td np ar AS rer EL Die me > +. pm DL S TRS - mir» .# « PUR Tu QU D ET MST er er EMA TETE CREME T TL VER, À 2) HE) Ë JOMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES DE LA- © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 0 PARIS, =1 } 1, mue Cassette de dir CEE a _ COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES 40 DES | SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE à TOME QUATRIÈME — DIXIÈME SÉRIE & ANNÉE 1897 QUARANTE-NEUVIÈME DE LA GOLLEGTION Avec figures = RNA GEO PARIS MASSON ET C°, ÉDITEURS LIBRAIRES DIE LAC AIDIÉENDRE DIE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1897 DÉPETE NI ENCRE) AMEN DE } LOUE | DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE AU 31 DÉCEMBRE 1897 ABRÉVIATIONS A À M, associé de l’Académie de médecine. AE P, agrégé à l’École de pharmacie, A F M, agrégé à la Faculté de médecine. A H, accoucheur des Hôpitaux. A M, assistant au Muséum. c A M, correspondant de l’Académie de médecine. c x, chirurgien des Hôpitaux. mar, membre de l’Académie francaise. M A M, membre de l’Académie de médecine. M1, membre de l'Institut. M A s, membre de l’Académie des sciences. mcrs, maître de conférences à la Faculté des sciences. M x, médecin des Hôpitaux. P © Fr, professeur au Collège de France. PE, professeur à l'École de médecine. PE p, professeur à l'École de pharmacie. PE M M, professeur à l'École de médecine militaire. P & v, professeur à l'École vétérinaire. P F M, professeur à la Faculté de médecine. PF s, professeur à la Faculté des sciences. P'H, pharmacien des Hôpitaux. PH F M, professeur honoraire à la Faculté de médecine. P M, professeur au Muséum. P U, professeur à l'Université. BIOLOGIE ANCIENS PRÉSIDENTS Présidents perpétuels. MA. Rayer (1848-1867). Claude Bernard (1868-1878). Paul Bert (1879-1886). Présidents quinquennaux.. MM. Brown-Séquard (1887-1892). Chauveau (1892-1896). COMPOSITION DU BUREAU (1897) Président... At M. Bouchard. Vice-présidents..... RU j ME 2 Dent À M. E. Gley. Secrétaire général............ M. Dumontpallier. M. Capitan. Secrétaires ordinaires. ....... LE BONE M. Trouessart. M. Chabrié. Erésorner "ter rene EE NE LES M. Beauregard. ArchIVISte:: 002 MENU Au M. Retterer. MEMBRES HONORAIRES MM. Albert (S.A.S.), Prince de Monaco. Beneden (Ed. van), PU, à Liège. Brouardel, MAS, PFM, MAM, MH, doyen de la Faculté de méde- cine. Burdon-Sanderson, pu, à Oxford. Chauveau, mas, PM, MAM, 10, ave- nue Jules-Janin. Cohn (F.), pu, à Breslau. MM. : Arsonval (A. d’), MAS, MAM, PCF, 28, avenue de l'Observatoire. Babinski, Mu, 54, rue Bonaparte. Balbiani (G.), pcr, 18, rue Soufflot. Balzer, mu, 8, rue de l’Arcade. Beauregard (Henri), AEP, AM, A9, boulevard Saint-Marcel. MM. Engelmann {W.), pu, à Berlin. Foster (Michael), pu, à Cambridge. Külliker (von), pu, à Würtzburg. Kowalewski, m4, à St-Pétersbourg. Leuckart, PU, à Leipzig. Ollier, AAM, Pr, à Lyon. Paget (sir James), pu, à Londres. Strasburger, PU, à Bonn. Virchow, pu, à Berlin. MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES. | MM. | Berthelot (M.-P.-E.), MAS, MA, pcr, sénateur, au palais de l'Ins- titut Blanchard (Raphaël), MAM, PFM, secrétaire général de la Société zoologique de France, 226, bou- levard Saint-Germain. ” RP TS TRES RO RES Capitan, 5 MM. Bloch, 41, rue Laffitte. Bouchard, PFM, MAS, MH, MAM, 174, rue de Rivoli. Bouchereau, mu, 1, rue Cabanis. Bourneville (D.), mu, 14, rue des Carmes. Bourquelot, MAM, PEP, PH, 42, rue de Sèvres. Budin. (Pierre), MA, 4, avenue Hoche. rue des Ursulines. Chamberland, directeur de labo- ratoire, à l'Institut Pasteur, rue Dutot. Charrin, AFM, l'Opéra. Chatin (G.-A.), MAM, MAS, 149, rue de Rennes. Chatin (Joannès), MAM, AEP, pro- fesseur adjoint à la Faculté des sciences, 174, boulevard Saint- Germain. Cornil (V.), MAM, PFM, MH, séna- teur, 19, rue Saint-Guillaume. Dareste, directeur du laboratoire de tératologie à l'École des Hautes-Études, à Paris, 37, rue de Fleurus. Dastre (A.),Prs,1,r. Victor-Cousin. Dejerine, AFM, Mu, 179, boulevard Saint-Germain. Duclaux, Mas, PFS, MAM, directeur de l’Institut Pasteur, 35 bis, rue de Fleurus. Duguet, AFM, Londres. Dumontpallier, . Vignon. Dupuy (E.), 53, avenue Montaigne. Duval (Mathias), Mam, PrM, 11, cité Malesherbes. Féré (Ch.), Michel. AFM, AH, Mu, 11, avenue de MAM, MH, 60, rue de MAM, MH, 24, rue NI uu,37,boulevard Saint-. MM. HUE François-Franck, mam, professeur suppléant au Collège de France, >, rue Saint-Philippe-du-Roule. Galippe (V.), chef du laboratoire de la Clinique d'accouchements, 42, pos Vendôme. Gellé, 4, rue Sainte-Anne. Giard, prs, 14, rue Stanislas. Gley, arm, 14, rue Monsieur-le- Prince. Grancher, Beaujon. Gréhant (N.), pu, 90, cours de Vin- cennes. Grimaux, AFM, MAs, professeur à l'École polytechnique et à l’Ins- titut agronomique, 133, pue vard Montparnasse. Hallopeau, MAM, AFM, Mu, 91, bou- levard Malesherbes. Hamy, MI, PM, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, 36. Hayem (G.), PFM, MAM, mu, 7,rue de Vigny. Henneguy, professeur remplaçant au Collège de France, 9, rue Thénard. Hénocque, directeur-adjoint du la- boratoire de médecine au Col- lège de France, avenue Mati- gnon, 11. Javal, maM, directeur du labora- toire ch de à la Sor- PFM, MAM, MH, 90, rue bonne, 5, boulevard de la Tour- ni Joffroy, PFM, mu, 186, rue de Ri- voli. Künckel d'Herculaïs (Jules), 1, rue d'Obligado. Laborde (V.), mam, chef des: tra- Vaux physiologiques à la Faculté de médecine, 15, rue de l'École- de-Médecine. AM, MM. Laboulbène, mMam, PFM, un, 181, boulevard Saint-Germain. Lancereaux (E.), MAM, AFM, Mu, 44, rue de la Bienfaisance. Landouzy, MAM, PFM, Mu, 4, rue Chauveau-Lagarde. Larcher, 97, Grande-Rue de Passy. Leblanc, MAmM, 88, avenue Mala- koff. Leven, 26, avenue des Champs- Élysées. Magnan, Mau, Mu, 1, rue Cabanis. Malassez, mam, 168, boulevard Saint-Germain. Marey, MAS, mMam, PCF, 11, boule- vard Delessert. Mégnin (Pierre), rédacteur en chef du journal l'Éleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes. Michon (Joseph), 33, rue de Baby- lone. Milne-Edwards (Alph.), Mas, Ma, PM, PEP, 97, rue Cuvier. Nocard, PEV, mMAM, à Alfort. Onimus, 118, boulevard Hauss- mann. Perrier, MAS, MAM, PM, 26, rue . Gay-Lussac. Poncet (de Cluny), à Vichy. Ranvier, MAM, Mas, PCF, 28, ave- nue de l'Observatoire. Raymond (F.), PFM, Mu, 156, bou- levard Haussmann. Regnard (Paul), MA, professeur à l’Institut agronomique, direc- teur-adjoint du laboratoire de physiologie expérimentale de l'École des Hautes-Études, 224, boulevard Saint-Germain. Rémy, AFM, 31, rue de Londres. Retterer, AFM, 19, boulevard Saint- Marcel. Richet (Ch.), peu, 15, rue de l’Uni- versité. Robin (Albert), AFM, MAM, Mu, 53, boulevard de Courcelles. Rouget (Charles), PM, AAM, à Saint-Jean-de-Villefranche. Sinety (de), 14, place Vendôme. Trasbot, PEV, MA, à Alfort. Troisier, AFM, MH, 25, rue La Boétie. Vaillant (L.), PM, 2, rue de Buffon. MEMBRES TITULAIRES MM. Binet, 29, rue Madame (21 décem- bre 1895). Bonnier (Gaston), Prs, MAS, 15, rue de l’Estrapade (1% décembre 1888). Bonnier (Pierre), 166, rue du Fau- bourg-St-Honoré (3 avril 1897). Boulart, 55, rue de Buffon (8 juillet 1897). Bouvier, PM, 39, rue Claude-Ber- nard (28 avril 1894). Brissaud, AFM, Mn, 5, rue Bona- parte (4 février 1888). MM. Chabrié, 11, rue Bara (5 déc. 1896). Darier, Mu, 8, rue de Rome (14 an- vier 1893). Fabre-Domergue, 208, boulevard Raspail (11 avril 1891). Gilbert, MH, AFM, 27, rue de Rome (10 mai 1890). Grimbert, pu, 47, rue du Faubourg- St-Jacques (21 mars 1896). Guignard, MAS, MAM,PEP, À, rue des Feuillantines (7 janvier 1888). Hallion, 31, rue de Poissy (30 mar 1896). #4 ; B } na MM. Hanriot, Mau, AFM, #4, rue Monsieur- le-Prince (21 novembre 1896). Kaufmann, pav, à Alfort (30 no- . vembre 1889). Langlois, chef de laborat., Fu, 12, rue de l'Odéon (12 décem- bre 1891). Lapicque, préparateur, Fs, 15, rue de l’'Odéon (15 décembre 1894). Laveran, MamM, 25, rue du Mont- parnasse. Mangin professeur au Lycée Louis- le-Grand, 2, rue de la Sorbonne (25 mai 1895). Marchal, 126, rue Boucicaut, à Fon- tenay-aux-Roses (Seine) (19 juin 1897). Netter, ArM, mx, 129, boulevard Saint-Germain (23 février 1889). Phisalix, Am, 26, boulevard Saint- Germain (13 décembre 1890). Pilliet, chef de laborat., FM, 4, rue Richeparse (29 juillet 1893). Railliet, Mam, PE, à l'École vété- rinaire d’Alfort (13 juin 1891). MM. Rénon, mu, 17, rue d'Anjou (27 juin 1896). Richer, 11, rue Garancière (8 juik let 1893). GE Roger, AFM; ME, 4, rue Perrault (2 juin 1888). Suchard, préparateur du cours d'anatomie générale au Collège de France, 15, rue Notre-Dame- des-Champs (30 novembre 1895). Trouessart, 112, avenue Victor- Hugo (28 juillet 1895). Vaquez, mu, 82, boulevard Hauss- mann (11 décembre 1897). Varigny (de), 7, rue de Sfax (15 jé- vrier 1890). Weiss, AFM, 20, avenue Jules-Janin (18 juillet 1896). Widal, apm, mn, 52, boulevard Malesherbes (17 juillet 1897). Wurtz, AFM, Mu, 67, rue des Saints- Pères (26 décembre 1891). Yvon, 26, avenue de l'Observatoire (13 novembre 1897). MEMBRES ASSOCIÉS MM. Arloing, PFM, PEV, à Lyon. Beaïe, Lionel $S., à Londres. Beaunis, PHPM, à Paris. Carus (J.-V.), pu, à Leipzig. Dugès (Alfred), consul de France à Guanajuato (Mexique). Frédéricq, pu, à Liège. His, pu, Leipzig. Gluge, ru, à Bruxelles. Laulanié, PEv, à Toulouse. : Le Roy de Méricourt, AA, 5, rue Cambacérès, à Paris. Lépine, PFM, AAM, à Lyon. MM. Lortet, PrM, à Lyon. Marion, PFrs, Marseille. Metchnikoff, chef de service à l'Institut Pasteur, rue Dulot. Pitres, PFM, CAM, à Bordeaux. Plateau, PU, à Gand. Ray Lankester, pu, Oxford. Renaut (J.), PFM, AAM, à Lyon. Roux, Ma, sous-directeur de l’Ins- titut Pasteur, rue Dutot. Sanson, profess. à l’Institut agro- nomique, 11, rue Boissonade, Paris. | MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX- MM. Abelous, pu, à Toulouse. Arthus, pu, à Fribourg. Baréty, à Nice. Bergonié, PFM, mMAM, à Bordeaux. Brasse, 25, rue Chasselièvre, à . Rouen. Cazeneuve (Paul), Pru, à Lyon. Charpentier, Pr», à Nancy. Coyne, PFM, à Bordeaux. Courmont, AFM, à Lyon. Debierre (Ch.), Pru, à Lille. Delore, à Lyon. Dubois (Raphaël), rs, à Lyon. Duret, professeur à l’Université catholique, à Lille. Gilis, AFM, à Montpellier. Gimbert, à Cannes. Herrmann (G.), PrM, à Toulouse. Huet, PE, à Caen. Jobert (CL.), prs, à Dijon. Jolyet, PFM, à Bordeaux. Jourdan, PFS, PEM, à Marseille. Jourdain, à Portbail. Laguesse, AFM, à Lille. Lambling, PFM, à Lille. Lataste, à Cadillac (Gironde). MM. Lennier (G.), directeur du Muséum, au Havre. Livon, PEM, à Marseille. Maurel, AF“, médecin principal de la marine, à Toulouse. Morat, PrM, à Lyon. Moynierde Villepoix,PEM, à Amiens. Nepveu, PEM, à Marseille. Nicati, à Marseille. Nicolas, PFM, à Nancy. OEchsner de Coninck, Prs, à Mont- pellier. Pelvet, à Vire. Perraud, professeur de viticulture, à Villefranche (Rhône). Peyraud, à Libourne. Pierret, PFM, à Lyon. Prenant, PFM, à Nancy. Rietsch, à Marseille. Rodet, AFM, à Lyon. Testut (Léo), PrM, à Lyon. Thierry (E.), directeur de l'École d'agriculture, à Beaune (Côte- d'Or). Tourneux (Fréd.), PrM, à Toulouse. Wertheimer, PFM, à Lille. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS MM. Allemagne. Gegenbauer (K.), pu, à Heidenberg. Hertwig (O.), pu, à Berlin. Hæckel (R.), pu, à léna. Kuhne (W.), pu, à Heidenberg. Plüger (E.), pu, à Bonn. Recklinghausen (von), pu, à Stras- bourg. Waldeyer (W.), pu, à Berlin. MM. Australie. Haswell, à Sidney. Autriche-flongrie. Adamkiewiez (Albert), PU, à Cra- covie. Belgique. Crocq, pu, à Bruxelles. Heger (P.), pu, à Bruxelles. ST MM. Espagne. Ramon y Cajal, Madrid. États-Unis. Bowditch, P, Harward University. Seguin (E.-C.), à New-York. Stiles, Washington. Minot (S.), P, Harward University. Grande-Bretagne. Beevor (Ch.-Edw.), 33, Street, W., à Londres. Horsley (Victor), 80, Park Street, Grosvenor Square. W., à Lon- dres. Langley, P, Trinity College, à Cam- bridge. Marcet, à Londres. Simon (John), à Londres. Waller (Aug.), pu, St Mary's Hos- pital, à Londres Harley Havane. Sanchez Toledo, à Paris. MM. Italie. Golgi, Pu, à Pavie. Mosso, pu, à Turin. Perroncito (Eduardo), pu, à Tu- rin. Portugal. Mello (Cabral da), à Lisbonne. Roumanie. Vitzou, PU, à Bucharest. Russie. Dogiel, pu, à Kasan. Gamaleïa, Paris. Mendelsohn (Maurice), à Saint-Pé- tersbourg. Mierzejewsky, à Saint-Pétersbourg. Tarchanoff (de), pu, à Saint-Péters- bourg. Wedensky,Pu,àSaint-Pétersbourg Suisse. Kronecker, pu, à Berne. Prévost, PU, à Genève. CORAN NOTICE SUR LES TRAVAUX DE HANOT ANCIEN VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ, par M. A. GILBERT L'année dernière, traversée par la mort de Hanot, restera marquée de noir dans mon souvenir. Avant que celle-ci s'achève, qu'il me soit permis, sinon de réitérer l'expression de ma douleur, du moins d’ajou- ter à ce que j'ai dit (1) de l’homme et du maître un court aperçu de l’œuvre qu'il a laissée. Aussi bien un semblable hommage trouvera-t-il justement sa place dans les Bulletins de cette Société dont il fut vice- président, dont il était l’un des membres les plus aimés et les plus écoutés et qui eut la primeur de la plupart de ses travaux. La première publication de Hanot remonte à 1870 : C'est une obser- vation de rupture de l'aorte recueillie dans le service de Charcot et communiquée à la Société Anatomique, observation banale, sans doute, mais qui témoigne chez le simple interne provisoire d’alors d’un pré- coce besoin de recherche scientifique. Dans cette disposition, Hanot devait iargement mettre à profit ses années d’internat. En collaboration avec Bouley, il publia, à celte époque, une remar- quable note sur les lésions histologiques de l’ostéomalacie et dans une série de communications aux Sociétés, mit en relief un certain nombre de faits cliniques intéressants. C'est ainsi qu'il relata la première ob- servation française d'orchile suppurée dans la fièvre typhoïde, qu'il con- firma les conclusions de Westphall relatives à l'élévation de la tempéra- ture dans les attaques apoplectiformes et épileptiformes de la paralysie générale, qu'il montra que chez les cardiopathes asystoliques, quand lœdème gagne les membres supérieurs, il est fréquent de le voir débuter par le côté gauche, en raison sans doute de l’asymétrie des troncs veineux (1) Voir Bulletin médical, 1° novembre 1896. B10LOGIE. — 108 SÉRIE, T. IV. I IT SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE # brachio-céphaliques, le gauche étant plus long et plus oblique que le droit. Cependant Hanot recueillait aussi les matériaux d’un travail qui devait illustrer son nom; j'ai cité sa thèse qu'il intitula : Z{ude sur une forme de cirrhose hypertrophique du foie. Cirrhose hypertrophique avec ictère chronique ; il la subit en Décembre 1875. On savait déjà, sans doute, à cette date, que le type de cirrhose aperçu par Laënnec n’était point le seul que la pathologie fût capable de réaliser, mais nul n'avait su, dans le chaos des faits disparates inconformes à ce type, dégager un type nouveau. Hanot montra qu'il en est un que caractérisent cliniquement l’hyper- trophie permanente du foie et de la rate, l'ictère chronique, l'absence d’ascite et de développement des veines sous-cutanées abdominales, la longue durée; étiologiquement, l'absence de toute condition saisissable : anatomo-pathologiquement, l'angiocholite et le développement périan: giocholitique d’une sclérose habituellement insulaire. Quel contraste avec la cirrhose de Laënnec dont les traits sympto- maltiques les plus saillants sont : l’atrophie du foie, l’ascite, le déve- loppement des veines tégumenteuses de l'abdomen, l'absence d'ictère véritable, l’évolution subrapide, dont l’alcoolisme est la cause évidente, habituelle dont enfin la lésion histologique consiste en une sclérose annulaire périphlébitique! Grâce aux leçons sur les. maladies du foie et des reins professées par Charcot, à la Faculté en 1877, le travail de Hanot eut un retentissement considérable, et d'emblée, la maladie nouvelle trouva sa place dans les livres classiques. Il en fut ainsi, du moins en France, où peu de voix discordantes s'élevèrent. A l'étranger, la notion d'une cirrhose biliaire distincte dans ses causes, ses lésions, et ses symptômes de la cirrhose veineuse de Laënnec, pénétra au contraire malaisément ; dans ces dernières années seulement, à la faveur de l’irrésistible force que puisent en soi les choses vraies, elle a été pleinement acceptée. Hanot, d’ailleurs, à diverses reprises, avait, pendant ce temps, com- plété sa description première et avait pu, grâce aux progrès de la bac- tériologie fournir, de la maladie à laquelle déjà son nom était attaché, une théorie pathogénique satisfaisante. Dès sa thèse et par sa découverte même, Hanot se trouva enchainé à l'étude des maladies du foie. Il y apporta toute son ardeur, toute sa curiosité et tout le génie, inventif que, du premier coup, il avait révélé. À Sous son effort, soutenu par descollaborations dévouées, la pathologie hépatique scrutée en tous sens pendant vingt ans s’estéclairée et élargie, Nulle question qu'il n'ait marquée de son empreinte. NOTICE SUR LES TRAVAUX DE HANOT III La cirrhose de Laënnec fut complétée par la description des petits signes qu'elle présente, pareille en cela à la néphrite interstitielle et par l'étude de la cirrhose atrophique à marche rapide. À ce propos fut formulée cetle loi générale d’une importance primordiale : « Dans les _cirrhoses, au point de vue anatomique, le diagnostic est lié à la topo- graphie de la néoformation conjonctive, le pronostic à l’état de la cel- lule hépatique ». En regard de la cirrhose de Laënnec, et formant contraste avec elle, quoique procédant de la même condition étiologique habituelle, ayant la même origine veineuse et affectant la même topographie annulaire, fut décrite la cirrhose alcoolique hypertrophique, particularisée anatomi- quement par la résistance de l'élément parenchymateux à l'action de l'alcool et de la sclérose, cliniquement par sa bénignité relative et sa curabilité, conforme en cela à la loi plus haut édictée. L'alcool, d’ailleurs, cessa d’être considéré comme l'unique agent cir- rhogène. La dyspepsie, le diabète furent accusés d’être capables d’ame- ner des cirrhoses pouvant affecter un type anatomo-clinique spécial, et nul n'ignore le beau mémoire, qu’en collaboration avec M. Chauffard, Hanot consacra à la cirrhose pigmentaire et au diabète bronzé. La congestion passive du foie fut étudiée dans son type le plus inté- ressant; l'expression qualifiée de barbare, mais imagée et impérissable d'asystolie hépatique fut créée pour en spécifier les traits originaux, en même temps que la raison d’être en était cherchée dans une disposition anatomique spéciale des veines sus-aépatiques. Les néoplasmes du foie, les angiomes, les kystes non parasitaires, les sarcomes et les mélanomes, enfin et surtout les cancers primitifs et secondaires, pour la première fois, furent l'objet d’une description Symp- tomatique et histologique rigoureuse. On n'attribuait à la fuberculose hépalique que les lésions tuberculeuses histologiquement spécifiques, c’est-à-dire les tubercules, Hanot y ralla- cha les lésions communes, non histologiquement, mais pathogénique- ment spécifiques. Le cadre de la tuberculose du foie s'agrandit ainsi remarquablement. L'on dut y faire tenir des dégénérescences cellulaires, des hépatites graisseuses el une cirrhose dont fut prouvé le développement possible chez les animaux devenus spontanément tuberculeux ou expé- rimentalement tuberculisés. Les altérations du foie dans les maladies infectieuses, notamment dans la fièvre typhoïde et le choléra, furent soumises à un examen sévère: les caractères du foie infectieux furent ainsi établis et une nouvelle lésion de la cellule hépatique fut mise au jour, la tuméfaction transparente. L'étude de la bile, enfin, fournit elle-même à Hanot l'occasion de la découverte de l'acholie pigmentaire. Tout en accordant aux maladies du foie une attention toute particu- IV SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lière, si bien que l’on s'était accoutumé à considérer le foie comme un organe à lui, et ses maladies comme son domaine, Hanot ne se désin- téressait d'aucune des choses de la médecine extra-hépatique et il a publié sur les sujets les plus divers des travaux entre lesquels certains méritent d'être rappelés. Il en est ainsi de ceux qui visent /a nature de la chlorose, la phlegmatia alba dolens des chlorotiques, les endocardites aiguës, les lésions de la dilatation bronchique, les rapports qui existent entre les anévrismes de la crosse de l'aorte et la pneumonie caséeuse; la gastrite chronique avec sclérose sous-muqueuse hypertrophique et rétro- péritonite calleuse (en collaboration avec M. Gombault), le cancer de l’es- tomac à forme seplicémique, le mal perforant des ataxiques. Mais une grave question l’intéressait entre toutes, celle de la fuber- culose. Il l’a abordée dans deux articles de dictionnaire, dans une thèse d'agrégation, dans un livre volumineux écrit en collaboration avec MM. Hérard et Cornil, ainsi que daus plusieurs mémoires. On lui doit d’en avoir élucidé quelques particularités anatomiques et cliniques, outre celles qui ont trait à la tuberculose hépatique. Il convient d'ajouter que précocement il avait conçu de cette affection une idée tellement exacte, que dans son article Phtisie pulmonaire du Dictionnaire de Jaccoud écrit plusieurs années avant la découverte du bacille tuberculeux, rien n'est à retrancher. Telle est l’œuvre de Hanot. Je n’en ai pu donner qu’un résumé succinct, incomplet (1) et fort imparfait, qui ne saurait évoquer l'idée réelle des résultats obtenus. Ceux-ci sont considérables. Hanot a largement récolté dans le champ de la science, à une heure ingrate, où la plupart des travailleurs venus trop tard, trouvant la moisson faite, sont heureux et fiers de pouvoir glaner encore. À n’envisager que la pathologie hépatique, Hanot l’a transformée. Il suffit, pour en juger, de considérer le point où il a pris le cha- pitre des cirrhoses et celui où il l’a laissé. Ce que n'avaient pu faire les Frerichs, les Todd, les Monneret, Hanot l’a réalisé. C'est pourquoi l’avenir gardera sa mémoire. (1) Voir Titres et travaux scientifiques de V. Hanot. Asselin et Houzeau 1893. Dans cet exposé, on trouvera l'indication et le résumé des publications de Hanot antérieures à 1893. ÉLOGE DU PROFESSEUR I. STRAUS par M. WURTZ Le 7 décembre 1896, la Société de Biologie a perdu, dans la personne de M. le professeur Straus, un de ses membres les plus éminents, Né dans la plaine d'Alsace, aux environs de Strasbourg, M. Straus fit ses études médicales à la Faculté de cette ville, qui a donné d'illustres représentants à toutes les branches de la science. L'œuvre de M. Straus, dans toute sa carrière, a porté l'heureuse empreinte de cette culture féconde. Il le savait, et à l’ardent amour du sol où il était né se joignait une profonde reconnaissance pour ses maîtres de la Faculté de Strasbourg. Docteur en médecine à vingt- quatre ans, il concourut la même année à une place d'agrégé en chirurgie et accouchements. Il n'eut pas le loisir de persévérer dans cette voie : un an plus tard, la guerre éclatait. IL y fit tout son devoir. Parti de Strasbourg avec quelques amis à la nouvelle de la défaite de Reichsoffen, il arriva assez à temps pour prêter un concours efficace à l'évacuation des blessés sur Haguenau, où, avec J. Bæckel et Aug. Reverdin, il dirigea une ambulance de 200 malades. Durant le siège de Paris, il fut médecin-major d'un bataillon de marche, et à Nogent, où il fit partie pendant deux mois des avant-postes, comme à Champigny et à Buzenval, il sut déployer cette bravoure tranquille et ce dédain de la mort qu'ont pu admirer plus tard et que n’ont pas oublié ceux qui ont assisté aux derniers moments de sa vie. L'issue de la guerre franco-allemande ne permit pas à M. Straus de poursuivre sa carrière dans sa ville natale. L'amitié de Sedillot le mit à même de trouver, auprès de Béhier, le meilleur accueil; en 1873, il devenait au concours son chef de clinique. Quatre aus après, il était nommé médecin des hôpitaux de Paris, et en 1878, à trente-trois ans, agrégé de la Faculté. VI SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À ce moment, la médecine commençait à s'éclairer des mémorables recherches de Pasteur. Une science nouvelle, la bactériologie, créée de toutes pièces par cet homme de génie, commençait à se dégager des controverses et des discussions passionnées, et forçait l’attention des esprits curieux. Un des premiers, M. Straus, pénétré d’une vive admiration pour Pas- teur, suivit l’enseignement du maître au laboratoire de la rue d'Ulm et fit partie, avec Roux, Duclaux, Chamberland, Nocard, de cette brillante pléiade des élèves de M. Pasteur, qui, autour de lui, et sous son impul- sion féconde, ont agrandi dans une si large mesure les conquêtes de la bactériologie francaise. C’est dans cette voie que M. Straus dirigea tous ses efforts. L’amitié et la confiance de M. Pasteur lui valurent en 1883, la direction de la mission scientifique chargée d'étudier le choléra d'Egypte. En 1888, à la mort de Vulpian, il fut nommé professeur de patho- logie expérimentale et comparée à la Faculté de médecine et son ensei- gnement, pendant neuf ans, fut uniquement consacré à la bactériologie. Membre de l'Académie de médecine en 1893, il y avait, à sa mort, près de vingt ans qu'il faisait partie de la Société de Biologie. C'est là d’abord qu’il exposait le résultat de presque toutes ses recherches. Le nombre en a été considérable, et je ne saurais ici énumérer la longue liste de ses travaux; car son activité s'était exercée avec succès sur la plupart des branches de la médecine. Je vous dirai dans quelques instants ses recherches en anatomie et en physiologie pathologiques, en clinique, mais c’est surtout de ses travaux de prédilection en bactério- logie et en pathologie expérimentale, que je dois vous entretenir en premier lieu. Je me souviens qu'une semaine environ avant sa mort, dans son laboratoire, il passait en revue, pénétré peut-être d’un pressentiment de sa fin prochaine, ses principales recherches. Il en est trois qu'il mettait au-dessus des autres : la découverte du passage de la bactéridie char- bonneuse de la mère au fœtus, le diagnostic bactériologique de la morve, et la démonstration de la présence de bacilles tuberculeux dans l’organisme d'individus sains. Voici, en quelques mots, le résumé de ces travaux qui dans la pensée de mon maître, primaient tous les autres. Ceux que sa modestie mettait au second rang auraient suffi à sauvegarder son nom de l'oubli. Quand M. Straus entreprit, en 1882, avec M. Chamberland, ses recherches sur la transmission héréditaire des maladies virulentes aiguës, l'étude de l’hérédité de ces maladies venait d'entrer dans une phase nouvelle, à la suite des progrès réalisés en bactériologie. On con- naissait, depuis longtemps, en clinique humaine certaines infections susceptibles d'être transmises de la mère au fœtus. Tels sont les faits ÉLOGE DU PROFESSEUR I. STRAUS VIL. de variole intra-utérine et congénitale, les enfants venant au monde avec des cicatrices de petite vérole lorsque les mères ont été atteintes de variole pendant là grossesse. | Mais, au point de vue expérimental, rien n'avait été encore démontré pour confirmer ces données et pour les vérifier sur une maladie com- mune aux animaux et à l'homme. Bien mieux, des savants tels que Brauell, puis Davaine, Chauveau, Bollinger, cherchant à prouver la transmission intra-utérine du charbon, arrivèrent à constater que la bactéridie charbonneuse ne se transmet pas de la mère au fœtus, que cette bactéridie ne peut traverser ie placenta. Cette assertion était inexacte. MM. Straus et Chamberland, appliquant la méthode des cultures alors que le simple examen microscopique ne donnait que des résultats négatifs, démontrèrent la transmissibilité d’une façon irréfutable. Ils inoculaient le charbon à des femelles de cobayes pleines, qui mouraient rapidement, puis extrayant les fœtus avec toutes les pré- cautions nécessaires pour éviter la contamination parle sang maternel, - ils constatèrent que les bactéries existent à l’état d'unités isolés dans le sang fœtal. Il faut ensemencer ce sang pour mettre en évidence, dans les organes du fœtus, la présence du microorganisme pathogène, et c’est précisé- ment ce petit nombre de germes, inappréciable à l'examen microsco- pique, qui avait fait tomber dans l'erreur Brauell et Davaine. Cette notion, nouvelle alors, du passage de la bactéridie de la mère au fœtus était importante, non seulement parce qu'elle constitue une démonstration de l’hérédité infectieuse, mais aussi, et d’une façon plus générale, parce qu'elle fournit l'explication du mécanisme de l’immunité. Le petit nombre de germes qui traversent le placenta est, en effet, sus- ceptible de vacciner le fœtus. Actuellement, la transmission intra-utérine de la mère au fœtus des germes contenus dans le sang, est une donnée admise sans conteste, et l’on peut dire, en général, que toute infection sanguine peut se trans- mettre au fœtus par le placenta. M. Straus l'a vérifié pour le vibrion septique etle choléra des poules. Ces expériences, confirmées depuis par tous les auteurs qui ont étudié à nouveau cette question, ont suscité un grand nombre de recherches analogues portant sur d’autres microbes. Sauf pour la tuberculose, les conclusions de Straus et de Chamber- land, sur la transmission intra-utérine des microorganismes, s’appli- quent à tous les germes qui peuvent provoquer une infection sanguine généralisée. Le diagnostic de la morve par le procédé de Straus est actuellement le seul moyen qui existe pour affirmer d’une facon sûre et rapide, _ qu’un homme est atteint de morve ou de farein, aigu ou chronique. VIII SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Voici en quoi consiste ce procédé : dans les cas douteux de morve, soit chez l’homme, soit chez les animaux, il y a utilité à recourir, comme moyen de diagnostic, à l'inoculation des produits suspects. Christol et Kiener avaient montré que la morve est inoculable au cobaye. M. Straus découvrit que si, chez un cobaye mâle, on injecte un produit morveux dans la cavité péritonéale, l’orchite morveuse se produit d’une facon précoce. La tuméfaction des testicules, au lieu de ne se manifester qu’au bout de huit jours ou plus tard encore, est déjà très accusée dès la deuxième ou la troisième journée. Quelques jours plus tard, elle acquiert des proportions considérables. L'animal succombe beaucoup plus rapidement, au bout de quatre à huit jours parfois. D’autres microorganismes ont, à la vérité, la propriété de provoquer l’orchite chez le cobaye; mais les lésions de l’orchite morveuse sont tout à fait caractéristiques. La lésion débute par la tunique vaginale. D'abord, les deux feuillets sont recouverts d’un semis confluent de granulations morveuses, puis vers le troisième ou quatrième jour, si l’on incise le scrotum, on met à jour un exsudat purulent, épais, sorte de bouillie blanchätre et crémeuse, qui contient en grandes quantités le bacille de la morve. En même temps, la peau du scrotum, qui est dis- tendue et d’un rouge vif, devient adhérente, s’ulcère et laisse couler un pus épais et blanc. Ni le testicule ni l'épididyme ne sont louchés. Les lésions occupent exclusivement la tunique vaginale, puis le serotum. En France, en Allemagne et partout où sévit la morve, le procédé de Straus a donné d'excellents résultats. En médecine vétérinaire, mais surtout pour la morve humaine, il permet d'affirmer, d’une facon indu- bitable, l'existence de l'injection morveuse. Chez l’homme, en effet, les injections de malléine, ce précieux moyen de diagnostic chez les animaux, déterminant une réaction thermique, ne sauraient être employées. Il faut recourir au procédé de Straus. Mais c'est surtout dans les cas chroniques que l’inoculation intra-péri- tonéale rend desservices signalés. À St-Louis, MM. Besnier, Hallopeau, Jeanselme l'ont utilisée avec un plein succès. Dans une affection, non moins redoutable que la morve, mais infini- ment plus commune et plus répandue, dans Ja tuberculose, M. Straus a également établi un grand nombre de faits nouveaux; la constatation de la présence du bacille de la tuberculose dans les cavités nasales de l’homme sain est un des plus intéressantes. On savait, depuis Villemin et Koch, que les crachats des phtisiques, desséchés et flottant dans l'air, étaient les agents par once de dissé- mination de l'infection tuberculeuse. Et, en efliet, la fréquence si grande chez l'homme de la localisation primitive de la tuberculisation sur les poumons montrait que c’est bien par les voies respiratoires, par inhalation, que se produit l'infection. “Je \ ÉLOGE DU PROFESSEUR I. STRAUS 1X M. Straus a pu serrer le problème de plus près. Il a montré directe- ment que les individus sains habitant des locaux où demeurent des phtisiques, parfaitement bien portants et sans aucun soupeon de tuber- culese, portaient dans leurs fosses nasales des bacilles tuberculeux, qui y séjournent dans la plénitude de leur virulence. L'importance de cette constatation, au point de vue de l'hygiène, n’a pas besoin de commentaires. Elle démontre combien sont abondants, dans les milieux habités parles phtisiques, les germes de la tuberculose; combien sont dangereuses les poussières qu'on y respire. Ces faits nous permettent, en outre, de saisir sur le vif le mécanisme de l'infection par inhalation chez l'homme et sa première étape à l'entrée des voies respi- ratoires. On avait constaté, depuis longtemps, la fréquence de la tuber- culose chez les individus vivant pendant un temps plus ou moins long dans l'entourage des phtisiques, chez les infirmiers, par exemple, et dans les hôpitaux de chroniques, chez les malades coudamnés à un long séjour à l'hôpital. Les recherches dont Je viens de vous parler sont l'explication, la démonstration de ce fait. Mais ce n’est pas là la seule contribution que M. Straus ait apportée à l'étude de la tuberculose. De toutes les maladies infectieuses, c'était celle qui constituait son sujet favori. Il s’y était consacré avec ardeur, estimant, ainsi qu'il le disait souvent, que, dans un problème aussi important, aussi vaste et aussi capital, le plus petit fait nouveau, si faible que pût paraître son importance, constituait un apport à l'édifice et ne devait jamais être négligé. Et nous devons à M. Straus, là encore, nombre de découvertes inté- ressantes. Il a fait la lumière sur bien des points encore mal connus avant lui. Il a su en expliquer, en élucider d'autres. Le résultat de toutes ses recherches est contenu dans son beau livre, intitulé : La tuberculose et son bacille, que vous connaissez tous et qui fait honneur à la science française. M. Lépine a pu justement dire que, dans cent ans et même davantage, ceux qui voudront savoir quelles étaient, à la fin du xix° siècle, les notions exactes que nous possédions sur le bacille de Koch, devront se rapporter à cette magistrale monographie du professeur de notre Faculté. Il faut savoir qu'il avait contrôlé lui-même et refait personnellement toutes les expériences dont on trouve la relation dans son ouvrage; je ne vous rappellerai ici que ses expériences personnelles. Parmi les plus remarquables, je citerai d’abord ses recherches si pré- cises et si intéressantes, sur les propriétés des bacilles de la tubercu- lose, lorsqu'ils sont morts, lorsqu'ils ont été tués par la chaleur ou par différents moyens chimiques. M. Straus, en collaboration avec M. Gamaleia, a montré que les SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ba bacilles morts, injectés aux animaux, se trouvent dans le corps de ces animaux, même au bout de plusieurs mois, avec leur aspect caractéris- tique et leur réaction colorante spéciale. Quoique morts, ils gardent une grande partie des propriétés patho- gènes qu'ils possèdent alors qu'ils sont vivants. Ils peuvent déterminer des lésions qui ressemblent à celles que provoquent les cultures vivantes. Il en résulte cette conclusion importante « que le pouvoir de déter- miner des lésions tuberculeuses n’est pas lié de toute nécessité à la vie et à la végétabilité du bacille de Koch, mais plutôt à quelque substance spéciale contenue dans les cadavres des bacilles ». Cette substance toxique exerce une action profonde et générale sur l'économie, action qui se traduit par l’amaigrissement progressif, la cachexie, É mort. Une diférence existe toutefois. Les bacilles morts ne déterminent des lésions qu'à l'endroit même où ils ont été déposés, ces lésions ne se généralisent pas On a ainsi un moyen commode et sûr de déterminer à volonté une tuberculose circonscrite, une véritable tuberculose locale. Ces faits importants montrent que, s'il convient, dans beaucoup de maladies infectieuses, de tuer le microbe pour arrêter la maladie, il ne saurait en être de même pour la tuberculose. La mort du bacille de Koch ne pourrait assurer la guérison, puisque les bacilles, une fois morts, continuent à avoir une action délétère éner- gique. C’est donc la neutralisation du poison ou l'élimination du foyer qui est le vrai but à atteindre. La tuberculose des oiseaux, confondue autrefois avec la diphtérie, sous le nom de tuberculo-diphtérie, était, tout dernièrement encore, l’objet des recherches de M. Straus, dans une série de mémoires, dont le dernier a paru dans les Archives de médecine expérimentale le jour même de sa mort. Il s’est attaché à démontrer et il a prouvé, que cette tuberculose des oiseaux, la tuberculose aviaire, reconnaissait comme agent pathogène un bacille distinct de celui de la tuberculose humaine. Par l’expérimentalion sur les animaux, sur le chien en particulier, il a mis en lumière leurs différences. « L'hypothèse, disait-il, d'après laquelle les différences qui séparent la tuberculose aviaire de celle des mammifères, résulterait de l’adapta- tion d’un type primitif unique du bacille de Koch à des milieux diffé- rents, cette hypothèse est séduisante; nous serions les premiers à nous y rallier si l’on était réellement arrivé, soit par des artifices de culture, soit par l’expérimentation, à passer d'un bacille à l’autre. Dans l’état actuel des choses, tout en reconnaissant les grandes ressemblances qui les rapprochent et qui naguère encore les avaient fait confondre l’une avec l’autre, il importe surtout, comme nous avons eu le soin de le faire, ÉLOGE DU PROFESSEUR I. STRAUS . XI de mettre en lumière les caractères différentiels. On évitera ainsi bien des mécomptes et des contradictions dans l’étude expérimentale et bactériologique de la tuberculose. » Dans le dernier mémoire ot je faisais allusion, mon Die avait apporté à l'appui de sa thèse de nouvelles preuves, basées sur les diffé- rences que produit chez les animaux l'ingestion du bacille aviaire et du bacille humain. Telles sont les découvertes personnelles relatées dans le livre de M. Straus. Cette œuvre lui avait coûté de longues et patientes investiga- tions. C'est incontestablement l'ouvrage le plus considérable qui ait jamais paru sur la tuberculose; et il met pleinement en évidence la pro- digieuse puissance de travail et la profonde érudition du maître. Ce livre lui inspirait un juste contentement, je dirais : un légitime orgueil, si sa trop grande modestie et l’excessive sévérité qu'il avait vis-à-vis de lui-même, pouvaient comporter un pareil mot. Il est écrit dans une langue admirable, claire, nette, précise, d’une lecture attrayante, même dans les passages les plus techniques et les plus arides. Ce don, ces qualités de style se retrouvent dans tous les écrits de M. Straus, aussi bien dans ses articles de dictionnaire, qui sont des modèles et qui sont restés classiques, que dans ses mémoires, quel que fût le sujet dont il s’occupât. Son livre sur le charbon est, lui aussi, demeuré classique. Datant d'il y a dix ans, il reste aujourd'hui le traité indispensable à connaître et où sont résumées toutes les notions que nous possédons actuellement sur le B. anthracis. Parmi les rares additions que l’on pourrait maintenant y faire, le nom de M. Straus figurerait au premier rang. Depuis l'époque où cet ouvrage a paru, il a, en effet, publié d’abord une contribution à l'anatomie pathologique de la pustule maligne. . Dans un cas qu'il observait, il avait été frappé du petit nombre de bactéridies charbonneuses contenues dans le sang du cœur et dans les organes. Il en concluait avec raison que, pour expliquer la mort, le pullulement du mierobe pathogène dans le sang n’était pas nécessaire. Il ne s'agissait pas d’une septicémie charbonneuse analogue à celle qu’on observe dans d’autres maladies infectieuses. « Il ne paraîtra pas trop téméraire, disait-il, de supposer que dans ce foyer local de végélation bacillaire un poison a pu être sécrété, dont l'absorption a provoqué chez le malade l’ensemble des phénomènes auxquels il a succombé, et qui rappellent de si près certaines intoxica- tions, celles par l& digitale ou la nicotine, par exemple ». Cette conclusion était formulée en 1887, alors que les poisons bacté- riens, le poison diphtérique, non plus que celui du tétanos, n'avaient pas été encore mis en évidence. L’immunité naturelle de certains animaux vis-à-vis du charbon avait XII SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE attiré son attention. On sait en particulier que le chien adulte est très réfractaire au charbon. M. Straus, en expérimentant sur des chiens nouveau-nés, ou âgés de quelques jours seulement, montra que la réceptivité des chiens nouveau-nés vis-à-vis de la bactéride charbon- neuse est extrêmement grande, supérieure même à celle du cobaye. Dans le même ordre d'idées, M. Straus a réussi, contrairement à l'opinion des auteurs qui avaient, avant lui, tenté cette expérience, à inoculer le charbon au lapin en choisissant la cornée comme porte d'entrée. Il put, quatre fois sur cinq, déterminer une kératite bactéri- dienne, suivie de mort par le charbon. La généralisation de la maladie s'effectue au bout de sept à onze jours, par propagation de l’œdème charbonneux à la conjonctive oculaire et aux téguments de la face. Cette lenteur de la généralisation et de la mort s'explique aisément par la lenteur du développement local du charbon sur la cornée. Dans cet exposé imparfait de l’œuvre de notre maître, et en particu- lier de ses travaux bactériologiques, on ne saurail tout citer; il faut laisser de côté d'importants travaux sur le choléra, sur la morve, sur la vaccine, sur le mécanisme de la suppuration et bien d'autres encore. Mais ce n’est pas du côté de la microbiologie seulement que M. Straus avait porté ses efforts. La variété de ses connaissances et la profondeur de son savoir lui avaient permis de marquer sa place dans d’autres branches de la médecine. Anatomopathologiste consommé, il avait, au début de sa carrière scientifique, étudié en collaboration avec M. Mathias Duval, le processus de l’inflammation. Reprenant les expériences de Cohnheim, étudiant en particulier les inflammations parenchymateuses, dont le type est l’inflammation expé- rimentale de la cornée, il revendiquait une part pour les cellules fixes dans la production du processus. Cette part, trop radicalement sacrifiée par Cohnheim, a été depuis mise en lumière par un grand nombre d'observateurs et paraît prépon- dérante dans beaucoup de processus phlegmasiques. La science est également redevable à M. Straus de bon nombre de notions nouvelles dans l'anatomie pathologique du rein. On connaît ses recherches sur la ligature aseptique de l’uretère, ses expériences sur les lésions rénales dans leur rapport avec l’hypertro- phie cardiaque, expériences où il a pu prouver que l’hypertrophie du cœur peut être secondaire à une lésion du rein. Enfin, dans son étude sur les lésions rénales dans le diabète sucré, il a décrit la lésion qui porte le nom de lésion d’Armanni E'hrlich Straus, et qui est produite par l’infiltration des cellules hyalines par de la matière glycogène. En clinique, dans une affection aussi connue, aussi étudiée que l’ataxie locomotrice, après Duchenne, de Boulogne, après Charcot et ÉLOGE DU PROFESSEUR I. STRAUS XIII tant d’autres, son esprit d'observation lui avait permis de découvrir un nouveau signe. Sous le nom d’ecchymoses tabétiques, il a décrit des ecchymoses qui apparaissent spontanément chez un certain nombre d'ataxiques, à la suite des grandes douleurs fulgurantes. L'apparition de ces taches coïn- cide toujours avec la fin des crises douloureuses. Il n’est pas toujours donné d’observer directement ces ecchymoses, mais bien souvent un interrogatoire attentif permet de reconstituer en quelque sorte ce signe que les malades ont remarqué sans y attacher grande importance. IL faut enfin citer, en dernier lieu, cette ingénieuse application à la pathologie de ses recherches sur l’action physiologique de la pilo- carpine. M. Straus a, en effet, montré que dans les paralysies faciales d'origine centrale et dans les paralysies périphériques légères, la suda- tion provoquée par la pilocarpine est la même du côté malade que du côté sain. Au contraire, dans les paralysies périphériques de la forme grave, la sudation du côté paralysé est presque toujours retardée, comparative- ment à celle du côté sain. Tous les travaux dont je viens de parler, qu'ils aient trait à la physio- logie expérimentale, à l'anatomie pathologique ou à la bactériologie, ont un point commun: c’est qu'ils resteront tous comme des modèles d’expérimentation et qu'ils pourront défier les recherches ultérieures instituées dans le but de les contrôler et de les vérifier. M. Straus était, en effet, un expérimentateur hors ligne. Nul ne savait mieux que lui conduire une expérience, en voir et en critiquer immédiatement les côtés faibles et surtout prévoir les causes d’erreur qui pouvaient s’y glisser. Un résultat obtenu par lui ne comptait jamais, s’il n’avait pu maintes et maintes fois le constater à nouveau dans les mêmes conditions. Il donnait ainsi l'exemple de la conscience et de l'honnèêtelé scientifique la plus parfaite. Il allait plus loin, il demeurait souvent sceptique devant les résultats, surtout lorsqu'ils venaient confirmer trop vite les faits qu'il espérait pouvoir démontrer. [ls recommencait alors une nouvelle série d’expé- riences jusqu'à ce que sa conviction fût inébranlablement arrêtée. Tant était haute et juste l’idée qu'il se faisait des devoirs du savant! Il aimait passionnément à expérimenter, réfléchissant constamment à de nouveaux sujets, en faisant l’objet continuel de ses entretiens. Sa prodigieuse érudition était proverbiale. Une demande de rensei- gnement bibliographique ne le laissait jamais en défaut, ear il lisait tout ; il était au courant de tout. Mais le meilleur temps de sa vie élait celui qu'il passait dans son laboratoire. XIV SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C’est là surtout qu'ont pu bien le connaitre ceux qui ont eu le bonheur de l’approcher. Ils savent combien il était affable et bon, avec quelle simplicité et quelle bonne grâce ii accueillait sans distinction tous ceux qui s’adressaient à lui. Un sourire bienveillant venait de suite mettre à l'aise ceux qui l'abordaient pour la première fois et ajoutait encore à la cordialité de son accuëêil. Et cette amabilité n’était pas seulement en surface. Elle ne faisait que traduire sa bonté. Un désintéressement absolu, une générosité poussée à l'extrême et une bonne humeur de tous les instants, telles étaient, parmi toutes les qualités de son cœur, celles qui percaient le plus, celles qui rendaient son commerce si charmant et si aimable. L'homme de cœur chez lui, ne le cédait en rien au savant ; et ce n'est pas un de ses moindres titres d’avoir été le maître dont on disait qu'on ne pouvait le connaitre un peu, sans l’aimer beaucoup. ÉLOGE DU DOCTEUR EF.-N. GALLOIS ANCIEN TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ par M. le Docteur GRÉHANT Professeur au Muséum d'histoire naturelle. Né à Vilry-le-Francois, le 7 octobre 1831, notre cher collègue le D' Gallois est mort à Paris le 16 mai 1896, à l’âge de soixante-cinq ans. Après avoir fait de bonnes études littéraires au collège de Vitry-le- François et après avoir obtenu, dans les elasses élevées, des prix nom- breux qui indiquaient déjà la supériorité de son intelligence et de son travail, Gallois entra comme élève dans une bonne pharmacie de Vitry, puis il vint à Paris pour compléter ses études ; il se fit recevoir interne en pharmacie et obtint quatre fois le titre de lauréat des hôpitaux. C’est alors qu'il fut assez heureux pour être remarqué et patronné par l’'éminent professeur Rayer, fondateur de la Société de Biologie, dont il fut l’interne pendant plusieurs années à l'hôpital de la Charité. Il est bon d'ajouter à la gloire de Rayer qu'on lui doit la création de l’Asso- ciation générale des médecins de France comme nous lui devons la fondation de la Société de Biologie; Rayer a fait appel au dévouement, à l’ordre, à l'esprit pratique de Gallois pour l’attacher à l'état-major de ces deux sociétés, en qualité de vice-secrétaire à l'Association générale et de trésorier à la Société de Biologie. Gallois, qui s'était fait recevoir pharmacien de première classe, n’a jamais exercé la pharmacie; mais il se mit avec ardeur à l’étude de la médecine et fut reçu docteur en 1857 après avoir soutenu une thèse remarquable intitulée : Essai physiologique sur l’urée et les urates ; ce travail expérimental a été fait dans le laboratoire de Claude Bernard, au Collège de France. Tous les travaux scientifiques de Gallois qui a pratiqué la médecine à Paris pendant vingt ans environ, sont relalifs à des questions de chimie physiologique ou de chimie analytique. Il démontra, dans un kÿste séreux du rein, la présence de l’urée en XVI SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE évaporant le liquide débarrassé d’albumine, en traitant le résidu par l'alcool, en filtrant et en évaporant de nouveau; l'extrait obtenu traité par l'acide nitrique donna des cristaux de nitrate d’urée qui furent reconnus au Microscope. En 1858, Gallois fit des observations intéressantes sur une urine chyleuse qui avait été fournie par un habitant de l’île Bourbon, venu à Paris pour consulter le D' Rayer. En traitant l’urine chyleuse par un mélange d’alcool et d'’éther, Gallois retira de dix centimètres cubes de liquide, sept dixièmes de centimètre cube de matière grasse; l’urine débarrassée de cette matière se troubla par la chaleur et par l'acide nitrique, elle contenait donc de l’albumine. En 1859, Gallois fit à la Société d’émulation pour les sciences pharmaceuliques, la lecture d’une note sur la présence de la cystine dans les urines et sur une cause d’erreur à éviter quand on y recherche cette substance. La cystine qui se présente au microscope sous la forme de tables hexagonales et qui forme des calculs particuliers est, suivant Gallois, extrêmement rare dans les sédiments urinaires; il soumit à l'examen microscopique, plusieurs centaines d’urines et il ne put jamais apercevoir un seul cristal de forme hexagonale; Gallois conseille de ne pas traiter l’urine par l'acide acétique, suivant le procédé de Golding Bird, car le corps qui se précipite après l'addition d’un acide, c'est l'acide urique, substance essentiellement polymorphe qui peut se montrer au microscope sous la forme d’hexagones réguliers. Mais, dit Gallois, on distinguera toujours facilement les cristaux d’acide urique, car par l’acide nitrique, ils disparaissent en produisant une grande quantité de bulles de gaz, tandis que la cystine se dissout dans l'acide sans dégagement gazeux. I ne m'est pas possible d’analyserici tous les travaux de notre savant collègue, mais je dois en faire l’'énumération : De l’oxalate de chaux dans les sédiments de l'urine, dans la gravelle et dans les calculs, 1859. De l’inosurie, 1864. Gallois fit, en collaboration avec notre regretté collègue Hardy, un grand nombre de recherches importantes qui ont été publiées de 1875 à 1883, ce sont : Des recherches chimiques et physiologiques sur l’écorce de mancone (Erytrophleum guinense) et sur J'Erytrophleum comminga; découverte de l'érytrophléine cristallisée. Sur le principe actif du Strophantus Hispidus ou Inée; découverte de la strophantine cristallisée. (Médaille d’argent à l'exposition de 1878.) Sur les anagyres et l’anagyrine; découverte de l’anagyrine cristalhisée. Gallois a publié, en 1882, un formulaire de l’Union médicale renfer- mant douze cents formules favorites des médecins français et étrangers. ÉLOGE DU D! F.-N. GALLOIS XVII Tous ces renseignements bibliographiques m'ont été fournis très obligeamment par M. André Pontier, qui a été un de mes élèves les plus assidus lorsque j’eus l'honneur de suppléer Paul Bert à la Sorbonne et qui était l’ami intime du D’ Gallois; je lui dois aussi un autre rensei- gnement bien intéressant : Gallois, qui était le modèle du médecin grave, honnête, sérieux et qui se tenait toujours au courant des progrès de la science, ne dédaignait pas de charmer ses loisirs par des occupa- tions absolument différentes de celles qui absorbent le praticien; il cultivait la poésie et j'ai éprouvé une véritable surprise et en même temps un grand plaisir en lisant un petit livre de 148 pages intitulé : Un rimeur aux thermes des Pyrénées, publié sous le pseudonyme de François Narcy. Gallois a publié un autre livre de poésies intitulé : Dessins et croquis, qui renferme douze pièces de vers, dont l’une, « le Médecin », nous intéresse particulièrement; permettez-moi de vous en citer quelques vers : La nuit a déployé son manteau constellé, Et la pâle Phébé brille au ciel étoilé. A travers les rameaux, le vent du nord murmure; De longs cristaux de givre il sertit leur parure, Et les petits oiseaux, engourdis par le froid, Sont tristement blottis sous la paille du toit. Seul, le sombre hibou, que la faim aiguillonne, Fait retentir l'écho de son cri monotone. Dans cet âpre sentier qui gravit le coteau Et court à travers champs au sortir du hameau, Voyez-vous se glisser une ombre au pas rapide ? C’est du vieux Esculape un disciple intrépide, Qui, bravant de la nuit les dangereux frimas, Va sauver, s’il le peut, un enfant du trépas. Pour remplir les devoirs de sa rude carrière, Il à couru le jour de chaumière en chaumière ; Près du foyer du pauvre ou penché sur son lit, Il a de tristes maux écouté le récit; Des petits et des grands il a vu les alarmes, Par un accent du cœur il à séché leurs larmes. Il espérait, la nuit, un repos mérité : Sur le sommeil, hélas! en vain il a compté. C'était de même hier; mais, après tout, qu'importe ! Au malade, jamais, a-t-il fermé sa porte ? M°° Gallois à bien voulu offrir ces deux volumes que je dépose sur le bureau pour la bibliothèque de la Société de Biologie. Je suis heureux de rappeler aujourd’hui que M”° Gallois, en souvenir de notre regretté collègue, a fait un don généreux à la Société; le nom de Gallois doit être inscrit sur notre livre d’or à côté des noms d’Ernest Godard et de B10LOG1E. — 10€ SÉRIE, 7. IV. Il XVIII SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Georges Pouchet; la liste de nos donateurs est ouverte et il faut espérer que leur nombre ira toujours en augmentant dans l'avenir. Le D' Gallois avait beaucoup d'affection pour la Société de Biologie, où se nouent tant de solides et excellentes amitiés; il nous a rendu de grands services en se chargeant, pendant dix ans des fonctions essen- tielles et très absorbantes de trésorier, que notre cher collègue, le D' Beauregard, remplit actuellement avec tant de zèle et tant d’exac- titude. Ici, Messieurs et chers collègues, nous appartenons à une partie essentielle de l’enseignement supérieur; dans le champ des sciences biologiques d'observation et d’expérimentation, qui est sans limites, nous labourons, semons, récoltons des moissons toujours nouvelles; nous avons l'esprit assez libéral pour publier tous les résultats de nos recherches qui servent aux progrès de la médecine, de la physiologie et de l'hygiène; aussi le gouvernement, et même tous ceux qui s'inté- ressent à la science de la vie, doivent-ils nous aider de tout leur pou- voir; nous leur témoignerons notre reconnaissance par de nouveaux efforts et de nouveaux travaux. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE DES TRAVAUX pu Dr GaALLois. Membre et trésorier de la Société de Biologie, lauréat des hôpitaux, de l'École supérieure de pharmacie de Paris, de la Faculté de médecine et de l’Institut. Notes et publications diverses. 1° Observation sur la présence de l’urée dans le liquide provenant d'un kyste séreux du rein : procédé d'extraction nouveau. Voir Bulletin de la Société d'émulation pour les sciences pharmaceutiques (28 mars 1857, p. 34). Travail fait à l'hôpital de la Charité, service du professeur Rayer. 20 Essai physiologique sur l’urée et les urates. Thèse de médecine, Paris 1857. Analyse et résumé de ce travail dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1837, et dans le Bulletin de la Société d'émulation pour les sciences phar- maceutiques, 23 mars 4858, p. 224. Ce travail a été fait dans le laboratoire de Claude Bernard, au Collège de France. 3° De la présence de la cystine dans les urines et d’une cause d'erreur à éviter quand on y recherche cette substance. (Bulletin de la Société d’émulation pour les sciences pharmaceutiques, t. AT, 19 avril 14859, p. 175, in extenso.) 4° De l’oxalate de chaux dans les sédiments de l'urine, dans la gravelle et dans les calculs. Paris J.-B. Baïllière, 1859, in-8°, 104 pages. 5° De l'inosurie. Paris, J.-B. Baillière, 1864, in-8°, 60 pages. Voir analyse dans Répertoire de pharmacie, t. XIX, 1862-1863, p. 400. 6° N. Gallois et E. Hardy. Recherches chimiques et physiologiques sur ÉLOGE DU D' F.-N. GALLOIS XIX l'écorce de mancçcone (Erythrophleum guinense) et sur l'Erythrophleum com- minga (Découverte de l’érythrophléine cristallisée). Archives de physiologie nor- male et pathologique, mai et juin 1876, p. 197, et Journal de pharmacie et de chimie, 3° série, t. XXI, 1875, p. 334, et XXII, p, 218, et XXIV, p. 25. 7° Gallois et Hardy. Sur le principe actif du Strophantus hispidus ou née (Découverte de la strophantine cristallisée). Comptes rendus Académie des sciences, t. LXXXIV, 1877, p. 261. Bulletin de thérapeutique, 15 juin 1877. Journal de pharmacie et de chimie, 3e série, t. XXV, 1877, p. 171. 8° Gallois et Hardy. Anagyres et anagyrine. (Découverte de l’anagyrine cristallisée). Comptes rendus Académie des sciences, t. CVIIL, 1888, p.247. Bulletin Société de biologie, 13 juin 1885, p. 391. 9° Formulaire de l’Union médicale : douze cents formules favorites des médecins français et étrangers. 1'° édition, Paris, Baïllière et fils, 1882, in-32. 10° Dessins et croquis, poésies précédées d’un sonnet par Francois Coppée, Paris, Librairie des Bibliophiles, 1879. 41° Un rimeur aux Thermes des Pyrénées. Paris, Librairie des Biblio- philes, 1887. Pau et Cauterets, Cazeaux, 1 volume de vers in-12, 148 pages. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES SÉANCE DU 9 JANVIER 1897 Installation du nouveau président quinquennal : Allocution de M. Caauveau, prési- dent sortant; — Discours de M. le professeur BoucHARD, président quinquennal; — Allocution de M. p'ARsoNvAL. — M. Cu. Féré : Les proportions relatives des os du bras chez les hémiplégiques infantiles et les dégénérés. — M.Ie Dr E. Maurer : Action du chlorure de sodium sur le sang du lapin. — M. Eure Tuarerry : Note sur l'ouverture accidentelle de la cavité thoracique et la mise à nu du poumon. — MM. T. Borpas et Jouun : Sur le développement des microorganismes sur le lacto- sérum artificiel. — MM. Rocer et Josué : Action de la toxine et de l’antitoxine diphtériques sur la moelle osseuse. — M. le Dr Arrrep Rouxeau (de Nantes) : Résultats de l’extirpation isolée des glandules parathyroïdes chez le lapin. — M. E. Gzey : Des effets de l’extirpation des glandules parathyroïdes chez le chien et chez le lapin. — MM. Wipaz et Srcarp : Sérodiagnostic par le sang desséché au point de vue de la médecine légale et de l'hygiène publique. — M. le Dr Ketrrer : Essai de physiologie sexuelle générale. — M. le Dr Fézix Bruner : Le suc pulmo- naire; eflets physiologiques et thérapeutiques. — M. Eu. BourqQueLor : Sur la pré- sence de ferments oxydants dans quelques substances médicamenteuses. — MM. A. Dasrre et N. FLoresco : Contribution à la connaissance du ferment coagu- lateur du sang. — M. P. Meruer : Du rôle protecteur de l'épithélium antérieur cornéen dans l’exosmose oculaire.— M. À. GurLLemonar : Teneur en fer du foie et de la rate chez le fœtus humain. — M. MaraGe : Note sur un nouveau cornet acous- tique servant en même temps de masseur du tympan. — M. A. Tuomas : Le fais- ceau cérébelleux descendant. — MM. A. Carr et À. Thomas : Lésions des cellules nerveuses chez un cobaye ayant présenté des accidents épileptiformes, à la suite d'infection de toxines diphtériques et d’une double amputation. — M. J. BrauLzr : Note sur deux cas de sclérose polyviscérale avec ascite énorme chez des cachec- tiques palustres traités par la laparotomie. Û Présidence de M. Chauveau, et de M. Bouchard. INSTALLATION DU NOUVEAU PRÉSIDENT QUINQUENNAL ALLOCUTION DE M. CHAUVEAU, PRÉSIDENT SORTANT. MESSIEURS ET CHERS CONFRÈRES, L'ordre du jour de la séance appelle, en premier lieu, l'installation du nouveau Président quinquennal de la Société. L'ancien Président résigne aujourd'hui ses fonctions. Il y aura, en effet, cinq ans à la fin du mois de mars, que vous m'avez fait le très grand honneur de m'appeler à diriger les travaux de notre BIoLOCIE. COMPTES RENDUS. — 10 SÉRIE. 7. IV. 1 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 19 Société. C'est d'hier, me semble-t-il. Le temps vous aura sans doute paru plus long qu’à moi. A cela, il y a une raison. Pour la plupart d’entre vous, la pente de la vie se présente en montée. Elle s'offre à moi en descente. Et les descentes se franchissent bien plus rapidement que les montées, surtout quand on s’approche de la fin de la course. Je vous avoue ainsi que la lourde tâche que vous m'aviez confiée, pendant cette longue période de cinq années, n’a été pour moi qu'un agréable fardeau. Les devoirs qui m'incombaient étaient nombreux. Je n'ai pas eu à faire effort pour m'appliquer à les remplir à la satisfaction de tous. Y ai-je pleinement réussi? Je n'ai pas cette prétention. En un point particulier, il se pourrait que vous ayez quelque chose à me reprocher. Les jeunes, auxquels manque l’expérience, s’exposent parfois à s’écarter du droit chemin dans la poursuite du progrès. Ils ne sont pas tous familiers avec les règles qui président à la recherche scienti- fique, surtout avec celles de la méthode expérimentale. C'est aux vété- rans rompus à toutes les exigences de l’investigation biologique à redresser la marche des débutants qui s'égarent. Peut-être, en remplis- sant ce rôle ingrat, ai-je manifesté parfois un peu de vivacité. Si j'avais alors blessé quelqu'un, j'en serais aux regrets. À coup sûr, ce n’eût pas été dans mes intentions, etje prie ceux quise seraient sentis atteints de vouloir bien agréer toutes mes excuses. Mes chers Confrères, quand Brown-Séquard, mon prédécesseur, est arrivé au terme de ses fonctions, la Société de Biologie était très pros- père. Elle ne l’est pas moins aujourd’hui. Peut-être même pourrait-on taxer cette prospérité de désdstreuse. Vous savez en quel sens : désas- treuse pour les finances de la Société. La dépense de nos Comptes rendus menace de dépasser de beaucoup nos ressources. C'est qu’en effet les communications qui sont faites à la Société de Biologie n’augmentent pas seulement en intérêt, en. importance. Le nombre s’en accroît considérablement. De toutes parts, les travailleurs affluent vers notre Société. Elle est devenue l’un des foyers les plus actifs de la vie scientifique en France. Nous n’avons qu’à nous en féliciter, sans doute, mais l’obligation s'impose plus que jamais de réduire les charges que notre publication hebdomadaire impose au budget de la Société ou d'accroître les allocations qui l’alimentent. Je me suis appliqué à cette tâche, avec le concours des différents bureaux qui se sont succédé pendant ma présidence, particulièrement avec celui de notre dévoué Secrétaire général. Un instant nous avons cru toucher au succès. Aujourd’hui, nous sommes de nouveau débordés. Il y à urgence à prendre les mesures qui nous permettront de faire face à nos affaires, sans porter atteinte à cette activité féconde dont je m'enorgueillissais tout à l'heure, sans amoindrir les services considé- rables que rend aux sciences biologiques, à ceux qui les cultivent, la Société de Biologie, grâce à la libéralité de ses statuts. SÉANCE DU 9 JANVIER 3 2 Ce sera la tâche de notre nouveau Président. Il a les qualités qu'il faut pour y réussir. Ce ne sont pas les seules. Ses titres scientifiques lui ont valu depuis longtemps l’autorité que doit posséder le chef de la Société de Biologie. Ce sont ces titres seuls qui l'ont désigné à nos suffrages, c'est-à-dire les nombreux travaux qui, dans son œuvre, sont empreints de l'esprit qui a présidé à la création de la Société. Non, mon cher Bouchard, ce n’est pas le grand clinicien que vous êtes que nous avons mis à notre tête. C’est le savant rompu à la recherche scientifique, à ses méthodes, à ses procédés. C’est le biologiste qui s’est appliqué, avec tant de succès, à introduire les données de la physiologie expéri- mentale dans le domaine de la pathologie générale et à en pénétrer ainsi les arcanes. Vous serez ici le gardien vigilant des intérêts de la science. La Société est en bonnes mains. Avec vous, elle peut compter sûrement, non seulement sur la continuation de sa prospérité, mais encore sur une impulsion féconde qui lui vaudra de nouveaux progrès et de nouveaux succès. Discours DE M. LE PROFESSEUR BOUCHARD, PRÉSIDENT QUINQUENNAL. MESSIEURS, Vous m'avez conféré un très grand honneur, le plus grand peut-être «que j'eusse pu rêver, honneur imprévu et dont je n'ai pas été le moins surpris, mais que j'aurais ambitionné pourtant, je le confesse simple- ment, si en le différant vous m'aviez laissé le temps de le mieux méri- ter. Il est un don gratuit plus qu'une récompense, et je sens que j'en suis redevable moins à votre justice qu'à votre bienveillante estime et à la vieille amitié qui me lie à bon nombre d'entre vous. Ce sont eux qui -ont été mes répondants. Le témoignage des anciens m'a valu la faveur des jeunes; je les aime plus encore pour cette nouvelle marque de leur amitié, et j'adresse à tous ma cordiale gratitude et la promesse de mon entier dévouement aux intérêts de la Société. Ces intérêts n’eussent-ils pas été plus sûrement placés entre les mains de ceux d’entre nous qui sont les maitres reconnus de la physiologie française? ou, si la physiologie devait céder momentanément la direc- tion de la Société à une autre science, ne pouvait-on faire appel à ceux qui personnifient chez nous l'anatomie générale, l’embryologie, la zo0- logie ou la botanique, la physique biologique, la chimie aussi en tant que moyen d'interpréter la vie et de mesurer son intensité? Un nom s’inscrivait déjà sur vos bulletins et aurait réuni vos suffrages una- nimes, si la généreuse amitié de notre collègue n’avait arrêté le courant À SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de sympathies qui se dirigeait vers lui el ne l'avait détourné à mon profit. Il eût été le digne continuateur des hommes illustres qui ont présidé aux travaux de notre Société, que tous j'ai connus et qui tous mont témoigné leur bienveillance : Rayer; CI. Bernard ; Bert, dont j'occupe déjà la place dans une autre assemblée, et Brown-Séquard que réclament également la médecine et la physiologie, qui résume l'alliance heureuse de ces deux sciences, qui fut l’initiateur de la pathologie du système nêrveux, et qui a couronné sa glorieuse vieillesse par la découverte féconde des sécrétions internes, Brown-Séquard qui fut pour moi le maître bien-aimé, secourable, fidèle; et Chauveau, dont l'accueil si cor- dial et si bienveillant m'a profondément touché, Chauveau dont la grande figure reste ineffaçable dans mes plus lointains souvenirs d’ado- lescent, comme la personnification de la science et de l’expérimen- tation. J'étais à Lyon, chétif étudiant en médecine, el, dans ma curieuse ignorance, je me faisais, avec passion, expliquer ses découvertes et je suivais ses expériences avec enthousiasme. Mon zèle, peut-être indiscret, me valut qu'il prit garde à moi et qu'il me confiàt le dépouillement des observalions de Du Bois Reymond. Il l’a certainement oublié, mais cette petite marque de confiance reste dans ma mémoire comme le pre- mier mouvement d'orgueil que j'ai ressenti dans ma vie médicale. Depuis, par la marche alternante de la fortune, je l'ai recu docteur, il m'a nommé membre de l'Institut! Aujourd'hui il me consacre président de notre Société: comme toujours, il me donne mille fois ce qu'il a reçu de moi. Comme son prédécesseur, le président sorlant avait au fauteuil égale autorité, qu'il s’agit de physiologie ou de pathologie. Je faisais allusion tout à l'heure à ses premiers travaux sur la circulation et sur la physiologie musculaire. Nous assistons aujourd’hui au développe- ment de ses longues méditations et de ses innombrables expériences sur la nutrition. Entre temps, il a été un initiateur en pathologie géné- rale. Il s'est passionné pour la question des maladies virulentes, alors que la question n’était pas encore posée. Ge que Rayer avait fait pour la morve, il l’a fait pour la vaccine, pour la variole, pour la clavelée, et institué ces magistrales et historiques expériences qui resteront comme des modèles. Il s'est attaqué à la question même de la virulence et, sans microscope, sans culture, il n'en pouvait être question à cette époque, par la seule puissance de l’expérimentation, éclairée par une pénétrante dialectique, il a démontré que la matière virulente n’est pas une simple substance chimique, qu'elle est organisée, figurée, granu- Jaire, que la virulence réside exclusivement dans ces granulations qui se multiplient indéfiniment en gardant toujours la même activité spéci- fique. Il n’a pas dit que ce fussent des êtres vivants, retenu par un scru- pule ou plutôt par cette pudeur farouche et cruelle du savant qui, sai- SÉANCE DU 9 JANVIER 5 sissant la vérilé tout entière et dans toute sa beauté, se refuse la pos- session, si les dernières initiations n'ont pas été accomplies. J'en ai dit assez, Messieurs, pour expliquer mes craintes au moment où je dois succéder à Chauveau. Il me permettra d'ajouter un seul mot: Rayer a fait la Société de Biologie. C'est la Société de Biologie qui a fait tous ses autres présidents, Cl. Bernard, Bert, Brown-Séquard et moi-même, tous excepté Chauveau. Tous apportaient à la Société leurs travaux et y puisaient l'inspiration et la direction. Chauveau, qui s’est formé à lui seul son milieu scientifique, ne nous a appartenu que quand nous avons souhaité nous attacher une illustration nouvelle. Après les hommes que je viens de rappeler, il serait délicat de vous parler de moi-même, immodeste de vous exposer ma doctrine, puéril de vous dire dans quelle voie je désire conduire la Société. La voie a été tracée par d’autres, et mon honneur sera de m'y maintenir. Ceux de nos anciens qui, comme je le disais, ont été près de vous mes répondants, s'ils vous ont parlé de l’époque de ma participation active à la vie de la Société, ont dû insister moins sur mes travaux que sur mon amour pour la Société de Biologie. En 1857, j'étais assidu à ses séances; je venais d’être nommé interne à Lyon, et, profilant d’un congé, j'étais venu à Paris étudier la elinique chez Beau et chez Bazin, l'histologie chez Robin et suivre les séances de la jeune Société. J'y reparus en 186%, non plus comme auditeur, mais comme présen- tateur et comme candidat, introduit par un maître qui m'a introduit aussi aux hôpitaux, à la Faculté, à l'Académie des sciences, par Charcot, dont j'ai recu tant de services et dont la doctrine a exercé sur mon esprit une si profonde influence. J'ai tenu à le déclarer dans cette salle où je suis venu si souvent écouter sa parole. On ne dépouille pas ses origines, et rien n'excuse l’impiété qu'il y a toujours à ne pas proclamer sa filia- tion. A cet amour que je nourrissais pour notre Société s'ajoute ma recon- naissance. Mon devoir grandit avec la charge que vous m'avez confiée. J'espère que vous m'aiderez à accomplir cette tâche. J'espère que pen- dant ma présidence la Société restera ce qu’elle a toujours été, le foyer le plus intense de l’activité scientifique dans toutes les branches de la biologie, le rendez-vous des jeunes travailleurs, le lieu de la libre cri- tique, d’où restent bannis pour toujours la pédanterie et le pharisaïsme. Messieurs, permettez-moi de vous adresser les remerciements des membres du nouveau bureau, et d'exprimer la gratitude de la Société aux membres du bureau sortant, et particulièrement à notre excellent et si constamment dévoué Secrétaire général. 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ALLOCUTION DE M. D’ARSONVAL. MoN CHER Ai, Permettez-moi de vous exprimer publiquement la satisfaction pro- fonde que m'a causée votre nomination à la présidence de la Société de Biologie. Ce n’est pas seulement l'ami qui se réjouit d’un succès si mérité, mais c’est surtout l’homme de science. La Société de Biologie a toujours été et sera toujours avant tout une Société exclusivement seientifique. Vous nous l'avez dit et vous le sentiez si vivement que vous avez. résisté longtemps à poser votre candidature. Par un scrupule qui fait plus honneur à votre modestie qu’à votre confiance en vous, vous m’opposiez toujours, pour refuser, votre titre de clinicien. Certes, pour tout le monde, vous êtes un clinicien éminent, mais vous oubliez que vous êtes aussi et peut-être avant tout, un homme de science. Votre: œuvre entière montre de quelle vive lumière le laboratoire éclaire la pathologie humaine. La Société de Biologie ne s’y est pas trompée, l'unanimité de son vote vous l’a prouvé. Quand nous sommes réunis ici, nos spécialisations diverses s’effacent. Nous ne sommes plus exclusivement des médecins, des physiologistes, des physiciens ou des chimistes, nous sommes des hommes de science poursuivant un même bul : arracher à la matière vivante ses secrets: pour le plus grand bien de l'humanité. Et c’est parce que vous résumez en vous ces nobles aspirations que nous vous avons placé à notre tête. Voilà ce que je voulais vous dire, mon cher Ami, persuadé que mon sentiment personnel est aussi celui de tous nos collègues. CORRESPONDANCE MANUSCRITE 1° Lettres de MM. Dupuy et GLEY, qui remercient la Société de les: avoir élus vice-présidents. 2° Lettres de candidatures au titulariat de MM. CLAISSE et BOULART. 3° Pli cacheté de MM. Le Roy pes BARRES et OSTROWSKY. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. Dasrre présente et offre l’article « Bile », qu'il a écrit pour le Dic- tionnaire de Physiologie ; une brochure de 66 pages, Alcan, éditeur. ss Lure Re SÉANCE DU 9 JANVIER 7 EEE EEE ET Fi LES PROPORTIONS RELATIVES DES OS DU BRAS CHEZ LES HÉMIPLÉGIQUES INFANTILES ET LES DÉGÉNÉRÉS, par M. Cu. FÉRÉ. ‘Un des premiers faits mis en lumière par l’anthropométrie est la diffé- rence des proportions de l’avant-bras et du bras dans les différentes races humaines. White (1) a remarqué que chez les nègres l’avant-bras comparé au bras est plus long que chez les blanes. Bien que les mesures aient été prises par un procédé défectueux, le fait n’en était pas moins réel et a été vérifié régulièrement par Broca (2). D'autre part, Humphry (3) a noté que chez les singes la longueur de l'avant-bras, au lieu de présenter une longueur par rapport au bras égale 100, de 73,8 chez les Européens et de 79,4 chez les nègres, peut égaler en longueur le bras, comme chez l'orang, ou même le dépasser. Les variétés des rapports de la longueur du bras et de l’avant-bras sont communes aux deux sexes (4). Enfin, M. Hamy a signalé les changements des rapports de la lon- gueur de l’avant-bras à celles du bras pendant la croissance : du deuxième mois de la vie intra-utérine à l’âge de treize ou quatorze ans, ce rapport varie de 88,88 à 72,30 (5). J'avais été souvent frappé de la longueur exagérée de l’avant-bras chez quelques dégénérés. Cette malformation reproduisant une forme commune chez des êtres que d’aucuns considèrent comme les ancêtres de l’homme, et constante aux premières périodes de l’évolution, pou- vait être interprétée comme une marque de l’atavisme. J'ai entrepris des mesures dans le but de vérifier l'exactitude de la réalité de la malformation. Les mesures ont été prises sur le vivant, de la manière suivante : On marquait avec un trait de plume : 1° la partie la plus élevée de la tête humérale sous l’acromion ; 2° le bord de la surface articulaire supé- rieure du radis; 3° la partie inférieure de l’apophyse styloïde du radius, et on mesurait les distances, l'individu étant placé debout, les bras ballants. La détermination du point de repère supérieur offrait (1) Ch. White. An account of the regular gradation in man and in different animals and vegetables and from the former to the later, 1799, London, p. 45. (2) P. Broca. Sur les proportions relatives du bras et de l’avant-bras et de la clavicule chez le nègre et chez les Européens. Bull. Soc. d'Anthrop., 1862, p.162. (3) Humphry. À treatise on the human skeleton. Cambridge, 1858, p. 106, 377. (4) P. Topinard. Eléments d'anthropologie générale, 1885, p. 1044, (5) E.-T. Hamy. Recherches sur les proportions du bras et de l’avant-bras aux différents âges de la vie. Bull. Soc. Anthrop., 1872, p. 425. 8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une chance d'erreur en raison de la difficulté de dénuder la tête humé- rale, surtout chez les sujets bien musclés; mais l'erreur ne pouvait consister qu'en un allongement de l’humérus; or, cet allongement à pour conséquence de diminuer indûment la longueur proportionnelle der l’avant-bras, qui va déjà se montrer excessive chez les sujets que nous examinons. La connaissance de cette cause d'erreur ne fait donc que renforcer la conclusion qui découle des mesures. Sur 168 sujets épileptiques, hystériques ou imbéciles, nous trouvons: RAPPORT A DROITE A GAICHE de la longueur de l’avant-bras à celle ET du bras — 100. Nombre des sujets. OS ADLUS PA EAP CRD Een 1 2 69 — MR » 1 70 == 2 D 71 — A A ARE RE CRE AAA 6 À 2 Et SAP PES MU DDR LE 8 " 13 — LE MONA GET eng 11 12 74 — DT REC PEER LA 10 11 75 — RE RME PAU E 29 28 76 — BURN Pr ME 24 20 ail = SHARE A PE 19 18 718 — D RE T RNSE SNEre 17 22 79 — DST A ER ERA APATEES 41 12 80 = D EC EE PEER ANUS 12 12 81 — Ge AU es LEE PA EP ANNE 10 42 82 — AXE EMA NE EE RATES EI 6 5 83 — DÉPENS EDS DIT DIS M 2 à Plus de 77 p. 100 ont un avant-bras relativement plus long que la moyenne, qui n’atteint pas 74 chez les blancs. La proportion est symé- trique chez 60 sujets; sur 54, elle est plus élevée à droite; sur 54, elle est plus élevée à gauche. Sur les 168 sujets, le rapport est, en moyenne, 76,91 à droite et 76,83 à gauche. Cette proportion est intermédiaire à celle qu’on observe chez la moyenne des blancs (73,7) et des nègres (79); mais le tableau précédent montre que, chez un certain nombre de dégénérés, elle dépasse celle que l’on observe chez les Andamans, chez les Fuégiens (1) et chez le Gorille (80). Les mêmes mesures, prises sur des hémiplégiques de l’enfance, ont montré quelques faits intéressants. L'arrêt de développement du membre supérieur peut porter principalement sur l’avant-bras et la proportion relative de cette partie être abaissée, comme on le voit dans les cas 14 et 17 du tableau suivant ; mais, le plus souvent, l'arrêt de développement porte avec une prédominance marquée et quelque- fois même exclusivement sur le bras, et alors la proportion relative de l’avant-bras s'élève au point d’égaler ou même de dépasser celle qu'on lui voit chez les dégénérés et dans les races inférieures. La différence (1) Hyades et Deniker. Mission scientifique au cap Horn (Anthropologie), 1882-83, p. 55. = SÉANCE DU 9 JANVIER 9 latérale peut dépasser 9 (cas 12); sur 17 cas, comprenant les deux cas où l'avant-bras est le plus en défaut, l'augmentation de la propor- tion de l’avant-bras est de 4 p. 100 du côté hémiplégique (1) : Proportion de longueur de l’avant-bras à celle du bras — 100 dans l’'hémiplégie infantile. COTÉ SAIN COTÉ HÉMIPLÉGIQUE NOMS DMILLE — — Bras. Avant-bras. Rapport. Bras. Avant-bras. Rapport. 4. M. 1,66 0,320 0,240 fo 0,301 0,240 HOT QAR. 166011 0,236 15,8 0,300 0,231 77 ENS 4855 0,320 0,235 73,4 0,296 0,226 16,3 4. L. 1,41 0,275 0,212 an 0,270 0,220 81,4 De 4,58 0,320 0,245 76,5 0,310 0,245 19 (LAUIDE 1,50 0,293 0,212 7258 0,285 0,210 13,6 TC. 1,62 0,295 0,225 76,2 0.280 0,230 82,1 SU: 1859 0 OU 0,225 HO 0,298 0,228 76, 9. D. 1560003158 0,242 76,8 0,300 0,240 80 ROSE: 1,61 0,322 0,255 O2 0,305 0,255 83,6 AAA 1,66 0,320 0,245 76,5 0,291 0,245 84,1 1271b: ll 0,293 0,236 80,3 0,283 0,239 89,6 45-0b. 1,66 0,330 0,241 13 0,310 0,235 15,8 14. B. 1,54 0,300 0,230 16,6 0,290 0,220 OS CARE 1,56 0,305 0,220 Ho 0,282 0,216 76,5 16. D. 1,63 0,315 0,240 16,1 0,305 0,240 18,6 AN 1,62 0,320 0,235 73,4 0,305 0,220 72,4 Moyennes 1,58 0,309 0,233 74,9 0,294 0,231 78,9 Il résulte de ces faits que la pathologie peut reproduire des particu- larités morphologiques qu'on retrouve à la fois chez des êtres moins élevés dans l'échelle animale et à des périodes moins avancées du déve- loppement. Lors donc qu’on observe ces anomalies, la nécessité ne s’im- pose pas de les attribuer à une hérédité en retour à longue portée. J'ai déjà rapporté des faits qui plaident dans le même sens (2) et j'en étudie d’autres (apophyse lémurienne, pavillon de l'oreille). Dans le travail auquel je viens de faire allusion, les mesures com- parées du bras et de l’avant-bras donnaient une proportion moins :mportante d’atrophies prédominantes du bras. Cette apparente contra- di tion s'explique par ce fait que dans la première série de mesures /exécutées sur le même nombre de malades en partie différents, j'avais \ mesuré le cubitus au lieu de mesurer le radius, comme on le fait en an‘hropologie. Or, douze fois sur dix-sept, dans la dernière série, c’est le /ubitus qui subit l’atrophie la plus marquée; du côté sain le rapport (:) Dans les cas 7 et 8 du tableau, on voit que la longueur absolue de l’avant-bras est plus grande du côté hémiplégique : on en pent seulement conclure que les asymétries qui sont fréquentes, comme nous l'avons vu plus Pat (64,28 p. 100), ne sont pas corrigées du fait de l'hémiplégie. 7 (2 0! Féré. Note sur l'arrêt de développement des membres dans l'hémi- / piégi."© rébrale infantile et sur ses analogies avec des malformations réputées congénitales. Revue de médecine, 1896, p. 115. | / 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du radius au cubitus — 100 est 94,5 en moyenne, tandis qu'il est de 96,6 du côté hémiplégique. Cette atrophie prédominante du cubitus n’est pas sans intérêt, d’abord parce qu'elle rend compte, en partie au moins, d’une déviation de la main du côté du bord cubital signalée par MM. Bourne- ville et Marie (1) et qui existe, en réalité, dans la plupart des cas, et ensuite parce quelle coïncide avec une atrophie prédominante des doigts cubitaux, avec l’oligodactylie cubitale que j'ai déjà signalée (2). On retrouve dans la coïncidence de l’oligodactylie cubitale et de latro- phie prédominante du cubitus dans la paralysie cérébrale infantile, un caractère que l’on peut rapprocher de la coïncidence de l’oligodactylie ou l’ectrodactylie tératologique avec l'atrophie de l’os correspondant de l’avant-bras. ACTION DU CHLORURE DE SODIUM SUR LE SANG DU LAPIN, par M. le D' E. MAUREL. Comme je l'ai fait pour l’eau distillée (3), j ai étudié l’action du chlo- rure de sodium : 1° Sur les éléments fiqurés du sang du lapin ; 2° Sur le lapin lui-même; 3° Sur les éléments fiqurés de notre sang ; 4° Enfin, dans une quatrième partie, j'ai comparé ces expériences, et j'en ai déduit quelques conclusions. Mais, dans cette note, je me contenterai de résumer le premier groupe de ces expériences. I. Action du chlorure de sodium sur le sang du lapin. — Comme pour l’eau distillée, ces expériences ont été faites par la méthode de l’immer- sion. Dans ces recherches, le chlorure de sodium a été employé d’après deux procédés : D'après le premier, À, il a élé simplement ajouté au sang; et d’après le second, B, ce sont des solutions à titres différents, mais toujours très étendues, qui ont été mélangées au sang dans des proportioes déter- minées. A. Action du chlorure de sodium ajouté à l’état cristallisé dans le sang du lapin. — Ge sel a été ajouté au sang du lapin dans les proportions (1) Bourneville et Regnard. Iconographie photographique de lu Salpétrière, 4878, t. II. — P. Marie. Art. Hémiplégie spasmodique infantile (Dict. encycl., Le série, t. XIII, 1888, p. 220). (2) Ch. Féré. La famille névropathique, théorie tératologique de l'hérédité, de la prédisposition morbide et de La dégénérescence, 1894. (3) Société de Biologie, 44 nov. et 4 déc. 1896, pour le résumé de ces expé- riences, et les Archives médicales de Toulouse, 1°", 15, décembre et suivants, pour leur publication in extenso. SÉANCE DU 9 JANVIER al successivement décroissantes de 50, 30, 15, et 7 grammes pour 1,000 ; et les conclusions de ces expériences sont les suivantes : Relativement aux hémalies : 1° Ces éléments sont altérés immédiatement par l'addition de 50 grammes et de 30 grammes de chlorure de sodium pour 1,000 grammes de sang ; \ 2° Ils résistent quelques instants à l'addition de 15 grammes de ce sel, et mème plusieurs heures à celle de 7 grammes pour 1,000 grammes de sang. Relativement aux hématoblastes : Ces éléments semblent résister mieux que les hématies. Relctivement aux leucocytes : Tués immédiatement par l'addition de 50 grammes de chlorure de sodium pour 1,000 grammes de sang, ces éléments résistent quelques instants à l'addition de30 grammes, plus longtemps à celle de 15 grammes, et pendant sept heures à l’addition de 7 grammes. B. Action des solutions étendues de chlorure de sodium sur le sang du lapin. — J'ai employé deux solutions, l’une à 7 pour 1,000 et l’autre seulement à 3 gr. 50 pour 1,000; et ces deux solutions ont été mélangées au sang, chacune dans les proportions décroissantes de 2/3, 1/3 et 1/5. Or, les résultats ont été les suivants : 1° Les solutions à 7 grammes et à 3 gr. 50 pour 1,000 grammes d’eau distillée, altèrent les éléments figurés du sang du lapin, au moins dès qu’elles entrent dans le mélange dans la proportion de 1/3; 2 Les hématies et les leucocytes sont altérés; mais les hématies semblent l'être davantage ; 3° À la condition de ne pas dépasser la proportion de 1/5, ces solu- tions sont sans action marquée sur ces éléments, au moins pendant les premières heures du mélange ; 4 Quoique la différence d'action entre ces deux solutions ne soit pas très sensible, il m'a semblé, cependant, que la solution à 3 gr. 50 altère moins ces éléments que celle à 7 pour 1,000; 9° Enfin, ces deux solutions altèrent moins ces éléments que l’eau distillée. NOTE SUR L'OUVERTURE ACCIDENTELLE DE LA CAVITÉ THORACIQUE ET LA MISE À NU DU POUMON, par M. Euixe Tuierry. J'ai lu avec intérêt, dans le compte rendu de la séance de la Société de Biologie du 12 décembre 1896, l'étude de MM. Tuffier et Hallion sur la chirurgie du poumon, et je viens appuyer, par un fait d'observation, leurs recherches expérimentales. Toutefois je doute que, dans le cas 412 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dont il s’agit, comme dans bien d'autres d’ailleurs, il soit possible de conclure du chien à l’homme, les séreuses du chien paraissant avoir une résistance exceptionnelle aux influences des agents extérieurs sep- tiques ou autres. À la fin de février 1881, dans une chasse au sanglier chez M. T..., propriétaire dans le département de l'Yonne, un sanglier est lancé à midi, et recoit une balle qui le touche dans la fesse gauche, ce qui ne l'empêche pas d’ailleurs de se faire chasser pendant encore plus de cinq heures. À cinquante mètres plus loin le sanglier se met au ferme et blesse grièvement un chien. Le piqueur qui suivait la chasse de très près, je la suivais également, m'appelle et me montre un superbe griffon portant sur le côté gauche de la poitrine, entre la septième et la hui- tième côte, une plaie longue de 10 centimètres, tout à fait exsangue, à travers laquelle passait une partie du poumon, devenant grosse comme le poing d’un homme à chaque inspiration et rentrant complètement dans la cavité à chaque expiration. Mais à ce moment, pendant l’expi- ration, se faisait entendre le bruit ou plutôt le sifflement caractéris- tique de la pénétration de l'air dans la plèvre. Le piqueur part et m'envoie un valet de chien pour m'aider à soigner la pauvre bête. Nous quittons un instant l'animal, qui avait eu deux syncopes successives, me faisant croire à la mort, pour chercher un endroit moins fourré afin de l'y transporter et de tâcher de remédier à l'accident. J'avais cependant porté le pronostic de mort prochaine. Quelques minutes après, la chasse d’un autre sanglier vient à passer à quelques pas de l'endroit où nous avions laissé le malade moribond. Celui-ei se relève et se remet en chasse qu'il continue pendant 300 à 400 mètres, jusqu’à ce que le sanglier ait pris la plaine. À peine sorti du bois, le chien blessé se couche dans une luzerne où nous le retrouvons. Le valet de chiens me donne sa trousse et je m'apprête à faire la suture. Quand je m'aperçois que la hernie du pou- mon est encore plus volumineuse; que l'organe est un peu excorié, saignant, déjà même un peu violacé ; enfin qu'une feuille morte de chêne se montre à chaque inspiration à la commissure inférieure de la plaie. Je m'apprêtais à saisir la feuille par son pétiole quand elle disparut complètement dans la cavité pleurale. Malgré cela, à l’aide d’une aiguille rouillée et d’un bout de fil cras- seux, je fis une suture à surjet, me promettant de revoir le malade le lendemain et d’agir plus aseptiquement. L'animal est emmené en voi- ture à 8 kilomètres et placé, dans une case très propre du chenil, avec de l’eau claire et du lait à sa disposition. Le soir même, à l'heure de la soupe, il a témoigné le désir de manger, on lui a rempli son écuelle qu'il a vidée à peu près complètement. Le lendemain, vers midi, à ma visite, le chien a l'air assez gai; il a SÉANCE DU 9 JANVIER 13 bu avidement environ 1 litre de lait tiède servi en deux fois. Rien de particulier à la plaie qui paraît parfaitement fermée par un peu d’æœdème, plus considérable sous le sternum. Pas de fièvre à l'examen du pouls qui est à peu près normal; pas de frissons; la respiration est cepen- dant un peu accélérée, mais sans discordance entre la dilatation tho- racique et les mouvements du flanc. Que faire? Je ne fis rien. Cinq jours après, les fils de la suture commencent à tomber et la plaie paraîl à peu près cicatrisée; en tout cas, le poumon ne sort plus. Le douzième jour l'animal est guéri. Il n’y à plus que la tache rouge de la cicatrice, et on perçoit à peine, sous la peau, la solution de continuité des muscles intercostaux. Enfin, le vingt-deuxième jour, l'animal retourne à la chasse plus vaillant et plus courageux que jamais. Il était ‘guéri et avait une feuille de chêne, sans doute, enkystée dans la plèvre. Il est mort l’année suivante, éventré par un autre sanglier. Et cette fois il avait chassé plus d’une heure en trainant son foie et ses intestins hors de la cavité abdominale. Je doute qu un homme puisse résister à pareil assaut et guérisse avec une feuille de chêne, évidemment malpropre, logée dans la plèvre. J'ai déjà, quelques années avant ce cas, observé un fait identique chez un chien blessé par un sanglier. Chaque jour les piqueurs font des sutures abdominales sur des chiens dont l'intestin est remis en place avec des corps étrangers adhérents à sa surface. J'ai voulu, par cette nole, donner une preuve de plus de la résistance du chien aux traumatismes viscéraux les plus graves et à l'absence complète d'antisepsie, comme aussi de i'impossibilité de conclure, tou- jours et dans tous les cas, des expériences faites sur cet animal, que l’homme résisterait à des traumatismes analogues sinon identiques. SUR. LE DÉVELOPPEMENT DES MICROORGANISMES SUR LE LACTO-SÉRUM ARTIFICIEL. Note ae MM. T. Borpas et JOULIN. Afin d'éviter les ennuis occasionnés par la difficulté d'observer une légère coagulation du lait et aussi par l'impossibilité de préparer d'avance une certaine quantité de lait stérilisé, nous avons préparé un milieu de culture qui présente les mêmes propriétés que le lait et qui a en outre l'avantage de pouvoir se conserver longtemps sans modifica- tions. 44 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE em Voici la formule : EaActose Eee D Re A TRUE 99 grammes Albumine d'œuf met, SSSR te de 18 — Chloruretdesodun Pt ee 0 gr. 60 au diS NE CAEN EP 000 rames, Lessive de soude, quantité suffisante pour obtenir une réaction légè- rement alcaline. — Ce lacto-sérum artificiel est filtré dans des tubes à essal. On stérilise ensuite à l’autoclave à 110 degrés pendant dix minutes, en ayant soin de disposer les tubes sur un lit d’ouate; l’action trop brusque de la chaleur pouvant déterminer dans la solution alcaline de lactose une coloration brune qu'il est facile d'éviter, comme nous venons de le dire plus haut. Ainsi préparé, le lacto-sérum est limpide, incolore et facile à conserver. Le bacille typhique, le coli, les vibrions du choléra, ete., etc., s’y cultivent comme dans le lait, le premier en troublant la liqueur sans amener la coagulation de l’albumine et les autres en produisant, en moins de douze heures, une abondante coagulation. Enfin on peut, en remplacant la lessive de soude par la liqueur de M. Robin, obtenir en même temps et la réaction colorée du coli, pis exemple, et la coagulation de l’albumine. ACTION DE LA TOXINE ET DE L'ANTITOXINE DIPHTÉRIQUES SUR LA MOELLE OSSEUSE, par MM. Rocer et Josué. Nous avons exposé, dans une précédente communication (Société de Biologie, 12 décembre 1896), les modifications anatomiques qui survien- nent au niveau de la moelle osseuse, quand on a introduit sous la peau, en un point quelconque de l'organisme, quelques gouttes d’une culture vivante de staphylocoque doré. Continuant nos recherches, nous avons étudié l’action des toxines et des antitoxines sur le tissu médullaire. Pour des raisons faciles à comprendre, nous nous sommes d’abord adressés à la diphtérie. Comme dans les recherches précédentes, nous avons opéré sur des lapins adultes, pesant au moins 2 kilogrammes. Les animaux ont été divisés en trois séries, suivant qu'ils ont reçu la toxine, l’antitoxine, c’est-à-dire le sérum antidiphtérique, ou simultanément, en deux points opposés, la toxine et l’antitoxine. La quantité de toxine inJectée a été de 2 à 4 gouttes ; cette dernière dose tuait un lapin de 2 kilogrammes en 3 ou 4 jours; il suffisait d'une goutte pour tuer un cobaye. Le sérum a été injecté à la dose de 1 centimètre cube. Les animaux ont été sacri- SÉANCE DU 9 JANVIER A5 fiés par piqûre du bulbe, au bout de 24 heures, 48 heures, 4 jours. La moelle osseuse à été fixée par la liqueur de Flemming et les coupes ont été colorées à la safranine. I. Action de la toxine. — VNingt-quatre heures après l'injection de 4 gouttes de toxine, les cellules de la moelle osseuse ont considérable- ment augmenté de nombre, surtout dans les parties périphériques; près du sinus central, les travées ont, pour la plupart, conservé leur aspect normal. La prolifération porte sur les trois ordres de cellules, mais d’une facon inégale ; ce sont surtout les petits médullocèles qui se sont développés. L'aspect est un peu différent dans les parties corti- cales : à ce niveau, les médullocèles moyens et velumineux dominent et on observe, en plus, une congestion assez intense; par places les globules rouges sont accumulés de manière à former de petits lacs san- guins. La prolifération cellulaire est beaucoup plus marquée chez les ani- maux sacrifiés au bout de 48 heures. Mais le nombre des petits médul- locèles a relativement peu augmenté : ce sont les médullocèles gros et moyens qui se sont surtout développés et qui constituent maintenant la majeure partie du tissu médullaire. Ils forment de larges bandes, limi- tées par les fibrilles normales du tissu ; l'aspect aréolaire est conservé, mais les cavités graisseuses, comprimées par les cellules de nouvelle formalion, sont considérablement diminuées de volume. En certains points, elles ont disparu et, à leur place, on observe de petits nodules formés par les diverses variétés de médullocèles. Les médullocèles volumineux qui se sont le plus activement déve- loppés après le premier jour, vont continuer à proliférer; au quatrième Jour, ils auront tout envahi. À ce moment, le tissu est formé par une nappe de cellules, surtout tassées à la périphérie et séparées en petits groupes par les fibrilles du lissu normal considérablement épaissies. Il n y a plus trace de la disposition aréolaire; à peine retrouve-t-on, sur les coupes, deux ou trois petites cavités remplies de graisse. Sur le fond uniforme des médullocèles se détachent de nombreux myéloplaxes et parfois un petit nodule formé par un amas de médullocèles volumineux qu'entourent des cellules fusiformes disposées en cercles concentriques. La congestion est toujours marquée dans la zone périphérique; le sinus central présente son aspect habituel. Il. Action du sérum antidiphtérique. — Si l'on examine la moelle osseuse d’un lapin sacrifié vingt-quatre heures après l'injection du sérum antidiphtérique, on trouve des modifications beaucoup plus marquées que sous l'influence de la toxine. Ce ne sont pas seulement les cellules de la zone périphérique qui ont augmenté de nombre; la prolifération est générale; mais elle porte surtout sur les petits médullocèles ; toutes les parois aréolaires sont infiltrées de petites cellules rondes, fortement colorées. Les médullocèles gros et moyens sont relativement peu nom- 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE breux; les myéloplaxes sont très abondants. Il y a encore un peu de congestion, beaucoup moins qu'après une injection de toxine. Au bout de quarante-huit heures, l’aspect général est le même ; mais les cellules sont plus abondantes. Contrairement à ce qu'on observe chez les animaux intoxiqués, ce sont, non les gros médullocèles, mais les petits médullocèles qui ont augmenté de nombre. Enfin, au quatrième jour, la prolifération est énorme, mais l'aspect aréolaire est conservé ; on constate seulement que les travées qui limitent les cavités graisseuses sont infiltrées de cellules petites et fortement colorées ; les fibrilles sont normales ou peu épaissies ; la congestion est de moyenne intensité et s’observe surtout dans les parties périphériques. III. Action combinée de la toxine et de l'antitoxine. — Chezles animaux ayant reçu à la fois la toxine et le sérum, les modifications de la moelle osseuse tiennent le milieu entre les deux types que nous venons de décrire. Au bout de quarante-huit heures, par exemple, l'aspect rappelle plutôt celui de la moelle des animaux intoxiqués; la prolifération porte surtout sur les médullocèles volumineux, bien que les petits médullo- cèles prennent une part plus active au processus que lorsqu'on injecte la toxine seule. Au bout de quatre jours, au contraire, la moelle ressemble davantage à celle des animaux ayant reçu l'antitoxine ; comme chez ces derniers, la disposition aréolaire est conservée, mais d’une facon moins parfaite ; sur certains points, les cellules ont tout envahi. De même que chez les animaux ayant recu l’antitoxine, ce sont surtout les petits médullocèles qui sont abondants; mais les cellules ne sont pas unifor- mément réparties; elles sont plus tassées à la périphérie, comme cela s’observe dans les cas d'intoxication. Enfin, les fibrilles sont épaissies, moins cependant que chez les animaux intoxiqués. IV. En résumé, si la toxine et l’antitoxine diphtériques provoquent une rapide prolifération des cellules de la moelle osseuse, l'aspect histo- logique n’est pas le même dans les deux cas; ce sont les petits médullo- cèles qui se développent le plus activement sous l'influence du sérum, ce sont les gros et moyens médullocèles qui prennent le dessus sous l'influence de la toxine. On se rappelle, au contraire, que dans les cas de suppuration, les diverses variétés de cellules médullaires augmen- tent de nombre dans les mêmes proportions. Le développement des petits médullocèles sous l'influence du sérum antidiphtérique et leur apparition au début de l’intoxication diphté- rique, à un moment où l'organisme réagit contre le poison, semblent indiquer que la prolifération de ces éléments est sous la dépendance de l’antitoxine. Cependant cette conclusion ne pourra être admise, d'une facon certaine, que lorsque nous aurons recherché l’action du sérum normal sur la moelle osseuse. Nous ferons remarquer enfin que, parmi les modifications que nous avons décrites, les unes peuvent être considérées comme des lésions; SÉANCE DU 9 JANVIER 17 ce sont, par exemple, les nodules et les épaississements des fibrilles ; les autres traduisent plutôt des changements fonctionnels, presque physiologiques. On doit, en effet, admettre, dans la moelle osseuse, deux états différents : un état de repos où elle est essentiellement constituée par du tissu graisseux et renferme peu de cellules et un état d'activité où les cellules prolifèrent rapidement et se substituent à la graisse ; c'est ce qui se produit chaque fois que l'organisme a besoin de leucocytes. RÉSULTATS DE L'EXTIRPATION ISOLÉE DES GLANDULES PARATHYROÏDES CHEZ LE LAPIN, par M. le D' Arrrep RouxEAU (de Nantes). À l’occasion de la publication, dans le numéro de janvier des Archives de Physiologie, d’une relation détaillée de mes opérations de thyroïdec- tomie chez le lapin, j'ai cru devoir entreprendre un certain nombre d'expériences de contrôle qui m'ont semblé tout indiquées. En particulier, J'ai pratiqué un certain nombre de fois l’ablation isolée des glandules parathyroïdes chez le lapin en laissant intact le corps thyroïde. Voici quelles ont été les suites des vingt et une opéralions que j'ai faites jusqu'à ce jour. Quatre opérés ont succombé dans la nuit qui suivit l'opération. Chez trois, la mort a été retardée de quelques heures, de sorte que les animaux purent être observés. Chez un autre enfin elle survint le cinquième jour. L'observation, en somme, fut possible pour 17 opérés. Or, 3 seulement ne présentèrent aucun symptôme digne d’être mentionné. Chez les 14 autres, il y eut des accidents nerveux très analogues à ceux qu'on observe après la thyroïdectomie complète, c’est-à-dire, complétée, suivant la méthode de M. Gley, par l’extirpation des glandules para- thyroïdes. Ces accidents furent en général plus légers, plus fugaces (je parle bien entendu pour les opérés qui survécurent); aussi les animaux doivent-ils être observés avec soin. Cependant dans six cas ils furent très marqués et parfois singulièrement persistants. Ces résultats me paraissent intéressants à signaler après les travaux de Vassale et Generali sur les résultats de l’ablation isolée des glan- dules parathyroïdes chez le chat et le chien. Je continue mes expériences, dont je compte donner une relation en ‘temps et lieu, mais dès à présent, je crois qu’il m'est permis de poser les conclusions suivantes : L'extirpation isolée des glandules parathyroïdes est infiniment plus grave que la thyroïdectomie proprement dite chez le lapin qui est, elle, absolument inoffensive. 19 à BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, 7. IV. 18 SOCIETÉ DE BIOLOGIE Il est probable que c'est à elle que sont dus en grande partie les caractères si typiques des accidents observés à la suite de la thyroïdec- tomie complète avec ablation des glandules. Je ne nie pas cependant que cette dernière opération ne soit plus grave encore et suivie d’acei- dents plus marqués. Il reste parfaitement établi pour moi, d'autre part, que l’extirpation isolée du corps thyroïde amène une augmentation assez notable dans le poids et les dimensions des glandules parathyroïdes qui, chez un assez srand nombre d'animaux, semblent faire partie des lobes thyroïdiens. DES EFFETS DE L’'EXTIRPATION DES GLANDULES PARATHYROÏDES CHEZ LE CHIEN ET CHEZ LE LAPIN, par M. E. GLey. Dans le but de vérifier les faits annoncés par Vassale et Generali (1), j'ai entrepris depuis quelque temps d'enlever les glandules parathy- roïdes à des animaux d'espèces diverses, sans rien enlever de la glande thyroïde elle-même. Mais, occupé à d’autres recherches, je n'ai encore pu pratiquer celte opération que sur un petit nombre d'animaux. La très intéressante note de M. Rouxeau m'engage cependant à signaler dès maintenant les résultats que j'ai déjà obtenus. J'ai montré en 1893 (2) que, si on pratique sur des chiens l’extirpation des deux lobes du corps thyroïde, mais en ménageant et laissant en place le petit organe, attenant à chaque lobe, que j'ai appelé glandule thyroïdienne et qu'il vaut peut-être mieux, pour ne rien préjuger de sa nature, désigner avec Sandstrôm sous le nom de glandule parathyroïde, ces animaux échappent aux conséquences fatales de la thyroïdectomie. Cette expérience prouvait manifestement l’importance du rôle de ces organes, dont mes recherches antérieures sur le lapin avaient rappelé l'existence et révélé la signification physiologique (relation avec la fonction thyroïdienne). Sur ces entrefaites, on découvrit (voy. Kohn, Archiv f.mikroskopische Anat., Bd XLIV, 1895) qu'il existe une autre glan- dule chez le chien et chez le chat, mais située à la face interne de chaque lobe. Alors Vassale et Generali pratiquèrent en quelque sorte la contre- épreuve de mon expérience, c'est à dire l’ablation des quatre glan- (1) G. Vassale et F. Generali. Sugli effetti dell’ estirpazione delle ghiandole- paratiroidee. Riv. di patol. nerv. e mentale, X, p. 95-99, mars 1896 etp. 249-257, juillet 4896; et Arch. ital. de Biol., XXV, p°459 et XXVI, p. 61; 1896. (2) E. Gley. Recherches sur le rôle des glandules thyroïdes chez le chien. Arch. de Physiol., 5° série, V, p. 166-713 ; 1893. + #r/ SÉANCE DU 9 JANVIER 19 dules (1); et, d’après eux, cette opération détermine les accidents que l’on est maintenant accoutumé de considérer comme étant le résultat de la thyroïdectomie complète. Et voici que M. Rouxeau vient montrer qu'il en est de même chez le lapin. Je n'ai encore pu répéter l'expérience des deux auteurs italiens que sur un chat et trois chiens. Le chat est mort sous le chloroforme. Un des trois chiens, opéré le 9 novembre 1896, resta très bien portant pendant un mois; il est vrai qu'on n'avait pu découvrir le corpuseule interne du côté gauche; le 14 décembre, on lui enleva tout le lobe gauche; il ne lui restait donc que le lobe droit, privé de glandules. Cependant il con- tinue à être tout à fait bien portant. Il en est de même du troisième opéré. Seul, le deuxième a présenté, dès le lendemain de l'opération, mais surtout le troisième jour, des accidents caractéristiques, convul- sifs, puis paralytiques, très graves. Aujourd'hui, il est en rémission. Ces expériences doivent être multipliées. I se peut, par exemple, que les deux animaux dont je viens de parler en premier lieu soient, par hasard, des animaux résistant à la thyroïdectomie totale proprement dite, ce dont il sera prochainement facile de s'assurer par une nouvelle opération. D'autre part, je n’ai opéré que 9 lapins. 3 sont morts, 18 heures, 40 heures et 3 jours après l’extirpation des glandules, avec les accidents convulsifs typiques ; un quatrième a présenté quelques troubles nerveux légers le lendemain; et, sur les 5 autres, on n’a pas constaté de phéno- mènes morbides jusqu à présent. Ces différences n’ont rien qui doivent surprendre. Les animaux opérés peuvent, en effet, survivre pour deux raisons (2) : parce que, d’abord, il y a des lapins, comme je l'ai vu jadis et comme tous les expérimen- tateurs l'ont vérifié, qui résistent à la thyroïdectomie complète ; et puis parce qu'il y à des lapins chez lesquels, outre les glandules que j'ai fait connaître en 1891, il existe à la face interne de chaque lobe une autre glandule (Kohn) (3); l’on comprend alors que ceux qui possèdent ces glandules internes supportent l’extirpation des deux glandules para- thyroïdes externes. Une recherche longue et minutieuse s'impose alors : dans tous les cas de survie, il faudra s'assurer histologiquement que les (1) Bien entendu, l’extirpation des deux glandules externes, que j'avais déjà pratiquée en 1893, est inoffensive. (2) C'est sans doute parce que, dans mes anciennes recherches (1891-1892), les hasards de l’expérimentation m'ont fait tomber sur une série d'animaux aptes à survivre à l’extirpation des glandules parathyroïdes pour l’une ou l’autre de ces deux raisons, que j'ai dû constater alors l'innocuité de cette opéralion. (3) D’après Kohn, l'existence de la glandule interne serait même cons- tante chez le lapin. 20 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE glandules internes existent; et, inversement, dans les cas de mort, il faudra voir si elles n’existaient réellement pas. Quoi qu'il en soit, les résultats des recherches de Vassale et Generali sur le chien et le chat, s'ils se confirment, ceux obtenus par Rouxeau sur le lapin et ceux que je viens de résumer conduiront sans doute à une conception du rôle de la glande thyroïde très différente des idées actuelles. Il y a lieu de se demander si les troubles consécutifs à la thyroïdectomie ne dépendent pas de la suppression des glandules dites parathyroïdes, au lieu de tenir, comme on le croyait, à la suppression de la glande, ou bien si la fonction thyroïdienne appartient à ces deux organes associés. SÉRODIAGNOSTIC PAR LE SANG DESSÉCHÉ AU POINT DE VUE DE LA MÉDECINE LÉGALE ET DE L'HYGIÈNE PUBLIQUE, par MM. WipaL et SICARD. Dès notre première communication sur le sérodiagnostic de la fièvre typhoïde, le 26 juin 1896, nous avons montré qu'un sérum typhique pouvait conserver ses propriétés agglutinatives, après quatre mois de dessiccation. Le 31 juillet 1896, dans un travail spécial, nous avons comparé l’action agglutinative du sérum ou du sang typhiques dessé- chés. Nous avons constaté que le sang desséché sur diverses substances, particulièrement sur des fragments d’éponge, après dilution dans la proportion de 1 pour 12 ou de 1 pour 15 environ, agglutinait le bacille d'Eberth, mais moins activement que le faisait le sang ou le sérum liquide. Voici comment nous opérions : nous imprégnions de petits fragments d’éponges avec 4 ou 5 gouttes de sang que nous lais- sions dessécher; nous imbibions d’abord ces petits morceaux d’éponge pendant une demi-heure avec 10 ou 15 gouttes de bouillon simple, puis une goutte du mélange était ensuite versée dans 5 gouttes de culiure de bouillon de bacilles d’Eberth. MM. Johnston (1) et Taggart (2) ont vu récemment que la persistance de la propriété agglutinante du sang établie par nous, pouvait être utilisée en hygiène publique. Ces auteurs, dans un très grand nombre de cas, ont retrouvé la réaction agglutinante avec des gouttes de sang desséchées sur papier, qu'ils se faisaient envoyer à leur laboraloire, de diverses régions du Canada. Le sang desséché sur papier se laisse en effet facile- ment diluer, comme l'ont constaté ces expérimentateurs. Voici la technique qui nous paraît la meilleure à suivre. Après piqûre du doigt, on laisse tomber quelques grosses gouttes de sang sur une (1) Johnston. New York medical Journal, 31 octobre 1896. (2) Johnston et Taggart. British medical, 5 décembre 1896, p. 629.. SÉANCE DU 9 JANVIER 91 feuille de papier, à intervalles espacés ; on laisse ces gouttes complète- ment dessécher à l'air, pendant six heures environ. Pour la recherche de la réaction, on découpe exactement avec des ciseaux une rondelle de papier contenant une goutte de sang desséché, puis dans un godet en verre de montre, contenant deux gouttes d'eau, on place une de ces rondelles, de façon à ce que la face recouverte par la goutte de sang soit tournée vers le fond. Avec une baguette de verre, on agite pendant quelques minutes la rondelle de papier en la comprimant contre les parois du godet, jusqu'à ce que le sang desséché ait été complètement dissous dans les deux gouttes d’eau, que l’on mélange alors à huit gouttes de culture de bouillon de bacille d’Eberth. Bien que le sang ainsi desséché perde un peu de son pouvoir aggluti- natif, on peut cependant saisir de la sorte la réaction à ses débuts comme l'ont constaté Johnston et Taggart, et comme nous avons pu nous en convaincre récemment en éludiant comparativement le sérum liquide et le sang desséché de plusieurs malades. On peut encore saisir cette réaction chez d'anciens typhiques, dont le pouvoir agglutinatif est devenu très faible. Nous avons conservé, depuis six mois, du sang ou du sérum de typhique desséchés sur diverses substances. Le sang desséché sur éponge ou sur verre, donne nettement encore, après ce temps, la réac- tion agglutinante; celui-ci, desséché sur du linge ou sur du papier buvard, ne le donne que très difficilement sans doute, parce que le sang imprégnant ces diverses substances, ne se dissout qui très impar- faitement dans l’eau. Le sang d’un typhique recueilli au bout du doigt après lavage antisep- tique de la peau, peut être en toute sécurité envoyé au loin dans un tube fermé avec un bouchon. Nous avons souvent recu de province du sang dans ces conditions, et nous avons pu constater que, même après une ou deux semaines de séjour dans notre laboratoire, la réaction s’obtenait avec la plus grande netteté par le procédé extemporané. Rien ne vaut l'usage du sérum liquide qui permet même la mensu- ration du pouvoir agglutinatif; mais le sang desséché sur papier peut suffire pour assurer un diagnostic à distance. Au point de vue pratique, celte propriété qu'a le sang desséché sur diverses substances de con- server son pouvoir agglutinatif, propriété que nous avons été les pre- miers à meltre en évidence, peut donc être exploitée dans certaines conditions par la médecine légale et l'hygiène publique. N'est-ce pas intéressant de constater qu'avec une goutte de sang desséché, on peut, dans le temps et dans l’espace, établir l'existence d’une fièvre typhoïde présente ou passée. 19 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ESSAI DE PHYSIOLOGIE SEXUELLE GÉNÉRALE. Note de M. le D' Kerrrer {de Bruxelles), présentée par M. FRANÇOIS-FRANCK. Cette note est la communication préliminaire d'un travail destiné à paraitre dans les Archives de Physiologie de Paris, intitulé : « Essai de physiologie sexuelle générale. » La première partie du travail est l'exposé d’une théorie de la fonction sexuelle ; la seconde partie, qui paraîtra plus tard, aura pour objet les recherches expérimentales entreprises par l’auteur pour démontrer le bien fondé de ses vues théoriques. Première partie. — L'ovule et le spermatozoïde, possédant à un haut degré l’activité nutritive et l’activité reproductrice, transmettent vrai- semblablement ces activités à tous les éléments cellulaires issus de leur fusion nucléaire. Il s'ensuit que, dans l'organisme tout entier, ce n’est pas seulement l'appareil génital qui est le dépositaire exclusif de la fonction sexuelle, mais tous les tissus inlerviennent dans la succession des phénomènes dont la fécondation est le but essentiel. Quel est le mécanisme de cette intervention des appareils autres que l'appareil générateur? Dans notre conceplion de la physiologie sexuelle, nous admettons qu’à chaque groupe de tissu, à chaque organe, sont dévolues deux fonctions. La première serait une fonction nutritive, spéciale pour chaque organe, musculaire, hépatique, etc. La deuxième serait générale, déterminant l'activité fonctionnelle de l'appareil génital. Ces deux fonctions, d'ordre chimique, donneraient naissance chacune à une sécrétion de substance spécifique caractérisant chaque organe, et à une sécrétion interne génésique dont l’action retentirait sur tout l’orga- nisme en général et sur l’appareil reproducteur en particulier. Chez les vertébrés supérieurs, les mammifères, ces fonctions sécré- toires atteindraient la plus grande intensité. L'une, réalisant la nutrition générale, éliminerait ses produits excré- mentitiels par l'intestin et les reins. L'autre, excitant l’activité reproductrice, éliminerait ses excreta par l'utérus chez la femelle, par la prostate chez le mâle. Le liquide menstruel et le liquide prostatique seraient l'expression ultime de la sécrétion d’une substance génésique interne et de son excré- tion par les émonctoires sexuels, utérus et prostate. Cette conception peut se baser : 1° Sur les homologies embryogéniques de ces deux organes; 2° Sur leurs analogies de structure anatomique ; SÉANCE DU 9 JANVIER 23 3° Sur la périodicité de leur fonction physiologique qui coïncide avec la maturation et l'élimination des éléments épithéliaux germinatifs ; 4° Sur les phénomènes généraux d’exeitation génitale, connus sous le nom de rut, excitation qui coïncide avec la menstruation et l’écoule- ment prostatique; 5° Sur les phénomènes vasculaires et glandulaires quise passent dans l'utérus et sa muqueuse, la prostate et ses glandes au moment de l’émonction cataméniale et prostatique ; 6° Sur l’action trophique qu'exerce la castration ovarienne et testicu- laire respectivement sur l'utérus et la prostate. Théoriquement, nous admettons que les substances cataméniale et prostatique sont des sérums toxiques (1). Cette idée résulte de l’observation : 1° Des phénomènes d'intoxication générale qui accompagnent (surtout chez les femmes) l’excrétion menstruelle, lorsque celle-ci se fait mal, incomplètement (puberté, ménopause), et lorsqu'elle est arrêtée par une cause quelconque (refroidissement, émotion, affections locales). Ces phé- nomènes d'intoxication sont des troubles cérébraux, cardiaques, diges- tifs et cutanés. Le phénomène dominant est la vaso-dilatation, la con- gestion passive des organes du petit bassin. 2° Des phénomènes d'intoxication (troubles digestifs) qui surviennent chez les enfants à la mamelle lorsque la menstruation réapparaît chez la nourrice (Budin). 3° Des troubles de la nutrition générale (obésité) qui existent chez les individus privés artificiellement de l'appareil génital (eunuques, castrats féminins) ou par aplasie congénitale (nanisme, féminisme, virilisme, gigantisme). En résumé, suivant notre théorie, la vie génitale, dans ses manifesla- tions générales nutritives et dans ses manifestations locales sexuelles, serait sous la dépendance d'une sécrétion génésique interne, élaborée par tous les tissus de l'organisme, substance excitant la nutrition géné- rale suivant un type chimique déterminé, l’activité spéciale de la glande sexuelle, l'ovaire ou le testieule,et s’éliminant par l'utérus et la prostate, organes à fonction non seulement musculaire mais aussi glandulaire, émonctoire. Si nos vues théoriques se trouvent démontrées expérimentalement, nous saurons quelle est la signification des phénomènes si obscurs encore de la menstruation et de la sécrétion prostatique et nous connaïîtrons la pathogénie des troubles de la puberté, de la ménopause et de la toxémie menstruelle. (1) La théorie de la chlorose de M. Charrin et ses expériences sur la toxicité du sérum de la femme au moment de la menstruation viennent donner un puissant appui à nos vues théoriques. [Re] ré SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Peut-être les phénomènes sympathiques de la grossesse, l'éclampsie et certains troubles de la lactation sont-ils liés aux conditions de sécré- tion et d’excrétion de cette substance génésique toxique. Quoi qu'il en soit, cette conception paraît conforme aux données de l’embryologie, de l'anatomie et des lois de la physiologie générale. LE SUC PULMONAIRE. EFFETS PHYSIOLOGIQUES ET THÉRAPEUTIQUES. Note de M. le D' Fécix BRUNET, présentée par M. FRANÇOIS-FRANCK. De nombreux extraits organiques ont été préparés jusqu'ici, depuis la découverte de M. Brown-Séquard, maïs on ne s’est pas encore adressé au poumon. Nous avons essayé de combler cette lacune, surtout après avoir remarqué que l'hypothèse d’une sécrétion interne du poumon trouve une présomption favorable non seulement dans l’analogie embryologique de cet organe avec une glande, dans sa physiologie qui est celle d’un organe d’excrélion, dans l'emploi très ancien et longtemps conservé de préparations pulmonaires en thérapeutique, mais encore dans les troubles généraux qui se produisent à la suite d’altérations graves pleuro-pulmonaires comme l'ostéoarthropathie hypertrophiante pneumonique en offre Le tableau. | L'extrait glycérino-aqueux de poumon que nous avons appelé suc pulmonaire se prépare ainsi : l'animal de choix est le mouton, à cause de la rareté de la tuberculose chez lui et de l’âge favorable où on le sacrifie. On retire, aussitôt la bête abattue, les lobes pulmonaires qui doivent être parfaitement sains et n’avoir été ni lavés ni insufflés. On coupe en fins morceaux 20 grammes de tissu qu'on laisse macérer pendant une demi-heure dans 60 grammes de glycérine: on ajoute 120 grammes d’eau distiliée stérilisée et on fait macérer le tout de nouveau pendant une demi-heure. On filtre sur linge, on introduit dans l'appareil de d'Arsonval auquel est adaptée une bougie Chamberland stérilisée et engainée dans un tube de verre effilé dont la pointe plonge dans un ballon stérilisé. On établit une pression de 5 à 6 atmosphères et on obtient un liquide qui filtre lentement et qui doit être parfaitement aseptique, précaulion indispensable pour l’usage et dont on doit s'assurer en mettant le liquide 48 heures à l’étuve à 30 degrés. Dans l'étude expérimentale, afin de ne laisser aucune prise à l'interprétation des résultats, nous nous sommes servi, en même temps que de cet extrait glycériné, d’un extrait aqueux produit par la macération de 20 grammes de tissu dans 180 grammes d’eau distillée stérilisée. Toutes nos expériences ont été faites dans le laboratoire du professeur Féré (de Bordeaux). Le suc pulmonaire est un liquide un peu jaunâtre, très pauvre en matières dissoutes. D'après l'analyse de M. Denigès le résidu sec est de SÉANCE DU 9 JANVIER 19 Ge 4 gr. 05 par litre qui se décompose en substances organiques, 0,55, et substances minérales, 0,50. Pur, il est peu favorable au développement de cultures microbiennes. Injecté à des cobayes à la dose de 5 ou 10 cen- timètres cubes, il produit les premières fois une légère douleur et une élévation de température de 1 à 2 degrés, dont le maximum a lieu trois heures après l'injection. Ces effets s’atténuent très rapidement et les animaux soumis pendant un mois à des injections répétées tous les 2 jours augmentent de poids plus que les animaux témoins. L'ingestion rend la poussée pyrétique très faible (à peine 1/2 degré) et l'usage pro- longé a la même action favorable sur la nutrition générale. Cependant une trop forte dose, 35 centimètres cubes, tue un cobaye de 700 grammes en 24 heures. Ces différents résultats sont bien dus au liquide organique, car des injections diverses d’eau glycérinée ou d’eau distillée ne les produisent pas. Sur l’homme sain, l'injection ou l’ingestion de 5 à 10 centimètres cubes ne cause aucun effet immédiat très appréciable. Sur des cobayes rendus tuberculeux soit par des inoculations de culture pure ou de cra- chats tuberculeux sous la peau ou dans le poumon, nous avons obtenu un certain retard dans la mort des animaux traités comparativement aux témoins et une atténuation de la perte de poids. Sila résistance des animaux à l'infection est ainsi peu augmentée, les injections, en tous cas, ne sont certainement pas nuisibles. Dix malades : 5 bronchitiques chroniques, 4 tuberculeux, 1 abcès du médiastin avec ostéoarthropathie hypertrophiante au début, traités par le suc pulmonaire dans le service du professeur Arnozan (de Bordeaux) à la dose de 3 à 5 centimètres cubes en injection et de 10 centimètres cubes en ingestion pris le matin à jeun dans un peu d’eau, s’en sont bien trouvés, et l'effet le plus net observé chez tous a été la diminution de l’expectoration et la liquéfaction très rapide des crachats. SUR LA PRÉSENCE DE FERMENTS OXYDANTS DANS QUELQUES SUBSTANCES MÉDICAMENTEUSES, par M. EM. BoURQUELoOT. Dans une note publiée récemment (1), j'ai fait remarquer que les médecins et les pharmacologistes, lorsqu'ils associent plusieurs matières médicamenteuses, devaient se préoccuper de la présence possible, dans ces matières, de substances oxydantes; celles-ci pouvant déterminer peu à peu des altérations dans le mélange. (1) Ferments solubles oxydants et médicaments. Journ. de Pharm. et de Chimie [6], t. IV, p. 481, 1896. 926 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il me suffira, pour faire comprendre l'intérêt de cette remarque, de reproduire ici l’une des observations que j'ai apportées à l'appui de ma thèse. Si l’on ajoute à de l'eau créosotée, c'est-à-dire à une dissolution de créosote dans l'eau, une solution de gomme arabique, le mélange, d’abord limpide, ne tarde pas à se troubler et, bientôt, on voit se former un précipité jaune rougeûtre. La production de ce précipité s'explique aisément. La créosote ren- ferme, entre autres principes, surtout du gaïacol et du créosol, composés qui, comme je l'ai montré, s'oxydent sous l'influence des ferments oxydants en donnant, le premier, un précipité rouge grenat et, le second, un précipité jaune sale. La gomme arabique ordinaire contenant un ferment oxydant, les deux précipités se forment lentement en présence de l'air, et, par leur mélange, constituent, au moins pour la plus grande partie, le précipité jaune rougeàtre en question. La gomme et l’eau créosotée sont donc incompatibles et il faut se garder de les associer. J'ai cité plusieurs exemples analogues et, depuis la publication de ma note, j'en ai observé un grand nombre d’autres. Aussi je pense que la question mérite d’être étudiée méthodiquement. Celle-ci doit être envisagée à un double point de vue. Il convient de se demander, d’une part, quels sont les médicaments qui renferment des substances oxydantes et, d'autre part, quels sont ceux qui contiennent des matières oxydables par ces dernières. Sur le premier point, je ne m'occuperai aujourd'hui que des gommes ordinaires et des gommes résines des térébinthacées. En ce qui concerne les gommes, il est connu, comme je l'ai dit plus haut, que les gommes arabique et du Sénégal renferment une subs- tance oxydante (1). J'ai constaté qu'il en est ainsi non seulement pour les gommes que fournit couramment le commerce, mais encore pour des gommes plus rares de provenance certaine, telles que la gomme dure de Kartoum (gomme lévogyre) et la gomme de Gézireh (gomme dextrogyre). J'ai essayé l'action de la gomme du Sénégal sur un certain nombre de phénols et dérivés phénoliques. Outre les composés qui ont déjà été indiqués comme oxydés par cette gomme, je citerai l’acétyl- gaïacol, la méthylaniline (coloration bleue), le naphtol «, la naphtyl- (1) Le bleuissement de la teinture de résine de gaïac, par la gomme, est déjà indiqué, dans les anciens Traités de pharmacie, comme caractéristique de cette dernière. Il a été donné à tort, en 1885, par J. Wiesner, comme l'un des caractères d’un ferment spécial qui présiderait à la formation de la gomme. Le même chimiste a signalé, le premier à ma connaissance, que la myrrhe et d’autres gommes résines bleuissent aussi la teinture de gaïac. Sitzungsb. d. k. Akad. d. Wissensch., t. XCII, 1885, p. 40. PR STE P— SÉANCE DU 9 JANVIER @7l amine x, la vératrylamine, l'orthocrésol et même, quoique à un très faible degré, le phénol. La gomme d'abricotier oxyde au moins le gaïacol, le naphtol «, la naphtylamine & et la vératrylamine. Diverses propriétés des gommes résines des térébinthacées (myrrhe, encens, bdellium) m'ont engagé à éludier celles-ci avec attention. Si l'on délaye de la poudre de myrrhe dans l’eau, et si, au bout de quelques minutes, on ajoute au liquide laiteux de la teinture de résine de gaïac, on voit se produire immédiatement une coloration bleue. De même si on l’additionne de gaïacol, il se fait peu à peu un précipité rouge grenat. Avec le créosol, on a un précipité jaune rougeûtre. Avec le naphtol, une coloration et un précipité bleu mauve; avec la naphtylamine « un précipité bleu violacé; avec la vératrylamine une coloration violette : toutes réactions qui montrent bien l'existence, dans la myrrhe, d'un ferment oxydant. On sait que la myrrhe se compose d'une partie soluble dans l'alcool (résine) et d’une partie insoluble dans ce véhicule, mais soluble dans l’eau (gomme). Il m'a paru intéressant de rechercher à laquelle de ces parties il convient de rapporter les réactions oxydantes que je viens de signaler. Pour isoler la partie gommeuse, on a d’abord épuisé de la poudre de myrrhe par de l'alcool à 90°. Le résidu a été desséché, puis repris par l’eau. La solution aqueuse filtrée a été ensuite précipitée par l'alcool à 95°, après quoi, le précipité lavé à l'alcool a été desséché dans l’exsiccateur à acide sulfurique. Le produit ainsi obtenu est presque blanc; il possède toutes les propriétés oxydantes de la myrrhe, tandis que la teinture alcoolique (alcool à 95°) n'agit même pas sur la teinture de gaïac. La substance oxydante fait donc partie de la gomme soluble dans l’eau. Cette gomme a été étudiée en 1890 par O. Kühler qui a trouvé que, sous l’influence de l’acide sulfurique étendu bouillant, elle donnait à la fois du dextrose, du galactose et de l’arabinose. L'encens et le bdellium d’Afrique se conduisent comme la myrrhe. Pour compléter ces recherches, j'ai essayé l’action de la gomme du Sénégal sur divers médicaments galéniques, et, en particulier, sur les extraits et sur certaines infusions, et cela, comparativement avec l’action d'une solution de ferments oxydants des champignons (}X. delica). On peut dire que la plupart des extraits astringents et des solutions astrin- gentes subissent sous l'influence de la solution de gomme, des modifi- cations perceptibles à l'œil. Gomme exemple, je prendrai l'extrait hydro- alcoolique de quinquina jaune. Les essais ont été faits avec une solution aqueuse filtrée à 5 p. 100 de cet extrait. Si on additionne cette solution d’un volume égal d’eau, on a un liquide jaune clair restant tel. Si on l’additionne d'un volume égal d'une macé- ration de À. delica, il se fait peu à peu un volumineux précipité brun. 28 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Avec la gomme, il ue se forme pas de précipité, mais le liquide limpide prend en peu d'heures une coloration brun foncé tirant sur le rouge. Il est probable que c'est à une réaction de cette sorte qu'il faut attri- buer la coloration de la gomme marron. Enfin j'ai essayé l’action des deux solutions de ferment (gomme et champignon) sur une émulsion d'extrait éthéré de fougère mâle, qui est, comme l’on sait, colorée en vert par la chlorophylle. La solution de gomme ne parait pas agir sur cette émulsion, tandis qu’au contraire, le ferment des champignons détruit en très peu de temps la couleur verte, qui fait place à une couleur jaune rougeûtre. Ce fait, que j'ai observé également avec la matière verte de la digitale, ainsi qu'avec l'extrait éthéré de garou, est curieux en ce sens quil nous montre que le ferment oxydant des champignons intervient certai- nement dans la disparition ou la modification de la couleur verte des feuilles envahies par ces végétaux. CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DU FERMENT COAGULATEUR DU SANG, par MM. A. DasrTRe et N. FLoresco. I. Présence du fibrin-ferment en nature dans le plasma de peptone. — Nous avons, dans une autre circonstance, entretenu la Sociélé de nos recherches sur l'incoagulabilité du sang de peptone. Nous avons rap- pelé que les auteurs n'étaient pas d'accord relativement à la cause intime de cette liquidité du sang. Pour les uns, Sehmidt-Mülheim, Fano, Carvallo et Athanasiu, c’est le ferment coagulateur (fibrin-ferment, thrombase) qui est absent; pour d’autres, Grosjean, Contejean, Gley et Pachon, les trois conditions de la coagulation étant réalisées (fibrino- gène, sels de chaux solubles, ferment), c'est une substance anticoagu- lante qui paralyserait l’activité du ferment. Pour nous, les trois facteurs de la coagulation existent bien réelle- ment et c'est une simple condition de milieu qui empêche la coagulation. Il convient, pour en donner une démonstration claire, d'opérer sur les plasmas et non pas sur les sangs. Nous centrifugeons donc le sang de peptone, — et pour être sûr d'éliminer les globules blanes nous pou- vons prolonger la centrifugation pendant seize heures avec huit décan- tations. L'examen microscopique ne révèle l'existence d'aucun élément figuré. Ce plasma entièrement limpide est alcalin. Contrairement à ce qu'ont affirmé certains auteurs (Salvioli, ete.), il est plus alcalin que le sang et le plasma normal. Si on le neutralise avec un acide quelconque, chlorhydrique, acétique, ete., il coagule en fournissant un caillot en sac, très nel. Si on le mélange à volume égal de sérosité péritonéale, on a un beau SÉANCE DU 9 JANVIER 29 caillot en gelée, formé en quelques minutes si l’on a eu soin de neutra- liser la liqueur. La liqueur contenait done du fibrin-ferment, puisque la coagulation a eu lieu. On peut démontrer que la quantité de fibrin-ferment est suffisante pour coaguler tout le fibrinogène du plasma. En effet, si l’on sépare par filtration le caillot formé de la liqueur qui le surnage, on constate que celle-ci ne contient plus de fibrinogène, car additionnée de fibrin-fer- ment et de sels de chaux elle ne fournit pas de nouvelle coagulation. — Non seulement il est en quantité suffisante, mais il est en excès — car ce même filtrat peut faire coaguler une quantité double de sérosité péri- tonéale. — Enfin, le fbrin-ferment existe en nature, et non pas à l'état de proferment et encore moins engagé dans des éléments figurés. En effet, ajoutons de l'acide acétique comme précédemment, de manière à trans- former le pro-ferment supposé, ou à dégager des prétendus éléments figurés le ferment inclus; puis retournons à l’alcalinité primitive en neutralisant l’acide ajouté. Nous constatons alors que la liqueur se con- serve liquide. Il n'y avait donc ni pro-ferment, ni élément retenant le ferment, car, dans ces conditions, il aurait été libéré et il aurait fait ensuite coaguler la liqueur alcaline. IL. /nfluence de la neutralité du milieu sur la coagulation. — La con- dition de succès de toutes ces expériences consiste à neutraliser le milieu. La neutralisation permet ou accélère la coagulation : elle exalte l’activité du ferment coagulateur. Voici les expériences qui justifient cette assertion : | 1° Le plasma de peptone qui resterait indéfiniment liquide coagule s’il est neutralisé et porté pendant deux heures à l'étuve à 40 degrés ; 2° les plasmas faiblement oxalatés (1 p. 1000) qui se conserveraient liquides donnent, dans la même condition, un caillot en sac ; 3° si l’on mélange les plasmas peptonés ou oxalatés faibles, ou même du sérum très étendu à de la sérosilé périto- néale, on obtient instantanément un beau caillot gélatineux, si l’on a neutra- lisé au lieu d’un caillot léger en sac, tardif, ou même faisant défaut, en liqueurs naturelles; 4° le plasma de peptone hépatique (obtenu en recevant le sang de l’artère dans quelques gouttes de peptone ayant séjourné dans le foie et centrifugeant le mélange) coagule instantanément lorsqu'on neutra- lise, tandis qu'il se conserverait indéfiniment liquide, si on lui laissait son alcalinité normale; 5° si l’on fait précéder l'injection de peptone d’une injec- tion dans les veines d’une solution d'acide à 1 p. 1000 dans le chlorure de sodium à 7 p. 1000, le sang de peptone devient coagulable, avec retard plus ou moins considérable. IT. Action du foie sur la propeptone injectée. — L'incoagulabilité du sang chez le chien injecté de peptone est, en partie tout au moins, le fait du foie. Mais elle ne semble pas lui être due exclusivement. En effet, le sang de peptone n’est pas identique au sang mélangé avec la 30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE liqueur hépatique de peptone (fabriquée par le foie sous l'influence de la peptone). Deux caractères distinguent ces deux liqueurs l’une de l’autre. La première, c'est que le sang mélangé à la liqueur du foie, ou mieux le plasma de peptone hépatique est plus alcalin que le plasma de peptone ; la seconde, c’est l’instantanéité de coagulation du plasma de peptone hépatique, par comparaison avec la lenteur relative de la coagulation du plasma de peptone, lorsqu'on les neutralise. IV. Enfin, ces expériences justifient la théorie générale de la coagu- lation qu'a formulée l’un de nous (Société de Biologie, juin 1896). Les trois conditions, admises généralement, pour la coagulation du sang ne sont pas suffisantes. Ce phénomène fait intervenir, outre le fibrinogène, les sels solubles de chaux, le ferment, une quatrième condition de milieu — une certaine composition minérale, un certain équilibre salin, — qu'on réalise précisément en ajoutant l'acide jusqu’à neutralisalion. Du RÔLE PROTECTEUR DE L'ÉPITHÉLIUM ANTÉRIEUR CORNÉEN DANS L’EXOSMOSE OCULAIRE, par M. P. MERMET. Bien qu'inférieure à la pression atmosphérique, la tension intra- oculaire ne saurait subsister d’une facon aussi constante si le kyste oculaire n'était hermétiquement clos et si ses parois, tout au moins l’antérieure, ne s'opposaient à la sortie de son contenu. Il faut ainsi admettre de toute évidence que la cornée s'oppose à l’exosmose ocu- laire, joue vis-à-vis de celle-ci le rôle d’une véritable barrière. Mais dans cette membrane quel est l'élément protecteur de l’exos- mose ? On aurait pu croire la question résolue en raison de la foule des publications allemandes sur ce sujet. Il n’en est rien cependant, et les expériences tentées jusqu'ici sont absolument contradictoires. Citons seulement celles de Laqueur (1), qui attribue à l’épithélium le véritable rôle protecteur dans cette diffusion, et celles de Leber (2), pour qui la barrière exosmotique est formée par l’endothélium de Descemet. La théorie de Leber a fait autorité jusqu à nos jours. Désirant vérifier le fait, nous l'avons soumis à des expériences de contrôle ; nous venons aujourd'hui, appuyé sur l'anatomie et la clinique, démontrer que, dans cette barrière à l’exosmose oculaire, l’épithélium antérieur est tout, et l'endothélium postérieur rien. Preuves anatomiques. — Ce sont plutôt des présomptions que des preuves réelles. (1) Laqueur. Ueber die Durchgängigkeit der Hornhaut für Flussigkeiten. Centrabl. f. die med. Wissensch., 1872, n° 37. (2) Leber (Th.). Studien über die Flüssigkeitswechsel im Auge. Arch. f. Ophth., 1873, Bd XIX, Abth. 2, p. 87; et 1874, Bd XX, Abth. 2, p. 205. E ‘ns SÉANCE DU 9 JANVIER 31 ——— ———————.—— a A priori, en effet, on doit admettre la faible importance de l’endo- thélium de Descemet : la chambre antérieure est une séreuse, formée comme les autres par clivage mésodermique, et son endothélium doit absorber et laisser diffuser comme ses congénères. Les lames de la cornée également d’origine mésodermique ne sau- raient être incriminées dans ce rôle protecteur. Reste l’épithélium superficiel, d’origine essentiellement différente, ectodermique, qui ne peut être seul que le garant du tonus oculaire. Preuves cliniques. — L'observation du malade vient à la rescousse en ce sens. Dans le glaucome par exemple, il est des lésions connues sous le nom de kératite bulleuse. Or ces lésions consistent simplement, d'après les examens histologiques de Schweiïiger, de Kleinschmidt, de Brügger, en un soulèvement de l’épithélium antérieur. Celui-ci, plutôt que de laisser filtrer l'humeur aqueuse sous pression, se détache partiellement de la membrane de Bowmann. Nous avons ici réalisé cliniquement l'expérience de l'hydrotomie de la cornée et cette hydrotomie n’a pour barrière antérieure que l’épithé- lium ectodermique. Preuves expérimentales. — Nous avons varié les expériences le plus possible. Nous avons constaté d’abord, comme Laqueur, qu'une cornée de lapin soigneusement asséchée des larmes reste plus ou moins terne, et que, dépouillée de son épithélium, elle est au contraire constamment lubrifiée et laisse suinter par la plaie les liquides intra-oculaires. D'une autre facon nous avons démontré ce rôle protecteur de l’épithé- lium. Sur des animaux sains, la chambre antérieure étant vidée par une ponction scléroticale très postérieure, nous avons injecté dans cette chambre des solutions de sels de fer à divers titres (2 ou 5 pour 100 par exemple) et en quantité égale à l'humeur aqueuse retirée. Puis nous instillions sur la cornée des solutions de ferrocyanure plus ou moins concentrées. Jamais dans ces expériences nous n'avons vu la réaction du bleu de Prusse apparaître en l'absence de lésions de l’épi- thélium. Nous avons maintenu deux heures même les deux liquides presque en contact, simplement séparés par l'épithélium, sans constater la réaction caractéristique. Il suffisait de dessiner sur l’épithélium cornéen un trait, une croix, pour voir la figure se teinter immédiate- ment en bleu foncé. Un traumatisme de l’endothélium de Descemet était inutile ; il paraissait simplement activer la réaction. Ces faits suffisent pour trancher le débat, faire table rase de la théorie de Leber, et reconnaître à l’épithélium seul un rôle protecteur contre l’exosmose oculaire cornéenne. 32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TENEUR EN FER DU FOIE ET DE LA RATE CHEZ LE FOŒTUS HUMAIN, par M. A. GuILLEMONAT (4). (Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) Dans des recherches précédentes publiées en collaboration avec le D’ L. Lapicque (Soc. de Biologie, 20 juin 1896), nous avions montré quil existait une différence marquée entre la teneur en fer du foie et de la rate, suivant le sexe, la femme ayant dans ces deux organes une pro- portion moindre de fer que l’homme. Nous n'avions, dans ces recherches, analysé que des pièces provenant d'adultes, de plus de vingt ans; j'ai cherché si cette différence se ren- contrait également avant cet âge et je me suis adressé tout d’abord à des fœtus humains (2). Je n’ai trouvé dans la science que deux cas concernant des recherches semblables; Zaleski trouve 1.47 p. 1000 de tissu sec du foie; en rame- nant au tissu frais, on aurait un chiffre comprenant le fer du sang et voisin de 0.30. L. Lapicque, pour un fœtus mâle, trouve 0.17 pour le foie et 0.15 pour la rate. Mes recherches ont porté sur 20 sujets, comprenant 8 fœtus à terme, 4 autres ayant 8 à 8 mois 1/2, et enfin 8 compris entre 4 mois 1/2 et 8 mois. Les 8 fœtus à terme, étant morts pendant l'accouchement, doivent se rapprocher beaucoup de la normale; je les indique d’après leur poids croissant. Le fer du sang a été retranché du fer total (3). FOIE RATE INOS RENSEIGNEMENTS SEXE POIDS RS Aoids. Teneur. Poids. Teneur. 1 Mort pendant l’acc. de cause inconnue. G 2k} AE" (0,24 4er 0,14 2 — — — — G F, 18 0,10 8 0,05 3 — — — — RONDS Em" Do CU AT, D26 4 — — Albuminurie mater- QUOI D LEON ne RER ES 2 A RS CSM) 0,16 5,45 00/26 5 Mort pendant l'acc. Procidence du COLOR ENTER EMANN SAN E MONS VAR ASERS BST LE UTES 0,10 12,9 0,0% 6 Mort pendant l’acc. Mère roséole syphi- LEO ROLE CAE RES REA RS AURAS RS CR 0 0 0,30 do OA 1 Mort pendant l’acc. de cause inconnue. G@ 3,55 175 0,48 12 0,26 8 — — Procidence du cor- don NAMUR na RNA A Mo Er 1169) 145 0,17 8:19 0012 (1) Avec la collaboration de M. Charrin. (2) Les pièces analysées provenaient de la Maternité ou de la clinique de M. le professeur Pinard. (3) Voir A. Guillemonat et L. Lapicque, Soc. de Biol., 20 juin 1896. nn SÉANCE DU 9 JANVIER 39 La moyenne des teneurs du foie est 0.26; soit 0.25 pour les 5 gar- cons et 0.27 pour les 3 filles. Le chiffre 0.27 des filles est triple de celui des femmes adultes (0.09) et le plus fort chiffre de ces dernières est 0.25, tandis que le n°3 à 0.53 (1). D'autre part, la moyenne de ces 8 sujets étant voisine de celle de l'homme adulte (0.23), il est très présumable, malgré cette série un _peu courte, que la différence sexuelle n'existe pas à la naissance, sans qu'il soit possible pour le moment d’en préciser la raison. Les quatre sujets ayant entre 8 mois et 9 mois donnent la même moyenne, 0.27. Les huit sujets restants présentent des varialions très grandes et leur nombre n’est pas assez considérable pour pouvoir en tirer quelques indications. Le tableau suivant donne les résultats obtenus : FOIE RATE N°9S AGES RENSEIGNEMENTS SEXE POIDS mm Poids. Teneur. Poids. Teneur 9 81/2 Quelques inspirations. Hémor- DATES Plic entre EME CONNUE NOTE ONE") 10 8 Mort acc. Hémorragies placen- LAURE SR An IGN EEE CEE CRIE ET STARS 102 DS 0,07 MARS PM or bacc-rAlbuminenmat eee 285 108 05018 852 073€ 12 8 Mort à 14 h. Hémorr. placent. . GG 2,515 100 AT NET TD A0 13 1 — Quelques inspirations. . . G 1,97 69 0,01 Æ& 0,0% 14 1 — Qq. insp. rhumat. mat. . . EF 1,23 60 DDR RS ES NONDE 18 GA METEO AM CR NE On PAR EE rt 62 MAS UOUIE 1 ONE ? Run al 37 0,24 1,8 0,19 17 51/2 Quelques inspir. Jumelle du 18. EF 1,035 Se AT Mb TOUS 18, 05 1e _ — NOTES POS 2000 LSS COMIO) 19 5 — —— G 0,562 SOC DE EU ONEURUS 20, 4 17/2 ? CAUSE AD D SO TO D AU Pour la rate, le moyenne des 8 fœtus à terme est de 0.16 (0.18; 5 gar- cons, — 0.14; 3 filles) elle est inférieure à celle trouvée chez l'adulte (0.32, hommes — 0.23 femmes) et par suite concorde avec les résultats de L. Lapicque, qui a toujours trouvé des rates faibles en fer chez les animaux nouveau-nés. Les 4 sujets suivants donnent une moyenne rapprochée, 0.18. Enfin, les huit derniers sujets doivent être séparés en deux; chez les six derniers, en effet, nous n'avons pu, vu le faible poids des rates, tenir compte du fer de l'hémoglobine. La moyenne est 0.16, donc encore plus faible que la précédente. (1) Ce chiffre a été obtenu par trois dosages, deux concordants (0.51 — 0.55); le troisième donne encore un chiffre plus fort (0.61); la moyenne indiquée est celle des deux premiers. B:oLocre. Compres RENDUS. — 10€ SÉRIE, Tr. IV. 3 34 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Remarquons, en outre, que les hémorragies placentaires des n°° 1,9, 10, 12 n'ont pas eu d'influence sur la teneur en fer, remarque intéres- sante, puisque MM. Auscher et Lapicque ont montré que les grandes accumulations de fer dans le foie et la rate succèdent aux hémorragies. Mes recherches concernant les enfants sont en trop petit nombre pour pouvoir être encore publiées. NOTE SUR UN NOUVEAU CORNET ACOUSTIQUE SERVANT EN MÊME TEMPS DE MASSEUR DU TYMPAN, par M. MARAGE. J'ai entrepris, il y a dix-huit mois, une série d'expériences ayant pour but de trouver les conditions dans lesquelles on doit se placer pour obtenir un bon cornet acoustique. Je cherchais un instrument de faible volume, renforcant le son et agissant en même temps comme moyen thérapeutique pour diminuer la surdité. Il serait trop long de décrire iei les expériences de physique que j'ai faites : je rappellerai seulement qu'elles m'ont conduit dans une voie tout à fait différente de celle que j'avais suivie au début. En effet, je cherchais d’abord à renforcer la parole par un système analogue à celui des résonnateurs de Helmholtz: en présence des résul- tats négatifs obtenus, je pensai à faire usage des membranes vibrantes, et après avoir essayé un grand nombre de dispositions différentes, je fus amené à construire l'instrument que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui, et auquel j'ai donné le nom de masseur-cornel. Ce n’est pas un travail complet, c’est une simple prise de date, car mes observalions cliniques ne sont pas encore assez nombreuses et il me reste à faire un certain nombre d'expériences qui me permettront bientôt, je l'espère, d'obtenir des résultats définitifs. J'ai eu soin de prendre un brevet, afin d’empècher les constructeurs de mettre dans le commerce ce cornet acoustique qui n’est, pour le moment, qu’un appa- reil de recherches. Descriplion. — L'appareil se compose d’une petite caisse cylindrique en bois, de 3 centimètres de diamètre et de 2 centimètres de hauteur; elle est divisée par deux sections droites. La section droite supérieure limite le couvercle, la section droite inférieure permet de fixer une membrane vibrant sous l'influence du parleur. Cette surface vibrante est en baudruche ou en caoutchouc; elle est fixée sur un cadre circulaire et se trouve contenue entre deux petites caisses à air cylindriques. SÉANCE DU 9 JANVIER 39 La caisse à air supérieure communique par une embouchure tronc- conique avec le parleur. Les vibrations sont transmises à l'auditeur par un tube de caoutchouc à parois épaisses, plus ou moins long. Pour l'audition bi-auriculaire, on bifurque ce tube au moyen d'un ajutage métallique en Y. Fonctionnement. — Le tube en caoutchouc est introduit directement, sans embout, dans le conduit auditif externe, de manière à empêcher toute communication avec l'air extérieur. L'orifice du conduit auditif externe ayant un diamètre variable suivant les sujets, il faut terminer en cône le tube de caoutchouc et le couper en un point tel qu'il pénètre à frottement dans le conduit auditif, de manière à s’y maintenir facile- ment. Le parleur applique les lèvres sur l'embouchure, les vibrations (rans- mises à la membrane sont communiquées à l’air du tuyau et des caisses, et l'auditeur entend parfaitement la voix parlée; la voix chu- chotée est perçue avec une grande netteté. Il faut éviter de parler fort. Cet appareil agit done comme cornet acoustique. En même temps, il masse le tympan comme le masseur de Delstanche et même beaucoup mieux, car les vibrations ainsi transmises au tympan sont de même ordre, à l'intensité près, que celles que le tympan est destiné normale- ment à recevoir. D'ailleurs, j'ai remarqué que l’acuité auditive des malades atteints d'otite seléreuse était augmentée d’une façon très appréciable par l'usage de cet appareil. Le malade peut se masser lui-même les deux tympans, ensemble ou séparément, en parlant dans l'embouchure et en mettant l'extrémité libre du tube dans le conduit auditif externe des deux oreilles ou de l’une d’elles séparément. J'ai en ce moment plusieurs malades en traitement; l’amélioration est cerlaine; mais il ne s'est pas écoulé encore un temps assez long pour me permettre de formuler des conclusions tout à fait fermes. Remarquons, en terminant, qu'il est très avantageux pour le malade de ne pas avoir, comme dans les cornels habituels, le parleur qui souffle dans l'oreille de l'auditeur, chose essentiellement anti-hygié- nique et désagréable. Je continue maintenant mes recherches, au point de vue thérapeu- tique, en étudiant les modifications produites par l'usage de l'appareil sur les malades atteints d’otite scléreuse ; et au point de vue physique en me servant des flammes manométriques de Kænig el des tambours inscripteurs de M. le professeur Marey; il est en effet facile de faire varier dans l'instrument un quelconque des facteurs, en laissant les autres constants, ce qui permet de déterminer successivement l'influence de chacun d'eux. 36 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE FAISCEAU CÉRÉBELLEUX DESCENDANT, par M. A. Tomas. (Travail du laboratoire de M. le D' Dejerine. — Hospice de la Salpétrière.) Marchi a décrit, le premier, une dégénérescence descendante dans la moelle, consécutive aux lésions du cervelet : les fibres dégénérées sui- vraient la voie du pédoncule cérébelleux moyen, puis du faisceau longi- tudinal postérieur et du ruban de Reil médian; il n’a pu préciser l'origine de ce faisceau dans le cervelet. Biedl et Bazelewsky ont observé une semblable dégénérescence après section du corps restiforme à sa sortie du cervelet ; ces auteurs admettent, avec Marchi, l'existence des fibres cérébelleuses descendantes, tandis qu'elle est niée par Ferrier et Turner; Russell admet l'existence de quelques fibres descendantes isolées dans la région antéro-latérale de la moelle cervicale. Les résultals que nous apportons sur cette question ont été obtenus par l'examen anatomique en coupes sériées du névraxe de cinq chiens et de cinq chats ayant subi des extirpations du cervelet à différents degrés et ayant survécu de deux à six semaines. Les dégénérescences secondaires ont été étudiées par la méthode de Marchi. Les lésions limitées soit à l'écorce des hémisphères, soit au vermis (noyau du toit y compris), ne déterminent pas de dégénérescence nette dans la région antéro-latérale de la moelle. Ce n’est qu'à la suite de lésions profondes des hémisphères cérébelleux que cette région dégénère, lorsque le corps rhomboïde ou noyau dentelé a été intéressé. La dégéné- rescence à lieu du même côté que la lésion. Il faut s'assurer que seul le cervelet a été enlevé et que les parties voisines n’ont pas été atteintes : il arrive fréquemment que le noyau de Deiters ou les stries acoustiques, au moment où elles contournent le corps restiforme, aient été section- nées : dans ce cas, les dégénérescences médullaires sont plus marquées. Les fibres dégénérées traversent le noyau de Deiters, les unes en lon- geant le plancher du 4° ventricule, les autres dans l’espace compris entre le plancher du 4° ventricule et le corps restiforme ; elles ne consli-- tuent pas de faisceau distinct. Elles se dirigent en avant et en dedans, passent par-dessus le nerf facial et entre ses fibres, etse coudent ensuite dans la protubérance pour se diriger en bas; elles occupent alors une partie de la substance réticulée, limitée en avant par l’olive supérieure, puis le noyau du facial et, en arrière, par le genou du facial. Plus bas, ces fibres sont situées plus en avant (en arrière du noyau du facial); une très petite portion reste en arrière {immédiatement en avant du genou du facial, puis du noyau triangulaire de l’acoustique) : elles for- ment ainsi une zone antérieure et une zone postérieure ; au niveau du SÉANCE DU 9 JANVIER 31 bulbe, la zone antérieure est comprise entre l’olive inférieure et le noyau antéro-latéral du bulbe; la zone postérieure en avant du noyau de l’hypoglosse. Lorsque l’olive inférieure à disparu, les fibres de la zone antérieure s'étalent de plus en plus à la périphérie de la moelle; les plus internes, ainsi que la zone postérieure, s’introduisent dans le faisceau fondamental antérieur. Au-dessous de l’entre-croisement des pyramides, la zone de dégénérescence occupe le cordon antéro-latéral de la moelle, les fibres sont éparses, elles ne sont rapprochées qu’à leur limite externe où elles forment un petit eroissant, dirigé obli- quement d’arrière en avant et affleurant la surface de la moelle par son extrémité antérieure; en arrière il n'atteint pas le faisceau cérébelleux direct, ni le faisceau pyramidal; les fibres dégénérées y sont assez tas- sées pour qu'on leur donne le nom de faisceau. Dans la région cervi- cale inférieure, les fibres sont moins tassées et dispersées; dans le cor- don antéro-latéral, elles se rapprochent davantage de la périphérie. Elles s'épuisent surtout dans la région dorsale, mais elles existent encore en petit nombre dans la région lombaire, surtout dans le faisceau fon- damental antérieur. Ces fibres se terminent dans les cornes antérieures de la moelle, autour des cellules ganglionnaires. LÉSIONS DES CELLULES NERVEUSES CHEZ UN COBAYE AYANT PRÉSENTÉ DES ACCIDENTS ÉPILEPTIFORMES, A LA SUITE D'INFECTION DE TOXINES DIPHTÉ- RIQUES ET D'UNE DOUBLE AMPUTATION, par MM. A. CaarRin et A. Tomas. Dans une précédente communication (1), l’un de nous a présenté à la Société un cobaye, qui sept mois auparavant avait recu de la toxine diphtérique sous la peau : il avait élé soumis ensuite aux courants à haute fréquence : l'animal avait résisté, mais les courants, en provo- quant une forte élévation thermique, avaient déterminé une double amputation postérieure: — Deux mois environ après l'injection des toxi- nes et l’amputation survinrent des accidents épileptiformes spontanés ou provoqués par une excitation douloureuse de la peau dans la région cervico-dorsale. Il y avait lieu de se demander si les troubles nerveux ne seraient pas sous la dépendance de l’intoxication ou de l’amputation, ou même des deux à la fois. — Sans vouloir trancher la question en litige, par l’examen anatomique, d'autant que cet examen ne s’est adressé qu'à la moelle, les résultats qu'il nous a donnés nous ont semblé intéressants. (1) A. Charrin. Accidents épileptiformes expérimentaux. Société de Biolngie, 21 novembre 1896. 38 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Après fixation par le formol et l'alcool, des segments de moelle ont été prélevés dans les régions lombaire, dorsale et cervicale ; les coupes ont été traitées par la méthode de Nissl. - Les lésions existent dans ces trois régions; elles consistent en une altération très marquée des cellules nerveuses, surtout des cellules gan- glionnaires des cornes antérieures de la moelle, principalement dans la région lombaire. - Dans la région lombaire, les cellules nerveuses des cornes anté- rieures ont disparu en grand nombre, ou bien elles ne sont plus repré- sentées que par des amas de protoplasma; le noyau se colore à peine et d’une façon irrégulière. Quelques-unes possèdent encore leur noyau et leur nucléole, mais le réseau chromatique et les prolongements ont disparu : elles sont comme gonflées el creusées de vacuoles; le noyau a sur la plupart gardé sa situation centrale; ce n'est que sur quelques coupes que nous avons pu voir des cellules avec un noyau excentrique, comme cela s’observe consécutivement aux amputations. — Les petites cellules sont également altérées; leur protoplasma est irrégulier, leurs prolongements maigres. — Les noyaux des cellules de la névroglie sont très nombreux; ils sont disposés généralement autour des petites cellules nerveuses; quelques-uns semblent inclus dans les anfractuosités du protoplasma, sans qu'il nous ait été possible de voir nettement un de ces noyaux à l’intérieur même de la cellule nerveuse. Enfin, il existe dans la substance grise de petits foyers hémorragiques, disposés irré- gulièrement. Les lésions observées dans la région dorsale et la région cervicale sont moins accusées; toutefois, elles sont de même ordre. Les altérations des cellules semblent donc surtout en rapport avec un processus général; si, dans la région lombaire, quelques cellules pré- sentent l’aspect déjà signalé par Nissl et de nombreux auteurs, à la suite de sections de nerfs, la plupart présentent les altérations déjà signalées comme relevant d’injections de toxines microbiennes : dans notre cas, la toxine diphtérique semble avoir été l'agent imputable. Assurément, ces lésions, qui sont permanentes, ne sauraient tout expliquer dans une affection à manifestalions intermittentes; mais sur- vienne un agent d'excitation, mécanique, physique, chimique, etc., on comprend, dans ces conditions, que le système nerveux réagisse d’une facon anomale. K . SÉANCE DU 9 JANVIER 39 NOTE SUR DEUX CAS DE SCLÉROSE POLYVISCÉRALE AVEC ASCITE ÉNORME CHEZ DES CACHECTIQUES PALUSTRES TRAITÉS PAR LA LAPAROTOMIE, par M. J. BrauLr. Par analogie avec ce que nous faisons depuis longtemps dans la tuberculose péritonéale à forme ascitique, j’ai soumis, l'an dernier, deux cachectiques palustres à la laparotomie. Chez ces deux sujets, dont il serait trop long de raconter ici l’histoire, l’intoxication paludéenne très ancienne était des plus accentuées, et malgré le traitement médical approprié, le marasme allait grandissant. En face de ces moribonds, qui après plusieurs rémissions étaient arrivés à la dernière période de la cachexie, j'ai cru devoir tenter une mesure qui pouvait étre au moins palliative. Tous les deux étaient atteints de selérose polyviscérale : bronchite des bases, hypertrophie cardiaque, hépatique et splénique, presque rien ne manquait au tableau de la « pansclérite »; toutefois les urines ne contenaient que peu d’albumine et d’une facon très intermittente. L'œdème des membres inférieurs était peu marqué; par contre, l’aseite était énorme. Malgré les difficultés de l’anesthésie chez des dyspnéiques, c’est à ce symptôme prédominant que nous nous sommes attaqué par une large laparotomie (1). _ Dans nos deux observations, cette intervention énergique a été suivie du meilleur effet. Nous n'avons pratiqué aucun lavage ou drainage; néanmoins, l’ascite vidée (2) n'a pas reparu; bien mieux, nous avons pu constater, par la palpation et la percussion, la diminution notable de la rate et du foie hypertrophiés. La cicatrisation de la plaie abdominale a demandé huit jours ; au bout de trois semaines, après avoir recouvré leur appétit et une partie de leurs forces, nos deux agonisants étaient sur pied. Pendant la convalescence, j'ai continué le traitement médical de la cachexie palustre et j'y aï ajouté la moelle osseuse à la dose quotidienne de 80 grammes environ. En tout cas, durant ce laps de temps, je n'ai pas vu reparaître la moindre trace d’ascite et l'amélioration de l’état général s’est entière- ment maintenue. Dans la littérature médicale, il existe quelques observations qui se (4) Nous préférons, dans ce cas, la laparotomie sus-ombilicale, qui expose toujours moins à l’éventration. (2) Il n’y avait pas le moindre doute, nous étions devant une ascite et nullement devant une péritonite, je tiens à le répéter. 40 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rapprochent de ce que nous avons observé vis-à-vis des viscères abdo- minaux; à la suite de laparotomies faites par méprise, on à vu dispa- railre, ou du moins diminuer, dans une proportion très notable, de grosses rates démesurément hypertrophiées. Quant à l’aseite, d’une facon générale nous croyons que l’on n'utilise pas assez l'ouverture large du ventre dans son traitement : la paracentèse est cependant bien inefficace, et à l'abdomen nous ne sommes pas tenus aux ména- gements que nous impose l'évacuation des cavités thoraciques. 4 Le Gérant : G. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 16 JANVIER 1897 M. C. Dezezenne : De l’action du sérum d'anguille sur la coagulation du sang. For-, mation d’une substance anticoagulante par circulation artificielle du sérum d’an- guille à travers le foie. — M. G. Moussu : Fonction parathyroïdienne. — M. E. GLev: Sur la fonction des glandules parathyroïdes. Remarques à propos de la communi- cation de M. Moussu.— MM. E. Barnier et Bavgy : Note sur un cas rare de catalepsie. © — M. L. Rozn : Note sur un nouveau milieu coloré pour la différenciation du colibacille.et du bacille d'Eberth. — M. Sagrazës : Méthode de coloration histolo- gique par la thionine et l'acide picrique. — M. le Dr Boxnrer : Sur l'épreuve de Gellé. — M. le Dr Bonnrer : Sur un cas de mydriase réflexe d'origine labyrinthique. — M. F. Borpas : Sur la flore bactérienne du tube intestinal des huîtres. —. MM. F. Borpas et S. pe Raczko wski : Remarque sur le dosage de l'alcool éthyliaue. — M. Doxox : Action de la pilocarpine sur le tonus des muscles bronchiques. Lifluence suspensive du nerf vague sur ce tonus. — M. le D' Pauz MarcHaL : Sur les réac- tions histologiques ét sur la galle animale interne provoquées chez une larve de Diptère (Cecidomyia destructor) par un Hyménoptère parasite (Trichacis remulus).. — M. Hépox : Action de la phloridzine chez les chiens diabétiques par l’extirpa- tion du pancréas. — MM. F. Tourneux et P. VERDUN : Sur les premiers développe- ments ‘et sur la détermination des -glandules thymiques et thyroïdiennes chez l'homme. — MM. A.-H. Przrrer et Vicror Veau : Capsule surréuale aberrante du, ligament large. — MM. L. JAcquer et L. Burte : Recherches expérimentales sur le mécanisme de l’hyperémie cutanée. — M. A. Dasrre : Observations à propos de l'expérience de la section du cordon cervical. Présidence de M. Gley, vice-président. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. Rénow présente et offre à la Société un livre qu'il vient de publier sur l'Aspergillose (£tude sur l'Aspergillose chez les animaux et chez l'homme. Paris, 1897, 1 volume de xr1-301 pages, 11 figures dans le texte, Masson, éditeur). . Cet ouvrage comprend trois parties; la première traite de l’aspergil- lose spontanée des animaux, la seconde de l'aspergillose expérimentale, et la troisième de l’aspergillose de l'homme. A l’ancienne conception de Spring et Robin, qui ne voient dans l’aspergillus fumigalus qu'un simple saprophyte, l'auteur oppose la conception francaise de l’action pathogène primitive du champignon. Celui-ci devient un vrai parasite, et la maladie qu'il détermine est aussi nette et aussi spécifique que l'actinomycose et la bacillose de Koch, avec lesquelles elle présente la plus grande analogie. BioLOG1E. COMPTES RENDUS. — 10 SÉRIE, 1. IV. 4 49 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE L'ACTION DU SÉRUM D'ANGUILLE SUR LA COAGULATION DU SANG. FORMATION D UNE SUBSTANCE ANTICOAGULANTE PAR CIRCULATION ARTIFICIELLE DE SÉRUM D'ANGUILLE A TRAVERS LE FOIE, par M. C. DELEZENNE. Dans ses recherches sur la toxicité du sérum des Murénides (anguille, murène, congre), À. Mosso (1) a observé ce fait curieux que « le sang des animaux tués par l'ichtyotoxique (2) ne se coagule pas ». Aucune étude méthodique n'ayant été faite à notre connaissance sur le mécanisme de l’action anticoagulante du sérum d’anguille, j'ai entre- pris à ce sujet des expériences dont je rapporterai brièvement les résul- tats. Le sérum qui m'a servi était obtenu, soit en recueillant directement le sang chez l'animal vivant au moyen d’une canule introduite dans l'aorte, soit en le recevant par décapitation. Action du sérum d'anguille in vitro. — Si à une série d'échantillons de sang de chien, on ajoute des proportions variables de sérum frais, on observe que la coagulation se fait toujours plus rapidement que dans l'échantillon témoin. Ce sérum ne possède donc par lui-même aucun pouvoir anticoagulant (3). Action du sérum en injection intra-veineuse. — Injecté dans les veines à la dose de 0 c. c. 02 environ par kilogramme d'animal, il détermine l'incoagulabilité du sang. (Pour parer aux accidents asphyxiques qui résultent de l’action de l'ichtyotoxique sur les centres nerveux on pra- tiquait au besoin la respiration artificielle.) Dans un échantillon de sang, recueilli quelques minutes après l'injection, il ne tarde pas à se séparer une couche de plasma qui augmente progressivement, tandis que les globules se déposent et se tassent au fond du verre. Le sang reste liquide un temps variable; j'en conserve depuis huit jours, ne présentant pas la moindre trace de coagulation. (1) A. Mosso. Un venin dans le sang des Murénides. Arch. ital. de Biologie, t. X,p. 139, 1888. (2) Mosso donne indislinctement ce nom au venin du sérum sanguin des Murénides ou au sérum lui-même. (3) Le sang recueilli par décapitation coagule en quelques minutes et exprime très rapidement son sérum; celui qui est pris directement dans les vaisseaux coagule beaucoup plus lentement; un échantillon est resté liquide plus d’une heure et a donné une légère couche de plasma. Dans ce cas, la rétraction du caillot est beaucoup plus lente. Ces faits sont à rapprocher de ceux que j'ai signalés pour la coagulation du sang chez les oiseaux (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1 juin 1896). SÉANCE DU 16 JANVIER A3 Cette différence entre l’action du sérum d’anguille in vitro et en injec- tion intra-vasculaire permettait déjà de supposer qu'il agit par un mécanisme analogue à celui de la peptone, c’est-à-dire qu’il provoque dans l'organisme la formation d’une substance anticoagulante. J’en ai -eu la preuve en m'assurant que quelques gouttes du plasma qui sur- nage dans le sang recueilli après l'injection de sérum sont capables de suspendre in vitro la coagulation du sang de chien. Les résultats que je vais rapporter me permettent d'affirmer que, comme pour la peptone, le foie joue encore ici un rôle absolument pré- pondérant, sinon exclusif. Pour le démontrer, j'ai eu recours à la méthode des circulations artificielles et je me suis placé dans des condi- tions expérimentales identiques à celles qui m’avaient permis d'obtenir une substance anticoagulante par circulalion de peptone (1) à travers le foie isolé. Les expériences ont été faites sur le chien. Dans le foie, rapidement extrait du corps, on pousse par la veine porte une injection de sérum d'’anguille dilué en proportions variables dans la solution physiologique de NaCI. Après un séjour plus ou moins long, le liquide est reçu par les veines sus-hépaliques. Tandis que la solution primitive précipitait la coagulation in vitro, quelques gouttes de cette même solution, après son passage à travers le foie, suffisent pour la retarder considérablement. Comme avec le liquide de peptone hépatique, j'ai obtenu dans tous les cas une incoagu- labilité suffisante pour permettre le dépôt des éléments figurés et la formation d’une abondante couche de plasma. Le liquide de circulation artificielle de sérum d’anguille à travers le foie, contient donc une substance ayant une action spécifique sur la coagulation du sang. Les résultats négatifs que m'ont donnés les injections intra-veineuses de sérum après extirpation du foie tendent à prouver que cet organe seul joue un rôle réellement actif dans la production de la substance anticoagulante. D'ailleurs, la question du rôle respectif du foie et des autres organes dans les actions anticoagulantes de cette nature est encore discutée et j'aurai l’occasion d’y revenir à la fois pour la pep- tone et pour le sérum d’anguille. (Travail du Laboratoire de physiologie de l'Université de Montpellier.) (1) Comptes rendus Acad. des sciences, 11 mai 1896, p. 1072, et Archives de Physiologie, juillet 1896, p. 655. 4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FONCTION PARATHYROÏDIENNE, par M. G. Moussu. En 1892 et 1893, j'ai fait ici une série de communications concernant la fonction thyroïdienne, et dans lesquelles j'ai établi : 1° Que l'extirpation des thyroïdes chez les solipèdes, les ruminants et les porcins adultes, ne déterminait pas d'accidents apparents immé- diats ; 2% Que l’extirpation des corps thyroïdes chez les jeunes animaux arrête le développement général, provoque chez le porcelet le crétinisme myxædémateux, chez les chevreaux et les jeunes lapins le crétinisme atrophique. Certaines considérations, sur lesquelles il n’y a pas lieu de revenir, m'avaient amené d'un autre côté à nier la théorie des suppléances fonc- tionnelles entre le thyroïde, la piluitaire et Ia rate d’une part, entre le thyroïde, les parathyroïdes et certains organes supposés vicariants de la région trachéale et du médiastin, d'autre part. J'avais même ajouté : « Peut-être supprime-t-on deux fonctions et non une seule en faisant à la fois l'ablation des thyroïdes et des glandules embryonnaires (4). » Mes interprétations ne prévalurent pas, la doctrine de la suppléance émise par M. Gley devint classique dans quelques Facultés, la plupart des expérimentateurs s'étant ralliés à ses idées; et je restai le seul en France, je crois, à les avoir contestées. Je cessai mes communications tout en continuant mes recherches, attendant le revirement d’opinion que j'espérais, et qui se produisit depuis. _ Hofmeister d'abord, Jacoby et Blumreich ensuite, n'acceptèrent pas les données de M. Gley. Simon de Nancy, se plaçant au point de vue de l'histologie et de l’embryologie, indiqua que rien ne justifiait la sup- pléance. J'aurais pu, à ce moment, publier les nombreux documents que je pos- sédais déjà, lorsque parut le travail de Vassale et Generali. Je ne l'ai pas fait, et c’est en présence seulement des doutes qui semblent s'être élevés dans l'esprit de M. Gley, le promoteur de la théorie de la suppléance, que je viens donner aujourd'hui une ‘partie de la démonstration de l’exis- tence des deux fonctions distinctes que j'avais prévues dès mars 1893. Voici, pour les effets de la parathyroïdectomie et la fonction parathy- roidienne, le résumé de mes expériences; dans une prochaine commu- nication, j'apporterai d'autres résultats concernant la fonction thyroï- dienne. (1) Moussu. Soc. Biol., 11 mars 1893. SÉANCE DU 16 JANVIER AS Parathyroïdectomies chez le chien. — 1" série. — Sujets ayant suc- combé. R N° 1. 2 mai 1893. — Terrier écossais. Enlèvement de deux parathyroïdes à droite, trois à gauche. # mai, contractions cloniques, P. — 120. T. — 420,1; 5 mai, mort. N° 2. 5 mai 1893. -— Chienne de rue. Enlèvement de deux parathyroïdes : à gauche, {rois à droite. 9 mai, tétanie, mort le 12. N° 3. 13 mai 1893. — Chien de chasse. Enlèvement de deux glandules à gau- che, une à droite. 15, tétanie générale, mort, etc. Cette série comprend au total 14sujets parathyroïdectomisés en 1893, 4 en 4894, 5 en 1896, dont je ne puis ici, faute de place, rapporter les observations, mais ayant présenté tous les accidents mortels que l'on rattachait autrefois à l'opération dite thyroïdectomie totale. 2e série. — Sujets n’ayant pas succombé à la parathyroïdectomie. J 3 No 4.2 mai 1893. — Chienne de Brie. Enlèvement d'une glandule à droite, deux à gauche ; pas d'accidents. Sacriliée le 28 septembre, pas de glandules apparentes à l’autopsie. N° 2. 5 mai 1893. — Chienne de montagne. Enlèvement de quatre glandules. Faiblesse générale et inappétence le 17, contractures dans les membres les 2, 3, 4, 5 et 6 juin. Amélioralion progressive ultérieurement. Sacrifiée le 28 septembre ; une glandule sur le thyroïde droit est retrouvée. Cette série comprend au total 9 sujets opérés en 1893, 4 en 1894 et 2 en 1896. Aucun n'est mort, mais je dois ont que, par difficulté opéraloire, je n'avais enlevé le plus souvent que 2 ou 3 parathyroïdes et que, dans la presque totalité des autopsies des sujets sacrifiés plus lard, je retrouvai une ou deux glandules, vérifiées anatomiquement et histologiquement. Parathyroïdectomies chez le chat. — Sur un total de 17 opérations, dont 8 en 1893 et 9 en 1894, 9 ont déterminé l'apparition des accidents mortels, mais je dois dire que j'ai dû parfois pratiquer deux ou trois interventions successives, où ne laisser qu'un seul corps thyroïde lorsque je ne pou- vais isoler les glandules dans le thyroïde opposé. Chez la chèvre, sur un assez grand nombre d'opérations, il n’en est que deux datant de 1896 pour lesquelles je puisse affirmer avoir enlevé tout ce qui pouvait être considéré comme parathyroïdes. Je n'ai pas eu de résultats apparents. Chez le cheval, semblables opérations coûtent cher, je n’en ai qu'une datant de 1893, où j'ai extirpé les parathyroïdes d’abord, les thyroïdes ensuite. Je n’ai rien obtenu. En résumé, sur 55 parathyroïdectomies chez les carnassiers, 32 des opérés ont succombé avec les accidents aigus connus, et 23 ont résisté; 46 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mais il convient d'ajouter que pour ces derniers, les parathyroïdecto-- mies, par difficulté opératoire, avaient été incomplètes. Pour les herbivores, des doutes subsistent encore. Ces résultats expérimentaux et ceux que je ferai connaître prochaine- ment, m'autorisent à admettre pour les organes thyroïdiens et parathy- roïdiens, l'existence de deux fonctions distinctes : l'une thyroïdienne, dont la suppression n'amène que des troubles chroniques; l'autre parathyroï-- dienne, dont la suppression provoque des accidents aigus. SUR LA FONCTION DES GLANDULES PARATHYROÏDES. REMARQUES A PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. Moussu, par M. E. Gzey. Je désire rappeler que le différend qui s'est produit en 1892-1893: entre M. Moussu et moi ne portait pas seulement sur une question de doctrine, mais d'abord et surtout sur une question de fait. Mes expé-. riences m'avaient montré, d’une part, que la thyroïdectomie chez le lapin n’est suivie de ses accidents habituels et de la mort que si l’on enlève, outre la glande thyroïde proprement dite, les glandules parathy- roïdes; et, d'autre part, que la conservation de ces très petits organes, suffit pour maintenir en vie et en parfaite santé les chiens auxquels on enlève la glande thyroïde. D'où je concluais, conclusion, ce me semble, qui ne dépassait nullement les faits, à l'importance fonctionnelle de ces organes, dont les expériences en question avaient à la fois révélé l’exis-. tence et le rôle aux physiologistes. En ce qui concerne ce rôle chez le lapin, mes observations furent essentiellement confirmées en Suisse par F. de Quervain, en Allemagne par Hofmeister (1), en Italie par Paladino et par Capobianco, en Belgique par Verstræten et Vanderlinden, en Angleterre par Walter Edmunds, en France par Cadéac et Guinard et par Rouxeau (2). Quant à celles qui sont relatives au chien, elles ont été (1) Hofmeister, d'accord avec moi sur les faits principaux, a différé d'opi- nion sur une interprétation d'ordre histologique. (2) F. de Quervain, Inaug. Dissertat., Berne, 1893; Hofmeister, Fortschritte der Med., 1892 et Beiträge zur klin. Chir., 1894; Paladino, Atti della reale Accad. med. chir. di Napoli, 1893; Capobianco, Riforma medica, 1895; Vers- træten et Vanderlinden, Mém. de l'Acud. de méd. de Belgique, 1894; Walter Edmunds, Journ. of Physiol., 1895 et Journ. of pathol. and bacteriol., 1896; Cadéac et Guinard, Soc. de Biol., 1894; Rouxeau, Soc. de Biol., 1895 et 1896 et. Arch. de physiol., 1897. D r SÉANCE DU:Â6' JANVIER AT. récemment vérifiées par Vassale et Generali. En même temps, ces deux expérimentateurs prouvaient que les glandulés parathyroïdes sont encore plus importantes qu'il ne m'avait paru d'abord, puisque leur extirpation totale détermine tous les accidents de la thyroïdectomie chez le chien et chez le chat. Et c'est là ce que M. Moussu a constaté de son côté, ce que je viens de voir aussi et ce que M. Rouxeau et moi-même nous avons observé indépendamment l’un de l’autre sur le lapin (1). M. Moussu se trouve donc maintenant d'accord avec moi au sujet de l'importance fonctionnelle des glandules parathyroïdes. Quant à la question de savoir quelle est la véritable signification de ces organes, s'ils sont en relation, et en quelle relation, avec la glande thyroïde ou s'ils en sont complètement indépendants, elle est encore, je crois, d'ordre surtout théorique; pour la trancher, des données embryologiques et histologiques plus précises et moins contradictoires que celles que nous possédons actuellement et de nouveaux faits expé- rimentaux me paraissent nécessaires (2). [612.746] NOTE SUR UN CAS RARE DE CATALEPSIE, par MM. E. BarDter et BauBy. La catalepsie se caractérise par une modification de l’élasticité muscu— laire qui prouve une altération de l’innervation motrice du muscle. On sait en effet que la catalepsie semble n’intéresser que les muscles de la (1) Voy. ma note de la séance précédente. (2) Beaucoup des observations de Hofmeister pourraient être sans doute interprétées comme prouvant l’existence d’une fonction thyroïdienne, indé- pendante de la fonction des glandules parathyroïdes. J'ai observé de mon côté autrefois et présentement encore quelques cas de cachexie strumiprive, sans accidents aigus, chez le lapin adulte, survenant à la suite de la simple extirpation de la eme thyroïde, les glandules ayant été conservées. Je disais même déjà en 1893 (Soc. de Biol., 11 mars 1893, p. 284) : «Je pense bien que: les glandules ne suffisent pas toujours à empêcher le développement de la cachexie spéciale; mais elles suffisent à empêcher les accidents aigus consé- culifs à la thyroïdectomie. » Mais ces données, susceptibles d’ailleurs encore de l’interprétation que je soutenais à cette époque, sont insuffisantes pour que l'on puisse admettre la distinction sur laquelle M. Moussu appelle l’at- tention,; et si les expériences de M. Moussu établissent la réalité de cette dis- tinction, elles auront fait faire un pas nouveau à la question sonmpiquee de la tee de la glande thyroïde. JS SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vie animale. Ainsi, dit M. Ch. Richet (1), « les muscles de la respiration et le cœur conservent leur contractilité normale, au moins quand la maladie n’est pas grave. L'appareil digestif avec ses muscles lisses n’est pas atteint, la déglutition même continue à être possible. Tout se passe comme si les seuls muscles atteints étaient les muscles soumis à l'influence de la volonté ». Cette théorie concorde avec bon nombre de faits, tout en permettant de considérer la catalepsie comme un symptôme non seulement spécial à l'hystérie, mais aussi à toutes les affections mentales dans lesquelles la volonté est atteinte. L'observation que nous rapportons et que nous résumerons très succinctement, prouve les relations qui unissent la catalepsie à certains cas de chocs traumatiques chez des dégénérés, tout en venant à l'appui de la théorie que nous avons rappelée. Il s’agit d'un homme, ancien employé aux octrois, actuellement âgé de trente-huit ans, qui, le 1° mai 1893, se tira volontairement un coup de revolver à la partie antérieure du cou, au niveau de l'os hyoïde. Nous avons pu l’examiner quelques minutes après; il était dans le coma absolu avec résolution musculaire. C’est en procédant à l'étude de sa tonicité musculaire que nous fûmes très surpris de retrouver les membres dans la situation où nous les placions. Pensant aussitôt à la catalepsie, notre diagnostic fut vite confirmé après les expériences classiques qui furent faites pour nous en assurer. Cette crise dura environ une heure, mais la catalepsie disparut bien avant le coma. La balle, qui s'était logée derrière l’amygdale droite, contre le pilier postérieur du voile du palais, fut extraite par l'un d’entre nous, un mois plus tard. Depuis, nous n'avons pas cessé de surveiller et d'étudier ce malade qui d’ailleurs est aujourd’hui atteint, indépendamment de son affection nerveuse, d'artériosclérose avec lésion aortique. Ce n’est probablement pas un hystérique, car nous n'avons jamais pu trouver chez lui un seul stigmate de la grande névrose. Jamais non plus, depuis lors, il n’a eu d’autre crise cataleptique. Interrogé lrès souvent sur les motifs de sa tentative de suicide, il nous a toujours répondu qu'il avait.cherché à se tuer « sans savoir pourquoi ». Par une fantaisie qu'il n'a jamais pu s'expliquer, il prit subitement le revolver qu'il avait en sa possession et se tira un coup de feu. Voilà bien certainement l’acte d’un homme dont l’état cérébral est sérieusement compromis; et cependant, jusqu'à ce moment, il n'avait présenté aucun symptôme d'une affection mentale quelconque. Depuis, son état ne s'est pas aggravé au point de vue psychique bien qu'il présente aujourd'hui, comme de suite après l'accident, les . (1) Dislionnaire de Physiologie, deuxième fascicule du t. I, p. 499, article «Catalepsie ». V. NES nr, SÉANCE DU 16 JANVIER 49 symptômes d’un trouble cérébral que nous mettons, avec réserve: toutefois, sur le compte d'une paralysie générale, si pour confirmer ce diagnostic, nous nous rapportons en outre à son embarras de la parole, son tremblement fibrillaire de la langue, son hyperesthésie et son trem- blement digital. Les cas ne sont pas rares d’ailleurs où le début d'une paralysie géné- rale est signé d’un suicide ou d’une tentative de suicide. Laissant entièrement de côté la discussion du diagnostie et nous placant simplement au point de vue de la catalepsie, cette observation nous parait intéressante, car elle nous offre un cas de catalepsie, chez un dégénéré en état de choc comateux, chez un homme dont la volonté est certainement très affaiblie à l’état normal. Tout en confirmant donc les relations qui existent entre la catalepsie et les diverses affections intéressant l’état cérébral, elle vient en outre à l'appui de la théorie qui explique la catalepsie par une altération de la volonté ou de l’innervation motrice des muscles. NOTE SUR UN NOUVEAU MILIEU COLORÉ POUR LA DIFFÉRENCIATION DU COLIBACILLE ET DU BACILLE D'ÉBERTH, par M. L. Ron. Pour mettre en évidence l’action du colibacille sur le lactose et le . différencier ainsi du bacille d’Eberth, M. R. Wurtz a indiqué une variante du procédé de MM. Chantemesse, Widai et Perdrix; ce pro- cédé qui consiste, comme on sait, à ensemencer en strie de la culture en expérience, sur un tube incliné de gélose à laquelle on a ajouté du sucre de lait et du tournesol bleu, est très sensible, mais la préparation de ce milieu est assez longue et délicate. Voici un procédé qui, eroyons-nous, à l'avantage d’être plus aisé à mettre en œuvre et qui ne le cède en rien pour la sensibilité à ceux des auteurs cités plus haut. On prépare du bouillon à la peptone de la facon suivante : Béprone Colas FANS MENr ME OA LE 5 grammes. phosphate delsoudettti en NAME MEN 0.05 Chlorure de sodium à 0.50 EUR RP RAT er 050) Conte Cubes: On porte à l'ébullition, puis on ajoute 1 centimètre cube d’une solution aqueuse à 1 p. 100 de bleu soluble pur et goutte à goutte, on laisse tomber d’une solution de potasse normale décime jusqu’à ce que 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le bouillon soit complètement décoloré. On cesse alors de chauffer et on ajoute : Lactose® 2 hate AO 0erammes Après dissolution, on filtre et on distribue, après refroidissement, 10 centimètres cubes dans des petits flacons de Pasteur, puis on stérilise à l’autoclave à 105 degrés pendant 15 minutes; on conserve pour les. besoins. On fait l’ensemencement à l’aide du fil de platine comme si l'on se servait de bouillon ordinaire et on porte à l’étuve à 35 degrés. Au bout d'un temps plus ou moins long, mais qui ne dépasse pas. 15 heures, le bouillon se recolore au fur et à mesure qu'il s’acidifie jusqu’à reprendre sa teinte bleu intense. On peut aussi préparer des tubes de gélose ; voiei la formule que: nous avons employée : Géloses ions en tee 8 grammes. Peptone Colas eee 5 — Phosphate de soude. . . . . 0.10 Bleu soluble à 1 p. 100 . _ . 4 cent. cube. PAU AU re mr) AE ARTE SP RS 250 cent. cubes. Potasse normale décime . . 35 — — (environ). On chauffe à l’autoclave à 115 degrés pendant 5 à 10 minutes pour dissoudre la gélose ; on doit avoir alors une solution à peine teintée de: gris, S'il n’en était pas ainsi, il suffirait d'ajouter un peu de la liqueur de potasse en maintenant à l’ébullition. On ajoute : SUCreldetlait. 0 ME E A0I 0 rammese On filtre au papier Chardin et à chaud (cette filtration n’est pas indis- pensable), puis on distribue dans des tubes que l’on stérilise ensuite à 105 degrés pendant 15 minutes et on laisse refroidir sur un râtelier incliné. La semence à examiner est répandue en strie sur la surface de la gélose et on porte à l’étuve à 35 degrés. Après 12 à 15 heures au plus, on observe dans le cas du colibacille une coloration bleue le long de la culture en strie ; la masse entière de: la gélose ne tarde pas alors à se colorer en bleu intense. Le bacille d'Eberth, cultivé dans ces milieux, les laisse incolores quoique s’y développant abondamment. Nous avons essayé comparativement le procédé de M. R. Wurtz et le. nôtre, nous avons toujours remarqué que le phénomène était plus vite apparent avec les milieux au bleu; quant à la gélose fuchsinée proposée il y a quelque temps, nous avons fait la remarque qu'il est souvent peu. facile de distinguer nettement la teinte rougeâtre qui se développe, du. SÉANCE DU 16 JANVIER ot fond ambré du milieu ; de plus,la quantité relativement considérable d'alcali nécessaire pour décolorer la fuchsine diminue la sensibilité de. la réaction. (Travail fait au Laboratoire municipal de Paris.) MÉTHODE DE COLORATION HISTOLOGIQUE PAR LA THIONINE ET L'ACIDE PICRIQUE, par M. SABRAZÈS. La thionine préconisée par Heidenhaiïin (1) comme colorant nucléaire est surtout utilisée, actuellement, dans les recherches bactériologiques; on l’emploie encore pour mettre en évidence les granulations chroma- tophiles des cellules nerveuses et pour déceler les Mastzellen sur les pièces fixées par le sublimé acide. Les résultats que nous à donnés la thionine (de Grübler) en solution aqueuse concentrée, en associant son action à celle de l’acide picrique dissous dans l'alcool, nous ont puru si favorables et si différents de ceux que fournit ce même colorant— lorsqu'on s'en sert isolément ou dans les con- ditions ordinaires — que nous avons cru utile de publier succinctement notre procédé technique : Après montage dans la paraffine, on colore les coupes sur lame pen- dant une à trois minutes, les pièces ayant été fixées soit par l'alcool, soit par le sublimé, les liqueurs de Müller et de Flemming. On lave rapidement à l'eau distillée et à l'alcool, puis à l'alcool picriqué d’une nuance Jaune d'or; on passe à l'alcool à 90 degrés, on laisse parfaite- ment sécher à l’air la coupe bien étalée sur le porte-objet et, après éclaircissement au xylol, on monte dans le baume. On peut aussi déshy- drater par l’acool absolu. Les coupes ont une belle teinte vert pré. Il s'est fait, sur ce noyau, une réaction telle que la chromatine se présente, après l’action de l'acide picrique, sous la forme d'un filament ou de grains d’un noir intense dont il est facile d'étudier les modalités. Les autres parties de la cellule sont diversement nuancées et se prêtent aux observations cytologiques les plus minutieuses. Cette méthode de coloration se recommande par sa simplicité et par sa rapidité d'exécution, les préparalions sont très claires et d’une lecture (1) Cité par Bolles Lee et Henneguy (Traité des méthodes techniques de l’Ana- tomie microscopique, 2° édit., 1896, page 363) en ces termes : « La thionine a été recommandée (par M. Heidenhain) comme donnant des colorations supé- rieures à celles de la safranine. L'auteur n'explique pas en quoi consiste cette supériorité. Et comme la thionine se trouve difficilement dans le com- merce, il paraît inutile de s’en occuper. » 52 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE facile. Elle a été appliquée par nous à l'étude du développement de l'œuf de certains poissons. Elle permet aussi, après fixation par les bichromates des centres nerveux, d'étudier la névroglie et de voir que, contrairement à l'opinion récemment émise par Weigert, les fibrilles névrogliques sont des émanations des cellules en araignée. Ce procédé nous paraît, dans les conditions que nous venons de déter- miner, devoir rendre peut-être des services dans le domaine de l’histo- logie normale et pathologique. [612.854 SUR L'ÉPREUVE DE GELLÉ, par M. le D' Bonnie, En augmentant fortement la tension de l'air du conduit auditif dans une oreille normale, on atténue ou on supprime l’audition d’un son transmis à cette oreille par voie aérienne ou par voie cranienne. Cette épreuve des pressions centripètes, ou de Gellé, indépendam- ment de ses applications cliniques, permet d’intéressantes interpréta- tions physiologiques. On a longtemps admis que l’ébranlement transmis par la voie cra- nienne passait directement de la paroi osseuse du labyrinthe au revête- ment sensoriel et provoquait ainsi la sensation sonore. Par son épreuve, M. Gellé nous montre que rien n'étant modifié à la transmission cranio-papillaire, il suffit de troubler la transmission tympano-labyrinthique pour étouffer la sensation. La transmission cranio-papillaire ne joue done aucun rôle direct dans l'audition. Dans la théorie de l'audition que j'ai eu l'honneur de développer il ya deux ans devant la Société de Biologie, je montrais que la transmis- sion moléculaire de l’'ébranlement, la conduction acoustique des milieux auriculaires ne jouait non plus aucun rôle direct par l'audition. C'est sans doute l’ébranlement sonore qui, en définitive, est la source de l'audition, comme c’est la chaleur qui fait tourner la roue d’une ma- chine, mais à la condition de rencontrer dans les milieux organiques un dispositif qui lui permette d'engendrer une force d’une autre nature qui, elle, produira l'effet utilisable. J'indiquais que c'était à l'oscillation totale des milieux auriculaires suspendus, et non à la vibration molécu- laire qu'étaitliée l'audition, et j'en avançais diverses preuves. Dans l'expérience de Gellé, la transmission moléculaire cranio-papil- laire n’est pas modifiée; la transmission moléculaire tympano-labyrin- thique est plutôt favorisée que gênée : en effet, si le refoulement des milieux suspendus apporte une certaine gêne à leur inertie d'appareils vibrants, en revanche, les milieux aériens sont plus denses, les parties SÉANCE DU 16 JANVIER 53 rigides en plus-intime contact et tout l'appareil est rendu plus soli- daire par sa masse. La conduction moléculaire y est donc meilleure, et néanmoins l'audition est supprimée. En revanche, l’inertie « molaire » des milieux suspendus est ie ment gènée, les oscillations totales y sont presque annihilées par l’action frénatrice de la compression extra-tympanique, et l'audition appa- rait nettement liée à la liberté de l'inertie totale des milieux suspendus de l'appareil de transmission. Ce qui confirme nettement, expérimenta- lement ma théorie de la circulation de l'ébranlement et du mécanisme auriculaire, montrant que les phénomènes acoustiques de conduction moléculaire n’ont rien à faire dans le mécanisme de l'audition. SUR UN CAS DE MYDRIASE RÉFLEXE D'ORIGINE LABYRINTHIQUE, par M. le D' Boxnter. J'ai montré, à différentes reprises (1), par combien de rapports ana- tomiques, physiologiques et cliniques, l’appareil oculomoteur central était étroitement associé aux centres de l’appareil ampullaire de l'oreille interne. J'ai même cherché à rattacher aux troubles de l'appareil labvrin- thique, de tout l'organisme le plus fréquemment, le plus directement et le plus systématiquement atteint par la lésion tabétique, les phénomènes oculomoteurs réflexes et passagers de la période préataxique, que j'ai considérée comme la phase ou la forme labyrinthique de eette affection. Dans le grand nombre d'observations que j'ai rencontrées ou publiées moi-même, tous les troubles oculomoteurs, ou à peu près tous, ont été signalés, sauf la mydriase. J'ai eu la bonne fortune de l'observer l’été dernier chez une surveillante de l'hôpital Necker, prise, au cours d’une angine grippale, d’une otite moyenne suraiguë, avec écoulement épais, tous les signes de mastoïdite, névralgies superficielles et profondes du côté droit, vomissements, vertige, céphalée occipitale intense et inéga- lité pupillaire. Je me suis borné à restaurer la perméabilité de la trompe d'Eustache, permettant ainsi à la malade d'aspirer en quelque sorte, à chaque déglu- tition, un peu du pus de la caisse tympanique, et en deux jours l’inéga- lité papillaire, qui était causée par une mydriase extrême de l'œil droit, avait disparu ainsi que les autres symptômes qui pouvaient faire songer (1) Réflexes auriculaires, Soc. d'otolngie de Paris, 9 février 1894. Rapport entre l’appareil ampullaire de l'oreille interne et les centres oculo- moteurs. Soc. de Bioloyie, 11 mai 1895, et Revue neurologique, déc. 1895. Le tabes labyrinthique. Presse médicale, 10 juin 1896. 54 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à une lésion intracranienne. Dix jours après, le tympan était reformé, et en quinze jours l'ouïe était redevenue normale. Cette inégalité pupillaire, qui est plus fréquemment causée par le myosis réflexe que par la mydriase, doit être connue des chirurgiens et leur permettre, dans certains cas, d’ajourner une intervention qui, dans le cas présent, eût été infiniment moins efficace que la simple restitu- tion de la fonction tubaire que je me suis contenté d'assurer. SUR LA FLORE BACTÉRIENNE DU TUBE INTESTINAL DES HUÎTRES, par M. F. Borpas. J'ai été amené à étudier les principaux microorganismes contenus dans le tube intestinal des huîtres, à la suite de plusieurs cas d'intoxications, bénignes il est vrai, qui auraient été attribuées à des huîtres par des personnes ayant ingéré ces mollusques. Il était important, avant de commencer cette étude, de vérifier tout d'abord s’il n’existerait pas de microorganismes pouvant produire spon- tanément des produits alcaloïdiques par suite d’un commencement de décomposition. Cette note a pour but de faire connaître les résultats obtenus dans ces premières recherches. La technique employée consiste à ouvrir l’huître sans trop la blesser, à la laver à plusieurs reprises dans la coquille même avec de l’eau dis- tillée stérilisée. Puis, à l’aide d’un couteau flambé, diviser le foie en deux parties, pénétrer, à l’aide d’un fil de platine, dans le tube intestinal et ensemencer ensuite des tubes de bouillon. Ces tubes de bouillon ont permis de faire des cultures sur plaquesafin d'isoler et d'étudier les différentes colonies. Nous avons examiné de la sorte des huîtres de différentes provenances: cancales, marennes, portugaises, Arcachon, etc., et nous avons pu cons- tater la présence presque constante, dans le tube intestinal de ces huîtres, d’un bacille dont voici les principaux caractères : Bacille droit, de 3 à 5 & de longueur sur 0,8 à 1 & de largeur, mobile, à espace clair au centre et dont les extrémités sont légèrement arrondies. Les cultures sur plaques présentent au début un fin pointillé hyalin, et, plus tard, les colonies devenant plus fortes prennent,en même temps qu'une teinte blanchâtre, la forme lenticulaire. La rapidité de développement de ce bacille offre de grands écarts sui- vant que le bacille provient directement de l’huitre ou bien qu'il provient d’un précédent passage sur gélatine. SÉANCE DU 16 JANVIER 55 En piqüre, la culture ne se développe qu'à la surface, en forme de bouton blanchâtre, à contours irréguliers. La gélatine n'est pas liquéfiée. Sur pomme de terre, cette bactérie pousse très légèrement et donne une culture de couleur bronzée. Le bouillon peptonisé est troublé en moins de vingt-quatre heures et donne la réaction de l’indol. Sur gélose lactosée et colorée au bleu soluble selon la méthode de M. Robin, le bacille fait virer le milieu au bleu. Les cultures, dans le lacto-sérum, amènent la coagulation ; après plu- sieurs ensemencements celte propriété se trouve considérablement diminuée. Le bouillon lactosé fermente. Le bacille se développe très bien dans le bouillon phéniqué et supporte plusieurs passages sans accuser de modifications dans ses caractères extérieurs. La culture sur sérum est très abondante, mais les bacilles sont beau- coup plus fins et sont plus difficiles à colorer. Enfin, comme derniers caractères, ce bacille est décoloré par la méthode de Gram, ne semble pas avoir de cils et n’est pas pathogène. Nous avons modifié les milieux de cultures afin de placer ce micro- organisme sur un terrain plus favorable à son développement. Nous avons, à cet effet, préparé des bouillons d’huîtres stérilisés à froid et stérilisés à chaud. Ces bouillons se préparent de la facon sui- vante : On enlève les huîtres (des portugaises, par exemple) de leurs coquilles et on les écrase avec un peu de sable quartzeux fin dans un mortier. La bouillie est reprise par de l’eau distillée, puis filtrée grossière- ment sur du coton de verre et plus complètement ensuite sur du papier Chardin. Une partie du liquide est ensuite stérilisée à l’autoclave, et l’autre filtrée sous pression à travers une bougie Chamberland. * Le bouillon d'huiîtres stérilisé à chaud est légèrement louche, tandis que celui qui est stérilisé à froid est d’une limpidité parfaite et possède une légère teinte bleuätre. Le bacille ensemencé dans le bouillon d’huitres stérilisé à chaud se développe en moins de douze heures, en amenant une fermentation putride très active. Il se présente alors sous forme de gros bätonnet, qui, transporté sur gélatine peptonisée, nous fournit les formes décrites plus haut. Dans le bouillon d’huîtres stérilisé à froid, nous retrouvons les mêmes formes que ci-dessus; seulement, le milieu n'offre pluscetteodeurinfecte, produite principalement par l’indol, mais une odeur éthérée, rappelant les liquides provenant des queues de distillation. Ce bouillon distillé à fourni par la distillation fractionnée, de l’alcoo! ‘56 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE éthylique caractérisé par la réaction de M. Muntz et dosé par la méthode de M. Nicloux. L'analyse a fourni 1,5 d'alcool éthylique et de faibles traces d’aldéhyde. - Nous nous bornons à signaler ce fait en passant, nous réservant d’étu- dier plus en détail le mécanisme de cette production d'alcool. Presque tous les caractères que nous-venons d'énumérer sont communs au bacille d'Escherich, et on pourrait, si on n’était prévenu, le confondre avec le coli. Il en diffère pourtant par plusieurs points : 1° La variabilité de ses dimensions suivant les différents milieux de culture ; 2° La rapide atténuation en quelque sorte de sa propriété coagulante et de son pouvoir fermentescible vis-à-vis de la lactose; 3° Enfin, de son caractère de saprophyte. Bent cale de imite à à fuel td REMARQUE SUR LE DOSAGE DE L'ALCOOL ÉTHYLIQUE, par MM. F. Bornas et S. ne RAczKowSkI. Dans le compte rendu des séances de la Société de Biologie du le" -janvier 1897, nous avons lu une note de M. Maurice Nicloux qui débute ainsi : « Depuis MM. Bordas et Raczkowski ont publié un procédé de dosage de petites quantités d'alcool qui n’est autre que le mien ayant subi une très légère modification. » On serait porté à croire en lisant cette phrase que nous nous sommes rendus coupables d’un acte de brigandage scientifique vis-à-vis de M. Maurice Nicloux. à | Il n’en est heureusement rien, et nous ne pouvons nous expliquer ce qui a pu dans notre note (où le nom de M. Nicloux est reproduit quatre fois), laisser croire à M. Maurice Nicloux que nous aurions nourri le noir dessein de lui ravir la paternité de son procédé. Nous avons dit : « L'intérêt que présente le dosage de petites quantités d'alcool dans certains liquides donne toute son importance à la sensibilité de la réae- tion appliquée par M. Nicloux, aussi avons-nous cherché s'il n'était pas possible de simplifier cette méthode pour la rendre d’une application plus pratique encore. » (P. 972-973) Maintenant M. Maurice Nicloux juge notre modification de son procédé très légère! C'est là une appréciation toute personnelle à M. Maurice Nicloux, et c'est justement parce que nous avons pensé qu'il en était autrement que nous l'avons publiée. SÉANCE DU 16 JANVIER 57 [612.819.919] ACTION DE LA PILOCARPINE SUR LE TONUS DES MUSCLES BRONCHIQUES. INFLUENCE SUSPENSIVE DU NERF VAGUE SUR CE TONUS, par M. Doyon. (Travail du laboratoire du professeur Morat.) L'étude de la contractilité des muscles des bronches et du rôle des. nerfs qui se rendent à ces muscles a été l’objet de travaux nombreux. La thèse de Marchena (Paris, 1893) contient la mention complète de ces travaux. — J'ai repris cette étude et j'ai constaté quelques faits nou- veaux. — J'ai observé en particulier que, dans des conditions déter- minées, l'excitation du bout périphérique du vague exerce une influence suspensive sur le tonus des museles bronchiques. Je veux ici préciser une des conditions dans lesquelles on observe ce fait. I. Méthode d'investigation. — La méthode d'investigation consiste à explorer chez le chien la pression dans le poumon modérément insufflé. Les variations de la pression sont enregistrées au moyen d'un mano- mètre à eau inscripteur très sensible, muni d’un flotteur en bougie — (manomètre Laulanié). J'ai appiiqué cette méthode soit sur l'animal vivant, soit sur des pou- mons détachés du corps de l'animal, isolés. Sur l’animal vivant il est nécessaire de pratiquer la respiration artificielle par l’autre poumon. L'animal est curarisé à la dose limite (procédé Morat). On fait le trachéo- tomie et on pratique la respiration artificielle, On enlève un très large volet costal sur un des côtés de la poitrine en ayant soiu de lier une à une et aux deux bouts chaque côte pour éviter toute hémorragie. Avec Le doigt on isole facilement au niveau de la bifurcation de la trachée la grosse bronche qui-cor- respond au poumon mis à nu. Un fil ciré est passé sous cette bronche au moyen d'une aiguille courbe de Deschamps. La bronche est soulevée et on y introduit une canule en verre qu'une coudure appropriée permet de relier au manomètre inscripteur. On insuffle modérément le poumon avec de l'air par l'intermédiaire d’une tubulure latérale. L'opération réussit le mieux sur la grosse bronche gauche. On maintient en dehors de la ligature, d'une part, le nerf vague et ses filets pulmonaires, d'autre part, les vaisseaux du poumon et des bronches. Sur des poumons détachés de l’organisme le manuel opératoire n’a pas besoin d'être décrit. Il. Zffet de la pilocarpine sur le tonus bronchique. — La pilocarpine agit sur le poumon comme sur la plupart des organes contractiles. Elle fait contracter énergiquement les muscles bronchiques. Disons en passant, que l’atropine agit ici comme ailleurs, d'une manière exactement inverse. J'ai constaté que lantagonisme de la BioLocie. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. T. IV. 5 58 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pilocarpine et de l’atropine est réversible, c'est-à-dire que les effets de- ce poison sont capables de se substituer l’un à l’autre un certain nombre- de fois (1). Le fait était connu en ce qui concerne la pupille. Je l'ai. vérifié sur le terrain de la contractilité bronchique. IL Znfluence suspensive du nerf vague sur le tonus bronchique après l'administration de la pilocarpine. — On sait que l'excitation du bout. périphérique du nerf vague provoque une augmentation du tonus des muscles bronchiques (P. Bert). Or, toutes les fois qu'on a injecté dans. les veines d'un chien une dose de pilocarpine variant de 2 à plusieurs- centigrammes, on constate que l'excitation du nerf vague ou de filets. pulmonaires provoque un effet inverse. Le fait s’est montré constant dans toutes nos expériences. Tantôt la diminution du tonus est persis- tante, tantôt elle ne dure que quelques instants. Le fait peut être mis en évidence sur les poumons extraits d’un chien: injecté de pilocarpine quelques minutes avant sa mort. L'expérience peut prendre une valeur cruciale. On a soin, avant l'injection, de séquestrer un des poumons en liant ses nerfs, vaisseaux et bronches au niveau du hile. On enlève ensuite les poumons de la cage thoracique; on met chacun en rapport avec un manomètre. On excite simultanément les nerfs pulmonaires de l'un et l’autre côté. La pression baisse du côté qui était per- méable à la pilocarpine : elle augmente au même moment dans l’autre- poumon. Et cela une heure encore après la mort. IV. Conclusion. — Le nerf vague contient pour les muscles bronchiques. deux ordres de nerfs, les uns toniques ou moteurs manifestés par l’exci- tation directe; les autres antitoniques ou d'arrêt rendus manifestes par l'excitation, après l'injection de la pilocarpine. Celle-ci ayant d’ailleurs, . à côté de son action nerveuse, une influence excitative sur le muscle- bronchique (2). En terminant, nous rappellerons que nous avons prouvé par une expérience analogue dans un travail antérieur (3) que la pilocarpine permet de mettre en évidence dans le nerf vague des fibres antitoniques pour l’estomac. Il convient de rapprocher ces faits de ceux que je signale aujourd'hui à propos dn poumon. (4) Morat. Article « Anlagonisme », Dictionnaire de Richet. (2) Ghez un animal normal l'excitation du bout périphérique du nerf vague- détermine cependant parfois une diminution du tonus des muscles bronchi-- ques. Maïs le fait paraît très exceptionnel. Je l’ai observé une fois alors qu’une ligature du nerf au cou avait au préalable provoqué une contraction très forte. des muscles des bronches. Il est permis de penser qu’une élévation considé- rable du tonus bronchique crée une condition favorable à la mise en jeu des nerfs antitoniques par l’excitalion électrique des nerfs. (3) Doyon. Sur l'inhibition du tonus et des mouvements de l'estomac chez. le chien par l'excitation électrique du bout périphérique du pneumogastrique- sectionné au cou. Archives de Physiologie, n° 2, avril 1895. SÉANCE DU 16 JANVIER 39 SUR LES RÉACTIONS HISTOLOGIQUES ET SUR LA GALLE ANIMALE INTERNE PRO- VOQUÉES CHEZ UNE LARVE DE DiPrÈRE (Cecidomyia destructor) PAR UN HYMÉNOPTÈRE PARASITE (/richacis remulus), par M. le D' Pau Marcuaz. * La larve du Zrichacis remulus correspond au type des curieuses larves cyclopiformes étudiées par Ganin chez les Hyménoptères Proctotrupes du genre Platygaster, et que certains auteurs regardent comme une forme adaptative, tandis que d’autres y voient un forme ancestrale. J'ai eu l’occasion d'observer en assez grand nombre ces parasites dans les larves de Cecidomyia destructor et d'en étudier le développement post- embryonnaire (1). L'un des points les plus intéressants de l’histoire de ce parasite consiste dans les rapports qu'il affecte avec son hôte et dans les réactions qu'il provoque chez ce dernier. Lorsqu'elles sont encore jeunes et immobiles, non sorties des kystes qui les contiennent, les larves des Trichacis sont toujours logées à l'intérieur du système nerveux de la larve de la Cécidomyie, et là elles déterminent les allérations et les proliférations les plus curieuses. Le plus souvent c’est à l'extrémilé postérieure de la chaîne nerveuse que se trouve logé le kyste du parasite, et alors cette extrémilé s’épanouit en un énorme bouquet de cellules claviformes gigantesques, qui à lui seul remplit la majeure partie de la cavilé générale de la larve parasitée ; tantôt encore c’est sur un point quelconque du trajet de cette chaine nerveuse, ou sur un des gros troncs nerveux qui en émanent, ou bien encore sur un des nerfs qui sortent du cerveau. Toujours au point où se trouve le parasite, groupées en bouquet et rayonnant autour de lui se trouvent les cellules géantes dont nous venons de parler. La larve du frichacis est logée dans un kyste rempli de liquide, dont la structure cellulaire à larges contours polygonaux semble indiquer une enveloppe amniotique en voie de régression. Tout autour de cette membrane se trouvent groupées les cellules géantes. Celles-ci, du reste, n'existent pas seulement dans le voisinage immédiat du kyste; mais toute la région environnante de la chaine nerveuse se trouve avoir subi la même dégénérescence et bourgeonne des cellules géantes. Les plus jeunes sont hyalines et présentent une structure fibrillaire longitu- dinale très nette; leur extrémité adhérente rétrécie se continue avec les fibres nerveuses, tandis que leur extrémité libre, renflée en massue, présente un ou plusieurs gros noyaux vésiculaires. Les cellules les plus agées sont chargées de gouttelettes graisseuses et deviennent entiè- (1) Les résultats de cette étude paraîtront dans un mémoire intitulé : Les Cécidomyies des Céréales et leurs parasites, qui sera inséré dans le 1°r fascicule des Annales de la Société entomologique de France, 1897. :60 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rement opaques. Les gros noyaux vésiculaires présentent un contenu fort variable; tantôt ce sont des granulalions assez fines, tantôt au contraire des masses sphériques ou polyédriques irrégulières qui peuvent se répartir dans le protoplasma, par suite de la disparition de la membrane nucléaire. Jamais je n’ai vu ces fragmentations s’accom- pagner de figures karyokinétiques. Les cellules géantes bourgeonnent elles-mêmes et isolent des vésicules qui se séparent et tombent dans la cavité générale, sous forme de sphérules protoplasmiques, qui sont absolument caractéristiques : lorsque l’on dilacère sous le microscope une larve de Cécidomyie, on peut être sûr que, si l’on voit flotter dans le liquide ces sphérules, il y a dans la préparation une ou plusieurs larves de 7richacis, et on ne tarde pas à les rencontrer. Les autres parasites ne déterminent rien d'analogue. La localisation des larves de 7'richacis dans la chaïne nerveuse ou dans les nerfs de la larve de la Cécidomyie permet de supposer que l'Hyménoptère parasite pique l'œuf ou la jeune larve sur la ligne médiane ventrale à un moment où le système nerveux n’a pas encore émis de ramification et se trouve concentré en une seule bandelelle ventrale. Les amas de cellules géantes accumulent évidemment en eux-mêmes les matériaux nutritifs nécessaires au parasite : ce sont des sortes de galles animales internes développées par la présence de l'Hyménoptère. Le Trichacis, à l’état de larve cyclopoïde, attend dans son kyste que les tissus qui l'entourent aient subi les transformations dont il profitera plus tard pour son alimentation; puis, lorsque la larve de Cécidomyie épuisée par sa présence est transformée en une sorte de sac rempli par les cellules géantes, il sort de son kyste pour dévorer les matériaux accumulés, qui doivent avoir des qualilés nutritives à peu près iden- tiques à celles d’un vitellus. [612.349] ACTION DE LA PHLORIDZINE CHEZ LES CHIENS DIABÉTIQUES PAR L'EXTIRPATION DU PANCRÉAS, par M. HÉDox. Dans une note précédente (C. 2. Soc. Biol., 43 Janvier 1894), j'ai indi- qué que la piqûre du plancher du quatrième ventricule, pratiquée chez les chiens rendus diabétiques au préalable par l’extirpation du pan- créas, élève dans une forte proportion le taux de la glycosurie et le rapport du sucre à l’azote urinaire (1). Depuis, j'ai constaté dans plu- (1) Hédon. Effet de la piqüre du bulbe chez les animaux rendus diabétiques par l’extirpation du pancréas. Arch. de Physiologie, 1894, avril. SÉANCE DU 16 JANVIER 61 _sieurs expériences que le même effet pouvait être obtenu par d'autres lésions nerveuses, par exemple par la section des deux vagues, l’abla- tion des ganglions cervicaux inférieurs; l'accroissement de la glyco- surie dans ces dernières conditions est, toutefois, loin d’être aussi considérable qu'après la piqûre bulbaire. Minkowski {1) a montré, d'autre part, que chez les chiens dépan- créatés dont les forces étaient très épuisées, l'administration de la phlo- ridzine augmentait notablement la glycosurie déjà existante. J’ai répété ces expériences en y introduisant la variante qu’au lieu d’administrer la phloridzine à des animaux en pleine glycosurie, j'attendais pour cela qu'ils fussent complètement usés par la consomption et à la veille de leur mort, de façon que le sucre eût à peu près disparu de leurs urines. N° 4. — Chien de 12 kilogrammes. 22 jours après l’extirpalion du pancréas, il est d'une grande maigreur et si faible que ses membres postérieurs flé- chissent sous le poids de l’arrière-train. La glycosurie est tombée très bas. Pour une injection de 1 kilogramme de viande, l'animal rend 1.030 centi- mètres cubes d'urine avec 0 gr. 2 de sucre p. 100 et 3 p. 100 d’urée, le 23° jour. On lui fait alors ingérer, en outre de 1 kilogramme de viande, 20 grammes de glucose. Au bout de vingt-quatre heures, il exerèle 630 centi- mètres cubes d'urine avec sucre 3,7 p. 100 ; soit en tout 23 gr. 3 de sucre, d’où il apparaît que l’animal n’assimile pas la moindre quantité de sucre ingéré,. Vingt quatre heures après, l'urine est absolument dépourvue de sucre, et la déchéance de l'animal est telle, que l’on considère la mort comme prochaine. On ingère alors dans l’estomac 5 grammes de phloridzine, et on laisse l'animal à jeun. Au bout de vingt-quatre heures, on recueille 660 centimètres cubes d'urine avec 2,8 p. 100 de sucre (en tout, 18 gr. 4) et 3,6 d’urée (en tout, 23 gr. 7). Douze heures après, l'animal est mort, non sans avoir encore rendu 120 centimètres cubes d'urine avec 4gr. 8 de sucre. N° 2. — Chien de 8 kil. 1/2. 11 jours après l'extirpation du pancréas, l’ani- mal ne pèse plus que 6 kil. 1/2 et est épuisé par la consomption. Le sucre a disparu de l'urine. On lui fait ingérer # grammes de phloridzine, puis on vide immédiatement après la vessie (96 centimètres cubes d'urine, pas de sucre; urée, 2,6 p. 100). L'animal est laissé à jeun : il n’a, du reste, plus la force de manger. Au bout de vingt-quatre heures on obtient 220 centimètres cubes d'urine avec 4,8 p. 100 de sucre (10 gr. 5 en tout) et 2,6 p. 100 d'urée (5 gr. 5 en tout). Comme l'animal est mourant, on l’achève et on retire encore de sa vessie 29 centimètres cubes d'urine avec 4 gr. 5 p. 100 de sucre et 2,9 p. 100 durée. Ces expériences démontrent donc que dans la période de marasme où le déficit du pancréas n'a plus le pouvoir de faire naître la glyco- surie, les tissus de l'animal sont cependant encore en état de subvenir (1) O0. Minkowski. Untersuchungen über den Diabetes mellitus nach exstir- pation das Pankreas. Arch. f, exp. Path. und Pharmak, Bd XXXI, 1893. 62 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à la formation d'une notable quantité de sucre sous l'influence de la phloridzine. . Un autre fait qui, à ma connaissance, n’a pas encore été observé, c’est que lorsqu'on administre la phloridzine à des animaux dépan- créatés et en pleine glycosurie, l'hyperglycémie disparaît; on assiste alors à une marche inverse de la glycosurie et de la glycémie; tandis que la première s'accroît dans une forte proportion (comme la vu Min- kowski), la seconde décroit jusqu'à revenir au chiffre de l’état normal. On sait que la phloridzine, chez un animal sain, provoque la glycosurie sans hyperglycémie (v. Mering); il se produit même une légère hypo- glycémie. C’est un fait qu'il est facile de vérifier, et, pour ma part, j'ai pu observer une hypoglycémie particulièrement remarquable chez un chien maintenu à jeun et soumis à la phloridzine pendant plusieurs jours consécutifs : alors que l’urine renfermait 11 p. 100 de sucre, le sang en contenait une quantité presque indosable. Cette particularité ne pouvait cependant pas faire prévoir que l'administration d’une seule dose de phloridzine ferait disparaitre l’hyperglycémie du diabète pan- créalique. Voici un exemple à l'appui de ce fait, dont je réserve l’inter- prétation : Chien de 12 kilogrammes fortement glycosurique après l’extirpation du pancréas (dans les vingt-quatre heures il a excrété 55 grammes de sucre pour une ingestion de 600 gramines de viande). Avant de lui administrer la phlo- ridzine, on vide la vessie et on prend un échantillon de sang dans la fémorale : URINE SUCRE DU SANG RTL EE RAS Quantité. Sucre p. 100. p- 100. 100 cent. cubes. 186 0545 On ingère alors dans l'estomac 5 grammes de phloridzine, et l'animal est laissé à jeun. On a ensuite : URINE SUCRE DU SANG EE ne — Quantité. Sucre p. 100. p. 100. Au bout de 1 heure. . . . . 106 cent. cubes. 852 0834 — DHNEUEE SSD — 10 0 19 — 5 — RE LE CRE — 9 5 0 415 Le même résultat fut obtenu lorsqu'on fit ingérer avec la phloridzine une ration de viande. J'ajoute que lorsque l'hyperglycémie est ainsi tombée sous l'influence de la phloridzine, la piqûre du bulbe est impuissante à la faire reparaitre. SÉANCE DU 16 JANVIER 63 : SUR LES PREMIERS DÉVELOPPEMENTS ET SUR LA DÉTERMINATION DES GLANDULES THYMIQUES ET THYROÏDIENNES CHEZ L'HOMME, par MM. F. Tourneux et P. VERDUN. Dans une communication précédente (12 décembre 1896), nous avons - montré que, chez l'embryon humain de 14 millimètres, les glandules parathyroïdiennes, au nombre de deux de chaque côté, étaient encore en continuité, les supérieures avec les cordons thymiques (3° poche endo- dermique) et les inférieures avec les thyroïdes latérales (4° poche endo- dermique), et nous les avons désignées, avec Prenant, sous les noms respectifs de glandules thymiques et de glandules thyroïdiennes. Sur des embryons plus âgés (à partir du stade de 19 millimètres), ayant des glandules indépendantes, nous avons continué d'appeler les supé- rieures glandules thymiques et les inférieures glandules thyroïdiennes. Depuis, nous avons eu l’occasion d'examiner deux embryons de 16etde 18 millimètres, dont les coupes transversales sériées, bien qu’en assez mauvais état, nous ont permis cependant de constater les faits suivants : EmBryon 16 MILLIMÈTRES a. — Les thyroïdes latérales sont appliquées contre la face postérieure des deux cornes du croissant thyroïdien (thy- roïde médiane) au voisinage de leur extrémité supérieure. En arrière et au contact des thyroïdes latérales, entre la carotide primitive et l'œso- phage, se trouvent deux glandules que leurs relations nous autorisent à considérer comme glandules thyroïdiennes. Les deux cordons thymiques se terminent un peu au-dessous du crois- sant thyroïdien, et leurs extrémités sontsurmontées par deux glandules qui s'insinuent en arrière du bord inférieur de ce croissant, où elles se trouvent placées en avant de la carotide primitive, entre la trachée et le pneumogastrique. Ces glandules représentent évidemment les glandules thymiques, que l’abaissement des cordons thymiqnes a entrainées au- dessous des glandules thyroïdiennes restées en place avec les thyroïdes latérales. EuBrYoN 18 MILLIMÈTRES #. — Les thyroïdes latérales sont entrées en connexion avec la thyroïde médiane, sans qu’il soit possible de déter- miner exactement la part qui leur revient dans la constitution de la thyroïde définitive : cette part semble devoir être fort restreinte, car le croissant {hyroïdien est déjà nettement dessiné avant la fusion des trois thyroïdes. Les glandules thyroïdiennes en contact avec les thyroïdes latérales; mais placées sur un plan postérieur, sont interposées entre la carotide primitive et l’æœsophage. Les cordons thymiques, dont les extrémités inférieures convergentes ne sont pas encore soudées, empiètent supérieurement sur le croissant thyroïdien pour disparaître un peu au-dessous des thyroïdes latérales 04 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Du côté droit, on remarque deux glandules thymiques, dont l’inférieure, en regard du bord convexe du croissant thyroïdien, se trouve comprise entre le pneumogastrique et la trachée, en avant de la carotide primitive, et dont la supérieure prolonge directement en haut le cordon thymique. Du côté gauche, il n'existe qu'une seule glandule thymique située au niveau de l'extrémité supérieure du cordon thymique. Conclusions. — Les faits qui précèdent nous permettent de déterminer exactement les deux glandules parathyroïdiennes qu’on trouve annexées. de chaque côté, au lobe latéral de la thyroïde, chez le fœtus humain. Contrairement à la dénomination que des considérations d’embryo- logie comparée, en l'absence de stades intermédiaires chez l'embryon humain, nous avaient fait adopter dans notre dernière communication, les glandules inférieures, développées au niveau de l'extrémité supé- rieure du thymus, doivent être désignées sous le nom de glandules thy- miques, et les deux supérieures, formées en regard des thyroïdes laté- rales, doivent porter le nom des glandules thyroïdiennes. Les glandules inférieures (thymiques) sont en rapport : en avant, avec la thyroïde; en dedans, avec la trachée ; en arrière, avec la carotide pri- mitive; en dehors, avec le pneumogastrique et la veine jugulaire interne. Les glandules supérieures (thyroïdiennes) sont situées à la face posté- rieure des cornes du croissant thyroïdien, entre la carotide primitive en dehors, et l’æœsophage en dedans et un peu en arrière. [612.45] CAPSULE SURRÉNALE ABERRANTE DU LIGAMENT LARGE, par MM. A.-H. Prier et Vicror VEAU. (Travail du laboratoire de clinique chirurgicale de la Charité.) Malgré les recherches de Rauber et d’autres embryologistes, l'ori- gine des capsules surrénales est encore obscure. Elles paraissent se: développer dans un tissu mésodermique, dans ce qui représente le stratum vasculaire, et peuvent, par conséquent, être rencontrées dans des points différents de l'arbre sanguin primordial et se trouver. entrainées le long des artères émanant de cet arbre dans un certain nombre de directions variables en apparence, mais constantes en réalité. Leurs connexions avec le tube digestif expliquent ce fait que l’on ren- contre, surtout sur l’aorte descendante, les productions aberrantes de la capsule surrénale. De même, les glandules accessoires de la thyroïde, si bien étudiées par M. Gley, suivent le trajet connu des artères du cou et se déplacent avec ces artères. t La capsule surrénale, ou les éléments qui la représentent, se rencon- rent dans une série d'organes. D'abord le rein, ensuite les organes SÉANCE DU 16 JANVIER 6> génitaux, enfin le plexus solaire. L’aberration de débris de capsules est si fréquente que l’un de nous, confirmant du reste des recherches déjà connues et que nous allons citer, a retrouvé des fragments capsulaires dans le plexus solaire, l’épididyme et sous la capsule du rein. Il man- quait, non à la science, mais à la collection individuelle de l’un de nous, la présence d’une capsule surrénale dans l'épaisseur du ligament large, et comme les faits de ce genre ne sont pas fréquents, parce qu'on ne les recherche pas et que l'examen histologique seul peut faire recon- naître la véritable nature d’un noyau glandulaire, pris toujours pour un ganglion, même par les auteurs les plus attentionnés à leurs autopsies. OgservaTioN prise par M. Vicror Veau, interne du service de M. le professeur Trzzaux, à la Charité. Madeleine B..., vingt ans, entre le 21 novembre 1896 à l'hôpital de la Charité, dans le service de M. le professeur Tillaux, salle Gosselin, n° 12. Le ventre est très ballonné; le pouls est petit, filiforme, 120 pulsations par minute. La respi- ration AU. L'état d'anémie est intense ; le facies très grippé. Des GHoNe de vomissements l'agitent sans cesse. Par le vagin, il s'écoule un peu de sérosité rougeàtre. Le toucher vaginal montre immédiatement un col mou, légèrement entr'ouvert. Les culs-de-sac sont légèrement tendus, l'utérus peu mobile. Le palper bi-manuel ne peut être praliqué en raison du ballonnement du ventre et des douleurs qu'il provoque. Sa température, prise immédiatement, est de 39,3. Après un interrogatoire minutieux et dieiles on apprend que celte jeune fille avait eu un retard de règles de 4 mois. 8 jours avant son entrée, elle a eu des pertes abondantes, en caillots. La malade a continué son métier de modiste pendant 9 jours encore, malgré l'abondance de ses pertes puis elle s’est alitée. Elle est restée au lit pendant 3 jours, souffrant peu, perdant moins, ne faisant pas d’injections. Elle pensait déjà à se lever quand, 5 jours après ses pertes, 3 jours avant son entrée, elle eut un grand frisson suivi bientôt de fièvre. C’est à partir de ce moment que son facies s'est altéré, La fièvre a persisté. Des vomissements ont apparu. Les douleurs se sont beaucoup aggravées, c'est ce qui décide son entourage à l’amener à l'hôpital. En résumé, on était en présence d’une péritonite puerpérale des mieux caractérisées et à marche rapide. Le soir de son entrée, la température monte à 409,3; la malade a vomi toute la journée. L’écoulement par le vagin a été peu abondant. Nouvelle injection de sérum (500 centigrammes). Le lendemain, la température est à 390,2 le matin ; 40,1 le soir. Légère amélioration. Mais la nuit l’état s'aggrave. Le ventre se ballonne de plus en plus, la respi- ration est des plus pénibles et très douloureuse. Le lendemain matin l'état est des plus graves. Elle a complètement perdu connaissance. M. Tillaux per- met à M. Souligoux de faire un lavage du péritoine. Anesthésie à l'éther. Laparotomie médiane sous-ombilicale. A peine l’aponé- ARE AE 66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —_- vrose était-elle incisée qu’une odeur infecte se dégage. Après ouverture du péritoine, il s'écoule une quantité considérable de pus blanc jaunâtre; les anses intestinales se présentent à l’orifice recouvertes de fausses membranes jaunâtres. Lavage à l'eau bioxydée. La malade ne reprend pas connaissance, meurt deux heures après l’opé- ration, 3 Jours après son entrée, le 24 novembre 1896. Autopsie. — Le lendemain matin, la ligne de suture est déjà adhérente. Les anses intestinales sous-jacentes sont vascularisées, dépolies, recouvertes encore de fausses membranes jaunâtres. Dans la fosse iliaque droite, un abcès renfermant une quantité abondante de pus crémeux, limité en haut par des anses agglutinées, mais faciles à isoler. En dedans, l’abcès communiquait avec une masse de pus, remplissant en entier le cul-de-sac postérieur. L’utérus reporté en avant était en antéver- sion. Quand on avait enlevé le pus contenu dans le cul-de-sac de Douglas, on trouvait en avant un mur épais, gris jaunâtre, bien limité, mais laissant suinter le pus de partout. Ce mur était constitué par les ligaments larges très épaissis, large de 4 à 5 centimètres, leur bord supérieur atteignait le détroit supérieur, l'ovaire était méconnaissable. En sectionnant le ligament large gauche, on reconnaît dans son épaisseur trois vaisseaux remplis du même pus que celui que contenait le cul-de-sac postérieur. Ces vaisseaux dilatés ont un diamètre de plus de 2? centimètres, ils sont entourés de tissus jaune rougeûtre, renfermant des logettes puru- Jentes. Mais sur cette tranche se détache nettement un noyau. Il se détache par sa couleur jaune brun, tirant sur le noir, plus foncée au centre qu'à la péri- phérie, par ses bords très nets et facile à limiter. Il mesure 12 millimètres de haut sur 9 de large. Il est situé à peu près au centre du ligament, au-dessous des vaisseaux dilatés. Les connexions avec les vaisseaux, avec l'organe de Rosenmuller, n’ont pas été recherchées. Examen histologique, par M. Przuer, chef du laboratoire de clinique chirurgi- cale de la Charité. A). — Les coupes de l'utérus colorées à la thionine nous montrent une couche de pus, contenant des cellules gigantesques et en voie de nécrose à la place du revêtement endothélial normal de l'utérus. Au-dessous, les lympha- tiques utérins sont injectés de cellules rondes et engainés de cellules sem- blables. B). — Les coupes de la capsule ont montré que sa limite externe n'était pas nette. Il faut lui reconnaîlre une paroi d’enveloppe toute nouvelle, bien en rapport avec sa situation, et qui permettrait à elle seule de reconnaitre une capsule surrénale développée dans le ligament large. D'abord, il n'existe pas de limite fixe entre la capsule et les tissus ambiants. La périphérie de la coupe est constituée par des sinus veineux larges et dilatés, gorgés de sang, presque érectiles d'aspect, les veines sont entourées d'un lacis extrêmement épais de fibres lisses du ligament large, et les SÉANCE DU 16 JANVIER 67 muscles se prolongent dans la glande, jusqu'à sa portion médullaire, de sorte que la lobulation qu'on constate à l’œil nu est causée par des tractus de fibres musculaires lisses qui vont, en s’amincissant, de la périphérie au centre fibro-vasculaire sur lequel ils s’insèrent. Cette singulière disposition de l'enveloppe de la surrénale suffirait à elle seule, sur une coupe et pour un histologiste non prévenu, pour faire recon- naître une capsule aberrante développée dans le ligament large, au milieu des muscles plexiformes de Rouget. On trouve sous ce lacis musculo-vasculaire la couche corticale de la -capsule, constituée par quelques vésicules de Grandry allongées ou arrondies à la périphérie et par les tubes ordinaires, formant la masse principale de l'organe. Ces tubes sont très larges, leurs cellules sont polygonales, à noyau sphérique et petit, elles contiennent de nombreuses granulations graisseuses qui donnaient à l'organe une teinte jaune analogue à celle de la graisse de bœuf, mais pas de pigment brunâtre en aucun point du tube. La zone pigmen- taire n'existe donc pas. La malade était du reste fort jeune (vingtet un ans). De place en place, dans le sens de la longueur, un certain nombre de tubes sont nécrosés, leurs cellules sont petites, irrégulières, leurs noyaux ne se colo- rent plus, et, par suite du retrait de chaque élément, les espaces inter-cellu- laires sont fortement accusés. Il existe une accumulation notable de petites cellules rondes, migratrices autour de ces éléments nécrosés. La substance médullaire de la capsule est très développée au premier aspect, mais ce développement n'est qu’apparent. Au microscope on constate qu’elle est constituée par un tissu conjonctif lâche, œdématié, nécrosé, rempli de cellules chargées de pigment sanguin et de débris de pigment d’un brun ver- -dâtre. Par place ce tissu est purement fibreux ; en d’autres points, il est cons- titué par des cellules étoilées très fines. Toute cette trame est d’ailleurs infiltrée d'hémorragies diffuses considérables, anciennes ou récentes. On n’y voit pas -de ganglions nerveux distincts. CONCLUSION. — Au point de vue histologique, cette capsule présente ses caractères complets, substance corticale et substance médullaire, et ne peut être méconnue. Il est à remarquer qu'elle présente des lésions tout à fait semblables à celles du rein succenturié en place dans les infections aiguës Lelles que celle à laquelle a succombé la malade. Elle a donc été troublée dans ses fonctions physiologiques par la maladie, et, par conséquent, elle participait à la vie commune de l'individu. Au point de vue embryologique, les fragments de la surrénale suivant les vaisseaux, on devra les trouver dans l'abdomen, comme nous l’avons dit au début, et en particulier dans les organes dénués du corps de Wolff qui se sont développés en même temps que la surrénale et en ont entrainé des débris avec eux. C’est ainsi qu'on doit les retrouver dansle parovarium, avec ses deux portions : organes de Rosenmuller, ou épidi- dyme, et organe de Giraldès. Ces organes n'existent chez l'adulte qu’à l’état de vestiges dans l'épaisseur du ligament large, et c’est là qu'en effet, Marchand, de Marburg, a signalé en 1889 leur présence à l'état de 68 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nodules microscopiques chez des nouveau-nés. Ces observations ont été confirmées par Chiari et par Grawitz; mais il ne s'agissait pas de capsules aussi nettes, aussi volumineuses que la capsule observée par nous. L'un de nous a eu l'occasion d'indiquer les principaux faits bibliogra- phiques relatifs à cette question dans un article du Progrès médical, 1894, p. 4: Pilliet, « Débris de capsules surrénales dans les organes dénués du corps de Wolff. » Nous renverrons le lecteur à cet article pour tout ce qui ne concerne pas les ligaments larges. [612.187.79] RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LE MÉCANISME DE L'HYPERÉMIE CUTANÉE, par MM. L. Jacouer et L. BUTTE. L'effet de l’irrilation directe des vaisseaux, sans trouble nerveux préa- lable, est depuis longtemps étudiée (Expériences de Paget, Marey, Vulpian, etc.), et l'on doit à Claude Bernard la notion de l’influence vaso-motrice du sympathique et en particulier des effets vaso-dilatateurs de sa section au cou. Mais ni Claude Bernard, ni les auteurs qui l'ont suivi ne paraissent s'être suffisamment mis en garde contre les irritations locales que le champ principal d'observations — l'oreille du lapin — subit forcé- ment au cours de l'expérience. Or, il ya là un élément capable de vicier les résultats, car si l’irritation locale, sans troubles nerveux, a des effets vaso-moteurs, on peut supposer qu'après section du sympathique, ces effets seront modifiés. Par suite, on ne sait pas, de façon précise, ce qui, dans l'ensemble observé, — hyperémie, phénomènes thermiques, etc., — revient, d’une part au trouble de l’innervation, d'autre part à l’action autonome des museles vasculaires, irrités après perturbation de l'influx nerveux. Quelques expériences de Brown-Séquard, celles de l’un de nous, ses travaux en commun avec Brocq, ayant montré le rôle essentiel des traumatismes iocaux, portant sur des régions à innervation anor- male, dans la genèse de certaines lésions cutanées, nous avons été con- duits à rechercher la part de l’hyperémie vasculaire dans les lésions ainsi produites. Or, le moyen le plus propre à nous éclairer sur ce point consistait précisément en la reprise de l'expérience classique de Claude Bernard (section cervicale du sympathique chez le lapin), mais en nous entourant de précautions minutieuses destinées à protéger l'oreille contre toute irrita- tion locale, non seulement pendant et après l'expérience, mais aussi, pour des raisons que nous préciserons ultérieurement, dans la période qui la précède. SÉANCE DU 16 JANVIER 69 Après de nombreux essais, qui ne modifièrent pas sensiblement les résultats de l'expérience classique, nous avons adopté un dispositif spécial qui, eroyons-nous, les modifie : à savoir, l'application autour des oreilles, quatre ou cinq heures avant l'expérience, d'un appareil plâtré qu'on enlève seulement après la section. Voici les résultats obtenus, grâce à cette méthode : sept fois sur huit, les oreilles ne présentèrent presque aucune différence de vascularisation. Il y eut toujours, cependant, une très légère hyperémie du côté du nerf sectionné, mais beaucoup trop faible pour permettre d'affirmer ou même de soupconner l'influence vaso-dilatatrice de la section. Par contre, les oreilles ayant été également et simultanément frictionnées, une hyperémie brusque et énorme survenait du côté de la section, — preuve sûre que le nerf sectionné était bien le sympathique, — tan- dis qu'une faible rougeur passagère se montrait du côté sain. Une seule fois, la différence d'hyperémie fut, avant la friction, assez nelte pour permettre de penser à une vaso-dilatation positive, et dans ce cas aussi, elle s'accentua violemment après friction. Il semble ressortir de ces faits que pour vaincre le tonus qui règle le calibre vasculaire et préside à ses modifications, la seule section du sympathique ne suffit pas : il faut, en outre, une irritation locale dont l'importance n’a peut-être pas été, jusqu ici, suffisamment mise en relief. CRSERVATIONS A PROPOS DE L'EXPÉRIENCE DE LA SECTION DU CORDON CERVICAL, par M. À. Dasrré. I. — La communication de MM. Butte et Jacquet pourrait être intitulée : De la manière de ne pas réussir l'expérience de la section du cordon cervi- cal. Il est clair que si nous admettons comme exacts les faits qu'ils annoncent, non seulement quant à leur existence, qui n’a rien d’im- prévu, mais quant à leur caractère de fréquence (7 fois sur 8) et de. netteté (changement inappréciable de calibre des vaisseaux), nous devrons admettre aussi la conclusion des auteurs, à savoir que si Cl. Bernard avait opéré comme eux, il n'aurait pas conclu à l'existence des nerfs vaso-constricteurs dans le cordon cervical. Ce serait une impor- -tante découverte de moins; et, ce serait dommage. Mais, heureusement, CI. Bernard s’est proposé au contraire de déter- miner les circonstances qui font réussir l’expérience. Il ne conseille pas de frotter les oreilles de l'animal : bien au contraire, il n'y faut pas toucher. Il faut opérer sur un animal vigoureux, qui ne soit exposé ni au refroidissement interne ni au refroidissement externe ; il faut observer surtout l'artère médiane à la base de l'oreille: il faut attendre, ‘70 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE après la section que l'effet d'excitation provoqué par cette section se soit dissipé. Alors, en régle, on constate la dilatation annoncée. Je dis. en règle, nous verrons tout à l'heure pourquoi. II. — Les résultats de MM. Butte et Jacquet n'ont d'intérêt, à ce que. je crois, que par rapport aux condilions de leur expérience même. Ils. ne permettent pas d'autre conclusion que la conclusion classique, lorsqu'ils sont posilifs (1 fois sur 8). Lorsqu'ils sont négatifs, ils ne con- tredisent rien, ils posent seulement la question : Pourquoi l'artère mé- diane n’a-t-elle pas changé après la section? — et encore une autre question : Pourquoi va-t-elle changer après la friction? C'est à ces deux questions qu'il est facile de répondre. A. Tous les auteurs ont noté quelques-unes des conditions qui empè- chent la section du cordon cervical de produire une dilatation plus ou moins appréciable. Ainsi Claude Bernard, Vualpian (1), Armand Mo- reau (2), etc. Voici celles de ces conditions qui sont connues : l'artère peut ne changer que faiblement : 41° Si l’on à pris un lapin peu vigoureux, à tonus nerveux central déjà minime, de telle sorte que la nouvelle dimi- nution due à la section sera inappréciable. 2° Si, comme l’ont fait préci- sément MM. Butte et Jacquet, on immobilise l’animal d’une façon prolongée. Ce qui a le triple effet : d’abaisser de plusieurs degrés la température centrale de l'animal; —d’affaiblir le cœur ; — et de diminuer la pression du sang, laquelle devient incapable de triompher du restant de tonicité du muscle vasculaire. 3° Si l’on observe {comme font toujours les débutants) la partie supérieure de l'oreille (qui reçoit surtout ses vaso-constricteurs de l’auriculo-cervical), au lieu d'observer la base de la conque qui tire les siens du sympathique que l’on a en vue. 4° Si l'on opère à une température ambiante trop basse qui restreint la circulation et augmente le tonus musculaire des vaisseaux que la section a préci- sément pour but de supprimer. 5° Si l’on n'attend pas assez longtemps que l'effet d’excitation dû à la section du nerf se dissipe et laisse place à l'effet paralytique. Il y a au moins une de ces conditions qui est réalisée dans la manière de faire de MM. Butte et Jacquet. — Peut-être y en a-t-il plusieurs ? — Le problème qui se pose est de savoir s'ils n’en ont pas découvert, en outre, une nouvelle, inconnue, liée aux circonstances d'application de leur appareil plâtré. En tout cas, l'éducation du physiologiste a précisé- ment pour résultat de lui apprendre à éviter instinctivement toutes ces causes d'erreur. B. La seconde question est celle-ci : Pourquoi le frictionnement des (1) Vulpian. Lecons sur l'appareil vaso-moteur, p. 93, 99, 103. (2) A. Moreau. Archives de Physiologie, 1872, p. 667. … Mess ous % “S SÉANCE DU 16 JANVIER 71 oreilles produit-il une abondante vascularisation? — La réponse est facile. Si c’est avant la section, cette vascularisation constitue le réflexe connu, classique, dit de Snellen ou de Loven. — Si c'est après la sec- tion, alors que le tonus n'est plus alimenté par le nerf, on conçoit que toute excitation, toute action mécanique, quel qu’en soit le mécanisme, réflexe ou direct, aura pour effet de dilater le vaisseau, puisqu'aucune force contraclile n’agira en sens contraire. Tous les auteurs sont d’ac- cord sur ce point. IT. — Et, maintenant, reconnaissons que, en dehors des applications pathologiques, l'expérience de MM. Butte et Jacquet n'aura pas été en- tièrement inutile, puisqu'elle aura appelé l'attention sur une vérité que la routine de l’enseignement médical n’a pas encore adoptée, malgré les preuves éclatantes que M. Morat et moi en avons données. Oui, si en règle, la section du cordon cervical produit la dilatation paralytique évidente des vaisseaux de l'oreille, 1l arrive assez fréquemment qu'elle ne produise aucun effet. On sait le fait : Vulpian, Moreau, y ont insisté avec beaucoup d’autres. M. Morat et moi en avons dévoilé la raison bien claire, en montrant que ces cordons contiennent réunies les deux espèces de filets antagonistes, constricteurs et dilatateurs. Habituellement, les premiers l'emportent sur les seconds pour ce qui concerne l'oreille. Mais comme cette proportion relative n’a pas de raison d'être essentielle, il arrive quelquefois qu'elle est inversée. Et alors la section du cordon cervical ne produit rien. Il y a des points du trajet du cordon cervical (près des racines médullaires), où cette proportion est toujours inversée et où par conséquent la section, en règle, ne produit rien sur l'oreille du lapin, comme elle ne produit rien sur la région bucco-faciale du chien. — Vulpian avait le droit d’être étonné de ce résultat. Les physiologistes actuels ne l’ont plus, après que ce domaine physiologique a été si complètement exploré par nous et par d’autres. | Le Gérant : G. MASson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. pt 73 SÉANCE DU 23 JANVIER 1897 MM. J. Héricourr et Cu. Ricuer : Action locale du sérum d’anguille. Sérothérapie contre les effets toxiques du sérum d'anguille. — M. CH. FérRé: Note sur des chan- gements de position et de forme du jaune de l'œuf de poule pendant l'incubation. M. le D' E. Maurez : Action du chlorure de sodium sur l’organisme du lapin. — M. P. Mécexn : Une épidémie de strongylose sur les lièvres en Franche-Comté. — MM. Reuy et Conrremouuins : De l’application des rayons X à l'étude des muscles, tendons et ligaments. — M. G. Moussu : Fonction thyroïdienne. Crétinisme expé- rimental chez le chien, le chat et les oiseaux. — M. le D' S. ARTAULT DE VEVEY : Troubles nerveux provoqués par des émauations de laurier-rose. M. le D' ARTAULT DE VEvEy : Neurasthénie grave à la suite d'une intoxication par une infusion de fleurs de cytise. — M. G. Weiss : Régulateur de température. — M. A. Taomas : Sur les fibres d'union de la moelle avec les autres centres nerveux et principale- ment sur les faisceaux cérébelleux ascendants. — M. Francors-Francx : Nouvelles recherches sur les accidents causés par la compression du cœur dans le péricarde. — M. Axpré Broca : Des images subjectives normales et pathologiques. — MM. Pauz CLaissE et O. Josué : Recherches expérimentales sur l'anthracose pulmonaire. — M. CHANTEMESSE : Sur la toxine typhoïde soluble. Présidence de M. Gley, vice-président. CORRESPONDANCE MANUSCRITE Lettre de M. A. PoNTER qui, au nom de M veuve Gallois, prie la Société de Biologie d'accepter la somme de 500 francs, en souvenir du profond attachement que notre regretté collègue le D' Gallois avait toujours porté à la Société de Biologie, dontil était un des plus anciens membres. Le Bureau adressera à M°° Gallois l'expression de ses remercie- ments. La Société charge M. le professeur GRÉHANT de rédiger, pour les Comptes rendus de la Société de Biologie, une notice sur la vie scienti- fique du D' GaLLors. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE — M. CHarRin offre un volume de lui, intitulé: Les Poisons des tissus, qui, dans l'Encyclopédie Léauté, complète, avec les Poisons du tube digestif et les Poisons de l’urine, la série des « Poisons de l'organisme », qu'il avait été chargé de rédiger (Masson et Ci°, éditeurs). — Une préoccu- pation se dégage de ces études, celle de rendre à la cellule, à l'orga- nisme, la place qui lui est due, c’est-à-dire la première. B1oLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. T, [V. 6 714 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.314.3] ACTION LOCALE DU SÉRUM D'ANGUILLE. SÉROTHÉRAPIE CONTRE LES EFFETS TOXIQUES DU SÉRUM D ANGUILLE. Note de MM. J. HéricourT et CH. RicHEr. Les expériences de Mosso ont nettement établi la toxicité du sang (ou du sérum) d’anguille injecté dans le sang; mais ses recherches n’ont guère porté sur l’action locale. Les effets ne sont cependant pas négligeables. D'abord l'injection produit une assez notable douleur, encore qu'elle ne soit pas excessive, ni comparable à la douleur que produisent les venins de vipère ou de scorpion. Si la dose ne dépasse pas 1 centimètre cube de sérum, les effets généraux consécutifs à l'injection sont peu appréciables. Légère éléva- tion de température, abattement, tristesse, inappétence; tels sont les symptômes qui suivent l'injection sous-cutanée, à un chien de taille moyenne, de 1 centimètre cube de sérum d’anguille, très frais et recueilli antiseptiquement (1). Mais, au bout de vingt-quatre heures, la région injectée se gonfle, devient épaisse, œdémateuse; et il commence à se former du liquide. Toutefois cette formation n’est pas très rapide; et, pour que le liquide soit complètement accumulé, il faut au moins attendre trois ou quatre jours. Dans quelques cas, il y à mortification étendue avec suppuration intense, sphacèle et gangrène. Dans d’autres cas, au contraire, il y a accumulation de sérosité rougeàtre, sans suppuration. Enfin, lorsque la dose a été faible, il ya seulement empâtement et légère douleur locale qui persiste pendant plusieurs jours et qui finit par disparaitre. Il ne semble pas qu'il y ait vaccination contre les effets locaux; et les mêmes chiens, injectés à plusieurs reprises, ont toujours présenté à peu près les mêmes phénomènes réactionnels locaux. Or, si l’on prend le sérum de ces chiens ayant recu une injection locale, on constate que ce sérum contient une antitoxine immunisante. Nous avons donc pu répéter avec le sérum d'anguille l’admirable expérience que MM. Phisalix et Bertrand ont faite avec le venin de vipère. Le sérum des chiens préalablement injectés avec du sang d'anquille préserve les lapins des effets toxiques du sang d’anquille. Après plusieurs expériences d'essai, voici l'expérience décisive qui donne la preuye de cette vaccination. Nous avons d'abord déterminé la dose toxique du sérum d anguille, pour des lapins de 2 kilogrammes, en injection intraveineuse. Si l'on (1) La meilleure manière de se procurer du sang d'anguille est d'ouvrir le cœur et de recueillir le sang avec-une pipette, introduite dans le cœur ouvert, Au bout de quelques heures le sang de la pipette est coagulé, et un sérum légèrement opalescent surnage, qu’on peut recueillir sans globules. CT ER AE Ne SÉANCE DU 23 JANVIER 15 dilue dans du sérum artificiel (NaCl à 8 grammes par litre)le sérum d’anguille, on constate que, pour un lapin de 2 kilogrammes, la dose de 1 centimètre cube de cette solution rend l'animal très nee mais ne le tue pas ; que la dose de 2 centimètres cubes le tue en 4 ou 5 minutes environ, et que la dose de 3 centimètres cubes le tue en moins d’une minute ; par conséquent que la dose de sérum toxique par kilogramme d'animal est voisine de 0 gr. 10. Cela posé, nous avons pris IX lapins du même poids; II avaient recu, la veille, chacun 5 centimètres cubes de sérum de chien normal : III autres avaient recu chacun 5 centimètres cubes de sérum de chien inoculé huit jours auparavant avec du sang d’anguille ; III autres n'avaient rien recu. Chacun de ces IX lapins recoit dans la veine 3 centimètres cubes de sérum d’anguille dilué dans dix fois son volume de sérum artificiel. Les III lapins témoins meurent immédiatement. Des LI lapins injectés avec du sérum de chien normal, Il meurent immédiatement; le troisième survit quelques heures. " Les II lapins Hibélée précédemment avec du sérum de chien inoculé, survivent tous les III, et même ne sont nullement malades. | Si nous rapportons cette expérience, c'est parce qu'elle prouve que l'expérience de M. Phisalix sur la sérothérapie contre l’envenimation est générale et qu'elle s'applique aux effets du sang d’anguille, comme aux effets du venin de vipère. Mais c’est surtout parce qu'elle est facile à répéter, et qu'elle constitue une expérience de cours, excellente à cause de sa netteté, et de la facilité avec laquelle on peut se procurer les éléments matériels de l'expérience. I suffit, pour démontrer cette action éclatante de la sérothérapie, d’un chien, d’une anguille et de deux lapins. On pourra donc sans pins la répéter dans tout laboratoire (1). NOTE SUR DES CHANGEMENTS DE POSITION ET DE FORME DU JAUNE DE L'OŒUF DE POULE PENDANT L'INCUBATION, par M. Cu. FÉRé. C'est surtout dans les auteurs qui se sont occupés des changements dans la composition chimique de l’œuf en incubation, qu’on trouve des (i) A la séance du 23 janvier, MM. Héricourt et Ch. Richet ont répété cette expérience devant les membres de la Société de Biologie. Elle a donné les résultats attendus. Un lapin témoin mourut en 4 minutes après injection de 0.3 de sérum. Un autre lapin, qui avait recu la veille 5 centimètres cubes de sérum de chien inoculé, ne fut pas malade après injection de 0.3 du même sérum. | 4 16 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE renseignements sur les changements de volume des parties qui le composent (1); mais les faits qui vont nous occuper ne paraissent guère avoir frappé l'attention. Lorsqu'on ouvre l'œuf pendant les premiers jours de l’incubation à des époques de plus en plus éloignées du début et suivant le procédé ordinaire, c'est-à-dire à la région moyenne du grand axe de la face supé- rieure, on constate qu'on est de plus en plus exposé à blesser l’em- bryon ou ses annexes. À partir du commencement du développement, en effet, l'embryon se rapproche de la membrane coquillière, et le jaune tout entier s'élève. Ce changement de position est intéressant au point de vue de l'expérimentation : il est plus facile de pratiquer une fenêtre à la coquille au début de l’incubation sans blesser l'embryon; mais il mérite encore d’être considéré en ce qu'il indique un change- ment de la densité relative du vitellus et de l’albumen. Pour étudier plus régulièrement le fait, j'ai mis à l'étuve la moitié de lots d'œufs, dont l’autre moitié était mise en réserve, et à chaque jour de l'incubation, j'ai fait durcir comparativement des œufs couvés et des œufs non couvés de même âge. A l’aide de sections pratiquées perpen- diculairement au grand axe, on se rend bien compte des différences ; et les pesées donnent aussi des renseignements uliles. . Quand l'embryon se développe, la position du jaune et sa forme ont déjà changé après 12 heures d'incubation : il n’y à guère qu'une couche de 1 millimètre d'albumen au-dessus du jaune, au niveau de l'embryon, tandis qu'il y en a 9 ou 10 millimètres au-dessous; les deux diamètres du jaune ne sont plus égaux, le transversal l'emporte de 2 ou 3 milli- mètres sur le vertical; au bout de 24 à 36 heures d’incubation, la couche d'albumen au-dessus de l'embryon est réduite à une pellicule trans- parente; au bout de 48 heures, elle n'existe plus, et l’aplatissement vertical du jaune augmente. Après 72 heures d’incubation, la face supérieure du jaune présente une large dépression au niveau de l'embryon, il s'est encore notable- ment aplati. À la partie supérieure, au lieu d’une couche d’albumen coagulé, on trouve quelques gouttes d’un liquide laiteux, c'est ce que Prout a appelé l’albumen modifié. À mesure que l’incubation avance, la quantité de ce liquide laiteux augmente en même temps que la quantité (1) Everard Home. On the changes the eggs undergoes during incubation, etc. Phil. trans., 1822, p. 339. — William Prout. Some experiments on the changes which take place in the fixed principles of the egg during incubation. Ibid., p. 377. — J.-L. Prévost et J.-B. Dumas. Les changements de poids que les œufs éprouvent pendant l'incubation (Ann. des Sc. nat., 1825, IV, p. 47). — J.-L. Prévost et Morin. De la nutrition dans l'œuf (Mém. de la Soc. de phys. ct d'hist. nat. de Genève, 1841, p. 235 ; 1846, p. 321). — V. C. Vaughan and H. V. Bills. Estimation of lime in the shell and in the interior of the egg before and after incubation (Jouwrn. of Physiology de Foster, 1879, I, p. 434). SÉANCE DU 23 JANVIER gi d'albumen coagulable diminue ; le poids du jaune, au contraire, varie peu. Je n'insiste pas sur ces modifications de poids, bien étudiées par les auteurs que j'ai cités. Les modifications de forme et de situation du jaune ne se produisent pas au même degré quand il n’y a pas de développement d'embryon. Un œuf non couvé, qu'on fait cuire au quatrième ou au cinquième jour de la ponte, comparativement aux œufs de même date couvés pendant 24 ou 48 heures, ne présente aucun changement de forme du jaune, dont les deux diamètres vertical et horizontal sont égaux et qui reste séparé de la coquille par une même épaisseur d'albumen. Plus tard, le jaune se rapproche de la coquille vers la partie supérieure ; mais jusqu'au 18° jour il peut conserver la forme sphérique : ce n’est guère qu'à partir du douzième qu'il tend à s’aplatir, mais Jamais autant que lorsqu'il s’agit d'œufs couvés, et qu'il arrive presque au contact de la membrane coquillière. Dans les œufs couvés, mais dans lesquels il ne s’est produit aucun développement et qui n’ont, en réalité, subi qu'un chauffage à 38 degrés, le déplacement commence dès le premier jour; mais jusqu’à la fin du temps de l'incubation, il reste toujours une couche d’albumen coagulé entre le jaune et la membrane coquillière. À partir du 4° jour, l’apla- tissement du jaune se manifeste. A mesure que la quantité d’albumen coagulable diminue, il prend, sous l'influence de la chaleur, une consistance plus grande; il finit par constituer une masse jaunâtre élastique, difficile à rompre. 1612.111.17] ACTION DU CHLORURE DE SODIUM SUR L'ORGANISME DU LAPIN, par M. le D'E. MAUREL. Ces expériences, comme celles résumées dans la communication pré- cédente, doivent se diviser en deux groupes : À.— Celles qui ont eu pour but de connaitre l’action du chlorure de sodium lui-même sur l’organisme. B. — Celles qui ont eu pour but de connaitre l’action de ses solutions étendues. A. Action du chlorure de sodium lui-même sur l'organisme du lapin. Ces expériences, on le voit, correspondent au premier groupe de celles qui ont été faites sur le sang. Bouchard a fixé la toxicité immédiate du kilogramme de lapin, par la voie veineuse, à 5 gr. 17; et Mairet et Bosc l'ont trouvée égale à 18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE: 4 grammes. Pour ces expérimentateurs, la toxicité éloignée.serait com- prise entre 4 et 3 grammes par kilogramme. En ce qui me concerne, je ne me suis occupé que des doses suppor- tées par l'organisme, et que l’on peut considérer comme thérapeutiques. 1° J'ai administré, par la voie veineuse, en solution à 10 et 25 grammes p.100 centimètres cubes, 0 gr. 20 et 1 gramme de chlorure de sodium par kilogramme de poids sans voir apparaître le moindre malaise. Le lapin peut done supporter cette dose de 1 gramme par kilogramme de poids; et il est probable qu'on doit pouvoir la répéter au moins à quelques jours d'intervalle. 29 Mais cette dose me paraissant trop élevée, J'ai injecté le chlorure de sodium, par la voie hypodermique, à la dose de 0 gr. 20 par kilo- gramme de poids ; et j'ai répété cette dose 5 fois à deux jours d’inter- valle. La solution était à 7 grammes pour 100 centimètres cubes. Il s'agissait d’un lapin qui avait beaucoup perdu de son poids sous l’in- fluence des injections d’eau distillée à 50 centimètres cubes par kilo- gramme de poids. Or, sous l'influence des injections de chlorure de sodium, le poids de 2,360 grammes est arrivé à 2,610 grammes en 12 jours. Le sang s’est reconstitué : de 4,247,000 hématies, il est arrivé à 5,015,000 en 14 jours. Mais la diurèse m’a paru peu augmentée : la quan- tité d'urine, qui était de 91 centimètres cubes par kilogramme avant, a été dé 107 centimètres cubes pendant les injections et 120 centimètres cubes après. Enfin l’état général s’est rapidement amélioré. B. Action des solutions étendues de chlorure de sodium sur l'organisme du lapin. Cette question a été assez souvent étudiée; mais la plupart de ceux qui m'ont précédé dans ces recherches, se plaçant à d’autres points de vue, n'ont que rarement fait les injections en séries ; et surtout ils n’ont pas étudié l'action de ces injections sur le poids et sur le sang (1). En ce qui me concerne, au contraire, cherchant à me rapprocher des doses thérapeutiques qui peuvent être répétées, j'ai injecté les solutions de chlorure de sodium par la voie hypodermique, à 30 centimètres cubes et à 50 centimètres cubes seulement par kilogramme de poids. Les solu- tions ont été faites à 7 et à 3 gr. 50 pour 1,000 centimètres cubes d’eau distillée; et chacune d'elles a été répétée 5 à 7 fois à deux jours d’inter- valle. L'alimentation a été réglée comme pour les expériences sur l’eau distillée. Les résultats ont été les suivants : Relativement au poids : Le poids a été pris tous les deux jours, l’animal étant à jeun. (1) Parmi les expériences faites à l’aide des solutions de chlorure de sodium sur le lapin, il faut citer surtout le premier mémoire de Dastre et Loye et les travaux plus récents de Bosc et Vedel. La plupart des expériences faites sur ces injections ont été faites sur le chien. WW? SÉANCE DU 23 JANVIER 19 1° La solution à 7 grammes pour 1,000 centimètres cubes et à 30 cen- timètres cubes, soit environ 0 gr. 20 de chlorure de sodium par kilo- gramme de poids, a favorisé, mais faiblement, l'augmentation de poids. | 2° La même solution à la dose de 50 centimètres cubes, soit 0 gr. 35 de chlorure de sodium par kilogramme de poids, a fait diminuer le poids de l'animal. | 3° La solution à 3 gr. 50, à la dose de 30 centimètres cubes, soit envi- ron 0 gr. 10 de chlorure de sodium par kilogramme de poids, a favorisé au contraire cette augmentation. _ 4° Nous avons vu, dans les expériences précédentes, que le chlorure de sodium à la dose de 0 gr. 20, mais en solution à 7 p. 100, a favorisé beaucoup cette augmentation. Relativement au sang : L'examen a été fait tous les deux jours, immédiatement avant l'in- jection, l’animal étant à jeun. 1° La solution à 7 p. 1000, à la dose de 30 centimètres cubes par kilogramme, a favorisé légèrement la reconstitution du sang; 2° La même solution à la dose de 50 centimètres cubes par kilo- gramme de poids, au contraire, a conduit à la déglobulisation ; 3° La solution à 3 gr. 50, à la dose de 30 centimètres cubes, a semblé n’exercer aucune action sur l’état du sang : 4° Nous avons vu que le chlorure de sodium à Ogr.20 par kilo- gramme et en solution à 7 p. 100, a favorisé beaucoup cette reconsli- tution. Relalivement à la sécrétion urinaire : Les urines ont été dosées tous les jours pendant l'expérience, et de plus pendant plusieurs jours avant et après. Je l’ai dit déjà, l’alimen- tation, pour tous ces lapins et pendant toute la durée de l'expérience, a été fixée de la manière suivante : son et avoine à volonté, et 150 grammes d'herbe par kilogramme de poids. 1° La solution à 7 p. 1000, à la dose de 30 centimètres cubes par kilo- gramme, n'a exercé aucune action sur cette sécrétion ou l’a diminuée; 2° Cette même solution, même à la dose de 50 centimètres cubes par kilogramme de poids, ne l’a pas augmenté, d'une manière constante; 3° La solution à 3 gr. 50 p. 1000, à la dose de 30 centimètres cubes, au contraire, l’a augmenté. 4° Le chlorure de sodium, à la dose de O0 gr. 20 par kilogramme, en solution à 7 p. 100, a diminué cette sécrétion. De ces deux séries d'expériences, il me semble donc, qu’en ce qui concerne le lapin, les conclusions suivantes se dégagent avec un certain degré de probabilité : 1° Que pour augmenter le poids de cet animal, c'est-à-dire agir sur son état général, il faut s'adresser aux solutions fortes. 