l'audition chez 30 0j0 des élèves des écoles primaires. La plupart des‘enfants chez lesquels on constate l’insuff- sance de l'audition sont notés comme distraits, paresseux, dissipés. Comme ils entendent mal, ils écrivent de travers; on finit par les classer dans les incapables ou dans les incorri- cibles : ils ne sont que malheureux. Mis à part, et instruits par un professeur particulier, leur éducation donnerait d’autres résultats. Leur infériorité relative naît d’une infirmité souvent méconnue par eux-mêmes. J'ai examiné un grand nombre d'élèves de pensionnats, filles et garçons, au point de vue de l'audition. Sans prétendre que les cas de faiblesse de l’ouïe sufisants pour gêner l'éduca- tion soient, comme le veut Weil, de 30 010, on peut dire que le nombre en est grand. J'ai trouvé une moyenne de 20 à 25 élèves sur 100 faisant des fautes dans une dictée à 8 mètres; fautes d’audition s'entend. Voici comment je procède : Je dirai d’abord que j’ai dû abandonner l'emploi du diapa- son, mauvaise épreuve sur les enfants à cause de l’harmo- nique suraiguë qui domine, à moins de précautions qui allor - gent trop l'examen. — 593 — Je pratique, au contraire, en premier lieu l'exploration acec la montre ; d’abord la perception cranienne est interrogée, à droite et à gauche, en posant la montre sur le front; puis on passe à l’examen de l'audition aérienne, dont la portée est calculée sur un mètre tenu par l’un des élèves, tandis qu'un autre élève écrit les résultats au fur et à mesure, en face du nom et de l’âge du sujet. (Les remarques seront ajoutées dans des cadres séparés, aussi le mot mal entendu.) Ceite pre- mière investigation marche assez vite; il n’en est pas de même de la suivante, car l’examen de la partie de l’ouïe pour la parole articulée se fait élève par élève. L'élève est placé au tableau, tournant le dos à l’examina- teur; celui-ci se place à une distance mesurée d’avance. Les classes ordinaires de 30 élèves ont une distance de 7 à 8 me- tres de côté, cela donne en diagonale une étendue encore supé- rieure et suffisante pour que l’épreuve soit bien faite, car 1l faut garder les dispositions scolaires habituelles à l'enfant et se placer dans les conditions du maître de la classe. La dictée, faite à haute voix, consiste en petites phrases courtes et à la portée de l'intelligence des élèves, et que je prends dans le livre d’histoire ou de style des cours. En cas de faute commise, je me rapproche, et je reprends l'expérience à nouveau jusqu’à ce que j'aie trouvé le point où l'enfant en- tend nettement. Les fautes d’audition ont un caractère très net, et souvent les sujets intelligents corrigent aussitôt le non-sens que leur oreille défectueuse leur a fait écrire. Dans une classe de 57 fillettes de 12 à 14 ans, par exemple, j'ai trouvé 10 élèves qui, à la distance de 5 à 6 mètres, écri- vant au tableau des mots dictés à voix haute, ont commis des fautes manifestement dues à l’audition. L’une écrit : « Loyer » pour « noyer », celle-ci « nos plaies » pour « l’eau coulait »; une autre « monde » pour « l’onde »; « coriace » pour « enthousiasme », etc., etc. Une d’elles n’en- tend rien de distinct à 5 mètres, mais ne fait plus de fautes à 3 mètres. Une de celles qui entendait à 5 mètres fit des fautes à 8 mètres. La distance à laquelle a lieu la dictée permet de rendre manifeste la capacité auditive des enfants, et l’on voi = 604 2e combien sont nombreuses les fautes par mauvaise audition. Il n’est pas de meilleure démonstration de la nécessité d’ex- plorer la portée de l’ouïe de l'enfant à son en.rée à l'école. Un groupe d'élèves examinés dans un vaste préau couvert, bien qu’en observant les mêmes distances qu'à l’étude, donna un chiffre d'erreurs bien supérieur. Au cours de ces explora- tions, certains faits curieux ont été observés. Des sujets que la montre avait désignés comme entendant d'une façon trés suffisante, commirent des erreurs d’audition au tableau ; et d’autres qui avaient 10 à 12 centimètres avec la montre, écri- virent très bien à la dictée à 7 et 8 mètres. Ce n’est pas cepen- dant le cas habituel, on peut admettre qu’à 8 mètres l'erreur à la dictée est commune si la montre indique seulement 10 cen- timètres ou moins que cela. Mais il n’y a pas de rapport gra— dué et constant entre les données de deux épreuves. Chez certains sujets, l'influence du moindre bruit extérieur ou dans la classe diminue aussitôt l'audition ; aussi dans les classes de grande étendue et dans les vastes salles de concours où 200 élèves sont quelquefois amassés, les conditions de l’audition sont-elles des plus mauvaises, et les dictées de composition sont-elles entendues d’une façon trés inégale. En résumé, au point de vue de l’élève, il y a grand intérêt à connaître la valeur de son audition À l'entrée à l’école, pour le séparer, s’il n'entend pas à 3 à 4 mètres, dans une classe de 30 élèves; et pour le placer auprès du maître s’il a une ouïe supérieure à 4 mètres, mais moindre que 8 ; dans une compo- sition et aux examens, il y a justice à passer la copie de la dictée à l’élève dont l’ouïe est insuffisante. Au point de vue des épreuves, c’est la montre d’abord, puis les dictées au tableau qui semblent remplir les meilleures con- ditions, et les plus simples dispositions pour l’examen le plus sûr et le plus rapide. Ici, le diapason est tout à fait mauvais. Au point de vue des salles d'étude et des maîtres, on ne saurait trop rappeler que les fautes croissent avec l’étendue du local, puisque le son s'affaiblit en raison du carré de la distance. Les vastes salles ont de plus des sonorités spéciales et des résonnances tapa- geuses qui nuisent à la netteté de la sensation auditive. Dans — 595 — une classe nombreuse, les “lèves placés au dernier banc n’ez- tendent rien de distinct s’il n’y a pas un silence suffisant entre eux et le professeur. RÉFLEXOMÈTRE POUR LES RÉFLEXES TENDINEUX AVEC SIGNAL ÉLEC— TRIQUE, par M. S. F. Danizco (M. D.), de St-Pétersbourg. L'étude de la contraction musculaire produite par la percus— sion d’un tendun est un élément de diagnostic très important dans beaucoup de maladies nerveuses. Le réfiexe patellaire ou reflex rotulien est d’unc haute valeur diagnostique et pronos- tique dans plusieurs affections de la moelle, soit diffuses, soit circonscrites. Ceci nous explique les nombreux travaux qui se sont suivis sur ce point particulier de la physiologie nerveuse, depuis le jouroù Erb et Westphal attirent l’attention des cliniciens sur l’importance de ce phénomène. (Voir les travaux : Tchi- rteff, Archiv.für Psychiatrie VIIL, Sérümpell, Deutsches Ar- chiv.für Klinische Medizin T.24. Brissaud, Recherches sur la contracture permanente des ones 1880. Petitclere, Des réftexes tendineux, 1880. Waller, On muscular spasm ‘known as « tendon reflex » Brain X. Senator, Ueber Sehnen reflex, etc. Du Bois Reymond’s Archiv., 1880. Ballet, Réflecti- vité spinale dans la fièvre typhoïde,etc. Progrès médicul, 1881, nos 41, 43, etc.). Mais, à notre connaissance du moins, on n’a pas imaginé d’instrument qui puisse donner en même temps la notion exacte du point du tendon sur lequel s'effectue la percussion, la force de cette dernière et le moment dans lequel elle s’ef- fectue, permettant ainsi de définir, au moyen de la méthode graphique, la durée du temps perdu qui s'écoule entre l’ébran- lement du tendon par le choc d’une part, et la réponse consé- cutive du muscle correspondant d'autre part. Dars la thèse de M. Brissaud, on trouve cependant la description d’un instru- ment proposé par M. F. Franck. Cet appareil consiste dans un levier formé d’un ressort, et terminé à son ext émité par un léger percuteur. Le ressort et la tige que portent le percuteur ont leur mouvement régularisé à late d’un demi-cercle den- — 596 — telé, dans lequel s’engrène le levier qu'on peut faire partir avec une plus ou moins grande force, à l’aide d’un mécanisme analogue à celui d’une détente de fusil. L'indication exacte du moment où la percussion commence, ne'peut être faite avec cet appareil, mais bien à l’aide d’une lame de plomb, munie d’une borne à vis, posée «ur le tendon que l’on veut explorer. Le moment exact où le percuteur se trouve en contact avec le tendon recouvert de la lame du plomb, est indiqué par le signal Deprez, activé par une pile, dont un des conducteurs est fixé sur le percuteur, l'autre sur la borne que porte la lame de plomb. Je me suisproposé de rendre cet instrument plus commode et plus facile pour l'emploi de le clinique journalière et, dans ce but, je l'ai modifié de la façon suivante : J'ai supprimé la lame de plomb etle mécanisme de la détente et j'ai rendu l'instrument facilement immobilisable, condition importante lorsqu'on a à faire des recherches comparatives pendant un temps long, lorsque l’on veut explorer les réflexes tendineux, non pas seulement sur'le genou, mais sur d’autres parties du corps (bras, jambes, tronc, etc.). Cet instrument, construit d’après mes indications par M.Ga- jante, donne, à ce qu’il me semble du moins, le moyen de con-. naître exactement la force de la percussion, le moment où on l'opère, eten même temps, l'instrument étant immobilisé, l’irritation tendineuse s'opère toujours sur le même point. . Voici la description de cet instrument. ILest composé d’une tige métallique de 15 centimètres de longueur sur 5 millimètres de largeur, garni d’une bande de caoutchouc large de 15 milli- mètres L’autre extrémité est mobile autour d'un axe hori- zontal, et se termine par un manche long de 7 centimètres environ, faisant un angle obtus avec la tige qui perte le per- cuteur. La percussion s'obtient à l’aide d’un ressort en arc de cercle, fixé par une de ses extrémités au'niveau du point de réunion, du manche et de la tige, et exerçant, par son extré- mité, une pression sur cette dernière. Parallèlement à cette première tige s'en trouve située une autre, de même longueur et immobilisée au manche, à une distance de 5 millimètres de la première tige. = 597 — Sur la tige immobile se trouve un arc de cercle portant des divisions. Chacune de ces divisions correspond à un certain nombre de grammes et indique le degré de la force de la per- cussion, ur curseur fixé à la tige mobile indique la hauteur de la percussion, et en même temps sa force par conséquent. Cette dernière est représentée parle nombre des divisions de arc du cercie indiquées par le curseur. Voici la façon de pro- céder avec cet instrument : on soulève la tige mobile à l’aide _ des doigts au moyen d'une petite barre transversale fixée à sa partie antérieure. Le moment où le percuteur se trouve en contact avec le tendon, c’est-à-dire le moment même où s’ef- fectue la percussion, est indiqué par un signal Deprez actionné par une pile, dont les rhéophores sont fixés par deux bornes, qui se trouvent sur la tige immobile. Une de ces bornes est isolée par une lame d’ébonite. La fermeture du courant, au moyen de latige mobile, ne peut s’opérer que lorsque ces deux tiges sont parallèles, ce qui correspond, d'une part, au mo- ment du contact du percuteur avec le tendon, et d'autre part, au moment du contact d’une vis de rappel de la tige mobiie avec la borne isolée de la tige immobile. On obtient ainsi en mêmetemps et avec le même instrument, l’indication du mo- ment précis ou s'effectue la percussion, et de la force que l’on emploie pour la produire. L’on peut appliquer cet instrument sur tous les tendons explorables. Quant à l’immobilisätion de C. r. 18829 30. — 598 — l'instrument, permettant toujours d'opérer la percussion sur le même point, voici comment elle est obtenue.La tige inférieure etimmobile est terminée par une fourchette, dont les bran- ches sont fixées sur le muscle que l’on veut explorer, à l’aide d’une bande de tissu élastique qui passe par les anneauxrivés à. le partie externe de ces branches. Les deux tiges de l’ins- trument, la mobile et l’immobile, sont disposées de telle sorte que lorsque ces deux tiges sont parallèles (ce qui correspond au moment du contact ik percuteur avec le tendon), le percu- teur se trouve au centre de la fourchette inférieure. J'ai fait, à l’aide de cet instrument, un certain nombre de recherches sur les individus paraissant parfaitement sains, et j'ai pu constater que pour obtenir le réflexe patellaire d’une façon manifeste;la force de la percussion ne devait être moin- dre de 125 à 150 grammes, quoiqu’elle puisse varier de beau- coup au-dessus de cette limite. Il y aurait peut-être à recher- cher, à l’aide de cet instrument, les variations de la réflecti- vitémédullaire chez l’homme à l’état physiologique, pour pou- voir aborder ensuite, avec plus de précision, l’étude des alté- rations de cette réfiectivité sous l'influence de diverses condi- tions path3logiques. EXPÉRIENCES À PROPOS DES LÉSIONS DU PANCRÉAS CHEZ LES DIA- BÉTIQUES, par Cu. Remy, agrégé et miss E. Shows, docteur en médecine (Angleterre). Depuis longtemps diverses altérations du pancréas ont été trouvées dans les nécropsies des diabétiques. L’indication de ces observations de Roiltansky, Frerichs, Recklinghausen, Pœæpper, etc., existe dans les traités spéciaux sur le diabete (Ex. Lécorché, diabète, 1877). Divers auteurs ont voulu voir entre la lésion et la maladie une relation de cause à effet. M. le professeur Bouchardat, qui soutient depuis plus de quarante ans une théorie de la production du diabète par des troubles digestifs, l’appuie sur ces faits. Des explications du mécanisme de la production du diabète consécutivement à l’atrophie du pancréas ont été données. Von Siebert (1) disait que les fécu- (1) Ueber Melliturie, Deutsch. K!. 185%: 599 — les non modifiées par le suc pancréatique ne se transformaient pas en graisse et passaient dans le sang à l’état de glycose. Cette théorie a cessé d’être soutenable. Pink (1) et Haïdenhain (2), prétendent que le sucre de rai- sin n’est pas transformé par le foie et reste à l’état de sücre de raisin produisant la glyscosurie, s’il n’a pas subi l’action des sucs de l'estomac et du pancréas. Cependant en 1877, CI. Bernard, dans son livre du diabète, tirait de ses recherches cette conclusion que le pancréas ne peut produire la glycosurie et après la décision du grand phy- siologiste on aurait pu croire la discussion close. Mais cette même année, le Dr Lancereaux communiquait à l’Académie de médecine (3) une nouvelle série d'observations prouvant que le diabète accompagné de lésion pancréatique prend une mar- che spéciale grave. Le malade maigrit et se consume rapide- ment, c’estle diabète maigre. Les lésions du pancréas dont il s'agissait dans ces cas, étaient des calculs, des scléroses conjonctives ayant amené la destruction complète de l'organe et conséquemiment supprimé sa fonction. Depuis lors un certain nombre de faits nouveaux d’atrophie du pancréas observés chez des diabétiques maigres se succè- dent (4)et fournissent un point d’appui nouveau à l’ancienne théorie combattue par CI. Bernard. Entre le diabète etla lé- sion du pancréas, il semble exister un lien étroit. C’est dans l'espoir de découvrir cette relation que nous avons pratiqué une série d'expérience sur le pancréas d’ani- maux. Nous avons opéré sur des chiens et des lapins. Ce dernier. animal est le seul qui nous ait donné des résultats évidents et ilest véritablement le sujet d’études le mieux approprié. Nous nous proposions de produire l'arrêt des fonctions du pan- créas par la ligature de son conduit principal et nous espé- (t) Zur Lehre von Diabetés mellitus. Inaug. Dis. 1874. (2) Beitrag zur Lehre des D'abetes mellitus. Inaug. Dis. Kænigsberg 18:4 (3) Bull. Acad. méd. Paris 1877 et Union médicale 1880,, . (4) Laergare, Sur le diabète maigre. Thèse Paris 1879 Ruehle, Ueber einen Fall von Diabetes mellitus. Berlin, Klin. Wochensch, octubre 1879. — 600 — _ rions à la suite de la rétention des liquides secrétés voir sur- venir une véritable atrophie Comme cela s’observe pour le rein et d’autres organes. Un examen journalier ou fréquent de l'urine devait nous apprendre si le trouble de nutrition dé- terminé par la suppression d’un organe aussi important amé- nerait la glycosurie. Or, sur le lapin, la disposition anatomique du canal pan- créatique se prête à l'expérience. Ce canal s'ouvre à vingt centimètres du pylore dans une portion de l'intestin pourvue d'un mésentère mobile et facile à attirer au dehors. On peut, grâce à la transparence du péritoine, qui est dépourvu de graisse, se rendre un compte exact de ses actions, et lier le canal seul sans comprendre ni lymphatiques, ni vaisseaux sanguins. Ajoutons que le pancréas du lapin n’a le plus sou- vent qu’un seul canal. Ce fait est déjà signalé dans CI. Ber- nard et les traités de vivisections, mais nous l'avons vérifié de nouveau et de plus nous avons constaté à l’aide d’injections fines au picro-carmin faites par le canal principal, que le deuxième canal ou accessoire, lorsqu'il existe, he communi- que pas avec le premier. 1l y a une deuxième glande isolée qui s'ouvre tout près du pylore, mais qui est si petite qu’elle est négligeable. Nous avons pratiqué la ligature du canal pancréailque sur six lapins. lapins sont morts après deux jours de péritonite; (AM) Hi — trois — — 1 — — quatre — — 1 lapin est mort après trentre-trois jours (tué RÔLE obser- ver l’état du pancréas). autre lapin est mort après trente-sept jours (des suites de la lésion pancréatique, sans notre intervention). Sur ceux de nos lapins qui ont le plus longtemps survécu, la dilatation des conduits et l’atrophie de la partie glandulaire étaittrés évidente à l'œil nu. Le canal principal atteignait le volume d’une plume de corbeau (deux millimètres de diamè- tre). Quelques petits grains, épars et dissociés, disséminés le long de ce canal et de ses ramifications représentaient la glande. Un noyau très volumineux indiquait le point où la li- rer — 601 —. gature avait été faite. Il était composé à son centre par le catgut non résorbé, à sa périphérie par des dépôts de fausses membranes et un épaississement du péritoine. Le péritoine blanc et opaque était épaissi autour des diverses parties de la glande comme si l’hyperplasie débutant au niveau de la liga- gature avait suivi les ramifications glandulaires. Lors de ma communication à la Société de Biologie, on fit observer qu il eût été intéressant d'observer l’état de la glande au microscope et, rappelant le travail de MM. Arno- zon et Vaillard (1) sur la sclérose du pancréas déterminé par la ligature du canal de Wirsung. Postérieurement à ma communication, nous fimes donc des recherches sur l’éiat histologique des pancréas en question conservés dans l’alcool. La lésion consiste dans une multipli- cation du tissu conjonctif autour des conduits et des veines glandulaires. Ce tissu, à peine visible sur les glandes saines, est sur celles qui ont été l’objet d’une ligature, très épaissi, formé de cellules rondes et de corps fusiformes. Les acini ont diminué de volume. Leurs epithéliums ont perdu leur noyau et pris un aspect colloïde. Cette observation microscopique confirme les faits cités dans le travail indiqué plus haut. Ainsi le pancréas s’atrophie par la rétention de son produit de sécrétion, et nous avons obtenu la lésion expérimentale que nous demandions. Or, quel résultat donnent ces expériences au point de vue de la glycosurie? Aucune d’elles n’a été survie de glycosurie. L'effet de la suppression des fonctions du pancréas consiste en un amaïgrissement indescriptible de l’animal, qui cepen- dant conserve de l’appétit. Mais cette question a fait l’objet de nombreux travaux et est en dehors de notre sujet. Aux expériences faites sur les lapins nous devons joindre celles faites sur des chiens, mais ici l’opération est plus diffi- cile et le résultat de la ligature du canal est douteux à cause d’un canal accessoire qui existe fréquemment. A notre premiére expérience sur un petit chien barbet nous (1) Soc. de Biologie\1à oetobre 1881. LIObouE détachons complètement la tête du pancréas de l'intestin. Cette opération laborieuse fut suivie de péritonite et la mort survint après vingt-quatre heures. Il n’y eut pas de glyco- surie. Une deuxième expérience fut faite sur un fort loulou noir très énergique. Il survécut malgré une légère péritonite et fut tué après un-mois d'observation pendant lequel 1l n’eut ja- mais de glycosurie; on lui avait lié, par erreur, seulement un gros conduit pancréatique (celui qui recueille le liquide d’une icngue languette accolée au duodenum et représentant à peu près la moitié de la glande). Or cette portion de glande s’é- tait atrophiée, elle était grise, molle, bien différente de l’autre partie saine du pancréas, rose et dure. Cette lésion du pan- créas, malgré son importance, puisqu'elle supprimait la moitié de l’organe, n’avait aucun retentissement sur l’animal, il était gras, etnon glycosurique. Une troisième expérience sur une forte chienne boule-dogue fut suivie du même résultat négatif.L’animal, malgré sa liga- ture du canal pancréatique, vit encore et est en très bon état. L'opération remonte à trois mois. _ Telle est la première partie de nos expériences, desquelles nous concluons que la suppression des fonctions du pancréas ne produit pas la glycosurie. En songeant aux rapports que le pancréas présente chez : l’homme avec des organes nerveux importants, nous avons cru devoir tenter chez le lapin l’extirpation du plexus so-- laire en entier ou des filets qu'il envoie au hiie du foie, On a cru en effet que la lésion du pancréas pouvait se compliquer d’une lésion nerveuse et Klebs et Munk cnt rapporté une ob- servation de ce genre. Nous avons enlevé le plexus solaire à deux lapins en véri- fiant au microscope les parties enlevées. L’un de ces animaux succomba rapidement sans glycosurie, l’autre survécut qua- rante jours. Il avait eu immédiatement une dilatation paraly- tique des artères de l’intestin. Il présenta pendant sa vie une sorte de diarrhée chronique avec rejet de mucosités épaisses. Il conserva l’appétit et la gaieté, mais succomba dans un état d’émaciation surprenant. I ne fut jamais glycosurique. pe La citerne de Pecquet est en rapport immédiat avec les gan- glions à enlever; nous avions eu soin de le réspecter. Sur deux autres lapins furent enlevés les filets nerveux qui se rendent du plexus solaire au fo'e et sont accessibles entre la veine cave et la veine porte. L’un des animaux mourut ra- pidement, l’autre vit encore après six semaines d'opération. Is ne furent glycosuriques ni l'un ni l’autre, nous n’avons pas tenu compte dans nos expériences des légers dépôts cui- vriques obtenus par hasard. Du reste, l’urine du lapin, qui est très chargée de sels, donne facilement liéu à des erreurs.Nous avons employé simultanément quatre méthodes de recherches du sucre. Réactif de Mulder, de Fehling, de Trommer et réac- tif au bismuth. Sur les ganglions solaires et les nerfs hépatiques, beaucoup d’expéciences onc été faites et sont contradictoires. Pavy, Schiff, Franck (Acad. des sciences, 15 juillet 1878). Un dia- bète permanent n’a pas encore été obtenu. Séance du 5 août 1882. Présidence de M. Paul Bert. Faux PARASITISME D'UNE ESPÈcE DE MyktaPope : le Blaniuülus guttulatus, par M. le professeur LaBouLBÈNE. Il s’agit d’une femme qui croyait rendre ces petits myria- podes par le vagin, parce qu'elle les trouvait au fond du vase après avoir pris une injection vaginale. M. Olhive, interñe distingué des hôpitaux, qui a donné ces animaux à examiner à M. Laboulbène, a su que les Blaniulus n’ont pas reparu quand l’eau servant aux injections a été passée à travers un linge. Les Blaniulus vivent dans la terre et attaquent les fruïts tombés ou les lécumes à leur portée pour s’en nourrir. Îls abondent parfois dans les fraises, les poires et pommes, dans les carottes, les haricots ‘en terre, dont ils mangent l'intérieur A eDA UE (Voyez Annales de la Société entomologique de France, 1862, Bulletin, page XLV). Il est certain que la personne qui a cru rendre ces préten- dus parasites s’est servie d’une eau où étaient tombés ces Blaniulus, à moins qu’il faille supposer l'esprit de supercherie que présentent certaines femmes hystériques et qui ne paraît pas avoir été en cause dans le cas actuel. SUR LA PRÉSENCE D’ALCALOÏDES DANS LES URINES AU COURS DE CER— ne TAINES MALADIES INFECTIEUSES, note par M. Cu. BoucHarn. Les recherches dont je communique les résultats ont été _ontreprises en mars 1881 et ont été poursuivies jusqu’à ce jour sur un grand nombre de malades. J'ai été guidé par la con- naissance des travaux de Panum, de Bergmann, de Zuelzer, de Selmy, de Brouardel et Boutmy, de Gauthier, travaux qui établissent que des alcaloïdes apparaissent dans les tissus animaux morts et dans des humeurs d’origine animale, même dans certains principes immédiats animaux, dans des condi- tions qui, le plus souvent, pires être celles de la putréfac- tion. Pour les Ces ae pour les ptomaïnes, Brouardel et Boutmy: ont signalé une réaction qui les rap- proche des alcaloïdes des champignons vénéneux : elles don- nent du bleu de Prusse en présence du ferricyanure de po- tassium et du perchlorure de fer. D’autre part, les ptomaïnes n'apparaissent que dans des matières animales où vivent et - pullulent des champignons microscopiques. Ces deux particu- larités semblaient autoriser cette supposition : que les préten- dus alcaloïdes animaux sont des produits de la désassimila- tion des organismes végétaux. Si les bactéries vivant dans les matières nee mortes fabriquent des alcaloïdes, il était possible que d’autres bacté- ries pullulant dans un organisme animal vivant y produisis- sent des substances analogues. Il y avait donc lieu de recher- cher si des alcaloïdes apparaissaient normalement dans les urines au cours des maladies infectieuses. Pour les maladies infectieuses de l’homme, ces alcaloïdes ne peuvent guère être recherchés que dans les liquides d’émonction, surtout dans — 605 les urines : car, pendant la vie, le sang n'aurait pas pu être extrait en quantité suffisante pour l'examen et, sur le cada- vre, les ptomaïnes auraient eu le temps de se développer. Vraie 01 fausse, cette hypothèse a guidé mes recherches, et ces recherches m'ont démontré que toujours, dans la période active de certaines maladies infectieuses, des alcaloïdes peu- vent être démontrés dans les urines. La recherche de ces àlcaloïdes a porté sur un grand nom- bre de cas de fièvre typhoïde, sur deux cas de pneumonie. infectieuse, sur un cas de pleurésie infectieuse et sur un cas d'ictère développé au cours de laphthisie pulmonaire, ictère que la coïncidence d’une néphrite infectueuse a fait juger infec- tieux. Tous les malades étaient soumis à la diète et aucun . n'avait reçu de médicaments contenant des alcaloïdes. D’autre part, le liquide urinaire sur lequel ont porté les analyses n’a- vait pu subir, à partir de l'émission, aucun commencement de fermentation ou de putréfaction, les malades urinaient direc - tement dans un bocal qui renfermait de l’acide borique pulvé- risé, en quantité telle que la totalité des urines pouvait être “saturée par cet agent antiseptique. Les urines alcalisées par la lessive de soude étaient agitées avec l’éther sulfurique. Après séparation des deux liquides par le repos, l’éther surnageant était décanté et de nouveaux lavages successifs par l’éther étaent effectués. Tous les liquides éthérés mélanges et filtrés étaient rapide- ment évaporés. Le résidu était repris par un peu d’eau acidu- lée par l’acide sulfurique. Dans cette solution aqueuse se trouvaient les alcaloïdes à l’état de sulfate. Leur présence était démontrée par l’iodure double de mercure et de potassium qui donnait un précipité blanc jaunâtre ou verdâtre qui se dissolvait à chaud, se préci- pitait de nouveau par le refroidissement, qui était soluble dans l'alcool et dans l’êther. La solution aqueuse précipitait en jaune clair par l’acide picrique, en brun par le réactif iodo- ioduré. En présence du ferricyanure de potassium et du per- chlorure de fer, elle donnait naissance à du bleu de Prusse. J'avais donc affaire à des alcaloïdes et ces alcaloïdes présen- taient un caractère commun avec les alcaloïdes cadavériques. MONA Il m’est'arrivé, au commencement, d'opérer à la fois sur La totalité des urines de vingt-cinq journées de fièvre typhoïde : mais j'ai pu extraire des alcaloïdes morbides des urines émises en vingt-quatre heures, et même en n’employant qu’une ‘por- tion des urines excrétées en un jour. Or, sans contester en aucune façon la réalité des assertions de M. Pouchet touchant la présence d’alcaloïdes dans les urines normales, je puis dire que jamais, en opérant sur des quantités d'urine aussi modé- rées et même sur des quantités supérieures, je n’ai pu obtenir, à l’aide de la méthode que j'ai suivie, la moindre trace d'alca- oïdes dans les urines normales. J'ai également cherché'lés alcaloïdes dans les urines de malades atteints de maladies nullement infectieuses, d'emphysème pulmonaire, de lésions valvulaires, d’artério-sclérose. La quantité de ces alcaloïdes est toujours très: faible : elie n'a pas été exactement dosée, mais je crois pouvoir dire qu’elle ne dépasse pas un milligramme par journée de’ fièvre typhoïde. On pouvait se demander si, malgré ler faible quantité, ces slcaloïdes ne seraient pas capables d'exercer une action toxi- que et s'ils n'ajouteraient pas l'empoisonnement ‘à ‘l'infection dans l’ensemble phénoménal de:la maladie. Je ‘les ‘ai 'injectés sous la-peau à des lapins-et à des cochons d'Inde ‘et n’ai rien obtenu, si ce n'est, dans un cas, la dilatation de la pupille avec accélération excessive des battements du cœur. Ces ex- périences ‘sont à reprendre, car je n'ai agi qu'avec des doses extrêmement faibles de l’agent supposé toxique. Un microbe spécial, le :micrococcus pyocyaneus fabrique un alcaloïde spécial, la pyocyanine; il se pourrait que chaque maladie infectieuse eût, à côté de son microbe particulier, son alcaloïde propre. L'étude comparative de ces divers alealoïdes morbides, au point de vue chimique et au point de vue phy- siologique, ne pourrait se faire qu'avec des quantités appré- ciables de ces substances, ce qui exigera un temps considé- rable. Il existe donc des alcaloïdes morbides. Ces alcalvides sont constants dans certaines maladies infee- tieuses. Br Ce Il semble qu’ils appartiennent en propre à la classe des maladies infectieuses. Je suis porté à croire qu’ils sont fournis par la désassimi- lation des agents infectieux, plutôt que par l'élaboration vi- cieuse de la matière par les cellules animales. Il est possible mais, non démontré, qu’ils aient des pro- priétés vénéneuses et que leur rétention produise des acci- dents toxiques au cours des maladies infectieuses. Leur connaissance peut n’être pas sans intérêt au point de vue de l'examen médico-légal du liquide urinaire. ÏI. ACTION DES RACINES SUPÉRIEURES DU NERF PHRÉNIQUE SUR LES CONTRACTIONS DU DIAPHRAGME, par MM. A. HÉNocQuE et ELox (1). Nous présentons à la Société un cobaye que nous avons -opéré le 30 juillet. Les racines supérieures du nerf phréni- -que ont été sectionnées, l’animal a pu survivre à cette opéra- tion ; aujourd’hui, 5 août, les incisions qui avaient été sutu- rées sont presque entièrement réunies, il reste encore un peu ‘de suppuration à leur partie inférieure. L'animal paraît assez bien portant, il mange facilement, marche, crie, fait des efforts, court. Les tracés respiratoires pris à diverses hau- teurs de la poitrine, n’offrent pas, à première vue, des diffé- rences bien notables avec l’état normal. Cependant la respi- ration est plus rapide et plus irrégulière, le tracé costo-abdo- minal montre surtout cette différence. L’animal reste en observation et sera présenté plus tard à la Société. Nous avons pratiqué deux nouvelles -expériences de sec- tion des racines supérieures du phrénique des deux côtés. Sur un lapin, nous avons retrouvé ce changement de rythme caractéristique. Après la première section de la racine droite, on remarque déjà un changement dans le rythme, et après la seconde section, les mouvements respiratoires sont très ralen- ts, mais la hauteur de l'inspiration est considérablement aug- mentée ; de 23 millimètres, elle monte à 15. Enfin, les tracés (1) Erratum. — Dans le numéro 29 des comptes rendus, p. 576, lignes 19 et 30, au lieu de : nerfs-éntercostaux, lire : muscles interscostaux. — 608 - - inscrits plus d'une heure après l'opération reproduisent les dentelures aiguës « en dents de requin» que nous avions ob- servées dans les expériences précédentes. Chez un jeune chat, nous avons, ce même jour, sectionné les racines cervicales supérieures des deux nerfs phréniques, et cette fois l’opération a été faite et les tracés ont été recueil- lis pendant l’anesthésie par l’éther aussitôt après la section. D'un côté, le tracé a été modifié, il était fort irrégulier, et, après la section de l’autre côté, la respiration a pris un rythme spécial, caractérisé par un ralentissement et la formation d’un plateau après l'inspiration et d’un plateau après l’expira- uion ; puis la hauteur de l'inspiration s’est exagérée, elle a augmenté de 3 millimètres à 8 millimètres, surtout du côté droit, moins du côté gauche. Enfin, une heure après l’opéra- #ion, l'animal étant de nouveau anesthésié, le tracé a défini- tivement pris le type suivant pour le côté droit : une inspi- ration assez rapide, légèrement inclinée, s’élevant à 6 milli- mètres, suivie d’un plateau un peu convexe auquel succède une expiration assez rapide formant une ligne un peu inclinée et concave, à laquelle succède un plateau concave. Les deux plateaux de séparation représentent quatre fois l’espace du temps employé pour l'inspiration et l’expira- tion. Ce tracé diffère de celui du lapin, mais iln’en montre pas moins le trouble profond apporté dans le rythme respiratoire par la section des racines supérieures du nerf phrénique. Enfin, ce tracé présente une analogie remarquable avec celui que M. Bert a figuré à la page 353 de ses Leçons sur la phy- siologie comparée de la respiration, fig. 83, n° 1; or, ce tracé avait été obtenu par l'excitation électrique de la racine supé- riéure du phrénique droit, chez un chien tüé par la section du bulbe. IT. EFFETS PRODUITS PAR LES SECTIONS LONGITUDINALES ET HÉ-— MILATÉRALES DE LA MOELLE SUR LES CONTRACTIONS DU DIA- PHRAGME. On sait depuis une expérience de Galien que chez un chien la section longitudinale médiane de la moelle dans toute l’é- ne — 609 tendue de la région cervicale n'arrête pas les mouvements de la respiration. ; Cette expérience a été souvent répétée par les expérimen- tateurs dans un but varié, mais nous ne connaissons que de très rares publications sur ce sujet, et au point de vue spécial ‘de l’action des nerfs phréniques. Nous croyons n’avoir à signaler que les expériences de M. Brown-Séquard, de M. Schiff et de M. Vulipian, sur les sections des cordons postérieurs et des cordons antéro-la- téraux de la moelle à la région supérieure de la moelle cervi- cale, expériences dont M. Vulpian résume les résultats va- riables dans l’article moelle épinière du Dictionnaire Eney- clopédique (page 540, tome VIIT), et enfin l'expérience publiée par M. Bert dans ses Leçons sur la respiration (p. 348). Dans nos expériences, nous avons principalement étudié l'influence des sections faites à la région cervicale moyenne et inférieure, c’est-à-dire de la Late méduilaire qui - de la troisiéme vertébre cervicales à la septième cervicale, quelquefois jusqu’à la deuxième dorsale; nous a sous une forme très résumée les résultats que nous avons obtenus. Ces expériences ont été faites sur 25 animaux, parmi lesquels 14 cobayes, 4 chiens, 4 chats, 3 lapins, et Deere être divisées en 4 séries. 10 Section longitudinale et médiane. — Celle-ci a été prati- quée chez ? cobayes ; chez 2 d’entreeux le diaphragme a con- tinué à se contracter, chez 5 où la section a été fate de la deuxième vertébre cervicale à la sixième, de la septième à la - troisième, de la deuxième 4 la septième, de la cinquième à la septième, de la quatrième à la sixième, les contractions du diaphragme se sont arrêtées plus on moins brusquement. Chez 3 chats, la section longitudinale pratiquée de la troi- sième à la sixième vertèbre cervicale ou de la troisiéme à la septième, n’a pas arrêté les contractions du diaphragme et a permis de poursuivre l'expérience. Chez 3 lapins. — 11 y a eu cessation des contractions dia- phragmatiques dans un fait de section longitudinale de la qua- trième vertèbre cervicale à la première vertébre dorsale. Dans — 610 — les deux autres faits le diaphragme a continué à se contracter après la section de la sixième vertébre cervicale à la deuxième dorsale, et de la troisième à la septième vertébre cervicale, de façon que les tracés respiratoires ont pu être recueillis. Chez 4 chiens, il y &æ eu suspension brusque des contrac- tions du diaphragme à la suite d’une incision étendue de la première à la septième vertèbre cervicale; maïs chez 3 autres chiens, chez lesquels la section portait sur toute l’étendue de la moelle cervicale, entre la cinquième et la sixième racine cervicale, et enfin entre la dexième et la cinquième vertèbre cervicale, le diaphragme a continué de se contracter. En résumé, dans dix expériences dont six chez le chien et le chat et quatre chez le lapin et le cobaye, la section longitu- dinale médiane de la moelle cervicale n’a pu empêcher les contractions du diaphragme, mais dans 7 expériences, dont 5 chez le cobaye, 1 chez le lapin, 1 chez le chien, la respi- ration a été profondément troublée, le diaphragme a cessé ra- pidement de se contracter. Remarques. — Ces expériences, dont nous ne pouvons faire ici ni la critique ni l’exposé complet, nous amènent! à conclure dans le sens classique, à savoir que la section longitud nale de la moelle cervicale peut être faite sans qu’il y ait arrêt de la respiration ni des contractions du diaphragme ; les exem- ples d’arrêt, observés surtout chez les cobayes, peuvent être expliqués par des complications opératoires, tellés que lhé- morrhagie, les tiraillements sur la moelle ; on sait même que la simple piqüre de la moelle peut suspendre la respiration, ainsi que l’a vu M. Brown-Séquard, nous avons nous-mêmes constaté la suspension des contractions du diaphragme au moment où aous traversions la moelle de part en part pour pratiquer la section longitudinaie de la moelle cervicale, alors que malgré cette section la respiration s’est rétablie ; la cessa- tion des contractions du diaphragme a été surtout observé chez les cobayes où les difficultés opératoires sont multiples lorsqu'il s’agit de sections longitudinales médianes ; ces causes . diverses de complications dont M. Brown-Séquard a signalé depuis bien longtemps l'importance, nous permettent de con- sidérer comme établie notre conclusion première. 611 — 2: Section longitudinale de la moelle cervicale. — Lorsque cette section est pratiquée en dehors de la ligne médiane, soit sur les cordons postérieurs, soit entre ces derniers et les cor- dons antéro-latéraux, le résultat est comparable à celui qu’on obtient en sectionnant les racines cervicales correspondantes, c'est ce que nous avons constaté chez un chat, la section longi- tudinale ayant été faite de la deuxième vertèbre cervicale à la septième, entre le sillon postérieur et le sillon collatéral pos- térieur droit, les contrartions du diaphragme ont cessé brus- quement dans la moitié droite du diaphragme, la moitié gau— che continuant à se contracter (le ventre avait été ouvert préalablement, de sorte que les contractions étaient observées directement). 3* Sections longitudinules médianes avec sections transversa- les hémi-latérales. — Ne voulant tenir compte que des résul- tats caractéristiques, nous résumerons ces éxpériences très brièvement. Dans toutes, l’incision longitudinale médiane avait été préalablement faite sur une grande étendue de la moelle cervicale. Chez un chat, la section latérale à gauche, entre la troi- sième et la quatrième racine cervicale, a produit l'arrêt des mouvements du diaphragme des deux côtés. Chez un second, une section latérale à gauche, au-dessus de la quatrième racine cer vicale, est suivi de suspension momen- tanée des mouvements du diaphragme des deux côtés ; les contractions reviennent au bout de huit minutes, pendant les- quelles la respiration est restée costale. On fait une seconde section latérale immédiatement au-dessous de la sixième ra- cine cervicale à gauche; il y a de nouveau arrêt du dia- phragme, qui bientôt se contracte de nouveau, et c’est la moi- tié gauche qui se contracte la première. Chez un troisième chat, des incisions latérales sont prali- quées successivement au-dessus de la troisième racine cer- vicale, au-dessous de la quatrième racine cervicale gauche, au-dessus de la sixième, au-dessous de la septième; les pre- mières ne sont pas tout à fait complètes, mais la dernière est. complète. Or, le diaphragme ne s’est arrêté qu'après la der- nière section, mais.des deux côtés à la fais. — 612 — Chez un lapin, l'incision médiane commençant à égale dis- tance de la sixième et de la septième racine cervicale à droite, s'étendant jusque près de la deuxième racine dorsale, une in- cision latérale est faite à droite, immédiatement au-dessous de la septième racine cervicale; la section longitudinale est assez bien supportée pour qu’on puisse prendre des tracés respiratoires, et lorsqu’à la suite de la section transversale on ouvre l’abdomen, on voit les deux moitiés du AAPATA DE se contracter. Chez un chien, nous pouvons, après et médiane de l’axis à la première dorsale et le ventre ayant été ouvert, pra- tiquer des incisions latérales à gauche, au niveau de la troi- sième, de la quatrième, de la cinquième et de la sixième ra- cine, avant d'observer un arrêt du diaphragme, qui nese pro- duit qu'après une section au niveau de la septième racine cervicale. Enfin, un cobaye nous a donné un résultat analogue à celui que M. Bert a observé sur le chien. (Leçons sur la respura- tion, page 348.) Il s’agit d’un cobaye chez lequel une incision longitudinale étant faite de la deuxième vertébre zervicale à la Rate vertèbre dorsale, une première incision latérale à droite, entre la troisième et la quatrième racine cervicale, n'arrête pas le diaphragme. Elle n’est pas tout à fait complète ; une seconde incision latérale, complète au-dessus de la septième racine cervicale à droite, arrête cette fois la moitié droite du dia- phragme, tandis que la moitié gauche se contracte encore. Remarques. — En étudiant ces résultats, nous trouvons que les effets des sections hémilatérales sont très variables : tan- tôt elles arrêtent les deux côtés du diaphragme, et cela pra-. tiquées à des hauteurs variables, mais plutôt si elles siègent de la quatrième à la septième racine qu’au-dessus. De plus, pour peu qu’elles soient incomplètes, on peut les multiplier sans arrêter les contractions du diaphragme. Quelquefois même, nous avons vu l’incision latérale exciter la contraction du diaphragme. Il nous semble donc que dans l'état actuel de nos connais- sences expérimentales, il n’est pas possible de délimiter avec 2 Ge certitude l’origine médullaire des phréniques par les résultats de sections hémilatérales. 4: Sectiors complexes et lésions par attrition des parties postérieures de la moelle. — Nous n'’insisterons pas sur les phénomènes observés par nous dans ces cas complexes, car nous exposerons à part les phénomènes convulsifs qui accom- _pagnent ces lésions dans lesquelles la section a porté acciden- tellement sur les cordons postérieurs. On a détruit une portion de la partie moyenne de la moelle et des cordons antéro-iaté- raux ; les phénomènes sont alors trop complexes pour qu’on ne puisse établir des conclusions applicables à notre sujet d'étu- des. Cependant, nous noterons les particularités suivantes Chez un cobaye, la mise à nu de la moelle détermine l'attn- tion du cordon postérieur droit de la deuxième cervicale à la sixième, mais plus profondément vers la cinquième vertébre cervicale. Il y a une attrition très légère du cordon postérieur droit ; le diaphragme s'arrête aussitôt du côté gauche d’abord, puis totalement en l’espace de quinze minutes. Chez un autre cobaye où la ponction de la moelle à la partie médiane, entre la troisième et quatrième racine cervicale, détermine une suspension momentanée des contractions dia- phragme ; le cordon supérieur gauche est atteint de la qua-. trième à Ja cinquième vertèbre cervicale, le droit légèrement, et le diaphragme cesse de se contracter des deux côtés. La mort.est complète en quatre minutes. | Remarques. — Nous citons ces exemples, parce qu’ils prou- vent d’une part que des lésions relativement légères peuvent être suivies de la suspension ou de la cessation des contrac- tions du diaphragme, celle-ci se produisant plus ou moins ra- pidement, non pas de façon à représenter un phénomène d’inhi- bition, mais plutôt comme des phénomènes asphyxiques dus à la section des racines ou des conducteurs nerveux, et peut- être aussi à la compression de ces conducteurs. D'autre part, ces expériences, rapprochées des précédentes, prouvent qu’il suffit d’une très petile quantité de conducteurs pour transmettre de la moelle ou du cerveau aux racines et aux extrémités nerveuses des phréniques l'excitation néces- saire aux contractions du diaphragme. Ces faits sont confor- — O14 — mes à la loi que M. le professeur Brown-Séquard a établie et maintes fois démontrée. | À ce point de vue, une dernière expérience faite sur un chien nous parait devoir être résumée. Une première incision longitudinale est pratiquée à partir de la partie médiane du milieu de l’espace qui sépare la troi- sième racine cervicale de la quatrième; elle incline -oblique- ment à gauche pour se terminer au sillon collatéral posté- rieur, à distance égale entre la quatrième et la cinquième ra- cine gauche; elle sectionne le cordon postérieur droit, et dans sa moitié inférieure, elle traverse AOAUSRET toute la masse antéro-latérale gauche. Une première section est faite à droite ; elle ne coupe que le cordon postérieur et les deux tiers de la masse médullaire sous-jacente. Une seconde section est pratiquée entre la qua- trième et la cinquième racine cervicale gauche. Elle est pres- que complète ; elle ne laisse qu’un pont formé par moins du quart du cordon antérieur. J1 ne reste donc de la moelle qu’une petite partie du cordon antéro-latéral à droite. Or, non seulement la moitié du dia- phragme du côté droit continue à se contracter, mais celle du côté gauche se contracte plus activement q'au moment de l’ou- verture de l’abdomen. III. — EPiLePSiE SPINALE PRODUITE PAR DES LÉSIONS DE LA MOËLLE CERVICALE Dans le cours de nos expériences sur les sections de la moelle épinière cervicale, nous avons observé cinq fois des attaques d'épilepsie spinale, nous croyons que ces faits sont d'autant plus intéressants à publier que jusqu’à présent, à notre Connaissance, On n ’avait pas signalé d’épi- lepsie spinale produite par des lésions des parties de la moelle cervicale sur lesquelles nous avons opéré. (a). — Chez un cobaye, une section longitudinale incomplète avait atteint une partie du cordon postérieur gauche entre la six'ème et la septième vertèbre cervicale et une partie plus grande du cordon droit. Il y eut état syncopal, arrèt de la respiration, puis, après un choc électrique, la respiration et — 615 — la circulation se sont rétablies. L'animal, revenu à lui, a pré- senté, non seulement une attaque d’épilepsie du côté droit, mais une série d’attaques et un véritable « état de mal» pen— dant une dizaine de minutes. L'animal a survéeu sept jours mais n’a plus présenté d'attaques, il était extrêmement hypé- resthésié, mais les excitations de pincement n ’amenaient que des tremblements sans attaque réelle. (b).— Chez un cobaye, la moelle, mise à nu entre la cin- quième et la septième vertèbre cervicale, fut atteinte par les ciseaux de façon que le cordon postérieur gauche fut déchiré dans une étendue correspondant à la sixième vertèbre cervi- cale et la moelle fut atteinte dansun tiers de son épaisseur au-dessous du cordon. Dix minutes après l'opération, qui fut suivie d’une suspension momentanée de la respiration, par le pincement dela zone épileptogène gauche,nous déterminons une attaque d’épilepsie à gauche. Par un nouveau pincement, de nouveau, nous obtenons une série de convulsions épileptifor- mes à gauche, puis enfin à droite; l’animal est mort une heure et demie après l'opération. (ce). — Sur un cobaye, la moelle, mise à nu, au niveau de la cinquième et de la sixième vertèbre verticale,est déchirée par les ciseaux, la lésion porte sur le cordon postérieur droit et sur la partie voisine du cordon latéral. On constate de l’anes- thésie du membre postérieur gauche, de l’hyperesthésié dans le membre postérieur droit, de l’hypertermie dans le mem- bre postérieur droit que dans le gauche. Le pincement de la zone épileptogène ne donne qu’une sensation de douleur, mais quinze minutes après l'opération, une attaque d’épilepsie à droite se produit spontanément ; des attaques nouvelles se con- tinuent à certains intervalles, « l’état de mal » dure environ une heure; l’animal est mort neuf heures après l’opération. (a). — Chez un cobaye dont la moelle avait été mise à nu pour être sectionnée longitudinalement; l'opération amena une lésion étendue de la sixième vertébre verticale à la moitié de la quatrième et s'étendant obliquement à iravers le cordon postérieur droit qui est entièrement arraché à ce niveau. Dix minutes plus tard il y a une attaque d'épilepsie spontanée sui- vie d’un état de mal persistant. Et cinq heures après l’opéra- — 616 — tion il y a encore des attaques d’épilepsie plus prononcées à gauche mais existant à droite, la patte postérieure droite est hyperesthésiée. D'ailleurs, l’animal est hypéresthésié au point de rappeler l’état de strychnisme; le bruit,les moindres, attou- chements, détermineraient des tremblements, des cris, des grincements qui se produisent d’ailleurs spontanément. L'ani- mal est mort quatre jours SRE d’une méningite ra- chidienne (e). — Ur Jeune chat, âgé de six semainesenyiron, nous a présenté un autre exemple d’épilepsie spinale. Une incision longitudinale avait été pratiquée de la deuxié- me cervicale à la septième cervicale, puisune incision laté— rale à gauche fut faite au-dessus de la troisième racine cer- vicale. Cette incision n’était pas tout à fait complète, elle Jaissait une petite partie du cordon antério-latéral : l'animal, qui avait présenté après la section médiane des mouvements rythmés dans la partie postérieure gauche et la queue,présente une véritable attaque d’épilepsie à gauche, avec perte de connaissance, Dans l’attaque, le mémbre postérieur gauche présente une série de secousses rhythmées rapidement, la griffe se rapproche de la régicn latérale du tronc comme pour les gratter, la patte antérieure gauche se lève vers l'oreille, la tête est inclinée vers la patte, et subit des soubresauts he més, la bouche est écumante, l'animal mord la patte anté- rieure à chaque secousse convulsive, les yeux sont hagards, tournés en haut et à gauche. L'animal est couché sur le côté gauche; il a perdu connaissance, il semble insensible, puis . les convulsions diminuent graduellement d'intensité, l'animal se lèche la patte antérieure rapidement, comme convulsive- ment, et enfin lPattaque cesse pour se reproduire encore une- fois spontanément. Ces attaques ont duré environ dix minutes en total. Nous n’avons pas à ajouter de longues réflexions à cet ex- posé de faits, mais nous ferons remarquer que nos cobayes ne provenaient pas de parents présentant l’épilepsie par suite d'opération ou d’hérédité, ils avaient été achetés chez un mar- chand et étaient vigoureux et en bonne santé. Le chat n’avait pas présenté de signes d’épilepsie avant l’opération. » Te - 617 — EXPÉRIENCES ET RECHERCHES NOUVELLES SUR LES TACHES BLEUËS, par M. Ducuer, professeur agrégé à la Faculté, médecin de l'hôpital Lariboïsière. Dans un mémoire intéressant publié par les Annales de Dermatologie et de Syphilographie (1877-1878),et intitulé : Nou- velles recherches sur les taches ombrees, un chirurgien de ma- rine, M. J. Moursou, démontrait que les taches ombrées coïn- cident toujours avec la présence des poux du pubis ou de leurs œufs ; mais il reconnaissait en même temps que l’on peut ren- contrer et que l’on rencontre en effet des poux du pubis ou leurs œufs sans taches bleues. Il ne poussa pas plus loin ses recherches. Incontestablement, M. J. Moursou. admet, pour produire les taches bleues,une action particulière du phthirius inguina- lis sur la peau, mais il ne cherche pas quelle est cette action et il ne la définit point. Intrigué depuis longtemps par la singularité clinique de ces taches, je lus avec intérêt le travail du jeune chirurgien de marine, et je me livrai aux mêmes recherches. J’arrivai bien vite aux mêmes conclusions. Poussant alors plus loin mes in- vestigations, j’entrepris dereproduire ces laches artificiellément, et j'y arrivai. Voici comment : « Frappé de cette coïncidence constante », disais-je à la Société de Biologie lors de ma première communication, le 17 avril 1882, « j’eus la pensée que le phthirius devait intro- » duire dans le derme quelque chose de comparable à un » venin, et que, si je parvenais à introduire moi-même ve- » nin, je produirais les taches bleues à volonté, à moins de tomber sur des sujets réfractaires. » L'idée me vint, idée bizarre, j'en conviens, de tenter » l’inoculation ou mieux l'insertion de cette substance, de ce .» venin, sous l’épiderme, à la manière du vaccin ; mais com- » ment me procurer ce venin ? » Inutile de rappeler mes expériences d’alors, consistant à broyer un ou plusieurs des insectes en question, pour en in- sérer la pâte ainsi obtenue sous l’épiderme. J'obtenais, au bout de quelques heures, autour des piqüres faites avec une Gie a lancette à vaccin chargée de cette pâte, des taches bleues absolument identiques à celles observées jusque-là exclusive- -ment en clinique. Ces expériences me mettaient en droit de conclure que le phthirius inguinalis renferme un principe doué du pouvoir colorant. Restait à savoir dans quelle partie du corps, dans : quel organe résidait ce principe. Je fis déjà à cette époque quelques recherches pour élucider cette question; j’obtins souvent des résultats contradictoires. Un fait cependant me parut acquis, c’est que la tête isolée ne possède pas le pouvoir colorant, tandis que ce pouvoir semble constamment résider dans le corps. Je me réservai alors de soumettre plus tard à de nouvelles études ce point encore entouré d’obscurités. Depuis plusieurs mois, avec un de mes élèves à l'hôpital Lariboisière M. Mallet, j'ai repris mes anciennes expériences ; j'ai cherché à préciser avec lui le point exact, l'organe doué du pouvoir colorant chez le phthirius inguinalis,et je crois pou- voir affirmer que nous y sommes parvenus. Voici comment nous avons procédé : À Le 12 mai dernier, prenant un phthirius inguinalis, je lui arrachai la tête, rien que la tête, à l’aide d’une pince très fine ; j'insérai cette tête sous l’épiderme à la partie antérieure de l’avant-bras de M. Mallet ; j'insérai ensuite un peu plus bas le corps même de l’insecte. Le lendemain, autour du point d'insertion du corps, tache bleue des plus nettes. J'avais donc, en arrachant la tête, laissé le pouvoir colorant dans le corps même du phthirius. Le même jour, prenant un autre phthirius inguinalis,j’arra- chai encore la tête avec la même pince, mais cet arrachement entraîna avec la tête une petite masse qui lui resta comme appendue, petite masse extraite évidemment du haut du corps de l’insecte. J'insérai à la face antérieure de l’avant-bras de M. Mallet la tête d’abord, puis un peu au-dessous le corps du phthirius. Le lendemain nous observions, autour du point d'insertion de la tête, une belle tache bleue, mais,autour du point d'insertion du corps, rien. — 619 — J'avais donc cette fois enlevé avec la tête le pouvoir. colorant du phthirius, tandis que le corps sn restait dé pourvu. Après avoir procédé par arrachement, l'idée nous vint de laïsser les organes en place;,et de recommencer nos expériences en procédant par sections afin de mieux trouver. l'endroit précis doué du pouvoir colorant. Un premier phthirius fut sectionné à l’aide d’une lame de lancette, transversalement, immédiatement au-dessous de ‘la troisième paire de pattes ; les deux segments obtenus furent . insérés sous l’épiderme, à la face antérieure de la poitrine d’un malade, à quelques centimètres l’un da l'autre. Le len— demain, tache bleue autour du point d'insertion du segment céphalique, rien autour du point d'insertion du segment pos- térieur. Le pouvoir colorant avait donc suivi le segment antérieur. Un second phthirius fut sectionné transverselement ensuite entre la deuxième et la troisième paire de pattes. Chacun des deux segments fut inséré séparément sous l’épidermé thora- cique du même malade. Le lendemain, éache bleue autour du segment antérieur, rien autour du segment postérieur. Le pouvoir colorant a donc cette. fois encore suivi le segment antériéur FApeURS de l'épaisseur de la dernière paire de pates. Sur un troisième D bbuius fut pratiquée une double section transversale ; une première exactement semblable à la pré- . cédente, et une deuxième, portant strictement entre la pre- mière et la deuxième paire de pattes. On obtint ainsi trois tronçons comprenant,le premier,la tête avec la première paire de pattes; le second, la partie du corps qui répond à la. deuxième paire de pattes ; et le troisième tout le reste du corps avec la dernière paire de pattes. Chacun de ces tronçons fut inséré séparément, à quelque distance l’un de l’autre, à la partie-antérieure du thorax du même sujet. Le lendemain, tache bleue autour du point d'insertion du tronçon moyen, résultat complètement négatif autour des deux autres tronçons. C. r. 1882 31 — 620 Le pouvoir colorant réside donc uniquement dans le corps du phthirius, dans un point précis indiqué par le niveau de la deuxième paire de pattes. N'ayant point de connaissances spéciales en entomologie, et sachant cependant de quel secours pouvaient nous être les données anatomiques du phthirius, pour achever d’élucider la question, nous fûmes mis à même, grâce aux indications de nos obligeants collègues, MM. Mégnin et Künckel, de con- sulter le travail consciencieusement fait de Landois, sur l’Anatomie du phthirius inguinalis. Landois, dans ce travail, publié en 1864 par la Revue des connaissances zoologiques de Siebold et Kælliker, dit qu’il existe chez le phthirius « deux » paires de glandes salivaires situées dans la partie supérieure » de l’espace thoracique, près de l'estomac. L'une de ces » paires de glandes est en forme de haricot, l’autre en forme » de fer à cheval. Leurs canaux excréteurs se dirigent en » haut sur les côtés de l’æsophage,à travers le cou de Panimal, » et s'ouvrent dans la cavité buccale. » Simaintevant nous comparons cette description avec les don- nées expérimentales que nous avons obtenues, lesquelles nous permettent d'affirmer, de la façon la plus positive, que le pouvoir colorant du phthirius réside dans le corps au voisinage de la deuxième paire de pattes, ne sommes-nous pas fondés à croire que les organes d’où émane ce pouvoir colorant sont les glandes salivaires de l'insecte? On ne voit pas en eifet dans cette région, quel autre point, quel autre organe pour— rait renfermer le principe de ce pouvoir colorant, cette sorte de venin, comme nous Roue dans notre première commu- nication. S’il en est ainsi, on comprend que l’arrachement de la tête puisse entraîner, comme dans notre deuxième expérience, les glandes salivaires qui y sont rattachées par leurs. can .ux excréteurs, et avec elles le pouvoir colorant de l’insecte, ou encore, comme dans-la première expérience, que ces canaux puissent se rompre, laisser les glandes dans le corps de l’in- secte, et avec elle son pouvoir colorant ; résultats variés aue le professeur Laboulbène, dans une conversation particulière, nous avait fait pressentir. — 621 — On comprend enfin que dans les sections transversales qui laissent les différentés parties du corps de l’insecte en place, on trouve le pouvoir colorant avec le segment qui renferme l'organe où il réside, à savoir le segment moyen, celui qui correspond à la deuxième paire de pattes, et qui seul possède les glandes salivaires du phthirius. Toutes ces recherches ei ces expériences sont relatées dans la thèse inaugurale que M. Mallet vient de soutenir devant la Faculté, et que je dépose en son nom sur le bureau de la Société. Or y trouve encore une série de détails que nous avons étudiés en commun, mais que le temps ne me permet pas de donner ici. L’un des plus importants, cependant,a trait à une nouvelle étude micrographique des taches bleues qui a son importance. Un de mes malades, couvert de taches bleues, ayant suc- ccmbé à une fièvre typhoïde ataxo-adynamique,j'ai circonscrit avec soin avant sa mort un grand nombre de taches bleues. À l’autopsie, ces taches se reconnaissaient à une faible teinte rosée ; mais, au microscope, il a été impossible à mon interne, M. Duplaix, et à mon ami,le Dr Damaschino, de trouver la plus petite modification de l’épiderme on du derme, et cela sur plus de cent coupes pratiquées dans tous les sens. Ce résul- tat négatif a une importance qu'il suffit d'indiquer. Je signalerai encore dans la thèse de M. Mallet un chapitre des plus curieux cencernant l’histoire des taches bleues, avec toutes leurs vicissitudes, depuis l’époque où l’on a commencé à s’en occuper, vers 1776, jusqu’à nos jours. J'ajouterai pour terminer que malgré ces travaux, malgré ces faits incontestablement acquis, tout n’est pas dit en ce qui concerne l’histoire des taches bleues et du phthirius in- guinalis. C’est ainsi qu'il reste à savoir: 1o Si le pouvoir colorant appartient exclusivement au mâle ou à la femelle, distinction peu probable pourtant, si le pouvoir colorant réside bien uniquement dans les glandes salivaires qui sont communes au mâle et à la femelle. 1° S'il n'existe pas plusieurs espèces de phthirius ingui- nalis, l’une douée du pouvoir colorant et l’autre non;’car il — 622. m'est arrivé dernièrement d'obtenir, sur M. Mallet lui-même, très sensible pourtant jusque-là au pouvoir colorant du phthirius, desrésultats absolument négatifs, avec des insectes provenant d’un de mes malades couvert de pediculi pubis, mais dépourvu absolument de taches bleues. Cependant nous ne croyons pas qu’on ait établi jusqu'ici plusieurs espèces dans cette catégorie d'insectes. 30 Enfin, ce qui est plus probable, et surtout plus conforme aux données de la clinique, si le pouvoir colorant du phthirius ne serait pas plus actif à certaines époques de l’année ? Depuis plusieurs années, en effet, j’ai remarqué que les taches bleues sont surtout abondantes dans les mois de février, mars et avril, tandis que dans les autres mois j’observe beaucoup plus de pediculi pubis sans taches bleues. Ce sont là des points bien secondaires, j’eu conviens, mais je tenais pourtant à les soulever devant la Société. SUR LA DÉTERMINATION QUANTITATIVE DE L’ACIDE PHOSPHO-GLY- CÉRIQUE DANS L’URINE, À L'ÉTAT PHYSIOLOGIQUE ET DANS DIVER- SES CONDITIONS ANOMALES, NOTAMMENT DANS LE CAS D& FOIE oras, par MM. R. Lérine ET EyMonner. Ronalds a signalé la présence dans lurine de phosphore non à l’état de phosphate (1) ; mais il reconnait lui-même que sa méthode ne mérite pas grande confiance. — Tout récem- ment, M. Sotnischewsky, élève du professeur Hoppe-Seyler, sous la direction de ce savant chimiste, a constaté dans 10 litres d'urine humaine l’existence de l'acide phospho-glycé- rique (2); mais il n’en 2 pas fait la déterminatien quantitative. (1) Philosophical transactions pour l'année 1846, p. 463. Ce fait est in- diqué dans une courte note presque exclusivement consacrée au soufre « qui n'est pas à l'état d'acide sulfurique ». (2) Zeitschrift für phys. Chemie IV, p. 215. Voici comment il a opéré : l'urine,rendue alcaline par un lait de chaux,est additionnée de chlorure de cal- cium pour séparer l'acide phosphoriquo; le liquide, filtré, est concentré au bain-marie; le résidu traité par l'alcool; après filtration, la partie insoluble dans l'alcool dissoute dans ün peu d'eau, et cette solution, afin enlever les dernières traces d'acide phosphorique à l’état de phosphate, traitée par la mixture magnésienne, après quelque temps on filtra et le liquidé soumis a — 623 — Nous avons procédé d’une manière différente afin de pouvoir, dans une petite quantité d’urine (200 cc), doser à la fois l’a- cide phosphorique à l’état de phosphate et l’acide phospho- glycérique. $ I. — MÉTHODE DE DOSAGE Si dans une urine on précipite complètement l’acide phos— phorique par la mixture magnésienne et si, après 24 heures le précipité de phosphate ammoniaco-magnésien est séparé par filtration, le liquide filtré évaporé à siccité et le résidu cal- ciné avec du nitrate de potasse, on obtient une masse saline dans laquelle l’acide phospho-glycérique est à l’état de phos- phate et qui, dissoute dans l’eau acidulée par l'acide azotique, concentrée à un petit volume et versée dans un excès desolu- _tion de molybdate d’ammoniaque, donne un précipité de phos- pho-molybdate d'ammoniaque. Après 12 heures de reposdans une étuve chauffée à 409 c., la précipitation de l’acide phosphorique étant complète, on peut le peser à l’état de phospho-molÿybdate d’ammoniaque. Pour cela le précipité est recueilli sur un double filtre taré, puis ensuite lavé avec environ 150 c.c. d’eau aiguisée par 1710 d’a- cide nitrique. On dessèche alors à 100: jusqu’à ce que les fil- tres commencent à prendre une légère teinte bleue. | La différence de poids des deux filtres donne celui du pré- cipité et le chiffre obtenu, multiplié par 0,05573, celui de l’a- cide phospho-glycérique (1). l’action de SO‘H2 à l'ébullition qui dédouble l'acide phospho-glycérique en solution. Après refroidissement on ajoute de nouveau de la mixture magné- sienne et après deux jours de repos on trouve des cristaux de phosphate am- moniaco-magnésien. Dans lo liquide &itré on démontre d'autre part la pré- sence de la glycérine de la manière suivante : lo liquide est évaporé au bain- marie; le résidu traité par l’aleool, l'extrait alcoolique soumis à la distillation sèche avec du bisulfate de potasse; on constate l'existence de l’acroléine par l'odeur caractéristique et par sa réaction sur le nitrate d'argent. De plus, en chaulfant l'extrait alcoolique sur une lame de platine avec du borax on a une flamme verte. (1) La liqueur de molÿbdats d'ammonieque est obtenue en dissolvant : mo- lybdate d'ammoniaque 100 gr. dans ammoniaque 400 c.c. Verser par petites portions pour éviter l'échauffement, dans acide azotique 1 litre. Ajouter eau ne Comme preuve de l’exactitude rigoureuse de nos chiffres, dans deux essais, après avoir pesé le précipité de phospho- molybdate d'ammoniaque sur son filtre, nous avons traité cette substance par l'ammoniaque, puis la solution, par la mixture magnésienne. Eh bien, la pesée du pyrophosphate de magnésie nous a fourni un chiffre d'acide phosphorique iden- tique avec celui de la précédente pesée. _ On trouve la même quantité de cet acide phosphorique pro- duit aux dépens de l’acide phospho-glycérique si, au lieu de précipiter l'acide phosphorique à l’état de phoSphate, par la mixture magnésienne, on traite tout d’abord l’urine par l’eau de baryte. Si l'urine est évaporée, puis calcinée avec du nitrate de po- tasse, le résidu dissout, ramené au volume primitif et traité par la mixture magnésienne, on ne trouve plus dans le li- quide filtré trace d'acide phosphorique précipitable par le mo- lybdate d'ammoniaque, Nous dirons enfin que nous avons fait plusieurs autres expériences de contrôle, mais d'intérêt purement chimique, et que pour cette raison nous ne relatons pas ici. & IT. — RÉSULTATS Nos dosages d’acide phospho-glycérique ont été poursui- vis pendant tout le cours de cette année, tant sur l’homme que sur le chien; leur nombre dépasse aujourd’hui cinquante.Voici, très sommairement,quelques-uns des résultats obtenus : Naïiurellement, vu l’état variable de concentration de l’u- rine et d’autres conditions, les chiffres absolus, par litre d'u- rine, d'acide phospho-glycérique, varient notablement. En gé- néral, chez l’homme, on en trouve environ un centigramme et demi à l’état normal. Si, ce qui vaut beaucoup mieux, ou rapporte le chiffre obtenu et celui de l’azote total de l'urine, on observe que, ce dernier étant représenté par 100, celui de distillée pour obtenir 2.500 c.c. de liqueur. l'iltrer après quelques jours de repos. Voir d'ailleurs la thèse de M. Dufour faite dans notre laboratoirede clinique « sur-le composition du tissu osseux », Lyon 1882. 2 — 625 — l'acide phospho-glycérique oscillera entre 0,15 et 0,3. Chez le ‘chien les chiffres, soit absolus, soit rappôrtés à l'azote, sont sensiblement plus élevés. Chez l’homme, l’anomalie la plus considérable que nous ayons jusqu'ici notée a été trouvée dans le cas de foie gras chez des phthisiques ; quatre fois nous avons obtenu des chif- fres (lazote étant supposé — 100) variant entre 1 et 1,8, c’est-à-dire de beaucoup plus élevés qu’à l’état normal. Chez les phthisiques non affectés de foie gras, le rapport à azote nous à paru normal. Ce fait est intéressant, MM. Dastre et Morat, ayant, il y a quelques années,annoncé à la Soctété de Biologie qu'ils avaient constaté, par l’examen au microscope polarisant, la présence de lécithine dans la dégénérescence du foie (1), fait que nous avons d’ailleurs vérifié par l'analyse chimique. Dans le cas où nous avons obtenu dens l'urine le chiffre sus-indiqué de 1,8, le dosage des parties du foie les plus graisseuses nous a fourni le chiffre énorme de 3 de lécithine pour 100 de foie frais! CONTRACTURE HYSTÉRIQUE GUÉRIE PAR DES APPLICATIONS MÉTALLI- QUES, par M, CHANTEMESSE. Jai l'honneur de soumettre à la Société l'observation sui- vante, relative à une jeune fille atteinte de contracture hysté- rique qui persistait depuis neuf mois et qui a été guérie par des applications métalliques, suivant la méthode de M. Burq. Issue de parents névropathes, cette jeune fille avait eu elle- même, depuis l’âge de dix ans, des migraines qui survenaient chaque mois pendant plusieurs jours ; au moment où se mon- tra la contracture, la malade avait alors quinze ans, les mi- graines disparurent complètement. Au mois de novembre dernier, à la suite d’une plaie de la main gauche par un éclat de verre, brusquement s'établit une raideur des muscles de la main ; celle-ci prit la forme d’un cône dont le sommet était formé par l’extrémité des doigts. Cette contracture, qui s’ac- (1) Gaïetle Med: de Paris 1879, p. 213. poete compagnait de sensations pénibles, de tiraillements, résista à tous les moyens dirigés contre elle pendant de longs mois. Au commencement de juillet, la malade eutra dans le ser- vice de M. Fernet, à l’h‘pital Beaujon. On constata alors, dans tout le côté gauche, une hémi-anesthésie sensitivo-sen- sorielle complète avec contracture des muscles de la main, persistant depuis le mois de novembre. Le traitement d’abord employé consista dans l’électrisation faradique avec le pin- ceau, dans l’application d’un puissant aimant mis au contact du côté anesthésié, et enfin on eut recours à l’application de divers métaux or, argent, platine, zinc, cuivre, qui n’amenëé- rent dans l’anesthésie ou la contracture aucun changement. En dernier lieu, il y a huit jours, on enroula autour de l’avant-bras un bracelet composé d’armatures en acier; le lendemain, la contracture avait totalement disparu, mais l’a- nesthésie et l’amyosthénie du côté gauche étaient aussi in- tenses qu'auparavant. Depuis ce jour, malgré l’administration du fer à l’intérieur, les troubles de la sensibilité et de la mo- tilité ne se sont pas modifiés encore, la contracture n’existe pas, mais elle est en imminence et reparaît quarante heures après l'enlèvement du bracelet ; elle cède d’ailleurs facilement à une nouvelle application métallique. 1l est certain que la guérison complète ne pourra être espé- rée que lorsque le fer, pris à l’intérieur,aura totalement modi- fié l’état présent de la sensibilité de la motilité ; en tous.cas, il est un phénomène curieux à enregistrer, c’est l’élection du métal sur l'élément musculaire, la contraction qu’elle fait dis- paraître en laissant inaltéré l’état de la sensibilité générale et spéciale. Séance du 14 octobre 1882. Présidence de M. Grimaux. Deux NOUVEAUX HÉMOCIIROMOMÈTRES, par M. L. MaLAassEz La connaissance de la richesse du sang en hémoglobine est d’une telle importance en physiologie et en médecine, les pro- cédés colorimétriques sont si simples et relativement si exacts que je crois utile de présenier à la Société deux nouveaux hémochromomètres que j'ai fait construire il y a plusieurs mois, et qui me paraissent répondre aux divers besoins de la pratique courante. L’un d’eux est une transformation com- ‘plète de celui que j'avais imaginé en 1872 et présenté à la So- ciété de Biologie en 1876 (1); l’autre est une simple appropria- tion d’un colorimètre employé dans l’industrie, du colorimè- tre Duboscq modifié par Laurent. 