80 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - Celle à 7 p. 100 à donné ce résultat à la dose de 0 gr. 20 de chlorure de sodium par kilogramme de poids; a 20 Qu'il en est de même quand il s’agit de favoriser la reconstitution du sang ; 3° Mais qu'au contraire, quand on veut augmenter la diurèse, il faut s'adresser à des solutions étendues. : À quantité égale, la solution à 3 gr. 50 p. 1000, a agi mieux que celle à 7 p. 1000; et l’eau distillée a agi mieux que la solution à 3 gr. 50. Quoique dans ces expériences je n’aie pas déterminé quelles sont les quantités de chlorure de sodium et les titres des solutions les plus favo- rables à chacune de ces actions, on voit déjà quelle importance elles peuvent acquérir au point de vue des deux applications thérapeutiques les plus importantes du chlorure de sodium, son action reconstituante et le lavage du sang. Dans une prochaine note, je ferai connaître l’action du chlorure de sodium sur notre sang; et je rapprocherai les résultats de ces expériences avec ceux obtenus sur le sang du lapin, pour en tirer quelques con- elusions relatives à l'emploi de ce sel chez l’homme. UNE ÉPIDÉMIE DE STRONGYLOSE SUR LES LIÈVRES EN FRANCHE-COMTÉ, par M. P. MÉGnIN. Le 9 juillet 1887, M. Remy et moi faisions à la Société une communi- cation sur une pseudo-tuberculose du lièvre, qui régnait pendant l'hiver de 1886-1887, épizootiquement dans les chasses d'Alsace et des Vosges. Chez les lièvres malades, les poumons étaient farcis de petites produc- tions jaunâtres, ayant tout à fait l’aspect de lésions tuberculeuses. A la coupe de ces tubercules on voyait, au milieu de la matière caséeuse, des œufs et des embryons d’helminthes, et dans les bronches et leurs divisions des helminthes adultes plus fins que des cheveux, appartenant à l'espèce Strongylus commutatus. Gette affection, jusqu'alors inconnue en France, nous venait très probablement d'Allemagne où le parasite avait déjà été décrit. n Aujourd’hui j'apprends, par de nombreux documents et pièces d’au- topsie, que la même maladie règne dans les chasses de Franche-Comté, particulièrement dans les départements de la Haute-Saône et du Doubs; depuis l'ouverture de la chasse, on trouve beaucoup de lièvres morts sans avoir été blessés et la plupart de ceux que l’on tue, sont étiques, ont les poumons malades et sont impropres à la consommation. J'en ai recu plusieurs pour autopsie, et chez tous j'ai trouvé les poumons atteints comme il est dit plus haut et les bronches remplies de fins fila- SÉANCE DU 23 JANVIER 81 ments ressemblant à des filaments de coton pelucheux et qui ne sont autres que des strongles adultes. Les coupes du tissu pulmonaire, grâce à une double coloration imaginée par M. Ducellier, préparateur au laboratoire de M. Cornil, montrent que les embryons de strongles sont logés au fond des culs-de-sac bronchiques et que leur présence déter- mine une inflammation ensuite de laquelle les vaisseaux capillaires sont remplis de globules purulents. Une particularité que présente l'épidémie de strongylose qui règne sur les lièvres de Franche-Comté, c'est que tous les sujets que j'ai reçus et que j'ai ouverts, avaient en même temps les intestins farcis de ténias, de l'espèce que Gæœze avait nommée 7ænia pectinata commune au lièvre et au lapin et dont on a fait depuis deux espèces nouvelles, qui ne sont sans doute que des variétés. Une autre particularité qui m'a été signalée des lieux où règne l’épi- démie c’est qu'il existe des îlots de territoires, aux environs d'Héricourt, où les lièvres sont restés sains, et on attribue ce fait à ce que, dans ces régions, les chênes abondent et que les lièvres ont eu beaucoup de glands à consommer. C’est peut-être une indication pour essayer de se débarrasser de l'épidémie; dans tous les cas, c’est à tenter. [612.014.48] DE L’APPLICATION DES RAYONS X A L'ÉTUDE DES MUSCLES, TENDONS ET LIGAMENTS, par MM. Remy et CONTREMOULINS. J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie un nouveau résultat des recherches que je poursuis sur l'application des rayons Rontgen aux études anatomiques. Nous avons pu donner aux muscles du cadavre une opacité suffisante pour qu'ils soient perçus sur la radiographie en même temps que les os. Tout le muscle donne une opacité légère, mais de plus il semble que les fibres ou du moins les faisceaux de fibres soient plus spéciale- ment projetés. Les muscles se présentent comme des faisceaux de filaments. On distingue ainsi sur la photographie d’une main d'homme que nous présentons, la direction des fibres de divers muscles des éminences thénar et hypothénar. On voit bien l'insertion du premier interosseux au tubercule externe de la première phalange de l’index. De même se voient les deux inter- osseux du doigt médian. On aperçoit de plus la silhouette de quelques tendons et quelques ligaments et de très fins sésamoïdes. . Guidés par les recherches des histologistes sur le système nerveux, 82 ; : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous avons fait précipiter du chromate d'argent sur les muscles pour les rendre ainsi apparents. La main présente était simplèement dépouillée. Si elle avait, en plus, été un peu disséquée, nous aurions pu y voir plus nettement les mus- cles et les tendons qui sont encore confondus, [612.445] FONCTION THYROÏDIENNE. CRÉTINISME EXPÉRIMENTAL CHEZ LE CHIEN, LE CHAT ET LES OISEAUX, par M. G. Moussu. J'ai indiqué autrefois que lorsqu'on extirpe les corps thyroïdes chez les solipèdes, les ruminants et les poreins adultes, il y a toujours survie sans accidents immédiats — Chez les carnassiers et les oiseaux adultes, le même résultat peut être obtenu. — Lorsque chez le chien ou le chat, on fait l’ablation des thyroïdes en respectant au minimum deux para- thyroïdes, et mieux encore trois et quatre avec leurs connexions vas- culaires, l’animal survit. J'avais indiqué la technique opératoire en avril 1893, et à la même époque M. Gley publiait ses premiers résultats sur ce point. Chiens. — Sur huit thyroïdectomies pratiquées en avril 1893, deux seule- ment ont été suivies de mort avec cortège d'accidents parathyroïdiens; et l'explication s’en trouve dans ce fait que sur l’un des sujets, je n'avais laissé qu'une seule parathyroïde intacte, et sur l’autre deux. Comme normalement il y en à au minimum quatre parathyroïdes, et que, au cours de l'opération, il est difficile de ne pas léser les veines de ces petits organes, et par suite de troubler leur fonction, cela suffit pour expliquer les cas de morf même avec conservation de deux parathyroïdes. Chats. — Chez le chat, les résultats opératoires sont identiques, la survie sans accidents apparents immédiats est la règle lorsqu'on laisse deux para- thyroïdes au minimum absolument inlactes. Oiseaux. — Chez les oiseaux, l'opération est délicate. Les thyroïdes se trouvent à l’entrée de Ia cavité thoracique dans l’espace situé entre les sacs aériens axillaires et sous-cervical, en arrière du jabot; et souvent on perfore ces sacs en les décollant. Le thyroïde est logé entre la carotide et le pneumo- gastrique, dans l'angle externe d'origine de la carotide.— Le 28 mars 1893, j'ai thyroïdectomisé deux poules et un coq adultes. Aucune altération apparente des conditions de santé ne se produisit daus la suite. Mes expériences chez le chien adulte confirmaient done absolument celles de M. Gley sur ce point; mais tandis qu'il pensait, lui, que s’il n'y avait pas d'accidents consécutifs, cela tenait à la suppléance des parathyroïdes, de nouvelles recherches me confirmaient dans mes premières vues sur l’existence de deux fonctions; et c'est alors que je réalisais le crétinisme expérimental chez le chien, le chat et les oiseaux : SÉANCE DU 23 JANVIER 83 — Lorsque chez des chiots à la mamelle, on enlève les thyroïdes en laissant au minimum deux parathyroïdes avec leurs connexions vascu- laires intactes, les opérés survivent sans accidents parathyroïdiens, mais le développement est entravé. Le développement en hauteur est comme arrêté; celui en largeur paraît au contraire proportionnellement excessif. Les membres restent courts, l'abdomen devient rond, la peau se plisse par infiltration myxœdémateuse généralisée, la face se ride et le sujet prend un petit air vieillot tout à fait caractéristique. Le crétinisme myxædémateux est nettement apparent au bout de plu- sieurs mois et se montre facilement appréciable dès le début lorsqu'on a conservé des témoins de même origine pour terme de comparaison. Chez les jeunes chats, les résultats sont identiques; toutefois il n’y a pas de myxæœdème à proprement parler, le erétinisme est plus atro- phique : Chiens. N° 1. 26 juin 1893. — Chiot, âgé de six semaines, enlèvement des thyroïdes, conservation de deux parathyroïdes. 2 juillet, gaîté disparue. 415 juillet, ne cherche plus du tout à jouer avec les autres petits témoins de la même portée. 25 août, franchement crétin myxædémateux. N° 2. 15 mars 1894. — Chiot âgé de deux mois. Enlèvement des thyroïdes, conservation de deux parathyroïdes. 15 avril, état crétinoïde déjà manifeste, pattes courtes, tronc large, abdomen rond, peau infiltrée épaissie, etc... 25 juillet, facies d’un chiot de deux mois, rides, plis, aspect général d’un petit vieux, etc. Chats. N° 1.5 octobre 1893. — Jeune chat de quinze jours, à la mamelle. Enlèvement des thyroïdes, conservation de 2 parathyroïdes à gauche, une à droite. Décembre, franchement crétin, rabougri, indolent, apathique, corps trapu, tête large, abdomen rond, pattes et queue courtes. Les n°° 2, 3, # et 5, opérés en 1894 et 1896, même évolution. N° 6. 27 juillet 1896. — Jeune chat de quinze jours. Enlèvement des thy- roïdes, conservation de 2 parathyroïdes. 20 septembre, très nettement crétin. Mensurations prises le 8 janvier, par comparaison avec un témoin de même origine. TÉMOIN CRÉTIN Longueur de l’occiput à l'extrémité de la CLERMONT EME AE EEE TER ETOR AOÛ 44 Lonsueurideylafqueus MATE CREME 22 16 Longueur du sommet de Molorane à à l’ nee TOUS CES AIME SM PET ME 040 11 Longueur du sommet du creme à ee MRÉMMIEENCES CEITIE SRE NAN NU Near) 8 Distancentes OrDILeS NPC PAPER 2 4 Distances des conduits sente annee EC 2) 4 Je vous présente le décalque photographique des deux sujets dont il s’agit. Oiseaux. 15 août 1893. — Jeune coq de trois mois. Thyroïdectomie. — Un autre coq, moins lourd, de la même couvée, est conservé comme témoin. — 84 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 27 septembre, paraît endormi, reste au poulailler; courbe de croissance plus faible de moitié que celle du témoin. — 13 octobre, ne se perche plus, reste immobile dans un coin une partie de la journée, ne cherche pas de nourri- ture, etc. Type complet du crétin, pas de myxædème. Je vous présente la photographie des deux sujets, opéré et témoin, et mieux que tous autres renseignements, elle vous permettra d'apprécier les résultats. Je passe sous silence d’autres résultats, les précédents me paraissent suffi- samment démonstratifs. En résumé, de tous ces faits et de ceux que j'ai publiés en 1892 et 1893, il résulte d’une facon absolument précise que la fonction thyroï- dienne est une, chez les mammifères et les oiseaux; qu’elle préside au développement général de l'organisme et ne saurait être suppléée; que son importance est prépondérante pendant toute la durée de la erois- sance et qu'à dater de l’état adulte, sa fonction moins facile à définir devient pour ainsi dire secondaire. TROUBLES NERVEUX PROVOQUÉS PAR DES ÉMANATIONS DE LAURIER-ROSE, par M. le D'S. ARTAULT DE VEVEY. Il y a quelque temps un de mes amis me prie d'examiner son domes- tique, garçon de dix-huit ans, qui était entré à son service depuis quinze jours, et qui, quoique jusqu'alors bien portant, très fort, très musclé, éprouvait depuis son entrée en service une mollesse et une apathie extraordinaires, des vertiges, une grande faiblesse musculaire, des maux de tête en casque, s’'amendant sur le soir pour reprendre chaque matin au réveil qui, d’ailleurs, était lourd et difficile. Avec cela, langue blanche, grande päleur persistante, ralentissement du pouls (60 pulsa- tions), si bien que je fais mettre le malade en observation, suspectant quelque processus méningitique. Cependant aucun mouvement fébrile, aucune maladie organique. Avec une purgation, deux jours de campagne et des stimulants, les accidents disparaissent, la souplesse des membres et l'énergie reviennent, et le malade, qu'on avait envoyé dans sa famille, revient coucher à son domicile ordinaire, sorte de salle assez vaste, bien fermée et éclairée, où on remisait des caisses de lauriers-roses. Dès le lendemain, le mal de tête est revenu, la courbature l’a repris; il éprouve des nausées; môn attention est alors attirée sur les lauriers- roses, que je n'hésite pas à accuser de tous les accidents observés, caril me revient immédiatement en mémoire d'avoir éprouvé, il y a quelques années, des symptômes analogues pour avoir laissé dans ma chambre des lauriers-roses. J'étais étudiant à cette époque, et j'avais sur ma fenêtre plusieurs petits lauriers; j'avais l'habitude de les rentrer, pendant quelques nuits SÉANCE DU 23 JANVIER . 85 froides d'automne, dans une pièce voisine avant de les descendre à la cave. Quelquefois cependant je les laissais, par paresse, devant la fenêtre de ma chambre. Or, il m'arrivait de temps à autre de me réveil- ler la tête lourde, de me sentir paresseux, d’être obligé de faire effort pour sortir du lit, et d'éprouver, au moment où je mettais le pied à terre, des vertiges qui me faisaient chanceler et tourner sur moi-même, et me forçaient, pour ne pas tomber, à m'appuyer à un meuble. Il me fallait une très grande volonté pour rester debout, et pendant 4 à 5 mi- nutes, je luttais pour dissiper mon vertige, que j'analysais fort bien, car j'avais l'esprit absolument libre et n'avais pas la moindre tendance à perdre connaissance ; c'était une impression de mouvement circulaire de gauche à droite, toute la chambre tournant, et j'avais besoin de me fixer solidement pour n être pas entrainé et rester debout. J'éprouvais en même temps une certaine faiblesse musculaire, et je restais un peu courbaturé et affaibli pendant la matinée; l'air et le mouvement me remetlaient. J'attribuais ces troubles au besoin de manger, vertigo a stomaco vacuo, à de l’anémie cérébrale, à de la neurasthénie; mais cependant un repas ne me remettait pas. Une fois je comptai mon pouls et me trouvai 53 pulsations, avec arrêt de temps en temps; je cherchai à me persua- der que je devais être dyspeptique et intoxiqué, et que ces troubles cardiaques venaient de l'estomac. Intoxiqué, je l’étais, en effet, mais pas comme je Le pensais : c'étaient tout simplement les émanations de mes oléandres qui provoquaient ces accidents. Voici comment je fus amené à le constater : Il vient un jour chez moi un habitant du Midi qui, voyant les lauriers dans ma chambre, me demande si je couche avec, et me dit que c'était fort malsain et qu'on avait constaté souvent, par suite de cette imprudence, des acci- dents, parfois même mortels. Mon attention ainsi attirée sur ces faits, je me rappelai qu'en effet la dernière fois que j'avais éprouvé les acci- dents décrits plus haut, J'avais laissé le soir mes lauriers dans ma chambre, et à plusieurs jours d'intervalle je tentai la même expérience, avec le même résultat, trois fois de suite. La démonstration était faite : je n'étais ni neurasthénique, ni dyspep- tique, mais j'étais seulement intoxiqué par les lauriers-roses. Ce qu'il y a de singulier, c’est que les arbustes n'étaient pas en fleurs, et qu'il avait suffi, par conséquent, des simples émanations des feuilles. Je savais bien que le laurier-rose est une plante extrêmement véné- neuse, que l'odeur de la fleur rend malade, et qu'en particulier Liban- tius avait cilé un cas de mort à la suite d’une nuit passée avec ces fleurs dans une pièce close; mais j'aurais hésité à croire que les simples exhalaisons des feuilles suffisaient à intoxiquer, si je n’en avais été victime. Cependant, d'après les renseignements que j'ai recueillis depuis, c'est 86 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un fait de notoriété populaire dans tous les pays où il y a beaucoup dé lauriers-roses, et il est rapporté dans divers ouvrages, avec doute. Les deux faits que j'apporte aujourd'hui sont absolument probants, et chez le domestique, dont je parlais tout à l'heure, comme chez moi, tous les troubles disparurent du jour où furent éliminés les lauriers. Ils furent plus intenses chez mon malade, parce qu'il n’était pas, comme moi, exposé d’une facon très intermittente à l'intoxication, et ils avaient revêtu chez lui des allures de neurasthénie, qui auraient pu pendant longtemps en imposer pour un état grave. La suppression des causes, des stimulants et de l’aération continue eurent vite rétabli le malade, qui est aujourd'hui très bien portant et coloré. Il est, en tout cas, très intéressant de constater que les troubles pro- voqués par les simples émanations des lauriers-roses sont ceux que provoque l’'ingestion de poudre ou de teinture de cette plante, qui s'est toujours révélée comme hyposthénisante, provoquant une courbature douloureuse, une grande débilité musculaire et la paralysie du cœur. M. Dupuis fait observer que ces cas d'empoisonnement sont fréquents dans son pays, le Midi, et qu'on évite de planter des lauriers près des chambres à coucher. NEURASTHÉNIE GRAVE A LA SUITE D'UNE INTOXICATION PAR UNE INFUSION DE FLEURS DE CYTISE, par M. le D’ ARTAULT DE VEVEY. Je puis citer encore un fait intéressant de neurasthénie par intoxica- tion végétale. Je remplaçais un jour un médecin de mes amis, dans un quartier de Paris, quand je fus appelé près d’une femme de trente-deux ans, qui souffrait de coliques atroces, avec diarrhée profuse, vomissements, anurie, crampes dans les membres, contractions musculaires fort douloureuses et dissociées, les différents muscles se contractant successivement aussi bien aux bras et aux jambes qu'à la face, ce qui faisait grimacer la malade. En même temps, teint livide, jaunàtre, sueur froide au front, langue pendante et salive coulant au menton, on dirait, à son facies, que la malade vient d’avoir une attaque d'épilepsie; cependant, elle n’a pas perdu connaissance et répond à nos questions; le pouls est à peine per- ceptible, les battements du cœur sontsourds etincohérents, fort accélérés, 120 à 130 à la minute; les pupilles sont énormément dilatées, on ne voit plus d'iris; douleur épigastrique intense. FYoNe Tous ces phénomènes sont survenus assez brusquement; je pense naturellement à un empoisonnement et j'interroge la malade qui n’a rien bu ni mangé de toxique, me dit-elle, mais qui s’est purgée le matin, Je m'enquiers de la purgation prise: il s’agit d’une tisäne que préconise SÉANCE DU 23 JANVIER -87 et vend beaucoup un pharmacien de son quartier; elle n’en a pris qu’une tasse à thé, mais elle y a mis près de la moitié de la boîte et l’a fait bouillir ; j'examine ce qu'il en reste, et, parmi les débris concassés et pulvérisés de feuilles et de fleurs, je n'ai pas de peine à retrouver des fragments de pétales de Cytise (Cytisus laburnum), qui forment la grande majorité de la tisane en question, avec cà et là quelques fleurs de Bague- naudier (Colutea vesicaria) faciles à distinguer des premières, à leur couleur un peu orangée et à leurs nervations brunes. Le pharmacien, voulant utiliser le Baguenaudier dans une nouvelle édition de la fameuse fisane royale d'autrefois, avait sans doute été trompé et on lui avait vendu ou recueilli des fleurs de Cytise au lieu de fleurs de Baguenaudier. Il est même probable aussi que les débris de feuilles, que je retrouvais dans la masse, devaient appartenir aux deux plantes, si bien que l’action simplement purgative, plus ou moins nau- séeuse du Baguenaudier, qui sert à falsifier le séné, se trouvait extraor- dinairement augmentée par la présence du Cytise, son vénéneux con- génère. Il n’est pas d'année où on n’observe, dans les campagnes, des cas d'empoisonnement par les fleurs de Cytise absorbées sous forme de beignets, par des gens qui confondent l’acacia jaune (Cytise) avec le Robinier, acacia blanc; on en trouve aussi de nombreux cas dans la littérature. Ce qui fait l'intérêt de cette observation, c'est moins le fait relative- ment banal de cet empoisonnement par le Cytise que le danger que pré- sentent certaines spécialités, panacées de quatrième page, et la néces- sité qu'il y aurait à en modérer un peu la cynique exposition, que les suites de cet empoisonnement chez la malade en question. Les premiers troubles l'avaient prise moins d'une heure après l'inges- tion de la purgation et je la voyais environ 4 heures plus tard. Des soins énergiques, un purgatif, de l’eau chloroformée, des frictions, puis des diurétiques et une sudation remirent la malade; mais elle resta pendant un mois incapable de se lever, les jambes lui refusant tout service; les spasmes musculaires persistèrent journellement pendant plus de trois mois. Une anémie profonde, indélébile, des palpitations au moindre mouvement, des vertiges fréquents, des crampes de temps en temps dans les muscles des membres, une grande exagération des réflexes, de l’anorexie et une dyspepsie gastro-intestinale intense, amaigrissement considérable, restèrent le triste apanage de cette malade, qui ne put, pendant près de trois ans, se livrer à aucun travail sans éprouver des maux de tête violents et qui, d’ailleurs, n'avait même plus la volonté ni surtout l'énergie d'écrire ou d'entreprendre quoi que ce soit. J'ai eu, ces jours-ci, l’occasion de revoir la malade qui commence seu- lement à sortir de sa torpeur, et qui a vu depuis plusieurs médecins qui l'ont tous traitée commme neurasthénique.. 88 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Des frictions, des douches, et un long séjour à la campagne sont seuls arrivés à l'améliorer. RÉGULATEUR DE TEMPÉRATURE, par M. G. Weiss, L'appareil d'admission du gaz des régulateurs de température est sénéralement basé sur la dilatation des corps, sous l'influence de la chaleur. Il y a un autre phénomène beaucoup plus avantageux, à ce point de vue, c'est la tension des vapeurs saturées. Si, en effet, pour. une faible augmentation de température, la dilatation d'un corps est minime, on peut, par un choix convenable du liquide, avoir des varia- tions de tension de vapeur aussi grandes qu’on le désire. Dans ces con- ditions, on est absolument maître de régler d’une façon précise l’admis- sion du gaz. M. Benoît a construit un régulateur basé sur ce principe, mais sa complication le rend inapplicable à l'usage courant des laboratoires. Celui que je présente à la Société est très pratique, puisqu'il tient dans un simple tube à essai; son prix est insignifiant. Depuis plus d’un an, je n’ai jamais eu aucun mécompte avec ces régulateurs, leur précision est remarquable, théoriquement indéfinie, pratiquement plus grande que celle des thermomètres ordinaires de laboratoire. 11 n’y a qu'une restriction à faire, ils ne sont vraiment très bons que pour les étuves à grande capacité calorifique, c’est-à-dire les étuves à eau. SUR LES FIBRES D'UNION DE LA MOELLE AVEC LES AUTRES CENTRES NERVEUX ET PRINCIPALEMENT SUR LES FAISCEAUX CÉRÉBELLEUX ASCENDANTS, par M. A. Taomas. (Travail du laboratoire de M. le D' Dejerine. Hospice de la Salpétrière.) L'’anatomie des fibres afférentes du cervelet, d’origine médullaire, est aujourd’hui assez bien connue, grâce aux recherches expérimentales d’Auerbach, Lôüventhal, Mott, Tooth, Pellizi. L'étude des dégénéres- cences, par la méthode de Marchi, a permis de préciser la terminaison de ces fibres dans le cervelet. Dans le but d'étudier le contingent médullaire des fibres cérébelleuses afférentes, j'ai pu heureusement pratiquer l'hémisection de la moelle cervicale d’un jeune chat, juste au-dessus de la deuxième paire cervi- cale. Ce niveau est le point d'élection, quand on veut étudier les longs faisceaux d'association qui montent de la moelle vers le bulbe, la pro- tubérance et le cervelet. Pratiquée plus bas, la section n'’intéresserait SÉANCE DU 23 JANVIER 89 — probablement pas la totalité des fibres ascendantes; pratiquée plus haut elle intéresserait le noyau du faisceau de Goll et produirait des dégéné- rescences autres que celles des fibres d’origine médullaire. L'animal a vécu quinze jours. Après durcissement dans la liqueur de Muller, la moelle, le bulbe, la prolubérance et le cervelet, l’isthme de l’encéphale ont été traités par la méthode de Marchi. A la suite de cette section, les dégénérescences ascendantes, exami- nées au niveau de la première paire cervicale, existent dans tous les faisceaux de la moelle : elles prédominent dans le faisceau latéral et les faisceaux postérieurs. Dans le faisceau iatéral, la dégénérescence est surtout marquée à la périphérie au niveau du faisceau cérébelieux direct de Flechsig et du faisceau de Gowers. Dans les faisceaux postérieurs, la dégénérescence est totale, sauf à la limite externe, au niveau de la zone de pénétration de la première paire cervicale. Dans ces deux faisceaux, la dégénérescence est totale, les fibres dégé- nérées y sont tellement serrées qu'elles forment des faisceaux distincts : dans le reste du faisceau antéro-latéral, la partie interne du faisceau latéral et le faisceau antérieur, les fibres dégénérées sont dispersées dans toute l'étendue, sauf dans l’aire du faisceau pyramidal croisé où les fibres dégénérées sont très peu nombreuses. Faisceaux postérieurs. — Les fibres se terminent dans les noyaux du faisceau de Goll, du faisceau de Burdach, de Monakow (segment supéro- externe du noyau du faisceau de Burdach.) Aucune fibre ne passe direc- tement dans le ruban de Reil médian. Un certain nombre de fibres con- tournent le noyau de Monakow pour monter dans le corps restiforme, où elles se confondent avec les fibres du faisceau cérébelleux direct. Faisceau cérébelleux direct. — Ses fibres contournent la racine descen- dante du trijumeau pour se rendre dans le corps restiforme. Les fibres réunies des faisceaux postérieurs et du faisceau cérébelleux direct, pénètrent dans le cervelet; les unes en avant, les autres en arrière des noyaux dentelés croisent la ligne médiane et vont se ter- miner pour la plupart dans le vermis supérieur et antérieur du côté opposé; mais de ces fibres on en voit très nettement un assez grand nombre se détacher perpendiculairement au précédent trajet et se diriger vers le vermis supérieur et postérieur soit du même côté, soit du côté opposé. Faisceau de Gowers. — Ses fibres ne se terminent pas toutes dans le cervelet. Au niveau du noyau antéro-latéral du bulbe, elles se divisent en deux plans, un périphérique et un central, disposés en dehors et en dedans du noyau. Un assez grand nombre de fibres appartenant surtout au plan central semblent se terminer dans ce noyau. D'abord en contiguïté par son extrémité postérieure avec le faisceau cérébelleux direct, le faisceau de Gowers, déjà amoindri, monte ensuite BIOLOGIE. ComPTES RENDUS, — 100 SÉRIE, r. IV. 7 90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à la périphérie du bulbe, séparé du corps restiforme par la racine des- cendante du trijumeau. Situé ensuite entre le nerf facial et l’olive supérieure, segmenté par les fibres du corps trapézoïde, il ne s'incline vers le cervelet qu'après l'émergence du trijumeau. Il passe donc au-dessus de cette racine et longe le bord externe de la protubérance entre le pédoncule cérébelleux moyen en dehors, le ruban de Reil latéral et le pédoncule cérébelleux supérieur en dedans. Il contourne alors en descendant le pédoncule cérébelleux supérieur et de telle sorte qu'il pénètre dans le cervelet sur son bord interne. Ses fibres se terminent dans le vermis supérieur et antérieur du côté opposé, mais au-dessous des fibres du faisceau cérébelleux direct et du faisceau postérieur. On peut suivre ses fibres dégénérées assez bas en avant et entre les noyaux du toit; un certain nombre de fibres se terminent sûrement dans le vermis antérieur el inférieur. Il existe des corps granuleux en très petit nombre dans le noyau den- telé et le noyau du toit des deux côtés. Il est impossible ici, à cause de la triple dégénérescence, d'indiquer nettement la terminaison exacte de chaque faisceau. Aucune fibre n’a pu être suivie dans l'écorce des hémisphères. Faisceau antéro-laléral. — Les fibres dégénérées s'épuisent presque toutes dans la moelle au-dessous de la décussation des pyramides, soit du même côté, soit du côté opposé (la commissure antérieure contient en effet des fibres dégénérées). Seul, un petit faisceau de fibres monte en avant du faisceau de Gowers et du noyau antéro-latéral, en dehors et en arrière de l’olive inférieure. Plus haut, il occupe le segment externe du ruban de Reil médian. Plus haut encore, les fibres qui le composent s’inclinent vers le tubercule quadrijumeau antérieur où elles semblent se terminer : ce faisceau avait été déjà entrevu par Edinger comme étant la continuation du faisceau fondamental antérieur ; pour cet auteur ses fibres proviendraient des cellules nerveuses situées dans la corne postérieure du côté opposé de la moelle. La terminaison de ces mêmes faisceaux chez l’homme a pu être déter- minée par quelques auteurs. Hoche à pu suivre le faisceau de Gowers jusqu’à son entrée dans le cervelet, dans deux cas de compression de ia moelle : dans le premier cas, la compression siégeait entre la 4° et la 5° dorsale; dans le second entre la 6° et la 7° cervicale, Patrik, dans un cas de destruclion traumatique de la moelle cervicale, a signalé un petit faisceau qui irait de la portion ventrale de la moelle vers le lemnisque médial et l’olive supérieure. Schäffer, Hoche, ont pu suivre les fibres des cordons postérieurs dans le corps restiforme. Dans un cas de com- pression de la moelle entre la 3° et la 4° dorsale, nous avons pu suivre très nettement le passage des fibres dégénérées du cordon de Goll dans le corps restiforme, ainsi que celui des fibres appartenant au cérébelleux direct. Ces fibres réunies occupent à peu près le milieu du corps resti- SÉANCE DU 23 JANVIER 94 forme. Le faisceau de Gowers a pu être suivi assez haut : en avant de l’olive supérieure, séparé par le nerf facial de la branche descendante du trijumeau: les mauvaises conditions dans lesquelles le ne a été recueilli n’ont pas permis de le suivre plus loin. [612.171] NOUVELLES RECHERCHES SUR LES ACCIDENTS CAUSÉS PAR LA COMPRESSION DU COŒUR DANS LE PÉRICARDE, par M. FRAnNÇOIS-FRANCK. (Travail du Laboratoire de physiologie pathologique de haute étude.) Les expériences que j'ai autrefois montrées à la Société de Biologie (1) ont établi que la compression du cœur dans le péricarde supprime le pouls artériel en faisant obstacle à la pénétration du sang dans les oreillettes : Celles-ci, sans résistance propre, s’affaissent quand la contre- pression qu'elles subissent prédomine même légèrement sur la pres- sion veineuse. Sur un cœur de tortue soumis à une circulation arti-. ficielle de sang défibriné sous une pression de 20 centimètres d’eau, une pression extérieure de 21 centimètres suffit à supprimer, en même temps que l’afflux sanguin, tout débit artériel. En élevant la pression du liquide afférent äu-dessus de 21 centimètres, on contrebalance avan- tageusement les effets de la contre-pression et le courant sanguin se rétablit au travers des cavités cardiaques. La compression des oreillettes, et par suite l'obstacle à la pénétration du sang dans la cavité ventriculaire domine toute la scène des acci- dents produits par les épanchements dans le péricarde de liquides non toxiques. Dans l’expérience sur le cœur isolé de l'organisme et soumis à un apport sanguin sous pression constante, il suffit d’une légère prédomi- nance de la contre-pression sur la pression d’afflux pour déterminer la suppression définitive du pouls artériel. Il n'en est pas de même chez un animal dont la pression veineuse peut varier au cours d’une contre-pression fixe élablie dans le péri- carde. Si cette contre-pression ne dépasse que d’une petite quantité la poussée du sang veineux, elle ne détermine que d'une facon passagère la chute de la pression artérielle et la suppression des ondées ventri- culaires ; on voit, au bout d’un temps très court, de 20 à 30 secondes, la pression remonter dans les deux circuits pulmonaire et aortique el le (4) C. R. Soc. de Biologie; C. R. du Lab. de Marey; Gazette Hebdomadaire de médecine el chirurgie, 1877, Th. Doct. Lagrolet, 1878. 99 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pouls reparaître de part et d'autre. Cette réparation spontanée s’ex- plique aisément par l'élévation croissante de la pression veineuse qui arrive bientôt à prédominer sur la contre-pression intrapéricardique : par le fait même de la suspension de la circulation artérielle, la tension veineuse augmente et l'oreillette droite recoit du sang qui alimente le ventricule correspondant; celui-ci peut alors relever la pression dans le circuit pulmonaire à un degré suffisant pour que l'oreillette gauche et par suite le ventricule gauche soient de nouveau alimentés. Cest à ce moment que se répare plus ou moins complètement la suspension de la circulation aortique. Pour supprimer celle-ci, il faut élever plus haut la contre-pression péricardique et la rendre, au cours de l’expérience, prédominante sur la poussée veineuse. Mais, dans cette nouvelle série exécutée sur un animal dont le thorax a été ouvert, on obtiendra toujours la chute de la pression artérielle et la disparition du pouls en n’exerçant qu'une contre-pression légèrement prédominante sur la pression veineuse. Quand, au contraire, on opère sur un animal curarisé, dont le thorax est fermé et chez lequel l'aspiration thoracique existe encore ou a été rétablie à la suite de l'ouverture nécessitée pour la mise en place de la canule péricardique, il faut exercer dans le péricarde une contre-pres- sion notamment plus élevée pour obtenir le même effet dépresseur artériel. Ce n’est pas qu'ici la pression veineuse soit plus haute, tout au contraire; c’est que la persistance ou la reproduction de l'aspiration thoracique diminue d'autant l'importance de la contre-pression péri- cardique. Si, enfin, l'expérience est exécutée sur un animal respirant spontané- ment, une contre-pression beaucoup plus forte encore est nécessaire pour produire la chute de la pression artérielle et la suppression du pouls : ici intervient un nouveau facteur, un élément de défense solli- cité par influence nerveuse, la dyspnée. L'anémie artérielle et la conges- tion veineuse encéphalique produites dès les premiers instants par une contre-pression supérieure à la pression veineuse, provoquent une exagération notable de l’aspiration thoracique due, en grande partie, à une contraction active des muscles bronchiques; elles déterminent, en outre, des mouvements respiratoires plus profonds qui atténuent la valeur de la contre-pression. C'est alors qu’on assiste à ces grandes ondulations de la pression artérielle avec amplitude plus grande des pulsations pendant la phase ascendante de la pression, avec dimi- nution d'amplitude du pouls pendant les phases descendantes, véri- table pouls paradoxal dont j'ai obtenu des courbes très démontratives sur des malades atteints d’épanchement péricardique, spécimens que je soumets à la Société. J'ajoute que ces expériences de contre-pression péricardique ne peuvent fournir aucun élément de discussion dans la question de l’activité diasto- ee SÉANCE DU 23 JANVIER 93 lique des ventricules : des auteurs italiens, MM. Stefani el Gallerani (1), en reprenant mes anciennes expériences qui paraissaient leur être restées inconnues, ont cru établir que la digitale augmente la « force diaslo- lique » du cœur, en constatant qu'une contre-pression plus haute que normalement est nécessaire pour produire la même dépression artérielle; mais j'ai montré à mon tour (2) que si une telle différence existe c'est que dans l'intoxication digitalinique avancée la pression veineuse s’exagère notablement : il est naturel, dès lors, qu'une plus forte contre-pression soit nécessaire pour produire l'extinction du pouls artériel. [612.843.5] DES IMAGES SUBJECTIVES NORMALES ET PATHOLOGIQUES, par M. ANDRÉ BRroca. Ayant étudié en août 1893 les sensations visuelles connues sous le nom d'images accidentelles sur fond obscur, j'ai été amené à des résultats autres que ceux formulés par Helmholtz. Ces résultats nouveaux m'ont amené à une théorie que l'observation clinique vient de confirmer; ce qui m'amène à revenir sur le sujet. Helmhol!tz décrit, après de nombreux Shea, les images sur fond obscur, de la façon suivante : Quand, plaçant les deux mains devant les yeux fermés, on écarte les mains en ouvrant les yeux, puisqu'on referme les yeux et les mains après avoir fixé un instant un objet lumineux, il semble que l’objet préalablement fixé continue à impressionner la rétine après que l'œil à été plongé dans l'obscurité. Ces images apparaissent aussitôt que l'œil a été plongé dans l’obseurité ; tout mouvement un peu énergique du corps les fait disparaître; avant de s’évanouir elles passent par une série régu- lière de phases colorées; au dernier moment, elles s’inversent parfois, présentant des noirs à la place des blancs, et inversement. Le phéno- mène n'est pas tout à fait net au début, à cause des mouvements inévitables pour plonger l’œil dans l'obscurité; il est dû à la persistance des impressions lumineuses sur la rétine. Telle est la description d'Helmholtz. Elle est inexacte dans plusieurs détails, et j'ai pu le mettre en évidence en employant un obturateur pho- tographique à poire, monté sur une chambre noire où je plaçais la tête. J'éliminais complètement ainsi les perturbations dues aux mouvements du corps, et j'ai pu établir les faits suivants : 1° Avec une lumière intense comme le soleil, pour des poses comprises (1) Stefani è Gallerani. Arch. p. l. Sc. med., XIV, p. 219, 1890. (2) Francois-Franck. La Digitaline. Clinique médicale de Potain, jo 584, G. Ma © son, 1894. 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = entre 0”, 03 et 4 secondes, l’image met toujours 7 secondes avant d’apparaitre : elle eroît jusqu'à 15 secondes, et à partir de là prend un régime permanent, plus ou moins long suivant la grandeur et le temps de l'excitation. L’image du soleil à 0”, 03 de pose dure 3 ou 4 minutes, Celle de 4 secondes dure 24 heures au moins. 2° Avec un éclairage moyen, celui de la lumière des nuées, si la pose est longue, on observe encore les 7 secondes d’obscurité et les 7 secondes consécutives de croissance. Si la pose est courte, l'image apparaît aussitôt après la fermeture de l’obturateur, mais elle à une période de croissance de 15 secondes, on observe tous les intermédiaires entre ces deux extrêmes. Les phases colorées de la fin sont extrêmement irrégulières. L’explication par la persistance des impressions lumineuses ne me semble plus soutenable, car elle explique difficilement des phénomènes durant 24 heures, et ne peut évidemment être compatible avec les longues phases d’obscurité et d’accroissement que j'ai observées. Devant cette difficulté, j'ai cherché si la rétine après l'impression lumineuse n’était pas le siège d’une consommation d'énergie permettant d'expliquer les détails du phénomène. Il n’y a dans la rétine, après impression qu'une seule consommation d'énergie, c’est celle qui est due à la reconstitution des cellules usées par la lumière. Cette réserve et cette reconstitution rapide sont mises hors de doute par les images acciden- telles sombres sur fond clair. I fallait donc d’abord montrer que jamais l’image claire sur fond obscur n'existe sans qu’on puisse voir l’image sombre sur fond clair. C’est ce que j'ai toujours vérifié, même dans l'expérience pénible et dangereuse de la contemplation du soleil pendant 4 secondes. Il était donc indiqué d'admettre que la reconstitution des éléments phostesthésiques ne peut se faire sans Les exciter, si l'intervalle du travail dépasse une certaine valeur. La membrane de Jacob étant un espace lacunaire, où le sang ne peut se régénérer que peu à peu par l’afflux artériel, et où la teneur en maté- riaux utiles dépend de l'excitation lumineuse antérieure, il est facile de voir que cette hypothèse rend compte des détails expérimentaux du phénomène. Son indétermination même est une raison de plus pour l’admettre, car les phases successives et la grandeur même du phéno- mèêne sent extrêmement irrégulières. Mais cette théorie avait besoin de confirmation. Un fait clinique vient de me l’apporter. Un ophtalmologiste, M. Gros, à la suite d’un traumatisme du globe oculaire, eut un scotome inférieur. L'examen ophtalmoscopique montra une région rétinienne ischémiée, correspondant au scotome. Deux jours après l'accident, le scotome persiste, mais l’anémie a disparu. En mon- tant son escalier le soir, le blessé est étonné de percevoir une image s'édie ft en ne te re D es #12 Mr hr € ce en vi le ais A rt no dl: SÉANCE DU 23 JANVIER 93 lumineuse ayant même contour que son scotome. Celle-ci a persisté trois semaines, et le scotome huit jours. Nous voyons done que l’image subjective est apparue quand l'anémie a disparu, et certainement à ce moment la partie anémiée de la rétine a commencé à se reconstituer, Une difficulté existe cependant, c’est que l'image subjective a disparu après le scotome. Mais ceci ne doit pas nous étonner, car le scotome était dans le champ de la vision indirecte, et nous savons comment nous comblons la lacune de la tache aveugle. Tous ceux qui ont étudié leurs sensations visuelles savent aussi que les images accidentelles sombres sur fond clair ne se perçoivent qu'avec une attention soutenue quand elles ne sont pas très intenses. Il n'est donc pas étonnant que le patient ait eru tout trouble disparu quand son scotome s'est transformé en amblyopie légère. Tout ceci me semble établir nettement la théorie anabolique des images accidentelles sur fond obscur, pour lesquelles le meilleur nom me semble être celui d’/mages subjeclives. Enfin je terminerai par cette conséquence pratique. Quand, à la suite d’un scotome traumatique, ou d’origine purement vasculaire, le palient accuse une sensation lumineuse daus l’obscurité, ceci indique que son scotome est en voie de guérison. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ANTERACOSE PULMONAIRE, par M. Pau Craisse et O. Josué. Dans deux communications antérieures (95 juillet et 5 décembre 1896), nous avons exposé le résultat de quelques recherches expérimentales sur l’anthracose pulmonaire. Nous apportons aujourd’hui les conclu- sions générales de notre travail. Du 26 mars au 20 décembre 1896, nous avons mis en expérience 72 ani- maux. Les uns étaient simplement rendus anthracosiques par le procédé déjà décrit, pour servir de témoins. Les aulres subissaient en outre diverses actions expérimentales destinées à produire des lésions locales ou générales afin de préciser l'influence réciproque de l’anthracose et des états morbides. 1° Conséquences de l'anthracose simple. — La présence de charbon (suie) dans le poumon n'entraine pas de réaction inflammatoire. Même dans les expériences de longue durée (260 séances), l'examen histolo- gique montre les grains de suie disséminés dans le parenchyme, ou à diverses étapes de migration dans les voies lymphatiques, sans trace d'irritation locale. L'analyse physiologique montre aussi la tolérance parfaite de l'organisme : la santé générale n’est pas altérée, la fonction 96 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE respiratoire semble normale ainsi que le prouve en particulier l'examen du sang sur lequel nous avons déjà insisté. 2° Influence de l’anthracose sur les états morbides. — Nous avons pro- voqué dans 11 expériences des états morbides variés, les uns généraux (tuberculose, intoxication par le chloral et la morphine), les autres locaux (bronchite par corps étrangers, injection de microbes dans le parenchyme pulmonaire et dans la plèvre). Dans la plupart des cas, l’évolution pathologique a été la même chez l'animal anthracosique et chez le témoin non anthracosique. Dans deux cas seulement, chez des animaux porteurs de très anciennes infiltrations charbonneuses, la mort est survenue plus rapidement que chez les témoins. En somme, pour avoir une action même légère sur l'évolution des états morbides, l’anthracose doit être déjà très accentuée. 3° Influence des états morbides sur l'anthracose. 19 expériences. — Dans chacune, deux animaux passent le même temps dans la cage à fumée; l’un sert de témoin, l’autre subit en outre diverses actions expérimen- tales. Les différences sont peu appréciables dans les expériences de courte durée. Aussi les diverses intoxications (morphine, chloral, toxine diphtérique), ne pouvant être suffisamment prolongées, n'ont-elles pas donné de résultat bien caractéristique. Il en est de même pour cer- taines conditions diverses : inanition, agonie, vieillesse, injection de sérum artificiel. Par contre, la tuberculose favorise nettement l'accumu- lation du charbon. Quant à la section du pneumogastrique, elle donne, comme on pouvait s’y attendre, des résultats encore plus accentués. Nous pouvons conclure de ces expériences que le charbon est inca- pable de produire, par sa seuie présence, dans le poumon de l’homme, les lésions qu'on lui a attribuées : bronchite, dilatation des bronches, pneumonie chronique, phtisie et cavernes anthracosiques. Le charbon peut, dans une certaine mesure, préparer ces divers processus et leur donner même une physionomie clinique et anatomique un peu particu- lière ; mais en réalité, tous ces désordres doivent être dus à des affec- tions surajoutées, infections broncho-pulmonaires variées et surtout tuberculeuses. SUR LA TOXINE TYPHOÏDE SOLUBLE, par M. CHANTEMESSE. Dans un travail antérieur, nous avons fait connaître, M. Widal et moi, nos essais de vaccination des animaux contre le virus de la fièvre typhoïde avec des cultures vivantes ou mortes de bacille typhique. Le sérum de ces animaux possédait des propriétés préventives contre l'infection par le bacille d'Eberth, mais il était dépourvu de pouvoir | yo ECM Ne GNN SÉANCE DU 23 JANVIER 97 antitoxique capable de s'opposer aux phénomènes d'intoxication pré- sentés par les malades atteints de fièvre typhoïde. I. — Pour obtenir l’antitoxine typhoïde, il fallait posséder tout d’abord la toxine soluble, c’est-à-dire une substance dont les effets nous apparaissent chez l'homme dès le début de la fièvre typhoïde et qui, circulant dans l'organisme, provoque les troubles nerveux, la fièvre, la diarrhée, etc. Malheureusement la toxine typhoïde n'apparait pas dans nos bouillons habituels, ou se montre en une si faible quantité qu’elle est inutilisable. Après des tâtonnements j'ai préparé un milieu de cul- ture où j'ai obtenu cette toxine soluble. Je suis parti d'une expérience, que nous avons publiée avec M. Widal, où le bacille typhique inoculé aux animaux conservait ses derniers vestiges de vitalité dans la moelle des os. Le milieu que j'utilise est une macération à froid de rate et de moelle osseuse additionnée d’une petite quantité de sang humain défibriné. Cette addition favorise beaucoup la rapidité de la culture. Ce liquide stérile est ensemencé avec un bacille typhique retiré de la rate d’un malade, pourvu de tous ses caractères classiques, mais doué d’une . grande virulence qu'il à acquise par des passages réitérés presque sans interruption dans le corps des animaux pendant près de deux ans. Dans ce milieu la culture du bacille typhique se fait très abondamment. Au bout de 24 à 36 heures, un voile apparaît déjà à la surface et s’é- paissit les jours suivants. La culture est alcaline el ne répand aucune mauvaise odeur. Le produit de la filtration à travers la porcelaine se montre toxique pour les animaux, et le maximum de toxicité s’observe du cinquième au sixième jour suivant la rapidité du développement de la culture. Après ce temps la toxicité du milieu diminue peu à peu, au point de disparaître presque entièrement du douzième au quinzième jour. Ce caractère de fugacité de la toxine soluble permet tout d’abord de la séparer de la substance obtenue par M. Sanarelli, laquelle est le résultat d'une macération — prolongée pendant six mois — de corps de bacilles typhiques tués par la chaleur, et ne peut être considérée que comme un « mélange très complexe de substances banales et inertes avec plusieurs poisons produits par le microbe spécifique, durant sa vie, ou sortis de son cadavre après sa mort » (Arm. Gautier). La toxo-albumine obtenue par Brieger et Fränkel par un traitement complexe des bouillons de culture ordinaires où a vécu le bacille typhique ne manifeste qu’un pouvoir toxique peu énergique. La toxine que j'ai obtenue conserve très difficilement son pouvoir au contact de l'air et de la lumière. Si l’on n'a soin de la maintenir en pi- pettes remplies etcloses hermétiquement, dans l'obscurité, elle disparaît vite. Elle m'a paru se conserver plus difficilement à une basse tempé- rature voisine de O0 degré qu'à la température de la chambre. En 98 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ee revanche, elle résiste beaucoup mieux à la chaleur. Le chauffage à 58 degrés pendant une heure, d'une dose mortelle pour le lapin, n’al- tère pas sensiblement sa toxicité. Un chauffage à 100 degrés pendant —1) EE É—--erere-- ne [=] $ Ie À [EX] [en] cu [NX a JAN > [= [| = == = ae [ee] SeSeane Courbe de température d'un mouton pendant l'immunisation avec la toxine typhoïde soluble. un instant diminue son pouvoir vénéneux sans le faire disparaitre entièrement. Il suffit d’acidifier avec l'acide tartrique une dose mortelle, pour lui enlever la majeure partie de sa puissance; celle-ci reparaît si on redonne au milieu, par l'addition de soude, sa réaction primitive SÉANCE DU 23 JANVIER 99 alcaline. Ce poison est retenu très énergiquement dans le noir animal par lequel on le filtre. Chose curieuse, cette toxine agit avec plus d'intensité chez les gros animaux que chez les petits rongeurs. Une dose qui n’amène pas la mort rapide d’un lapin, inoculée sous la peau d'un cheval neuf, pro- voque un grand malaise, la perte d’appétit, un gros œdème au point d’inoculation et une élévation de température de 2 à 3 degrés. Le mou- ton est moins sensible que le cheval, mais, eu égard à son poids, beaucoup plus sensible que le lapin, qui est lui-même moins résistant que le cobaye. Ci-contre sont des tracés qui auront leur complément graphique, avec légende, dans une prochaine communication. Le (rérant : G. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette. 101 SÉANCE DU SOUANNIER 697 M. E. Gzey : Remarque sur la communication de M. G. Moussu. — M. CHANTEMESSE : Sur la toxine typhoïde soluble. — M. S. Arcorxe : Distribution de la matière agglu- tinante des microbes dans le sang et quelques autres humeurs de l'organisme. — M. Josera Nicozas : Apparition du pouvoir agglutinant dans le sérum des sujets traités par des injections de sérum autidiphtérique. — M. A. Grceerr : De la tétanie - hépatique.— MM. A.Grs8ert et A. Grexer : Lymphangite pneumococcique.— M. Cn.-A. . Francois-Fraxck : Assimilation de l’action produite sur le cœur par les poisons systoliques (Digitaline, Strophantine) et par les excitations artificielles directes du myocarde. — MM.J. Tissor et Cu. CoNTEJEAN : Quelques points de la physiologie de l'encéphale. — MM. Wipaz et Sicarp : La réaction agglutinante sur les bacilles morts. — M. RÉNoN : Nécessilé d'examiner les cultures avant l'addition du sérum dans la recherche de la réaction de Widal. — M. Barnier (d'Alfort) : Morphologie de la trochlée fémorale chez les mammifères. — M. Pauz Sacuox : Recherches sur l'infection dans la vaccine et la variole. — M. le D° Henrk: Meunier : Bronchopneu- monies et pleurésie séro-fibrineuse dues au bacille de Pfeiffer (2nfluenza-bacillus). — MM. M. Hanrior et L. Camus : Sur le dosage de la lipase. — MM. Harrmann et Vaquez : Les modifications du sang après la splénectomie. — M. le Dr Pauz MarcHaL : L'équilibre numérique des espèces et ses relations avec les parasites chez les insectes. — M. le Dr F.-J. Bosc (de Montpellier) : Du degré et des caractères de la toxicité urinaire dans l'hystéro-épilepsie (urines paroxystiques et urines recueillies dans l'intervalle des attaques). — M.le Dr K.-J. Bosc (de Montpellier) : De la toxicité urinaire comme moyen de diagnostic entre certains cas de spasmes tétaniques d’origine hystérique et le tétanos vrai. — M. le Dr JAcquer : Sur le mécanisme de l'hypérémie cutanée. Pseudo-érysipèle vaso-moteur. Présidence de M. Gley, vice-président. [612.445] REMARQUE SUR LA COMMUNICATION DE M. G. Moussu, par M. E. GLey. Les expériences de M. Moussu (voir séance du 23 janvier, p. 32) — cette observation n’enlève d’ailleurs rien à leur intérêt propre — ne font que confirmer sur les jeunes chiens, chats et coqs, les résultats des recherches bien connues de Hofmeister (1) sur les jeunes lapins. Il ne me semble donc pas qu'elles suffisent pour que l’on puisse admettre dores et déjà, sur les seules données qu’elles établissent, la théorie des deux fonctions thyroïdienne et parathyroïdienne. SUR LA TOXINE TYPHOÏDE SOLUBLE, par M. CHANTEMESSE. Deuxième article (2). La première dose de 5 centimètres cubes, inoculée dans la veine, donnait per dessicealion un poids de 5 centigrammes de matières solides contenant les sels, les substances albuminoïdes, l’hémoglobine et la (1) F. Hofmeister. Fortschritte der Medicin, 1892, n° 4, et surtout Beïtrage zur klin. Chir., XI, p. 441-523; 1894. RCA (2) Cette communication a été faite dans la séance précédente, OS RTS Se B1oLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. T. IV Fe je CAS LISR A Yi COR re 102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE faible quantité de toxine soluble. Dans les heures qui ont suivi cette inoculation, l'animal a été très souffrant, la diarrhée est apparue et la température s’est élevée de 1 degré. Quatre jours plus tard, nouvelle inoculation de la même dose suivie des mêmes effets, plus atténués.. Au début de l'expérience, le sérum du mouton ne possédait aucun pouvoir agglutinatif sur la culture du bacille d'Eberth; six jours plus tard, ce sérum était devenu très agglutinatif. Par conséquent, le sang de l'animal avait acquis, par l’inoculation de la toxine typhoïde soluble, la même propriété caractéristique que possède le sang des malades atteints depuis une semaine de fièvre typhoïde. Depuis ce jour, l'immunisalion du mouton à été continuée avec la toxine à doses progressivement croissantes. Chaque inoculation est suivie d'un malaise caractérisé par une élévation de température de 1°,5 à 2,5 au-dessus de la normale, par la perte d’appétit, par un amaigrissement plus ou moins marqué et fréquemment par de la diarrhée. Chez les chevaux, la courbe d'immunisation est exactement semblable. Chaque dose inoculée sous la peau amène de la fièvre, de l'inappétence et parfois de la diarrhée. La souris est très sensible à la toxine. Le lapin et surtout le cobaye se montrent, relativement à leur poids, assez résistants. Si on inocule dans la veine du lapin une dose de culture filtrée qui, après dessicca- tion, donne un résidu de matières inertes et d’un peu de toxine pesant de 14 à 15 centigrammes, l'animal succombe dans un espace de temps qui varie de quelques heures à un ou deux jours. Si la dose est suffisante, il survient, une demi-heure à une heure après l'injection, une diarrhée abondante et un abaissement de température qui se poursuit jusqu'à la mort. Diminuons la quantité du poison, les mêmes phénomènes s’ob- servent, mais l’hypothermie fait place à une réation thermique intense, après laquelle la température baisse de nouveau et la mort survient. Avec ure quantité de poison plus faible encore, le premier phénomène est un accès de fièvre; la dyspnée est viveetle lapin peut à peine se tenir sur ses pattes. Avec une dose minime, les phénomènes initiaux sont moins marqués et le lapin peut survivre de huit jours à quatre ou cinq semaines; il finit par succomber, très amaigri. Lorsque la culture filtrée est évaporée dans le vide à 30 degrés, elle perd une grande partie de sa puissance. Le produit de la dessiccation, traité par l'alcool à 80 degrés, desséché de nouveau et repris par l’eau, se montre toxique pour le lapin, mais sa toxicité est bien inférieure à celle du produit desséché, insoluble dans l'alcool et redissous dans l'eau. Celui-ci amène la mort tardivement avec une cachexie profonde. Les. courbes ci-après montrent les variations de température obser- vées chez les lapins soumis aux inoculations de toxines À l’autopsié des animaux qui ont succombé à une dose variable de 8 AS ; qu SÉANCE DU 30 JANVIER 103 - culture filtrée, les lésions principales se rencontrent sur l'intestin. Le gros et le petit intestin sont remplis d’une diarrhée très abondante, jau- nâtre. Les parois intestinales sont congestionnées et rouges. La rate montre une coloration foncée et son volume n’est pas augmenté. Le foie. -est rouge brun, un peu ratatiné lorsque la mort a été tardive. Les reins présentent une coloration un peu pâle, les poumons une teinte un peu rouge. La vessie est remplie d'urine qui ne contient qu'exceptionnelle- -ment un peu d'albumine. À l’aide de cette toxine soluble, j'ai procédé à l’immunisation de che- vaux que l’Institut Pasteur a bien voulu mettre à ma disposition. Cette BIEL SES a ne ES ee 5 heures een ee D D = EEE rhedme po F=2| [MTEUTT = ER EE 0 JS EL) NNSSSSE SRNET ENS EEE \] Courbe de température de lapins soumis à l’inoculation de la toxine typhoïde soluble. immunisation est longue à obtenir à cause de la sensibilité des animaux ‘et des phénomènes paralytiques et cachectiques qui peuvent apparaître. Un cheval dont la vaccination a commencé il y a huit mois, présente encore, sous l'influence d'une inoculation -sous-cutanée de 60 centi- mètres cubes de culture filtrée, une élévation thermique de 2 degrés. ‘Cependant le sérum des animaux ainsi vaccinés possède un pouvoir -antitoxique manifeste contre la toxine soluble. Je dirai en terminant que j'ai traité par ce sérum antitoxique des malades atteints de fièvre typhoïde. Le résultat a été favorable et s’est manifesté sur l'état général, la courbe de la température, la fré- -quence du pouls, etc. La valeur d’un sérum antityphoïde dépend, évi- demment, de son potvoir antitoxique, et ne peut être jugée que par létude d'observations nombreuses. Dans une prochaine note, je ferai. -connaître les résultats que j'ai obtenus. 104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DISTRIBUTION DE LA MATIÈRE AGGLUTINANTE DES MICROBES DANS LE SANG ET QUELQUES AUTRES HUMEURS DE L'ORGANISME, par M. S. ARLOING. I. — Depuis le printemps dernier, nous poursuivons des expériences sur l’agglutination du Pneumobacillus bovis, comme en témoigne une note insérée aux Comptes rendus de l’Académie dessciences, du 15 juin 1896. Nous avons vu que le sérum sanguin d’une génisse immunisée contre la péripneumonie, ou de quelques vaches ayant subi l’inoculation préven- tive contre cette maladie, agglutine et précipite plus ou moins rapide- ment et à doses plus ou moins fortes les pneumobacilles en suspension dans du bouillon ou de l’eau salée à 7 p. 1000. À la même époque, nous avons constaté que le sérum qui s'échappe de la sérosité coagulable des lésions péripneumoniques est aussi capable d’agglutiner les pneumobacilles. Depuis, nous avons observé plusieurs fois l'existence de la propriété agglutinante dans le sérum sanguin des bovidés atteints de péripneu- monie contagieuse. Nous espérons pouvoir dire prochainement si l’on en retirera des avantages au point de vue du diagnostic de la maladie. Il. — Aujourd'hui, nous tenons à faire ressortir une différence notable entre le pouvoir agglutinant du sérum sanguin et du sérum de la séro- sité des lésions chez le même animal. Dans un premier essai, remontant au 9 juin 1896, nous notons que le sérum de la lésion est moins énergique que le sérum du sang général. Dans une deuxième expérience du 7 décembre 1896, nous remarquons que, dans les premières heures qui suivent l’additiou des sérums aux émulsions microbiennes, la formation des grumeaux et leur précipita- tion marchent plus vite dans les tubes additionnés de sérum sanguin que dans les autres. Sous l'influence d’une certaine dose déterminée, il sub- siste toujours un certain trouble au-dessus du précipité dans les tubes à sérum de lésion, landis que les tubes à sérum sanguin sont d'une trans- parence parfaite. Dans une troisième expérience, nous avons réduit les doses des sérums de manière à rendre la différence encore plus sensible. Seize heures après le mélange, la clarification s'était opérée d’une facon complète, sous l'influence du sérum sanguin; elle n’était pas commencée sous le sérum des lésions. Poussant plus loin nos investigations, nous arrivons à nous convaincre que, dans le cas particulier, le pouvoir agglutinant est deux fois plus grand dans le sérum sanguin que dans le sérum de la sérosité de la lésion pulmonaire. Nous avons eu l’occasion de faire un quatrième essai, le 27 décem- bre 1896, qui nous a dévoilé qu'une goutte de sérum sanguin équivalait à trois goutles de sérum de lésion. IIT. — Inoculée sous la peau du bœuf, à dose suffisante, la sérosité SÉANCE DU 30 JANVIER 105 péripneumonique détermine des tuméfactions envahissantes générale- ment mortelles. Nous venons de profiter d'un cas d'infection péripneu- monique de ce genre pour répéter les observations précédentes tout en les étendant à d’autres humeurs. Aïnsi, nous avons comparé le pouvoir agglutinant du sérum du sang général, de la sérosité des accidents sous- cutanés, du sérum du sang puisé dans le parenchyme hépatique, de la bile, de la sérosité extraite par irituration et centrifugation d’un gan- glion lymphatique tuméfié, bien qu'il soit situé loin de la tumeur sous- cutanée, et enfin de la sérosilé rouge obtenue par écrasement de la. pulpe splénique dans une très petite quantité d'eau. Ces diverses humeurs ont été retirées de l'animal immédiatement après que nous l’eûmes sacrifié par effusion de sang dans une période avancée de sa maladie. Nous avons fait réagir tous ces liquides à doses variées, mais toujours comparables, sur des cultures récentes de pneumobacilles. La sérosilé de la pulpe splénique a paru dépourvue ou presque dépourvue du pou- voir agglutinant (1). Ce pouvoir s’est montré à des degrés différents dans les autres humeurs. Au point de vue de leur propriété aggluti- nante, nous rangerions celles-ci dans l’ordre décroissant suivant : 1° le sérum du sang général; 2° la sérosité de la lésion sous-cutanée ; 3° Le suc du ganglion lymphatique; 4° la bile; 5° le sérum du paren- chyme hépatique. IV. — Les différences signalées aux paragraphes II et III de cette note soulèvent plusieurs questions relatives à l’origine de la substance agglutinante spécifique et à son devenir dans l’organisine. La masse sanguine, d’après nos études, a paru renfermer cette substance à son plus haut degré de concentration. Mais la matière agglutinante prend-elle naissance dans le milieu sanguin où y est-elle simplement déversée? Dans cette dernière hypothèse, elle proviendrait vraisemblablement de la lésion spécifique. Cependant, il est singulier qu'elle ne soit pas plus abondante dans le foyer péripneumonique que dans le sang. Cette particularité conduit à penser que le foyer se borne à émettre une substance qui devient le point de départ de la formation de la matière agglutinante dont le théâtre principal serait dans la masse sanguine. Le sang la porterait ensuite dans tous les points de l’orga- nisme où elle serait plus ou moins détruite ou éliminée par les glandes. La rate la détruirait avec plus de rapidité et d'intensité que les autres parenchymes. Toutes ces hypothèses méritent d'être soumises à une étude attentive. (1) Notre élève M. Paul Courmont a fait comparativement la séro-réaction à l’autopsie de quatre typhiques avec le suc de la rate sur le bac. d’Eberth : 1 fois, la réaction a fait défaut avec le suc splénique; 3 fois, elle a été moins intense qu'avec le sang. Dans 1 cas, le sang splénique, puisé sur le vivant, par ponction, a agglutiné comme le sang général. . 106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE APPARITION DU POUVOIR AGGLUTINANT DANS LE SÉRUM DES SUJETS TRAITÉS PAR DES INJECTIONS DE SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE, par M. Josern Nicozas. Nous avons montré antérieurement que le sérum de cheval immunisé- contre la diphtérie, possède une action agglutinante extrêmement nette- sur les cultures du bacille de Lôffler faites en bouillon peptoné. Il était intéressant de rechercher si, de même que pour la fièvre typhoïde, cette. propriété ne se retrouvait pas dans le sérum des sujets atteints sponta- nément de diphtérie, et par suite s’il ne serait pas possible d'établir un séro-diagnostic de cette affection. Le succès à ce point de vue n’a pas couronné nos efforts, mais il nous. a été donné en revanche d'observer un fait des plus intéressants, savoir l'apparition de la propriété agglutinante dans le sérum des malades. traités par des injections de sérum antidiphtérique. Notre travail a été fait à l’hospice de la Charité de Lyon dans le ser- vice de M. le D' Rabot. Nous avons recherché l'existence de la propriété agglutinante dans. le sérum d'enfants atteints de diphtérie, dont le sang a été recueilli au moyen de ponctions veineuses asepliques faites soit en l’absence de toute injection de sérum, soit avant les injections, soit plus ou moins. longtemps après elles. Nous avons essayé l’action des sérums obtenus : a) Sur les cultures de B. de Lôffler entièrement développées; b) Sur des cultures de B. de Lôffler en voie de développement. Voici les observations : Os. I. — Barb.. (Paul), dix-huit mois. Rougeole. Angine diphtérique. B. de Lôffler. Pas de sérothérapie. Mort. Ponction veineuse. — Au 10° jour de la maladie, 4 jours avant la mort, sans aucune injection antérieure de sérum. a) Action sur culture développée : nulle. b) Action sur culture en voie de développement : nulle. Os. IL. — Lab... (Félix), sept ans et demi. Angine diphtérique. Bacille- de Lôffler. Sérothérapie. Guérison. _ Are ponction veineuse. — 1 et 2 jours après deux injections de sérum anti-- diphtérique de 20 centimètres cubes chacune : a) Action sur culture développée : Réaction agglutinante réelle, quoique extrèémement peu marquée. b) Action sur culture en voie de développement : Réaction agglutinante- extrêmement marquée. 2° ponction. — Un mois après les injections de sérum : a) Action sur culture développée : nulle. b) Action sur culture en voie de développement : nulle. Os. III. — Lab... (Antoinette), six ans et demi. Angine diphtérique. Bacilles de Lüffler. Sérothérapie. Guérison. Ponction: --- Le lendemain et le surlendemain de deux injections de sérum: antidiphtérique de 20 centimètres cubes chacune :., SÉANCE DU 30 JANVIER 407 a) Action sur culture développée : Réaction agglutinante peu marquée, mais cependant réelle. b) Action sur culture en voie de développement : Réaction agglutinante très nette. OBs. IV. — Marc. (Marie), treize ans. Angine diphtérique. Bacille de Lôffler. Sérothérapie. Guérison. Are ponction : au 4° jour de la maladie, avant toute injection de sérum : a) Action sur culture développée : nulle. b) Action sur culture en voie de développement : nulle. 2e ponction. — 15 jours après les injections : 40 centimètres cubes en deux ‘injections : a) Action sur culture développée : nulle. b) Action sur culture en voie de développement : nulle. En résumé : 1° Diphtéries avant ou saus injections de sérum. a) Au 4° jour de la maladie : Réaction négative. Obs. IV. b) Au 10e jour de la maladie : Réaction négative. Obs. I. 2° Diphtéries après les injections de sérum. a) 2 jours après : Réaction positive. Obs. IT et HIT. b) 145 jours après: Réaction négative. Obs. I. c) 1 mois après : Réaction négative. Obs. II. De l'examen de ces observations, il ressort nettement que le sérum des sujets atteints de diphtérie ne présente pas normalement la moindre trace de propriété agglutinante, même au dixième jour d'un cas mortel et quatre jours avant la mort (obs. I et IV). Z{ ne faut donc pas compter sur la possibilité d'un séro-diagnostic de la diphtérie, du moins par les procédés actuels. Ces mêmes observations nous montrent, au contraire, l'apparition de la propriété agglutinante dans le sérum des malades, dès le lende- main des injections de sérum antidiphtérique (obs. IT et HIT) (1), puis sa disparition rapide puisqu'on ne la retrouve plus, quinze jours et un mois après les injections (obs. IT et IV). Quelle est l’origine de la substance agglutinante existant ainsi dans le sérum des sujets traités? Sécrétion réactionnelle de l'organisme ou simplement dilution de celle contenue dans le sérum antidiphtérique injecté? Des expériences en cours nous renseigneront bientôt à cet égard. Quoi qu'il en soit, ces faits viennent encore à l'appui de l’opinion qui attribue au pouvoir bactéricide des humeurs, une place importante à côté de leur rôle antitoxique et de la phagocytose dans les processus de défense et d’immunité, puisque nous avons montré précédemment l'atténuation des bacilles agglutinés par le sérum antidiphtérique (2). Enfin, ils paraissent bien devoir faire considérer définilivement la réaction agglutinante des humeurs non comme la traduction immé- (1) Il en est de même pour le sérum des cobayes, 24 heures après l'in- jection. (2) J. Nicolas. Soc. de Biol., 5 décembre 1896. 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE diate de l'infection el de l’intoxication de l'organisme, mais bien comme une manifestation des processus de défense mis en œuvre par lui. DE LA TÉTANIE HÉPATIQUE, par M. A. GILBERT. - Trousseau (1) a justement insisté sur le rôle de l'allaitement dans la genèse de la tétanie. L’allaitement, toutefois, ne s'élève pas au rang de cause efficiente ; il crée une simple prédisposition et il n’est pas seul à la réaliser. Une cause occasionnelle plus ou moins puissante doit inter- venir qui, dans le cas suivant, fut une crise de colique hépatique. M» X.., âgée de trente ans, femme d’un boulanger, est mère de trois enfants dont le plus jeune a six mois. Tous trois ont été nourris par elle. : Depuis plusieurs années elle est sujette à des crises de colique hépa- tique. La première a suivi de près le premier accouchement, la dernière s’est produite au cinquième mois de l'allaitement du dernier enfant. La dernière crise s’est prolongée près d’un mois. Elle a été formée d'accès qui, pendant les 15 derniers jours, ont été particulièrement violents. À la douleur se sont joints des vomissements, de l’ictère, etc. Les accès violents des deux dernières semaines se sont accompagnés d'autant d'accès de tétanie. Nous avons assisté à l’un de ces accès et nous avons constaié que les mains et les pieds contracturés étaient dans l'attitude classique. La contracture, d’ailleurs, frappait inégalement les quatre membres : le membre supérieur droit était violemment pris ; le membre inférieur gauche était à peine touché. Il existait en outre un léger trismus. À la fin des accès, la contracture se résolvait en ne quittant le bras droit qu’en dernier lieu. # Quand les accès de colique hépatique disparurent, la tétanie égale- ment ne se reproduisit plus. Nous avons recherché soigneusement mais vainement quelque stig- mate hystérique chez cette malade et chez ses ascendants. En dehors de l'allaitement, il n'existait aucune autre cause prédisposante saisissable de tétanie. Les accès de colique hépatique en représentaient manifes- tement d'autre part les causes déterminantes. La tétanie effectivement apparaissait avec eux et commençait à céder dès leur disparition. Elle offrait en outre dans son intensité (maximum au niveau du membre supérieur droit, minimum au niveau du membre inférieur gauche), une distribution spéciale, conforme aux lois de Pflüger, qui n’est point dans l’allure des autres tétanies. (1) Trousseau. Tétanie. Clinig. méd. de l'Hôtel-Dieu, 5° édit., t. IF, p. 202. SÉANCE DU 30 JANVIER 109 A la liste des accidents nerveux qui peuvent compliquer la colique hépatique, la tétanie (et dans notre cas elle revêtait un type particulier) doit donc être ajoutée. LYMPHANGITE PNEUMOCOCCIQUE, par MM. A. GizBerT et A. GRENET. L'inflammation aiguë des vaisseaux lymphatiques est due le plus souvent au streptocoque. La présence fréquente de cet agent pathogène dans les lymphangites a été démontrée par les travaux de Cornil et Babès, Widal, Verneuil et Clado. Ces deux derniers ont insisté sur les rapports qui unissent la lymphangite et l’érysipèle de la face. À côté du streptocoque, d’autres microbes ont été trouvés à l’origine des lym- phangites, le staphylococcus aureus, le staphylococcus albus. Récem- ment deux auteurs allemands, Fischer et Levy (1), ont nié les rapports existant entre la Iymphangite et l'érysipèle. Dans huit cas de lymphan- gite pure ils ont trouvé cinq fois le staphylococcus pyogenes albus,une fois le staphylococcus pyogenes aureus, une fois le bacterium coli, une fois le staph. aureus et le staph. albus réunis. Dans huit cas d’abcès lymphangitiques ils ont rencontré une fois le staph. pyogenes albus et le staph. aureus réunis, une fois le staph. pyogenes albus seul, deux fois le streptococcus erysipelatus, une fois le streptococeus erysipelatus uni au staph. blanc. Dans deux cas de Iymphangite réticulaire, ils ont trouvé le staph. pyogenes albus. Les recherches des auteurs allemands sont en désaccord avec les tra- vaux antérieurs qui ont montré la fréquence du streptocoque dans les infections lymphangitiques : on comprend cependant très bien qu'un grand nombre de microbes soient capables de produire l’inflammation des lymphatiques. « Il n'y à pas une lymphangite, il y a des lymphan- gites, il y en a autant que d’agents septiques capables d'irriter la paroi des vaisseaux blancs » (Lejars, J'raité de chirurgie, tome 1). Nous venons d'observer, à l'hôpital Broussais, un cas de lymphangite due au pneumocoque seul : cet agent pathogène n'a pas été encore, croyons-nous, signalé dans les inflammalions des vaisseaux lympha- tiques. Ch.…., mécanicien, âgé de quarante-cinq ans, entre le 3 novembre, salle Lasègue, lit n° 17. Il a toujours joui d’une excellente santé, et n’a jamais eu de pneumonie. Il y a un mois et demi, il fut blessé à la jambe par une machine : la plaie, nous dit-il, ävait les dimensions d’une pièce d’un franc, elle était peu pro- fonde et ne le forca pas à cesser son travail. L’excoriation se recouvrit d’une croûle que le malade arracha à plusieurs reprises. Vers le milieu d'octobre, (4) Bactériologie de la lymphangite. Deut. Zeitschr. Chirurg., XXXVI, 5 et 6. 410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sous l'influence de ces irritations répétées, la plaie s'agrandit, toute la jambe devint rouge, les ganglions inguinaux devinrent doulonreux et rendirent la marche Dénible. Néanmoins Ch... ne cessa son travail que le 28 octobre : il fut pris ce jour-là, vers quatre heures du soir, de frisson, de céphalée violente et dut se coucher. Le 1°" novembre se produisit une légère épistaxis, en même temps qu’ appa- raissaient des vésicules d'herpès au pourtour des fosses nasales : ces vési- cules étaient encore visible au moment de l'entrée du malade à l'hôpital le 3 novembre. A ce moment le malade ne paraît pas très abattu, malgré la température élevée, 402,6 : il répond bien à toutes les questions. En. le découvrant, on remarque, à la partie moyenne de la jambe droite, une plaie arrondie de la grandeur d'une pièce de cinq francs ; les bords en sont grisâtres et à la péri- phérie la peau est tuméfiée et garde l'empreinte du doigt ; une plaque de lym- phangite réticulaire existe à ce niveau et de celle-ci partent des traînées de lymphangite qui viennent aboutir aux ganglions inguinaux. Deux ou trois phlyctènes se remarquent au niveau de la face externe de la jambe droite sur le trajet des lymphatiques inguinaux. AU niveau du triangle de Scarpa, la peau à une coloration rosée : ‘les ganglions de cette région sont tuméfiés et douloureux. La langue est sale, recouverte d'un enduit blanchâtre et un peu rosée à la pointe. L'haleine sent mauvais. La gorge est saine : le malade n’a jamais eu d'angines. Avant l'entrée à l'hôpital il existait de la constipation. Dans la nuit du 3 au #, diarrhée assez abondante. Le foie est normal, la rate n’est pas hypertrophiée, le pouls esl régulier, rapide, un peu mou, dicrote. L’auscultation ne révèle aucune lésion cardiaque. Rien d’anormal du côté de l’appareil respiratoire. Les urines sont claires, contiennent de l’albumine en grande quantité et de l’indican, pas d'urobiline, pas de pigment rouge brun. 4 novembre. — T. M., 400,5. T. V. 40°,7. 5 novembre. — Le malade est agité : il est très loquace et satisfait de tout ; les urines sont foncées en couleur, contiennent toujours de l’albumine et de l'indican et de plus du pigment rouge brun. T. M., 40°. T. V., 400,5. 6 novembre. — Dans la nuit du à au 6, le malade a eu du délire ; les LRINÈEE lymphangitiques sont moins rouges, la douleur est moins intense. T. M., 390,2. HV 5008: 7 novembre. — T. M., 390. T. V., 390. 8 novembre. — T. M., 370,7. T. V. 38°,2. 9 novembre. — L'albumine a presque entièrement disparu des urines. La peau desquame très légèrement au niveau de la région inguino-crurale. T. M., 37°,6. T. V., 37°,9. La lymphangite est en voie de disparition. 10 novembre. — Température normale. 13 novembre. — Apparition sur la partie moyenne de la face externe de la jambe gauche d’une petite phlyctène : la peau qui l'entoure est rouge. Les. : ganglions inguinaux ne sont pas pris. Le liquide de la phlyctène est clair. 15 novembre) — Apparilion, à côté de la première, d’une autre phlyctène, mais le liquide contenu dans celle-ci est louche. 16 novembre. — On voit se produire sur la jambe droite, au niveau du mollet, trois petits furoncles qui s’ouvrent le 22 novembre. 23 novembre. — Ouverture d'un petit abcès sur la jambe gauche au point où existaient les phlyctènes. Le malade sort complètement guéri le 30 novembre. L'examen bactériologique a été pratiqué à diverses reprises. Le # SÉANCE DU 30 JANVIER Ali 4 novembre nous avons ensemencé le liquide des phlyctènes; les milieux de cultures sont restés stériles. Le 5 novembre nous avons pratiqué une ponction au niveau d'une plaque lymphangitique, et nous avons ensemencé du liquide ascitique. Vingt-quatre heures après, le liquide s'était troublé et l'examen micros- copique y montrait des diplocoques lancéolés, très nettement encapsulés et prenant le Gram. Les ensemencements faits sur les divers milieux (gélose, bouillon, sang défibriné) avec le sérum d’ascite nous ont donné les cultures ca- ractéristiques du pneumocoque. L'inoculation à la souris a été positive. Le 14novembre, nous avons pu constater encore l'existence du pneu- mocoque dans le liquide de la phlyctène apparue sur la jambe gauche et contenant du liquide clair ; mais la phlyctène apparue le 15 novembre, et dont le liquide était louche, ne contenait que du staphylocoque blanc. Les furoneles et le petit abeès survenus au moment où la guérison était presque complète étaient également dus au staphylocoque blanc. Ainsi il s'agissait d’une lymphangite due au microbe de Talamon- Fränkel : ce n’est que tardivement que se sont faites, au niveau de la peau desquamée, des infections banales dues au staphylocoque. La plaie du malade avait été très mal pansée, et, selon toute vraisem- blance, le pneumocoque avait pénétré à ce niveau. M. Netter a, du reste, rapporté à la Société médicale des hôpitaux l'observation d'un malade chez lequel le pneumocoque avait pénétré au niveau d’une plaie de la jambe pour produire une infection généralisée avec endocardite. Cliniquement, il s'agissait, dans notre cas, d'une lymphangite classique s’accompagnant d’une ascension thermique considérable, et d'ictère hémaphéique. Tous ces caractères, ainsi que la chute brusque de la température au moment de la guérison, se rencontrent dans les lymphan- gites à streptocoques. Seul l'herpès, plus fréquent dans les infections à pneumocoques que dans les infections streptococciques, aurait pu faire soupconner l'agent pathogène. [612.174] ASSIMILATION DE L'ACTION PRODUITE SUR LE COEUR PAR LES POISONS SYSTO- LIQUES (DIGITALINE, STROPHANTINE) ET PAR LES EXCITATIONS ARTIFICIELLES DIRECTES DU MYOCARDE, par M. Cu.-A. FRançoIs-FRANCK. (Travail du Laboratoire de physiologie pathologique des Hautes-Etudes.) I. Action stimulante de la Digilaline sur le cœur. — Dans l’action complexe qu'exercent sur le cœur les poisons du groupe Digitaline (modifications de la fréquence, du rythme, de l'énergie), un effet me paraît dominer par sa constance d'un bout à l’autre de l'empoisonne- ment graduel aboutissant à la mort en tétanos : c’est l'augmentation x 112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de puissance du myocarde. Ce point doit être tout d’abord mis en relief, plus complètement que je ne l’ai fait dans mon étude d'ensemble sur l’action de la Digitaline publiée il y a deux ans (1). La démonstration expérimentale de cette action renforçante confirme la donnée clinique (2) et repose elle-même sur une série d'expériences dont je ne puis que formuler les conclusions : 1° L’exploration de la pression dans chaque ventricule, au moyen de nos ampoules manométriques conjuguées, montre que l'énergie ventriculaire va croissant dans les deux ventricules jusqu'à une phase très avancée de l’in- toxication digitalinique, que le cœur se ralentisse ou qu'il s'accélère ; à partir des doses fortement toxiques l’énergie ventriculaire peut varier sans tomber au-dessous de sa valeur normale ou osciller autour de celte valeur maigré l’arythmie de celte période. Dans tous les cas, la mort arrive brusquement, le cœur étant encore très énergique, et n’est pas le résultat d’une extinction graduelle. 20° La pression artérielle va croissant jusqu’à la phase terminale et le cœur, .à lui tout seul, sans assistance vaso-motrice, suffit à produire cet effet, comme l'ont montré nos expériences de circulation artificielle et nos recherches avec des cœurs de mammifères à circuit réduit à la circulation pulmonaire-coronaire. 3° Les accidents arythmiques se caractérisent par des systoles redoublées, triples, multiples, par des accès de tétanos passagers, ébauches du tétanos final qui n'est que l’expression la plus accusée de l’action stimulante croissante du myocarde. 4° Dans l’empoisonnement suraigu obtenu par l'injection d'une forte dose de Digitaline au voisinage immédiat du ventricule gauche, dans une veine -pulmonaire, le cœur se comporte exactement comme si la double vagotomie venait d'être praliquée ou comme si les nerfs accélérateurs étaient soumis à une excitation forte et prolongée : il soutient sans faiblir l'énorme élévation de la pression artérielle qui résulte de son augmentation d'énergie. 5° La mort subite du cœur digitaliné ou strophantiné se caractérise par un accès de tétanos plus ou moins dissocié, dont la nature se démontre au moyen de l'exploration des pressions intra-ventriculaires tout comme avec une exploration myocardique, pratiquée à l’aide d’une pince myocardique spéciale. IT. Effets des excitalions directes électriques ou mécaniques du cœur. — L'action stimulante ventriculaire des excitations électriques du cœur des animaux à (1) Francois-Franck. Action de la Digitaline sur le cœur. Clinig. médicale de la Charité, du professeur Potain; G. Masson. (2) On sait, d’une facon générale, que la Digitale augmente l'énergie du cœur, mais la preuve frappante en a été donnée à M. Potain et à moi dansles circonstances suivantes : chez un malade atteint de dilatation aiguë du ventri- cule droit aux reflux tricuspidiens, la Digitale -a si bien renforcé la tonicité du myocarde que l'insuffisance auriculo-ventriculaire a été supprimée au grand dommage de la circulation pulmonaire que sauvegardaient les reflux veineux; chez un autre malade présentant le phénomène du pouls lent par avortement d’une systole ventriculaire sur deux, la Digitale a rétabli l'égalité des systoles et, ramenant au niveau des systoles actives les systoles défi- cientes, a rétabli l'égalité entre le nombre des pulsations cardiaques et celui de pulsations artérielles. Ce dernier fait, observé d’abord par M. Potain, l'a été ensuite par moi-même dans deux cas récents. SÉANCE DU 30 JANVIER 113 sang froid est bien connue et facile à analyser grâce à la tolérance du myocarde. Elle est moins aisément démontrable sur le cœur de la plupart des mammifères qui est souvent tué d'emblée par une excitation électrique ou mécanique, comme on le sait depuis longtemps. Toutefois en agissant sur les oreillettes, sur la droite de préférence, on peut provoquer des accès de tétanos ventriculaïre en tout semblables à ceux de l'empoisonnement digitalinique ; de même, en s'adressant à un cœur de mammifère tolérant comme celui du nouveau-né et du lapin (Mac William-Gley) ou au cœur du chien chloralisé (Gley, Francois-Franck\, cocaïné localement ou ayant subi l'effet d’une cocai- nisation générale (François-Franck), on peut facilement obtenir des tétani- . sations passagères plus ou moins prolongées, des systoles redoublées simples ou en série, en un mot des accidents de tous points semblables à ceux de la digitalinisation. La mort du cœur des mammifères tués par la faradisation directe ou par la Digitaline et la Strophantine est identique : de part et d'autre c'est une tétani- sation du myocarde qui tue les ventricules, et le relâchement ne vient qu’en- suite avec la trémulation fibrillaire signe de mort confirmée. - Le cœur meurt de la même facon quand un liquide irritant (sublimé, chloral, etc.) pénètre dans ses artères coronaires. II. Les influences qui atténuent les effets des excitations directes du myocarde rendent également le cœur moins impressionnable à l'action des poisons systoliques. — Ici un simple énoncé suffit : le chloral et la cocaïne absorbés à doses suffi- sante rendent le cœur plus tolérant pour les excitations directes (v.s.) et pour la Digitaline et la Strophantine : il faut augmenter de moitié ou d’un. tiers la dose de ces poisons pour obtenir les mêmes effets sur le cœur. Il en est de même pour les autres conditions d'atténuation de l’excitabilité du myocarde. L'assimilation entre l’action cardiaque des poisons systoliques et celle des excitations directes du myocarde repose done sur des données assez précises pour qu'on soit autorisé à considérer les poisons du groupe Digitale comme de puissants agents de stimulation du myocarde. Cette influence me parait dominer toute la série des effets qu'ils provoquent, aussi bien aux doses thérapeutiques qu'aux doses toxiques et mortelles. Je reviendrai sur cette question dans une étude d'ensemble des poi-: sons diastoliques, à effet inverse, qui sera prochainement soumise à la Société. [612.825] QUELQUES POINTS DE LA PHYSIOLOGIE DE L'ENCÉPHALE (L), par MM. J. Tissor et CH. CONTEJEAN. (Travail du Laboratoire de M. Chauveau, au Muséum.) Pendant plusieurs années, nous avons eu l’occasion d'exécuter des expériences sur la physiologie de l’encéphale, tant sur les Oiseaux que (1) La plupart de mes expériences sur les Mammifères ont été exécutées avec l’aide et les conseils de mon ami J. Tissot. C’est pourquoi je dois joindre son nom au mien dans cette publication, et lui adresser tous mes remercie- ments pour les services qu'il m'a rendus. 114 SOCIÉTÉ DE! BIOLOGIE sur les Mammifères; nous allons en résumer les traits principaux dans cette courte note. Nous dirons, tout d’abord, que les résultats de nos recherches nous portent à confirmer, d’une manière absolue, tous les faits avancés par Goltz et son école, si combattus qu'ils soient. D’après le savant profes- seur de Strasbourg, on peut observer les troubles les plus surprenants après une lésion du cerveau. Nous avons, en effet, constaté quelquefois des faits extraordinaires, quoique nos opérations aient toujours été exécutées avec une asepsie absolue, et certainement on ne pouvait imputer les résultats à des troubles provenant d’inflammations ou de suppurations agissant à distance. Le plus inattendu des cas de ce genre est celui qui nous a été offert par une buse qui avait subi l’extirpation de la partie la plus antérieure du lobe frontal gauche et qui demeura aveugle de l'œil gauche pendant les trois semaines environ que fut conservé l'animal. Nous avons toujours vu aussi une amélioration constante des phéno- mèênes de déficit consécutifs à une lésion plus ou moins étendue de l'écorce du cerveau. Les désordres s’amendent constamment avec le temps et peuvent même totalement disparaitre, si le sujet est conservé un temps suffisamment long. En cinq à six mois, nous avons vu se dis-. siper, chez le chien, non seulement les légers troubles moteurs qui se manifestent après l’extirpation du gyrus centralis anterior; mais encore des sujets se servaient finalement du membre intéressé pour fixer les os, et donnaient la patte lésée au commandement. De même, les trou- bles de sensibilité disparaissaient promptement. Après l’extirpation totale d'un hémisphère chez le Canard, on constate quelquefois de l’hyperesthésie tactile du côté opposé à la lésion (1), de la diminution du tonus musculaire (patte pendante quand on soulève le sujet par les ailes), et constamment la cécité de l'œil du côté opposé. Ce dernier fait est absolument constant; il est facile à mettre en évi- dence en énucléant l'œil du côté de l'hémisphère enlevé. L'animal, devenu totalement aveugle, trouve difficilement sa nourriture et ne la dispute plus aux poulets qui l’approchent impunément. Cette cécité totale de l’œil opposé à l'hémisphère extirpé, cécité que l’un de nous a observée une fois sur le chien après une opération ana- logue, nous porte à conclure que les fibres non entrecroisées dans le chiasma s'entrecroisent ailleurs, ce qu'admettait Charcot. Comme tous les troubles consécutifs à une lésion cérébrale, celui-ci s’amende bientôt, et deux ou trois sèmaines après, le sujet peut se servir avec conscience de l’œil primitivement aveugle. Mais la vision réflexe n'avait jamais été altérée, et le sujet n'avait pas cessé de voir de cet œil sans comprendre (4) J'ai constaté quelquefois de la diminution à la sensibilité douloureuse du même côté. ITS SÉANCE DU 930 JANVIER 4115 ce qu'il voyait. Il suivait de la tête une bougie allumée ou un signal de papier blanc que l'on déplaçait devant lui, et cela le lendemain même de l'opération. Cette vision réflexe existe chez les canards qui ont subi l'extirpation totale des deux hémisphères, ce qu'on peut constater comme il a été dit précédemment. M. Hermann Munk conteste ce résultat, qu'il n’a pas obtenu avec le pigeon; il est extrêmement net chez le canard qui renverse sa tête et la tord de mille manières pour ne pas perdre de vue l’objet que l'on meut autour de lui. Donc l’extir- - pation des hémisphères abolit la vision consciente, mais non la vision réflexe. ; Chez le chien, après l’extirpation d’une « zone motrice », on peut observer des troubles fugitifs de la vision, des troubles intellectuels (perte de la mémoire) persistants, des mouvements de rotation du côté lésé, et outre les troubles classiques du côté opposé à la lésion, de l’alopécie, de l’herpès, des phlegmons étendus sous-cutanés, de l'hyperesthésie de la peau, de l'exagération des réflexes (Kratzreflex, secousses choréiques). Comme quelques-uns de ces troubles persistent après l'isolement de la moelle, on doit reconnaître qu'un état parti- culier de ce centre nerveux a été créé par l'opération cérébrale, dont l’action est inhibitrice, réflexe et non directe et véritablement motrice. Tous les phénomènes consécutifs à uñe lésion cérébrale peuvent être considérés comme des troubles réflexes. La place nous manque pour développer tous nos arguments; nous allons les exposer brièvement sans répéter ceux déjà fournis par Schiff. Tous les désordres que l’on observe du fait d’une extirpation ou d’une lésion cérébrale, peuvent être produits en agissant sur les cordons ou les racines postérieures de la moelle, et cela par des excitations bien plus faibles. Mais, dira-t-on, à l'excitation de telle région de l'écorce correspond tel mouvement bien déterminé; de même, répondrons-nous, à l'excitation faible de telle racine postérieure, correspond une contraction musculaire bien déterminée et toujours la même. Il faut, pour agir sur le cerveau, des : courants plus forts que pour agir sur les cordons postérieurs de la moelle. L'épilepsie généralisée n’est qu'une irradiation des réflexes produite par un courant fort. On obtient des mouvements de l’œil et des paupières, en excitant avec le courant minimum la sphère visuelle purement sensitive pour tout le monde. Enfin l'expérience suivante, que nous avons exécutée nombre de fois, donne toujours le même résultat, même quand elle est faite sans aucune espèce d'anesthésie. -On met à nu, sur un chien, ‘un hémisphère cérébral, la région atloïdo-axoi- dienne de la moelle et la région lombaire. Le sujet reposé est en bon état, il répond aux appels et aux caresses: On ouvre les méninges dans les trois. régions et on détermine le courant minimum nécessaire pour obtenir tel ou tel mouvement cérébral: généralement pour nous l'extension du métacarpe. Ce courant est beaucoup plus fort que celui qu'il faut pour exciter là moelle 4116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (cordons postérieurs) ou les racines. On saigne le sujet par la carotide. Alurs que la respiration n'a pas encore cessé, l'écorce est devenue inexcitable pour les courants très forts; racines et cordons postérieurs le sont encore pour les cou- rants faibles (l'anémie n’augmente donc pas l'excitabilité cérébrale). La subs- tance blanche de la couronne rayonnante l’est encore quelques secondes, puis s'éteint finalement l’excitabilité de la capsule interne. Au dernier batte- ment du cœur, tout réflexe est aboli, tous les centres sensitifs sont morts, aussi cerveau et cordons postéro-latéraux de la moelle ne répondent plus à : l'excitation électrique (en excitant la moelle, se méfier des racines anté- rieures et de leurs centres moteurs encore excitables; ceci est une preuve de plus de l’exactitude rigoureuse des expériences de Chauveau tant contes- tées par l’école de Longet, expériences qui démontrent que les cordons pos- térieurs seuls sont excitables), et tous les centres moteurs (noyaux du facial, de l’oculomoteur, etc.), répondent encore pendant un quart d'heure. Nous nous croyons done autorisés à considérer toute l'écorce céré- brale comme un amas de centres sensitifs dont l’anémie absolue abolit immédiatement les fonctions, ce qui n'a pas lieu avec les centres moteurs; opinion corroborée par ce fait que tous les résultats des lésions de cette écorce peuvent être reproduits en agissant sur des régions indiscutablement sensitives de la moelle. En terminant, nous ferons remarquer que les plaies cérébrales se comblent en quelques mois aux dépens des circonvolutions voisines, s'hypertrophiant du côté de l’espace vide, qui diminue de plus en plus et finit par se remplir. Nous avons vu un hémisphère hypertrophié, occupant, outre la sienne, la place de l’autre qui avait été extirpé. M. Richet a déjà dit que les lésions étaient moindres que celles que l’on avait cru faire, c’est-à-dire qu’elles ont diminué d’ampleur. Nous croyons que ce fait, absolument constant, à induit en erreur les physiologistes qui, trouvant des circonvolutions normales occupant les régions de l’encéphale qu'ils avaient extirpées, ont cru à une néo- formation de cellules nerveuses; car, si longtemps que nous ayons gardé nos sujets opérés, nous n'avons jamais pu constater la reproduc- tion de centres nerveux lésés même sur les Oiseaux. LA RÉACTION AGGLUTINANTE SUR LES BACILLES MORTS, par MM. Wipar et SICARD. Le fait que des bacilles morts peuvent conserver la propriété de se laisser agglutiner par un sérum spécifique, est, au point de vue théo- rique, un des points les plus curieux de l’histoire de la réaction aggiu- tinante. Déjà, M. Bordet avait vu que des vibrions cholériques tués par le chloroforme peuvent encore présenter le phénomène de l’agglomé- ration, et nous avons montré que des bacilles typhiques tués par la PR RU ES SÉANCE DU 30 JANVIER 417 chaleur ou par l’action d’une substance antiseptique restaient aggluti- nables (1). Depuis quelques mois, nous avons poursuivi des recherches pour voir s'il n'y avait pas là un fait utilisable pour la pratique. Nous avons soumis des cultures de bacilles typhiques à l’action de divers agents physiques et chimiques et nous sommes arrivés aux conclusions sui- vantes : Si l'on expose pendant une demi-heure des cultures de bac (lee typhiques en bouillon à la température de 100 ou 70 degrés, on constate que les bacilles morts ont perdu en partie la propriété de se laisser agglutiner. Si l’on emploie un sérum suffisamment puissant, la réaction se produit encore, mais les amas mettent plus de temps à se former ; ils sont moins volumineux, plus tassés que lorsqu'on fait usage des bacilles vivants. Avant l'addition de tout sérum, la culture ainsi chauffée contient le plus souvent de petits pseudo-amas formés d'élé- ments que l'on ne peut toujours séparer par l'agitation du tube. On sait que les bacilles typhiques sont détruits après une exposition de 5 minutes à la température de 56 degrés. C’est la température limite de leur résistance. Si l’on expose un tube de culture pendant une demi-heure ou trois quarts d'heure entre 57 degrés et 60 degrés, on voit que les microbes ont conservé toute leur sensibilité à l’action du sérura et que les amas formés ressemblent de tous points à ceux obtenus avee des bacilles vivants. Certains agents antiseptiques, en tuant les bacilles, brutalisent moins leur protoplasma que la chaleur et laissent les cadavres microbiens très sensibles à l’action du sérum. La formol nous a paru, au point de vue pratique, l'agent le plus uti- lisable, supérieur même aux essences, qui souvent donnent sponlané- ment des pseudo-amas, avant l° ae de tout sérum. Si.à 150 gouttes d’une culture typhique, vieille de un à deux jours, formée uniquement d'éléments séparés et mobiles et ne présentant pas de pseudo-amas préalables on ajoute une goutte de formol du commerce, les bacilles sont tués, mais restent comme embaumés, fixés dans l’état où l'antiseptique les a surpris, et pendant des semaines conservent presque intégralement toute leur sensibilité à la réaction agglutinante. Nous avons maintenu dans une armoire de notre laboratoire, pen- dant trois et quatre semaines,'des tubes de culture de bacilles typhiques ainsi additionnés de formol et bouchés au-dessus de l'ouate avec un capuchon de caoutchouc. Divers sérums typhiques essayés exercaient un pouvoir agglutinatif qui, après mensuration exacte, se montrait sen- siblement égal sur les bacilles ainsi traités et sur les bacilles provenant de cultures vivantes ét jeunes. Bien plus, trois tubes de cullure ainsi soumis à l’action du formol ont été conservés de la même façon pendant (4) Widal et Sicard. Bulletin de l'Académie de médecine, 29 septembre 1896. BioLocie. COMPTES RENDUS. — 10 SÉRIE, Tr. IV. 9 LulLIBRAR 118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cinq mois. Deux d’entre eux contenaient des bacilles qui, morts depuis si longtemps, se laissaient aussi facilement agglutiner que les bacilles- jeunes et vivants. Le troisième tube contenait des baeilles devenus, il ést vrai, moins sensibles à la réaction, mais qui donnaient cependant avee intensité le phénomène, lorsqu'on les mélangeait à un sérum typhique dans les proportions habituelles de 4 p. 10. Dans les cultures. conservées, les bacilles finissent par se déposer tous au fond du tube. Il suffit d'agiter pour voir le bouillon se troubler uniformément. Les cultures ainsi additionnées d’un antiseptique, offrent une grande résis- tance à la contamination. : Au point de vue pratique, on pourra donc désormais conserver dans un laboratoire des tubes traités au formol parle procédé que nous venons. d'indiquer. Si, au moment de pratiquer un examen de sérodiagnostic, on n’a pas à sa disposition de cultures vivantes suffisamment jeunes, on pourra avec la culture formolée obtenir un résultat immédiat, en atten- dant la contre-épreuve que fournira le lendemain une culture vivante et rajeunie. NÉCESSITÉ D'EXAMINER LES CULTURES AVANT L'ADDITION DU SÉRUM DANS LA RECHERCHE DE LA RÉACTION DE WIDAL, par M. RÉNON. (Travail du laboratoire de la Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) Depuis six mois, nous avons recherché, dans le service de notre maître M. le professeur Dieulafoy, la réaction agglutinante dans tous les cas suspects de fièvre typhoïde. Chaque fois que la réaction à été positive,. l'évolution clinique ou l’autopsie a montré qu'il s'agissait bien de. dothiénentérie ; chaque fois que cette réaction a fait défaut, l’évolution ultérieure a prouvé qu'il s'agissait d'une maladie autre que la fièvre typhoïde. Nous avons pu ainsi constamment apprécier la rigueur avec laquelle la réaction de Widal pouvait trancher un diagnostic hésitant. Nous voulons simplement insister sur une petite cause d'incertitude déjà signalée par M. Widal et qui pourrait induire en erreur un baeté- riologiste peu familiarisé avec les cultures de baciïlle d'Eberth. Lors- qu’on emploie une culture vieille de quelques jours, el même parfois àgée seulement de vingt-quatre heures, développée à l’étuve, des psSéudo-amas peuvent se former spontanément, sans qu'on puisse en saisir la raison. Ces pseudo-amas peuvent simuler les amas véritables, et dans un cas leur présence a failli nous faire porter un diagnostic erroné. Dans ce eas, un premier examen du sérum de la malade semblait nous avoir fourni des amas, et nous pensions pouvoir songer à la fièvre typhoïde. Les symptômes cliniques ne concordant pas avec SÉANCE DU’ 30 JANVIER 119 ceux de cette maladie, un nouvel examen, pratiqué quelques jours plus tard, nous montra une àbsence absolue de réaction. Nous avions négligé, lors du premier examen, l'étude microscopique de la culture avant toute addition du sérum, et c’étail là la cause de notre méprise. On ne saurait donc trop répéter que le seul moyen d'éviter toute erreur dans la pratique d’une méthode que nous avons toujours trouvée parfaite, c'est de ‘ne pas se départir de la règle de toujours examiner entre lame et lamelle une des dix gouttes de la culture que l’on va addilionner du sérum suspect. [612.762] MORPHOLOGIE DE LA TROCHLÉE FÉMORALE CHEZ LES MAMMIFÈRES, par M. Barnier (d'Alfort). J'ai l'honneur d’appeler l'attention de la Société sur une disposition anatomique connue, mais dont l'interprétation ne me semble pas avoir été donnée jusqu'ici. | Il s’agit de la conformation de la trochlée fémorale, qui offre, chez les quadrupèdes, deux types bien différents : Tantôt elle est courte, peu profonde, limitée par deux lèvres d'égale hauteur et de même longueur, à grand axe parallèle à celui du fémur; dans ce cas, la rotule est reliée au tibia par un seul ligament rotulien. C'est ainsi que la trochlée se présente chez l'homme, le singe, et tous les petits quadrupèdes. Elle est disposée, pareillement aussi, chez l'éléphant, le tapir et les camélidés. Tantôt, au contraire, elle se montre déviée en dedans, longue, élargie supérieurement, à lèvre interne épaisse, saillante, terminée en haut par une sorte d’épaulement qui surplombe la surface avoisinante du fémur et sur lequel peut venir s’accrocher l’appareil rotulien pendant la sta- tion. C’est sur ce type qu'elle est construite chez les équidés, les bovi- dés, le rhinocéros, l'hippopotame, animaux qui peuvent rester longtemps debout, se reposer et même dormir dans cette position. En parei! cas, la rotule est unie au tibia par trois ligaments très forts, qui partent de la tubérosité antérieure de cet os, pour aller, en diver- geant, se fixer sur le milieu ou sur les côtés de la face antérieure de la rotule. De ces ligaments, l’interne se termine par un large prolonge- ment fibro-cartilagineux qui, s'écartant du lien médian, va s’insérer sur le côté correspondant de la rotule, élargissant ainsi la surface à l’aide de laquelle cet os répond à la trochlée fémorale. Lorsque le tibia est porté dans l'extension, la lèvre interne de cette trochlée se loge entre le ligament médian el l’interne, ce qui permet au prolongement fibro- cartilagineux rotulien dont il vient d’être question de se placer à cheval sur l’épaulement trochléen. 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . Chez le cheval et chez le bœuf, tant sur le vivant que sur le cadavre, je me suis assuré que la rotule est bien accrochée sur cet épaulement quand l'axe directeur du membre esl vertical, c'est-à-dire dans les con- ditions de l’aplomb normal. Or, dans cette posilion, il suffit d’une très faible contraction des muscles cruraux antérieurs pour maintenir l’accrochement rotulien ; et comme l'effort nécessaire n'exige pas la participation de la totalité des nombreuses unités contractiles du biceps, on s'explique que la jointure fémoro-tibiale puisse être soutenue pendant fort longtemps sans fatigue, puisque l’action successive des faisceaux musculaires permet à ceux-ci de se reposer avant que l’automatisme ne provoque le retour de leur contraction. Cette disposition anatomique intervient donc avec une grandeur effi- cacité pour soulager l'appareil musculaire dans le soutènement de l'angle articulaire chez les animaux pesants lorsque cet angle offre, pen- dant la station, un certain degré de fermeture. Elle confère, par cela même, aux espèces où on la rencontre, l'aptitude à la station debout pro- longée que commandent souvent le régime ou les mœurs. C'est incontestablement chez les équidés qu'elle se montre le plus accusée ; tout le monde sait que le cheval, par exemple, peut se reposer et dormir debout, que parfois même il ne se couche jamais. Chez les bovidés, la disposition est identique, quoique à un moindre degré. Dans les conditions de nature, ces animaux sont obligés de res- ter longtemps debout pour s’alimenter; à l'état de domesticité, ils conservent d'ordinaire la station quadrupédale pendant de longues heures. Parmi les grands pachydermes, le rhinocéros est également pourvu d'une trochlée à lèvres inégales, comme celle du bœuf, et qui lui con- fère les mêmes aptitudes. — L’hippopotame, dont le poids est pourtant considérable et qui a l'angle fémoro-tibial peu ouvert, présente une trochlée à lèvre interne proportionnellement moins développée que celle du rhinocéros. On se rappellera toutefois qu'il a l'habitude de vivre à demi couché dans l’eau pendant une grande partie du temps. Semblent faire exception, c’est-à-dire ont les deux lèvres de leur trochlée fémorale sensiblement égales, le tapir, l'éléphant et les camé- lidés. Mais le tapir, comme le pore, se met en décubitus, dès qu'il s'arrête, ne pouvant conserver longtemps la station quadrupédale. L'éléphant, dont la masse est énorme, n’a pas cependant l'habitude de se coucher; — par contre, le dromadaire, le chameau, de gros poids également, se couchent plus fréquemment encore que le bœuf. Mais il faut noter que, dans ces espèces, l'angle fémoro-tibial, très ouvert, a ses rayons presque aussi verticaux que chez l'homme, ce qui rend inutile l'acerochement rotulien dont je viens de parler. SÉANCE DU 930 JANVIER 191 De ce qui précède, je crois done pouvoir conclure que le développe- ment, la saillie, de la lèvre interne de la trochlée fémorale sont en _ étroite corrélation avec le soutènement mécanique de l'angle fémoro- tibial, nécessaire aux animaux de gros poids qui ont cet angle peu ouvert et que leurs conditions d'existence obligent à rester longtemps debout. RECHERCHES SUR L'INFECTION DANS LA VACCINE ET LA VARIOLE, par M. PauL SALMON. (Travail du Laboratoire du professeur Metchnikoff.) Nous avons étudié les figures parasitaires décrites dans la vaccine et la variole depuis Renaut, L. Pfeiffer, Hlovo et van der Loeff. Par inocu- lation du virus dans l’épithélium de la cornée de diverses espèces ani- males (procédé de Guarnieri), on obtient une lésion contenant des cor- puscules caractéristiques. Guarnieri, Sicherer, Kourloff, et d'autres auteurs ont interprété ces corpuscules comme des parasites de l’ordre des protozoaires. En particulier, Ernest Pfeiffer, dans le laboratoire de Bütschli, dont on connait la compétence sur la question &@es proto- zoaires, a publié en 1895 un mémoire important qui confirme et com- plète les faits déjà observés. Suivant la description de ces observateurs, ce sont de petits grains, remarquables par leur réfringence et leur aspect brillant. Si on les colore, après fixation, ces petits corps hyperchromatiques apparaissent munis ou non d’un noyau. Ils se reproduisent par voie de division directe, par scission, et Guarnieri, J. Clarke, ont décrit une phase de sporula- tion. Sur la platine chauffante, on constate la mobilité de ces grains de vaccine (mouvements amiboïdes). Ces corps parasitaires sont remarquables surtout par leur siège endocellulaire, près du noyau de la cellule épithéliale — et par l'auréole claire qui les entoure ; cette vacuole est constante. A ces faits, qui démontrent la présence d'êtres vivants, spécifiques, dans la lésion vaccinale, les partisans de la théorie parasitaire ajoutent deux preuves complémentaires. Ces grains de vaccine et de variole sont constants dans ces deux affections, et ne se retrouvent dans aucune autre maladie. Les expériences de contrôle ne permettent pas de reproduire des figures analogues. D'autre part, ces productions endocellulaires épithéliales ne s'expliquent par aucun fait d'anatomie pathologique. Nos recherches sur la morphologie de ces corpuscules nous ont démontré qu'il ne pouvait s'agir d’une analogie avec des para- … sites déjà connus. Nous avons pu retrouver l’origine et la er dé, C. À ces grains si caractéristiques. “08 M. 122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce ne sont pas, comme on aurait pu le croire, des productions endo- cellulaires : dégénérescence muqueuse, hyaline ou colloïde du proto- plasma, ou bien centrosomes ou noyaux accessoires. L'hypothèse d'une origine nucléaire (noyaux bourgeonnants, dégénérescence chromatique de noyaux inclus) doit être écartée : le noyau, dans la lésion vaccinale; reste absolument intact. Il s’agit donc d’un corps étranger intracellulaire — de cellules migra- trices transformées. Dès les premières heures qui suivent l'inoculation, deux phénomènes se produisent : l'hyperplasie et l'hypertrophie des cellules de l’épithélium, formant la tumeur vaccinale — et l’envahisse- ment de cette tumeur par un très petit nombre de cellules migratrices, principalement les leucocytes polynucléaires. Ceux-ci se présentent sous un aspect qui rend leur origine méconnaissable ; ils subissent soit une simple fragmentation, soit une véritable chromatolyse. La forme arrondie, la réfringence, une vive affinité pour les colorants et les phé- nomènes de métachromatie, la vacuole péricorpusculaire, caractérisent ce pseudo-parasite intra-cellulaire. Nous publierons prochainement un mémoire sur ce sujet. BRONCHOPNEUMONIES ET PLEURÉSIE SÉRO-FIBRINEUSE DUES AU BACILLE DE PFEIFFER (in/fluenza-bacillus), par M. le D' Henrr MEUNIER. Aux agents infectieux vulgaires, rencontrés habituellement dans la bronchopneumonie infantile, il convient d'ajouter le bacille qu'a décrit Pfeiffer, en 1892, sous le nom d'influenza-bacillus, ou bacille de la grippe, et qui, depuis cette époque, a été retrouvé, vérifié et nettement spécifié par un grand nombre de bactériologistes allemands, anglais et italiens. Cette bactérie pathogène est sans doute plus répandue qu'on ne le croit et si elle se trouve si rarement signalée chez nous, cela tient, à mon avis, à ce que nous ne sommes pas encore familiarisés avec la technique un peu spéciale que nécessitent son observation et son contrôle. Les faits que je relate ici ont pour but de montrer que la recherche de ce microbe est assez simple pour entrer dans la pratique courante de la bactériologie clinique et qu’elle peut fournir au diagnostic un élément nouveau des plus importants (4). En me conformant scrupuleusement à la méthode indiquée par Pfeiffer (ensemencements sur milieux sanglants), j'ai pu isoler le bacille de la grippe dans dix cas de bronchopneumonie infantile, (1) L'’exposé complet des recherches bactériologiques et des observations cliniques auxquelles cette note fait allusion sera publié dans les numéros de février et de mars des Archives générales de médecine, 1897. SÉANCE DU 30 JANVIER 493 = -dont deux compliqués de pleurésie : la bactérie a été extraite soit du poumon vivant (huit fois, par ponction capillaire), soit du sang vivant (quatre fois, par prise intraveineuse), soit du mucus pharyngé, soit enfin du poumon ou du sang du cadavre. Tous les échantillons obtenus, au nombre de vingt-quatre, ont été soumis à une vérification rigou- reuse qui me permet d'affirmer l'identification de la Herr e avec le bacille de Pfeiffer. Ne pouvant insister ici sur la description du microbe, ni exposer les nombreuses propriétés qui le spécifient, je me contenterai de rappeler ses caractères essentiels : 1° coccobacille; 2° extrêmement petit; 3° se -décolorant par le Gram ; 4° ne poussant pas sur les milieux ordinaires, mais bien sur des milieux sanglants (gélose imprégnée de sang d’ani- mal); 5° formant des colonies microscopiques, parfaitement réfrin- gentes, ne confluant pas ; 6° périssant vite en culture; 7° non patho- gène pour les animaux, sauf à doses massives (toxémie). Au point de vue étiologique, j'ai fait les remarques suivantes : quatre cas, observés au début de es m'ont paru indépendants d’une influence grippale épidémique (?; ; les six derniers, au contraire, que _je viens d'observer tout neo. constituent une série qu'il est im- possible de ne point rattacher à l'épidémie régnante : ils ont coïncidé, du reste, avec plusieurs cas de grippe survenus chez des adultes du même établissement. Les enfants atteints étaient âgés de un à trois ans; six d’entre eux furent pris en pleine santé, trois étaient malin- gres, rachitiques ou suspects de tuberculose, l’un d’eux relevait de -scarlatine. L'infection bronchique, à laquelle devait succéder la bronchopneu- monie, éclata tantôt d'emblée, tantôt à la suite d’une angine ou à l’occasion d'une rougeole; son évolution clinique ne différa guère de celle des bronchopneumonies vulgaires de l'enfant, si ce n’est peut-être par un abattement plus grand et une température particulièrement rebelle à l’action des bains froids ; dans deux cas, la lésion pulmonaire se compliqua de pleurésie fibrineuse, dont Fexsudat renfermait, seul et -en très grande abondance, le microbe de Pfeiffer. - Dans les circonstances actuelles, le rôle pathogène du bacille grippal me parait avoir été le suivant: soit d'emblée, soit par l'intermédiaire d’une angine suivie d'infection descendante, la bactérie pathogène a déterminé une infection bronchique, puis une bronchopneumonie à foyers disséminés : jusque-là, le bacille de Pfeiffer était seul en cause, ainsi qu'en témoignent toutes les ponctions pulmonaires et les prises de -sang de la veine qui l'ont décelé seul, à l'exclusion de tout autre agent pathogène. Limitée Jà, l'infection grippale, ainsi que je l’ai observé trois fois, est, malgré la gravité de la lésion pulmonaire, susceptible de résolution. Malheureusement, cette infection primitive, surtout chez ‘les sujets chétifs, offre un terrain trop favorable aux surinfections, et. 424 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE celles-ci, représentées par les pathogènes vulgaires, streptocoques, pneumocoques, staphylocoques et colibacilles, créent une infection mixte, dont les petits malades, déjà affaiblis, ne peuvent triompher. (Service de M. le professeur Hutinel, à l'hospice des Enfants-Assistés.) SUR LE DOSAGE DE LA LIPASE, par MM. M. Hanrior et L. Camus. Dans des notes antérieures, l’un de nous a établi la présence dans le sang d'un ferment saponifiant, /a lipase, et a montré que l’activité de ce ferment était susceptible de varier dans différentes conditions. Il y avait donc intérêt à préciser les conditions du dosage de ce ferment, ce que nous cherchons à établir dans la présente note. Le pouvoir saponifiant d'une solution de lipase peut tenir à deux causes bien distinctes : la quantité de ce ferment qui existe dans la solution, et l’activité spécique du ferment. Nous n’avons pour le moment aucun moyen de dissocier ces deux facteurs, mais, quand il s'agit d'un même sérum, l’activité spécifique est constante et les varia- tions que l’on observe dépendent uniquement de la quantité de fer- ment. Aussi toutes les expériences que nous allons relater ont été effectuées avee un même sérum, celui du cheval, qu'il est facile de se procurer en grande quantité et qui s’est montré le plus actif de tous ceux que nous avons étudiés. Nous l'avons recueilli aseptiquement et enfermé dans des ampoules scellées. Depuis près de deux mois qu'il a été recueilli, son activité lipasique n’a pas varié comme le montrent les chiffres sui- vants : 19 décembre: are Ne: DAANVIET à 2e ie MA NE ee MOD AT SAV CL RS TE ae eee oO d'ÉTOVTIOT eee re de roue de 20e mes cette M LS 0 Nous voyons done que le ferment se conserve sans altération dans le sérum, au moins dans les limites du temps que nous indiquons, et que: l'on peut comparer l’un à l’autre deux échantillons de sérum recueillis: à des époques différentes. Influence de la monobutyrine. — Pour doser la lipase, nous détermi- nons la quantité de monobutyrine saponifiée par le ferment. Nous nous. sommes d’abord demandé si la quantité de butyrine mise en œuvre, ou la glycérine et le butyrate de soude qui sont ses produits de dédou- blement avaient une influence sur la marche de la réaction. De nom- breuses expériences nous ont montré que la glycérine et le butyrate de sodium étaient sans action même à des doses bien supérieures à celles f 14 NÉE SÉANCE DU 30 JANVIER 125 que peut produire la réaction. Quant à la monobutyrine, elle a une influence faible, mais qu'il est en tous cas facile d'éliminer en se ser- vant de solutions toujours au même titre. Action de la température. — La température a, au contraire, une influence considérable sur l’activité de la lipase. Cette activité croit depuis 0 degré jusque vers 50 degrés et décroît ensuite jusqu’au point de destruction du ferment. TEMPÉRATURE DURÉE de la réaction. de la réaction. degrés. 10% 4h 0 k 5 1325 20 6 7 29 3 25 10 1 39 37 13 5 39 5 40 16 9 56 9 50 22 6 TAN? 60 PAT a | 36 1 6 6 70 22 Pour déterminer l’aclion des températures élevées sur le ferment, nous chauffons du’ sérum seul, pendant une heure, à chacune de ces températures, puis nous établissons l’activité à 37 degrés de ce sérum ainsi modifié. TEMPÉRATURE ACTIVITÉ de chauffe du sérum. degrés. 50-55 41.5 60-62 6.7 65-66 Action presque nulle. 70-72 Plus d'action. Ces expériences nous montrent donc que dans le sérum normal la lipase conserve son activité intacte jusque vers 55 degrés, mais qu'elle disparaît presque brusquement aux environs de 60 degrés pour cesser entièrement à 72 degrés. Influence de la quantité de sérum. — Si l'on à soin de maintenir cons- tantes la température et la durée de la réaction, en faisant varier les doses de sérum ajoutées, on voit que, au moins pour des temps courts, l'activité est proportionnelle à la quantité de sérum ajoutée, ce qui revient à dire, à la quantité de lipase. 4/2 cent.cube. Acent.cube. 14c.c.1/2 2 cent. cubes. 20 minutes. . 6 11 16 22 1 heure . . . 49.5 25 31 48 Léna OBS ET 20 36 -53 62 2 heures . . . 30 54 73 66 126 SOCIÉTÉ: DE BIOLOGIE Cette proportionnalité cesse lorsque la température et la durée de la réaction augmentent; et les chiffres obtenus tendent vers une même limite indépendante de la quantité de sérum ajoutée. Cette donnée est fort imporlante, car elle nous permettra, j'espère, .de mesurer l’activité spécifique du ferment indépendamment de la quantité de ce ferment qui existe dans la solution. De nouvelles recherches son ÉniRepusES sur ce point spécial. : Technique du dosage. — Ayant ainsi déterminé les conditions qui font varier l’activité d’une solution de lipase, nous sommes en mesure de préciser les conditions les meilleures pour le dosage de ce ferment. Nous exprimerons son activité en millionième de molécule d’acide mise en liberté pendant 20 minutes à la température de 25 degrés. Ainsi 1 centimètre de sérum d'activité 33, mettrait en liberté à 25 degrés et pendant 20 minutes une quantité d'acide butyrique (de poids molé- culaire 88). 33 X 88 1000000 On voit que cette activité sera directement mesurée par le nombre de gouttes d’une solution de carbonate de soude telles que chacune d'elles sature 0,000001 de molécule d'acide. Si la burette que l’on emploie donne exactement 20 gouttes au centimètre cube, la solution de carbo- nate de soude devra renfermer 2 gr. 12 de CO*Na? par litre. La solution devrait être modifiée proportionnellement si la burette ne donnait pas 20 gouttes par centimètre cube. Pour effectuer le dosage de l’activité lipasique d’un liquide, on en prend donc 1 centimètre cube que l'on ajoute à 10 centimètres cubes d’une solution de monobutyrine à 1 p. 100, on ajoute de la phtaléine et on sature exactement par le CO*Na?, on chauffe 20 minutes à 25 degrés et on sature de nouveau par la solution de CO*Na? indiquée plus haut; le nombre de gouttes de cette solution mesure l'activité lipasique de la solution. [612.411] LES MODIFICATIONS DU SANG APRÈS LA SPLÉNECTOMIE, par MM. HARTMANN et VAQUEZ. (Travail du Laboratoire d'histologie du Collège de France.) Nous avons pu observer pendant trois ans des malades auxquelles l'un de nous avait pratiqué la splénectomie et nous avons noté diffé- rentes particularités dont certaines ont paru assez spéciales, rappelant les résultats obtenus par les physiologistes, à la suite des splénectomies expérimentales. Pour nous mettre à l'abri d'erreurs imputables à l'acte opéraloire lui-même, nous avons examiné parallèlement le sang de _:5si ; P ee ù db MT ne $ Ma j = - | SÉANCE DU 30 JANVIER 497 malades chez lesquelles on avait fait une laparotomie pour toute autre cause qu'une affection de la rate : 1er Cas. — Splénectomie pour rate paludique, hypertrophie, mobile, avec torsion du pédicule (Opération le 9 avril 1893) : GLOBULES HÉMOGLOBINE VALEUR HÉMOGLOBINE LEUCOCYTE rouges. (par millions de glob.) 23 avril 1893. . . . 1,634,000 45 21 us 12,000 OT mn 2 260,000 72 DB 11,000 Mine eee, 302000) 87 25) — 20,000 MONET ne 0 195000 80 23 — 16,000 43 mai 1894. . . . #4,530,000 110 24 — 27,000 2 octobre 1895 . . 3,977,000 100 25 — 8,000 (Appareils Malassez.) L'examen des préparations sèches, aux mêmes époques, montra que le volume des globules rouges, exagéré après l’opération (8 4 10 le 23 avril), ce qui tenait à l’état du sang, influencé par l’anémie palustre, était redevenu normal un an plus tard (7x7), le 143 mai 1894. À La numération des différentes variétés de globules blancs (coloration à l’éosine et l’hématéine) a donné : PETITS GRANDS LEUCOCYŸTES mononucléaires. mononucléaires. Polynucléaires. éosinophiles. p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 Davy A803%-0" 16 20 61 3 CITES SET 15 23 62 1 0 sf ess 18 32 49 1 AOFIOUR EE TR 24 24 50 2 15 ma1 4189400 18 15 66 1 2 octobre 1895. . 21 11 62 6 20 Cas. — Splénectomie pour rate scléreuse hypertrophie mobile : GLOBULES HÉMOGLOBINE VALEUR GLOBULAIRE LEUCOCYTES rouges. (par millions de glob.) 7 avrili89#(veille de l'opération). 4,850,000 108 24 ps 30,000 1/150 9 avril. . . . . 4,400,000 90 20 — 32,000 1/137 ASsayril 2 .#4,100,000 100 24 — 39,000 1/120 2SPAVRIM. 5 — 4,280 000 95 22 — 50,000 1/85 GÉmaTeeee 2 93: 020;000 100 30 — 18,000 17/200 20#mair 22% ;"+3;630;000 105 31 — 18,000 1/200 2 octobre 1895. . 3,950,000 120 30 — 30,000 1/130 19 janvier 4897 . 2,750,000 63 23 — 20,000 1/115 (Appareils Malassez.) (1) Ces chiffres sont un peu différents de ceux rapportés dans la thèse de Lieffring (Rate mobile, Paris, 1894). Ils ont dû être rectifiés à la suite de la correction que nous avons faite de la pipette dont nous faisions alors usage. 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La forte leucocytose du 28 avril s'explique par une congestion pulmonaire qui éleva la température à 39 degrés. La malade, revue en janvier 1897, est amaigrie, et a des hémorragies gingivales répétées. L'examen des préparations sèches donne : PETITS GRANDS LEUCOCYTES mononucléaires. mononucléaires. Polynucléaires. éosinophiles. p. ‘100 p. 100 p. 100 p. 100 27 avril 1894 . 8 8 83 1 9 avril 5 13 82 » 15 avril. re 5 4 91 » 20 mai. . . : 15 6 18 1 2 octobre 1893 . 4 4 _ 89 3 15 janvier 1897 0) 10 84 À 0 Les laparotomies examinées comparativement ont donné : une diminution notable des globules rouges (3 à 400,000), même en l’absence d’hémorragie appréciable, une augmentation variable et transitoire mais habituelle des leu- cocytes, en dehors même de tout accident opératoire. Cette augmentation porte indistinctement sur toutes les variétés de leucocytes. En résumé, la splénectomie s'accompagne de modifications du sang dont les unes sont banales, dont les autres, au contraire, présentent queiques caractères de spécificité : Comme modifications banales nous noterons : 1° L’abaissemeut du chiffre des globules rouges. 2° La leucocytose post-opératoire, mais celle-ci doit être rapide, Re sitoire, affectant toutes les variétés de leucocytes. Les modifications du sang, plus spéciales à la splénectomie semblent être : 1° Dans une certaine mesure, l’abaissement du chiffre de l’hémoglo- bine et la lenteur de son relèvement, modification analogue à celle cons- tatée expérimentalement par M. Malassez. 2° Une leucocytose lymphocytique tardive, se produisant de quatre à huit semaines après l'opération, et dont la durée est variable. Vinogra- doff et Kourloff l'ont également notée. 3° L'apparition habituelle, mais très tardive, d’une leucocytose éosi- nophile modérée. Les splénectomies chirurgicales sont, en résumé, de mauvais sujets d'étude pour les modifications du sang consécutives à l’ablation de la rate. Les incidents opératoires, inévitables, bien que différents dans leur conséquence, gênent considérablement les conditions de l’expé- rience, en dehors de ce fait également important que l'on n'intervient que sur des organes atteints d'’affections diverses, dont la suppléance fonctionnelle semble s'être le plus souvent établie par avance. SÉANCE DU 30 JANVIER 199 L’ÉQUILIBRE NUMÉRIQUE DES ESPÈCES ET SES RELATIONS AVEC LES PARASITES CHEZ LES INSECTES, par M. le D' Pau MarcuaL. On sait que, d'une façon générale, dans une région donnée, la propor- tion numérique d’une espèce se trouve équilibrée par les réactions du milieu extérieur et des autres êtres, de telle sorte que l'espèce, malgré sa tendance naturelle à multiplier le nombre de ses individus suivant une progression géométrique, se maintient à un nombre moyen. Cependant, nous pouvons observer des cas où cette position d'équilibre numérique n'est pas encore établie. C’est ainsi que, lorsqu'une espèce est introduite dans un pays où elle n'existait pas auparavant, elle peut d’abord se multiplier avec une grande intensité. Mais cette multiplica- tion excessive ne peut continuer; car plus le nombre des individus devient grand, plus la lutte pour l'existence devient intense, et il arrive un moment où le nombre maximum compatible avec les conditions externes est atteint, et où l'accroissement s'arrête. Il est enfin certaines espèces qui ne peuvent jamais arriver à l'équi- libre numérique, ou plutôt, qui s’en trouvent brusquement écartées au moment où elles y arrivent; le nombre de leurs représentants varie brusquement dans des limites très étendues et d'une facon périodique : leur évolution numérique pourrait donc être représentée par une courbe à grandes oscillations, chacune d'elles étant caractérisée par une période d’ascension assez lente, et par une descente brusque et verticale. Cette courbe suppose une cause destructive atteignant l’espèce périodique- ment et la réduisant alors à un minimum très faible, sans pourtant l'anéantir. Disons, dès maintenant, que c’est chez les Insectes qu’elle s'observe, et en particulier chez ceux qui se signalent par leurs dégâts dans les cultures (Cécidomyie destructive, Army-Worm, Sésamies, etc.) et que la cause destructive doit être, en général, cherchée dans les Insectes parasiles. Prenons l’une de ces espèces, au:moment où elle est en bas de la courbe (1). A ce moment, elle se trouve loin de l’équilibre numérique vers lequel elle tend: son accroissement sera donc d’abord rapide, puis il deviendra de plus en plus faible et arrivera enfin à la position d'équilibre, ou, d’une facon plus exacte, à la position qui serait celle: d'équilibre sans l'intervention du parasite. La courbe s'arrêtera donc dans sa marche ascendante et tendra dès lors à redescendre sous l'influence du parasite. Suivons maintenant, d’une facon parallèle, l'évolution de ce dernier. Ilse développe suivant une courbe d'évolution numérique, qui lui est propre, ascen- (1) Dans tout ce qui suit, nous faisons abstraction des conditions climatéri- ques annuelles et des parasites au second degré. Il ne faut pas perdre de vue pourtant qu'ils peuvent jouer un très grand rôle. 130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dante, et cotoyant celle de son hôte; mais il n'y a pas de raison pour qu'il atteigne une position d'équilibre numérique en même temps que lui, et alors il peut continuer à se multiplier, jusqu’à ce que sa courbe propre rencontre celle de son hôte, déjà en train de redescendre. Or, dès que la courbe du para- site a rencontré celle de l'hôte, il se produit une chute brusque, verticale, des deux courbes confondues; et celte chute marquerait l’extermination de l'hôte entrainant celle du parasite, si alors n’intervenait une condition adaptative. spéciale de l'espèce hôte, L'espèce n'est pas entièrement anéantie par le parasite, parce que, précisé ment dans les cas dont il s’agit, elle possède une grande variabilité dans la durée nécessaire au développement de l'individu. Grâce à ce pouvoir de varia- bilité, il y a toujours des réserves sur lesquelles l’action destructive des. parasites est réduite à un minimum très faible, permettant à l'espèce de reprendre sa progression après être descendue à un taux numérique très bas. Le parasite n’attaque, en effet, son hôte qu'à un ou plusieurs moments définis de son évolution annuelle, et, de plus, à un stade déterminé de son évolution ontogénétique. Un retard dans le développement d’une certaine quantité de: larves et de pupes suffit donc pour amener une éclosion d'adultes qui donne naissance à toute une arrière-garde pouvant poursuivre son évolution, sans. être inquiétée par le parasite, alors que tout le gros de l’armée, né des indi- vidus non retardés dans leur développement, a été exterminé. Tous les descendants des parasites, qui, par leur ponte, ont contaminé le gros de l’armée, meurent donc sans laisser de postérité : car ils sont prêts à pondre à l'époque où doit exister la descendance des Insectes qu'ils ont exter- minés. Seuls quelques parasites peuvent échapper, soit en raison de la varia- bilité propre de la durée de leur développement, soit parce que, à l’époque de leur essaimage, il peut se présenter dans les champs des individus de l'espèce hôte accélérés dans leur évolution. Toujours est-il que, à ce moment, l'espèce peut être considérée comme ramenée brusquement à ses conditions initiales; et, suivant sa tendance à se multiplier suivant une progression géométrique, elle re- commence à s’accroitre en nombre pendant un certain nombre d’années, jusqu'à ce qu'elle trouve sa position d'équilibre numérique; mais aussitôt que cette condition s'est trouvée réalisée, la rencontre de la courbe d'évolution numérique du parasite avec celle de l'hôte déter- mine une nouvelle chute, et les choses peuvent continuer ainsi indéfi- niment, tant que les conditions du milieu extérieur restent les mêmes. [612.462] Du DEGRÉ ET DES CARACTÈRES DE LA TOXICITÉ URINAIRE DANS L'HYSTÉRO- ÉPILEPSIE (URINES PAROXYSTIQUES ET URINES RECUEILLIES DANS L'INTER- VALLE DES ATTAQUES), À par M. le D' F.-J. Bosc (de Montpellier). J'ai déjà indiqué (Société de Biologie, 23 juillet 1892) que les urines des hystériques présentent une hypotoxicité remarquable, et la cons- tance de ce caractère m'avait conduit à le faire entrer dans la formule biologique de l’hystérie. SÉANCE DU 30 JANVIER 131 . Deux cas d’hystéro-épilepsie à grandes attaques convulsives m'ont permis d'étudier d’une façon plus précisé et plus détaillée, le degré et les caractères de la toxicité des urines émises avant ou après les paroxysmes, et dans leur intervalle. Les urines étaient recueillies toutes les deux heures, de ne à pou- voir distinguer facilement les urines præ et post-paroxystiques; leur quantité, en vingt-quatre heures, oscillait aux environs de la normale. Ces urines filtrées ont été injectées par la voie intraveineuse à des lapins, à la vitesse de 5 centimètres cubes par minute, et à des chiens, à la vitesse de 25 centimètres cubes. I. Degré de toxicité. — a) Chez le lapin : Les urines des deux malades ont toujours été nettement hypotoxiques. La toxicité immédiale a oscillé entre 85 et 200 centimètres cubes par kilogramme, pour la pre- mière malade, avec des chiffres intermédiaires de 180, 170, 147, 196, 118, 100; et pour la seconde malade entre 80 et 220 centimètres cubes, avec des intermédiaires de 210, 150, 120 centimètres cubes. Ce chiffre de 220 centimètres cubes n'exprime pas l’hypotoxicité la plus forte car nous avons dû nous arrêter faute d'urine et le lapin a survécu. L’hypotoxicité est donc la règle ; mais les chiffres précédents mon- trent que certaines urines sont extraordinairement hypotoxiques. Les expériences faites avec les urines de nos malades, pendant des séries de sept jours de suite, nous ont montré que les urines les plus hypotoziques sont les urines post-paroæystiques (220, 200 centimètres cubes); que les urines des jours qui suivent le paroxysme demeurent très hypotoxiques; que les urines dont l'hypotoæicité est la moins considé- rable sont les urines præparoxystiques, c'est-à-dire émises dans les douze heures qui ont précédé la crise. b) Chez le chien, les résultats ont été identiques. Il nous a fallu 220, 200, 184 centimètres cubes par kilogramme d'urine interparoxystique pour amener la’mort. Dans un cas, les urines præparoxystiques ont tué un chien à la doséfde 65 centimètres cubes, c'est-à-dire qu’elles ont été réellement hypertoXiques par rapport aux urines de l’homme normal. Il s'agissait d'urines Féeueillies avant une attaque télaniforme très vio- lente de dix heures de durée. À deux reprises, des urines émises dans l'intervalle des crises se sont montrées brusquement d’une toxicité relativement éleèvée; peut-être cette élévation de toxicité était-elle en rapport avec des phénomènes paroxystiques autres que les convulsions. Il. Caractères. — Ces urines ralentissent la respiration, accélèrent le cœur, abaissent la température, produisent du myosis, des mictions abondantes, parfois de la diarrhée; entraînent de la parésie, de la réso- lution, des enraidissements musculaires et des attaques convulsivés, surtout tétaniques, intenses et répétées. Ces phénomènes sont légèrement variables, suivant le degré 132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ET ER PRE LE PE D ER de toxicité et suivant qu'il s'agit de mort immédiate ou éloignée, Dans le cas de mort immédiate avec les urines les plus toxiques : la pupille devient rapidement punctiforme, la respiration très difficile, la résolu- tion survient de bonne heure et l'animal présente avant de mourir des attaques toniques, très intenses, précédées de cris aigus. Même chez le chien, nous avons observé avec des urines præparoxystiques de l’enrai- dissement, puis des attaques avec opisthotonos d'une durée de plusieurs minutes. Dans le cas de survie après injection de doses énormes {200, 180 cen- timètres cubes par kilogramme), ces phénomènes sont plus lents à se produire : la pupille ne devient que tardivement punctiforme, les mic- tions sont très nombreuses et très abondantes (urines diurétiques); le lapin ne présente d'abord rien d'anormal du côté du système nerveux, puis il s’affaisse, et plus ou moins longtemps après l'injection, il a des séries de 8, 10, 12 attaques d'une grande intensité, et meurt. Ces qualités convulsivantes d’urines extrêmement hypotoxiques ne peuvent se voir ailleurs que dans l’'hystérie. J'ai vu en particulier des urines très hypotoxiques de mal de Bright subaigu provoquer des atta- ques intenses en séries de 12 à 15. Cependant le fait que des attaques tétaniques sériées se sont montrées rapidement non seulement chez le lapin mais encore chez le chien avec les urines præparoxystiques et ont été précédées d'enraidissement des pattes, de spasmes et d'hyperexei- tabilité très prononcée, et que ces urines ont été parfois hypertoxiques, nous parait en faveur d’une pathogénie toxique possible de l’hystéro- épilepsie et des paroxysmes hystériques. En résumé, les urines des malades atteints de grande hystérie con- vulsive sont hypotoxiques. Cette hypotoxicité est très prononcée pour les urines postparoxystiques et en général pour toutes les urines émises dans l'intervalle des attaques; elle est la moins marquée pour les urines præparoxystiques qui sont cependant d’une toxicité nettement inférieure à celle des urines normales, sauf dans quelques cas où elles peuvent être hypertoxiques. Ces urines atteignent la respiration et le cœur, con- tractent fortement la pupille, sont très diurétiques et énergiquement convulsivantes. DE LA TOXICITÉ URINAIRE COMME MOYEN DE DIAGNOSTIC ENTRE CERTAINS CAS DE SPASMES TÉTANIQUES D'ORIGINE HYSTÉRIQUE ET LE TÉTANOS VRAI, par M. le D' F.-J. Bosc (de Montpellier). Dans une note précédente, j'ai montré que, dans l'hystérie convulsive, les urines sont hypotoxiques. Cette hypoloxicité est véritablement très grande (220, 200, 180 centimètres cubes par kilogramme) pour les urines post-paroxystiques et, d'une façon générale, pour les urines émises dans l'intervalle des attaques. 1 ne LL SÉANCE DU 30 JANVIER 133 Cette notion peut trouver application, en clinique, dans les nombreux cas, l'épilepsie exceptée, où le diagnostic d'hystérie demeure incertain, et doit être ajoutée aux caractères tirés de l'examen chimique des urines. Voici un cas de cet ordre dans lequel notre embarras fut grand, au point de vue clinique et pour lequel l'examen de la toxicité urinaire nous permit de résoudre la difficulté. Un homme âgé de quarante ans présente tous les symptômes d'un tétanos atténué. Il est très abattu et, chaque dix à quinze minutes, il a des erises caractérisées par un opisthotonos intense, des contractures tétaniques des membres et du trismus. Parfois l'attaque est d’une grande violence. Les réflexes tendineux sont très exagérés. Les orteils sont rouges et gonflés à leur face plantaire et l’un d’eux présente une légère excoriation qui à pu servir de porte d’entrée au bacille tétanique. Le lendemain, les crises persistent, mais l'examen attentif du malade, ses réponses dans les moments de calme et l'histoire de sa maladie nous donnèrent quelques hésitations au point de vue du diagnostic. Le malade avait une hérédité névropathique très chargée ; depuis un mois, il avait un véritable délire hallucinatoire, et c’est pendant une poussée délirante qu'il était venu, tout d’une traite, de Lunel à Montpellier. Ce dernier détail nous expliquait l'état des orteils. L'examen direct nous montrait, en outre, un rétrécissement du champ visuel, des troubles sensitifs, et l’on constatait parfois quelques spasmes qui entrainaient la tête à droite et s'accompagnaient d'une sorte d'obnubilation. Etions-nous en présence d’un tétanos vrai, d’un tétanos évoluant chez un hystérique, ou simplement d’une hystérie à paroxysmes tétani- formes? Ce diagnostic était indispensable pour établir un pronostic bien diffé- rent dans l'une ou l’autre hypothèse. Nous examinâmes les urines de notre patient, au double point de vue du degré et des caractères de leur toxicité. Les urines des 24 heures et des urines recueillies à différentes périodes de la journée, injectées à des lapins, dans les veines de l’oreille, se montrèrent constamment d'une hypotoxicité remarquable. Il fallut de 1440 à 200 centimètres cubes de ces urines pour tuer 1 kilogramme de lapin. Une injection de 320 centimètres cubes à un lapin de 2,700 gram- mes, ne produisit même aucun effet. Ces résultats constituaient un nouvel élément en faveur de la nature hystérique du syndrome présenté par notre malade. Par comparaison avec la toxicité des urines dans le tétanos, il fallait écarter immédiatement le diagnostic de tétanos vrai, soit seul, soit associé à l'hystérie. Le premier, M. le professeur Bouchard a montré le degré élevé et les caractères particuliers de la toxicité de l'urine des tétaniques Avec 34 centimètres cubes d'urine, M. Bouchard a obtenu un violent BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. T. IV. 10 134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE accès de tétanos. D'autre part, Bruschettini (1892) a montré qu'il se fai- sait bien réellement une élimination de poison tétanique par les urines. Les urines de deux malades atteints de tétanos vrai ont été recueillies et injectées à des lapins par la voie intraveineuse. Elles ont produit la mort à des doses de 36, 38, 40 centimètres cubes par kilogramme : elles sont donc hypertoxiques, par rapport aux urines de l’homme sain. Elles ont développé en outre tous les symptômes du tétanos violent. La respiration s’est ralentie et est devenue difficile; le cœur, au lieu de s'accélérer comme avec les urines de notre malade et avec les urines d’hystériques, s’est ralenti, de 200 à 480, 115, 60 battements, par minute; la température s'est abaissée de 39 degrés à 37°,3; les pupilles sont devenues presque aussitôt punctiformes; rapidement, il s’est produit de l’affaissement, de la parésie du train antérieur, de la résolution avec enraidissement puis contracture tétanique des membres, la moindre excitation mécanique produisant des secousses épileptoïdes: des mou- vements convulsifs ont apparu, constitués surtout par des spasmes téta- niques de courte durée; enfin des attaques tétaniques d’une violence inouïe. Ces attaques se sont reproduites plusieurs fois, soit sponta- nément, soit au moindre contact, et le lapin est mort. Le diagnostic de nature hystérique que nous portâmes chez notre malade, de par l'examen de la toxicité urinaire, fut vérifié par l’évolution ultérieure des accidents et par l'examen plus complet du malade, dès qu'il fut possible de le pratiquer dans tous ses détails. SUR LE MÉCANISME DE L'HYPÉRÉMIE CUTANÉE. PSEUDO-ÉRYSIPÈLE VASO-MOTEUR, par M. L. JAcquer. Je désire vous communiquer un fait observé dans le service de votre président, M. Bouchard, et dont il m'a autorisé à vous parler. Je lui en suis très reconnaissant, car il se rapproche des expériences dont Je vous ai entretenus lors de l’avant-dernière séance. Mais, comme ces expériences ont subi, iei même, certaines critiques, Je vous demande, au préalable, la permission d'examiner la valeur de la plus importante d’entre elles, dont je reconnais en fait le bien fondé, sans que pourtant nos conclusions se trouvent modifiées de manière essentielle. Je veux parler de l’immobilisation préalable (de 4 à 6 heures) imposée à l'animal : il me paraît que son rôle est manifeste. Quoique ces expériences aient eu lieu en hiver (novembre et décembre 1892), et que les animaux fussent fixés dans un laboratoire plus chaud que leurs cages, ils devaient subir sans doute un certain degré de refroidis- sement. Ils se trouvaient donc ainsi en des conditions plus ou moins éloignées de l’état physiologique, et M. Dastre a vu juste, je le erois, en SÉANCE DU 30 JANVIER 135 supposant que l’abaissement de la tension sanguine joue son rôle dans la faiblesse de l’hypérémie obtenue dans ces conditions. Et comme c’est à l'effort exercé excentriquement par le sang sur des parois artérielles privées de leur tonus normal que nous avons attribué nous-mêmes la très légère hypérémie constamment produite du côté de la section, nous ne pouvons refuser de croire à une distension artérielle plus notable, si la pression sanguine eût été plus forte. Mais, qu'on veuille bien le noter, nos expériences étant dirigées dans le but d'éclairer le mécanisme de certaines dermatoses, et dans ces conditions pathologiques, la pression sanguine s'écartant sans doute de la normale — par excès ou par défaut — il reste que la comparaison de nos résultats avec certains de ces états demeure, malgré tout, légitime. De plus, comme en dépit de cette circonstance défavorable nous obtenions après l’irritation locale de l'oreille du côté sectionné une hypérémie énorme, très supérieure à celle obtenue par l’irritation de l'oreille saine il n’en reste pas moins, entre l’état de l'organe, avant et après friction, un contraste saisissant bien fait pour imposer à l'esprit la notion de l'importance de cette action locale. D'ailleurs, nous avons fait la contre-épreuve, et à deux reprises diffé- rentes, nous avons vu que si l’on exerce sur l’une des oreilles une irri- tation assez vive, que l’on place l’appareil protecteur, et, qu'une demi- heure après, l’on pratique la section du côté irrité, on oblient sur cette même oreille une forte et persistante hypérémie. Il y a donc là, par l’emmagasinement d’une impression, sorte de mémoire locale des tissus, un résultat inverse, complémentaire des précédents, et qui semble en faire la preuve. Je viens maintenant au fait clinique auquel je faisais allusion tout à l'heure : un phtisique à la phase ultime attire mon attention par une rou- geur intense du nez que je pris pour un érysipèle, le nez était en effet à la fois rouge, chaud, luisant, et un peu turgide; mais j'apprends de la surveillante et du malade lui-même que cette rougeur a déjà paru et disparu à plusieurs reprises et se montre surtout quand le malade se mouche. Je lui recommande, pour la visite du lendemain, de n'y pas toucher s’il le peut avant mon arrivée. Ce jour-là, nous trouvons le nez froid et un peu violacé, comme chez les asphyxiques : la dyspnée d'’ail- leurs est très modérée, la pommette droite est le siège d’une légère congestion ; les oreilles sont froides leur ourlet est violâtre, à peu près également des deux côtés. Nous pouvons faire alors les constatations suivantes : 1° le nez rougit faiblement quand le malade parle ; 2 il rougit plus nettement lors des efforts de toux (ces deux effets peuvent s'interpréter par l'augmentation de la pression sanguine, lors de la toux et de la parole); 3° enfin en frottant le nez nous obtenons aussitôt un état comparable au pseudo- érysipèle de la veille, avec toutefois l’aspect moins turgide et moins lui- 136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sant, ce que j'attribue aux progrès notables de l’affaiblissement depuis vingt-quatre heures. Ce malade mourut dans la nuit. A l’autopsie, nous trouvons le nez d’une päleur de cire, sans trace de vascularisation. Le sympathique gauche paraît intact dans tout son trajet, quoique sa por- tion thoracique soit en contact avec une plèvre épaissie; à droite, le nerf semble intact à la région cervicale et se laisse aisément détacher de la colonne vertébrale, mais dès son entrée dans le thorax il adhère à une coque pleuro-pulmonaire dure, due à la symphyse des deux feuil- lets pleuraux et du poumon, et provoquée par la présence d’une énorme caverne remplie de pus; il est impossible de le détacher complète- ment, et même en quelques points, de le distinguer. On ne le retrouve à peu près normai qu’à partir de la 4° dorsale. Je ne méconnais pas les lacunes de cette expérience clinique, mais je pense que,n'en retenant que le côté extérieur, on surprend dans la genèse de ce pseudo-érysipèle vaso-moteur, l'influence des deux agents de vaso-dilatation en jeu dans nos expériences, à savoir : la tension sanguine et l'irritation locale. En tout cela, rien n'est en opposition avec l'existence des vaso-cons- tricteurs dans le cordon cervical : comment, sans cette notion, pour- rions-nous expliquer l'hypérémie considérable qui survient après astion locale, dans l'oreille du côté de la section? Je ne vois aucune interpré- tation possible en dehors de cette notion. La belle découverte de CL. Ber- nard demeure done, en ce qu'elle a de fondamental, inattaquée et inattaquable. J'ajoute que la présence dans le même cordon cervical des vaso-dila- tateurs qu'y ont démontrés MM. Dastre et Morat, s'accommode tout aussi bien de nos recherches. Et même, au point de vue philosophique tout au moins, ilest clair que plus la vaso-dilatation semble subordonnée pour une part à des causes secondes, plus apparaît, pour elle, la néces- sité d'un appareil conducteur spécialisé. Le Gérant : G. MASsoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 157 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1897 M. Acrren Grarp : Sur le parasitisme placentaire des Monstrillidæ. — M. ALFRED Grarp : Sur la signification générale du parasitisme placentaire. — MM. ANDRÉ Broca et CHarLes RicneT : Effets que l'asphyxie et l'anémie du cerveau exercent sur l’excitabilité corticale. — MM. M. Kzrrez et E. Leras : Des altérations des glandes salivaires dans la sialorrhée des tabétiques. — M. A. Souuté : Sur les variations physiologiques que subissent dans leur forme et dans leurs dimensions les cellules endothéliales de l’épicarde et de la plèvre pulmonaire. — M. A. Pre- NaAnr : Rapports du noyau et du corps protoplasmique dans les cellules des tubes hépatiques de l'Oniscus murarius. — M. E. Grey : Sur le mode d'action de quelques poisons cardiaques. Présidence de M. Gley, vice-président. SUR LE PARASITISME PLACENTAIRE DES MONSTRILLIDÆ, par M. ALFRED GIARD. Dans deux communications à l’Académie des sciences (C. À. du 29 avril 1895 et du 16 novembre 1896) j'ai démontré que les Crustacés Copépodes de la famille des Monstrillidæ, pélagiques à l’état adulte, sont pendant le jeune âge parasites de certaines Annélides. Ces rela- tions éthologiques que j'ai découvertes entre les 7haumaleus etles Spioï- diens du genre Polydora ont été bientôt retrouvées par À. Malaquin entre les Zæmocera (Monstrilla auct. p. parte; et les Serpuliens des genres Filograna et Salmacina (C. R. de l'Acad. des sc., 28 décembre 1896 et 11 janvier 1897). Les divergences qui existent entre les observations de Malaquin et les miennes ne touchent pas à l'essence même des faits. J’ai constaté d’une facon indubitable chez Z'haumaleus germanicus l'existence d’une mem- brane appartenant à l'hôte et dans laquelle le parasite est invaginé à la facon des Entonisciens. Chez les Fæmocera, au contraire, cette mem- brane n’existerait pas, et le parasite plongerait directement dans le sang de l’Annélide infestée. Bien que la pénétration du Crustacé dans les vaisseaux soit assez difficile à comprendre d’après la description qui nous en est donnée, je ne mets pas en doute l’exactitude de cette affir- mation et, contrairement à l’avis de Malaquin, je crois que la diffé- rence des genres étudiés par lui et par moi peut suffire à expliquer la facon différente dont se comportent les parasites. C'est ainsi que chez les Diptères Entomobies dont l’évolution pré- sente, au point de vue physiologique, certaine ressemblance avec celle BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T, IV. 11 138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des Monstrillidæ nous voyons les larves d'Ocyptera bicolor, de Gymno- soma rotundata, de Frontina pacta vivre dans un sac fermé aux dépens de la paroi trachéenne de leur hôte, tandis que les larves d’un grand nombre de Tachinides et même celles d'espèces voisines des Frontina pénètrent brutalement par effraction dans la cavité du corps de leurs victimes où elles se meuvent librement entre les viscères. Les Hymé- noptères Proctotrypidæ nous fourniraient des exemples du même genre. Mais le fait capital de l’évolution des Monstrillidæ, celui sur lequel on ne saurait trop insister, c'est qu'à partir d’un stade très précoce et malgré un parasitisme intense, ces Crustacés présentent un développe- ment constamment progressif. Le Copépode parasite entouré des tissus d’une Annélide vivant elle-même à demeure dans un tube opaque et le plus souvent très abrité, acquiert des yeux (trois yeux!) plus puissam- ment développés que ceux d’une foule de Copépodes libres, des poils sensoriels antennaires très complexes et un système museulaire d'une rare perfection. La vie parasitaire semble n'avoir eu d'autre résultat que la disparition du tube digestif. Encore peut-on dire que cet organe ne se forme pas, parce qu'il n’a aucune utilité chez l'adulte. Cette manière finaliste d'exprimer le fail sera expliquée ultérieurement. Une semblable évolution ascendante, si différente de la transforma- tion régressive (dégénération) que nous offrent les autres Crustacés parasites, peut être comparée au développement intra-utérin également ascendant des fœtus de Mammifères. Et il convient de remarquer aussi, qu'imitant les rapports du jeune Mammifère avec l'organisme maternel, les jeunes Monstrillidæ sont reliés à leur hôte par un appareil transitoire faisant fonction de placenta (appendices foliiformes) (1). SUR LA SIGNIFICATION GÉNÉRALE DU PARASITISME PLACENTAIRE, par M. ALFRED GIARD. Dans le cas des Monstrillidæ, comme dans celui des Mammifères, le parasitisme des jeunes, soit aux dépens d’un hôte étranger, soit aux dépens de l’organisme maternel, n’a d'autre effet que de remplacer le (1) Je laisse de côté pour le moment toute discussion sur la valeur morpho- logique de cet appareil. Sans doute, à première vue, on est tenté de considé- rer les deux ou les quatre appendices lancéolés embryonnaires des Monstril- lidæ comme représentant la seconde paire d'antennes et les mandibules absentes chez l’adulte. Maïs il y a bien des raisons qui militent contre cette homologie : d’abord la structure non articulée de ces appendices et leur histologie; en second lieu leur ordre d'apparition; enfin leur comparaison avec des appareils plus ou moins similaires connus chez d’autres Crustacés parasitaires (Herpyllobiidæ, Cryptoniscidæ, etc.). SÉANCE DU 6 FÉVRIER 139 vitellus nutritif abondant qui chez des types voisins (Arthrostraca et Mysidæ, Reptiles et Oiseaux) permet le développement direct et con- densé de l'animal adulte (4). Le parasitisme placentaire, tout en ayant pour l'hôte les mêmes consé- quences que les autres genres de parasitisme, n’entraine pas pour le parasite lui-même toutes les modifications régressives résultant ordi- nairement de la vie parasitaire. Le Monstrillide adulte est presque exclusivement ce que le font la structure intime et la composition chimique (déterminées par la phylo- génie) de son plasma ovulaire fécondé, et ce germen ancestral, loin de produire un amas informe, un être rudimentaire incomplet, muni d'organes nullement adaptés à leurs fonctions (2), nous donne au contraire, malgré les conditions en apparence défavorables de l’évolution individuelle, un organisme merveilleusement adapté à un genre de vie très spécial et très différent de celui de l'embryon. On voit combien il est inexact de dire que l’ontogenèse prend des outils imparfaits, les utilise pour ses Eesoins, et en les faisant travailler les développe, les modifie, les transforme, les adapte, les fait ce que nous les voyons (3). Les muscles du jeune 7haumaleus ne travaillent pas, ses yeux pe sont pas exposés à la lumière, et cependant ces organes atteignent une étonnante perfection. En réalité, ce qui domine et dirige l’évolution d’un embryon, c’est, comme je l'ai répété maintes fois avec insistance depuis 1874, l’éthologie de l'animal adulte (4). C'est en vue de l’éthologie de l'adulte que s'établit dès la vie embryonnaire ce que les anciens physiologistes appelaient le consensus partium, ce que Treviranus a désigné le premier sous le nom d'adaptation (Zweckmaessigkeit für sich selber), ce qui constitue pour Burdon Sanderson les énergies spécifiques de l'organisme. Mais cette constatation n'implique nullement notre adhésion aux doc- (1) C'est à peine si on peut attribuer au parasilisme les modifications con- statées par Malaquin dans le Nauplius des Monstrillidæ. Les Proctotrypides de la famille des Platygasterini, parasites dès l’œuf, ont malgré cela conservé la forme larvaire primitive du groupe dont la trace s’est perdue chez la plupart des autres Hyménoptères (excepté les Ophion et quelques autres Ichneu- monides). (2) Y. Delage. L'Hérédité, 1895, p. 831, lignes 3 et 4. (3) Y. Delage, l. c., p. 831, lignes 14-17. (4) Voir notamment : A. Giard, Sur l’éthologie de Sacculina carcini (C. R. dé l'Acad. des se., 17 août 1874) et À, Giard, Notes sur quelques points de l'embryo- génie des Ascidies (Ass. fr. p. l'av. des sc., Congrès de Lille, 1874, p, 466 et suiv.). Un exemple très anciennement connu de l'influence de l’éthologie de l'adulte sur l’évolution embryonnaire nous est fourni par le développement comparé des carnassiers et des herbivores soit chez les Mammifères, soit chez les Oiseaux. 140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trines néovitalistes de H. Driesch et des autres adversaires modernes de l'idée darwinienne (1) ni même au néovitalisme darwiniste de Burdon Sanderson. Bien qu'il répudie le point de vue téléologique et qu'il admette plei- nement les vues de Darwin, Burdon Sanderson semble reculer devant la difficulté qu'offre aux partisans de l'explication mécanique de la vie le passage de la matière inorganique aux êtres organisés. Il considère l'organisme comme une donnée indéfiniment irréductible aux seules lois de la physico-chimie (2). Cependant s’il est vrai que l'organisme d'un animal soit la manifestation, la mise en œuvre (Aus/æsung) succes- sive des énergies spécifiques contenues dans son germplasma comme autant de ressorts tendus et solidaires les uns des autres, on peut dire également que ce germplasma est ce qu'il est, en raison de la sélection naturelle provoquée elle-même par les actions multiples des facteurs primaires de l’évolution. Par suite, la conception mécanique de la vie reprend sa prééminence puisqu'elle nous explique comment l'être vivant semble réagir uniformément sous l'influence de stimuli extérieurs différents (3). Notre manière de voir n'exclut pas non plus une influence parfois très nette des actions extérieures sur l’ontogénie et par suite une adaptation transitoire de l'embryon contraire en quelque sorte à l'adaptation de l'adulte. Mais, dans ces cas intéressants, le conflit entre les deux adapta- tions se traduit morphologiquement par une période de repos et d’histo- lyse (Insectes Metabola, Hydrachnides, Trombidides, certains Copépodes (1) Les idées néovitalistes de Driesch ont été très longuement développées dans une série de mémoires, d’une lecture assez pénible et où les contra- dictions sont malheureusement trop nombreuses. Les principaux sont Die Biologie als selbstandige Grundwissenschaft, Leipzig, 1893, et Analytische Theorie d. organischen Entwicklungs, Leipzig, 1894. Selon nous, ce qu’on doit retenir de ces idées, moins nouvelles qu'on ne pense, a été exposé avec une grande clarté et d'une façon tout à fait indépendante par J. S. Burdon Sanderson dans son remarquable discours : Biology in relation to the others natural Sciences, Presidential address before Brit. Ass. f. the adv. of Science; Congrès de Nottingham. (Nature, 14 septembre 1893, pp. 464-472.) (2) Tout en ajournant la question sine die, B.S. reconnaît que nous pouvons par certain côté approcher de la solution : « The only approach to it lies at present in the investigations of those rare instances in which, although the relations between a living organism and its environnement ceases as a watch stops when it has not been wound, these relations can be re-established — the process of life re-awakened — by the application of the required stimulus. » — Tel est le phénomène que nous avons désigné sous le nom d’anhydrobiose. (3) «Leben besteht in der Gleichfoermigkeit der Reaktionen bei ungleichfoer- migen Entwirkungen der Aussenwelt. » Treviranus. Biologie oder Philosophie der lebenden Natur, Gæœttingen, 1802, vol. I, p. 83. SÉANCE DU 6 FÉVRIER A41 — mm Choniostomatides, etc.). Il y a métamorphose et non plus simple trans- formation, la nécrobiose phylogénique étant pour nous le critérium de la métamorphose f1). 612.825.1 | EFFETS QUE L'ASPIYXIE ET L'ANÉMIE DU CERVEAU EXERCENT j SUR L'EXCITABILITÉ CORTICALE. Note de MM. Anpré BrocaA et CHARLES RICHET. I. — Nous avons essayé, par les méthodes indiquées dans notre com- munication antérieure (2), de déterminer l'influence que la privation d'oxygène ou la privation de sang exercent sur l’excitabilité corticale. On sait que les faits relatifs à ces influences, très bien exposés dans l'ouvrage de François-Franck (Fonctions motrices du cerveau, 1887, p. 349-358), sont assez contradictoires. La méthode employée par nous, c’est-à-dire l'excitation par des électrodes à position fixe, permet de résoudre quelques-unes des questions afférentes à ce sujet et d'observer les phases de l’asphyxie et de l'anémie qui se traduisent par des variations dans l'intensité des réponses, variations que l’on peut enregistrer graphiquement. II. — Si on fait l’asphyxie d’un chien chloralosé en liant la trachée, on voit, après une période d'hyperexcitabilité très courte (et qui manque parfois), dès la seconde minute, les secousses musculaires devenir de plus en plus faibles; vers la troisième minute, elles ont totalement dis- paru, et cependant le cœur de l'animal continue à vivre, et à donner des systoles énergiques (mais très rares). Pendant la quatrième, la cinquième et la sixième minute, le cœur continue à battre, et, natu- rellement, l’excitabilité cérébrale ne reparaît pas. 11 s'ensuit — ce que d'ailleurs on pouvait facilement prévoir, d'après les notions élémentaires de physiologie générale — que l’oxygénation du sang est une condition nécessaire à l'intégrité de la fonction céré- brale, et que l’excitabilité du cerveau est plus délicate, plus fragile que celle du cœur et celle des muscles. L'étude du retour à l’excitabilité antérieure est intéressante ; car elle permet de constater deux faits assez imprévus. À. Le retour au statu quo ante n’est pas graduel, mais rythmique. Il se fait par périodes : soudain, on voit l’excitabilité croître, puis dimi- nuer, puis disparaitre, pour reparaitre une demi-minute après; B. il (1) A. Giard. Les faux principes biologiques, etc. (Revue scient., 18 mars 1876, p. 281, 2° colonne), et Principes généraux de biologie, 1871, p. xxxvi. (2) Bull. de la Soc. de Biol., 19 décembre 1896. 142 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE faut un très long temps, parfois une demi-heure, pour qu'it y ait retour à l’état normal. | Mais les phénomènes post-asphyxiques, quoique assez prolongés, sont loin d'être aussi marqués que dans le muscle qui a été soumis à des contractions anaérobies. Dans ce dernier cas, en effet, nous avons une fois constaté que, sept heures après le travail anaérobie, le muscle était resté tout à fait inexcitable, dans un état voisin de la rigidité cadavérique. Au contraire, le cerveau, qui cesse de fonctionner beaucoup plus vite, revient assez vite à une excilabililté notable, quoique celle-ci reste longtemps inférieure à ce qu’elle était avant l'expérience. Ajoutons aussi ce fait important que l’excitabilité ne revient pas dans le cerveau par un accroissement régulier, mais avec des alternatives plus ou moins rythmiques d'augmentation et de dimiuution. III. — En faisant l'anémie brusque et totale du cerveau, nous obte- nons les mêmes phénomènes que par l’asphyxie; mais ils sont d’une extrême rapidité. Il faut trois minutes d’asphyxie pour obtenir l'inex- citabilité du cerveau, il suffit de trente secondes d’anémie pour obtenir le même effet. Nous arrivions à l’anémie cérébrale, tantôt en excitant les bouts périphériques des deux pneumogastriques, tantôt en ouvrant le thorax, en faisant la respiration artificielle et en comprimant, avec la main, le tronc brachio-céphalique et la carotide primitive, ce qui abolit à peu près absolument toute circulation dans l’encéphale. Dans l’un et l’autre cas, asphyxie et anémie, la cause de cette mort passagère du tissu nerveux est probablement la même; c’est l'absence d'oxygène. Mais dans l’asphyxie, comme la circulation continue, et comme il y a encore de l’oxygène dans le sang au moins pendant les premières minutes de l’asphyxie, l’anoxhémie n’est pas aussi absolue et aussi rapide que lorsque est supprimée la circulation dans le cerveau. Quant au retour de l’excitabilité normale, il se fait, comme après l’'asphyxie, plus rapidement peut-être. Ces expériences prouvent donc directement ce qu'on soupçonnait déjà par l'étude des phénomènes réflexes, à savoir qu'il n'y a pas de vie anaérobie du système nerveux central; mais, au contraire, que l'intégrité de sa fonction nécessite une circulation active avec un sang oxygéné. Elles prouvent aussi que toute interruption de la circulation et de l'irrigation cérébrales produit des troubles post-asphyxiques ou post- anémiques assez prolongés. IV. — D’autres expériences, sur lesquelles nous n'insistons pas au- jourd’hui, nous ont prouvé que le système cérébral est d’une sensibilité exquise à l’action des anesthésiques. Des doses faibles, plus faibles qu’on ne pourrait le croire, presque des éraces, de chloroforme, d’éther, de chloral, de morphine, modifient énormément l’excitabilité cérébrale. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 143 De plus, leur action est prolongée, et, au bout d’une heure et davan- tage, on observe encore les effets dus à l’inhalation de quelques centi- mètres cubes de chloroforme ou d’éther. Nous y reviendrons prochai- nement. Bien entendu, il s’agit d'animaux chloralosés; mais le chloralose, aux doses que nous avons employées, ne paraît pas avoir autant d'influence sur l’excitabilité cérébrale que les vrais anesthésiques. DES ALTÉRATIONS DES GLANDES SALIVAIRES DANS LA SIALORRHÉE DES TABÉTIQUES, par MM. M. KrrpPeL et E. LEras. On sait qu'il n'est pas rare de rencontrer la salivation au cours des maladies du système nerveux. Citer dans cet ordre d'idées l’atrophie musculaire, les seléroses de la moelle, la paralysie agitante, l'hystérie, l’épilepsie, les lésions en foyers de l'écorce cérébrale, le tabes, la para- lysie faciale d’origine centrale, n’est pas épuiser la liste des affections qui peuvent entrainer ce symplôme. La physiologie expérimentale de la sécrétion salivaire, étudiée d'une manière si remarquable par Schiff, CI. Bernard, Vulpian, et tant d’autres, nous fournit une explication suffisante de la relation qui existe entre une affection nerveuse et la sialorrhée. Mais un point qui, à notre connaissance, n’a jamais été étudié dans les cas de ce genre, c’est l'anatomie pathologique des glandes sali- vaires. Nous avons eu l’occasion de faire cette étude chez un homme atteint d’un tabes des plus nets au point de vue clinique et anatomique. Une quinzaine d’années après le début de la maladie survinrent des symptômes bulbaires, en particulier des troubles du goût et de l'odorat, s’accompagnant d'une salivation énorme et presque constante. Cet état dura quelques années. Le malade finit par succomber avec des troubles de la déglutition liés à une paralysie du voile du palais. A l’autopsie, les glandes salivaires étaient beaucoup plus volumi- neuses qu'à l’état normal. Voici ce que l’on note sur les coupes histologiques : 1° Glande parotide. — Les canaux excréteurs sont encombrés de cel- lules qui pour la plupart sont des leucocytes. Par places, on trouve la desquamation des cellules de revêtement qui sont mêlées aux amas de leucocytes. Presque partout, à la base des cellules de revêtement il existe des cellules lymphatiques envahissant les conduits. D'une facon générale, les canaux excréteurs sont d'autant plus malades qu'ils sont 144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'un calibre plus considérable. La plupart des canaux très petits sont sains. Il existe une congestion énorme occupant les gros et petits vaisseaux, qui sont comme injectés et distendus par les globules. Par places, les veinules sont thrombosées. Les cloisons qui séparent les lobules sont épaissies; dans quelques points, l'épithélium radié des canaux est remplacé par un épithélium cubique. Avec un fort grossissement, on constate, dans les points les plus colorés de la préparation, un envahissement à la fois des cloisons et des acini par de nombreux leucocytes rassemblés sous la forme de foyers inflammatoires assez bien circonscrits, mais au milieu desquels on n'arrive plus à distinguer les acini des parties voisines. Dans ces foyers, des capillaires et des petits vaisseaux sont gorgés de sang et entourés d’un manchon de cellules rondes (diapédèse). Il s'agit donc de foyers d'inflammation aiguë. Le nombre de ces foyers d’une certaine étendue est de deux sur une même coupe, mais il y a sur la même préparation un assez grand nombre de foyers analogues et plus petits. Ces amas cellulaires sont-ils formés de cellules en voie de multipli- calion et restéés à l'état indifférent, ou de leucocytes? Ont-ils leur origine primitive dans les cloisons ou dans les acini? Dans tous les cas, ils ne représentent pas un simple nodule inflammatoire. Partout, en effet, les lobules ont une distribution fort nette, les cloi- sons sont toutes épaissies d’une facon générale ; il y a des acini altérés et en transformation graisseuse : il n’y à pour ainsi dire plus de revête- ments de cellules, la graisse semble avoir pénétré ces lobules et avoir remplacé les éléments spécifiés. Les cellules salivaires sont augmentées de nombre, plus petites que normalement, serrées les unes contre les autres, la lumière centrale de l'acinus n'étant plus visible (état normal) ; ces cellules sont très riches en noyaux, avec souvent des limites peu visibles, fusionnées et granu- leuses. Les cellules de ces points ne sont pas en activité sécrétoire : le pro- cessus d'activité fonctionnelle y est surtout manifeste, par le grand nombre des noyaux et des cellules, comme dans une glande mammaire en voie d'activité. 2° Glande sous-maxillaire. — On n'y trouve pas les lésions qui viennent d'être signalées dans la parotide. L'aspect est le suivant : on remarque une assez grande irrégularité dans l’activité des différents acini. Il y a en effet des acini bordés de cellules claires et gonflées, d'autres remplis de cellules petites et opaques. Les cloisons ne sont pas épaissies, mais dans les points avoisinant les conduits excréteurs, il y a épaississement; dans ces SÉANCE DU 6 FÉVRIER 145 — ———————————————…——————…—…"…"—"—"—….—…——_…——_.——— — —.—_—…—_—_—…— —. ——_…"—— -…—— — mêmes régions existe une congestion vasculaire des plus marquées. En outre, on trouve disséminés dans la préparation quelques acini présentant une netteté tout à fait exceptionnelle, remplis de cellules claires et à peine granuleuses : ces cellules sont très grandes et fusionnées. L'’acinus qui offre ces caractères, semble refouler les acini voisins. Partout les conduits excréteurs sont intacts, surtout ceux de petit calibre. Les gros vaisseaux sont normaux. SUR LES VARIATIONS PHYSIOLOGIQUES QUE SUBISSENT DANS LEUR FORME ET DANS LEURS DIMENSIONS LES CELLULES ENDOTHÉLIALES DE L'ÉPICARDE ET DE LA PLÈVRE PULMONAIRE, par M. A. SouLié. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) La plupart des auteurs (Klein, Schwartz, Muscatello) qui ont étudié les changements de forme des cellules endothéliales, ont envisagé surtout des organes dont les variations de volume s’opèrent d’une façon lente et graduelle, comme la vessie et l'intestin par exemple. Nous nous occuperons exclusivement, dans cette note, de la plèvre pulmonaire et de l’épicarde, c'est-à-dire de séreuses participant à la distension rapide et fréquente des organes qu'elles tapissent. Nous indiquerons suecessi- vement la forme et les dimensions des cellules endothéliales sur les membranes étalées après nitratation, et sur des coupes normales à leur surface. A. Épicarde. — Cuien. 1° Vues en surface. — Sur le cœur en dias- tole, les éléments cellulaires de forme polygonale à cinq ou six côtés, présentent un corps cellulaire homogène, à bords légèrement sinueux, avec un noyau excentrique faiblement coloré ; leurs dimensions sont comprises entre 27 et 35 y. Sur le cœur en systole, l’aspect polygonal est plus régulier, les bords sont nettement accusés, et le corps cellulaire fortement granuleux renferme un noyau central bien coloré ; les dimen- sions sont réduites à 15 4 en moyenne. 2° Coupes. — Sur le cœur en diastole, la hauteur des cellules lamel- leuses (27 à 35 u) ne dépasse guère 2 & (1,5 à 2,2 u); sur le cœur en systole, les éléments se rapprochent de la forme cubique, et leurs dimensions oscillent entre 12 et 15 y. Les coupes montrent que, même sur le cœur en diastole, il existe, à la surface séreuse, des dépressions dont le fond est occupé par des cellules granuleuses à noyau fortement coloré, ayant conservé la forme cubique. 146 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Homne. — Sur le cœur en diastole, les cellules lamelleuses mesurent de 30 à 34 y de large sur 1 à 2 y de hauteur. On retrouve également, de distance en distance, des dépressions tapissées par des cellules granu- leuses cubiques qui se continuent par une transition ménagée avec les cellules lamelleuses voisines. Sur le cœur en systole, les cellules affec- tent une forme cubique ou prismatique peu élevée (9 & de large sur. 13 & de haut). Sur le cœur fortement contracté d'un jeune singe, les cellules de forme nettement cubique mesuraient 7 à 8 y dans tous les sens. B. Plèvre pulmonaire. — CoBayE. 1° Vues en surface. — On sait que les cellules endothéliales de la plèvre pulmonaire, de forme polygonale, se disposent en rosace autour d'éléments cellulaires plus réduits. Sur le poumon en inspiration, les cellulés centrales mesurent 20 y en dia- mètre, les cellules périphériques atteignent 24 à 27 y; les contours cel- lulaires sont sinueux. Sur le poumon en expiration, la disposition en rosace disparaît complètement, et les dimensions se réduisent, pour toutes les cellules, à 8 ou 10 4; les contours cellulaires sont indiqués par des lignes droites. 2° Coupes. — Sur le REINE en inspiration, la largeur des cellules varie de 23 à 26 y sur 1 à 2 y de hauteur; sur le poumon en expiration, la largeur s’abaisse à 10 x, tandis que fa hauteur s'élève à 4 ou5 w. Contrairement à ce que nous avons observé sur l’épicarde, les dépres- sions de la séreuse sont rares et peu accusées, et les éléments cellulaires qui les tapissent se rapprochent plutôt du type pavimenteux. Lapin. Vues en surface. — Pendant l'inspiration, la largeur des cellules atteint 32 4, tandis que, pendant l'expiration, elle descend à 14 pu. Conclusions. — 1° Les cellules endothéliales qui tapissent la surface des organes à changement rapide de volume, sont soumises à de cons- tantes variations dans leur forme et dans leurs dimensions. Pour le cœur, les cellules de l’épicarde, lamelleuses pendant la diastole, deviennent cubiques pendant la systole; pour le poumon, les éléments endothéliaux de la plèvre, lamelleux pendant l'inspiration, prennent la forme pavi- menteuse pendant l'expiration. 2° Les dentelures des contours cellulaires, très accusées sur l'organe distendu, disparaissent lorsque cet organe se rétracte. 3° Il existe, à la surface de la plèvre pulmonaire et surtout de l'épi- carde, des dépressions, dans lesquelles les cellules conservent la même forme pendant les variations de volume de l'organe. L'aspect fortement granuleux de ces éléments, et l'élection active de leur noyau pour les substances colorantes, nous semblent devoir confirmer l'opinion déjà exprimée que ces éléments jeunes constituent des centres de régénéra- tion endothéliale. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 147 RAPPORTS DU NOYAU ET DU CORPS PROTOPLASMIQUE DANS LES CELLULES DES TUBES HÉPATIQUES DE L'ONISGUS MURARIUS (1), par M. A. PRENANT. Dans le numéro de janvier de l'American Naturalist, je trouve un résumé, publié avec figures, d’un travail, de E. G. Conklin paru dans les Contributions from the Zoological Laboratory of University of Pennsyl- vania, n° VI, et intitulé : The Relation of Nuclei and Cytoplasm on the [ntestinal Cells of Land Isonods. L'auteur y décrit, dans les cellules intestinales de Porcellio, Oniscus et Armadillidium, un certain nombre de faits intéressants, concernant les rapports très curieux que le noyau offre avec le corps protoplasmique dans ces cellules intestinales. Voici le résumé de ces faits : Dans les cellules de la paroi ventrale de l'intestin, immédiatement en arrière du typhlosolis, la membrane nucléaire est très mince du côté tourné vers la lumière de l'intestin, élirée là en prolongements pointus qui se continuent avec le cytoréticulum. Dans plusieurs cas, la mem- brane nucléaire est même absente de ce côté du noyau; on peut voir le cytoréticulum en connexion directe avec le noyau, les granules chroma- tiques de celui-ci étant reliés par une transition insensible aux grands microsomes du cytoplasma. Cette transition est surtout évidente après coloration par le liquide de Biondi-Heïdenhain; les granules chroma- tiques à l'intérieur du noyau sont alors verts, les microsomes cytoplas- miques sont rouges, et entre ces granules il y a de l’un à l’autre toutes les transitions de teinte en passant par le bleu et le lilas. La communi- cation nucléo-cytoplasmique se montre toujours au même endroit, du côté de la lumière du tube, ce qui exclut l’idée d’une rupture artificielle. L'auteur ne s'explique d’ailleurs pas sur la signification de cette com- munication cyto-nucléaire. Dans les cellules de la paroi dorsale intestinale, en arrière du typhlo- solis, le noyau n’est limité aussi, du côté de la cavité de l'intestin, que par une membrane très mince, peut-être même discontinue. Entre le noyau et la lumière intestinale, le cytoplasme est très dense, et s’accu- mule surtout juste en dehors du noyau, en formant une masse sombre qui se projette dans la cavilé nucléaire par un ou plusieurs prolonge- ments. Ces prolongements contiennent souvent des vacuoles ; leur structure et leur coloration sont semblables à celles des nucléoles. Peut-être même ces prolongements se séparent-ils et deviennent-ils libres dans le noyau ? (4) La démonstration des préparations relatives à cette communication sera faite, le 17 courant, à la Réunion biologique de Nancy. 148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Conklin rappelle combien ce processus est analogue à celui que Korschelt « observé dans les œufs du Dytique. Dans l’un et l’autre cas, il y a peu de doute que la matière granuleuse, amassée au voisinage du noyau, Soit une substance nutritive, qui, dans le cas des Isopodes, serait empruntée au canal alimentaire; elle parviendrait au noyau, après s'être rassemblée contre la membrane nucléaire. Contrairement au cas observé par Korschelt, c'est cette substance qui pénètre dans le noyau et non pas le noyau qui envoie vers elle des prolongements pseudopodiaux ; l'émission active de tels prolongements paraît à l’auteur une action à peine possible de la part d’un noyau. Malgré tout, Conklin ne se déclare pas absolument convaineu du contraire, c’est-à-dire de la pénétration des prolongements de la substance cytoplasmique dans le noyau. Depuis près d’une année j'ai observé des faits presque identiques, que j'ai montrés aux personnes qui fréquentent le laboratoire et dont j'ai même fait la démonstration aux étudiants à la suite d’un cours sur les fonctions du noyau. Mes observations ne portent pas exactement sur le même objet que celui qu'a examiné Conklin ; elles ont été faites sur les tubes hépatiques (et non sur l'intestin) d'Oniscus murarius. La concordance de mes observations avec celles de Conklin est com- plète. Il n’y a que cette différence, à laquelle on peut peut-être attacher une cerlaine importance (comme je le dirai plus tard): ce que l’auteur américain trouve constamment sur le côté interne du noyau, je l’observe toujours au côté externe. À part cela, je puis donc confirmer que, sur la face externe (cœlomique) du noyau des cellules hépatiques chez le Cloporte, le noyau cesse à cet endroit d’être limité par une membrane nucléaire nette, ou même que cette membrane peut faire totalement défaut; que le noyau peut là se découper en plusieurs pro- longements qui s'enfoncent dans le cytoplasma, comme les papilles épidermiques pénétrant dans la profondeur du derme ; que le noyau et le cytoplasme, qui ont iei une structure franchement microsomateuse, passent de l’un à l’autre à cet endroit ; que les granules chromatiques nucléaires forment dans les prolongements du noyau des trainées qui se continuent par des séries de microsomes cytoplasmiques ; que vers la pointe des prolongements on observe des grains offrant des colora- tions intermédiaires entre celle des granules chromatiques nucléaires et celle des cytomicrosomes ; et j'ajoute enfin qu’à quelque distance de ces prolongements nucléaires intracytoplasmiques, j'ai vu en plein cytoplasma des grains colorés absolumemt comme ceux de la chroma- tine nucléaire (1). (4) Les préparations sur lesquelles repose cette description provenaient de pièces fixées par le liquide de Flemming et colorées, soit par la méthode de coloration triple de cet auteur, soit par la safranine-gentiane-vert lumière SÉANCE DU Ô FÉVRIER 149 Quelle est la signification de ces dispositions, et quelle interprétation faut-il en donner ? Je ne peux me prononcer plus catégoriquement que Conklin et dois me borner à affirmer qu'il se passe là des échanges nutritifs très importants entre le noyau et le corps protoplasmique (1). S'agit-il d'un appoint fourni par le cytoplasme au noyau? S'agit-il au contraire d’un enrichissement du cytoplasme par la substance nu- cléaire ? À ne considérer que l’objet que J'avais étudié, c'est-à-dire les tubes hépatiques, je n'avais pas plus de raison pour admettre l’un que l'autre, de même que Conklin, limité à ses observations sur le tube intestinal, ne se croit pas plus autorisé à se prononcer dans un sens que dans l’autre. Il en est autrement à présent que, dans deux organes différents, nous avons observé des faits identiques en deux endroits opposés du noyau: en dedans (du côté cavitaire) pour les cellules intestinales; en dehors (du côté cœlomique) pour les cellules hépatiques. Comme les faits observés sont identiques, il est certain quils sont l'expression d'échanges nutritifs de même sens entre noyau et cytoplasma, malgré leur siège apparemment différent. Il s’agit vraisemblablement, comme le veut Conklin, d'un mouvement nutritif nucléipète. Il y aurait donc tant dans les cellules intestinales que dans les cellules hépatiques un courant nutritif qui, venu du dehors, passerait au cytoplasme, pour pénétrer ensuite dans le noyau et ressortir par le côté opposé du corps cytoplasmique. Or, le schéma établi dans ces conditions, avec les flèches indicatrices de la marche du courant, donne, en tenant compte du siège différent des faits histologiques : de la cavité intestinale, c’est-à-dire de l'extérieur, au corps protoplasmique, puis au noyau des cellules intestinales, et de là dans la cavité générale; de la cavité générale au corps protoplasmique et au noyau des cellules hépatiques, et de là à l'extérieur par le canal excréteur du foie. Comme si ces échanges correspondaient à une sécré- tion interne (l'absorption intestinale) dans le premier cas, à une sécré- tion externe (la sécrétion hépatique) dans le second. Ce schéma peut expliquer la différence très remarquable et absolu- ment constante dans l'endroit nucléaire intéressé, qui seule sépare les soit enfin par la safranine-vert lumière seulement. Par conséquent, dans la première coloration, les cytomicrosomes sont orangés, verts dans la seconde et dans la troisième; les granules chromaliques du noyau et leurs isochromes dans le cytoplasma sont bleus dans la première et la seconde méthode, rouges dans la troisième. (1) L'importance de ces dispositions au point de vue fonctionnel ne m'avait pas échappé; car je me proposais d'étudier expérimentalement leurs change- ments sous l'influence de variations dans le mouvement nutritif général. D’autres occupations m'ont empêché de réaliser ce projet. 450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE observations de Conklin et les miennes. Nos observations, exactement concordantes dans le détail des faits, se compléteraient d'une façon heureuse pour l'interprétation physiologique des résultats. ! SUR LE MODE D'ACTION DE QUELQUES POISONS CARDIAQUES, par M. E. Grey. Dans les recherches que j'ai poursuivies durant plusieurs années (1887-1892), à diverses reprises, tant sur les effets des excitations élec- triques directes du cœur que sur l’action des poisons cardiaques, j'ai souvent observé des faits que je puis présenter comme confirmant les idées émises par M. François-Franck, dans sa note du 30 janvier der- nier. I. — La mort du cœur des Mammifères électrisé ou empoisonné par l'un quelconque des poisons suivants dont j'ai étudié l’action, digita- line, strophantine, ouabaïne, tanghinine, coronilline, anagyrine, est à peu près identique, comme M. François-Franck l'a admirablement montré pour la digitaline et la strophantine (1); les ventricules, plus ou moins violemment tétanisés, ne peuvent plus se contracter rythmique- ment et les trémulations caractéristiques, produites sous l’une ou l’autre de ces deux influences, vont s’affaiblissant peu à peu, et ainsi survient la cessation de tout mouvement ventriculaire. Cette comparaison est facile à faire, quand on explore la pression intra-ventriculaire au moyen d’une sonde cardiographique ou quand on enregistre les change- ments de volume du cœur par le procédé de François-Franck, et, mieux encore, quand on associe ces deux explorations. Dans le second cas seulement, les trémulations sont moins fortes, ce qui s'explique aisé- ment, puisque le cœur intoxiqué a en général passé, avant d'arriver à celte période ultime de tétanisation, par une phase assez longue de tonicité exagérée (renforcement de la systole, accélération du cœur). On peut, du reste, diminuer l'intensité des trémulations produites par une excitation électrique forte en provoquant d’abord des accès de palpita- tions (qui s’accompagnent d’une augmentation de la tonicité du myo- carde), au moyen d’excitations induites de faible intensité ou de fré- quence réduite (2); cette série de stimulations préalables diminue (4) Ch.-A. Francois-Franck. Analyse expérimentale de l’action de la digita- line sur la fréquence, le rythme et l'énergie du cœur, in Clinique méd. de la Charité, du professeur Potain. Paris, 1894. (2) Voy. G. Sée et E. Gley. Exp. sur les mouvements rythmiques du cœur, Comptes rendus Acad. des sc., CIV, p. 827, 21 mars 1887. SÉANCE DU Ô FÉVRIER 451 l'énergie de la réaction finale du cœur et rend cette réaction encore plus comparable à celle du cœur intoxiqué. Que cet état du myocarde constitue bien d’ailleurs, dans l’une ou l’autre de ces deux conditions, une sorte de tétanos à secousses disso- ciées, c'est ce qui résulte de l'examen des nombreuses courbes de la pression intra-ventriculaire que M. François-Franck a étudiées et de celles que j'ai eu, de mon côté, l’occasion d'obtenir. Cette notion peut être appuyée par quelques observations complémentaires. C'est ainsi que j'ai vu maintes fois les trémulations se produire plus aisément sur un cœur préalablement accéléré. Le phénomène, par exemple, peut être déterminé par une excitation assez faible, si on la fail agir immédiate- ment après la section des deux pneumogastriques. Inversement, il est moins facile d'amener à cet état un cœur ralenti; c’est ce que j'ai vu, par exemple, chez des chiens ayant recu une assez forte dose de pilo- carpine qui avait diminué considérablement le nombre des contractions cardiaques (1). II. — Tous ces poisons, digitaline, strophantine, ouabaïne, tanghi- nine, anagyrine, qui provoquent les trémulations ventriculaires, dans le cœur des Mammifères, font mourir le cœur de la Grenouille en systole (2). Il était inutile de s'assurer de ce dernier fait avec la digita- line ; mais je l'ai étudié pour les autres substances. Jamais, au con- traire, sous l'influence des poisons dits diastoliques, comme la musca- rine, la saponine (ce sont les seuls que j'aie étudiés à ce point de vue), je n'ai vu le cœur des Mammifères présenter une phase de trémulations ; mais il s'arrête en diastole, comme le cœur de la Grenouille. Par consé- quent, les trémulations ventriculaires peuvent bien être regardées comme analogues à cet état de contraction permanente, de contracture, auquel les poisons dits systoliques amènent rapidement le cœur de la Grenouille. Le relâchement ventriculaire, que l’on observe souvent à l’autopsie des animaux intoxiqués par la digitaline ou par un autre des poisons sus-indiqués, est un phénomène consécutif à la tétanisation, comme l’a fait très justement observer M. François-Franck. C’est un phénomène purement passif. Et d’ailleurs, j'ai vu plusieurs fois dans ce cas, surtout chez des Lapins, mais aussi chez des Chiens, le ventricule (4) On pourrait d’ailleurs se demander si les moyens (chloralisation préa- lable, refroidissement) qui, comme je l’ai montré il y a plusieurs années, augmentent la résistance du cœur aux excitations électriques, n'ont pas cet effet en partie parce que, diminuant le nombre des contractions cardiaques, ils enlèvent plus ou moins au myocarde une des conditions nécessaires pour que le fusionnemient trémulatoire des secousses, constituant la forme spéciale du tétanos du cœur, se puisse produire. (2) S'il ne s'agissait ici simplement d’un rapide examen comparatif, tres général, il y aurait lieu de faire quelques réserves au sujet de l’action de l’anagyrine. TNA 152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gauche rester resserré, tandis que le ventricule droit se dilatait passi- vement, distendu peu à peu par le sang veineux. Ainsi ces substances, quels que soient les animaux sur lesquels elles agissent, agissent en définitive de la même facon. Le Gérant : G. MASSoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MaR=ETHrEUXx, directeur, 1, rue Cassette SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1897 M. Cu. Féré : Amnésie rétroactive consécutive à un excès de travail physique. — M. E. Van ErmenGen : De l'étiologie du botulisme. — M. le Dr Gurraup : Pré- sence du streptocoque dans l'eau de boisson servant à l'alimentation d’un village de la Haute-Garonne sur lequel sévit une épidémie à caractères insolites. — MM. J. Trissrer et L. GuiNarD : À propos des hémorragies gastro-intestinales graves et des etfets vaso-dilatateurs produits par la pneumobacilline. — M. le D'E, Maurez : Action du chlorure de sodium sur le sang de l’homme. — M. E. Bar- DIER : Echanges respiratoires chez les animaux gras en inanition. — M. A. Przrrer : Note sur la conservation des pièces anatomiques et histologiques par le procédé de M. Melnikoff. — MM. L. Garnier et M. Lauserr : Action des injections intraveineuses d'eau salée sur la respiration musculaire. — M. G. MariNesco : Les noyaux muscula-striés et musculo-lisses du pneumogastrique. — MM. L. Mery et LorrAIN : De l’action du sérum de Marmorek sur les streptocoques des scarlatineux. Présidence de M. Gley, vice-président. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. HENNEGUY dépose et offre à la Société le 1° fascicule des Archives d'anatomie microscopique, publiées sous la direction de MM. Balbiani et Ranvier, professeurs au Collège de France (M. Henneguy, secrétaire de la rédaction). Ce fascicule comprend 136 pages et 8 planches hors texte en couleurs, d’une exécution absolument remarquable. Cette revue comble une lacune importante qui existait dans la bibliographie française. Les auteurs espèrent donc rendre service à tous les histologistes en centra- lisant les travaux consacrés à l'anatomie microscopique jusqu'ici épars dans nombre de revues variées. AMNÉSIE RÉTROACTIVE CONSÉCUTIVE A UN EXCÈS DE TRAVAIL PHYSIQUE, par M. Cu. FÉRÉ. L’amnésie rétroactive, c'est-à-dire comprenant une période plus ou moins longue antérieure à l’accident qui l’a provoquée, se rencontre à la suite de chocs nerveux ou de décharges très diverses : chocs traumati- ques, chocs émotionnels, intoxicalions, attaques convulsives ou impul- BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. T. IV. 12 154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sives de l’épilepsie, etc. (1). On peut l’observer encore à la suite d'un travail physique. P. J..., dix-huit ans, appartient à une famille d'agriculteurs dans laquelle on cite plusieurs cas de longévité remarquables. Son père a cinquante-deux ans, est un homme vigoureux d’une santé irréprochable ; la mère a cinquante ans, elle est sujette à des maux de gorge, mais n’a jamais eu de maladie grave. Du côté maternel, une tante, qui a quarante- huit ans, a toujours eu dès son enfance une émotivité morbide relative- ment à la mort et à toutes les circonstances qui peuvent la rappeler : depuis deux ans, à la suite d’une influenza, la représentation d’un mort, d’un cercueil, d’une cérémonie funèbre ne quitte guère son esprit et elle est sujette à des crises d'angoisse. P. J... est l'aîné de deux sœurs qui ont respectivement dix-sept et quinze ans, et paraissent se bien porter; pourtant on cite de l’une d’elles des crises nocturnes d’asthme qui se: manifesteraient à longs intervalles depuis l’âge de cinq ans. Lui-même est venu à terme dans de bonnes conditions et s’est bien développé jus- qu'à l’âge de quatre ans. À cette époque, à la suite d’une fièvre, il a souffert de terreurs nocturnes qui se répétaient à peu près chaque nuit, et au bout de quelques semaines, il avait des hallucinations diurnes; il jetait tout à coup un cri, voyant un insecte volumineux ou une souris . monter sur son vêtement. Ces hallucinations diurnes se sont répétées à: des intervalles variables pendant trois ou quatre mois. Depuis, sa santé a été parfaite, il a fait ses études assez facilement; il à passé récemment ses derniers examens de baccalauréat sans fatigue. Peu entrainé aux exercices physiques, P.J... avait l'habitude, les jours de sortie, de se livrer à la bicyclette, il faisait des excursions assez longues, qui avaient pour effet constant de déterminer un sommeil massif, il s’en-. dormait souvent à table et devait se coucher après diner; il dormait d'un sommeil lourd, accompagné de ronflement, pendant dix ou onze heures consécutives. Le 2 août, après s'être livré à son exercice favori une bonne partie de la journée, il s'était trouvé en retard et dut faire à une allure forcée un parcours d’une vingtaine de kilomètres. À peine rentré, il s'endormit sur une chaise; on ne le tirait de son sommeil par aucune excitation, on dut le mettre au lit. Il dormit sans s’éveiller pen- dant quatorze heures d’un sommeil profond. Quand il se réveilla spon- tanément, il paraissait comme étonné et ne se rendait pas compte de sa situation. Ilse croyait à Limours chez des amis, où il avait déjeuné et d'où il était parti à deux heures. Sa course forcée avait commencé à Orsay où il avait quitté deux camarades, comme on l’a su plus tard, vers six heures. Depuis, bien qu'il ait revu ses camarades et la plupart des chemins qu'il a parcourus pendant la période de cinq heures qui a précédé son som- (1) Ch. Féré. Les Épilepsies et les Épileptiques, 1890, p. 94, 140, 143. La pa- thologie des émotions, 1892, p. 100, 307, 325. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 155 meil, aucun souvenir ne lui est revenu. Ses amis n'avaient rien remarqué de particulier dans ses allures lorsqu'il les avait quittés à six heures : l’amnésie rétroactive comprend au moins une période de quatre heures en admettant que sa dernière course ait été inconsciente. Il est bon de remarquer que l’amnésie rétroactive n’est pas rare après le somnambulisme provoqué (1). DE L'ÉTIOLOGIE DU BOTULISME, par M. le D° E. VAN ERMENGEM. Les photographies que j'ai l'honneur de présenter à la Société se rapportent à des recherches entreprises sur des accidents d’origine alimentaire qui ont offert la physionomie caractéristique du botulisme. D'un jambon, qui à été le point de départ de ces accidents, j’ai isolé un microbe anaérobie nouveau. Ses produits de culture provoquent chez plusieurs espèces animales un ensemble symptomatique ne différant guère des manifestations morbides observées chez les malades. Sa toxine extrêmement active produit, entre autres phénomènes, de la mydriase persistante, du prolapsus de la langue, de la dysphagie, de l'aphonie et des parésies motrices. Les animaux réceptifs, le singe, le cobaye, succombent à l’ingestion de doses très minimes de ce produit microbien. L'étude des lésions du système nerveux a donné des résultats inté- ressants. Dans une communication, faite récemment à la Société, M. Marinesco a décrit les altérations des cellules nerveuses qu'il a observées sur des animaux inoculés dans notre laboratoire. La toxine du microbe botulinique agit sur la paroi des vaisseaux : des hémorragies ont été constatées en divers points de l’axe cérébro- spinal et dans certains organes. Nos recherches sur l’étiologie et la pathogénèse du botulisme sont exposées longuement dans un mémoire qui sera publié prochainement par les Archives de Pharmacodynamie (t. III, fase. 2 et 3, 1897). PRÉSENCE DU STREPTOCOQUE DANS L'EAU DE BOISSON SERVANT A L'ALIMEN- TATION D'UN VILLAGE DE LA HAUTE-GARONNE SUR LEQUEL SÉVIT UNE ÉPIDÉMIE A CARACTÈRES INSOLITES, par M. le D° Guirau» (de Toulouse). Depuis quelque temps règne dans un petit village du Lauraguais (Haute-Garonne), le village de Loubens, une épidémie à caractères assez (1) Bernheim. De l’amnésie rétroactive dans le sommeil provoqué. Revue de l'Hypnotisme, 1889, p. 12. LE Pl 456 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE singuliers. À côté de cas très nets et tout à fait typiques de fièvre typhoïde, on observe des formes semblant se rattacher par tous leurs symplômes à la méningite cérébro-spinale, opisthotonos, trismus, contracture des membres, paralysies consécutives, etc., etc. Entre ces formes si tranchées se présentent des cas mixtes dans lesquels les caractères des deux affections semblent s'être associés. Cette épidémie, grave par l'extension qu'elle a prise, puisqu'elle a frappé 68 personnes sur les 450 habitants que compte le village et par sa durée (elle a débuté en août et n’est point encore complètement éteinte), n'en a pas moins été fort bénigne. Elle n'a causé en effel, jusqu'ici, que 2 morts. Cette bénignité est d'autant plus surprenante que les formes alaxiques dans les cas se rattachant nettement à la fièvre typhoïde, ont été particulièrement fréquentes. Laissant de côté toute discussion sur la nature de cette épidémie, point qui a été traité d’une facon très complète et avec une compétence toute particulière par mon collègue, M. le professeur André, je me bor- nerai dans cetle note à signaler les résultats que nous à donnés l'examen bactériologique de l’eau de boisson dont usent les habitants du village. Le village de Loubens, très mal partagé au point de vue des eaux potables, en raison de sa situation topographique et de la constitution géologique de son sol, ne dispose, pour son alimentation, que de. quelques maigres filets provenant des infiltrations et des suintements des eaux de pluie dans les couches superficielles du sol. Ces suinte- ments viennent se rassembler dans une dépression, une sorte de cuvette naturelle où l’on a construit un réservoir en maçonnerie et installé une pompe. C'est là que tous les habitants viennent puiser pour leurs usages une eau trouble, d'aspect rien moins que séduisant, et manifestement insuffisante, même après la période pluvieuse que nous venons de tra- verser, Car, ainsi que nous avons pu nous en assurer lors de notre visite, chaque puisage ramène une notable quantité de vase. Toutes nos tentatives pour déceler dans cette eau le 2. d’Eberth ont été infructueuses. Ni les anciens procédés, ni la culture en milieu Elsner ne nous ont permis d'isoler cet agent. On ne saurait, du reste, en pré- sence de l’imperfection des procédés dont nous disposons actuellement, tirer aucune conclusion de ce résultat négatif. En revanche, le coli-bacille s’y trouvait en abondance, ce qui n’est guère fait pour surprendre. Mais, en même temps que lui et en non moins grande abondance, nous avons pu isoler, en opérant par la méthode Péré et après deux ou trois passages en bouillon phéniqué, un micro- organisme moins banal, du moins dans les eaux. Je veux parler du streptocoque. En nous servant de dilutions un peu étendues, nous avons même pu éliminer le coli-bacille et obtenir des cultures à peu près pures de streptocoques. DER 072 ‘ Dove à ir D K per SEANCE DU 193 FÉVRIER 15 Le streptocoque isolé des eaux de Loubens présentait tous les carac- tères classiques du streptocoque pyogène, cultures sur gélatine et gélose sous forme de fines colonies perlées, trouble léger du bouillon, colora- tion par le Gram, etc. Beaucoup se présentaient en très longues chaïnettes sinueuses. Les inoculations sous-cutanées ou intra-veineuses n’ont déter- miné, chez le lapin, aucun trouble général ni local; mais une souris a succombé à cette inoculation, et les ensemencements du sang de l’animal ont été fertiles. Ce streptocoque n’était donc pas complètement dénué de virulence. Il convient d'ajouter cependant que cette virulence etmême les facultés végétalives sur milieux artificiels ont été vite épuisées. A la 4° ou 5° génération, la plupart des ensemencements sont restés stériles. A côté de ce streptocoque, on trouvait dans la plupart des cultures des diplocoques, entourés d’une sorte d’auréole claire, rappelant un peu, par leur aspect, le pneumocoque de Talamon-Frænkel. Mais les caractères de leur culture, leur croissance à 20-22 les différenciaient assez nettement de cet agent pour qu'aucun doute fût possible. Par contre, tous leurs autres caractères les rapprochaient des streptocoques au milieu desquels ils se trouvaient et dont ils n'étaient probablement qu'une variété. Signalons, en outre,la présence de nombreuses bactéries saprophytes dont une espèce provoquait la fermentation des substances albuminoïdes, bouillon et peptone, avec abondant dégagement de gaz. Quel rôle ont joué ces divers microbes, le séreptocoque en particulier, dans la genèse de l'épidémie qui sévit à Loubens et dans les caractères insolites qu'elle a présentés? Ne faut-il voir là qu’une simple coïnci- dence ? Le streptocoque, sans être un hôte habituel des eaux, y a été, je le sais, rencontré à diverses reprises. Vincent, en particulier, a signalé sa présence dans l’eau de Seine et a noté sa résistance au passage à travers les bouillons phéniqués. Toutefois ce n’est guère, croyons-nous, que dans des eaux très souiliées, et ne servant guère à la boisson qu'il à été trouvé. Il n'en est pas de même ici et c'est cette eau contaminée dont usaient exclusivement les habilants du village. En s'appuyant sur ce que nous savons du rôle important que jouent dans les infections les associations microbiennes dont une des plus suspectes est assurément celle du streptocoque, il semble plus rationnel d'admettre que la présence de cet agent dans l'eau de boisson n’a pas été sans influence sur l’étiologie de l'épidémie et très probablement aussi sur les singuliers caractères qu'elle a présentés. A supposer même que le B. d'Éberth ne se trouve pas dans cette eau, l'observation atten- tive de faits de plus en plus nombreux (Charrin, Remlinger et Schneider), ne tend-elle pas à nous montrer que l'ingestion d’une eau impure, ne füt-elle pas spécifiquement contaminée, peut suffire à engendrer la fièvre typhoïde et peut-être, comme c’est le cas ici, à lui imprimer des formes anormales, insolites? 158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il m'a paru en tous cas qu'il pouvait y avoir quelque intérêt à signaler la présence dans l’eau de boisson d’un agent aussi suspect que le strep- tocoque, au moment d’une épidémie à la propagation de laquelle l’eau a pris certainement une large part. À PROPOS DES HÉMORRAGIES GASTRO-INTESTINALES GRAVES ET DES EFFETS VASO-DILATATEURS PRODUITS PAR LA PNEUMOBACILLINE, par MM. J. Taissier et L. GuiNaRp. La pathogénie de certaines hémorragies gastro-intestinales étant encore obscure, nous avons pensé que la contribution que nous avons apportée à l'étude de cette question méritait d’être particulièrement signalée. Charrin a le premier, croyons-nous, démontré la possibilité de pro- duire des hémorragies intestinales par la seule injection d’un poison microbien débarrassé de ses germes. Après lui, Courmont et Doyon, Roux, Yersin ont décrit les effets congestifs puissants de la toxine diphtérique et nous-mêmes avons déjà parlé des lésions intestinales que déterminent parfois les poisons sécrétés par le pneumobacillus bovis d’'Arloing. Depuis, les recherches que nous avons faites en grand nombre avec cette toxine nous ont prouvé que, parmi les autres, elle représente un agent congestif et vaso-dilatateur des plus violents; toutes les fois, au moins, qu'on se sert de produits préparés depuis peu avec des cultures fraiches et très actives. Dans une série d’expériences faites chez le chien, en injectant des doses variables de toxine, soit dans une veine jugulaire soit dans une veine mésentérique, nous avons obtenu, parfois très rapidement, des vomissements de sang et d’abondantes selles sanguinolentes. — A la mort des animaux, survenue 48 heures au plus après l'injection, souvent après 4, 5, 8, 9, 10, 12 ou 14 heures, nous avons trouvé, à l’autopsie, des lésions inflammatoires graves de la muqueuse intestinale et, dans l'intestin, du sang plus ou moins pur et en plus ou moins grande abon- dance. Parfois l’hémorragie était telle que le tube intestinal était abso- lument plein et distendu, comme un gros vaisseau, par un sang noir, brillant, incoagulé, ayant presque l'aspect de celui que contenait le système circulatoire. Ces effets, déterminés par des produits absolument privés de tous élé- ments figurés, sont dus au pouvoir vaso-dilatateur puissant de ces poi- sons et probablement aussi à des phénomènes d'élimination par la mu- queuse intestinale. La congestion est d’ailleurs générale, mais elle est SÉANCE DU 13 FÉVRIER 159 plus marquée du côté du système abdominal, à cause de l’impression- nabilité physiologique plus grande des vaso-moteurs de cette région et peut-être de l'élimination dont nous venons de parler. La possibilité de produire rapidement des hémorragies gastro-intes- tinales graves par injection veineuse de toxines microbiennes, parfai- tement stérilisées, trouve donc une nouvelle démonstration dans nos essais avec la pneumobacilline. Mais, avec la même toxine, nous avons constaté encore que la pro- duction de ces troubles paraissait liée à l'emploi de produits fraîche- ment préparés et provenant de cultures récentes. — En effet, si, par le vieillissement, l’activité de la pneumobacilline s’atténue, suivant un rapport difficile à déterminer et dans des proportions assez modérées, les modifications les plus appréciables portent sur la nature des effets qu'elle détermine. Par le vieillissement elle perd en grande partie le pouvoir congestif puissant qu'elle manifeste au début du côté du tube digestif; les ani- maux auxquels on l'injecte ne présentent pas de lésions dela muqueuse intestinale, d’autres n’ont que des congestions modérées et les plus gravement atteints ne montrent que très exceptionnellement les hémor- ragies gastro-intestinales qui ne manquent jamais chez les sujets em- poisonnés par la toxine fraiche. En revanche, les chiens sont plus rapi- dement affaiblis, déprimés; les influences nerveuses paraissent exagé- rées et dans trois essais, signalés par la survie prolongée des sujets, nous avons vu apparaitre des symptômes paralytiques moteurs, surtout dans le train postérieur, avec hyperesthésie et exagération de la sensi- bilité au contact. Par conséquent, non seulement, par le vieillissement, les poisons microbiens s’atténuent, particularité déjà connue, mais ils peuvent acquérir des affinités électives différentes, qui changent la nature des manifestations toxiques, qu'ils produisent quand ils sont préparés depuis peu. — Ces notions pourraient peut-être apporter quelques éclaircissements à l'interprétation pathogénique de certaines névro- pathies post-infectieuses. [612.111.17] ACTION DU CHLORURE DE SODIUM SUR LE SANG DE L'HOMME, par M. le D' E. MaAUREL. De même que pour le sang du lapin, l’action du chlorure de sodium a été expérimentée sur le sang de l’homme par deux procédés : À. — En additionnant notre sang d'une certaine quantité de chlorure de sodium; 160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE B. — Æn mélangeant notre sang dans des proportions variées avec des solutions à des titres différents (1). A. — J'ai ajouté à notre sang du chlorure de sodium dans les pro- portions graduellement décroissantes de 100 grammes, 10 grammes, 52 grammes, 35 grammes, 25 grammes, 15 grammes, 7 grammes, 3 gr. 50 et 2 grammes pour 1,000 centimètres cubes; or les résultats ont été les suivants : Relativement aux hématies : 1° Depuis l’addition de 100 grammes jusqu'à celle de 50 grammes, ces éléments sont profondément altérés et presque immédiatement ; 2° De 50 grammes à 15 grammes inclusivement, ces éléments sont rétractés et plus foncés. Toutefois, un certain nombre conservent leur forme discoïde biconcave ; 3° De 7 grammes à 5 grammes inclusivement beaucoup de ces élé- ments sont moins altérés ; 4° De 3 gr. 50 à 2 grammes, les hématies déformées sont rares; mais elles sont encore plus foncées et plus rétractées. Relativement aux hématoblastes : 1° Ces éléments, tout en subissant la même influence que les hématies, sont cependant plus résistants. Ils se déforment moins facilement. Nous savons que le contraire a lieu sous l'influence de l’eau distillée. 3° Cette moindre sensibilité des hématoblastes tend à faire croire que les hématies les moins résistantes en chlorure de sodium doivent être les plus anciennes. Relativement aux leucocytes : 1° Depuis l'addition de 100 grammes, jusqu’à celle de 15 grammes de chlorure de sodium inclusivement pour 1,000 centimètres cubes sang, les leucocytes arrivés à la période ami- boïde sont rendus immédiatement sphériques et immobiles ; 2 Depuis l'addition de 7 grammes jusqu’à celle de 2 grammes, tout en conservant leurs déplacements, ces éléments restent globuleux; et leur existence est d'autant moins écourtée que la quantité de sel ajoutée est moindre ; 3° Même avec la faible addition de 2 grammes pour 1,000 centimètres cubes de sang, nos leucocytes se trouvent dans un milieu défavorable à leur évolution ; 4° Par conséquent ces éléments semblent un peu plus sensibles au chlorure de sodium que les hématies. Relativement à la fibrine : Dans aucune de ces expériences, je nai constaté un dépôt de fibrine ; et cela même quand de nombreux leuco- cytes s'étaient désagrégés. (1) Comme celles sur le sang de lapin, ces expériences ont été faites par le procédé de l'immersion. "es in te à SÉANCE DU 13 FÉVRIER ACL B. — Dans cette seconde série d'expériences, j'ai employé des solu- tions à 7 grammes, 3 gr. 50, et à 1 gr. 75 de chlorure de sodium pour 1,000 centimètres cubes d’eau distillée. Les solutions à 7 grammes et à 3 gr. 50 pour 1,000 centimètres cubes ont été mélangées à notre sang dans les proportions de 1/3 et de 5/6 ; et celle à 1 gr. 75 pour 1,000 centimètres cubes, l’a été dans les proportions de 4/5, 6/7 et 1/8. Ces différentes expériences peuvent se résumer ainsi : Pour la solution à T grammes de chlorure de sodium pour 1,000 grammes d'eau distillée : 1° Le mélange de 1/3 de cette solution avec 2/3 de notre sang n’altère d'une manière marquée ses éléments figurés que si ce mélange est prolongé ; 2 Dans des proportions moindres, nos éléments figurés ne sont pas altérés ; 3° Mais on ne saurait arriver à la proportion de 5/6 de cette solution, et probablement moins loin, sans compromettre presque immédiatement l'existence de ces éléments et surtout celle des leucocytes. Pour la solution à 3 gr. 50 de chlorure de sodium pour 1,000 centimètres cubes d’eau distillée : 1° Cette solution peut également être mélangée à notre sang dans la proportion de 1/3, sans compromettre ses éléments figurés. Elle semble même les altérer moins rapidement que la précédente, surtout en ce qui concerne les leucocytes; 2% Mais de même que précédemment, on ne saurait porter ce mélange à 5/6. Si, en effet, dans ces proportions les hématies résistent quelques instants, les leucocytes sont altérés presque aussitôt. Pour la solution à 1 gr. 15 de chlorure de sodium pour 1,000 centimètres cubes d'eau distillée : 1° C’est avec cette solution que les éléments figurés de notre sang semblent résister le mieux; 2 Son mélange dans la proportion de 4/5 avec 1/5 de notre sang, altère moins rapidement les éléments figurés que les solutions à 7 grammes et à 3 gr. 50, même dans la proportion de 1/3 seulement; 3° Son mélange dans la proportion de 6/7 altère moins nos éléments figurés que le mélange des solutions à 7 grammes et 3 gr. 50, même dans la proportion de 5/6 seulement ; 4° Ce n’est qu'avec le mélange à 7/8 de cette solution que nos éléments figurés sont altérés presque dès le contact. 162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE * [612.391.96| ECHANGES RESPIRATOIRES CHEZ LES ANIMAUX GRAS EN INANITION, par M. E. BARDIER. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) Bien que de nombreux physiologistes aient étudié Les modifications des échanges respiratoires dans leurs rapports avec l’état alimentaire, il nous a paru néanmoins intéressant de rechercher les variations qui pouvaient survenir chez les animaux possédant une grande quantité de réserves nutritives, tels que les animaux gras, mis à l’état de jeûne. Nous avons pris à ce sujet deux oies grasses et nous les avons sou- mises à l’inanition pendant dix-sept jours. Durant cette période de temps, nous avons tous les jours étudié leur respiration à l’aide de l'appareil de MM. Hanriot et Ch. Richet. Tout d’abord nous avons déterminé leurs échanges, alors qu’elles étaient soumises à un régime normal. Voici les différences individuelles qu'il nous à été permis de constater. Les chiffres suivants sont des moyennes de plusieurs expériences. CO? PAR KIL. ET PAR HEURE ANIMAUX A QUOTIENT à l’état normal. Volumes. Poids. respiratoire. Oie n° I. — 3 kil. 980 609.250 184 0.75 Oie n° II. — 3 kil. 800 544.250 0 99 0.89 Le 11 janvier, ces animaux sont soumis à une abstinence complète qui a été prolongée jusqu’au 28. Ils avaient simplement de l’eau à leur dis- position. Modifications dans la production d'acide carbonique. Presque aussitôt nous avons observé une diminution très considérable de l’acide carbo- nique produit. Si nous comparons en effet, à ce point de vue, les quatre derniers jours de l'alimentation normale et les quatre premiers de l’inanition, nous trouvons une différence très sensible. Oie n° I : Oïe'n°TIE: CO° pP. KIL. ET P. HEURE CO? P. KIL. ET P. HEURE TN NE PRE Ce HT Er: Volumes. Poids. Volumes. Poids. État normal : 0.615 1.14 État normal : 0.564 1.03 0.666 1292 0.476 0.81 0.445 0.81 0.637 1.14 (Dr A2 0.500 0.90 Inanition : Inanition : ACENOUr: 0.418 0.75 Acr jour. 0.451 0.81 2e — 0.415 0.74 20 — 0.461 0.82 32 — 0.403 0.73 3e — 0.369 0.61 4e — 0.356 0.65 4e — 0.333 0.61 Mais la production d'acide carbonique n’a pas baissé progressivement. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 163 La diminution a surtout été considérable du premier jour au cinquième ; elle s'est maintenue au niveau où elle élait ainsi tombée, jusqu'au douzième Jour, pour s’exagérer encore dans les cinq derniers jours de l'inanition. Le tableau suivant permet de comparer la différence dans la quantité d'acide carbonique produit pendant les deux premiers et les deux derniers jours. Oie n° I : Orient CO? P. KIL. ET P. HEURE CO? p, KIL. ET P. HEURE JOURS AA NRRMERE ET JOURS re d'inanition. Volumes. Poids. d'inanition. Volumes. Poids. cr jour. 0.418 0.75 1er jour. 0.451 0.81 2e — 0.415 0.74 20 — 0.461 0.82 16e — 0.300 0.51 46° — 0.348 0.64 17e — 0.251 0.46 170 — 0.365 0.67 Oxygène et quotient respiratoire. — Comme pour l'acide carbonique nous avons pu constater des modifications intéressant l'absorption d'oxygène et le quotient respiratoire. La quantité d'oxygène absorbé a baissé sous l'influence de l’inanition, mais relativement moins que l’acide carbonique. Quant au quotient respiratoire il a bien sensiblement diminué, comme nous l'indiquent les moyennes suivantes. Oieensals: Oie n° IT : CO° CO? par kil. QUOTIENT par kil. QUOTIENT et par heure. respiratoire. et par heure. respiratoire. SES Ka Per. État normal .‘ 1s11 0.15 État normal. 0599 0.89 Inanition : Inanilion : - du 1er-5c jour. 0 68 Tops du 1er-5e jour. 012 0.59 du 5e-122 — 0 71 0.53 du 5e-12e — 0.71 0.52 du 126-150 — 0 57 0.57 du 120-417 — 0.63 0.60 En résumé, l'inanition chez les animaux gras entraine, au point de vue des échanges respiratoires : 1° Une diminution considérable d'acide carbonique dès le début du jeûne ; 2° Cette diminution reste à peu près constante dans la période moyenne ; 3° Elle s’exagère dans les derniers jours; 4° 1] y a également une diminution du quotient respiratoire et de la quantité d'oxygène absorbé. 164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR LA CONSERVATION DES PIÈCES ANATOMIQUES ET HISTOLOGIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE M. MELNIKOFF, par M. A. PILLIErT. M. C.-J. Melnikoff a fait présenter à la Société de Biologie, par notre honoré collègue M. Magnan, des cerveaux conservés par son procédé, d'autre part, il nous a chargé de présenter à la Société anatomique des pièces pathologiques, rate de typhus en particulier, dont l'examen his- tologique nous a montré l’état très satisfaisant de conservation au point de vue des tissus et des microbes. Son ami, M. le D" Streltzoff, a bien voulu compléter ses renseignements, et, suivant son conseil, nous avons essayé la nouvelle méthode au laboratoire du musée Dupuytren. Les résultats nous ont toujours paru très bons, curieux à étudier, et différents des résultats obtenus avec les fixateurs ordinaires. Mais un certain nombre de nos amis n’ont pas retrouvé le même succès, peut- être à cause d'erreurs de détails; et cela nous a décidé à publier la technique que nous faisons employer aux laboratoires du musée Dupuy- tren ou de l'hôpital de la Charité (service de M. le professeur Tillaux), telle qu'elle nous a été donnée par M. le D' Streltzoff. Ce procédé est tellement facile à appliquer, que nous en laissons, en général, l'application aux garcons de laboratoire, qui savent très bien, après une première lecon, se retrouver dans leurs préparations. Il faut les surveiller à ce point de vue et les pénétrer de cette idée que la forma- line doit agir par ses vapeurs. Sans cela, on observe des pièces baignées dans la formaline, durcies et ratatinées, faisant mal aux yeux et au nez de qui les regarde. Pour éviter cet inconvénient, on en vient à étendre d’eau la formaline, à la diluer, et le résultat est alors mauvais au point de vue de la conservation de la pièce. Il ne faut pas de fantaisie dans ces matières, et l'on ne peut juger un procédé quand on ne l'a pas employé jusque dans ses dernières minuties, même celles qui paraissent inutiles. Si l’on avait dit aux histologistes que les vapeurs de formaline doivent agir sur des fragments étendus de tissu, tels qu'un hémisphère cérébral, comme agissent sur des parties infiniment moindres les vapeurs d'acide osmique, ils se seraient rendu compte del’excellence du nouveau pro- cédé que nous avons expérimenté sur une série de pièces patholo- giques du laboratoire de clinique chirurgicale de M. le professeur Tillaux à la Charité, et qui est maintenant d'usage courant au labora- toire du musée Dupuytren dont ie garçon, M. Lépine, s’est mis très vite au courant de cette nouvelle préparation. Les pièces, cœur d’adulte, cœur de fœtus, rate, etc., que je présente, ont été, en effet, préparées par lui sous notre surveillance, et nous insistons sur ce fait pour mon- trer combien la nouvelle méthode est pratique et facile à appliquer. ; LEUR SÉANCE DU 13 FÉVRIER 165 Technique. — Les pièces ne doivent pas être lavées et définitivement arrangées lors de l'inclusion dans la formaline. Les parties que l’on veut conserver ne doivent pas être en contact immédiat avec la formaline. Ordinairement, la pièce se pose dans un bocal, sur une couche de ouate bien mouillée dans l’eau et bien tordue : cette couche varie d'épaisseur selon le cas et sert à caler la pièce, à lui donner la position voulue; et c'est alors que l’on ajoute la formaline à la ouate. Les parties en contact immédiat avec la formaline ne donnent pas la conservalion voulue; ce ne sont que les parties les plus éloignées qui subissent les transformations désirées : 1° La fixation à la formaline dure au moins vingt-quatre heures, la quantité varie selon la grandeur de la pièce. Exemples: de 150 à 200 grammes de formaline chimiquement pure et non diluée, pour la moitié du cerveau; de 20, 50, 75 à 100 pour les petites pièces. Il est rare d'employer plus de 300 centimètres cubes. Règle à suivre : la couche de ouate doit être bien mouillée par la for- maline et le liquide doit de peu dépasser la surface inférieure de la pièce. 2° De la formaline la pièce se transporte dans l'alcool à 95 p. 100, où elle séjourne de six à huit heures. 3° De là, une solution glycérino-aqueuse. Formule : eau distillée, 100 grammes; glycérine, 60 grammes ; acétate de potassium, 30 grammes. Dans cette dernière solution, la pièce peut rester pour toujours. N. B. — La formaline qui a servi à la préparation des pièces don- nées au musée Dupuytren provenait de la fabrique Formals Meister Lucius und Bruning zu Hôchrt, près Francfort-sur-le-Mein. La formaline augmente la densité de la pièce, l'alcool diminue le volume ; il faut prendre en considération ces faits pendant la conser- vation et savoir que la troisième solution rend à la pièce sa forme et son volume intacts. Donc, conclusion: Dans la formaline, la coloration première de la pièce se perd; dans l'alcool, la coloration primitive se révèle plus ou moins bien, les artérioles semblent injectées; dans la solution d’acétate de potasse, la coloration première se fixe définitivement. Inclusion dans la gélatine. — On obtient de très bons résultats par l'inclusion dans la gélatine des pièces rares ayant été préparées dans les trois premiers liquides. Formule : 100 grammes de gélatine dilués dans 600 centimètres cubes d’eau que l'on fait bouillir très longtemps. On ajoute à la gélatine chaude 350 centimètres cubes de solution d'acétate de potassium à 1 p. 2, on filtre dans un double filtre suédois et on ajoute à la solution 700 centimètres cubes de glycérine. Cette solution doit se verser très doucement, pour éviter qu'il ne se 166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE, forme des globules, et dans des bocaux ayant un trou à la base pour permettre l'évacuation de l'eau. Conclusions. — Cette méthode est un peu coûteuse, mais parfaite pour conserver l'aspect et le coloris d’une pièce. Elle la durcit seule- ment. Par les réactifs ordinaires : carmin, hématoxyline, thionine, éo- sine, etc., on peut reconnaitre les tissus fixés. La réaction persistante, quoique affaiblie, de l’éosine sur les globules rouges, nous a surtout frappé dans un cas de varices de la veine saphène interne opérées par M. le D'Tillaux et fixées immédiatement après l’ablation. Cette conservation de l'hémoglobine présente même certains ineon- vénients apparents dont il faut être prévenu. Le sang, quand les pièces n’ont pas été lavées au préalable, est fixé en masse, et sur les coupes les globules rouges peuvent complètement masquer l’ensemble de la préparation, cela d'autant plus que la pièce, en devenant rigide, subit toujours un léger retrait, ce qui, la masse de substance colorée ne bou- geant pas, la fait paraître plus foncée en couleur, à l'inverse des autres réactifs conservateurs. Les inconvénients sont de deux ordres : d’abord le prix. Mais il est peu élevé quand on ne conserve que des pièces qui en valent la peine. Ensuite les accidents dus à la mauvaise préparation. La formaline dégage des vapeurs qui piquent désagréablement les yeux et irritent les doigts. Pour des pièces de collection, mises en bocal, ces inconvénients n'existent pas. Ils rentrent dans les risques professionnels des chefs de service ou employés. Les autres accidents sont dus à un emploi irré- gulier de la méthode, car, ainsi que nous l'avons montré dans des recherches expérimentales antérieures, le formol est peu toxique. [612. 744.29) ACTION DES INJECTIONS INTRAVEINEUSES D'EAU SALÉE SUR LA RESPIRATION MUSCULAIRE, par MM. L. GaRNier et M. LAMBERT. Nous avons étudié l'influence qu'exercent les injections intra-veineuses d’eau salée sur la respiration élémentaire du muscle. Pour cela, nous avons analysé comparativement les échanges gazeux de deux muscles symétriques extraits aseptiquement du corps, l'un avant, l’autre immé- diatement après l'injection. Nos expériences ont été faites sur le chien. Aussitôt l'animal attaché, on enlève, avec toutes les précautions anti- septiques, un muscle du membre postérieur, généralement le triceps crural. Ce muscle est pesé, puis suspendu dans une éprouvette placée sur la cuve à mercure, et contenant un volume déterminé d'air 100 centimètres cubes. Une canule est alors introduite dans la veine fémorale et l'injection établie. Nous nous sommes servis de la solution SÉANCE DU 13 FÉVRIER 167 de chlorure de sodium à 7 p. 1000. La vitesse d'injection n’a pas dépassé celle indiquée par MM. Dastre et Loye, de Oc.c.7 par minute et par kilogr. La quantité de liquide injecté a varié, suivant le poids des ani- maux et la durée de l'injection, entre 250 et 1,200 centimètres cubes. Une fois l'injection terminée, on procède à l’ablation aseptique du muscle symétrique de celui précédemment enlevé. Il est, comme lui, placé sur la cuve à mercure, et dans un égal volume d’air. L'analyse de l'air des deux cloches est faite le lendemain à des moments tels que le séjour des deux muscles dans les 100 centimètres cubes d’air soit exac- tement de même durée. Nous résumons dans le tableau suivant le résultat de nos analyses. Hire VARIATIONS | VARIATIONS DURÉE DES VOLUMES|DES VOLUMES du gazeux gazeux Et - en valeur rapportés à NUMÉROS DES EXPÉRIENCES SÉJOUR absolue. [100 de muscle. dans TS | 100 €. c. cle. d'air. OMICOZ|MOMRCO absorbé. | produit. |absorbé. produit. | c. cubes.| c. cub. |c. cubes. [. Muscle normal 2.95 | 6.81| 147.50152. Muscle après lavage du sang. 2.80 | 7.84| 24.14315 ANUS clenonm al MM En ADAM 067207 51-08 Muscle après lavage du sang. 2.94 | 9.72| 22.30|73.62 Il bis. Mêmes muscles dans 10Ûce 0.50 | 6.461 3.55145.97 d'air nouveau . . DE 2.60 | 5.211 19.74139.49 27 | 9.55| 16.96125.83 31 115.32) 22,.65|137.28 103 8) 1900) 31E770 .64 [11.64] 23.51|128.39 IH Muscle normal." " : Muscle après lavage du sang. LIT bis. Mômes muscles dans 100ec|13 janv. |: ANOUVEAUR IEEE .16 |15.64| 48.56135.58 -85 |13.97| 21.87138.92 INAeMNISClEmomMal EAN : Muscle après lavage du sang. On voit que le muscle, après injection intra-veineuse d’eau salée, absorbe plus d'O et élimine plus de CO? que le muscle normal. L’ab- sorption d'O doit surtout être prise en considération puisque, comme l'a montré M. Tissot, elle constitue un phénomène physiologique lié intimement à la vie du muscle. La suractivité des échanges gazeux musculaires déterminée par le lavage du sang nous parait une preuve de l’action stimulante qu'il imprime aux tissus. On pourrait également expliquer nos résultats en admettant que l'in- jection enlève des substances gênant la respiration musculaire, mais cette hypothèse nous semble moins plausible, nos muscles ayant été empruntés à des animaux en bonne santé el reposés. 168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1612.819.91] LES NOYAUX MUSCULO-STRIÉS ET MUSCULO-LISSES DU PNEUMOGASTRIQUE, par M. G. MARINESCo. Il est admis, depuis les recherches de Laura, Duval, Külliker, Bech- tereff, Obersteiner, Edinger, que le noyau dorsal ou postérieur du pneu- mogastrique est de nature sensitive. Des travaux plus récents, ceux de Ramon y Cajal, de Külliker, Van Gehuchten, pour ne citer que les histologistes qui ont consacré à la question de l’origine des nerfs craniens, à l’aide de la méthode de Golgi, des chapitres importants, enseignent également que le noyau dorsal du pneumogastrique est un noyau sensitif, mais avec cette diffé- rence quil s'agirait pour ces derniers auteurs d’un neurone sensitif indirect ou de deuxième ordre, le premieur neurone sensitif ayant. son siège dans le ganglion jugulaire et plexiforme. Turner et Bulloch, à propos d’un cas de paralysie bulbaire, se rattachent à la même opinion et admettent que le noyau dorsal est un noyau terminal où viennent aboutir les arborisations terminales des prolongements cylindraxiles des premiers neurones. En opposition avec cette opinion qui fait du noyau dorsal du pneu- mogastrique un noyau sensitif, il en existe une autre, celle de Eisenlohr, Forel, Dees Holm, qui attribuent au noyau dorsal du pneumogastrique une signification toute différente. Ainsi, pour Eisenlohr, le noyau dorsal du pneumogastrique est le centre du laryngé supérieur; Dees le regarde comme un centre vaso-moteur, Forel, comme un centre moteur, enfin Holm comme un centre respiratoire. Les recherches de Holm sont fondées sur des études d’embryologie et d'anatomie pathologique. Cet auteur aurait vu que le noyau dorsal n'est pas encore développé au sixième mois; il en conclut de ses études que le centre des réflexes trachéo-bronchiques est situé dans la partie dorso-latérale du nerf vague et formé de petites cellules nerveuses. Le centre respiratoire est exclusivement localisé dans la partie ventrale et médiane du noyau dorsal, lequel est constitué par de grandes cellules. On voit, par ce court exposé, que l'accord n’est pas encore fait à propos des fonctions du nerf pneumogastrique, et si quelques auteurs le considèrent comme exclusivement sensitif, d’autres, comme Forel, y voient un centre moteur. Enfin quelques-uns foni de ce noyau un centre sensitivo-moteur. Il nous a semblé que pour élucider la véritable fonction de ce noyau, il faut faire appel non seulement à l’histologie, mais encore à la physio- logie expérimentale. Des recherches que nous avions entreprises, M. le prof. Gad, de Berlin, et moi, sur la localisation du centre respiratoire dans le bulbe, nous ont montré de la facon la plus nette que le noyau dorsal du pneumogastrique n'est pas indispensable pour la respiration. Nous SÉANCE DU 13 FÉVRIER 169 Sr LEE avons pu, dans de nombreuses expériences, détruire ce noyau chez le chien, le lapin et le chat, et la respiration a continué à s'effectuer. Il est donc impossible de souscrire à l’opinion de Holm qui considère ce centre comme un centre respiratoire. Mais ces expériences de destruc- tion ou d'extirpation du noyau dorsal ne nous enseignent pas encore quelle est la nature de ce noyau. J'ai pensé que le résultat expérimental des sections du pneumogastrique pourrait jusqu'à un certain point élu- cider le problème en question. A cet effet j'ai sectionné le pneumogas- trique chez un certain nombre de chiens et de chats, et voici les résultats que j'ai obtenus. Déjà après six jours, on peut constater, dans le noyau dorsal du pneumogastrique, des lésions de réaction à distance, qui con- sistent, ainsi que les recherches de Nissl, les miennes et celles de Lugaro, de Ballet et Dutil, de van Gehuchten l'ont montré, dans la désintégration des éléments chromatophiles et la migration du noyau vers la périphé- rie. Ces lésions, qui apparaissent plus tard également dans le nucleus ambiguus, sont discrètes et gagnent la plupart des cellules du noyau dorsal pneumogastrique au bout de quinze jours. Il m'a sembié qu'après la section du vague, c’est le noyau dorsal qui réagit en première ligne. Donc les lésions de ce noyau sont précoces. Quelle est l'interprétation de cette constatation anatomique facile à vérifier pour tout le monde? La réaction du nucleus ambiguus est en conformité avec nos connais- sances actuelles. Il s’agit là d’un neurone moteur qui constitue, ainsi que j'espère pouvoir le montrer dans une communication prochaine, la source de l’innervalion des muscles du larynx. Mais pourquoi le noyau dorsal du pneumogastrique réagit-il? S'il était, en réalité, constitué uni- quement par des neurones sensitifs indirects, on se demanderait quelle est la cause de cette réaction précoce. En effet, nous ne connaissons pas actuellement de lésions neurales secondaires (sensitif au moteur) déve- loppées en quelques jours. Mes recherches m'ont prouvé et, à ce point de vue, elles confirment celles de Nissl, que ces lésions neurales secon- daires sont tardives. Je suis done obligé d'admettre que le noyau dorsal du pneumogastrique, ne constitue pas une agglomération de neurones sensitifs indirects; je pense au contraire qu'il s’agit là d’un neurone moteur. Quelle est la nature de ce neurone moteur? Je dois faire remar- quer, à ce propos, que le type de ces cellules n’est pas celui des cellules du nucleus ambiguus ou de l’hypoglosse; aussi j’admets que le noyau . dorsal du pneumogastrique constitue un noyau moteur des muscles lisses innervés par le pneumogastrique et pour cela, je propose de lui donner le nom de noyau musculo-lisse, en opposition avec le nucleus ambiguus que j'appelle le noyau musculo-strié du pneumogastrique. D'autres faits, notamment d'ordre pathologique, sont de nature à corroborer l'opinion que je viens d'émettre, mais ce n’est pas ici le lieu de les exposer. (Travail du laboratoire de la Clinique des maladies du système nerveux.) Brococie. CouPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 13 170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — DE L'ACTION DU SÉRUM DE MARMOREK SUR LES STREPTOCOQUES DES SCARLATINEUX, par MM. H. MEery et LORRAIN. Dans une note présentée à la Société de Biologie en mars 1896, j'ai étudié un streptocoque trouvé dans le sang d'un scarlatineux, strepto- coque sur lequel le sérum de Marmorek était absolument sans action. Me fondantsur ce fait et sur les travaux de MM. Nocard et Lignières éta- blissant la diversité des streptocoques de la pathologie animale, il m'a paru que la variabilité des effets obtenus avec le sérum antistreptococ- cique sur les streptocoques humains pouvaittenir également à l'existence de races variées chez l’homme. J'ai donc été amené à chercher si je pouvais rencontrer des strepto- coques analogues à celui que j'avais étudié et dans quelles conditions. Mon enquête a naturellement porté sur la scarlatine, parce que cette maladie m'avait fourni la première variété et que l'infection strepto- coccique y joue un si grand rôle. Elle a été faite avec la collaboration dévouée de M. Lorrain, interne des hôpitaux, dans le service de M. le D: d'Heilly, à qui nous adressons tous nos remerciements. Nos recherches ont porté sur sept streptocoques venant de scarlati- neux : trois tirés de la gorge, deux des urines, un d’un abcès ganglion- naire, et enfin le septième, retiré du sang, était le microbe qui avait servi de base à notre première communication. Sur ces sept streptocoques, six m'ont paru présenter des caractères d'identité parfaite : streptocoques à gros grains, à chaïnettes longues, élégamment entrelacées — dans les expériences se localisant facilement, sur les articulations, même à la suite d'inoculation sous-cutanée—0/f/rant enfin une résistance toute spéciale au renforcement. Le rôle de ces streptocoques dans la scarlatine est d'autant mieux établi que, dans un cas, j'ai pu comparer les streptocoques retirés de la gorge et de l'urine du même malade et m’assurer de leur identité. Ilne s’agit donc pas seulement d’un streptocoque quelconque de la gorge des scarlatineux, mais vraisemblablement du streptocoque qui paraît être l'agent le plus fréquent de l'infection streptococcique dans la scarlatine, streptocoque rencontré dans la gorge, dans le sang, dans le pus d'un gan- glion, dans les urines des scarlatineux. Ces six streptocoques se sont montrés absolument réfraclaires au sérum de Marmorek. Le septième streptocoque observé a, au contraire, été nettement influencé par le sérum. Streptocoques scarlatineux réfractaires au sérum de Marmorek. — Pour SÉANCE DU 13 FÉVRIER 471 quatre de ces streptocoques, nous nous sommes contentés d'établir l'inaction du sérum, par des expériences d’inoculation intra-veineuse. Les deux autres, l’un venant du sang (strept. n° 1), l’autre de l’abcès ganglionnaire (strept. n° 2) nous ont servi parallèlement dans les diverses expériences que nous allons rapporter. Les inoculations ont été faites sur le lapin, par voie veineuse, périto- néale et sous-cutanée. Le sérum de Marmorek a été injecté tantôt curativement, tantôt pré- ventivement, le plus souvent préventivement. La dose injectée a varié de 3 à 10 centimètres cubes; habituellement, 5 centimètres cubes sous la peau. Le sérum préventif a été donné vingt-quatre heures à l'avance. Les sérums que nous ayons employés nous ont été obligeamment fournis par M. Marmorek. Ces sérums étaient de plus en plus actifs. En dernier lieu, M. Marmorek nous a donné du sérum antitoxique, préparé avec les toxines solubles du streptocoque. Inoculations intra-veineuses. — Les doses de eulture en bouillon sérum inoculées dans la veine marginale de l'oreille ont varié de 2 à 6 centimètres cubes en moyenne. Nous n'avons pas pu abaisser la dose mortelle minima pour le streptocoque n° 1 au-dessous de 1 centimètre cube. M. Marmorek n’a pas dépassé 3/4 de centimètre cube. À aucun moment il n’y a eu de protection eftlicace pour le streptocoque n° 4. Les lapins qui avaient reçu le sérum de Marmorek sont morts en avance sur les témoins dans la proportion de 7 sur 10. Mèmes résultats pour le streptocoque n° 2; sur six expériences, cinq fois le lapin ayant reçu le sérum est mort le premier. Inoculations péritonéales. — Mêmes doses et mêmes variétés de sérum. Quelquefois doses de culture un peu plus fortes, 8 centimètres cubes. Mêmes résultats. Inoculalions sous-cutanées. — Elles ont été faites à la base de l'oreille dans le tissu cellulaire lâche du cou. Les expériences faites avec le streptocoque n° 1 ne sont pas très nettes, les doses injectées n'ayant pas été suffisantes pour amener la mort des animaux sauf dans de rares exceptions. Cependant le sérum ne parait pas avoir exercé d’ac- tion. Les cinq expériences faites avec le streptocoque n° 2 sont plus dé- monstratives. Les doses de cultures injectées ont été dans 3 cas 6 cen- timètres cubes et dans 2 cas 8 centimètres cubes. Le sérum a été injecté préventivement à la dose de 5 à 6 centimètres cubes (sérum très actif). Dans les cinq expériences, les lapins vaccinés sont morts avant les témoins. L'inaction du sérum antistreptococcique actuel, antimicrobien ou antitoxique, vis-à-vis de ces streptocoques a donc été absolue dans la plupart de ces expériences. Comme nous le montrerons dans une 172 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = prochaine communication, l’action du sérum est tout autre sur le streptocoque de M. Marmorek et même sur le septième streptocoque isolé dans la scarlatine. Élections. Sont nommés : Membre honoraire : M. Foster (Michael), P ü, Cambridge. Membres associés : MM. His, p u, Leipzig ; Ray Lankester, p u, Oxford. Membres correspondants nationaux : MM. Perraud, professeur de viti- culture, à Villefranche (Rhône) ; Wertheimer, p FM, à Lille. Membres correspondants étrangers : MM. Heidenhain, Pu, Breslau; Ramon y Cajal, Madrid. Le Gérant : G. MASson. Paris. — linprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette 173 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1897 MM. J.-E. Agecous et G. Brarnës : Sur l'existence d'une oxydase chez l’écrevisse. — M. Ce. Féré : Note sur l'incubation de l’œuf de poule dans la position verticale. — M. J. Deere : Sur les fibres de projection et d'association des hémisphères cérébraux. — MM. Kirppez et Leras : Crises hypersécrétoires dans le tic doulou- reux de la face. — M. Gecré : Hyperesthésie auditive douloureuse chez un éthé- romane. — M. P. LanGLois : Sur l’homologie fonctionnelle des capsules surrénales des grenouilles et des mammifères. — MM. Wipaz et Srcarp : La mensuration du pouvoir agglutinatif chez les typhiques. — M. Cnarrin : (Discussion). — M. le Dr SouLé : Seringue à claveliser. — M. Auc. Micnez : Sur la composition des nucléoles. — M. L. Camus : Formation de lipase par le « Penicillium glaucum ». — M. L. Camus : Influence du carbonate de soude et de la Phénolphtaléine sur le dosage de la lipase. — M. Pauz Couruonr (de Lyon) : Répartition de la substance agglutinante dans l'organisme des typhiques. — M. E. Barpter : Note sur un nou- veau cardiographe du lapin. — MM. L. HuGouxexo et M. Doxon : Sur une nouvelle fonction chimique commune au bacillus coli et au bacille d'Eberth. — MM. H. Méry et Lorrain : Streptocoques et sérum de Marmorek. — MM. PARMENTIER et CaRRION : Examen du sang et dosage du fer contenu dans différents organes dans un cas de diabète bronzé. — M. Mayer (de Lyon) : Action des solutions de chlo- rure de sodium sur les hématies. — M. Marassez : (Discussion). Présidence de M. Gley, vice-président. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. R. BLancuaRD fait hommage à la Société, au nom de l’auteur, M. Ca. WaRDELL STiLEs, du fascicule des Comptes rendus du National Museum des États-Unis, Smithsonian institution, où est imprimé un travail important du D° STILES, ayant pour titre : À revision of the adult tapeworms of hares and rabbits. [612.015.1] SUR L'EXISTENCE D'UNE OXYDASE CHEZ L'ÉCREVISSE, par MM. J.-E. ABeLrous et G. BIARNÈs. (Laboratoire de physiologie de l'Université de Toulouse.) (Communication faite dans la séance précédente.) Nous avons pu constater nettement l'existence d'une oxydase chez l'écrevisse. Voici les réactions qui nous permettent de conclure à la présence de ce ferment. 1° Un peu d'hémolymphe additionnée de quelques gouttes de teinture de gaïac bleuit rapidement sans présenter toutefois une coloration aussi intense qu’une solution de lacease. ; BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10 SÉRIE. T. IV. 14 , \C Guirre - VV 0° HZ. « SO x: Ds eee nl DER AT A Ÿ / 174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2% L'hémolymphe donne très rapidement avec le réactif de Rôhmann et Spitzer (paraphénylène-diamine) une coloration violet foncé. La réaction est à peu près aussi rapide et aussi intense avec des fragments lavés de branchie.Avec le muscle caudal et les organes géni- taux, la réaction est beaucoup plus faible et surtout moins rapide. Quant au foie, bien que très riche en oxydase, comme nous le verrons, il ne donne aucune coloration avec le réactif. Il y a même décoloration due à la présence de substances réductrices très abondantes. Au bout d'un certain temps, en effet, la partie superficielle du mélange se colore en violet intense et cette coloration disparaît quand on agite le tube pour reparaître à nouveau par le repos et ainsi de suite pendant plu- sieurs jours, les parties profondes restant toujours incolores. 3 Des extraits obtenus par macération dans l’eau chloroformée des branchies, du muscle caudal des organes génitaux, du foie, filtrés au bout de quarante-huit heures donnent les réactions suivantes : Avec la teinture de qaïac : L’extrait de foie bleuit instantanément. L'extrait de branchie bleuit rapidement. Celui des organes génitaux bleuit lentement. L’extrait des muscles est sans action. Avec le réactif de Rühmann et Spitzer : L’extrait de foie et de branchie colore très rapidement et très énergi- quement, l'extrait de foie surtout. L’extrait de muscles et des organes génitaux colore plus lentement et plus faiblement. Avec le gaïacol, l'hydroquinone, le pyrogallol, on observe des chan- gements de teinte peu rapides et peu intenses indiquant néanmoins les mêmes différences d'activité oxydante. Avec l’orthotoluidine, l’aniline et la tyrosine, pas de réactions mani- festes. Avec ces mêmes extraits soumis à une ébullition de quelques instants, on n'obtient plus aucune réaction. 4° Avec des extraits obtenus par macération dans une solution aqueuse d'acide salicylique à 41/1000, les réactions sont extrêmement atténuées et ne se font qu'avec une extrème lenteur. Elles disparaissent même pour certains organes (foie, muscles). Ceci semble dû à la réaction acide du milieu. En effet, les extraits chloroformés; très actifs additionnés d'acide acétique ou d’acide salicylique deviennent à peu près inactifs. Le ferment paraît même non seulement gèné mais même détruit, car la neutralisation exacte des extraits ainsi acidifiés ne leur restitue pas leur activité. 5° Si on traite l'hémolymphe par quatre volumes d'alcool à 95 degrés, on obtient un précipité abondant. Ce précipité recueilli et dissous dans l’eau donne une liqueur très active avec les divers réactifs. | NE) = Re = \ è SÉANCE DU 20 FÉVRIER 475 ————————————————————————————————————————.——————.—— “ro x Cette solution reprécipitée à nouveau par quatre volumes d'alcool donne un faible précipité entièrement soluble dans l’eau et encore actif bien qu'à un moindre degré. 6° Sion maintient pendant quelques instants les extraits d'organes à la température de 60 degrés, on observe que la propriété oxydante ne paraît pas atténuée, tandis qu’elle disparaît par une ébullition un peu prolongée. Conclusion. — Il existe chez l'écrevisse, dans l’'hémolymphe, le foie, les branchies, les muscles, les organes génitaux, et inégalement réparti, un ferment présentant les réactions caractéristiques des oxydases. Ce ferment paraît jouer un rôle important dans les changéments de teinte que présente l’hémolymphe au contact de l'air. Nous reviendrons d’ailleurs ultérieurement sur ce point. NOTE SUR L’INCUBATION DE L'OŒUF DE POULE DANS LA POSITION VERTICALE, par M. Cu. FÉRéÉ. À propos de recherches que j'ai entreprises sur l'influence des trau- matismes locaux sur l’évolution de l'embryon, j'ai été amené à étudier les positions de l'œuf les plus propres à permettre de suivre le dévelop- pement dans l'œuf ouvert. Le procédé de Béguelin, qui consiste à ouvrir l’œuf par la grosse extrémité au niveau de la chambre à air, est un des meilleurs au point de vue de l'étude de l'embryon dans l'œuf ouvert (1); il était intéressant de déterminer si la position verticale de l'œuf, la grosse extrémité en haut, était compatible avecle développement normal. Tandis que Réaumur affirmait que dans la position verticale le poussin peut naître spontanément, de Baër avait toujours vu l'embryon périr; et M. Dareste, qui a vu des anomalies se produire dans ce mode d’incuba- tion, accuse volontiers l'immobilité qu'elle nécessite. La question ne peut être étudiée avec quelque chance de succès qu'avec la méthode des témoins, sans laquelle les expériences de tératogénie expérimentale ne peuvent aboutir qu’à des conclusions arbitraires. J'ai procédé comme d’ordinaire, en mettant à l’étuve, dans les mêmes conditions, un même nombre d'œufs du même jour, les uns couchés, les autres debout, dans des boîtes confectionnées dans ce but : 1° Dans une première série d'expériences, la moilié des œufs ont été mis verticalement, la grosse extrémité en haut dès le début de l’incuba- tion. Les œufs ont été ouverts après 48 heures d'incubation dans la même position. a) Dans 80 témoins, nous avons trouvé 75 p. 100 de (1) GC. Dareste. Rech. sur la production artif. des monstruosités, 201Éd:,101891, p- 168. 176: ‘SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE développements normaux, 15 absences de développement, 10 p. 100 de monstruosités. b) Dans les 80 œufs tenus verticalement, il y a 52.50 p. 100 de développements normaux, 17.50 d'absences de développements et. 39 de monstruosités. Tandis que les embryons normaux contenus dans les témoins ont en moyenne 28 heures (comparés aux figures de M. Du- val), les autres n’en ont que 23. 2° Dans une deuxième série d'expériences, la moitié des œufs ont été placés verticalement seulement après 24 heures d’incubation. Ils ont été ouverts comme les précédents après 48 heures d'incubation. a) Dans les 48 témoins, nous avons trouvé 72.91 p. 100 de développements nor- maux, 18.41 d'absence de développement et 17.68 de monstruosités. b) Dans les 48 œufs tenus verticalement, dans les dernières 24 heures, nous avons trouvé seulement 60.41 de développements normaux, 10.43 d'absences de développement et 29.16 de monstruosités. Tandis que les embryons normaux contenus dans les témoins ont 29 heures, les autres n’en ont que 25. 3° Dans une troisième série d'expériences, la moitié des œufs ont été placés verticalement seulement 48 heures après le commencement de l’incubation. Ils ont été ouverts après 72 heures d'incubation. a) Dans les 12 témoins restés horizontalement depuis le début, il y a 77.77 p. 100 de développements normaux, 11.11 d’absences de développement et 11.11 de monstruosités. b) Dans les 72 œufs tenus verticalement pendant les dernières 24 heures, il y a 73.61 p. 100 de développements normaux, 11.11 d’absences de développement et 15.28 de monstruosités. Tandis que les embryons normaux des œufs témoins ont 46 heures en moyenne, les autres n’en ont que 43. Tandis que la proportion de développements normaux dans les œufs tenus dans la position habituelle est à peu près constante, 75, 72.92, 11.11, celle des œufs tenus verticalement est variable, et d'autant plus faible que la position verticale a été imposée plus près du début de l’incubation. Du reste, nous avons déjà vu dans une série d’autres expériences que l'embryon résiste d’autant mieux à une cause troublante constante qu'il est plus avancé en âge. La première série d'expériences où la différence est la plus marquée, montre bien que le changement de position au début de l'incubation n’est pour rien dans les variétés de développement, puisque les deux groupes d'œufs sont restés immobiles. Quel est l’agent à puissance décroissante qui se trouve en cause? Il semble admis en général que, dans l'œuf d'oiseau, l'embryon tend à prendre la position culminante sur le jaune. M. Dareste est très formel sur ce point: l'embryon, dit-il, lorsqu'il se développe dans le blastoderme, est donc, du moins au début, placé toujours horizontalement, quelle que soit d’ailleurs la position de l'œuf, horizontale, verticale, oblique. Béguelin avait pourtant bien noté que = SÉANCE DU 20 FÉVRIER 471 l'embryon met plusieurs jours à se mettre en position pour pouvoir être observé au niveau de la chambre à air. Son observation était juste, mais incomplète. À partir du 3° jour, l'embryon arrive souvent à se placer dans le champ d’observation découvert à la grosse extrémité de l'œuf verticalement placé; mais même à cette épopue, il est bien rarement horizontal. Plus tôt l'embryon n’est qu'exceptionnel- Jement visible dans la région découverte, et souvent on voit la cho- —lose dévier du côté opposé à celui où on découvre une partie de l’aire opaque. L’embryon ne prend la position horizontale que lorsque la différence de densité qui l’entraine vers la partie supérieure est suffi- sante pour allonger les chalazes, et c’est justement celte traction trans- -mise à la membrane vitelline, qui parait nuisible à l'embryon très jeune. La fréquence de la position horizontale de l'embryon dans l'œuf, couxé verticalement la grosse extrémité en haut, varie suivant l’époque de l’incubation où la position verticale a été imposée : Béguelin avait conseillé de mettre l’œuf vertical avant l’incubation; mais les expé- Tiences suivantes montreront bien l'inefficacilé relative de la ma- nœuvre. Exp. I. — Seize œufs sont mis dans la position verticale, la grosse extrémité en haut, le 12 janvier, dans les boîtes. Ils sont mis en incubation le 14, dans leurs boîtes; ils sont ouverts dans la même position après 48 heures d’incuba- tion : on y trouve une seule absence de développement, trois monstres et douze embryons normaux. Deux embryons, un normal et un monstre occu- pent seuls la position horizontale. Un embryon de 48 heures a gardé la posi- tion qu'il aurait eue si l'incubation avait été faite dans la position horizontale ; es autres occupent une position intermédiaire. Exp. II. — Douze œufs sont mis dans la même position verticale, la grosse ‘extrémité en haut le 13 janvier. Ils sont mis en incubation dans les boites le 15, et ouverts dans la même position le 18, après 72 heures d’incubation. ‘On y trouve deux absences de développement, trois anomalies et 7 em- bryons normaux. Trois embryons anormaux occupent seuls la position horizontale. Exp. IIL. — Seize œufs sont mis dans la position verticale, la grosse extré- mité en haut le 16 janvier. Ils sont mis en incubation dans les boîtes, le 18, et ouverts toujours dans la même position, le 24. On y trouve une seule absence de développement, quatre embryons monstrueux et 11 embryons normaux. Quatre embryons normaux et deux embryons anormaux ont pris la position horizontale. Ces expériences, confirmées par d’autres du même genre, montrent qu à mesure que l'embryon se développe, il a plus de tendance à gagner la région culminante de l’œuf; mais cette tendance reste souvent ineffi- cace. Le changement de position de l'embryon paraît subordonné à la différence de densité de la région où il se développe; différence de den- sité qui, dans l’incubation horizontale, le fait se rapprocher progressive- 178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment de la coquille. Cette différence de densité qui suffit à permettre à l'embryon de garder la position culminante quand l'œuf est roulé autour de son grand axe, ne suffit pas à permettre un changement de position quand l'œuf est placé verticalement. C'est que les ligaments suspen- seurs du vitellus se laissent plus facilement tordre que distendre. La dis- tension ne peut se faire que quand la traction produite par les change- ments de densité augmentent considérablement, ou lorsque ces ligaments sont anormalement faibles. Le défaut de changement de posi- tion rapide de l'embryon, quand on met l'œuf dans la position verticale, montre qu'il ne se meut qu'avec le sac vitellin ; et quand on ouvre l'œuf dans la position verticale, on voit souvent l'insertion de la chalaze déviée du côté opposé à celui où l'embryon tend à monter. Le change- ment de position de l'insertion de la chalaze est sensiblement équiva- lent au changement de position de l'embryon, mais en sens inverse par rapport à la grosse extrémité de l'œuf. La position verticale, la grosse extrémité en bas, paraît être plus défavorable au développement. Deux expériences dans lesquelles 24 œufs du même jour ont été mis en incubation sur la petite extrémité et 24 sur la grosse extrémité, ont donné pour les premiers seulement 50 p. 100 de développements normaux, 41.66 de monstruosités et 8.33 d'absences de développement, et pour la seconde, 62.50 p. 100 de déve- loppements normaux et 37.50 de monstruosités. La différence de déve- loppement des embryons était à peu près nulle : 45 heures en moyenne pour les œufs mis en incubation, la grosse extrémité en haut et 44 pour les autres, mais elle est dans le même sens que la proportion de développements normaux. Dans les deux cas, il n’y avait que 3 embryons sur 24 œufs, qui avaient pris la position horizontale. SUR LES FIBRES DE PROJECTION ET D'ASSOCIATION DES HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX, par M. J. DEJERINE. Dans un travail présenté à la Société de Biologie en 1893(1), j'ai montré, en me basant sur l'étude de vingt-trois hémisphères atteints de lésions corticales, que les trois quarts antérieurs du lobe frontal d'une part et que le lobe occipital, jusqu’au pli courbe inclusivement d'autre part, n’envoient pas de fibres dans l'étage inférieur du pédon- cule cérébral. Dans cette même communication, j'ai montré égale- (1) J. Dejerine. Sur l’origine corticale et le trajet intra-cérébral des fibres de l'étage inférieur du pied du pédoncule cérébral. Mémoires de la Société de Biologie, 1893, p. 193. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 179 ment que toutes les fibres du pied du pédoncule cérébral sont des neu- rones corticaux qui viennent directement du secteur moyen de la corti- calité cérébrale — région rolandique,lobule paracentral, pied des trois circonvolutions frontales, partie antérieure du lobe pariétal, partie moyenne du lobe temporal — sans interruption aucune au niveau des ganglions centraux et sans recevoir de ces derniers aucune fibre. Dans ce même travail enfin, j'ai établi l’origine corticale des fais- ceaux interne et externe du pied du pédoncule cérébral. J'ai démontré, en effet, que le faisceau interne tirait son origine non pas du lobe frontal tout entier comme l’admettaient Meynert, Flechsig, Bechterew, Edinger, etc., — mais qu'il prenait naissance dans l’oper- cule rolandique et dans le pied d’insertion de la troisième circonvolu- tion frontale ; et que le faisceau externe ou de Türck n'était point, comme le croyaient Meynert, Flechsig, etc., un faisceau venant de la région occipito-temporale, mais qu'il venait de la partie moyenne de la corticalité temporale, et en particulier des deuxième et troisième cir- convolutions temporales. En 1894 et 1896, Flechsig (1) modifiant ses anciennes idées sur la texture du cerveau et abandonnant, après mes recherches, son opinion sur l'origine des faisceaux cortico-protubérantiels antérieur et postérieur, émit, en se basant sur l’étude du développement de la myéline dans les hémisphères cérébraux, une nouvelle opinion sur la texture du cerveau qui peut se résumer ainsi que suit: Il existe dans chaque hémisphère des zones dis- tinctes les unes des autres au point de vue anatomique et partant fonction- nel; les unes sont des zones d'association n'ayant aucun rapport avec les ganglions centraux, les autres sont des zones de projection. Les premières comprennent les deux tiers antérieurs du lobe frontal, le lobe pariétal, le lobe temporo-occipital, la pointe temporale, le précunéus et la face externe du lobe occipital, à l'exception de la première circonvolution occipitale. Les zones de projection comprennent la région rolandique, le lobule paracentral (régions sensitivo-motrices), le cunéus, la partie posté- rieure de la première temporale et la circonvolution de l’hippocampe (régions sensorielles). En d’autres termes, d'après Flechsig, il n'y aurait guère. qu'un tiers de la corticalité encéphalique qui serait pourvu de fibres de projection, les deux autres tiers en étant privés et servant seulement à associer les unes aux autres les sphères sensorielles et la sphère sensitivo- motrice. Celte conception de la corticalité cérébrale que Flechsig a émise dans plu- sieurs publications, repose sur l'étude de cerveaux de nouveau-nés ou d’en- fants dont le plus âgé avait cinq mois ; elle est en contradiction absolue avec tout ce que nous enseigne l’anatomie normale et l'étude des dégénérescences. secondaires. L'anatomie normale nous montre, en effet, ainsi que Meynert, Luys, Wer- nicke, etc., etc., l'avaient déjà signalé, que dans toutes les régions de l'écorce (1) P. Flechsig. Gehirn und Seele. Rectoratsrede. Leipzig, 1894 el 4896. 180 ‘SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cérébrale (y compris probablement l’insula) il existe des fibres de projection passant par la capsule interne. L'étude des dégénérescences secondaires, pathologiques et expérimentales d’origine corticale (v. Gudden, v. Monakow Henschen, Dejerine, Vialet, Mahaim, Mingazzini, etc., etc.), montre que parmi ces fibres les unes s'arrêtent dans le thalamus, les autres dans des régions plus inférieures (corps genouillés interne et externe, locus niger, noyau rouge), d’autres encore dans des noyaux pontiques et bulbo-protubé- rantiels (fibres cortico-protubérantielles et neurones corticaux des nerfs moteurs craniens), ainsi que dans la colonne grise médullaire antérieure (faisceau pyramidal, Gudden, Charcot). Le rhinencéphale, outre les fibres qu'il envoie au thalamus par l'intermédiaire de la capsule interne, possède un système de projection qui lui est propre, qui concourt à former le trigone et qui le relie à différents centres des cerveaux intermédiaire et moyen. Pour ce qui concerne la partie antérieure du lobe frontal, les faits que j'apporte aujourd’hui à la Société, démontrent que cette région contient des fibres de projection la reliant à la couche optique. Dans trois cas de lésions corticales étendues des régions moyennes et antérieures du lobe frontal, J'ai pu constater par la méthode des coupes microscopiques sériées, l’exis- tence d’une dégénérescence très nette du segment antérieur de la capsule interne, avec atrophie consécutive du noyau interne du thalamus. Dans ces trois cas, les lésions étaient superficielles et n'intéressaient pas la couronne rayonnante. Pour le lobe pariétal et le pli courbe, l'existence de fibres de projection nombreuses est également facile à établir. On sait, en effet, que lorsque ces régions sont altérées, on observe une dégénérescence du pulvinar et de la partie postérieure du noyau externe du thalamus. On pourrait invoquer, dans la production de ces dégénérescences, l'extension de la lésion aux couches sagittales du carrefour ventriculaire. Or le fait que je rapporte aujourd’hui est contraire à cette interprétation. Il s’agit, en effet, d'un cas de lésion corticale du pli courbe, sans participation des couches sagittales à la lésion primitive, et dans lequel il existe une dégénérescence que l’on peut suivre à travers ces couches sagittales, jusque dans le pulvinar et le noyau externe du thalamus qui sont atrophiés. Par la méthode des dégénérescences secondaires, on peut aisément constater que les lobules lingual et fusiforme fournissent aux couches sagittales de nombreuses fibres de projection se rendant à la partie postérieure et inférieure du thalamus, par les segments rétro et sous-lenticulaire de la capsule interne; et que les lésions de la corticalité temporale qui amènent à leur suite la dégénérescence du faisceau externe du pied du pédoncule cérébral siègent non pas dans la partie postérieure de la première temporale, comme l’admet Flechsig, mais bien, ainsi que je l'ai montré, dans la partie moyenne des deuxième et troisième temporales, c’est-à-dire dans une région qui, pour Flechsig, ne contiendrait que des fibres d'association. En résumé, l'anatomie normale, appuyée sur l'étude des dégénéres- cences secondaires, démontre que toute la corticalité cérébrale contient des fibres de projection, y compris probablement l’insula. Mais, ainsi que je l’ai montré en 1893, seul le secteur moyen de l’hé- SÉANCE DU 20 FÉVRIER 181 misphère envoie des fibres de projection dans le pied du pédoncule cérébral et de là dans les régions inférieures du névraxe. Les secteurs antérieurs et postérieurs, c'est-à-dire les deux tiers antérieurs du lobe frontal, le lobe pariétal et le lobe occipital, le précunéus, la pointe tem- porale sont reliées au thalamus par de très nombreuses fibres de pro- jection, mais n’envoient pas de fibres dans le pied du Ps cérébral. La nouvelle conception de Flechsig ne peut donc être admise. Qu’une grande partie de l'écorce cérébrale soit dépourvue de fibre de projec- tion chez l’enfant en bas âge, — et le cerveau de l'enfant le plus âgé étudié par Flechsig était celui d’un enfant de cinq mois, — la chose est certaine. Il n’y a rien d'étonnant à ce que les centres sensoriels et sensitivo-moteurs se développent plus vite que d'autres régions de l'écorce, puisqu'ils sont d'ordre phylogénétique plus ancien. Mais se baser sur ce fait que certaines fibres ne sont pas encore développées à une certaine période de la vie, pour dire qu’elles n'existent pas plus tard, c’est là une proposition inadmissible. ol. établir, en effet, la texture du cerveau de l'adulte en se basant sur l'étude du cerveau d’un enfant de cinq mois, c’est-à-dire sur l'étude d’un cerveau en voie de développement, cela reviendrait à dire que la moelle épinière du nouveau-né est aussi développée qu'une moelle d’adulte. Nous savons le contraire, et nous savons aussi que le cerveau de l'enfant et de l'adolescent continue à se développer lorsque le déve- loppement de la moelle épinière est parachevé depuis longtemps. CRISES HYPERSÉCRÉTOIRES DANS LE TIC DOULOUREUX DE LA FACE, par MM. Kzrprez et LEFAS. La possibilité de la salivation dans les névralgies du trijumeau est un fait déjà connu. Le fait que nous rapportons est sans doute remarquable par l’abon- dance de la salivation pendant les paroxysmes, et aussi par l’hypersé- crétion de la narine droite (côté de la névralgie), par l'augmentation à chaque crise du catarrhe pharyngien dont le malade est atteint. Mais il offre une autre particularité intéressante, c'est la substitution progressive el presque complète d’une crise sécrétoire à la crise douloureuse. À ce point de vue on peut distinguer trois phases successives dans l'évolution de la maladie envisagée depuis son début jusqu’à ce jour : dans la première, la crise étant surtout caractérisée par une douleur paroxystique d'une violence considérable; les douleurs précédaient les excrétions; elles duraient plusieurs heures tandis que la salivation etles autres sécrétions étaient relativement modérées. Dans une seconde période, les diverses sécrétions ont augmenté 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tandis que les douleurs diminuaient quant à la durée et quant à l’inten- sité. Enfin, à l’heure actuelle, la crise est essentiellement sécrétoire. Dans l’un des derniers paroxysmes la douleur, qui est toujours le phénomène initial, n’a duré que quelques minutes à peine et a été de très faible intensité; au contraire, les sécrétions ont duré plusieurs heures et la salive rendue a atteint 380 centimètres cubes. Nous voyons donc, des deux phénomènes qui constituent les crises, douleur et hypersécrétion, l’un s’atténuer et diminuer de plus en plus, jusqu’à presque disparaitre à mesure que l’autre va en croissant. Cette transformation de la crise, d’abord surtout douloureuse, en une crise presque complètement sécrétoire, mérite d'attirer l'attention au point de vue physiologique et pathologique. En ce qui concerne la sialorrhée, il est possible que le centre sali- vaire, mis en activité à chaque accès, ait acquis à la suite d’excitations répétées, une susceptibilité considérable : de la sorte, une douleur de courte durée et peu intense suffirait actuellement à provoquer la suracti- vité pathologique de ce centre. Ce n’est là qu'une hypothèse que peut autoriser un centre salivaire admis par les physiologistes au niveau du bulbe. Au point de vue dela pathologie générale nous rappellerons, à l’occa- sion du fait précédent, que dans la crise d'asthme qui comprend habi- tuellement le spasme dyspnéique et l'hypersécrétion bronchique, l’hypersécrétion parfois apparait presque isolément. Observation résumée. — Homme de 50 ans; accidents paludéens à 12 ans; à 20 ans, syphilis non traitée. Vers l'âge de 40 ans, en même temps que des phénomènes de catarrhe pharyngien, apparaissent des douleurs névralgiques du trijumeau droit. Description d’une crise ancienne : spontanément, sous l'influence des mou- vements de mastication ou de la pression au niveau de l'émergence du sous- orbitaire droit, le malade ressent un éclair douloureux, pousse un cri bref ; le visage devient rouge; les mains sont crispées; cris plaintifs prolongés. Ces phénomènes douloureux durent une heure environ et reviennent cinq à six fois par jour. Après l'accès, hyperesthésie tactile du côté droit de la face et du cuir chevelu ; trismus. La violence des douleurs et leur durée augmentent jusqu’en 1895 et se com- pliquent de phénomènes sécrétoires marquant la fin de la crise. Description d’une crise actuelle : le début est toujours brusque, mais les douleurs ne durent que quelques minutes à peine : l’œil droit se remplit de larmes, la narine du même côté laisse couler un mucus filant et jaunâtre (renfermant des leucocytes et des cellules épithéliales) ; en même temps sia- liorrhée très abondante (180 à 380 centimètres cubes), spumeuse. Ces phéno- mènes sécrétoires durent un temps variable, de une à plusieurs heures. Le catarrhe pharyngien a augmenté également. Du côté des autres appareils: pupilles normales; micromégalopsie droite; SÉANCE DU 20 FÉVRIER 183 du côté droit également diminution de l’ouie et de l'odorat. Goût intact. Intel- ligence conservée, mais caractère irritable. Signes de bronchique chronique légère. Etat général absolument intact. Echec du traitement mixte appliqué en 1895 et 1896. Amélioration marquée mais incomplète par le bromure et l’aconitine. HYPERESTHÉSIE AUDITIVE DOULOUREUSE CHEZ UN ÉTHÉROMANE, par M. GELLÉ. Les troubles de l'ouïe et les méïonacousies d'origine toxique sont. fréquents (toxine typhoïde, palustre, oreillons; sulfate de quinine, salicylate de soude, alcool, tabac, etc.; urémie, etc.). L'influence nocive des toxémies sur la fonction et l'organe auditifs se montre des plus actives ; l'oreille est un réactif très sensible de ces intoxications. L’affaiblissement de l’acuité auditive est variable; les lésions de l’ap- pareil souvent très faibles ou secondaires au point de vue étiologique du symptôme. En général, il est à remarquer que des hallucinations de l'ouïe s'ajoutent fréquemment aux troubles divers de ce sens dans les intoxi- cations. On observe donc, en même temps qu’une surdité plus ou moins accusée, des bruits, des sensations subjectives sonores, et des sensa- tions sonores hallucinatoires, qui indiquent une hyperesthésie toxique des centres sensoriels et sensitifs, et souvent du vertige provoqué montrant celle du labyrinthe. On sait que le chloroforme agit puissam- ment sur l’ouïe; au point de vue pratique, il est peu maniable. Il n'en est pas de même de l’éther, qui jouit de la même activité, et est d’un usage répandu : trop, en certains pays où il remplace volontiers l'alcool comme agent de l'ivresse. Les éthéromanes dépassent très vite les doses calmantes ou excitantes. compatibles avec la santé, comme les morphinomanes. L'observation suivante montre les effets de l'abus des inhalations d’éther sur le sens de l’ouïe et sur le cerveau ensuite. Il s'agit d’un homme de haute intelligence, dans une grande situation, âgé de soixante-cinq ans, et qui avait perdu une partie de l’audition à la suite d’une pneumonie deux ans auparavant. Pour se soulager de douleurs viscérales, il se soumit d’abord passa- gèrement, puis quotidiennement, à l'usage d’inhalations d’éther et devint peu à peu un éthéromane acharné. Sous l'influence de cet excitant, conseillé tout d'abord dans le but de réveiller l'audition, et par l'abus, par l’emploi de doses fortes, la sensi- bilité auditive devint extrême, la sensation acoustique causait une véri- table souffrance; rapidement, le moindre bruit, un son prolongé, une 184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE conversation un peu longue, une voie douce même, mais monotone, l'attention auditive enfin fatiguée, provoquaient d’horribles sensations douloureuses auriculaires. Bientôt, ces phénomènes d’ouïe douloureuse acquirent une acuité telle que le patient prenait la fuite ; la durée de l’action sonore, plus encore que son intensité, rendait le sujet anxieux; et l'audition lui devenait insupportable; c'étaient de profondes douleurs dans l'oreille, dans la tête, une commotion intolérable. Le malade dit qu'il reste la tête endolorie et comme meurtrie à la suite. Il dut fuir à la campagne, et se promener dans les bois. Peu à peu, l’action toxique continuant, aux hyperexcitations senso- rielles auditives vinrent s'ajouter un énervement cérébral déplorable ; une sorte d'épuisement des forces intellectuelles, un ébranlement des facultés, l'incapacité de travail, etc. Une lecture à haute voix d’un fait divers, par exemple, causait un malaise général, avec fatigue et endolo- rissement de toute la tête, qui durait une partie du jour. Bientôt aux troubles énervants de la sensibilité auriculaire vinrent se joindre de l’insomnie, des sensations sonores subjectives consé- cutives, obsédantes, et enfin des hallucinations véritables de l’ouie. Le malade n'offrait aucun signe d'affection otique récente; il était atteint de sclérose otique avec ankylose de l'étrier, depuis sa pneu- monie; mais n'éprouvait, à part un peu d’obtusion de l'ouïe, plus pro- noncée à gauche, ni bourdonnement, ni vertiges, ni otalgie, en dehors de l'excitation par les bruits. Il entendait la parole de la conversation à deux, à trois personnes facilement; l'audition était moindre en publie. La montre était entendue à 5 centimètres à droite, et moins à gauche. — Aucune difficulté dans l’aération des caisses. Il est curieux de constater une pareille excitation des centres acous- tiques et un tel état d'endolorissement des oreilles consécutivement à l'abus prolongé des inhalations d’éther. On voit que, peu à peu, l'hyperexcilabilité qui s’est manifestée tout d’abord sur l'organe auditif, a envahi les centres nerveux; et les hallu- centimètres cubes par exemple. 276 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PATHOGÉNIE DU RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU ; EXAMEN BACTÉRIOLOGIQUE D'UN CAS TERMINÉ PAR LA MORT, par M. le D' AcaLE. Bien que la nature infectieuse du rhumatisme articulaire aigu ne fasse maintenant aucun doute pour la plupart des nosologistes, les faits positifs sont rares, disparates, et il ne s’en dégage jusqu'ici aucune vue d'ensemble qui permette de prévoir la solution prochaine de ce pro- blème bactériologique depuis longtemps posé. Dans la séance du 21 juillet 1891, nous avons rapporté un cas de rhumatisme cérébral mortel, chez lequel nous avions pu nous placer dans les meilleures conditions possibles pour des études microbiolo- giques. Nos recherches nous avaient permis d'isoler un microorganisme anaérobie, d'une différencialion assez facile malgré son incontestable parenté avec le vibrion septique et le bacille du charbon symptoma- tique, et qui, sans aucun doute, avait été l’agent pathogène de la maladie. Nous nous sommes néanmoins gardé à ce moment de toute généralisation, notre fait étant resté unique, ce qui ne saurait étonner, étant donnée la rareté de la mort pendant la période articulaire du rhu- matisme. Grâce à l’affectueuse obligeance de notre maitre M. Troisier, nous avons pu pratiquer récemment l'autopsie d'une femme morte au sei- zième jour, d'un rhumatisme articulaire aigu franc, alors que les manifestations du côté des jointures étaient à leur acmé. Les lésions cardiaques, hépatiques et rénales étaient absolument semblables à celles que nous avions relevées en 1891, et surtout l'agent pathogène était le même bacille que nous avions décrit, et de l'identité duquel nous avons pu nous convaincre en le cultivant parallèlement avec celui qui provenait de notre premier cas et dont nous avons pu repiquer les cultures. R... (Marie), âgée de trente-six ans. Journalière, entrée dans le service de M. Troisier, à Beaujon, le 22 octobre 1896. A été prise brusquement, Le 19 octobre, de douleurs articulaires généralisées. A son entrée : T., 39°,6. Toutes les grandes articulations prises. Bruits du cœur assourdis. Un peu d'albumine dans l'urine. Les jours suivants, état stationnaire des manifestations articulaires avec accentuation des phénomènes généraux. À partir du 29 octobre, état adyna- mique avec hyperpyrexie et persistance des douleurs des jointures. Mort le 7 novembre. EXAMEN BACTÉRIOLOGIQUE. — Liquide péricardique. — Les bacilles sont extrè- mement nombreux, bien colorables le premier jour, se colorant irréguliè- rement après un séjour de 24 heures dans la pipette. Sang du cœur. — Bacilles nombreux mais moins nets et moins face ent SÉANCE DU 13 MARS DT colorables que dans la sérosité péricardique. Sang de la veine iliuque. Bacilles peu nombreux le premier jour, très nombreux au bout de 24 heures, nom- breuses formes filamenteuses. Liquide céphalo-rachidien. Nombreuses cellules endothéliales. Bacilles peu nombreux le premier jour; au bout de 24 heures, bacilles très nombreux, très nets, très facilement colorables. Liquide synovial. Leucocytes assez nombreux. Pas de bacilles ni le premier jour, ni au bout de 24 heures. Cultures. — Les cultures aérobies faites avec le sang, le liquide péricardique, le liquide céphalorachidien, le liquide articulaire sont toutes restées stériles. Les cultures anaérobies ont toutes donné, sauf celles du liquide articulaire, des cultures pures d'un bacille absolument semblable à celui que nous avons décrit en 1891 dans un cas analogue et que nous avons pu repiquer après cinq ans et cultiver parallèlement. Ses propriétés biologiques sont celles que nous avons exposées en 1891 : nous avons pu néanmoins relever quelques observations nouvelles qui feront l'objet d'un prochain travail. Ces dernières portent principalement sur les propriétés pathogènes. Notre bacille, en effet, inoffensif pour le chien et la souris, tue quelquefois le lapin et toujours le cobaye à la dose de 2 centi- mètres cubes de culture. Suivant la virulence, la dose, ou l’ancienneté de la culture, on note la for- mation soit d'une infiltration hémorragique des muscles au point d’inocula- tion, soit d'un œdème sanguinolent avec emphysème aigu, soit enfin d’une vaste poche séreuse avec nécrose des fibres musculaires. L'identité absolue de ces deux cas nous permet d'affirmer que la pré- sence du bacille que nous avons décrit est due à autre chose qu'à une coïncidence, et que son rôle pathogène, dans ces deux cas, nous semble indéniable. Nous nous sommes du reste assuré par des recherches répétées sur des cadavres d'individus morts de maladies infectieuses ou chroniques, que le processus de la putréfaction ne revêt, en aucun cas, une apparence semblable, ainsi que cela avait été objecté à notre pre- mière observation. Ces deux faits, au demeurant, ne restent pas isolés. Notre ami, le D' Papillon, a isolé notre bacille du liquide céphalo-rachidien d’une malade morte en pleine attaque de rhumatisme articulaire aigu. Nous l’avons également retrouvé uni au streptocoque dans le sang de la veine d'un malade atteint de rhumatisme hyperpyrétique. Les deux cas de notre ami Thiroloix portent à six le nombre des examens primitifs. Nous ne saurions trop insister sur ce que tous ces examens se rap- portent à des malades présentant encore des manifestations articulaires en pleine évolution. Lorsqu'en effet les recherches portent sur des sujets ne présentant plus aucun symptôme du côté des jointures, les résultats anatomiques et surtout bactériologiques sont absolument différents. Les phénomènes morbides présentés à cette période nous semblent, en effet, en rapport avec une infection secondaire par des microbes vulgaires, staphylocoques et streptocoques. Cette infection, Biococre. Coupres RENDUS. — 10€ SÉRIE, Tr. IV. 22 978 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur laquelle nous aurons à revenir, semble, en effet, devoir être très fréquente, étant donné que l’exaltation de virulence des microbes exis- tant à l’état normal dans les cavités naturelles, est une des premières propriétés de notre bacille sur laquelle nous ayons attiré l'attention. DES TROUBLES NUTRITIFS PRODUITS PAR LES RÉFRIGÉRATIONS DIRECTES ; COMPARAISON AVEC LE VERNISSAGE DE LA PEAU, par M. J. LEFÈVRE. Les faits signalés par M. Laulanié, relativement aux troubles nutritifs produits par le vernissage de la peau et à l’inanition mortelle qui en est la conséquence (Société de Biologie, 5 mars 1897), sont absolument conformes à ceux que l’on observe chez le Lapin et le Cobaye après de violentes réfrigérations. Troubles nutritifs chez les Rongeurs. — Placé pendant une dizaine de minutes dans un bain à 5 degrés, un cobaye de 0 kil. 9 perd environ 15 calories par kilo; sa température centrale s’abaisse de 39 à 18 degrés et revient ensuite, très lentement, à la normale. Pendant l'expérience, le poids n'a pas changé d’une façon sensible; mais, à partir de ce moment, la nutrition subit un ralentissement assez grand pour que le poids tombe, en quatre ou cinq Jours, et reste, pendant plusieurs semaines, au-dessous de 0 kil. 75. D'ailleurs l’animal ne veut rien manger durant les heures qui suivent l'expérience, et, plus tard, lors- qu'il touche aux aliments, la ration absorbée est environ deux ou trois fois plus petite qu’à l’état normal. Chez le lapin de 3 kilogrammes, une réfrigération de quelques minutes dans un bain à — 15 degrés (12 à 15 calories perdues par kilo), produit le même phénomène : après réaction laborieuse, l'animal revenu à la température normale, cesse de manger, maigrit et, en quelques jours, perd environ 500 grammes de son poids (1/6 de son poids ini- tial); quinze jours plus tard, il est encore à peu près dans le même état et ne reprend son équilibre nutritif habituel qu’au bout de six à huit semaines. Conclusion. — La conclusion à tirer de ces observations est exacte- ment celle de M. Laulanié pour le vernissage : La réfrigération produit un effet physiologique consistant dans l’inter- ruplion des fonctions digestives et mettant l'animal, pendant quelques semaines, en état d'inanition presque complète. Relation entre les effets produits par le vernissage et par les réfrigéra- lions directes. — Les faits nouveaux que nous apportons ici avancent singulièrement la solution du problème relatif à l'influence du vernis- sage. SÉANCE DU 13 MARS 979 * L’accroissement du pouvoir émissif de la peau après la tonte et le vernissage équivaut à une réfrigération moins violente que celle d’un bain, mais plus durable ; et puisque les réfrigérations directes inter- rompent les fonctions digestives et mettent l'animal en état d’inanition, il semble légitime de conclure que, pour produire ces mêmes modifica- tions physiologiques, le vernissage n'agil que par les conditions réfrigé- rantes anormales qu'il détermine. À Influence de l'espèce. — Toutefois, il serait inexact d'étendre ces conclusions à tous les vertébrés : les expériences de M. Laulanié ne portent que sur le lapin ; les miennes sont relatives à deux espèces com- munes de Rongeurs. Or, chez l'Homme, le Pore, le Singe, le Chien, etc., les effets précé- demment mentionnés s’atténuent considérablement. Après de longues séries d'expériences et de réfrigérations violentes faites sur moi-même (20 à 25 expériences par mois, avec une perte moyenne de 5 à 7 calories par kilo en 10 minutes), la nutrition n’a Jamais subi la plus légère atteinte; le poids est resté invariable; l'appétit. d'une part et l'assimilation d'autre part ont subi un accroissement notable. Chez le Porc le résultat est le même. Après une perte de 12 à 15 calories par kilo, en 10 minutes, et après une réaction toujours éner- gique, l'animal se jette avidement sur les aliments qu'on lui donne et répare si promptement ses pertes qu'il n’y a pas trace d’inanition. Chez le Singe et chez le Chien, des réfrérigations semblables aux pré- cédentes, ont donné des résultats moins positifs. Bien que la tempéra- ture fût revenue à la normale, l’anorexie et la perte du poids se sont manifestées pendant deux ou trois jours, puis la réparation s’est rapide- ment faite. Il faudrait conclure de là que s’il existe entre la peau et l'intestin une relation fonctionnelle nettement démontrée, chez certains Rongeurs, par la réfrigération directe et le vernissage (agissant comme réfrigérant indirect), celte relation est cependant fonction de l'espèce. Les expériences de calorimétrie animale m'ont prouvé maintes fois. que la résistance au froid est très faible chez les Rongeurs, et qu’elle est presque parfaite chez le porc. Il serait intéressant de vérifier que le vernissage de la peau de ce dernier animal amène des accidents nutritifs. beaucoup plus lents et plus faibles que ceux qui ont été observés chez le lapin. 280 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE APPENDICITES EXPÉRIMENTALES PAR INFECTION SANGUINE, par M. Josué. L'obstruction du canal appendiculaire détermine la suppuration de la portion de l'organe transformée en cavité close ; les expériences de M. Roger et moi (#evue de médecine, juin 1896), les recherches anato- miques de Dieulafoy, Routier, Guinard, etc., l'ont prouvé. Mais ce processus n’est pas le seul qui puisse causer l’inflammation de l'appen- dice vermiculaire. M. Charrin a étudié, dans une précédente communication, plusieurs cas d’appendicites spontanées survenues chez les lapins du laboratoire. Dans ces cas, il y avait des lésions inflammatoires très marquées des follicules lymphatiques de l'organe, mais le canal appendiculaire était resté parfaitement perméable. M. Mosny a signalé un cas semblable. — Nous-mêmes nous avons reproduit des appendicites tout à fait analogues anatomiquement par infection sanguine. Sur le conseil de M. Charrin, nous avons inoculé dans la veine de l'oreille d'un lapin 1 c. ce. 1/2 de culture vieille d’un mois du strepto- bacille trouvé par cet auteur dans les cas d'appendicite épidémique. L'animal bien portant en apparence est sacrifié au bout de deux mois. À l’autopsie, l’appendice est tuméfié; il présente à sa surface un grand nombre de nodules blancs saillants sous le péritoine constitués par des follicules clos augmentés de volume; la lumière du canal est très amoindrie par suite du gonflement de la paroi; elle contient des amas de substances semblables à du mucus et transparentes. — La plaque de Peyer volumineuse qui se trouve à la terminaison de l'iléon du lapin présente des lésions tout à fait analogues à celles de l’appendice. — Le péritoine est sain; il n’y a ni fausses membranes ni adhérences. Chez un deuxième lapin, mort trois jours après injection, par M. de Nittis, de contenu intestinal dans les veines, nous avons trouvé, à l’au- lopsie, des lésions semblables mais beaucoup plus marquées. L’appendice est rigide, bosselé; les follicules lymphatiques atteignent jusqu'à 2 millimètres de diamètre; certains sont ramollis et laissent écouler une gouttelette de pus à la coupe. Dans ce cas on trouve les mêmes substances mucoïdes dans la cavité très réduite de l’appendice; la plaque de Peyer de l’iléon est également altérée. — A l'examen his- tologique, on constate une hyperplasie énorme des follicules clos ; dans un certain nombre d'entre eux on trouve des zones dégénérées ne pre- nant plus les réactifs colorants. Mais ce même lapin présentait d’autres lésions. — Il existait chez lui des abcès du foie et une suppuration de la vésicule biliaire. — A la surface de la glande hépatique, on voyait quelques saillies blanchâtres SÉANCE DU 13 MARS 281 purulentes et à la coupe d'autres abcès centraux peu volumineux. — A l'examen histologique, on peut saisir le stade initial de ces abcès : ils débutent dans l'intérieur du lobule autour des capillaires radiés. Par contre, les ramifications veineuses sus-hépatiques et portes, les canaux biliaires et les artères hépatiques ne présentent pas d’alléra- tions; les espaces portes semblent normaux. Il est donc impossible de décider si les germes arrèêlés dans le réseau des capillaires radiés abou- tissant commun de la veine porte et de l'artère hépatique ont été puisés par la première dans l'intestin, ou amenés simultanément dans les deux organes par le système artériel. — Quoi qu'il en soit, cette coexistence d’abcès du foie et d'appendicite est l’analogue de ce qu'on observe en pathologie humaine. — Le pus de la vésicule biliaire, jaunâtre, grume- leux, contient à l'examen sur lamelle de nombreux bacilles de volumes différents; les cultures donnent du coli-bacille à l'état de pureté. L'injection intra-veineuse de produits septiques peut donc déterminer des inflammations appendiculaires, sans que l’on produise, soit par un traumatisme, soit par tout autre procédé, de point d'appel local. Ces résultats expérimentaux semblent fournir un nouvel argument aux adversaires de la théorie de l’appendicite par vase clos. À notre avis, ces faits prouvent que la pathogénie de l’appendicite n'est pas uni- voque, et que l’appendice peut s'enflammer par des processus multiples. Les deux théories répondent à des faits réels, mais chacune prise isolé- ment ne peut les expliquer tous. L'appendice est, en effet, un organe lymphoïde, susceptible d'être altéré dans différentes infections. Les germes envahissent les follicules clos par la voie sanguine : nos expériences le prouvent; d'autre part, 1l n'est nullement illogique d'admettre qu'ils puissent pénétrer dans ces organes à travers les couches superficielles de la muqueuse ou par la voie lymphatique. Enfin, cerlaines intoxications ne sont peut-être pas sans action sur l’appareit lymphatique de l’appendice. D'ailleurs, des altérations hémorragiques de la muqueuse appendiculaire avaient déjà été signalées, en passant, par Roger, dans les infections par bacille de Friedländer et dans l’intoxication phosphorée. Celte variété est carac- térisée par la luméfaction de tout l'organe, et surtout des follicules qui sont quelquefois abcédés ou ulcérés. L'inflammation de l’appendice peut se compliquer, à un moment donné, d'un accident très spécial : c’est l’oblitération du canal appendi- culaire si étroit chez l'homme. Cette oblitération peut survenir à une date précoce par suite du gonflement de la muqueuse, ou tardive- ment; dans ce dernier cas, elle sera due soit à une coarctation des parois, soit à une obstruction par calcul, conséquences toutes deux de l’inflam- mation chronique. L’appendice une fois transformé en un vase clos, il se produit du pus dans sa cavité: cette poche suppurée détermine sou- vent des lésions péritonéales de voisinage, peut s'ouvrir ouse gangrener. 289 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . M. CHARRIN. — A l'occasion du travail de M. Josué, sur l’appendicite, travail présenté dans cette séance du 13 mars 1897, je prends la liberté de préciser le sens général de la note que j'ai déposée, ici même, ily a quinze jours, au sujet des lésions de l'appendice. J'ai simplement voulu montrer que cet appendice pouvait devenir malade par suite de la localisation dans ses parois, plus spécialement dans ses follicules lymphoïdes, de parasites vivants, sans intervention antérieure, d’une facon plus ou moins épidémique. Je n’attache qu'une importance secondaire au strepto-bacille que j'ai rencontré; je crois qu'il intervient, puisque d’autres auteurs l’ont décelé dans des cas analogues, puisque sa culture pure inoculée à fait naître l'affection : toutefois, je suis bien convaincu que des germes nombreux, aérobies ou anaérobies dans d’autres formes, dans les formes fétides, gangréneuses, sont capabies d'agir. Ce qui m'a paru intéressant c’est de montrer, au moment où chacun -édifie sa théorie, où chacun cherche à préciser la lésion préalable néces- saire, c’est de montrer que l’appendice, sans aucune intervention, est attaqué par des agents figurés, qu’il y ait ou non cavité close, agents qui parfois gagnent d’autres organes, la rate par exemple, agents aptes à décimer les animaux (1). — Les processus, ici comme ailleurs, sont multiples; il estimprudent de vouloir enfermer la nature dans un mécanisme unique. (1) Les lésions que nous avons rencontrées se rapprochent d’affections connues, spécialement de la diphtérie de l'intestin de certains animaux; on ne peut nettement identifier ou séparer, faute de preuves, certaines de ces affec- tions. Le Gérant : G. MAsson. - ———— Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette SÉANCE DU 20 MARS 1897 MM. Auc. Mrcaez : Recherches sur la régénération chez les Annélides ; régénération caudale. — MM. J.-E. Anecous et G. BraRNès : Sur l'existence d’une oxydase chez les mammifères. — M. G. Denicës : Recherches sur l'Urobiline, — M. M. BLocu : Caractères différentiels de l’inoculation capillaire congénérique et étrangère, dans la tuberculose acquise, à la période cavitaire ; présentation de malades. — M. Ér. RETTERER : Origine épithéliale des leucocytes et de la charpente réticulée des folli- cules clos. — MM. A. Gicserr et M. Garnier : De la fréquence de la tuberculose dans les grandes paralysies infantiles. — M. Gréuanr : Mesure du plus grand effort que puisse produire un muscle isolé à l'aide d'un myodynamomètre à sonnerie. — M. A. PEroN : Nécroses partielles de la muqueuse gastro-intestinale par toxines microbiennes. — M. Pauz Couruonr (de Lyon) : Deuxième note sur la répartition, la formation et la destruction de la substance agglutinante chez les typhiques. — M. Marassez (réponse à M. Mayet) : A propos de l’action des solutions salines sur les globules rouges. — MM. Cu. Bour et V. HENRIQUES : Échanges respiratoires pendant la suppression de la circulation artérielle dans des territoires organiques très étendus. Présidence de M. E. Dupuy, vice-président. [612.603] RECHERCHES SUR LA RÉGÉNÉRATION CHEZ LES ANNÉLIDES. I. — RÉGÉNÉRATION CAUDALE. Note de M. AuG.. Micuez, présentée par M. Grarp. (Travail du laboratoire d'Évolution à la Sorbonne et de Zoologie maritime de Wimereux.) La question de la Æégénération, bien que datant déjà d’un siècle et demi, est encore fort peu avancée; et cependant, si la multiplicité des faits aujourd'hui connus chez les animaux inférieurs nous à habitués à cette idée de reproduction par boutures à la manière des végétaux, qui a excité si vivement la curiosité des savants du xviu° siècle, l'intérêt de celte question n’a fait que croître en prenant une portée plus haute et plus profonde aux divers points de vue de la Biologie moderne. À peine l'attention est-elle attirée sur la Régénération et la Scissipa- rité par les expériences de Trembley (1740) sur les polypes, que la ques- tion pénètre dans le domaine des Annélides par les recherches de Bonnet (1741-1745) sur des vers d'eau douce (Lumbriculus) dont un simple fragment peut régénérer, et assez rapidement, l’animal entier. Cet observateur constate aussi la régénération pour les Lombrics, mais à un degré bien moindre. Bientôt on l’observe chez les Vaës, plus tard successivement sur d’autres Oligochètes limicoles, et sur des Polychètes. BioLocie. CompTES RENDUS. — 10° SÉR1E, T. IV. 23 284 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La question s'élargit alors par la découverte de la scissiparité naturelle et de la stolinisation chez les Vaides et les Syllidiens. Mais, surtout chez les Lombrics, le fait même de la régénération a prêté et prête même encore à des contestations; l'étude du développement du bourgeon a été peu abordée, en général avec peu de succès, et les interprétations sont variées et contradictoires; il pourra donc paraitre utile d'apporter quel- ques contributions à l'étude des conditions, de la morphogenèse et de l'histogenèse de la Régénération chez les Annélides. Sur le fait même et les conditions de la Régénération chez les Lombrics, mes observations déjà assez anciennes, mais inédites, confirment généralement les recherches récentes de Morgan (1) (1895) et de Hescheler (2) (1896) et d'autant mieux que l'indépendance des observations se trouve par cela même plus absolue. I. ARégénération caudale. — La régénération, à la suite de la section d'un ver, d’une queue à l'extrémité postérieure du tronçon antérieur suffisamment long, est évidemment le cas le plus favorable, puisque les métamères enlevés sont indifférents et semblables à ceux qui restent en plus ou moins grand nombre dans la partie terminale du tronçon conservé. Aussi cette régénération est-elle reconnue par presque tous les observateurs. Mais lorsque la partie antérieure différenciée est atteinte par la section, il n’en est plus de même et il y a lieu d'étudier l'influence du niveau de la section. Chez les Lombrics cependant, K. Hescheler (1896) tout en recon- naissant, notamment après Spallanzani (1768), la très grande fréquence des vers trouvés dans la terre avec une queue plus étroite et plus pâle évidemment régénérée, avoue n'avoir obtenu que dans une très faible proportion des régénérations caudales à la suite de sections artifi- cielles à la moitié ou au tiers antérieur du corps. H. Rievel (3) (1896) admet que la régénération consiste essentiellement dans la reconstitution de l'anus, et que la formation de nouveaux segments est secondaire et exceptionnelle. Chez A/lobophora fætida, espèce sur laquelle ont porté surtout mes observations, c'est au contraire l'absence de bourgeon qui s’est montrée exceptionnelle : non seulement à l’étuve (pour l'étude du facteur température), seule condition dans laquelle Hescheler ait pu observer quelques cas de régénération chez cette espèce, mais même à la température du laboratoire et en toute saison, ces vers (que cette raison entre autres m'avait fait choisir) me fournissaient régulièrement des matériaux pour l'étude de l'histogenèse du bourgeon caudal. (1) A study of Metamerism, Quart. J. Micr. Sc. (2), XXXVIT, p. 395-476. (2) Uber Regenerationsvorgänge bei Lumbriciden. — anni. Pau XXX, 1896, p. 176-290. (3) Die Regeneration des Vorderdarmes und Ends bei einigen Anne- liden., Zeitschr. f. wiss. Zool., LXIT, 1896, p. 289-3#1. SÉANCE DU 20 MARS 285 Lorsque le tronçon antérieur est trop court, la région différenciée étant atteinte, les animaux meurent sans trace de régénération ; Spallanzani aurait cependant encore obtenu des régénérations caudales avec des tronçons seclionnés immédiatement en arrière de la région génitale, par conséquent dépourvus du gésier ; mais des tronçons plus courts meurent en quelques jours. — D'autre part la régénération a été constatée déjà et surtout par des observateurs anciens sur des tronçons moyens, c'est-à-dire privés des parties antérieure et postérieure; j'ai moi-même observé un cas semblable chez Lumbricus herculeus (?); même récem- ment M. Joest (1) (1895) l’a constaté sur des fragments de quelques segments seulement. — Quelques expériences sur des sections longitudi- nales de la queue chez Allobophora fœtida m'ont donné les résultats suivants : tantôt, comme l'avait vu Spallanzani, la partie divisée meurt et le ver s’en débarrasse par autotomie, pour revenir au cas d’une section ordinaire; tantôt le tronçon longitudinal, qui ne se trouve pas contenir le vaisseau dorsal, meurt seul et tombe, l’autre mieux irrigué est conservé et se replie en dedans pour venir se souder avec la face de section du premier, mais le ver meurt au bout d’un temps plus ou moins long. — Quelques sections partielles de la paroi du corps, en boutonnières longitudinales ou transversales, pratiquées sur des vers endormis par le chloroforme ou l’eau tiède pour éviter l’autotomie, se sont simplement cicatrisées avec resserrement des parties voisines, mais sans bourgeonnement. J’ai vu dans quelques cas sur des Lombrics et des l'ubifex, comme autrefois Bonnet sur des Zumbriculus, des saillies latérales, sans la forme caractéristique des bourgeons, mais parfois montrant nettement des vaisseaux parcourus d'ondes sanguines; à la longue elles ont décru et disparu. Ces tentatives, il est vrai peu nom- breuses, ont done été infructueuses pour obtenir des vers bifurqués, comme on en a signalé à plusieurs reprises à l'état naturel. [612.015.1] SUR L'EXISTENCE D'UNE OXYDASE CHEZ LES MAMMIFÈRES, par MM. J.-E. ABeLous et G. BIARNÈS. (Laboratoire de physiologie de l'Université de Toulouse.) Depuis longtemps nous avions cherché à déceler chez les mammifères la présence d’une oxydase analogue à celle qu'on trouve chez les ani- maux inférieurs (Mollusques, Acéphales, Crustacés) et chez les végétaux. Mais les résultats que nous avons obtenus n'étaient pas suffisamment (1) Transplantations versuche an Regenwürmern. Si{zungsberichte der Gesells- chafft zur Befvrderung d. gesammiter naturwiss. zu Marburg, n° 2, décemb. 1895. 286 ‘SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE démonstratifs pour nous permettre de conclure à l'existence d’une oxy- dase donnant les réactions caractéristiques avec la teinture de gaïac. Ces insuccès tenaient à plusieurs causes, entre autres au choix de l’ani- mal, au peu de sensibilité des teintures que nous employions, enfin à ce que nous opérions avec des organes qui n'avaient pas été suffisam- ment débarrassés par le lavage, du sang qu'ils contenaient. Nous avons, cette fois, opéré avec des organes de chiens adultes, quoique jeunes encore (deux à trois ans), tués par hémorragie. Immé- diatement après la mort, les organes étaient soumis à un lavage pro- longé, en faisant passer dans leurs vaisseaux un courant d’eau sous pression. Les organes étaient ainsi complètement débarrassés des restes de sang qu'ils pouvaient contenir, etla rate, par exemple, de rouge qu'elle était, passait à une teinte feuille morte très pâle. Dans ces conditions, nous avons pu constater que le parenchyme de certains organes ainsi hydrotomisés, égouttés et légèrement exprimés, donnait, avec la teinture de gaïac, la réaction caractéristique. Ainsi des fragments de rate arrosés avec quelques gouttes de teinture de gaïac, prennent à peu près instantanément une coloration bleue manifeste. [Il en est de même, quoique à un moindre degré, pour le parenchyme pulmonaire. Quant au foie, aux muscles, au pancréas, au cerveau, ils ne donnent aucune réaction nette. Il y à plus. Si on défibrine le sang pour le battage, des fragments de fibrine lavés et écrasés se colorent en bleu intense. Ainsi le ferment se trouve dans le sang, et comme d'autres ferments solubles, la pepsine par exemple, adhère énergiquement à la fibrine quand elle se sé- pare. Si avec les organes actifs et la fibrine on prépare des extraits aqueux, en broyant finement le parenchyme avec un peu de sable et en laissant macérer pendant vingt-quatre heures dans une pelite quantité d’eau distillée, le liquide filtré ou mieux décanté donne, quand on le traite par la teinture de gaïac (20 gouttes pour 2 à 3 centimètres cubes d'extrait), la réaction caractéristique. Par ordre d'intensité, l'extrait de fibrine vient le premier, puis l’ex- trait de rate, puis celui du poumon. Ajoutons qu'il semble y avoir, au point de vue de l'intensité de la réaction et par suite de la quantité d’oxydase, une certaine différence suivant les individus. Ainsi, sur trois chiennes de même race et de même âge, à peu près à jeun toutes trois depuis la veille, deux ont fourni des résultats très nets, la troisième des réactions moins mani- festes. De même qu'avec la teinture de gaïac, les extraits des divers organes montrent un pouvoir oxydant différent vis-à-vis du réactif de Rhômann et Spitzer. L'extrait de fibrine et l'extrait de rate le colorent énergique- ment et immédiatement, l’extrait de poumon plus faiblement et surtout SÉANCE DU 20 MARS 9817 plus lentement. L’extrait de foie ne donne d'abord rien, mais au bout de deux à trois heures, il fait virer au violet foncé le réactif. L'extrait de pancréas colore faiblement ; quant aux autres organes, museles lisses et striés, ovaire, ils ne colorent qu’au bout d’un temps très long et faiblement. Le sérum de sang de chien, qui ne donne rien de bien net avec la teinture de gaïac, colore assez rapidement el assez nettement la para- phénylènediamine. Si les extraits sont soumis à l’ébullition pendant quelques DHEULES, on n'obtient plus aucune réaction. Par contre, une température de 60-65 degrés, maintenue pendant quelque temps, ne gène nullement l’oxydase. 80-85 degrés, telle paraît être la température critique. Enfin les extraits même fortement chloro- formés gardent leurs propriétés oxydantes. Nos expériences ont porté surtout sur le chien. Mais nous avons aussi étudié à ce point de vue d’autres animaux : veau, lapin, porc. Le poumon de lapin donne, avec la leinture de gaïac, une coloration bleu verdätre assez nette ; le poumon de veau presque rien. La rate de veau, par contre, se colore, bien que beaucoup moins énergiquement que la rate de chien. Ilen est de même, mais à un moindre degréencore, de la rate de lapin. La fibrine de sang de veau, celle de sang de pore bleuissent aussi quand on les traite par la teinture de gaïac; leurs extraits colorent le réactif de Rôhmann et Spitzer. De ces premières expériences, nous croyons donc pouvoir conclure qu'il existe chez les mammifères, surtout chez le chien, que nous avons plus spécialement étudié, un ferment soluble oxydant, inégalement réparti dans l'organisme et présentant la plupart des réactions caracté- ristiques des oxydases. Ce ferment est-il le même que celui qui oxyde l’aldéhyde salicylique? C’est ce que de nouvelles expériences nous apprendront. [612.461.27] RECHERCHES SUR L'UROBILINE, par M. G. DENIGËS. I. — On sait que les solutions d’urobiline, traitées par l'ammoniaque, passent du rouge au jaune, et que le liquide, résultant de cette alcalini- sation, additionné d’un sel soluble de zinc (chlorure ou sulfate, par exemple), présente une fluorescence verte très caractéristique; de plus, la bande d'absorption dans le bleu que produisent les solutions d’urobi- line et qui disparait sous l'influence de l'’ammoniaque, reparait, un peu déplacée vers le rouge etlégèrement atténuée par l'addition du sel de zinc. 288 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je me suis demandé si d’autres métaux que le zinc ne feraient pas réapparaître cette bande spectrale caractéristique. J'ai tout d'abord pensé aux métaux du groupe zincique, le magnésium et le cadmium; mais leurs sels solubles, ajoutés à une solution ammo- niacale d’urobiline pure, n'ont fourni aucun changement appréciable dans l’aspect de ce liquide. Au contraire, les résultats ont été positifs avec le sulfate mereurique, les sels de cuivre au maximum, ceux de nickel et de cobalt (ces derniers, après agitalion à l’air de leur mélange avec l'urobiline ammoniacale). De plus, en dehors de leur action sur les propriétés spectrales de ce produit, le sulfate mercurique a développé une coloration rougeûtre très nette, bien que le milieu soit resté fortement alcalin; les sels de nickel et surtout de cuivre ont fourni une teinte violacée (1) rappelant celle que donne la réaction du biuret. Il ne s’agit pas, dans ce dernier cas, de mélange de couleurs, puisque, la solution ammoniacale d'urobiline étant jaune et celle des sels de nickel et de cuivre, bleue, on aurait eu alors une coloration verte et non rose violet. Le chlorure cuivreux et les sels d'argent, les sels ferreux, ferriques et manganeux en liqueur ammoniacale (ces derniers additionnés de glycé- rine pour empêcher leur précipitation par l’alcali\ n’ont pas donné de résultats. On voit que les sels qui, au contraire, se sont montrés actifs, sont ceux qui forment avec facilité des combinaisons ammoniacales ou aminées stables. IT. — On trouve parfois une grande difficulté, une impossibilité même, à constater le spectre spécifique de l’urobiline dans des urines très for- tement pigmentées, surtout lorsque ces pigments sont ceux de la bile qui absorbent avec intensité toutes les radiations du jaune jusqu’au violet. On ne peut se servir, pour enlever les colorants parasites, d’acétates de plomb ou de mercure qui précipitent en même temps l’urobiline. Le procédé de M. Cordier, qui consisie à agiter 20 centimètres cubes de chloroforme avec 100 centimètres cubes d'urine, aciculés par 5 centi- mètres cubes d'acide chlorhydrique, à séparer le dissolvant (opération rendue souvent très difficile par l'émulsion produite), à filtrer, évaporer et reprendre par l'alcool absolu, est long et n’enlève pas toute l’urobiline urinaire. J'ai trouvé que le sulfate mercurique, préparé suivant la formule : (1) Il est nécessaire, pour obtenir la teinte indiquée, que le cuivre ne soit pas en excès, sans cela elle serait masquée par la coloration intense du bleu céleste. Il faut donc, dans la solution d’urobiline ammoniacale, ne verser que goutte à goutte, une liqueur cuivrique étendue. SÉANCE DU 20 MARS 289 EEE OxydeMMeECUTIQUe ACCUSE 5 grammes Acide sulfurique . . . . . : . . . 20 centimètres cubes pau os RE TOO — (Méler l'acide et l’eau, puis ajouter l’oxyde mercurique qui se dissoudra par agitation.) dépouillaitadmirablement l'urine de ses pigments parasites, sans toucher en aucune facon à l’urobiline, et permettait d'apercevoir, de la manière la plus nette, avec les urines biliaires les plus foncées, la bande d'absorp- tion cherchée. Avec des solutions aqueuses d’urobiline pure, additionnées de quan- tités égales, d’une part d’eau distillée, d'autre part d’urines biliaires interceptant toute lumière à partir du jaune, sous une épaisseur de 2 centimètres, la bande d'absorption, après traitement par le sulfate mercurique et filtration, a présenté la même intensité que celle de la solution aqueuse d’urobiline type, amenée par addition d’eau au même degré de dilution; on peut donc effectuer facilement, en utilisant ce pro- cédé, non seulement la recherche, mais même un dosage spectrophoto- métrique de l’urobiline. Dans la pratique, on effectuera la séparation des colorants étrangers, en ajoutant à l'urine (à 10 centimètres cubes, par exemple) la moitié de son volume (5 centimètres cubes) du réactif précédent; on agitera, puis on filtrera au bout de 5 à 6 minutes, afin de séparer les combinaisons mercuriques insolubles formées. La liqueur claire se prêtera dès lors parfaitement à l'examen spectroscopique. Si elle se troublait au bout de quelque temps, on filtrerait à nouveau. CARACTÈRES DIFFÉRENTIELS DE L'INOCULATION CAPILLAIRE CONGÉNÉRIQUE ET ÉTRANGÈRE DANS LA TUBERCULOSE ACQUISE, A LA PÉRIODE CAVITAIRE ; — PRÉSENTATION DE MALADES, par M. BLocu. (Note renvoyée au Comité de publication.) 612.112] ORIGINE ÉPITHÉLIALE DES LEUCOCYTES ET DE LA CHARPENTE RÉTICULÉE DES FOLLICULES CLOS, par M. Én. RETTERER. Je crois avoir été le premier à montrer que les follicules clos sont précédés par des invaginations épithéliales et que, durant la phase initiale du dévelop- pement, ces organes sont représentés par des bourgeons épithéliaux. Si, depuis, les auteurs ont admis ce fait morphologique, ils persistent à sou- tenir que les invaginations épithéliales n’ont d'autre rôle que de SORTE L À} sance aux cryptes de l’amygdale ou des plaques de Peyer et de servir JA ER 4 YP Y8 plaq y HT o0 FOXT, | Ex me 1 “re. © “er | La de GR y Le Whtd L \ FN ES Î 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus de porte de sortie aux globules blancs. Quant aux follicules clos eux- mêmes, ils proviendraient uniquement de l’accumulation des globules blancs dans le tissu mésodermique, « les cellules lymphatiques, comme dit M. J. Re- naut(1),remaniant le tissu conjonctif disposé autour des bourgeons épithéliaux.» Libre à M. J. Renaut de répéter une fois de plus les théories qu'on lui a enseignées dans sa jeunesse; mais Je lui conteste le droit de m'attribuer des erreurs que je n'ai pas commises. C'est ainsi qu'il m'accuse gratuitement d’avoir confondu les glandes salivaires annexées aux amygdales avec les inva- ginations épithéliales qui, selon moi, donnent naissance aux follicules clos. Que si M. J. Renaut avait pris la peine de consulter et de lire réellement mon mémoire (2), il aurait vu que, le premier, j'ai décrit les glandes salivaires muqueuses comprises dans l'épaisseur des amygdales et que mes descriptions et mes dessins séparent et distinguent nettement les glandes salivaires ouvertes d'avec les follicules clos. Tout en craignant que l’histologiste lyonnais ne tienne aucun compte de ce conseil, je prends la liberté d'indiquer à M. J. Renaut une technique nouvelle qui lui permettra de vérifier les faits que j'ai publiés à diverses reprises et ceux que j'ai l'honneur d'exposer aujourd'hui devant la Société de Biologie. Ces faits peuvent se résumer en deux phrases : 1° les ébauches des follicules clos sont épithéliales) Comptes rendus Acad. Sciences, 16 et 19 mars 1885); 2° les ébauches uniquement épithéliales des follicules clos se transforment, d'une part, en cellules arrondies et, de l’autre, en charpente réticulée (Journal de l’Anat. et de la Physiol., 1896, p. 289). I. — Moyen rapide et pratique de s'assurer de l'origine uniquement épithé- liale des premiers follicules clos. Pour constater la provenance uniquement épithéliale des premiers follicules clos qui apparaissent dans les amygdales, on peut employer des pièces conservées dans n'importe quel liquide (liqueur de Muller, alcool, etc.); il suffit de faire (de préférence sur les régions amygda- liennes des fœtus à terme de porc, de veau, de poulain), des coupes sériées tangentielles, c'est-à-dire parallèles à la surface. À un grossisse- ment très faible, on voit que l’invagination épithéliale primitive pré- sente, sur toute son étendue, des bourgeons secondaires pleins, dont les uns sont purement épithéliaux, tandis que les autres ont déjà com- mencé à se transformer en tissu lymphoïde. Les bourgeons épithéliaux occupent exactement la place des follicules clos futurs et, dans leur intervalle, on ne distingue que les fines travées conjonctives et vasculaires du chorion. Il. — Technique permettant d'étudier la transformation de l'ébauche épi- théliale en tissu réticulé et la production de nouveaux follicules clos. Pour se rendre compte de la facon dont l’ébauche épithéliale se trans- (1) Traité d'histologie pratique, t. IT, 1897 (note au bas de la page 487). (2) Journal de l’Anatomie et de la Physiologie, 1888. En citant mon travail, M. J. Renaut indique à tort l’année 1885. Vic, * 000080 Pt ERIC PRE OR NN. RASTECETEN SÉANCE DU 20 MARS _ 294 forme en tissu réticulé et pour voir comment de nouveaux follicules clos prennent naissance sur le pourtour de l'invagination épithéliale primitive, il est indispensable de recourir à un procédé qui conserve les figures de la division cellulaire indirecte. On fixe les amygdales fraiches dans du bichlorure de mercure (solu- tion aqueuse concentrée) ou du liquide de Zenker; on fait des coupes fines, en série; on colore à l’hématéine et à l’éosine ou à l'orange et on observe les phénomènes suivants. L'ébauche uniquement érithéliale des premiers follicules clos est com- posée d’une couche périphérique de cellules basales ; la portion centrale, par contre, est formée de cellules polyédriques qui sont analogues aux cellules malpighiennes. Les cellules basales offrent un corps cellu- laire qui se confond avec celui des cellules voisines (1), tandis que les cellules polyédriques sont nettement limitées par une zone corticale que traversent les fibrilles du corps cellulaire et qui unit entre elles les cellules voisines. Ce tissu épithélial plein se transforme en tissu réticulé de la façon suivante : le noyau de certaines de ces cellules (aussi bien des cellules basales que des cellules malpighiennes), se divise par karyokinèse, mais la couche péri-nucléaire seule du corps cellulaire prend part à la divi- sion. Il se produit ainsi deux cellules jeunes à faible corps cellulaire, occupant une logette dans le tissu épithélial primitif. Simultanément, la partie homogène du protoplasma (.yaloplasma) des cellules épithé- liales subit une sorte de liquéfaction ou de fonte dans l'intervalle des fibrilles. Ces deux faits amènent la production de vacuoles ou de logettes au milieu des travées épithéliales. Ces logettes ou mailles se trouvent ainsi circonscrites par celles des travées épithéliales qui persistent avec leur forme et leurs caractères primitifs. À mesure que ce processus se poursuit sur une plus grande étendue, . on voit l'ébauche épithéliale se transformer en une charpente réticulée, dont les mailles sont remplies par les petites cellules arrondies à faible corps cellulaire. Ces petites cellules dérivent de la division de certaines cellules épithéliales et prennent peu à peu les caractères de diverses variétés de globules blancs. Tels sont les phénomènes qu'on observe dans la production des pre- miers follicules clos; mais une transformation analogue du tissu épithé- lial en tissu réticulé ou lymphoïde se poursuit foute la vie dans les parois épithéliales des invaginations primitives. Celles-ci sont, comme on sait, revêtues d'un épithélium pavimenteux stratifié. Or, chez le bœuf, le porc et Le cheval adultes, ce revêtement épithélial des cryptes continue, pendant toute la vie, à être le point de départ et à devenir le (1) Voir Comptes rendus de la Société de Biol., décembre 1886. ‘2992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE x siège de nouveaux follicules clos, venant s'ajouter à ceux qui se sont développés vers la fin de la vie fœtale ou après la naissance. Depuis longtemps, M. Stühr a signalé la présence de cellules arron- dies occupant les lacunes des cellules épithéliales des cryptes amygda- liens. Le fait est réel : mais l'explication qu'en donne cet éminent his- tologiste est erronée. En effet, il ne s’agit pas de leucocytes venant du tissu conjonctif ou des vaisseaux, mais de cellules de nouvelle généra- tion qui proviennent de la division de certaines cellules épithéliales. La preuve nous en est fournie par l'observation suivante : si nous fixons les tissus par les liquides précités, il est facile de suivre ici, comme dans les bourgeons épithéliaux qui donnent naissance aux premiers follicules clos, toutes les phases de la division de certaines cellules épithéliales. Chacun pourra ainsi se convaincre qu’une partie de l’épithé- lium stratifié (aussi bien la couche moyenne que la couche interne ou libre) du crypte amygdalien à produit, par voie de karyokinèse, les cel- lules arrondies ou libres (globules blancs), tandis que l’autre partie de l’épithélium persiste sous la forme de travées ou réliculum dutissu lym- phoïde. Pendant que s'effectuent ces modifications, on voit apparaitre les vaisseaux lymphatiques et sanguins dans les travées de ce tissu. C'est donc bien là un tissu angiothélial. Les observations précédentes me semblent légitimer les conclusions que voici : | 1° Dans les follicules clos amygdaliens, la charpente réliculée ainsi que les cellules arrondies incluses dans ses mailles, sont des dérivés épithéliaux. 2° Ici, comme dans le tissu réticulé mésodermique (2), les petites cellules libres (globules blancs) sont des éléments provenant de cellules unies au début en une masse commune. Ces globules blancs ne deviennent libres que par la fonte d'une partie du protoplasma. Ce sont des formes vieillies. 3° Dans les follicules clos amygdaliens, le tissu épithélial non seulement précède le tissu lymphoïde et vasculaire; mais, c’est par un travail essen- tiellement actif que l’épithélium lui-même se transforme en cellules arron- dies, d’une part, en charpente réticulée, de l’autre. Fait non moins intéres- sant : loin de se limiter à la période fœtale ou au jeune âge, cette transformation se continue pendant toute la vie; en d'autres, termes, à toutes les périodes de l'existence, le feuillet épithélial fournit au feuillet mésodermique des petites cellules arrondies (globules blancs), du plasma et une charpente réticulée. (1) Journal de l'Anat. et de la Physiol., 1896, p. 269. SÉANCE DU 20 MARS 293 ————————————————————————————………—…….……_….——_.—.—…—…—……—…——…—_—_—_……——_——_——_.__—_—__—__—_—]——— . FRÉQUENCE DE LA TUBERCULOSE DANS LES GRANDES PARALYSIES INFANTILES, par MM. A. GizBerr et M. GARNIER. La paralysie infantile laisse après elle des atrophies et des déforma- tions souvent considérables ; un membre entier, souvent deux se trou- vent arrêtés dans leur développement; pourtant l’on voit ces malades, guéris de leur affection primitive, présenter une bonne santé et par- venir à l’âge adulte. Mais que deviennent-ils plus tard? La plupart des auteurs se contentent de dire d’une façon générale que la paralysie infantile a un pronostic bénin, au point de vue de la léthalité et que les individus qu'elle a atteints succombent ordinairement à un âge avancé. Il convient pourtant de distinguer les paralysies infantiles limitées, laissant après elles des lésions peu étendues, et les formes graves où les atrophies portent sur des membres entiers. C'est un malade de cette dernière catégorie que nous avons observé; entré dans le service pour de la toux, il à succombé après quelques semaines à des accidents de méningite tuberculeuse. Cette coïncidence de la tuberculose avec des atrophies étendues nous a paru digne de remarque, et il nous à semblé intéressant de rechercher si ces malades n'avaient pas, de même que les amputés, une aptitude particulière à contracter la tuberculose. Voici d’abord résumée l’observation de notre malade : P..., marchand de journaux, àgé de quarante-sept ans, entré le 21 juillet 1897, à l'hôpital Broussais, lit n° 2, service de M. le D' Gilbert. Ce malade à eu, à l’âge de six mois, une attaque de paralysie infantile, qui l’a laissé dans l’état suivant: les deux membres inférieurs sont très grêles, raccourcis dans tous leurs segments, à peu près complètement impotents; le pied droit est en en équinisme. Aux membres supérieurs, on ne constate que de l’atrophie des muscles de la main, surtout à droite, du deltoïde à gauche, avec luxation en arrière de la tête humérale. La toux a commencé il y à un an; le malade n’a pas de tuberculeux dans sa famille, il a trois enfants bien portants, et c’est la première fois qu'il vient à l'hôpital. Actuellement, on ne constate que quelques râles disséminés; pas de bacilles dans les crachats. Mais, à partir du 10 février, apparaissent peu à peu des signes de méningite tuberculeuse, et le malade meurt le 25 février. A l’autopsie, on constate la présence de granulations grises, dis- crètes dans les poumons, et d’autres plus nombreuses dans les méninges, le long des vaisseaux. Nous avons recherché dans la bibliographie de la paralysie infantile comment mouraient les malades porteurs de ces déformations; nous avons ainsi relevé quinze cas dans lesquels la cause de mort était indi- 294 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quée. Nous avons éliminé tous Les cas où la mort était survenue avant l’âge adulte, et aussi ceux où il y avait eu reprise tardive d'amyotro- phie, ces cas étant complexes. Voici ces quinze cas résumés dans le tableau suivant : 19 Cornil. Soc. Biologie, 1863. 20 Prévost, Soc. Biologie, 1865. 30 Johnson et Lock- hart Clarke, Med. Ch. Transact., 1868. 40 Vulpian, Archiv. de Physiolo- gie, 1810. 50 Charcotet Joffroy, Archiv. de Physiolo- gie, 1870. 60 Raymond, Soc. de Biologie 1875. 70 Leyden, Archiv f. Psych. u. Nervenkrauk., 1876. 80 Leyden. Ibid. 99 Schultze, Virchows 1816. 10° Sahli, Deutsch. Archiv f. KI. med., 1883. 119 Dejerine, Soc. de Biologie, 1887. Archiv, 129 Dejerine et Huet, Archiv. de Physiolo- gie, 1888. 139 Sharkey, Transact. Path. Soc. London, 1887. 149 Joffroy et Achard, Archiv. de méd. ex- périmentale, 1889. 150 Joffroy et Achard. Ibid. F. 49 ans. H. F. H. £ H. H. F. 66 . 40 T0 ans. ans. ans. ans. ) ans. ans. ans. ans. ) ans. ans. ans. ans. ans. ans. Atrophie des muscles de la jambe et du pied des deux côtés, plus marquée à gauche. Marche possible. Pied-bot talus gauche. Atrophie des muscles de l’épaule, bras et pouce. Atrophie du membre in- férieur droit. Atrophie complète des deux membres supérieurs, incomplète du membre supérieur droit et légère du gauche. Atrophie du bras droit. Atrophie de la jambe gauche. Atrophie de la jambe droite et du bras gauche. Atrophie des deux mem- bres inférieurs. Atrophie du bras droit, avant-bras et main. Pied-bot équin droit. Atrophie de tout le côté droit du corps, pied-bot équin. Atrophie des deux mem- bres inférieurs, surtout du droit. Atrophie et impotence complète des deux mem- bres inférieurs, incomplète des supérieurs. Atrophie des deux mem- bres inférieurs prédomi- nant à droite. Cancer du sein. Couche purulente à la base de l’encé- phale. Congestion pulmonaire. Accidents cardia- ques. Pas delésions pulmonaires. Hémorragie cé- rébrale. Tuberculose pul- monaire. Tumeur lore. Typhus abdomi- al. du py- n Arthrite la hanche (?). Tuberculose pul- de :monaire. Tuberculose pul- monaire et inles- tinale. Pneumonie. Tuberculose pul- monaire. Epithélioma ul- céré de l’æœsophage. Accidents urinai- res. Cancer de la prostate. Pneumonie. Voilà donc 15 cas de paralysie infantile, 16 avec le nôtre, sur les- quels 5 fois la mort a été causée par la tuberculose. Si maintenant nous considérons quelle était l'étendue des lésions, nous voyons que 9 fois elles portaient sur deux membres au moins à la fois; mais parmi ces 9 cas, 3 fois l’atrophie prédominait sur un membre, la marche restant ©e SÉANCE DU 20 MARS 929 possible. Restent donc 6 cas de formes graves avec atrophies très étendues, et sur ces 6 cas, 4 fois la mort a été causée par la tuberculose. Par contre, dans les 10 autres cas, la tuberculose n’estrelevée qu'une fois seulement. Il semble donc que les malades porteurs d’atrophies étendues consé- cutives à la paralysie infantile aient une aptitude spéciale à contracter la tuberculose. Or, ces malades sont comparables à plus d’un titre aux amputés; la prédisposition à l'infection tuberculeuse, qui les rapproche encore, relève très probablement des mêmes causes. Les diverses hypo- thèses mises en avant pour expliquer la fréquence de la tuberculose chez les amputés doivent donc être examinées. Une première est à écarter iei : c'est l'influence du milieu nosocomial, sur des malades ayant longtemps séjourné à l'hôpital ; cette influence peut être invoquée seulement chez des anciens paralytiques infantiles qui ont eu des reprises d'amyotrophies, et c’est une des raisons qui nous ont fait écarter ces malades de notre statistique. On peut se demander aussi si la difficulté de l'existence résultant de leur infirmité ne met pas ces malades dans un état de débilitation qui facilite l'implantation du bacille; mais il faut remarquer que plusieurs de ces malades ont passé une partie de leur existence dans des hospices, milieu où, comme le fait remarquer M. Marie, la tuberculose est beaucoup moins fréquente que dans les hôpitaux. C'est ainsi que le malade de MM. Charcot et Joffroy était resté vingt-quatre ans à la Salpéirière avant de devenir tubercu- leux; celui de MM. Dejerine et Huet n'a contracté sa pleurésie que deux ans et demi après son entrée à Bicêtre; enfin notre malade qui n'avait jamais été dans les hôpitaux avant son entrée à Broussais, ne paraissait pas dans une condition misérable. Reste enfin une dernière hypothèse : l’atrophie d'une grande étendue des membres, la disparition d’une grande quantité de masses musculaires diminuerait la résistance de l’organisme vis-à-vis du bacille tuberculeux. C’est l'hypothèse émise par M. Marie dans sa dernière communication à la Société médicale des hôpitaux (1), à propos des amputés. Elle nous parait devoir spécialement attirer l'attention ici, surtout si des obser- vations ultérieures viennent confirmer ce fait que ce sont les formes graves de paralysie infantile qui conduisent le plus souvent à la tuber- culose. (4) Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, décembre 1896. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.745.1] MESURE DU PLUS GRAND EFFORT QUE PUISSE PRODUIRE UN MUSCLE ISOLÉ À L'AIDE D'UN MYODYNAMOMÈTRE A SONNERIE (1), par M. GRÉHANT. J'ai fait construire par M. Noé un instrument composé de deux par- ties : un levier solide monté sur pointes, analogue au levier du myogra- phe de l’illustre Helmholtz, un chevalet métallique fixé sur un plateau mobile à l’aide d’une crémaillère et d'une vis, qui rappelle le dispositif employé par mon savant collègue le professeur Rosenthal d’'Erlangen ; à l'extrémité gauche du levier ayant 22 centimètres de longueur se trouve un curseur fixé à l’aide d’une vis portant deux crochets, lun supérieur pour attacher avec un fil métallique le tendon d’un muscle gastrocnémien de grenouille, l’autre inférieur recevant un petit plateau de balance à crochet; à l’extrémité droite du levier se fixe un curseur à contrepoids que l’on fait glisser et que l’on fixe pour maintenir l'équilibre horizontal. Une pince maintenue par un support solide sert à fixer le fémur environné d'un fil métallique de la préparation du muscle que l’on fait traverser à volonté par les courants induits d’un chariot de du Bois Reymond. On dispose le chevalet métallique qui communique avec l’un des pôles d’un accumulateur, tandis que le levier communique avec l’autre pôle et avec une sonnerie électrique, de telle sorte que l’arête ne il _— du chevalet soit à la plus petite distance possible du levier, TT de milli- mètre environ, après avoir chargé le muscle d’un poids de 100 grammes. La tétanisation du muscle fait immédiatement vibrer la sonnerie par suite du contact du levier avec le chevalet. Pour 200, 300, 400, 500, 600, 700 et même 1,000 grammes, on réussit également, bien que le muscle gastrocnémien ne pèse que de 0 gr. 27 à 0 gr. 35. J'ai cherché quelle peut être l'influence de différents gaz ou de divers poisons sur l'énergie musculaire. L'hydrogène, l’oxyde de carbone, l'acide carbonique, l'alcool, le curare, n'ont produit aucun effet; ainsi, par exemple, une grenouille ayant séjourné pendant 24 heures dans un mélange d'oxyde de carbone et d'oxygène à volumes égaux, a fait sonnerle timbre lorsque le musele gastrocnémien supportait un poids de 600 grammes. Pour le curare, le muscle empoisonné a soulevé 900 grammes; le muscle sain, dont le membre avait été lié, a soulevé le même poids. Il n’en est pas de même lorsqu'on emploie la vératrine injectée à (4) Travail du Laboratoire de physiologie générale du Muséum d'histoire naturelle. SÉANCE DU 20 MARS 997 l’état solide sous la peau du dos, l’un des membres ayant été lié; du côté empoisonné, le muscle excité par une distance des bobines égale. à 5 centimètres a fait marcher la sonnerie en soulevant 400 grammes et 500 grammes n’ont pas été soulevés, tandis que du côté sain, on a obtenu 600 et même 700 grammes; la différence est très nette. NÉCROSES PARTIELLES DE LA MUQUEUSE GASTRO-INTESTINALE PAR TOXINES MICROBIENNES, par M. A. PÉRON. M. Charrin (1889-1891), MM. Roger, Arloing, van Ermengem ont, dans une série de notes présentées à la Société, établi l'existence d'hémorragies sous la muqueuse du tube digestif, à la suite d’injections sous- cutanées ou intra-veineuses de la toxine pyocyanique, de la pneu- mo-bacilline, de la toxine d’un des agents du botulisme. D'autre part, en 1893, MM. Enriquez et Hallion ont vu, chez le cobaye, l'injection sous-cutanée de faibles doses de toxine diphtérique, produire la nécrose partielle de la muqueuse gastrique. Ils ont observé, à la surface de l'estomac, des escarres, suivies d’ulcérations. Par l'étude histologique, ils ont trouvé dans la sous-muqueuse, des modifications des vaisseaux sanguins : endo et péri-artérite, diapédèse, foyers hémor- rhagiques microscopiques. Dans ces deux séries de faits, hémorragies et nécroses sont sous la dépendance directe des poisons microbiens seuls. La clinique confirme ces données expérimentales. Un homme de quarante-quatre ans, d’une bonne santé habituelle, se pré- sente en mars 1896 à la consultation de chirurgie de l'hôpital Saint-Antoine, porteur d’un abcès en voie de formation dans la région du cou à droite. Les jours suivants, la tuméfaction rétrocède puis disparaît complètement. Mais bientôt, la fièvre persistant à grande oscillation, apparaissent un purpura discret, de l’albuminurie, une diarrhée intense, des vomissements abondants. Les troubles digestifs dominent la scène; leur intensité est telle que le malade présente des symptômes cholériformes et meurt dans l’algidité trois semaines après le début des accidents (1). Autopsie (service du D: Letulle). — Dans l'estomac deux plaques de nécrose et trois ulcérations. L'une des plaques gangreneuses, longue de 8 centimètres, a la forme d’un papillon dont le corps répondrait à la pelite courbure, les ailes aux faces de l'organe. (4) Il est bien entendu qu'aucun médicament, en dehors du sulfate de quinine ({ gramme par jour), n'avait été donné. D'ailleurs l’autopsie a montré l'intégrité parfaite des voies digestives supérieures. 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————_——…“——…—…——“—…——— L'escarre, d’un noir brun, tranche sur la surface hyperhémiée de la muqueuse. Un sillon d'élimination l'entoure. Les ulcérations ne dépassent pas la sous- muqueuse. Sur l’une d'elles un fragment nécrosé de la muqueuse persiste encore. Dans l’œsophage près du cardia, petite escarre noire. Dans le jéjunum, à 1 mètre du pylore, sur 30 centimètres d’étendue, lésions destructives considérables. L'ulcération domine, rappelant le gros intestin des dysentériques. Les escarres sont presque toutes détachées. Des fausses mem- branes recouvrent en partie la sous-muqueuse mise à nu. Les autres viscères sont hyperhémiés sans lésions macroscopiques. La rate est normale. La cause réelle de la mort échappait. Recherchant alors dans la région du cou, on tombe sur un abcès gros comme un œuf logé dans la gaine des vaisseaux, fusant vers le médiastin. Examen bactériol gique pendant la vie. Prise du sang dans la veine du pli du coude : aucun développement. — Une heure après la mort, culture du sang du cœur : négative. Le pus de l’abcès contenait, à l’état de pureté, un streptocoque peu virulent. Un lapin inoculé sous la peau de l'oreille avec 4 centimètre cube de bouillon âgé de vingt-quatre heures, n’a fait qu'un petit abcès. Coupes de l'estomac et de l’infestin. Au point de vue histologique, on voit les lésions déjà bien décrites par Enriquez et Hallion. Nécrose de la muqueuse et de la partie surperficielle de la sous-muqueuse. Cette nécrose frappe en bloc; elle rappelle absolument la nécrose des plaques de Peyer, dans la fièvre typhoïde. Dans la sous-muqueuse, entre les couches de la musculeuse, dia- pédèse intense, quelques hémorragies microscopiques. Au point de vue bactériologique, pas un streptocoque sur une série de coupes. En résumé, un homme vigoureux fait un abcès à streptocoque qui ne s’ouvre pas spontanément et n’est pas évacué chirurgicalement. Du pur- pura, des nécroses éténdues de la muqueuse digestive surviennent qui entrainent la mort. A aucun moment, il n°y a eu septicémie. D'ailleurs, l'agent lui-même est peu virulent, l’abcès torpide et non envahissant. Il est démontré que l’hémorragie cutanée, le purpura, dans nombre de cas identiques, est d’origine toxinique. La nécrose coexistante lei est de même nature. Elle est sous la dépendance exclusive des toxines microbiennes. Les faits analogues sont plus fréquents qu’on ne le croit. Depuis que notre attention a été attirée de ce côté, nous avons observé des nécroses identiques chez une cardiaque qui présentait un infarctus suppuré du poumon. D'ailleurs les descriptions classiques signalent des lésions « ulcé- reuses » de la muqueuse digestive au cours de certaines infections locales (l'érysipèle, par exemple). La nécrose totale de la plaque de Peyer dans la fièvre typhoïde, dans laquelle l'élément microbien n'inler- vient pas directement en tant qu élément figuré, pourrait bien n'être qu'une nécrose analogue d'origine toxinique. Rappelons enfin d’autres nécroses toxiques, la nécrose mercurielle, les gangrènes du choléra à SÉANCE DU 20 MARS 299 a] la période de réaction, certaines ulcérations gangreneuses de l'uré- mie, etc. Expérimentalement, la condition nécessaire pour l'apparition de la nécrose, c'est le passage répété dans le sang d’une petite quantité de toxines. Chez l’homme, pour qu’on puisse constater anatomiquement la nécrose, deux conditions nous paraissent. indispensables, qui sont rarement réalisées : la survie du malade; la persistance du foyer d’in- fection. Les septicémies tuent trop vite; les abeès superficiels sont trop souvent évacués. Dans le premier cas, la nécrose n’a pas le temps d'appa- raître. Dans le second, si elle survient, le malade guérit. L’ulcération, ainsi déterminée, guérira elle-même ou deviendra, à plus ou moins lon- gue échéance, la cause d’une affection du tube digestif, spontanée en apparence, en réalité consécutive à un foyer infectieux, souvent très éloigné. Il aous a paru intéressant, à un moment où tout ce qui touche aux lésions spontanées de l'estomac et de l'intestin est à l'ordre du jour, d'indiquer, comme possibles, ces modifications de la muqueuse diges- tive au cours d'infections localisées. DEUXIÈME NOTE SUR LA RÉPARTITION, LA FORMATION ET LA DESTRUCTION DE LA SUBSTANCE AGGLUTINANTE CHEZ LES TYPHIQUES, par M. Paur Courmonr (de Lyon). Dans une note précédente (1), nous apportions les résultats de la mensuration du pouvoir agglutinant des humeurs recueillies à l’au- topsie de 7 typhiques; nous pouvons faire connaître, aujourd'hui, les chiffres fournis par deux nouvelles autopsies. 4° H..., vingt-cinq ans, mort au 24° jour d’une fièvre typhoïde aggravée de complications pleuro-pulmonaires. Sang du cœur : 10,000; sérosité pleurale : 10,000; sang du foyer de pneumonie : 5,000; sérosité péritonéale : 4,000; sang de la veine rénale : 3,000; sang du foie : 800; sang de la veine splénique : 800; sérosité péricardique : 400; bile : 200; suc des ganglions mésentériques : 200. 20 F..., vingt ans, morte au 25° jour environ d’une fièvre typhoïde grave. Sang du cœur : 200; sérosité pleurale : 200; sang de la veine rénale : 150; sang de la veine porte : 10; sang du foie : 20; sang de la veine splénique : 20; bile : 0. Ces résultats concordent d’une facon parfaite avec ceux que nous avons déjà publiés. Si nous jetons sur eux un coup d'œil d'ensemble, (4) P. Courmont. Répartition de la substance agglutinante dans l'organisme des typhiques. Soc. de Biologie, 20 février 4897. BroLoGrE. ComPrEs RENDUS. — 10€ SÉRIE. T. IV. 94, 300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous pouvons formuler quelques conclusions sur le lieu de formation et de destruction de la substance agglutinante chez les typhiques. I. — Le sang de la circulation générale nous a toujours présenté le chiffre maximum du pouvoir agglutinant. C’est done vraisemblablement dans le sang que prend naissance la matière agglutinante; car, si celle-ci était produite par ur organe spécial, le sang ou la sérosite de cet organe donnerait la réaction maxima. Notre maitre M. Arloing a déjà émis cette hypothèse, à propos de la péripneumonie des bovidés (1). Remar- quons, en passant, que le chiffre du pouvoir agglutinant du sang veineux général, après la mort, a toujours été sensiblement égal à celui du sang du doigt puisé quelques heures avant la mort (3 cas). IT. — Le liquide des séreuses nous a toujours donné la réaction agglu- tinante; le plus souvent, surtout pour la plèvre, cette réaction était forte et même parfois égale à celle du sang général. IIT. — Le rôle des glandes est complexe. Certaines glandes à sécrétion interne (corps thyroïde, ovaires) paraissent n'avoir aucun rôle ; le sang qui sort de ces glandes renferme la même quantité de substance agglu- tinante que le sang général. Les glandes à sécrétion externe paraissent éliminer une partie de cette substance. Les auteurs ont déjà constaté que le lait, la salive, les larmes, les urines en renferment des traces, ou même des quantités notables. Nous avons vu que le sang qui sort du rein possède un pouvoir agglutinant, tantôt égal (2 cas), tantôt inférieur (2 cas) à celui du sang général ; l'élimination par le rein est donc inconstante et souvent peu marquée. Le foie détruit et élimine une grande quantité de substance aggluti- nante. Il en élimine, puisqu'une partie, faible d’ailleurs, se retrouve dans la bile; il en détruit, puisque le sang des veines sus-hépatiques en renferme, en moyenne, 5 fois moins que le sang de la veine porte, sans que la faible part retrouvée dans la bile puisse expliquer cette dispa- rition. La rate en détruit également beaucoup; ie sang de la veine splénique en renferme 15 fois moins, en moyenne, que le sang général (2). Mais pour l'explication de cette destruction de la substance aggluti- nante dans le foie et dans la rate, on doit tenir compte d’un facteur spécial. IV. — Si on examine, sans idée préconçue, les tableaux de nos autopsies, on voit que les chiffres les plus faibles sont constamment fournis par le foie, la rate et les ganglions mésentériques, et dans des (4) S. Arloing. Distribution de la substance agglutinante dans le sang et quelques autres humeurs. Soc. de Biologie, 5 février 1897. (2) M. Arloing (Loc. cit.) émet la même hypothèse à propos de la substance agglutinante de la péripneumonie bovine : « Elle serait détruite ou éliminée par les glandes; la rate la détruirait avec plus de rapidité. » : SÉANCE DU 20 MARS 301 proportions à peu près semblables. Le seul lien qui unisse ces trois organes est le suivant : la présence du bacille d'Eberth. Là est pour nous la cause de la faible teneur de ces organes en substance agglutinante. Cette hypothèse s'appuie d’ailleurs sur d’autres faits. Tandis que le liquide de pleurésies tuberculeuses, à pneumocoques, à staphylocoques, développées chez des typhiques, agglutine très bien (3 cas personnels), celui d’une pleurésie à bacilles d'Eberth n’agglutine pas (Menetrier). Enfin mes expériences (1) montrent que le bacille d'Eberth, cultivé ?n vitro dans du sérum de typhique, lui fait perdre sa propriété agglutinante, tandis que la putréfaction, la végétation d’autres microbes n'enlève pas aux humeurs leur propriété agglutinante. V. — Nous considérons donc la substance agglulinante comme se formant dans le sang pour lutter contre l’envahissement bacillaire ; Le microbe, à son tour, détruit celle-ci partout où il se trouve. Cet anta- gonisme est un des côtés les plus curieux de la lutte entre l'organisme et le bacille d'Eberth. [612.111.17] À PROPOS DE L'ACTION DES SOLUTIONS SALINES SUR LES GLOBULES ROUGES (Réponse à M. Mayet), par M. MaALAssEz. Dans une noie parue dans notre avant-dernier Bulletin (2), et dont je viens seulement de prendre connaissance, M. Mayet m'adresse encore de nouvelles critiques, toujours aussi peu justifiées que les précédentes ; il me faut bien y répondre. Ses premières critiques (3), je crois bon de le rappeler, s'attaquaient à des observations que j'avais faites autrefois et indiquées à la Société de Biologie quelques mois auparavant (4) : il s'agissait de certaines modifications qui se produisent dans les dimensions des globules rou- ges, dès qu'ils sont mis au contact de diverses solutions, de celles mêmes qui sont réputées les plus conservatrices, de la solution dite physio- logique de chlorure de sodium entre autres; et cela avant même que leur forme paraisse sensiblement modifiée. M. Mayet disait n'avoir pas constaté ces changements de dimensions. Il prétendait d’autre part avoir commencé ce genre de recherches avant moi et se plaignait de n'avoir pas été cité. (1) P. Courmont. Disparition in vitro du pouvoir agglutinant des humeurs des typhiques lorsqu'on y cultive le bacille d’Eberth. Soc. de Biologie, 27 mars 1897. (2) Soc. Biol., séance du 6 mars 1897, p. 253. (3) Soc. Biol., 5 décembre 1896. (4) Soc. Biol., 16 et 23 mai 1896, p. 504 et #41. 302 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La réponse était facile (1) : 1°s’il n’avait pas constaté ces changements, c'est qu'il ne les avait pas cherchés, ou n'avait pas employé de procédés micrométriques suffisamment exacts; 2 dans ce genre de recherches, je l'avais précédé et non suivi (ce que d’ailleurs il reconnaît maintenant); 3° je n'avais pas eu à le citer, par la toute bonne raison que ces altéra- tions lui avaient échappé et qu'il n’avait pu en parler. Au lieu d'en rester là, il vint alors soutenir, dans une deuxième note (2), que ces changements n'étant sensibles qu’à l’aide de procédés délicats de mensuralion, étaient peu considérables, sans importance, qu'is n'impliquaient pas d'altérations notables du stroma. I] m'a fallu lui rappeler (3), ce que j'avais pourtant bien spécifié dans ma première communication (4), ce qu'il aurait dû remarquer ou ne pas oublier, puisqu'il l'avait critiquée, que ces changements de dimensions, tout en étant peu apparents à un simple examen microscopique, n’en étaient pas moins très notables puisqu'ils formaient des séries croissantes pouvant aller jusqu’à 26 p. 100 de l’état normal. Des changements aussi considérables permettent évidemment de supposer qu'ils correspondent à des altérations globulaires assez notables; en tout cas, il importe d'en tenir le plus grand compte dans toutes les recherches où les dimensions globulaires entrent en jeu, ainsi que j'en avais donné des exemples dans ma seconde communication (5). Et maintenant, le voici qui, dans une troisième note, me reproche de lui répondre « action de ce sel (chlorure de sodium) observée une fois sur les globules rouges du lapin » et il fait mettre en italique les mots une fois et du lapin, les opposant au grand nombre de ses observations sur l’homme ! ; M. Mayet, cette fois encore, n’a donc pas lu, ou a donc oublié ce qui est écrit dans les premières lignes de ma première communication. Il y est dit textuellement que mes observations avaient porté « sur les globules rouges normaux de l’homme et de quelques animaux supé- rieurs », que c'était à titre d'exemple que je donnais les résultats obte- nus chez un même lapin. Ayant en effet exposé déjà la plus grande partie de ces faits dans un cours fait au Collège de France, je trouvais inutile d'y revenir; et si j'avais cité ceux-là de préférence, c’est préci- sément qu'ils se rapportaient tous à un même animal, qu'ils étaient par conséquent plus comparables; car, je le rappelais, l’altérabilité des glo- bules rouges est variable suivant les animaux. Soc. Biol., 19 décembre 1896, p. 1097. Soc. Biol., 20 février 1897, p. 203. Soc. Biol., 20 février 1897, p. 204. Soc. Biol., 16 mai, p. 504. Soc. Biol., 23 mai, p. 511. SÉANCE DU 20-MARS 303 M. Mayet m'accuse aussi de passer sous silence les modifications de l'élasticité. Mais pourquoi en aurais-je parlé, puisque ce n'était pas là le point spécial sur lequel j'avais voulu appeler l'attention? M. Mayet renonce pour le moment, dit-il, à continuer ce qu'il appelle notre « dialogue ». Peut-être eût-il mieux valu qu'il ne le commencat pas. ÉCHANGES RESPIRATOIRES PENDANT LA SUPPRESSION DE LA CIRCULATION ARTÉRIELLE DANS DES TERRITOIRES ORGANIQUES TRÈS ÉTENDUS, par MM. Cu. Bour et V. HENRIQUES. Les auteurs ont institué une série d’expériences pour déterminer l'influence exercée sur les échanges respiratoires par l'isolement au point de vue vasculaire de territoires organiques plus ou moins étendus. — Les recherches seront exposées ailleurs. Leur résultat le plus général et le plus inattendu, c'est que la nature des échanges respiratoires est à peu près indépendante de l'étendue du domaine irrigué par le sang, ou en d’autres termes de la quantité de sang quise dirige vers les tissus. L'animal (chien) était soumis à la curarisation ou à la section du bulbe; l’insufflation pulmonaire pratiquée, l’air expiré analysé dans l'appareil de Petterson. Il ne sera question ici que de la manière de procéder à la restriction du champ vasculaire. — Pour une première série d'expériences on fermait l’aorte immédia- tement en aval de la crosse. Pour cela, on introduisait dans l'artère fémorale, et l’on poussait aussi loin que possible, une sonde métal- lique garnie d’une vessie de caoutchouc. On gonflait ensuite la vessie avec de l’eau de manière qu’elle fit bouchon. — Lé sang artériel n’a plus alors comme débouché que le tronc brachio-céphalique, la sous- clavière droite, et quelques artères thoraciques qui suffisent pour assu- rer une circulation collatérale faible et lente. La circulation lympha- tique continue (Heidenhain), modifiée toutefois. Dans un certain nombre d'expériences, on l’a interrompue par ligature du canal thoracique. Dans ces expériences, la valeur des échanges s’est maintenue aux deux tiers ou quatre cinquièmes de leur taux primitif. — Dans une seconde série, on a restreint davantage le champ circu- latoire. On a obturé l'aorte comme précédemment, lié la sous-clavière, la carotide droite et la sous-clavière gauche; et pour permettre le tra- vail du cœur, on a réuni la carotide gauche à la jugulaire, de façon à assurer un circuit artificiel à une partie du sang. Il n'y a plus d’autres débouchés que l'artère vertébrale gauche et la cervicale profonde, ainsi que deux artères intercostales. 304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NU ARNO (Reese Les échanges ont subi une baisse insignifiante et quelquefois même une augmentation. Enfin, dans une troisième série, on a voulu ne laisser ouvert aucun vaisseau artériel qui pût fournir du sang aux tissus, sauf les coro- naires pour le cœur, dont le fonctionnement est encore assuré en unis- sant une carotide à une jugulaire. L'occlusion des artères est pratiquée de la manière suivante : Une incision est faite sur le côté gauche du cou, partant de la première côte et dirigée vers le haut; puis on procède dans la profondeur comme si on préparait la ligature du canal thoracique. On suit facilement le tronc brachio- céphalique ; avec les doigts on déchire le tissu cellulaire environnant et l’on passe l'aiguille courbe autour des artères carotides et sous-clavières droites qui, partant ensemble du tronc innominé, sont liées ensemble. La troisième branche du tronc innominé, la carotide gauche, est réunie à la veine jugu- laire droite. Cela fait, le doigt introduit dans la profondeur de la plaie enlève avec précaution le tissu cellulaire de l'aorte au niveau où prend naissance l'artère sous-clavière gauche et l’on y place une ligature d'attente. L’aorte est libérée suffisamment pour qu'il soit possible de passer le bout de l’index, par derrière, sur la concavité de la crosse. Pour fermer l'aorte, on se sert d’une pince à coulisses et à long manche. On descend cette pince les branches ouvertes le long de l'index gauche, en ayant soin de tenir les branches horizontales. Une fois arrivé à l'aorte juste au-dessous du point de départ de la sous-clavière, on parvient facilement, avec un peu d'exercice, en tournant l'instrument les branches dirigées en haut, à faire glisser l'aorte entre les branches. En serrant la pince, l'aorte est complètement fermée immédiatement au-dessous du point d'émergence de la sous-clavière ; après quoi on serre la ligature placée d'avance autour de cette artère. On obtient par ce procédé la certitude que toutes les artères sont fermées et l’on peut se fier absolument à l'occlusion du tronc de l'aorte même. Dans ces expériences, les échanges ont diminué seulement de moitié, par rapport à l’état normal. Il doit paraître surprenant que la chute ne soit pas plus considérable, puisqu'il n’y a plus alors que deux organes traversés par le sang, à savoir le poumon et le cœur. On verra les importantes conséquences de ces faits. Le Gérant : G. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette 305 SÉANCE DU 27 MARS 1897 M. Paur Couruoxr (de Lyon) : Disparition in vifro du pouvoir agglutinant des humeurs des typhiques lorsqu'on y cultive le bacille d'Eberth. — MM. Dasrre et FLoresco : Contribution à l'étude de la bilirubine. — M. E. MaraGrrano : Sur l'empoisonnement par la tuberculine. — M. Barpier : Cardiographie du cobaye. Toxines et cœur. — MM. A. Caarnin et JAcQUES DE Nrrris : Splénomégalies et lésions hépatiques. — M. Auc. Mrcue : Recherches sur la régénération chez les Annélides. — M. Arrren GraRD : Sur les régénérations hypotypiques. — M. Bourceau (de Tours) : Un nouveau réactif des albumines urinaires. — MM. Carrran et Crorzrer : Obésité et gigantisme chez un enfant de quatre ans. — M. A. Laveran : Au sujet d'une alté- ration du sang qui pourrait être confondue avec les altérations du sang palustre. — M. G.-H. Lemonxe : Influence de la chaleur sur la richesse microbienne et sur la virulence de la pulpe vaccinale glycérinée. — MM. Rocer et Josué : Des modi- fications de la moelle osseuse humaine dans l'infection staphylococcique. — M. le Dr G.-B. VALENZA : Sur une disposition particulière en peloton des tubes nerveux dans la moelle de l'embryon humain. — M. Eriexne Rapaun : Note sur le système circulatoire d'un poulet omphalocéphale. Présidence de M. E. Dupuy, vice-président. DISPARITION « IN VITRO » DU POUVOIR AGGLUTINANT DES HUMEURS DES TYPHIQUES LORSQU'ON Y CULTIVE LE BACILLE D ÉBERMTH, par M. Pauc Courmonr (de Lyon). (Communication faite dans la séance précédente.) Dans deux notes précédentes (1), nous avons montré que la substance agglutinante manquait ou était en très faible quantité dans les organes des typhiques contenant habituellement (rate, foie, ganglions mésenté- riques) on accidentellement (sérosité des pleurésies éberthiennes) le bacille d'Eberth. Le microbe empêche-t-il la formation de la substance agglutinante ou détruit-il celle-ci? Pour le savoir, nous avons cultivé du bacille d'Eberth sur différents sérums de typhiques ou d'animaux en cours d’immunisation, et avons (4) P. Courmont. Répartition de la substance agglutinante dans l'organisme des typhiques. Soc. Biol., 20 février 1897. P. Courmont. Répartition, formation et destruction de la substance aggluti- nante chez les typhiques. Soc. Biol., 20 mars 1897. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ sÉR&E. Tr. IV. LU] © 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE recherché ce que devenait la propriété agglutinante dans ces milieux de culture. Deux échantillons de chaque sérum, dont le pouvoir agglutinant avait été mesuré, étaient mis à l'étuve à + 37 degrés, l'un d'eux ense- mencé avec du bacille d'Eberth. La culture se faisait en flocons, souvent assez abondante au bout de quelques jours. Prélevant alors quelques gouttes de la partie supérieure, limpide, du tube ensemencé et quelques gouttes du tube témoin, nous mesurions le pouvoir agglu- tinant de chaque échantillon. Nous avons constamment trouvé ce pouvoir très diminué ou même aboli dans le sérum où avait végété le bacille d'Eberth (1). Voici trois exemples de ce fait : POUVOIR AGGLUTINANT DES SÉRUMS CT 7 Après 8 jours Normaux. de végétation du B. d'Eberth. Sérum de typhique . . . a Ars 100 10 Liquide de pleurésie here leuse chez DO DIQU'e ANNE RSR 100 10 Sérum de cheval en cours di immunisa- CON AT LAN UE 20 0 La végétation du bacille d'Eberth dans un sérum doué de la propriété sglutinante tend à faire disparaître celle-ci. Ou bien le bacille détruit la substance agglutinante en l’assimilant, ou bien celle-ci s'épuise pro- gressivement en agglutinant les bacilles à mesure qu'ils pullulent dans la culture (ceci paraît assez probable, puisque le pouvoir agglulinant à une limite). En tous cas, le bacille d’Eberth est antagoniste de la substance agglutinante qui se détruit en sa présence. Ainsi s'expliquent nos résultats sur la répartition de cette substance agglutinante chez les. tvphiques. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA BILIRUBINE, par MM. Dasrre et FLORESCO. Dans la séance du 26 décembre 1896, nous avons présenté à la Société de Biologie les premiers résultats de quelques recherches sur les pigments biliaires. La comparaison entre la manière dont se comportent, d’une part, la bile et les solutions artificielles de bilirubine in vitro; et, (1) Il est intéressant de constater que le sérum témoin pur ayant séjourné le même nombre de jours à l’éluve n'avait subi aucune diminution de son pouvoir agolutinant malgré l'exposition prolongée à la température de 31 degrés. SÉANCE DU 27 MARS 307 d’autre part, la bile èn vivo, nous ont paru justifier l'hypothèse d’une oæydase hépatique qui passerait accidentellement, en certaines. circons- tances, et partiellement dans la bile. Nous avons aperçu ce fait intéres- sant, que la chaleur constitue l'agent le plus énergique de la transforma- tion de la bilirubine en biliverdine. Mais cette action ne s'était pas montrée tout à fait identique sur nos solutions artificielles et sur la bile naturelle. L’alcalinité du milieu venait en seconde ligne. Quant à la présence de l'oxygène libre, tous les auteurs la décla- raient absolument nécessaire à cette transformation spontanée. On recommandait de disposer la bile en couche mince afin de faciliter et d’amplifier les contacts de la bile avec l'oxygène atmosphérique. On signalait le verdissement commençant toujours dans les couches supé- rieures du liquide en contact avec l'oxygène atmosphérique. Nous avons constaté que ces précautions, ces conditions étaient inu- tiles lorsque l’on fait intervenir la chaleur; l'oxygène libre n'est plus nécessaire à une transformalion rapide : l'oxygène dissous suffit ample- ment. En fait, comme en théorie, il est près de vingt fois suffisant. Enfin, la quatrième condition est relative à l'action de la lumière, dont il fallait étudier l'influence, en tant que lumière blanche, et dans ses diverses radiations. Tandis que nous étions occupés à l'exécution de ce. programme, il a tenté également d’autres expérimentateurs. Dans la séance du 27 février 1897, M. L. Camus signalait avec raison l'influence adjuvante de la lumière. Le désir bien naturel de ne pas perdre les avan- tages de la priorité de nos études sur les autres points nous a engagés à les publier dans les Archives de Physiologie, un peu prématurément, c'est-à-dire en laissant en suspens deux problèmes : le premier est celui de la transformation inverse de la biliverdine en bilirubine. Bien que nous possédions des faits intéressants sur Ce point, nous n'en avons point parlé dans notre mémoire. Le second point que nous avons passé sous silence est relatif à la transformation partielle des bilirubinates en biliverdinates, non seule- ment sans oxygène atmosphérique libre, comme nous le disons dans notre travail, mais même sans oxygène dissous suffisant. C’est là une opinion toute contraire à l'opinion classique. L'ébullition prolongée pen- dant plusieurs heures détermine une précipitation partielle des biliru- binates et un verdissement, dans des conditions telles que nous pen- sons qu'on ne peut incriminer l'oxygène dissous, Avec la bile, la stabi- lité est certainement plus grande et le phénomène moins évident. Mais nous avons assez de raisons de croire à sa réalité, pour n y renoncer qu'après une étude très attentive, pour laquelle nous voulons nous assurer le bénéfice d’une communication préventive. Les conclusions de notre étude sont les suivantes : 1° La bilirubine, pigment jaune, n'existe pas dans la bile à l’élat de nature, mais seu- lement à l’état de combinaison alcaline, de bilirubinate. D'ailleurs les 308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE solutions de bilirubine n’absorbent pas l'oxygène de l'air pour passer à l’état de biliverdine. Cette absorption ne se produit qu'avec les bili- rubinates qui deviennent biliverdinates. 2° La transformation en solutions artificielles du pigment jaune en pigment vert (bilirubinates en biliverdinates) dépend de quatre fac- teurs : l’alcalinité du milieu, la présence de l'oxygène libre ou dissous, la lumière, la chaleur. La chaleur est l'agent le plus efficace de la trans- formation. Elle suffit, à l'exclusion de la lumière, de l'oxygène libre, de l’alcalinité. Par ordre d'importance, l’alcalinilé vient ensuite. Dans les solutions neutres, le pigment jaune ne se change pas en pigment vert à la température ordinaire. Dans les solutions alcalines, le verdissement du pigment jaune se fait à la température ordinaire; mais il exige la présence de l'air et de la lumière. Les différentes régions du spectre ont la même action; il n’y a qu'un très faible avantage pour l’infra rouge, l’ultra violet et une étroite région dans le vert jaune entre D et E. 3° La bile naturelle de veau se comporte comme la solution alcaline de bilirubinate. L’oxygène libre ou dissous, la lumière, la chaleur agis- sent de la même façon que l’on vient de voir. 4° Le ferment oxydant, la laccase, favorise l'oxydation de la bilirubine dans les solutions artificielles. Elle rend plus efficaces les agents trans- formateurs, réaction alcaline, lumière. Dans la bile naturelle, la laccase transforme même à l'obscurité la bilirubine en biliverdine. 5° L'eau oxygénée est décomposée instantanément par la bile fraiche. L'action est aussi énergique et peut-être plus complète qu'avec la fibrine. La bile est un réactif aussi sensible de l’eau oxygénée que la fibrine. Au contraire, la bile bouillie ne décompose pas l’eau oxygénée. Il y a dans la bile fraiche une substance que l'ébullition détruit et qui dégage l'oxy- gène de l'eau oxygénée. 6° Le pigment vert qui se produit dans la vésicule biliaire ou même dans les voies biliaires (particulièrement chez les herbivores) résulte de l'oxydation du pigment jaune préexistant. On peut faire l'hypothèse que ce changement nalurel qui, ici, ne peut pas provenir de l'action de la lumière ou de la chaleur, est sous la dépendance de l’oxydase hépatique entrainée par la sécrétion biliaire. Deux arguments expérimentaux sont d'accord avec cette manière de voir : c’est d’abord que la bile fraiche (lorsqu'elle est verte dans la vésicule, c’est-à-dire supposée chargée d'oxydase) peut transformer une partie de bile jaune, tandis que la bile également verte, mais provenant d'ébullition (opération destructive de l’oxydase), ne le peut pas. En second lieu, cette bile fraiche, verte, donne, avec la teinture de gaïac, la réaction bleue caractéristique des oxydases, tandis que la bile, verte par ébullilion, ne donne pas cette réaction. SÉANCE DU 27 MARS 309 SUR L'EMPOISONNEMENT PAR LA TUBERCULINE. Note de M. MaraGLiANo, présentée par M. CuaARRiN. L'action de la tuberculine sur les animaux tuberculeux est connue, mais son action sur l'animal sain ne l’est pas aulant. Puisque la tuberculine va avoir une nouvelle importance après les études de sérothérapie dans la tuberculose, je crois intéressant de dire tout ce que j'ai eu occasion de remarquer sur l’empoisonnement qu'elle détermine chez le cobaye sain. C’est de la tubereuline dite brute que je parle, la tuberculine qu'on obtient des cuitures virulentes de tuberculose, d’après la méthode de Koch. Mes observations m'ont démontré que la tuberculine est bien capable de tuer les cobayes sains, et ce sont ses poisons spécifiques qui les tuent, non la glycérine. La tuberculine, à peu près privée de glycérine par la dialyse ou par des filtrations répétées à la bougie Chamberland, a la même action que la tuberculine glycérinée ; la même chose arrive avec la tuberculine pré- cipitée et avec Les corps des bacilles morts, tandis que les bouillons gly- cérinés de culture, concentrés au dixième, ne tuent pas les animaux. L’empoisonnement par tuberculine peut être foudroyant, aigu, lent ou transitoire. L'empoisonnement foudroyant amène la mort dans peu d'heures : 2% au plus, souvent 6-12, après l'injection sous la peau. La température tombe tout de suite ou progressivement jusqu'à 34-35 degrés. L'empoisonnement aigu laisse vivre l'animal 2-3 jours. La température augmente toujours progressivement pendant les premières 24 heures jusqu’à atteindre 40-41 degrés ; après, elle diminue progressivement jusqu'à l'hypothermie. Le poids diminue aussi progressivement ; il y a souvent de l'albuminurie. L’empoisonnement lent évolue dans 8-10 jours. On a d'abord, dans les premières 24 heures, une élévation de température, comme dans l’em- poisonnement aigu; après, la courbe thermométrique tombe peu à peu dans les 24 heures suivantes, mais non au-dessous du normal, et oscille dans des limites normales jusqu'à la mort. Seulement, on a de l'hypo- thermie dans les dernières 24 heures de la vie. Le poids de l'animal diminue toujours. L'empoisonnement transitoire donne, dans les premières 24 heures, les mêmes phénomènes que l'empoisonnement aigu; après, dans 2-3 jours, l'animal est complètement guéri. C'est surtout la quantité de tuberculine absorbée dans l'unité de temps qui donne l’une ou l’autre des formes d'empoisonnement, parce que la 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tuberculine qu'on injecte sous la peau n'est pas toujours absorbée avec la même rapidité et dans les mêmes proportions. La tuberculine avec laquelle je travaille maintenant tue le cobaye à la dose de 0,75 pour un hectogramme de son poids. Pourtant, chez le 35 p. 100 des cobayes, ce minimum est supérieur au minimum réel, parce qu'ils sont déjà tués avec 0,50 par hectogramme. Et d'ailleurs, pour les 12 p. 100, cette dose est inférieure à la réelle, parce qu'avec le 0,75 pour hectogramme, les cobayes ne meurent pas. Après tout, la proportion de 0,75 donne presque toujours l’empoisonnement aigu, et il faut consi- dérer que cette quantité est supérieure à la moyenne des oscillations du minimum mortel. On a toujours l'empoisonnement foudroyant avec le 1,25 p. 100, le lent et le transitoire entre 0,50 et 0,75 p. 100. L'action toxique de la tuberculine peut être, chez le cobaye sain, neu- tralisée avec le sérum thérapeutique, dont la préparation est déjà connue d'après mes publications. Mais il faut savoir que le sérum que les che- vaux ont donné jusqu'aujourd'hui n'arrive qu'à neutraliser le minimum toxique. Je l'ai déjà dit dans mes publications, je tiens à le répéter main- tenant, si on dépasse le minimum toxique, l'animal meurt et on n'arrive pas à le défendre en augmentant la quantité de sérum. La quantité de sérum nécessaire à la neutralisation oscille entre 1 et 2 p. 1000 grammes du poids de l'animal. Les sérums thérapeutiques, on le sait, n'ont jamais une puissance constante; j'ai eu un sérum capable de neutraliser à la quantité de 0,20 p. 1000. Chez le cobaye tuberculeux, on neutralise aussi la quantité de tuber- culine mortelle, et peut-être on peut en neutraliser des quantités 3-4 fois plus grandes; il m'est déjà arrivé, avec une quantité de sérum égale à 0,10 p. 100 du poids, de défendre de 0,20 p.100 de tuberculine le cobaye tuberculeux, tandis que l’autre cobaye tuberculeux de contrôle était tué avec le 0,05 p. 100. Mais, sur la mesure de la neutralisation chez le cobaye tuberculeux, je m'exprime d'une facon douteuse, parce que la marche différente de la tuberculose expérimentale chez le ‘cobaye rend très difficile la comparaison entre les différents animaux infectés. On a pu, grâce à l'hospitalité donnée par M. Bouchard, et à l’aide qu'ont prêtée les assistants de son laboratoire, démontrer, comme je l'ai dit, et j'avais démontré dans mon laboratoire, que le sérum protège le cobaye sain contre la dose mortelle limite de tuberculine. Mais si l'on dépasse tant soit peu cette dose mortelle limite, alors le sérum ne se montre plus protecteur, contrairement à ce qui se passe pour d’autres sérums thérapeutiques. Il va sans dire que, ici comme chez moi, ces expériences ont demandé des tâtonnements toujours nécessaires en raison des variations de la toxicité et de l'absorption des tuberculines d'un côté et des variations d'énergie des sérums de l’autre. SÉANCE DU 27 MARS 311 Je remercie M. Bouchard de son accueil toujours bienveillant et M. Charrin qui, à l’aide de M. Péron, a voulu se donner la peine de suivre les expériences. . CARDIOGRAPHIE DU COBAYE. — TOXINES ET COEUR, par M. BARDIER. J'ai présenté, il y a quelque temps, un cardiographe modifié qui m'a permis de prendre sur le lapin des tracés d’une grande netteté. Je puis dire aujourd’hui, avec preuves à l'appui, que sur le cobaye j'ai obtenu des résultats analogues. Grâce à M. Charrin, j'ai pu étudier l'influence des toxines sur les : mouvements du cœur en utilisant cet instrument. Chez divers animaux, chien, lapin, cobaye, grenouille, en particulier à l’aide de la toxine diphtérique, nous avons enregistré des modifica- tions diverses, variables suivant les doses, 1/2 à 2 centimètres cubes, la porte d'entrée, le sujet. Ces variétés, ralentissement, diminution d'amplitude, irrégulari- tés, etc., correspondent aux nombreuses données de la pathologie humaine, aux différentes formes des accidents cardiaques de l'infection : on peut ainsi éclairer la genèse de ces désordres. SPLÉNOMÉGALIES ET LÉSIONS HÉPATIQUES, par MM. A. CHaRRIN et JACQUES DE Niriris. Nous avons rencontré, à l’autopsie d’un animal, un foie à surface irré- sulière, bosselée, granuleuse, répondant comme aspect, au foie clouté; cà et là existaient de rares foyers coccidiens. — Le contenu de la vésicule était absolument dépourvu de pigment biliaire. — La rate, augmentée de volume, pesait 2 gr. 95, alors que son poids normal n’atteint pas À gramme; les autres organes étaient sains : nulle part on ne décelait de gêne circulatoire, de circulation complémentaire, d’as- cite, de péritonite. À l’examen microscopique de ce foie, on remarque des dégénéres- cences granuleuses diffuses ; certains fragments de lobule se colorent à peine, surtout autour des espaces portes qui, de ce fait, paraissent élargis. Les cellules altérées sont en partie remplacées par du tissu conjonctif jeune; mais ce lissu est moins abondant qu'on ne l'aurait supposé à l'œil nu, fait qui montre que les irrégularités, les saillies de 312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la surface, ne sont pas exclusivement en rapport soit avec la richesse de la sclérose, soit avec les propriétés rétractiles des fibrilles conjonclives. Enfin, on trouve de rares îlots de coccidies. Dans un second Cas, nous avons vu, sous l'influence d’une auto- intoxication urinaire, survenir une dégénérescence hépatique, avec hypertrophie de la glande qui pesait 14% grammes, dépassant ainsi de plus d’un quart son poids normal chez un lapin de mème âge, de même taille. L'examen histologique a révélé un tissu conjonctif anormale- ment abondant et quelques granulations graisseuses. — La rate était également grosse; le péritoine était sain. Enfin, un lapin, qui succomba quatre jours après l’ingestian de toxines diphtériques, montra à l’autopsie un foie blanchâtre, ayant subi une dégénérescence graisseuse typique. — [ei encore, il y avait coexis- _tence d’une splénomégalie, sans ascite, ni gène circulatoire. On voit, assez fréquemment, ce volume anormal du tissu splénique succéder à l'absorption de toxines, comme à celle de certains produits séreux, en particulier, de ceux qu'on retire quelquefois du liquide d’ascite. Or, on sait que ces mêmes toxines, ces mêmes produits orga- niques sont capables d’agir aussi sur le foie, si l'animal survit assez longtemps. Ces faits expérimentaux conduisent à penser, ainsi qu'on tend à le croire de plus en plus en pathologie humaine, que le processus méca- nique intervient d'une facon accessoire dans la genèse des spléno- mégalies enregistrées au cours des affections hépatiques. En effet, dans les cas de foie granuleux, de foie lisse, de foie grais- seux, les splénomégalies observées par nous ne pouvaient être attri- buées à un pareil mécanisme dont il n'existait aucune trace. — D'autre part, nous avons vu des agents déterminés, agents parasitaires ou d'ordre toxique, poisons bacillaires ou organiques, provoquer et ces lésions hépatiques et, parallèlement, ces modifications spléniques. — Ainsi en est-il dans la malaria, la syphilis, la tuberculose, la leucocy- thémie, les dégénérescences amyloïdes ou autres. Ces splénomégalies, le plus ordinairement, sont donc placées sous l'influence d’un facteur qui agit également sur le foie. Ce n'est pas à un processus mécanique souvent invoqué qu'est due habituellement la coexistence des altérations hépatiques et de ces splénomégalies, mais à l'intervention d’une cause commune : l'expérimentation, la patho- logie comparée s'unissent à la clinique pour le démontrer. SÉANCE DU 21 MARS 313 RECHERCHES SUR LA RÉGÉNÉRATION CHEZ LES ANNÉLIDES. I. — RÉGÉNÉRATION CAUDALE (suite) (4). Note de M. Auc. Mrcuez, présentée par M. Grarp. (Travail du laboratoire d' Evolution à la Sorbonne et de Zoologie maritime à Wimereux.) Chez les Polychètes, la régénération caudale est extrêmement com- mune; tous les observaleurs s’occupant d'Annélides marines observent fréquemment dans la nature des individus terminés par un bourgeon ou montrant encore des traces de régénération caudale par un passage brusque à une partie postérieure de teinte plus päle et composée de seg- ments plus serrés. Expérimentalement, j'ai constaté la régénération cau- dale dans toutes les espèces essayées : sur tous les individus de 7yposyllis hyalina et Phyllodoce maculata, espèces vivant d’ailleurs facilement en captivité, même plusieurs mois sans soins spéciaux et en régénéralions successives; pour d'autres espèces, sur un nombre plus ou moins grand d'individus, à savoir sur tous ceux que n’atteint pas la gangrène : Nereis pelagica, Hediste diversicolor, Nephthys, Eulalia clavigera, Nerine conio- cephala, Scoloplops armiger, des Cirratules et une Capitelle. Les espèces qui régénèrent le plus facilement sont, en général, celles qui présentent au plus haut degré l’autotomie soit évasive, soit aussi reproductrice pour la scissiparilé comme les Syllidiens; ainsi, alors que, dans les diverses espèces ordinaires de Néréides, les individus avec bourgeon caudal naturel sont extrêmement communs, Æediste (Nereis) diversicolor, Néréide très voisine, mais peu exposée à l’incursion d'animaux chasseurs dans son habitat spécial (sable vaseux de l'embouchure des rivières, allernativement couvert d’eau douce et d'eau de mer), a une muscula- ture moins développée, s’autotomise moins facilement et moins nette- ment, etsur une centaine d'individus, ne m’a fourni aucun bourgeon naturel et peu d’artificiels. Des régénérations successives sur le même animal peuvent être pro- voquées, chez les diverses Annélides, en enlevant plusieurs fois tout ou partie de la queue régénérée. Spallanzani avait constaté ce fait chez les Lombrics, soit en sectionnant toujours au même niveau pour séparer le bourgeon seul et tout entier, soit en retranchant une portion seulement du bourgeon, de manière à obtenir finalement une queue formée d’une suite de parties successivement de plus en plus jeunes; Hesche- ler a trouvé des Lombries présentant à l'état naturel cette dernière conformation. Des Lombrics ou des Polyehètes, par des sections qui (4) Voir Comptes rendus Soc. Biol., 20 mars 1897. 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE enlevaient en même temps une portion ancienne, m'ont fourni des bourgeons, deux ou plusieurs fois, pour chaque individu; notamment une cinquantaine de Phyllodoce maculata m'ont donné, à divers stades, chacune successivement trois bourgeons. J'ai reproduit artificiellement des queues à séries d'articles appartenant à des régénérations succes- sives. Je me suis assuré, à plusieurs reprises, que des bourgeons très jeunes d’Al/obophora fæœtida régénéraient eux-mêmes tout aussi bien que les bourgeons déjà différenciés, ce qui présente un certain intérêt au point de vue du lieu de départ de l’histogenèse. Le nombre des anneaux augmente pendant un certain temps à l’ex- trémité du bourgeon; mais l'observation prolongée plusieurs mois du bourgeon en croissance, chez A{lobophora.fœtida, qui se prête particu- lièrement à cet examen par les bandes colorées, rendant chaque seg- ment bien distinct, me donnait bientôt des nombres stationnaires : cette multiplication régénérative des mélamères est done, du moins ordinairement, limilée. IL est difficile de déterminer exactement les causes qui, agissant sur l'histogenèse, mettent fin à cette production; d’ailleurs, dans la queue, le nombre des anneaux nouveaux est sans rapport direct avec le nombre des anneaux enlevés; il est souvent moindre, parfois plus grand, et même, dans des régénérations succes- sives, sur un individu de cette même espèce, j'ai vu un bourgeon acquérir notablement plus d’anneaux que la portion retranchée au bourgeon précédent. Des anomalies consistant dans l’intercalation de moitiés d’anneaux d’un côté ou de l’autre, d’ailleurs répétée dans bien des cas le long du même individu, sont, comme l'a montré Morgan, très fréquentes, no- tamment chez A{lobophora fœtida (où en même temps les bandes colo- rées les rendent plus visibles), au point que, d’après cet observateur, elles ne manquent que là où il y a peu d’anneaux régénérés, et sur- viennent bien plus fréquemment par la régénération que par le déve- loppement embryonnaire. Effectivement, en examinant des bourgeons encore jeunes de Lombrics ou de Polychètes, où par transparence on distinguait déjà la métamérisation, notamment aux vaisseaux latéraux, j'ai observé parfois dans une certaine étendue une altération de corres- pondance entre les métamères des deux côtés, de manière à produire un demi-métamère de plus d’un côté; à en juger par la proportion très forte d'anomalies que j'ai constatées, comme Morgan, chez l'adulte de l'espèce citée de Lombric, il n’y a pas de doute que j'aurais pu répéter souvent cette observation, si le but principal de mes recherches, l'étude de l’histogenèse, n'avait exigé l’utilisation des bourgeons à des stades moins avancés. SÉANCE DU 27 MARS 315 SUR LES RÉGÉNÉRATIONS HYPOTYPIQUES, par M. ALFRED GIARD. On sait depuis longtemps que les Orthoptères Blattides à l'état larvaire peuvent régénérer les membres qu'ils ont perdus, soit par mutilation accidentelle, soit par autotomie. En 1894, W. Bateson et H. Brindley, en étudiant avec soin chez diverses Blattes les variations du nombre des articles du tarse, ont découvert un fait très curieux et très important. Le tarse des Plalta americana, orientalis et germanica compte norma- lement cinq articles. Or un grand nombre d'individus appartenant à ces espèces sont tétramères, et l'examen de plusieurs centaines de jeunes nouvellement éclos, prouve, d'autre part, que cette variation est rarement congénitale. L’on est donc conduit à supposer que la réduction du nombre des articles larsiens est une conséquence de la régénération (1). Le fait est d’ailleurs facile à vérifier expérimentalement. Il doit être généralisé. Tout récemment, en effet, des expériences dues à M. E. Bor- dage, directeur du Muséum de Saint-Denis (île de la Réunion) ont démontré que les Phasmides NWonandroptera et Raphiderus (également pentamères à l’état normal) se comportent comme les Blattides dans les régénérations qui suivent l’autotomie (2). Par la comparaison des longueurs relatives des articles tarsiens anormaux rapportées au tarse entier et par la construction de la courbe d'erreur probable et de la courbe Galtonienne de ces éléments, Bateson et Brindley ont reconnu que les proportions des articles des extrémités tétramères régénérées sont aussi constantes que celles des articles du tarse normal. Ils en ont conclu que cette modification méristique cons- üituait un cas de variation discontinue (néogénèse ou halmatogénèse au sens de Th. Eimer) pouvant jeter quelque lumière sur l’origine de plusieurs espèces de Blattes signalées par Brisout de Barneville comme normalement tétramères (3). À mon avis, ces résultats si intéressants sont susceptibles d’une inter- prétation différente. Ils doivent être rapprochés d’autres phénomènes de variation consécutifs à des régénérations et qui tendent à faire appa- raître dans la partie régénérée non pas une forme nouvelle mais une (4) W. Bateson, Materials fur the study of variations, 1894, p. 63 et p. 415-421. (2) E. Bordage, Notes aux Comptes rendus de l’Acadénrie des sciences, séances du 25 janvier et du 15 février 1897. — La régénération des membres amputés chez les Phasmides avait déjà été signalée par Guilding (1804), Fortuna (1845), Montrouzier (1855), Desmarest (1859), etc.; mais c'est à M. E. Bordage que revient le mérite d’avoir précisé les conditions de ce phénomène d’autotomie et démontré la variation fétramérique des membres régénérés,. (3) Annales Soc. entom. de France, 1848. Bulletin, p. XIX. 316 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE disposition ancestrale existant souvent encore chez des espèces voisines de celles qu'on étudie. Ainsi les Lépismides, représentants actuels des Orthoptères ancestraux sont tétramères. Chez les Locustides où la tétra- mérie est également la règle, la: régénération des membres amputés parait se faire sans réduction du nombre des articles larsiens (1). Voici d'ailleurs quelques exemples à l'appui de ma manière de voir. I. — Dans une série de publications qui n’ont pas suffisamment attiré l'attention des zoologistes, G. Boulenger a montré que chez certains Lézards, la queue régénérée présente une écaillure différente de celle du groupe dont ils font partie et rappelant une forme phylogénique anté- rieure. Les Gymnophthalmus, Lézards de la famille des Z'ejidae (Chalci- dinae) possédant l'apparence trompeuse de Scincoides reproduisent une queue à écaillure franchement tejioide analogue à celle des Æetero- dactylus ; l'Ophisaurus (Pseudopus) qui d’après Cope est un Lézard voisin des Anguis, reproduit sur sa queue régénérée les écailles des Diplo- glossides ancestraux. F. Werner à fait connaître depuis de nombreux cas du même genre (2). Le premier figuré est peut-être le 7'ejus monitor à queue régénérée dessiné par $. de Mérian (Voyage à Surinam, 1705, pl. LXX). IT. — Corrado Parona à étudié l’autotomie et la régénération des appendices dorsaux chez Tethys leporina (Phæœnicurus). Bien que l’auteur ait négligé de noter ce fait très important, la planche accompagnant son mémoire montre d'une facon très nette que les appendices régénérés sont {ous ramifiés comme les appendices dorsaux des Tritoniadés dont les Tethys sont la descendance (3). IT. — La polydactylie provoquée par mutilation chez les Axolotls (Barfurth) et chez Pleurodeles Waltlii (Giard, C. R. Soc. de Biologie, 1 déc. 1895) peut, dans certains cas spéciaux, être considérée comme un retour atavique. IV. — Il faut aussi interpréter de la même façon la régénération de (1) Ach. Griffini, Di un Pristes tuberosus anomalo. Bollet. d. Mus. di Zool. e. anatom. comp. d. R. Univ. di Torino, XI, n° 234, mars 1896. — J'ai constaté que les larves des Hémiptères Pentatomides sont dimères comme les Hémi- ptères ancestraux; les adultes sont trimères, mais certains cas tératologiques ne paraissent devoir être interprétés comme un retour accidentel à la dimérie par régénération. (2) Boulenger (G. A.), in Mivart, on the possible dual Origin of Mammalia, Proc. Roy. Soc. London, XLIII, 1888, p. 378; — On the scaling of the reproduced tail in Lizards, Proc. Zoul. Soc. Lond., 1888, p. 351, figs; — Iguana with repro- duced tail, Proc. Zool. Soc., 1891, p. 466. — Werner (F.), Ueber die Schuppenbe kleidung des regenerirten Schwanzes bei Eidechsen, Sitzb. Akad. Wien, t. CV, 1896, p. 123, 1 pl. (3) G. Parona, L’Autotomia e la regenerazione delle appendici dorsali nella Tethys leporina, Atti della R. Universita di Genova, 1891, pl. VII. SÉANCE DU 27 MARS 317 tubes pluriannelés constatée par Davenport chez des Obelia norma- lement pauciannelés (1). V. — Enfin ces considérations doivent s'étendre aux végétaux. En 1886 (Bull. scient., t. XVII, p. 131), j'ai montré qu'après avoir été dépouillé de ses jeunes rameaux par les chenilles d'Ocneria dispar, un Biota orientalis avait donné naissance à des pousses garnies de feuilles aciculaires de etinospora (ancêtres non faseiés des Thuyas). Depuis, des faits analogues ont été observés par d’Ettingshausen et Krasan en Styrie, sur divers arbres, à la suite de ravages intenses causés soit par les insectes soit par des froids rigoureux (L'Atavisme chez les plantes, Soc. phys. et d'hist. nat. de (Genève, 1890, et Revue scientifique, XLNV, 1890, p. 188-189). Ainsi, dans un grand nombre de cas de régénération, soit que les réserves nutritives soient insuffisantes, soit plutôt qu'il y ait avantage pour l'individu mutilé à abréger le processus de réintégralion et à ne pas reparcourir entièrement tous les stades phylogéniques ancestraux, le type morphologique du membre reproduit correspond non pas à l'état d'équilibre stable actuellement réalisé dans l'espèce considérée, mais à un état d'équilibre précédent (généralement au maximum de stabilité immédiatement antérieur à celui de l’époque actuelle). Je donne à ces cas de régénération si intéressants pour la Biologie générale le nom de régénérations hypotypiques, me réservant d'insister plus longuement sur leur signification et sur les rapports de l’hypotypie avec l’autotomie, particulièrement avec l’autotomie gonophorique des Annélides. UN NOUVEAU RÉACTIF DES ALBUMINES URINAIRES, par M. le D' Bourceau (de Tours). La clinique distingue l’albuminurie vraie, constituée par l'émission d'albumines coagulables par la chaleur et correspondant aux troubles fonctionnels et aux lésions du rein, et la peptonurie constituée par l'émission d'albumines solubles à chaud, peptones et propeptones. (Sena- tor, Kahne, Chittenden.) Les processus pathologiques auxquels correspondent l'élimination de ces peptones sont tellement différents que, sous peine de voir le symp- tôme albuminurie prendre trop d'extension, ces albumines doivent être dissociés des précédentes. (4) Davenport, Studies in Morphogenesis II. Regeneration in Obelia and its bearing on the diffusion in the Germplasma, Anatom. Anz. IX Bd, n° 9. 318 SOCIÉTE DE BLOLOGIE —— = ———— La chaleur seule permet cette dissociation. Mais ses réactions sont délicates et demandent à être interprétées. Tous les réactifs à froid précipitent en bloc, albumines vraies et pep- tones. Seuls, l'acide nitrique et l’acide trichloracétique font exception. Mais l'acide nitrique est peu maniable pour le praticien, ses réactions sont sujettes à des erreurs : précipitation des matières colorantes, de l’urée, de l'acide urique. L'acide trichloracélique va trop loin dans la précipitation des matières albuminoïdes intermédiaires. Il respecte les peptones franches, mais coagule les propeptones et peut, par là, étendre trop loin les limites de l’albuminurie vraie. L’acide oxyphénylsulfureux, tenant en solution un tiers d'acide sulfo- salicylique, constitue un réaclif qui fait exactement la dissociation cherchée. À froid, à la dose d’une goulte au plus par centimètre cube d'urine, il précipite, sous forme d’un voile blane opaque, les albumines, coagu- lables par la chaleur, et leurs premières transformations (alcali-albu- mine). Il s'arrête devant les propeptones et les peptones. Il ne précipite ni les alcaloïdes, ni l'antipyrine, ni le salicylate, ni les urates, ni les phosphates. Il constitue, pour le clinicien, un réactif très maniable, rapide, don- nant le diagnostic albuminurie vraie sans erreurs possibles. OBÉSITÉ ET GIGANTISME CHEZ UN ENFANT DE QUATRE ANS; par MM. Carrran et CROIZIER. Le jeune enfant que je présente est âgé de quatre ans et quatre mois. Il est beaucoup plus grand qu'un enfant de son âge, 1",08 au lieu de 92 centimètres. Il est surtout atteint d’une obésité extrêmement mar- quée, puisqu'il pèse 51 kilogrammes, tandis qu'un enfant de son âge pèse eu moyenne 14 kilogrammes. Son tour de taille est de 1,08. Il est d’ailleurs à tous les autres points de vue absolument normal. Il ne pré- sente pas trace de myxædème. Son intelligence est celle d'un enfant notablement plus ägé. Ses fonctions sont normales, mais il mange beau- coup. Dans son hérédilé, il n’y a pas trace de tare d’arthritisme marquée. Son grand-père paternel et une tante paternelle étaient un peu obèses. Avant lui sa mère a eu un enfant mort en quelques mois de faiblesse congénitale. À sa naissance, il pesait 10 livres. En 4 mois il a atteint 18 livres. Pen- SÉANCE DU 27 MARS 319 dant un an, il a augmenté de 4 livres par mois. Ultérieurement il gagnait 2 livres par mois. Il semble qu'il s'agit là d’un cas de gigantisme avec obésité précoce. Si la thérapeutique peut quelque chose sur ce sujet, nous le représenterons alors à la Société. AU SUJET D'UNE ALTÉRATION DU SANG QUI POURRAIT ÊTRE CONFONDUE AVEC LES ALTÉRATIONS DU SANG PALUSTRE, par M. A. LAVERAN. M. le D' Neiret, médecin de 1" classe des colonies, m'a envoyé récem- ment de Mayotte des préparations de sang provenant d'un malade qui avait été atteint d'une bilieuse hémoglobinurique grave et ensuite d’une fièvre continue avec état typhoïde. Les échantillons de sang que j'ai examinés ont été recueillis pendant le cours de la fièvre continue qui a succédé à la bilieuse hémoglobinu- rique. Dans la lettre qui accompagne cet envoi, M. le D' Neiret me dit qu'il a trouvé dans le sang de son malade des altérations qui rappellent celles du sang palustre, mais qu'il conserve des doutes sur la nature de ces altérations et il me demande mon avis. Après coloration à l’aide de l’éosine et du bleu de méthylène, j'ai constaté ce qui suit dans les échantillons de sang recueillis à la période d'état de la fièvre. Un grand nombre d'hématies contiennent des noyaux arrondis, à bords réguliers, qui occupent le liers ou la moitié des hémalies, ces noyaux se colorent fortement par le bleu de méthylène, ils ne renfer- ment jamais de pigment; je n'y ai pas vu de nucléoles. Le plus souvent on ne trouve qu'un noyau dans une même hématie, mais il nest pas rare d'en rencontrer deux, trois, quatre ou cinq; tantôt les noyaux mulliples sont séparés, bien distincts, tantôt on voit un corps unique en voie de segmentation. Les hématies altérées ont conservé en général leurs dimensions nor- males. Le nombre des hématies altérées est en moyenne de 6 dans le champ du microscope, lorsqu'on examine une préparation très mince de sang, en se servant de l’oculaire n° 1 et de l'objectif n° 7 de Verick. Les noyaux sont presque toujours inclus dans les hématies, mais on en observe aussi quelques-uns qui sont libres. Leucocytose légère; les leucocytes polynucléés dominent, il n’y à pas d’éosinophiles. Le sang, recueilli à la période de défervescence de la fièvre, ne montre plus qu’un très petit nombre d’'hématies altérées. Bien que depuis quinze ans je m'occupe d'une manière spéciale de 320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'examen histologique du sang, je n'avais jamais eu l'occasion d'observer semblable altération; j'ai montré mes préparations à nos collègues MM. Malassez et Metchnikoff si compétents en pareille matière; tous deux m'ont déclaré qu'ils ne se souvenaient pas d’avoir observé des globules rouges avec des noyaux segmentés en 3, 4 ou 5 segments comme on en rencontre beaucoup dans le sang du malade de M. Neiret. L'hypothèse la plus probable est cependant qu'il s'agit de globules rouges nucléés; les hématies qui ne renferment qu'un ou deux noyaux ont en effet la plus grande ressemblance avec les hématies nucléées du sang embryonnaire ou du sang de certains anémiques ou leucé- miques. Cette altération du sang est-elle spéciale à la maladie qui a été observée par M. Neiret à Mayotte ? Quelle est sa cause ? Quelle est son importance au point de vue de la pathologie générale du sang. Ce sont là des ques- tions qu'il faut réserver. Pour le moment, je désire seulement appeler l'attention sur le dia- gnostic différentiel de cette altération du sang et des altérations que produit le microbe du paludisme; ce diagnostic est facile, encore est-il bon qu'on soit prévenu. M. le D' Neiret avait très bien vu que les héma- ties altérées qu'il observait différaient notablement des hématies envahies par l’hématozoaire du paludisme, néanmoins il conservait des doutes; la confusion est done possible et il est utile d'indiquer les caractères qui permettent de distinguer ces deux altérations du sang dont la signification, au point de vue clinique, est si différente. 1° Les noyaux des hématies sont plus réguliers que les corps ami- boïdes du sang palustre qui, à la vérité, ont souvent la forme sphérique, mais qui prennent souvent aussi des formes irrégulières. 2% Les noyaux se colorent plus facilement et plus fortement par le bleu de méthylène que les hématozoaires du paludisme. 3° On ne trouve jamais de pigment dans les noyaux des hématies, tandis qu'il en existe presque toujours dans les hématozoaires du palu- disme. C’est seulement à leur première phase de développement que ces hématozoaires sont privés de pigment et, à cette période, la petitesse de ces éléments permet de les distinguer des noyaux. 4° Les noyaux en voie de segmentation ne sauraient être confondus avec les éléments en rosette ou en marguerite du sang palustre, la segmentation en 2,3, 4 ou 5 ne s'observe pas dans l’hématozoaire du paludisme et äe plus, dans les corps segmentés du sang palustre, il y a toujours un amas de pigment au centre. 3° Les hématozoaires du paludisme sont visibles dans le sang frais, non coloré, tandis que les noyaux des hématies ne deviennent visibles qu'après coloration du sang frais ou desséché, à l’aide du bleu de méthylène ou d’autres réactifs colorants de même ordre. 6° Les corps en croissant du sang pelustre et les flagelles sont très SÉANCE DU 27 MARS 321 caractéristiques, mais Ja présence de ces éléments est bien loin d'être constante dans le sang palustre, de plus les flagelles ne se voient que dans le sang frais. INFLUENCE DE LA CHALEUR SUR LA RICHESSE MICROBIENNE ET SUR LA VIRULENCE DE LA PULPE VACCINALE GLYCÉRINÉE, par M. G.-H. Lemoine La pulpe vaccinale glycérinée contient toujours une certaine quantité de microorganismes. Les uns y sont présents d’une facon permanente, les autres accidentellement. Ces derniers sont sans doute introduits dans la pulpe au cours des manipulations faites nécessairement à l’air libre et qui ont pour rit la récolte, le broyage et la mise en tubes. Les cidhes faisant constamment partie de la pulpe glycérinée sont ceux dont la présence est toujours décelée dans la Iymphe vaccinale à savoir : un microcoque donnant sur agar des colonies blanches, cré- meuses, porcelainées, et analogue au staphylocoque blanc. Un micro- coque analogue au staphylocoque jaune. L'un et l’autre ramollissent ou liquéfient lentement la gélatine. De nombreux travaux antérieurs et notamment en France, ceux de MM. Straus, Chambon et Ménard, Vaillard, Antony, Maljean, Le Dantec, Boureau et Cheaumier, et tout dernièrement M. Sacquépée dans une thèse de Lyon, ont établi la constance de ces microbes; mais tandis que la plu- part des observateurs pensent que la diminution du nombre de ces microbes n'entraine pas la diminution de virulence de la pulpe, d'autres pensent, au contraire, que la pulpe s'atténue au fur et à mesure que ceux-ci disparaissent. Mais dans ces cas on peut se demander si l’élé- ment vaccinal vieillissant en même temps, ne perd pas progressivement sa virulence par le fait même du temps, sans que pour cela cette atténua- tion de la pulpe soit en rapport avec la diminution du nombre des microcoques qui y sont contenus. Pour chercher à résoudre la question, il fallait donc utiliser un moyen qui permit de détruire dès le début un certain nombre de ces éléments microbiens, et voir ensuite ce que devenait la pulpe ainsi épurée au point de vue de sa virulence. L'exposition de la pulpe glycérinée à des températures modérées permet de réaliser l'expérience. Des échantillons de la pulpe glycérinée provenant de mêmes récoltes ont été mis à l’étuve à 80, 37 et A1 degrés pendant vingt-quatre, qua- rante-huit heures et trois jours. Brozocie. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 26 ? 3292 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les résultats obtenus ont été les suivants : D'une façon générale, la température fait diminuer rapidement le nombre des cocci blancs et jaunes contenus dans la pulpe, et d'autant plus complètement que la température a été plus élevée. Cette action est due à la glycérine, comme nous avons pu nous en assurer au cours de ces recherches. Au point de vue de la virulence, les pulpes ayant subi la température de 41 degrés pendant vingt-quatre heures perdent leur viru- lence rapidement ; l'exposition à une température de 30 et 37 degrés pendant quarante-huit heures et plus, diminue aussi parallèlement la virulence de la pulpe. Il n’en est pas de même de celles qui ont subi latempérature de 30 et 37 degrés pendant vingt-quatre heures. Celles-ci ont conservé leur viru- lence avec la même intensité que les tubes témoins mis à la glacière aussitôt la récolte faite. Ces expériences semblent donc établir qu'il n'y a point parallélisme complet entre la diminution du nombre des microbes trouvés normale- ment dans la pulpe vaccinale glycérinée et l’atténuation de celle-ci, puisque dès les premiers jours un grand nombre de ces microbes peu- vent être tués sans que la pulpe perde ultérieurement sa virulence: Une exposition prolongée aux températures de 30 et 37 degrés ou de courte durée à la température de 41 degrés rétablit, il est vrai, ce parallé- lisme entre la perte de virulence et la disparition des éléments micro- biens; mais ce fait peut être interprété par l’action de la chaleur sur le virus vaccin lui-même. Celui-ci pouvant supporter une température de 30 degrés pendant vingt-quatre heures sans être altéré, et subissant, au delà, une atténualion de ses propriétés vaccinantes. Cette action de la chaleur sur la pulpe vaccinale glycérinée n’a à Les seulement un intérêt purement scientifique. Il semble, en effet, que dans la pratique on pourrait utiliser cette action pour obtenir une purification rapide de la pulpe vaccinale fraiche- ment récoltée. On aurait ainsi à sa disposition un virus vaccin récent offrant plus de garanties au point de vue des accidents inflammatoires à craindre à la suite des inoculations vaccinales. DES MODIFICATIONS DE LA MOELLE OSSEUSE HUMAINE DANS L'INFECTION STAPHYLOCOCCIQUE, par MM. RoGER et Josué. Nous avons eu l’occasion d'observer un cas d'infection staphylococ- cique qui nous a permis de vérifier, chez l’homme, les résultats que SÉANCE DU 27 MARS 323 ———————_——————————…—…—.—_ —…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…——….…—…—…——…—…—.…—…—.—…—…—…—…———…——…——"——…—————_—_—_—…——…—— <“_—….—“û“ûû“ “00 SR, oo nous avons obtenus en étudiant la moelle osseuse des animaux inoculés expérimentalement (1). Il nous à fallu tout d’abord étudier l’histologie topographique de la moelle normale ; nous nous sommes heurtés à une première difficulté : les individus qui succombent sont atteints de maladies, infectieuses ou non, qui peuvent avoir modifié l'aspect histologique du tissu. Cependant, en comparant un très grand nombre de préparations provenant de sujets décédés dans les conditions les plus diverses, nous avons rencontré deux moelles qui ont été recueillies, l’une sur un homme de vingt et un ans, ayant succombé à une tuberculose aiguë, l'autre sur une femme de vingt ans, morte de scarlatine puerpérale, sans aucune infection septi- cémique. Ces deux cas sont d'autant plus favorables pour l'étude que nous entreprenons, que les deux malades avaient à peu près le même äge que la femme qui succomba à l'infection staphylococcique. Inutile d’insister sur la technique employée; ce sont les mêmes pro- cédés que ceux qui nous ont servi chez les animaux : la moelle osseuse, prise dans le fémur, est fixée par la liqueur de Flemming et les coupes sont colorées à la safranine, ou mieux à l’éosine et à l'hématéine. En examinant, à un faible grossissement, une coupe de la moelle normale, on constate que, si par sa structure générale elle est analogue à celle du lapin, il existe de profondes différences de détail. On retrouve le même tissu aréolaire à mailles remplies de graisse ; mais les travées sont plus déliées et les globules rouges qu'elles renferment sont plus abondants. Par contre, le nombre des cellules est beaucoup moins considérable ; à peine trouve-t-on, par places, une ou deux cellules appartenant, pour la plupart, au groupe des lymphocytes ou des leucocytes éosinophiles; les autres variétés, notamment les globules rouges nucléés sont plus rares; nous n'avons pas rencontré de cellules géantes. La moelle de l’homme, même jeune, est donc beaucoup moins riche en éléments cellulaires que la moelle du lapin adulte; elle semble présenter une plus grande tendance vers l’évolution conjonctive, car on trouve un grand nombre de cellules fusiformes appliquées contre les parois trabéculaires. Contrairement à ce qui a lieu chez le lapin, il n’existe pas de couche corticale, formée par la condensation des fibrilles et l'accumulation des cellules. La moelle humaine est simplement limitée à sa périphérie, par une fibrille un peu plus épaisse. Une autre différence porte sur la distribution des vaisseaux; au lieu (4) Roger et Josué. Recherches expérimentales sur les modifications de la moelle osseuse dans les suppurations. Société de Biologie, 12 décembre 1896. — Des modifications de la moelle osseuse produite par le staphylocoque et ses. toxines, Société analomique, 19 février 1897. — Modifications de la moelle osseuse dans les infections staphylococciques. La Presse médicale, 13 mars 1897. 32% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’un grand sinus central, on trouve plusieurs sinus, dans lesquels on voit souvent se terminer les lacunes pleines de sang qui occupent l'intérieur des travées du tissu aréolaire. Les artérioles sont assez nombreuses ; en certains points, les sinus leur forment des gaines fort incomplètes. Enfin la moelle humaine est encore remarquable par l'existence de petites colonnettes cartilagineuses, dont le diamètre n’atteint que 0®*,07 à Om®,14; la substance fondamentale, parcourue de stries concentriques, renferme des cellules, d’ailleurs peu nombreuses, contenues dans des capsules remarquables par leur aspect anguleux. Le cas de staphylococcie que nous avons eu l’occasion d'observer con- cerne une jeune fille de dix-neuf ans, atteinte d'abcès multiples au niveau du cuir chevelu et d’un vaste phlegmon de lanuque; ces lésions suppura- tives, provoquées par une phtiriase fort abondante, déterminèrenf rapi- dement un état général très grave; puis survinrent des manifestations thoraciques auxquelles la malade succomba une quinzaine de jours après le début de l'infection. A l’autopsie, on trouva une pleurésie purulente double assez abondante et des foyers de broncho-pneumonie disséminés dans les deux poumons. Les ensemencements pratiqués aussitôt après la mort, ont donné les résultats suivants : avec le pus pleural, staphylocoque doré très abon- dant; avec la moelle osseuse, quelques colonies du même microbe ; avec le sang du cœur, une seule colonie pour un ensemencement fait large- ment. Il s'agissait donc d'une infection staphylococcique généralisée, consécutive à des lésions suppuratives du cuir chevelu. L'examen histologique a été pratiqué, comme d'habitude, sur la moelle du fémur. En examinant, même à l'œil nu, une des préparations, on pouvait saisir l'importance des changements survenus; les coupes provenant de la malade formaient une nappe rouge, tandis qu’à l’état normal, le tissu est tellement délié, que par transparence on peut à peine l’apercevoir. A l'examen microscopique, on retrouve la disposition aréolaire; mais les aréoles sont plus petites que normalement; elles sont en quelque sorte comprimées par les travées remplies de cellules. Cependant, cer- taines régions ont conservé leur disposition normale. Toutes les variétés de cellules ont augmenté de nombre. Mais ce sont surtout les leucocytes éosinophiles qui sont abondants; puis viennent les globules rouges nucléés; les lymphocytes sont moins nombreux; les leucocytes monônucléés et les neutrophiles sont relalivement rares. Il existe un grand nombre de cellules géantes, arrondies ou polygo- nales, ayant toutes un protoplasma rosé, et contenant pour la plupart 3 ou 4 noyaux. Ces cellules sont moins volumineuses que chez les animaux : elles n’atteignent que 15 à 18 & dans leur plus grand diamètre; il est rare d’en trouver ayant 30 à 35 u. SÉANCE DU 27 MARS 3925 Les cellules fixes ont leur aspect habituel dans les régions restées normales ; au niveau des parties proliférées, on n'en retrouve plus qu’un petit nombre. | Enfin, dans l'intérieur des travées, au milieu des cellules, on voit: encore de nombreux globules rouges: sur certains points, ceux-ci se réunissent pour former des sortes de ruisseaux qui vont se jeter dans un sinus. Les modifications que nous venons d’indiquer sont semblables à celles que nous avons observées chez les lapins inoculés avecle staphylocoque. Elles sont d’autant plus marquées qu’à l’état normal la moelle humaine est moins riche en éléments cellulaires; seulement le processus est plus court ; chez notre malade, dont l'infection avait duré quinze jours, la disposition aréolaire était encore conservée et l'aspect était semblable à celui qu'on observe chez les animaux au bout de quarante-huitheures. Nous sommes du reste habitués à des différences analogues en pathologie expérimentale; l'évolution des processus morbides est souvent plus rapide chez les animaux de laboratoire. Mais il suffit, pour notre sujet, que les modifications soient semblables et que les mêmes espèces de cellules aient proliféré dans les deux cas. Nous avons donc trouvé, dans nos résultats expérimentaux, une base solide qui nous permet de com- prendre et d'apprécier les changements qui peuvent survenir dans la moelle osseuse de l’homme. SUR UNE DISPOSITION PARTICULIÈRE EN PELOTON DES TUBES NERVEUX DANS LA MOELLE DE L'EMBRYON HUMAIN, par M. le D' G.-B. VALENZA. (Travail du laboratoire de M. le D' Dejerine, à la Salpétrière.) En étudiant la moelle épinière de deux fœtus humains, qui m'ont été confiés par mon cher maitre M. Dejerine, et âgés l’un de huit mois et l'autre de huit mois et demi, nous avons pu constater une disposition particulière des tubes nerveux, que nous croyons très intéressante. Elle n’a pas été observée avant nous chez l'homme, et il n'existe qu'un seul mémoire de M. Paladino (1) sur une disposition analogue du cylindre-axe dans la moelle du chat adulte. A l’examen des sections transversales et longitudinales des moelles (4) Paladino (G.). Contribution à la connaissance plus exacte des éléments qui composent les centres nerveux, grâce au procédé de l’iodure de palladium. Archives italiennes de biologie, 1892, t. XVII, fasc. 1, p. 145-194. 326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de ces embryons humains, colorées par la méthode de Weïigert-Pal, modifiée par De Michele, nous avons constaté aisément que le plus grand nombre des gaines myéliniques présentent un trajet serpentin, en zigzag et formant des replis à angles plus ou moins aigus. Au niveau de ces replis on observe souvent une goutte d'une substance, qui, tout en étant probablement de la myéline, s’en différencie par sa coloration un peu moins intense, par la méthode de Weigert-Pal. Si on examine ces formations avec un faible grossissement elles parais- sent comme des nœuds réguliers, sphériques, elliptiques, fusiformes, plus ou moins éloignés les uns des autres et de dimensions variées. Par contre, si on les étudie avec un fort grossissement on constate l'existence d'un repli ou bien d’une anse du tube nerveux dans l’intérieur de chacun de ces renflements. Ces dispositions spéciales des tubes nerveux nous. rendent compte de ces varicosités, de ces grains, de ces chaînes monili- formes ou en chapelet, décrites dans les fibres nerveuses et dans les pro- longements des cellules nerveuses et névrogliques par des auteurs qui ontemployé la méthode de Golgi (Magini (1), Thomas (2), Marracino (3). On a cru pouvoir les considérer comme des cellules en voie de déve- loppement et on en a exagéré l'importance. Les faits précédents con- tredisent cette interprétation. Mais ce qui mérite surtout d’être noté, c'est que souvent les tubes ner- veux de la moelle des embryons précédents s'enroulent plusieurs fois. sur eux-mêmes, en constituant de vrais pelotons, dont la dimension varie selon la grosseur des tubes ou le nombre des spirales, quoiqu'il. n'existe pas de rapport entre ces deux facteurs. Ranvier (4), qui a décrit ces pelotons dans les fibres nerveuses péri- phériques régénérées, croit qu'ils dépendent de l’accroissement exagéré: de la fibre dans un espace restreint. Par contre, M. Pace (5), qui a répété. la même observation sur les fibres nerveuses périphériques régénérées,. adopte l'opinion de M. Paladino, qui considère ces pelotons comme « des dispositions de renfort des fils conducteurs nerveux ». | Quant à nous, nous croyons que ces enroulements de tubes nerveux en peloton, que nous avons constatés dans la moelle des embryons (4) Magini (G.). Nevroglia e cellule nervose cerebrali nei feti. Pavia, 1888. — Ulteriori ricerche sul cervello fetale. Rendiconti delle R. Accademia dei Lincei. Roma, 1888. (2) Thomas (A.). Contribution à l'étude du développement des cellules de l'écorce cérébrale par la méthode de Golgi. C. R. Soc. de Biologie, 1894. (3) Marracino (A.). Ricerche istologiche sul mantello grigio del cervello dei bambiui dalla nascita ad un anno compiuto. Anna/i di Nevrologia, Anno 13, fasc. 3, 1895. (#) Ranvier. Lecons sur l'histulogie du système nerveux. Paris, 1878. (5) Pace (D.). Sulla degenerazione è la regenerazione delle fibre nervose mi- dollari periferiche. Bollet. Soc. Natur. Napoli, 1896. SÉANCE DU 27 MARS 397 humains, dépendent surtout d'une cause d'ordre mécanique. En effet, le tube nerveux, par le fait de l’exagération de sa puissance proliféra- trice, ne trouvant pas de place suffisante à son expansion, est obligé de se replier en anse, de se pelotonner, comme cela a lieu pour le tube intestinal. Ce pelotonnement, augmentant par le fait la longueur du tube nerveux, constitue une condition favorable à l'accumulation de l'énergie, qui se manifeste par l'accroissement ultérieur du tube et par le développement de sa fonction. NOTE SUR LE SYSTÈME CIRCULATOIRE D'UN POULET OMPHALOCÉPHALE, par M. ETIENNE RABAUD. Sous le nom d'omphalocéphalie, mon maitre C. Dareste a décrit (1) une monstruosité fort curieuse caractérisée par l’antéroflexion de la tête qui paraît s'insinuer sous le cœur. En fait, le cœur, très déplacé, est en ectopie postérieure ; on le voit battre à la partie dorsale du corps, sur la nuque. J’ai entrepris une série de recherches embryologiques sur l’omphalo- céphalie chez le poulet et dans un un cas type, j'ai observé une disposi- tion extrèmement intéressante du système circulatoire : il s’agit d’un poulet de cinq jours d'incubation à 42 degrés; le cœur situé sur le cou est représenté par quatre cavités, dissociées si l’on peut dire, étalées de droite à gauche de l'embryon et descendant sur les côtés du cou. Les deux ventricules, médians, communiquent largement l’un avec l’autre; la cavité en est grande, les parois possèdent en abondance le lissu spongieux caractéristique. Ils constituent une masse unique de forme extrêmement irrégulière pouvant se rapprocher de celle d’un tronc de cône dont la base reposerait sur le cou. Le ventricule gauche est plus volumineux que le droit. Les deux oreillettes, latérales, sont d'abord situées au-dessous des ventricules, entre eux el la paroi du corps; très allongées, elles se prolongent ensuite d'avant en arrière sur les côtés du cou jusqu’à la limite inférieure de la paroi cervico-latérale. La communication de l'oreillette droite avec le ventricule du même côté se fait très simple- ment par un étroit orifice ménagé dans la cloison de séparation. Au contraire, les deux cavités gauches ne confondent pas, ou confondent peu leurs parois; ces cavités entrent en relation par un long canal, canal auriculo-ventriculaire, qui s'isole tout d’abord dans la paroi laté- (1) Camille Dareste. Sur un nouveau type de monstruosité simple, l'ompha- locéphalie ou hernie ombilicale de la tête. C. R. Acad. Sc., LXXXIV, 1877, p. 1075. — Recherches sur la production des monstruosités. Paris, 1892, p. 365. 328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rale du ventricule, vers la parlie moyenne de son tiers inférieur, s’en détache, reste libre durant un court trajet pour pénétrer dans la paroi auriculaire et s'ouvrir, en dernière analyse, dans l'oreillette elle-même, au niveau de sa pointe inférieure. Au point de vue du mécanisme de la formation de l’omphalocéphalie, il était particulièrement important d'étudier la disposition des gros vaisseaux et leur mode d’abouchement avec le cœur. A l'inverse de ce que l’on serait tenté de supposer, ces vaisseaux ne sont pas déplacés de leurs rapports normaux ; mais ils sont en partie simplifiés : les aortes, dépourvues de crosse, continuent directement de la tête à l'extrémité caudale ; les veines caves inférieures s'anastomosent à plein canal avec les veines caves supérieures. Le cœur manque purement et simplement sans occasionner de plus grave perturbation dans le trajet des vais- seaux qui n'ont point suivi le déplacement de l'organe contractile. £n aucun point, il n'existe de conmuniculion directe des uns avec l’autre. Le mouvement circulatoire s'établit indirectement par deux voies collaté- rales de calibre à peu près égal à celui des aortes et des veines caves. L'un de ces vaisseaux collatéraux aboutit au ventricule gauche et naît de la veine cave supérieure du même côté au niveau de la base du cou; l’autre provient de l'oreillette droite et débouche vers la région lom- baire dans l’aorte abdominale. Ce résultat paradoxal d'une veine se jetant dans un ventricule et d'une artère issue d’une oreillette m'avait fait hésiler sur l'identité des cavités cardiaques. J'ai dû admettre comme vrai le fait d'observation après avoir comparé les préparations aux stades normaux correspon- dants, aux dessins (1) de mon maitre M. Mathias-Duval, dont j'ai aussi pris l'avis. Je n’insiste pas sur une série d’autres modifications observées chez le poulet en question, leur intérêt n'existera réellement que par leur existence dans d’autres cas d’omphalocéphalie en ce moment à l'étude. Je noterai simplement que la disposition des organes en général, n'im- pose pas l’idée d’une compression exercée sur la tête embryonnaire; le mécanisme de la formation du monstre parait tout autre : je me propose d’ailleurs de revenir sur ces questions. (4) Mathias-Duval. Atlas d'Embryologie. Paris, 1889. Le Gérant : G. MASSoNn. {Pans. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MarKkrH£ux, directeur, 1, rue Cassette 329 SÉANCE DU 3 AVRIL 1897 MM. Carrière et GiBerT (de Bordeaux) : Toxicité urinaire dans la maladie de Verlhof. Contribution à l'étude de la pathogénie de cette affection. — M. Cx. FéRé : Excès vénériens et épilepsie. — MM. Axpré Broca et CnaRLes Ricuet : Réflexes provoqués par des excitations acoustiques, période réfractaire et synchronisation des oscilla- tions nerveuses. — M. J. ne REY-PAILHADE : Note sur l'existence simultanée dans les tissus animaux du philothion et de l’oxydase chargée de l'oxyder. — M. Au. Mrexez : Recherches sur la régénération chez les Annélides, Il. Régénération cépha- lique. — M. L. Cauus : Influence de la chaleur sur l'oxydation de la bile. — M. A. Das- TRE : À propos de la communication précédente. — Mlle J. Joreyxo : Action toxique curarisante de la neurine. — M. RÉNow : Sur un cas d'éléphantiasis nostras. — MM. A. GuizzemonarT et Louis LAPiGquE : Quantité de fer contenue dans les fèces de l’homme. — M. Bouceron : Sérothérapie dans certains rhumatismes à strepto- coques et dans certaines iritis rhumatismales. — M. A Goucer : Pseudo-tuberculose. Localisation élective sur l’appendice. Présidence de M. Giard. TOXICITÉ URINAIRE DANS LA MALADIE DE VERLHOF. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA PATHOGÉNIE DE CETTE AFFECTION, par MM. CARRIÈRE et GIBERT (de Bordeaux). (Communication faite dans la séance précédente.) À yant eu la bonne fortune d'observer deux cas de maladie de Verlhof, nous avons entrepris de savoir quel était le degré de la toxicité urinaire dans cette affection, et de rechercher quelle pourrait bien en être la pathogénie. Notre premier malade, âgé de vingt et un ans, n’ayant aucun antécédent, ni héréditaire, ni personnel, avait vu se développer la maladie à la suite d’une émotion morale : il avait été injustement soupçonné de vol. Une heure après cette accusation, il eut sa première épistaxis qui se répéta dans la suite tous les huit jours à peu près. L'éruption purpurique se produit un mois après. Très robuste, notre malade ne présentait aucune lésion viscérale. On ne notait chez lui qu’une éruption purpurique, absolument classique. L'examen du sang démontra une hypoglobulie légère (GR = 3.335.000); un nombre normal de globules blancs, quelques cellules éosinophiles, de nombreux microcytes et de nombreux héma- toblastes. Rien à signaler du côté du système nerveux : pas de dermogra- phisme, pas d'hyperthermie, pas de tachycardie. Les urines avaient leur com- position normale; elles renfermaient cependant une assez grande quantité de BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. T. IV. 27 330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE oo créatine, de l’urobiline, des pigments biliaires et de l’indican. L'épreuve de la glycosurie alimentaire avait été négative. La toxicité urinaire chez ce malade était fortement accrue : 29 centimètres cubes de cette urine avaient suffi pour tuer 1 kilogramme d’animal. Le malade mourut d'hémorragie méningée. Notre seconde malade .est une femme de quarante-deux ans, sans anté- cédents héréditaires. Il y a un mois, elle eut une suppuration au niveau du plancher de la bouche. Sortie guérie de l’hôpital, elle reprit ses occupations habituelles. Mais 11 y a 8 jours, elle fut prise subitement d'hémorragies buccales et gingivales. Le lendemain, apparaissaient des taches purpuriques disséminées et très nombreuses. L'examen somatique restait négatif. L'examen du sang nous permit de constater une hypoglobie marquée (3.900.000) une leucocytose prononcée (126.000). Nous trouvions aussi quelques cellules éosi- nophiles, de nombreux microcytes et d'assez nombreux hématoblastes. Rien à signaler du côté du système nerveux, pas de dermographisme. Les urines sont normales, légèrement hématuriques, et renfermaient une assez grande quantité de créatine. La toxicité urinaire était élevée : 32 centimètres cubes avaient suffi pour tuer 1 kilogramme d'animal. Nous avons injecté dans le tissu cellulaire sous-cutané d’un lapin de 1,850 grammes, 40 centimètres cubes de l’urine de cette malade. 36 heures après, ce lapin était mort, et, à. l’autopsie, nous avons trouvé des hémorragies punctiformes dans l'intestin et dans le rein. Le foie présentait les caractères du foie infectieux. De ces deux observations, il résulte : 1° Que la toxicité urinaire est augmentée dans la maladie de Verlhof; 2° Cette hypertoxicité urinaire semble prouver que dans cette affec- tion, il y a intoxication de l’organisme ; 3° La maladie de Verlhof n’est pas due à une altération du sang dans les deux cas qui nous occupent, la composition du sang était sen- siblement normale, à part l’hypoglobulie et la leucocytose observées dans un de ces cas; 4° Les hémorragies de la maladie de Verlhof tiennent plutôt à des altérations vasculaires et plus particulièrement à une parésie des fibres musculaires des vaisseaux. Le plus léger traumatisme, le moindre pin- cement de la peau suffit à produire une ecchymose. La piqûre d’une veine à l’aide de l'aiguille d’une seringue de Pravaz produit une effusion de sang dans le tissu cellulaire sous-cutané ; 5° [ise peut que les poisons résultant d’une viciation du fonctionne- ment cellulaire sous l’influence d’une émotion morale (observation I) ou de ceux qui sont sécrétés par certains microbes (observation [[) para- lysent les centres vaso-moteurs ou lèsent les parois vasculaires et déter- minent ainsi le syndrome morbide qui nous occupe. SÉANCE DU 3 AVRIL 331 EXCÈS VÉNÉRIENS ET ÉPILEPSIE, par M. Cu. FÉRÉ. Les anciens ont comparé l'orgasme vénérien à un accès d’épilepsie. On peut trouver entre les deux actes des analogies relatives aux phéno- mènes moteurs et à la dépression consécutive. Les deux formes d'’orages nerveux peuvent s'accompagner de phénomènes analogues, sensations subjectives de la vue ou de l’odorat, par exemple (1), ou se combiner. Quelques épilepliques présentent, pendant les périodes convulsives de leur accès, des érections violentes suivies d’éjaculation; d’autres ont fréquemment des accès à propos de l'acte vénérien auquel ils succèdent immédiatement. Les accompagnements psychiques de l'acte vénérien ne paraissent pas nécessairement jouer un rôle particulièrement actif dans la provocation de la décharge épilepique : Mauriac cite un chien qui était atteint d'épilepsie chaque fois qu'il s'accouplait (2). C'est en raison de cette coïncidence assez fréquente, que quelques auteurs attribuent aux excès vénériens un grand rôle dans l’étiologie de l’épilepsie. Toute- fois, la valeur de ce rôle n’est pas généralement acceptée; les excès vénériens, et en particulier la masturbation, ont été accusés de tant de maux, qu'on à fini par ne les plus charger d'aucun; un de nos collègues écrivait récemment que la masturbation est une fonction de l’adoles- cence. En général, il faut reconnaître qu'il est fort difficile d'établir strictement la relation de l'effet à la cause; un épileptique qui a des accès à propos du coït, en a dans d’autres occasions; on arrive quel- quefois à obtenir des trêves vénériennes prolongées chez des individus dont l’épilepsie est attribuée à des excès de coït ou de masturbation sans que la suspension de ces cas d’épilepsie s’ensuive. C’est en raison de cette difficulté que le fait suivant m'a paru digne d'intérêt. E. H...,âgé de dix-huit ans, est le fils unique d'un homme de quarante-huit ans, vigoureux, d'une bonne santé habituelle, sans antécédents névropathiques, et d’une mère de six ans plus âgée que son mari, mais qui a conservé un aspect beaucoup plus jeune que son âge et qui avait été antérieurement mariée deux fois sans avoir d'enfants; celte dernière a eu, dans son enfance, une attaqué de rhumatisme articulaire aigu; elle est d’un caractère exalté, mais n’a jamais présenté d'accidents nerveux caractérisés, et on n’en trouve pas trace non plus dans la famille où on rencontre des arthritiques. E... est venu à terme, bien conformé, n'a présenté aucune particularité dans (1) Ch. Féré. Les épilepsies et les épileptiques, 1890, p. 283-284, — Note sur des sensations subjectives de l’odorat chez un épileptique, Comptes rendus Soc. de Biol., 1896, p. 1036. (2) Ch. Mauriac. Art. « Onanisme et excès vénériens ». Dict. de méd. et de chir. pratiques, 1877, t. XXIV, p. 528. JO SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'évolution ni de la marche ni de la parole; il a été propre de bonne heure; il a eu toutes les fièvres éruptives, sauf la variole dont il a été préservé par des vaccinations répétées, et a été sujet à des angines graves, sans avoir jamais présenté d'accidents nerveux; il était d’une intelligence médiocre et, quoique bien discipliné, il n'obtenait de son travail que des résultats inférieurs à la moyenne; il avait le caractère facile et était remarquable même par sa docilité et sa crédulité. Il avait quinze ans, lorsqu'une nuit on l’entendit pousser un cri et on le trouva en pleine crise convulsive, secouantles membres, la tête tordue, la face grimacante, la bouche remplie d’écume sanguinolente; il s'était mordu la langue et avait uriné dans son lit. Cette attaque fut suivie d’un sommeil ster- toreux. Des accès semblables se sont reproduits huit fois pendant les six mois qui suivirent. On le soumit pendant ce temps à divers traitements par l’atropine, le borax, le bromure de potassium. A la suite d’une angine qu'il eut à cette époque, les accès devinrent plus fréquents et se produisirent dans la journée, et, en même temps, se manifestèrent des vertiges qu’on n'avait point vus pendant la période où les accès étaient exclusivement nocturnes. Ces accidents le forcèrent à renoncer à ses études. Quand je le vis, au mois de mai 1896, près de deux ans après le début des troubles épileptiques, il avait eu dans les trois derniers mois une moyenne de deux accès el de huit vertiges par semaine, malgré 8 grammes de bromure de potassium par jour. Ses parents ne pouvaient assigner aucune cause à la maladie, toutes ses fonctions paraissaient bien s’accomplir; il ne faisait aucun écart de régime et on ne lui connaissait aucune cause d'’irritation soit somatique, soit psychique. Il était pâle, la face atone, les yeux ternes et languissants, les pupilles dilatées et immobiles, l'attitude apathique, ne répondant qu'avec hésitation. Bien qu'on affirmât qu'il ne présentait aucune malformation, j'insistai pour l'examiner à nu. Il a une déformation en gouttière de la région sternale et six nœvi pigmentaires velus sur le côté gauche de la poitrine; mais on est frappé surtout du volume de la verge qui présente des traces récentes d’irri- tation. Quand on lui demande « depuis combien de temps » il se livre à ce divertissement, il répond le plus tranquillement du monde qu’il y a deux ans un autre garcon de son âge lui a appris cette pratique. Il ne sait pas au juste combien de temps avant son premier accès. Il ne croyait pas faire mal, et depuis cette époque, il s'y livre plusieurs fois par jour. La simplicité de son aveu et son étonnement à la vue de l’indignation paternelle paraissent tout à fait sincères. Il se confond en excuses avant d'entendre attribuer sa maladie à ses excès. Il promit tout ce qu'on voulut, et le père, qui contenait mal sa colère, s’engagea à exercer une surveillance stricte. Tout traitement fut supprimé. Le malade et son père ont affirmé que la suspension de l'habitude avait été absolue et immédiate; on peut d'autant mieux les croire qu’à partir de ce moment il ne s’est plus produit que deux accès et douze vertiges, les deux accès dans les deux premiers jours, et le dernier vertige le vingtième jour. Depuis cette époque, on n'a plus observé aucun trouble épileptiforme. Le malade a été revu:pour la dernière fois le 4 février 1897, il a engraissé, sa physionomie a repris de l’activité comme son intelligence. SÉANCE DU 3 AVRIL 339 Une suspension d'accidents épileptiques pendant neuf mois ne permet pas de conclure à une guérison; mais les coïncidences du début et de la terminaison apparente des accès convulsifs et des vertiges avec le début et la suppression des habitudes vicieuses, n’en conserve pas moins sa signification. Si le fait est rare, il n’en est pas moins propre, grâce à la précision des circonstances qui manque à la plupart des faits du même genre (1), à montrer la possibilité de l'influence des excès véné- riens sur l'épilepsie. [612.822] RÉFLEXES PROVOQUÉS PAR DES EXCITATIONS ACOUSTIQUES, PÉRIODE RÉFRACTAIRE ET SYNCHRONISATION DES OSCILLATIONS NERVEUSES. Note de MM. ANDRÉ BrocA et CHARLES RICHET. Nous avons montré (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1897, 15 mars, 29 mars) que les excitations électriques appliquées au cerveau provoquent des réponses rythmées qui se synchronisent avec les exci- tations, dès que la fréquence des excitations est trop grande pour qu'il y ait une réponse à chaque excitation. En effet, la période réfractaire interdit au système nerveux de répondre par une secousse à chacune des excitations, lorsque celles-ci sont très fréquentes. Ce ne sont pas seulement les courants électriques qui provoquent ces effets; mais aussi les succussions mécaniques. Les chiens chloralosés, ayant reçu une dose de 0.10 de chloralose par kiiogramme, sont telle- ment sensibles aux chocs de la table sur laquelle ils sont attachés qu'ils donnent à chaque succussion une réponse motrice; mais il faut que les chocs aient le même espacement que les incitations électriques pour provoquer une réponse à chaque ébranlement; car autrement il y a encore, soit inégalité des secousses, soit établissement du rythme 1/2, 1/3, 1/4 et même 1/5. L'expérience peut être faite d'une autre manière, et elle est alors par- ticulièrement instructive ; elle est même assez facile et assez nette pour pouvoir être présentée dans un cours. Soit un chien chloralosé dans les conditions que nous venons de mentionner (à 0.10 environ par kilogramme) et refroidi à 32 degrés ou 30 degrés, non seulement il répond aux ébranlements de la table, mais il répond encore aux excitations sonores. Si par exemple on fait vibrer un timbre, ou un tambour, à côté de lui, à chaque coup de tambour, il répond par une secousse. On peut enregistrer la réponse motrice et le coup de tambour, et les graphiques qu'on obtient alors sont absolu. (1) Morel. Traité des malad'es mentales, 1860, p. 176. 3934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment comparables à ceux qu'on obtient avec les succussions mécaniques et avec les excitations électriques. On peut même faire interférer les excitations acoustiques et les suc- ceussions; le résultat est le même. Si l'animal est très refroidi, la période réfractaire a une durée extré- mement longue; par exemple à 32 degrés, elle dure jusqu'à 05; à 30 degrés, 0”65; à 29 degrés, 0770. Un chien à 29 degrés ne peut donc donner que trois réponses motrices égales en 2 secondes. Ce qui est absolument remarquable, c’est de voir la précision avec laquelle ce phénomène se manifeste. Si on donne des chocs sonores sur le tambour, rythmés aussi exactement qu'on peut le faire en donnant les coups à la main, et qu'on découvre, sur un long tracé, quel- ques secousses musculaires de l'animal, inégales, on peut être certain que ces secousses inégales correspondeut à un léger rapprochement des coups de tambour. Par exemple, sur un chien à 29 degrés, l’espace- ment étant de 0”72, les secousses sont tout à fait égales; mais si, dans un cas, l’espacement n'est plus que de 0”68, la réponse motrice devient un peu plus faible. Cela prouve que la courbe représentant la fin de la période réfractaire remonte très vite vers la position d'équilibre. Sur les chiens choréiques, nous avons retrouvé aussi la synchronisa- lion parfaile des excitations mécaniques et électriques avec les secousses de la chorée. De là cette conclusion très générale que, quelle que soit la nature de l'excitant (pathologique, comme dans la chorée; mécanique, comme dans la succussion ; acoustique, comme dans le son du tambour; élec- irique, comme dans la stimulation directe de l’encéphale par des cou- rants induits), il se produit une période réfractaire identique; et con- séquemment uñe oscillation nerveuse qui tend à se synchroniser avec l’excitant. Ainsi les phénomènes physiologiques rentrent dans les lois de la dynamique générale. NOTE SUR L’EXISTENCE SIMULTANÉE DANS LES TISSUS ANIMAUX DU PHILOTHION ET DE L'OXYDASE CHARGÉE DE L'OXYDER, par M. J. pe Rey-PAILHADE. La découverte par MM. Abelous et Biarnès de ferments d'oxydation chez les animaux inférieurs m'a donné l'idée de rechercher si le philo- thion (voir séances du 2 juin 1894 et du 25 mai 1895) n'y exislait pas en même temps. Ce principe hydrogéné s’y rencontre effectivement; on le décèle d’ailleurs avec facilité au moyen de la réaction du soufre qui donne à froid de l'hydrogène sulfuré. Mes derniers essais ont porté sur SÉANCE DU 3 AVRIL 335 l'huître, l’escargot, l’écrevisse et l'anguille. L’huître et l’escargot en contiennent beaucoup moins que l’écrevisse et l’anguille. Le philothion se rencontre donc partout dans le règne vivant. Je l'ai signalé en effet dans les infiniment petits, levure de bière et bacille de la tuberculose; — dans le règne végétal, germes et cotylédons d’un grand nombre de graines ; — dans le règne animal, acéphales, crustacés, poissons et mammifères. Cette présence constante du philothion à côté des oxydases n’est pas fortuite ; je vais montrer en effet que ce principe est un produit formé par l'organisme aux dépens des aliments pour être comburé avec l’aide d’un ferment d'oxydation: La levure de bière et les microbes se développant dans les milieux ne renfermant pas de philothion produisent ce prin- cipe par synthèse; les herbivores qui consomment des végétaux sans philothion produisent aussi abondamment ce principe; quant aux car- nivores, ils trouvent, il est vrai, du philothion dansleur nourriture, mais il est probable qu'ils ont besoin de le modifier pour le rendre apte à faire partie intégrante de leurs tissus spéciaux. Quel est le rôle physiologique de ce principe qui accompagne si étroi- tement les oxydases? Le philothion est une matière oxydable destinée à être comburée par le ferment d’oxydation. La démonstration est facile à faire : broyons du tissu hépatique, du cerveau, du muscle d’un animal qu’on vient de sacrifier, des cotylédons de foie en germination, avec leur poids d'alcool à 25 degrés centésimaux, on obtient un mélange imputrescible dont on fait deux parts. L'une est enfermée dans un flacon plein et bien bouché À, l’autre est agitée vivement à l'air dans un grand flacon B pour faire agir l'oxygène libre. Au bout de plusieurs heures, on constate que le mélange B con- tient de l’oxydase, mais pas de philothion, landis qu'il y en a dans le mélange À. Le philothion a donc été détruit par l'oxygène libre dont l'absorption se mesure aisément par des dosages de gaz. Les expériences suivantes démontrent enfin l’action puissante des ferments d'oxydation sur le philothion. La levure de bière en pâte traitée pendant deux Jours. par son poids d’eau chargée de 1,5 pour 100 de fluorure de sodium, puis filtrée, donne une solution limpide et anti- septique de philothion. Cette liqueur ne bleuit pas par la teinture alcoolique de gayac, mais prend lentement une légère teinte violette par le réactif de Rohmann et Spitzer; c’est donc une solution de philothion avec peu d'oxydase. Dans cette liqueur exposée à l’air, le philothion ne se détruit qu'au bout de plusieurs jours. — D’autre part, on se procure un mélange de divers ferments d’oxydation sans philothion en broyant dans leur poids d'alcool à 25 degrés céntésimaux des cotylédons de pois chiche en germination depuis huit jours. En mélangeant 95 centi- mètres cubes de solution de philothion avec 5 centimètres cubes de bouillie d'oxydase et en agitant à l'air dans un grand flacon, le philo- 336 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ‘hion est détruit au bout de cinq heures environ. Si on emploie de la jouillie où l’oxydase a été détruite par la chaleur, le philothion ne se détruit que très lentement. Il ressort de ces essais : 1° que Le philothion est naturellement oxydable ; 2° que le ferment d'oxydation qui l’accom- pagne est chargé d'activer cette oxydation dans une très grande mesure. RECHERCHES SUR LA RÉGÉNÉRATION CHEZ LES ANNÉLIDES (suite) (1). II. — RÉGÉNÉRATION CÉPHALIQUE. Note de M. Auc. MIcHEL, présentée par M. Grarp. (Travail du laboratoire d' Evolution à la Sorbonne et de Zoologie maritime à Wimereux.) La régénération d’une tête, en avant du tronçon postérieur d'un ver sectionné, est plus surprenante que la régénération caudale, et, bien que cette dernière elle-même ait été niée par certains auteurs anciens, c'est la régénération céphalique qui a été l’objet principal des recher- ches et des discussions sur la régénération des Annélides. C'est surtout sur les Lombrices qu’elles ont porté. Depuis les observa- tions de Bonnet et Réaumur, la régénération céphalique a été tour à tour constatée et niée jusqu'à une époque assez récente. Une aussi sur- prenante contradiction s'explique par le peu de critique apporté sou- vent dans les expériences, pour lesquelles, sous la seule préoccupation de confirmer ou d’infirmer la réalité de la régénération, on ne cherche pas à préciser les conditions et les résultats. Espèce. — Elle est ordinairement pas ou mal déterminée par les anciens observateurs; or, si la régénération semble exister dans toutes les espèces, comme l’avait déjà constaté Spallanzani pour toutes celles qu'il connaissait, il y a cependant dans l'intensité de ce pouvoir régé- nérateur d'assez grandes différences, qu’on pouvait déjà prévoir par la comparaison avec le Lumbriculus. Pour mes recherches sur l’histo- genèse de la régénération, quelques expériences préalables m'ont montré cette différence, et, parmi les Lombrics, m'ont fait choisir Al/o- bophora fœtida, pour une plus grande facilité de régénération (outre quelques autres avantages pratiques). Multiplicité des objets. — L'expérimentation restreinte à quelques in- dividus seulement, a souvent servi de base à des conclusions prématu- rées; ici encore, il ya de grandes variations, et notamment pour l'étude histogénétique des bourgeons, j'ai dû renoncer à désigner ceux-ci par leur âge, même dans un même lot d'individus soumis aux mêmes con- (4) Voir Comptes rendus Soc. Biol., 20 et 27 mars 1897. |. SÉANCE DU 3 AVRIL 331 ditions externes; certaines séries présentent aussi, évidemment par action d'un contage spécial, une grande mortalité, qui est complète- ment nulle pour d’autres, et dans ces cas le retard du bourgeonnement ou la mort des animaux n’ont pas toujours été distingués avec assez de soin d’un résultat négatif contre le fait général de la régénération. Niveau de la section. — Ce point capital, fréquemment, n’a pas été ou a été mal indiqué. Des observateurs, surtout parmi les premiers encore sous le coup de l’étonnement provoqué par l'existence de la reproduc- tion par bouture chez les animaux, s'inquiètent uniquement du sort de vers coupés en deux ou plusieurs parties égales : ils constatent tantôt la régénération céphalique, et par conséquent la survie indéfinie et, comme conséquence, la reproduction par scissiparité artificielle sur des tronçons postérieurs ou moyens, lantôt la formation de bourgeons qui n'arrivent pas à achever leur développement, ou enfin l’absence de bourgeonnement. Spallanzani, le premier, montre que par l’ablation des premiers anneaux la régénération est plus facile, plus rapide et plus complète: lorsque le niveau de la section est immédiatement au delà de la région génitale, il obtient encore des bourgeons, mais alors de ces bourgeons qui n'achèvent pas leur développement; pour une section plus éloignée, il n’observe plus de bourgeons dans toutes les espèces. Ces résultats sont confirmés par la plupart des auteurs qui l'ont suivi. Les observateurs les plus récents cherchent à préciser davantage le niveau à partir duquel il y a cicatrisation sans bourgeonnement : pour Morgan, chez Al/obophora fœtida, c'est vers le 12, pour Hescheler c’est le 15°, où il n’a même observé de cas de bourgeon achevant son développement que chez AU. terrestris. Moi- même, chez Al. fœtida, j'avais depuis longtemps observé la régénéra- tion, après ablation des premiers anneaux, jusqu'au 13° inclusivement : 5 individus pour 3 anneaux enlevés, 40 pour 5, 40 pour 4 à 6, 30 pour 6, 5 pour 7, 10 pour 8, 5 pour 9, 5 pour 12 avaient {ous régénéré; pour 13 anneaux, sur 5 individus, un seul était mort assez rapidement et, par suite accidentellement, les 4 autres avaient régénéré; sans obser- vations pour un nombre d’anneaux intermédiaires, j'avais constaté que, sur 5 individus ayant perdu les 18 anneaux antérieurs, aucun n’a- vait régénéré, bien qu'ayant vécu de 1 à 3 mois, alors que dans les cas précédents, les bourgeons apparaissaient, la plupart, de quelques jours à 2 semaines; mes résultats confirment donc ceux d'Hescheler, puisque les limites que j'avais jadis trouvées comprennent entre elles la limite plus précise déterminée par cet auteur. D'autre part, outre les indica- tions des premiers observateurs qui avaient été contestées, des natu- ralistes récents ont cité des cas de régénération de tronçons très distants de la tête : Morgan, Rievel ont vu la régénération céphalique sur des tronçons postérieurs ; moi-même, j'ai noté chez Lombricus hercu- leus (?) la production par un tronçon moyen d’un bourgeon céphalique ; 338 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Joest a même vu cette régénération sur un tronçon composé seulement de quelques segments. Le fait de ces régénérations, bien que tout à fait exceptionnelles, empêche de fixer une limite absolue, comme d’ailleurs, après Spallanzani, le reconnaissent Morgan et Hescheler; il n'en est pas moins vrai que la limite indiquée, qui correspond à l'extrémité postérieure de la région génitale, a une très grande valeur relative : en arrière de cette limite, la régénération ne se fait presque jamais; en avant elle se fait presque toujours (1), d'autant plus facile qu'elle est plus antérieure. INFLUENCE DE LA CHALEUR SUR L'OXYDATION DE LA BILE, par M. L. Camus. Dans une communication que j'ai faite à la Société de Biologie, le 27 février 1897, j'ai montré le rôle important que jouent deux agents physiques, la chaleur et la lumière, sur l'oxydation de la bile. J'ai cherché depuis, à l’aide de verres de couleurs, à dissocier l’action des différentes lumières. Cette facon d'opérer à laquelle j'étais réduit faute d’un spectre, que je ne pouvais avoir à ma disposition, ne m'a pas donné de résultats bien remarquables. Les différents verres, bleu, vert, jaune, rouge, ont permis une oxydation plus ou moins active de la bile: c'est un résultat à peu près analogue à celui exposé par MM. Dastre et Floresco, dans leur communication orale à la séance du 13 mars 1897, et qu'ils ont résumé ainsi (2) : « Les différentes régions spectrales agissent de même. Il n’y a qu'un très faible avantage pour l’infra-rouge, l’ultra-violet et une étroite région dans le vert entre D et E: » Dans leur même communication orale du 13 mars 1897, MM. Dastre et Floresco ont aussi indiqué l’action de la chaleur et ils ont dit que la chaleur seule, sans oxygène libre et sans lumière, peut suffire à oxyder la bile. J'avais bien indiqué déjà l'action de la chaleur sur l'oxydation de la bile en l'absence de la lumière, mais j'avais cru constater que la pré- sence de l'oxygène est indispensable et j'avais écrit (3) : « Si l’on porte à 100 degrés des tubes renfermant un peu plus d'air ou si le contaet de l'eau bouillante est un peu plus prolongé, même en l'absence de la lumière ou du moins avec une lumière très faible, l'oxydation se pro- (1) On a peine à comprendre que, tout récemment, Rievel ait pu dire qu'il « ne voit aucune différence notable entre peu ou beaucoup de segments enle- vés », et que « dans la règle il n’y a pas de nouvelle formation de segments ». (Die Regeneration des Vorderdarmes und Enddarmes bei einigen Anneliden. Zeitschr. f. w. Zool., LXII, 1896, p. 328 et 330.) (2) Archives de Physiologie, 5° série, IX, 1® avril 1897, p. 486. (3) Société de Biologie, 27 février 1897, p. 232. SÉANCE DU 3 AVRIL 339 duit et comme toujours elle débute par les parties en contact avec l'air. » J'ai repris cette expérience et, à l'obscurité, il ne m'a jamais été pos- sible, par la chaleur (100°), d'obtenir dans le vide l'oxydation de la bile fraiche. Ces deux tubes vous montrent nettement le résultat de mon ‘expérience. De la bile fraiche et de couleur jaune orangé très pure a été mise dans ces deux petits tubes ; dans l’un j'ai fait le vide, dans l’autre, j'ai laissé l'air, et ces deux tubes ont été fermés à la lampe. Côte à côte ils ont subi, pendant une heure un quart, l’action de l’eau bouillante, le tube renfermant de l'air, a commencé à verdir au bout de 10 minutes et l'oxydation s’est ensuite accentuée; le tube où le vide a été pratiqué, au contraire, ne s’est pas modifié durant toute l'expérience et, aujourd’hui encore, vous le voyez aussi jaune qu’au début. M. Dastre, à qui j'ai présenté ce résultat, m'a objecté que je n'avais pas tenu compte de la réaction de la bile, qu’elle devait être très alcaline. Je ne nie pas que la réaction de la bile ne puisse modifier les phénomènes d’oxydation; cependant, l’objection qui m'a été faite n’est pas absolu- ment péremptoire, car l’on sait que « la bile de la vésicule tout au moins est normalement acide (1) », et d’ailleurs elle n’exelut pas cette conclusion : « En résumé, la chaleur est l'agent le plus efficace de trans- formation du bilirubinate en biliverdinate. Elle suffit, à l'exclusion des autres conditions : air libre, lumière, alcalinité (2). » Toutefois, j'ai refait ces expériences à l'obscurité à peu près complète et en tenant compile de la réaction de la bile. La bile fraiche de chien, puisée dans la vésicule, ma donné au tour- nesol, comme on peut le voir sur ces papiers lrès sensibles, une réac- tion neutre ou à peine acide, mais acide à la phénolphtaléine, comme cela est indiqué par M. Dastre (Dictionnaire de Physiologie). Avec cette bile, j'ai préparé trois séries de deux tubes chacune : 1° une série de bile neutre ou de bile normale ; 2° une série de bile alcaline (Co’Na); 3° une série de bile acide (CH*-CO-0H). La bile n’occupe environ que le tiers de la longueur des tubes: Tous ces tubes ont été fermés à la lampe, mais préalablement, dans un tube de chaque série, j'ai pratiqué le vide à la trompe. Ces tubes ont été placés dans le même bain d’eau qui a été maintenu pendant une heure à l’ébullition. Les trois tubes où le vide a été pratiqué, sont restés jaunes; ies trois autres ont commencé à verdir dix minutes après le début de l’ébullition et, à la fin de l'expérience, ils étaient, comme vous les voyez aujourd'hui, plus ou moins verts. J'ai encore fait cette expérience (avec de la bile fraiche, constatée neutre), en laissant agir la chaleur (100°), pendant un laps de temps (1) Dastre, Diclionnaire de Physiologie, article Bile. (2) Dastre et Floresco, Arch. de phys., avril 4897, p. 479. 340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus considérable, pendant six heures, et j'ai obtenu le même résultat. Il s’est bien produit dans ces tubes un précipité, mais il n'y à eu à aucun moment coloration verte, contrairement à ce qu'ont indiqué MM. Dastre et Floresco (1). Je crois donc pouvoir conserver cette conclusion de ma note précé- dente : « La chaleur et la lumière activent notablement les phénomènes d’oxydation de la bile (2) », et la compléter ainsi : La chaleur de 100 degrés ne suffit pas à elle seule à provoquer l'oxydation de la bile normale ; la présence de l'oxygène libre est indispensable, quelle que soit d’ailleurs la réaction de la bile. À PROPOS DE LA COMMUNICATION PRÉCÉDENTE, par M. A. DASTRE. Je n'ai pas un mot à changer au mémoire que j'ai publié avec M. Flo- resco dans les Archives de physiologie (n° du 1° avril 1897), non plus qu'au résumé que j'en ai donné à la Société de Biologie (27 mars 1897). Je ne puis que maintenir rigoureusement tout ce qu'ils renferment. Lorsque, le 26 décembre 1896, j'ai fait à la Société de Biologie une communication préliminaire sur la transformation de la Bilirubine en Biliverdine, j'ai indiqué l'intérêt qu'il y avait à préciser l’action de la chaleur, de l’oxygène, et en général de toutes les circonstances exté- rieures qui président à cette réaction, pour les comparer aux conditions qui se présentent à l’intérieur de l'organisme. — Aucun physiologiste, à ce moment, ne fit observer qu'il eût commencé à s'occuper du même sujet. Il est donc clair qu'en reprenant, après nous, une étude en voie d'exécution et d’ailleurs facile, M. Camus, qui est un bon observateur, devait arriver, sur la plupart des points, aux mêmes résultats que nous. — C'est ce qui s'est produit et se produira toujours dans les cas de ce genre. Cela n'offre aucun inconvénient pour la science ; au con- traire. Et, si cela en peut avoir pour les auteurs, exposés ainsi à des querelles de priorité, le moyen de l’éviter est bien simple; il consiste à attendre la publication du travail annoncé par la communication préli- minaire de l’expérimentateur premier en date. En dehors de cet accord inévitable et universel, l’auteur de la com- munication précédente, pour trouver une dissidence, est obligé de se référer, non pas à nos publications, mais à une conversation, à une interview. Il est venu, très aimablement d’ailleurs, me montrer les tubes (1) Société de Biologie, 271 mars 1897, p. 307. (2) Société de Biologie, 27 février 1897, p. 233. SÉANCE DU 3 AVRIL 341 dans lesquels il avait fait le vide. Je lui ai conseillé d'opérer en variant la réaction du milieu. Je ne lui ai pas caché une secrète pensée, c'est à savoir qu'en outre de l’action de l'oxygène libre aperçue par tous les auteurs, en outre de l’action de l'oxygène dissous que notre expérience du tube plein mettait en évidence et que notre calcul quantitatif justifiait, il était possible qu’un autre mécanisme encore intervint. Il ne fallait pas exclure la possibilité d’un verdissement de la bile par suite d’une réaction intérieure, à la température d’ébullition. La précipitation partielle des bilirubinates, leur altération à cette température, rendent celte hypo- thèse vraisemblable, jusqu’à preuve du contraire. C'est cette conversation qui a fourni à M. Camus le thème de sa note. Je ne la renie point, mais je ne crois pas qu'elle doive fournir matière à polémique devant la Société. On est responsable, sans doute, de ce que l’on affirme scientifiquement et publie volontairement; mais un particulier, fût-il physiologiste, ne peut être inquiété pour ses opinions de derrière la tête. ACTION TOXIQUE CURARISANTE DE LA NEURINE, par M'®° J. Jorteyxo. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) Je me suis proposé d'étudier l’action physiologique de la neurine : on a fait jouer un certain rôle à cette substance dans les phénomènes de la fatigue : il peut donc être intéressant d'en suivre les effets. Dans cette première note, je ne présente que les résultats de mes recherches ayant pour but de démontrer l’action de la neurine sur l'appareil neuro- musculaire. On sait que la neurine (C$H!*Az0) est une base liquide très toxique, qui se rencontre à côté de la choline dans beaucoup d'organes et de liquides organiques : la bile, le sang, les muscles, les glandes, et notoi- rement les capsules surrénales, le jaune d’œuf, le cerveau, les nerfs, les globules blancs, les laitances et œufs des poissons. Toutes les deux sont des produits issus directement des lécithines et protagons. La choline, qui est cinq fois moins toxique que la neurine et en diffère par H°0 en plus, peut sous différentes influences se déshydrater et se transformer en neurine. A. Gautier avait rangé ces deux bases parmi les leucomaïnes névri- niques (1), mais dans son dernier livre (2), il les classe parmi les ptomaïnes oxygénées. Il semblerait donc que ces substances sont leuco- (1) A. Gautier. La Chimie de la cellule vivante. Aides-mémoire Léauté. (2) A. Gautier. Les toxines microbiennes et animales. Paris, 1896. 342 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE maïnes par le fait que l'organisme normal en contient toujours une petite quantité; ptomaïnes, parce qu'elles augmentent dans de grandes. proportions après la mort et qu'elles ont une grande toxicité. Me servant de grenouilles comme sujets d'expériences, j'ai trouvé que la dose mortelle minimum pour une grenouille de taille moyenne: est de 1 milligramme de neurine. Une grenouille ayant reçu sous la peau du dos 1 milligramme de neurine (dans 1/2 centimètre cube d’eau) se parésie progressivement et au bout de dix minutes est complètement paralysée. La motricité est abolie. Cette paralysie survient progressive- ment sans convulsions ni secousses. La respiration cesse au bout de vingt à vingt-cinq minutes, et, deux ou trois heures après, le cœur s’ar- rête en diastole. Si on applique un courant électrique induit sur le nerf sciatique d'une. grenouille neurinisée, on s'aperçoit que le musele se contracte encore; mais, vingt ou trente minutes après le début de l'expérience, l'excitation indirecte devient inefficace. Si, dès le début de l’empoisonnement, on prend un graphique de la fatigue en excitant le nerf, on obtient encore. un tracé très régulier, mais les contractions du gastrocnémien sont beaucoup moins fortes que normalement, et la fatigue survient plus vite (1). Au bout d’une demi-heure on a beau irriter le nerf par des. excitants chimiques, électriques, mécaniques; l’écraser, le couper, etc., le muscle ne se contracte plus. Pourtant l'irritabilité directe du muscle. est intacte et persiste encore vingt-quatre heures après la mort de l’animal. Les tracés obtenus témoignent que le muscle n’est nullement atteint par des doses considérables de neurine, deux ou trois fois mor- telles. En outre, le tracé de la fatigue du muscle est une ligne droite. Pour étudier l’action périphérique de la neurine, je me suis servi de grenouilles ayant les centres nerveux détruits. Pour rechercher quelle partie du système nerveux est atteinte dans: l’empoisonnement par la neurine, je neurinise une grenouille suivant le procédé classique de Claude Bernard par le curare. Si, avant d'introduire la neurine, on arrêle la circulation dans un membre en liant une patte au-dessous du nerf sciatique, elle échappe à l’action du poison, et on voit l'excitation portée sur le nerf sciatique, provoquer des contractions. Done, le tronc nerveux n'est pas atteint; les terminaisons motrices du nerf le sont uniquement. En outre, le tronc nerveux plongé, quelques heures dans une solution de neurine, ne perd pas son action sur le muscle. La neurine possède donc des pro- priétés curarisantes très manifestes. Pour étudier l’action de la neurine sur les centres nerveux, on détache complètement un membre postérieur en ne laissant subsister comme (1) Joteyko. La fatigue et la respiration élémentaire du muscle. Paris, 1896, Thèse de doctorat. di SÉANCE DU 3 AVRIL 343 trait d'union que le tronc du nerf sciatique. Après injection de neurine, on excite le train antérieur de l'animal par des courants très forts et on obtient des contractions réflexes de la patte, reliée à l'organisme uni- quement par le nerf. L'excitabilité de la moelle est abolie par des doses très fortes de neurine, affaiblie par des doses compatibles avec la vie (4/2 milligramme). Pour obtenir des tracés de la contraction réflexe, J'injecte de faibles quantités de strychnine (1/20 ou 1/15 de milligramme de sulfate de strychnine) à une grenouille ayant la patte liée. Cette dose de strychnine exalte l’activité réflexe de la moelle sans tétaniser l’animal. Après une injection de 1/2 milligramme de neurine, la hauteur du tracé décroit sensiblement et finalement on n'obtient plus de secousses. La neurine exerce donc une action centrale déprimante, en quoi elle diffère du eurare. Je conclus de ces expériences que la neurine est un poison de la cellule nerveuse. À faibles doses elle n’impressionne que les plaques motrices terminales des nerfs; à haute dose elle paralyse les centres nerveux... SUR UN CAS D'ÉLÉPHANTIASIS NOSTRAS, par M. RÉNON. (Travail du laboratoire de la Clinique médicale de l'Hôlel-Dieu.) Nous venons d'observer, à la Clinique médicale de l’Hôtel-Dieu, dans ie service du professeur Dieulafoy, un cas d’éléphantiasis nostras qui nous à paru présenter un certain intérêt. Il s’agit d’une femme de soixante-quatre ans, qui n’a jamais quitté Paris. Les membres inférieurs et les organes génitaux externes sont atteints d’un éléphantiasis ayant acquis un développement considérable, puisque la mensuration des cuisses dans leur partie moyenne a donné 11 à 80 centimètres de pourtour. Les téguments des cuisses sont le siège d'une rougeur diffuse et de nodosités dues à l'existence de varices lymphatiques, les jambes sont recouvertes de plaques croûteuses ayant plusieurs millimètres d'épaisseur; au-dessous de ces plaques, il existe une sorte de magma demi-solide, d’odeur nauséabonde. La malade se plaint beaucoup de ces régions qui sont douloureuses, et qui sont actuellement le siège d’une poussée aiguë. Ce n’est cependant pas pour ces lésions, qui datent de vingt-cinq ans, que cette femme est venue réclamer nos soins à l’Hôtel-Dieu : elle est entrée à l'hôpital pour une affection pulmonaire assez mal caractérisée au point de vue des signes stéthoscopiques, mais qui offrait certains 344 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE caractères d'une pneumonie; la température, qui était alors de 40 degrés, est tombée brusquement à 37 degrés les jours suivants. L'origine de cet éléphantiasis est assez difficile à préciser : l'examen du sang, pratiqué la nuit par M. Joly, n’a pas permis d'y déceler de filaire. Il n'existe dans les antécédents de la malade ni état nerveux, ni état névropathique antérieur. L'affection s'est développée à la suite de dix grossesses, toutes menées à terme, et pendant leur durée et à leur décours, on n'a noté aucun incident, ni œdèmes persistants, ni infection veineuse puerpérale. Il est peut-être possible d’incriminer -l'action mécanique exercée par ces dix grossesses sur le réseau lymphatique des parties malades; mais il faut tenir compte de poussées lymphangitiques qui se sont déjà produites plusieurs fois sur les membres inférieurs, et notamment d'une poussée érysipélateuse des plus nettes. L'examen bactériologique du tégument atteint, pratiqué dans la période apyrétique, a décelé des particularités fort curieuses. Le sang, retiré pas scarifications avec une lancette, contenait, à l'examen sur lamelles, de très rares streptocoques, mais au contraire en certaine abondance un microcoque lancéolé, entouré d’une capsule, ayant la plus grande analogie avec le pneumocoque de Talamon-Frænkel. Les cultures sur gélose ont donné de très rares colonies de streptocoque, mais de très nombreuses colonies perlées, transparentes, en gouttes de rosée, tout à fait caractéristiques du pneumocoque de Talamon-Frænkel : ce pneumocoque n'étail pas virulent pour la souris; les crachats de la malade contenaient aussi des microcoques ayant toutes les réactions colorantes et objectives de ce même parasite. L'examen bactériologique de la lymphe, puisée par ponction des varices lymphatiques, a donné sur lamelles et dans les cultures les mêmes résultats (1). Enfin, l'examen du magma demi-solide situé sous les croûtes a décelé dans les cultures des colonies pures d’un très petit bacille, très mobile, liquéfiant très rapidement la gélatine, et qui avait toutes les réactions culturales et histo-chimiques des microbes appartenant au genre proteus. Ces faits nous paraissent présenter un certain intérêt: car si ce cas d'éléphantiasis nostras, de par l'existence de streptocoques à son niveau, ressort à la pathogénie bien indiquée par Sabouraud (2), la pré- sence du pneumocoque de Talamon-Frænkel, de virulence très atténuée, comporte une signification précise: chez une malade qui vient d’être atteinte d’une affection pulmonaire ayant eu quelques-uns des caractères cliniques d’une pneumonie, et dont les crachats contiennent des pneu- (1) MM. A Gilbert et A. Grenet ont rapporté récemment un cas de lymphan- gite pneumococcique (Soc. de Biologie, 30 janvier 1897) : nous sommes très heureux de pouvoir, par ce nouvel exemple, confirmer ici leurs résultats. (2) Sabouraud. Microbiologie de l’éléphantiasis nostras. Soc. de dermatologie, 12 mai 1892. SÉANCE DU 3 AVRIL 345 ——— a mocoques, on peut trouver ce microbe jusque dansles plaques éléphan- tiasiques, et il n’est peut-être pas impossible de lui faire jouer un certain rôle dans la poussée cutanée qui accompagnait la phlegmasie pulmonaire. Cette femme reconnait d’ailleurs que, plusieurs fois, les poussées de son affection ont coïncidé avec état pulmonaire caractérisé par de la dyspnée et de la toux. QUANTITÉ DE FER CONTENUE DANS LES FÈCES DE L'HOMME, par MM. A. GuiLceMonaT et Louis LAPICQUE. (Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) On admet généralement, d'après Boussingault, que la nourriture quotidienne d’un homme (régime mixte) contient de 50 à 100 milli- grammes de fer. Cette donnée intervient fréquemment dans le raison- nement; par exemple, on calcule le nombre de jours nécessaires pour que l'alimentation fournisse une quantité de fer égale à celle qui est contenue dans le sang, et on conclut (ceci a été dit fréquemment) quela médication martiale est, a priori, inutile dans le traitement des anémies, puisque le simple régime alimentaire apporte à l'organisme en quelques semaines, du fer en suffisance pour combler le déficit de la plus grave anémie. Ces chiffres on classiques, mais ils ne sont pas solidement établis. Stockmann (1), récemment, a trouvé que la quantité de fer du régime ordinaire de l’homme contient seulement 8 à 10 milligrammes de fer. Bien qu'il ne puisse exister une grande précision sur une question de ce genre, on peut demander pourtant à être fixé sur l’ordre de grandeur de cette quantité. La détermination du fer des matières fécales permet de se renseigner là-dessus d’une facon indirecte, mais beaucoup plus commode, et, somme toute, exposant à moins d'erreur que la méthode théoriquement directe qui consiste à doser le fer dans l'alimentation. En effet, nous savons aujourd'hui que c’est l'intestin qui est la principale voie d’élimi- nation du fer; l'élimination par l'urine, les poils, la desquamation épithé- liale, etc., n'atteint certainement pas 1 milligramme par 24 heures et peut ici être enlièrement négligée. La moyenne du fer des fèces représente donc la moyenne du fer de l'ali- mentation (sans que nous ayons besoin de savoir quelle proportion de ce fer a été successivement assimilée puis éliminée). Pour la déterminer. (4) On the amount of iron in ordinary dietaries and in some articles of io in Journal of physiology, t. XVII, p. 484, 1895. B10LOG1E. COMPTES RENDUS. — 100 SÉRIE, Tr. IV. 28 346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE au lieu d’avoir affaire à la complexité des aliments, on n’a qu'à analyser une matière, facile à recueillir en totalité pour un temps donné et facile à échantillonner : de plus, cette matière est quinze à vingt fois moins abondante que les aliments dont elle provient, ce qui facilite l’inciné- ration. Or il a été fait, à notre connaissance, deux séries seulement de recherches sur le fer des fèces de l’homme, et les résultats ne concor- dent ni entre eux, ni avec les données eu A. Meyer (1) a trouvé 20 milligrammes par 24 heures, Stockmann et Greigh (2) 3 à 6 milligrammes seulement. La question valait donc la peine d'être reprise. Nos observations ont porté sur des hommes de trente à trente-cinq ans, de carrière intellectuelle, suivant le régime parisien ordinaire. Les dosages ont été effectués par le procédé colori- métrique de Lapicque. Tout d’abord, comptant sur les quantités de fer indiquées par Bous- singault, nous avons négligé l'acide phosphorique et pratiqué la colo- rimétrie directement sur la liqueur provenant de la destruction des matières organiques par les acides sulfurique et azotique. Nous avons trouvé les chiffres suivants pour 24 heures (chaque chiffre est établi par deux dosages concordants). Sujet À. — Moyenne de 2 jours : 24 milligr. 1; des 2 jours suivants : 23 milligr. 3; des 3 jours suivants : 16 milligr. 6; des 2 jours suivants : 45 milligr. 3; des 4 jours suivants : 25 milligr. 5. Sujet B. — Moyenne de 2 jours : 24 milligrammes. Ces chiffres étant très inférieurs à ce que nous attendions, nous avions dès lors à nous préoccuper de l'acide phosphorique qui devait se trouver par rapport au fer en excès trop considérable pour que son influence pût être négligée. Nous avons séparé le fer de l’excès des phosphates en le précipitant en milieu acétique (3). La comparaison des deux procédés appliqués concurremment sur quelques échantillons, nous à montré, en effet, que dans les dosages ci-dessus, nous avions commis une erreur par défaut notable, mais qui ne change pourtant pas l'ordre de grandeur du phénomène. Aïnsi, le dernier échantillon Ju sujet À donne pour 24 heures, après séparation des phosphates, 28 milligr. 5 au lieu de 25 milligr. 5 que nous avions d’abord trouvé. — Un nouvel échantillon du sujet B donne pour 24 heures, après sépara- tion des phosphates, 28 milligr. 8, sans cette précaution, 25 milligr. 5. Un troisième sujet C a donné (moyenne de 3 jours) 16 milligr. 48: en laissant les phosphates, on aurait trouvé 13 milligr. 39. L'erreur est donc de 4 à 2 dixièmes, Nous pouvons appliquer (1) A. Meyer. Thèse de Dorpat, 1850; cité Mine Voit. (2) Journal of physiology, 1897. (3) Lapicque. Thèse de Paris, 1895, p.58. à] SÉANCE DU 3 AVRIL 341 cette correction aux chiffres précédents, correction qui ne sera pas, évidemment, exacte, mais qui suffira pour des évaluations de cette espèce. Le sujet À donnera done (moyenne de 13 jours consécutifs) de 23 à 25 milligrammes par 24 heures; le sujet B, 27 ou 38; le sujet C, 16 milligr. 5. Ces résultats nous suffisent pour ce que nous voulions savoir, et, sans faire ici la critique détaillée des recherches qui ne concordent pas avec les nôtres, nous admettrons que la quantité de fer qui passe en vingt- quatre heures par le tube digestif de l'homme est d'environ 2 centi- grammes. SÉROTHÉRAPIE DANS CERTAINS RHUMATISMES A STREPTOCOQUES ET DANS CERTAINES IRITIS RHUMATISMALES, par M. BoucuERoN. Dans les controverses qui se poursuivent sur le sérum antistrepto- coccique, on à beaucoup étudié ce que le sérum ne réussit pas à faire. Nous avons cherché au contraire à utiliser les propriétés actives de ce sérum, — telles qu’elles viennent d'être vérifiées à nouveau (Méry, Courmont, J. Bordet), c’est-à-dire l'action positive du sérum actuel, sur les streplocoques, tirés par Marmorek, d'une angine à pseudomem- branes. C'est en effet, dans ies affections des muqueuses nasopharyngiennes et leurs dépendances, que des résultats favorables ont été obtenus par nous, avec la sérothérapie antistreptococcique. Les bons résultats s'observent, quelles que soient les localisations. Il en est d’autres d'un peu inattendues. Car on voit disparaitre ainsi, avec les lésions des muqueuses, des accidents dits rhumatismaux, soit articulaires, musculaires, ou névralgiques; soit même des irilis dites rhu- malismales. L'explication est assez simple. Achalme a, tout récemment, bien précisé la question, en signalant que son bacille anaérobie (revu par Thiroloix) s'associe rapidement, dans le rhumatisme articulaire aigu, à des streptocoques, à des staphylocoques, elc., qui persistent souvent seuls. Il s'accorde ainsi avec les travaux du professeur Bouchard, de Char- rin, etc., sur les rhumatismes à staphylocoques, streptocoques, etc. Quand les streptocoques des rhumatisants sont sensibles au sérum de Marmorek (et cliniquement, c’est souvent quand ils procèdent d'une lésion gutturo-nasale), la sérothérapie antistreptococcique actuelle peut modifier celte streptococcie, diminuer la toxémie, atténuer les lésions, et supprimer souvent les réactions douloureuses. À condition, encore, que le streptocoque existe à l’état isolé, ou au moins soit très prépon- dérant dans l'association microhienne. 348 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = — La sérothérapie a été employée jusqu'ici, surtout dans les cas de rhumatismes subaigus, anciens, sans grosses lésions, chez des uricé- miques, toxémiques, où les médications habituelles n'ont fait qu'atté- nuer les accidents. Les cas les plus démonstratifs sont ceux où s’est produite, par le sérum, une suppression, assez rapide, d'accidents se prolongeant, sans interruption, depuis plusieurs mois. Voici le résumé de quelques faits : Homme, quarante-deux ans, uricémique, malade, depuis sept ans, d'abord d’une naso-pharyngo-laryngite à streptocoques qui dura trois ans; puis atteint d'asthme nocturne, d'essoufflement diurne; de douleurs, tour à tour arliculaires ou musculaires, de talalgie, avec raideur des membres infé- rieurs. Il y a un an, colique néphrétique, suivie de douleurs lombaires per- sistantes, et de pollakiurie nocturne. Etat général affaibli, avec le facies pâle, jaunâtre et terreux des toxémiques. — Dès la troisième injection hypoder- mique de 5 centimètres cubes du sérum Marmorek, cessation de l'asthme, de la pollakiurie, des douleurs lombaires, articulaires, et musculaires. Plus d’in- somnie, grande souplesse des membres inférieurs. Grande amélioration de l’état général. Le D' X..., quarante-cinq ans, vigoureusement charpenté, uricémique, avec acide urique dans la salive, grave laryngite ancienne. À dix-huit ans, pre- mières douleurs articulaires, erratiques, intermittentes. Depuis dix-huit mois, se sont installées, dans un genou, des douleurs arliculaires, avec craquements, raideur, gonflement et un peu de liquide articulaire. Déjà, après la troisième injection de 5 centimètres cubes de sérum de Marmorek, l'articulation était devenue libre, souple, indolore, sans craquement. Une euphorie générale s'est manifestée avec retour de l’activité intellectuelle et musculaire, ainsi qu une amélioration des fonctions gastro-intestinales. Acide urique salivaire persiste. Homme, quarante-six ans, avec acide urique dans la salive, a souffert depuis vingt mois de douleurs articulaires d'un poignet, avec raideur et gon- flement. Facies jaunâtre et terreux des toxémiques, affaiblissement général. Ces accidents sont survenus après une importante attaque d’influenza, avec gatarrhe naso-pharyngien à streptocoques et staphylocoques. La staphylococcie était assez sérieuse, car une culture tirée d’une pustule d’acné pilaire, et injeclée dans la veine, tue le lapin en vingt-quatre heures à la dose de quatre gouttes. Malgré cette association microbienne, aprés 5 injections de sérum de Marmorek, à 5 centimètres cubes, les douleurs articulaires, avec la raideur et le gonflement ont cessé. L'état général s'est amélioré. Tout s’est bien maintenu depuis huit mois, à l’aide de quelques injections de sérum de temps en temps. La staphylococcie persiste encore, atténuée dans sa virulence. L'acide urique persiste encore dans la salive. Voici un cas d'iritis rhumatismale à répétition, très rebelle, et singulièrement régulière dans son processus. Le patient a maintenant trente-neuf ans. L'iritis, depuis douze ans, récidive chaque année en s’aggravant. Les crises durèrent d’abord quatre semaines, puis six semaines. Depuis quatre ans, les SÉANCE DU 3 AVRIL 349 crises se renouvellent deux fois par an et durent quatre mois. Les médica- tions locales et générales ont eu pour résultat seulement d’atténuer un peu les crises, sans en modifier la durée cyclique. En même temps que l'iritis, existent des douleurs musculaires des membres inférieurs, avec sensation de déchirure des chairs, se renouvelant incessamment plusieurs fois par minute, pendant trente-six heures. Dans l'œil, il y a de l'injection périkératique intense, des synéchies qui se rompent difficilement, parfois de l'hypopion léger, douleurs oculaires et périorbitaires d'étranglement, insomnie. État général fort affaibli par ces crises douloureuses de quatre mois de durée, deux fois l'an. Avec 20 centimètres cubes de sérum Marmorek en quatre injections, les poussées douloureuses de l'œil et des membres étaient réduiles à deux heures, au lieu de trente-six heures. Avec 30 autres centimètres cubes, en trois injections, tout était fini. Le traitement par le sérum avait réduit la durée de la maladie à six semaines, au lieu de quatre mois. La cure a d’ailleurs été menée avec prudence et une certaine lenteur. Pour les Iritis de moyenne intensité, la cure est bien plus rapide. N..., trente-huit ans. Rhumatisme subaigu d’une durée de trois mois, l'an passé. Acide urique dans la salive. — IJritis pour la première fois; assez intense. Quatre injections de sérum, de 3 centimètres cubes chacune, ont arrété le processus en huit jours. Durée totale de la maladie, quinze jours. C..., quarante-quatre ans. Rhumatisme et sciatique à trois reprises. Acide urique salivaire. 1e atlaque d'iritis en 1889, d'une durée de trois mois. 2° attaque d'iritis en 1893, d'une durée de deux mois. 3° attaque d'iritis récem- ment. — Sérolhérapie commencée à la fin du 2° jour. 20 centimètres cubes de sérum sont injectés en cinq fois. — Guérison totale en huit jours. PSEUDO-TUBERCULOSE. LOCALISATION ÉLECTIVE SUR L'APPENDICE, par M. A. GouGEr. Il y a quelques semaines, M. Charrin a entretenu la Société d’une appendicite épidémique streptobacillaire observée sur plusieurs lapins du laboratoire de M. Bouchard, et signalé incidemment les recherches que j'avais entreprises sur les résultats de l’inoculation expérimentale de ce bacille. Depuis lors, M. Mosny à rapporté un cas analogue, et M. Josué a pu reproduire une appendicite folliculaire parinjection intra- veineuse du bacille. Poursuivant en ce moment l’étude de ce microbe, je me bornerai, quant à présent, à appeler l'attention sur les points suivants : Le bacille dont il s’agit produit une pseudo-tuberculose. Tantôt c’est une pseudo-tubereulose macroscopique, comme nous l'avons observé dans la plupart des cas spontanés et dans quelques cas expérimentaux : on trouve alors dans les organes atteints des nodules blanchtres, 350 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE arrondis, plus ou moins saillants et confluents. Tantôl il s’agit seule- ment de pseudo-tubercules microscopiques, ne se manifestant à l'œil nu que par un piqueté blanc très fin et très serré. C'est le cas le plus fré- quemment réalisé par l’expérimentation. Quel que soit, d'ailleurs, l’aspect des lésions à l’œil nu, leur structure histologique est la même. Elles sont composées surtout de cellules mi- gratrices, accessoirement des cellules propres des organes plus ou moins dégénérées, et présentent à leur intérieur ou à leur pourtour des vaisseaux oblitérés. Jamais on n'y trouve de cellules géantes. En somme, il s’agit de lésions sensiblement analogues et même identiques à celles des pseudo-tubereuloses microbiennes observées par différents auteurs. Mais l'analogie ne se borne pas là : elle s'étend à l’agent causal lui- même. Les bacilles de la pseudo-tuberculose décrits par Nocard, Pfeiffer, Zagari, Parietti, ont été démontrés par Preisz identiques entre eux et, selon toute apparence, à ceux qu'ont décrits Grancher et Ledoux-Lebard, Charrin et Roger, Dor, Eberth, etc. Or nos recherches, bien qu'encore incomplètes, nous amènent à penser que le bacille que nous étudions est, lui aussi, identique aux précédents. Dans les cas spontanés comme dans les cas expérimentaux, par ino- culation sous-cutanée comme par inoculation intra-veineuse, chez le lapin comme chez le cobaye, ce bacille localise constamment son action sur certains organes, toujours les mêmes. La rate et le foie sont inva- riablement atteints (13 fois sur 13), et littéralement criblés de lésions. Puis viennent, par ordre de fréquence, l'appendice (chez le lapin) (5 fois. sur 10) et les ganglions mésentériques (4 fois). Le pancréas, les cap- sules surrénales, les reins, ne sont que rarement frappés. Le bacille offre donc une affinité particulière pour les organes riches en tissu lvm- phoïde. À ce point de vue, l’étroite localisation des lésions à l’appendice, alors que le reste de l'intestin est épargné constamment ou à peu près, atteste une élection des mieux caractérisées. On a déjà signalé la prédilection des pseudo-tuberculoses pour la rate et le foie, et, s’il n'a pas été question de l'appendice, c'est sans doute parce que l'étude des affections de cet organe occupait moins l'attention alors qu'aujourd'hui. Les lésions. appendiculaires dues au bacille de la pseudo-tuberculose demandent, en effet, à être cherchées. Elles n’ont absolument rien d'inflammatoire. Bornées à quelques points dela paroï, sans jamais rétrécir sensiblement la cavité, évoluant à froid, sans réaction générale ni locale, elles diffèrent autant de l’appendicite commune que la tuberculose de l’appendice diffère de celle-ei. Sans histoire clinique saisissable, elles n'occupent jamais qu'une place secon- daire dans le tableau des lésions constatées à l’autopsie. En résumé : absence de tout phénomène inflammatoire, — intégrité SÉANCE DU 3 AVRIL 391 habituelle du reste de l'intestin, — association constante à des lésions bien plus importantes du foie et de la rate : telles sont, en dehors des constatations histologiques et bactériolagiques, les particularités dont la réunion caractérise cette pseudo-tuberculose appendiculaire. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE 45 membres prennent part au vote. M°P'UBONNIER - . : 2. obtient sp sutfirages. MES BOULARDIE AA RARE RES NAT ES 3 — MM. CHASsEVANT, CLAISSE, Guyon, HÉRicourT, VAQUEZ et WipaL obtien- nent chacun 1 suffrage; de plus, 1 billet blanc est déposé dans l’urne. En conséquence, M. PIERRE BonNiER est proclamé Membre titulaire de Ja Société de Biologie. Le Gérant : G. MASsoNn. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette SÉANCE DU {0 AVRIL 1897 M. Auc. Mrcuez : Recherches sur la régénération chez les Annélides. II. Régénération céphalique. — MM. A. CHarRiN et A. Rice : Hérédité et tuberculose. Modifications héréditaires de l'organisme. — M. CnarkiN : Modifications cardiaques dues aux toxines. Multiplicité des corps morbifiques. — MM. E. Lacarzce et RÉNON : Ostéite claviculaire révélée par la radiographie. — M. Weiss : Sur la comparaison des tracés obtenus à l’aide d'appareils enregistreurs différents. — M. X. DeLore : Radio- graphie des capillaires de la veine ombilicale dans les villosités placentaires. — M. Cc. ReGaup (de Lyon) : De l’hémosidérose viscérale et des cirrhoses du foie dites « pigmentaires ». Observations de cirrhose atrophique du foie avec hémo- sidérose. — MM. Rocer et Josué : Influence des injections sous-cutanées de sérum normal et thérapeutique sur la moelle osseuse. — M. J. BERGONÉ : Du mécanisme du soulèvement du corps sur la pointe des pieds. — MM. J. Hérrcourr et Cn. Ricuer : Sérothérapie in vitro dans l'intoxication par le sang d’anguille. — M. E. GÉrArD (de Toulouse) : Sur la possibilité d'une intoxication lente après ingestion de sous-nitrate de bismuth dans certains états pathologiques de l’estomac. — M. R. D’ERLANGER : Recherches sur l’origine, le rôle et la structure du corpuscule central. — M.C. Pnisarix : Causes de la diminution de résistance des carnassiers au char- bon. Présidence de M. E. Dupuy, vice-président. 612.603] RECHERCHES SUR LA RÉGÉNÉRATION CHEZ LES ANNÉLIDES. II. RÉGÉNÉRATION CÉPHALIQUE (suite) (1). Note de M. Auc. MicueL, présentée par M. Grarp. (Travail du laboratoire d'Evolution à la Sorbonne et de Zoologie maritime à Wimereux.) Nombre d'anneaux régénérés. — La question du nombre d’anneaux antérieurs régénérés est particulièrement intéressante, au point de vue de la théorie de la métamérie, en ce que, malgré leur spécialisation, ils ne sont ordinairement pas tous reproduits. Déjà Spallanzani avait observé, à côté de la régénération complète pour l’ablation de quelques anneaux, une rédintégration incomplète après résection d’un tronçon de plus grande taille. Morgan, par l'observation, il est vrai d’un assez petit nombre d'individus, chez Al{lobophora fœtida, obtint les résultats suivants : 2 anneaux sont reproduits chez tous les individus, l’ablation de 3 anneaux donne 3 anneaux pour la plupart des individus, de 4 donne 4 ou en plus grand nombre 3, de 5 ne donne qu'un nombre infé- rieur; deux individus ayant perdu un plus grand nombre de segments en ont régénéré quelques-uns, un autre en a régénéré un nombre plus grand, mais bien moindre que le nombre enlevé. Hescheler, expéri- mentant sur plus d’une centaine et demie d'individus de diverses (1) Voir Comptes rendus Soc. Biol., 20 et 27 mars, 3 avril 4897, BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, 7. IV. 29 ? ‘394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE espèces, par l’ablation de 4 ou 5 anneaux, trouve que le nombre enlevé se retrouve rarement après régénération; de 6 à 14 ânneaux, le nombre régénéré est égal ou inférieur à 4; pour 15 anneaux, ainsi qu'il a été dit précédemment, si on obtient quelquefois un petit bourgeon, il se développe et se segmente rarement. Mes observations ont porté sur AI. fœtida : 3 anneaux chez 5 individus sont remplacés par 3 anneaux chez l’un, 2 anneaux chez les autres; 4 chez 20 par 4, 3, 2; 5 chez 5 par 5 ou 4; 7 chez 5 par 7 chez l’un d'eux, des nombres moindres très divers chez les autres; 8 chez à par 6 et 7 suivant le côté (anomalie) chez l’un, 4 chez un autre, 5 chez les autres: 11 chez 5 par 5 pour l'un, 4 chez les autres; 12 chez 5 par 5, 3, 2, un bourgeon à segmentation indistincte, l’autre étant mort. Les résultats de mes recherches sont donc en accord avec ceux de Morgan et Hescheler : si les premiers anneaux peuvent être régénérés au complet, le nombre est toujours inférieur lors- qu'il y à plus d'anneaux enlevés; il y a quelques variations suivant les séries et les individus, et je ne retrouve pas une limite aussi absolue (4) que l'indique Hescheler pour le nombre d’anneaux régénérés après abla- tion de 6 ou plus; cependant il faut bien dire que le plus souvent le nom- bre moindre d’anneaux régénérés est de 4 ou 5; sur 15 individus trouvés sectionnés à des niveaux inconnus, les 5 qui ont régénéré ont précisé- ment donné ces nombres ; on peut aussi en rapprocher le chiffre de 4 métamères naissant d’après Hepke dans la régénération céphalique chez Naïs après amputation. Au reste c'est tout à fait exceptionnellement qu'on peut noter un nombre sensiblement plus élevé d'anneaux régé- nérés, comme dans les quelques cas précédemment cités de régénéra- tion après sectionnement à un niveau assez éloigné de la tête, surtout par des parties postérieures ou de simples fragments. On peut donc conclure que chez les Lombrics il n’y à ordinairement que quelques segments régénérés, en nombre moindre par rapport aux segments enlevés, ou au plus égal seulement pour les premiers et de plus en plus fréquemment pour les plus antérieurs d'entre eux. On n'est pas encore fixé sur la valeur des segments régénérés : si chez les Lombrics on peut êlre tenté de les regarder comme représentant tous les anneaux les plus antérieurs, en particulier parce que les organes génitaux ne paraissent pas reconstitués, chez les Polychèles on signale ordinaire- ment dans les parties antérieures régénérées l'absence de régions diges- tives spécialisées (trompe, etc.) : les derniers de ces anneaux régé- nérés pourraient donc être privés de différenciation caractéristique ; resterait alors à trouver la cause mécanique qui par exemple chez les Oligochètes les limiterait à un nombre presque constant. Sections céphaliques longitudinales. — Spallanzani avait essayé des sections longitudinales antérieures; mais très étendues sur le ver, elles en amenaient la mort. Un ver (A//. fœlida) sur lequel j'avais pratiqué une section longitudinale de la tête, à travers les premiers anneaux SÉANCE DU 10 AVRIL 353. seulement, a vécu deux mois : des deux moitiés nécessairement iné- gales (une section absolument médiane, par exemple des ganglions nerveux, étant irréalisable), l’une restait rétractée, l’autre pendant la marche se projetait en avant tout en se recourbant en dedans par l'action unilatérale des muscles; la moitié rétractée s’est soudée à la base de l’autre et a diminué peu à peu; cette autre s’est cicatrisée, tout en conservant une allure asymétrique. Mais en somme, le sectionne- ment longitudinal, peut-être parce qu'il n’était pas égal, n’a pas conduit à la formation de deux têtes. Anomalies des têtes régénérées. — Morgan et Hescheler ont observé l'apparition d'anomalies pendant la régénération caudale. J'ai indiqué plus haut un cas de ce genre que j'avais observé chez Al. fœtida après ablation de 8 anneaux : sur le bourgeon avancé une bande colorée étail bifurquée à droite, en sorte que de ce côté il y avait 7 anneaux, 6 de l’autre; cette observation, par comparaison avec les autres vers de la même série, et en considérant que ce nombre double est de grandeur exceptionnelle, vient à l’appui de la remarque de Hescheler que les anomalies surviennent chez les individus qui reproduisent un nombre d’anneaux se rapprochant davantage du nombre des disparus. À noter aussi cette observation de Hescheler que les anomalies, même cépha- liques, ne se reproduisent pas par régénération de la partie qui les présentait : ce qui confirme l'opinion de Morgan, que l'apparition des anomalies n’est pas l'effet de causes internes héréditaires. [642.605] HÉRÉDITÉ ET TUBERCULOSE. MODIFICATIONS HÉRÉDITAIRES DE L'ORGANISME, par MM. A. CuarRin et A. Rica. Les questions de terrain, en matière de pathologie, surtout de patho- logie infectieuse, prennent chaque jour une importance croissante. Pour la tuberculose, en particulier, on admet généralement que l’héré- dité directe, que le passage du bacille est chose rare; on incrimine plus volontiers des modifications de l'organisme rattachées à la nutrition, aux maladies des ascendants. Il convient de chercher à étudier ce que sont, dans leur essence, ces modifications presque complètement ignorées à bien des points de vue; ces modifications correspondent à ce que l’on désigne sous le nom de conditions du terrain, expressions qui résument notre igno- rance, tout en la dissimulant. Nous avons eu l’occasion d’observer plusieurs nouveau-nés, issus de mères tuberculeuses ; trois, parmi eux, nous ont paru offrir des particu- larités intéressantes. 396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le premier, C..., venu à terme, pesait en naissant 2 kil. 020; à trois mois, son poids était de 3 kil. 032, l'augmentation quotidienne corres- pondant à 41. — Il suffisait d’injecter, vers la fin de ce troisième mois, 64 centimètres cubes d'urine pour tuer un kilogramme de lapin. Le second, P.…., né le 21 octobre 1896, entre sept et huit mois, pèse actuellement 2 kil. 900; depuis la naissance, ce poids s’est accru de 550, soit environ 3 par jour, progression insignifiante. Une série d'expériences, réalisées le 9, le 11, le 13, le 20, le 26 mars 1897, a mis en évidence la toxicité des urines; en moyenne, il a suffi d'introduire entre 50 et 60 centimètres cubes, par kilogramme, pour amener la mort, alors que cette même sécrétion, empruntée à des nouveau-nés sains, nourris par le même lait, a pu être injectée impu- nément à la dose de 80, 90. et au delà. — D'autre part, tandis que les lapins, qui ont reçu cette dernière urine de rejetons normaux, même en grande quantité, ont survécu, ceux qui ont eu des volumes inférieurs à ceux qui provoquent une mort immédiate, 20 à 40 pour 1000, ont succombé, quand cette urine provenait de sujets malades ou issus de malades; parfois, lorsque la résistance persiste pendant quelques jours, on peut découvrir des lésions hépatiques, lésions à vrai dire très légères, de début. Il semble, d’après ces données, que l'urine, dans ces conditions, possède des propriétés spéciales. — Ces propriétés sont-elles dues à une assimilation ou à une désassimilation anormales, livrant des déchets plus abondants ? La chose est possible. — Chez ces sujets, enfants de malades, le mouvement de dénutrition, à égalité d'alimentation, est plus actif, comme l’indiquent l’analyse, les proportions de l’urée, etc. Tou- tefois, il est également possible qu'il y ait là des corps particuliers; chez P..., en effet, M. Bonniot a décelé le principe désigné, peut-être à tort, sous le nom d’acide glycuronique en quantité très appréciable; d’un autre côté, quand il ne s’agit que des poisons normaux, simple- ment plus nombreux, on voit ordinairement les lapins survivre indéfi- niment, lorsqu'on n'a pas atteint la dose immédiatement toxique; on ne rencontre pas ces altérations viscérales, pas plus que l’exagération des réflexes si nettement décelée dans une expérience. Le troisième enfant, L..., venu à terme, pesait 2 kil. 720; son poids est tombé à 2 kil. 400; il a succombé à l’âge de trois semaines. Pendant les 3 ou 5 derniers jours, la température rectale, prise à l’aide d’un thermomètre contrôlé, a oscillé entre 32°,4 et 35°,3. Or, à l’autopsie, on a trouvé tous les organes, le cœur en particulier, normaux ; seul le foie était volumineux, d’une coloration violacée ; son parenchyme était le siège d’hémorragies multiples; les cellules étaient quelque peu granuleuses: les travées étaient disloquées. Ce détail n’est pas sans intérêt, quand on sait que le tissu le plus chaud, à l’état normal, d’après CI. Bernard, à l’état pathologique, suivant #1, SÉANCE DU 10 AVRIL 3à d'Arsonval et Charrin, n’est autre que le tissu hépatique, surtout le sang des veines sushépatiques : la glande biliaire, ainsi que le professeur R. Dubois l’a si bien montré, est un des principaux centres de Ja calo- rification. En présence de ces développements incomplets, de ces poids infé- rieurs à la normale, il est intéressant également de rappeler les faits de Gley et Charrin ; ces auteurs ont obtenu des lapins croissant lente- ment, atrophiés, pesant 900 grammes à un âge où les congénères sains atteignent 1 kil. 800, en soumettant les générateurs, les mères, à des injections prolongées de toxines, toxine diphtérique, pyocyanique, tubereuleuse. Précisément, nos rejetons ont pu recevoir, au travers du placenta qui ne retient pas les corps solubles, de la tuberculine. On sait aussi, d’après l’expérimentalion, que ces toxines modifient la nutrition, modifications réalisées dans la plupartdes infections, car 1l n y à pas là de spécificité relevant de la tuberculose. Il va sans dire que nous n'appliquons pas ces données à tout enfant issu d’une mère bacillaire; il en est, parmi ces descendants, qui échappent aux tares; comme tout le monde, nous avons pu en obser- ver. — Il en est de même dans l'histoire de la syphilis, des infections ; il en est de même dans les expériences invoquées : dans une unique portée on voit de beaux animaux à côté de sujets malingres. Quoi qu'il en soit, en s’en tenant aux faits, il est permis de dire que, parfois, chez les nouveau-nés de tuberbuleuses, on constate que l'orga- nisme présente des anomalies au point de vue du poids, de la crois- sance, de la nutrition, de la qualité des urines; la toxicité de ces urines indique, à égalité de perméabilité rénale, une toxicité humorale accrue; or, c'est là une condition favorisant l'infection, que le poison soit d’ori- gine externe, microbienne ou interne (1). En réalité, on peut avancer que le terrain ici se distingue de l'état physiologique par des conditions et physiques et chimiques : on est de la sorte autorisé à introduire quelques notions positives, destinées à faire comprendre ce que sent ces conditions, ces varialions du terrain. MODIFICATIONS CARDIAQUES DUES AUX TOXINES. — MULTIPLICITÉ DES CORPS MORBIFIQUES, par M. CHARRIN. En poursuivant les études entreprises sur les modifications cardiaques dues aux toxines, M. Bardier a obtenu des troubles variés. — Il à (1) Exp. de Gley et Charrin chez les animaux privés de corps thyroïde, ou (Charrin) ayant recu, en quantité considérable, l'extrait des capsules sur- rénales. 358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE expérimenté à l’aide de toxines que j'ai préparées, en ulilisant son car- diographe. — Or, les tracés que je montre établissent que les poisons pyocyaniques provoquent des variations de vitesse, d'amplitude, de l’'arythmie, des intermittences, tout comme le poison diphtérique. — Toutefois, il en faut davantage; il faut, en outre, opérer sur la gre- nouille : il y a donc des différences et des analogies. Ces résultats sont intéressants à plusieurs points de vue. En premier lieu, ils éclairent la genèse des accidents cardiaques de l'infection ; ces accidents sont multiples, assez semblables dans les diffé- rentes fièvres, avec des nuances de fréquence, d'intensité : c'est le eas de ces recherches. En second lieu, M. Bardier a constaté que le produit pyocyanique soluble dans l'alcool détermine des désordres circulatoires, malgré un chauffage à 100°. Or, de ces mêmes cultures, on retire des substances insolubles dans l'alcool, détruites à 80°, déterminant de l'entérite, de l’amaigrissement, etc. Il y a donc plusieurs corps actifs, suivant l'opinion du professeur Bouchard. — L'importance, la portée de cette concep- tion, mises en lumière par des recherches de Gley et Charrin, ne sau- raient échapper à personne. OSTÉITE CLAVICULAIRE RÉVÉLÉE PAR LA RADIOGRAPHIE, par MM. E. Lacarzze et RÉNON. (Travail du laboratoire d’électrothérapie de la Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) Nous avons l'honneur de présenter à la Société une épreuve radiogra- phique de la partie supérieure du thorax d’une jeune fille de vingt- deux ans. Sur celte épreuve, il est facile de voir que la clavicule droite est augmentée de volume dans sa totalité, et que le point de départ de la lésion d'ostéite siège au niveau de la partie médiane. Ce résultat est intéressant, car, avant l'emploi de la méthode des rayons de Ræœntgen, plusieurs médecins et chirurgiens avaient hésité entre le diagnostic d'ostéite claviculaire et celui de suppuration gan- glionnaire de la région sus-claviculaire; la malade présente en effet à ce niveau des ganglions volumineux et multiples qu’on avait attribués à des lésions scrofuleuses, dont elle avait déjà été atteinte dans son enfance. SÉANCE DU 10 AVRIL 359 [612.072] SUR LA COMPARAISON DES TRACÉS OBTENUS A L'AIDE D'APPAREILS ENREGISTREURS DIFFÉRENTS, par M. Weiss. Lorsque l’on cherche à comparer les tracés graphiques se rapportant à un même phénomène, mais pris dans des conditions différentes, il arrive souvent que cette comparaison exige des transformations assez longues des tracés. Il en résulte pour les physiologistes un inconvénient analogue à celui provenant de l'adoption dans divers pays d'unités différentes entre elles. De plus, beaucoup d'appareils enregistreurs importants donnent des tracés incorrects. La meilleure preuve à en donner est de montrer que ces appareils ne donnent pas des tracés comparables entre eux. En prenant par exemple huit modèles de sphygmographes français, allemands et anglais, j'ai obtenu huit tracés absolument différents. Ceux qui s’écartent le plus l’un de l’autre sont le Marey et le Dudgeon, c'est-à-dire précisément les deux plus employés en clinique. Ces tracés ont été pris sur une artère artificielle en caoutchouc, dans laquelle un moteur électrique lançait une onde toujours identique, en effet un même sphygmographe donnait toujours le même tracé. Le sphygmographe ayant le moins d'inertie et par suite donnant les tracés les plus fidèles est le Marey. Nombre d’autres appareils enregistreurs setrouvent dans le même cas; il y aurait grand intérêt à en faire une étude sérieuse et à demander aux physiologistes de suivre dans la prise des tracés certaines règles qui en faciliteraient beaucoup la lecture. Sur le conseil de M. Marey, je me propose de pousser plus loin cette étude, afin de pouvoir, avec son concours, arriver à une entente entre les expérimentateurs des divers pays, en demandant à ce que la ques- tion soit mise à l’ordre du jour dans un des prochains congrès de physiologie. RADIOGRAPHIE DES CAPILLAIRES DE LA VEINE OMBILICALE DANS LES VILLOSITÉS PLACENTAIRES, par M. X. DELORE. La disposition de ces capillaires implique nécessairement une dispo- sition analogue des villosités qui les coiffent. C'est là ce qui fait l'intérêt des photographies que je présente. Elles ont été obtenues de la façon suivante: — Le placenta de la planche 1 a été injecté d’abord avec le liquide de Teischmann au vermillon ; puis les villosités ont été englobées dans la stéarine. 360 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — Le placenta de la planche 2 a été injecté au mercure coulant; puis les villosités ont été englobées dans la paraffine. Ensuite, j'ai fait des coupes de 1 centimètre et demi d'épaisseur, que M. Bert, chef des travaux anatomiques, a bien voulu me photographier dans le laboratoire de M. Testut. Je commence par dire que ces figures n’apprennent rien de nouveau. Toutefois, elles offrent des vues d'ensemble qui me semblent devoir fixer la science sur l'organisation de la cavité placentaire. Weber en 1830, Coste en 1854, Robin en 1861 avaient nettement démontré que les villosités nageaient librement dans les espaces où circule le sang maternel; moi-même, en 1874, j'ai communiqué un tra- vail à la Société de Biologie, où je donnais quelques preuves nouvelles. Néanmoins la plupart des livres d’obstétrique représentent la structure du placenta, au moyen de figures fantastiques, empruntées pour la plu- part aux travaux allemands; il m'a donc paru intéressant de profiter des rayons Rôntgen pour obtenir des images naturelles, où l'imagina- tion n’esl pour rien. Voici les réflexions que suggère leur examen : La direction rectiligne, de la base choriale à la voûte caduque, est généralement adoptée par les vaisseaux qui s'élèvent perpendiculaire- ment. Toutefois on peut voir que des villosités entières, ou des groupes de vaisseaux sont fortement inclinés, sans doute sous l'influence du courant de stéarine, au moment de l'injection. Cela fait penser que le centre de la villosité peut se déplacer dans une certaine mesure, quoique le pédicule soit implanté dans le chorion et le sommet attaché à la caduque. Le groupement des villosilés apparaît aussi clairement. Chaque vais- seau important est l’origine d’un cotylédon, Près de la base des gros troncs on peut voir de courts vaisseaux, où l'injection a avorté, et qui étaient l'indice de petits groupes villeux. Les vaisseaux affectent de préférence la forme d'arbres et quelquefois d'arbrisseaux. À travers les ramifications les plus touffues, nos pièces laissent penser qu'il y a des espaces qui les séparentet que les villosités. pendant l'érection placentaire, ne sont pas appliquées les unes contre les autres. Les espaces situés dans la cavité placentaire, non occupés par les. villosités, servent à la circulation maternelle. On peut juger par celles de nos figures, où l'injection a réussi, qu'ils occupent trois régions dis- tinctes. Il y a deux régions que j'appellerai aréolaires et une région villeuse. La première, ou grande région aréolaire, est sous-choriale ; c'est la plus importante. Elle existe au niveau des troncs et des graades lacunes, où les villosités sont plus rares. La seconde, ou petite région aréolaire, est sous la caduque ; entre elle SÉANCE DU 10 AVRIL 301 et les sommets villeux. Chacun de ces deux systèmes d'’aréoles joue un rôle circulatoire différent. Les espaces intervilleux se distinguent fort bien dans toutes mes préparations, grâce à l’injection forcée de stéarine ou de paraffine qui a déterminé et maintenu l'érection. Les sinus intercotylédonaires sont formés par l’adossement de deux arbres villeux qui laissent à leur sommet un intervalle que remplit la stéarine dans nos pièces et le sang maternel sur le vivant; de ce faitles dépressions intercotylédonaires disparaissent pendant l'érection du placenta. DE L'HÉMOSIDÉROSE VISCÉRALE ET DES CIRRHOSES DU FOIE DITES & PIG- MENTAIRES ». OBSERVATIONS DE CIRRHOSE ATROPHIQUE DU FOIE AVEC HÉMOSIDÉROSE (Note préliminarre), par M. CL. Reçaup (de Lyon). On connait depuis longtemps sous le nom d’hémosidérine ou de sidé- rine (Quincke) une substance du groupe des pigments insolubles, donnant les réactions des sels ferriques, et provenant de l’hémoglo- bine. Rencontrée d’abord dans les anciens foyers hémorragiques et dans les ganglions lymphatiques correspondants, l'hémosidérine fut ensuite trouvée et étudiée dans les organes (foie, rate, pancréas, etc.), qu'elle surcharge au cours des cachexies les plus variées (anémie pernicieuse, leucémie, diabète, cirrhoses, cancer, tuberculose, infections di- verses, etc.). L'étude chimique, anatomique et clinique de l'hémosidé- rine et de l’hémosidérose fut commencée et poursuivie en Allemagne par Virchow, Perls, Ponfick, Langerhans, Orth, Hindenlang, Cordua, Quincke, Kunckel, Peters, Neumann, Rosenstein, Stahel, Granboom, von Bemelen, Schmidt, von Recklinghausen, etc., ete. Kunckel (1881) démontra que le pigment en question était un hydrate ferrique. Quincke, qui publia sur ce sujet d'importants travaux, reproduisit expérimenta- lement l’'hémosidérose viscérale en injectant du sang de chien défibriné dans les veines ou le péritoine d’autres chiens. Taleski, Schmiedeberg, Franz Vay, etc., étudièrent les variations de la teneur en fer du foie et d’autres viscères, ils déterminèrent la composition chimique des di- verses substances ferrugineuses contenues dans le foie sain ou malade (hépatine, ferratine, sidérine, etc.). Bref, l'hémosidérose viscérale est un fait connu et étudié depuis longtemps ; les auteurs allemands, en particulier, la considèrent comme un épiphénomène sans individualité clinique, survenant fréquemment au cours des cachexies les plus diverses. La notion que nous possédons en France au sujet des pigmentations 362 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ferrugineuses est singulièrement différente. En 1881, Hanot et Chauf- fard décrivent la cirrhose hypertrophique pigmentaire des diabétiques avec cachexie bronzée; puis, à mesure que les observations analogues aux leurs deviennent plus nombreuses, on démontre que le pigment en question est ferrugineux. De 1875 à 1889, M. Kelsch, seul ou en collabo- ration avec M. Kiener, décrit la cachexie paludéenne avec sidérosis; mais ces auteurs ont bien soin de relier leur syndrome aux autres cachexies sidérosiques. Enfin M. Letulle semble vouloir créer une nou- velle entité morbide, la cirrhose alcoolique hypertrophique pigmentaire. Dans ces dernières années, outre les expériences nouvelles de Kiener et Engel, MM. Auscher et Lapicque confirment les conclusions chimiques et expérimentales données autrefois par Kunckel et par Quincke. Aïnsi donc, bien que plusieurs auteurs, en France (Kelsch et Kiener, Hanot, Brault et Marotte, elc.), aient, à juste titre, signalé l’erreur qui consisterait à prendre pour des entités morbides spécifiques les diverses variétés de cirrhoses pigmentaires, néanmoins plusieurs publications récentes laisseraient facilement croire que leurs auteurs se sont trouvés en présence d'états pathologiques nouveaux ayant une véritable indivi- dualité anatomo-clinique. Or, il n'en est absolument rien. L’hémosidérose viscérale n’a pas, Jusqu'à présent, de symptômes cliniques ayant une réelle valeur (la coloration bronzée de la peau est exceptionnelle, la cachexie est surtout la cause, bien plus que l'effet de l’hémosidérose); on la rencontre Jointe aux lésions les plus variées, et dans les circonstances les plus diverses. Les deux conditions principales qui président à son appari- tion sont la destruction globulaire intense et la lésion du foie. A l'appui de notre opinion, qui ne nous est pas exclusivement per- sonnelle, et qui est, comme on l’a vu par notre historique incomplet, fort ancienne, nous apportons les sommaires de trois observations inédites. Ogs. L — Pierre J..., cinquante-trois ans (service de M. Vinay, à l'Hôtel- Dieu de Lyon). Pas d’alcoolisme, pas d’impaludisme, pas de diabète. Cirrhose . atrophique du foie à évolution rapide (3 mois en tout) et fébrile, probablement d'origine infectieuse. Anatomiquement, atrophie seléreuse du foie (poids, 920 grammes). Sclérose polyviscérale (foie, cœur, reins, pancréas). Abondante sidérose viscérale (foie, pancréas, rate, ganglions, muqueuse digestive, etc.). La peau n'était pas du tout pigmentée. O8s. IT. — Paul B..., cinquante-quatre ans (service de M. Vinay, à l’Hôtel- Dieu de Lyon). Alcoolisme, pas d'impaludisme ni de diabète. — Cirrhose du foie évoluée en un an. Cachexie. Anatomiquement, cirrhose du foie (poids, 1,480 grammes), péritonite chronique non tuberculeuse ; néphrite, sclérose légère du pancréas. Enorme sidérose viscérale (foie, pancréas, etc.). La peau avait un aspect bronzé au visage seulement. OBs. IT. — Louis V..., soixante -huit ans (service de M. Bouveret, à l'Hôtel- Dieu de Lyon). Pas d’alcoolisme, pas d'impaludisme, pas de diabète. Cirrhose SÉANCE DU 10 AVRIL 363 du foie, d'origine probablement infectieuse, à évolution rapide anormale. Troubles circulatoires secondaires à la lésion hépatique, prédominants sur le cœur droit, et favorisés par des déformations thoraciques. Pleurésie. Cachexie et insuffisance hépatique. Anatomiquement, atrophie scléreuse du foie (poids, 800 grammes), sclérose rénale. Enorme sidérose hépatique. Aucune pigmentation cutanée. INFLUENCE DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DF SÉRUM NORMAL ET THÉRAPEUTIQUE SUR LA MOELLE OSSEUSE, par MM. RoGEer et Josué. Nous avons annoncé, dans une précédente communication (1), que les injections sous-cutanées de sérum antidiphtérique provoquent des modifications importantes dans la structure histologique de la moelle osseuse. Il se produit des proliférations cellulaires qui, déjà manifestes au bout de vingt-quatre heures, vont en augmentant jusqu'au quatrième jour. Ces premiers résultats nous ont conduits à rechercher si les effets observés dépendent de l'introduction d’un sérum étranger à l'animal, ou s'ils sont dus à l’antitoxine. Pour résoudre ce problème, nous avons entrepris de nouvelles recherches sur des lapins adultes; nos animaux, qui tous ont été sacrifiés quatre Jours après les injections, peuvent être divisés en quatre séries, suivant qu'ils ont reçu du sérum de lapin normal, du sérum de cheval normal, du sérum antitétanique ou du sérum antidiphlérique. L'injection sous-cutanée de 2 centimètres cubes de sérum provenant d’un lapin normal, provoque une prolifération assez marquée des cel- lules médullaires. Les modifications ne sont pas également réparties sur toute la coupe : le centre de la moelle conserve à peu près son aspect habituel, tandis qu'à la périphérie, l'intérieur des travées est infiltré de cellules; les diverses variétés d'éléments cellulaires, y com- pris les cellules géantes, prennent part au processus; mais ce sont sur- tout les lymphocytes qui ont augmenté de nombre. On trouve encore une assez grande quantité de globules rouges nucléés et, vers la zone corticale, une notable accumulation de globules sanguins. Le sérum du cheval normal se comporte comme le sérum du lapin, seulement son action est plus énergique ; il suffit d'en injecter { centi- mètre cube, pour obtenir des modifications analogues à celles que nous venons de décrire. Si l’on introduit 2 centimètres cubes, la prolifération est bien plus intense et la congestion plus marquée; on voit, dans les parties périphériques de la moelle, des accumulations considérables de globules rouges qui remplissent les lacunes du tissu ; on trouve en (1) Roger et Josué. Action de la toxine et de l'antitoxine diphtériques sur la moelle osseuse. Société de Biologie, 9 janvier 1897. 304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE même temps un certain degré d’épaississement des fibrilles qu'on ne rencontre pas avec le sérum du lapin. Quand on injeete 1 centimètre cube de sérum de cheval, on voit surtout les Ivymphocytes et les cellules géantes augmenter de nombre. Quand on introduit 2 centimètres cubes, on provoque la prolifération de tous les éléments cellulaires ; les lym- phocytes dominent toujours ; viennent ensuite les globules rouges nucléés, puis les cellules neutrophiles. Sous l'influence du sérum antitétanique, les modifications de la moelle sont identiques à celles qu’on observe avec le sérum de cheval normal; les différences, suivant les quantités introduites, sont les mêmes dans les deux cas. Au contraire,le sérum antidiphtérique provoque des modifications spéciales, en ce sens que l’élection pour certains éléments est beaucoup plus nette. En injectant seulement 1 centimètre cube, on voit déjà au »out de vingt-quatre heures, une prolifération qui porte sur toute l'étendue de la coupe, et non plus seulement sur les parties périphé- riques et qui va en augmentant les jours suivants. Au quatrième Jour, le tissu est constitué par une nappe de cellules; les travées en sont infiltrées ; les fibrilles sont normales ou peu épaissies; les aréoles graisseuses persistent, mais sont considérablement diminuées de volume par suite du développement des éléments cellulaires. Enfin, on trouve dans les parties périphériques, comme à la suite des injections de sérum normal, des accumulations de sang dans les travées et les sinus. Tous les éléments cellulaires prennent part au processus. Mais ce sont surtout leslymphocytesetles globules rouges nucléés qui sont nom- breux; à la suite des injections de sérum normal, ces cellules prédo- minaient déjà, inais à un degré beaucoup moindre qu'à la suite des injections de sérum antidiphlérique. En tenant compte de l'abondance et de la distribution régulière des cellules, de la diminution des aréoles graisseuses, de la prédominance énorme des lymphocytes et des globules rouges nucléés, on peut arriver à reconnaitre au microscope la moelle des animaux qui ont recu le sérum antidiphtérique et la différencier de la moelle modifiée par les injectionts de sérum normal. < Nous pouvons donc conclure que l’injection sous-cutanée d'un sérum, provenant d'animaux de même espèce ou d'espèce différente, provoque des modifications de la moelle osseuse. Le sérum du cheval injecté au lapin, agit comme le sérum du lapin, seulement il exerce une action plus intense. Des deux sérums thérapeutiques, que nous avons étudiés, l'un, l’aniitétanique, s'est comporté comme le sérum du cheval normal ; l’autre, l’antidiphtérique, a provoqué des réactions spéciales par leur intensité et par leur élection sur certaines espèces de cellules médul- laires. Il est difficile de dire actuellement quelle est la signification des SÉANCE DU 410 AVRIL 565 modifications cellulaires que nous avons observées et quelle est leur importance dans le mécanisme de l'immunité. Il serait intéressant de rechercher si le développement de certaines cellules n'est pas en rap- port avec le processus antitoxique. Enfin on peut se demander encore si les modifications de la moelle ne jouent pas un rôle dans la produc- tion de certains accidents consécutifs aux injections de sérum; elles expliquent peut-être les douleurs osseuses ressenties parfois par les malades qui ont recu du sérum antidiphtérique, et les arrêts de crois- sance observés expérimentalement par M. Arloing. 1612.766] Du MÉCANISME DU SOULÈVEMENT DU CORPS SUR LA POINTE DES PIEDS, par M. J. BERGONtÉ. On a contesté ici même (Soc. de Biol., 14 mai 1892) et ailleurs depuis, le mécanisme du soulèvement du corps de l’homme sur la pointe des pieds, indiqué depuis longtemps par les frères Weber et reproduit dans tous les livres classiques, et l’on a considéré comme une erreur d’avoir vu là un levier du deuxième genre constitué par le pied et mû par le triceps sural. Il nous semble, au contraire, que cette notion ancienne est bien l'expression de la vérité. L'on peut le démontrer par les considérations mécaniques très simples suivantes : Soit le schéma ci-après (fig. 1), représentant le pied et le membre inférieur supportant le poids du corps dont le centre de gravité est à quelques centimètres au-dessus de l'articulation de la hanche. Le membre inférieur forme un tout rigide ne devant tourner que provisoi- rement autour d'aucune de ces articulations, afin que le soulèvement du talon soit transmis intégralement au tronc. Le triceps sural est seul représenté avec ses points d'insertion ; seul il se contracte et, comme tous les muscles, il tend à rapprocher ses deux points d'insertion. L'on pourra donc représenter son action par deux forces appliquées l’une au niveau de son insertion supérieure, l’autre au niveau du calcanéum, dirigées en sens inverse et suivant la longueur des fibres du muscle. Or, chacune de ces deux forces se décompose en deux; celle appli- quée au genou donnera une composante horizontale H,, dirigée perpen- diculairement à l'axe du membre, l’autre composante V,, étant verticale et dirigée suivant cet axe. La force appliquée au calcanéum donnera elle-même une composante verticale V, et une composante horizon- tale H. De ces quatre composantes ainsi déterminées, deux seront inef- ficaces, car l’une V, s’ajoutera au poids du corps, l’autre HH sera détruite par la résistance des parties osseuses. Les deux autres compo- santes V, H, vont subsister : l’une VV agissant sur le bras de levier constitué par toute la longueur du pied, va soulever le poids du corps, suivant le mécanisme du levier du deuxième genre; l’autre, la compo- 3606 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sante H,, qui naïtra en même temps que la composante efficace V par la contraction du muscle triceps, va tendre à entrainer l'axe du membre he < Mécanisme du soulévement du corps sur la pointe des pieds. et, par conséquent, le centre de gravité du corps en arrière. Or, ce centre de gravité sortira très vite de la base de sustentation très peu étendue de ce côté, et la chute du corps se produira. » SÉANCE DU 10 AVRIL 367 L'axe du corps étant parfaitement vertical, il ÿ aura donc impossi- bilité au soulèvement du poids du corps par la contraction du muscle triceps et par le mécanisme du levier de second genre ; mais cette im- possibilité ne sera pas de nature mécanique; c'est seulement parce qu il entrainerait sûrement la chute du corps en arrière que le soulè- vement ne se produira pas. Ce qui le prouve, c’esl que si l’on empéche la composante horizontale d’être efficace en lui opposant un obstacle fixe, comme l'a fait remarquer M. Richer (Physiol, artistique, p. 193), le soulèvement du corps se produira facilement. On pourra même incliner le corps en arrière, à condition d'empêcher sa chute, le soulè- vement se produira d'autant mieux. Plaçons maintenant le schéma précédent, de manière à incliner le membre et le centre de gravité du corps en avant (fig. 2), en les fai- sant légèrement tourner autour de l'articulation tibio-tarsienne ; décom- posons, comme précédemment, les deux forces qui représentent la contraction du triceps sural, nous voyons que ces deux forces donnent, comme précédemment, une composante efficace V' qui soulèvera le poids du corps par le mécanisme du levier du second genre, tandis que la force H’,, bien que de grandeur moindre, tendra toujours à le ren- verser en arrière. Mais il faut ici considérer de plus le poids du corps tout entier appliqué à son centre de gravité et représenté par une force verticale, en ce point; celte force se décompose elle-même en deux: la force F,, dirigée suivant l'axe du membre (c'est le poids à soulever) et la force F tendant à entrainer le corps en avant. Or les deux forces F et H”, sont opposées et peuvent se détruire si l’inclina- tion du corps en avant n'est ni exagérée ni insuffisante. Dans ces con- ditions, une seule subsistera, la force verticale V’ dont l'efficacité n’aura aucune conséquence sur l'équilibre du corps et qui soulèvera, par con- séquent, par le mécanisme du levier du second genre, le corps tout entier sur la pointe des pieds. Cette démonstration permet donc de considérer à nouveau comme exacte l’ancienne notion de mécanique par laquelle le poids du corps est bien soulevé sur la pointe du pied par le mécanisme du levier du second genre. [612.118.5] SÉROTHÉRAPIE IN VITRO DANS L'INTOXICATION PAR LE SANG D ANGUILLE, Note de MM. J. HéricourT et CHARLES RicHET. Dans une précédente séance, nous avons pu répéter devant les mem- bres de la Société de Biologie l'expérience de sérothérapie, qui consiste à injecter à un lapin du sérum antitoxique, et à éprouver ensuite ce lapin. par une injection du sang d'anguille. Le lapin, injecté préalablement au 308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE «— sérum de chien antitoxique, a été à peine malade quand on lui a injecté du sang d'anguille, tandis que le lapin témoin est mort en moins d’une minute. Nous pouvons donner une autre forme à cette expérience, de manière à en préciser les conditions. En effet, on peut faire deux DSOPReeES: Ou bien le sérum antitoxique agit en provoquant l'organisme à fabriquer des substances immuni- santes; ou bien il agit par la neutralisation chimique du venin, dans l'organisme, comme s’il agissait in vitro. Nous avons donc essayé de faire la neutralisation in vitro, en mélan- geant le sang d’anguille avec le sérum antitoxique. L'expérience a donné des résultats très nets. Nous ne mentionnerons que la dernière (celle du 8 avril). Du sérum d’anguille est mélangé, à la dose de 1/10 : « avec du sérum artificiel; 3 avec du sérum de chien normal; y avec du sérum de chien vacciné par injections sous-cutanées de sang d’anguille. Chacune de ces trois solutions est injectée à deux lapins. à la dose de 2 centimètres cubes par kilogramme. Les deux lapins injectés avec le liquide « meurent immédiatement; l'un en une minute et demie, l’autre en trois minutes. Les deux lapins injectés avec le liquide & sont extrêmement malades l'un meurt en quelques heures, l’autre survit. Les deux lapins injectés avec le liquide 7 sont à peine malades. Ils survivent tous les deux, presque sans avoir présenté de troubles. Il résulte de cette expérience que le sérum du chien normal possède certaines propriétés antitoxiques, à la vérité très faibles, ce qui confirme ce que nous disions en novembre 1888, lorsque nous avons parlé de la très légère, parfois négligeable, action antitoxique du sang des ani- maux normaux. Cette faible action antitoxique ne peut être attribuée à l’alcalinité du sérum; car un des liquides «x a été alcalinisé avec trois gouttes d'une solution de carbonate de soude à 10 p. 100. Nous répétons l'expérience devant vous (1). (1) L'expérience faite à la séance de la Société de Biologie a donné les résultats annoncés. Le lapin inoculé avec 2 centimètres cubes par kilogramme de la solution de sérum d’anguille au 1/10 dàans l’eau distillée a présenté, au bout de 30 secondes, des symptômes très graves. Il est tombé sur le flanc immédiatement et la respiration a cessé; elle a repris un peu, sans que l'animal pût cependant se relever, et il est mort au bout de 5 à 6 minutes. L'autre lapin, inoculé avec 2 centimètres cubes par kilogramme de ce même sérum d’anguille dilué dans du sérum antitoxique de chien, n'a présenté presque aucun symptôme. Il est aujourd'hui (14 avril) très bien portant. ES? cé | SÉANCE DU 10 AVRIL 36% * Le seul point difficile— et très difficile — de cette expérience, c’est la préparation du sérum anlitoxique, et la vaccination préalable du chien. En effet, souvent une seule inoculation de sang d’anguille à un chien ne suffit pas. Même si l’inoculation à provoqué un abcès, l’antitoxicité: du sang n’est pas certaine. Il nous a semblé que, si nous injections sous la peau du sang d’anguille complel (sérum et globules), nous n’obte- nions pas la vaccination. Il faut parfois faire trois injections succes- sives, et des injections de sérum dépourvu de globules. Enfin, il con- vient de n’attendre pas trop longtemps après l'injection pour recueillir le sérum antitoxique, et ce sérum ne doit pas séjourner trop longtemps sur les globules ; car le contact avec les globules semble avoir pour effet de diminuer sa puissance antitoxique, toutes conditions que des expé- riences répétées nous ont montrées être nécessaires. Nous considérons done comme vraisemblable, sans cependant vouloir généraliser outre mesure, que l’antitoxine agit sur la toxine comme une substance chimique neutralisante, et non en provoquant l'organisme à fabriquer l’anlitoxine, car il faudrait supposer une extrême rapidité dans la production d’'antiloxine par l’organisme de l'animal injecté. SUR LA POSSIBILITÉ DUNE INTOXICATION LENTE APRÈS INGESTION DE SOUS- NITRATE DE BISMUTIL DANS CERTAINS ÉTATS PATHOLOGIQUES DE L'ESTOMAC, par M. E. GÉérarn (de Toulouse). L'absorption par la voie stomacale des sels solubles de bismuth, l’in- jection sous la peau de sous-nitrate de bismuth amènent des phéno- mènes d'intoxication qui ont été étudiés par MM. Lebedeff, Stéphano- witsch, Feder Meyer, H. Meyer, Steinfeld, Dalché et Villejean, Balzer, etc. Les sels de bismuth employés dans les pansements antiseptiques peuvent également causer des accidents observés par MM. Dalché et Villejean, Kocher, Lucas-Championnière, Gaucher, etc. MM. Dalché et Villejean ont montré que le sous-nitrate de bismuth absorbé par la voie cutanée ou par la surface d'une plaie peut occa- sionner des phénomènes toxiques aigus imputables au bismuth lui- même et que les accidents, stomatite, néphrite, entérite, sont en rapport avec les voies d'élimination. Ces auteurs ont pu produire une intoxi- cation lente par des injections sous-cutanées de petites quantités de sous-nitrate de bismuth. Quant à l’ingestion par la voie stomacale du sous-nitrate de bismutnh, il est généralement admis que ce composé est difficilement absorbé et, par suite, est inoffensif. Certains auteurs prétendent même qu'il n’est pas attaqué par les liquides de l'estomac; cependant son absorption, si faible qu'elle soit, a été constatée par MM. Bricka, Ritter et, Dubinsky.:: BrozoGrEe. CourrEes RENDUS. — 102 SÉRIE. T. IV. 30 370 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce dernier expérimentateur a signalé notamment son. EHANHEHER par les glandes salivaires. He 4 NUE Cette innocuité du sous-nitrate de bismuth, ingéré par Fr voie stoma- cale, semble exacte quand les fonctions digestives se font normalement; j'essaierai de démontrer qu'il peut n'en être plus de même dans certains cas pathologiques, et, en particulier, dans la dyspepsie avee fermenta- tions anormales. Le suc gastrique normal ne dissout pas le sous-nitrate de bismuth ou, du moins, n’en dissout que des traces, qui sont immédia- tement précipitées à l’état d’oxychlorure de bismuth par l’acide chlor- hydrique, l’eau en excès et le chlorure de sodium de la sécrétion gas- trique. Mais j'ai remarqué que si l'on prend un liquide de l’estomac, peu riche en acide chlorhydrique et surtout, privé complètement de cet acide et renfermant de l'acide lactique, il y a dissolution d'une certaine proportion de bismuth, qui est ensuite précipité le plus souvent tota- lement, quelquefois partiellement par le sel marin. Ce dernier cas peut se produire dans certaines formes de dyspepsie avec anachlorhydrie et production d'acides organiques (acides lactique, butyrique, etc.) résul- tant de fermentations anormales. Nous verrons, en effet, que, si la pro- portion du sel marin de ce suc gastrique est en faible quantité, un peu de bismuth peut entrer en dissolution et passer dans la cireulation. Dans les principales expériences que j'ai entreprises, on a déterminé le quantum de bismuth dissous dans des solutions très étendues d'acide lactique et en employant deux sous-nitrates de bismuth du commerce provenant de maisons différentes. Voici les résultats obtenus : 1° Une solution aqueuse de 3 grammes d’acide lactique par litre, mise en contact avec 10 grammes de sous-nitrate de bismuth A, dissout 1 gr. 28 d'oxyde de bismuth (Bi°0*) pour 1000. 20 Une même solution d'acide lactique, mise en contact avec 10 grammes de sous-nitrate de bismuth B, dissout 0 gr. 333 d'oxyde de bismuth (Bi’0*) pour 14000. On remarquera que, dans le second essai, la proportion de bismuth dissous est plus faible que dans le premier; ce fait lient à ce que le sous- nitrate de bismuth B renferme du carbonate de chaux qui sature par- tiellement l’acide lactique. Dans une autre série d'expériences, on a déterminé la quantité de bismuth pouvant entrer en dissolution dans un liquide contenant à la fois de l'acide lactique et des proportions variables de sel marin. Expériences effectuées avec le sous-nitrate de bismuth A. I. — Une solution aqueuse renfermant 2 gr. 79 d’acide lactique et 2 gr. 50 de chlorure de sodium par litre dissout 0 gr. 013 d’oxyde de bismuth (Bi°0:) par litre. I. — Une solution aqueuse de 2 gr. 25 d'acide lactique et de 2 grammes de chlorure de sodium par litre dissout seulement des traces de bismuth. SÉANCE DU 10 AVRIL 3714 III. — Une solution aqueuse de 3 grammes d'acide lactique et de 10 grammes de chlorure de sodium par litre, ne renferme pas de bismuth en dissolution. Si, dans les essais précédents, on remplace le sous-nitrate de bismuth À par le sous-nitrate de bismuth B, renfermant du carbonate de chaux, il n’y à pas de bismuth dissous. Enfin, on à fait agir sur le sous-nitrate de bismuth A, les sucs gas- triques de deux malades soumis au régime du repas d'épreuve d'Ewald. Os. I. — Liquide de l'estomac d'un malade atteint de dyspepsie, avec dila- tation de l'estomac (service de M. le professeur Caubet, de Toulouse). Pas d'acide chlorhydrique libre, présence d'acide lactique et d'acide buty- rique. Ce suc gastrique dissout par litre 0 gr. 071 d'oxyde de bismuth(Bi*0*). Ogs. IL. — Liquide de l'estomac d’un malade présentant des stigmates d'hystérie (service de M. le professeur Mossé, de Toulouse). Pas d'acide culorhydrique libre. Présence d'acide lactique. Acidité totale, exprimée en acide lactique . . . 3 gr. 18 p. 1000. Ghloeuse-de;sadiums: et) meet nesEne 5 gr. 40 — Ce suc gastrique dissout par litre 0 gr. 016 d'oxyde de bismuth. Je dois ajouter que l’on a essayé l’action dissolvante, vis-à-vis du sous-nitrate de bismuth À, d’autres sucs gastriques renfermant à la fois de l’acide chlorhydrique libre, des acides lactique et butyrique et des quantités assez élevées de chlorure de sodium, mais que la propor- tion de bismuth dissous, a été tantôt nulle, tantôt à peine sensible. Que doit-on conclure de ces diverses expériences? C’est que le sous- nitrate de bismuth se dissout dans des solutions étendues d'acide lactique et faites dans des proportions semblables à celles que l’on rencontre dans certains sucs gastriques renfermant les produits des fermentations anormales de l'estomac. Le bismuth ainsi dissous, à l'état de lactate de bismuth, est généra- lement précipité par le chlorure de sodium de la sécrétion gastrique à l’état d'oxychlorure de bismuth, d’après le fait général et connu résul- tant de l’action du sel marin sur les sels solubles de bismuth. Mais, dans certaines circonstances, cette précipitation peut, comme dans nos expériences, être incomplète; du bismuth peut entrer en dissolution, être absorbé et produire des phénomènes d'intoxication lente, et cela, dans quelques formes de dyspepsie avec fermentations secondaires. Si on observe rarement de semblables intoxications, peut-être faut-il l’attribuer à la présence du carbonate de chaux dans certains sous- nitrates de bismuth du commerce. À ce propos, je me propose de faire connaitre, en collaboration avec M. le D' Daunic, quelques faits d’expérimentation qui feront l'objet d’une note ultérieure. 