1o Hémochromomètre Malassez transformé. Mon ancien hémochromomètre avait pour but, je le rap- pelle brièvement, de comparer une solution du sang à exa- miner, solution de titre et d'épaisseur déterminés, à une échelle colorimétrique formée par une cuve prismatique rem- plie d’une gelée picrocarminée. D’après le point de la euve qui reproduisait l'intensité de teinte de la solution sanguine, on jugeait du‘pouvoir colorant du sang examiné et par consé- quent de sa richesse en hémoglobine. Cet appareil présentait certains défauts, a pour la plupart à de simples détails de construction, avaient été fa- ciles à corriger en modifiant légérement l'appareil; maisil en _était un, et le”plus important de tous justement, que je n'ai pu faire disparaître qu’en changeant la base de l'appareil. Ce dé- (1) Société de Biologie, séance du 25 octobre 1876, voyez aussi : Académ'e des Sciences, séance du 6 août 1877 ct Archives de physiologie normale et pathologique 1877, p..let p. 634. Cr. 1820 32 Le GR faut consistait en des différences de teinte que l’on observait toujours entrè certaines parties du prisme étalon et les solu- tions sanguines correspondantes (1).Il est dû à une particularité que présentent la couleur du sang et celle du picrocarmi- nate. Ainsi que Radjewski et moi l’avons dit, on peut se pro- curer des solutions picrocarminées qui reproduisent à s’y méprendre des solutions sanguines. Mais, et c'est là le point important, si l’on fait varier proportionnellement les épais- seurs de deux.solutions sanguine et picrocarminée aussi, semblables que possible, les intensités de coloration resteront bien égales de part et d'autre, puisqu'elles sont proporuon- nelles aux épaisseurs; tandis que les qualités de coloration se mettront à différer de plus en plus : les solutions picrocar- minées devenant plus rouges que les sanguines quand l'é- paisseur diminue, plus jaunes quand celle-ci augmente. Il en résulte que les prismes colorès au picrocarminate ne peuvent reproduire exactement la couleur des solutions sanguines examinées que dans une assez courte étendue de leur hauteur; en decà et au delà, les qualités de coloration different de plus en plus; en sorte que si l’on est amené à faire des examens comparatifs dans ces régions, il faut faire abstraction de la qualité de ton pour ne s'occuper que de l'intensité, distinction qui n’est pas toujours facile, de là de vrandes incertitudes et parfois des erreurs très notables. Mais, puisqu'il est possible d'obtenir des solutions picro- carminées qui, vues sous des épaisseurs constantes, reprodui- sent exactement la teinte de solutions sanguines de ütre et d'épaisseur déterminés, on peut éviter le défaut que je viens d'indiquer en se servant de celles solutions comme étalons fixes (2); on fait alors varier l'épaisseur des solutions sanguines à exumimer, afin de les amener à reproduire la teinte étalon, (1) de ne parle hien entendu que des prisines qui ont été fabriqués avec soin, ot nullorient de certains qui ont été lancés dans lu commerce et étaient si al colorés qu'en aucun point de leur étendue, ils étaient capables de repro- duire Ja couleur d'une solution sansuine quelconque. mt (2) J'ai depuis T ans des prismes colorés, dont la couleur ne s'est pas sen- . Siblement altérée; je n'ai constaté dedifférences notables que dans ceux que : j'avais laissé tout ce temps exposés à la lumiëre du soleil. — 629 — et par l'épaisseur qu'il faut leur donner, on juge de leur richesse en matière colorante. Dans ces conditions, les qualités de coloration ne seront différentes que tant que les intensités le seront ; et du moment qu’il y aura égalité d'intensité, il y aura en même temps similitude dans la qualité. En sorte que les dissemblances qui se manifestent entre la couleur du sang et celle du picrocarminate, loin d’être nuisibles comme dans l’ancien appareil, con- courent au contraire à préciser le point où l'égalité se fait en- tre le sang et l’étalon. Or, c’est justement la disposition que j'ai adoptée pour mon nouvel hémochromomètre; et il m’a suffi pour celà, de renverser l'ancien, de mettre la solution san- guine à examiner dans le cuve prismatique, et la solution pi- crocarminée dans une petite cuve à faces parallèles et d’épais- seur constante comme était le réservoir du mélangeur. Jai profité aussi de ce changement pour rendre les appareils plus faciles à manier et plus solides que les anciens. À la place du large écran, devenu inutile, comme noùs le verrons, il y a seulement une petite plaque métallique rectan- gulaire. Elle s’ärticule sur un support vertical muni d’un pied, en sorte que l’on n’est pas obligé de tenir sans cesse l’appa- reilen main. Elle peut être maintenue verticale pour l’exa- men à la lumière transmise, ou inclinée en avant pour l’exa- men à la lumière réfléchie. Elle est, comme l’ancien écran, percée de deux orifices circulaires, derrière lesquels se trou- vent, à gauche, une petite cuve contenant la solution picrocar- minée étalon, à droite, la cuve prismatique destinée à rece- voirla solution sanguine. La cuve étalon est une petite cuve cylindrique formée par un anneau en verre de 5 millimètres d'épaisseur, sur chacune des faces duquel est collée une glace circulaire. Elle est mon- tée dans une chemise métallique qui, pressant contre ses deux faces, maintient les glaces solidement appliquées contre l’an- neau et les empêche de sedécoller Cette chemise entre à frot- tement doux dans une bague métallique adhérente à l'écran, ce qui permet de remplacer facilement la cuve s’il en est be- soin. La solution picrocarminée est faite avec de la glycérine pure étendue de 174 d’eau légèrement phéniquée et du picro-: — 630 — carminate parfaitement neutre. Sa teinte reproduit exacte- ment celle d’une solution au 100 de sang à 5 010 d’hémoglo- bine vue sous lamêmeépaisseur (5 millimètres); elle se conserve - parfaitement si elle a été faite avec du bon picrocarminate et sion la maintient habituellement à l’abri de la lumière, je m’en suis assuré expérimentalement (1). La cuve prismatique d'analyse a la même forme que l’an- cienne. Ses parois obliques sont inclinées de telle sorte l’une sur l’autre qu’elles s’écartent de 1 millimètre par centimètre, disposition qui facilite singulièrement la graduation. Ses parois latérales sont aussi rapprochées que possible, de façon à dimi- nuer la capacité de la cuve et par conséquent la quantité de solution et de sang nécessaires pour un examen. Elles sont métalliques ; réunies l’une à l’autre par des vis, elles pres- sent et maintiennent solidement entre elles les glaces qui for- ment les parois obliques, aussi n’y a-t:l plus à craindre de décollements. Sa base, dirigée en haut, est ouverte pour rece- voir les solutions ; elle se ferme à volonté à l’aide d’un cou- vercle. Cette cuve est enfin intimement fixée à un chariot que l’on fait monter ou descendre à l’aide d’un bouton placé sur le côté de l’appareil. La graduation n’est plus marquée sur l’un des côtés de la cuve, mais sur l’un des montants du chariot ; on peut la voir à travers une fenêtre rectangulaire que présente l’écran en haut et à droite, il n’est donc plus nécessaire de retourner l’ap- pareil pour faire la lecture. L’index ne consiste plus en une ai- guille, mais en un trait horizontal gravé sur l’un des côtés verticaux de l’orifice rectangulaire, côté qui est taillé en biseau à cet effet. Les chiffres correspondant aux degrés de l’échelle indiquent d'emblée, sans qu'il soit nécessaire de recourir à une table, le nombre de grammes d’hémoglobine contenue dans (1) Les sangs qui ont servi à fabriquer les solutions sanguines types ont été analysés avec la pompe à mercure par M. Gréhant ; puis on a déduit leur ri- chesse en hémoglobine en admettant que chaque gramme d’hémoglobine est -capable d’absorber 1,67 cent. cube d'oxygène à 0°, et à 0,:6 de pression, rap- port qui résulte .de récentes expériences de Hüfner et s'accorde avec les considérations théoriques de Preyer:et d'Hoppe-Seyler. On pourrait évidem- ment employer tout autre mode de dosage. — ob 100 cent. cub. du sang examiné; si la solution sanguine a été faite au 100’, cette graduation est facile à établir exactement; en effet, l’étalon colorimétrique représentant une solution au 100- de sang à 5 O0 d’hémoglobine vue sous une épaisseur de 5 millimètres, le degré 5 doit nécessairement se trouver au ni- veau du point où la cuve a 5 mill. d'épaisseur, c’est-à-dire à 5 centim. de son sommet en raison de la forme donnée à cette cuve. Puis, comme avec un étalon fixe les valeurs colorimé- _triques sont en raison inverse des épaisseurs, le degré 10 se trouvera à 2,5 cent. du sommet, le degré 20 à 1,25 cent., etc. Si le sang à examiner a été dilué, non plus au 100, mais au 200:, il faudrait doubler la valeur des degrés trouvés; tandis que pour les solutions au 50°, il faudrait en prendre la moitié seulement. L’examen péut se faire comme autrefois à la lumière trans- mise; la plaque écran est alors maintenue verticale et l’on place derrière les cuves une glace dépolie qui diffuse la lu- mière reçue. Mais il est plus commode de se servir de la lu- . mière réfléchie; l’appareilest alors incliné en avant, etla glace est remplacée par un miroir à surface dépolie qui réfléchit et diffuse la lumière tout à la fois, et qui, s’inclinant à volonté, la renvoie dans la direction des cuves. L'examen peut encore se faire simplement à l’œil nu; mais . on peut s’aider d’un petit appareil emprunté au colorimètre Duboscq et qu’on applique à la face antérieure de l’écran, _en avant des deux orifices centraux. Il se compose de deux prismes à double réflexion totale, d’un diaphragme très étroit et d’une loupe. Les deux prismes ont pour effet de met- tre en contact lesrayons colorés provenant de l’étalon et ceux provenant de la solution sanguine, rapprochement qui faci- lite singulièrement la comparaison. Le diaphragme, très - étroit, a l’avantage de ne laisser voir qu’une très petite éten- due de la hauteur de la cuve d’analyse, ce qui donne plus de précision aux observations. Enfin, grâce à la loupe; les ima- ges obtenues ont, malgré l’étroitesse du diaphragmeëune éten- due suffisante pour qu’uve bonne impression rétinienne ait lieu. Les mélangeurs destinés à préparer les solutions sanguines — 632 — ont également été modifiés dans leur forme et leur cubage. L'examen dessolutions, ne devant plus se faire dans le mélan- geur, il était inutile que celui-ci fût à glaces parrallèles; le bras- sage de la solution pouvant s’opérer au dehors, dans la cuve d'analyse ou dans un vase à part, il n'était plus nécessaire que le réservoir contint une boule agitatrice; en sorte que le mélangeur s’est trouvé réduit à une simple pipette, instrument de construction plus facile et de solidité plus grande. Enfin, avec les anciens cubages, il eût fallu, pour obtenir des solu- tions au 10Ù:, rejeter le liquide compris dans le tube de prise, sans quoi l’on aurait eu des solutions au 101: ; pour obvier à cet inconvénient, la partie graduée a un volume total égal à 100 au lieu de 101 comme autrefois. Puis l’on a donné au tube de. prise une capacité égale à 2, ce qui permet d'obtenir d’em- blée des solutions à 2 0j0 ou au 50: ; enfin le tube a été divisé en deux parties d’égal volume, et la moitié inférieure subdivi- sée également en deux, afin d’avoir comme avec les anciens appareils des solutions au 100: et au 20 ; les solutions au 50, au 100:: au 200: paraissent répondre aux divers besoins de la pratique. Eee hémochromomètre etle mélangeur sont contenus dans une boîte en gainerie qui ‘ne mesure que 15,5 centimètres de lang, sur 9 de large et 4,5 d'épaisseur. On y peut enfermer encore une lancette à pointe gardée pour faire les piqüres et obtenir du sang, et un petit vase en verre destiné à recevoir provisoire- ment les solutions sanguines. Les personnes qui possèdent déjà de mes anciens appareils pourront les faire transformer par le fabricant et jouir ainsi des principaux avantages des nouveaux. Une cuve étalon sera fixée à l’orifice où se placait le réservoir du mélangeur; et une cuve d'analyse sera mise sur le chariot à la place de l’an- cienne cuve étalon, mais son échelle colorimétrique sera gra- vée sur le côté pour être en rapport avec l'aiguille fixe indicatrice. Colorimètre Laurent modifié. Les colorimètres Duboscq et Laurent servent à comparer le pouvoir colorant de deux liquides d'après les épaisseurs qu'il — 633 — faut donner à chacun d’eux pour qu’ils aient même intensité de coloration. Ils se composent de deux cuves à fonds de glace qui sont éclairées de bas en haut au moyen d’un miroir placé au-dessous d'elles. On y verse les liquides à examiner, et on en fait varier l'épaisseur en y enfonçant des tubes fermés par des glaces et à travers lesquelles se fait la visée. Les rayons colorés, provenant de chacune des cuves, sont reçus par un appareil formé de deux prismes à double réflexion totale, d’un diaphragme et d’une lunette dans le colorimètre Duboscq, d’un simple oculaire dans celui de Laurent. Les tubes sont mis en mouvement au moyen d’un bouton muni d’un pignon denté et se dépiaçant sur une crémaillère; une échelle millimétrique indique les épaisseurs obtenues dans chaque cuve. Pour obte- nir l’égalité de teinte, on peut procéder de deux façons : Don- ner au liquide à examiner une épaisseur constante et faire varier celle du liquide étalon; ou bien, au contraire, donner au liquide étalon une épaisseur fixe et faire varier celle du liquide à examiner. Dans le premier cas, la valeur colori- métrique cherchée est, par rapport à celle de l’étalon, propor- tionnelle à celle de l’épaisseur qu’il a fallu donner à celui-ci pour obtenir l'égalité de teinte; dans le second cas, la valeur cherchée est, au contraire, en raison inverse de l’épaisseur donnée au liquide à examiner. MM. Jolyet et Laffont s'étaient déjà servi de cet appareil pour juger de la couleur du sang (1); mais comme ils dispo- saient, dans leurs expériences, de notables quantités de ce liquide et qu'ils n’avaient pas besoin de connaître les quan- tités absolues d’hémoglobine qui y étaient contenues, ils ne l'avaient pas ie. ils s'étaient contenté de placer dans l’une des cuves des verres ayant la couleur d’une solu- tion sanguine sans en déterminer la valeur hémoglobique. M. Lambling (?) a fait tout derniérement un pas de plus; il a réduit les cuves de l’appareil de façon à ce qu'on n'ait besoin que de 0,050 cent. cub. de sang, puis il a déterminé la valeur (1) JoLyer ET LAFFONT.— Recherches sur la quantité et la capacité -espi- ratoire du sang par la méthode colorimétrique. Soc. Docs 24 mars 1877. (2) LaMBLING. — Des procédés de dosage de l’hémoglobine. Nancy, 1882, — €31 — des verres colorés dont il se servait. Toutefois, son Dpnrei sernble être resté un appareil tout personnel, il ne paraît pas avoir cherché à en assurer la reproduction pour le publie, ce qui offre toujours des difficultés particulières. Or, c’est ce que j'avais fait avant que M. Lambling n'ait publié son très inté— ressant travail. . Puisque nous ne pouvons conserver les solutions de sang et d’hémoglobine et que les substances qui reproduisent le mieux cette couleur ne conservent leur qualité de coloration que si on n’en modifie pas les épaisseurs, il fallait évidemment se servir d’étalons colorés fixes dans l’emploi de ces colorimètres : il fallait par conséquent agir sur l’épaisseur des solutions san- guines à examiner. Je n’ai pas adopté, comme étalon, les verres colorés, quoiqu'ils aient le grand avantage d’être par- faitement fixes, parce que je n’ai pu en trouver dont la couleur m'ait satisfait complètement. J’en aurais trouvé, que peut-être y aurai-je renoncé encore, parce que je n’aurais pas été sûr que le fabricanr püt s’en procurer de semblables, et parce qu'il eût été difficile d'obtenir avec eux des étalons de valeur hémo- globique voulue, la même pour tous. J'ai préféré la glycérine picrocarminée à laquelle il est facile, avec un peu. de soin, de donner exactement la teinte d’une solution sanguine détermi— née et dont la fixité de couleur me paraît bien suffisante, je l’ai déjà dit précédemment ; aussi ai-je adopté ici le même éta- lon que pour mon hémochromomètre modifié. C’est, je le ré- pète, le fac-simile d’une solution au 100e de sang à 5 0j0 d’hé- moglobine, vue sous une épaisseur de 5 millim. Cet étalon est mis à la place de l’une des cuves s de l'appareil, devenue main- tenant inutile. La cuve restante a été très réduite dans les dimensions ; il suffit de moins de 1 cent. cube de solution sanguine pour la remplir, c’est-à-dire moins de 20 millim. cubes de sang, même pour une solution au cinquantième. Elle se termine en haut par une partie très évasée en forme de cuvette, afin de recevoir le trop plein de liquide quand on enfonce le tube. Celui-ci a été réduit en proportion, comme tout le reste de l'appareil ; l’échelle des- épaisseurs est toujours divisée en millimètres et en demi-millimètres, mais elle n’est plus aussi — 635 -— étendue, ce qui eût été inutile. Une disposition nouvelle permet de la régler, c’est une vis qui agit sur la position de l’index, en sorte que l’on peut toujours ramener celui-ci au O0 de l’é- chelle, ce qui doit avoir lieu quand le tube est complètement enfoncé dans la cuve. L’éclairage, au lieu d’être obtenu au moyen d’une glace dé- polie qui diffuse la lumière et d’un miroir qui la réfléchit dans la direction des cuves, est donnée par un miroir à surface dépolie qui diffuse et réfléchit la nee tout à la fois, ce qui est plus simple. : Les solutions sanguines peuvent être faites à laide du nou- veau mélangeur décrit plus haut. Connaissant d’une part la valeur de l’étalon en hémoglobine, d'autre part le titre et l'épaisseur de la solution sanguine qui a même teinte que lui, il est facile de calculer la richesse en hémoglobine du sang examiné sachant que les richesses sont en raison même des épaisseurs. Mais pour éviter ces calculs, une courbe et une table ont été dressées d'avance ; il suffit de se reporter à l’une ou à l’autre. - Ces deux appareils me paraissent aussi précis et aussi com- modes l’un que l’autre ; je ne saurais dire lequel des deux est préférable : c’est à la pratique de décider. Le premier est construit par M.Stiasse, successeur de M. Verickui; le second, par M. Laurent. Je renvoie pour plus de détails à un Mémoire en voie de publication dans les archives de physiologie nor- male et pathologique. | Nota. — Ces deux nouveaux hémochromomètres donnent des résultats concordants, mais qui différent un peu de ceux fournis par mon ancien appareil. Cette divergence tient à ce que, dans les dosages d’hémoglobine qui ont servi de base à la graduation de celui-ci, dosage fait par la méthode de la capacité respiratoire, il avait été admis que 1 gr. d’hémoglo- bine correspondait & 2,08 d'oxygène au lieu de 1,67, rapport admis pourles nouveaux appareils. Si donc on veut comparer les résultats des nouveaux à ceux des anciens, il faudra cor- riger ces derniers en les multipliant par le rapport 2081167 -ou par le chiffre 1,24. — 636 — Je dois aussi faire observer que c’est encore le sang de chien qui a servi à la graduation de ces nouveaux appareils, en sorte que les valeurs hémoglobiques qu’ils donnent se rapportent à l’hémoglobine de cet animal. Si donc, examinant un sang d'homme, on lui trouve une richesse de 14 0j0 d’hémoglobine, par exemple, cela ne veut pas dire que ce sang contient 14 (10 d'hémoglobine humaine, mais qu'il a la couleur d'u sang de chien normal contenant 14 O0 d’hémoglobine. PROCÉDÉ TRÈS SIMPLE POUR L'EXAMEN DES FONCTIONS DE L'ORGANE DE L'OUÏE, SURTOUT APPLICABLE AU CAS OU LE MÉDECIN DÉSIRE S'OBSERVER LUI-MÊME, par M. GELLÉ. Un tube de caoutchouc long de 50 centimètres est fixé her- métiquement par un bout à l’oreille à examiner, et reçoit par l’autre la tige du diapason normal de volume moyen (9 centi- métres de longueur). Cet ensemble est laissé pendu librement à l’oreille,ou bien il est soutenu légèrement par la main. 10 À l’état physiologique, si l’on pince légérementle tube de caoutchouc pendant que le diapason est en vibration, on s’a- perçoit que le son augmente d'intensité à chaque fois. On peut recommencer à volonté les pinçages ; et toujours avec la reproduction du forté. Que se passe-t-il ? L’air inclus dans le tube et dans le conduit se trouve chaque fois condensé ; et, de plus, la pression se transmet aussitôt à la membrane du tympan dont la tension s’exagère légère- ment. Or, on sait que, dans ces deux conditions, il y a accroisse- ment de la sensation, et par conséquent augmentation de la perception auditive. Si l’on obtient de la sorte ad libitum un son plus fort, c'est que l'organe obéit bien, que la cloison est mince, élastique et mobile, et que les nuances délicates d'intensité du son sont susceptibles d’être perçues. Dans les conditions anatomo-pathologiques opposées,le son du diapason passe affaibli, et les faibles variations de son in- — 037 — tensité que cause le pinçage du tube de caoutchouc ne sont pas senties. J'ai vu cette petite pression causer du vertige, du bourdon- nement, ou assourdir totalement certeins sujets dont la sen- sibilité labyrinthique maladive était ainsi sollicitée et rendue manifeste. _ 2o Une deuxième épreuve consiste à exécuter l'acte de - souffler par le nez pincé (épreuve dite de Valsalva).La péné- tration de l’air dans la caisse, on le sait, repousse le tympan au dehors, et le tend. Aussitôt, silence complet ; le'‘son du diapason est éteint, pour renaitre dès que la poussée est finie. Ceci peut être reproduit à volonté. On peut en conclure que - la trompe est facilement perméable, et l'appareil mobile et élastique jusqu’au tympan. Si rien n’est modifié dans le phénomène ausculté, c’est que la trompe est imperméable ou le tympan immobilisé ou raide. On voit que l'examen est aussi simple qu’il est concluant. 30 L'acte d'avaler, la déglutition simple ne modifie pas l’au- dition à l’état normal, quand les parties de l'oreille ont leur élasticité. Si, au contraire, il y à ramolissement du tympan, mobilité exagérée de l’organe, et absence de réaction élastique, l'acte de la déglutition, la trompe étant parfaitement per- méable, aspire la cloison, l’attire vivement en dedans,et le son cesse aussitôt qu'il a été perçu. Il faut une ou plusieurs déglutitions et quelquefois user de l'épreuve de Valsalva pour redresser l'organe déplacé et rendre l’ouïe. D’autres fois, c’est la douche d’air de Politzer qu’il faudra exécuter pour tout remettre en place, si la trompe est ré- trécie. 40 La déglutition exécutée avec effort, le nez tenu fermé, abaisse net le son, qui reparait dès que l’on cesse de pin- cer le nez, et que l’on exécute quelques mouvements de dé- glutition, toutes voies de l’air laissées libres.C’est ainsi à l’état normal. Mais, si l’on a les trompes bouchées, rien ne change à l’aus- — 638 — cultation. Si le tympan est ramolli, inerte et sans élasticité, . l'effet est remarquablement accru et durable, le redresse- ment du tympan, son retour à la ose d'équilibre n’ayant pas lieu. De ces observations naissent de autant de gnes diag- nostiques. * 5o Le pinçage du tube de caoutchouc, pendant que l’on dé- glutit le nez fermé, passe presque inaperçu. 6o Le bäillement éteint net le son du diapason, qui renaît _ aussitôt, si les organes sont sains (trompes perméables). 7o Les mouvements d’abaissement et de latéralité imprimés à la mâchoire inférieure, agissent sur la colonne d’air in- cluse dans le tube de caoutchouc en la condensant ou là dila- tant, mais ne modifient pas beaucoup l’audition du son du = pason. 8o Le bruit de la respiration nasale, de l'inspiration surtout, ne gêne én rien l’audition à l’état normal. Si l’ouie est tant soit peu abaiïssée, et s’il y a coryza, la respiration,rendue plus bruyante, peut diminuer l’audition (question d’intensité). 9o Le bruit de la voix, le parler à haute voix ne modifient pas l’audition dans cctte épreuve spéciale. se 100 Les respirations profondes et rapides, arrivant au point de refroidir la bouche, n’ont aucune action sur l’audition, si l'organe est sain: c’est un excellent moyen de décongestionner la tête et l'oreille. 11° L’effort de soulever un lourd poids, n'empêche nas nu dition du diapason, si l'oreille est saine. 120 Le pinçage du nez ne nuit pas à l’audition et ne l’aug- - mente pas. 13° L'adaptation du tube de caoutchouc à l’une des narines, l’autre tenue close, ne fournit aucune sensation sonore, si l’on a soin de boucher complètement les oreilles. | Il ne m’a pas paru que le son fût perçu alors, même dans les plus grands efforts de déglutition, les trompes étant très per- méables ; peut-être avec un diapason volumineux donnant un son plus intense, le résultat serait-il différent ? En résuümé, par un dispositif sinple, on peut examiner iso- lément le fonctionnement de chaque oreille. — (639 — _Ïl va sans dire que ce procédé est applicable et donnera des résultats seméiologiques analogues dans lobservation clinique. ÉLoce De M. Hiccainer, MEMBRE bi LA SociérE De BioLocir, ‘par M. DumonTPALLiER, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, Messieurs, Le titre de secrétaire général d’une société savante impose trop souvent, hélas ! laccomplissement d’un pénible devoir, celui de rendre un suprême hommage à ceux que la mort en- lève à la science et à l'estime affectueuse de leurs collègues. Ce devoir est plus pénible encore à remplir lorsque l’on 2 le sentiment que l’éloge de celui qui n’est plus eût pu être pro- noncé par une voix plus autorisée. Hillairet avait été élu membre de la Société de biologie en 1858, après avoir communiqué à notre Société les principales observations de son mémoire magisiral sur l’étude clinique des hémorrhagies cérébelleuses. Ce travail avait pour hase des documents personnels recueillis à l’hospice des Incurables. Il témoignait d’une grande sagacité de la part du clinicien, et fut un progrès dans le diagnostic des localisations des lésions de l’encéphale. Le temps, ce grand juge des œuvres de tous, _n’a fait que contirmer la valeur du mémoire de notre collégue. . Quelques années plus tard, Iillairet, continuant ses études. cliniques sur les maladies du système nerveux, donmaït à no- tre Société une observation sur le vertige par lésion de l’ap- pareil auditif. Cette note critique confirmait les observations cliniques de Ménière et les recherches de physiologie expéri- mentale de Signol et de Valpian. Mais bientôt le médecin de l'hôpital Saint-Louis devait étu- dier plus spécialement les maladies de la peau. Il ne tarda pas à acquérir une grande expérience pratique en dermatologie et, tout en rendant un juste hommage au chef d’une école cé- lébre, il sut rester éclectique. Dans ces dernières années, Hillairet avait consacré une grande partie du temps que lui laissaient ses nombreuses oc cupations à l’étude de la lèpre tuberculeuse et, voulant appor- Ce ». 18K2 33 — 610 — ter dans son enseignement libre les progres de l’histologie, il avait associé à ses recherches de jeunes travailleurs. Alors, en 1880, il! communiqua à la Societé de biologie, en collabora- tion avec le docteur Gaucher, une note sur le parasitisme de la lépre. 1l y a cinq mois, il avait commencé la publication d’un traité des maladies de la peau. C’est dire qu'Hillairet a travaillé jusqu’à la dernière heure. Sa vie a été bien remplie et la Socièté de biologie, dont il fut deux fois le vice-président, perd aujourd'hui un collègue éminent qui, par son travail cet son caractère, avait mérité l’estimce de tous. Séance du 21 octobre 1882. Présidence de M. Paul Bert REIN PRÉCURSEUR LES BATRACIENS, par M. MaTuias DuvaL, Je fais hommage à la Société d’un mémoire sur l’embryolo- gie de l’appareil génito-urinaire (1e' Mémoire : Sur le rein pré- curseur des Batraciens) dont voici la substance : Jusqu'à l'époque où apparaissent les bourgeons des mem- bres, les larves des grenouilles possèdent un appareil rénal placé dans la paroi du corps, innuédiatement en arrière de j'oreille interne : ce rein, dit cervieul bar quelques auteurs al- lemands, peut encore ètre dit rein précurseur jour le distinguer du corps de Woljj ou rein primitif dont il précède l’appari- tion. Ilest constitué par un tube décrivant de nonrbreuses cir- convolutions et communiquant avec la partie correspondante de la cavité du péritoine à l’aide de trois néphrostomes, ou ou- vertures infundibuliformes garnies de longs cils vibratiles. En face de ces néphrostomes est disposé, dans la cavité péritu- néale, un glomérule unique de chaque côté et relativement énorme: attaché de chaque côté du mésentère (ici méso-pha- rynx), ce glomérule est contenu dans une loge péritonéale, que des adhérences du poumon (en voie de formation) circons- — 641 -— crivent et isolent de la cavité générale de la séreusé ; cette loge péritonéale représente ici l’analogue de la cavité d’une capsule de Bowman du rein du mammifére adulte, nouvelle dis- position à rapprocher des diverses considérations que j’ai pré- cédemment présentées à la Société, relativement à l'appareil rénal considéré comme une formation dérivée de la séreuse péritonéale. SUR UN APPAREIL DESTINÉ A PRATIQUER LA RESPIRATION ARTIFICIELLE, par M. P. REGNarn L'appareil que j'ai l’honneur de présenter aujourd’hui à la Société est destiné à pratiquer la respiration artificelle dans les laboratoires. Les moyens qui sont à notre disposition aujourd’hui pour réaliser cette respiration sont très compliqués. Ou bien il faut tourner à la main la manivelle d’un souiffet, ce qui nécessite un aide uniquement occupé à cette opération, ou bien on se sert d'une machine à eau coûteuse et ne fonctionnant que sous une très forte pression d’eau. Il résulte de là que beaucoup de laboratoires, surtout en province, où la pression manque, sont complètement privés des moyens de faire facilement ia respi- ration artificielle, L’appareil que je présente à la Société fonctionne simple- ment avec un courant d’eau sans pression, il dépense fort peu et coûte si bon marché que chacun peut le fabriquer dans son laboratoire. Il se compose d’un vase conique À, fermé en haut par une plaque rodée, maistenue‘bien appliquée par une vis de pres- sion. Dans l’intérieur de ce vase plonge un tube de verre en communication par un caouchouc avec le robinet d’eau. Dans l'appareil se trouve un second tube B très large ayant la forme d’un siphon de vase de Tantale. Ce gros tube B traverse un bouchon de caoutchouc qui ferme en bas l’appareil A ; il abou- tit à un vase quelconque E, où l’eau se déversera tout à l’heure. La plaque supérieure est percée de deux trous. Dans l’un est luté un tube de verre C où se trouve une soupape de caout- — 642 — chouc, dans l’autre est enfoncé le tube D, muni d’une soupape inverse de la première. Voici comment fonctionne l’appareil : On ouvre le robinet d’eau. Celle-ci pénètre dans le vase À, elle le remplit etchasse | M A UL | 4 Di Con l'air par la soupape D et le tube F jusque dans le poumon de l’animal en expérience.Puis,dès que l’eau arrive à la crosse du tube B, le siphon de Tantale que constitue ce tube, s’amorce et, comme ce tube B est trois fois plus gros que le conduit de l’eau, le vase se vide très rapidement, bien que l’eau con- tinue à y entrer. — 643 — Cette évacuation produit une aspiration, fait pénétrer de l’air par la soupape C. Quand l’eau arrive en bas du tube B, le siphon se désa- morce. Immédiatement, le vase se met à se remplir de nouveau en produisant l’insufflation et cela se reproduit ainsi indéfiniment sans qu’on s’en occupe et avec une rapidité qui varie suivant la quantité dont on a ouvert le robinet d’eau. L'appareil peut encore servir à ventiler des aquariums d’eau de mer. Le modèle qui est placé sous les yeux de la Société et qui a 40 centimètres de haut fonctionne très bien sur les chats, les lapins, et les chiens jusqu’au poids de 10 kilogrammes. Il est évident qu’on pourrait en faire des plus grands en métal. Ils seraient fort commodes pour ramener les asphyxiés à la vie, puisqu'il n’y ayrait pas d'autre manœuvre à exécuter que d'ouvrir le robinet d’ean qui existe dans tous les postes de police et de secours. Discours PRONONCÉ par M. PauL Berr. Messieurs, Un des membres fondateurs de la Société de Biologie, M. Davaine, vient de mourir. Sa modestie n’a pas permis qu'un hommage mérité lui fût rendu sur sa tombe par les corps scientifiques auxquels il appsertenait. Mais je croirais avoir manqué à mon devoir si aucune trace de nos sentiments ne se retrouvait dans nos procès-verbaux. Pendant de iongues années, M. Davaine fut assidu à nos séances, et c'est devant notre Société qu'il apportait les faits - nombreux et intéressants qui lui ont permis de composer d’im- portants mémoires de pathologie et d'histoire naturelle, et son Lvre classique sur les Entosoaires. Vous trouverez aussi daps nos procès-verbaux ses premières recherches sur la bactéridie du charbon. Vous savez tous comment la découverte de cet être microscopique, après être demeurée pendant plusieurs années ignorée etcomme enkystée, — 644 — produisit entre les mains de Davaine de merveilleux résultats. La cause réelle de la maladie charbonneuse était par lui défi- nitivement trouvée : la célèbre expérience de la goutte de sang de rate dans le verre à champagne devait entraîner toutes les convictions. Le grand mouvement de la pathogenie centempo- raine a son origine dans les travaux de Davaine, à qui revient toute entière la gioire de la découverte initiale. Je ne saurais avoir la prétention d’improviser ici une notice sur les travaux de notre savant collègue. La Société m’ap- prouve, j'en suis sùr, de prier un des nôtres de rédiger pour nos Mémoires un éloge qui soit digne de celui que nous avons perdu. J’aurais voulu aller plus avant et vous parler des conditions où à travaillé le savant et du caractère de l’homme. Mais des circonstances récentes m'imposent la plus grande réserve ; bien qu'une compétition que je n’ai pas suscitée n’ait porté au- cune atteinte aux sentiments d'estime dont m’honorait M. Da- vaine, et à ceux de reconnaissance personnelle que je lui de- vais pour m'avoir jadis sauvé la vie après une inoculation de sang charbonneux. Je crois devoir vous dire cependant que la grandeur des ré- sultats par lui obtenus est encore rehaussée par la simplicité des moyens d'action dont il disposait : ni laboratoire, ni ins- trumentation compliquée, etil était lui-même son propre pré- parateur. La rnodestie de M. Davaine était proverbiale, et il lui a été fidèle, vous le voyez, jusqu'à son dernier jour. Maïs elle n’ex- cluait pas, tant s’en faut, une grande fermeté d'âme. Il a été fidéle aussi, jusqu’à son dernier jour, aux convictions de sa vie entière. Un de nos amis communs, qui ne l’a pas quitté, m'é- crivait : « M. Davaine meurt comme aurait dû, comme devrait « mourir iout savant. » Puisse-t-on, un jour, en dire autant de nous ! La Société décide que le secrétaire général écrira à M. Da- vaine fils pour lui exprimer ses sentiments de sympathie. — 645 — SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'ASCARIS SIMPLEX DU DAUPHIN ET SUR UN SINGULIER VER VÉSICULAIRE DU MÊME CÉTACÉ, par M. P. Méexin. . Les pièces que j'ai l’honneur de présenter à la Société pro- viennent d'un dauphin commun capturé ceite année au mois de septembre à Concarneau et acquis par M. Deyrolle pour en préparer le squelette. Ce naturaliste ayant remarqué, en le dépouillant, que beaucoup de ses organes, entre autres le ven- tricule, le canal biliaire et les muscles, étaient farcis de pa- rasites de diverses espèces, mit le sujet à ma disposition pour en faire l'étude. Le ventricule, comme on le voit, contient plusieurs milliers de vers cylindriques qui sont adhérents par la bouche à la mu- queuse, mais pas d’une manière très intime, car on les en dé- tache par une faible traction. Ces parasites appartiennent au genre Ascaris, comme l’indique leur bouche à trois lobes semi- globuleux et presque semblables, et à l'espèce Ascaris simpleæ de Rudolphi, caractérisée par son corps assez épais, un peu aminei en avant, de couleur rosé brunâtre, quarante fois en- viron aussi long que large, et par sa tête obtuse et à lobes très petits ; les femelles sont longues de 4 à 6 centimètres sur 2 à 2 millimètres 1[2 d'épaisseur et ont une queue conoïde droite ; les mâles ont de 3 à 4 centimètres de long sur 2? mil- Jimètres de large et ont la queue obtuse, enroulée, munie de deux ailes latérales étroites, soutenues par huit ou dix papilles à la face ventrale et de deux spicules inégaux un peu arqués. Cette espèce d’ascaride a déjà été rencontrée chez ie mar- souin (Phocæna communis), chez le dauphin du Gange (Plata- nista gangetica) et chez une antre espèce de dauphin innom- mée. On n’en connaît pas les diverses phases de développe- ment, non plus que des autres ascarides, que l’on rencontre dans les organes digestifs de l’homme et des animaux terres- tres et que l’on voit toujours adultes ou sexués. On a vu l’état embryonnaire dans l’œuf de certaines espèces, mais entre cette forme embryonnaire et l’âge adulte on ne connaît nas les âges intermédiaires, — phase larvaire, phase nymphéale, — et on ignore dans quel lieu se passent ces âges. Davaine, qui a fait quelques observations sur l'œuf et l'embryon de l’Ascaris tGAGE lombricoïdes de l’homme, a vu cet œuf rester un an à l’état d’i- nertie, puis l'embryon se développer lentement et prolonger son existence pendant cinq ans sans sortir de l’œuf. D’après ses observations et des expériences faites sur des animaux, Da- vaine 2 cru pouvoir établir que l'embryon reste enfermé dans la coque jusqu’à ce que l’œuf soit rapporté dans l'intestin et que là l’action des sucs intestinaux ramollissant cette coque, l'embryon la perce et sé trouve dans l’organe qu'il ne doit plus quitter pour atteindre l’âge adulte (1). Cette assertion est en contradiction flagrante avec ce fait d'observation que j'ai vérifié maintes fois, à savoir, qu’on ne rencontre jamais que des ascarides adultes dans les intestins et jamais de germes en voie de développement. Et puis, pour- quoi la coque de l'œuf serait-elle si sensible à l’action dissol- vante des sucs intestinaux la seconde fois qu’il pénètre dars les organes digestifs tandis que la première fois qu'il y a sé- journé il y était insensible. D’après Ercolani (2)les œufs des ascarides, comme ceux des strongles, éclosent dans l’eau où les embryons séjour- nent un certain temps, puis ils rentrent dans les intestins por- tés parles boissons crues, et là ils s’enfoncent sous la mu- queuse et même jusque sous la couche péritonéale, où ils s’en- kystent pour y passer la phase larvaire ; ils reviennent ensuite à la surface de l'intestin pour s’y sexuer et s’y accoupler. Ercolani a constaté que c’est ainsi que cela se passe pour le sclérostome armé dans le cœcum du cheval, et pour l'oxyure du lapin, et c’est par analogie qu’il étend cette règle aux as- carides, sans cependant avoir encore rien observé de semblable chez ce genre d’helminthes. Je présente, dans un flacon, une deuxième pièce provenant du inème dauphin qui a fourni une si grande quantité d’Ascaris simplez, et qui apporte qnelques éclaircissements sur le mode de développement de cet helminthe. C’est une portion du ca- nal biliaire dans lequel on voit serrés les uns contre les autres “omme les fils d’un velours, de petits nématoïdes d’un à deux (1) Davaiwe — Traité des Entosoaires. — Sinopsies, p. XXVII. (2) ErcoLawi1 et VELA — Embryotogie el propagation des rers infextinau» Comptes rendus acad. se. 1854, 1° vol., p. 779 et 2° vol., p. 45, — 647 — centimètres de long sur 112 à un millimètre d'épaisseur, qui ont la bouche et une partie du cou plantées dans la muqueuse, en sorte qu’il faut un certain effort et des précautions pour les détacher sans les briser. Ces petits helminthes sont tous agames et présentent la structure buccale caractéristique des ascarides, et si on étudie le reste de leur organisation, on voit qu'elle est analogue à celle des Ascaris simplex, dont ils repré- sentent en effet l’âge larvaire. Ainsi, pour cette espèce tout au moins, la phase larvaire nese passe pas à la surface de l'intestin comme le pensait Davaine, ni dans les profondeurs des couches intestinales comme l'avance Ercolani, mais dans un conduit glandulaire. Ce n’est pas la première fois, du reste, que je constate que les conduits des glandes, petites ou grandes, annexées à l'intestin, servent de lieu de développement à des parasites intestinaux : je l’ai déjà constaté pour des cestoïdes, pour des trématodes, et d’autres nématoïdes comme les spiroptères. En poursuivant mes re- cherches j'espère bien arriver à la même démonstration pour ce qui concerne le développement des ascarides des grands mammifères terrestres. Les muscles du même dauphin dont il est question ci-dessus étaient farcis de vers vésiculaires du volume d’une petite noix à celle d'un marron ayant tout à fait l'apparence d’échino- coques ; ces vers vésiculaires étaient contenus dans des kystes et on en trouvait souvent deux côte à côte ; ils étaient complé- tement indépendants et libres dans les parois du kyste, ainsi que le prouvent les spécimens-queje fais passer sous les yeux. En incisant une de ces hydatides on est tout surpris de voir flotter dans le liquide interne un ver filiforme, blanc, trés long, mesurant jusqi”à 8 à 10 centimètres sur moins d’un millimètre de diamètre et adhérant par une de ses extremités à la paroi interne de l’hydatide.Je crus d’abord être en pré- sence d’une filaire d’une espèce particulière, mais, en exami- nant au microscope l'extrémité libre de ce ver filiforme, je constatai une partie quadrilobée invaginée, et, à l'extrémité de chacun des lobes, qui étaient triangulaires, une petite ven- touse : j'étais en présence d’un scolex de cestoïde du genre Phyllobothrium. — 648 — » Van Beneden, en 1868, aussi à Concarneau, et aussi chez un dauphin commun, avait déjà rencontré le même cestoïde à l'état vésiculaire, mais sa description présente quelque diffé- rence avec Ce que j'ai vu et ce que l’on peut voirsur les pièces que je montre; voici la description de Van Beneden telle qu'on la lit dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences (1868, 2e sem., t. 67, page 1051). € Dernièrement des pêcheurs ont amené à Concarneau, dans le laboratoire où M. Coste a bien voulu m’autoriser à availler, un dauphin qu'ils avaient trouvé mort en mer. C'était un delphinus delphis mâle, d'âge et de dimensions res- pectables ; il mesurait huit pieds de long etje ne serais pas: étonné qu'il fût mort de vieillesse. J’ai voulu en profiter pour disséquer quelques organes et préparer le squelette, mais quel n’a pas été mon étonnement, en entamant la peau, de trouver la couche de lard toute labourée et trouée. Les flancs de l'animal, spécialement dans la région de la queue, mon- traient ce phénomène avec une parfaite évidence. On aurait pu croire que le taret,se trompant de demeure, y avait exercé ses ravages, è « Chacun des trous en question était occupé par un kyste d'apparence graisseuse dont le diamètre variait entre 5 et 2 centimètres. Quelle pouvait être la nature de ces kystes ? Les ayant examinés avec soin,je m'aperçus bientôt qu’en irri- tant légèrement leur surface, ces corps affaissés se contrac- taient en affectant des formes plus arrondies. Leur nature ani- male ne pouvait être mise en doute. En ouvrant l'enveloppe externe de couleur fauve, je trouvai à l’intérieur un kyste plus petit, plus allongé, présentant une couleur d’un gris bleuâtre. Cette seconde enveloppe était adhérente à la membrane ex- terne du kyste par une de ses extrémités. En déchirant l’ex- irémité opposée je mis à nu la tête d'un scolex de cestoïde parfaitement caractérisée. Elle était invaginée dans l’extré- mité excavée du kyste externe A sesiquatre bothridies qui, malgré leur extrême mobilité, conservent toujours leur carac- tère particulier; aux petites ventouses que chacune de ces bothridies porte à son extrémité antérieure; enfin à.la dispo- sition des canaux excréteurs, je reconnus ces scolex pour la tète du Phyllobothrium; ce cestoïde si remarquable qui vit dans le squatine ange et plusieurs squales de grandes dimen- sions. » e - 0 e e . ° e » ° e e e ° . . e e e ° e Les hydatides que je-montre différent à certains égards de celles observées par Van Beneden, hien que je les éroie de la même espèce, et les différences qu’elles présentent sont saus doute dépendantes de l’âge; je considère celles-c1 comme plus âgées ou d’un enkystement plus ancien: en effet, la forme fu- niculaire très allongée simulant une filaire qu’elles offrent, n’a : certainement pas été vue par Van Beneden car elle l'aurait frappé et 1l aurait signalée; de plus ces hydatides sont com- plètement libres dans leur kyste, tandis que celles vues par le - professeur de Louvain y adhéraient par une de leurs extrémités; mais, je le répète, malgré ces différences, c’est la mème es- pèce de cestoïde à l’état larvaire ou vésiculaire, ou de sco- lex qui a été vue de part et d'autre, à deux âges différents. NOUVELLES RECHERCHES SUR LA PRODUCTION D'UNE ANESTHÉSIE COMPLÈTE AU LARYNX ; Note de M. BRoWN-SÉQUARD. Dans un travail présenté à l’Académie des sciences le 25 septembre dernier, jai annoncé que l’on peut produire aisé- ment une anesthésie complète du larynx en faisant arriver pendant quelques minutes dans l’arrière-bouche un courant rapide d'acide carbonique. Je viens aujourd’hui a,outer les faits suivants à ceux que j'ai mentionnés dans cette communica- tion : 1o Un courant d’un mélange gazeux composé par moitié d'oxygène et d'acide carbonique produit l'anesthésie du larynx aussi complètement et presque aussi vite qu'une insufliation d'acide carbonique pur. On réussit même à obtenir l’anes- thésie laryngée à l’aide d’un mélange d’un tiers d'acide car- bonique et de deux tiers d'oxygène. 2a Jin faisant passer de l’acide carbonique à travers le la- rynx chez un animal respirant par un tube dans la trachée, on constate l’apparition (assez tardive il est vrai) de l’anesthé- sie laryngée sans anesthésie générale. — 650 — 30 Chez l’homme, l'acide carbonique pur arrivant avec rapi- dité dans l’arrière-bouche ne peut être toléré qu'avec la plus grande difficulté. Mais on obtient assez rapidement, et sans difficulté, une diminution notable de sensibilité des muqueuses de la done et des parties avoisinant le larynx, en faisant arriver un courant derrière les lèvres closes. On peut alors aisément recevoir dans l’arrière-bouche un courant très ra— pide de gaz carbonique et, en quelques minutes, on peut cons- tater que le tube transmettant ce gaz peut être tourné dans tous les sens et frotté vontre tous les points des muqueuses de cette partie sans y causer de douleur et sans même y pro- voquer de sensation tactile très appréciable. 40 Des expériences extrêmement nombreuses chez des chiens, des cobayes, des lapins et un singe montrent que la production d’anesthésie du larynx par l’insuffiation d'acide carbonique dans l’arrière-bouche peut se faire sans le moin- dre danger. Il semble en être de même chez l’homme d’après ce que j'ai constaté chez moi-même, la seule pénalité consistant en un peu de vertige et de la céphalalgie. INFLUENCE DE LA MASTICATION SUR L’AUDITION, par M. GELLÉ. ? Au cours de mes expériences sur l’auscultation du son du diapason et des modifications que font subir à l’audition les variations imprimées à l'appareil conducteur, soit par des pressions douces sur le tube de caoutchouc, soit par la dé- glutition, le nez pincé, soit par l'épreuve de Valsalva, et par le baîllement, etc., j’ai constaté quelques faits nouveaux dont la clinique pourra tirer parti. EXPÉRIENCE Je prends un diapason normal de dimension moyenne (9 cent. long.) Je le mets en vibration par choc, puis j’en ap- plique la tige sur les os propres du nes, qui, on le sait, sont des conducteurs excellents du son vers les. oreilles. iLe son est largement perçu. Aussitôt je ferme la bouche, les dents légérement serrées, ce qui accroît un peu la conduction osseuse: et puis, vivement 16910 — et avec énergie, je serre les mâchoires d’un coup sec. Or, le son est immédiatement éteint, c’est-à-dire pendant la courte durée de l'effort musculaire; il reparaît aussitôt que l'effort cesse. À chaque contraction nouvelle, même don Go du son. Si, au lieu de poser le diapason en vibration sur les os du nez, je le place sur le front (bosse. fontale droite ou gauche), toujours on obtient un résultat identique; au moment de la con- traction, il y a suppression du courant sonore. De même, si je substitue au son solidien, un son apporté par l'air, ou son par influence, la contraction des muscles mas- ticateurs, si elle est vigoureuse, amène l'extinction du son pareillement. Au même moment, on perçoit le bruit rotatoire spécial à la contraction musculaire. De plus, sous l'influence de la contraction des muscles mas- ticateurs, on voit naître un bruissement particulier qui croît en proportion de l'effort effectué et de sa répétition, le bruis- sement cesse avec la cause; cependant, l'oreille en conserve l'impression assez longtemps, si l’on a répété trop souvent l’6- preuve. Si l'oreille était affectée antécédemment de bourdonnements celui-ci s’accroît d’une façon notable et persiste plus long- temps. | Telle est l'expérience : elle montre qu’un son aérien ou so- lidien étant donné, sous l’influence de l’action surexcitée des muscles masticateurs (ou pendant la mastication), il se produit dans l’oreiile un mouvement synergique et de même durée, qui cause l’asssourdissement passager et fait naître du bour- donnement. Quel est le mouvement ? et quelle est son action sur l’ouie ? Comment se trouve produit le silence qui accompage la con- traction des mâchoires ? Lucæ a observé que si l’on ferme énergiquement les pau- pières, ou si l’on fait contracter avec force les peauciers de la face, tandis qu’un manomètre est placé au méat auditif ex- terne, le niveau de la colonne liquide s’éléve, et il en a conclu C, r. 1882 à 34 0 DRE & un déplacement en dehors de la cloison tympanique ; or, ce déplacement, Lucæ l’explique par la contraction du muscle de l’étrier, qui relâche la membrane tendue par le muscle interne du marteau. La cause de cette contraction du stapédius tiendrait, d’après lui, à ce que l’impulsion motrice passe aussi sur ce petit aie quand l’innervation du facial est surexcitée dans les actes de la mimique et surtout lors de la contraction des mus- cles orbiculaires des paupières. , J'ai démontré dans « mes études des mouvements du tympan par la méthode graphique » que l’ascension de la colonne li- quide était due à la contraction plus ou moins spasmodique des muscles auriculaires. Les tracés, avec leurs courbes inégales, ne se forment plus, si l’on immobilise le pavillon et si l’on paralyse ainsi l’action des muscles peauciers de l'oreille. - I] faut donc chercher ailleurs. Fick a constaté et a démontré (M. Duval, art. ouïe. Dict. méd. et chirg.) que.sous l'influence des contractions vigoureuses des muscles masticateurs, on observe la contraction synergique du muscle interne du marteau. - L'auteur n’explique pas comment Fick est arrivé à cette con- : clusion. - Si l'on s’en rapporte aux notions de lacoustique et ‘ la physiologie de l’audition, l’opinion de Fick semble devoir être admise ; et, des expériences que j'ai présentées plus haut, on peut conclure également que le silence observé pendant la contraction des mâchoires est causé par l’action synergique du tenseur du tympan. On connaît en effet les rapports intimes qui existent entre le nerf masticateur, branche motrice du trijumeau, et le gan- glion otique d’où naît le rameau nerveux qui anime le muscle du marteau. L’excitation du nerf d’origine éveille sans doute la contraction simultanée de l’ensemble des muscles innervés par lui. Rappelons qu’en clinique otologique, il est fréquent d’ob- server l’augmentation des bourdonnements, de la surdité et des vertiges sous l'influence de la mastication. — 653 — Le vertige de Ménière, surtout, advient souvent d’une façon subite au moment des repas. INNERVATION DU MUSCLE INTERNE DU MARTEAU (PHYSIOLOCIE ET BM— BRYOLOGIE, par M. Maruias Duva. M. Gellé arrive à penser (communication précédente) que le muscle interne du marteau agit lors d'une énergique contrac- tion des muscles élévateurs de la mâchoire : le tenseur du tympan serait donc'innervé par la racine motrice du triiumeau ou nerf masticateur. Cette question a été l’objet de nombreuses recherches et discussions qui n’ont pas encore complètement abouti. Après Louget, qui attribuait l’innervation du tenseur du tympan au nerf facial (qu’il nommait moteur tympanique), est venu Po- litzer qui a fait remarquer que le ganglion otique, d’où pro- vient le filet nerveux du muscle en question, reçoit deux ra- cines motrices, l’une du facial (petit pétreux) et l’autre du mas ticateur. En excitant directement, par l'électricité, ce dernier nerf, il aurait produit la contraction du muscle interne du mar- teau ; mais, sur le sommet du rocher, les rapports de conti- nuité du nerf masticateur et du petit pétreux sont tels qu’on peut toujours objecter à cette expérience la possibilité de la diffusion de l'électricité jusque sur le nerf petit pétreux. Quand bien même des expériences d’une valeur incontesta- ble viendraient prouver que le muscle du marteau est innervé par le nerf masticateur, le physiologiste serait toujours tente de demeurer indécis, parce qu'il ne concevrait pas pourquoi des deux muscles de l'oreille moyenne, l’un, celui de l’étrier, serait innervé par le facial, tandis que l’autre, celui du mar- teau, le serait par la cinquième paire (portion motrice). Or, c’est ici qu’on peut, ce me semble, faire intervenir des considérations d’embryologie et, qu’on me pardonne l’expres- sion, de physiologie philosophique, lesquelles rendent évi- dentes a priori cette double source d’innervation différente des deux appareils tympano-moteurs. L’embryologie et l’anatomie comparée nous montrent que le marteau n’est autre chose que l’extrémité postérieure du car- ROSE tilage de Meckel, c’ést-à-dire de la mâchoire ; que, semblable” ment, le muscle interne du marteau n’est qu'un fragment des masses musculaires de l’arc maxillaire ; il est donc tout à fait vraisemblable que ce muscle doit tirer son innervation de la racine motrice du trijumeau, comme tous les autres muscles de cet arc, comme les ptérygoïdiens, comme spécialement :e ptérygoïdien externe, dont semble s'être détaché le muscle in- terne du marteau. Quant au muscle de l’étrier, il appartient, comme l’osselet correspondant, au premier arc hygoïdien ; il est détaché de la série des muscles styliens, et doit, comme eux, être innervé par le facial. Je profiterai de ce fait particulier pour attirer l'attention des anatomistes sur l’intérêt plus général qu'ont les études embryologiques pour l’explication des faits anatomiques : par lembryologie nous arrivons à savoirle pourquoi de diverses dispositions singulières qui ne nous étonnent plus, tant est classique leur connaissance, pour ainsi dire empirique, et qui cependant ont besoin d’être expliquées. Prenons par exemple le muscle digastrique: son ventre postérieur est innervé par le facial, son ventre antérieur l’est par le nerf mylo-hyoïdien, c’est-à-dire par la raciné motrice du trijumeau. C’est qu’en effet l’embryologie nous montre que. le digastrique représente primitivement deux muscles bien distincts, l’un (futur ventre antérieur) appartenant 4 l'arc maxillaire et par suite innervé par le nerf masticateur, l’au- tre appartenant au premier arc branchial et par suite, comme tous les muscles styliens, innervé par le facial. Quelle disposition est plus singulière que celle du trajet du nerf récurrent ? L’embryologie nous en donne l’explication en nous montrant que les arcs aortiques (d’où dérivent la cnosse de l'aorte et le tronc brachio-céphalique droit) se forment dans la région cervicale puis descendent vers le thorax, en en- trafnant la partie du nerf laryngé qui passait de chaque côté sous l’un de ces arcs (d’où trajet récurrent). De même nous comprenons que les nerfs cardiaques aient leurs origines dans les parties cervicales du pneumo-gastrique et du sym- pathique. Jess Des branches terminales du pneumo-gastrique, celles du tronc du côté droit sont pour la face postérieure de l’esto- mac, celles du tronc du côté gauche pour la face antérieure. Mais nous savons que primitivement le tube digestif est mé- dian et symétrique, et que c’est par le fait de l’ampliation exa- gérée de la portion stomacale que la paroi gauche de la région correspondante devient antérieure, et la paroi droite posté- rieure. Nous voilà bien loin du muscle interne du marteau et de son innervation; mais on voit que tous ces exemples relèvent de la même notion générale, c'est-à-dire de l'explication des faits anatomiques (et même physiologiques) par l’étude de leurs origines embryonnaires : l’anatomie et la physiologie nous montrent comment sont les choses; l’embryologie, c’est- à-dire Fétude de la dérivation, nous montre pourquoi les cho- ses sont ainsi. Séance du 28 octobre 1882. Présidence de M. Laborde. LETTRE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À M. DAVAINE FILS Paris, 21 octobre, 1882. Monsieur, Au nom de la Société de Biologie, j'ai l'honneur de vous in- former que notre Président, M. Paul Bert,dans une improvisa- tionémue, a ra ppelé les principaux travaux de M. Davaine, vo- tre père, et la part de gloire qui lui appartient dans l'œuvre scientifique de notre époque. Il a de plus fait ressortir la mo- destie du savant et la droiture de caractère de l’homme qui, jusqu’à la dernière heure, est resté fidèle aux grands princi- pes philosophiques de sa vie entière. L’attention recueillie avec laquelle aété écoutée l'improvi- sation de notre Président témoignait que tous les Membres de DANGER la Société de Biologie partageaient les sentiments exprimés var M. Paul Bert. Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma considéra- tion la plus distinguée. Le Secrétaire général, AM. DUMONTPALLIER. RÉPONSE DE M. DAVAINE Paris, 22 octobre 1882. Monsieur, J'avais l'intention, obéissant en cela à la volonté dernière de mon père, de vous faire part du malheur qui venait de me frapper. Mon pére s’honorait d’appartenir à votre compagnie, dont il avait été un des créateurs, je puis dire un ouvrier de la pre- mière heure et des plus actifs. Votre lettre a devancé la mienne. Je vous en remercie du fond de mon cœur etje vous prie de vouloir bien exprimer toute ma reconnaissance à M. Paul Bert. En annonçant à la Société de Biologie la perte qu’elle ve- nait de faire, il a rendu à la mémoire de mon père un hom- mage sympathique qui m’a infiniment touché. Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments respectueux. Juzes DAVAINE. LETTRE DE M. LABOULBÈNE Saint-Denis d'Anjou, 26 octobre 1882. Cher secrétaire et ami, -Votrelettre me Here en province où je suis encore pour deux j jours et je m’empresse d’y- répondrre. Je suis vivement touché de la mission que me confie la So- ciété de Biologie en me chargeant de lui retracerla vie si bien remplie. et les travaux de notre regretté Davaine. Je m’ef- forcerai de remplir cette tâche délicate avec le plus grand soin. ANGES nt Offrez, je vous prie, mes remereiments à notre Président et à nos collègues, et recevez pour vous-même l'assurance de mes meilleurs sentiments. A. LABOULBÈNE, PROCÉDÉ RAPIDE POUR TRANSPORTER SUR COLLODION LES TRACÉS OBTENUS SUR DU PAPIER ENFUMÉ, par M. Hénocqus. Les différents procédés employés jusqu’à présent pour la reproduction des tracés stylographiques obtenus sur papier enfumé, nécessitent des manipulat' ns complexes, longues et qui réclament des appareils photographiques ou photo-élec- triques fort dispendieux ; c’est pourquoi le plus souvent on a recours à des graveurs ou à des photographes pour obtenir la reproduction de ces tracés. Ayant éprouvé ces divers inconvénients, jai cherché un procédé rapide et plus facilement accessible aux observateurs. L’ayant trouvé, je crois utile de le faire connaître; et, pour en faciliter les applications je l’exposerai avec tous les détails techniques nécessaires. Il consiste essentiellement dans le transport, sur une pelli- cule de collodion riciné, du tracé marqué par un style sur une feuille de papier Donne et je propose de lui ARIANE la dénomination de procédé collodiographique. J’opère de la manière suivante : la feuille qui porte le tracé ayant été vernie ou même recueillie directement sur le cylin- dre sans avoir été fixée par le vernissage, est étendue sur une plaque de verre ; je verse sur la face enfumée une cou- che de collodion riciné de manière à l'obtenir régulière et un peu épaisse ; je laisse sécher le collodion, puis faisant baigner la feuille dans l’eau, je sépare d’un côté le papier, de l'au- tre une mince feuille de collodion à laquelle adhère le noir de fumée. Cette pellicule présente en noir les parties recouvertes de fumée eten transparence les tracés du style; elle constitue une sorte de cliché négatif sur collodion, qui, appliqué sur une plaque de verre peut être immédiatement employé comme ta- bleau à projection, ou servir pour les reproductions photogra- LRQ phiques ou photo-chimiques et enfin être utilisé pour la phe- togravure. Ce procédé ne nécessite d'autre appareil qu’une plaque de verre, une cuvette et d’autres agents que du collodion riciné et de l’eau. Il est très rapide, puisque pour obtenir le cliché il fautseu- lement ajouter aux quelques minutes nécessaires pour verser le collodion et séparer la pellicule :8 temps que demandele sé- chage du collodion ; de sorte qu’il est possible de démontrer les projections des tracés en moins de trois quarts d'heure après le moment de leur production expérimentale. Ces diverses manipulations sont très faciles à pratiquer. Cependant elles réclament certaines précautions que j'indi- querai pour épargner à ceux quiles exécuteront les hésita- tions des premiers essais. Il imporie de procéder avec méthode et sans précipitation, afin de ne pas compromettre un tracé qui peut avoir une im- portance considérable, c'est pourquoi j'examinerai chacun des temps de l'opération en indiquant les particularités qu’il présente, et dans l’ordre suivant : 1: Disposition du tracé: 2: Dépôt du collodion; 3° Séchage; 4* Isolement du cliché: à: Fixation et conservation; 6: Utilisation du cliché. 1er Temps.— Disposition du tracé Les meilleurs clichés sont obtenus avec le papier spécial qu’on trouve chez les fabricants d'instruments de physiolo- gie, et qui est analogue à celui dont on se sert dans la décal- comamie. La couche gélatineuse qui le revêt se gonfle dans l’eau et le collodion se sépare spontanément, au moins sur une partie suffisamment étendue. On peut, par conséquent, employer les tracés obtenus sur ce papier à une époque très éloignée de celle où on les a exé- cutés à condition qu'ils aient été vernis. — 659 -- Mais il est possible de supprimer cette manipulation préa- lable en appliquant le collodion sur le tracé dès qu’il vient d’é- ‘tre produit. On ne pourrait se servir de tracés obtenus sur du papier ordinaire, recouvert de vernis parce que le noir de fumée fait corps avec le papier, et qu’on ne peut séparer celui-ci du collodion qu’en l'usant par le grattage, opération qui ne réus- sit que partiellement et est longue, incertaine, et très déli- cate. J'ai fait de nombreux essais sur des papiers divers dans le but de trouver un équivalent à ce papier spécial et jai réussi à le remplacer par du papier blanc ordinaire de tenture (dit d’entoilage) qui se vend « au rouleau » au prix de 0,40 cen- times et qui peut être considéré comme un « papier sans fin » et qui est déjà employé en physiologie. Ce papier est d’un grain assez délicat, mais il ne peut servir que s’il a subi un encollage particulier, consistant dans l’application avec un pinceau large d’une couche légère d’eau gommée. J’emploie la solution de gomme ordinaire vendue sous le nom de colle li- quide mélangée avec parte égale d’eau. Pour de larges sur- faces on peut plonger la feuille dans un bain d’eau Bo eUse un peu concentrée. Jai utilisé également les papiers ordinaires lisses à teinte mate, blancs où jaunes ou bleu clair, qui renferment des sels de plomb; ils présentent l’avantage de se noircir très fa- eilement par la fumée. Mais ils se brûlent facilement. Quel que soitle papier dont on se serve, il importe qu'en déposant le noir de fumée on ñe le surchauffe pas. Cet ae- cident n’empêche pas d'obtenir le cliché de collodion avec le papier gommé, mais il amène des inégalités dans le pelli- cule, une sorte de gaufrage qui pourrait déformer légère- ment le tracé. Pour éviter le surchauffage du papier dans l’enfumage il faut se servir d’une mèche (rat de cave) de fort calibre, et im - primer un mouvement rapide au cylindre, mais lorsqu'il s’a- git de noircir le papier à plat, sur une grande surface j’emploie avec avantage une petite lampe à essence minérale très basse, et je dépose en outre sur la mèche de la résine, telle cu’on RE (ap Eut l’obtient en détachant une portion de la torche vulgaire; en maintenant la méche un peu élevée on détermine une produc-. tion de noir de fumée très abondante et avec une température qui permet d’éviter la brülure du papier. Dans tous les cas, on procédera de la manière suivante : la feuille de papier est fixée avec un peu de gomme par ses qua- tre angles sur une plaque de verre de préférence ou sur une planchette de bois, sur de la gutta-percha ou enfin sur du car- ton. 1l y a utilité à la fixer sur tous les bords, ce qui est très facile pour les tracés vernis préalablement, ou bien si l’on a eu soin de garnir la plaque de verre d’uns solution de gomme sur ses bords. La feuille est alors prête pour l’application du collodion. 1 2e temps. — Dépôt du collodion riciné La plaque de verre sur laquelle est fixée la feuille du tracé étant tenue horizontalement entre les doigts, ou posée au fond d’une cuvette à photographie, on verse lentement sur le bord supériéur le collodion riciné et on incline la plaque et la cu- vette latéralement ou d'avant en arrière de façon à l’étendre uniformément. Il faut éviter de faire tomber brusquement le collodion sur le noir de fumée surtout s’il n’a pas été verni, M parce que l’on s’exposerait à-faire une tache blanche. | La couche de collodion doit être épaisse et l’on acquiert vite l’habitude d'apprécier la quantité qui doit être versée ; ilny M a pas d’inconvénient à en mettre en excès. On peut d’ailleurs, en inclinant la plaque, enlever cet excé- w dent de collodion et garnir les vides. À 3e Temps. — Séchage du collodion. . À On laisse sécher le collodion sans mouvoir la plaque, ce M pendant on peut activer l’évaporation de l’éther en produisant M un courant d'air au moyen d’une feuille de carton, ou d'un journal agité à la manière d’un éventail, ou simplement en M soufflant sur la plaque ; puis, lorsque la pellicule se forme, renforcer les parties faibles, et surtout les bords, en ajoutant ( du collodion. #4 ! A Vas ue La couche supérieure de la pellicule devient opaline et même opaque,blenche comme de l'albumine cuite,et il importe d'attendre ce moment avant de procéder à la séparation du papier ; on se rend compte de la résistance du collodion en le détachant un peu vers les bords. Pour les premiers essais, _il vaut mieux attendre une ou deux heures pour que le séchage soit complet, mais lorsque le collodion redevient transparent, il est inutile de tarder plus longtemps. 4e Temps. — Isolement du cliché. La plaque et la feuille collodionée qu’elle supporte sont plongées dans l’eau froide, où on les laisse baigner pendant un temps qui varie suivant l’épaisseur du papier. Celui-ci se laisse bientot détacher du verre, et on peut alors séparer le papier de la pellicule de collodion; cette opération doit être faite sous l’eau, en commençant par détacher les angles et les bords du papier, et s’aidant au besoin d’un jet d’eau modéré agissant sur le sommet de l’angle formé par le papier et le col- lodion en partie séparés ; on se servira d’un pinceau de blaireau large et aplati,qui est fort utile dans toutes ces manipulations. C’est alors surtout qu’il faut agir avec précaution,sans précipi- tation, et en faisant des tractions légères; bientôt la pellicule de collodion surnage, on la déplisse avec le pinceau, et on l’étend sur l’eau ; et l’on peut alors la recueillir très facilement en glissant au-dessous d'elle, et toujours sous l’eau,la plaque de verre qui a déjà servi, ou la plaque définitive ; avec le pin- ceau ou avec les doigts on maintient la pellicule sur le bord supérieur du verre et on la retire doucement hors de l'eau ; elle s’étend complètement sur la plaque. 5e Temps. La pellicule devient d'elle-même adhérente au verre en se ‘desséchant ; on facilite l’évaporation de l’eau en appliquant du papier buvard ou mieux du carton buvard sur la pellicule, et on étend les plis, on vide les bulles par des pressions lè- gères avec le doigt ou avec le pinceau de blaireau; on réap- plique les parties qui auraient pu être déchirées, et on obtient — 662 — ainsi un cliché sur collodion qui peut être utilisé immédiate- ment ou bien que l’on peut retoucher et perfectionner, soit en piquant les bulles pour faire sortir l’eau ou l'air, soit en noireis- sant les parties blanches dues à une déchirure ou à des défauts dans le dépôt de noir de fumée. J’emploie pour cet usage de l'encre de Chine liquide qu’on trouve chez les papetiers, et je la mélange avec de la gomme gutte; l’encre de Chine ou les couleurs noires ordinaires n’interceptent vas suffisamment la lumière, l’addition de gomme gutte empêche plus sûrement l’action photochimique. Le cliché ainsi obtenu peut être recouvert d’une seconde plaque de verre et conservé tel quel pour servir de tableau de projection: on peut toujours l’isoler à nouveau en le plongeant dans l’eau, et le transporter sur du papier ou des feuilles d'album. Je choisis pour grandeur des plaques de verre le format ha- bituel des tableaux à projection, c’est-à-dire ayant 10 centi- mètres de long sur 82 millimètres de haut pour les portions de tracés, mais, pour une longueur plus grande de tracés, j’em- ploie des verres à lanterne magique ayant la même hauteur de 82 millimètres. On peut couper d’avance les tracés à cette dimension ; si l’on veut seulement obtenir des reproductions photographiques, on peut se servir de plaques plus larges, c’est-à-dire des plaques de 18 centimêtres sur 20 centimètres, dont trois suffisent pour reproduire une feuille de tracé ordi- naire qui mesure 25 centim. sur 42 cent. 6e Temps. Il me reste à parker de l’utilisation de ces clichés pour la reproduction des tracés. Le premier procédé, le plus simple de tous, consiste à en obtenir le décalquage par le procédé dit de Marion. Pour cela, il suffit de disposer dans un châssis de tirage d'épreuves pho- tographiques (dit châssis positif) une feuille de papier Marion au-dessous du cliché, contre la face libre et non contre le verre, le cliché étant exposé au soleil, les parties transparen- tes sont marquées en bleu et les parties noires en blanc, par _ 663 — conséquent le tracé est représenté par de fines lignes bleues sur fond blanc. : Bien que ce procédé soit usuel, je ne crois pas inutile d'en indiquer les particularités. Le papier dit « Marion », qui me- syre Q m. 75 de largeur et vaut O fr. 90 le mètre de ane est composé d'une feuille de papier fort et bien collé sur une des faces duquel est étendue une composition formée de gomme, d'un sel de fer au maximum et de prussitte rouge. Sous l’action de la lumière et d’une matière organique, le sel au maximum est ramené à l’état de sel au minimum et il se forme du bleu de Prusse, un simple lavage à l’eau suffit alors pour fixer l’image. On se rend compte du moment où il faut enlever le cliché en observant les bords du papier Marion : ils deviennent bleus, puis ardoisés et grisâlres, c’est alors qu'il faut enlever le papier et le laver à grande eau, et le laisser sécher. , Lorsqu'il y a des taches sur le fond du tracé ainsi obtenu, on peut les enlever à l’aide d’un pinceau imbibé d’un mordant spécial,qu'on vend sous le nom de «Blue solving» et que je pré- pare en employant la potasse caustique en solution à 6 0(0, on peut l’étendre d’eau pour avoir une action moins vive. . Un autre procédé analogue permet, au contraire, d'obtenir le tracé en bianc sur fond bleu en se servant d’un papier spé- cial, dit papier Pellet, mais il est un peu plus compliqué. Le cliché collodiographique peut servir à obtenir des épreu- ves photographiques en noir sur fond blanc de la manière sui- vante : Le cliché est mis dans un châssis photographique positif, da façon que le verre corresponde au verre, la surface libre est alors recouverte avec un morceau de papier sensibi- lusé des photographes et on expose à la lumière; le papier sen— sible devient brun violet presque noir, en un temps variant de quelques minutes à plusieurs heures, suivant l’état du ciel, et alors il doit étraenlavé et soumis aux opérations destinées à le fixer. | Elles consistent à laver l'épreuve à grande eau pendant plusieurs minutes et en changeant l’eau au moins deux fois, puis à le plonger dans un bain d’hypoaulfite de soude pur dis- sous dans l’eau distillée dans la proportion de 25 0j0. Elle y C. r. 1862 2 25 &) — 664 — est lavée pendant un quart d’heure, puis de nouveau plongée et lavée dans l’eau, où elle doit baigner plusieurs heures si on veut avoir une épreuve durable. On peut, pour les épreuves qu’on tient à conserver très longtemps sans affaiblissement, pratiquer ce qu’on appelle le virage, opération assez simple d’ailleurs et qu’on trouvera décrite dans tous les traités de photographie. Je fais passer sous les yeux de la Société de Biologie les exemples de ces divers modes de reproduction, qui ont été obtenus à la lumière solaire sans autres appareils que le châs- sis et une cuvette, d’autres agents que les papiers spéciaux et lhyposulfite ; mais il est d’autres applications plus compli- quées que ces clichés permettent encore. L'image collodiographique peut être considérée comme un . cliché négatif et on peut facilement en obtenir un cliché posi- tif qui, lui, donnera des épreuves où le tracé figurera en blanc sur noir, sans avoir subi aucune altération dans ses plus fins détails. Le tliché positif permettra, en outre, de transporter la pel- licule collodiographique dans un album où elle sera collée sur du papier blanc. à La production du cliché positif est rendue très facile par l'usage des plaques Monckoven ou mieux des plaques Dorval, qui sont les unes et les autres d’une sensibilité extrême, à ce point qu’on peut obtenir ce cliché à la lumière du gaz en moins d’une seconde. Je ne décrirai pas ce procédé dit « du gélatino- bromure », qui est universellement connu des photographes, et je me contenterai également de signaler la possibilité d’em- ployer l’image collodiographique à la Tepque non en photo- gravure, en photoglyptie. Pour terminer, je ferai remarquer la modicité des frais qu’entraîne la collodiographie :les instruments indispensables pour des tracés de la grandeur des feuillés habituelles du cylindre de Marey peuvent revenir à] 25 ou 30 francs. Pour un tel tracé, on emploiera environ 50 centimes de collodion, 0 60 de verre pour avoir trois tableaux à projec- tion au trois clichés collodiographiques, et avec un franc de papier Marion ou de papier sensibilisé, on pourra reproduire OR ue une douzaine d'exemplaires. Enfin, on peut se servir d’une simple lanterne magique pour obtenir des images agrandies. Tel est ce procédé qui, je l'espère, rendra de grands ser- vices à ceux qui emploient les tracés graphiques, qui sont d'un usage si fréquent et si avantageux dans les recherches expé- rimentales et dans leur démonstration. DE LA SITUATION DES ŒUF$ ET DES FŒTUS DANS LA CAVITÉ UTÉRINE LORSQU'IL Y A GROSSESSE GÉMELLAIRE, par M. P. Bupi. On sait comment l’œuf peut se placer dans la cavité uté- rine lorsque la grossesse est simple, mais l’attention a êté peu appelée sur la position que les œufs et les fœtus occupent lorsqu'il y a grossesse gémellaire. Trois variétés peuvent être distinguées : 1: Si on fait une coupe verticale et transversale de l'utérus, allant par conséquent du côté droit au côté gauche, les deux œufs sont placés l’un à côté de l’autre, l’un occupe la moitié droite, l’autre la moitié gauche de l'organe. 2 Sur une coupe semblable on peut trouver les œufs et les fœtus placés l’un au-dessus de l’autre, ils sont superposés: l’un occupe le fond, l’autre le segment inférieur. 