32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES SUR L'ORIGINE, LE RÔLE ET LA STRUCTURE DU CORPUSCULE CENTRAL, par M. R. D'ERLANGER. La question du corpuseule central ou centrosome, les deux noms désignent la même chose, est devenue tellement vaste, et de plus elle est si intimement liée à celles de la structure du protoplasme et de la division de la cellule, que je ne pourrai traiter que très brièvement quelques points qui me paraissent les plus importants et montrer quelques photographies à l'appui des faits exposés. Si l’on admet que le corpuscule central est un organe permanent de la cellule métazoaire, et c’est l'opinion qui tend à prévaloir de plus en plus, il y a trois possibilités quant à son origine : ou le centrosome pro- vient de l'œuf même, ou bien du spermatozoïde, ou enfin il résulte de l'union du centrosome de l'œuf avec celui du spermatozoïde. Presque toutes les recherches faites à ce sujet dans ces dernières années ont donné les mêmes résultats, à savoir que les corpuscules centraux ou polaires du premier fuseau de segmentation proviennent du corpuseule central contenu dans le segment intermédiaire (Mittelstück des Alle- mands) du spermatozoïde. Mes recherches sur l’origine du corpuscule central, qui ont porté sur l’œuf de l’Ascaride du cheval, sur celui de deux espèces de Rhabditides, sur l'œuf du Sphærechinus granularis, de l'Asterias glacialis et du Macrobiotus macronyx, m’ont amené à la même conclusion. La théorie de Fol, connue sous le nom un peu sensationnel de « quadrille des centres », doit donc être rejetée, ainsi que celle de Wheeler, d’après lequel les corpuscules centraux du premier fuseau de segmentation de l'œuf de Myzostoma proviendraient du centrosome de l’œuf, ou pour mieux préciser de celui de l’ovocyte de premier ordre. J'ai constaté de plus, dans tous les objets énumérés ci-dessus, que les fuseaux de direction sont pourvus de centrosomes, dont la forme varie suivant celle du fuseau. Ainsi chez les Nématodes les corpuscules cen- traux des fuseaux directeurs en forme de tonnelet, se présentent sous forme de disques aplatis perpendiculairement à l'axe du fuseau. Dans l'œuf du Tardigrade Macrobiotus macronyx, le grand axe du premier fuseau directeur est d’abord presque aussi long que le grand axe de l'œuf même, puis il se raccourcit en se rapprochant d’un pôle de l'œuf, etles corpuscules centraux, d’abord sphériques, s’aplatissent et finissent par avoir la forme de disques, tandis que le fuseau, au moment de la formation du premier globule polaire, a la forme d'une gerbe. Dans l'œuf de l’Ascuris megalocephala, l'on trouve parfois, à côté du pronucleus femelle en voie de formation, un corpuscule.central sphérique qui dégé- nère avant la division du corpuscule central fourni par le spermatozoïde. Dans l’œuf d'Echinoderme, l’on trouve quelquefois auprès du pronucleus SÉANCE DU 10 AVRIL 313 femelle, du côté opposé à celui qu'occupe le corpuseule central pré- cédant le pronucleus mäle, des corpuscules centraux réunis par un filament et qui proviennent du pôle interne du second fuseau directeur. Ces corpuscules centraux du pôle interne du second fuseau directeur dégénèrent également, mais il est fort probable que leur présence a induit Fol en erreur. Le corpuscule central apporté par le spermatozoïde se divise à une période extrêmement variable, souvent à une distance assez considérable du pronucleus mâle, quelquefois tout près du pronu- cleus femelle. C’est à cette dernière circonstance que j'attribue la manière de voir de Wheeler, qui se trouve en contradiction absolue avec les résultats auxquels sont arrivés tous les auteurs qui ont étudié la fécondation chez les Métazoaires dans ces derniers temps. L’œuf de l’Ascaris megalocephala, dont les centrosomes sont extrême- ment volumineux, est l'objet le plus favorable que j'aie rencontré jus- qu'à présent. II est facile de constater ici que les dimensions du corpusecule central varient suivant les phases de la division de la cel- lule. Le corpuscule central spermalique est situé entre la tête et la partie caudale contenant le corps réfringent. Après la pénétration du spermatozoïde dans l'œuf, le corps réfringent, ainsi que la couche alvéolaire qui l'entoure, disparaissent par absorption dans le proto- plasma de l'œuf, pendant que le spermatozoïde se dirige vers le centre de l’œuf. Arrivé là, il se produit une désintégralion de la tête du sper- matozoïde, en sorte que les granulations constituant les points nodaux des alvéoles protoplasmiques deviennent libres, tout en entourant le pronucleus mâle en voie de formation. Cet amas de granulations occu- pant le centre de l'œuf, a été confondu par Poveri avec la sphère attrac- tive, je l’appellerai zone de détritus. Le pronucleus mäàle reste encore quelque temps engagé par moitié dans un corps présentant la forme d'une calotte, qui répond au segment intermédiaire du spermatozoïde. Cependant le corpuscule central devient libre et s'éloigne du pronu- cleus mâle et de la zone de détritus. Il est d'abord nu, c’est-à-dire qu’il n’est pas encore entouré d’un protoplasme présentant un arrange- ment spécial de ses alvéoles, de plus, le corpuseule central ne montre encore aucune relation avec les pronuclei. Bientôt le corpuscule central se place entre les pronuclei qui sont venus s’accoler l’un à l’autre, de manière à occuper l’espace libre entre les pronuelei qui se touchent sur une surface plus ou moins considérable. Le corpuscule central est tou- Jours situé entre les pronuclei conjugés et la surface de l'œuf; de plus, on constate qu'il a diminué sensiblement de volume. Le plus souvent la division du corpuscule central ne s'effectue que quand il est venu oceu- per la position que je viens de décrire, cependant elle peut quelquefois avoir lieu plus tôt, même avant que le centrosome ne soit sorti de la zone de détritus. 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CAUSES DE LA DIMINUTION DE RÉSISTANCE DES CARNASSIERS AU CHARBON (1), par M. C. Paisarix. D'après G. Colin (2), « tous les animaux carnassiers paraissent aussi complètement réfractaires que le chien à l’inoculation du charbon par les voies digestives. Tous les jours on voit ceux des ménageries se repaître de viande charbonneuse; les Carnassiers du Muséum nous répètent à tout instant l'expérience, car, parmi les viandes saisies dont ils se nourrissent, il en est assez souvent qui proviennent d'animaux charbonneux, comme j'en ai eu plusieurs fois la preuve ». Ainsi énoncée, cette proposition est trop absolue. J’ai eu l’occasion, depuis deux ans, de voir trois fauves mourir à la suite d’ingestion de viandes charbon- neuses. Il est probable que ce n'était pas la première fois que ces animaux mangeaient de la viande charbonneuse, et comme ils ont succombé au charbon, j'ai cherché à élucider les causes qui avaient pu ainsi faire cesser brusquement leur immunité. Déjà plusieurs expérimentateurs (OEmler, Toussaint, Nocard, etc.) ont observé des cas de mort par infection charbonneuse ou provoqué expérimentalement cette infection chez des animaux réfractaires. Mais la cause de ces variations était restée obscure. Ce sont les expériences de M. Chauveau sur le Mouton barbarin qui ont élucidé la question. Si l'on augmente suffisamment la quantité des agents virulents introduits dans l’économie, on peut triompher de la résistance de l'organisme. C'est ainsi que le Mouton algérien, qui, dans les conditions ordinaires, ne prend pas le charbon, succombe à une injection hypodermique assez copieuse de culture virulente. L'immunité naturelle de certains animaux pour les virus aussi bien que pour les poisons ou les venins est toute relative : elle n'existe que pour les doses ordinaires capables de tuer les animaux sensibles. Si on dépasse suffisamment ces doses, l'immunité disparaît et les animaux succombent. Mais il y a un autre moyen de triompher de l’immunité des animaux, c’est de diminuer leur résistance vitale. C’est ainsi que la poule, ordinaiï- rement réfractaire au charbon, le prend si on vient à la refroidir. Cette expérience de Pasteur et beaucoup d’autres analogues, montre que des animaux affaiblis par une cause perturbatrice sont incapables de résister à une infection habituellement inoffensive. C’est dans cet ordre d'idées qu'il faut chercher la mort de nos Carnassiers. Leur histoire va nous montrer que l'infection charbonneuse a bien été provoquée par une affection prédisposante. (1) J'adresse tous mes remerciements à MM. Milne-Edwards et Filhol, qui ont bien voulu faciliter mes recherches. (2) G. Colin. C. R. de l'Ac. des Sc., 1869, t. LX VIE, p. 135. $ d SÉANCE DU 10 AVRIL 315 En 1895, le 18 février, mourut à la Ménagerie du Muséum un Felis onça (vulgô Panthère blanche). Arrivé du Turkestan le 20 octobre 1894, cet animal s’était progressivement affaibli : sous l'influence du froid particulièrement rigoureux cette année-là, il avait contracté une bronchite et on pouvait vraisembla- blement attribuer la mort à l'affection des voies respiraloires. Averti trop tard, je n’ai pu examiner les viscères qui étaient déjà enlevés, mais j'ai fait des cultures avec des parcelles de chair prises dans l’épaisseur des muscles du pied. Ces cultures ont donné une prolifération aboudante de filaments charbonneux d’une grande virulence. La mort était donc bien due à la bacté- ridie charbonneuse, et la bronchite n'avait été que la cause occasionnelle de l'infection. Les deux autres fauves morts tout récemment du charbon, sont deux Guépards, mâle et femelle (Cynælurus jubatus), arrivés à la ménagerie le 4 août 1896. Ils ont succombé successivement à 48 heures d'intervalle, sans autres symptômes que des efforts de vomissement. J'ai pu en faire l’autopsie à peu près complète. La rate est volumineuse, particulièrement chez l’un d'eux; les ganglions mésentériques sont gros et rouges. La muqueuse stoma- cale et intestinale est très enflammée. En outre, la muqueuse trachéale. est très rouge, vascularisée et recouverte de mucosités. Les replis épiglottiques sont œdématiés. On trouve des mucosités purulentes dans l’arrière-cavité des fosses nasales. Les poumons ne semblent pas malades. Les ensemencements sur agar de la rate et des ganglions mésentériques ont donné des cultures de charbon caractéristiques. Ces animaux sont restés très gras. Comme beaucoup d’autres carnassiers ont été nourris en même temps avec la même viande et n’ont pas été malades, on peut se demander si ces espèces auraient pour le charbon une plus grande réceptivité, ou si, au contraire, ils y avaient été prédisposés par l’inflammation des pre- mières voies respiratoires. Cette dernière hypothèse me semble plus vraisemblable et je puis apporter à l'appui une expérience de labora- toire. Ayant inoculé à la cuisse deux chiens et deux chats avec une même dose d’une même culture charbonneuse, je constatai dès le lendemain chez les premiers un œdème énorme avec fièvre et inappétence. Puis les symptômes s’'amendèrent bientôt et tout rentra dans l’ordre. Chez les chats, il n’y eut pas le moindre gonflement, mais les animaux ne mangèrent pas pendant un jour ou deux. Un de ces chats qui, avant l'inoculation, éternuait et toussait, sans cependant paraître en souffrir beaucoup, tombe très malade au bout de six jours. Il ne se tient plus debout, chancelle quand il essaie de marcher et retombe sur le flanc. — Difficulté très grande de respirer, râles sibilants à l’auscultation. — Miaulements plaintifs. — La mort arrive le 7€ jour. A l’au- topsie, on trouve au point d’inoculation, une infiltration hémorrhagique avec commencement de mortification. Les ganglions de l’aine sont tuméfiés. Le poumon droit est très congestionné, à la coupe il sort des mucosités épaisses. La trachée et le larynx sont très congestionnés et remplis d'un mucus vis- queux, grisâtre. Le sang est noir, les globules agglutinés et il y a de nombreux 316 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bacilles charbonneux. Les cultures du sang, de l'ædème, des ganglions ont fourni un charbon virulent. Les cultures des mucosités trachéales ont donné le Bacille pyocyanique avec tous ses caractères de couleur et d’odeur. Puisque les animaux inoculés en même temps et dans les mêmes conditions n’ont pas succombé au charbon, il est légitime d’attribuer la cause de la mort de ce chat à la Bronchite pyocyanique dont il était atteint et qui a favorisé l'infection charbonneuse. On sait que, dans le cours d’une épidémie, ce sont les individus affaiblis par une cause quelconque, qui sont plus spécialement atleints. Pour lutter contre les microbes ou leurs toxines, l'organisme met en jeu le fonctionnement des tissus qui ont la propriété de sécréter des substances bactéricides ou antitoxiques. On comprend que si la fonction est troublée par une maladie intercurrente, ou par une cause d’affai- blissement antérieure, l'infection puisse se développer plus facilement. Cela est si vrai, que chez des animaux réfractaires un trouble physiolo- gique, même léger, diminue la résistance : ces animaux se trouvent alors dans les mêmes conditions que les animaux sensibles. Chez les animaux réfractaires comme chez les animaux sensibles, c’est probablement le même mécanisme qui provoque les réactions défensives. Seulement chez les premiers, il fonctionne d’une manière beaucoup plus active, surtout au moment même de l'infection. Ce n'est pas tant à la préexistence dans le sang de substances antagonistes qu'à leur augmentation brusque et rapide sous l'influence des microbes qu'est due la protection de l’orga- nisme. Aussi la quantité plus ou moins grande de substances bactéri- cides dans le sang des animaux réfractaires, leur absence même, ne me semble pas pouvoir être invoquée comme un argument péremptoire contre une explication humorale de l’immunité. VACANCES DE LA SOCIÉTÉ Conformément à l'article 2 du Règlement, et sur l'avis de la Société, les séances de la Société de Biologie seront suspendues pendant le temps des vacances de Pâques, et la séance prochaine aura lieu le samedi 1° mai. Le Gérant : G. MAssonw. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARKTHEUX, directeur, 1, rue Cassette 311 SÉANCE DU |“ MAI 1897 M. Hawrior : Sur la non-identité des lipases d’origine différente. — M. ALrreb Gran : Sur l’autotomie parasitaire et ses rapports avec l’autotomie gonophorique et la schizogonie. — M. Louis Lécer : Le cycle évolutif des Coccidies chez les Arthro- podes. — M. Au. Micuez : Recherches sur la régénération chez les Annélides. IL. Régénération céphalique. III. Scissiparité artificielle. IV. Vitesse de régénéra- tion. — M. le DrG. Lemoine : De l’action du bleu de méthylène sur l’albuminurie. — M. Cu. FÉRÉ : Note sur l'influence de lésions cérébrales sur la forme des accès d’épilepsie préexistante. — M. C. FéRé : Note sur la suspension de l’évolution de l'embryon de poulet sous l'influence du chloroforme. — M.le Dr PauL GIB1Er : Description d'un procédé permettant d'obtenir une toxine diphtérique extra-toxique. _— M. G. Linossxer : Note sur la digestion pancréatique chez les hyperchlorhy- driques. — M. J.-V. Lasonpe : Note de M. Camus à propos des observations de M. Dastre. — MM. DEJERINE et A. Taomas : Sur l'absence d’altération des cellules nerveuses de la moelle épinière dans un cas de paralysie alcoolique en voie d’amé- lioration. — M. Em. BourquEeLor : Remarques sur les matières oxydantes que l’on peut rencontrer chez les êtres vivants. — MM. A. Gizserr et M. GARNIER : Du souffle chlorotique de la veine cave supérieure et des troncs brachio-céphaliques. — M. G. Weiss : Sur l'architecture des muscles. — MM. A. Sourté et P. VERDUN : Sur les’ premiers stades du développement de la thyroïde médiane. — M. Arezais : De l'urine du cobaye, — MM. L. Guiarn et F. Dumaresr : Note sur la détermina- tion de la toxicité du sérum sanguin. Technique et résultats. — MM. L. Gurvarp et F. Dumarest : Atténuation spontanée de la toxicité des sérums normaux et patho- logiques. — M. Réxon : Action du coli-bacille sur le bacille virgule. — M. L,. . MANGIN : Sur un nouveau réactif de la cellulose. — M. A. PéRowN.: Tentatives d’'immunisation du cobaye contre les effets des bacilles tuberculeux humains tués. — M. Louis LaPiCQuE : Sur l'histoire de la sidérose viscérale et des pigments fer- rugineux. — M. le Dr P.-L. Simonp : Recherches sur les formes de reproduction asporulée dans le genre Coccidium. — M. E. LeccaINcae : Sur la sérothérapie du rouget du porc. — M. le Dr Henrt Morerowe : Nouvel uréomètre à eau. Présidence de M. Ch. Bouchard, président. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE j M. Grarp fait hommage à la Société du Rapport de M. Perraud sur les expériences pour le traitement du Plack-Rot, en Beaujolais, en 1896. [612.397.2] SUR LA NON-IDENTITÉ DES LIPASES D'ORIGINE DIFFÉRENTE, par M. Hanrior. (Communication faite dans la séance du 3 avril.) Dans une communication antérieure (Bull. Société de Biologie), j'ai annoncé que la lipase que l’on trouve dans le sang ne devait pas pro- venir du pancréas, en me fondant sur ce fait que l’ablation de cette glande ne modifie pas sensiblement la quantité de ce ferment qui existe dans le sang. :Cette expérience ne suffit pas pour donner une BioLoG1E. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. T. IV. 31 378 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE démonstration complète : en effet, il est difficile d’extirper complète- ment la glande, et les moindres fragments oubliés pourraient suffire à reproduire la lipase. Celle-ci peut, en outre, ne se renouveler que fort lentement dans le sang, de façon que, pendant la survie toujours assez courte des animaux opérés, on pourrait n'observer que des variations insignifiantes de la lipase du sang, sans que cela suffise pour infirmer l'origine pancréatique de cette lipase. J'ai donc repris la question d’une façon différente etje vais montrer dans la présente note que la lipase du sang est différente de celle du pancréas. J'ai préparé deux solutions, l’une de sérum, l’autre de sue pancréatique ayant la même activité en milieu alcalin, c'est-à-dire telles que toutes deux neutralisent dans le même temps une même quantité de carbonate de soude en présence de monobutyrine. Si l’on admet que le ferment est le même dans le sérum et dans le suc pan- créatique, on doit dire que ces deux solutions en renferment la même quantité. Ces solutions sont alors abandonnées pendant vingt minutes, puis on détermine les quantités d'acide butyrique formé; on constate alors qu'il y en a environ deux fois plus avec le sérum qu'avec le suc pancréatique. Voici donc un premier caractère différentiel entre ces deux ferments: la sérolipase agit encore énergiquement en milieu acide, tandis que la pancréalicolipase a son action très ralentie dès que la liqueur devient acide. Voici le détail des expériences : Suc pancréatique. Sérum. Activité en milieu alcalin (05,2 delCONatpantitre) Eee 23 22 Activité en milieu acide. . . . 9 16 J'ai pu encore différencier ces deux ferments d'une autre façon. Si l’on prépare une solution de suc pancréatique, ayant la même acti- vité que le sérum à la température de 15 degrés, on constate que l’ac- tivité de ces solutions devient différente quand la température change. Suc pancréatique. Sérum. ASASATeRTÉS EMEA AN CE NE 10 11 D LUE PR eo te 10 45 AS NE TEE SN Er RCI OC 11 24 Ici encore, les changements d'activité de ces solutions à des tempé- ratures variables, suffisent pour différencier ces deux ferments. Il est, du reste, intéressant de noter combien la pancréaticolipase conserve la même activité dans des limites de température étendues. Une dernière différence entre ces deux ferments réside dans la sta- bilité de la sérolipase qui se maintient inaltérée pendant des mois, . SÉANCE DU 1° MAI 319 ne que la lipase pancréatique se At à au bout de ineqnes jours mais ici on pourrait vraisemblablement ineriminer les autres ferments du pancréas dont l’action hydratante peut détruire la lipase. J'ai comparé de même, au point de vue de l'identité de leurs lipases, le sérum de sang de cheval et le sérum d’anguille. Ce dernier est remar- quablement riche en lipase : son activité est environ cinq fois celle du sérum de cheval qui était lui-même le sérum le plus actif que j'aie rencontré. Or, en milieu alcalin ou par une élévation de température, l’activité de ce sérum augmente à peu près proporlionnellement à celle : -du sérum du cheval. : Anguille. Cheval. Rapport. A5 degrés (milieu acide). + : 515,0, 37 22 1.68 À 45 — (milieu alcalin, 15,5 CO*Na’ PADOTO) RS PP Re CT A 116 74 4 O7 A 30 desréstinileu acide) #7 7200 u 29 1.69 Le : sang d’anguille paraît donc renfermer la même lipase que le sang «de cheval, seulement en quantité beaucoup plus grande. Avant constaté dans les expériences précédentes l'influence considé- rable sur l’activité de la lipase exercée par l’alcalinité plus ou moins -grande de la liqueur, j'ai cherché à préciser cette action pour le sérum -de cheval sur lequel ont porté mes premières recherches. J'opérais de la facon suivante : à des mélanges identiques de sérum (1 centimètre cube), de monobutyrine et d’eau (10 centimètres cubes), j'ajoutais un excès variable de carbonate de sodium (0 à 0 gr. 02), puis au bout de 20 minutes, je déterminais la quantité de butyrine saponifiée, -en saturant exactement l'excès d’acide ou d’alecali. Voici les chiffres obtenus dans l’une de ces expériences : Excès de CO'Na* (en milli- SEAMMES) MAN CINQ O PADURE A CROSS TOM STE 0 Activité de la lipase. . . . 22 33 40 44 46 52 "4 86 On voit combien l’activité de la lipase varie avec l’alcalinité, puis- qu'elle est susceptible de devenir quatre fois plus forte par addition d’une quantité de carbonate de sodium de 2 grammes par litre. J’ajouterai que le sang renferme une petite quantité d’un ferment solubilisant les matières albuminoïdes. Ce ferment que je cherche actuel- lement à isoler et à caractériser, n’agit pas en milieu acide, et son activité augmente avec l’alcalinité du liquide. Nous devons donc envisager la désassimilation comme une digestion interne en milieu alcalin. On voit par ce qui précède que les plus petites variations d’alcalinité du sang auront pour effet de modifier profondément les phénomènes de dénutrition. C’est vraisemblablement aussi de cette façon qu'agissent les bicarbonates alcalins donnés dans un but thérapeutique ; mais ici le phénomène est plus complexe. 380 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Administrés, en effet, par voie stomacale, les alcalins favorisent la digestion pancréatique, c’est-à-dire l'assimilation des graisses ; une fois absorbés et passés dans le sang, ils doivent au contraire en activer la désassimilation. Dans les conditions ordinaires, ces deux actions in- verses se compensent à peu près; mais on peut espérer, en administrant le bicarbonate par une autre voie, pouvoir activer exclusivement les phénomènes de désassimilation. SUR L'AUTOTOMIE PARASITAIRE ET SES RAPPORTS AVEC L'AUTOTOMIE GONOPHORIQUE ET LA SCHIZOGONIE, par M. ALFRED GIARD. Il y a quelques années, dans les conclusions d’un remarquable article sur l’autotomie chez les Etoiles de mer, M. le professeur L. Frédéricq refusait de considérer comme un phénomène comparable à ces mutilations réflexes, la séparation des proglottis murs chez un ver Cestode ou l'amputation du bras hectocotylisé des Céphalopodes. « Il faut, disait-il, réserver la dénomination d’autotomie aux cas de mutila- tion active survenant par cause accidentelle, c’est-à-dire à l’occasion d'une action vulnérante extérieure (1). » J'ai dès cette époque protesté contre une limitation aussi étroite du processus autotomique envisagé dans toute la série animale, et j'ai montré comment, à mon avis, l'autotomie gonophorique ou schizogonique se rattachait, par des intermédiaires nombreux, à l’autotomie purement défensive (2). Depuis, des faits nouveaux sont venus corroborer notre manière de voir et nous ont révélé en outre des rapports intéressants entre l’action des parasites et la schizogonie. Certains Crustacés Copépodes, les Mons inidue, après avoir parcouru les premières phases de leur développement à l’intérieur du corps de diverses Annélides, deviennent libres à l’état adulte en rompant la paroi du corps de leur hôte et déterminent ainsi l’amputation d’une partié plus ou moins considérable de ce dernier (3). Or il est remarquable que les Annélides parasitées par les Monstrillides appartiennent à des groupes chez lesquels la régénération se fait très facilement et même (1) Léon Frédéricq. L'autotomie chez les Etoiles de mer. Revue scientifique, 7 mai 1887, p. 591-592. (2) A. Giard. L’autotomie dans la série animale. Revue scientifique, 14 mai 1887, p. 623-630. (3) A. Giard. Sur le parasitisme placentaire des Monstrillidae. C. R. de séances de la Société de Biologie, 6 février 1897. SÉANCE DU 1° MAI 381 plus spécialement à des genres chez lesquels la schizogonie est devenue un processus normal de reproduction non observé chez les genres voisins. Tel est le cas des Sa/macina et des Filograna chez les Ser- puliens. Les amputations déterminées par les Monstrillidae sont certainement dues à une action vulnérante interne; mais on peut objecter que cette action est trop énergique pour que la rupture des téguments de l'hôte _ soit attribuable uniquement à l’autotomie et qu'il s’agit ici d’une muti- lation brutale analogue à celle produite par n'importe quel ennemi extérieur. ; Il n’en est plus de même dans le cas suivant dont l'observation est due à E. von Marenzeller (1). Chez deux Etoiles de mer des profondeurs, Asterias richardi E. Perr. et Stolasterias neglecta E. Perr., on trouve un Myzostome de grande taille (W. asteriae Marz) qui se loge dans une expansion galloïde défor- mante des cæcums gastriques. Le parasite pénètre à l’état larvaire dans le tube digestif de son hôte où il demeure quelque temps inoffensif ; mais, en grandissant, il produit une excitation telle que le bras infecté s’autotomise. Cette autotomie se renouvelle même si fréquemment (parfois sur plusieurs bras simultanément) qu'elle a été prise pour un mode spécial de reproduction gemmipare chez À. richardi. Chose remarquable, à l’état jeune À richardi possède généralement six bras (le plus souvent inégaux à cause des régénérations), tandis qu’à l’état adulte cette Etoile n’a plus que les cinq bras typiques. Nous trouvons donciciune nouvelle confirmation de la loi de Lessona sur l'augmentation de la puissance régénératrice en raison de la fré- quence avec laquelle elle s'exerce (2). Comme on le voit, pour ces cas d’autotomie d'origine parasitaire, (1) Marenzeller. Zoologische Ergebnisse. V. Denksch. der math. naturw. Akad. Wien, LXIIT, 1895, p. 134-136, et Akad. Anz. Nr., XVIIL. (2) M. Lessona. Sulla riproduzione delle parti in molti Animali. Atti Soc. Jéal. Sc. nat., vol XI, p. 493, Milano, 1868. En citant la loi de Lessona dans son livre sur l’hérédité, Y. Delage prétend que l’illustre naturaliste italien explique cette loi par la prévoyance de la nature. Camerano a justement relevé cette assertion erronée. « On voit clairement, dit-il, que Y. Delage n'a pas lu le travail de Lessona ou, que s’il l’a lu, il n’y a rien compris » (0 non ha letto il lavoro del Lessona o, se lo ha letto, non l’ha menomamente capilo). Lessona n’a jamais pensé à faire intervenir la prévoyance de la nature dans son explication du phénomène en question. Il a dit seulement que le phénomène de la régé- nération des parties, entendu comme il croyait devoir l'entendre, pouvait être expliqué aussi bien par ceux qui soutiennent la prévoyance de la nature que par ceux qui font intervenir l'adaptation aux conditions d’existence, et il se range courageusement parmi ces derniers. Camerano, La Vita di M. Les- sona. Acad. R. di Torino (2), XLV, 1896, p. 364. 382 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'excitation déterminée par le parasite entraîne absolument les mêmes. conséquences que l'excitation due aux produits génitaux dans les cas: d’autotomie gonophorique (proglottis, hectocotyle, stolons génitaux des Syllidiens, ete.). Il semble donc légitime de conclure : 1° Que l’autotomie défensive peut être causée par un | parasite agis-. sant comme stimulus interne tout aussi bien que par une action vulné- rante extérieure. 2 Que l’autotomie d'origine parasitaire, en mettant plus fréquemment en jeu les facultés régénératrices de l’hôte infesté, détermine chez. celui-ci des phénomènes de gemmiparité qui, tératologiques ou tout au moins exceptionnels dans le début, peuvent devenir normaux et se pro- duire en l’absence du parasite. 3° Qu'on peut expliquer ainsi la persistance de la gemmiparité chez. certaines espèces appartenant à des groupes dans lesquels la repro-- duction asexuée n'existe plus ou existe seulement i une façon acciden- telle. Il convient d’ajouter que, par suite d’une adaptation due sans doute à. une longue sélection, les régénérations qui suivent l’autotomie se font généralement d’une manière beaucoup plus normale que celles qu'on provoque par une amputation expérimentale. C'est ainsi que si on con- sidère un certain nombre de Lézards à queue autotomisée el un même nombre de ces animaux chez lesquels l'appendice a été sectionné expé-- rimentalement, ces derniers donneront, après régénération, une pro- portion beaucoup plus grande de queues bifurquées. La section, dans les cas d’autotomie, est faite évidemment avec une: régularité et une symétrie que nous ne pouvons obtenir dans les ampu- tations artificielles. La même chose a lieu chez les Annélides et chez les. Astéries : les régénérations tératologiques sont très fréquentes chez les. Asterias rubens, espèce qui s’autotomise difficilement et subit cependant de nombreux traumatismes accidentels; elles sont très rares, au con- traire, chez les Ophiures et les Asterias tels que À. richardi, chez les-- quels l’autotomie est devenue la règle. LE CYCLE ÉVOLUTIF DES COCCIDIES CHEZ LES ARTHROPODES. Note de M. Louis LÉGER, présentée par M. À. Granp. Au cours de mes recherches sur les Sporozoaires des Arthropodes, j'ai été à même d'observer un certain nombre de nouvelles Coccidies- dont l’étude du cycle évolutif me paraît renfermer un enseignement des. plus intéressants, concernant la connaissance de l’évolution générale de ce groupe de parasites. SÉANCE DU 1À° MAI 383 1° Myriapodes. — J'ai signalé récemment, chez les Chilopodes, la présence assez fréquente de Coccidies du genre Coccidium, c’est-à-dire présentant un kyste durable qui renferme à maturité quatre spores dizoïques et coexistant dans ces hôtes, avec des Coccidies à développement d'Eimeria. Voici les différents états sous lesquels on rencontre ces formes parasitaires, par exemple dans l'Himantarium Gabrielis, où j'ai pu en observer de grandes quantités. En examinant simplement, dans le liquide digestif même, le contenu intestinal de ce Myriapode, après avoir raclé très légèrement la surface épi- théliale de l'intestin, on trouve, outre une nouvelle Grégarine qui sera pro- chainement décrite : 1° Des kystes d’'Eimeria en voie de développement et mûrs, renfermant de nombreux sporozoïtes régulièrement disposés en méridiens et enveloppés d’une paroi extrêmement frêle, souvent déjà disparue; 20 Des sporozoîtes libres très actifs, que l’on voit se détacher des bouquets précédents et se mouvoir vivement dans le liquide ; 3° Des formes intra-cellulaires dans lesquelles on trouve absolument toutes. les formes de transition entre les sporozoïtes précédents et la forme encap- sulée qui marque la fin de la phase d’accroissement ; 4° Des formes encapsulées, sphériques, libres ou encore intra-cellulaires, et montrant déjà la division de leur contenu en quatre masses granuleuses ; 50 Enfin ces mêmes kystes mûrs avec quatre spores ovalaires renfermant chacune deux sporozoites. En présence de ces différents éléments, on ne peut s'empêcher, même malgré soi, de rattacher le sporozoïte libre à la forme encapsulée, car les figures qu’on a sous les yeux nous font assister à toutes les phases de cette évolution. Sans m'arrêter à cette conception, pourtant si évidente au premier abord, j'ai examiné avec le plus grand soin, et à de nombreuses reprises, les excré- ments d’un Himantarium reconnu plus tard comme infesté des parasites pré- cédents; je n’ai jamais rencontré d’autres kystes que ceux des Coccidium, qui puissent être considérés comme propageant les Eimeria. Quant aux spo- rozoïtes mêmes d’Eimeria, ils meurent rapidement dans l’eau. La forme kystique d'Eimeria, qu’on trouve dans le tube digestif, est donc non seulement incapable de supporter le milieu extérieur, mais elle n'y arrive même pas, et, par conséquent, ne saurait propager le parasite d’un individu à un autre. Dans les Himantarium, où les sporozoïtes libres pullulent, les formes encap- sulées pullulent ; si les premiers sont peu fréquents, les seconds le sont éga- lement ; enfin si les Eimeria manquent, les Coccidium manquent presque toujours. Toutefois, il convient de remarquer qu'on rencontre parfois des Coccidium, ordinairement alors peu nombreux, sans trouver d’Eïimeria. Il y a pour cela, je crois, deux raisons : 4° si les Coccidium sont rares, les Eimeria le sont également et peuvent facilement passer inapercus à cause de leur petite taille et leur parfaite transparence; 2° à la fin du cycle évolutif, s’il n'y à pas eu de nouvelle infection, les Coccidium, formes durables, per- sistent longtemps et mürissent dans la paroi intestinale, tandis que les Eïimeria, forme passagère, ont déjà disparu. C'est ce qui se passe chez les Echinocardium, où M. Giard a découvert depuis longtemps les kystes d'une Grégarine restée longtemps introuvable. Ces observations montrent manifestement une étroite relation entre les 384 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bouquets d'Eimeria et les kystes tétrasporés de l'Himantarium ; toutefois, dans la crainte de me trouver encore ici en présence de coïncidences fortuites, je me suis adressé à d'autres espèces de Myriapodes. J'ai constaté également la coexistence des deux formes dans le Himato- gaster gracilis, dans les Lithobius castaneus et forcipatus, mais c’est surtout chez Lithobius Martini que les faits deviennent particulièrement instructifs. Chez certains individus, il y a un Coccidium à kystes tétrasporés de 30 à 32u de diamètre qui pullule dans la portion terminale de l'intestin et en même temps des bouquets d'Eimeria à sporozoiïtes assez petits mesurant 30 & environ; tandis que chez d’autres on rencontre seulement, et surtout daus la portion antérieure de l'intestin, une grande Coccidie de forme allongée comme un Monocystis, donnant des kystes ovales d'environ 70 u et dont les états jeunes dérivent, sans nul doute, de grands sporozoïtes eimériens longs de 60 & que l’on trouve libres et en bouquets dans la même partie de l'intestin. Devant des faits aussi convaincants, je me suis alors adressé aux Myria- podes, chez lesquels on n'a signalé jusqu'à présent qu’une seule forme cocci- dienne. J'ai constaté chez les Cryptops la présence d'une Coccidie polysporée coexis- tante avec l’Eimeria trigemina et j'ai également rencontré dans un Geophilus de Touraine, resté malheureusement indéterminé, la présence d'un Eimeria avec des kystes de Coccidium. Enfin, je connais déjà depuis longtemps, et ce fut là le point de départ de mes recherches à ce sujet, dans la Scolopendra morsitans, une superbe Eimeria à gros sporozoîïtes, lesquels se relient aussi directement sous les yeux aux kystes d'Adelea dimidiata que dans les cas précédents. 20 Insectes. — Chez les Akis, j'ai retrouvé à Oran la Coccidie signalée par A. Schneider. Très rare, je l’ai rencontrée une seule fois, dans l'intestin et non dans le corps graisseux. Avec les kystes de cette espèce, qui est une polysporée du genre Adelea, j'ai également rencontré dans le tube digestif de gros sporozoites eimériens libres ou groupés en faisceaux. Enfin, j'ai récemment rencontré une seule fois dans une larve de Tipula,en Provence, une Coccidie tétrasporée (Coccidium) se développant dans l'intestin en compagnie de nombreux sporozoïtes eimériens libres ou fasciculés. Sans rappeler ici les Arthropodes, chez lesquels la coexistence d’un Eimeria et d’une Coccidie à spores durables est depuis longtemps reconnue (Nèpe, Gyrins, Glomeris, etc.), je puis maintenant affirmer que l’on ne connaît plus actuellement un seul Arthropode renfermant une Coccidie à spores durables, qui n’héberge en même temps une Coccidie à cycle eimérien. De tout ce qui précède, il me semble ressortir nettement que, chez les Arthropodes, le genre £’imeria ne représente pas un parasite distinct, mais une partie du cycle évolutif de la Coccidie à spores durables qui coexiste avec lui (1). Le cycle entier de la Coccidie peut alors se résumer (1) C’est l'opinion soutenue par plusieurs auteurs qui ont étudié les Cocci- dies chez les Vertébrés, R. Pfeiffer, Clarke, Podwissoszky, Schuberg, Simon, etc., et Mingazzini pour la Coccidie de É Seiche, GonTanenEnt aux idées de A. (nnede et de A. Labbé. SÉANCE DU 4° MAI 385 ainsi, pour un Coccidium, par exemple : sporozoïte eimérien, — forme encapsulée, — kyste tétrasporé (Coccidium), — sporozoîte coccidien (pénétration dans l'hôte), — bourgeonnement eimérien, — sporozoîte eimé- rien, etc., et le cycle recommence. J'aurai l’occasion de montrer, dans un prochain travail, quelle rela- tion vraiment remarquable offre Le cycle d’une Coccidie ainsi considérée, avec celui d’une Grégarine ; non par une identification complète avec une monocystidée, comme le veut P. Mingazzini, ni par un dédoublement de eyele comme le fait A. Schneider, mais en considérant le Sporozoite eimérien comme l'équivalent d’un Sporoblaste de Grégarine et le Æyste durable tétrasporé d'un Coccidium comme l'analyse de la Spore des Grégarines. [612.603] RECHERCHES SUR LA RÉGÉNÉRATION CHEZ LES ANNÉLIDES (suite) (1). IT. RÉGÉNÉRATION CÉPHALIQUE (suite). — III. SCISSIPARITÉ ARTIFICIELLE. IV. VITESSE DE RÉGÉNÉRATION. Note de M. Auc. Micuer, présentée par M. Grap. (Travail du laboratoire d'Evolution à la Sorbonne et de Zoologie maritime à Wimereux.) IT. RÉGÉNÉRATION CÉPHALIQUE (suile). Chez les Polychètes, les auteurs ont cité les observations d’exem- plaires à tête régénérée, exceptionnels comme individus, mais se rap- portant à un certain nombre d'espèces, presque tous d’ailleurs d’ori- gine naturelle. J’ai trouvé moi-même un Spiophanes bombyx, portant, incliné à droite perpendiculairement à la section oblique, un bourgeon encore étroit, de 5 anneaux à gauche et 6 à droite par la régénération du 1/2 anneau enlevé de ce côté; de plus, la tête était anormale par * l'existence à gauche de 3 palpes supplémentaires. Quant à des régéné- rations à la suite de sections artificielles, je n’en ai obtenu que par l’ablation de 5 anneaux antérieurs chez une Cirratule; mais les frag- ments postérieurs très nombreux dus aux sectionnements qui devaient provoquer la régénération caudale, bien qu'ayant pour la plupart une certaine longueur souvent même la moitié de l'animal, ne m'ont jamais fourni de régénération céphalique ; peut-être, comme chez les Lombrics, les régénérations au delà d’un certain niveau sont-elles très exception- nelles, quoique, chez beaucoup de Polychètes errantes, la différencia- tion ne dépasse guère le prostomium; je dois dire aussi que, n'ayant pas à ma disposition d’aquarium avec de l’eau de mer constamment renouvelée, je n'avais pu placer les animaux dans les conditions les - (4) Voir Comptes rendus Soc: Biol., 20 et 27 mars, 3 et 10 avril 1897. 386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus favorables. Quoi qu'il en soit, nos documents sur la Régénération céphalique chez les Polychètes se bornent jusqu'ici à des citations, ou à des descriptions presque toujours extérieures, en tous cas très peu approfondies des bourgeons; l’étude méthodique des conditions et des. effets de la Régénération dans ce groupe n'a pas été abordée. III. SCISSIPARITÉ ARTIFICIELLE. L'étude des Régénérations céphalique et caudale nous met à même de répondre, au moins d’une facon générale, à cette question : La divi- sion d’une Annélide équivaut-elle à une Reproduction scissipare, par la régénération à l’aide des troncons? — Oui, sans restriction, chez les Annélides telles que les Syllidiens et les Maïdiens, dont la schizogamie n'est qu'une reproduction scissipare naturelle préparée, et chez le Lumbriculus, qui paraît naturellement se diviser et régénérer. — Chez les Lombrics, nous avons vu précédemment que d’une part des tronçons antérieurs, étendus même un peu au delà de la région génitale, ne régé- nèrent pas de queues, que d’autre part, une tête ne peut guère se pro- duire à la suite d’un sectionnement dépassant en arrière la région géni- tale ; il n'y a donc pas en général de partie commune aux deux régions de régénération, et, malgré l'opinion vulgaire, malgré les affirmations de certains auteurs anciens, à part certains cas très exceptionnels que J'ai rapportés d’après les auteurs et d'après mes propres observations, la division d’un Lombric en deux ou plusieurs parties, quelque longue que puisse être la vie de ces parties, ne provoque pas la formation de vers complets, et n’équivaut plus dans ce groupe à une véritable repro- duction. — Chez le plus grand nombre des Polychètes, bien que la régénération céphalique ne paraisse pas très facile, il est possible que la division donne lieu à la production de plusieurs individus; mais nous manquons encore de documents suffisants. IV. VITESSE DE RÉGÉNÉRATION. Niveau de la section. — Ainsi que l’a montré Hescheler et que le con- tirment mes observations, à mesure que la section s'éloigne de l’extré- mité antérieure vers le niveau critique (en arrière de la région géni- tale), la durée moyenne et en même temps ses variations individuelles, augmentent de plus'en plus, pour arriver comme limite à une absence de régénération. Régénérations successives. — Sur les Lombrics avec Hescheler, et sur Phyllodoce maculata, j'ai constaté que la durée s’allonge dans les régé- nérations successives. Température. — Comme tous les phénomènes biologiques, la régéné- ration est plus ou moins active suivant la température, et le fait est constaté par tous les auteurs qui y ont porté attention, notamment par la comparaison de la rapidité de bourgeonnement suivant la saison. SÉANCÉ DU 1° MAI 381 Hescheler a fait des essais avec un thermostat, mais il a comparé plutôt la résistance des diverses espèces en régénération à des températures élevées. En opérant à l’étuve à quelques températures différentes, j'ai trouvé chez Allobophora fœtida un optimum voisin de 22 degrés. Individus. — On trouve souvent des différences de vitesse de régéné- ration suivant les individus, surtout, comme je l’ai indiqué plus haut, lorsque, vu le niveau de la section, la régénération est plus difficile et plus lente; ces différences, même lorsque le bourgeonnement est facile et rapide, par exemple dans la régénération caudale, sont telles qu'il est impossible pour l'étude de l’histogénèse de caractériser les stades par l’âge du bourgeon. Hescheler a remarqué que les animaux jeunes bourgeonnent plus vite; mais il est bien certain que là, comme chez les autres êtres, il y a d’autres différences individuelles difficiles à préciser. Espèce. — Réaumur déjà avait noté des différences suivant l'espèce ; l’étude détaillée de Hescheler sur la régénération à été faite compara- tivement sur plusieurs espèces ; et parmi elles Al{obophora fœtida s’est montrée la plus rapide; j'avais aussi trouvé ce résultat, par une simple étude préalable, qui m'avait fait choisir cette espèce pour cette raison et pour d'autres. Régénérations céphalique et caudale. — Les auteurs sont partagés sur la vitesse relative de ces deux régénérations; mais ils négligent bien à tort la question de niveau : ceux qui divisent le ver en deux troncons à peu près égaux, trouvent que la régénération céphalique (lorsqu'elle existe) est plus lente; mais en ne coupant que quelques anneaux, J'ai retrouvé le résultat de Spallanzani; dans ces conditions, la régénéra- tion céphalique est plus rapide. [612.466] DE L'ACTION DU BLEU DE MÉTHYLÈNE SUR L'ALBUMINURIE, par M. le D' G. LEMOINE, Professeur de clinique médicale à la Faculté de Lille. Le bleu de méthylène exerce une action des plus prononcées sur la marche de l’albuminurie liée aux affections des crises ; il fait diminuer assez rapidement le taux journalier de l’albumine et finit par faire dis- paraître cette dernière de l'urine. C’est là un fait d'expérience clinique qui me parait indéniable. Sur huit malades qui ont été soumis à ce traitement, j'ai constaté dans cinq cas la diminution rapide et dans trois cas la disparition de l’albumine. Ces malades présentaient soit de la néphrite subaiguë, soit de la néphrite interstitielle compliquée ou non de congestion rénale. Chez ceux de ces malades sur lesquels cette recherche peut être faite, on nota anssi de l'augmentation de la diurèse et une élimination plus grande de l’urée; il semble donc que la bleu de 388 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE méthylène soit aussi un diurétique et un modificateur des fonctions du rein. Le bleu de méthylène se donne à la dose journalière de 0,935 à 0,50 centigrammes. Son emploi ne présente aucun inconvénient, à la condition qu'il ne contienne pas d’impuretés, sinon, il détermine une légère cystite. L'usage des boissons abondantes et de la poudre de noix muscade peut, du reste, empêcher cet accident de se produire. NOTE SUR L'INFLUENCE DE LÉSIONS CÉRÉBRALES SUR LA FORME DES ACCÈS D 'ÉPILEPSIE PRÉEXISTANTE, par M. Cu. FÉRÉ. L'influence des maladies intercurrentes médicales ou chirurgicales sur la marche de l’épilepsie et en particulier des maladies infectieuses a été l’objet de nombreux travaux que j'ai déjà eu occasion de rap- peler (1). L'influence des lésions des centres nerveux n’est illustrée que par des faits encore rares. Oliver a observé dans un cas de paraplégie par mal de Pott la suppression ou l’atténuation des mouvements con- vulsifs dans les membres inférieurs suivant l'intensité de la paralysie. Il rapporte aussi sommairement le cas d’une fille épileptique depuis sa naissance qui, à la suite d’une hémorragie cérébrale survenue à dix ans, vit ses convulsions se limiter au côté non paralysé, et cette modification de l'attaque persista bien que les mouvements se soient en grande partie rétablis (2). L'observation qui suit présente une grande ressem- blance avec ce dernier fait. J'observe depuis plusieurs années un homme qui a aujourd’hui soixante- quatre ans, et dont les antécédents héréditaires sont assez complexes. Il y a dans la ligne paternelle un oncle suicidé et un cousin germain séquestré pour mélancolie. Quant à la mère qui n’a eu, pas plus que le père, aucun accident nerveux, elle a eu pendant qu'elle le portait une fièvre grave (?). Il a eu deux frères qui sont morts depuis dix-huit mois à soixante-douze et à soixante- neuf ans, tous deux d’une hémorragie cérébrale; ils n’avaient présenté aupa- ravant aucune trace de névropathies, et leurs enfants en sont aussi exempts. Les deux fils du malade, qui ont trente-deux et trente-quatre ans, sont aussi indemnes au point de vue névropathique, mais l’aîné a déjà eu plusieurs accès de goutte. (1) Les épilepsies et les épileptiques, 1890, p. 317. — Note sur l'influence des maladies infectieuses sur la marche de l’épilepsie. C. R. Soc. de Biologie, 1892, p. 490; — Note sur l'influence de l’érysipèle sur la marche de l’épilepsie. Jbid., 1893, p. 828. (2) J. Oliver. The epileptic paroxysm. Brain, 1889, vol. XI, p. 350. e = SÉANCE DU 4° MAI 389 C'est sans cause déterminante connue qu'il a été pris à trente-neuf ans d'attaques d’épilepsie et d'absences, qui ont subi des variations de fréquence suivant les époques, mais qui ont toujours présenté les mêmes caractères. Les attaques se produisaient généralement le matin peu de temps après qu'il a achevé sa toilette, peut-être de préférence lorsque son premier déjeuner se trouve retardé. On le voyait pâlir, il poussait un cri en renversant la tête et il tombait en arrière en s’affaissant et sans jamais se blesser gravement. La tête tournait d'un côté et de l’autre les quatre membres se raidissaient, les pieds tournés en dedans en équin, les poignets tournaient aussi en dedans et s’adossaient sur la ligne médiane, puis survenait une période clonique de mouvements assez étendus el à peu près symétriques. Après une minute environ d’agitation, il tombait dans le stertor et ne reprenait sa connaissance qu'au bout d'une demi-heure ou trois quarts d'heure. Les absences se produi- saient surtout après le repas; son regard devenait fixe et il pâlissait, il sus- pendait la conversation, et restait immobile sans lâcher jamais les objets qu'il tenait à la main; au bout de quelques secondes, il reprenait son activité et paraissait ne pas se douter de ce qui lui était arrivé. Du reste, il désigne ses grandes crises sous le nom d'attaques de courbature, n'ayant pas notion d'autre chose. Les absences et les attaques étaient éloignées et atténuées par le bromure, mais le malade à une grande répugnance contre le médicament, et comme il ne s'est jamais blessé, ne s’est jamais mordu la langue, n’a jamais uriné dans ses vêtements, et comme il ne se rendait nullement compte de la gravité de son mal, il ne suivait son traitement qu'avec une grande irrégularité, malgré des avis réitérés ; il était rarement trois mois sans avoir un accès. Pas de lésion cardiaque, ni d’artério-sclérose. Au mois de mars 1896, il fut pris, après un diner copieux, d'un étourdisse- ment suivi d'un affaiblissement passager du membre inférieur gauche. On le croyait remis quand, au bout d’une demi-heure, il perdit subitement connais- sance en s’affaissant sur le fauteuil où il était assis. Les quatre membres étaient dans la résolution, la face congestionnée, la respiration stertoreuse. Deux heures après l'accident, la température rectale était de 36°,2. Le lende- main matin elle était remontée à 37°,2, etelle est restée normale. Le malade ne reprit connaissance que vers 2 heures de l'après-midi. Il avait une hémiplégie flasque du côté gauche, incomplète aux membres inférieurs, dont le gros orteil faisait quelques mouvements spontanés. Il n'existait aucun trouble de la déglutition, la parole n'était troublée que par une gêne mécanique. Dans l’espace de trois mois, la réparation fonctionnelle s’est faite de telle sorte, que la marche est devenue à peu près libre, le membre supérieur a retrouvé un grand nombre de mouvements, mais il est très faible; il ne reste qu'une légère déviation faciale. Il ne s’est plus produit aucune amélioration depuis dans l’état du membre supérieur, qui cependant n’est pas rigide. Il n’y a jamais eu de troubles importants de la sensibilité. Six semaines après l'attaque apoplectique il s’est produit une attaque d’épi- lepsie et cinq autres sont arrivées depuis ; elles ont présenté une modification importante : le malade pâlit, sa tête se renverse en arrière et la face se tourne vers la gauche et en haut, il tombe en arrière en s’affaissant sur le côté gauche, les membres du côté droit se raidissent et au bout de quelques 390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE secondes s'agitent de mouvements cloniques, mais les membres du côté gauche ne prennent aucune part ni aux secousses toniques, ni aux secousses cloniques. La perte de connaissance et la stupeur durent bien moins long- temps qu'autrefois et dans la dernière attaque, qui remonte à cinq mois, le malade à conservé la connaissance pendant la chute; il s’est parfaitement rendu compte de la torsion de sa tête à gauche et des tiraillements de sa langue du côté droit. Cette circonstance pourrait bien être, au moins au point de vue des accidents comitiaux, favorable au malade qui, depuis cette époque, a suivi son traitement avec plus de régularité et avec une apparence de bénéfice. Il n'a plus eu de vertige ni d'attaque depuis cinq mois. Ce fait est intéressant parce qu’il montre qu'une interruption momen- tanée de la conduction centrifuge, vraisemblablement par un foyer hémorragique de la région centrale de l'hémisphère cérébral, peut modifier et interrompre la généralisation des convulsions. Il semble indiquer que la généralisation se faisait par l'écorce. À propos de cet effet d’une hémorragie cérébrale sur l’épilepsie,. je rappellerai un fait de Meessen (1), qui a vu le même accident suivi d'hémiplégie permanente supprimer dans le côté paralysé le tremble- ment parkinsonnien. [615.965] NOTE SUR LA SUSPENSION DE L'ÉVOLUTION DE L'EMBRYON DE POULET SOUS L'INFLUENCE DU CHLOROFORME, par M. Cu. FÉRÉ. CI. Bernard, ayant exposé des œufs à un courant d’air éthéré ou chlo- roformé, a constaté que les embryons étaient tués et que le développe- ment ne reprenait pas son cours comme il l'avait observé sur des graines. Les conditions de ces expériences ne sont pas clairement déter- minées (2). Dans des expériences que j'ai faites, il y a quelques années, j'ai constaté qu'après plusieurs heures d'exposition aux vapeurs d'éther ou de chloroforme, on pouvait observer, en dehors de monstruosisés assez nombreuses, un nombre notable de développements normaux avec un retard important (3). Ces faits semblaient indiquer que l'embryon de (4) N. Meessen. Quelques remarques à propos de la paralysie agitante. La Presse médicale belge, 1896, p. 363. (2) CI. Bernard. Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux, t. I, p. 275. (3) Note sur l'influence de l’éthérisation préalable sur l’incubation des œufs de poule. C. R. de la Société de Biologie, 1893, p. 349. Note sur l'influence de l'exposition préalable aux vapeurs de chloroforme sur l’incubation des œufs de poule. Ibid., p. 849. SÉANCE DU 1° MAI 391 poulet réagit aux anesthésiques en question comme les germes végé- taux ; mais on pouvait objecter que l’action de l’éther et du chloroforme avait été insuffisante dans les cas de.survie et qu'il s'agissait d’un trouble de développement de même nature de l'arrêt complet et non du retour d'uue propriété momentanément perdue. J'ai répété les expériences en les modifiant, au lieu de comparer seulement des œufs qui avaient été mis à l’étuve immédiatement après l'exposition aux vapeurs anesthésiques à des démons, j'ai comparé des œufs qui venaient d'être exposés aux vapeurs à des œufs qui avaient été -exposés pendant le même temps, puis avaient été reposés pendant une période égale, dans les mêmes conditions que des témoins non exposés. Exe. I. — On met sous trois cloches de 30 litres une douzaine d'œufs du même jour. Sous la première cloche, on place, avec ces œufs, une capsule contenant 30 grammes de chloroforme : au bout de 24 heures, tout le chloro- forme est évaporé ; on enlève la cloche que l’on remet en place quand l’air a été renouvelé. En même temps, on place sous une autre cloche une capsule avec 30 grammes de chloroforme ; la troisième cloche reste intacte avec ses douze œufs témoins. Au bout de 24 autres heures, les trois douzaines d'œufs sont mises à l’étuve à 38 degrés, par groupes égaux, aux mêmes étages. On ouvre les œufs après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs témoins, on trouve neuf embryons normaux de 46 heures moyenne, dont { dévié à 45 et un à 90 degrés, et 3 absences de développe- ment. b) Dans les œufs exposés au chloroforme 24 heures et be 24 heures, il y à un embryon normal dévié à 45 degrés de 48 heures, 2 blastodermes sans embryon et 9 absences de développement. c) Dans les œufs exposés 24 heures au chloroforme et mis immédiatement ‘etaprès en incubation, il y a un omphalocéphale, un blastoderme sans embryon et 10 absences de développement. Exp. II. — La même expérience est répétée avec 12 heures d’exposilion et de repos au lieu de 24. Il reste 5 grammes de chloroforme dans les capsules après les 12 heures d'exposition. a) Dans les témoins, il y a neuf embryons normaux de #4 heures en moyenne, dont 3 déviés à 45 degrés et 1 à 90 degrés, un cyclope et 2 absences, de développement. b) Dans les œufs qui ont été exposés 12 heures, puis ont été reposés le même temps, il y à 8 embryons normaux de 35 heures en moyenne sans déviations, 1 cyclope, 4 blastoderme sans embryon et 2 absences de développement. c) Dans les œufs qui ont été mis à l’incubation immédiatement après les 12 heures d'exposition au chloroforme, il y a3 embryons normaux de 27 heures en, moyenne, une atrophie de la tête, 6 blastodermes sans embryon et 2 absences de développement. Exp. IT. — Répétition de la précédente. a) Dans les témoins, il y a 10 embryons normaux de 44% heures en moyenne, dont 3 déviés à 45 degrés et 1 à 90, une atrophie de la tête et une absence de dévelopfement. 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE b) Dans les œufs qui ont été exposés 12 heures et reposés 12 heures, il y a 7 embryons normaux de 37 heures en moyenne, dont 3 déviés à 45 degrés deux omphalocéphales, une atrophie de la tête, un blastoderme sans em- bryon et une absence de développement. 5 Dans les œufs mis à l’étuve immédiatement après avoir été exposés 2 heures au chloroforme, il y a # embryons normaux de 33 heures ;en DNA dont un dévié à 90 degrés, deux cyclopes, deux omphalocéphales, un blastoderme sans embryon et 3 absences de développement. Exp. IV. — Reproduction des expériences précédentes, sauf que l’exposi- tion et le repos consécutif n’ont duré que 6 heures. a) Dans les témoins, il y a 11 embryons normaux de 45 heures en moyenne, dont 5 déviés à 45 degrés et 1 à 135 et 1 blastoderme sans embryon. b) Dans les œufs qui ont été exposés 6 heures aux vapeurs de chloroforme et ont eu 6 heures de repos, il y a 9 embryons normaux de 4% heures en moyenne, dont 3 déviés, à 45 degrés et 1 à 180, 1 cyclope et 2 absences de développement. c) Dans les œufs mis à l’étuve sitôt après 6 heures d'exposition au chloro- forme, il y a 6 embryons normaux de 42 heures en moyenne, dont 3 déviés à 45 degrés, 2 atrophies de la tête, 2 cyclopes, 1 blastoderme sans embryon et une absence de développement. Tandis que les témoins donnent 81,25 p. 100 de développements normaux, les œufs exposés au chloroforme, puis reposés, n’en donnent que 52,08 et les œufs exposés au chloroforme et mis à l'étuve immé- diatement n’en donnent que 27,08. Une exposition de 24 heures ne permet qu'exceptionnellement un développement même après un repos de même durée. Les chances de réveil augmentent à mesure que l’expo- sition a été moins prolongée. Les lots d'œufs qui contiennent le moins de développements normaux fournissent les embryons les moins avancés, de sorte qu'il existe, comme nous l'avons déjà relevé plusieurs fois, un rapport entre le nombre des anomalies et le retard de développement. DESCRIPTION D'UN PROCÉDÉ PERMETTANT D'OBTENIR UNE TOXINE DIPHTÉRIQUE EXTRA-TOXIQUE, par ‘M. le D° Pauz GIBIER, Directeur de l'Institut Pasteur de New-York. Depuis que le sérum antidiphtérique est préparé au laboratoire et à la ferme expérimentale de l’Institut Pasteur de New-York, c'est-à-dire depuis septembre 1894, et dans le but d'augmenter le pouvoir anti- toxique du sang des animaux inoculés, j'ai cherché à obtenir une Loxine aussi forte que possible. Partant de ce fait que la forme la plus grave:de la*diphtérie est. celle SÉANCE DU 1° MAI 393 où le bacille spécifique se trouve associé au streptocoque, on peut admettre a priori que, dans ce cas, le degré de gravité de la maladie est le résultat de la présence même du streptocoque et de son passage dans la circulation. Il est reconnu que, à l’autopsie des malades qui succombent à la diphtérie, le streptocoque est fréquemment rencontré en plus ou moins grande abondance dans le sang et dans les viscères. On peut toutefois admettre encore que, par le fait même du contact du, streptocoque avec le bacille de la diphtérie, ce dernier reçoit une stimu- lation spéciale, ou bien encore qu'il trouve dans les liquides organiques préparés en quelque sorte par le streptocoque un milieu particulière- ment favorable à son développement et à la sécrétion de ses toxines. Les recherches que j'ai faites sur ce point paraissent donner raison à l'hypothèse que je viens d'émettre. En effet, si on ensemence du bacille de Lœæffler dans du bouillon peptonisé, au bout de huit jours ou plus on obtient une toxine qui pourra tuer un cobaye dans l’espace de trente- six à soixante-douze heures à la dose de un dixième de centimètre cube (0,001). En laissant la viande subir un commencement de putréfaction avant de la faire servir à la préparation du bouillon, on obtient parfois — mais non toujours — une toxine trois ou quatre fois plus active. L'in- certitude est due à ce qu'il est à peu près impossible de déterminer le genre de putréfaction que subira la viande, et certaines altéralions paraissent plutôt être nuisibles au développement du bacille de la diphtérie que l’on ensemence ensuite dans le bouillon préparé avec cette chair décomposée. Telle est du moins mon expérience sur ce point. Il en est autrement quand on ensemence le bouillon de viande fraiche avec le streptocoque de douze à dix-huit heures avant d’y introduire le bacille de la diphtérie. Dans ce cas, on obtient, au bout de six à huit Jours, une toxine qui est mortelle pour le cobaye de taille moyenne, à la dose de un cent cinquantième de centimètre cube et moins. Si le bouillon contient 25 p. 100 de bouillon de sang obtenu par la cuisson, on peut obtenir, ainsi que l’a fait un de mes assistants, le D' Létevé, une toxine mortelle au deux centième de centimètre cube (0,005) et même au delà. Comme le bouillon alcalin devient acide quelques heures après avoir été ensemencé avec le streptocoque, il est nécessaire de lui rendre son alcalinité avant d'y ajouter le bacille diphtéritique, qui ne se déve- lopperait pas sans cela. La pousse de ce dernier microbe commence quelques heures après qu’il a été ensemencé; le bouillon tourne de nou- veau à l'acide. Au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures, le bacille diphtéritique se multiplie en voile grisâtre et épais à la surface du liquide, qui alors donne la réaction alcaline. Après une semaine, en moyenne, la toxine peut être filtrée à la bougie Chamberland pour être essayée. On peut s'assurer que la toxicité est bien due au bacille de la diphtérie BioLocre. COMPTES RENDUS. — 100 SÉRIE, r. IV. 32 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et non au streptocoque en injectant des doses relativement élevées du filtrat de la culture pure de ce dernier microbe au cobaye, lequel résis- tera. Il semble donc bien que les milieux où le streptocoque s’est déve- loppé sont exceptionnellement favorables à la multiplication du bacille- de la diphtérie et à la surproduction de sa toxine. Outre l’avantage qu'elle offre de fournir une toxine plus active sous. un moindre volume de liquide, et conséquemment la formation plus rapide de l’antitoxine dans le sang des chevaux inoculés, la méthode. que je viens d'exposer nous montre le mécanisme de la double infection et la raison de la gravité de la diphtérie lorsque l'infection mixte est formée de l’association du streptocoque avec le bacille de la diphtérie : ce dernier est stimulé par le premier, sa faculté de sécrétion toxique en est accrue ou, tout au moins, le milieu où l’association microbienne végète est préparé de telle facon par le streptocoque qu’une plus grande quantité de toxine diphtéritique est produite par le bacille, et partant absorbée par le malade. Bien que la toxine streptococcique soit relativement faible et dimi- nuée par le développement du bacille diphtérique, le streptocoque sur- vit; mais, contrairement au bacille diphtéritique, il ne parait retirer, en fait de virulence, aucun bénéfice de l'association avec ce dernier. Cepen-. dant, les chevaux qui sont traités avec la toxine obtenue comme ci-dessus supportent facilement de fortes doses de cultures virulentes de streptocoques et fournissent un sérum antitoxique contre la diphtérie et le streptocoque. J'ajouterai, en passant, qu’au lieu de filtrer à la bougie le liquide des cultures, ce dernier est simplement filtré au papier, ce qui permet d'obtenir une assez grande proportion des toxines que la porcelaine retient. Le liquide obtenu de cette manière permet d'injecter la toxine inté- grale et d'obtenir une immunité plus solide. J’injecte la toxine aussitôt: que possible après l'avoir filtrée et sans addition d’antiseptique. [612.349] NOTE SUR LA DIGESTION PANCRÉATIQUE CHEZ LES HYPERCHLORHYDRIQUES, par M. G. LiNossieR. Au moment où le chyme gastrique franchit le pylore, il se trouve en contact avec la bile et le suc pancréatique qui le saturent; cette satura-- tion est indispensable à l’action ultérieure des ferments du pancréas, qui ne peut se poursuivre que dans un milieu alcalin, neutre ou très peu acide. Si, par le fait d’une acidité exagérée du suc gastrique, insut-- fisamment compensée par l'alcalinité du suc pancréatique, el par la richesse de la bile en sels biliaires, cette saturation n'avait pas lieu, tout phénomène digestif pancréatique serait supprimé. SÉANCE DU 1°" Mal 392 La persistance, dans tout le trajet du canal intestinal, d’une acidité marquée, attribuable à l’acide chlorhydrique, ne saurait être que très exceptionnelle; mais l'hypothèse d’un retard dans l'acte de la neutrali- sation est infiniment plus vraisemblable dans beaucoup de cas d’hyper- chlorhydrie. Or, un certain nombre d'expériences m'ont amené à cette conclusion qu'un retard, même très faible, peut provoquer la destruction ou du moins l’altération profonde des ferments du pancréas. On connaît, depuis les expériences de Kühne, l’action destructrice de l’acide chlorhydrique sur la pancréatine. J'ai pu m'assurer que cette action est presque instantanée. A la température de 38 degrés, je mets 20 centigrammes de pan- créatine Defresne en contact avec 10 centimètres cubes d'acide chlor- hydrique à divers titres, et, après vingt secondes de contact, je sature exactement avec un volume mesuré d'avance de soude titrée. Je jette dans chacun des mélanges neutres un cylindre d’albumine (tube de Mette) et je mesure après quelques heures la longueur d’albumine dissoute. Daus le flacon témoin, la digestion a détruit 3 millimètres d’albumine; dans le flacon où la pancréatine a subi pendant vingt secondes l’action de l'acide chlorhydrique à 0.5 p. 1000, 1% 1/2 seulement; dans les fla- cons où la pancréatine a été au contact d'acide chlorhydrique à 4 p. 1000 et au-dessus, il n’y a pas trace de digestion. Un contact de vingt secondes avec de l'acide chlorhydrique à 4 p. 1000 suffit donc pour détruire la pancréatine; en présence de l'acide à 0.5 p. 1000, elle est déjà notablement altérée. Si le contact est plus prolongé, il suffit pour altérer la trypsine d’acide chlorhydrique bien plus dilué, ainsi qu’en témoigne le tableau suivant, résumant une expérience identique à la précédente, sauf que le contact des 20 centigrammes de pancréatine et des 410 centimètres cubes d’acide a été maintenu pendant vingt-quatre heures avant saturation. Les chif- fres de la première colonne indiquent le titre des solutions chlorhydri- ques ; ceux de la deuxième colonne, les longueurs d’albumine digérée, dans le même temps, par les solutions saturées. HCI p. 1000. Albumine digérée. millimètres. 0 2 0,05 1,6 0,1 1,0 0,25 0,8 0,50 0,5 Cette action prolongée des acides très dilués sur la pancréatine n’a pas, au point de vue des phénomènes de la digestion, un grand intérêt ; 396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aussi n'y insisté-je pas, et ne veux-je retenir que ce fait, que l’acide chlorhydrique, dans les proportions où il peut se trouver dans certains sucs gastriques, peut presque instantanément détruire la trypsine. Il reste à savoir si le suc gastrique agit aussi rapidement sur la pan- créatine que l’acide chlorhydrique. J'ai mis 10 centimètres cubes de suc gastrique extrait une heure après un repas d'épreuve d’Ewald de l'estomac d'un hyperchlorhydrique hypersécréteur (acidité totale 4,12 p. 1000 et acide chlorkydrique libre 3) en contact avec 20 centigrammes de pancréatine Defresne, à la tem- pérature de 39 degrés. Immédiatement après avoir fait le mélange, j'ai saturé exactement avec une quantité de soude mesurée d'avance. Dans une expérience comparative, j'ai mis la pancréatine au contact du même suc gastrique préalablement saturé. J'ai ajouté un cylindre d’albumine, et de l’amidon dans les deux essais. Le lendemain, j'ai constaté la dis- solution de 1°%,4 d’albumine, et la formation de 37 milligrammes de sucre dans le flacon témoin. Aucune digestion n'avait eu lieu dans le premier flacon, où la pancréatine avait subi l’action du suc gastrique. Le contact, même rapide, d’un suc gastrique hyperacide avec la pancréatine suffit donc à la détruire. Chez certains hyperchlor- hydriques, l'abondance de la sécrétion biliaire, l’hyperalcalinité des sécrétions pancréatique et duodénale peuvent constituer une sorte de compensation à l’hyperacidité gastrique et protéger la pancréa- tine. Chez d’autres, et notamment chez les hyperchlorhydriques hypersécréteurs, cette compensation est insuffisante, et la digestion intestinale est absolument compromise. On s'explique l’amaigrissement extrème de ces malades, contrastant avec l’état florissant de certains sujets hypochlorhydriques, dont la digestion gastrique est nulle, mais dont la digestion intestinale reste satisfaisante. J'ai dit que la trypsine et l’amylase pancréatique subissent la même action de la part du suc gastrique. Au point de vue des conséquences, la destruction de l’amylase me parait plus importante que celle de la trypsine. En effet, chez les hyperchlorhydriques, la digestion gastrique des albuminoïdes est le plus souvent très active, et cette activité rend l’action de la trypsine moins indispensable. Au contraire, la digestion intra-stomacale des féculents est très insuffisante chez ces malades, et la destruction de l’amylase pancréatique empêche toute utilisation de ce groupe d'aliments. Je termine en faisant remarquer que l'administration des alcalins aux hyperchlorhydriques versla fin de la digestion gastrique, prescrite dans le but de calmer leurs douleurs, a de plus l'utilité de protéger les fer- ments du pancréas contre l’action destructrice d’un chyme hyperacide. SÉANCE DU 1°" MAI 397 NoTE DE M. Camus A PROPOS DES OBSERVATIONS DE M. DASTRE \ (insérées dans les Comptes rendus de la Sociélé de Biologie du 10 avril 1897, p. 340), présentée par M. J.-V. LABORDE. M. LaBoRDE : Je suis chargé par M. le D' Camus, chef-adjoint des travaux physiologiques à la Faculté, de présenter à la Société la note suivante, dans laquelle, en termes d'une parfaite convenance, et en se placant exclusivement sur le terrain scientifique, il rétablit la vérité des faits et des dates relativement à la question des divers agents d'oxy- dation de la bile, et aux recherches respectives de M. Dastre, et des siennes sur ce sujet. Je le fais d'autant plus volontiers qu’en présence de la note, tout au moins sévère, de M. Dastre, que mes collègues ont pu lire dans notre Bulletin hebdomadaire du 9 avril dernier, p. 340, et qui m'a, Je ne puis le dissimuler, personnellement affligé dans la forme; je le fais, dis-je, d'autant plus volontiers, que je considère comme un devoir de directeur du laboratoire où M. Camus a entrepris et réalisé ses recherches, de témoigner que celles-ci ont été commencées et poursuivies à une époque antérieure aux communications de M. Dastre, à l’occasion de recherches connexes sur le sérum de sang de cheval; et que, conséquemment, de ce seul fait, M. Camus ne saurait être passible de l’imputation qui se dégage de certaines allusions contenues dans la note de M. Dastre. Au surplus, et ici c'est une question d'ordre et de discipline touchant les travaux de notre Société et les travaux scientifiques en général que je demande la permission d'invoquer, ce qui dans toute communication fait foi de ce qu'elle contient et de ce qu'elle exprime, c'est son insertion dans les Comptes rendus, ou, à défaut de cette insertion, le procès-verbal de séance. Or, les communications dont il s’agit de M. Dastre, n’ont pas été publiées en leur temps et à leur place, dans les Comptes rendus de la Société, et les procès-verbaux que j'ai consultés, ne font nulle mention, en conformité, d’ailleurs, de nos propres souvenirs d'auditeur de ces communications, des facteurs lumière et chaleur, dont M. Camus à particulièrement étudié et déterminé l'influence, comme agent d'oxyda- tion de la matière colorante de la bile, et à propos desquels il présen- tait, le 27 février dernier, la éommunication à la Société, après avoir préalablement fait part à M. Dastre des résultats qu'il avait obtenus, dans une démarche pleine de respectueuse courtoisie, qui, par une inter- prétation inattendue, a été, depuis, retournée contre lui. 398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je tiens à déclarer — en terminant — que je ne me fais, en aucune facon, le juge du débat scientifique : le mobile et le vrai caractère de mon intervention seront, je l'espère, parfaitement compris et appréciés, même par mon savant collègue et excellent ami M. Dastre, qui ne m'en voudra pas d’avoir fait ce qu’il n'eût certainement pas manqué de faire lui-même en pareille circonstance. M. Camus : Il me semble que l’on m'excusera, si, en réponse à la dernière note de M. Dastre qui me concerne (Soc. de Biol., 3 avril 1897, p. 340), je désire montrer aux personnes qui se tiennent plus ou moins au courant des discussions de la Société : 1° que je n ’ai pas, dans mes recherches sur la lumière et sur la chaleur comme agents d’oxydation de la bile, exécuté un plan antérieurement exposé par MM. Dastre et Floresco, et 2° que je n’ai pas, dans une démarche de simple déférence, profité d’une interview ou d’une conversation pour faire une communi- cation à la Société. De preuves matérielles pour établir le premier point, je n’en ai mal- heureusement pas; la communication de MM. Dastre et Floresco, du 26 décembre 1896, est une communication orale qui n’a pas été suivie de note; mais, autant que je puis m’en souvenir et que s’en souviennent plusieurs membres de la Société que la question intéresse, ces auteurs n'ont traité dans cette communication que de l'oxydation de la bile par les oxydases. Et, lorsque j'ai apporté à la Société, le 27 février 1897, le résultat de mes recherches concernant l’action de deux agents physi- ques, la chaleur et la lumière, sur l'oxydation des matières colorantes du sérum de cheval et de la bile, M. Dastre, prenant la parole, voulut bien signaler en termes trop aimables l'intérêt de ces recherches. MM. Dastre et Floresco ont, eux aussi, dans une communication faite le 13 mars 1897, parlé de l’action des différentes lumières et de la cha- leur. Ils ont rappelé alors mes expériences; mais cette communication n’a pas été non plus suivie de publication dans le Bulletin. C'est dans cette communication que ces auteurs ont affirmé pour la première fois que la chaleur seule pouvait suffire, en l'absence d'oxygène libre, à oxyder la bile. Pour répondre à cette assertion qu’il m'a été impossible de vérifier avec la bile fraîche de chien, je me suis appuyé sur les deux textes suivants de MM. Dastre et Floresco, que j'ai déjà indiqués dans ma note du 3 avril dernier (Dastre et Floreseo, Archives de Physiologie, 4% avril 1897, p. 479 et Comptes rendus de la Soc. de Biologie, n° 12, 2 avril 1897, p. 307). Quant à ma conversation avec M. Dastre, elle a eu lieu le 26 mars. Je crus bien faire de soumettre à M. Dastre mes résultats, et je pensais à ce moment ne pas parler de mes expériences s’il en vérifiait l’exac- titude. On ne peut donc pas dire, il me semble, que ma communication du SÉANCE DU 1° MAI 399 3 avril 1897 repose sur une conversation. Mes expériences, d'autre part, n'ont pas été démontrées entachées d'erreur, et la divergence des résul- tats pourrait peut-être trouver son interprétation, soit dans la facon différente d'opérer, soit dans la nature de la bile employée. — Ne serailt- il pas possible, par exemple, que la bile de veau fût de constitution un peu différente de celle du chien, et donnût des réactions différentes? SUR L'ABSENCE D'ALTÉRATION DES CELLULES NERVEUSES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE DANS UN CAS DE PARALYSIE ALCOOLIQUE EN VOIE D'AMÉLIORATION, par MM. J. DEJERINE et A. Tomas. Les lésions de chromatolyse que présentent les cellules nerveuses lorsqu'elles sont séparées artificiellement de leur cylindre-axe sont bien connues depuis les travaux de Nissl. On sait que ces lésions se dévelop- -pent très rapidement à la suite de la section des troncs nerveux, et on sait aussi, ainsi que Nissl l’a montré, que, si au lieu d’être arraché, le nerf est simplement coupé, ces lésions se séparent peu à peu et finissent par disparaître au bout de quelques semaines. Dans certains cas de névrite infectieuse ou toxique, on à rencon- tré — Marinesco (1), Ballet et Dutil (2) — des lésions analogues dans les cellules des cornes antérieures; d’autres fois, comme dans les cas de Soukharoff (3), ces lésions faisaient défaut. Dans le cas que nous rapportons aujourd'hui, il en est de même et les lésions cellulaires font défaut. \ OBSERVATION. — Paralysie alcoolique des membres inférieurs avec atrophie muscu- laire. Equinisme des pieds. Hyperesthésie de la peau et des masses musculaires. Abolition du réflexe patellaire. Autopsie. Lésions très marquées des nerfs cutanés et musculaires des membres inférieurs. Intégrité des racines antérieures et posté- rieures de la substance blanche et des cellules de la moelle épinière. La malade, âgée de quarante-quatre ans, exerçait la profession de cuisinière; dans ses antécédents, on ne relève qu’un érysipèle de la face, en 1887; pas de syphilis avouée. (Elle porte, à l'extrémité inférieure de la jambe droite, une cicatrice suspecte; elle a fait une fausse couche, à l’âge de vingt-deux ans; (1) Marinesco. Soc. de Biologie, 1895 et 1896, et Revue neurologique, 1896, p. 429. (2) Ballet-et Dutil. Soc. médic. des Hôpitaux, décembre 1895. (3) Soukharoff. Contribution à l'étude des changements du système nerveux central dans la polynévrite, Arch. de Neurologie, 1896, p. 177. 400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE deux ou trois ans après, elle a eu un enfant qui est mort en bas âge de méningite.) Elle a toujours fait des abus d’alcool (rhum, vulnéraire, vin, etc.). Dès l’année 1887, elle avait des pituites matutinales et des cauchemars dont la nature ne laisse aucun doute sur leur origine. En octobre 1892 (elle avait alors quarante et un ans), à la suite d'une frayeur, ses jambes fléchissent tout d’un coup et elle a de la peine à se relever; les jours suivants, la faiblesse persiste et même augmente dans les membres infé- rieurs, elle peut pourtant se tenir encore sur ses jambes et marcher; elle n’en continue pas moins à faire des abus. Un jour, elle est prise brusquement d’une faiblesse extrème, la fièvre s'allume et, pendant la nuit, l'agitation et le délire sont très prononcés. Le lendemain, elle est paraplégique. Elle est restée pen- dant un mois dans cet état et ne se rappelle plus ce qui s’est passé; elle se souvient pourtant que, quand elle eut repris connaissance, elle était paralysée des quatre membres. Les pieds et les mains étaient déformés; elle ne pouvait faire usage de ses mains. Elles étaient en flexion forcée sur l’avant-bras, les doigts fléchis dans la paume; il lui était impossible de les étendre. Les pieds étaient en extension forcée. La sensibilité était très altérée; il n’y avait pas de douieurs spontanées, mais une hyperesthésie cutanée très intense des membres inférieurs; elle ne pouvait supporter le contact des couvertures. Au début des accidents, elle fut atteinte d'ictère, qui réapparut depuis à plusieurs intervalles. A son entrée dans le service (mars 1895), son état général est bon. Elle est absolument impotente des membres inférieurs. Les pieds sont en varus équin avec griffe plantaire; la déformation ne peut être réduite à cause des rétrac- tions fibro-tendineuses. Les jambes, surtout la gauche, sont très atrophiées. L'atrophie est moins nette au niveau des cuisses, dont les muscles semblent avoir récupéré leur force en grande partie. Les membres supérieurs sont intacts comme volume et comme force et la sensibilité y est intacte. Aux membres inférieurs il existe une hyperesthésie très accusée à la douleur et à la température, moins marquée pour le tact. Cette hyperesthésie est également très nette au niveau des masses muscu- laires et sur le trajet des troncs nerveux. Elle est assez intense pour empêcher complètement toute espèce d'examen électrique des nerfs et des muscles. La malade affirme que pendant les premiers mois de paralysie, elle ne sentait pas quand on lui piquait les membres inférieurs. Les réflexes patellaires sont abolis, les réflexes olécrâäniens sont conservés. La malade meurt de cirrhose, en février 1896. A l'autopsie le foie était énorme ; il présentait macroscopiquement et mi- croscopiquement les altérations typiques de la cirrhose hypertrophique, alcoolique. L'atrophie musculaire des membres inférieurs était très marquée, les muscles pâles et décolorés. Des nerfs musculaires, des nerfs cutanés et le système nerveux central ont été recueillis. Les nerfs cutanés et intra-musculaires, ainsi que les racines antérieures et postérieures, ont été examinés par dissociation, après action de l'acide osmique et du picro-carmin. Les nerfs cutanés et intra-musculaires pré- sentent des lésions très marquées, caractérisées par la présence d’un nombre SÉANCE DU 1°" MAI AO considérable de gaines vides et par le petit nombre de tubes larges à myéline. On y trouve aussi en nombre plus grand qu'à l'état normal des tubes à myéline de petit calibre. Nulle part on ne trouve de tubes en voie de dégéné- rescence wallérienne. Les racines antérieures el postérieures sont normales. De petits fragments de la moelle furent prélevés dans le renflement lom- baire et examinés par la méthode de Nissl (bleu de méthylène). Les cellules des cornes antérieures étaient de dimensions normales, le réseau chromatique bien coloré dans le corps de la cellule et dans ses prolongements; par com- paraison avec des cellules appartenant à une moelle normale, le réseau était aussi riche en grains chromatiques ; il n’y avait ancune différence appréciable de nombre ou de volume. Le noyau de chaque cellule avait conservé sa situation centrale. Quelques cellules contenaient une assez grande quantité de pigment qui n’excédait pas cependant la quantité contenue dans les cellules d’une moelle normale. Le reste de la moelle fut conservé et durci dans le liquide de Muller. Des fragments furent examinés par la méthode de Marchi, par la méthode de Meyert Pal, et par le picro-carmin. Aucune des méthodes n’a révélé d’altéra- tions de la moelle; les cellules colorées au picro-carmin, à quelque région que l'examen ait été fait, ne présentaient aucune altération; elles étaient de nombre et de dimensions normales et munies de riches prolongements proto- plasmiques. Dans le cas actuel, l'absence de lésions cellulaires tient peut-être à ce fait que, les lésions nerveuses périphériques étant en voie de restau- ration, le retentissement sur la cellule d’origine avait cessé de se pro- duire. Cependant la fonction motrice était encore singulièrement com- promise chez cette femme. En tout cas, l'observation actuelle montre que, dans une névrite périphérique, les nerfs peuvent être encore très altérés sans que leurs cellules d'origine présentent des modifications appréciables. Il y a lieu, du reste, de faire de grandes réserves sur l'importance anatomo-pathologique de la chromatolyse des cellules nerveuses. Cette lésion, rencontrée par différents auteurs — Pandi, Schafer, Acquisto et Pusateri, Marinesco (1), etc. — dans les cellules nerveuses à la suite d'infections ou d’intoxications ne parait pas avoir grande signification. Goldscheideret Flatau (2) viennent, en effet, de montrer, en expérimen- tant à l’aide du nitrite malonique et de l’'hyposulfite de soude, — expé- rience de Heymans, — ainsi qu'en soumettant des animaux à des tem- pératures élevées, que l’on peut obtenir des altérations cellulaires aussi prononcées que celles rencontrées par les auteurs précédents, et cela sans que les animaux présentent des symptômes quelconques. Ces (1) Marinesco. Pathologie de la cellule nerveuse, Presse Médicale, 21 jan- vier 1897. (2) A. Goldscheider und E. Flatau. Beiträge zur Pathologie der Nervenzelle, Fortschritt der Medicin, avril 1897, n° 7, p. 241. 402 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lésions sont en outre essentiellement temporaires, et le retour à l'état normal de l'élément nerveux se fait très rapidement. Pour ces auteurs, les corpuscules de Nissl n’ont pas une importance vitale pour la cellule nerveuse, el leur signification physiologique au point de vue de la fonc- tion cellulaire leur apparait douteuse, car, avec des cellules motrices aussi altérées, l’animal ne présente pas de troubles moteurs. L'absence de phénomènes paralytiques a été également notée par Jacottet (1) chez des animaux intoxiqués par diverses substances et à l’autopsie desquels des lésions très accusées de chromatolyse furent constatées. En résumé, les faits précédents montrent que la chromatolyse de la cellule nerveuse rencontrée dans les intoxications et dans les infections est une lésion banale, intéressante au point de vue cytologique, mais qui, jusqu'ici du moins, ne répond à aucun phénomène physiologique et partant patho- logique déterminé. 1612.013.37) REMARQUES SUR LES MATIÈRES OXYDANTES QUE L’ON PEUT RENCONTRER CHEZ LES ÊTRES VIVANTS, par M. Em. BouRQUELoOT. Diverses communications récentes ont ramené l’altention sur les matières que Schünbein avait autrefois désignées sous le nom de ma- Lières excitatrices de l'oxygène (Sauerstofferreger), et dont on fait aujour- d'hui des ferments oxydants. Ces matières, en solution dans l’eau, déterminent, en présence de l'air, l'oxydation d’un grand nombre de composés, oxydation qui se manifeste le plus souvent par des colora- tions caractéristiques. C'est ainsi qu’elles donnent, avec la teinture de gaïac, une coloration bleue (Schünbein); avec la paraphénilène-dia- mine, additionnée d'«-naphtol et de carbonate de soude, une coloration violette (Rühmann et Spitzer); avec le gaïacol, une coloration rouge grenat (Bourquelot), etc. Ces différentes réactions ont été utilisées pour la recherche des ma- tières en question. Mais, peut-être, a-t-on quelquefois perdu de vue qu'elles peuvent se produire avec des substances oxydantes qui ne sau- raient être rangées parmi les véritables ferments oxydants; de là une certaine confusion que les remarques suivantes, dont j'emprunte les éléments aux travaux de Schônbein et à quelques expériences person- nelles, ont pour but de dissiper. | Les substances oxydantes susceptibles de donner les réactions colo- rées, mentionnées ci-dessus, sont nombreuses. Celles que l’on peut ren- contrer chez les êtres vivants me paraissent actuellement devoir être (1) Jacottet. Thèse de Lausanne, 1897. SÉANCE DU À° MAI 1403 SE rangées en quatre groupes,l'ozone constituant à lui seul un de ces gTOUpes : I. — L'ozone est, en effet, le tyve de ces substances oxydantes, et l’on sait depuis longtemps que si on plonge une bande de papier imprégnée de teinture de résine de gaïac dans l'air d’un flacon, au fond duquel on a mis un peu d’eau et des morceaux de phosphore, ce papier ne tarde pas à se colorer en bleu, par suite de l'oxydation de j'acide gaïaco- nique de la résine par l'ozone qui se forme dans ces conditions. Schünbein a montré que divers sucs végétaux sont doués de la pro- priété de retenir, pour un certain temps, l'ozone. Si, par exemple, on agite une macération aqueuse d'orge germé avec de l'air ozonisé, cette macération acquiert la propriété de bleuir la teinture de résine de gaïac, et conserve la susdite propriété pendant un certain nombre d'heures. Si, pourtant, on la porte à l’ébullition, la macération perd de suite toute activité oxydante. Il ne suffit donc pas de constater qu'un liquide organique bleuit la teinture de gaïac et perd cette propriété par ébullition, pour affirmer qu'il renferme un ferment oxydant. Il existe, d’ailleurs, des corps définis dont les solutions aqueuses se comportent, à l'égard des réactifs, comme ces macérations ozonisées. C'est à ces corps que Schünbein a donné le nom d’ozonides ou porte- ozone (Ozonträger), parce que, dans sa pensée, — et son hypothèse est parfaitement acceptable, — une partie de l’oxygène de ces corps est à l’état d'ozone prêt à passer sur d’autres corps, soit pour en faire de nou- veaux ozonides plus stables, soit pour les oxyder profondément. Ces ozonides constituent donc un second groupe de substances oxydantes. IT. — Parmi les ozonides, je prendrai, comme exemple, la quinone, parce que c’est un composé cristallisé et que l'étude de ses propriétés permet de se rendre compte du rôle important que peuvent jouer, dans la nature, Les corps qui lui sont analogues. Une solution aqueuse de quinone donne avec la teinture de résine de gaïac, une coloration bleue; avec le réactif de R‘hmann et Spitzer, une coloration violette; avec la para-phénylène-diamine, une coloration brun noirâtre; avec l'«-naphtol, une coloration bleu violacé; avec le gaïacol, une coloration rouge grenat, etc. Elle se comporte donc avec ces réactifs comme une solution de gomme arabique, ou comme une solution aqueuse de myrrhe: en un mot, comme une solution de ferment oxydant. Bien que les solutions de quinone dans l’eau pure s’altèrent à la longue, surtout à la lumière, elles conservent cependant un certain temps leurs propriétés oxydantes et ne les perdent pas lorsqu'on les porte à l’ébul- lition. Mais si l’on additionne ces solutions de certains liquides orga- niques, surtout de liquides renfermant des matières albuminoïdes, les propriétés oxydantes, qu'on peut toujours constater au moment du. 404 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mélange, disparaissent assez rapidement à froid et instantanément à l’ébullition. En même temps les liquides se foncent et prennent des teintes tirant en général sur le rouge ou le brun. Le lait, le sérum du sang, l'urine, les solutions d’albumine de l’œuf, les macérations aqueuses de graines (courge, maïs, Zelianthus annuus, etc.), détruisent ainsi les propriétés oxydantes des solutions de quinone. Voici du reste le détail de mes expériences avec le lait et l’albumine : Lait MP Eaitifrais ho DNS" 5 cent ICubese Solution de quinone à 0 gr, 20 p: ADD ICenLe RP SEEN ES Fm On mélange et on ajoute 5 à 10 gouttes de teinture de résine de gaïac à 4 p. 100 : coloration bleue presque instantanée. DMTait ras EC © cent-cubes: SOIUON de QUINONC RENTAL — On porte à l'ébullition ; le mélange devient rose chair. On laisse refroidir et on ajoute la teinture de gaïac : pas de coloration. Albumine. — La solution d’albumine employée a été obtenue en battant un blanc d'œuf dans 350 centimètres cubes d’eau et filtrant. Cette solution ne colore pas la teinture de gaïac. lSolutiond'albumine "0/04" 0;cent cubes: SOIN Te qUINON EMA MN — Ce mélange colore instantanément eu bleu la teinture de gaïac. IT. Solution d’albumine . . . . . . 5 cent. cubes. Solution dequinone tu .5 — On fait bouillir; le liquide devient rouge brun. On laisse refroidir et on ajoute la teinture de gaïac, le liquide bleuit encore, mais très lentement. III. Solution d’albumine . . . . . . 10 cent. cubes. Solution {de quinone 0/00" '0b — On opère comme ci-dessus et on constate, après refroidissement, que le liquide n'agit plus sur la teinture de gaïac. En réalité, ces solutions de quinone additionnées de liquides orga- niques se conduisent, en apparence, comme des macérations fraiches d’un grand nombre de plantes (pissenlit, laitue) qui, bleuissant le gaïac au moment de leur préparation, perdent cette propriété au bout de quel- ques heures à froid et de suite quand on les porte à la température de 100 degrés. Il est donc permis de penser que dans certains cas, lorsque l’on s’en est rapporté simplement à ces deux ordres de faits : réactions colorées déterminées par des liquides organiques, et disparition de ces réactions sous l'influence de la chaleur, on a pu prendre, pour des ferments oxydants, des corps analogues à la quinone, c’est-à-dire les ozonides de Schôünbein. SÉANCE DU 1° MAT 405 III. — Ces ozonides ne sont oxydants que par une partie de l'oxygène qu'ils renferment: celui qui, dans l'hypothèse de Schünbein, est à l’état d'ozone. Une fois cetoxygène employé, le phénomène est terminé. Au contraire, les matières dont je fais un troisième groupe, sont oxydantes à l'aide de l'oxygène de l’air auquel elles communiquent une certaine activité chimique; et c'est cet oxygène qui vient oxyder tel ou tel composé ajouté à la solution de ces matières. Si nous ne savons pas de quelle grandeur est ce pouvoir excitateur de l'oxygène, du moins pouvons-nous affirmer qu'il est considérable, étant données la quantité d'oxygène qui peut être ainsi empruntée à l'air, et la faible proportion de matières qui suffit à lui donner l’activité nécessaire. C'est pour cela qu'on peut ranger ces matières parmi les ferments. On a comparé, avec raison, l’action de ces ferments à celle du car- min d'indigo que l’on emploie quelquefois pour la recherche du glucose. Si, à une solution d'indigo additionnée d’un peu de carbonate de soude, on ajoute un liquide renfermant du glucose et si on chauffe, on voit la solution se décolorer, l’indigo cédant au glucose qui s'oxyde, une partie de son oxygène pour se changer en indigo blanc. Laisse-t-on -refroidir, la solution d'indigo absorbe l'oxygène de l'air et redevient bleue. Chauffe-t-on de nouveau, une nouvelle quantité de glucose est oxydée et l'indigo perd encore sa couleur, et ainsi de suite, jusqu'à ce que la totalité du glucose soit complètement oxydée. D'où il suit qu’une même quantité d'indigo — faible relativement — suffit pour oxyder une grande proportion de glucose à l’aide de l'oxygène de l'air. On comprend donc que la présence de ferments oxydants dans un liquide est seulement caractérisée — et c'est par là que ces substances se distinguent de celles dont il a été question dans le paragraphe pré- cédent — par une absorption d'oxygène lorsqu'on ajoute, au liquide qui les renferme, des composés oxydables sous leur influence. Ajoutons que cette absorption d'oxygène peut être révélée par ce fait que, l'oxydation se faisant toujours au dépens de l'oxygène de l'air, les réactions colorées, lorsqu'il doit s'en produire, se poursuivent toujours à la surface des liquides, à partir du moment où l'oxygène en dissolution dans ces liquides est consommé. IV. — Enfin, il existe des substances dont l'action oxydante n’a été observée jusqu'ici qu'en présence de l’eau oxygénée. Elles possèdent la propriété de décomposer ce dernier corps, de telle sorte qu'une partie de l'oxygène qui se dégage est susceptible de se fixer sur certaines matières oxydables. Schônbein a montré que ces substances sont très répandues, surtout dans les graines. Prenons, par exemple, une macération de graines de maïs : elle ne colore pas la teinture de gaïac. Additionnons-la de deux gouttes d’eau oxygénée : elle bleuit alors fortement ce réactif. La graine de maïs ren- 2406 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ferme donc une substance qui décompose l'eau oxygénée et donne, à une partie de l'oxygène qui se dégage, une activité telle qu il oxyde immédiatement la résine de gaïac. On obtient des résultats analogues avec les macérations de graines de courge, d'Æelianthus annuus, etc., ainsi qu'avec le sérum du sang, le lait, etc., tandis que l'urine et le blanc d'œuf sont dépourvus d'activité. Avec le sérum de sang de bœuf séparé par le repos, on observe ce fait curieux que, lorsqu'après l'avoir mélangé avec quelques gouttes d'eau oxygénée, on ajoute de la teinture de gaïac, il ne se produit pas d'abord de coloration, alors cependant que les bulles gazeuses qui se dégagent indiquent que l’eau oxygénée est décomposée. Si ensuite on ajoute de nouvelle eau oxygénée, la coloration bleue apparaît, pour disparaître encore par l'agitation. Ce n’est que lorsqu'on a ajouté une quantité d’eau oxygénée suffisante que la coloration bleue devient per- sistante. Il semble done que ce sérum renferme un composé plus avide d'oxygène que l'acide gaïaconique et que celui-cine s ps que quand le composé en question est saturé d'oxygène. Existe-t-il des relations entre ces substances et les précédentes ? C'est là une question dont Schünbein s'était déjà préoccupé sans, pourtant, l'avoir résolue. En tout cas, le chimiste suisse a établi que tous les liquides organiques qui décomposent ainsi l’eau oxygénée, perdent cette propriété par l'ébuilition. M. Dupouy a proposé récemment un procédé permettant de distinguer le lait cuit du lait cru. Le lait cru additionné d’eau oxygénée colore en bleu la teinture de résine de gaïac, ete., tandis que le lait cuit ne pes- sède plus cette propriété. Ce procédé est, comme on le voit, l’applica- tion d’une donnée générale à un cas particulier. On pourrait encore l'appliquer, par exemple, à la distinction des macérations de certains produits végétaux des infusions ou des décoctions de ces mêmes produits. (612.166) Du SOUFFLE CHLOROTIQUE DE LA VEINE CAVE SUPÉRIEURE ET DES TRONCS BRACHIO-CÉPHALIQUES, par MM. A. GicBerT et M. GARNIER. Depuis que Laënnec et surtout Bouillaud ont décrit les bruits ané- miques des vaisseaux du cou (bruit de rouet ou de diable), les auteurs ont retrouvé ces bruits dans beaucoup d'autres veines du corps; c'est ainsi qu'on en a décrit au niveau de la veine fémorale, de la veine faciale (Weil), de la jugulaire externe (bruit de mouche), de la sous-cla- vière. Il semble donc qu'on puisse les entendre dans tous les troncs veineux et même les veines de moyen volume, pourvu qu'ils soient situés superficiellement. Il y a pourtant une région qui est en rapport direct avec de gros troncs veineux et où on n’a pas encore signalé de SÉANCE DU 1° MAI 407 souffle anémique ; c'est la zone thoracique qui correspond à la base du cœur, au tronc court et volumineux de la veine cave supérieure et à ses deux branches d’origine, les troncs veineux brachio-céphaliques droit et gauche. C'est au niveau de cette zone que nous avons pu localiser chez une chlorotique un souffle veineux qui offre quelques caractères particuliers. La malade dont il s’agit est une jeune fille de dix-sept ans, entrée le 28 février 1897 à l'hôpital Broussais, salle Gubler, n° 28. Elle n’a comme antécédent pathologique à signaler qu'une attaque de rhumatisme arti- culaire aigu généralisé, remontant à trois ans, sans complications car- diaques. Le début de la chlorose remonte à deux années, et à ce moment elle a déjà été soignée dans le service. Actuellement elle est pâle, les mu- queuses sont décolorées ; elle se plaint de céphalalgie, de vertiges, de palpitations ; elle n’a pas de troubles digestifs; elle n’a pas encore été réglée. À l'examen, on constate un très léger souffle, doux, systolique à la pointe, et un souffle continu assez intense dans les vaisseaux du cou. Mais si on ausculte la base du cœur, on constate l'existence d’un bruit anormal particulier. Il s’agit d’un souffle continu, renforcé au moment de la systole masquant les bruits du cœur à la base. Si l’on fait mettre la malade dans la position demi-assise, et qu’on lui fasse tourner la tête du côté droit, on entend sur le côté droit du sternum, près de la clavicule, un souffle doux, continu ; ce souffle est indépendant des batle- ments cardiaques, que l’on entend affaiblis, et des mouvements respira- “toires. Il a son maximum au niveau de la première articulation chon- dro-sternale droite, juste au-dessous de la clavicule. Si on ausculte de ce point le long du sternum vers l’appendice xiphoïde, on constate que ce souffle va en diminuant: il est encore bien distinct dans le 2° espace in- tercostal et au niveau de la 3° côte, mais il diminue beaucoup dans le 3° espace, et disparaît dans le 4°. En dedans de cette ligne, on l'entend derrière le sternum jusqu'au niveau de la 3° côte ; il n'existe pas à gauche dans cette position. Du côté externe, on l'entend en haut tout du long de la elavicule, jusqu’à la face antérieure de l’aisselle ; au niveau du 1° es- pace intercostal, il se prolonge moins loin, et son intensité va en dimi- nuant en dehors ; au niveau du 2° espace, ilne va guère qu'à 5 à 6 centi- mètres du bord droit du sternum ; enfin, dans le 3° espace, ilne s'entend qu'au niveau de ce bord. Quand la tête de la malade est dans la position directe, le souffle s’en- tend, mais est moins intense. Si enfin la tête est tournée du côté gauche, le souffle disparait presque complètement; on entend alors les deux bruits aortiques nets el bien frappés. Pourtant en auscultant le long de la elavicule, on retrouve le souffle au niveau de sa partie moyenne eten dehors. : Si maintenant on ausculte à gauche du sternum., en faisant tourner 408 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la tête de la malade de ce côté, on entend aussi un souffle doux, con- tinu, à maximum siégeant au point symétrique du précédent, c’est-à- dire au niveau de la 1" articulation chondro-sternale gauche; le souffle s'entend dans le 1% espace intercostal el au niveau de la 2° côte, mais disparaît dans le 2° espace; il se prolonge en dehors sous la clavicule jusqu’à la face antérieure de l’aisselle ; en dedans, il s'entend derrière le sternum jusqu'à la 2° côte. Si on fait tourner la tête de la malade à droite, le souffle disparait, sauf au niveau de la partie externe de la clavicule. La position de la malade influe aussi sur l'intensité de ces souffles. Si on la fait coucher à plat dans son lit, et qu'on ausculte au même foyer, on ne trouve plus qu'un souffle très léger et à peine perceptible. Si, au contraire, on la fait asseoir, le souffle augmente d'intensité; si on ausculte la malade debout, l'intensité reste sensiblement pareille ; enfin, si on fait pencher la malade en avant, on constate que le souffle prend un timbre plus élevé, presque musical. Cherchons maintenant quelle est la localisation anatomique de ces souffles. Si l’on se reporte au schéma des rapports des gros troncs veineux de la base du cœur avec la paroi thoracique, on voit que la veine cave supérieure née derrière la première articulation chondro- sternale droite, descend verticalement le long du sternum en rapport avec le 1% espace, la 2° côte et le 2° espace intercostal, et se jette dans l'oreillette droite au niveau de la 3° articulation chondro-sternale droite. À son origine, elle est formée par la réunion des deux troncs veineux brachio-céphaliques : le droit, très court, qui se divise au-dessus de la 1"° côte en veine sous-clavière et veine jugulaire interne; le gauche plus long, qui croise obliquement le sternum et va se diviser derrière l’arti- culation sterno-claviculaire gauche en veine sous-clavière et veine jugulaire interne. Or, le souffle que l’on entend à droite du sternum suit exactement le trajet de la veine cave; il a son maximum au niveau de l’origine de la veine et descend comme elle Ie iong du sternum; en haut il se prolonge sous la clavicule en suivant le trajet de la veine sous- clavière et de l’axillaire. Sur tout son parcours, la veine cave est super- ficielle; elle n’est séparée de la paroi thoracique que par le cul-de-sac pleural et le bord antérieur du poumon droit ; elle l’est même davantage à son origine ; en effet, d’après Farabeuf, au niveau de la 1" côte et du 1% espace, la veine empêche le bord pulmonaire de se rapprocher du sternum et n’est par suite séparée de la paroi que par le cul-de-sac pleural. Le souffle que l’on entend à gauche du sternum correspond au tronc brachio-céphalique gauche; son territoire est beaucoup plus limité que celui du souffle de droite, ce qui s'explique par la moindre étendue de la veine; il se prolonge aussi en dehors en suivant la sous-clavière. Ce tronc brachio-céphalique est de même superficiel et n’est séparé de la paroi thoracique que par le cul-de-sac pleural. SÉANCE DU 1°" MAI 109 L'explication du mode de production de ces souffles est plus difficile à trouver. L'on peut invoquer les mêmes causes qui ont été incriminées pour l'explication des souffles ordinaires de la chlorose ; mais comment expliquer l'influence de la position de la tête? Remarquons qu'une cause de production de ces souffles, la pression du stéthoscope, manque ici, les veines étant protégées par la paroi thoracique résistante ; d'autre part, l'influence de la position de la tête ne se fait pas sentir pour la partie externe de la clavicule, point où débute l’axillaire qui est en dehors de la cage thoracique, et par conséquent comprimable. Il parait done pro- bable que dans les mouvements de rotation de la tête, il se produit un certain degré de compression des veines du même côlé, que cette com- pression soit exercée par le sterno-mastoïdien au niveau de la jugulaire interne ou bien par la clavicule sur le tronc brachio-céphalique. Il est difficile de se rendre compte de ce mécanisme sur le cadavre; pour mettre à nu les grosses veines de la base du cœur, il faut ouvrir le tho- rax et changer ainsi les conditions mécaniques réalisées sur le vivant; néanmoins, si on enlève la partie supérieure du sternum en désarticulant les clavicules et en coupant les premiers cartilages costaux, et qu'on imprime alors des mouvements de rotation à droite et à gauche à la tête, on voit, quand on tourne la tête à droite, le sang refluer de la jugulaire interne droite vers la veine cave, et quand on la tourne à gauche, le reflux se faire de même dans le tronc brachio-céphalique gauche; ce qui indique bien que dans ces cas, il y a compression de la veine en amont, probablement de la ;ugulaire interne au niveau du cou. Sur le vivant, on voit chez certains sujets maigres, quand on tourne fortement la tête d’un côté, la jugulaire externe de ce côté faire saillie, et rester gorgée de sang. Il semble donc bien que la rotation de la tête produit une compression veineuse du même côté. Il n’est pas fait mention de ce souffle dans les auteurs classiques ; le souffle de la veine sous-clavière est seul mentionné. On trouve seule- ment dans le traité de Pathologie d'Eichorst, que le bruit de diable ou bruit de nonne de la jugulaire interne peut être quelquefois aussi entendu derrière le manubrium sternal, et le long du bord sternal droit ; mais il ne s'agit là que de la propagation d’un souffle et non d’un souffle spécial. La connaissance de l’existence possible de ce souffle a un certain intérêt clinique. Il peut, en effet, être confondu avec un bruit cardiaque à une auscultation rapide ; il en diffère néanmoins par lous ses carac- tères ; il est continu, doux ; son maximum a un foyer particulier ; enfin il est remarquablement influencé par la position de la tête; on peut le faire disparaître à volonté, et entendre les bruits cardiaques restés dis- tincts derrière ce souffle. Biococte. CoMPrEs RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. [V. 33 410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR L'ARCHITECTURE DES MUSCLES, par M. G. Weiss. Divers auteurs, parmi lesquels il faut ciler en première ligne M. Marey et W. Roux, ont montré la tendance du muscle à s'adapter à la fonction qu'il exerce. Les fibres d'un muscle bien adapté doivent avoir une longueur proportionnelle au déplacement de leur extrémité. A l'appui de cette loi, M. Marey a cité des faits tirés de l'anatomie comparée et à réalisé certaines expériences. W. Roux s’est appuyé principalement sur des mensurations faites chez l’homme à l’état normal et pathologique. Les museles ont une tendance à s'adapter à la fonction, mais jusqu à quel point cette adaptation se fait-elle? Si tous les muscles de l’orga- nisme avaient le même coefficient de raccourcissement, il serait aisé de vérifier en toute rigueur la loi de proportionnalité citée plus haut. Par exemple, supposons que ce coefficient soit de 50 p. 100, il suffirait de mesurer le déplacement de l'extrémité d'un musele et de vérifier que ce déplacement est moitié de la longueur des fibres musculaires paral- lèles à ce déplacement. Mais il n'en est pas ainsi si tel muscle se raccourcit de 25 p. 100, tel autre le fait de 50 p. 100 et même de 60 p. 100. J'espère revenir dans une autre communication sur ce point important. On ne peut donc rien tirer de la comparaison de muscles différents. Mais on se rendrait un compte très exact de l’état d'adaptation d’un muscle, en étudiant de près son architecture. Il est en effet fort probable que dans un même muscle, tous les faisceaux musculaires ont le même coefficient de contraction; en admettant cela, on peut, d’après les prin- cipes de la mécanique, déterminer quelles doivent être les longueurs des diverses fibres d’un muscle, pour que ce muscle soit parfaitement adapté, c'est-à-dire pour que chaque fibre prenne la même part de la force totale à développer. Au cours de mes recherches sur ce point, j'ai trouvé, dans Haughton, Principles of Animal mechanics, des résultats en contradiction absolue avec ce que j'espérais. Dans certains cas, il y avait des écarts de 36 p. 100 entre Haughton et moi. J'ai repris les calculs de Haughton et j y ai relevé une erreur, puis j'ai constaté que les hypothèses de l’auteur péchaient par la base à divers points de vue sur lesquels je ne puis insister ici. J'imaginai alors une construction géométrique très simple, me per- mettant, connaissant la longueur d’une des fibres d’un muscle, de trouver celle d’une autre fibre quelconque, si toutefois le musele est parfaitement adapté. Je cherchai à vérifier mes résultats sur le cadavre. À mon grand regret et malgré l’obligeance de M. le professeur Farabeuf, aux connaissances anatomiques duquel j'ai eu si souvent a SARA ERA SÉANCE DU 1° MAI AA ————_—_—_—_—_p—p D pZpLpLUL recours, je n'ai pu faire aucune mensuration convenable sur l’homme. Il faut pour arriver à un bon résultat, prendre le sujet pendant la rigi- dité cadavérique et le plonger dans une solution de formol à 2 p. 100 : ainsi fixées, les fibres musculaires peuvent aisément être suivies et mesurées. Je me suis adressé à divers animaux: le chien convient fort bien et certains de ses muscles m'ont permis de vérifier leur état d'adaptation. Le droit antérieur de la cuisse et le long extenseur des orteils donnèrent une vérification idéale. Le fléchisseur profond présenta une exception. Ce muscle est penni- forme, les barbes d'un côté eurent la longueur théorique, celles de l’autre côté, une longueur un peu trop grande. Je ne sais encore si cet écart tient à un défaut d'adaptation ou à une autre cause. Chez le singe, je pus aussi trouver deux muscles se prêtant à de bonnes mesures. Le fléchisseur profond des doigts est parfaitement adapté, il en est de même du brachial antérieur. J'ai en vue d’autres muscles et d’autres animaux, mais il me faut un certain temps pour me les procurer. SUR LES PREMIERS STADES DU DÉVELOPPEMENT DE LA THYROÏDE MÉDIANE, par MM. A. SouLié et P. VERDUN. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de T'oulouse.) On sait que W. Müller (1871), confirmant les premières recherches de Remak (1855) sur l'embryon de poulet, à constaté que la glande thyroïde se développe, chez la plupart des Vertébrés, aux dépens d’une ébauche médiane. Külliker (1879) montra en plus que cette ébauche médiane, chez l'embryon de lapin, se détachait sous forme d’un bourgeon plein de la paroi antérieure du pharynx. En 1882, Born, ayant suivi, chez le porc, l’évolution de la glande thyroïde, remarqua que deux ébauches latérales, dérivées de la 4° poche branchiale, se fusionnaient avec l'ébauche médiane. Hiss (1885), dans ses recherches sur l'embryon humain, considère l’ébauche médiane comme une sorte d’enclave épithé-: liale, résultant du rapprochement contre le tuberculum impar, des extrémités antérieures des 2° el 3° arcs. À l’encontre des observateurs précédents, Jacoby, dans un travail récent (1895), admet que la thyroïde médiane, chez l'embryon du porc, procède d’une double ébauche pharyngienne. L'origine première de la thyroïde médiane se trouve ainsi remise en question, el c'est ce qui nous engage à publier les : observations que nous avons pu recueillir sur un certain nombre de. mammifères (lapin, taupe, chat, homme), tout en regrettant de n'avoir «+ pu contrôler les assertions de Jacoby sur l'embryon de porc. 419 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Lapin. — La thyroïde médiane apparait vers la 209° heure, sous forme d'un épaississement épithélial situé au-dessous de l'insertion inférieure de la membrane pharyngienne, immédiatement en arrière du bulbe aortique. Sur l'embryon de 219 heures, l'ébauche impaire et médiane fait une saillie appréciable dans la cavité du pharynx, en même temps qu’elle s'enfonce dans le tissu mésodermique sous-jacent. A la %3° heure, ce bourgeon, encore réuni à la paroi pharyngienne par un mince pédicule, se trouve logé dans l'angle de bifurcation du bulbe aortique, au-devant duquel il se trouve reporté vers la 284%° heure. Sur les embryons de 307 heures, la thyroïde médiane a perdu toute con- nexion avec le pharynx dont la sépare le bulbe aortique, mais elle ne présente encore aucune trace de lobulation ; ce n'est qu'au voisinage de la 329° heure qu'on constate la présence de bourgeons par l'intermédiaire desquels la thyroïde médiane se met en rapport avec les thyroïdes latérales. Taure. — La thyroïde médiane se présente, chez l'embryon de 2 mil- limètres, sous l’aspect d’un bourgeon creux logé dans une dépression du bulbe aortique, et rattaché à la paroi antérieure du pharynx par un court pédicule dont la lumière s'ouvre largement dans la cavité pharyn- gienne. La communication du bourgeon avec le pharynx, se trouve sensiblement réduite sur l'embryon de % millimètres; toutefois ce bourgeon, placé maintenant au-dessus du bulbe, a poussé des prolonge- ments à l'extrémité desquels persiste en partie la cavité primitive. Chez l'embryon de 5 millimètres, la thyroïde médiane s'est complètement détachée de l’épithélium du pharynx, elle est située en avant du bulbe aortique, et présente encore à son intérieur une lumière centrale qui ne tarde pas à disparaitre dans les stades ultérieurs. Caar. — Un embryon de 7 millimètres nous montre la thyroïde médiane sous la forme d’un bourgeon unique, faiblement lobulé, com- pris dans l’angle de bifurcation du bulbe aortique qu'il déborde légère- ment en haut et en avant. La lumière que l'on constate nettement dans l'extrémité renflée du bourgeon, fait défaut dans le mince pédicule qui le rattache encore à l’épithélium du pharynx. Homme. — La première ébauche de la thyroïde médiane débute, chez l'embryon de 3 millimètres, sur la paroi antérieure du pharynx, en arrière du tubercule lingual et au niveau de la partie supérieure du bulbe aortique, par une prolifération très active et bien localisée de l'épithélium. L’amas épithélial résultant de cette prolifération s'enfonce dans le tissu mésodermique sous-jacent, et sa surface pharyngienne commence à se creuser d'une excavation. Sur l'embryon de 4 müli- mètres, l’involution thyroïdienne a franchement le caractère d'un bour- geon épithélial creux et unique qui s'ouvre dans la cavité pharyngienne par un large pédicule, et dont l’extrémilé antérieure est légèrement bifurquée. Sur l'embryon de 6 millimètres, la division en lobes s'est SÉANCE DU 1À° MAI 213 accusée, en même temps que l'ébauche primitivement creuse s'est transformée en une masse pleine, et que le pédicule s’est allongé et aminci. Au stade de 8 millimètres, toute trace d'union entre le pha- rynx et la thyroïde médiane à disparu, et celle-ci se trouve placée directement en avant du bulbe aortique. Chez l'embryon de 14 milli- mètres, la thyroïde médiane, au contact des ébauches latérales, pousse de nombreux bourgeons. Conclusions. — 1° La thyroïde médiane se développe par un bourgeon unique de l’épithélium pharyngien (champ mésobranchial), tantôt plein (lapin), tantôt creux (taupe, chat, homme). 20 Quelle que soit la conformation initiale du bourgeon, au moment où il se détache de la paroi antérieure du pharynx (homme) ou peu après (taupe), il est représenté, dans tous les groupes, par un corps épi- thélial plein à surface lobulée. 3° À l’origine, le bourgeon thyroïdien médian pousse directement en avant contre le bulbe aortique: plus tard, les vaisseaux s’abaissent et le bourgeon encore adhérent à l'épithélium pharyngien repose par son extrémité renflée (antérieure) dans l'angle de bifurcation du bulbe aortique. (Les principaux stades décrits se trouvent représentés dans une planche que nous avons l'honneur de soumettre à la Société de Bio- logie.) [612.461.99)] DE L’URINE DU COBAYE, par M. ALEZAIS. ({ravail du laboratoire de physiologie de Marseille.) L’urine du cobaye présente un chiffre relativement élevé des éléments dissous, si on la compare à l'urine de l'homme. En tenant compte des déperditions inévitables qui se produisent pendant la dessiccation à l’étuve, et en les corrigeant d’après le procédé indiqué par Yvon, qui consiste à faire une seconde détermination de l’urée après la dessiccation, et à ajouter au poids du résidu, la diffé- rence obtenue entre les deux dosages de l’urée, on constate qu'un cobaye de 600 grammes, excrète journellement un peu plus de 3 grammes (3 gr. 33) de substances solides, ce qui donne une propor- tion de O gr. 5 environ pour 400 grammes du poids du corps. Les jeunes cobayes de 150 à 300 grammes excrètent par Jour, en moyenne, un résidu sec de À gr. 138, qui donne la même proportion de 0 gr. 52 pour 100 grammes du poids du corps. Chez les femelles gravides, le résidu sec est encore de 3 gr. 700. MAX SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a L'augmentation de poids qui atteint 800 à 900 grammes et plus, fait tomber le rapport à 0 gr. 4environ. - I s’en faut que, d’un jour à l’autre, l’excrétion soit régulière, et l’on voit osciller la quantité des éléments solides entre 2 gr. 5 et 4 grammes : chez l'adulte, entre 0 gr. Tet 1 gr. 6, chez le jeune, et dans des limites bien plus étendues encore, chez la femelle gravide qui peut donner 2 grammes, 2 gr. 5 jusqu'à 4 et 5 grammes. Mais la moyenne qui résulte de dosages prolongés aboutit à la proportion de 0 gr. 5 pour 100 grammes, qui est bien plus élevée que chez l’homme. En admet- tant que chez celui-ci, l'extrait sec de l'urine soit de 50 grammes en vingt-quatre heures et que son poids soit de 65 kilogrammes, on voit qu'il n’excrète pour 100 grammes que 0 gr. 076, à peu près six à sept fois moins que le cobaye. La comparaison des éléments organiques et minéraux chez le cobaye dénote un taux élevé du coefficient de déminéralisation. Chez l'adulte de 600 grammes, la partie minérale est, en moyenne, de 1 gr. 971 et la partie organique, de 1 gr. 367, soit un coefficient de déminéralisation que l’on peut évaluer à 58 p.100, tandis qu'il est de 30 à 35 p. 100 chez l'homme. Les diverses conditions que j'ai examinées modifient peu ce coeffi- cient qui reste à 58 gr. 8 chez les femelles gravides, ct qui descend à 53 grammes chez les jeunes animaux. Par contre, les matières extractives réductrices semblent un peu plus abondantes dans le jeune âge que chez l'adulte. Évalué par le procédé de Richet et Étard, le pouvoir réducteur de l'urine est: Ghezdadulie de ee : 106071 Chez le jeune.de. 12-21 tent AA 0 029 Chez lafemelle cravide del CREER 0 068 soit de 0,011 p. 100 chez l'adulte, 0,013 chez le jeune, et 0,007 chez la femelle gravide. [612.118.2] NOTE SUR LA DÉTERMINATION DE LA TOXICITÉ DU SÉRUM SANGUIN. TECHNIQUE ET RÉSULTATS, par MM. L. Guiarp et F. Dumaresr. Il suffit de parcourir les nombreux travaux, consacrés jusqu’à ce jour à l'étude des propriétés toxiques du sérum sanguin, pour être frappé par les différences considérables qui existent entre les résultats des divers auteurs, différences qui laissent planer une profonde incer- titude sur les déductions qu'on pourrait tirer de leurs conclusions. — C'est ce qui nous a décidés à entreprendre des essais comparatifs, essais SÉANCE DU 1°! MAI 415 qui nous ont permis d'élucider, dans une certaine mesure, quelques causes de divergences, qui nous paraissent liées, d’une part, à la tech- nique, d'autre part, à un fait, sur lequel nous reviendrons bientôt, qui se rapporte à la conservation des sérums. Comme nos devanciers, nous avons opéré sur le lapin pour déter- miner, toujours, l'équivalent toxique expérimental des sérums, e’est-à- dire la quantité de chacun d'eux nécessaire pour amener la mort par introduction dans la veine. — La technique que nous avons adoptée est absolument celle qui est employée au laboratoire du professeur Arloing et que l’un de nous a décrite, en détail, dans une note antérieure (1). Elle nous a paru satisfaire à tous les desiderata et, toutes choses égales d’ailleurs, par l’uniformité de ses résultats elle ne s'est pas montrée inférieure à ce que l’on peut attendre du procédé récemment recom- mandé par MM. Joffroy et Serveaux. Nous nous sommes toujours efforcés de réaliser une pression constante et très faible, afin de respecter autant que possible les ralentissements spontanés dus à des actions vaso-motrices. Afin d'éviter d'apporter des modifications aux toxalbu- mines si instables des sérums, nous n'avons jamais ajouté la moindre substance supplémentaire aux liquides que nous devions essayer. Le sang des animaux était récolté directement dans la carotide, avec des précautions de simple propreté, quand on devait utiliser le sérum immédiatement; aseptiquement, à l'aide du procédé préconisé par M. Arloing, lorsqu'il devait être conservé. — Les sérums étaient injec- tés soit à la température du laboratoire, soit à une température voisine du corps: mais, étant données les conditions de l'injection, ce facteur n’a jamais influencé les résultats. — Nous avons remarqué aussi, coutrai- rement au dire de Naunyn, Schiffer et Hogges, que les sérums colorés, même très fortement, par l'hémoglobine dissoute, ne sont pas, de ce chef, plus toxiques que ceux qui sont bien clairs. De même la conserva- tion des sérums au contact du caillot n'a pas semblé apporter une modification quelconque à leurs propriétés. — Même observation à propos de l’apparence dite lactescente ou opalescente du sérum; cet état semble échapper à toute loi, qu'il s'agisse du sang humain ou du sang d’un animal. C’est en faisant ces constatations et en nous plaçant toujours dans les mêmes conditions de recherches que nous avons déterminé la toxicité immédiate du sérum de chien, de bœuf, d'âne, de cheval et de chat. Par {oxicité immédiate, nous entendons celle que l’on détermine dans les trois ou quatre premiers jours qui suivent l'exsudation et la sépara- tion du sérum ; dans une prochaine note, nous verrons, en effet, que, dans les jours suivants, cette toxicité peut se modifier. (1) L. Guinard. À propos de la technique expérimentale relative à la déter- mination du degré de toxicité des urines. Société de Biologie, 13 mai 1893. %A6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les chiffres moyens que nous avons obtenus, avec notre méthode, et qui représentent le coefficient de toxicité du sérum normal des animaux précités sont : pour le cheval, 324 centimètres cubes; pour l’âne, 117; pour le chat, 13,5; pour le chien, 10,55; pour le bœuf, 9,22, par kilo- gramme de lapin. Nous ne les mettrons pas en opposition avec ceux de nos devanciers, qu'il nous est d’ailleurs impossible de citer ici et rappe- lons seulement, que, relativement au cheval, la faible toxicité du sérum de cet animal a été signalée par Leclainche et Rémond, Roger et Cadiot. dont les chiffres sont, cependant, encore en dessous de ceux que nous avons obtenus. : [612.118.2] .ATTÉNUATION SPONTANÉE DE LA TOXICITÉ DES SÉRUMS NORMAUX ET PATHOLOGIQUES, par MM. L. Guinarp et F. DUMAREST. Bien qu'une modification spontanée des propriétés toxiques du sang soit apparue à certains auteurs comme une éventualité admissible ou même probable, aucun d'eux ne s'est encore attaché à en préciser les degrés ou les délais et, vraisemblablement, elle semblait éloignée, lente et peu importante au début. Aussi ne trouve-t-on presque jamais, dans les rapports d'expériences, la mention de l'intervalle de temps séparant la récolte du sang de l'essai du sérum. Nous nous sommes convaincus, cependant, qu'il y avait là une cause de divergence très appréciable et que les variatious que l’on peut observer sont rapides et importantes. Le sérum normal, aseptique, subit spontanément une atténuation de ses propriétés toxiques, atténuation variable suivant les espèces, sui- vant les individus, mais constante el généralement rapide à partir du 5° ou du 6° jour. À partir des 9°, 15° ou 20° jours, suivant les cas, cette atténualion est plus modérée et finit par s'arrêter à un point fixe, désormais assez immuable. Nous l’avons observée avec le sérum d'àne, de chat et de bœuf, mais, de tous, le sérum de chien est celui qui nous a donné les résultats los plus nets. En voici un exemple : Un sérum du 2° jour avait pour coefficienttoxique 10.6 Le même sérum du 4° — —- 10.55 — 6° — — 17.8 —— ÿe — — 44.2 — 23: — un coefficient supérieur à 86.7 Un autre sérum de chien, conservé aseptiquement depuis cinq mois, avait un coefficient toxique de 106,3. Cette atténuation est due vraisemblablement à des processus d'ordre SÉANCE DU 1° MAI 447 chimique; elle fait le pendant de celle que l’on constate avec les produits toxiques extraits des cultures microbiennes, qui ont avec les toxalbu- moses du sang de nombreuses analogies. Les toxines et antitoxines étant solidaires dans le sang des mêmes principes albuminoïdes, il y avait lieu de rechercher si la rapide dispa- rition du pouvoir toxique n’entrainait pas une modification parallèle du pouvoir antitoxique dans les sérums thérapeutiques. — C’est une ques- tion qui a déjà été traitée; mais nous avons constaté nous-mêmes que ce pouvoir antitoxique s’atténue dans des proportions insignifiantes. Nous avons vu notamment un sérum antidiphtérique, provenant de l'Institut Pasteur,‘ayant près de deux ans de conservation, qui a mani- festé, sur le cobaye, une activité préservatrice presque normale. L'atténuation de la toxicité s’observe également avec les sérums pathologiques, mais avec des caractères un peu différents. Habituelle- ment la décroissance du pouvoir toxique est d'autant plus rapide que la toxicité initiale est plus affaiblie. — Nous nous proposons d’ailleurs de revenir prochainement sur cette dernière particularité. (Laboratoire de physiologie de M. le Professeur Arloing.) ACTION DU COLI-BACILLE SUR LE BACILLE VIRGULE, par M. RÉNON. (Travail du laboratoire de la Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) En 1892, à propos de l’étude de quelques-uns des premiers cas de choléra observés à Paris, nous avions été surpris de rencontrer le coli- bacille et le bacille virgule dans les selles des malades, et nous nous étions demandé « s'il ne fallait pas tenir grand compte de ces associa- tions microbiennes, la présence de certains microbes favorisant l’évolu- tion du vibrion cholérique », pensant « qu'il serait intéressant d’étudier les rapports du bacille virgule et du bactérium coli (1) ». D'ailleurs, l'existence du coli-bacille et du bacille virgule avait été remarquée dans cette épidémie par d’autres auteurs, notamment par MM. Lesage et Macaigne (2). Depuis cette époque, les remarquables travaux de M. Metchnikof ont bien mis en lumière l’action de certains microbes, action favorisante ou empêéchante, sur le développement du vibrion cholérique (3). Bien qu'il soit très difficile de déterminer, dans des cas donnés, le pouvoir patho- gène intestinal d’un hôte normal, banal même, de l'intestin, tel que le (1) Rénon. Annales de l'Institut Pasteur, 1892, p. 632. (2) Lesage et Macaigne. Annales de l’Institut Pasteur, 1893, p. 18. (3) Metchnikof. Annales de l'Institut Pasteur, 1894, p. 545. JAS8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE coli-bacille, nous pensons que c’est peut-être à une semblable action: qu'il faut rapporter quelques faits anciens observés par nous en 18992, et certains autres plus récents qui nous paraissent la confirmation des premiers. En 1892, nous avons pu voir que, dans les selles cholériques où se trouvaient associés le coli-bacille et le bacille virgule, à l'exclusion d’autres microbes, et surtout d'autres microbes liquéfiant la gélatine, les cultures sur plaques de gélatine, en boîtes de Pétri, après dilutions. successives, permettaient de voir, de la façon la plus nette, que quelques- unes des colonies de bacille virgule, plus étalées que les autres, avaient une tendance marquée à élargir leur cercle de liquéfaction, quand elles. siégeaient près des colonies de coli-bacille. Sur tubes de gélose, où, à la température de 37 degrés, les deux microbes ont une très grande rapi- dité de développement, nous avons, dans quelques cultures, après. ensemencement en strie d’un mélange de coli-bacille et de bacille virgule, pu voir que ce dernier s’étalait en largeur sur les bords de la culture, alors que le coli restait surtout limité dans les parties médianes. Avant à cette époque inoculé des cobayes dans le péritoine avec un mélange des deux parasites, il nous avait semblé qu’à poids égal les animaux inoculés avec ce mélange avaient succombé plus rapidement, que ceux inoculés seulement avec le bacille virgule. Nous venons de faire de nouvelles recherches sur ce sujet, et nous avons examiné d’une façon plus précise l’évolution des deux parasites dans les cultures et sur les animaux. Quand on ensemence du bacille virgule sur gélatine coulée en boites de Pétri, si l'on ajoute à la culture ainsi faite du coli-bacille, en ayant soin de semer ce dernier sur deux lignes perpendiculaires l’une à l’autre, en forme de croix, et se joignant au centre de la plaque, voici ce que l’on observe, en mettant les plaques à une température de 20 à 22 degrés : les colonies de coli-bacille se développent les premières, donnant sur la plaque une croix blanchàtre, réunion de colonies coli- bacillaires typiques ; les colonies de bacille virgule se développent plus tard, irrégulièrement, au hasard de l'ensemenecement. Au bout de quatre à cinq Jours, certaines de ces colonies de bacille virgule avoisinant les. colonies coli-bacillaires ont pris un volume plus grand que les autres ; le cercle de liquéfaction est beaucoup plus étendu. Dans un cas, sur une plaque, une de ces colonies, développée à l'intersection des deux lignes de colonies coli-bacillaires, formait un cerele de la largeur d’une pièce de 2 francs, alors qu’à la périphérie, les autres colonies de bacille virgule avaient un volume cinq à six fois moindre. Des résultats analogues s'observent dans l'organisme animal, quand on veut produire la péritonite cholérique expérimentale, et l'expérience suivante est facile à réaliser. Si l’on prend trois cobayes, deux de poids faible, mais à peu près égal, et le troisième beaucoup plus gros, pesant, = 25 dE SÉANCE DU 1° MAI 419 à lui seul, presque autant que les deux autres, et si l’on inocule dans le péritoine l’un des deux petits cobayes avec une quantité déterminée de culture de bacille virgule développée en vingt-quatre heures dans du bouillon soigneusement mesuré, et l’autre de la même facon avec la même quantilé de culture de coli-bacille non virulent, développée de manière identique, on voit le cobaye inoculé avec le premier parasite succomber en moins de douze heures, avec un abaissement progressif de température, landis que le second cobaye reste indemne. Si l’on prend maintenant le gros cobaye, et si on l’inocule à la fois avec la même dose de coli-bacille et de bacille virgule recue par chacun des deux petits cobayes (ce qui fait, si l’on tient compte de son poids, une dose moitié moindre de chaque parasite), on est surpris de le voir succomber dans le même temps que le petit cobaye inoculé avec le bacille virgule, et non plus tard, comme on aurait pu s'y attendre. Il semble assez difficile d'attribuer à une cause autre que la présence du coli-bacille la rapidité de la mort dans ce cas. Peut-on, de ces faits, déduire une certaine action du coli-bacille sur le vibrion cholérique dans les cultures et chez l'animal, ou ne faut-il y voir qu'une simple coïncidence ou une simple juxtaposition d'effet nocif? Nous croirions plus volontiers à une action directe du premier parasite Sur le second, dans l’ordre des faits rapportés par M. Metchnikof. [S81.194.3 | SUR UN NOUVEAU RÉACTIF DE LA CELLULOSE, par M. L. Mana. Les réactifs qui permettent de mettre en évidence la partie cellulo- sique de la membrane peuvent être distingués, ainsi que je l’ai déjà établi, en trois catégories. 1° Les réactifs iodés ; 2° Les colorants acides, qui teignent la cellulose en‘bain acide (orseil= line BB); 3° Les colorants acides, qui teignent la cellulose en bain alcalin (congo, benzopurpurine, benzoazurine, azurine brillante, ete.). Les réactifs iodés, dont je m’occuperai seulement dans cette note, sont constitués par un mélange diode et d'acides ou de sels métalliques con- centrés, qui communiquent à la partie cellulosique des membranes une teinte violette ou bleue. On peut citer : l’iode et l’acide sulfurique, employé pour la première fois par Schleiden; le chloroiodure de zinc préparé par Barreswill et Rillet, et enfin un certain nombre de composés dont j'ai fait connaître, il y a quelques années, le mode de préparation 420 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et les avantages : chlorure de calcium iodé, chlorure d’aluminium iodé, bichlorure d’étain iodé, acide phosphorique iodé. Parmi ces divers produits, l'acide sulfurique iodé et le chloroiodure de zinc sont le plus souvent employés. L’acide sulfurique iodé donne des résultats très incertains, car son action n'est efficace qu'à un certain degré de concentration; si ce degré est dépassé, les membranes sont altérées, s'il n’est pas atteint, la coloration ne se produit pas ou se produit très lentement. Or, la concentration change nécessairement au contact des coupes de tissus et l’on conçoit que les résultats obtenus ne puissent être constants. Le chloroiodure de zine est meilleur, mais on éprouve parfois des difficultés que connaissent bien tous ceux qui ont essayé de le préparer suivant les indications contenues dans tous les traités de micrographie. Le mode de préparation demeurant le même, on obtient tantôt un pro- duit actif, tantôt un réactif peu sensible. En outre, la coloration très foncée du liquide gêne souvent pour l'appréciation de la teinte des membranes lorsqu'il s’agit d'objets très délicats. On peut, il est vrai, obtenir une coloration immédiate et très puis- sante en traitant, au préalable, les objets que l’on veut étudier par une solution alcoolique saturée de potasse ou de soude caustiques ; mais ce traitement a l'inconvénient d’altérer déjà un certain nombre de tissus. Je me suis proposé de chercher un réactif qui fournit immédiatement une coloration très puissante et qui permit l'examen des tissus dans un liquide incolore ou très faiblement coloré. L'acide iodhydrique iodé et fumant à la concentration de 65 ou de 60 degrés Bf. répond à ces desiderata. Si l’on dépose en effet 1 ou 2 gouttes de ce liquide sur une coupe de tissu, elle devient immédiate- ment notre, tant la coloration des membranes est puissante. Voici comment on procède : Les coupes à examiner étant placées dans l’eau ou dans l'alcool, on les place sur la lame porte-objet et on enlève l'excès de liquide à l’aide de papier buvard. On dépose 2 ou 3 gouttes d'acide iodhydrique iodé fu- mant, de manière à mouiller avec ce liquide toutes les parties de la coupe, on ajoute, après une demi-minute, quelques gouttes d’eau pour enlever l'excès d'acide et on peut procéder à l’examen, mais il vaut mieux, pour éviter la décoloration qui se produirait peu à peu, déposer sur la coupe quelques goultes de chlorure de calcium iodé ou de chlorure de zinc iodé très faiblement colorés; les tissus demeurent fortement teintés, presque noirs, pendant plusieurs jours, même au soleil. Quand les solutions chlorurées sont concentrées, les membranes prennent une teinte violet foncé, si elles sont étendues ou si les coupes sont examinées, après lavage, dans l’eau ou dans le chloral, la colora- tion est bleue. SÉANCE DU 1° MAI 491 Le seul inconvénient de l'acide iodhydrique est le dégagement de vapeurs acides irritantes, mais comme la manipulation est très courte, que les vapeurs disparaissent en présence de l’eau, cet inconvénient est compensé par l’instantaréité et la puissance de la coloration obtenue. Il n’est pas nécessaire d'ajouter de l’iode, car la décomposition de l’acide iodhydrique en produit assez pour donner au liquide une colo- ration brune. D'ailleurs l’addition d'acide iodhydrique fumant, dans la proportion d’un quinzième, au chlorure de calcium iodé ou au chlorure de zinc iodé suffit pour donner à ces réactifs une activité moins grande à la vérité que celle de l'acide seul, mais suffisante dans beaucoup de cas. Je crois même que les différences d'action exercées par le chloroiodure de zine, sont dues à la plus ou moins grande proportion d'acide iodhydrique formé dans le liquide, car toutes les fois que j'ai eu du chloroiodure de zinc peu actif, il m'a suffi d'y ajouter quelques gouttes d'acide iodhydrique fumant pour lui restituer cette activité. En somme, parmi les divers réactifs iodés de la cellulose, l'acide iodhydrique iodé fumant, est le plus actif et le plus puissant. TENTATIVES D'IMMUNISATION DU COBAYE CONTRE LES EFFETS DES BACILLES TUBERCULEUX HUMAINS TUÉS, par M. A. PÉRON. Dans l'espoir de faciliter l'absorption des corps des bacilles tuber- culeux humains tués par la chaleur, j'ai tenté d’immuniser le cobaye contre les produits caséifiants contenus dans ces corps bacillaires. Pour cela, j'ai préparé une série d'animaux en les inoculant avec des substances caséeuses tuberculeuses d’origine humaine ou animale, ayant perdu leur virulence. Dans ces conditions nouvelles, ces substances sont résorbées en totalité ou en partie et, après le traumatisme, l’animal se rétablit. 1° Je me suis servi de pus d’abcès froid humain, stérile à la culture, mais virulent pour le cobaye, au moment de la récolte. Ce pus est resté 110 jours en pipettes fermées, à la lumière diffuse et à la tem- pérature ambiante. 2° Après laparotomie aseptique, j'ai inoculé dans le péritoine, après les avoir stérilisés un quart d'heure à 150°, de petits fragments de substance caséeuse, telle qu'on la trouve dans les gan- glions médiastinaux des enfants et des vaches pommelières. Au préa- lable, ces fragments avaient été vérifiés bacillaires. Ces produits caséeux morts sont toujours résorbés en plus ou moins grande partie, jamais complètement, sauf toutefois pour le pus d'abcès froid. Je reviendrai sur leur absorption dans une autre note. Les animaux bien rétablis, je les soumis, avec des témoins, à l'expé- rience des bacilles morts en injections sous-cutanées, expérience qui 499 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE donne toujours des résultats positifs (gros abcès froids caséeux à pus stérile) en inoculant des doses suffisantes — 1 à 2 centimètres cubes d’émulsion dense. 16 animaux dont 6 témoins. Sur les 10 cobayes préparés : 3 ont recu dans le péritoine 2 centimètres cubes de pus d'abcès froid humain, resté à la lumière diffuse en tubes fermés, à la température du labo- ratoire, depuis 110 jours. Ce pus fut alors injecté à 5 animaux dans le péritoine. Un mois après 2 furent sacrifiés. Ils étaient sains. Les 3 autres qui avaient repris et dépassé leurs poids primitif ont servi à l’expé- rience. Chez 4 animaux : laparotomie. Inoculation intra-péritonéale de substance caséeuse stérilisée à 115 degrés venant des ganglions du médiastin de 2 enfants. 1 à 3 grammes de substance caséeuse par cobaye. Chez 3 animaux : même quantité de substance caséeuse stéri- lisée, venant d'une vache pommelière, vérifiée bacillaire et virulente pour le cobaye. Il y avait 3 semaines au moins, 7 semaines au plus que ces animaux avaient subi l'intervention préliminaire. Ils étaient reve- nus, sauf deux, à leur poids primitif. A tous, le même jour, on leur injecte 2 centimètres cubes d’une émulsion dense de bacilles tués. 1 centimètre cube à la face interne de chaque cuisse. L’émulsion a été faite avec une même culture en bouillon, vieille de 2 mois. Stérilisée à 115 degrés, elle a été broyée avec le plus grand soin dans un mortier stérilisé. Tous les grumeaux ont été soigneu- sement écrasés. 3 à 4 jours après l’inoculation, les 6 animaux sains avaient une indu- ration manifeste des deux cuisses. Ces indurations ont progressivement grossi, sont devenues pour la plupart énormes et se sont abcédées. Elles se sont ouvertes au 14°, 26°, 45°, 62° jour ou ont été évacuées au bistouri. Le pus contenait de grandes quantités de bacilles noyées dans une masse caséeuse. Des 10 cobayes préparés, aucun n'eut de tuméfaction immédiate. Chez 2 seulement, inoculés avec la substance caséeuse venant de pomme- lières, j'aitrouvé, 17 et 24 jours après l’inoculation, une induration manifeste d’une seule cuisse. Il s'était produit chez eux des abcès, aïnsi que le prouva l’autopsie, mais ces abcès étaient beaucoup moins volu- mineux que chez les témoins. Ils ne se sont d’ailleurs pas ouverts spon- tanément. Chez les 8 autres, je ne pus rien trouver, trois semaines après cette inoculation de bacilles morts, je réinoculai les 10 animaux ainsi préparés, au bras, avec une culture de bacilles tuberculeux humains que j'avais tenté d’affaiblir par un séjour de 2 heures à 45 de- grés, mais qui était vivant et virulent. Cobayes imprégnés et témoins ont pris la tuberculose, les 10 cobayes déjà imprégnés plus vite assu- rément et plus largement que les témoins. Je les ai sacrifiés le même jour, 34 jours après l’inoculation du bacille vivant. SÉANCE DU 4°" MAI 193 Laissant de côté les lésions de la tuberculose en voie de généralisation, voici ce que m'a montré l'examen des points où j'avais injecté les bacilles morts : : Chez 2 animaux qui avaient recu : 1 la substance caséeuse venant de l'enfant, 1 le pus tuberculeux, je n’ai rien trouvé ni à droite ni à gauche. Chez les 8 autres, au point d’ inoculation, petite trainée jaunâtre. Au microscope, on voyait un nombre considérable de bacilles, englobés par des leucocytes en voie d’altération sans doute, mais non complètement détruits, car leur noyau prenait encore la couleur. Il n’y avait pas d’autres processus réactionnels. Chez 2 de ces 8 animaux, de véritables petits abcès, du volume d’une lentille ou d’un pois, étaient en voie de formation. Je crois donc pouvoir conclure : Qu'on peut, dans une certaine mesure, vacciner, en quelque sorte, le cobaye contre les toxines nécrosantes contenues dans les bacilles tuber- culeux morts; en d’autres termes, qu'on peut éviter les abcès sous- cutanés. Pour cela, on imprègne le cobaye par des substances caséeuses assimilables, ayant perdu leur virulence de différentes facons (chaleur, vieillissement, etc.). Cette sorte d'immunisation ne parait pas favoriser la disparition des corps des bacilles tuberculeux par les phagocytes du cobaye. Elle diminue seulement les effets toxiques des substances con- tenues dans les corps bacillaires. Elle n’a nullement donné l’immunité contre le bacille actif. Les animaux qui ont recu les produits caséeux et qui n'avaient point fait d’abcès avec les bacilles morts, inoculés avec un bacille atténué, ont, au contraire, présenté des lésions plus rapides et plus étendues dans le même temps que les témoins. 1612.015.4) e SUR L'HISTOIRE DE LA SIDÉROSE VISCÉRALE ET DES PIGMENTS FERRUGINEUX (à propos de la note de M. Regaud intitulée : De l’'hémosidérose viscérale, ete.), par M. Louis Laprcoue. D’après l'historique qu'a fait M. Regaud, il semblerait que la ques- tion de la sidérose viscérale soit daus la science allemande une chose très claire, élucidée progressivement par les auteurs dont il donne une liste de trois lignes, et que l'élément caractéristique de cette sidérose soit une substance du groupe des pigments insolubles connue depuis no temps sous le nom de sidérine ou d’hémosidérine (Quincke). Il résulterait de là qu'Auscher et moi, en étudiant le pigment auquel nous avons donné le nom de rubigine après l'avoir isolé et a 494 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE n’aurions abouti qu'à retrouver une chose classique en Allemagne, et cette dénomination de rubigine ne serait qu'un démarquage. Je crois devoir rectifier cette conception. 1° La notion de sidérose telle qu'elle est comprise en Allemagne, telle du moins qu’elle est donnée par son auteur, Quincke, n'implique point l’idée de pigment. Réduite à son élément essentiel, elle estcaractérisée simplement par une proportion de fer assez grande pour que le tissu prenne sous l'action du sulfhydrate d’ammoniaque une teinte noire prononcée. Quincke, il est vrai, en étudiant de près la question, a été amené à reconnaitre, dans certains cas de sidérose, un pigment granu- laire jaune; mais dans un travail fait sous sa direction, la thèse de Peters, qui est une statistique de la sidérose dans les diverses maladies, on ne voit pas intervenir d'autre constatation que le noircissement par le sulfhydrate. 20 Le mot d'hémosidérine (qui n’est pas de Quincke) est employé en Allemagne uniquement par les histologistes pour désigner tout ce qui dans les tissus noircit par le sulfhydrate d'ammoniaque ou bleuit par le ferrocyanure de potassium. Les chimistes ont protesté contre cette facon de donner un nom sans avoir déterminé la substance à laquelle on l’applique. En fait, sous cette dénomination d’hémosidérine sont com- prises toutes les combinaisons ferrugineuses de l'organisme autres que celles du sang, aussi bien les combinaisons albuminoïdes du fer, la fer- ratine de Schmiedeberg, l'hépatine de Zaleski (qui ne sont des pigments à aucun titre, puisqu ils sont diffus dansles cellules, et ne sont pas visi- bles au microscope avant l’action des réactifs), que le véritable pigment ferrique, le pigment ocre des auteurs français, les ersenhallige Korner des auteurs allemands (1). On n’est donc pas autorisé à s'exprimer comme le fait M. Regaud en disant que Æunkel démontra que le pigment en question est un hydrate ferrique. Kunkel fit ses recherches d'abord sur le cas de Hindenlang, à savoir une maladie de Werlhof, puis sur des hémorragies expérimen- tales; le fait qu'il s’efforca de démontrer, c'est que le pigment qui se dépose dans les tissus à la suite des extravasations sanguines doit être de l’hydrate ferrique. La théorie de Quincke était toute différente : elle portait sur l’accumulation du fer (sous une forme quelconque) dans les organes et particulièrement le foie, en relation avec certains troubles de l'hématopoièse. Quincke a bien injecté du sang dans le péritoine pour aboutir à une sidérose; mais ses expériences visaient la production d'une pléthore expérimentale, et ce n’est qu'incidemment qu'il indique si la transfusion a été faite dans le péritoine ou dans les veines du sujet. (1) C'est pour éviter qu'on ne retombe dans cette confusion que nous avons, Auscher et moi, cru devoir chercher un mot nouveau, au lieu d’attri- buer au mot sidérine un sens restreint et défini. SÉANCE DU À‘ Mar 495 Les deux points de vue étaient si éloignés que les recherches de ces deux auteurs ne semblent pas avoir influé l’une sur l’autre, bien qu’elles aient été poursuivies parallèlement à la même époque. Zaleski, quelques années après, les examinait séparément, et trouvait, dans les cas ana- lysés par lui, qu'elles ne se vérifiaient ni l’une ni l’autre. On pourrait montrer de même que tous les auteurs cités par M. Re- gaud sont en contradiction les uns avec les autres. Je ne sais où M. Regaud a pu trouver qu'ils « considèrent l'hémosidérose viscérale comme un phénomène sans individualité clinique, survenant fréquemment au cours des cachexies les plus diverses », à moins qu'il ne tire cette con- clusion de la confusion même qui résulte du rapprochement de théories opposées. En réalité, la notion de sidérose (allemande) et la notion de cirrhose pigmentaire (française) développées indépendamment l'un de l’autre par les cliniciens des deux pays doivent être rapprochées, mais elles ne se superposent point exactement. Ce sont toutes les deux des notions insuffisamment analysées, des approximations qui ont été utiles, mais que je ne crois pas destinées à subsister quand la question chimico- physiologique sera devenue claire. Me dégageant autant que possible de ces concepts, je pense avoir apporté, dans les recherches que j'ai publiées avec Auscher, avec Guillemonat, avec Charrin, des faits qui sont plus que des confirmations de travaux antérieurs. Je continue à étudier la question, et je serai heureux si dans le travail qu'annonce M. Regaud (puisque nous n'avons ici qu'une note préliminaire) il apporte de son côté des lumières nouvelles que sa publication trop brève ne permet pas encore de deviner. RECHERCHES SUR LES FORMES DE REPRODUCTION ASPORULÉE DANS LE GENRE Coccidium. Note de M. le D' P.-L. Simon», présentée par M. METCHNIKOFF. I. — Dans une précédente note, j'ai montré que la Coccidie de la Salamandre, appelée par Steinhaus Æaryophagus, possède, en outre de la forme de reproduction endogène asporulée (forme en barillet), seule connue jusqu'alors, un cycle sporulé à développement exogène, analogue à celui du Coccidium oviforme et appartient, en réalité, au genre Coccidium. Une série d'expériences poursuivies à l'Institut Pas- teur, dans le service de M. Metchnikoff, m'a permis de confirmer les conclusions que je déduisais alors de la mise en évidence du dimor- phisme évolutif chez le Coccidium Salamandræ, à savoir qu'il faut con- sidérer tous les genres du groupe des Coccipies chez lesquels on connaît seulement une reproduction asporulée, comme possédant un cycle sporulé non encore décrit et, réciproquement, les genres auxquels on Brococre. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 34 496 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIR attribue seulement la reproducelion par des kystes sporulés, comme possédant un cycle endogène asporulé, analogue à celui qui a servi à caractériser les genres Fimeria, Karyophaqus, Cytophagus et Pfeifferia. Mes expériences ont eu pour objet principal le Coccidium oviforme du lapin chez lequel R. Pfeiffer a observé, le premier, les formes asporulées qui l'ont conduit à émettre la théorie du dimorphisme. J'ai établi que les formes aspo- rulées dérivent réellement des spores au moyen desquelles l'infection est obtenue expérimentalement et que les générations asporulées successives du parasite aboutissent finalement à la forme de résistance enkystée. D’autres expériences d'infection m'ont permis de confirmer chez le Cocci- dium Salamandræ, le rapport de filiation existant entre les kystes sporulés et les formes de reproduction asporulée de l’ancien genre Karyophagus. De même, j'ai pu rapporter aux Coccidiunm décrits par à. Schneider, chez les Tritons, les formes asporulées qui constituent actuellement les espèces Cytophagus tritonis Steinhaus et Pfeifferia tritonis Labbé. L'expérience confirme donc les résultats obtenus par l'observation et l’on est en droit d'affirmer que le dimorphisme évolutif est général chez les Coccidies. II. — L'étude de la reproduction asporulée des Coccidium m'a fourni d’autres résultats fort importants, en raison de la lumière qu'ils jet- tent sur l'histoire biologique du parasite de la Malaria. En 1890, Metchnikoff vit, chez la Salamandre, à côté des formes ordinaires en barillet de la reproduction asporulée du Coccidium, des parasites mo- biles à l'intérieur de la cavité qu'ils occupaient dans le noyau de la cellule hôte. Leur mobilité était due à de nombreux flagelles, disposés autour d’une sphère centrale transparente et non granuleuse. Ce savant fut frappé de l’analogie de ces corps mobiles avec les stades flagellés décrits par Laveran chez les Hématozoaires du paludisme. et par Danilewsky chez les Hématozoaires des oiseaux. Sur ses indications, j'ai recherché et étudié cette forme flagellée mobile du Coccidium Sala- mandræ. Elle est assez difficile à observer parce qu'elle ne se rencontre pas d’une façon fréquente comme le stade en barillet pendant le cours de l'infection ; elle nécessite, pour se produire, des conditions particu- lières dans lesquelles, seulement, on la rencontre en très grande abon- dance, concurremment avec les autres formes. Sur le point d'arriver au stade mobile, le parasite, à l’état frais, apparaît constitué par une masse centrale volumineuse, sphérique, transparente et par une couche granuleuse périphérique qui forme comme une écorce à la sphère claire. A un degré plus avancé, les granulations périphériques se sont allon- gées et ont pris un aspect piriforme. C’est alors qu'on peut assister à la manifestation de la mobilité; tout d’abord c’est un mouvement confus de la couche granuleuse qui donne l'apparence d’une ébullition. Bientôt on dis- tingue dans cette couche les flagelles rayonnant comme une chevelure autour SÉANCE DU 1° MAI 497 de la sphère centrale, agités de mouvements très vifs qui souvent entraînent le corps entier dans une rotation en tous sens. Sous l’œil de l'observateur, ces flagelles paraissent s’allonger et employer à leur accroissement tout le proto- plasma granuleux; enfin, sans cesser de se mouvoir, ils se détachent successi- vement du corps sphérique qui demeure inerte au milieu d’eux. La cellule, hôte dégénérée, réduite à une mince membrane, peut céder à l'effort des flagelles ; on les voit alors se disperser dans tous les sens avec plus ou moins d’agilité. Après avoir suivi cette évolution du stade mobile, on est convaincu qu'il ne s’agit nullement de flagelles véritables analogues à ceux d’un rhizo- pode, mais de ypseudoflagelles auxquels on doit attribuer une signification particulière. Le pseudo-flagelle du Coccidium Salamandræ se présente à l’état vivant comme un fuseau long de 5 à 8 , plus effilé à une extrémité, transparent, réfringent, sans vacuoles ni points nucléaires visibles. Il manifeste des mou- vements de flexion, de torsion, de spirale, généralement très vifs et se déplace avec agilité. Il meurt trois ou quatre heures après qu'on a sacrifié l’animal hôte. Dans les coupes, on voit que ce pseudoflagelle est constitué par un axe de chromatine qu'entoure une mince gaine de protoplasma. Le tilament nucléaire de chromatine représente au moins les deux tiers du volume total du pseudo- flagelle. Toute la chromatine du parasite passe dans les pseudoflagelles et la masse centrale n’en renferme aucune trace. J'ai retrouvé ce stade mobile, avec des caractères constants chez tous les Coccidium que j'ai eu l’occasion d'observer ; il existe chez les cocei- dies des Triton marmoratus, T’. cristatus, Molge vulgaris. Je l'ai retrouvé également chez l'espèce la plus connue du genre, le Coccidium oviforme. Je suis donc fondé à considérer Le corps speudoflagellé mobile de Metchni- koff comme un stade normal de l'évolution des Coccidium. il suffit de lire les descriptions des corps à flagelles des Hématozoaires données par Laveran, Danilevsky, Soulié, Saccharoff, pour se rendre compte de l’analogie qu'ils présentent avec le stade mobile des Cocci- dium. Grassi, Felleti, Celli, San Felice ont émis, à propos des corps flagellés des Hématozoaires, une théorie défendue par Saccharoff et Labbé d’après laquelle ce seraient des formes de dégénérescence. Au contraire, Laveran, dès qu'il les a découverts, les à considérés comme un stade normal, peut-être le plus parfait du développement du para- site malarique. L'étude des corps mobiies du Coccidium Salamandræ confirme cette opinion et montre qu'ils n’ont rien à voir avec un phéno- mène de dégénérescence. Au cycle asporulé des Coccidium, appartient donc un stade à pseudoflagelles mobiles qui correspond au «stade à fla- gelles » des parasites malariques de l'homme et des oiseaux. Les faits nouveaux que je signale confirment les vues émises par Metchnikoff en 1887 sur la nature coccidienne des parasites malariques et permettent une assimilation plus étroite de ces parasites au groupe des Coccidies. Quel est le rôle dévolu aux pseudo-flagelles ? 428 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La première interprétation qui se présente à l'esprit est celle de microsporozoîites. Il ne me paraît pas que ce soit là leur signification réelle et ce point nécessite de nouvelles recherches. [612.118.5] SUR LA SÉROTHÉRAPIE DU ROUGET DU PORC, par M. E. LECLAINCHE, Professeur à l'École vétérinaire de Toulouse. Les recherches de Emmerich et Mastbaum ont établi, dès 4891, que les lapins immunisés contre le bacille du rouget fournissent un sérum immunisant. Les travaux de Lorenz (1894-1897) tendent à l’utilisation pratique du sérum pour l’immunisation des porcs exposés à l'infection ; Lorenz emploie le sérum de porcs vaccinés par les virus atténués; il pratique une première inoculation avec le sérum et, quelques jours plus tard, une deuxième inoculation avec une culture virulente. Les expériences de Sander (1895) montrent que le sérum de Lorenz ne pos- sède qu'un faible pouvoir et qu’il n’est pas curatif:; injecté à la souris une demi-heure après le virus, il n'empêche pas l'infection. Mes propres recherches établissent qu'il est possible d'obtenir, avec le lapin, un sérum fortement immunisant, à la fois préventif et curatif. Les animaux, vaccinés par des virus d'énergie croissante, supportent ensuite sans réaction jusqu'à à centimètres cubes d’une culture très virulente. Les résultats suivants sont obtenus avec le sérum de lapins qui ont recu, en trois mois, 25 centimètres cubes de cultures de virulence * croissante. Inoculé à la dose de 1 ou 1/2 centimètre cube à la souris, le sérum est immunisant à l'égard d'une inoculation, faite vingt-quatre heures plus tard, de 1/2 centimètre cube d’une culture virulente qui tue les souris témoins en soixante et soixante-douze heures. Mélangé, à la dose de 1/2 centimètre cube, avec une égale quantité de culture virulente, le sérum est aussi immunisant dans tous les cas, et l'inoculation sous-cutanée du mélange ne produit aucun accident. Injecté, à la dose de 1 centimètre cube, de cinq à douze heures après une inoculation de 1/4 centimètre cube d'une culture virulente qui, à la même dose, tue les témoins en soixante-dix heures environ, le sérum est encore immunisant. Pratiquée vingt-quatre heures après l'inocula- tion virulente, l'injection de sérum n'est plus curative et elle ne semble pas retarder l’évolution. La protection conférée par l'inoculation du sérum est toute pas- sagère ; elle disparaît progressivement. Chez le lapin qui a reçu 2 cen- timèlres cubes de sérum, l’immunisation est insuffisante dès le sixième SÉANCE DU 1°" MAI 199 jour, mais l'on constate une survie de dix-sept jours, alors que les témoins succombent, en quatre ou six jours; après quinze jours, la survie n’est plus que de neuf jours; après trente jours, l'influence pro- tectrice du sérum n’est plus appréciable. L’inoculation d’un mélange sérum-virus donne des résultats tout autres. Chez la souris et chez le lapin, l’inoculation d'un mélange de 1/4 ou 1/2 centimètre cube de sérum avec une égale quantité de culture virulente ne provoque aucun accident apparent, local ou général et les animaux ont acquis une immunité solide qui, établie quelques heures après l'injection, persiste pendant plusieurs mois au moins. Mes expé- riences de contrôle portent à l'heure actuelle sur des animaux, lapins et souris, soumis depuis trois mois à une seule inoculation du mélange indiqué ; ils résistent à des inoculations virulentes qui tuent la souris en soixante heures et le lapin en trois à cinq jours. Les effets et les conséquences de l’inoculation du mélange sérum- virus sont tout différents de ceux qui sont consécutifs à des insertions successives du sérum, puis du virus. Je donnerai de ce fait une démons- tration très nette pour un autre virus. Ici l’inoculation du mélange sérum-virus possède à la fois les avan- tages inhérents à l’immunisation par les sérums et à la vaccination par les virus atténués : la rapidité de la préservation et la longue durée de celle-ci. Cette méthode de sérovaccination me paraît pouvoir êlre appliquée au rouget et à d’autres maladies virulentes. La prophylaxie du rouget du porc entre dans une phase nouvelle. On peut espérer qu'il est dès maintenant possible d’immuniser pratique- ment et sans danger les animaux de tout âge: qu'il est possible de pré- server utilement les sujets exposés à la contagion; enfin qu’un traite- ment peut être efficacement tenté dans la période initiale de l'infection. L'application de ces données à la pratique nécessite des recherches expérimentales dont le programme peut être facilement tracé. [612.461.21| NOUVEL URÉOMÈTRE A EAU, par M. le D° HENRI MOREIGNE. Le nombre si considérable d’uréomètres connus est une preuve plausible de l’imperfection de la plupart d’entre eux. Cette imperfec- tion — exception étant faite pour les uréomètres à mercure formés d’une seule pièce et sans chambre à air — semble tenir à ce que les auteurs ne se sont pas suffisamment préoccupés de déterminer les con- ditions théoriques et pratiques qui doivent présider à leur construction. Il est impossible, dans un cadre aussi restreint que celui-ci, d'exposer ces conditions et de faire une critique générale des uréomètres con- 430 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nus. — J'ai examiné avec soin ces divers points dans un autre travail auquel je renvoie (1). — Gette étude m’ayant permis d'établir le manque de précision des uréomètres en général el, en particulier, des uréomètres. à eau; sachant, d'autre part, combien il serait avantageux d’être en possession d’un uréomètre à eau offrant toute sécurité, j'ai pensé qu'il serait de quelque utilité de décrire ici l'appareil suivant, dans lequel je crois avoir réuni toutes les qualités exigées de ces instruments. TL. Descriplion du nouvel uréométre à eau. — On peut considérer à cet uréomètre trois parties principales : 1° Le fube À, divisé en dixièmes de centim. cube, sert à l'introduction des liquides dans le gazogène et au mesurage du volume du réactif employé. 2° Le gazogène BG présente un évasement CG dont l'extrémité inférieure est arrondie en forme de calotte sphérique. 3° Le gazomèlre ou tube mesureur DM est formé d’une partie renflée D et du tube gra- dué M. Le zéro du tube mesureur est placé à quelques millimètres seu- lement au-dessous du plan horizon- tal passant par le robinet R. La forme de l'instrument, dont la largeur maxima ne dépasse pas 6 centimètres et demi, permet de l’introduire dans une éprouvette : ordinaire de 2 litres de capacité. = _ - — — Le volume de la chambre à air =2ET#4— est de 25 centim. cubes environ. Aucun uréomètre connu na une chambre à air d'aussi faible capa- cité. Elle n'a ici, d’ailleurs. faucune importance, contrairement à ce qui a lieu dans les autres uréomètres dont le gazogène et le gazomètre sont séparés ou plongent dans des milieux différents (2). A —< > CLEO TETE eu = (= PÉTSRE SN NS = NN (1) Henri Moreigne.*Journ. de Pharm. et de chim. [6], VE n°° 7Tet 8, 1897. — Voir aussi : Etude sur les méthodes de dosage de quelques éléments de l'urine et Rapports urinaires, vol. in-8 212 p. (Paris, 1895), — ou Thèse doct., Paris, 1895. (2) Pour l'influence de la capacité de la chambre à air et pour les détails concernant cet appareil, voir H. Moreigne, loc. cit, SÉANCE DU À* MAI 431 II. — Manœuvre de l'instrument. — Le robinet R étant ouvert, on fait pénétrer dans le générateur, la prise de solution uréique. On ajoute 4 centim. cube de solution de glucose pure à 25 p. 100 et on lave avec 3 centim. cubes de lessive de soude au cinquième. Le lavage se fait très facilement. — Ceci fait, on introduit l'instrument dans l’éprou- vette H contenant de l’eau à la température du laboratoire. On fait affleurer, à l’intérieur du tube mesureur, le niveau de l’eau au zéro. On ferme le robinet R. On remplit le tube A de liqueur hypobromique jus- qu'à la dernière division ou près de la dernière. On note les divisions et fractions de division s’il y a lieu. Puis, de la main gauche, saisissant la partie postérieure du robinet entre le pouce et les premiers doigts, on soulève l’uréomètre de façon à diminuer la pression à l’intérieur. On tourne alors la clef du robinet de la main droite et on laisse pénétrer dans le gazogène 12 centim. cubes environ de réactif. On note, pour la seconde fois, le volume du réactif qui reste dans le tube A. — L’agita- tion du liquide dans le gazogène se fait très aisément. La forme sphé- rique des extrémités de C s’y prête beaucoup. — La diminution de pres- sion produite dans l'appareil ainsi soulevé permet au gaz de se dégager du milieu réagissant avec plus de facilité. — On redescend l’'uréomètre dans l’éprouvette ; on attend que le contenu du gazogène et la masse gazeuse aient pris la température de l’eau : ce point est atteint lorsque le volume du gaz reste invariable après plusieurs lectures successives. En retranchant du volume obtenu celui correspondant au réactif employé, on à, par différence, l'azote dégagé. Nota. — Si l’on veut être d’une précision absolue, il faut tenir compte -du volume v du trou du robinet R qui reste plein de réactif après l’opé- ration et le retrancher du résultat précédent. Ce volume est insigni- fiant, car ilne dépasse pas en général un 1/3 de dixième de centimètre cube. Pour être tout à fait exact, on donnera à l'ampoule D, dont la Capacité marquée est 12%, une capacité réelle de (12° — v). q ) P Cet appareil (1) peut également servir au dosage de l'azote total par Ja méthode de Kjeldahl-Henninger, méthode que j'ai longuement étudiée -autre part (2). Il fournit des résultats absolument irréprochables. (1) J'ai fait construire cet uréomètre par M. Chabaud, 6, rue de la Sorbonne. Paris. (2) Henri Moreigne. Thèse doct., p. 18 et suivantes. (Paris, 1895.) Le Gérant : G. MASSoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette Mt ax Lt RL REAUA 433 SÉANCE DU 8 MAI 1897 MM. A. Souquess et G. Mariesco : Lésions de la moelle épinière dans un cas de dia- bète sucré. — MM. A. Souques et G. Marinesco : Lésions de la moelle épinière dans un cas d’amputation congénitale des doigts de la main. — MM. Marrer et Vires (de Montpellier) : Action physiologique de l'extrait de foie sur l'homme sain. — M. le professeur Epouarp Boxer : Dix nouveaux cas de maladie d'Addison expérimentale chez le rat d'égout. — MM. Axpré Broca et Cnarces Ricuer : Vitesse des réflexes chez le chien et variation avec la température organique. — M. A. La- VERAN : Sur le pigment noir palustre. — MM. A. Giceert et P. Carnor : De l’opo- thérapie hépatique dans les hémorragies. — MM. BararzLon, Dusarp et TERRE : Un nouveau type de tuberculose. — MM. L. Luvs et David : Photographie des étincelles électriques dérivant soit de l'électricité dynamique (bobine de Ruhmkortf), soit de l'électricité statique (machine de Wimshurst). — M. Eu. Bourquezor : Sur quelques propriétés du carmin d'indigo qui le rapprochent des ferments oxydants naturels. — M. Ex. BourQuezor : Sur la durée de l’activité des ferments oxydants des champignons en solution dans la glycérine. — M. J. BouGauLr : Sur la recherche de la tyrosine dans divers produits d'origine animale. — MM. E. Gérarn et P. Daunic : Sur la possibilité d'une intoxication lente après ingestion de sous- nitrate de bismuth dans certains états pathologiques de l'estomac (2e note). — M. le D' Enwoxo Frouer : Action des albumoses et des peptones en injections intravas- culaires. — M. C. DELEZENNE : Sur la coagulation du sang chez les reptiles. — M. Louis Laprcour : Expériences montrant que le foie détruit l'hémoglobive dis- soute et qu'il en garde le fer. — M. le professeur Enouarp Boxer : Diminution de résistance des rats doublement décapsulés à l'action toxique de diverses subs- tances. — M. A. Dasrre : Analyse de l’action des ferments solubles en général; application au ferment coagulateur du sang. — D. A. Dasrre : À propos de la note de MM. Laborde et Camus. Présidence de M. E. Dupuy, vice-président. CORRESPONDANCE M. DEcore envoie à la Société trois planches d’endographies placen- taires qui font suite à celles qu'il a déjà adressées. Ces planches seront déposées dans les Archives de la Société. [612.833] LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE DANS UN CAS DE DIABÈTE SUCRÉ, par MM. A. Souques et G. MARINEsco. (Travail du laboraloire de M. le professeur Raymond.) (Communication faite dans la séance précédente.) Il s'agit d’une femme diabétique, à l’autopsie de laquelle nous avons lrouvé des alférations des cordons postérieurs. Les pièces ont été dur- cies dans le bichromate et colorées par les méthodes de Marchi et de Weigert-Pal. À l’œil nu, sur des coupes minces, on voit netlement par transparence une zone pâle, symétrique, située dans chaque cordon postérieur. Cette zone a la forme d’un triangle dont la base regarderait la périphérie de la moelle, et le sommet la commissure postérieure. Au microscope, on constate que cette zone triangulaire a les limites suivantes : la base du triangle n'arrive pas tout à fait jusqu’à la péri- BioLogiEe. CompTes RENDUS. — 10€ Série, © [V, 35 434 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE phérie de la moelle, le sommet n’atteint pas la commissure et se dirige vers la ligne médiane, enfin les bords externe et interne sont séparés respectivement de la corne postérieure et du septum médian par un espace sain de 1 millimètre environ. Cette zone, ainsi limitée, se montre aux régions lombaire et dorsale sous le même aspect. Dans la région cervicale, elle se modifie et se com- pose de deux segments pour chaque cordon postérieur : un segment avoisine la corne postérieure et l'autre occupe la partie centrale du cordon médian. Dans ce dernier segment les fibres sont plus amincies et plus raréfiées que dans le premier. La pâleur de cette zone relève, d'une part, de la finesse des fibres nerveuses à ce niveau, et, d'autre part, de la disparition de quelques- unes d’entre elles. Le tissu interstitiel et les travées venues du septum médian postérieur sont légèrement proliférés. Mais la paroi des vais- seaux n’est pas sensiblement altérée; elle ne présente notamment aucune trace d'infiltration embryonnaire. Nous n'avons vu, à aucun niveau, de lésion certaine ni des racines postérieures ni des collatérales réflexes. Les racines antérieures et le reste des cordons blancs sont indemnes. Nous ne pouvons émettre aucune affirmation catégorique, touchant l’état des cellules de la corne antérieure. Nos pièces ayant été durcies dans le bichromate ne permettaient pas l'étude des lésions fixes; nous devons dire toutefois que, dans certaines coupes de la région cervicale, les cellules de la corne antérieure nous ont paru un peu atrophiées. Dans le bulbe, nous n'avons constaté aucune altération appréciable. Quelle est la signification de ces altérations des cordons postérieurs? Nous rappellerons simplement qu'elles présentent, au point de vue microscopique, des analogies avec les lésions des cordons postérieurs produites par certaines intoxications et qu’elles ont déjà été notées par quelques observateurs en Âllemagne et en Angleterre. Ces lésions paraissent déterminées par les substances toxiques qui circulent dans le sang de certains diabétiques. Elles constituent vrai- semblablement la raison anatomique de l'abolition des réflexes rotuliens dans quelques cas de diabète sucré. [612.835] LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE DANS UN CAS D'AMPUTATION CONGÉNITALE DES DOIGTS DE LA MAIN, par MM. À. Sououes et G: MARINESGO: (Travail du Laboratoire de M. le professeur Raymond.) (Communication faite dans la séance précédente.) Une femme, née avec une amputation de l'index, du médius et de l'annulaire de la main droite, et avec une atrophie considérable des Æ Ce O6 SÉANCE DU 8 MAÏ deux autres doigts de la même main, meurt à soixante ans d’un can- cer de l'utérus. La moelle, durcie dans le bichromate, colorée par les méthodes de Weigert-Pal et de Marchi, montre les altérations suivantes : 1° Au niveau de la 1° racine dorsale et de la 8° cervicale. Il y a une hémiatrophie massive de la moitié droite de la moelle, portant à première vue sur toutes les parties constituantes, mais inté- ressant particulièrement la substance grise et le cordon postérieur. Les racines postérieures extramédullaires, du côté amputé, sont très diminuées de volume, sans prolifération évidente du tissu interstitiel. Les deux faisceaux interne (ou compact) et externe (ou zone de Lissauer) de la racine postérieure intramédullaire sont tous deux réduits de volume. Les collatérales réflexo-motrices sont plus serrées et moins nom- breuses que du côté sain. De même les collatérales de la corne posté- rieure sont réduites de nombre. La substance gélatineuse de Rolando est atrophiée en masse. Les racines antérieures sont également atrophiées, toujours sans pro- lifération interstitielle. La corne antérieure est, dans son ensemble, diminuée dutiers environ. Elle est très päle. Cette pàleur relève de la disparition des collatérales réflexo-motrices et d’un certain nombre de fibres qui forment le feu- trage de cette corne. Les cellules motrices offrent des altérations très manifestes : le groupe antéro-interne est bien conservé, le groupe postéro-latéral est en partie atrophié et le groupe médian a disparu complètement. De même les cellules, situées entre les deux cornes antérieure et pos- térieure, et qui correspondent aux cellules de la colonne de Clarke, sont réduites de nombre. Dans le cordon postérieur l’atrophie est très nette. C’est la zone radi- culaire postérieure qui est le plus atteinte. | Il faut mentionner en outre une dégénérescence bilatérale des cor- dons de Goll, remontant jusqu’au noyaux de ces cordons. 20 Au niveau des 1°, et G° et 5° racines cervicales. Ici le tableau change. L'hémiatrophie droite de la moelle ést moins accentuée que ci-dessus. La lésion des racines antérieures el postérieures est moins marquée. L’altération du cordon de Burdach persiste, mais c'est ici la zone radi: culaire antérieure qui est la plus atrophiée. De mème l’atrophie de la corne antérieure est moins considérable, mais Les collatérales réflexo-motrices et les cellules nerveuses sont encore plus rares que du côté sain. 3° Au niveau de la 4° racine cervicale. La lésion la plus nette siège dans le cordon de Bürdach !{ la zone radi- 436 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE culaire antérieure est toujours moins volumineuse que celle du côté sain. Quant à la corne antérieure, sa morphologie est sensiblement iden- tique à celle du côté opposé, etses cellules n’offrent aucune modifica- tion appréciable ni comme nombre ni comme volume. % Au-dessus de la 4° cervicale. On suit la lésion du cordon de Burdach jusqu'au bulbe. Le noyau de ce cordon est réduit de volume, mais nous ne saurions affirmer que les cellules de ce noyau soient atrophiées. __ Telles sont les altérations histologiques constatées. On peut les interpréter d'une manière rationnelle, en se basant sur les recherches expérimentales de ces dernières années, qui ont mis particulièrement en lumière le trajet et la terminaison des collatérales des racines pos- térieures. Les collatérales réflexo-motrices et les collatérales de la corne posté- rieure sont nettement atrophiées dans notre cas, ce qui prouve que ces collatérales sont bien l'expansion du système exogène. Leur atrophie explique, pour une part, la réduction de volume de la corne postérieure, à laquelle participe probablement l’atrophie de la substance gélati- neuse de Rolando et des cellules nerveuses de cette corne. L'atrophie des collatérales réflexo-motrices, jointe à la disparition des cellules nerveuses de la corne antérieure, explique naturellement la diminution de volume de cette corne. Dans le cordon de Burdach l’atrophie des zones radiculaires moyenne et postérieure est facile à concevoir, puisque ces deux zones contiennent un nombre considérable de fibres exogènes, venues des racines posté- rieures. Quant à l’atrophie de la zone radiculaire antérieure, elle recon- nait vraisemblablement un double mécanisme : elle renferme en effet des fibres exogènes, ainsi que nous l'avons montré autrefois les pre- miers; elle contient, d'autre part, des fibres des cellules de cordon, cel- lules qui sont en partie atrophiées dans notre cas. L'atrophie du noyau de Burdach est la conséquence des altérations des fibres longues des racines postérieures. Quant à l’atrophie légère des cordons latéraux, elle tient sans doute aux altérations des cellules de cordon disséminées dans la substance grise. Quels sont maintenant les rapports de ces lésions médullaires avec l'amputation congénitale des doigts? On sait que la section d’un nerf détermine des lésions à distance dans le centre d’origine de ce nerf. Ces lésions de réaction, si elles se perpétuent, retentissent probablement à leur tour sur le prolongement du neurone. Il serait ainsi facile, dans notre cas, de comprendre l’atrophie du premier neurone sensitif et du premier neurone moteur. Pour interpréter l’atrophie du neurone intramédullaire de deuxième ordre (cellules de cordon), il faut sans doute invoquer le rôle des excitations fonctionnelles dans l'intégrité de la chaine neurale. Le premier neurone sensitif étant atteint, les 20 3 a M ER EU à SÉANCE DU 8 MAI 437 excitations du neurone de deuxième ordre sont diminuées et l’atrophie s'ensuit. | Il ne nous reste plus qu'à interpréter la lésion bilatérale des cordons de Goll. Il s’agit ici non d'airophie pure, comme dans les lésions précé- dentes, mais bien de dégénérescence évidente. Nous ne sommes pas en mesure d'en donner une explication satisfaisante. Peut-être cette dégé- nérescence relève-t-elle de la cachexie et de l’intoxication cancéreuses? [613.354] ACTION PHYSIOLOGIQUE DE L'EXTRAIT DE FOIE SUR L'HOMME SAIN, par MM. Muret et Vires (de Montpellier). (Communication faite dans la séance précédente.) Nous avons, dans de précédentes communications, étudié l’action du foie, chez les animaux, en injection dans le système veineux. Nos recherches nous ont montré qu'à côté d’une action coagulatrice, l'extrait de foie a une action toxique propre, dont un des effets principaux est une diarrhée constante se rattachant à une congestion de tout le tractus gastro-intestinal. Avant de transporter dans le domaine thérapeulique l'Extrait de foie, nous avons pensé quil était utile d’expérimenter cet extrait chez l'homme sain. Nos recherches ont porté sur 6 sujets, chez lesquels nous avons plus particulièrement étudié l’action de l'Extrait glycériné de foie, à des doses variant entre 60 et 120 grammes, sur la température, les urines et les selles. Afin de pouvoir nous rendre un compte exact de l'influence de l’'ex- trait, nous avons placé ces sujets dans des conditions particulières. Chacun d'eux, maintenu au repos, a été soumis, pendant toute la durée de nos expériences, à un régime alimentaire toujours le même par sa qualité et sa quantité, et la quantité de boissons, ingérées dans les vingt-quatre heures, à toujours été la même. On sait, d’après les recherches de l’un de nous (1), combien semblables conditions régula- risent les échanges qui se passent au sein des tissus et rendent cons- tante la quantité des produits éliminés. Pendant les quatre premiers jours de notre examen, nos hommes n'étaient soumis à aucun traitement; au bout de ce temps, nous leur administrions pendant plusieurs jours consécutifs (6-8 jours) de l'extrait de foie et nous étudiions les modifications apportées dans les fonctions que nous avons indiquées sous l'influence de cet extrait. (1) Mairet. Recherches sur l'élimination de l'acide phosphorique, etc. Paris, G. Masson, 1884. 438 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Puis, les sujets ne prenant plus d'extrait de foie, mais toujours sou- mis au même régime, nous continuons pendant deux ou trois jours encore nos analyses. Nous groupons, dans les tableaux ci-dessous, les moyennes obtenues, pour chacune des périodes que nous venons d'indiquer, et pour chacun des 6 malades : n° 4 à n° 6. Nos No 2 N°3 No 4 N° 5 N° 6 Re | ee PERRET Matin. Soir. Matin. Soir. Matin. Soir. Matin. Soir. Matin. Soir. Matin. Soir. Température : A. Av. l'ingestion, 3697 3701 260 3607 3604 3607 3607 368 3605 36°6 3603 3695 B.Pendant — 362 369 358 362 361 364 26 5 C.Après — 365% 37 36 21 366 364 36,5 | 3% Diff. entre Bet A. —5/10 —2/10 —2/10 —5/10 —3/10 —3/10 —5/10 —3/10 —1/10 —1/10 +3/10 +1/10 Urines : A.Av. l'ingestion. 1895ce 268Tcc 1993ce 1895 cc 1800cc 2150cc B. Pendant — 1966 2541 2041 2366 2391 2075 C.Après — 1500 2000 1800 1800 1850 2000 Diff. entre B et A. 71 —146 116 541 +591 YS Fèces : A. Av. l'ingestion. 3835 400 5005 600: 500g 450g B. Pendant — 716 650 683 800 650 658 CG. Après — 390 400 450 500 450 400 Diff.entre BetA. 333 +950 +183 200 +150 208 Urée : A.Av.l'ingestion. 15:36 155 49 18:50 16€ 60 205 22 19645 B. Pendant — 19 03 19 13 25 40 24 32 97 19 25 30 C.Après — IS 50 19 50 20 22 16 17 17 20 18 20 Diff. entre Bet A. ES GT SE) GAL +6 9 » 772 6 90 15 8 Phosphates : A. Av. l'ingestion. De 59 2g34 1£50 4590 9g01 1595 B. Pendant — 2 80 2 68 1 64 1 60 2 62 2 09 Diff.entreBetA. -LO 98 +0 32 0 4 __0 30 +0 61 +0 14 Conclusions. — 1° Température. — Dans 5 cas, la température moyenne est diminuée, le matin de 41/10 à 5/10 de degré, le soir de 1/10 à 4/10 de degré. Dans 1 seul cas, nous avons noté une augmentation de 3/10 pour le matin et de 1/10 pour le soir. IL semble done que l'in- gestion de foie n'a pas sur la marche de la température une influence considérable, mais qu'elle produit cependant une légère hypothermie : en effet, cette hypothermie ne se fait pas par à-coups, mais elle est à peu près continue et disparait dès qu'on cesse l'administration du foie. 2° Urine. — La quantité d'urine a été augmentée quatre fois sur six, dans une proportion moyenne de 346 centimètres cubes, diminuée deux fois dans la proportion moyenne de 85 centimètres cubes. L'action diurétique de la glande hépatique n’est done pas constante, mais elle est fréquente ; elle cesse dès qu'on n'administre plus l'extrait. 3° Urée. — Le foie a une action manifeste sur l’excrétion de l’urée qu'elle augmente dans tous les cas. Cette action est aussi temporaire. PA D RL es A > T4 ) SÉANCE DU 8 MAI 139 oo 4 Acide phosphorique total. — L'augmentation est à peu près la règle, cinq fois sur 6 cas, et varie entre 0 gr. 14 et 0,61 par 24 heures. 5° Æêces. — L'augmentation des matières fécales est constante. Les matières excrétées sont semi-liquides, le plus souvent diarrhéiques, et ont une coloration noirâtre. Cette augmentation est en rapport avec la quantité de foie ingérée et les excreta diarrhéiques sont proportionnels à la quantité. 6° Outre les produits excrémentiels qui précèdent, nous avons examiné les urines au point de vue de leur teneur en albumine, sucre, pigments biliaires et peptones. Dans tous les cas, nos recherches ont donné à ce sujet des résultats négatifs. [612.45 Dix NOUVEAUX: CAS DE MALADIE D'ADDISON EXPÉRIMENTALE CHEZ LE RAT D ÉGOUT, (1° note), par M. le P° EpouarD Boiner. (Communication faite dans la séance précédente.) Cette note est destinée à compléter une communication (Sur la mala- die d’Addison expérimentale) que nous avons faite à la Société de Bio- logie (8 février 1896), et un article (1) (Sur la pathogénie de la maladie d’Addison) que nous venons de publier dans la Aevue de médecine (10 fé- vrier 1897). Dans une période de quinze mois, nous avons encore observé une infiltration de pigment noir chez dix rats d’égout, dont les capsules surrénales avaient été enlevées, liées ou cautérisées. SÉRIE I. — L'ablation complète des deux capsules surrénales à permis la survie de la plupart des rats d’égout soumis à cette opération, et a été suivie six fois, c'est-à-dire dans le cinquième des cas environ, d’in- filtrations de pigment noir. Un premier rat, doublement décapsulé depuis six mois, présente, dans le tissu cellulaire sous-cutané de la région hypogastrique, deux taches noires, pigmentaires, larges comme une pièce de 50 centimes. Le péritoine et le mésentère offrent une infil- tration extra-vasculaire confluente et étendue de pigment noir, qui, à l'examen histologique, ne parait avoir aucun rapport direct avec leurs vaisseaux. Quelques grains de pigment noir existent dans le sang recueilli au niveau du cœur et de la rate, ils sont mélangés à du pig- (1) Boinet. Recherches expérimentales sur la pathogénie de la maladie d’Addison. Congrès de Bordeaux, 1895, p. 700; Revue de médecine, 1897, p. 186, Voir aussi les Comptes rendus de la Société de Biologie des 9 mars, 6, 27 avril, 29 juin, 27 juillet 1895, 8 février 1896, p. 164. . 440 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment ocre. Chez un second rat décapsulé depuis plusieurs mois, on trouve, dans le tissu cellulaire des flancs, deux taches pigmentaires, dont les dimensions équivalent à celles d’une pièce de 1 franc et de 2 francs. Des traîinées pigmentaires sillonnent, dans toute leur hauteur, deux ganglions lombaires. Le péritoine qui avoisine le rein gauche, est infiltré de pigment noir; le sang du cœur en renferme quelques grains, Un troisième rat, survivant six mois et demi à l’ablation de ses deux capsules surrénales, présentait une abondante infiltratien de pigment noir dans un gros ganglion lombaire et dans le tissu cellulaire sous- cutané des flancs. Chez un quatrième rat, mort deux mois après l’abla- tion de ses deux capsules surrénales, on notait, dans le tissu cellulaire sous-cutané des flancs, un gros ganglion infiltré de pigment noir, auquel aboutissent deux traïnées pigmentaires larges de 1 centimètre et longues de 2 à 3. Une abondante infiltration de pigment existait encore dans un ganglion lombaire et dans trois petits ganglions accolés à la colonne vertébrale. À l'examen histologique, on retrouve des grains de pigment noir dans le foie, la rate et le sang de l’oreillette gauche. Des lésions analogues ont été notées à l’autopsie de deux autres rats dou- blement décapsulés. Presque tous ces animaux avaient, en outre, une forte congestion pulmonaire avec suggillations et une hypertrophie notable de la rate, qui avait déjà attiré notre attention (Congrès de Lyon, 1895, p. 640). Chez l’un d'eux, son volume avait quadruplé. SÉRIE II. — Pour étudier le rôle vicariant de la rate, nous enlevons simultanément à quatre rats les deux capsules surrénales et la rate. L'un d'eux meurt au bout de trente-quatre jours, et l’on voit, à l’autopsie, une infiltration de pigment noir dans un ganglion lombaire, dans le péritoine et dans le tissu cellulaire rétro-péritonéal. Cette dernière tache pigmentaire s'étendait à 3 centimètres en dessous du rein droit, et occu- pait un espace transversal de 2 centimètres allant de ia veine cave au bord externe du psoas. Ce musele était même le siège d’une légère infil- tration superficielle de pigment noir. Le sang de l'oreillette et du ven- tricule droit en contenait quelques grains ; les poumons étaient conges- tionnés et parsemés de taches hémorragiques. Le second rat est toujours en bon état, bien que cette double opération date de dix mois. Les deux autres rats sont morts sans infiltration pigmentaire. SÉRIE [I. — L'ablation d'une seule capsule, chez le rat d’égout, pro- voque plus rarement un dépôt de pigment noir. Il était cependant assez abondant dans le tissu cellulaire des flancs, dans un ganglion sous- cutané voisin, dans les ganglions périrénaux, dans l’épiploon gastro- hépatique et dans la rate recueillis à l’autopsie d’un rat mort six mois après l’ablation d’une capsule surrénale. Cette infiltration pigmentaire dans le tissu cellulaire sous-cutané des flancs, était moins accusée chez un rat à qui une capsule avait été enlevée dix jours avant. L'autre capsule .surrénale contenait quelques petits amas de pigment noir SÉANCE DU 8 MAI AAA dans l'intérieur de certaines cellules de la substance corticale. Série IV. — La ligature des deux rapsules est, en général, moins bien supportée que leur ablation ; elle entraine plus souvent et plus rapide- ment La mort. L'infiltration pigmentaire existe assez rarement. Le sang du cœur contient parfois quelques grains de pigment noir. Dans une seconde communication, nous donnerons la suite de nos expériences et les conclusions générales. 1612.833.91 | VITESSE DES RÉFLEXES CHEZ LE CHIEN ET VARIATION AVEC LA TEMPÉRATURE ORGANIQUE. Note de MM. Anpré Broca et CHARLES RICHET. (Communication faite dans la séance précédente.) Il y a dans les mémoires de physiologie, relatifs à l’action réflexe, peu de données sur la vitesse absolue de ces réflexes, et encore moins sur leur variation avec la température, au moins chez les animaux homéothermes; car les chiffres relatifs à la vitesse des réffexes chez la grenouille sont assez nombreux. S. Exner a trouvé chez l'homme une vitesse réflexe de 0”,047 à 0”,055 pour le elignement palpébral (Veber Reflexzeit und Rückenmarksleitung, A. g. P., 1874, VIII, 526). Brissaud, en mesurant la vitesse du réflexe rotulien chez l'homme, a trouvé de 0”,048 à 0”,052. Ter Meulen a trouvé de 0”,045 à 0”,065; et Tschiriev admet la moyenne de 0”,061 (Cités par Petitclerc : Des réflexes tendineux. Th. de doctorat de Paris, 1880). C'est à peu près tout ce que disent les auteurs classiques sur la vitesse des réflexes chez les homéothermes. On voit qu’elle n’a guère été étudiée que chez l'homme. Nous avons songé à employer pour faire cette mesure, la sensibilité extrême des chiens chloralosés qui répondent par un mouvement à chaque suceussion de la table sur laquelle ils sont attachés. [l est clair qu'il s’agit là soit d’un véritable mouvement réflexe, provoqué par l'ex- citation de la sensibilité tactile cutanée, soit moins vraisemblablement de l’'ébranlement direct mécanique des centres nerveux. L'expérience est alors facile à entreprendre. On détermine le moment précis de la succussion, ce qui s'obtient par l’ébranlement même d’un tambour à air placé sur la table, et on inscrit par un autre tambour enregistreur, où la longueur du tube de caoutchouc est identique, la réponse motrice de l’animal. Nous passons le détail des précautions techniques nécessaires, pour donner le résultat d'expériences faites sur divers chiens. (Nos chiffres représentent des moyennes, mais des moyennes où les 442 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chiffres aberrants, dus à des erreurs manifestes dans les procédés expé- rimentaux, ont été écartés.) Nous avons ainsi, suivant les températures : à 40 degrés SCIE 317 — 36 — 35 _— DH 340,5 29 — CC . 0"042 . 0045 0"048 0"049 AT MODS 0 ne er 0060 D Rene 7 RO NUSN Re) ee MO AO0 On voit que, par le froid, la durée de l'acte réflexe devient plus que double. Mais ce qui est plus intéressant, c'est la comparaison entre cette 27°26 29 50 & 52 38 34 35 36 37 38 39 Lo fx 42 43 Fic. 1 Variations de la période réfractaire avec la température (chien). 22 29 9 30 31 32 35 54 3 36 17 9 1j to Hi 42 43. Fic. 2 Variations de la vitesse de l’action réflexe avec la température (chien). courbe et celle que nous a donnée la période réfractaire dans sa variation thermique. Toutes deux sont très exactement comparables, comme l’indiquent les deux figures ci-jointes. On remarquera que, de 40 à 35 degrés, les variations thermiques n'exercent qu'une faible influence. C'est, en quelque sorte, la zone ma- niable, pendant laquelle les fonctions générales du système nerveux ne subissent que de légères modifications. Au contraire, à partir de 35 de- grés, il semble se faire une profonde modification dans la vie des tissus, et les phénomènesse ralentissent tous énormément. L'identité des deux courbes montre qu'il s'agit en somme du même phénomène, encore qu'il soit envisagé à deux points de vue différents : il s'agit toujours de la vibration nerveuse; mais, en étudiant la vitesse de l'acte réflexe, nous étudions le début de la vibration, tandis que la SÉANCE DU 8 MAI 443 durée de la période réfractaire mesure la fin de cette même vibration. ILest donc permis de supposer qu'aux diverses températures organiques, la courbe de la vibration nerveuse reste la même. Ce point important vient à l'appui de notre hypothèse précédemment émise. (Ondulation nerveuse.) Enfin ce chiffre de 0”,04, vers lequel tend comme vers un minimum la vitesse de l’acte réflexe, peut nous permettre d'apprécier à0”,025 environ ce temps perdu dans les centres nerveux : car on peut attribuer une durée de 0”,015 environ à la transmission dans la moelle, les nerfs moteurs et les muscles. La durée de 0”,035 est en effet, à très peu de chose près, le chiffre auquel on est arrivé pour le temps perdu dans le cerveau et la moelle, quand l'expérience était faite directement. (François-Franck, de Varigny, Bubnoff et Heidenhaïn, etc.) SUR LE PIGMENT NOIR PALUSTRE, par M. A. LAVERAN. Dans les discussions récentes sur le pigment ocre, on a dit à plusieurs reprises, que ce pigment se rencontrait souvent dans les viscères des sujets morts de paludisme; cela est vrai; mais, chez ces sujets, on trouve toujours une autre espèce de pigment, un pigment noir, qui est parti- culier au paludisme, tandis que le pigment ocre se rencontre dans un grand nombre d'états pathologiques. Le pigment noir est si abondant dans le sang des sujets qui succom- bent à des accès pernicieux, qu'il donne à certains viscères dans lesquels il s’accumule plus spécialement, comme la rate et le foie, une coloration brunâtre ou grisàtre caractéristique. Cette altération du sang est connue depuis longtemps sous le nom de mélanémie, mais c’est seulement depuis la découverte du parasite du paludisme qu'on à pu s'expliquer pourquoi elle ne s’observe que chez les individus morts de fièvre palustre. L'hématozoaire du paludisme contient, sauf à la première phase de son développement, des grains de pigment noir; lorsque le parasite meurt et qu'il est englobé par les phagocytes, les grains de pigment s'agglomèrent et s'accumulent principalement dans la rate. Les microbes du paludisme vivent aux dépens des globuies rouges du sang ; il paraît donc bien probable que le pigment noir est un produit de transformation de l'hémoglobine. Comme cette transformation est liée à la présence des parasites, on s'explique que la mélanémie soit une lésion spéciale au paludisme. Il est indispensable de bien séparer le pigment ocre du pigment 444 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DEP == noir; en les confondant, le clinicien s’exposerait à commettre de graves erreurs (1). Le pigment palustre se distingue d’ailleurs très nettement du pigment ocre par ses caractères physiques et chimiques et aussi par la manière dont il est réparti. Comme l'indique son nom, le pigment ocre est jaunâtre, tandis que le pigment palustre est noir ou d'un rouge très sombre. Par suite, les organes qui contiennent en grande quantité l’un ou l’autre de ces pigments, ont une teinte différente. plus foncée quand il s'agit du pigment palustre. Sur des coupes histologiques des organes, le pigment ocre forme des amas irréguliers, tandis que le pigment palustre se présente le plus sou- vent sous l'aspect de granulations arrondies, de volume variable; c’est seulement dans les organes où se sont accumulés de grandes quantités d'éléments pigmentés en voie de destruction, dans la rate principale- ment, que l’on trouve des amas irréguliers de pigment noir. Dans les capillaires, et en particulier dans les capillaires du foie et du cerveau, le pigment palustre donne lieu souvent à un piqueté caractéristique, il est d’ailleurs facile, dans beaucoup de cas, de reconnaitre les hémato- zoaires. Le pigment ocre s'’accumule non seulement dans les capillaires, mais aussi dans les épithéliums et jusque dans le tissu conjonctif, les cellules du foie et l'épithélium des tubuli des reins en sont souvent bourrés:; presque jamais ce pigment ne se rencontre, dans le sang de la grande circulation. Le pigment palustre a son siège d'élection dans les petits vaisseaux et on le trouve souvent dans le sang de la grande circulation ; sans parler des parasites eux-mêmes, il est très fréquent d'observer dans le sang obtenu par piqûre d’un doigt, chez les malades qui ont des accès de fièvre intermittente, des leucocytes mélanifères. Le pigment palustre ne se trouve pas comme le pigment ocre dans les épithéliums sécréteurs. Les réactions chimiques des deux espèces de pigment sont très diffé- rentes. | Le pigment ocre bleuit par la réaction ferrocyanique et chlorhy- drique, il noircit par le sulfhydrate d'ammoniaque. Les coupes des organes infiltrés de pigment ocre prennent une teinte d’un vert noirâtre quand on les traite par le sulfhydrate d'ammoniaque. Lorsqu'on pratique des coupes histologiques sur des organes riches en pigment palustre et que l’on plonge ces coupes dans une solution de (1) I existe notamment des cas d’anémie pernicieuse avec hypertrophie du foie et de la rate, et accumulation de pigment dans ces viscères qui pour- raient être confondus, à un examen superficiel, avec des cas de paludisme. (Jeanselme et Papillon. Soc. méd. des h6p., 23 avril 1897.) SÉANCE DU 8 MAI 445 _— ferrocyanure de potassium additionnée d’acide chlorhydrique, jamais on n'obtient la coloration bleue caractéristique de la présence du fer. Le sulfhydrate d'’ammoniaque ne modifie pas la teinte des coupes des organes. Les acides même concentrés restent sans effet sur le pigment palustre, la potasse le fait pâlir sans le dissoudre, le sulfure ammonique le dissout rapidement (Kiener). Il est probable que le pigment palustre contient du fer comme le pigment ocre, mais sous une forme différente, difficile à déceler. Il serait intéressant de résoudre ce petit problème sur lequel j'attire l'attention de nos habiles chimistes. : On pourra doser le fer après calcination des organes des sujets morts d'accès pernicieux et comparer la quantité de fer à celle qui existe, en moyenne, dans les organes des sujets morts d’autres maladies. Le pigment est si abondant, dans certains cas, que sa présence se traduira certainement par une augmentation notable de la quantité de fer, si véri- tablement il est ferrugineux. On choisira des organes qui ne renferment pas de pigment ocre et qui ne sont pas fortement congestionnés, par exemple le cerveau d'un sujet mort d’accès pernicieux dont les capil- laires seront bourrés d'éléments pigmentés. Il serait évidemment préférable de déceler le fer sur les préparations histologiques des organes renfermant le pigment noir, mais jusqu'ici toutes les tentatives faites dans ce sens onf échoué. DE L'OPOTHÉRAPIE HÉPATIQUE DANS LES HÉMORRAGIES, par MM. À. GicBerT et P. CARNOT. En raison de la fréquence des hémorragies, des épistaxis notam- ment, au cours des maladies du foie, l’on est fondé à supposer que la cellule hépatique normale exerce sur la composition du sang une action qui, suspendue ou amoindrie par l’état morbide, le rend apte à sortir des vaisseaux. Partant de cette considération et en vue d’exciter l’action particulière exercée par la cellule hépatique sur le sang, nous avons eu recours à l’opothérapie hépatique chez des cirrhotiques affectés d’épistaxis. Dans un cas, particulièrement favorable à la recherche de l’action hémosta- tique de l'extrait de foie, puisqu'il s'agissait d’une malade affectée d'hémorragies nasales quotidiennes depuis un mois, l'arrêt des pertes de sang fut instantané; mais elles reparurent ultérieurement malgré la continuation du traitement. Nous avons également eu l’idée de recourir au même mode de traite- ment dans les hémorragies les plus diverses, épistaxis de l’enfance, 446 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE métrorrhagies, etc., et notamment dans les hémoptysies occasionnées par la tuberculose pulmonaire à ses diverses périodes. Cinq malades atteints d'hémoptysies tuberculeuses ont été traités exclusivement de cette facon; dans tous les cas, l’hémoptysie s’est arrêtée rapidement sans qu'il ait élé besoin de recourir à un autre mode de traitement (1). | UN NOUVEAU TYPE DE TUBERCULOSE. Note de MM. BATAILLON, DuBaRD et TERRE, présentée par M. METrCcEaNIKOFF. Les matériaux du travail dont nous posons le premier jalon viennent d'une carpe du ruisseau de Velars, pêchée le 24 février. Ce poisson avait la paroi abdominale du côté droit soulevée comme par une volumineuse tumeur. Il portait, en effet, entre l'ovaire et la paroi musculaire une édification bien limitée atteignant la taille d'un œuf de pigeon. La sec- tion montrait une pulpe non caséeuse, mais facilement dissociable, Cette tumeur fut prélevée soigneusement ; nous pensions retrouver là des sporozoaires comme ceux qui déciment les barbeaux de la Saône et sur lesquels notre attention avait été fixée précédemment. Nous regret- tons aujourd'hui qu'un examen scrupuleux des viscères ait été négligé. Etude de la tumeur. — Les frottis de la pulpe, colorés rapidement par les méthodes ordinaires, n’offrent rien de particulier que de grosses cellules souvent à plusieurs noyaux, et on aperçoit, avec de grandes diffi- cultés, de fins bacilles à peine teintés. Nous appliquons à ces mêmes frottis la méthode d’'Ehrlich, et le tissu nous apparait rempli de bacilles magnifiquement colorés, identiques par la taille et par la forme au bacille de Koch. La phagocytose est très active, car quantité d'éléments sont gorgés de ces germes. L'étude des coupes est particulièrement intéressante par les belles cellules géantes qu'elle révèle. Ces cellules géantes mononucléées où polynueléées montrent souvent à leur périphérie une véritable auréole de bacilles disposés radialement. Le titre de cette note succincte ne s'applique pour le moment qu'au cas particulier de notre carpe. Si la réaction organique avec afflux des leucocytes et formation de cellules géantes est caractéristique du tuber- (4) Dans une note antérieure, nous avons fait connaître quelques-uns des résultats que nous a fournis l’opothérapie hépatique dans diverses affections, et notamment dans le diabète sucré. L'élévation du taux de l’urée urinaire amenée par les extraits de foie, nous à donné l'idée de les utiliser encore dans le traitement de la goutte. Nous les avons administrés dans trois cas qui ont guéri très rapidement. Ps A F. PRA SÉANCE DU 8 MAI 447 cule, il y a bien là tuberculose; et l'allure de l’agent qui intervient donnerait facilement l'illusion de la tuberculose de Koch ; car à l'examen des frottis et des coupes, l'observateur non prévenu conclurait sans hési- tation. Mais l'identification demande à être réservée; car il ne suffit pas de constater sur des bacilles la réaction d'Ebrlich comme l’a fait Sibley sur des tumeurs d'Ophidiens, pour conclure à la tuberculose (de Koch) spontanée chez les animaux à sang froid. Il faut établir la biologie du germe dont les réactifs colorants ne donnent qu'un caractère. Biologie du bacille. — Un fait capital et qui confirme la spontanéité de l’affection, c’est que ce bacille évolue à température basse. On verra même qu'il est possible d'obtenir son développement dans une échelle thermométrique très étendue. Nous avons réussi à l’isoler en bouillon à la température ordinaire. De là nous l’avons reporté sur bouillon sucré et non sucré, sur sérum, sur gélose glycérinée glycosée, sur géla- tine, sur lait, sur pomme de terre, etc. Les cultures ont évolué à différentes températures : 12 degrés tem- pérature ordinaire, 23, 36 degrés. Il parait y avoir un optimum de végétation vers 25 degrés. C’est, en effet, à la température de 23 degrés que nous avons obtenu les plus beaux développements. C’est sur cette base que nous établirons notre description en regrettant de n'avoir eu jusqu'ici ni le temps ni les moyens matériels d'établir notre optimum d’une façon précise. Cette forme parait franchement aérobie. Les ensemencements sur milieux solides dans une atmosphère d'hydrogène sont trop récents pour nous permettre une aftirmation alors que certaines cultures sur gélatine n'ont évolué qu'au bout d’un mois. Mais les piqüres sur gélatine et sur gélose montrent que la végétation ne s'effectue jamais dans la profon- deur. Cultures à 23 degrés. Les cultures sur bouillon sont assez abondantes au bout de trois ou quatre jours. Le milieu ne trouble jamais. Il se dépose au fond du tube ou du matras des flocons plus ou moins volumineux faciles à dissocier et rappelant assez bien la culture d’aviaire. Ces flocons fournissent au microscope des amas linéaires serpentiformes rappelant à s'y méprendre les préparations par impression du bacille tuberculeux sur sérum. On obtient assez souvent à la surface un voile léger et peu résistant. Ce voile se forme régulièrement avec une faible épaisseur de liquide sur matras à fond plat. Sur pomme de terre, on observe au bout du même temps un semis de colonies blanchâtres verruqueuses; mais ces grains ne sont pas secs, ils ont la consistance d’un savon. Sur gélose, on voit apparaitre également, en 3 ou À jours, un semis de colonies arrondies blanches, crémenses; ces colonies peuvent confluer. Mais leur évolution paraît limitée; et ici, nous ferons une emarque qui s'applique aux cultures en sürface et à l'air sur milieux 448 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — solides, aussi bien sur gélose que sur sérum où l’évolution présente les mêmes caractères. Si l’on examine des cultures vieilles de 9 ou 10 jours, on ne trouve plus, au lieu des bacilles typiques, que des amas volu- mineux simulant de riches dichotomyes avec des ramifications souvent étirées en pointes. Ces amas ont une base mal colorée; et la méthode d'Ehrlich fait ressortir dans leur intérieur une grande quantité de gra- nulations mieux teintées. Nous sommes portés à voir dans ces figures spéciales, difficilement colorables, des formes de reproduction. L’obser- vation des cultures montre en tous cas qu'il y a là la fin d’un cycle; et l'étude des stades intermédiaires donne la conviction que les bacilles s’agglutinent en masse pour produire ce résultat. Température ordinaire el température de 12 degrés. — L'évolution à la température ordinaire ou à 12 degrés présente sur les différents milieux des caractères morphologiques identiques. Mais elle est plus lente : une culture sur bouillon à 12 degrés demande une douzaine de jours pour arriver au point qu'elle atteint en 3 jours à 23 degrés. C’est à la tempé- rature ordinaire que nous avons pu étudier les cultures sur gélatine. Cultures sur gélatine. — L'évolution surce milieu est assez pénible. Les tubes initiaux n'ont commencé à végéter qu'au bout de 20 à 95 jours, sur les bords de la gelée et le long des parois humides. D'autres ense- mencements ont végété de la même façon au bout d’une quinzaine de jours, et seulement sur les bords à la partie déclive des tubes. Ces cul- tures nous paraissent exiger des précautions sérieuses contre la dessic- cation. Les colonies sont sèches avec un centre opaque, le pourtour étant plus transparent et à bords denticulés. La gélatine n'est pas liquéfiée. Cultures à 36 degrés. — L'acclimatement à 36 degrés est difficile. Les ensemencements du début n'ont rien donné. Mais des cultures sur bouillon, à 22 degrés, transplantées sur gélose glycérinée glycosée, nous ont fourni des colonies au bout de 15 jours environ. La plupart des bacilles ensemencés ne résistent pas au passage ; car les colonies sont peu nombreuses. Au bout d’un mois, on peut noter des caractères inté- ressants. Ce sont des grains saillants et mats qui, avec leurs contours irréguliers et leurs expansions étalées, rappellent assez bien une culture de tuberculose humaine. Notons qu’au bout de 20 jours nous n’observons pas sur ces colonies les formes d'évolutions si curieuses qui constituent les cultures sur gélose, vieilles de 9 jours à 22 degrés. Quel agent avons-nous entre les mains? Le bacille se colore bien par la méthode d’Ehrlich et ses dérivées. La taille est assez variable sans sortir des limites très élastiques indiquées pour la tuberculose de Koch. Les formes d'involution vues dans les cultures à température basse prouvent que, dans ces conditions, le vieillissement est rapide. L’appa- rition de ces formes tient évidemment à des conditions spéciales; peut- mn + w'Éfi At FA: TA Zu + A | vrr SÉANCE DU 8 MAI 449 être serait-il intéressant de les rapprocher des figures ramifiées géantes isnalées dans les vieilles cultures d’aviaire. Notre germe ne résiste pas comme la lèpre à la décoloration pendant 1 heure à l'acide azotique au tiers. Des préparations de tuberculose humaine traitées parallèlement étaient décolorées au bout d’une demi- heure : nos frottis résistaient assez exactement le même temps. Nous n'avions pas affaire à des formes comme celles du smegma et du cérumen décrites par Alvarez et Tavel d’une part, par Gottstein d'autre part. Traités longuement par la lessive de soude chaude, additionnée d'alcool, ces bacilles continuent de se colorer. Notons enfin un détail morphologique qui peut avoir son importance quand on reste en face des deux hypothèses : tuberculose ou lèpre. Le microorganisme en question est complètement immobile. Au reste, si l’on se reporte aux descriptious de Bordone, les caractères des cultures, en particulier sur plaques de gélose à 37 degrés, paraissent tout différents ; et il est difficile de pousser bien loin la comparaison avec une forme dont l’évolution est aussi obscure. L’expérimentation sur les animaux est commencée; elle nous donnera, nous l’espérons, des renseignements plus précis, et peut-être des docu- ments utiles à la solution du grave problème de la tuberculose. PHOTOGRAPHIE DES ÉTINCELLES ÉLECTRIQUES DÉRIVANT SOIT DE L'ÉLECTRI- CITÉ DYNAMIQUE (BOBINE DE RUHMKORFF), SOIT DE L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE (MACHINE DE WIMSHURST), par MM. L. Luys et Davin. Je présente à la Société, tant en mon nom personnel qu’en celui de M. David, mon collaborateur, une série d'épreuves photographiques qui donnent les graphiques d’étincelles appartenant soit à l'électricité dyna- mique, soit à l'électricité statique. Voici les dispositifs employés dans l’une et l’autre circonstance : 1° Les deux pôles d'une bobine d’induction actionnée par deux piles à courant continu au bichromate se trouvent, de part et d'autre, placés sur une plaque de verre disposée verticalement, assez épaisse pour ne pas être traversée ; l’étincelle, au lieu de former une ligne brillante et sinueuse comme d'habitude, produit des aigrettes ramifiées, de teinte bleu violet. Si l’on remplace, dans l’obscurité, la plaque de verre par une glace sensible au gélatino-bromure d’argent, on obtient, après le développement, une image de l’aigrette formée sur la face sensible au pôle positif; l’étincelle, généralement plus étendue, présente une portion centrale qui se ramifie et se dichotomise en radicelles d’une extrême ténuité. Au pôle négatif, l'étincelle se présente sous forme de radiations palmées qui rappellent l'aspect d’une feuille de palmier (PI. I et I). BioLociE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 36 450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Relativement aux étincelles de la machine Wimshurst, voici le dispositif employé (PI. II et IV). Sur une table, on place une grande feuille de verre, au milieu un disque d'argent, une pièce de 5 francs communiquant avec le pôle négatif d'une machine électrostatique. Sur ce premier disque est placée la plaque sensible (13 X 18) assez J. LUYS et DAVID. Planche I. grande pour que l'étincelle ne puisse la contourner, et la surface sensible en dessus. Enfin, sur la gélatine de la glace sensible une seconde pièce de 5 francs est placée en communication avec le pôle positif. Les boules de décharge de la machine étant écartées et la machine étant en fonc- tionnement, on les rapproche rapidement ; une étincelle sinueuse jaillit entre ces boules, et au même instant, chaque pièce d'argent s’entoure d'une auréole lumineuse qui laisse son empreinte sur le gélatino-bro- mure; on obtient ainsi une décharge positive ramifiée. En changeant les pôles, on obtient une décharge négative. Il faut avoir soin de pro- téger, avec une feuille de carton, la glace sensible de la radiation directe de M 7 del AE » dl: AE LTTE SÉANCE DU 8 MAI 451 de l’étincelle jaillissant entre les deux boules de décharge, laquelle, sans cette précaution, voilerait la plaque. Nos recherches sur quelques points ne font que vérifier certains faits déjà enregistrés dans la science. Sur d’autres points, nous croyons qu'il y a encore des délails inédits et peu connus à signaler. Ce sont æ À | . | : nn. si J. LUYS et DAVID. Pianche Il. les caractères propres des étincelles de la machine Wimshurst que nous avons mis en saillie, en faisant voir la facon toute spéciale dont l’élec- tricité statique se développe sous forme de boules lumineuses. Émer- geant des radiations électriques, comme des boules lumineuses qui se dégagent dans un feu d'artifice, sous la dénomination de chandelles romaines. Nos pièces photographiques permettent de différencier d’une façon bien nette Les caractères du fluide négatif et ceux du fluide positif, soit pour l'électricité dynamique, soit par l'électricité statique — dans l’un et l’autre cas, le fluide positif accuse l'apparence radiculaire, et Le fluide 459% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SE —————————————"————"—…—…—…—……—…—"——"—"—…—"—"——— négatif affecte la forme de feuille de palmier. — Nous insistons encore sur la forme globulaire que revêtent les décharges de l'électricité Planche IV, Planche III. Eu LE > < A X ( “JiLyes statique. Les globules multiples auxquels elles donnent naissance ne représentent-ils pas, sous forme rudimentaire, certaines apparences de la foudre dite globulaire, que tous les traités de physique signalent comme phénomène météorologique ? SÉANCE DU 8 MAI 153 Enfin, il est un dernier trait relatif à la différenciation de l'électricité négative et l'électricité positive, que je tiens à signaler dès maintenant. C'est la facon toute spéciale dont chacun de ces courants affecte la sensi- bilité optique des sujets en état d'hypnotisme (somnambulisme lucide). J'ai déjà signalé plusieurs fois ce phénomène physiologique non connu dans mes lecons faites à la Charité. Les sujets mis en état hypnotique, en effet, voient les courants élec- triques avec une coloration différente : ils voient les uns rouges et les autres bleus. Il en est de même du pôle d’un barreau magnétique : ils voient l’un rouge et l’autre bleu, et les régions intermédiaires (entre les deux pôles) ils les signalent comme leur produisant l’impression du jaune. C'est ainsi qu'ils signalent la coloration propre des bobines d’in- duction dans un appareil d'électricité médicale. Nous verrons, dans une communication ultérieure, le parti que l’on peut tirer de ces données expérimentales, au point de vue de l'appréciation de la force nerveuse chez l’homme et les animaux; qu'il me suffise de dire, par anticipation, que les sujets hypnotiques, ainsi que je l’ai indiqué déjà dans le Journal d'Hipnotisme (décembre 1895), voient tout un côté du corps humain dégageant des effluves d’une colo- ration toute spéciale, rouge par exemple, et dégager des effluves bleus du côté opposé; la région médiane, comme s’il s'agissait d’un véritable aimant, dégage, suivant leur témoignage, des effluves jaunes. Pour eux, le corps humain dégage des effluves de coloration et de propriété diffé- rentes comme un véritable barreau magnétique. Ce sera le point de départ de nouvelles recherches que je me propose bientôt d'exposer. [612.015.1| SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS DU CARMIN D'INDIGO QUI LE RAPPROCHENT DES FERMENTS OXYDANTS NATURELS, par M. Ém. BoURQUELOT. Dans la dernière séance, j'ai rappelé qu'on avait comparé le mode d'action des ferments oxydants au mode d’action du carmin d’indigo dans la recherche du glucose. Mais, pour obtenir l'oxydation du glucose à l’aide du carmin, il faut opérer à chaud et en présence d’une petite quantité d’un carbonate alcalin. Voici une autre expérience dans laquelle les analogies apparaissent encore plus clairement, en ce sens que le carmin d'indigo joue ici, en présence de l'air, le rôle d'oxydant en quelque sorte perpétuel, sans qu'il soit besoin d’ajouter un corps étranger, ou de chauffer. On verse 50 centimètres cubes d’une solution aqueuse saturée d’hy- drogène sulfuré dans un flacon de 150 centimètres cubes environ, puis on ajoute À centimètre cube de solution de carmin d'indigo à 1 p. 100 et on laisse reposer. Si la solution d'hydrogène sulfuré est récente, on A54 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE voit le liquide se décolorer dans l’espace de 2 à 3 minutes, en même. temps qu'il se fait un dépôt de soufre. Il y a eu oxydation de l’hy- drogène sulfuré suivant l'équation : HS —- 0 — H°0 +S L'oxygène qui a servi à cette oxydation provient de l’indigo qui est réduit et transformé en indigo blanc (1). Agite-t-on alors le mélange, il reprend sa couleur bleue primitive, l'indigo blanc reprenant de l'oxygène à l'air pour redevenir indigo bleu. Laisse-t-on reposer une seconde fois, le mélange se décolore de nou- veau en quelques minutes, et ainsi de suite, jusqu'à ce que tout l'hy- drogène sulfuré soit détruit. L’analogie se poursuit plus loin. J'ai montré l’année dernière que de petites quantités d'acide sulfurique empêchent l’action du ferment oxydant des Champignons sur la tyrosine. Il en va de même, dans cette expérience, pour le carmin d’indigo. Si l’on ajoute seulement 10 à 15 centigrammes d’acide sulfurique par litre, l’action oxydante de cette matière sur l'hydrogène sulfuré est empêchée et le liquide reste bleu. L'analogie serait complète, si l’activité du sulfate d’indigo était détruite à l’ébullition. Il n’en est pas ainsi, il est vrai, avec les solutions pures, mais il se pourrait que la disparition de cette activité se produisit en présence de certains corps étrangers, soit que, sous leur influence, il y ait destruction profonde de l’indigo, soit qu’il se forme un composé. s'opposant, comme l'acide sulfurique, à son action oxydante. [612.015.1] = SUR LA DURÉE DE L'ACTIVITÉ DES FERMENTS OXYDANTS DES CHAMPIGNONS EN SOLUTION DANS LA GLYCÉRINE, par M. ÉmM. BouRQUELOT. Dans une communication faite à la Société de Biologie, en novembre dernier, j'ai montré que les solutions aqueuses chloroformées de fer- ments oxydants des champignons peuvent conserver leurs propriétés oxydantes, pendant deux ou trois mois. Quelque temps avant cette communication, le professeur Schaer (2) avait publié un travail fort intéressant sur un ferment oxydant du Phytolacca decandra. Dans ce. travail il s’est servi, comme dissolvant du ferment, de la glycérine, et il a constaté que, en solution dans ce véhicule, son ferment pouvait se conserver pendant plus d'une année. Il m'a paru intéressant de recher- cher si ce dissolvant pouvait être employé utilement à la conservation des ferments oxydants des Champignons. (1) L'action réductrice de l'hydrogène sulfuré sur le carmin d'’indigo est connue, mais je ne sache pas qu'elle ait été présentée jusqu'ici en la forme que je lui donne dans cette expérience, (2) Vierteljahrsschrift der Naturforschenden Gesellschaft in Zürich, p. 233, 1896. 2. nb SÉANCE DU 8 MAI 455 Mes essais ont porté sur le Lactarius velutinus, champignon d’au- tomne, blanc, presque aussi riche en substances oxydantes que le Russula delica. Ge champignon a été réduit en pâte et trituré avec de la glycérine dans la proportion de 850 grammes de glycérine pour 250 grammes de champignon. Après une heure de macération, le mélange a été jeté sur un filtre. Le liquide que j'ai ainsi obtenu en octobre dernier était limpide et à peine teinté de jaune. Il était très actif. Actuellement, bien qu'il ait été laissé, dans un vase incomplètement rempli, exposé à la lumière diffuse du laboratoire, il possède toujours ses propriétés oxydantes et agit aussi bien sur la teinture de gaïac que sur la tyrosine. On a donc là un moyen de conserver, d’une année à l’autre, un produit qui, dans certaines circonstances, peut être un réactif précieux. SUR LA RECHERCHE DE LA TYROSINE DANS DIVERS PRODUITS D'ORIGINE ANIMALE, par M. J. Boucauzr. Les recherches de M. Bourquelot ont montré que la substance oxydante (tyrosinase), contenue dans un grand nombre de champignons, pouvait en être extraite facilement à l’aide de la glycérine, et que la solution ainsi obtenue se prêtait très bien aux diverses réactions d’oxy- dation. Comme, en particulier, l'oxydation de la tyrosine se manifeste toujours par la formation d’un composé noir, on conçoit que la solution en question puisse servir pour la recherche de la tyrosine elle-même ; et cela d'autant mieux que la réaction, toujours identique dans son résultat final, présente des phases différentes suivant qu'on opère en milieu acide ou alcalin : dans le premier cas, la coloration est rose au début; dans le second, elle est immédiatement noire. Cette particularité ajoute une certitude à la spécificité de la réaction (1). J'ai utilisé cesdonnées pour la recherche de la tyrosine dans divers produits d’origine animale : 1° Produits agissant sur les albuminoïdes pour déterminer leur hydratation (Pepsine, Pancréatine) ou leur coagulation {Présure) ; 2° Produits de l’hydratation des albuminoïdes (Peptone, Somatose); 3° Produits de sécrétion (Lait); et aussi produits de fermentation du lait (Koumys, Képhyr); (1) Cette réaction offre plus de garanties que celles qui ont été utilisées jus- qu'ici (réaction d'Hoffmann, réaction de Piria). Il se pourrait cependant qu'elle se produise aussi avec certains éthers de la tyrosine. C’est ainsi, par exemple, que l’acétylgaïacol, comme M. Bourquelot l’a constaté, donne avec les fer- ments oxydants la même réaction colorée que le gaïacol. 456 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ro % Produits résultant de l’action d'organismes divers sur les albumi- noïdes (Fromages). Afin de rendre les diverses expériences aussi comparables que Rue sible, les solutions soumises à l’action du ferment ont été faites dans les mêmes conditions, pour la même classe de composés. Les solutions de Pepsine amylacée, Pancréatine, Présure, Peptone, Somatose, ont été faites à 2 p. 100; celles de Pepsine en lames à 0,80 p. 100. Le Lait, le Koumys, le Képhyr ont été employés sans dilu- tion. Le Fromage a été traité par l’eau à l'ébullition dans la proportion de 1 de fromage pour 10 d’eau. Dans tous les cas, 5 centimètres cubes de chacune des solutions ainsi préparées ont été additionnés de 1 centimètre cube de solution de tyrosinase (1). Voici le résumé des résultats observés : Pepsines. — J'ai examiné des pepsines de diverses origines. Toutes ont accusé la présence d’une quantité variable et toujours très faible de tyrosine. Pancréatines. — Les pancréatines se sont montrées plus riches en tyrosine. Comparativement aux pancréatines, j'ai fait une expérience avec de la papaïne; j'ai obtenu un résultat négatif. Présures. — Divers échantillons de présure m'ont donné des résultats analogues à ceux fournis par les pepsines. Peptones. — J'ai essayé un grand nombre de peptones, et comme on devait s’y attendre, toutes ont donné des résultats positifs. Les inten- sités de coloration obtenues, différentes pour les divers échantillons, indiquent des proportions de tyrosine toujours supérieures à celles contenues dans les produits examinés plus haut. Somatose. — Ce produit, qu'on donne comme formé d'un mélange d’albumoses exempt de peptone, n’a pasdonné la réaction de la tyrosine. Lait. — Résultats peu nets avec le lait, le koumys et le képhyr, avec lesquels une très faible coloration a été observée. Ce résultat donne à penser que les ferments du koumys et du képhyr ne produisent qu'une peptonisation très incomplète de la caséine. Fromages. — Dans les fromages, au contraire, l’hydratation des albu- minoïdes est poussée plus loin; aussi la présence de la tyrosine est-elle constante, quoique assez variable, suivant les sortes (2). À ce point de vue, les fromages de roquefort et de gruyère se sont montrés plus particulièrement riches en tyrosine ; tandis que les fromages bondons et de Blois en contiennent beaucoup moins. (1) Voir la préparation de cette solution dans la note qui précède. (2) On sait que le mot tyrosine vient de zvpés, fromage, parce que c'est du fromage qu'on a extrait ce corps pour la première fois. SÉANCE DU 8 MAI 4517 — — — La présence de la tyrosine dans toutes les peptones et sa transforrma- tion en une substance noire, sous l'influence d’un principe sécrété par des champignons, permet peut-être d’expliquer la coloration noire observée avec certaines cultures de microbes et dans des conditions encore mal déterminées. On sait, en effet, que la peptone fait partie de tous les milieux de culture ordinaire : bouillon, gélose, gélatine. La coloration noire de ces cultures pourrait donc tenir à l'oxydation de la tyrosine, sous l'influence d’une substance oxydante sécrétée par le microbe de la culture ou par des germes de l'air introduits accidentellement. Un fait qui plaide en faveur de cette hypothèse, c’est qu’une solution de tyrosine exposée à l'air libre prend, au bout d’un temps variable, la coloration des solutions oxydées par la tyrosinase, sans que pourtant cette oxydation puisse être attribuée à l'oxygène de l’air agissant par lui-même. Car des solutions identiques, additionnées de chloroforme ou conservées dans des tubes stérilisés et bouchés avec un simple tampon d’ouate, se conservent intacts indéfiniment. D'ailleurs iorsqu’on examine au microscope des solulions ainsi alltérées, on y retrouve tou- jours des développements mycéliens (1). SUR LA POSSIBILITÉ D UNÉ INTOXICATION LENTE APRÈS INGESTION DE SOUS- NITRATE DE BISMUTH DANS CERTAINS ÉTATS PATHOLOGIQUES DE L'ESTOMAC (2e note), par MM. E. GÉRaRD et P. Daunric. Dans une première note (C. R. de la Société de Biologie (A0), t. IV, p. 369), l’un de nous a montré que le sous-nitrate de bismuth se dissol- vait dans des solutions étendues d'acide lactique faites dans des propor- tions semblables à celles que l’on rencontre dans certains sucs gastriques renfermantles produits de fermentations anormales de l’estomac. La ma- jeure partie du bismuth ainsi dissous était généralement précipitée par le sel marin de la sécrétion gastrique, à l’état d’oxychlorure de bismuth ; mais, en expérimentant sur plusieurs liquides de l'estomac provenant de différents malades, on a montré (p. 370) que, dans certaines circon- stances, cette précipitation pouvait être incomplète et que le bismuth resté en dissolution pouvait agir comme toxique, à l'instar des sels solubles de bismuth. On a ajouté, dans cette précédente note, que si on observail rarement de semblables intoxications, peut-être fallaït-il l’attribuer à la présence, dans certains sous-nitrates de bismuth du commerce, de carbonate de chaux saturant la plus grande partie de l'acide lactique anormalement produit dans certaines affections de l’es- tomac. (1) Ce travail a été fait sur les indications de M. Bourquelot. 458 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : Pour compléter la démonstration, nous avons effectué diverses expé- riences. Nous nous bornons à relater les deux suivantes, qui sont les. plus caractéristiques : 4° À un lapin du poids de 1,420 grammes, on fait absorber chaque jour par la voie stomacale, à l’aide d’une sonde, 1 gramme de sous-nitrate de bismuth calcaire mis en suspension dans 30 centimètres cubes d’une solution aqueuse: d'acide lactique à 2 p. 100. Ce traitement est continué pendant dix jours, l'animal ne présente aucun phénomène particulier. Au bout de ce temps, on substitue au sous-nitrate de bismuth renfermant du carbonate de chaux, du sous-nitrate de bismuth pur. Au cinquième jour de ce nouveau traitement, on apercoit au niveau du rebord gingival une petite plaque blanchâtre piriforme indiquant une tendance à l’ulcération. On continue toujours l’administration du sous-nitrate de bismuth pur, mis en suspension dans la solution lactique à 2 p. 100. La gingivite ne semble pas augmenter, mais les urines du lapin renferment de l’albumine. Au vingtième jour de ce dernier traitement, l’ani- mal présente des signes de cachexie, tels que : amaigrissement, anorexie, chute des poils. Il est sacrifié et autopsié de suite. Thorax. — Pas d’inflammation de la plèvre ou du parenchyme pulmonaire. Cœur normal. Pas de lésions valvulaires. Abdomen. — je foie n’a pas subi de variations dans son volume, mais il est d’une coloration blanchâtre indiquant un certain degré de stéatose. En outre, sur la surface de section, il présente un aspect vitreux qui fait songer à un début de dégénérescence amyloïde; celle-ci n’existe pas, comme nous le ver- rons plus loin. Rate. — Normale. Reins. — Les deux organes présentent le même aspect et les mêmes lésions. Leur volume est très augmenté, leur coloration d’un blanc jaunâtre indique des lésions épithéliales et de la dégénérescence graisseuse. A la section, sui- vant le grand axe, la substance cortlicale est très tuméfiée et présente la même- coloration blanchâtre avec stéatose au début. Tube digestif. — Dans la bouche, pas de stomatite, mais congestion assez marquée des gencives, au point d'implantation des incisives supérieures. Estomac. — Sain. L’intestin grêle paraît rétracté, il présente une teinte blanchâtre qui con- traste avec la coloration noire du gros intestin. Sur la muqueuse, pas d’ulcérations, ni de psorenterie. Le gros intestin est absolument infiltré par du sulfure de bismuth, sa muqueuse en est tellement imprégnée qu'elle conserve sa teinte noire quand on la soumet à un lavage énergique à l’eau et qu'il est impossible, par le raclage avec le doigt, de faire disparaître celte teinte. Les ganglions du mésentère sont normaux. Les parotides sont d’un volume normal, mais ont une consistance molle et une teinte plus jaunâtre qu’à l'ordinaire. Le cerveau ne présente aucune altération. En général, à l'examen macroscopique, les lésions portent surtout sur le rein et l'intestin. Examen microscopique du foie et du rein. — Les petits fragments de ces organes ont été fixés dans l'alcool ou la liqueur de Flemming et montés dans la paraffine. Le foie, fixé dans l'alcool et coloré au violet de Paris, ne donne point la ER SÉANCE DU 8 MAI 2429 — réaction caractéristique de la dégénérescence amyloïde, il présente seulement un léger degré de stéatose. Le rein présente des altérations considérables de l’épithélium. Les glomé- rules sont simplement congestionnés, sans lésions de la capsule de Bowmann. Les cellules épithéliales des tubes contournés sont altérées à des degrés diffé- rents : tantôt, on observe de la tuméfaction trouble avec exsudation de boules colloïdes obstruant la lumière des tubes, tantôt la néphrite est plus avancée, les boules colloïdes ont été éliminées ; on est alors en présence d’un épithé- lium abrasé et déchiqueté. Certaines de ces cellules portent la signature de leur déchéance, c'est-à-dire de l'infiltration par la graisse. Enfin, en d’autres points, l’épithélium a complètement disparu. Les vaisseaux du rein ne présentent pas d’altérations, le tissu conjonctif n'a point proliféré. L'analyse chimique a révélé la présence très nette du bismuth dansle foie et les glandes parotides. | 20 À un second lapin, on a fait absorber, chaque jour, par ia même voie que pour le premier, 1 gramme de sous-nitrate de bismuth pur, mis en suspen- sion dans 30 centimètres cubes d’eau distillée. Pendant les huit jours qui sui- virent cette absorption, l'animal se porte très bien. Les jours suivants, nous donnons le sous-nitrate de bismuth en suspension dans la solution lactique à 2 p. 4000. Au bout de quatre jours, les urines du lapin commencent à ren- fermer de l’albumine, dont la proportion trouvée va en augmentant; dans le dépôt on ne tarde pas à apercevoir des cylindres granuleux, indice de néphrite. L'animal meurt par accident le vingt-cinquième jour de la mise en expérience. A l’autopsie, on retrouve les mêmes lésions du côté des reins que celles qui ont été observées pour le premier lapin. Présence de bismuth dans les glandes parotides et le foie. Nos expériences viennent donc corroborer les faits théoriques que nous avons étudiés, à savoir que l'acide lactique, en solution très étendue, et malgré la présence du chlorure de sodium de la sécrétion gastrique, peut dissoudre des traces de bismuth. Une administration prolongée de ce sel pur, exempt de carbonate de chaux, peut, par suite, amener une intoxication lente dont le principal symptôme semble être de la néphrite interstitielle. Ces phénomènes seront susceptibles de se produire dans certaines formes de dyspepsie avec production d’acide lactique résultant de fermentations secondaires. Nous devons ajouter, en terminant, que ces expériences viennent seu- lement à l’appui de nos idées, mais ne peuvent donner exactement la mesure de l’intoxication dans de semblables cas pathologiques, elles montrent surtout la possibilité des accidents. [612.398.17] ACTION DES ALBUMOSES ET DES PEPTONES EN INJECTIONS INTRAVASCULAIRES, par M. le D' Enmonp FIQuET. On admet généralement que les peptones et les albumoses injectées à un animal dans le système vasculaire sont toxiques à des doses qui 260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE varient entre 0,30 et 0,80 par kilogramme d’animal. Mais ces expé- riences ont été faites en grande partie avec des peptones insuffisamment purifiées. J'ai entrepris une étude sur l’action physiologique des dérivés des albuminoïdes soit par ingestion stomacale, soit par ingestion intravas- culaire, et dans ce but j'ai tenté de préparer des peptones et des albu- moses avec le degré de pureté le plus grand que puisse nous donner l’état actuel de nos connaissances chimiques. J’ai pu constater alors que ces corps purs ne sont pas toxiques, et il me paraît probable, sinon certain, que la toxicité observée est due à la présence d’albumotoxines, ptomaïnes, etc., dans des peptones insuffisamment purifiées. Pour obtenir les peptones pures, nous empruntons le procédé de M. Armand Gautier. Après avoir obtenu des peptones impures par action directe de la pepsine sur les matières albuminoïdes en présence d’acide chlorhy- drique, nous dissolvons ces peptones dans une petite quantité d’eau et nous saturons par le sulfate d’ammoniaque qui précipite les matières albuminoïdes, les albumoses et les albumotoxines. Nous ajoutons alors la quantité d'alcool concentré nécessaire pour amener le titre alcoolique de la liqueur à 68-70 degrés Gay-Lussac; un nouveau précipité se pro- duit, il est rejeté comme le précédent, on évapore au bain-marie pour chasser l'alcool et précipiter la plus grande partie du sulfate d’'ammo- niaque, puis on reprend par l’eau et on dialyse avec l'appareil de M. ArmandiGautier (pour enlever les principes cristallisables : sels, plo- maïnes, etc.). La liqueur aqueuse séparée de ses sels est additionnée d’une grande quantité d'alcool à 99 degrés, les peptones se précipitent sous forme d’un liquide sirupeux jaunâtre et la plupart des ptomaïnes restent en dissolution. Les albumoses obtenues par l'action du suc pancréatique sur les matières albuminoïdes sont, suivant Kühne, un mélange de quatre pro- duits différents, dont deux sont solubles dans l’eau et précipitables par le chlorure de sodium, la protéo-albumose et la deutéro-albumose. C’est le mélange de ces deux produits, qui ont d’ailleurs des propriétés très voisines, que nous avons purifié par un procédé analogue au précédent. Nous n'avons plus ici la ressource du sulfate d’ammoniaque, parce que nous précipiterions en même temps les albumoses et les toxalbumines; nous avons mis à profit la solubilité des albumoses dans l'alcool faible à 50 degrés centigrades. En additionnant la solution aqueuse d’albumose de la quantité d’alcool nécessaire pour obtenir 50 degrés, nous avons précipité une substance qui a été rejetée. Puis en ajoutant dans la liqueur claire de l'alcool concentré, les albumoses se précipitent; on les traite ensuite comme les peptones. SÉANCE DU 8 MAI AG Expériences sur les peptones. 1® expérience. — Un lapin de 2020 grammes a recu en injection dans les vaisseaux de l'oreille, du 11 avril au 14 avril, 14 centimètres cubes de solution de peptone purifiée à 1/3, sans manifester de symptômes de malaise ni d’élévation de température. 2° expérience. — Le même lapin, du 27 avril au 1° mai, a reçu 32 cen- timètres cubes de solution de peptone à 1/3, avec le même succès, le lapin avait augmenté de poids et pesait 2175. 3° expérience. — 5 mai. Le même lapin a reçu en l’espace de 3 heures, 20 centimètres cubes de solution de peptone : poids 2490. 4° expérience. — 6 mai. 50 centimètres cubes ont été injectés : 10 cen- timètres cubes à 10 heures du matin, 10 centimètres cubes à 3 heures, 10 centimètres cubes à 5 heures; absence de fièvre, état général très bon. 5° expérience. — 71 mai. Un lapin pesant 1670 grammes, n'ayant encore servi à aucune expérience, a recu en une fois, en injection intravasculaire, 42 centimètres cubes de solution de peptone, au tiers, soit 14 grammes de peptone. L'injection terminée, l'animal n’a ressenti aucun malaise, l'état général était très bon. Pas de fièvre, un peu d'hypothermie immédiate- ment après l'injection. Les jours suivants il se portait bien. Expériences sur les albumoses. 1" expérience. — Un lapin de 1830 grammes a recu en injections, dans les vaisseaux de l'oreille, du 11 au 14 avril, 14 centimètres cubes de solution d’albumose purifiée à 1/3, sans aucun symptôme de malaise. 2° expérience. — Le même lapin, du 27 avril au 1° mai, a recu 32 cen- timètres cubes de solution d'albumose, Le lapin avait eue de poids et pesait 2225 grammes. 3° expérience. — 5 mai. Le même lapin a recu, en l’espace de 3 heures, 20 centimètres cubes de solution d’albumoses en injections. Poids 2490 grammes. 4° expérience. — 8 mai. Un lapin pesant 1800 grammes, n’ayant encore servi à aucune expérience, a reçu en une fois, en injection intravasculaire, 42 centimètres cubes de solution d’albumoses à 1/3, soit 14 grammes d'albumose avec le même succès que dans le cas de la peptone. Comme contrôle de ces expériences, j'ai injecté à un lapin les por- tions des peptones brutes éliminées dans les préparations que je leur ai fait subir. Expérience. — 2 centimètres cubes de ce produit en solution à 1/3 ont été injectés dans les vaisseaux de l'oreille d’un lapin; le lendemain, une escarre s'était produite, le surlendemain de la suppuration, malgré un 462 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pansement antiseptique, puis des infarctus et des symptômes fébriles assez intenses. Nous poursuivons ces expériences. Nous ferons connaître nos résul- tats dans une prochaine communication à la Société. (Travail fait au laboratoire de M. Armand Gautier.) [612.115] SUR LA COAGULATION DU SANG CHEZ LES REPTILES, par M. C. DELEZENNE. Dans une série de recherches récemment publiées (1), j'ai montré que le sang des oiseaux recueilli directement dans les vaisseaux à l'abri du contact des tissus ne se coagule qu'au bout d’un temps très long, en général, plusieurs jours après la prise. Cette notion, qui est en oppo- sition formelle avec les données classiques sur la coagulabilité du sang de ces animaux, semblait permettre de les différencier complètement, pour l'instant tout au moins, des autres vertébrés. Il paraissait bien établi en effet, que chez tous les vertébrés le sang extrait des vaisseaux ne tarde pas à se coaguler; quant aux variations observées chez les divers types de la série, elles restaient en somme dans des limites très étroites, puisque, pour ceux de ces animaux que l’on considérait comme ayant le sang le plus faiblement coagulable (animaux à sang froid, cheval), on admettait que la prise en caillot est complète au bout de dix à quinze minutes tout au plus. Il était cependant naturel de supposer que le sang des oiseaux n'était pas le seul à présenter cette résistance à la coagulation spontanée. La notion nouvelle de l’influence que peut exercer l’activité coagulante des tissus sur le processus normal de la coagulation, devait faire songer à appliquer à l'étude de ce phénomène, dans toute la série, la méthode qui m'avait permis d'obtenir chez les oiseaux des résultats si inattendus. Je me bornerai à relater ici les faits nouveaux que j'ai pu observer sur la coagulation du sang des reptiles en appliquant rigoureusement à cette étude la méthode expérimentale que j'ai précisée dans un précé- dent mémoire. Les expériences ont été faites sur la tortue, le lézard et la couleuvre. Une canule est introduite dans un gros tronc artériel, l'aorte caudale ou abdominale le plus souvent, et le sang est recu dans des verres à (1) Sur la lenteur de la coagulation normale du sang chez les oiseaux, Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 1°* juin 1896. — Préparation d’un plasma pur etstable par simple centrifugation du sang d'oiseau. Comptes rendus de la Soc. dé Biol., 12 juillet 1896, p. 782. — Recherches sur la coagulation du sang chez les oiseaux. Premier mémoire, Archives de Physiologie, avril 1897, p. 333; deuxième mémoire, tbid., p. 347. SÉANCE DU 8 MAI 463 : expérience en évitant soigneusement tout contact avec les tissus. Les échantillons sont abandonnés à la température du laboratoire et pré- servés contre les poussières de l’air. Recueilli dans ces conditions, le sang des reptiles se comporte comme celui des oiseaux, c’est-à-dire qu'il reste parfaitement liquide pendant plusieurs heures au moins. Il s'écoule d’ailleurs avec la plus grande facilité à travers des canules de très faible lumière et quelle que soit la lenteur de l'écoulement, on.n'observe jamais de caillot dans ces der- nières. Si les échantillons sont laissés au repos, on observe les mêmes phé- nomènes que ceux que j'ai décrits dans mes recherches sur la coagula- tion du sang des oiseaux. Les éléments figurés se déposent rapidement et se tassent au fond du. verre el il se forme une abondante couche de plasma, facilement recon- naissable à sa limpidité et sa transparence. La coagulation ne commence donc à apparaître qu'après une phase d'incoagulabilité en temps mort dont la durée est variable mais atteint souvent 24, 36 ou même 48 heures. La formation du caillot s'effectue elle- méme avec la plus grande lenteur, de telle sorte que dans la plupart des cas, la coagulation n'est complète que 3 ou 4 jours après la prise. Il m'a paru toutefois qu'en règle générale’'le sang des reptiles offre une résistance moins marquée à la coagulation spontanée que celui des OISeAUxX. Il est évident, qu'en raison de sa faible coagulabilité, le sang des reptiles permet d'obtenir un plasma naturel et d’une stabilité suffisante pour en entreprendre l'étude chimique ou physiologique. Par le procédé de la centrifugation, j'ai pu préparer des plasmas qui se sont conservés liquides pendant plusieurs Jours. Comme celui des oiseaux, le sang des reptiles recueilli au niveau d’une plaie coagule, au contraire, très rapidement en 2 à 8 minules en moyenne. On devait tout naturellement songer à rapporter la prise presque immédiate en caillot du sang recu dans ces conditions à l’acti- vité coagulante des tissus. Je me suis assuré, en effet, qu'il suffit de laisser le sang en contact avec un fragment de tissu, ou d'ajouter une goutte d'extrait de muscle à un échantillon prélevé directement dans les vaisseaux pour en délerminer aussitôt la coagulation. Il est donc permis de conelure que le sang des reptiles se coagule normalement avec un extrême lenteur et que l’activité coagulante des tissus revêt chez ces animaux, comme chez les oiseaux, les caractères d’une véritable fonction de défense. (Travail du laboratoire de physiologie de l’Université de Montpellier.) - A64 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.411.11) EXPÉRIENCES MONTRANT QUE LE FOIE DÉTRUIT L'HÉMOGLOBINE DISSOUTE ET QUIL EN GARDE LE FER, par M. Louis LapicQue. On doit admettre comme démontré que la matière colorante de la bile provient de la matière colorante du sang (Virchow, Hoppe-Seyler, Tar- chanoff), et que le dédoublement a lieu dans le foie (Minkowski et Naunyn). Mais que devient le fer provenant de l'hémoglobine détruite ? Kunkel (1876), dosant à la fois la bilirubine et le fer dans la bile, mon- trait que la proportion de ces deux éléments était loin de correspondre aux proportions théoriques; il trouvait 1.4 là où il aurait fallu 10. Les dosages plus récents ont fait voir que les chiffres donnés par Kunkel, pour le fer, sont encore beaucoup trop fort. Dastre (1891), reprenant les dosages avec des précautions minutieuses, au point de vue physio- logique comme au point de vue chimique, a montré que le fer n'est éliminé par la bile qu’en quantité tout à fait minime. Le fer résultant du dédoublement est donc retenu, au moins passa- gèrement, par l'organisme et doit se retrouver. Les recherches que j'avais faites jusqu'ici avaient donné des résultats négatifs pour le foie. Quincke (1876, 1880) avait annoncé, d’après des observations anatomo- pathologiques, qu’il y a dans le foie accumulation de fer, sidérose, dans toutes les maladies où la destruction globulaire est activée, ainsi que dans celles où le pouvoir hématopoiétique du foie (qui doit reprendre pour des nouveaux globules le fer des anciens) est diminuée. Maïs ces résultats cliniques ont été formellement contredits par d'autres obser- vations. J'ai repris la question sur ce terrain même avec Guillemo- nat (1),et une statistique de cinquante-trois cas ne nous a laissé recon- naître, pour la teneur en fer du foie, aucune variation systématique en rapport avec la nature de la maladie; pour la rate, au contraire, on voit nettement que cette teneur augmente dans des maladies teiles que la tuberculose. La même question posée sur le terrain expérimental, avec Charrin et Guillemonat (2), nous a donné des résultats tout à fait concordants : sous l'influence d'’injections répétées de toxines, on voit les lapins se cachectiser et s’anémier considérablement sans que le fer augmente aucunement dans leur foie; au contraire, le fer de la rate augmente parfois beaucoup. Dans des expériences différentes, entreprises avec Auscher (2), nous avons vu que l'injection, dans le péritoine, de sang frais d'animal de (4) Archives de Physiologie, octobre 1896. (2) Société de Biologie, 27 juin 1896. (3) Les expériences sont encore en cours; une partie seulement en a été publiée dans les Archives de Physiologie, avril 1896. SÉANCE DU 8 MAI ‘465 même espèce, produit toujours une augmentation du fer de la rate, et que le fer ne commence à augmenter dans le foie que lo:sque l'injection de sang a été très abondante. C'est donc la rate qui, dans ces recherches, à emmagasiné le fer pro- venant de la destruction globulaire ; il paraît y avoir contradiction entre ce fait et les données fournies par l'étude de la bilirubine. On peut, au contraire, en se plaçant dans d’autres conditions, obtenir l'accord entre les deux ordres de fait, démontrer l’emmagasinement dans le foie du fer provenant de l’hémoglobine et établir ainsi, d'une façon complète, le rôle hématolytique du foie. Si l’on sacrifie un chien adulte, mais jeune encore, ayant la denture en cet état, que les vétérinaires dénomment gueule fraîche, et qu’on lave son foie par une injection d’eau salée dans la veine-porte, ce foie pré- sente, d'une facon constante, une coloration claire, qui correspond à peu près au numéro 30 du tableau chromatique de Broca. La teneur en fer est le plus souvent voisine de 0.10 p. 1000 du poids frais; elle peut atteindre 0.12 ou 0.14, exceptionnellement s'approcher de 0.20. Tous les chiffres que j'ai trouvés dans la science s'accordent sur ce point avec les miens. J'ai injecté à des chiens de cet âge des solutions d’hémoglo- bine dans les veines. Les solutions étaient préparées de la facon sui- vante : du sang de chien normal est recueilli directement de l'artère dans une solution d’oxalate de soude, puis centrifugé; le plasma est décanté, on enlève aussi la couche des globules blancs; la bouillie des globules rouges est alors reprise par 1 volume 1/2 à 2 volumes d’eau dis- tillée. On a ainsi une solution d’hémoglobine impure, mais aussi près que possible de l’état physiologique. L'injection intraveineuse de cette solution, à la dose de 10 à 20 centi- mètres cubes par kilogramme d'animal, n’est suivie d’aucun phénomène toxique. Dans les 24 heures qui suivent, les urines sont très chargées en hémoglobine ; elles le sont beaucoup moins le jour suivant, et plus du tout le troisième jour. Le dosage colorimétrique de l’hémoglobine, dans la solution injectée d’une part, et dans les urines de l’autre, montre que la quantité éliminée par le rein n’est guère plus du dixième de la quantité injectée. Après avoir fait à un même chien deux injections de ce genre, à 8 jours d'intervalle, je le sacrifie après quelques jours de repos et je lave le foie comme précédemment. La couleur de ce foie est d'un brun plus ou moins chaud, havane ou terre de Sienne brûlée, correspondant au n° 28 ou au n° 43 du tableau de Broca. L'analyse montre que la pro- portion de fer s’est élevée à plus du double de la normale. Pour des quantités d’hémoglobine injectée correspondant à environ 10 milli- grammes de fer par kilogramme d’animal, la teneur en fer pour 1000 du foie a atteint, dans trois expériences, 0,34 — 0,30 — 0,32 ; ces trois expériences, parfaitement concordantes, portaient sur deux chiens et BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10e séRiE. T. IV. 37 466 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une chienne. Dans la troisième, j'ai attendu 28 jours après la seconde injection pour sacrifier le sujet, le résultat ne semble pas en avoir été modifié. J'ai obtenu un résultat négatif sur un chien hors d’âge ; deux autres expériences ont été troublées par des accidents et ne peuvent entrer en ligne de compte. Cette augmentation de la teneur du foie en fer, très nette, malgré les écarts de la moyenne normale au-dessus desquels elle s'élève largement, devient très frappante si l’on considère que mes recherches antérieures ne me l'avaient montré que très rarement, et seulement en même temps qu'une surcharge en fer de la rate qui n'existe pas ici (fer de la rate dans les trois expériences ci-dessus : 0,80 — 0,75 — 0,52). Il faut admettre qu’il y a deux mécanismes hématolyliques, l’un s'appliquant aux globules (par exemple aux globules extravasés), et déposant le fer dans la rate, l’autre s'appliquant à l’hémoglobine dissoute dans le plasma et déposant le fer dans le foie. Le mécanisme normal, qui s'exerce constamment à l’état physiologique, semble être le second, mais il faut d’autres expériences pour le démontrer directement. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) DIMINUTION DE RÉSISTANCE DES RATS DOUBLEMENT DÉCAPSULÉS A L'ACTION TOXIQUE DE DIVERSES SUBSTANCES, par M. le professeur ÉpouarD Boiner. Dans une communication faite, le 4 juillet 1896, à la Société de Bio- logie, MM. Langlois et Charrin ont relaté « des résultats en apparence paradoxaux, auxquels ils sont arrivés, en injectant soit des cultures virulentes, soit des cultures stérilisées du bacille pyocyanique à des cobayes privés de l’un de ces viscères. Ils ajoutent plus loin (page 710) : « Si les résultats, bien que constants, sont peu accentués, si l’'augmen- tation de la survie est faible, c’est que nous ne pouvons enlever qu'un seul de ces viscères. » I. — Cependant, dans une série d'expériences antérieures, nous avions indiqué la moindre résistance à divers toxiques de rats double- ment décapsulés, toujours remis et en bon état au moment de l’injec- tion. Ainsi, nous rapportions (Congrès de médecine de Lyon, 1894, p. 612 et p. 613) deux observations dans lesquelles 2 rats, doublement décapsulés, étaient morts à la suite d'injection : 4° du sang provenant d’un autre rat, mort à la suite de la ligature d’une capsule et de l’abla- tion de l’autre; 2° de suc capsulaire de chiens. Les rats normaux avaient résisté aux mêmes doses. Un cobaye sain n'avait pas succombé après :SÉANCE DU 8 MAI 4617 l'injection de la même quantité de suc capsulaire. Au Congrès de méde- cine de Bordeaux, 1895, page 705, nous concluions ainsi : « Enfin, les rats décapsulés doublement, même depuis longtemps, ont moins bien résisté que les rats normaux : le cinquième, soit 2 centimètres cubes de l'extrait viscéral d'un rat, qui avait succombé 6 jours après l’ablation de ses 2 capsules, ont été suffisants pour tuer un gros rat doublement décapsulé depuis 5 mois. » Plus loin, page 706, nous faisions remar- quer que la décapsulation double et récente diminue la résistance du rat opéré aux effets toxiques des divers extraits musculaires provenant de rats privés de leurs capsules vraies et accessoires, surmenés, addi- soniens ou sains (1). Dans une note communiquée à la Société de Biologie le 28 mars 1896 (p. 365), sur l’action antitoxique des capsules surrénales, nous disions encore que le coefficient de toxicité de la neurine peut doubler chez les grenouilles doublement décapsulées et que la fatigue, succédant à la cautérisation des 2 capsules, diminue encore leur résistance à ce poison. Une série d'expériences comparatives montrait que les rats privés de leurs 2 capsules depuis longtemps ou récemment et soumis ou non à un surmenage par rotalion ou chocs électriques étaient tués par une dose de neurine, qui n’entrainait pas la mort de rats, du même poids, pourvus de leurs capsules. Dans une communication du 6 fé- vrier 4896, nous relations (p. 166) des expériences dans lesquelles les rats décapsulés avaient succombé après des injections de suc muscu- laire de rat addisonien, surmené et acapsulé 7 mois avant, tandis que des rats sains, du mème poids, avaient résisté à des doses deux fois plus fortes. Les mêmes résultats ont été constatés chez des rats dont les 2 capsules avaient été cautérisées 6 mois avant. IL. — L'injection de 13 centigrammes de poison de l'Oubanghi (2) à 2 rats, du même poids, dont l’un avait été décapsulé 3 mois 1/2 avant, ne tue que le rat privé de ses 2 capsules. Des résultats analogues ont été observés sur les grenouilles saines ou décapsulées. - Un autre poison systolique du cœur, l’ouabaio (3), a été injecté com- parativement : I à des rats sains, II à des rats anciennement ou III récem- ment privés de leurs deux capsules, IN à des rats mono-décapsulés et à des rats doublement décapsulés pendant l'empoisonnement. . SÉRIE À. — On injecte 23 milligrammes d'ouabaïo à 3 rats du même poids : l’un est sain, le second a été décapsulé 7 jours avant et se trouve (1) Boinet. Action comparée de la fatigue et de la décapsulisation sur la toxicité des extraits musculaires. Société de Biologie, 1895, p. 646. (2) Recherches sur le poison des flèches du Haut-Oubanghi. Archives de Physiologie, octobre 1896, p. 965. (3) Etude du poison physiologique du poison des flèches des Somalis (oua- baïo). Congrès des Sociétés savantes, Paris, avril 1897. î $ 468 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rétabli, le troisième sera privé de ses 2 capsules après l'apparition des. premiers effets toxiques. Rat sain. Au bout d’une demi-heure, paraplégie, Hontlenent généralisés, 130 respirations par minute; 10 minutes plus tard, survient une légère amélioralion ; 1 heure après, il est rétabli, il vit encore. Rat doublement décapsulé. La même dose d’ouabaïo, injectée au même. point, détermine au bout de 5 minutes de la paraplégie, des nausées, des tremblements généralisés, une respiration irrégulière, saccadée, ralentie (48 par minute); 13 minutes après l'injection, on note des. convulsions généralisées, la sensibilité cornéenne est conservée, le. cœur à 84 pulsations; puis il s'arrête brusquement, tétanisé, une. minute après. À l’autopsie, il est rétracté en systole. La mort est survenue en 14 minutes. Rat. décapsulé pendant l'empoisonnement. — Une demi-heure après l'injection de la même dose, paraplégie assez prononcée, 80 respirations par minute avec tirage abdominal. Il est éthérisé, doublement décapsulé, le tirage persiste; on compte 150 pulsations. 5 minutes après la décap- sulisation, nausées, 32 inspirations par minute, motilité conservée. Une heure après l'injection, sensibilité diminuée, 150 battements, 28 respirations, refroidissement. 5 minutes plus tard, 162 pulsations, 26 respirations; un quart d'heure après, mouvements convulsifs, 150 pulsations, puis arrêt brusque du cœur par tétanisation du myocarde. À l’autopsie, le ventricule est vide, fortement rétracté. La mort est arrivée en une heure et demie. SÉRIE B. — 2 milligrammes d’ouabaïo sont injectés simultanément dans le tissu cellulaire sous-cutané de 2 rats sains et d’un rat double- ment décapsulé depuis cinq jours et complètement rétabli. Rat sain. 50 minutes après l’injection, dyspnée très vive, respiration haletante, à 114, irrégulière avec accès, pendant lesquels l’orthopnée et l’accélération des mouvements respiratoires sont à leur maximum; il marche mal, avec difficulté, en titubant; la sensibilité est conservée. 712 minutes après l'injection, on constate un nouvel accès de dyspnée. Un quart d'heure après, l'amélioration se produit, la dyspnée diminue,. la guérison survient. Rat doublement décapsulé. 10 minutes après l'injection de la même dose, résolution musculaire, soubresauts, tremblements convulsifs, nausées, dyspnée considérable ; 4 minutes plus tard, les battements du cœur sont faibles, espacés, rares, 24 par minute; une minute après, un arrêt brusque du cœur se produit. A l’autopsie, le ventricule gauche est rétracté en systole ; on remarque qu'il ne reste plus traces des 2 capsules. Ainsi, une dose, incapable de tuer un rat sain, a fait mourir en 15 mi- nutes un rat UE décapsulé. SÉRIE C. — Aat sain. Il reçoit 25 milligrammes d’ouabaïo; il survit après avoir présenté : au bout de 18 minutes, de la dyspnée à type Cheyne- SÉANCE DU 8 MAI 469. Stokes (120 respirations par minute); 12 minutes plus tard, mouvements convulsifs, nausées, accélération et affolement du cœur, et paraplégie. L'amélioration apparaît une heure et demie après l'injection; ce rat se: rétablit. : HR Rat décapsulé la veille. T1 pèse deux fois moins que le précédent, et on ne lui injecte que 13 milligrammes de poison des Somalis. Il a de la parésie, des tremblements généralisés, de la dyspnée. Il survit. Rat décapsulé pendant l'empoisonnement. Comme il est gros, il recoit. 37 milligrammes de poison; il est doublement décapsulé une demi- heure après; on luiinjecte, au bout d’un quart d'heure, 13 milligrammes d’ouabaio: il vivait le iendemain matin; le soir, on le trouve mort. La différence de poids et de doses rendent ces expériences moins probantes que les précédentes. III. — Dans cette dernière série, un rat monodécapsulé, très vigou- reux, a done pu résister à 4 injections de 12 milligrammes faites chaque quart d'heure; un rat sain soumis aux mêmes doses a présenté des symptômes plus graves tels qu'une forte dyspnée avec respiration labo- rieuse pénible, irrégulière avec accès d'oppression; il a été atteint de parésie, ilne pouvait marcher 1 h. 20 après l'injection, tandis que le rat précédent était en bon état; il s'est néanmoins remis. Enfin un rat sain, mais plus petit d'un tiers que les précédents, est mort sous l'influence des mêmes doses. A l’autopsie, le ventricule gauche était rétracté etles poumons congestionnés étaient parsemés de taches hémorragiques. Conclusions. — Cette dernière série d'expériences montre que le rat monodécapsulé, parfaitement remis, peut résister parfois mieux qu'un rat normal et confirme les conclusions de Langlois et Charrin; par contre, la double décapsulisation (faite depuis plusieurs mois, plusieurs semaines, plusieurs jours ou pendant l’'empoisonnement) diminue la résistance des animaux privés de leurs deux capsules surrénales. ANALYSE DE L'ACTION DES FERMENTS SOLUBLES EN GÉNÉRAL. — APPLICATION AU FERMENT COAGULATEUR DU SANG, par M. A. DASTRE. I. — Le mécanisme intime de l’action du ferment soluble est inconnu. C'est là que réside le véritable secret de la chimie de l’être vivant. Sans doute, il échappera encore longtemps à nos procédés d'investigation, — mais, dès à présent, on peut essayer d'analyser le phénomène à fond, d'en: différencier toutes les phases et toutes les circonstances. Ce travail d’ana- lyse étant exécuté pour chaque ferment soluble en particulier, la com- paraison des résultats pourra conduire à un schéma général de l'action. zymotique. 410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Voici comment nous pouxons nous représenter ce schéma : _.A° Le ferment soluble (enzyme, zymase) a un antécédent, un généra- teur : c'est le pro-ferment, le proenzyme, le zymogène. On sait, depuis les travaux d’Ebstein, Grützner, Schifr, Langley. et Edkins, que les glandes gastriques produisent non pas la pepsine même, mais le pro-ferment de la pepsine, c’est-à-dire la propepsine ou pepsinogène ; et l’on sait quelles réactions (quantitatives, mais non qua- litatives) le distinguent de la pepsine. On connaît de même (Hammars- ten, le zymogène du Lab, la procaséase; de même encore, le zymogène du ferment protéolytique du pancréas (Heidenhain); le zymogène de l'amylase pancréatique a été indiqué par Liversidge (1874), mais il est encore mal démontré. On a, dès à présent, des raisons d'admettre l'existence du pro-ferment de l’invertine dans le suc intestinal (Gamgee, Asher et Beyer). Enfin, À. Schmidt a insisté sur l'existence d'un générateur pour le fer- ment coagulateur du sang. Ce zymogène ou pro-ferment est la pro- thrombine ou prothrombasé. Le pro-ferment, premier état de l'agent zymotique, est une produc- tion cellulaire correspondant à l’activité d'un groupe plus ou moins étendu de tissus. 