3° Si on fait une coupe verticale et antéro-postérieure pas-, sant par la ligne blanche et la colonne vertébrale, on peut trou- ver les œufs et les fwtus placés l’un au-devant de l’autre : un occupe la moitié antérieure, l’autre la moitié postérieure de la cavité utérine. En examinant l’arrière-faix après la délivrance on peut avoir la preuve que l’une ou l’autre de ces situations existait. Dans le premier cas, lorsque les deux œufs sont placés l’un à côté de l’autre, il y a deux placentas et deux poches absolu- ment distinctes : on trouve deux orifices sur la membrane au pôle opposé à celui qu’occupe le placenta, ou bien les deux orifices voisins s'étant réunis par l'extension de la déchirure au moment du passage du sccond fœtus, il n’y a plus qu’un seul orifice partagé en deux par da cloison de séparation des deux poches. D’autres fois, au lieu de deux placentas, il n’en existe qu’un seul, mais la disposition des deux cavités amnio- tiques et des deux ouvertures est absolument la même. ER Dans le second cas, lorsque les fœtus sont superposés, on trouve les deux poches placées l’une au-dessus de l’aûtre : une première ouverture existe sur les membranes ; elle a per- mis de pénétrer dans le premier œuf, dans l'œuf qui occupait le segment inférieur de l'utérus : il a fallu traverser cet œuf pour aller perforer la cloison de séparation des deux cavités amniotiques et pénétrer dans le second œuf. Tantôt il n’y a qu’un seul placenta, et la cloison de séparation part du milieu de la surface fœtele, tantôt il y a deux placentas absolument distincts. Enfin, dans le troisième cas, lorsque les deux œufs sont placés l’un au-devant de l’autre, on peut trouver la même dis- position que dans la première variété de faits. La situation différente des deux fœtus l’un par rapport à l’autre donne lieu à un ensemble de symptômes qui diffère avec chaque variété et sur lequel nous ne croyons-pas devoir insis- ter devant la Société de biologie: le diagnostic est relative- ment beaucoup plus facile lorsque les deux fœtus sont placés l’un à côté de l’autre; il est plus difficile lorsqu'ils sont super- posés et.il devient presque impossible lorsqu'ils sont l’un au- devant de l’autre: le fœtus qui est en avant empêche alors de percevoir les caractères qui appartiennent au fœtus qui est en arrière. Evidemment nous avons pris les cas types ; il peur ÿ avoir des obliquités de la cloison qui sépare le fœtus; mais en ad- mettant ces obliquités des membranes, qu.sont minces, dé- pressibles, lés deux fœtus eux-mêmes qui sont volumineux se placent le plus habituellement dans une des trois situations que nous avons indiquées. De ces trois variétés, la première est la seule habituellement décrite, elle est classique ; quelques auteurs ont fait allusion à la troisième, à celle dans laquelle l’un des fœtus se trouve placé au-devant de l’autre ; quant à la seconde variété, qui comprend les œufs superposés, nous n’en avons pas trouvé d'exemples signalés; elle ne serait pas cependant excessive- ment rare si nous en jugions d’après les quelques faits que nous avons eu l’occasion d'observer. = PER, = — 667 — DE L'ATROPHIE DU CERVEAU ET DU CRANE A LA SUITE DES SECTIONS DU SYMPATHIQUE cervicaL. Note de M. Duruys. Ayant eu l’occasion de répéter une expérience de M. Brown- Séquard qui montre diverses altérations survenant chez les co- bayes à la suite d’une section du sympathique cervical et en-. tre autres cette expérience qui montre une atrophie de l’hé- misphère correspondant au nerf coupé, fait qu'il a vu cinq ou six fois et que M. Vulpian a aussi vu, j'ai laissé vivre les animaux dont est né un petit cobaye ayant aussi héréditaire ment une atrophie d’un hémisphère cérébral et des os du crâne du même côté; d’autres petits de la même portée avaient des cerveaux normaux. C’est le seul fait dece genre que je con- naisse et je ne crois pas que ce soit un effet de hasard, parce que, depuis douze ans que j'ai un grand nombre de cochons d'Inde entre les mains, je ne l’ai jamais vu. ; Les parents avaient été opérés longtemps avant la nais- sance des petits et malheureusement ils sont morts au vrin- temps dernier pendant que j'étais absent et iln’y a pas eu d’autopsie. L’AUDITION MONO-AURICULAIRE, par M. GELLÉ L’audition mono-auriculaire donne une sensation sonore bien inférieure en intensité à celle que fournissent les deux organes associés, de plus, le monosourd a perdu la faculté de s'orienter et fait des erreurs sur la direction du son. Dans l’audition bi-auriculaire, l’une des oreilles, dirigée dans le sens du courant sonore, perçoit le maximum, et la no— tion de la direction du son est ainsi acquise, mais l’autre oreille perçoit cependant le son. Les pressions sur le méat d’un côté (si le diapason est appliqué sur le point opposé du crâne), déplaçant le maximum, rendent alors la sensation très nette, on le sait. Dans l’audition des sons par influence, par la voie de l’air, en bouchant l'oreille qui recoit le choc direct de l’onde sonore, on s’aperçoit que le son èst perçu très bien par l’autre. Aussi, bien que chaque crellle ait sa sphère d'activité par- SUN GRQ EU ticulière,les deux organes associent leurs impressions au be- soin, et c'est sur la différence des deux sensations latérales qu'est basée la recherche de la direction du son. Au cours de ces études, un phénomène curieux m’est apparu : pendant que de l'oreille gauche, armée d’un tube de caoutchouc très long, j'écoutais le diapason vibrant à quelques centimètres de son extrémité libre, je pressais très légèrement le tragus de fa- çon à oblitérer le méat droit, et j’observais aussitôt une aug- mentation nette de l’intensité du son perçu à gauche. On agit donc sur l'oreille gauche en pressant le méat droit. Comment expliquer ce fait? Evidemment le tympan est légérement tendu et pressé par la pression faite à l’orifice du conduit, et la pression est transmise au labyrinthe. Cette modification provoque donc un retentissement sur l’autre oreille synergiquement. Serait- ce que le son qui a pénétré l'oreille s’écoule par le crâne jus- qu’à l’autre oreille, et que l’oblitération du méat droit a pour simple effet d'arrêter cet écoulement du son au dehors et par suite de renforcer le son ? Cette dernière explication tombe devant ceci que l’on ne peut à l’otoscopie percevoir le son à droite; et, de plus, que l'augmentation de la sensation sonore a lieu non à droite où l’on a arrêté l'écoulement du son, mais bien exclusivement à gauche, où frappe le courant sonore d’origine. Si ce »’est point là la cause du renforcement du son ob- servé, doit-on la chercher pour un acte réflexe synergique provoqué à gauche par la pression tympanique droite ? Cette poussée légère exagère la tension tympanique à droite; cette tension s’étend-elle au contenu de l'oreille interne; ou seu- . lement excite-t-elle la sensibilité générale de l'organe (cin- quième paire) d’où partirait en définitif un réflexe d’accommo- dation générale ? Si cette théorie est admise,il reste à expliquer le phénomène suivant, plus délicat à provoquer et qui ne trouve peut-être pas dans l’action réflexe synergique éveillée une explication admissible. En effet, si au lieu de presser doucement le conduit droit je — 669 — le comprime fortement, au point même de produire un léger bourdonnement, le son du côté gauche baisse; il baisse peu à peu et renaît, si l’on suspend la pression. On arrive donc, en comprimant l'oreille droite, à modifier très évidemment le son perçu par l'oreille gauche. Quelle est l’explication de ce phénomène ? pour ma part, je n’en ai trouvé aucune satisfaisante. Cependant je ne puis pas ne pas être frappé de l’analogie parfaite qui existe entre ces faits et ce que:l’on observe quand on étudie l’action des ten- sions tympaniques, soit parla pression excentrique, soit par l'épreuve de Valsal va; la marche est la même : augmentation, d’abord sur l'influence de pressions douces, et diminution ra- pide après, si la pression atteint une certaine force. On est ainsi amené par analogie à admettre que sans doute le mé- canisme est identique; et que c’est là contraction réflexe de l'appareil a’accommodation qui est la cause de ces mystifica- tions du son perçu sous l'influence d’excitations à distance. Cette sympathie des deux organes est importante à con- naître en clinique et pour conduire à la compréhension de certains faits pathologiques. Séance du 4 novembre 1882. Présidence de M. Laborde. DES MICROBES CHEZ LES POISSONS ET LES ANIMAUX MARINS. Note de M. CH Ricuer. La question que je me suis posée est la suivante. Y a-t-il chez les animaux marins qui n’ont aucune communication directe avec l’atmosphère terrestre, des microbes, bactéries, coccus, micrococcus et schizomycètes, comme chez les ani- maux terrestres ? : Il y à un premier fait sur lequel j'ai appelé l'attention en 1877, lors de mes recherches sur le suc gastrique des poissons; c’est que dans l’estomac des poissons, particulièrement des — 670 — squales et autres sélaciens, des ferments figurés existent dans la cavité stomacale en même temps que les ferments solubles. Toutefois, en recommençant ces. observations, j'ai remarqué que les microbes contenus dans le tube digestif et mélangés à la masse alimentaire ne sont pas extrêmement abondants. A le vérité, il en existe presque toujours, mais ils sont en petit nombre; leur présence est assez difficile à constater, et il faut Souvent une assez longue recherche pour en découvrir dans une préparation miscroscopique. Mais, si au lieu de regarder la cavité stomacale, on examime les tuniques externes, péritonéales, de l’estomac ou de l’intes- tin, on trouve dans ces tissus chez les poissons une quantité énorme de germes organisés. J'ai examiné à cet effet plus de cent poissons appartenant à des genresassez différents (Gobius. -- lulis. — Crenolabrus. — Labrus. — Serranus. — Scorpæna) et constamment j'ai trouvé tantôt des micrococeus, tantôt des bactéries, en nombre considérable. Surtout chez les poissons pourvus d’appendices pyloriques, on peut dire que ces organes sont farcis d’une vé- gétation abondante de microbes. Ce sont généralement des bactéries longues de 2 à 3 u, et immobiles. Quand on les expose à l’air quelque temps, elles deviennent bientôt mobiles, animées de mouvements pendulaires. Quelquefois ce sont des granulations réfringentes très mobiles, quelquefois des mic- crococcus en massue, ou parfaitement sphériques.Quelquefois même il y a des amas de germes analogues aux zooglæa. Le liquide péritonéal, quand on peut en recueillir une quan- tité suffisante, est lui-même souvent “Ent de microbes. C’est peut-être là l’explication d’un fait que j'avais constaté au la- boratoire de physiclogie maritime du Havre, récemment inau- guré grâce aux soins du Président de cette Société, M. P. Bert. Chez les squales, le liquide péritonéal est doué de propriétés diastasiques, et transforme l’amidon en sucre. Comme cette hydratation de l’amidon se fait même en présence des agents antifermentescibles, on ne peut supposer que les microbes sont la cause de cette transformation, mais il me paraît vraisem- blable qu’ils ont sécrélé une diastase, laquelle agit chimique- 67 ment sur l’amidon. Malheureusement, à l’époque dont 1l s’agit, je n’avais pas songé à rechercher la présence des microbes dans les parois externes du tube digestif ou dans le liquide péritonéal, de sorte que je n’ai pu, chez les sélaciens, consta- ter la présence des microbes, comme je l'ai pu faire pour les petits poissons méditerranéens indiqués plus haut. Ainsi, voici un fait qui ne laisse pas que d’être assez sur- prenant, c’est que, dans les parties externes de l'estomac, il y a de nombreux microbes, et que la cavité péritonéale est rem- plie, — sinon à l’état normal, au moins d’une manière pres- que constante — de ces parasites. Comme mes premières observations avaient été faites sur des poissons pêchés tout près de la côte, avec des amorces, et qui avaient parfois séjourné quelques jours dans mon aqua- rium, j'ai voulu répéter cette expérience sur des poissons pê- chés à la drague, à une distance de 5 à 6 kilomètres de la côte, et j'ai aussi trouvé chez eux une présence abondante de microbes. Dans un cas même, j'ai fait mes observations microsco- piques en un endroit inhabité, sur un rocher situé à 4 kilomè- tres de la côte. J’ai trouvé sur un Gobius pêché a la drague de _ nombreux micrococeus, sur une girelle dans les mêmes condi- tions des bactéries un peu mobiles, et sur un crenolabrus des bactéries immobiles, en amas innombrable (1). Tous ces- germes étaient disséminés dans la cavité abdominale et ap pendus à la surface externe du tube stomaco-intestinal. Il me paraît possible d'expliquer, par une hxpothèse assez uraisemblable, la présence de ces parasites dans les parois stomacales et dans l'abdomen. Ils possèdent en effet, comme on sait, une grande force de pénétration à travers les mem- branes animales, et sont capables de s’infiltrer à travers les muscles (2) pour passer dans la cavité du péritoine. Là ils trouvent un milieu plus favorable à leur évolution que le mi- (1) Ilest à remarquer que sur les individus différents il y a prédominance de tel ou tel microbe. (2) Toutes mes observations portent sur des poissons de petite taille. J'i- gnore ce qué donnera l’examen fait sur les grands squales. Graine lieu stomacal; car dans l'estomac l'acidité est extrême, con- dition très peu propice au développement des germes organisés. Naturellement j'ai cherché à examiner le sang, etilma paru qu'il contenait constamment des granulations mobiles analogues aux micrococcus. Cependant, mon affirmation, qui est tout à fait nette pour la cavité du péritoine et les couches superficielles de l’estomac, est beaucoup moins formelle pour les microbes du sang. Dans le sang de poisson, recueilh avec toutes les précau- tions convenables, on trouve. presque toujours, sur les mêmes espèces que celles qui ont été citées plus haut, des granula- tions très réfringentes, extrêmement petites, qui tourbillon- nent sur elles-mêmes, se meuvent rapidement, se déplacent au milieu des globules, et changent de forme à chaque instant. Ces granulations n’ont guère qu’un y de diamètre, et pour les apercevoir il faut de forts grossissements. Leur nombre est très variable. Dans certains liquides san- guins, il y en 2 1 pour 100 globules, dans d’autres cas, il y en à 1 pour 3 ou 400 globules. Je n’oserais affirmer que ce sont des microbes ou des germes organisés. Toutefois leur aspect est tellement différent des hé- matoblastes, des globulins (Robin) ou des leucocytes qu'il me paraît bien difficile de ne pas les considérer comme des para- sites. Il faudrait, pour s'en assurer, faire des cultures artifi- cielles d’après les méthodes rigoureuses qui sont employées aujourd’hui, et, pour cela, je n’avais pas à ma he l’ou- tillage nécessaire. Si, au lieu de prendre le sang de l'aorte, on prend le sang du cœur, on trouve une beaucoup plus grande quantité de ces granulations; mais il y a alors constamment, mélangée au sang une quantité notable de lymphe ou de liquide péricardique. Il est aussi à remarquer que ce ne sont jamais des bactéries qu’on trouve dans le sang; mais toujours les granulations sphé- riques mobiles. En résumé, les faits principaux établis ci-dessus peuvent se résumer ainsi : 1: Il y a dans le péritoine et dans les tuniques externes du tube digestif des germes organisés. LR 2 Ge 2:.Les germes organisés existent en moins grand nombre dans la cavité stomacale, trouvant là des conditions d’exis- tence moins favorables. 3: Il y a probablement passage de. quelques-uns de ces germes dans le sang. Afin de mettre hors de touts contestation l’existence de ger- mes-vivants chez les poissons à l’état normal, j'ai fait l expé- rience suivante. Un petit poisson pêché à la drague est retiré de l’eau, et immédiatement (vivant encore) flambé sur la lampe à alcool, puis plongé dans la paraffine fondue.La paraffine en se refroi- dissant se solidifie et empêche tout contact entre l'atmosphère -extérieure:et le poisson. S'il n’y avait dans le corps de ce poisson des germes crga- nisés,il.est évident qu'aucune putréfaction n’aurait-lieu, puis- que l'exposition à l’air a été très rapide, et que d’ailleurs le flambage a détruit les germes extérieurs qui auraient pu venir .de l'atmosphère. Sur douze poissons, soumis en des moments divers à cette expérience, il y a eu constamment une putréfaclion trés ra- pide.,En deux jours ils étaient complètement putréfiés ; des bactéries mobiles, immobiles, isolées ou articulées,des micro- coccus, des torulas existaient en nombre immense (1). .. Sur le rocher inhabité de la Formigue,qui est à 4 kilomètres de la côte, j'ai fait la même expérience avec cinq poissons (un Labrus, un lulis, trois Crenolabrus de trois espèces différentes) ‘et au bout de deux juurs ces cinq poissons, plongés chacun dans un bain de paraffine particulier, étaient complètement putréfiés, répandant une e odeur infecte, et fourmillant de bac- tér18S.: à ex Il me paraît Se d’insister davantage sur ces faits, car le. preuve-me paraît établie qu’il existe dans l’organisme (des poissons. des germes bactériens analogues, sinon identiques.à ceux qui existent chez les animaux terrestres, dans les eaux douces, et dans l’atmosphère ambiante. (1) Les muscles puiréfiés ainsi fournissent de magnifiques préperations pour l'étude les stries musculaires et des disques superposés. — 674 — Les arimaux autres que les poissons donnent les mêmes résultats. Ainsi des gastéropodes, des crustacés, contenaient aussi des germes nombreux, mobiles et immobiles, comme l'examen des liquides cavitairesme l’a montré. Dans quel- ques cas le grouillement de bactériens et de microbes est vraiment prodigieux. Donc ce ne sont pas seulement les helminthes et les ento- zoaires qui sont, dans l’immensité des mers, transportés parles animaux marins, d'un corps vivant à un autre. Ce sont en- core les germes microbiques.l.es animaux marins leur servent de véhicules et ils accomplissent leur évolution dans les liquides organiques des êtres qui vivent dans la mer. Un autre point a été examiné, c’est l'influence de l’eau de mer sur la vie des microbes. L'expérience m’a montré que l’eau de mer est pour eux un milieu très favorable. Il suffit pour qu'ils vivent d’ajouter à l’eau de mer unè quan- tité minime de matière organique. J'ai choisi à cet effet la peptone. È Une quantité minime de cette substance suffit à provoquer le développement rapide des bactéries. Si l’on met cinquante centigrammes de peptone, dans un litre d’eau de mer, en l’en- semencant, ou même sans l’ensemencer, au bout de vingt- quatre heures, les bactéries y abondent (et aussi les monades). C’est ainsi qu’on peut expliquer l'apparente toxicité des pep- tones. Un poisson, placé dans de l’eau de mer contenant 0 gr. 50 de peptone par litre, meurt en une. demi-journée. Mais sa mort semble être due à l’asphyxie, car les bactéries, en se dé- veloppant, absorbent rapidement l'oxygène de l’eau, et rendent ce milieu irrespirable. Depuis longtemps j'avais constaté qu’un petit poisson dont le poids ne dépasse pas 30 à 40 grammes peut vivre dans un litre d'eau de mer, pourvu que l’eau soit dans un cristallisoir à large surface permettant le contact et la dissolution de l’oxy- gene atmosphérique. Mais quoique le poisson vive ainsi quel- ques jours, il ne peut vivre indéfiniment dans ce milieu, çar peu à peu il se développe dans le liquide des bactéries, qui he végètent activement gràce aux matières organiques excrétées par le poisson. Elles forment alors à la surface du liquide un très léger voile, visible seulement au microscope, et cet amas bactérien, très avide d'oxygène, rend bientôt irrespirable la petite quantité d’eau au milieu à laquelle vit le poisson. J'ajouterai én lerminant que je n’ai fait aucune détermina- tion des espèces bactériennes contenues dans le corps des animaux marins. Cette détermination pourra être faite à Paris. En effet, j'ai apporté des tubes remplis de paraffine qui a été fondue et portée à 120-. Quand elle a été suffisamment re- froidie, liquide encore, jy ai introduit des balanes pris sur les bords du rocher inhabité et éloigné de la rôte dont j'ai parlé plus haut. Des gastéropodes, pris avec des pinces flambées à la lampe à alcool, ont été mis immédiatement dans les tubes, et soustraits ainsi à tout germe aérien. Ils ne peuvent con- tenir évidemment que des germes marins (1). Toutes ces recherches ont été faites au bord de la Méditer- ranée, aux environs de Toulon. Il me parait cependant pro- bable qu’on peut les généraliser. L'EXPÉRIMENTATION APPLIQUÉE A L'ÉTUDE.DES SUCCÈDANÉS EN THÉ— RAPEUTIQUE. — La quinine et la cinchonine, par M. LaBorne. L'ordre du jour étant aujourd’hui peu chargé, ce qui est rare chez nous, ja vous demande l2 permission de vous dire quelques mots, en manière de préface de communications fu- tures et plus complètes, d'une question dont je me suis sou- vent occupé ici,æt qui présente un haut intérêt à la fois scien- tifique et pratique : la question des succédanës thérapeutiques éclairée par l'étude expérimentale. Cette question, que l’on pourrait croire définitivement jugée, et qui l’est, en réalité, pour ceux qui ne dédaignent pas les enseignements de la science expérimentale, reste cependant encore, dans la pratique, aux mains de l’empirisme aveugle (1) Soumis à des cultures artificielles, quelques uns de ces microbes ont de nouvelles générations. C r. 1882 36 — 676 — qui l’a jusqu’à présent gouvernée ; et la preuve, c’est qu'on peut lire, tous les jours, dans les journaux de médecine, des formules dans lesquelles l'emploi de-certaines substances mé- dicamenteuses, considérées comme succédanés en. thérapeu- tique, est couramment indiqué. J'ai à peine besoin de rappeler quel est, en dehors des in- dications exactes fournies par la physiologie expérimentale, le criterium préjudiciel de la détermination de tout succédané thérapeutique : c'est la parenté chimique, et rien que cette parenté. De ce que tel produit, tel composé est, de par la pro- venance et la composition, de la même famille chimique que tel autre dont on connaît déjà, plus ou moins, les propriétés thérapeutiques, on en conclut, à priori, que les composés sont tpso facto, assimilables au point de vue physiologique et médi- camenteux, et partant de cette induction & priori, on entre d'emblée sans autre indication conductrice dans la voie des essais thérapeutiques. Ces essais ont donné lieu et exposent tous ie jours & aux: plus singulières, et il est permis d’ajouter aux plus dange- reuses erreurs en thérapeutique empirique. Je pourrais ‘en ci- ter de nombreux exemples ; qu’il me suffise d’en rappeler deux : celui, dans la classe des composés minéraux, du bro- mure de potassium employé d'emblée comme succédané de son frère chimique, l’iodure de potassium, dans la syphilis ; et dens le domaine des alcaloïdes végétaux, l'exemple des principes immédiats de l’opium constituant, ainsi que l'ont démontré, pour la première fois, les mémorables expériences de CI. Bernard, deux catégories distinctes : d’un côté une sé- rie de poisons conoulsivants ne se prêtani pas aux applica- tions thérapeutiques, de l’autre, des substances douées de propriétés physiologiques qui en font de précieux médica- ments ;' et pourtant tous de la même série, de la même fa- milie chimique. Eh bien, je me propose aujourd’hui de faire devant vous la- même démonstration que je poursuis depuis longtemps à propos des produits fournis par les principales familles végé- tales médicamenteuses, en ce qui concerne les produits d’une des plus importantes de ces familles; celles des cinchonas ; et L£ — 677 — pour cela je prendrai, pour simplifier autant que possible la question, l'étude parallèle et comparée, au point de vue phy- siologique, de la cinchonine et de la quinine. La cinchonine est en effet, vous le savez, le succédané de la quinine actuellement le plus en faveur et le plus en vogue. Déjà, il y a quelques années, en 1877, dans des expériences - sur l’action physiologique comparée de la qwuinine, de la cin- chonine et de la cinchonidine, j'avais été conduit à constater une prédominance marquée des propriétés toxiques convulsi- vantes des deux dernières substances, surtout de la cinchonine, dont les effets étaient tels que j'avais cru pouvoir les caracté- riser par la désignation synthétique d’épilepsie cinchonique. Mais le produit que.j'avais alors en ma possession, était d’une provenance dont je nepouvais avoir la garantie; il y avait lieu d'en suspecter la pureté chimique; et l’on sait com- bien cette pureté importe pour la légitimité des déductions ex- périmentales. Or, la cinchonine dont je vais parler présente, à cet égard, toutes les garanties désirables; il me suffira, pour vous en con- vaincre, de vous dire que je la tiens des mains de notre sa- vant collègue, de notre excellent ami M. Grimaux, qui, dans ses récentes et remarquables recherches sur la série quinique et pyridique,.a obtenu des produits très intéressants, dont je suis en train d'étudier les propriétés physiologiques, et dont M. Grimaux fera, je l’espère, devant vous, un de ces jours, l’histoire chimique. Cette cinchonine, de la plus belle cristallisation, administrée en injection hypodermique à des animaux mammiferes, à dosesuffisante (cêtte dose est, en moyenne, de 25 centigram- mes pour un cobaye du poids de 250 à 350 grammes; de 50 centigrammes pour un lapin, de 75 centigrammes à un gramme pour un chien du poids de 12 à 15 kilogrammes), provoque les , phénomènes fonctionneis objectifs suivants: Tristesse de l’animal, jactitation à laquelle succède bientôt limmobilité avec fixité du regard, uné certaine difficulté à se tenir debout et de l’ataxie motrice aussitôt que l'animal se met en mouvement ; puis survient une sorte de tremblement, ‘ou plutôt de balancement latéral de la tête (manifeste surtout — 678 — chez le cobaye), s’accompagnani de petites secousses spas- modiques de tout le corps, prélude d'une véritable cerise con- vulsive ; tout à coup, en effet, l’animal pousse un cri initial {bien caractérisé, en particulier, chez le chien), tombe violem- ment sur le flanc, les quatre membres en roideur tonique, la tête en opisthotonos, et l’accés se poursuit en convuisicns clo. niques, avec claquement dentaire, écume à la bouche, et par- fois même écume sanguinolente; puis la période de rémission se fait du côté des phénomènes convulsifs, l'animal semble revenir à lui, avec le regard stupide et plus ou moins hagard, conservant toutefois un certain degré de parésie qui l’empê- che de se remettre solidement sur ses pattes; les mouvements respiratoires apparents, momentanément suspendus durant l'accès, reprennent avec une accélération anhélante; s’il s’agit d’un chien, il pousse des aboïements offensifs qui semblent té- moigner d’un véritable état hallucinatoire; et si ce premier ac- cès n’amène pas l'épuisement complet et la mort, l'animal reste, durant un intervalle plus ou moins long, dans une sorte de torpeur somnolente, à laquelle peut même se joindre,comme pour compléter le tableau de l’attaque épileptique, le ronfle- ment, Mais bientôt survient un nouvel accès, caractérisé par la même succession de phénomènes, avec intermittences de plus en plus courtes, car d'habitude, et lorsque la dose est mortelle, les accès deviennent subintrants jusqu’à la mort, laquelle se produit dans un laps de temps variable, mais qui, dans les conditions précédentes, ne dépasse guère 2 heures. Il se peut qu'après une seule attaque, ou même après plu- sieurs attaques, l'animal survive, cela est rare, quand celles- ei ont été intenses et bien caraetérisées. C’est bien, on le voit, et comme nous venons d’être amené à le dire par la description même des symptômes, d'une véri- table attaque épileptique qu'il s’agit, et le terme d’épilepsie cinchonique adopté par nous à la suite de nos premières ex- périentes, est parfaitement jusufié par les résultats nouveaux fournis par un produit dont la pureté chimique n’est plus dou- teuse. Ce n’est point là ce qui passe avec la quinine, même à dose 2 G79i = plus élevée dans la proportion d’un tiers, et presque de moité; si, en effet, l’on observe parallèlement les animaux de j’es- pèce précédente, ayant recu, dans les mêmes conditions, de la quinine bien pure (sulfate) en injection hypodermique, on voit bientôt l’animal chanceler et tituber sur ses pattes, comme s’il était en état d'ivresse, puis tomber dans une sorte de stupeur plus ou moins profonde, avec insensibilisation gé- néralisée et complète, perte des réflexes, surdité, en un mot, cet ensemble de phénomènes qui constitue le quinisme; mais a convulsion proprement dite ne fait point partie de ce tableau symptomatique; l’on observe, parfois, dans le cas de dose très élevée et mortelle, du tremblement de la tête et du corps,signe de faiblesse et de collapsus profonds, et s’il se montre de vrais phénomènes convulsifs, ce n’est qu’à la période termi- nale, et comme symptôme uliime de lu mort. La différenciation physiologique est donc très nettement établie, à cet égard, par l’expérimentation comparative entre la quinine et la cinchonine, celle-ci constituant un poison convulsivant,au premier chef,et devant, à ce point de vue,ins- pirer au thérapeute une certaine méfiance, sans compter qu’il ne paraît pas, d’après les enseignements de la physiologie ex- périmentale, répondre aux mêmes indications que son congé- nère, la quinine. Ce côté de la question sera bientôt examiné de plus près, lorsque j'entrerai dans les détails de l’analyse expérimentale, et que j'essayerai de déterminer le mécanisme de Paction de cette substance, et de plusieurs autres de la série, que je dois aussi à l’obligeance de M. Grimaux. Ce travail se pour- suit au laboratoire, où un de nos élèves, M. Simon, dont le nom doit être associé à cette communication, élabore sa thèse inaugurale sur ce sujet intéressant. J'ai seulement voula au- jourd’hui marquer, pour ainsi dire, les grandes lignes d’un parailèle physiologique qui, dans l’espèce, comme en prin- cipe, est de première importance pour la fondation d’une thé- rapeutique véritablement scientifique et rationnelle. — 680 — Séance du 11 novemure 1882. Présidence de M. Laborde. PuysloLOoGiE DU PLEXUS soLAIRE, par M. le Dr LEvEN. L’étude physiologique du plexus solaire ne peut se faire par l’expérimentation directe ; car, dès qu’on ouvre le ventre de l'animal, qu'on tire une anse d’intestin, qu'on la laisse ex- posée à air une ou deux heures, tous les viscères abdomi- naux s’irritent et la vie de Animal est PARA a en moins de vingt-quatre heures. J'ai donc substitué aux opérations ehirargréalés des rédn ee. ches avec des substances médicamenteuses. J’ai fait avaler à des chiens à jeun du charbon, du sulfate de magnésie, de l’o- pium, du seigle ergoté; de la coloquinte, du calomel, et je lais- sais vivre,les animaux plusieurs heures pour que 16: médica- ment eût produit son effet physiologique. Les expériences que j'ai répétées un grand nombre de fois m’ont démontré que l’action des médicaments dépend du degré d'irritation qu ils déterminent dans le plexus solaire: que leur effet ne peut s'expliquer que par l'impression dei substances sur le plexus solaire, que c’est le plexus qui maintient l'unité physiologi- que des viscères abdominaux et que tous se défangent simul- tanément sous l'influence des désordres dure dans 7 RES par le médicament. Er Ces désordres se traduisent par des excitations des nerfs musculaires du plexus, par là paralysie à des degrés divers des nerfs vaso- moteurs émanant du plexus ; il faut, poùr con- naître l’action complète du médicament, ajouter à délie de le plexus l’action directe sur la muqueuse. Les substances médicamenteuses se divisent en deux groupes. Dans le premier, il faut classer les substances inertes dont le type est le charbon ; vingt grammes de charbon donnés.à un L ” — 681 — ‘chien n influencent ni là muqueuse du tube digestif, qui con- serve sa coloration normale, nï le plexus ‘solaire, puisqu ’on ne trouve aucune sécrétion dans le tube gere ni ke vis- ‘cères, qui ont leur aspect normal. JAN Dans le deuxième groupe je rangerai les substances qui irri; ‘tent la muqueuse digestive, preduisent le catarrhe de la :mu- ire irritent le plexus solaire’ et ses branches nerveuses, et © Jés viscères. Je passerai en revue quelques-unés d’entre elles. Le sulfaté de magnésie n’agit pas, comme le disait Poiseüille, en faisant de l’osmose; il rougit la muqueuse du tube digestif, fait une excrétion de 250 grammes de liquide dans l'intestin du chien quand'on l’administre à la dose de sa gramines; con- ‘ gestionne tous les viscères. Il n’y a aucun rapport entre lirritation de ” miqueuse et le ‘flux intestinal; le flux diarrhéiqué x n "est ee dû au se de Je muqueuse. HYGRSES if RES ‘Le flux intestinal, le liquide, se compose ‘d’eau et de io rure de sodium, € 'est-à-dire ce Fo cie se “il sang Veau ét:le sel. f SAR AE SELS : Les purgatifs salins font: donc lé th: de la muqueuse, petipeent les 'vaso-moteurs, ‘et excitent tout le sue vis: céral. AOSARRE 11Le-drastique:agit bien plus ie détermine des - désordres ‘bien plus graves que le salin: La coloquinte à la _:dose de 50 centigrammes, au bout .de deux heures a ‘rougi toute la muqneuse digestive, a fait des hémorragies dans le - tissu -cellulaire sons-muqueux, des ulcérations de la mu- : queute, a augmenté les contractionsmusculaires de l'estomac, de lintestih, et a entrainé dans l'intestin une excrétion d’un liquide »alcalin : composé ‘d’eau, de chlorure; d’albumine,-de …leucocÿytes et de globules rouges:et a irrité (ous ie viscédres bien plus-que les purgatifs salins:: : 3 Les drastiques n’ont donc qu'un effet, c’est de ooble tou le tube digestif, d’y faire des lésions, de désorganiser les vis- cères. Ils n’ont pas une action isolée sur tel ou tel viscère (il n’y | a pas de substances cholagogues. var exemple), :ls impres- sionnent tous les viscères défavorablement : les drastiques C. r. 1882 86. ce 22 sont des agents très dangereux et qui jamais ne devraient être utilisés dans la thérapeutique. Le seigle ergoté à la dose de quatre grammes, administré au chien, fait également un ca- tärrhe de la muqueuse digestive, augmente les contractions musculaires de l'estomac et de l'intestin, congestionne les vis- cères, mais ne p'oduit pas de flux diarrhéique, ce qui prouve que le catarrhe n’entraîne pas le flux, qu'il n’y a pas de rap- port entre l’irritation de la muqueuse et la diarrhée, que ce sont là deux faits distincts, pas'plus qu’il n’y a de relations entre l'augmentation de contraction des fibres musculaires et Ja diarrhée (comme le professaient Thiry et ses élèves). Enfin je citerai l'expérience faite avec l'extrait d’opium. Qu'il soit donné par la bouche ou par l'injection sous-cuta- née, les effets physiologiques sout identiques. L'opium à haute dose qui, dans une expérience non prolon- gèe, anémie la muqueuse gastro-intestirale, fait, si l’expé- rience dure deux heures, du catarrhe de la muqueuse, aug- mente les contractions des fibres musculaires du tube digestif et n’entraîne pas de flux intestinal; si on répète plusieurs joursde suite l’usage de l’opium, on trouvera dans l'intestin une petite quantité de liquide identique comme composition à celui que donne le drastique. Ces expériences, que j'ai répétées sur un assez grand nom- bre d'animaux, m'ont démontré que tous les médicaments ad- ministrés par l’estomac, qui ne sont pas inertes, ont une ac- tion générale et sur le tube digestif et sur les viscères abdo- minaux, qu’elle ne peut s’expliquer ni par les désordres qu’ils entraînent dans la muqueuse, ni par les modifications de con- traction des fibres mnsculaires, ni par Jes modifications du sang. Tous les symptômes que l’on observe ne sont que consé- cutifs et dus à l'impression des médicaments sur le plexus so- laire, qui est le véritable centre nerveux de l’abdomen. Does RECHERCHES EXPÉTIMENTALES SUR LA TRANSMISSION DES MALADIES VIRULENTES AIGUES DE LA MÈRE AU FŒTUS. — INOCULATION DI- RECTE, INTRA-UTÉRINE DU FœTus. —: Note préalable par MM. I. Srraus et CH. CHAMBERLAND. En pathologie humaine, la transmission de certaines mala- dies virulentes de la mère au fœtus est bien connue : sont surtout démonstratifs à cet égard les faits de variole intra- utérine et de variole cong tale (enfants de mères atteintes de variole pendant la gestation qui naissent av ?c des cicatrices de petite vérole, ou en pleine éruption variolique, ou bien en- core jouissant d’une entière immunité contre la variole spon— tanée ou inoculée, ou contre la vaccine). Il existe des exemples analogues, quoique moins indiscutables, de transmission In— tra-utérine de la rougeole, de la scarlatine, de la fièvre ty- phoïde, etc. À cette question se rattache étroitement celle de l'immunité: complète ou incomplète, temporaire ou définitive, conférée dans certains cas à son enfant par la mère atteinte pendantla gestation d’une maladie virulente. I. Sur le terrain expérimental, le charbon, surtout ètudié, donna des résultats inattendus : Bræuell, Davaine, M. Bollin- ger, M. Pasteur, etc., constatèrent que la maladie charbon- neuse ne passe pas au fœtus et que les liquides de ce dernier ne possèdent aucune virulence. Nos recherches, tout en con- firmant l’entière exactitude de ce point, en pass peut- être la signification. Expériences sur là transmission du charbon. — Nos expé- riences ont porté sur -des femelles de cobayes pleines à di- verses périodes de la gestation. Toutes ont donné des résul- tats conformes à la loi de Bræuell-Davaine: le sang et le tissu du fœtus (ainsi que le liquide amniotique) ne renfer- maient aucune bactéridie ; l’inoculation des liquides fœætaux n’a jamais reproduit le charbon; semés,ces liquides ont été stériles. — Le passage ne s’effectue pas, quel que soit le moment de la NN gestation, qu’il s'agisse de fœtus presque à terme ou d’autres né mesurant qu’une longueur d’un à deux centimètres. Nous avons eu à notre disposition un certain nombre de fe- melles de cobayes inoculées par le charbon atténué selon la méthode de MM. Pasteur, Chamberland et Roux, qui avaient succombé à l'affection charbonneuse, mais, au bout de 4, 5, 8 jours seulement (au lieu de 36 heures, qui est la durée ur- . dinaire du charbon normal chez le cobaye). Dans ces cas de charbon prolongé, comme dans le charbon aigu, les fœtus étaient indemnes. Le placenta et les membranes de l'œuf constituent donc une barrière infranchissable pour la bactéridie charbonneuse. Des coupes de placenta, colorées par le violet de gentiane pour déceler la présence et Ja répartition des bactéridies, donreant à cet égard des particularités anatomiques instructives sur les- quelles nous ne pouvons insister ici. Le non-passage de la bactéridie charbonneuse au niveau du placenta n’est du reste que l'expression éclatante et cons- tante d'un fait plus général et qui domine, avec une netteté plus ou moins grande, il est vrai, l'histoire anatomo-patholo- _gique toute entière de l’affection Dec nrcnen Sur un très grand nombre de cobayes charbonneux, nous avons recueilli, après la mort, avec les précautions convena- bles, divers produits de abie surtout la bile et l'urine, puisées directement dans la vésicale biliaire et dans la ves- sie. Ces liquides ont été examinés par différentes méthodes d'investigation, au point de vue de la présence des bactéri- dies. Presque toujours, l'examen microscopique, minutieuse- ment pratiqué, a été négatif, sauf dans les cas où l’urine était mélangée de sang; les expériences d’inoculation le plus sou- vent aussi furent sans résultat. La méthode de HEAR RE la plus sûre fut, on le devine, celle des cultures. Trois éventualités se présentèrent : dans un certain nom- bre de cas, les ballons énsemencés se troublèrent dès les pre- : mières heures par une active végétaticn bactéridienne. La bile ou l’urine semées avaient donc été assez riches en bac- téridies. Dans d’autres cas, on constata dans les 12 ou 24 heures qui — 685 — suivirent l’ensemencement la présence dans Île bouillon de- meuré parfaitement limpide, d’une, deux, trois ou quatre pe- tits points blanchâtres, floconneux,de la grosseur d’une pointe d’épingle, semblables à de petites parcelles de ouate qui flot- teraient dans le liquide. Pour quiconque a l’habitude des cul- tures dans un liquide maintenu au repos, chacun de ces flo- cons provient de la végétation d’une seule bactéridie. Le li- quide semé (dont la quantité s’élevaitgénéralement à 112 cen- timètre cube au moins), ne contenait donc, suivant le cas, qu’une seule ou deux, ou trois. . bactéridies, chiffre extrè- mement faible et qui explique bien les résultats négatifs en apparence fournis par le microscope, ainsi que par l’inocula- tion. Enfin, dans une troisième catégorie de faits, les ballons se trouvèrent parfaitement limpides dans toute leur étendue : le produit de sécrétion semé ne renfermait aucune bactértdie. Ces derniers résultats sont, au point de vue de la compré- hension juste et de la théorie de la maladie charbonneuse, les plus significatifs. Ils prouvent que, dans des conditions que nous exposerons dans notre travail in extenso (absence de ruptures vasculaires, autopsie faite rapidement après la mort, etc.), les liquides de sécrétion tels que la bile, l’urine, le lait, chez le cobaye, ne contiennent pas de bacillus. Quand ils en renferment, c’est d’une façon incidente et fortuite. Les propriétés physiques et physiologiques de la bactéridie charbonneuse, ses dimensions relativement gigantesques, son immobilité absolue, sa parfaite flexibilité enfin sa qualité émi- nemment aérobie expliquent pourquoi le charbon envahit si rapidement le sang, et celui-ci une fois envahi, pourquoi il s’y cantonne presque exclusivement. Er effet, dans beaucoup de tissus et d’organes, chez l’ani- mal charbonneux, comme on peut s’en assurer sur des coupes colorées, la simple paroi des vaisseaux capillaires sert de bar- rière et de barrière suffisante, sauf les cas de rupture vascu- laire et d'hémorrhagie. (chez le cobaye et le lapin, le charbon offre un caractère moins hémorrhagique que chez le mouton, le bœuf et que chez l’homme). ‘ Les appareils glandulaires, grâce à leur revêtement epithé- NI QR Cn lial, fcrment une barriere plus efficace, mais qui cède cepen- dant parfois. Enfin, le placenta constitue, pour la bactéridie charbonneuse, un véritable filtre parfait, comme l'appelle M. Pasteur. En effet, pour pénétrer dans la circulation fœtale, il faudrait que les bactéridies, après la rupture des capillaires maternels, franchissent les couches superposées de l’épithélium placen- taire, puis pénètrent, par une nouvelle effraction, dans le réseau capillaire fœtal ; conditions à priori peu réalisables et qui, en effet, ne se réalisent pas. On voit donc que le non-passage de la bactéridie charbon- neuse à travers le placenta n’est qu’une manifestation rendue plus frappante et plus constanie par la structure de la région, du caractére anatomo-physiologique général de la maladie charbonneuse, qui est une maladie hématique, intra-vasculaire par excellence. Au point de vue de la non-transmission de la mère au fœtus, comme à d’autres égards, le charbon occupe une position ex- ceptionnelle parmi les maladies virulentes. C’est ce que prou- vent les expérience suivantes : Charbon symptomatique. — MM. Arloing, Cornevin et Tho- mas ont montré que chez la brebis morte de charbon sympto- matique, le sang du fœtus est virulent comme celui de la mère et renferme la bactérie spéciale, mobile qui est l’agent de ‘la maladie. M. Arloing, ave. une extrème obligeance, a bien voulu nous faire parvenir du virus symptomatique, Nos recherchesont porté sur des cobayes pleines et ont donné des résultats moins nets que ceux, bien établs, obtenus chez la brebis par les expérimentateurs lyonnais, particularités sur lesquelles nous reviendrons. Choléra des poules. — Nous l’avons expérimenté sur la poule et sur le lapin. Chez la poule, le microbe paraît envahir tous les tissus et les produits de secrétions ; le contenu des vé- sicules du Graaf a été trouvé aussi virulent que le sang; la difficulté où l’on est dans la saison actuelle de trouver des poules pondeuses nous a empèché de rechercher si le micro- AN eQr ie coceus pénètre dans les œufs fécondés pendant leur trajet le long de l’oviducte. : Chez le lapin, au moins aussi favorable pour le développe- ment du microbe que la poule elle-même, l’organisme enva- hit tous les tissus, et le fœtus n’est pas épargné; le sang fœtal en renferme; inoculé au lapin, il est virulent comme celui de la mère. Septicémie expérimentale. — Le vibrion septique de M. Pas- teur, l’agent le mieux étudié d’une des septicemies, passe difficilement, il est vrai. et dans des conditions spéciales que nous nous réservons de déterminer, de la mère au fœtus, chez le lapin et le cobaye. Voilà donc trois maladies à microbes bien déterminées qui, contraiiement à ce qui se passe pour le charbon et conformé- ment à ce qu'on observe cliniquement pour la variole humaine, franchissent le placenta et se transmettent de la mère au fœtus. L'expérience de Davaine, qui tendait à prouver que. la viru- lence est inhérente à la présence dela bactéridie et qu’elle n’est pas liée à celle d’un ferment soluble traversant les mem- branes, cette expérience, si nette au point de vue de la deé- . monStration de la nature parasitaire du charbon, aurait échoué, si, au lieu de s'adresser à la bactéridie charbonnevse, il avait étudié une maladie causée par un organisine mobile comme celui du charbon symptomatique ou par un micrococcus subtil et pénétrant comme celui du choléra des poules. II. — Méthode d’'inoculation directe, intra-utérine du fœtus. Si le chrabon ne se transmet pas de la mère au fœtus, cela tiendrait-il à ce que le fœtus, dans ses conditions de vie intra utérine, n’est pas un terrain apte à contracter et à cultiver le virus charbonneux ? Tel est le problème que nous nous som- mes posé et, pour le résoudre, nous avons eu recours au pro- cédé le plus sommaire et le plus décisif, l’inoculation directe, Intra-utérine du fœtus. Chez la femelle de cobaye pleine on sent aisément par la palpation, les fœtus et, à l’aide d’un trocart capillaire adapté à seringue de ee nous avons pu porter dirécte- ment dans le corps d’un fotus du sang charbonneux où de la Culture contenant des spores virulentes. Le fœtus ne. meurt pas des suites immédiates de la, pi ‘qüre et contracte le char - bon; malheureusement la. mère étail toujours contaminée en. même temps que le fœtus. Cependant: nous. avons maintes fois ainsi provoqué le fait curieux suivant: une mère charbon neuse contenant dans l'utérus, deux, trois ou quatre fœtus dont un seul charbonneux, les autres parfaitement sains. C’est le premier exemple, à notre connaissance, dune in fection directe, expérimentale du fœtus. Mais nous ne pouvions atteindre le but, proposé, infecter. Je fetus sans contaminer simultanément la mère. Nous espérons y arriver cependant, à l’aide d’un. artifice : C’est en nous adressant à des femelles pleines (brebis, lapines, cobayes) soumises, selon la méthode de. Pasteur, à des. ino— culations préventives de virus : ‘charbonneux atténué et ren= dues ainsi réfractaires au charbon virulent. Ces expériences sont en cours d'exécution et nous pourrons bientôt en, sou mettre les premiers résultats àla Société de Biologie. On devine aisément combien cette méthode nouvelle d’ino- culation directe,intra-utérine du fœtus, sans infection simulta- née de la mère, peut fournir de oc orne intéressants. pour, l'étude de la réceptivité du fœtus dans les cas d’immunité mater- nelle,et des variations de cette réceptivité fœtale,selon l’époque. de la gestation à laquelle l’immunité à été conférée. à la mère. Peut-être aussi pourrons-nous, par cette voie, aborder. sous une de ses faces le grand problème de limmunité en général. NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'ALIMENTATION SUR-+AZOTÉE cHEz, LES ANIMAUX DE BASSE-COUR, par M. P REGNarr. Peut-être les membres de la Société se souviennent-ils qu'il y a quatre mois, je leur faisais part de quelques résultats obtenus sur des animaux herbivores à qui j'avais fait prendre une nour- riture sur-azotée. J'avais alimenté ces animaux au moyen de la substance à la fois la plus nutritive et la moins chère, le 4 \: PRO sang desséché après avoir été cuit et réduit en poudre im— palpable. J’ai depuis continué ces recherches et je les ai étenlre: à un grand nombre d'animaux. Je voudrais aujourd’hui parler a la Société de ce que j'ai fait sur les animaux de basse-cour : les résultats sont là d’au- tant plus intéressants qu’ils sont obtenus en un très court es- pace de temps. Mes expériences ont porté sur des canards, des poulets et des faisans. Expériences sur des eanards.—Le 11 juillet j'ai pris des ca- nards qui venaient de naître : ils ont donc a:jourd'hui quatre mois. Je les ai divisés en deux lots, le premier lot a êté nourri avec la pâtée de farine de maïs et d'eau qui sert dans toutes les fermes ; le deuxième lot a été nourri avec la même patte, plus du sang desséché dans les proportions de deux tiers de l’une et d’un tiers de l’autre. J’opérais cette année dans des conditions déplorables, j'étais mal installé et les pluies inces- santes, l'humidité faisaient movrir tous les jeunes animaux autour de moi: tous mes canards du premier lot ont succombé au bout de quelque temps ; tous ceux soumis à l'alimentation sur-2zotée ont résisté, prospéré, et sont aujourd'hui énormes, malgré les déplerables conditions dans lesquelles ils ont été élevés. _ Je présente à la Société ces oiseaux, la Société voit qu’ils sont vraiment monstrueux,puisqu’à quatre mois et sans avoir été engraissés, ils pèsent chacun plus de deux kilogrammes. Voici d’ailleurs les chiffres exacts que nous ont donnés deux de ces animaux pésés tous les deux jours. CANARDS | CANARDS DATES DATES ORDIDAIRES | AU SANG ORDINAIRES D) omen omrmem men 24 450 942 16 480 1950 26 460 1060 18 330 1945 28 495 1120 20 310 2015 Mort ; Ainsi, après quatre mois, le témoin était mort et l’oiseau nourri au sang avait atteint 2 kilogrammés. Expériences sur les poulets. Les mêmes conditions elimatéri- ques fâcheuses qui m'ont nui dans mes expériences sur les canards sont intervenues dans mes recherches sur les poulets. Une couvée de race Houdan pure composée de 10 poulets a été divisée en deux classes nourries de la même manière que RRn <, HOUR les canards: beaucoup d'animaux ont sucecombé,mais aucun parmi ceux qui étaient nourris au sang. Voici quelques-uns _de ces poussins âgés de trois mois; ils pèsent pres d’un kilo- gramme. Comme pour les canards,je donne ici les pesées faites compa- rativement sur deux poulets. POULETS POULETS : à l'almentaticn au sang dasséché!! ordinaire Ainsi le poulet au sang pèse un cinquième de plus que Île poulet nourri à la pâtée. Ce sont là de bons résultats, mais je suis certain que l’année prochaine j’en obtiendrai de meilleurs encore. Expériences sur les faisans.— Les recherches que j'ai faites surles faisans seront, je crois importantes si les résultats se confirment et se généralisent,. On sait qu’à l’état de poussin, le faisan est carnivore, il se nourrit uniquement de larves de fourmis et d'insectes. Les propriétaires de faisanderies savent combien il est difficile de se procurer ces larves, il faut quelquefois aller les chercher — 692 — à une grande distance; le prix de revient est énorme, c’est ce qui fait que l'élevage du faisan est un grand luxe: J’ai donné à de jeunes faisandeaux d’un mois la pâtée qui servait à mes canards et à mes poulets. Ils l’ont acceptée avec plaisir et de- puis cinq mois sont uniquement nourris de cette mamière. Ils sont aujonrd’hui énormes et si je ne les/ai pas pesés réguliè- rement, c’est qu'il est difficile de les saisir, ces animaux étant infiniment moins. privés que des poulets ou des canards. J’es- père que ces faisans, quand ils couveront l’année prochaine, feront manger à leurs petits la nourriture dont ils ont mainte- nant l'habitude, et peut-être cette éducation pourra-t-elle s’é- tendre au delà. Reste à savoir si la viande ainsi fabriquée n'aura pas un mauvais goût. C’est ce que nous saurons prochainement.Dans tous les cas, les animaux avant été élevis intensivement, comme je l'ai dit, ne sont pas gras. Il suffirait de les mettre à l’éngrais pendant six semaines en supprimant totalement le sang pendarit ce temps pour obtenir des bêtes encore plus énormes et exemptes certainement de tout. mauvais gout. C’est ce que nousferons à la saison pro- chaine. SUR LA VIE DES ANIMAUX ENFERMÉS DANS DU PLATRE. —- Note de AIM. Cu. Ricuer et P. RonneAU. On sait ou on croit savoir de temps immémorial que des reptiles et des batraciens peuvent séjourner impunément en- fermés dans des corps solides pendant un espace de temps illimité. Ce sont surtout les crapauds, qui jouissent de cette étrange réputation. À vrai dire elle est plutôt dans l'opinion vulgaire que dans les ouvrages scientifiques. En effet, un très petit nombre de savants se sont occupés de cette question in- téressante. Pour donner une idée des faits presque fabuleux qui avaient cours il y à à peine un siècle et demi, je citerai deux récits empruntés aux mémoires de l Académie royale des sciences de Paris. « Dans un pied d’orme... précisément au milieu, on a — 693 — trouvé un crapaud vivant de taille médiocre, maigre, qui n’oc- cupait que sa petite place. Dès que le bois fut fendu, il sortit et s’échappa fort vite. Jamais orme n’a été plus sain, ni com- posé de parties plus serrées et plus liées, et ce crapaud n'avait pu y entrer par aucun endroit. L'œuf qui l'avait formé devait se trouver dans l'arbre naissant par quelque accident bien particulier. L’animal avait vécu là sans air, ce qui est encore SRUReNEE s'était nourri de la substance du bois et n'avait crû qu’à mesure que l'arbre croissait. Le fail est attesté par M. Huserr, ancien professeur de philosophie à Caen, qui l’a écrit à M. Variquen (1). » La seconde observation, quoique plus récente, est plus étonnante encore : « M. Seigne écrit le mme fait à l'Académie, à cela près qu'au lieu d’un orme, c'était un chêne plus gros que l’orme, selon les mesures qu’il en donne, ce qui augmente encore la merveille. Il juge par le temps nécessaire à l’accroissement du chêne, que ie crapaud devait s’y être conservé depuis 80 ou 100 ans, sans air et sans aliment étranger (2). » On pourrait certainement, dans les mémoires des anciennes académies d'Allemagne ou d’Angieterre, trouver nombre d'exemples analogues. Mais il ne nous paraît pas que cela soit bien nécessaire, car ces observations ne sont pas faites avec la précision scientifique indispensable. . Haller même, en étudiant les conditions de l’asphyxie, ne cite que dés faits assez peu probants. Il raconte (3) l'histoire des hirondelles qui, à l'approche de l'hiver, à moitié engour- dies par le froid, se. fixent sur des roseaux, et sont peu à peu envahies par la glace, il paraît qu'eiles peuvent ainsi passer la saison hivernale, ensevelies dans la glace des étangs. Une observation plus sérieuse paraît être celle de Baglivi, rapportée par Haller (4), du’une tortue a pu vivre vingt jours (1) Hust. de l’Académie Royale des Sciences, 1779. Edit. de Paris in-12. LU p.490 (2) ist. de l'Acaz. Royale des Sciences, 1731. Edit. d'Amsterdam, in-12 1733, p. 29. (3) Elementa physiologia. . HE, p. 266, lih, VILE, paragraphe 19, (4) Loc. cit. pe 271.014. IL — GD4 — après que la bouche et les narines ont été oblitérées. Mas l'explication anatomique qui est donnée de ce fait nous paraît complètement insuffisante pour donner la raison de cette per- sistance de la vie (1). La première expérience sérieuse a été faite par Hérissant à l’Académie des sciences, en 1777. Cet éminent naturaliste en ferma, en des boîtes scellées dans du plâtre, trois crapauds, qui furent déposés à l’Académie des sciences. On ouvrit les boîtes dix-huit mois aprés : un des crapauds était mort, les deux autres vivaient. Mais, probablement qu’il y avait de l'air dans les boites où les crapauds avaient été enfermés. Quarante ans plus tard, une série d'autres expériences, beaucoup plus précises encore, furent faites par William F. Edwards. Elles sont consignées dans son magnifique ouvrage De l’Influence des agents physiques sur la vie (2). | Des crapauds placés dans du plâtre, de manière à y être complètement scellés, vécurent dix-neuf jours et plus (sans que la durée soit spécifiée) dans du plâtre; si le plâtre était recouvert d’eau, la vie ne durait guëre plus de 8 à 10 heures. A vec les grenouilles et les salamandres, l’expérience donna les mêmes résultats. Toutefois, scellées dans du plâtre, les grenouilles vivent moins longtemps que les salamandres et les crapauds placés dans les mêmes conditions. W. Edwards prouva, en outre, par une expérionce directe, que le plâtre est perméable à l'air; et il fut amené à conside- rer la survie des batraciens dans du plître comme due à la persistance de la respiration cutanée. On sait que quelques années auparavant, Spallansani avait démontré que les gre- nouilles peuvent vivre sans poumon, et que là respiration cutanée suffit à leur minhne consommation d'air vital. W. Edwards fut même ameré à cette conclusion très para- doxale, et cependant rigoureuse et facilement explicable, que les grenouilles vivent plus longtemps dans du plâtre ou dans du sable que dans l'air. En effet, à l'air non humide, les gre- (1) Habet testudo musculosos anuulus in aditu arleriæ pulmonalir, ut san- : ainem gba arteriâ avertere possit, quaindin eub aquis vivif, atque in lis ani- inalibus, iter saïguinis ctiam deleto pulmone superest. (21 Paris, 1824, p. 15-24. — 695 — houilles se dessèchent et meurent au bout de trois où quaire jours, tandis que dans du plâtre elles peuvent vivre au moins deux ou trois semaines. La conclusion de tous ces faits était fort simple. C’était la confirmation de l’expérience de Spallansani. Les batraciens vivent sans poumon, en respirant par la peau, et comme le plâtre n’empêche pas l’abord de l'air, l’asphyxie n’est pas la conséquence de leur emprisonnement dans le plâtre. Depuis ces célèbres expériences de W. Edward, les physio- logistes se sont peu occupés de la question. Claude Bernard (1), rejetant l'expérience avec le plâtre comme pouvant exercer une action funeste sur la vie de la- nimal, a placé un crapaud dans un pot de terre, qui fut en foui dans le sol. L'animal vécut ainsi deux ans. La troisième année, la mort fut due, soit à l’inanition pro- longée, soit à la gelée, qui avait Do bbicent déterminé la congélation du corps de l’animal (2). Les auteurs des traités classiques de physiologie ne par- lent de ces expériences que pour confirmer l'opinion de Wii- liam Edwards, qu’il s’agit là d’une respiration cutanée, ren- due possible par les porosités du plâtre, perméabies à l'air. Nous avons d’abord répété les expériences de W. Edwards sur des grenouilles et des sangsues, et nous les avons trou- vées parfaitement exactes. Des grenouilles et des sangsues ont vécu plus de huit jours dans du plâtre, tandis que, si la masse de plâtre était enfouie dans de l'huile ou de l'eau, la mort survenait en moins de 24 heures. Mais c’est surtout avec les tortues que l'expérience nous a donné des résultats imprévus. Nous avons déjà montré à la Société une tortue dont la tête et les pattes antérieures avaient été scellées dans du plâtre. Cette tortue vécut 80 jours, du 15 mai 1882 au 8 août 1%82. (1) Leçons sur les tissus vivants, p. 49 (2) Relativement aux animaux enfouis longt mps dans de la terre conge- lée. Voir Pouchet. Recherches expériminiales sur la congélation des ani- maux. Journal ae l'Anat et de la Physiol. 1866. T. II, p. 1 à 6. C. r. 1882 37 SANS A) Pendant tout ce temps elle resta vigoureuse, quoiqu’elle subît un amaigrissement progressif. Le 8 août 1882, nous constatâmes qu’elle ne faisait plus de mouvements volontaires ni réflexes, c’est-à-dire qu’elle ne re- tirait pas les pattes postérieures quand on les piaçait. Nous fimes alors son autopsie, et nous constatâmes que son bec et sa tête étaient complètement scellés dans le plâtre, et avaient même subi un commencement de macération par suite de l’excrétion des liquides organiques au travers des narines etde la bouche. Cependant, entre le bec et les pattes exis- tait un tout petit espace, qui devait jouer le rôle d’une sorte de chambre à air. Le cœur battait encore, quoique faiblement, mais il était presque privé de sang. Tous les tissus étaient absolument exsangues. Cette expérience est importante : car on ne peut pas admet- tre chez les tortues de respiration cutanée. Ces reptiles sont, dans les parties privéesde carapace, munis d’une peau écail- leuse trop épaisse, pour que l’oxygène puisse la pénétrer en quantité appréciable. Il s'ensuit que l'explication donnée par W. Edwards est sans doute vraie pour les grenouilles, mais qu’elle ne peut certainement pas trouver son entière applica- tion aux tortues, attendu que chez ces animaux il n’y a que la respiration pulmonaire qui puisse introduire de l'oxygène dans le sang. Comme les pattes postérieures de la tortue étaient libres, on poûvait supposer quedes mouvements de ses pattes posté- rieures servaient à déterminer des expirations et des inspira- tions pulmonaires. Il a été en effet démontré par M. Bert (1) que les tortues sont aidées dans leurs grands mouvements d'inspiration et d'expiration par les mouvements des pattes antérieures et postérieures. « L’inspiration peut encore avoir lieu, dit M. P. Bert, quand les pattes postérieures et les pat-. ies antérieures sont rentrées; mais elle est très faible. Pour avoir une inspiration véritablement active, c’est-à-dire dépas- sant notablement les limites de la réaction élastique, il est né- (1) Leçons sur la respiration, p. 286-298. — 697 — cessaire que l’animal puisse étendre ses pattes antérieures. » Ainsi, les tortues peuvent à peine respirer, quand elles sont complètement immobilisées. Et cependant l’immobilisation complète dans du plâtre n’asphyxie pas les tortues. Voici une tortue qui a été le 18 juillet de cette année com- plétement ensevelie dans du plâtre. Le 3 novembre, c’est-à- dire 108 jours après, nous avons fendu lenveloppe de plâtre qui la recouvrait. Ce plâtre était devenu si dur et si compact qu'il a fallu l'ouvrir au ciseau et au maillet. La tortue était par- faitement vivante : et auiourd’hui encore (11 novembre) quoi- que nous n’ayons enlevé que le plâtre d’une patte postérieure, juste assez pour apprécier l’état physiologique de la tortue, elle est, comme on peut le voir, parfaitement vivante. Ainsiles très faibles inspirations que peut faire une tortue complètement immobilisée . dans du plêtre, suffisent à prolonger sa vie. Et encore respire-t-elle une quantité d'air tout à fait minime, celle qui filtre à travers la muraille épaisse et com- pacte qui l’englobe étroitement. Notons aussi que la tortue qui a vécu du 15 mai au 10 août, celle qui a vécu du 18 juillet au 15 novembre, ont traversé la période des plus fortes chaleurs, que, par conséquent, on ne peut assimiler leur état à l’hibernation naturelle à laquelle sont en effet soumises les tortues terrestres. Si l’on suppose que nos tortues (abstraction faite de la ca- rapace) pesaient 400 grammes, il s’ensuit, d’après les expé- riences de Regnault et Reiset que chacune d’entre elles de- vait consommer environ Ogr. 03 d’oxygène par heure, soit 20 centigrammes d'oxygène, c’est-à-dire, par heure, 100 cen- timètres cubes d’air atmosphérique. Or il est invraisemblable qu’une telle quantité d'air atmos- phérique cireule ainsi à travers le plâtre. Il faut donc admettre que la consommation d'oxygène est devenue tout à fait minime, et cette réduction au minimum de la dépense d'oxygène est due sans aucun doute à l'absence absolue de mouvements musculaires, et de digestion. Un ani- mal tout à fait immobile, et qui n’introduit aucune substance alimentaire dans son tube digestif, consomme un. minimum d'oxygène et produit un minimum d’acide carbonique. — 698 — Par là s'explique ce paradoxe que les animaux (grenouilles, salämandres et tortues), scellés dans au plâtre, vivent mieux que des animaux laissés à l'air libre. Et en effet, sur six tortues de même taille, achetées le 8 juillet, én même temps, il y en eut une qui fut laissée à l’air libre et qui est morte; une autre ayant subi pour toute opération l'ouverture de la trachée et qui mourut le lendemain. Les quatre autres furent placées dans du plâtre, trois d’entre elles survécurent et vivent encore aujourd’hui. Ainsi, des quatre tortues scellées dans du plâtre, une seule est morte. Nous reviendrons bientôt sur uen autres résultats de ces expériences. NOTE SUR LE DÉPLACEMENT DES POINTS LU GYRUS SIGMOÏDE, DONT LA FARADISATION AGIT SUR LA SALIVATION, LA CIRCULATION SANGUINE ET LES MOUVEMENTS DES MEMBRES, par M. BocHEFONTAINE. On sait que l’électrisation du gyrus ou circonvolution sig- moïde peut déterminer une hypersécrétion abondante des glandes salivaires, chez le chien. D’après plusieurs expérien- ces, il peut arriver que le point dont l'excitation électrique pro- duisait ce phénomène se trouve, au bout d’un temps variable, une demi-heure à une heure environ, incapable de répondre à _ la même excitation. Une onto plus intense de ce point reste encore sans résultat. Si alors on explore la circonvolu- tion sigmoïde avec l’excitateur, on rencontre un autre point qui est devenu capable de provoquer la sécrétion salivaire. Le point salivaire était primitivement er avant du silion crucial; au bout d’une heure il est en arrière. Dans une expérience il était placé sur le gyrus, en dehors de l'extrémité externe du sillon crucial ; plus tard, ilest sorti de la circonvolution sig- moïde et on le rencontre en dehors d’elle sur la circonvolution voisine. Il y a donc dans certaines conditions une sorte de transfert des centres salivaires du cerveau. Les petits cantons cérébraux dont la faradisation agit sur la circulation sanguine présentent les mêmes déplacements. Dans une expérience un courant électrique tel qu’on les em- ploie d'ordinaire en physiclogie est appliqué en dehors et en avant du sillon crucial; presque aussitôt, la tension sanguine + à — 699 — augmente et le pouls s'accélère; la pression artérielle croit encore, le pouls se ralentit; la tensiou commence à décroître. les systoles sont très lentes, syncopales; puis progressivement, au bout de deux minutes environ, la tension et les battements du cœur sont revenus à leur état normal. Un certain temps plus tard, une excitation pareille du même point de l'écorce grise cérébrale est sans effet. Mais, après avoir tâtonné, on obtient le résultat cherché au moment où l’on se trouve en arriére du sillon crucial près de la scissure longitudinale. _Les régions appelées centres moteurs des membres ont pré- senté des transferts du même genre après dix ou quinze minu- tes, ainsi que M. Vulpian l’a pu constater aux démonstra- tions de son cours de pathologie expérimentale et comparée. Ces faits établissant que les parties excitables de la con- vexité du cerveau et plus particulièrement de la circonvolution sigmoïde, chez le chien, n’occupent pas toujours une situation constante. sur un même individu, qu'il s’agisse de provoquer l’'hypersécrétion salivaire, les troubles circulatoires ou les mouvements des membres. On ne doit pas admettre que le transfert des points excita- bles se fait dans l’écorce cérébrale elle-même, parce que l'ex- citabilité de cette sorte de substance grise n’est pas expéri- mentalement démontrée, même par les expériences de MM. Franck et Pitres et de M. Couty. M. Vulpian en effet a récemment établi que les irritations mécaniques produites par M. Brown-Séguard et par ces auteurs n’intéressent pas réel- lement la substance grise, mais les expansions terminales des fibres nerveuses dans cette substance corticale. Ces faits de physiologie peuvent trouver des applications à la clinique. Par exemple, ils peuvent servir à expliquer com- ment une lésion de l'écorce cérébrale déterminée n’entrainé- pas constamment des troubles identiques. DAT SN Séance du 18 novembre 1882. Présidence de M. Paul Bert. SUR L’ANATOMIE PATHOLOGIQUE DU LUPUS . Note de MM. Vipaz et H. LeLoir . Au nom de mon collaborateur, M. H. LeLorr, et au mien, j'ai l'honneur de soumettre à l’attention de la Société une série de planches chromo-lithographiqués et de dessins repré- sentant des coupes de lupus érythémateux, de lupus acnéique, d’un type encore mal connu que je désigne sous le nom de Lupus scléreux, et des deux variétés du Lupus vulgaire : Lupus tuberculeux non ulcéreux et Lupus tuberculeux ulcéré (L. non exedens et L. exedens). Ils reproduisent, avec une exactitude remarquable, ce que nous avons observé dans nos recherches histologiques sur l'anatomie pathologique des di- verses formes du lupus. Lupus tuberculeux. — L’histologie pathologique du lupus tuberculeux ayant déjà, depuis longtemps, donné lieu à la pu- blication de nombreux et excellents travaux (Virchow, Wedel, Auspitz, Kaposi, Neumann, E. Lang, Malassez, Volkmann, Colomiati, etc.), nous ‘nous contenterons de rappeler succinc- tement les caractères généraux de cotte néoplasie en y ajou- tant les résultats de notre observation personnelle. _ Dans l’histulogie du lupus tuberculeux, il faut distinguer deux cas, selon que l’on a affaire à un lupus non ulcéré eu à un lupus ulcéré (L. non exedens et L. exedens). 1° Lupus non ulcéré. — Si, dans cette affection, la lésion, au début, est souvent localisée dans les couches superficielles du derme, on nè peut dire, avec Larroque, que le processus marche toujours de la superficie vers la profondeur et n'arrive à atteindre les parties profondes du derme que par la prolon- gaticn du travail pathologique. C’est là une erreur qui tombe . — 701 — devant les faits cliniques et anatomo-pathologiques, et il n’est pas rare de voir des amas de tissu lupeux considérables dans les parties moyennes et profondes du derme, alors que sa cou- che papillaire est à peine infiltrée par le néoplasme. Le derme se trouve infiltré d’une façon diffuse, ou parilots, ou d’une façon mixte, par des cellules embryonnaires. Elles présentent toutefois une tendance générale à se grouper, et cela particulièrement autour des vaisseaux ; ou à suivre les trajets et fentes lymphatiques de la peau, qui, disons-le en passant, sont en général assez notablement dilatés dans le lu- pus. Ces cellules, en se groupant, forment les nodules lupeux histologiques ou primaires, qui, en se réunissant à leur tour, forment, comme dans le tubercule, les nodules secondaires et microscopiques {Grancher, Jarisch, Colomiaiti, etc.). Aussi, lorsqu'on examine à un fort grossissement un nodule lupeux d’un certain volume (S) voit-on qu’il est constitué par la réu- nion d’une quantité plus ou moins grande de petits îlots, plus ou moins séparés les uns des autres par le tissu conjonctif re- foulé et désagrégé. Ces différents îlots sont constitués par des cellules embryonnaires provenant à la fois et des vaisseaux et de la prolifération des cellules fixes du tissu conjonctif, mais ces cellules embryennaires ne présentent pas toutes un âge et une vitalité semblables, ainsi que le démontrent les réactions histo-chimiques. Dans les îlots plus anciens, à leur partie centrale surtout, ou autour des cellules géantes, on voit les cellules embryonnaires devenir granulo-graisseuses, colloïdes» en un mot, finir par constituer des masses caséeuses ou col- luïdes analogues à celles que M. Grancher a décrites dans le tubercule pulmonaire. Ces îlots lupeux contiennent en géné- ral une ou plusieurs cellules géantes, le plus souvent situées à la périphérie de Pilot lupeux ou un peu au hasard dans la masse d'infiltration diffuse. Ces ce!lules géantes se présentent sous plusieurs formes, devant faire présumer ia diversité de leur origine, sur laquelle nous n’avons pas insister ici. Dans un grand nombre de cas nous avons pu constater dans le tissu Jupeux, le tissu réticulé, signalé en premier par Colomiati. Les vaisseaux sont en général dilatés et même bourgeon- nants. surtout dans les parties superficielles de la peau. En C. r. 1882. MUC genéral perméables, contrairement à ce qui se passe dans le tubercule, ils ne le sont pas toujours (origine vasculaire de certaines cellules géantes du lupus, Cornil, Thin, Kiener). Le tissu conjonctif ici est détruit, désagrégé ; la, au contraire, il tend à se reformer. Le tissu cellulo-adipeux lui-même est souvent envahi par le processus lupeux d’une façon diffuse ou localisée, et il n’est pas rare de rencontrer dans son épaisseur des nodules lupeux, rappelant à s’y méprendre des nodules tuberculeux. Epiderme. — L’épiderme est épaissi d’une façon générale, 12 couche cornée est le plus ordinairement hypertrophiée. Sou- vent il y a diminution de la couche granuleuse et de l’éléidine de ces cellules, comme l’a signalé M. Larroque. Cette diminu- tion et cette disparition de la couche granuleuse est-elle en rapport direct avec la disparition de la kératinisation, comme M. Suchard l’a affirmé dans ces derniers temps, ou au con- traire les cellules cornées se soudent-elles d'autant mieux entre elles et constituent-elles une lame d’autant plus épaisse et plus solide que la couche granuleuse au-dessons d’elle est moins développée et moins distincte, comme le soutient M. Larroque à la page 31 de sa thèse, inspirée par le professeur Renaut ? Il est difficile de se prononcer à ce sujet, sur lequel nous nous proposons, d’ailleurs, de revenir en temps oppor- tun. Un phénomène plus important et plus constant, c’est la persistance de la vitalité des cellules, des parties profondes et même parfois des deux tiers inférieurs de la couche cornée, phénomène que nous avons décrit les premiers à propos de l’histologie du psoriasis (Société de biologie, 10 mars 1882). Les prolongements interpapillaires de utenne sont on trophiés, prolifèrent et se ramifiért. Dans certains cas même (Lupus papillomateux) cette hypertrophie et prolifération des prolongements interpapillaires de l’épiderme est tellement considérable que le lupus rappelle d'assez près un épithé- lioma. L'erreur a dû être commise plus d’une fois. Notons, en terminant, que, quelle quesoit l'importance des lésions de l’é- piderme, le lupus est au début une affection du derme et non ee RE 2 | en e une lésion débutant par l’épiderme, comme l'ont cru à tort Berger, Pohl et O. Weber. _ 2, Lupus ulcéré. — Iciles lésions du derme que nous avons décrites plus haut s’accentuent. D’une façon générale, il y a une tendance remarquable des îlots lupeux à la dégénéres- cence, dans le sens large du mot; à l’augmentation des phé- nomènes précités, se joignent des lésions inflammatoires et purulentes qui nous expliquent comment la surface du lupus ulcéré présente souvent la structure des bourgeons charnus. Comment se fait l’érosion, la destruction de l’épiderme ? Comment celui-ci disparaît-il? Le plus souvent c’est par le mécanisme de l’altération cavitaire décrite en premier par l’un de nous (Archives de physiologie 1878 et 1880) et par la produc- tion consécutive de petits nids purulents intra-épidermiques d'aprés le processus général de la vésiculo-pustulation ou mieux de l'inflammation suppurative de l’épiderme, que se fait cette destruction. Tantôt, au contraire, c’est par la for- mations des phlycténules purulentes, dont le processus ini- tial a, en général, son siège dans le stratum lucidum et le stra- tum granulosum ou dans les couches superficielles du corps de Malpighi que ce fait cette destruction Enfin, dans ce: ‘ins cas, c’est par une sorte de destruction moléculaire, d’atrophie lente de l’épiderme, que se fait cette disparition. M. Larroque qui a insisté beaucoup sur cette atrophie de l’épiderme, l’a fait dépendre de l’accumulation des éléments embryonnaires, dans les couches superficielles du derme. Cette proposition nous pa- raît contradictoire, puisque cet äuteur considère le lupus comme superficiel dès le début et que cependant, ce phénomène existe dans des cas de lupus primitivement profond. Aussi avons- nous plutôt de la tendance à rattacher cette atrophie à des troubles vasculaires. Les glandes sébacées et sudoripares sont très souvent en- tourées au début de masses de cellules embryonnaires, comme l’ont signalé Wedel et Neumann. Cela tient surtout à la plus grande vascularisation de ces régions et l’on ne peut faire du lupus tuberculeux, avec Rindfleisch, un adénome des — 704 — glandes sébacées et sudoripares. Plus tard, les glandes et les follicules pilo-sébacés subissent une dégénérescence granulo- graisseuse et finissent par disparaître. Fait remarquable. les nerfs persistent longtemps intacts au milieu de tissus lupeux en pleine dégénérescence et dans les cas les plus avancés. Lorsque la cicatrisation se fait, les cellules dégénérées ou malades se résorbent, les autres tendent à former du tissu scléreux et il se produit ainsi une sclérose plus ou moins éten- due du derme sur l’anatomie pathologique de laquelle nous n’insisterons pas ici. Il arrive souvent que cette sclérose at- teigne une profondeur considérable et envahisse le tissu adi- peux sous-cutané, dont des portions plusou moins étendues contenaient des néôplasmes lupeux. C’est ainsi que l’on voit alors dans certains cas, par suite de l’inégale répartition de la sclérose et du tissu lupeux, des portions du tissu cellulaire sous- cutané se trouver parfois englobées dans un derme plus ou moins épaissi et sclérosé. En somma, l’histologie du lupus tuberculeux montre que cette affection présente la plus grande analogie avec le tuber- cule, et dans bien des cas, en étudiant seulement ici un nodule lupeux primaire ou secondaire et là un follicule tuberculeux _ ou un tubercule plus avancé même, il serait impossible, par le seul examen histologique, de dire qu’on a affaire ici à du lu- pus nodulaire et là à du tubercule vrai. Mais cette similitude morphologique est-elle un argument suffisant pour admettre l'identité de nature de ces deux affections et doit-on, avec Friedlander, Koster, etc., considérer le lupus comme une tuber- culoselocale? Nous ne le croyons pas et avec M. Cornil (Société médicale des hôpitaux, Discussion sur la scrofulose et la tu- berculose 1881), nous pensons que la similitude de deux lésions n’est pas une raison suffisante pour que l’on soit auto- risé à conclure à l'identité de leur nature. Et, en effet, il y a des raisons majeures, tiréss de la clini- que, pour refuser de faire du lupus une tuberculose locale. L’é- tude comparée de la peau proprement dite et du lupus montre que l’évolution et la symptomatologie de ces deux affections sont différentes, Les différences sont encore plus accusées en | | Re DR comparant le lupus de la muqueuse buccale à la tuberculose _de cette région. Terminons enfin par une raison majeure. Jusqu'ici, malgré les tentatives confues de MM. Kiener, Vidal, sur les cobayes et les inoculations qu'a faites M. Leloir sur six cobayes et _ deux jeunes chiens dans le laboratoire de M. le professeur Vulpian, jamais le lupus n’a pu être inoculé; jamais jusqu'ici son inoculation n’a produit de tuberculose. Les expériences de Max Schuller, par injections dans la trachée des lapins,sont entachées de trop de causes d’erreur pour n'être pas contes- tables. Lupus selèreux. — Sous ce nom, M. Vidal désigne une forme de lupus généralement mal connue, souvent confondue avec les papillomas, bien décrite cependant par M. Harely sous le nom de serofulide verruqueuse; c’est le lupus verrucosus de Mac-Call Anderson. Cette forme peut être primitive ou secon- daire, c’est-à-dire se développer secondairement sur tout ou partie d’un lupus tuberculeux. M. Vidal a pu observer sur un malade de son service tous les degrés de transition. Sur partie supérieure de l’avant-bras existaient des lésions de lupus tuberculeux, au-dessous une plaque en partie jaunâtre et mol- lasse,en partie indurée par la sclérose ; sur la main,des saillies indurées et papillomateuses disposées en cercle autour d'un tissu cicatriciel. Dans cette région, la lésion avait suivi une marche serpigineuse. Sur le nez età l'angle de l'œil existaient des tumeurs papil- lomateuses de lupus scléreux. Quand l'affection est primitive, elle se montre sous forme de taches ou de tuberculés petits,circonscrits, d'un rouge foncé ou violacé, formant plus tard des saillies mamelonnées, ru- gueuses, inégales, hérissées en certains points d'excroissances verruqueuses, parfois cornées, séparées par des sillons et des fissures. Ces tumeurs, à la oi tendent à s’aitérer ou à se déprimer en laissant une cicatrice déprimée autour de laquelle se forment de nouveaux tubercules indurés. C’est sur la face dorsale des mains, sur la région fessière et plus rarement à la face qu’on a occasion de les observer. Nous 00 croyons être les premiers à en décrire l'anatomie pathologi- que, d'autant plus intéressante qu’eile offre de grandes analo- gies avec le tuberculome fibreux. 11 faut faire des coupes profondes pour retrouver les îlots et l'infiltration par cellules ermbryonnaires et les lésions vascu- laires caractéristiques de la texture du lupus. Une coupe su- perficielle pourrait induire en erreur par sa ressemblance avec l’épithélioma. Le lupus scléreux est physiologiquement un lupus tubercu- le. devenant fibreux. C'est au lupus ce que le tubercule fibreux est à la tubercu- jose. Aussi présente-t-il la plus grande analogie, pour ne pas dire identité de structure,avec le tubercule fibreux du pomon tel qu'il est décrit dans MM. Cornil et Ranvier. Dans cette forme, parmi les différents nodules lupeux pri- maires ou secondaires,il en existe une quantité plus ou moins grande qui subissent la transformation fibreuse. Celle-ci,lorsqu'’elle frappe un îlotou nodule primitif,l’envahit par sa partie périphérique ; pénétrant dans son épaisseur, et le dissociant en quelque sorte en lamelles concentriques pardes prolongements plus ou moins fins de tissu fibreux, lesquels,par leur disposition et leurs rapports avec les cellules embryon- naires, rappellent les fibres de Sharpey dans l’ossification. La sclérose augmente, envahit la périphérie de Pilot, qui ne per- siste plus à l’état embryonnaire qu’au niveau de son centre; et finit enfin par se transformer complètement en tissu fibreux. Souvent des îlots en voie de transformation fibreuse se trouvent séparés ou même réunis les uns aux autres par des masses de tissu fibreux dense d’où partent des prolongements qui pénètrent les îlots précités. Dans cette forme, les vaisseaux présentent une tendance re- marquable à la sabre de leurs parois. Dans les parties sous-jacentes,on retrouve la texture du lupus tuberculeux. Lupus érythématceux. — Contrairement au lupus tubercu- leux, le lupus érythémateux est caractérisé par une infiltra- — 707 — tion diffuse du derme. Cette infiltration est assez variable comme densité et comme étendue d’après l’âge du lupus éry- thémateux et d’après sa forme. D'une facon générale, toute- fois, on peut dire qu'elle est généralement superficielle et peu dense et que cette infiltration présente une grande tendance, mais le fait n’est pas absolu, à se montrer autour des glandes cutanées, ainsi que l’ont fait remarquer Geddings, Hébra, Ka- posi et l’un de nous (Vidal-Lupus). Dans une forme de lupus érythémateux que l’on pourrait appeler forme érythémateuse proprement dite ou non glandu- laire, on constate que le derme, dans ses parties superficielles ou mieux dans ses deux tiers supérieurs, mais en particulier dans sa couche papillaire et superficielle, est infiltré d’une grande quantité de cellules embryonnaires groupées surtout le long des vaisseaux, mais disposées aussi d’une facon diffuse. dans les mailles du derme et ne se réunissent nulle part en nodules, comme dans le lupus tuberculeux. Si cette infiltration de cellules embryonnaires semble avoir une certaine tendance à être plus prononcée au niveau des glandes cutanées, cela tient évidemment à ce que, à ce niveau, la vascularisation y est plus complète. Ces cellules, disposées d’une façon diffuse, présentent des réactions histo-chimiques et des apparences très différentes, indices d’une vitalité plus ou moins prononcée et de la tendance d’un grand nombre d’entre elles à subir la dé- générescence granulo-graisseuse oucolloïde.Mais il fautinsister sur ce fait;particulièrement cette tendance à la dégénérescence ne frappe pas des îlots cellulaires en masse et à leur partie cen- trale, comme dans le lupus tuberculeux, mais elle les frappe d’une façon di ffuse çà et là et en quelque sorte au hasard. Notons de plus que d’une façon générale ces cellules du lupus érythémateux sont moins vivaces que dans le lupus tuber- culeux. | Les vaisseaux sanguins sont en général dilatés et même parfois fortement dilatés; ils sont bourrés de globules rouges, entourés de manchons d'infiltration ei en beaucoup de points leurs parois proliférent et reviennent à l’état embryonnaire. Souvent même il se forme de nouveaux vaisseaux. Mais de plus, il arrive souvent que dans les couches superf- à — 708 — cielles du derme st même ne dans ses couches moyennes on rencontre une quantité pus ou moins considérable de glo— bules rouges, infiltrés d’une façan diffuse entre les éléments embr yonnaires ou réunis parfois çà et là sous forme de petits foyers hémorrhagiques. Les caractères spéciaux précités de la lésion, infiltration diffuse du derme, inégalité de vitalité des cellules embryon- naires diffuses, vitalité moindre de celles-ci retour des parois des vaisseaux à l’état embryonnaire, tendance aux hémorrha- gies, dilatation vasculaire, nous expliquent comment il se fait que le lüpus érythémateux soit une affection si tenace, récidi- vant avec une telle facilité, si résistante à tous les moyens thérapeutiques, et, bien que moins grave en apparence que le lupus tuberculeux, beaucoup plus rebelle que celui-ci. Ceci nous explique encore la vascularisation fréquente de ces lé- sions et la fréquence des dilatations vasculaires sur les cica- trices. Dans les formes plus intenses, l’infiltration diffuse s'étend beaucoup plus profondément etle tissu cellulaire sous-cutané mème peut être envahi, ainsi que l’ont montré Geberet Stro- ganow. Les glandes sébacées sont congestionnées, elles paraissent sécréter davantage et dans certaines formes cette surabon- dance de sécrétion dônne au lupus un aspect spécial. Elles sont infiltrées de cellules embryonnaires dans leurs parties périphériques et même dans leur centre. Plus tard même, dans certains cas, cette infiltration des glandes de la peau (glandes sébacées et sudoripares) augmente encore; souvent même les glandes s’oblitérent, deviennent globuleuses, s’en- kystent en quelque sorte et semblent se rapprocher de la sur- face libre de la peau. (Miliom). Le tissu conjoncetif est plus ou moins Lt et ses SES prolifèrent en certains points. Dans une autre forme de lupus érythématheux, forme à la— quelle:on a donné lenom de lupus acnéique, les glandes sé- bacées sont fortement hypertrophiées, souvent enkystées et rapprochées de la surface de la peau; elles sont infiltrées plus ou moins de cellules embryonnaires. Les glandes secrè- ZONES tent davantage; elles sont d’ahor remplies de cellules trou- bles, granuleuses, et plus tard elles sont remplies de cellules épidermiques desséchées et cornées. Ici encore l'infiltration lupeuse, bien que prédominant surtout autour des glandes sé- bacées, est diffuse. Mais elle atteint profondément le derme, elle pénètre le plus souvent dans toute son épaisseur et l'infif- tration lupeuse envahit même fréquemment jusqu'au tissu cellulaire sous-cutané. Ceci nous explique pourquoi il faut scarifier profondément si l’on veut guérir le lupus acnéique. Notons en terminant l’excessive rareté des cellules géantes dans le lupus érythémateux et acnéique. Lésions de l’épiderme dans le lupus érythémateux. — Celles- ci sont variables; mais, d’une façon générale, on peut dire que les lésions épidermiques du lupus érythémateux sont, par op- position à celles du lupus tuberculeux, des lésions sèches. Si tantôt le corps de Malpighi est épaissi ainsi que la cou- che cornée, si parfois même les prolongements interpapillai- res de l’épiderme sont hypertrophiés et multipliés, le plus souvent il existe une atrophie de l’épiderme, quelquefois même disparition de la couche perpendiculaire et trés souvent dispa- rition de la couche granuleuse. Cette sorte d’atrophie de l’épiderme tient probablement aux lésions vasculaires et à l’altération de la couche profonde gée- nératrice. Disons de suite qu'il est tout à fait exceptionnel de rencontrer dans le lupus érythémateux et acnéique ces lésions épidermiques, résultant de l’altération cavitaire que l’on ren- contre souvent, ainsi que nous l'avons vu, dans le lupus tuber- culeux. | SUR UN DISPOSITIF NOUVEAU DONNANT DES PILES A FORTE TENSION, A LONGUE DURÉE, A GRANDE CONSTANCE ET EXEMPTES DE POLARI- SATION, par M. P. ReGNaro. Le nombre considérabie de piles que l’on connaît aujour- d'hui prouve bien qu'aucune n’est absolument bonne, quetou- tes ont des. défauts qui les font successivement rejeter. Celle que je présente à la Société à des défauts aussi, mais ie & de sérieux avantages pour les physiologistes. F — 710 — Comme on peut le voir, c'est une simple pile Bunsen pour le dispositif, on y retrouve le charbon, le zinc, le vase po- reux, etc.; pour réaliser notre pile, il n'y a aucune modifica- tion à faire subir au dispositif ordinaire; seuls les liquides sont changés. Dans le vase extérieur on met une solution concentrée et un excès de bisulfate de mercure; dans le vase poreux une dissolution de bi-azotate de mercure et un excès de ce sel: les deux acides de l’élément Bunsen sont donc remplacés par leur sel de mercure en excès.’ :e Bunsen se met alors à fonc- tionner comme un Daniell, il en prer d toutes les qualités, mais il a un grand avantage sur lui. Ce n’est pas du cuivre qui se dépose dans les deux vases, c'est du mercure. On sait que, dans les Daniell, le cuivre passe dans le vase -extérieur pendant les repos de la pile, recouvre le zincet forme des courants inverses ; le cuivre se dépose aussi dans les mailles du vase poreux et le met rapidement hors d'usage. De plus, le sulfate de cuivre du vase poreux est un liquide grimpant qui passe par-dessus ce vase et vient se mélanger avec le sul- fate de zinc. Rien de pareil n’a lieu avec l'élément au mercure. Si ce métal se dépose sur le zinc, il ne fait que l’amalgamer et rendre le courant plus constant; le mélange des deux li- quides n’est plus un inconvénient. Si le mercure se dépose sur le vase poreux, il tombe bientôt au fond et n’encrasse pas ce vase. TA Enfin l’excès de sulfate et de nitrate de mercure sedissolvant à mesure de l’usure de la partie déjà dissoute et les liquides demeurant toujours concentrés, la pile derneure d’une cons- tance parfaite tant qu'il y a excès de sels. Je place sous les yeux dela Société un élément ainsi formé ; il fonctionne jour et nuit, sans arrêt, depuis vingt-dèux jours, avec 50 grammes de bisulfate de mercure et 100 grammes d’azotate. Depuis ce temps il fait tourner un petit moteur, Île nombre de tours est exactement de 120 par minute depuis le premier jour jusqu’à aujourd’hui. Cette pile donne be::ucoup de tension, peu de quantité. Elle vauf environ un Daniell et peut être utilisée dans tous les cas où sert le Daniell, dont elle n’est qu’une modification. \s à Elle n’émet aucune. vapeur sensible. Peut-être pourrait-on jui objecter qu’elle dépeñse du mercure, ce qui est coûteux. On tiendra compte de ce fait qu'après l’action on retrouve le mercure métallique, qu’on le transforme de nouveau en sul- fate et en az)tate; que c’est toujours le même mercure qui sert et qu’on ne dépense en réalité que des acides d'un prix peu élevé. NOTE SUR LA MÉTHÉMOGLOBINE, par M. HEexnineer L'objet de ma communication est la méthémogiobine, cet intéressant produit de transformation de l’hémoglobine décrit par Hoppe-Seyler. Un grand nombre de réactifs chimiques peuvent opérer cette transformation, et celle-ci peut avoir lieu dans l’écono- mie dans des foyers d’extravasation du sang, dens l’urine hé- maturique ou hémoglobinurique, et même dans le sang des vaisseaux, après inhalation de nitrite d’amyle (Jollyet) ou dans l'empoisonnement par le chlorate de pots um (Brouardel et Boutmy). Dans tous ces cas, ilest facile de s'assurer que la méthémoglobine résulte de la fixation d'oxygène sur l’hémo- globine; cet oxygène est entré en combinaison stable et ne peut plus être éliminé par le vide ou un courant gazeux. Les agents de réduction, au contraire, s’en emparent facilement et régénèrent l’hémoglobine. S'il est donc certain que la méthémoglobine est un dérivé oxydé de l’hémoglobine, on n’est pas d’accord sur la question de savoir si elle contient une proportion d'oxygène plus grande que l’oxyhémoglobine ou plus petite. M. Sorby et M. Jæderholm la considèrent comme un per- oxyde d’hémoglobine ; pour M. Hoppe-Seyler elle renferme, au contraire, une quantité moindre d'oxygène. Cette opinion pa- raît la plus probable d’après les expériences de M. Hoppe- Séyler et les miennes. Je présente un appaeil très simple qui permet de transformer l’hémoglobine en méthémoglo- bine par un. oxydant (ferricyanure de potassium), d’opérer la transformation inverse par un réducteur (hydrosulfite de sodium neutralisé), et de suivre, en même temps, pas à sn. 4 ET — 712 — pas ces métamorphoses à l’aide du spectroscope, tout cela étant fait dans un courant d'hydrogène sans que l'air puisse avoir le moindre accès. Eh bien, dans ces conditions, l’hémo- globine se change en méthémoglobine et celle-ci régénère l’hé- moglobine sans qu’à aucun moment on puisse constater la for- | mation d’une trace d’oxyhémoglobine, comme on aurait dû s’y attendre si l'hypothèse de Sorby était exacte. Les indica- tions opposées de Jæderholm reposent sur une erreur d’expé- rience, ce savant n'ayant pas exclu complètement l’oxygène li- bre. L'’oxyhémoglobine etla méthémoglobinene sont, du reste, pas des combinaisons oxygénées de mème ordre. Dans la première une molécule entière d'oxygène (02), est fixée sur une molécule d’hémoglobine (contenant un atome de fer); c’est une sorte de combinaison moléculaire facilement dis- sociable. Dans la méthémoglobine par contre, l'oxygène sem- ble s'être porté sur l’atome de fer, cet atome qui setrouve à l'état de minimum dans l’hémoglobine étant passé au maxi- mum d’oxydation. L’hémoglobine et la méthémoglobine ren— fermeraient un même groupement atomique trés complexe uni dans le premier cas au ferrosum, et au ferricum dans le se- cond. Je montre ici les spectres d'absorption de la méthémoglo- bine en solution acide et alcaline qui étaient incomplètement connus. Enfin, je signale quelques divergences entre les propriétés et les réactions de la matière colorante du globule sanguin et de l’oxyhémoglobine cristallisée qu’on en a retirée. Ces divergences permettent d'émettre un doute sur l’iden- _tité des deux produits, malgré l’analogie frappante de leurs caractères importants. Il est probable que l’on ne connaît pas encore la matière colorante genuine du globule; elle semble être plus complexe encore que l’hémogichine. Mais avant de me prononcer définitivement sur une question de cette importance, je veux l’étayer sur des faits plus nom- breux. — 713 — NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES GLANDES SÉBACÉES DE LA PETITE LÈVRE ET DU MAMELON, par le docteur E. WERTHRIMER. En examinant la structure des petites lèvres et du mameëlon chez la femme à diverses époques de la vie, on constate que les glandes sébacées de ces parties diffèrent notablement des glandes annexées aux follicules pileux. Tandis que ces dernières se montrent vers le cinquième ou le sixième mois de la vie intra-utérine, les glandes de la pe- tite lèvre font encore défaut à la naissance,ainsi que l’avaient déjà signalé Kælliker, Martin et Léger, sans toutefois préciser le moment de leur apparition.C’est chez l’enfant de quatre à cinq mois qu’on observe par places les premiers rudiments de ces glandes sous forme de prolongements cylindriques ou coniques dépassant à peine en profondeur les enfoncements inter-pa- pillaires du corps muqueux de Malpighi. A la troisième année seulement ces saillies s’accusent da- vantage et émeitent à leur extrémité de petits bourgeons ar- rondis formés de cellules épithéliales non encore modifiées. Vers cinq ans,quelques-uns de ces renflements sont creusés d’une petite cavité centrale communiquant à l'extérieur par un canal excréteur rectiligne et renfermant déjà quelques gout- teleties graisseuses. Les glandules vont ensuite en augmentant de nombre et de volume jusqu’à l’époque de la puberté. Il est à remarquer qu’8 toutes les périodes de l’existence on trouve airsi des bourgeons à différents stades d'évolution, ce qui tendrait à faire suppo- ser que la couche de Malpighi des petites lèvres est cons- tamment apte à fournir de nouvelles involutions épithéliales. D’autre part, même chez l'adulte, la cavité de ces glandes, en dehors de la grossesse, paraît peu prononcée, beaucoup de leurs culs-de-sac sont encore à l’et.t de bourgeons pleins, de sorie que ces organes demeurent en somme à un degré de dé- veloppement assez rudimentaire. Tout autre est l’aspect de la petite lèvre lorsqu'on la consi- dère à la fin de la gestation : à ce moment, en effet, on trouve sur les deux faces, mais surtout à la face interne, de grosses —. 714 — glandes multilobées,dont beaucoup atteignent une longueur de 1,5 42 millimètres. Ces glandes existent surtout en abondance vers la partie moyenne des petites lèvres et au niveau du bord libre où elles sont pressées les unes côntre les autres et forment une couche »resque continue. En examinant comparativementles glandes sébacées du ma- “elon,on voit qu’elles ont une évolution sensiblement analogue. Absentes à la naissance, alors que les glandes de l’aréole sont déjà bien manifestes, elles apparaissent à trois ans, et n’at- teignent leur entier dévelcppemen: que pendant le cours de la grossesse et de la lactation. Les glandes sébacées des petites lèvres et du mamelon offrent | donc les particularités suivantes : Elles se distinguent : 1° Anatomiquement,non seulemient par leur siège sur une portion de tégument privée de follicules pi- Jeux, mais encore par l'apparition postérieure à la vie fœtale des germes qui doivent leur donner naissance. 2: Physiologiquement,par leur développement considérable pendant la grosssse. Il paraît donc rationnel de les rattacher au point de vue fonc- tionnel à l'appareil de la génération ; les unes servant à ga- rantir la vulve contre l’action irritante des écoulements. vagi- naux durant la gestation, les autres étant destinées, comme Va dit M. Sappey, à-protéger le mamelon contre l’action dela salive de l’enfant. ‘En conséquence des faits qui précédent, on peut appliquer à ces glandes la qualification de glandes sébucées génitales, par opposition à celle de glaudes sébacées pileuses. OBSERVATIONS SU? L’'INNOCUITÉ DES VIANDES DE PORC DE PROVE- NANCE AMÉRICAINE CONTENANT DES TRICHINES. — Note de MM. Huer et ReBoüRGEoN (1). Au mois de décembre 1880, je signalais à M. le professeur Poucuer Ja présence de la trichine dans les viandes de porc (1) Ces observations ont été recueillies au Labortoire d'histologie zoolo- gique (Ecole pratique dos hautes études). : {: — 715 — de provenance américaine, et j'apportais à l'appui de ide breux échantillons de viande dans laquelle pullulaient ces né- matoides. Nous avons, en collaboration avec M. le docteur Huet, directeur adjoint du laboratoire, entrepris plusieurs sé- ries d'expériences dans le but d'étudier le mode de reproduc- tion, le développement et les migrations de ce parasite. Le 27 janvier 1881, cirq rats sont mis en cage, dans une salle bien aérée dépendant du laboratoire d'anatomie compa- rée; les rats proviennent de la ménagerie du Muséum, ils ont été nourris jusque-là de substänces végétales, leur état de santé est parfait. | Nous donnons à ces rats environ 100 grammes de viande trichinée provenant des saisies opérées par le service de la Préfecture de police. Du 27 janvier au 1er février, rien à signaler. Le 4er février nous donnons 100 grammes de filet en sau- mure saisi le mème jour aux Halles centrales. Le 5, 100 grammes d'épaule salée. Du 5 au 17, le régime presque exclusif de la viande salée amène ün peu de trouble dans la digestisn de nos animaux, ils boivent beaucoup, leurs poils se hérissent. Le 18, un rat est trouvé mort dans sa cage, nous en sacri- fions un second et nous examinons successivement sur tous les deux, les muscles du diaphragme, des épaules, les inter- costaux, le larynx, les plèvres, sans découvrir; 4 notre grande surprise, rien d’anormal. Ra Du 18 février au 3 mars, rien à signaler sur les trois rats qui nous restent. Nous donnons du fileten saumure, des mor- ceaux de poitrine et de jambons fumés, le tout contenant un grand nombre de trichines, et provenant des saisies quoti- diernes opérées à la gare des Batignolles. Ces viandes, dont l'origine nous est indiquée par les bureaux de la Douane, ont été importées surtout de Chicago et de Cincinnati. Le 3 mars, nous sacrifions nos sujets et, comme dans les précédents, nous ne trouvons pas de trichines dans le tissu musculaire. Sur le conseil de M. Pouchet, nous avons hé l'intestin, bout par bout, pour l’étudier dans toute sa Jongueur et nous avons trouvé : C. r. 1882. 38 — 716 — 1: Dans l'estomac, une certaine quantité de trichines encore enkystées et le kyste noyé dans du tissu musculaire. 2 Dans l'intestin grêle, la trichine, encore enky stée au mi- lieu de la masse alimentaire. 3: Dans le coeum, le kyste complètement libre ne laisse que des trees, et la trichine apparaît, non point entièrement déroulée, mais formant le point d'interrogation. 4 Dans les excréments, la trichine, à peu près entièrement digérée, ne se 1etrouve qu'en fragments difficiles à recon- naître. FE Nosrecherches, faites avec le pius grand soin, n’ont pu nous faire découvrir une seule trichine vivante, ou paraissant avoir été sexuée et fécondée. Portant alors plus directement nos recherches sur la viande salée, que nous donnions en pâture à nos rats, nous avons cherché à surprendre dans de nombreuses préparations et sous le champ du microscope, une trace de vitalité des trichines, soit en ponctionnant le kyste er en amenant la trichine an dehors, soit en exerçant une légère pression sur la prépara- tion elle-même, après lavoir portée à une temperature moyenne de 30° Nous n'avons jamais pu distingver un seul de ces mouvements ondulatoires qu'on remarque si facilement sur la trichine vivante, ainsi que sur les spiroptéres, espèce la plus voisine du nématoïde qui nous occupe. Pendant que M. le professeur Pouchet faisait, en notre nou, à la Société de biologie (5 mars 1881) la communication de ce premier résultat, nous recommencions de nouvelles séries d'expériences en recherchant toujours les conditions les plus favorables au développement de la tr.chinose chez les ani- maux. Du 4 mars au 23 septembre, plus de soirante rats, erois chiens d’expérience, un jeune chien ramené de Laponie par M. Pouchet, six cobayes ont été soumis au régime de la viande trichinée de provenance américaine, et ont consommé dans cette longue période de temps, une quantité qu’on peut éva- luer, sans exagération, à plus de cinquante kilogrammes. À part les chiens d'expérience qui vivent encote et sont fort beaux, nous avons pratiqué avec un soin minutieux l'au- ‘ RE o | 1 l | | Û | IT TP — 717 — topsie de tous nos animaux sans avoir d'autre résultat que celui de notre première expérience. A propos des cobayes, nous devons signaler une particula- rité qui peut être souvent une cause d'erreur. Ces animaux supportent difficilement le régime de la viande salée et lPin- gestion de cette viande peut amener leur mort dans l’espace de quarante ou soirante heures. Pour cbvier à cet inconvé- nient, nous avons fait dessaler, dans une certaine quantité d’eau tiède, la viande qui servait à nos expériences et nous l’avons fait consommer après l'avoir préalablement mélangée à de la mie de pain et à des äébris de légumes. Ces enimaux sont arrivés à en consommer environ 100 grammes tous les cinq jours. En présence de ces résultats, conformes. du reste, à ceux obtenus par bon nombre .d’expérimentateurs, nons croyons pouvoir conclure que les procédés mis en usage pour le con- servation des viandes de porc, fumure, salure, réfrigération, suffisent pour tuer sûrement la trichine. Nous devons ajouter que nos expériences, qui ont duré près d’une année, avaient ramené dans l’esprit du personnel de no- tre laboratoire la conviction certaine de l’immunité des viandes salées contenant des trichines ; aussi, nombreux ont été les larcins commis, à notre insu, au détriment de nos ani- maux, par nos employés, chez lesquels nous n’avons jamais reconnu la trace d'une infection tricninosique. Séance üu 25 novembre 1882. Présidence de M. Paul Bert, OBsERvATION De M. Grimaux. Je signale à la Société l’existence de prospectus dans les- quels le docteur de Korab préconise des spécialités pharma- ceutiques de son invention, en les plaçant sous le patronage — 718 — de la Société de Biologie. Je proteste contre cet emploi du nom de la Société, qui ouvre libéralement sa tribune à tous les hommes de science,mais n’a rien de commun avec les Sociétés de réclames mutuelles. Je demarde que mon observation soit inscrite aux procès- verbaux, et que désormais, si M. de Korab présentait quelque travail à ia Société, ce travail soit repoussé sans examen. ACTION DE QUELQUES SUBSTANCES SUR LES BACTÉRIES DE LA PUTRÉFACTION, par MM. Marous et PINET (travail du labora- toire de M. VuLpraN). Le but de ce travail, que nous avons entrepris sur la de- mande de M. Vulpian, était d'étudier et de comparer le pou- voir antiseptique de quelques substances sur des bactéries en voie de développement ou déjà développées. Beaucoup d’auteurs (1) ont travaillé ce sujet et ont obtenu des résultats différents. C’est que dans les mêmes expériences ils se sont servi de bactéries de sources diverses et d’âges diffé- rents. [ls laissaient en outre se développer des champignons avec des bactéries ; ils employaient des liquides de culture chimiquement inconnus, et, surtout enfin, ils regardaient le mouvement sous le microscope comme le seul criterium de la vie. Nos résultats sont différents des leurs et à l'abri des objec- tions précitées. D'abord parce que noùs avons expérimenté toujours sur des bactéries de la même provenance et du même âge ; la bactérie était le microbacterium de la putréfaction. Puis, après quelques tâtonnements, nous sommes arrivés à trouver un liquide de culture qui ne présente jamais de cham- pignonsiet dont voilà la formule : eau distillée, 109 gr. ; sucre candi, 8 gr.; phosphate de potasse, 0,60 gr., et tartrate d’'ammoniac, 120 gr. Jamais nous n'avons remarqué dans ce liquide de culture l’existence de quelque précipité comme on (1) Growruer, Médical Times and Gazette, :819, septembre. — NepweTzky, Gasetié médicale de Moscou, 1872. — SANDERSON, The 6ri- _ gin and distribution of mycrocymas in water, etc. Quart. Journ. of, microsc. Scienc., oct. 1871. — Journal für praktiohe Chemie, t, XXI, p. 480. — 719 — on voit souvent apparaitre dans celui de Cohn quand le tar- trate et le phosphate ne sont pas complétement neutres. Les vases employés étaient de simples tubes à réaction chauffés à 1300 avant que l’on y imtroduisit le liquide de cul- ture fraîchement préparé et bouillant. On introduisait ce der nier avec la solution de la substance antiseptique en étude et quelques gouttes du liquide bactérien ou bien un petit morceau de muscle frais,lavé à l’eau distillée immédiatement après avoir été pris sur une grenouilie vivante. Les tubes étaient ensuite fermés à la flamme (sauf ceux où il y avait du muscle) et ex- posés à une température constante de 35 à 40 centigrades. De plus, dans chaque série d'expériences, nous avons tou- jours gardé deux tubes de contrôle ; l’an contenant du liquide de culture seul et l’autre le même liquideavec quelques gouttes de liquide de maceration pu'ride. Nous avons toujours consi- déré l'aspect trouble louche des liquides en expérience comme dû à la prolifération bactérienne, ce que l’examen microsco- pique confirmait constamment. Deux questions se présentent ici à l'esprit : a. Quelle est laquantité minima de la substance capable de s’opposer à la prolifération des bactéries dans un terrain appro- prié à leur développement? b. Quelle est:la quantité minima de l’antiseptique qui, dans un liquide bactérien, peut empêcher la reproduction des cor- puscules bactériens et les tuer ? Pour les résoudre, nous avons fait les expériences sui- vantes : 1: Expérience avec le salieylate de soude. Le salicylate de soude du commerce contenant foujours de l'acide salicylique libre comme la corstaté M. Vulpian, nous avons cherché d'abord à débarrasser le sel de cet acide. Nous sommes arrivés, au moyen de lavages répétés avec de l'éther pur, à obtenir une substance complètement neutre. Cela fait, nous avons opéré comme il a été indiqué plus haut, et voici la table des résultats que nous avons obtenus : Degré de s0o- | lution de à l’antisepti- Ne ; 0 ...| 0.6 3 4 1 ( Ù EL AT ane;ql Nea Ke NL ges tenu delceau d- liquide|muscele bacté - rien. 1 j Après 24 heures, le liquide res- k | té........| clair | clair |sepect|trouble troubie | Isiteux [iaiteux laiteux Le : dernier ï | jour de l'observa - tion Il est.| clair | claie | clair ltrouble |laiteux |laiteux | forte - | laiteux avec { ment dépôt laiteux Ce’ dernier jour est le a: 3. 5: 3: 3: 3- 4- 8 L'examen de cette table montre qu'une solution neutre de salycilate de soude à 0,4 010 ou 4 : 1000 est nécessaire pour empêcher l'apparition des bactéries dans un liquide de eul- ture éminemment propre à leur développement. D’après une table analogue il faut une solution à 7 00 de salycilate de soude ou 20 : 1000 pour tuer les bactéries en pleine proliféra- tion. Dans cette seconde série d'expérience, lorsque au contact du liquide primitivement laiteux on a mis du liquide antisepti- que,et que ce liquide laiteux est devenu clair, nous avons con— clu que l'antiseptique avait agi en tuant les bactéries. Nous avons agi de la même manière pour toutes les autres séries d'expériences. — 721 — XNO)IE] o\2Snu op nr2J1OUu ra .8 "PI pt xnojit{ IE [9 *L9119]) 084 9pP -mbu 2p sa)1n09 p ‘0 ‘D | 5e < à + = oheiserereete | | ia ’ : | Fes anof 3eIUI9p 29 30e p 2248 Kna}lel Li on “pt A { uOCAIOS IC, lap aol ‘ JelUH/]! 97 Xna1ief Xnoitep | ajquos) | aiqneus | ane lhoodsas] arm, | au |esoinat jap noq ï ne 9)$24 epinbi] 9T g2e5000 "0! 529800 ‘0! 69900 ‘0! sggro:ol e29an el 66a0'o! Regz ol c'se ol" ‘°°° * lo HDtn'os e[ ap ?130([ A RS 2 HA EN N SHAAL Han Ni 2" Acide salyeilique Ce selest peu soluble dans l’eau. Nous n'avons pas voulu employer l'alcool pour dissoudre l'acide salycilique, bien que, comme nous l'avons constaté,ce corps ne possède que des pro- priétés antiseptiques trés faibles. Nous avons donc fait bouil- lir 100 gr. d’eau contenant 1 gr. d'acide salicylique. Ce sel, ainsi dissous, recristallise en.partie après le refroidissement, donnant une solution 2queuse saturée d'acide salhizylique. Nous avons recueilli les cristaux sur un filtre : leur poids était O gr, 7325 ; par conséquent, 0 gr. 2675 restaient en so- lution. C’estavec ce hquide saturé que nous avons fait des solutions plus faibles et une autre série d’expériences dont les résultats contenus dans la table ci-dessus, répondent à la première des questions que nous nous sommes posées au com- mencement de nos recherches. | ae Ils établissent que la solution à 0,13 représente la quantité minima d'acide salicylique capabie d'empêcher l'apparition de la bactérie de la putréfaction dans un liquide favorable à son développement. ; | Pour répondre à la seconde question, nous donnons le ré- sultat des expériences sans entrer de nouveau dans leur détail, qui dépasserait les limites de cette note. | Le degré de Ja solution d'acide salicylique nécessaire pour arrêter complètement toute prolifération bactérienne est de O gr. 2675 pour 100 ou à peu prés 2,0 pour 1000. Il con- vient de remarquer combien cette dose est minime: aussi pour nous, ce sel occupe-t-il la première place parmi les subs- tances qui arrètent la prolifération des bactéries et tuent ces corpuscules. Cependant, l'acide salicylique n’occupe plusiapremiéreplace quand il s’agit d'empêcher l'apparition des bactéries dans nn milieu favorable à la gencse de ces éléments. Avantini, comme on le voit sur la table suivanté, se trouvent: le sublimé et le chlore (exactement dosés avee le sous-sulfase de soude), le permanganate de potasse, lesquels, d’ailleurs, ne sont pas appelés à jouer, au point de vus antiseptique, un rôle théra— peutique. | Diege Après lui viennent, par ordre de puissance antiseptique, un certain nombre de substances que nous avons étudiées et qui se trouvent énumérées dans la table comparative qui suit : NOM DES SUBSTANCES S'oppose à Arrête l'apparition dulla prolifération ANTISEPTIQUES bactérien à 0/0 à 0/0 01 50 .50 .26 00 50 00 .5Q PE .65 50 .00 .00 .50 action Permanganate de potasse,.... Acide galicylique Benzoate de soude... Crénsote- see ete . Salicylate de soude Chlorhydrate de quinine ll Acide phénique » sulfurique ... HnVMASOOOOCSO6S0e nas SpewmuomSS Résol (1) Remarquons la puissance antiser ique del’acide salicylique qui est dix fois plus grande que celle de l’acide phénique. Le chlorhydrate de quinine, ainsi que M. Bochefontaine l’a mon- tré 11 y a déjà longtemps, n’agit pas sur les bactéries quand sa solution est de 1 pour 1000 d’eau. 11 à fallu employer une s0- lution de + pour 1000 afin d'empêcher l'apparition des bac- téries. L’alcool n’agit en solution qu’à la dose de 2,5 pour 100 d’eau. La diméthylrésorcine, pour laquelle MM. Pabst et Girard OC IE OC H3 occupe comme on le voit le dernier échelon de notre table. Nous sommes donc en désaccord avec lesdits anteurs qui ont cru trouver dans le résol une substance éminement antiseptique. ont proposé le nom dé Résol et dont la formule est CSH4 (1) Nous devons à& l’obligeance de notre ami le dceteur Œchsner de Coninek, l'échantillon de Résol pur qu'il 4 bien voulu préparer pour nous, . » — 724 — Un simple coup d'œil sur cette table montre encora qu'il faut employer une quantité de substance beaucoup plus considérable pour entraver la prolifération des bactéries que pour empécher leur apparition. | NT He ; HURE : NOTE SUR LA MATIÈRE COLORANTI: BLEUE DU Raizosroui: pe Cuvwr, par le Dr Rapxaëz BLancuaRp. Pendant l'été dernier, la baie de Seine a été envahie per un immense banc de Æhisostoma Cuvieri, et j'ai mis à profit - casion qui s’offrait à moi de faire l’êtude de la matiére coio- rante qui donne à l'ombrelle de ces gracieux animaux la belle teinte bleue qu’on lui connait ; je me trouvais alors à la station maritime de physiologie, récemment installée à l'Aquarium du Ilavre et-dirigée pat M. le professeur Paul Bert. J'avais négligé jusqu'à ce jour de faire connaître ines l'e- cherches sur ce point, les considérant comme trop incomplètes | encore et je me proposais de les reprendre à à prochaine oc- casion. Mais une note récente de Krukenberg (1) sur le mème sujet oblige à sortir de ma réserve et à exposer 1 s quel- ques résultats auxquels je suis arrivé. Je conservais dans de grands bacs jaugeant de 6 à 10 mè-— tres d'eau une grande quantité de rhizostomes, en vue d’au- tres recherches que celle dont il est actuellement question ; j'avais donc à ma disposition des anunaux vivants en quan- tué aussi considérable que je pouvais le désirer. >omme on sait, Ia coloration bleue, répandue d'ordinaire dans toute l’ombrelle, est surtout intense au pourtour de celle- ci, sur une zone de 4 à 5 millimetres de largeur, et à l’exiré- mité inférieure des stomatodendra. On coupe, sur quinze indi- vidus vivauts, la zone colorée du bord de l’ombrelle et où hache aussi menu que possible, dans une petite quantité d’eau distillée, les parties qu’on a séparées de la sorte. Tant que les tissus sont vivants. le liquide demeure transparent, mais aus- sitôt que la mort survient, c’est-à-dire au bout de quelques heures, le pigment se dissout dans Peau et les tissus ne tar- (1) CE FE, W.KRuRENLERG, Ueber dus Cyaneïr urd das Aslerocryarnin. Versleichende physiologisehe Studien, 2. Reine, 2. Ahth,, p. 62-71, ISX2, ne dent point à se décolorer; cette décoloration n’est pourtant point complète. La solution aqueuse que l’on obtient peut servir aux ex- périences. Si on vient à la c’auffer, la coloration bleue Gispa- rait à son tour par le refroidissement et le liquide devient com. plètement incolore, tandis qu’il se produit un léger précipité. Diverses substances déterminent des transformations analo- gues : les acides azotique, chlorhydrique, sulfurique, décolo- rent totalement la solution aqueuse; l'acide acétiuue, la soude, le sulfhydrate d'ammoniaque sont sans action sur elle. Des fragments du bord de l’ombrelle, traités par l’alcool ab- solu ou à Y0o, perdent également:leur couleur bleue intense et passent au rose, puis au brun; une petite quantité de pigment se dissout en outre dans l'alcool, qui présente bientôt une fai- ble teinte rose brun. Examinée au microscope, la solution aqueuse est caracié- risée par trois bandes d’absorption, les deux premières très nettes, la troisième plus obscure. L'une est dans le rouge, l'autre dans le jaune, la derniére dans ie vert. Je ne saurais dire très exactement à quel niveau siègent les raies du rouge et du vert, le spectroscope dont je disposais étant dépourvu d'échelle graduée, maïs j'ai pu me convaincre, par l’adjonc- tion de chlorure de sodium dans la flamme dubec de gaz, que la raie du jaune était exactement au niveau de la raie D du so- dium. Enfin, si l’on vient à traiter la solution aqueuse par l’am- moniaqne, la matière colorante se précipite aussitot, sous forme de petits flocons bleus, qu'il est possible de recueillir sur un filtre; grâce à ce procédé d'isolement, on pourra reprendre l’étude de cette substance, en déterminer plus exactement la réaction et surtout en faire l’analyse élémentaire. Ce qui précède n’est que la transcription des notes prises, aux dates des 16 et 19 septembre, sur mon cahier d'expérien- ces. Compardns maintenant ces faits avec ceux qu'a observés Krukenberg. Cet auteur donne le nom de cyanéine à la maticre colérante bleue dont il s’agit ici. Suivant lui, les acides en excès la pré- cipiteraient de sa solution aqueuse, sous forme de flocons ro- — 726 — se brun ou jaune-brun; la lessive de soude et l’ammoniaque lui communiqueraient la teinte de l’améthyste; l'acide acéti- que la ferait passer au rose et la précipiterait. Quant à moi, je n'ai jamais obtenu aucune de ces réactions, des recherches ultérieures montreront sans doute à quoi il faut attribuer ces divergences dans les résultats acquis par Krukenberg et par moi. NoTE SUR LA PRÉSENCE DU CUIVRE DANS LES CÉRÉALES ET DANS LE PAIN, par lé docteur V. GactpPe, Chef de Laboratoire à la Faeulté de Médecine. « Le sulfate de cuivre a été employé dans la fabrication du pain concurrem- ment avec l’alun, et donne en effet à une dose très faible les mêmes résultats. L'addition de ce produit Zoit étre pour- suivie avec la plus grande rigueur. » CKH. GIRARD, Chef du Laboratoire municipal. L'existence du cuivre dans les végétaux n’est pas. encore -universellement admise. Vauquelin, le premier, constata la présence du cuivre dans une plante dont il faisait l'analyse. Ce faitlni parut tellement extraordinaire qu il négligea de le signaler (1). Postérieurement, Meisner observa la présence du cuivre dans un grand nombre de végétaux. De 1828 à 1830, il publia dans le Journal de Pharmacie une série de travaux sur l'existence de ce métal dans un grand nombre de végétaux. En ce qui concerne le pain et la farine, il obtint les résultats suivants : Froment 1.500 gr. Cuivre 0 gr. 0070 Farine 1.500 gr. id. O0 gr. 0010 Son 500 gr. id. (Non dogé, mais en quantité plus considérable que dans la farine.) (1) CaevazLiee et Correnrau.— Essais historiques surles métarx que l'on rencont:e quelquefois dans les corps organiques. Paris, 1847. por ie De l'aveu même de l’auteur, le procédé qu'il employait n’était pas rigoureux et occasionnait une perte de cuivre. Sarzeau (1830) émit l'opinion que le cuivre accompagnait les phosphates et qu’il pouvait exister à l’état de phosphate de cuivre dans les matières organiques. En 1833, Sarzeau publia de nouvelles analyses, desquelles il résultait qu'un kilogramme de froment contenait O gr. 0046 de cuivre ; un kilogramme de farine 0 gr. 0006. Cet auteur constatait en outre que le cuivre était surtout contenu dans le son et que le pain grossier devait en contenir plus que le pain de luxe. Ces dernières considérations ont été vérifiées depuis et reconnues exactes. . Cette même année (1333) M. Chevreul contesta les résultats de Sarzeau ; il ne trouva qu'une trace de cuivre dans le fro- ment du commerce et n’en rencontra point dans 500 grammes de froment qu'il recueillit à l’'Hay. Les conclusions de ce sa- vant furent. : « que tous les échantillons de froment ne con- tiennent point essentiellement ce métal et que c’est en négli- geant certaines précautions que l’on trouve dans les matières organiques une aan de cuivre qui y a été portée acciden- tellement ». | LU Le manière de voir de M. Cheyreul a été depuis reconnue inexacte. En 1833, Boutigny, d'Evreux. contrôlait la plupart des ré- sultats de Sarzeau et en vérifiait l'exactitude. | A la suite de ces différents travaux, il y eut uw grand nombre de discussions parmi les toxicologistes et les chi- mistes. Nous y reviendrons à propos du cuivre normal, c’est-à-dire : du cuivre contenu dans le corps humain à l’état physiolo- gique. En janvier 1848, Deschamps (d’Avalon) présenta à l’Aca- démie de Médecine un travail sur le cuivre physiologique (Bull. de l’'Acad. de Médecine, t: XIII, p. 542.). . Dans du froment récolté à Avallon, dans un champ appar- tenant depuis 42 ans au même propriétaire et n'ayant ja- mais reçu de sulfate de cuivre, il a constaté la présence du cuivre. C. r. 1882. 39 pi) NES — Voici quelques-uns des résultats de cet auteur 1 kil. de froment contenait Ugr, UU4 de cuivre. 1 » de fécule de pommes de terre gp » 0008 » 1 » de pommes du terre O » O0284 » Ep tde riz O » 006183 » M. Deschamps a recherché le cuivra dans différents ter- rains et Voici comment il explique la présence de ce métal : « On conçoit que le cuivre duive faire partie de tous les ter- rains de sédiment, puisque ces terrains ne sont composés que de la désagrégation des terrains primordiaux et puisqu'il est probable qu’à l’époque des grands bouleversements de la sur- face du globe, les matières cupriféres ont du être disséminées sur les autres terrains; mais on concoit aussi sans avoir be- soin de prendre en considération les effets produits par les différents soulèvements qui ont déformé la surface de la terre, que les terres voisines de roches arkosicnnes, etc., peuvent contenir du cuivre, puisque ces roches coïtiennent de la py- rite de cuivre et des carbonates de cuivre vert et bleu et que le sulfure de fer prismatique, si facilement décomposable et : si abondant daas les terrains de sédiment, pouvait bien conte- nir du sulfure de cuivre et être, par sa facile décomposition, la cause de la présence du cuivre et du fer dans toutes les terres. » Pour confirmer cette théorie, l’auteur a analysé du-sulfure de fer qui se trouve dans le calcaire à gryphées arquées et y a trouvé du cuivre. - Le calcaire.à belemnites qui contenait au sulfure de fer a donné également du cuivre. Les grains d'oxyde de fer, qui sont très abondants dans les marnes qui recouvrent le calcaire à gryphees arquées et qui le désagrègent avec le temps, contiennent du cuivre. La présence dn crivre a été égaleinent constatée dans du sablon ferrugineux qui se trouve aux envirois d'Avalion sur une montagne appelée Grosmont. L'auteur conclut : que les terrains de sédiment doivent con- tenir du cuivre; que le cuivre doit être subordonné à la pré- sence du fer, que la présence du cuivre et du fer dans les ter- rains provient sans doute de la décomposition d’un sulfure-de — 729 -- fer cuprifère; que les végétaux ‘enlèvent au sol une partie du cuivre qu'il contient; ; | Que l’homme et les animaux empruntent du cuivre aux plantes ; : Que le cuivre qui s° trouve dans l’homme et dans les ani- maux peut provenir encore des vases en cuivre ou en laiton plus ou moins bien étamés qui servent aux préparations Cu— linaires ; : Que la présence du cuivre dans les végétaux, les animaux et l'homme est un fait acquis à la science ; Que si la terre d’une localité avait échappé à la dissémina- tion du sulfure de fer cuprifère et ne contenait pas de cuivre, cette terre serait bientôt modifiée, car dès qu'elle serait mise en culture, elle recevrait des engrais provenant des pays où les végétaux contiennent du cuivre ; Qu'il est facile de comprendre comment ce cuivre‘peut pé- nêtrer dans les végétaux et s’y fixer, puisque l'on sait que la terre contient du cuivre, probablement à l’état de carbo- nate ; Que ce carbonate est soluble dans le carbonate d’ammo- niaque ; ‘ Que le carbonate d’ammoniaque est l’agent le plus impor- tant de la végétation ; Que lorsque le carbonate d'ammoniaque pénètre dans Îles végétaux il entraîne du cuivre; Que lorsque le carbonate d’ammoniaque cuprifère est sous l'influence des organes des plantes, il se décompose pour cé- der un de ses éléments, l'azote, pour composer les matières albumineuses; et que le cuivre qui existe à la naissance de _ la molécule azotée prend la place d’un corps élémentaire et peut jouer un rôle analogue à celui qu’il joue quand on le met en contact avec certains sels ammoniacaux; Et enfin, que c’est dans les parties azotées des plantes que l’on doit espérer rencontrer le cuivre. Comme on peut s’en assurer par la lecture de ces conclu- sions, le travail de Deschamps (d’Avallon), était tout à la fois très complet et très original. L'opinion qu’il a adoptée, pour n’avoir été au moins à notre A 90 connaissance ni vérifiée ni contestée, mérite d’être prise en très sérieuse considération. Depuis une trentaine d'années on a remplacé la chaux dans la préparation des céréales destinées à l’ensemencement par l'emploi du sulfate de cuivre en solution, 4 la dose variable de 125 grammes de sulfate pour un demi-sac de blé. La consom- _ mation du sulfate de cuivre devenant très considérable, on a introduit dans le commerce des sulfates mixtes contenant de moins en moins de cuivre et de plus en plus de fer et de zinc. Actuellement les cultivateurs préférent le sulfate de cuivre à peu près pur. _ On a ainsi introduit dans ie sol des millions de kilogrammes de sulfate de cuivre. Il semblerait que les végétaux dussent en contenir des quantités extrêmement considérables, mais en comparant les dosages faits depuis quelques années avec ceux. de Deschamps et de Sarzeau, on n’observe pas d'aussi nota- bles différences qu’on aurait pu le croire. Le petit nombre des dosages faits il y a 30 ou 40 ans, l'im- perfection relative des procédés employés à cette époque ne permet pas d'établir une comparaison rigoureuse ; toutefois, _ on peut croire que les végétaux ont pour le cuivre une capa- cité d'absorption qui ne peut être que difficilement dépassée, alors même que la végétation se ferait dans un terrain très riche en cuivre. Quoi qu’il en soit, ce point aurait besoin d’é- tre fixé par de nouvelles recherches. On sait que les plantes peuvent absorber artificiellement du sulfate de cuivre. Jean Hcpff et d’autres auteurs ont constaté qu'un certain nombre de plantes pouvaient aosorber et fixer une quantité très considérable de sel cuivrique ; il suffit pour cela de les arroser avec une solution de sulfate decuivre ; cette absorption n’est pas de longue durée, les végétaux périclitent bientôt et peuvent même périr. (Vackenroder, Arch. f. Ph., t. LXVI, p. 140; Lossen, CH., 1re année). Nous avons fait un certain Rs d'expériences sur des bulbes de liliacées, expériences non encore publiées, qui nous ont permis de voir que le sulfate de cuivre n’était pas absorbé en nature. Sans preuves à Canpui. M. Roussin (Art. cuivre, diction- — 731 — naire de Jaccoud) prétend que le chaulage des blés à l’aide du sulfate de cuivre a causé de nombreux accidents. Trop forte- ment chaulés, dit cet auteur, les blés donnent une récolte qui contient souvent des proportions de cuivre notables et nuisi- à la longue à l’économie. Il est arrivé aussi que la semence chaulée, et pour un motif quelconque non enfouie dans la terre, a subi la mouture « a produit une farine vénéneuse. » Ces assertions nous paraissent gratuites. Plus récemment (J. des Connaissances médicales, 20 avril 1882), M. J. Van del Berghe, directeur du laboratoire agricole provineial de la Flandre occidentale, publiait dans les bulle- tins de la Société de médecine de Gand une note sur la pré- sence et le dosage du cuivre dans le pain. Bien que ce chi- miste professe sur la nocuité du sulfate de cuivre des idées du siècle dernier, nous r’hésitons pas à faire connaître is Tô— sultats obtenus. Suspectant l'introduction du sulfate de cuivre dans le pain dont il vivait journellement, M. Van del Berghe fit acheter du pain dans trois boulangeries réputées les meilleures et il trouva du cuivre dans les trois échantillons de pain qu'il avait analysés ; ce chimiste, étonné de ce premier résultat, recher- cha également la présence du cuivre dans le froment et sa surprise fut encore plus considérable en y rencontrant une quantité de cuivre sensiblement égale à celle qu’il avait trou- vée dans le pain: 500 grammes de froment lui donnèrent 0 gr. 0058 de sulfure de cuivre, soit 9,24r1,000,000 de cuivre métallique. Pensant que ce cuivre avait pu être introduit par le chaulage, M. Van del Berghe prit 250 grammes d'avoine non chaulée n1 engraissée: et y trouva 0 gr. 0034 de sulfure de cuivre, soit 10,311,000,000, c’est-à-dire une proportion plus considérable que dans le blé. Les réactifs employés ne contenaient pas de cuivre. M. Van del Berghe conclut : 1: La dose de cuivre qu’on trouve dans le pain est de 8 à 10/1,000,000 ; elle n’est pas introduite artificiellement, mais préexiste dans le froment à l’état de cuivre normal ; 2° Il serait désirable, dans l’intérêt de la santé publique, de déterminer la quantité de cuivre que le pain nor- mal peut contenir. Le sulfate de cuivre, outre qu’il est toxique, Res SAN ES offrant un moyen de fabriquer du pain de bonne apparence avec de mauvaises farines ? On voit par ce qui précède que M. Van del Berghe, bien que ne connaissant pas les travaux françair précédemment analysés par nous, puisqu'il ne les cite pas, n’en a pas moins confirmé les principaux résultats. Il était, comme on le voit, intéressant de Sabre une fois de plus si le blé contenait réellement du cuivre. Nous avons donc fait un certain nombre d’analyses dont voici les résultats: Blé du centre O0 gr. 010 de cuivre par kilogr. Blé de la Chûtre (Indre) 0 gr. 0080 — — Blé du Michigan O gr. 007 — | — Blé roux d'Amérique | - (Redwinter) O gr. 0085 — _ Blé de Californie 0 gr. 0050 — — Tous ces blés, surtout celui du Centre, nous ont paru con- tenir du manganèse. Le blé de la Châtre n’a pas présenté cette particularité. Nous avons également recherché la présence du cuivre dans les céréales suivantes : Seigle 0 gr. 0050 de cuivre par kilogr. Avoine O gr. 0084 — — Orge O gr. 0108 — = Riz O0 gr. 0016 — — Il nous restait également à rechereher l'existence du cuivre dans le son et dans la farine. Voici dosages : Son (moyenne) 0 gr. 014 par LE (1) Farine (moyenne) O gr. 0084 — à Comme on le voit, le son renferme une plus forte proportion de métal que la farine. (1) H. d'Hauw et E. Van de Vyvere avaient prét-ndu que le cuivre normal trouvé dans les cendres du blé existait uniquement dans le son. Dean H ne nousrestait plus qu’à déterminer la présence du cuivre dans le pain livré à la consommation. Nous nous sommes adressé de préference au pain de l’Assistance publique et à celui fourni par la Manutention militaire, comme présentant des types de fabrication regulière. _ Voici nos résultats : Assistance publique : moyenne 0 gr. 0047 par kilogr. quantité maxima Ogr. 0055 -— quantite mimma Ogr. 004 — Pain de munition : moyenne 0 gr: 0048 par kilogr. quantité maxima © gr. 0080 — quantité minima O0 gr. 0036 — On voit que le pain de munition contient un peu plus de cuivre métalli-jue que celui de l’Assistance publique; ilest en etfet moins blanc que celui fourni aux hôpitaux par la bou- langerie Scipion. J'ai également dosé le cuivre dans les diverses espèces de pain que l’on trouve dans le commerce. Pain de la ville 0 gr. 0044 de-cuivre par kilogr. Pain de gruau 0 gr. 0052 — — Pain anglais (traces) Pain de seig'e,moyenne 0 gr. OU246 — — quantité maxima O0 gr. 0044 — — quantité minima O0 gr. 0015 — — [1 nous reste maintenant a dire quelques mots de l’introduc- tion vraie ou supposée du sulfate de cuivre dans le pain. Cette question a donné naissance à de nombreuses contro- verses, surtouten Belgique,et la Société de Médecine de Gand, dans ses séances des 2 octobre, 8 novembre, 4 décembre 1877, 5 février et 12 mars 1878, a longuement discuté cette question Nous n'oserions pas dire qu’elle ait fait un grand pas, car les divers oraeurs ayant pris part à ces débats n’ont guère ap- porté de faits nouveaux. Toutefois M. le professeur Du Moulina soutenu énergiquement que l’on avait singulièrement exagéré la toxiciié du cuivre. Ce sont les travaux de Kuhlman qui servent depuis long- — 734 — temps de canevas aux discussions sur l'introduction du sul- fate de cuivre dans le pain. Ils ont été surtout popularisés par le Dictionnaire des falsifications de Baudrimont et Cheva- ler. Nous ne voulons pas rappeler ici ces travaux connus de tout le monde. Il nous suffira de rappeler que, d’après Kuhl- man, le sulfate de cuivre, ajouté en très petites quantités à des farines dites lachantes ou humides, raffermirait la pâte en l’empêchant de pousser plat. Il suffirait de 1/70,000 de sul- fate de cuivre pour obtenir ce résultat, ce qui revient à 1 par- tie de cuivre métallique pour 300,000 parties de pain. La pro- portion qui donnerait la levée la plus grande varierait tou- jours d’après Kuhlman, entre 1/30,000 et 1/150,000. On ne pourrait impunément dépasser cette proportion; au delà de 1/4000, le pain devient aqueux etprésente de grands yeux; avec 1/1800 de sulfate de cuivre, la pâte ne peut lever, et, chose importante à noter, la fermentation semble arrêtée et le pain acquiert une couleur verte. , Kuhlman n’avait pas donné l'explication de cette action du sulfate de cuivre, qu’il qualifiait de magique en raison de la quantité très pente de sulfate de cuivre qui suffisait à la réa- liser. D’après Liebig, sous l'influence dela chaleur L four, le sulfate de cuivre, de même que l’alun,formerait avec le gluten une combinaison à la faveur de lSuuelle il recouvrerait ses qualités et redeviendraitinsoluble et hygroscopiqua. Toutefois, d’après Kuhlman l'emploi du sulfate de cuivre dans la panification constituait une fraude dans cesens qu il . permettait d'employer des farines de médiocre qualité et d’in- troduire une plus grande quantité d’eau en rendant la main- d'œuvre moindre, la panification plus RIOPELES la mie et la croûte plus belles. Kuhlman prétend avoir obtenu des aveux de certains bou- langers. A l’époque où ce travail fut publié, le cuivre et ses compo sés étaient considérés comme très toxiques et, de plus, l’exis- tence du cuivre normal dans les céréales n'était pas admise, ou seulement avec les plus prudentes réserves. Aujourd’hui, si l’on tient compte d’une part de la quantité — 135 — extrémement faible de sulfate de cuivre qu’il suffirait d’intro- duire dans le pain pour obtenir une panification rapide avec des farines médiocres, il serait fort difficile, par l’analvse chi- mique, d’établir cette introduction, puisque le blé contient du cuivre en proportions variables, mais parfaitement do- sables. ie Le docteur Du Moulin, qui a défendu la légitimité de lin- troduction du sulfate de cuivre dans les farines destinées à la panification, s’est appuyé sur ce fait, d’abord que la petite quantité de cuivre introduite était absolument innocente, ce qui nous paraît acceptable ; en second lieu, que ce procédé permettait d’approprier sans inconvénient à l'alimentation de l’homme des farines qui auraient été sinon perdues, du moins réservées à des usages inférieurs, comme l’amidennerie, la distillerie ou l’engraissement du bétail. Cette découverte ne constitue-t-elle pas un précieux service rendu à l’humanité en produisent une baisse sur le prix du pain, aliment principal de l’ouvrier, at que nous avons vu renchérir avec une redou- table rapidité ?, etc. M.'le docteur Du Moulin se montre très enthousiaste pour l'introduction du sulfate de cuivre dans les farines et il a sou- tenu son opinion avec un talent vraiment très remarquable, et des expériences bien faites. M. Tillieux a défendu les mêmes idées avec une égale ténacité. à Les adversaires de cette pratique industrielle ont objecté que l'introduction du sulfate de cuivre dans la farine devrait être repoussée parce qu’elle permettait d'introduire une plus grande quantité d’eau dans le pain et d’employer à sa préparation des farines d’un pouvoir nutritif inférieur. Ces derniers faits n’ont pas été jusqu'ici l’objet d’une démonstration positive et demeu- rent dans le domaine des hypothèses. : Quant à nous, 11 nous reste des doutes sur l'emploi du sul- fate de cuivre dans la panification, nous n’y insisterons donc pas davantage. | Ii nous suffira d’avoir contribué 4 faire entrer d'une façon définitive dans la science les notions suivantes : 1° Présence d’une certaine quantité de cuivre normal dans le froment et dans diverses autres céréales ; a ae 9. Présence du cuivre dans le pain sans sIque ce métal ait été Ho pendant la fabrication ; a+ Nécessité pour les experts chimistes de tenir compte des faits précédents (1). INFLUENCE DE L'EAU OXYGÉNÉE SUR LES VIRUS ET LES VENINS, Par MM. P. Berr et P. REGNARD Les expériences que nous ‘avons presentées ily a quelque temps à la Société nous ayant démontré que l’eau oxygénée fait périr tous les ferments figurés tandis qu elle demeure sans action sur les ferments solubles, nous avons essayé son ac- tion sur un certain nombre de virus et de venins.Les résultats que nous avons obtenus ont quelque importance, car ils per- mettront peut-être de reconnaitre la nature intime des virus à l'aide de l’ean oxygénée, de la mème manière et plus facil ement qu’on ne le fait par l'oxygène comprimé. Nos premières expériences ont porté comparativement sur le charbon, le virus vaccinal et le venin de scorpion. A.— Charbon. 1: Le 11juillet 1882, nous avons injecté sur un cobaye quelques gouttes d’une culture charbonneuse remplie de spores, culture qui nous avait été fournie par M. Pasteur. À un cobaye autre nous avons injecté ia même culture mise en rapport pendant cinq minutes avec l’eau oxygénée à 10 vo- lunes. Trente heures après,les deux animaux étaient morts. Nous avons alors recommencé l’expérience,mais en laissant la culture eu rapport avec l'eau oxygénée pendant une heure, eten prenant soin de bien mélanger les deux liquides avec une baguette de verre. Trente-six heures après, le cobaye inoculé avec la culture intacte était mort et son sang, rempli de bactéridies, donnait 1} Ca AU travail à été fait au laboratoire de la Clinique d'accouchement. ) oël, ' éL Inté'ne en pharma je autit hôpital, nous a aidé dans Jes diverses cpérations nécesritéos par nos dosares. le charbon à deux autres animaux, tandis que le cobaye ino- culé avec la culture traitée par H?02 était encore en excellente santé. Ce dernier animal a vécu ensuite indéfiniment. ?- Le 11 juillet nous inoculons deux cobayes: À avec du sang charbonneux très virulent ; B avec le même sang ayant sé- journé cinq minutes a.ec trois fois son volume environ d’eau oxygénée à 10 volutues. Le lendemain À est mort et son sang rempli de bactéridies ; B ne succombe que soixante heures après l’inoculation. Comme pour la culture, nous tecomuençons l'expérience, et nous laissons le sang chorbonneux pendant deux heures en contact avec H20?. Dans ces conditions nouvelles, le cobaye inoculé au sang pur meurt le lendemain, tandis que l’autre continue à vivre indéfiniment. Il résulte donc de nos expériences que l’eau oxygénée tue les bactéridies ef même les spores, à la condition toutefois de rester quelque temps en contact avec ces êtres, Nous note- rons que le mélange du sang et de l'eau oxygénée doit être fait avec le plus grand soin, sans quoi on risquerait d'injecter des parties qui n'auraient pas été ainihilées. B. — Virus raecinal. Le vaccin a été divisé en deux parties. L'une d'elles a été additionnée d’une certaine quantité d’eau oxygènée, pendant toute une nuit, à la température moyenne d’une quinzaine de degrés. Le iendgmain,on a inoculé le liquide de mélange à 5 enfants, à raison de quatre piqûres à chaque bras De ces enfants, un, qui était chétif, est mort le lendemain; “un autre a été perdu de vue ; sur deux autres :l n'y a eu a1- cune | usiule ; enfin, sur un cinqième, trois pustules se sont développées normalement. ! Les piqres faites avec le vaccin témoin ont été suivies de succès. ! Ces expériences ont besoin d’être multipliées ; mais les trois pustules obtenues ort une grande valeur démonstrative. — 738 — C. — Venin du scorpion. Nous avons répété sur le venin du scorpion et avec les mêmes précautions l'expérience que nous avions faite sur le virus charbonneux. Pour cela, nous avons soigneusement pilé avec de l’eau oxygénée la vésicule d'un scorpion d'Algérie. Nous avons laissé les deux liquides en contact pendant vingt- quatre heures, puis nous les avons desséchés dans le vide et injectés sous la peau d’un cochon d’Inde. Un quart d'heure après, l'animal se couche, puis se roulé sur le dos ; il est pris de convulsion, il urine. Cet état dure douze minutes, et l’ani- mal succombe avec tous les signes ordinaires de la mort par le venin de scorpion. En résumé, l’eau oxygénée : 1: N’agit nullement sur le venin du scorpion ; 2° Tue ies microbes du faux virus charbonneux et leurs spores ; 3: Paraît ne pas agir sur le virus vaccin. SUR LA DÉCOMPOSITION DE L'EAU OXYGÉNÉE PAR LA FIBRINE. Note de MM, P. Berr ET P. ReGnaro. Nous avons, dans le courant de l’aanée dernière et cette année même, présenté à la Société les résultats des recher- ches que nous avions faites sur l'influence de l’eau oxygénée sur les fermentations. Nous avons aussi, continuant en cela et étendant les travaux anciens de Thénard, démontré que le bioxyde d'hydrogène se décompose au contact de certaines albuminoïdes, tandis qu’il n'est pas modifié par d’autres. Nous avons voulu aller plus loin et rechercher la nature intime du phénomène de la décomposition de l’eau oxygénée par la fibrine, Nos expériences datent du mois de juillet dernier; notre intention était de ne les faire connaître que lorsqu'elles seraient complètement achevées; mais M. A. Béchamp ayant présenté le 13 novembre à l’Académie des Sciences, une note qui con- tient l'énoncé de quelques-uns de nos résultats, nous nous — 739 — décidons à publier de notre côté ce que nous avons vu, ne fût-ce que pour en prendre possession. Nous nous sommes servis pour notre étude de Papi très précis imaginé par l’un de nous pour mesurer et enre- gistrer en même temps les dégagements gazeux. Cette mé- thode nous permet de connaître la marche des phénomènes chimiques en même temps que leur résultat final. Nous opérons au moyen de fibrine trés pure, desséchée dans le vide, pesée sèche, puis humectée de nouveau avec de eau. L'eau oxygénée que nous émployons est exempte d’acide sulfurique et contient 10 volumes d'oxygène. Nous avons pu voir en premier lieu que le dégagement de l'oxygène est parabolique. Un fait analogue avait été constaté l’année dernière par M. Berthellot. Ce savant ayant fait une longue série d'analyses de l'oxygène contenu dans de l’eau oxygénée abandonnée à elle- même pendant des mois, a vu que les chiffres d'oxygène dé- C. r. 1882. 40 — 740 — gagé, réunis en courbe, donnaient une parabole. Notre cylindre enregistreur, nous a donné la même courbe en quelques heu- res; la fibrine ne modifie donc pas le mode de décomposition du peroxyde d'hydrogène, elle l’active seulement. En second lieu nous avons vu que, contrairement à l'opinion émise par M. Béchamp, la fibrine encore intacte, placée dans l'eau oxygénée, ne décompose pas celle-ci complètement. Il y a un moment où la réaction s'arrête; et pourtant il reste en- core beaucoup d’eau oxygénée, comme on peut le démontrer en ajoutant un peu de bioxyde de magnanèse ou de fibrine neuve au liquide en expémence. Nous montrons à la Société deux courbes. Dans l’une 20 grammes d’H2 O? ont été mis.en présence de ? grammes de fibrine. Dans l’autre, c’est 4 gram- mes de fibrine qu’on a mis en rapport avec les 20 grammes d’eau oxygénée; la parabole figurée sur le tracé montre un dégagement trois fois plus grand d'oxygène. La première fois la réaction s'était donc arrêtée avant la décomposition totale. Le résultat le plus singulier que nous ayons obtenu est re- latif à la reviviscense de la fibrine sous l'influence du lavage. Quand la fibrine a arrêté son action, comme nous l'avons dit plus haut, il suffit de la laver pour lui rendre son influence, Celle-ci persiste, mais à un degré moindre; la fibrine, remise dans de l’eau oxygénée intacte, dégage de moins en moins d'oxygène, et au 4e lavage elle est devenue tout à fait inerte. La figure ci-contre est tout à fait démonstrative. La courbe n' 1 a été obtenue par l’action de 2 grammes de fibrine sur 20 gr. d’eau oxygénée. La réaction arrêtée, on a lavé la fibrine, qui a donné la courbe n° ? en présence de 20 autres grammes d’eau oxygénée. Les courbes 3, 4, 5 ont éte obtenues à la suite de nouveaux lavages. On voit que l’acti- vité de la fibrine était restée sensiblement la même en 1, 2 et 3, qu'elle avait beaucoup diminué en 4, et disparu complé- tement après le quatrième lavage. — 741 — Séance du 2 décembre 1882. Présidence de M. Laborde. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES POUR SERVIR à L'ETUDE DES LÉSIONS TRAUMATIQUES DE L'ENCÉPHALE, par M. BOcHEFONTAINE. Je mets sous les yeux de la Société de biologie une pièce d'anatomie pathologique que je dois à l’obligeance de MM. Brouardel et Descouts. Il s’agit, comme on le voit, d’une hémorrhagie de la partie centrale de la protubérance annulaire, qui pénètre un peu dans la moitié gauche du bulbe rachidien. L'homme sur le cadavre duquel la pièce a été recueillie avait été violemment renversé le soir dans la rue, et l’osciput avait heurté l’angle du trottoir. Il y eut perte de connais- sance sur place et le malade fut transporté inerte à l'hôpital, où il mourut le lendemain matin avant d’avoir recouvré ses facultés. L’autopsie a montré des épanchements sous l’arachnoïde et dans les ventricules latéraux sans lésion des parois ventricu- laires ; le quatrième ventricule était inäemne. Ce fait, qui complète la série d'expériences sur le rat, le co- baye, le lapin, le chat, le cnien, le cheval, dont jai communi- qué les résultats à la Société de biologie, m’a donné l’idée de . faire sur le cadavre de l’homme une nouvelle série de recher- ches sur les lésions de l’encéphale pouvant résulter des chocs violents du crâne. Ces dernières recherches ont été faites au laboratoire de l’Hôtel-Dieu avec des sujets pris au hasard, ou plutôt au fur et à mesure qu’ils se sont présentés. Je me suis servi d'un gros marteau de mécanicien et, afin d'éviter autant que possible l’enfoncement du crâne au lieu même du coup, on recouvrait la tête du sujet avec une couche épaisse d2 linges. 1. Cadavre de femme âgée de 64 ans. Coup violent en ar- — 742 — rière de l'oreille gauche au niveau de la ligne courbe occipi- tale externe. Fêlure du temporal gauche descendant vers la bas: du crâne ; décollement de l’écaille du temporal droit; liquide abondant dans le ventricuie moyen et les ventricules latéraux qui constituent tous les trois des cavités béantes; pas de liquide dans le quatrième ventricule. Aucune lésion d’une partie quelconque de l’encéphale, sec- tionné dans toutes ses parties. : 2. Cadavre d'homme de 48 ans. Coup au même point que dans l'expérience précédente. Fracture transverse du temporal gauche sans déplacement intéressant la base du crâne ; liquide assez abondant sous Pa— rachnoïde : quelques gouttes liquide dans les ventricules de l’encéphale. Petite contusion, comme un coup d’ongle, du pédoncule cé- rébral droit, sans lésion de la pie-mère. Petite contusion avec. déchirure de l’épendyme de la couche optique gauche. Rien dans le quatrième ventricule. 3. Coup au-dessus de l'oreille gauche. Enfoncement de la partie du crâne confondue dans une étendus de 3 centimètres de dia- mètre. Liquide sous-arachnoïdien et dans les ventricules laté- raux. Boutonnière de la dure-mère longue de un centimètre, éraillure correspondante de la de corticale du cer- veau. Déchirure transversale superficielle de la partie postérieure des tubercules quadrijumeaux postérieurs. Aucune autre lé-— sion. 4. ee de femme de 60 ans. Même expérience : léger enfoncement du crâne. Aucune particularité à noter. Aucun résultat. Si l'on excepte la fente de la dure-mère et l’éraillure corres- pondante du cerveau produites directement par les fragments osseux enfoncés dans la cavité du crâne, on voit que les lé- sions minimes du .pédoncule, de la couche optique et de la partie postérieure des tubercules quadrijumeaux postérieurs pourraient bien être le résultat des manœuvres exécutées pour retirer l’encéphale de sa cavité et le dépouiller de sa pie-mère, — 743 — On a pris, il est vrai, toutes les précautions possibles pour éviter ces accidents, mais il reste fatalement à leur égard un doute dans l'esprit. Quoiqu'il en soit, deux expériences res- tent, dans lesquelles le même traumatisme n’a déterminé au- cune lésion médiate, indirecte de l’encéphale, dans lesquelles par conséquent on ne peut invoquer aucun choc par propaga- tion éloignée, ou par contre-coup. Cependant, dans un cas, le traumatisme d’un côté a déterminé par contre-coup la rup- tare de l’écaille du temporal de l’autre côté. Il résulte encore des trois premières tentatives que le liquide - céphalo-rachidien, contenu en quantité plus ou moins consi- dérable dans les ventricules ou sous l’arachnoïde, n’a déter- miné aucune lésion appréciable de l’encéphale. . Comment donc expliquer les vastes épanchements de sang dans l’arachnoïde, les contusions, les ecchymoses, à la surface ou dans la profondeur de l’encéphale. Si l'on ne peut invoquer l’action des chocs par contre-coup de la substance cérébrale d'une manière exclusive au moins, il faut chercher ailleurs une explication. Sur le-cadavre, la circulation n’existe pas. Sans doute c’est pour cette raison que nous ne trouvons pas dans l’encéphale des cadavres les déchirures, les délabrements que l’on ob- serve sur les individus vivants. Il faudcait donc chercher dans la rupture des vaisseaux produite indirectement par le trau- matisme l’explication des énormes lésions hémorrhagiques de l'encéphale. Il me semble que l’on peut trouver cette explication dansla pression sanguine exagérée qui peut se développer dans la circulation artérielle sous l'influence de l'excitation trauma- tique du cerveau. Plusieurs fois, sur des animaux vivants, cette exèitation à produit une pression intra-carotidieune de 39 et même 36 centimètres de mercure, c’est-à-dire une force . capable d'élever une colonne d’eau 5 5 mètres de hauteur. Certainement une telle pression ne se propage pas jusque dans les petites artérioles de l’encéphale; elle va diminuant au fur et à mesure que le sang arrive à la périphérie par des canaux de plus en plus nombreux et étroits; mais il est pro- bable . qu’elle est encore suffisamment augmentée pour rom- HE, PV lens pre les artérioles, d’autant plus que celles-ci subissent en même temps une influence vaso-constrictive considérable qui teur donne de la rigidité et en facilite probablement la rup- ture. On comprend ainsi facilement la production des ecchy- moses, des hémorrhagies, des épanchements traumatiques du cerveau. Bien entendu, les expériences que je viens de rapporter à la Société de biologie ne sont pas suffisamment nombreuses pour que la conclusion à laquelle j'ai été conduit soit définitive. C’est donc seulement une communication préalable que je fais aujourd’hui et que je me propose de compléter lorsque j'aurai réun une quantité assez considérable de faits expérimentaux. Du PLEXUS SOLAIRE. ETIOLOGIE DE La pyspepsié, par M. Leven. Dans .ma dernière communication, j'ai insisté sur ce fait que l’action des médicaments dans le tube digestif ne s’ex- plique que par l’action directe sur la muqueuse et sur le plexus solaire. | C’est En excitant le plexus solaire que les médicaments dé - terminent leur effet. _ C’est le plexus solaire qui règle les faits physiologiques et les faits pathologiques des viscères, abdominaux. La clini- que m'a conduit à faire les mêmes observations que la -phy- siologie. Quand le plexus solaire est excité, l'estomac se gonfle, laisse échapper une quantité de gaz variable, se remplit souvent de liquide; on constate l’excitation du plexus solaire, par le palper ou la pression. La pression sous l’appendice xyphoïde réveille de la sensibilité qui peut s'étendre sur toute la ligne médiane, jusqu'à trois ou quatre centimètres au- dessus de l’ombilic. Que cette sensibilité augmente, tout l’estomac devient sen- sible à la pression, et les muscles de l’abdomen, et la peau de l'abdomen au niveau de lestomac s’hyperesthésient. L’hype- resthésie ne dépend que de l'excitation du plexus solaire, et est liée à la dyspepsie et non à l’hystérie comme l’a dit Briquet. — 745 — Toutes les fois que le plèxus solaire est excité, la muqueuse de l’estomac se congestionne et la dyspepsie est faite. La dyspepsie est la conséquence directe de toute excitation du plexus. Voyons quelles sont les dE ines de cette Ge Eee c’est a-dire les causes de la dyspepsie. J'ai réuni 400 observations de malades que j'ai traités et ob- servés pour la plupart jusqu’à la guérison. 1: Dans plus de la moitié des cas, l'excitation du plexus so- laire est consécutive à l’excitation cérébrale ; Quand une des facultés de l’esprit est surmenée, il y a ac- tion immédiate du cerveau sur le plexus solaire et la conges- tion pathologique de la muqueuse stomacale se produit ; cette étiologie s’observe chez les gens de tempérament neryeux qui ont tous une grande impressionnabilité cérébrale. La condition principale pour devenir dyspeptique est d’être un ‘individu nerveux; le nerveux est toujours sous l’immi- nence de la dyspepsie ; le moindre motif, une émotion, une peur, un excès de travail intellectuel le rendent dyspeptique ; il y a autant d'hommes que de femmes, dans ma reREUAUE dyspeptiques par tempérament nerveux. Le tempérament nerveux que je définirai plus tard est done la cause prédisposante et, on peut le dire, la cause efficiente du plus grand nombre de cas de dyspepsie. ae 2: La clinique montre que les excès alimentaires, les ex- cès de boisson, tiennent le dernier rang dans l’étiologie; ils engendrent la maladie si le sujet est un nerveux, et s’il ne l’est pas, il faut que les abus de régime soïent longtemps con- tinués pour qu'il arrive à être dyspeptique. Ainsi l’excita- tion du plexus solaire due aucerveau est très fréquente; l’ex- citation du plexus, c’est-à-dire la dyspepsie due aux excès ne compte que pour un dixième dans l4 statistique. 3: Les maladies des viscères abdominaux, des viscères thoraciques, les vices de menstruation, la grossesse de lac- tation, les affections du foie, des reins, de la vessie, la bron- chite, la pleurésie, '4 tuberculose contribuent pour un dixième à faire la dyspepsie. Le plexus solaire, aboutissant de tout le système nerveux C. r. 1882 40. D VMS abdominal, thoracique, en rapport direct avec le cerveau, est influencé par le système nerveux de la vie végétative et de la vie de relation et toute impression de ce système nerveux est immédiatement communiquée au plexus solaire et devient cause de dyspepsie, 4: Sur 400 dyspeptiques, 40 environ, c’est-à-dire un dixième, ont eu antérieurement la fièvre typhoïde. la fièvre in- termittente ou une fièvre éruptive ; il ne se produit-pas d’ac- cès de fièvre sans que le plexus ne soitimmédiatement atteint. 5° Enfin, les maladies cutanées, l’eczéma, le psoriasis, etc., Ja goutte, le rnumatisme, s ‘observent dans le dixième des cas chez les dyspeptiques. Cette étude s'atistique montre d’une façon nette l’étiologie de la dyspepsie ; ce sont le plus rarement les ingesta qui en sont cause. Les impressions nerveuses, les favres. certaines diathèses sont les causes les plus fréquentes de i'excitation du plexus solaire, c’est-à-dire de la dyspepsie SURDITÉ, TROUBLES DE L'OUIE D'ORIGINE RÉFLEXE, GUÉRISON PAR L’EXTRACTION DE DENTS CARIÉES, par M. GELLÉ Les douleurs névralgiques qui rayonnent sur les diverses. branches de la cinquième paire sous l'influence des douleurs liées à la carie dentaire, se fixent quelquefois à l'oreille et. l’otalgie est souvent due à tes lésions. Mais la douleur n’est pas le seul nile' plus important des phénomènes causés par l'irritation de la branche inférieure du trijumeau ; des lésions trophiques naissent en effet par cette irritation d’un simple . rameau, comme l’expérimentation a montré qu’on en peut produire par la piqüre des racines du trijumeau dans le bulbe. Les troubles trophiques sont variables, et la clinique observe tantôt une simple otorrhée, tantôt des fluxions, soit de l’otite et de la suppuration, enfin l'ulcération des tissus auriculaires _a paru être entretenue par les irritations périphériques du nerf sensitif (Burnett). Ainsi on constate qu'il se produit non seulement un rayon- nement de la douleur, mais des effets d’altération de nutrition / — à distance très certainement liés à l’action réflexe du nerf ir- rité. En effet, ce n’est pas seulement à l'oreille que l’on trouve les signes de fluxions, d’endolorissement, de spasme réflexe ; Pœil est souvent également fluxionné, plein de larmes, et at- teint de photophcbie; la narine enchifrenée, bouchée, ne laisse plus passer l'air et la respiration est gênée; la pommette gonfle, rougit; elle est chaude, et quelquefois couverte de pla- ques de vésicules acuminées; en même temps, l'oreille bour- donne, s’assourdit, et reste ou non douloureuse. La douleur n’est pas l'accompagnement nécessaire des troubles tro- paiques. Chose curieuse, la dent cariée, point de départ de tout cet appareil symptomatique peut n'être pas ou n'être plus le siège d'aucune douleur, alors que le retentissement est en pleine ac- tivité. Tripier a rapporté l’histoire d’un fait de cet ordre (AI- gies réflexes, Archives de Médecine, p. 408. Av. 1869); une dent cariée, mais indolore, ayant été extirpée, la surdité gué- rit. Je présenterai aujourd’hui un fait analogue à la Société. Triquet raconte dans ses lecons cliniques l’observation suivante résumée en deux lignes : une dent de sagesse don- nait lieu à de l’otalgie et à de la paralysie faciale (sans doute due à lotite) et l'extraction de la dent enleva douleur et pa- ralysie.