2 Ce pro-ferment une fois formé, est amené à l’état de ferment par des agents divers. Ces agents (que ce soient des substances caractérisées ou des conditions de milieu), peuvent être désignés sous le nom général d'agents zymoplastiques, déjà employé par A. Schmidt dans un cas parti- culier. Par exemple, l'extrait alcoolique des leucocytes(et en général des élé- ments cellulaires) est zymoplastique pour le pro-ferment de la fibrine. Il change la protrombine en thrombase. La solution étendue de chlorure de sodium ; et, mieux encore, la solution d'acide chlorhydrique de 1 à 3 p. 1000 est zymoplastique pour la pepsine. De même, l'acide chlorhy- drique étendu est zymoplastique pour le labogène : il le transforme en lab- ferment. Si l'on se débarrasse ensuite de cet acide minéral par le carbo- nate de soude, la liqueur neutralisée manifestera l'activité du ferment lab. D'une façon générale, il est permis de dire que les acides minéraux étendus sont des agents zymoplastiques pour les ferments solubles. 3° Voici maintenant le ferment constitué. — Il y aura alors des agents (substances ou conditions) qui permettront et exalteront son activité; tl y en aura qui l’entraveront. Il y en a qui la détruiront définitivement. a) Agents zymo-excitateurs. — La chaleur (température de 30 à 50 degrés, par exemple), est excitatrice pour la plupart des ferments solubles. Les carbonates alcalins (5 à 10 p. 1000), sont zymo-excitateurs pour la trypsine ; les sels alcalins terreux et l’acide carbonique sont zymo-excitateurs pour le lab-ferment.. b) Agents zymo-frenaleurs (zyminhibiteurs, Arthus). En général, le SÉANCE DU 8 MAI ATL serge froid. L'acide salicylique est un agent zymofrenateur pour les amylases (diastases du malt, salivaire, pancréatique), l’iodure et le bromure de potassium sont zymofrenateurs pour la pepsine; les acides à faible dose pour la trypsine: la cytoglobine d’A. Schmidt, pour le fibrin- ferment. c) Enfin il y a des agents zymolytiques que détruisent les ferments solubles. Evidemment, dans beaucoup de cas, la zymolyse n’est qu'un degré exagéré de la zymofrenation; par exemple, la température d’ébul- lition est zymolytique. — L'acide chlorhydrique à 1 p. 100 est zymo- lytique pour la trypsine; le carbonate de soude à 5 ou 10 p. 1000 est zymolytique pour la pepsine. La. zymolyse se distingue de la zymo- frenation en ce qu’elle est irréparable et définitive. La neutralisation de l'acide, dans un cas, fait reparaître l’activité fermentative : elle est sans résultat dans l’autre cas. Ce sont ces questions de l’origine, — des antécédents, — des condi- tions qui exaltent, affaiblissent, détruisent, l’activité de chaque ferment, qu'il importe de bien préciser pour chacun d'eux. IT. — Appliquons ces notions, au cas du ferment coagulateur du sang, ou d’une façon plus étroite, employons-les à l'interprétation des der- niers travaux qui ont été exécutés sur ce point. J'ai ici en vue les recherches sur l'action anticoagulante des peptones, du sang d’anguille, de la macération de têtes de sangsues, etc. Les expériences de Fano, Gros-Jean, Contejean, Gley et Pachon, ont montré que sous l'influence d’une injection de peptone, le foie du chien produit un agent (substance ou condition) qui s'oppose à la coagulation du sang. C'est M. Delezema qui a produit, à cet égard, l'expérience décisive. Il a donné le moyen de recueillir, par circulation artificielle, dans le foie, une liqueur très riche en agent anticoagulateur. — C’est à partir de cette notion que se pose la question du mécanisme, à laquelle répondent mes recherches {avec M. Floresco). Comment cet agent empêche-t-il la coagulation ? Pour Schmidt Mülhein, l'agent anticoagulateur était zymolytique. Dans le tableau précédent, c'est au dernier stade (3° C) que l’action fermentative est détruite. Il faut, dans cette manière de voir, admettre qu'il y a eu production du zymogène, transformation de ce zymogène en ferment-fibrine, puis destruction de ce ferment. Pour d’autres expérimentateurs (Fano), c’est au contraire au premier stade, au début, que l’action fermentative est arrêtée. Le globule blanc ne libère plus l’enzyme ni le proenzyme. Nous avons montré, par une analyse délicate, que les choses ne se passent pas ainsi. Le zymogène a été produit : il y a eu ensuite action zymoplastique — le ferment existe donc dans le plasma peptone. Nous avons établi qu'il y existait en nature, et en quantité suffisante. — Son aclion est seulement entravée et non pas détruite, puisque nous l’avons A7 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fait apparaître au moyen des acides. L'agent anticoagulateur produit par le foie est done simplement zymo-frénateur. .: D'une facon générale, nous avons vu que l’alcalinité était une con- dition zymo-frénatrice pour le fibrin-ferment. Enfin, si nous voulions interpréter les dernières expériences de M. Delezenne sur l’action coagulante des tissus pour le sang d’oiseaux ou de reptiles, il nous faudrait dire que ces tissus produisent, comme le veut A. Schmidt, un agent zymoplastique — et le phénomène trouverait ainsi sà place dans le tableau précédent. ; À PROPOS DE LA NOTE DE MM. LABORDE ET CAMUS, par M. DASTRE. Le débat soulevé par l'intervention — certainement plus généreuse: que bien informée — de M. Laborde et par l’insistance répétée de M: Camus, n'offrirait aucun intérêt scientifique. Il n'aurait d'intérêt qu’au point de vue des relations des expérimentateurs entre eux. Sur là manière d'entendre ce qu'est une communication préliminaire; sur les obligations qu'elle impose à l’auteur qui la fait et aux auditeurs qui l’entendent, je n’ai pas la même facon de voir que M. Camus. Pas davantage nous ne sommes d'accord sur les limites qui doivent séparer les discussions publiques et les conversations privées. Je le regrette. J'aurais voulu inspirer à M. Camus quelques doutes sur ses procédés. Puisque je n’yai pas réussi, je n’éprouve pas le besoin de ressasser des choses déjà dites. Ceux qui voudront s’éclairer liront mes notes, mon mémoire des Archives, tiendront compte des dates et de la nature des. expériences et ils se convaincront sans peine, non seulement de ma rigoureuse exactitude dans le fond, mais de ma bienveillance vraiment trop débonnaire dans la forme. LISTE DES OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EN MARS ET AVRIL 1897 | J. Denixer. — Bibliographie des travaux scientifiques publiés par les Sociétés savantes de la France, t. I, 2° livraison. Mar1GEe. — Note sur un nouveau cornet acoustique servant en même temps de masseur du tympan. P. LaxcLois. — Thèse présentée à la Faculté des Sciences de Paris, sur les fonctions des capsules surrénales. E. Vipaz. — Influence de l’anesthésie chloroformique sur les phénomènes chimiques de l'organisme. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette 413 SÉANCE DU 15 MAI 1897 M. le professeur Boiner : Dix nouveaux cas de maladie d’Addison expérimentale chez le rat d'égout (2e note). — M. DaniLEewsxY : Influence des lécithines sur la crois- sance. — MM. H. Iugerr et A. Asrruc : Note pour servir à l'interprétation de l’aci- dité urinaire. — M. Au. Mrcuec : Sur le mécanisme du soulèvement du corps sur la pointe du pied. — M. N. Gréanr : Recherche de la cause qui peut expliquer les accidents que produisent quelquefois les calorifères de cave. — M. le Dr G. CARRIÈRE (de Bordeaux) : Etude histologique du sang dans deux cas de maladie de Verlhof. — MM. CL. Recaup (de Lyon): Note sur l'historique de l’hémosidérine et sur les cirrhoses pigmentaires. — M. Lours Laprcque : Rappel aux textes. Présidence de M. E. Dupuy, vice-président. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE Notice sur Georges Pouchet, 1833-1894, par GEORGES PENNETIER. M. HENnEGuY offre à la Société, au nom de l’auteur, M. von Erlanger, le mémoire suivant : Contribution à la connaissance de la structure du protoplasme de l'épine karyokinétique et du centrosome. [612.45] DIX NOUVEAUX CAS DE MALADIE D'ADDISON EXPÉRIMENTALE CHEZ LE RAT D ÉGOUT (2° note), par M. le P' EpouarD Boiner. (Communication faite dans la séance du 1° mai.) SÉRIE V. — La cautérisation superficielle et profonde des deux cap- sules surrénales, avec du sulfate de peroxyde de fer a produit la mort d'un rat d’égout au bout de trente-sept jours. À l’autopsie, on voit que la capsule droite est détruite et que la gauche est atrophiée. On constate en outre, dans le tissu cellulaire des flancs, une tache pigmentaire longue de 2 centimètres et large de 1 centimètre; elle entoure un gan- glion sous-cutané, qui est également infillré de pigment noir. Ces mêmes lésions existent chez un second rat mort cinq mois après cette cautérisation des deux capsules. A l’autopsie, on note l'absence de la capsule droite, l’atrophie de la gauche, une infiltration de pigment noir dans les ganglions lombaires, dans trois petits ganglions avoisinant la bifurcation de la veine cave et dans six ganglions mésentériques. La BioLocte. CompTEs RENDUS. — 10€ SÉRIE, T, ÎV. 38 474 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cicatrice de l’incision lombaire, qui a permis de mettre à découvert les deux capsules, présente une traînée de pigment. Chez ces deux rats, les poumons étaient fortement congestionnés. C'est l’altération que l’on observe le plus fréquemment à l’autopsie, soit des rats morts à la suite d'expériences sur les capsules, soit des animaux tués par l’injection de suc musculaire ou viscéral de rats décapsulés. Un rat mort onze mois et demi après la cautérisation des deux capsules au nitrate d'argent, n'offrait aucune trace de pigment noir, malgré l’atrophie de la capsule gauche, qui était dure, lobulée, rétractée, jaunâtre, et qui présentait, à l'examen histologique, un épaississement marqué de son enveloppe, une altération prononcée des travées, une dégénérescence granulo-graisseuse des cellules de la couche corticale. La capsule droite était hypertrophiée, légèrement hémorragique et, au microscope, on voyait dans la couche corticale, quelques amas de globules rouges et, sur certains points, quelques grosses cellules ayant subi une dégénérescence granulo-graisseuse. Un second rat, mort un mois et demi après la même cautérisation, avait les mêmes altérations capsulaires sans infiltration de pigment, SÉRIE VI. — l'injection de cultures atténuées de tuberculose humaine dans l'épaisseur des deux capsules surrénales, a déterminé, chez un rat, qui avait survécu sept mois, une légère infiltration pigmentaire dans un ganglion lombaire. L'examen histologique des capsules montre un épaississement fibreux de leur enveloppe, une dégénérescence eranulo-graisseuse de quelques cellules corticales et une infiltration de poussière pigmentaire dans l'épaisseur de certaines autres cellules corticales, surtout au niveau de leur noyau. Conclusions. — I. À la suite des lésions des capsules surrénales, ôn peut donc observer, chez le rat d’égout, la présence de grains de pigment noir isolés ou assez souvent mélangés à du pigment ocre dans le sang du cœur, dans le foie, la rate, les reins, le péritoine., surtout dans les ganglions lombaires hypogastriques et le tissu cellulaire sous-cutané des flancs. Il a été rencontré, exceptionnellement, dans le poumon et dans les vestiges de capsules surrénales. Dans une première période, qui peut durer plusieurs mois, le pigment noir ne forme encore que des petits dépôts appréciables seulement au microscope. Dans le dixième des expériences environ, ils deviennent assez importants pour être visibles à l'œil nu. Les conditions qui favorisent ces infiltrations de pigment noir sont une longue survie, l’ablation complémentaire des capsules accessoires et des ganglions voisins, le surmenage des rats décapsulés soit par une rotation ininterrompue, soit par des décharges électriques (Société de Biologie, 6 et 27 avril 1895). Il. Ce pigment noir trouvé dans les divers organes, dans le sang et le tissu cellulaire de rats décapsulés, a le même aspect microscopique que le pigment contenu dans le sang, la peau, les muqueuses de trois sujets SÉANCE DU 45 MAI ON AT atteints de maladie bronzée d'Addison. Le sulfhydrate d’ammoniaque et le sulfocyanate de potasse sont restés sans action sur le pigment du rat. Lorsqu'il est mélangé au pigment ocre, il peut donner, comme nous l’avons observé dans le ganglion infiltré d’un rat addisonien, une légère coloration bleu de Prusse avec le ferro-cyanure de potassium acidulé avec HCL. Le pigment ocre seul contient donc du fer, il dérive de l’hé- moglobine, il provient surtout d’une destruction des globules sanguins; il est plus abondant chez les rats qui meurent anémiés et amaigris plusieurs mois après l’ablation de leurs deux capsules surrénales ou qui ont été surmenés après cette opération. III. L'’exagération de la toxicité musculaire existe, non seulement chez les rats addisoniens (Société de Biologie, 8 février 1896), mais elle est très marquée encore chez les rats décapsulés qui ne présentent encore qu'une infiltration pigmentaire appréciable seulement au micros- cope. C’est ainsi que six jeunes rats, morts dix jours après une double décapsulation, et offrant des petits grains de pigment dans le sang, la rate, le foie et les reins, ont fourni un sue musculaire, hépatique, splé- nique, rénal, plus toxique que celui de rats décapsulés succombant sans traces histologiques de pigment noir. Les cobayes tués par l'injection de ces divers sucs avaient des capsules hémorragiques; leurs poumons, fortement congestionnés, étaient parsemés de taches hémorragiques et de suggillations. INFLUENCE DES LÉCITHINES SUR LA CROISSANCE, par M. Daniewsky (de Karkow). On sait l'influence de certaines substances, de certains sels minéraux en particulier, sur le développement de l’économie; ces sels paraissent agir avec plus d'activité si on les emprunte aux végétaux, à la nature, au lieu de s'adresser aux produits artificiels. D’autres principes, parmi eux, les éléments phosphorés organiques, les lécithines, jouent un rôle des plus favorables : il est aisé de s’en convaincre en examinant les photographies que je présente. On voit que, soit en poids, soit en longueur, des têtards, égaux aux témoins au début ou même inférieurs, arrivent à les dépasser de moitié ou des deux tiers. On peut en dire autant des végétaux, du cresson plus spécialement, comme le prouvent d’autres photographies. Cette influence se retrouve également chez des animaux à sang chaud, chez des chiens, dont le développement psychique, sous l'action de ces corps, est véritablement remarquable. Peut-être faut-il remarquer que ces principes figurent parmi les 476 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE éléments importants, intégrants du nucléus, dans lequel on décèle de la lécithalbumine à côté des nucléines, des nucléo-albumines (1)? [612.461] NOTE POUR SERVIR A L'INTERPRÉTATION DE L'ACIDITÉ URINAIRE, par MM. H. ImBerr et A. AsTRuc. Les travaux de M. Joly sur l’actron exercée par les phosphates métal- liques sur la phtaléine, le tournesol et l’héliantine nous ont permis d'apporter une certaine clarté dans la question de l'acidité urinaire. Les phosphates monométalliques alcalins et alcalino-terreux sont neutres à l'héliantine et acides au tournesol et à la phtaléine. Les phos- phates dimétalliques sont alcalins à l’héliantine et au tournesol etneutres à la phtaléine. Seuls les phosphates sexquimétalliques dont l'existence ne paraît pas absolument prouvée seraient neutres au tournesol. Or, il résulte de nos expériences que l'acidité de l'urine prise à la phtaléine est toujours supérieure à l'acidité prise au tournesol, et de plus que l'urine est toujours alcaline à l’héliantine, ce qui nous a con- duits à penser que ces réactions étaient dues aux phosphates monomé- talliques neutres à l’héliantine et acides à la phtaléine et aux phos- phates dimétalliques, alcalins à l’héliantine et neutres à la phtaléine. En nous appuyant sur les travaux de M. Jolÿ, nous avons établi que la quantité de soude à ajouter à une solution de phosphates monomé- talliques alcalins ou alcalino-terreux pour arriver au virage à la phta- léine, élait représentée par les équations : I. 2PO:NaH? -L 2Na0H — 2PO!Na*H + 2H°H (Joly) Y. 2(PO*)MH: E 4NaOH — (PO‘)2M°HE — 2 POINa?0 — 4 H20 Dans les deux cas, deux molécules de NaOH correspondent (2) à une molécule de P*0*. Ces réactions ne sont malheureusement pas applicables à l'urine qui contient des sels terreux autres que les phosphates. Maïs si, à la solu- tion précédente de phosphate monométallique on ajoute un excès de chlorure alcalino-terreux (BaCL?), les réactions deviennent : TT. 2POÏNaH® 3MCP-—-4NaOH —(PO‘)M° 6NaCl + 4H20 1V. 3(PO+2MH: + 6 MC + 12NaOH — 3 (PO‘)2M° + 42 NaCi + 42H°0 Dans les deux cas, quatre molécules de NaOH correspondent à une molécule de P?0*. (1) Voir Académie des sciences, décembre 1895 et juillet 1896. (2) M représente un métal alcalino-terreux. SÉANCE DU 415 MAI 477 Avec les proportions de chlorure alcalino-terreux indiquées par les formules suivantes, on obtient les réactions : V. PO*NaH° + 2MCE — 4 NaOH — (PO‘)M°H? + 2PO:Na°H + 4H°0 VI. (PO*®MHt— MCI® —2NaOH —(PO‘ŸM°H°—+2NaCl +-2N20 Il est évident qu'avec des quantités de chlorure alcalino-terreux infé- rieures à celles indiquées par les formules (II) et (IV) et supérieures à celles indiquées par les réactions (V)et(VI), la soude nécessaire variera suivant la quantité de chlorure alealino-terreux, avec précipitation d’un mélange de phosphate bi et trimétallique. C’est là précisément le cas des urines. De plus, l’alcalinité à l’héliantine indiquant la présence de phosphates dimétalliques, on conçoit que l’acidité prise par les moyens habituels soit la résultante de réactions très complexes dues aux. phosphates monométalliques, dimétalliques et sels alcalino-terreux. Mais si on ajoute à cette urine un volume rigoureusement suffisant de solution acide pour transformer les phosphates bimétalliques en phos- phates monométalliques, et un excès de BaCl?, la quantité de soude exigée pour amener le virage à la phtaléine sera représentée par les équations (III) et (IV) et proportionnelle à la richesse en acide phospho- rique. Le tableau suivant indique les quantités de phosphates trouvés dans diverses urines par cette méthode et par l’acétate d’urane, et de plus la quantité de phosphate dimétallique calculée d’après le volume de solu- tion titrée acide employée pour le virage à l’héliantine. QUANTITÉ DE P°O* PAR LITRE A de déterminée à Létat déterminée par notre de phosphate dimétallique OBSERVATIONS ; à RAR déterminée d'ordre. l'urane. he QCEne par alcalimétrie ÉRROHENEENE à l’héliantine. I 2827 2531 » Douanes d'acide pour virage à ’héliantine. $ IT 19719 1295 4.14 III 1 87 4 94 1.50 à éacuon faiblement acide au ournesol. IV 1 40 41059 0.98 V 0 95 1 05 1.10 Rec renen alcaline au tourne- sol. VI 4 61 1 70 191 NII 4 37 4 42 2.84 Les différences observées entre les deux méthodes tiennent essen- tiellement à la difficulté que l’on éprouve à déterminer le moment précis du virage à l’héliantine qu'il faut faire par touche, à cause de la colora- tion de l’urine. De nos expériences, nous sommes ainsi amenés à conclure : 1° Que dans la détermination de l'acidité urinaire, on doit préférer la phtaléine au tournesol; . 4718 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rt 20 Que dans les procédés habituellement employés pour cette déter- mination, la quantité d’alcali nécessaire dépend de réactions complexes dues aux phosphates mono et dimétalliques et aux sels alcalino-terreux ; 3° Que, suivant nous, l'acidité d'une urine est due presque en tota- lité, sinon tout entière, aux phosphates monométalliques ; 4° Que l’alcalinité à l'héliantine est due aux phosphates dimétalliques qu'on peut doser approximativement par le titrage de cette alcalinité; 5° Que l'urine étant amenée par une addition convenable d'acide à une réaction neutre à l’héliantine, de la quantité de soude employée pour déterminer le virage à la phtaléine, en présence d’un excès de BaCE, on peut en déduire la quantité d'acide phosphorique en solution. Nous nous proposons d'apporter d’autres confirmations à ces résul- tats, et d'étendre cette étude par de nouvelles expériences qui sont déjà en cours. [612.766] SUR LE MÉCANISME DU SOULÈVEMENT DU CORPS SUR LA POINTE DU PIED. Note de M. Auc. Micnez, présentée par M. Gap. Dans la séance du 10 avril, une note de M. le D' Bergonié a soulevé de nouveau une discussion déjà ancienne sur la question de savoir si, dans le soulèvement du corps sur la pointe du pied, ce dernier agit comme un levier du 2° genre, ainsi que l’indiquent la plupart des traités de Physiologie. Je me propose de montrer que, dans toute cette discussion, le problème a été mal posé, et qu'on s’est plus attaché à une question de mots qu'à une question de principes. Au reste, il y a longtemps (1883) que j'ai insisté sur ce point (1), bien avant même la note de M. le D' Bédart (1892) (2), à laquelle M. le D' Bergonié fait allusion, avant l’annotation de la Physique de Wundt (1884) par M. Imbert, dont parle M. le D' Bédart dans cette note. Dans cette question, on oublie trop souvent deux points importants : 1° le muscle agit à ses deux extrémités; 2° pour que le mouvement se réalise, il faut que l'équilibre soit possible, c'est-à-dire (si le corps est libre) que la verticale du centre de gravité soit préalablement amenée dans la future base de sustentation, la pointe des pieds. C'est ce que M. le D' Bédart a raison de rappeler, mais avec un luxe bien superflu d'explications, de figures et d'expériences. M. le D' Bergonié ne mé- connait pas non plus ces principes, et, traitant la question par l’analyse (1) Aug. Michel. Théorie du levier appliqué aux muscles. Rev. scientif., 11 août 1883. (2) D' Bédart. Etude expérimentale sur le mécanisme de l'élévation du poids total du corps sur la pointe des pieds. Comptes rendus Soc. Biol., 14 mai 1892. = SÉANCE DU 45 MAI 479 _ des forces, il ajoute avec raison, qu'on peut substituer à la condition d'équilibre indiquée, un appui du corps en arrière. Mais tout cela ne regarde que les conditions du phénomène, et n’a aucun rapport avec la nature mécanique de son exécution, dont l'impor- tance consiste d’ailleurs beaucoup moins dans la détermination du genre de levier, que dans celle de la valeur de la force musculaire à déployer. Un levier est une barre rigide, mobile autour d’un point, dit point d'appui, et soumis à 3 forces normales, dont l’une est la réaction du corps servant d'appui; la condition d'équilibre est que la somme algé- brique des moments des 3 forces par rapport à un point quelconque du plan soit nulle. Voilà tout, au point de vue de la mécanique pure. Au point de vue pratique, il peut être commode de considérer l’une des forces comme puissance, l’autre comme résistance, la force d'appui étant la réaction d'elle-même suffisante, et qu'on n’a pas d'ordinaire intérêt à connaître, et, suivant les positions respectives des 3 points d'appui et d'application, de la puissance et de la résistance, de distinguer 3 genres de leviers, sans qu'il y ait une différence essentielle entre ces 3 forces, entre ces 3 cas; c'est ainsi que dans l'organisme un système pourra constituer un levier d’un genre ou d’un autre, suivant le point de vue auquel on se placera, question de pure forme et qui n’aura aucune influence sur la valeur de chaque force, laquelle reste bien déterminée sous quelque nom qu’on la désigne. Or, en général, dans les discussions de cet ordre, on fait consister toute la question à déter- miner le genre de levier, et si on songe plus ou moins explicitement à la détermination de la force, on la fait dépendre de la décision prise sur le genre de levier sans remonter aux conditions précises de sa défi- nition. Dans le cas présent, les 3 forces agissant sur le levier formé par le pied sont la force musculaire F du triceps sural appliquée au talon f, la réaction ? du sol égale et directement opposée au poids du corps et appliquée à la pointe du pied p, enfin la résistance, due à la combinaison du poids du corps et de la force musculaire du triceps sural agissant à son extrémité supérieure, résistance transmise par le tibia et appliquée à l'articulation du pied 0. — 1° Genre du levier : il est plus naturel de choisir comme point d'appui, le point qui reste fixe pendant le mouve- ment, c’est-à-dire la pointe du pied, que le point d’articulation du pied, et par conséquent de considérer le système comme réalisant un levier du 2° genre plutôt qu'un levier du 1” genre; mais on ne peut pas dire non plus que ce soit un levier du 2° genre typique, puisque, dans ce cas très spécial et complexe qui se prête mal à la classification ordinaire, la force musculaire s’introduit non seulement dans la puissance, mais aussi dans la résistance. — 2° Valeur de la force musculaire : pour la commodité du calcul, choisissons comme point arbitraire, auquel on 480 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE applique le théorème des moments, le point o d’articulation,.et pour la simplification de l'écriture (évitant les lignes trigonométriques), con- fondons les composantes normales avec les forces elles-mêmes, de même que nous supposons le pied former un levier rectiligne : sans revenir sur la question d'équilibre et au seul point de vue de l'évaluation de la force musculaire, nous aurons un résultat encore très approché, qui, en tous cas, nous donnera le sens du phénomène. F. fo —P.po d’où : F=TP, po étant plus grand que fo (au moins le double), la force musculaire à déployer est bien plus grande que le poids du corps à soulever; ce résultat provient de la transmission au pied de la force du musele à son extrémité supérieure, force qui reste intérieure au système, et dont M. le D' Bergonié fait trop bon marché en disant que « sa composante verticale sera inefficace, car elle s’ajoutera au poids du corps »; d’un autre côté, on peut vérifier que le corps se soulève plus que le muscle ne se raccourcit; deux caractères corrélatifs en opposition avec le levier de 2° genre typique, dont les propriétés sont économie de force, aux dépens du déplacement. Et c’est là le point important : c'est à la consi- dération de la valeur de la force musculaire à déployer que les auteurs arrivent plus ou moins explicitement; mais, au lieu de la calculer directement, ils la déduisent du genre de levier, comme s'il était typique, et c’est dans cette application que ce choix, jusque-là assez indifférent et plutôt question de mots, devient une grave erreur par oubli des principes. Ainsi dans le soulèvement du corps sur la pointe du pied, le système ayant la forme d'un levier du 2° genre, sans en avoir cependant le type, et les propriétés d'un levier du 3° genre, répond à un cas très spécial qui ne rentre véritablement dans aucun des genres typiques de leviers; mais le résultat important, le seul qui donne quelque intérêt à cette question des genres de leviers, c’est que la force musculaire à déployer est bien plus grande que le poids du corps à soulever, tandis que la contraction des muscles est bien plus petite que l’effet de soulèvement à produire. Ici, comme presque partout dans l'organisme, pour la commodité des mouvements, la caractéristique est: économie de contraction, prodigalité de force. [612.411.14] RECHERCHE DE LA CAUSE QUI PEUT EXPLIQUER LES ACCIDENTS QUE PRODUISENT QUELQUEFOIS LES CALORIFÈRES DE CAVE, par M. N. GRÉHANT. Dans une communication que j'ai eu l'honneur de faire récemment (5 avril 1897) à l’Académie des sciences, J'ai signalé que dans un cas SÉANCE DU A5 MAI 481 —————— particulier qui s'est présenté dans l'appartement d’un de nos collègues de la Société de Biologie, j'ai trouvé au niveau d’une bouche de chaleur, dans l'air chauffé par un calorifère de cave, une proportion d’oxyde de carbone égale à 14/2200 qui suffit pour expliquer les accidents qui ont été observés. Je me suis demandé quelle peut être la cause de la présence de l'oxyde de carbone dans des tuyaux qui ne sont pas soumis directement à l’action du combustible ? Pour tâcher de résoudre cette question, j'ai fait installer dans une salle de mon laboratoire, dont la capacité est égale à 85 mètres cubes environ, un poêle de fonte, dit de corps de garde, dont les parois ont été portées au rouge, par de la houille ou par du coke. J'ai fait disposer à 50 centimètres au-dessus de la paroi rouge, un tuyau métallique enveloppé d’un réfrigérant à eau et un long tuyau qui conduisait l'air refroidi au dehors ; j'ai fait respirer les gaz à un chien et, à l'aide du grisoumètre, j'ai recherché dans le sang s’il y avait accu- mulation de gaz combustible; je n’en ai pas trouvé la moindre trace. Heureusement, je n’ai pas arrêté la recherche, après cette première expérience négative; J'ai fait souder à l'extrémité du réfrigérant, un cône de tôle qui a été immédiatement appliqué sur la paroi rouge, et cette fois j'ai obtenu un résulat positif : un chien qui a respiré l'air qui passait entre la base du cône et la surface de fonte rouge, a fixé dans le sang de l’'oxyde de carbone dont la faible proportion dans l’air était égale à 1/6875. Une autre expérience, répétée dans les mêmes conditions, à donné encore moins d'oxyde de carbone, 1/9300. Ce sont des proportions inférieures à la quantité d’acide carbonique contenue dans l’air pur qui est égale à 3/10000, de sorte que J'ai été conduit à penser que c'est l'acide carbonique de l'air qui, venant circuler sur la surface extérieure de la fonte rouge, est ramené par le charbon inclus dans le métal, à l’état d'oxyde de carbone; cette hypo- thèse a été vérifiée par les expériences suivantes : 1° J’ai fait passer dans l’entonnoir appliqué sur le poêle rouge un courant assez lent d’acide carbonique provenant d'un récipient à acide carbonique liquide ; en faisant respirer à un chien les gaz refroidis, j'ai obtenu dans le grisoumètre une réduction de 24,4 divisions pour 100 centimètres cubes de sang, ce qui représentait dans l'air une pro- portion beaucoup plus importante d'oxyde de carbone, 1/1666. 2° J'ai introduit dans un tube de porcelaine les morceaux de fonte qui ont été obtenus en brisant, avec un marteau, un ustensile neuf de fonte, et J'ai fait passer sur le métal chauffé au rouge, dans la grille à analyses, un courant très lent d'acide carbonique : les gaz ont été recueillis dans un sac de caoutchouc; j'ai absorbé l'acide carbonique par une solution de potasse et il est resté dans le sac un gaz que j'ai transvasé dans une 482 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE éprouvelte et qui a brûlé avec la belle flamme bleue caractéristique de l’oxyde de carbone. Je conclus, de ces expériences, qu'il est certain que les parois de fonte des calorifères ou des poéles, lorsqu'elles sont portées au rouge, décomposent l'acide carbonique de l’air ambiant, dont la quantité peut être accrue au voisinage des foyers installés en sous-sol; cela explique le passage de l'oxyde de carbone dans les tuyaux qui distribuent l'air chaud dans les appartements, Les constructeurs doivent donc prendre des dispositions pour que jamais la fonte ne soit portée au rouge, (Travail du laboratoire de physiologie générale du Muséum d'histoire naturelle.) [612.141.6] ÉTUDE HISTOLOGIQUE DU SANG DANS DEUX CAS DE MALADIE DE VERLHOF, par M. le D' G. Carrière (de Bordeaux). Récemment j'ai communiqué à la Société de Biologie les résultats de mes recherches sur la toxicité urinaire dans la maladie de Verlhof. Aujourd'hui je désire l’entretenir au sujet de l'étude histologique du sang dans cetle affection : Chez notre premier malade, âgé de 21 ans, qui avait vu la maladie se développer à la suite d’une émotion morale, l'étude histologique du sang nous a donné les renseignements suivants : Il y avait une légère hypoglobulie G. R = 3.325.000. Le nombre des globules blancs n'était pas augmenté G. B. — 9.033. Ces leucocytes étaient pour la plupart polynucléés et multilobés 70 p. 100, ce qui est absolument normal. Le reste, 25 p. 100, était constitué de petits lympho- cytes à noyau volumineux et bien coloré, régulièrement arrondi à réseau chromatique très net. Leur protoplasma est peu abondant, mal coloré. On ne trouvait que de très rares lymphocytes volumineux à gros noyaux peu colorés, à protoplasma granuleux abondants, 1 p. 100. On trouvait un plus grand nombre de leucocytes mononucléés, dont le noyau régulièrement arrondi est sur le point de se partager (3 p. 100 environ). On ne trouvait pas de cellules éosinophiles ni de Mastzellen, pas de cellules à granulations y ou &. Le nombre des plaques sanguines n'était pas augmenté. La réaction iodo-iodurée ne révèle pas l'existence de glycogène. Les hématies ne présentent pas de modifications appréciables. La réaction de Bremmer donne des résultats négatifs. Chez notre seconde malade, la maladie de Verlhof avait apparu à la suite d’une infection de nature indéterminée. L'étude histologique du SÉANCE DU 15 MAI 483 sang nous a donné les résultats suivants : il y avait une hypoglobulie manifeste (G. R. — 3.900.000) et une leucacytose très marquée 126,000 CB: La majeure partie des globules blancs est formée de leucocytes poly- nueléés 90 p, 100 au lieu de 70 p, 100 à l’état normal, Leurs dimensions sont supérieures à celles des hématies, leurs contours réguliers, Ils ont une forme généralement arrondie. Leur protoplasma est peu abondant, pâle et forcément granuleux, Leurs noyaux sont en nombre variable, 2, 3, 4 et jusqu'à 6, Très énergiquement colorés dans les préparations traitées par la thionine phéniquée, ils ont des formes variables, momili- formes, en boudins, en haltères ou tout à fait irréguliers. Leur réseau chromatique est peu net. Tantôt ils sont déjetés à la périphérie, tantôt ils sont diversement enchevêtrés les uns avec les autres, Sur les prépa- rations à la thionine on voit parfois des figures karyokinétiques. Après eux on trouve, mais en nombre moins considérable (7 à 9 p. 100 au lieu de 20 p. 100 à l’état normal), de petits lymphocytes formés d'éléments arrondis bien limités, avec une couche protoplas- mique périnucléaire très mince, en liséré. Leurs noyaux arrondis, volu- mineux, sont bien colorés, on y perçoit nettement le réseau chroma- tique sur les préparations à la thionine. Bien moins nombreux (1 à 2 p. 100 seulement) sont les autres variétés de leucocytes. Cependant on trouve encore de-ci de-là quelques leuco- cytes mononueléés, à noyau pâle, arrondi, avec un commencement de division médiane. On ne trouve pas de grands lymphocytes. En revanche, le nombre des cellules éosinophiles est considérable- ment augmenté (5.82 p. 100 au lieu de 1 p. 300 à l’état normal). Elles sont constituées par des éléments arrondis ou ovoïdes un peu plus gros que les hématies. Ces cellules renferment un ou deux noyaux, jamais plus. Les grains éosinophiles réguliers sont assez régulièrement répartis dans le protoplasma cellulaire. On ne trouve pas de grains libres. On n’observe pas, dans les préparations ayant subi des manipulations nécessaires, de granulations 5, y ou &. Le nombre des plaques sanguines n’est pas augmenté. . Dans les lamelles traitées par la gomme iodée, on ne trouve pas de substance glycogène. Le réactif de Bremmer donne des résultats négatifs. Le nombre des microcytes et des hématoblastes est augmenté. En résumé, les résultats de notre examen ont été différents dans nos deux cas. Dans le premier, la composition histologique du sang était absolument normale; dans l’autre, au contraire, il y avait des modifica- tions importantes portant sur l'augmentation du nombre des leucocytes. 484 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . Parmi ceux-ci, augmentation du nombre des leucocytes polynucléés et des cellules éosinophiles. D'où viennent ces différences? Elles nous semblent faciles à expliquer. Dans le premier cas, il s'agissait d’une maladie de Verlhof absolument pure, idiopathique; dans le second cas, au contraire, il y avait eu infec- tion, et l'examen bactériologique du sang, pratiqué pendant la vie et après la mort, nous a permis de trouver un seul et même microbe que nous n’avons pu encore différencier, mais qui semble se rapprocher du Bacillus Meçaterium. C’est donc à l'infection qu'il faut, nous semble-t-il, rapporter ces modifications histologiques du sang. [612.015.4] NOTE SUR L'HISTORIQUE DE L'HÉMOSIDÉRINE ET SUR LES CIRRHOSES PIGMENTAIRES, par MM. Cc. Recaup (de Lyon). La réponse de M. Lapicque (1) à ma dernière communication (2) m'oblige à préciser quelques points. 1° Il existe des combinaisons ferrugineuses organiques donnant, par l’action de AzH'S, une coloration noir verdâtre diffuse au protoplasma des cellules qui les contiennent; cette coloration diffuse se rencontre très souvent dans l’hémosidérose à côté du pigment ferrugineux figuré. Mais les auteurs allemands réservent le nom d'hémosidérine (Neumann) seulement à ce dernier pigment, qui se présente au microscope sous forme de grains colorés en jaune ocreux et donnant les réactions micro- chimiques des sels ferriques. Cette notion ressort avec clarté et préci- sion de la lecture des textes, y compris ceux de Quincke (3) et de Peters (4). La confusion dont parle M. Lapieque n'existe pas en ce qui concerne la définition du pigment. La rubigine de MM. Lapicque et Aus- cher est exactement identique à l’hémosidérine. 2Ilest vrai que M. Lapicque justifie la dénomination nouvelle de rubigine par les conclusions auxquelles l’a amené l'analyse chimique de ce pigment. Je ne mets pas en doute la précision plus grande des recherches chimiques de MM. Auscher et Lapicque, ni les contributions nouvelles qu'ils ont apportées, entre autres la constatation de la pro- (1) Société de Biologie, 1°" mai 1897. (2) Société de Biologie, 10 avril 1897. (3) Quincke. Deutsche Archiv für klinische Medicin., 1880, Bd XXV, p. 580; Bd XXVII, p. 493. Zur Pathologie des Blutes. IT. Ueber Siderosis. (4) Peters. Inaugural-Dissertation, Kiel, 1881. Ueber Siderosis. SÉANCE DU AS MAI 283 priété colloïdale de la rubigine. Mais les travaux chimiques de Kun- kel (1) arrivaient à cette conclusion formelle et fondamentale : le pig- ment ferrugineux (non seulement celui des anciens foyers hémorragiques, mais encore celui des viscères sidérosiques) est un hydrate d'oxyde de ee 3° Quincke (3) a le premier obtenu expérimentalement la sidérose viscé- rale. La pléthore artificielle, produite chez onze chiens par injection intraveineuse de sang défibriné, avait exclusivement pour but de dé- montrer que les hématies mortes, englobées par les leucocytes, sont transportées dans le foie, la rate et la moelle osseuse, où elles sont par- tiellement transformées en sidérine. La sidérose viscérale est pour Quincke le résultat de l'hématolyse intravasculaire. Pour MM. Auscher et Lapicque, elle serait, au contraire, consécutive à des extravasations sanguines. 4° Reste la question des rapports entre la notion de sidérose (alle- mande) et celle de sidérose (française). Comme le dit fort bien M. La- picque, il est facile de voir que ces deux notions se sont développées indépendamment l’une de l’autre, trop indépendamment, ajouterai-je. Les auteurs allemands ne paraissent pas même s'être demandé si la présence en quantité anormale du pigment ferrugineux suffisait pour créer des formes morbides distinctes. Plusieurs auteurs français ont pensé autrement, et on a élevé à la hauteur d’entités anatomo-cliniques distinctes le diabète bronzé (Hanot et Chauffard) et la cirrhose hypertro- phique pigmentaire (Letulle). Avec nombre d’autres auteurs français, et m'appuyant sur les très nombreuses observations publiées tant à l'étranger qu'en France, je pense que les formes dites pigmentaires de certaines maladies (diabète, anémie pernicieuse, impaludisme, cir- rhoses, etc.) sont simplement des cas particuliers d'un même processus pathologique, l’hémosidérose où mieux hémochromatose (Recklinghau- sen) (2). Je ne puis d’ailleurs développer ici cette opinion. Je me garde bien de m'attribuer quoi que ce soit d’original dans cette conception. Mais, ayant eu l’occasion d'observer un assez grand nombre de cas d’hémosidérose, — dont les sommaires de trois, se rapportant à des cirrhoses atrophiques, ont été publiés dans ma première note, — (4) a) Kunkel. Virchows Archiv, Bd LXXXI; b) Kunkel. Zeitschrift für physio- logische Chemie, Bd V, 1880, p. 40. Ueber das Vorkommen von Eisen nach Blutextravasationen; c) Hecht. Inaugural-Dissertation, Wurtzhburg, 4880. (2) Von Recklinghausen. Berichte der 62e Naturforscher-Versammlung, 1889, Berliner klinische Wochenschrift, 1889, p. 925, Ueber Hæœmochromatose. La dénomination d’hémochromatose a l’avantage de tenir compte de la présence de plusieurs pigments, parmi lesquels l’hémosidérine et l’hémofuscine. Ce der- hier pigment provient aussi de l’'hémoglobine, mais ne donne pas les réactions ferriques 486 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE j'ai cru utile, en raison même des discussions et des divergences récentes, d'émettre une opinion motivée. Je ne conteste d’ailleurs pas à M. Lapicque le droit d'émettre une opinion différente. [612.09] RAPPEL AUX TEXTES, par M. Louis LAPICQUE. A la réponse de M. Regaud, j'opposerai la citation suivante de Neumann, le père de l’hémosidérine (je traduis aussi littéralement que possible) : « Il apparaît donc que le pigment ferrugineux n'est pas un corps de composition chimique constante, et à tout le moins, il est permis difficile- ment de le considérer comme constitué par de l’hydrate d'oxyde de fer, (conception) où quelques auteurs, récemment, semblent avoir été amenés, en croyant qu'ils peuvent généraliser un résultat obtenu par Kunkel, dans un cas; là-contre, parle déjà la résistance très considérable vis-à-vis des acides minéraux. Mais, comme de toute facon, il semble répondre à un besoin pratique de comprendre ensemble sous un court nom usuel les dérivés fer- rugineux de l'hémoglobine, qui, produits si fréquemment, non seulement dans les conditions pathologiques, mais aussi comme Quincke l'a montré, dans les conditions physiologiques, présentent les réactions mentionnées et qu'un pareil nom manque jusqu'à présent, qu'il me soit permis de proposer la désignation d'HÉMOSIDÉRINE. » « Qu'il soit à remarquer d’ailleurs qu'également les colorations DIFFUSES proviennent du pigment ferrugineux. » (Archives de Virchow, 1888, t. 411, p. 27, lignes 1 à 18.) Il ressort, avec clarté et précision, de la lecture de ce texte que M. Regaud a tort de persister à prendre l’hémosidérine pour un pig- ment figuré et défini. Pour éviter au lecteur une illusion, je signalerai que les renvois de M. Regaud au texte de Quincke, avec citation des pages, ne sauraient aider à trouver dans ce texte quoi que ce soit sur la sidérine; ces cita- tions de pages sont simplement la banale référence de la table des matières, c'est-à-dire l'endroit du recueil où commencent les articles de Quincke sur la sidérose. Quant à Kunkel (Auscher et moi l'avons déjà fait remarquer en citant, comme nous le devions, ses travaux), il n’a pas isolé ni analysé l'hydrate ferrique, qu'il admet en vertu d'un raisonnement indirect, et c'est pourquoi son opinion, exacte, mais insuffisamment justifiée, n’a pas passé dans la science. Un autre savant, Nassé, qui a essayé, mais par des moyens trop SÉANCE DU 45 MAI 487 timides, d'isoler le pigment ocre dont il s’est occupé pendant fort long- temps, n'a pu l'avoir pur, et le considérait même postérieurement aux recherches de Kunkel, comme une combinaison ferrugineuse complexe, avec de l’albumine, de l'acide phosphorique, etc. Au moment où nous avons publié notre note sur la rubigine, le pigment en question était régulièrement, en Allemagne, qualifié d’eisenhaltig, ce qui veut dire : contenant du fer, sans préjuger de la nature de la combinaison; et précisément parce que la substance n'était pas chimiquement définie, les chimistes ne lui avaient pas donné de nom. Là-dessus, je m'excuse d’avoir abusé des Comptes rendus de la Société pour une discussion bibliographique sur une question personnelle; je n’en abuserai pas davantage. Le Gérant : G. MASSoN\. Pirie. — Imptimerie de la Cour d'appel, L. MARKTHEUX, directeur, 1, rue Cassette 489 SÉANCE DU 22 MAI 1897 M. C. DEeLEzENNE : Sur la coagulation du sang chez les batraciens et les poissons. — M. le Dr P. Haax (du Havre) : Causes d’erreurs dans les résultats fournis par le repas d'Ewald, dues à l'usage de différents pains et de différents thés. — MM. J.-E. ABELOUS et G. BrarNës : Nouvelles expériences sur l’oxydase des mammifères. — MM. L. Guarp et F. Dumaresr : Variations de la toxicité du sérum sanguin dans certaines infections expérimentales. — MM. L. Guixarp et F. DumaresT : À propos de la détermination physiologique et clinique de la toxicité du sérum humain. — MM. Eu. BourqueLor et J. BouGaucr : Sur quelques nouvelles réactions de l'acide cyanhydrique; influence de cet acide et de la chaleur sur l'action oxydante du sulfate de cuivre. — M. Marrez : Maladie à coli-bacille de la Poule et de la Dinde. — M. le Dr Épouarn Dowerri : Des altérations du système nerveux central dans l'urémie expérimentale. — M. LABORDE : À propos de la dernière note de M. Dastre. — M. Iuserr DE LA Toucxe : Inhalateur électro-médicamenteux pour le traitement des affections des voies respiratoires. — MM. Gizserr, Fournier et Oupin : Photc- graphie des calculs biliaires par les rayons X. — M. C. DELFZENNE : Apercu général sur la coagulation du sang chez les vertébrés. Présidence de M. E. Dupuy, vice-président. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. LABORDE fait hommage à la Société de la seconde édition de son ouvrage Sur les tractions rythmées de la langue, pour ranimer la fonc- tion respiratoire el la vie. M. GEzté offre à la Société un exemplaire de ses Conférences sur l'oto- logie dans ses rapports avec les maladies du système nerveux. [612.115] SUR LA COAGULATION DU SANG CHEZ LES BATRACIENS ET LES POISSONS, par M. C. DELEZENNE. (Communication faite dans la séance précédente.) L'étude de la coagulation du sang chez les batraciens et les poissons m'a donné des résultats identiques à ceux que j'ai signalés antérieu- rement sur la coagulation du sang des oiseaux (1) et des reptiles (2); Les expériences ont été faites d’une part, sur la grenouille et le (1) Comptes rendus Acad. des sciences, 1% juin 1896. — Comptes rendus Société de Biologie, 12 juillet 1896, p. 782. — Archives de Physiologie, avril 4897, p. 333 et 344. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 8 mai 1897, p. 462. Brococre. Compres RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 39 490 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE crapaud, d'autre part, sur l’anguille (1), le congre, le turbot, etc. Le sang était puisé directement dans un gros tronc vasculaire, l'aorte ou l'artère branchiale, en observant rigoureusement la méthode que j'ai constamment employée jusqu'ici. Lorsqu'il est recueilli dans de bonnes conditions, c’est-à-dire à l'abri des éléments étrangers et tout particulièrement du contact des tissus, le sang des batraciens aussi bien que celui des poissons présente une résistance extrèmement marquée à la coagulation spontanée. La prise en caillot n'apparaît qu'après une phase d’incoagulabilité complète dont la durée n’est jamais inférieure à plusieurs jours. La séparation des éléments figurés et du plasma se fait, avec la plus grande rapidité, de telle sorte qu’au bout de quelques heures, il s’est formé une couche plas- matique égale aux 6/10 ou 7/10 de la masse totale du sang recueilli. Séparé par décantation ou centrifugation de la couche globulaire, ce plasma peut être conservé parfaitement liquide pendant 10, 15 jours et plus. La formation du caillot présente, chez ces animaux, quelques particu- larités intéressantes que j'étudierai dans une publication ultérieure. Les tissus des batraciens et des poissons possèdent, comme ceux des oiseaux et des reptiles, des propriétés coagulantes très énergiques. Un échantillon de sang recueilli dans les vaisseaux se coagule en quelques minutes s’il est mis en contact avec un fragment de tissu ou s'il est additionné d’une faible quantité d'extrait d'organes. (Travail du laboratoire de physiologie de l’Université de Montpellier.) [612.321] CAUSES D'ERREURS DANS LES RÉSULTATS FOURNIS PAR LE REPAS D'ÉWALD, DUES A L'USAGE DE DIFFÉRENTS PAINS ET DE DIFFÉRENTS THÉS, par M. le D' P. Haan (du Havre). (Communication faite dans la séance précédente.) Le repas d’épreuve en usage pour l’analyse des sucs gastriques est celui d'Ewald, et comporte l’ingestion de 60 grammes de pain rassis sans beurre, et de 250 grammes d'infusion de thé léger. Ce programme ainsi énoncé reste très général, et j'ai cherché à déterminer les varia- tions présentées par le chimisme stomacal, pour les principales sortes de pains, et quelques espèces de thé (onze variétés de pains et sept échantillons de thé). Dans la première série d'expériences, le chien qui (1) Dans une note relative à l’action anticoagulante du sérum d’anguille (Société de Biologie, 16 janvier 1897, p. 41), j'avais déjà signalé incidemment la lenteur de coagulation du sang de cet animal lorsqu'il est prélevé directement dans les vaisseaux. SÉANCE DU 22 MAI 491 m'a servi a pris, à chaque repas, 60 grammes de pain, et 250 grammes d’eau distillée. Dans la seconde, il a pris 250 grammes d'infusion de thé léger. ire SÉRIE. Pains. — Tableau résumant les variations du chimisme stomacal. A° T. H. IR C. ACIDITÉ CHLORE HCI. CHLORURES CHLORE ORGAN. totale. total. libre. fixes. combiné. Pain blanc ordin., 3 exp. . - . 0,00656 O0,0157 0,0007 0,0139 0,0021 Pain ordin. grillé, 5 exp . . . . 0,01098 0,01498 0,00420 0,0118 0,0041 Pain biscuité de troupe, 4 exp. 0,0147 0,0128 0,0002 0,0096 0,0038 Mie de pain blanc ordin., fraiche, RCA AL ETEV. 2 . 0,0146. 0,0290 0,0126 0,0137 0,0027 Painicomplet, /21eXp Ce NO 0145 0.0176 0 0,0171 0,0029 Pain de gluten, 3 exp . . . . . 0,0230 0,0154 0 0,0107 0,0051 Pain de sarrasin, 2 exp. . . . . 0,00583 0,020% 0,0006 0,0164 0,0033 Bamtielselsle TENDUE 0 0101! 0,0186 0 0,0164 0,0029 Paintdeuson, 2 exp: 011 .00"0,0138 0,0134 0,0001 0,0120 0,002% Bain delsoya, Aexpl Mic ein: 0,0248 0,0219 0,0022 0,0138 0,0059 Pain feuilleté,2 exp. (croissants). 0,0124 0,009% O.0011 0.0014 0,0069 Sécrétions. — De grandes différences se constatent pour l'acidité lotale, qui, pour le pain de soya, vaut 0,0248, pour ne valoir que 0,00583 pour le pain de sarrasin. Le chlore total T est au maximum, à 0,0290, pour la mie de pain ordinaire, et au minimum à 0,0094, pour la pâte feuilletée. Le chlore fixe F augmente, en général, dans les digestions de pains très alibiles (pain complet, 0,1071 ; pain de sarrasin, 0,0164; pain de seigle, 0,0164). Le chlore total et le chlore fixe, dans mes expériences, sont toujours restés dans un rapport constant. L’acidité totale est au maximum pour les pains très pauvres en amidon, dont la digestion a également fourni des maxima de chlore organique combiné (0,051 et 0,0059). Le pain blanc ordinaire, le pain grillé, le pain biscuité, la mie de pain fraiche, le pain de sarrasin, le pain de soya, la pâte feuilletée, ont donné un suc gastrique riche en peptones. Les pains d’une digestion plus longue, comme le pain complet, le pain de son, ont donné la réaction nette des propeptones et de la syntonine. Le suc gastrique, provenant de la digestion du pain de gluten et du pain de soya, a donné avec intensité la réaction de l’amidon avec l'iode. Motilité. — La qualité du pain influe considérablement sur la motilité gastrique. Le pain blanc ordinaire fournit 15 centimètres cubes de suc gastrique ; /e pain grillé, 17 centimètres cubes; le pain de troupe donne en moyenne 32 centimètres cubes. Le pain de seigle, lourd et massif, fournit 50 centimètres cubes de suc. La motilité se relève avec le pain de son, qui donne 20 centimètres cubes de suc stomacal. 492 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 22 SÉRIE. THÉS. — Tableau résumant les moyennes des variations du chimisme stomacal. A. Le H. F. C- ACIDITÉ CHLORE HC1 CHLORURES CHLORE ORGAN. totale. total. libre. fixes. combiné. Thé Lapseng Souchong, 3 exp. 0,0912 0,0076 0,0007 0,0043 0,0026 Grand Souchong du Mandarin, Sd EXP EMI ee AAA AQRE (RERES 0,0080 0,0116 O,0011 0,0098 0,0007 Souchong surfin, 3 exp . . . . 0,0102 0,0127 0,0018 0,0080 0,0029 Mhé vert HysOn, 31EXp- "ur 0,0051 0,0127 0,00146 0,00255 0,00146 Fleur de Souchong, 3 exp . . . 0,00401 0,00384 0,00037 0,00438 0,00109 Souchong ordin., 3 exp . . . . (0,00912 0,00657 0,00183 0,00365 0,00109 SOUCRONCANN FARMER RER 0,00292 0,00876 0,00219 0,00584 0,00073 Sécrétions. — L'acidité totale À est très variable. Considérable (0,0912) pour le thé Lapseng Souchong, elle n'est plus que de 0,0029 pour le thé Souchong fin. Le chlore total T varie du maximum 0,0127 pour le Souchong surfin, et le thé vert Hyson, à 0,00584 pour le thé Fleur de Souchong. Le Grand Souchong du Mandarin, le Souchong surfin, présentent une bonne utilisation des chlorures. Aucun des thés que j'ai employés n’a produit de peptones, de propeptone, de syntonine. L'infusion administrée était toujours neutre. Motilité. — Pour la moindre motilité, fournie par le thé Lapseng Sou- chong, j'ai pu recueillir par aspiration 60 centimètres cubes de suc gas- trique, et l'acidité totale À était maxima à 0,0912. En général, le chlore organique combiné CG a été trouvé d'autant plus faible, que la motilité était plus grande. Conclusions. A° Pains. — a) Mes expériences m'ont prouvé qu'il était nécessaire de préciser les conditions d'administration du repas d'Ewald, relative- ment au choix du pain, et de l’espèce du thé. b) De grandes variations se constatent par l'usage de différents pains, et il est utile de définir un type de pain, toujours à peu près identique à lui-même, et renfermant peu de levures. Nous avons montré, dans un travail antérieur, la possibilité d'introduction de celles-ci dans l'estomac, et leur action sur le chimisme stomacal. e) Nous proposons dans ce but l'emploi du Pain de gluten, pauvre en levures, de conservation indéfinie, et qui nous a prouvé, par une bonne sécrétion chlorée, la possibilité d'un bon travail digestif. 20 Thés. — a) Les causes d'erreurs résultant de l'administration d'une infusion de thé léger, tiennent à la température variable de l'infu- sion, au degré de concentration, et à l’espèce de thé. b) On donnera l'infusion faite avec 250 grammes d’eau distillée bouillante pour 5 grammes de thé, infusé 3 minutes, et refroidi à environ 27-30 degrés. c\ Parmi les différents thés, dont le pouvoir excitant est SA on idee 7 RS bed CE DES SÉANCE DU 22 MAI 493 choisira un thé produisant le meilleur travail digestif, en estimant celui-ci d’après M. Hayem, par l’utilisation des chlorures. Tel sera le thé Grand Souchong de Mandarin, ou le thé Souchong surtin. [612.015] NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR L'OXYDASE DES MAMMIFÈRES, par MM. J.-E. ABELoUS et G. BIARNÈS. Dans une note présentée à la Société dans la séance du 20 mars dernier, nous avons annoncé que nous avions pu constater, dans certains organes ou tissus (fibrine, rate, poumon) des mammifères (veau, porc, chien, lapin), l'existence d’une oxydase donnant les réactions caracté- ristiques des ferments oxydants. Il suffit de broyer finement les organes préalablement lavés jusqu'à décoloration complète et de traiter un peu de pulpe par quelques gouttes de teinture de gaïac. Il se produit une coloration bleue manifeste plus ou moins intense, selon les organes et aussi selon les animaux et même les individus appartenant à la même espèce. Nous avons d'abord essayé d'obtenir des extraits aqueux de cette oxydase en faisant macérer les organes actifs dans de l’eau distillée pure ou saturée de chloroforme. Nous avons observé que, lorsqu'on obtenaït avec les macérations des filtrats absolument limpides, ces filtrats ne donnaient plus aucune réaction avec la teinture de gaïac. Par contre, si le filtrat était louche, s’il contenait en suspension des particules solides, la réaction se produisait et était d'autant plus manifeste que le liquide était moins limpide. Quant au dépôt resté sur le filtre, il se colorait en bleu intense quand on l’arrosait avec quelques gouttes de teinture de gaïac. Nous n'avons pas mieux réussi à obtenir des filtrats limpides et actifs en faisant nos macérations à la température de 40° ou à des tempé- ratures plus élevées : toujours le résidu donnait la réaction, maisle filtrat, quand il était absolument limpide, ne donnait rien. La conclusion qui découlait de ces premières expériences était donc que l’oxydase des mammifères est insoluble dans l'eau pure et qu’elle reste fixée aux particules solides de la macération et aux éléments de l'organe. Nous avons alors soumis l'organe ou la fibrine réduits en pulpe à une digestion artificielle par la papaïne en milieu neutre. (Nous nous étions, cela va sans dire, assurés d’abord que la papaine ne donnait aucune réaction avec la teinture de gaïac.) La digestion s'est faite à l’étuve à 40° pendant quarante-huit heures en renouvelant au bout de vingt-quatre heures le liquide digérant. Le liquide filtré ne donnait pas de réaction avec la teinture de gaïac, tandis que le résidu réfractaire à l’action 494 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la papaïne resté au fond du flacon bleuissait frès énergiquement par la teinture de gaïac. La digestion artificielle a donc été impuissante à fournir un extrait limpide et actif. Nous avons alors essayé les dissolvants des globulines (solutions de nitrate de potasse à 8 p. 100, de NaCI à 10 p. 100). Une certaine quantité de fibrine de veau traitée par une solution de nitrate de potasse à 8 p. 100, nous a donné après quarante-huit heures de séjour à l’étuve, un liquide qui filtré et limpide donnait les réactions du ferment oxydant avec la teinture de gaïac et le réactif de Rô‘hmann et Spitzer. Il en a été de même et d'une facon plus marquée encore avec de la rate de veau broyée et traitée de la mème façon par une solution de nitrate de potasse à 8 p. 100. Le filtrat, obtenu très limpide, s'est montré extrémement actif. Les solutions salines à un certain degré de concentration, enlèvent donc aux organes une substance qui présente les propriétés des oxydases. Si maintenant nous soumettons à la dialyse un de ces extraits nitratés limpides, l’exosmose du sel de potasse détermine un précipité blanc qui, recueilli et traité directement par la teinture de gaïac, se colore énergiquement en bleu. La solution dans de l’eau nitratée à 8 p. 100 de ce précipité est également active aussi bien vis-à-vis de la teinture de gaïac que du réactif de Rôühmann et Spitzer. On peut encore diluer de 10 fois son volume d’eau, l'extrait nitraté actif et faire passer dans le liquide un courant de CO*. Il se forme un précipité qui est recueilli, lavé et desséché dans le vide. Une parcelle du résidu de consistance et d'aspect corné qu’on obtient ainsi, écrasée et délayée dans une goutte d’eau, se colore très énergiquement en bleu par quelques gouttes de teinture de gaïac. Une dissolution de ce préci- pité dans le nitrate de potasse à 8 p. 100 est très active vis-à-vis de la teinture de gaïac et du réactif de Rô‘hmann et Spitzer. Est-il besoin de dire que nous avions au préalable constaté que les solutions de nitrate de potasse pures n’ont aucune action sur ces réactifs. On peut encore précipiter l'extrait nitraté par un excès d’alcool; mais le précipité obtenu, lavé, ne colore pas par la teinture de gaïac, pas plus que sa solution dans le nitrate à 8 p. 100. L'alcool, à un certain degré de concentration, paraît donc détruire le ferment oxydant. En somme, nous voyons que cet agent d'oxydation présente des réactions communes avec celles des globulines et il semble bien que nous ayons affaire à une globuline oxydante. Dans une prochaine commu- nicalion, nous montrerons que, comme pour tous les ferments oxydants, l’activité de notre oxydase s'accompagne d’une absorption manifeste d'oxygène et d’une production d’acide carbonique. (Laboratoire de physiologie de l'Université de Toulouse.) SÉANCE DU 22 MAI 495 [612.118.2] VARIATIONS DE LA TOXICITÉ DU SÉRUM SANGUIN DANS CERTAINES INFECTIONS EXPÉRIMENTALES, par MM. L. GuinarD et F. DUMAREST. Plusieurs auteurs, notamment Leclainche et Rémond, Ottolenghi, Battistini, Scofone, etc., se sont préoccupés du pouvoir toxique du sang, à l’état pathologique. Mais si nous faisons abstraction de celles de leurs recherches qui ont trait au sang humain, celui-ci devant faire l'objet d’une note particulière, nous ne tardons pas à constater que les autres visent des faits isolés n'ayant pas entre eux de corrélation systématique et qu'un seul point leur est commun, qui semble hors et au-dessus de toute discussion : l'hypertoxicité du sérum à l’état patho- logique. Nous avons entrepris, sur ce sujet, des recherches systématiques qui nous ont conduits à un résultat assez inattendu et nous ont causé, au début, une certaine surprise, pénétrés que nous étions des données classiques. Nous avons opéré sur le sérum de chien, qui, à l'état nor- mal, donne des résultats assez fixes et offre, par conséquent, les meilleures granties comparatives. Nous plaçant successivement à divers points de vue, nous avons réalisé, chez le chien, une série d’intoxications expérimentales à l’aide de la malléine, de la pneumobacilline et de la toxine diphtérique, recueillant ensuite le sang, soit au début des accidents, soit vers leur terminaison. Nous avons d’abord observé que les altérations de la toxi- cité du sérum sont en rapport avec la dose, bien plus qu'avec la qualité du poison. En effet, le degré de l'intoxication a une importance majeure et pousse à l’hypotoxicité. Suivant la période à laquelle on sacritie le sujet, on constate de notables différences el, en somme, l’atténuation de la toxicité semble en rapport assez direct avec l'intensité des acci- dents et la gravité de l’état du sujet; les chiffres extrêmes coïncident avec les accidents ultimes et presque agoniques; les chiffres normaux accompagnent les troubles bénins ou les accidents du début. Si, dans nos expériences, quelques faits sont ou paraissent contra- dictoires, il importe de tenir compte, pour leur appréciation, de la voie d'introduction de la toxine. Nous avons remarqué, en effet, d’une facon assez constante, que l’hypotoxicité est moindre, lorsque l'injection est poussée dans le système porte. Hypotoxicité, plus ou moins grande suivant les cas, mais hypotoxi- cité constante, tel est le fait par nous constaté, dans les infections expé- rimentales aiguës infligées à des animaux sains. À cet égard, les brüû- lures étendues sont assimilables de tous points aux intoxications aiguës. Par .contre, l’état infectieux chronique change ces conditions et dé- 496 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE termine l'hypertoxicité, comme nous l’ont montré le sang d’un cheval morveux et aussi les nombreux cas pathologiques relevés par les auteurs. Entre ces deux séries opposées pourrait se placer un intermédiaire intéressant, qui nous est fourni par des chiens qui, ayant résisté à des doses fortes de toxine, ont acquis à leur égard une immunité relative. Tandis qu'ils évoluaient vers l’état normal, leur toxicité sanguine ten- dait à remonter à son taux habituel. Ceci nous laisse déjà entrevoir, toute interprétation réservée, que la toxicité sanguine est loin d’être une donnée simple; elle représente vraisemblablement un total, constitué d'éléments divers exogènes ou endogènes normaux (sécrétions utiles) ou pathologiques (déchets); synergiques ou antagonistes, suivant les cas; capables, par conséquent, de se superposer ou de se neutraliser. [612.118.2] À PROPOS DE LA DÉTERMINATION PHYSIOLOGIQUE ET CLINIQUE DE LA TOXICITÉ DU SÉRUM HUMAIN, par MM. L. Guinarp et F. DuMARESs'—. Le sérum humain normal, essayé avec la technique que nous avons indiquée dans une précédente note, nous a donné, chez le lapin, un coefficient toxique égal à environ 17 centimètres cubes par kilogramme, chiffre qui se rapproche de ceux de Mairet et Bose (12 à 18 centimètres cubes), de ceux de Castellino (12 à 15 centimètres cubes) mais qui diffère, de ceux obtenus par d’autres auteurs, assez pour que nous admettions que le pouvoir toxique du sang humain normal soit sujet à des oscil- lations individuelles assez notables; ce qui est fort possible. Quant au sérum pathologique, après beaucoup d’autres, nous nous en sommes également occupés, mais nos essais se sont limités uniquement à des cas de lésions rénales. D'ailleurs les recherches les plus nom- breuses, faites avant nous, ont porté sur du sang de malades en proie à des accidents urémiques et éclamptiques, soit parce que, en pareil cas, la saignée est fréquemment indiquée, soit parce que les auteurs espé- raient, à l’aide de la donnée toxique, obtenir des indices diagnostiques. ou pronostiques touchant les degrés et les phases de la rétention des poisons. — C'est cette préoccupation qui a inspiré, notamment, l'impor- tant travail de Tarnier et Chambrelent. Des essais qu'ils ont pratiqués avec le sérum de sept malades, leur ayant donné des chiffres moyens de 3 à 6 centimètres cubes (chiffres élevés que nous n'avons jamais obtenus), ces auteurs concluent que la toxicité du sérum est fonction de la gravité de la maladie et constitue un élément important de diagnostic. SÉANCE DU 22 MAI 497 ——————…——…—…——————.—…——……————.————…————— _.— ———.— …——.——————————……—__—__—.—_._.—— ——— * Cependant, antérieurement, Charrin avait signalé un cas d'urémie où la toxicité oscillait de 22 à 23 centimètres cubes et d'autre part, entre les mains de Baylac, le sang d’une femme éclamptique, anurique, à l’agonie, ne tua le lapin qu’à 26 centimètres cubes par kilogramme. Maisle chiffre moyen de Tarnier et Chambrelent, confirmé par Castellino, est demeuré classique. Nos expériences nous ont conduits aux conclusions suivantes : Le sérum de brightique ou d'éclamptique a une valeur toxique, tantôt supérieure, tantôt inférieure au chiffre normal. — Les sérums hyper- toxiques semblent plutôt appartenir aux néphrites interstitielles anciennes, sans albumine et offrant une prédominance d’accidents nerveux. — Les sérums hypotoxiques sont ceux des néphrites aiguës, où l'élément infectieux joue encore un certain rôle et qui s'accompagnent d’albuminurie, d'anasarque et d'accidents pseudo-toxiques, liés aux infiltrations séreuses. Le pronostic serait plus grave dans le premier cas, mais un malade peüt offrir successivement l'exemple des deux formes. — Si ces obser- vations se confirmaient, elles conduiraient à dissocier, au point de vue de la toxicité sanguine, dans les néphrites, le syndrome infectieux primitif, correspondant à la néphrite épithéliale aiguë et à l’hypotoxi- cité du sérum, de l’auto-intoxication secondaire par rétention, corres- pondant aux lésions de filtration et aux troubles nerveux centraux. Dans le premier cas, la toxicité sanguine serait le fait, comme à l'état normal et dansles infections, des albumoses du sérum ; dans le second, elle serait liée aux poisons urinaires de nature minérale. — Cette idée pourrait trouver sa confirmation dans ce fait que, dans le dernier cas, on n’observe pas, dans le sang issu des vaisseaux, l’atténuation spon- tanée qui est constante partout ailleurs et qui suppose une substance instable comme le sont les albuminoïdes toxiques. Enfin, laissant de côté toute espèce d'interprétation de l’ensemble des faits que nous avons recueillis, un enseignement bien net se dégage; c'est la grânde relativité de l'essai toxique des sérums, en tant que valeur clinique et source d'indications diagnostiques ou pronostiques. — La donnée classique qui fait la gravité du pronostic solidaire du degré de l’'hypertoxicité est notoirement insuffisante et inapplicable à la plupart des cas; de telle sorte que, cliniquement, dans l’état actuel de nos connaissances, il ne faut pas exagérer l'importance des déductions à tirer du coefficient sérotoxique. Il est lié en effet à des facteurs complexes, encore mal dissociés, et constitue, suivant les cas, un total ou une différence, faits d'unités de valeurs diverses. (Laboratoire de physiologie de M. le professeur Arloing.) 498 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR QUELQUES NOUVELLES RÉACTIONS DE L'ACIDE CYANHYDRIQUE; INFLUENCE DE CET ACIDE ET DE LA CHALEUR SUR L'ACTION OXYDANTE DU SULFATE DE CUIVRE, par MM. Em. BouRQUELOT et J. BoUGAULT. On sait que lorsqu'on ajoute, à un liquide renfermant des traces d'acide cyanhydrique, de la teinture de gaïac puis un peu de solution très étendue de sulfate de cuivre (1 p. 5000), le mélange se colore for- tement en bleu. C’est là une réaction très sensible de l’acide cyanhydri- que, puisque, d’après Schôünbein, elle se produit encore avec de l’eau renfermant un millionième de cet acide. On sait, d'autre part, que le gaïacol, le naphtol-«, le créosol, la vératryl- amine, ete., sont oxydés, au même titre que l'acide gaïaconique de la résine de gaïac, lorsqu'on traite leurs solutions par les substances oxydantes que l’on rencontre dans la nature. Seulement, tandis que la teinture de résine de gaïac (acide gaïaconique) prend une coloration bleue, la solution aqueuse de gaïacol se colore en rouge grenat, la solution d’«-naphtol en bleu mauve, etc. Ces derniers faits nous ont amenés à penser que le gaïcol, l’«-naphtol, la vératrylamine, etc., devaient donner, avec le sulfate de cuivre, en pré- sence de l'acide cyanhydrique, des réactions analogues à celle que donne la teinture de gaïac dans les mêmes conditions. Il en est ainsi, en effet. Si, à un liquide renfermant des traces d'acide cyanhydrique, on ajoute du gaïacol en solution aqueuse et un peu d'une solution étendue de sulfate de cuivre, le mélange se colore en rouge grenat. Si au lieu de gaïacol on ajoute de l’«-naphtol, on a une coloration bleu mauve. Avec la vératrylamine, la coloration est violette, etc. (1). Il est donc évident que la coloration bleue communiquée à la teinture de gaïac, dans la recherche de l'acide cyanhydrique, est le résultat d’une oxydation, et que, comme l’a établi Schôünbein, l'oxygène qui intervient dans le phénomène est emprunté à l’'oxyde cuivrique. L'étude des conditions dans lesquelles se produit cette oxydation, conduit d’ail- leurs à des remarques intéressantes. Tout d’abord, il importe de ne pas oublier que le sulfate de cuivre seul, en solution concentrée, bleuit, déjà par lui-même, la teinture de gaïac, et l'oxyde par conséquent. Mais dès que la solution atteint un certain degré de dilution, la coloration ne se produit plus. Si alors, on ajoute une trace d'acide cyanhydrique, on voit la coloration bleue appa- raître. L’acide cyanhydrique devient donc un adjuvant de l'oxydation, et (1) Ces faits ont déjà été communiqués l’année dernière à la Société de pharmacie. J. de Pharm. et de Chimie, 4° série, t. IV, p. 477, 1896. SÉANCE DU 22 MAI 499 celle-ci se produit encore, sous son influence, avec des solutions extrê- mement étendues de sulfate de cuivre (par exemple à 1 p. 1000000). L'acide cyanhydrique n'est pas le seul agent qui puisse aider l’oxyda- tion. Une simple augmentation de température suffit pour amener la coloration de la solution étendue de sulfate de cuivre additionnée de teinture de gaïac. Ainsi, une solution de sulfate de cuivre à 1 p. 10000 ne donne pas la coloration bleue avec la teinture de gaïac à la température de 10 à 15 degrés. Mais porte-t-on le mélange entre 35 et 40 degrés, on voit cette coloration se produire immédiatement. Ainsi encore, une solution de sulfate de cuivre à 1 p. 500000 bleuit la teinture de gaïac si on chauffe vers 80 degrés pendant une ou deux minutes. Le sulfate de cuivre n'est pas le seul sel de cuivre capable de produire ces réactions; la plupart des autres sels de cuivre les donnent égale- ment (1). Les sels de cuivre rentrent donc dans la catégorie de ces nombreuses substances qui peuvent céder une partie de leur oxygène à d’autres substances pour les oxyder. El, même, si l’on songe à quel degré de dilution (sous certaines influences), ils peuvent encore manifester leurs propriétés oxydantes, on est en droit de supposer qu'ils peuvent inter- venir dans les oxydations organiques, étant donnée leur présence géné- rale dans la plupart des êtres vivants (2). Reste à savoir dans quel groupe de substances oxydantes il convient de les ranger; les expériences suivantes paraissent montrer qu'ils se rapprochent à cet égard du sulfate d’indigo, c’est-à-dire des ferments oxydants, et prennent de l'oxygène à l'air ambiant. Si, en effet, on introduit dans un ballon une solution de sulfate de cuivre à 1 p. 100000, et si on fait passer un courant d'hydrogène, de facon à chasser complètement l'air; si, ensuite, on ajoute quelques gouttes de teinture de gaïac, et si on chauffe vers 40 degrés, on n'obtient qu'une teinte bleue très atténuée. Si, d'autre part, on effectue la même expérience en présence de l'air, la coloration bleue est beaucoup plus accentuée. En réalité, il ne semble pas y avoir de différence essentielle entre ces réactions et l'oxydation du glucose par la liqueur de Fehling. On sait que, lorsque celle-ci est complètement décolorée, si on l’abandonne à (1) Il n’est pas rare de rencontrer des eaux distillées qui, additionnées de teinture de gaïac, bleuissent quand on porte le mélange vers 50 degrés. Cette coloration est due, le plus souvent, à ce que ces eaux renferment une propor- tion infinitésimale de cuivre. (2) C'est ici le lieu de rappeler que le sang des mollusques céphalopodes renferme du cuivre, qu'il est bleu lorsqu'il est aéré et perd sa couleur en cas d’asphyxie. 500 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ee l'air, elle ne tarde pas à se colorer en bleu de nouveau, le sel cuivreux reprenant de l’oxygène à l'air et redevenant sel cuivrique; de sorte que le liquide peut oxyder de nouvelles proportions de glucose. MALADIE A COLI-BACILLE DE LA POULE ET DE LA DINDE, par M. MarreL. En 1894, M. Lignières (1) signalait l'existence d’un coli-bacille virulent ayant amené la mort de plusieurs poules dans une basse-cour. En 1896- 1897, j'ai rencontré le même microbe, très virulent, sur la Poule et sur la Dinde. La Poule, sacrifiée le 21 octobre 1896, au 6° jour environ de la mala- die, avait présenté de l’inappétence, de la diarrhée spumeuse, de la somnolence et de la conjonctivite; à l’autopsie, je trouve les lésions sui- vantes : péricardite avec fausses membranes très abondantes, sans liquide épanché, congestion et friabilité de la rate, inflammation de la muqueuse de l'intestin grêle et des appendices cæcaux, conjonctivite suppurée de l'œil droit. Le sang incoagulé contient une bactérie se présentant en double point après coloration par les matières colorantes d’aniline, ne prenant ni le Gram ni ses dérivés. La rate, le foie, les fausses membranes péricardiques, le pus de ia conjonctivite renferment le même bacille. Le bouillon peptone cultive bien le microbe, se trouble en quelques heures, dégage une odeur désagréable, donne la réaction de l'indol et devient nettement acide au tournesol; — après quelques jours, la cul- ture se recouvre d'un voile. — La gélatine constitue un bon milieu de culture, elle ne se liquéfie pas; la gélose donne des colonies blanches un peu bleuâtres et translucides à la périphérie; les cultures sur pomme de terre sont brunes, un peu chocolat; le lait cultive et se coagule; le thé de foin à 3 p. 100, l'urine, les milieux anaérobies conviennent égale- ment. Le bacille fait fermenter la lactose : la réaction est très nette avec la gélose lactosée, additionnée de fuchsine acide et décolorée par un alcalin. Les caractères des cultures appartiennent bien au coli-bacille. Les inoculations montrent la grande virulence du microbe. La Poule meurt avec de petites doses inoculées dans le muscle pectoral (1 centi- mètre cube d’eau stérilisée additionnée d’une quantité de culture sur gélose, représentée par le volume d’une tête d'épingle). L'animal a de la somnolence, de la diarrhée, maigrit, meurt en hypothermie. Dès le 4° jour qui suit l’inoculation, le sang renferme en abondance le coli- (1) Sur un coli-bacille de la Poule. Société de Biologie, 1896, p. 135. ed 0 d'A SÉANCE DU 22 MAI 501 bacille. Les lésions sont : séquestre du muscle pectoral, congestion de l'intestin, cœur flasque, fausses membranes et un peu d’épanchement dans le péricarde, fuie friable, rate un peu noire. Tous les organes cul- tivent, sauf le cerveau, la moelle cervicale et la moelle osseuse. La Poule résiste à l'inoculation intraveineuse et aux tentatives d'in- fection par ingestion de cultures récentes, d'excréments, de produits pathologiques virulents. Le Pigeon résiste à tous les modes de contamination. Le Cobaye meurt en quinze-dix-neuf heures, avec des traces de culture sur gélose inoculées dans les muscles de la cuisse. 1/4 de centi- 2526 27 28 29 30 NOV. mètre cube de culture en bouillon détermine la mort en douze ou vingt- quatre heures avec des lésions généralisées. Dans le péritoine, dans la plèvre, des quantités plus faibles de culture suffisent pour tuer en qua- torze-dix-huit heures. Rarement le cobaye résiste deux jours à une inoculation intra-pleurale; quand le fait se présente, la cavité thora- cique est remplie d’un exsudat liquide et très abondant. Un quart de centimètre cube de culture en bouillon tue le cobaye en cinq jours par inoculation dans les veines. Le lapin se montre très sensible. Le volume d'un grain de mil de culture sur gélose, inoculée sous la peau d’un fort lapin, le tue en dix-neuf jours. L'animal maigrit; il a de la diarrhée quelques jours avant la mort. À l’autopsie, on constate : liquide roussâtre, abondant, dans le péritoine, épanchement dans le péricarde, urine trouble et rouge, pus extrémement abondant, épais, poisseux dans la cavité thoracique. Le coli-bacille existe dans toutes les lésions; les fèces le contiennent presque à l’état de pureté. Le lapin, inoculé dans le péritoine, meurt avec des lésions hémorragiques en vingt heures. L’injection intravas- culaire donne la mort en sept jours, avec des lésions de conjonctivite 502 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE purulente, de la diarrhée fétide. Le coli-bacille existe dans tous les organes, les globules blancs de sang en sont bourrés. Le rat blanc, la souris grise et la souris blanche meurent en quelques jours par inoculation sous-cutanée de 2-3 gouttes de culture en bouil- lon. La souris blanche succombe souvent en vingt ou vingt-quatre heures. Le chien ne contracte pas la maladie, quel que soit le mode d’inocu- lation employé. L’ingestion de cultures ou de produits pathologiques virulents ne donne pas de résultats positifs, quelle que soit l'espèce animale sou- mise à l’expérimentation. Une dinde de même provenance meurt le 1°" février 1897, après avoir eu de la somnolence et de la diarrhée ; à l’autopsie, elle présente une rate friable et noire, un foie volumineux, du coli-bacille dans le sang et dans tous les organes. La virulence de ce coli-bacille se montre un peu moins grande que celle du coli de la Poule. La Poule résiste à l’inoculation intramusculaire de 1 centimètre cube de culture en bouil- lon, à l’inoculation intraveineuse et à l’ingestion d’excréments, foie haché, etc. Le pigeon résiste dans les mêmes conditions. Le cobaye, le lapin, la souris et le rat sont tués facilement, même par inoculation sous-cutanée de faibles doses. Dans quelques cas, le cobaye résiste et présente des abcès multiples au point d’inoculation. En résumé, les affections à coli-bacille existent chez la Poule et chez la Dinde. Dans certains cas, le coli acquiert une grande virulence, au point que la Poule, ordinairement réfractaire aux inoculations, con- tracte la maladie et meurt en peu de temps. DES ALTÉRATIONS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS L'URÉMIE EXPÉRIMENTALE, par M. le D' Énouarn Donerni. Il m'a paru utile d'étudier au moyen des nouvelles méthodes de recherche, les altérations de la cellule nerveuse dans l’état urémique expérimental, et de voir s’il est possible de remonter de l’urémie expé- rimentale à l’urémie vraie. L'intoxication urémique a toujours été déterminée chez les lapins par la néphrectomie bilatérale, qui m'a paru plus simple et moins dange- reuse comme procédé opératoire. Les animaux ont vécu en moyenne de trois à cinq jours ; d'abord vifs et éveillés, ensuite assoupis, ils sont tous morts en état de contraction. Le système nerveux central a été délicatement enlevé peu d'instants après la mort; il n'y avait, en aucun point, de signes d'infection. Les SÉANCE DU 22 MAI 503 recherches ont été exécutées avec les méthodes de Golgi, Nissl, et avec une méthode actuellement à l'étude dans le laboratoire de la Clinique des maladies nerveuses; cette méthode paraît excellente, et a donné pour la coloration des cellules des résultats analogues à ceux de Nissl. On a étudié les éléments nerveux dans le cerveau, dans le cervelet, dans la moelle; les résultats ne diffèrent pas sensiblement dans les segments variés qui ont été observés. La méthode de Golgi a démontré la présence de cellules avec prolon- gements atteints d’atrophie variqueuse, c'est-à-dire que les prolonge- ments cellulaires, étroits comparativement à l’état normal, présentent, çà et là, en grand nombre, des gonflements, des nodosités, de grosseurs différentes, assez régulièrement distribués; en outre, on observe, le long des prolongements, d’autres petits corps ronds aussi, nombreux, à distribution un peu irrégulière, qui, à fort grossissement, ont un aspect cotonneux, et semblent presque rattachés par un court pédicule au prolongement cellulaire. Les prolongements présentent aussi de nom- breuses fragmentations régulières. Ces lésions sont plus évidentes, ou vraisemblablement plus nombreuses, dans l’écorce cérébrale; un peu moins dans le cervelet et dans la moelle, où l’on peut trouver cà et là quelques cellules avec des prolongements ayant l'aspect normal. Quelques cellules présentent dans leur corps des désagrégations sur la valeur desquelles je ne peux me prononcer. Les prolongements des cellules de la neuroglie présentent des altéra- tions semblables à celles que je viens de signaler, et l'on peut facile- ment distinguer, parmi les nombreux prolongements, les étranglements et les gonflements. La méthode de Nissl n’a pas révélé, dans l'écorce cérébrale, de lésions de quelque valeur, comme on pourrait s’y attendre après les données de la méthode de Golgi : elle a, au contraire, démontré des modifica- tons considérables dans la structure des grosses cellules de la moelle et du cervelet. Les altérations regardent d’un côté, la situation et le volume du noyau, qui est légèrement vésiculeux et que l’on voit, plus qu’à l’état normal, placé à la périphérie; de l’autre, la distribution de la substance chro- matique, qui, dans beaucoup de celiules, est réduite de quantité, et modifiée d'apparence : on observe, en des points différents des cellules, des zones claires, inégales, qui leur donnent un aspect vacuolé; la substance chromatique résiduelle est finement fragmentée. Dans beaucoup de cellules dans lesquelles il n’y a pas de vacuoles, on a toutelois l'aspect finement granuleux de la substance chromatique. Les prolongements se colorent mal par défaut de substance chroma- tique ; il n’y a rien de spécial dans la substance achromatique. Ce sont là les résultats de mes observations, résultats qui se rap- prochent beaucoup de ceux obtenus par MM. Acquisto et Pusateri (Riv, 504 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE di Pat. nerv. e ment., Ott., 1896), par MM. Sacerdoti et Ottolenghi (:d., Genn., 1897). Les différences légères que l’on peut observer dépendent peut-être de la facon spéciale dont chaque animal peut réagir à l'intoxi- cation urémique. Je ne veux pas discuter le rapport qui peut exister entre l'aspect variqueux des prolongements et la chromatolyse. De longues observa- tions sont nécessaires, et il faut beaucoup de prudence avant de con- clure comme l'ont fait Lugaro, Dotto et Pusateri. Peut-on pourtant dire que les lésions susdites sont caractéristiques de l’'urémie? Dans l’urémie vraie, le mécanisme physio-pathologique des troubles que l'on observe se fait-il à travers les lésions que je viens d'indiquer? Je pense, a priori, qu'il y à lieu de répondre négativement aux deux questions. On peut rencontrer de pareilles altérations dans d’autres états mor- bides que je ne veux pas énumérer, et ceci est aussi vrai pour l'aspect variqueux des prolongements des cellules avec la méthode de Golgi, que pour les altérations que l’on observe avec la méthode de Nissl, soit que l’on considère la position du noyau, soit que l’on considère la manière d’être de la substance chromatique. Il s'ensuit que l’on ne pourra pas nier l'existence d’une altération cel- lulaire; mais cette altération n'a pas de caractères tels que l’on puisse la dire spécifique de l’urémie, même expérimentale. Quant à la seconde question, doit-on s'attendre à des lésions sem- blables dans l’urémie vraie? Je pense que non. Avant tout, nous igno- rons si le mécanisme bio-chimique de la lésion est identique dans l'urémie que l’on observe au lit du malade et dans l’urémie expérimen- tale: ensuite, dans les différentes néphrites (puisque celle-ci est la forme qui amène plus fréquemment à l’urémie) il y a toujours en jeu une infection ou une intoxication par laquelle l'élément nerveux peut ètre altéré ou détruit ; il faut en outre, surtout dans la néphrite inters- tilielle, considérer l’état du système vasal à {r1vers lequel la substance cérébrale ou médullaire mal nourrie, peut être atteinte dans ses élé- ments. Pour conclure, il existe dans l’urémie expérimentale des lésions des cellules nerveuses qui ne présentent pas de caractères tels qu'il soit possible de les donner comme caractéristiques; de plus, il sera fort difficile de contrôler ces lésions dans l’urémie vraie. (Travail du laboratoire de la Clinique des maladies nerveuses.) SÉANCE DU 22 MAI 505 À PROPOS DE LA DERNIÈRE NOTE DE M. DASTRE (1), par M. LABORDE. Deux mots seulement pour répondre à la dernière note de M. Dastre, car je serais désolé de prolonger un débat qui n’a plus raison d’être, que par le côté interprétatif, celui des faits pouvant être, comme l'a dit notre collègue, facilement jugé. M. Dastre dit, en ce qui me concerne, que j'ai été « plus généreux que bien informé ». | Si, par « généreux », il entend que j'ai fait, comme il convient, mon devoir de collègue et de directeur de laboratoire, soit, je l'accepte. Mais, ce que je ne puis accepter, c’est que je sois intervenu sans être « bien informé »; ce qui signifierait que je suis intervenu sans raison. Or, le caractère même de cette intervention proteste du contraire, car elle consiste essentiellement dans un témoignage de fait. Je suis venu dire ici, et Je maintiens, que les résultats des expériences de M. Camus, auxquels j'ai pu assister, dataient d'une époque qui ne permettait pas de supposer le moindre emprunt déguisé et suspect; en un mot, et je n’ai pas eu d'autre intention et d'autre but, je suis venu couvrir, à l’occa- sion de ce débat accidentel, l'honnêteté scientifique, d’ailleurs et en principe inattaquable, de mon collègue de laboratoire; et que M. Dastre lui-même, il m'a autorisé verbalement à le déclarer, n’a pas eu linten- tion de suspecter; ce qui nous met parfaitement d'accord, et termine, de ce côté, le seul, je le répète, dont je me sois préoccupé, cette discussion. INHALATEUR ÉLECTRO-MÉDICAMENTEUX POUR LE TRAITEMENT DES AFFECTIONS DES VOIES RESPIRATOIRES. Note du D' IuBerT DE LA Toucue (de Lyon), présentée par M. D’ARSONVAL. Ce nouvel inhalateur est basé sur l'action de l'électricité qui fait pénétrer les substances médicamenteuses dans les voies respiratoires, par pulvérisation. Le malade, assis dans un fauteuil, est mis en communication avec le pôle négatif d'une machine statique à fort débit : on place à environ 80 centimètres de la bouche du malade un récipient, renfermant des essences variées suivant les cas; — à ce récipient, est adapté un tube de verre, très fin, qui laisse tomber environ 6 gouttes par minute — aussitôt (4) Société de Biologie, 8 mai 1897, p. 472. BioLocie, COMPTES RENDUS, — 10e SÉRIE, r, IV. 40 506 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le malade recoit un jet continu d’effluves électriques, chargés de ces essences pulvérisées qui sont transportées et pénètrent ainsi dans les voies respiratoires sous forme de brouillard très ténu. Les médicaments employés, qui ont donné les meilleurs résultats ont été l'eucalyptol, ie menthol, le pinol, etc. Une sensation immédiate de bien-être se fait sentir, le malade est tout étonné des phénomènes qui se produisent même après la pre- mière séance. La respiration devient plus ample, plus facile, la toux et l’expectora- tion diminuent rapidement — les chanteurs (phénomène constaté à chaque expérience) atteints d’enrouement prennent le timbre de la voix, plus clair et plus éclatant. En même temps que ces inhalalions ont un effet local sur les organes de la respiration, on constate bientôt, sous l'influence de l'électricité statique, un relèvement sensible des forces. Les affections dans lesquelles les résultats ont été reconnus les meil- leurs, sont la laryngite, l'emphysème, le catarrhe, la bronchite chronique et la tuberculose au début. [612.357.64] PHOTOGRAPHIE DES CALCULS BILIAIRES PAR LES RAYONS X, par MM. GILBERT, FOURNIER et Oupin. Nous présentons à la Société des photographies de caleuls biliaires obtenues par les rayons de Rüntgen. Les uns sont composés de cholestérine pure ou mêlée à une petite quantité de bilirubinale de chaux ; les autres appartiennent au type des calculs pigmentaires. Cette épreuve montre que, comme on pouvait s’y attendre, les calculs sont diversement traversés par les rayons X, suivant leur composition chimique. Tandis que les calculs de cholestérine ne sont marqués sur la plaque que par une teinte brune, pour un même temps de pose (trois minutes), les calculs riches en pigments paraissent, au contraire, beaucoup plus accentués. La photographie à l’aide des rayons de Rôüntgen permet, en outre, de voir, sans ouvrir le calcul, sa partie centrale, son noyau et, dans quelques cas, les stratifications de sa partie périphérique. Deux calculs mixtes assez volumineux, placés derrière une jambe photographiée aux rayons X, et pour laquelle quinze minutes de pose étaient nécessaires, n’ont pas paru sur la plaque photographique. Un autre, du volume d'une petite noix, très riche en pigments et placé gr “ie LA ke # SÉANCE DU 22 MAI 507 devant un thorax (dans la région diaphragmatique), n'a pas non plus laissé la moindre trace. Ces résultats donnent à penser que l’on pourra difficilement, par ce procédé photographique, reconnaitre la présence et le siège des calculs biliaires, alors même que l’on obtiendrait, plus aisément qu'aujourd'hui, les photographies des viscères abdominaux. [612.115] APERÇU GÉNÉRAL SUR LA COAGULATION DU SANG CHEZ LES VERTÉBRÉS, par M. G. DELEZENNE. L'ensemble de mes recherches sur la coagulation du sang, chez les vertébrés, me permet de formuler cette conclusion : Le sang des oiseaux, des reptiles, des batraciens et des poissons offre une résistance remar- quable à la coagulation spontanée. S'il est recueilli en observant rigoureusement les règles que nécessite l'étude méthodique d’une coagulation spontanée, le sang de ces animaux reste généralement liquide pendant plusieurs jours. J'ai montré que les propriétés coagulantes des tissus suffisent à expli- quer la rapidité avec laquelle se coagule le même sang lorsqu'il est recueilli au niveau d’une plaie. L'étude de la coagulation chez les mammifères, soumise à l’observa- tion rigoureuse de ces mêmes règles, m'a permis de m’assurer que le sang de ces derniers, quelles que soient les précautions employées pour le recueillir à l'abri du contact des tissus, coagule toujours dans un délai qui n'excède guère 15 à 20 minutes. Il y a donc lieu d'établir une distinction absolue entre la coagulabilité du sang chez les mammifères et chez les autres vertébrés. Les expé- riences que j'ai entreprises dans le but de déterminer les causes de ces différences me permettront, je l'espère, de donner de cette question une solution satisfaisante. Je me bornerai, pour l'instant, à signaler le rap- port très étroit qui existe entre la structure histologique des globules rouges et la coagubilité du sang dans les différentes classes des vertébrés. Si l’on envisage, dans son ensemble, la coagulation du sang chez les vertébrés, on est immédiatement frappé par ce fait que, très rapide chez les mammifères, animaux dont les globules rouges sont dépourvus de noyau, la prise en caillot se fait, au contraire, avec une extrême len- teur chez tous les vertébrés à globules nucléés. Des recherches encore en cours, mais dont je puis déjà annoncer les premiers résultats, me permettent d'étendre davantage encorele rapport que je viens d'indiquer. J'ai observé, en effet, que, chez les embryons de mammifères, au stade du développement, qui correspond à l'existence exclusive d’hématies 508 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EE" —"— nucléées dans le sang, la coagulation s'effectue suivant le même processus que chez les vertébrés adultes dont les globules rouges sont pourvus de noyau. J'examinerai ultérieurement s’il y a entre ces faits plus qu’un simple rapport, et s’il existe réellement une relation causale entre la rapidité de coagulation du sang et la structure histologique des hématies. Quoi qu'il en soit, ces faits ne sont pas sans présenter un certain inté- rêt, puisqu'ils permettent, lorsqu'on envisage dans leur ensemble nos connaissances sur la coagulabilité du sang chez les vertébrés, de les résumer dans cette formule générale très simple : Le sang de tous les ver- tébrés à globules rouges nucléés présente une résistance extrêmement mar- quée à la coagulation spontanée; la prise en caillot est, au contraire, presque immédiate chez les mammifères dont les globules rouges sont dépourvus de noyau. Le Gérant : G. MAsson. Paris. — Imprimerie de là Cour d'appel, L. Mareraeux, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 29 MAI 1897 M. Éx. BourqueLor : Remarques à l'occasion de la communication de MM. Abelous et Biarnès (séance du 22 mai). — M. Cu. Féré : Note sur la résistance’des oiseaux à l'atropine. — M. Ca. FéR£ : Note sur l'influence d'injections préalables de sulfate d’atropine dans l’albumen de l'œuf de poule sur l’évolution de l'embryon. — MM. Luxs et Davin : Note sur l'enregistrement photographique des effluves qui se dégagent des extrémités des doigts et du fond de l'œilde l'être vivant, à l’état physiologique et à l’état pathologique. — M. J. ne Rey Parrnane : Expérience montrant à la fois le pouvoir oxydant et le pouvoir réducteur des tissus. — M. le Dr D. Zapocorny (de Kieff) : Sur les propriétés agglutinantes du sérum dans la: peste bubonique. — M. le D' CESARE GHiLuii: Influence des lésions nerveuses sur le développement des os. — M. le D' Konos: Sur le développement tardif du bacille diphtérique. — M. G. Weiss : Enregistrement des produits de la respiration. — M. P. Lanczors : L'action des agents oxydants sur l'extrait de capsules surrénales. — MM. Josepx Nicocas et Pauz Couruonxr (de Lyon): Étude de la leucocytose dans l'intoxication et l'immunisation expérimentales par la toxine diphtérique. — M. Pauz Courmont (de Lyon) : Deux cent quarante cas de séro-diagnostic chez les typhiques. — M. FéLix Jourpan : Appareil pour la récolte et la décantation aseptiques du sérum antidiphtérique. — M. S. ArLoixG (de Lyon) : La toxicité de la sueur de l'homme: ses variations: ses rapports avec la toxicité urinaire. — M. le Dr E. Doneurr : Les lésions des cellules du système nerveux central après l’ablation des capsules surrénales. — M. PuiLADELPHIEN : Quelques observations sur les sphygmométrographes. — M. le D' Nerrer : Présence du pneumocoque dans les poussières d’une salle d'hôpital. | Présidence de M. Giard. REMARQUES A L'OCCASION DE LA COMMUNICATION DE MM. ABELOUS et BIARNÈS (SÉANCE DU 22 MAI), par M. Év. BourqueLor. Je crois juste de rappeler que l'existence, dans certains tissus ani- maux, d’une globuline présentant les propriétés d’un ferment oxydant, a été signalée, dès 1882, par Moritz Traube. Ce physiologiste, dans l’un des mémoires qu'il à publiés sous le titre : Ueber Activirung des Sauers- toffs, après avoir exprimé l'opinion que des substances excitatrices de l'oxygène se rencontrent chez les êtres vivants, et désigné, pour la pre mière fois, ces substances sous le nom de /erments oxydants (oxyda- tionsfermente), dit expressément que la myosine est un de ces fer- ments (1). Or, on sait que la myosine est une globuline, et qu’on (1) Ber. d. d. chem. Gesellschaft, XN, p. 659, 1882. Brococre. Compres RENDUS. — 10€ SÉRIE, r. LV. 41 510 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'obtient, sous forme de solution, en traitant la viande hachée par une solution de chlorure de sodium à 10 p. 100, c'est-à-dire en ayant recours au mode opératoire suivi par MM. Abelous et Biarnès. J'ajouterai que cette assertion de Moritz Traube parait avoir passé inapercue. Peut-être, ce savant, entrainé par d'autres recherches, ai négligé de la développer selon son importance? À cet égard, les expé- riences de MM. Abelous et Biarnès, ainsi que celles de M. Jacquet qui, de son côté, a constaté que les poumons et les reins de cheval, hachés, puis épuisés par une solution de chlorure de sodium, donnent un liquide oxydant (1), présentent un réel intérêt. NOTE SUR LA RÉSISTANCE DES OISEAUX A L'ATROPINE, par M. Cu. FÉRé. Plusieurs expérimentateurs ont noté la tolérance d'oiseaux pour l’atropine, mais comme, en général, ils ne donnent pas le poids des animaux, cette tolérance reste indécise (2). Désirant comparer la puissance tératogène et la puissance toxique de l'atropine sur le poulet, j'ai expérimenté, en établissant le rapport du poids de la substance toxique au poids de l'animal. Les résultats obtenus sont les suivants, dans cinq expériences où on a injecté le sulfate d’atropine en solution à 5 p. 100. QUANTITÉ RAPPORT ne de sulfate au , TA | datropine kilogr. ASE GILET l'animal. jnjectée. d'animal. Come m9 Er 0 1,02 0,30 Vivant. Poule . . 2 890 A 0,40 us Poule . 2 315 1,15 0,50 = Poule . 2 895 1,75 0,604 — Coq. 3 339 2,35 0,675 Mort quatre heures après l'injection. La tolérance du poulet est moindre que celle du lapin qui ne meurt guère à moins de 1.30 par kilogramme (3), mais elle est encore consi- dérable. Celle des petits oiseaux est beaucoup moindre, et elle m'a paru moindre que celle qui a été indiquée par plusieurs expérimenta- (4) Recherches sur les oxydations organiques dans les tissus. Société de Biologie, 9° série, t. IV, p. 59 (Mémoires), 1892. (2) Meuriot. De la méthode physiologique en thérapeutique et de ses appli- cations à l’étude de la belladone. Thèse, 1868, p. 27, 29. (3) Ch. Féré. L'individualité biologique et la tolérance des médicaments. Journal des connaissances médicales pratiques, 1897, p. 67. SÉANCE DU 29 MAI o11 teurs. Camus (1) donne 2 milligrammes d’atropine comme la dose mor- telle pour des moineaux sortant du nid ; Meuriot dit que des moineaux résistent à des doses de 2 et 4 milligrammes de sulfate d’atropine. J'ai commencé mes expériences en prenant pour point de départ la résis- tance du poulet. Voici les résultats obtenus sur les moineaux avec des solutions à 5 p. 100 pour les hautes doses et à { p. 100 aux petites doses. QUANTITÉ RAPPORT POIDS de sulfate au DURÉE de l'animal. d'atropine kilogramme de la survie. injectée. d'animal. 23 grammes 0,015 0,65 10 minutes. 24 — 0,015 0,62 10 — 21 — VA TECUI ES 0,5 25 — 23 — 0,01 : 0,438 10 _— 26 — 0,01 0,38 12 _ 29 — : 0,007 0,30 4 h. 30 28 — 0,005 0,175 6 heures. 29 — 0,005 0,17 12 -— 2 — * 0,004 0,15 4 — 25 — 0,002 0,10 16 — 25 — 0,0025 0,10 6 — 26 = 0,0025 0,095 8 — 21 — 0,0025 0,09 6 — 24 ‘— 0,002 0,083 48 — 26 — 0,002 0,076 CR 26 — 0,002 0,076 D — 27 — 0,002 0,074 6 — 25 — 0,001 0,04 17 jours. 29 — 0,001 0,04 18 heures. 25 — 0.001 0,04 17 — 27 — 0,001 0,037 14 — 28ED — 0,001 0,036 Or 26 — 0,0005 0,019 10 — 21 0,0005 0,018 6 jours. Tandis qu'une poule survit définitivement, après avoir recu 0,60 par kilogramme, le moineau succombe en moins de deux heures, quand il reçoit 0,30 au plus et ne survit pas plusieurs jours quand il a recu plus de 0,04. : Ces chiffres montrent bien qu'on n’est pas autorisé de conclure d’une espèce à une autre, et même d’un individu à un autre : il y a dans cer- taines espèces une individualité bien marquée, (1) Camus. Etude sur l’antagonisme de l’opium et de la belladone. Thèse, 1865, p. 31. 12 SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR L'INFLUENCE D'INJECTIONS PRÉALABLES DE SULFATE D'ATROPINE DANS L'ALBUMEN DE L'ŒUF DE POULE SUR L'ÉVOLUTION DE L'EMBRYON, par M. Cu. FÉRé. J'ai déjà insisté, à plusieurs reprises, sur le rapport qui existe entre la puissance tératogène et la puissance toxique des poisons : les alcools les plus toxiques sont les plus tératogènes, les toxines microbiennes les plus nuisibles pour la poule, sont aussi les plus nuisibles pour l'embryon et inversement. La morphine, qui est supportée par la poule à très hautes doses, peut aussi être injectée à hautes doses dans l'œuf, sans nuire à l'embryon (1). L'atropine va nous fournir la confirmation du même fait. Exp. I. — Douze œufs, au 5° jour de la ponte, recoivent 2 vingtièmes de cen- timètre cube d'une solution à 5 p. 100 de sulfate d’atropine, en mème temps que douze œufs du même jour recoivent la même quantité d’eau distillée stérilisée. Tous sont mis en même temps par groupes égaux au même étage de l’étuve à 38 degrés. Ils sont ouverts après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de sulfate d’atropine, il y a sept emabryons normaux de 42 heures 1/2 en moyenne, dont deux déviés à 45 de- grés, deux cyclopes, deux blastodermes sans embryon et une absence de développement. b) Dans les témoins, il y a huit embryons normaux de 35 heures en moyenne, sans déviation, un omphalocéphale, deux cyclopes et un embryon kyslique. Exe. II. — Répétition de la précédente, avec des œufs au 6e jour. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de sulfate d'atropine, il y a huit embryons normaux de 50 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux cyclopes, un embryon kystique et une absence de développement. b) Dans les témoins, il y a dix embryons normaux de 54 heures en moyenne dont deux déviés à 45 degrés, un à 160 et un à 180, un cyclope et un embryon kystique. Dans ces deux expériences, les témoins donnent 15 p. 100 de déve- loppements normaux de 54 heures en moyenne, tandis que les œufs qui ont recu le sulfate d’atropine n’en donnent que 62,50 p. 100 de 46 heures. Il y a seulement une légère diminution de nombre et un léger retard. Exp. IL —- Douze œufs au #° jour de la ponte, recoivent 4 vingtièmes de la solution d’atropine à 5 p. 100, et douze œufs du même jour, recoivent la même quantité d'eau distillée et stérilisée. Ils sont traités comme précédemment, et ouverts après 72 heures d'incubation. (1) Ch. Féré. Note sur la puissance toxique et la puissance tératogène de la morphine sur le poulet. Bull. et Mém. de la Soc. méd. des hôpitaux de Paris, 1897, p. 608. DNNT Eee ” \ SÉANCE DU 2!) MAI 513 a) Dans les œufs qui ont recu le sulfate d'atropine, il y a six embryons normaux de 51 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux cyclopes: un embryon kystique, deux blastodermes sans embryon et une absence de développement. b) Dans les témoins, il y a neuf embryons normaux de 55 heures en moyenne, dont un en hétérotaxie et dévié à 45 degrés, deux déviés à 45 degrés. un blastoderme sans embryon, et deux absences de développement. ExP. IV. — Répétition de la précédente avec des œufs au 6° jour. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de sulfate d’atropine, il y a six em- bryens normaux de 52 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux cyclopes, un embryon kystique et trois absences de développement. b) Dans les témoins, il y a sept embryons normaux de 59 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés, trois atrophiés à la tête, un embryon kystique et deux blastodermes sans embryon. Dans ce deuxième groupe d'expériences, les témoins donnent encore 66,66 p. 100 de développements normaux, de 56 heures en moyenne, tandis que les œufs qui ont recu l’atropine, n’en donnent plus que 50 p. 100 de 51 heures. Exe. V. — Douze œufs,au 5° jour de la ponte,recoivent 8 vingtièmes de cen- timètre cube de la solution de sulfate d’atropine,et douze œufs du même jour recoivent la même quantité d’eau. Après 72 heures d'incubation, ils sont ouverts. a) Dans les œufs qui ont recu la solution d’atropine, 1l y a quatre embryons normaux de 44 heures en moyenne, une anophthalmie, un cyclope, un embryon kystique, trois blastodermes, sans embryon et deux absences de développement. b) Dans les témoins, il y a huit embryons normaux, de 50 heures en moyenne, dont un en hétérotaxie dévié à 45 degrés, un dévié à 45 degrés et trois déviés à 90 degrés, deux embryons kystiques, un blastoderme sans embryon etune absence de développement. Les témoins donnent encore, dans cette expérience, 66,66 p. 100 de développements normaux, de 50 heures en moyenne; mais les œufs qui ont recu le sulfate d’atropine n’en donnent plus que 33,33 p. 100 de AT heures. Exr. VI. — Douze œufs, au 6° jour de la ponte, recoivent 12 vingtièmes de centimètre cube de la solution d’atropine, et douze œufs du même jour recoi- vent la même quantité d’eau ; traités comme précédemment, ils sont ouverts après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de sulfate d’atropine, il y a deux ‘embryons normaux de 48 heures chacun, sans dévialion, un blastoderme avec embryon et neuf absences de développement. b) Dans les témoins, il y à huit embryons normaux de 49 h. 1/2 en moyenne, dont quatre déviés à 45 degrés, un cyclope, un omphalocéphale et deux em- bryons kystiques. 7 me 514 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Exr. VII. — Répétition de la précédente avec des œufs au 4° jour. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de sulfate d’alropine, il y a trois embryons normaux, de 49 heures en moyenne, une atrophie de la tête, deux blastodermes sans embryon et six absences de développement. | b) Dans les témoins, il y a dix embryons normaux, de 54 heures en moyenne, dont cinq déviés à 45 degrés et deux en hétérotaxie, et deux cyclopes. Dans ces deux expériences, tandis que les témoins donnent 75 p. 100 de développements normaux de 52 heures en moyenne, les œufs qui ont reçu la solution toxique n’en contiennent plus que 25 p. 100 de moins üe 49 heures. Exp. VIII. — Douze œufs, au 5° Jour de la ponte, recoivent 16 vingtièmes de centimètre cube de la solution de sulfate d’atropine, et douze œufs du même jour recoivent la même quantité d’eau distillée stérilisée. Ils sont traités comme précédemment. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de sulfate d’atropine, il y a deux développements normaux de 43 heures en moyenne, un cyclope avec spina- bifida et une atrophie de la tête, et huit absences de développement. b) Dans les témoins, il y à septembryons normaux de 45 h. 1/2 en moyenne, dont un dévié à 45 degrés et un à 90 degrés, une atrophie de la tête, deux embryons kystiques, un blastoderme sans embryon et une absence de déve- lappement. Exp. IX. — Répétition de la précédente avec des œufs au 4° jour. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de sulfate d’atropine, il y a un seul embryon normal de 48 heures, deux blastodermes sans embryon et neuf absences de développement. b) Dans les témoins, il y a huit embryons normaux, de 38 heures en moyenne, dont un dévié à 90 degrés, une atrophie de la tête, deux embryons kystiques, un blastoderme sans embryon et une absence de développement. Dans ces deux expériences, les témoins ne donnent que 62,50 de développements normaux de 41 heures, mais les œufs qui ont recu la solution toxique n’en donnent plus que 12,50 de 44 heures. Exe. X. — Dix-huit œufs au #° jour de la ponte recoivent 1 centimètre cube de la solution de sulfate d’atropine et dix-huit autres œufs du même jour reçoivent la même quantité d’eau distillée stérilisée. Ils sont traités comme précédemment. a) Dans les œufs qui ont recu la solution toxique, il n'y a aucun dévelop- pement. b) Dans les œufs qui ont recu l’eau pure, il y a 14 développements nor- maux de 40 heures et demie en moyenne, dont un en hétérotaxie, deux déviés à 45 degrés et un à 90 degrés, un omphalocéphale, deux cyclopes et une atrophie de la tête. . Cette dernière expérience est remarquable par le nombre des embryons normaux dans les témoins, malgré la quantité de liquide. Qc SÉANCE DU 29 MAI 5l \ — injectée, 77,17 p. 100 ; il ne s'est plus produit aucun développement dans les œufs qui ont recu la solution toxique. En somme, tandis que dans les témoins qui ont recu de l’eau pure, le nombre de développements normaux varie de 62,50 à 77,71 p. 100 sans rapport avec la quantité de liquide injectée, nous voyons que dans les œufs qui ont reçu la solution de sulfate d’atropine, la proportion d'em- bryons normaux décroît progressivement à mesuré que la quantité de substance toxique injectée augmente. Avec un demi-centigramme par œuf, la proportion d'embryons normaux atteint celle qu’on peut trouver dans les témoins, 62,50 p. 100; avec 1 centigramme, elle tombe à 50 p. 100; avec 2 centigrammes, à 33,93; avec 3 centigrammes à 25, avec 4 centigrammes, à 12,50, et enfin avec 5 centigrammes, à 0. La poule meurt avec 0 gr. 67 par kilogramme de sulfate d’atropine el avec 0,04 par œuf, il y a plus que 12,50 p. 100 de développements. La poule mourait avec 0,80 par kilogramme de chlorhydrate de morphine et avec 0,05 par œuf du même poison, il y avait 11,11 p. 100 de déve- loppements. Il y a donc un rapport remarquable entre la toxicité et la puissance tératogène. : NOTE SUR L'ENREGISTREMENT PHOTOGRAPHIQUE DES EFFLUVES QUI SE DÉGAGENT DES EXTRÉMITÉS DES DOIGTS ET DU FOND DE L'ŒIL DE L'ÊTRE VIVANT, À L'ÉTAT PHYSIOLOGIQUE ET A L'ÉTAT PATHOLOGIQUE, par MM. Luys et Davin. La note que je présente à la Société de Biologie, tant en mon nom personnel qu'en celui de M. David, mon collaborateur, est relative à la fixation par la photographie des effluves qui se dégagent, à l'état phy- siologique, des extrémités des doigts, ainsi que ceux qui émergent du fond de l'œil et qui sont susceptibles d’être enregistrés sur une plaque photographique, ainsi que l’attestent les épreuves ci-jointes. Nous avons eu recours à un procédé technique nouveau, déjà signalé l'an dernier par M. le D' Gustave Le Bon (1), et qui consiste dans l'im- mersion directe des doigts dont il s’agit d'obtenir les effluves, dans un bain d’hydroquinone, appliqués par leur face palmaire sur une plaque au gélatino-bromure d'argent dans l'obscurité, pendant environ 45 à 20 minutes. La planche I, que nous présentons comme échantillon, exprime l’em- preinte des extrémités digitales d’un sujet adulte du sexe masculin (les pouces et les médius et indicateurs droits et gauches). — On y voit Le qua- (4) Journal l'Illustration, 1896, p. 432. 1 SOCIETÉ DE BIOLOGIE LE ——— drillé de la pulpe des doigts avec les effluves qui se dégagent au pour- tour, comme une sorte de panache. — Sur le coin de la planche, au côté gauche supérieur, on‘remarque un fragment d’épiderme détaché, flot- SÉANCE DU 29 MAT 517 tant dans le bain, et qui émet directement des effluves sous forme de filaments verticaux en gerbe. Tous les petits points blancs qui se voient sur le fond noir de l'épreuve représentent de la poussière d’effluves flot- tants dans le bain d’hydroquinone. Sur la planche n° IF, on voit les empreintes des deux pouces droit et gauche. Ces empreintes émettent. de leur circonférence des effluves, et, chose remarquable! ces effluves s’anastomosent et se relient réci- proquement, comme s'il s'agissait des pôles opposés d’un aimant de noms contraires! Ces faits ont été vérifiés un grand nombre de fois, et notre collection de clichés démonstratifs est suffisamment pourvue pour À ZLUYSs & DAVID pouvoir servir de témoignage sérieux aux fails nouveaux que nous signalons aujourd’hui. Les effluves de l'œil, dont nous présentons en même temps un spéci- men, ont été obtenus par la fixation directe et prolongée du regard sur une plaque sensible, dans l'obscurité complète. Ce temps de pose étant notablement prolongé (30 minutes). Cette reproduction, croyons-nous, n'a pas encore été obtenue en photographie. Il va de soi que ces études nouvelles vont donner un corps à une série de ‘phénomènes anciens connus depuis longtemps sous forme de con- ceplions subjectives, faute d’avoir reçu une démonstraction objective de leur réalité. Le fluide des magnétiseurs, —le fluide signalé par Reichem- bach sous le nom d’Od, — la force neurique de Baréty, — etc., etc., vont ainsi trouver leur certificat de réalité scientifique. 518 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ainsi, on peut dire qu'il se dégage normalement du corps humain, d'une facon continue, pendant l'état de veille, un fluide spécial qui semble être une manifestation essentielle de la vie e{ qui s'extériorise, ainsi qu'a cherché à le démontrer, dans ces derniers temps, avec un zèle et une persévérance des plus louables, M. le colonel de Rochas, sous le nom d’Æ£'rtériorisation de la sensibilité. On conçoit combien cette nouvelle méthode de procéder en photogra- phie, qui n’est autre qu'un mode de photographie par immersion, est susceptible d’avoir des résultats féconds, tant en physiologie qu’en pa- thologie. — Elle est d'une application facile, n’exige pas de grands appareils, et, sauf quelques détails techniques, elle est à la portée de toutes les personnes qui voudront la mettre en pratique (1). On pourra ainsi doser les variations de cette force nerveuse qui se dégage incessamment des extrémités digitales, variable suivant les âges, les sexes, les différentes phases de la journée, et suivant l’état variable des émotions qui viennent mettre en vibration l'être humain. — Peut- être cette étude pourrait-elle permettre de trouver un nouveau signe de la mort réelle ? Ainsi, l'état des effluves, leur intensité, leur diminution permettront d'agir comme avec un nouveau réactif œsthésiomètre dans le domaine des phénomènes de la sensibilité et, peut-être aussi, dans celui de la motricité, car nous ignorons encore les caractères physiologiques intrin- sèques de ces effluves. Au point de vue des applications pathologiques, voici deux exemples que nous avons eu l’occasion d’enregistrer Chez une femme adulte, ayant eu des crises hystériques, appartenant au service du D' Aug. Voisin, j'ai pu constater que les mains de cette femme, examinée par nos procédés usuels, n’ont fourni aucune empreinte digitale; cette femme n’émettait pas d’effluves. Elle était anesthésique bilatérale et privée de toutes les sensibilités ! Par contre, chez une autre femme, ancienne malade de mon service à la Charité, hypnotisable, j'ai pu obtenir chez elle les effluves variés appartenant aux différents états de l'hypnotisme (léthargie, catalepsie, somnambulisme); dans ces différents états, les effluves ont présenté des modalités différentes. — Dans l’état léthargique surtout, avec abolition apparente de toutes les sensibilités, j'ai constaté une intensité plus grande qu'à l’état normal, de l'émission des effluves, ce qui parait (1) Nous nous proposons, dans des communications ultérieures, de fournir des détails techniques sur la facon de procéder, pour obtenir facilement de belles épreuves. Nous ferons, en mème temps, l'exposé des expériences mul- tiples que nous avons mises en œuvre pour répondre aux objections diverses qui vont être faites à nos procédés, pour montrer combien nous avons eu souci d'éviter les causes d’erreur. SÉANCE DU 29 MAI - 519 concorder avec ces phénomènes d’hyperexcitabilité neuro-muscu- laire, si bien décrits par Charcot comme caractéristique de l’état léthar- gique. EXPÉRIENCE MONTRANT À LA FOIS LE POUVOIR OXYDANT ET LE POUVOIR RÉDUCTEUR DES TISSUS, par M. J. DE REY PAILHADE. On sait que les tissus sont constitués par des substances à actions chimiques opposées : 1° matières oxydantes, oxydases ou ferments d'oxydation, et 2° matières réductrices ou oxydables, ferment d'hydrogé- nation (philothion) et corps à fonction aldéhydique. Le conflit incessant de ces substances entre elles entretient la vie. L'expérience suivante, qui peut se faire dans un cours, le montre clairement et avec simplicité. J'utilise pour cela les actions successives de la teinture de gayac et l’eau oxygénée. J'ai d'abord vérifié que le mélange de ces deux corps ne prend pas de teinte bleue, même à chaud, que la réaction soit acide ou alcaline. On fait gonfler des pois chiches dans l’eau pendant quatre jours, puis on en broye deux finement. Quand on y ajoute quelques gouttes de teinture de gavac, on apercoit une teinte bleue bien marquée. Cette coloralion prouve l'existence dans ce lissu d’une oxydase, la laccase qui a oxydé le gayac. En agitant le mélange, on voit la coloration disparaître rapidement. I1 y a dès lors lieu de se demander si le produit oxydé bleu du gayac a été suroxydé ou réduit par désoxydation. En versant quelques gouttes d'eau oxygénées, la teinte bleue reparaît immédiatement avec une très vive intensité. L’explication la plus natu- relle est d'admettre que les matières réductrices du tissu ont désoxydé le gayac bleui par la laccase. J’ai prouvé, en effet, il y a plusieurs années, l’existence dans le pois chiche d’un ferment d'hydrogénation puissant, le philothion, qui hydrogène le soufre et réduit le carmin d'indigo en liqueur acide. Avec de la poudre de graine sèche, le gayac ne donne aucune coloration, mais l’addition d’eau oxygénée la développe. Un très grand nombre de graines et de tissus végétaux, se comportent comme le pois chiche, mais le gland et la graine de laurier noble ne deviennent pas bleus. Dans une prochaine lettre, je ferai connaître le résultat de mes recherches sur les tissus animaux. 520 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.118] SUR LES PROPRIÉTÉS AGGLUTINANTES DU SÉRUM DANS LA PESTE BUBONIQUE, par M. le D' D. ZaBororny (de Kieff). Les propriétés agglutinantes du sérum qui se manifestent pendant la maladie dans la pneumonie, la fièvre typhoïde, le choléra, ete., existent également dans la peste. N'ayant pas de raisons pour affirmer que ces propriélés jouent le rôle prépondérant dans le mécanisme de la guérison, nous voulons seulement rendre compte du résultat de nos observations. Voici la méthode que nous avons employée : nous avons fait une émulsion de bacilles de la peste cultivée sur gélose dans une solution physiologique de NaCI (10 centimètres cubes pour une culture) et nous avons ajouté à cette émulsion 1/10, 1/12, 1/50 de sérum retiré de malades ou de convalescents. Nous avons opéré sur plus de 30 échan- tillons de sérum pris à des stades divers de la maladie ou de la conva- lescence, et nous avons constaté : 1° Que la propriété agglutinante n'existe pas dans les 5 à 7 premiers jours de la maladie: | 2° Qu'elle commence à se manifester (1/10) vers la seconde semaine; 3° Qu'elle devient plus manifeste (1/25) au commencement de la troi- sième semaine ; 4 Qu'elle est très évidente (1/50) dans la quatrième semaine ; 5° Que ce sont les cas les plus graves qui offrent la propriété agglu- tinante la plus puissante ; 6° Que le sang des décédés ne possède pas cette propriété. — Nous poursuivons nos recherches dans cette voie tant sur les per- sonnes inoculées avec le sérum antipesteux du D' Yersin, que sur celles inoculées d’après la méthode de M. Haffkine, et nous reprodui- sons les mêmes expériences sur les animaux, parmi lesquels le singe nous paraît devoir être choisi de préférence, élant d’une sensibilité remarquable pour la peste. Nous avons guéri plusieurs singes malades de la peste, par le sérum de M. Yersin, et nous sommes persuadés que pendant la guérison ainsi que dans le processus de l’immunisaltion la phagocytose est développée d’une facon très manifeste. INFLUENCE DES LÉSIONS NERVEUSES SUR LE DÉVELOPPEMENT DES O8, par M. le D" CEsarE GHiLzini, Chirurgien en chef des hôpitaux de Bologne. M. Kassowitz, dans ses recherches sur le rachitisme, ayant coupé le nerf sciatique chez plusieurs lapins en croissance, trouva, dans toutes SÉAN£SE DU 29 mal 524 ses expériences, même dans celles de courte durée, que le membre paralytique était augmenté en longueur plus que celui du côté sain. M. Kassowitz expliqua cet allongement par la paralysie des vaso-mo- teurs qui est consécutive à la section du nerf. Je me proposai d'entreprendre une série de recherches pour observer l'influence du système nerveux sur le développement et sur la crois- sance des os. Je voulus d’abord déterminer si le fait remarqué par M. Kassowitz, et confirmé aussi par M. Nasse, était vraiment l'effet cons- tant de la section du nerf ou bien s'il dépendait de quelques conditions extérieures. Pour cela, je fis un certain nombre de sections et de résec- tions du nerf sciatique chez des lapins âgés de deux mois. Quelques-uns de ces animaux, ainsi traités, furent renfermés, pendant toute la durée de l'expérience, dans des petites cages où ils n'avaient pas l’espace nécessaire pour marcher; les autres, au contraire, pris en égal nombre, furent laissés en liberté et, une ou deux fois par jour, on les poussait à courir pendant un certain temps. Je tuai ces animaux deux mois après l'opération. Dans quelques-uns de ceux qui avaient été laissés libres, je ne pus relever aucune différence appréciable dans la longueur des membres postérieurs ; dans d’autres, je trouvai le membre sain ; au contraire, tous les lapins renfermés dans les petites cages présentèrent un allongement plus ou moins notable du membre paralytique. J'obtins des résultats analogues chez deux jeunes lapins, paralysés d'un membre postérieur, à la suite d'une lésion de la moelle épinière. En effet, chez le lapin laissé en liberté, et qui mourut deux mois après l'opération, je retrouvai le membre paralytique, notablement plus court que celui qui était sain ; chez l’autre, au contraire, qui avait été tou- jours tenu renfermé, et qui fut tué deux mois après l'opération, je remarquai que le membre paralytique était plus long que celui du côté sain. De certaines particularités intéressantes que j'ai observées dans ces recherches, je m'en occuperai dans un autre ouvrage. Pour ie moment, mon seul désir est de mettre en relief que mes expériences, tout en confirmant la possibilité d’un accroissement en longueur plus actif dans les os d'un membre paralytique, démontrent, ainsi que les résultats de l'observation clinique, que ce fait ne dépend pas uniquement de la lésion nerveuse, qui produit plutôt l'effet opposé dans certaines conditions extérieures. Ces effets opposés furent déterminés dans mes expériences par les différentes conditions statiques créées dans le membre paraiytique des animaux en repos et des animaux en mouvement. Le plus haut degré d’accroissement en longueur que l’on obtient, dans le membre paralytique des animaux tenus en repos, correspond, selon moi, à l'allongement du membre inférieur constaté par MM. Verneuil, 0] 529 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Reclus et Karewski, dans les cas de luxation de la hanche, produite à la suite d'une paralysie enfantine, c’est-à-dire un allongement dérivé d'une diminution de pression. 1612.015.4] SUR LE DÉVELOPPEMENT TARDIF DU BACILLE DIPHTÉRIQUE, par M. le D° Kouos. J'ai l'honneur de communiquer à la Société plusieurs observations relatives au développement du bacille diphtérique. Ces observations présentent un intérêt, non seulement au point de vue diagnostic et pro- nostic, mais surtout au point de vue thérapeutique. Depuis 9 mois environ, j'ai fait, dans le laboratoire du « Monde médi- cal », 60 examens de membranes diphtériques (provenant soit de la province, soit de Paris), dans des tubes de culture renfermant du sé- rum de sang de bœuf gélosé ou gélatiné, dans une étuve à température constante. Ce milieu est en effet tellement favorable au développement du bacille diphtérique que 18-20 heures après, à 37 degrés, on observe déjà des colonies. Pour plus de certitude, je me sers également de microscope. Or, il résulte de mes recherches que contrairement à l'opinion géné- ralement admise, j'ai pu constater le bacille diphtérique après 4-5 jours dans 9 cas sur 60 observés. Le 24 mai, à 3 h. 1/2, j'ai mis dans l’étuve à température constante plusieurs tubes contenant des membranes diphtériques; le mardi 25, à 5 heures du soir, après examen des tubes, je n'ai constaté aucune modification, ni à la périphérie, ni au centre. Ce n'est que le 28, à 4 heures du soir, que j'ai pu voir des colonies en masse, et du reste j'ai l'honneur de les soumettre à la Société. Dans ces conditions, j'estime qu'il est prématuré de fixer un dia- gnostic du bacille diphtérique, seulement, après 18-20-24 heures de présence des tubes dans l’étuve. Tel est le résumé des faits sur les- quels je voudrais appeler l'attention de la Société. ENREGISTREMENT DES PRODUITS DE LA RESPIRATION, par M. G. Waiss. Les tracés graphiques que j'ai l'honneur de faire voir à la Société représentent en fonction du temps l'élimination de l'acide carbonique par des cobayes. L'appareil qui me sert est des plus simples à réaliser avec les instruments courants de laboratoire, il n’exige, en effet, qu un moteur électrique et un cylindre enregistreur. Le principe sur lequel je me suis SÉANCE DU 29 MAI 15923 basé a déjà été employé par Rédier pour construire une balance enre- gistrante Quintenz. Mais le dispositif de Rédier avait deux inconvé- nients. En premier lieu, il était solidaire de la bascule, et en second lieu les transmissions se faisant mécaniquement, l'appareil subissait de fréquents arrêts par suite de la délicatesse de certains ‘organes. L'enregistreur que j'emploie est extrêmement robuste et peut servir à l'inscription des variations de poids aussi bien sur une bascule de Quintenz pour peser l’homme que sur une balance de précision destinée à évaluer des fractions de gramme — car il n’est relié à l'appareil de pesée que par des connexions électriques. Il se compose essentielle- ment d’un moteur électrique, produisant une immersion plus ou moins considérable d’un plongeur cylindrique dans un vase contenant un liquide et placé dans un des plateaux d’une balance. Au moment des variations de poids du corps placé sur l’autre plateau, les variations d'immersion du plongeur rétablissent l'équilibre et il suffit d'enregistrer les déplacements du plongeur pour avoir la courbe des variations de poids. Le sens de la rotation du moteur esl commandé par des contacts électriques du fléau. Outre le dispositif que j'ai réalisé avec le matériel de mon labora- toire, j'ai fait construire un modèle par M. Richard. Il fonctionne bien quoique ayant besoin de quelques modifications de détail, c’est celui qui m'a servi à prendre ces tracés. Je me suis beaucoup préoccupé, cette année, de la recherche d'un bon moyen de dosage des produits de la respiration. Il n’y a pas de procédé équivalent à la pesée, mais on n’a généralement ainsi que l'acide carbonique total ou la vapeur d’eau totale pendant un laps de temps déterminé, on ne peut suivre la marche tu phénomène pendant le cours d'une expérience. . Mais si l’on place les appareils d'absorption à poste fixe sur le plateau d’une balance munie de mon enregistreur, on obtient la courbe continue du phénomène. La seule difficulté était de relier sans froltément ces appareils dabsorption à la cloche sous laquelle se trouve l'animal et à l’aspira- teur. On peut le faire à l’aide d’un joint hydraulique, mais cela n’est même pas nécessaire. Les oscillations du fléau sont, en effet, extrême- ment limitées, c’est à peine si elles sont visibles à l'œil ; dans ces condi- tions, j'ai constaté qu'en établissant la communication à l’aide de lubes en caoutchouc très souples et assez longs, on ne modifie pas la sensibi- lité de la balance. J'ai pu, de la sorte, installer un appareil enregistreur soit d'acide carbonique lorsque les tubes d'absorption contiennent de la potasse, soit de vapeur d’eau lorsqu'ils contiennent de la ponce sulfurique. Il est facile en changeant les dimensions du plongeur de faire varier la sensibilité de l’appareil dans des limites très étendues. Celle que 52% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE j'emploie est telle que 10 centimètres d'ordonnée de la courbe repré- sentent 3 gr. 3 de gaz fixé. L'erreur que comportent mes tracés est de l’ordre de l'épaisseur du trait. [612.45] L'ACTION DES AGENTS OXYDANTS SUR L'EXTRAIT DE CAPSULES SURRÉNALES, par M. P. LanGLois. _ L'injection intra-veineuse d'extrait capsulaire détermine une éléva- tion de pression dans tout le système artériel, avec ralentissement du rythme cardiaque. Mais cette élévation de pression est toujours passa- gère chez les mammifères. Oliver et Schäfer indiquent comme durée maxima 4 minutes chez un chien. Chez les animaux à sang froid, chez la tortue par exemple, nous avons vu au contraire le ralentissement du rythme cardiaque persister plusieurs heures après l'injection (1). La durée du phéromène n'est nullement en fonction de la quantité de substance injectée, tout au moins quand on emploie des doses relative- ment élevées, soit pour un chien de 7 kilogrammes, une dose supérieure à 2 milligrammes d'extrait sec de substance médullaire. D'autre part, on peut maintenir la pression pendant un temps prolongé, en faisant toutes les 3 minutes environ, c'est-à-dire chaque fois que la pression tend à baisser, une nouvelle injection de 2 milligrammes. Nous avons ainsi, chez un chien de 7 kilogr. 500, ayant recu 2.40 de peptone et ayant une pression basse de 9 centimètres de mercure, maintenu la pression à 14 centimètres pendant 35 minutes. Le manomètre étant revenu à 9,5, 3 minutes 30 secondes après la neuvième et dernière injection. Pour, expliquer l'action passagère de l'extrait, Oliver et Schäfer admettent que la substance active dialyse rapidement des vaisseaux pour aller agir ensuite sur le tissu musculaire strié. La ligature des vaisseaux rénaux ne modifie pas la durée de l’action vaso-constrictive, bien que Cybulski ait constaté chez le chien la pré- sence de l'extrait dans l'urine d'un chien ayant reçu des quantités con- sidérables d'extrait. Mais pour Cybulski lui-même, c'est par un processus d'oxydation que se détruit cette substance. Un mélange in vitro de sang et d'extrait capsulaire, reste cependant inactif. Des recherches actuellement en cours, avec M. Camus, nous ont montré que ce mélange conservait encore son activité spécifique, même après passage à l’étuve à 38 degrés, pendant 30 et 40 minutes. Le permanganate de potasse détruit la substance active. Mais il s'agit (1) Paul Langlois. Sur les fonctions des capsules surrénales. Thèse, Faculté des Sciences, Paris, 1897. ANR SÉANCE DU 29 MAI 525 là évidemment d’un agent beaucoup trop énergique qui s'attaque en fait à toutes les matières organiques. Nous avons cherché l’action de l’ozone et des ferments oxydants existant dans l'organisme. 50 centigrammes d'extrait sec de capsules de cheval, conservé ainsi depuis huit mois, sont triturés avec 250 grammes d’eau salée chaude. On filtre et les pesées du filtre indiquent que 8 centigrammes de subs- lances ont été entraînés par le liquide. Ce liquide, qui présente une coloration rose pâle, est divisé en trois parties. : A. — 80 grammes sont soumis à l'influence de l'ozone : on fait bar- boter pendant 45 minutes un lent courant d'air ayant traversé un ozoni- seur de M. Berthelot (6 accumulateurs et forte bobine d’induction). Cet air, après le barbotage dans l'extrait, est encore fortement chargé d'ozone et fait virer énergiquement au bleu une solution d’amidon iodurée. ; B. — 80 grammes sont mélangés avec 5 centimètres cubes environ de sang d’écrevisse et placés pendant vingt minutes à l’étuve. Le ther- momètre très sensible placé dans le liquide lui-même, indique, au bout des 20 minutes, la température de 34°,2. C. — 80 grammes ne sont pas traités et servent de solution témoin. La solution À avait été ozonisée la veille, elle présentait une diminu- tion très nette de la coloration rosée ; mais celte différence était surtout accentuée le lendemain; la partie C s'étant foncée très sensiblement alors que la solution ozonisée n'avait pas varié. La solution B a été mélangée au sang d'écrevisse au moment même de l'expérience, et nous n'avons pas noté de différence de coloration après le passage à l’étuve. Expérience. — Chien griffon de 10 kilogrammes. Recoit 2 gr. 50 de propep- tone dans la jugulaire. Canule dans la carotide. Les diverses injections sont poussées par la jugulaire, avec une vitesse constante de 1 centimètre cube par seconde, vitesse adoptée dans toutes nos recherches antérieures. PRESSION RYTHME EN 10" INJECTION Nr CE NET Avant. Après. Avant. Après. I. Solution normale : 8 cent. cubes . h) 11 45 8 IL. Solution ozonisée : 5 cent. cubes . 9 9 14 14 II. = — 10 cent. cubes . 9 9 14 12 IV. — — 15 cent. cubes . 9 10 A 14 V. Solution normale : 3 cent. cubes . Ne) 12 17 11 - VI. Solution avec oxydase : 5 cent. cine MIS 9 0010 VIL. — — 10cent. cubes . 8.5 nr LE 14 VIII. Solution normale : 3 cent. cubes. 9 12 1% où, IX. Solution ozonisée : 20 cent. cubes . 9 10,5 16 1% X. Solution oxydase : 20 cent. cubes 9 10 15 14 XI. Solution normale : 5 cent. cubes. . 8.5 12 15 7 BioLocre. CouPres RENDUS. — 10€ série, T. IV. rs [ 526 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous n'’insisterons pas sur l’action de l'ozone, dont le pouvoiroxydant très énergique permettait a priori d'affirmer la destruction de la subs- tance active, mais l’action d'un ferment organique oxydant est plus intéressante. Elle nous permet de concevoir le mécanisme même par lequel l'extrait capsulaire se détruit dans l'organisme. Nous voyons tou- iefois que les oxydases contenues dans le sang des mammifères sont moins actives ou en quantité beaucoup plus faibles que dans le sang des crustacés. C'est, en fait, une confirmation indirecte des recherches d’Abelous et de Biarnès (1), recherches qui nous avaient donné l'idée d'utiliser le sang des crustacés. Les faits signalés par nous de l'influence du refroidissement sur la prolongation de la période vaso-constrictive chez les mammifères, et par contre de l'influence du réchauffement sur la diminution de la même période chez la tortue, s'expliquent facilement si nous admettons que la température de 35 à 40 degrés est la plus favorable pour l’acti- vité des ferments oxydants chargés de la transformation de la substance active contenue dans l'extrait capsulaire. {Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) [612.119] ÉTUDE DE LA LEUCOCYTOSE DANS L'INTOXICATION ET L'IMMUNISATION EXPÉRIMENTALES PAR LA TOXINE DIPHTÉRIQUE, par MM. Josepa Nicocas et Pau Courmonr (de Lyon). (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing) (2). Désirant établir nos résultats sur une base solide, nous avons fait une étude préalable de la leucocytose normale et de ses variations chez les animaux en expérience. : Chez le cheval, le nombre moyen des leucocytes est de 7,000 par milli- mètre cube; il peut varier de 4,000 à 10,000. Chez le lapin, le nombre moyen des leucocytes est également de 7,000 par millimètre cube. Les variations accidentelles de la leucocvtose locale des vaisseaux de l'oreille sont très grandes, de 3,600 à 23,000. IL faut tenir compte de ce fait dans l'appréciation de la leucocytose géné- rale basée sur les numérations faites au niveau de l'oreille. I. — Dans l'intoxication rapide par des doses massives de toxine diphté- (1) Abelous et Biarnès. Sur l'existence d’une oxydase chez l’écrevisse, B. B., 20 février 1897 ; chez les mammifères, B. B., 20 mars 1897. (2) Il sera publié in extenso dans les Archives de médecine expérimentale de juillet 1897. SÉANCE DU 29 MAI 527 rique, le lapin ne présente jamais d'hypoleucocytose notable, c’est le plus souvent une hyperleucocytose très légère et plus rarement une hyper- leucocytose extrêmement élevée qui traduit la réaction de l'organisme à l’intoxication. Dans deux cas, nous avons obtenu les chiffres de 40,400 et de 89,000. Ces faits semblent s'expliquer par ce que l'organisme véritablement sidéré par le poison ou bien ne réagit pas, ou bien réagit d’une façon démesurée. Les variations leucocytaires (six expériences) ne sont donc pas aussi constantes ni aussi régulières que d’autres symptômes de cette intoxication massive, les variations thermiques par exemple ou la durée presque toujours constante de la survie. IT. — Dans l'intoxication lente avec des doses fragmentées de toxine, le lapin réagit de façon différente. Rarement (dans 1 cas) cette intoxication lente s'accompagne d’hypo- leucocytose (1,200), qui ne semble pas d’ailleurs un phénomène favorable. Presque toujours, elle produit une *yperleucocytose dont le degré est variable plutôt selon la susceptibilité de l’animal que selon la dose injectée. Voici un tableau résumant les résultats de l'intoxication diphtérique lente chez le lapin. DURÉE CHIFFRES EXPÉRIENCES DOSES et nombre max. et min. TEMPÉRATURE SURVIE des injections. de la leucocytose. I. Lapin. 1I5RECE 3 inj. en #4 j. de 6900 à 29000 + 5 jours. II. Lapin A. 1/10 c. À in EN 0e de 6000 à 21000 + 6 — Lapin B. 1/10c. » » de 4800 à 37000 + Indéfinie. E © © Q Q € Q III. Lapin A. 1/20 c. 2MINj Men MoN de 1200 à 12000 normale. 35 jours. Lapin B. 1/20 c. » » de 8000 à 15200 l AE IV. Lapin A. 1/2 c. 6 inj. en 30 j. de 6400 à 25000 ? 33 jours. Lapin B. 1/5 c. 5binj. env220]: de 5600 à 16800 + 2% — Si la mort survient rapidement, l'hyperleucytose est ordinairement progressive; si l'animal survit un certain temps, le nombre des globules blancs présente des oscillations considérables se prolongeant longtemps après la dernière injection. La réaction leucocytaire est souvent paral- lèle à la réaction thermique, mais ordinairement plus prolongée que cette dernière. Ce sont deux symptômes d'intoxication. III. — L'absence fréquente de réaction leucocytaire notable dans l’intoxication rapide, la constance de l’hyperleucocytose dans l’intoxi- cation lente par de faibles doses de toxine diphtérique doivent faire considérer l’hyperleucocytose comme une réaction de défense de l’orga- nisme au cours de l’intoxication. IV. — Nous avons recherché la réaction leucocytaire chez cinq chevaux au cours d'une longue immunisation contre la toxine diphtérique, soit au début, soit à un stade avancé de la période des injections et même dans les premières heures qui suivent celles-ci. Nous n’avons presque jamais 528 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE observé d’élévation ou d’abaissement notable du nombre des leucocytes. Les modifications de l'organisme qui produisent l’immunité semblent donc pouvoir s'effectuer en dehors de toute variation appréciable du nombre des globules blancs. Par conséquent, et l'hyperleucocytose élant un symptôme d'intoxication grave, une hyperleucocytose marquée au cours de l’immunisation indique qu’on injecte des doses trop fortes et dangereuses de toxine. En résumé : l'hyperleucocytose qui a la sigmficalion d'un symptôme d'intoxication, traduit en même temps la défense de l'organisme, mais n’est pas nécessaire pour l'immunisation. DEUX CENT QUARANTE CAS DE SÉRO-DIAGNOSTIC CHEZ LES TYPHIQUES, par M. Pauz Courmonr (de Lyon). Depuis le mois de juillet 1896, nous avons pu observer dans les hôpitaux de Lyon plus de 200 cas de fièvre typhoïde, au point de vue de la séro-réaction. Celle-ci a toujours été faile par nous-même dans des conditions identiques de manuel opératoire; d'où l'intérêt de cette statistique. Nous avons employé constamment le procédé rapide (emploi direct du sang pris au bout du doigt), sauf dansles dix premiers cas, (1); les cultures employées provenaient du même échantillon de B. d’Eberth, elles étaient faites le plus souvent dans le milieu peptoné-sucré que nous avons conseillé (2). Le mélange du sang aux cultures a toujours. été fait dans la proportion de 1 pour 10. Les 100 premiers cas ont été publiés dans la thèse de Dime (Lyon 1896) et dans la Presse médicale (3). La totalité de nos observations s'élève exactement à 240 chez les typhiques et 64 chez d'autres malades. I. Cas de fièvre typhoïde étudiés au début ou à la période d'état. — Ces cas sont au nombre de 167 (147 chez les adultes et 20 chez les enfants). Voici la période de la maladie à laquelle la réaction a été constatée : 13 cas dans les 6 premiers jours (1 au 3°, 2 au 4°, 3 au 5°, 7 au 6° jour), 40 cas au 7° ou 8° jour, 73 cas du 8° au 15° jour, enfin 41 cas du 15° jour à la fin de la maladie. Chez 7 de ces malades seulement, la réaction a fait défaut lors de notre premier examen et n'est apparue que plus tard dans l’ordre suivant : 1 cas, réaction absente le 5° jour, constatée le 8°; (4) P. Courmont. Séro-diagnostic de la fièvre typhoïde. Soc. de Biol., 25 juil- let 1896. (2) P. Courmont. Technique du séro-diagnostic. Province médicale, 13 dé- cembre 1896. (3) P. Courmont. Cent cas de séro-diagnostic. Presse médicale, 30 janvier 1897. : He SÉANCE DU 29 MAI 5929 2 cas : réaction absente le 6° jour, apparue le 10° jour; 1 cas : réaction absente le 8° jour et constatée le 15°; 1 cas, réaction absente le 10° jour, présente le 13°; 1 cas : réaction absente le 13° jour, constatée le 15°; enfin 1 cas de fièvre typhoïde bénigne où la réaction, à peine accusée le 14° jour, a été constatée lors d'une rechute quelques jours plus tard. Chez ces 167 malades, la séro-réaction n’a donc jamais fait défaut. Dans 2 autres cas seulement, le diagnostic de fièvre typhoïde fut porté et la maladie en revêtit les allures sans que nous ayons pu constater la réaction agglutinante à aucun moment de la maladie; dans un de ces cas d’ailleurs, une ponction de la rate ne permit pas de déceler le B. d'Eberth ; dans l’autre certains signes de dothiénentérie faisaient défaut. IT. Cas de fièvre typhoide étudiés après la quérison. — Le nombre total de ces cas s'élève à 72 et ils se répartissent de la façon suivante. Chez 58 de ces malades la réaction a été cherchée dans les 5 premiers mois après la guérison; elle a été tantôt présente, tantôt absente dans les proportions suivantes. Chez les adultes (36 cas). — Dans le courant du 1% mois, la réaction a été 23 fois posilive, 1 fois faible ; dans le courant du 2e mois, elle a été 6 fois positive, 1 fois faible, 1 fois négative ; du 3° au 6° mois, elle a été 1 fois négative, 1 fois faible, 1 fois positive (ce dernier cas au bout de 6 mois). Chez les enfants (22 cas, dont 6 étudiés deux fois à des périodes diffé- rentes, soit 28 réactions). — Dans le courant du 1° mois : 10 fois réac- tion positive, 1 fois réaction faible, 1 fois réaction nulle ; dans le cours du 2° mois : 5 fois réaction positive, 3 fois réaction négative, 4 fois réac- tion faible; du 3° au 5° mois : 3 fois réaction négative, 1 seule fois réaction positive. On voit par la comparaison de ces chiffres que chez l’adulte, les pro- priétés agglutinantes du sérum persistent environ 3 ou 4# mois en moyenne, tandis que chez l’enfant elles disparaissent plus rapidement et d'ordinaire dans le cours du 2° mois de la maladie. Chez 14 autres malades guéris de leur fièvre typhoïde, depuis au moins À an, nous avons trouvé rarement la réaction agglutinante. Elle n’était bien nette que chez 2 sujets ayant eu cette maladie À an et2ans avant l'examen du sang; chez les autres dont la guérison remontait à un temps variant de 1 à 25 ans, la réaction était absente dans 7 cas (2 ans, 3 ans (3 cas), 9 ans, 12 ans et 25 ans de guérison) et encore à l’état d’ébauche dans les 5 autres cas (1 an, 3 ans, 7 ans, 9 ans et 10 ans de guérison). II. Cas de malades non typhiques. — Chez 64 malades atteints des affections les plus diverses, nous avons cherché la séro-réaction (oreil- lons, scarlatine, érysipèle, diphtérie, pneumococcies, pleurésies, grippe, embarras gastrique, dysenterie, méningites (granulie, ete.….). Dans aucun de ces cas, sauf 1, nous n'avons constaté de réelles propriétés 530 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE agglutinantes du sérum. Dans 7 cas, il se formait bien de petits amas, mais beaucoup de bacilles restaient mobiles ; dans un seul cas (searla- tine) le sang et le sérum donnaient des amas assez volumineux, avec immobilisation de la presque totalité des bacilles; cette propriété du sérum disparut pendant la convalescence. Les 7 cas avec réaction par- tielle concernaient les faits suivants : oreillons, érysipèle, diarrhée chronique, phlegmon, dysenterie, endocardite infectieuse, stomalite. APPAREIL POUR LA RÉCOLTE ET LA DÉCANTATION ASEPTIQUES DU SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE, par M. FÉLIx JOURDAN, Vétérinaire, directeur de l'Institut vaccinogène de la ville de Grenoble. L'auteur s'est inspiré de l'appareil très primitif employé par M. Arloing, au laboratoire sérothérapique de la Faculté de médecine de Lyon. Il présente aujourd’hui un appareil plus considérable, per- fectionné, permettant de recueillir tout le sang que l'on peut retirer à un cheval en une saignée et de retirer ensuite le sérum dans les condi- tions les plus parfaites au point de vue technique. Description de l'appareil. — L'appareil de M. Jourdan se compose de deux pièces principales : un récipient; un support. 1° Le récipient est un tonnelet en verre, cannelé intérieurement, d’une capacité de 10 litres environ, muni de deux tubulures à la facon d’un flacon de Mariotte. Comme il doit être incliné au moment de la récolte du sang, il ne recoit jamais que 5 à 6 litres de ce liquide. La tubulure inférieure est fermée par un bouchon de caoutchouc à deux trous, maintenu en place par des brides métalliques d’une dis- position spéciale. L'un des trous livre passage à un tube de verre B doublement coudé. Gräce à la courbure intérieure, ce tube conduit le sang contre la paroi interne du récipient, ce qui évite qu'il ne soit battu avec l'air et ne mousse dans le tonnelet; grâce à la courbure exté- rieure, il sera plus facile de le souder à la lampe après la récolte du sang. L'autre admet un tube droit (A; dont le but est d'entretenir constamment des relations avec la cavité du récipient. Ainsi, pendant la saignée, il laisse échapper l’air au fur et à mesure de l'arrivée du sang; pendant la décantation du sérum, il sert à amorcer un siphon dont il va être question immédiatement. En effet, la tubulure supérieure, fermée elle aussi par un bouchon de caoutchouc, admet un tube de verre (C) coudé à angle droit à l'intérieur du tonnelet, de telle sorte que sa portion interne, pouvant osciller parallèlement à la paroi supé- rieure du récipient, vienne, à certains moments, plonger dans le sérum. Ce tube forme l'origine d’un siphon complété extérieurement par un SÉANCE DU 29 MAI 531 tube de caoutchouc (D) de 20 centimètres de longueur environ, aplati, au repos, par une pince à vis. 2 Le support est en métal nickelé. Il se compose d’un pied proprement dit et d'un système de préhension et de contention du tonnelet. | Le pied est formé d’un plateau de fonte (E), assurant une large base de sustention à l'appareil portant en son milieu une forte tige verticale cylindrique (F). Le système de préhension comprend une pièce métallique cintrée (G), suivant la courbure du tonnelet sur laquelle repose ce dernier. Il y est maintenu par des ailettes (11), qui saisissent ses deux bases et par une ceinture médiane (L). Les ailettes peuvent être écartées ou rapprochées, A \N Ke 2 7: Z NN À \ la ceinture peut être agrandie ou rétrécie, de manière à admettre des récipients de dimensions différentes. La pièce cintrée est reliée, en son milieu, à l’extrémité supérieure d'une tige creuse (M), par une articulation en forme de chape (N) dissi- mulant une vis sans fin engrenée avec un arc denté Z. La vis sans fin présente une forte tête (0), rendant son maniement facile. Elle permet de faire varier l’inclinaison du tonnelel sans imprimer de secousses ou d'ébranlements. Le système de préhension repose sur la tige verticale du pied, par sa tige creuse engainante. On peut l’élever plus ou moins, le long de la tige verticale du pied, et le fixer au point convenable, à l’aide d’une forte vis de pression (P). Toutes les pièces étant mises en rapport, l'appareil forme un en- semble d'aspect agréable. Usage. — Le tonnelet, avec ses tubes de verre bouchés par des tam- pons de coton, est stérilisé comme un récipient quelconque. Qc Co 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ensuite il est fixé sur le support dans une inclinaison moyenne, de manière qu'un plan passant légèrement au-dessous des deux tubulures soit à peu près horizontal. Le trocart plongé dans la jugulaire est mis en rapport, par un tube de caoutchouc, avec le tube adducteur de la base (B), désigné ci-dessus. Quand la récolte est terminée, on imprime un mouvement au tube de verre de manière que son extrémité libre plonge dans l’air du récipient : le tube de caoutchouc, séparé du trocart, brusquement abaissé au- dessous du plan sur lequel repose l’appareil, fait office du siphon, de sorte que tube caoutchouc et tube de verre se débarrassent du sang qu'ils contenaient et se remplissent d'air filtré. À ce moment, un jet de flamme dirigé sur l’inflexion extérieure du tube B permet de fondre le verre et de souder le tube sans occasionner les bris auxquels expose la présence du sang. Cette première opération étant terminée, on attend que la réaction du caillot sanguin s’accomplisse et que le sérum se sépare spontanément. Lorsque ce phénomène est achevé, le caillot se rétracte el se loge parti- culièrement dans la portion la plus concave, tandis que le sérum sur- nage et s’accumule à la partie antéro-supérieure du récipient. On saisit alors le tube C engagé dans le bouchon de la tubulure supérieure, en lui faisant décrire un demi-cercle ; on immerge ainsi sa portion interne dans le sérum; puis on enlève la pince comprimant le tube de caout- chouc, qui fait suite au tube de verre, et forme avec lui un véritable siphon; on insuffle une petite quantité d’air par le tube A adapté à cet effet dans le bouchon inférieur; le siphon s'amorce et le sérum est transvasé dans des conserves. Si les flacons de conserve sont disposés d’une facon convenable, on peut encore amorcer le siphon en aspirant une certaine quantité d’air de ceux-ci, après les avoir reliés toutefois au tonnelet. L'appareil présente surtout de très réels avantages, lorsqu'on veut retirer tout le sérum fourni par le sang. Pour achever l'opération indi- quée ci-dessus, on fait basculer le tonnelet d’arrière en avant, en ma- nœuvrant la vis sans fin O; grâce à ce déplacement lent et gradué à volonté, de nouvelles quantités de sérum viennent prendre la place de celles qui ont été décantées; on les retire aisément sans être gêné par la migration du caillot, car celui-ci est retenu en place par adhérence aux rainures du tonnelet. Restant en place, le coagulum n'est pas exposé à se briser et à laisser échapper des globules rouges. L'appareil à décantation de F. Jourdan permet done de recueillir aseptiquement le plus de sérum possible, citrin, limpide, en un mot dans d'excellentes conditions. SÉANCE DU 29 MAI 533 (612.792.7] LA TOXICITÉ DE LA SUEUR DE L'HOMME; SES VARIATIONS: SES RAPPORTS AVEC LA TOXICITÉ URINAIRE, par M. S. ARLoING (de Lyon). Dans une communication du 19 décembe 1896, j'affirmai la toxicité de la sueur de l'homme en parfaite santé. Depuis cette époque, j'ai multi- plié mes expériences, et je n’ai rien à retrancher de mes premières déclarations. J'ai poursuivi mes études sur les mêmes espèces, par les mêmes pro- cédés, avec des sueurs recueillies suivant les deux modes précédem- ment indiqués, mais dans des conditions variées. J’ai simplement modi- fié le degré de concentration auquel j'amenai les extraits aqueux retirés des lainages mis en rapport avec la peau. Il m'a paru inutile de réduire ces extraits au-dessous du volume correspondant de sueur naturelle. On commence donc par doser le chlorure de sodium contenu dans un extrait; on évalue, d'après cette analyse, la quantité de sueur dis- soute dans ce dernier; on réduit ensuite la solution aqueuse à cette quantité par évaporation à chaud ou dans le vide. De la sorte, on évite de précipiter certains principes de la sueur, de plus, on peut comparer volume à volume les extraits aqueux et les échantillons de sueur naturelle avec moins de chance d'erreur. J'établissai, dans la communicalion précitée, qu'injectée dans le sang, la sueur entrainait la mort du chien à la dose moyenne de 15 cen- timètres cubes par kilogramme de poids vif, celle du lapin à la dose de 25 centimètres cubes, dans un délai de 24 à 72 heures; qu'en aucun cas, je n'étais encore parvenu à tuer les animaux sur le coup. Aujourd'hui, je suis en mesure d'ajouter un certain nombre de rensei- gnements complémentaires. . Je n’ai jamais rencontré d'extraits ou de sueurs naturelles dépourvus de toxicité. C'est-à-dire que je n’ai jamais fait une injection intra-vei- neuse de sueur sans entrainer de troubles graves. Lorsqu'on approche des doses nocives sus-indiquées, il est très rare que les sujets ne soient pas voués à une mort certaine. Quand la terminaison fatale n'arrive pas dans les trois premiers jours, les empoisonnés dépérissent graduelle- ment et meurent plus tard, parfois au bout de quelques semaines, dans un état cachectique avancé. Au surplus, si l’on injecte 1/6, 1/4, 1/3 de la dose mortelle, on observe des effets immédiats et consécutifs propor- tionnés, mais visibles sur le chien dans tous les cas. Si la toxicité est certaine, elle varie néanmoins suivant les circons- tances qui accompagnent ou précèdent la sudation et suivant les per- sonnes qui fournissent la sueur. Le mode de préparation des extraits imprime aussi quelques modifications. Enfin, les sujets, dans une espèce donnée, présentent au poison une résistance plus ou moins grande. LQ 5934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pour apprécier des différences dans le degré de toxicité, il faut se borner à l'emploi de doses sub-mortelles. Alors les différences se jugent non seulement par la mort ou la survie plus ou moins prolon- gée, mais encore par la gravité des troubles immédiats. De là, l’obliga- tion de bien observer les animaux. La sueur, sécrétée pendant un travail musculaire pénible, est plus riche en principes toxiques que la sueur sécrétée durant les circons- tances ordinaires de la vie. Dans la première condition, la toxicité peut s'élever de 1/4 et même de 1/3 au-dessus de la toxicité normale. La sueur provoquée par un moyen artificiel de sudation (bain à l’étuve sèche), à la suite d'un travail musculaire pénible et prolongé, possède aussi une grande toxicité. Elle l'emporte beaucoup, à ce point de vue, sur la sueur provoquée par les mêmes moyens après un repos prolongé. J'ai vu la sueur de telle personne, sécrélée après le repos, laisser sur- vivre le chien, à la dose de 22 centimètres cubes par kilogramme, et l'emporter en 24 heures, à la dose de 15 centimètres cubes, lorsqu'elle était sécrétée après un long exercice à bicyclette. Toutes choses étant égales d’ailleurs, les sueurs obtenues par un moyen artificiel de sudation présentent un minimum de toxicité. Mais ce minimum peut néanmoins être fort élevé, comme je l'ai dit ci-dessus. I est également élevé dans la sueur obtenue après une rétention causée par le refroidissement de la peau. Dans un cas de ce genre, la sueur a tué le lapin à raison de 18 centimètres cubes par kilo- gramme. Chez une même personne, la toxicité de la sueur n’est pas constante, parce que rien ne varie comme les condilions dans lesquelles s'accom- plissent, d’un jour ou d’un moment à l’autre, les phénomènes de nutri- tion et de sécrétion. Entre deux personnes, s'entretenant dans des conditions en appa- rence identiques, on peut relever des différences dans la toxicité. Celles-ci se chiffrent simplement par 2 à 3 centimètres cubes par kilo- gramme. Ou bien, à dose égale, un échantillon tue le sujet en 24 heures, tandis que l’autre le laisse survivre quelques jours. Quand j'ai rencontré ces différences, elles se sont maintenues entre les mêmes personnes pendant plusieurs épreuves. J’ai dit, au mois de décembre dernier, que les extraits aqueux con- centrés à chaud jouissaient, malgré ce, d’une forte toxicité. J’ajouterai, cependant, qu'ils sont un peu moins actifs que les extraits concentrés dans le vide à + 25 degrés. Je signalerai enfin, chez les animaux servant à apprécier les qualités de la sueur, des différences de susceptibilité individuelle très remar- quables. Sans cause connue, certains chiens ou lapins résistent à une dose mortelle pour un de leurs compagnons. Lorsqu'un sujet a mani- festé pareille résistance à un échantillon donné, il la montre encore ©6 CS (or SÉANCE DU 29 MAI pour la sueur d'autre provenance. On observe des faits analogues dans les études sur la toxicité des sérums sanguins. J'ai étudié comparativement la toxicité de la sueur et de l'urine d'une même personne. J'ai vu qu'elle s'élevait de part et d’autre pendant un travail musculaire fatigant et pendant les heures de repos qui le sui- vent immédiatement. Ainsi, quand la toxicité de la sueur oscillait autour du maximum, le coefficient de la toxicité urinaire variait de 82 à 57 centimètres cubes par kilogramme de lapin, au lieu de 132 cen- timètres cubes, chiffre représentant, pour Guinard, le coefficient de toxicité normal. Je ne veux pas dire pour cela que les deux liquides puisent leurs poi- sons à la même source, ni que les poisons soient identiques; j exprime simplement un fait dont je tirerai parti ultérieurement. Bref, la sueur de l’homme en parfaite santé jouit de propriétés toxiques incontestables, présente à des degrés variables, suivant un certain nombre de circonstances que je me suis plu à indiquer. Ces propriétés sont de nature à faire réfléchir le pathologiste; effective- ment, si nous supposions à l'homme la susceptibilité du chien, il serait empoisonné par la rétenlion des produits sudoraux qu'il élimine en 24 à 30 heures. En terminant, je tiens à remercier particulièrement M. le D' Sonrel et M. Berthe, car c'est à leur obligeance que je dois tous mes échantillons de sueur naturelle. [612.45] LES LÉSIONS DES CELLULES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL APRÈS L'ABLATION DES CAPSULES SURRÉNALES, par M. le D' E. Donernt. Après l’ablation des capsules surrénales, on a chez les animaux des faits d’auto-intoxication; ces faits ont déjà été mis en évidence par les physiologistes; il en résulte des altérations du système nerveux central, altérations qui portent sur ses éléments, comme l'ont démontré du reste Ettlinger et Nageotte (Comptes rendus de la Société de Biologie, 189,6, p. 966). J'ai voulu toutefois revenir sur cet argument et étudier les alté- rations qui se produisent. Mes expériences ont porté sur des cobayes et des lapins. Je leur ai fait l’abiation des deux capsules toujours en un temps et j'ai suivi de préférence la voie dorso-lombaire, la voie abdominale donnant des résultats peu favorables. Inutile de dire que j'ai pris les plus grandes précautions antiseptiques dans ces opérations. Les cobayes ont survécu en moyenne de 15 à 48 heures; les lapins se sont montrés plus résistants puisque l’un vécut8 jours et que le dernier, opéré depuis 20 jours, est encore vivant, quoique considérablement amaigri. 536 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le système nerveux a été enlevé tout de suite après la mort des animaux. J'ai étudié le cerveau, le cervelet et la moelle épinière. L'examen des cellules nerveuses, pratiqué avec la méthode de Nissl et avec une autre méthode que j'ai déjà ici mentionnée, m'a donné des résultats semblables. L'examen attentif montre çà et là quelques rares celluies d'aspect normal; mais à côté de ces premières, on en trouve d’autres qui sont le siège d'altérations manifestes, et cela dans les différents segments exa- minés : la répartition des lésions n’est toutefois pas homogène, puisque le maximum se trouve au bulbe et le minimum au cervelet. Parmi les cellules, les unes conservent leur protoplasma, les autres non. Parmi celles qui le conservent, on a comme caractère commun l'aspect gonflé de ce même protoplasma; quelques-unes d’entre elles ont leur noyau central, mais vésiculeux et occupant la plus grande partie de la cellule; d’autres ont leur noyau refoulé à la périphérie et aussi vésiculeux. La substance chromatique de ces cellules, tandis que dans le cerveau et le cervelet elle apparaît sur plusieurs points normale, dans le bulbe au contraire, elle devient dans la plus grande partie granuleuse; dans quelques cellules, on ne trouve plus qu'un résidu de substance chroma- tique là où sont les prolongements : ce résidu est orienté suivant ces mêmes prolongements; il est toutefois moins dense et séparé par des espaces brillants. D'autres cellules ensuite ont perdu leur noyau et on peut les dire en voie de destruction; elles semblent ratatinées : de la cellule, il reste le contour et cà et là un peu de substance chromatique irrégulièrement distribuée et complètement granuleuse; il reste des espaces clairs, brillants qui sont souvent situés à la périphérie de la cellule et qui ont des contours nets, des formes variées, souvent semi-lunaires. Les prolongements des cellules qui possèdent encore de la substance chromatique, sont gros, volumineux en proportion avec le volume de la cellule; dans les cellules en voie de destruction et désagrégées, le pro- longement aminci n’est plus bien net. Telles sont les lésions que j'ai notées après l’ablation des capsules surrénales, qui, si elles ne sont pas spéciales à cette forme d’auto- intoxication, démontrent toutefois à l'évidence, comment la cellule ner- veuse troublée dans sa nutrition s’altère progressivement. Le premier trouble, il me semble, porterait ainsi sur le volume du noyau, puis sur son orientation : on aurait ensuite sa disparition avec altérations variées de la substance chromatique, pouvant aller jusqu'à la destruction de cette dernière. En même temps la cellule s’altère dans son volume et dans sa forme. (Travail du laboratoire de la Clinique des Maladies nerveuses.) SÉANCE DU 29 MAI 531 [612.161 QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES SPHYGMOMÉTROGRAPHES. Note de M. PHILADELPHIEN, présentée par M. CApPITan. M. le D' Veiss, dans sa communication du 16 avril 4896 à la Société de Biologie, a fait une étude comparative sur les différents sphygmo- graphes et sur les tracés, en expérimentant sur une artère artificielle en caoutchouc, dans laquelle un moteur électrique lancçait une onde toujours identique sous la même pression: en effet, ajoute M. Veiss, un même sphygmographe donnait toujours les mêmes tracés. À cette manière d’expérimenter, il y a à faire une objection assez im- portante : il ne suffit pas seulement d’avoir toujours la même onde dans l'artère, pour conclure qu'on se trouve dans des conditions identiques afin de pouvoir comparer les tracés pris par différents sphygmographes. Non seulement pour différents sphygmographes cette condition est insuffisante, mais même pour un seul, et la raison est que le tracé change de forme suivant la pression exercée sur l'artère. Rien n'est plus vrai. Il suffit, pour le vérifier, de prendre des tracés avec un sphygmographe quelconque en modifiant la pression. Moi-même, dans la communication que j'ai faite le 15 février 1896 sur le sphygmométrographe à la Société de Biologie, j'ai présenté un certain nombre des tracés, qui démontraient, de la facon la plus évidente, la plus nette, que la forme et l’amplitude du tracé dépend de la pression exercée par le levier sur l'artère. Or, si cela est vrai et démontré depuis Vieroldt, comment est-il possible de comparer les tracés des différents sphygmographes; les tracés d’un seul même, si ces appareils ne possèdent pas la qualité d'indiquer par exemple avec quelle pression on a pris un premier tracé, avec quelle un deuxième ? Il est bien évident que cette manière d’expérimenter ne comporte aucune exactitude dans la comparaison des tracés. Ceci nous conduit à trouver la cause du désaccord des physiologistes et de cliniciens sur l'interprétation des tracés et le peu des services que la sphygmographie a rendu à l'examen clinique du pouls par le simple examen digitalique. Au moins nos doigts possèdent la qualité d’avoir la sensation de la pression qu'on fait sur l'artère, et avec l'habitude on peut arriver à avoir des notions beaucoup plus nettes que celles données par les tracés d’un sphygmographe ordinaire, tracés pris sans aucun contrôle sur la pression. Le pouls est une force; pour étudier cette force, nous devons le faire d’après les lois de la Physique. Comme le tracé du pouls est j’effet et l'expression de cette force, nous ne pouvons et nous ne devons tirer aucune conclusion si nous ne connaissons pas la pression que nous exercons, c'est-à-dire la résistance que nous opposons par le levier de l'appareil sur l'artère, résistance qui influe sur la forme du tracé. 538 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a ———.——"—]—"—"—"—|—|—|——— Comment voulez-vous, par exemple, comparer deux tracés, dont l’un est pris avec une pression de 3 centimètres de mercure et l'autre avec 8? M. Veiss, en finissant, dit qu’il yauraitgrand intérêt à demander aux physiologistes de suivre dans la prise des tracés certaines règles. Nous sommes de son avis et comme conclusion de ce que nous écrivons, nous disons que le premier axiome à suivre, c'est que le fracé change de forme suivant la pression exercée sur l'artère. En me basant sur ledit axiome, j'ai fait le sphygmométrographe, appa- reil qui possède justement cette’ qualité sine qua non d'indiquer pour chaque tracé la pression avec laquelle il a été relevé, ainsi que la pres- sion totale de l'artère par son écrasement complet. PRÉSENCE DU PNEUMOCOQUE DANS LES POUSSIÈRES D’UNE SALLE D'HÔPITAL, par M. le D° NETTER. (Travail du laboratoire d'hygiène de la Faculté de Paris.) On a pu établir jusqu'ici l'existence de divers agents pathogènes dans les poussières des appartements. C’est ainsi que l'on y a décelé, suivant les cas, la présence du bacille de la tuberculose, du streptocoque et du staphylocoque pyogènes, des bacilles de la septicémie et du tétanos, etc. Ces constatations ont une grande importance pour l'étiologie de ces diverses maladies. Il n'existe encore, à l’heure actuelle, aucun constatation du même ordre pour la pneumocoque. Pawlowky et Uffelmann ont, il est vrai, dit avoir trouvé le pneumocoque dans l’air ; mais l’organe isolé par eux était non le pneumocoque, mais le bacille encapsulé et il en est de même du microbe trouvé par Emmerich, dans l’entrevous, par Jakowski, sur le sol de locaux où il y avait eu des cas de pneumonie. Tout porte, cependant, à faire penser que l'agent pathogène de la pneumonie doit être assez souvent en suspension dans l'air atmosphé- rique, et que les poussières résultant de la dessiccation des crachats pneumoniques jouent dans la transmission de la pneumonie un rôle tout à fait comparable à celui des poussières résultant de la dessic- cation des crachats tuberculeux. Dans notre mémoire sur lacontagion de la pneumonie publié en 1888 dans les Archives générales de médecine, nous avons rapporté des obser- vations de pneumonie se succédant dans une même pièce habitée par des locataires différents, et nous avions montré par nos expériences SÉANCE DU 29 MAI 539 personnelles et celles de Bordone Uffredozzi, la persistance de la viru- lence des crachats pneumoniques desséchés. Le D' Cassedebat a obtenu depuis des résultats concordants. De même que Tappeiner rendait des animaux tuberculeux en leur faisant inhaler des poussières de crachats de phtisiques, Emmerich, Donissen et Matter ont obtenu des pneumonies par inhalation, à l’aide de cultures de pneumocoques. Pour compléter l’analogie, il fallait encore réaliser pour la pneumonie l’expé- rience de Cornet, c’est-à-dire démontrer directement la présence du pneumocoque dans les poussières atmosphériques. Cette lacune est désormais comblée. Nous avons, en effet, établi que dans les salles d’un hôpital, les pous- sières déposées à la surface des murs renferment des pneumocoques virulents. Avec deux bourres de coton stérilisé, nous avons, à l’aide d’eau sté- rilisée, recueilli les poussières d’un mur faisant face au dos du lit d’un malade, sur une surface de un mètre carré en un point où n’ont pu être projetés directement les crachats du malade. Le malade occupart ce lit au moment du prélèvement était atteint de tuberculose pulmo- naire. L'opération a été faite Le 22 avril. Le 19 mai, une de ces bourres a été lavée avec soin dans de l’eau sté- rilisée. Les produits du lavage ont été centrifugés. Le sédiment dilué dans 3 centimètres cubes a servi à l’inoculation de trois jeunes cobayes. Deux ont été inoculés dans le péritoine, un troisième dans le tissu cellulaire et le péritoine. Le premier des cobayes inoculés dans le péritoine est mort le 25 mai. Celui qui a été inoculé à la fois dans le péritoine et le tissu cellulaire est mort le 26 mai. Ils présentaient tous deux une péritonite fibrino- purulente généralisée, avec épanchement modéré dans les deux plèvres et augmentation du volume de la rate. Les liquides des séreuses et le sang renfermaient des organismes groupés par deux, entourés de cap- sules, qui avaient tout à fait l'apparence de pneumocoques. Les cultures sur gélose et dans le bouillon ont confirmé les présomptions tirées de cet aspect, ainsi que les inoculations au cobaye, au lapin et à la souris. Ces inoculations ont même montré qu'il s'agissait de pneumocoques très virulents tuant la souris et le cobaye en moins de vingt-quatre heures. La présence du pneumocoque dans les poussières atmosphériques, est donc incontestable. Le temps écoulé entre le prélèvement et l’ino- culation a été d’à peu près un mois ; et cependant, les pneumocoques étaient restés virulents. Nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur le même sujet. L’ex- périence que nous avons rapportée fait partie d’une longue série d’ex- périences en cours sur Les poussières atmosphériques. 540 à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il nous a paru utile de signaler, dès à présent, cette constatation. Nous la croyons absolument nouvelle et nous avons en vain recherché mention de faits analogues dans les nombreuses expériences de Cornet, de Praussnitz et de Petri. Cette différence tient peut-être à ce que ces auteurs ne se sont pas comme nous adressés à des jeunes cobayes. Le cobaye adulte résiste, en effet, très souvent aux inoculations du pneu- mocoque. Le Gérant : G. MASson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 541 SÉANCE DU 5 JUIN 1897 M. G. Weiss : À propos du procès-verbal de la dernière séance. — MM. Loir et Panet : Sur la sérothérapie du Rouget du Porc. — M. Louis Lécer : Mutilation pathologique et régénération chez le Protoptère. — MM. Caarrix et ManGIN : Sur l’innocuité des toxines pour certains végétaux. — M. Auc. Mrcuez : Sur le collage des coupes de paraffine par simple dessiccation et sur le choix des paraffines. — M. AzrReD Giarp : Sur un point de l’histoire des globules polaires. — MM. F. Br- ZANÇON et V. GRirFoN : Pouvoir agglutinatif du sérum dans les infections expéri- mentales et humaines à pneumocoques. — MM. A. Grirgert et M. GARNIER : De la main succulente dans l'hémiplégie. — M. le Dr Pau MarcuaL : La castration nutriciale chez les hyménoptères sociaux. — M. H. Vaourz : Nouvelle observation de splénectomie chirurgicale avec examens du sang. Présidence de M. E. Dupuy, vice-président. À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL DE LA DERNIÈRE SÉANCE, par M. G. Weiss. Je remercie beaucoup M. Philadelphien des quelques conseils qu'il veut bien me donner pour expérimenter d'après les lois de la Physique; mais je lui ferai remarquer qu’il me prête très gratuitement des erreurs que je ne crois pas avoir commises. J'ai dit, dans ma note du 45 février, qu'un même sphygmographe appliqué sur mon artère artificielle donnait toujours le même résultat; M. Philadelphien considère cela comme impossible ; peut-être n’a-t-il pas encore assez l'habitude de l’expéri- mentation pour en juger ainsi? J'ai, à diverses reprises, causé de mes expériences à M. Marey, dont l'avis est diamétralement opposé à celui de M. Philadelphien; ne pouvant avoir à la fois l'approbation de ces deux expérimentateurs, jai la faiblesse de préférer celle du premier. Quant à ce qui est des sphygmométrographes à poids, je n’ai comparé aux sphygmographes que le modèle de Brondel. Après quelques essais, j'ai écarté celui de Philadelphien, sans y insister dans ma note, parce que je crois qu'il ne faut pas décourager les débutants dans leurs tentatives expérimentales, même les moins adroites. Brococre. ComPTrEs RENDUS. — 10€ SÉRIE, 1. LV, 43 542 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA SÉROTHÉRAPIE DU ROUGET DU PORC, par MM. Loir et PANET. (Travail de l’Institut Pasteur de Tunis.) À la fin de l’année 1896, on a signalé, sur les porcs d'Algérie, l'appa- rition d’une épidémie de Rouget. Comme les colons tunisiens achètent de nombreux porcs en Algérie, et que l'élevage de cet animal tend à se répandre de plus en plus dans la Régence de Tunis, nous avons pensé qu'il était du devoir de l’Institut Pasteur de Tunis de chercher si on ne pourrait pas trouver un sérum curatif qui serait plus commode à manier que les vaccins actuels. Nous avons fait différentes expériences, et en particulier, nous nous sommes adressés au pigeon, animal sur lequel le microbe du rouget s’exalte en virulence, par passages successifs, tandis que, sur le lapin, ce microbe s’atténue lorsqu'on le reporte ensuite sur le porc, comme l’ont démontré MM. Pasteur et Thuillier, dans leur pre- mière note sur le rouget. Les résultats auxquels nous sommes arrivés sont intéressants, et nous allions les continuer sur des porcs, lorsque M. Leclainche a publié une étude sur la sérothérapie du rouget chez le lapin. C’est l'apparition de cette note qui nous engage à publier les quelques expériences qui suivent. Nous obtenons, chez le pigeon, un sérum beaucoup plus actif que celui obtenu par M. Leclainche, puisque ce sérum, inoculé à un pigeon neuf 48 heures après l'inoculation virulente, le protège encore. Voici dureste nos expériences. 2 pigeons ont reçu, en janvier, une culture très atténuée de rouget, puis, 15 jours plus tard, la culture du sang d’un premier passage par pigeon, et successivement, la culture du sang d’un 2°, d’un 3°, 4°, %°, 6° et 7° passage par pigeon. Au commencement de mai, ces animaux ont recu sans accident, sous la peau, 30 centimètres cubes d’une culture d’un 7° passage par pigeon qui tue le témoin en 3 jours, à la dose de 3 à 4 gouttes. Depuis le mois de janvier, ils ont recu chacun 300 centimètres cubes de cultures de rouget de différentes virulences. On saigne ces pigeons au commencement du mois de mars; avec le sérum obtenu, on fait les expériences suivantes : 3 pigeons ont recu, en même temps, une dose 3 fois mortelle de virus 6° passage et1/2 centimètre cube de sérum. Ces animaux ont tous résisté, tandis que les témoins inoculés sont morts en 3 jours. Saignée d'avril; avec le sérum obtenu, on fait les expériences sui- vantes : 3 pigeons, À, B, C, ont été inoculés avec une dose 5 fois mortelle de virus 1° passage. SÉANCE DU D JUIN 543 A a recu 24 heures après 1/2 centimètre cube de sérum. B — 36 — 1/2 — — CO — 248 — 1/2 — — Ces animaux sont morts en 6 jours avec un retard de 3 jours sur deux témoins qui avaient reçu le virus seul. L'insuccès de cette expérience vient de ce que la quantité de sérum injectée n'était pas proportionnelle à la dose de virus. Saignée de mai; avec le sérum obtenu, on fait les expériences sui- vantes : 4 pigeons, D, E, F, G, ont été inoculés avec une dose 1 fois 1/2 mor- telle de virus 7° passage. D et E ont recu 24 heures après 1/4 centimètre cube de sérum. Fa — 36 — 1/4 — —— Ca hi NAS Le 1/4 = _ Ces animaux ont tous résisté, tandis que 3 témoins, inoculés avec la même dose de virus seul, sont morts en 4 Jours. Notre sérum, injecté en même temps que le virus, ne procure pas l’immunité comme celui de M. Leclainche, car 2 pigeons inoculés en même temps, au mois de mars, avec du sérum et du virus et qui avaient résisté, ont été tués un mois après avec une dose assez forte, il est vrai, de virus virulent. Nous nous proposons de continuer ces expériences en appliquant notre sérum aux porcs. MUTILATION PATHOLOGIQUE ET RÉGÉNÉRATION CHEZ LE PROTOPTÈRE. Note de M. Louis LÉGER, présentée par M. À. Giarp. Au mois de mai de l’année dernière, une quinzaine de Protopterus annectens renfermés enccre dans leur motte de vase desséchée nous furent apportés du Sénégal. On avait découpé avec soin des eubes de terre renfermant ces animaux, dont la présence est marquée à la sur- face de la vase durcie par un orifice étroit qui communique avec la chambre tapissée de mucus desséché où se tient le dipneuste, et des- tiné, sans doute, à permettre les faibles échanges respiratoires que nécessite, néanmoins, cette période de vie ralentie. Les mottes furent brisées à l’arrivée, et les Protoptères extraits de leurs cocons dans lesquels ils sont complètement pliés en deux, comme on le sait, de facon à ce que leur extrémité caudale, riche en vaisseaux, vienne s'appliquer étroitement sur leur tête en recouvrant les orifices nasaux; disposition qui est peut-être destinée à faciliter l'hématose pendant cette période de ralentissement fonctionnel. 544 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Placés dans un vaste récipient avec de l’eau douce, ils reprennent leur vie active en manifestant leur retour à la lumière par une sorte de cri tout particulier, analogue à un faible coassement de grenouille ; après quoi ils se détendent et commencent à nager lentement. Parmi ces animaux, dont la plupart étaient absolument sains et intacts, j'en remarquai quelques-uns qui montraient des taches blan- châtres, opaques en divers points de leur tégument superficiel et plus particulièrement aux deux extrémités du corps. Deux d’entre eux sur- tout présentaient, outre de nombreuses taches blanchätres, des ulcéra- tions profondes du tégument avec destruction des tissus: chez l’un, la queue avait complètementdisparu et l'animal était tronqué au niveau des appendices postérieurs; de plus, l’une des nageoires antérieures était presque entièrement détruite par le même processus et une large tache blanchätre s’étendait sur toute la partie antérieure de la tête recou- vrant totalement les yeux dont l’un paraissait complètement désorganisé. Chez l'autre individu, la queue était également en grande partie dispa- rue et les deux nageoires antérieures tronquées presque au ras du corps. Partout les mêmes taches recouvrent les plaies qui terminent les régions mutilées. L'examen bactériologique des points ulcérés m'a montré que les taches blanches qui les recouvrent, sont constiluées par une prodigieuse quantité de diplocoques qui, se développant à la surface de l'animal, désorganisent bientôt, de proche en proche, les tissus sous-jacents. Ces bactéries, en forme de grain d'orge, sont toujours accouplées bout à bout, le couple mesurant environ 2.7 à 3 & de longueur. Outre les cellules épithéliales détruites et les bactéries, la préparation montre des cellules sphériques granuleuses avec un gros noyau qui paraissent être des cellules glandulaires en voie de dégénérescence. À ce moment, je n'ai pas vu d'autre élément parasitaire qui puisse êlre mis en cause pour le processus destruclif observé, et je pense que la disparition de la queue et des appendices chez ces deux poissons est due à ce diplo- coque inoculé, sans doute, à la faveur d’une solution de continuité anté- rieure à l'enkystement et évoluant des extrémités vers le centre en désorganisant les tissus au fur et à mesure de sa progression. Ces deux Protoptères malades et mutilés furent mis dans une vaste cuve avec une petite quantité d’eau afin de faciliter leurs mouvements respiratoires, qui nécessitaient, néanmoins de leur part, de brusques contorsions dues à la privation d’appendices natatoires. On leur donna “comme nourriture des vers de vase et de jeunes lombrics qu'ils dévo- raient avec avidité. Au bout d'une dizaine de jours, les taches blanchâtres bactériennes sont considérablement réduites en surface et en épaisseur, car elles perdent peu à peu leur opacité et on commence à apercevoir au-dessous d'elles les tissus de l'animal. Fo SÉANCE DU D JUIN 04 Qc Au bout de trois semaines environ, la tête du premier ne présente plus de taches blanchâtres, elle est parfaitement saine et les yeux qui étaient si profondément altérés au début sont revenus à l’état normal, car l’animal y voit très bien et se dirige vers les appâts qu'on lui présente, ce qu'il ne faisait pas auparavant. Les taches blanchâtres ont également disparu chez les deux Protoptères, et leur région caudale mutilée débarrassée de la couche de bactéries commence à montrer un petit bourgeon saillant partant de la région médiane, c’est-à-dire dans le prolongement de la notochorde. Les deux animaux sont maintenant très vifs et continuent à absorber une nourriture abondante. Au bout d'un mois et demi, le bourgeon caudal s’est notablement allongé, mais toujours avec prédominance de la région médiane, tandis qu’en haut eten bas de celle-ci, se trouve une échancrure montrant que la réparation se fait moins vite en ces points; les nageoires antérieures commencent également à repousser. Au bout de trois mois, la queue et les nageoires sont à peu près com- plètement régénérées chez ies deux individus et il n'y a plus trace de bactéries à la surface de leur corps. Cette D ecnalion montre : 1° L'infériorité de résistance à l'infection chez les animaux en état de vie ralentie; infériorité due à la diminution considérable de l’activité phagocytaire qui à permis au bacille de se multiplier activement et d'effectuer de graves désordres dans l'organisme. 2° Le retour de cette résistance avec le retour à la vie active mani- festée par une circulation plus intense et une phagocytose proportionnée qui triomphe alors aisément de l’envahissement microbien pourtant énorme. 3° Le pouvoir de régénération chez le Protoptère, qui a permis la restauration complète de portions considérables de l'organisme, fait au moins digne de remarque chez un dipneuste, si l’on se rappelle que la régénération est plutôt rare chez les Poissons, tandis qu’elle est de règle, au contraire, chez les Urodèles. À 8 SUR L’INNOCUITÉ DES TOXINES POUR CERTAINS VÉGÉTAUX, LE NE à par MM. CnarriN et ManGin. Fe On sait que, généralement, un bouillon épuisé par un germe patho- gène devient un milieu stérile pour un second germe; c’est ainsi que la bactéridie charbonneuse placée dans des cultures filtrées du bacille du pus bleu, évolue péniblement, se montre à peine virulente, offre des Re 546 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE anomalies déerites par Guignard et Charrin, anomalies qui dispa- raissent quand la bactérie est replacée dans des conditions normales de végétation. La stérilisation des milieux, ainsi réalisée pour les germes d’une espèce déterminée par la végétation antérieure d’une autre espèce, explique, en partie, les résultats obtenus d’abord par le professeur Bouchard et depuis vérifiés par de nombreux observateurs, résultats ayant trait à l’arrèt du développement du charbon, quand on circons- erit par une zone d'injections de virus pyocyanique le point inoculé. Ces faits, d'un intérêt pratique considérable, .ne s'appliquent pas aux formes végétales plus différenciées. Nous avons constaté, en effet, que les milieux riches en toxines, mal- léine, tuberculine, produits diphtériques, pyocyaniques, etc., consti- tuent au contraire des terrains de culture relativement favorables au développement d’un très grand nombre de moisissures : Penicillium, Aspergillus, Mucorinées, etc. La résistance de diverses espèces des genres Penicillium ou Asper- gillus est, on le sait, très grande ; bien que l’A. niger soit tué, d’après Raulin, par des traces impondérables de sels d'argent, un certain nombre d'espèces voisines se rencontrent dans les solutions de sels de cuivre; l’un de nous en a même rencontré dans des solutions de chlorure d’or. Il est intéressant de constater que cette résistance se maintient, pour les mêmes genres, vis-à-vis des toxines ; le Penicillium glaucum forme de belles végétations dans les liquides où a vécu le bacille du tétanos; l’Aspergillus glaucus devient très vigoureux dans les bouillons de cul- ture de la bactéridie charbonneuse. Les Mucorinées sont plus sensibles à l’action des sels métalliques; cependant nous avons pu obtenir des cultures de Mucor mucedo, de M. racemosus dans les bouillons du bacille pyocyanique. Mais, il y a plus. — Des plantes très élevées en organisation ne souffrent pas de la présence des toxines dans le sol où leurs racines végètent ; des graines de cresson disposées sur du sable calciné imbibé par la culture filtrée du microbe du pus bleu ont germé régulièrement, puis formé des plan- tules assez vigoureuses ; des graines de blé, placées dans la sciure de bois stérilisée arrosée avec la tuberculine, ont également fourni des plantules aussi grandes que les plantules témoins arrosées avec de l’eau pure. La question de savoir si les toxines ont été absorbées ou si elles ont été détruites, modifiées, sera ultérieurement résolue. Nous voulons seulement insister sur ces faits pour montrer que, dans la lutte contre les parasites, les propriétés antiseptiques des divers corps sont des questions d'espèce : toute généralisation est trompeuse, expose à des mécomptes. Le développement de végétations luxuriantes de moisissures dans les SÉANCE DU D JUIN | 947 bouillons de culture saturés de principes bactériens nous amène à d’autres constatations. — Un organisme imprégné par les produits bactériens, par la tuberculine par exemple, devient, dans quelques cas, la proie de ces moisissures ou plus fréquemment permet à ces orga- nismes d'évoluer dans les tissus. Si, au lieu d'envisager l’économie dans son ensemble, on considère un viscère, celui que les toxines altèrent plus particulièrement, le poumon ou l'intestin, on reconnaît que cette contamination mycosique se révêle plus considérable, toutes les fois que ce viscère à été préalablement envahi par une bactérie pathogène. À l'inverse de ce qui se produit pour le germe du pus bleu s’oppo- sant, par la sécrétion, à l'évolution du charbon, un grand nombre de bactéries agissent vis-à-vis des moisissures en favorisant directement leur évolution : cette action favorable s'exerce à la fois et en affaiblis- sant la résistance du terrain, et en exaltant en quelque sorte sa fertilité pour certains végétaux secondaires, que l'air, l’eau, les aliments, etc., charrient sans cesse. En attendant que des expériences nous aient fixés sur la nature des altérations que subissent les toxines où végètent les moisissures, nous avons cru utile d'appeler l’attention sur des faits qui touchent soit aux questions si complexes de la physiologie cellulaire, soit aux problèmes de la pratique. Remarquons toutefois qu'on peut invoquer, en faveur des faits observés, des expériences qui prouvent que les bactéries épuisent plu- tôt les éléments protéiques, tandis que les Mucorinées usent plus aisé- ment des principes hydro-carbonés. SUR LE COLLAGE DES COUPES DE PARAFFINE PAR SIMPLE DESSICCATION ET SUR LE CHOIX DES PARAFFINES. Note de M. Auc. Micuer, présentée par M. Gran». La méthode de collage des coupes de paraffine par simple dessiccation, c'est-à-dire par évaporation d'une couche d’eau pure interposée entre le verre et le ruban, présente de très grands avantages, dont le principal est de n'introduire aucune substance étrangère pouvant, par son aspect de coagulum ou sa coloration, dans le procédé bien préférable de colo- ration sur coupes, rendre la coupe malpropre ou même causer des con- fusions. Aussi cette méthode a-t-elle été très recommandée par des techniciens, comme Altmann et Heidenhain ; par contre, certains lui reprochent de ne pas être sûre, notamment on à cru remarquer que la fixation par des liquides chromiques était une condition défavorable: et cependant, après un certain temps écoulé, d'autres praticiens, parmi 548 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EEE lesquels récemment encore Nusbaum (1), constatent de nouveau que l'expérience n’est venue confirmer en rien ces reproches, basés seule- ment sur un mauvais emploi de la méthode. Puisque, malgré ces jugements autorisés, certaines méfiances per- sistent, je crois utile d'apporter le résultat d’une expérience personnelle déjà longue de huit années, qui me permet de me ranger d'une façon absolue du côté des partisans de cette méthode, convenablement em- ployée. C’est ainsi que de très rares insuccès m'ont démontré l'utilité pendant la dessiccation d’un chauffage suffisant pour ramollir la paraïf- fine et permettre l'action complète de l’attraction capillaire due à l’éva- poration de l’eau. Je me suis apercu, en effet, que le décollement de quelques coupes, collées sans chauffage prolongé, ne se produisait que par l'emploi d’une paraffine dure, ou l'hiver pour des préparations abandonnées à la dessiccation la nuit dans le laboratoire refroidi. Pour bien m'assurer de la cause du décollement, j appliquai la méthode à un ruban, obtenu par inclusion de la pièce dans une paraffine fusible à 55 degrés, disposé sur la longueur d’une lame, dont une extrémité seule était chauffée, la température extérieure étant un peu froide : de ce côté, le collage fut parfait; de l’autre, incomplet. Grâce à un chauffage suffi- sant, le collage peut se faire en quelques minutes, mais il est plus pru- dent de le maintenir une ou deux heures. Dans ces conditions, l’adhé- rence de coupes, préalablement bien déplissées, est telle qu’elles ont pu supporter l'épreuve d’un gros jet d’eau tombant normalement d’une hauteur de 1 à 2 décimètres. Depuis que j’emploie ainsi la méthode, et cependant pour des pièces fixées la plupart par un liquide chromique (liquide chromo-nitrique), je n’ai plus le moindre insuccès : aucun vide sur des séries de près de deux cents coupes, dont certaines sont parfois assez petites pour être à peine distinguables; même les éléments libres des coupes sont en place. L'addition de certaines substances à l’eau me paraît donc inutile. Je me suis bien assuré que, dans le procédé indiqué par Henneguy (2), la gélatine, malgré sa proportion très faible (14/5000), et le bichromate de potasse (une trace), agissant à la lumière, contribuaient tous deux à mieux assurer le collage de coupes non déplissées; mais, malgré cette proportion très faible, la gélatine, surtout après coloration, est encore visible, et, d'autre part, le déplissement, qui rend certaine la réussite du collage par simple dessiccation à l’eau pure, est indispensable pour la coupe elle-même. En résumé, d’après une longue expérience, la méthode de collage par simple dose on me paraît parfaite; sûre lorsqu'elle est bien em- ployée; propre et n’altérant pas, élégante. (1) Anal. Anyeiger, 1896, p. 52-54. (2) Lecons sur la cellule, 1896, p. 62. SÉANCE DU D JUIN 549 C'est sur la lamelle que je pratique le collage pour les raisons sui- vantes : lil est plus facile de disposer les fragments de ruban suivant les dimensions de la lamelle, et de les maintenir en place à la surface de l’eau ; 2° la lamelle est plus maniable dans les réactifs, par exemple on peut l’y laisser flotter renversée ; 3° on peut, sur la même lame, avoir plusieurs préparations comparatives : 4° une trop grande épaisseur du milieu conservateur n’est plus jamais une gène. L'inconvénient de la fragilité disparait avec un peu d'habitude, et d’ailleurs le transport peut se faire en faisant adhérer la lamelle à une lame par capillarité à l’aide d'une minime gouttelette d’eau interposée. La surface du verre doit être propre, non pas pour le collage même, mais pour permettre à l’eau de s’étaler; une pratique, plus simple et plus efficace que des nettoyages, consiste à forcer l’eau à mordre, par frottement, entre le pouce et l'index mouillés, de la lamelle, tenue par la tranche entre deux doigts de l’autre main, puis à laver sans essuyer. Pour éviter le déplacement des coupes, dans le cas où le chauffage de déplissement serait poussé un peu trop loin, je pénètre la pièce avec de la paraffine à 45 degrés, et j'inclus avec de la paraffine à 55 degrés. Gette pratique a encore les avantages suivants : d’une part : 1° le baïn pro- longé de paraffine est à température aussi peu élevée que possible, et 2° la dureté de la pièce elle-même par rapport à la paraffine environ- nante, cause de plissements, est diminuée; d'autre part, 3° le bloc est plus maniable sans déformation à la chaleur de [a main, 4° le section- nement n'est pas gêné pendant la saison chaude, 5° si le ruban, électrisé par le travail mécanique de sectionnement, se rompt et se précipite sur la main, il ne s’y ramollit guère et peut être repris. Il faut dire que cer- taines paraffines dures n’ont pas de tendance à s’enrouler, même en coupes très épaisses, et laissent tout aussi bien leurs sections adhérer en ruban, sans qu'il soit même utile d'appliquer sur un côté du bloc une mince couche de paraffine très molle. SUR UN POINT DE L'HISTOIRE DES GLOBULES POLAIRES, par M. ALFRED GIARD. Dans un rapport sur un mémoire récent de M. P. Francotte, présenté à l’Académie royale de Belgique, M. le professeur Ed. van Beneden s'exprime ainsi : « L'opinion qui fait des globules polaires des équivalents morpho- logiques de l'œuf, a été formulée, pour la première fois, par Mark en 1881 et aussitôt après, défendue par Bütschli ; elle a rallié la plupart des embryologistes et se fonde sur des faits d'ordre divers. » (Bull. Acad. roy. de Belgique, t. XXXIIT, 1897, n° 4, p. 280.) 550 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Qu'il me soit permis de faire remarquer que dès 1876 j'ai exposé le premier, je pense, l'opinion rappelée ci-dessus par M. Ed. van Beneden, dans mon cours à la Faculté des sciences de Lille, résumé dans le Bulletin scientifique du département du Nord, t. NII, 1876, p. 252 et suiv. En 1877, j'ai développé de nouveau mes vues sur la question au Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences au Havre (Section de zoologie, 25 août 1877). H. Fol assistait à la séance et n'a même pas tenté de soutenir son ancienne interprétation des corpus- cules de rebut. Dès la même année, par conséquent quatre ans avant le travail de Mark, Bütschli se ralliait à la même manière de voir et reconnaissait ma priorité dans les termes suivants : « Il ressort de tout cela que l'opinion émise par Giard sur l’origine de ces corps problématiques (les globules polaires), opinion dont la grande vraisemblance m'a frappé aussi, de mon côté, s'accorde très facilement avec mes observations antérieures (1). » En 1878, C.-0 Whitman arrivait d’une facon indépendante à une conception analogue de la valeur morphologique des globules polaires. (The embryology of Clepsine, Quaterly Journal of microscop. Science, t. XVIIT, 1878, p. 256.) Puis vint, en 1881, le beau mémoire sur l’embryogénie de la Limace, par E. L. Marck, qui, d’ailleurs, dans sa bibliographie, cite très con- sciencieusement mes recherches antérieures (2). Enfin, comme malgré les arguments apportés par Garnault, par Blockman, par Hertwig, par Boveri, par Trinchese, comme malgré la haute autorité de Flemming, la question semblait encore contro- versée, j'ai, en 1889-1890, soit ici même (C. À. de la Société de Biologie, 16 février 1889), soit dans le Bulletin scientifique de la France et de la Belgique (t. XXII, 1850, p. 202 et suiv.), discuté à nouveau les faits anciens ou récents qui me paraissaient mettre hors de doute la signifi- cation cellulaire et la valeur comme œufs rudimentaires des corpus- cules de direction. J'ai en même temps résumé avec soin l'historique du sujet (3). (4) Es geht daraus jedenfalls hervor, dass die von Giard geäusserte Ansicht über die Entstelung der fraglicher Kôrper auf dessen grosse Wahrscheinlich. keit ich bin auch unabhängig von ihm aufmerksam, wurde sich mit meinen früheren Beobachtungen leicht in Einklang bringen lässt. » Zeitschr. f. wiss. Zool. Bd XXIX, 1877, p. 216. (2) E. L. Mark. Maturation, fecundation, and segmentation of Limax cam- pestris, Binney (Bulletin of the Museum of comparative Zoology at Harvard, College VI, part II, n° 12, 1881). (3) Comme on le voit par cet exposé, ce n’est pas sans difficulté que l'opi- x nion que j'ai défendue depuis vingt ans et qui attribue à une vraie mitose SÉANCE DU 5 JUIN 554 .Au reste, pour des raisons qu'il est inutile de préciser en ce mo- ment, M. P. Francotte a été plus à portée que beaucoup d’autres de connaître et mes travaux et le sens de mon enseignement sur l’em- bryogénie générale. Je m'empresse d'ajouter d’ailleurs, que cela ne diminue en rien la valeur de la belle démonstration que M. Francotte à donnée a posteriori de la vraie nature des globules polaires en observant la fécondation accidentelle par un spermatozoïde, du premier globule primaire dans des œufs exceptionnellement gros d’une Planaire marine, Prosthecæreus vittatus, atteinte de gigantisme, POUVOIR AGGLUTINATIF DU SÉRUM DANS LES INFECTIONS EXPÉRIMENTALES ET HUMAINES A PNEUMOCOQUES (Prenuère partie), par MM. F. BezaNcoN et V. GRIFFON. À une époque où il n’était pas encore question du phénomène de l’agglutination, les caractères que prend le pneumocoque, lorsqu'on le cultive dans le sérum de lapin vacciné, avaient déjà frappé quelques observateurs. Dès 1891, M. Metchnikoff (1) montrait que le « microbe de la pneumonie forme dans le sérum des lapins vaccinés des paquets de streptocoques très longs ». En 1893, M. Issaeff (2) confirmait la remarque précédente et ajoutait que le sérum de lapin vacciné, ensemencé avec le pneumocoque, ne se trouble pas comme le sérum de lapin sain (constatation déjà faite par M. Mosny) (3), et qu'il se produit un dépôt au fond et sur les parois du tube de culture. Nous-mêmes, avons systématiquement étudié, au point äe vue de l’agglutination, le sérum des animaux vaccinés contre le pneumocoque, et avons toujours facilement constaté l'existence de cette propriété : Si l’on ensemence avec du pneumocoque un tube de sérum de lapin typique (non à une figure ypsiliforme) la naissance des globules polaires, a peu à peu pénétré dans la science et rallié, comme le dit Ed. van Beneden, la plu- part des embryologistes. Mais dès 1891, mes droits de priorité ont été nettement reconnus. Voir O. Hertwig. Traité d'embryologie, traduction de la 3° édition allemande par Ch Julin, p. 33, note. (4) Metchnikoff. Sur l’immunité des cobayes vaccinés contre le Vibrio Metchnikowi. Ann. de l'Inst. Pasteur, 1891, p. 374. (2) Issaeff. Annales de l’Inst. Pasteur, 1893, p. 269. (3) Mosny. Sur la vaccination contre l'infection pneumonique. Arch. de med. expérim., 1892, p. 228. 552 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vacciné, on voit, après un séjour de vingt-quatre heures à l'étuve, que bien loin de se troubler comme le fait le sérum de lapin sain ensemencé avec le pneumocoque, le milieu de culture reste limpide et qu'il se forme au fond du tube un léger dépôt. L'examen microscopique de ce dépôt montre qu'il est formé de longues chainettes de pneumocoques non capsulés, chainettes qui sont tantôt isolées, tantôt enchevétrées en amas. On ne voit pas de diplocoques dans les grands vides que laissent entre eux les amas; cet aspect diffère totalement de celui que donne la culture en sérum de lapin sain où l’on voit les diplocoques bien capsulés, répartis uniformément dans le champ du microscope. Le sérum des animaux immunisés contre le Pneumocoque possède donc la propriété agglutinante : c'est là un fait établi, sur lequel il est inutile d'insister. Les travaux de M. F. Widal sur le séro-diagnostic de la fièvre typhoïde nous ont apporté celte notion capitale que le pouvoir aggluti- natif est avant tout une réaction de la période d'infection, et qu'il se rencontre déjà dès les premiers temps de la maladie. Il était naturel de rechercher si, pour le pneumocoque, celte propriété, présente chez les animaux à la période d'immunité, ne se trouvait pas beaucoup plus tôt, au cours de l'infection pneumococcique. S'il en était ainsi, on pour- rait peut-être appliquer aux diverses affections à pneumocoques, quel- quefois difficiles à diagnostiquer cliniquement (broncho-pneumonies, méningites, endocardites, etc.), la méthode de séro-diagnostic décou- verte par M. Widal pour la fièvre typhoïde, étendue depuis au choléra par MM. Achard et Bensaude, et à l'étude en ce moment pour d’autres affections. Nous avons recherché successivement la propriété agglutinante du sérum au cours d'infections expérimentales et chez des malades alteints d’affections pneumococciques variées. Infections pneumococciques expérimentales. — La marche suraiguë des infections pneumococciques expérimentales rend à peu près impos- “sible l'étude du sérum des animaux dans les conditions habituelles d'expérience. Cependant, en filtrant sur bougie poreuse les humeurs de souris ou de lapins morts de septicémie pneumococcique, nous avons pu constater très nettement l'existence du pouvoir agglutinatif dans le liquide filtré (1). Pour nous rapprocher davantage des conditions de la clinique humaine, nous avons cherché à produire, chez les animaux, des affec- tions lentes, non généralisées, permettant la survie. Nous y sommes parvenus en augmentant la résistance du lapin par des vaccinations (4) MM. Widal et Sicard (Presse méd., 6 mars 1897, p. an, obs. XVII) ont obtenu l’agglutination du bacille d’Eberth avec la sérosité péricardique recueillie à l’autopsie et filtrée. SÉANCE DU 5 JUIN 553 incomplètes (injections de cultures alténuées, d’exsudats chauffés à 55°, etc.) qui le transforment ainsi d'animal très sensible en animal relativement réfractaire. L’inoculation de doses considérables de pneu- mocoques, mortelles. pour les animaux témoins, détermine alors non une septicémie, mais des lésions suppurées, sous-cutanées, articulaires ou autres. L'animal devient ainsi porteur d’une lésion pneumococcique locale qui rappelle les infections localisées qu’on observe habituelle- ment en clinique humaine. C’est le sérum de ces animaux sacrifiés en pleine période d'état de l'infection que nous avons étudié. : Non seulement le sérum des lapins infectés possède la propriété agglutinative déjà observée chez les animaux vaccinés, mais il la pré- sente à un degré beaucoup plus élevé. Au bout de 24 heures, le sérum d'infecté reste clair comme le sérum de vacciné; le fond du tube ne présente pas les grumeaux que l’on constate dans la culture en sérum de vacciné, mais une véritable cupule couenneuse, consis- tante, ne se dissolvant pas par agitation, difficile à dissocier. Tous les pneumocoques ont été précipités, agglutinés dans ce coagulum; au microscope, ils apparaissent, non en diplocoques capsulés remar- quablement isolés comme on les voit toujours dans le sérum de lapin normal, non en chaïnettes isolées ou enchevêtrées comme dans le sérum de lapin vacciné, mais en gros amas de diplocoques qui ont perdu leur capsule. La cohésion dés microbes est telle que si l'on à dilacéré sur la lamelle le fragment pseudo-membraneux que l’on a prélevé dans le tube, les amas sont moins volumineux, mais aucun diplocoque n'apparaît isolé dans leur intervalle. En présence d’une telle intensité du pouvoir agglutinatif, nous avons cherché si la réaction persistait dans les sérums dilués. Un de nos sérums nous a ainsi donné l’agglutination à l'œil nu, comme au microscope, dans un tube contenant une goutte de sérum pour 50 gouttes de bouillon, ensemencé, mis à l’étuve et examiné au bout de 24 heures. (A suivre.) DE LA MAIN SUCCULENTE DANS L'HÉMIPLÉGIE, par MM. A. Gicsert et M. GARNIER. Dans un travail récent, M. Marinesco a décrit un aspect particulier de la main dans la syringomyélie, aspect qu'il considère comme caracté- ristique de cette maladie ; il lui a donné le nom de « main succulente ». Cette déformation de la main résulte de l'association de l’atrophie mus- culaire à type Aran-Duchenne que l’on rencontre dans cette maladie et de troubles vaso-moteurs ; pour lui, cette main a « un cachet si spécial qu’on peut faire aisément le diagnostic de la syringomyélie sans avoir. 554 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE procédé à un examen complet du malade. Aussi jusqu'à plus ample informé, je considère que cette main appartient en propre à la syringo- myélie... (1) ». Or nous venons d’observer chez une malade, ancienne hémiplégique, une déformation de la main, répondant au type de la main succulente, bien que l’atrophie musculaire ne soit pas appréciable, et d'autre part, cette malade n'est nullement syringomyélique. Voici résumée l'observation de cette malade : C... (Jeanne), âgée de cinquante-trois ans, blanchisseuse, entre le 8 mai1897 à l'hôpital Broussais, salle Gubler, lit n° 11, service de M. le D' Gilbert. Rien à signaler dans les antécédents héréditaires. Elle-même a toujours été bien portante; elle a eu la rougeole à l’âge de deux ans, et a été chlorotique à seize ans. Mariée à vingt-cinq ans, elle a eu trois enfants, dont deux sont morts au milieu de convulsions, à trois mois et à deux mois; enfin elle a fait une fausse couche double de sept mois. C’est à l’âge de trente et un ans qu'a débuté sa maladie. À cette époque, elle fut prise brusquement, une nuit, d'une attaque d’hémiplégie gauche; les membres supérieur et inférieur étaient complètement paralysés, la bouche déviée; la malade ne pouvait parler (?); elle ne pouvait non plus lire, bien qu'elle distinguât nettement les objets (?). Cet état ne dura que quelques jours; au bout de 3 à 4 jours, la parole revint ainsi que la faculté de lire; après 8 jours, elle put commencer à se lever; les mouvements du membre supérieur ne revinrent que plus lentement, après un mois environ; en tous cas, la malade ne reprit son métier de blanchisseuse qu'après 3 à 4 mois. À partir de ce moment, la santé fut bonne ; l’année suivante, notre malade fut enceinte de son dernier enfant; elle accoucha à terme d’un enfant bien portant qui vit encore. Depuis un an, moment où se produisit la ménopause, la malade a souffert de divers accidents. Elle eut d'abord une série de furoncles (?) au niveau de la jambe gauche, dont elle présente encore les cicatrices ; puis elle entra à l'hôpital Broussais, dans le service de M. Barth, pour de l’enflure des jambes, surtout marquée à gauche, des étourdissements et des douleurs à la région précordiale. Elle y resta deux mois en deux reprises différentes. Elle fut bien portante l'hiver dernier; mais depuis une quinzaine de jours, elle se sent reprise des mêmes accidents que l’année dernière et c'est pour cela qu'elle entre dans le service. Etat actuel. — A l'examen, on constate à la figure une déviation des traits vers la gauche, déviation qui paraît résulter de la contracture musculaire ayant succédé à son ancienne hémiplégie. Le membre supérieur et l’inférieur gauche possèdent tous leurs mouvements; il y a seulement de la diminution de la force musculaire; au dynamomètre la main droite donne 50 et la gauche 25. Mais la main et la jambe offrent un aspect particulier. Les mains vues par leur face palmaire ont le même aspect des deux côtés ; les éminences thénar et hypothénar paraissent avoir le même développe- ment. La face dorsale est au contraire très différente d'un côté et de l’autre. Quand la malade présente les deux mains devant elle, la face dorsale (1) Marinesco. Thèse de Paris, 1897, page 1. Re SÉANCE DU D JUIN 55 tournée en haut, on constate que la main gauche a une tendance exagérée à se porter sur le bord cubital; de plus, elle est potelée : les tendons exten- seurs sont constamment invisibles même dans l'extension complète des doigts; au niveau de la tête de chaque métacarpien existe une fossette, plus profonde pour les 2° et 3° doigts; enfin les veines dorsales ne sont pas visibles. Si on fait fermer la main, on constate la disparition des vallées qui séparent norma- lement les têtes des métacarpiens. Si on essaye de pincer la peau à ce niveau, on s'aperçoit qu'elle est épaissie, et qu’elle se fronce en plis beaucoup plus épais que du côté droit. Cette tuméfaction de la main se prolonge sur les pre- mières phalanges des doigts; les 2° et 3° sont normales. La coloration de la main est aussi changée; la peau est violacée, couverte de marbrures ; par la pression, on détermine l’apparilion d’une tache blanche qui ne persiste pas; enfin la température de la main est moins élevée qu’elle ne l’est du côté droit. D'après ce que dit la malade, sa main serait plus enflée et plus violacée encore en hiver; elle est toujours froide; néanmoins elle n’a jamais d’enge- lures. La motilité de la main est complètement normale. La sensibilité aux divers modes (contact, pression, piqûre température) est conservée, et sem- blable à ce qu'elle est du côté droit. Au nombre inférieur gauche on constate une ein lion de la jambe qui a un aspect éléphantiasique. La moitié inférieure de la jambe est gonflée, cylindrique; ce gonflement qui va en s’accentuant vers le cou-de-pied, termine brusquement à ce niveau par un pli profond ; le pied n’est pas enflé. En arrière, ce gonflement descend plus bas, sous forme d’un bourrelet, surtout marquée en dehors. Sur toute cette étendue, la peau est altérée, elle est sèche, brillante, écailleuse, de couleur jaune brunâtre; on y voit des cica- trices pigmentées provenant des furoncles dont la malade a souffert l’année dernière. La pression ne détermine pas le godet de l’æœdème, non plus d’ailleurs qu'à la main. Si la malade reste longtemps debout, son pied gonfle et devient violacé. — La motilité du membre inférieur est conservée, mais la force musculaire est diminuée. Le réflexe rotulien est légèrement exagéré ; il n'y a pas de trépidation épileptoïde du pied. La sensibilité à la piqûre est diminuée sur toute l'étendue qui présente des altérations de la peau; cette diminution est surtout marquée au niveau des cicatrices des furoncles. La sensibilité à la température (chaud et froid) est aussi diminuée, mais nullement abolie; cette diminution remonte jusqu'au genou, c’est-à-dire un peu au-dessus de la zone des troubles trophiques. L'examen de l'appareil circulatoire révèle l'existence d’un souffle systolique assez intense ayant son maximum à la pointe du cœur, ne se prolongeant pas” vers l’aisselle. Les urines sont normales; le foie, la rate, le poumon sont normaux. Il s’agit donc, dans ce cas, d’une hémiplégie datant de vingt-deux ans, et n'ayant laissé à sa suite, après la disparition des phénomènes moteurs, que des troubles vaso-moteurs et trophiques. Ces troubles sont très marqués à la jambe, à laquelle ils donnent l'aspect éléphantiasique, et à la main oùils donnent l'aspect décrit sous le nom de main succulente. En effet, qu'est-ce qui caractérise cette main? C’est une tuméfaction 556 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la face dorsale, faisant disparaître tous les Ments de cette face et lui donnant l'aspect potelé ; c’est la couleur spéciale, rouge violacée, devenant plus intense par le froid ; « c’est une main froide et toujours sèche » (Marinesco); enfin les doigts sont fusiformes et la boursouflure envahit souvent les premières phalanges. Or tous ces caractères se ren- contrent chez notre malade; ici aussi il s’agit « d’une main tuméfiée, froide etfaible avec des doigts fuselées »; et si l’on se reporte aux figures annexées au travail de M. Marinesco, on voit qu’elles conviennent exac- tement à notre cas. C’est donc bien la main succulente. Mais il y a une autre série de caractères qui sont essentiels à la syringomyélie et qui manquent ici; ce sont ceux qui relèvent de l’atrophie musculaire, à type Aran-Duchenne, comme l'aspect simien, l’excavalion du bord cubital et au bord interne de la racine de l'index, relevant de l’atrophie des éminences thénar et hypothénar. Or, dans notre cas, cette atrophie n'est pas appréciable ; tous les mouvements de la main sont conservés; les éminences thénar et hypothénar semblent avoir un développement égal de chaque côté. Il existe donc un aspect spécial de la main, aspect succulent, qui est fréquent dans la syringomyélie, mais qui peut aussi se rencontrer dans d’autres états morbides, et en particulier, dans les anciennes hémi- plégies. Cet aspect est le résultat des troubles vaso-moteurs et trophiques. Mais quana il s'associe à une atrophie musculaire à type Aran-Duchenne, il devient caractéristique de la syringomyélie, et fournit alors un signe important pour le diagnostic de cette maladie. LA CASTRATION NUTRICIALE CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES SOCIAUX, par M. D' le Pauz MARCHAL. La différenciation des castes chez les Hyménoptères sociaux est basée sur la fécondité ou la stérilité des individus composant la société, et sur la division du travail entre les individus habituellement stériles (ouvrières, soldats) d’une part, et les individus féconds, de l'autre. Dans un mémoire antérieur (1), nous avons essayé de démontrer que l'œuf qui donnait une ouvrière, évoluait dans des conditions autres que celles auxquelles son plasma germinatif était habitué depuis un très grand nombre de générations, et que, par suite, la production du type ouvrière pouvait se ramener à un cas de dichogénie ou de tératogénie expérimentale produit par l’'Insecte lui-même et maintenu par la sélec- tion naturelle. (1) P. Marchal. La reproduction et l’évolution des guêpes sociales. Archiv. de zool. exp. et gén., 1892, p. 14-100, 8 fig. 2 RS. SÉANCE DU D JUIN 551 Parmi les facteurs qui ont présidé à l’évolution des castes, le régime: nourricier tient la première place; et la pauvreté de la nourrilure donnée à la larve est actuellement considérée par bien des auteurs (Herbert Spencer, Emery) comme un des éléments les plus importants de la détermination du type ouvrière (castration alimentaire). Ce facteur est, en effet, de premier crdre; mais il en existe aussi un autre qui présente une grande importance au point de vue qui nous occupe. Ce deuxième facteur réside dans la fonction de nourrice exercée par les Hyménoptères adultes. Nos expériences nous ont, en effet, démontré que, chez les Guêpes, la suppression de la fonction de nourrice, par suite de la disparition de la reine ou de l’ablation du couvain, déterminait la fécondité des ouvrières dans une très large mesure (plus de la moitié des individus dans certains cas), et que celles qui étaient les plus sensibles à cette action étaient les plus jeunes (4). L'une des causes principales de la stérilité des ouvrières chez les Guêpes réside donc dans ce fait que les jeunes femelles doivent se con- sacrer aux soins réclamés par une nombreuse colonie larvaire, et remplir vis-à-vis d'elle la fonction de nourrice, qui, ainsi que nous l’avons constaté dans des expériences variées, entraîne la régression des œufs. Nous proposons de désigner le phénomène par lequel la sté- rilité se trouve ainsi déterminée sous le nom de castration nutriciale (2). Cette castration nutriciale est d’autant plus manifeste que le degré d'évolution sociale est moins avancé ; elle peut être considérée comme ayant présidé, à titre de condition nécessaire, à la différenciation des castes, ainsi que les Polistes en fournissent encore un exemple. Mais chez les types à évolution sociale avancée, tels que l’Abeïlle, elle ne peut plus, au moins d’une façon normale, se manifester, la castration alimen- taire chez la larve ayant suffi à déterminer la stérilité. NOUVELLE OBSERVATION DE SPLÉNECTOMIE CHIRURGICALE AVEC EXAMENS DU SANG, par M. H. Vaouez. (Travail du laboratoire d’histologie du Collège de France.) Le 25 février 1897, le D' Hartmann pratiqua une splénectomie pour rate mobile douloureuse avec kyste hydatique. Les suites de l'opération furent des plus simples. Aucune élévation de température et la malade (1) P. Marchal. Loc. cit. (2) De nutrix. Nous aurions pu aussi adopter le terme de castration nourri- cière; mais.il nous semble susceptible de prêter à la confusion avec celui de castration alimentaire. BioLocie. CompTEs RENDUS. — 10° série, T. IV. 4% 558 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fut si peu souffrante qu'elle eut ses règles normalement et au jour prévu, huit jours après la splénectomie. Voici les chiffres des numérations (1) : VALEUR HÉMOGLOB. GLOBULES ROUGES HÉMOGLOB. (par million de glob.) LEUCOCYTES 24 févr. 1897 (veille de l'opération). 3.400.000 100 29u8 4.250 > mars à 3.800.000 (Sb) 22us 7.000 Pin Mars A 25 DA DD 80 24u8 D .400 17 avril. 3.126.000 84 22u5 5.000 3 Juin. 3.480.000 100 295 7.200 La numération des différentes variétés de globules blancs nous a donné les résultats suivants : PETITS GRANDS ; LEUCOCYTES nononucl. mononucl. CLANUSERAIRES éosinophiles: DANTÉVIER MEN 24 7 67 2 > mars Fe 12 8 Yet 3 Finimars er ve 45 5 80 1 détails tte 19 7 71 3 juin) SENS 2e 16 8 72 4 Les modifications post-opératoires sont nulles; le chiffre des globules rouges à même augmenté rapidement après l'opération. Dans une note antérieure, nous avons insisté sur l’abaissement du chiffre de l’'hémoglobine et la lenteur de son relèvement. Bien qu’à un faible degré, ces modifications, analogues à celles constatées expéri- mentalement par M. Malassez, se retrouvent ici. La leucocytose lymphocytique, déjà manifeste avant l'opération, se maintient dans des chiffres moyens. De même, le nombre des globules blancs éosinophiles reste élevé. À aucun moment il n'y eut dans le sang de globules rouges nucléés. On n’a pas non plus constaté de phénomènes fluxionnaires du côté des ganglions, comme cela a été signalé. (1) Appareils de M. Malassez. Le Gérant : G. MASsson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 12 JUIN 1897 MM. J.-E. AgeLous et G. Brarës : A propos des remarques faites par M. Bourquelot sur nos dernières communications. — M. le Dr MaraGzrano : Recherches sur la nouvelle tuberculine de Koch. — MM. G. Lemone et GazLoïs (de Lille) : Traitement de la dyspnée urémique par l’éther à haute dose. — M. G. Lemoine (de Lille) : Traitement des douleurs de l’ataxie par le bleu de méthylène. — M. J. DEJERINE : Sur l'existence de la main succulente dans la poliomyélite chronique. — MM. JEan- Cu. Roux et BarrHazarD : Sur l'emploi des rayons Rôntgen pour l'étude de la motricité stomacale. — M. le D: H. CLaune : Myélite expérimentale subaiguë par intoxication tétanique. — M. À. Laggé : À propos de la découverte d’un prétendu stade flagellé chez les Coccidies. — MM. RarzLrer et Drouin : Le Sérongylus vasorum du chien observé à Paris. — M. P. LaxcLors : Du foie comme organe destructeur de la substance active des capsules surrénales. — MM. Arxanasiu et LanGLors : Du rôle du foie dans la destruction de la substance active des capsules surrénales. — MM. J.-E. Asecous et G. BrarNès : Sur l'existence chez les mammifères de globu- lines possédant les propriétés des ferments solubles oxydants. Présidence de M. Bouchard. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. ADRIEN Lucer adresse à la Société un mémoire sur l'Aspergillus fumigatus, chez les animaux domestiques et dans les œufs en incubation. À PROPOS DES REMARQUES FAITES PAR M. BOURQUELOT SUR NOS DERNIÈRES COMMUNICATIONS, par MM. J.-E. ABeLous et G. BIARNËS. Dans la séance du 29 mai, M. Bourquelot, à propos de nos dernières communications sur l’oxydase des mammifères que nous avons montré posséder les propriétés des globulines, rappelle que, dès 1882, M. Traube a signalé dans les tissus animaux l'existence d’une globuline présentant les propriétés d’un ferment oxydant. À l'appui, M. Bourquelot cite un des mémoires publiés par Traube sous ce titre : Ueber aklivirung der Sauerstoffs (Berichte d. chem. Gesellschaft, XV, p. 659, 1882). Dans ce mémoire, on trouve en effet au bas de la page 663 une courte note ainsi conçue : « La substance contractile des muscles (la myosine), Brococie. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV, 45 560 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE comme je l’ai exposé, est un tel transmetteur d'oxygène » (Sauerstoffü- berträger) et entre parenthèses (oxydationsferment). S'agit-il en réalité de la myosine en tant qu’espèce chimique, en tant que globuline, enfin en tant que ferment soluble oxydant? On pourrait tout au moins en douter. Rapportons-nous, en effet, au mémoire auquel la note renvoie (Ueber der Bezichung der Respiration zür Muskelthätigkeit und die Bedeutung der Respiration überhaupt, Virchow’s Archiv, 1861, Bd XXI. A la page indiquée (404), nous lisons : « Elle (la respiration musculaire) procède de ce que l’on admet que la fibre musculaire ou plutôt le corps fibri- noïde (fibrinartige Kôrper) qui y est contenu est un ferment vital de décomposition (vitales Verwesungsferment) qui transporte l'oxygène enlevé au sang sur les substances dissoutes dans le suc musculaire sans éprouver elle-même aucune altération. » Cette substance fibrinoïde désigne-t-elle la myosine en tant que globuline soluble dans NaCl à 10 p. 100? C’est au moins obscur, sinon douteux. D'ailleurs, considération plus grave, dans ce mémoire où Traube rappelle assez longuement son hypothèse bien connue des transmetteurs d'oxygène (1) dont il compare l’action à celle du carmin d’indigo, du sulfate de cuivre en solution alcaline sur le glucose et à celle du ferment acétique (ferment figuré), nous n'avons pu trouver aucune expérience à l’appui de ce rôle de transmetteur d'oxygène que joùerait la myosine globuline. Traube admet simplement que ce rôle est rempli par ce corps fibrinoïde contenu dans la fibre musculaire. Pas d'expériences non plus à ce point de vue dans un mémoire anté- rieur (Zur Theorie der Gährungs und Verwesungs erscheinungen wie der Fermente überhaupt. Poggendorff s Annalen, 103, p. 331, 1858). Ajoutons que Bunge, très au courant comme on sait des travaux et de la bibliographie allemands, après avoir exposé l'hypothèse de Traube sur les transmetteurs d'oxygène, dit que jusqu’à présent on n'a pu découvrir dans l’organisme un tel transmetteur d'oxygène (Bunge. Cours de chimie biologique et pthologique, trad. Jaquet, 1891, p. 246). Enfin Salkowski, dans un travail récent (Zur Kenntniss des Oxydations- ferments der Gewebe, Bd CXLVII, p. 1, 1897), où il confirme les résultats de nos expériences sur l'oxydation de l’aldéhyde salicylique et où ilétudie le pouvoir oxydant du muscle, ne mentionne pas non plus la découverte de Traube relative au rôle de transmetteur d'oxygène que jouerait la myosine. Somme toute, l’assertion de Traübe est intéressante sans doute; mais, (1) Traube suppose l'existence de transmetteurs d'oxygène assez nombreux : Verwesungsfermente; Reductionsfermente; hochstes faulnissfermente; oxy- dationfermente. SÉANCE DU ÀÂ2 JUIN 561 a —————_—…——…—…—…———…——————_————————— —_—_—_L_—_—_—_—_— ———]—]—]—"—" ""— — —"—"——————— — —… … — —— —————…—…—…”…”——.]”——…———_— malgré son apparente précision, elle ne repose pas sur une base expé- rimentale, et à ce titre, elle né peut porter atteinte à la priorité de nos conclusions qui, elles, sont basées sur des expériences précises. RECHERCHES SUR LA NOUVELLE TUBERCULINE DE KocE, par M. le D' MARAGLIANO. Avec le concours de M. Mircoli, j'ai entrepris des expériences sur la nouvelle tuberculine de Koch, dont je me suis pourvu en m’adressant à la maison allemande recommandée par M. Koch même. M. Koch a éerit que la nouvelle tuberculine diffère de l’ancienne parce qu'elle n'en a pas les conséquences fâcheuses, et parce qu’elle renferme des produits des bacilles qui sont insolubles dans la glycérine. J'ai voulu d’abord contrôler si vraiment, au point de vue biologique, la tuberculine nouvelle était différente de l’ancienne. Dans ce but, j'en ai injecté à trois malades atteints de tuberculose, et à un qui en était indemne. Naturellement, pour faire une comparaison entre les deux tubereu- lines, il était nécessaire de modifier le dosage proposé par Koch, parce que, même avec la vieille tuberculine, on n'avait pas eu de réaction avec 1/500 de milligramme. L'injection de 5-6 centièmes de milligramme m'a donné, chez deux malades, de la fièvre; chez un troisième, qui en a recu 1 milligramme, la température a atteint 39°,9 et a duré pendant trois jours. Chez tous les trois, on a eu de la réaction locale, avec apparition de râles dans les endroits du poumon où il n'y en avait pas auparavant. En outre, on a observé de la peptonurie el de la leucocylose. Chez le sujet indemne de tuberculose, l'injection de 7/100 de milli- gramme a amené une température de 39 degrés, et la fièvre a duré pen- dant quarante huit heures. En dehors de l'homme, j'ai essayé aussi la nouvelle tuberculine chez le cobaye sain ou tuberculeux. — Chez deux cobayes sains, de 300 et 230 grammes de poids, l'injection de 10 et de 4 milligrammes de tuberculine neuve a augmenté la température; elle est montée à 40°,3 chez l’un, à 40°,4 chez l’autre, trois et quatre heures après l'injection : la température s'est maintenue élevée pendant les sept ou quinze jours suivants ; après quoi les animaux sont morts. J'ai fait aussi l'essai suivant : sur trois cobayes sains, de 250-300 grammes de poids, j'ai injecté au premier 4 milligrammes de la tuber- culine neuve, aux autres la même quantité de la vieille, empruntée à différentes sources : tous les trois ont eu de la fièvre. En répétant la 562 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE même épreuve chez trois cobayes tuberculeux, avec 1 milligramme de la vieille et de la nouvelle tuberculine, j'ai eu encore des résultats égaux. De ces résultats, il faut pourtant en déduire que la nouvelle tubercu- line est douée d’une action biologique analogue à celle de l’ancienne, en amenant, à l'instar de celle-ci, des troubles de la température et des phénomènes locaux dans les foyers tuberculeux. La différence signalée par M. Koch n'existe donc pas; s’il n'obtient pas de réaction par la nou- velle tuberculine, ca dépend du dosage. Encore, j'ai soumis le nouveau produit à l'épreuve de la glycérine, et j'ai vu qu'en versant de la glycé- rine, ainsi que le recommande Koch, goutte à goutte, dans une solution de tuberculine, on n'obtient pas de précipité. Il était, d’ailleurs, logique de s'attendre à ce résultat en songeant que même la maison qui débite le nouveau produit recommande de joindre 20 p. 100 de glycérine à la solution pour la conserver. Il est pourtant évident que tout le contenu dans cette solution est parfaitement soluble dans la glycérine, et que, même à ce point de vue, les principes de la nouvelle tuberculine sont analogues à ceux de l’an- cienne. A l’occasion de mes expériences sur la nouvelle tuberculine, j'ai cons- taté encore les deux faits suivants : Les cobayes sains, injectés et morts, l’un après sept et l’autre après quinze jours, étaient tous les deux atteints de tuberculose. Je me demande si on doit voir ici un fait accidentel ou bien de cause à effet, et s'il peut se faire que des débris des corps de bacilles suspendus dans le liquide aient été capables d'amener le développement de la tuberculose. La demande est raisonnable, mais je n’ai pas de données pour y répondre. Le second fait que j'ai observé est le suivant : le produit reçu de la maison d’Hôchst était trouble; au microscope, j'ai pu y déceler la présence du proteus et de levures; l'échantillon portait la date du 12 avril 1897. Les cobayes sains ou tuberculeux auxquels je l'ai injecté, n'ont présenté aucun des effets toxiques caractéristiques; ils n’ont pas eu d’effets fâcheux; le produit a été innocent. M. Nocard a trouvé dans l'échantillon examiné par lui des bactéries et des levures; il s'est demandé avec raison, si ces organismes, même supposés sans inconvénient pour le malade, sous la peau duquel on les injecte, ne peuvent pas détruire ou modifier la substance active du pro- duit contenu dans ce liquide qui leur a servi de milieu de culture. Mes expériences démontrent le bien fondé de son hypothèse. Je pense, comme M. Nocard, que si le mode de fabrication permet la pénétration de microbes non pathogènes, elle peut aussi permettre celle des pathogènes. Et à ce point de vue, évidemment, la nouvelle tuber- culine paraît être bien inférieure à l’ancienne. SÉANCE DU 12 JUIN 563 TRAITEMENT DE LA DYSPNÉE URÉMIQUE PAR L'ÉTHER A HAUTE DOSE, par MM. G. Lemoine et GazLois (de Lille). L'éther constitue un moyen puissant de soulager et même de guérir les accidents dyspnéiques dus à l’urémie. L'un de nous se sert de ce médicament pour les cas de ce genre depuis près de dix ans et réussit à arrêter, par lui, les accidents urémiques respiratoires les plus graves, à condition que les reins ne soient pas définitivement lésés, c'est-à-dire que l’urémie, due à la néphrite aiguë, à la congestion rénale aiguë, aux congestions rénales survenant au cours de la néphrite scléreuse, aux néphrites infectieuses, a les plus grandes chances de guérir par le trai- tement à l’éther. Seule, l’urémie, liée à la désorganisation lente du rein par l’artério-sclérose, ne cède pas à cette médication. Il en est de même, en général, des autres types d’urémie, soit comateuse, soit convulsive; mais, de ce côté, nos tentatives sont restreintes. — Le traitement consiste à donner, de demi-heure en demi-heure ou d'heure en heure, selon les cas, deux ou trois cuillerées à café d’éther dans un peu d'eau sucrée. Le mieux est de remplacer une partie de cette médication par des injec- tions sous-cutanées d’éther, et de donner, par exemple, toutes les trois heures, une injection de 2 ou 3 centimètres cubes d’éther, et, le reste du temps, l'éther par la bouche, comme nous venons de le dire. Nous en avons fait prendre à des malades 300 centimètres cubes et davantage, sans le moindre inconvénient, sans même noter de l'ivresse. L’éther amène de la diurèse abondante, très notable dans les cas heureux; il relève le pouls et calme le spasme respiratoire. C’est un mode de trai- tement à mettre à côté de la saignée, sur le même plan qu'elle, par ses heureux résultats. TRAITEMENT DES DOULEURS DE L'ATAXIE PAR LE BLEU DE MÉTHYLÈNE, par M. G. LEmonE (de Lille). A l’occasion de mes recherches sur le bleu de méthylène, J ai expéri- menté neuf fois ce produit contre les douleurs des ataxiques.— Dans deux cas, je n’ai obtenu aucune amélioration; dans les sept autres, j'ai eu cinq fois une grande diminution de l'intensité et de la fréquence des douleurs et deux fois une sédation complète et prolongée. — Les douleurs qui cèdent le plus vite sous l’action du bleu de méthylène sont les dou- leurs fulgurantes des membres et les douleurs en ceinture; celles qui résistent le plus sont les douleurs viscérales, surtout celles qui siègent à l'estomac ou au rectum; les douleurs vésicales disparaissent encore assez vite. Les deux malades, chez lesquels la médication a totalement 564 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE échoué, présentaient des douleurs gastriques à l'exclusion de toutes autres. — L'effet du bleu de méthylène est très rapide et la diminution de la douleur survient deux ou trois heures après que l'urine est colorée en bleu; un autre avantage, c’est qu'il persiste pendant plusieurs jours après que le malade ne prend plus de bleu et même pendant plusieurs semaines. C'est donc, non seulement un calmant presque immédiat, mais encore un médicament qui améliore d’une façon durable. SUR L'EXISTENCE DE LA MAIN SUCCULENTE DANS LA POLIOMYÉLITE CHRONIQUE, par M. J. DEJERINE. M. Marinesco a décrit sous le nom de main succulente dans la syrin- gomyélie une déformation des mains qu’il considère comme caractéris- tique de cette affection. Il s’agit, selon cet auteur, de « troubles trophi- ques vaso-moteurs particuliers qui, associés à l’atrophie musculaire qu'on rencontre souvent dans cette affection, assurent à la main un cachet si spécial qu'on peut faire aisément le diagnostic de la syringomyélie sans avoir procédé à un examen complet du malade (1) ». Ces troubles tro- phiques vaso-moteurs consistent en une tuméfaction de la face dorsale de la main ne gardant pas l'empreinte du doigt, et faisant disparaître les reliefs tendineux et veineux de cette face dorsale. Les doigts ont un aspect fusiforme et leur première phalange est souvent envahie par la bouffissure. La peau est lisse et sèche, plus ou moins cyanosée et froide suivant l'état de la température ambiante. Ces troubles vaso-moteurs des mains dansla syringomyélie avaient été jusqu'alors désignés sous le nom d'ædème dur par les auteurs qui avaient eu l'occasion de les obser- ver : Colleman, Hoffman, Masius, Remak, Roth. Pour M. Marinesco, il ne s'agirait pas d'œdème, mais d’un processus d’hyperplasie du tissu sous- cutané associé à un processus vaso-moteur favorisant cette hyperplasie. Tout récemment MM. Gilbert et Garnier (2) ont montré que la main succulente pouvait se rencontrer dans l'hémiplégie. Ces auteurs ont en effet rapporté un cas d’hémiplégie ancienne avec main succulente sans atrophie musculaire concomitante et éléphantiasis de la jambe du côté correspondant. Dans la note actuelle, je me propose de montrer que la main succulente accompagnée d'atrophie musculaire type Aran-Du- chenne n’est nullement une déformation appartenant en propre à la (1) Marinesco. Main succulente et atrophie musculaire dans la syringo- myélie. Thèse inaug., Paris, 1897. (2) Gilbert et Garnier. De la main succulente dans l’hémiplégie. Soc. de Biologie, séance du 8 juin 1897, p. 553, SÉANCE DU Â2 JUIN 565 syringomyélie, — où du reste on la rencontre rarement, — mais que la même déformation se rencontre dans certains cas de poliomyélite chro- nique, ainsi que j'ai pu le constater très nettement dans trois cas de cette affection, dont un a été suivi d’autopsie. Os. I. — Homme de soixante-cinq ans, atteint d'atrophie musculaire pro- gressive depuis l’âge de quarante-sept ans. J'ai étudié et suivi ce malade lorsque j'étais à Bicêtre, depuis 1887 jusqu'en 1890, époque où il se suicida. Il était atteint d’atrophie musculaire type Aran-Duchenne arrivé à un degré excessivement marqué. Mains simiennes avec atrophie complète des thénars, hypothénars et interosseux. Atrophie extrèmement accusée des membres supérieurs ayec impotence fonctionnelle presque totale. Depuis des années, les mains retombaient inertes de chaque côté du tronc. La face dorsale des deux mains est gonflée et a une consistance élastique, ne gardant pas la pression du doigt. Les doigts sont fusiformes et la face dorsale de la première phalange est, comme le dos de la main, bouffie et résistante. Les tendons et les veines du dos de la main ne sont pas visibles — main potelée. — Les mains sont cyanosées et froides, leur peau lisse et sèche. La sensibilité est intense sous tous ses modes. Aux membres inférieurs l’atrophie est peu marquée et le malade peut faire à pied d'assez longues courses. Réflexes olécraniens très affaiblis, réflexes patellaires conservés. Pupilles à réactions normales. Sphincters intacts. Diminution très marquée de la contractilité faradique et galvanique sans inversion de la formule. Pas de phénomènes bulbaires. Face intacte. Autopsie : poliomyélite chronique avec altération très marquée des racines antérieures et des nerfs musculaires (1). OBs. II. — La nommée Mér.…, âgée de soixante-dix-huit ans, est à la Sal- pêtrière dans mon service, salle Carrette, lit n° 11, pour une atrophie muscu- laire progressive, ayant débuté il y à vingt-neuf ans (1868). Elle présente un type d'atrophie Aran-Duchenne, arrivé à un degré de développement extrême, Les muscles des avant-bras et des mains ont pour ainsi dire complètement disparu, ceux des bras sont extrêmement atrophiés. A gauche, la malade ne peut exécuter aucun mouvement du bras, de l’avant-bras ou de la main. A droite, la malade peut exécuter quelques mouvements de l’avant-bras, mais aucun mouvement de la main et des doigts n'est possible. Contractions fibrillaires. Diminution simple de la contractilité faradique et galvanique. Abolition des réflexes olécraniens. Intégrité complète de la sensibilité sous tous ses modes sur toute l'étendue du corps. Face intacte, pas de phéno- mènes bulbaires. Pupilles de dimensions ordinaires et à réactions normales. Les membres inférieurs ne présentent pas trace d’atrophie. La malade peut marcher aussi longtemps qu’une personne de son âge bien portante. Réflexes patellaires normaux. Sphincters intacts. Sauf pendant le repos au lit, cette malade est debout ou assise la plus grande partie de la journée, les bras (1) Pour plus de détails, voy. : J. Dejerine. Deux cas d'atrophie musculaire progressive, type Aran-Duchenne, suivis d'autopsie. Soc, de Biologie, 1895, p. 188, obs. I. 566 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Rem —— ballants de chaque côté du corps. Les deux mains présentent l’apparence suivante. Ce sont des mains simiennes, avec atrophie complète des éminences thénar et hypothénar et des interosseux. La face dorsale de chaque main est bombée, les espaces interosseux ne sont pas visibles, pas plus que les tendons des extenseurs et les veines. Ce gonflement du dos de la main se prolonge sur la face dorsale des doigts, principalement au niveau de la première pha- lange. Ce gonflement est élastique et ne garde pas l'empreinte du doigt; il est un peu plus accusé sur la main gauche que sur la droite. Les deux mains sont violacées et froides, la peau qui les recouvre est lisse, luisante et sèche. Ogs. II. — Il s'agit ici d’une malade que je suis depuis l’année 1892, époque où elle passa plusieurs mois dans mon service de Bicêtre et qui, depuis, est rentrée plusieurs fois dans mon service de la Salpêtrière, salle Vulpian. C'est une femme de trente-neuf ans, Bouq... (Marie), chez laquelle une atro- phie musculaire des membres supérieurs commenca à se développer en 1886, et a continué à progresser jusqu'à aujourd'hui. Etat actuel. — Atrophie musculaire excessive des membres supérieurs avec intégrité complète des membres inférieurs. L'atrophie des muscles des extré- mités supérieures est arrivée à un degré tel que la malade ne peut exécuter aucune espèce de mouvement de ces extrémités et qu'on est obligé de la nourrir, de l’habiller, etc. Les bras tombent inertes de chaque côté du corps et bal- lottent pendantla marche. Les mains sont simiennes avec atrophie complète des thénars, hypothénars et des interosseux. Les réflexes olécraniens sont abolis. La sensibilité générale examinée sous tous ses modes est intacte sur toute l'étendue de la surface cutanée. La contractilité faradique et galvanique est altérée quantitativement seulement. Quelques contractions fibrillaires. Les membres inférieurs sont intacts, leur musculature bien développée et la malade peut marcher très longtemps sans aucune difficulté. Réflexes patel- laires normaux. Face intacte. Pas de phénomènes bulbaires. Pupilles en myosis avec signe d'Argyll Robertson. Sphincters intacts. Les deux mains sont froides et cyanosées, leur peau est lisse et sèche. Leur face dorsale est notablement bombée — main potelée, — la dépression des espaces interosseux, la saillie des veines et des tendons des extenseurs est invisible. Ce gonflement est dur et élastique et, comprimé par le doigt, ne garde pas l'empreinte de la pression. Il existe également sur la face dorsale des doigts sans dépasser notablement la 1'° phalange et donne aux doigts un aspect fusiforme très marqué. Les trois observations précédentes, dont une est accompagnée d’au- topsie, montrent que la main succulente associée à une atrophie muscu- laire type Aran-Duchenne n’est donc point, comme l’admet M. Marinesco, caractéristique de la syringomyélie, puisque dans mes cas il s'agit de sujets atteints de poliomyélite chronique. La pathogénie de ce gonîle- ment dur du dos de la main et de la 1° phalange des doigts est certaine- ment un phénomène d'ordre vaso-moteur, mais qui me paraît être d'ordre surtout passif et dépendre pour la plus grande part de la posi- tion des mains. Il s’agit en effet ici de sujets complètement impotents SÉANCE DU 1Â2 JUIN 567 de leurs membres supérieurs depuis de longues années et chez les- quels, par suite de la position verticale constante des mains à l'état de veille, la circulation en retour des membres supérieurs et en particulier des mains, se fait dans les condilions les plus défectueuses (1). SUR L'EMPLOI DES RAYONS DE RÔNTGEN POUR L'ÉTUDE DE LA MOTRICITÉ STOMACALE, par MM. JEAN-Cu. Roux et BALTHAZARD. (Travail du laboratoire de l'hôpital Andral.) Dans le laboratoire de notre maître M. le D’ A. Mathieu, nous avons commencé une série de recherches pour étudier la motricité de l’esto- mac sur divers animaux, au moyen des rayons X. Dans la première série d'expériences que nous avons l'honneur de présenter à la Société de Biologie, nous nous sommes uniquement occupés de l’estomac de la grenouille. La première condition à réaliser, c'est d'obtenir l'opacité du milieu stomacal. Pour cela, il nous a suffi de mélanger intimement aux aliments solides ou liquides du sous-nitrate de bismuth, sel insoluble et fort opaque aux rayons X, sous de faibles épaisseurs : la proportion de 0 gr. 20 centigr. par centimètre cube d'aliments est amplement suffi- sante. D'autre part, il faut obtenir une émission suffisamment considérable de rayons X, pour réduire la durée du temps de pose à une seconde environ; durée suffisante pour avoir des radiographies nettes, assez courte pour que la forme de l'estomac contracté ne varie pas sensible- ment. Pour étudier les contractions et leur propagation le long du tube digestif, nous avons tâché d'appliquer à la radiographie le principe de la remarquable méthode de M. le professeur Marey, la photochrono- graphie. Sur une pellicule de 3 centimètres de largeur et de 75 centi- mètres de longueur, nous prenons douze radiographies successives à intervalles réguliers. Le châssis que nous avons construit est protégé (1) On peut observer des phénomènes tout à fait semblables dans la para- lysie infantile. J'ai actuellement dans mou service une jeune fille de vingt ans, frappée à l’âge de dix-huit mois de paralysie infantile des membres inférieurs, et qui présente sur la face dorsale des pieds un gonflement dur et élastique, avec cyanose et refroidissement, effacement des saillies des tendons des extenseurs, peau lisse, etc., en un mot, les mêmes altérations que celles qui existent dans les mains des malades dont je viens de rapporter les obser- yations. 568 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par une plaque de plomb de 3 millimètres d'épaisseur contre la pénétra- tion des rayons X. Dans cette plaque est ménagée une ouverture de 3 centimètres sur 5 devant laquelle on place l'animal à étudier. Une seconde plaque de plomb placée à l’intérieur du châssis, protège la por- tion impressionnée de la pellicule. Pour prendre la série des radiogra- phies, on opère en pleine lumière; le châssis étant fermé et fixé en face de l’ampoule, on ferme le circuit à intervalles réguliers pendant une seconde, et à l’aide d'une manivelle on enroule la pellicule sur un axe, de facon à la faire avancer de la longueur voulue, devant la fenêtre de la lame de plomb. Nous n'avons pris qu'une radiographie toutes les 10 secondes, cette vitesse nous ayant paru suffisante pour étudier la propagation des ondes. Voici les conclusions auxquelles nous a amené l'examen de l’esto- mac de la grenouille sur l'écran fluorescent ou sur les radiographies en série. C'est, en général, 20 à 30 minutes après l’ingestion des aliments liquides (albumine d'œuf, sirop de sucre, eau), que les contractions de l'estomac ont le plus de netteté. Les ondes de contractions naissent vers le milieu de la grande courbure; la paroi de l'estomac s'aplatit et se creuse d'un sillon léger à ce niveau; puis l'onde progresse, atteignant de nouvelles fibres musculaires, tandis que les fibres précédentes se relàchent. A mesure qu'elle approche du pylore, le sillon qu'elle marque se creuse davantage, sur la grande courbure comme sur la petite, si bien qu'à la fin l'estomac est divisé en deux parties inégales: la partie infé- rieure forme un antre prépylorique où les matières sont tassées par l'onde qui progresse vers le pylore toujours fermé. À la fin, lorsque l'onde est à 3 ou 4 millimètres du. pylore, les matières passent dans la première partie de l'intestin grêle qui se contracte aussitôt et chasse les matières plus loin. Pendant ce temps, une onde nouvelle s'est formée sur la grande cour- bure de l'estomac. Elle apparaît au moment où se forme l’antre prépylo- rique, comme pour y chasser les matières contenues dans la cavité de l'estomac. Quelquefois lorsque l'évacuation est lente, cette onde ne pro- gresse pas, elle meurt sur place une fois que l’antre prépylorique s'est formé : en général, elle descend comme la première, creusant un sillon de plus en plus profond, tandis qu’une onde nouvelle naît sur la grande courbure : sur la radiographie que nous présentons, ces ondes se suc- cèdent toutes les 30 secondes. D'autre part, sur l'estomac viennent mourir les contractions œsopha- giennes; elles descendent, s'étalent sur la grande courbure qu'elles dépriment et disparaissent. Elles ne semblent pas se continuer par les contractions de l'estomac, que nous avons décrites plus haut. Ainsi, au point de vue fonctionnel, l'estomac de la grenouille présente deux parties distinctes. La région supérieure, réservoir des aliments, SÉANCE DU Â2 JUIN 569 qe tree et tte etre, sorte de point mort presque immobile, où viennent finir les contrac- tions œsophagiennes, et où naissent les ondes qui se propagent vers le pylore. La partie inférieure, portion prépylorique, qui est l'organe moteur de l'estomac et qui peu à peu, par une série de contractions, chasse dans l'intestin les matières accumulées dans la cavité stoma- cale. MYÉLITE EXPÉRIMENTALE SUBAIGUE PAR INTOXICATION TÉTANIQUE, par M. le D° H, CLauDr, À PROPOS DE LA DÉCOUVERTE D'UN PRÉTENDU STADE FLAGELLÉ CHEZ LES COCCIDIES, par M. A. LaBpé. Dans une note présentée récemment (1) à la Société de Biologie, M. le D' Simond décrit des sporozoïtes flagellés qu'il aurait rencontrés dans l’évolution de diverses Coccidies. Cette observation n'était pas faite pour surprendre peu les auteurs qui s'occupent de Sporozoaires et ne tendait rien moins qu'à renverser toutes les notions connues sur les Coccidies, puisque ce stade flagellé ou pseudo-flagellé devenait un stade normal de l’évolution coccidienne. En réalité, les descriptions de M. le D' Simond se ramènent à des faits déjà connus et que j'ai décrits dans un mémoire récent (2). Quelques figures des planches 13 et 14 annexées à ce mémoire donnent l'explication de l'erreur de cet auteur. La « masse centrale, volumineuse, sphérique, transparente » de M. Simond est le reliquat cystal; la zone « granuleuse, périphérique qui forme comme une écorce à la sphère claire » est le protoplasma formatit; enfin les flagelles « rayonnant comme une chevelure autour de la sphère centrale (3) » sont les pro- longements de microsporozoïtes absolument analogues à ceux que J'ai figurés dans mon Mémoire, pl. 13 (fig. 12, 15), pl. 14 (fig. 12, 13), chez Pfeifferia tritonis et P. avium. Ces microsporozoïtes sont le plus souvent filiformes, et leur endo- plasme se colore intensivement par l’'hématoxyline et le bleu de méthy- lène; dans ces conditions (4), on peut avoir l'apparence des sporozoïtes (1) L. Simond. Recherches sur les formes de reproduction asporulée dans le genre Coccidium. C. R. Soc. Biol., T mai 4897, p. 425-428. (2) A. Labbé. Recherches zoologiques, cytologiques et biologiques sur les Coccidies. Arch. de zool. expér. et gén., 3° sér., v. IV, p. 518-654, pl. 12-18, 1896, (3) Simond. Loc cit., p, 496. (4) Labbé, Loc. cit., pl. 13, fig. 12, 570 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——_——————— —————————— ————î——— « flagellés » de M. Simond, c’est-à-dire une « tête protoplasmique sans noyau » et un long « flagelle formé d’un axe de chromatine entouré d'une mince gaine protoplasmique ». Mais ce n’est là qu'une apparence. Si l’on pousse plus loin la décoloration, ou si l’on emploie un colorant précis, comme la safranine-aniline par la méthode d'Henneguy, on obtient (1) un sporozoïte allongé avec une masse de chromatine éga- lement allongée qui est simplement le noyau du sporozoïte. Si l’on ajoute que ce noyau, comme chez tous ces microorganismes, se déplace d'une extrémité à l’autre du sporozoïte suivant les mouvements de l’endoplasme, on s’expliquera facilement que M. Simond n'ait pu voir dans la partie antérieure aucune trace de noyau, lorsque ce noyau était à l’autre extrémité. ; Il résulte de tout ceci, que les sporozoïtes des Coccidies n'ont nulle- ment de flagelles, et que le prétendu flagelle n’est que le corps d'un sporozoïte, le prétendu axe chromatique n’étant autre chose qu’un noyau, qu'une décoloration intensive ou une coloration précise peut réduire à ses vraies proportions. Du reste, a priori, ne pouvait-on considérer comme étrange le fait d'un organisme dépourvu de noyau et muni d’un flagellum chroma- tique? Je n'ai pas besoin d'ajouter qu'aucun rapprochement ne peut être établi avec les formes flagellées de la Malaria, que ces formes soient normales (Laveran) ou qu'elles soient des stades organiques de dégé- nérescence, comme c'est l'opinion de plusieurs auteurs et de moi-même. LE Strongylus vasorum DU CHIEN OBSERVÉ A PARIS. Note de MM. RaïLziET et DROUIN. En 1892, Railliet et Cadiot, présentant à la Société (2) un cas de strongylose du cœur et du poumon du chien, faisaient remarquer que jusqu'alors le Strongylus vasorum C. Railliet n'avait été rencontré d’une façon certaine qu’à Toulouse. Le fait qu'ils avaient eux-mêmes observé semblait au premier abord faire exception; mais, après enquête, il avait paru devoir vraisembla- blement rentrer dans la règle, car le chien, appartenant à un pharmacien de Paris, avait été récemment importé de Toulouse. Or, nous pouvons aujourd'hui produire un fait nouveau qui sans être (4) Labbé. Loc. cil., pl. 13, fig: 15. (2) Railliet et Cadiot. Strongylose du cœur et du poumon chez un chien. Comptes rendus Soc. de Biol., 28 mai 1892, p. 482. SÉANCE DU 12 JUIN 571 encore rigoureusement démonstratif, semble pourtant bien établir que le Sirongylus vasorum appartient aussi à la faune parisienne. Le 30 juillet dernier, un rôtisseur de Belleville conduisait à Alfort un chien de rue àgé de dix ans et demi, atteint d'ascite. On s’était aperçu depuis six mois qu'il « prenait du ventre », ce qui avait été attribué à son àge; d'autre part, il était très altéré, et depuis un mois chaque repas était suivi d'accès de toux accompagnés de vomissements. Après examen, cet animal fut considéré comme atteint de tuberculose et abattu à la demande du propriétaire. A l’autopsie, on trouva en effet le poumon rempli de granulations miliaires, avec quelques foyers inflammatoires plus volumineux ; mais un examen attentif montra que ces lésions étaient de nature parasitaire. Les nodules principaux correspondaient chacun à un foyer d’endar- térite caractérisé par le développement d’un caillot dans une branche de l’artère pulmonaire, caillot au voisinage duquel étaient groupés des Strongles; quant aux granulations, elles représentaient, comme l'a montré Laulanié, des tubercules provoqués par l’émigration des œufs de ces parasites. En résumé, nous avions affaire à une tuberculose pulmo- naire vermineuse. Ajoutons, pour être complets, qu'il existait également des Vers dans le cœur droit et dans les grosses divisions de l’artère pulmonaire, où ils avaient développé des lésions d’endartérite. La question importante pour nous était dès lors de connaître l’origine de ce chien. Il ne nous a pas été possible d’élucider ce point d'une façon complète, mais les renseignements que nous avons obtenus sont cependant assez significatifs. L'animal avait été acheté par le rôtisseur à l'âge de dix-huit mois, c'est-à-dire qu'il était en sa possession depuis neuf ans; « il avait dû être élevé chez un boucher ». Son origine pre- mière n’est donc pas connue ; mais si l’on songe que jusqu’au commen- cement de 1896 il avait toujours été bien portant, on admettra sans doute avec nous que l’invasion parasitaire était de date récente, et que, par conséquent, elle n’avait pu s'effectuer que dans notre région. (612.45) Du FOIE COMME ORGANE DESTRUCTEUR DE LA SUBSTANCE ACTIVE DES CAPSULES SURRÉNALES. Note de M. P. LanGLois. Dans une communication précédente (29 mai 1897), nous avons signalé l'influence exercée in vitro sur l'extrait capsulaire, soit par l'ozone, soit par l'hémolymphe des crustacés. Et nous nous rangions à 572 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'opinion de Cibulsky, sur le mécanisme de destruction par oxydation de la Sphygmogénine (1). Peut-être le processus est-il plus complexe. Dans des recherches antérieures, nous avions été conduit à rejeter au second plan l’action du foie. A la suite de l'injection par une veine mésentérique d’un centi- gramme d'extrait capsulaire par kilogramme d’animal, nous avions noté une élévation de pression avec ralentissement cardiaque, et nous disions: « L'action exercée par le foie sur la substance active produite par les _ capsules, si elle existe, est en tous cas très faible et, ne saurait suffire pour amener si rapidement la disparition des effets observés après l’in- jection (2). » En fait, une série d'expériences nouvelles nous montre que cette action existe et d’une facon très manifeste. Nous avons, dans ce but, institué quatre séries de recherches : 1° Injection d’une macération filtrée de foie et d'extrait capsulaire; 2° Injection dans la veine mésentérique comparativement avec l'injection dans une veine saphène après l'injection d'extrait; 3° Injection du sang de la veine sus-hépatique pris après injection d'extrait; 4° Suppression fonctionnelle du foie. 1° /njection de macéralions d'organes avec extrait capsulaire. Extrait capsulaire : 2 grammes d'extrait sec broyé avec 19 grammes d’eau salée filtré à chaud. On sacrifie un lapin par hémorragie, et immédiatement on mélange et on broie au mortier. A. — 20 grammes de foie + 15 centimètres cubes d'extrait CS + 20 centimètres cubes d’eau salée. B. — 20 grammes d'’intestin lavé<15 centimètres cubes d'extrait CS + 20 centimètres cubes d'eau. C. — 15 grammes de poumon+8 centimètres cubes d'extrait + 15 centimètres cubes d’eau. Laissés à la température du laboratoire 15 minutes. On exprime ensuite dans un linge fin. D. — 15 centimètres cubes d'extrait capsulaire + 30 centimètres cubes d’eau salée. (1) Nous emploierons ce terme, donné par Fraenkel à la substance vaso- constriclive de l'extrait capsulaire, tout en reconnaissant combien il est dan- gereux de donner un nom à un produit, que l’auteur n’a jusqu'ici obtenu qu'à l'état de liquide sirupeux. (2) P. Langlois. Sur les fonctions des capsules surrénales. Thèse, Faculté des sciences, 4897, p. 80. SÉANCE DU 4Â2 JUIN 513 Chienne de 20 kilogrammes, reçoit 5 grammes de peptone. QUANTITÉ ÉLÉVATION injectée. manométrique. SOIURION ANR OIeRS RARE 5 CC. À ce Hg. NN MONA RS ESS ET EUR CSP ELEUA 10 2 AO EE Ou PE Se 10 1 AUTRE ASTRA MEN ASS RSA TE 10 1 Lanterne. CE PA RENE 12 0.5 Solution D. Ba tratiCS s. METAV A 5 4 De Dee rene Ve le CRU MAN Le 4 4 SotHonab ae InteS DIANrNN VNEr 10 1.5 S'OLUDONA CAP OUMONMENNNNEN 10 " La macération de foie neutralise donc l’extrail capsulaire; l'intestin parait agir légèrement; quant au poumon, il est complètement sans action. Une expérience antérieure, dans laquelle nous avions utilisé de l'extrait capsulaire ayant servi à une circulation artificielle dans le poumon, nous avait montré que la puissance de cet extrait n'était pas modifiée. 2% Injection comparative in mésentérique et jugulaire. uaulaise MANN PEN EEE Cubese 3 cent. Hg, Mésentérique. . . . . . 4 — 0 — —— 4 2e 0 2 — Em AC) — AN AURA = D net See TAN UT — 2 — TUNER EME EE TE — 3 cent. » Dans cette expérience, nos injections ont été faites par la jugulaire el on pourrait nous objecter que cette veine est trop près du cœur, que l'extrait arrive en contact avec l'endocarde, à peine dilué; mais, d'une part, nos injections sont failes avec une extrême lenteur, dans l’expé- rience actuelle, nous avions même diminué encore la vitesse : un demi- centimètre cube par minule; enfin dans un grand nombre d'injections antérieures, nous avions vu que les variations de pression étaient iden- tiques quand les injections étaient DORSSEES successivement dans la veirie saphène ou dans la jugulaire. Si nos premières expériences nous avaient conduit à une interpreta- tion erronée, c’est que nous injections des doses beaucoup trop fortes, 30 centigrammes, 8 centigrammes, toujours en extrait sec. Actuellement notre dilution mère 2/195 diluée au 1/3, représentait O0 centigr. 53 par centimètre cube, soit, pour une chienne de 20 kilogrammes, 2 cent. 2 pour 4 centimètres cubes injectés. L'injection de 8 centigrammes a donné, en fait, une élévation de pres- sion appréciable. 574 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il est facile de supposer que le foie ne peut neutraliser qu'une partie de la substance et que si l'injection est trop forte, un excès passe au début dans la circulation générale. 3° Sang sus-hépatique et sang de la circulation générale. Si le foie arrête, neutralise la sphygmogénine, le sang qui sort du foie doit posséder une activité moindre sur les vaisseaux que le sang de la cireu- lation générale. On recueille le sang simultanément : 1° dans la partie sus-diaphrag- matique de la veine cave, avec arrêt temporaire de la circulation dans la partie sous-diaphragmatique ; 2° dans la circulation veineuse géné- rale : jugulaire externe et crurale, ou veine cave abdominale. Le sang a été recueilli après injection de 10 centimètres cubes d’extrait concentré dans le bout central de la jugulaire, entre la 18° seconde et la 105°, c’est-à-dire pendant la période où le sang est le plus riche en extrait et où la pression se maintient très élevée, 10 centimètres au dessus de la normale. Le sang recueilli ainsi, n'étant pas en quantité suffisante pour fournir du sérum, a été, le lendemain, chauffé au bain-marie pendant 12 mi- nutes, puis broyé et trituré avec de l’eau salée, et filtré. 1 centimètre cube du liquide obtenu représentant 1/2 centimètre cube de sang. Un chien griffon de 4 kilogrammes recoit 2 gr. 50 de peptone. Pas d’abaissement de pression. PRESSION Hg. Re. OS RS Avant. Après 1° Injection de 20 c. c. sang. Jugulaire et veine cave abdom. 20 25.5 20 — — — Veine cave thoracique. . || . 22 2# La seconde injection n’a donc donné lieu qu'à une élévation de 9 centimètres au lieu de 5 cent. 5 et encore cette élévation a été fort courte. 19 1 1 1Ù OT 3° Injection de 10 c. c. sang. Jugulaire et veine cave. 40 — — — Veine cave thoracique ho] 19 (UE) lei encore la différence est en faveur du sang n'ayant pas passé dans le foie. Mais il faut tenir compte de certains détails opératoires qui expli- quent les faibles différences observées. La ligature temporaire était placée entre le diaphragme et le point d'abouchement des veines capsulaires : par suite, le sang recueilli dans la veine cave thoracique était constitué par un mélange des veines hépatiques et des veines diaphragmatiques, ces dernières déversant un sang chargé d'extrait et non hépatisé. 4 Suppression fonctionnelle du foie. (Noir la note suivante : Athanasiu et Langlois.) ‘ SÉANCE DU 12 JUIN 515 RP A D Nous nous croyons bien autorisés à penser qu'à l'état normal, comme pendant les intoxications expérimentales, la sphygmogénine se détruit au moins partiellement dans le foie. Nous ajoutons partiellement, car les expériences en cours nous font supposer que d’autres organes con- courent à cette destruction : supposition logique, d’ailleurs, étant donné le mécanisme de destruction par oxydation signalé dans une note pré- cédente. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) [612.45] DU RÔLE DU FOIE DANS LA DESTRUCTION DE LA SUBSTANCE ACTIVÉ DES CAPSULES SURRÉNALES (Seconde série de recherches). Note de MM. ATHANaAsIU et LanNGLois. Dans une note présentée à la même séance, l’un de nous a insisté sur le rôle important que le foie paraît jouer dans la destruction de la subs- tance vaso-constructive sécrélée par les capsules surrénales. En utilisant des méthodes différentes, on arrive à une démonstration constante : le tissu hépatique neutralise la sphygmogénine. Une quatrième série de recherches s’imposaient nécessairement l'étude des modifications de. pressions après la suppression fonctionnelle du foie. La destruction totale du foie présente des difficultés insurmon- tables. L'établissement d’une fistule permanente entre la veine porte et la veine cave (fistule d’Eck. Opération de Pavloff), outre la difficulté opératoire, ne répondait pas aux conditions de l'expérience. Il importait en effet d'obtenir dans des conditions rigoureusement égales des tracés de pressions à la suite d'injection de dose égale d'extrait et de répéter ces lectures un certain nombre de fois. Aussi avons-nous cherché à réaliser une obstruction temporaire de la veine porte. Dans ce but deux canules en Y sont disposées l’une dans la veine cave, l’autre dans la veine porte, les branches latérales sont réu- nies par un tube de caoutchouc. Quand ce tube est fermé par une pince, la circulation se fait normalement dans les deux vaisseaux, il suffit d'ouvrir cette communication et de pincer la veine porte pour diriger le sang porte vers la veine cave. Toutefois, il est nécessaire encore, pour s'opposer au passage d’une certaine quantité de sang dans le foie, de lier l’artère hépatique, ce que nous avons fait dans une autre expé- rience. Le tableau ci-après nous indique les résultats obtenus. Brococte. ComPTES RENDUS. — 10 SÉRIE, 1. IV. 46 576 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DURÉE DE L'ÉLÉVATION UE RE AU-DESSUS AU-DESSUS PRESSION EN Hg. du de 4 cent. au-dessus chiffre initial. en excès. de la normale. 2 centimètres cubes : | secondes. secondes. 2 V. Porte ouverte. . . 127 9 % 3 — fermée. . . 184 47 4,6 3 centimètres cubes : 5 V. Porte ouverte. . . 