— (Triquet, Obs. 739).-- Canhex en{a traité aussi dans les archives (Des névroses vaso-motrices, octobre 1863). Dans Je journal l’Union Médicale, Gillette a donné une observation très belle d’affection auriculaire grave d’orige manifestement réflexe (1872). On trouve d’autres faits cités par Rau (ohr. sec. 138 Berlin 1856) CI. H. Burnett (1877, Traité de l’oreille p. 375), a noté la fréquence des écoulements d’oreïlles chez les enfants aux périodes de dentition. Au point de vue pa- thogénique, cet auteur insiste sur les rapports si étroits qui unissent le ganglion otique et le nerf maxillaire inférieur. En 1875, Orne Green a étudié l’action des névralgies qui naissent des douleurs de dents sur l’audition ; il remarque l’i- dentité des troubles inflammatoires que la clinique observe et des lésions trophiques quel’expérimentation a provoquées. Je puis encore citer les travaux sur ce sujet, de Ed. Woakes, de Londres (Deafn and Giessddiness, in head, 1879 et 1880, — — 748 — et de Samuel Sexton (1880 in American-Journal med. scences), De Moos et Lucæ (Archio. phys. and path., 1876), CI. H. Bur- nett, enfin, vient encore de publier un nouveau fait (A merican- Journal of otolgy, p. 285, no 4, Octobre 1880.) Ce nesont pas seulement les dents cariées, douloureuses ou non, qui provoquent ces retentissements par la voie du tri- jumeau. À mon avis, on peut constater des lésions de même ordre sur les individus qui portent les grands appareils pro- thétiques dentaires ; la névralgie de la face et l’otalgie, la sur- _dité accrue, le bourdonnement d'oreille, les diverses inflam- mations auriculaires se rencontrent fréquemment dans ces conditions; et bien qu’il soit très logique d'admettre que la perte des dents qui a nécessité la pose du dentier, a dù s’ac- compagner de névralgies capables d’agir à ce moment déjà sur l’ouie, l'analyse des observations m’a paru tendre à mon-— trer que les appareils prothétiques ont, par leur contact, au : moins dans les six premiers mois de leur application, une ac- tion manifeste sur l’audition et causent souvent de la né- vralgie faciale. J'ai publié il y a quelques années dans la Tribune Médicale l'observation d’un zona buccal et lingual chez une dame arthri- tique qui portait depuis peu un dentier complet. Une de mes malades, atteinte de vertige de Ménière, fait remonter le début de son affection auriculaire à une époque de six mois, où elle fut tourmentée de névralgies atroces, du même côté que son oreille assourdie aujourd’hui, qui cessèrent quand elle se dé- cida à l'extraction de deux molaires de la mâchoire inférieure. Ict, la lésion auriculaire, plus profonde, plus durable, a sur- vécu à ja cause; l’altération des tissus n’a pas guéri une fois le foyer d’irritation détruit; le vertige de Ménière prouve que l'appareil conducteur est très ramolli ; et peut-être aussi que le labyrinthe a été atteint aussi bien que l'oreille moyenne dans l’altération trophique suscitée par les névralgies de la cinquième paire dues aux dents cariées. L'observation suivante est analogue à celle de Tripier, de laquelle j'ai parlé plus haut, la dent cariée était indolore, et cependant les phénomènes trophiques et m°me algiques ont rayonné sur les diverses branches du trijumeau. — 749 — OBSERVATION. — Surdité réflexe à droite avec bourdonne- ments; point névralgique sous-crbitaire ; narine bouchée et oblitérée par la muqueuse engorgée et sèche, à droite; extrac- tion d’une molaire inférieure droite, guérison rapide des bour- donnements, de l’enchifrènement, 13 octobre 1882. Dame âgée de 65 ans, bien portante, active, éprouve depuis une quin- zaine de jours de vives douleu:s sur la pommette droite, la- quelle est rouge, brillante, tendue et quelque peu piquetée de petites vésicules acuminées; ce foyer est bien limité au niveau du trou sus-orbitaire ; l'œil est sain. Du même côté, et depuis la même époque la malade an- nonce que sa narine droite est totalement bouchée, qu’elle ne peut nullement respirer par là; la parole est nasonnée, la ma- lade mouche peu, sensation de gêne et de chaleur dans cette narine bouchée. En même temps, des bourdonnements done assez bruyants et agaçants, tourmentent la malade; il n’y a pas de douleur à l’oreille, ni chaleur, ni démangeaisons. Le sujet ne parle pas de l’audition et s'étonne dene percevoir la montre de ce côté qu’à 20 centimètres, tandis que son oreille gauche l'entend à 70 centimètres. À l'examen de visu, le méatest sec et légèrement rosé en* haut et gondolé, couvert de squames opaques, séches; la ré- gion sus-apophysaire (pôle supérieur du tympan), est légère- ment bombée, rougeâtre et squameuse; le ton général de la cloison est laiteux; le triangle lumineux superficiel se meut ad libitum par l'épreuve de Valsalva; le manche est peu dis- tinct, caché sous une couche épidermique épaisse. La montre s'entend à droite très bien par la voie cranienne, sur la bosse frontale et sur l’apophyse mastoïde. Le sourdonnement réflexe est ce qui tourmerte le plus la patiente. Je fais enlever une dent cariée, non actuellement doulou- reuse. située du côté droit de la mâchoire inférieure; et deux jours après l’enchifrènement a disparu totalement; la pom- mette droite est devenue semblable à la gauche; le bourdon- nement spasmodique a cessé ; il n’y à ni coryza ni desqua- matic::5 de la face, ni D een d'oreille. & — 750 — Les choses ne se passent-pas si simplement quand, au lieu d'une molaire cariée facile à extraire, on se trouve en pré- sence d’une dent de sagesse en train de sortir. Un jeune élève en pharmacie eut sous cette influence, et du côté de la dent en évolution, à la fois un abcès sublingual et une otite moyenne suppurée qui l’a laissé presque sourd de ce côté. La sortie de la dent de sagesse est lente ;.et par sa durée l’irrita- tion réflexe peut causer des: troubles trophiques les plus graves. MOUVEMENTS LOCALISÉS PRODUITS PAR LE PASSAGE DES COURANTS FARADIQUES A TRAVERS LE CRANE, CHEZ LE CHIEN, par M. OrscHansxy. Différents auteurs ont essayé, mais sans succès, de provo- quer des mouvements localisés chez les animaux en appliquant directement les électrodes des appareils faradiques sur la sur- face de la voûte crânienne. En modifiant ce procédé et en appliquant un électrode sur la convexité de la calotte crânienne, et l’autre sur la paroi pos- térieure du pharynx, c’est-à-dire à la base du crâne, j'ai obtenu au laboratoire de M. Vulpian,des résultats différents sur qua- tre animaux chloralisés ou morphinisés. Si un des électrodes est appliqué sur la suture fronto-pariétale à sa partie inféro- externe ôn observe des mouvements cloniques des extrémités antérieures dn côté opposé. Si on l’applique sur la suture mé- diane bifrontale, il y a une rotation de la tête du côté opposé.Ces résultats ne sont obtenus.que dans les conditions sus-indiquées. On ne les observe pas lorsque les deux électrodes sont placés sur la surface de la calotie du crâne, même quand on les appli- que sur la suture. H faut pour les vbtenir que toujours un des électrodes soit, comme nous avons dit, placé à la base du crâne. Je me propose, dans une prochaine communication que j'aurai l'honneur de faire à la Société, de revenir sur ces expé- riences qui seront continuées et de chercher à expliquer les phénomènes qu’elles m'ont permis de constater. : | le Séance du 9 décembre 1882. Présidence de M. Paul Bert. Note de M. Bapsr à propos de la communication de MM. Marcus et PINE. Je viens d'apprendre, parun amibienveillant. que M. Girardet moi nous nous étions trompés sur l’action antiseptique de la dimé- thylrésoreine. M. Ch. Girard n’a rien à voir dans cette question dont il ne s’est pas occupé; quant à moi, je n’ai jamais rien pu- blié, à ma connaissance, sur ce sujet, et MM. Marcus et Pinet ne peuvent viser qué desindiscrétions de laboratoire. d’ailleurs inexactes. J’appelais résol le mélange brut des deux méthyl- résorcines, riche surtout en mono; et je lui avais trouvé une certaine efficacité contre les ferments de la classe des cham- pignons à mycélium. M. Bochefontaine l’a essayé sans résul- tats appréciables contre des bactéridies du charbon, de sorte que je n'avais pas poussé mes recherches olus loin. La question est donc entièrement neuve, et MM. Marcus et Pinet devaient avoir d'autant moins le besoin de parler de moi,qu'’il leur aurait été difficile de joindre à leur citation une indica- bibliographique. MESURE DU VOLUME DES TUMEURS ANEVRYSMALES FAISANT SAILLIE A L’EXTER!EUR. — Détermination du volume muximum absolu et des variations rythmées avec lecæur et la respiration, AP- PAREILS VOLUMÉTRIQUES, par M. FRANÇoIs-FRANCK. Il est important, soit pour le pronostic, soit pour. l’étude des effets du traitement, d’être fixé sur le volume réel d’une tu- meur anévrysmale, ainsi que sur l’amplitude de ses expan- sions et affaissements rythmiques, cette amplitude étant en rapport inverse avec le degré de résistance de la paroi. Pour cette comparaison, nous ne possédons pas de moyens p:écis. La mensuration de la tumeur obtenue en appliquant une —— 752 — bande centimétrique qui en suit le contour est l’un des moyens employés. Le procédé donne une approximation à la rigueur suffisante si l’on veut se contenter d'apprécier, à époques successives lointaines, la différence du volume de la tumeur. Mais la mesure linéaire ne renseigne en aucune façon sur la manière dont se font les expansions de l’anévrysme aux dif-- férentes périodes de son évolution (1). J'ai cherché à obtenir des indications plus complètes en mesurant à la fois le volume absolu de la tumeur et ses ex- pansions systoliques, ainsi que le degré d'affaissement qu’elle subit à chaque diastcle du cœur. L'appareil que j’ai employé dans ce but est fort simple et peut être construit par tout le monde. C’est un moule en gut- ta-percha, ayant le même périmètre que la tumeur à sa base, mais présentant une capacité intérieure un peu plus grande (2). Il a la forme d’une calotte sphérique et est muni à son point cuiminant d'un tube de verre gradué en centimètres cubes. Le but est de totaliser dans ce tube les expansions de la tu- meur au moyen du déplacement de l’eau. Pour obtenir cette indication, il faut s'arranger de façon que l’eau versée dans l'appareil ne puisse s’écouler entre son rebord et la peau; il serait impossible d'obtenir commodément une adaptation assez exacte de ce rebord si l’on n’avait recours à l’interposition d’une feuille de caoutchouc soufflé ou de bau- druche fixée transversalement à la base de l'appareil, et pou- vant être déprimée sans offrir de résistance appréciable. La membrane étant maintenue par.un simple chauffage de la gutta, voici comment on peut procéder pour obtenir tout d’abord l'indication du volume vrai de la poche. (1) Oa peut aussi prendre le mo:l:3 en plâtre de la tumeur à différentes périodes. Mais en outre de l'inconvénient de répéter les moulazes sur le ma- lade, le moule obtenu ne péut jamais être exact à cause des mouvements dont l’anévrysme est animé. (2) Pour obtenir cette cupule en gutta, le meilleur procédé consiste à pren- dre le moule en plâtre de la tumeur, puis à recouvrir ce moule d'une lame de gutta après l'avoir renforcé de plusieurs épaisseurs de linge, de facon à avoir une eavité de gutta d'une capacité plus grande. — 753 — 4 On renverse l’appareil après l’avoir rempli d’eau (1), ayant soin de boucher avec le doigt l’orifice supérieur du tube: On coiffe ensuite la tumeur avec la calotte qui a été moulée sur elle et on a soin d'appliquer exactement les paies tout au— tour de l’anévrysme. L'eau refoulée s’échapperait et nourri le malade si l’on n’avait soin d'ouvrir une petite tubulure latérale que porte le tube de verre gradué; cette tubulure munie d’un tube de caoutchouc permet de déverser dans un récipient quelconque l’eau en excés. Quand l’écoulement cesse de se produire c’est que la tumeur dans ses expansions mazima (au moment d’une systole se produisant en expiration), ne dépasse pas le niveau indiqué sur le tube. . Par suite, la quantité d’eau qui s’est écoulée et qu'on a re- cueillie correspond au volume maximum de la tumeur, pre- mier point à déterminer (2). On pourra ainsi, dans une série d’explorations successives, savoir si l’anévrysme augmente ou diminue de volume ou bien reste stationnaire, différentes constatations importantesà faire au point de vue du pronostic, et permettant de savoir si un mode de traitement employé agit d’une manière réellement efficace. Mais il y « des raisons nombreuses pour quecette simple constatation du volume ne renseigne pas d’une manière suffi- (1) Pour remplir d’eau l'appareil sans risquer de décoller la membrane, il suffit de ie déposer sur une une plaque de verre ou sur une serviette pliée en plusieurs doubles et appliquée sur une table, de cette facon la membrane sera maintenue Pour retourner le moule plein d’eau on le renversé en passant la main sous la serviette, et en soutenant ainsi la membrane. (2) On pourrait aussi, en négligeant l'eau qui sort de l'appareil, se rendre compte da volume de la tumeur en mesurant le volume d une calotte sphéri- que capable de déprimer la membrane au même point que l'anévrysme et d'élever l'eau au même niveau. Mais, en outre des difficuliés pratiques de cette recherche on s'exposerait à d'assez grosses erreurs parce qu'on ne peut jsmais être asauré qu'au mo- ment où on a placé l'appareil sur la tumeur, la membrane était parfaitement hori/ontale. — 754 — sante sur la cause qui fait que la tumeur reste ou non sta- tionnaire. …ILest très important d’être également fixé sur la valeur vo- lumétrique de chaque expansion systolique. C'est dans ce but que le tube de verre, qui surmonte le moule en gutta, est muni d’une graduation en centimètres cubes. On a vu que l’écoulement de l’eau déplacée par la tumeur, quand on la recouvre de l'appareil, s'arrête au moment où la tumeur présente son maximum d'expansion. Le tube latéral étant fermé à ce moment, les changements de niveau de l'eau dans le tube vont s’opérer verticalement entre deux limites qui varieront selon la phase de la respiration, mais qui, sauf effort de la part du malade, ne dépasseront pas le niveau du branchement latéral Peu importe, du reste, le tube étant gradué au-dessus et au-dessous ; mais pour la com- modité de la lecture, il est bon de prendre cette ligne comme point de repère. En suivant ds l’œil le niveau de l’eau, on constate qu’il s’a- baisse par exemple de 3 centimètres cubes pendant la dias- tole cardiaque pour remonter de trois centimètres pendant le aystole : on peut done dire que chaque expansion de la tumeur correspond à trois centimètres cubes d’eau. Mais, pour faire cette évaluation des expansions d’origine cardiaque, il faut, autant que possible, faire abstraction des variations de volume d’origine respiratoire. Aussi pourra-t-on faire suspendre pendant quelques secondes la respiration du sujet. Cette suspension respiratoire n’est pas du reste sans modifier la valeur de chaque expansion cardiaque, mais la dif- férence est assez peu sensible pour qu’on puisse obtenir une évolution presque rigoureuse. Il n’est pas moins intéressant d'apprécier les changements de volume de la tumeur liés aux mouvements respiratoires : pour cela il suffit que le malade respire lentement. On peut constater alors que la variation combinée provenant de la respiration et du cœur abaissent et élévent le niveau de'l'eau d’un-nambre déterminé de centimètres cubes. On concoit qu’il était tout indiqué de chercher à transformer LES De cet appareil en explorateur pour l'inscription graphique des changements de volume des anévrysmes : tous les éléments d’un semblable appareil se trouvaient déjà réunis, et ilsuffisait de relier l'extrémité supérieure du tube à un tambocr à levier enregistreur pour obtenir, tout comme avec mon appareil explorateur, des changements du volume de la main, l’indica- tion écrite des changements de volume de l’anévrysme. On n’a donc qu’à introduire dans le tube gradué un bouchon de caoutchouc perforé et contenant un tube de verre qui com- munique par un tuyau de caoutchoue avec l’appareil inserip- teur de Marey. Les courbes ainsi obtenues sont nécessairement à une autre échelle que les changements de niveau de l’eau dans le tube, mais il est facile de faire leur graduation, si l’on veut avoir série de mesures volumétriques de par le tracé. Dans la pratique ordinaire, il suffira de suivre sur l’échelle du tube qui surmonte l’appareil les changements de niveau du liquide. Ce qui importe en effet au médecin qui traite un ané vrysme, c’est de savoir si celui-ci présente des expassions de plus en plus réduites, grâce au renforcement des parois de la poche par des caillots fibrineux, et à ce point de vue l’examen direct suffira. | Mais si l’on veut, comme je le désirais moi-même, étudier avec plus de détails la forme des expansions anivrysmales, leurs phases successives, etc., l'inscription est de toute néces- sité. Lns résultats que m’a fournis ce procédé d'exploration doi- vent être rapprochés de l’étude des battemements doubles et triples des tumeurs anéurysmales aortiques et autres. J’en ai déjà parlé à la Société en 1878. Ce que je désirais surtout lui soumettre aujourd’hui c’était le détail de la méthode vo- lumétrique elle-même. DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX DE LA CORDE DORSALE, ÈT DU MES9DERME CHEZ LA TRUITE, par M. L.F, HENNeGuY. Dans une précédente communication, j'ai montré comment, aux dépensde la masse cellulaire du germe des poissons osseux se forme le premier rudiment embryonnaire. Celüi-ci est d’a- er bord constitué par un épaississement local du bord du disque germinatif, il ne renferme que deux couches de cellules : l’une est l’ectoderme, l’autre l’entoderme primaire résultant de la réflexion de l’ectoderme. Au-dessus de l’ectoderme s’étend la lame cornée d'Œllacher formée par une simple couche de cel- lules aplaties. L’embryon, qui était d’abord .une petite masse arrondie, de- vient bientôt piriforme; sa grosse extrémité est dirigée vers le centre du disque blastodermique, l’autre extrémité corres- pond au bord libre du disque, et constitue sur le bord une pe- tite saillie arrondie qu'est le bourgeon caudal (Œllacher). _ Un sillon longitudinal et médian occupe la partie supé- rieure et moyenne de l'embryon. Ce sillon a été considéré par les anciens observateurs, Baer, Vogt, Lereboullet, etc. comme analogue de la gouttière médullaire des. autres verté- brés; ces embryologistes pensaient que le système nerveux des téléostéens résulte de la formation et de la fermeture d’un sillon médullaire. Kupffer le premier montra que l'axe ner- veux de ces animaux se développe d’une manière spéciale, et qu'il n'est qu’un simple épaississement de l’ectoderme, le sil- lon dorsal disparaissant sans laisser de trace. Parmi les auteurs qui, depuis Kupffer, se sont occupés des premiers phénomènes du développement des téléostéens, Œllacher admet qu’il existe primitivement dans l’axe de l’em- bryon, dans la région occupée par le ‘sillon et au-dessous de la lame cornée, un cordon axial (Axenstrang), dans lequel le feuillet moyen et le feuillet sensoriel ne sont pas encore diffé- renciés. Ce cordon se dédoubls plus tardet-donne le système nerveux central et la corde dorsale. Gœtte, comme Kupffer, fait provenir le système nerveux d’un épaississement de l’ectoderms, et la corde dorsale du méso- derme; il n’admet pas de fusion primitive entre l’axe nerveux et la corde dorsale. | : D’après Calberla, chez le syngrathe et le saumon, au ni- veau du sillon dorsal, la lame cornée s’invaginerait dans la couche profonde de manièreä constituer deux lames cellulaires accolées. Ces lames en s’écartant constitueraient plus tard le canal médullaire. La couche superficielle de l’ectoderme pren- LA RS on drait donc part à la formütion de l’axe nerveux comme chez les autres vertébrés. Calberla fait provenir la corde dorsale de la partie profonde de l’entoderme primaire qui se différen- cie ensuite en mésoderme et en entoderme secondaire. Hoff mann admet aussi que chez latruite la corde dorsale est cons- tituée par l’entoderme. Les recherches que j’ai faites chez la truite m'ont conduit à des résultats qui se rapprochent beaucoup de ceux de Gætte. Si l’on fait des coupes transversales sur un jeune embryon arrivé au stade que j'ai décrit plus haut, on constate qu'au niveau du bourgeon caudal les cellules présentent sur la ligne médiane une disposition concentrique qu'ŒÆllacher le pre- mier a très bien décrite; c’est le cordon axial; en ce point il n’y a pas de feuillets distincts. Un peu plus en avant on trouve deux couches de cellules et le cordon axial est coupé en deux par la ligne de séparation de ces couches. Sur des coupes faites encore plusten avant, au lieu de deux couches on en ob- serve trois; l’une supérieure, l’ectoderme, l’autre inférieure, l’'entoderme, et une couche intermédiaire, le mésoderme. Ce . dernier n’existe que sur les parties latérales de l’embryon. Sur la ligne médiane, la partie supérieure du cordon axial constitue la première ébauche du système nerveux; sa partie inférieure se différencie en même temps que le mésoderme pour former la corde dorsale. Enfin les coupes, passant par la partie la plus antérieure de l’embryon, ne présentent que deux couches, l’ectoderme et l’entoderme primaire. Dans l’axe de l'embryon on trouve toujours la disposition concentrique des cellules du cordon axial, mais celui-ci est, comme à la région postérieure, séparé en deux moitiés par la ligne de démarca- tion des deux feuillets blastodermiques. La lame cornée se voit dans toutes tes coupes; elle s'étend d’une façon continue _ sur tout l’ectoderme. . Des coupes longitudinales pratiquées sur un embryon du même stade montrent, comme les coupes transversales, que tout le bourgeon caudal est constitué par une masse de cellu- les non différenciées. En avant du bourgeon caudal on distin- gue trois couches, l’une qui va en augmentant d'épaisseur d’arrière en avant et qui s’amincit brusquement à l’extrémité — 758 — antérieure de l’embryon; c’est le feuillet 2xterne. La seconde couche est constituée postérieurement par des cellules allon- gées suivant la hauteur de l'embryon; antérieurement elle est formée par des cellules semblables à celles de l’ectoderme. Cette couche comprend donc la corde dorsale qui se continue avec l’entoderme primaire. Enfin la troisième couche, ento- derme secondaire, n’existe que dans l’éterdue de la corde dorsale. Les coupes longitudinales qui intéressent les parties latéra- les de l'embryon montrent les mêmes trois couches en avant du bourgeon caudal, mais la couche moyenne qui correspond à la corde dorsale représente la mésoderme, C’est en avant du bourgeon caudal, juste au point où les trois feuillets commencent à se différencier, qu’apparaît dans l’'entoderme la vésicule dont j'ai déjà fait connaître l’existence et qui devient plus tard la cavité de l'intestin postérieur. Il résulte de mes observations que le système nerveux central de la truite se développe bien aux dépens de l’ecto- derme et que la lame courte n’y prend aucune part. Dés sa premiére apparition, 1l est entièrement distinct et séparé de la corde dorsale. Celle-ci provient de l’entoderme primaire, mais elle se forme en même temps que les deux masses laté- rales du mésoderme. Calberla admet que la corde dorsale peut se former chez les vertébrés tantôt avant le dédoublement du feuillet primor- dial (entoderme primitif) en entoderme et en mésoderme, tan- tôt après ce dédoublement. Salenski considère aussi l’origine entodermique de la corde dorsale, chez l’esturgeon, comme la continuation de la différenciatiôn du mésoderme d’avec l’ento- derme primaire. Je me range complètement à cette opinion pour la truite, tout en faisant observer que, chez cet animal, la différenciation de la corde dorsale et celle du mésoderme sont simultanées et que par conséquent on peut donner à la corde dorsale une origine aussi bien mésodermique qu’entoder- mique. Lorsqu'on compare les coupes faites à travers le bourgeon caudal d’un embryon de truite à celles de la partie postérieure d'un embryon de poulet dans la réginn de la tête de la ligne ps D) — primitive, on est frappé de la ressemblance qui existe entre les deux séries, Le bourgeon caudal, par sa position et sa struc- ture, me paraît donc devoir être considéré comme une sorte de ligne primitive très courte et condensée. J'établis ici un simple rapprochement sans vouloir rien nréjuger de la nature si discutée de la ligne primitive. Je ne puis suivre, daus cette note, le développement du sys- tème nerveux chez l'embryon de la truite : je signalerai seulement un fait que je suis parvenu à élucider. Comment se forme le canal médullaire dans le cordon cellniaire plein que constitue primitivement le système nerveux cenul ? Schapringer Weil, Calberla pensent qu'il se produit un écar- tement des cellules centrales de la moelle ; suivant (lllacher le canal vrendrait naissance par suite d’une liquéfaction des cellules centrales. Mes recherches confirment celles des tri: premiers chservateurs. Lorsque le canal, ou plutôt l1 fente médullaire. va se ior- mer, on voit les cellules centrales présenter des figures kar\ o- kinésiques et se diviser : les nouvelles cellules filles s'écar- tent et la fente est constituée. Plus tard apparaissent jes a- vités du système nerveux central par suite de la prolifération inégale des éléments en certains points,inégalité qui aménce des courbures, et provoque l’écartement plus au moins grand de la fente primitive. Les cellules en voie de division sont beaucoup plus délicates que les autres et sont souvent détruites par les réactifs, entre autres, l’acide chromique ; c’est:ce qui explique l'erreur d'Œilacher, qui a cru voir des ceilules en voie de destruction dans l’axe du cordon nerveux. Ce travail a été fait dans le laboratoire d'E nbryogénie comparée ju coliè:r« de France. Chr 1882; at een ETUDE EXPÉRIMENTALE DE L'ACTION PHYSIOLOGIGUE DE LA QUININE PRINCIPALEMENT CONSIDÉRÉE DANS SON INFLUENCE SUR LE FONC- . TIONNEMENT DU CŒUR (À propos du traitement de la fièvre typhoide), par M. LABORDE. Lorsque dans une de nos dernières séances (4 novembre dernier(1),je faisais connaître à la Société,dans une note préa- Jable, les résultats sommaires de nouvelles recherches sur les effets physiologiques comparés de la quinine et de la cincho- nine, je faisais pressentirune communication prochaine et plus complète sur ce sujet. J'eusse différé encore de quelque temps cette communica- tion, qui a besoin de quelques recherches complémentaires dont je vous dirai un mot, si elle n’avait trouvé une véritable occasion d'actualité et d'opportunité dans la grande discussion qui se poursuit dans une autre enceinte sur la fièvre typhoïde et sur le traitement de cette affection par le sulfate de quinine à hautes doses. On a parlé, à ce propos, vous le savez, de morts subites, et M. le professeur Hardy a particulièrement insisté sur la rela- tion, toutau moins de coïncidence, de ce grave accident avec l'administration aux typhiques de doses massives de ce médi- cament. Or, le genre et le mécanisme de certains accidents bee par la nereioe morbide et qui se produisent à la suite de l’intervention de la quinine peuvent être singulièrement éclairés par les enseignements dela physislogie expérimentale, enseignements trop négligés, je ne saurais assez le répéter, dans les questions de thérapeutique appliquée, même de thé- raçeutique la plus usuelle,et tel est bien le cas des applications courantes de la quinine. L'usage incessant de cette substance médicamenteuse, une des plus belles et des plus sûres conquêtes de la thérapeutique empirique, les travaux considérables suscités par son étude surtout clinique, pourraient porter à penser que tout a été dit (1) Voir numéro 36, du 18 novembre 1882, des Cômptes ren£lus hebdo= madaires de la Société de Biologie, p. 675. — 701 — à von propos; ce serait se tromper étrangement, car C ’est à peine, je ne crains pas de l’affirmer, si son histoire physiolo- gique, telle qu'il faut l’entendre, au sens moderne et expéri- mental du mot, a été ébauchée.Qu’il me suffise,pour en donner une preuve immédiate et démonstrative, de rappeler que ce n'est que depuis quatre ans à peine que l’on connaît la véri- table influence exercée par la quinine sur les phénomènes de sensibilité générale, et le mécanisme physiologique de cette influence (1). Et quant à son action exactement déterminée sur plusieurs des grandes fonctions de l’économie, notamment sur les phé- nomènes mécaniques de la respiration et sur le fonctionnement cardiovasculaire, lequel est, cependant, éminemment tribu- taire de cette action, c’est en vain que l’on chercherait des données précises et définitives dans notre littérature actuelle. C’est cette importante lacune que je me suis proposé de combler dans ces recherches, dont je vais essayer de résumer devant vous, aussi succinctement que possible,les principaux résultats. On peut sur un animal mammifére reproduire exactement le tableau clinique des modifictions fonctionnelles provoquées par : une suffisante dose de quinine, tableau qui se résume dans le mot de quinisme ou ivresse quinique, et où se révèle d’une fa- çon prédominante l'influence de la substance,sur les fonctions de la sphère cérébrale, notamment les troubles de sens spé- ciaux.L’injection hypodermique,par la rapidité et la constance de ses effets, est très favorable à cette reproduction. Mais cette observation objective et d'ensemble, qui cons- titue à peu près tout le bagage actuel de nos connaissances sur l’action physiologique de la quiniae, ne saurait suffire; il faut pénétrer plus profondément, et en détail, dans l'analyse des fonctions plus ou moins modifiées et troublées de chacun des systèmes organiques, pour se faire une idée juste et com- plète de l’influence de la substance. (1) Thèse de L.ours Dupuis : Etude expérimentale sur l'action physioio- gique de la quinine, Paris 1877. — 702 — Voyons les résultats de cette analyse en ce qui conceïne le fonctionnement cardiaque que nous avons ici,ne l’oublions pas, particulièrement en vue. | I Déjà le travail d’un de nos élèves, cité plus haut (Thèse de . Louis Dupuis), contient les premières données servant comme d'introduction à cette étude expérimentale de troubles fonc- tionnels cardio-vasculaires sous l’influence.de la quinine: mais, pour une appréciation exacte de ces changements, que les sens les plus délicats ne sauraient saisir, en leur rapidité et leur variabilité, il convient, il est indispensable de recourir à la méthode graphique. Deux alternatives doivent être examinées, relativement à l’administration du médicament : celle dans laquelle celui-ci est donné à doses fractionnées et distancées : et le cas où il est introduit à dose massive et d'emblée. à Nos expériences-types portent successivement sur le lapin et sur le chien, et sont réalisées, autant que possible, par l'exploration cardiographige dans l’état physiologique, sans opération préalable, sans traumatisme d’aucune sorte. \ 1° Administration de doses fractionnées et distancées. A.— Sur le lapin (race albinos pure) du poids moyen de 2 kilogr. 500 grammes, injection hypodermique, aux cuisses, de 0,25 à 50 centigrammes de sulfate de quinine, à des inter- valles séparés de 15, 20 et 25 minutes, jusqu’à la dose totale de 0,75 centigrammes à 1 gramme au maximum. Tracés successifs à l’aide de la double pince- cardiaque, aprés le tracé normal pris avant l’injection. L'interprétation générale de ces tracés, dans ce qu’ils ont immédiatement de plus saillant, montre : 1: Que dans une première phase qui suit l’absorption de la substance, dès la dixième minute après l'injection, la force d’impulsion des contractions cardiaques s'accroît d’une façon progressive, si bien que la ligne d’ascension du graphique qui traduit cette impulsion acquiert une étendue et une ampli- M tude doubles, et même plus que doubles de celle du tracé initia. et normal. Cet accroissement de l’impulsion systolique coïn- cide avec une diminution sensible et à peu près proportionnelle de la fréquence des battements, et une certaine régularisation de ces derniers qui, chez l’animal timide et impressionnable dont il s’agit, sont, d'habitude, très tumultueux. Le tableau graphique de cette période initiale de l’action. de la quinine présente, en outre, notamment sur le sommet.de. la courbe, des détails intéressants, dans l’analyse desquels il est inutile d'entrer pour le but que Je me propose : Ce qui kn- porte, et ce sur quoi j'insiste, c’est sur le témoignage clair et accentué d’une excitation fonctionnelle qui caractérise essen— tiellement cette période, dans les conditions expérimentales dont il s’agit. Cet état d’accroissement fonctionnel du travail du muscle cardiaque, après avoir atteint son maximum, au- quel il se maintient peu de temps, diminue ensuite dans une progression décroissante, si une nouvelle dose de l’alcaloïde n'intervient pas ; mais dans le cas de cette intervention, qui est celui de notre dispositif expérimental, la scène change notablement ; 2" Dans cette seconde et nouvelle phase, en effet, après un moment passager d’accroissementnouveau de l’impulsion et par conséquent de l’amplitude de la courbe graphique, les modifications qui se produis ‘nt et qui dominent dans cellæci portent essentiellement sur le rythme des contractions du. cœur. et traduisent des irrégularités telles, que l’on assista à l'incoordination, à l'ataxie motrices les plus complètes. On constate en même temps une augmentation rapide, préci- pitée des contractions cardiaques, avec diminution propor- tionnelle de leur hauteur, ce qui s’exprime sur la courbe par des fragments de lignes comme tremblées et ascentionnelles, semblables à celles qui traduisent une tendance à la tétanisa- tion musculaire. Si l’on ajoute à cela les intermittences qui vont en augmentant, l’épuisement pragressif de la farce im- pulsive, qui finit par n'être plus représentée sur le tracé que par une sorta de tremblement myocardique, contrastant avec les courbes plus ou moins étendues et irrégulières de l’an- goisse resriratoire, on aura une idée à peu près complète. du TA tableau de cette deuxième période caractérisée par l’asphyxie, l’ataxie et l'épuisement (véritable asystolie) du muscle car- diaque. Bien que ce tableau ne diffère pas sensiblement chez le chien, ‘il importe, pour les déductions analogiques que nous aurons à tirer de cette étude, de le reproduire exactement chez cet animal, au risque de nous exposer à quelques répéti- tions. B. — Sur le chien(caniche mât'né) du poids de 13 kilo- grammes. Injection hy podermique aux cuisses de 0,50 centigr. à ‘à fois de sulfate de quinine à des intervalles de 15 à 20 minutes, jusqu’à la dose totale de 1 gramme. Tracés successifs, à l’aide de l’explorateur à bouton, l’ani- mal étant assis, et le tracé initial et normal étant consigné avant l'injection. Dix minutes après la première injection de 50 centigram— mes de sulfate de quinine, le graphique révèle clairement les premières modifications de l’état fonctionnel du cœur, les- quelles consistent essentiellement en une excitation fonction- nelle, se traduisant par une augmentation progressive de l’impulsion et de l'amplitude et diminution proportionnelle de la fréquence, avec une certaiñïe régularisation passagère du rythme qui, dans l’état physiologique, PEÉRQUE chez le chien de grandes irrégularités. Vers la vingtième minute, les premières modifications sont parfaitement accusées et pour ainsi dire à leur semmum. La seconde injection de 50 centigrammes de sulfate de quinine est pratiquée. Les graphiques recueïllis à If suite de l'absorption de cette nouvelle dose traduisent, du côté du fonctionnement cardiaque et‘respiratoire, des modifications suvcessives et progressives d'un autre ordre que celles qui précèdent. Après un accroissement nouveau et passager de l'impulsion succédant à l'introduction d’une dose nouvelle de la substance ce qui domine dans l'expression graphique, c’est l'extrême irrégularité, donnant l’idée d’une véritable ataxie du muscle PER cardiaque, coïncidant d’ailleurs, avec des modifisations fonc- tionnelles de même nature et solidaires des agents mécani- ques de la respiration. Cette phase d'’irrégularité et d’arythmie des battements cardiaques correspond exactement à celle des phénomènes ataxiques généraux et d'ivresse quinique. Mais à part l’irré- gularité et l’ataxie, les contractions du cœur prennent une ac- célération, uïe rapidité, parfois excessives, en même temps qu’elles diminuent peu à peu d'amplitude et de force, jusqu’à atteindre, en passant -par des intermittences plus ou moins longues, un minimum d'épuisement qui mène à la cessation complète de contractions elficaces, pour faire place à une sorte de tremblement fibrillaire du myocarde. Telles sont, chez le chien comme chez le lapin — car on vois que les résultats sont parfaitement concordants de part et d'autre — telles sont la succession et la nature des modifi- cations fonctionnelles du cœur, sous l'influence de doses moyennes et fractionné-s de quinine, permettant de bien sai- sir Ces modifications, en leur production successive et manifeste; c'est ce que nous avons coutume d'appeler, dans les resherches expérimentales de l’action des substances médica- menteuses et toxiques, la dose physiologique efficace, à la fa- veur de laquelle se révèlent les véritables troubles fonctionnels qui caractérisent cette action. En deçà ou au delà de cette dose, les troubles caractéristiques, ou restent muets, n'étant pas provoqués, ou parlent trop haut ou trop vite, c’est-à-dire se produisent avec une intensité et une rapidité qui ne permet- tent pas d'en saisir ni la subordination, ni la nature. C’est àssurément ce qui est arrivé aux expérimentateurs qui ont donné d'emblée et trop vite des doses massives de quinine, provoquant de la sorte et immédiatement, sans passér par les intermédiaires, les phénomènes de stupeur et de collapsus, avec suspension définitive des contractions cardiaques; ce qui a fait croire à une influence directe de la quinine sur Ja contractilité musculaire : erreur qui, comme nous le mon- trerons dans la partie interprétative de ce travail, ne saurait tenir devant les faits expérimentaux bien conduits et bien observés. C. r. 1882 41. NE EU Reprenons notre démonstration relative aux troubles suc— cessifs du fonctionnement car&iaque ; et, pour cela, un dernier mot sur ce que j’on peut observer, à ce sujet, chez la gre- nouille. C.— Bien qu’en cette saison l’état de semi-hibernation de la grenouille ne permette pas d'obtenir, sur cet animal, des résultats parfaitement démonstratifs, les tracés cardiogra- phiques à la suite de l'influence d’une certaine dose de quinine (0,05 à 0,25) rapprochés de ceux qui précèdent, four- nissent néanmoins des renseignements qui ne sont pas sans intérêt : les graphiques recueillis, en effet, dans ces conditions, à l’aide la pince cardiaque, montrent, ainsi que vous pouvez vouser assurer sur les exemplaires que voici, que la modifi- cation fonctionnelle qui semble prédominer, c’est l’intermit- tence de plus en plus prolongée, avec affaiblissement progres- sif de l'impulsion systolique, et élongation concomitante du plateau, finalement tendance à l’asystoiie absolue et à l'arrêt. Tout ce qui vient d’être dit de l'influence exercée par la quinine sur l’état fonctionnel du cœur s’applique, quant aux faits fondamentaux révélés par l'inscription graphique, à la cinchonine, avec cette différence que l’action primitivement convulsivante de cette dernière retentit sur le fonctionnement cardiaque de facon à augmenter et à aggraver, jusqu'à leur maximum, les troubles ataxiques et les effetstétanisants, sans compter les troubles profonds et solidaires qu’elle provoque et entretient, parles accès convulsifs, du côté de la fonction respiratoire, et qui constituent une asphyxie mécanique ha- bituellement mortelle. Il étaii nécessaire de rappeller ce point, relatif à l’action parallèle de la cinchonine, pour bien faire comprendre ce que nous aurons à dire tout à l'heure de la part qu’il convient de faire, dans certains accidents, des impuretés et de l’adulté- ration de la quinine. Il me resterait, maintenant, pour compléter ce qui a trait aux modifications de l’état fontionrel du cœur, à examiner les modifications concomitantes de la Pression sanguine : c'est là, sans contredit, un complément indispensable de l’étu- 7. — 41O( — de qui précède, et nous n’avons eu garde de le négliger dans nos recherches ; mais comme il n’est pas nécessaire au but que je me suis proposé. aujourd'hui, je vous demande la permission de le renvoyer à la partie de ma communication, où il interviendra plus opportunémeni, celle que je me propose de consacrer à la détermination du mécanisme physiologique de l’action de la quiquine. Ce que j’ai voulu particulièrement démontrer en ce moment, et qui ressort clairement, je l’espère, de ce qui précède, c’est que la quinine détermine, du côté de la fonction cardiaque, des troubles de nature telle que cette fonction est en imminence de suspension par un double mécanisme possible : par hy- perexcitation inhibitoire, ou par épuisement fonctionnel procédant de la phase des phénomènes ataxiques, d’arvthmie et d’asystolie. IT Cela étant établi, il est facile de comprendre comment certaines prédispositions morbides peuvent favoriser, dans le sens de la production d'accidents graves, l'influence pri- mitive de la quiquine sur le fonctionnement du cœur : la mort subite par syncope cardiaque, où même par syncope respiratoire constitue essentielleruent l’accident auquel ie fais :llusion. et qui vient d'être signaié, à nouveau, dans un certain nombre de cas de fièvre typhoïde . Or, que se passe-t-il à ce sujet, dans la fièvre typhoïde, et en général, dans les fièvres graves de même nature? d’un côté; le myocarde peut se trouver impliqué dans le processus morbide, de facon à devenir le point de départ, en dehors de toute influence adjuvante, de la mort subite, parsvncope car- diaque ; à j'orliort, cet accident deviendra-t-il plus imminent et plus réalisable s'il intervient une cause adjuvante, et telle est précisément, nous venons de le démontrer, l'inter- vention en pareil cas de la quinine, à raison de son influence primitive sur la fonction cardiaque. Mais, d’un autre côté, le rein peut également se trouver, et il se trouve, en effet, habituellement touché par le même processus morbide; si bien que le filtre excréteur ne fonction- — 768 — nant plus normalement, l'élimination des substances médi- camerteuses, notammentet dans l’espèce, de la quinine (élimi- nation toujours rapide quand elle n’est pas entravée) ne s’ac- complitplus; elle s’accumule, en conséquence, dans l’organisme et y exerce d'autant mieux son action prédominante, deve- nue délétère et dangereuse, grâce à la prédisposition morbide de la fonction qu’elle vise et qu'elle frappe : la fonc- tion cardio-vasculaire. “ II Mais ce n’est pas tout encore; un autre facteur peut interve- nir et intervient, en réalité, comme on va le voir, dans la . détermination possible des accidents dont il s’agit ; c’est l’état d'impureté du médicament, quand on re lui sabstitue pas, sous prétexte de prétendue succédanéité, un voisin chimique plus dangereux. Ce que j'ai dit et démontré dans une précédente communica- tion des effets foncièremement convuisivants de la cinchonine, fait pressentir ce qui peut et doit arriver, dans les conditions pathologiques prédisposantes de tantôt, soit lorsque l’on sub- stitue complètement cette substance à la quinine, soit lorsque cette dernière est mélangée à une plus ou moins grande pro- portion de la première. Eh bien ! il m'est permis d'affirmer que ces deux alternati- ves existent aujourd'hui dans la pratique courante; d’une part, la cinchonine est fréquemment donnée, à titre de prétendu succédané au lieu et place de la quinine, et d'autre part, la cinchonine est mélangée à la quinine dans des proportions qui constituent une véritable et dangereuse aduültération : il me suffira, pour ne laisser aucun doute à cet ‘égard dans vos esprits, d'annoncer, preuves en main, que la quinine délivrée, à l’heure actuelle, dans les hôpitaux de Pa- ris, ne contient pas moins de 43 Oj0 de cinchonine, c’est-à- dire près de la moitié. Il n’est pas difficile d’entrevoir que ce ne peut être là chose tout à fait indifférente, dans la pratique, en se reportant aux résultats de nos expériences sur les effets physiologiques comparés de la quinine et de la cinchonine. — 769 — Pour vous montrer, encore une fois, toute l'importance et l'inévitable nécessité de l'expérimentation préalable, afin : d'apprécier les effets sur l'organisme vivant et en action, de composés appartenant à la mème famille chimique, ‘et extrait à de mêmes espèces végétales, ou d'espèces tout à fait voisines, permettez-moi, ‘en terminant, de vous dire, par anticipation, un - mot d’un alcaloïde nouveau des quinquinas, récemment dé- couvert et étudié chimiquement par un de nos jeunes chimistes dé talent, M. ArNAU», préparateur au museum d'histoire na turelle, qui 5 te depuis die et. avec ee de sene neo Coprs So “Cet élcalotde! dont voici un bel BnStlillon cristallisé que je dois à l’obligeance de M. Arnaud, et qu'il a appelé la cinéhona* mine pour rappeler ses rapports de composition avec la quinamine et la éinchonine, ne diffère, en effet, de cette der- nière que par ?2at d’ hydrogène en plus; et, en outre, le genre de cuprea qui la contient, et qui est, en botanique scientifique le REMIJIA PURDIANA, ne renferme ni. quinine,, ni quinoïdine,, mais seulement de. la cinchonine; de telle sorte que, sous le rapport de la provenance, comme sous celui de la constitution chimique, les deux substances sont absolument voisines et pour ainsi dire sœurs. En se basant surcet à priort, on est tout autorisé à penser que l’action physiologique de la cinchona- mine ne doit pas différer sensiblement de celle de la cincho- nine. | “Eh bien! faisons, aps cette donnée, un essai expérimen- tal-de comparaison : nous savons — vous l’avez constaté dans une précédente séance — qu’à la dose de 0.25 centigr. la cinchonine (sulfate) détermine, d'emblée, chez un cobaye du poids moyen de 400 à 450 grammes, une véritable épilepsie, avec accès subictants, qui entraînent la mort de l'animal au bout d’une heure à une heure et demie en moyenne. Si à un cobaye de ce même poids moyen, j'injecte, comme je le fais, en ce moment, devant vous — la même dose, 0,25 centigr.de sulfate de cinchonamine, au bout de trois minutes à (t) Voir Note de l'Insiitut, du 1: octobre 1881, et Journal de Pharmacie k et de Chimie 1582. 0 peine, quatre minutes au plus, vous voyez l'animal, qui est resté jusqu'alors immobile, dans une sorte de fixité stupide, tomber brusquement sur le flanc, comme foudroyé, agiter un instant les pattes, et mourir presqu'instantanément. Je n'entre pas aujourd’hui dans l'étude analytique, que je vous apporterai prochainement, de ce résultat expérimental; j'ai voulu vous l'offrir dans toute sa brutalité, en quelque sorte: pour montrer combien il peut donner à réfléchir à ceux qui’ malgré de pareils enseignements, seraient encore tentés au- jourd’hui de transporter d'emblée dans la thérapeuthique pra- tique de semblables substances, sur la seule foi des analogies de composition ou de provenance. DE L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DU GELSEMIUM SEMPERVIRENS Par M. G. Roucs. Les intéressants travaux sur le curare que M. Couty vient de communiquer à l’'Acadimie des sciences m’engagent à si- gualer le résultat des expériences que j'ai faites à Bordeaux, . dans le laboratoire de médecine expérimentale de M. Jolvet, sur une liane de l'Amérique du Nord, le Gelsemium semper-— DITENS . Malwré les nombreuses recherches, qui ont été oubliées en Amérique, en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, l’action physiologique de cet agent n’est pas encore complétement élu- cidée, et les résulats diffèrent beaucoup entre eux suivant les produits employés, leur plus ou moins de pureté; ils va- rient même, pour un même produit, avec son mode de prépa- ration. Pour moi, expérvimentant avec l'extrait de Dausse et la Gelseminine de Merk, et comparant mes résultats à ceux acquis avant moi, j'ai été conduit à envisager sous un point de vue nouveau leur action physiologique. I] résulte de toutes les recherches que le gelsemium est un poison du système nerveux moteur. Si l’on injecte sous la peau d’une grenouille une solution d'extrait de gelsemium ou de gelseminine, l'animal ne tarde pas à devenir paresseux, il ne cherche plus à s'échapper, ne saute que si 6n lexcite. — 771 — Placé sur ie dos, 1l se retourne avec lenteur &1 rutadresse, puis finit par ne plus réagir et ne tarde pas à devenir comiplè- tement inerte et privé de mouvement. En méince temps la respiration, qui s’est accélérée au début,se rulentit rapidement et cesse avant que la paralysie soit complète. Parfois on observe dans les membres,pendant que la paral,sie progresse,un fré- missement fibrillaire particulier. Ce tableau est aussi troublé par de brusques contractions toxiques qui mettent les membres en extension, les doigts en éventail, vrais mouvements télaniques spontanés ou provo— qués, qui durent peu, demandent un temps de repos pour re- paraitre et que MM. Sydner KRinger et Murrell ont parfaite- ment décrits et différenciés du tétanos strychnique. Le cœur se prend le dernier, il manifeste un ralentissement de plus en plus marqué, mais il continue à battre plusieurs heures apresla paralysie complète, pour s'arrêter définitive- ment en diastole. Chez le chien, le lapin, mêmes phénomènes. L’anhnal ne pa- ruit pas incommodé, à moins qu'on ait employé un dissolvant irritant, puis au bout de quelques minutes il s’accroupit, ses oreilles se rabatient sur le dos, la respiration devient dysp- néique, la pupille se réduit, puis se dilate, les paupières sont paralysées, l'œil sort de l'orbite, chez le lapin surtout, il se remplit de larmes, se vitre et présente sur la cornée une dépression souvent bien marquée. Les sphineters sc relächent et 1l V à parfois émission d'urine et de matière: fécales. Puis, la paralysie faisant des progrès, la respiration est atteinte, les convulsions asphrxiques se manifestent et te cyur ne tarde pas à s'arrêter. Parfois la scene deviert plus effrayante : l'extrait donne une mort relativement calme; la gelseminine, au contraire, donne naissance durant toute l'intoxication à des convulsions cloniques plus fortes et de plus longue durée. La mort sur- vient après un laps de temps variable de 30 minutes à 1 heure aprés l’injection de 5) centigrammes à 1 gramme d'extrait ou de 10 centigranmes de gelseminine chez le lapin. infin, chez l’honnne, signalons les faits observés dans de nombreux cas d'empoisonnement relatés dans les journanx —.772 — américains, et que jai pu vérifier pour la teinture sur les ma- lades du service de. M. de F leury. et sur moi-même, ainsi que dans un cas de dose exagérée. prise par accident : ÿ Céphalalgie: légère et parfois vertige, comnolence, lour- deuret chute de la paupière supérieure, diplopie sans -stra- bisme; difficulté de l’accommodation, dilatation légère de la pupille. Notons ici que MM. Sydney. Ringer et Murrell et M. Tweedy admettent une atrésie primitive de la pupille après l’ingestion: du poison suivie peut-être de dilatation,tandis que l'instillation -de chlorhydrate : de gelsemine produirait de la mydriase. Ces faits ont été niés. Pour moi, j'ai: pu voir sur moi-même; aprés: ingestion de 20. grammes : ee temnturer un rétrécissement très net. ANT TE ‘Ajoutons à Ces symptômes une tata usine haies lisée, peu où pas d'action sur la respiration à dose. médicale _ de 3 Sraiines dé teinture, dyspnée à dose toxique, et. notons encore une soif vive, un peu d’ardeur et de gène dans le pha- rynix avec jee ne roue nu et enfin polyurie. Ha Ro : Telle est. rapidement décrite, d Va action n physiologique Gel- semium sempervirens. La paralysie est donc la manifestation la plus ae de l'intoxication gelsemique. Chez la grenouille, elle se manifeste 2 ou 3 minutes l'injection de 1 à ? centigrammes d'extrait, chez le lapin, à la dose de 1 gramme, elle peut être fatale après une demi-heure par arrêt de la respiration. Les muscles de l'œil, l’orbiculaire, l’élévateur de la pau- pière supérieure paraissent les premiers at’éints. J'ai parfois éprouvé une certaine gêne pour déglutir à la dose de 15 gram- mes de teinture, et chez un chien, étonné de la manifestation asphyxique qui survint 4 à 5 minutes après l'injection, je dus faire la trachéotomie,prêt à pratiquer la respiration arti- ficielle. Mais, dès l'ouverture de la trachée, les symptômes disparurent ; la langue paralysée était venue obturer l’orifice laryngien. Le récurrent aussi paraît pris avec une grande rapidité © = 773 — ainsi qüe lé montre l’aphonïe qui ne tarde pas se manifester. 2 Puis viennent les muscles inspiratours , st | lorsque le thorax l'abdomen se contracter violemment,et péndant que l'asphyxie se. manifeste, les membres inférieurs s’agitent et la queue fait i jusqu'aux. derniers moments des efforts désesnérés. D'où procède cette paralysie? Jusqu' ici tous les : autèurs s la font d’origine centrale. Bartholow Roberts, Oùt, Berger, Ringer et Mürell avec l'extrait ou la gelsemine, affirment qu’il n’y a pas d’ation : sur les nerfs moteurs. Seuls Putzeys et Romiée, de Liège, expé- rimentant avec la gelsemine de Sonnenschein, ont signalé leur ‘inexcitabilité électrique. : Mes premières recherches furent faites avec l’extrait. J’o- pérai sur des grenouilles et quand Ja paralysie fut bien com- plète, je crus voirune inexcitabilité des nerfs moteursaux agent ts électriques. Mis sur cette voie en contradiction avec ceux qui avaient, expérimenté avant moi, je consacrai à cette étude de nombreuses expériences et je fus bientôt hors de doute. Mais. cette action ne se manifeste que très tard, elle n’est pas toujours très nette. Les expériences classiques de la, ligature de l’iliaque et de la protection d’un membre, et l’excitaticr des nerfs lombaires avec l'appareil de Du Bois Reymond et un . interrupteur à levier, me. donnèrent : d’abord une contraction __ égale des deux côtés, puis plus tard une différence très nette et, au bout d’un certain temps, la paralysie du membre sou- . misa l'influence du poison, tandis que l'autre, mal nr se _contractait toujours très bien. Je répétai mes expériences avec le myographe double de ir Marey et par l'excitation simultanée des nerfs des deux côtés, .… je pus obtenir des tracés sur lesquels 1 amplitude des contrac- tions décroît nettement du côté empoisonné, tandis que le É membre ! témoin se contracte aussi bien qu'au début. Mais dans ce cas l’intoxication est peu rapide ex il a fali souvent de deux à trois heures pour que la contraction ne se . manifestât. plus, tandis qu’à l’état libre l’inexcitabilité pouvait être complète vingt-cinq minutes après le début de l'empoi- sonnement. — 114 — Si, au lieu d'introduire l’extrait dans la circulation générale on isole les membres par une ligature de l’abdomen et l’on net la substance active en contact avec le gastrocnémien, de ces deux membres également privés de sang, celui qui est baigné par l'extrait ne farde pas à se montrer complètement paralysé. Quant aux muscles, je les ai souvent excités, ils m'ont donné des contractions égales des deux côtés, et en augmen- tant le nombre de ruptures, j'ai pu toujours obtenir le tétanos le plus concluant. S'il y à eu une légere différence dans les cas d'intoxication générale, elle a été aux dépens du coté hé, privé, par conséquent, de ses moyens de nutrition. Ces rèésuliats furent confirmés par des expériences sur des animaux à sang chaud. J'en ai sacrifié un grand nombre pour mes recherches sur la circulation; ji tonjours eu soin d’exeiter le sciatique et dès que l'arrèt respiratoire et la chute rapide de la pression m’annoncant l'arrêt du eur m’avaient obligé à faire la respiration artificielle, je ne tardais pas à voir se per- dre l’exchabilité du nerf. D’abord contraction légère, sans tétanos, puis léger frémissement et bientôt plus de réaction méme aux plus forts courants, tandis que les muscles me don- naïient, longtemps après, une contraction tétanique à l’excita- tion directe. : L'action de l'extrait de Gelsemium sur les nerfs moteurs était donc évidente et parfaitement établie. A cette époque je recns la gelseminine de Merk sous le nom d'alcaloïde. Je lPexpérimentai à l’étai de chlorhydrate aussi peu acide que possible, Ici encore mèmes manifestations générales d'intoxication, mais plus d'agitation. La respiration se ralentissait et la mort survenait par paralysie respiratoire et arrét consécutif du cœur, mais, au milieu de convulsions bien plus violentes et plus terribles ; la respiration arüficielle ramenait l’anhnal à la vie, mais si on cessait d'insuffler de l'uir l’'asphyxie reparaissait de nouveau, accompagnée de la mème phase de lutte qui ne se montrait pas avec l'extrait, du moins avec autant d'intensité. J'excitai aussi les nerfs, et jamais ni chez la grenouille, ni chez le lapin et le chien, je n'ai pu obtenir, à n'importe quel moment de l’intoxication, de différence dans la contraction. — 755 — Toujours le tétanos le plus net, toujours sur mes graphiques la même amplitude, et cela chez la grenouille à des doses considérables de 1 à 5 centigr., et chez le lapin à 10 centigr., alors que l’arrèt de la respiration et da cœur m'avait obligé à faire la respiration artificielle, que je continuai une fois pen- dant quatre heures consécutives sans pouvoir obtenir linexci-. tabilité. J'aurais pu supposer l’action de l’acide chlorhydrique, mais sur des grenouilles la poudre sèche me donna le même résul- tat, et d'ailleurs Putzeys et Romiée, avec le chlorhydrate de Gelsemine, avaient obtenu une paralysie des nerfs moteurs. Voilà donc un agent paralysant, mais d’une manière ditfé- rente, suivant les préparations. Ainsi l’extrait américain, d’a- près Sydney Ringer et Murrell, ne paralyse pas les nerfs moteurs, l'extrait de Dausse les paralyse, la gelsemine, d’après le plus grand nombre des auteurs, n’a pas d'action sur eux; d’après Putzeys et Romiée, celle fournie par Martin- dale agirait, quoique tardivement. Enfia la gelseminine, le pro- duit qui parait le plus-pur, d’après Noritz et mes expériences, n’agit pas du tout sur les extrémités motrices périphériques. Mais toujours paralysie manifeste. Pour moi, même avec l'extrait, je ne puis m’empècher de reconnaître que la para- lysie prècede de beaucoup la perte d’excitabilité et je ne suis pas éloigné de faire, avec tous les auteurs, des produits du gelseminium des paralysants des centres moteurs agissant ultérieurement, certains du moins, sur les plaques motrices d'une manière identique à celle du curare. Parmi ces manifestations paralytiques, une de celles qui doit être étudiée avec soin c’est celle qui entraîne l’arrèt de la respiration et dont là mort est la conséquence fatale. Chez la grenouille, j'ai pu inscrire, au moyen d’unléger stylet en verre fixé sous la peau de la région susna-hyoïdienne, les modifications qu’elle présente. D'abord accélération assez con- sidérable et exagération de l'amplitude que je crois pouvoir attribuer, avec Ringer et Murrell, à l'excitation produite par le corps étranger; car le chloral, comme ils l'ont montré, supprime cette phase ; elle est d’ailleurs de courte durée et HD — ce suivie line diminution rapide. d nombre et d'ampleur. Les . mouvements de la région hy oïdienne deviennent bientôt im- perceptibles, puis S arrêtent pour reprendre encore plusieurs fois avec trois ou quatre moüyements dé déglutition ét des temps. d'arrêt très consiaérables entre chaque reprise. | _ Chezle chien, le lapin, il en est de même. La Séspitätion devient dyspnéique, haletante, on ne peut facilement :la compter; elle présente, avec l'extrait surtônt, Ia plus & &rande e irrégularité. Elle diminue toutefois de rapidité et se ralentit jusqu à la mort. Les tracés que j'ai pris ‘avecle pneumographe ‘de Marey donnent au. ‘Sujet dela forme respiratoire des rensei- : ‘gnements très intéressants: D'abord l'amplitude dé la respi- “ration augmente ( et ce que l'animal:perd en rapidité il le gagne en profondeur. L'inspiration aussi’ s’allonge, devient de beau- coup plus lente que l'expiration. Elle se fait en deux temps, se brise au milieu de sa ligne descendante et présente un ‘temps d'arrêt qui est d'autant plus long que l’on approche de ‘moment fatal. De: plus, la pose qui existe entre l'expiration et l'inspiration ARR et les: deux end se rencontrent: à anlge aigu. ; VE Ces résultats ont été aussi: ee par: ai one «.Signelonsencore au moment où les muscles. inspirateurs sont paralysés.et où l’aspyhxie commence, au milieu des con- -vulsions générales, une contraetion des muscles de lPabdomen qui produit une expiration-forcée et par suite.la. nénétration ie retour d’une faible quantité d'air. Roi ML f D'où provient cette paralysie respiratoire. ? Tous. [es auteurs qui ont abordé cette question, Ott, Berger, Burdon Sander- ., Son, Putzeys. et Romiée inclinent à penser à une paralysie du centre bulbaire. Iis le’ démontrent par le non- paralysie des nerfs moteurs et leur “excitabilité. Cela est vrai, sans | doute, pour la gelsemine et la gelsémininé; mais, avec l'ex- trait, “Tékeitabitité’ que possèdent encore les nerts né prouve pas qu'ils ne soient pas paralysés pour l’influx nerveux. Toutefois, nous n’hésitons pas ‘4 admettre nne “action centräle sn mais plüs tard, true la ie artificielle a Ju oi € indique n nent une Host, Re . con Fest PCSI È 1 4 £ oies pour, ne autres | produits, | les. “convulsions qui se manifestent, si l’on vient à interrompre | l’arrivée de Pair. : Quant à, l'action. possible. sur les terminaisons du vague, ni, notre opinion ] n’ est pas faite à ce sujet, la section au cou ne m’a donné aucune modifisation.. Disons toutefois que Berger, contrairement aux autres auteurs, admet leur paralysie et ss _Jeur. attribue le ralentissement de la respiration. à La respiration artificielle ramène l'animal] à le vie et peut _le sauver, Car à faible dose d'extrait, j j'ai pu ramener là : respi- 2 ration spontanée chez un chien et j'ai été obligé dé le tuer par . une nouvelle dose. Toutefois, avec la geselminine à dose forte è ‘de 10 centigr., j'ai dù renoncer à sauver un Japin après qua- . tre heures de respiration, car il s’est manifesté une diminu- _tion de ; pression et un léger ralentissement du pouls de m'a . montré que ce poison agit aussi sur le cœur. D ailleurs, son action sur le cœur est peut-être un des points les plus intéressants de l’histoire du gelsemium. ee PRES: n ai i pris de nombreux tracés du pouls surle chien au moy en du. manomètre en v de us et sur Je lapin avec le mano ira . continue, même après la artificielle. J’ai pu aussi, en ‘connaissant la vitesse, rapporter le nombre des battements ‘à la minute et construire le schéma de toutes les variations , cireulatoires. HPERE sÉagr: ; =5f:méthodé: hypodérmique, jai toujours! remarqué ävec. l'extrait + uhe chute rapide rarement précédée d'une légère ‘augmenta- — 718 — tion. Ainsi, chez un lapin, la dose de 1 gr. d'extrait, la pression carotidienne étant 9 est tombée en 6 minutes, à 4. La mort est arrivée 30 minutes après l'injection. Chez un autre, même dose, la pression est tombée de 10 à 6 en 5 m. Dans un autre cas, la pression étant 11 il a suffi de 5 minutes pour déterminer une chute de 4 degrés. Après cette chute rapide, la pression descend encore légère- ment pendant quelques minutes, puis se maintient stationnaire pour remouter ensuite au moment de la mort. Quelquefvis elle s'élève de 1 à 2 centimètres au-dessus de la pression normaie et redescend ensuite jusqu’à 0. C’est dans cette pnase d’as- cension que se montre, pendant 3 à8 minutes, une modification particulière de la circulation. En ce moment la respiration est arrêtée, la pression monte brusquement pendant 10 à 20 se- condes pour redescendre ensuite un temps égal et remonter de nouveau. Il se forme ainsi une séries d’ondulations à pression en général élevée que je suis porté à comparer aux variations rhythmées de la pression sanguine que Traube a signalées chez les chiens curarisés à pazumogastriquos coupés, et qui sont probablement rattachées à l’action des centres vaso- moteurs. L’are de chaque courbe représent: une durée va- riable de 10 à 20 secondes, rarement 30 ou 40 et la hauteur de la flèche est à peu près égale chez le lapin à ? ou 3 centi- mtreès de pression reelle. Chez le chien, en raison de la non-continuité des tracés, je ne peux lui assigner qu’une va- leur &pprochée deG à 7 centixetres pour des chiens de forte taille. Ces oscillations durent quelqres minutes et la dernière s’an- nonce par un ralentissement notable du pouls et la chute ra- pide à O. à Si, un peu avant l’arrèt du cœur, on fai! la respiration arti- ficielle, les battements reprennent de nouveau avec rapidité la pression remonte au ni; au normal pour redescendre ensuite et se mettre en équilibre au niveau antérieur. Mais tout nouvel arrêt ne reproduit plus les courbes sinueuses que nous avons décrites. A Avec la gelseminine, ces résultats doivent subir certaines modifications. Le plus souvent, au début, il se manifeste une NT TONE augmentation légère de pression de 1 à 2 centimétres qui dure peu et fait place à une chute, mais lente et craduelle, C’est ainsi qu'avec 10 centigrammes de gelseminine il à fallu 55 minutes pour que la pression tombât de 10 centimètres à 5. La respiration artificielle fut faite 25 minutes après. Dans un autre cas elle n’est descendue qu’à 7, 50 minutes après l’in- jection, qui fut mortelle en 1 heure. Les courbes finales sont aussi moins accentuées et leur flë- che peu élevée. Enfin, nouvelle différence pendant l’intoxication, l'animal est agité de secousses convulsives qui produisent des haus- ses accidentelles sur le tracé. MM. Putzeys et Romiée qui ont le mieux étudié eette ques- tion de pression, ne parlent pas de ces courbes avec la gel- semine et je ne crois pas qu'elles aient été signalées. Chez l’homme aussi on peut constater une diminution de la pression sanguine. J'ai pris des tracés de pouls avec le sphygmographe de Marey et j'ai vu, à la dose de 3 gr. de teinture, l’amplitude de la courbe s’acceatuer en même temps que la ligne d’ascen- sion d’oblique, devenait verticale. De plus, le dicrotisme s’exa- gérait d’une manière très nette. Quant au nombre des battements les expériences sur l’homme n’indiquent rien de bien précis. On a bien constaté une accélération jusqu’à 100: dans des cas d'intoxication, je lai moi-même observée dans un cas d'absorption de 15 gram- mes de teinture; mais à dose ordinaire de 3 grammes, cette ac- tion est peu marquée. J’ai vu deux fois le pouls s'élever à 80 et 85 chez des malades, mais sur mci j'ai dû arriver à la dose de 20 grammes pour obtenir le même résultat. Notons toutefois que cetteaccélération légère est en géné- ral précédée d’un léger ralentissement de 4 à 5 pulsations par minute. Cet effet de ralentissement a été aussi observé chez les animaux, et Berger et Ott admettent même que l’action du gel- semium est de ralentir les mouvements du cœur. Ils l’attri- buent à l'excitation du pneumogastrique. Pour moi, j'ai pu quelquefois noter un léger ralentissement, mais de très courte ue ; ‘durée, à une minute à peine, quia èté toujours suivi d’une ac— A célération en. raison inverse du ‘nombre normal des. batte- VIFS © voit s'élever ‘de 240 à : 280 : en moyenne, puis rester station- ‘'naîre pendant quelque temps pour redescendre lentement jus- ‘qu’à là période d’asphyxie, où il tombe à 0, et reprendre alors avec la respiration artificielle: Chez le ‘chien, l'accélération est beaucoup plus marquée de 120 à 180 et à 200. Une fois même le pouls, étant 100 au début, est arrivé à 250 en 15 mi- 5 “nutss. il ‘redescend ensuite moins rapidement et se maintient Eu plus’ longtemps que chez le lapin à ce niveau. Quant à la forme du pouls on voit l'amplitude des alsstions ; ‘diminuer, mais d” une manière ne n est eee en PDP avec son accélération. Cela est surtout maifests chez le “cièu chez out le Hôuls à ‘bouledogue, par exemple, qui peut avoir une amplitude de 5 à 10 centimètres, arrive 10 minutes après l'injection de 2 ‘grammes âne plus présenter ( qu'une amplitude de 1 centimè- [tree et peut por arriver à : faiblesse de celui du lapin. CAN EE ‘*“du chien et ces ldifréveriées nier considérables qui se manifestent entre deux pulsations consécutives, disparais- Ne s ent ‘pour faire place à la régularité la plus absolue. ‘“L’amplitude du pouls reste ainsi la mêmé jusqu’à la période asphyxiqué oùélle augmente pendant Are HE pour dé- Parfois aux approches de ce ‘moment ‘critique, le cœur sem- he ble faillir et l’on voit AE une ou ie don He ‘dans là période dés courbes. D'ailleurs, l’activité du cœur est nettement atteinte ainsi que "le prouve le ralèntissement graduel qui se montre chez le la- ur pin ‘après Vaccélération primitive et qui se continue malgré la respiration artificielle, si 2 jee est EN ue et ne peut être EL Sen C'est aussi à ceite: conclusion que conduisent les su fai— tes sur le cœur ‘de la grenouille. 6 ‘ci il n’y a pas d'accélération où du moins je ne l'ai jamais ‘observée , contrairement aux auteurs de Liège, et d'accord 2 lb - de us is Cf on , de Cr — 781 — en cela avec Ringer et Murrell, mails. s toujours un ralentisse— ment progressif j jusqu'à l'arrêt complet. J'ai pris de nombreux tracés avec le cardiographe < de Marey Le modifié par. MM. _Jolyet et Laffont. par Vadjonction d'une poulie de renvoi qui permet de remplacer le fil tenseur par un Fe poids variable à volonté. < LAS Par l'injection d’une solution d'extrait à 1. centig , sousla cuisse, le cœur ne tarde} pas à se ralentir; mais Dress com- plet n'arrive qu'au bout de plusieurs heures. En même temps, on le voit s’affaiblir'et le levier, se soulevant à peine, ne tarde pas. à tracer une ligne à peine sinueuse.. J’ai pu toutefois en diminuant la charge : à ce moment, ‘sou lager le cœur et donner : à l'inscription une amplitude plus côn- sidérable. Avec la. gelseminine, le ralentissement se HE ; encore avec plus de lenteur. J'ai escayéaussi de l’action directe : sur lé cœur en tnstilänt se sur organe mis à nu quelques gouttes as extrait; par ce moyen | attaquable sans doute, j LÉ ’obtenais une action bien plus rapide qui pouvait amener } arrêt du cœur au bout ‘d'une demi-heüre. Ici encore la diminution de poids pouvait ur faire reprendre à de l'énergie, et si la dose était faible, le cœur pouvait revenir à l’état primitif. J'ai pu aussi arriver à ce résultat en le lavant : avec de l’eau salée et en le débarrassant ainsi de LESC qui n'avait pas été absorbé. Rs Ce mode d’expérimentation m’a donné aussi un résultat qi va nous conduire à l'étude du pneumogastrique Pendant que je laissais tomber l'extrait sur le cœur, l’action mécanique du liquide, excitant le pneumogastrique, ‘détermi- nait un arrêt de 20 secondes, après quoi, le cœur reprenait de nouveau, mais lentement, faisant 2 à 3 battements en 20 se- condes pour repartir de nouveau au rhythme normal. Mais une nouvelle instillation faite 10 à 15 minutes après ne me donnait plus ce résultat et ne modifiait en rien le rhythme. J'esseyai d'étudier alors la manière dont se comportait le pneumogastrique vis-à-vis de ce poison, et par l'excitation directe du cœur, par l'excitation du bulbe, je ne pus obtenir l'arrêt du cœur, le nerf modérateur était paralysé et cette paralysie était complète 10 à 15 minutes après l’action directe, un peu plus tard par injection. Ces expériences venaïent confirmer celles de Putzeys ‘et Romiée et affirmer là paralysie du pneumogastrique, niée par presque tous les auteurs. Il est vrai que le cœur ne s'accélère pas, mais cela n’a pas lieu de nous étonner, car on sait que la section des vagues chez la grenouille ne produit pas d’accélération. Mes recherches chez les animaux à sang chaud n’ont fait que compléter ces résultats. J’ai toujours eu soin d’exciter le. pneumogastrique droit, qui agit sur le cœur plus énergiquement que le gauche. Déjà, au début de l’intoxication, alors que le pouls.a diminué d'amplitude et que chez le chien il a pris un rhythme tout à fait régulier, le pneumogastrique, probablement paralysé pour linftux nerveux, ne se comporte pluspour l'électricité comme à Pétat normal. [n’y a plus d'arrêt, ce n’est qu'un simple ralentis - sement avec augmentation d'amplitude, qui cesse très rapidement et avec une chute de pression que ne tarde pas à diminuer à mesure que l’intoxication progresse Au moment de la période asphyxique, l’action électrique, même aux plus forts courants, est à peu près nulle sur le nerf modérateur. Chez le lapin même, j'ai pu voir l’inexcitabilité complète dix minutes après le début de l'injection. Il ÿ à donc une paralysie des ganglions d’arrèt du cœur qui explique l'augmentation presque instantanée que l’on observe dans la rapidité du pouls. Quant au ralentissement final, il s'explique par la paralysie des ganglions excito-motevrs, probablement atteints déjà dès: le début. C’est à eux que Putzeys et Romiée attribuent la diminution d'énergie du cour quise manifeste aprés l'injee- tion et qui aurait pour conséquence la diminution d’ampleur de la vague et la chute de pression. Ils ont demontré en effet qw'elle ne pourrait pas être attribuée à la paralysie des vaso- constricteurs, car la section de la moelle ayant été primiti- vement faite, et le tonus vasculaire ayantété ainsi détruit, l'in- jection a produit, tout comme chez l’animal intact, une brusque descente de la colonne mereurielle. — TN — Mes recherches sur le sympathique, la corde du tvmpan et des considérations tirées des variations de température, tout en me permettant de croire à une immunité relative des nerfs vasculaires, ne sont pas encore suffisantes pour que je puisse me prononcer à ce sujet. Un des points les plus controversés est la question des ré- flexes. Pour l2s uns, il y a hyperexcitabilité de la moelle; pour les autres, diminution de son pouvoir. Bartholow n’a pas vu d’exagération avec la gelsemine. Taylor l’a observée fréquemment. Berger a même établi un rapport entre l’action de la gelsemine et de la strychnine; Ott ne l'a constatée qu'une fois ; mais avec l'acide gelsemique, il décrit une phase d’hyperesthésie et de mouvements tétaniques précédée d’une période &e calme et de diminution des réflexes. C’est en effet ce q'i résulte de mes recherches. La para- lysie s’installe proinptement et alors, suivant le produit em- ployé,il se manifeste des excitations médullaires plusou inoins nettes. Avec l'extrait, cette phase est très faible, la paralysie domine la scène et j'ai été porté souvent à la considérer comme sa seule action. L'animal est paresseux, il ne réagit plus; si l’on préserve un membre, il s’en sert encore pour éloigner le contact des liquides corrosifs, mais avec une certaine lenteur, puis quelquefois, au milieu de cette paresse générale, il est pris d’une brusque extension des membres et d’une manifes- tation tétanique de 1rès courte durée. Toutefois, si les nerfs moteurs sont complètement atteints, cette action ne se iuanifeste que du côté préservé. L’inexci- tabilité neuro-musculaire ne permet pas aux excitations de la moelle de se transmettre aux agents actifs du mouve- ment. C’est ainsi que j'ai pu, avec l'extrait de gelsemium, faire disparaitre en tres peu detemps les convulsions tétaniques produites, par nne dose non mortelle de strychine, ainsi que je l'ai vérifié sur une grenouille témoin. Mais l’animal est mort paralrsé. Avec la gelseminine au contraire, l’excitabilité de la moelle a été plus grande; le tétanos re s’établit qu'après la paralysie. H se manifeste par une brusque extension des membres, Nix ee principalement postérieurs. L'accès est très court, la moelle paraît épuisée. et il faut un certain temps pour qu une auire excitation . puisse procurer de nouvelles attaques. Enfin les” à attaques ne se répètent pas pendant longtemps, caractéres, qui. différencient ce tétanos du tétanos strychnique.… Pa Ces faits ont été signalés par Ringer et Murrell, qui sont portés à admettre a présence de deux principes, l’un paraly- sant, l’autre, tétanisant, ce dernier manifestant son. action sur 4 la moelle après le premier et. existant en plus 8 grande quantité ë dans la _gelsemine que. dans l'extrait; c'est ce que. viendra. k peut-être RIQUYÉE, l'étude du, nouveau spa cristallisé aa. que, en ee un poison to a a, ni des a qui le rapprochent du tétanos strychnique tels, que la plus. longue durée de. Phyperexcitabilité médullaire et la conserva tion de la. respiration qui persiste, quoique irrégulière, . tandis. : qu'elle s’arrête. fans les.cas oés plus haut. De tout. in nous ne à te sh ne "trans Side conclure, … nous ne voulons que signaler des faits. On n’en est plus à Foin, aujourd’hui d'aussi grandes diffé- rences entre les deux actions de la strychnine. et du curare. MM. Vulpian, Richet et Couty ont démontré qu'en injectant | des doses massives de strychnine on obtenait d'emblée des effets paralysants; antérieurement MM. Jolvet, Cahours et Pélissard, Crum-Brown et. Fraser, trouvant aux, dérivés al- cooliques de la strychine une action paralysante rapide sur les nerfs moteurs, semblable à celle de curare, avaient démon- tré qu'il existait des liens étroits entre ces diverses subs- , tances.… D'un autre côté M. -Couty démontre . l'action convulsivante du curare, la perte de son action périphérique par une ébul- lition prolongée. Expérimentant avec les extraits de divers Strychnos, il a trouvé des produits curarissanis, d’autres. n’agissant plus sur les nerfs pérpihériques, mais entraînant la mort par action sur les centres nerveux et le cœur, et enfin des produits convulsivants; et. cela dans une mème espèce, AS: 1 — 785 — suivant qu xl prenait une écorce de racine plus - ou moins vieille, une écorce de tige jeune ou des feuilles. Tous ces résultats établissaient de notables affinités entre toutes ces substances, M. Couty en arrivait à dire, au sujet de la stry- chine et du curare, qu’ils ne se différenciaient que par l’évolution de leurs manifestations physiologiques. Le gelsemium lui aussi vient prendre place parmi elles: et il permet de fournir des éléments à cette histoire si compli- quée. Se rapprochant des strychnos par son origine botanique, il nous présente dans certains cas, suivant sa préparation, extrait de Dausse ou gelsemine de Martindale, une action paralysante, périphérique ; 1l se rapproche par là du curare, ainsi que par son action sur l’homme, identique à selle décrite pour ce dernier rar MM. Liouville et Voisin; mais il en diffère par son action sur lés centres moteurs, l'intensité de ses effets surle cœur et le pneumogastrique ; car dans le curare la paralysie periphérique précède ceile du pneumogastrique ici c'est l'inverse. Mais M. Couty a trouvé à ce sujet une grande variété d’action depuis le curare tfès actif jusqu’à celui qui nécessite des doses aussi fortes pour paralyser les nerfs moteurs que pour agir sur le pneumogastrique. L’extrait forme pour ainsi direl’intermédiaire entre le curare vrai et l'extrait non curarisant des écorces jeunes, car il présente nettement une paralysie centrale précédant la paralysie périphérique, et sous d’autres formes, extraits di- vers, gelsemine, gelseminine, il perd cette dernière action pour ne garder que la première. En même temps, la paralysie du pnéumogastrique se con- serve très nette, la pression avec certains produits présente à peu près la même chute au’avec l'extrait, mais avec d’autres elle s'élève au début au-dessus de la pression normale après quoi elle descend bien plus lentement et par là ellé se rappro- che de la strychine dont elle a une partie des caractères médullaires. Si:M. Couty a signalé des convulsions avec le curare, et une excitation médullaire, ici aussi 1. trouvons, mais complétement indépendant de la paralysie un véritable tetanos Très faible, inaperçu souvent avec Vextrait, nous le voyons se manifester de plus en plus; et nous comprenons — 786 — d’où vient la divergence des auteurs, qui, les uns ont fait du gelsemium un agent diminuant l’excitabilité de la moelle, et les autres un hyperesthésiant: Tel l’acide gelseraique, dont le tétanos est très manifeste. Ainsi passage graduel de l’action paralysante à l’action stychnique, mais plus ou moins masquée par la première : Ces faits parlent assez par eux- mêmes ; sur les causes de ces différences toute considération entrer: “t dans le domaine de l’hypothèse, contentons-nous de constater. Puisse leur connaissance être de quelque iatérèt dans l'étude de la physiologie générale des poisons. Séance du 16 décembre 1882. Présidence de M. Laborde. INDÉPENDANCE FONCTIONNELLE DF CHAQUE HÉMISPHÈRE CÉRÉBRAL. — ILLUSIONS, HALLUCINATIONS UNILATÉRALES OU BILATÉRALES PROVOQUÉES CHEZ LES HYSTÉRIQUES, par M. DUuMONTPALLIER. Le but de cette communication est de démontrer que, dans certaines circonstances bien déterminées, il est possible de rendre manifeste, par certains procédés, l'indépendance fonc- tionaelle de chaque hémisphère cérébral et de provaquer iso- lément ou simultanément des illusions et des hallucinations variées chez le même sujet hypnotisé. Des expériences antérieures (1) m’avaient permis d'établir que, chez les hystériques hémianesthésiques, les différents phénomènes des trois périodes principales de l hypnotisme ne peuvent être provoqués que du côté où la sensibilité existe ; Que dans les cas où la sensibilité peut ètre transférée d’un côté à l’autre.côté du corps les mêmes phénomènes hypno- (1) Société de Biologie, séance du 3 juin 1882. — (ras. H6p., 6 juin 18S2. ar à tiques sont transférés du côté devenu sensible, tandis qu'ils cessent d'exister du côté devenu insensible ; Que dans les cas où la sensibilité a été maintenue expéri- mentalement des deux côtés du corps, à des degrés différents, les phénomènes de l'hypnotisme sont pour chaque côté du corps proportionnels à la sensibilité existante de chaque côté du corps. Que l’hémianesthésie organique (1) étant crôisée, c’est-ä- dire symptomatique d’une lésion cérébrale dont le siège est dans l’hémisphère cérébral opposé aux modifications de ja sensibilité, il était rationnel de venser que le siège de l’hémia- nesthésie hystérique sensorielle. et générale est dans Phémi- sphère cérébralopposé aux modifications de la sensihilité et de la motilité. Que cette interprétation trouve sa confirmation dans les observations d’hémianesthésie (2) où une excitation périphé- rique, limitée à un seul point de la peau, suffit pour rétablir la sensibilité générale et sensorielle dans tout le côté hémia- nesthésique — ce qui ne peut avoir lieu que par une action croisée sur les centres nerveux. Il ressort de ces remarques : 10 que chez les hystériques à manifestations morbides unilatérales, un seul hémisphère cérébral est le siège central des ‘troubles fonctionnels péri- phériques ; — 20 que chez les hystériques à manifestations morbides bilatérales, les deux hémisphères cérébraux sont le siège des troubles fonctionnels périphériques. Si ces conclusions sont fondées, de nouvelles expériences, conçues d’après ces données, devaient confirmer les résuitats antérieurement exposés par M. Dumontpallier sur l'indépen— dance fonctionnelle de chaque hémisphère cérébral. Voici le résumé de ces nouvelles expériences (3) : (1) Veyssrèrr. — Thèse de Paris 1873, Ilémianesthésie cérébrale. (2) Soc. de Biologie. — Rapports sur la Métallothérapie, 1877-1878. — VuLPiaN. — Bulletin de thérqpeutr;ue. Influence de la faradisation loca - lisée sur l’anesthésie de causes diverses, 1880, (3) Chez les deux malades hystériques qui sont les sujets de ces expérience: la sensibilité est répartie d'une facon opposée pour les régions sus ct sous- ombilicales du corps, Il en résulte que tous les phénomènes des différentes C. r. 1582 42 — 788 — La nommée G..., âgée de 20 ans, est hystéro-ép:ieptique- dyschromatopsie à gauche et sensibilité croisée à la piqûre pour le membre supérieur gauche etle membre inférieur droit — sensibilité à la pression conservée sur toute la surface du corps et en particulier sur le cuir chevelu. Le sujet est mis d'emblée en somnambulisme par la pr :. sion sur le vertex. On lui commande de prendre tous l:; objets nécessaires pour tricoter. Aussitôt elle se met à tricoter régulièrement avec ses deux mains. Une pression sur la partie latérale gauche du vertex arrëte les mouvements de la main gauche etla main droite seule continue à tricoter — une nouvelle pression sur le même point latéral gauche rend à la main gauche ses mouvements et les deux mains tricotent. — De même la pression sur le côté droit du vertex arrête les mouvements de la main droite, tandis que la main gauche continue à agir — une nouvelle pression, sur le même point latéral droit du vertex, rend à la main droite ses mouve- ments et Ja malade, comme dans l’expérience précédente, tricote des deux mains. — Cela étant bien constaté, une pression est faite sur la région médiane du vertex et la malade se réveille. Cette expérience montre qu’une pression sur la région mé- diane du vertex a fait, puis défait le somnambulisme et qu'une pression sur les régions latérales droite ou gauche du ver- tex a défait ou refait le somnambulisme du côté correspondant au point presse — c’est-à-dire que la pression médiane à eu une action réflexe simultanée sur les deux hémisphères céré- braux, tandis que la pression unilatérale n’a eu qu’une action réflexe unilatérale croisée sur l’hémisphère du côté opposé à la pression. D’autres expériences ont êté faites ne la même séancet sur la nommée M. C..., âgée de 22 ans. pérides de l'hypnotisme sont opposés pour les régions sus et sous-ombilicales, Mais pour rer dre plas facile à comprendre l'exposé des expériences, nous në mentionnerons que les résultats constatés sur les membres supérieurs, sur la face et les organes des sens, — 789 — Cette malade est hémianesthésique gauche pour la région supérieure du corps et hémianesthésique droite pour la région sous-ombilicale du corps. Achromatopsie à gauche. Dyschromatopsie à droite, voit le vert et le blen. Ouie, odorat et goût conservés à droite. Tout procédé qui pourra produire les diverses périodes de l’hypnotisme n'aura d'action qu’à la condition de porter sur les organes ou les régions de la peau qui ont conservé leur sensibilité. — Les mêmes procédés seront sans effet s’ils por- tent sur les organes et les règions de la peau insensibles. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. — Hypnotisme déterminé par le regard. Léthargie unilatérale droite pour la partie supérieure du corps — démontrée par le réflexe cutano-musculaire. Action de la lumière sur surles yeux: Catalepsie unilatérale droite pour la partie supérieure du corps. Pression sur la région médiane du vertex : Somnambulisme unilatéral droit pour la partie supérieure du corps.Les mouve- ments commandés ne sont exécutés que par le bras droit. La malade est réveillée en suivant la méthode que nous avons exposée antérieurement (1). DEUXIÈME EXPÉRIENCE. — Application d’une plaque métal lique sur la région frontale gauche. — Après trois minutes de contact de cette plaque, le transfert est obtenu et la sensibi- hté générale et spéciale est transférée à gauche. La malade a la perception des couleurs verte et bleue à gauche, la narine gauche sent les odeurs, le côté gauche de la langue les saveurs et l'oreille gauche entend le son. Le transfert est complet. À ce moment la malade est soumise à l’action des procédés employés dans la première expérience et nous produisons suc- cessivement la léthargie, la catalepsie et le somnambulisme : pour la partie supérieure gauche du corps, tandis que le côté droit reste inerte. { 1) DuvontPazzier et MAGNIN. — Académie des Sciences, CR., 632.1882. 700 Fous les phénomènes ont donc été transférés du côté droit au côté gauche du corps et sont unilatéraux. De ces deux premières expériences, il ressort que l’hyÿpno- tisme n’a manifesté ses effets que du côté du corps où existait la sensibilité générale et sensorielle et, comme la sensibilité perçue et la motilité voulue ont leur centre dans l’hémisphère cérébral opposé, il en résulte que l'excitation périphérique qui a ramené la sensibilité et la motilité dans le côté du paralysé n’a pu le faire qu’en agissant sur l’hémisphère opposé — donc l'excitation cutanée fsontale gauche qui a. ramené la sensibilité et la motilité à gauche 2 transféré à l’hémisphère cérébral droit l’excitation qui a mis en jeu l’activité de l’hémisphère cérébral droit. C'est-à-dire que le transfert de Pactivité cérébrale a eu lieu de l’hémisphère gauche à l’hémisphère cérébral droit. TROISIÈME EXPÉRIENCE. — La malade étant réveillée. Nous avons constaté que la sensibilité du côté gauche avait de la tendance à passer au côté droit du corps; alors, avant que ce transfert spontané ne fùt complet, nous avons appliqué une plaque métallique de chaque côté du front et bientôt la sensi- bilité s’est trouvée répartie des deux côté du corps et la ma- lade avait la perception des couleurs bleue et verte pour les deux yeux. Cela étant, tous les phénomènes des trois périodes de lhyp- notisme ont été expérimentalement constatés pour les deux côtés du corps. 6 Cette troisième expérience démontre donc qu’en fixant la sensibilité des deux côtés du corps par l'application des plaques sur les régions frontales droite et gauche, on a déter- miné et ona maintenu l’excitation périphérique nécessaire à l’activité de chaque hémisphère céréral, et la conséquence de cette activité des deux hémisphères s’est manifestée par tous les phénomènes des trois périodes de l’hypnotisme pour les deux côtés du corps. L'indépendance fonctionnelle de chaque hémisphère céré- bral me paraissant confirmée par les expériences précédentes, "Hu, — TO — j'ai voulu reconnaître s’il me serait possible de déterminer simultanément: 1° dans la période cataleptique, des phéno- mènes de suggestion différents pour le côté droit et pour le côté gauche du corps; 2° Dans la période somnambulique, des illusions et des hallucinations différentes pour chaque hémisphère cérébral. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. — La malade est mise en catalepsie. Je pose l'extrémité des doigts de la main gauche de la malade sur ses lèvres et j'imprime au bras gauche les mouvements qui sont faits lorsqu'on envoie des baisers avec la main. Aus- sitôt la malade répète le mouvement en même temps que le côté gauche de sa figure prend l’expression du sourire et s’épanouit. — Pendant que les mouvements du bras gauche continuent et que le côté gauche du visage conserve l’expres- sion de sourire, je donne au bras et à la main du côté droit l'attitude que prendrait une personne qui repousserait un objet, un image qui lui ferait horreur, la malade conserve au bras droit cette attitude et le côté droit du visage prend l'expression de la terreur, le sourcil se contracte, la com- missure labiale droite s’abaisse. Dans cet état le visage de la malade offre une expression double qui est en rapport avec les attitudes des membres. N’est-il pas rationnel de supposer que dans cette expérience l'acte musculaire d’un côté a suggéré dans l'hémisphère opposé du cerveau une perception qui s’est traduite par l’ex- pression hémilatérale de la face. Chaque hémisphère cérébral, dans cette expérience, aurait done été mis en activité par un acte musculaire et la per- ception de chaque hémisphère se serait manifestée par des contractions du visage, qui d’un côté faisaient le sourire et de l’autre la frayeur. Cette expérience ne prouve-t-elle pas l’indépendance fonc- tionnelle simultanée de chaque hémisphère cérébral rendue manifeste par une irritation réflexe, dont le siège primitif était dans les muscles du bras droit et du bras gauche. QUATRIÈME EXPÉRIENCE (bis). — J'ai répété la même expé- Sir o D NES rience de double suggestion simultanée, dars la période cata- leptique, en donnant au membre supérieur gauche le geste de l’adieu et au membre supérieur droit le geste du comman- dement; alors le visage, du côté droit, a pris l'expression sévère d’une personne qui donne un ordre impérieux, et le visage, du côté gauche, avait l'expression douce d’une per- sonne qui sourit. Même interprétation que pour l'expérience précédente : contraction musculaire éveillant une perception déterminée dans l'hémisphère cérébral opposé, laquelle perception double se traduit sur les deux côtés du visage par des expressions en rapport avec les gestes des membres supérieurs. CINQUIÈME EXPÉRIENCE.. — La malade est mise en somnam- bulisme; du côté droit et du côté gauche, elle sent très bien - la piqüre, elle entend très distinctement, elle sent les odeurs, elle ne voit pas très nettement les personnes; son cerveau perçoit très vite et très nettement toutes les impressions périphériques. Le but que je me propose dans cet état de somnambulisme est de déterminer des illusions, puis des hallucination s(simples d’abord), puis simultanément doubles pour le même appareil sensoriel bilatéral, enfin simultanément doubles pour deux appareils sensoriels différents. : Voici comment j'ai procédé : après avoir constaté que la malade avait une sensation exacte, réelle du goût, je déposai sur le côté droit et sur le côté gauche de la langue quelques gouttes d’eau, la malade avait la sensation du contact et du goût de l’eau, mais si je lui disais qu’elle se trompait que ce n’était pas de l’eau, mais du rhum, qui était déposé sur le côté droit de sa langue, alors elle en convenait, c'était bien du rhum, disait-elle, c'était mauvais, c'était amer et elle faisait une grimace qui marquait son dégoût. Elle avait donc l'illusion du rhum. De même, si je mettais de l’eau sur le côté gauche de la langue, la malade avait d’abord reconnu que c'était de l’eau , mais je lui persuadais facilement que c'était du sirop, elle avait l'illusion d’un liquide sucré et elle trouvait cela agréable. Cette illusion double durait un certain temps et, i ; À 3 * À — 793 — interrogée à nouveau, la malade trouvait bizarre qu’on Jui mît du rhum sur un côté de la langue et du sucre de l’autre eoté; pourquoi faire cela, ajoutait-elle. Ainsi, dans cette expérience, l’eau était d’abord très bien sentie par la malade, puis, sur la remarque que je faisais d’une erreur commise, la malade avaitsimultanément la saveur amère du rhum d’un côté de la langue et la saveur sucrée du Sirop ordinaire de l’autre côté. Il y avait donc une double perception: cérébrale, fausse, illusoire, dont le point de départ avait été une sensation distincte et vraie pour chaque côté de la langue. N’est-il pas rationnel de penser que la sensation linguale bilatérale exacte, réelle d’abord, a été l’occasion de deux illusions gustatives dont le siège, distinct pour chacune d’elles, était dans un hémisphère cérébral différent, I OEeRt à l’origine du nerf sensitif. Semblable expérience a été faite pour l'organe de l’odorât et a dorné les mêmes résultats, une odeur était sentie dis- tinctement par la narine droits et la narine gauche dans le somnambulisme, mais si j’affirmais à la malade qu’elle se trompait et si, mettant alternativement un flacon rempli | d’eau re sous chaque narine, je disais au sujet hypno- tisé que sous la narine droite c’était de la verveine et sous la narine gauche du vinaigre, la malade percevait les différentes odeurs et la sensation restait distincte pendant un certain temps. Il y avait donc encore là illusion double et simultanée. Des illusions analogues pouvaient être suscitées lorsque l’on portait un excitant sur la surface cutanée alternativement pour chaque côté du corps ou simultanément pour les deux côtés du corps. Dans ces expériences, une sensation avait été l’occasion : d’une illusion. Mais nous avons pu de même créer d’emblée des -hallucinations du goût et de l’odorat, sans excitation pri- mitive sensorielle, en disant à la malade qu’elle avait des flacons d’odeurs différentes, sous chaque narine — alors elle avait le perception nette de ces odeurs. C’étaient là de véri- tables hallucinations de l’odorat. -— Mèmes expériences et mêmes résultats pour les hallucinations du goût. Est-il besoin de dire que dans toutes ces expériences les C. r. 1882. 42. : OR EES illusions et les hallucinations étaient accompagnées d’une expression spéciale de chaque côté du visage qui répondait à la nature de l'illusion ou de l’hallucination ? J'arrive enfin aux illusions et aux hallucinations de la vue et de l’ouïe. La maladie étant toujours dans la période somnambulique de l’hypnotisme, elle entend les airs d’une boîte à musique, elle marque la mesure et son visage témoigne la satisfaction qu’elle éprouve — on déclame des vers d’une tragédie,elle prend l'attitude d'une personne qui écoute avec attention et son visage traduit les impressions que font naître les différents sentiments exprimés par les personnages en scène. Alors elle répète à voix basseles airs de la boîte à musique et elle traduit les sentiments exprimés dans la scène de tra- gédie. Elle a donc parfaitement entendu, parfaitement compris et saisi les nuances musicales de l'instrument et les senti_ ments de la scène tragique. Son visage exprimait toutes ses sensations,tous ses sentiments et cela avec une délicatesse qui n’eût peut—tre pas été aussi manifeste dans l’état veille. Cela étant, on applique unlinge plié en plusieurs doubles sur l'oreille droite et l’expérimentateur se mettant à gauche de la malade, décrit un tableau champêtre, et, lorsque la malade déclare voir tout ce que l’on vient de décrire, on l’engage à dire ce qu’elle voit, elle continue le tableau, expose les actes, des personnages et son cerveau crée une scèné qui fait suite au premier tableau. À ce moment, lorsqu'elle continue à parler, en enlève le linge appliqué sur l'oreille droite, et on décrit une scène de chasse au sanglier, les chiens donnent de la voix, des jeunes gens armés de lances attendent la bête au passage, le sang coule, une lance est brisée, un chasseur blessé ; la malade est effrayée, assez dit-elle cela me fait horreur et son visage exprime du côté droit la frayeur, tandis que le côté gauche de son visage exprime la satisfaction à la vue du tableau champêtre. Alors on lui demande, en s’adres- sant alternativement à l’une et l’autre oreille, de retracer cha- cun des épisodes de cette double hallucination de la vue, dont l’origine a été dans l'organe de l’ouïe, et elle retrace les — 795 — scènes champêtre et de chasse et chaque côté du visage con- serve l’expression en rapport avec chacun des tableaux que la malade continue à voir. Après un instant de repos on demande à la malade,toujours en somnambulisme, si elle n’entend pas dans le lointain la musique d’un régiment, elle prête loreille: oui, dit-elle, et elle chantonne ’air qu’elle entend. Ne voit elle pas les soldats, les officiers : elle les voit, décrit leur costume, distingue les officiers, fait leur portait. Il est cependant, ajoute-t-elle, des choses qu’elle ne comprend pas, pourquoi ont-ils des panta- lons noirs avec des tuniques bleues (1). elle n’a jamais vu semblable costume. Puis la musique s’entend à peine, le régiment s’éloigne, elle n’entend plus rien, elle ne voit plus rien. L'un des assistants me demande si je puis créer en même temps des hallucinations de la vue d’un côté et des halluci- nations de l’ouïe du côté opposé. Pour répondre à cette question, je retrace brièvement en m'adressant à l'oreille gauche de la malade, le tableau cham- pêtre, et la malade continue là description du tableau qu’elle croit voir. Au même moment, me portant à droite de la ma- . lade, j'imite avec la voix le bruit d’une fusillade, la malade recule effrayée, ce bruit me fait mal, me fait horreur, et sa figure, du côté droit-exprime l’effroi, tandis que du côté gauche le visage reste souriant. Dans son cerveau il existait donc simultanément deux hallu- cinations de nature différente dont le point de départ aurait été une exicitation da l'organe de l’ouïe et dont le siège, sui- vant nous, appartenait à un hémisphère cérébral différent. S'il n’en était pas ainsi, je ne comprendrais pas les contractions opposées dc visage, en rapport avec chacune des halluci- nations. Quant à la critique qui Connie uit à dire que les illusions et les hallucinations, provoquées chez les hystériques dans la période somnambulique-de l’hypnotisme, ae sont que simu- lation de la part des malades soumises aux expériences, je | (1) Le malade ne voit, à l’état de veille, que le bleu et le vert, — 79% — n’aurai qu’une réponse c’est, que je ne crois pas qu’il soit pos- sible à personne, même à une hystérique, en état de veille, de mettre soudainement et simultanément sur son visage d’un coté la joie et de l’autre la frayeur. Et je pense que ces actes, si complexes et si nettement accusés, sont la conséquence d’une excitabilité extrême des muscles, de la peau et des sens chez l’hystérique hypnotisée, excitabilité qui se traduit par des actes réflèxes en rapport avec le degré d’excitabilité périphérique. . Je terminerai cette communication par une remarque phy- siologique et anatomique qui ressortdes expériences ci-dessus rapportées : Dans nos livres classiques il existe une grande hésitation sur les origines réelles des racines des nerfs olfac— tifs — et, bien que Malacarne, Scarpa, Tréviranus (1) condui- sent la racine blanche interne des nerfs olfactifs jusqu’à la commissure cérébrale antérieure et qu’ils admettent que cette commissure serait aux nerfs olfactifs ce que le chiasma est aux nerfs optiques, cet entrecroisement n’est pas encore dé- montré anatomiquement chez l’homme. Je crois donc intéres- sant de faire remarquer ici que, dans mes expériences sur la transmission croisée des impressions sensitives périphériques aux centres cérébraux, les nerfs clfactifs et les nerfs acousti- ques ont eu la même action que les autres nerfs sensitifs. De plus, l’activité cérébrale limitée à un hémisphère étant accusée par les fonctions olfactive etauditive du côté opposé, la physiologie expérimentale démontre donc l’entrecroisement total ou partiel des nerfs olfactifs et acoustiques comme celui des autres nerfs sensitifs. Du reste, la démonstration de cette remarque est facile à faire en ayant recours aux conditions qui produisent le trans-- fert. Il suffit, en effet, chez une hystérique hémianesthésique générale, en état de veille ou en état hypnotique, de transférer rer la sensibilité d’un côté du corps à l’autre côté du corps, au moyen de courants continus faibles ou au moyen des pla- ques métalliques, pour constater que les organes de l’odorat et (1) SAppey. (Traité d'anat. T. Il, p. 191). 1852. D 20 de l’ouïe cessent d’être sensibles ou deviennent sensibles en même temps et du même côté que les organes de la vision, du goût, les muqueuses et la peau. Du reste, cette démonstration physiologique est confirmée par les observations cliniques d’hémianesthésie cérébrale avec lésion de la capsule interne, dans lesquelles on a mentionné la perte de l’ouïe et de l’odorat du côté où existait l’hémianesthésie visuelle, gustative et cutanée. La physiologie expérimentale st la clinique démontrent donc l'entrecroise- mest des nerfs olfac:its. — Mais il est juste de noter ici que MM. Mathiäe Duval et François Franck (1), après avoir entendu la présente communication, ont fait remarquer que cet entrecroisement des nerfs olfactifs à été constaté chez plusieurs auimaux et que Meynert admet l’existence de cet entrecroise” ment chez l'homme. — De plus M. le docteur Luys m'a fait savoir que dès l’année 1865 il a vu et décrit cest entrecroisement chez l'homme. (V. Luys. Recherches sur le système nerteux, page 21 et pl, 1 et 57). Du SULFATE DE QUININE DES HOPITAUX DE PARIS, par M. Lasorpex. À propos du procès-verbal, permettez-moi de revenir en. quelques mots, et avec des renseignements précis, sur la partie de ma communication qui concerne l’adultération de la quinine. J’ai dit, en l’affirmant, car j’en avais déjà la preuve géné- rale, que même la quinine des hôpitaux renfermait une cer-. taine proportion de cinchonine. Eh bien! savez-vous qu'elle est cette proportion exacte, d’après une recherche qualitative et quantitative qui offre toutes garanties ? Quarante-trois pour cent (43 0/0) de cinchonine, presque la moitié ; voici an échantillon de ce sulfate de quinine fortement cinchoninisé : Son aspect extérieur, comparé à celui du sulfate de quinine de qualité supérieure, suffit déjà pour révéler son impureté probable; il n’a point le brillant cristallin et soyeux du premier, il a plutôt les apparences d’une masse pulvérulente que d’une masse cristalline. Il présente, en outre, une diffi- culté relative de solubilité qui appartient plutôt à la cincho- (1) V. Dict. encycl des sc. méd. art. Olfastion, anat. et physiolog. par FRançois-Francx, 1832. — 798 — nine qu'à la quinine, et qui exige, pour une même quantité de véhicule, un peu plus d’acide sulfurique. Enfin, l’essai expérimental comparatif sur un animal très _sensible à l’action de ces substances, le cobaye, vient corro- borer les données qui précèdent, et suffirait, même en dehors de l’analyse chimique directe, à fournir une démonstration évidente; voici, en effet, un des résultats de cet essai: À un premier cobaye du poids de 378 grammes, on adminis- tre en injection hypodermique vingt centigrammes (0,20) du sulfate de quinine du laboratoire, celui qui a servi à nos expé- riences,; l'injection est pratiquée à 4 heures 2 minutes; A un second cobaye pesant 395 grammes, pareille injection est faite à -{ heures 4 minutes, de vingt centigrammes (0,20) de sulfate de quinine des hôpitaux. À 4 heures 12 minutes, le second cobaye est pris, presque subitement, d’une attaque convulsive très violente, à M suite de laquelle il est jeté sur le flanc, et meurt à 4 heures 20 mi- nutes au progrès rapide des phénomènes asphyxiques, aux- quels il est en proie. Chez le premier cobaye, les effets du toxique ne com- mencent à se manifester que vers 4 heures 15 minutes, et consistent en une sorte d’excitation et de jactitation, accom- pagnées du tremblement ou balancement de tête que j'ai déjà décrit dans mes premières communications, puis d’un état de collapsus avec ataxie, bientôt suivie d’impotence motrice gé- néralisée; la mort arrive vers la deu se minute aprés le début des accidents. La différence est notoire non seulement entre la nature et l'intensité des phénomènes fonctionnels provoqués, maïs la rapidité de production de ces phénomènes et du résultat final, la mort. Et encore convient-il de noter que le cobaye qui à reçu la quinine adultérée est d’un poids sensiblement supé- rieur à celui de son congénère, et que, de plus, il aété injecté le dernier; toutes circonstances de nature à renforcer la dé- monstration expérimentale (1). (1) La même expérience répétée sur le chien, donne avec le sulfate de qui- nine des hôpitaux, à la dose de 1 gr. 25 c. (au maximum), donne les mêmes — 799 — Je complèterai d’ailleurs, dans une prochaine séance, et ainsi que je m’y suis engagé, ma communication sur la qui- nine et les principaux alcaloïdes du quinquina, en ce qui con— cerne le mécanisme de leur action physiologique. Ces faits ne sauraient être considérés d’un œil indifférent en thérapeutique appliquée, et c’est pourquoi j'ai cru devoir y insister. PRODUCTION D’ANESTHÉSIE GÉNÉRALE SOUS E’INFLUENCE DE L'IRRI- TATION DË LA MUQUEUSE LARYNGÉE PAR DE L’ACIDE CARBONTQUE OU DU CHLOROFORME; par M. Brown-Séquarp. Dans les expériences extrêmement nombreuses que j'ai faites pour étudier la production de l’anesthésie du larynx, par l'acide carbonique, j'ai constaté très fréquemment que de l’a- nesthésie s’était produite, non seulement dans cet organe, mais dans toutes les parties du corps. Comme ce gaz, lancé sur le larynx, pénétrait nécessairement dans les poumons, on ne pouvait pas conclure qu’il y eût autre chose dans ces ex- périences, que ce que plusieurs expérimentateurs, parmi les- quels M. Paul Bert (1), ont vu, à savoir, que l’inhalation de l'acide carbonique peut produire de l’anesthésie générale. M'étant assuré, cependant, que l’anesthésie générale se prec- duisait quelquefois plus vite lorsque j'injectais de l'acide carbonique sur le bord de l'ouverture supérieure du larynx que lorsque je l’insufflais directement dans les poumons par la trachée, bien que la quantité de cet acide capable de péné- trer daus le sang fût beaucoup plus considérable dans le se- cond cas que dans le premier, il était clair que l’anesthésie générale devait dépendre, au moins en partie, d’une influence exercée par :e gaz sur le larynx lui-même. J'ai voulu décider la question et pour cela, après avoir placé dans la trachée d’un mammifère une canule disposée résultats que ceux que nous avons consignés à la suite de l’administration de la Cinchonine, c'est-à-dire des phénomènes convulsifs carsctéristiques d’une véritable attaque caractéristique. {l) La pression barométrique + recherches de physiologie expérimentale. Paris 18:8, p, 1011. — 800 — ‘de manière à obstruer complètement l'ouverture supérieure de ce tube aérien et à ne laisser arriver dans les bronches que l'air de la chambre, j'ai insufflé dans la bouche et sur le la- rynx de l’acide carbonique. Par l’adjonction d’un tube en caoutchouc au tube métallique, fixé dans la trachée, j'ai rendu impossible l’arrivée dans les poumous d’une quantité d’acide carbonique aussi grande que celle que je respirais moi-même en me tenant, comme je le faisais, tout près de la: tête da l'animal. J'ai produit dans ces conditions une Sesthésie générale très considérable, comme le montre l'expérience suivante : ExPéRIENCE (1). Chien vigoureux, pesant 10,500 grammes.— A 2 h. 25 on fixe la canule dans la trachée. À 2 h. 28 on ‘insuffle par un tube en caoutchouc de l’acide carbonique jusqu’au fond de la bouche, au voisinage du larynx. Cet or- gane se soulève et s’abaisse spasmodiquement, à plusieurs reprises. À ? h. 29 (au bout d’une minute) la sensibilité est déjà diminuée dans plusieurs parties du corps. À 2 h. 30 (au bout de 2? minutes), les narines, les lèvres, l'anus, la peau de l’aine mouillée, le pénis, peuvent être galvanisés à l’aide du courant maximum d’un appareil puissant de Dubois-Reymond Sans la moindre manifestation de sensibilité. À 2 h. 32, le tube en caoutchouc s’échappe un moment de la bouche, et une trace de sensibilité reparaît aux narines. On replace le tube et on reprend linsufflation. À 2 h. 34, insensibilité absolue dans les parties déjà désignées, excepté à la voûte palatine et aux narines, où quelques traces de sensibilité se montrent. À 2 h.35, on cesse l’insufflation. À 2 h. 39, la sensibilité est revenue au type normal dans certaines parties : voûte palatine et lèvres, 10 centimètres (2), narines, 12 cent.; dans d’au- tres parties il n’y ena que des traces : anus, peau humectée à Kaine, enfin une anesthésie complète existe au larynx et dans son voisinage et aux bords d’une plaie faite à l’aisselle — A (1) Dans cette expérience je ne donne que lef”"détails relatifs à l'anesthésie. (2) Le nombre de centimètres dans ce cas, comme ailleurs, indique la dis. tance de la bobine mobile au pied de la bobine inductrice dans l'appareil de Dubois-Reymond. — 801 — 9 h. 48 on reprend l’insufflation que l’on continue jusqu'à 2 h. 58, où on la suspend jusqu'à 3 h. 27. Pendant l’interrup- tion, à 5 h. 12, on peut couper profondément l’aisselle et mettre à nu les nerfs du plexus brachial sans donner lieu à une trace quelconque de douleur. À 3 h. 20, partout dans cette plaie, ex- cepté sur les nerfs, le courant au maximum ne produit rien que des contractions locales. A 3 h. 22, les nerfs donnent des signes de sensibilité à 10 centimètres, re à 12. — À 8 h. 27 l'insufflation étant reprise, on constaté, par la non-production d'une agitation générale et de soubresauts du larynx, que les muqueuses de l’arrière-bouche et du larynx n’ont pas leur sensibilité ordinaire. La galvanisation du larynx, de ia tra- chée et des parties voisines, à l'extérieur, au maximum, ne donne aucune signe de douleur. — L’animal ayant eu des vomissements on cesse définitivement, à 3 h.34, l’insufflation d'acide carbonique. À 3 h. 53 on constate que la sensibilité n’est pas revenue dans les parties suivantes, où un couran au maximum n’a donné aucun signe de sensibilité : les yeux, les lèvres, la plaie de l’aisselle, la surface extérieure du larynx, tandis qu’au contraire la plaie de la cuisse (à laine) est rede- venue sensible (à 10 cent. 12). Les rarines ne sentent qu'à 6 cent. et les nerfs brachiaux à 12 112. — A4h. 2? on cons- tate que la puissance inhibitoire de la respiration que les narines possèdent à l’état normal, n’existe plus sous l'influence d’un pincement, mais existe encore sous l’irritation causée par un courant d'acide carbonique. | L'anesthésie générale, dans ce cas, s’est montrée presque de suite lorsqu'on a fait passer un courant d'acide carbo- nique dans l’arrière-bouche, sur le larynx. Elle a disparu assez rapidement aussi après le premier passage de ce courant, mais elle a persisté près d’une heure dans presque toutes les parties du corps, pendant et après les deux dernières insufflations de gaz carbonique. I! est donc certain que, dans cette expérience, l’irritation causée par ce gaz sur quelque point des muqueuses de l’arrière-bouche et du larynx a déter- miné de l’anesthésie générale. Quant au mécanisme de pro- duction de cette anesthésie, il est sans doute semblable à celui de l'arrêt de la respiration et de convulsions dans des expé- Are riences dont j'ai publié les résultats depuis longtemps déjà. On sait en effet que j'ai trouvé que l’activité du centre respira- toire et les activités morbides de la base de l’encéphale et de la moelle épinière dans l’épilepsie et dans les convulsions strychniques (et aussi quelquefois dans les convulsions cau- sées par l’acide phénique), peuvent être inhibées par l’irritation causée par un courant d'acide carbonique sur le larynx, même chez un animal capable de respirer librement par un tube dans Ta trachée. Il y a tout lieu de croire que c’est par le même mécanisme, c’est-à-dire par tnhïbition,que l’anesthésie se pro- duit lorsqu'un courant d’acide carbonique est poussé dans l’arrièrs-bouche sur le larynx. Une expérience décisive m'a montré que chez le lapin qui, comme le chien, peut avoir de l’anesthésie générale sous lin fluence d’un courant d’acide carbonique poussé dans l’arrière- bouche, c’est bien par suite d’une irritation de la muqueuse laryngée que la perte de sensibilité se produit. J’ai coupé les nerfs laryngés supérieurs et j'ai alors pu faire passer une quantité considérable de gaz carbonique dans l’arrière-bouche, sans produire la moindre altération de la sensibilité. Cette expérience est assurément décisive pour établir que c’est bien par suite d’une irritation de la muqueuse du larynx que l’anes- thésie a lieu lorsque les nerfs sensitifs de cet organe n’ont pas été coupés. Mais elle montre plus encore, car elle fait voir que l'absorption d’acide carbonique par les tissus voisins du larynx (absorption qui a lieu, car la langue du lapin devient violacée), et l'introduction d’une très minime quantité de ce gaz dans les poumons par le tube fixé dans la trachée, ne jouent aucun rôle important dans la production de l’anes- thésie. Deux conditions sont essentielles pour déterminer l’appa- rition de l’anesthésie générale dans des expériences sembla- bles à celle dont j'ai donné les principaux détails. J’ai insisté ailleurs sur la nécessité absolue de se soumettre à ces condi- tions lorsqu’on veut réussir à produire linhibition de la res- piration et surtout celle d’une attaque d’épilepsie ou celle des convulsions strychniques. — Ces conditions sont : 1: de faire arriver le courant directement sur la muqueuse laryngée; — 03 — 2: de lancer le courant avec force et rapidité. Un échec éprouvé sur le second des chiens qui m'ont servi aux expé- riences semblanles à celle que J'ai rapportée, montre bien l'importance de tenir cempte de ces conditions. Après avoir placé une canule dans la trachée, j'ai fait arriver dans la bou- che un courant d’acide carbonique. Il ne s'est produit d’anes- thésie qu'au larynx. Fallait-il admettre que l’anesthésie générale n’est pas un effet constant de l’irritation causée dans l’arrière-bouche par l’acide carbonique ou que je ne m'étais pas placé dans les conditions essentielles mentionnées ci- dessus ? Il est bientôt devenu évident que cette seconde sup- position était correcte pour cet animal. Je me suis, en effet, assuré que le tube n’avait pas été introduit assez profondément dans la bouche et, de plus, que cechien était un caniche à très large épiglotte protégeant le larynx. Sur ce même animal, j'ai vu survenir rapidement de l’anesthésie partout, en opérant à l’aide d’un procédé qui ne pouvait laisser aucun doute à l’égard de l'arrivée du gaz directement sur le rebord supérieur du la- rynx. J’ai séparé cet organe de l’hyoïde et j’ai fixé l’épiglotte au dehors, puis j'ai fair arriver de l’acide carbonique directe- ment sur l'ouverture supérieure du larynx. M’étant assuré de l’état de la sensibilité dans nombre de parties avant l’insuf- flation du gaz irritant, j'ai constaté que partout il v avait de l’anesthésie, en moins de 6 minutes après le commencement de l’arrivée du gaz sur la muqueuse laryngée. La sensibilité chez cet animal est revenue plus vite que chez le précédent. Déjà 13 minutes après la cessation du passage du courant gazeux l’aine était redevenue sensible à 9 cent., mais d’autres parties étaient encore complètement anesthésiées,?28 minutes aprés cette cessation (entre autres, une plaie fraiche entre deux orteils d’un des membres postérieurs). Chez le chien comme chez le lapin, dans des expériences de cette espèce, j'ai constaté que le retour de la sensibilité se fait d’une manière irrégulière, certaines parties restant anes- thésiées alors que d’autres ont déjà recovré toute leur sensi- bilité. Sur un lapin anesthésie par l’acide carbonique insufflé sur le larynx j'ai pu amputer la cuisse sans donner lieu à un signe “t'on 2 quelconque de douleur, excepté au moment de la section du nerf sciatique, où des mouvements généraux se sont produits. J'ajoute que dans tous les cas l’anesthésie n’a jamais atteint un tel degré qu’il ait été possible de galvaniser énergiquement ou de sectionner un gros nerf sans causer de douleur. Je n’ai aucune intention de proposer, dès aujourd’hui, de remplacer dans la pratique chirurgicale les anesthésiques par l'acide carbonique insufflé sur le larynx. Je désire seulement signaler le fait physiologique qu'une irritation d’une partie périphérique du corps peut déterminer de l’anesthésie géné- _rale. C’est ce que j'avais déjà montré à l'égard du chloroforme et du chloral appliqués sur quelques points de la peau; mais le fait est bien plus manifeste et j'ajoute plus aisément accep- table par tout le monde en ce qui concerne l’acide carbonique que pour le chloroforme et le chloral. Une question d’un membre de la Société m’a conduit à dire que jai fait sur deux chiens, à l’aide du chloroforme, la même expérience qu’à l’aide de l’acide carbonique et que j'ai obtenu le même résultat. Je puis donc conclure que le chloroforme, comme l'acide carbonique, lorsqu'il arrive sur le larynx, sans pouvoir entrer dans les poumons, excepté en quantité exces— sivement faible, semble être capable de produire de l’anes- thésie générale, par l’irritation des nerfs de cet organe. PAssAGE DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNËUSE DE LA MÈRE AU FŒTUS, par MM. I. Srraus &T et CH. CHAMBERLAND. Brauell, dans son mémoire paru en 1858, formule la conclu- sion suivante : « Les embryons des animaux morts de charbon ne présentent aucune des altérations anatomiques propres au charbon. Le sang lui-même n'offre rien d'anormal. De ces faits observés par moi, ainsi que des résultats négatifs des inoculations du sang fœtal, on peut conclure que le charbon ne passe pas de la mère au fœtus » (1) Ses expériences sont au nombre de trois seulement, faites (1) Brauriz, Weïtere Moitiheilungen über Milzbrand und Milzbrandblut Virchow's Arch. 1858, t. XIV, p. 459.) — 805 — avec du sang d’un fœtus de jument et de deux fœtus de brebis mortes du charbon. Le sang de ces fœtus, qui ne montrait pas de bactéridies à l’examen microscopique, fut inoculé sans résultat à 3 moutons et à 2 poulains. Comme mode d’inocu- lation, Brauell se servait le plus souvent d’un fil imprégné de sang et passé en séton sous la peau de la nuque ou de l'oreille; dans d’autres cas, il inoculait à la lancette. Brauell, du reste, se contente de signaler le fait de la non- contamination du fœtus, sans en tirer de conclusion d'aucune sorte. Neuf ans plus tard, dans une note lue à l’Académie de médecine, parlant de la difficulté des expériences de filtration du sang charbonneux, Davaine s'exprime ainsi : « Le filtre que l’industrie humaine ne peut nous procurer, la nature peut nous le fournir; on sait, en effet, que chez les mammifères en état de gestation, le placenta ne laisse point passer les corps solides les plus petits, ni les corpuscules du sang, ni les substances les plus ténues que l’on emploie dans les injections, Il était donc très probable que les bactéridies, qui sont des corps solides, ne passeraient point de la mère au fœtus, et j'ai, en effet, pu vérifier ce fait dans un nombre de cas suffisants pour acquérir à ce sujet une certitude. Cela _ posé, si les bactéridies et le virus charbonneux sont une mê- me chose, le sang du fœtus qui ne réçoit point de bactéridies doit êtreincapable de produire le charbon ; c’est ce qu’a mon- tré l'expérience suivante : « J'ai inoculé un cobaye en état de gestation très avancé avec du sang charbonneux. Le cobaye étant mort deux jours après linoculation, offrait dans son sang et dans celui du placenta des myriades de bactéridies ; mais il n’y avait aucun de ces corpuscules visibles dans le sang ou dans les orga- nes du fœtus, qui se trouvait seul dans la matrice. « 4 cobayes alors furent inoculés, l’un avec le sang du placenta, qui contenait des bactéridies, et les 3 autres avec celui du cœur, de la rate, et du foie de fœtus, qui n’en con- tenait pas. Or, le premier cobaye mourut le lendemain, infec- té de nombreuses bactéridies, tandis que les 3 autres, inoculés more avec le sang du fœtus, ne furent nullement malades, et je les conservai vivants pendant plusieurs mois encore (1). » À partir de ce moment, le fait du non-passage de la bac- téridie charbonneuse à travers le placenta fut universellement admis. Les expériences de Brauell et de Davaine prirent une véritable importance doctrinale ; elles furent invoquées sans cesse comme une preuve décisive que dans les liquides char- bonneux la virulence est inhérente à la bactéridie et ne réside pas dans des substances solubles, capables de diffuser à travers les membranes de l’œuf. En 1876, M. O. Bollinger répéta l'expérience de Brauell- Davaine. Une brebis pleine fut inoculée avec la pulpe de la rate d’un bœuf charbonneux et succomba au charbon 3 jours après. Le sang et les organes de la mére étaient remplis de bactéridies, le liquide de l’amnios et le sang. du fœtus n’en renfermaient pas. Avec le sang du fœtus furent inoculés une chèvre et un lapin; avec l’eau de l’amnios, un second lapin. Chezces trois animaux, l’inoculation ne fut suivie d'aucun ac- cident, même local. Un lapin de contrôle, inoculé avec le sang de la mère, qui contenait des bactéridies, succomba au char- bon au bout de 36 heures. M. Bollinger, à la suite de cette expérience, qu’il rappro- che de celles de Brauell et de Davaine, conclut ainsi : Les bactéridies charbonneuses, dans le charbon à marche aiguë, rencontrent dans le placenta des femelles une bar- rière ; le placenta constitue un appareil de filtration physio- logique d’une perfection dont n’approche aucun filtre arüficiel. « 2: Le sang fœtal, privé de bactéridies, ne renferme pas le poison charbonneux; son inoculation n’entraine pas de virulence, tandis que le sang maternel contenant des bactéri- dies, est virulent » (2). Dens leurs expériences récentes MM. Arloing, Cornevin et Thomas signalent le passage de la bactérie du charbon symp- (1) Davaine (Bulletin de l'Acad. de médecine, 9 Décemhre 1867.) (2) BozziNGEr (O0) Ueber die Bedeutung der Milzbrandbaeterien (Deutsche Zeitsch. f. Thiermedicin und vergleichende ?athol. T. II. 1876. p. 341). 007 tomatique de la brebis pleine au fœtus; et ils enregistrent ce fait comme un caractère différentiel de plus à ajouter à ceux qui distinguaient déjà le charbon symptomatique du charbon bactéridien (1). Nous mémes (2), au début de nos recherches sur la trans- mission des maladies virulentes de la mère au fœtus, nous basant sur l’examen microscopique du sang fœtal. cons- amment négatif, sur quelques essais d’inoculation et de cul- ture, négatifs également, nous adoptâmes sans restriction l'exactitude de la loi de Brauell-Davaine. Aujourd’hui, à la suite d'expériences nouvelles et plus nom- breuses, nous sommes arrivés à des résultats qui infirment cette loi, dans la formule absolue qui lui a été attribuée jusqu'ici. Nos recherches établissent que, dans le charbon aigu, chez le cobaye, la barrière placentaire est souvent fran- chie, que le sang fœtal peut contenir des bactéridies et être virulent. Une vingtaine de femelles de cobaye, à différentes périodes de la gestation furent inoculées, soit avec de la culture de charbon virulent, soit avec de la culture atténuée ( deuxième vaccin de Pasteur) virulente encore pour le cobaye. Ces animaux succombèrent au. charbon type au bout de 26 à 60 heures. Les fœtus, extraits rapidement ei avec soin, furent immé- diatement plongés dans de l'eau bouillante, pendant un temps plus que suffisant pour tuer les quelques’ bactéridies prove- -nant du sang maternel ou placentaire qui aurait pu souiller la peau. Les vases recevant les fœtus, les instruments des- tines à les ouvrir étaient rigoureusement flambés, de sorte ‘ qu'aucun soupçon de contamination par le sang de la mère ne pouvait subsister. Des prises de sang furent faites, sur-chaque fœtus, dans le foie et dans le cœur; la surface de ces organes, par surcroît de (1) ArLoiwc, CoRNE vin et Tomas. Sur l’état virulent du fœtus, chez la brebis morte du charbon symptomatique. (Coraptes rendus de l'Acad. des sciences, 1882, v. 92 p. 739). (2) Srraus et CHAMBERLAND, Comptes rendus de la Société de Biologie 11 nov.1882, p. 683. — S08 — précaution, était toujours brülée au point où l’effilure de verre allait puiser le sang. Le sang ainsi recueilli fut : 1: Examiné au microscope; 2- Semé dans du bouillon de veau neutralisé et mis à létuve à 370; 3- Inoculé à un certain nombre de cobayes. L'examen microscopique du sang fœtal pris dans le cœur, le foie, la rate ne révéla l'existence d'aucune bactéridie. Les globules rouges du sang fœtal n’offraient pas non plus l'état agglutinatif caractéristique du sang charbonneux. A cet égard donc, nos résultats n’ont fait que confirmer ceux de Brauell, Davaine, et Bollinger. Il en fut tout autrement des cultures. Plusieurs éventuali- tés se présentèrent : Dans certains cas (exceptionnels) le sang puisé dans tous les fœtus d’une portée demeura stérile. Dans d’autres cas, sur une portée de 3, 4,5 fœtus, le sang d'un seul, ou de deux oude trois fut semé avec succès, le sang des autres demeurant stérile. Enfin dans d’autres cas, tous les petits de la portée don- nérent du sang dont la culture fut féconde. Des cas se sont présentés où, aprés avoir semé dans plu- sieurs flacons du sang recueil sur un même fœtus, quelques- uns de ces flacons demeurèrent stériles et les autres ont cul- tivé. Cela prouve combien peu nombreuses sont les bactéri- dies dans le sang fœtal : elles y sont, pour ainsi dire, par unités, puisqu'on peut prélever sur les fœtus une quantité notable de sang (nous semions toujours plusieurs gouttes) qui ne renferme aucune bactéridie. Nos expérignces d'inoculation au cobaye ont donné les ré- sultats suivants : Quand le sang fœtal qui a servi à l'inoculation était celui dont la culture est demeurée stérile, nous n'avons rien obtenu, quelle que füt la quantité du sang inoculé. Lorsque nous avons employé du sang qui a cultivé, la mort par charbon a été obtenue dans un certain nombre de cas. Dans quelques uns cependant, les animaux n’ont rien — N09 — éprouvé, bien que la quantité du sang inoculée sans effet ait été supérieure à celle semée avec succès dans les flacons. Un premier enseignement qui ressort de ces faits, c’est la supériorité, quand il s’agit de la recherche des microrga- nismes vivants, de la méthode des cultures in vitro. Klle l'emporte, non seulement sur l’examen microscopique, mais encore sur l’inoculation, quand inême celle-ci porte sur les animaux les plus sensibles à l'agent virulent que l’on veut étudier. L'organisme des animaux en effet se défend, là où le liquide de culture, passif, se laisse envahir sans résis- tance. Ces résultats ont été obtenus sans que la période plus ou moins avancée de la gestation, la marche plus ou moins rapi- dement mortelle du charbon, ni le moment, après la mort, où a été pratiquée l’autopsie y aient apporté de différences appré- ciables. Dans un certain nombre de cas, nous avons pratiqué l’autopsie immédiatement aprés la mort, pour éviter l’objection du passage posté mortem de la bactéridie à travers le placenta. Des résultats positifs ont été obtenus dans cecas aussi bien. que dans ceux où l’autopsie a été plus tardive. Laissant de côté la méthode des cultures, seule décisive, et qui a fait défaut à nos prédécesseurs, comment expliquer que nous ayions été plus heureux qu’eux dans nos expériences d’inoculation ? Cela doit tenir à plusieurs raisons. Et d’abord au nombre relativement considérable de nos expériences, comparé aux expériences, somme toute peu nombreuses, faites par Brauell, Davaime et Bollinger. Disposant d’un nombre plus grand de faits, nous avions plus de chances de recueillir les faits positifs. Nous avions soin, en outre, d’inoculer toujours une quanti- té notable de sang (deux divisions de la seringue de Pravaz, au moins), de sorte que la pauvreté du liquide en bactéridies était compensée, dans une certaine mesure, par la grande quantité du liquide injecté sous la peau. Brauell, qui em- ployait, comme moyen d'inoculation, un fil imprégné de sang passé sous la peau ou la laneette, ne pouvait ainsi inoculer que de très petites quantités. M. Bollinger procédait à peu - 810 — près de même; Davaine ne décrit pas son procédé d'ino- culation. | Ce sont là des particularités nullement négligeables que nous signalons à ceux qui voudraient répéter nos expériences. Le placenta ne constitue donc pas, comme on l’a cru jus- qu'ici, une barrière infranchissable pour la bactéridie. Dans bon nombre de cas, le sang des fœtus de mères charbon- neuses renferme des bactéridies et est virulent. La loi de - Brauell-Davaine, qui généralise une exception, est donc erronée : erreur heureuse, cependant, il faut le reconnaître, et qui aété profitable à la science, puisqu'elle a fourni à la théorie parasitaire des maladies infectieuses un des argu- ments en apparence des plus décisifs à une époque où les preuves directes n’abondaient pas comme aujourd’hui. Cette notion nouvelle du passage de la bactéridie charbon- neuse de la mère au fœtus pourra, peut-être, donner la raison de certains faits d’immunité, entre autres de l’immunité qui paraît avoir été constatée sur des agneaux dont les mères avaient subi la vaccination charbonneuse pendant la gestation. D'autre part ,la non-constance de ce passage pourra expliquer aussi pourquoi, dans d’autres cas, cette immunité du fœtus n'existe pas. Enfin, d’après des renseignements récents, il résulte que, dans des troupeaux de mères vaccinées pendant la gestation (brebis et vaches), quelques cas d'avortement se sont produits. Il y a lieu dès lors de se demander si ces avortements ne sont pas dus à la contamination intra-utérine du fœtus par la bactéridie vaccinale qui aurait tué le fœtus, alors que la mère, plus robuste, a pu supporter la maladie. SUR LE MÉCANISME DE LA NATATION DES POISSONS par L. CHABRY. Note prèsentée par M Poucuer (1). En construisant un poisson artificiel formé de deux lames verticales flottantes, d’égales dimensions, articulées par une sorte de chranière verticaleet animées au moyen d’un appareil convenable d’un mouvement alternatif angulaire, on voit que (1) Des figures étant nécessaires pour l'explication détaillée de cette note, nous nous bornons à en résumer ici le contenu. — 811 — l'appareil dans ces conditions, comme on pouvait le prévoir, ne progresse point. Si l’on augmente la longueur d ’une des lames verticales, le poisson artificiel se met en progression, marchant du côté où on a ajouté à la longueur de la lame rigide. Si au lieu d’ajouter à longueur d’une des deux lames rigides on les montait de même dimension et qu’on prelonge simple- ment l’une d’elles au moyen d’uñe membrane verticale élas- tique de caoutchouc, l’appareil se met également à progres- ser du côté opposé à la membrane élastique, qui joue ici le rôle de la queue du poisson. En combinant les deux additions on obtient une progression plus rapide. Le mode de progression d’un appareil ainsi constitué est exactement comparable à celui d’un poisson du genre Trigle dont le corps, au point de vue de l’action en avant, doit être divisé en trois segments dont les longueurs d'avant en arrière sont à peu près dans les rapports 3, 2, 1. Le poisson progresse essentiellement comme l’appaeil par lesmouvementsalternatifs de la première partie sur la seconde, la troisième Ares jouer un rôle accessoire. On peut déduire de ce qui précède les Pi ne suivan- tes : 1 Le segment moyen du corps du poisson joue par rap- port au segment antérieur le rôle de la. godille par rapport au bateau, et les inflexions des deux segments sont déterminées par la contraction musculaire. 2" La nageoire caudale qui forme le troisième segment du corps heurte toujours l’eau avec sa face convexe, et ses in- flexions sont déterminées uniquement par la résistance du li- quide. 3° Bien que les inflexions de la nageoire caudale soient pu- rement passives, elles contribuent à augmenter la vitesse de l'animal. — 812. Séance du 23 décembre 1882. Présidence de M. Paul Bert. SUR L’ARMATURE BUCCALE DE LA FILAIRE COURONNÉE, par M. Joannes CHATIN. La Filaire couronnée (Filaria coronata Run.) semble propre au Rollier (Coracias garrula L.); les helminthologistes la men- tionnent constamment chez cet oiseau, et c’est encore dans le même hôte que j'ai pu récemment l’étudier. Elle y était toutefois plus disséminée que ne semblent l'indiquer les observations recueillies par Rudolphi, Dujar- din, etc. Loin de se localiser sur les muscles de la région cervicale, elle se trouvait également dans les muscles pecto- raux, ainsi Que dans les parois de l'xsophage et de l’estomac. Ces diverses parties montraient de nombreux nématodes _grêles, filiformes, d’un blanc grisâtre, encore parfaitement vi- vants (la mort de l’hôte datait de la veille). Nul kyste ne pro- tégeait ces helminthes, qui étaient entièrement libres et pré- sentaient les caractères suivants : Le corps est long de 30 à 50 millimètres, large de Oinm,45, un peu atténué à ses deux extrémités. La tête est obtuse et porte trois papilles, le mâle présente, en avant de l'extrémité caudale, ua spicule court et cylindrique. Chez la femelle, la vulve se trouve à Omm,6 de la bouche ; les œufs sont ellip- tiques, longs de Omm,43, et contiennent un embryon enroulé. Dans la famille des Filarides, si riche cependant er lypes singuliers ou aberrants, ilest peu d'espèces dont les caractères aient été aussi diversement interprétés. À plusieurs reprises» on a considéré cette Filaire comme un Ascaride: Bloch et Gœze la confondaieant avec l’'Ascaris acus, Gmelin créait pour elle une espèce particulière, l’Ascaris coraciæ. Lors même qu’on la rapportait à son véritable zenre, on semblait ne pou- voir parvenir à fixer ses caractères propres, et on la décrivait — 815 — dans les termes les plus dissemblables. Rudotphi, l'observant le premier, y mentionnait la présence de six papilles buccales et d'use pointe caudale (1); Diesing, au contraire, déclarait n'avoir pu découvrir ni les papilles ni l’aiguillon (1); Dujar- din contestait également l'existence de celui-ci, ramenait à trois le nombre des papilles labiales et insistait justement sur l'aspect de la « tête présentant une structure singulière qui devrait être étudiée sur des helminthes frais (1). » L'observation des nombreux individus dont j'ai pu pour- suivre l'examen me-permet de confirmer la diagnose de Dujar- din et de répondre.au desideratum qu’il formulait. Trois papilles grêles, réfringentes, légèrement recourbées, entourent la bouche, limitée à sa périphérie par un mince repli labial. Ce pertuisdonne accès dans une cavité de forme prismatique, sorte de bulbe buccal dans l’intérieur duquel viennent saillir des parois cornées et denticulées formant une armature relativement assez puissante. Comment peut fonctionner cet appareil? Doit-il agir d’une manière absolument passive ? Possède-til, au contraire, des organes moteurs qui lui soient propres ? On sait que certains nématodes, tels que les Cucullans (1) et les hedruris (2) montrent une armature buccale plus com- plexe, mais à laquelle cependant les helminthologistes n’ont attribué, durant longtemps, qu’un rôle purement passif; cet appareil eût « été mis en activité par les mouvements généraux du corps et par ceux de l'œsophage, agissant comme une ven- touse (5). » Les recherches ultérieures, loin de confirmer ces vues, ont établi que les valves buccales des Cucullans et des Hedruris se trouvent mises en mouvement par des muscles (1) Rupozpui, Entos. Ilist ,t, U, p. 65. — Id., Synopsis, p. 6. (1) DrEsinxG, Systema Helminthum. (2) Dusarpin, Histoire naturelle des Helm'nthes, 1845, p. 55. (1) DérARDIN, op. cil., p. 215. — Edraond Perrier, Sur un appareil mo- teur des valves buceales des Cucullans (Annales des Sciences natu- relles, 1871,. : a (2) Eémond Perrier, Sur l'Hedruris armata (Nouvelles Arehives du Mu- seum, t. VIII). — Joannes Chatin, Études helmintholosiques, Ze série, 1875). (3) ScunE10ER, Monographie der Nematoden, 1866, p. 326. — 814 — spéciaux. Tel est aussi le mode de fonctionnement de l’arma- ture orale du Filaria coronata. En examinant avec soin la constitution de cette armature, on constate qu’elle n’est pas continue comme la capsule d’un Strongle; elle est, au contraire, séparée en deux moitiés symé - triques. Sur la portion inféro-latérale de chacun de ces seg- ments se montre une sorte de tubercule ou d’apophyse qui donne insertion à des faisceaux musculaires longitudinaux, se diri- geant d'avant en arrière et de dehors en dedans vers l’axe du corps; on verra que cette orientation acquiert un intérêt spé- cial lorsqu'on cherche à déterminer l’origine de ces muscles. Leur contraction a pour effet d’abaisser les deux segments de l’armature buccale qui s’écartent, en nième temps, l’un de l’autre; dans ce mouvement, l’œsophage est comprimé et les muscles sous cutanés se trouvent déplacés. Dès que les mus- cles buccaux se relâchent, ces parties tendent à reprendre leur position initiale : l’æœsophage remonte et se dilate, Les muscles sous-cutanés reprennent leurs rapports normaux, la simple élasticité des tissus suffit donc à assurer le rapproche- ment des mâchoires. Le mécanisme est, onle voit, des plus simples; mais, pour en acquérir une exacte connaissance, il est indispensable . d'observer des individus vivants. Surles exemplaires conser- vés dans l'alcool, il est impossible d'analyser l’ensemble des parties qui concourent à assurer le jeu de l'appareil buccal : les tissus se contractent et s’indurent, les muscles buccaux remontent auprès des mâchoires, s'appliquent même sur elles et se confondent en un bourrelet presque circulaire. Sur l’animal observé extérieurement, ce bourrelet parait dessiner, autour de la tête, le bandeau d’une couronne dont les papilles labiales figureraient les fleurons; ainsi s'explique le nom de « filaire couronnée » donnée à cette espèce par les zoologistes qui n’avaient pu l’étudier que sur des individus conservés. : En de semblables conditions, les rapports et la signification des parties n’échappent pas seulement à l'observateur, celui- ci est encore presque fatalement conduit 4 méconnaitre leur origine. Le système moteur lui apparaissant sous l'aspect N; 4 M ’ — 815 — d’une bague circulaire, il pense naturellement devoir le consi- dérer comme constitué par des muscles annulaires, grave erreur que pourront apprécier tous les helminthologistes ; ils savent, en effet, que les masses contractiles de la paroi inté- rieure du corps se trouvant interrompues suivant. plusieurs lignes longitudinales, ïl ne peu exister ici de muscles transverses; les muscles buccaux doivent donc être parallèles à l’axe de l'animal. En décrivant comme annulaire l'appareil moteur de l’armature buccale, on serait même entraîné vers une nouvelle méprise: les faisceaux circulaires ne pouvant être fournis par la musculature générale du corps, on serait obligé, pour en explinuer Pexistence, d'admettre qu’ils sont formés par une modification et une extension des parois æœsophagiennes. L’armature buccale deviendrait alors ‘une simple dépendance de l’intestin initial tandis qu’elle appar- tient au système tégumentaire. L'origine et l'orientation de ses muscles établissent nettement son origine et permettent de déterminer exactement l’homologie de cet appareil, qui doit être rapproché de l’armature buccale des Cucullans et des Hedruris ; on en trouve déjà l’ébauche, sous diverses formes, chez plusieurs Filaires. Ces curieuses dispositions, sur lesquelles Dujardin appelait si justement l’attention, n’offrent donc pas seulement quelque in- térêt pour l'anatomie comparée des Nématodes;elles fournissent aussi les éléments nécessaires pour établir la parenté taxo- nomique du Filuria coronata et fixer la place que ce type doit occuper dans la famille des Filarides.Si la bouche est inerme chez un certain nombre de ces animaux, on la trouve ailleurs pourvue de papilles auxquelles viennent parfois s'ajouter des replis labiaux; l’induration et le développement de ceux- ci s’accentuant, on voit enfin apparaitre, chez quelques types, des anneaux cornés et armés de dents. C’est évidem- ment dans cette tribu qu'il conviendra de ranger la Filaire couronnée lorsqu'on soumettra la famille à une révision générale. — 816 — PRODUCTION b ANESTHÉSIE SURTOUT DANS UNE DES MOITIÉS DU CORPS PAR UNE IRRITATION DU LARYNX, APRÈS LA SECTION D'UN DES NERFS LARYNGÉS SUPÉRIEURS ; par M. BrowN-SÉquaro. J'ai montré dans une précédente communication (voyez le Compte Hendu de.la séance du 16 décembre p. 199) que l’on peut produire de l’anesthésie générale quand on fait arriver avec force de l'acide carbonique ou des vapeurs de chloroforme sur le bord supérieur du larynx, chez des animaux libres de respirer de l'air pur par un tube fixé dans la trachée. J'ai montré aussi que ces deux substances ne produisent aucun effet anesthé- sique quand on les fait arriver sur la glotte et les parties voi- _Sines, après avoir coupé les deux nerfs laryngés supérieurs. En présence de ces faits, il y avaitlieu de se demander ce qui se produirait si l’on faisait arriver de l'acide carbonique ou des vapeurs de chloroforme sur le bord supérieur du larynx après avoir coupé l’un des nerfs laryngés supérieurs. C’est ce que j'ai fait sur deux ‘chiens, deux lapins et deux cobayes. L'expérience a donné des résultats extrêmement intéressants, chez les chiens surtout. Voici ce qui a été observé chez l’un de ces animaux, quand à l’influence exercée par l'acide carbonique. — J’ai coupé le nerf laryngé supérieur droit, chez une chienne de moyenne grandeur, adulte et vigoureuse, après avoir placé dans la tra- chée un tube métallique auquel était fixé un tube en caout- chouc de 25 à 30 centimètres de long. A l’aide de l'appareil de Dubois-Reymond, on constate l’état suivant de la sensibilité. Les yeux étaient sensibles à 10 centimètres (1), les narines l’étaient à 12 cent., les lèvres à 10, une plaie à l’aisselle létait à 8, une plaie interdigitale aux membres antérieurs, de même qu’une plaie aux aines, près du nerf crural, l'était à G. — Comme dans mes expériences antérieures, je.fis lancer avec force un courant d’acide carbonique sur le larynx. Après 10° (1) C'est-à-dire que des signes évidents de douleur donnés par la tête er les membres ont eu lieu lors de l'application des excitateurs à l'œil, quand Ja bobine mobile était à une distance de 10 centimètres du pied de la bobine inductrice, tandis que lorsque la distance était de 11 centimètres ou pius grande encore, les signes de douleur ne se montraient pas. — 817 — on cessa l'insufflation de ce gaz, et je constatai les effets su1- vants : Côté où le nerf laryngé n'avait . pas été coupé (le gauche. Plaie de l’aisselle : anesthésie au maximum, 3° et aussi 14’ après la cessation du courant. Plaie de l’aine : anesthésie au maximum, 3 1,2 et aussi 6’ après cessation du courant ; douleur à 7 cent. 1j après 15’. Aux lèvres, sensibilité à 6 cent. 112 après 5°. A l'œil, anesthésie au maxi- mum après 0. A la narire, 10 cent., après 7. À la plaie interdigitale, au membre antérieur, anesthésie au maximum, après 16, et aussi après 30°. sensibilité à Coté dz la section du nerf (Le droit). Plaie de l’aisseile: douleur à 5 cent. 12 après 3', et 10 cent., après 14. Plais de laine: douleur à 5 cent. après 3 112 et à 7 cent. 112 après 1®. Aux lèvres, sensibilité à 8 cent. 112 après 5. A l’œil, sensibilité à 8 cent. 112 après 6°. A Ia narine, sensibillté à 12 cent. 112, après 7’. A la plaie interdigitale, au membre antérieur, sensibilité à 9 cent. après 16° et à 10 cent. après 30’. . En outre des faits ci-dessus, je constatai qu’il n’y eut aucune trace de äouieur à la patte postérieure gauche, lorsque je cou- pai l’un des orteils et que je galvanisai la plaie ainsi faite, tandis qu’il y eut une assez vive douleur quand je coupai l’or- teil correspondant à droite et que je galvanisai cette dernière plaie, à 10 cent., 32’ après la cessation du passage du cou- rant. J'ajoute que chez cet animal, de même que chez tous les autres soumis à une semblable expérience, il y a eu de l’anes- thésie 4 la plaie du cou, à la trachée et dans les autres parties voisines du larynx des deux côtés, en outre de l’anesthésie du larynx lui-même, du côté où le nerf n’avait pas été coupé comme de l’autre. Le résultat le plus général de l’expérience ci-dessus, con- _siste dans le fait qu’une anesthésie unilatérale complète dans nombre de parties, incomplète dans deux autres, est survenue du côté où le nerf laryngé supérieur subsistait, tandis que la sensibilité était partout conservée, mais un peu diminuée du — 818 — coté où le nerf était coupé. Il est intéressant aussi de consta- ter (ce que j'ai trouvé aussi chez deux des cinq autres animaux sur lesquels j'ai fait la même expérience) qu’un certain degré d'hyperesthésie est survenu dans quelques parties du côté où le ‘nerf était coupé. Dans l’expérience suivante, faite aussi sur un chien, les mêmes résultats à l'égard de l’anesthésie ont été obtenus, excepté que le train postérieur n’a pas semblé ètre influencé d’une manière notable. Ainsi : 19 une plaie à l’aisselle, sensible à 9 centimètres 112 avant l’insufflation, était complètement anesthésiée à gau- che (côté où le nerf subsistait), tandis qu’elle était sen- sible à G cent. 112 à droite (côté de la section du nerf), 3° après la cessation de l’insufflation; 20 Les yeux causaient de la douleur sous l'influence d’un courant à 10 cent., avant l’in- sufflatiorn. L'œil gauche étain insensible au courant maxi- mum, tandis que l'œil droit était sensible à 7 cent. 11° après la cessation de l'insufflation ; 3° Une plaie à la face palmaire de la patte antérieure était sensible à 7 cent. 114 des deux côtés avant l'insufflation. À gauche, cette plaie ne donnait aucune trace de sensation au maximum, tandis qu’à droite il y avait sensation douloureuse à 7 centimètres, 15” après la cessa- tion de l’insufflation ; 40 Les lèvres, sensibles à 8 cent. 112 avant l’insufflation, étaient absolument insensibles des deux côtés, au maximum, après l’insufflation et ont conservé cette anesthésie plus de trois quarts d’heure. Les narines et une plaie aux aines n’ont perdu que très peu de leur sensibilité et également à droite età gauche. . Chez les lapins, les résultats obtenus ont été à peu près les - mêmes que chez les chiens. Il en a été ainsi chez les cobayes aussi, quant au principal de ces résultats, mais il n’a été observé qu’à un moindre degré. En effet, il y a eu surtout de l’anesthésie du côté où le nerf n’avait pas été coupé, mais cette unesthésie n’a été complète que dans une ou deux parties du corps (l’aisselle et l'épaule). Il est clair, d’après l’ensemble de ces faits, que sous l’in- fluence d’une irritation de la muqueuse laryngée par un courant . rapide d'acide carbonique, il se produit une anesthésie, sur— — 819 — tout du côté correspondant, comme cela a lieu le plus souvent pour les anesthésies réflexes chez l’homme. Tout ce que j'ai dit des effets produits par l’acide carbonique est vrai aussi pour les vapeurs de chloroforme dans les mêmes circonstanceé, ainsi qua je le montrerai dans une autre com- munication. INFLUENCE DES RAYONS PHOSPHORESCENTS ET FLUOKESCENTS SUR LA FORMATION DE LA CHLOROPHYLLE, par M. REGNARD, Il y a trois ans, la Société s’en souviendra peut-être, j'ai fait connaître mes recherches sur l’action des diverses radia- tions simples sur la formation de la matière colorante verte des végétaux. Mon point de départ avait été une expérience de M. Bert, démontrant que ce n'étaient pas les rayons violets, comme on le prétendait depuis si longtemps, mais les rayons rouges qui agissaient dans la formation de la chlorophylle. Les rayons violets ne sont en effet des rayons chimiques, que pour quel- ques sels d'argent qu’ils décomposent, mais il n'est plus soute- nable aujourd'hui qu’ils soient à eux seuls les rayons chi- miques. Ceux-ci sont dispersés dans tout le spectre, et chaque rayon de ce spectre agit sur telle ou telle substance suivant le nombre des vibrations qui le constituent. M. Bert avait vu que si on interpose sur le trajet des rayons lumineux qui arrivent à une plante une dissolution qui arrète lès rayons rouges, cetie plante dépérit rapidement et meurt bientôt. Elle s’étiole, si elle contenait de la chlorophylle, elle n’en produit pas si elle est dans la période de germination. M. Bert a même vu que les rayons rouges qui sont particuliè- rement nécessaires, sont ceux qui se trouvent au niveau et entre les raies À et B. J'ai autrefois renversé l’expérience de M. Bert, et au lieu de supprimer les rayons rouges, j'ai fait pousser des plantes dans une obscurité presque absolue : je ne jaissais pénétrer que les rayons rouges en faisant filtrer la lumière à travers une solution très foncée d'iode dans le sulfure de carbone. Plus — 820 — tard, M. Bert a bien voulu me permettre de m’associer à luï pour une autre recherche dont nous avons entretenu la Société. Nous avons vu qu'après les rayons rouges, c’étaient les rayons bleus voisins de G qui avaient le plus d'efficacité Or, ces rayons sont, quant à leurs vibrations, dans un rap- port simple avec ceux des raies À, B, ils en représentent la quinte. Cette dernière expérience fut faite au moyen dun spectre électrique très étalé maintenu plusieurs jours au devant de-‘plantes en germination. Hu à Un troisième ordre de recherches était à faire qui consis- tait à maintenir dans l’obscurité une plante en germination en lui fournissant une lumière artificielle très faible puis très riche en rayons actifs. Cette expérience a été plusieurs fois tentée par M. Bert à qui l’idée en appartient. Nous avons, nous, réussi à la faire d’une manière indirecte en recherchant l’action des substances phosphorescentes et fluorescentes sur la germination. Dans une première expérience nous examinons l’action des — 821 — rayons rouges très peu.intenses fournis par un tube de Geissler. Ce tube est rempli avec de l’hydrogène chimique- ment pur: il est placé dans une boîte obscure en face de graines en germination. Actionné par une petite bobine d’in- duction, il émet une lumière très peu intense mais extrême- ment riche en rayons rouges de la région À B. Dans ces conditions on voit en queiques heures-la chloro- phylle se former, les plantes placées du côté du tube poussent vertes, tandis que celles qui sont masquées er elles restent absolument blanches. Ainsi cette fluorescence si faible d’un tube de Geissler à hy- drogéne, suffit pour développer la chlorophylle au moins aussi bien que la lumière diffuse du jour. Pour examiner l'influence des rayons bleus placés vers la raie G, il nous a fallu un appareil un peu plus compliqué. Nous avons choisi comme lumière faible la lueur bleue qu'émet le sulfure de calcium convenablement préparé, mais cette lueur n’est pas constante, elle ne dure que quelques mi- nutes après l'exposition de la substance à la lumière. Afin que nos plantes fussent sans cesse sous l’action de cette lumière, nous avons adopté le dispositif suivant: Dans un cadre A, sont placés des ie plats fermés à la lampe et contenant le sulfure de calcium. Ce cadre glisse dans une rainure, et au devant de lui se trouve une boîte fixe B dont il forme une des parois. Par une déchirure de cette boîte, on aperçoit la plante en expérience. En glissant dans sa rainure le sulfure de calcium va s’illuminer au jour, puis il revient au devant de la boîte qu’il éclaire, va de nouveau s’illuminer, puis revient, et ainsi de suite si on entrelient son mouvement alternatif. Comme il glisse très exactement contre la boîte, celle-ci ne recoit pas d'autre lumière que la lumière phospno- rescente du sulfure. Nous réalisons le mouvement au moyen d’un appareil qui nous sert pour beaucoup d’autres recherches et qui a été déjà utilisé par M. Vesjue dans des expériences de physiologie botanique. Un vas2de Tantale H est suspendu à une corde qui passe sur une poulie F, il est équilibré par un vase E rempli de mer- Crus82 43. — 822 - cure. Quand, au moyen du tube G, le vase de Tantale se rem- plit, il augmente de poids et il s’abaisse en élevant le coz re- poids E. Dés que le siphon du vase H s’amorce, ce vase se vide instantanément, il devient plus léger, le contre-poids l'emporte et redescend: le siphon de H se désamorce, le vase se remplit de nouveau et redevient plus lourd, puis il se vide et ainsi de suite. On comprend facilement comment, grâce à la poulie de réflexion D, on peut faire que ce mouvement alternatif entraîne le va-et-vient du cadre A. On a là un moteur très bon marché qui fonctionne indéfini- ment, sans pouvoir se dérégler. Grâce à cet instrumentation si simple, nous avons vu que les plantes en germination sont mises à la lumière à peine visible, mais très riche en rayons bleus, se remplissent de chloro- phylle, tandis que celles pour qui. cette lumière est masquée restent absolument étiolées. En résumé : 10 Quad on retire de la lumière du jour les rayons rouges, la chlorophylle ne se forme pas et les plantes meurent (Bert). 