126 36 6 X 0 ermeéesmres 173 14 7.5 La suppression fonctionnelle du foie a donc pour résultat de prolonger la durée de l'hypertension. Dans l'expérience rapportée, cette prolon- gation atteint 33 p. 100 environ. Dans une autre, ce chiffre a été dépassé, mais la pression normale était si faible, l’animal si épuisé, que les chif- fres observés ont une valeur moindre. Ces expériences apportent une nouvelle preuve de l’action destructive du foie vis-à-vis de l’extrait cap- sulaire. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) (612.015) SUR L'EXISTENCE CHEZ LES MAMMIFÈRES DE GLOBULINES POSSÉDANT LES PROPRIÉTÉS DES FERMENTS SOLUBLES OXYDANTS, par MM. J.-E. ABeLous et.G. BrARNÈS. (Laboratoire de physiologie de l'Université de Toulouse.) Dans la séance du 22 mai, communiquant les résultats de nouvelles expériences sur l’oxydase des mammifères, nous avons montré que certains organes (rate, par exemple) ou la fibrine (veau, porc), soumis à la digestion artificielle en présence de la papaïne, laissaient un résidu qui colore très énergiquement la teinture de gaïac. Ce résidu, repris par. une solution de nitrate de potasse à 8 p. 100 à 40 degrés, pendant quelques jours, fournit un filtrat limpide qui bleuit d’une façon intense la teinture de gaïac. Ce filtrat, étendu d’eau et traité par un courant de CO”, ou simplement soumis à la dialyse, donne un précipité présentant tous les caractères des globulines et doué d’un pouvoir oxydant mani- feste. De plus, ce filtrat traité par SO‘Mg à saturation précipite. Le liquide filtré est inactif, le précipité, au contraire, est très actif. Or, on sait que SO*Mg à saturation précipite les globulines. SÉANCE DU Â2 JUIN 571 Contrairement à ce que nous disions dans notre dernière note, l'alcool, si ce n’est dans des conditions que nous nous réservons de pré- ciser ultérieurement, ne détruit pas l’activité oxydante. Il permet même de séparer facilement les globulines oxydantes. En effet, si on traite la solution nitratée par deux fois son volume d'alcool à 95 degrés, il se forme un précipité blanc qui se sépare rapidement. Ce précipité est lavé à plusieurs reprises par de l’alcool à 25-30 degrés pour enlever le nitrate. On lave ensuite le précipité à l’éther pour chasser l’alcool; on le recueille sur une plaque de verre et on le dessèche dans le vide. On obtient ainsi un résidu sec sous forme d’écailles translucides de couleur ambrée. Ce résidu, ramolli par un peu d’eau, bleuit énergiquement la teinture de gaïac. Dissous dans le nitrate de potasse à 8 p. 100 ou dans le NaCI à 10 p. 100, il fournit une solution limpide très active. Ajoutons enfin que la fibrine (veau, porc), mise à macérer à 40 degrés pendant trois ou quatre jours dans NaCl à 10 p. 100, SO'Na’ à 10 p. 100, NaFl à 2 p.100, AzO*K à 8, 12, 15 p. 100, fournit une solution qui oxyde nettement la teinture de gaïac. Les solutions les plus actives sont celles dans AzO*K et dans NaFl. Les solutions dans le sulfate de soude et dans le chlorure de sodium nous ont paru moins énergiques. Pour ce qui concerne le chlorure de sodium, nous avons étudié le pouvoir oxydant de macérations à titres divers, 1, 2, 3, 4... 10 p. 100. L'activité oxydante, faible à 1 p. 100, croît avec le titre et est nette à 10 p. 100. Si on recueille le résidu de fibrine, on peut, par des macérations suc- cessives à 40 degrés dans le nitrate de potasse à 8 p. 100, obtenir des liqueurs de moins en moins actives. On peut donc arriver par des trai- tements répétés à épuiser le pouvoir oxydant des macérations, c’est-à- dire à enlever la totalité des agents oxydants. Très prochainement nous communiquerons les résultats d’expé- riences actuellement commencées sur les propriétés générales de ce ferment, notamment sur l'absorption d'oxygène qui se produit dans son action. Nous communiquerons aussi les résultats de nos expériences sur l’oxydation du glucose 1n vitro et dans l'organisme, sous l’influence de ces agents d'oxydation. Le Gérant : G. MASson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. MES CA #+> HNNNS CUT SÉANCE DU 19 JUIN 1897 MM. F. Bezancow et V. GrirroN : Pouvoir agglutinatif du sérum dans les infections expérimentales et humaines à pneumocoques. — MM. A. Cnarrin et A. Rice : Le pouvoir toxique de l'urine des nouveau-nés; variations; origine des poisons. — M. Azrrep Grarp : Sur deux Cochenilles nouvelles Ortheziola fodiens nov. spec. et Rhizæcus Eloti nov. spec., parasites des racines du Caféier à la Guadeloupe. — M. Émice BerGer : Emploi de l’holocaïne en ophtalmologie. — M. et Mme DEJERINE : Sur les dégénérescences secondaires consécutives aux lésions de la circonvolution de l’hippocampe, de la corne d'Ammon, de la circonvolution godronnée et du pli rétro-limbique (trigone cérébral, commissure antérieure, faisceau inférieur du forceps du corps calleux, tapetum et faisceau occipito-frontal). — MM. J. Araa- NAsiu et J. CARVALLO : La résistance des animaux homéothermes aux injections trés chaudes intraveineuses. — M. Er. Mercanxorr: Sur l'influence des végétaux inférieurs sur les toxines. — M. EL. Mercunixorr : Sur le stade flagellé des Coccidies. — M. Ca. Féré: Accoutumance du blastoderme à un milieu toxique. — M. Cu. FéRé : Note sur l'influence des injections préalables de solutions de chlorhydrate de cocaïne dans l’albumen de l’œuf de poule, sur l’évolution de l'embryon. — M, L. Caprran : Figuration du mal de Pott sur des statuettes incas et aztèques. — M. J. Bapinsxt : De l’action du chlorhydrate de morphine sur le tétanos. Présidence de E. Dupuy, vice-président. POuUvoIR AGGLUTINATIF DU SÉRUM DANS LES INFECTIONS EXPÉRIMENTALES ET HUMAINES A PNEUMOCOQUES (Deuxième partie), par MM. F. BezançoN et V. GRIFFON. (Communication faite dans la séance du 5 juin.) Infections pneumococciques humaines. — Dans une première série de recherches, entreprise avec M. Widal (1), nous avions essayé d’appli- quer aux infections à pneumocoques le procédé de sérodiagnostic de la fièvre typhoïde. Ces tentatives ne donnèrent que des résultats incer- tains ; la propriété agglutinante ne parait pas exister généralement à un degré suffisant dans le sérum des pneumoniques pour qu’on puisse la déceler dans les milieux dilués. Convaincus, cependant, par nos recherches sur le sérum des animaux infectés, de l'existence du pouvoir agglutinant au cours de l'infection . (4) F. Widal. Congrès de Nancy, 6 août 1896. BiocoGie, COMPTES RENDUS. — 102 SÉRIE, Tr. IV. 47 580 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pneumococcique, nous n avons pas abandonné cette étude, mais nous avons changé de technique. C’est à la méthode de culture directe en sérum qui, chez les lapins vaccinés et infectés, nous a donné des résul- tats si nets, que nous nous sommes adressés. La culture d’un microbe dans le sérum humain pur donnant quelque- fois naissance à des amas, nous avons d'abord étudié le mode de déve- loppement du pneumocoque dans le sérum de dix individus sains. Dans ces dix cas, le pneumocoque à poussé difficilement; au bout d'un séjour de vingt-quatre heures à l’étuve, le milieu est resté clair, sans gru- meaux, et l'examen microscopique n’a montré que de rares diplocoques bien encapsulés. Dans les dix sérums que nous avons expérimentés, nous n'avons eu ni amas, ni vraie chainette. On ne doit pas considérer comme chaïnette, l'accolement bout à bout de deux diplocoques, que l’on voit parfois. Nous avons eu l’occasion d'étudier le sérum de sept malades atteints d’affections pneumococciques variées. Ces sept cas se divisent en deux groupes. Un premier groupe comprend cinq cas de pneumonie lobaire dont deux compliqués, l’un de pleurésie purulente, l’autre de méningite. Dans ces cinq cas, le résultat a été positif. Le sérum de ces malades, ensemencé et mis à l’étuve, est demeuré limpide, mais au microscope le pneumocoque y a poussé plus abondamment que dans le sérum humain normal, et surtout il s’est agglutiné en chaînettes flexueuses, plus ou moins longues, formées parfois d'un nombre considérable de grains; la capsule, si nette dans les cultures en sérum humain sain, n’est plus ici apparente. De grands intervalles dépourvus de microbes séparent les chainettes. Celles-ci sont le plus souvent isolées, mais parfois aussi elles s’enchevêtrent, esquissant ainsi les amas. Ces caractères rappellent, à un degré moins accusé, ceux que présentent la culture du pneumocoque en sérum de lapin vacciné. Le second groupe a trait à deux cas spéciaux : dans l’un, il s'agissait non d’une pneumonie franche, mais d'une lésion suppurée du poumon, avec vastes foyers nécrotiques, lymphangite sous-pleurale, etc. Le second malade avait une pleurésie purulente primitive à évolution grave et à longue durée. Dans ces deux cas, le sérum ensemencé avec le pneumocoque vulgaire n’a pas présenté la réaction agglutinante observée dans les cinq cas précédents. Le microbe de l'affection a heureusement pu être isolé et étudié dans l’un et l’autre cas. Dans le premier, il s’agis- sait d’un microbe nettement différent du pneumocoque vulgaire; c'est un diplocoque non lancéolé, à grains plus larges que longs, le plus sou- vent en chainettes, et entouré toujours d’une très volumineuse capsule, paraissant moins pathogène pour la souris que pour le cobaye, et pro- voquant chez cet animal, lorsqu'on l’inocule dans le péritoine, un exsu- dat très abondant d'une viscosité toute spéciale. Ce microbe diffère SÉANCE DU 19 JUIN 581 encore du pneumocoque en ce que, cultivé dans le sérum d’un lapin très infecté par le pneumocoque vulgaire, il n'y est pas agglutiné, mais s'y comporte comme dans le sérum de lapin normal. Cultivé au contraire dans le sérum du malade à l'autopsie duquel il a été retiré du poumon, ce microbe a présenté avec une grande netteté la réaction agglutinative. Le microbe isolé chez ie dernier malade, cultivé en sérum de lapin infecté par le pneumocoque vulgaire, s’y est aussi développé comme il eût fait dans le sérum de lapin normal. Par contre, ensemencé dans le sérum du malade lui-même, il nous à donné le plus bel exemple d’ag- glutination que nous ayons observé dans nos recherches sur les sérums humains. Le milieu présentait au bout de vingt-quatre heures une cupule pseudo-membraneuse au fond du tube; au microscope, on voyait, non plus de simples chainettes, mais de vrais amas; enfin, le pouvoir agglutinatif était assez accentué pour persister encore dans le sérum dilué par addition de bouillon. En résumé, la propriété agglutinative existe aussi bien au cours des infections pneumococciques humaines que chez les animaux vaccinés ou infectés expérimentalement. Cette constatation n'est pas seulement intéressante en ce quelle étend aux infections à pneumocoques la notion, dont nous sommes redevables à M. Widal, que la propriété agglutinante apparaît déjà à la période d'infection ; elle l’est surtout en ce qu'elle nous révèle dans le sérum des malades infectés un réactif extrêmement délicat, permettant de séparer les unes des autres des races microbiennes en apparence très voisines. Dans deux cas, l'absence de réaction agglutinante dans le sérum ensemencé avec le pneumocoque vulgaire, nous a permis de voir qu'à côté du pneumocoque vulgaire il existe d’autres races de pneumocoques qui, au point de vue de l’agglu- tination, se comportent comme des microbes différents. Il reste à savoir si cette différenciation se maintiendra par l'étude des autres caractères, le pouvoir pathogène et les réactions vaccinales. Gette constatation de la pluralité des races pneumococeiques, jointe aux difficultés de culture du pneumocoque, fait, par contre, que notre étude ne semble pas comporter une application pratique aussi simple que l’est le sérodiagnostic de la fièvre typhoïde. LE POUVOIR TOXIQUE DE L’URINE DES NOUVEAU-NÉS; — VARIATIONS: — ORIGINE DES POISONS, par MM. A. CHarrin et À. RiIcae. Nous avons entrepris l'étude des poisons urinaires des nouveau-nés. a À l’état normal, cette urine, comparée à celle de l'adulte, à volumes 582 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ITS DR ARR Re RE LEP OR RE ANS RTS NU RE égaux, est peu toxique ; il faut injecter 80 à 140 centimètres cubes, même davantage par kilogramme, au lieu de 40 à 60 pour amener la mort. — On a pu, on pourrait iuvoquer pour expliquer ce défaut de toxicité plus apparent qu'absolu, plusieurs arguments, en dehors de la simple dilution. — Le nouveau-né au lait n’ingère presque pas de poisons ali- mentaires, en particulier pas de potasse; les fermentations digestives sont réduites, attendu que la nourriture introduit peu de débris fer- mentescibles; la coloration du contenu vésical est minime, et on sait que Thudicun a invoqué la toxicité des pigments. — Ce sont là, ali- ments, dénutrition, intestin, pigments, etc., les principales causes de ces poisons de l'urine. Cette toxicité varie ; or, ces variations placent en lumière, une fois de plus, les origines de ces composés nuisibles. Si on remplace le lait par des principes riches en potasse, par un cacao spécial, on voit augmenter cette toxicité : on arrive à tuer à 60, à 30 p. 1000. — De même si on accroît l’urée, les déchets de la désassi- milation par des changements de régime, ou grâce à une nutrition mo- difiée par l’hérédité, comme on peut l'observer parfois chez des rejetons issus d’ascendants malades ; de même, si les fermentations intestinales deviennent intenses. — En dehors de l’indican, des matières colorantes biliaires, certains pigments anormaux passent quelquefois de cet intestin dans la vessie, mettant en évidence cette origine digestive des toxiques urinaires. Ces observations intéressent le physiologiste, puisqu'elles révèlent des processus normaux : les sources de ces poisons, leurs lieux de forma- tion. — Un des avantages du nouveau-né dérive de la fixité de son régime : on sait exactement ce qu'il ingère. Ces poisons du début de la vie sont ceux qu'on trouve, en grande partie, chez l'adulte, sauf peut-être pour les convulsivants minéraux alimentaires ; si on en juge par les accidents accompagnant l'injection, ces accidents sont analogues aux troubles que provoque l’urine de l'homme, — myosis, accélération cardiaque, respiratoire, oscillations thermiques, ete., — mais ils sont atténués, toujours bien entendu à volumes égaux. A l’état pathologique, des éléments nouveaux apparaissent quelque- fois ; nous avons décelé ce corps désigné, à tort pour quelques chi- mistles, sous le nom d’acide glycuronique ; d'autre part, des urines de malades ont déterminé des lésions inusitées ; les animaux finissent habituellement par succomber, quand on fait pénétrer des doses qui ne sont pas immédiatement mortelles. Il n'y a pas lieu d’être surpris de retrouver au début de la vie la majeure partie des toxiques qui se rencontrent à un àge plus avancé, puisqu'il s’agit du fonctionnement du même être à des périodes dissem- blables. — D'autre part, si on fait des calculs, on voit que le rein du SÉANCE DU 19 JUIN 583 nouveau-né laisse passer, au point de vue des poisons à action physiolo- gique, à peu près ce que laisse passer celui de l’homme mür, toutes proportions gardées. — Si, en effet, on tient compte des poids, des vo- lumes totaux des vingt-quatre heures, on constate, en dépit des appa- rences premières, que, pour 1,000 grammes de tissu de nouveau-né, ce rein est traversé, en une journée, par une dose de poison capable de tuer 400 à 550 grammes de matière vivante : or, c'est là, avec une légère augmentation, sensiblement ce que l’on constate chez l'adulte. — Etudiée à ces divers âges, la toxicité des urines offre donc et des diffé- rences et des analogies. SUR DEUX COCHENILLES NOUVELLES Ortheziola fodiens Nov. sPEC. ET ARhi- zœæcus Æloti NOV. SPEC., PARASITES DES RACINES DU CAFÉIER A LA GUA- DELOUPE, par M. ALFRED (GIARD. Parmi les insectes nuisibles au Caféier, les auteurs ont signalé diverses Cochenilles, notamment : Lecanium coffeæ Walker (= L. hemisphæricum Targ), Lecanium viride Green, Dactylopius adonidum L. (— D. longispinus, Targ), Dactylopius citri Risso (= D. destructor Com- stock), etc. Les dégâts causés par ces insectes sont d’ailleurs appréciés très différemment, les uns les considérant comme insignifiants, les autres, au contraire, leur attribuant la mort des Caféiers. D'après des observations faites soit au Brésil (de Capanema 1876, Goeldi 1887) (1), soit dans l'Inde (F. Lœw), soit à la Réunion (E. Bor- dage 1897) (2), les Dactylopius ne se contenteraient pas d'attaquer les parties aériennes du végétal. Ils se réfugient dans le sol pendant la saison des pluies et se portent sur les racines où ils continuent à sucer la sève. Quelques entomologistes (Niedelsky, Lichtenstein, ete.) ont soutenu de même, qu'en Europe, le Dactylopius vitis Nied. émigrait pendant l'hiver sur les radicelles de la vigne. Mais le fait a été contesté par Signoret (Æ'ssai, p. 359) et M. J. Künckel d'Herculaïs présume qu'il y à eu confusion entre deux espèces de Cochenilles ampélophages, l’espèce trouvée sur les racines étant sans doute celle qu’il a fait connaître sous le nom de Rhizæcus falcifer (3). (1) Jornal do Commercio de Rio de Janeiro, 25 nov. 1886 et Goeldi, Relatorio sobre a molestia do Caffeiro, Archivos do Museu nacional Rio de Janeiro, 1887, p. 75, pl. IV, fig. 42-43. (2) Revue agricole de la Réunion, n° 4, avril 1897, p. 275-277. (3) Annales de la Société entomologique de France, 5° sér., t. VILL, 1878, p. 161, pl. VI, fig. 4 à 12 et t. LXI, 1891, Bull., p. 116. 584 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il devenait donc intéressant de rechercher si une confusion analogue n’avait pu être commise dans certains cas pour les parasites du Caféier. Aussi dois-je remercier notre collègue M. F. Henneguy de m'avoir transmis des racines de Caféiers de la Guadeloupe attaquées par des Homoptères que lui avait envoyées M. Auguste Elot, directeur du labo- ratoire agricole de la Basse-Terre, à Saint-Claude. Sur les radicelles d’un de ces arbustes qualifié mourant, se trouvaient en grande quantité deux Cochenilles, que je considère comme nouvelles, mais qui malheureusement n'étaient représentées que par des exem- plaires femelles, jeunes ou adultes. La première que je nommerai Ortheziola fodiens Gd., appartient à un genre récemment décrit et découvert en Bohème par Karel Sulc (1). L'Ortheziola Vejdovskyi, type et unique espèce du genre vit, d’après Sulc, sous les feuilles et sous les mousses. Notre Ortheziola américaine mène au contraire une existence hypogée. Mais dans le genre Orthezia, voisin des Ortheziola, nous connaissons une espèce de l'Europe boréale, l'O. cataphracta Shaw (2), qui vit également sous terre, tandis que les autres formes congénères (0. urticæ L., etc.) sont aériennes. L'Ortheziola fodiens ressemble beaucoup à l'O. Vedovskyi. La femelle adulte mesure environ 2 millimètres de long sur 1%",5 de large. La cou- leur est fauve rougeàtre, comme chez Orthezia cataphracta, au lieu d’être grisätre ou noirâtre comme chez Ortheziola Vejdovskyi et Orthezia urticæ. La massue des antennes est un peu plus longue, et l’article qui la sup- porte, comparé à l’antépénultième, est plus étroit que chez 0. Vejdovskyi. Le tibio-tarse présente à chaque paire de pattes, vers son quart supé- rieur (proximal), la trace à peine distincte d’une articulation complè- tement ankylosée. Les lames cireuses n’ont pas de lignes jaunes (à moins que l'alcool ne les ait fait disparaître). Elles sont d’ailleurs disposées absolument comme chez l’espèce de Bohême, les lames marginales I-[V faisant largement saillie de chaque côté du corps. Les œufs sont ovoïdes, allongés, blanchâtres et très transparents. En résumé, l'étude de cette nouvelle espèce justifie pleinement la création du genre Ortheziola (3). (1) O novém rodu a druhu cerveu (Coccidæ), Ortheziola Vejdovskyi n. g. n. sp., Vestnik Kral. Ceské Spolecnosti Nauk. Trida mathematicko-prirodovedecka, 1894, XLIV, Tab. XVI. (2) J.H. List. Orthezia cataphracta Shaw, Zeitschr. f.wiss. Zool., XLV, 1887, p.3-d. (3) Si, comme le pense F. Lœw (Wien. Ent. Zeit., III, 1884, p. 12, note) et comme cela me paraît probable, la prétendue larve mâle d'Orthezia urticæ décrite et figurée par Signoret (Ann. Soc. ent. de France, 1875, p. 387-388, pl. XI, fig. 1 et 15) est une larve femelle d’Orthezia floccosa de Geer (— 0. Normani Douglas), cette dernière espèce se rapprocherait des Ortheziola par l'existence d’un tibio-tarse et par la massue des antennes. Mais elle en différerait par le nombre des articles antennaires qui est de 7 comme chez les autres Ortheziola femelles. | Csée SU ©c SÉANCE DU 4À9 JUIN 58 La deuxième Cochenille, un peu moins abondante que l'Ortheziola, dans l’envoi de M. Elot, est un Æhizæcus différent du Rhizæcus falcifer Künckel et que j'appellerai Rhizæcus Eloti. La femelle adulte est aveugle : elle mesure un peu plus de 2 milli- mètres. Le revêtement cireux est moins abondant que chez À. falcifer, et souvent irrégulièrement disposé en rares flocons. Le tégument est grisètre, moins velu que celui de l’espèce type. Les pattes sont plus courtes, ne dépassant pas le corps de chaque côté, et terminées par une griffe unique. La particularité distinctive la plus nette est tirée de la disposition des poils falciformes antennaires si caractéristiques du genre Rhizæcus. Le poil interne et les deux poils supérieurs externes sont placés absolument comme chez F. falcifer et présentent la même forme : mais le poil inférieur externe n'existe pas; il est remplacé chez Rh- zœæcus Eloti par un poil droit plus épais que les poils ordinaires et réfrin- gent comme les faucilles, inséré presque à l'extrémité de la massue et à la face ventrale de l'antenne. C’est pour la première fois que les genres Ortheziola et Rhizæcus sont rencontrés dans le Nouveau Monde, et cette constatation vient encore compliquer le problème déjà passablement obscur de la distribution géographique des Cochenilles (celle du genre Ahizæcus en particulier). Au point de vue pratique, les Cochenilles souterraines des racines du Caféier ne peuvent guère être combattues utilement que par des irriga- tions abondantes. On pourrait aussi songer à l'emploi de plantes pièges; cependant il convient de faire remarquer à ce propos que l'Ortheziola fodiens et le Rhizæcus Eloti semblent malheureusement avoir une pré- férence bien nette pour le Caféier. En effet, M. Elot avait joint à son envoi des racines de plantes adventices poussant auprès des Caféiers et sur lesquelles ilavait remarqué également des Homoptères; mais ceux-ci étaient de vrais Pucerons (Aphidiens) n'ayant rien de commun avec les Cochenilles décrites ci-dessus. Je les ferai connaître dans un travail ultérieur. EMPLOI DE L'HOLOCAÏNE EN OPHTALMOLOGIE, par M. EMILE BERGER. L'instillation d'une goutte de la solution à 1 p. 100 du chlorhydrate de l’holocaïne (p-diéthoxydiphényléthényldiamine) dans le sac conjonc- tival, suivie de l’instillation d’une deuxième goutte, provoque d’abord une légère cuisson; parmi nos malades une hystérique seule accusa une forte douleur de très courte durée. 25 à 30 secondes après l’instillation, la conjonctive (et un peu plus tard la cornée) devient insensible, d’abord au toucher el ensuite seulement à l’action de substances chimi- quement irritantes et à la chaleur. L’anesthésie de l'œil holocaïnisé se 586 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE développe non seulement plus rapidement que celle de l'œil cocaïnisé (à l’aide d’une solution à 2 p. 100), mais elle persiste enfin pendant une période plus longue (18 à 20 minutes). La conjonctive redevient d’abord sensible aux irritations thermiques et ensuite seulement au toucher. La période où la sensibilité est obtuse est de 2 à3 minutes. Il y a même à constater, après le retour de la sensibilité, que l'œil holocaïnisé cauté- risé au sulfate de cuivre manifeste une certaine hypo-algésie si on le compare à l'autre œil, où la cautérisation fut pratiquée sans anesthésie. Pendant toute la durée de l'action de l’holocaïne, nous n'avons pu constater aucun symptôme anormal, ni élargissement de la fente palpé- brale, ni diminution de la fréquence du clignotement, ni altération du diamètre pupillaire, ou des réactions lumineuse, consensuelle ou accommodative de la pupille, ni de l'amplitude de l’accommodation, ni de l'humidité de l'œil. L’holocaïne agit à la même dose, en présence d'une conjonctive hyperémiée ou granuleuse qu’en présence d’une con- jonctive normale. Chez un malade cependant qui avait contracté en Egypte un trachome très grave, l’insensibilité de la conjonctive se pro- duisit avec un certain retard et ne dura que 15 minutes. Malgré la grande toxicité de l’holocaïne nous n'avons jamais, même chez les enfants, observé le moindre symptôme fächeux en nous servant de cet anesthé- tique local. Il y a encore à noter une différence entre l'action de l’holocaïne et celle de la cocaïne. En instillant une goutte d'un mélange de cette der- nière additionnée de pilocarpine ou d’ésérine, on provoque une myosis plus forte qu'avec le même collyre sans association de la cocaïne. L’ho- locaïne, au contraire, mélangée avec un myotique n’augmente nullement son action. La cocaïne provoque, par le desséchement (1) de la cornée, un ratatinement des cellules superficielles de son épithélium. Des groupes de ces cellules à protoplasma succulent sont par ce desséche- ment séparés les uns des autres par des éraillures. Ces dernières com- muniquent avec les voies lymphatiques intra-épithéliales et interlamel- laires du tissu cornéen. Aussitôt que le clignotement de l'œil cocaïnisé recommence, la résorption d’un collyre instillé dans le sac conjonctival se fait par ces éraillures dans le tissu cornéen et dans la chambre anté- rieure. Ces éraillures peuvent aussi constituer des portes d'entrée pour les microbes pyogènes. On constate en effet que si l’on pratique des cautérisations dans les cas de conjonctivite blennorrhagique, la tendance aux abcès cornéens est plus accusée si l’on a pratiqué une cocaïnisation avant la cautérisation. L’holocaïne ne provoquant pas un desséchement de la cornée, ne produit pas non plus d’éraillures de son épithélium, ne facilite en rien la résorption de myotiques et ne favorise pas la péné- tration de microbes pyogènes dans la cornée. (1) Voir Berger. Bull. de la Soc. franc. d’ophtalm., 1894, p. 61. SÉANCE DU 19 JUIN 587 SUR LES DÉGÉNÉRESCENCES SECONDAIRES CONSÉCUTIVES AUX LÉSIONS DE LA CIRCONVOLUTION DE L'HIPPOCAMPE, DE LA CORNE N'AMMON, DE LA CIR- CONVOLUTION GODRONNÉE ET DU PLI RÉTRO-LIMBIQUE (TRIGONE CÉRÉBRAL, COMMISSURE ANTÉRIEURE, FAISCEAU INFÉRIEUR DU FORCEPS DU CORPS CALLEUX, TAPETUM ET FAISCEAU OCCIPITO-FRONTAL), par M. et M"° J. DEJERINE. Les lésions localisées de la circonvolution de l’hippocampe, de la corne d’'Ammon et du pli rétro-limbique, sont des plus rares ; dans les cas de ramollissement de l'artère cérébrale postérieure cette région est, en effet, presque toujours soit intacte, soit prise en même temps que les cir- convolutions de la face inféro-interne de l'hémisphère. Nous avons eu l'occasion d'étudier un cas de lésion très limitée (pla- que jaune) du pli rétro-limbique et de la circonvolution de l'hippo- campe strictement localisée à l'écorce, sans participation aucune de la substance blanche sous-jacente, ni du pilier postérieur du trigone au processus primitif. [Il existait en outre une destruction partielle de la couche des cellules pyramidales de la corne d'Ammon et du hile de la circonvolution godronnée qui était remplacé jusqu’au niveau des digita- tions de la corne d’Ammon par un tissu lacunaire riche en granulations d'hématoïdine. Cette lésion si localisée a entrainé des dégénérescences dans le domaine des fibres de projection, commissurales et d'association du rhinencéphale. La destruction des cellules pyramidales de la corne d'Ammon et du hile de la circonvolution godronnée a déterminé une dégénérescence de l’alveus et de la fimbria qui peut être suivie dans le pilier postérieur, le corps et le pilier antérieur du trigone, jusque dans le tubereule ma- millaire correspondant. Dans le corps du trigone les fibres dégénérées occupent la partie interne ammonique du fornix longus, la fimbria est relativement intacte, les fibres dorsales, extra-ammoniques du fornix longus, sont saines ainsi que le petit fascicule, décrit par O. Vogt et qui proviendrait, d’après cet auteur, de la partie extra-ventriculaire de l’al- veus et correspondrait au psalterium ventral des mammifères macros- matiques. La dégénérescence du trigone paraît plus marquée au niveau du corps qu’au niveau des piliers antérieur et postérieur. Le pilier pos- térieur recoit en effet le faisceau commissural sain de la corne d’Ammon du côté opposé; le pilier antérieur est renforcé par les fibres extra-am- moniques du fornix longus. Le tubercule mamillaire du côté correspondant est diminué de volume, son noyau externe est dégénéré ; la capsule de la partie ventrale du noyau interne et son feutrage ont en partie disparu. À côté de ces fibres cortico-mamillaires du trigone, il existe une dégé- 588 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nérescence : 1° des fibres commissurales de la corne d’Ammon (psalte- rium dorsale), qui passent par le bec postérieur du bourrelet du corps calleux ; 2° une dégénérescence partielle des fibres du fornix longus qui s'irradient dans le septum lucidum et concourent à la formation du faisceau olfactif de la corne d'Ammon de Zuckerkandl ; 3° une dégéné- rescence partielle du tænia thalami du même côté, mais qui ne peut être suivie sur les coupes vertico-transversales sériées au delà de la partie renflée du noyau antérieur du thalamus. La partie postérieure du tænia thalami, et le ganglion de l’habenula sont normaux ainsi que le faisceau de Vicq d’'Azyr et le faisceau de la calotte de Gudden. La lésion des cellules pyramidales de la corne d’Ammon a entrainé, en outre, la disparition d’un certain nombre de fibres du stratum lacu- nosum. Or, nous savons, depuis les recherches récentes de Golgi, Schaffer, Cajal, que le stratum lacunosum, l’alveus et la fimbria, sont tributaires de ces cellules. Outre cette dégénérescence dans le système du trigone cérébral, il existe une dégénérescence partielle du faisceau inférieur ou minor du forceps du corps calleux, du tapetum, des couches sagittales interne etexterne du lobe temporal. Les fibres dégénérées du faisceau inférieur ou minor du forceps proviennent surtout du pli rétro-limbique; elles occupent, conformément à ce que nous avons démontré dans une communication .antérieure (1), la partie ventrale ou inférieure du splenium et se placent en arrière des fibres commissurales du trigone qui passent par le bec postérieur du corps calleux. Les fibres dégénérées des couches sagiltales interne et externe du lobe temporal, occupent d’abord les parois inférieure et externe du carre- four ventriculaire et de la corne sphénoïdale. Celles de la couche sagittale externe s’épuisent rapidement; les fibres de la couche sagit- tale interne se portent peu à peu en haut et en dehors, abandonnent le plancher, puis la partie inférieure de la paroi externe de la corne sphénoïdale, et occupent une région d'autant plus supérieure et voi- sine de la voûte de la corne sphénoïdale que l’on considère des coupes vertico-tranversales plus antérieures. Elles se placent finalement au- dessus et en dedans de la portion réfléchie de la queue du noyau caudé, et occupent un champ ovalaire situé au-dessus de l’'épendyme de la voûte de la corne sphénoïdale, du tænia semi-circularis et du tapetum de plus en plus réduit, au-dessous des segments rétro et sous- lenticulaires de la capsule interne. Une partie des fibres dégénérées (celles probablement qui proviennent du pli rétro-limbique) se por- (1) M. et Me Dejerine. Contribution à l'étude de la dégénérescence des fibres du corps calleux. Soc. de Biologie, 1892, et Anatomie des centres nerveux, tome Ier. SÉANCE DU 19 JUIN 589 tent en dedans et s’irradient dans le corps genouillé externe et la partie postérieure du thalamus. Les autres continuent leur trajet sagit- tal le long de la voûte de la corne sphénoïdale jusqu’à la partie moyenne du noyau amygdalien où elles changent de direction, se portent en haut et en dedans s’irradient dans la commissure antérieure et s’enchevètrent avec les fibres commissurales saines de la circonvo- lution du crochetet de l'hémisphère du côté opposé. Ces fibres saines masquent complètement les fibres dégénérées, dès que la commissure antérieure constitue un faisceau fermé. Dans son trajet sous le noyau lenticulaire la commissure antérieure est mince, aplatie de haut en bas et atteint à peine la moitié du volume d’une com- missure saine normale.La partie hémisphérique seule est lésée, la partie olfactive est intacte et peut être suivie avec beaucoup de netteté depuisle tubercule olfactif jusqu’à la partie moyenne de la commissure antérieure. Le tapetum est surtout dégénéré dans sa couche interne, sous-épendy- maire, au niveau des parois inféro-externes du carrefour ventriculaire. Les grosses fibres vertico-transversales qui appartiennent au corps calleux sont intactes; les fines fibres sagittales qui appartiennent, ainsi que O. Vogt (1) l’a montré, au faisceau occipito-frontal, sont seules dégéné- rées. Elles peuvent être suivies : 1° dans le tapetum de la corne sphénoï- dale jusqu’au niveau des digitations de la corne d'Ammon; 2° dans l'étage supérieur et la corne frontale du ventricule latéral, le long de la queue, du tronc et de la tête du noyau caudal. Elles occupent dans l’angle externe du ventricule latéral le faisceau en crochet adossé au pied de la couronne rayonnante que nous avons désigné sous le nom de faisceau occipito-frontal et la zone triangulaire sous-épendymaire adjacente (substance grise sous-épendymaire) riche en fibres à myéline et en vaisseaux. De ces régions se détachent des fascicules dégénérés qui traversent le pied de la couronne rayonnante et se portent en bas et en dehors dans la capsule externe. Ce cas montre donc que les faisceaux différenciés du centre ovale des hémisphères, ne sont pas exclusivement formés par une seule variété de fibres (de projection, d'association ou commissurales), mais qu'ils constituent des faisceaux mixtes. La couche sagittale externe (faisceau longitudinal inférieur) du lobe temporo-occipital contient des fibres d'association et de projection; la couche sagittale interne des fibres de projection et commissurales, le tapetum enfin des fibres commissurales et d'association. Le faisceau occipito-frontal constitue de même un faisceau mixte : Dans la région sous-épendymaire et sous-calleuse de l'angle externe du ventricule latéral, les fibres d’association occipito-frontales se (1) Oscar Vogt. Ueber Fasersysteme in den mitteren und caudelen Balke nabschnitten. Neurol. Centralbl., 1895, p. 208 et 253. s 590 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mélangent avec les fibres commissurales calleuses; dans le faisceau en crochet adossé au pied de la couronne rayonnante, les fibres d’asso- ciation occipito-frontales s’enchevêtrent avec les fibres de projection cortico-thalamiques et cortico-striées. Nous avons vu ces fibres dégé- nérer à la suite de lésions localisées de l'opercule frontal ou de la pointe frontale et nous avons pu suivre les fibres d'association occipito-fron- tales sous l’épendyme de l'angle externe du ventricule latéral, les fibres de projection cortico-thalamiques dans l'extrémité antérieure du tha- lamus et les fibres de projection cortico-striées dans le noyau caudé et surtout dans le globus pallidus. Conjointement aux cas relatés dans le tome 1° de notre Anatomie des centres nerveux, cette observation nous permet de déterminer avec cer- titude le trajet et l’origine corticale de la commissure antérieure. Elle passe par la couche sagittale interne du lobe temporal, longe les parois externe et inférieure de la corne sphénoïdale et s’irradie dans la circon- volution de l’hippocampe, y compris la circonvolution du crochet et l’isthme du lobe limbique. LA RÉSISTANCE DES ANIMAUX HOMÉOTHERMES AUX INJECTIONS TRÈS CHAUDES INTRAVEINEUSES, par MM. J. ATHANASIU et J. CARVALLO. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) Il nous a été donné de constater que les animaux à température cons- tante (chien) possèdent une tolérance pour les liquides très chauds qu'on injecte dans leurs veines, beaucoup plus grande qu'on l'aurait cru. On peut, en effet, introduire, aussi rapidement que cela est pos- sible, dans le bout central d’une jugulaire, d'assez grandes quantités d’eau à 90 degrés et même 95 degrés, sans produire la mort de l’animal. Nous avons cherché d’abord à nous rendre compte de la hauteur que la température pouvait alors atteindre dans le ventricule droit. Nousavons employé des soudures thermo-électriques (nickel-cuivre) bien isolées qu'on introduit dans le ventricule droit par le bout central de la jugu- laire droite (1). Nous considérons la température normale du ventricule et celle du rectum comme identiques (à quelques dixièmes près), de sorte que le zéro du galvanomètre peut être pris dans le rectum. Nous donnons ici une de nos expériences, qui démontre que la masse sanguine (1) Nous employons, d’après les conseils que M. A. Broca a bien voulu nous donner, un simple circuit à 2 soudures cuivre-nickel. L’une d’elles est intro- duite dans le ventricule droit, l’autre est enveloppée de coton et appliquée sur le réservoir d'un thermomètre dont la température reste à peu près constante, DE TR PO AL ES AT dr Ej F SÉANCE DU 19 JUIN 594 du ventricule droit peut atteindre, dans quelques endroits, sinon dans sa totalité, une température de 55 degrés. ExPÉRiENcE. — Chien, poids 12 kilogrammes; anesthésié par le chloralose (0 gr. 1 par kilogramme). Le liquide à injecter est la solution physiologique (NaCI 10 p. 1000). La seringue (capacité, 60 centimètres cubes) est chauffée à la même température que la solution physiologique. La soudure introduite dans le ventricule, on commence à faire les injections qui ne durent que 2-3 secondes pour 60 centimètres cubes. En connaissant la température rectale et la déviation de l'aiguille galvanométrique, on peut déduire la tempé- rature dans le ventricule droit. QUANTITÉ TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE de du dans dans liquide injecté. liquide injecté. le rectum. le ventricule droit. 60 cent. cubes. 90 degrés. 3999 5327 60 — 90 — 3925 4401 60 —— 95 — 3905 5501 60 — 92 — 390 4 4409 Il est évident que la colonne de liquide injectée à 90-95 degrés perd de son calorique d’abord par le mélange avec le sang de la veine cave supérieure et encore plus à la rentrée de l’oreillette droite par le mélange avec le sang de la veine cave inférieure. Néanmoins on peut surprendre dans la cavité du ventricule droit, des températures très élevées (53-55 degrés). Arrivé dans les poumons, ce sang perd aussitôt presque tout cet excès de chaleur, puisque la température de l'animal ne monte presque pas (de 39°,3 à 399,5). Parmi les troubles que ces injections peuvent produire, il faut placer en première ligne les modifications du sang, et on peut être certain que les globules qui viennent au contact d’un flot liquide à 95 degrés, sont détruits sur place; les albuminoïdes du plasma et spécialement le fibrinogène sont coagulés, tout au moins par endroits. Arrivée dans le cœur, cette masse sanguine à 53-55 degrés doit toucher dans certains points l’endocarde ; la conséquence en est seulement une accélération du cœur, qui ne dure que très peu de temps. Dans le poumon, ce sang, avec sa chaleur, d’une part, avec les détritus des globules et flocons albumi- noïdes d’une autre, pourrait empècher sérieusement l’hématose. Or, en dehors d’un arrêt très court au commencement de l'injection, on voit, sur l’animal anesthésié, que la respiration reprend presque aussitôt son rythme habituel. En tous cas, ces troubles ne suffisent pas pour amener la mort immé- diate. Nous avons cru alors que peut-être les effets des injections chaudes se manifestent plus tard et nous avons injecté à un chien bien portant 592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (poids, 10 kilogrammes) sans anesthésie, 60 centimètres cubes de la solution physiologique à 92 degrés, dans le bout central de la jugu- laire. On observe une agitation assez forte pendant l'opération, et la respiration devient légèrement dyspnéique. Mais vingt-quatre heures après, l'animal ne manifeste plus aucun trouble, et, au bout de quatre jours, il est très bien portant, et on le prend pour une autre expérience. — À un autre chien {poids 12 kilogrammes) nous donnons 120 centi- mètres cubes de la solution physiologique à 80 degrés: il n'a manifesté aucun trouble. Nous nous contentons, pour le moment, de signaler ces faits qui four- niront peut-être des données nouvelles pour l'étude de la défense de l'organisme contre la chaleur et contre les infections. SUR L'INFLUENCE DES VÉGÉTAUX INFÉRIEURS SUR LES TOXINES, par M. Er. METCHNIKOFF. MM. Charrin et Mangin ont communiqué, à la séance du 5 juin 1897, leurs observations sur les moisissures qui se développent dans des liquides, renfermant différentes toxines microbiennes, et se demandent ce que deviennent ces toxines sous l'influence des champignons. Je puis confirmer le résultat de MM. Charrin et Mangin. Comme depuis longtemps j'étudie la question de l'influence de l'organisme des végétaux et des animaux sur les toxines, j'ai eu souvent l’occasion d'observer le développement abondant et rapide de divers champignons (notamment Sporotrichon et Isaria) dans le bouillon qui renferme la toxine diphtérique et tétanique. J'ai constaté également que beaucoup de bactéries se cultivent aussi bien dans ces milieux. Mon but principal était d'établir l'influence de ces végétaux inférieurs sur lestoxines. Parmi les champignons et les bactéries, il y a des espèces (notamment les Sporotrichon et plusieurs bacilles à endospores du sroupe de 2. subtilis et mesentericus) qui, au bout d’un temps différent, détruisent les toxines mentionnées. Les microbes anaérobies, comme par exemple le bacille du charbon symptomatique, sont aussi capables de pousser dans la toxine tétanique et de la rendre inoffensive pour les animaux sensibles au tétanos. Les toxines, dans lesquelles ont cultivé certains microbes, se trans- forment en vaccins. Ainsi, je possède des cobayes, préparés par ces liquides, qui déjà depuis plus de quinze mois ont survécu à la dose mortelle de la toxine diphiérique. Mais jamais, malgré des recherches très nombreuses, je n'ai pu obtenir de liquide antitoxique sous l'in- fluence des bactéries et des champignons. SÉANCE DU 19 JUIN 593 M° Olga Metchnikoff a constaté que l’abrine, une des toxines des plus résistantes en général, est détruite par certaines espèces micro- biennes, et M. Calmette a obtenu le mème résultat pour le venin des serpents. J'ai mentionné les résultats principaux de mes expériences dans une note publiée dans les Archives russes de Pathologie (janvier 1896). Un mémoire plus complet sera publié dans les Annales de l’Institut Pasteur. SUR LE STADE FLAGELLÉ DES COCCIDIES, par M. EL. MErcanIkorFr. M. Labbé, dans une note présentée à la séance du 12 juin 1897, a critiqué les résultats du travail de M. Simond, exécuté dans mon labo- ratoire. M. Labbé conclut « qu'aucun rapprochement (du stade à micro- sporozoïtes des Coccidies) ne peut être établi avec les formes flagellées de la malaria, que ces formes soient normales ou qu'elles soient des stades organiques de dégénérescence, comme c’est l'opinion de plu- sieure auteurs et de lui-même. Comme M. Simond est actuellement dans l'Inde et que c’est moi qui suis l’auteur du rapprochement entre le stade flagellé de la Malaria et la forme mobile des Coccidies (V. Revue générale des Sciences, 1892, p- 629), je crois devoir répondre brièvement à la critique de M. Labbé. L'examen du stade mobile des Coccidies de la Salamandre et du Triton présente une analogie vraiment remarquable avec les corps à flagelles du parasite malarique de M. Laveran. L'étude de ces deux sortes de formation sur des préparations bien colorées, confirme ce rapprochement d'une façon incontestable. Dans les deux cas, on à une masse sphérique centrale non chromatique (comparable à un corps de reliquat) et des corps filiformes, constituées principalement de chroma- tine. Cela a été vu pour le parasite malarique, par M. Sacharoff (Ann. de l'Inst. Past., 1893, pl. XV). Pour Les deux coccidies mentionnées, le fait a été très bien démontré par M. Simond sur des préparations, colorées par la safranine et décolorées suffisamment par l'essence de girofle. Ce sont ces «flagelles formés d’un axe de chromatine entouré d’une mince gaine protoplasmique » qui constituent à eux seuls les éléments reproducteurs, et jamais M. Simond n'a parlé d’une « tête protoplas- mique sans noyau », comme M. Labbé le lui fait dire. M. Simond consi- dère l’axe de chromatine comme un noyau, et il n’a jamais parlé d’un « organisme dépourvu de noyau et muni d’un flagellum chromatique ». Pour les détails, je renvoie le lecteur au mémoire avec planches de M. Simond, actuellement à l'impression et qui paraîtra prochainement dans les Annales de l’Institut Pasteur. DURE ETAR x % (t 1e 4 | 594 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je conclus en affirmant de nouveau et avec plus de force qu’en 1892, qu'il existe chez les Coccidies vraies un stade tout à fait comparable au corps à flagelles de l'hématozoaire du paludisme que je considère avec M. Laveran comme une forme normale de cet intéressant parasite. ACCOUTUMANCE DU BLASTODERME A UN MILIEU TOXIQUE, par M. Cu. FÉRÉ. On sait que l’homme et la plupart des animaux sont capables de s'acclimater à des milieux différents et de s'adapter à l'absorption de doses croissantes des substances toxiques. Des faits du même genre ont été observés chez les protozoaires (1). Il était intéressant de constater expérimentalement si les germes sont capables d’une accoutumance analogue. Cette accoutumance rendrait compte de l'innocuité relative de l'usage habituel des agents toxiques qui ont sur la descendance des effets beaucoup plus intenses lorsqu'ils sont introduits dans l’organisme occasionnellement et à des doses moins élevées. Mes expériences ont été faites avec l'alcool éthylique. Dans différentes recherches sur la puissance tératogène des alcools, j'ai injecté l'alcool éthylique à la dose de 1 vingtième de centimètre cube à quatre cent soixante-trois œufs (2) qui ont donné au troisième jour en moyenne 67 p. 100 de développements normaux. Cette proportion des développe- ments normaux indique que cette dose d'alcool éthylique n’est guère au-dessus du seuil de la tératogénèse. Cependant, pour tenter l’acclima- tement, je me suis servi d’abord d’une dilution à 50 p. 100 d'alcool éthylique dans l’eau distillée. Exe. I. — Douze œufs au 6° jour de la ponte recoivent 1 vingtièmé de centimètre cube de la solution à 50 p. 100 d’alcoo! éthylique. Au bout de 24 heures, ils reçoivent 1 vingtième de centimètre cube d’alcool éthylique et douze œufs du même jour, qui n'ont rien reçu la veille, reçoivent, en même temps, cette même quantité d'alcool éthylique. Tous sont mis à l’étuve à 38 de- grés, la grosse extrémité à droite, et ouverts après 72 heures d'incubation. (4) C. B. Davenport and H. V. Neal. On the acclimatisation of organism to poisonous chemical substances. Archiv für Entwickelungsmecanik der Orga- nismen, Bd IL, H. 4, p. 564. — Davenport. Experimental morphology, 1897. (2) Étude expérimentale sur l'influence tératogène ou dégénérative des alcools et des essences sur l'embryon de poulet. Journ. de l’Anat. et de la Phys., 4895, p. 161. — Recherches sur la puissance tératogène de quelques boissons alcooliques. 1bid., 1896, p. 455. — Recherches sur la puissance tératogène et la puissance toxique de l’acétone. Arch. de phys., 1896, p. 238. SÉANCE DU 19 JUIN 595 a) Dans les œufs qui ont recu préalablement l'alcool dilué, il y a neuf embryons normaux de 51 heures dont deux en hétérotaxie et déviés à 45 degrés, un dévié à 45 degrés et deux embryons kystiques. b) Dans les œufs qui n'ont recu qu'une injection d'alcool éthylique au moment d'être mis à l’étuve, il y a huit embryons normaux de 50 heures en moyenne dont 4 déviés à 45 degrés et un à 135, deux blastodermes sans embryon et deux cyclopes. Dans les œufs qui ont éprouvé deux traumatismes et recu une plus grande quantité d'alcool, il y a un peu plus de développements normaux et des embryons un peu plus avancés; mais la différence est, à la vérité, peu importante. Exp. II. — Douze œufs, au 5° jour de la ponte, recoivent 4 vinglième de centimètre cube d'alcool éthylique. Au bout de 24 heures, ils en recoi- vent deux autres vingtièmes, et douze œufs du même jour, qui n’ont rien recu la veille, recoivent, en même temps aussi, 2 vingtièmes de centimètre cube. Mis ensemble à l’étuve, comme dans les autres expériences, ils sont ouverts après 72 heures d'incubation. a) Dans les œufs qui ont recu une première injection de 4 vingtième de centimètre cube, il y a neuf embryons normaux de 50 heures en moyenne, dont un en hétérotaxie et quatre déviés à 45 degrés, un blastoderme sans embryon, un cyclope et une absence de développement. b) Dans les œufs qui ont recu d'emblée 2 vingtièmes de centimètre cube, il y a six développements normaux de 48 heures en moyenne, dont lrois déviés à 45 degrés et un à 90 degrés, deux blastodermes sans embryon, un embryon kystique et trois absences de développement. Tandis que dans la première expérience la différence de 75 à 66,66 p. 100 de développements normaux était peu importante, parce que la dernière dose n'est, en somme, que peu tératogène comme l'avaient montré des recherches antérieures, dans la seconde où la dernière dose est doublée, la différence s’accentue de 75 p. 100 à 50 p. 100. Cette même différence, nous allons la retrouver exactement dans l'expérience suivante : Exr. II. — Douze œufs au 4° jour de la ponte reçoivent 1 vingtième de centimètre cube d'alcool éthylique dilué à 50 p. 100. Au bout de 24 heures, ils reçoivent la même quantité d'alcool pur. Après 24 autres heures, ils reçoi- vent 2 vingtièmes de centimètre cube d'alcool pur, et douze autres œufs intacts jusque-là et du même jour, recoivent aussi 2 vingtièmes de cen- timètre cube d'alcool éthylique. Ces œufs sont traités comme précédemment et ouverts après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu les trois injections croissantes, il y a neuf embryons normaux de 42 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux blastodermes sans embryon et une absence de développement. b) Dans les œufs qui n’ont recu que l'injection la plus forte immédiatement Biococre. ComPTrEs RENDUS. — 100 SÉRIE, Tr. IV. 48 596 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avant l'incubation, il n’y a que six embryons normaux de 37 h. 1/2 en moyenne, trois blastodermes sans embryon, une atrophie de la tête et. une absence de développement. Dans cette dernière expérience, il y aun quart de développements normaux en plus dans les œufs qui ont éprouvé deux traumatismes de plus et qui ont recu une dose de poison supérieure de 3 septièmes par doses graduellement croissantes. Dans les expériences suivantes, l'intervalle entre l'injection préven- tive et l'injection à dose tératogène a été allongée de 24 heures. Exp. 1V. — Douze œufs au 4° jour de la ponte recoivent 1 vingtième de la solution à 30 p. 400 d'alcool éthylique et sont laissés en repos pendant 48 heures. Ils recoivent ensuite, immédiatement avant l'incubation et en même temps que des œufs du même jour, mais indemnes jusque-là, 1 vingtième de centimètre cube d'alcool éthylique pur. Après 72 heures d’in- cubation, on trouve : a) Dans les œufs qui ont recu la solution d'alcool avant l'alcool pur, il y a neuf embryons normaux de 57 h. 1/2 en moyenne, dont un dévié à 45 de- grés et un en hétérotaxie, deux absences de développement et un embryon kystique. b) Dans les œufs qui n’ont recu qu'une seule injeclion, il y a sept embryons normaux de 50 heures en moyenne, dont un en hétérotaxie, deux atrophies de la tête avec spina bifida, deux cyclopes et un omphalocéphale. L'injection préalable à procuré un nombre plus grand de développe- ments normaux, 15 p. 100 au lieu de 58,33, et plus avancés. Exp. V. — Douze œufs, au 8° jour de la ponte, reçoivent 1 vingtième de cen- timètre cube de la solution à 50 p. 100 d'alcool éthylique. Après 48 heures de repos, ils recoivent 1 vingtième de centimètre cube d’alcool éthylique pur, et enfin, après 24 autres heures, ils recoivent 2 vingtièmes de centimètre cube d'alcool éthylique. Ils sont mis à l’étuve en même temps que douze œufs du même jour qui viennent de recevoir une première injection de 2 vingtièmes de centimètre cube d’alcool éthylique. Les deux douzaines sont ouvertes après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu trois injections, il y a huit embryons nor- maux de 45 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux blastodermes sans embryon, un cyclope et un spina bifida. b) Dans les œufs qui n’ont recu que la dernière injection, il y a six em- bryons normaux de 40 heures en moyenne, deux blastodermes sans embryon, deux atrophies de la tête, un cyclope et une absence de développement. Cette expérience donne un résultat confirmatif de celui de l'expé- rience III. Si nous considérons l’ensemble de ces 5 expériences comprenant soixante œufs ayant recu des injections préventives el soixante n'ayant j 1 CH S ÈS | ; SÉANCE DU 1Â9 JUIN 597 © ——— —————— "20, reçu que l'injection maxima, nous trouvons pour les premiers 44 déve- loppements normaux, soit 13.33 p. 100 de 49 heures en moyenne, et pour les seconds seulement 33 développements normaux, soit 55 p. 100 de 45 h. 1/2 en moyenne. La réalité de l’accoutumance paraîtra encore mieux établie si on se rappelle que les œufs qui ont reçu seulement un vingtième de centi- mètre cube d'alcool éthylique dans les expériences antérieures, c'est-à- dire une-quantité moindre que celle qu'ont recue tous les œufs injectés préventivement, ne donnent, en moyenne, que 67 p. 100 de développe- menis normaux. - NOTE SUR L'INFLUENCE DES INJECTIONS PRÉALABLES DE SOLUTIONS DE CHLOR- HYDRATE DE COCAÏNE DANS L'ALBUMEN DE L'OŒUF DE POULE, SUR L'ÉVO- LUTION DE L'EMBRYON, par M. Cu. FéRé. J'ai déjà signalé la résistance considérable de l'embryon du poulet aux injections dans l’albumen de solutions d’alcaloïdes, de la morphine et de l’atropine. La résistance à la cocaïne n’est pas moins remar- quable. Exe. I. — Douze œufs au 6° jour de la ponte recoivent 2 vingtièmes de centimètre cube d’une solution à 5 p. 100 de chlorhydrate de cocaïne, en même temps que douze œufs du même jour recoivent la même quantité d’eau distillée stérilisée. Tous sont mis à l’étuve à 38 degrés par groupes égaux au même étage, la grosse extrémité à droite. Ils sont ouverts après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de cocaïne, il y a neuf embryons normaux de 52 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés et un à 90 degrés, deux cyclopes et une atrophie de la tête. b) Dans les œufs qui ont recu l’eau, il y a neuf embryons normaux de 59 heures en moyenne dont 3 déviés à 45 degrés, un embryon double, une atrophie de la tête et une absence de développement, Exp. IT. — Répétition de la précédente avec des œufs au 8° jour. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de cocaïne, il y a dix embryons normaux de 39 heures en moyenne sans déviation, un cyclope et une absence de développement. b) Dans les œufs qui ont recu l’eau, il y a aussi dix embryons normaux de: 41 heures en moyenne, dont deux dÉviéS à 45 degrés et un à 180, un omphaz: locéphale, et un monstre double. (5 i GE À cette dose, la solution de cocaïne n’est pas sensiblement plus nui-: sible que l’eau. En effet, on a, dans les deux expériences, 79,16 p. #06 598 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— de développements normaux en moyenne dans les deux cas. Il convient pourtant de remarquer que les deux monstres doubles observés dans les témoins n'ont rien à faire avec l'intervention expérimentale. Le développement est un peu moins avancé dans les œufs qui ont reçu la cocaïne. Exp. IT. — Dix-huit œufs au 15° jour de la ponte, recoivent 4 vingtièmes de centimètre cube de la solution de chlurhydrate de cocaïne, en même temps que 18 témoins du même jour, recoivent la même quaniité d’eau distillée et stérilisée. Ils sont mis à l'étuve comme précédemment et ouverts après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de cocaïne, il y a douze embryons normaux de 44h. 1/2 en moyenne, dont 6 déviés à 45 degrés et un à 90, trois atrophies de la tête, un blastoderme sans embryon et deux absences de développement. b) Dansles témoins, il y a treize embryons normaux de 49 h. 1/2 en moyenne dont 5 déviés à 45 degrés et 3 à 180, deux atrophies de la tête, un cyclope, un omphalocéphale et un spina bifida. Cette expérience donne 72,22 p. 100 de développements normaux dans les témoins et seulement 66,60 p. 100 dans les œufs qui ont recu la cocaïne, et le développement est encore moins avancé dans ces der- niers. Exp. IV. — Douze œufs, au 6° jour de la ponte, recoivent 8 vingtièmes de centimètre cube de la solution de chlorhydrate de morphine, et 12 témoins du même jour la même quantité d’eau. Ils sont traités et ouverts comme pré- cédemment après 72 heures d'incubation. a) Dans les œufs qui ont recu la solution de cocaïne, il y a huit embryons normaux, de 42 heures en moyenne, dont 4 déviés à 45 degrés et un à 90 degrés, une atrophie de la tête, un cyclope, un omphalocéphale et un blastoderme sans embryon. b) Dans les témoins, il y a neuf embryons normaux, de 47 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés et un à 180 degrés, un cyclope, un omphalocéphale et un blastoderme sans embryon. Cette expérience donne un résultat à peu près identique à celui de l'expérience précédente, 66,66 p. 100 de développements normaux dans les œufs cocaïnisés, 75 p. 100 dans les témoins avec le même retard, pour les embryons cocaïnisés. Exp. V. — Douze œufs, au 5° jour de la ponte, recoivent 12 vingt'èmes de centimètre cube de la solution de cocaïne et douze œufs du même jour, la même quantité d’eau. On les ouvre après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu la cocaïne, il y a trois embryons normaux de 48 heures uniformément, dont un dévié à 45 degrés et un à 90 degrés, une atréphie de la tête, quatre blastodermes sans embryon et quatre absences de dévéloppement, SÉANCE DU 19 JUIN 599 b) Dans les témoins, il y a huit embryons normaux de 49 heures en moyenne, dont un dévié à 48 degrés et un à 90 degrés, un cyclope, un spina bifida et deux absences de développement. Cette expérience donne 66,66 p. 100 de développements normaux dans les témoins et seulement 25 p. 100 dans les œufs cocaïnisés. Exp. VI. — Douze œufs, au 8° jour de la ponte, recoivent 16 vingtièmes de centimètre cube de la solution de cocaïne, et douze œufs du même jour, reçoivent la même quantité d'eau. Après 72 heures d'incubation, on trouve : a) Dans les œufs qui ont recu la cocaïne, un seul embryon normal de 48 heures dévié à 180 degrés, trois atrophies de la tête, un cyclope, un spina bifida, trois blastodermes sans embryon et trois absences de développement. b) Dans les témoins, il y a 7 embryons normaux de 44 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés et un à 90 degrés, un spina bifida, un cyclope, un blastoderme sans embryon et deux absences de développement. Cette expérience ne donne plus que 8,33 p. 100 de développements normaux dans les œufs qui ont reçu la cocaïne et 58,33 pour les témoins. Ex». VII. — Douze œufs au 4° jour de la ponte recoivent 1 centimètre cube de la solution de cocaïne, en même temps que douze œufs de même date recoivent la même quantité d’eau distillée et stérilisée. Après 72 heures d’in- cubation, on trouve : b) Dans les œufs qui ont recu la cocaïne, aucun développement normal, deux atrophies de la tête, un spina bifida, un blastoderme sans embryon et huit absences de développement. b) Dans les témoins, il y a huit embryons normaux de 42 heures en moyenne, dont un en hétérotaxie et dévié à 90 degrés, un dévié à 45 degrés et un à 90 degrés, un cyclope, un omphalocéphale, un blastoderme sans embryon et une absence de développement. Il faut arriver à 5 centigrammes de chlorhydrate de cocaïne par œuf pour n’obtenir aucun développement normal, mais la suppression n'est pas complète. Dans les témoins, au contraire, la proportion des embryons normaux, n’a que peu diminué à proportion de l’augmenta- tion du liquide injecté. FIGURATION DU MAL DE POTT SUR DES STATUETTES INCAS ET AZTÈQUES, par M. L. CAPITAN. Dans une note que j'ai publiée dans le volume du D’ Chipault, de cette année (Travaux de neurologie chirurgicale), j'ai donné la repro- duction et la description de trois figurines anciennes en terre cuite, CODEN SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’une provenant du Pérou et deux du Mexique, ainsi que d’une petite partie d’un manuscrit figuratif mexicain. Sur ces figures, on constate nettement que les antiques artistes incas et aztèques ont représenté des. bossus qui, d’après la forme de leur gibbosité, semblent être ces bossus pottiques. La figuration de cas pathologiques variés est fréquente dans. l’art antique de divers pays, celle-ci nettement indiquée sur ces figures. et spécifiée dans les manuscrits mexicains méritait d’être signalée. DE L'ACTION DU CHLORHYDRATE DE MORPHINE SUR LE TÉTANOS, par M. J. BABINSKI. J'ai observé un fait clinique et quelques faits expérimentaux relatifs à l’action du chlorhydrate de morphine sur le tétanos qui me paraissent dignes d’être relatés. Voici d’abord le fait clinique. Une femme âgée de quarante-quatre ans, faisant depuis près de vingt ans, usage de chlorhydrate de morphine en injections sous-cutanées, contracte le: tétanos, vraisemblablement à la suite d’une injection pratiquée avec une seringue ou un liquide contaminé. Cette affection a commencé à se manifester par du trismus qui a apparu brusquement pendant que la malade était à table. Le même jour elle a senti de la raideur dans les membres inférieurs et de la difficulté à se tenir debout. Ces troubles ont été en s’accentuant. Deux jours après les muscles du cou se sont contracturés. La malade entre dans mon service à l’hôpital de la Pitié, le 21 mai 1895, quatre jours après le début de l’affection. On constate immédiatement à l’en- trée une contracture très prononcée des membres inférieurs avec une no- table exagération des réflexes tendineux et de l’épilepsie spinale, une légère raideur des membres supérieurs, de la contracture des muscles de la région cervico-dorsale avec renversement de la tête en arrière, du trismus et de la contracture des muscles de la face. Une heure environ après le premier examen la malade est prise d'un accès de dyspnée très intense et de secousses spasmodiques douloureuses des membres inférieurs et des membres supérieurs. La température est de 38 degrés centigrades. Ces paroxysmes se reproduisent plusieurs fois dans la journée. La malade prend dans les vingt- quatre heures, 6 grammes de polybromure et 6 grammes d’hydrate de chlo- ral en lavement et on lui injecte dans le tissu cellulaire sous-cutané 35 cen- tigrammes de chlorhydrate de morphine. Le lendemain, légère amélioration. On continue le même traitement et après plusieurs alternatives en bien et en mal les troubles s’atténuent. Le quatrième jour après l'entrée, l’amélioration est déjà très nette ; la malade peut ouvrir un peu la bouche, la raideur des jambes est moindre, les accès de dyspnée ne se reproduisent plus. Deux SÉANCE DU 19 JUIN 601 semaines après l'entrée, la malade est en état de se lever et de marcher. La guérison ne paraît complète qu’au bout d'un mois. À ce moment, tous les troubles dépendant du tétanos, y compris même l'épilepsie spinale, qui jusqu'alors avait persisté, ont complètement disparu. Est-ce à l’usage de la morphine, que nous avons pu injecter à forte dose, en raison de l’accoutumance de la malade à ce médicament, qu'il faut attribuer la guérison dans ce cas ? La morphine a-t-elle, au moins, contribué à la guérison ? Certes, il est impossible d'être affirmatif à cet égard, mais c’est là une hypothèse soutenable. On sait, du reste, que le médicament a été préconisé contre le tétanos. Quoi qu'il en soit, l'observation de ce fait m'a conduit à pratiquer des ‘expériences relatives à l’action du chlorhydrate de morphine sur le tétanos. Ces expériences sont faites sur des cobayes; elles sont en cours d'exécution; je vais indiquer les premiers résultats obtenus. Exp. I (3 cobayes). — Le 26 janvier 1896, on fait une injection sous- -cutanée à chaque cobaye d'une goutte d’une solution de toxine tétanique préparée par M. Nocard. L'un des animaux sert de témoin. Aussitôt après l'injection de la toxine, on injecte dans le tissu cellulaire de l’un des deux autres cobayes 3 centigr. 33 de chlorhydrate de morphine, et le lendemain 5 centigrammes; il meurt le 29, 69 heures après l’injection de la toxine téta- nique. Le 27, on injecte au 3° cobaye 3 centigr. 33 de chlorhydrate de mor- phine ; il succombe le 29, 69 h. 1/2 après l'injection de la toxine. Le cobaye témoin était mort le 28, n'ayant survécu que #5 heures. Exp. II (6 cobayes). — Le 8 juin 1897, on fait une injection sous-cutanée de chlorhydrate de morphine à 4 cobayes (3 centigr. 6 par animal), puis on injecte dans le tissu cellulaire de ces 4 cobayes et de 2 cobayes témoins une solution au 14/1000 de toxine tétauique préparée par M. Marie, à l’Institut Pasteur (1/4 de centimètre cube par animal). Le 9, l’un des cobayes témoins meurt, 31 heures après l'injection de la toxine tétanique; le 10, l’autre témoin meurt, 43 heures après l'injection de la toxine, Les autres cobayes, dont 3 avaient encore reçu, le 10, 4 centigr. 8 de chlorhydrate de morphine chacun, succombent au bout de 47 heures, 48 h. 1/2, 50 heures et 52 heures. Exp. TL (6 cobayes). — Le 11 juin 1897, on fait une injection sous-cutanée de chlorhydrate de morphine à 4 cobayes (4 centigr. 8 par animal), puis on injecte dans le tissu cellulaire de ces 4 cobayes et de 2 cobayes témoins une solution au 1/1000 de toxine tétanique de la même provenance que celle qui a servi à la 2° expérience (1/4 de centimètre cube par animal). Les deux témoins meurent le 14, au bout de 61 heures et de 61 h. 1/#. Des 4 cobayes qui ont reçu quotidiennement 4 centigr. 8 de chlorhydrate de morphine chacun, 2 sont morts le 14, l’un presque en même temps que les témoins, l’autre 5 h. 1/2 plus tard; le 3° a vécu jusqu'au 18, ayant survécu 191 h. 1/2 à l'injection de toxine tétanique; le 4 enfin était en parfait état 602 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aujourd’hui 19, à midi, et n'avait encore présenté aucun signe de té- tanos (1). — L'action retardante du chlorhydrate de morphine sur le tétanos semble ressortir de ces expériences. Il parait même vraisemblable que ce médicament peut, dans certaines circonstances, exercer une action curative. (1) Le 20, nouvelle injection de 4 centigr. 8 de chlorhydrate de morphine. L'animal présente ce jour-là pendant un quart d'heure environ de la raideur du train postérieur. Le 21, on a cessé les injections -de morphine, et aujourd'hui 23, jour où je corrige les épreuves de cette communication, l'animal est entièrement revenu à l’état normal. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE Premier tour de scrutin : 56 votants. M MARCHAL NS 2e che Wobtient: 23 "suffrages: MAMBOULAR DL PHARE ARR 2 17 — MEN AO DEZ MN Re MENEn En RAS — 7 — ME SANVIDATE SE VEN EnMnsR EAN ERAn — 5 — MÉTÉRICOURTES 1 "RICE RENE —— 4 = La majorité absolue n'ayant été obtenue par aucun candidat, il est procédé à un second tour de scrutin : 44 votants. M-MARGHAL 0 obtienté 25 Suitrages M GBOULARD ENS CP UNE — 18 — MES ENADAL Eee Lt AUnt ete — 1 — M. Marcuar, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est élu membre titulaire de la Société de Biologie. Le Gérant : G. MASsson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 603 SÉANCE DU 26 JUIN 1897 MM. Borpas et Sic. DE Raczkowski : Sur le dosage de la glycérine par le bichro- mate de potasse et l'acide sulfurique (Réponse à M. Nicloux). — M. E. BARDIER : Action cardiaque de la bile sur le lapin. — M. le D' G. Nepveu (de Marseille) : Coagulation de la fibrine du sang par le bacille de la peste. — M. Camwpos : La sécrétion lacrymale après la section du grand nerf pétreux superficiel. — MM. Rarzcrer et Gouy : Une nouvelle affection parasitaire des Bovinés de Cochin- chine : l'amphistomose hépatique. — MM. Cuarri et H. CLaune : Intoxication générale et infection biliaire. — M. le D' Cu. Mrrazrré (de Nantes) : Un cas de main succulente dans un cas de myopathie atrophique progressive, type Landouzy-Dejerine. — MM. Ep. TouLouse et Vascipe : Temps de réaction daus un cas de mélancolie circulaire. — MM. J. SaprazÈs et P. Rivière : Réaction agglu- tinante du sérum de l'homme et de l'animal tétaniques sur le bacille de Nicolaïer. — M. Leyars : Des gangrènes consécutives à l’attrition sous-cutanée directe des grosses artères. Présidence de M. Bouchard. CORRESPONDANCE ÉCRITE Lettre du Comité exécutif du Congrès international de médeeine de Moscou, par laquelle lettre la Société de Biologie est invitée à se faire représenter audit Congrès. SUR LE DOSAGE DE LA GLYCÉRINE PAR LE BICHROMATE DE POTASSE ET L'ACIDE SULFURIQUE (RÉPONSE À M. Niccoux), par MM. Borpas et Sic. DE RACZKowSki. (Communication faite dans la séance du 5 juin.) Dans une note communiquée à la Société de Biologie (1), M. Nicloux présente quelques remarques sur la méthode de dosage de la glycérine par le bichromate de potasse et l'acide sulfurique que nous avons publiée à la Société (2). Nous regrettons de ne pouvoir partager son opinion, et cela pour des raisons multiples. Parlant de l'oxydation de la glycérine par le bichromate de potasse et l'acide sulfurique, M. Nicloux dit textuellement : « lorsque l'acide sulfu- (1) Société de Biologie, 10° série, t. IV, p. 274; (2) Société de Biologie, 108 série, t. IL, p: 1067. BiOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV: 49 604 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rique est en excès, elle donne seulement de l'acide carbonique et de l’eau et non de l'acide formique, cela pour la raison bien simple que l'acide formique, même en solution très diluée, est oxydé par l'acide chro- mique en donnant CO? + H?0 ». Cette affirmation n’est pas exacte, car lorsqu'on traite l'acide for- mique, dilué ou non, par de l'acide chromique, en solution ou cristal- lisé, la décomposition n’est jamais totale, comme le pense M. Nicloux, mais seulement partielle. Le sesquioxyde de chrome provenant de l’ac- tion réductrice d’une partie de l'acide formique sur l'acide chromique, s’unit à l'acide chromique non décomposé pour donner du formiate de chrome, et cela même en présence d’un excès d'acide chromique. Plus on chauffe au réfrigérant à reflux et plus la proportion de formiate de chrome augmente. M. Nicloux ajoute : « Une seule expérience faite avec une goutte d'acide formique, de l’eau, du bichromate de potasse et de l’acide sulfurique aurait éliminé cette cause d'erreur. » Nous ferons remarquer que nous avons indiqué 2 centimètres eubes d'acide sulfurique concentré pur comme proportion à employer dans les dosages. En opérant non pas avec une goutte d’acide formique (quan- tité pour laquelle toute caractérisation serait problématique), mais avec deux gouttes (soit 0.04 de H, CO OH), 5 centimètres cubes d’eau, 2 à 3 centimètres cubes d'acide sulfurique concentré pur et un excès de bichromate, nous n'avons pu, après ébullition d’une minute, déceler la -présence de l’acide formique dans le résidu ; mais en prenant la précau- tion de recueillir le liquide qui avait distillé, nous y avons caractérisé cet acide d’une façon très nette par la méthode de M. Duclaux. Quant à l'oxydation de la glycérine par l'acide chromique, elle est très complexe, car outre l'acide carbonique et de l’eau, il se forme du formiate de chrome, du chromate de chrome, de l’aldéhyde formique, etc. En présence d'acide sulfurique, on obtient de l'acide formique libre. Dans notre formule d’oxydation de la glycérine, nous supposions la formation d'un sel double composé de sulfate et de bichromate de potasse qui peut ne pas exister dans les conditions d’expérience. Dès lors, il faut seulement deux molécules de bichromate, et la solution de bichromate de potasse, dont À centimètre cube doit correspondre à 1 gramme p. 1000 de glycérine, sera donc à 32 p. 1000. Or pas plus la solution à 48 p. 1000 que nous avions indiquée, que celle à 32 p. 1000 résultant de la modification de notre équation, que celle enfin à 38 p. 1000 que M. Nicloux préconise dans sa note, ne représentent des teneurs fixes. Le titre de cette solution est intimement lié à la proportion d'acide sulfurique que l’on emploie pour effectuer la réaction, cela à 1/10 de centimètre cube près. Il en résulte que le titre de cette solution est absolument empirique. M. Nicloux, adoptant 38 p. 4000 comme titre de la solution de bichro- æ SÉANCE DU 26 JUIN 605 mate dont 1 centimètre cube doit correspondre, suivant ses indications, à 1 p. 1000 de glycérine, dit « qu'il faut opérer avec À et même 5 centi- mètres cubes d'acide sulfurique concentré pur, bouilli si possible ». Or, d'après ce que nous venons dire, que 4 et 5 centimètres cubes d'acide sulfurique concentré pur et ces mêmes quantités d'acide bouilli consti- tuant quatre proportions différentes, un opérateur pourra trouver quatre résultats différents. Comme conclusions on voit que, des deux observations présentées par M. Nicloux, la première n’a aucune importance (puisque, pratiquement, le dosage dépend non seulement du titre de la solution de bichromate, mais encore de la proportion d'acide sulfurique) et la seconde est inexacte. Nous confirmons ce que nous avons dit dans notre précédente note, c'est-à-dire : Que la décomposition de la glycérine sous l'influence de l’acide chro- mique s'effectue (dans les conditions d'expérience que nous avons indiquées) en acide carbonique, eau et acide formique. Qu’une solution de bichromate de potasse cristallise peu à 24 p. 1000, convient parfaitement, et que 2 centimètres cubes d’une telle solution correspondent à 1 p. 1000 de glycérine, en opérant sur 5 centimètres cubes de solution glycérinée et en employant exactement 2c. e. 5 d'acide sulfurique concentré pur. Remarque. — Avec 2 centimètres cubes d’acide, proportion que nous indiquions, il faut 2 ec. e. 1 de la solution de bichromate pour obtenir la teinte vert jaunâtre, d'où il résulte une erreur possible de 0.05 p. 1000. Or, dans la pratique un pareil résultat ne peut avoir d'importance no- table, une telle méthode ne pouvant être susceptible de donner la quantité de glycérine à 0.001 près, car étant colorimétrique, elle pré- sente évidemment les quelques inconvénients inhérents à celles-ce1. ACTION CARDIAQUE DE LA BILE SUR LE LAPIN, par M. E. BARDIER. La bile injectée dans le sang manifeste sa toxicité par une série de troubles au nombre desquels on remarque des modifications du rythme cardiaque. C'est là un fait bien connu, corroboré par les expérimenta- teurs et ies cliniciens. Nous avons étudié cette action spéciale de la bile sur le cœur du lapin, en nous servant de bile fraiche de bœuf. Nous exposerons très succinctement dans cette note les principaux résultats que nous avons obtenus. Lie 606 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La bile de bœuf, injectée dans la veine auriculaire d’un lapin, ralen- tit aussitôt le rythme du cœur. Ce ralentissement dure quelques secondes seulement, puis survient une très courte période de légère accélération. Le rythme cardiaque reprend ensuite ses caractères nor- maux. Il n’est pas rare d'observer, une ou deux minutes après l'injection, une nouvelle et courte période de ralentissement, mais jamais le cœur ne devient franchement arythmique. Une très faible dose de bile, même non diluée, — 1/2 à 1 centimètre cube, — suffit pour provoquer ces troubles. Cette action est constante et se manifeste après chaque injection. On a attribué aux acides et sels biliaires cette propriété cardiaque. Nous avons alors étudié dans les mêmes conditions expérimentales l’action de la bile décolorée. Or les effets de ce liquide ainsi débarrassé de ses substances pigmen- taires ne sont plus les mêmes. L'action cardiaque paraît nulle, ou du moins est excessivement affaiblie, car des doses variant de 1 à 5 centi- mètres cubes entrainent un ralentissement du cœur à peine sensible. Il semble donc, d'après ces expériences, que les effets cardiaques de la bile sont bien dus en réalité non aux sels, mais aux pigments biliaires. Les acides et les sels jouiraient d’un pouvoir bien plus faible. Il reste, comme expérience de contrôle, à injecter uniquement des pigments et étudier leur action. C’est ce que nous nous proposons de faire ultérieurement. Pour l'instant, ces premières expériences nous autorisent à conclure que : 1° La bile fraiche de bœuf, injectée dans une veine, ralentit considé- rablement le rythme cardiaque du lapin. 2° Cette action est immédiate et passagère. 3° Les effets cardiaques apparaissent lorsqu'on injecte 1/2 à 1 centi- mètre cube de bile. | 4° Cette Drome spéciale vis-à-vis du cœur appartient pItIO aux pigments qu'aux sels biliaires. COAGULATION DE LA FIBRINE DU SANG PAR LE BACILLE DE LA PESTE, par M. le D° G. Nepveu (de Marseille). Le point capital de mes recherches histologiques sur le cas de peste dont les pièces m'ont été envoyées de Bombay, c’est la coagulation de la fibrine du sang produite par le bacille. Je tiens à signaler ce fait tout particulièrement à l'attention en le détachant à lui seul de tout le groupe des lésions qu'il produit : leucogénèse, diapédèse, pyogénèse, ae É Pre y RO RS CAE 1 SÉANCE DU 26 JUIN 607 dégénérescences diverses de tous les éléments nobles des tissus (1); il n’est pas une coupe où l'on ne puisse en avoir la preuve. Rarement la coagulation du sang se fait en nature d’une manière globale : c’est le plus souvent par la coagulation en fins fils de fibrine que se produit le phénomène. Dans le fore, le phénomène est assez prononcé ; les bacilles y sont en général très nombreux. Ils reposent sur la paroi des petits vaisseaux, surtout dans les points où l’endothélium vasculaire est tuméfié et fait saillie dans le vaisseau. Dans les capillaires, on ne trouve guère que deux à quatre fils de fibrine entrelacés entre lesquels les bacilles se sont multipliés à l'aise. Dans les plus grosses veinules, les fils de fibrine sont plus nombreux et forment un vrai lacis ; tantôt les fils reposent sur la paroi du vaisseau dont ils envahissent plus ou moins dans le calibre, tantôt c'est au milieu même du vaisseau qu'on les observe, détachés vraisemblablement d’ailleurs. Dans la rate, le même phénomène est moins fréquent; parfois les bacilles reposent sur des cordages fibrineux étendus d’une paroi à l’autre. Dans les glomérules du rein, l'artère afférente ou le vaisseau efférent sont souvent remplis de coagulations, de même que les capillaires du bouquet vaseulaire. Sous elles on distingue aisément les bacilles colorés par le bleu de Lôüffler, tandis que les fils de fibrine sont colorés en rose par une légère teinte de rubine. Ce même procédé fait reconnaître la même disposition dans les capil- laires et veinules de l’infestin. Dans les capillaires et vaisseaux du poumon, les coagulations de fibrine sont tout aussi nettement visibles. Elles constituent pour la circulation pulmonaire de grands obstacles, redoutables par leur association avec l'hypergénèse des leucocytes dans les voies sanguines et les altérations et tuméfactions des endothéliums vasculaires. On comprend aisément les congestions, les œdèmes, les hémorragies, les broncho-pneumonies, qui en résultent. Dans le cerveau, les mêmes coagulations sont disséminées partout dans les capillaires et les veinules de l’arachnide, de la pie-mère et de la substance cérébrale même. Le cœur offre des lésions de même nature; parfois on observe un petit vaisseau bouché par un véritable thrombus ou par des fils de fibrine entouré lui-même par une gaine lymphatique pleine de sang. En résumé, la coagulation de la fibrine est un phénomène important dans l’histoire des lésions déterminées par la peste. Cette coagulation ajoute ses effets mécaniques à ceux produits par l'hypergénèse les leuco- CRT TS (4) Voir : Académie des sciences, in Bulletin, 8 juin 1897, Lésions infeu-s FRALAL M AN Le ; PANNE tieuses de la peste, par G. Nepveu, ANSE Has = | (1 608 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——_————Z—Z cytes dans les capillaires généraux et par l'augmentation de volume des endothéliums vasculaires pour amener des congestions, des œdèmes, des hémorragies. Dans tous les viscères, je n’ai jamais observé de coagu- lation dans les voies lymphatiques. LA SÉCRÉTION LACRYMALE APRÈS LA SECTION DU GRAND NERF PÉTREUX SUPERFICIEL, par M. Camwpos. (Travail du laboratoire des travaux pratiques de phgsiologie de la Faculté de médecine de Paris). En 1893, Jendrässik, en se basant sur quelques faits de paralysie faciale complète avec suppression du larmoiement, sur lesquels Goldzieher a attiré le premier l'attention, a édifié une nouvelle théorie de l’innervation de la glande lacrymale au point de vue sécrétoire. Il admet que la sécrétion lacrymale se fait sous l'influence exclusive du nerf facial. Les fibres sécrétoires quitteraient le facial au niveau du ganglion géniculé; de là, en suivant le grand nerf pétreux superficiel, elles arriveraient au ganglion sphéno-palatin par l'intermédiaire du nerf vidien ; ces fibres traverseraient ensuite le nerf maxillaire supérieur pour se rendre dans le rameau orbitaire (branche de ce dernier nerf) qui s'anastomose avec le nerf lacrymal. Tribondeau, à la suite d’une expérience faite sur le chien, arrive à la même conclusion, et Laffay, dans ses recherches sur le chien et le lapin, n’a jamais pu obtenir de sécrétion lacrymale du côté où il avait sec- ticnné le nerf facial, alors que sous l’influence des mêmes excitations portant sur la conjonctive, la cornée ou la muqueuse nasale, il obtenail du côté sain une sécrétion abondante. Nous avons cru qu'il seraitutile de reprendre l'étude de cette question, d'autant plus que si nous nous en rapportons aux auteurs qui se sont occupés de l’anatomie du chien et des animaux domestiques, le rameau orbitaire du maxillaire supérieur par lequel s’établirait la communi- calion entre le facial et le lacrymal, n’a chez ces animaux aucun rapport avec la glande lacrymale. Pour étudier le rôle du grand pétreux superficiel, M. Tribondeau a imaginé un procédé, qu'il appelle de la fenêtre ronde, ayant pour but de détruire le facial au niveau de son entrée dans le conduit auditif interne, et par conséquent au-dessus du ganglion géniculé. Ce procédé, qui entraine la destruction de l'’auditif et des canaux demi-circulaires, nous a paru aléatoire : aussi avons-nous recherché un procédé plus sûr et moins destructif. Notre expérience a été faite au laboratoire de notre maître M. Laborde, sur un singe Cercopithecus callitrichus mâle, adulte, du poids de 3 kil. 800. SÉANCE DU 26 JUIN 609 Anesthésie par le chloroforme, assujettissement de l'animal à une table, les quatre membres liés, couché sur le côté droit, le côté gauche étant par conséquent en haut. Après avoir rasé et aseptisé la région environ- nante, par une incision circulaire et rasant le pavillon de l'oreille de manière à éviter les artères, auriculaire postérieure en arrière et tem- porale superficielle en avant, nous circonserivons le pavillon. Nous dégageons la partie cartilagineuse du conduit auditif jusqu’à la partie osseuse, d’où nous la désinsérons (1). Nous pratiquons à la partie infé- rieure du conduit auditif osseux une incision horizontale se prolon- geant à 1 cent. 1/2 en arrière : nous avons ainsi un petit lambeau que nous disséquons complètement jusqu'à l’os et que nous rabattons en arrière. L'os est ainsi mis à ru sur une étendue correspondante : nous faisons sauter cette surface osseuse avec une gouge que nous appliquons à 1 centimètre en arrière du conduit auditif. La surface osseuse à en- lever ne doit pas dépasser en haut la racine longitudinale de l’apophyse zygomatique. Ce coup de gouge n’a pas suffi à mettre à nu le facial; nous en donnons un autre. Nous découvrons alors la partie intra- pétreuse du facial avec les filets qui en émanent. Le grand nerf pétreux superficiel est le plus élevé; pour le mettre à nu, nous sculptons, pour ainsi dire, le rocher avec une petite gouge, dite gouge d’oculiste, et nous arrivons facilement sur le ganglion géniculé que nous reconnais- sons aisément à sa forme conique très nette. Avec un passe-fil préala- blement rougi, nous sectionnons le grand nerf pétreux superficiel au niveau de son insertion sur le ganglion géniculé. L'opération, beaucoup plus facile qu'on pourrait le croire, est terminée : nous faisons deux plans de sutures à la soie et nous appliquons un pansement iodoformé que nous fixons au collodion. C’est à peine si nous avons eu trois à quatre gouttes de sang. La cicatrisation s’est faile par première inten- tion : elle était complète au bout d’une semaine : l'animal se porte actuellement très bien sans aucun autre trouble qu’un peu de parésie faciale qui est, d’ailleurs, en train de se dissiper. L'opération a été faite le 29 mai. Immédiatement après, l'œil gauche se montre beaucoup plus humide que l'œil droit, mais, depuis lors, l'humidité est la même des deux côtés. Nous essayons à des époques différentes plusieurs moyens pour faire pleurer l'animal : moutarde, acide acétique, ammoniaque, pilocarpine : les deux yeux deviennent très humides, mais il est impossible de faire couler les larmes au dehors. Le 23 juin, à 3 h. 3/4, l'animal est placé sous une cloche en verre avec une éponge imbibée de chloroforme ; l'animal est affaissé, chancelle. A (1) Cette ablation de l'oreille pourrait être évitée ; il nous a paru utile, pour- tant, de la pratiquer pour être moins gêné par un organe qui n’a pas d’impor- tance pour notre expérience, 610 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quatre heures, nouvelle éponge; l'animal s’affaisse couché sur le côté gauche (côté opéré), mais ne s'endort pas. Les yeux sont grands ouverts. Il se produit au bout de deux minutes une sécrétion salivaire abondante; le nez coule aussi. Les deux yeux sont pleins de larmes ; à gauche (côté opéré), une goutte énorme s’est formée au niveau de l'angle externe de l’œil en dehors de lui, se continuant, par une large traînée de liquide lacrymal, avec les larmes de l’intérieur de l'œil. Nous frappons sur la cloche ; l'animal se redresse un moment, la goutte tombe sur la table d'opération. L'animal se couche de nouveau, toujours sur le côté gauche ; la sécrétion lacrymale continue; la peau qui environne l’angle externe de l'œil, jusqu'à plus d’un centimètre au delà de cet angle est véri- tablement trempée de liquide lacrymal. Du côté droit (côté sain), l'œil est humide, mais les larmes ne coulent pas en dehors des paupières. Cela tient à la position dans laquelle se trouve l'animal dont la tête est inclinée à gauche. Les larmes convergent, à droite, vers le grand angle de l’œil et de là elles passent dans les canalicules lacrymaux ; à gauche, les larmes se portent en suivant la pesanteur, vers l'angle externe de l'œil; de là, ne trouvant pas de voie d'écoulement, elles coulent en dehors des paupières sur la peau environnante. 25 juin. — Nous répétons la même expérience, à 6 h. 22. À 6 h. 29, la sécrétion salivaire commence ; à 6 h. 30, la sécrétion nasale se mani- feste à son tour. L'animal est un peu étourdi, mais encore droit. Nous imbibons de nouveau de chloroforme l'éponge à 6 h. 35. L'animal vacille, tombe en s’inclinant sur le côté gauche. L’œil gauche se remplit de larmes, on les voit couler en dehors de l'angle externe et mouiller les téguments voisins. L’œil droit est humide, mais les larmes suivent les voies d’excrétion naturelles. On voit donc que l'œil gauche est susceptible de pleurer abondamment malgré la section du grand nerf pétreux superficiel correspondant, d’où cette conclusion : que le nerf lacrymal contient des fibres sécrétoires, au moins très nombreuses, absolument indépendantes du facial. Nous remercions M. Gley, professeur agrégé à la Faculté de médecine, et M. Camus, chef du laboratoire des travaux pratiques de physiologie, d’avoir voulu contrôler nos expériences. UNE NOUVELLE AFFECTION PARASITAIRE DES BOVINÉS DE COCHINCHINE : L'AMPHISTOMOSE HÉPATIQUE, par MM. Razer et Gomry. Creplin décrivait en 1847 (1), sous le nom d’Amphistomum explana- tum, une nouvelle espèce de Trématode, dont le professeur Gurlt, de (1) Dr Creplin. Beschreibung zwei neuen Amphistomen-Arten aus dem Zebu- Ochsen. Wiégmann's Arch., XIII Jahrg, Bd I, p. 30, 1847. SÉANCE DU 26 JUIN 611 l'École vétérinaire de Berlin, avait rencontré, quelques années aupara- vant, quatre individus dans le canal hépatique et la vésicule biliaire d'un Zébu. Il assignait à celte espèce les principaux caractères ci-après : Corps brun clair, ovoïde-lancéolé, plus ou moins incurvé, très mince à l'extrémité antérieure, large et arrondi en arrière, déprimé; long de Se HadAO0n35, large de 322,8 à 42235. Bouche terminale, petite, entourée d’un bord épaissi; ventouse (postérieure) à l'extrémité posté- rieure de la face ventrale et un peu dirigée en arrière, grande et pro- fonde, avec une ouverture en ellipse courte, allongée dans le sens du corps ou un peu rétrécie en arrière (ouverture longue de 27,4 à 2,7, large de 1,36 à 1"%,90), et un rebord plus ou moins large et déprimé (explanatus), surtout en arrière, plus étroit en avant, où il se montre souvent convexe. Pore génital allongé dans le sens transversal et situé à 422,36 de la bouche. Depuis cette époque, on ne semblait pas avoir revu d’Amphistome hépatique, lorsque, il y a quelque mois, M. Gomy, vétérinaire à Saïgon, en découvrit de nombreux exemplaires sur un Buffle sacrifié à l’abattoir indigène de Govap. Peu de temps après, il en rencontrait sur un Bœuf, et, son attention étant attirée de ce côté, il arrivait à cette constatation que la présence des Amphistomes dans le foie est des plus fréquentes chez tous les Bovinés abattus à Saïgon et surtout dans les environs (Bœufs du Cambodge, Buffles de l'Inde et parfois Zébus). L'examen de ces Vers nous a permis de les caractériser comme suit : Corps blanchâtre, ovoïde, presque conique, plus ou moins incurvé ou presque coudé, à concavité ventrale, atteignant son maximum de largeur en avant de la ventouse postérieure, très étroit en avant où il se termine presque en pointe, large et arrondi en arrière. Longueur, 10 à 13 millimètres ; largeur, 4 à 5 millimètres. Ventouse antérieure termi- nale, urcéolée, longue de 0"%,90 à 1 millimètre, large de 02,80 à 02,90, à ouverture suborbiculaire. Ventouse postérieure relativement grande et profonde, large de 4millimètres, occupant toute la largeur de la région terminale, qu’elle coupe obliquement en dessous ; à rebord large limitant une ouverture en ellipse courte, à grand axe longitudinal, à pôle posté- rieur en coin mousse. Pore génital elliptique, transversal, distant de l’ex- trémité antérieure de 122,5 à 122,8, OEufs ovoïdes, operculés au pôle le plus étroit et offrant un épaississement local de la coque vers le pôle le plus large; longs de 110 à 120 w, larges de 66 à 72 ». Quant aux organes internes, dont nous n’avons fait jusqu'à présent qu'une étude sommaire, ils nous ont paru constitués sur le même type que chez l’Amphistomum conicum. À la ventouse antérieure fait suite un court œsophage qui se divise en deux branches sinueuses, se terminant vers le bord antérieur dela ventouse postérieure. Il existe vers le milieu du corps deux gros testicules mamelonnés situés l’un en avant de l’autre. 612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le germigène est placé un peu en arrière, au niveau de l'extrémité des cæcums intestinaux. Les vitellogènes forment sur les côtés du corps deux grappes très développées, commencant un peu en arrière de la ventouse antérieure et s'étendant jusque sur la ventouse postérieure, et leurs vitelloductes transversaux, situés en arrière, donnent naïis- sance à un vitellosac bien marqué. L'utérus enfin forme dans toute la zone médiane d’épaisses sinuosités remplies d'œufs. Quant à l'appareil excréteur, il présente un réseau superficiel très complexe. À quelques détails près, il est facile de voir que les caractères exté- rieurs de ce Ver répondent bien à la description de l’Amphistomum expianatum donnée par Creplin, et nous n’hésitons pas à l'identifier à cette espèce. Les parasites se rencontrent en nombre variable dans la vésicule et surtout dans les canaux biliaires : depuis quelques-uns jusqu'à des centaines. Rarement on les trouve flottant en liberté dans la bile; ils sont presque toujours fixés à la muqueuse par leur grande ventouse postérieure, et se montrent tantôt avec le corps rétracté, long seulement de 6 à 7 millimètres, tantôt avec la partie antérieure douée de mouve- ments plus ou moins vifs, s’'étirant ou se contournant en divers sens. Ils sont parfois isolés, mais le plus souvent groupés, de manière à former sur certains points soit une collerette hérissée, partielle ou com- plète, laissant un chenal plus ou moins étroit pour le passage de la bile, soit de véritables touffes tapissant les parois des canaux sur de grandes étendues. Leur mode de fixation est tout à fait semblable à celui de l’Amphi- stome conique : la ventouse postérieure coiffe un petit tubereule rou- geàtre, produit évidemment par succion, de sorte qu’on éprouve quel- que difficullé à les détacher. Autour de ces nodules, on remarque, dans certains Cas, ua peu de rougeur diffuse. : D'autre part, on découvre d'ordinaire, sur la paroi des canaux, de petites ecchymoses rouge verdâtre ou rouge clair, celles-ci, plus récentes, laissant échapper un imperceptible filet de sang qui vient Strier la bile. Il semble évident que ces ecchymoses répondent à des points de succion, anciens ou récents, de la petite ventouse antérieure Enfin, lorsque les parasites sont quelque peu abondants, les canaux biliaires sont légèrement dilatés, leurs parois sont épaissies, et le parenchyme hépatique paraît lui-même atteint dans toute l'étendue de l'organe : celui-ci est uniformément décoloré, d’un blanc jaunâtre pâle, el ses canaux apparaissent comme d’épais cordons bourrés d’Amphi- stomes. ù Il faut ajouter que souvent la Douve hépatique (Fasciola hepatica var angusta) existe en même temps, car elle est très répandue en Co- chinchine, comme dans le Cambodge, le Laos, le Siam et l'Annam- Tonkin; mais elle n’envahit généralement que les deux tiers inférieurs SÉANCE DU 26 JUIN 613 du foie, tandis que l’Amphistome semble préférer la masse supérieure de l'organe. Nous avons dit plus haut que l’amphistomose s'observe surtout dans les abattoirs suburbains. C'est qu'à Saïgon même, on exige des bœufs relativement gras, et qu'une visite sur pied permet d'éliminer les sujets épuisés. Dans la campagne, au contraire, la plupart des bovinés abattus sont très maigres et très âgés, l’indigène utilisant ses animaux jusqu’à la dernière limite, et ne songeant jamais à les engraisser. Le mode d'infestation ne nous est pas encore connu, mais on peut inférer des belles recherches de Looss sur les formes voisines, que l'hôte intermédiaire de cet Amphistome est un Gastéropode pulmoné vivant dans les rizières, INTOXICATION GÉNÉRALE ET INFECTION BILIAIRE, par MM. CuarRiN et H. CIAUDE. L'infection primitive de l'appareil biliaire, quel qu’en soit l'agent, peut se produire de deux facons; tantôt les microorganismes de l'intestin ou de la partie terminale du cholédoque remontent en suivant les con- duits de la bile dans la vésicule ou dans le foie, tantôt les microbes sont apportés par les vaisseaux nourriciers des canaux biliaires et pullulent dans la paroi d’abord, puis à l’intérieur de ceux-ei ou dans les parties voisines (angiocholite et périangiocholite, d’origine artérielle). Nous avons établi la réalité de ce double processus pour le bacille de la tuber- culose dans deux notes en commun avec M. Gilbert (1). Il semble que, sous l'influence de certaines intoxications, le premier de ces deux processus, la migration des microbes de la partie terminale du cholédoque, soit favorisée, et la virulence te ces derniers accrue. Un certain nombre de lapins avaient recu, à plusieurs reprises, des urines fraiches et non infectées de nouveau-nés issus de mères malades et en état de déchéance physiologique. On sait que les urines des enfants sont, dans ces conditions, plus toxiques qu'à l’état normal. Or, deux de ces lapins qui moururent après avoir été malades pendant trois se- maines, présentèrent à l’autopsie des vésicules biliaires distendues par un liquide purulent. Chez le premier, l'examen histologique de la de montra les alté- rations suivantes : la paroi est épaissie par suite d’une prolifération conjonctive très marquée. Des cellules embryonnaires sont répandues en grande quantité autour des vaisseaux ou des vestiges de glandes. La muqueuse est en partie détruite, ses villosités ont disparu, l’épithé- lium est tombé et l’on ne voit plus que quelques culs-de-sac glandu- (4) Gilbert et H. Claude. Soc. de Biologie, 1896. 614 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———— laires, rares, déformés, noyés dans le tissu néoformé. Dans le foie, les canaux biliaires sont le siège d'une prolifération épithéliale très accusée ; leur paroi est infiltrée de cellules rondes, et dans les espaces portes agrandis se voit une accumulation des mêmes cellules plus parti- culièrement abondantes dans la zone biliaire. Le pareunchyme hépatique n'est pas atteint. Les artères offrent des lésions d’endoartérite. En somme, il s'agit d’une cholécystite surtout, avec angiocholite et péri- angiocholite aiguë intrahépatique. Dans le second cas, l'examen microscopique a montré que toute la paroi de la vésicule, dans toute son épaisseur, était en voie de nécrobiose; les colorants habituels n'avaient plus aucune élection sur les divers éléments qui prenaient une teinte uniforme, sans qu'aucun détail de structure pût être apprécié. A l’intérieur du foie, ét notamment au voisinage de la vésicule, on trouve un certains nombre de foyers de nécrose complète bien délimités. Dans les espaces portes les mêmes lésions d’angiocholite et périangiocholite se retrouvent comme dans le cas précédent, mais plus accentués et l'infiltration des zones porto-biliaires est plus accusée. Ces altérations nécrobiotiques paraissent être le résultat d’oblitérations artérielles développées à la faveur de la toxhémie, car la plupart des artères se montrent fort malades. Les examens bactériologiques du contenu de la vésicule n’ont pas été faits, mais sur les coupes du foie ou de la vésicule on décelait un bacille décoloré au Gram répondant s sans doute au bacterium coli. Il est permis de supposer que l'infection coli-bacillaire ascendante de l'arbre biliaire a été consécutive à un état de moindre résistance parti- culier de celui-ci. Cet état a été favorisé, soit par une altération primi- tive des conduits biliaires chargés d'éliminer des substances toxiques, soil par des altérations vasculaires, d’origine toxique également, qui ont été assez intenses pour provoquer la nécrobiose. Quelle que soit l’inter- prétalion de ces deux faits, ils montrent en tout cas l'influence de l'intoxication générale dans la production de l'infection biliaire. UN GAS DE MAIN SUCCULENTE DANS UN CAS DE MYOPATHIE ATROPHIQUE PROGRESSIVE, TYPE LANDOUZY-DEJERINE, par M. le D' Cu. MiRALLIÉ (de Nantes). Bien que née d'hier, la « main succulente » a déjà perdu la valeur pathognomonique que voulait lui attribuer son auteur. Pour M. Mari- nesco, « cette main appartient en propre à la syringomyélie (1) ». Mais bientôt MM. Gilbert et Garnier (2) la décrivaient dans l’hémiplégie; notre (1) Marinesco. De la main succulente, etc. Thèse de Paris, 1890. (2) Gilbert et Garnier. Soc. de Biologie, 1897, p. 553. SÉANCE DU 26 JUIN 615 maître M. Dejerine (1) la retrouvait chez des poliomyélitiques. L’obser- vation suivante est un type parfait de main succulente chez une myopa- thique du service de notre cher ami le D' Pérochaud, qui a bien voulu nous permettre d'étudier les malades de son si riche service. M®° R... (Ursule) est âgée actuellement de cinquante ans. Son affection a débuté dès la jeunesse; la malade se rappelle parfaitement, qu’alors qu'elle était tout enfant, ses sœurs se moquaient d'elle, parce qu'elle ne pouvait se coiffer et lever les bras comme elles. Une photographie, prise vers l'âge de vingt-cinq ans, montre nettement l'existence du facies myopathique. D'ailleurs on lui a souvent fait remarquer qu'elle dormait les yeux ouverts, Aujourd'hui la malade frappe immédiatement par son facies myopathique type. Elargissement de la fente palpébrale et impossibilité de l’occlusion, disparition des rides, lèvres débordantes et renversées, rire jaune. Les muscles de la nuque sont complètement atrophiés et la tête retombe en avant; la ceinture scapulaire est totalement envahie et la malade ne peut écarter les bras du tronc que par une secousse du tronc; les muscles de la ceinture du bassin sont envahis à leur tour et la malade a beaucoup de diffi- culté à marcher. Sur toutes les parties du corps la sensibilité est intacte sous tous les modes (tact, douleur, chaud et froid); il n'existe ni retard, ni perversion de la sen- sibilité, pas trace de dissociation syringomyélique. Les réflexes radiaux et rotuliens sont complètement abolis. Les troubles du côté des mains auraient débuté il y a environ quinze ans par des phénomènes de Raynaud. La main gauche est la plus atteinte. D'ailleurs, d'une facon générale, les troubles trophiques sont plus marqués du côté gauche que du côté droit. La main est tombante, en extension et sur le même axe que l’avant-bras. Les phalanges et phalangiens sont sur le plan des métacarpiens, les phalangettes sont légèrement fléchis, mais la malade peut à volonté les étendre. La main est rejetée en masse vers le bord cubital. L'axe des lignes digitales passant par les 2° et 5° articulations métacarpo-phalangiennes, convergent l’un vers l’autre du côté de l’avant-bras. Le bord cubital de la main est nettement excavé; la ligne externe de l'index forme un bord rentrant; en somme, toute la main se rétrécit nettement à sa racine. La face palmaire est plane, le creux palmaire a disparu, les éminences thénar et hypothénar ont complètement disparu. À la face dorsale la main est boursouflée, potelée ; tous les détails normaux ont disparu; les veines ne se montrent que sous l’aspect d’une ligne très finement estompée; le dos de la main est envahi par un œdème qui remonte jusque sur le poignet et descend sur les premières phalanges des doigts. Cet œdème est dur et ne garde pas empreinte des doigts; la pression détermine une tache blanche qui disparait rapidement. La peau est rouge violacé, lisse et sans pli. A la racine de chaque doigt existe une fossette très nette. Les doigts sont boudinés. Les trois derniers doigts sont fusiformes, les deux autres sont moins nettement effilés à leur extrémité. À tous les doigts, le tégument qui recouvre la dernière phalange est luisant et collé (1) J. Dejerine. Soc, de Biologie, 1897, p. 564. 616 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aux autres. À tous les doigts les ongles se développent mal et présentent des stries longitudinales. La main est toujours froide et sa température varie avec celle des milieux ambiants. À droite, même couleur et même aspect général de la main, rétrécissement de la racine de la main, atrophie des éminences thénar et hypothénar, œdème dur du dos de la main, doigts bou- dinés. Mais ici aucun des doigts n'est fusiforme, tous se terminent carré- ment, les dernières phalanges présentent nettement le glossy-skin ; les ongles sont très nettement striés en longueur. En résumé, des deux côtés, cette malade présente la main de singe avec œdème dur. Nous avons suivi, dans notre relation, la description même de M. Marinesco pour mieux mettre en lumière la concordance, qu’on a pu voir parfaite. Or, chez notre malade la myopathie est indis- cutable. On ne saurait donc attribuer aucune valeur pathognomonique à la main succulente pour ce qui concerne la syringomyélie. TEMPS DE RÉACTION DANS UN CAS DE MÉLANCOLIE CIRCULAIRE, par MM. Ep. TouLouse et VASCHIDE. Nous avons pris les temps de réaction d’une mélancolique circulaire, àgée de trente-cinq ans, actuellement dans le service de M. Joffroy, à Sainte-Anne, et qui présentait des périodes d’excitation et de dépres- sion alternant tous les 10 à 12 jours en moyenne. Réactions simples. — Le sujet devait réagir aussitôt après avoir entendu le bruit du signal frappé sur la table avec le petit marteau de d’Arsonval. On fait chaque fois 30 essais, mettant en moyenne un intervalle de 10 secondes entre chaque excitation auditive. Pas de réaction anti- cipée dans les deux séances. Les temps de réaction ont été, en excitation, de 13,67 (centièmes de seconde), chiffre qui est inférieur à celui correspondant à la moyenne générale des réactions auditives évaluées à 15 environ. Ces temps se sont considérablement allongés à l’état de dépression (25,55). Les variations moyennes ont été, en général, plus grandes que la moyenne (2), tout en conservant le même rapport avec les temps moyens des réactions. Moyenne arithmétique. Variations de la moyenne. Excitation … . . 1 0 Dépression. #10 25. 1 & 3. b] 8. Pour la construction de ces moyennes, on n’a pas fait d'élimination, aucun chiffre n’étant très éloigné de la moyenne. Réactions de choix. — Il était entendu que le sujet réagirait lorsqu'il SÉANCE DU 26 JUIN 617 entendrait le bruit du signal sur la table et ne réagirait pas lorsque le signal serait frappé sur la boîte du chronomètre, dont le son produit était tout différent et assez distinct de l’autre. On mettait un intervalle moyen de 10 secondes entre chaque essai et on suivait un programme d'expériences tracé d'avance. On arrêtait l'expérience lorsqu'on avait obtenu 30 bonnes réactions, c'est-à-dire 30 réactions répondant aux signaux convenus. Voici le résultat de ces expériences : Moyenne arithmétique. Variations de la moyenne. 24,25 0.72 1.18 3.01 ExXCitITION FANS Dépression. . . . 12 19 Pour obtenir les moyennes arithmétiques et les variations, on a dû éliminer, comme très éloignés, quelques chiffres (70 et deux 50 pour la dépression; 240 et deux 50 pour l'excitation). On remarquera que les moyennes différentes sont, dans les deux cas, un peu plus longues que la moyenne générale, 20 environ, et que les temps de la période d’excita- tion s’écartent peu de ceux de la période de dépression simple. Les variations moyennes présentées par la malade sont en rapport avec les oscillations de l'attention; et ces dernières sont très grandes en dépression. Dans cet état, la malade semblait se fatiguer de temps à autre et donnait alors des réactions très ralenties. Si on écartait ces temps de distraction, on se rendrait compte que la moyenne arithmé- tique est courte et les variations peu grandes. Ce qui est en faveur de cette manière de voir, c’est que, en dépression, il y a eu beaucoup plus de réactions 0 (1) et beaucoup moins de mauvaises qu'en excitation (2). Les mauvaises réactions étaient relativement courtes et plus encore en excitation (20 en movenne) qu'en dépression (26 en moyenne). Voici le résumé de ces observations : 1° Relativement à l’état normal, l'excitation et la dépression se carac- térisent par une attention moins soutenue (variations moyennes) et une difficulté des opérations complexes (réactions de choix). Dans l’excita- tion seule, les opérations élémentaires (réactions simples) sont plus rapides qu'à l’état normal. 2° Relativement entre eux, l'excitation se caractérise par une plus grande rapidité des processus simples et par une rapidité bien moindre des processus complexes; par une attention plus soutenue et par des erreurs plus nombreuses (réactions mauvaises). L'excitation représente l’automatisme pur avec son accélération et l'absence de réflexion. Dans la dépression, l'intelligence est moins rapide, l’attention se fatigue facilement (quelques réactions très longues), mais les erreurs sont beaucoup plus rares. (1) Des réactions où, comme il était convenu, il ne fallait pas réagir. (2) Des réactions faites par la malade qui n’aurait pas dû réagir. GLS SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RÉACTION ACGLUTINANTE DU SÉRUM DE L'HOMME ET DE L'ANIMAL TÉTANIQUES SUR LE BACILLE DE NICOLAïÏER, par MM. J. SaBRAZES et P. RIVIÈRE. (Travail du laboratoire des cliniques de la Faculté de Bordeaux.) Les propriétés agglutinantes exercées par les humeurs d’un orga- nisme infecté sur le microbe agent causal de l'infection n’appartiennent pas exclusivement au sérum et aux liquides d’excrétion et de sécrétion des typhiques. Le sérodiagnostic paraît avoir une portée plus générale. On a vu que dans le choléra, la morve, la peste, la pneumonie, le phé- nomène d’agglutination produit par le sérum mis en présence des microbes respectifs de ces maladies virulentes s'observait aussi et cela durant l’évolution même du cycle morbide comme pendant et après la convalescence. Il importait de savoir si les microbes anaérobies sont également agglutinés par le sérum des animaux qu'ils infectent. Nous avons étudié à ce point de vue le vibrion septique, le bacille du charbon symptoma- tique et le bacille du tétanos; nous ne voulons nous occuper ici que de ce dernier. Le bacille de Nicolaïer, cultivé dans le vide, trouble uniformément les bouillons pendant les vingt-quatre premières heures de la culture; il a ultérieurement une tendance spontanée à former des agglomérats qui tombent au fond des tubes. Pour étudier l’action d’un sérum sur ce bacille, il faut utiliser soit des cultures de vingt-quatre heures dans lesquelles il est mobile, non spo- rulé et à l’état dissocié, soit des cultures sporulées de deux ou trois jours en récoltant le bouillon d’épreuve dans les zones superficielles dépourvues de grumeaux. Nous avons mis en présence, dans ces condi- tions, du bacille tétanique et du sérum normal d'homme et de chien, du sérum antidiphtérique et du sérum antistreptococcique. Les dilutions étaient faites à 1/20° et à 1/10° et l'examen était pratiqué extemporané- ment et une à huit heures après le mélange. Dans aucun de ces cas LE bacille de Nicolaïer n’a été immobilisé ni agglutiné. Par contre, les deux observations suivantes tendent à établir que le sérum de l’homme et du chien télaniques immobilisent et agglutinent le bacille du tétanos. Un jardinier, âgé de cinquante-trois ans, entre dans le service de M. Mandillon, pour une plaie sous-unguéale de la main droite, ayant été suivie d’un tétanos subaigu. La lésion très circonscrite, et datant d'un mois, se trouve dissimulée derrière un ongle sous une couche de sable et de terre qui a échappé à un premier examen et à empêché une désinfection complète de la région. Le malade est en opisthotonos, avec trismus, délire tranquille; il est resté 10 jours à l'hôpital jusqu'au 30 mai, —_—..———.—..—.—.……—.—…...….—.…….…—_—.—_. .—_—__ - date de la mort, survenue brusquement, au moment où il allait boire. Le 28 mai, nous avons retiré, à l’aide d’une seringue stérile, 2 c. ce. 3 d’un sang asphyxique par ponction d’une veine du pli du coude; par centrifugation, il a été facile d'obtenir rapidement du sérum. Quelques gouttes de ce dernier ont été introduites dans deux tubes de Roux post- anaérobies, contenant du bouillon de bœuf peptonisé, préalablement ensemencé avec une culture pure de tétanos. Un tube témoin, ne ren- fermant pas de sérum, a été préparé en même temps, et les trois tubes soigneusement purgés d’air par la pompe à mercure, ont été placés dans l’étuve à 37 degrés. À cette même date, une souris a recu sous la peau de la cuisse 1/4 de centimètre cube de ce sérum résultant de la ponction précédente ; elle est encore acluellement (24 juin) tout à fait normale. Les tubes ont été examinés 24 heures après l’ensemencement. Dans ceux qui contiennent du sérum, le fond présente un dépôt pulvérulent. Au microscope, on observe un grand nombre de bacilles de Nicolaïer, peu mobiles et agglutinés en amas énormes; dans le tube témoin, le dépôt est moins abondant; les bacilles sont très agiles et distincts les uns des autres. Sur l’une, la réaction agglutinante se produit au bout de quelques minutes quand on ajoute une trace de sérum à quelques goultes de culture. Si on dilue une goutte de sérum antitétanique tel qu'il est fourni par l’Institut Pasteur à 10 gouttes de culture tétanique récente, l'immobili- sation et l’agglutination des bacilles sont encore plus évidentes. Il semble donc que la présence d’une faible proportion de sérum sanguin d'un malade atteint de tétanos ou d'un animal solidement immunisé provoque l'immobilisation et l’agglomération des bacilles tétaniques. Pour nous assurer que ce fait n'était pas dû à quelque circonstance opératoire restée indéterminée, nous avons repris l'expérience en fai- sant usage du sérum d’un chien rendu tétanique par injection sous la peau d’une culture pure de bacille de Nicolaïer (2 centimètres cubes). L'incubation a duré six jours. Le chien à succombé le 22 juin, en proie à un opisthotonos intermittent; le membre inoculé, fixé pendant deux jours dans un état de rigidité extrême, est redevenu souple immédiate- ment après [a mort. Le sérum sanguin de ce chien ajouté à du bouillon de culture tétanique récente, dans la proportion de 1/10° et de 1/20°, a provoqué très rapi- dement, sous le microscope, l'apparition d'agglutinants caractéristiques. Ces mélanges de culture tétanique de 24 heures et de sérum téta- niques laissés ?n vitro dans des tubes non privés d'air ont été agglutinés en quelques heures, contrastant avec les cultures témoins ou addition- ‘nées d'une même dose d’un autre sérum. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, 7. IV. 50 620 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le liquide céphalo-rachidien de ce chien tétanique agglutine aussi le - bacille de Nicolaïer, mais plus faiblement. Or, si on injecte sous la peau d’une souris, comme nous l'avons fait (22 juin), 1 centimètre cube d'une pulpe obtenue en broyant ensemble le liquide céphalo-rachidien et le bulbe de ce chien mort tétanique, on ne détermine aucun acci- dent (29 juin) chez cet animal qui constitue cependant le réactif le plus rapidement sensible à des doses minimes de la toxine du tétanos. Nous voulons, pour le moment, ne retenir de ces faits que ce qui se rapporte à la réaction agglutinante. Nous avons vu, en résumé, que le sérum normal de l’homme et du chien, le sérum antidiphtérique et le sérum antistreptococcique ne jouissent pas de propriétés aggiutinantes vis-à-vis des bacilles téta- niques qui sont, par contre, agglutinés par le sérum de l’homme et des animaux en puissance de tétanos et par le sérum antitoxique des ani- maux immunisés. Le liquide céphalo-rachidien du chien tétanique agglutine aussi, mais plus faiblement. Le sérum sanguin, le liquide céphalo-rachidien et la pulpe des centres nerveux qui possèdent la réaction agglutinante sont dépourvus de toxine tétanique active ainsi que le démontrent les résultats négatifs de leur inoculation à la souris, animal très sensible au bacille du tétanos et à sa toxine. DES GANGRÈNES CONSÉCUTIVES A L'ATTRITION SOUS-CUTANÉE DIRECTE DES GROSSES ARTÈRES, par M. LEJaRs. La gangrène est relativement fréquente à la suite des lésions trau- matiques des grosses artères; mais les formes et la pathogénie sont loin d’en être toujours identiques. Nous n’aurons en vue, ici, qu'un type fort curieux de traumatisme artériel : l’attrition sous-cutanée directe, sans luxation ni fracture, et qui succède à un choc, d'intensité et de caractère variables, ayant porté sur les vaisseaux. Nous avons observé deux faits de ce genre : l’un en 1895, l’autre, il y a quelques mois. Notre premier malade était un jeune homme de vingt-sept ans, qui avait reçu, dans le creux poplité droit, un coup de tampon de tramway. Le pied et la jambe étaient décolorés, insensibles, froids ; le pouls avait cessé à la pédieuse et à la tibiale postérieure : on ne le sentait pas non plus à la partie inférieure de la poplitée. Il n’y avait qu ‘un épanchement sanguin superficiel, résultant de la contusion, mais on ne trouvait aucune collection hématique importante; pas de battement, aucun indice d’anévrisme diffus. Au bout de quelques jours, la sensibilité et la chaleur reparurent un peu dans la jambe et le pied, mais ce fut pour SÉANCE DU 26 JUIN . 621 s'évanouir à nouveau : et durant les premières semaines, ces retours passagers de la vitalité se montrèrent à plusieurs reprises. Enfin, la partie inférieure de la jambe et du pied se sphacéla en masse, et l’amputation dut être pratiquée. Il s'agissait, chez ce premier malade, d’une gangrène humide; il y eut une gangrène sèche, partielle et périphérique, chez notre second blessé. C’est un homme de trente-huit ans, très vigoureux et de santé excel- lente, qui, le 21 février dernier, fut renversé par un tombereau chargé de plâtras, dont les deux roues lui passèrent sur le bras droit et sur les membres inférieurs. Je l’examinai deux heures après l'accident, et il me fut ainsi loisible de suivre de très près toute l’évolulion du processus : à ce moment, il était dans un état de collapsus inquiétant, dont les injections sous-cutanées d’eau salée eurent quelque peine à le tirer. À part ce choc, il n'y avait pas de lésions viscérales, et tout se bornait à des plaies contuses multiples, et au traumatisme artériel du bras droit. Ce qui frappa, tout d’abord, ce fut l'absence compiète du pouls radial et cubital : la main était froide, blanche, immobile, insensible; la sen- sibilité reparaissait à la partie moyenne de l’avant-bras, mais la peau restait froide jusqu’au pli de coude : on sentait, à ce niveau, le long des vaisseaux, et remontant sur le bord interne du biceps, une tuméfaction mollasse, peu volumineuse; en ce point et au-dessous, le pouls huméral restait absent, il ne reparaissait que plus haut. L'existence d’une lésion de l'artère humérale nous parut donc évi- dente; j'ajoute qu'il n'existait ni luxation ni fracture, ni collection san- guine de quelque importance, et que la virole tuméfiée qui entourait l'artère semblait uniquement due à un hématome de la gaine. Le lendemain matin, la main avait repris une certaine chaleur, elle était restée insensible; la tuméfaction péri-humérale n'avait pas aug- menté de volume, elle était seulement plus consistante ; le pouls man- quait dans toule la zone indiquée tout à l'heure. Ici encore, il y eut une série d’alternatives, dans l’état du membre blessé : au bout d’une quinzaine de jours, la main paraissait définitive- ment perdue, puis la chaleur et un peu de sensibilité se montrèrent de nouveau, et finalement, le sphacèle se limita aux trois derniers doigts presque en totalité, et à une partie du pouce et de l'index : le limbe de cette zone mortifiée élait, d’ailleurs, très irrégulier, et l'on retrou- vait, au-dessus, quelques escarres disséminées. Aussi, ne fut-ce qu'au bout de trois mois qu'une régularisation fut pratiquée. Aujourd’hui, la peau de la main conserve un aspect lisse, rougeàtre; des douleurs y reparaissent de temps en temps; le pouls radial est redevenu percep- tible, bien qu'il soit faible encore. Nous n'avons pas eu, chez nos malades, l'examen direct de la lésion artérielle, mais l'absence de toute collection sanguine, témoignant d'une rupture complète, et les résultats de La palpation du pli du coude chez 622 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE notre second blessé, suffisent à nous montrer qu'il s’agit ici, comme dans un assez grand nombre de faits, d'une oblitération de l'artère par la rupture et le recroquevillement de ses tuniques interne et moyenne. Il faut chercher, croyons-nous, dans le mécanisme de cette oblitération, les raisons de ces gangrènes totales ou partielles, que la simple ocelu- sion localisée du tronc artériel ne suffirait pas à expliquer : il arrive, en pareil cas, que la grosse veine satellite soit rompue et oblitérée en même temps, et cette double lésion paraît se rencontrer surtout lors des gangrènes humides, en masse, du genre de celle qui survint chez notre premier malade; ailleurs, les tuniques internes se déchirent et se recroquevillent au loin, et le caillot s'étend lui-même sur un long seg- ment, fermant la voie des collatérales importantes; enfin, la contusion du nerf voisin n'est pas non plus, à notre sens, sans exercer une influence souvent manifeste, et l'aspect trophique de la main de notre second malade nous paraît en fournir la preuve. En pratique, il convient d'insister sur /a longue période de vitalité indécise, par laquelle passe le membre blessé, sur l’évolution parfois très lente du sphacèle, qui demande longtemps pour se fixer et se limiter. Le pronostic à poser à la suite d’un accident de ce genre, et aussi la conduite à tenir, trouveront des indications précieuses dans ce processus spécial.’ Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Mareraeux, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 3 JUILLET 1897 M. Paur RemzinGer : Sur la sensibilité du bacille d'Eberth aux variations de tempé- rature. — M. G. Loisez : La coloration des tissus chez les animaux vivants. — M. Cu. Féré : Note sur des greffes sous-cutanées d'yeux d’embryons de poulet. — M. Cu. FéRé : Accoutumance de l'embryon à un milieu toxique. — M. A. CLreny : Un cas de gémellité chez la couleuvre. — M. A. Brucker : Sur un nouvel Acarien marin. — MM. A. Girperr et P. Yvon : De l’anilipyrine et de son emploi en thérapeutique. — MM. AUCHÉ et CHAvanNNaz : Action des injections intrapérito- néales du contenu des kystes ovariques (étude expérimentale). — MM. A. Gieert et M. Garnier : Note sur un cas de cirrhose alcoolique, hypertrophique, diffuse. — M. Cu. Rrcugr : Innocuité des injections d’eau très chaude daus le péritoine. — MM. les Drs AzouLAy et NacrorTe (de Paris) : Oculaire de microscope à index fixe de M. Bourguet de Montpellier et oculaire à index mobile. — M. L. Caprran et Mie le D' PoxkrYcoBKine : Les changements de forme du cœur sous l'influence de la course étudiés par la phonendoscopie. — M. E. MARAGLIANO : À propos de la nouvelle tuberculine de Koch. — MM. J. ArBarran et LÉON BERNARD : Sur une tumeur épithéliale d'origine parasitaire (Bilharzia hæmatobia). — M. Rocer : Sur la durée de l'immunité vaccinale. — MM. P. Hausnarrer et Cu. Tairx : Deux cas de rigidité spasmodique infantile avec autopsie. — MM. Pérocaaup, MirALLIÉ et ARIN : De l'état des réflexes tendineux dans le rhumatisme chronique. —M. le Dr H. Barapuc ; Méthode de « radiographie humaine », à distance et sans contact avec la pellicule de la plaque photographique, « enregistrant les effluves humains qui se dégagent du corps en état hypervibratoire ». — M. Anpré Broca : Influence de l'intensité sur la hauteur du son. — MM. CnarLes GARNIER et Por Bouin : Sur la présence de granulations graisseuses dans les cellules glandulaires séreuses. — M. Pau Gonix : Transmission héréditaire de deux fistules cutanées congénitales de la région sacrée. — MM. LaBapte-LAGRAVE, E. Borx et J. Noé : Toxicité urinaire chez ie cchaye en gestation. — M. CL. Recaup (de Lyon) : Les vaisseaux lymphatiques du testicule. — M. Cr. Recaup (de Lyon) : Les faux endothéliums de la surface des tubes séminifères. — M. le Dr Osrwazr : Complications oculaires de la maladie de Pavy (contribution à la pathogénie de cette affection). Présidence de E. Dupuy, vice-président. SUR LA SENSIBILITÉ DU BACILLE D'EBERTH AUX VARIATIONS DE TEMPÉRATURE, par M. PAUL REMLINGER, Chef du laboratoire de bactériologie à l'hôpital du Belvédère, à Tunis. (Note présentée par M. Capiran dans la séance précédente.) Dans le but de pénétrer un peu le mode d’action des bains froids dans le traitement de la fièvre typhoïde, des cultures en bouillon de Bacille d'Eberth ont été soumises — de plus près qu il a été possible — à la méthode de Brandt. Cinq ou six fois par jour, à deux ou trois heures d'intervalle, ces cultures étaient retirées de l’étuve à 37° et plongées pendant dix minutes dans de l’eau à 22 ou 23 degrés. Le Bacille d'Eberth en expérience avait été retiré un mois auparavant d’une pleurésié puru- lente et, à l'aide de quelques passages, il avait été amené à ce degré de virulence qu'un demi-centimètre cube de culture fraîche en bouillon, inoculé dans le péritoine, tuait au bout de 36 à 48 heures un cobaye de 6 à 700 grammes. Sous l'influence de la balnéation, l’atténuation de Biococre. CompTEs RENDUS. — 10€ SÉRIE, m. IV. s! 624 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la virulence de ce bacille a été très rapide. Après 5 jours d'expériences, 2 centimètres cubes de culture étaient nécessaires pour amener, en 48 heures, la mort d'un cobaye de 520 grammes. Au bout de 10 jours, la culture paraissait avoir complètement perdu sa virulence. Au contraire, la virulence d'une culture témoin, toujours maintenue à 37 degrés, s'était conservée à peu près intacte. Les cultures ainsi atténuées conti- nuèrent à être baignées dans les mêmes conditions et des réensemence- ments furent pratiqués tous les 5 jours. À dater du 20° jour de la bal- néation, ces ensemencements donnèrent lieu à des cultures de moins en moins luxuriantes, et le 35° jour, un réensemencement, bien que très copieusement pratiqué, demeura stérile. Or, on sait qu'une culture de Bacille d'Eberth conservée à 37 degrés peut encore faire souche 2 mois après l’ensemencement primitif. Des cultures de B. pyocyanique et des cultures de Coli type ont servi à des expériences de contrôle, et ont été traitées de la même façon que les cultures de Bacille d’Eberth. Le premier de ces microbes n’a été influencé ni dans sa virulence, ni dans sa vitalité par la balnéation et le second ne l'a été que fort peu. Il est à peine besoin de faire remarquer que dans l’organisme du typhique, le Bacille d’Eberth n’est pas exposé, lors de la balnéation, aux écarts de température de 14 ou de 15 degrés qu'il subissait dans les expériences précitées. Mais il n’en est pas moins vrai que ce bacille paraît jouir, vis-à-vis des variations de température, d’une suscepti- bilité toute particulière. Et il est permis de se demander si dans le rôle antithermique des bains froids, il n’y a pas un double élément à consi- dérer. N’agissent-ils pas à la fois en abaissant, banalement en quelque sorte, la température du sujet, et en atténuant directement, par cette réfrigération, la virulence du Bacille d'Eberth ? En d’autres termes, ne jouent-ils pas à la fois un rôle antithermique banal, et un rôle antither- mique spécifique? Si cette hypothèse était admise, la méthode de Brandt mériterait pleinement cette qualification de « traitement spéci- fique » de la fièvre typhoïde qui lui a été attribuée. [612.044.2] LA COLORATION DES TISSUS CHEZ LES ANIMAUX VIVANTS, par M. G. LoiseL. (Communication faite dans la séance précédente.) L'idée que Duhamel avait euë, en 1739, de soumettre l'organisme vivant à l'influence des matières colorantes, n’a été reprise que dans ces vingt dernières années par l’emploi des couleurs d’aniline. Ces nou- velles recherches ont eu surtout pour but d'étudier les granulations contenues dans les cellules (Ehrlich, Mitrophanow), la manière dont se SÉANCE DU 3 JUILLET 695 comportent, avec ces matières, le protoplasma et le noyau (Pfeffer, Brandt, Certes, Henneguy, Przesmycki, Ivanzoff), la structure des nerfs (Ehrlich, Mayer, Beethe, Arnstein, Retzius), et enfin les organes d'’ex- crétion (Kowalesky). J'ai entrepris cette année, avec cette méthode de coloration des tissus vivants, quelques expériences préliminaires pour l'étude du rôle et de la signification des substances intercellulaires. Mes recherches ont porté jusqu'ici sur un certain nombre d’animaux aquatiques que je con- serve toujours en observation, en particulier sur une larve de diptère qui m'a présenté quelques faits très intéressants. Cette larve, longue de 3 à 4 millimètres, appartient à la famille des chironomides ; elle se trouve très communément, au mois d'avril, dans certaines mares des environs de Paris. La grande transparence de son corps, sa résistance à l’action du bleu de méthylène et du brun de Bismarck, en font un très bon sujet d'étude pour la coloration des tissus vivants. Placée dans une solution très faible de bleu de méthylène ou de brun de Bismarck, on voit, au bout de quelques heures, une coloration bleue ou brune se manifester dans les anneaux de la partie moyenne de son corps; cette coloration, d’abord faible, augmente bientôt d’in- tensité et s'étend peu à peu en avant et en arrière, de façon à envahir le corps tout entier au bout d’un jour ou deux. Les fibres musculaires, les ganglions nerveux, le corps graisseux et certaines glandes péricar- diques sont les organes qui fixent avec la plus grande intensité les matières colorantes. Le cœur et le sang, de même que tous les liquides du corps, restent complètement incolores; c’est à peine si j'ai pu observer quelques globules colorés traversant le vaisseau dorsal avec le courant sanguin. Les larves vivent pendant plusieurs jours dans une eau ainsi colorée. Non seulement cette énorme quantité de substances étrangères intro- duite dans leur organisme, ne paraît gêner en rien le fonctionnement des organes, mais encore, toutes les métamorphoses de l’insecte s’ac- complissent très bien; de plus, la coloration des tissus se maintient dans toutes les phases que traverse l’insecte pour arriver à l’état parfait. Cette dernière observation a été répétée à plusieurs reprises, mais ne ma donné de résultats qu'avec le bleu de méthylène, subs- tance qui parait même activer les métamorphoses, Pendant la période nymphale où l'animal reste sans remuer, la colo- ration se maintient telle qu’elle était chez la larve; mais la transparence du corps devient moins grande et il est plus difficile de se rendré compte de ce qui se passe dans les tissus. Du reste, mes observations sont encore très incomplètes. Quoi qu'il en soit, le petit diptère sort bientôt de l’eau en gardant la même coloration bleue dont l'intensité est cependant un peu diminuée. ! 626 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Après plusieurs essais pour fixer et conserver en même temps la colo- ration et les tissus, je me suis arrêté au liquide de Gilson, modifié ainsi : Acide nitrique. NE 2 centimètres cubes. A'erde ace QUe PRE A EURE EE il — SUPREME AAA EVA AUS LR es 5 — AlCOO! ADS OU LME RTEUSMARRRMRRNEE) 2 0A.0) — An ste tien PTS 2 At DT AN ELA EM ORRERT À NL 0 0 — oder RES ER Se Ouelques cristaux Faire agir pendant une heure où deux au plus; conserver dans le même liquide additionné d’eau, l'alcool enlevant promptement le bleu de méthylène et le brun de Bismarck ; monter à la glycérine hydratée ou au Baume. Ce liquide fixateur n'altère pas sensiblement la coloration du brun de Bismarck: au contraire il fait virer au vert la coloration du bleu de méthylène, mais en conservant sa même intensité. NOTE SUR DES GREFFES SOUS-CUTANÉES D'YEUX D'EMBRYONS DE POULET, par M. Cu. FÉRÉ. Depuis plusieurs années j'ai entretenu la Société d'expériences rela- tive à la possibilité de l’évolution d'éléments de l'embryon de poulet introduit sous la peau d'un animal adulte (1). Plusieurs des tumeurs ainsi formées persistent actuellement depuis plus de seize mois. La possibilité de cette évolution et de cette persistance m'a engagé a entre- prendre, sur le poulet, des expériences qui, chez les mammifères, n'avaient donné que des résultats temporaires (2). Plusieurs expérimentateurs ont observé la pullulation des cellules pigmentées normales et pathologiques ; mais, en général, les productions qu'ils ont obtenues se sont résorbées plus ou moins rapidement. J'avais espéré que les cellules pigmentées de l’œil de l'embryon de poulet pour- raient donner des résultats plus favorables. C'est dans Le but de vérifier cette supposition que j'ai commencé, en février 1896, à introduire sous la peau de poulets adultes des yeux d’embryons arrivés au huitième jour, tantôt un œil isolé, tantôt des yeux en nombre.Au moment de leur intro- duction sous la peau, ces yeux conservaient pour la plupart leur forme, (1) Ch. Féré. Note sur la production expérimentale des tératomes. Archives d'anatomie microscopique, 1897, t. I, p. 193. (2) E. Goujon. Etudes sur quelques points de physiologie et d'anatomie pathologique. Thèse, 1866. — Gaz. des hôp., 1867, p. 85. — G. Martin. De la durée et de la vitalité des tissus, et des conditions d’adhérence des restitutions et transplantations. Thèse, 1873. SÉANCE DU 3 JUILLET 627 qu'ils gardaient encore après la suture faite. Pendant plusieurs joursils restent mobiles sous la peau ; puis ils se fixent en s’accolant, s'ils ontété greffés plusieurs ensemble. Pendant plusieurs semaines, on reconnait facilement à travers la peau leur coloration noire. Peu à peu, cette colo- ration disparaît complètement. Quelquefois l’agglomération est consti- tuée exclusivement de masses sphériques, formant une sorte de grappe. D'autres fois, cette agglomération parait poser sur une base dure, comme cartilagineuse, aplalie, où les sphères sont réunies par ilots de consistance cartilagineuse. Les productions extérieures aux globes oculaires peuvent être attribuées à la présence de fragments du crâne de l'embryon qui ont dû nécessairement être enlevés avec l'œil entier. Nen seulement ces yeux persistent pour la plupart et gardent leur forme, mais ils augmentent de volume. Ainsi la tumeur du flanc de cette poule est constituée par des masses sphériques accolées dont plusieurs ont 7 et 8 millimètres de diamètre, tandis que l'œil de l'embryon, au huitième jour, ne dépasse guère 3 millimètres de diamètre. Plusieurs de ces tumeurs ont déjà été enlevées; c'est à peine si, sur une coupe, ont voit un point noir presque imperceptible. Les kystes sont remplis d'un liquide visqueux, incolore, et leur paroi, quelquefois très mince et souple, est plus souvent résistante. On y trouve d’ailleurs du tissu carlilagineux hyalin à cellules rondes analogues à celui que l’on décrit dans la sclérotique des oiseaux adultes (1). Les yeux greffés isolément paraissent se résorber plus facilement que ceux qui ont été greffés en groupes; cependant, en général, dans un groupe plusieurs disparaissent. Dans la tumeur que je vous présente, par exemple, on voit 5 kystes accolés transparents; on avait greffé le 31 mars 1896, dans la région où elle a été enlevée le 29 juin 1897, 8 yeux d'embryons au huitième jour. La constitution de ces tumeurs méritera d’être étudiée plus en détail; mais j'ai cru utile de présenter le résultat brut de l'expérience, qui montre deux faits imprévus : la disparition rapide des éléments pig- mentaires, une évolution du globe oculaire considéré dans sa masse et dans sa constitution histologique. ACCOUTUMANCE DE L'EMBRYON A UN MILIEU TOXIQUE, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai montré par des expériences antérieures que des doses à peine tératogènes d'alcool éthylique, introduites dans l’albumen de l'œuf de (t) H. Milne-Edwards. Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée, etc., t, IE, p. 131. 628 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE doses toxiques (1). Il était intéressant de constater si l'embryon était capable de la même accoutumance. Mais les conditions de l’expérience ne paraissaient pas favorables au premier abord, en raison de ce fait déjà observé, qu'une même dose de substance toxique ou de traumatisme est d'autant moins nuisible à l'embryon quelle agit sur lui à une époque plus éloignée du début de l'incubation (2). On pouvait craindre que la moindre sus- ceptibilité des embryons plus âgés des œufs témoins qui ne recevaient que la dernière injection compensàt les effets des injections adapta- trices faites préalablement dans les autres œufs. L'absence d’infériorité des embryons témoins n’aurait pas prouvé l'absence d'accoutumance dans les autres. Les expériences qui vont suivre sont d'autant plus probantes, que malgré cette circonstance adverse, l'avantage reste incontestablement aux œufs qui ont recu les injections préventives. oule avant l'incubation, étaient capables d’accoutumer le germe à des P 5 Exp. I. — On met ensemble à l’étuve à 38 degrés, la grosse extrémité à droite, vingt œufs au sixième jour de la ponte. Après 24 heures d'incuba- tion, dix de ces œufs recoivent dans l’albumen un vingtième de centimètre cube d'alcool éthylique dilué à 50 p. 100. Ils sont remis à l'étuve. Après 24 autres heures, ces mêmes œufs recoivent la même quantité d'alcool éthy- lique pur. À la même heure, c'est-à-dire après 48 heures d’incubation, les dix œufs qui n'avaient rien recu la veille, mais avaient été retirés de l’étuve pendant le même temps que les autres recoivent aussi un vingtième de centi- mètre cube d’alcool éthylique pur. Les vingt œufs sont ouverts après 96 heures d’incubation. a) Dans dix œufs qui ont recu deux injections, il y à huit embryons nor- maux et vivants de 72 heures en moyenne, dont trois déviés à 45 degrés et un à 435, une atrophie de la tête et un embryon kystique. b) Dans les œufs qui n’ont recu qu'une injection, il y a aussi huit embryons normaux et vivants, mais qui n’ont que 5 heures en moyenne, un en hété- rotaxie et un dévié à 45 degrés, une atrophie de la tête et une anophtalmie. Exp. II. — Répétition de la précédente avec vingt-quatre œufs au cinquième jour de la ponte. Ouverture après 96 heures d'incubation. a) Dans les douze œufs qui ont recu deux injections, il y a neuf embryons (4) Accoutumance du blastoderme à un milieu toxique. C. R. Soc. de Biol., 1897, p. 594. (2) Ch. Féré. Note sur la différence des effets des vibrations mécaniques sur l'embryon de poulet suivant l'époque où elles agissent. C. R. Soc.de Biol., 1894, p. 319. — Note sur la différence des effets des agents toxiques et des vibrations mécaniques sur l’évolution, etc., ibid., p. 462. — Essai expérimen- tal sur les rapports étiologiques de la fécondité, des monstruosités, de l’avor- tement, de la morti-natalité, du retard de développement et de la débilité congénitale. Teratologia, a quarterly journ. of antenatal pathology, p. 245, 1895. SÉANCE DU 93 JUILLET 629 normaux et vivants de 86 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés, un cyclope, un embryon kystique et une absence de développement. b) Dans les œufs qui n’ont recu qu'une seule injection, il y a dix embryons normaux et vivants, qui n’ont que 50 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés, un à 90 et un à 135 degrés, un blastoderme sans embryon et une absence de développement. Dans ces deux expériences où on n’a fait pénétrer que des quantités à peine tératogènes d'alcool, la différence du nombre d’embryons nor- maux dans les deux catégories est peu importante : il y en a dix-sept dans les œufs qui ont recu l'injection préventive et dix-huit dans ceux qui ne l'ont pas reçue; mais ces nombres répondent à des proportions de 77.27 et 81.81 p. 100, proportions qu'on trouve souvent en dehors de toute intervention troublante. Il existe au contraire une différence très importante au point de vue du développement, puisque les œufs qui ont reçu les injections préventives ont donné des embryons de 19 heures en moyenne, tandis que les autres n'en ont donné que de 55 heures. L'injection préventive paraît donc avoir diminué le retard du développement. Exe. INT. — On met ensemble à l’étuve vingt-deux œufs au septième jour de la ponte. Après 24 heures d’incubation, onze de ces œufs recoivent dans l’'albumen un vingtième de centimètre cube d'alcool éthylique, dilué à 50 p. 100. Après 24 autres heures, ils reçoivent la même quantité d'alcool éthylique pur. Après 24 autres heures, c'est-à-dire après 72 heures d’incuba- tion, ils reçoivent deux vingtièmes de centimètre cube d’alcool éthylique pur. En même temps les onze œufs qui n'avaient encore rien reçu, mais avaient été sortis de l’étuve en même temps que les premiers, reçoivent aussi deux vingtièmes de centimètre cube d’alceol éthylique pur. Ces vingt-deux œufs sont ouverts après 96 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu trois injections, il y a six embryons normaux et vivants dont quatre de 96 heures et deux de 52 heures, deux embryons normaux morts de 52 heures, un embryon kystique, une atrophie de la tête et un blastoderme sans embryon. b) Dans les œufs qui n’ont recu que la dernière injection, il n’y a que trois embryons normaux vivants de 96 heures et six embryons morts, trois de 52 heures, deux de 48 et un de 46, une atrophie de la tête et un embryon hydropique. Exp. IV. — Répétition de la précédente avec vingt-quatre œufs au qua- trième jour de la ponte. .a) Dans les œufs qui ont recu trois injections, il y a sept embryons vivants et normaux, dont six de 96 heures et un de 82, quatre embryons normaux, mais morts à 52 heures et un embryon kystique. b) Dans les œufs qui n’ont recu que la dernière injection, il n’y a que quatre embryons normaux vivants, un de 96 heures et trois de 72 heures, dont un dévié à 45 degrés et un à 180, six embryons morts, dont quatre de 630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 48 heures et deux de 32, un omphalocéphale et une absence de développe- ment. Si, dans ces deux dernières expériences, nous considérons le nombre des développements normaux, nous le trouvons exactement le même dans les deux catégories, 19 sur 23, soit 82.60 p. 100. Mais tandis qu’il n'y à que six morts dans les œufs qui ont reçu les injections préven- tives, il y en a douze dans les autres. Dans les œufs qui n’ont recu qu'une injection, il y a quatre embryons normaux et vivants sur sept qui ont 96 heures, les trois autres ont 12 heures. Dans ceux qui ont recu l'injection préventive, il y en a dix sur treize qui ont atteint 96 heures, un autre a 82 heures, mais deux n’ont que 52 heures, Dans les deux premières expériences, l'injection la plus forte était connue comme à peine tératogène, il n’y a donc pas lieu de s'étonner que dans les œufs les plus affectés on n'ait observé que du retard de développement, Dans les deux dernières expériences; il n’y a pas de retard de déve- loppement dans les œufs les plus affectés ni de monstruosités, parce que l'injection nuisible a été faite à une époque où l’embryon, au lieu de subir une action tératogène ou retardante comme pendant les deux premiers jours de l’incubation, subit l'influence toxique; l’action de l’alcool s’est traduite par une mortalité considérable des embryons, surtout dans Îes œufs qui n'avaient pas recu d'injection préventive. En somme, l’accoutumance du blastoderme et de l'embryon se mani- feste par la diminution des monstruosités, du retard de développe- ment ou de la mortalité suivant l’époque de l'intervention de la subs- tance toxique. UN CAS DE GÉMELLITÉ CHEZ LA COULEUVRE. Note de M. A. Crieny, présentée par M. A. GraRp. La gémellité paraît extrêmement fréquente chez les poissons, elle est beaucoup plus rare chez les oiseaux, et M. Dareste rapporte que, sur 10,000 œufs soumis à l’incubation, il a observé seulement dix cas de gémellité vraie, c'est-à-dire comportant la présence dans un même œuf d’embryons complètement distincts en toutes leurs parties ou annexes. Il faudrait peut-être joindre à ces dix observations quelques-uns des trente monstres doubles rencontrés par lui. Chez les reptiles, on a signalé des monstres doubles, mais aucun d'eux ne semble provenir d’une soudure entre deux embryons distincts, et je ne sache pas que l’on ait mentionné de gémellité vraie, soit à cause du petit nombre d'œufs observés, soit à cause d’une rareté réelle de cette particularité. SÉANCE DU 3 JUILLET 631 Une couleuvre lisse (Coronella austriaca Laur), provenant de la Haute- Marne, ayant été ouverte, j'y ai trouvé 8 œufs disposés en chapelet dans un seul oviducte, l’autre étant vide : les œufs étant numérotés de l'arrière à l’avant, il se trouve que les 1°", 3°, 5°, 6° et 8° sont normaux, contiennent chacun un embryon vivant, normal et normalement placé, c’est-à-dire couché sur le côté gauche, la tète tournée vers celle de la mère, et enroulés par-dessus leur flanc droit, c'est-à-dire dans le sens dextre. Le 7° œuf est petit et dépourvu d'embryon. Le 2° est petit et contient un embryon monstrueux et mort, la monstruosité provenant d’un arrêt dans le développement de l'amnios. Enfin le 4° œuf, celui qui nous inté- resse, est de taille normale, aucun indice extérieur ne fait prévoir son contenu et l’oviducte est normalement vascularisé à sa hauteur. Mais il contient deux embryons placés sur la même face de l'œuf et complète- ment distincts; chacun d’eux possède son amnios et son allantoïde ; ils sont d’ailleurs parfaitement vivants et normaux, aussi développés que ceux des autres œufs. Il n'existe entre les deux aires vasculaires aucune des connexions, aucune des anastomoses que M. Dareste à signalées en pareil Cas. Le fait le plus important à notre avis, c’est que chacun des deux em- bryons est normalement placé : ils ont tous deux la tête tournée vers celle de la mère, tous deux reposent par leur flanc gauche sur l'œuf, et tous deux sont enroulés dans le sens dextre; l’un d’eux a donc la tête tout près de la queue de l’autre. C'est une exception formelle à la loi de position énoncée par Geoffroy Saint-Hilaire et ultérieurement confirmée par Lereboullet, Rauber, Dareste, etc. Le groupe ne présente ni plan, ni axe de symétrie. On peut donc dire que chaque embryon est placé comme s'il était seul et repoussé seulement vers l'un des pôles de l'œuf; ils se sont pourtant influencés à certain égard; leurs aires vasculaires complète- ment distinctes se sont mutuellement repoussées; l'embryon antérieur a rejeté son aire quelque peu vers la gauche, l'embryon postérieur a rejeté la sienne légèrement vers la droite. Les principaux vaisseaux se dirigent vers la gauche chez le premier et vers la droite chez le second : c'est la seule différence immédiatement apparente entre eux; il est pos- sible qu'elle ait entrainé d’ailleurs une dissemblance dans le système circulatoire interne. Il est peut-être possible d'expliquer l'exception du cas à la loi de position, et même d'annoncer qu'en général les jumeaux doivent échapper à la loi de position chez les ophidiens vivipares. Dans un œuf abandonné à lui-même, l'orientation de l'embryon résulte exclusive- ment des dispositions internes, et des efforts très faibles suffisent à la modifier, comme l'ont montré maintes expériences téralogéniques. Ici les choses se passent tout autrement : le pôle germinatif de l'œuf se 632 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trouve au contact d’un vaisseau circulant sur l’oviducte et s’hypertro- phiant à l’époque de la gestation : ce vaisseau, qui suit un méridien de l'œuf, exerce une influence directrice sur l'œuf, c’est par ce vaisseau que se fait la respiration et en partie peut-être la nutrition. On conçoit donc que les bandelettes germinatives soient toujours orientées selon ce mé- ridien et même que l'extrémité céphalique de ces bandelettes soit fortement déterminée. Ainsi la loi de position pour les œufs des ovo- vivipares serait différente de celle qui s'applique aux autres œufs, et l'exemple que nous venons de rapporter y serait conforme. SUR UN NOUVEL ACARIEN MARIN. Note de M. A. Brucker, présentée par M. A. Gran. Sur les branchies d'un Chiton de la Nouvelle-Zélande (Acanthochiton porosus), M. Pelseneer, professeur à l'Ecole normale de Gand, a trouvé des Acariens dont il a bien voulu me confier l'étude. Ces Acariens appartiennent à la famille des Halacarides. Par la confor- mation de leurs palpes, ils présentent les caractères du genre Agaue Lohmann; ces palpes sont, en effet, à quatre articles, articulés latéra- lement sur le rostre: le 3° article est un peu plus court que le dernier qui a une base large, diminue progressivement vers la partie anté- rieure, et porte trois courtes soies. Mais il présente des caractères très spéciaux par sa forme, ses tégu- ments, ses pattes et ses pièces buccales. La face inférieure du corps est plate; son contours est ovale, la longueur du corps (trompe comprise) atteint jusqu'à 1°%,7; les parois latérales s'élèvent à pic et la face dorsale est bombée. Elle porte des yeux à cristallin bien différencié. L'anus est à la partie postérieure de la face ventrale, et l'ouverture génitale en avant de l'anus. Les plaques du squelette sont très peu développées, réunies par des téguments plus minces et ornés de rides très fines. Les pattes sont remarquablement courtes; la réduction porte non seulement sur la longueur des articles, mais aussi sur leur nombre; car si les 3 premières paires de pattes sont à 6 articles, la 4° n'en possède plus que 5; et la forme des articles montre que ce sont le 2e et le 3° qui sont soudés. Elles sont armées de deux griffes rétractiles, à une seule pointe, séparées par une pièce intermédiaire et s’articulant sur l’extré- mité du dernier article. Les pièces buccales sont constituées par un rostre sur les côtés duquel sont articulés les palpes. Ce rostre se termine en avant sur la partie dorsale par une lèvre supérieure arrondie, mais non tronquée; et sur SÉANCE DU 3 JUILLET 633 la partie ventrale par une lèvre inférieure. Les parties latérales de cette lèvre inférieure se prolongent longuement vers l'avant, el forment par leur ensemble une longue gouttière, en forme de demi-cylindre à concavité tournée vers la face dorsale, et fendu sur la ligne médiane ventrale; cette gouttière atteint presque l’extrémité des palpes. Les deux pièces qui la composent se terminent à la partie antérieure en pointe, et portent sur leurs côtés, à leur extrémité, chacune deux dents écailleuses à pointe dirigée vers l'arrière. Dans la gouttière ainsi formée glissent les mâchoires. Ce sont de longues tiges pointues, lisses sur la partie ventrale, qui glisse sur l’une des pièces précédentes, dentées sur la partie dorsale ; à l'extrémité sont quelques dents très aiguës; puis viennent des dents à crête transversale extrêmement nombreuses; les dents aiguës sont comparables à des inci- sives et des canines, les secondes sont disposées comme des molaires de tapir. Les palpes à 4 articles s’insèrent sur les parties latéro-dorsales du rostre, de chaque côté de la lèvre supérieure. Leur Le” article est court, le 2° extrèmement long, les 3° et 4° très petits. Le 2° article présente une partie plate et mince en forme de cuiller el une partie, au contraire, fortement chitinisée. Ces palpes peuvent se rapprocher sur la ligne médiane ; à cause de leur insertion sur la partie latéro-dorsale du rostre, ils ferment alors dorsalement la gouttière où glissent les mâchoires; les parties en forme de longue cuiller du 2° article s'appliquent sur les côtés de la gouttière et les parties fortement chitinisées sont alors juste au-dessus des dents des mâchoires; leur surface usée et striée montre que c’est contre elles que frottent ces dents pendant les mouvements des màchoires. | Les palpes servent donc à appliquer contre les mâchoires la nour- riture à triturer et à broyer; elle se trouve alors dans un tube formé par les palpes et la lèvre inférieure, entre les parties fortement chiti- nisées des palpes et les mächoires à dentition complète. Avec un appa- reil aussi parfait, leur trituration ne doit pas être longue. Nous donnerons à cet Acarien le nom d’Agaue Chitonis. Ce sera la 2° espèce d’'Agqaue décrite de la Nouvelle-Zélande; la 1° étant Agaue parva Lohmann (alacarus parvus Chilton), connue seulement par deux pages et des dessins inexacts et insuffisants de Chilton où les palpes sont à 6 articles, et où le rostre n’est pas décrit, parce que, dit Chilton, il est si petit qu'on peut à peine le voir. (Zransact. New-Zea- lands Instit., 1883, vol. XV.) Et ce sera la 1°° espèce d'Halacarides nettement parasite. 634 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE L’ANILIPYRINE ET DE SON EMPLOI EN THÉRAPEUTIQUE, par MM. A. Gisgerr et P. Yvon. I. — Nous avons donné le nom d’Anilipyrines aux corps que l’on obtient en soumettant à l’action des dissolvants usuels ou à celle de la chaleur un mélange de un ou deux équivalents d’antipyrine avec un équivalent d'Acétanilide. Les conclusions de nombreuses expériences ne sont pas assez nettes pour nous permettre de dire si les corps obte- nus sont des combinaisons définies, et nous n'avons pu régulariser le mode de préparation de manière à les obtenir nettement cristallisés. L'étude analytique de ces corps présente de grandes difficultés parce que, d’un côté, ils se dissocient très facilement et que, de l’autre, les différences de propriétés et de composition centésimale avec les deux éléments constituants sont peu différents. Nous avons dû nous borner à préparer les Anilipyrines en mettant en présence l’Antipyrine et l'Acétanilide en proportions mono ou bi-équivalentes et à étudier ensuile les caractères physiques des corps obtenus dans ces conditions. Le procédé de choix consiste à préparer les Anilipyrines par fusion. On réduit en poudre et on mélange avec 1 ou 2 équivalents d’anti- pyrine: on place ce mélange dans une capsule et on chauffe lentement jusqu'à liquéfaction ; puis on modère la chaleur de manière à maintenir la masse liquide pendant un certain temps et on laisse cristalliser par refroidissement. L'anilipyrine-« renferme des équivalents égaux de chaque composant, l’anilipyrine-8, 2 équivalents d’antipyrine pour 1 d’acétanilide. Les deux corps ont été différenciés par leurs points de fusion et leur solubilité dans les dissolvants usuels. 10 grammes des véhicules suivants dissolvent, à 15 degrés : ANTIPYRINE ACÉTANILIDE ANILIPYRINE ANILIPYRINE £ HAL AMEN BASE ER CERTES 165 0€05 248 435 Alcool à 95 degrés . . . 11 2 50 25 25 EHTERNO NE A AMENER 0 20 0 50 222 4 25 Ghloroforme MALE 6 60 4025 15 15 Points de fusion, . . . 1139 1140 70 1050 IT. — Avec le concours de M. Maurat, nous avons étudié l’action biolo- sique de l’anilipyrine-8 comparativement à celle de l’acétanilide et de l’'antipyrine. Nous avons reconnu que ce corps, administré par la voie stomacale est toxique pour 1 kilogramme de cobaye à la dose de 1 gr. 80. L'anti- pyrine est un peu moins toxique et l’acétanilide un peu plus; toutefois, le point de toxicité de ces trois substances est très rapproché. SÉANCE DU 93 JUILLET 635 Les animaux intoxiqués par l’anilipyrine succombent au milieu de convulsions tétaniformes, comme dans l'empoisonnement par l’anti- pyrine avec un abaissement thermique de 6 à 8 degrés. À faible dose, l'anilipyrine ne produit aucune modification appréciable des grandes fonctions. Il faut arriver à 1 cinquième de la dose toxique pour constater une légère action sur la température. Au quart de la dose toxique, cette action antithermique est très désunie. Elle atteint son apogée au bout de 45 minutes à 1 h. 15 et se traduit par un abaissement de température de 1 degré à 1°,5. L'anti- pyrine a une moindre action. Au contraire, celle de l’acétanilide, plus lente à se manifester, est à la fois plus marquée et plus prolongée; sous son influence, l'hypothermie atteint de 1°,5 à 2°,5; l’on ne saurait donc souscrire à cette opinion exprimée par Nothnagel et Rossbach, que l’acé- tanilide n'exerce aucune influence sur la température physiologique. La température des fébricitants et particulièrement celle des tuber- culeux est modifiée par l’anilipyrine d'une façon beaucoup plus notable que celle des animaux sains. _ Cela était à prévoir, de même que l’on pouvait être assuré qu'aux propriétés antipyrétiques de l’anilipyrine étaient liées des propriétés analgésiques. Ainsi que ses composants, l’anilipyrine se trouve par suite indiquée dans la grippe et le rhumatisme articulaire aigu, dans la migraine, les névralgies, etc. On la doit prescrire à la dose moyenne de 1 à 2 grammes en cachets ou en potion et par fractions de 0 gr. 50. ACTION DES INJECTIONS INTRAPÉRITONÉALES DU CONTENU DES KYSTES OVARIQUES (ÉTUDE EXPÉRIMENTALE), par MM. AucHé et CHAVANNAZ. La rupture intra-péritonéale des kystes de l'ovaire et du parovaire est un accident sur la valeur duquel les chirurgiens sont loin d’être d'accord. En laissant de côté la question d’ensemencement, de greffe, pouvant succéder à la pénétration dans le péritoine du liquide ou des produc- tions néoplasiques jusqu'alors enfermés dans la poche kystique, on voit ici les opinions les plus diverses être émises par les auteurs. La terminaison dépend de facteurs nombreux. Sans parler du traite- ment qui à ici une importance considérable, une rupture intrapérito- néale amènera des symptômes extrêmement variables et d’après la nature du liquide épanché et d’après l'absence ou l'existence de brides, d’adhérences péritonéales pouvant limiter l’épanchement du liquide. 636 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——_————————__—_—_—_—_—_—…————…—…—…—…—……—…—…—….—.—.—.—— Enfin, a priori il semble à peu près certain que la présence ou l'absence d’ascite, que l’état général de la malade, que l'état des vis- cères et en particulier des reins doivent fortement entrer en ligne de compte. En se basant uniquement sur les données cliniques, il est par suite bien difficile de se faire une idée exacte des phénomènes déterminés par l’épanchement dans le péritoine des liquides contenus dans les kystes de l'ovaire ou du parovaire. Nous avons donc voulu recourir à l’expérimentation. Prélever aseptiquement les liquides et les injecter avec les mêmes précautions dans le péritoine des animaux, puis étudier Îles effets pro- duits, tel devait être au point de vue expérimental le but à atteindre. Pour compléter notre étude, nous devons encore examiner le liquide injecté et la paroi kystique elle-même. Afin d’avoir un terme de comparaison nous avons également recher- ché quelle pouvait être l’action d'injections intrapéritonéales d'eau et de sérum stérilisés. En suivant ce programme et en nous servant du lapin comme animal d'expérience, voici les conclusions auxquelles nous sommes arrivés : 1° En l'absence de suppuration, le contenu des kystes proligères de l'ovaire et des kystes du parovaire est absolument aseptique alors même qu'il y a adhérence de ces kystes avec l'intestin ou encore torsion du pédicule. 2° La toxicité des liquides des kystes proligères de l'ovaire est varia- ble et cette variabilité ne dépend pas de la nature papillaire ou glandu- laire du kyste. Nous nesaurions dire si à cet égard la torsion du pédicule a une influence quelconque. Sauf dans un cas, tous les lapins qui ont recu plus d’un sixième de leur poids de liquide sont morts, quelquefois en moins de vingt-quatre heures. 3° La toxicité des liquides des kystes du parovaire est beaucoup moindre et comparable à celle du sérum artificiel stérilisé qui est à peu près nulle. % Par ordre de toxicité décroissante on peut classer de la façon sui- vante les liquides injectés : a) liquides des kystes proligères de l'ovaire, b) eau distillée stérilisée, c) sérum artificiel stérilisé et contenu des kystes du parovaire, 5° Dans tous les cas suivis ou non de mort, l’action des liquides des kystes proligères se traduit par une déchéance prononcée de l'orga- nisme et une diminution de poids parfois considérable. 6° Avec les liquides des kystes du parovaire ces modifications sont presque insignifiantes. 1° La température ne subit pas des modifications identiques dans tous les cas : un fait cependant constant pour les kystes, c’est qu'il n'y 1 RE RAUEE ee SÉANCE DU 3 JUILLET _637 a jamais d’élévation de la courbe thermique. Pour les kystes proligères, dans les cas graves où la mort arrive dans les premiers jours, il y a un refroidissement progressif et quelquefois considérable de l’animal. Dans les cas de survie, la température se relève mais ne dépasse jamais la normale. Pour les kystes du parovaire, quand l'injection a été abondante, on observe une chute brusque dans les vingt-quatre à quarante-huit heures que dure l'élimination. 8° À moins que la mort ne survienne trop rapidement, le liquide injecté est toujours résorbé complètement. Pour les kystes proligères l'élimination est toujours lente et dure plusieurs jours. Pour les kystes du parovaire, elle est complète au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures. L’élimination parait se faire par la voie rénale : elle peut être aidée par la voie intestinale. 9 Le résidu solide des kystes proligères se dépose dans la cavité abdominale, se concrète sous forme de petits amas situés ples particu- lièrement sur le grand épiploon ou à la surface du foie ou de la rate et disparait beaucoup plus tardivement. 10° Les lésions macroscopiques consistent en de l'infiltration du tissu cellulaire de la paroi abdominale, quelquefois même du tissu cellulaire de régions éloignées (aisselle, médiastin) du tissu cellulaire sous-périto- néal, du mésentère et parfois même des parois intestinales qui sont alors un peu épaissies, comme œdématiées, tremblotantes. Dans quel- ques cas nous avons trouvé du liquide dans les cavités pleurale et péricardique et assez souvent une vascularisation exagérée du mésen- tère, de l'intestin grêle et le plus rarement du gros intestin et de l'estomac (les lésions viscérales seront décrites). 11° Jamais la séreuse péritonéale n’a été infectée par le liquide injecté. NOTE SUR UN CAS DE CIRRHOSE ALCOOLIQUE, HYPERTROPHIQUE, DIFFUSE, par MM. À. GizBerT et M. GARNIER. La cirrhose hypertrophique alcoolique se caractérise à l'examen histo- logique par des lésions conjonctives identiques à celles de la cirrhose atrophique : dans les deux cas, la cirrhose est annulaire et périvei- neuse ; le tissu conjonctif a répondu de la même façon à l'excitation apportée par l'alcool. Ce qui diffère, c’est la réaction de la cellule hépa- tique : elle est détruite dans la forme atrophique ; elle est conservée, au contraire, dans la forme hypertrophique, où l’on peut même constater une hypertrophie du parenchyme (Hanot et Gilbert). Maïs le mode réac- tionnel du tissu conjonctif est identique; il est encore le même dans la cirrhose hypertrophique pigmentairé alcoolique, la production de pig- ment n’est alors qu'un accident au cours de la cirrhose. Or, le cas que 638 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous rapportons aujourd'hui diffère, au contraire, du type habituel de la cirrhose alcoolique ; il s’agit d’une forme hypertrophique où le tissu conjonctif, bien qu'affectant toujours le type de sclérose biveineuse, envahit le lobule entier en suivant le trajet des capillaires (cirrhose biveineuse et péricapillaire). Voici d’abord, résumée, l’observation de la malade : B..., âgée de trente-trois ans, ménagère, entre le 22 janvier 1897, à l'hôpital Broussais, salle Gubler, lit n° 11, service de M. le Dr Gilbert. Rien à signaler dans ses antécédents héréditaires. Elle-même a toujours été bien portante; elle n’a eu qu'un seul enfant mort en nourrice. De vingl à vingt-cinq ans, elle a Cté domestique, chez un marchand de vins, où elle prit des habitudes d’éthylisme. Le début de la maladie remonte au mois de juillet 1895 ; à ce moment l’appétit diminua; le ventre augmenta de volume, mais irrégulièrement avec des périodes d'augmentation et de décroissance ; les urines étaient rares et foncées ; les règles se supprimèrent, mais furent remplacées par des épistaxis assez intenses, revenant au moment des périodes menstruelles. Cet état dura jusqu’au mois de décembre de la même année, sans pourtant que la malade fût obligée de s'arrêter. De décembre 1895 à juillet 1896, la santé redevint bonne, et les différents troubles disparurent. Mais à partir de juillet 1896, la . maladie s'installa définitivement; l'appétit disparut, le ventre augmenta de volume progressivement, la diarrhée se montra; les règles supprimées de nouveau furent remplacées par des épistaxis prolongées, et dans leur inter- valle la malade mouchait encore du sang. Au mois de novembre elle dut cesser tout travail. Au commencement de janvier 1897, elle s’apercut que son teint devenait jaune ; ses urines étaient de plus en plus foncées; puis l’état général s'aggrava davantage; la malade, très affaiblie, dut garder le lit et le 22 janvier elle entra dans le service. Etat à l'entrée. — C'est une femme très amaigrie, le teint est jaune terreux, le reste des téguments est d’un jaune peu foncé; les conjonctives et le voile du palais sont plus nettement jaunes. Il y a de nombreuses varicosités au niveau des joues et des ailes du nez; quelques-unes au niveau des membres inférieurs. La langue est très rouge, légèrement tuméfiée; les gencives saignent facilement. Les digestions sont difficiles, mais il n’y a jamais de vomissements ; d’ailleurs, la malade n'a pas d’appétit ; elle a du dégoût pour la viande et les aliments gras. Le ventre est assez développé et présente une zone de matité à la partie inférieure et dans les flancs. Le foie est hypertro- phié, il dépasse les fausses côtes de 12 centimètres sur la ligne mamillaire; sur la ligne médiane, il est à 11 centimètres de l’appendice xiphoïde; sa ligne de matité supérieure répond à la 5° côte ; son plus grand diamètre est de 22 centimètres ; son bord inférieur est mousse, mais la palpation n'est pas douloureuse. La rate est augmentée de volume et donne une matité de 10 cen- timètres dans tous les sens. Les urines sont peu abondantes, un demi-litre environ; elles contiennent des urates, du pigment rouge-brun, mais pas d'albumine. Le cœur est normal. Au poumon on ne constate que quelques räles disséminés. Les jours suivants la malade présente un peu de diarrhée ; les selles con- ‘» SÉANCE DU 3 JUILLET 639 a —————————"————————————— ———————————.— ————.—— ———" ————. ——— ———————————————— "—— liennent souvent du sang; la température oscille autour de 38 degrés; de temps en temps, la malade mouche du sang. Pour combattre ces hémor- ragies on lui donne, à partir du 29 janvier, un lavement de 100 grammes de foie de porc. Le 17 février, on fait une ponction qui donne issue à 8 litres de liquide citrin. Mais les hémorragies qui avaient cessé momentanément reparaissent, la malade s’affaiblit de plus eu plus, elle devient insensible à ce qui l'entoure, et meurt dans le coma dans la nuit du 3 au 4 mars. Autopsie. — Le foie est gros et pèse 2,230 grammes ; il présente un aspect jaunâtre, surtout marqué au lobe gauche; il n’est pas granuleux ; la vésicule bilaire est volumineuse et dépasse le rebord du foie de 3 centimètres environ. A la coupe, on constate la dureté de l'organe, mais il ne crie pas sous le couteau ; la surface de coupe est jaunàâtre,non granuleuse. _La rate pèse 320 grammes. Les reins pèsent 370 grammes; le droit présente plusieurs kystes contenant un liquide clair ; la capsule est adhérente sur chacune. Le cœur est sain. Les poumons sont {rès congestionnés aux bases; pas de tuberculose. L'examen histologique porta sur le foie et sur les reins. Les reins n ont présenté que des lésions de néphrite interstitielle commune. Mais le foie était le siège d’une cirrhose particulière. Sur des coupes colorées au picro-carmin et examinées à un faible grossissement, on se rend compte de la disposition générale des lésions. Le tissu hépatique apparaît divisé en îlots de dimensions variables, dont le pourtour est limité par des formations conjonctives et le centre occupé par les cellules hépatiques. Les formations conjonetives sont peu épaisses ; elles comprennent les espaces portes et souvent aussi les veines sus-hépatiques. Parfois elles s'arrêtent au milieu du parenchyme hépatique et se terminent en un bouquet de fibres qui se perdent entre les travées. Mais en examinant à un plus fort grossissement, on voit que les lésions ne s'arrêtent pas là; en effet, des formations fibreuses prin- cipales, partent des fibres conjonctives qui pénètrent dans l’intérieur du lobule, en suivant le trajet des capillaires; ces fibres séparent les tra- vées hépatiques et, dans chaque travée, les cellules elles-mêmes : elles forment une sorte de grillage dont les mailles sont remplies par les cellules hépatiques. Le lobulie se trouve ainsi dissocié dans son entier : car non seulement il est traversé par les bandes scléreuses unissant les deux systèmes veineux (cirrhose biveineuse), mais encore les segments du lobule ainsi délimités sont pénétrés par la sclérose, le tissu conjonctif allant former une véritable charpente aux cellules. Tel est l'aspect fon- damental de la lésion. Les espaces portes sont noyés dans le tissu fibreux; les veines portes sont entourées d’un épais manchon fibreux; de même aussi l'artère et les canalicules biliaires; quant aux veines sus-hépatiques, elles ne sont pas toujours comprises dans le processus, et la Sclérose y est moins BioLoGie. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 52 640 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avancée. Ce tissu conjonctif de nouvelle formation est, en général, à l’état adulte : mais, sur quelques coupes, il est encore à l’état jeune, le processus est à son début, on ne voit que quelques fibrilles accompa- gnées de nombreux noyaux qui s'infiltrent entre les cellules. Sur d’autres coupes, au contraire, la lésion est plus avancée; les cellules hépatiques sont séparées non plus par de simples fibres, mais par de véritables bandes conjonctives ; à ce niveau, le lobule est complètement bouleversé et les cellules ont perdu leur orientation. Quant aux cellules elles-mêmes, elles sont respectées, et l’on n’en trouve que de très rares en dégénérescence graisseuse. On voit par cette description que cette cirrhose diffère notablement de la cirrhose alcoolique commune atrophique ou hypertrophique ; en effet, dans les cas ordinaires, on a des anneaux conjonctifs nettement délimités sur leurs bords, segmentant le parenchyme en granulations distinctes ; ici, au contraire, on se trouve en présence d'une cirrhose diffuse totale ; il n’y a pas, à proprement parler, d’anneaux fibreux, mais des formations conjonctives principales qui se résolvent sur leurs bords en fibrilles de plus en plus ténues, de telle sorte que les îlots parenchymaleux principaux ainsi circonscrits se trouvent segmentés eux-mêmes et dissociés en autant d'éléments constitutifs qu'il y a de cellules dans les trabécules. C'est donc bien là une forme spéciale de cirrhose; l’origine alecoo- lique n’est pas douteuse, comme cela ressort de l'observation ; elinique- ment, elle s'est caractérisée par une marche plus rapidement fatale que celle de la cirrhose alcoolique hypertrophique commune ; ana- tomiquement, le foie présentait une hypertrophie considérable, et bien que nettement induré, il n’offrait pas les granulations caractéris- tiques de la cirrhose. Enfin l’examen histologique en montrant la disposition particulière du tissu conjonctif, permit d'individualiser nettement ce type de cirrhose ; il existe donc à côté de la forme com- mune annulaire et biveineuse de la cirrhose alcoolique hyperlrophique, une forme diffuse biveineuse et péricapillaire. 612.339] INNOGUITÉ DES INJECTIONS D'EAU TRÈS CHAUDE DANS LE PÉRITOINE, par M. Cu. Ricuer. J'ai étudié, avec MM. Athanasiu, Carvallo et J. Héricourt, l'influence des injections d'eau chaude sur le péritoine. MM. Athanasiu et Carvallo ont montré, dans une précédente note communiquée à la Société de Biologie, que l’eau très chaude, à 95 degrés, injectée dans les veines, peut ne pas produire la mort, même lorsqu'on en injecte des quantités notables. SÉANCE DU 3 JUILLET 644 On peut de même introduire sans danger dans le péritoine d'assez grandes quantités d’eau à 50° et 55°. Naturellement il s'agit d’eau stéri- lisée, contenant 5 grammes par litre de chlorure de sodium. Voici les expériences qui prouvent celte remarquable innocuité. 4° Le 22 juin un chien de 12 kil. 7, chloralosé et morphiné, reçut 2,050 cen- timètres cubes d'eau dont la température est respectivement 49°; 48°: 470,5; 460,8; 519,8; 510; 500; 499 et 489,5, — en moyenne 49 degrés. La température de l'animal monte de 380,2 à 390,1. Le 7 juillet il est très bien portant/ non sans avoir maigri, restant plusieurs jours sans vouloir prendre de nourriture. 2° Le 23 juin, une chienne de 9 kil. 400, chloralosée à 0 gr. 1 par kilogramme, recoit en 32 minutes 3,600 centimètres cubes d’eau à 490; 480; 470,8; 46° (en moyenne 470,5). On extrait immédiatement 2,400 centimètres cubes d'eau; l’animel survit (7 juillet); la température rectale de l'animal, pendant l’expé- rience, a monté de 370,5 à 399,2. 3° Une chienne de 9 kil. 650, chloralosée à 0,08 par kilogramme, recoit le 26 juin 250 centimètres cubes d'eau à 52 degrés. Elle survit (le 7 juillet). 4° Une chienne de 8 kil. 950 reçoit en 18 minutes 1,400 centimètres cubes d'eau à 51°; 500,5; 50°; 480,5. On retire 645 centimètres cubes d’eau. Du 29 juin au 7 juillet, elle survit. Mais il ne faul certes pas élever la température trop haut. Il semble que la limite soit voisine de 60 degrés. 5° Une chienne de 17 kilogrammes recoit le 2 juillet 1,020 centimètres cubes d’eau à 60 degrés. Elle est morte, trois jours après l'expérience; avec spha- cèle de l'intestin. Nous referons l'expérience, afin de savoir s’il s’agit là d’un phénomène acei- dentel. Des expériences analogues faites sur les lapins nous ont prouvé de même linnocuité des injections d’eau à 55° dans le péritoine (250 centimètres cubes pour des lapins de taille moyenne). Cette innocuité des injections d’eau très chaude dans le péritoine permettra peut-être aux médecins et aux chirurgiens de faire des injee- tions thérapeutiques plus chaudes qu'ils ne les pratiquent d'ordinaire. Nous nous proposons de rechercher si, dans les infections diverses, péritonéales ou générales, elles ne seraient pas de quelque avantage. OCULAIRE DE MICROSCOPE A INDEX FIXE DE M. BOURGUET DE MONTPELLIER ET OCULAIRE A INDEX MOBILE de MM. les D'° Azouray et NAGEoTTE (de Paris). L'oculaire à index fixe de M. Bourguet, qui nous a été montré par M. le professeur Vialleton, de Montpellier, consiste en une bague de euivre élastique, dont une extrémité fait retour à l’intérieur, formant le rayon de la bague. L'extrémité de ce rayon est l'index. On place cette bague à l’aide d'une pince dans l’intérieur de l’oculaire au-dessus du diaphragme, 649 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = de facon que la pointe de l'index soit au foyer de la lentille oculaire. En déplaçant la préparation, on amène l’objet à démontrer dans le prolon- gement optique de la pointe de l'index, et il n'y a plus ni perte de temps ni discussion inutile, ni dessin, pour préciser le point en litige. Mais par contre, on est astreint à posséder un autre oculaire dépourvu d'index, afin d'éviter la fatigue produite par la vision continuelle de l'index bar- rant le champ. Nous devons à la vérité de dire que pareil instrument a été imaginé déjà et que Zeiss en vend un qui remplit le même but et a les mêmes inconvénients. L'index mobile de MM. les D'° Azoulay et Nageotte, imaginé en février 4897, obvie non seulement aux inconvénients précilés, mais pos- sède en outre des avantages nouveaux. Il est fondé sur ce qu'une aiguille indicatrice fixée sur le diaphragme se meut angulairement dans un plan horizontal parallèle au diaphragme de l’oculaire et tout près et au-dessus de lui. Les moyens d'obtenir ce mouvement angulaire sont nombreux. M. Antony, horloger à Alger, nous en a construit un basé sur l’action d’un ressort à boudin, éliminant tout temps perdu. La maison Verick compte en construire un sur le même principe. M. Du- maige en a établi un sur un mécanisme différent, MM. Vion, aussi, etc. L'important est que le mouvement soit transmis à l'aiguille index par un anneau extérieur au tube de l’oculaire et placé au-dessous et tout près de l’œilleton portant la lentille oculaire. Le mouvement angulaire de l'aiguille peut n'embrasser qu'un angle de 90 à 120 de- grés. Il importe que l’extrémité de l'aiguille atteigne le centre du champ et que l'aiguille se cache complètement quand on n’en a pas besoin. Cette aiguille indicatrice ainsi mobile angulairement permet : 1° de n'avoir qu'un seul et même oculaire; 2° de démontrer n'importe quel point du champ microscopique sans déranger la préparation, et cela en faisant pivoter l’oculaire sur lui-même, jusqu'à ce que la pointe de l'index qui, grâce à l’anneau extérieur, a été déplacée de la quantité voulue, vienne au contact du point à démontrer. Les avantages de cet index mobile seront inappréciables pour les maitres et les élèves, et le rendent indispensable à tout micrographe. Nous fournissons à qui nous le demandera tous renseignements sur la construction de cet appareil. [612.175] LES CHANGEMENTS DE FORME DU COEUR SOUS L'INFLUENCE DE LA COURSE ÉTUDIÉS PAR LA PHONENDOSCOPIE, par M. L. Capiran et M'° le D' PoKRYCHKINE. Le changement de forme et de volume du cœur, dans nombre de cir- constances physiologiques ou pathologiques, est un fait de connaissance vulgaire. SÉANCE DU 3 JUILLET 643 Mais l'étude détaillée de ces modifications est restée jusqu'ici vague. La percussion seule ne permet guère d'obtenir des indications très pré- cises. Au contraire, par la phonendoscopie (percussion auscultée), suivant la méthode de Bianchi, il est possible d'arriver à un degré de précision beaucoup plus grand. Mettant en œuvre celte méthode, nous nous sommes servis de l’ap- pareil que l’un de nous à présenté ici en collaboration avec Ver- din (1). Nos recherches ont porté sur un très grand nombre de malades qui fréquentent la consultation de médecine de la Pitié dont l’un de nous est chargé. Nous nous sommes demandé d’abord, pour prendre la face la plus simple de la question, ce qui se passe lorsqu'un sujet est forcé d'activer son fonctionnement cardiaque en faisant un effort ou en courant. Nous avons donc, sur de nombreux sujets, limité exactement, au moyen de notre appareil, la surface cutanée correspondant au cœur, le sujet étant au repos. Le tracé étant marqué au crayon gras sur la paroi thoracique, un calque était ensuite fait de ce tracé en prenant comme points de repère le mamelon, la deuxième côte, l’échancrure sternale et l'appendice xiphoïde. Nous faisions ensuite courir le sujet, puis immédiatement nous déter- minions de la même façon les limites de son cœur que nous reportions sur le premier calque réappliqué sur le thorax et repéré comme la pre- mière fois. Il est facile, dans ces conditions, d'obtenir sur le même calque, les tracés successifs des limites du cœur. Opérant ainsi, nous avons constaté un premier fait qui, à notre con- naissance, ne semble pas avoir été nettement établi jusqu'ici, c’est que, lorsque le sujet est absolument normal, surtout s’il ne présente aucun irouble nerveux, son cœur ne change pas de forme, lorsqu'on le fait courir. Nous avons une série de tracés absolument nets. Au contraire, lorsque l'individu présente un trouble quelconque de (1) Le stéthoscope de Boudet de Pâris modifié par Capitan et Verdin (So- ciété de Biologie, 46 mai et 20 juin 1896). On sait que le principe de cet appareil est le suivant. On place au centre à peu près de l’aire cutanée, cor- respondant à la surface du viscère qu’on veut limiter, le bouton terminant la tige dont est muni le diaphragme qui termine l'appareil. D'autre part, on introduit dans les oreilles l'extrémité des tubes en caoutchouc dont est munie la petite cloche qui forme le corps de l'appareil. On frotte alors ou on percute légèrement la peau en s’éloignant peu à peu du bouton. Tant qu’on percoit le bruit, on est au-dessus du viscère ; on cesse au contraire assez brusquement d'entendre le bruit produit sur la peau, dès qu’on sort des limites du viscère. Il est ainsi facile de tracer ces limites sur la peau au moyen d’un crayon gras, et ensuite d'en prendre un calque. 644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE son système nerveux, les limites de son cœur changent sous l'influence de la course. Tous les troubles nerveux, quels qu'ils soient, déterminent ces modifications, qu'il s’agisse d’un sujet hystérique ou même simple- ment émotif, d'un alcoolique, d’un dyspeptique, d'un sujet atteint d’une affection aiguë quelconque, même légère, etc. En un mot, dès que le système nerveux est atteint directement ou secondairement, il traduit cette excitation sur le cœur qui devient hyperexcitable et change de forme dès qu'il à à faire un travail un peu exagéré. Sans vouloir insister sur le mécanisme de ces molifications et sur leur interprétation que nous n’avons pas en vue dans nos recherches, nous dirons que lorsque le cœur change de forme sous l'influence de la course, il peut le faire suivant trois types : 1° Ou bien l'aire correspondant au cœur augmente dans toutes ses dimensions ou suivant une seule ; 2° Ou bien le cœur se rétracte et diminue de volume; 3° Enfin il peut y avoir un mouvement de translation. La forme alors peut se modifier un peu, les diamètres restant les mêmes, ou bien la forme ne change pas, mais le Cœur se porte en masse, soit vers la ligne médiane, soit plus fréquemment vers la ligne axillaire. Ces diverses modifications dans les dimensions ou la forme du cœur sont extrêmement nettes dans les quelques tracés, choisis pour faire série, et que nous présentons à la Société. Elles peuvent toujours prendre place dans l’une des quatre catégories que nous venons d’indi- quer avec, bien entendu, des variantes nombreuses dans la forme ordi- naire du cœur à l'état de repos et dans la forme modifiée qu'il prend, sous l'influence de la course. A PROPOS DE LA NOUVELLE TUBERCULINE DE Kocu, par M. E. MARAGLIANO. L'éminent Président de la Société, à propos de ma communication sur la nouvelle tuberculine de Koch, a fait observer qu'il était nécessaire de faire des réserves, au sujet de l'impureté du produit, impureté dévoilée par moi, comme par M. Nocard. L'observation de M. Bouchard est juste ; mais je tiens à déclarer que mes conclusions sont uniquement basées sur des recherches instituées avec des produits bien conservés. J'ai eu huit flacons de la nouvelle tuberculine; six ne contenaient aucune impureté, et c'est avec ces flacons que j'ai fait mes expériences. Deux, au contraire, étaient altérés, et, naturellement, je les ai écartés. Je pense qu'il était de mon devoir de donner des renseignements SÉANCE DU 3 JUILLET 645 NN à de tenu ir ep RARE ni. TE APE ent implicitement demandés par le savant maître; je le remercie de m'avoir fourni l’occasion d'éclairer un point qui, dans ma précédente communi- cation, aurait pu paraître obscur. SUR UNE TUMEUR ÉPITHÉLIALE D'ORIGINE PARASITAIRE (BILHARZIA HÆMATOBIA), par MM. J. ALBARRAN et LÉON BERNARD. Nous avons l'honneur de présenter à la Société un cas intéressant de tumeur épithéliale, provoquée nettement par un parasite. Il s’agit d’un cancer de la vessie recueilli chez un homme mort de Bilharziose, par le D' Tsauris, du Caire, qui a eu la bonté de nous en envoyer les pièces. La vessie présente des parois extrèmement épaissies et une cavité parallèlement rétrécie : à cette hypertrophie participent les diverses tuniques de l'organe, et particulièrement la muqueuse, qui est parse- mée de larges saillies mamelonnées, dont l'agglomération au niveau du bas-fond forme là une véritable tumeur. On ne peut que supposer l’exis- tence probable d'ulcérations, la pièce ayant longtemps séjourné dans l'alcool. 5 Les uretères et le bassinet, très dilatés, présentent des altérations de l’uretéro-pyélite ascendante. L'examen microscopique de la vessie donne les résultats suivants : Dans toutes les coupes on remarque un épaississement considérable de la sous-muqueuse et une abondante prolifération de l'épithélium vési- cal. Dans la sous-muqueuse, contenus dans l’intérieur des vaisseaux ou répandus sans ordre dans le tissu conjonctif, formant parfois des amas considérables visibles même à l'œil nu, on trouve un grand nombre d'œufs de Bilharzia hæmatobia, dont quelques-uns présentent nette- ment l’éperon terminal. Dans les points où la prolifération épithéliale n’est pas très abondante, on voit le tissu conjonctif de la muqueuse se soulever en forme de fines papilles recouvertes par plusieurs assises de cellules épithéliales. Dans l'axe conjonctif de ces papilles, on peut suivre souvent assez loin l’infiltration des œufs. Les cellules épithéliales qui reposent directement sur le tissu conjonctif sont allongées, tandis que dans les couches superficielles des mêmes cellules prennent nette- ment le type pavimenteux. L'aspect de ces coupes est exactement celui de certains papillomes vésicaux. Au niveau de la tumeur macroscopique, le microscope montre que les bourgeons épithéliaux s’enfoncent dans le tissu conjonctif sous- jacent, jusque dans les musculeux; le développement de ces bourgeons correspond toujours à la distribution des œufs. Les bourgeons épithé- 646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE liaux sont séparés les uns des autres par des cloisons conjonctives plus ou moins épaisses, et l'aspect des coupes est tout à fait analogue à celui d’un épithéliome lobulé ordinaire de la vessie. Par places, les cellules centrales d’un amas épithélial subissent la dégénérescence granuleuse et il se forme ainsi de petits kystes. Dans l'épaisseur de la couche musculaire hypertrophiée et sclérosée, on trouve des amas de cellules embryonnaires et de colonies de coques. Le tissu cellulaire qui entoure la vessie montre les lésions de la péri- cystite scléro-adipeuse. Dans l’uretère et le rein, on ne trouve plus ni œufs de Bilharzia ni proliférations épithéliales, mais simplement les lésions banales de la pyélo-néphrite ascendante secondaire. Comment interpréter les lésions que nous venons de décrire? Nous croyons qu il faut nettement séparer celles qui sont dues à la présence des œufs de Bilharzia, la prolifération épithéliale, de celles qui sont dues à l'infection qui a atteint secondairement la vessie rétrécie. Il nous semble que nous devons admettre que la prolifération épithé- liale est bién due aux œufs de Bilharzia, parce que s’il n’en était pas ainsi nous ne pourrions expliquer cette prolifération que par la coïnci- dence d'une tumeur banale ou par le fait de la cystite. Or, dans les néoplasmes, la prolifération épithéliale est limitée à la tumeur, et non généralisée à toute l'étendue de la muqueuse vésicale; en outre, la dis- position de cette prolifération est étroitement liée à celle des œufs. On ne peut davantage penser à rattacher ces lésions à une simple cystite, qui jamais ne détermine des proliférations épithéliales aussi abon- dantes, aussi atypiques, et envahissant ainsi l'épaisseur même des parois de l'organe. Nous concluons donc à l'existence d’un cancer épithélial dû à la pré- sence des œufs de Bilharzia hæmatobia. Ce cas n'est pas le seul qu’on ait signalé dans l’histoire des lésions engendrées dans l'organisme par cet entozoaire : Lancard et Damaschino (Soc. médic. H6p., 1882), Belleli (Progr. médic., 1885) ont déjà mentionné des adénomes du rectum, qu'ils attribuèrent à la présence des œufs du parasite. Harrison (Lancet, 1889) rapporte quatre cas où ces œufs ont déterminé dans la vessie de véritables épithéliomes, et un cinquième où un cancer se trouvait à côté d’une prolifération inflammatoire. Il résulle de ces faits qu'il existe des tumeurs épithéliales au cours de maladies nettement parasitaires; el que ces tumeurs paraissent être la conséquence directe de la présence des parasites. Notre observation nous paraît intéressante au point de vue de la dis- cussion au sujet de l’origine parasitaire de certaines tumeurs. Les Spo- rozaires, décrits dans les tumeurs, ont élé considérés par certains auteurs des plus compétents comme des formes de dégénérescences cellulaires. Un des plus autorisés parmi ces auteurs, M. Cazin, écrit SÉANCE DU 3 JUILLET 647 ceci : « En tenant compte surtout de ce fait, que l’étude anatomo-patho- logique des maladies parasitaires ne nous à pas encore montré que les parasites étaient capables de déterminer dans les tissus des réactions autres que des réactions inflammatoires et susceptibles, par exemple, d'aboutir à une néoformation épithéliale, on peut dire que, d’une façon générale, l'hypothèse de la nature parasitaire des cancers épithéliaux ne possède aucun fait certain à son actif. C'était, en effet, un postulat de grande valeur; au lieu de chercher des parasites plus ou moins contestables au sein des tumeurs, montrez une tumeur développée sous l'influence d’un parasite incontestable. » Nous croyons que notre obser- vation répond à ce desideratum. Nous pensons que des épithéliomes peuvent se produire à la suite de l'irritation prolongée entretenue dans les tissus par des parasites diffé- rents, au même titre que nous voyons des adénomes et des épithéliomas se développer à la suite d'inflammations chroniques d'autre origine, telles qu’on en observe dans le rein et le foie (Sabourin), dans les mu- queuses digestive et vaginale (Pichevin, Petit, Cestan) et dans la muqueuse urinaire (Hallé). SUR LA DURÉE DE L'IMMUNITÉ VACCINALE, par M. RoGER. On admet généralement que l’immunité conférée par la vaccine dure environ sept ans. Cependant on a cité des cas où l’immunité semble avoir disparu beaucoup plus vite : c'est ce qui a lieu surtout chez l'enfant. Glogowski a vu la revaccination réussir chez des enfants de six ans ; J. Renoy a observé une variole mortelle chez un sujet de six ans régulièrement vacciné. Enfin Dauchez rapporte que sur 30 enfants de quatre ans qu'il revaccina, il obtint deux succès, dont un, il est vrai, fut douteux. J'ai eu l’occasion, cette année, de voir la vaccine reprendre chez 6 enfants dont le plus âgé avait cinq ans, le plus jeune quatorze mois. Chez tous, il existait des cicatrices indubitables de vaccination anté- rieure, parfois des cicatrices multiples. Voici un tableau qui résume mes observations : ee NOMBRE DES NOMBRE DES dede ete cicatrices vaccinales pustules vaccinales. IR antérieures. nouvelles. 15 mois . 14 2e © & À Oo | DE SUR EE) Doewwe | 648 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A ——_— Les revaccinalions ont été faites avec de la pulpe glycérinée; on a pra- tiqué trois piqûres chez chaque sujet. Je n'ai pu malheureusement avoir de renseignement précis sur le vaccin employé lors de la première ino- culation. La possibilité de voir la vaccine reprendre au bout d'un temps fort court, doit faire supposer que la variole aurait pu se développer chez ces sujets. J’ai recueilli trois observations qui confirment cette conclu- sion. Dans un cas, il s’est agi d’un enfant de trois ans, qui fut soigné cette année dans mon service pour une variole bénigne, mais bien carac- térisée; les parents affirmaient que l'enfant avait été vacciné dans les premiers mois de la vie et, en effet, on trouvait sur chaque bras deux cicatrices indubitables. Le deuxième cas concerne le fils d’un infirmier de mon service, attaché au pavillon des varioleux. Ce jeune homme, âgé de dix-sept ans, avait été revacciné avec succès deux ans auparavant. Il contracta cependant la variole, mais la maladie fut remarquable par sa bénignité. Enfin, j'ai recu encore un homme qui fut vacciné trois fois dans sa vie: à six mois, à vingt ans et à trente et un ans; les trois fois, le résultat fut positif; la dernière revaccination fut pratiquée au régiment et donna lieu à des pustules volumineuses, avec lymphangite si mar- quée, que le malade dut, pendant quelques jours, cesser son service. Or, deux ans plus tard, cet homme fut atteint d’une variole discrète. La conclusion s'impose. L’immunilé vaccinale peut avoir disparu au bout de deux ans, même chez un adulte; dès lors, la vaccine peut reprendre, et, ce qui est plus important, la variole peut se développer. Seulement, à en juger par les cas que j'ai observés, la maladie évolue rapidement et reste fort discrète; si Le sujet n’est plus à l'abri du germe infectieux, il oppose encore à son envahissement une assez grande résistance. Sans doute, les résultats que je rapporte sont exceptionnels: mais il suffit que de tels faits puissent se produire pour qu'on soit conduit, en temps d’épidémie, à réinoculer parfois même les jeunes sujets ou les personnes qu'une vaccination récente semblait mettre à l'abri. DEUX CAS DE RIGIDITÉ SPASMODIQUE INFANTILE AVEC AUTOPSIE, par MM. P. HaAusnALTER et Cu. Tuiry. Comme le disait récemment ici même M. Dejerine (1), « l'anatomie et la physiologie pathologiques de la rigidité spasmodique congénilale sont encore loin d’être élucidées complètement ». Peu d'autopsies ont été pratiquées dans des cas de ce genre : extrêmement rares sont les (4) Soc. de Biologie, 13 mars 1897. SÉANCE DU 9 JUILLET 649 faits où les lésions nerveuses ont pu être étudiées dans le tout jeune âge. C'est pourquoi nous croyons intéressant de résumer succinctement les deux observations suivantes que nous avons recueillies en peu de temps. Ozs. I. — Rigidité spasmodique généralisée. Autopsie. Traces d'une hémorragie sous-méningée. Altération des cellules pyramidales dans les zones fronto-parié- tales. Atrophie du cordon pyramidal dans la moelle, avec sclérose névroglique. D... V..., fillette de treize mois. Après un accouchement qui dura vingt et une heures, née à terme en éfat de mort apparente; ranimée par insufflation au bout de trois heures. Est raide depuis sa plus tendre enfance ; n’a jamais eu de convulsions. L'enfant est bien constituée, grasse; peu développée intellectuellement. Strabisme interne des deux yeux; rigidité des membres supérieurs en demi- flexion; mouvements lents, difficiles dans les bras. Rigidité complète des membres inférieurs ; adduction exagérée des genoux; croisement habituel des deux pieds. Réflexe rotulien très marqué. L'enfant meurt de broncho- pneumonie en janvier 1897. Autopsie. — Adhérences fermes de la dure-mère, à la calotte cranienne, sur une espace losangique, long de 7 centimètres et large de 5 centimètres; adhérences légères de la dure-mère, avec les méninges molles à ce niveau; épaississement fibreux de la dure-mère de chaque côté du sinus longitudinal ; le maximum de cet épaississement existe à À centimètre en arrière du bregma, c'est-à-dire environ au niveau de la partie supérieure des zones rolandiques ; dans les parties épaissies, le tissu fibreux est creusé de nombreuses lacunes remplies de globules rouges. Teinte rouge diffuse de la pie-mère avec dilatation vasculaire, surtout au niveau de la convexité du cerveau. Décortication facile; pas d’altérations macroscopiques de l’encéphale; les sillons sont plus profonds et plus accen- tués au niveau des circonvolutions fronto-pariétales, qui semblent légè- rement rétrécies. Examen histologique de l'encéphale (sur des coupes colorées à la thionine éosine, à la toluidine, à l’hématoxyline). — Vascularisation très accusée de la pie-mère; de plus, la pie-mère est dissociée par un grand nombre de lacunes arrondies ou allongées, remplies d'amas de globules sanguins, les uns d’aspect normal, les autres méconuaissables et envahis par des cellules rondes. Sous cette couche lacunaire, par places, la surface de l'écorce présente de petites dépressions microscopiques : en un point, on voit une de ces dépressions prendre la forme d’un coin, rempli de globules rouges. Sur certaines coupes, au lieu de mailles et de lacunes sanguines, faisant bomber la pie-mère, on voit une nappe de globules rouges étendus à la surface de l’écorce entre deux feuillets de la pie-mère. Sur des coupes faites au niveau de la partie supérieure des circonvolutions fronto-pariétales, la différenciation entre les diverses couches de la substance cor- ticale est moins marquée que normalement ; les cellules pyramidales sont en général peu nettes, et par places même, ne sont plus reconnaissables. Sur des coupes faites en d’autres régions de l'encéphale, les cellules pyramidales, généralement plus nettes, ont des prolongements bien dessinés. 650 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Examen histologique de la moelle. — À l'œil nu, au niveau des zones pyrami- dales, la moelle fraîche offre une teinte plus grise. Ces coupes de la moelle ont été colorées par les méthodes de Weigert, de Nissl, avec l’hématoxyline éosine, etc. Vu par transparence et à un faible grossissement, sur des coupes de moelle colorées à La méthode de Weigert, le faisceau pyramidal croisé, aux régions cervicale, dorsale et lombaire, présente une coloration plus pâle nettement tranchée : cet aspect est plus marqué à la région lombaire. Au fort grossissement : dans le cordon pyramidal, les tubes à myéline sont très rares; dans ceux-ci, la myéline est très maïgre; la majorité des éléments ner- veux est constituée par des cylindres axes rares, très grêles, très inégaux, noyés dans un tissu névroglique assez dense, très riche en cellules névrogliques. Ces lésions sont très accentuées dans la moelle lombaire. Ogs. II. — Rigidité spasmodique généralisée. Mort à truis ans. Atrophie des cir- convolutions ‘fronto-pariétales ; sclérose névroglique des lobules paracentraux et des lobes occipitaux : atrophie et sclérose des cordons pyramidaux. A... H..,, trois ans. Née à terme; accouchement normal; père alcoolique; émotions vives de la mère durant la grossesse. Rigidité remarquée dès le je une âge à une époque impossible à préciser. Entre à la clinique en juillet 1896. Enfant chétive ; ne parle pas; intelligence très arriérée. Rigidité du tronc et de la nuque; strabisme de l'œil gauche; rigidité des membres supérieurs; mouvements lents et maladroits dans les bras. Cuisses en adduction forcée ; pointes des pieds dirigées en dedans; rigi- dité complète dans les membres inférieurs : aucun mouvement dans les jambes. Meurt de broncho-pneumonie en février 1897. Autopsie. — Cerveau : Méninges normales. Atrophie notable des circonvolu- tions fronto-pariétales des deux côtés, surtout dans leur tiers supérieur. Des deux côtés, ratatinement extréme du lobule paracentral, qui, affaissé, sillonné de plis et de crevasses, « une dureté cartilagineuse. Même aspect, méme dureté des deux lobes occipitaux à leur extrémité terminale et à leur face interne. Au microscope : dans les parties atrophiées des lobules paracentraux et des lobes occipilaux, arnincissement extréme de la substance grise, envahie par une sclérose névroglique très accentuée ; les éléments nerveux y sont méconnaîssables, les cellules rondes assez nombreuses; nulle part en ces points on ne trouve apparence de cellules pyramidales; à leur place on voit de grosses cellules arrondies. Sous l'écorce, sclérose névroglique en tourbillon, en faisceaux circonscrivant, à la limite des substances blanche et grise, des lacunes irrégulières, dont quelques-unes, visibles sur la coupe du cerveau frais, mesuraient près de 1 millimètre. Pas d’altération notable des vaisseaux. Moelle. — La moelle présente des lésions semblables à celles décrites dans l’obser- vation 1, mais plus accentuées : ces lésions, outre les faisceaux pyramidaux croisés, occupent dans la région cervicale, et en partie dans la région dorsale, le faisceau pyramidal direct. î En somme, dans ces deux observations, nous voyons réalisés des sym- ptômes identiques, rigidité généralisée plus accentuée aux membres inférieurs, strabisme, arrêt de développement de l'intelligence. Nous y SÉANCE DU 9 JUILLET 651 voyons aussi des aitérations médullaires identiques ; et, pour expliquer ces lésions médullaires, nous trouvons dans l'observation [, une modi- fication des cellules pyramidales dans les régions fronto-pariétales, mo- dification amenée par des suffusions sanguines méningées prédomi- nantes en ces régions, suffusions déterminées elles-mêmes par un accouchement laborieux; dans l'observation Il, une sclérose névro- glique partielle, symétrique, localisée, de cause inconnue, avec agé- nésie, ou disparition des éléments cellulaires normaux. DE L'ÉTAT DES RÉFLEXES TENDINEUX DANS LE RHUMATISME CHRONIQUE, par MM. PérocHAuD, MIRALLIÉ el ARIN. Proposée par Charcot, la théorie nerveuse du rhumatisme chronique a été soutenue par de nombreux auteurs (Lancereaux, Cousin); récem- ment, Massalongo a apporté une nouvelle contribution très importante à cette conception, à laquelle Londe s’est rallié. L'état des réflexes ten- dineux dans cette maladie a été étudié, mais incidemment, par tous ces auteurs, et nous avons pu le reprendre sur 11 malades actuellement en traitement dans notre service de l'hôpital Saint-Jacques. . Dans 10 cas, il s'agit de rhumatisme chronique ayant débuté à un âge avancé, après cinquante ans; une fois seulement, il est apparu à trente-deux ans. Huit fois, le début a été subaigu. Cinq fois, l'affection a frappé d’abord le membre inférieur, six fois les douleurs ont commencé par le membre infé- rieur; mais dans l’état actuel de nos malades, les arthropathies sont plus fréquentes aux membres supérieurs où nous les relevons 10 fois. Il s’agit, dans tous ces cas, de rhumatisme chronique progressif et non de rhumatisme partiel localisé. Le résultat de nos recherches peut se résumer de la facon suivante : Sur nos 11 malades, 10 présentent des troubles du côté des membres supérieurs. Une malade n’accuse que des douleurs spontanées; il n’y a ni arthropathie, ni atrophie musculaire : les réflexes radiaux sont diminués. Chez 1 autre malade, les réflexes radiaux sont abolis, malgré la présence d’arthropathies généralisées et de troubles trophiques musculaires et cutanés très accentués; chez elle, la maladie a débuté à trente-deux ans et par des accidents franchement aigus. Dans les 8 autres cas (soit 80 p. 100) les réflexes radiaux sont exagérés. Cette exagération des réflexes se montre en même temps que des arthropathies des divers segments des membres supé- rieurs, mais surtout des doigts et des poignets (8 fois); que l’atrophie des éminences thénar ou au moins du court abducteur du pouce (7 fois); que des troubles multiples de la peau (état ichthyonique, eczématisalion, purpura) et des ongles (stries, incurvations) (7 fois). Quand les réflexes sont plus exagérés d’un côté, c'est aussi de ce côté que les troubles trophiques des articulations, des muscles et des téguments sont le plus accentués. Chez ces mêmes malades, 7 fois les membres inférieurs sont frappés. Une fois seulement, les réflexes rotuliens n’existent pas et, cependant, dans ce cas, il y 652 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a des troubles trophiques très accentués des articulations, des muscles et de Ja peau. Cette absence des réflexes rotuliens coïncide avec la perte des réflexes radiaux chez la malade. Chez 2 malades, la contracture est tellement pro- noncée, que le choc du tendon rotulien n’entraîne pas le soulèvement du pied; mais au moment de la percussion, on voit les muscles se contracter énergiquement et on sent cette contraction à la main : la réflectivité est donc certainement augmentée. Dans les 4 autres cas, les réflexes rotuliens sont très exagérés. Enfin, 3 malades ne présentent ni douleur, ni arthropathie, ni trouble trophiaue du côté des membres inférieurs, et cependant les réflexes rotuliens sont nettement exagérés. Donc, sur 11 malades, 9 fois la réflectivité est accrue, soit 81 p. 100. Nous n'avons pu observer qu'un seul cas de rhumatisme chronique partiel localisé aux deux poignets : dans ce cas, les réflexes sont exagérés des deux côtés; les réflexes rotuliens sont plus forts que normalement, mais moins exagérés que les radiaux. Une seule fois, nous avons relevé la trépidation spinale de la main, 3 fois le phénomène du pied, dont une extrêmement accentuée. Cette recherche, d’ailleurs, est toujours douloureuse, surtout aux membres supérieurs, et souvent presque impossible par suite de la douleur provoquée. En résumé, l’exagération des réflexes radiaux et rotuliens est très fréquente dans le rhumatisme chronique ; elle coïncide le plus souvent avec les arthropathies, les atrophies musculaires et les troubles tro- phiques de la peau et des ongles. Elle peut être plus accentuée d’un côté, et c'est alors du côté où les troubles trophiques multiples sont prédominants que les réflexes présentent leur maximum d’exagération. Cette exagération des réflexes plaide, ainsi que sa coïncidence avec les autres troubles trophiques, en faveur de l’origine neurotrophique du rhumatisme chronique. MÉTHODE DE « RADIOGRAPHIE HUMAINE », A DISTANCE ET SANS CONTACT AVEC LA PELLICULE DE LA PLAQUE PHOTOGRAPHIQUE, © ENREGISTRANT LES EFFLUVES HUMAINS QUI SE DÉGAGENT DU CORPS EN ÉTAT HYPERVIBRATOIRE », par M. le D' H. Barapuc. — (Renvoyé au Comité de publication.) [612.858] INFLUENCE DE L'INTENSITÉ SUR LA HAUTEUR DU SON, par M. ANDRÉ BRoCA. On distingue dans le son trois qualités : la hauteur, l'intensité et le timbre. La hauteur, d’après les théories classiques, est une notion purement subjective liée uniquement à la période du mouvement vibra- toire. L’intensité dépend de l'amplitude du mouvement vibratoire, et le timbre dépend de certains attributs de la forme de la vibration, dus eux-mêmes à la complexité du son. La première qualité du son, la hauteur, n’est pas liée uniquement à SÉANCE DU 3 JUILLET 653 la période du mouvement vibratoire. Certains musiciens s’en sont cer- tainement aperçus, mais le phénomène n'a jamais, que je sache, été l'objet d'une étude systématique : c’est ce qui m'engage à publier mes études à ce sujet. Il est peu probable qu'un appareil aussi complexe que l'organe de l'audition soit tout à fait insensible aux variations de toutes les quali- tés de l'énergie excitante objective, sauf une. Même pour la matière inerte, une pareille loi ne se vérifie pas. La vitesse de propagation du son dans l'air, par exemple, est une fonclion de son intensité, au moins dans de certaines limites. Si nous prenons la sensation lumineuse, nous voyons que, pour une intensité très petite, toutes les couleurs com- mencent par donner une sensation de gris. Cela a été surabondamment démontré par Charpentier. Puis, l'intensité augmentant, la notion de couleur apparait. La saturation de la couleur passe ensuite par un maximum, puis, l'intensité augmentant encore, toutes les couleurs tendent vers le blanc ou le jaune blanc. La notion de couleur dépend donc, dans certaines limites, de l’inten- sité. Pour le son, il y a une loi analogue qu'on peut formuler ainsi: Quand l'intensité du son diminue, le son monte, la période vibratoire du corps sonore restant constante. Il suffit pour s’en rendre compte d'écouter une montre très près de l'oreille, puis de l’éloigner. Le bruit mal défini que donne la montre, semble monter d'un peu plus d’une tierce mineure. Mais cette expé- rience prête à la critique, le résonateur formé par le conduit auditif, et la montre très rapprochée de l'oreille pouvant renforcer dans le son complexe de la montre un son autre que celui que renforcera le conduit auditif largement ouvert par l'éloignement de la montre. Cette expérience peut être variée d’une infinité de manières. Avec un diapason sans caisse de résonance, les choses se passent de la même manière, et la même objection peut se faire. Mais on peut l’éliminer en appliquant contre l'oreille une règle plate qui limite le résonateur. En appliquant la montre ou le diapason sur la règle, d'abord tout près, puis à grande distance, on perçoit la même élévation du son quand il s’affaiblit que dans les autres conditions. On peut aussi, excitant un diapason monté sur son résonateur, bra- quer un grand cornet acoustique d’abord sur le diapason, puis à 90 de- grés, en bouchant l'oreille opposée au cornet. Dans le premier cas, la sensation est intense, dans le second elle est faible; le son semble plus haut dans le second cas. Mais les ondes sonores ne frappant pas le cornet sous le mème angle dans les deux positions, ceci prêterait encore à discussion. L'expérience peut se faire avec deux diapasons exactement accordés, placés à dis- tances différentes de l'observateur. Celui des deux qui donne la sensa- tion la plus faible, semble toujours plus haut que l’autre, Enfin, on 654 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE peut prendre un diapason monté sur son résonateur, et boucher celui-ci. On entend seulement le son faible du diapason seul. Si on ouvre le résonaleur, le son semble baisser immédiatement. On peut s'assurer que ceci n’est pas dû à un accord médiocre du résonateur, il suffit d'approcher l'oreille assez près du diapason, le résonateur étant bou- ché, pour avoir une sensation intense. Si on s'éloigne en ouvrant le résonateur, on s'aperçoit que les deux sons successifs qu’on vient d’en- tendre sont de même hauteur. Cette expérience répétée avec toute la série des diapasons de Kænig, qui donnent les harmoniques de uf,, montre un effet qui semble plus marqué au premier abord pour les sons bas que pour les sons élevés. J'ai cherché à me rendre compte de la valeur de l'intervalle apparent, et pour cela je me suis servi de l'accord avec un sonomètre. J’ai trouvé pour toute la gamme environ 1 cinquième de ton, les erreurs maxima étant de 1 sixième de l'intervalle apparent. Ceci semble paradoxal au premier abord, mais de nombreuses expériences me l'ont rendu évident. Ceci permet de rendre compte de certains faits observés des musi- ciens. Ceux-ci disent volontiers qu’en montant l'accord d’un instrument à cordes on en augmente l'éclat, et les premiers violons suivent volon- tiers cette pratique. Ceci repose sur une idée fausse, mais mène à une pratique exacte. Un violon n’a pas plus d'éclat quand il est monté d’un coma et demi, mais le fait de l’avoir monté au-dessus du diapason des autres instruments, permet à l'artiste de jouer plus fort tout en conser- vant la même hauteur apparente que les autres, et son instrument res- tant en équilibre. SUR LA PRÉSENCE DE GRANULATIONS GRAISSEUSES DANS LES CELLULES GLANDULAIRES SÉREUSES, par MM. CuaRLes GaARNIER et Por Bou. (Laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Nancy.) Au cours de recherches cytologiques sur les éléments glandulaires, nous avons rencontré des granulations graisseuses dans des cellules séreuses des glandes de la langue, de la sous-maxillaire et de la lacry- male. Ces pièces provenaient d'un supplicié dernièrement exécuté à Nancy. Comme cette constatation, à notre connaissance du moins, n'avait pas été faite dans de semblables éléments, nous avons cherché, tout d'abord, à nous rendre compte si nous avions réellement affaire à de la graisse. Ces grains étaient colorés en gris foncé par l'acide osmique, après l'emploi du liquide de Flemming, tout en gardant une cerlaine réfringence ; cette coloration était, d’ailleurs, identique à celle des glo- bules gras de même taille, que l’on pouvait rencontrer cà et là dans les cellules conjonctives. Nous attribuons la coloration assez pâle de ces 4 LATE Co > & SÉANCE DU 3 JUILLET 655 grains à l'action de l'essence de cèdre qui avait servi à pénétrer les pièces, et à celle de l’essence de girofle qui avait servi d'agent éclair- cissant. Dans les coupes traitées simplement par le xylol, la coloration noirâtre avait été mieux conservée. Les pièces qui avaient été fixées par des liquides non osmiques, présentaient, à la place de ces granula- tions, des vacuoles, indice de la dissolution par le xylol des globules graisseux qui les remplissaient primitivement. Ces globules sont de grosseur variable, leur taille pouvant aller depuis celle d’un petit grain de sécrétion, jusqu’à atteindre un volume égal aux deux tiers du noyau. La plupart du temps simples, les plus gros d’entre eux se montrent constitués par l’agglomération d’un nombre variable de globules plus petits offrant alors un aspect müriforme. Ils sont géné- ralement localisés à la partie externe de la cellule, quelquefois compris entre le noyau et la membrane basale, mais, le plus souvent, ils sont situés sur les côtés du noyau, qu'ils peuvent alors déprimer en détermi- nant, à sa surface, un enfoncement, à l’intérieur duquel ils se logent; en cela ils sont comparables à certains granula volumineux, qui peu- vent affecter, normalement, les mêmes rapports avec le noyau. L'emploi de la triple coloration de Flemming montre qu'on peut les rencontrer aussi bien dans les cellules dont le noyau se teint par le violet et la safranine, que dans celles dont le noyau, en pleine activité, ne prend plus que la safranine. Comme les grains de sécrétion, ces globules sont renfermés à l’intérieur d’une vacuole; ils peuvent être garnis, à leur périphérie, de filaments protoplasmiques plus différenciés, colorables par la safranine, dans la méthode de Benda, et particulièrement bien visibles, lorsque la vacuole est vide de son contenu. En général, on rencontre ces grains dans certains lobules glandu- laires, alors que d’autres en sont complètement dépourvus, comme si une relation fonctionnelle étroite unissait entre eux certains groupes d'éléments. On trouve ces formations graisseuses, par ordre de fré- quence, dans les glandes de la base de la langue, la lacrymale, et plus rarement dans la sous-maxillaire, dans les canaux excréteurs de laquelle nous avons pu également en déceler un certain nombre. L'étude de la glande lacrymale est particulièrement intéressante, à cause des rapports évidents qui existent entre les granules et les globules de graisse, rapports qui nous ont permis de déterminer le mode de genèse de ces derniers. Tous les intermédiaires existent entre ces deux. variétés d'inclusions cellulaires : à côté de grains fortement teintés par le violet ou la safranine, on en observe d’autres, de moins en moins colorés, de telle sorte qu'on a sous les yeux toute une gamme de teintes intermédiaires entre la coloration rougeàtre ou violacée des grains albumineux et l'aspect grisätre des corpuscules de graisse. On pouvait se demander si l'on n’était pas en présence d’un phéno- mène pathologique ; nolre supplicié n'était sous l'influence d'aucune BIOLOGIE. COMPTES RENDUS, — 10€ SÉRIE. Tr. IV. 53 656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tare morbide, l'aspect histologique des tissus, en général, et, en parti- culier, des glandes qui nous occupent était parfaitement normal. Nous avons donc été conduits à admettre que nous avions affaire à un pro- cessus habituel de sécrétion dans les cellules séreuses, dont un certain nombre de granula peuvent subir, pendant leur évolution, la transfor- mation graisseuse. D'ailleurs, Nicolaïdès avait déjà signalé des globules de graisse dans les cellules sécrétrices des glandes de Brunner, prove- nant d'animaux sains et d'animaux soumis à un jeûne prolongé. L’ana- lyse chimique des diverses salives de l’homme vient encore à l’appui de cette manière de voir, puisqu'elle a permis de déceler dans quelques- unes d'entre elles l'existence de matières grasses et d'acides gras (Wright). Dans les larmes généralement, on attribue exclusivement aux glandes de Meibomius la graisse retrouvée par l'analyse ; les faits pré- cédents nous autorisent à réfuter en partie cette opinion : dans quel- ques cas, nous avons, en effet, observé des granulations de même nature dans la lumière des canaux excréteurs de cette glande. On peut donc conclure que les glandes séreuses peuvent être le siège de l'élabo- ration d'une petite quantité de matières grasses, qui, ou bien seront excrétées, ou bien seront résorbées sur place pour servir à la nutrition de l'élément, ainsi que certains faits nous permettent de le supposer. TRANSMISSION HÉRÉDITAIRE DE DEUX. FISTULES CUTANÉES CONGÉNITALES DE LA RÉGION SACRÉE, par M. PAUL GopiN. On ne connaît pas encore d'exemple de transmission héréditaire des fistules cutanées congénitales de la région sacro-coccygienne. Elle n’est mentionnée ni dans le mémoire de Lannelongue (1), ni dans la thèse de Peyramaure-Duverdier (2), ni dans le travail plus récent de Goodsall (3), qui n'ajoute rien à ce qu avait dit Lannelongue. Les traités de chirurgie etles Bulletins de la Société de chirurgie ne renferment aucune indication à ce sujet. L'observation suivante montre bien l'influence de l'hérédité sur cette malformation congénitale. Paur rendre plus intelligibles les indications qui vont suivre, je dési- gnerai le grand-père par LA, son fils par L2 et ses petits-enfants par L3 et L3. (1) Lannelongue. Mémoire sur les fistules et les dépressions cutanées con- génitales para-vertébrables inférieures. Soc. de Chir., 1882. (2) Peyramaure-Duverdier. Des dépressions et fistules congénilales cutanées de la région sacro-coccygienne, 1882. (3) Goodsall. Sinuses over the sacrum and coccyx. Lancet, 1800. SÉANCE DU 93 JUILLET 657 L2 vint me trouver à propos d’un léger prurigo qui mit sous mes yeux deux orifices fistuleux de la région sacrée supérieure. Ils siégeaient sur la ligne médiane, le supérieur, à 1 cent. 1/2 au-dessus de l'autre et à 3 centi- mètres environ au-dessous de l’apophyse épineuse de la 5° vertèbre lombaire, correspondant à l’origine de la crête sacrée postérieure. Je pus acquérir la certitude que la peau qui se repliait au niveau de leurs bords, tapissait jusqu’au fond leur étroit canal. L’orilice à fleur de peau présentait une forme circulaire et n'avait pas tout à fait 2 millimètres de diamètre. Le trajet à direction perpendiculaire à la surface cutanée ne mesurait pas plus de 6 millimètres pour la fistule la plus élevée et 5 millimètres environ pour l'inférieure, et conservait dans toute sa longueur le diamètre de l’orifice. La peau déprimée en doigt de gant, dans ce diverticulum simple, offre une certaine résistance et de l’élasticité au fond, tandis qu'elle est moins ferme et sans élasticité au niveau des parois latérales. À part une diminution appréciable de la mobilité au niveau même des points fistulés, la peau présente un aspect absolument normal et a conservé toute sa souplesse. Trois mois plus tard, appelé à assister à la naissance de L3, je constatai la présence de deux fistules identiques par leur siège, leur aspect et leur confi- guration anatomique à celles de L2 son père. Je ne trouvairien de semblable chez la mère. Hormis cette malformation l'enfant était parfaitement conformé. Je poursuivis l’hérédité chez la sœur aînée de ce bébé L3", elle avait dépassé trois ans. Chez elle comme chez son frère L3 et malgré l'épaisseur du tissu adipeux, les fistules existaient très apparentes, nettement délimilées, et répondaient exactement à la description précédente. Les circonstances me permirent, peu de temps après, de reconnaître que L1, le grand-père de ces deux enfants, était porteur de cette même malforma- tion, qu'il avait transmise à son fils, lequel l'avait lui-même transmise à ses enfants sans modification. Je ferai remarquer que ces fistules siègent chez les quatre sujets au niveau de la région sacrée supérieure, bien au-dessus de la rainure fessière, tandis que le siège habituel des fistules de la région sacro-coccygienne est la rainure elle-même. J'ajoute que ces quatre sujets ne présentaient aucun autre vice de confor- mation. De cette observation ressort bien évidemment la transmission hérédi- taire à travers deux générations d’une malformation peu considérable il est vrai, mais à caractères bien définis et qui s’est transportée sans allé- ration du grand-père au petit-fils et à la petite-fille en passant par le père. Faut-il voir dans ces fistules eongénitales de petites invaginalions persistantes du blastoderme, suivant l'opinion de Lannelongue? Sont- elles dues à un défaut de soudure des lames cutanées postérieures, suivant l'hypothèse de M. Féré? Je laisse de côté celte question. Mon but est uniquement d'apporter un fait de plus en faveur du rôle de l’hérédité dans la production des malformations congénitales. 658 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.462] ToxICITÉ URINAIRE CHEZ LE COBAYE EN GESTATION, par MM. LapBaniE-LaAGRAvE, E. Boix et J. Noé. Notre précédente note (Soc. Biol., 12 décembre 1896) démontrant la aiminution de la toxicité urinaire chez la femme enceinte, nous impo- sait l'étude de la même question chez les animaux. Le cobaye nous a paru être l'animal de choix, en raison de la facilité avec laquelle on peut recueillir son urine et de la brièveté de sa période de gestation. MM. Charrin et Roger (Soc. Biol., 12 mars 1887) nous avaient néan- moins prévenus de la prudence à apporter dans l’interprétalion des résultats, à cause des modifications considérables que la nature et le degré de l'alimentation font subir à la toxicité urinaire. Ils ont, en effet, démontré que le jeûne et le régime lacté rendent l'urine deux ou trois fois moins toxique qu'à l’état normal. Il importait donc de se placer dans des conditions toujours iden- tiques pour obtenir des résultats dignes de foi. C'est pourquoi nous avons adopté le mode suivant d’expérimentation : Les animaux étaient mis pendant une semaine au régime ex.lusif du son, puis pesés et placés dans l'appareil servant à recueillir l'urine. Ils y séjournaient à l'état de jeûne, pendant 48 heures consécutives. En recueillant l'urine des 48 heures, nous en obtenions une quantité suffisante pour une détermination de toxicilé chez le lapin et nous avions une sorte de moyenne pour les deux jours de jeûne. En rapportant à 1 kilogramme de cobaye et divisant par deux, nous arrivions au coefficient urotoxique vrai, calculé d’après la méthode de M. le professeur Bouchard. Nous avons d’abord déterminé ce coeflicient pour le cobaye femelle, en dehors de la gestation. Pour deux cobayes, placés ensemble pendant 48 heures dans l’appareil, il était de 5 kil. 038. Pour des cobayes isolés, nous avons trouvé dans trois expériences, les chiffres respectifs de 6 kil. 114 — 8 kil. 456 — 6 kil. 475. Donc, la moyenne du coefficient urotoxiaue pour le cobaye en dehors de l'état de gestation est de 6 kil. 520. Voyons maintenant comment se modilie cette valeur sous l'influence de la gestation : Exp. I. — Cobaye en gestation. 10-12 déc. 1896. Coefficient urotoxique . . . . . . 2*464 43-14 — — Mise bas. 44-16 — — Coefficient urotoxique . .: ! . 11988 48-20 — — = — 2 168 22-24 = — La PEU AE 0 ACL SÉANCE DU 9 JUILLET 659 Exe. IL. — Cobaye en gestation. 24-26 nov. 1896. Coefficient urotoxique . . . . . . 2K400 27-28 — — Mise bas. 30 nov.-2 déc. 1896. Coefficient urotoxique . 2 446 4-6 décembre — — — 6 232 12-14 — — — — 4 056 16-18 — — — — 8 456 Exp. III. — Cobaye en gestation. 9-11 janv. 1897. Coefficient urotoxique . . . . . . 1*580 9-10 — — Mise bas. 145 = …Coerficient UTOLOXIQUE ... 0.0 DFE Exp. IV. — Cobaye en geslation. 9-11 janv. 4897. Coefficient urotoxique . . . . - . 1*680 9-10 —- — Mise bas. 13-15 — Coefficient urotoxique 0-0 00691 On peut conclure de ces expériences que la toxicité urinaire du cobaye est diminuée pendant la gestation et ne revient à la normale que 5 ou 6 jours après la mise bas. Une série de 48 expériences, exécutées sur des cobayes pleines dans la semaine précédant la mise bas, nous a donné un coeflicient uro- toxique moyen de 2 kil. 500. On voit par conséquent que la toxicité urinaire se trouve, à la fin de la gestation, à 2 tiers environ au-dessous de la normale. Des expériences exécutées à des périodes moins avancées de la gesta- tion nous ont donné les chiffres de 3 kil. 071 — 3 kil. 183 — 3 kil. 363 — 3 kil. 380 — 3 kil. 3AL — 4 kil. 472 — 3 kil. 798. Ces résultats confirment ceux que nous avions annoncés pour la femme enceinte, et nous pouvons ériger en loi générale la diminution de la toxicité urinaire dans la grossesse. Aussi nous est-il difficile de comprendre les conclusions d'un récent travail de van der Velde (Wiener klinische Rundschau, 1896), d'après lesquelles le sang et l'urine seraient plus toxiques chez le lapin pendant la gestation. [612.242] LES VAISSEAUX LYMPHATIQUES DU TESTICULE, par M. Cr. Recaup (de Lyon). Un certain nombre d'auteurs ont déjà étudié le mode d'origine des vaisseaux lymphatliques dans le testicule (1); mais l'insuffisance de leur (1) Pour l'historique de cette question et la bibliographie, je renvoie à ma thèse de doctorat en médecine : CI. Regaud, Les Vaisseaux lymphatiques du testicule et les faux endothéliums de la surfuce des tubes séminifères, thèse de Lyon, juin 1897. 660 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE technique et leurs idées erronées au sujet des rapports qui existent entre les vaisseaux lymphatiques et le tissu conjonctif enlèvent à beau- coup de travaux anciens toute importance. En fait de vaisseaux lym- phatiques, on a décrit dans le testicule deux formations différentes : 1° Un système de sacs lymphatiques péritubulaires, entourant immé- diatement chaque tube séminifère (Ludwig et Tomsa, Tommasi, His, Frey, Kôlliker, Mihalkowiez, etc.); cette formation, quin'existe en réalité pas, a été niée formellement par Gerster (1877). — 2° Un réseau de capillaires lymphatiques anastomosés, entrevu par les premiers auteurs, qui en faisaient un réseau collecteur pour le système des sacs lympha- tiques péritubulaires, mais bien décrit seulement par Gerster. Mes recherches ont porté sur des testicules de rats, de lapins, de cobayes, de chiens, de chats, de béliers et de taureaux. Pour mettre en évidence les lymphatiques, j'ai imprégné leur endothélium au nitrate d'argent, au moyen d'injections interstitielles du mélange picro-osmio- argentique de M. Renaut. Le nitrate d'argent met en évidence à la surface des tubes sémini-. fères, un dessin endothéliforme bien connu. Contrairement à ce qu'ont pensé un grand nombre d'auteurs, ce dessin endothéliforme n’a absolu- ment rien de commun avec le système lymphatique : je donnerai, dans la note suivante, mon opinion sur sa signification. Les seuls vaisseaux lymphatiques du testicule sont des canaux com- plètement clos, limités par une membrane endothéliale continue, anas- tomosés les uns avec les autres, non ordonnés par rapport aux tubes séminifères. Je puis donc confirmer pleinement les conclusions géné- rales de Gerster ; mais, en outre, j'ai trouvé chez les divers mammifères que j'ai examinés, une variation très remarquable du dispositif Iympha- tique, et je pense avoir établi que cette variation est en rapport étroit avec la texture du tissu conjonctif du testicule. Chet le rat, la trame connective intertubulaire, est d’une extrème délicatesse et réduite à son minimum. On ne trouve dans le paren- chyme absolument aucun vaisseau lymphatique. On rencontre un très petit nombre de ces vaisseaux dans l’albuginée, au voisinage de la tête de l’épididyme. Chez le lapin, la trame connective intertubulaire, est aussi très déli- cate; il existe quelques rares capillaires Iymphatiques dans la région du rete testis; par contre, l’albuginée, dans toute son étendue, en est richement pourvue. Le tissu conjonctif intertubulaire chez le cobaye a une structure spon- gieuse très remarquable ; la trame conjonctive, assez résistante, est disposée sous forme de lamelles entrecroisées dans tous les sens, de manière à limiter des cavités aréolaires. Il existe dans l’albuginée un riche réseau iymphatique, comme chez le lapin, mais, en outre, les prin- cipales travées conjonctives interlobulaires sont parcourues par des SÉANCE DU 3 JUILLET 661 capillaires lymphatiques qui, d'ailleurs, se tiennent en dehors des lobules. Chez le chien, la disposilion des lymphatiques est essentiellement la même que chez le cobaye : les réseaux lymphatiques collecteurs du corps d'Highmore et de l’albuginée sont réunis par un troisième réseau périlobulaire plus riche que chez le cobaye. Chez le chat, indépendamment des réseaux de l’albuginée, du corps d'Highmore et des cloisons interlobulaires, les lobules eux-mêmes sont pénétrés par les vaisseaux lymphatiques. La trame connective est plus serrée que celle du chien, celle du chien étant elle-même moins lâche que celle du cobaye. Chez le bélier et le taureau, les lobules sont complètement pénétrés par les lymphatiques qui forment un riche réseau entrelacé avec les tubes contournés. On peut donc, au point de vue de la distribution des Iymphatiques, distinguer trois types principaux reliés par des intermédiaires : 1°" type (lapin), réseau lymphatique péritesticulaire ; 2° type (chien), réseaux lymphatiques péritesticulaire et périlobulaire ; 3° type (bélier), réseaux lymphatiques péritesliculaire, périlobulaire et intralobulaire. Les vaisseaux lymphatiques n’ont pas de rapport intime avec les cellules interstitielles. Dans l’épididyme, ils sont aussi périlobulaires. Le tissu conjonctif, par sa laxité ou par sa disposition spongieuse, peut suppléer dans une certaine mesure et suivant un certain mode les voies canaliculées proprement dites de la lymphe. [612.616 LES FAUX ENDOTHÉLIUMS DE LA SURFACE DES TUBES SÉMINIFÈRES, par M. CL. ReGaup (de Lyon). L’imprégnalion au nitrate d'argent de la surface des tubes sémini- fères fait apparaître un dessin endothéliforme remarquable que l’on a considéré jusqu à présent, soit comme un endothélium de cavité lym- phatique (Tommasi, His, Külliker, Mihalkowiez, Malassez, Legge, etc.), soit comme un ou plusieurs plans de cellules conjonctives soudées entre elles de façon à constituer dans l'épaisseur de la paroi des tubes une ou plusieurs membranules enveloppantes (Gerster, Tourneux et Herrmann, etc.). Or ni l’une ni l’autre de ces deux interprétations n’est exacte. Le dessin endothéliforme en question appartient aux cellules épithé- liales contenues à l'intérieur du tube séminifère. Il est dû à la réduction de l'argent dans les interslices des cellules séminales des diverses couches, sur Icur plan de base et sur leurs plans latéraux. 662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Suivant que l’action du nitrate d’argent a été superficielle ou pro- fonde, une ou plusieurs assises de l’épithélium séminal sont imprégnées _et le dessin endothéliforme est simple ou multiple. Dans ce dernier cas, les plans successifs de figures polygonales ne sont pas indépendants les uns des autres, mais reliés par des lignes nombreuses qui répondent aux interstices latéraux des cellules. Le dessin endothéliforme le plus superficiel, qui répond aux con- tours des cellules de la couche pariétale de l’épithélium séminal (cel- lules germinatives ou spermatogonies, est toujours le plus régulier et le plus fortement marqué. Il est formé soit par des polygones à côtés rec- tilignes (rat, cobaye), soit par des polygones à côtés plus ou moins sinueux (bélier), soit enfin par des lignes sans aucune régularité (chat, chien). Il est impossible, à un examen attentif, de confondre ces figures avec les cellules endothéliales des vaisseaux lymphatiques, avec lesquelles elles ne se continuent d’ailleurs jamais. Sur des testicules pathologiques d'animaux (rat), l'ordonnance régu- lière du dessin endothéliforme est remplacée par des figures irrégu- lières qui correspondent aux spermalogonies modifiées dans leur forme et leurs rapports. Sur des coupes exactement transversales, surtout lorsque la paroi des tubes est épaissie (animaux séniles ou malades), on voit d’une facon évidente que les traits de l’imprégnation sont en dedans de la paroi propre. L'imprégnation chromo-argentique (méthode de Golgi-Cajal) colore parfois en jaune brun les cellules des divers plans de l’épithélium séminal, et marque leurs contours par des traits noirs. Or, les cellules ainsi colorées, toujours situées en dedans de la membrane propre des tubes, sont superposables aux figures que fournit l'imprégnation simple au nitrate d'argent. Le dessin endothéliforme de la surface des tubes séminifères dépend donc de l'épithélium séminal. À la surface des tubes droits intermédiaires aux tubes séminifères et au réseau de Haller, on peut mettre en évidence un dessin endothéli- forme analogue, à lignes très sinueuses, répondant aux bases d'implan- tation des cellules épithéliales. (Travail du Laboratoire d’Anatomie générale de la Faculté de médecine de Lyon.) SÉANCE DU 3 JUILLET 663 COMPLICATIONS OCULAIRES DE LA MALADIE DE PAVY {CONTRIBUTION A LA PATHOGÉNIE DE CETTE AFFECTION), par M. le D' Osrwazr (Paris). Nous avons eu la bonne fortune d'observer, ces années dernières, deux cas de cette intéressante affection, qui étaient précédés ou accom- pagnés de troubles oculaires propres à jeter quelque lumière sur la pathogénie encore fort obscure de la maladie de Pavy. C'est pourquoi nous avons jugé à propos de vous soumettre cette note, Messieurs, d’autant plus qu'aucune complication oculaire notable de cette maladie n’a été signalée jusqu à présent (1). La première observation à trait à une femme âgée, aujourd’hui, de trente-deux ans, que je soigne depuis six ans. Dans ses antécédents, il n'y a à noter que cinq attaques d’érysipèle, vers l’âge de quinze ans. Dans les sept dernières années, elle a eu dans l'œil droit des hémorra- gies intra-oculaires récidivantes (sept récidives). Je me réserve de publier ailleurs en détail le côté ophtalmologique de ce cas. L'urine a été examinée à plusieurs reprises au début du traitement, et comme on n’y avait rien trouvé d’anormal et que la malade ne pré- sentait aucun symptôme faisant penser à une maladie rénale, je ne lai plus examinée jusqu’au mois d'octobre 1895, où je voulus me rendre compte de l'état de sa nutrition par un examen complet de son urine. Je trouvai un taux à peu près normal d’urée, d'acide urique, de phos- phates et de chlorures, mais 2 gr. 15 d'albumine. À l’examen microscopique je trouvai, en dehors de quelques cellules épithéliales du vagin et quelques leucocytes, de nombreux cristaux d'oxalate de chaux, mais point de cylindres. Cette absence de cylindres, qui fut constamment notée aussi dans les examens ultérieurs de l'urine et le manque absolu de symptômes de brightisme, me fit penser alors à une albuminurie fonctionnelle. Je fis recueillir séparément les différentes émissions d’urine de la journée et celle de la nuit. Dans les nombreuses analyses que j'ai faites, j'ai toujours trouvé l'urine exempte d'albumine pendant la nuit, tandis que dans la journée elle en contenait régulièrement. La quantité d’albumine variait de traces à plus de 2 gr. 75 par litre. Il est certain qu'il s’agit ici d’un cas typique d’albuminurie cyclique. Nous ne pouvons pas exactement fixer le moment de la première appa- rition de cette affection. Il n’est pas douteux qu'elle ait déjà existé avant l'examen du mois (4) Ces deux observations formeront le sujet d’une thèse de M. Viardot. 664 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PE EEE Pa d'octobre 1896, qui nous la fit découvrir par hasard; mais ce qui est sûr, c'est qu'elle s’est développée dans le courant des dernières six années, et qu'elle à été précédée et accompagnée d'hémorragies réti- tiennes. Notons encore que l'examen microscopique du sang de la ma- lade n’a révélé aucune anomalie de ce liquide. La deuxième observation concerne un jeune homme de seize ans, exempt de toute tare héréditaire et n'ayant jamais eu de maladie grave. Il souffre assez souvent d’épistaxis. Il vint me consulter le 30 mars 1897, à cause d’un voile qu’il voit devant l’œil gauche depuis six jours. Je constate à l’ophtalmoscope un trouble pas trop épais du corps vitré devant la papille et un foyer de chorio-rélinite aiguë autour de l'artère nasale supérieure de la rétine à environ 1 à 1 1/2 diamètre papillaire de distance de la papille couvrant en partie cette artère et faisant légè- rement saillie dans l'intérieur de l'œil. Le foyer avait à peu près l'étendue: d’une papille, c’est-à-dire un diamètre d'environ 1 mill. 1/2. L'examen des urines nous fit constater une albuminurie cyclique typique. L'urine de la nuit ne contient jamais de l'albumine, tandis qu'il ÿ en a toujours dans les émissions de la journée. La quantité en varie de traces à 1/3 de gramme par litre. C'était de la globuline pure. Beaucoup de cristaux d'oxalate de chaux dans le sédiment. Pas de cylindres. L'analyse quantitative des urines me fit découvrir une certaine augmentation des sulfates (3 grammes par 24 heures dans les urines du 4 au 5 avril et des chlorures (19 gr. 50 par 24 heures). Le 6 avril, c’est-à-dire douze jours après l'apparition des symptômes oculaires, il fut subitement et sans aucune cause extérieure, atteint d'une parésie périphérique du facial droit sans altération de la réaction électrique. Cette parésie guérit complètement au bout de six à sept se- maines grâce à l'électrisation tri-hebdomadaire du facial, à l'aide du courant continu. Le foyer de chorio-rétinite est lui aussi en voie de guérison. Le traitement (iodure de potassium, eaux minérales alcalines, régime lacté mitigé) n'a, par contre, exercé aucune influence notable sur l’albu- minurie cyclique. Voici ce que ces deux observations nous enseignent à mon avis : 1° L'allération de la paroi des vaisseaux joue certainement un rôle important dans la production de l’albuminurie cyclique ; 2 Ainsi que le montre le premier des deux cas, où des hémorragies rétiniennes eurent déjà lieu avant l'apparition de l’albuminurie cyclique, l'altération de la paroi vasculaire précède sûrement dans quelques cas, sinon dans tous, le début de la maladie de Pavy; 3 Tout fait croire que cette altération de la paroi des vaisseaux est, de son côté, une conséquence de la viciation des échanges (oxalurie, etc.) ; 4° Grâce à l'insuffisance fonctionnelle des parois vasculaires ainsi SÉANCE DU 3 JUILLET 665 OS ARE PS PER PRES RATE PM RER LE RE PAS produite, l'albumine passe dans l'urine lorsque les vaisseaux rénaux se trouvent dans des conditions hydrostatiques défavorables (station debout) ; 5° Le trouble de la tunique vasculaire peut se manifester ailleurs que dans les reins, soit sous forme d'hémorragies (épistaxis; hémorragies intra-oculaires, ete.), soit sous forme d’un foyer inflammatoire périvascu- laire. Dans ce dernier cas, il s’agit peut-être d’une exagération locale et d'une propagation au voisinage du processus qui atteint, à un degré bien plus faible, tout le système vasculaire. Peut-être les cristaux d'oxalate de chaux circulant dans le sang (Bouchard) ne sont-ils pas étrangers à ce processus. 6° La parésie faciale du second cas reconnait probablement pour cause un foyer périvasculaire pareil à celui de la chorio-rétinite situé dans le canal de Fallope et comprimant légèrement le tronc du VII nerf. (C'est peut-être ainsi que s'explique plus souvent l'apparition subite de parésies faciales chez des arthritiques). ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE 51 membres de la Société prenant part au vote. Majorité absolue, 26. MÉBOULARD EC obtient 33Msuffrages: NT ND AT Re NE ne Re ns 9 ei MAN AN QUEZ NIMES LIEN _ 7 _ MPPIETÉRIC OUR ES OI EE crane 9 DA En conséquence, M. BouLarT, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, est élu membre titulaire de la Société de Biologie. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Marerueux, directeur, 1, rue Cassette. 667 SÉANCE DU 10 JUILLET 1897 M. le professeur B. Danizewsky (de Kharkotf) : Expériences sur les relations entre le développement du crâne et des circonvolutions du cerveau. — M. Cu. FÉRé : Sur la psychologie de l’infanticide chez les animaux. — M. J. pe REY PAILHADE : Sur l'existence dans les tissus animaux d’une matière réduisant le gayac bleui. — — M. A. Imsert : Sur une illusion d'optique. — MM. J. Morcarp et CL. REGAUD (de Lyon) : Lésions chroniques expérimentaies du myocarde consécutives à l'intoxication diphtérique. — MM. Luys et Davip : Fixation par la photographie des effluves qui se dégagent de l'appareil auditif. Réponse à certaines objec- tions concernant l'émission des effluves digitaux. — M. le D' PrerRE BONNIER : Pourquoi la tonalité d’un son percu par l'oreille varie-t-elle avec son intensité? — M. Micez : De la formation de l'anus dans la régénération caudale chez les annélides. — M. ALFRED GtraRD : Sur la distribution géographique des cocheuilles du genre Margarodes et sur denx espèces nouvelles de ce genre. — MM. JACQuESs DE Nriris et ETteNNE RaABauD : Dégénérescence vitrée du myocarde dans l'infection protéique : M. K. Purrevircn : Sur la d'struction de l’amygdaline et de l'hélicine par les moisissures. — M. Eu. BourQuELor : Remarques sur les matières oxy- dantes que l’on peut rencontrer ch-z les êtres vivants. — MM. BLaise et SAmBUC : De l'action des rayons X sur le Pyocyaneus et la Bactéridie charbonneuse.— MM. A. Guserr et L. Fouenier : Angiocholite infectieuse oblitérante et cirrhose biliaire hypertrophique. — M. Roger : Nute sur les effets des injections d’eau glacée dans les veines, le péritoine et les artères. — M. Caarces Ricaer : Effets des injections d'eau chaude dans la plèvre et dans le poumon. — MM. Nrczoux : Sur le dosage de petites quantités de glycérine. — MM.J. DrseriNE et THouas : Un cas de syrin- gomyélie type scapulo-huméral avec intégrité de la sensibilité, suivie d’autopsie. — MM. JEAN-Cs. Roux et BaALzrHazanD : Note sur les fonctions motrices de l'estomac du chien. — MM. J. Arnanasiu et J. CarvaLLco : L'action des hautes températures sur le cœur de la tortue. Présidence de M. Gley. (612.823) EXPÉRIENCES SUR LES RELATIONS ENTRE LE DÉVELOPPEMENT DU CRANE ET DES CIRCONVOLUTIONS DU CERVEAU (avec démonstration d'épreuves photo- graphiques de cerveaux d'animaux opérés), par M. le professeur B. DaniLewskY (de Kharkoff). La question qui concerne la genèse des circonvolutions cérébrales, la cause de leur disposition et de leur forme n’a été, jusqu'à ce jour, que très peu étudiée au point de vue expérimental. On à indiqué, d'une part, la dépendance génétique des conditions mécaniques de développement de la boîte cranienne. Dans la liltéra- ture, nous pouvons rencontrer des opinions d’après lesqueltes ilexiste- rait une disproportion entre la vilesse de développement de la subs- tance cérébrale et la croissance de la cavité cranienne, etc. D'autre part, il existe des indications sur le rôle important de la répartition de vaisseaux sanguins dans la pie-mère et l'écorce du cerveau. ; En vue de la signification prépondérante de cette question non seu- BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. T. IV. 54 668 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lement pour la morphologie et la physiologie du cerveau, mais aussi pour la médecine, j'estime qu'une exposition brève des principaux résultats de mes expériences, faites il y a plusieurs années afin d’élu- cider cette question, ne sera pas inutile. Si, avec quelques auteurs, nous admettons que la croissance du crâne s'effectue trop lentement par comparaison avec celle du cerveau, il faudra supposer que le crâne entrave le développement de celui-ci, et provoque ainsi le plissement de l'écorce cérébrale, la formation des plis, c’est-à-dire des circonvolutions et l'extension de la surface céré- brale. Donc, si nous écartons cette entrave, cet obstacle formé par le crâne, nous sommes en droit d'attendre, qu'à l'endroit correspondant, le développement des circonvolutions sera affaibli. Mais par contre, une hypothèse, quelque peu fondée, serait qu’en éloi- gnant une portion du crâne, nous supprimons l'obstacle mécanique et en tant que compression sur le cerveau et, par cela même, nous permettons un développement plus considérable de l'écorce cérébrale en cet endroit. Pour éclaircir cette question, j'ai pratiqué des résections du crâne chez des chiens très jeunes (de quelques jours à trois et quatre semaines d'âge) et je les ai laissés vivre quelques mois. La résection d’une por- tion du crâne a été faite d’un seul côté dans la région du lobe antérieur (région psychomotrice). La dure-mère a toujours été conservée intacte. Quelques-uns des animaux présentaient, quatre et cinq mois après l'opération, des crises épileptiques, qui doivent être incontestablement imputées à une anomalie artificielle dans le développement du cerveau. La por- tion excisée du crâne se comblait par un tissu fibreux dense et appa- raissait un peu plus aplatie que la partie correspondante du crâne de l’autre côté. : Quant au cerveau, les lobes postérieurs se sont trouvés parfaitement égaux des deux côtés. Mais à l'endroit de la résection du crâne, nous remarquons (voir épreuves photographiques) que les circonvolutions sont plus faiblement développées, sont même réduites au nombre, les sil- lons moins profonds et moins nombreux, la surface du cerveau est plus aplatie que du côté symétrique normal. Ainsi l'expérience à prouvé le fait paradoxal en apparence que la suppression de l'obstacle mécanique provenant du crâne entraine, dans les conditions précitées, un affaiblissement du développement des circonvolutions cérébrales. Done cette asymétrie artificielle des gyrus démontre une importante influence mécanique du crâne sur le déve- loppement de l'écorce du cerveau. Une communication ultérieure aura pour objet l'influence de cette condition mécanique artificielle sur la structure de l'écorce cérébrale. SÉANCE DU Â0 JUILLET 669 [612.821.3] SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'’INFANTICIDE CHEZ LES ANIMAUX, par M. Cu. FéRé. La perte de l'instinct familial est une forme fréquente des perversions sexuelles chez les animaux (1). Les mâles aussi bien que les femelles, tuent quelquefois leurs petits sous l'influence du rut, parce qu'ils sont une gêne pour eux. Ce sont surtout les femelles qui tuent leurs petits -en dehors de cette période, lorsqu'ils sont trop nombreux et lorsqu'elles sont épuisées par l'allaitement. Le fait se produit encore souvent lorsque les petits sont difformes ; les mères obéissent alors à un instinct commun à l'espèce qui ne supporte pas la vue des invalides. C’est un instinct qui se révèle chez quelques oiseaux dès les premiers jours (2). Dans plusieurs espèces d'animaux, les mères tuent leurs petits lors- qu'ils ont été touchés ou dérangés dans leur nid. La première hypo- thèse qui se présente à l’esprit pour expliquer ces infanticides chez les animaux consiste à admettre qu'ils agissent sous l'influence d’une dou- leur. Cette douleur, on en comprend bien les effets dans les cas où les petits portent obtacle à la satisfaction d'un désir actuel, comme à l’époque du rut, lorsqu'ils constituent une cause de fatigue ou de pri- vation de nourriture; mais on saisit moins bien son rôle lorsque l’in- anticide se produit à propos d’un dérangement du nid, ou de la pré- sence d’un ennemi supposé. J'ai observé récemment un fait qui me paraît de nature à jeter quel- -que lumière sur la psychologie de ces actes criminels. Une poule conduisait dans un verger huit poussins nés depuis dix jours. Ils étaient éloignés d'elle de deux mètres au plus sauf un qui était à environ six mètres. Une pie qui était perchée sur un pommier voisin s’élanca tout à coup vers le poussin isolé ; mais apercevant sans doute quelque objet qui l’effraya, elle changea subitement de direction, si bien que dans le crochet qu’elle exécuta dans son vol, elle n’approcha pas le poussin à moins d'un mètre. La pie était déjà loin et dans une autre direction, quand la poule arriva près du poussin qu'elle parais- sait vouloir secourir, mais auquel elle envoya un coup de bec qui le tua net, puis elle s'en retourna en courant couvrir ses autres petits de ses ailes. La poule a eu peur, elle a réagi à la douleur, en frappant l’objet qui occupait le plus fortement son attention. Ce n'est pas abuser de l'hypothèse que d’admettre que des animaux, qui, ayant trouvé leur nid en désordre, ou ayant entendu un bruit suspect, ont sous l’impres- (1) Ch. Féré. Les perversions sexuelles chez les animaux (Revue philosophique, : 4897, t. XLIII, p. 502.) (2) Ch. Féré. Note sur les difformités congénitales des membres inférieurs had RTE il { SÉANCE DU ® OCTOBRE 867 _ propriétés acquises par les humeurs d’un organisme impressionné par un microbe, étroitement spécifiques,se rapportent tout particulièrement à la variété dont l'organisme a reçu l'impression. Elles s’exercent aussi généralement à l'égard des autres variélés de la même espèce, mais à des degrés divers, et non pas nécessairement; si bien que, tandis qu’une réaction positive est un important motif de rapprochement, une réaction négative n’est pas une raison absolue de séparation. Cette question, outre son intérêt théorique et spéculatif, a une portée pratique, en ce qu’elle importe à la méthode de préparation des sérums thérapeutiques. Si, en effet, telle est la spécificité des propriétés commu- niquées au sérum, qu'elles se rapportent plus particulièrement à la variété du microbe par laqueile on impressionne l'organisme, il y aurait avantage, pour la préparation d’un sérum thérapeutique, à soumettre un animal à un certain nombre de variétés d’une même espèce micro- bienne. C’est ainsi que le sérum antityphique demanderait que limmuni- sation fût faite avec plusieurs races de bacilles d’'Eberth (ou, comme Je le propose, de b. coli); le sérum antidiphtérique posséderait peut-être une efficacité mieux adaptée à l’ensemble des cas s’il était fourni par l'emploi alternatif de plusieurs échantillons de bacilles de Lôüffler; de même j'estime que l'emploi de plusieurs variétés de streptocoques don- nerait un résultat meilleur que l’exaltation artificielle, à l'égard d’une espèce animale quelconque, d’un seul et même type, ou que le choix de telle ou telle variété. [612.357.13] SIGNIFICATION DE L'EXPÉRIENCE DÉNOMMÉE PAR M. DASTRE « sans signification », par M. L. Camus. Note présentée par M. LABORDE. Je crois devoir rappeler, en réponse à la dernière note de M. Dastre (Soc. de Biol., 31 juillet 1897), que j'ai présenté cette expérience pour la première fois le 3 avril 1897; que, depuis cette date, je n’ai commu- niqué aucun fait relatif aux pigments biliaires et que, par conséquent, celui-ci n’a été présenté qu'une seule fois à la Société de Biologie. Cette expérience a été faite dans le but de montrer que la chaleur, comme agent favorisant l’oxydalion de la bile, ne peut pas à elle seule’ amener la transformation verte de la bile fraiche franchement jaune. Par là se trouve réfutée très nettement l'opinion contraire exprimée par MM. Dastre et Floresco, dans leur communication orale du 13 mars 1897 et publiée dans les Archives de Physiologie (1° avril 1897, p. 481) en ces termes : « Enfin, la chaleur exerce encore sur la bile la même action 868 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE prédominante que sur les solutions artificielles (1). Dès la température de 55 degrés, mieux à 75 degrés, mieux encore à 100 degrés, la bile verdit. Plus la température est ol moins l'oxygène libre atmosphé- rique est nécessaire. À 100 degrés, la transformation paraît s’accomplir sans oxygène libre; il suftit de l'oxygène dissous ou fourni par une réaction intérieure » ; et dans les Comptes rendus de la Société de Biologie (2 avril 1897, p. 307) : « L’ébullition prolongée pendant plusieurs heures détermine une précipitation partielle des bilirubinates et un verdisse- ment, dans des conditions telles que. nous pensons qu'on ne peut incri- miner l'oxygène dissous. » Dans sa dernière ne M. Dastre me reproche trois erreurs (pre- mière et deuxième erreurs) : J'aurais donné aux mots bile jaune la signification bilirubine et à bile verte celle de biliverdine. Si l’on veut bien se donner la peine de relire ma note du 3 avril qui expose l’expé- rience discutée, on remarquera que pas une seule fois Je ne me suis servi des termes bilirubine, biliverdine, justement parce que, comme M. Dastre, je ne crois pas possible d'exprimer par ces deux mots les différentes teintes que peut présenter la bile. Quant à la troisième erreur, elle n'existe pas; M. Dastre prête à mon expérience une signification qu'elle n'a pas. Je n'ai jamais songé à démontrer que la bile jaune de chien ne peut devenir la bile verte qu’en absorbant l'oxygène de l'air. Mon expérience (qui n’a d’ailleurs pas été exécutée de la facon indiquée par l’auteur) montre une seule chose, à savoir que, dans les conditions où elle a été réalisée, il n’y a pas formation de bile verte ; c’est-à-dire que, si l’on chauffe à 100 degrés, même pendant six heures, de la bile fraîche de chien, franchement jaune, enfermée dans un tube scellé où le vide a été fait, on n'obtient pas de bile verte; que si, comparativement, on permet l’accès de l’air, la bile devient rapidement verte. On pourra discuter sur la nature de la transformation verte de la bile, sur l'élément de l'air qui intervient ; mais le fait de la non-transformation verte dans un cas et de la transfor- mation verte dans l’autre est indéniable. Je suis bien obligé de rappeler que c’est là simplement ce que j'ai voulu prouver et ce que prouve avec évidence mon expérience. Je n’ai pas étudié l’action de l'acide carbonique sur la bile jaune de chien et je reconnais qu'il serait fort intéressant d'établir que, dans le cas où l’accès de l'air a eu lieu, c’est à l'acide carbonique de l'air, et non à l'oxygène, comme je l'ai supposé, qu'est due l'apparition de la coloration verte. (4) Voir à ce sujet, p. 479: « En résumé, la chaleur est l'agent le plus efficace de transformation du bilirubinate en biliverdinate. Elle suffit, à l'exclusion des autres conditions : air libre, lumière, alcalinité. » SÉANCE DU 2 OCTOBRE 869 [612.817.1] ABSORPTION DU CURARE PAR L'ŒIL, par MM. MERMET et SCRINI. On admet, depuis les expériences de Cl. Bernard, que certaines muqueuses paraissent réfractaires à l'absorption curarique et que les symptômes d'intoxication ne se montrent qu'après la ligature des uretères ; la muqueuse conjonctivale est des précédentes. Il nous à semblé bon à l'occasion de rechercher d'ensemble sur l’absorption oculaire de faire connaître plus complètement la façon dont se comporte l'œil vis-à-vis du curare. Nous examinerons successivement l’action du curare déposé : 4° sur la conjonctive ; 2° dans le tissu péri-bulbaire ; 3° dans le globe lui-même. Nous devons dire au préalable que toutes nos expériences ont été faites sur le lapin, qui nous paraît être l'animal réactif idéal pour ce genre de recherches. 1° Instillé dans le sac conjonctival, du curare réduit en poudre très fine et dissous dans une très petite quantité d’eau ne peut arriver à tuer l’animal ou même à produire chez lui des accidents d'intoxication curarique. Nous avons pu instiller par exemple entre les paupières de lapins de poids moyen et avec un résultat négatif jusqu'à 30 centi- grammes de substance toxique. Bien plus, et à l'encontre de ce qu'avait annoncé CI. Bernard pour les autres muqueuses, l'intoxication curarique ne survient pas lors d’ins- tillations conjonctivales après néphrectomie bilatérale ou ligature des deux uretères. Nous avons pu instiller jusqu'à 20 centigrammes de curare pulvérisé et dissous dans le sac conjonctival d'un lapin néphrec- tomisé sans voir survenir chez lui aucun accident. L’absorption conjonc- tivale du curare est donc sinon nulle, du moins des plus lentes, elle ne se fait pas sur une assez large surface pour entrainer, même après la suppression de l'émonctoire rénal, des phénomènes toxiques. 2° Injecté sous la congonctive, le curare devient toxique à très faible dose chez l'animal. Nous avons pu constater qu'il fallait, sur le lapin sain, environ 1 cen- tigramme du produit toxique par kilogramme d'animal pour amener la mort du sujet. 2 centigrammes sont la dose pour tuer un lapin de taille moyenne. Injectée sous la conjonctive bulbaire après néphrectomie double, une dose moitié moindre suffit pour tuer l'animal. 3° Injecté dans le globe oculaire, le curare est absorbé lentement, l'œil semble emmagasiner le poison pour ne le livrer que peu à peu à la cir- culation générale. Nous avons pu vérifier qu'une dose double de celle employée en BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 69 870 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PA DA A Ra re injection sous-conjonctivale était nécessaire pour amener la mort par l'injection dans le vitré ou la chambre antérieure ; en moyenne 2 centi- grammes par kilogramme d'animal doivent être employés pour produire cet effet. Dans le vitré, après une néphrectomie double, À centigramme par kilogramme suffit amplement; c’est donc encore ici une dose moitié moindre de la précédente. Ces résultats expérimentaux sont intéressants à un autre titre : ils montrent que la toxicité curarique croît seulement du simple au double par la néphrectomie ou la ligature des ureières. (Travail du Laboratoire d’ophtalmologie de l’Hôtel-Dieu.) SERINGUE STÉRILISABLE MÉTALLIQUE, par MM. Mermer et Magor. L'appareil que nous soumettons à la Société nous à déjà rendu de grands services au laboratoire; nous croyons qu’en clinique il sera également supérieur aux autres. Il s’agit d’une seringue, du calibre de la seringue de Roux, entièrement métallique (piston et corps de pompe), et partant stérilisable aux plus hautes températures. Jusqu'ici les seringues, soit à injections hypodermiques, soit à sérum, soit à lavages vésicaux ou autres, étaient composées de subs- tances plus ou moins hétérogènes ‘métal, verre ou corps organiques). L'instrument que M. Janet (1) à fait construire, et dont le corps de pompe est en laiton, constituait une amélioration; celui de Lüer, entiè- rement en cristal, présenté à cette même Société par M. Malassez (2), réalisait tous les desiderata; son seul inconvénient est sa fragilité extrême. La seringue que nous apportons est complètement métallique. Le corps de pompe est formé d’un tube de nickel pur ou argenté terminé à une de ses extrémités par un embout également métallique; l’autre extrémité est largement ouverte et pourvue d’un rebord extérieur pré- sentant un pas de vis sur sa circonférence. Le piston est un tube de même composition fermé à son extrémité libre et offrant à son autre extrémité un anneau destiné à recevoir le doigt. Ce tube s’emboîte sans frottement, mais assez exactement cependant, dans le tube extérieur du corps de pompe; il n’est pas dépoli sur sa surface comme le piston de la seringue de Lüer : l'adhérence ici entre le piston et le corps de pompe (1) J. Janet. Seringues stérilisables : appareils et nouveaux instruments, etc. Ann. des mal. des org. génito-urinaires, 1895, p. 1002. (2) Malassez. Soc. de Biol., séance du 3 nov. 1894. SÉANCE DU 2? OCTOBRE 871 n'a pas besoin d’être aussi absolue, et ce n’est pas par eux seuls que le vide s'opère. Le contact intime est établi par l'intermédiaire d'une rondelle d'amiante placée sur le rebord supérieur du corps de pompe et serrée entre lui et une bague métallique pourvue d’un pas de vis reçu dans celui du corps de pompe. Suivant la compression plus ou moins grande de la rondelle, le piston exactement calibré est étranglé plus ou moins par celle-ci et partant l'aspiration est différemment graduée. C'est un peu le même mécanisme qu'on retrouve dans la seringue allemande de Walcher. Notre instrument a l'avantage de supporter sans se rompre ni s’altérer soit le flambage, soit les plus hautes températures des divers procédés de stérilisalion. Sur celui de Lüer il a, en outre, la supériorité de ne pas se briser lors d’un refroidissement brusque à la sortie de l’autoclave ou de l’étuve; sur celui de Janet, il présente l'avantage d’être toujours stérilisable sans démontage, car il n’y a pas à redouter avec lui, comme avec ce dernier, « l’adhérence du piston au corps de pompe ». Ajoutons que tous les calibres de seringues peuvent être construits sur notre modèle, aussi bien les seringues à injeclions hypodermiques que les appareils à lavages. Les trois grandes qualités qui nous vous le font, en somme, recom- mander, sont : sa simplicité, son homogénéité, la rapidité et la sûreté de sa stérilisation. Le Gérant : G. MASson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 813 SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1897 M. A. Roper : Sur la propriété agglutinative, à l'égard du bacillus coli et du bacille d'Eberth, du sérum d'animaux immunisés contre ces microbes. — M. CH. FéRé : Boîtes chromoptoscopiques pour l'exploration et l’exercice de la vision des couleurs. M. Rocer : Sur le rôle protecteur du foie contre l'infection charbonneuse. — M. le Dr Van pe VeLve : Pouvoir agglutinant d’un sérum de cheval vacciné contre la fièvre typhoïde. — M. J. Tairozorx : Etude bactériologique d'un cas de rhuma- tisme articulaire aigu. — MM. H. Cristrant et E. Ferrart : De la nature des glandules parathyroïdiennes. — M. A.-H. Pricer : Sur certaines propriétés électives de bleu de méthylène agissant sur les tissus vivants. — M. DE GRANDMAISON : Adénite épitrochléenne non suppurée produite par le staphylocoque doré. — M. R. Quiron : Injections intra-veineuses d’eau de mer, substituées aux injections du sérum salé. Présidence de M. Bouchard. (612.392) CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. Louis Lapicoque. — J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de la Société un exemplaire de l’ouvrage que je viens de publier sous ce titre : Observations et expériences sur les mutations du fer chez les vertébrés. Cet ouvrage, qui m'a servi de thèse devant la Faculté des sciences de l’Uni- versité de Paris, contient, réunies, les recherches que j'ai faites sur cette question depuis 1889 et dont j'ai publié ici même, d’une façon résumée, la plus grande partie. i Il ne s’agit que d’une étude fragmentaire; l’ensemble de la question est encore loin d’être éclairei. Mais ayant appliqué à certains points de cette question la méthode de dosage qui m'appartient et qui a l’avan- tage d'indiquer avec précision et rapidité des quantités très minimes de fer, j'ai obtenu sur ces points soit des résultats entièrement nouveaux, soit la solution de questions controversées. Les principaux points que j’ai ainsi abordés sont: l'élimination du fer par l’urine; les variations quantitatives du fer dans le foie, sous les diverses conditions physiologiques et sous les influences pathologiques; les variations du fer dans la rate suivant les mêmes conditions; à propos des accumulations de fer remarquables qui s’observent par- fois dans ces organes, l’étude chimique et les conditions de formation du pigment ferrugineux qui, sous le nom proposé par moi de rubigine, continue à intéresser les anatomo-pathologistes ; enfin le rôle héma- tolylique du foie qui détruit l’hémoglobine dissoute dans le plasma et en garde le fer. Je me propose de continuer l’élude des mutations du fer et d'aborder successivement d’autres points de cette question. BioLogte. ComPTES RENDUS. — 10° séri, r, IV. 874 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA PROPRIÉTÉ AGGLUTINATIVE, A L'ÉGARD DU BACILLUS COLI ET DU BACILLE D'ÉBERTH, DU SÉRUM D'ANIMAUX IMMUNISÉS CONTRE CES MICROBES, par M. A. Roper. (Communication faite dans la séance précédente.) J’ai donné brièvement, l’année dernière, le résultat d’une première série d'expériences faites au laboratoire de M. Arloing, avec le sérum de deux moutons immunisés, l’un contre le bacille d’Eberth, l’autre contre le 8. coli (1). Depuis lors, au Laboratoire de microbiologie de Montpellier (2), j'ai entretenu et accru l’immunité du mouton traité par le bacille d’'Eberth, en continuant à le soumettre à des injections répétées de cultures de la même race, ce bacille, très mobile, donnant sur la pomme de terre la culture d'aspect classique, ne faisant pas fermenter le lactose, avait été soumis, au début de ces expériences, à l’action d’un sérum antityphique de Durham, qui avait donné une agglutination tout à fait caracté- ristique. J'ai immunisé un autre mouton contre un nouvel échantillon de bacille coli, isolé des matières fécales d’un homme sain, faisant énergiquement fermenter le lactose. Ce mouton-coli, ainsi que le mou- ton-éberth dans cette seconde période, ont recu presque exclusive- ment, par injections sous-cutanées, des cultures en bouillon peptoné, tuées, après huit à neuf Jours d’étuve, par le chauffage à 55 degrés pendant deux à trois heures, et non filtrées, à des doses allant jusqu'à 50 centimètres cubes en une injection, c'est-à-dire de grandes quantités de bacilles morts réunis à leurs produits de culture. Pour le moment, j'ai surtout porté mon attention sur la propriété agglutinative du sérum de ces moutons. J'ai éprouvé le pouvoir aggluti- natif d’abord sur les deux races de bacilles par lesquelles ont été traités les animaux (coli a, éberth a), puis comparativement sur d’autres races, Action des sérums sur les bacilles correspondants. — Le sérum de mon second mouton immunisé contre le B. coli (coli a), avant le commencement des injec- tions immunisantes, n’agglutinait pas cette race de coli au titre de 1/40. Sous l'influence des injections de cultures stérilisées par la chaleur, il acquit rapi- dement le pouvoir agglutinatif; à 1/200, l’agglutination du coli a est faite de (1) Sur les propriétés du sérum de moutons immunisés contre le bacille d’Eberth et contre le B. coli. Société de Biologie, juillet 1896. (2) Une partie de ces recherches et des idées exposées dans cette note ont été déjà consignées dans la thèse, faite sous mon inspiration, du D' Martin. (0. Martin. Les méthodes de prophylaxie et de thérapeutique de la fièvre typhoïde, fondées sur la microbiologie. Thèse, Montpellier, 1897.) SÉANCE DU 9 OCTOBRE 81 la manière la plus parfaite et la plus rapide : en quelques minutes, presque instantanément, les flocons se dessinent; en moins de demi-heure, le préci-- pité est formé, surmonté d’une colonne liquide très claire. La propriété agglutinative du sérum du mouton immunisé contre le bacille d'Eberth, après avoir faibli par suite d’une période pendant laquelle l'animal n'avait recu que des injections, espacées et peu abondantes, de cultures vivantes, fut rapidement rehaussée par les injections fréquentes et abondantes de cultures stérilisées par la chaleur. Cependant, et malgré un traitement calqué sur celui du mouton à coli, ce sérum est moins actif à l'égard de la race éberth a (bacille correspondant) que ne l’est le sérum du mouton à coli à l'égard de la race coli a : à la même dose, 1/100 par exemple, la formation des flocons est moins rapide, l’éclaircissement moins prompt et un peu moins parfait. Action du sérum-coli sur l’éberth a. — Le sérum-coli agglutine parfaitement la race éberth a. L'épreuve a été faile à diverses reprises et à divers titres (1/20, 1/40, 1/100, 1/200) : la réaction est presque aussi belle que celle que donne le même sérum avec la race coli a. La comparaison étant faite entre l’action des deux sérums sur ce même bacille, le sérum-coli a agglutiné une fois (à 1/100) presque aussi bien, une autre fois (à 1/20) mieux que le sérum-éberth. Action du sérum-éberth sur le coli a. Le bacille coli a est aussi agglutiné par le sérum-éberth, un peu moins bien (les épreuves comparatives étant faites à 1/20 et à 1/100) que l’éberth a, notablement moins bien qu'il ne l’est lui-même par le sérum-coli. Ce sérum de mouton-éberth est donc, à l'égard d'une race de coli, beaucoup plus agglutinatif que je ne l'avais noté l’année dernière, puisqu'il l’est presque autant que pour le bacille d'Éberth correspon- dant; el surtout le sérum de mon nouveau mouton-coli est beaucoup plus actif à l'égard d’une race d’éberth que mon premier sérum-coli, et à un degré vraiment remarquable, puisqu'il agglutine cette race d'éberth à peu près aussi bien que le coli correspondant, et au moins aussi bien que ne le fait le sérum-éberth. Action des sérums sur d'autres races d'éberth ou de coli. — En présence de ce résultat, il importait d'examiner l’action de mes sérums sur d’autres échan- tillons de bacilles. J'ai donc éprouvé comparativement trois autres races de bacilles d’Eberth : un bacille, sans action de ferment sur le lactose, retiré de la rate d’un enfant mort de fièvre typhoide (éberth b); et deux échantillons mis obligeamment à ma disposition, l’un par M. Charrin (éberth c), l'autre par M. Borrel (éberth d). Ces bacilles furent soumis à l’action des sérums dans des conditions rigoureusement comparatives avec les races coli a et éberth a. La race éberth b fut un peu agglutinée par les deux sérums à 1/100, d'une manière médiocre, à peu près également par l’un et l’autre, plutôt un peu mieux par le sérum-coli. Une autre fois, au titre 1/20, il fut très bien agglu- tiné par l’un et l’autre, identiquement par les deux, presque aussi bien par le sérum-coli que. le coli a. 8176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La race éberth c, tout d'abord éprouvée isolément par les deux sérums à 1/100, fut agglutinée par l'un et l’autre, mieux par le sérum-coli. Puis il fut traité par les SÉRns comparativement avec les autres races. Dans une pre- mière épreuve, à 1/100, il fut très bien agglutiné par le sérum-coli, plus vite que par le a. au moins aussi bien par le premier sérum que la race éberth a, un peu moins bien par le sérum-éberth que la race coli a. Dans une seconde épreuve, à 1/20, la réaction fut également plus belle avec le sérum-coli qu'avec le sérum-éberth, le premier sérum agglutinant aussi bien cet éberth c que la race coli a. La race éberth d, éprouvée d'abord isolément, fut agglutinée par l’un et l’autre sérum. Dans l'épreuve comparative à 1/100, ce bacille fut très bien agglutiné par le sérum-coli, au moins aussi bien que la race éberth a, et plus vite que par le sérum-éberth. Dans l'épreuve comparative à 1/20, il fut égale- ment mieux agglutiné par le sérum-coli que par le sérum-éberth, ce dernier sérum n’agissant pas mieux sur lui que sur le coli a. J'ai éprouvé l’action de ces sérums sur plusieurs échantillons de B. coli isolés de l’eau ou de déjections de typhiques. L’un de ces derniers ne fut agglutiné ni par l’un ni par l'autre au titre de 1/100, et d’une manière très faible à 1/20. Pour un autre, la réaction fut nulle à 1/20, aussi bien avec le sérum-coli qu'avec le A De deux variétés provenant de l’eau, l’une ne fut agglutinée ni par l’un ni par l’autre à 1/20, un autre le fut fai- blement par les deux sérums. D'autres échantillons sont très bien agglutinés. (Je reviendrai sur ces faits.) D'après les faits que j'ai observés, je crois pouvoir formuler les pro- positions suivantes : Le sérum d’un animal immunisé contre une variété de B. coli peut ètre agglutinant pour le bacille d'Eberth, au même degré au moins que le sérum d’un animal immunisé contre le bacille d'Eberth par une mé- thode semblable. Ce sérum-coli se comporte diversement suivant les échantillons ou races d’éberth ou de coli : certains échantillons d’éberth sont agglutinés par ce sérum au moins autant que la variété de coli d'où provient le sérum; tandis que certaines variétés de coli ne le sont pas ou ne le sont qu’à un degré extrèmement restreint. Le sérum d’un animal immunisé contre le bacille d'Eberth peut être agglutinant pour certaines variétés de P. coli, à peu près aussi forte- ment que pour la variété de B. d'Eberth de laquelle il provient. Ces deux sérums peuvent se comporter de manière à peu près iden- tique sous le rapport de la propriété agglutinative, le sérum-coli étant d'une manière générale plus actif que le sérum-éberth. En présence de certains sérums d'animaux immunisés, il y a beau- coup moins de différence entre l’ensemble des races dites bacille d'Eberth d’une part, et les races de co/i d'autre part, qu'il n'y en aentre les divers échantillons de bacille d'Eberth comparés les uns aux autres, et surtout entre les diverses races de coli; en d’autres termes, par la réaction agglutinative, le bacille d'Eberth se distingue moins du =, SÉANCE DU 9 OCTOBRE 871 B. coli que les diverses variétés de ce dernier ne se distinguent entre elles (1). Le sérum d'animal immunisé contre le Z. coli pouvant être, au point de vue de la réaction agglutinative, d'une manière générale, plus actif, tant à l’égard du bacille d'Eberth que du B. coli, que le sérum d'animal immunisé contre le bacille d'Eberth, cela me paraît formellement indi- quer l'essai, pour la sérothérapie de la fièvre typhoïde, du sérum d'animal immunisé contre le B. coli. (612.840.7) BOITES CHROMOPTOSCOPIQUES POUR L'EXPLORATION ET L'EXERCICE DE LA VISION DES COULEURS, par M. Cu. FÉRé. L'exploration de la vision des couleurs et les exercices pédagogiques relatifs à l'éducation de cette forme de la sensibilité (2) ont nécessité la mise en jeu d'appareils très divers, qui permettent l'observation des couleurs spectrales, ou des couleurs répandues dans la nature, mais qui, en général, ne se prêtent pas à la fois à une définition précise et à l'observation simultanée de plusieurs nuances nettement déterminées. M. Aubry a construit, à ma prière, de petits appareils qui me paraissent capables de rendre des services au double point de vue de l'exploration et de l'éducation. Ils sont constitués par un cadre métallique de 0,08 de longueur sur 0,03 de largeur et constitué par quatre bandes de,3 millimètres d'épaisseur et de 0,005 de largeur. Du côté de l'intérieur du cadre, chaque bande est amincie sur une étendue de 0,063, de sorte qu'elle ne présente plus que 1 millimètre d'épais- seur exactement. Sur chaque encadrement on a appliqué une lame de glace qui a été sertie avec soin. Le cadre et les lames de glace limitent une cavité aplatie qui a exactement 1 millimètre d'épaisseur. Une des extrémités de la boite est munie d’un prolongement aplati qui sert de poignée. À l’autre extrémité existent deux petits orifices qui commu- niquent avec la cavité et se ferment par de pelites vis qui closent her- métiquement. C’est par l'un de ces deux orifices qu'on peut remplir la cavité d'un liquide coloré. Les liquides colorés dont je me suis servi sont des solutions dans l'alcool absolu de matières colorantes cristal- (1) D’après ce que j'ai vu, il est probable qu’une étude poursuivie de ces faits montrera qu’un même sérum présente, dans son action sur divers échan- tillons de B. coli, une foule de degrés formant une gamme par transitions insensibles. (2) Pillsbury. Spectrum color standards (Science, 1897, N. S. VI, p. 89). — W. Hallock, R. Gardon. Color standards (Ibid., p. 214). 818 SOCIÉTÉ DE ‘BIOLOGIE lisées. L'appareil permet donc d'observer des solutions titrées d’une épaisseur déterminée. On peut achever de définir les conditions de l'observation par la désignation précise de l'éclairage. L'emploi des solutions très diluées de substances colorantes permet de déceler des défauts visuels, qu'on ne peut pas facilement découvrir par les procédés usuels d'observation. Il ÿ a plusieurs années, je les ai employées en laissant tomber d’une hauteur fixe, sur des cartes blan- ches, des gouttes de solutions titrées de différentes substances colo- rantes qu'on laissait sécher. Je me suis assuré ainsi que la plupart des hystériques et des épileptiques qui connaissent bien les couleurs foncées ne voient pas des solutions, déjà bien concentrées. Mais la teinte des taches ainsi obtenues manque souvent d’uniformité, de sorte que le procédé est en somme défectueux; le procédé actuel n’est pas sujet aux mêmes critiques. Ces boîtes peuvent servir non seulement à l'exploration, mais encore à l'éducation de la vision des couleurs. Je ne ferai que citer, à titre de renseignement, l'expérience de trois semaines que j'ai faite sur un jeune homme de dix-neuf ans, dont la vision est d’ailleurs normale. L'expérience était disposée dans une chambre noire et les explora- tions étaient faites, ainsi que le furent les exercices ultérieurs, à la lumière d’une bougie, les boîtes étant disposées sur une met recou- verte d’une feuille de papier blanc. Dans l'exploration qui a précédé la période des exercices, notre sujet voyait tout juste le bleu dans une boîte contenant une solution de bleu de méthylène à 1/4,800,000 ; il distinguait bien cette boîte d'une autre contenant une solution à 1/%,600,000; il voyait tout juste la couleur rouge dans une boîte contenant une solution de fuchsine à 1/1,400,000. Les solutions de bleu de méthylène variaient de 1/200,000; celles de fuchsine, de 1/100,000. | En raison du nombre insuffisant des boîtes, je n’ai pu faire faire les exercices qu'avec une seule couleur. Voici en quoi ils ont consisté. On avait préparé sept boîtes contenant des solutions de bleu de méthylène titrées et graduées comme il a été dit, de 1/4,600,000 à 1/5,800,000. On les plaçait dans l’ordre de dissolution. Le sujet les examinait avec soin, puis on les mélangeait. Il ne pouvait les reconnaître qu'à la couleur, le titre de la solution étant marqué sur la face en contact avec la table. Chaque séance durait dix minutes et était répétée deux et quelquefois trois fois par jour. Dans les premières séances, il ne reconnaissait que les deux solutions les plus concentrées ; les autres étaient placées par lui dans un ordre tout à fait différent de leur ordre naturel. Mais peu à peu il arrivait à placer correctement une troisième boîte, qu'il ne recon- naissait pas bleue si on la lui montrait isolément; puis une quatrième. Une semaine plus tard, il reconnaissait la troisième isolée; puis, avec des tâtonnements, la cinquième étant placée à son rang, sans être SÉANCE DU 9 OCTOBRE 8179 reconnue isolément, et ainsi de suite. A la fin de la troisième semaine, il était capable de mettre en ordre les sept hoites; mais la septième, isolée, n'était pas vue bleue; mais en somme, le minimum perceptible est de 1/4,800,000 à 1/5,600,000. Nous avons répété l'exploration du début avec les solutions de fuchsine, et nous avons constaté que le minimum perceptible pour le rouge s'était aussi abaissé, sans exercice spécial, de 4/1,400,000 à 1/1,700,000 Il semblerait qu'il suffise d’ap- prendre à distinguer les vibrations lumineuses dans une région du spectre pour que le perfectionnement s’étende à sa totalité. La possibilité de l'éducation de la vision des couleurs pourrait venir à l'appui de la théorie de Gladstone et de Magnus, relativement à son évolution, théorie bien combattue d’ailleurs (1). Je ferai remarquer la période de discernement subconscient dans laquelle le sujet met à sa place une boîte dont il ne voit pas la couleur. Il semble qu'à la variété des excitations corresponde nécessairement uue variété de réactions et que, par leur répétition, ces réactions variées finissent par réaliser une différenciation dans la conscience. Mais je ne veux pas insisler sur des déductions générales à propos d’un seul fait; mon but était seulement d'appeler l'attention sur un procédé d'observation et d'éducation. [612.354.2)] SUR LE RÔLE PROTECTEUR DU FOIE CONTRE L'INFECTION CHARBONNEUSE, par M. RocGer. On sait que les microbes, injectés directement dans le sang, ne tar- dent pas à quitter les gros vaisseaux pour se réfugier dans les capil- laires : c'est là que se passe la lutte entre l'organisme et les agents pathogènes. Dès lors, on est conduit à envisager deux hypothèses : ou bien les phénomènes sont semblables dans tous les réseaux capil- laires, c’est-à-dire que dans tous il y a, suivant le cas, destruction ou pullulation des microbes ; ou bien les phénomènes varient d’un point de l’économie à un autre; il se fait simultanément, dans les diverses parties, des victoires et des défaites ; le résultat final est la somme de résultats partiels différents. : Pour vérifier la valeur de ces deux hypothèses, j'ai recherché ce qui surviendrait en injectant un même microbe par diverses parties du système circulatoire ; je pensais que les bactéries seraient arrêtées en grand nombre par le premier réseau capillaire qu’elles traverseraient (1) Grant Allen. The colour sense, its origin and development, 1879. 830 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et que, suivant qu’elles y trouveraient des conditions favorables ou nuisibles à leur développement, l'infection suivrait une marche rapide ou lente. Partant de cette idée, j'ai pratiqué des LADCUIQUE par cinq voies différentes : 4° Par le bout central de l'artère carotide primitive droite, au moyen d'une canule suffisamment longue pour quele virus soit déposé à l’origine de l'aorte : c'est ce qu’on peut appeler l’inoculation intra-aor- tique ; 2° Par les veines périphériques : le virus traverse d’abord le réseau pulmonaire, puis il se distribue comme dans le cas précédent : les différences observées mettent donc en évidence l’action des poumons; 3° Par le bout périphérique de l'artère carotide, ce qui permet d'éta- blir le mode de développement des bactéridies dans le réseau capillaire d’un organe important, le cerveau: 4° Par le bout périphérique de l'artère fémorale, pour voir l'influence d’un réseau destiné à des tissus abondamment répandus; ° Par une veine intestinale se rendant dans la veine porte, de facon à déterminer le rôle du foie. Mes recherches ont porté sur différents microbes; mais, les résultats variant avec l'espèce étudiée, je n’exposerai aujourd’hui que les expér riences que j'ai DONNE avec le bacille charbonneux. Les cultures que j'ai utilisées ont été faites dans du bouillon ; elles étaient âgées de quatre à cinq jours et richement sporulées. Je les ai diluées dans de l’eau salée et j'ai injecté quelques gouttes de ces dilutions à des lapins pesant tous 2,000 grammes environ. Voici les résultats obtenus : Avec une culture de virulence moyenne, diluée au 1/100, l'inoculation de 5 à 10 gouttes amène la mort en 36 heures, quand l'injection est poussée par l’aorte ou par l'artère fémorale. Les animaux qui ont recu le virus dans les veines succombent ensuite, au bout de 48 heures environ. Le troisième jour, on voit mourir les animaux qui ont été inoculés par le bout périphérique de la carotide. Quant aux lapins injectés par la veine porte, ils survivent indéfiniment. Si les cultures sont très virulentes, les résultats sont un peu différents , les dilutions au 1/1000 et au 17/1200 font périr également vite, en 36 ou 38 heures, les animaux qui en reçoivent 5 gouttes, soit par les veines périphériques, soit par l'aorte; la protection que le poumon exerce sur les virus moins actifs ne s'observe plus, mais l'action du foie reste la même; les animaux inoculés par la veine porte survivent comme dans le cas précédent. J'ai essayé de déterminer quelle était la puissance de l’action protec- trice du foie. En variant les dilutions et les quantités injectées, j'ai obtenu des résultats assez précis, comme on peut s’en rendre compte SÉANCE DU 9 OCTOBRE 881 par les chiffres suivants, qui résument quelques-unes de mes expé- riences. OS D ITUTON QUANTITÉ INJECTÉE ARE des de la D RAC des d'inoculation. animaux. culture. JE Sa 15 A animaux. cm3 mm 1980 1/900 0,25 0,271 | Veines périphériques. 1990 1/1200 0,25 0,208 38 heures. 2345 1/2000 0,25 0,125 1860 1/200 0,4 2 1950 1/200 0,6 3 2075 1/500 2 & co Memetpon et 20210900 1/900 # 4,444 1965 1/500 4 8 2000 1/7 0,25 3,33 4 jours. 2120 1/25 0,25 10 53 heures. m3 Les résultats sont analogues chez les cobayes. Quatre de ces animaux ont été mis en expérience : d'eux d’entre eux ont recu dans la veine jugu- laire 5 gouttes d'une dilution charbonneuse au 1/2000 : ils sont morts en lrois jours. Les deux autres ont recu l’un 5 gouttes, l’autre 15 gouttes de la même dilution par un rameau de la veine porte : ils ont survécu. L'action du foie sur les bactéries peut être rapprochée de son action sur les poisons. Dans les deux cas, la protection est surtout efficace quand les éléments pathogènes arrivent peu à peu et par petites quan- tités ; dans les deux cas aussi, elle s'exerce d’une facon élective; il y a des poisons qui traversent librement le foie, il y en a même qui s’y exaltent. Les résultats sont analogues pour les microbes ; des expé- riences que je rapporterai bientôt m'ont permis de reconnaitre que certaines bactéries trouvent dans la glande hépatique un excellent milieu de culture. Si l’on se borne à l'étude du charbon, on voit que le rôle protecteur du foie est beaucoup plus marqué et plus puissant dans les infections que dans les intoxications. Une dose de poison, double de celle qui est mor- telle par les veines périphériques, est déjà capable de tuer quand on l'in- troduit par la veine porte. Une quantité de virus charbonneux, soivante- quatre fois supérieure à celle qui tue par les veines périphériques, est complètement annihilée par le foie. Ge chiffre, déjà considérable, est peut-être encore en dessous de la réalité; car, lorsque les animaux succombent après inoculation par la veine porte, on peut toujours se demander si tout le liquide injecté a bien traversé le foie, si une trace n’a pas passé dans le péritoine, créant un foyer d'infection locale, qui a pu causer la mort. Il est donc indispensable de multiplier les expé- riences, pour arriver à des conclusions certaines. 882 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE POUVOIR AGGÈUTINANT D'UN SÉRUM DE CHEVAL VACCINÉ CONTRE LA FIÈVRE TYPHOÏDE, par M. le D' Van DE VELDE, Assistant à l'Institut de bactériologie et de sérothérapie de Louvain. Depuis près de deux ans, nous immunisons un cheval, au moyen de cultures d’une seule variété de bacilles de la fièvre typhoïde. Le sérum de ce cheval a atteint, vis-à-vis de cette variété de bacille, un pouvoir agglutinant tellement considérable qu'il nous semble intéressant de le signaler. Après douze mois de vaccination, il déterminait déjà, au 1/20000, la précipitation caractéristique; en proportion plus faible, il était sans action. Actuellement, l’agglutination est obtenue au 1/1000000 (millionième), c’est-à-dire que 1 milligramme de sérum, ajouté à 1 litre de culture, précipite, au bout de 30 à 40 minutes, les bacilles en gru- meaux au fond du vase. Au bout d’une heure et demie à deux heures, la couche du liquide surnageant est devenue absolument limpide. Les mêmes cultures, additionnées du 4/20 de leur volume de sérum de cheval normal, ne subissent pas de modification. Nous avons ainsi, dans le sérum d’un cheval vacciné avec le bacille de la fièvre typhoïde, un réactif d’une délicatesse dépassant toutes les pré- visions. ÉTUDE BACTÉRIOLOGIQUE D'UN CAS DE RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU, par M. J. TairoLoix. Dans une précédente communication (Société de Biologie, mars 1897), nous avons signalé que, par deux fois, il nous avait été possible de mettre en évidence, par la mise en culture du sang veineux de deux rhumati- sants aigus, un bacille anaérobie dont les caractères étaient ceux d'un bacille signalé pour la première fois en 1891 et retrouvé en 1897 par M. Achalme. Depuis mars 1897, nous avons eu l’occasion d'étudier, au point de vue bactériologique, un nouveau cas de rhumatisme articulaire aigu à type viscéral. Le malade, point de départ de cette étude, est un jeune homme de 17 ans, entré le 6 août 1897 dansle service de notre maître, M. Jaccoud. Le 7 etle 17 août, au moment des paroxysmes fébriles, nous avons puisé du sang dans la veine et ponctionné les cavités pleurales. Le sang (6 cent. cubes) et le liquide pleural (40 cent. cubes) de chaque cavité sont distribués dans des tubes de bouillon et de lait (aérobies et anaé- robies). Les tubes aérobies sont demeurés stériles. Le bacille obtenu se montre tantôt isolé, tantôt en diplobacille, tan- SÉANCE DU 9 OCTOBRE 883 tôt enfin sur sérum humain en streptobacille. Volumineux sur agar, bouillon, il est plus grêle dans la sérosité de lapin. Les extrémités sont nettement coupées ; sur pomme de terre, elles sont arrondies. Il ne pré- sente qu'une légère mobilité. Dans les cultures de quelques jours, il offre à l’une de ses extrémités une dilatation ovoïde incolore; il résiste au Gram ou au Weigert. Sa culture offre des caractères tranchés : il ne pousse pas sur gélatine à la température (18-20 degrés), aérobie ou anaérobie. Il se développe mal sur pomme de terre ou sur carotte. Il pousse au contraire très bien sur agar et dans le vide. Les milieux liquides qui semblent les plus favo- rables à sa culture sont le lait additionné d'indigotate de soude et le sérum humain non solidifié (38°). Il ne cultive pas à la température ordinaire. Après trois ou quatre passages sur lait ou bouillon, ce bacille, qui végète si difficilement alors qu'il provient de l'homme et du lapin, cul- tive aérobie, conservant sa puissance pathogène. Une trace de salicylate de soude empêche sa culture. Tous les milieux deviennent très acides, dégagent une odeur non fétide d'acide butyrique ; parfois cette odeur rappelle simplement celle du milieu employé. Les cultures provenant de l’homme ou du lapin, sur lait, donnent lieu à un dégagement gazeux tel que les tubes souvent éclatent : ce phénomène, après premier pas- sage, ne se reproduit jamais. Sur les animaux, son pouvoir pathogène est le suivant: chezle cobaye inoculé dans les masses musculaires ou le tissu cellulaire sous-cutané (bouillon, lait, sérosité), il donne naissance à un œdème séro-sanguino- lent transparent d’une extrême abondance. Dans les masses musculaires, le bacille présente une sorte de capsule (l’éther la fait disparaitre). Le lapin présente des lésions qui se rapprochent de celles observées chez l'homme. Les cultures sur lait, bouillon, agar, pomme de terre, ne donnent, quelle que soit la porte d’entrée, que des résultats insigni- fiants, une réaction locale œdémateuse qui guérit. Pour obtenir les résultats suivants, nous avons dû suivre un mode expérimental ainsi intitulé : culture du bacille dans le sérum humain non solidifié (anaérobie), injection de 1 à 2 centimètres cubes au cobaye {mort en 10 à 26 heures), puis inoculation directe de la sérosité du cobaye (1 centimètre cube à 2 c. c. 1/2) au lapin. Nous avons observé, en sui- vant cette technique quelques heures après l’inoculation, une tachy- cardie très marquée constante, de l’arythmie, des arrêts du cœur, des souffles systoliques passagers, de la dyspnée qui va s’accusant jusqu’à l’asphyxie, un amaigrissement considérable. Le myocarde a toujours donné la note dominante d'emblée. La survie des lapins a été de 38 heures à 7 jours. Nous avons constaté, du côté du cœur (après inocu- lation de la sérosité du cobaye dans les vaisseaux, dans l'articulation 884 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE coxo-fémorale, dans la masse musculaire de la cuisse, dans la plèvre, dans l'épaisseur de l'oreille), chez différents animaux, l'existence d’une endocardite mitrale et tricuspide (lapin mort en 38 heures). La base des valvules est gonflée, œdémateuse, irrégulière, de couleur rougeûtre. Celte teinte va décroissant de l'insertion de l’orifice à l’attache des piliers de la valve. Après lavage minutieux, on recueille la sérosité qui dédouble la valve; cette sérosité renferme le bacille. À un degré plus élevé (lapin mort au 6° jour), cette lésion endocardique s'accompagne de la forma- tion d’un thrombus blanc (véritable polype) qui adhère intimement à la base de la valve ou à l’endocarde pariétal (cœur gauche). Le myocarde, chez les animaux morts du 5° au 7° jour, a toujours été trouvé hyper- trophié. Le péricarde offre encore des lésions plus caractéristiques : vascularisation très prononcée des deux feuillets, ecchymoses puneti- formes le long des sillons interauriculaire et interventriculaire, adhé- rence molle mais très marquée des deux feuillets de la base du cœur, fausses membranes fibrineuses légères, néo-membranes qui donnent au péricarde l'apparence du velours d’'Utrecht, de la langue de chat. Le péricarde renferme une sérosité citrine transparente ou teintée en rose. Les lésions ne restent pas cantonnées au niveau du cœur. Du côté de l'appareil respiratoire, nous avons obtenu une congestion pulmonaire bilatérale, telle que les poumons violacés, distendus, occupaient presque toute la cavité thoracique. Gette congestion s'accompagnait de pleurésie séro-fibrineuse citrine (12 à 15 centimètres). Des fausses membranes fibrineuses, épaisses, et des néo-membranes forment des cloisons qui limitent l’épanchement. Le péritoine a toujours été intact. Nous n'avons pas observé d’arthrite spontanée, mais l’inoculation de quelques gouttes de sérosité du cobaye dans l’articulation coxo-fémorale provoque une arthrite intense avec épanchement. Dans les masses mus- culaires, le bacille engendre une myosite avec déliquescence des muscles. La totalité du membre (après injection intra-articulaire coxo-fémorale et péri-articulaire) présente un œdème séro-sanguinolent, volumineux. Deux lapins (après inoculation intra-musculaire de 2 centimètres cubes de sérosité) ont eu de l'hémoglobinurie. Les autres organes nous ont paru normaux. Dans le sang et les divers foyers morbides, le bacille a toujours été présent. Chez un chien débilité, nous avons obtenu une pleurésie séro-fibri- neuse (350 grammes environ, chien, 8 kilogr.) suivie de mort le 5° jour. Le bacille n’a pas de pouvoir pyogène. La prédilection pour le cœur et ses séreuses est tout à fait remarquable. Il peut provoquer des infec- tions secondaires streptococciques. Ces constatations expérimentales sont intéressantes à rapprocher du fait clinique, puisque, avec un agent microbien provenant du malade, nous avons, sauf l’arthrite spontanée, pu reproduire la totalité des désordres pathologiques constatés cliniquement. SÉANCE DU 9 OCTOBRE 885 DE LA NATURE DES GLANDULES PARATHYROÏDIENNES, par MM. H. Crisrrant et E. FERRARI. Les rapports embryologiques, histologsiques et physiologiques qui existent entre les glandes et les glandules thyroïdiennes sont loin d’être connus. Cette question, qui paraissait résolue il y a quelques années, grâce aux intéressantes recherches de Gley, revient aujourd’hui sur le tapis complètement renouvelée. Les glandules, qui avaient été d’abord considérées comme des organes thyroïdiens embryonnaires capables d'assumer la fonction thyroïdienne lorsque le corps thyroïde venait à manquer, paraissent, d’après quelques auteurs, jouer un rôle plus important que celui qui a été attribué jusqu’à présent au corps thyroïde lui-même. Nous avons fait une série de recherches à cet égard, sur lesquelles nous nous réservons de revenir bientôt. Nous voulons seu- lement, dans cette note, exposer quelques faits qui tendent à démontrer histologiquement et embryologiquement la non-identité de nature des glandes et des glandules thyroïdiennes. L'un de nous, dans de précédentes recherches, avait démontré qu'il élait aisé d'obtenir des greffes du corps thyroïde qui, loin de s’atrophier après un temps plus ou moins long, comme cela était arrivé à d’autres expérimentateurs, continuaient, au contraire, à se développer et per- sistaient aussi longtemps que la vie naturelle de l’animal auquel elles étaient faites, et pouvaient fonctionner en remplacement du corps thyroïde extirpé. Dans d’autres expériences, la greffe, au lieu d’être faite avec un corps thyroïde d'animal adulte, était faite avec du tissu thyroïdien embryon- naire d'animaux extraits de l’utérus gravide, ou avec du corps thyroïde d'animal nouveau-né. Ce tissu thyroïdien embryonnaire (qui ne ressem- lait pas au tissu de la glandule thyroïdienne adulte), une fois greffé, continuait à se développer et finissait par prendre les caractères de tissu thyroïdien adulte. Or, nous avons essayé de greffer des glan- dules thyroïdiennes tant à des animaux thyroïdectomisés partiellement ou totalement qu'à des animaux non thyroïdectomisés. Ces greffes des glandules étaient pratiquées soit isolément, soit accompagnées de parties du corps thyroïde auxquelles elles étaient adhérentes. Ces greffes, étudiées histologiquement, nous ont montré, dans les premières études, des dégénérescences passagères analogues à celles que l’un de nous à décrites pour le corps thyroïde, et la reconstitution de l'organe se faisait assez rapidement. Cependant, le tissu de la glan- - dule gardait loujours les mêmes caractères qu'il avait précédemment, et jamais nous n'avons pu observer une évolution, un passage vers le tissu thyroïdien normal. Il est donc prouvé que les greffes de tissu thyroïdien, quel que soit le 886 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE stade de développement auquel elles soient prises, après avoir subi une dégénérescence passagère et être revenues à un état embryonnaire, se reconstituent et évoluent vers le stade de tissu thyroïdien adulte; les glandules thyroïdiennes, par contre, après avoir subi des dégénéres- cences analogues, se reconstituent aussi, mais gardent toujours leurs caractères primitifs, sans jamais aboutir à la formation de tissu thy- roïdien adulte. Les glandules thyroïdiennes ou parathyroïdiennes ne sont donc probublement pas des organes lhyroïdiens embryonnaires SUR CERTAINES PROPRIÉTÉS ÉLECTIVES DU BLEU DE MÉTHYLÈNE AGISSANT SUR LES TISSUS VIVANTS, par M. A.-H. PILLIET. La coloration des tissus à l’état vivant, malgré les beaux travaux d'Erlich, de Certes, ete. (1), n’a pas pris dans la technique histolo- gique la place que cette méthode pourtant si simple doit occuper. Je veux aujourd’hui montrer, par quelques exemples, combien il est facile d'obtenir avec elle des résultats qui exigeraient des modes de fixation et de coloration difficiles pour étudier certains détails des infusoires. | Une cuvette contenant le foin ou les herbes d’infusion étant disposée selon l’habitude, on attend que les zooglees se soient formées à la sur- face de cette infusion. Sur cette couche mème on dépose, avec précau- tion, du bleu de méthylène en poudre, pur naturellement. Il se dissout lentement, en diffusant très peu, et forme une tache colorée dans les différentes zones de laquelle on trouve les êtres vivants à tous les degrés de coloration. Quelle que soit la quantité de bleu déposée, elle est toujours réduite et décolorée en quelques jours par les infusions actives: j'avais déjà noté le même fait pour les infusoires marins (Société de Biologie, 21 avril 1894). La fuchsine pure est aussi décolorée très rapidement ; ses colorations sur le tissu vivant existent aussi, mais beaucoup plus faibles, plus fugaces, moins électives que celles des bleus de méthyle. Le vert de méthyle, même en grandes quantités, est décoloré si vite qu'on ne peut s’en servir pour les fixations durables. Pour les cils vibratiles, chez les Annelés, la Naïs par exemple, on constate qu’un grand nombre fixent le bleu d’une facon inégale: les plus longs se colorent en bleu pâle, les plus courts, petits, obtus, se colorent à peine et ressemblent plus à des pseudopodes qu'à des cils (4) Pilliet. Sur la coloration des tissus à l’état vivant par les couleurs d’aniline. Progrès médical, 5 mai 1888. æ SÉANCE DU 9 OCTOBRE 887 vibratiles vrais. Les soies des mêmes Annelés se colorent d’une façon assez intense, et cette coloration s'étend à leur trajet cutané, à leurs bulbes. On constate alors que la soie, homogène au dehors, se divise en une série de filaments en pinceaux, trois en général, et ces trois tiges profondes, engagées dans le bulbe analogue à un bulbe pileux, subissent des mouvements de bascule qui déterminent l’agitation de la soie, rigide par elle-même. Sur l'animal mort, ce sont ces faisceaux intra-bulbaires qui se décolorent le plus lentement. Le pédicule des vorticelles prend le bleu avec une intensité remar- quable, il se colore au moins autant par la méthode d'Erlich qu'un cylindre d’axe de grenouille. L'élection intensive du bleu sur les tissus n’est donc pas limitée au seul tissu nerveux. Les cils vibratiles de la cou- ronne de la vorticelle se colorent aussi, mais en bleu pâle. Le filament du pied, que l’on distingue avec une netteté parfaite dans sa gaine, res- tée incolore, se contracte, sans qu'il soit possible d’apercevoir la forma- tion de la moindre strie. À son point d'insertion extérieure, ilse termine d'une facon brusque, sans renflement apparent, mais son extrémité interne se divise aussi en tigelles comme les soies des Naïs. Ainsi on peut observer des différences très sensibles dans la façon dont les appareils moteurs des animaux inférieurs réagissent au bleu de méthylène. Ajoutons que, si la quantité de bleu n’est pas renouvelée, les organes qui en sont le plus chargés s’en débarrassent facilement ; ils prennent d’abord une teinte verte, puis verdâtre, et redeviennent com- plètement incolores. ADÉNITE ÉPITROCHLÉENNE NON SUPPURÉE PRODUITE PAR LE STAPHYLOCOQUE DORÉ, par M. DE GRANDMAISON. La pénétratios et le développement du staphylocoque doré dans nos tissus s'accompagne généralement de suppuration; la chose est telle- ment vraie qu'on désigne communément ce mierobe par le nom de staphylocoque pyogène. Cette loi générale ne s’est pas confirmée dans l'observation que je vais communiquer; en effet, le staphylocoque doré a déterminé une adénite épitrochléenne subaiguë, qui présenta des caractères non douteux d’inflammation très vive, sans cependant aboutir à la suppuration. L'adénite s'est developpée insidieusement chez une jeune femme de vingtans, ayant recu un coup sur la face interne du coude droit. Elle à mis cinq mois à évoluer et fut, en dernier lieu, opérée par M. Demoulin, qui fit l’ablation du ganglion. Au cours de l'opération, il ne s'écoula pas de pus; mais je pus 883 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE recueillir quelques gouttes de sérosité; le ganglion enflammé dut être morcelé et ses débris furent recueillis aseptiquement. Bactériologie. — La sérosité recueillie dans la pipette est de suite ense- mencée dans un tube de bouillon peptonisé; dans un autre tube du même milieu, j'ensemence un peu du tissu malade. Les deux tubes sont placés dans l’étuve à 37 degrés. Avecles débris ganglionnaires, je fais immédiatement des frottis sur lamelles, et après coloration par le violet de gentiane, j'en pratique, séance tenante, l'examen bactériologique. Enfin les tissus enlevés par M. Demoulin, plongés dans l'alcool, seront ultérieurement soumis à l'examen histologique. Les préparations extemporanées, faites avec les frottis, contiennent du staphylocoque à l’état de pureté. Sous le champ du microscope se distinguent sans peine des grappes de microcoques et quelques organismes isolés; en aucun point il n'existe de chaineltes pouvant faire penser à des streptocoques ; d’ailleurs la coloration n’est pas modifiée par le contact du liquide de Gram. Au bout de vingt-quatre heures, les tubes de bouillon ensemencés se sont troublés et contiennent des cultures pures de staphylocoque, ainsi que le prouve un nouvel examen bactériologique. Enfin avec le bouillon sont pra- tiqués des ensemencements sur gélatine etsur sérum gélatinisé incliné. Après quelques jours, les deux nouvelles cultures sont absolument caractéristiques : la gélatine, à sa surface d’inoculation, présente des colonies jaunâtres formant une pellicule dont le centre est déprimé en entonnoir, elle a subiun commen- cement de liquéfaction,; sur le sérum gélatinisé, de magnifiques colonies jaune d’or se sont également développées et ont déterminé la liquéfaction du milieu. N'ayant pas eu d'animaux à ma disposition, je n’ai pu véritier expérimenta- lement le degré de virulence de mon microbe. Une telle recherche présentait d'ailleurs un intérêt secondaire, puisque les cultures in vitro avaient fourni sur la nature du staphylocoque des renseignements suffisamment précis. Je ne devais pas tarder, au reste, à rencontrer dans l'examen histologique du yanglion une confirmation des données fournies par les cultures microbiennes. Les pièces recueillies dans l'alcool furent incluses dans la paraffine, débitées au microtome de Rocking et examinées après double coloration par le picro- carmin d'Orth et le violet de gentiane. Dans toutes les préparations que j'ai faites, j'ai retrouvé des colonies de staphylocoques ayant fixé avec intensité le violet de gentiane et tranchant sur le fond rose donné aux coupes par le picro-carmin d'Orth. Certes les colonies ne constellent pas le champ du microscope; mais dans chaque pré- paration il existe bien huit ou dix groupes microbiens. Ceux-ci sont entourés par des cellules lymphatiques intensivement colorées par le carmin, en état de multiplication active, ainsi que le prouvent les figures de karyokinèse. Quelques microbes isolés se rencontrent dans le voisinage des zooglées staphylococciques, entourées d’ailleurs par leur atmosphère gélatineuse clas- sique. Des staphylocoques isolés se voient au sein de plusieurs leucocytes; ils ne semblent pas cependant avoir été charriés par eux ; on a plutôt l'impres- sion qu'ils ont été absorbés au moment de la lutte phagocytaire. Cette SÉANCE DU 9 OCTOBRE 889 hypothèse est d'autant plus admissible que les zooglées occupent exclusive- ment les follicules lymphatiques ; aucun microbe ne s’observe ni dans le tissu cuticulaire du ganglion, n' dans le réticulum des sinus lymphatiques : les staphylocoques se sont donc cantonnés et multipliés dans les trabécules folli- culaires. C’est à ce niveau d’ailleurs que la phagocytose atteint son acmé. Telle est cette observation qui, après tous les détails que je viens de donner, permet de conclure à la certitude d'une infection ganglion- naire produite par le staphylocoque à l’état de pureté. La lenteur de l’évolution n’a pas lieu de nous surprendre, puisque les infections à staphylocoques revêtent souvent une allure traïnante et prolongée même, témoins les faits rapportés par M. Walther et M. Broca à propos de l’ostéomyélite ; mais les circonstances dans lesquelles s’est développée cette adénite épitrochléenne et l'absence de suppuration sont deux points à mettre en lumière et que nous devons chercher à éclaircir. Les adénites reconnaissent généralement comme cause originelle une infection primilivement cutanée, plaie, érosion, entraînant une lym- phangite qui retentit sur le ganglion malade. Dans notre observation, tous ces commémoratifs ont manqué; l’infection cependant peut s’ex- pliquer. Garré a montré que le staphylocoque pouvait traverser la peau saine, et les glandes cutanées constitueraient alors les voies de pénétration. Chez notre malade, le coup recu à la face interne du coude a mis la peau en état de moindre résistance et permis l’in- fection du ganglion épitrochléen d'autant plus facilement que cette glande, immédiatement sous-cutanée, séparée de la peau par aucune aponévrose, recoit le vaste réseau ilymphalique du derme. Mais pourquoi le staphylocoque n’a-t-il pas déterminé de suppura- tion? L'explication est d'autant plus difficile à donner qu’il s’agit, comme nous l'avons vu, d’un cas exceptionnel. Cependant les staphylo- coques ont vraisemblablement été puisés parmi ceux qui s’observent si communément à la surface de la peau ; ils devaient avoir une virulence très atténuée puisqu'ils n’ont déterminé aucune autre altération; on peut admettre que leur vitalité s’est exaltée seulement dans l’intérieur du follicule lymphatique, où ils ont trouvé un terrain plus propice à leur évolution ; mais, d'autre part, les phagocytes, dans la lutte ardente qu'ils ont engagée, ont dû arrêter l'extension de la staphylococcie. C'est dans ces deux faits, atténuation de la virulence et phagocytisme intense, qu'il faut chercher, eroyons-nous, le pourquoi de la non-suppuration. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 11 890 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INJECTIONS INTRA-VEINEUSES D'EAU DE MER SUBSTITUÉES AUX INJECTIONS DU SÉRUM ARTIFICIEL, par M. R. Quinrox. I. — Au cours des travaux sur l’évolution, présentés sous mon nom à l’Académie des sciences (1), et à la suite d'idées théoriques qui seront exposées ultérieurement, j'ai été conduit à supposer que le milieu intérieur des organismes élevés, c'est-à-dire le milieu liquide dans lequel trempent tous les éléments cellulaires de l'individu, devait étre un milieu marin. | Il résultait de cette hypothèse, dans le cas de son exactitude, qu'un organisme élevé (mammifère, oiseau) devait pouvoir supporter dans ses tissus l'introduction d’une quantité considérable d’eau de mer, — l’eau de mer, théoriquement milieu vital, devant rester sans effet nocif sur ces tissus, permettre, au contraire, leur vie normale. II. — Quatre séries d'expériences ont été entreprises. Elles ont porté sur le chien, et consisté, d’une facon générale, dans des injections intra- veineuses d’eau de mer, ramenée, par addition d’eau distillée, au degré de concentration moléculaire des liquides organiques. (Winter. Arch. de Phys., 1896.) Gette dilution première était indispensable, afin d'éviter dans les tissus des phénomènes mécaniques d’osmose, qui eussent mas- qué les phénomènes chimiques qu'on se proposait d'observer. L'eau de mer, captée à la Station zoologique d'Arcachon, a été mélangée, dans la proportion de 83, à 190 d’eau distillée, mélange congelant au point de congélation du sérum sanguin et du lait (Winter), 0°,55 sous zéro. Dans cette note et dans les suivantes, le terme eau de mer s’entendra invaria- blement, non pas de l’eau même captée dans l'Océan, mais de cette dilu- tion à 83 pour 190, qui, abaissant simplement le taux moléculaire du liquide marin, respecte entièrement sa composition chimique. | III. — La première série d'expériences résolue fut celle-ci : opérer sur le chien la saignée à blanc, déterminant la mort de l'animal si celui-ci est abandonné à lui-même. (Hayem; Faney, 7'hèse, Paris, 1896.) L'animal placé ainsi en dehors des limites compatibles avec la vie, donc dans les conditions les plus défavorables pour résister à toute intervention qui aurait un caractère toxique, l’injecter d’eau de mer, afin d'apprécier les qualités chimiques, toxiques ou vitales, de ce liquide. Exe. [ — 23 juin 1897; 4 h. 40. Dog mâtiné de 14 kil. 500. Tempéra- türe rectale, 39 degrés. Globules rouges, 6,700,000; globules blancs, 13,800 ; hémoglobine au chromomètre de Malassez, 17.— Saignée rapide de 694 grammes par l'artère fémorale, soit plus de 1/21 du poids du corps. Injection immé- diate par la saphène de 630 centimètres cubes d’eau de mer à 23 degrés, en 20 minutes. L'animal présente d'abord un abattement inquiétant. Fin de lin- (1) Comptes rendus, 13 avril 1896, 14 décembre 1896, 12 avril 1897. 6 à 1 nd COLE RL TN PE CPAS MN LE TT SÉANCE DU 9 OCTOBRE 891 jection, 37°,6. Globules rouges, 4,500,000; globules blancs, 3,400; hémoglo- bine, 14. Mis sur pied, l'animal marche, vient à l’appel, se promène aussitôt. — Le lendemain 24, 18 heures après la saignée, il frotte. Le 28, il présente un aspect plus vif qu'avant l'expérience. L’hémoglobine donne 16 au chromo- mètre, el le 1% juillet, 17,5, c’est-à-dire un chiffre supérieur au chiffre obtenu avant la saignée. Exp. I. — 25 juin 1897; 5 h. 30. Chien de 12 kil. 400. Température rectale, 399,2. Globules rouges, 6,800,000 : globules blancs, 14,000; hémoglobine, 19. — Saignée à blanc de 602 grammes par l'artère fémorale, en # minutes. L’écoulement tarissant, l'animal est massé pendant 5 minutes sur la fémorale. Total du sang exprimé, 610 grammes, soit 1/20 environ du poids du corps. Devant l'impossibilité d'exprimer plus de sang, l'injection commence. Le réflexe cornéen est aboli aussitôt. Injection en 11 minutes de 660 centimètres _cubes d’eau de mer, à 21 degrés. Le réflexe reparaït. Fin de l'injection, 370,9. — L'animal, détaché, présente un abattement considérable. Il s’affaisse et parvient tout au plus à se relever. La peau du cou garde le pli qu'on lui imprime. La marche est impossible. Placée sur une couverture, la bête y reste étendue sans mouvement. — Le lendemain, l’animal frotte. Globules rouges, 2,900,000 ; globules blancs, 15,400; hémoglobine, 12. Ces chiffres témoignent de l'énorme saignée pratiquée. — Le 27, l’état change. La plaie suppure; la fièvre prend : 40 degrés. Inappétence absolue. La tristesse et l'abattement deviennent extrêmes; l’état apparaît comme grave. L'intérêt expérimental s'accroît, le problème devenant celui-ci : pour lutter contre l'infection, l’orga- nisme appauvri par la saignée pourra-t-il, en présence de l’eau de mer injectée, accomplir sa leucocytose? Le 28, l’état se prolonge avec la même gravité; mais l'examen du sang donne : globules rouges, 3,020,000; globules blancs, 24,000; hémoglobine, 16. La leucocytose est donc accomplie; le rapport des globules blancs aux globules rouges, de 1 pour 484 avant la saignée, atteint ici 1 pour 125. Dans la soirée même, l'animal mange 500 grammes de viande. Le rétablisse- ment est rapide. Le 2 juillet, l'animal parait avoir repris ses forces normales. On sait que la solution de chlorure de sodium à 7 p. 1000 donne des résultats qui paraissent identiques. Une question s’imposait : cette solution ne jouirait-elle des propriétés qu'on lui connait que parce qu'elle tient en suspension le sel même constitutif de l’eau de mer, et dans ce cas l’eau de mer, s’il est exact qu’elle représente le milieu vital, n'offrirait-elle pas une supériorité physiologique sur cette première solution ? Je remercie M. Hallion, chef du laboratoire de M. François-Franck, et M. Jolly, répétiteur au laboratoire d’histologie du Collège de France, du concours qu'ils m'ont prêté dans ces premières expériences. (Travail du laboratoire de M. Francois-Franck.) Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 893 SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1897 M. le Dr E. Ontmus : À propos d'un appareil surnommé aldéhydogène. — M. le Dr ALBERT TERSON : Atrophie partielle des nerfs optiques à la suite d’une brûlure cutanée traitée par l’iodoforme. — M. le D' Arezais (de Marseille) : Les muscles scalènes du cobaye. — M. H. Trisourer : Impétigo et ecthyma ulcéreux discrets chez un enfant de dix mois. Mort subite. Présence du bacille pyocyanique au niveau des ulcérations. Infection sanguine généralisée à bacille pyocyanique. — M. Lesace : Contribution à l'étude des entérites infantiles. Séro-diagnostic. Des races de bacterium coli. — M. Wipar : Sur la séro-réaction dans les infections coli-bacillaires. Présidence de M. Dupuy. M. ze PRÉSIDENT. — La Société de Biologie est informée officiellement de la mort de Heidenhaiïn ; elle s'associe au deuil que tous les savants doivent porter. Heidenhain était un des plus éminents parmi les physio- logistes contemporains ; il a cultivé la physiologie avec bonheur, et a beaucoup contribué à lui faire faire des progrès. Le Secrétaire général adressera à la famille de l'illustre physiologiste une lettre de condo- léances. Le professeur Heidenhain était membre correspondant de la Société de Biologie. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. le D' LE Dougre adresse, à la Société, un exemplaire du discours qu'il à prononcé à Brèches, le 11 juillet 1897, à l'inauguration du monu- ment Velpeau. M. LAvERAN. — J'ai l'honneur de déposer sur le bureau les publica- tions qui suivent à l'appui de la candidature de M. Mesnil, agrégé, doc- teur ès sciences naturelles, au titre de membre titulaire de la Société de Biologie : 1° Sur le mode de résistance des vertébrés inférieurs aux invasions microbiennes artificielles. (Thèse pour le doctorat ès sciences, 1895.) 2 Sur le mécanisme de l'immunité contre la septicémie vibrionienne. (Extrait des Annales de l’Institut Pasteur, juillet 1896.) 3° Sur le genre Polydora Bosc. 4° Etudes de morphologie externe chez les Annélides. (Extrait du Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, 1896 et 1897.) 5° Sur Clymenides sulfureus Claparède. 6° Plusieurs notes publiées par M. Mesnil en collaboration avec M. Caullery, de Lyon, ou avec M. le D Marchoux. J'ai l'honneur de faire hommage à la Société d'un 7raité du paludisme que je viens de publier. J'ai remanié complètement, dans cet ouvrage, B10LOG1E. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, Tr. IV. 72 894 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mon ancien /raûté des fièvres palustres, et je crois pouvoir dire qu'il s'agit d'un livre nouveau. J’ai adopté définitivement le mot paludisme qui me parait bien préférable à tous ses synonymes. Il est à désirer que les médecins renoncent à l'habitude qu'ils ont prise de donner au palu- disme les noms les plus variés et parfois les plus singuliers ; il existe plus de quinze synonymes français du mot paludisme. Pour désigner une seule et même maladie, il ne faut évidemment employer qu'un mot. A PROPOS D'UN APPAREIL SURNOMMÉ ALDÉHYDOGÈNE, par M. le D' E. Onrmus. Les Bulletins de la Société de Biologie, du 31 juillet dernier, renfer- ment un mémoire de M. Eugène Fournier, qui présente, comme une chose nouvelle, un appareil qu’il nomme aldéhydogène et qui est sem- blable à ceux que nous avons fait construire dès 1886, par M. Collin. Dans une communication faite en octobre 1887, à l'Académie de méde- cine, nous signalions l'utilité de cet appareil pour oxyder les subs- -tances médicamenteuses, les répandre dans l'air, et les faire agir ainsi thérapeutiquement. Dans nos premières expériences, nous nous servions de lamelles de platine et surtout d’un touris en fils de platine, profitant des propriétés du platine incandescent pour oxyder l'alcool évaporé, mais nous avons reconnu bientôt que les meilleurs résultats s’obtiennent avec la masse de platine. L’an dernier, nous avons modifié la disposition des différentes parties de cette lampe; nous avons suspendu la masse de platine par une petite potence en platine, et le récipient a été rendu portatif même en voyage. Nous insistons sur ces détails parce qu'un pharmacien, qui vend un appareil avec un cône en platine métallique, s'efforce, par la disposi- tion typographique de ses réclames, de faire croire que c’est la nôtre. Il se forme, comme le dit M. Fournier dans sa notice, et comme nous l’avions déjà écrit depuis une dizaine d'années, des aldéhydes, mais aussi de l’eau en quantité plus ou moins considérable, — de l'acide car- bonique, de l'acide acétique et de l’acétol. Tous ces appareils désodorisent et désinfectent, mais ils ont l'inconvé- nient, si on en prolonge l’action, d'irriter les muqueuses et quelquefois de provoquer du mal de tête. Leur usage doit être surveillé, ce qui d’ailleurs est très facile. C'est avec notre appareil à masse de platine, et non avec des appa- reils similaires en lamelles de platine, que nous avons fait des expé- riences sur la destruction des virus tuberculeux (communication à SÉANCE DU 16 OCTOBRE 895 l’Académie des sciences, 1890), et toute une série d'essais avec des substances médicamenteuses. Les teintures, et surtout les teintures éthérées, celles d’aconit, de digitale, de belladone, etc., peuvent être avantageusement employées et sont ainsi absorbées par les voies respi- ratoires. De plus, pour les affections des bronches ou des poumons, on obtient ainsi une sorte de pansement des lésions, car les substances évaporées par la masse de platine, pénètrent mieux dans le parenchyme qu'avec n'importe quel autre procédé. ATROPHIE PARTIELLE DES NERFS OPTIQUES A LA SUITE D'UNE BRÜLURE CUTANÉE TRAITÉE PAR L'IODOFORME, par M. le D" ALBERT TersSoN, Chef de clinique ophtalmologique à l'Hôtel-Dieu de Paris. L'apparition de lésions du fond de l'œil survenant inopinément à la suite de brûlures cutanées est encore peu connue et n’est signalée ni dans les traités de pathologie externe ni dans les traités d’ophtalmologie. Il en est de même des lésions du fond de l’œil à la suite de l'usage de l'iodo- forme. Aussi croyons-nous utile de rapporter l'observation suivante La femme G.., âgée de quarante-huit ans, a été brülée largement, il y a quatre ans, aux cuisses, à l'abdomen et aux bras par l'essence d'une lampe. Elle a été immédiatement transportée dans un grand hôpital et pendant quinze jours, environ, exclusivement traitée par des pansements humides proba- blement boriqués : après ce temps, on la panse à la gaze iodoformée. Trois semaines environ après, sans signe grave d'intoxication iodoformique, un affaiblissement de la vision se déclara progressivement, mais n’arriva jamais jusqu'à l’amaurose. En huit jours, cet état atteignit son maximum et est depuis resté stationnaire malgré tous les traitements (cessation de l'iodoforme, injections de strychnine et de sérum artificiel, électrisation, régime lacté, etc.) A l’ophtalmoscope, les deux papilles optiques sont très décolorées surtout dans la région temporale. Il n'ya aucune autre lésion du fond de l’œil : l’atrophie est blanchâtre, sans bavure, ce qui indique qu'il n’y a pas eu de névrite préalable. Le champ visuel est à peine rétréci; il n’y a pas de scotome central absolu : les couleurs sont perçues, mais atténuées, et les objets sont mieux vus latérale- ment que devant l'œil. L'acuité visuelle est de 1/8 pour l'œil droit, où l’atrophie est plus manifeste, de 1/6 pour l'œil gauche. Il s’agit bien d’une atrophie ayant porté d’abord sur le faisceau maculaire, mais ayant gagné peu à peu presque joue la papille, puis étant restée stationnaire. On doit se demander si cette atrophie est due à la brülure ou à l'intoxication iodoformique. On sait en effet que les grandes brûlures, 896 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sans pansement iodoformé, peuvent entraîner des névrites optiques (Mooren) et des rétinites avec hémorragies rétiniennes (Wagenmann). L'iodoforme en pansements à pu entrainer une amblyopie curable, sans lésion du fond de l'œil (Hirschberg), une atrophie des nerfs optiques (Valude) encore plus prononcée que dans notre cas. A l’intérieur, l'iodo- forme pris en pilules a également déterminé des amblyopies toxiques (Hutchinson) avec décoloration temporale de la papille (P. Smith). C'est l’étude soignée des antécédents et des concomitants qui per- met d'attribuer les névrites optiques et les hémorragies rétiniennes à l’état toxique et infectieux du sang des brülés, tandis que les autres cas, comme celui de Valude et celui que nous rapportons aujourd’hui, sont dus à l’iodoforme. Ces cas, curables s'ils sont légers, sont au con- traire d’un pronostic sérieux, si l’atrophie est arrivée à un haut degré, et l’affaiblissement visuel reste définitif. LES MUSCLES SCALÈNES DU COBAYE, par M. le D' Arezais (de Marseille ). Les muscles scalènes du cobaye présentent quelques particularités intéressantes, qui ont provoqué parmi les auteurs des divergences d'opinion sur la signification réelle de l’un d’eux. Ils forment deux groupes : le scalène antérieur, les scalènes postérieurs. Le scalène antérieur est une longue bandelette aplatie qui s'étend au devant des apophyses transverses cervicales, sans prendre attache sur elles, depuis le tubercule de la 1"° côte jusqu’à Ia base du crâne. Son petit lubercule costal siège sur le bord interne de la côte, près du cartilage, au-dessus de l'insertion du muscle sterno-costal, qui des- cend sur le thorax au devant du grand droit de l’abdomen. Chez le cobaye, le grand droit de l’abdomen monte jusqu'à la 1° côte, et au sternum. Le scalène s'élève au devant du plexus cervico-brachial et des insertions lransversaires du long dü cou et du grand droit antérieur de la tête, dans une gaine celluleuse assez résistante, qu'il suffit d'ouvrir pour constater qu'il ne prend aucune attache sur les apophyses verté- brales. À son tiers inférieur il présente une intersection aponévrotique superficielle oblique en bas et en dedans. Vers la base du crâne, il s'infléchit en dedans et se fixe par un tendinet nacré, en dehors du grand droit antérieur, sur la partie antéro-externe de l’apophyse basilaire, tout à côté de la bulle tympa- nique. Le tendon est séparé du grand droit par du tissu cellulaire lâche, il est appliqué sur le cléido-transversaire, qui est ici un cléido-basi- laire, et qui vient s'insérer immédiatement derrière lui sur l’apophyse basilaire. On peut donner deux interprétations de ce muscle. Dans l'ouvrage APRES SÉANCE DU 16 OCTOBRE 897 de Bronn (1), on le considère comme le scalène antérieur, qui, chez le Cavia, comme dans quelques autres espèces, Dasyprocta, Globio- cephalus, Lazenorynchus, s’insère sur le Basio-occipital. D'autre part, le professeur Gilis (2), se fondant sur les insertions de ce muscle costo-basilaire, sur l'homologie des côtes et des branches anté- rieures des apophyses transverses, le rapproche du grand droit antérieur qui va de l’apophyse basilaire aux lames antérieures des apophyses transverses cervicales, et en fait un long droit antérieur de la tête. Si l’on tient compte de l'indépendance des insertions supérieures de ce muscle et du grand droit antérieur de la tête, et d'autre part de ses rapports à la région cervicale, qui sont exactement ceux du scalène antérieur, on adoptera plutôt l'opinion émise dans l'ouvrage de Bronn. J'ai déjà indiqué sa situation au devant du plexus brachial, son inser- tion sur le tubercule de la 1"° côte, il faut ajouter ses relations avec le nerf phrénique. Chez le cobaye, le nerf phrénique reste tout le long du cou, au devant du plexus brachial, sur le bord externe du sealène, et le fait peut n'être pas sans intérêt pour les physiologistes. Mais arrivé au-dessus de la 1° côte, il s’infléchit assez brusquement, passe au devant du tendon du scalène, et pénètre dans le thorax à sa partie interne, prenant tardi- vement sa place ordinaire. Le groupe scalène postérieur comprend trois petits muscles incom- plètement indépendants. Le premier, superficiel, s’insère par deux languettes tendineuses sur les tubercules antérieurs de la 4° et de la 5° vertèbre cervicale. Ils croisent les paires nerveuses correspondantes et donnent un corps charnu aplati qui descend derrière le piexus brachial, envoyant en arrière quelques fibres à l’angulaire. Il croise les deux premières côtes sans leur adhérer, s’élargit, se fixe par une languette charnue à la 3° côte, en dehors du grand droit de l'abdomen, et prend son insertion définitive sur le bord supérieur de la 4° côte. Le second muscle est placé derrière le précédent. Il naît par deux languettes charnues des tubercules postérieurs et des lames intertu- berculeuses des 6° et 7° cervicales; il est renforcé par quelques fibres venues des tendons du muscle précédent. Les languettes séparent les 1° et & paires cervicales. Il se fixe sur le bord supérieur de la 1" côte derrière le plexus brachial. On trouve enfin un faisceau musculaire s'insérant sur les tubercules postérieurs des 6° et 7° cervicales, où il se confond avec les faisceaux du scalène : il remonte le long des apophyses transverses derrière les nerfs rachidiens jusqu’à l’atlas, et se termine (1) Bronn’s Klassen und Ordnungen des Thier-Reichs. Leipzig, 1889, p. 717. (2) Gilis. Note sur un muscle costo-basilaire chez le cochon d'Inde. C. R. Soc. Biol., 1892, p. 1018. 898 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a —— a ——— par des languettes tendineuses sur son apophyse transverse et sur les tubercules postérieurs de la 2° et de la 3° cervicale. D'après les insertions de ces muscles, on peut admettre que le premier représente un scalène moyen très développé, et empiétant sur la face externe du thorax ; le second, un scalène postérieur très réduit, et le troisième un long intertransversaire postérieur du cou. Entre le scalène moyen et le scalène postérieur passe un des nerfs du grand dentelé; deux autres filets nerveux destinés au même muscle passent entre le scalène postérieur et l’angulaire. IMPÉTIGO ET ECTHYMA ULCÉREUX DISCRETS CHEZ UN ENFANT DE DIX MOIS. — MORT SUBITE. — PRÉSENCE DU BACILLE PYOCYANIQUE AU NIVEAU DES ULCÉ- RATIONS. — ÎNFECTION SANGUINE GÉNÉRALISÉE A BACILLE PYOCYANIQUE, par M. H. TRIBOULET. La généralisation de l'infection pyocyanique, au cours ou à la termi- naison de certaines infections médico-chirurgicales chez l’homme, et surtout chez l'enfant, a déjà été signalée assez fréquemment ici même, et dans diverses publications françaises et étrangères (1); il s'agissait presque toujours d’un simple fait de constatation bactériologique. La nouvelle observation que je rapporte aujourd’hui tire son intérêt de certains détails étiologiques et pathogéniques un peu spéciaux, et aussi du fait d’une complication clinique rare, sinon exceptionnelle, la mort subite. À l'hôpital Trousseau, dans le service du D' Variot, dont je faisais le remplacement de vacances, un enfant de dix mois entre, le 10 juillet, avec diarrhée et fièvre (39°,2), et avec un impétigo discret accompagné de quelques petites ulcérations ecthymateuses. En moins de huit jours de régime, la diarrhée cesse, la température tombe à la normale; l'enfant est considéré comme convalescent, sinon comme guéri, lorsque, le 5 août, il meurt subitement. Des ensemencements pratiqués — du vivant du sujet — avec le liquide suintant des ulcérations culanées, avaient fourni, avec quelques rares colonies de staphylocoque, des cultures de bacille pyocyanique, et ce même microbe, à l’état de pureté, fut retrouvé à l’autopsie, dans le sang du cœur, et dans les parenchymes (foie, rein). Sur les coupes de ces viscères, on le retrouve disséminé dans le tissu cellulaire, en particulier dans le rein. (1) Monnier, de Nantes. Congr. de Bordeaux, 1895. — Pes et Gradeniro. Zeitsch. f. Ohrenheilk., 1894, XXVI. — P. Le Noir. Soc. de Biol., 18 janvier 1896. — Williams et K. Caméron. Journ. of. pathol. and bact., II, n°#, p. 344, 1896. — Phisalix. Soc. de Biol., 27 février 1897, SÉANCE DU 16 OCTOBRE 899 Le bacille a été caractérisé par les réactions de culture usuelles : sur bouillon, sur gélose, sur sérum, sur pomme de terre, et sur carotte; par sa mobilité extrême dans les cultures examinées sur lamelles; par sa coloration facile, et par sa décoloration par la méthode de Gram; enfin par ses propriétés chromatogènes. Injecté sous la peau d’un cobaye, à la dose de six à huit gouttes de bouillon de culture récente (24 heures), ce bacille a déterminé rapide- ment la formation d'un foyer œdémateux, dur, circonserit, auquel a succédé une large ulcération, qui s'est produite rapidement (4 jours), s’est étendue en surface (pièce de 5 francs), mais peu en profondeur, et ne s’est cicatrisée que lentement (environ un mois): l’animal ayant, d’ailleurs, survécu. — Ce même bouillon, injecté à la dose de 1 centi- mètre cube dans la veine de l'oreille d’un lapin, a tué cet animal en moins de vingt heures : ce qui est un indice de la grande virulence du bacille dans le cas particulier. Des détails histologiques, sur l'étude desquels je reviendrai ultérieu- rement, me permettent d'affirmer que l'infection pyocyanique géné- ralisée, chez l'enfant que j'ai observé, a été consécutive à l'infection locale cutanée, mais est-ce à dire que cette infection soit la cause de la mort? Il est difficile de se prononcer, étant donné que l’étude clinique de l'infection pyocyanique, chez l'homme, est fort mal connue, et que notre observation ne nous a fourni aucun renseignement; la courbe thermique, en particulier, étant restée absolument muette. — D'autre part, l’enfant était atteint d’une tuberculose latente eliniquement, mais anatomiquement assez accentuée, et, si on ne peut faire intervenir cette bacillose en explication de la mort subite, il n'en reste pas moins que, chez un mêmesujet, nous sommes en présence de deux agents infectieux : bacille de Koch, et bacille pyocyanique, dont la part respective est bien difficile à déterminer. Mon argumentation s’appuiera surtout sur ce : fait que la mort subite, — relativement assez fréquente chez les enfants atteints d'eczéma ou d’impétigo, avec ou sans ulcérations, n’est d’ordi- naire expliquée par aucun détail d’aulopsie. Il en a été ainsi, en parti- culier, dans quatre faits observés à l'hôpital Trousseau par M. Variot (communication orale). — En l’absence d'autre explication satisfai- sante, j'en suis arrivé à me demander si, parfois, une infection du genre de celle que je viens de signaler ne pourrait pas intervenir, d'autant plus aisément que son évolution, comme on l’a pu voir, paraît être tout à fail insidieuse. — Voici un document d'ordre étiologique qui nous indique avec quelle facilité relative le bacille du pus bleu pourrait venir inopinément compliquer les affections cutanées (impétigo, eczéma), dans certains milieux comme l'hôpital Trousseau. — Notre collègue, M. Coyon, interne du D’ Variot, a trouvé ce germe à la surface d’une excroissance d'arbre dans le jardin de l'hôpital. Ce fait est à rapprocher des consta- tations de Charrin, qui a trouvé ce bacille sur des feuilles. — Il yaurait 900 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lieu de soumettre à l'enquête bactériologique les parquetset lesmurailles des salles de médecine. — Il est indiqué aussi de faire la recherche du bacille, de parti pris, dans les cas similaires. — En attendant, je me réserve de revenir prochainement sur ce que j'ai cru saisir du mode pathogénique de l'infection. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES ENTÉRITES INFANTILES. — SÉRO-DIAGNOSTIC, DES RACES DE BACTERIUM COLI, par M. LESAGE. On a beaucoup étudié la substance agglutinante dans le cours des infections coli-bacillaires humaines; mais les résultats obtenus par Widal et Sicard, Achard et Bensaude, van der Velde, etc., sont telle- ment disparates que l’on ne peut tirer aucune conclusion précise. Et cette variabilité des résultats à fait dire, avec juste raison, qu'il y avait probablement des races de bacterium coli. Nous avons étudié le bacte- rium coli des entérites infantiles. Voici le résumé de nos recherches : 1° Le bacterium coli provenant d’un enfant en pleine période d’acuité de la maladie est agglutiné par le sérum du même enfant (30 cas: 40 positifs, 10 négatifs). La réaction, pour ne pas être constante, est cependant très fréquente. Sur les 10 faits négatifs, 8 fois le bacterium coli était cependant virulent, 2 fois la virulence n'existait pas. 2° Dans les faits positifs, le sérum de ces 40 enfants agglutinait en plus les 39 bacterium coli des 39 autres enfants atteints de la même maladie. 3° Il se peut que, dans les cas négatifs, la réaction n’était pas encore apparue : Car si nous examinons en détail les 40 faits positifs, nous voyons que 13 fois l’agglutination manquait à un premier examen et apparaissait les jours suivants. 4° La durée de la réaction est courte, malgré la persistance de l'état digestif : car si la maladie passe à l’état chronique, l’agglutination dis- paraît après quelques jours. 5° De même, si on examine un enfant atteint d'entérite chronique, d'athrepsie, la réaction manque (24 fois sur 25). Cependant, parfois, elle pourra apparaître s’il y a une poussée intestinale, mais elle sera de très courte durée et très faible (6 fois sur 25 cas). En un mot, la réaction physique agglutinante est l'indice d’une réaction de l'organisme contre l’intoxication aiguë. Si l’intoxication persiste, l'organisme perd cette propriété de réagir et le pronostic devient grave. 6° Cette réaction agglutinante nous paraît s'adresser à l’intoxication; car si, avec une bonne toxine sécrétée par ces bacterium coli, nous SÉANCE DU 16 OCTOBRE 901 immunisons un animal (cheval), nous obtenons un sérum (a), qui leur est spécial et qui agglutine tous les 40 bacterium coli positifs, d’une part, et 93 autres bacterium coli provenant de 113 enfants atteints de la maladie. Ce sérum est purement antitoxique. Bien plus, si avec de mauvaises toxines provenant des mêmes cultures on fait des sérums, ces derniers n’ont aucune propriété agglutinante. De sorte que, à l’aide de cette réaction, on peut voir si un sérum est bon ou mauvais. 1° Cette réaction est indépendante de la réaction d’immunité, car le sérum (a) peut pendant le cours de l’immunisation de l'animal, posséder la propriété agglulinante et ne pas encore avoir acquis la propriété d’immunité. 8° Si à l’autopsie des enfants athrepsiques, chez qui La réaction a manqué durant la vie, on recherche l’agglutination dans les divers organes, on ne la trouve que dans le foie. On peut penser que la substance se produit dans cet organe et ne se répand dans le sang que si elle est en assez grande quantité. Ce serait une réaction antitoxique de la cellule hépatique. Ce qui nous confirme dans cette opinion, c’est que, chez des enfants morts en pleine acuité de la maladie et qui, quelques jours auparavant, présentaient la réaction, on ne la trouvait plus à l’autopsie que dans le foie. 9° De tous ces faits, on est autorisé à penser que tous ces bacterium coli des entérites des nourrissons appartiennent à une même race parti- culière, d'autant que le bacterium coli normal, à cet âge, n’est pas agglu- tiné par le sérum des enfants malades, que le sérum normal n’agglutine pas le bacterium coli infectieux et que le sérum normal n’agglutine pas le bacterium coli normal. | 10° Le sérum typhique n'agglutine ni le bacterium coli normal, ni le bacterium coli des entérites du nourrisson. 11° Les diverses races de bacterium coli de l'adulte (dysenterie, diarrhées diverses, etc...) ne sont pas agglutinées par le sérum des enfants malades, ni par le sérum antitoxique du cheval immunisé. 12° Il est donc important d'étudier, d'une façon méthodique, les diffé- rentes races de bacterium coli. 15° Parmi ces divers bacterium coli des entérites infantiles, qui sont agglutinés par leur sérum anti-toxique, les uns coagulent le lait, d’autres non; les uns donnent de l’indol, d’autres non; certains obéissent à la méthode d’Achard et Renaut, d’autres non, si bien que le séro-dia- gnostic nous paraît être un moyen de diagnostic de la race beaucoup plus important et plus stable que les diverses réactions chimiques, sur- tout si on lui adjoint les caractères expérimentaux que nous avons déjà relatés (7raité des maladies de l'enfance, t. IT). On peut, comme critérium d'examen, se servir du sérum anti-toxique de cheval obtenu par ces divers bacterium coli identiques. 902 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA SÉRO-RÉACTION DANS LES INFECTIONS COLI-BACILLAIRES, par M. WipaL. Les faits avancés par M. Lesage concordent avec les données générales que nous avons apportées, avec M. Nobécourt (1), sur la séro-réaction dans les infections humaines coli-bacillaires. Nous avons indiqué pour- quoi les résultats obtenus jusque-là dans le sérodiagnostie des maladies à coli-bacilles paraissent souvent disparates, Il n’en est pas de même, en effet, pour les coli-bacilles que pour le bacille typhique. Nous avons montré, par des mensurations exactes du pouvoir agglutinatif faites à diverses reprises chez le même individu, que l’action agglutinante du sérum d’un malade doit nécessairement être étudiée avec une culture d’un échantillon de coli identique à celui qui est la cause de sa maladie : car ce sérum peut ne pas impressionner ou impressionne à des degrés divers d’autres échantillons de coli plus ou moins voisins. Ces résultats cliniques étaient d'accord avec des faits expérimentaux déjà connus. La séro-réac- tion nous avait donc permis, une fois de plus, de conclure par des faits tirés de l'observation humaine, que les différents échantillons de coli- bacilles recueillis chez l’homme sain ou malade, malgré leur aspect de similitude, sont souvent distincts. Nous nous sommes demandé, en raison de ces constatations, si la séro-réaction ne permettrait pas de tirer du groupe confus des infections coliennes quelques types princi- paux fréquemment observés en clinique et nous avons indiqué tout l'intérêt de cette question au triple point de vue de la nosographie, du diagnostic et peut-être même de la sérothérapie de l’avenir. M. Lesage nous montre aujourd’hui par la séro-réaction, que les coli des entérites des nourrissons appartiennent à une même race particulière et arrive ainsi au séro-diagnostic de ces affections. Il sera intéressant de connaître et de comparer le pouvoir agglutinatif exact du sérum de chacun de ces enfants, vis-à-vis les échantillons isolés de divers petits malades atteints d’entérite. La mensuration de ce pouvoir est un guide nécessaire dans l'étude des microbes d'espèces voisines. Dans les cas graves d’entérite, la disparition de la réaction, dans les derniers temps de la vie, est un fait intéressant. Dans le même ordre d'idées, nous avons montré, avec M. Sicard, que, dans les formes toxiques de fièvre typhoïde, la réaction fléchissait souvent, mais pas toujours, peu de temps avant la mort. (1) Widal et Nobécourt. Séro-réaction dans une infection à paracolibacille. Semaine médicale, 4 août 1897. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, {, rue Cassette. 903 SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1897 M. GELLé : Des exercices acoustiques, dans le cas de surdi-mutité, chez les enfants en bas âge. — M. WeiserG : Recherche de la séro-réaction chez les anciens typhiques. — MM. Cu. Féré et Cn. Laugry : Note sur la plus grande rapidité de l'élimination du bleu de méthylène par les urines à la suite des accès chez les épileptiques. — M. Rocer : Sur le rôle protecteur du poumon contre l'infection streptococcique. — M. G.-H. LEMOIxE : Streptococques de l'érysipèle influencés par le sérum de Marmorek. — M. le D' Pauz REmzINGER : Paralysie ascendante aiguë expérimentale. — MM. F. Barzer et V. Grirron : Le streptocoque agent pathogène constant de l'impétigo et de l’ecthyma. — M.Boucuerox : Sérothérapie antistrepto- coccique dans certains rhumatismes à streptocoques. — M. J. Jozzx : Sur la pro- portion des différentes variétés de globules blancs dans le sang normal de l'homme. Présidence de M. Dupuy. DES EXERCICES ACOUSTIQUES, DANS LE CAS DE SURDI-MUTITÉ, CHEZ LES ENFANTS EN BAS AGE, par M. GELLÉ. La possibilité d’éveiller et de développer le sens de l’ouïe, chez les sourds-muets, est un fait démontré depuis Itard; et les récents travaux d'Urbantschitsch, de Vienne, ont mis en évidence la haute proportion de ceux que l’on peut ainsi modifier par les exercices méthodiques acous- tiques. L'impossibilité pour le maitre d'exercer, par les moyens qui s'adressent à l'oreille du sourd, un chiffre nombreux d'élèves, a retardé longtemps la vulgarisation de l'éducation du sens auditif, chez les sourds-muets. Aujourd'hui, avec le micro-phonographe de M. Dussaud, nous possé- dons un appareil, un parleur infatigable, maniable à volonté, répétant à satiété les sons, les voyelles, les notes, avec une force suffisante pour être entendus. C'est l'instrument par excellence des «exercices acoustiques » auxquels je soumets les sourds et les sourds-muets. Ce n’est point le moment de faire l'éloge de la méthode d'Itard, qui a fait ses preuves en France et à l'étranger; je dirai seulement que, s'adressant aux oreilles, ces exercices agissent sans que le sujet, au début du moins, s’y applique, sans qu'il soit même besoin de son aiten- BioLocie. ComprEs RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 73 904 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mm tion, sans que l'intelligence entre pour quoi que ce soit dans l'excitation des centres auditifs et dans l’audition provoquée; c’est un acte passif: et il en résulte ceci, dont l'importance n’échappera à personne: c'est qu'on peut à tout âge, dès les premières années, exercer l'oreille par ces moyens avec un bénéfice assuré, et conserver et développer sa sensi- bilité spéciale. Il y a mieux encore; car, ainsi que vous l’avez compris, je parle, guidé par les faits observés: on constate sous cette influence l'éveil d’autres foyers connexes de celui des sensations sonores, l'excitation secondaire si précieuse du centre du langage, puis, de la mémoire des sons; et l'apparition relativement prompte, chez l'enfant intelligent, des tentatives d'imitation, des gestes de bouche, des efforts pour reproduire la sensation sonore. Chez un enfant de trois ans et demi, par exemple, dès la quatrième leçon, les sons et les silences interrupteurs étaient compris ; puis le mot papa, qui prononcé d’abord d’une voix sourde et rauque, bientôt sortait large et bien timbré, après avoir été répété plusieurs jours aux oreilles avec le mordant, les nuances graduées, etc., les forte, les piano, qui exercent l'appareil auditif, l’assouplissent, et sollicitent l'attention du sourd. Depuis lors, la mère de cet enfant observe que celui-ci recherche la source des bruits, répond à distance à son nom, qu'il ne prononce pas encore; et, reproduit très bien le mot « papa » que j'ai conseillé de répéter souvent en désignant son père, pour lui apprendre la signifi- cation, l’idée attachée à ce mot; il reconnait; il reproduit; il comprend; c'est l'excitation de l’ouïe qui a tout fait. Le chemin de l'oreille et l’ex- citation acoustique seuls, conduisent à ces multiples résultats; ce sont les voies naturelles de la dynamogénie cérébrale. Vous savez que toutes les méthodes d'éducation exigent un temps prolongé; mais vous serez frappés de l’avance considérable, de cinq ans au moins, que la méthode des exercices acoustiques avec le micero-pho- nographe peut donner. C’est, on le sait, autant de gagné au point de vue de l’affaiblissement fatal de la sensibilité par l'absence de fonctionne- ment de l’audition : c’est donc très important. Je conclus : 1° que les exercices acoustiques, au moyen du micro- phonographe, rendent possible l'éducation des sourds-muets, dès leur plus tendre enfance; 2 que l'excitation des nerfs auditifs et des foyers nerveux de l’ouïe a une action supérieure à tout autre procédé d'éducation, parce qu’elle suit les voies naturelles du développement de la faculté du langage, et conduit directement à réveiiler et à faire à la fois renaitre l’audition et la parole. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 905. RECHERCHE DE LA SÉRO-RÉACTION CHEZ LES ANCIENS TYPHIQUES, par M. WEINBERG. Il nous à paru intéressant de communiquer à la Société de Biologie les résultats que nous avons obtenus en étudiant la séro-réaction chez d'anciens typhiques. En effet, on ne trouve encore qu'un petit nombre de ces observations. dans les travaux des auteurs qui se sont occupés du séro-diagnostic. M. Widal, dans ses premiers mémoires, en a publié quelques cas: depuis (1) il a réuni avec M. Sicard une quarantaine d'observations. Nous-même (1) avons déjà, à la fin de l’année dernière, fait connaître les résultats que nous à donnés le séro-diagnostie chez 17 anciens. typhiques. Depuis M. Frœnkel (3) a trouvé la séro-réaclion chez deux anciens typhiques. Au cours de cette année, nous avons observé, parmi les malades de l'hôpital de Saint-Denis, aussi bien dans le service de chirurgie que: dans les deux services de médecine, un certain nombre de sujets ayant eu la fièvre typhoïde à différentes époques de leur vie. En outre, nous. avons pu examiner au laboratoire de notre maitre, M. Le Roy des Barres, des ouvriers soignés il y a longtemps pour la fièvre typhoïde à Phôpital de Saint-Denis. Nous avons ainsi recueilli le sang de 107 anciens typhiques. Nous avons cherché si le sérum de ces sujets à encore conservé le pouvoir agglutinatif. Sur ces 108 anciens malades, dans 34 cas, la séro-réaction a été positive. Parmi ces 34 anciens typhiques, 1 a eu la fièvre typhoïde il y a 3 mois : 1,ily a 8 mois; 1, il y a 10 mois; 4, il y à 11 mois, 5, il y a 1 an; 9 ilya2ans; 1, il y à 3 ans, 2, il y a 6 ans; 2, il ya Sans; 1, ilya 10 ans ; 1, il y à 11 ans; 2, il y a 12 ans; 2, il y a 13 ans; 1, il ÿ a 14 ans; À, il y a 15 ans; 2, il y a 17 ans; 2, il y a 21 ans; 1, ily a 22 ans; 1,ilya 23 ans; 1, il y a 24 ans; 1, il y a 26 ans, 1, il y a 27 ans; 1, il y a 30 ans. Dans tous nos cas, nous n'avons trouvé l’agglutination que dans un mélange de 4 goutte de sérum avec 10 gouttes du culture en bouillon de bacilles d’'Eberth. Dans un seul cas, celui d'une jeune fille soignée il y à un an, dans le service du D' Feltz, pour une fièvre typhoïde très grave et restée depuis très anémique, nous avons trouvé l’agglutination à 1 pour 40. Nous avons cherché l’agglutination aussi bien par le procédé extem- porané que par le procédé de culture à l’étuve. Dans plusieurs cas, nous. (1) Annales de l’Institut Pasteur, 25 mai 1897, p. 395. (2) Presse médicale, 19 décembre 1896, n° 104, p. 682. {3) Deutsche medic. Wochenschr., 15 avril 1897, p. 247. 906 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— avons trouvé une légère agglutination par ce dernier procédé, alors que le procédé n'avait rien donné. Nous ne pouvons pas attribuer d'im- portance à ce dernier fait, étant donné que nous n'avons pu nous pro- curer du sang que par la piqüre du doigt. Ainsi le mélange de culture en bouillon de bacilles d'Eberth avec le sérum mis à l’étuve, a pu sou- vent se trouver souillé par d'autres microorganismes. Parmi les 34 cas où la séro-réaction a été positive, quatre appartien- nent à des sujets en pleine évolution d'accidents de syphilis secondaire. Nous nous sommes demandé si le sang d'individus nettement syphili- tiques n’agglutine pas légèrenient les bacilles typhiques. Grâce à l’obli- geance de nos amis, MM. Rebreyend et Nollet, internes à l'hôpital Ricord, nous nous sommes procuré 10 échantillons de sang pris sur des malades présentant actuellement une éruption syphilitique secon- daire. Aucun de ces échantillons de sang n'agglutine les bacilles d'Éberth, même après deux heures de mélange à 1 p. 10. Quatre autres des observations précédentes appartiennent à des malades atteints actuellement de rhumatisme articulaire aigu, de rhu- matisme blennorrhagique, de bronchite aiguë et de gastrite. Dans les antécédents de 26 autres malades, un interrogatoire des plus minutieux ne nous à relevé aucune infection récente qui aurait présenté les symptômes d'une récidive même légère de fièvre typhoïde. Dans trois de nos observations, il s'agit de sujets qui affirment avoir eu deux fois la fièvre typhoïde. Le sérum d'un seul d’entre eux, âgé actuellement de quarante-neuf ans, agglutine les bacilles d'Eberth à 4 p. 10. Ce dernier a eu une première fois la fièvre typhoïde à l’âge de sept ans et une deuxième fois pendant son service militaire, il y à vingt-sept ans. Dans un tiers de nos cas, nous avons trouvé le pouvoir agglutinatif léger et nous nous demandons s’il faut vraiment rattacher ce pouvoir agglutinatif léger à une ancienne attaque de la fièvre typhoïde, étant donné que Stern, sur 70 échantillons de sang prissur des sujets quin’ont jamais eu la fièvre typhoïde, a trouvé 20 fois l’agglutination légère. D'autre part, M. Widal vient de déclarer, au congrès de Moscou, que, sur 300 cas de sérum non typhique, il n’en a pas trouvé un seul qui agglu- tine les bacilles d’'Eberth d’une façon aussi rapide et aussi nette que le sérum typhique. Or, dans tous nos cas, la réaction à été positive, parfois légère, mais très nette au bout d’une demi-heure. En admettant même que le sang de nos 35 sujets (y compris l'obser- vation de l'individu ayant eu deux fois la fièvre typhoïde) ait conservé un léger pouvoir agglutinatif depuis l’attaque de la fièvre typhoïde, nous pouvons ajouter après avoir étudié les antécédents de nos malades, qu'il n’y a pas toujours de rapport entre la gravité de la fièvre typhoïde, la durée, ses récidives et la conservation de la propriété agglutinante du sérum. . SÉANCE DU 23 OCTOBRE 907 Ainsi, par exemple, un malade que nous avons suivi l’année dernière dans le service du D° Feltz, à l'hôpital Saint-Denis, et dont la fièvre typhoïde s’est compliquée de phlébite de deux jambes, est actuellement soigné dans le service du D" Le Roy des Barres, pour l’ostéomyélite, suite de la fièvre typhoïde. Ce malade n’a présenté le pouvoir aggluli- natif que pendant un an. Douze mois après la guérison de sa fièvre typhoïde, son sérum agglutinait encore légèrement les bacilles d'Eberth, à 1 p. 20. Actuellement, c'est-à-dire treize mois après l'infection typhique, son sérum ne donne plus d’agglutination. Sur trois malades qui ont eu deux fois la fièvre typhoïde, nous n'avons trouvé qu'une seule fois l’agglutination. Beaucoup de nos malades ayant eu une fièvre typhoïde grave et pro- longée ne conservent pas du tout la propriété agglutinative, tandis qu'une de nos malades, qui à eu une fièvre typhoïde légère il y a huit ans, agglutine encore les bacilles d’Eberth à 1 p. 10. NOTE SUR LA PLUS GRANDE RAPIDITÉ DE L'ÉLIMINATION DU BLEU DE MÉTHYLÈNE PAR LES URINES A LA SUITE DES ACCÈS CHEZ LES ÉPILEPTIQUES, par MM. Cu. FÉRÉ et CH. Laupry. Plusieurs substances introduites par la voie stomacale s’éliminent plus rapidement par l'urine chez les épileptiques à la suite des accès qu'après une période prolongée de repos. Des expériences anciennes montrent la réalité de cette différence de temps d'élimination pour l’iodure de potas- sium et pour le salicylate de soude (1); on a vu que chez quelques malades, le temps d'élimination de l’iodure était réduit de près de moitié (14 minutes au lieu de 26, 10 au lieu de 19). Cette plus grande rapidité de l'élimination à la suite des accès peut s'expliquer par une paralysie vaso-motrice succédant à la contraction énergique des vaisseaux du rein pendant les accès, contraction que M. François-Franck a pu constater directement en enregistrant les chan- gements de volume de l'organe. L’élimination plus rapide après l’accès peut être rapprochée de la polyurie post-paroxystique assez abondante quelquefois pour que M. Hallager s’en soit servi pour expliquer la perte de poids, et de l’albuminurie qui est d’ailleurs loin d’être constante. Mais un autre processus que la paralysie vaso-motrice et l'augmenta- : (1) Ch. Féré. Note sur la plus grande rapidité de l'élimination de certains médicaments par les urines à la suite des accès d’épilepsie. C. R. Soc. de Bio- logie, 1888, p. 713. Les Epilepsies et les épileptiques, 1890, p. 205. ‘908 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tion de la perméabilité rénale peut contribuer à rendre compte de la rapidité de l'élimination après l'accès. Toutes les conditions qui dimi- nuent la proportion des liquides dans le sang favorisent l’absorption- Or, le paroxysme épileptique réalise ces conditions en raison de la polyurie, de la sudation, de la salivation, etc., qui l'accompagnent. Tant que la question de la rapidité de l'absorption n'est pas élucidée, on ne peut pas considérer la rapidité relative de l'élimination par l'urine à la suite de l'accès, comme une preuve absolue d'augmentation de la perméabilité rénale. Mais la réalité de l’élimination, même en l'absence d’une interprétation qui s'impose, a son intérêt. À propos de l'élimination du bleu de méthylène sur laquelle MM. Achard et Castaigne ont appelé l'attention (1), M. Jules Voisin a cité une observation dans laquelle il semblait exister un retard impor- tant de l'élimination, à la suite d'accès d’épilepsie (2); c’est en raison de cette contradiction apparente avec les faits antérieurs que nous avons cru devoir reprendre les anciennes expériences au moyen des injections sous-cutanées de bleu de méthylène. Nous nous sommes servis d’une solution de bleu de méthylène à 1 p. 20 dont nous avons injecté 4 centimètre cube à chaque malade dans chaque expérience. Chaque malade a recu une injection soit pendant l'accès, soit pendant l'heure qui à suivi, et une autre injection au moins 24 heures après une attaque. Dans chaque expérience, les urines ont élé recueillies à partir de 1 quart d'heure après l'injection, puis de 5 minutes en 5 minutes, soit à l'aide de mictions volontaires, soit par la sonde. Nous avons tenu compte seulement de l’apparition spon- tanée de la coloration dans l'appréciation du résultat. Cependant dans les cas douteux, nous avons eu recours à l’action de la chaleur et de l'acide acétique et du chloroforme. Nous avons tenu à ne donner que le résultat brut, l'apparition spontanée de la coloration, faisant des réserves sur la valeur du bleu de méthylène dans l'appréciation de la perméabi- lité rénale en raison dela complexité de sa composition et de la formation de dérivés multiples. (1) Achard et Castaigne. Diagnostic de la perméabilité rénale. Bull. et mêm. de la Soc. méd. des hôp., 1897, p. 637. — Sur l'application du bleu de méthy- lène au diagnostic de la perméabilité rénale. Ibid., p. 331. — Sur l'élimination du bleu de méthylène. 1bid., p. 1128. — Voisin et Hauser. Remarques sur l'élimination rénale du bleu de méthylène. Gaz. hebd., 1897, p. 493. — J. Noé. Diagnostic de la ‘perméabilité rénale. La Presse médicale, 1897, p. 294 — Bériaud. Contrib. à l'étude du diagnostic de la perméabilité rénale, etc. Thèse, 1897. — Héron de Villefosse. Le bleu de méthylène en 1897. Thése, 1897. — Bourg. Essai sur le diagnostic de la perméabilité rénale, etc. Thèse, 1897. — J. Pérès. Contrib. à l’ét. de la perméabilité rénale, etc., Thèse de Toulouse, 1897. (2) Bull. et mém. de la Soc. méd. des hôp., p. 842. SÉANCE DU 23 OCTOPRE 909 1° M5 1251ans. 1er juillet. — Injection pendant Paccès, à 5 h. 15. — A 5 h. 30, colo- ration vert clair de l’urine. A partir de 5 h. 45, vert foncé (15 minutes). 20 E. 1e juillet. — Accès à 8 heures. — Injection, à 9,h:,10: —,A 90h. 40, urine vert clair. — A 11 heures, foncée (30 minutes). SONNVE ro 2 juillet. — Accès à 8 h. 45. — In- jection à 8 h. 55. — À 9h. 25, urine vert très clair, foncée seulement à 9 h. 55 (30 minutes). 0 p.., 5 juillet. — Accès à 8 h. 20. — In- jection à 9 h. 20. — À 9 h. 50, urine vert très clair (30 minutes). Dont 13 juillet. — Accès à 9 h. 10. — In- jection à 9 h. 30. — A 9 h. 50, colora- tion vert très clair avec la chaleur. — À 10 heures vert clair à froid (30 mi- nutes). 6° M... 16 juillet. — Accès à 8 h. 45. — In- jection à 9 heures. — A 9 h. 25, colo- ration vert clair, vert plus foncé par la chaleur (25 minutes). To uDee 30 juillet. — Accès à 8 heures. — Injection à 9 heures. — À 9 h. 35, urine vert clair {35 minutes). 21 septembre. — 24 heures après un accès, injection à 9 h. 17. — À 9 h. 40, rien à froid, coloration douteuse à la chaleur. — À 9 h. 45, vert très clair à froid, foncé à la chaleur (23 minutes). CE EN EUNES 17 juillet. — Injection, 3 jours après un accès, à 9 h. 20. — A 9 h. 54, urine vert clair seulement avec la chaleur et l'acide acétique. — A 10 h. 5, urine vert très clair à froid (4 minutes). .…, 24 ans. 21 septembre. — Pas d'accès depuis 4 jours. — Injection à 8 h. 45. — À 9 h. 45, urine vert très clair devenant plus foncée par la chaleur (20 mi- nutes). 30 ans. 23 juillet. — Trois jours après accès. — Injection à 8 h. 55. — Urine vert clair, à 9 h. 35 (40 minutes). 35 ans. 20 juillet. — Pas d'accès depuis le 13. — Injection à 9 h. 20. — À 10 h. 10, coloration vert clair de l'urine (50 minutes). ; 2lfans. 29 juillet. — Pas d'accès depuis le 16. — Injection à 2 h. 15. — Urine vert clair à 2 h. 45 (30 minutes). , 36 ans. 21 septembre. — Pas d'accès depuis 4 jours. — Injection à 2 DS AN 3 h. 10, urine vert très clair (35 mi- nutes). 910 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 8°. R..., 26ïans. 23 juillet. — Accès à 3 heures. — 28 juillet. — Deux jours après accès. Injection à 3 h. 23. — A 3h. 50, colo- — Injection à 9 heures. — À 9 h. 32, ration par la chaleur. — A 3 h. 55, coloration vert clair (32 minutes). OPA 19 juillet. — Accès à 9 heures. — Injection à 10 heures. — A 10 h. 20, coloration vert clair foncant par la chaleur (20 minutes). 1008 30 Juillet. — Injection pendant l'accès à 9 h. 45. —_ À 10 h. 30, urine vert clair foncant par la chaleur (25 minutes). MG 4er acüt. — A la fin d’une série d’ac- cès. Injection à 10 h. 25. — A 10 h.57, urine vert très clair (32 minutes). traces par la chaleur. — A 9 h. 36, vert clair accentué par la chaleur (36 minutes). 22 ans. 21 septembre. — Pas d'accès depuis 8 jours. — Injection à 9 h. 20. — A 9 h. 45, coloration vert clair par la chaleur seulement. — A 9 h. 50, vert clair (30 minutes). 25 ans 24 août. Pas d'accès depuis 10 jours. — Injection à 6 h. 22. — A 7 h. 2, coloration vert clair avec la chaleur seulement. — A 7 h. 12, colo- ration vert clair spontanément (40 mi- nutes). .) 22 ans. 28 septembre. — Pas d'accès depuis 1 jours. — Injection à 8 h. 50. — A 9 h. 45, urine verte (55 minutes). Chez nos malades, l'élimination du bleu de méthylène est plus rapide quand l'injection sous-cutanée a été faite pendant l’aceès ou peu de temps après, que quand elle a été faite 24 heures ou plus après un accès. Sur onze malades, deux seulement font exception : chez l’un (cas 7), l'élimination a duré le même temps dans les deux circonstances ; chez l’autre (cas 3), l'élimination a été moins rapide dans la période paroxys- tique. Ce résultat concorde en général avec celui qui a été obtenu autre- fois avec le salicylate de soude et l’iodure de potassium introduits par la voie gastrique. Il est à remarquer que la rapidité absolue de l'élimination après l'accès n'existe que chez 4 malades (1, 6, 9, 10); chez les 5 autres cette rapidité n'est que relative ; et à distance des attaques, l'élimination est un peu plus lente chez nos malades que chez les sujets normaux, chez lesquels elle oscille un peu au-dessus et un peu au-dessous de 30 minutes. Chez les épileptiques, la tendance à la sclérose n’est pas limitée à l'encéphale. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 911 SUR LE ROLE PROTECTEUR DU POUMON CONTRE L'INFECTION STREPTOCOCCIQUE, par M. Rocer. J'ai montré, dans une note précédente, que si l’on injecte uné petite quantité de culture charbonneuse par les différentes parties du système circulatoire, la survie des animaux varie considérablement suivant le vaisseau qui a servi à l’inoculation. Ces expériences m'ont conduit à mettre en évidence l’action protectrice du foie contre l'infection char- bonneuse. Des recherches analogues poursuivies, sur des lapins et des cobayes, avec le streptocoque de l’érysipèle, m'ont donné des résultats différents. Comme pour le charbon, j'ai injecté comparativement les cultures par cinq vaisseaux : l'aorte, la carotide, l'artère fémorale, la veine porte, Les veines périphériques. Les animaux inoculés par la veine porte ont géné- ralement succombé les premiers; puis, peu de temps après, on à vu mourir ceux qui avaient été inoculés par l'aorte, la carotide et la fémo- rale. Quant aux animaux injectés par les veines périphériques, ils sont morts tardivement ou, si le virus n’était pas trop actif, ils ont survécu. Ainsi, dans une de mes expériences, les lapins qui avaient recu 0 c. c. 3 par la veine porte, l'aorte, la carotide ou la fémorale, ont succombé en quarante heures : un lapin plus petit que les précédents, qui avait reçu la même quantité par les veines périphériques, a survécu; un autre, inoculé avec une dose double, n’est mort qu'au bout de quatre jours. Il est facile de comprendre que les différences sont moins nettes et parfois à peine appréciables, quand on emploie des échantillons qui ont été exaltés artificiellement et dont la moindre trace, injectée dans les veines, entraine rapidement la mort. Les résultats que j'ai obtenus démontrent que, contrairement à ce qui a lieu pour Le charbon, le foie offre au streptocoque un excellent milieu de culture et que le poumon représente l'organe protecteur contre ce microbe : il remplit un rôle analogue à celui que le foie exerce dans l'infection charbonneuse. Seulement la destruction des agents patho- gènes y est moins active : tandis que le foie est capable d’annihiler 64 doses mortelles de charbon, le poumon ne neutralise guère plus de deux doses mortelles de streptocoque. Pour être moins énergique, l’action du poumon n’est pas moins im- portante. Elle a fréquemment l’occasion de s'exercer : car lorsque les streptocoques, comme c’est généralement le cas dans la nature, pénè- trent par les lymphatiques ou par les petits vaisseaux sanguins, le pre- mier réseau capillaire qu'ils rencontrent, est celui du poumon. Il est donc bien heureux que cet organe puisse arrêter et détruire les germes infectieux. 912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE STREPTOCOQUES DE L'ÉRYSIPÈLE INFLUENCÉS PAR LE SÉRUM DE MARMOREK, par M. G.-H. LEMOINE. Médecin-major de 1re classe, professeur agrégé du Val-de-Grâce Parmi les nombreuses espèces de streptocoques décrites jusqu’à ce jour, il en est une qui semble devoir être toujours identique à elle- même, l'espèce dite streptocoque de l’érysipèle est considérée comme bien déterminée, elle sert de type de comparaison à toutes les autres espèces. D'autre part, de nombreux travaux, ceux d’Arloing et Chantre, Roger, Widal et Bezancon, Marmorek, et des recherches personnelles sont venus démontrer que ce streptocoque était éminemment variable quant à sa forme et à ses modes de culture sur les milieux observés et que les caractères différentiels des streptocoques reposant sur cette base d’ap- préciation ne pouvaient servir à établir la notion d'espèces distinctes. On était donc forcé d'admettre l'identité des diverses espèces strepto- cocciennes retirées de l'organisme humain dans des affections diffé- rentes. Depuis, Méry, utilisant l’action immunisante du sérum antistrepto- coccique de Marmorek, est venu apporter des faits expérimentaux dans lesquels cette action ne se faisait pas sentir. Il s'agissait de streptoco- ques retirés de la gorge de scarlatineux. J. Courmont, dans deux communications à cette Société, relate des expériences entreprises dans les mêmes conditions, mais en se servant de streptocoques de l’érysipèle. Cet auteur a obtenu des résultats analogues à ceux de Méry, n'étant pas parvenu à immuniser le lapin contre le streptocoque de l’érysipèle à l’aide du sérum de Marmorek ; aussi conclut-il que Le streptocoque de Marmorek retiré primitivement de la gorge, et le streptocoque de l'érysipèle doivent être considérés comme deux espèces distinctes de streptocoques. Ces conclusions semblent trop absolues, car au cours d’études pour- suivies sur le même sujet, je viens d'observer quatre faits dans lesquels les résultats des expériences se sont montrés absolument opposés à ceux obtenus par M. J. Courmont. Il s’agit de quatre cas d’érysipèle observés chez l'homme. Les trois premiers sont des érysipèles typiques de la face, le quatrième est un érysipèle chirurgical d’une gravité exceptionnelle ayant affecté la forme ambulatoire. Le streptocoque retiré des plaques érysipélateuses de chacun de ces malades a été très nettement influencé par les injections de sérum de Marmorek, comme le démontrent les expériences suivantes : 1er Cas. Led... Érysipèle de la face. — Le streptocoque isolé le 18 juin 1897 a été cultivé en bouillon-sérum ascite et inoculé à la dose de 1 centimètre cube SÉANCE DU 23 OCTOBRE 913 par kilogramme d'animal sous la peau de l'oreille de deux lapins, dont l’un avait recu sous la peau du dos 2 centimètres cubes de sérum de Marmorek par kilo immédiatement avant l'injection du bouillon de culture. Le lapin immunisé ne présenta absolument aucun trouble local ou général, tandis que le lapin témoin eut un érysipèle typique de l'oreille dont il ne fut complètement guéri que trois semaines après. 2e Cas. Bid.. Érysipèle de la face, limité au front, au nez et aux joues avec bourrelet très net. Le streptocoque isolé, le 15 juillet, au niveau du bourrelet du front à servi aux mêmes expériences que le précédent. Les résultats obtenus ont été identiques. 3e Cas. Pac. Érysipèle de la face grave ayant envahi toute la face et le cuir chevelu. Le streptocoqueisolé et inoculé comme précédemment a donné des résultats un peu différents, en ce sens que l'animal témoin est mort au bout de trois jours avec un gonflement énorme de l'oreille inoculée et présentant le streptocoque dans le sang. Le lapin immunisé a présenté un érysipèle loca- lisé à l’oreille, mais a guéri au bout d'un mois. La dose de sérum injectée avait été de 8 centimètres cubes pour un animal de 2 kil. 950 et la dose de culture de 2 centimètres cubes. Ze Cas. Ber.., 5 août 1897. Érysipèle à forme ambulatoire, ayant débuté au niveau d’une plaie du membre supérieur gauche et ayant envahi successive- ment toutes les parties du corps. Quatre lapins ont élé inoculés avec un streptocoque retiré d’une plaque érysipélateuse de la cuisse. Deux animaux ont été immunisés el deux ont servi de témoin. Les deux lapins immunisés n’ont eu qu’une petite plaque érysipélateuse au niveau du point d'inoculation, sans oreille tombante. Chaque lapin a reçu du sérum à raison de 3 centimètres cubes et 1 centimètre cube de culture par kilogramme d'animal. Des deux témoins, l’un est mort au bout de quatre jours avec du strepto- coque dans le sang, l’autre a eu un érysipèle de l'oreille avec sphacèle de l'extrémité de l'organe. Ces quatre faits démontrent donc que le sérum de Marmorek à immunisé les animaux en expérience contre une infection causée par des streptocoques provenant d’érysipèles. Les uns ont été par le fait de l'injection de sérum complètement mis à l’abri de tout accident, un autre a présenté, malgré l'injection, des phénomènes d'infection, mais celle-ci est restée absolument localisée, tandis que le témoin mourait rapide- ment d'infection générale. Ces expériences, mises en regard des résultats obtenus par M. Cour- mont, tendraient à faire supposer que le streptocoque de l’érysipèle lui- même pourrait être doué d’une virulence différente. Faut-il voir une preuve de la pluralité des espèces streptococciennes qui produisent l'érysipèle, nous ne saurions, en ce moment, admettre aucune conclusion définitive à ce sujet. 914 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PARALYSIE ASCENDANTE AIGUE EXPÉRIMENTALE. Note de M. le D' PAuL REMLINGER, présentée par M. le D' Caprran. J'ai eu l'honneur de communiquer à la Société de Biologie, à la séance du 28 mars 1895, un cas de paralysie ascendante aiguë dû au str2pto- coque. La présence de ce microbe fut décelée par les ensemencements de substance médullaire. Il fut ensuite retrouvé sur des coupes de moelle traitées par la méthode de Nissl. Un heureux hasard m'a permis récemment d'observer le syndrome de Landry chez un lapin en expé- rience. Des ensemencements ont montré, dans la moelle, la présence du microbe inoculé. C'est un nouvel argument en faveur de la nature infec- tieuse de la paralysie ascendante aiguë. Le 1er juin 1897, du colibacille était isolé des abcès multiples d’un homme atteint de septicémie. Il y était associé à un petit coccus, prenant bien les couleurs d’aniline, demeurant coloré par le Gram et donnant des cultures luxu- riantes sur tous les milieux nutritifs. Ce coccus fut inoculé par diverses voies aux animaux en usage dans les laboratoires. Il se montra peu virulent. Le lapin cependant présenta une réceptivité plus grande, et les effets de l’inocu- lation sous-cutanée rappelèrent beaucoup ceux de l’inoculation du strepto- coque. Le 10 juin, une lapine de 2,940 grammes resut, dans la veine marginale de l'oreille, 4 centimètre cube de culture fraiche en bouillon. Elle présenta pen- dant cinq jours une élévation de température de 2 degrés à 2 degrés et demi, de l’inappétence, de l’amaigrissement, puis elle se remit complètement. Un lapin mâle, pesant 2,780 grammes et inoculé de même, le 20 juin, avec un demi-centimètre cube d’une culture vieille de cinq jours, présenta tout d’abord une réaction moindre. Sa T. marqua 40 le soir et le lendemain de l’inocula- tion, puis elle redescendit à 39. L'état de l'animal paraissait de tous points excellent lorsque, le 21 juin, surpris de voir notre lapin blotti dans un coin de sa cage, devant sa nourriture intacte, nous primes sa température qui était de 40°,5. Aucun autre symptôme. T. le 22 juin au matin : 400,2. — Nous remarquons alors, pour la première fois, un peu de parésie du train postérieur. Le lapin se fait prier pour se déplacer et lorsqu'il se met en mouvement, on constate un degré notable de paresse musculaire. La palpation des muscles postérieurs paraît douloureuse. T. le soir, 40. Rien aux membres antérieurs. 23 juin. — T. 39°,6 le matin, 39°,8 le soir. Le lapin est immobile dans sa cage ; lorsqu'on le force à se déplacer, il se traîne sur ses membres antérieurs et pousse de petits cris plaintifs. La paralysie du train postérieur est complète. La palpalion est toujours douloureuse. On constate un léger degré d’atrophie musculaire. Il existe, en outre, un amaigrissement général. Le poids n’est plus à que de 2,400 grammes. L'animal ne s’alimente plus. Les membres antérieurs sont toujours indemnes. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 915 24 juin. — T. 39°,5 le matin, 39°,6 le soir. Le lapin ne peut plus se trainer. Si on le soulève par les oreilles, on constate que les membres postérieurs pen- dent inertes et que les membres antérieurs sont immobilisés dans une forte rétraction contre le thorax. En tirant sur les pattes de devant, on provoque une vive douleur et l'animal se met à crier. Le train postérieur n’est plus dou- loureux, mais l’atrophie a augmenté. Un peu de dyspnée. 25 juin. — T. 41. Le lapin est tout à fait inerte. Le soulèvement du thorax et de l'abdomen est à peine perceptible. Seules les ailes du nez battent vio- lemment. L'animal, pris par les oreilles, demeure impassible et se laisse déplacer en masse. Les membres antérieurs sont paralysés aussi complètement que les postérieurs. Mort à 9 heures du matin. L'autopsie pratiquée immédiatement révèle l'intégrité absolue des viscères abdominaux et thoraciques. Des ensemencements très copieux pratiqués avec le sang de l’oreillette droite, avec de la pulpe hépatique ou splénique sont demeurés stériles. À l'ouverture du canal rachidien, la moelle apparaît vivement injectée, particulièrement au niveau de la région lombaire. Il n’y à nulle part d'hémorragie, ni de ramollissement. Mais la substance grise et plus rosée qu’à l’état normal. La surface de la moelle ayant été braisée en différents endroits, une pipette effilée stérilisée est introduite par l’escarre et la substance médullaire est ensemencée dans des tubes de bouillon, sept ensemencements ont été ainsi pratiqués; cinq ont donné une culture pure du coccus inoculé. Deux sont demeurés stériles. Des fragments des nerfs crural et sciatique ont été prélevés également et ensemencés. Ces ensemencements n’ont donné naissance à aucune colonie. A l’autopsie d’un certain nombre de maladies de Landry, on a décelé dans la moelle la présence de microbes (faits de Baumgarten, de Curschurann, d’Eisenlohr, d'Antonni, d’Attinger et Marinesco, de Marie et Marinesco, enfin le nôtre). D'autre part, cette maladie peut être repro- duite expérimentalement (Vincent, avant nous) et dans la moelle des animaux ayant succombé à la maladie, il est possible, ainsi que nous venons de l'indiquer, de retrouver le microbe inoculé. On semble en droit dès lors d'admettre, au moins dans certains cas, la nature infectieuse de la paralysie ascendante aiguë. Il sera nécessaire désormais de ne pas se borner aux autopsies de maladie de Landry, à prélever des fragments de moelle pour un examen anatomo pathologique. La substance médul- laire devra également être ensemencée dans le but de déterminer l'espèce microbienne dont la pénétration dans la moelle a provoqué l’apparition du syndrome. 916 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE STREPTOCOQUE AGENT PATHOGÈNE CONSTANT DE L'IMPÉTIGO ET DE L'ECTHYMA, par MM. F. Bazzer et V. GRIFFON. Nous avons analysé, au point de vue bactériologique, le pus des pus- tules dans quatorze cas d'ecthyma et trente et un cas d'impétigo. Dans tous, sans exceplion, nous avons constaté la présence du streptocoque. Ce microbe a déjà été signalé dans les pustules d'impétigo par diffé- rents auleurs, et en particulier par M. Leroux (1), qui, cependant, incrimine pour l'ecthyma les staphylocoques. Récemment, MM. Thi- bierge et Bezancon (2) ont rencontré, dans cinq cas d’ecthyma sur six qu'ils ont examinés, le streptocoque en grande quantité, souvent en cultures presque pures, associé ou non à du staphylocoque ou à des saprophytes. Ces auteurs pensent que le streptocoque est la cause d’un grand nombre de variétés d'ecthyma. Les ouvrages les plus récents. n’en continuent pas moins à attribuer aux banals staphylocoques ces. deux affections, ecthyma et impétigo, qui, d’après nos recherches, reconnaissent pour agent pathogène un microorganisme identique, nettement défini, et constant, le streptocoque. Ce microorganisme est à l’état de pureté dans le pus des pustules récentes, non ouvertes, sous la forme d'un diplocoque à grains très. fins, inclus dans le protoplasma des leucocvtes ou disposés en dehors. d'eux. Parfois deux diplocoques s’accolent bout à bout, esquissant ainsi la chainette. Dans quelques cas, d’ailleurs, nous avons coloré de véri- tables chainettes dans le pus. Ces détails exigent, pour être apparents, que l’on suive constamment une technique rigoureuse. Si la pustule analysée n'est pas de formation nouvelle, si elle est erevée ou croûteuse, les saprophytes de la peau, les. divers staphylocoques entre autres, envahissent le contenu et on les. trouve alors à côté des diplocoques si spéciaux, à grains fins, que nous. avons décrits. Chaque coccus d'une grappe staphylococcienne à des. dimensions beaucoup plus grandes que eelui de l'éiément streptococ- cien ; il en résulte que celui-ci s’efface et que le staphylocoque parait, dans ce cas, occuper le premier plan. Cette difficulté de technique se retrouve, lorsqu'on tente de cultiver le pus des pustules d’ecthyma ou d'impétigo. Il faut choisir des élé— ments récents, ou bien ensemencer dans le bouillon la croûte tout entière, si l'on ne trouve plus de pustules jeunes. Le bouillon parait (1) G. Leroux. De l’impétigo des enfants. Journ. de clin. et de thérap. infant., 1894, p. 147. (2) Thibierge et Bezançon. Soc. de Biologie, 11 juillet 1896. SÉANCE DU 23 OCTOBRE 917 être le milieu de choix pour cette analyse. Au bout de vingt heures, on voit déjà des grumeaux en suspension dans le milieu de culture, accolés aux parois ou réunis au fond du tube. Queiques heures plus tard, surtout si c’est une croûte que l’on a cultivée, le bouillon com- mence à se troubler : c’est le staphylocoque qui apparaît, plus tardif en ce milieu que le streptocoque. Les grumeaux sont constitués au micros- cope par de très longues et flexueuses chaînettes de streptocoque. Sur gélose, il est plus difficile d'obtenir ce microbe à l’état de pureté; quelques grosses colonies de staphylocoques, blancs ou dorés, poussent le plus souvent, prenant à la surface de ce milieu solide un plus rapide développement que le streptocoque, lequel d’ailleurs se reconnaît quand même le long des stries d’ensemencement, dans l'intervalle des grandes colonies staphylococciennes surajoutées. En utilisant, comme milieu de culture, le mélange de bouillon et de sérum humain, qui conserve au streptocoque son degré de virulence (Marmorek), nous avons pu nous convaincre que le streptocoque isolé chez nos ecthymateux et impéligineux, est réellement pathogène. Expé- rimentalement, nous avons pu déterminer chez le lapin des abcès sous-cutanés, des érysipèles de l'oreille et même des septicémies mortelles. Nous avons, d'autre part, isolé le streptocoque dans diverses compli- cations de l’ecthyma et de l’impétigo (stomatite diphtéroïde, tour- niole, ete.); et, dans un cas réalisant, chez une de nos malades, une véritable expérience humaine, une trainée de lymphangite reliait une pustule du dos de la main à un abcès sous-cutané de la face postérieure du coude ; le streptocoque décelé dans le pus de la pustule ne s’y trou- vait pas en simple saprophyte ; c'était un microorganisme véritablement pathogène, puisqu'il était présent à l'état de pureté dans le pus de cet abcès lymphangitique du coude. SÉROTHÉRAPIE ANTISTREPTOCOCCIQUE DANS CERTAINS RHUMATISMES A STREPTOCOQUES (1) (2° note), par M. BOUCHERON. La théorie microbienne de nombreux rhumatismes s’est enrichie récemment, par les importants travaux d'Achalme, confirmés par Thi- roloix, dont la dernière étude est particulièrement intéressante. Ces (1) Boucheron. Sérothérapie antistreplococcique dans la dacryocystite purulente rebelle à streptocoques, et dans les streptococcies oculaires (Société de Biologie, 1896). — Sérum antistreptococcique préventivement à 918 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tableaux établissent les rapports microbiens qui existent, entre certains rhumatismes articulaires aigus et certains rhumatismes subaigus ou chroniques. Le bacille anaérobie d'Achalme, trouvé dans certains rhumatismes aigus, s'associe très vite avec nos parasites microbiens habituels, les streptocoques, staphylocoques, pneumocoques, ete., dont la virulence s'exalte. Bientôt le bacille d’Achalme tend à disparaitre, et il reste surtout de la streptococcie, de la staphylococcie, etc., plus ou moins combinées. (C'est là un fait général qui se trouve souvent, dans l'in- fluenza, la diphtérie, la tuberculose, la fièvre jaune, les dysenteries, la variole, la scarlatine, etc., etc.) Dans les rhumatismes subaigus, ou chroniques, on avait trouvé depuis longtemps des staphylocoques, des streptocoques, etc., soit dans les liquides, soit surtout dans les replis synoviens. De sorte que la streptococcie, la staphylococcie, elc., constituent un élément fort important, de nombre de rhumatismes, soul par leurs toxines, soit par les microbes eux-mêmes, en dehors des microbes spéciaux décou- verts ou à découvrir. Pratiquement, il est logique de recourir à la sérothérapie antistrepto- coccique et antistaphylococcique, en attendant l’apparition des sérums spéciaux à découvrir. Je n'ai pu expérimenter encore que le sérum antistreptococcique de Marmorek (faute d’avoir eu à ma disposition du sérum antistaphylo- coccique, qui à été employé d'autre part.) La comparaison des deux sérums et leur association seront fort utiles. Dose. — Après expérience, la dose minima à paru préférable aux doses élevées (qui sont de mise dans les affections suraiguës). La durée de la cure est un peu plus longue, mais les réactions locales sont peu sérieuses avec les doses faibles. Débuter par un demi-centimètre cube de sérum Marmorek, en injec- tion hypodermique, tous les deux jours, ou chaque Jour. — Après six injections, employer 1 centimètre cube, de deux en deux Jours, ou plus souvent, en cas d'indication plus pressante. — Ultérieurement employer 2 ou 3 centimètres cubes, si les réactions locales sont l'opération de la cataracte, chez les diabétiques (Société de Biologie, 1896). — Sérothérapie antistreptococcique dans les rhinites chroniques à streptocoques (Société d'Otologie et de Laryngologie dz Paris. — Archives internalionaies de Laryngologie, 1896). — Sérothérapie antistreptococcique dans la sinusite maxillaire et dans le phlegmon aigu à streptocoques du sac lacrymal (Société de Biologie, 217 février 1897). — Sérothérapie dans certains rhumatismes à streptocoques, et dans certaines iritis rhumatlismales (Société de Biologie, 3 avril 1897. — Sérothérapie dans le phlegmon du sac lacrymal (Socitté d'Ophtalmologie de Paris, 6 (juillet 1897). Po: PR RE EEE, CN L SÉANCE DU 23 OCTOBRE 919 x très légères. — Dose tolale 10-15 à 20 centimètres cubes, rarement 30 centimètres cubes. En général, après une dizaine d'injections, le sujet est vacciné contre la réaction locale, qui devient alors souvent presque nulle. — Le sérum antistreptococcique, ainsi employé, agit non seulement comme spécifique contre les streptocoques (sensibles à ce sérum), mais aussi comme sérum indifférent. Il détermine, à faibles doses, un stimulus du système nerveux (avec les fortes doses, il épuise parfois et déprime). Il produit aussi un effet tonique remarquable, supérieur peut-être aux toniques usuels, qui se fait sentir surtout du côté des facultés intellectuelles, et du côté des muscles; probablement sur toute l’économie. Les effets thérapeutiques se manifestent après la quatrième ou la sixième injection, quelquefois avant. — Dans la statistique actuelle, encore faible et dance seulement à titre d'indication (50 cas, sur Lecce les trois quarts ont obtenu de bons résultats), la proportion des bons résultats a paru trop forte, par rapport aux notions acquises, sur la fréquence relative des strepto- coccies et des staphylococcies. Ges dernières avaient paru d’abord plus fréquentes. Mais les recherches récentes, celles d’'Achalme et de Thiro- loix, ont remis au premier rang la streptococcie. Thiroloix n'a même observé que la streptococcie, dans ses expériences récentes de rhuma- tisme expérimental. Mais ce sont là des résultats préliminaires. Les cas traités par la sérothérapie antistreplococcique sont des ambu- lants, porteurs de rhumatismes subaigus, ou chroniques, sans grosses lésions, mais, pour la plupart, anciens, rebelles et souvent récidivés. IL y eut aussi plusieurs cas d’irilis rhumatismales, des rhumatismes oculaires et auriculaires. Les prescriptions habituelles de l'hygiène, sur l'aération, l’alimen- tation, les boissons, l'exercice physique, et la cessation du surmenage intellectuel, sensuel et musculaire, etc., sont naturellement toujours à suivre. SUR LA PROPORTION DES DIFFÉRENTES VARIÉTÉS DE GLOBULES BLANCS DANS LE SANG NORMAL DE L'HOMME, par M. J. Jozy. On sait qu'il existe, dans le sang des vertébrés supérieurs, et de l’homme en particulier, différents types de globules blancs. Quelle que soit l'hypothèse que l’on fasse sur la valeur morphologique de ces types, leur distinction estcependant intéressante, et l’on sait, par exemple, que l'augmentation du nombre relatif des globules à noyau polymorphe dans le sang est un fail presque constant dans beaucoup de maladies BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. T4 920 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fébriles. Je me suis proposé de rechercher s'il existait, dans le sang normal de l’homme, un chiffre constant exprimant la proportion des différentes variétés de leucocytes, et dans quelle mesure ce chiffre pouvait varier d’un individu à l’autre, et d'un jour à l’autre chez le même individu, dans les mêmes conditions. 1° J'ai examiné à ce point de vue, en dehors des périodes digestives, mais non à jeun, 14 hommes et 11 femmes, sujels sains, de vingt à quarante-cinq ans (1); PETITS GRANDS INTER- TOTAL ) POLY. : mono. mono. MÉDIAIRES. dés H1an0- Fos Hommes, de 22 à 28 ans. — Moyennes des 14 observ. au 391 2,2 31,4 61,7 0,9 Maxima et minima . . . . 0-6,3 24,6-40,6 1-3,6 27-46,2 51-72,6 0-3,3 Maxima et minima, chez un même sujet examiné plu- sieurs jours de suite. . . 0-6,3 26,6-32 23-26 27,9-35 64%,5-70,6 0,3-2,6 Femmes de 20 à 45 ans. — Moyennes des 11 observ. pro SD 197 39,7 58,4 1,9 Maxima et minima . . . . 1-4,6 22,3-%4.3 0,3-2,6 29,9-46,7 51-69,6 0-4 Maxima et minima, chez un même sujet examiné plu- sieurs jours de suite. . . 0,3-4,6 29,6-40,1 1,6-2,5 32,2-42 56-65,7 0-1,7 Moyennes des 25 observ. (hommes et femmes) . . 20 34,4 129 28,5 60 1,4 Vieillards(h.) de 70 à 75 ans. — Moyennes des 5 observ. 4,1 21,6 2 21,1 70,5 1,6 Maxima et minima . . .. 3-1 14,3-33,6 1-2,6 19,9-39,2 60,6-19,3 0-3,5 Nouveau-nés (f. et g.), de 1 à 10 jours. — Moyennes des 6 observations. . . . 11,7 49,9 2,8 56,1 40,7 De Maxima et minima . . . . 6,5-17 27,2-53,5 1-4,5 34,17-173 26-64 1-4 90 J'ai examiné à Bicêtre, dans le service de mon maître, M. le D' Marie, 5 vieillards du sexe masculin, en parfaite santé, de soixante- dix à soixante-quinze ans, dont l’entrée à l’hospice n'avait été motivée par aucune infirmité susceptible de porter atteinte à leur santé générale ; 3° J'ai examiné à la Maternité, dans le service de mon maître, M. le D' Budin, 6 nouveau-nés, 3 garçons et 3 filles, de 1 à 10 jours, de 2,690 à 4,300 grammes, nés à terme, exempts de toute tare héréditaire ou acquise, allaités par la mère, l’état de la mère étant parfait. Le tableau suivant indique les moyennes des numérations et les chiffre maxima et minima en pour cent. Les leucocytes sont divisés en petits mononucléaires (mononucléaires d’un diamètre égal ou (1) Je me suis servi, pour les numérations, de la technique que j'ai indiquée dans un travail antérieur, Archives de médecine expérimentale, 1896, p. 510, SÉANCE DU 23 OCTOBRE 921 inférieur à celui des globules rouges), grands mononucléaires (moyens et grands), formes intermédiaires (grands mononucléaires à noyau pâle légèrement incurvé), leucocytes à noyau polymorphe, éosi- nophiles. On voit que les écarts ne sont pas très considérables, et qu'ils sont moins grands d'un jour à l’autre chez le même individu que d’un sujet à l’autre. Le chiffre de 60 p. 100 leucocytes à noyau polymorphe dans le sang de l’homme adulte, diffère sensiblement de ceux de 75 p. 100 (Ehrlich, Einhorn, Metchnikoff), de 70 p. 100 (Hayem, Ricder), de 70-80 p. 100 (Ouskoff), de 75-90 p. 100 (Kanthack et Hardy), et il se rapproche davantage de celui de Stiénon (60-70 p. 100). On remarquera encore le petit nombre des petits mononucléaires et des formes inter- médiaires. Chez les vieillards, la proportion des leucocytes à noyau polymorphe semble, d’après nos observations, un peu plus forte, fait déjà indiqué par Solovieïf. Chez les nouveau-nés, c’est le contraire, et ici, contraire- ment à ce quon voit chez l’adulte, le nombre des globules à noyau polymorphe est plus grand que celui des mononucléaires, fait déjà indiqué par Hayem, Voïno-Oranski, Goundobine et Rieder. En résumé, il existe chez l'homme, au point de vue de la proportion des différentes variétés de globules blancs du sang, non un chiffre normal, mais des chiffres d’une certaine constance. On peut indiquer comme proportion moyenne pouvant servir de base chez l'adulte 38 mononucléaires, 60 globules à noyau polymorphe, 2 éosinophiles. Chez le vieillard, la proportion des globules à noyau polymorphe semble un peu supérieure; chez le nouveau-né elle est beaucoup moins élevée, et il existe une prédominance remarquable des formes mononucléaires. (Travail du laboratoire d’Histologie du Collège de France.) Le Gérant : G. Masson. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette, ST E " À { 923 SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1897 MM. SaBrazÈs et CABANNES : Physiologie pathologique de l'accès d’hémoglobinurie paroxystique « a frigore ». — M. A. LAverRAN : Sur une coccidie du Goujon. — MM. LaGuesse et Bué : Présentation d'un embryon humain dérodyme. — MM. La- GUESSE et GasseLIN : Rasoir pour coupes à la parafine, nouveau modèle, — MM. Aucré et3.Hosgs : Action de la tuberculose morte injectée dans la cavité périto- néale des Grenouilles. — M. le Dr Trougssarr : Sur l’acarien du cirage et sur celui du vin. — M. G. Loisez : Contribution à la physiologie et à l'histologie des Éponges. — M. R. Quinron : Hypothèse de l'eau de mer, milieu vital des orga- nismes élevés, — MM. A. Gizsert et L. Fournier : Lithiase biliaise expérimentale. Présidence de M. Bouchard. PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE DE L’ACCÈS D'HÉMOGLOBINURIE PAROXYSTIQUE « A FRIGORE », par MM. SaBrazÈs et CABANNES (de Bordeaux). (Communication faite dans la séance précédente.) Nous avons observé, gràce à l’obligeance de M. le professeur Picot, un malade âgé de 49 ans, qui réalise le tableau de l’hémoglobinurie paroxystique a frigore ; dans ses antécédents on relève l’impaludisme, l'alcoolisme, la tuberculose, la syphilis. La quantité des urines diminue un peu pendant l'accès. Soumises à la centrifugation, elles laissent déposer une substance brun jaunûtre, gra- nuleuse, de très longs cylindres hyalins sinueux et surtout des cylin- dres granuleux; les granulations incluses et libres sont constituées par de l’hématoïdine amorphe. Il n’y à pas un seul globule sanguin. Le liquide qui surnage est de couleur vin de Malaga; il contient de l’albu- mine, on y trouve les bandes caractéristiques de l’oxyhémoglobine et le spectre de l’urobiline qui persiste quelques heures après l'accès. Nous avons injecté, dans la veine auriculaire de deux lapins, 10 centi- mètres cubes d'urine hémoglobinurique filtrée au papier ; les animaux étaient sacrifiés par section du bulbe. Leur urine, de teinte jus de réglisse dilué, était immédiatement centrifugée. Le dépôt montre des cylindres granuleux, jaunâtres, bourrés d’hématoïdine amorphe, longs de 40 à 60 y, larges de 28 à 35 u, des granulations hématoïdiques libres. Le liquide surnageant est albumineux; il a une couleur madère foncé; BioLociEe. COMPTES RENDUS. — 10€ 8ÉRIE, 7. IV, 15 924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE on y trouve les deux bandes de l’oxyhémoglobine. L'urine normale injectée ne produit pas d'hémoglobinurie. En dehors de l’état de crise, l’urine du malade ne contient pas d'hé- moglobine : Q. (dans les 24 heures) : 2 litres. Ex. micr. : pas de globules san- guins, pas de cylindres. Ex. spectr. : pas d'hémoglobine ni d’urobiline. Urée NS MOD ar dire MAP Nos pates EME Dé RbonelNERe Acide urique "1710720 — SULÉATES RAMMAESS ASE) — Corps AeNOMe OM AMD Un TN CEE ET) — CGhlorurese PERS A0 — SUCER RUN AN EEE) — Le sang a été examiné en dehors de l'accès, immédiatement avant et au cours de l'accès. Le 22 octobre 1896, en dehors de tout accès : GL rouges par millimètre cube . . . . . 2.700.000 (dont 31.000 crénelés). GlbIANCs EURE LRO Vie 1.000 Hémoglobine Cour. Einrem. M 00 mule MOE Hémoglobine contenue dans un globule . 38pu551 (1) Le 23 octobre, au début d'un accès : G1. rouges par millimètre cube. NN 070 800 (dont 186.000 crénelés). GlAbianes ne EU 12.400 Hémoglobine par in ce, . . . 0 milligr. 0549 Hémoglobine contenue dans un globule . 21 us 99 Le sang est réexaminé, au cours d’un accès, le 17 février 1897. Hyperleucocytose ; abondance de granulations polymorphes analogues à des débris globulaires. Sur des préparations fixées et colorées par l’éosine et le bleu de méthylène, pas de plasmodies de Laveran; les granulations irrégulières sont colorées en rose pâle. Le sang, recueilli par ponction veineuse, n’a pas cultivé. À celte date, l'étude de la résistance globulaire a été faite par la méthode bien connue de M. Malassez. D'une facon générale, les héma- ties crénelées, décolorées, déformées sont plus nombreuses dans le sang au moment de l’accès, et cela dès la première numération. La marche de l’hématolyse est la suivante : En dehors de l'accès : Pendant l'accès : Globules rouges par mm. c. : Globules rouges par mm. c. : 2.700.000 au moment de la récolte du sang. 2.495.500 au moment de la récolte du sang. 2.498.910 6 h. après nn — 1.946.800 6 h. après — = 4,116.000 12 h. après — — 31.000 12 h. après — 323.330 20 h. après — — 0 24 h. après — = 15.000 48 h. après —— — Pendant l'accès, le sang puisé dans une veine est immédiatement (4) Le signe uug représente le millionième de millionième de gramme, sui- vant la notation de Malassez. SÉANCE DU 30 OCTOBRE 995 centrifugé ; le plasma qui surnage est plus coloré par l’hémoglobine que le plasma séparé du sang en dehors de tout accès. En résumé, la perte en hémoglobine, au début de l'accès, l'emporte considérablement sur la perte en globules; l’'hémoglobine correspon- dant à l’hématolyse est à l’hémoglobine échappée des globules dans an rapport de 4 à 4. L'hémoglobinhémie et l’hématolyse précèdent l’'hémoglobinurie avec émission d’hématoïdine amorphe, libre ou sous forme de cylinäres granuleux : l'examen comparatif du plasma centri- fugé, en dehors et pendant les crises, la présence dans le sang circulant de débris hémaliques en grande abondance, la diminution de la résis- tance globulaire, l’hémoglobinurie expérimentale réalisée chez le lapin par injection intra-veineuse d'urine tenant de l’hémoglobine en solu- tion, sont autant de faits qui nous permettent de dire, à l'encontre de certains auteurs, que le premier acte morbide se passe dans la cireula- tion générale. Le rein élimine, par l'intermédiaire de l’épithélium des tubes con- tournés, l’hémoglobine en solution et les débris hématiques en sus- pension dans le plasma, comme il élimine les substances colorantes dans l'expérience de Heidenhain ; il joue un rôle d’émonctoire. SUR UNE COCCIDIE DU GOUJON, par M. A. LAVERAN, Membre de l’Académie de médecine. Au mois d'août dernier, pendant un séjour que j'ai fait en Lorraine, j'ai trouvé, dans la rate et dans les reins de plusieurs goujons (Gobio fluviatilis), une coccidie qui, je crois, n’a pas encore été décrite et qui présente quelques particularités intéressantes. J'ai relrouvé cette coc- cidie chez bon nombre de goujons achetés à Paris, et j'ai constaté qu'on pouvait la rencontrer, non seulement dans les reins et dans larate où je l'avais d’abord observée, mais aussi dans l'intestin et dans le foie. Sur 40 goujons examinés, 12 présentaient des coccidies, dans la rate (3 fois), dans la rate et les reins (2 fois), dans la rate et le foie (1 fois), dans les reins (1 fois), dans le foie, les reins et l'intestin (1 fois), dans les reins et l'intestin ( fois), dans l'intestin seul (3 fois). Je dois ajouter que l'intestin n’a pas été examiné dans tous les cas: si cet examen avait toujours été fait, le nombre des goujons infectés aurait été très probablement plus grand. Tous les goujons atteints de coccidiose avaient en même temps des myxosporidies dans la rate et dans les reins; c’est là un fait intéres- sant, comme on le verra plus loin, au point de vue de ‘interprétation des altérations de la rate chez les goujons infectés de coccidies. 926 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les myxosporidies sont presque constantes chez les goujons, je les ai notées 36 fois sur 40; il s'agissait du Myxobolus oviformis, bien caracté- risé par des spores en forme d'œuf, avec deux grandes capsules polaires et une vacuole colorable par l’iode (1). Chez les goujons que j'ai examinés, les coccidies se présentaient pres- que toujours à l’état enkysté, les kystes sporifères et les spores isolées se trouvaient, souvent en très grand nombre, dans la rate, dans le foie, dans les reins ou dans l'intestin. Les formes jeunes étaient rares, je ne les ai observées que deux fois, dans l'intestin. Le contenu granuleux de la coccidie enkystée se segmente en deux d'abord, puis en quatre, et chacun des segments donne naissance à une spore. Les kystes sporifères sont sphériques, ils mesurent de 20 à 25 n de diamètre et contiennent chacun 4 spores. Il n’y a pas de corpuscule de reliquat dans les kystes. La membrane kystique est très mince. Les spores, qui ont la forme d'un ovale régulier, mesurent 15 & de long sur 6 à 7 y de large. Leur arrangement dans les kystes n’est pas régulier. On ne voit pas à la surface des spores de ligne de suture saillante. On distingue, dans les spores, des grains arrondis, réfringents, en nombre variable ; il ny a pas de capsules polaires. Lorsque les spores sont arrivées à leur développement complet, elles contiennent chacune deux corps falciformes ou sporozoïtes, avec un corpuscule de reliquat et elles se divisent longitudinalement en deux parties. Chacun des sporozoïtes présente un noyau arrondi. Je n'ai pas réussi à colorer les spores; j'ai employé sans succès l’éosine et le bleu de méthylène, la thionine phéniquée, le violet de gentiane, l'hématéine. L'eau iodée colore en jaune pâle les sporozoïtes. Dans la rate les coccidies, les kystes sporifères et les spores sont d'ordinaire groupés dans de grands éléments, de forme et de dimensions variables, identiques aux myxosporidies sans spores que l’on trouve presque toujours dans la rate des goujons. L'ectoplasma est peu différencié, comme il arrive pour les myxospo- ridies des tissus, mais l'endoplasma contient des granulations de diffé- rentes sortes et des corps jaunâtres très caractéristiques, bien que leur nalure soit encore inconnue ; ces corps donnent aux myxosporidies du goujon une teinte jaunâtre qui tranche sur la coloration de la rate et du rein et qui permet de reconnaître ces productions parasitaires, alors même qu'elles ne renferment pas de spores avec capsules polaires. Les corps jaunâtres ne font défaut que dans les myxosporidies très jeunes. Tantôt les myxosporidies de la rate ne contiennent qu'une ou deux (1) J'ai trouvé aussi dans les reins d’un goujon une Henneguya très voisine de Henneguya media, de l'épinoche. SÉANCE DU 930 OCTOBRE 997 coccidies, tantôt elles sont bourrées de kystes sporifères et il serait alors impossible de reconnaître la véritable nature de ces productions parasitaires, s'il n'y avait pas une série de formes intermédiaires. Certaines myxosporidies contiennent des coccidies à différentes phases de leur évolution, d’autres ne contiennent que des kystes sporifères et des spores isolées. Je n'ai jamais trouvé de spores avec capsules polaires dans les myxosporidies qui renfermaient des coccidies; mais les myxospo- ridies sans spores sont très communes dans la rate et, d'autre part, on concoit que ces parasites deviennent stériles quand ils sont envahis par les coccidies. Pour expliquer la production des lésions de la rate que je viens de décrire, on peut admettre, ou bien que les coccidies jeunes pénètrent dans les myxosporidies (il est très probable que l'infection par les coccidies et l'infection par les myxosporidies se font par la voie intes- tinale), ou bien que les myxosporidies englobent les coccidies; cette deuxième hypothèse semble plus probable à M. Metchnikoff, qui a bien voulu examiner mes préparations. Quoi qu'il en soit, il me parait probable que les myxosporidies trans- portent les coccidies dans la rate, ce qui explique cette localisation qui, commune pour les myxosporidies, est très rare pour les coceidies (4). Les coccidies continuent à se développer dans les myxosporidies; elles les remplissent, les distendent et forment parfois des amas assez volumineux pour donner lieu à de pelites taches blanchâtres, visibles à l'œil nu. On trouve souvent dans la rale ou dans le foie des kystes fibreux qui renferment des coccidies en voie de dégénérescence; il s’agit évidem- ment d’un processus de guérison. J'ai recherché vainement dans les auteurs des faits analogues à ceux que je viens de signaler; Thélohan a vu cependant, dans le foie d’un Labre, des altérations qui se rapprochaient de celles que j’ai observées dans la rate du goujon; les coccidies étaient contenues dans des pro- ductions renfermant des granulations jaunes; Thélohan ne se prononce pas sur la nature de ces productions (2). J'ai dédié la coccidie décrite dans cette note à mon ami M. Metchnikoff, qui m'a aidé à interpréter les altérations que j'avais constatées dans la rate, et comme il s’agit d’une espèce du genre Coccidium, je lui ai donné le nom de Coccidium Metchnikovi, (1) Thélohan à observé une coccidie (Coccidium minutum) dans le foie, la rate et les reins de la tanche; il n'existe pas, je crois, d'autre exemple d'infec- tion de la rate par des coccidies chez les poissons. (2) Thélohan. Arch. de zoologie expérim., 1894, p. 567. Voir la figure 21 de la planche XXII. 928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PRÉSENTATION D'UN EMBRYON HUMAIN DÉRODYME, par MM. LAGuEsse et Bué. Nous présentons à la Société de Biologie les photographies d'un monstre humain dérodyme, recueilli par l’un de nous à la clinique obstétricale du professeur Gaulard. Ce monstre nous à paru particuliè- rement intéressant à cause de son jeune âge. D’après ses caractères, en effet, il parait arrêté dans son développement à la sixième ou septième semaine de la gestation, et il ne mesure pas plus de 19 millimètres de longueur. Il est donc grossi un peu plus de trois fois sur les vues anté- rieure et postérieure que vous pouvez examiner. Nous croyons que c’est le plus jeune monstre double humain étudié avec quelque détail. Bien qu'il soit un peu déformé par une éventration, on voit nettement que la portion inférieure du corps est simple; elle est flanquée des bourgeons de deux membres abdominaux seulement. Sur un thorax élargi, pourvu également de deux membres antérieurs, on trouve deux cous et deux têtes divergentes égales. L'’embryon a été coupé en série, et nous avons pu ainsi reconstituer son anatomie. Il existe deux névraxes entièrement séparés. Les moelles se rapprochent d'avant en arrière, et se trouvent, au niveau du sacrum, dans un canal rachidien unique ; mais elles restent distinctes jusqu'à l'extrémité. Il existe deux œsophages, deux estomacs. Bref, le tube digestif est double jusqu’au niveau de la portion descendante du duo- dénum simple, au delà. Le foie forme une masse unique. Deux trachées portent chacune deux poumons, encore au large dans la cavité thora- eique vu leur faible degré de développement. Le cœur semble d'abord unique, mais on trouve, vers la pointe et à gauche, une petite bosselure bilobée qui représente les deux ventricules du composant droit, restés rudimentaires, communiquant entre eux et avec ceux du cœur prin- cipal. De ces ventricules accessoires partent une seconde artère pulmo- naire, et une seconde aorte qui, placée en situs inversus, vient se con- fondre avec la première dans sa portion descendante seulement, au niveau des 11° et 12° vertèbres dorsales. Ce qui reste des organes génito-urinaires est simple. Le squelette mérite une mention toute particulière. Il existe en effet deux cordes dorsales absolument distinctes d’un bout à l’autre. Mais les deux rachis cartilagineux développés autour sont intimement unis dans la région sacrée. Il existe par conséquent un seul sacrum avec traces de duplicité, portant en arrière deux coccyx séparés, et en avant deux colonnes lombaires et dorsales encore unies par les corps verté- braux jusqu'au niveau de la deuxième lombaire, par les apophyses transverses jusqu’à la première, par une pièce costale intermédiaire au delà. Les colonnes cervicales sont complètement séparées. Ainsi SÉANCE DU 30 OCTOBRE 929 nous assistons à une fusion graduelle des deux corps embryonnaires à mesure qu'ils se développent, puisque, à deux notocordes, à deux ébauches squelettiques entièrement distinctes, nous voyons succéder une colonne vertébrale simple en quelques-unes de ses parties. Ce monstre dérive vraisemblablement pour nous de deux lignes primitives, provenant du même ovule, soit après polyspermie, soit par suite d’un trouble de développement au cours de la segmentation. Travail du laboratoire d’Histologqie de la Faculté de médecine de Lille RASOIR POUR COUPES A LA PARAFFINE, NOUVEAU MODÈLE, par M. le professeur LAGuEssE et M. GAssELIN. Pour couper à la paraffine de petites pièces très molles (jeunes em- bryons), presque tous les rasoirs sont bons. Pour couper des pièces plus larges et plus dures, les meilleurs rasoirs de coupe sont défectueux, la lame, très mince, cédant devant le bloc de paraffine. Nous avons, pour y remédier, établi un modèle à lame épaisse, et même, pour les pièces très dures, une lame à double biseau, qui peut s'adapter à la plu- part des microtomes actuellement en usage. Nous croyons être utiles à tous en présentant à la Société ce modèle, qui a déjà rendu de grands services au Laboratoire d'Histologie de la Faculté de médecine de Lille. On remarquera que la lame se continue aux deux bouts par une tige aplatie formant manche. On peut ainsi utiliser le tranchant d’un bout à l’autre, alors que dans les rasoirs ordinaires, le milieu seul est utilisable. Le plus long manche permet en outre de tenir le rasoir lors du repassage. ACTION DE LA TUBERCULOSE MORTE INJECTÉE DANS LA CAVITÉ PÉRITONÉALE DES GRENOUILLES, par MM. Aucué et J. Hoggs. La question de la tuberculose des vertébrés à sang froid, à peine ébauchée jusqu'à ces derniers temps, à été posée de nouveau par les recherches de MM. Dubard, Bataillon et Terre. L'importance du sujet, aussi bien que les contradictions qui existent entre les résultats obtenus par ces auteurs et les données actuelles sur la biologie du bacille tuberculeux, nous ont décidé à étudier cette question. Nous avons commencé, il y a déjà quelque temps, toute une série d'expériences sur plusieurs espèces d'animaux à sang froid. Mais, comme on sait, l'étude de la tuberculose exige beaucoup de temps, et nous ne pouvons encore indiquer que quelques-uns des résullats de nos études. 930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE md ere se mar eeemireee : Nous avons exposé, dans une autre Société, les phénomènes immédiats provoqués chez les grenouilles par l'inoculation intra-péritonéale de bacilles de la tuberculose humaine et aviaire (Réactions phagocytaires provoquées chez la grenouille par l’inoculation intra-péritonéale de bacilles tuberculeux. Société d'Anatomie et de Physiologie normales et pathologique de Bordeaux, octobre 1897). Les résultats plus éloignés seront exposés ultérieurement, lorsque l’évolution des lésions aura eu tout le loisir de se faire. Mais, comparativement avec la tuberculose vivante, nous avons étudié l’action sur la grenouille de la tuberculose morte. Ge sont les résultats de ce dernier groupe d'expériences que nous désirons aujour- d'hui faire connaître. Cette étude comparative a été poursuivie jusqu’au 33° jour; des circonstances indépendantes de notre volonté nous ont obligé d'arrêter là la comparaison, mais nous comptons la recommencer et la continuer beaucoup plus longtemps. | Nous avons expérimenté simultanément avec la tuberculose humaine et avec la tuberculose aviaire. Une demi-culture d’un mois sur gélose glycérinée est diluée dans 5 centimètres cubes de bouillon de bœuf, écrasée aussi finement que possible, chauffée pendant 20 minutes à la température de 120 à 125 degrés, et injectée à la dose de deux gouttes dans le péritoine de plusieurs grenouilles. D’autres animaux de même espèce sont, le mêmejour, inoculés avec les mêmes cultures de tubercu- lose vivante. L'examen comparatif de cette série d'expérience nous a fourni les résultats suivants : 1° Jusqu'au 33° jour, et même probablement au delà, la tuberculose morte se comporte comme la tuberculose vivante. 2 En injection inira-péritonéale, elle détermine chez les grenouilles des granulations à la surface du foie et sur le mésentère. Avec la tuberculose humaine, ces granulations, au nombre de 4 à 8 ou 10 sur le foie, arrivent à former, par leur confluence, sur le mésentère, de petits placards à surface granuleuse. Leur volume, assez variable, va de celui d'un grain de sable à celui d’une petite tête d’épingle. Elles sont blanchâtres, transparentes, et ressemblent à de petites perles déposées sur les organes. — Elles ne prennent pas l'aspect jaunâtre, caséeux. — Avec la tuberculose aviaire, les granulations sont ordinairement moins nombreuses et de plus petit volume. 3° La structure de ces granulations est identique à celle des granula- tions déterminées par la tuberculose vivante. Nous nous proposons de les décrire plus tard, lorsque nous aurons pu suivre plus longtemps leur évolution. 4° A leur centre, se trouvent un ou plusieurs gros amas de bacilles. Plus extérieurement, les microbes sont plus disséminés et de plus en plus rares, au fur et à mesure que l’on se rapproche des couches cellu- SÉANCE DU 930 OCTOBRE 931 laires périphériques de la granulation, où ils finissent par disparaître. 5° Des bacilles sont trouvés, soit isolés, soit en petits groupes, dans le parenchyme de certains viscères : foie, rate, reins. 6° Dans la sérosité péritonéale, aspirée et étalée sur lamelles, on ne rencontre pas de bacilles libres, quelques jours après l’inoculation; par contre, on y voit des leucocytes qui en sont chargés et parfois véritable- ment farcis. 1° Tous ces bacilles conservent, jusqu’au 33° jour et au delà, leurs caractères morphologiques et leur réaction colorante ordinaire. 8° Bien que la tuberculose morte, injectée dans la cavité péritonéale des grenouilles, se comporte jusqu’au 33° jour (limite du temps pendant lequel nous avons pu suivre nos expériences) comme la tuberculose vivante, dont nous exposerons plus tard les lésions, il ne faudrait pas se hâter d’en faire un argument décisif contre la possibilité du dévelop- pement des bacilles tuberculeux chez les animaux à sang froid, puis- qu'on sait que chez les animaux à sang chaud, la tuberculose morte peut aussi amener la formation de follicules tubereuleux typiques. SUR L'ACARIEN DU CIRAGE ET SUR CELUI DU VIN, par M. le D' TRouEssaRT. Les dégâts causés par les Acariens dans les substances alimentaires ou commerciales semblent avoir passé longtemps inaperçus, soit qu’on les attribuât à d’autres causes, soit qu'on les considérät comme insi- gnifiants. Mais depuis que l'attention a été appelée sur ce point, il ne se passe guère de jours sans que l'on signale de nouveaux méfaits dus à la pullulation de ces animaux microscopiques. Les pertes se chiffrent parfois par des sommes considérables. C’est ainsi qu'un stock considérable de farine en sac, acheté par adju- dication et mis en magasin depuis quelques mois, fut trouvé, cet été, infesté d'Acariens au point que les personnes chargées de l’examiner déclarent que cette farine contient « presque autant d'Acariens que de grains de farine ». Lors de la livraison, on avait constaté que la farine était humide ; mais on s'était contenté d'exiger du soumissionnaire un rabais considérable sur le prix convenu. On n'avait pas songé aux Acariens qui pullulent si facilement dans la farine avariée. Aujourd'hui, c'est d’une substance bien différente qu'il s’agit, d’une substance que l’on a quelque peine à considérer comme comestible : je veux parler du cirage. Un chimiste attaché à l’une des grandes fabriques de Lyon, M. Prudent, vient de m'adresser des boites de cirage qui sont littéralement bondées d’Acariens appartenant à une espèce très répandue, le 7yroglyphus siro (L.). 932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Lorsqu'on ouvre une de ces boîtes, — que le fabricant considérait bien à tort comme hermétiquement fermée par une simple bande de papier collée au pourtour du couvercle, — on est surpris de l'aspect que présente le contenu. Au lieu d’une pâte luisante, comme se présente ordinairement le cirage, on ne trouve plus qu'une poudre friable sem- blable à du charbon pulvérisé, et à la surface de laquelle pâturent d'innombrables Acariens blanchâtres serrés comme un troupeau de mouton ou comme ces bandes de sauterelles qui ravagent en quelques heures le champ sur lequel elles se sont abattues. La pâte qui sert à fabriquer ce cirage est formée de mélasse (préala- blement chauffée à 100 degrés), d'huile végétale, de phosphate acide de chaux, de sulfate de chaux et de carbone. Ces trois dernières substances sont obtenues en traitant le noir d’os par l'acide sulfurique. En outre, on aseptise ce mélange en l’additionnant de 5 centigrammes de bichlorure de mercure par kilogramme de cirage. On voit que ce mélange contient au moins trois substances dont l’Acarien peut se nourrir : la mélasse, l'huile et le phosphate de chaux. L'expérience montre en outre que la quantité de bichlorure incorporée à cette pâte est absolument insuffisante pour écarter les Acariens et même pour empêcher les moisissures, ainsi que l’a constaté M. Prudent. Je dois ajouter que les boîtes infestées faisaient partie de deux lots expédiés l’un à Salonique, l'autre à Bayonne, il y a huit mois, et retournés récemment comme impropres à la consommation. C’est une perte sèche qui porte sur plus de 10,000 boîtes de cirage. M. Prudent affirme que l’Acarien n'avait jamais été signalé jusqu'ici sur le cirage dans les ateliers et les magasins de la fabrique, bien que l’on y conserve des échantillons remontant à plusieurs années. Il est donc probable que l’infestation s’est faite pendant le trajet maritime de Marseille à Salonique dans la cale ou l’entrepont du navire, et que la pullulation de l’Acarien a été favorisée par la température élevée de la région méditerranéenne. L’Acarien ne paraît prospérer que sur ce cirage de fabrication spéciale et de qualité inférieure, suivant les expressions mêmes de M. Prudent. Placé sur des cirages d’une composition différente et d’un prix plus élevé, il périt rapidement. En résumé, ce fait montre que les Acariens peuvent se nourrir de substances organiques sous forme de simples composés chimiques et qu'une dose relativement élevée de sublimé est insuffisante à les écarter. Il faudra augmenter cette dose, ou mieux, trouver un autre toxique plus efficace et d’un prix moins élevé que le bichlorure de mercure. Au cours de cet été, j'ai présenté à l’Académie des Sciences une note sur l'Acarien des vins de Grenache (1) et des autres vins sucrés du Midi. (4) Comptes rendus de l'Aradémie des Sciences, UXXV, p. 363 (9 août 1897). SÉANCE DU 30 OCTOBRE 933 Cet Acarien s'était multiplié au point de rendre les transactions difficiles et de forcer plusieurs grandes maisons de Paris à pasteuriser tous leurs vins. — Quelques jours après, M. Mathieu présentait une note sur la présence des Acariens dans les vins de Champagne (1) et les vins blancs en général. Je n'aurais pas à m occuper de cette note, si des personnes évidemment intéressées à ne rien faire contre les Acariens, n'avaient prétendu la mettre en opposition avec la mienne, en faisant le raison- nement suivant : « Du moment que l’on trouve des Acariens dans tous les vins, même les vins de Champagne de fabrication authentique, il n'y à pas lieu de s’en inquiéter, et le consommateur aurait tort de s'en préoccuper davantage. » Je ne crois pas que M. Mathieu ait prévu ce résultat de sa note qui n'était, à ses yeux, qu'une confirmation de la mienne. Mais je ferai remarquer quil n'y à aucun rapport entre ses observations et les miennes. Ses Acariens étaient morts et leurs cadavres gisaient au milieu du dépôt formé au fond des bouteilles : ils appartiennent à deux espèces vulgaires et que l’on trouve partout. Les miens sont vivants (c’est là le point capital), en pleine prospérité et se reproduisent indéfiniment à la surface du vin : ils appartiennent à une espèce spéciale (le Carpoglyphus passularum), connue pour vivre sur les fruits secs. Enfin, M. Mathieu admet lui-même que ses Acariens proviennent de l'emballage et du bouchon sur lequelils se nourrissent, des moisissures qui s'y développent facilement dans les caves, lorsque le vin n’est pas cacheté à la cire. Dans ma note présentée le 9 août dernier à l’Académie, j'avais signalé des cellules végétales qui flottent à la surface du vin et auxquelles se cramponne l’Acarien. J'avais supposé d’abord que ces cellules étaient des levures mortes agglomérées sous forme de zooglée. Un examen plus approfondi m'a montré qu'il s'agit simplement de parcelles de liège pourri tombées du bouchon et dont les cellules, gonflées par l'humidité et dissociées, ont perdu l'aspect polyédrique des cellules subéreuses pour prendre l'apparence de cellules rondes ou ovales réunies en forme de grappe. Dans ces conditions, il est bien probable que l'Acarien se nourrit directement des substances hydrocarbonées et azotées dissoutes dans le vin, et sur ce point je suis absolument d'accord avec M. Mathieu. Mais cette observation prouve combien il importe de boucher le vin avec du liège de première qualité et dépourvu de ces stries noirâtres, bien visibles sur le liège de qualité inférieure, parties nécrosées qui souillent le vin lorsqu'on le débouche, et qui, dans le cas présent, forment des flotteurs qui servent aux Acariens pour se maintenir à la surface et les empêchent de se noyer dans le liquide. . (4) Loc. cit., p. 400 (23 août 4897). 934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CONTRIBUTION A LA PHYSIOLOGIE ET A L'HISTOLOGIE DES ÉPONGES, par M. G. Loisez. Après avoir étudié l’histogénèse des substances intercellulaires et notamment des fibres élastiques chez les Vertébrés (1), j'ai cherché à étendre ces recherches aux formations analogues que l’on rencontre chez divers Invertébrés. Dans cette première note, je donnerai seule- ment quelques-uns des résultats que j'ai obtenus sur une Éponge sili- ceuse, Æeniera ingalli, que j'ai pu facilement me procurer et étudier à la Station biologique de Jersey. La technique que j'ai employée est celle de la coloration des tissus à l'état vivant (2). Après avoir essayé de faire vivre les Éponges dans de l’eau de mer faiblement colorée par différentes substances (rouge Congo, rouge neutre, bleu de méthylène, brun de Bismarck, safranine, safran en poudre, vert d’iode, nilblausulfate nigrosine), je me suis arrêté au rouge Congo. Cette couleur est très bien sup- portée par les Aeniera; de plus, elle présente l'avantage de déceler la moindre trace d'acide en passant du rouge au bleu. Placées dans une eau contenant une très petite quantité de rouge Congo, les Éponges restent pendant trois ou quatre jours sans pré- senter aucun phénomène important; au bout de ce temps, on les voit prendre peu à peu la couleur du Congo et, à l’examen microscopique, on constate que beaucoup de cellules mésodermique, de même que des cellules entodermiques, renferment des globules rouges. Deux ou trois jours après, on remarque que la couleur de quelques globules ingérés s'est modifiée; de rouge, elle est devenue violette. Le jour suivant, presque tous les globules ont changé de couleur et un grand nombre sont violet foncé. Il est à noter que ce changement de colora- tion se produit aussi bien dans les cellules ciliées de l’entoderme que dans celles du mésoderme, à l'exception toutefois des cellules sphé- ruleuses de Topsent qui n'absorbent que peu ou pas les substances colorantes. Cette expérience indiquerait que la digestion des Éponges est intracellulaire et qu’elle se fait dans un milieu acide comme chez un grand nombre de Protozoaires. Dans la substance hyaline où sont plongés les éléments mésoder- miques des /eniera, on trouve également, trois ou quatre jours après le début de l’expérience précédente, une grande quantité de globules de Congo qui ont pris la même coloration violet foncé que celle des globules intracellulaires. D'un autre côté, en ajoutant à l’eau de mer (4) Voir : Formation et évolution des éléments du tissu élastique. Journ. de l'Anat. et de la Phys., 1897. (2) G. Loisel. Compt. rend. Soc. Biol., 9 Juillet 1897. AVAL AR IE SNS SÉANCE DU 30 OCTOBRE 935 où vivent les Éponges, une petite quantité d’une solution de Congo dans l’eau douce, on découvre, dans l’intérieur de cette substance, un grand nombre de noyaux. Je pense donc qu'il ne faut pas considérer cette substance hyaline comme une simple élaboration cellulaire, ainsi que le font la plupart des auteurs modernes. C'est encore en faisant agir de la même facon, une solution de Congo dans l’eau douce, que j'ai découvert le noyau des cellules sphéruleuses, où sont contenues les fibres des heniera. Ce noyau est indépendant des fibres et ne prend nullement part à leur formation comme on pouvait le penser quand on n’en connaissait pas l'existence. HYPOTHÈSE DE L'EAU DE MER, MILIEU VITAL DES ORGANISMES ÉLEVÉS, par M. R. Quinron. On indiquera la suite des considérations logiques, qui conduisit à entrevoir que le milieu vital des organismes élevés devait être un milieu marin. I. — Des travaux présentés sous mon nom, à l’Académie des sciences, deux points acquis résultent : 1° Le milieu dans lequel la vie fit son apparition sur le globe, fut un milieu chaud. À l’époque primaire, les organismes inférieurs, les seuls qui vécussent alors (Unicellulaires, Végétaux, Invertébrés, premiers Vertébrés : poissons, batraciens, reptiles), vivaient par une haute température extérieure dans laquelle ils prospéraient. — La vie, phé- nomène chimique, commenca de se manifester par une température qui élait haute. 2° En face du refroidissement du globe, qu'atieste avec certitude la flore fossile, la vie fit effort pour maintenir artificiellement dans ses tissus la haute température originelle. Tandis que la faune des anciens âges se perpétue, des formes nouvelles paraissent, que caractérise une fonction également nouvelle, celle d’engendrer de la chaleur. L’ani- mal acquiert le pouvoir d'élever la température de ses tissus au-dessus de la température du milieu ambiant. La classe des animaux à sang chaud est désormais réalisée. Elle témoigne, d’une façon saisissante, du pouvoir calorifique croissant qu'elle fut tenue d'acquérir, parallèlement au refroidissement graduel du globe. C’est ainsi qu’on voit les tempé- ratures spécifiques échelonner les animaux de cette classe selon l’ordre de leur apparition. — La vie, apparue dans un milieu d'une tempé- rature déterminée, maintient, à travers les variations cosmiques, cette température même originelle. IT. — CONSTANCE THERMIQUE. — Cette loi se nommera « loi de cons- 936 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tance thermique ». La nécessité de cette loi est d’une force telle qu’elle a déterminé à soi seule, l'apparition et l’évolution des deux classes capitales du règne animal, les Oiseaux et les Mammifères. On se reportera pour ce point aux Notes présentées à l’Académie des sciences dans les séances du 14 décembre 1896, du 12 avril 1897. On fut amené alors à se demander si cette loi de constance ne com- porlerait pas une application plus générale, si elle ne s’étendrait pas à des caractères originels, autres que ce caractère thermique. IT. — ConSTANGE AQUATIQUE. — La cellule, premier élément vital, ne put apparaître, par sa constitution même, que dans un milieu d’eau. L'origine aquatique des organismes les plus élevés ne souffre par ailleurs aucun doute : les Poissons sont les premiers Vertébrés qu'on rencontre dans les terrains fossiles; tous les autres Vertébrés, batra- ciens, reptiles, mammifères, oiseaux, présentent, sans une exception, à une période de leur vie embryonnaire, cinq fentes branchiales et la corde dorsale, caractéristique des plus bas Poissons. (Amphioxus, Myxine). L’énorme quantité d’eau que contient l'organisme s’éclaire soudain. ÆElle réalise, pour chaque cellule, le milieu aquatique dans lequel la vie, à l'état unicellulaire, parut. Une seconde loi se dégageait, « loi de constance aquatique ». IV. — CoNSTANCE MARINE. — Mais le milieu aquatique dans lequel la vie fit son apparition étant, à n’en pas douter, un milieu marin, il devenait naturel de penser qu'une troisième loi, « loi de constance marine », devait peser comme les deux autres sur l’évolution, et que le milieu aquatique, réalisé autour de chaque cellule des organismes élevés, devait être le milieu même où la vie, à l’état unicellulaire, parut, c'est-à-dire un milieu marin. C'est ce qu'on s’est proposé d'’éclaircir par des expériences dont la première série est déjà communiquée (1). LITHIASE BILIAIRE EXPÉRIMENTALE, par MM. A. Gigerr et L. FoURNIER. Nous avons déjà à plusieurs reprises présenté à la Société les résultats de nos recherches sur l’origine de la lithiase biliaire (2). Par l'étude (1) Soc. de Biol., 9 octobre 1897, p. 890. (2) Gilbert et Dominici. La lithiase biliaire est-elle de nature microbienne ? Soc. de Biologie, 16 juin 1894. Gilbert et Fournier. Sur un cas de fièvre typhoïde compliquée de parotidite SÉANCE DU 30 OCTOBRE 937 méthodique du microbisme des calculs, nous avons établi la nature infec- tieuse de la maladie. En nous basant sur les espèces jusqu'ici rencon- trées au centre des concrétions, nous avons divisé la lithiase en deux grands groupes pathogéniques : lithiase colibacillaire, de beaucoup la plus commune, et lithiase typhique. Il est possible que d’autres groupes viennent plus tard s'ajouter à ces deux premiers, puisque d’autres espèces microbiennes, staphylocoques, streptocoques, vibrion cholé- rique, ete... sont capables d’envahir l'appareil biliaire et d'y produire des lésions d'intensité variable; mais on ne possède encore aucun exemple de lithiase déterminée par ces derniers microorganismes. Malgré que la nature microbienne des calculs biliaires fût certaine, il n’était pas sans intérêl d'en tenter la reproduction expérimentale. Après bien des essais infructueux, dont les premiers remontent à plus de cinq ans, nous avons enfin réussi à provoquer chez le lapin, le cobaye, le chien, de véritables cholécystites lithogènes au moyen du colibacille. De son côté, M. Mignot (1), au cours de ses recherches expérimentales sur les cholécystites, a obtenu chez le cochon d'Inde des calculs biliaires qu'il a présentés au mois de mai dernier à la Société de chirurgie et que nous avons pu, grâce à son obligeance, examiner nous-mêmes. Il s'agissait bien, dans ses cas comme dans les nôtres, de véritables calculs, nettement cristallisés, etnon pas d’un simple épaississement de la bile. Jusqu'à présent la lithiase expérimentale était due au colibacille. Nous désirons présenter aujourd’hui des concrétions biliaires obtenues chez le lapin à la suite d’une infection expérimentale de la vésicule par le bacille d'Eberth. Le 12 septembre dernier l’animal est laparotomisé; sa vésicule est vidée; la bile ensemencée ne donna pas de cultures. On injecte dans la vésicule trois gouttes d’une culture de bacitle typhique en bouillon, préalablement chauffée à 50 degrés pendant dix minutes. D’autres animaux, lapins, cobayes, dans la vésicule desquels nous avions injecté du bacille d’Eberth non atténué par la chaleur, étaient morts plus ou moinsrapidement sans avoir présenté de lithiase. Le 26 octobre, le lapin est trouvé mort; l'autopsie montre une vésicule for- tement épaissie, légèrement diminuée de volume, dans la cavité de laquelle on trouve, avec une bile légèrement jaunâtre et un peu trouble et des préci- pités, deux concrétions adhérentes à la muqueuse, du volume d’un gros grain de blé, à surface un peu irrégulière, assez friables. Une d'elles est sectionnée et se montre constituée d’une partie centrale blanchâtre et d’une partie péri- phérique pigmentaire. | double et suivie de lithiase biliaire, Soc. de Biologie, 21 juillet 1894. — Du rôle des microbes dans la genèse des calculs biliaires. Soc. de Biologie, 8 février 1896. (1) Mignot. Calculs biliaires expérimentaux. Soc. de chirurgie, 19 mai 1897. 938 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Elles présentent tous les caractères des calculs jeunes à la première phase de leur développement et tels que MM. Hanot et Létienne les ont décrits ici même il y a deux ans (1). La bileet le centre d’une concrétion, ensemencés sur les différents milieux, ont donné d’abondantes cultures de bacille typhique à l’état pur. De la série déjà longue de nos expériences, et en particulier de ce dernier fait, nous croyons devoir tirer les conclusions suivantes: La nature microbienne de la lithiase biliaire, déjà démontrée par l'examen bactériologique méthodique et complet du centre des calculs, est définitivement prouvée par la reproduction Poele des cholélithes sur différents animaux. Cette reproduction a été obtenue à la suite de cholécystites provoquées par l'injection du colibacille dans la vésicule (lithiase colibacillaire). La cholécystite typhique expérimentale peut déterminer également la lithiase (lithiase typhique). Ces deux groupes correspondent aux deux groupes qu'avait déjà fait distinguer l’étude du microbisme des calculs humains. (1) Hanot et Létienne. Note sur diverses variétés de lithiase biliaire: Société de Biologie, 21 décembre 1895. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 939 SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1897 M. Cu. Boucuarn : Répartition comparative dans les divers émonctoires de l’azote et du carbone de l’albumine élaborée. — MM. J. Dexys et H. Van De VELpE : Immu- nisation active des malades atteints de bronchites et de pneumonies chroniques dues à des streptocoques. — M. Mavroyanxis : Des propriétés toxiques de la sueur. — M. Turmozorx : Bactériologie du rhumatisme articulaire aigu. — (Remarques) : M. CHaRRiN. — M. E. Barpter : Présentation d’instrument.— M. RéNox : Recherches expérimentales sur des intoxications successives par toxique minéral et toxiques microbiens (plomb, tuberculine et toxine diphtérique). — MM. A. Roprr et J. Nicoras : Recherches expérimentales sur les modifications subies par une masse gazeuse injectée dans le tissu cellulaire et dans le péritoine. — MM. Laxpouzy et GRirron : Transmission, par l'allaitement, du pouvoir agglutinant typhique, de la mère à l'enfant. Présidence de M. Dupuy. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. Dupuy. — Je fais hommage à la Société, de la part de l’auteur, M. le professeur Waller, d’un exemplaire de la traduction francaise de ses Eléments de physiologie humaine, ouvrage parvenu à la 3° édition en Angleterre, et dont M. le professeur Herzen, de l’Université de Lau- sanne, est le traducteur. L'éloge n’est plus à faire de cet ouvrage, qui rend des services aussi bien aux étudiants qu'aux praticiens. La Société remercie M. Waller, qui, du reste, a déjà fait devant la Société de Biologie des communi- cations importantes. M. GLey. — Notre collègue, M. Binet, empêché d'assister à la séance de ce jour, m'a prié de présenter en son nom à la Société un certain nombre d'exemplaires du premier numéro d'une publication nouvelle dont il est le directeur, l’nfermédiaire des biologistes, qui paraîtra tous les quinze jours, consacrée à la zoologie, à la botanique, à la physio- logie et à la psychologie. Ce n’est ni un recueil de mémoires originaux, ni un recueil de comptes rendus et d'analyses. C’est un journal analogue plutôt à une publication bien connue et appréciée dans les milieux historiques et littéraires, l’{ntermédiaire des chercheurs et des curieux. Ce sera donc un journal d'informations et de renseignements, surtout sous forme de demandes posées par les lecteurs eux-mêmes, relatives Biozocte. ComprEs RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 16 940 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à des questions d'histoire de la science, de bibliographie, de tech- nique, etc., demandes auxquelles il sera répondu dans le plus bref délai possible. Une autre partie de l’/ntermédiaire contiendra la repro- duction des sommaires du plus grand nombre possible des recueils de biologie; il est clair que ce travail, s’il est complet, rendra de précieux services. | Plusieurs membres de notre Société font partie du comité de rédac- tion de ce journal. M. GLEy. — J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de la Société un exemplaire du rapport qui m'avait été demandé par le Comité d’organi- sation du 12° Congrès international de médecine, à Moscou, et que j'ai présenté devant la IFT° section de ce Congrès, le 28 août, sur la physio- logie pathologique du myxœdème. Je me suis attaché dans ce travail à montrer d’abord que les données d'ordre physiologique anatomo-pathologique ou clinique, accumulées de 1883 à 1895, sur le rôle de la glande thyroïde, n’ont pu rendre compte des différents troubles constitutifs du syndrome myxœdème; mais que l'étude systématique, maintenant entreprise, des propriétés physiologiques des produits sécrétés par la glande et surtout de l’iodo- thyrine, paraît avoir fait entrer la question dans une phase véritable- ment explicative. J'ai terminé en examinant et discutant quel peut être, d’après nos connaissances actuelles, dans la fonction thyroïdienne et par suite dans les troubles de cette fonction, le rôle respectif de la glande thyroïde et des glandules parathyroïdes, organes que j'avais fait connaître dès 1891-1893. [612.398.2] RÉPARTITION COMPARATIVE DANS LES DIVERS ÉMONCTOIRES DE L'AZOTE ET DU CARBONE DE L’ALBUMINE ÉLABORÉE, par M. Cu. BoucaaRp. Dans mon enseignement de ces trois dernières années, j'ai insisté sur l'utilité qu'il y aurait, au point de vue de l'intelligence des actes de nutrition, à doser parallèlement dans l’urine l’azote et le carbone. Les défectuosités des procédés de dosage du carbone total ont retardé l’utilisation pratique de cette méthode et l’application n’en a été faite que dès le début de cette année, quand M. Desgrez, que j'avais prié de faire cette recherche, m'a proposé un procédé à la fois exact et expé- ditif. À cette même époque, Scholz entreprenait des recherches du même ordre, à l’aide d’un procédé différent. Je compte la quantité de matières excrémentitielles d’après l'unité de temps de la sécrétion, l'heure, et d’après l'unité de la substance active SÉANCE DU 6 NOVEMBRE. 944 qui préside aux actions chimiques qui s'accomplissent dans l’économie, le kilogramme d’albumine fixe. . L'heure moyenne d’un nychthémère, chez un homme de cinquante- neuf ans dont le kilogramme d’albumine fixe avait, pour surface d'émis- sion du calorique, 19%,47, au lieu de la moyenne normale 17,93, four- nissait une élimination de 43 milligr. 7 d'azote et de 45 milligr. 4 de carbone. Les proportions relatives varient suivant les heures : AZOTE CARBONE millier. milligr. HE MOMENNIES 0. MNT AU ES 45,4 HEURES 0e BMÉCMAMLEUTE LAINE NET se) 44 4 Heures d'après-midi. ST OS RM DEL 50.0 Heunestde nuit ent rene Re SAS 44.1 Le rapport entre l'azote et le carbone urinaire et les quantités absolues de ces deux corps changent donc rapidement au cours d’une même journée, et les écarts peuvent être considérables. En dehors de certaines lipuries, de certaines glycosuries et de cer- taines oxaluries alimentaires, on peut dire que tout le carbone urinaire provient de l’albumine du corps ou des aliments. Le carbone des sucres et des graisses, pour la portion de ces aliments qui a été élaborée dans le sang ou dans les tissus s’élimine par les poumons. La seule constatation de l'azote urinaire total et du carbone urinaire total peut nous aider à comprendre avec quelle intensité et avec quel degré de perfection se fait la transformation régressive de l’albumine. On sait que pour 1 d'azote urinaire total, il y a eu 6,736 d'albumine détruite dans l'organisme. Cette destruction se fait par hydratation et le dédoublement de l’albumine qui s’hydrate donne du glycogène qui, s'hydratant à son tour, fournit, pour 1 d’albumine, 0,558 de glycose. soit 3,759 pour 1 d'azote urinaire. L’albumine contenait 1.051 d'azote et 3,610 de carbone. La glycose dérivée de cette albumine contient 1,556 de carbone qui s’élimine par les poumons à l’état d'acide carbonique. De l’albumine détruite, 1,051 d’azote et 2.054 de carbone s’élimineront par l'intestin et par les reins. On a établi que pour 1 d'azote urinaire, il y à 0,051 d’azote fécal sécrété. De mes expériences et du dosage de ces deux corps qui a été fait par M. Desgrez, il résulte que, pour 1 d'azote urinaire, 11 y avait au maximum, 1,12 et, au minimum, 0,76 de carbone urinaire. Dans le cas de carbone urinaire au maximum, il y aurait donc 0,934 de carbone fécal sécrété, et dans le cas de carbone urinaire au minimum 1,294 de carbone fécal sécrété. Ces quantités de carbone ou des quantités intermédiaires se trouvent associées dans les matières fécales à 0,051 d’azote sécrété. C’est 1 d’azote 949 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pour 18.3 de carbone fécal au moins, et 1 d'azote pour 25.3 de car- bone fécal au plus. Or, les corps azotés les plus riches en carbone qu'on trouve dans les matières, les acides biliaires ont, pour 1 d'azote, 23.3 de carbone. L'albumine élaborée, en dehors des principes excré- mentitiels azotés, fournit donc à l'intestin des produits non azotés de son dédoublement. Ces corps sont surtout la cholestérine et, accessoi- rement, la graisse. La répartition, aux émonctoires, de l'azote et du carbone de l’albu- mine élaborée se fait selon le tableau suivant : Pour 1 d'azote urinaire total correspondant à 6,736 d'albumine éla- borée, il s'échappe par : AZOTE CARBONE REUTERS TEE AIN AE RE) (D (1) de 1.12 à 0.760 InÉÉS INSEE SEA EE MN EE) DEA de 0.934 à 1.294 PouMONs SATA SUR SU RUES 0 1.556 IMMUNISATION ACTIVE DES MALADES ATTEINTS DE BRONCHITES ET DE PNEUMONIES CHRONIQUES DUES A DES STREPTOCOQUES, par M. J. DENys, Professeur à l'Université de Louvain, et H. VAN DE VELDE, Assistant. Il résulte des recherches de l’un de nous (Archives de médecine expérimentale, juillet 1897), qu'un sérum antistreptococcique n’est bien efficace que contre la variété de streptocoques, qui a servi à le pro- duire ; il arrive que ce sérum se trouve complètement impuissant à préserver un animal contre la simple dose mortelle d’une autre variété. Un sérum obtenu en immunisant un animal au moyen de plusieurs variétés de streptocoques, est efficace contre chacune de ces variétés. Afin d'étendre le plus possible le champ d’action de notre sérum antistreptococcique dans les affections aiguës à streptocoques, nous vacci- nons les chevaux avec un mélange de cultures provenant d’une ving- taine de variétés de ces microbes. Nous sommes les premiers à recon- naître, que ces sérums polyvalents restent encore parfois en dessous de leur tâche. Aussi, quand on à le temps devant soi, comme dans certaines affections chroniques, particulièrement les pneumonies et bronchites à streptocoques, qui sont très fréquentes, nous conseillons une méthode de traitement, qui jusqu'ici nous a donné des résultats inespérés. Nous isolons la ou les variétés de streptocoques des crachats des SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 943 malades, nous en ensemençons des bouillons, et ces cultures, stérilisées par l'addition d’une petite quantité de thymol, sont injectées sous la peau du dos ou des flancs, à doses progressives, et à des intervalles de 2, 3, 4 ou 5 jours. À part une légère élévation de température dans les premières heures qui suivent l'injection, une réaction locale parfois assez marquée, et dans quelques rares cas, un petit bouton qui passe. à la suppuration, nous n'avons eu rien de spécial à noter. Chez les trois malades que nous traitons par cette méthode, le côté pénible d'injections répétées est amplement compensé par les bénéfices qu'ils en retirent : diminution notable de l’expectoration, disparition rapide des symptômes stéthoscopiques, diminution de l'oppression, relèvement de l’appétit et augmentation du poids. Outre les streptococcies pures, qui paraissent surtout être justiciables de cette méthode, on pourrait peut-être la tenter comme traitement auxiliaire dans les tuberculoses pulmonaires compliquées d'infections secondaires. Enfin, cette méthode mérite d’être essayée dans les infec- tions chroniques, qui reconnaissent pour cause un agent morbide autre que le streptocoque. DES PROPRIÉTÉS TOXIQUES DE LA SUEUR, par M. MavrogJannis, La question de la toxicité de la sueur normale est très controversée. Arloing affirme qu'injecté dans le sang ce liquide entraine la mort du chien à la dose moyenne de 15 centimètres cubes par kilogramme d'animal vivant, celle du lapin à la dose de 25 centimètres cubes. D'autre part, Queirolo, Cabitto (1) ont pu injecter des doses assez élevées (60 à 100 centimètres cubes), sans provoquer de troubles graves. Dans une série de recherches entreprises avec M. Charrin, et com- mencées à une époque où M. Arloing n'avait encore fait aucune commu- nication, nous avons expérimenté sur quatorze lapins, avec de la sueur de personnes en parfaite santé, recueillie de la facon suivante. La personne, qui devait fournir la sueur, après lavage soigneux de la peau, portait un vêtement en toile caoutchoutée, fermant hermétique- ment autour des poignets et des chevilles; le liquide s’accumule ainsi dans les parties déclives; il sort par des tubes munis de robinets. La sudation était provoquée par un travail musculaire prolongé ; elle était favorisée par la température élevée de l'atmosphère, les expé- (1) Capitan et Gley, dans une expérience qu'ils ont faite, ont injecté 65 centimètres cubes dans les veines d’un lapin et ils n’ont obtenu que des résultats négatifs. 9244 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE riences ayant été faites en partie pendant les grandes chaleurs du mois de juin. Le liquide ainsi obtenu était trouble; filtré, il devenait limpide; la réaction était neutre ou légèrement acide; sa densité variait entre 1.003 et 1.005. Voiciles résultats obtenus. — Les doses de sueur supérieures à 130 cen- timèêtres cubes ont toujours été mortelles pour des lapins pesant de 1,800 à 2,000 grammes ; ces résultats donnent comme moyenne, pour la dose toxique, 60 centimètres cubes par kilogramme de matière vivante; la mort survenait dans un espace de temps toujours inférieur à 24 heures.— Exceptionnellement, deux animaux ont succombé une heure environ après l'injection. — Avec des doses inférieures, on ne provo- quait qu'une diminution du poids du corps, atteignant au bout du 4° ou >° jour jusqu à 300 à 500 grammes ; quelques jours plus tard, les animaux redevenaient normaux. Aussitôt après l'injection, les animaux présentaient une légère élé- vation de température, de la tristesse, de là prostration, de la parésie des membres postérieurs, assez souvent de l’hémoglobinurie, parfois même l’hématurie; cette hémoglobinurie apparaissait 2 ou 3 heures après l'injection, ne dépassantpas, chez ceux qui survivaient, les 24 heu- res. À l’autopsie des animaux, on a constaté une congestion de tous les viscères, notamment des reins, du tube digestif; on a noté des altéra- tions peu marquées du foie. De deux expériences faites, avec M. Tissot, sur le chat, pour étudier l'influence de la sueur sur la pression artérielle, on pourrait peut-être conclure qu’elle abaisse légèrement cette pression. La sueur est un milieu faiblement défavorable pour le développe- ment des microbes; les cultures du bacille pyocyanique, qui avaient séjourné préalablement pendant 24 heures dans ce produit, ont donné sur l’agar des colonies un peu moins riches en pigment; dans le liquide même, ce pigment n'apparait pas : cette propriété bactéricide de la sécrétion cutanée constituerait une protection contre l’accumu- lation ou la pullulation des germes sur le tégument externe. — Des essais relatifs au pouvoir antitoxique ne nous ont pas donné des résul- tats appréciables. IL est clair que les effets varient suivant l'individu, comme pour la même personne, suivant son état, suivant le mode de production, sui- vant la rapidité de l’injection, la technique suivie, etc. Ces remarques expliquent les différences qui séparent les résultats obtenus par les chercheurs. (Travail de laboratoire du professeur Bouchard). SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 945 BACTÉRIOLOGIE DU RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU, par M, I. TuiroLoix. Depuis ma dernière communication (séance du 9 octobre 1897), j'ai pu étudier deux nouveaux cas de rhumatisme articulaire aigu et con- trôler la totalité des faits que j'avais avancés; j'ai donc, depuis mars 1897, trouvé cinq fois, dans le sang de rhumatisants aigus, le bacille patho- gène. Le bacille apparaît dans la première culture (lait ou bouillon) à des intervalles variables, qui ont été de 30 heures à 4 jours. Chaque fois, j'ai reproduit non Cent les lésions cardiaques et pleuro-pulmo- naires, mais je suis arrivé à obtenir, après injectiou intra-veineuse, les désordres articulaires. Deux lapins ont recu dans la veine, l’un 2 centi- mètres cubes de sérosité de lapin, l’autre 2 centimètres cubes de séro- sité provenant de l’æœdème local d’un cobaye. Tous deux ont présenté les phénomènes {suivants : tachycardie, assourdissement des bruits du cœur, fièvre, dyspnée intense, puis entre la 14° et la 47° heure impos- sibilité de mouvoir les pattes postérieures. Le moindre tiraillement de la patte provoque des cris aigus avec accélération extrème des batte- ments cardiaques et des mouvements respiratoires. Au moment de la mort (31° et 45° heure), les battements du cœur étaient difficilement perceptibles. À l’autopsie, nous avons trouvé un léger épanchement péricardique avec dépoli de la séreuse, un myocarde flasque et distendu, une congestion pulmonaire très marquée. La capsule des articulations intéressées (coxo-fémorales) est distendue par un liquide lactescent (cel- lules cartilagineuses et synovie) qui devient clair par le repos; le liquide renferme le bacille qui, mis en culture, a présenté les mêmes caractères que le microorganisme injecté, caractères donnés pour la DITRE fois par M. Achalme et par nous. M. CHarriN. — Les lésions cardiaques, dans ces expériences, précè- dent souvent les déterminations articulaires ou existent seules. — Ce fait éclaire l'opinion des médecins qui veulent que le rhumatisme puisse frapper cet organe de la circulation avant de toucher aux arti- culations. En s'appuyant sur cette considération, comme sur les changements symptomatiques, conséquence des changements d’espèces, il est possible d'admettre, malgré la rareté des arthropathies, qu'il s'agit là réellement de ce processus rhumatismal; le virus diphtérique, bien que capable d’intéresser tous les tissus, lèse plutôt le pharynx chez l'enfant, les capsules surrénales chez le cobaye, différences propres, en l'absence d’autres preuves, à faire suspecter l'identité des processus. Il est juste aussi de rappeler que le professeur Bouchard, beaucoup 9246 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'autres à sa suite, ont parfois rencontré des bactéries vulgaires, suscep- tibles d'ajouter leur action, de donner à l’évolution du mal des caractères de lenteur, de suppuration, de permanence dans les lésions, ete. PRÉSENTATION D'INSTRUMENT M. E. Barnier présente à la Société un nouveau modèle de « canule à pression artérielle ». RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR DES INTOXICATIONS SUCCESSIVES PAR TOXIQUE MINÉRAL ET TOXIQUES MICROBIENS (PLOMB, TUBERCULINE ET TOXINE DIPHTÉRIQUE), par M. RÉNON. Ces recherches ont porté sur des lapins de poids sensiblement égal qui ont été tout d’abord intoxiqués, les uns avec de la céruse, les autres avec du minium mélangés à leurs aliments : ces animaux ayant considé- rablement maigri, l’intoxication fut suspendue pendant un mois, puis reprise ensuite : on la suspendit de nouveau pour permettre aux lapins de reprendre leur poids initial. Six mois après le début de ces expériences, les animaux furent ino- culés sous la peau, les uns avec de la toxine diphtérique et les autres avec de la tuberculine, à fortes doses, ainsi que des lapins témoins de même poids qui n'avaient point recu de plomb antérieurement. Tous les animaux inoculés avec la toxine diphtérique succombèrent, d'autant plus vite qu'ils avaient été intoxiqués par le plomb, les témoins élant morts sensiblement plus tard que les autres. Des lapins inoculés avec la tuberculine, un seul succomba : c'était un témoin qui présentait une tuberculose hépatique des plus nettes; les autres, après avoir un peu maigri, reprirent en quelques jours leur poids initial. Nous avons alors inoculé, avec de la toXine diphtérique, ces animaux qui avaient résisté à la fois au plomb et à la tuberculine : la dose de toxine était la même que celle employée dans notre seconde série d’ex- périences. Nous avons pris, comme témoins, des lapins qui n’avaient recu que du plomb, sans tuberculine. Tous ces animaux succombèrent, mais ceux qui avaient subi la triple intoxication (plomb, tuberculine, toxine diphtérique) sont morts sensiblement plus tôt que ceux intoxiqués seulement avec du plomb et de la toxine diphtérique. C'est d’ailleurs là la conclusion générale qui paraît résulter de ces expériences : l’into- SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 947 xication antérieure favorise:l’intoxication suivante faite par un toxique différent. Les autopsies des animaux ont été toutes faites, mais nous ne voulons retenir que les lésions du foie et du rein des animaux intoxiqués succes- _sivement par le plomb, la tuberculine et la loxine diphtérique. Les reins, quelquefois peu volumineux (9 à 10 grammes pour un lapin de 2,550 grammes), sont le plus souvent énormes (14 à 15 grammes pour des lapins de 2,400 à 2,560 grammes), rouges et très congestionnés, laissant sourdre du sang à la coupe. L'examen histologique permet de constater des dilatations glomérulaires, des ruptures capillaires et des hémorragies dissociant plus ou moins les tubuli : le protoplasma de ceux-ci est trouble, granuleux, avec de nombreuses vacuoles; la trame de l'organe est parsemée de cellules embryonnaires, indice manifeste d’une réaction conjonctive à son début. Le foie (65 à 70 grammes pour des lapins de poids indiqué plus haut) est sillonné de bandes fibreuses : l'examen histologique y décèle une légère sclérose porto-biliaire avec des travées de cellules embryonnaires dissociant les cellules hépatiques. Celles-ci contiennent des gouttelettes graisseuses, et subissent par endroits la tuméfaction trouble et la nécrose de coagulation. Par places, il existe des dilatations capillaires et des foyers hémorragiques. - De l'examen de ces lésions du foie et des reins, il semble ressortir que ces intoxications successives superposent, pour ainsi dire, dans ces organes les altérations décrites par les différents auteurs pour chaque toxique. (Travail du Laboratoire de la Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MODIFICATIONS SUBIES PAR UNE MASSE GAZEUSE INJECTÉE DANS LE TISSU CELLULAIRE ET DANS LE PÉRITOINE (1), par MM. À. Roper et J. Nicozas. Comme suite à nos recherches sur les modifications subies par une masse gazeuse injectée dans la plèvre et constituant un pneumothorax expérimental (2), nous avons tenté de déterminer comparativement ce que devenait un épanchement gazeux dans un autre point de l'orga- nisme. Nous nous sommes adressés soit au tissu cellulaire sous-cutané, soit à la séreuse péritonéale du chien. Nous avons injecté soit de l'air (4) Sera publié in extenso dans le numéro des Archives de Physiologie de janvier 1898. (2) Archives de Physiologie, juillet 1896. 948 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE atmosphérique, soit de l'acide CO*, recherchant par des prises successives faites suivant le procédé indiqué dans notre précédente étude, quelles modifications subissait la masse gazeuse au bout d’un temps plus ou moins long chez des animaux différents, ou après un laps de temps gra- duellement croissant, chez le même animal. Voici les résultats auxquels nous sommes arrivés, exprimés en composition centésimale. I. — INJECTIONS D’aiR. — A. Dans le tissu cellulaire a) Sur des chiens différents : Exr. I. — Extraction après 5 minutes. CO0°—1.63 Ox— 5.81. Az—92.56 — Il. — — — ou —= 2/10) —=118) 90) = 16 — TI. — = nn UNS — 3,80 = 7,20 — 88.90 — IV. — — —A1h5 — —1} 00 — 15.95 —16.25 b) Analyses successives chez le même chien. Exp. V. — Extraction après 25 minutes. C0°—2.59 Ox—19.17 Az—18.24 — — | heure. —D 22 —16.44 —18} 939 —- — 24 heures. —8 418 — 4.54 —87.21 Exp. VI. — Extraction après 25 minutes. CO0°—3.10 Ox—18.66 Az—178.24 — — 1h.15 — 6.30 11715410 — 10750 — — 24 heures — 1421 Ho A0 — 86.81 En somme, l’acide CO? apparaît rapidement dans la masse gazeuse et s’y accroit progressivement avec la durée de l'expérience, d'une manière constante et dans des proportions assez comparables, ainsi que nous l’avions déjà vu dans le cas d'’injections intrapleurales d'air. Comme dans la plèvre, il y a également absorption d'oxygène, mais la tension de ce composant dans la masse gazeuse s'abaisse à des chiffres beau- coup plus faibles, 5 p. 100 et au-dessous, et d’ailleurs assez variables suivant les expériences, fait peut-être en corrélation avec les quantités d’air injectées. Il faut aussi tenir compte de la forte réduction de la quantité totale du gaz épanché et de sa grande diffusion dans les mailles du tissu cellulaire. B. Dans le péritoine. Exp. VII — Extraction après 7-8 min. C0°—2.84 Ox—19.12 Az—78.04 — NII. — Es NE — JO! —16.04 — 80.65 INDIE — — 45 — —4106 —17 14 —}S M0 — X. — — — 24heures — (6.00 — 10800 == 97,10 Dans la séreuse péritonéale, les choses paraissent se passer à peu près comme dans le tissu cellulaire, différant ainsi sensiblement de ce qui se produit dans la plèvre. TA PR ART or © CNT © SÉANCE DU 6 NOVEMBRE IT. — INJECTION D'ACIDE CARBONIQUE DANS LE TISSU CELLULAIRE. Exp. XI. — Extraction après 12 min. CO°—86.95 Ox— 4.00 Az— 9.05 — 50 — ==) (1l0) 2910 — 43.30. Exe. XII. — — — 13 — —80 05 —Hb}00 — 17e — XIII. — — — 20 — — 91.50 M 00 —= 1450 — XIV. — — — 35 — 8418710 —} {ls 77 #09 — XV. — — — 35 — — 14,60 —12.30 —13.10 — XVI. — = — 45 — —059 42 19427. — 35.00 — XVII. — — — 4h. 15 — 10.00 — 14.30 — 15,710 — XVIII, — — — 1h. 20 —16.00 —?2) 00 — 59. 00 Comme on le voit, l'acide carbonique est rapidement remplacé par une atmosphère mixte des trois gaz, CO?, Ox, Az. Dès le début, l'azote apparait et sa proportion s'accroît à mesure que l'expérience se pro- longe, mais avec une assez grande irrégularité et sans atteindre un degré aussi élevé que dans la plèvre. L'oxygène s’exhale aussi beaucoup moins rapidement que dans la plèvre, mais son taux arrive, avec de grandes inégalités, suivant les expériences, à s'élever tout autant, à dépasser même ce qu'il est dans l’air atmosphérique. Enfin, on constate un abaissement progressif de la teneur en «acide carbonique, moins rapide toutefois que dans nos expériences sur la plèvre. Peut-être aurait-on pu constater une diminution plus marquée encore du taux de ce gaz en faisant des prises plus tardives. IIT. — Toutes ces modifications dans la composition des gaz injectés dans le tissu cellulaire et le péritoine, reconnaissent évidemment pour facteur principal les échanges osmotiques avec les gaz du sang des capillaires. Il faut attribuer, en outre, une certaine importance à la res- piration élémentaire directe des tissus dans lesquels les gaz sont diffu- sés, qui seule permet d'expliquer l’abaissement du taux de l'oxygène lorsque l’air y a séjourné longtemps. Un fait dont l'explication nous échappe, c’est l'élévation considérable du chiffre de l'oxygène obtenu dans deux expériences d’injection d'acide CO? dans le tissu cellulaire (XI et XVIII) et le dégagement de quantités plus ou moins considéra- bles d’azote. On ne peut, croyons-nous, tirer des expériences précédentes aucune conclusion ferme concernant la question controversée de la tension de l’Ox et du CO? dans le sang; pourtant s’il fallait en déduire une, elle serait plus favorable aux idées défendues par Ch. Bohr qu’à celles qui furent soutenues par Pflüger et P. Bert. (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing.) 950 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TRANSMISSION, PAR L'ALLAITEMENT, DU POUVOIR AGGLUTINANT TYPHIQUE, DE LA MÈRE A L'ENFANT, par MM. Lanpouzy et GRIFFON. La preuve expérimentale de la possibilité de l'absorption, par les voies digestives, de la substance agglutinante typhique, et de sa trans- mission par l'allaitement, nous à été donnée par MM. Widal et Sicard (1). En conférant, par des injections immunisantes, au sérum d’une sou- ris qui venait de mettre bas, un pouvoir agglutinatif intense, ces expé- rimentateurs ont pu voir la propriété agglutinante passer dans le sang des petits allaités. Par contre, les résultats ont été constamment négatifs chez le cobaye el chez le chat. À cet intéressant phénomène de transmission chez la souris, manquait une sanction clinique : nous venons l’apporter. Une femme de 19 ans, journalière, présentant, trois mois après son accouchement, une fièvre typhoïde de moyenne intensité, entre à l’hô- pital Laënnec, dans le service de crèche de M. le professeur Landouzy, avec son bébé qu'elle à allaité jusqu'à sa venue à l'hôpital. Cliniquement, la fièvre typhoïde (deuxième septénaire) est évidente : le sérodiagnostic est positif. L'enfant allaité a l'air d’être en parfaite santé. L'idée vient cependant de rechercher dans son sang la propriété agglutinante; le résultat est neltement positif. On n’a pas procédé à la mensuration du pouvoir agglutinatif des deux sérums; d'autre part, l'enfant sevré et transporté à la campagne, nous a échappé trop tôt pour que nous puissions pré- ciser l’époque de la disparition de la substance agglutinante dans son sérum. Ainsi, le phénomène du passage, par l'allaitement, du pouvoir agglu- tinatif chez la souris, peut se retrouver en clinique humaine. Vainement, chez leur garçon de laboratoire, qui avait ingéré chaque jour, pendant trois semaines, un demi-litre de lait de chèvre présentant un pouvoir agglomérant élevé, MM. Widal et Sicard avaient recherché la séro-réaction. Mais les conditions d'expérience n'étaient pas les mêmes, et ces auteurs avaient parfaitement pressenti que chez l'enfant nou- veau-né on obtiendrait peut-être d’autres résultats. (1) Widal et Sicard. Recherches sur l'absorption de la substance agglutinante typhique par le tube digestif, par la transmission par lallaitement. (C. R. Soc. de Biologie, 24 juillet 1897, p. 804.) Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1897 M. le Dr A. Taowas : Essai sur la rééducation de la parole dans l’aphasie motrice corticale. — M. Acrrep Grarp : Sur un Cercaire sétigère (Cerceria lutea) parasite des Pélécypodes. — M. Azrren GraRp : Sur un Distome (Brachycælium sp.) parasite des Pélécypodes. — M. Louis LÉGER : Sur la présence des glugéidées chez les distomes parasites des lamellibranches. — M. le D' A. Raïcauine : Le dermogra- phisme dans le tabes dorsalis. — M. Mercanxorr : Sur un type nouveau (Metçch- nikovella n. g.) d'organismes parasites des Grégarines. — MM. L. Grimserr et L. Ficouer : Sur un nouveau ferment des tartrates « le Bacillus tartricus ». — M. R. Quinrow : L'eau de mer, en injections intra-veineuses aux doses fortes. — M. Cu. Féré : Note sur le réflexe pharyngien chez les épileptiques. — Mlle SrerANOWSKA : Sur le mode d’articalation entre les neurones cérébraux. — M. Pauz Courmonr (de Lyon): Sur une nouvelle tuberculose strepto-bacillaire d’ori- gine humaine. — M. Carrier (de Marseille) : De l'élimination de la potasse urinaire dans les néphrites. — M. le Dr En. Boxer : Guérison d’un cas de téta- nos traité par dix injections de sérum anti-tétanique. Présidence de M. Bouchard. ESSAI SUR LA RÉÉDUCATION DE LA PAROLE DANS L'APHASIE MOTRICE CORTICALE, par M. le D' A. Tuomas. (Communication faite dans la séance précédente.) Dans une communication faite en collaboration avec M. Roux, nous avons démontré qu'il était possible de faire articuler à des malades, atteints d’aphasie motrice corticale, des syllabes et des mots, en leur montrant les mouvements des lèvres et de la langue nécessaires à leur prononciation : c'est la méthode employée habituellement pour l’édu- cation des sourds-muets. Pour rendre l'expérience plus convaincante, nous avions tenté de rééduquer par ce procédé une malade atteinte d'aphasie motrice corticale depuis quinze ans : elle ne pouvait alors prononcer que trois ou quatre mots. Après un mois de rééducation, méthodiquement pratiquée, cette malade pouvait répéter presque tous les mots qu’elle entendait, sans avoir recours à la vue des mouvements de la langue et des lèvres. Depuis cette époque, elle a été examinée à BioLocte. COMPTES RENDUS. — 10° SÉRIE, T. IV. 11 952 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : = DE a plusieurs reprises : actuellement, elle peut prononcer un assez grand nombre de mots spontanément, mais l'émission de chaque mot n’a lieu qu'après plusieurs hésitations, elle est incapable de dire une phrase, de lire tout haut; la lecture mentale s’est améliorée : l'écriture est restée stationnaire, elle copie bien, mais elle est incapable d'écrire spontané- ment ou sous dictée, les progrès n'ont, par conséquent, pas été consi- dérables ; il n’en subsiste pas moins ce fait intéressant qu’une malade, aphasique depuis quinze ans, a pu, après une période de rééducation relativement courte, répéter tous les mots et en prononcer spontané- ment un certain nombre. Nous en avons déduit que ce qui a disparu chez l’aphasique est bien moins la possibilité d'accomplir les mouve- ments d’articulation nécessaires pour prononcer une syllabe ou même un mot que la provocation de ce mouvement par l'image auditive ver- bale. Chez les mêmes malades, nous avons démontré également que les troubles de la lecture et de l'écriture ne sont que la conséquence des modifications survenues dans les associations des images auditives et des images motrices. Gutzmann a employé une méthode semblable pour la rééducation de cinq malades, atteints de troubles du langage; ses observations sont très incomplètes, et il n’est pas certain qu'il s'agisse d’aphasie motrice corticale. Danjou aurait obtenu de bons résultats sur un aphasique. L'observation que je rapporte aujourd'hui est intéressante à diffé- rents points de vue. Il s’agit d’une aphasie motrice corticale, bien définie cliniquement, survenue dans des circonstances qui ne laissent aucun doute sur le siège de la lésion, et qui, après une durée de cinq ans, s'est améliorée progressivement sous l'influence d’une rééducation méthodiquement poursuivie. A... Chass., âgée de trente-quatre ans, sans profession, mariée, mère de quatre enfants bien portants, ne présente rien de particulier à signaler dans ses antécédents héréditaires ou personnels. Il y a six ans, elle fut atteinte, quelques jours avant d’accoucher, d'une otite moyenne avec paralysie faciale gauche, présentant les caractères d’une paralysie faciale pétreuse. Quinze jours environ après les couches, elle ressentit des douleurs violentes dans la tête, surtout marquées à gauche : le diagnostic d’abcès du cerveau ayant été porté, la trépanation fut aussitôt exécutée et du côté gauche : avant l'opération, il n’y avait ni hémiplégie ni aphasie. (Nous tenons ces renseignements du Dr Lamotte, alors interne, qui a suivi la malade avant et après l'opération.) Au cours de l'opération, plusieurs ponctions furent pratiquées à travers la substance cérébrale, sans déceler nulle part l'existence d’une collection purulente. À la suile de l'opération, il se produisit une hernie cérébrale volumineuse, et simultanément apparut l’hémiplégie droite avec aphasie. Dès le début l’aphasie fut totale, la malade ne pouvait prononcer un mot. La maiade entra, au mois d'avril 1896, cinq ans après le début de l’aphasie, dans le service du D" Dejerine, à la Salpêtrière, salle Vulpian, n° 9. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 953 Les troubles du langage étaient les suivants : Parole spontanée : la malade ne peut dire que oui et non. — Parole répélée : nulle. — Lecture à haute voix : nulle. — Ecrilure spontanée : elle peut écrire seulement son nom et son âge de la main gauche.— Ecriture sous dictée : nulle. — Copie : conservée, elle transcrit correctement l’imprimé en manuscrit. Chant : elle ne sait plus chanter. Audition verbale : conservée. Lecture mentale : elle comprend les mots usuels, la valeur des chiffres; elle ne comprend pas les phrases, les mots peu familiers ou même les mots usuels écrits en lettres ou en syllabes séparées. (Epellation très altérée.) Evocation spontanée des images auditives : nulle. Evocation des images visuelles très altérée. Elle n'’écrit pas mieux, avec des cubes alphabétiques qu'avec sa main. Cet ensemble symptomatique est bien celui de l’aphasie motrice corticale; d’ailleurs en prenant exactement les dimensions de la région trépanée et en nous appuyant sur les indications fournies par la topographie cranio-céré- brale, nous avons pu nous assurer que la région trépanée correspond à l’opercule frontal, l’opercule Rolandique et à la troisième circonvolution fron- tale. Nous avons commencé la rééducation, le 22 avril 1896. Nous lui avons appris à répéter successivement par la vue des mouvements de la langue et des lèvres, les voyelles, les syllabes simples (association d’une consonne et d’une voyelle) : le £ mai, la malade articulait toutes les syllabes : elle réapprit ensuite, par la même méthode, l’épellation et la lecture des syllabes simples : en même temps, elle fit des essais d'écriture. Lorsque les éléments du mot furent réacquis, elle apprit à répéter des mots d'une syllabe, puis de deux et de plusieurs syllabes, à lire des mots syllabés, à répéter des syllabes composées (association de deux consonnes et une voyelle). Au bout de six semaines, la rééducation fut terminée et la malade livrée à elle-même. Actuellement, un an après le début de la rééducation, la malade répond par mots correcte- ment articulés et sans hésitation à toutes les questions qu’on lui pose, elle me compose pas encore de phrases, mais elle se fait comprendre. Elle répète bien des phrases très courtes; les phrases longues ne sont répétées que par- tiellement. Elle lit correctement à voix haute, en articulant nettement chaque syllabe. La lecture mentale s’est très améliorée. L'écriture spontanée et sous dictée, ne s'est pas sensiblement améliorée, mais depuis un an la malade a fait peu d'essais. En résumé, sous l'influence de la rééducation, la parole est revenue en grande partie, les mots sont correctement articulés, chaque syllabe est bien détachée, aussi bien dans la parole spontanée que dans la lec- ture à haute voix. En présence de pareils résultats obtenus dans un cas d'aphasie motrice corticale datant de cinq ans, il y a lieu de penser que le même traitement appliqué dès les premiers mois, chez les malades atteints d'aphasie motrice corticale, est suffisamment indiqué. (Travail du service du D' Dejerine à la Salpétrière.) 954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———— — —— — SuR UN CERCAIRE SÉTIGÈRE (Cercaria lutea) PARASITE DES PÉLÉCYPODES, par M. ALFRED GiaRp. Il y a trois ans, le professeur Jobert signalait ici même (4) l'existence dans les elovisses d'Arcachon (7apes decussatus L.et Tapes pullastraMont.) de Sporocystes et de Cercaires à queue sétigère dont il donnait une brève description. Jobert voulut bien, à cette époque, me montrer ces parasites que j'ai réétudiés depuis sur des Zapes de même provenance. Les Sporocystes remplissaient les glandes génitales du Mollusque et déterminaient une castration parasitaire plus ou moins complète, généralement absolue. L'année suivante, dans un travail très soigné, P. Pelseneer a décrit l’évolution d'un Cercaire à l’intérieur de Sporocystes parasites de Ponax trunculus L. recueillis à la Pointe-aux-Oies près Wimereux. Il a constaté: également la castration parasitaire du Mollusque. Mais la rareté du parasite en question n’avait pas permis de suivre le Cercaire jusqu'à son parfait développement et d’en faire la détermination systématique (2). Cette année, nous avons retrouvé, Pelseneer et moi, le même Trématode excessivement abondant chez Donax trunculus L. du nouveau port en eau profonde de Boulogne et aussi chez Pholas candida L. du banc de la Crèche. Les Cercaires complètement développés n'étaient pas rares dans les Sporocystes et j’ai pu constater la parfaite identité de ces para- sites avec ceux découverts par Jobert dans les Z'apes d'Arcachon. Le Cercaire en question est bien différent des autres Cercaires sétigères connus. Il se distingue du Cercaria Villoti Monticelli, en ce que les soies ne sont pas insérées en cercles comme Villot l’a décrit et figuré chez cette espèce, mais forment des faisceaux latéraux comparables jusqu’à un certain point aux parapodes des Annélides. D'autre part, il ne peut être confondu avec Cercaria setifera Müller et C'ercaria Clausi Montic. qui ont aussi des faisceaux de soies disposés laté- ralement, car ces espèces présentent des points oculiformes qui manquent absolument chez notre parasite et la longueur des soies n’est pas non plus la même (3). Pour des raisons que nous indiquerons plus loin, nous désignerons le Cercaire d'Arcachon et de Wimereux sous le nom de Cercaria lutea. Les Sporocystes renfermant ces parasites ont une longueur de 2 à 5 millimètres au moins. Leur forme est irrégulièrement cylindrique; la (1) Jobert. Recherches pour servir à l’histoire du parasitisme. (C. R. de la Société de Biologie, 16 juin 1894, p. 519.) (2) P. Pelseneer. Un Trématode produisant la castration parasitaire chez Donax trunculus. (Bulletin scientifique de A. Giard, t. XX VI, 1895, p. 357, pl. XIL.) (3) Monticelli. Sulla Cercaria setifera Müller (Boll. Soc. di Nat. in Napoli, vol. II, 1888, p. 193-199.) SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 955 largeur variant à chaque instant avec les contractions du corps; l’extré- mité antérieure s’effile très fortement en avant de la partie renflée dans les mouvements de progression. On dirait alors un cæcum avec son appendice vermiforme. Le corps du Cercaire mesure environ 0%",30 de longueur et la queue 122,40. Les soies beaucoup plus longues que celles de C. Clausi et même que celles de C. setigera, forment 25 à 27 paires de rames, chaque rame comprenant 5 à 7 soies. La ventouse antérieure (terminale) est un peu plus petite que la ventouse ventrale. Celle-ci paraît légèrement saillante, presque pédiculée lorsqu'on la voit de profil. Le pharynx qui fait suite à la ventouse antérieure est court et le bulbe pharyngien ovoïde est suivi par un œsophage plus court encore, débou- chant dans deux culs-de-sac gastriques de forme irrégulièrement sphé- rique disposés transversalement vers la droite et vers la gauche de l’axe du corps au-dessus de la ventouse ventrale. Les organes excréteurs sont formés par deux tubes simples réunis à la partie postérieure et débou- chant à l'extérieur par un pore situé à la naissance de la queue. Tout le tégument du corps est couvert de papilles très fines. Sur la queue on ne trouve que les stries transverses et longitudinales décrites par les auteurs chez les autres Cercaires du même groupe. Après avoir nagé librement pendant quelque temps, ces Cercaires perdent leur appendice caudal et se présentent alors sous la forme de pe- tits Distomes appartenant de la façon la plus nette au genre Prachycælium. Les dimensions relatives des ventouses et les autres caractères nous portent à rattacher ces formes larvaires au Prachycælium luteum P. 3. van Bened., Dislome que P. J. van Beneden a signalé sur la côte belge chez le Scyllium canicula et que Monticelli et Bétencourt ont trouvé communément à Wimereux chez le Scyllium stellare (4). Les Scyllium aiment à fouiller le sable pour y saisir les Mollusques dont ils se nourrissent (Day, British F'ishes) et Donax trunculus est une proie facile. Ce Pélécypode vit en effet tout à fait superficiellement et sa présence est indiquée sur les plages de sable par les petites touffes d'Hydraires, d'Ulves ou de Ceramium qui couvrent les bords de la coquille au voisinage des siphons (2). À (4) Monticelli F. S. Elenco degli Elminti studiati a Wimereux. (Bulletin scientifique, de À. Giard, t. XXII, 1890, p. 424, pl. XXII, fig. 21-27). (2) Outre le Cercaria lutea, les Donax du port de Boulogne renferment aussi, mais plus rarement, un autre Cercaire gonotome, le curieux Bucephalus “haimeanus. C'est donc un nouvel hôte à ajouter à la liste des mollusques qui hébergent ce Trématode et qui sont dans la Méditerranée : Ostrea edulis et Cardium rusticum (de Lacaze-Duthiers) et dans l'Océan : Cardium edule (Huet), Mactra solida (Huet), Tapes decussatus et Tapes pullastra (Vaullegeard). Voir Bull, Soc. Linnéenne de Normandie, 4° série, 8° vol. 1894, p. 8. 956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le jeune âge des individus observés et l’absence des caractères tirés: des organes génilaux laissent évidemment quelque doute sur la déter- mination spécifique. Mais un fait demeure acquis et il me paraît avoir une certaine importance : la forme Cercaire à queue sétigère doit être rattachée aux Distomes du sous-genre Brachycælium. SUR UN DISTOME (Prachycælium Sp.) PARASITE DES PÉLÉCYPODES, par M. ALFRED GIARD. Les Mollusques Pélécypodes, de la plage du nouveau port de Boulogne- sur-Mer, renferment presque tous, entre le manteau et la coquille, de nombreux exemplaires d’un petit Distome qui paraît attendre, dans cet habitat, une migration passive chez un hôte où il puisse terminer son évolution. Les espèces généralement infestées sont : Donax trunculus L., Tel- lina fabula (1) Gronov, Tellina tenuis Da Costa, Tellina solidula Pult (Tellina baltica L.) Le Trématiode produit une réaction assez vive de la part du Mollusque infesté. Chez les formes à coquilles minces (7ellina fabula et tenuis) les amas de Distomes sont parfaitement visibles à l'extérieur par transpa- rence, grâce aux amas de pigment jaunâtre dont ils sont environnés. Chez les espèces à coquilles épaisses (Donax trunculus et Tellina soli- dula), les Trématodes occupent de petites fosseties formées dans l'épaisseur de la coquille. Le Mollusque, en se défendant, produit à l’'entour du parasite des dépôts irréguliers de conchyoline et de cal- caire, parfois même de petites perles. Certaines coquilles sont absolu- ment déformées, surtout au voisinage des sommets. Ce petit Distome appartient manifestement au genre Brachycælium, et J'ai supposé quelque temps qu'il représentait un état plus avancé du Cercaire décrit dans la note précédente comme étant l’état jeune du Pra- chycælium luteum. Maïs chez ce dernier, d’après la description de Mon- ticelli, la ventosa posteriore e assai piu grande della anteriore. Or, chez tous les individus que nous avons examinés, la ventouse postérieure est, au contraire, constamment la plus petite, et cela d’une façon très nette. (4) Tellina fabula et Tellina tenuis sont, parmi les Pélécypodes, deux types à recommander aux débutants pour l'étude du système nerveux. La présence de l’hémoglobine autour des centres permet de trouver, avec la plus grande faci- lité, chez la plupart des individus de ces deux espèces, les ganglions du collier antérieur, et même les ganglions pédieux, le plus souvent admirablement “visibles par transparence avant toute dissection, grâce à leur belle couleur rouge. Sue s FN Deer SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 957 Pour rattacher notre Distome au B. luteum, il faudrait donc supposer que la dimension relative des ventouses, après avoir été dans le Cercaire “conforme à ce qui a lieu chez l'adulte, deviendrait momentanémeni l’in- verse dans le jeune âge du Distome. Sans être absolument improbable, ‘cette hypothèse aurait besoin évidemment d'être confirmée par des observations suivies. Tous les Distomes que nous avons trouvés chez les Pélécypodes, aux mois d'août et de septembre, avaient environ 0,5 de long. Les plus développés présentaient, à la partie postérieure, deux masses sphériques, rudiments des testicules. Il n’y avait pas trace d’ovaire. Les organes excréteurs renfermaient souvent, non loin du pore caudal, une ou deux masses solides formées de concrétions jaunâtres, de nature urique. La structure du tégument et tous les détails anatomiques rappelaient d’ail- leurs exactement ce que nous avons décrit chez les Cercaria lutea les plus avancés. Un grand nombre de ces Distomes, un peu plus grands que les autres, moins actifs et beaucoup plus opaques, étaient absolument farcis de Sporozoaires, du groupe des Glugeidées, dont M. L. Léger a bien voulu “entreprendre l'étude. (Voir la note ci-après.) La présence de ces parasites de parasites montre bien que les Dis- tomes des Pélécypodes ne sont pas dans une situation normale et qui puisse se prolonger indéfiniment. D'autre part, le nombre immense de ces Trématodes permet difficilement d'admettre qu'il s'agisse d'indi- vidus égarés. La fréquence du Sporozoaire doit restreindre dans une large mesure la multiplication du Trématode, dont l'abondance est cependant extrême chez tous les Mollusques que nous avons cités dans la localité indiquée. SUR LA PRÉSENCE DE GLUGEIDÉES CHEZ LES DISTOMES PARASITES DES PÉLÉCYPODES, par M. Louis LÉGER. Si l’on examine attentivement les nombreux individus du Distome découvert par M. A. Giard, entre le manteau et la coquille des Donax et des Tellines, après les avoir placés avec de l’eau de mer dans un verre de montre disposé sur un fond noir, on remarque qu'un grand nom- bre de ces parasites, la moitié au moins, présentent une teinte blanc mat, crayeuse, qui les fait distinguer de suite, des autres qui sont beaucoup moins opaques. En même temps, ceux qui présentent cette coloration caractéristique sont ordinairement pMeS gros et plus STORE que les autres. : 958 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'examen microscopique des individus opaques montre que ceux-ci sont bourrés de spores de Glugeidées, présentant la plus grande analogie avec les corpuscules de Pébrine des auteurs. Celles-ci, en quantité pro- digieuse, remplissent, pour ainsi dire, tout le tissu mésodermique de l'hôte et semblent, à première vue, absolument libres dans le paren- chyme; mais en dilacérant les téguments avec attention, on reconnait qu'elles sont primitivement réunies en petites masses à peu près sphé- riques de 15 à 20 y de diamètre, comprenant un nombre variable de spores et protégées par une membrane extrèmement frêle. Ces spores ont la structure typique des spores des Glugeidées : petites, de forme ovoïde renflée à une extrémité qui montre une vacuole très nette et légèrement arrondie à l’autre, elles mesurent environ 5 & de long sur 2 y 5 de large et sont à peu près toutes d’égales dimen- sions. Les états jeunes de cette Myxosporidie sont diffieile à observer car, au début de l'infection, les individus parasités ne se distinguent en aucune façon des individus sains; mais nous ferons, dans la suite, une étude plus approfondie de cette espèce sur des coupes de Distomes infestés, afin de rechercher le mode de développement et la topographie exacte du parasite et de lui assigner sa véritable place dans la systéma- tique. Pour le moment, et autant qu'il semble résulter de ces premières observations, la Glugeidée dont il s’agit, paraît donc rentrer dans le genre Pleistophora de Thélohan caractérisé par des petites vésicules distinctes renfermant un nombre variables de spores. La présence de cette Myxosporidie chez un Trématode parasite lui- même de Lamellibranches est intéressante à signaler. R. Moniez (1), en 1879, a également observé des corpuscules de Pébrine dans ZTænia expansa et denticulata; cette espèce mériterait d’être étudiée à nouveau et comparée avec celle des Distomes, dont elle est probablement très voisine. Dans tous les cas, il faut incontestablement ranger aujourd’hui les Plathelminthes parmi les hôtes des Glugeidées. (Travail du laboratoire de zoologie maritime de Wimereux.) LE DERMOGRAPHISME DANS LE TABES DORSALIS, (Communication préalable), par M. le D A. RaïcaLine. Malgré la fréquence notoire des troubles vasomoteurs et trophiques dans le tabes (hyperidrose, anidrose, dermatoses, ecchymoses, mal per- (1) Bull. Sc. du Nord, 1897. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 959 forant, etc.), personne, à notre connaissance, n’a eu l'idée de rechercher d'une facon systématique, la présence dans cette affection du phéno- mène connu depuis longtemps sous le nom de dermographisme (ou auto- graphisme). Les auteurs classiques, que nous avons consultés à cet effet, n'en font guère mention, et ce n’est que tout à fait incidemment que le der- mographisme se trouve noté dans un seul cas de tabes, par M. Barthé- lemy (1) au cours des nombreuses recherches consacrées par cet auteur à l'étude de ce phénomène dans diverses circonstances pathologiques. Dans toute la vaste littérature du tabes dorsalis, nous n'avons pu relever qu'une seule observation se rattachant au sujet qui nous occupe en ce moment, notamment celle de Janowsky, communiquée à la Société médicale de Prague (2), où il s’agit d’un vrai « homme autographique », que l’auteur considère comme un pendant à la fameuse « femme auto- graphique » de Dujardin-Beaumetz (3). Cependant, nos recherches per- sonnelles nous portent à croire que le dermographisme est très fré- quent dans le tabes et qu'il figure dans cette affection à titre de trouble vasomoteur relevant de la nature et de la localisation du processus pathologique, indépendamment de toutétal dyspeptique ou des maladies cutanées concomitantes. Nous avons, en effet, constaté l'existence du dermographisme plus ou moins nettement prononcé dans dix cas de tabes sur quatorze cas que nous avons examinés dernièrement à ce point de vue. Comme partout ailleurs, le dermographisme dans je tabes est surtout prononcé au tronc et tout particulièrement au dos, où ce phénomène est le plus souvent lié à une hyperesthésie cutanée superficielle où profonde. Une seule fois, nous avons vu le dermographisme porter l'aspect d'une simple paralysie vasomotrice, analogue au phénomène de la « raie méningilique » de Trousseau. Il s'agissait, dans ce cas, d’une ataxie très grave, généralisée à tout le corps, avec des troubles sensitifs extrêmement prononcés et également généralisés. Dans les autres cas, nous avions à faire au dermographisme saillant, accompagné de phé- nomènes de chair de poule et d’une turgescence plus ou moins longue- ment persistante de la peau aux endroits excités, tel, en un mot, qu'il a été décrit dans d’autres affections par Zunker (4), Féré et Lamy (5) et surtout par Barthélemy (6). (1) T. Barthélemy. Étude sur le dermographisme ou dermoneurose toxi- vasomotrice. Paris, 1893. Voy. aussi Progrès médical, 1893, n° 1, 2 et 3. (2) Voy. Wiener medic. Presse, 1885, n° 8. (3) Soc. méd. des Hôp., 1879. (4) Berl. Klin. Woch., 1875. (5) Nouv. Iconogr. de la Salpétrière, 1889. (6) Loc. cit. 960 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EE Ajoutons encore que nos recherches ont été faites et répétées en dehors de tout accès de douleurs fulgurantes. On connaît la grande analogie qui existe entre la syringomyélie et le tabes au point de vue des troubles trophiques et vasomoteurs. Or, le dermographisme a déjà été noté dans la syringomyélie par les auteurs comme Schultze et Roth. La fréquence du même phénomène dans le tabes vient, encore une fois, compléter cette analogie. SUR UN TYPE NOUVEAU (Metchnikovella n. g.) D'ORGANISMES PARASITES DES GRÉGARINES. Note de MM. Maurice CAULLERY et FÉLix MESNIL, présentée par M. METCHNIKOrF. On ne connaissait jusqu'ici aucun parasite des Sporozoaires (1). Ceux que nous avons découverts habitent dans les Grégarines intestinales des Annélides marines. Nous avons surtout étudié, à ce point de vue, une Grégarine, probablement identique à Gregarina Spionis Kôüll, que l’on rencontre d’une façon constante dans les Spio Martinensis Mesn., de l’anse d’Escalgrain, près du cap de la Hague. Chez les Grégarines normales, l’entocyte est constitué par des granulations très uniformes, au milieu desquelles tranche le noyau. Chez certaines, au contraire, dans l’entocyte, se détachent une ou plusieurs vacuoles claires, peu réfringentes; chez d’autres, l’entocyte est parcouru dans tous les sens et dans toute sa masse, par des traînées hyalines, peu réfringentes, d’un calibre sensiblement constant. Chez d’autres enfin, l’entocyte renferme des corps figurés, en forme de fuseau, à contours bien marqués, de 30 à 50 p de long sur 4 u de large, allongés suivant l’axe de la Grégarine. Ils peuvent coexister avec les trainées; ils sont souvent en grand nombre (une centaine environ), et remplissent alors à peu près complètement le volume de la Grégarine. Dans tous les cas, le noyau de celle-ci est parfaitement intact, ce qui exclut toute connexion entre les phénomènes précédents et sa sporulation. De plus, quand ces altérations existent (chez 30 p. 100 au moins des Spio d'Escalgrain), elles atteignent presque tous les individus, quelle que soit leur taille (même les céphalins), habitant un même Spio. Ces cuconstances suggèrent l'hypo- thèse d’un parasitisme. L'étude des matériaux fixés, colorés et coupés fournit les résultats suivants. Les vacuoles claires et les traînées hyalines sont dépourvues de membrane et (4) Notons cependant que Cienkowsky a décrit (Botan. Zeitung, XIX, 1861) un curieux champignon vivaut sur Amæbidium parasilicum (Sporozoaire ectopa- rasile). ARE "REA SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 961 renferment une série de petits corps colorables (noyaux), arrondis ou légère- ment allongés, généralement assez irréguliers de forme, mesurant environ 1 p; chacun d'eux est entouré d'une couche de protoplasme assez homogène. Il y a, dans une vacuole, un certain nombre de cellules ainsi constituées, isolées ou réunies par deux. Dans une traînée, on a généralement une disposition en streptocoque ; quelquefois pourtant, {es cellules sont séparées. La multi- plication scissipare est évidente ; le fait qu'on trouve des ensembles de deux cellules dont l’une est nettement plus petite que l’autre, semble indiquer une gemmiparité. Les corps en fuseau sont des kystes à membrane épaisse. Leur portion médiane (sur les 3/5 de la longueur) est légèrement renflée et ren- ferme des corpuscules nucléés, bien individualisés, de forme ovalaire, géné- ralement au nombre de 16, disposés sur deux lignes, sauf aux extrémités. Les deux bouts du fuseau sont pleins et ont une affinité spéciale pour les colo- rants qui en imprègnent d'abord la partie axiale. D’après ces observations, le parasite évoluerait de la facon suivante. Le début de l'infection est marqué par une vacuole claire dans l’entocyte. Le cas où celui-ci offre plusieurs vacuoles isolées correspond, soit à une infection répétée, soit à une multiplication endogène de l'élément parasilaire primitif. Dans chaque vacuole, la cellule infestante se multiple à la fois par scissiparité et par bourgeonnement et est le point de départ soit d’un groupe formant une grande vacuole, soit d’une traînée. Le parasite se propage ainsi graduellement dans toute la Grégarine. La formation des kystes doit être rapide et simul- tanée ; elle a lieu quand la Grégarine est envahie complètement, probable- ment lorsque, épuisée, elle ne peut plus fournir à un accroissement du para- site. Le détail de la genèse des kystes est difficile à suivre ; ils résultent, autant que nous l’avons observé, d’une transformation, in situ, de portions de traînées qui s’entourent d’une membrane, augmentent ainsi de réfringence, et renferment d'emblée un certain nombre de cellules. Peut-être celles-ci se divisent-elles transversalement pour former les deux files observées ; finale- ment, elles deviennent les éléments ovalaires que nous considérons comme des spores. Des éléments homologues paraissent exister librement en dehors des kystes. Les kystes constituent la forme de résistance et de propagation du parasite. Il est probable que la Grégarine finit par se rompre, et les kystes, mis en liberté, peuvent, après dissolution ou rupture de leur membrane sous l’in- fluence du liquide intestinal de l’annélide, fournir des éléments d'infection à d’autres Grégarines. Cette évolution du kyste peut se produire soit dans l’in- dividu même de Spio où il s’est formé, soit après rejet à l'extérieur dans un autre individu. Nous proposons, pour le parasite précédent, le nom générique de Metchnikovella. Nous avons trouvé une autre espèce très voisine dans une Grégarine en T du tube digestif d'un Capitellien (Capitellides Giardi Mesnil), recueilli également sur la côte de la Hague; les kystes ont une forme légèrement arquée, quelquefois un peu renflée au milieu de la partie concave; ils mesurent 50 & sur 3 & 5 et renferment environ 32 corpuscules. 962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Certains auteurs, Claparède (1), chez une Grégarine de PAyllodoce, Léger (2), chez Sycia inopinata Léger et Platycyshis sp. de l'intestin d’une Audouinia, avaient déjà observé et figuré des kystes de Metchni- kovella, mais sans réussir à les interpréter. La forme et les dimensions des kystes, le nombre des spores qu'ils contiennent, paraissent devoir fournir des caractères précis pour séparer les diverses espèces de Metchnikovella. Ces organismes ne nous paraissent avoir d’affinités bien précises avec aucun des groupes particuliers d'organismes inférieurs. Peut-être, par leur multiplication à la fois scissipare et gemmipare, par l'apparition brusque des formes de résistance à aspect réfringent, ne sont-ils pas sans analogie avec les Æolospora Hafkine (3), parasites du macro ou du micronucléus des infusoires ciliés. Mais, chez cet organisme, il n’y a pas de kystes pluricellaires; de plus, les Æolospora ne se présentent que rarement en longues trainées (Balbiani en à cependant observé). Comme les Æolospora, les Metchnikovella sont donc, pour le moment, très isolées. SUR UN NOUVEAU FERMENT DES TARTRATES «Q LE : BACILLUS TARTRICUS », par MM. L. GrimBert et L. FicQuEr. On sait, depuis longtemps, que le tartrate de chaux, abandonné à lui-même au contact d’un liquide organique quelconque, ne tarde pas à être envahi par les microbes et à devenir le siège d’une fermentation plus ou moins active. Mais on est loin d’être d'accord sur la nature des produits formés et sur l'agent de cette décomposition. Les travaux publiés sur ce sujet sont ceux de Pasteur (4), À. Gautier (5), Fitz (6) et Kônig (7). : Le ferment tartrique de Pasteur est un long bacille anaérobie doué de mouvements flexueux et décomposant le tartrate de chaux en acides propionique, acétique, carbonique, sans dégagement d'hydrogène. Celui de A. Gautier, non isolé à l’état d'espèce définie, donnait de l'acide (1) Claparède. Études sur les Annélides, etc., des Hébrides. Mém. Soc. Phy- sique. Genève, 1861, p. 159, pl. IV, fig. 8-9. (2) Léger. Recherches sur les Grégarines. Tablettes zoologiques, t. IIL. Poitiers, 1892, p. 87-94, pl. V, fig. 3-8 et 13-16. (3) Hafkine. Ann. Inst. Pasteur, t. IV, 1890, p. 148 et seq., pl. IIT-IV. (4) Pasteur. Études sur la bière, Paris, 1876, p. 274. (5) A. Gautier. C. R., t. LXXX VI, p. 1338, 1878. (6) Fitz. Bericht. d. d. chim. Ges., XII, p. 475. (7) Kônig. Bericht. d. d. chim Ges., 1881, p. 211, et 1882, p. 172. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 963 tartronique avec le tartrate de potasse. Dans ses fermentations de tartrate de chaux, Fitz obtenait surtout de l’acide acétique accompagné de petites quantités d'alcool ordinaire, d'acide butyrique et d'acide succinique. L'organisme de Kôünig est un ferment propionique du tar- trate de chaux qui donne avec le tartrate d'ammoniaque de l'acide for- mique, de l’acide acétique et de l'acide succinique. Ces divergences tiennent vraisemblablement à ce qu'aucun des auteurs cités n’a eu entre les mains de semence pure. En effet, tantôt les ballons étaient abandonnés à eux-mêmes jusqu’à ce que le hasard se chargeât de les ensemencer, tantôt ils étaient additionnés d’un liquide organique quelconque en putréfaction, ou bien encore, selon la méthode de Fitz, de bouse de vache. Il en résulte que divers organismes, capable d’at- taquer les tartrates, ont pu vivre ensemble dans le même milieu et agir parallèlement ou bien se prêter un mutuel concours pour réaliser de ces associations microbiennes parfois si fécondes en surprises. Il importait done, au début d'une nouvelle étude de la fermentation des tartrates, d'isoler un des agents de cette fermentation et de le cultiver à l'état de pureté avant de s’en servir comme de semence. C’est à quoi nous sommes arrivés en partant d'une fermentation anaérobie de tartrate de chaux mise en train au moyen de quelques gouttes d’une macération végétale abandonnée elle-même à l’étuve sans précautions spéciales. Après une série de cultures anaérobies sur tartrate, l'emploi combiné de tubes de gélatine roulée et du vide, nous permit d'isoler, au milieu d’autres espèces, une bactérie nouvelle, ferment énergique du tartrate de chaux, que nous désignerons désormais sous le nom de Bacillus tartricus (1). Le B. tartricus est un petit bacille d'environ 1 à 2 uv de long, doué de mouvements très vifs, se décolorant par la méthode de Gram. C'est un anaérobie facultatif. | Sur bouillon : trouble rapide, voile grumeleux se disloquant facile- ment; dépôt muqueux ; pas d’odeur. Sur plaques de gélatine : colonies ressemblant à celles du coli-bacille, à bords irréguliers peu découpés; liquéfaction très lente, ne commençant que du dixième au quinzième jour. (1) Il est fort possible que le B. tartricus ait déjà été décrit sous un autre nom, mais tant que les auteurs ne s’abstiendront pas à suivre une marche méthodique dans l’étude des propriétés biologiques d’un microbe, en spécifiant notamment les conditions dans lesquelles ils se sont placés, en notant exacte- ment la composition de leurs milieux de culture et en multipliant surtout les expériences sur les actions chimiques de ce microbe, on continuera à vivre au milieu d'un véritable cahos, du moins en ce qui concerne les espèces saprophytes. Pour ma part, j'ai renoncé à poursuivre l'identification du B. tartricus avec les espèces décrites, tellement j'ai été frappé du désordre qui règne dans la description de ces espèces. — L. G. 964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LAN > ONE AI RE PR A LR OR te Sur gélatine en piqüre : trace finement granuleuse. Au point d’ino- culation à la surface, colonne irrégulière, aplatie, au-dessous de laquelle se forme une zone nébuleuse, point de départ de la liquéfaction future. Sur gélose : trace mince, glacée, transparente qui s'étale en quelques jours sur toute la surface de la gélose. — Sur pomme de terre : trace jaunâtre en saillie; la pomme de terre prend une coloration foncée en vieillissant. — Pas d’indol dans une solution de peptone. — Coagulation du lait vers le huitième jour, avec coagulum granu- leux. — L'empois d’amidon n'est pas liquéfié. — L'albumine cuite n’est pas digérée. — Les nitrates sont transformés en nitrites. Le B. lartricus attaque un grand nombre d’hydrates de carbone parmi lesquels nous citerons : le glucose, le lactose, le maltose, le saccharose, la dextrine et la mannite. Il est sans action sur la dulcite et la glycérine. — Une culture sur bouillon, âgée de quelques jours, est tuée par un séjour d’une demi-heure à une température de 50 degrés. Le 2. tartricus est un ferment actif du tartrate de chaux qu'il attaque indifféremment en cultures aérobies ou anaérobies. Dans nos premières expériences, le tartrate était introduit dans des ballons renfermant comme milieu nutritif la solution minérale de Pas- teur (1), soit telle quelle, soit additionnée de deux millièmes de pep- tone. Le tout, après stérilisation, était ensemencé au moyen d’une culture pure sur bouillon, âgée de vingt-quatre heures, et mainteuu à la température constante de 36 degrés. Les produits de la fermentation (alcools, acides volatils, acides fixes, etc.), ont été déterminés d'après les procédés de M. Duclaux (2). D'une facon générale, on ne trouve pas trace d’alcools, mais seulement deux acides : l’un volatil, l'acide acétique; l’autre fixe, l'acide succi- nique. Il se dégage, en outre, de l’acide carbonique et de l'hydrogène. Une solution de tartrate d’ammoniaque à un pour cent dans le liquide minéral de Pasteur, additionnée de deux millièmes de peptone ensemencée dans les mêmes conditions se trouble, mais aucun dégage- meni gazeux ne se manifeste. Le tartrate est néanmoins consommé et donne comme produits de l'acide acétique et de l’acide succinique sans trace d'alcool. Il se conduit donc en tout point comme le tartrate de chaux. Ces résultats différencient nettement notre bacille des autres fer- ments tartriques déjà déerits. : (4) Voir : Duclaux. Microbiologie, p. 599. (2) Annales de l'Institut Pasteur, 1895. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 965 La présente note n’a d'autre but que de prendre date. Nous nous réservons de revenir prochainement sur les résultats que nous donne l’étude détaillée des propriétés biologiques du 2. tartricus, notamment sur les variations de son activité en fonction de la nature de l'azote alimentaire, sur les modifications apportées dans ses cultures par la présence ou l’absence d'oxygène, et sur son action sur les hydrates de carbone. L'EAU DE MER, EN INJECTIONS INTRA-VEINEUSES, AUX DOSES FORTES, par M. R. Quinron. I. — La seconde série d'expériences résolue (1), en vue d'apprécier les qualités chimiques, toxiques ou vitales, de l'eau de mer, fut celle-ci : injecter d’eau de mer, par la voie veineuse, un organisme animal. S'il est exact que le milieu vital soit un milieu marin, le liquide marin devant se comporter dans l'organisme comme un milieu vital, par conséquent n’y déterminer aucun accident d'ordre toxique, la quantité d’eau de mer dont un organisme pourra supporter l’introduc- tion dans ses tissus, doit être a priori considérable. II. — Sans vouloir établir, dans cette Note, de comparaison entre l'injection d’eau de mer et celle de sérum artificiel, on rappellera, afin de servir de base aux expériences qui vont suivre, que MM. Dastre et Loye, dans leur travail classique sur les injections intra-veineuses d’eau salée (2), ont posé l'innocuité de ces injections sous deux réserves expresses : la première, que la vitesse de l'injection ne dépasse pas pour le chien 0 centimètre cube 75 par kilogramme ‘d'animal et par mi- nute ;, la seconde, que la quantité de l'injection subisse elle-même une limitation. Ce n’est qu'en réglant l'injection à la vitesse précitée que ces auteurs sont parvenus à introduire dans l'organisme jusqu’au tiers de son poids d’eau chlorurée, la vitesse de l’excrétion urinaire égalant la vitesse de l'injection. MM. Bosc et Vedel (3) ont dépassé cette vitesse, il est vrai; mais, d’une part, ils n'ont pu obtenir le parallélisme des courbes d'injection et d’excrétion; d'autre part, ils ne se sont pas élevés dans leur injection à cette proportion des 33 centièmes du poids du corps de l’animal, atteinte dans les expériences de MM. Dastre et Loye. L'injection maxima qu'ils rapportent, ne s’est élevée qu'aux 26 cen- tièmes de ce poids. (4) Voir Soc. de Biol., 9 octobre 1897, p. 890 ; 30 octobre, p. 935. (2) Arch. de physiol., 1889. (3) Arch. de physiol., 1896. 966 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ITT. — Injections d’eau de mer (eau de mer 83; eau distillée, 190), par la veine saphène, sur chiens adultes normaux. Expér. I. — Chien de 11 kilogrammes. Température rectale, 38°6. Tempéra- ture extérieure, 16 degrés. Température de l'injection, 28 degrés environ. Le chien est couvert. L’injection dure 8 h. 1# minutes. Elle atteint, au bout de ce temps, les 66 centièmes du poids du corps de l’animal. Elle a été divisée en deux périodes de vitesse; la première, comptée de 0 minute à 1 h. 30, à raison de 0 cent. cube 92 par kilogramme d'animal et par minute; la seconde, de 1 h. 30 à 8 h. 14, à raison de 1 cent. cube 43 par kilogramme d'animal également et et par minule. Le parallélisme parfait des courbes de l'injection et de l’excré- tion urinaire a été obtenu. Dans cette seconde période, en effet, l'urine s’est éliminée à la vitesse de 1 cent. cube 4%, par kilogramme d'animal et par minute. Pendant toute la durée de l'expérience, aucune diarrhée, aucune agitation, tous les réflexes. Un seul vomissement à 4 h. 7 minutes, de 80 centimètres cubes d’un liquide jaune. La température rectale, continuellement tombant, atteint à la fin de l'injection 34,5. L'animal a recu à ce moment 7 kilog. 260 d’eau de mer, et a excrété 6 kilogr. 740 d'urine. La densité de cette urine, de 1.016 à la 50° minute de l'injection, s’abaisse à la troisième heure à 1007.5 où elle se tient. L'eau de mer injectée marquait au même densimètre 1009. L'animal, mis sur pied, se promène aussitôt. Une heure et quart ensuite, il donne au thermomètre, 380,1. L'animal, trottant et flairant, paraît normal, sans même une apparence de lassitude. Une heure ensuite, 382,55. Il boit 170 grammes d’eau et mange la viande qu’on lui aporte. Le surlendemain, l'urine, normalement colorée, pèse 1026. Quelques traces d’albumine. Aucune diarrhée, aucun vomissement pendant les deux jours. L'animal est remis. Expér. II. — Chien de 7 kilogrammes. Température rectale, 382,2. Tempéra- ture extérieure 16 degrés. Température de l'injection, 28 degrés environ. Le chien est couvert. L'injection dure 8 h. 40 minutes. Elle atteint, au bout de ce temps, les 81 centièmes du poids du corps de l'animal. Elle a été divisée en trois périodes de vitesse; la première, de 0 minute à 3 h. 20, à raison de 1 cen- timètre cube par kilogramme d'animal et par minute ; la seconde, de 3h. 20à 4 h. 40, à raison de 1 c. c. 46; la troisième, de 4 h. 40 à 8 h. 40, à raison de 2 c. c. 04, par kilogramme d'animal toujours et par minute. Le parallélisme des courbes de l'injection et de l’excrétion urinaire a été, s’il est permis de s'exprimer ainsi, plus que réalisé, la vitesse de l'élimination urinaire dans les deux dernières périodes, ayant dépassé la vitesse de l'injection. Cette vitesse d'élimination a atteint respectivement, dans la 2° et dans la 3° période 1 c.c.7 et 2 c. c. 09 par kilogramme d’animal et par minute. Pendant toute la durée de l'expérience, aucune diarrhée, aucun vomisse- ment, aucune hématurie, tous les réflexes. La température rectale tombe à la x fin de l'injection à 3401. L'animal a recu à ce moment5 kilog. 700 d'eau de SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 967 mer et excrété 5 kilog. 400 d'urine. La densité de l'urine suit le même cours que dans l’expérience qui précède. L'animal détaché ne parvient qu’à se traîner sur le ventre. Il paraît forte- ment abattu. Le lendemain matin, douze heures et demie après la fin de l'injection, l'animal, remarquablement vif et gai, galope et saute dans le laboratoire. L’urine de la nuit, déjà recolorée, donne 1013 au densimètre. Aucune trace d’albumine. Température rectale, 380,2. L'animal est remis. IV. — Il semble permis de dire, après les deux séries d'expériences actuellement rapportées, que l'hypothèse de l’eau de mer, considérée comme le milieu vital des organismes élevés, acquiert un fort degré de probabilité. (Travail du Laboratoire de M. François-Franck.) NOTE SUR LE RÉFLEXE PHARYNGIEN CHEZ LES ÉPILEPTIQUES, par M. Cx. FÉRÉ. Chairou avait considéré l'absence du réflexe pharyngien comme constant dans l’hystérie et comme pathognomonique de cet état mor- bide. Bernutz avait bientôt relevé le défaut de constance de ce signe, qui pourtant est très fréquent dans certaines séries, car tout récemment Kattwinkel l'aurait trouvé aboli 100 fois sur 104 cas d'hystérie. Il peut exister d’ailleurs sans anesthésie de la muqueuse. D'autre part, M. Auguste Voisin a signalé la suppression du réflexe pharyngien comme un critérium d'action thérapeutique du bromure de potassium. Sur 40 malades, dit-il, «le bromure de potassium a supprimé la nausée réflexe chez 37 qui ne présentent plus de phénomènes épilep- tiques depuis 4 ans aü moins; sur ce nombre, 17 peuvent être considérés comme guéris, 18 comme améliorés, 2 ne le sont pas. Quant aux 3 autres malades dont la nausée réflexe n’a pu être supprimée, un seul est amélioré (1) ». On ne voil pas bien pourquoi 37 malades, qui n'auraient pas d’accès depuis 4 ans, peuvent être divisés en guéris, améliorés ou non améliorés. Toutefois, on admet, en général, que la perte du réflexe pharyngien, de la nausée réflexe est caractéristique non pas de l’action thérapeutique, mais de l’imprégnation bromique. Il arrive d’ailleurs que le bromure de potassium manque son effet à cet égard : M. Voisin avait déjà signalé le fait, sans indiquer les doses qui manquent cet effet, mais il ne paraît pas avoir dépassé 12 grammes par (1) À, Voisin, De l'emploi du bromure de potassium dans les maladies nerveuses, 1875, p. 63. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS, == 10€ SÉRIE, T. IV. 18 968 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE jour. J'ai vu le réflexe pharyngien persister avec une intensité moyenne chez des malades prenant 14, 17 et 18 grammes de bromure de potas- sium et 27 grammes de bromure de strontium, bien qu'il existât un effet thérapeutique; chez 10 autres malades bromurés, il persistait faible- ment. L'absence de nausée réflexe n’est donc pas nécessairement l'effet des bromures même à de hautes doses. Il n’était pas sans intérêt de chercher si l nee du réflexe n'existait pas indépendamment de la bromuration. Sur 178 épileptiques, il n'y a que 86 malades qui prennent du bromure, et il y en a 135 chez lesquels le réflexe pharyngien est absent. Chez les bromurés, il est absent 76 fois sur 86 ou 88, 37 p. 100; et chez les non-bromurés, il manque 59 fois sur 92 ou 64,02 p. 100. C'est-à-dire que la différence n’est guère que d’un quart. L'absence du réflexe pharyngien ne peut donc pas être considé- rée chez les épileptiques comme un signe pathognomonique de bromu- ration, c’estun stigmate commun à plusieurs catégories de névropathes. Le tableau suivant réunit l’ensemble des observations : NOMBRE TRAITEMENT INTENSITÉ NOMBRE PROPORTION des malades. du réflexe. absolu. pour 100. 14 AUTO DIN ED AE EURE Moyen. 2 14,28 Faible. 3 21,42 Nul. 9 64,28 31 Sulfate d’atropine . . . Fort. 1 3,22 Moyen. 3 9,67 Faible. n 12,90 Nul. 23 74,19 6 Borax AA EU UE HONEONt 1 16,66 Faible. 4l 16,66 Nul. 4 66,66 2 TTOnAl EC Er RENE AN Tale 2 100 2 Oxyde de zinc. 1 /Moyen Il 50 Nul. 4 90 zu Bromure de potassium. Moyen. 3 4,22 Faible. 9 12,67 Nul. 59 83,09 45 Bromure de strontium. Moyen. 1 6,66 Faible. 1 6,66 Nul. 13 86,66 31 Nul ou externe . . . : Fort. 1 2,70 Moyen. 6 16,21 Faible. 6 16,21 Nul. 24 64,86 SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 969 SUR LE MODE D’ARTICULATION ENTRE LES NEURONES CÉRÉBRAUX, par M'° STEFANOWSKA. J'ai l'honneur de faire hommage à la Société de Biologie, de mon récent ouvrage : Les appendices terminaux des dendrites cérébraux et leurs différents états physiologiques, publié dans les 7ravaux de Labora- toire de l'Institut Solvay, 1897-1898, fac. 3, et dans les Annales de la Société des sciences de Bruxelles, 1897, t. 6, fase. 2-3. Les principales conclusions auxquelles je suis arrivée, sont les suivantes : 1° Il à été reconnu en premier lieu par Cajal que l’on démontre dans l'écorce cérébrale préparée notamment par la méthode de Golgi, mais aussi par d'autres méthodes, autour des prolongements protoplas- miques, une infinité de petits appendices (épines de Cajal, gemmules de Berkley, etc.). Je propose, en raison de leur forme ordinaire et caractéristique, de les appeler appendices piriformes. 2 Ces appendices ne manquent jamais chez la Souris blanche et chez le Cobaye adultes; ils forment un revêtement épais sur les prolon- gements protoplasmiques des cellules corticales. 3° Les appendices piriformes manquent constamment sur le corps de la cellule et sur son cylindre-axe. 4° Au cours de mes expériences, j'ai constaté que les appendices piri- formes sont susceplibles de varier dans leur nombre et dans leur lon- gueur sur un même neurone. En effet, sous l'influence des excitants (électrisation) et des anesthésiants (éthérisation), les appendices piri- formes diminuent où même disparaissent complètement sur un certain nombre des prolongements protoplasmiques. 5° En même temps, les prolongements protoplasmiques se couvrent de nombreuses varicosités. 6° Cependant la disparition des appendices piriformes peut avoir lieu sans que les varicosités apparaissent sur les dendrites. _ T° C’est par l'intermédiaire des appendices piriformes que s'effectuent les contacts entre les prolongements des neurones cérébraux. Les impulsions provenant des extrémités nerveuses d’un neurone se lrans- mettraient aux appendices garnissant les terminaisons dendritiques voisines et par celles-ei au corps de la cellule. 8° Les variations considérables que présentent les appendices piri- formes dans leur aspect et dans leur nombre, sur un même neurone, me font admettre que ces appareils terminaux peuvent rentrer com- plètement dans le dendrite, même sans que celui-ci soit atteint par une altération visible; cette disparition momentanée ou définitive des appendices piriformes suffit pour amener la rupture du contact entre 970 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les dendrites d'un neurone et l'appareil terminal d’un neurone voisin. Si les recherches à venir nous démontrent que les appendices piri- formes peuvent, suivant les circonstances, rentrer et sortir des den- drites, nous aurions là à faire à des véritables pseudopodes, dont l’exis- tence a été prévue par les ingénieuses théories de Mathias Duval, Lépine et Rabl-Ruckhardt. SUR UNE NOUVELLE TUBERCULOSE STREPTO-BACILLAIRE D ORIGINE HUMAINE , par M. Pau Courmonr (de Lyon). Les cas de tuberculose humaine paraissant dus à d’autres microbes que le bacille de Koch sont actuellement très peu nombreux (1). Nous en avons observé un dans lequel l’allure clinique atypique et l'absence de bacille de Koch nous ont conduit à la découverte d'un strepto- bacille dont l’inoculation à l'animal reproduit une tuberculose vraie réinoculable. I. Observation clinique (2). — Un homme, cinquante-et-un ans, sans aucun antécédent tuberculeux ni autre, voit se développer à la suite d'un trauma- tisme du coude, une arthrite de cette région, torpide, sans douleur, avec dis- tension de la synoviale par un liquide très hémorragique. Au bout de six mois, spontanément, se développent, dans les tissus périarticulaires, des fusées d’un liquide rougeâtre, sanieux, non franchement purulent. Amputation. Pas de lésions viscérales à ce moment. Le malade rentre chez lui et meurt au bout de six mois. Examen de la lésion. — Le liquide articulaire hémorragique retiré le 8 jan- vier 1896 par ponction aseptique et ensemencé ne donna aucune culture mi- crobienne : on n'y trouva pas le bacille de Koch, pas plus que dans les coupes de la synoviale. Celles-ci présentent des {ubercules typiques avec cellules géantes. Les lésions tuberculeuses sont seulement synoviales. Pas de lésions osseuses. IT. Zsolement d'un strepto-bacille, ses caractères. — L'inoculation au cobaye de l’épanchement articulaire lui donna une tuberculose très nette d’allures un peu spéciales. Le bacille de Koch ne put être décelé, ni par examen des frottis ou des coupes, ni par culture, dans le caséum des ganglions ou dans les tubercules. L’ensemencement en (4) Voir : Mallassez et Vignal (Soc. de Biol., 83); Charrin (Soc. de Biol., 17 oct. 91), qui a observé un cas de granulie humaine sans bacille de Koch, avec présence d’un autre bacille; J. Courmont, Congr. de la tuberculose, 1893. (2) Ce malade a été observé dans le service de M.M. Pollosson par notre collègue et ami L. Tixier, auquel nous devons cette observation, et par nous- même. SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 974 bouillon du sang de plusieurs cobayes resta négatif, tandis que celui d'un tubercule permit d'obtenir une culture pure d’un strepto-bacille. Cultures. — Ce microbe pousse très bien en bouillon peptonisé, qu'il trouble uniformément d’abord pour laisser ensuite déposer de fins gru- meaux. Pas de pellicule à la surface. Il pousse très bien également sur gélatine, sans la liquéfier. Sur gélose simple, développement abondant d'un voile crémeux, blanchâtre. Sur sérum, mince voile blanc granité. Sur pomme de terre, culture à peine visible sous forme d'un très léger enduit brillant peu distinct de la surface humide de la pomme de terre. En milieux glycérinés, les caractères sont un peu spéciaux. En bouillon glycériné : flocons abondants, parfois voile léger à la surface. Sur gélose glycérinée, cultures moins abondantes et moins épaisses que sur gélose ordinaire. Toutes ces cultures se développent facilement de + 20 degrés à — 37 degrés. Vers + 12 degrés, développement plus lent. Pas de végé- tation à + 45 degrés. Dans le vide, en bouillon, développement insigni- fiant d’un très léger trouble. Pas de fermentation de la lactose. La vita- lité des cultures est très grande; une d'elles est restée plus de sept mois vivante en bouillon. Caractères microscopiques. Se colorant très bien par toutes les couleurs d’aniline ; notre bacille ne résiste pas aux décolorants ordinaires (acides dilués, alcool...); il est décoloré par la méthode de Gram et par les procédés employés pour la recherche du bacille de Koch. il se présente dans les cultures en bouillon, sous forme d'éléments bacillaires, trapus, arrondis aux angles, de 1 w à 1 uw et demi de long, disposés le plus souvent en chainettes parfois très longues (jusqu’à 15 et 20 éléments). Dans certains échantillons de bouillon, il se montre simplement sous forme de bacille simple ou de diplo-bacille. Dans les cultures vieilles : éléments mal colorés, très variés, dont quelques-uns en long mycélium enchevêtré. En milieux glycérinés, les formes sont moins bien groupées en chaïnettes, plus grosses (2 u de long dans le bouillon glycériné), plus trapues, se rapprochant parfois de la forme arrondie (gélose glycérinée). Dans l'organisme, ce le 15 octobre, un embryon de 13 jours dans le flanc droit; 2 le 16, un de 12 jours dans le flanc gauche; 3° le 3 novembre, un embryon de 14 jours sur le côté gauche; 1l ne reste aucune trace des trois greffes. d) Une poule grise jeune a recu : 4° le 16 octobre, un embryon de 12 jours sur le flanc droit, quine laisse pas de trace; 2° le 3 novembre, un embryon de 14 jours, sur le côté gauche, qui a laissé une tumeur. e) Une poule noire jeune a reçu : 1° le 28 octobre, un embryon de 12 jours dans chaque flanc; 2° le 3 novembre, un embryon de 14 jours, sur le côté gauche ; on trouve une tumeur. f) Une poule grise jeune a recu : le 27 octobre, une greffe au 13° jour dans l’appendice sous-maxillaire gauche, où on voit une tumeur; 2° le 2 novembre, un embryon de 45 jours dans le flanc gauche, où il a complètement disparu. Deux greffes d’embryons de 15 jours ont complètement disparu, une autre a laissé une tumeur, une quatrième que vous voyez chez un (1) Note sur des greffes sous-cutanées d'embryons de poulet. C. R. de la Soc. de Biol., 1897, p. 626. — Nouvelles expériences relatives aux inclusions fœtoiles. Ibid., p. 861% 990 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — — autre vieux coq, a laissé une tumeur volumineuse qui se sphacèle ; c’est un fait qu'on voit se produire à propos des greffes d'embryons plus jeunes, quand la peau ne se réunit pas par première intention, ce qui est le cas chez ce coq. Deux fois seulement, j'ai tenté la greffe d'embryons de 16 jours : une fois sous la peau de la poitrine, une fois dans l'abdomen ; chaque fois, l'animal est mort. Dans le cas de greffe sous-cutanée, il y avait gan- grène, dans le cas de greffe péritonéale, l'embryon était entouré d'une masse crémeuse. Les tumeurs et les embryons greffés seront l’objet d’un examen ulté- rieur, mais il m'a paru intéressant de montrer les cicatrices de ces greffes d’embryons de 12 à 15 jours qui ne laissent aucune trace. [612.111.17)] RECHERCHES SUR L'HÉMATOLYSE IN VITRO, par M. le D'° H. Vaourz. Les procédés, ayant pour but de mesurer l'intensité et la rapidité de la dissolution des globules rouges dans les solutions salines, peuvent être rangés dans deux groupes : Les uns dérivent de la méthode d'Ham- burger et ont pour but de calculer la résistance maxima ou minima des hématies, en présence de solutions salines de titres différents; les autres, appliquant la méthode des numérations successives, mesurent les pertes subies par un sang donné, dans une solution donnée, mais dans des temps différents. Cette méthode, préconisée par M. Malassez, par Chanel et Urcelay, est celle que nous avons employée jusqu'à présent. Dans une communication ultérieure, nous présenterons à la Société la critique de ces diverses méthodes et les modifications que nous propo- sons de leur apporter. Nous voulons noter seulement aujourd'hui, comme communication préliminaire, l'influence considérable exercée par l’état d’asepsie ou de non asepsie de la solution employée sur la conservation du sang en expérience. Lorsque, en effet, on essaye de déterminer le chiffre de la solution saline dans laquelle l’hémoglobine d’une quantité donnée de sang se dissout entièrement, on voit qu'il peut varier suivant que la prise de sang à été faite ou non avec la précaution minutieuse d'asepsie et sui- vant que les liquides, dans lesquels il a été recueilli, étaient ou non stériles. Si on tient compte de cette prescription, on pourra conserver, dans des liquides à l’isotonie, du sang, pendant un temps fort long, sans qu'il subisse d’altération notable et sans qu'il se fasse une dissolution appa- rente. Procédant de cette sorte, avec de l’eau de mer à 8 p. 1000, liquide SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 994 qui, suivant que M. Quinton l’a indiqué, est un merveilleux conservateur des globules, nous avons pu, au bout d’un mois, constater que la solu- tion était à peine teintée par l’hémoglobine et que les globules se retrou- vaient dans un état d'intégrité parfaite sans apparence d'état crénelé. Une solution identique non stérile était, dans le même temps, très for- tement teintée par l’hémoglobine, et les globules n’y présentaient plus de dépôt appréciable. Cette influence nocive des solutions non stériles s’exerce d’ailleurs très rapidement, et même, dans les divers procédés d'examen dont nous avons parlé, et où la conservation du liquide ne dépasse pas quelques heures, 1l faut en tenir compte. Pour éviter, dans les expériences que nous avons faites, les causes d'erreur résultant de la stérilisation et de la concentration possible quoique très modérée de la solution sous cette influence, nous avons fait des contre-épreuves consistant à stériliser des liquides conserva- teurs, de titre connu, et à ensemencer un de ces liquides avec une même solution non stérilisée. Les mêmes différences que celles précédemment signalées ont été retrouvées par nous, en faisant usage de ces solutions dans lesquelles le titre élait resté certainement identique. Ainsi donc et en conclusion, il est de toute nécessité, lorsque l’on veut faire des recherches sur l’isotonie et l’hématolyse, de ne faire usage que de liquides stériles et de sang recueilli aseptiquement. (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) [612.115.3. — 612.35.019.5] DE L'ACTION ANTICOAGULANTE DU FOIE DES CRUSTACÉS, par MM. J.-E. ABeLous et BILLARD. On sait, depuis les recherches de Heiïdenhain, que l'extrait de muscles d’écrevisses possède, outre son action lymphagogue, la pro- priété de suspendre ou tout au moins de retarder la coagulation du sang et de la lymphe, quand on l'introduit dans l'organisme par injection dans les veines. Par contre, ajouté au sang in vitro, non seulement, il n'empêche pas, mais même accélère sa coagulation. Il n’en va pas de même de l'extrait de foie d’écrevisse ou de homard. Cet extrait, ou mieux encore, le liquide qui exsude du foie enlevé à l'animal, véritable lymphe du foie, jouit de la propriété d'empêcher la coagulation du sang in vitro. C’est une action anticoagulante directe, absolument comparable à celle de l’extrait de sangsue. Cette action anticoagulante s'exerce non seulement sur l'hémolymphe des crustacés, mais aussi sur le sang des mammifères (lapin, chien). 992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En ajoutant à de l'hémolymphe une simple trace de liquide hépatique, l’'hémolymphe perd la propriété de se coaguler. Pour le sang de chien, de lapin, il faut une dose un peu plus forte, surtout pour le sang de lapin. Mais d’une façon générale, 10 à 20 gouttes de suc de foie empêchent la coagulation de 10 centimètres cubes de sang. Si la dose est plus faible, on constate simplement un retard, mais très considérable, il est vrai, dans la coagulation. Ce liquide hépatique n’a pas seulement une action anticoagulante directe. Il rend aussi le sang incoagulable, quand on l'injecte dans les veines de l’animal. C’est ainsi que si on injecte, dans les veines d'un chien, ce suc étendu de 4 fois son volume d’eau salée, à la dose de 1 centimètre cube desuc par kilo presque immédiatement après l'injection, on constate que le sang a perdu la propriété de se coaguler. Deux heures après que l'injection à été faite, le sang recueilli est encore incoagulable. En même temps que cette action anticoagulante, on observe un effet curieux de ces injections sur le système nerveux central. Sans agitation préalable, l’animal s'endort rapidement et reste plongé pendant une heure environ dans une narcose profonde avec insensibilité complète. M. Heim a d'ailleurs signalé des effets analogues avec l'hémolymphe de crustacés. Chez le lapin, on observe également que l'injection intraveineuse de suc hépatique à la même dilution et à la dose de 1 c.e. 5 par kilog, empêche aussi la coagulation du sang. À doses plus faibles, cette injec- tion a un simple effet retardant, et 30 ou 40 minutes après l'injection, le sang récupère la faculté de se coaguler dans les délais normaux. Les injections intrapéritonéales, même de doses très fortes, n'ont, au contraire, aucun effet anticoagulant. Les injections intraveineuses de liquide hépatique sont donc, en somme, beaucoup plus actives que celles de peptones. De plus, le lapin, qui est réfractaire à ces dernières, est sensible aux injections de suc hépatique. En résumé, le foie des crustacés renferme une ou plusieurs subs- tances qui peuvent agir directement sur le sang pour empêcher sa coagulation. Reste à isoler cette ou ces substances directement anticoa- gulatrices. Ce même organe paraît aussi renfermer des substances qui vont exciter le foie des animaux quand on les injecte dans les veines et déterminent ainsi une élaboration par cet organe de substances anti- coagulantes, agissant ainsi à la façon des peptones. Il est peu probable, en effet, que l’incoagulabilité du sang à la suite d'injections intravei- neuses soit la conséquence de l'introduction, dans ce sang, de subs- tance directement anticoagulante, si on considère combien est faible la LR SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 993: —— dose de liquide hépatique injecté par rapport à la masse du sang, et l'élimination probable dans un court délai de la substance injectée. Il reste donc à voir si l’ablation du foie empêche l'injection intraveineuse de produire ses effets anticoagulants habituels. C’est ce que nous sommes en train d'étudier. (Laboratoire de physiologie de l'Université de Toulouse.) CHOLÉRA NOSTRAS COLIBACILLAIRE MORTEL CHEZ UNE NOURRICE, par M. J. Hoggs (de Bordeaux). On sait, depuis les travaux de MM. Netter, Gilbert et Girode, Gilbert et Lion, Rénon, que le choléra nostras peut quelquefois revêtir le masque du choléra asiatique et que, dans ce cas, l'agent infectieux est. un coli- bacille à virulence exaltée ou encore un bacille ne présentant pas toutes les réactions classiques, autrement dit un paracolibacille. Il nous a été donné d'observer un cas semblable daas le service de notre maître, M. le professeur Picot. Il s'agissait d’une jeune femme de vingt-trois ans, nourrice depuis trois mois et qui, brusquement, fut prise, au milieu d’une santé parfaite, de diarrhée fréquente et abon- dante avec de vives douleurs de ventre. La malade continua pendant x deux jours à allaiter son nourrisson. Le quatrième jour, la sécrétion lactée étant tarie, elle se décida à entrer à l'hôpital (20 août 1895). Quand nous vimes cette femme, elle était considérablement affaiblie, réclamait le bassin douze et quinze fois par jour. Les selles présen- taient tous les caractères des selles cholériques, elles étaient très liquides, blanchâtres et on y trouvait des grains riziformes, la tempé- rature ne dépassait pas 36,8 et le pouls était trop faible pour être compté. Il y avait en plus des vomissements, des hoquets et des crampes très douloureuses dans les muscles des jambes. Nous trou- vions là l’aspect si parliculier des cholériques et la malade ne tarda pas à succomber (22 août) dans l’état algide avec exagération de tous les signes que nous venons d'indiquer. Entre temps, nous avions fait des essais de cultures avec les produits diarrhéiques. Après avoir écrasé les grains riziformes, nous avons ensemencé des tubes de bouillon de bœuf peptonisé, de gélose glycé- rinée et de lait. Au bout de dix-huit heures, les tubes de bouillon sont troublés; ceux de gélose sont envahis par une multitude de colonies assez irrégulièrement arrondies, d’un gris bleuté et d’un diamètre variant de 1 à 4 millimètres. On trouve aussi quelques colonies puneti- formes blanchâtres, mais en nombre beaucoup moins considérable. Les tubes de lait ont déjà subi un commencement de coagulation, qui est absolument complète au bout de trente heures. 