20 Si par l’iode et le sulfure de carbone, on ne laisse arriver: aux plantes que les rayons rouges, elles prospèrent et devien- nent vertes (Regnard). 30 Si on place les végétaux en germination dans un spectre . électrique, on voit que c’est dans le rouge d’abord puis dans le bleu, au niveau de la quinte des vibrations du rouge, que les plantes se développent le mieux (Bert et Regnard). do Enfin, si on met les végétaux en germination dans l'obscurité, mais en présence d’une lumière très faible et riche en rayons rouges et bleus (A B et G), on obtient la formation de la chlorophylle dans ces végétaux. NOTE POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES DÉGÉNÉRATIONS SECONDAIRES. DU PÉDONCULE CÉRÉBRAL, par M. CH. FERE. Pendant longtemps on a admis que les dégénérations pédon- culaires consécutives aux lésions cérébrales pouvaient seule. ment occuper le faisceau pyramidal, qui ne cormaprend que la partie moyenne de l'étage inférieur du pédoncule. — 823 — Ces dégénérations du faisceau pyramidal sont déterminées par des lésions occupant soit la capsule interne dans les deux tiers antérieurs de son segment postérieur, soit les circonvo- lutions frontale et pariétale ascendantes et le lobule paracen- tral, soit encore les parties du centre ovale intermédiaire à ces deux régions. Toutefois, M. Charcot (1) a reconnu que les lésions de la partie antérieure de la capsule peuvent déterminer une dégé- nération du faisceau interne du pédoncule, et M. Brissaud (2) ajoute: « lorsque le pédoncule cérébral est dégénéré dans la partie la plus interne, l’altération correspondante de la capsule intéresse la partie la plus antérieure et la plus interne du segment antérieur ». Nous pouvons dire en outre, d’après un certain nombre de faits observés par nous depuis deux ans à la Salpêtrière, que ce faisceau interne peut encore être trouvé dégénéré en conséquence de lésions superficielles comprenant: une plus ou moins grande étendue de l'écorce de la région fron- to-temporale,qui ne concourt pas à la dégénération du faisceau pyramidal. Nous reviendrons ailleurs en détail sur quelques- uns de ces faits. Il faut remarquer que si cette dégénération du faisceau pé- donculaire interne en rapport avec les lésions antérieures du cerveau a pu échapper à d'excellents observateurs, si elle a pu être considérée comme rare, puisque M. Brissaud n’en rapporte que trois exemples, c’est qu’elle est moins facile à constater que celle du faisceau pyramidal. Il est certain, en effet, que les dégénérations du faisceau interne sont de beau- coup moins importantes et que dans un certain nombre de cas, si on examine seulement la surface inférieure du pédoncule, on peut la trouver complètement saine, alors qu’il existe une lé- sion même étendue du segment antérieur de la capsule interne ou des circonvolutions frontales. Il n’était guère probable cependant que des lésions identi- ques pussent avoir des conséquences différentes. On pouvait (1) CHarcor : Leçons sur les localisations dans les maladies du cervcan et de là moelle épinière, p. 221. 2) BrissauD : Rech. anat. et phys. sur la centracture permanente des hémiplégiques; 1880, p: 31. Hi Cr soupconner que, dans le cas où la dégénération n’était pas constatée, elle était dissimulée. C’est ce qui arrive, en effet, pensons-nous. On se fait en général une idée un peu trop schématique de la constitution du pied du pédoncule cérébral et nous croyons que c’est cette circonstance qui a fait passer inaperçues un certain nombre de dégénérations secondaires, principalement celles du faisceau interne. À. — Ordinairement, en effet, le pédoncule qui, vu par sa face inférieure, présente la forme d’un tronc de cône à sommet postérieur, est constitué par des faisceaux de fibres qui se di- rigent en convergeant vers la protubérance,sans qu'aucun fais- ceau semble recouvert par le faisceau voisin. | M. Brissaud décrit une division en trois faisceaux principaux dont le médian ne serait autre chose que le faisceau pyra- midal ; cette disposition se rencontre quelquefois,mais elle est assez rare. Quand le pèdoncule se présente sous cet aspect, classique en quelque sorte, les dégénérations secondaires, pour peu qu’elles soient considérables, offrent la forme d’un trapèze allongé dans le sens du pédoncule et dont le plus petit côc: correspond à la limite supérieure du pont de Varole. B. — Assez souvent, les fibres pédonculaires offrent une direction un peu différente ; les fibres superficielles externes se dirigent plus obliquement en dedans, tandis que les internes suivent leur direction ordinaire, et ces dernières se trouvent plus ou moins recouvertes à leur partie inférieure. Dans ces cas, la dégénération se présente sous la forme d’un triangle dont le plus grand côté est en dehors et dont le sommet, dirigé en bas, ne descend quelquefois qu’à moitié de la hauteur du pédoncule ou même moins. La même forme de la dégénération ne peut se rencontrer dans le cas de conformation commune du pédoncule que si la lésion primitive est très limitée. C. — Enfin il n’est pas très exceptionnel de voir les fibres pédonculaires externes, d’abord bien régulièrement groupées 5 — à leur place dans leur premier tiers ou dans leur moitié supé- rieure, se dévier en dedans en formant un faisceau en écharpe ou arciforme qui contourne plus ou moins obliquement la face inférieure. du pédoncule, pour se porter tout à fait sur son bord interne. Quelquefois même ce faisceau arciforme affecte une direction presque transversale, de telle sorte qu’il constitue une sorte d’avant-pont. Il n’est pas sans intérêt de remar- quer que cette variété anatomique est rarement symétrique. Ces différentes dispositions des fibres pédonculaires super- ficielles sont de nature à faire comprendre comment il peut arriver que le faisceau interne, qui correspond aux fibres du segment antérieur de la capsule et à la région antérieure de l'écorce du cerveau, soit plus ou moins complètement recou- vert et dissimulé par les fibres externes. Et, de ce que, dans un cas de lésion du cerveau siégeant dans la région que nous veuons de désigner, on ñe trouve pas de dégénération à la surface du pédoncule, il ne faut pas en conclure trop vite que la dégénération n’existe pas ; elle peut être seulement cachée. C’est ce que prouve un fait que nous avons observé récem- ment : il existait un ramollissement ancien comprenant toute l'épaisseur du segment antérieur de la capsule à sa partie moyenne ; la surface du pédoncule était complètement intacte ; mais sur la coupe transversale faite un peu au-dessus de son insertion protubérantielle, on voyait, immédiatement au-des- sous du locus niger untriangle grisâtre, présentant tous les caractères des colonnes de dégénération secondaire et que nous avons pu suivre sur plusieurs coupes successives. Ce triangle, dont la base était appliquée contre le noyau noir de Sæmmering, offrait un sommet aigu arrivant presque à l'affleurement de la surface inférieure du pédoncule, un peu en dehors de son bord interne. Nous avons observé 18 fois la dégénération partielle du faisceau pédonculaire interne. Dans huit autres faits, des lésions cérébrales de même siége (segment antérieur de la capsule, ou circonvolutions frontales) ne nous avaient pas paru accompagnées de dégénération secondaire ; mais le pédon- cule n'avait pas été étudié minutieusement sur des coupes transversales : par conséquent il n’est pas certain que la — 826 - dégénération manquait, puisqu'il est avéré quil existe, en outre des dégénérations superficielles, des dégénérations pro- Jondes. Nous pouvons donc conclure que les dégénérations secondaires du faisceau interne du pédoncule sont de beau- coup plus fréquentes qu’on ne le croit généralement ; mais dans uï certain nombre de cas, il faut les chercher. Nous nous réservons de revenir sur quelques faits qui peuvent démontrer leurs conséquences cliniques. ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA PICOLINE ET DES $-LUTIDINE DE LA CiNCHONINE ET DE LA BRuGINE, par MM. Œcuser DE ConiNcr et PINeT. (Travail du Laboratoire de M. Vulpiai présenté par M. Bochefontaine.) I. Piconuine. La picoline a été découverte par Anderson dans l’huile animale de Dippel. Cette base appartient à la série pyridique: on sait que certains terines supérieurs de cette série (les col- lidines) se rapprochent par leur composition de la cicutine dont elles ne diffèrent que par quatre atomes d'hydrogène en moins. La picoline est en outre l’isomère de l’aniline. A ces titres di- vers, il était important de faire bien connaître ses propriétés physiologiques. Le docteur Mackendrick- (Association française pour l’avan- cement des sciences, 1877, p. 351) a étudié l’action toxico- logique de la picoline. Suivant cet auteur, la base et ses sels ont une aclion très peu marquée. Mais il est probable qu'il a expérimenté avec un mélange ou avec une base impure. La picoline dont nous nous sommes servis dans nos expé- riences était pure. À l’état de pureté, cette base comme on le “voit par l’échantillon que nous présentons à la Société, consti- tue un liquide parfaitement limpide, mobile, très réfringeni, bouillant tout.entier à 133-1348. Elle est douée d’une odeur sms. et il faut les condenser avec le plus grand soin lorsqu'on la distille. Les phénomènes cérébraux qu’éprouvent les personnes qui 4 — 827 — respirent les vapeurs dela picoline indiquent déjà que cette sub- stance possède une action assez marquée sur l’organisme hu- main. Hétait donc intéressant d'étudier par des expériences sur les. animaux les propriétés physiologiques de la picoline. Nous avons fait cette étude sur des grenouilles, nous proposant de la continuer sur les différents animaux qui se trouvent à la disposition des expérimentateurs dans les laboratoires. Sur une grenouiile du poids de 30 grammes, une dose de 75 milligrammes introduite sous la peau amène un engour- a complet suivi de retour à la vie au bout de 24 à 30 heures. Une dose double, c’est-à-dire de 15 centigrammes détermine la mort de ces batraciens. Expérience I. — Si l’on injecte sous la peau de 1a patte d’une grenouille de moyenne taille 4 centigrammes de substance pure, il se produit d'abord de l’irritation locale. Puis après un temps variant de 10 à 15 miautes l’animal s’engourdit et reste, au bout de 15 à 20 minutes, absolument immobile sur le dos. Le pincement d'un membre détermine des mouvements dans ce membre. Ces mouvements sont très faibles. Si l’on vient à prendre le sciatique dans le membre opposé à celui ou l'injection a été faite, et'si, avec la pince de Pulvermacher, on excite le bout central du nerf coupé, puis le bout périphérique, voici ce qu’on observe : L’électrisation du bout central ne donne rien; L’électrisation du bout périphérique donne des mouvements, mais très affaiblis, dans le membre correspondant ; Les muscles répondent aux excitations électriques ; La respiration est ralentie et modifiée dans son système ; Le cœur bat 13 fois au quart de minute; L'animal revient bien au bout de 24 heures à peu près. Expérience II — On lie l’artère fémorale d’une grenouille moyenne, on injecte gous la peau de l'avant-bras 75 milligrammes de Picoline, au bout de cinq minutes l'animal s’engourdit. Plus tard la grenouille reste immobile sur le dos: quelques rares mou- , vements spontanés. 20 à 30 minutes après l'injection, l'animal ne présente plus aucun mouvement spontané et ne réagit plus contre les :pincementis. On prend le bout central et le bout périphérique du sciatique de chaque côté. On électrise le bout central du sciatique gauche. Il na se produit aucun mouvement. — 828 — On électrise le bout périphérique, il se produit de vifs mouvements du membre correspondant (ce qui n’a rien d'étonnant, la crurale étant liée, la substance n’a pas pénétré). On prend alors le bout pé- riphérique du sciatique droit, et on l’électrise, il se produit quel- ques faibles mouvements dans le membre correspondant. Le cœur bat 11 fois au quart de minute. La respiration est plus lente pendant 20 à 30 ”, l'animal ne fait aucun mouvement respiratoire, puis Survionent deux ou trois respirations rapides, et le mouvement respiratoire s’arrète de nouveau. Si au lieu de lier le fémorale, on lie l'iliaque primitive, on obser- ve les mêmes phénomènes. Nous concluons de ces expériences, qui ne sont que le résu- mé de beaucoup d’autres et qui ont élé contrôlées par M. Bo- chefontaine, que : la picoline introduite sous la peau, chez la grenouille, agit sur le système nerveux central et un peu sur les nerfs périphériques ; elle abolit le pouvoir excito- moteur des centres nerveux ; elle diminue l’excito-motricité du système nerveux périphérique. Cette base rapproche ainsi dela cicutine , d’après les expériences de M. Bochefontaine. Nous ne partageons donc pas l'opinion du docteur Macken- drick (Associat. française pour l'avancement des sciences 1877, page 351.) qui décrit la picoline comme ayant une ac- tion peu marquée sur l'organisme animal. Quand on soumet la grenouille à l’action des vapeurs de pi- coline on obtient des résultats différents comme le prouve expérience suivante : ExPÉRIENCE III. — On introduit la grenouille soùs une cloche dans laquelle se dégagent des vapeurs de Picoline. Au bout de cinq minutes, l’animal est immobile; il ne présente que de faibles mouvements. Bientôt (au bout de dix minutes) la grenouille ne présente plus aucun mouvement. La respiration, d’abord accélérée, devient plus lente et plus dif — ficile, et bientôt la région glottique, ne présentant plus aucun mou- vement est fortement déprimée. L'animal étant retiré de l’appareil au bout d'une heure, on prend le sciatique et on électrise les eux bouts de ce nerf. L’excitation du bout central ne produit aucun mouvement de l’animal. A TM TS PP TR = 89 — De même si l’on excite le bout périphérique. L'animal meurt dans la nuit. Sans doute ici les vapeurs très pénétrantes de la picoline ont imprégné la peau et les tissus sous-jacents, par conséquent elles ont agi sur les muscles peut-être même sur les extré- mités terminales musculaires des nerfs et leur ont enlevé leurs propiétés. Sur les cobayes, l’injection sous-cutanée, de 3cent. cubes de solu- tion de Picoline à 15,c’est-à-dire 0,6 grammes, produit au bout de 15 à 25 minutes, d’abord des phénomènes d’un léger engourdissement; puis cet engourdissement s’accentue et devient bientôt complet ; l'animal, s’affaisse sur le côté. Mais les animaux sont généralement emportés par un phlegmon diffus causé par l'injection, après être revenus à l’état normal. Sur le chien 6 et 8 décig. de même substanee (même solution) en injection sous-cutanée ne produit aucun effet marqué, sauf des signes d'irritation locale assez intense. Sur un chien de moyenne taille du poids de 11 kilog. l'injection intra-veineuse de 10 gr. d’une solution à 4 0J0 détermine très rapidement de la salivation qui devient très abondante, si l’on con- tiuue l'injection. Cinquante grammes injectés de cette facon. soit 2 grammes de substance, ne produisent qu’un engourdissement passager; mais 100 grammes engourdissent assez fortement l'animal, qui meurt la nuit suivante. A l’autopsie, les centres nerveux sont rome congestionnés. La salivation n’est pas due à l’action propre de la substance sur les glandes salivaires, ce n’est pas une substance sialagogue. En effet sur un chien de poids moyen curarisé on introduit dans cha- que canal de Wharton une canule salivaire et on coupe le lingual gauche. Oninjecte dans la veine saphène jusqu’à 1 gr. de substance en solution à 2 00. Il nese produit rien. I. G-LUTIDINE DE LA CINCHONINE ET B-LuriniNE DE LA BRUCINE. La 6-lutidine dérivée de la cinchonine et celle dérivée dela brucine appartiennent à la série pyridique comme la picoline, ee an dont elles sont l’homologue immédiatement supérieur. Les lutidines sont isomériques avec les toluidines ; elles prennent naissance lorsqu'on distille la cinchonine ou la brucine avec un excès de potasse caustique. Les lutidines dont nous nous sommes servis dans nos ex- périences étaient chimiquement pures ; elles avaient été conservées pendant le même temps dans des matras scellés et s'étaient colorées en jaune sous l’action de la lumière, pro- priété qui est commune à toutes les bases de la série pyridi- que. Nous ajouterons qu’elles étaient séparées des isomères qui se forment en mème temps qu’elles dans la réaction de la potasse sur la cinchonine et sur la brucine. 20 8.-Lutidine de la Cinchonine. — Si l’on injecte sous la peau d’une grenouille de moyenne grosseur, deux gouttes de substances pure, il se produit d'abord une irritation locale assez vive. Puis après un espace de temps variant de cinq à dix minutes, l’animal s’engourdit sensiblement ; lengour- dissement est absolu au bout de 26 à 30 minutes. Les mouve- respiratoires et cardiaques sont très affaihlis. Dans ces conditions si l’on prend le bout périphérique et le bout central du sciatique droit, voici ce q’uon observe, l’ani- mal était bien engourdi : L’excitation du bout sentral du nerf ne donne Lieu à aucun mouvement. L’excitation du bout pér:phérique ne donne lieu à aucun mouvement dans le membre correspondant, si l’exploration est faite au bout d'un temps suffisamment long après lin- jection (Il faut en moyennne de quatre à cinq heures pour que les uerfs périphériques soient pris. Les muscles se contrac- tent sous l'influence électrique. Au bout de 24 heures, l’animal est encore absolument en- gourdi. Le cœur bat 8 fois au quart. Le mouvement respiratoire est inappréciable. Si, sur cet Animal on prend le sciatique et si on excite le bout central, puis le bout périphérique du nerf, ilne se produit aucun mouvement. Sur une grenouille, on lie l'artère fémorale droite, aussi . MANS ie haut que possible et l’on injecte 2 gouttes de substance pure dans le membre antérieur. L'animal étoent suffisamment engourdi, on prend le sciatique de côté lié, l'excitation électrique du bout périphérique don- nera les contractions assez vives dans le membre corres- pondant. L’exeitation du bout périphérique du côté opposé ne don- nera lieu à aucun mouvement. La 6-Lutidine de la cinchonine agit donc rapidement sur le système nerveux central en abolissant son pouvoir excito- moteur. Elle agit sur le système nerveux périphérique en diminuant d’abord et en abolissant plus tard le pouvoir excito-moteur des nerfs. G-Lutidine de la Brueine. — On injgcte deux gouttes de substance pure sous la peau du membre antérieur d’une grenouille, l'artère fémorale gauche étant liée aussi haut que possible. Au bout de cinq minutes l'animal est assez fortement engourdi Au bout de 10 minutes, l’engourdissement est complet. L'ani- mal ne réagit pas du tout contre les excitations mécaniques. Les mouvements respiratoires sont arrêtés. Le cœur bat très faiblement et très lentement. L’électrisation du bout central des rerfs sciatiques, ne donne lieu à aucun mouvement. Il s’en produit au contraire dans le membre correspondant en excitant le bout péri- phérique. Les muscles réagissent peu contre l'électricité. Si on excite le bout central, puis le bout périphérique du sciatique du côté opposé au côté lié, il ne se produit aucun mouvement. Les muscles ne se contractent pas sous lin- fluence de l'électricité. Tous les animaux sont morts dans la nuit. Nous concluons des .expériences faites que la £-Lutidine de la Brucine agit plus énergiquement que la £-Lutidine de la cinchonine ; de plus, elle agit sur le système nerveux central et périphérique en abolissant l’excito-motricité. Elle diminue aussi ia contractibilité musculaire. INDÉPENDANCE DES CONTRACTIONS DE L'UTÉRUS PAR RAPPORT AU SYSTÈME CÉRÉBRO-SPINAL, par M. J. Demso, de Saint-Péters- bourg (1). Depuis Haller et Gall jusqu’à nos jours, la science a fourni une énorme quartité de recherches expérimentales, ayant pour but de reconnaître les centres de l'utérus et leurs nerfs moteurs; d'autre part, des observations cliniques sont venues à l’appui d'innombrables hypothèses sur ce sujet. Il n'existe, pour ainsi dire, pas un point dans le système cérébro-spinal où l’on n'ait cru trouver des centres servant à faire contracter l’utérus, par voie directe ou réflexe. Si l'étude des contractions utérines possède une littérature très riche, elle n’est pas moins remarquable par l’incessant conflit de faits contradictoires qu’elle présente. Pour Gall, Serres, Valentin et Spiegelberg, le centre des contractions utérines est dans le cervelet, pour Kilian, MM. Oser et Schlesinger, il se trouve dans le bulbe, pour Budge dans l’un et l’autre. MM. Kehrer, Cyon, Scherschewsky, Rôhrig et Brachet croient tous le voir dans la moelle épinière, mais l’un d’eux, Kehrer, tient pour la région lombaire, tandis que conclut que ce centre principal a son siège au niveau de la 10e vertèbre dorsale. MM. Frankenhauser, Obernier affirment que les centres principaux sont dans le système du grand sympathique, Fran-— kenhauser le cherche dans le plexus aortique, Obernier au contraire dans la région lombaire de ce nerf. D’autres expérimentateurs : MM. Spiegelberg, Korner, veu- lent que de tous le: points de la moelle épinière (Spiegelberg y compris le cerveau) on puisse faire contracter l’utérus. Enfin, MM. Schetschenoff, Reiman, Rein et aussi Calli- burcès prétendent que l’utérus possède, lui-même, des centres indépendants. (1) Travail du laboratoire de pathologie expérimentale et comparée de la Faculté de médecine de Paris. — 833 — En présence d’une telle divergence d'opinions sur ce sujet, on pourrait admettre : | 10 Que l'utérus des animaux de certaines espéces, et même d’une espèce donnée ne se comporterait pas toujours d’une manière identique sous l'influence de l’excitation du centre, que les résultats de l'excitation ne sont pas les mêmes aux différentes époques de la vie, enfin que l'utérus aurait des con- tractions spontanées et les auteurs auraient été induits en erreur par ces contractions, indüment attriÿuees par eux à l'excitation du prétendu centre ; 20 Qu'il existerait dans toutes les parties du cervelet et de la moelle épinière des centres de contractions utérines ; que les uns sont constants, que les autres sont irréguliers ; 80 Enfin que l'utérus, comme le cœur, possèderait dans ses parois ou dans ses annexes, des centres propres ; en consé- quence, il serait capable de remplir en partie ses fonctions en dehors de toute influence du système cérébro-spinal. Cette dernière proposition deviendrait de plus en plus vrai- semblable d’après les expériences dans lesquelles MM. Golz, Kabiersky, etc., ont détruit partiellement la moelle épinièré et celles dans lesquelles M. Rein a pratiqué section des nerfs sacrés et du plexus aortique, aussi bien que d’après diverses observations cliniques par lesquelles on voit que les femmes atteintes de différentes maladies de la moelle épinière avec paralysie de la vessie et du rectum peuvent accoucher natu- rellement. Afin de résoudre cette question, j'ai cru nécessaire. de pro- céder par voie expérimentale pour : 1° Chercher s’il n’existe pas dans l’utérus des points ou des régions dont l’excitation directe par les courants électriques provoque des contractions complètes de cet organe 2: Dès que ces régions seraient trouvées, démontrer leur indépendance : autrement dit, établir qu’en les exitant on obtient la contraction de l’utérus entier, lorsqu'il est sous- trait à l’influence du système cérébro-spinal et même lorsqu'il est complètement enlevé de l’animal. Cette dernière méthode de recherches n’a été suivie par aucun auteur, du moins à ma connaissance. | — 834 — Pour attemdre mon but, j’ai entrepris des expériences sur des lapines, des chiennes, des chattes, des brebis, des génisses et des vaches. Les animaux étaient tantôt curarisés, tantôt chloralisés, tan- tôt tués par une piqûre du bulbe,tantôt enfin « saignés à blanc.» Pour comparer les effets du chloral et du curare, j'ai opéré parfois sur les animaux vivants. L'’utérus était toujours mis à nu. L’appareil à chariot, dont je me suis-servi est celui de Sie- mens et Halske à bobine à fil fin, activé par deux piles de Gaiffe au bioxyde de manganèse et au chiorure de zinc. Pour le courant galvanique, j’ai employé l'appareil de Stôhrer, avec un rhéostat de Siemens, une boussole de Gaiffe etun commutateur. Après des expériences sur plus de 120 animaux, je suis arrivé aux conclusions suivantes : 1o Dans la paroi antérieure du vagir (inférieure, vésicalc et principalement dans sa partie supérieure, il y a des régions dont l’excitation par le courant électrique provoque des contrac- tions manifestes de l'utérus, surtout chez les lapines ; tandis que l'excitation, dans les mêmes conditions expéri- mentales, soit de la paroi postérieure du vagin, soit du col, soit de l'utérus lui-même, ou certains points des ligaments larges, ne donne que des contractions locales, aux points excités et à une distance au delà de 2 à 3 centimetres. — 1l n'existe pour ainsi dire pas de plus bel exemple de contraction des muscles lisses, que celles dues à l'excitation des régions susdites. 20 Le même effet s'obtient par le courant galvanique, de telle façon que le pôle négatif donne toujours des contractions plus manifestes que le pôle positif, et que les contractions de fermeture de K sont plus-fortes que les contractions d’ou- verture de À, de fermeture de A et d'ouverture de K (1). 30 Cette contraction peut être provoquée quelques heures aprés la mort de l’animal et deux heures et plus après que l‘utérus a été enlevé complètement de l'animal, si cet organe (1) K, catode; A, anode. : es est placé dans du sérum sanguin ou dans une solution salée (CLNa 0,6 4 ) à 35-400. 40 De tous les animaux susdits, c’est l’utérus de la lapine qui est le plus excitable par le courant électrique et surtout an utérus vierge. Chez ces animaux, 1l suffit parfcis d’un courant de Om,30 de distance des bobines pour produire l’etfet voulu. L’utérus des chiennes et des chattes est moins excitable et parfois surtout sur de vieux animaux, leur excitabilité par eet agent devient nulle. 50 Les lapines possèdent deux utérus tout à fait distincts par le rapport au système nerveux : les électrodes portés sur la paroi antérieure à gauche ow à droite ne donne que des contractions de l'utérus correspondant, tandis que. l'utérus opposé est en repos. 6o Dès la première période de la grossesse, l'utérus devient de moins en moins excitable par l'agent électrique, pour retrouver un peu plus d’excitabilité pendant le travail. Tout au contraire, l'agent thermique a sur l'utérus, pendant la gros- sesse, une action plus énergique que dans l’état de vacuité. 79 L’utérus d’un très jeune animal — surtout, d’une trés jeune lapine, — peut — contrairement à l'opinion de certains physiologistes, — fournir, si Fon excite les mêmes régions susdites, des contractions assez vives. 8° Je n’ai pu remarquer de différence sensible dans l’énergie des contractions utérines provoquées par excitation directe de ces régions: et cela que les animaux soient curarisés ou chlorolisés — la dose de curare ou de chloral n'étant pas trop: forte — ou qu’ils ne soient pas narcotisés du tout. Au contraire, le curare à forte dose a une influence sur les muscles lisses de l’utérus : il diminue l’énergie de leurs contractions, ce dont j'ai pu m’assurer en injectant peu à peu du curare dans la veine jugulaire. Cette influence est plus efficace sur l'utérus d’un jeune animal. 9 La cause de la divergence d'opinion des auteurs doit ttre cherchée dans la différence des méthodes appliquées à leurs expériences et des milieux où ils ont expérimenté, — El est vraisemblable que quelques-uns des expérimentateurs ont attribué à l'effet de l’excitation de la moelle épiniere les — 836 — contractions utérines, provoquées soit par une différence entre la température du milieu et celle de l'utérus, soit par une action mécanique directe quelconque, comme par exemple le frottement. Le fait que l’utérus se contracte plus énergiquement et plus constamment par l'excitation de la paroi vaginale que par l'excitation directe de l'utérus même, n’est indiqué par aucun auteur. Bien plus, il résulte de mes expériences que « les contractions de l’utérus sont tout à fait indépendantes du sys- tème cérébro-spinal »; que l'utérus doit posséder dans ses annexes des centres propres. Il faut chercher ces centres — j'ai insisté sur ce point dans une récente communication faite à l'Académie des sciences — dans la paroi antérieure du vagin. Bien que les contractions utérines soient indépendantes en elles-mêmes du système cérébro-spinal, on ne saurait nier l'influence que peut avoir l’émotion sur l’énergie des contrac- tions. Nous en avons assez de preuves dans beaucoup d’obser- rvations cliniques : pendant la guerre ou pendant les révolu- tions on observe très souvent des avortements. Scanzoni cite une énorme quantité d’avortements pendant la révolution à Prague. J'ai eu l’occa-sion, pour ma part, de constater deux : cas d’avortement suivant immédiatement de fortes émotions. Nous connaissons maintenant des régions dont l'excitation peut toujours provoquer des contractions de l’utérus : nous pouvons donc vérifier les assertions de quelques physiologistes, qui soutiennent que l’utérus d’une jeune lapine ne possédant pas assez de fibres musculaires, ni peut-être de nerfs,ne peut donner de véritables contractions. M. Cyon rapporte toutes les contractions produites chez ces jeunes animaux à des actions vaso-motrices et leur donne le nom de « Steifung und erblossung » que nous pourrions tra- duire par « raidissement et pâlissement de l'utérus ». Ces effets, selon l’auteur, n’ont rien de commun avec les véri- tables contractions produites par l’action des muscles mêmes! Des expériences très nombreuses faites sur des lapines, de- puis l’âge d’un mois jusqu’à celui de la puberté, m'ont conduit à des conclusions tout opposées. Il est indiscutable que, dans certains cas, les effets vaso- — 837 — moteurs sont parfaitement possibles; mais il serait difficile d'expliquer par cette action les phénomènes de contractions tétaniques de l’utérus. A l’appui de mon opinion il me suffira d’ajouter que dans des conditions identiques on obtient, par l'excitation de la paroi antérieure du vagin, des effets identiques: et cela aussi bien lorsque la circulation est normale, que lorsqu'on a enlevé l'utérus de l’animal tué par « saignée à blanc ». Kehrer (Loc. cit. p. 21) a démontré l'existence, dans les fibres musculaires d’une très jeune lapine, de cellules douées de toutes les propriétés des muscles lisses. Il est d'avis même que les contractions de l’utérus chez une jeune lapine non adulte sont aussi énergiques que celles des intestins (loc) cit. page 23). : Cet avis est partagé par Frommel. Quant aux contractions spontanées de l'utérus, admises par beaucoup d'auteurs, je neveux pas ici entrer dans le détail de la question; J'ai donné mes conclusionsà ce sujet, dans une communication adressée à l’Académie des sciences (1).Je dois dire, cependant, que d’après mes études sur l'excitation de . l'utérus par différents agents, il n'existe pas de contractions spontanées proprement dites; que toutes les contractions spon- tanées des auteurs sont dues aux actions soit thermiques, goit mécaniques, par lesquelles l'utérus est très facilement _excitable. Du moment où je crus avoir établi l’indépendance de l’utérus par rapport au système cérébro-spinal, il me fallut rechercher dans quelle couche du vagin sont placés les centres nerveux de l’utérus. Se trouvent-ils dans la couche péritonéale, dans le tissu conjonctif, dans la couche musculaire, ou bien dans la muqueuse ? Déjà il me fallait admettre comme résultat de mes expé- riences, que ces centres sont vraisemblablement situés, ou dans la Séreuse, ou bien entre cette membrane’ et la couche musculaire : dans les cas où j’ai cru — sur des lapines qui (1) Demo. Comptes rendus de séances de l'Académie des sciences, t. XV, n. 25, p. 1291, 1882. — 938 — avaient déjà porté — réussir à disséquer le‘péritoine de la couche musculaire du vagin, l'excitation électrique de cette lamelle péritonéale a provoqué des contractions énergiques des deux utérus ; les électrodes portés directement sur les autres couches musculaires n’ont donné que des contractions très faibles. Depuis quelque temps déjà, j’avais tenté de trouver la con- firmation anatomique des phénomènes susdits: je m'étais appliqué en vain à trouver des ganglions dans les régions où mes expériences physiologiques m’en faisaient: soupçonner l'existence (1), autrement dit, dans la partie peritonéale du vagin. Il faut croire qu’il y avait dans ma technique histologique quelque insuffisance ; car ces jours derniers enfin, en em- ployant une des méthodes indiquées par M. Ranvier pour ap— pliquer le chlorure d’or à l’étude des nerfs et des ganglions, j'ai pu constater — sans pouvoir encore donner actuellement une description détaillée — qu’il existe dans l’épaisseur de la partie supérieure péritonéale de la paroi antérieure du vagin, de nombreux groupes ganglionnaires de différentes dimen- sions (quelques-unes à une centaine de cellules et plus). Je suis heureux de pouvoir soumettre à la Société de Biologie quelques préparations obtenues par la méthode que je viens d'indiquer. Je me réserve d'exposer prochainement, avec les détails qu’ils comportent, tous les faits concernant ce travail et de donner la description histologique de ces ganglions. Ce travail a été fait au laboratoire de M. Vulpian, plusieurs expériencees ont été faites aussi chez M. Stricker, à Vienne. Les recherches histologiques — au laboratoire d’histologie du collège de France. — Les expériences sur des vaches, bre- bis, etc., ont été faites à l’abattoird e Grenelle. (1) DzmB8o. Comptes rendus des séances de l'Académie des scienees, t. XV n. 25, p. 1294, 1882. — 839 — Index bibliographique des travaux cités dans cette note. GaLLz. — Craniologie, decouvertes, nouvelles de Gall, 1805. SERRES. — Anatomie comparée du cerveau, t. Il, p. 601-813 VALENTIN. — De functionibus nervorum cerebrogium, pages 64, 65 et 153 SPIEGELBERG. — Experimentelle Untersuchung über die Nerven- centren und die Bewegung der Geburt. Zeitschrift für Ration Medic, 1858, III Reihe II Bd. Kizran. — Zeitschrift für rat. Med. 1851 Bd X, page 100; 1852, IT Reihe T. IL, p. 1-30. Ones ET SCHLESINGER. — Wiener medic. lahrb. 1872, Heft I. Bupes. — Archives de Wirchow, t. XV, 1858. Zeitschrift für rai. Med 1864, III Reihe. BRacHeT. — Recherches expérimentales sur les fonct. du système nerveux. Paris 1839, t. I, p. 426. Keurer — Beitræge sur vergleichende und experimentelle Ge- ourtskunde 1864, I Heft. Giessen. p. 1-48. Cyon. — Pflügers, Archiv. Bd VIII, p. 319. Methodik der Physiologisch. Experiment. und vivesectionen, Giessen 1876, p. 26. SCHERSCHEWSKI. — Dissertation, St-Petersbourg 1873. Rôuris. — Archives de Virchow, t. 76, p. 1. Centralblait für Medic. Wissenschaft 1879, p. 668. FRANK@NHAUSER. — Îlenaische Zeitschrift fñr Medic. Wissensch. 1864, Bd I, page 35. Die Nerven der Gebârmutter, lena 1867. OBERNIER. — Experimentelle Uutersuchuag ueber die Nerven der Gebærmutter, Bonn, 1861. Kogrner. — Studien der Physiologischen Institut in Breslau 1865, Heft I, p. 1-50. SCHRTSCHENOFF. — Physiologie du système nerveux, St-Péters-: bourg, 1866. RE1MANN. — Dissertation. Kieff 1869. — 840 — Rein. — Archives de Pfiüger, t. XXIII, 1880. p. 68. Carrisurces. — Comptes rendus, XLV, 1857, p. 1096. FrommeL. — Zeïtschrift für Geburts kunde und Gynekologie Bd VIII 2 Reft Seite 205. Ranwvier. — Leçons d'anatomie générale. Appareils nerveux ter- minaux des muscles de la vie organique. 1880, Paris, pages 117 et 368. ScaAwzoNr. — Lehrbuch derGeburtshülfe, 1855. OBSÉRVATIONS SUR L'AGAMONEMA COMMUNE, par M. L. FourmEnr. Hâtivement créé par Diesing pour grouper divers Néma- todes parasites des poissons, le genre Agamonema représente au point de vue taxonomique l’ensemble le. plus disparate et le moins défendable qu’on puisse imaginer. Diesing même dut apprécier exactement sa valeur, car parmi les vingt- cinq espèces qu’on l'y voit rangées, il en est vingt qui figurent avec cette mention « species inquirendæ ». ; On ne doit donc pas s’étonner de trouver, dans ce genre, tel type décrit sous deux ou trois noms différents, et l’on peut prévoir le moment où, les recherches se multi- pliant, le nombre des espèces d’Agamonema se trouvera consi- dérablement réduit tandis que certaines d’entre elles prendront place dans d’autres genres. Dès maintenant, il est deux types : l’Agamonema commune et l’Ag. capsulartia, qui paraissent se résumer en une seule et même espèce. Rappelons d’abord que l'A gamonema commune de Diesing ne semblait offrir pour cet auteur qu’une anatomie des plus douteuses; non-seulement il se borne à le mention- ner sans diagnose parmi les « Species inquirendæ »; mais de plus il l’indique en synonymie avec le Gordius marinus, avec le Filocapsularia commünis et avec l’Agamonema eapsularia lui-même. Remarquons ensuite que chez les hôtes assignés par Die- sing à ces deux Agamonema on ne trouve constamment que des vers possédant les caractères de l’Ayamonema capsularia. Le fait est particulièrement facile à constater chez la Bau- droie. 841 - On est donc en droit de réunir ces deux types en une seule et même espèce dont la diagnose peut se formuler ainsi : Agamonema commune ; Ag. capsularia ; et Ag. commune Diesing. Corps effilé, blanchâtre, s'atténuant dans sa partie anté- rieure. Tête légèrement tronquée, portant de chaque côté un petit renflement et garnie à son extrémité d’une papille aiguë. Bouche ronde garnie de lèvres; tube digestif débutant par une partie étroite et musculeuse représentant l’œsophage, puis se renflant et conservant à peu près les mêmes dimensions durant tout son trajet, qui est sensiblement rectiligne: anus s’invaginant près de l’extrémité caudale. Celle-ci lègère- ment obtuse et munie d’un aiguillon de forme irrégulière. Longueur du corps de 12 à 28 millimètres; Largeur » de 0 millim. 3, à O millim. 05. Si je crois devoir conserver à ce type le nom d’Agamonema commune, c'est pour rappeler sa fréquence chez beaucoup de poissons et surtout pour éviter de perpétuer une erreur que le nom d’Ag. capsularia a trop longtemps consacrée. On se tromperait gravement, en effet, si l’on imaginait ces vers abrités constamment et fatalement par une capsule sem- blable à celle que l’on observe autour de divers Nématodes stagiaires; le fait est en réalité très-rare pour cette espèce et dans la plupart des cas on la trouve simplement pelotonnée dans un repli de la séreuse péritonéale sans qu’on découvre aucune trace de néoformation kystique. J’ai pu récemment en- core constater le fait sur une centaine d’individus recueillis chez un Lophius piscatorius. En examinant sous un assez fort grossissement (200/1) la région subcéphalique de l’Agamonema commune, on distingue deux tubercules émergeant symétriquement des champs laté- raux et faisant une saillie très prononcée: ce nesont pas, comme on pourrait le supposer tout d'abord, des papilles sen- sorielles comparables à celles qui ont été décrites chez divers types voisins; l'observation la plus attentive, aidée des réac- tifs les plus variés, n’y fait découvrir aucune trace de filets 184 - ! nerveux, mais on parvient à distinguer,au—-dessous de chacun de ces mamelons, une glande, en forme d’amphore se conti- nuant par un court canal jusqu’au sommet du mamelon où débouche cet organe qui doit être rangé parmi les glandes cutanées. Un autre appareil de sécrétion plus volumineux et plus inté- ressant se trouve annexé à la partie terminale du rectum. Kn ce point, sur les bords mêmes de l’orifice anal, se voient deux grosses glandes symétriques, pluricellulaires, pyriformes et débouchant à l’anus par de courts conduits excréteurs. Leur contenu brunâtre semble se rapprocher par ses réactions de la guanine et des corps analogues, autant du moins qu’on en peut juger par les résultats d’une cbservation toujours diffi-. cile sur des organes de semblables dimensions. Ces glandes présentent un intérêt spécial pour are comparée des Nématodes. On sait, en effet, que chez ces Hel- minthes, les glandes anales (qu’il ne faut pas confondre avec les glandes rectales de l’Ascaris megalocephala, etc.), sont as- sez rares. Macalister les a fait connaître chez quelques espè- ces (1) où elles se montrent avec les mêmes caractères que chez l’Agamonema commune, l’auteur anglais n’hésite pas à les assimiler aux tubes malpighiens des Insectes, rapproche- ment qui est peut-être prématuré mais que semble justifier, en une certaine mesure l'étude du produit de ces glandes chez l'A gamonema. A l'état stagiaire, ce parasite montre fréquemment des orga- nes sexuels nettement ébauchés et qui se présentent même parfois sous l'aspect de iongs tubes, réfringents, à contour granuleux, placés au-dessous du canal digestif; chez les futu- res femelles on voit même cet appareil se terminer à l’orifice “vulvaire, qui commence à s’indiquer dans la région cépha- lique. Le fait est d’autant plus important que durant longtemps on a regardé les Nématodes stagiaires comme constamment aga- mes. Les deux termes étaient même considérés comme iden- tiques et se trouvaient employés indifféremment. A mesure (1) Annals and Mag. of. nat. History 1865. — SE — qu’elles se multiplient, les recherches obligent à modifier la loi que l’on avait cru pouvoir formuler à cet égard. M. Joan- rès Chatin a montré que la Trichine spirale, enkystée, pos- sédait souvent des organes sexuels plus où moins développés, M. Ed. Perrier a trouvéces mêmes organes complètement constitués dans la même période du cycle évolutif chez le Dionyæ Lacazii et l'on voitici un nouvel exemple à rapprocher des précédents; cette particularité achève ‘d'établir l’intérét qui s'attache à l'étude de l'Agamonemu commune. Séance du 30 décembre 1882. Présilence de M. Laborde, RECHERCHES SUR L’INOCULATION DU LUPUS, par le Docteur H. LeLoir. Deux opinions contraires se trouvent en présence au point de vue de la nature du lupus. : Pour les uns, cette affection cutanée est une tubcreulose locale. C’est l'opinion des anatomo-pathologistes allemands Friedtænder et Koœster,dit M. le Docteur Besnier. Le lupus pré- sente, en effet (et j'y ai insisté suffisamment avec le Docteur Vidal dans une récente communication sur le lupus) la plus grande analogie morphologique avec le tubercule (je veux parler du lupus tuberculeux). Mais, ces preuves, simplement morphologiques, sont-elles suffisantes ? Un grand norubre de dermatologistes s’appuyan sur des faits cliniques nombreux {voir Vidal et Leloir, Société de Biologie, novembre 1882), se refusent à faire du lupus une tuberculose locale. Telle est l'opinion de MM. Hardy, Vidal, Pick, etc. | En présence d'opinions aussi contradictoires et aussi abso- lües (pour l’une ou l’autre desquelles je ne prends aucune- ment parti, je tiens à y insister), l'on acherché la solution de la question dans l'expérimentation. C. r. 1882 41 — 844 — Les auteurs allemands (Kaposi, etc.), M. Kiener (Société médicale des hôpitaux, 1879), M. Vidal, et moi-même enfin (inoculations sous-cutanée du lupus suf 2 chiens et 6 cochons d'Inde en 1879, dans le laboratoire de pathologie expérimen- tale), nous avons, en vain, inoculé de différentes façons des produits lupeux sous la peau de différents animaux. Toujours les résultats obtenus ont été négatifs, jamais nous n’avons obtenu de tuberculose locale ou générale, amais non plus nous n’avons reproduit le lupus au point inoculé. Dans quelque cas, jai remarqué la formation d’un produit caséeux qui s’en- kyste et finit par serésorber, là où j'avais inoculé sous la peau un morceau de lupus (Mes huit animaux de 1879 ont été suivis pendant deux ans). Les récentes et belles recherches d’Hippolyte Martin, de Koch, de Cornil, ont démontré que lorsqu'on introduit dans la cavité péritonale des animaux, en particulier des cobayes, des produits tuberculeux il'se produit d’une manière constante, pour ainsi dire, une tuberculose péritonèale débutant en géné- ral par la rate, généralisée le plus souvent au bout de 6 se- maines, tuberculose péritonéale à laquelle succède au bout de 2 mois auplus une tuberculose pulmonaire des plus manifestes, J’ai pu moi-même vérifier ces faits sur des cobayes. Je me suis donc dit que si le lupus est une véritable tuber- culose locale, en me plaçant dans les mêmes conditions expé- rimentales que pour le tubercule, la réussite ou la non-réussite d’un nombre suffisant d’inoculations serait un argument capital au point de vue de la nature tuberculeuse ou non-tuberculeuse du lupus. * J'ai donc instituë dans les laboratoires d'anatomie patalo- gique et de pathologie expérimentale de la l'aculté, ainsi qu’à l'hôpital St-Louis, une série d’expériences. Les produits lupeux qui m'ont servi de matériaux ont été recueillis pour la plupart dans le service de mon cher maître M. le professeur Fournier. Voici ma manière de procéder : J’excise sur un sujet at- teint du lupus (biopsie) en pleine évolution et non traité, un morceau de peau de la grosseur presque d’un haricot. J’incise alors, d’après la méthode indiquée par H, Martin, sur la ligne — 845 — médiane la paroi abdominale d’un cobaye sur une longueur de 112 centimètre. J’enfonce aussitôt le morcean excisé dans la cavité péritonéale, et je fais 2 ou 3 points de suture profonde (couche musculaire) et 2 ou 3 points de suture superficielle. L'animal est ensuite replacé dans la loge et jamais jnsqu'ici il n'est survenu de péritonite. Dans un seul cas un de mes co- bayes est mort 3 semaines après l’opération, d’obstruction intestinale causée par une péritonite adhésive au niveau du point opéré. J’ai ainsi, depuis deux mois environ, inoculé une quinzaine de cochons d’Inde, tant avec du lupus tuberculeux qu'avec du lupus erythémateux. Trois d’entre eux sont morts, le premier, d’obstruction intestinale, trois semaines après l'opération, le deuxièmea été tué parmoi six semaines après l’inoclation, et enfin le dernier est mort cinq semaines après l’opération, proba- blement d'indigestion. Aucun de ces animaux n’a présenté dans aucun de ses or- ganes, qui ont été examinés avec le plus grand soin, la moin- dre trace de tuberculose, que dis-je, la moindre trace de péri- tonite chronique. Il existait bien au niveau du point inoculé un noyau de péritonite adhésive englobant dans son épaisseur le produit d’inoculation représenté dans deux cas par une masse caséeuse molle, enkystée eteu voie de résorption. Dans quelques cas j'ai injecté, d’après le conseil de mon cher maître M. Cornil, au moyen d’une seringue de Pravaz dans la cavité péritonéale des animaux, des produits lupeux broyés dans unelégère quantité d’eau distillée additionnée d’un petit grain de chlorure de sodium. Jusqu'ici, à part les trois animaux précités et qui n'avaient pas été opérés d’après cette dernière méthode, aucun de mes cobayes n’est mort et tous paraissent être en excellente santé. Qu'on me permettre d’insister encore un peu sur les pré- cautions à prendre au point de vue de cette méthode d’inocu- lation du lupus qui n’a pas encore été employée par personne pour le lupus, que je sache du moins, Il faut : 1: S'assurer que le sujet lupeux sur lequel on recueille le — 8 — produit d'inoculation est complètement iridemne de toute tuber- culose pulmonaire où autre; 2: Il faut s’entourer de toutes les précautions antiseptiques ordinaires. 3: Il faut, comme l’a fait justement remarquer I, Martin, ne jamais placer dans des cages coataminées ou à côté d’au- tres animaux tuberculeux des animaux mis en expérience. 4: Prendre du lupus non traité et en voie d'évolution. Pour pratiquer mes inoculations, j’ai préféré de beaucoup le cobaye aux autres animaux, les lapins se tuberculisant, en effet, tantôt sans HU en sache trop pourquoi, ou dans d’au- tres cas, les effets de “’inoculation tuberculeuse tardent beau- coup à se montrer Chez cet animal. Le singe possède un pé- ritoine par trop sensible. C’est d’ailleurs un animal qui, dans nos pays se tuberculise avec la plus grande facilité et bien infé- rieur au cobaye pour ce genre de recherches. Le cobaye au contraire, pour ce genre d'expérience, comme l’on montré les recherches de I. Martin, Koch et Cornil, à propos du tiuber- cule, est de beaucoup le meilleur animal, que l’on puisse em- ployer. Il ne se tuberculise ni trop facilement, ni trop peu, 2t chez lui, l'inoculation tuberculeuse intra-péritonéale produit des produits manifestes au bout d’un à deux mois au maxi- mum. Je me garderai bien de tirer la moindre conclusion d’un aussi petit nombre d'expériences, attendant un plus grand nombre de résultats négatifs ou positifs. En effet, que les résul- tats obtenus soient négatifs ou positifs, il serait téméraire de conclure d'un aussi petit nombre de faits. Il faudrait d’ail- leurs rejeter complétement tout résultat positif qui n’aurait pas été obtenu en s’entourant des précautions précitées. Il serait: en effet, impossible alors de lui appliquer cette phrase « Qu'un seul fait positif est préférabl: à cent faits négatifs. » En somme, je lerépète, je ne prends actuellement parti ni peur l’une, ni pour l’autre opinion, mais il se peut que mes nombreuses inoculations de lupus pratiquées dans les meilleu- res conditions exptrimentales pourront devenir sous peu un argument sérieux au point de vue de la nature de cette affec- tion, — 847 — SUR LE POUVOIR TOXIQUE DES SELS MÉTALLIQUES par M. le Dr Jaures BLaxe (de Calistoga, Californie). Dans une communication faite à la Société de Biologie, le 27 juin 1882 surle pouvoir toxique des sels métalliques, M. Ra- buteau m’a accusé de m'être attribué une loi qu’il a publiée en 1867. Il faut que M. Rabuteau ait tout à fait méconnu mes observations sur ce point pour m'avoir fait un tel reproche. Il y a une différence des plus importantes entre la loi publiée par M. Rabuteau et la loi que j'ai découverte, dont la plus tranchée est que la loi de M. Rabuteau est en désaccord par- fait avec les données de l'expérience, pendant que la loi que j'ai publiée découle naturellement des faits observés en envisa- geant l’action toxique des sels de vingt-cinq métaux. Pour s’en convaincre, on n’a qu’à examiner la liste que je reproduis d’un mémoire qui a été présenté derniérement à l’Académic des Sciences. La liste contient les métaux arrangés selon leur pouvoir toxique relatif “éterminé par l'expérience; à droite on trouve la position relative qu’ils devraient occuper selon la loi de M. Rabuteau, où « les métaux sont d’autant plus actifs que leur poids atomique est plus élevé et que leur chaleur spécifi- est plus faible. » Poids l’ouvoir toxique Pouvoir toxique relatif atomique relatif se - selon la loi — lon l’expé-ience de M. Rabuteau 206 LRO D EE e Ne he on 56 2 Lente. Qi: 0 19 YU 3. Rythiunn. 2 Ne ile 110 L'SGer (Ge 0) 2) 5 a; 5 Aluminium... . . .. “hat 117 6 2 Didymiumis ee Le sn 11 RAA GlucinumEe sr ee À 5) 106 Sete Palladium tr re 11 19 D aUthRAQUEH Se 7 108 10 ÆArment eee e NUIU 231 LASER or ee NCA 195 12 Pau nn ne 4 — 848 — 140 13: Cer\()Ge:0, 5) 002 û 6 1936 14% Bart. AN HER 8 112 45 2 OAI 0 IR APE ANSE 9 206 16: Plomb Pr ENRRENRREnt 2 85 17 RU NIQUN ET ANP 14 63 19 Ouvre ne 16 58 19 Cobalt es ets 17 58 20: Nickel: 0e Naet 18 55 A A TT Le at nr A A RUE 15 56 De Fer(te O0) ARR ant 19 HAE 20 OURONHIUM A NE 13 #40 24 Caleum. 500 22700 94 25 Maonesium. 0. PRE 7 20 AUMIUM 0 6 Nate 26 Parmi ces vingt-quatre métaux, il n’yjen a que deux qui par hasaïd occupent la place que leur assigne la loi de M. Rabu- teau. Pourles autres, le désaccord entre sa théorie et les faits ne pourrait pas ôtre plus prononcé; ainsi, le thorium qui, se- lon sa soi-disante loi, devait, comme agent toxique, occuper la première place, se trouve à la onzième; le plomb, qui se- rait dans la deuxième, se trouve dans la seizième et ainsi de suite. Cependant, en face de ces faits que j'ai publiés depuis bien des années, M. Rabuteau, a, non pas seulement formulé sa soi-disante loi, mais m'accuse, moi, de vouloir me lattri- buer. Je vais mainienant rappeler quelques observations qui se trouvent dans le mémoire de M. Rabuteau, qui, comme il me semble, démontrent qu'il n’est pas du tout au courant de la littérature physiologique. En parlant du plomb, il le cite comme cet agent toxique terrible, cependant il a été démontré que le plomb peut être supporté à grandes doses sans être fatal. Dans des expériences que j'ai faites pour tâcher de localiser l'action de ce métal, des lapins ont pris jusqu’à 100 gr. d’acé- tate de plomb administré avec leur nourriture, avant de suc- comber. (Voyez Report of Bristol Association 1843). Quant au cuivre, il semble que quand il a publié son premier mé- moire, en 1867, il ne savait pas que le pouvoir toxique de ce métal avait déjà été déterminé. En 1841, j'ai publié des expé- — 849 —- riences qui ont démontré la vraie position de ce métal comme agent toxique, et je crois que déjà Orfila m'avait devancé, sinon pour le cuivre, au moins pour le plomb. Sans doute, dans les livres de cuisine, où le cuivre et le plomb sont cités comme des susbtances bien toxiques, c’est une réputatation qui les met en accord avec la loi de M. Rabuteau. Mais on verra en consultant la liste,que le plomb occupe la seizièmne place comme agent toxique parmi les métaux avec lesquels j'ai ex- périmenté. Il y a une autre remarque de M. Rabuteau qui dé- montre combien c’est facile de se croire inventeur de lois nou- velles quand on ignore ce qui a été fait par ceux qui nous ont de- vancés. [l dit : « La relation que j'ai établie est la première qui a » êté signalée entre l’activité physiologique ou toxique d’un » corps et une propriété purement physique, telle que la cha- » leur spécifique. » Dans un mémoire lu devant la Société Royale de Londres en janvier 1841, la loi de l'influence de l’isomorphisme sur l’action physiologique a été publiée et comme l’isomorphisme est une propriété aussi physique que la chaleur spécifique, j'ai devancé M. Rabuteau à peu près de vingt ans, même en admettant que sa loi füt vraie ce qui n’est pas, comme je viens de le démontrer en rappelant les faits que j’ai publiés depuis bien des années et qui démontrent que cette loi est détruite par l’expérience. MOUVEMENTS LOCALISÉS PRODUITS PAR LE PASSAGE DES COURANTS FARADIQUES A TRAVERS LE CRANE, CHEZ LE CHIEN. Par M. OrscHaxsey. (Deuxième note.) Travail du laboratoire de M. Vuipian. Dans la séance du 2 décembre de la Société de Biologie, j'ai eu l'honneur d'exposer les premiers résultats de mes expé- riences sur l'excitation directe du crâne chez les chiens par le courant faradique, et j'ai montré qu’en appliquant l’un des électrodes sur certains points du crâne et l’autre sur la paroi postérieure du pharynx, j’ai obtenu quelquefois des mouve- ments localisés. Maintenant je désirerais attirer l'attention de la Société sur quelques conditions qui sont néce saires pour obtenir ces mouvements. CR. 1582. 44. —NVOOUr—— 1° Afin d'éviter dans ces expériences l'excitation du péri- crâne et la diffusion du courant par ces tissus, il faut dénuder le crâne complètement. 2° Quand la surface du crâne est sèche, il faut employer un courant beaucoup plus fort pour obtenir les mouvements, et au contraire en humectant la surface osseuse, on obtient les mêmes mouvements avec des courants moins forts. 3° Plus la voûte crânienne est épaisse, plus le courant doit être fort pour provoquer les mouvements. 4: L'état des sutures, l’état plus ou moins avancé du degré de leur ossification joue un rôle dominant dans la production des mouvements. Ainsi, quand les sutures sont complètement ossifiées, le courant, même le plus fort, ne donne souventaucun mouvement et réciproquement, plus les sutures sont pronon- cées, puis il est facile d'obtenir des mouvements avec des courants moins forts. Je me suis convaincu de ce fait en com- parant après l’autopsie les crânes des chiens expérimentés. Ainsi dans les cas où la suture coronaire est ossifiée complè- tement et la suture bifrontale est ouverte, on ne peut provo- quer les mouvements qu’en plaçant l’électrode le long de la suture bifrontale. | Enfin, on obtient avec un courant plus faible ces mouve- ments en plaçant l’électrode sur la petite région où a lieu l’en- trecroisement des deux sutures bifrontale et coronaire. Voilà ce qu’on observe lorsque la surface du crâne est sèche et que les sutures seules sont humides. Mais quand la surface crânienne tout entière est humide, on peut provoquer les mouvements même à une certaine distance des sulures, mais en tous cas ce n’est que dans des limites assez étroites. 5: Quant à la localisation des mouvements, les résultats de mes recherches peuvent être résumés de la manière suivante : a Quand la suture coronaire est complètement ossifiée et que la sutyre bifrontale est ouverte, on obtient en appliquant l'électrode sur la dernière, et surtout à la région de l’entre- croisement, des mouvements de la tête, lorsque le courant est plus fort. b Lorsque la suture coronaire est peu prononcée, on obtient, en "prliquant l’électrode sur sa partie latérale Inftrieure, une — 851 contracture de l'extrémité antérieure du côté opposé. Une fois, j'ai observé qu'après une semblable contracture une attaque d’épilepsie partielle s’est produite du côté contracturé. e Mais quand la suture coronaire est assez prononcée, on observe des mouvements de l’extrémité antérienre du côté opposé. Dans ce dernier cas, la direction de la suture coro- naire joue aussi un certain rôle. Ainsi la contraction localisée de l'extrémité apposée est la plus prononcée, quand cette suture a une direction verticale, c’est-à-dire passe à peu près au-dessus de la région motrice de l’extrémité antérieure. Mais on trouve assez rarement chez les chiens la direction verticale de la suture coronaire. Dans la plupart des cas, cette suture passe en avant et est inclinée. En général, l'épaisseur de la voûte crânienne, l’état des sutures, le degré de leur ossification, et aussi leur direction varient chez les chiens d'une façon remarquable : on peut le voir dans les quatre exemples que jai l'honneur de présenter à la Société. 6: Outre les mouvements localisés, nous observons dans nos expériences les phénomènes de la douleur et l’animal crie. mais quand l’animal est assez narcotisé, nous n’obtenons que les mouvementslocalisés ; les phinomènes de la douleur ne se manifestent pas. En appliquant les deux électrodes sur les sutures mêmes non ossifiées, on obtient avec un courant assez fort, les phé- nomènes de la douleur mais pas de mouvements localisés. On en peut conclure que les phénomènes de la douleur ont leur origine dans l'excitation de la dure-mère, à la condition que le courant se diffuse à la surface (sous-crânienne) sans Éiten trer dans la masse du cerveau. 7: Nous avons aussi observé tous ces mouvements localisés en appliquant l’un des électrodes sur la suture et l’autre sur un muscle mis à nu d’une extrémité postérieure. D'après cela nous pourrions conclure que les mouvements localisés ont leur origine dans l'excitation du cerveau, et qu’on ne peut pas les considérer comme des phénomènes réflexes du pharynx. Je ferai remarquer que dans nos expériences, j'ai employé en général des courants d'intensité moyenne, = 002 — Les chiens que j'ai eu entre les mains succombaient dans l'espace de quatre à cinq jours, après avoir été expérimentés trois ou-quatre fois, par suite d’inanition de narcotisation ré— pétée et d'inflammation superficielle des tissus du péricrâne. L’autopsie a toujours montré une légère hypérémie du cerveau du côté excité par le courant, mais jamais je n’ai vu de traces d’inflammation cérébrale, Dans les expériences où. en appliquant l’électrode du coté de la suture coronaire. on provoquait un mouvement très pro- noncé de l'extrémité antérieure opposée, l’autopsie a montré que cette partie dela sutnre coronaire correspondait au centre psycho moteur de cette extrémité. En entreprenant ces recherches. je n’ai voulu que faire une analyse des conditions nécessaires pour localiser le courant appliqué au crâne, dans le cerveau, c’est-à-dire dans certaines régions cérébrales, Ces recherches montrent que si une telle localisation est possible dans quelques conditions expérimen- tales, elle doit être impossible dans les conditions normales. Car, comme dans les conditions physiologiques normales, le crâne est couvert de tissu humide traversé par une maille de vaisseaux, il est donc difficile de concentrer le courant sur un point donné du crâne; il est encore plus considérable chez l’homme à cause de la plus grande épaisseur des os du crâne et de l’agrandissement de la distance entre les centres psycho-moteurs et la suture coronaire (1 à 3 centimètres en arrière de la suture). En général, la difficulté d'éliminer la diffusion du courant et l’excitation réflexe ou sensible, voilà ce qui empêche cette lo- calisation dans les conditions normales. Nous trouvons peut-être les conditions les plus favorables pour la localisation, dans certains cas pathologiques, par exemple chez les sujets léthargiques, chez lesquels la sen- sibilité est diminuée à un haut degré, tandis que l’excitabi- lité motrice est exagérée, Au point de vue pratique, mes recherches montrent qu'il faudra appliquer l’électrode le long de la suture coronaire, lorsque l'on aura recours à l'électrisätion péricranienne des malades atteints-de lésions centrales. NOTE SUR LES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES D'IODUR1 DE FOTASSIUM, par Me. GiLiES DE LA TOURETTE. En quittant l'hôpital de Lourcine à la fin du mois’ de novem_ bre de l’année 1882, M. le D' Gouguenheim dent nous étions l’interne, nous suggéra l’idée de pratiquer “es injections sous cutanées d’iodure de potassium (1). Dissoz.: de suite que dés cette époque il ne rentrait pas plus dans la persée de M. Gougnenheim que dans la nôtre, de remplacer par les injec- tions hypodermiques, l’administration de cette =nbstance par la voie buccale. Il s'agissait avant tout de savoir si ce médi- cament injecté sous la peau était toléré et obsork:; si on pou- vait dans un volume restreint de véhicule injecter une quantité d’iodure suffisante pour produire des effets curaiifs satisfai- sants. Le choix d’une solution suffisarament concentrée et autant que possible facile à préparer s’imposait dès l’abord. M. Cannepin, interne en pharmacie du service, nous fit une solution dans l’eau distillée, telle qu'une seringue de Pravaz ordinaire, de la contenance d’un centimètre cube, renfermait exactement cinquante centigrammes d'iodure de potassium ; on remarquera de suite la concentration de cette solution qui fut soigneusement neutralisée. Nous donnons ici le résumé de cinq observations que nous allons bientôt commenter. oBs. 1. M.M., 40 ans, salle Astruc, 24. — Syphilis de 3 ans. ? déc.; 1 injection, seringue entière 3 ol. K I, partie supéro- externe de la cuisse gauche ; frictions avec le plat de la main au niveau de la piqüre qui est peu duuloureuse. 4 déc.; Il est impossible de dire où la piqûre a éfé faite. oBS. 2. — L. Ch. 21 ans, Syphilis récente. 28 nov.; 1 injection seringue entière, partie supéro-externe de la cuisse gauche ; très timorée, crie même avant la piqüre. 29 nov.; au niveau de la piqüre existe une petite bulle noi- (1) Nous ignorions à cette époque que ces injections avaient été pratiquées en Allemagne par MM, Eulenburz et Thierfelder, mais nous pensons qu'elles n'ont été encore en Francs l’objet d'aucun travail pariiculier. — 854 — [l râtre de la largeur d’une lentille, avec un peu de douleur et de rougeur périphériques. 30 nov.; toute trace de douleur a Fa 1er déc.; La bulle percée, laisse écouler une gouttelette de liquide citrin. | 5 déc.; toute trace de la piqûre a disparu. oBs. 3— G. L., 19 ans, salle Astruc, 44; syphilis d'un an déjà traitée dans le service par les injections de peptone mer- curique; 29 nov.; une injection, seringue entière, région dorsale; Îer dée.; prétend avoir souffert davantage que lorsqu'on lui faisait des injections de peptone mercurique: pas de réaction inflammatoire, un peu d’induration diffuse ; la seringue a pi- qué une veine; 4 dée.; toute trace de la piqûre 2 disparu; o8s. 4. — D. J. 39 ans, Astruc, 19; accident testiaire de l'anus presque totalement cicatrisè; 28 nov.; injection 3/4 seringue partie supérieure externe de la cuisse gauche; 29 nov.; la pipûre a été le siège d'une cuisson intermittente: iln’existe autour d'elle ni rougeur ni induration; 30 nov.; toute trace a disparu; 1er déc.; deuxième piqüre,partie supérieure externe de cuisse gauche après laquelle on fait des frictions avec le plat de la main, ne souffre pas du tout immédiatement. ? de. ; n’a pas du tout souffert, pas de trace de la piqûre; troisième injection partie supérieure externe de la cuisse droite avec frictions. 4 déc.; n’a nullement souffert ; on examine les urines de la veille qui, traitées par l’amidon et l’acide nitrique, donnent un précipité bleu d’iodure d'amidon, intense; quatrième injection partie supérieure externe de cuisse gauche. 5 déc ; ecchymose au pointpiqué; cinquième injection par- tie supérieure externe de cuisse droite. 12 dée.; la piqüre du 4 décembre a donné lieu à un abcés ou plutôt à une eschare de la largeur d’une pièce d’un franc environ; l’incision donne issue à un peu de pus infiltré; 13 déc.; l'eschare s’élimine et la cicatrisation commence et — 855 — est presque achevée le 25 décembre; il est à noter, ainsi qu’on l’a remarqué plus tard, quela piqûre avutt êté faite immédia- tement à côté de la première, et cela à 3 jours seulement d’in- tervalle. oBs. 9 — [L.. M.; 19 ans, syphilis récente. ler déc.; une injection euuère partie supérieure externe de cuisse gauche; © déc.; réaction bleu: intense des urines; prétend avoir un peu souffert, bien qu’il n’existe aucune trace de le piqûre; deuxième piqûre partie supérieure externe de cuisse gauche avec friclions;, 4 déc.; n’a pas souffert; troisième piqûre partie sup. externe de cuisse droite; 5 déc., quatrième piqüre même endroit; G déc.; cinquième piqüre partie supérieure externe cuisse droite; 8 déc ; sixième id. 11 déc.; septième id. 42 déc.; huitième id. 13 déc.; neuvième id. 15 déc.; dixième id. 16 déc.; onzième id. 18 déc.; douzième id. La malade est entièrement habituée aux piqüres, qui accom- pagnées de frictions, ne produisent chez elle aucune réaction douloureuse ou inflammatoire; les urines donnent toujours le précipité caractéristique: Tels sont les faits que nous avons observés; il importe dès inainte: ant de donner les conclusions qui en découlent; 10 On peut injecter sous la peau 1 centimètre cube d’eau dis- tillée, contenance d’une seringue de Pravaz ordinaire, ren- fermant 50 centigrammes d’iodure de potassium, sans danger réel de complications locales, à condition toutefois que la so- lution soit neutre, ce dont il’ faudra s’assurer de temps en temps; que l'injection soit faite le plus profondément possibie dans un endroit où le tissu cellulaire sous-cutané est abondant; que les piqüres soient suffisamment espacées les unes des autres.En effet, sur vingt piqûres, nous avons eu une seulefois — 856 — une eschare peu grave et encore l'injection avait été pratiquée à l'endroit même où trois jours auparavant avait été faite une première piqüre. Il n’est pas dit qu’en poursuivant la série la proportion n'eüt pas êté diminuée, au 2: L’iodure de potassium injecté sous la peau est rapide- ment absorbé ainsi que l'indique ‘a réaction bleue d’iodure d’amidon que donnent le lendeman les urines; il ne diffère pas en cela des autres médicaments qui, injectés sous la peau, sont également absorbés d’une façon très rapide. Ces injec- tions causent, aussitôt pratiquées, une sensation de cuisson désagréable qui se calme presqu'immédiatement si on a soin de faire pendant une ou deux minutes de légères frictions avec le plat de la main sur le point piqué. Néanmoins, cette sensation douloureuse peut être plus intense et persister un certain temps. Il y à lieu detenir, dans ces cas, grand compte. de la susceptibilité diverse des malades, surtout si comme nous on opère sur des femmes, et surtout sur des femmes for- tement prévenues contre les injections hypodermiques en gé- néral. 3: Ces injections sont- elles efficaces ? Il nous est fort difficile de répondre par des faits à cette question. Au moment où nous expérimentons, et dans le court espace de temps pendant lequel il nous était loisible d’expé- rimenter, sur 72 malades qui peuplaient nos salles, il n’en existait qu'une portant un accident tertiaire véritablement justiciable de l’iodure de potassium et encore il était presque totalement cicatrisé (obs. 5). Mais puisque le médicament est absorbé, ainsi que nous l’avons démontré, il doit agir; et de plus raisonnant par analogie, il nous sera permis de dire qu'il. devra agir rapidement à l'instar des médicaments injectés sous la peau, de même à quantité égale il devra agir davantage qu'administré par la voie buccale. 4: Dans quels cas les employera-t-on ? À priori, nous répon- drons : Toutes les fois que l’iodure de potassium pourra être administré par la voie buccale êt que la tolérance extstera, ce mode d'administration devra être pratiqué, à l'encontre des in- jections hypodermiques. Il nous a été impossible, vu le manque de cas, de détermi- oO pi ner si, lorsque l'intolérance stomacale existe, la méthode hy- podermique donnerait des résultats favorables : on pourra nous reprocher de nous être livré à une publication prématu- turée, mais quittant un hôpital hecenen affecté au traite- ment des maladies vénériennes, nous n'avons pas pensé être plus heureux dans un hôpital général, où les cas d’intolérance doivent être très rares, vu le petit nombre de sujets traités parl’iodure. Nousespérons que ces recherches seront reprises dans ce sens par les personnes qui obserceront de semblables J'aits. Néanmoins, nous pouvons dire qu'il est un cas is lequel les injections hypodermiques d’iodure de potassium devront être certainement efficaces. Nous voulons parler des syphilis cérébrales avec accidents entraînant la perte de connaissance. Ici la voie buccale est interdite, les lavements à l’iodure sont plus qu’infidèles, il est donc logique de penser que dans ces cas les injections hypodermiques d’iodure de potassium, véritable médicament de ces accidents, devront être précieuses puis- qu’elles donneront le moyen de faire absorber sûrement et rapidement la substance médicamenteuse qui, si l'intolérance n'existe pas, pourra être administrée par la voie buccale, une fois le malade revenu à lui. Il va sans dire que dans ces cas, on sera autorisé à faire par jour plusieurs injections. SUR LA NATURE DU LUPUS TUBERCULEUX, par M. L. MaLassez. Dans une de nos dernières séances, M. Vidal, nous commu- niquant les résultats des recherches faites avec M. Leloir sur la forme tuberculeuse du Lupus scrofuleux, nous a dit, s’il m'en souvient bien, que cette affection n’était pas une manifes- tation de la diathèse tuberculeuse, n’était pas une tuberculose locale. Aujourd’hui M. Leloir atténue singulièrement le dire de son maître et collaborateur, et il a grandement raison, à mon avis. Dans l’état actuel de nos connaissances, ni la clini- que, ni l’anatomie pathologique, ni l’expérimentation ne me — NDS — paraissent capables de nous donner une solution certaine du probleme, et c'est sur ce point que je voudrais insister. 1: Le Lupus tuberculeux, dit-on, ne ressemble pas clinique- aux tubercules proprement dits de la peau; donc ce sont deux - affections de nature différente. Mais, . est-ce qu'une simple papule syphilitique ressemble à un rupia ou à une gomme? Est-ce qu’elles ne sont pas cependant des manifestations d’une même maladie générale ? Et pour ne pas sortir de la tuber- culose, est-ce que ce malade d’aspect typhoïde, sous le coup d’une phthisie aiguë, ressemble, par les symptômes généraux ol locaux, comic aussi par les lésions vues à l’œil au, à cet homme d'assez bonne apparence qui ne présente que quelques cavernules au sonimet d’un de ses poumons ? Et cepéndant, chez les deux, c’est le même organe qui est atteint et, de l’aveu à . peu près général, c’est la m'me nature sinon la même forme de lésions. : : On dit encore que les malades affectés de lupus ne devien- nont Jamais tuberculeux; mais une assertion- si catégorique est-elle bien justifiée ? et, quand même il en serait ainsi d’une façon générale, ne pourrait-on pas expliquer une telle diversité de marche clinique, soit par des différences d'énergie dans l’agent infectieux, soit par des différences de réceptivité mor- hide du côté de l'être injecté? Le lupus serait alors le produit d’une infection tuberculeuse atténuée, ou d’une tuberculose dé- veloppée sur un terrain peu favorable. Je n’affirme pas qui en soit ainsi, je n’en sais rien, je veux montrer simplement qne Îles données cliniques ne sont pas suffisantes à elles seu- les pour nous prouver d'une facon absolue l'identité où la non identité des deux affections cutanées en question. 2: Il est bien certain maïntenant que la présence de granu- lations tuberculoïdes ne suffit pas pour affirmer la nature tu- berculeuse d’une lésion ; puisque des poudres inertes, plus ou moins irritantes (Baumgarten, IT. Martin) arrivent à repro- duire des granulations semblables à celles de la tuberculose, puisque des granulations tiberculeuses peuvent ressembler, à 8’y méprendre, à des granulations syphilitiques. Le fait ana- tomique « granulation » me paraît, en effet, devoir être cansi- — 89) — déré comme un produit inflammatoire dont l’aspect spécial ne tient pas à la spécificité de l’agent irritant, mais à la petitesse et au pouvoir d’irritation de cet agent. La granulation tubercu- leuse en particulier ne serait donc pas une lésion spécifique histologiquement parlant, mais ce serait sa cause qui serait . Spécifique (je suppose bien entendu que la tuberculose ne re- connaisse qu'un seul agent étiologique, ce qui est probable, mais non démontré). Cependant il ne faudrait pas en conclure que l’anatomie pathologique soit dans cette question fatalement et irrévoca- blement vouée à l'impuissance. Dans certains cas, on peut faire intervenir pour poser son diagnostic le siège de la gra- nulation, siège qui est probablement lié à des conditions de vitalité particulières à l’agent spécifique; ainsi j'ai reconnu que dans le testicule les granulations tuberculeuses élémen- aires siègent de préférence sur les tubes séminifères, tandis que les granulations syphilytiques se trouvent dans le tissu interstitiel autour de capillaires. Il y aura probablement des indications précieuses à recueillir dans ce sens. Ce n’est pas tout, d’autres horizons s'ouvrent encore : Si Koch, Baumgar- ten et autres ont réellement mis la main sur l'agent spécifique de la tuherculose, si l’on arrive à lui trouver des caractères qui lui soient bien spéciaux soit comme forme, soit vis-à vis des réactifs colorants ou autres, on auralà un’ moyen de diagnos- tic aussi sûr qu'est pour la gale la présence de l’acare; ici, il n’y aurait donc plus qu’à sa voir si oui ou non cet agent existe däns lè lupus. 3: L’expérimentation enfin est certainement d’un grand secours dans ces difficiles questions et c’est à elle que .nous devons les remarquables progrès qui s’y sont faits de nos jours. Cependani il ne faudrait pas croire qu’elle puisse tou- jours et à coup sûr nous indiquer si un tissu n’est ou n’est pas tuberculeux. Quand l’inoculation détermine une tubercu- lose capable de se généraliser et d’être inoculée avec succès plusieurs fois de suite, et si l’on s’est mis à l’abri de tout autre mode d'infection (instruments d'inoculation, milieux... etc.,) on est en droit de conclure à la nature tuberculeuse da la snb+ — 860 — stance inoculée. Mais il s’en faut que la réciproque soit vraie, et quand l’inoculation ne réussit pas, on ne peut affirmer par cela seul que la substance inoculée n’est pas tuberculeuse ; ce n’est là qu'une présomption. J'en ai eu un exemple frappant cette année : jai inoculé, le 1er février 1882, dans la chambre antérieure de l'œil d’un lapin, un fragment de testicule mani- festement tuberculeux; le fragment s’est résorbé peu à peu, comme il arrive en pareille circonstance quand l'opération a été bien faite; mais il ne s’est pas produit de tuberculose oculaire, l’animal n’a pas maigri, tout au contraire ; aujour- d’hui, onze mois après l’inoculation, il est encore en parfait état de santé ; il faut dire qu’il a constamment vécu dans un milieu sain c a toujours été bien nourri. J'ai fait aussi des inoculations de lupus dans la chambre antérieure de l’œil de cochons d'Inde, c’étaient des produits de râclage d’un lupus tuberculeux provenant du service de notre collègue Ollivier. L’œil s’est tout d’abord quelque peu enflammé, puis rétracté sensiblement; mais les animaux, au lieu de s'émacier, n’ont fait que prospérer depuis près de dix mois qu’ils sont opérés. Cependant, lun deux ayant maigri notablement ces temps derniers, c'était une femelle qui avait mis bas depuis deux mois et à laquelle était survenue hne sorte de gale cutanée, je l'ai tuée aû commencement de ce mois, mais je n’ai trouvé nulle part de granulations tubarcu- leuses. Dois-je en conclure que le lupus tuberculeux inoculé n’était pas de nature tuberculeuse? Pas du tout. Sans parler des erreurs possibles dans le diagnostic clinique, il peut bien se faire, ainsi que je le disais plus haut, que dans le lupus on ait affaire à un agent tuberculeux ee nle den atténué ; ou bien que les bonnes conditions hygiéniques dans lesquelles ont été placés mes animaux les aient rendus réfractaires à l'infection tuberculeuse, comme cela est arrivé pour le lapin cité plus haut. Il' faut être d'autant plus réservé, ce me sem- ble, qu’un certain nombre d’expérimentateurs ont réussi à produire de la tuberculose en inoculant des tissus atteints de lésions dites scrofuleuses, tout comme le lupus; je sais bien que les cliniciens désignent peut-être, sous ce nom, des affec- tions de nature bien différente; mais ils peuvent Aussi avoir — 861 — raison et il serait fort possible qu’en se plaçant dans de meil- leures conditions expérimentales on arrive à produire égale- ment de la tuberculose avec du lupus tuberculeux. « En résumé, nous avons affaire ici à un problème qui, dans l’état actuel de la science, ne peut être résolu, mais qui ne paraît nullement insoluble. Il suffirait, en effet, de décou- vrir l’agent irritant cause de la granulation tuberculoïde du . lupus tuberculeux, de voir si c’est ou ce n’est pas un parasite, et s'il ressemble ou diffère de celui de la tuberculose, tant au point de vue de ses caractères propres qu’à celui de son action sur les organismes vivants. Or ce sont là des constatations de faits qui rentrent dans les possibilités de la science ac- tuelle. SUR LA CULTURE DU MICROBE DU PUS BLEU, par MM. CapiTan et CHARRIN. Depuis bien longtemps déjà on a signalé, soit dans le pus, soit dans certains liquides organiques, la présence d’une ma- tière colorante bleue. Ce phénomène, indiqué par bien des ob- servateurs depuis qu’il avait été étudié par Sedillot, dès 1845, a donné lieu à de nombreux travaux. On peut ranger les in- terprétations qui ont été proposées de ce phénomène sous deux chefs : certains auteurs l'attribuaient à une modification des liquides organiques, en faisaient par exemple un dérivé de l’hématine, tandis que d’autres le considéraient comme lié intimement à la présence d’une algue ou d’un microbe. M. Ges- sard dans une thèse fort bien faite (Th.de Paris, août 82), a donné l’état actuel de là question et fait l’exposé derecherches nouvelles sur ce sujet. Nous avons pu répéter toutes ces expé- riences en employant des procédés de culture différents et nous sommes ainsi arrivés exactement aux mêmes résultats que M. Gessard. Nous nous sommes servis comme liquide de culture, soit d’un bouillon de bœuf neutralisé, fort sensible, maintenu à l’étuve à 37° après avoir été stérilisé à 1150 ; soit encore de bouillon d'extrait de Liebig, mais ce dernier ne donne pas de bons résultats. Lorsqu'on ensemence des ballons renfermant cc bouillon LE pepe 1 pur avec une goulte de pus bleu ou avec un petit fragment d’un linge de pansement teinté en bleu; on voit après deux à trois jours la zone supérieure du liquide prendre une colora- tion bleue, le reste du bouillon conservant sa teinte jaunâtre mais opaque. Si alors on agite le liquide, la coloration bleue devient générale et uniforme. Après 4 à 5 Jours, le liquide de culture est entièrement bleu ; 9 à 10 jours environ après l’en- semencement, les bouillons ont une teinte brun-foncé sans que l’agitation à Pair pue y faire apparaitre la coloration bleue. Si on fait des cultures successives, dès la seconde, le bouil- lon prend une teinte bleue plus verdâtre; la troisième cul- ture est nettement vert bleu, la quatrième se teinte à peine en vertjaunâtre. Toutes ces cultures ont une odeur assez aco- matique, rappelant un peu celle de la fleur de sureau, et tel- lement caractéristique que certains auteurs prétendent avor pu par ce moyen signaler la présence du pus bleu sur une plaie avant que le pansement fût enlevé. La matière colorante ainsi obtenue a reçu le nom de pyoeya- nine. Sa présence est intimement liée à celle d’un coceus qui est l'agent producteur du bleu tout en étant incolore lui-même Il se présente soit isolé soit en chapelets à grains parfois assez nombreux; souvent 1l se rencontre en même temps des bac— téries qui produisent une coloration verte un peu fluorescente dont le mélange au bleu fait virer la teinte du bouillon au bleu verdâtre. Pour extraire la pyocyanine, il suffit d’agiter le bouillon de culture avec du chloroforme. qui s'empare de toute la matière colorante et se colore en beau bleu. Si à ce ohloroforme on ajoute de l’eau légèrement acidulée, la pyocyanine abandonne le chloroforme et passe dans l’eau acidulée ou elle prend une ccloration rouge; vient-on à ajouter un alcali, elle reprend sa coloration bleue lorsque le milieu est devenu alcalin et âinsi de suite. — Si on oxyde fortement la pyocyanine en la traitant par exemple par la potasse en excés et la chaleur, où obtient une matière colorante jaune: la pyoranthose qui passe au rouge par les acides et au violet par les alcalis ; elle est très stable. Il n’en est pas de même d’une autre matière colorante, — 863 — jaune également, qu’on obtient lorsqu'on fait agir un agent réducteur sur la pyocyanine mais qui, par agitatation à l'air, repasse de nouveau au. Bleu avec la plus grande facilité et régénère la pyocyanine.Cette action réductrice peut être exer- cée par le microbe; c'est ce qui explique la coloration bleue localisée dans les couches supérieures des bouïilons de culture, tandis que dans les couches profondes le microbe, privé d'air, enlève Île l’oxygène à la pyocyanine et la fait passer au jaune. On peut réaliser autrement l'expérience : Si on prélève une portion d’une culture bleue en pleine activité et qu’on l’enferme dans des tubes immédiatement scellés à la lampe, après en avoir chassé l’air, la coloration bleue disparait après quelques jours et les tubes semblent renfermer une culture ordinaire avec sa teinte jaunàtre opaque : vient-on alors à briser le tube, le liquide, dés qu’il est au contact de l’air, reprend sa coloration d’un beau bleu. Les réactions de la pyocyanine sont complexes, mais la faci- lité avec laquelle une minime quantité de sa solution à l’état de sulfate de pyocyanine donne la coloration bleuiutense avec le perchlorure de fer et le ferricyanure de potassium, permet de la ranger à côté des ptomaïnes déjà signalées, entre autres par MM. Brouardel et Boutmy sur le cadavre et par M. le professeur Bouchard tout récemment dans les selles et l’urine même à l’état physiologiqne. Quant à la coloration verte fluorescente que nous avons vu être liée à la présence d’une bactérie, elle est absolument dif- férente de la pyocyanine et semble trex analogue à celle observée parfois au début de la putréfaction de l’albumine de l'œuf, ainsi que Gaillon et Miquel l'ont signalé en montrant bien le rôle pathogénique de la bactérie dans sa production. FIN DU TOME QUATRIÈME C. r. 1882. i 552 PÊTE Dh BIOLOGIE ] ANNÉE 1882. ERRA TA ge 249, au ou de « zone. motriee cérébrale base de l'encéphale. e % 280, au lieu de « cie la possibilité » ser . . HU, à passibilités ; page 283, au lieu de « postérieur s'est mu avec Les pos- à | jéeure », lisez : postérieur gauche s est int avec ie ee nous droits. 7 É fr Pr A 4 » à TABLE DES MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages I. Lannois et LÉPINE. Sur l’absorption dans les parties supérieure et inférieurs de l'intestin grêle (2° communication)............ II. Lépine. Sur la périodicité régulière à tvge généralement tierce des maxima et des minima de l’excrétion de l'urée...........,.... IT. Lépine. Contribution à l'étude de l'excrétion de l'acide carbonique dans certaines dyspnées (avec la collaboration de MM. Ey- monner et Defond..........e.....sesssoses et ete Melo tele IV. Tocozan. Des phénomènes morbides produits par la piqüre de pa- rasites voisins des ixodes ou tiques, les argas de Perse... V. Bura. Origine de la métallothérapie (3° communication)...... bobo VI. Vinrzenrien. Recherches expérimentales sur l’action physiolo- giquerde 14 brucinehe eee CC Cricel Doobosoude VII. PaucHon. La lumière et les êtres à protoplasme incolore.......... FIN DE LA TABLE DES MÉMOIRES. Cr 1882 45 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES: DANS LES COMPTES RENDUS ET LES MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1882 (1) A CR M Aceommedstion (Théorie de l’), par Javal....,,..,..,........ 11409) » Aené (Recherches anatomiques sur l’), par Vidal et Leloir,...., 264 » Adamantin (Organe) des balœænides, par Pouchet et Chabry.... 120 » Agamonems commune, par Fourment..:,...,.....,......... . 840 » Aimant (Emploi de l'} dans l’épilepsie, par Bourneville et Bri- CONS PE RARE ee ae alta CDN LÉ ST DR CL) » Albuminoïdes (Certaines formes concrètes des) du sang, par Pouchet enr eme DORE HR Are eut ape bec ae tt » Aienloïdes dans les urines, d228 certaines maladies infectieuses, par Ch. Bouchard............ Re r) ee EE ee ... 604 » . Alimentation azotce (RÉSNIEYS de l’) chez les herbivores, par PÉAReSnaArde esse eee SR errN PRES 405 n Alimentaiion surazotée chez les animaux de basse-cour, par, Regnard..... HeRonie Del Me ae AP PO PE AC ENTRER Re D Nes OS » Anesthésie Pope POSE du larynx, par aiun- se quard 2200 AR RO PACE RS nb en are e eE S 0 US » Anesthésie générale chez les animaux et les végétaux; intensité des.conditions à réaliser pour l'obtenir, par Arloing......... 523 » Avesthésie générale sous l'influence de l'ixritation du larynx par de l'acide carbonique ou du chloroforme. par Brown-Sé- QUATA. sono so sense rrne stores meses sens dseessese lors 199 » nt ot mr ire an PR DER, (1) Les pages indiquées à la marge sont celles des Comptes rendus (C R) et des Mémoires (M). Ses D > | L TETE RRÉEE — 869 — Anesthésie surtout d'une moitié du corps par une irritation du la- rynx, par Brown-Séquard.....,.:.:...,,..... De ner ie ta ea Anesthésie locale (Appareil d’), par Lesser....,.......,.,.... 4 . Anévryemales (Mesure des tumeurs), par François-Franck..... Angine de poiérine, par Dubois..........,...... EN Aunkylostomes (Rôle des) et des trichocéphales dans le dévalop- pement des anémies pernicieuses, par Mégnin............... Appareil à enregistrer, sous forme de courbe continue, les phé- nomènes de la fermentation, par P. Regnard......,,........ Argas (Expériences sur l’action nocive des) de Perse, par Mé- Fos en AO CURE ÉRRSU REE Xe Nan CS détros PARA Argas de Perse, par Laboulbène et Mégnin,................... 5 Argas de Perse (Phénomènes morbides produits par la piqüre des) par Tholozan (mém.) RE SU de dent tante — de Perse, par Mégnin et Laboulbène......... BONE ae nr nlon Ascaris simplex du dauphin (Développement de l'), par Mégnin.. Audition mono-auriculaire, par Gellé....,.,................ da Atomique (Recherches nouvelles sur la loi) ou thermique, par RADAR Te CS RS RE Te ee NO di isa , B Bactéridie (Passage de ia) charbonneuse de la mère au fœtus, bar Siraus et Chamberland. 4.1: ceestauecnicen Bactéries (Action de quelques substances sus les) de 1a putréfac- TION HAT MArCUS ER PINOT Ne de en ie sieseie-liae Me sie is tstaiiaie lee ie Bianicelos guttulatus, par Laboulbène....................... : Bleue (Matirèe colorante) du rhyzostome de Cuvier, par Blan- Chart eee. DNA SE NAS CE TRANS ; Brides verticales à l'orificé vulvo-vaginal, par de Sinéty........ Brueige (Action physiologique de la), par Vintzenried (mé- MIGITES) as ciel aranisue errersree D Dada ue se Byssus des mollusques bivalves, par Jobert ........ DNA NE CG €Cacodylique (Effets et mode d'élimination de l'acide) ordinaire. Son innocuité relative, par Rabuteau........,.,,, .,......... Carhbonique (Excrétion de l'acide) dans les dyspnées, par Lé- pine (mém.)..5::,.62244,1 STE ne ANS e ROUE MED EAS Centres moteurs corticaux (Expériences sur les), par Marcacci.. Chaleur (Action de la) et du dessèchement sur la virulence des liquides septiques, par Lebedeff...,..,. ........,....,...... — 870 — Ckarbon (Possibilité de donner le) aux animaux à sang froid en élevant leur température, par P. Gibier.,......,,............. — (Inoculation du) chez des animaux à sang froid dont la tempé- rature a été élevée à 30, 38, 35°, par P. Gibier.............. — symptomatique (Conservation et destruction de ia virulence du microbe du), par Arloing, Cornevin et Thomas.. ......... Chiorures aælcalins (Action comparée des), par Ch. Richet... Chisrure de so“fmm (Action du) à haute dose, par Ch. Richet cc BOAT a DDOD EP o eo Da nn UE So Chiormres de lithium (Action comparée des), de sodium et de potassium sur là fermentation, par Ch. Richet.............,. Direuwlntien veineuse à l'intérieure du rachis, quelques-unes des conditions qui ia règlent, par François-Franck.......,...... se Cœur (Structure du) chez les ascidies simples, par G. Herrmann. . Collidine (B.), dérivé de la cinchonineet son action physiologique, par Marcus et Œchsner de Coninck........... nec Congestion veineuse encéphalique par anémie artérielle par l'ar- rèt du cœur, par François-Franck.......,......... salles dite Contracture (Apparition de la) après la mort, par M. Brown- SQUARE RE CCE eee eee LHÉdodsha dote — hystérique guérie par l'application de métaux, par Chante- MERS eee nee Door Ado Teen anor db AGE Centraste (du) chromatique, par Parinaud........ ne craie Œorde dorsale (Développement de la) et du mésoderme chez la truie, par Henneguy..................... Cécoooioonoaecc ie Courants galvaniques (Application des) sous la voûte crânienne chez les hystériques, par Charcot.........,............. Ho Cuivre dans les céréales et dans le pain, par Galippe......... 50 Cuéambs (Altérations des nerfs) geurvenant dans certaines escharres liées à des lésions cérébrales ou spinales, par Déje- _— (Altération des nerfs) chez les ataxiques, par Déjerine.......... €yanure de mercure (Injections hypodermiques de) dans les affections syphilitiques de l'œil et du cerveau, par Galezowski. D Décelorimétrie, par Quinquaud,............. EN Re ete ete Douves (Tubercules du poumon chez une vache causées par des), par Mégnin.........-..ss.scenes EE DA RS FE PEU Hépresseur (Influence exercée par le nerf) sur la circulation la- biale, par Dastre et Morat..... Eee SR NE DR CINE Diptères (Organisation et développement des insectes), par Kunc- kei d'Herculais...... AMOR HO Oo en ET OUT Den A ÉLOENO Dyspepsie (Etiologie de la), par Mevensas sien ete tale ete 481 509 431 366 302 221 462 107 144 — 871 — Ecorce (Fonctions de l’) cérébrale dans l'empoisonnement par l’ai- cool et l'essence d'absinthe, par Danillo .................... Élasticité (Influence de l') des gros troncs artériels sur la régu- larisation du courant sanguin, par Arloing................ se Electriques (Diffusion des courants), par Onimus....... DOG Encéphale (Mouvements produits par l'irritation des diverses parties de l’), par Brown-Séquard..... ..................... Encépbale (Mouvements dans les membres sous l'influence d'irri- tations de diverses parties de |’), par Brown-Séquard....... : Encéphale (Maltiplicité des voies de communication entres jes zones motrices de l’) et les membres, par Brown-Séquard.. Encéphale (Expériences sur les lésions DRPEUR UNE de }), par Bochefontaine "©." SÉCÉPODH Ada ARe Épilepsie spinale par lésions de la moeile cervicale, par Hénocque CIN hesdobsdevoanaonbandoco dune OU DÉS 5 Extractives (Dosage des matières) de l’urine par l'eau bromée, par Etard et Ch. Richet....................... DA OO DELL F ‘Faim. Appétit, par Leven............ ee SÉHO tie TES AE CE Filaire couronnée (Armature buccale de la), par Chatin......... Frottement normal de l'articulation du genou, par Secrétan..... G Galop (Ecartement des systoles aur'culaire et ventriculaire dans certains cas de bruit de), par Lépine........................ Ganglionmaire (Système) du grand sympathique dans deax cas de tabes dorsalis, par Raymond et Arthaud................. Géantes (Contribution à l'étude des cellules), par Laulanié. . .... Gelsemium sempervirens (Action physiologique du), per Rouch........ SE OS OL D AO tit CEE CRETE AE ES OPEN Gonophores (Leur formation chez les bydraires), par À. de Va- rennes. cr. AO EN TE DER EE DD Me Re LA &Greffe d'un os mort Gene un os vivant, par Lannelongue et Vignal Rennes CHER A D En tt D NE AE RELAIS ES D Gyrus sygmoïde, par Bochefontaine............... de de sine 205 120 M KH Hallucinations unilatérales ou bilatérales produites chez les hystériques, par Dumontprilier........... sodtioniese SL Vale Kélénine, l'essence d’aunése, leur action RSI res par de Hémispkère cérébral (Indépendance fonctionnelle de chaque), par Dumontpallier...,..............,.,:... la ere aie Hémochromomètres (Deux nouveaux), par Malassez.,........ Hormaphrodisme mâle chez l'aigle, par Boulart et Chabry.... Hirudinées (Système nerveux des), par Vignal.,....,.... CT Hyperexcitabiiité neuro-musculaire daus les différentes pério- des de l'hypnotisme, par Dumontpallier et Magnin............ Hystérique (Production excessive de force chez une), par Brown Séquard..,...,.. RE NAS anime e RAT M Feu Hypnotisation (Règles à suivre dans l') des hystériques, par Dumontpallier e; Magnin.......,.,......,...,........ ROZ I Hdiotie symptomatique d'une méningo-encéphalite chronique chez un enfant de cinq ans, par Bourneville et Dauge.........,.... Images consécutives d'origine cérébrale (Sur une espèce particu- lière d’), par Pouchet...... D SD ee AA ie AN et Pa TRE images (Du siège cérébral des) consécutives, par Perinaud..... AInexeitabilité (Sur la loi de l) cardiaque, par Dastre et Mar- CACCI SE enormement Site dons sels see nn 0e CAE insuffisance tricuspidienne transitoire ; part qui revient à l'état du muscle cardiaque dans sa production, par François-Franck Intercostaux (Action des nerfs) et des diverses racines du nerf phrénique, par Hénocque et Eloy.............,.........4.. : Entestin grôle. Manière différente dont se comportent les parties inférieure et supérieure dans l'absorption ei la transsudation, par fannois et Lépine ....... es Sn N a lle N S e Ts ae Insuffisances (Production artificielle d') mitrale, tricuspidienne, aortique chez le ehien, par Francois-Franck....... RES Ce Jodure de méthyltriéthylstibonium (Effets et mode d'élimination de l'}, par Rabuteau,.,............,......... see eue Jodure de potassium (Injection sous-cutanée d'), p«r Gilles de la Tourette..,.....,...,...........,2: A A AN PE Ne fodure de tétréthyiarsonium (Effets à mode d'élimination de |’) et des iodures doubles de tétréthylarsonium de zinc ou de cadmium, par Rabuteau..,..,,...,.....,... 195, 409 et 23 202 348 301. 342 208 88 578 99 108 443 CRE LL LED: LU RO — 87a — Karyokinesiques (Figures) en embryogénie, par Hanneguy .... ° L Eait (Réactions réductrices du), par Ch. Richet....... SR DE Erié (Alimentation par un succédané du), par Sanson..... ce... Lampe à imcandescence, fonctionnant par l'air carburé, par Regnard...... “biere LAPS Mn Ie db ODE see oeiseleeos Léthargie incomplète, avec conservation de l’ouïe et de la mé- moire, par Dumentpallier.:........ ...,....... Se MT eee Lipome fibreux, par Livon.......,........... SON oo Da De Eupus (Inoculation du), par Leloir,.*............. Sie Le te Me tee Enpus tuberculeux (Nature du), par Malassez..,............... Lupus (Anatomie pathologique ds), par Videl et Leloir........., Eymphatiques (Action du système neryeux eur les vaisseaux), par P. Bert et Laffont..... DÉDe ie Ro SEE one ANSE E M Magnétique (Action d'un champ) puiesant sur les fermentations, par d'Araonval........ PSS ne totale de PRO Bon QUE 250 Magnétique (Influence physiologique de l'état), par Dastre...... Marteau (Innervation du musele interne du), par Duval......... Maeticntion (Influence de la) sur l'audition par Gellé .......... Métaux (Action des) sur les hystériques, par Vétault .......... Meningite sigué (Mort par) dans le delirium tremens, par Aïb. RODIN: ne seeds DD ee ADI UE PnOAA BP Oe CR SCA Métalliques (Sur le pouvoir toxique des sels), par James BAR BE aie AA sl consulats Motallothérapie (Origines de la). Part du magnétisme animal dans sa découverte......,.........,..s.....s..r. 383 et Metallotheérapie (Les étonnements de la), par Burq........... Räétallothérapic (Les surprises de la), par Burq...... 155 et Méthémogiobine, par Henninger.........,......,............. Rléthode pour l'étude de ls physiologie pathologique, par Quin- HUB Re eee ee rose ais s'elpiaiais io aie sis elonie lei ie lois seins Microbes chez les poissons et les animaux marins, par C. Richet Microzymas gastriques, par Béchamp..........,,..... 255 et Moselle (Dimensions des cellules multipolaires des cornes anté- rieures de la) chez la girafe, par Huet....... ARE Sono CR 535 322 700 183 231 — 874 — Morphine (Influence de la) sur l’exhalation de l'acide carbonique, par Gréhant.......... 100206 0E ET ÉaTo0so Hb6 0e Sels : Moelle cervicale (Influence de la section de la) sur l'exhalation pulmonaire de l’acide carbonique, par Gréhant et Quinquaud... Moelle (Effets des sections longitudinales et hémilatérales de la) sur le diaphragme, par Hénocque et Eloy..........,,.......,. Mouron rouge (Action du) sur les oiseaux, par Gadeau de Ker- Ville CERTES ECO ECCE else stat ele eielaie sie sinje etslaisietaleleielale(e'e AO Motrice (Zone) du cerveau des perroquets, par Couty......... . Muscalaire (Quelques faits- relatifs à l’excitabilité), par Ch. Richet..." PHoD Cabo dv 2900 buopacoteo bd N Natation (Mécanisme de la) des poissons, par Chabry.......... Nerfs (Appareil pour exciter électriquement les) et les muscies, par d’Argonval.......... neveoon tone OCTO A QUE Dee Nerveuse (Histologie de ja chaîne) du lombrie agricole, par Nienal Ron rene Do buboa co Ten ao Gudoooub rec GE Nerveux (Eléments) des crustacés, par Vignal........... CÉROdOT Nutritifs (Troubles) consécutifs aux lésions des bronches et des poumons, par Quinquaud et Piogey........., Jonoues un one Nutrition (Persistance de la) dans un membre après l'ablation totale du sciatique, par Brown-Séquard...... Dodbodio0 bar O Œafs (Situation des) dans l’utérus dans la grossesse gémellaire., par Budin:...."204.. 00 ANDb HO US BR OË SRE Bocodec Ongle (Lésions histologiques de l‘) dans les inflammations de cet OrRaNe, PATISUCHAFA Eee seceeees--scLhrer re c-teee sos Optique (Nerf) et rétine dans un cas de cécité remontant à dix ans, chez un ataxique, par Poncet (de Cluny)......... ééogour Optiques (Rapports directs et croisés des nerfs) avec les hémis- phères cérébraux, par Parinaud................. Scies : Oscillation des états cataleptiques et somnambuliques chez une hystérique, par Dumontpallier et Magnin...,............... Ac Onïe (Procédé simple pour explorer les fonctions de l), par CCE Hem bonta aber tenace ne bee deteste — (Troubles de l’) guéris Pin l'extraction de dents cariées, par Gellé Peer Pb ReAAU EE HHoGGor dt bons Ge STAGE : Oxygène (Appareil pour préparer l') à froid et d'une manière con- tinue; par d'ArsOonval.. 2." ile telnet tie : 665 179 — 875 — @xygénée (Influence de l'eau) sur les virus et les venins, par Bert et Regnard.-....-...............:msescesssc.sssee — (Décomposition de l’eau) par la fibrine, par Bert et Regnard.. E Panereéas (Lésions du) chez les diabétiques, par Rémy et miss Showe....... Héron corner ses onr oies secs Parablaste (Direction dés noyaux et formation des cellules dans le) des poissons osseux, par Henneguy............ CCF oo Parasites trouvés dans les poumons et les muscles de l’Otaria Caziforniana, par Huet...............:.................. . — (Sur un) intestinal de l'éléphant, par Mégnin.................. Parésie des autres membres dans l'hémiplégie liée à une lésion encéphalique unilatérale, par Brown-Séquerd...... Sscisiaure Pédonceule cérébral (Dégénérations seccndaires du), par Feré.... PerlLinisme et burquisme, par Burqg........... ee IT Te Phospho-glycérique (Acide) dans l'urine, surtout dans le cas de foie gras, par Lépine et Eymennet............ ere ns Phosphore (lésions histologiques dana l’empoisonnerment par ie), par Cornil et Brault...... Soanoe tt éce or Det ou cc icone Phosphorescents (Influence des rayons) et fluorescents sur Île formation de la chlorophylle.. par Regnard.......,...... base Photographie appliquée à la reproduction des graphiques faits par la projection à la lumière électrique, par Laborde......... Phrénique (Arracheément et régénération du nerf), par Hénocque COPINE = ere cercecnceecse Re Re eee re. LD = — (Action des racines supérieures du nerne sur le Re par Hénocque et Eloy................... FES o Sec conte ess Pieoline et B lutidine de la cinchonine et de la brucine (Action physiologique de la), par Œchsner de Coninck et Pinet......, Piles (Dispositif nouveau donnant des) à forte tension, à longue durée, par Regnard............ Se fee ete eee rate eee en ee : Plâtrage des vins. Elimination du sulfate de potasse, par Ra- HERVE ESS EP ea one moe sosie aus cos nee Plâtre (Vie des animaux enfermés dans du), par Richet et Ron- TEXSSPARRRSS RER Fésocoe ue sésoréce sésSrorbessr Pleurésie expérimentale (Variations de l’exhalation d’acide carte mique dans la), par Bntte..--:-."....-...... roi RE Ur at Pnenmogastriques (Influence de la section des nerfs) sur l’exha- lation de l'acide carbonique, par Grébant.................... Pneumonie parasitaire chez le chien, par Courtin............ DE Polaire (action) du courant induit, par Vigouroux........, ÈS Pouls veineux jugulaire normal (mécanisme du), par François- ErPanCkie us ie ere des one een seen ele LR SCÉRÉDEE 598 142 692 221 297 — 876 — Poufs veineux (schéma général du), par François-Franck ...... Prolapsus ovarien double chez une hystérique, paf Baraduc..... Frocès-verbal sur les expériences de Dumontpallier, par Pou- Chetiet ZaAVAlE Reese some 0 ner dre ee ou Rene Psoriasis (histologie du), par Vidal et Leloir..... JS A gd AS Papillaires (exagération des réflexes), par Parinaud.,....... É or Pus bieu (sur la culture du microbe du) par Capitan et Char- RIRE is eee ÉD e RME DE ARR Ed bee fa DEA EU! Q Quinine et cinchonîime. Des succédanés en thérapeutique, par aborde. AE AS AISN cie DAS ea TR en ete a 2e TO 6175 uinine (Action physiologique de la) surtout surle cœur, par La- Le se LAND RENE NE Le AE te AU QUE tes 760 — (sulfate de) des hôpitaux de Paris, par Laborde..... SR 2907 R Réflexogènes (zones) motrices chez les hystériques catalepti- ques, par Dumontpailier......,.............. ot BANC RER L — (zones) de la peau de la colonne vertébrale chez des hystéri- ques cataleptiques, par Dumontpallier. . . .. Re ET te ses. 106 Réflexomètre pour les réflexes tendineux, par Danillo.......... 595 Regard (Action du) sur les yeux de l’hystérique hypnotisée, par Dumontpallier................,..se.s.en.ssesessssssessesses 200 Régénération du nerf sciatique chez un petit singe, par Brown- Séquard...,........ RS RE OR A ARE 0 DO à ee CN) Régime azoté (Influence du) sur la production de la laine, par P; Regnard: 2... auiesp-cemenecdlenenere seeds CHOEUR Régulateur (nouveau) de température, par P. Regnard...... DARaee es LE 7) — de température fonctionnant sans gaz, par Regnard............ 320 Respiratoire (Nouvel appareil) pour le sauvetage dans !es mines et les incendies, par Regnard................. eee ue 235 Respiration (Recherches sur la physiologie pathologique de la) par Gréhant et Quinquaud..... TE MS AT PS A Sel tale See NO: Rein (Altérations histologiques du) à la suite de la ligature de l'u- retère chez le cobaye, par Straus et Germont. ae Ctoeue .. 43 — précurseur, par M. Duval.......... SAR eiee letlaiese ele EE PACE EL Respiration artificielle (Sur ua procédé de) permettant l'emploi du soufflet sans exiger la trachéotomie, par Laborde........ 123 — (Appareil pour la) artificielle, par Regnard..................... 641 Respiratoire (Capacité) du sang des animaux des hauts pla- teaux de l'Amérique, par P. Bert...............,........ RSS ner — 877 — S Scotome scintillané (Observations sur le siège du), par P. Sébarées (Développement des glandes) de la Petite lèvre et du mamelon, par Wertheimer......... ROUTE LE oO D BETA Semi-cireualaires (Détermination expérimentale et morphologi- que du rôle fonctionnel des canaux), par Laborde......... 413 Sphygmograghe veineux, par François-Franck............,.... Solaire (Physiologie du plexus), par Leven........,....... ue Souffiet capillaire (Action du) pendant la période cAtaleptiile de l’hypnotisme chez les hystériques, par Dumontpallier...... Sténatogènes (Action des agents) sur le diabète artificiel et spon- tané, par Quinquaud.........4 teens. else ae oleloise s 0 0161 0 Stomatogastrique des crustacés isopodes, par Huet.......... Sulfocrésylate ou crésylsulfate de soude, par Rabuteau,,...... Sulfophénate de soude (Propriétés physiologiques et mode d'élimination du), par Rabuteau..................... ss. Snrdité (La) à l'école, par Gellé.......... DE AN RS Surrénale (Histoire de la découverte de la capsule), par Hlan- CHATEAU Diefsle ne sb 2 elald SG ie e sie mslalehe)e sis e(0 Linie Lee ons 9e te a es ol 01e à (a T Taches bleues, par Duguet...... DO U OO Do robe uno Teigne faveuse à forme lycoperdoïde chez le lapin à fourrure, par MECS ne one eia ae niiaie le Eee ueloeie ts teleetaie dede Température (Dispositif pour avoir une) constante sans gaz ni régulateur, par d’Arsonval........... DO US OS UE he — comparée de la peau du thorax et des aisselles dans la tubercu- lose pulmonsire, par Redard........ Sn enieinel eee ae Tracé (Procédé pour obtenir un) à distance sans frottement, par ‘d’Arsonval.......... PURES CSA HO AU LE Re ee Tracés (Procédés pour transporter les) sur collodion, par Hénocque Transfert croisé, alterne de la sensibiité chez des hystériques à l’état de veille, par Dumontpallier........... ARE CO on Trichines (Effet du froid sur la vitalité des), par P. Gi bier Te U Urée (Périodicité régulière de l’excrétion de l'), par Lépine, mém.. Urine (Réactions réductrices de l'), par Ch. Richet............ 0 Utérus (Plexus nerveux fondamental de l’), par Rois ie, — (Indépendance des contractions de l’) par rapport au système cérébro-spinal, par Dembo...,.....,..,...... CEA AAA TEE SÉSEUE 111 680 535 525 466 592 M — 878 — V Vaceinales (Présentation de coupes histologiques de pustules), par Straus Valvulaires (Lésions) expérimentales du cœur. Essai de trans- mission héréditaire des affections cardiaques, par François- “Hranck..---. oonenede nl nbonanodetnecavoo at useT ace ‘ Vaso-constricteurs (Modification des effets) du patte cervical par la section du pneumogastrique, par Arloing Veau monstrueux iniodvme, par Pouchet et Beauregard....... Venins des serpents et des crapauds (Caractères communs des), par Couty........ DD ÉTSCUDE DEA Hd es de duos See ra bo Vertige, par Leven ss. esse sosseseenosroneteserenrseesestese Virulentes (Transmission des maladies) de la mère au fœtus, par Straus et Chamberland.......................... Éaoda FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. Mt TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D’AUTEURS A ARLOING........ Modification des effets vaso-constricteurs du syin- pathique cervical par la section du pneumo- DABITIQUR 2 C2 NN le one late ele certe ln ee — Procédé pour apprécier sur l’animal vivant l'influence de l'élasticité des gros troncs antériels sur la régularisation du courant SAN HUIT... sectes sors evene 00090 — Identité des conditions à réaliser pour obtenir 85 87 l’anesthésic générale dans les animaux et . lé Végétaux de -L Lie.eecier — Cornevin et Tomas. Conservation et destruction de la viru- lence du microbe du charbon symptomati- ARSONVAL........ (d’) Appareil permettant de préparer l'oxygène à froid et d’une manière continue......... — Nouvel appareil pour exciter électriquement les nerfs et les muscles.................. — Dispositif pour avoir une température cons- tante sans gaz ni régulateur..... ....... — Action d'un champ magnétique: puissant sur les fermentations ................e..: — Surun procédé permettant d'obtenir un tracé à distanee' sans frottement. ............... ARTHAUD........ (Voir Raymond).........:.... B HarsT .......... Note relative à la communication de MM. Mar- cus et Pinet....... DÉS DA TOUS ov 0 Sao arADuC..... .. Doublé prolapsus ovarien chez une hystérique. Compression ovarienne intra-vaginale pro- duisant le transgfert................ ..... 151 » — 880 BrAuREGAR D! (Voir Pouchet} era tienne BécHamP........ Sur les microzy;mas gastriques ARR PSS 255, Bert (P.),....., Capacité respiratoire du sang des enimaux habi- tant les hauts plateaux de l'Amérique. ..... — Sur le siège du scotome scintillant....... RUE — Eloge de Davaine.............. HUPAANE REP — et LArFronT.. Action du système nerveux sur les vaisseaux lymphatiques...... Dia er D feras RU ae ed NT — et ReGnano.. Influence de l'eau oxygénée sur les virus et les VER an ON NE re ei RUN ES La — Décomposition de l'eau ON hIES par la fibrine. BLAKE (James).. Sur le pouvoir toxique des sels métalliques. .... BLANCHARD ..... Histoire de la découverte de la capaule surré- NAS Ras roro acte RS INR Es AIN a — Matière colorante bleue du rhyzostome de Cu- VIRE sun are ST ASIA E PRE a BOcHEFONTAINE . Déplacement des points du gyrus mo dont le faradisation agit sur la salivation, etc..... — Expériences sur les lésions traumatiques de l'en- s CÉPRA EE RIT Nr ele BoucuarD (Ch.). Alcaloïdes dans les urines au cours de certaines maladies infectieuses..................,.,... BouanT et CHapny. Hermaphrodisme mâle chez Marie BourveviLLe et BRICON Emploi de l'aimant dans l'épilepsie... .... — et Daucs..... Idiotie symptomatique d'une méningo-encéphalite chronique chez un enfant de 5 ans........... BRAULT.......4. (Voir Cornil) ...,..::,...4.. {sessions Bricon......... (Voir Bourneville)..,.... CADET MA tes 2 Browx-Séquarp, Production excessive de force nerveuse et mus- culaire chez une hystérique..... RE CRE EE NEC — Apparition de contracture après la mort,,...... — Parésies des autres membres dans l'hémiplégie liée à des lésions encéphaliques unilatérales.. _ Régénération du nerf sciatique sur une longueur de 12 centimètres chez un petit singe...... — Persistance de la nutrition dans un mernbre de singe paralysé par suite de l’ablation totale du nerf sciatique en Rama Rue — Mouvements produits par l'irritation des diver- ses parties de l'encéphale.....,............. — Mouvements dans les membres sous l’infiaence d'irritations de diverses parties de l'encéphale, — Variétés des voies de communication entre Îles zones motrices des circonvolutions cérébrales et les membres.........,, PRES Pet RU 328 eq Brown-SéquaArRD Preduction d’une anesthésie complète du la- EVEXe ee Sono dise d on drone EG ee — Anesthésie générale sous l'influence de l'irrita- tion du larynx par de l'acide carbonique ou du chloroforme......... Re CR REA STOGOE — Anesthésie surtout d’une moitié &u corps par une irritation du larynx, après la section d’un des nerfs laryngés.......... He 0s.0e0-0vs8s BUDIN.-.......,. Situation des œufs dans l'utérus danse la gros- sesse gémellaire...........,................ Burq........ ... Origine de Ia métallothérapie (3e communication) — Les surprises de la metallothérapie. Expectant attention. Suggestion mentale dans l'hypno- HiBmMe ere Jbdno Coboe ob ... 155 — Origines de ia métallothérapie, Part du magné- tisme animal dans sa déconverte.....,.. 383 — Perkinisme et burquisme. Les martiaux et la médication polymétalhique dans la chlorose... — Les étonnements de la métaliothérapie......... Variations des matérieux du sang et de l’ex- traction de l'acide carbonique dans la pleuré- sie expérimentale CCC C CaPiTrax et CaarRin. Culture du microbe du pus bleu CHABRY......... Mécanisme de la natation des poissons. — (Voir /Pouchet) "2707 0e. Sao CHAMBBRLAND... (Voir Straus}............. DOPAGE AC DE CaanTeMessE... Contracture hystérique guérie par les applications MÉHIIQUES Ce Lu erreur Application du courant galvanique sur la voûte crenienne, chez les hystériques.........,.... — Compléments à la communication sur l’électrisa- tion de l& voûte cranienne chez les hypnoti- ques ...... 2 CHARCOT ....... ...... — Remarques sur une communication de M. Du- MOntDAlHer nn tie mis elle te sement CHARRIN........ (Voir'Capitan)-:5.-2.1002; Omar bo FES CHATIN. 2.0. Armature buccale de la filaire couronnée....... DORNENIN: (Voir ArlOInD) 40m deeeres Comniz et Brauzr. Lésions histologiques dans l’empoisonnement par le phosphore......... HAUTE DEA EE See 587 861 810 t9 19 € en 2 COuRTIN........ Pneumonie parasitaîre chez le chien............ CounrEene Caractères communs au venin des serpents et dest'crapaudg {man NS REA tn — Zone motrice du cervzau des perroquets....... D DANILIO 0e. Fonctions de l'écorce cérébrale dans l’empoi- sonnement par l’alcool et l’essence d'absinthe à doses toxiques. ............... chere — Réflexomètre pour les réflexes tendineux....... DasTRE... .,... Influence physiologique de l’état magnétique... — et MarcacciI.. Sur la loi de l'inexcitabilité cardiaque. . AR — et MORAT.... Influence exercée parle nerf dépresseur de Lud- wig et Cyon sur la circulation bucco-labiale.. DAUGE.......... (Noir Bourneville) MAPS A RER DAVAINE......... (Eloge de) par P. Bert......... AA CE Sr ee DÉJERINE....... Altérations des nerfs cutanés ‘ans certaines escharres survenant dans le cours des maladies cérébrales ou spinales...................... — Altérations des nerfs cutanés chez les ataxiques et leur rôle dans la production des troubles de la sensibilité cutanée des tabétiques...….. .. — Note complémentaire à la communication précé- dentei. 12. ee AD ee ae Me be DEmBo. ........ Indépendance des contractions de l'utérus par rapport au système cérébro-spinal...:..... me DuBois ......... Anginetde MpOlsrines see reel DuGusT......... Expériences sur les taches bleues............ . DumonTPALLigr. Phénomènes produits par le soufflet capillaire pendant la période eataleptique de l'hypnotisme chez les hystériques............ DANSE à ms . — Zones réflectogènes motrices chez les hystéri- ques hypnotisées. Thérapeutique de la con- tracture eme ei RCE . — Zones réflectogènes de la peau de la colonne vertébrale chez des hystériques cataleptiques. — Transfert croisé-alterne de la sensibilité chez des hystériqueg à l’état de veille, ............ — Action du regard ou de la lumière réfléchie des yeux de l’expérimentateur sur les yeux de l'aystérique hypnotisée......... MORE ne — Léthargie incomplète avec conservation de l’ouie et de la mémoire. Indépendance fonctionnelle de chaque hémisphère cérébral............ 83 595 218 208 462 643 832 617 UbE 32 106 139 200 393 — 883 — CumonrTPALLiEr . Inlépendance fonctionnelle de chaque lémis- phère cérébral, ete...... enlatieleatielo tete) sine ee Eloge diHillairels 7e Ne rt se — Hallucinations unilatérales ou bilatérales produi- tes chez les hystériques...............,.17 ._— et Main... Oscillations des états cataleptiques et somnain- buliques chez une hystérique...........,.... — Hyperexcitabilité neuro-musculaire dans les äif- férentes périodes de l’hypnotisme............ — Règles à suivre dans l'hypnotisation des hysté- riques, ...-. AR A Dre PE ONE MS AUS ME de Düvar (M.)..... Rein précurseur des batraciens................ — Innervation du muscle interne du marteau. .... “e E FLOVMErsmeese NOT HAN OC que) ea ce ac Une de ErarD et RicneT. Dosage des matières extractives de l'urine par l'eau bronée...... FRS OPA DORE TE : EYMONNET.. .... (MOI LÉDINC) nn bee AN mnt F FRanNÇois-FRANCcK, Mécanisme du pouls veineux jugulaire normal. — Effets aspiretifs de la diastole ventriculaire; sché- ma du pouls veineux. ...........,..,....... : — Part importante qui revient au muscle die dans i2 production des insuffisances tricus- pidiennes transitoires. ....... ....,.,.... Le — Production artificielle d'insuffisance tricuspi- dienne, mitrale, aortique, chez le ch'en< Pré- sentation des instruments emplurés et d'un ANINAl ODÉTÉ ects sme ee — Sphygmographe veineux..........,.....,.... — Congestion veineuse encéphalique dans l’anémie artérielle par arrèt du cœur................. — Quelques-unes des conditions qui règlent la cif- culation veineuse à l'intérieur du rachis....... — Lésions valvulaires expérimentales du cœur. Es- sai de transmission héréditaire des affections CATUIAQUES- LÉ LO SR ae belsieeereiNe lei eine ele le ele Ve — Mesure des tumeurs anévrysmales Pen gaillie DHTEXTETIEL Tes eee ns ec elle mise eee ; 1882 202 640 653 456 Mn 21 168 il M » DA ORAN FERÉ........... Dégénérations secundaires du pédoncule cérébral FOURMENT ...... AfamoOneum COMMUNC. .s.sessoesssesreersee G GaoEau DE Kervizze. Action du mouron roue sur les oiscaux,.. GaLezowskl..... {njections hypodermiques de cyanure de mer- cure dans les affections syphilitiques de l’œil et du Cerveau........:-..eonsssoosotenonees GaLiprg......... Cuivre dans les céréales et dans le pain....... GELLE.......,... Auscultation transauriculaire.........,.......,, — La surdité à l'ésole.................5........ — Procédé simple pour explorer les fonctions de ONCE 60 On bave done boot ce — Influence de la mastication sur l'audition........ — Audition mono-auriculaire.......,............. — Troubles de l'ouie guéris par l'extraction des dents icariéene ne. eee speed GERMONT........ (Voir Straus.) Gisige (P.)...... Possibilité de faire contracter le charbon aux animaux à sang froid en élevant leur tempéra- ture ee Abe PE rec creerre — Inoculation du virus charbonneux chez des ani- maux à sang froid dont la température a été élevée à 30, 39, 35-,.........sesoscososone » — Effets du froid sur la vitalité des trichines...... GILLES b& LA TOURRETTE. Injections sous-cutanées d'iodure de potassium... .......secsrensvsessonsnese se GRÉHANT........ Influence de la section des nerfs pneumo-gastri- ques eur l'exhalation de l'acide carhonique. — Influence de la morphine sur cette fonction... — et QuinquauD. Recherches de physiologie pathologique sur la res- piration....-........-4.e0 ve eee. 010 0 020 01e — Influence de la section de la moelle cervicale sur l’exhalation pulmonaire de l'acide carbonique, H Ilenxecuy....... Division des noyaux et formation des cellules dans le parablaste des poissons osseux ....... — Importance des figures karyokinésiques en em- bryogénie...... sono. cogne sp ss see — Développement du système nerveux de la corde dorsale ct du mésodcrme, chez la truic...... CR 828 840 . 481 316 559 Li » 2 5 — JISNNINGER...... Méthémoglobine .......,.,,.,..,..,..,,,..,,., Hénocque....... Procédé rapide pour transporter sur collodion les tracés du papier enfumé.....,......,......0 — et ELoy ..... Arrachement et régénération du nerf phrénique . — Action des nerfs intercostaux et des diverses ra- cines du nerf phrénique............. Re 006 — Action des racines supérieures du nerf phréni- que sur le diaphragme.........,.......,.... — Effets des sections longitudinales et hémilaté ales de la moelle eur le diaphragme........, .... — Épilepsie spina'e par lésion de la moelle cervi- CHIC en eee eee eee Lie SEL US PVAUA HennMaAnn (G.).. Structure du cœur et du péricarde chez ies asci- eSESIMPIs EPA eee nn et je HILLAIRET...... (Eloge de), par Dumontpallier.........,........ Huer. .......... Dimensions des cellules multipolaires des cornes anté-ieures de la moelle de la girafe........ — Parasites trouvés dans les poumons etles mus- cles de l'otaria californiana.......,........., — Stomato-rastrique des crustacés isnpodes...... J JAvaL........... Théorie de l'accommodation....:....,.......,... JOBERT ......... Byssus des mollusques bivalves.......,..,..,. K Korau (DE)..... Sur l’hélénine cristallisée, l'essence d'aunce et leur action physiologique. -..............,... KuxcweL D HercuLAIS. Organisation et développement des insectes diptéres recto ervi er Liens L LABORDE ....... Photographie appliquée à la reproduction des graphiques faits par la méthode de prujecfion à la Jumière électrique...................,.. — Note sur un procédé de respiration artificielle permettant l'emploi du soufflet, sans nécessiter laitrachéotonnies sue -aatuaaeneden enceinte — Détermination expérimentale et morphologique du rôle fonctionrel des canaux semi-circu- faire ei embrasse etant edlds 309 75 347 161 113 123 437 AT EE Lasonpe........ Quinine et cinchonine. ................ Rte — Action physiologique de la quinine, surtout sur A GAS dan ENT E Oo LME ndle Poe ose — Sulfate de quinine des hôpitaux de Paris........ LABOULBÈNE .... Blaniulus guttulatus. — Faux parasitisme....... — et MÉGNIN ... Argas de Persa....,................. ee bte LAFPONT........ (Voir Bert.) LaNNELONGUE et ViGNAL. Recherches expérimentales sur la greffe d'un os mort dans un os vivant........ REC EC Lannois......., (Voir Lépine.) — et LÉPINE.... Absorption dans les parties supérieure et in- férieure de l'intestin. (2° communication). ..... LAULANIÉ....... Contribution à l'étude des cellules géantes. ..... LEREDSFF....... Action de la chaleur et du desséchement sur la virulence des liquides septiques et sur les o:- ganismes inférieurs .:........... Se ele LELOIR ......... Inoculation du lupus .:....... ete eee — (Voir Vidal.) LÉPINS ...... ... Ecartement des systoles auriculaire et ventricu- laire dans certains cas de bruit de galop..... — Périodicité régulière des maxima et des minima de l’excrétion de l'urée....... PES à Cao à 0 — (Avec la collaboration d'Eymonuet et Defond). Excrétion de l'acide carbon que dans les dys- HR CD US Gb Mma Tee non de Mapa 0 AS 0 0 DE — et EyMonnerT. Acide phospho-glycérique dans les urines, sur- tout dans le cas de foie gras....... DEAD — ef Lannois... Manière différente dort se comportent les parties supérieure et inférieure de l'intestin grêle dans l'absorption et la iranssudat'on............. ë LESSBR ,...,.... Appareil à anesthésie locale. ........... Hp ENS « PEVENDE SC eee aim ADP Aer SRB DO 000 — Vertige....... OT RU LRO à ARE Dee e — Physiologie du plexus solaire......,........... — Etiologie de la dyspepsie.......... caen ER LIVONS AU Fipome ADTEUX EE CCE OP PNR EP PEN M MaGnin......... (Voir Dumontpallier.) Mancacct.....,. Expériencee sur les centres moteurs coriicaux... — (Voir Dastre.). Marcus et Œcnsner de Coxincx. Le É collidine dérivée de la cin- chonine et son action physiologique, ...,. .... 332 55 -241 M » » — 887 — Marcus et PINET. Action de quelques substances ser les bactéries délai puiréfactions en": c-s-scescrcenec .. MoRaT.......... (Voir Dastre.) Macassez....... Nature du lupus tuberculeux........,......... — Deux nouveaux hémochromomètres............ MEGNIX......... Rôle des ankylostomes et des trichocéphales dans le développement des anémies perni- MA ip ododantoes AD nITO AE E — Tubercules du poumon chez une vache, causés Dar des dOUVES.. eme sectes. — Teigne faveuse à forme lycoperdoïde chez le lapin AVTOUTPUTEZ ere en Peau er eme — Expériences sur l'action nooive des ersas de Perae CEE encres ce. de — Sur un parasite intestinal de l'éléphant. ........ — Développement de l’ascaris simplex du dauphin.. — et LABOULBÈNE Argas de Perse..,..........,.......,...... So O Œcsxer be Coninck et Priner. Action physiologique de la picc- line et des B lutidine de la cinchonine et de la 6DPUCINe SSSR RE LR OxIMus......... Diffusion des courants électriques. ............. OnscHAxeky..... Mouvements localisés produits par la faradisation du crâne chez le chien............... 750 et E & PARINAUD....... Rapports croisés et directs des nerfs optiques avec les hémisphères cérébraux............. ë — Du siège cérébral des images consécutives. ..... — Du contraste chromatique........,..,.,....... — Exagération des réflexes papillaires............ BINET Le (NOIPAMarCUS): 12e Luis lee aae ce PIOGEMA- ces (VOiRIQUiINQUANT).. 2 - PRee a re- scene Poxcer (de Cluny) Nerf optique et rétine dans un cas de cécité re- montant à dix ans, chez un ataxique......... PoucasT........ Explicstion plausible des phénomènes observés sur la malade de M. Dumontpallier........,.. — Certaines formes concrètes des albuminoïdes di SAND eee eee alu leleteinlelateiee la eliaie ete le le lets de — Espèces particulières d'images consécutives d'origine cérébrale....,,..,.........,...... 626 £3 849 347 563 M » » — 888 - CR PoucnerT et BEAUREGARD. Veau monstrueux iniodyme....,.,...... 521 — et CHasry... Organe adamantin des Balænides.........,,.. .. 129 — et JAVAL..... Procès-verbal sur les expériences de M. Du- montpalliers. ci uiae SN NT 66 Q ‘ Quinaquaup...... Méthode pour l'étude de la phys!ologie patholo- PIQUES DU NN RARE (ia ie PARA ae 105 — Décolorimétrie, dosage de l’hémoglobine totale.. 302 — Action des agents stéatogènes sur le diabète arti- ficiel ct le diabète spontané. ................ 535 — et Procey.... Troubl:s nutritifs secondaires aux lésions des bronches et des poumons.... .............. 100 æ R RABUTEAU, ..... Effets et mode d'élimination de l'iodure de më- thyltriéthylstibonium. Classification de ce corps parmi les agents curariques....4..,,...os.s. 197 — Plâtrage des vins. Élimination du sulfate de po- ÉASS ON Er eeesesetaiesc eee cmt dl — Effets et mode d'élimination de l'iodure de tétré- thylarsonium et des iodures doubles de tétréthy- larsonium de zinc ou de cadmium, 195, 409 et 443 — Recherches nouvelles sur la loi atomique ou thermiqye..... oo eonNbabbEToemrocoosupa 3 6 — Propriétés physiologiques et mode d'élimination du sulfophénate de soude. — Sulfocrésylate ou crésylsulfate de soude............ Ségacabo db — Effets et mode d'élimination de l'acide cacody- lique ordinaire, son innocuité relative. ........ 49i Raysmonp et AnTsaup. Système glanglionnaire du grand sympa- thique dans deux cas de tabes dorsalis ....... 553 REDARD ........ Température de la peau du thorax et des aisselles dans la tuberculose pulmonaire. ..... 294 — Lampe à incandescence fonctionnant par l'air car- Dur eee ca ee -Rrrecsb dede Soda abat RecnARD (P. ... Nouveau régulateur de température............ 137 — Nouvel appareil respiratoire pour le sauvetage dans les mines et les incendics....... SALONS 235 — Régulateur de température fonctionnant sans le secours’ de PAZ US re de eu QT en OT a) — 889 — REGNARD ...... Résultats de l'alimentation azotée chez les herbi- VOTES A ANA Te ne Diane sel si nie ele a ta ee tate nie leiete — Appareil à enregistrer. sous forme de courbe con- tinue les phénomènes de la fermentation...... . — Influence du régime azoté sur la production de la laine..... DUO Slosetele ciel sise sisicisie este — Alimentation surazotée chez les animaux de basse-cour....,....... 518000 — Dispositif nouveau donnant des piles à forte ten- sion, à longue durée, etc....... He ee aelre — Appareil pour Île respiration artificielle......... — Influence des rayons phosphorescents et fluorcs- cents sur la formation de la chlorophylle..... —I(Voir Bert) --0e----eeccc--certrace Sdaaÿooon RÉRIN SRE en ce . Plexus nerveux fondamental de l'utérus. ......., RÉMY et miss SHOWE. Expériences à propos des lésions du pan- créas chez les diabétiques................. Ricner (Ch.).... Quelques faits relatifs à l’excitahilité musculaire, — Réactions chimiques réductrices du lait et de MULIDC Eee LUE eee pee eeeiiaecieeesfecte — Action du chlorure de sodium à haute dose... — Action comparée des chlorures alcalins.,...,.. — Action comparée des chlorures do sodium, de potassium et de litthium sur ie fermentation lactique te tee Rloisiel lei e ete erojele(siels le sielele — Microbes chez les poissons et les animaux ma- INR RS des he ee tR ou LAS sie ete Ricuer et RoupEAu. Vic des animaux enfermés dans du plâtre... Roi (Alb.}.... Mort par méningite aiguë dans le delirium tre- mens ..... S.-.99 ee 90+00908..-008,9 RONDEAU:-:-::.- (Voir Richet.) ..0:-..0 DoodeeDodoosonopoo Roucn.......... Action physiologique du Gelsemiam scemper- VIrens ...........0 CS 0D00 000 ba A BOPOÉTOMOONE S SANSON..... .... Alimentation des jeunes mammifères par un suce cédané du lait.........., SECRÉTAN....... lrottement normal de l'articulation du genou... Suowe (miss)... (Voir Remy.)..............: . ........ .. SYyNÉTY (DE)..... Brides verticales à l'orifice vulvo-vaginal......., STRAUS......... Micrococcus de la pustulc vaccinale du veau... — et CHAMDERLAND. Recherches expérimentales sur la trans- mission des maladies virulentes de la mère AU US EEE ee EC Pere Re nalsele eee 150 556 121 561 585 683 — à90 — STRaus et CHAMBERLAND. Passage de la bactéridie charbonneuse de la mère au fœtus.............. sets erenes Ko — €t GERMONT.. Altérations histolcgiques du rein à le suite ds la ligatore de l’uretere chez le cobaye........ SUCHARD........ Lésions, histologiques de l’ongle dans les inflam- mations de cet organe...... SAS cu 0 hreatio T THOLOZAX .,.., . Pnéaomènes morbides produits par les argas de HEC oDo eur upon TACTaDne shédobDe nas e THOMAS......... (Voir Arloing.)....... tosreeresssessseneseerse V VARENNE (À. LE) Formation des gonophores et des méduses chez les hydraires............. DÉNDO Oo uOe Din VÉTAULT......e Action des métaux sur les hystériques.... ... : VipaL et LeLoiR. Histologie du psoriasis.........,..........,... Ê — Recherches anatomiques sur l'acné...... Gao 0e — Anatomie pathologique du lupus............... VIGNAL.,,..... . Système nerveux des hirüdinées.............. — Histologie de la chaine nerveuse du lomoric agri- COÏB. ee see isesseeesssleseoe-seseie état a — Elément nerveux des crustacés................ Vicouroux...... Action polaire du courant induit................ Vinrzeneien.... Recherches expérimentales sur l'action physiolo- gique de la brucine............s......... . WERTHEIMER.... Développement des glandes sébacées de la petite lèvre et du mamelon................s..sese FIN DES TABLES IAE PEER RSR D 804 Paris. -- limprimerie Ed. ROUSSET et Cie, 2, rue Rochechouart M 15 à ss PS d EX MÉMOIRES LUS À LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1882 SUR L'ABSORPTION Parties supérieure et inférieure de l'intestin grêle (EUKIÈME COMMUNICATION) Par MM. LANNOIS et R. LÉPINE Nous avons précédemment (Comptes rendus de la Soetété de Biologie, 1882, p. 99, séance du 11 février) insisté sur la dif- férence que présentent les parties supérieure du jéjunum et inférieure de l’iléon, au point de vue de l’absorption des pep- tones, des matières salines et des graisses, etc., ainsi qu’au point de vue de l'intensité de la transsudation. Comme il y a une certaine difficuité à cause de la présence des valvules conniventes et du calibre différent des segments supérieur et inférieur de l'intestin grêle, à prendre deux anses dont la sur- face muqueuse soit égale, on pouvait à la rigueur nous objec- ter que l'énergie plus grande de l’absorption et de la transsu- dation dans l’anse supérieure tenait peut-être àce qu’à notre insu cette anse avait, dans nos expériences, une surface mu- queuse plus considérable. Assurément il étuit invraisembla- ble qu’une semblable erreur de notre part se fût reproduite toutes les fois. Mais les expériences suivantes montrent pé- remptoirement qu’uns telle objection n’est point fondée. En effet, dans ces expériences, nous avons procédé exacte- mentcommedans celles qui ont fait le sujet de notre précédente communication, sauf que nous avons introduit dans chaque Mo A anse un liquide capable d’altérer profondément les propriétés de l’épithélium. Le liquide que nous avons employé de préfe- rence est l’alcool mélangé à de l’eau, en proportions variables. ExPéRiENCE Ï. — Chien de 10 kilogr. On lave avec soin les anses jéjunale inférieure et iléale inférieure avec la solution de chlorure de sodium à 0,7 0/0, et on injecte dans chacune d’elles ?0 cc d'alcool marquant 900 à l’alcoomètre. Les anses sont, après avoir été soigneusement liées, replacées dans la cavité péritonéale,et l'animal est sacrifié 20 minutes plus tard par hé— morrhagie. Ces anses, aussitôt ouvertes, renferment ioutes deux 20 ce deliquide qui, distillé et ramené au volume, prè- sente à l’alcoomètre un degré de 380. La muqueuse des deux anses a un aspect tout à fait insolite : elle est de couleur blanchâtre. L'épithélium est évidemment tres altéré. Expérience Il. — Chienne de 18 kilogr. (ayant absorbé par injection sous-cutanée les jours précédents une énorme dose de morphine et malade depuis). Même expérience que la précé- dente, sanf que les 20 ce injectés dans chaque anse sont for. més d’une partie d'alcool à 900 et d’une partie d’eau. L’expé- rience ne dureque 12 minutes. On retrouve 20 cc dans chaque anse. Ce liquide à l’alcoomètre marque 440. Il y'a donc eu une absorption d’alcooïégale dans les deux anses, mais moindre que dans l’expérienceprécédente, ce qui tient sans doute à la du- rée moindre et à l’état de faiblesse de l'animal, qui était pres- que mourant. À l’autopsie, les deux anses étaient rouges, et la surface de la muqueuse opalescente. Expérience III. — Petit chien de 9 kilogr. 800, à jeun depuis hier. Même expérience que la précédente, sauf que les 20 ce injectés sont un mélange de 2/3 d'alcool marquant 900 et de 1/3 d’eau pure. Il faut encore tenir compte du fait que le lavage des deux anses a laissé quelques gouttes d’eau dans CRASENE d'elles. L'expérience dure 25 minutes, Autopsie : anse supérieure un peu plus rouge, muqueuse un peu opalescente, mais moins que dans les expériences pré- Dre in L} cédentes. Il y a eu transsudation assez abondante: l’anse su- péricure renferme 28 cc ; l’anse inférieure, 30 ce. Les deux li- quides à l’alcoomètre marquent exactement 22 degrés. ExPÉRIENCE IV. — Chien de 15 kilogr. à jeun depuis 36 heu- la res. Même expérience, sauf que le liquide injeeté (20 ec) est ün mélange parties égales d’alcool dénaturé (à 90°) et d’eau; l'expérience dure 20 minutes. Autopsie: La muqueuse est plus injectée dans l’ause supé- rieure. On retrouve 38 cc. dans chaque anse; le liquide de l’anse supérieure est rose; celui de l’anse. inférieure renferme un tiers d'alcool en plus que celui de l’anse supérieure {on n’a pas conservé exactement le chiffre absolu). Les expériences précédentes prouvent que si le mélange renferme plus d’alcool(à 900)que d’eau, iln’y a pas dedifférence entre les anses supérieure et inférieure quant à l'absorption. Comme dans ce cas l’épithélium est profondément aliéré, il y a lieu d'admettre que c’est aux propriétés de l’épithélium qu'est due l'énergie plus grande de l’absorption: lorsqu'il est sain. On remarquera que dans la dernière expérience, où la proportion d'alcool n’était pas trop forte, il y a.eu absorption élective d'alcool dans l’anse supérieure, bien que la quantité de liquide retrouvé dans les deux anses ait: été exactement le même. SUR LA PÉRIODICITÉ RÉGULIÈRE A TYPE GÉNÉRALEMENT TIERCE DES MAXIMA ET DES MINIMA DE L'EXCRÉTION DIURNE DE L'URÉE Par M. R LÉPINE Des observations poursuivies depuis fort longtemps et dont j'ai commencé à entretenir la Société des Sciences médicales de Lyon, il y a plus de trois ans, m'ont convaincu que chez l’homme et chez le chien soumis à la ration d'entretien, la courbe représentant les quantités durée journellement excré- tées présente un aspect régulièrement dentelé, les élévations se produisant exactement tous les deux jours, et les abaisse— ments les jours intermédiaires, suivant un type tierce. Exceptionnellement, j’ai remarqué, pendant une période de quelques jours, un type quarte, et, plus rarement encore, un type quinte. Ce sont des exceptions sur lesquelles je ne crois par devoir m’arrêter, le type tierce étant la règle. Mes observations ont été faites tout d’abord chez des ma- lades d'hôpital, atteints d’affections chroniques non fébriles. C’est chez eux que j'ai découvert la particularité sur laquelle j'insiste aujourd’hui. J'ai étendu ensuite mes observations à l’homme sain et au chien, à un régime d'entretien strictement le même chaque jour ; enfin, il suffit de lire quelques mémoi- res de physiologie poùr trouver de nombreux exemples de type tierce, ainsi, chez le chien de MM. Federet E. Voit (Zeitschrift { Re fur Biologie, XVI, p. 185 et 191), chez ceiui de M. Gruber (fin de ses deux tableaux, p.200 et 201, même volume), chez celui de M. Oti (même journal, XVII, 1881, p. 174), ete. Ces cas sont d'autant plus probants . qu’ils sont recueillis sans aucune idée préconçue, les expérimentateurs n’ayant pas remarqué cette particularité. . Le cas suivant a un intérêt particulier: c’est celui d’une chienne chez laquelle j’ai pratiqué dans un but particulier, il y a plusieurs mois, une fistule biljaire complète. Cet animai pèse de 16 à 17 kilogr. et ne dépérit pas sensiblement lorsqu'il reçoit quotidiennement 1 kilogr. de viande maigre. Voici les chiffres de l’urée excrétée par jour pendant une période où la- limentation a été strictement réduite à 1 kilogr. de viande. Son régime a donc été parfaitement uniforme, sauf qu’il buvait de l’eau à discrétion. Cette chienne était sondée très régulièrement deux fois par _ jour,et n’urinait jamais dans l'intervalle des cathétérismes.Les deux portions d'urine étaient réunies et le dosage de l’urée fait avec l’hypobromite de soude. Voici les chiffes obtenus : Quantité diurne Urée totale Poids d'urine. par 24 heures 8 juillet 17.350 350 15.2 9 — 17.550 450 18 10 — 17.350 200 10 11 — 16.950 400 16 12 — 17.100 350 12 13 — 16.550 350 14 14 — 16.650 270 10 15 — 16.350 390 15.8 16 — 16.200 200 D 17 — 16.950 300 10.2 18 — 16.350 200 8 19? 16.200 260 11.5 20 — 16.300 200 8 21 — 16.500 350 10.5 22 — 16.450 210 8.5 23 — 16.350 309 12 24 — 16.250 300 13 - Mém. 1882 A le — $ — Ainsi qu’on peut le voir par ce tableau, les mazima et les. minima de l’urée totale alternent d’une manière très régulière. Il n’en est pas de même des quantités d’urée pour 1000, qui n’offrent pas à beaucoup près cette régularité, tandis que la quantité diurne d’urine marche, à peu d’exceptions près> dans le même sens que la quantité totale de l’urée. L’excrétion de l’urée n’est certainement pas le seul phéno- mène soumis à cette alternance régulière : il y a quelques art- nées, M. Paul Bert a signalé à la Soctété de Biologie un fait du même genre, relatif à l’augmentation de poids du cochon. d'Inde pendant la période de croissance. La pathologie hu- maine pourrait aussi apporter son contingent de faits, no- tamment celui-ci, connu dès. là plus haute antiquité, c’est que fréquemment des malades atteints d’affections aiguës ou chroniques ont régulièrement « un jour bor et un jour mau- vais » ; je me borne à rappeler ces faits, peut-on en trouver l'explication ? Elle est certainement des plus difficiles ; cependant,qu'il me soit perrnis de soumettre aux physiologistes les quelques ré- flexions suivantes : La plupart, sinon tous, des actes vitaux, spontanés ou pro— voqués, sont une série d'actions et de réactions. Après une dose d’un médicament produisant tel effet, il y a. nécessairement, pendant un certain temps, un effet inverse (qui, à la vérité, souvent échappe à l’observation, parce qw’il-est trop peu in-— tense ou trop peu prolongé). Cela étant, et je pourrais à l'appui de la proposition que je viens formuler, apporter de fort nom- breux exemples, je pense que si l’on veut bien considérer les actes vitaux s’accomplissant pendant la durée du nycthémé- ron comme constituant une période naturelle, autrement dit, un tout, iln’y a plus de difficulté : Une période à actions éner- giques sera nécessairement suivie immédiatement d’une période inverse, et ainst de suite. Telle est l’'ébauche d’expli- _ cation que je propose. CONTRIBUTION A L'ETUDE DE L'EXCRÉTION DE L'ACIDE CARBONIQUE DANS CERTAINES DYSPNÉES Par M. R. LÉPINE Avec la collaboration de MM. EYMONNET et DEFOND 4 MM. Raoult, (1), Regnard, (2), Friedlander et Herter, (3), Gréhant, (4), et tout récemment Gréhant et Quinquaud, (5), ont constaté dans certains états dyspnéiques la diminution centésimale de CO? contenu dans l'air expiré et, ce qui est plus important, de la quantité absolue de CO? dans l’air expiré pendant ur temps donné. Nous avons répété quelques-unes des expériences faites par ces auteurs, mais en en variant les conditions et nous en avons fait d’autres dans des condi- tions nouvélles, par exemple en gênant la circulation pulmo- naire et après intoxication au moyen de l’acide pyrogallique. $ I. — Mope OPÉRATOIRE Chez un chien trachéotomisé, nous fixons dans la trachée, par une ligature solide, une canule recourbée portant, à quel- (1) Annales de chimie et de physique, 1876. (2) Recherches sur les variations path. des combustione respiratoire:, Paris, 1879, (3) Zeitschrift für phys. Chemie, II. (4) Journal de l'anatomie, atc. 1880. (5) Comptes rendus de la Société de biologie, 1882. LAS ques centimètres de la‘trachée, un petit appareil à soupape analogue à celui qui est figuré par M. Gréhant dans le Jour- nal de l’Anatomie, année 1880, p. 331, mais avec la différence que les chambres à air sont placées, non pas l’une à côté de l’autre, mais l’une au-dessus de l’autre, afin de supprimer le long tube recourbé dans lequel se fait un mélange, à chaque mouvement respiratoire, d’air inspiré et d'air expiré, ce qui est une cause d'erreur assez sérieuse. Dans le même ordre d'idées, nous avons rapproché autant que possible les soupa- pes de la trachée. Un soin particulier a été apporté à la construction des sou- papes, afin de gèner aussi peu que possible la respiration : leur charnière est constituée par une simple peau de gant très mince ; leur partie périphérique, par une demi-rondelle d'a- luminium excessivement mince : nous avons aussi essayé les soupapes 22 papier, mais celle de l'expiration est bientôt hors d'usage, à cause de la vapeur d’eau, et nous avons dû y re- noncer. L'appareil tout entier est en laiton nickelé, sauf les deux chambres à air, qui sont formées d’un cylindre de verre, afin de permettre de surveiller le jeu des soupapes. Le cylindre entourant la soupape d'inspiration doit être aussi court que possible, pour le motif indiqué précédemment, c’est-à-dire pour éviter autant que possible le mélange de Fair inspiré et expiré. _ Par la soupape d’expiration, l’air se rendait dans un ballon de caoutchouc de ?5 litres; nous notions exactement le temps ue mettait le ballon à se remplir. L’acide carbonique contenu dans'les 25 litres d'air était absorbé par deux appareils de Liebig à cinq boules renfermant une solution de potasse caustique. L’aspiration de l'air durait 5 à 6 heures. Naturellement, avant de passer par‘les boules de Liebig et aussi en sortant de ces boules l’air traversait des tubes en U,. remplis de pierre ponce imbibée d'acide sulfu- rique. La quantité d'acide carbonique contenue dans les 25 litres d’air nous était donnée par l'augmentation de poids des boules de Liebig et de ceux des lubes en W en aval de ces dernières. On “ns, | DS sait que l’augmentation de poids de ces tubes en U doit être por- tée au compte de l’acide carbonique, attendu qu’elle n’est autre que le poids de la vapeur d’eau enlevée aux boules de Liebig. _ Nous n’insistons pas sur ces détails parfaitement connus. $ II. — ExPÉRIENcCES : Exp. I. — Chien bouledogue de 15 kilog., trachéotomisé. Ballon rempli en 5 minutes 1/2. Teneur en CO? de l’air expiré : 3, 6. Ce qui ferait pour une heure : Air : 283 litres, COz2: 8180 c.c Nous injectons alors dans le bout central de la veine jugu- laire externe, à l’aide d’une seringue dont le piston se meut sur un pas de vis avec une grande lenteur, 25 c. c. d’huile d'olive. L'animal n’éprouve pas de dyspnée bien appréciable.A la fin de l'injection, il est pris d’hémiplégie. Un quart d'heure après, nous faisons une 2e prise d'air. _ Ballon rempli en 6 minutes. Teneur en CO? de l’air expiré : 2, 6. Ce qui ferait pour une heure : Air : 250 litres ; CO: : 6500 c.c. Exp. II. — Chien de 15 kilog., trachéotomisé. Ballon rempli en 4 minutes 1/2. Teneur en COZ de l'air expiré : 3, 1. Ce qui ferait pour une heure : Air : 333 litres ; COZ : 10320 c.c. Injection de 30 c.c. d’huile dans le bout central de la jugulaire externe, faite plus rapidement que dans la précédente expé- rience. Aussitôt après, le chien a un violent accès de dysp- née; les mouvements respiratoires, de 20 par minute, montent à 30, et même à 40; le pouls de 105 à 160 ; puis il retombe à 100 et 80: il est fort ; lorsque la dyspnée a tout à fait cessé, nous fai- sôns une 2e prise d'air: Ballon rempli en 5 minutes 1/2. Teneur en CO? de l’air expiré : 2,5. Ce qui ferait pour une heure : Air: 272 litres; C co’: 6309 c.c. A 1 A Le chien, détaché, parait tout à fait abruti, mais il n’estpas paralysè comme le précédent. Comme lui, il meurt environ 8 heures plus tard. A l’autopsie, écume fine dans l'arbre aérien ; quelques lobules pulmonaires sont atélectasiés, les poumons sont gras, mais à l’œil nu, on n’y distingue point de graisse. Exp. IIT. — Chien bouledogue de 13 kilog., trachéotomisé, respiration lente (seulement 10 par minute). Ballon rempli en 5 minutes. Teneur en COz de l'air expiré : 3, 4. Ce qui ferait pour ane heure : Air : 300 litres; COs :10200c.c. Injection assez rapide de 50 c.c. d'huile dans le bout centrai de la jugulare externe. Immédiatement après, paralysie du côiè gauche, tête déviée à droite, cœur ralenti (seulement 80 battements); puis plusieurs crises pendant lesquelles l’animal se débat et a beaucoup de dyspnée. Dans l'intervalle de 2 crises, prise d'air: Ballon rempli en 6 minutes. Teneur en CO! de l'air expiré : 2, 1. Ce qui ferait pour une heure : Air : 255 litres; COZ : 5350c.c. Les résultats des trois expériences sont parfaitement con- cordants : après une injection d'huile pénétrant dans la petite circulation, nous avons constaté une diminution notable de la quantité d’air expiré pendant un temps donnéet sur- tout de la quantité d'acide carbonique exhalé. Cet effet ne pouvait guëre être prévu d'avance ; on aurait pu au contraire supposer que la gêne apportée dans le poumon au conflit du sang pulmonaïre et de l'air par lhuile augmenterait plutôt la proportion de CO? exhalée,aïnsi que nous l'avons vu dans quel- ques expériences où nous avons rétréci la canule par laquelle respirait le chien, par exemple dans l’expérience suivante : Exp. IV. — Chien de 9 kilog., prise d’air peu après l’ouver- ture de la trachée. Ballon rempli en 6 minutes 20 secondes. Teneur en CO: de l’air expiré : 2, 9. Ce qui ferait pour une heure: Air : 238 litres; COZ : 6900c.c. Mao Rétrécissement du tube trachéal, grande accélération des respirations, forte dyspnée, asphyxie. Ballon rempli en 8 minutes 10 secondes. Teneur en CO? de l’air expiré : 3, 8. Ce qui ferait pour une heure: Air : 187 litres; CO® : 7100c.c. “À la fin de la prise d’air l'animal a des convulsions. On remarquera la diminution du volume de Vaiv expire, comme dans les expériences précédentes, mais, contrairement à ces dernières, l'augmentation de la quantité de C0? exhalée, La proportion eentésimale de l’acide carbonique (8, 8) n'est pas très forte; cela tient à ce que la ventilation pulmonaire était encore fort énergique. En augmentant le réirécissement, soit du tube inspirateur, soit de l’expirateur, nous avons obtenu, . dans d’autres expériences, le chiffre 4, 5. Ces dernières expé- riences nous autorisent à dire que, conformément à ce que l'on devait prévoir dans les dyspnées par rétrécissement 20- table du conduit aérien, si la quantité de COZ exhalée pendant un temps donné est diminuée, la proportion centésimale de CO: dans l'air expiré ne lesé pas. Dans les dyspnées dyscrasiques la quantité absolue et centé- simale de CO2 nous a paru fort abaissée. Ce résultat est pro- bablement l'expression d’un fait général. Voici à cet égard une expérience : Exp. V.— Chien bouledogue de 14 kilog. 500, ayant ingéré en 3 jours 3 grammes d’acide pyrogallique et émettant une urine fortement colorée en brun noirâtre. Baïllon rempli en 6 minutes. Teneur en CO? de l’air expiré : 1, O9. Ce qui ferait pour une heure : Air : 250 litres; COZ : 2,900c.c. C’est le chiffre le plus bas de CO2 que nous ayons observé chez un chien de cette taille. Chez une jeune fille diabétique, succombant dans le coma dit acétonémique, nous avons obtenu les chiffres suivants, les plus faibles que nous ayons observés chez les malades. —1l— Ballon rempli en 12 minutes. Teneur en CO: de l'air expiré : 1, 4. Ce qui ferait pour une heure : Air : 125 litres; COs :1750c.e. Cette jeune fille, malgré l'intensité dela dyspnée, ne présen- tait pas trace d’asphyxie. Il est -donc infiniment vraisemblable que chez elle la faible exhalation de CO2 ne résultait pas d’une rétention de ce gaz dans le sang. Si la dyspnée ne tenait pas à l’augmentation de COZ dans le sang, était-elle due 4 la diminution de l’oxygèhe du sang ou à une substance toxique (éther diacétique) ? C’est ce que nous ne sommes pas en état de dire. DES PHÉNOMÈNES MORBIDES PRODUITS PAR LA Piqüre de parasites voisins des ixodes ou tiques LES ARGAS DE PERSE Par M. S.-D. THOLOZAN Téhéran, 27 jüie 1882. Jusqu’à la fin de 1878 je n’avais pas une opinion bien arrêtée sur les effets de la piqûre des argas de Perse et je craignais de faire connaître mes idées à ce sujet, n'ayant pas recueilli moi-même des faits suffisamment positifs. La même année je fis connaître mon indécision à mon savant ami, le professeur Laboulbène, dans une lettre dont des extraits viennent d’être insérés dans les Comptes Rendus de la Société de Biologie (séance du 4 février 1882). Les expériences négatives du docteur Fumouze sur des lapins, il y a une quinzaine d’années, ainsi que celles de MM. Laboulbène et Mégnin en 1882, avec des argas apportés par moi à Paris en 1878, tendent à prouver que « les piqûres « de ces insectes ne sont pas plus dangereuses que celles de « nos ixodes ou tiques indigènes, dont ils sont très voi- « sins ». Le témoignage de plusieurs observateurs distingués, parmi lesquels je citerai particuliérement MM. les doc- teurs Jurist et Polak, qui ont habité comme moi la Perse Rue pendant de longues années, est aussi tout à fait opposé à la pensée d’une action toxique quelconque développée sous l'influence de la piqûre des argas. M. le docteur Polak écrivait même dans son excellent livre sur la Perse (1) : « La piqûre « venimeuse de la punaise de Mianeh appartient au règne « fantastique de la fable. » Depuis le commencement de l'année 1879, j'ai été, au contraire, tout à fait fixé sur le danger de lh piqüre de ces parasites. | Le travail récent de MM. Laboulbène et Mégnin, en me renseignant sur les rapports zoologiques ct l’étroite parenté des tiques connus en Perse sous les noms de mèleh, kènèé, chébguez, garibguez, me permet aujourd’hui de faire connaître, avec plus d'avantages, les observations que j'ai recueillies il y a plus de trois ans sur le pouvoir toxique de ces arachnides. J’ai la ferme conviction que la lumière est faite à ce sujet et qu'il n’y a plus de doute possible sur le danger de la piqüre de ces animaux. Quelques questions accessoires restent sans doute encore dans l’ombre; telle est celle de l’immunité dont jouissent