994 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'examen des grosses colonies ayant poussé sur gélose et du dépôt au fond des tubes de bouillon, nous permet de reconnaître l'existence de bacilles très mobiles. Ce caractère concorde avec celui que nous avait déjà donné l’examen direct des selles. Nous pouvons nous assurer aussi que ce bacille se colore fortement par le bleu d’aniline et qu'il ne prend pas le Gram. Des réensemencements sont faits avec des colonies ayant poussé sur gélose et nous avons le lendemain uue nouvelle floraison absolument pure. Un tube de bouillon réensemencé donne également du trouble, nous versons quelques gouttes d’acide chlorhydrique pur et nous n'oblenons aucun changement de coloration; par conséquent, la réac- tion de l’indol n'existe pas et le bacille virgule ne peut être mis en cause. Nous devons aussi éliminer l'hypothèse d’une infection par le bacille d’'Eberth, puisque notre microbe coagule le lait. Il s’agit donc d’un colibacille. Nous avons déterminé ensuite sa virulence. Pour ce, nous avons injecté dans la cavité péritonéale d'un cobaye de 495 grammes dix gouttes du bouillon en deuxième culture, diluées dans 1 centimètre cube d’eau distillée. Le cobaye meurt dix-huit heures après avec une péritonite purulente où l’on retrouve le B. coli. A l’autopsie de la malade, faite dix-sept heures après la mort, nous avons trouvé le cœur et les reins pâles. La muqueuse intestinale légè- rement exulcérée sur certains points présentait une coloration rouge, rappelant la teinte hortensia. Nous n'insisterons pas sur ce fait banal d’avoir retrouvé le colibacille dans les coupes de la rate, de l'intestin et du rein. Mais notre malade étant nourrice, nous avons voulu voir si le B. coli n'avait pas aussi envahi le sein et partant n’au- rait pas pu provoquer par son passage dans le lait une infection sem- blable chez le nourrisson. Sur nos préparations colorées soit par le bleu de Lôüffler, soit par la thionine phéniquée, on retrouve en effet le colibacille à l’état libre dans l’intérieur des cavités acineuses très dilatées — ou accolé à des leucocytes — ou encore dans la paroi même des acini dont les cellules de revêtement sont desquamées sur quelques très rares points. Par contre, ce bacille n’est pas visible sur les coupes colorées par les méthodes de Gram ou de Weigert. En résumé, nous croyons pouvoir conclure à l'existence d'un cho- léra nostras d’origine dû à un colibacille à virulence exaltée; ce cas venant grossir ceux que nous devons aux auteurs précités et se présentant avec cette particularité intéressante que l'affection est sur- venue chez une nourrice et que le B. coli ayant envahi la glande mammaire, aurait pu provoquer des accidents semblables chez le nourrisson, si l'arrêt de la sécrétion lactée n'était venu supprimer l'allaitement. SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 995. [612.511] DE LA CALORIMÉTRIE DANS T'AIR FROID PAR CONVECTION, CHEZ LES ANIMAUX, 124 par M. J. LEFÈVRE. L’accélération rapide des débits de chaleur avec l’abaissement de la température, est un fait expérimental que nous avons mis en évidence pour le cas des réfrigérations produites par l’eau. (Notes de la Société de Biologie 1894 et 1895; mémoires des Archives de Physiologie, années 1896 et 1897.) ; En est-il de même pour les soustractions de chaleur produites par les courants d’air froids ? — C'est pour répondre à cette question que nous avons établi la nouvelle méthode calorimétrique déjà décrite dans les Archives de Physiologie de juillet 1895, et que nous résumons ici avant de faire connaître les résultats qu'elle nous a donnés. Appareil. Méthode. — Une caisse cylindrique haute de 45 centimètres, large de 40, est percée, suivant la direction des génératrices, de deux fentes rectangulaires diamétralement opposées qui s'ouvrent dans deux couloirs de ventilation. L'air est mis en mouvement par un aspirateur dont le réglage est facile, qui peut débiter jusqu’à 2 ou 300 mètres cubes d’air à l'heure, et se trouve placé au bout du couloir d’aval. L'entrée du couloir d’amont, située dans l'air extérieur, présente plusieurs orifices circulaires dans lesquels on introduit à frottements des anémomètres de grande précision dont la section est connue et dont le cadran marque la vitesse du courant d’air. Le produit de la vitesse par les sections fait connaître le volume de l'air déplacé dans la caisse calorimétrique. Les indications anémométriques ont été, à l'avance, corrigées par une méthode trop longue à décrire dans cette note. Le principe est de faire décrire à l’anémomètre, d'un mouvement uniforme, un trajet circulaire exactement connu et de comparer la longueur de ce trajet à celui que que marque le cadran de l’anémomètre. Pour mesurer l’échauffement de l’air qui passe dans l'appareil, des thermomètres protégés contre tout rayonnement froid et chaud, plongent dans la caisse, en amont et en aval du sujet mis en expérience. Tout l'appareil, dont la longueur atteint 2 ou 3 mètres, est lui-même enfermé dans l’ouate. Avant d'introduire l'animal dans l'appareil, on fait passer le courant d'air et l’on détermine la correction de l’échauffement par la salle d'expérience. Puis la gouttière où l'animal a été fixé est introduite et verticalement placée dans le cylindre de la caisse de ventilation. Un couvercle de métal, recouvert lui-même d’ouate, ferme exactement, par un système spécial de clôture, tout l’espace ventilé. De minute en minute, on lit la différence de température entre les thermomètres d'entrée et de sortie. Au bout de 10 ou 15 minutes cette différence reste sensiblement constante. On peut prolonger l'expérience pendant 2 ou BioLocie. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, 7. IV. 80 996 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ? 3 heures, selon la résistance de l'animal. Après la sortie du sujet, il faut faire une nouvelle étude du réchauffement par l'air de la salle. On possède tous les éléments du calcul calorimétrique. Voici d’abord le résumé d’un protocole d'expérience ; nous donnerons ensuite les principaux résultats et les lois qui en résultent. Expérience sur le Singe (Rhesus) ; poids : 5 kil. 250. Prise d’air par trois orifices dont la section est de 0 décimètre carré 64. Vitesse du courant d'air à la minute : OHACENSUPÉTIEN EE EE CH mMetUreS. = MINOVEN 2 Eee ete I UN = INICTIQUE EN ON ce PAS RE TEMPÉRATURES TEMPS ———— A —., Entrée. Sortie. Différence. Pièce. 10 h. 15 minutes. 0020 40,40 AUS 6° 23 _ 3 50 4 93 1 43 » 45 — 4 05 5 43 1 30 » 52 — 4 08 5 46 1 38 » Débit d'air à la minute : 2 mètres cubes 233 décimètres cubes. Calcul calorimétrique : 2233 X 1 kil. 293 X 0,237 X (19,38 — 0,3) — 0°,743 Poids du mètre Chaleur Correction cube d’air. spécifique u de l'air réchauffement. à pression constante. Résultats. — Nos études ont porté jusqu'ici sur le Singe, le Chien, le Lapin. Voici les résultats chez le Singe et le Chien; les débits sont rapportés au kilo du poids du corps. SINGE (5 kil. 250). CHIENNE (8 kilogrammes). Températures Calories Températures Calories de la réfrigération. par kilo. de la réfrigération. par kilo. — 2 degrés. 03 — 1 degré Oc,1 + 4 — 0 15 + 9 — 0 06 + 9 — (ON gl + 21 — 0 035 + 19 — 0 05 Conclusions. — On voit que, chez le Singe principalement, le débit s'accélère rapidement quand la température s'abaisse vers 0 et — 2 degrés. Ce débit ne présente ni maximum ni minimum. SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 997 Chez le Chien, le débit est beaucoup plus faible que chez le Singe ; l'influence de l’espèce est considérable. La vitesse du courant d’air modifie notablement la grandeur du débit, ainsi que le prouvent Les deux tableaux suivants : CHIEN SINGE Rapport Rapport Rapport Rapport des vitesses. des débits. des vitesses. des débits. 4 sl il À 1,9 a 2 1,26 2 4,27 NOTE SUR L’EXISTENCE DU LONG SUPINATEUR CHEZ UN CHEVAL, par M. LESBRE, Professeur à l'Ecole vétérinaire de Lyon. On sait que, à l’état normal, il n’existe pas trace de ce muscle chez les solipèdes, non plus que chez les ruminants, le pore et même le lapin. Parmi nos mammifères domestiques, le chien et le chat sont seuls à le posséder, encore y est-il si grêle que Cuvier a pu en nier l'existence dans le chien. Or, je viens de le rencontrer, pour la première fois, chez un cheval de dissection : c’étail un mince ruban charnu, très pâle, de 12 à 15 cen- timètres de longueur, appliqué sur l’extenseur antérieur du métacarpe (radiaux externes confondus), ruban se détachant de la crête postérieure de la gouttière de torsion de l’humérus et du bord inférieur du vaste externe du triceps brachial, par l'intermédiaire d'un fascia conjonctif — se dirigeant vers le bord radial ou interne de l’avant-bras et se termi- nant, par une pelite languette tendineuse, sous l'aponévrose antibra- chiale; du moins je n’ai pu le poursuivre jusqu’au radius. Ce petit faisceau surnuméraire qui existait pareil sur les deux membres parfaitement distinct et isolable, ne saurait se rattacher au pannicule charnu, vu qu'il était situé sur l’aponévrose antibrachiale; c'était certainement le long supinateur. D'ailleurs, j'ai déjà trouvé ce muscle, dans un état tout à fait caractéristique, chez un tapir, animal que les zoologistes classificateurs rangent dans le même ordre que les solipèdes. Si j'ajoute que j'ai déjà signalé, chez le cheval, la présence assez fréquente d’un rond pronateur (1), on ne peut douter qu'il ne s'agisse là de deux anomalies similaires constituant un retour à un type an- (1) Essai de myologie comparée de l’homme et des mammifères domestiques, en vue d'établir une nomenclature unique et rationnelle. F. X. Lesbre, Lyon, 1897. 998: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cestral. Comment pourrait-on expliquer autrement, en effet, l'apparition de muscles supinateurs ou pronateurs dans des espèces telles que celle du cheval où les deux os de l’avant-bras se synostosent de bonne heure et sont incapables du moindre mouvement, et où la main est en consé- quence fixée dans l’attitude invariable de la pronation. Je n’ai pas manqué de chercher si, dans le cas qui fait l’objet de cette relation, il n’y avait pas quelque anomalie du squelette, en quelque sorte parallèle à l’anomalie musculaire. Et j'ai trouvé que le cubitus était, d’une manière évidente, plus développé que normalement, plus facile à suivre jusqu'au carpe ; — que les métacarpiens latéraux descen- daient un peu plus bas sur le métacarpien médian. Toutefois, Je dois dire que le trapèze, os qu'il n’est pas excessivement rare de rencontrer dans le carpe des solipèdes, faisait ici défaut. NOTE SUR LA TOXICITÉ DU SÉRUM SANGUIN A L'ÉTAT PATHOLOGIQUE, par M. le D' J. Bayrac (de Toulouse), Ancien chef de clinique médicale à la Faculté, médecin des hôpitaux. Les résultats obtenus par les divers expérimentateurs dans leurs recherches sur la toxicité du sérum sanguin normal ou pathologique sont très variables et il serait difficile, à l'heure actuelle, de fixer d’une manière exacte cette toxicité. Sans doute, il faut tenir compte de la résistance individuelle de chaque animal, qui varie avec sa constitution intime, son âge, l’état de santé et de forces qu'il présente au moment où est faite l'expérience. Mais la plus grande cause de la divergence des résultats doit être attribuée à la différence des méthodes opératoires suivies par les expérimentateurs. MM. Tarnier et Chambrelent (1) ont recherché la toxicité éloignée ou à distance, c’est-à-dire la dose minima de sérum suffisante pour tuerun lapin du poids de 1 kilogramme : ils ont ainsi obtenu, dans l’éclampsie puerpérale, une toxicité variant 4 à 6 centimètres cubes. MM. Charrin (2), Leclainche et Rémond (3), Baylac (4), Guinard et Dumarest (5), ete., ont déterminé la toxicité mortelle immédiate et, presque (1) Tarnier et Chambrelent. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1892. (2) Charrin. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1890; Archives de Physio- logie, janvier 1892. (3) Leclainche et Rémond. Comptes rendus dela Société de Biologie, 1893-1894. (4) Baylac. Bulletin de la Société de médecine de Toulouse, 2 juin 1896, 21 mai 1897. (5) Guinard et Dumarest. Comptes rendus de la Société de Biologie, 22 mai 1897. SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 999 toujours, ils ont dû injecter une dose de sérum supérieure à 20 centi- mètres cubes par kilogramme de lapin. Les résultats, obtenus par des méthodes si différentes, ne peuvent pas être comparés entre eux. Dès lors, il nous à paru intéressant de relater les résultats de nos recherches sur la toxicité du sérum sanguin pathologique : elles ont porté sur quatre cas d’éclampsie puerpérale et sur quatre cas d’urémie. Dans toutes nos expériences, nous nous sommes conformé à la méthode générale indiquée par M. le professeur Bouchard pour la recherche de la toxicité des divers liquides organiques et nous avons poussé l'injection jusqu’à la mort de l’animal. Le sérum, recueilli à la suite d’une saignée, avec toutes les précau- tions antiseptiques, est injecté à la température de 40 degrés dans la veine marginale postérieure de l'oreille d’un lapin, à la vitesse de 1 centimètre cube par dix secondes. Voici les résultats que nous avons obtenus : OBs. I. — Éclampsie puerpérale, mort: la toxicité est de 26 centimètres cubes. Oss. II. — Éclampsie puerpérale, guérison: la toxicité est de 29 centimètres cubes. O8s. II. — Éclampsie puerpérale, guérison: la toxicité est de 47 centi- mètres cubes. Ogs. IV. — Éclampsie puerpérale, guérison : la toxicité est de 21 centi- mètres cubes. Ogs. V. — Urémie dyspnéique, mort : la toxicité est de 21 c. c. 44. OBs. VI. — Urémie cérébrale apoplectiforme, mort: la toxicité est de 28 c. c. 80. O8s. VII, — Urémie cérébrale épilytiforme, mort : la toxicité est de 21 cen- timètres cubes. OBs. VITE. — Urémie cérébrale épilytiforme, mort : la toxicité est de 26 c. c. 50, Nous en déduirons les conclusions suivantes : 1° La toxicité immédiate du sérum sanguin, dans huit cas d’intoxica- tion profonde de l'organisme, varie de 24 à 47 centimètres cubes pour un kilogramme d'animal. Dans l’urémie, la toxicité moyenne est de 24 c. c. 43 et, dans l’éclampsie puerpérale, de 30 c. c. 75. 2° Ces résultats restent sensiblement les mêmes, quelle que soit la terminaison de l’intoxication, et il semble fort difficile d'en déduire des indications précises pour le pronostic. 3° Néanmoins, dans un cas grave d’éclampsie puerpérale terminée par la guérison, la toxicité a été extrêmement faible : 47 centimètres cubes par kilogramme de poids. 1000 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES BACTÉRIOLOGIQUES CONCERNANT UN CAS DE RHUMATISME FÉBRILE MORIEL, COMPLIQUÉ D'ENDOPÉRICARDITE ET DE CHORÉE, par MM. TRIBOULET et Coyon. Dans le service de M. le D' Variot, à l'hôpital Trousseau, nous avons eu l’occasion de faire l’autopsie d’une enfant de dix ans, morte d’un rhumatisme grave compliqué d’endopéricardite et de chorée. L’autopsie a été faite Le 16 novembre, de 30 à 40 heures après la mort. Nous avons recueilli : du liquide pleural, 2 pipettes de 2 centimètres cubes; de la sérosité péricardique, 2 pipettes de 2 centimètres cubes; du sang de la veine cave inférieure, 2 pipettes de 3 centimètres cubes; un fragment de valvule mitrale, et un segment de moelle lombaire entouré de ses méninges. Avec ces différents éléments, nous avons ensemencé des tubes de bouillon et de lait stérilisé. Ces divers milieux ont été mis à l’étuve à 37 degrés, les uns en culture aérobie, les autres en culture anaérobie. a) Le liquide pleural n’a fourni rien d’appréciable sur aucun des milieux ; b) Le liquide péricardique a été cultivé sur bouillon anaérobie et sur lait stérilisé anaérobie. Des lamelles nous ont permis de reconnaitre la présence de colonies modérément fournies de staphylocoques à petits grains ; c) Le sang de la veine cave inférieure, le fragment de valvule et le segment de moelle nous ont fourni des résultats comparables qui sont les suivants : le sang en culture sur lait stérilisé aérobie n’a produit aucune modification appréciable du milieu, mais sur lait anaérobie il a donné une culture abondante, mais mixte d’un bacille spécial et de colonies, peu nombreuses d’ailleurs, de streptocoques; d) Il en a été de même pour le fragment de valvulve (culture mixte); e, la moelle, a donné d'emblée, sur lait stérilisé anaérobie, une culture presque absolument pure d’un bacille spécial que nous allons décrire, auquel se joignaient quelques rares streplocoques. Les réensemencements de ces premières cultures, diluées sur lait stérilisé anaérobie additionné d’une petite quantité de carbonate de chaux, ont permis d'obtenir, dès un premier passage, des cultures pures d’une intensité remarquable. Sur ces milieux ainsi préparés, la culture anaérobie se développe rapidement en 15, 18, ou 24 heures. Elle produit une coagulation en masse du lait, avec production de bulles gazeuses, et cette fermentation intense du milieu lacté aboutit à la séparation du lait en deux parties, l'une séreuse, sous-jacente, l’autre, supérieure, le caillot rappelant l'aspect d’une émulsion grasse solidifiée à grosses bulles d'aspect alvéo- laire tout à fait caractéristique. Cette fermentation peut se suivre au SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1001 début de la culture, où on assiste à un dégagement de bulles gazeuses intermittent qui monte du centre, de la paroi ou du fond de la masse laiteuse vers la surface. La fermentation dégage une odeur butyro- caséeuse franche, qui ne présente aucune nuance de fétidité. Le milieu fermenté est très fortement acide. Avec notre première culture provenant de la moelle humaine, nous avons fait une injection de 3 centimètres cubes dans la masse museu- laire de la cuisse d’un cobaye. Il en est résulté, au bout de 15 heures environ, la formation d’une vaste collection séreuse envahissant le pli de l’aine, et commençant à gagner le tissu cellulaire sous-cutané abdo- minal. L'animal étant mort au bout de 29 heures, nous avons ouvert le foyer, qui se présente tapissé intérieurement de fibrine. Nous avons recueilli la sérosité légèrement sanguinolente, mais nullement purulente ni félide de cette collection, et nous avons réensemencé des tubes de lait stérilisé qui, en milieu anaérobie, nous ont donné une culture type semblable à celle de nos réensemencements. L'inoculation de six gouttes de cette sérosité dans la cuisse d’un deuxième cobaye a déterminé des phénomènes locaux identiques, et a amené la mort en 22 heures. Cette même sérosité a été employée pour une injection intramuscu- laire de 1/2 centimètre cube dans la masse musculaire de la cuisse d’un lapin, et pour une injection de 1/2 centimètre cube dans la veine de l'oreille d’un autre lapin (quantités peut-être un peu faibles qui nous ont pourtant donné des résultats expérimentaux rapides). En même temps, avec notre collègue Thiroloix, au laboratoire de M. Dastre, nous avons injecté, après trépanation, sous les méninges cérébrales d’un jeune chien de huit mois, 2 centimètres cubes du liquide de notre première culture pure de moelle humaine. Il y a, pour l'instant, à attendre les résultats de ces diverses manœuvres expérimentales. ; Pour en finir avec l'étude bactériologique des cultures, rappelons que les préparations sur lamelles faites avec les diverses cultures anaé- robies que nous avons obtenues par réensemencement, nous ont permis, après coloration par la thionine, ou par le violet de gentiane, de recon- naître la présence d’un microbe épais, tantôt court, tantôt plus allongé, à extrémités nettes, un peu arrondies, microbe qui supporte le passage de la solution de Gram-Weigert. Ces caractères morphologiques, et mieux encore les réactions de culture sur lait stérilisé carbonaté anaé- robie, et aussi les résultats de l’inoculation dans les muscles du cobaye, forment un ensemble de détails qui répond absolument à ce que Achalme et après lui Thiroloix ont décrit, à plusieurs reprises, à propos de recherches bactériologiques faites avec le sang des rhumatisants, et précisément Thiroloix a été à même de contrôler personnellement toutes nos premières constatations et d’en confirmer la similitude par- faite avec Les siennes. 1002 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Or, ce que nous voulons retenir, c’est que les recherches de Thiroloix ont toujours porté sur le vivant; les résultats par nous obtenus sont comparables aux siens; il en ressort que le bacille que nous avons isolé 36 heures après la mort ne saurait être considéré comme un microbe vulgaire de la putréfaction, puisque, 5 fois sur 5 examens diffé- rents, Thiroloix a retrouvé le même microorganisme chez le rhumati- sant vivant. Le fait de la constatation d’un microbe pathogène spécifique probable du rhumatisme articulaire aigu étant ainsi fortement corroboré par notre observation, celle-ci prête encore à des considérations d’un autre ordre : l'enfant dont nous avons fait l’autopsie avait présenté, de son vivant, parmi les nombreuses complications rhumatismales, des symp- tômes évidents de chorée; la culture d’un segment de moelle ayant donné des cultures du microbe en question, il devient permis de sup- poser que la présence de ce même microbe dans les centres nerveux est vraisemblablement l'agent provocateur du mouvement choréique, ce dont nous nous réservons de demander justification complète à l’histologie bactériologique, et, si possible, ainsi que nous l’avons indiqué, à l’expérimentation. ORIGINE DES BRONCHES LOBAIRES DU MOUTON, par M. D. A. D'HARDIVILLER. Les poumons du mouton sont constitués par quatre lobes à droite et deux à gauche. Chacun d’eux est desservi par une bronche principale appelée bronche lobaire. Des opinions contradictoires sont émises sur la disposition des bron- ches lobaires des mammifères. Pour Æby et His, ces bronches forment une ramification monopodique. Pour Robinson et Narath, les bronches lobaires se développent par dichotomie inégale. Mes recherches sur le lapin (Thèse de Lille, 1897) m'ont permis d’af- firmer que les bronches lobaires n'apparaissent point par dichotomie vraie ou fausse, mais par ramification collatérale. Des travaux inédits sur le mouton confirment cette loi et m'auto- risent à dire que, là encore, les bronches lobaires se forment uniquement par ramification collatérale; c’est-à-dire par des hernies latérales de la bronche axiale de chaque poumon. Chez le mouton adulte la branche épartérielle droite s’insère sur la irachée. Dans les poumons embryonnaires, elle naît à la place qu'elle occupe chez l'adulte, par ramification collatérade de la trachée. Par SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1003 conséquent, celte branthe épartérielle n’est pas, comme le prétend Narath, un rameau émigré de la première bronche hypartérielle. Une note plus détaillée sera publiée dans la Bibliographie anato- mique. | (Travail fait au laboratoire d’'Histologie et d'Embriologie de la Faculté de médecine de Lille.) SUR LES DÉRIVÉS DE LA QUATRIÈME POCHE BRANCHIALE CHEZ LE CHAT, par M. P. VERDUN. Depuis les travaux de Born (1883), on admet généralement que la thyroïde résulte de la fusion de trois ébauches distinctes : l’une im- paire, issue de la paroi antérieure du pharynx, la thyroïde médiane ; les deux autres paires, les éhyroïides latérales, nées de la paroi ventrale des quatrièmes poches branchiales endodermiques. Prenant (1894) à montré que la région dorsale de ces poches fournit en outre, de chaque côté, un organe spécial, la glandule parathyroïdienne interne ou glandule thyroidienne, qui reste en rapport intime avec le lobe correspondant de la thyroïde. Chez le chat, chaque glandule thyroïdienne est accompa- gnée de lobules thymiques, désignés par Kohn (1895) sous le nom de grains thymiques internes, par opposition aux grains thymiques externes qui accompagnent la glandule parathyroïdienne externe ou glandule thymique issue de la 3° poche. Tandis que certains auteurs font provenir les grains thymiques internes, de même que les externes, du thymus proprement dit, né de la 3° poche, d’autres, tels que Grosschuff (1896), considèrent les grains internes comme formés par une ébauche propre, issue de la 4° poche endodermique. Il résulte donc de toutes ces données que la 4° poche fournirait : a) La thyroïde latérale; b) la glandule thyroïdienne; c) les grains thymiques internes. De l’examen d’une série de vingt embryons de chat de 6 à 80 milli- mètres, de dix nouveau-nés et de quinze adultes, nous croyons pou- voir conclure ce qui suit : 1° L’épithélium de la région dorsale et externe de la 4° poche endo- dermique, donne un épaississement qui, dans la suite, deviendra la glandule thyroïdienne ; 2 La région ventrale ou antérieure de la même poche, fournit un diverticule qui se bifurque à son extrémité en deux culs-de-sac, l’un externe, l’autre interne. a) Le cul-de-sac antérieur et externe, en rapport avec la glandule thyroïdienne, donne naissance aux grains thymiques internes de Kohn. Il se transforme, en effet, en un bourgeon épithélial plein, constitué par des cellules claires, à noyaux anguleux et peu colorés, qui lui donnent 41004 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une apparence caractéristique et comme réticulée; ce bourgeon s’al- longe et va se souder à la face interne du lobe thyroïdien, tandis que d'autre part il reste uni à la glanduie thyroïdienne. Il forme à ce mo- ment une sorte de pont ou de tractus reliant la glandule à la thyroïde, et que nous désignons sous le nom de pédicule épithélial. Par la suite, ce pédicule prend la forme d’un Y dont la branche impaire s'implante dans le parenchyme thyroïdien; des deux branches divergentes, l’une se rend à la glandule, l’autre s'étend librement le long du lobe thyroïdien et bourgeonne de facon à acquérir un aspect lobulé. Vers la fin de la vie embryonnaire, des éléments lymphoïdes apparaissent dans les lobules, qui prennent, à partir de ce moment, la structure du tissu thymique. Cette transformation est nettement prononcée dans la zone corticale des lobules, tandis que leur partie centrale ou médullaire con- serve sa structure épithéliale et se continue directement avec le reste du pédieule non modifié. b) Le cul-de-sac antérieur et interne, qui répond à la thyroïde laté- rale, se continue insensiblement avec la 4° poche et débouche avec celle-ci dans la cavité pharyngienne par l'intermédiaire d’une partie rétrécie dite canal thyréo-pharyngien. Ce dernier s’atrophie, et dès lors, la thyroïde latérale et le reste de la 4° poche forment une vésicule épi- théliale accolée au pédicule. 3° Nous mentionnerons comme dérivant de la 4° poche endodermique et de la thyroïde latérale des kystes à épithélium polymorphe, cilié par places, signalés au voisinage des glandules thyroïdiennes et des grains thymiques internes par Andersson (1894), Nicolas (1896) et nous (1896). En effet, chez le nouveau-né et l'adulte, les corpuscules de Hassall des grains thymiques internes s’agrandissent et leur centre devient kystique, en même temps que la vésicule branchiale représentant la thyroïde latérale et la 4° poche s’accroit de son côté. Les deux sortes de cavités finissent par s'ouvrir les unes dans les autres et forment une masse kystique dont le volume atteint parfois celui du lobe thyroïdien adjacent. (En outre, des vésicules thyroïdiennes plus où moins dilatées peuvent, à leur tour, venir confluer avec les cavités précédentes, de sorte qu'on peut avoir affaire à des masses polykystiques assez hétéro- gènes dans certains cas.) La pression excentrique qui résulte de l'accroissement de ces kystes, amène l’atrophie progressive des lobules thymiques internes et du pédicule épithélial. 4° On peut établir comme il suit le parallèle des formations bran- chiales des 3° et 4° poches endodermiques. 32 POCHE AR TR EE TT Ne ne — Région dorsale. Glandule thymique. Région dorsale. Glandule thyroi- Région ventrale. Thymus proprement dienne. dit et grains thy- Région ventrale. Grains thymiques miques externes. internes. SÉANGE DU 20 NOVEMBRE 1005 De même que la glandule thyroïdienne est l'organe ‘homologue de la glandule thymique, de même les grains thymiques internes sont les homologues du thymus et des grains thymiques externes, conformé- ment à l'opinion de Grosschuff. Quant au diverticule de la 4° poche, considéré depuis Wülfler et Stieda comme une ébauche thyroïdienne latérale, il ne prend aucune part à la formation du parenchyme thyroï- dien. Comme, d'un autre côté, les formations kystiques qui en dérivent se rencontrent fréquemment chez divers animaux (veau et moulon, Prenant, Simon; lapin, Nicolas, Kohn; chat, Andersson, Nicolas, nous), alors qu’il existe très rarement des kystes au niveau de la 3° poche, qui ne laisse qu'exceptionnellement un vestige appréciable, il apparaît nettement que la thyroïde latérale est un organe surajouté aux dérivés de la 4° poche et dont on chercherait vainement l'homologue sur la 3°. On peut lui altribuer, à l'exemple de Kastschenko chez le poulet, la signification d’une 5° poche branchiale rudimentaire, et cette interpré- tation a l'avantage de s’accorder avec les données de l’embryogénie comparée dans la série des vertébrés. 5° 11 ressort de ce qui précède que la thyroïde définitive se développe exclusivement aux dépens de l’ébauche médiane. SUR TROIS SPOROZOAIRES PARASITES DE LA Capitella capilata O. Fabr. Note de MM. Fézix MESNIL et MAURICE CAULLERY, présentée par M. METCHNIKOFF. Au centre de l’anse Saint-Martin (Cotentin), on trouve, dans un sable grossier, noirci par de nombreux débris d'algues, et qui contient très abondamment des Scolelepis fuliginosa Claparède, d’autres Annélides que nous rapportons à Capitella capitala. ls ne diffèrent des individus de Naples étudiés par Claparède et Eisig qu’en ce que le T° sétigère des adultes ne porte jamais de soies à crochet encapuchonné. Par cette particularité, ils peuvent être rapprochés de la variété Hebridarum créée par Czerniawsky pour la Capitelle des Hébrides observée par Cla- parède. Nous n’avons pas trouvé moins de trois Sporozoaires parasites dans la Capitelle de l’anse Saint-Martin. Ce sont, par ordre de fréquence : une Coccidie, un Sporozoaire cœlomique voisin des Sarcosporidies et une Grégarine. I. CoccintE. — Tous les exemplaires que nous avons examinés pré- sentaient, dans la paroi du tube digestif (région abdominale) et de l’in- testin accessoire (nebendarm d’Eisig), une Coccidie à différents € développement. es 1006 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE oo © Les formes du cycle sporulé sont des cellules rondes ou ovales avec un noyau vacuolaire central et un protoplasme bourré (sauf chez les très jeunes individus) de gros granules ronds de 1à 2 y de diamètre, qui possèdent les propriétés des granules plastiques de Thélohan; ils sont répartis uniformément dans tout le cytoplasme. Les cellules à granules aboutissent à des kystes sphériques de 25 à 30 & de diamètre qui tombent dans la lumière du tube digestif. Nous n'avons pu observer la sporulation de ces kystes, de telle sorte qu'il nous est impossible de caractériser génériquement notre Coccidie. Les formes asporulées sont très communes et les sporozoïtes, plus ou moins nombreux, sont généralement disposés en barillet; le noyau allongé est d'assez grande taille. Il est curieux de noter que ce parasite, constant dans la station d'où proviennent nos matériaux et toujours extrêmement abondant, n'existe pas à Naples. Il nous semble difficile qu'il eùt échappé à Eisig. Par contre, W. Fischer (Anat. Histol. Unters. von Capitella Capitata, thèse de Marbourg, 1884) l’a vu et figuré sans l'interpréter dans des individus provenant de Kiel. Il l’a pris pour de jeunes ovules appliqués contre les parois du tube digestif et apparaissant sur les coupes entre les cellules de l’épithélium intestinal (voir p. 19 et pl. IL, fig. 13 À, e..) IT. SPOROZOAIRE COŒLOMIQUE ( Bertramia n. g. capitellæ n. sp.). — Ce spo- rozoaire existe libre dans la cavité du corps, aussi bien dans le thorax que dans l'abdomen. On le rencontre, dans la moitié au moins des individus, souvent en petit nombre. Nous avons pourtant observé quelques exemplaires qui en étaient bourrés; une piqüre faite à la Capitelle laisse alors échapper une nuée blanchâtre qu’on prend, au premier abord, pour des produits génitaux mâles. Nous avons pu suivre toute l’évolution du Sporozoaire. Il débute par une petite cellule ronde de 3 x de diamètre; elle grossit tout en restant d’abord uninucléée, puis le nombre des noyaux devient 2,4, et finalement 40 à 80, à mesure qu'ils diminuent de taille; la division de tous ces noyaux paraît être à peu près simultanée. Chacun d'eux a la forme d’une vacuole ronde limitée par une ligne très nette et contenant à son intérieur un petit karyostome sphérique ou bacillaire (quelquefois 2 ou 4), de position généralement périphérique. Le parasite, d'abord rond, s'allonge et finalement consiste en un disque elliptique aplati, assez irrégulier de forme, de 20 à 30 y de long; sur le vivant, il est incolore, sans granules, d'aspect homogène; on distingue pourtant les noyaux, un peu plus réfringents que le reste de la masse; la membrane d'enveloppe est toujours très mince. Enfin le protoplasme se divise et vient entourer les noyaux dont la substance parait se condenser; on a des spores (ou des sporozoïtes?) sphériques, de 2 u 1/2 à 3 u de diamètre, avec un petit amas chromatique central décomposable en 4 chromosomes et un pro- toplasme homogène; ces spores sont identiques à la cellule que nous SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1007 avons prise pour point de départ; à l’état frais, elles sont transpa- rentes, d’un aspect homogène et immobiles. La masse morulaire irrégu- lière qu’elles forment est entourée d’une membrane mince et divisée en compartiments par des trabécules d'une substance qui paraît être le protoplasme non utilisé pour la formation de ces spores. Ces trabé- cules, incontestablement homologues de ceux signalés depuis long- temps chez les Sarcosporidies, auraient donc la valeur d’un reliquat de différenciation ou de segmentation. L'organisme que nous venons de caractériser nous paraît extrême- ment voisin, comme détails de structure et évolution, de celui que Bertram décrit, sans lui donner de nom, comme parasitische Schlaüche in der Leibeshühle vou Rotatorien (Zool. Jahrb., Anatomie, 5, 1892) et, dans l’état actuel de nos connaissances, il convient de les réunir dans un même genre que nous baptisons Bertramia. La Bertramia des Bra- chionus sera caractérisée morphologiquement par sa forme végétative en cylindres arrondis aux extrémités, la 2. capitellæ, par ses disques aplatis. Peut-être le G. Bertramia est-il voisin du Chytridiopsis d'Aimé Schneider (Arch. zool. expérim., 1884) créé pour une espèce unique parasite des cellules intestinales des Plaps; mais, pour se prononcer, il conviendrait d’avoir des préparations colorées de ce dernier. Bertram, comme Schneider, ne pensent qu'aux affinités avec les Chy- tridinées ; elles nous paraissent assez problématiques. Les affinités immédiates de Pertramia sont, croyons-nous, avec les Sarcospo- ridies, et en particulier avec le Cælosporidium de Mesnil et Marchoux (C. R. Soc. Biologie, séance du 31 juill. 1897); les productions que Bertram et nous avons observées, correspondraient à la forme endogène de Cælosporidium, la forme kystique exogène étant encore inconnue. Ces types nous paraissent voisins des Archisporozoaires qui ont donné, d'une part, les Sarcoporidies des Vertébrés supérieurs, et de l’autre les Myxosporidie (sensu Bütschli) par l'intermédiaire des Glu- géidées (anciennes Microsporidies). Les Bertramia, par leur évolution rappellent d’ailleurs certaines Glugéidées, par exemple les Pleistophora Gurley, mais leur spore n’acquiert pas de capsule polaire. IIL. GRÉGARINE. — On trouve, mais très rarement, dans l'intestin, une grégarine qui, par sa forme, appartient au type décrit et figuré par Claparède chez la Capitelle des Hébrides, retrouvé par Giard et par nous-mêmes chez la C. capitata de Wimereux; mais les deux pointes latérales font toujours défaut; elle a une forme de comète, la partie antérieure étant très renflée. Cette différence nous étonne d'autant plus que : 1° nos individus de C. capitata répondent surtout à la variété Hebridarum; 2 dans un genre différent de Capitella (Capitellides Mesnil) on retrouve une grégarine avec pointes latérales. Il serait bien intéres- sant de connaître les spores de ces curieux Sporozoaires. — Les faits que nous venons d'exposer modifient les données actuelles 1008 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur la distribution des Sporozoaires chez les animaux. Jusqu'ici, on ne. connaissait, chez les Annélides, en dehors des très nombreuses gréga- rines intestinales et cœlomiques, qu'un Sporozoaire, la Myxosporidie vue par Lieberkühn chez Vais proboscidea (1). Nous faisons donc con- naître chez les Annélides : 4° La première Coccidie; ce groupe paraissait jusqu'ici limité aux Vertébrés, Arthropodes (Myriapodes et Insectes) et Mollusques (2). 2° La première Sarcosporidie; on ne connaissait, en dehors de celles des Mammifères et des Oiseaux, qu’une espèce chez le Gecko (Bertram, L. c.) le Cælosporidium du Chydorus (crustacé cladocère) et le Bertramia des Brachionus (Rotifères). (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff, à l'Institut Pasteur.) [612.462] TOXICITÉ URINAIRE DANS LA LÈPRE, par M. G. CARRIÈRE, Professeur suppléant à l'École de Marseille. On est loin d’être d'accord, à l'heure actuelle, sur l’état de la toxicité urinaire dans la lèpre. | Pisichella, en 1893, prétendit que les urines des lépreux étaient hypertoxiques et que cette hypertoxicité était en rapport avec la gra- vité, la durée et la période de la maladie. Les animaux injectés présen- taient les symptômes habituels, mais avec prédominance d'hypothermie et des convulsions. Chatinière, en 1894, démontra au contraire que les urines des lépreux étaient quatre fois moins toxiques qu’à l’état normal. Thorel, en 1895, dit qu'il n'y a pas de différence entre les urines lépreuses et celles des sujets sains. Il n’y à pas non plus de différences entre les différentes périodes de la maladie au point de vue de la toxi- cité urinaire. (4) Le prétendu Coccidium que Beddard (Ann. and Mag. of Nat. History, K, 1888) signale chez des Perichœæta, ne nous paraît être ni une Coccidie, ni même un Sporozoaire; nous pensons qu'il s’agit d'œufs de Nématodes en voie de segmentation. Nous réservons notre opinion sur le parasite signalé par Leydig (Zeitschr. f. wiss. Zoologie, t. LIT, 1851) dans la cavité du corps de l’'Amphicora (Amphiglene) Mediterranea Leyd. (2) Parmi les inclusions des cellules du tube digestif que Spengel (Fauna und Flora von Golfes des Neapel, XNIIL, p. 754) signale chez les Entérop- neustes, celle dessinée pl. VE, fig. 19 «, et trouvée chez Ptychodera sarniensis Koehler, nous paraît devoir être rapportée à une Coccidie. L'attribution des autres à des Sporozoaires est plus douteuse. SÉANGE DU! 20 NOVEMBRE 1009 Nous avons étudié, dans le cours de cette année, la toxicité urinaire chez trois lépreux. Disons d’abord que placés exactement dans les. mêmes conditions de vie et d'alimentation, il ne peut s'être introduit de ce côté aucune eause d'erreur dans nos recherches. Dans deux cas, il s'agissait de lèpre mixte à prédominance tégumentaire; dans le troi- sième de lèpre trophoneurotique. Chez tous nos malades, les urines étaient hypotoxiques. Il nous a fallu 200, 225 et 150 centimètres cubes pour déterminer la mort des animaux. Dans le dernier cas, où il n’a fallu que 150 centimètres cubes d’urine, le malade était en même temps atteint de fistule à l’anus, d'origine tuberculeuse qui suppurait abondamment et depuis longtemps. : Il ne semble pas y avoir de variations de la toxicité urinaire suivant la forme et la période de la maladie. Chez deux de nos malades, ces recherches ont été faites à huit, treize mois d'intervalle, dans les mêmes conditions d'alimentation : il n’y a pas eu de différence sensible. Il n’y a pas de variations suivant l’étendue des lésions tégumentaires. Les symptômes observés chez les animaux injectés, ont été les mêmes que ceux qu'on observe quand on injecte des urines normales. L'hypo- thermie a été très prononcée et s’est montrée de bonne heure dans le cours des injections. Nous nous rangerons donc du côté de Chatinière et de Thorel, et nous croyons que, dans la lèpre, les urines sont hypotoxiques. TYPHLITE GANGRÉNEUSE PAR INTOXICATION ALCOOLIQUE AIGUE CHEZ LE COBAYE, par M. A. PÉRON. Si l’on a décrit certaines lésions gastro-intestinales à la suite d’intoxi- cation alcoolique aiguë, chez l’homme ou chez les animaux, les auteurs qui ont écrit sur ce sujet ne paraissent pas avoir signalé d’accidenis analogues à ceux que nous venons d'observer. Cinq cobayes subissent des résections partielles du foie (de 4 à 9 grammes de substance hépatique par animal). Quinze jours après, rétablis, ayant repris leur poids antérieur, ils reçoivent chaque jour, sous la peau des lombes, 1 centimètre cube d'alcool absolu, dilué dans 1 centimètre cube de sérum chloruré à 7 p.100 stérilisé. L’infection est faite proprement, en prenant toutes les précau- tions antiseptiques nécessaires. L'un meurt après la troisième infection, 3 après la quatrième. Le dernier survit. À l’autopsie : Mèmes résultats chez les 4 animaux. Rien d’appréciable au lieu d'infection de l'alcool. 19010 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Péritonite suraiguë par perforation. Epanchement de matières sterco- rales dans l'abdomen. Le gros intestin, le cæcum particulièrement, très distendus, attirent immédiatement l'attention. À travers le pentome, on voit déjà sur la paroi cæcale des plaques jaune brunâtre, sphacelées. La séreuse qui le tapisse est dépolie ei le siège d’exsudats fibrino-purulents. L'examen complet du tube digestif montre que l'estomac, l’iléon sont normaux. Toutefois, l'extrémité inférieure de l'intestin grêle est infectée sur une étendue de plusieurs centimètres. La valvule iléo-cæcale est intacte. Dans le cæcum, la partie sous-jacente à la valvule est particuliè- rement atteinte. Elle montre des plaques de sphacèle plus ou moins larges, mais toujours multiples. Leur surface est jaune brunâtre, d'aspect pseudo-membraneux. L'une de ces escarres s’est rompue, l'intestin est perforé du côté du pentome ; une couronne d'exsudat fibrineux entoure, comme d’une colle- rette, la perforation. À distance, dans le mésentère, il y a un ganglion volumineux et ramolli. La gangrène est limitée au cæcum. Le côlon ascendant est infecté à son origine, mais bientôt il reprend son aspect normal. Le foie porte les traces de l'intervention. Les échancrures sptiNeieLes ne sont pas encore comblées. Tous les autres organes sont normaux. (Poumons, reins, rale, cœur, capsules surrénales.) La rate est petite. Le sang du cœur cultivé n’a poussé qu'une seule fois; dans ce cas, l’autopsie avait été tardive. _ Trois cobayes sains, n’ayant pas subi de résection partielle du foie, ont recu comparativement et dans les mêmes temps les mêmes quan- tités d'alcool. Un est mort à 4 centimètres cubes, présentant une typhlite gangreneuse. Toutefois, l'intestin n'était pas perforé, la péritonite restait partielle. Ge cobaye était le plus petit. Les deux autres ont survécu à 7 centimètres cubes d'alcool. Je vous présente les pièces que J'ai recueillies, réservant toute inter- prétation pour l'instant, et attendant le résultat d'expériences que je poursuis sur ce sujet. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 1011 SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1897 M. Azrrep GiaRD : Sur la ponte des Rhabdocæles de la famille des Monotidæ. — M. A. M. Boca : Expériences relatives à l’action que les traumatismes produi- sent sur la circulation et sur la sensibilité de la peau. — M. A. Lécaizcon : Note préliminaire relative aux feuillets germinatifs des Coléoptères. — M. E. GéRARD : Examen chimique de la salive dans un cas de Sialorrhée chez un épileptique. — M. A. Nrcoras et Mile Z. Dimrrrova : Note sur le développement de l'arbre bron- chique chez le mouton. Présidence de M. Bouchard. SUR LA PONTE DES RHABDOCOLES DE LA FAMILLE DES MONOTIDÆ par M. ALFRED GiARD. Ce que nous connaissons du genre de vie des Turbellariés marins est si peu de chose qu'il n'est pas besoin d’excuses pour apporter une con- tribution, si minime fût-elle, à l’éthologie de ces animaux. En étudiant l'été dernier, pour un tout autre objet, les Mollusques Pélécypodes du nouveau port en eau profonde de Boulogne-sur-Mer, j'ai remarqué avec étonnement des productions singulières (ressemblant à l’œil nu à des Pédicellines ou des Loxosomes), fixées sur les valves de la coquille, principalement vers les bords, au voisinage des siphons et sur les siphons eux-mêmes ou sur la partie marginale du manteau. Donax trunculus L., Tellina tenuis Da Costa, Tellina fabula Gronov, cette der- nière espèce surtout, portaient, généralement en grand nombre, la pro- duction dont nous parlons pendant les mois d'août et de septembre. L'examen microscopique à un faible grossissement nous révéla de petites coques ovoïdes de 077,3 à 0%%,5 de long, fixées au substratum par un court pédicelle inséré sur l’un des pôles de l'ellipsoïde. D'une consistance assez ferme et légèrement transparentes, ces coques avaient parfois une teinte violacée claire. Un grand nombre d’entre elles étaient vides, l'extrémité libre irrégulièrement ouverte et plissée sur elle-même. Plusieurs renfermaient encore un embryon bien développé, animé d’un mouvement de rotation continuel sur lui-même et laissant voir de temps en temps, par transparence, un organe réfringent assez volu- mineux (l’otocyste). BiOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. ÎV. sl 1012 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En provoquant, par une pression légère du couvre-objet, l’éclosion de ces embryons, je reconnus qu'ils appartenaient à un Rhabdocæle Allaeccæle de la famille des Monotidæ, un Monotus ou un Automolos. L'absence complète d'organes génitaux ne m'a pas permis une détermi- nation absolument certaine. Mais la forme générale du corps, rétrécie légèrement au-dessous de la partie cephalique, un peu en avant de l’otocyste, l'expansion terminale de la région postérieure et l'absence des gros rhabdites si fréquents chez les Auton:olos, me portent plutôt à rattacher ces embryons à une espèce du genre Monotus. D'autre part, comme ils n’ont aucune trace du point oculiforme, on ne peut les considérer comme de jeunes Monotus lineatus O. F. Mueller, ou Monotus fuscus OErsted, espèces très communes dans le Pas-de-Calais. Provisoirement, ils me paraissent devoir être rapprochés de Monotus albus Levinsen, espèce du Groenland occidental encore mal connue, que F. W. Gamble a retrouvée (un exemplaire unique!) à Plymouth. La vésicule otocystique de #/onotus albus est insuffisamment décrite. Chez nos embryons, cette vésicule est en forme de cloche. Elle renferme une grosse lentille biconvexe placée horizontalement (c’est-à-dire per- pendiculairement à l'axe) dans le bas de la cloche et surmontée par deux petites concrétions irrégulièrement sphériques. Les jeunes Monotus sont en général dépourvus de pigments. La teinte violacée de certaines coques pourrait faire supposer que l'adulte de notre espèce présenterait peut-être une coloration du même genre, non signalée jusqu'à présent chez M. albus. © Monotus fuscus OErsted pond à Wimereux sur les valves de Balanus balanoïides L. et c’est en détachant des masses de ce Cirripède qu'on peut obtenir en grande quantité les états jeunes du Turbellarié. De ces observations, on doit donc conclure que les œufs des Monotus ont besoin, pour leur développement, d’une eau continuellement renou- velée. L'animal parent, dépose sa ponte sur les Mollusques Pélécypodes ou sur les Cirripèdes, dans les points où la respiration de l’hôte entre- tient un courant d’eau permanent. Malgré son épaisseur, la coque de l'œuf de ces Rhabdocæles permet des échanges gazeux avec le liquide ambiant. [612.187.79. — 612.887] EXPÉRIENCES RELATIVES A L'ACTION QUE LES TRAUMATISMES PRODUISENT SUR LA CIRCULATION ET SUR LA SENSIBILITÉ DE LA PEAU, par M. À. M. BLocu. J'ai inséré dans les Archives de physiologie, en 1873 et 1874, un travail sur l’action que les traumatismes produisent sur la circulation de la SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 10143 peau. Je viens de reprendre ce sujet et mes dernières expériences con- firment absolument les résultats obtenus antérieurement par moi. Ces résultats peuvent être formulés de la manière suivante : tout trauma- tisme, faible ou fort, court ou prolongé, exercé sur la peau, par pressions, frictions, percussions, succions, pincements, applications du chaud, applications du froid, produit toujours et presque immédiatement une congestion paralytique des capillaires de la peau aux points qui viennent d’être irrités. Ces conclusions diffèrent de celles que M. le professeur Marey a émises. En effet, dans un mémoire paru dans les Annales d'histoire naturelle, M. Marey disait : 1° Un traumatisme léger produit une contraction des capillaires et fait pälir l'endroit irrité. 2° Un traumatisme plus fort abolit la contractilité et fait dilater les vaisseaux sur les points qui le subissent. J'ai montré en 1873 les causes de la différence d'appréciation qui existe entre l’'éminent professeur et moi. L'expérience de M. Marey consistant dans une friction faite avec l’ongle sur le dos de la main, j'ai dit que la pàaleur qui persiste après la friction n’est pas due à la con- traction des capillaires sous-jacents, mais à l’exfoliation des cellules épidermiques, car on n observe cette pâleur qu'aux régions où la peau est seche et elle ne se montre ni aux lèvres, ni aux éminences thenar et hypothénar, ni même au dos de la main quand on frotte une main gantée. D'ailleurs, aucun des autres traumatismes, même très faibles, n’est suivi d'une marque pâle. Le plus caractéristique, le plus simple, la pression exercée sur la peau par un corps mousse, que celte pression soit faible ou énergique, montre bien l’invariabilité du phénomène qui suit toute irritation de la peau, c'est-à-dire la congestion sanguine. L'application d’une ventouse, la percussion à l’aide d’une brosse, l'apposition d’un corps chaud ou froid sont dans le même cas. Le pin- cement de la peau est suivi des mêmes effets, quel que soit le degré du traumatisme, Ce dernier mode d’irritation peut être exécuté d’une facon frappante par le procédé suivant. En approchant d’une lampe le pli de peau qui sépare le pouce de l'index, le bord de ce pli apparaît coloré en rose päle. Si on en saisit une partie entre les mors d’une pince et qu'on serre pendant quelques secondes, après avoir retiré l'instrument, on constate une rougeur plus intense, diffuse, entourant la marque qu'on a faite et cette marque se colore elle-même plus vivement que les régions voisines. On peut dire qu’elle a subi un traumatisme fort, que ses environs ont recu un traumatisme faible et pourtant, le tout s’est con- gestionné. Il est donc évident que tout traumatisme est suivi de congestion capillaire. A014 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE De plus, une première irritation rend la peau plus apte à se conges- tionner, à la suite d’un second traumatisme ; l'expérience peutse faire par tous les procédés dont jai fait plus haut l’'énumération. Enfin, j'ai pu m'assurer d’un fait qui, je crois, n’a pas encore été mis en lumière, à savoir que la peau congestionnée par un traumatisme modéré est plus sensible qu'avant l'irritation. Je me suis servi pour réaliser cette expérience des petits esthésiomètres que j'ai présentés à la Société, il y a quelques années, et dont la description complète à paru dans un mémoire inséré dans les Archives de physiologie en avril 1891. J'ai constaté que l’éminence hypothénar, insensible à la pression d’un esthésiomètre taré à 1 milligramme, perçoit le contact de l'instrument après une friction et pendant que dure la congestion capillaire causée par le traumatisme. NOTE PRÉLIMINAIRE RELATIVE AUX FEUILLETS GERMINATIFS DES COLÉOPTÈRES, par M. A. LÉCAILLON. Les nombreux travaux publiés sur l'embryogénie des Insectes pré- sentent entre eux une discordance considérable sur tout ce qui regarde l'origine des feuillets germinatifs. Jusqu'à ces dernières années, presque tous les auteurs tendaient cependant à admettre que la segmentation de l’œuf aboutissait à la formation d’une vésicule blastodermique com- posée d’une paroi cellulaire entourant le vitellus nutritif. Au milieu de celui-ci, restaient disséminées un cerlain nombre de cellules dites cellules vitellines, lesquelles avaient pour rôle de digérer peu à peu le deutolécithe. De cette vésicule, sur le milieu de la face ventrale de l'œuf, naissait, par une gastrulation plus ou moins typique, une bande cellulaire qui pénétrait à l'intérieur et constituait un mésoendoderme, tandis que l’ectoderme définitif se formait aux dépens du reste de la paroi ventrale de la vésicule blastodermique. Le mésoendoderme se séparait ensuite en deux parties : le mésoderme proprement ditet l'endo- derme chargé de former l’épithélium de l'intestin moyen. C’est dans cet esprit qu'ont été faits les travaux les plus importants sur les Coléoptères, par exemple ceux bien connus de Graber, d'Heider et de Wheeler. Or, tout récemment, dans une série de travaux remarquables. R. Heymons, chargé de cours et assistant à l’Institut zoologique de Berlin, est arrivé à cette conclusion que, chez les Orthoptères inférieurs comme le Lépisme, les cellules vitellines forment l'épithélium de l’in- testin moyen, tandis que chez les Orthoptères élevés, comme la Forfieule, la Blatte, le Grillon, le même épithélium résulte de proliférations ecto- dermiques provenant du stomodeum et du proctodeum. Heymons en conclut que les cellules vitellines représentent l’entoderme et que si ce SÉANCE DU 271 NOVEMBRE 1015 dernier forme bien chez les Orthoptères inférieurs l’épithélium du mésenteron, il n’en est plus de même pour les Orthoptères supérieurs. Ces observations d'Heymons ont une grande importance si on les envi- sage au point de vue de l’'embryologie générale, puisqu'elles attestent que, dans un même groupe animal, l'épithélium de l'intestin moyen peut tirer son origine soit de l’entoderme, soit de l’ectoderme. L'auteur allemand s'appuie même sur elles pour combattre très vivement l’idée généralement admise de l’importance des feuillets germinatifs et de l’importance qui résulte de l’homologie de ces feuillets dans toute la série des Métazoaires. J’ai, de mon côté, étudié la formation des feuillets germinatifs chez un certain nombre de Coléoptères, particulièrement chez le Clytra lævius- cula, le Gastrophysa polygoni, V'Agelastica alni, le Lina populi, le Lina tremulæ et le Chrysomela menthastri. Les faits qui résultent de mes observations sont complètement différents de ceux que les travaux de Graber, d'Heider et de Wheeler avaient fait passer dans la science et concordent, au contraire, en très grande partie, avec les résultats obte- nus par Heymons chez les Orthoptères supérieurs. Ces faits peuvent se mentionner très brièvement de la façon suivante : 1° L'œuf subit une segmentation intravitelline. Pour cela, le noyau de segmentation et la couche protoplasmique propre qui l'entoure se com- portent comme première cellule de segmentation; cette cellule se divise en deux cellules filles qui grandissent, puis se divisent à leur tour, et ainsi de suite. En même temps, les cellules se déplacent dans l’intérieur de l’œuf. Certaines d’entre elles vont faire une couche continue à la périphérie, tandis que les autres restent réparties dans la masse vitel- line. Ce stade a été considéré jusqu'ici comme une blastula et désigné par le nom de stade blastodermique. En réalité, il correspond au stade gastrula. L'assise périphérique est, en effet, l’ectoderme et les cellules internes sont l'entoderme. Le stade blastula à été sauté par suite d’un phénomène d’abréviation embryogénique, abréviation liée comme toujours à la richesse de l'œuf en réserves nutritives. 2° Le mésoderme se sépare de l'ectoderme sous la forme d’une étroite bande cellulaire longitudinale et médiane qui fait presque tout le tour de l'œuf, suivant le plan de symétrie du futur embryon. Cette bande mésodermique est interrompue seulement sur la région dorsale moyenne de l'œuf. Elle se sépare de l’ectoderme différemment, suivant que l’on considère sa région moyenne (située le long de la face ventrale de l'œuf) ou ses deux extrémités. La région moyenne commence à se former tout d'abord; pour cela, les cellules ectodermiques situées sur la région médio-ventrale de l'œuf, s'allongent perpendiculairement à la surface de l’œuf et se pressent plus fortement l’une contre l'autre; la plaque ectodermique ainsi modifiée s'invagine peu à peu à l'intérieur de l'œuf en prenant d’abord la forme d’une gouttière. C'est cette gouttière qui 1016 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fut interprétée inexactement par Hæckel et les embryologistes qui sui- virent, tels que Graber, Heider, Wheeler, comme une gastrula. Or, comme je l'ai indiqué plus haut, le stade gastrula est bien antérieur et ne se manifeste pas par une invagination typique. Les deux extrémités de la bande mésodermique se séparent de l’ectoderme, non plus per invagination, mais par prolifération cellulaire; cette prolifération se fait au fond et sur les parois d’un canal qui prolonge en avant et en arrière, sur l’ectoderme, la gouttière de la région ventrale. 30 Ultérieurement, les cellules endodermiques restent disséminées dans le vitellus nutritif qu’elles digèrent peu à peu; mais c'est leur seul rôle et elles n’entrent jamais dans la constitution de l'épithélium de l'intestin moyen. Ce dernier épithélium se forme relativement très tard au moyen de bandes cellulaires qui partent du stomodeum et du procto- deum. Il n’est pas possible de considérer ces bandes cellulaires ecto- dermiques comme représentant l’entoderme. En résumé, chez les Coléoptères que j'ai mentionnés plus haut — etil en est certainement de même chez la plupart des Insectes — le stade biastula n'apparait pas dans le développement, le stade gastrula succède immédiatement à la segmentation et n'offre pas d'invagination lypique, il ne se forme pas de mésoendoderme, mais simplement un mésoderme par invagination ou par prolifération ectodermique, l’entoderme est employé uniquement à digérer les réserves vitellines et ne fournit pas l'épithélium intestinal moyen qui est d'origine ectodermique. Quant à ce dernier fait, il prouve que, chez les Coléoptères comme chez les Orthoptères supérieurs, l'intestin moyen n’est pas l'homologue de l'in- testin moyen des Insectes inférieurs. Cette anomalie présentée par la classe des Insectes est un fait absolument exceptionnel, même si l’on envisage le règne animal tout entier. On peut, je pense, l'expliquer par le rôle digestif spécial que remplissent pendant toute la durée du déve- loppement les cellules entodermiques restées disséminées dans la masse vitelline. Ces cellules deviennent ainsi en quelque sorte inaptes à se grouper pour faire l’épithélium intestinal et celui-ci doit se produire par un autre moyen. Déjà chez le Lépisme, les cellules vitellines n’arrivent à constituer l’épithélium de l'intestin moyen qu'après l’éclosion de la larve. Cette circonstance défavorable est disparue chez les Insectes supérieurs, mais c’est l’ectoderme qui supplée à l’inaptitude acquise de l’entoderme ei forme l’épithélium du mésentéron. Si l'on remarque enfin que l’anomalie dont il s’agit iei se rapporte à un groupe d'animaux à embryogénie excessivement condensée et modifiée, on peut conclure qu’elle ne peut guère diminuer l'importance que l’on attache à l’homo- logie des feuillets embryonnaires dans la série des métozoaires et aux conséquences que l’on tire d'ordinaire de cette homologie. (Travail du Laboratoire d'Embryogénie comparée au Collège de France.) SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1017 1612.313.6| EXAMEN CHIMIQUE DE LA SALIVE DANS UN CAS DE SIALORRHÉE CHEZ UN ÉPILEPTIQUE, par M. E. GÉRaRD. Les travaux publiés jusqu'ici concernant l'examen chimique de la salive dans certains cas pathologiques sont peu nombreux, nous croyons utile de relater les recherches que nous avons faites dans ce sens pour un cas de sialorrhée chez un épileptique du service de M. le professeur Mossé de Toulouse. C'est du reste sur sa demande que nous avons procédé à cette étude. M. U. Gautrand (1) a relaté, dans une thèse intéressante, les travaux faits, en particulier, sur les modifications du pouvoir saccharifiant de la salive provenant de malades atteints de différentes affections. Ces recherches ont été faites spécialement par MM. Salkowsky (2), Ro- maro (3), Coronedi (4), Schlesinger (5) et enfin par Jaweïn (6), mais les conclusions formulées par ces divers auteurs sont quelquefois diffé- rentes ; de là la nécessité de recueillir de nouvelles observations, qui doivent être dirigées dans un sens à peu près identique pour avoir des données utiles. Pour le cas qui nous occupe, nous avons surtout déterminé, en plus de la composition chimique, le pouvoir amylolytique de la salive com- paré à celui de la salive normale, en prenant comme base de cette action diastasique les chiffres donnés par Jawein sur lesquels nous revien- drons plus loin. La salive du malade est recueillie dans un flacon contenant quelques gouttes de chloroforme pour empêcher toute altération ultérieure du liquide sous l'influence des microorganismes. Les quantités de salive sécrétées journellement et qui ont servi à nos expériences, sont les suivantes : PAU dE Cr 0ECentimetresmeubes: DDR UN EN ERA MAN ER AN END — — DO 9 lise Me NA E LI. PEDDU) — — AS permit VE om EU ol eee Ge te ID — — Propriélés et composilion du mélange des diverses sécrétions. — Liquide à peine opalescent et fluide : Du chimisme salivaire. Thèse de Lyon, 1895. Virchow’s Archiv., t. CIX, 1887. 1018 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Densité à 15 degrés : 1003. xéaction alcaline (alcalinité correspondant à 0 gr. 318 de carbonate de soude par litre). EXT ASEC NPA ee RE SE ND RNLLÈEE Sels fixes. EPL ER es + 4 80 — Matières organiques . . . . IE RROAOUS — Substances précipitables par Take. UE62190 — Mucine, Walbumine MERE NE ERMITa ces Dans l’extrait alcoolique de la salive évaporée, nous avons pu mettre en évidence la présence de l'acide sulfocyanique. de l’urée et de l’acide butyrique. Cette salive pathologique contient un ferment oxydant: ce fait a déjà été démontré, du moins pour la salive normale, par M. P. Carnot (CR Acdesa Sole de Biologie, 29 mai 1896). Détermination du pouvoir saccharifiant de la salive. — J. Jawein (1) a déterminé le pouvoir saceharifiant de la salive chez l'homme sain, en dosant la quantité de maltose produite sous l'influence du ferment sali- vaire dans les conditions suivantes : on fait avec de l’eau et de l’ami- don desséché à l’air un empois à 4 p. 100; on en prend 100 centimètres cubes et on y ajoute 4 centimètres cubes de salive filtrée. Le mélange est exposé pendant quinze minutes à une température de 39 à 40 degrés. Au bout de ce temps, on étend la solution à 200 centimètres cubes et on y dose le maltose. Pour le cas d’une salive sécrétée par un homme sain, le liquide mis en expérience renferme 0 gr. 368 à O0 gr. 555 de maltose p. 100. Pour que les résultats puissent être comparables dans la détermi- nation du pouvoir amylolytique de la salive, nous avons adopté le mode opératoire de M. Jawein et les chiffres qu'il donne pour la proportion de maltose produite dans les conditions normales. Nos expériences ont porté sur les salives du 21 et du 23 juin, les quantités de maltose formées ont été respectivement de 0 gr. 639 et 0 gr. 603 p. 100. Détermination de la température de destruction de la ptyaline. — Cette recherche a été faite, non pas directement sur la salive, mais sur la ptyaline précipitée par l’alcool et mise en dissolution dans l'eau dis- tillée. À cet effet, nous avons suivi le procédé indiqué par M. Bour- quelot. Nous sommes arrivés à cette conclusion, c'est que la ptyaline de la salive de notre malade, encore très active à 57 degrés, s’affaiblit vers 8 et 59 degrés et devient à peu près inactive entre 60 et 61 degrés. C'est la température de destruction indiquée pour la ptyaline de la salive normale. De nos expériences, il résulte que le pouvoir amylolytique de la (4) Loc. cit., p. 626. SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1019 salive, sécrétée en abondance par cet épileptique, est sensiblement accru. De plus, la quantité de matières salines que renferme ce liquide est supérieure à celle de la salive mixte, ce qui vient de nouveau véri- fier la loi établie par Heidenhain, à savoir que plus la sécrétion devient rapide, plus la proportion des sels augmente. Nous devons ajouter que, par sa composition chimique, sa consis- tance et sa densité, cette salive semble se rapprocher de la salive paro- tidienne. NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'ARBRE BRONCHIQUE CHEZ LE MOUTON (1), par M. A. Nicoras et M!° Z. Dimirrova. Nous nous proposons de résumer dans cette note les principaux résultats auxquels nous a conduits l'étude du développement de l'arbre bronchique chez le mouton. Cet animal, qui possède normalement une bronche trachéale épartérielle droite, ainsi qu'on le sait depuis les recherches d'Aeby, nous à paru un objet d’études propre à élucider, peut-être, la signification et l’origine encore obscures de la bronche épartérielle. Nous avons examiné jusqu'alors un certain nombre d’em- bryons de 5 millimètres à 18 millimètres (du 18° au 27° jour environ) dont nous avons reconstitué l'arbre bronchique par la méthode des reconstructions plastiques de Born. Ne pouvant décrire un à un les modèles que nous avons ainsi réalisés, nous nous bornerons à dégager les principaux faits que leur examen révèle. Les reconstructions d’embryons de 5 millimètres, 6 millimètres et 62,8 démontrent que les troncs bronchiques (bronches souches) ne résultent pas à proprement parler d'une bifurcation de l’ébauche pulmonaire primitive formée par l’étranglement d’une gouttière ventrale de l'intestin céphalique, mais qu'ils apparaissent comme des bourgeons (creux) nés de la partie dorsale des faces latérales de cette ébauche. Déjà chez l'embryon de 5 millimètres, ces bour- geons sont asymétriques, le droit étant situé un peu plus en arrière que le gauche et étant plus développé que lui. Au début, ils s’écartent l’un et l’autre à angle droit du sac dont ils se détachent et se renflent à leur extrémité ter- minale. Chez des embryons de 7 millimètres et surtout de 9 millimètres, les deux troncs bronchiques constituent avec la trachée un T renversé. On peut encore reconnaitre, mais moins nettement à cause de la réduction relative de volume de la trachée, qu'ils se branchent sur la partie dorsale de l'extrémité de ce conduit. Chez l'embryon de 9 millimètres, l'axe de chacune des bronches- (4) Cette note a été envoyée de Nancy à M. le Prof. E. Gley le 26 novembre et nous n'avons eu connaissance de la communication présentée à la Société par M. d'Hardiviller sur le même sujet et insérée dans le n° 36, p. 1002, des Comptes rendus, que le surlendemain 28. 1020 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE souches commence à s’incurver en arrière (vers l'extrémité caudale). En même temps, deux bourgeons se sont développés à peu près symétriquement, l’un à droite, l'autre à gauche, sur la face externe {ou plus exactement céphalique) de ces bronches. Ils se dirigent tous deux en avant, affectant en quelque sorte un trajet récurrent. Celui du côté gauche s'accroît plus vite que celui du côté droit. Ce sont là les ébauches des deux premiers troncs collatéraux externes. Ultérieurement, par suite de l'allongement eu arrière (du côté caudal) et de l'incurvation de plus en plus accentuée des troncs bronchiques qui forment bientôt comme une sorte de pince à branches curvilignes, l’orientation de ces ébauches se trouve modifiée. Elles s’inclinent de plus en plus, surtout celle de droite, pour se diriger non plus directement en avant, mais d’abord en avant et en dehors, puis tout à fait en dehors. L’ébauche droite s'oriente même enfin en arrière et s'abaisse du côté ventral. L'ébauche gauche conserve plus longtemps son oblhiquité en avant et en dehors (voir plus loin). Sur ce même embryon (9 millimètres) la bronche trachéale (épartérielle) fait son apparition sous l’aspect d'un bourgeon allongé, saillant sur le côté droit de la trachée. Elle se développe ensuite perpendiculairement à celle-ci, puis s'incurve en arrière (en direction caudale) en émettant des bourgeons colla- téraux dont la description ne saurait trouver place ici. Chez aucun des embryons examinés nous n'avons observé la moindre trace d’une ébauche bronchique trachéale à gauche. Les bronches collatérales naissent sous la forme de bourgeons des troncs bronchiques, successivement les unes après les autres, d'avant en arrière et plus vite à droite qu'à gauche. La différence de calibre entre ces bronches et le tronc générateur est toujours très notable et en faveur de ce dernier. Trois séries de bourgeons se constituent ainsi : une série latérale (externe), une série dorsale et une série ventrale. Bronches latérales. — Les deux premières, dont nous avons déjà parlé plus haut, apparaissent presque en même temps. Celle du côté gauche (embryons de 40 à 11 millimètres) ne tarde pas à émettre des bourgeons qui s'étendent latéralement et s’inclineront plus tard, en partie, du côté ventral; mais sa direction générale reste ce qu'elle était au début, c'est-à-dire orientée en avant vers l'extrémité céphalique. La première collatérale externe droite, au contraire, se déplace tout à fait en dehors, s'incline dans la suite ventrale- ment, mais ne fournit aucune branche dirigée du côté céphalique. Cette particularité s'explique par le développement de la bronche trachéale qui vient occuper tout le territoire du poumon placé en avant de la 1r° colla- térale externe droite et l'empêche de s'étendre dans ce sens. La 1r® collaté- rale gauche peut, au contraire, le faire librement et constituer ainsi une véritable bronche apicale, hypartérielle comme celle du côté gauche. Les autres collatérales externes ne nous arrêteront pas. On en trouve 3 de chaque côté, inégalement développées, chez un embryon de 112,7; 4 chez un de 122m,7; 5 chez un autre de 18 millimètres. Bronches dorsales. — Ces bronches se montrent plus tardivement et naissent chacune sur un niveau un peu inférieur au point d'implantation de la bronche latérale correspondante. Nous en constatons 1 de chaque côté chez l'embryon de 11%%,7; 2 chez celui de 122,7; 4 enfin chez celui de 18 millimètres. Bronches ventrales. — Celles-ci sont très tardives, sauf la première du côté droit SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1021 qui est, au contraire, très précoce, s'ébauche peu de temps après la 1'e colla- térale externe et se montre déjà presque aussi longue qu'elle, alors que la 2e collatérale externe n’est encore à droite qu'une boursouflure peu accentuée. Cette 1"e bronche ventrale droite n’est autre chose que la bronche cardiaque. Elle naït tout contre Ja 1'° collatérale externe, en avant et un peu au-dessous. À gauche, nous n'avons rencontré à aucun moment de bronche semblable. Les autres bronches yentrales se forment beaucoup plus tard. Chez un em- bryon de 1$ millimètres, nous en apercevons deux de chaque côté (en plus de la bronche cardiaque, à droite) qui, particularité remarquable, correspondent respectivement, non pas comme on pourrait le supposer aux 2° et 3e colla- térales externes droites et gauches, mais aux 3° et 4e. Elles sont, d’ailleurs, entièrement indépendantes de ces collatérales. Voulant garder à cette note le caractère d’une communication préli- minaire, nous ne discuterons pas les faits que nous venons d'exposer brièvement et nous nous dispenserons de tout historique. Nous atti- rerons seulement l'attention sur les conclusions suivantes que nous croyons pouvoir en déduire. Chez le mouton, les troncs bronchiques sont des bourgeons latéro- dorsaux de l’ébauche pulmonaire impaire. Ils naissent donc sur la future trachée de la même manière que les bronches collatérales naï- tront plus tard sur eux-mêmes. La bronche trachéale (épartérielle) est entièrement indépendante du système bronchique pair et apparait réellement comme un élément surajouté. La bronche cardiaque est une bronche ventrale. Son apparition très précoce lui donne une impor- tance particulière et ne permet pas de la considérer comme une bronckhe accessoire. L'asymétrie des deux moitiés de l'arbre bronchique est encore plus évidente chez le mouton qu'ailleurs et résulte de l'existence de deux éléments, bronche trachéale et bronche cardiaque qui, pour des raisons qui nous échappent, ne se développent que d’un seul côté, à droite. ERRATUM Page 1006, lig. 34, au lieu de : petit karyostome, lire : amas chromatique. Le Gérant : G. Masson. —_—_—_—————— : Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette, EE 1023 SÉANCE DU 4 DECEMBRE 1897 M. P. Busquer : Contribution à l'étude de la structure fine des corps appelés « les Sporozoaires du cancer ». — M. E. Barnier : Nouveau modèle de canule à pression artérielle. — M. OEcasxer DE ConiNex : Nouveaux documents sur le rachitisme. — MM. Gizgert, Carnot et Cuoay : Sur la préparation des extraits hépatiques. — M. C. Pnisazix : Antagonisme entre le venin des Vespidæ et celui de la Vipère: le premier vaccine contre le second. — MM. J. Deserine et A. THEshaRt : Un cas de : paralysie faciale périphérique, dite rhumatismale ou «a frigore, suivi d'autopsie. — M. Yvon : Sur l'élimination du soufre et de la magnésie. — MM. P. Bar, A. Mec et R. Mercier : De la présence dans l'urine de femmes éclamptiques d’une albumine offrant une réaction spéciale. — M. D.-A. »'HarpivirLer : Développement des bronches principales ehez le mouton. — M. L. Harr1oN : Des injections intra- veineuses d'eau de mer comparées aux injections de « sérum artificiel ». Présidence de M. Bouchard. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA STRUCTURE FINE DES CORPS APPELÉS & LES SPOROZOAIRES DU CANCER », par M. P. BUSQUET, Aide-major de 1re classe. (Communication faite dans la séance précédente.) Les éléments rencontrés dans les diverses formes du cancer, les uns nettement endocellulaires, les autres constituant le centre de globes pluricellulaires, ont été regardés, suivant les auteurs, comme des Spo- rozoaires parasites ou comme le résultat d'altéralions pathologiques de la cellule épithéliale. Fabre-Domergue (1), résumant la question dans un important mémoire, se croyait «en mesure d'affirmer que fout ce qui a été décrit jusqu'à présent comme représentant des parasites se rattache nettement à des dégénérescences cellulaires ». Pianese (2), dans un travail plus récent, et un certain nombre d’autres auteurs, confirment entièrement ces vues. En poursuivant l’élude anatomo-pathologique d’un cas d’épithélioma de l'estomac d'un cheval, où nous avons retrouvé l'ensemble des formes dites parasitaires, nous avons cherché à revoir les altérations signalées par les précédents observateurs. Nous avons constaté qu'à côté de cellules nettement en voie de dégénérescence, il existe des (1) Fabre-Domergue. Annales de micrographie, 1894. (2) Pianese. Suppl. à Ziegler’s. Beitrag.zur path., 1896. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 82 1024 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE éléments différents, bien particuliers, dont la structure fine est indubi- tablement celle d’un protoplasma normal et typique. Ces éléments sont inclus dans de grandes cellules épithéliales, pyri- formes, ayant trois ou quatre fois le volume des cellules du tissu épi- thélial voisin. Ils ont environ 1/5 ou 1/6 du volume total de la cellule épithéliale qui les contient; par suite, ils sont plus petits que les cellules épithéliales normales du tissu. Leur forme est ovoïde ou arrondie et leurs contours se détachent nettement au milieu du protoplasma cellu- laire. Leur masse principale est constituée par un protoplasma strue- turé, non dégénéré, entouré d’une membrane enveloppe. Ils contiennent dans leur intérieur, un noyau arrondi ou ovalaire, généralement assez volumineux, qui montre, lui aussi, une structure exempte de toute dégénérescence. Ils fixent assez difficilement les matières colorantes et sont toujours bien visibles dans la cellule qui est fortement colorée. Notre but, äans la présente note, est uniquement d'étudier la struc- ture fine de ces éléments et d’y rechercher les dégénérescences diverses décrites par les auteurs: nous n'y discuterons donc pas la question de la nature de leur individualité histologique ; par suite, rous ne nous préoccuperons nullement de savoir si ces corps sont des Protozoaires parasites, des formations épithéliales endogènes ou des cellules dont l’évolution s'est effectuée suivant un mode particulier. L'étude de la structure fine des diverses parties constitutives des élé- ments inclus ne peut être menée à bien qu'avec l’aide de puissants grossissements. Les observations que nous résumons ci-après ont été faites en employant loculaire 12 (Leitz), l'objectif à immersion homo- gène 122,5 (Leitz), Le tube tiré. La membrane enveloppe des éléments inclus présente une structure nette. Elle est constiluée par une série d'alvéoles clairs, allongés en tonnelet et paraissant sur une coupe optique, placés les uns à la suite des autres. Ils fixent très faiblement les matières colorantes acides, neutres ou alcalines et constituent une bordure claire très facile à voir, entre le protoplasma faiblement teinté de l’élément inclus et celui, beaucoup plus coloré, de la cellule. La membrane est séparée du protoplasma de la cellule épithéliale par une couche mince de substance amorphe qui reste toujours incolore, quel que soit le colorant employé. Elle a sensiblement la même épaisseur que la membrane et semble destinée à isoler l'élément dans le proto- plasma de la cellule épithéliale. Le protoplasma des éléments inelus a cette structure sur laquelle notre maitre, M. le professeur Kunstler, a le premier attiré l'attention dès 1882, et que nous avons, depuis, revue ensemble dans le erypto- coccus guttulatus (Robin) (1). C’est une sorte de réseau d’alvéoles clairs (1) Kunstler et Busquet. C. R. Académie des Sciences, 1896. LA SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1025 assez régulièrement arrondis, radiairement disposés autour d’alvéoles plus sombres ayant la même forme et le même volume, de manière à imiter exactement la disposition d'une marguerite. Ces alvéoles plus sombres ont pour dimension l'épaisseur de la zone claire (alvéoles clairs) et ils sont suffisamment rapprochés les uns des autres pour n'être séparés que par une seule zone claire, simple et commune à deux points voisins. L'ensemble de cette structure rappelle l’aspect d’un réseau de filaments clairs divisés par des trabécules transversales et ‘entourant des espaces plus sombres » (1). Cette structure présente une très grande régularité. Le protoplasma se teinte légèrement avec les réactifs colorants, en particulier l’hématoxyline. Le noyau des éléments inclus est incolore ou très difficilement colo- rable, même dans les préparations traitées à l’hématoxyline, où les noyaux de toutes les cellules épithéliales sont fortement teintés. À sa périphérie, on voit une membrane structurée à alvéoles clairs, arrondis ou ovalaires, très réguliers, ne se colorant pas. La masse du noyau est constituée par des séries d'’alvéoles, les uns clairs, les autres sombres, reproduisant exactement les dispositions structurales, margaritiformes, précédemment décrites dans le protoplasma, avec cette différence que les alvéoles sont beaucoup plus volumineux que ceux du protoplasma et fixent plus faiblement les colorants. En résumé, les éléments inclus que nous avons étudiés possèdent une membrane enveloppe, un corps protoplasmique et un noyau, nettement structurés, en un mot tous les attributs d’une cellule bien vivante et exemple de toute dégénérescence. Il existe donc, au moins dans certains cancers (épithéliomas), des éléments spéciaux, inclus dans des cellules ‘épithéliales, et non dégénérés. (Travail du Laboratoire de zoologie du professeur Kunstler, de Bordeaux.) [612.073] NOUVEAU MODÈLE DE CANULE A PRESSION ARTÉRIELLE, par M. E. Baroter. (Communication faite dans la séance précédente.) Cette nouvelle canule présente, comme le montrent nos dessins, trois tubulures : F, D, E. ‘ L'une d'elles, F, située dans l’axe principal, est destinée à être mise en communication avec l’artère à explorer. Les deux autres, Det E, sont latérales. Un tube de caoutchouc, que nous appellerons tube manomé- rique (fig. 1), relie la tubulure E au manomètre. (1) Kunstler et Busquet. Loco citato. 1026 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — Quant à la tubulure D, qui correspond directement à E et qui commu- nique librement avec elle, elle sert au dégagement et au lavage de la canule. Elle est munie, à cet effet, d’un tube en caoutchouc — tube à dégagement — obturé à son extrémité libre par une pince quelconque que l’on doit pouvoir facilement enlever. CH.VERDIN >, || nes, 2 Ce qui fait la particularité de l'appareil, c'est un mandrin intérieur AB mobile le long de l’axe principal. Un bouton B, placé à son extré- mité supérieure, permet de l’abaisser ou de le soulever à volonté. A sa partie inférieure‘, au contraire,we trouve un renflement A°, qui° au moment où le mandrin est complètement baissé, obture hermétique- ment la tubulure F. En s’en rapportant à nos dessins, on voit qu'il est très facile, par le jeu même du mandrin, d'établir ou d'intercepter la communication entre les voies D, E, F. Il y a toutefois à considérer que dans n'importe quelle situation du SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1027 mandrin, les voies latérales D et E communiquent toujours librement. Technique. — Quand on veut utiliser cette canule, le mandrin doit tout d’abord occuper la place qu'il a dans la figure 1. Après avoir mis en communication le manomètre et la canule, on établit la pression manométrique. Il faut avoir soin au préalable de chasser l’air de la canule en laissant écouler une certaine quantité de liquide : après quoi on obture l’extrémité du tube à dégagement. On relie l'artère à la tubulure F et il suffit alors de soulever le man- drin (fig. 2), l'inscription commence aussitôt. Cette manipulation si facile offre surtout des avantages au moment de la formation du caillot. On s’en débarrasse sans perdre un instant. Il suffit d'arrêter l'inscription par l’abaissement du mandrin : on lave ensuite la canule en faisant passer du liquide manométrique ; le caillot s'échappe par le tube à dégagement. On soulève ensuite le mandrin quand on veut recommencer l'inscription. Le maniement seul du mandrin permet donc de rétablir ou d'arrêter à volonté l'inscription. Il n’y a guère que cette manœuvre à faire, et comme on le voit, elle est fort simple. NOUVEAUX DOGUMENTS SUR LE RACHITISME. Note de M. OECHSNER DE CONINCK, présentée par M. Le D'° CHARRIN. J'ai eu plusieurs fois déjà, en 1895 et 1896, l’occasion d'entretenir la Société de Biologie, du processus d’élimination de la chaux et de la magnésie chez des enfants rachitiques. J'ai l'honneur aujourd’hui de présenter à mes collègues les résultats fournis par cent nouveaux dosages de chaux dans les urines d'enfants atteints de rachitisme avéré. Ces résultats, obtenus au moyen de la méthode rigoureuse que j'ai fait connaître dans mes notes antérieures, se décomposent de la manière suivante : 28 dosages donnent, pour 1 litre d'urine, des proportions de chaux supé- rieures à O gr., 140; 36 dosages donnent, pour le même volume d'urine, des proportions de chaux oscillant autour de O gr., 100; 25 dosages donnent, pour le même volume d'urine, des proportions de chaux comprises entre 0 gr., 080 et 0 gr. 050; 11 dosages donnent, pour le même volume d'urine, des proportions de chaux inférieures à 0 gr. 050. D’après ces analyses, 28 p. 100 des enfants rachitiques examinés éliminent une quantité de chaux considérable; cette proportion est 1028 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE peut-être assez élevée pour qu'il soit permis de penser que la perte en chaux est, sinon la cause, du moins l’une des causes principales de la maladie (1). SUR LA PRÉPARATION DES EXTRAITS HÉPATIQUES, par MM. GILBERT, CARNOT et CHOAY. Depuis quelques mois, nous avons substilué à l'emploi des macérations de foie frais, celui de poudres et d'extraits hépatiques divers, sur le mode de préparation desquels nous devons donner quelques indications. Poudres de foie. — Elles ont été obtenues : 1° Par dessiccation dans le vide à la température de 20 à 25 degrés; 2 Par dessiccation à l’étuve à la température de 50 degrés. Les premières méritent la préférence; îles représentent de 15 à 17 p. 100 du poids des foies frais. Extraits aqueux. — En vue de constater les modifications résultant de l’action de l’air et de la chaleur, on a préparé : 1° Un extrait concentré à l'air libre et à la température du bain-marie; 2° Un extrait concentré dans le vide à la température de 25 à 30 degrés. Dans les deux cas, on a soumis les foies pulpés à deux macérations successives dans de l’eau additionnée de chloroforme, et les liqueurs fil- trées ont été partiellement concentrées : les produits sirupeux ainsi obtenus ont enfin été repris par l’eau, puis les nouvelles liqueurs, après filtration, ont été amenées en consistance extractive. Ces extraits repré- sentent 6 à 7 p. 100 du poids des foies frais : le premier est très coloré, le second l’est moins et il est beaucoup plus riche en albumimoïdes solubles. L'alcool les précipite abondamment. Extraits alcooliques. — Ils résultent de l'action dissolvante, d'alcools à divers titres, soit sur les foies frais, soit sur la poudre de foie préparée dans le vide, à basse température. À. Æxtrait alcoolique de foies frais. — Les foies pulpés sont mis à macérer une première fois dans leur poids d'alcool à 95 degrés, ce qui donne une liqueur assez colorée, relativement chargée, de densité : 0,906. Le titre alcoolique de cette première liqueur a été considérablement appauvri par l’eau contenue normalement dans les foies. Une seconde macération, avec la même quantité d'alcool à 95 degrés, donne une liqueur à peine colorée, peu chargée en matériaux solubles, de densité : 0,840 et gardant sensiblement le même titre alcoolique. Cette seconde liqueur versée dans la première y détermine un préci- pité : le mélange est distillé pour éliminer l'alcool; il reste un liquide (1) Ces longues recherches ont été faites dans mon service, à l’Institut de chimie de la Faculté des sciences de Montpellier. SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1029 qui mousse abondamment et dans lequel se sépare bientôt un coagulum. Plus tard, en poursuivant la concentralion, le liquide abandonne lui- même un résidu granuleux. On constate que le coagulum de l'extrait se dissout difficilement dans l'eau, tandis que la portion granuleuse s'y dissout avec facilité. La chaleur ne trouble pas cette solution, sauf en présence d'acide acétique ; dans ce cas, le précipité se redissout dans l’ammoniaque. En opérant dans les conditions ci-dessus décrites, on obtient, après mélange intime des deux parties extractives, un rendement d'environ 3 p. 100 du poids des foies. Comme on voit, le titre alcoolique influe notablement sur la nature des principes solubles : c’est pour mieux établir cette influence qu'ont été faits les essais suivants, en prenant pour point de départ la poudre de foie. B. £xtraits alcooliques de poudre de foie. — 1° Avec l'alcool à 60 degrés employé par macéralion, dans les proportions de deux parties d'alcool pour une partie de poudre, on a obtenu 44 p. 100 d'extrait. 2° Une autre portion de poudre a subi le traitement méthodique ci-après : a) Avec l'alcool à 95 degrés, employé par macération dans les pro- portions d'une partie d'alcool pour une partie de poudre, on a obtenu 8 p. 100 d’un extrait jaune clair contenant de nombreuses lamelles cristallines. _ b) Après action de l'alcool à 95 degrés, le résidu de poudre a été épuisé par l'alcool à 86 degrés bouillant : la liqueur filtrée bouillante abandonne par refroidissement un précipilé qui se dissout dans l’eau, mais qui est incomplètement soluble dans l'alcool à 95 degrés; ce précipité donne la réaction de Pettenkoffer. Son poids représente 0,92 p. 100 de celui de la poudre. La liqueur alcoolique, débarrassée de ce produit, fournit l'extrait alcoolique correspondant; le rendement atteint environ 16 p. 100. c) Enfin la poudre épuisée une première fois par l’alcool à 95 degrés, une seconde fois par l'alcool à 86 degrés est traitée par l’eau bouillante qui donne aussi l'extrait aqueux correspondant, soit 10 p. 100. En résumé, cette seconde série d'opérations permet d'essayer succes- sivement : a) Extrait alcoolique fait avec l'alcool à 95 degrés; b) Extrait alcoolique fait avec l'alcool à 86 degrés; c) Extrait aqueux; d) Poudre formant le résidu des traitements ci-dessus. Extrait glycériné. — Les foies pulpés sont mis à macérer deux fois dans de l'eau glvcérinée et légèrement chloroformée, puis les liqueurs filtrées sont concentrées dans le vide vers 30 degrés, avec une propor- lion de glycérine correspondant à 14 p. 100 du poids des foies, on à obtenu 17 p. 100 d'extrait. 14930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Celui-ci, en solution aqueuse concentrée, se trouble par la chaleur et par l'alcool; mais l'addition préalable d'acide acétique empêche la chaleur de troubler la solution. Extrait pepsique. — Les foies pulpés sont mis à digérer vers 40 de- grés dans de l’eau acidulée par HCI et additionnée de pepsine; après digestion, les liqueurs sont portées à l’ébullition, neutralisées, filtrées et concentrées dans le vide. Le rendement en extrait a varié de 6 à 8 p. 100 avec la durée de la digestion ; chaque extrait accuse les caractères des albumoses. Extraits salés. — Ces extraits, au nombre de 4, ont été préparés en faisant macérer les foies dans des solutions aqueuses de NaCI à diffé- rents titres, puis filtrant et concentrant les liqueurs dans le vide, à 25°-30°. C'est ainsi qu'ont été obtenus les extraits suivants : 19 Avec NaCI à 4 grammes par litre et à 5 0/0 du poids des foies frais. 20 — 8 — — 10 0/0 — où — 10 — — 5 0/0 — 490 — 100 — — 20 0/0 — Le dernier de ces extraits a été privé de la majeure partie de NaCI par dialyse. Il donne très nettement les caractères des globulines. Les rendements, déduction faite de NaCI, ont varié de 5 à 8 p. 100. Extrait alcalin. — Dans le but d'obtenir des extraits contenant des nucléo-albumines, les foies ayant subi le traitement au chlorure de sodium à 10 p. 100 ont été repris par une solution aqueuse de car- bonate de soude à 5 p. 100. L’extrait préparé dans ces conditions, pré- cipité par l'acide acétique. Il correspond à environ 10 p. 100 du poids des foies. Produits préparés par la méthode de Baumann. — En appliquant aux foies le procédé indiqué par Baumann pour la préparation de la thyro- iodine, l’on a séparé : 1° Une matière protéique (que l'on pourrait appeler hépatéine) inso- luble dans l’eau, la glycérine, l'huile, l’éther, les solutions de chlorure de sodium et de carbonate de soude; soluble dans l'alcool, peu à froid, mais surtout à chaud, soluble également dans les alealis d’où les acides la précipitent. L’acide carbonique ne la déplace pas de ses solutions alcalines. Le rendement est d'environ 1 p. 100 des foies frais. 2° Des matières grasses, avec leurs produits de saponification. Ces graisses, insolubles dans l'eau, incomplètement solubles dans les liqueurs alcalines, se dissolvent dans l'alcool, l'éther, l'huile et la gly- cérine. Le rendement est un peu inférieur à 3 p. 100. 3° Un extrait obtenu par concentration des eaux-mères neutralisées et dialysées. Cet extrait donne une solution aqueuse qui précipite par les réactifs des alcaloïdes. Le rendement atteint environ 6 p. 100. SÉANCE DU # DÉCEMBRE 1031 [612.314.3] ANTAGONISME ENTRE LE VENIN DES VESPIDÆ ET CELUI DE LA VIPÈRE : LE PREMIER VACCINE CONTRE LE SECOND, par M. C. PuisaLix. Le venin des Hyménoptères a élé étudié par divers observateurs, entre autres P. Bert, Cariet, Bordas, Langer. D'après P. Bert et Cloëz, le venin de l’Abeille xylocope devrait son activité à la présence d’une base organique unie à un acide fixe inconnu, non volatil. D'après Langer, dans le venin d’Abeille, on trouve une petite quantité d’acide formique, mais la substance toxique serait un alcaloïde qui résiste à la chaleur et à la congélation, de même qu'à l’action des acides. S'il existe un désaccord au sujet de la composition chimique, il n’en est pas de même en ce qui concerne l’action physiologique. P. Bert ayant fait piquer des moineaux par l’Abeille xylocope, les a vus mourir par arrêt de la respiration, en paralysie complète. Récemment, Langer, par l’inoculalion de venin d’Abeille, a tué des lapins et des chiens avec des symptômes analogues à ceux de l'envenimation vipérique. C'est précisément au point de vue des rapports qui peuvent exister entre le venin de Frelon et celui de Vipère que je me suis placé, et j'ai recherché si le premier ne posséderait pas des propriétés immunisantes vis-à-vis du second. Les résultats que je vais exposer confirment pleine- ment ces prévisions. Les expériences ont été exécutées avec une solution préparée de la ma- nière suivante : 45 gros frelons (V. crabro) ont été immergés dans 40 cen- timètres cubes de glycérine, dans laquelle ils ont macéré pendant quel- ques jours. Dans ce même liquide, on avait également plongé un certain nombre de guêpes communes (1). Evidemment, d’autres substances que le venin ont pu diffuser dans la glycérine ; mais cela n’a pas influencé les résultats, du moins au point de vue de l’immunisation contre le venin de vipère, car le liquide clair et acide retiré de la vésicule à venin des frelons à produit les mêmes effets que le liquide de macération. De même que le venin vésiculaire, le suc glycériné rougit fortement le papier bleu de tournesol. Il a une odeur complexe, forte et piquante, rappelant, surtout s’il a été chauffé, celle de l’acide formique. Ce n’est pas, d'ailleurs, un acide minéral, car il n'en possède aucune des réac- tions ; et l'odeur de rhum qu’il développe quand on le fait bouillir avec un peu d'acide sulfurique et d'alcool, montre que l’on a vraisemblable- ment affaire à l'acide fermique. Action physiologique. Le venin retiré des vésicules de 15 frelons, inoculé dans la cuisse d’un cobaye, a déterminé un abaissement de tem- (4) Je dois les matériaux de cette étude à l’obligeance de M. le professeur J. Courmont, de Lyon, à qui j’adresse ici mes sincères remerciements. 1032 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pérature de 4 degrés qui a duré trente-six heures. Au point d’inocula- tion, il s’est produit de la rougeur et de l'œdème qui a gagné l'abdomen et s’est terminé par une mortification de la peau. Dans une expérience parallèle où la même dose de venin avait été chauffée à 80 degrés, pen- dant vingt minutes, il n'y a eu aucun accident général et l’action locale s’est traduite par un gonflement faible et passager. Si au lieu du liquide retiré de la vésicule à venin des frelons, on ino- cule, à la dose relativement faible de 1 à 3 centimètres cubes, la macé- ration glycérinée, on ne détermine pas de trouble appréciable, en. dehors d’un œdème local qui, généralement, disparait assez vite. Cependant l'organisme des animaux qui ont reçu ce venin de frelons a. subi des modifications telles qu'elles le mettent en état de résister — et c’est là le fait important sur lequel je désire attirer l’attention — à une intoxication ultérieure par le venin de vipère. Cette résistance est telle qu'un cobaye ainsi immunisé peut supporter, sans le moindre danger, une dose de venin de vipère capable de tuer un témoin en 4 à 5 heures. La durée et l'intensité de cette immunisation varient suivant la dose du venin de frelon. Le cobaye qui à reçu le liquide provenant des vésicules à venin de 15 frelons, a parfaitement résisté, au bout d'un mois, à l’ino- culation d’épreuve; celui qui a recu 2 centimètres cubes de suc glycé- riné, était encore très bien vacciné au bout de 11 jours; chez celui qui n’a reçu que À centimètre cube, l'immunité commençait à s'affaiblir vers le 5° jour. Enfin, le cobaye à qui l’on a injecté 1/2 centimètre cube seu- lement, n'est pas du tout vacciné. Le venin de frelons possède aussi une légère action antitoxique contre le venin de vipère ; inoculé en même temps que ce dernier, il retarde considérablement la mort. Quelle est la nature de la substance qui, dans ce mélange complexe, immunise contre le venin de vipère? J'ai essayé de la déterminer, en faisant les expériences suivantes : 1° Du venin de frelons chauffé à 80, 100 et 120 degrés, pendant vingt minutes, à été inoculé à des cobayes. Après 48 heures, tous ces. animaux ont résisté à l’envenimation vipérique; 2° Du venin de frelons filtré sur porcelaine et inoculé préventivement à la dose de 3 e. c. 1/2, n'empêche pas la mort par le venin de vipère, mais la retarde beaucoup; 3° Le précipité alcoolique de venin de frelons ne produit aucun acci- dent et ne possède aucune aclion immunisante contre le venin de vipère. 4° L’extrait alcoolique, au contraire, détermine un œdème accentué et vaccine contre le venin de vipère. Agité avec du chloroforme, il cède à ce dernier une grande partie de la substance immunisante. La recherche des alcaloïdes dans l'extrait chloroformique a donné des résultats négatifs. En résumé, il existe dans le venin de frelons une substance qui à la propriété d'immuniser les animaux contre le venin de vipère. Cette ES SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1033 substance n’est pas détruite par un chauffage à 120 degrés; elle est, en partie, retenue par le fillre; elle est soluble dans l'alcool ; ce n’est pas une matière albuminoïde, ce n’est pas non plus un alcaloïde; la con- naissance de sa véritable nature exige de nouvelles recherches (1). [612.819.78] UN CAS DE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE DITE RHUMATISMALE OÙ & A FRIGORE », SUIVI D'AUTOPSIE, par MM. J. DEJERINE et A. THEOHARI. La paralysie faciale dite rhumatismale, ou a frigore, n'étant pas sus- ceptible d’entrainer un pronostic par elle-même, il en résulte que les autopsies de cette variété de paralysie sont extrêmement rares. Le cas que nous publions et qui présente des particularités anatomo- pathologiques intéressantes, est le second, la première observation semblable ayant été publiée.par Minkowski (2). Voici la relation du cas que nous venons d'observer. OBsEervATION. — Paralysie faciale gauche complète. Pas de cause apparente, pas d'otité moyenne. Réaction de dégénérescence. Autopsie. Lésions considérables de névrite parenchymateuse «le toutes les branches terminales du facial. Prédomi- nance très marquée des lésions dans les rameaux cervico-faciaux (facial infé- rieur). Dégénérescence peu intense du facial intra-pétreux. Racines intactes. Réaction de Niss! dans les cellules du noyau facial gauche. Noyau du moteur oculaire externe intact. La malade, âgée de quatre-vingt-un an, présentant de la démence sénile et de la cachexie avancée due à un cancer de l’utérus, est incapable de fournir le moindre renseignement. On a pu, néanmoins, établir qu'elle a présenté en décembre 1896 un vaste zona du plexus cervical superficiel gauche, et que sa paralysie faciale gauche remonte à quatre mois au maximum, et à deux mois au minimuin. A son entrée à l’infirmerie de la Salpétrière, dans le service de l’un de nous, salle Louis, n° 27 (2 juin 1897), on constate tous les signes d'une paralysie faciale gauche totale. Toute la moitié gauche de la face est lisse ; les rides, les sillons naso-labial et naso-génien sont effacés. La commissure labiale gauche est entr'ouverte et laisse couler la salive de la malade. (1) Je fais appel à l’obligeance des naturalistes, pour qu'ils m’'envoient des frelons, des guêpes ou des abeilles soit vivants, soit noyés dans leur volume de glycérine pure ou dans l'alcool. Ces insectes se capturent facilement au moyen d’un flacon daus Le fond duquel on met un liquide sucré. (2) Minkowski. Communication au 16° Congrès des Neurologistes alle- maunds de Baden-Baden de 1891. Analysée in Archiv. f. Psych., 1892, t. XII, p. 586. 1034 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L’œil gauche est largement ouvert; la conjonctive oculaire et palpébrale estrouge, congestionnée ; le larmoiement est incessant. Pendant que la malade parle et s’anime, la moitié gauche de la face ne prend aucune part à la mimique; elle reste absolument figée. La malade est incapable de siffler. En lui ordonnant de fermer les yeux, on constate que l’occlusion des paupières est parfaite à droite; à gauche l'œil reste largement ouvert. La sensibilité de la face semble intacte dans toutes ses modalités. La langue jouit de tous ses mouvements; sa pointe est légèrement déviée vers la commissure labiale gauche. Le voile du palais est symétrique et nor- malement mobile. L'examen de la gustation n'a conduit à aucune donnée con- cluante, à cause de l’état mental de la malade. L’audition est normale des deux côtés; il n'y à pas d'écoulement par les oreilles. L'examen électrique a montré l'existence de la réaction de dégénérescence dans les branches du facial ainsi que dans les muscles de la moitié gauche de la face. La malade succomba le 7 juin 1897, à des complications pulmonaires. Autopsie. Cancer de l'utérus avec propagation pelvienne. Splénisation des bases pulmonaires, On recueille et on étiquette séparément les rameaux ter- minaux du facial, la corde du tympan, quelques muscles de la face, les racines du facial, le bulbe et la protubérance et enfin on extrait le tronc du nerf de son canal osseux, ce qui permet de constater que le rocher est intact ; les parois de la caisse du tympan sont absolument normales ; le tronc du nerf n'est pas comprimé dans son trajet intra-pétreux. L'examen des branches terminales du facial inférieur et du facial supérieur a été pratiqué à l’état frais par dissociation, après action de l'acide osmique et du picro-carmin. Dans ces deux parties du nerf facial, on constate l’exis- tence d'une dégénérescence vallérienne très nette — myéline réduite en boules et en gouttelettes, état moniliforme des tubes nerveux, disparition du cylindre-axe, gaines vides en très petit nombre. Ces lésions de névrite paren- chymateuse, qui sont d'autant plus avancées que l’on examine des branches plus éloignées du tronc du nerf, existent sur un beaucoup plus grand nombre de tubes nerveux dans les branches du facial inférieur — où il n’y a pas un tube sain pour dix tubes malades — que dans les branches du facial supé- rieur où la proportion est inverse. La corde du tympan présente quelques rares fibres dégénérées. La portion intra-pétreuse du facial, traitée par la méthode de Marchi et débitée en coupes longitudinales après inclusion à la paraffine, présente de petits grains noirs; mais il y a peu de traînées de grains, ce qui indique que la dégénérescence porte sur peu de tubes. On trouve de ces grains en petit nombre, sur toute La longueur du facial intra- pétreux. Les racines du facial, examinées après action de l'acide osmique, ne montrent pas un seul tube nerveux altéré. Les muscles de la face présentent des fibres à striation normale, mais avec prolifération des noyaux. Les coupes de la protubérance, colorées par la méthode de Nissl, montrent des cellules vitreuses avec absence de grains chromatiques au niveau du noyau du facial gauche; on y trouve encore quelques cellules d'apparence normale. Dans le noyau du facial droit, de même que dans les noyaux de l’oculo-moteur externe, droit et gauche, les groupes chromatiques sont nets, la réaction de Nissl n'existe pas. SÉANCE DU # DÉCEMBRE 1035 Le diagnostic de paralysie faciale périphérique, — d’origine rhumatis- male ou a frigore, — porté pendant la vie de la malade fut vérifié par l’au- topsie. On peut constater en effet l'absence de toute cause de compression du nerf facial — périostite, exsudats, etc., — comme dans le cas rapporté par Minkowski. Notre cas diffère donc complètement de celui rapporté antérieurement par l’un de nous concernant un cas de paralysie faciale par otite (1), ainsi que de ceux publiés par Darkschevitch et Ticho- now (2), par Bikelès (3) et par Flatau (4). Dans les cas de ces auteurs, il s’agit également de paralysies faciales par otites avec dégénérescence rétrograde du neurône ainsi que des racines du nerf facial. À certains égards, l'observation que nous rapportons se rapproche de celle d'Hoff- maun (5), mais dans le cas de cet auteur, il s’agit d’une paralysie faciale double chez un ancien syphilitique, en sorte que cette névrite pourrait bien, ainsi que l'indique Hoffmann, relever de la syphilis. En outre, dans ce cas, le périoste faisait défaut au niveau des lésions du tronc de nerf. En résumé, le cas que nous venons de rapporter est un exemple très net de paralysie faciale périphérique, indépendante de toute com- pression. [l est incontestable qu'il s’agit ici d’une névrite périphérique primitive dont la nature infectieuse nous parait indiscutable, étant donné ce fait que notre malade avait eu quelque temps auparavant un zona du plexus cervical. Or, la nature infectieuse du zona n’est plus actuellement à démontrer. Il est plus que probable que dans la plupart des cas de paralysie faciale dite a frigore ou rhumatismale, il s’agit, comme dans le nôtre, de névrites infectieuses du nerf facial, le froid n’agissant — lorsqu'il agil — que comme cause déterminante de la localisation de l'infection. Nous ferons encore remarquer que la prédominance des lésions névri- tiques dans les branches du facial inférieur dans notre observation, per- met d'expliquer le fait clinique bien connu, à savoir que dans la paralvsie faciale périphérique, la motilité revient dans les branches supérieures du facial — muscles frontal et orbiculaire de la paupière — bien avant de revenir dans les muscles innervés par le facial inférieur. Ajoutons enfin que l'intégrité, dans notre cas, du noyau de la sixième paire, montre une fois de plus que ce noyau n’envoie pas de fibres au nerf facial. (1) J. Dejerine. Sur un cas de paralysie faciale périphérique avec altération de la corde du tympan, sans modifications du goût et sans réaction de dégé- nérescence. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1884, p. 535. (2) Darkschevitch et Tichonow. Neuwrol. Centralb., 1893, p. 329. (3) Bikeles. Wiener med. Club, 29 novembre 1893. — Wiener med. Presse, 1893, n°5 50 et 52. (4) Flatau. Zeitschr. f. Klin. med., Band XXXIT. (5) Hoffmann. XXII° Congrès des Neurol. Allemands de Baden-Baden, 1897. 1036 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.461. — 612.392.4] SUR L'ÉLIMINATION DU SOUFRE ET DE LA MAGNÉSIE, par M. Yvon. J'ai entrepris, il y a déjà longtemps, un certain nombre d'expériences pour rechercher dans quelles conditions s’éliminaient par l'urine la magnésie et le soufre absorbés soit en nature (soufre lavé), soit à l’état de sulfate soluble (magnésie ou soude). L'ordre suivi dans ces expériences a été le suivant : La composition moyenne de l’urine émise en 24 heures, a été déter- minée au début de l’expérimentation, puis successivement entre chaque absorption de substance médicamenteuse, de manière à pouvoir com- parer, d’une facon aussi exacte que possible, les résultats obtenus : les éléments dosés sont l’urée, le soufre acide, neutre et total et la magnésie. Voici le résumé de mes expériences : Lorsqu'on ingère du soufre à l’état de sulfate de magnésie, ce sel s'élimine en partie par l'urine, l'élimination se fait rapidement et n’est plus appréciable le lendemain de l'absorption. Sous l'influence de l'effet purgatif assez marqué (4 à 5 selles) produit par l’ingestion de 40 grammes de sulfate de magnésie, pris en deux fois, chaque matin, pendant deux jours consécutifs, le volume de l'urine émise en 24 heures s'abaisse de 23 p. 100; la densité s’aceroit de Hide mresE La proportion d’urée augmente de 3 p. 100 : celle du soufre acide de 48,5 p. 100 et celle de la magnésie de 91 p. 100. Par rapport à la quantité ingérée, il a été éliminé : pour le soufre, 24 p. 100, et pour la magnésie 4. 4 p. 100. Lorsque le soufre est ingéré en nature (soufre lavé), il s’élimine en partie par l’urine à l’état de sulfates solubles : l'élimination est plus lente et se prolonge au moins pendant 24 heures, la diurèse est accrue. Pour une dose de 5 gr. 20 de soufre, correspondant à 40 grammes de sulfate de magnésie, ingérée en deux fois, chaque matin, pendant deux jours consécutifs, le volume de l'urine s’est accru de 23 p. 100; la densité s’est abaissée de 3.5 degrés, la proportion d’urée de 11 p. 100 et celle du soufre acide s’est accrue de 54,7 p. 100; l'influence sur l'élimination de la magnésie est nulle. Par rapport à la quantité ingérée, la proportion de soufre éliminé à l'état de sulfates solubles est, en fenant compte de la durée de l'élimina- tion, de 29 p. 100; si on néglige cette précaution, elle n’est plus que de 24 p. 100. Lorsqu'on ingère de la magnésie calcinée à la dose de 6 gr. 68 (cor- respondant à 40 grammes de sulfate de magnésie) en deux fois, chaque matin, pendant deux jours consécutifs, cet oxyde s’élimine en partie à l'état de sels solubles : l'élimination dure plusieurs jours. Sous l'influence SÉANCE DU # DÉCEMBRE 1037 de la légère action purgative (4 selles) produite, on observe une diminu- tion du volume de l’urine égale à 9,5 p. 100 et un accroissement de magnésie de 103 p. 100. Il n'y a pas d'action notable sur la densité, et sur l'élimination de l'urée et des sulfates. Par rapport à la quantité ingérée, la proportion de magnésie éliminée est de 8,5 p. 100 en tenant compte de la durée de l'élimination, et seulement de 5,3, si on néglige cette précaution. L'ingestion simultanée de 20 grammes de sulfate de magnésie et de 2 gr. 60 de soufre, réilérée le jour suivant, ne détermine pas dans l'urine de modifications notables relatives au volume, à la densité et à la quantité d'urée ; la proportion du soufre acide s’aceroit de 69 p. 100 et celle de la magnésie de 38 p. 100. Par rapport aux quantités ingérées, il a été éliminé 416,5 p. 100 de soufre et 2,5 p. 100 de magnésie. Lorsqu'on dose séparément le soufre acide, neutre et total, on voit que l’élimination des sulfates solubles (magnésie ou soude) accroit seule- ment la proportion de soufre acide. A l’état normal, les rapports sont Les suivants : Soufre total, 100 — soufre acide, 82,16 + soufre neutre, 17,84. Après l'absorption des sulfates de magnésie ou de soude ingérés aux mêmes doses et dans les mêmes conditions que précédemment, les rapports sont modifiés de la manière suivante. Avec le sulfate de magnésie : soufre total, 100 = soufre acide, 84,79 + soufre neutre, 15,21. Le rapport du soufre acide au soufre total s’est élevé de 2,53 p, 100; celui du soufre neutre au soufre total s'est abaissé de 2,53 p. 100. Par rapport à la quantité de soufre absorbé, il a été éliminé : soufre acide, 26 p. 100 ; soufre neutre, 3 p. 100 : soufre total, 29 p. 100. Avec le sulfate de soude: soufre total, 109 — soufre acide, 84,54 + soufre neutre, 15,43. Le rapport du soufre acide au soufre total s’est élevé de 1,99 p. 400: celui du soufre neutre au soufre total s’est abaissé de 1,99 p. 100. Par rapport à la quantité de soufre absorbé, il à été éliminé : soufre acide, 32,5 p. 400 ; soufre neutre, 5,5 p. 100 ; soufre total, 38 p. 100. L’élimination est donc plus grande avec le sulfate de soude qu'avec celui de magnésie. : Conclusions. Le soufre ingéré à l’état de sulfate de magnésie s’éli- mine en parlie par l'urine. L'élimination se fait rapidement et n’est plus appréciable le lendemain de l'absorption. Par rapport à la quan- tité absorbée, la proportion éliminée est de 24 p.100 pour le soufre et de 4,4 p. 100 pour la magnésie. Lorsque le soufre est absorbé en nature, il s’élimine en partie par l’urine à l’état de sulfates solubles ; l'élimination est plus lente que dans le cas précédent el se prolonge au moins de 2% heures. La proportion retrouvée dans l'urine atteint 29 p. 100 de la quantité ingérée. La 1038 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE magnésie s’élimine en partie à l’état de sels solubles; l'élimination se prolonge plusieurs jours et atteint 8,5 p. 100 de la quantité absorbée. Le soufre et la magnésie administrés en nature et à l’état insoluble s'éliminent donc plus lentement, mais en proportion plus considérable que si on les ingère simultanément sous forme de sulfate de magnésie soluble. L'ingestion du soufre à l’état de sulfates solubles (magnésie ou soude) accroît la proportion du soufre acide contenu dans l'urine. Le rapport du soufre acide au soufre total, qui est normalement de 82 p. 100 en moyenne, s'élève de 2,50 p. 100 après l’ingestion du sul- fate de magnésie et de 2 p. 100 après celle du sulfate de soude. La quantité de soufre acide éliminée est plus élevée après l’ingestion du sulfate de soude qu'après celle du sulfate de magnésie. DE LA PRÉSENCE DANS L'URINE DE FEMMES ÉCLAMPTIQUES D'UNE ALBUMINE OFFRANT UNE RÉACTION SPÉCIALE, par MM. P. Bar, À. Menu et R. MERcGIEr. Nous venons d'observer, à la maternité de l'hôpital Saint-Antoine, trois faits qui nous ont paru intéressants. Dans le premier cas, il s’agissait d’une femme âgée de 28 ans pri- mipare, qui eut un accès d’éclampsie. L'’urine recueillie au moment de l'accès, contenait 33 grammes d’albumine par litre et un échantillon, obtenu quelques heures après, en contenait 50 gr. 45. Cette albumine fut dosée par précipitation au moyen de l'acide trichloracétique et par pesée. En traitant ces urines par l'acide nitrique ou la chaleur, on obtenait un précipité abondant. Si nous prenions dans un tube à essai une certaine quantité de ces urines, et si nous y ajoutions quelques gouttes d'acide acétique, aucun précipité ne se produisait ; traitées ensuite par la chaleur, elles restaient limpides. Enfin, le coagulum obtenu en traitant d’abord l'urine par la chaleur se dissolvait complètement, quand on ajoutait quelques gouttes d’acide acétique, surtout si on chauffait à nouveau le tube. Le résidu albumineux sec se dissolvait complètement dans l'eau additionnée de quelques gouttes d'acide acétique. Dans les jours qui ont suivi, la quantité d'albumine contenue dans l’urine diminua beaucoup; nous pûmes constater, en répétant les expé- riences précédentes, que l’albumine coagulée par la chaleur ne se dissolvait plus complètement par l'addition de quelques gouttes d'acide acétique. Douze jours après l'accès, l'urine ne contenait plus que 0 gr. 20 d’al- SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1039 bumine par litre,et cette albumine restait entièrement coagulée quand on traitait l'urine par la chaleur, puis par l'acide acétique. Le second cas à trait à une femme éclamptique secondipare, observée à-la maternité. Dans les heures qui ont suivi les accès, l'urine était très fortement albumineuse, 10 gr. 40 par litre (dosage par l'acide trichlo- racétique et par pesées). La presque totalité du coagulum obienu par la chaleur se dissolvait par l'addition de quelques gouttes d'acide acétique. En présence de cet acide, on n'obtenait par l’ébuilition qu'un léger louche. Dans les jours qui ont suivi, la proportion d’albumine se coagulant en présence de l'acide acétique n'a cessé de croître : quatorze jours après l'accès,elle était de 1 gr. 70 par litre, tandis que l'albumine soluble n’élait que de 0 gr. 20. Dans le troisième cas, la malade n'eut pas d'accès, mais au moment de l’accoucheément, elle en présenta tous les signes prémonitoires. Pen- dant deux jours, l'urine contenait, suivant les échantillons successive- ment recueillis, 3 gr. 50, 6 gr. 60, 7 gr. 50 par litre (dosages par l'acide trichloracétique et pesées). Dans toutes ces urines, le coagulum obtenu par la chaleur se dissolvait complètement par l'addition de quelques gouttes d'acide acétique, et en présence de cet acide, l'urine ne présen- tait à l’'ébullition aucun précipité. Dans les jours qui suivirent, l'albumine se maintint à un taux assez élevé (3 gr. 20, 4 gr. 40 par litre). Peu à peu, elle perdit son caractère de solubilité en présence de l’acide acétique, et vingt-quatre jours après l'accouchement, elle n'avait plus cette propriété. Traitée par la chaleur, l'urine présentait un coagulum qui restait intact après addition d'acide acétique. Toute l’albumine se coagulait par l’ébullition après adjonction d’acide. Il résulte de ces trois faits que : 1° Chez des femmes ayant des accès éclamptiques ou chez des albu- minuriques en imminence d'accès, on peut observer à ce moment des urines contenant beaucoup d’albumine ; mais celle-ci est soluble en totalité ou en majeure partie en présence de très faibles quantités d'acide acétique. 2 Par ce caractère, cette albumine se distingue d'autres albumines qu'on trouve chez les albuminuriques et notamment de la sérine; elle se rapproche de celle signalée par M. Patein (Académie des sciences, 1895). 3° Chez les femmes que nous avons observées, nous avons pu cons- tater qu'au moment des accès ou à la période prémonitoire de ceux-ei, l'urine contenait exclusivement ou presque de cette albumine particu- lière. Peu à peu, la proportion dans laquelle elle se trouvait, par rap- port à l’albumine coagulable en présence de l'acide acétique, diminuait et finalement elle disparaissait totalement ou à peu près. BroLocre. ComPrEs RENDUS. — 10€ SÉRIE, Tr. IV. 83 1040 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DÉVELOPPEMENT DES BRONCHES PRINCIPALES CHEZ LE MOUTON, par M. D.-A. D'HARDIVILLER. A la séance de la Société de Biologie du 20 novembre dernier, j'ai fait une courte communication sur l’origine des bronches lobaires du mouton, comme suite à mes travaux sur l’origine des bronches lobaires du lapin (Bibl. anat. 1896 et 1897. Thèse de doctorat en médecine, 1897). J'apprends que, dans la séance du 27 novembre, M. Nicolas a présenté une note sur le même sujet, qui paraîtra aux comptes rendus du 4 dé- cembre. J'ignore done actuellement les conclusions de M. Nicolas, aucun journal médical de la semaine n’ayant donné de résumé de cette communication. Mon travail étant plus complet que ne pourrait le laisser supposer la note que j'ai publiée, je m'empresse d’y ajouter quelques renseignements supplémentaires aux figures à l'appui. Com- ment done se forment les bronches principales chez le mouton? Bronches de droite : Bronche lobuire trachéale Aa. — Cette bronche est indiquée (fig. 1) par un léger épaississement de l’épithélium trachéal. Dans un embryon plus âgé (Bg. Il), Az est nettement formé par une hernie latérale de la trachée. Une fois formée, la bronche Ax continue à se développer et bientôt (fig. I) apparaît sous forme d’une vésicale aplatie extérieurement. Elle s’allonge, surtout à la partie supérieure et (fig. V) offre, vue de l'extérieur, l’aspect d'une semelle. Enfin, apparaît un sillon qui divise la vésicule Ax (fig. VI) en deux autres inégales (Ac! et Ac?) La bronche Az est épartérielle ; si elle est homologue de la bronche épar- térielle droite du lapin, il y a un rapprochement à faire entre le mode de naissance et de rapprochement de ces deux bronches. Dans le numéro de septembre-octobre 1896, de la Bibliogr. anat., j'ai montré que, chez le lapin, la bronche épartérielle droite naïssait d’une facon collatérale, mais dans le texte et dans la fig. VI, je faisais une réserve sur son mode de ramification. Dans ma thèse, j'ai reproduit (fig. XV), la fig. VI de la Bibliogr. anat. ; mais j'ai levé incertitude soulevée en 1896, en montrant (fig. XVI), que la bronche éparté- rielle droite se ramifiait par dichotomie, et que celle-ci était inégale, ainsi qu'il résulte des fig. IX et XI. Puisque je rapproche incidemment le mode de ramification des bron- ches du mouton de celui du lapin, je tiens à fournir quelques faits généraux qui ne sont peut-être pas suffisamment explicites dans ma thèse, mais qui ressortent néanmoins des fiqures. Dans ce travail, je me suis attaché à montrer que les bronches principales, c'est-à-dire les ventrales et dorsales d’Aeby, naïissaient par ramification colla- térale; je n'ai pas spécialement étudié les ramifications successives de ces dites bronches. Cependant, dans les fig. IX à XXV, je donne les rameaux de SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1041 ces bronches principales, et je montre que certains rameaux primaires (c’est- à-dire qui naissent aux dépens de bronches insérées sur le S{ammbronchus), se forment par ramification collatérale — et d'autres proviennent de dichotomies de l'extrémité terminale des bronches mères. Ainsi, chez le lapin, les bronches principales naissent par ramification collatérale — et les bronches primaires, soit par ramification collatérale, soit par dichotomie (inégale dans les pre- mières ramilications, égale plus tardivement). D'où la nécessité, quand on étudie l’arbre bronchique d’un sujet, de bien spécifier l'ordre des rameaux bronchiques, car le processus de formation change aux différentes phases d’un même développement embryonnaire. Chez le mouton, comme j'aurai l’occasion de le montrer, les faits se passent de la même façon que chez le lapin, seulement la dichotomie est plus précoce. Ceci tient uniquement à des causes mécaniques et cœno- génétiques que je préciserai quand j'aurai étudié les ramifications bronchiques chez le rat, la souris, le porc, le cobaye et les oiseaux. Bronche du lobe moyen A6. — La bronche AB (fig. III) naît aux dépens de la paroi supérieure extrême et latérale de la bronche souche. Bronche du lobe infra-cardiaque AY. — La bronche AY naît en face de AB par un bourgeon antéro-interne de la bronche souche, c’est-à-dire par une rami- fication collatérale. A ce stade, elle est indépendante de AG, mais bientôt (fig. IV) elle y semble rattachée par une traînée épithéliale. En tout cas, dans la figure V, elle est à la base de AB, et dans le stade de la figure VI, elle est obliquement insérée sur Af. (C'est par erreur que le graveur la projette per- pendiculairement sur Af£.) Donc la bronche AY naît sur la bronche souche et émigre sur AB. C’est propablement ce stade secondaire que Narath a observé chez l'Echidné et qui lui a fait dire que la bronche cardiaque naissait par un bourrelel commun avec la première ventrale. En tous cas, chez le lapin, elle naît toujours d’une façon indépendante sur la bronche axiale et n'émigre jamais sur AG. Chez le mouton, je la fais naître d’une manière indépendante sur la bronche souche et émigrer ensuite sur AG. Ces faits permettent d'émettre une hypothèse sur ce qui se passe chez l’homme : C’est sans doute parce que la bronche cardiaque droite n’émigre pas qu’elle est sur la bronche souche, tandis qu’à gauche, elle émigre sur la première ventrale et constitue la bronche cardiaque gauche de Hasse. Bronches de gauche. Bronches du lobe supérieur B$. — La bronche BB naît (fig. IT) par ramification collatérale de la bronche souche. Elle se développe rapidement pour se ter- miner par une sphère creuse et antérieure (fig. V) et pour enfin (fig. VII) donner une bronche primaire représentée par une vésicule elliptique située à sa face postérieure. Bronches du lobe inférieur. — Les bronches B! et B* (fig. VI et VII) naissent par ramification collatérale de la bronche souche. Dans la figure VII, juste en face de l'insertion de BB, mais à la face postérieure de la bronche axiale, naît la première bronche dorsale. En voici une qui, au niveau où elle se forme si tardivement, ne naît point par division de l’extrémité terminale de la bronche 1042 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE axiale. Donc, ici, contrairement à ce qui a lieu chez le lapin, le poumon gauche est en avance sur le droit. En résumé, les bronches principales que je viens de décrire sont nées par ramification collatérale. La bronche trachéale née d'une façon colla- térale s’est ramifiée par dichofomie inégale. (Travail fait au Laboratoire d'Histologie et d'Embryologie de la Faculté de médecine de Lille.) Dxs INJEGTIONS INTRAVEINEUSES D'EAU DE MER COMPARÉES AUX INJECTIONS DE € SÉRUM ARTIFICIEL », ü par M. L. HALLION. ne M. Quinton, en vertu d’une hypothèse qu'il a indiquée ici même (séance du 30 octobre 1897), fut conduit à supposer que l'eau de mer, injectée dans les veines, devait être particuliérement bien tolérée, pourvu qu'elle fût ramenée par une dilution convenable au point de congélation du sérum sanguin { — 0,55, d’après Winter). "k Des expériences précises, exécutées sur des chiens, répondirent d'une facon remarquable à cette prévision. Les recherches que je poursuis, avec M. Carrion, sur les injections d'eau salée, me mettaient à même «le comparer, au point de vue de leurs effets, le « sérum artificiel » chlorur et l’eau de mer. J’ai répété l'expérience de M. Quinton, en augmentant encore la proportion de liquide injecté. En voici le résumé : Un chien de 6 kiïlogr. 5, basset mâtiné, est fixé sur une table, couché sur le flanc, attaché par les pattes et par le cou, et soigneusement enveloppé dans une couverture, qui ne laisse guère passer que la tête. Tout est préparé pour lui injecter d’une facon continue, par une saphène, de l’eau de mer à la dilu- tion indiquée; le tuyau adducteur traverse un baquet d’eau chaude, main- tenu à une température sensiblement constante ; à quelques centimètres de la canule veineuse, un thermomètre, baigné par le courant du liquide injecté, indique la température de ce dernier. Une sonde uréthrale, percée de deux yeux, est fixée en permanence et déverse l'urine, par l'intermédiaire d'un tuyau de caoutchouc, dans un vase gradué. On notera toutes les dix minutes les quantités injectées, les quantités d'urine émises, la température rectale de l’animal et, à partir de la cinquième heure de l’expérience, la température du liquide injecté. On fera varier de temps en temps la vitesse de l'injection dans le même sens que la vitesse constatée pour l'émission urinaire. Nous ne pouvons reproduire ici le tableau complet de l'expérience; notons seulement les chiffres d'heure en heure. Nous appellerons I les quantités injectées depuis le début de l'expérience ; U, les quantités d'urine; T, la tem- pérature rectale ; O, la température du liquide injecté. { SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1043 L'injection commence à 9 h. 30 du matin; nous la supposerons, pour plus de clarté, partir de 0 minute, et nous compterons ensuite par heures et par Jours pleins. 20 minutes avant l'injection, au moment où l’on vient de fixer le chien, température rectale, © — 40 degrés au début de l'injection, I — 390,7. I U T f Anpeure nt. | 440 cent. cubes. DANCeNT Cubes. 0200 2 heures. . . 1080 — 046 — 389,3 dE an pen Dr — 1180 = 310,8 RER re 400 — 1730 — 38°,1 200 —— 2240 — DONS CRE 2000 2810 — DAS 00 HAN 4: 4160 — 3320 — JO 420 SR eee 0 4100 — 3830 _ 360,8 40 D — ro more — 4190 —— 360,82,4110,5 TORRES 0 08 0 — 4510 —- ao 410,5 HR PO ES EN CSS D — 5360 — JO 20 liheures 40 . 6775 —= 5810 — SH 2 EDR Fin de l'injection. 1P%heures.:. . » 5900 — 310,2 12 heures 50 . » 5981 — 310,9 On met le chien en liberté. | 13 heures 20 . » » DD 14 — ane » » G)0)0 Ainsi, l'injection a duré 14 h. 40, soit 700 minutes ; la quantité injectée a été : 6,715 ceutimètres cubes, soit 1.04 fois le poids de l’animal. La vitesse moyenne de l'injection a été, par minute et par kilogramme d'animal, 1.49 cen- timètre cube. La quantité d'urine recueillie est égale à 5.814 centimètres cubes; ce chiffre est inférieur à celui de l’urine émise; en effet, un petit caillot ayant, pendant un certain temps, obstrué la sonde (qu'il fallut changer), une certaine quantité d'urine s’est écoulée entre la sonde et la paroi uré- thrale, et s’est perdue dans la couverture. On peut évaluer cette quantité à 300 centimètres cubes au moins. Pendant toute la durée de l'expérience, l’état du chien a paru remarquable- ment satisfaisant : il était tranquille, s’agitait rarement, avait l'œil vif et éveillé, réagissait aux appels et aux caresses. À peine détaché, au bout de 12 heures d'expérience, il va et vient dans le laboratoire, et n’était une légère boiterie que les ligatures des pattes ont causée, il a les allures d’un chien par- faitement normal et bien portant. Le seul trouble qu'on ait pu noter, en dehors de l’abaissement thermique, a consisté en quelques vomissements, survenus de 2 à 58 h. 30; le chien a rendu, en tout, 50 centimètres cubes envi- ron d’un liquide muqueux, jaunâtre ; aucune diarrhée. On a démuselé le chien dès le premier vomissement et on l’a laissé ainsi jusqu'à la fin de l'expérience. Le chien est mis en cage et l'urine recueillie : on le sondera chaque fois qu'on prélèvera l'urine spontanément émise, pour ajouter à celle-ci l'urine 1044 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE contenue dans la vessie. Nous indiquerons tout à l'heure les résultats des examens de l'urine. Le lendemain de l'injection, l’état du chien paraît excellent à tous égards. À 1 heure de l’après-midi (soit 1 jour et 3 h. 30 après le début de l'injection, on lui donne 400 grammes de viande et on lui offre de l'eau à boire : il mange aussitôt 300 grammes de viande, et à 6 heures du soir, il mange le reste. Il boit T5 centimètres cubes d’eau à 1 heure et 60 centimètres cubes à 3 heures. Le surlendemain, l’état de l'animal est parfait. L'urine a été répartie en plusieurs lots, dans la plupart desquels ont été dosés, par litre l'urée (Ü) et les chlorures (C1) en poids de NaCI et déterminées la densité (D) ramenée à la température de 15 degrés et la réaction. D U CI RTE MEET SN MERE RATÉ 6-15 8,6 Avant l'injection … ELA » 08,8 ! 0 à 100 cent. cubes après (Hrapaclion HR ARR 100 à 200 cent. cubes, un peu de sang . . 1009 » » 200 à 300 cent. cubes, — HS ALU0S 0,920 300 à 400 cent. cubes, — 1001 » » 400 à 500 cent. cubes, non- hématuriques. 4006,5 0,8 9,2 . léoèrement alcalin. 500 à 600 cent. ne — AUOT 1200075 — 600 à 1000 cent. cubes, — MAUUS O'SMOEE — 1000 à 1980 cent. cubes, — . 1008 07108020 — 1980 à 2970 cent. cubes, = HUO0S 0582970 — 2970 à 4000 cent. cubes, — AAOOS S MAAE CIRE 4000 à 5081 cent. cubes, un peu de sang . 1009 052880 5081 à 5867 très peu de sang , . . . . .. 4010 MENT Apres linjectonsi90/cent ouest PnELO I? 15500 À 13 h. 40, nouveau lot de 30 cent, cubes. » 3,4 6,0 Au bout de 1 jour et 1 h.30 : 270 cent. cubes NOUVEAUX : : . 015 9,4 4 Après 1 jour et 5 D 30 : 30 bare cubes k » 19/8025 0 Après 2 Jours et 5h. 30: 310 Cent. cubes. 101814 53 2,8 À aucun moment, dans les prises d'urine ne contenant pas de sang, on n’a constaté d’albumine (par chauffage de l'urine acidifiée) sauf dans l'urine émise 30 heures après le début de l'injection, et aussi (mais dans une pro- portion beaucoup moindre) dans l'échantillon prélevé après 2 jours et » beures. Par contre, l'urine chauffée sans addition d'acide acétique présenta, à partir de la prise 1980 à 2970, un trouble de plus en plus marqué, qui disparaissait par addition de quelques gouttes d'acide acétique (phosphates). Nous aurons à revenir plus tard, M. Carrion et moi, sur plusieurs con- sidérations relatives à cette expérience, car nous avons le dessein d'étudier, au point de vue de leurs effets, des injections diversement minéralisées et notamment des injections répondant à la constitution SÉANCE DU # DÉCEMBRE 1045 minérale du sang. Je me borne à comparer sommairement les effets de la solution de Nall dite « sérum artificiel » à ceux de l’eau de mer diluée comme il a été indiqué. Autant qu’on peut tirer, de l’expérimen- tation pratiquée sur le chien, des conclusions générales, on peut dire que : 1° L'eau de mer diluée est mieux supportée que le «sérum arlificiel» et j'ajouterai, mieux que l’eau salée à n'importe quel titre, en ce sens qu'on peut l'injecter, sans dommage notable, à des doses plus fortes, ou, pour mieux dire et pour tenir compte de la donnée que MM. Dastre et Loye ont justement mise en valeur, à une vitesse plus considérable. À part de légers vomissements, les accidents notés consécutivement aux injections salées n’ont pas été observés ici, malgré l'énorme dose injectée. 2° L'eau de mer fait baisser la température; toutefois, on peut limiter beaucoup cet abaissement en enveloppant l'animal et en injectant la solution à une température légèrement supérieure à celle du sang. La solution salée à 7 ou 9 p. 1000 produit au contraire une hyperthermie constante. 3° Les variations de l'urine, sous l'influence des deux sortes d’injec- tions, sont de même sens à tous les points de vue que nous avons con- sidérés : densité, chiffre de l’urée, chiffre du chlore; mais l’abaissement de la densité fut moindre avec l'injection d’eau de mer qu'avec l'injec- tion d'eau salée; ce qui paraît, autant que d’autres expériences ont paru nous le montrer, impliquer un meilleur fonctionnement du rein. Il sera intéressant également d'étudier les variations du chlore, par rap- port à celles de la matière organique, dont l’urée est un témoin. (Travail du laboratoire de M. Françcois-Franck.) Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. : AXE OUI PEN U) FF “a LANTE RE GAL EEE) EAN mL Race Ÿis AN 1047 SÉANCE DU {11 DECEMBRE 1897 M. A. Gigert : Notice sur les travaux de Hanot, ancien vice-président de la Société. M. Wurrz : Éloge du professeur I. Straus. — M. le Dr Gréuanr : Éloge du Dr F.-N. Gallois, ancien trésorier de la Société. — MM. Wioaz et Sicarp: Influence de l’or- ganisme sur les propriétés acquises par les humeurs du fait de l'infection. (L'ag- glutination chez quelques animaux à sang froid). — M. FABre-DomERGUE : À propos de la dernière communication de M. Busquet sur les « Sporozoaires du Cancer ». M. Boxnier : Le sens de l'orientation. — M. D.-A. p'HarorviLcer : Développement des Bronches chez le Mouton (suite). — M. C. Puisarix : La cholestérine et les sels biliaires vaccins chimiques du venin de vipère. — M. CuarRiN : Discussion. — M. Juces Courmonr : Nouvelles expériences démontrant que le sérum de Marmorek n’immunise pas le lapin contre le streptocoque de l'érysipèle. MM. R. Quinron et Jura : Injections comparatives d’eau de mer et de sérum artificiel. — M. le Dr J. Baycac (de Toulouse) : De la valeur de la glycosurie alimentaire dans le diagnostic de l'insuffisance hépatique. — M. le D" E. Via (de Périgueux) : Influence des inhalations chloroformiques. Sur la résistance de l'organisme aux infections. — M. le Dr Azezais (de Marseille) : Note sur les muscles masticateurs du cobaye. Présidence de M. Bouchard. INFLUENCE DE L'ORGANISME SUR LES PROPRIÉTÉS ACQUISES PAR LES HUMEURS DU FAIT DE L'INFECTION. (L’AGGLUTINATION CHEZ QUELQUES ANIMAUX A SANG FROID), par MM. Wipaz et SIcARD. (Communication faite dans la séance du 27 novembre.) Le mécanisme qui préside à l'apparition des qualités humorales acquises par l'organisme du fait de l'infection est encore insuffisamment élucidé. Nos efforts doivent tendre, à l'heure actuelle, à étudier les influences qui peuvent modifier leur genèse. Dans ce but, M. Metch- nikoff, depuis longtemps déjà, a fait appel à la méthode comparative et, au Congrès de Moscou, a exposé ses recherches sur la production de l’antitoxine dans la série animale. [l était donc naturel de suivre la voie tracée par lui, et de rechercher comment se comportait l’agglutination chez divers animaux. Le phénomène offre l’avantage de pouvoir être suivi par des mensurations quotidiennes, avec une précision remar- quable. Son étude peut aider à nous renseigner sur l’histoire générale des diverses substances acquises par les humeurs des infectés. Nous nous bornerons à rapporter aujourd’hui des expériences entre- prises sur quelques vertèbres à sang froid. La grenouille supporte l’inoculation de doses relativement considé- rables de cultures vivantes où de toxines typhiques, alors même qu'on l’expose à la température de 37 degrés. Si elle ne présente, en géné- BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 84 1048 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ral, aucun trouble appréciable, la propriété agglutinante n’en appa- raît pas moins dans ses humeurs après un temps, il est vrai, quelquefois assez long. Le phénomène se manifeste plus facilement chez la Æana esculenta et chez la Rana fusca que chez la Ayla viridis, ou rai- nette vulgaire, mais cette dernière supporte mieux les températures élevées. Après une seule inoculation de 1/4 ou de 1/2 centimètre cube de culture en bouillon, âgée de 3 jours, la réaction n'apparaît guère que du 10° au 12° jour, rarement plus tôt, quelquefois plus tard, même chez une rainelte mise à l'étuve à 37 degrés. Des grenouilles de même poids et de même espèce, mises dans des conditions identiques présentent, parfois, des différences remarquables dans leur aptitude à fournir la substance agglutinante; mais on peut dire, d’une façon générale, que les doses inoculées, le temps pendant lequel les animaux sont en observation, la température à laquelle ils sont exposés, sont autant de facteurs qui influencent puissamment le mode de développement de la substance agglutinante. La dose inoculée a, sur l'apparition de la propriété agglutinante chez les animaux à sang froid, une influence beaucoup plus marquée que chez les animaux à sang chaud tels que le cobaye ou le lapin. Sans qu'il y ait là une règle absolue, une forte agglutination chez la grenouille s'obtient surtout après inoculations répétées de doses relativement élevées. La dose a besoin d’être d'autant plus élevée que l’on expose l'animal à une température moins favorable. C'est en exposant les animaux à une température constante com- prise entre 27 et 33 degrés que nous avons obtenu jusqu'ici l’agglu- tination la plus rapide et la plus puissante après inoculation de cultures en bouillon ou de cultures sur gélose délayée. À 37 degrés, l’agglu- tination est peut-être un peu moins facile, après inoculation de cultures vivantes; elle est, au contraire, au moins aussi facile et peut-être un peu plus rapide après inoculation de toxine. Des grenouilles exposées à l’étuve, les unes entre 24 et 25 degrés, les autres entre 21 et 23 degrés, présentaient avec le temps une agglutina- tion nette mais pourtant moins puissante pour le même temps et la même dose que celle fournie par des animaux exposés à une tempé- rature plus élevée. Des grenouilles laissées pendant vingt-cinq et trente jours dans une chambre où la température oscillait entre 12 et 24 degrés don- naient nettement la réaction, et en forçant la dose inoculée, on observait, avec le temps, une agglutination relativement puissante. Les humeurs de grenouilles laissées pendant vingt jours à la tempéra- ture de 12° n’avaient pas encore acquis la propriété d’agglutiner. Pour fixer les températures extrèmes et constantes auxquelles l’orga- nisme de la grenouille peut fournir la substance agglutinante, il faut noculer des doses considérables etsavoir pendant longtemps attendre SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1049 leurs effets. Nous ferons connaître prochainement nos recherches sur ce sujet. Les chiffres que nous venons d'indiquer montrent déjà combien sont variées les températures auxquelles un organisme peut fabriquer la substance agglutinante surtout si l’on songe que nous avons obtenu le phénomène chez des pigeons et des poules, c’est-à-dire chez des animaux dont la température atteint 42 degrés. Chez ces derniers animaux, l’ag- glutination est assez lente à se produire. Les faits que nous avons rapportés montrent encore qu'en modifiant la température d'un organisme, c’est-à-dire en modifiant chez lui les conditions de l'infection, on modifie du même coup la production de la substance agglutinante. Les faits suivants vont nous prouver comment l’organisme animal, suivant les espèces, peut être plus ou moins apte à fabriquer l’une des substances acquises par les humeurs du fait de l'infection. La tortue des marais (Cistudio lutaria) est, comme l'a montré M. Metchnikoff, insensible à l'inoculation de quantités très grandes de toxine tétanique, qu'elle conserve pendant des mois à des températures élevées sans produire d’antitoxine. Nos expériences nous ont montré que son organisme, par contre, est apte à produire la substance agglu- tinante. Nous l'avons vu apparaitre après quinze jours, en injectant des cultures vivantes ou des toxines typhiques à des tortues placés à la température de 30 ou 37 degrés. M. Metchnikoff a montré encore que chez les crocodiles (Alligator Mississipiensis) la propriété de produire l’antitoxine est plus déve- loppée que chez les êtres les plus élevés tels que les mammifères. Il a vu chez des caïmans l'antitoxine apparaître déjà vingt-quatre heures après l’inoculation d'une forte dose de toxine tétanique. Nos expé- riences montrent que le crocodile n’a pas une telle aptitude à fabriquer la substance agglutinante. Chez l’un d’eux, malgré l’inoculation de 40 centimètres cubes de cultures typhiques, nous n'avons noté d’agglu- tination manifeste qu'après dix-huit jours. Ces animaux avaient été mis à notre disposition par M. Metchnikoff qui a bien voulu nous faire profiter de sa grande expérience en pathologie comparée. Il en est donc de la propriété antitoxique comme de la propriété bactéricide in vitro, de la propriété préventive, de la propriété granu- logène, elle peut être indépendante dans un même sérum de la pro- priété agglutinante. Notons que le sang et la Ilymphe de la Rana esculenta, de la Rana fusca, surtout du crocodile et de la tortue, agglutinent spontanément le bacille typhique en certaines proportions et souvent le transforment en gra- nules, avant toute inoculation microbienne. Pour juger de l’agglutina- ton acquise, il faut donc au préalable mesurer, à plusieurs reprises, le pouvoir agglutinant naturel du sang de ces animaux, pouvoir qui peut 1050 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE présenter des variations d'un jour à l’autre dans des limites relative- ment restreintes. Cette agglutination ne parait pas constituer une pré- disposition à l’agglutination acquise. Un animal comme la tortue, qui agglutine spontanément à un taux relativement élevé, présente le phé- nomène de l’agglutination acquise bien plus tardivement que le cobaye, dont le sérum normal ne possède qu'une propriété agglulinalive des plus minimes. L'étude de la réaction agglutinante chez les animaux à sang froid nous permet d'éclairer quelques points intéressant l'histoire du phénomène. On a pensé que la présence du bacille vivant dans une humeur de l'organisme sutfisait pour enlever à cette humeur la propriété d’agglutiner. Nous avons déjà montré que le sérum d’un pus fourmillant de bacilles d'Eberth conservait cependant, durant de longs mois, sa pro- priété d’agglutiner. Nous avons pu voir de même que l’ensemencement . de l’exsudat du sac lymphatique de grenouilles, agglutinatif à 1 p.500 ou 1 p. 1000, formait des colonies de bacilles typhiques en quantité plus ou moins considérable, suivant l’époque où on le recueillait après la dernière inoculation. Si dans ce sac lymphatique, on injecte une dose nouvelle de culture vivante, le pouvoir agglutinatif mesuré trente-six heures plus tard, s'élève, le plus souvent, du fait de cette nouvelle addition de microbes. La présence du bacille typhique dans les humeurs de la grenouille ne leur enlève donc pas leur pouvoir agglutinatif. La grenouille est un animal dont l'organisme peut receler pendant plusieurs semaines les bacilles typhiques qu'on lui a inoculés. Les humeurs de l'animal qui détiennent pendant si longtemps ce microbe peuvent acquérir un fort pouvoir agglutinatif. Chez deux grenouilles, nous avons retrouvé des bacilles trente-cinq et quarante jours après la dernière inoculation; chez l’une d'elles, ces microbes étaient peu nom- breux. Le pouvoir agglutinatif oscillait entre 1 p. 500 et 1 p. 1000. Après ce long séjour, les bacilles avaient conservé toute leur virulence. Ils tuaient la souris aux mêmes doses qu'avant leur passage dans la grenouille. Ce fait nous enseigne que, chez la grenouille, la propriété acquise par les humeurs d’agglutiner in vitro le bacille typhique ne semble pas, au sein de son organisme, un auxiliaire bien puissant pour la défendre contre ce microbe. À PROPOS DE LA DERNIÈRE COMMUNICATION DE M. BUSQUET SUR LES « SPOROZOAIRES DU CANCER », par M. FABRE-DOMERGUE. Dans sa note parue dans les comptes rendus de la Société du 4 dé- cembre, M. Busquet décrit des cellules vivantes non dégénérées, incluses dans de grandes cellules d’un épithélioma. Il ne veut point en discuter SÉANCE DU À11 DÉCEMBRE : AO PE oc la nature histologique, et se borne à en éludier la structure. Ces élé- ments, dit l’auteur, « possèdent un corps protoplasmique et un noyau nettement structurés, en un mot, tous les attributs d’une cellule bien vivante et exempte de toute dégénérescence. Il existe donc, au moins dans certains cancers (épithéliomas), des éléments spéciaux, inclus dans des cellules épithéliales et non dégénérés. » Cette constatation est, en effet, parfaitement exacte. Elle eût même été tout à fait neuve et intéressante si son auteur l’eût publiée cinquante ans plus tôt, avant que Virchow (1847) n'ait décrit les physalides (cel- lules incluses) et les physaliphores auxquels se rapportent les éléments découverts par M. Busquet. Dans mon travail, auquel M. Busquet fait allusion (p. 66-69 du tirage à part), j'ai assez longuement parlé de ces physalides. Avant moi, Arnold, puis Borrel en avaient indiqué la genèse aux dépens des no- yaux bourgeonnants des cellules épithéliales. LE SENS DE L'ORIENTATION, par M. BonNier. On a donné les noms de sens de l'orientation, sens de la direction, à la remarquable faculté qui permet à tous les animaux, mais surtout aux espèces migratrices, de se diriger, à des distances souvent considé- rables, vers des points pour lesquels l'exercice des sens objectifs connus de nous ne semble fournir aucune source d’orientation. Il est en effet depuis longtemps reconnu qu'aucun des cinq sens pris isolé- ment, ni même le concours de plusieurs sens, ne pourra expliquer la facilité avec laquelle certains animaux parcourent sans hésiiation d'énormes distances, à travers des milieux où les repères visuels ou olfactifs font parfois défaut, vers un point qu'ils ne peuvent directe- ment ni voir ni sentir. Cette faculté, de quelque façon qu’on l'explique, peut sans doute se développer par l'exercice, mais elle semble le plus souvent innée et a pu être considérée comme un véritable instinct, en donnant à ce mot sa signification biologique d'habitude héréditaire (Viguier), ou, si l'on préfère, de mémoire congénitale. M. Viguier a formé l'hypothèse d’un sixième sens, desservi par l’ap- pareil des canaux semi-circulaires de l'oreille et dont l’excitant physio- logique ne serait autre que le magnétisme terrestre. Cette théorie, loin d’ailleurs d’avoir été démontrée par son auteur, soulève plusieurs objections. Rien dans l'anatomie des canaux n'autorise à y reconnaitre un appareil doué d’une certaine susceptibilité magnétique, ou en tous cas plus approprié à l’action du magnétisme qu'aucun autre point de l'organisme. M. Viguier admet que chaque canal est situé dans un plan, 1952 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ce qui n’est pas exact pour la plupart de ces appareils dans la série des vertébrés, car presque tous présentent des incurvations secondaires qui s’opposent à leur inscription dans un plan. D'autre part, cette théorie ne pourrait s'étendre aux formations otocystiques et otolithiques si variées, dont j'ai exposé le mode de fonctionnement, et qui sont des appareils de même signification physiologique. Et ces appareils eussent- ils la délicatesse d’une boussole, une boussole ne nous apprend pas où nous sommes à un moment donné par rapport à un point donné. Enfin il semble, d’après des observations inédites de M. le capitaine Rey- naud, que les perturbations électriques ne troublent en rien chez les pigeons l'exercice du sens de la direction. Les canaux semi-circulaires et ce que j'ai appelé le sens ampullaire jouent cependant, à mon avis, un rôle fondamental dans la faculté d'orientation, mais il me semble que les théories émises jusqu'ici à ma Connaissance, révèlent une mauvaise position de la thèse à sou- tenir. Tout d'abord je ne pense pas que l’on puisse admettre chez un animal la faculté de se diriger à distance, et sans repères objectifs, vers un point qui lui est inconnu, et, s’il n’est pas guidé dans sa marche par d’autres individus de son espèce, plus âgés et qui ont déjà fait le voyage, ou s’il n’a pu garder lui-même le souvenir du chemin déja par- couru pour venir de ce point. Au contraire, le terme de sens de l'orientation et de la direction me semblerait ne devoir s'appliquer qu'à la faculté qui permet à tout animal, au cours ou à la fin d’un déplacement, de garder une notion extrèmement nette et fidèle de sa situation à un moment donné par rapport à son point de départ, o1 inversement, et cela quelle qu’en soit la distance. C'est là qu'est, je crois, la question. Il existe en effet deux procédés d'orientation et de direction dans un milieu qui nous est inconnu. On peut s'orienter sur le point d'arrivée, en avant, — ou sur le point de départ, en arrière. Je ne pense pas que la question ait été ainsi posée. Pour que le point d'arrivée nous soit connu, il faut, ou bien qu'il soit visible, et ce n’est pas le cas; — ou qu'il nous soit indiqué par des repères connus objectivement, et ce n'est pas le cas non plus. le plus souvent; — ou enfin qu'il soit le point de départ d'un déplacement antérieur, et je crois que c'est toujours le cas, dans tous les exemples connus. Le point de départ est un repère forcément connu de nous; et il suffira que par la conscience et la mémoire de toute la série de nos déplacements depuis notre départ, nous restions en quelque sorte d'une manière continue en contact avec ce point; ou que, sans garder le sou- venir de nos déplacements successifs, nous nous appliquions, — peul- être sans conscience, — à maintenir à tout moment la notion de sa direc SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1053 tion au cours de notre déplacement. C'est ce que nous faisons, quand, débarquant dans une ville inconnue, sans repères intelligibles et sûrs, nous gardons sans cesse la notion de l'orientation de la gare d'arrivée. notre point de départ, nous orientant en arrière par le souvenir du chemin parcouru, comme on s'oriente en avant par la vue du chemin à parcourir. La connaissance du point de départ et la mémoire étant admises, comment expliquer la connaissance du déplacement? J'ai donné le nom de sens de l'orientation subjective directe, ou de sens ampullaire, à la perception des attitudes et des variations d’attitudes, c'est-à-dire des mouvements, du segment du corps de l'animal qui est muni d'appareils ampullaires ou d'organes hyménodynames (1). Ses images associées à ce que j'ai également nommé le sens des attitudes seq- mentaires (alias sens musculaire), qui définit les attitudes et mouve- ments de tous les segments du corps entre eux et la distribution du corps dans l’espace, permettent de réaliser la notion de l'attitude totale du corps, de ses positions et déplacements successifs. Le pigeon transporté dans son panier, privé des repères visuels, ignorant la direction du point d'arrivée, garde, à travers la série de ses déplacements successifs, la mémoire de la direction du point de départ et, arrivé au but, il a pu ne pas perdre un moment la notion précise des déplacements composants, ou du déplacement total. Au lâcher, il saura se diriger, soit en reparcourant élapes par étapes, le chemin parcouru déjà, comme l'a observé M. Reynaud dans de très remarquables expé- riences, s'il est sûr de son orientation totale, en prenant directement par la traverse, se dirigeant par l'unique notion de la direction géné- rale. Il tendra son fil d'Ariane, ou lui laissera ses nombreux circuits. Ce sens de la direction peut être d'une grande rigueur, dans ses opéra- tions, puisqu'il repose sur le sens des attitudes, sans l'intégrité fonction- nelle duquel il n’est ni équilibration, ni appropriation ou coordination motrices. Chez l'homme, ce sens est trop délaissé pour l'usage exclusif des repères visuels, néanmoins, il existe; mais chez les espèces pour les- quelles l'exercice de cet instinct est une condition de survie et un important facteur de leur évolution, il a pris par l'accumulation héré- ditaire une puissance extraordinaire. Il implique une mémoire merveil- leuse, mais moins surprenante que certains instincts si précis des ani- maux à métamorphoses, ou même que certaines mémoires si vigilantes chez l’homme ; il exige une grande précision dans la notion des moindres déplacements, mais il ne manque pas d'exercices sensoriels tout aussi délicats; il nécessite enfin la faculté de synthétiser une série d'opérations sensorielles élémentaires en une notion générale d’une (4) Voy. L'Oreille, t. IX et III, Coll. Léauté, 1893. 4054 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE admirable certitude. Cette faculté fait en quelque sorte partie de la morphologie de chaque espèce, confirmée dans ses aptitudes par l'habitude héréditaire et peut fonctionner dès la naissance. Le mot de sens de l'orientation est peut-être trop compréhensif; je lui préférerais celui de sens du retour. Quel qu'il soit, ce sens doit rentrer dans la collection des neuf fonctions que j'ai pu reconnaître aux appareils labyrinthiques. DÉVELOPPEMENT DES BRONCHES CHEZ LE MOUTON (suite), par M. D.-A. D’HARDIVILLER. Dans une note présentée à la séance de Ja Société de Biologie du 27 novembre, M. le professeur Nicolas déclare que, chez le mouton, les bronches principales se développent sous forme de bourgeons latéraux des troncs bronchiques, c’est-à-dire par ramification collatérale. Ces résultats concordent avec ce que j'ai dit sur le même sujet dans une note antérieure et dans une communication faite le 4 décembre. Il n’est donc plus nécessaire d'insister sur la naissance des bronches princi- pales, je me propose seulement de montrer comment se font les pre- mières ramifications de ces bronches. Bronches de droite. — La bronche trachéale (Au) s’est divisée par dichotomie inégale. Chacun des rameaux s'accroît et donne de nou- velles branches par division de l’extrémité terminale el par naissance de bourgeons latéraux (fig. VIII et X). La bronche du lobe moyen (A8) et les bronches externes (A1, A2, A3) du lobe inférieur fournissent de nouveaux rameaux par dichoto- mie inégale et par ramification collatérale (fig. VIIT, IX et X). Les bronches dorsales ou postérieures (Ad1, Ad2, Ad3) apparais- sent successivement par des bourgeons de la paroi dorso-interne de la bronche axiale. Elles se dirigent en arrière et vers la partie interne du poumon, de sorle qu'on peut encore les désigner sous le nom de dorso-internes. La 1"° de ces bronches postérieures (Ad1) s'insère dor- salement sur l'axe entre la 1"° et la 2° bronche externe du lobe inférieur. Iln'y a pas à droite de bronche dorsale entre la bronche du lobe moyen et la première bronche externe du lobe inférieur. Les deux autres bronches postérieures sont placées, la 2° entre la 2° et la 3° externe; la 3° au-des- sus de la 3° externe. Les bronches accessoires antérieures sont au stade de la fig. X au nombre de deux (A3 al et A4 al). Nées indépendamment de l’extré- mité de la bronche souche, elles sont situées, la 1° au-dessus, la 2° au- dessous de l'insertion de la 3° externe. Bronches de gauche. — La bronche du lobe supérieur a fourni par dichotomie inégale la bronche (B61) se dirigeant vers le sommet du pou- Le Que ee Se . DE Ron RARE ei EU DO 0 1056 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mon (apicale de Narath). La bronche mère (B5) et l’apicale (B81) conti- nuent à donner des rameaux par division de leurs extrémités (fig. X). Les bronches externes (B1, B2, B3) nées par ramification collaté- rale se multiplient de cette facon et aussi par dichotomie. Les bronches postérieures (Bd1, Bd2, Bd3, Bd4.) sont nées par des ICE bourgeons dorso-internes de la bronche souche. La 1'° est insérée entre la bronche du lobe supérieur et la 1° externe du lobe inférieur. Z/ existe donc à gauche une bronche dorsale entre la bronche du lobe moyen el la première bronche externe du lobe inférieur. N'est-elle pas l'homo- logue de l’épartérielle droite? Les 2°, 3° et 4° dorsales sont situées au- dessous des points d'attache des 1°, 2° et 3° externes. Il n'existe au stade de la fig. X qu'une bronche accessoire antérieure SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1057 (B2, al.). Née par ramification collatérale, elle est située sur l’axe en face de la 2° externe. Tels sont les résultats principaux se dégageant des figures que je fournis. Comme je possède des embryons plus âgés que j'ai étudiés, je pourrais aller plus loin dans cette description ; je préfère m'arrêter et résumer brièvement les faits que J'ai observés. Chez le mouton, les bronches principales se forment par ramification collatérale. Ces bronches principales donnent des bronches secondaires par naissance de bourgeons latéraux (collatérales définitives) et par dichotomie (terminales). Les rameaux ainsi apparus continuent à se ramifier de la même facon, — les nouvelles bronches se comportent d'une manière identique — et ainsi de suite…, de sorte que finalement on obtient un arbre bronchique formé par trois modes de ramification (collatérale, dichotomique, égale ou inégale). Ces recherches confirment donc les travaux que j'ai publiés chez le lapin. Une bronche importante paraît faire défaut chez l'embryon de mouton : l’épartérielle gauche. Mais, comme chez les mammifères le développement des bronches n’a pas toujours lieu par palingénèse, c’est l’embryologie comparée des vertébrés supérieurs qui me fournira des arguments probants sur les bronches épartérielles; par conséquent, je ne discuterai la signification morphologique de ces bronches que dans ma thèse de doctorat ès sciences (1). LA CHOLESTÉRINE ET LES SELS BILIAIRES VACCINS CHIMIQUES DU VENIN DE VIPÈRE. par M. C. Puisazix. Le mécanisme par lequel les toxines microbiennes et les venins tra- versent le tube digestif sansproduire d'accidents a fait l’objet de nom- breux travaux. Depuis que M. le professeur A. Gautier a montré que le suc gastrique ne joue aucun rôle dans la neutralisation des venins, c'est du côté de l'intestin que l’on a surtout cherché la cause de cette innocuité. D’après A. Kanthack, la digestion pancréatique artificielle détruit en grande partie le venin de cobra; d’après Charrin et Cassin, la toxine pyocyanique est altérée par la muqueuse de l'intestin et perd son pouvoir vaccinal, comme je l'ai vu pour le venin de vipère; d’après Répin, la toxine diphtérique et le venin de cobra, peu dialy- sables, passeraient dans le tube digestif sans y être absorbés. Avec Fraser, d'Edimbourg, la question vient de faire un nouveau pas. Cet auteur à montré récemment que des doses minimes de bile soit de (1) Dans ma dernière note, lire bronches secondaires au lieu de primaires. 1058 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE serpent, soit de mammifère, peuvent neutraliser une dose mortelle de venin. Depuis plusieurs années, j’étudie ce sujet, et j'ai obtenu les mêmes résultats que Fraser. En outre, j'ai été amené à reconnaître que les sels biliaires et la cho- lestérine exercent vis-à-vis du venin une action immunisante. J'indi- querai, tout d’abord, par quel enchaînement des idées et des faits j'ai été conduit à cette constatation. Nous avons montré, M. Bertrand et moi, qu'il existe, à des degrés divers, dans le sang de vipère, de couleuvre, de hérisson, de cobaye, de cheval, des principes immunisants contre le venin de vipère. Depuis, J'ai vu qu'il en est de même chez l’anguille, la grenouille, le crapaud, le chien. D'où viennent ces principes, dont la présence dans le sang est si répandue? En grande partie des glandes digestives, glandes labiales supérieures, foie et pancréas chez la vipère et la couleuvre. Mais ce n’est pas là un attribut spécial aux glandes digestives des reptiles. Chez le chien, le pancréas et le foie fabriquent aussi ces mêmes prin- cipes. Il suffit, par exemple, de 20 à 30 milligrammes du précipité alcoolique du suc de pancréas, pour immuniser un cobaye contre une dose mortelle de venin de vipère. Ces substances antivenimeuses déversées dans le sang par la sécrétion interne, ne seraient-elles pas aussi éliminées par la sécrétion externe, et ne contribueraient-elles pas à neutraliser l’action des venins dans le tube intestinal ? C’est, en effet, ce qui a lieu, du moins pour la bile dont j'ai étudié les effets sur le venin. Voici le résumé des expériences que j'ai faites avec la bile de vipère. Un mélange de bile de vipère et de venin, inoculé 10 à 15 minutes après sa préparation, reste complètement inoffensif. Pour neutraliser une dose de venin mortelle pour le cobaye, il faut environ 1/4 à 1/2 centimètre cube de bile fraiche ou 5 à 20 milligrammes de bile sèche. Si, au lieu de les mélanger, on inocule en même temps, mais en deux points différents du corps, la bile et le venin, l’animal succombe : la bile n'agit donc pas comme antitoxique. Ses propriétés vaccinantes sont, au contraire, très manifestes; un cobaye inoculé à la cuisse avec de la bile peut, au bout de trente-six heures, recevoir dans l’autre cuisse, une dose mortelle de venin sans en être incommodé. À quelles substances faut-il attribuer les propriétés antivenimeuses de ce liquide complexe? Dans le but de les déterminer, j'ai d'abord essayé quelques procédés faciles, et j'ai reconnu que ni la décoloration sur le noir animal, ni la filtration sur porcelaine, ni le chauffage à l’ébullition pendant 20 minutes, ne font perdre à la bile ses propriétés. Il faut, pour obtenir ce résultat, la maintenir à la température de 120 degrés pendant 20 minutes. Ces'expériences ne donnant pas sur la nature des principes antivéni- meux des indications suffisantes, j'ai étudié séparément les corps qui SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1059 entrent dans la composition de la bile, en particulier les sels biliaires et la cholestérine. Voici ce que j'ai observé : 1° Le glycocholate de soude à la dose de 4 centigrammes tue les cobayes en déterminant un abaissement de température et un œdème suivi de mortification de la peau. Une quantité moindre,2 centigrammes, ne provoque pas d'autre accident qu’une élévation passagère de la tem- pérature; si on la mélange avec du venin, celui-ci est complètement détruit. Inoculé en même temps mais dans un autre point que le venin, le glycocholate n'empêche pas la mort de l'animal ; si, au contraire, il est injecté 48 heures avant le venin, il devient un excellent vaccin. Comme pour la bile, un chauffage à 120 degrés pendant 20 minutes abolit son pouvoir antivenimeux; 2° Le taurocholate de soude agit, quoique à un degré moindre, de la même manière que le glychocholate ; 3° La solution éthérée de cholestérine pure (1), à la dose de 2 à 5 cen- tigrammes, détermine, chez le cobaye, une élévation passagère de tem- pérature et un peu d'æœdème induré au point d’inocuiation; elle produit aussi une immunité contre une dose de venin mortelle en 5 à 6 heures pour les témoins. En outre, son pouvoir antitoxique est manifeste el assez puissant pour s'exercer encore 5 et 10 minutes après l’inoculation du venin. Il faut ajouter, toutefois, que l’éther, à faible dose (1/2 centimètre cube), est aussi légèrement antitoxique. Pour mettre hors de doute l’action propre de la cholestérine, on peut se servir comme véhicule de la glycérine, de l'huile de vaseline ou de l'huile d'olive. En suspension dans ces liquides, la cholestérine agit aussi bien comme vaccin, mais un peu moins bien comme antitoxique, à cause de la plus grande lenteur d'absorption. En résumé, les sels biliaires exercent vis-à-vis du venin de vipère la même neutralisation chimique que la bile entière. Dans les deux cas, cette propriété est détruite par un chauffage à 120 degrés pendant 20 minutes. Ils possèdent aussi une action vaccinante, mais non anti- toxique. Leur présence permet donc d’expliquer les propriétés de la bile. Quant à la cholestérine, la quantité contenue dans 20 milligrammes de bile est certainement inférieure à la dose nécessaire pour immuniser, dose qui est aussi de 20 milligrammes environ. Il n’est donc pas surpre- nant que le chauffage à 120 degrés, tout en laissant intacte la cholesté- rine, détruise les propriétés de la bile. Il est possible aussi que d’autres substances antivenimeuses, encore indéterminées, existent dans la bile. Quoi qu'il en soit, le fait intéressant à retenir, en dehors de toute appli- (1) Extraite des calculs biliaires par l'alcool bouillant additionné de potasse et recristallisé de l'alcool pur. 1060 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cation à la bile, c’est que la cholestérine pure, malgré son peu de solu- bilité et ses faibles affinités chimiques, immunise contre le venin de vipère. C’est là un fait difficile à expliquer pour le moment, mais qui mérite d’être signalé comme le premier exemple connu d’un composé chimique défini qui agisse comme un vaccin. M. CuarriN. — M. Phisalix a bien voulu rappeler les expériences qui m'ont permis d'établir, avec Cassin, avec Lefèvre, etc., que des secré- tions microbiennes, introduites dans le tube digestif, peuvent, dans des conditions spéciales, perdre une part plus ou moins grande de leur toxicité. — Pour expliquer ces résultats, en dehors de la lenteur de l'absorption, de l’action des germes, de l'influence des ferments solubles, de la fixation par les sels, etc., j'aiété naturellement amené à examiner le rôle de la bile, surtout après les travaux de Fraser, en prenant en considération les analogies mises en évidence par Phisalix et Bertrand entre les toxines et les urines. Je dois dire que des mélanges de bile et de toxine diphtérique injectés sous la peau, dans la proportion de 1 de bile pour 1/2 de poison micro- bien, ne m'ont fourni que des données incomplètes; j'ai quelquefois enregistré des retards dans la mort des animaux qui avaient recu ces mélanges, en comparant ces animaux à des témoins, à des sujets soumis aux effets des sécrétions bactériennes. — Dans un cas unique, j'ai in- troduit les produits biliaires isolés avec une avance de deux journées ; je n'ai obtenu qu'un demi-suecès. J’ai obtenu des résultats meilleurs, plus d'une fois des survies défi- nitives, en associant, 24 heures avant et à 36 degrés, à ces toxines, des solutions salines, des sels de soude à 12 p. 100, phosphates, sulfates, chlorures, soit directement, soit en interposant une mince membranede baudruche : peut-être s'agit-il de simples actions physico-chimiques, de fixation, etc., ? Les variations de technique, heures de pénétrations séparées ou simultanées des toxines, des liquides utilisés, etc., la nature de ces toxines, de ces liquides, leur provenance, peuvent modifier ces résultats. NOUVELLES EXPÉRIENCES DÉMONTRANT QUE LE SÉRUM DE MARMOREK N'IMMUNISE PAS LE LAPIN CONTRE LE STREPTOCOQUE DE L'ÉRYSIPÈLE, par M. Juces CourMonr, .. 1. — Dans deux notes précédentes (1), j'ai montré : 1° que le sérum de Marmorek immunise bien le lapin contre le streptocoque de cet (1) Jules Courmont. Société de biologie, 13 mars et 24 juillet 1897. SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1061 auteur (d'accord avee Marmorek, Mery; en contradiction avec Pe- truchsky et van de Velde); 2° que ce mème sérum favorise plutôt qu'il n’immunise le lapin, vis-à-vis d’un streptocoque de l'érysipèle, même peu virulent ; 3° que le streptocoque de Marmorek se différencie nette- ment du streptocoque de l'érysipèle par ses effets pathogènes sur le lapin. Dernièrement, M. Lemoine (1), injectant à des lapins des doses plus fortes de sérum de Marmorek (2 et 3 centimètres cubes par kilogramme au lieu de 0 cc. 75) et produisant ensuite chez eux de l’érysipèle de l'oreille (au lieu de les tuer par infection générale) avec quatre strepto- coques d’érysipèles, a observé une certaine action immunisante du sérum. Certains streptocoques pyogènes seraient donc sensibles au sérum de Marmorek. Cela était fort possible. J'ai refait quelques expé- riences. IT. — Sur ma demande, M. Lemoine eut l’obligeance de m'envoyer quatre flacons du sérum qu'il avait employé et trois échantillons de ses streptocoques. Ce sérum fut d'abord essayé contre le streptocoque qui avait servi à mes précédentes expériences. Aux doses de 1 ec. 5, 4 centimètres cubes et 5 centimètres cubes injectés sous la peau de lapins de 2 kil. 300 à 2 kil. 700, immédiatement avant l’inoculation, il s'est toujours montré favorisant. Lorsque l’inoculation a été faite dans le sang, les témoins sont morts les derniers ; lorsqu'elle a été faite à la base de l'oreille, les animaux sont morts dans un temps sensiblement égal, mais avec un érysipèle plus intense chez l'immunisé. Mes anciennes expériences étaient ainsi confirmées avec les nouveaux échantillons de sérum de Marmorek. J'ai alors répété les expériences da M. Lemoine en utilisant deux de ses streptocoques (Pac... et Ber...). Des lapins de 2 kil. 500 recevaient sous la peau 5 centimètres cubes de sérum immédiatement avant l'ino- culation. Témoins et immunisés étaient ensuite inoculés à la base de l'oreille avec la même dose de la même culture. Les immunisés sont morts vers le 5° ou 6° jour avec des streptocoques dans le sang et un érysipèle plus ou moins développé. Les témoins ont présenté des érysi- pèles d'intensité variable et ont guéri. L’érysipèle des témoins a été tantôt plus, tantôt moins étendu que celui des immunisés. Dans une expérience qui comportait plusieurs témoins, l’érysipèle de l’immunisé était intermédiaire entre ceux des témoins. Le sérum de Marmorek n’a donc pas sensiblement influencé la marche de l’érysipèle ; il parait, en tous cas, avoir favorisé la mort. IT. — Comment expliquer la différence des résultats obtenus par (1) Lemoine. Société de biologie, 23 octobre 1897. 1062 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M. Lemoine et par moi en utilisant les mêmes matériaux? Par la méthode employée. J’ai depuis longtemps renoncé à l’inoculation à la base de l'oreille pour éprouver l’immunisation du lapin contre le strep- tocoque. Lorsqu'un lot de lapins recoit dans le sang la même dose de streptocoques virulents, ils meurent tous et très sensiblement dans le même temps, le plus souvent même presque à la même heure. Un retard quelconque de la mort indique un certain degré d’immunité. Il n’en est plus de même lorsque l’inoculation est faite à la base de l'oreille. L’in- tensité de l’érysipèle varie considérablement d’un animal à l’autre ; bien plus, certains lapins meurent et d’autres guérissent avec des délabrements variables de l'oreille. Si le sérum essayé était très immu- nisant, l’absence de toute lésion aurait évidemment une importance ; mais lorsqu'il faut apprécier un faible pouvoir immunisant, l'intensité de l’érysipèle, la mort plus ou moins rapide de tel ou tel animal n'ont pas grande signification. Je n’attache donc pas plus d'importance à mes dernières expériences rapportées ci-dessus paraissant montrer des effels favorisants, qu'à celles de M. Lemoine paraissant doter le sérum de propriétés immunisantes. J'ai alors inoculé dans le sang des lapins immunisés et témoins avec les streptocoques de M. Lemoine. Dans une première expérience, le streptocoque Pac... n’a pas tué les animaux à la dose de 5 centimètres cubes. J'ai pu, en le faisant passer par le lapin, exalter assez rapide- ment le streptocoque Ber... Il a été employé dans quatre expériences. Chaque lapin immunisé (2 kil. 500 environ) recevait sous la peau 15 centimètres cubes de sérum, immédiatement avant l’inoculation. Les cultures étaient injectées dans le sang, vers six heures du soir. Les doses ont été dans les quatre expériences : 2 centimètres cubes (3° pas- sage), 1 centimètre cube (3° passage), 1/4 centimètre cube (5° passage), 1/10 centimètre cube (6° passage). A six heures du matin, immunisés et témoins étaient trouvés morts: ils élaient encore chauds dans la 4° expérence (1/10 cent. cube) et venaient de mourir dans le même nombre d'heures. Le sang des immunisés contenait toujours des strep- tocoques virulents (1). IV. — Je ne puis que maintenir mes conclusions précédentes. Le sérum de Marmorek (de l’Institut Pasteur) ou fabriqué par nous avec le streptocoque de cet auteur), immunise bien le lapin contre ce microbe; il n'immunise pas le lapin, même à doses beaucoup plus fortes, contre les échantillons de streptocoques de l’érysipèle que nous avons em- ployés. Pour éprouver l’immunité du lapin, l’inoculation doit être faite de préférence dans le sang. Nous étudierons prochainement les propriétés, vis-à-vis de plusieurs (1) La plupart de ces expériences seront relatées en détail, dans la fhèse de M. Desse. « La sérothérapie antistreptococcique », Lyon, déc. 1897. SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE - 1063 streptocoques pyogènes, d'un sérum obtenu en vaccinant l'âne avec du streptocoque de l’érysipèle (1). (Z'ravarl du laboratoire de M. le professeur Arloing.) INJECTIONS GOMPARATIVES D'EAU DE MER ET DE SÉRUM ARTIFICIEL, par MM. R. Quinron et Juzra. I. — Les deux premières séries d'expériences communiquées, traitant des injections intraveineuses d’eau de mer (2), ont montré à quel point l’eau de mer, introduite dans l'organisme, s'y comportait d’une façon vitale. On à dit qu'une question s’imposait. La solution de chlorure de sodium à 7 ou 9 p. 1000, dont le mode d'action physiologique est inconnu, n agirait-elle sur l'organisme qu’en tant qu’elle y joue le rôle de milieu; et dans ce cas, l’eau de mer, s'il est exact qu’elle représente moins grossièrement le milieu vital, n'offrirait-elle pas une supériorité physiologique sur cette première solution. Il. — Des injections comparatives d’eau de mer et de sérum artificiel ont été entreprises; elles constituent la troisième série des expériences annoncées. Dans ces injections, afin d'obtenir des résultats aussi probants et aussi com- paraüfs que possible, on s'est interdit de conclure d’un animal d’une espèce à un autre animal de la même espèce, leur àg,e füt-il le même, et leur poids. Les expériences comparatives n'ont jamais porté que sur un même chien, injecté à quelques jours d'intervalle, une fois d'eau de mer, l’autre fois de sérum artificiel, ces deux injections pratiquées pour le même animal à une vitesse et à une température identiques. Les deux liquides ont été injectés à une isotonie rigoureuse, le sérum artificiel au titre de 9 gr. 1 p. 1000, cette solution congelant, comme la dilution marine, à 055 sous zéro. (Winter; Acad. des sciences, 11 nov. 1895; Arch. de Phys., 1896). Dans la crainte que l'ordre, l'intervalle, la durée, la vitesse des injections n’influassent sur les résultats, l'injection d’eau de mer a tantôt précédé, tantôt suivi celle de sérum artificiel ; les intervalles observés entre les deux injections ont varié de 5 à 33 jours; la durée des injections, de 35 à 170 minutes; leur vitesse moyenne, de 0 c. c. 4 à 3 c.c.3, par minute et par kilogramme d'animal. Les chiens choisis l’ont été de tout âge, adulte et non adulte. Or, dans des conditions d'expériences aussi comparatives et aussi diverses, les résultats se sont ordonnés dans un sens unique. Invariablement, sous l'injection d'eau de mer, l'organisme s'est débarrassé du liquide étranger qui lui était imposé, avec une rapidité et une intensité plus (1) Dans un mémoire récent, M. Van de Velde soutient que le sérum d’un animal immunisé avec un streptocoque n'immunise pas le lapin contre d’autres streptocoques de même espèce. (2) Soc. de Biologie, pages 890, 965 ; voir également l'expérience de M. Hallion, p. 1042. BioLOGrE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 85 1064 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE grandes, ce qui semble impliquer, pour les cellules rénales imprégnées du liquide marin, une puissance fonctionnelle majeure. 1° Tableau comparatif des volumes excrétés par 10 kilogrammes d'animal, les temps comptés du début de l'injection. V. m. donne pour chaque chien la vitesse moyenne de l'injection. Le second chien n'est pas adulte, 1er CHIEN | 2e cuaren | 4° CHIEN De CHIEN 62 CHIEN 1® CHIEN PM KR IP TOR PME SSP AE PDO PPS V: mn. 1,3) V'im.01,3/Veem 01) V"tm-00;2)V/Em 062) Meemeus 0 RS TS TE ES D RES RE | 5 RAS Mer | NaCIl| Mer |NaCl |[NaCl |NaCI | Mer |NaCI | Mer | N aCl| Mer |NaCI CE Rd EN SANS VE le) BR NNENNPE (MS) Ve les MSN PEACE ete She rliautre OA SE OT NE UNSS PRE PO tn —|— — — PRE) JUNE À 17 SAS PROS MIN 72 5 RON 60 8.6| 6 NO) 45 : 39 7 6 POST EN 000002 4 TS 551198 60 . 82 | 14 15 140 5 StIAIS NN 0.4 | 48 | 33 | 125 | 94 75 1790000 70 USE) 2) 91 30 | 3.510.8 | 73 | 54 | 230 | 191 90 . 1305 441111 614 | 434: 53 | 4.712 D 2| 4 6 9 3 chien (hors cadre); 14 kil. 8; V. m. 3,3; — 15 minutes : 18; 4; — 30 mi- nutes : 70; 41 ; — 45 minutes : 129; 100. Cette supériorilé urinaire constante dans l'injection marine est d'autant plus remarquable que, l’animalinjecté au chlorure de sodium éliminant moins : de liquide, en face d'une injection identique, son rein supporte à tout moment une charge supérieure de liquide étranger. 2 Mais, point capital, dont l'importance pour la mesure du fonctionnement rénal est considérable, non seulement la teneur moléculaire ou la densité de l'urine ne tombent pas sous l'influence d'une élimination plus abondante ; elles restent, au contraire, plus élevées. (5° chien; densité de l'urine totale, injec- tion marine 1028; chlorurée 1017. — 7° chien, densités successives par échan- tillons de 100, injection marine, 1008.6; 1007.5; 1007.3; 1006.9; cholorurée, 1006.3; 1004.3; 1004.6.) M. Winter, ayant eu l’obligeance de déterminer lon- guement, dans son laboratoire particulier, les points de congélation de nom- breux échantillons d'urine, on voit également, par cette méthode d'une préci- sion remarquable, la teneur moléculaire de l'urine demeurer plus élevée, aux mêmes minutes, sous l'injection marine, malgré l'excès du liquide excrété. (1er chien: injection marine, 1°,41, 00,83, 0°,55; chlorurée, 19,2 00,42, 00,44; 2€ chien: marine, 1°,85 0°,92 00,73, 00,67 ; chlorurée, 1°,83, 00,74, 02,50, 02,48; chez le 3° chien, les valeurs s’égalent; 4° chien: marine, 22,24, 0°,96, 0°,84, 00,88, 1°,22; chlorurée, 2°,44, 09,76, 00,78, 00,96, 09,92.) SÉANCE DU Al DÉCEMBRE 1065 D'où suit que, si, pour approcher davantage les valeurs réelles du fonc- tionnement rénal, on multiplie Les volumes éliminés par leurs degrés de con- gélation, on obtient le tableau comparatif suivant, résumé plus précis de cette étude. 1e CHIEN 2° CHIEN 4C CHIEN MINUTES. RL ES 2 Mer Nacl Mers NaCIi Mer LINGE CU ST ER ENS ETC ME CO 24 ENT 43 133 73 166 97 NUS RAaT TER LPRANRE 235 71 205 118 » ») OS PS Te 312 04192 268 166 AT ARE TAN RE » » » » 628 415 IL. — Il semble donc ressortir avec netteté, que la dilution marine, introduite dans l'organisme, y détermine un jeu des fonctions physio- logiques, supérieur à celui qu'y détermine la solution chlorurée. (Travail du laboratoire de M. Francois Franck.) DE LA VALEUR DE LA GLYCOSURIE ALIMENTAIRE DANS LE DIAGNOSTIC DE L'INSUFFISANCE HÉPATIQUE, par M. le D" J. Bayzac (de Toulouse). La glycosurie alimentaire, utilisée pour la première fois, à Lyon, par Colrat en 1875, est considérée par la plupart des cliniciens comme un bon moyen pour déceler les altérations fonctionnelles du foie. MM. Li- nossier et Roques (1), au contraire, ayant obtenu la glycosurie alimen- taire chez des hommes, en apparence bien portants, pensent que le signe de Colrat ne peut être regardé ni comme un symptôme d'ob- struction de la veine porte, ni comme l'indice d’une altération quel- conque des cellules hépatiques, Depuis le mois de Janvier 1895, nous avons entrepris, dans le service de M. le professeur Caubet, une série d'expériences destinées à con trôler la valeur de ce procédé. Nous avons recherché la glycosurie ali, mentaire chez cinquante sujets, presque tous des hommes adultes, atteints des affections les plus diverses. Dans tous les cas, nous avons fait absorber, le matin à jeun, 150 grammes de sirop de sucre (100 grammes de saccharose), après avoir pris la précaution de faire vider la vessie et de nous assurer que les urines ne renfermaient pas de trace de sucre. Nous avons recueilli, ensuite, l’urine de demi-heure en demi-heure, pendant cinq heures, en recommandant aux malades de ne pas prendre d’aliment et de ne boire que de la tisane sans sucre. La glucose a été recherchée dans les urines à l’aide des procédés classiques. (1) Achard et Castaigne. Soc. méd. des Hôpitriux, 19 nov. 1897. 1066 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'épreuve de la glycosurie alimentaire a été positive dans 15 cas : Ictère catarrhal ou ictère infectieux bénin . . Cirrhose atrophique . . . DEAN Lymphadémie splénique et pate Die Congestion du foie (lithiase biliaire). Goutte et rhumatisme chronique +. . EE) | Nous n’avons pas constaté de glycosurie chez 35 sujets : Péritonite tuberculeuse "1: Cirrhose atrophique (eastrite alcoolique). 2 Ictère syphilitique secondaire (dilatation de l'estomac) ) Cirrhose hypertrophique alcoolique (albuminurie) Cancer du foie (dilatation de l'estomac) . Maladies du système nerveux . . Maladies du système respiratoire Cardiopathies . Néphrite chronique Cancer de l'estomac : Saturnisme À Rhumatisme chronique . Ë Sujets sains, entrés pour se reposer | Were NOR = = Deux faits très nets se dégagent de ces expériences : d’une part, la constance de la glycosurie alimentaire au cours de l’ictère catarrhal: d’autre part, son absence dans la péritonite tuberculeuse. Or, nous savons que la cellule hépatique est altérée dans l’ictère infectieux bénin (Chauffard); elle demeure saine, le plus souvent, dans la tuberculose péritonéale. Dès lors, l'épreuve de Colrat, sans être d'une exactitude scientifique absolue, constitue un bon procédé, à la portée de tous les cliniciens, pour apprécier l’état fonctionnel de la cellule hépatique. Toute glycosurie, qui suit l’ingestion d’une certaine quantité de sucre (150 grammes de sirop), est liée à une altération du foie. Quand on ne constate pas la glycosurie alimentaire, il n’est pas permis d'affirmer l'intégrité de cet organe. Les troubles de l'absorption gastro- intestinale et de l'élimination rénale peuvent, en effet, fausser les résultats de l'épreuve de Colrat (4 observations personnelles), comme l'ont démontré, récemment, MM. Achard et Castaigne (1). Dans tous les cas, si cette épreuve donne un résultat négatif, il con- vient de s’assurer de l’état de ces deux fonctions, à l’aide des procédés cliniques ordinaires, et plus particulièrement à l'aide du bleu de méthylène. (1) Linossier et Roques. Archives de médecine expérimentale, janvier 1895. SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1067 INFLUENCE DES INHALATIONS CHLOROFORMIQUES. SUR LA RÉSISTANCE DE L'ORGANISME AUX INFECTIONS, par M. le D' E. Vipar (de Périgueux). De précédentes recherches nous ayant montré les perturbations pro- fondes apportées parles inhalations de chloroforme dans les phénomènes chimiques dont l'organisme normal est le siège, nous avons entrepris l'étude des modifications qui en pourraient résulter au point de vue de la résistance des animaux aux diverses infections. Plusieurs séries d'expériences ont été faites. Voici quelques résultats : Exp. I. Diphtérie. — Bacille long provenant d'une diphtérie pure. Culture en bouillon, datant de 60 heures. Deux cobayes de 410 et 380 grammes. Il recoivent sous cloche 10 grammes de chloroforme. Anesthésie de 10 minutes. 2 heures après le réveil, ils recoivent 0 c. c.5 de la culture indiquée sous la peau du ventre, rasée et désinfectée. Deux témoins sont inoculés de la même manière : TÉmoixs : trouvés morts après 36 et 39 heures. Susers : trouvés morts tous les deux après 30 heures. Deux autres expériences, avec la même culture, ont donné des résul- tats analogues : la survie moyenne des témoins a été de 6 heures. Les résultats deviennent beaucoup plus nets si l’on n’emploie que des cultures à virulence beaucoup plus atténuée : Exp. Il. Diphtérie. — Bacille provenant d’une diphtérie pure. Culture en bouillon, datant de # jours. Deux cobayes (300 et 350 grammes) sont chloroformés comme précédemment. Ils recoivent ensuite, avec les précautions d'usage, 2 centimètres cubes de culture. 18 heures plus tard : œdème marqué au point d'inoculation. 2% — — ædème très accentué. 48 — — l’un d'eux présente une escharre assez étendue. 60 — — le plus petit est trouvé mort. 68 — _ le second est trouvé mort. L'autopsie révèle les lésions ordinaires : ganglions lymphatiques rouges et gros, congestion pulmonaire, épanchement pleural, hyperémie de l'intestin et des capsules surrénales. Des deux témoins, inoculés de la même manière, l’un meurt vers le milieu du 4° jour seulement. L'autre, très malade à ce moment, est enlevé par mégarde et jeté à la fosse. Les cultures filtrées donnent, d'autre part, des résultats analogues : Exp. IIT. — 1 cobaye témoin, qui recoit8 c. c.5 de culture virulente filtrée, meurt en 30 heures. 1 cobaye, de poids sensiblement égal, choroformé 5 minutes, meurt en 21 heures seulement. 1068 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Des faits de même ordre se produisent pour d’autres infections : Une culture en bouillon de streptocoque de l’érysipèle tuait, en 58 et 40 heures, 2 lapins choroformés 17 minutes, alors que deux témoins mouraient seulement à la fin du 4° jour. Tels sont les résultats obtenus par nous dans les conditions indiquées. Les divers cas ne sont pas toujours aussi nets, mais leur ensemble paraît assez concluant: il y a là un fait analogue à ceux que rapportlait récemment M. Rénon (Société de Biologie, 6 novembre 1897), pour des intoxications d'un autre genre : les inhalations chloroformiques affaiblis- sent donc très notablement la résistance des animaux aux diverses infections, fait qui n’est pas sans quelque intérêt pratique. NOTE SUR LES MUSCLES MASTICATEURS DU COBAYE, par M. le D' Arezais (de Marseille). L'appareil masticateur est une des parties les plus remarquables du système musculaire des Rongeurs, non seulement par son développe- ment que traduit le dédoublement du masséter, mais encore par les formations qui leur sont spéciales, telles que le transverso-maxillaire et les modifications que présente le type commun dans chaque espèce. A ce titre, l’étude du cobaye peut offrir quelque intérêt. Le musseter externe a deux insertions distinctes, l’une antérieure par un tendon nacré, résistant, qui se fixe au ras du maxillaire supérieur, sous la racine antérieure de l’arcade zygomatique élargie et excavée, l’autre à la portion antéro-postérieure de l’arcade par des fibres char- nues, recouvertes en avant par un plan aponévrotique qui s’unit au tendon antérieur. Celui-ci se porte en arrière, en dehors et un peu en bas, présente un nodule fibro-cartilagineux au niveau du bord alvéo- laire inférieur, et donne quelques fibres qui vont s’insérer avec le mas- seter interne. Quoique formé de plans charnus à direction différente, le masséter externe forme une masse indivise, dans laquelle on distingue une portion interne presque verticale, qui se fixe à la lèvre externe du bord infé- rieur du maxillaire, une portion moyenne oblique en arrière, qui s'attache sous le bord de l'os, un faisceau externe, horizontal, qui déborde le maxillaire pour s'accoler au ptérygoïdien interne, et se fixe à la lèvre interne du bord inférieur. En arrière, les fibres du muscle s'implantent sur le bord supérieur de la longue apophyse qui prolonge le maxillaire. Mais le faisceau le plus remarquable est bien celui que fournit sous le bord antérieur du muscle la terminaison du tendon anté- rieur. Après avoir contourné, dans une dépression très accenluée, que l'on peut appeler dépression massétérine, le bord inférieur du maxillaire, SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1069 il s'accole à la face interne de l'os en croisant le ptérygoïdien interne, et après un trajet oblique, s’incère dans une petite excavation sous- condylienne à la saillie de la ligne oblique interne. Le masséter interne est formé de deux portions incomplètement séparées. La portion antérieure ou réfléchie, s'incère sur les côtés du nez dans la fosse allongée qu'offre le maxillaire supérieur. Elle n’est éloignée que d’un centimètre de la narine : elle se porte en arrière, passe, comme chez tous les Hystricomorphes dans l'orifice sous-orbi- taire, et se réfléchit sur la racine antérieure de l’arcade. Son tendon aplati présente un notule fibro-cartilagineux, et recoit quelques fibres de la portion postérieure ou directe. Celle-ci, plus épaisse en arrière, prend naissance sur la partie antéro-postérieure de l'arcade, et descend à peu près verticalement avec le tendon vers la gouttière massétérine du maxillaire inférieur. C’est une profonde dépression creusée en dehors des molaires sur le bord supérieur de l'os, pour l'insertion du masséter interne et du faisceau, qui lui vient du tendon antérieur du masséter externe. Le temporal est plat, inséré sur la partie postéro-supérieure de la tête dans la fosse temporale qui est limitée en arrière par la ligne occipitale, en dedans par la ligne médiane. Son tendon se réfléchit sur la racine postérieure de l’arcade zygomatique, et après avoir recu en dedans un faisceau charnu qui lui vient de cette racine, il se fixe à l’apophyse coro- noïde qui occupe la partie postéro-interne de la gouttière massétérine. Les ptérygoïdiens sont moins développés que le masséter. L’externe se fixe à la partie externe de l’apophyse ptérygoïde, qui est un bord plutôt qu'une aile, et sur une petite rainure antéro-postérieure qui fait suite au bord alvéolaire supérieur. Les fibres postérieures horizontales, obliques en arrière et en dehors, s’attachent au ménisque de la mâchoire et au bord postérieur du condyle:les autresse portent transversalement au devant du condyle, à l’échancrure sigmoïde qui est très allongée. Le ptérygoidien interne prend insertion dans la fosse ptérygoïde qui est étroite, mais profonde, et sur le pourtour interne et postérieur du vaste trou ovale qui donne passage au nerf maxillaire inférieur. En arrière, il confine à la bulbe tymphanique. Son corps charnu, remar- quable par sa disposition en feuillets alternativement aponévroliques et charnus, est séparé du maxillaire inférieur par le ptérygoïdien externe et le faisceau réfléchi du masséter externe. Il s'insère au-dessus du bord inférieur de l’os, qui est tout entier oecupé par le masséter. Les fibres postérieures débordent ce dernier muscle et se fixent avec lui sur l’apophyse postérieure. Il faut rattacher aux muscles masticateurs, le digastrique, dont le rôle est important dans l'acte de ronger. Il est volumineux, horizontal, un peu oblique en avant et en dedans, indépendant de son congénère et de l'os hyoïde. Les deux ventres aplatis transversalement sont séparés 1070 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par un léger étranglement dont la partie interne et superficielle est seule fibreuse. Il s'insère en arrière avec le stylo-hyoïdien à la partie inférieure de l’apophyse mastoïde, en avant à la face interne du maxil- laire inférieur, au-dessous du mylo-hyoïdien, sur une surface assez étendue qui n’atteint pas la symphyse. En effet, les deux digastriques sont séparés sur la ligne médiane par un intervalle de 2 à 3 millimètres qui est occupé par le rudiment du muscle {ransverso-maæillaire, oblong, plus épais sous la symphyse et touchant par ses deux extrémités, les inserlions des digastriques. C'est, à proprement parler, un organe témoin, puisque les deux moitiés du maxillaire sont à peu près dénuées de mobilité. En résumé, fusion des divers plans du masséter externe, présence d’un faisceau détaché de son bord antérieur qui remonte jusqu’à la face interne du col du condyle, union des deux portions du masséter interne, faisceau unissant les deux masséters, nodules fibro-cartilagineux dans les tendons antérieurs de ces muscles, insertion du pterygoïdien externe au bord postérieur du col du condyle, disposition feuilletée du ptéry- soïdien interne, digastrique indépendant sans tendon intermédiaire, présence d’un muscle transverso-maxillaire rudimentaire, tels sont les traits les plus saillants de l'appareil masticateur du cobaye. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE Liste de présentation de la Commission. En ME En e tn ErATRRnR M. Vaquez. En 2: ligne ex-æquo . . . . . MM. Héricourt, Mesnil. ji En 3° ligne 2120 Ch M MM Camus Glaisse/Petht: Élection : 52 membres prennent part à l'élection. MM Vaquezt EM APNE Miro btentH206 voix: HÉTICOUTOES NES RETENUS T — Mesnil oi 2 ina As etre 7 — CAUSE SET RUN ES ANNE PSS 6 — PEL AN MAN ER NNOUPtER S 6 — Aucun candidat n'ayant obtenu la mojorité absolue des suffrages, il est procédé à un second tour de scrutin. 38 suffrages sont exprimés. MM. :Vaquez 4 Rens Aobtientine8nyoix Mesnil ne RENTE == DSP Camus M EN TNT he CACNO LAN SERA IN NPA ie M. Vaquez, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, est élu membre titulaire de la Société de Biologie. Le Gérant : G. MaAsson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 1071 SÉANCE DU 18 DECEMBRE 1897 MM. Cuarrin et CLAUDE : Atrophie musculaire expérimentale par intoxication pyo- cyanique. — M. Caprran : La chlorose thyroïdienne. — MM. J. Dern et P. SÉRIEUX : Un cas de surdité verbale pure terminée par aphasie sensorielle, suivi d'autopsie. — M. À. DEesGrez : Dosage du carbone total dans les produits d’élimi- nation. — MM. J.-E. AgeLous et G. Brzzarp : De l'action du suc hépatique d’écre- visse sur la circulation. — MM. CL. Pmiripre et R. Cesran : Etat du faisceau pyramidal (bulbe et moelle épinière) dans quatre cas de contracture spas- modique infantile (syndrome de Little). — M.'A. Grarp : Echinospora Labbei, Nouvelle Coccidie polysporée du tube digestif des Myriapodes. — M. PauL MarcxaL : Contribution à l'étude du développement embryonnaire des Hymé- noptères parasites. — M. L. Camus : Influence de la dessiccation et des hautes températures sur le plasma hépatique de peptone. — M. J. Sarrazis : Action du tannin sur le bacille tuberculeux. — MM. Juces Covrmonr et Durrav : Influence de la splénectomie sur la résistance du lapin aux intoxications microbiennes. — MM. Cu. AcxarD et J. CasraIGxE : Sur la décoloration du bleu de méthylène par les éléments vivants. — MM. Cu. Acnarp, E. Weiz et E. Gourper : Albumine urinaire soluble dans l'acide acétique, chez un brightique. — MM. J. Gacuer et V. Pacaon : Du pouvoir digestif du duodénum vis-à-vis de l’ovalbumine. — M. C. CHasrié : Sur un appareil facilitant la séparation des principes organiques na- turels. — Les communications de MM. Gi81Er, LARAN, JARDET et NIVIÈRE, QUINTON sont renvoyées au Comité de publication. Présidence de M. Gley. CORRESPONDANCE ÉCRITE M. Léon Frédericq (de Liège) informe la Société de Biologie que le quatrième Congrès international de Physiologie se réunira à Gam- bridge (Angleterre) du 28 août au 1° septembre 1898. ATROPHIE MUSCULAIRE EXPÉRIMENTALE PAR INTOXICATION PYOCYANIQUE, par MM. CHaRRiN et H. CLAUDE. Au cours d'infections expérimentales par divers microbes, plusieurs auteurs ont signalé des paralysies et des atrophies musculaires en rap- port avec des myélites à évolution subaiguë et à substratum anato- mique variable. Le cas que nous rapportons démontre que les seuls poisons micro- biens suffisent à déterminer la même maladie et les mêmes lésions que provoquent les microbes introduits dans la circulation. Un lapin recut, durant les mois d’avril et mai, 28 mètres cubes de toxine pyocyanique provenant d’une culture filtrée. On cessa les inocu- lations à la fin de mai. L'animal présentait alors une paralysie incom- plète et une atrophie musculaire qui augmenta encore pendant les mois de juin et juillet. Le 20 juillet, l'animal fut sacrifié, l’atrophie était alors inégalement distribuée et atteignait surtout les muscles des membres postérieurs, de la région lombaire et de la ceinture scapu- laire. La paralysie était assez accentuée pour que l'animal fût incapable BioLOG1E. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 86 19792 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de se mouvoir; posé sur ses pattes, il tombait de côté et restait étendu, les membres postérieurs allongés. La sensibilité était diminuée notable- ment sur les membres postérieurs. L'autopsie montra qu'un certain nombre de muscles étaient atro- phiés, pâles, réduits à quelques fibres musculaires, lésions contrastant avec l'intégrité de cerlains autres museles. Au niveau du renflement lombaire, la moelle était aplatie, ramollie, les méninges étaient épais- sies, légèrement adhérentes. Le reste du système nerveux semblait normal. L'examen histologique prouva l'existence d’un foyer de myélite cavitaire au niveau de la région lombaire supérieure (ramollissement et hémorragie), Le foyer occupait une partie des cornes antérieures, avait détruit la partie centrale de l’axe gris et envahissait le tiers postérieur du cordon latéral à droite pour atteindre la pie-mère qui était enflammée et adhérente à la dure-mère. Dans le reste de la moelle, les lésions étaient plus ou moins prononcées : en effet, sur certains points, il existait de petits foyers de ramollissement dans les cornes antérieures. Sur d’autres coupes, les cellules d’une des cornes antérieures ont disparu complète- ment ou sont en voie d’atrophie manifeste; enfin, parfois un des groupes de cellules ganglionnaires a seul subi la dégénération atrophique. Enfin, dans certaines régions de la moelle, les altérations cellulaires irrégu- lièrement disséminées ne sont appréciables que par l'emploi de la méthode de Nissl. Les lésions musculaires sont très accusées (dégéné- rescence granuleuse, vitreuse ou atrophie simple, prolifération nu- cléaire, fibrose développée). Certaines racines antérieures et postérieures ainsi que les fibrilles nerveuses intra-musculaires présentent des degrés divers de dégénérescences. Les gros troncs nerveux sont indemnes. Les artères comme les artérioles médullaires offrent des altérations assez marquées (endo et périartérite, thrombose). Il s’agit donc d'une atrophie musculaire et d’une paralysie en rapport avec une lésion à évolution lente de l'axe gris de la moelle. Cette poliomyélite à prédominance antérieure a élé caractérisée par des dégénérescences cellulaires primitives (désintégration protoplas- mique, nécrose et atrophie), par des petits foyers de myélite avec ramollissement et hémorragie très limités, enfin par un grand foyer de ramollissement central étendu jusqu’à la pie-mère. Cette observation tire d’abord son intérêt de la notion pathogénique nouvelle dans l'espèce (intoxination). Elle montre que le poison pyocya- nique qui donne le plus souvent une paralysie spéciale à type spasmo- dique, décrite depuis longtemps par l'un de nous et sans lésion anato- mique connue peut déterminer parfois un tout autre complexus mor- bide en frappant le système nerveux. De plus, de l'analyse des altérations médullaires décrites plus haut, il résulte que les poisons élaborés par un microbe peuvent détruire les éléments nerveux soit par un processus indirect de throm- SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1073 boartérite suivie de ramollissement, soit par action directe sur l'élé- ment noble, la cellule, dont nous avons constaté les diverses lésions, depuis la simple désintégration des éléments chromatiques jusqu'à la nécrose complète. Enfin, ces altérations variées de la moelle et des muscles présentent les plus grandes analogies avec celles qui ont été décrites dans les poliomyélites aiguës ou subaiguës chez l’homme. À / LA CHLOROSE THYROIDIENNE, Lualt 1BF par M. CaprTaw. \(z\ QE Depuis un certain temps on tend à ne plus considérer la chlorôse comme une entité morbide, mais comme un syndrome pouvant être déterminé par des causes diverses. Telle est la conception de la chlorose comme autointoxication génitale, suivant la théorie de Charrin et de Spillmann, telle aussi l’opinion de Clarke qui fait de la chlorose une intoxication d’origine intestinale, etc. Je voudrais attirer l'attention sur une forme de chlorose qui semble avoir une individualité propre et qu'on pourrait dénommer la chlorose thyroïidienne. On sait qu'on rencontre très fréquemment chez les chlorotiques une augmentation du corps thyroïde. Le professeur Hayem a constaté cette particularité vingt-neuf fois sur trente-cinq chlorotiques observées par lui en un court laps de temps. Or, si on examine l'état du corps thyroïde dans ces cas, on peut remarquer que tantôt il s’agit de goitres plus ou moins marqués, mais mous et ne présentant pas de battements, tantôt, au contraire, de goîtres plus résistants, animés de battements parfois assez violents. Dans le premier cas, il n'existe pas ou peu de symptômes basedowiens; ils sont, au contraire, nets et quelquefois très caractéris- tiques dans le second. On pourrait objecter que, dans ce dernier cas, il s’agit d’une simple association de la chlorose et du goitre exophtalmique. Nous pensons, en nous basant sur de multiples observations, que la chlorose est dans ces cas liée à la maladie de Basedow; ce serait comme celle-ci une forme de l’intoxication thyroïdienne. Si, en effet, à des malades soignées inutilement depuis longtemps au moyen des médications ordinaires de la chlorose, on prescrit une solution iodo-iodurée un peu forte, on constate souvent une amélioration consi- dérable de tous les symptômes et qui survient rapidement. Mais il y a plus; si à de telles malades on administre exclusivement des tablettes d'iodothyrine, on voitles phénomènes de chlorose s’amender ainsi que ceux de la maladie de Basedow et disparaître presque com- plètement après un traitement de quatre à cinq semaines. J'ai déjà 1074 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE observé plusieurs de ces faits à la consultation de la Pitié, avec mon élève Jeulain, qui fait sa thèse sur ce sujet. Nous continuerons nos observations, afin de voir si définitivement la clinique et la thérapeutique permettent d'accepter Le bien fondé de cette hypothèse. UN CAS DE SURDITÉ VERBALE PURE TERMINÉE PAR APHASIE SENSORIELLE, SUIVI D'AUTOPSIE, par MM. J. DEJERINE et P. SÉRIEUX. En 1884, Lichtheim (1) a décrit, sous le nom de Surdilé verbale sous- corticale, une forme d’aphasie, dans laquelle les symptômes présentés par le malade se réduisent à la perte, de la compréhension de la parole parlée et à l’impossibilité de répéter les mots ainsi que d'écrire sous dictée. Cette forme d’aphasie, que l’un de nous a proposé de désigner sous le nom de surdité verbale pure (2) — car ici le langage intérieur est intact — est, en réalité, rare, surtout si on met à part les cas dans lesquels il existait des lésions de l'appareil auditif, en particulier du labyrinthe, lésions qui, ainsi que l’a indiqué Freud (3), peuvent donner lieu à une symptomatologie des plus analogues (4). IlLexiste actuellement quatre observations de surdité verbale pure, dans lesquels l'appareil auditif périphérique ne peut être incriminé, — cas de Lichtheim (5), Pick (6), Sérieux (7), Ziehl (8). Lichtheim, se plaçant au point de vue de la physiologie pathologique, émit à propos de son observation, l'hypothèse d'une lésion sous-corticale siégeant dans le lobe temporal gauche et isolant le centre de l'audition générale du (4) Lichtheim. Ueber Aphasie. Deutsch. Arch. f. Klin. Med., 1884-1885, p. 204-268. (2) Voir à cet égard la thèse de Mirallié, inspirée par l’un de nous. De l'Apha- sie sensorielle. Paris, 1896. (3) Freud. Labyrinthtaubheit und Sprachtaubheil. Wiesbaden, 1895. (4) Le cas rapporté par Helot, Houdeville et Halipré: Surdité verbale de conductibilité, Revue neurolog., 1896, p. 353, rentre vraisemblablement dans cette catégorie. (5) Lichtheim. Loco citalo. (6) Pick. Beiträge zur Lehre von den Stürungen der Sprache. Arch. f. Psych. Band XXII, 1892, p. 896 et suiv. Obs. IIL. Dans cette observation de Pick, il existait un affaiblissement très marqué de l'intelligence et des troubles men- taux, tous phénomènes qui font défaut dans la surdité verbale pure. (7) P. Sérieux. Sur un cas de surdité verbale pure. Revue de Médecine, 1893, p.199: (8) Franz Ziehl. Ueber einen Fall von Worttaubheit, etc. Deutsch. Zeitschr. f. Nervenheilk. Band VII, 1896, p. 258. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1075 centre auditif des mots. Jusqu'à aujourd’hui, nous ne possédons qu’une seule autopsie de surdité verbale pure due à Pick. Dans ce cas, il exis- tait une double lésion des lobes temporaux (ramollissement), s'étendant à droite à l'insula et à l’opercule frontal. La lésion pénétrait dans la substance blanche, surtout à droite où elle avait détruit la capsule externe et le putamen. La description de la lésion est, du reste, un peu sommaire et purement macroscopique. - Le cas que nous rapportons aujourd'hui à la Société à trait à une femme qui présenta, pendant plusieurs années, le tableau typique, sché- matique dirions-nous volontiers, de la surdité pure. Puis, peu à peu, le langage intérieur s’altéra et apparurent les symptômes de l’aphasie sen- sorielle classique qui allèrent en progressant également. La première partie de l'observation de cette malade a été publiée par l’un de nous en 1893 (1), et comprend une période de cinq ans, de 1887, date du début de l'affection, à 1892. A cette époque, le tableau clinique était le suivant : surdité verbale et musicale, intégrité de la parole spontanée, perte de la faculté de répéter les mots; écri- ture spontanée et d’après copie, normale, écriture sous dictée, nulle; lecture mentale et à haute voix, normale. Intégrité du langage inté- rieur. En 1892 toutefois, commencèrent déjà à apparaître des symp- tômes indiquant que la surdité verbale pure évoluait vers l’aphasie sensorielle : paraphasie et paragraphie, d’abord légères el s'aggravant peu à peu et troubles de la lecture mentale. À partir de cette époque, les symptômes d’aphasie sensorielle allèrent en augmentant, la malade devint jargonaphasique, perdit la compréhension du langage écrit, son écriture devint incompréhensible, sa signature même était altérée. L'acuité auditive du côté gauche — la malade étant depuis longtemps privée de l’ouïe du côté droit par suite d’otite — s’altéra petit à petit, et aboutit à une surdité très marquée. L'intelligence s’affaiblit notable- ment. La malade succomba en mars 1895, à l’âge de cinquante-cinq ans, huit ans après le début de son affection. Autopsie. — Les lobes temporaux sont atrophiés en masse des deux côtés. Leur atrophie est symétrique, et chaque lobe est diminué de près de moitié. Ils présentent une microgyrie très accentuée, et l’insula est à découvert. Les circonvolutions temporales ont conservé leur forme mais sont diminuées de moitié et ont une apparence lamellaire. L’atrophie de ces circonvolutions diminue de haut en bas, la 1r° étant plus prise que la 2° et celle-ci que la 3°. L’atrophie diminue également d'avant en arrière, et s'étend de chaque côté en s’atténuant progressivement jusque sur le gyrus supra-marginalis et la base d'insertion du pli courbe. Le pli courbe proprement dit paraït intact. Dans toutes ces régions la consistance de l'écorce est augmentée et la pie- mère est un peu adhérente. Tout le reste des hémisphères — lobe frontal, cir- (1) P. Sérieux. Loco citato. 1076 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE convolutions frontale et pariétale ascendantes, lobe pariétal supérieur, insula, lobes occipital ettemporo-sphénoïdal, face interne du lobe frontal — est abso- lument intact. Cervelet intact. Examen histologique après durcissement dans le liquide de Müller. Chaque hémisphère a été examinée en coupes microscopiques sériées — 8 à 900 pour chaque hémisphère — pratiquées au microtome de Gudden. Colorations au Pal, au Weigert, au Rosin, au carmion. Des fragments de la corticalité temporale ont été examinés histologiquement après coloration au Pal et au carmin en masse. La lésion des circonvolutions est ici une lésion exclusivement cellulaire et est celle de la poliencéphalite chronique ; elle décroît en intensité dela périphérie au centre de l'écorce. Les fibres tangentielles ont disparu, la couche moléculaire ne contient plus de cellules nerveuses, mais des cellules de névroglie et des noyaux en nombre beaucoup plus considérable qu'à l’état normal. Les petites cellules pyramidales ont presque complètement disparu par atrophie, la couche des grandes cellules pyramidales est moins altérée mais contient moins de cellules que normalement. Les vaisseaux ont des parois épaissies. La pie- mère est également épaissie. Les fibres radiées sont beaucoup moins nom- breuses que sur un cerveau sain, de même que les fibres courtes d'associa- tion du fond des sillons. Sur les coupes entières d'hémisphère — pratiquées au microtome de Gudden dans le sens horizontal — on ne constate nulle part l'existence de lésions en foyer, mais une notable diminution dans le nombre des fibres de projection du lobe temporal. Le faisceau externe du pédoncule cérébral — faisceau de Türck — contient beaucoup moins de fibres qu'à l’état normal. L'observation avec autopsie que nous venons de rapporter et qui fera prochainement l’objet d’un travail plus étendu nous parait impor- tante à plusieurs points de vue : 1° tout d'abord cette autopsie tranche définitivement la question de la localisation de la surdité verbale pure, en montrant que cette dernière relève d’une lésion purement corticale. Ici en effet, il s’agit d'une altération cellulaire — poliencéphalite chro- nique — tandis que dans le cas de Pick, la lésion élait à la fois corticale et centrale. Notre observation constitue même le premier cas d’aphasie et dans l'espèce — surdité verbale pure terminée par aphasie senso- rielle, — relevant d’une lésion purement cellulaire ; 2° notre cas, comme celui de Pick, montre que dans la surdité verbale pure la lésion est bilatérale et siège dans la région temporale, dans le centre cortical de l'audition commune; 3° étant donné cette localisation, il paraît pro- bable que dans la surdité verbale pure, il s’agit non pas d'une sépara- tion du centre auditif commun d'avec le centre auditif des mots, mais bien d’un affaiblissement dans les fonctions du centre auditif commun. Cette opinion est corroborée par ce fait, que chez notre malade, l’ouïe pendant longtemps intacte, s’altéra progressivement avec le temps; 4° la transformation lente et progressive de la surdité verbale pure en aphasie sensorielle constatée chez notre malade, est une particularité SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1077 sur laquelle il y a lieu d’insister. Pendant longtemps, en effet, le langage intérieur fut intact chez elle, et ce n’est que petit à petit que le centre auditif verbal s’altéra, et qu’alors apparurent l'alexie, la jargonaphasie, la paragraphie. Etant donné le degré des lésions de la corticalité temporale, dont l'intensité allait en décroissant d'avant en arrière, il est aisé de com- prendre que le centre auditif verbal, qui siège à la partie postérieure du lobe temporal gauche, ait été pris après le centre auditif commun, situé plus en avant. Les altérations de la corticalité temporale allaient en effet en décroissant d'intensité depuis la pointe temporale jusqu'à la base d'insertion du pli courbe, et avaient par conséquent atteint en dernier lieu et peu à peu, la région dont les lésions déterminent les symptômes de l’aphasie sensorielle. DosaGk DU CARBONE TOTAL DANS LES PRODUITS D 'ÉLIMINATION, par M. A. DESGRez. M. Bouchard ayant mis en évidence, dans son enseignement de ces dernières années, la nécessité de connaître le carbone total des produits solides ou liquides éliminés par l'organisme, je me suis proposé l’appli- cation d’un procédé plus rapide que la combustion ordinaire et qui permit, en outre, d'éviter une évaporation préalable de ces produits. On sait, en effet, que l’évaporation de l'urine, à l’air libre, provoque le dédoublement de certaines substances, telles que l’urée et les bicar- bonates. La méthode que j’emploie et que j'ai décrite, au Cours de M. Bouchard, quelque temps avant que le professeur Scholz publiât des recherches analogues en Allemagne, consiste à transformer le carbone en acide carbonique par un mélange d’acides sulfurique et chromique. C'est le procédé appliqué, depuis longtemps pour la première fois, par Ullgren, au dosage du carbone des fontes. Je n’en ai que modifié l'exécution, en vue des dosages physiologiques. Je me suis assuré, par un grand nombre d'essais, effectués sur les substances éliminées par l’orga- nisme, que leur oxydation par ces réactifs donnait toujours lieu, à moins de 0,5 p. 100 près, à une transformation complète de leur car- bone en acide carbonique, les dosages ont porté sur l’urée, la cholesté- rine, les acides urique, hippurique, lactique et palmitique, les crésols, l’indol, le scatol, la créatine. Ils ont été pratiqués dans les conditions où ces substances se rencontrent dans les matières analysées, c’est-à- dire dissoutes dans l’eau, associées entre elles, au chlorure de sodium, aux phosphates, etc. Pour doser le carbone des urines, par exemple, on en introduit 1078 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 10 grammes dans un ballon de 100 centimètres cubes, à large col (4), dont le bouchon en verre, soigneusement rodé, livre passage : 1° À un réfrigérant à boules, disposé à reflux et destiné à condenser la vapeur d’eau qui se dégage des produits en réaction; 2 À un tube recourbé à angle droit qui amènera, vers la fin de l’opé- ration, le courant d'air nécessaire pour entrainer l’acide carbonique resté dans l’appareil; 3° À un tube à brome qui permettra d'introduire 8 grammes d’acide chromique, dissous dans le moins d’eau possible, et, peu à peu, 30 cen- timètres cubes d’acide sulfurique concentré. On chauffe doucement le ballon, sur un bec de Bunsen allumé en veilleuse, de manière à pouvoir compter les bulles d’acide carbonique, et à n’élever la température, jusqu’à l’ébullition du mélange, que vers la fin du dégagement gazeux. On cesse alors de chauffer pour établir dans l'appareil, à l'aide d’un aspirateur, un courant d'air modéré qui doit durer vingt minutes environ. Cet air est dépouillé d’acide carbo- nique par son passage dans une éprouvette à pied contenant de la chaux sodée et dans un tube en U, à ponce potassique. A la suite du réfrigérant, le gaz se dessèche dans un tube en U, sur de la ponce sul- furique, puis se rend dans un deuxième tube semblable où il rencontre du ferrocyanure de potassium et du borate de soude desséchés; ces sels retiendront le chlore et l'acide chlorhydrique provenant du chlo- rure de sodium contenu dans les matières analysées. L’acide chromique peut, en effet, réagir sur l'acide chlornydrique d’abord formé en déga- geant du chlore. Quant à l'acide sulfureux, il se trouve, comme l'on sait, transformé en sulfate de chrome par l'acide chromique en excès. Le gaz vient enfin se fixer dans un tube de Liebig suivi d'un tube témoin, le premier renfermant une solution de potasse à 40 degrés B., le second de la ponce potassique. Un dernier tube en U, à ponce sulfu- rique, empêche l’eau de l'aspirateur d’altérer, par son évaporation, le résultat du dosage. DE L'ACTION DU SUC HÉPATIQUE D'ÉCREVISSE SUR LA CIRCULATION, par MM. J.-E. ABELous et G. BILLARD. Nous avons, dans une note précédente, signalé le fait que le suc de l’'hépato-pancréas des crustacés et en particulier de l’écrevisse, possède la propriété de retarder considérablement la coagulation, soit quand (1) Ge col est légèrement relevé autour du bouchon, de manière à former une petite rigole que l’on remplit de mercure ou d'acide sulfurique, pour assurer une fermeture rigoureuse. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE : 1079 on le mélange au sang in vitro, soit quand on l’injecte dans les veines de l’animal (chien, lapin). Ces propriétés anticoagulantes se manifestent que le suc ait été bouilli ou non. Ce suc se comporte donc absolument comme l'extrait de sangsue, mais à l'inverse de ce dernier; il détermine, même à très faible dose, quand on l’injecte dans le torrent circulatoire, un abaissement considérable de la pression artérielle, non persistant, il est vrai, mais qui se reproduit à chaque nouvelle injection. Comme exemple, nous résumerons les expériences suivantes : 4° Chien de 11 kil. 700. Chloroforme. Injection dans la saphène externe de 5 centimètres cubes d’une dilution à 1/4 de suc hépatique frais. Aussitôt après, la pression fémorale qui était de 12 cent. 5 Hg, tombe rapidement à 4 cent. 8. Dix minutes après, elle est remontée à 8 centimètres. Dix minutes après, elle a atteint son niveau primitif. On fait une nouvelle injection de 5 centimètres cubes, nouvelle baisse, mais de 4 centimètres seulement et plus courte que la première ; assez rapidement la pression remonte à 13 centimètres. Nouvelle injection de 2 centimètres cubes. Baisse de 2 cent. 1, et la pres- sion remonte à 13 et 15 cent. 5. 2° Lapin 2 kil. 500. Pression carotidienne, 8 centimètres de Hg. Injection de 3 centimètres cubes de la même dilution dans la veine margi- nale de l'oreille. La pression tombe à 5 cent. 8; reste quelque temps à ce niveau, puis monte graduellement jusqu’à 10 centimètres. Nouvelle injection de 2 centimètres cubes. Chute de 2 centimètres. On peut obtenir les mêmes résultats avec le suc hépatique bouilli. Au moment où la pression est la plus basse, le rythme cardiaque se ralentit, en même tempsles pulsations du cœur s’affaiblissent. Quand la pression remonte, elles se renforcent et l'organe reprend son rythme normal. Ces effets sur la circulation se produisent alors même qu'on supprime les voies centripètes sensitives principales du cœur, en sectionnant au préalable, comme nous l'avons fait, les deux vagues. Ces modifications paraissent donc être la conséquence d’une action sur le centre vaso- moteur bulbaire, action paralysante dé la substance injectée, qui agit aussi dans le même sens sur le centre respiratoire, car la respiration se ralentit considérablement. Ainsi donc au point de vue des effets sur la mécanique circulatoire, le suc hépatique de l’écrevisse agit d’une facon analogue aux peptones, avec cette différence que les modifications de pression se reproduisent à chaque nouvelle injection, ce qui n’a pas lieu pour les peptones. On ne saurait donc attribuer à la présence des peptones dans le suc hépa- tique de l’écrevisse les effets consécutifs à son injection : d’une part, en effet, nous n’avons pu déceler l'existence de peptones dans le suc frais tel que nous l’employons; d'autre part, les effets sont produits par des 1080 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE doses si faibles qu’on ne pourrait raisonnablement faire entrer en ligne de compte l’action des peptones, alors même qu'il en existerait dans le suc hépatique; enfin, le fait que l’ébullition ne supprime pas les effets du suc hépatique sur la coagulation et sur la mécanique circulatoire suffit pour faire écarter toute idée de l'intervention des ferments solubles pancréatiques dans la production des phénomènes observés. Ce suc parait être doué d’une toxicité assez grande, à l'inverse de l'extrait de sangsue. Lorsque la dose injectée atteint 1 centimètre cube du suc pur par kilog., la plupart des animaux ne survivent pas. Chezles chiens, dans ces conditions, la mort survient au bout de quelques heures et l'animal reste plongé jusqu’à la fin dans la torpeur. Chez les lapins, la mort survient parfois au cours même de l’expé- rience. Le sang recueilli après la mort est incoagulable. (Laboratoire de physique de l'Université de Toulouse.) ÉTAT DU FAISCEAU PYRAMIDAL (BULBE ET MOELLE ÉPINIÈRE) DANS QUATRE CAS DE CONTRACTURE SPASMODIQUE INFANTILE (SYNDROME DE LITTLE), par MM. Cc. Puaippre et R. CESsran. Nous avons entrepris, avec M. R. Cestan, quelques recherches pour déterminer quel est l’état du faisceau pyramidal dans la contracture spasmodique des encéphalopathies infantiles. Ce syndrome a encore été appelé par Little « rigidité spasmodique ». M. le D' Bourneville a bien voulu nous permettre de mettre à profit, dans ce but, plusieurs autopsies provenant de son service des Enfants arriérés, à l'hospice de Bicêtre. De quinze cas que nous avons examinés, quatre seulement feront l’objet de cette note. Quant aux autres, phénomènes cliniques et lésions constatées au microscope nous ont paru trop complexes: pour l'instant, nous ne saurions en donner l'interprétation complète. Voici, d'abord, le résumé clinique et les lésions cérébrales constatées à l'œil nu : OBs. I. — Jeanne M..., quatre ans. Pas d’antécédents héréditaires, enfant venue en état d’asphyxie prolongé. Dès le troisième jour, convulsions qui se sont renouvelées depuis, plusieurs fois par jour; elle n’a jamais parlé ni marché. Cécité dès la naissance. Examen en juin 1895 : aux membres supé- rieurs, contractures prédominantes à droite et aux extrémités (doigts fléchis dans la paume de la main); quand on essaie de provoquer quelques mouve- ments, on produit la rigidité des muscles. Aux membres inférieurs : contrac- tures généralisées des deux côtés, avec flexions et adduction de la cuisse, pied bot en valgus équin. Exagération des réflexes rotuliens des deux côtés; ils se produisent à la plus légère percussion. Morte de tuberculose pulmonaire. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1081 Autopsie : au cerveau, pachyméningite généralisée, du type fibreux, avec atrophie considérable des circonvolutions. Ogs. II. — Charles Han..…., douze ans, Père alcoolique. Accouchement à terme, sans asphyxie, mais avec trois circulaires du cordon ; grossesse com- pliquée d'hydramnios. À sept mois, convulsions souvent répétées depuis. Examen en avril 1895 : facies d'hydrocéphale. Contractures spasmodiques dans les membres inférieurs, avec grosse exagération des réflexes rotuliens. Mort de scarlatine maligne. Autopsie : au cerveau, pie-mère adhérente au niveau du lobe temporal. Hydrocéphalie ventriculaire considérable ; chaque hémisphère est réduit à quelques centimètres de substance nerveuse (écorce et fibres blanches). Ogs. IIT. — Claudia Bi, douze ans. Renseignements insuffisants sur la famille. Accouchement normal, pas d’asphyxie. L'enfant aurait eu les bras contournés à la naissance (?). Examen en juin 1897 : contractures généralisées aux quatre membres; elles sont prédominantes aux membres inférieurs. Idiotie. Gâtisme. Marche impossible. Morte de broncho-pneumonie aiguë. Autopsie : au cerveau, lésions atrophiques de quelques circonvolutions (à droite, pariétale ascendante, partie moyenne de la l'e et de la 2° circonvolu- tions temporales; à gauche, pariétale ascendante). Os. IV. — Louis Dal..., quinze ans. Père alcoolique; accouchement facile. Grossesse normale. À un an, début des convulsions; établissement des crises épileptiformes très fréquentes (10 à 15 par jour). Hémiplégie gauche à la suite des premières crises. Examen en juin 1894 : contracture spasmodique du bras gauche, avec mouvements athétosiques de la main ; hémiplégie spasmodique gauche incomplète. Mort de rougeole maligne. Autopsie : au cerveau, légère atrophie de la partie postérieure de la 1" circonvolution temporale droite; de ce côté, les noyaux gris centraux paraissent plus petits. Ainsi, dans ces 4 cas, le syndrome clinique prédominant a été la contracture spasmodique vraie, comme l’entendait Little. Les photo- graphies ci-jointes, très suggestives, le démontreraient à elles seules; elles sont empruntées à la belle collection de M. Bourneville. Nous avons examiné au microscope le bulbe et la moelle épinière (renflements cervical et lombaire; région dorsale). Les coupes ont été colorées par le procédé de Weigert-Pal (gaines de myéline), et par le picro-Carmin ammoniacal de Ranvier {tissu conjonctif et névroglique). Les résultats de notre double examen histologique ont été identiques dans tous les cas : faisceau pyramidal normal, sans sclérose ni agénésie, au bulbe comme aux principaux niveaux de la moelle. Il est inutile de rappeler ici les nombreuses théories, édifiées surtout dans ces dernières années pour établir la physiologie pathologique de la rigidité spasmodique infantile, ou syndrome de Little. Pour lemoment, nous nous contenterons de faire observer que plusieurs de ces théories proposent une lésion du faisceau pyramidal (sclérose ou agénésie). À ces dernières théories, nos cas ne sont pas favorables, puisqu'ils démontrent que la rigidilé spasmodique infantile peut exister sans la 1082 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sclérose ou l’agénésie des fibres pyramidales. Nos quatre cas viennent s'ajouter aux quatre observations, publiées d’ailleurs à un autre point de vue, par Binswanger, Railton et Ganghofner. Nous nous demandons si la lésion essentielle de la rigidité spasmodique infantile ne doit pas ètre cherchée plutôt du côté de la cellule ganglionnaire des cornes antérieures de la moelle, comme Charcot l'a expressément dit en 1876. De même, tout récemment, dans plusieurs leçons cliniques, M. le pro- fesseur Raymond a insisté sur l'impossibilité d'expliquer tous les cas de contracture spasmodique par la lésion unique des fibres pyramidales. Travail du laboratoire d'Anat. pathol. de la clinique de la Salpétrière.) ÆEchinospora Labbei, NouvELLE COcciblE POLYSPORÉE DU TUBE DIGESTIF DES MYRIAPODES, Note de M. Louis LÉGER, présentée par M. A. GARD. J'ai signalé (1) dans le ZLithobius impressus une Coccidie polysporée monozoïque du genre Barroussia que j'appellerai Baroussia Schneideri. Dans le Zathobius Martini j'ai également signalé la présence d’une autre Polysporée monozoïque (2) appartenant au même genre, mais remar- quable par ses spores munies d'un long prolongement caudal à l’un des pôles, le Parroussia caudata (nov. spec.) L'espèce que je vais décrire maintenant est également une Polysporée monozoïque, mais la forme toute particulière de ses spores me paraît nécessiter pour elle la création d’un genre spécial que j'appellerai Zchinospora pour rappeler la pré- sence de nombreuses échinules qui ornent l’endospore (3). Les Coccidies à spores ornées sont d’ailleurs très rares. Labbé dans son récent travail de revision sur les Coccidies, ne signale qu'une seule espèce Minchinia chito- nis Ray-Lankester, comme présentant un long filament à chaque pôle de la spore ; toutes les autres espèces connues présentent, comme on le sait, des spores de forme très simple, sphériques, ovoïdes où naviculaires, sans aucune différenciation particulière de l’enveloppe sporale (4). Le Barroussia caudata Léger est également une Coccidie à spores appen- diculées, mais dont l'enveloppe sporale est loin de présenter une diffé- renciation aussi remarquable que chez Æchinospora. (1) C. R. Ac. des Sc., 26 avril 1897. (2) L. Léger. Etudes sur les Coccidies. Bull. Sc. de la Fr. et de la Belg. de M. À. Giard. Extrait du t. XXXI, mai 1897. (3) Toutes ces espèces seront figurées prochainement dens un travail d'ensemble. 4) Sauf Crystallospora Labbé, qui présente des spores bipyramidales. — SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1083 Echinospora Labbei est une Coccidie qui habite le tube digestif du Lithobius mutabilis Koch, Myriapode que j’ai rencontré en assez grand nombre dans les forêts de chènes-liége du versant méridional du massif des Maures, à Cavalière. La plupart des individus sont infestés. Le cycle endogène ou phase eimérienne de la Coccidie se rencontre à chaque fois dans l'intestin des Lithobius sous forme de kystozoïtes très gros de 26 à 28 u de long que l’on trouve en grand nombre dans le contenu intestinal. Ces kystozoïtes présentent des mouvements très actifs, surtout à l’ex- trémité opposée à celle qui renferme le noyau. Cette extrémité qui constitue le pôle antérieur, montre un rostre bien visible et l'on peut y distinguer, à de forts grossissements, des stries lon- gitudinales spiralées qui descendent en s'entrecroisant et s’atténuent peu à peu jusqu'à devenir indistincts vers la moitié inférieure. Ces lignes qui affectent exactement la même disposition et la même situation que les stries myocytiques de certaines Monocystidées (Platycystis) me : paraissent, de même, devoir être interprétées comme des fibrilles contrac- tiles dont la situation correspond précisément à la portion la plus agile du kystozoïte. S'il en est ainsi, l’£chinospora est la première Coccidie dont les sporozoïtes montrent des myonèmes différenciés. Ces kystozoïtes proviennent de kystes eimériens dans lesquels on les voit régulièrement rangés suivant les méridiens. Les kystes eimériens eux-mêmes dérivent de corps coccidiens intra-cellulaires, ovoïdes, à paroi extrêmement mince et renfermant, outre les granules plastiques ordi- naires, de gros grains verdâtres très réfringents et de petits corps de forme cristalline à contour très sombre, insolubles dans l'alcool, l’éther et les acides, qui me paraissent analogues aux cristalloïdes dont j'ai signalé la présence dans certaines Grégarines. Je n'ai pas observé de kystes eimériens renfermant les uns des micro, les autres des macro kystozoïtes comme je l’ai vu chez Alossia dimidiata. Mais ils est certain que l'intestin des Zithobius montre des kystozoïtes de grandeurs variées, les plus gros déjà granuleux et également mobiles, ce qui me porte à croire que ceux-ci peuvent effectuer une période de vie libre dans le tube digestif, durant laquelle ils grossissent et com- mencent à accumuler quelques réserves, avant de pénétrer dans les cellules épithéliales. Ce fait n'empêche pas d’ailleurs qu'il puisse y avoir des micro et des macro kystozoïtes mais je n’ai pas observé de kystes eimériens montrant nettement ce fait. Les sporokystes ou kystes à spores durables sont nombreux dans Îles excréments du ZLithobius. Ils sont régulièrement ovoïdes, entourés d’une paroi résistante, à double contour et mesurent en moyenne 40 w au grand axe. Leur contenu d’abord uniformément granuleux, se condense bien- tôt en une sphère centrale et finalement il se forme à la surface de la masse granuleuse et suivant le procédé connu, un nombre variable 1084 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de spores, mais toujours peu élevé. Le plus souvent on observe des kystes à huit ou à six spores; plus rarement il n’y en à que quatre ou cinq. Celle-ci sont ordinairement disposées autour d’un reliquat granu- leux d'importance variable, parfois presque nul. Ces spores sont tout à fait caractéristiques : on peut comparer leur forme à celle d'une lentille biconvexe de forte courbure, de sorte que, vues de face, elles sont presque circulaires, tandis que de profil, elles sont naviculaires. La longueur de leur plus grand axe est de 13 &. Elles ont deux enveloppes : une mince épispore, appliquée contre l'endospore plus épaisse. Cette dernière montre à sa surface de nombreuses petites échinules à pointes mousses de 0 &, 7 à 0 y, 8 de longueur et disposées assez régulièrement. Sur le milieu de chaque face, ces petites pointes sont disposées le long d’une ligne sombre qui fait tout le tour de la spore et présente une sorte de dilatation au centre même de chaque face qui est ainsi marqué d'une tache plus sombre que tout le reste de la paroi. Cette ligne est une ligne * de déhiscence, comme j'ai pu m'en assurer en placant des spores müres dans du sue gastrique de Zilhobius. Quelques-unes se sont ouvertes en deux valves au niveau de cette ligne sombre; toutefois il faut recon- naître que l'expérience est loin de réussir aussi facilement qu'avec les spores de Parroussia Schneideriou de B. caudata dont la déhiscence arti- ficielle s'effectue admirablement. A l'intérieur de la spore, je n’ai toujours vu qu'un seul gros sporozoïle enroulé sur lui-même. Son noyau se voit souvent par transparence même au travers de la paroi échinulée de la spore. J'ai dédié cette espèce à M. Labbé dont le nom est bien connu de tous ceux qui s'occupent des Sporozoaires. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES HYMÉNOPTÈRES PARASITES, par M. PAUL MARCHAL. Nous avons étudié le développement d’un Platygaster, vivant dans les larves de Cecidomyia ulmariæ. Au premier stade observé, l'œuf est ovoïde et pourvu d'un long pédi- cule hyalin; ses cellules sont partagées de facon à constituer : 1° une large couche périphérique continue de protoplasma avec quelques gros noyaux nucléaires; 2 une masse centrale formée de quelques cellules et séparée de la couche précédente par une cavité. Nous conserverons provisoirement, à la couche périphérique, le nom d’amnios, en réservant son interprétation; la masse centrale est l'embryon. Au stade suivant, les cellules de l'embryon se sont multipliées et se sont groupées en une seule couche périphérique de longues cellules SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1085 pyramidales et radiales qui constituent le blastoderme et qui circons- crivent une petite masse parablastique centrale; à ce stade, l'enveloppe dite amniotique présente le nombre définitif des masses nucléaires qu'elle doit contenir et qui ne dépasse jamais treize ou quinze. L'œuf grossit rapidement et devient entièrement sphérique, puis les dernières traces du pédicule disparaissent; les cellules de la blastula augmentent en nombre et diminuent en hauteur, et il en résulte une augmentation de la cavité de segmentation qui se trouve entre le blas- : toderme et le parablaste central: cette cavité ne reste pas entièrement inoccupée, el à mesure qu'elle s'agrandit, elle est envahie par des élé- ments cellulaires de très petite taille qui se propagent aux dépens de la masse parablastique centrale. Lorsque la blastula a atteint toute sa taille, on voit alors ses cellules proliférer activement, de telle sorte que le blastoderme présente main- tenant plusieurs couches de cellules au lieu d’une seule ; en même temps, la symétrie bilatérale de l'embryon commence à s’accuser; un sillon circulaire, circonscrivant la sphère presque lout entière, se creuse et indique l'axe de la face ventlrale au niveau duquel la prolifération des cellules atteint son maximum : c’est le sillon primitif. Dans le cas qui nous occupe, le vitellus nutritif étant très réduit, il en résulte que le blastoderme, dans toute son étendue, concourt à la for- mation de l'embryon, et la face ventrale de ce dernier s'étend sur toute la circonférence de l’œuf, de facon à ce que l'extrémité céphalique vienne en contact avec l’extrémilé caudale. Âu niveau où a lieu ce contact, se creuse un hile transversal qui apparait d'abord sous la forme d’un sillon disposé perpendiculairement ou en croix par rapport au sillon primitif. C'est ce hile qui, en se creusant, sépare la région cépha- lique de la région caudale, et c’est uniquement aux dépens de l’inva- gination qu'il détermine que se développe la région dorsale de l’em- bryon. Il résulte de ce qui précède que l'embryon est recourbé sur lui-même en sens inverse de celui indiqué par les auteurs; pour eux, le sillon transversal apparaissait sur la face ventrale et la queue se trouvait, par suite, repliée sous le ventre de l'embryon. Nous venons de voir qu’elle est, au contraire, repliée dorsalement, et ce fait ramène sur ce point le développement des Platygasters à la règle générale. Ce n'est que postérieurement, lorsque la larve est libérée, que la queue se replie sous [a face ventrale. Peu à peu, la forme de la larve cyclopoïde se précise ; par suite de la formation d'un repli latéral, l'embryon s’élargit latéralement et la forme du céphalothorax se dessine. La partie caudale se rétrécit en même temps, puis apparaissent la bouche, les larges replis mandibulaires, la bifurcation caudale et les rudiments des pattes. Ce n’est que lorsque la forme de la larve cyclopoïde est ainsi déjà bien indiquée que l’on voil les cellules du blastoderme, qui se sont multipliées dans toute son 1086 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE étendue, de façon à former une couche épaisse, se différencier nette- ment. À l’intérieur, une couche de hautes cellules se sépare tout autour de l’archenteron et forme ainsi l’endoderme par délamination ; la couche de cellules la plus externe constitue l’ectoderme, et les nom- breuses cellules comprises entre ces deux feuillets se différencient, les unes pour constituer du tissu conjonctif, les autres pour constituer les muscles ; en même temps que l’endoderme se sépare par délamina- tion, l’invagination buccale se met en relation avec l’archenteron, et cette communication est déjà entièrement établie, alors que l’endo- derme se trouve encore à peine différencié du mésoderme. Quant à la masse centrale parablastique, elle reste à l'intérieur, avec les mêmes caractères qu'elle présentait auparavant, et l’on voit ainsi clairement que ses cellules ne prennent aucunement part à la formation de l’em- bryon. Tels sont les principaux résultats de nos recherches. Au point de vue de l'origine des feuillets, elles concordent d'une facon générale avec celles de Kulaguine auxquelles elles viennent ajouter des faits nouveaux qui permettent de comprendre le développement si spécial des Platy- gasters et de le comparer à celui des autres Insectes. Chez les Hyménoptères parasites, il me paraît complètement impos- sible de donner le nom d’endoderme aux cellules vitellines centrales, ainsi que divers auteurs ont cru pouvoir le faire récemment pour d’autres groupes d'insectes; on peut, tout au plus, les considérer comme les représentants vestigiaux d’un ancien endoderme (?); mais il n’en est pas moins vrai que l’endoderme actuel et réel se forme ainsi que le mésoderme par délamination aux dépens de la couche blasto- dermique périphérique. Il existe du reste d’autres Hyménoptères para- sites, et j'en ai moi-même observé sur le développement desquels je me propose de revenir, chez lesquels les cellules vitellines sont com- plètement absentes. Faudrait-il donc dire que chez ces Insectes, où les feuillets se forment par délamination, exactement comme dans le cas précédent, l’endoderme fait entièrement défaut? Il n’y a là du reste qu’une question d'interprétation; mais nous pensons que si l’on veut attribuer aux mots ectoderme, mésoderme, endoderme, une valeur phylo- génétique absolue, on se heurte à des difficultés très grandes et l’on crée des complications inutiles. Il est bien plus simple de ne donner à ces mois qu'une valeur conventionnelle et de les considérer simplement comme créés pour faciliter les descriplions, en reconnaissant que, même dans des groupes voisins, les feuillets de même nom peuvent très bien ne pas être homologues. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1087 ————— LL —————]—]—]—"—]—]—]—]— — INFLUENCE DE LA DESSICCATION ET DES HAUTES TEMPÉRATURES SUR LE PLASMA HÉPATIQUE DE PSPTONE, par M. L. Camus. L'action prépondérante du foie dans la formation d’une substance anticoagulante après injection de peptone, démontrée par les expé- riences de Gley et Pachon (1), a eu pour conséquence directe la recherche de l'isolement de ce produit dans cet organe (2). Les circulations arti- ficielles de peptone dans le foie, réalisées par Delezenne, ont montré que lon pouvait obtenir par ce moyen un liquide anticoagulant très actif, mais ces solutions sont très altérables et très difficiles à conserver. De- lezenne, cependant, est arrivé à maintenir leur activité pendant un temps plus ou moins long en les additionnant de quelques gouttes de chlo- roforme et en les conservant à l'abri de l’air. Sans introduire de corps étranger, je suis arrivé à un procédé de conservation facile en des- séchant Ie plasma hépatique de peptone. A cet effet, le plasma hépa- tique est centrifugé pour le débarrasser des globules qu'il contient et le liquide décanté est évaporé dans le vide à basse température. La substance anticoagulante conserve ainsi toute son activité, le plasma reste entièrement soluble et revient à son état primitif si on lui rend la quantité d'eau que la dessiccation lui a soustraite. Dans mes expériences, faites avec une solution de peptone de Witte au dixième, j'ai trouvé que 1 centimètre cube de plasma hépatique donne sensiblement 0 gr. 1 de produit sec. J'ai recherché sur ce produit desséché l’action des hautes températures (3); j'ai porté ce plasma à 120 et même à 140 degrés pen- dant quinze minutes sans lui faire perdre son pouvoir anticoagulant. Sous l'influence de ces températures, la poudre blanche du plasma hépa- tique devient brunâtre et perd en grande partie sa solubilité. La subs- tance anticoagulante, au contraire, reste soluble et en épuisant par l’eau distillée on obtient un produit qui, desséché, conserve, sous un moindre volume, les propriétés anticoagulantes du plasma primitif. Par sa résis- tance aux hautes températures, l'antiplasmase desséchée présente une (1) Gley et Pachon, Acad. des Sciences, 26 août 1895 et Soc. de Biol., 23 no- vembre 1895. (2) Déjà, dans le sang de la circulation générale, cette recherche et de très heureuses tentatives d'isolement ont été faites par Fano. Arch. ital. de Bio- logie, 1882, p. 146. (3) Delezenne, Arch. de Physiologie, juillet 1896 et Spiro et Ellinger, Hoppe- Seyler s Zeitschrift für physiol. Chemie, mai 1897, ont montré que l’antiplasmase résiste à la température de 100 degrés, mais il convient de rappeler que bien antérieurement Fano (loc. cit.) avait montré que les solutions de produit anti- coagulant perdent rapidement leur propriété quand elles sont chauffées à 100 degrés. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. IV. 81 ? 1088 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE analogie de plus avec les ferments. L'on peut, gràce à cette résistance, o [e) , l’isoler d'une grande partie des matières du plasma hépatique de pep- tone et enfin par la dessiccation soit du plasma hépatique, soit du liquide d'épuisement de la poudre de plasma chauffée, on peut conserver un produit anticoagulant d'activité constante, utilisable dans des recherches comparatives. ACTION DU TANNIN SUR LE BACILLE TUBERCULEUX. par J. SABRAZES, Agrégé de la Faculté de Bordeaux. On tend, depuis quelques années, à considérer le tannin comme un agent antituberculeux ; mais les enseignements de la clinique théra- peutique sont d’une interprétation trop difficile pour permettre de se prononcer sur la valeur de cette médication. De plus les recherches expérimentales entreprises dans cette voie n’ont pas abouti à des con- clusions précises. Aussi y avait-il intérêt à reprendre l’étude du tannin et de son mode d'action dans ces cas. Nos premières expériences ont eu pour objet le pouvoir bactéricide du tannin (1) sur le bacille de la tuberculose humaine : un grumeau de culture sur milieu glycériné est trituré dans une solution stérile de tannin à saturation dans l’eau; ce mélange intime, dépourvu de particule flottante, est laissé un quart d'heure in vitro /2) et inoculé ensuite, dans le tissu conjonctif sous- cutané de la cuisse d’un cobaye. Il se produit une lésion locale caséeuse qui prend, au bout de huit à quinze jours, une extension très grande et dénude la totalité du membre; dans le caséum, les bacilles de Koch abondent. Ce chancre caséeux phagédénique ne cesse de s’accroître, rongeant les téguments de l'abdomen jusqu'au plan musculaire et se propageant vers le thorax. La mort survient un mois après l’inoculation ; en outre de l'énorme foyer bacil- laire local, existent des ganglions tuberculeux aux lieux d'élection et des lésions du même ordre dans la rate, le foie; le bacille de Koch se trouve dans ces organes à l’état de pureté. Une goutte de caséum, provenant d'un ganglion du train antérieur de ce cobaye, est étendue d’eau stérilisée et la dilution est inoculée à la dose de 1/4 de centimètre cube à un second cobaye du même âge qui a succombé, après avoir perdu le tiers de son poids, dans un délai de dix-sept jours; la lésion locale est un abcès caséeux contenant un nombre considérable de (1) Nous avons employé le tannin à l’alcoo! (acide tannique de la noix de galle). (2) L'immersion dans le tannin ne modifie pas Les propriétés morpholo- giques et tinctoriales du bacille. TR ET Te nr NA SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1089 bacilles de Koch, à l'exclusion d’autres microbes, et avec prédominance des formes longues. Les ganglions, la rate sont farcis de lésions bacillaires caséeuses. Donc l'association des solutions tanniques et du bacille tuberculeux in vitro et dans l'organisme du cobaye, loin d’enrayer la marche de la tuberculose inoculée, comme l'ont prétendu certains auteurs, parait plutôt en précipiter l'allure. On peut dire que l’action bactéricide du tannin, dans ces conditions d'inoculation, est nulle. Mais ces constatations n'infirment en rien, jusqu’à présent, les don- nées de la clinique et quelques faits expérimentaux d'un autre ordre qui plaident en faveur de l'efficacité du tannin administré, par le tube digestif, à l'homme et à l'animal tuberculeux (Raymond et Arthaud). On n'ignore pas en effet que des corps médiocrement bactéricides, tels que l'iodoforme, sont cependant puissamment actifs contre l'infection. Nous verrons ultérieurement si l'acide gallique, les tannins et leurs dérivés n'interviennent pas en modifiant la réceptivité des milieux vivants vis-à-vis des microbes ou encore en accélérant le processus de nécrose et d'élimination des foyers tuberculeux et en facilitant ainsi la mise en jeu des tendances sclérosantes réparatrices. INFLUENCE DE LA SPLÉNECTOMIE SUR LA RÉSISTANCE DU LAPIN AUX INTOXICATIONS MICROBIENNES, par MM. Juzes CourMont et DUFFAU, I. — Dans une communication précédente (1), nous avons montré que l’ablation de la rate chez le lapin diminue la résistance de cet animal vis-à-vis de certains microbes (Bacille pyocyanique, Staphylocoque pyogène), tandis qu’elle la renforce vis-à-vis du Sfreptocoque de Mar- morek. La rate n'a donc pas un rôle de défense de l'organisme vis-à-vis de tous les virus. Nous pouvons ajouter que l'ancienneté de la splénec- tomie a une grande influence sur les résultats, ainsi que l'avait déjà dit Montuori. À l'inverse du lapin récemment splénectomisé, le lapin privé de rate depuis 25 à 48 jours est redevenu normalement sensible au staphylocoque pyogène et plus sensible qu'un témoin au streptocoque de Marmorek. Il se produit après la splénectomie des suppléances qui semblent même quelquefois dépasser le but. IT. — Comment expliquer cette action différente de la splénectemie sur les infections suivant le virus employé? Nous avons voulu savoir si (1). Courmont et Duffau. Marche des infections expérimentales chez le lapin splénectomisé. Soc. de biologie, 13 juin 1896. 1090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la sensibilité de l'animal aux toxines microbiennes était modifiée par la splénectomie et si cette modification était parallèle aux résultats obtenus avec les cultures virulentes. Nous avons commencé par injecter à des lapins témoins et splénec- tomisés (depuis 16 à 20 jours) des doses assez fortes de cultures de streptocoque de Marmorek stérilisées par un chauffage de 5 heures à — 52 degrés. Tous les animaux ont survécu. Nous avons dû renoncer à cette partie de notre programme. Nous avons alors utilisé la culture du staphylocoque pyogène soit filtrée, soit tuée par un chauffage de 24 heures à +50 degrés ou + 54 degrés. Dans une première expérience, une injection intra-veineuse de 1/4 de centimètre cube de culture filtrée a tué le témoin en 11 jours, le lapin splénectomisé (depuis 21 jours) en 13 jours 1/2, et n’a causé qu'un amaigrissement passager chez un autre lapin splénectomisé (depuis 6 jours). Une seconde expérience comprend deux splénecto- misés (depuis 14 et 34 jours) et 2 témoins. Les deux premiers et un témoin reçoivent dans le sang 10 centimètres cubes de culture tuée par la chaleur, l’autre témoin ne recoit que 5 centimètres cubes. Le premier témoin meurt en 30 heures, le second en 8 jours. Un splénectomisé (depuis 14 jours) meurt en 16 jours, l’autre survit. Une troisième expérience a été faite avec 2 témoins et un lapin anciennement splénec- tomisé (depuis 43 jours). Tous reçoivent dans le sang 15 centimètres cubes de culture tuée par la chaleur. La splénectomisé est mort en 14 jours, un des témoins en 53 jours, l’autre témoin a survécu. Ces expériences montrent que le lapin splénectomisé depuis 6, 14, 21, 34 jours résiste mieux que le témoin aux toxines du staphylocoque pyogène, tandis que le lapin splénectomisé depuis 43 jours a paru plus sensible que le témoin. Il en ressort: 1° que l'influence de la splénectomie chez le lapin est inverse vis-à-vis du staphylocoque et de ses toxines; elle favorise l'infection et retarde l'intoxication; ce n'est donc pas par son action sur l'intoxication qu'on peut s'appuyer pour expliquer la prédispo- sition de l'organisme du lapin splénectomisé au virus staphylococcique ; 2° que la splénectomie chez le lapin peut renforcer la résistance de cet animal à une intoxication microbienne; 3° que l’ancienneté de la splé- nectomie a, dans ce cas également, une grande importance. III. — Pour vérifier ce fait intéressant de la plus grande résistance du lapin splénectomisé à une intoxication d’origine microbienne, nous avons fait deux expériences avec la {oxine diphtérique. Dans la première, l'injection intraveineuse de 1/4 de centimètre cube de toxine à 3 lapins de même poids dont 2 avaient été splénectomisés (depuis 6 et 26 jours), a tué le témoin en 19 heures 1/2, le splénecto- misé de 26 jours en 26 heures, et celui de 6 jours en 36 heures 1/2. Dans la seconde, 1/3 de centimètre cube de toxine peu active a été Te JRT \ x * { _ SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1094 injecté, dans le sang, à 2 lapins de même poids, dont l’un était splé- nectomisé depuis 23 jours. Le témoin est mort en 2 jours 1/2, le splénectomisé en 3 jours 1/2 seulement. Le lapin splénectomisé depuis 6, 23 et 26 jours est donc plus résistant que le témoin à une injection intraveineuse de toxine diphtérique. IV. — Il ne faut pas, en somme, chercher dans sa plus ou moins grande sensibilité aux toxines la raison d'être des modifications de la réceptivité du lapin splénectomisé vis-à-vis des différents microbes pathogènes. Nous montrerons prochainement que l'explication doit être donnée par les modifications du sérum du splénectomisé au point de vue de ses propriétés bactéricides ou microbiophiles. L’anciennelé de la splénectomie a une grosse importance, les effets étant en général inverses suivant que l'opération estrécente on remonte à un certain temps. Enfin, ce fait que le lapin récemment splénectomisé a une résistance spéciale à diverses intoxications n’est-il pas un nouvel argument en faveur des idées soutenues par Courmont et Doyon sur la facon d'agir de certains poisons d’origine microbienne ? (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing.) SUR LA DÉCOLORATION DU BLEU DE MÉTHYLÈNE PAR LES ÉLÉMENTS VIVANTS, par MM. Ch. AcxarD et J. CASTAIGNE. Le bleu de méthylène, comme d’autres couleurs d’aniline, peut se fixer sur certains éléments organisés en les colorant même à l’état de vie. Il peut également teindre certains liquides d’excrétion (urine, bile), par lesquels il s’élimine en nature, dans des proportions d’ailleurs variables. Enfin, il peut encore éprouver, de la part des éléments vivants, des modifications qui le rendent incolore : il se transforme alors en des corps très voisins, capables de régénérer une matière colorante sous diverses influences. On a désigné ces corps sous les noms de leuco- dérivés ou de chromogènes. Nous en connaissons de deux sortes. Un premier dérivé incolore régénère une matière vert bleu, par le chauffage avec l'acide acétique. Il à été signalé par MM. J. Voisin et Hauser, qui l’ont rencontré dans l'urine humaine (1). Le simple mélange de bleu à l'urine, in vitro, ne permet pas de l'obtenir et jusqu'ici, le passage par un organisme vivant parait indispensable à sa formation. Nous l'avons éludié aussi dans l’urine de sujets qui avaient recu, par la voie sous-cutanée ou la voie digestive, du bleu de méthylène. Chez (1) J. Voisin et G. Hauser. Gazette hebdomadaire, 27 mai 1897, p. 493. ne: 1092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'homme, nous avons constaté qu’à l’état physiologique, il s’élimine en faible proportion par rapport au bleu en nature; mais à l'état patholo- gique, nous l’avons vu passer dans l'urine en proportion plus abon- dante, parfois même à l'exclusion du bleu en nature, et en général, le rein malade nous a paru plus perméable au chromogène qu'au bleu (1). “ | Chez certains animaux (chien, lapin, cobaye), c'est presque exclusi- vement sous la forme de ce chromogène ques même à l’état physiolo- gique, s'élimine le bleu de méthylène, quel qu'ait été son mode d'intro- duction : peau, veines, séreuses. Il faut des doses ae bleu relativement bien plus considérables que chez l'homme, pour que. la matière colo- rante apparaisse en nature dans l'urine et la bile, et encore pendant un temps limité. Le plus souvent, en effet, pendant la plus grande partie de l'élimination, tandis que le chromogène est abondant, il est impos- sible de déceler même des traces de bleu en nature, en agitarit l'urine avec de la nitrobenzine, réaclif pourtant très sensible, qui permet de retrouver des quantités tout à fait minimes de cette substance. : Le régime alimentaire ne paraît pas avoir d'influence sur ce na0de d'élimination, comme nous avons pu nous en assurer chez le lapin soumis au régime lacté. e C a Nous n'avons pu obtenir de chromogène en mettant en contact avec’ du bleu et en les maintenant dans l’eau salée physiologique, à la tem- pérature du corps, des tissus frais d'animaux qu'on venait de sacrifier. Mais nous avons constaté que, chez l'animal vivant, le chromogène peut exister ailleurs que dans les liquides excrétés, et qu'il peut se former même au point d'absorption. Ainsi, lorsqu'après avoir injecté dans le péritoine une solution faible de bleu dans l'eau salée, on retire le liquide un certain temps après, il arrive un moment où ce liquide ne renferme plus de bleu en nature, mais contient du chromogène. Un autre dérivé incolore prend naissance sous l'influence des micro- organismes. Un liquide de culture, coloré par le bleu et ensemencé, se décolore lorsque la végétation se produit; examiné en cet état au spectroscope, il ne présente plus les raies caractéristiques du bleu de méthylène. Mais le dérivé incolore ainsi formé est très instable : il suffit d’agiter le liquide en présence de l’air, pour qu'aussitôt il recouvre sa couleur bleue et ses raies spectrales. Ces particularités s’observent aussi bien dans l'urine qui est le siège de fermentations, et c’est par la forma- tion de cette même substance que s'explique la décoloration fréquem- ment observée d'urines qui étaient bleues à l'émission. Nous avons obtenu cette décoloration du bleu par les divers microbes que nous avons expérimentés : staphylocoques, coli-bacilles, proteus, bacillus subtilis, torulas. (1) Ch. Achard et J. Castaigne. Soc. médic. des hôpitaux, 18 juin el 31 juil- let 1897. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1093 La régénération du bleu par l'agitation à l'air est due à l’action de l'oxygène, car si l’on chasse l'air pour le remplacer par de l’azote, l’agita- tion dans ce gaz laisse le liquide décoloré. Par son instabilité au contact de l'oxygène, ce dérivé paraît se rapprocher beaucoup du blanc de méthy- lène obtenu in vitro, par voie chimique, au moyen de la réduction du bleu. ALBUMINE URINAIRE SOLUBLE DANS L'ACIDE ACÉTIQUE, CHEZ UN BRIGHTIQUE ; 3 par MM. Cu. AcnarD, E. Wei et E. GOURDET. MM. Bar, Menu et Mercier ont observé récemment, dans l'urine de femmes éclamptiques, une albumine particulière, signalée par M. Patein, et possédant comme caractère propre d’être facilement soluble dans l’acide acétique. Nous avons rencontré une albumine semblable dans l'urine d’un sujet atteint du mal de Bright. Il s’agit d'un homme de trente-huit ans, alcoolique, présentant dans ses antécédents un rhumatisme articulaire aigu à l’âge de vingt-sept ans. Les premiers signes de néphrite paraissent remonter à cinq années. À cette époque, il fut atteint d’anasarque, marquée surtout aux paupières, aux organes génitaux et aux membres inférieurs; cet œdème ne dura qu'une quinzaine de jours. Depuis, rien de semblable ne s'était produit, lorsque, le 26 août dernier, se développa de nouveau, d'une façon brusque, un æœdème qui envahit d’abord la face, puis se généralisa. En même temps, le malade fut pris de dyspnée et de toux. À son entrée à l'hôpital, le 13 septembre, on constatait un œdème considérable, surtout aux bourses et aux jambes; la dyspnée était modérée, mais il y avait de la submatité et des räles sous-crépitants aux deux bases. On ne trouvait pas de petits signes de néphrite interstitielle, pas de bruit de galop. L’urine était rare (1/2 litre) et renfermait 15 grammes d’albumine. Mis au repos et au régime lacté, le malade, au bout d’une quinzaine de jours, n'était plus enflé, urinait 3 litres et davantage et n'éliminait plus guère que 2 grammes d’albumine environ. C'est alors que furent cons-. tatés les caractères particuliers de cette albumine. En acidifiant légèrement l'urine avec de l’acide acétique, eten la por- tant à l'ébullition, on obtint un coagulum quise redissolvait entièrement lorsqu'on ajoutait quelques gouttes d'acide acétique. L’ébullition n’y produisait plus ensuite de précipité. Traitée par l’acide nitrique, cette urine donnait également un précipité entièrement soluble dans 1/10 d'acide acétique. Deux jours après, l'urine fournissait un coagulum albumineux qui ne se dissolvail plus qu'en partie dans quelques gouttes d'acide acétique. Enfin le jour suivant, le coagulum n'était plus du tout soluble dans l'acide acétique. M. Gaillard, qui a examiné le second échantillon 1094 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'urine, y a caractérisé une nucléo-albumine (présence de phosphore). Ajoutons que le sérum du malade était fortement opalescent, comme cela s'observe assez fréquemment dans les néphrites diffuses et même aussi parfois chez des sujets non albuminuriques. La perméabilité rénale, étudiée au moyen du bleu de méthylène, a présenté des particularités qui méritent d'être notées. Le bleu n’est pas apparu en nature dans l'urine, mais le chromogène a passé dans le délai normal, au bout de trois quarts d'heure, et l'élimination s’est prolongée quatre jours. À une nouvelle épreuve, faite dix jours plus tard, le chro- mogène passa au bout d’une demi-heure et persista trois jours ; le bleu fit une courte apparition, le deuxième jour, sous forme de traces déce- lables seulement par la nitrobenzine. Enfin, le 3 octobre, l'ingestion d’une pilule de bleu donna lieu à une élimination presque normale. Sorti le 11 octobre, le malade reprit son travail, mais en même temps revinrent l’œdème et l’albumine. Nous l’avons revu récemment et nous avons constaté que l’albumine, qui existe en abondance dans son urine, n'est plus soluble dans l’acide acétique. En somme, il est évident qu'il existe chez ce malade une lésion rénale consistant vraisemblablement en une néphrite diffuse ayant subi une poussée aiguë. Il est difficile de dire sous quelle influence s’est produite cette albu- mine spéciale. Nous nous bornons à signaler le fait, car les circonstances pathologiques dans lesquelles on a trouvé jusqu'ici cette albumine solu- ble dans l'acide acétique, sont encore trop peu nombreuses pour qu’on puisse tenter d’en préciser la signification clinique. DU POUVOIR DIGESTIF DU DUODÉNUM VIS-A-VIS DE L'OVALBUMINE, par MM. J. Gacner et V. Pacon. Le pouvoir digestif du duodénum, vis-à-vis de l'albumine, s'il est mentionné et s'il a été, en particulier, défendu par Schiff, est un de ces faits sur lesquels l’opinion des physiologistes n’est pas, en réalité, una- nimement et fermement établie. Le laconisme des ouvrages classiques est expressif, à cet égard. — Au cours d'expériences portant sur un autre sujet (1), nous avons été amenés à faire une série d'expériences, dans lesquelles s’est nettement montré le pouvoir protéolytique des glandes duodénales. Cette note est destinée à mettre en relief les con- ditions dans lesquelles ce pouvoir peut être facilement mis en évidence. Quand on introduit de l’ovalbumine coagulée dans le duodénum d'animaux à jeun (depuis 24 heures), fermé entre deux ligatures, on (1) Gachet. Du rôle de la rate dans la digestion pancréatique de l’albumine, Thèse de Bordeaux, 1897. Rd SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1095 peut, à volonté, avoir un résultat positif ou négatif, au point de vue de la digestion de l'albumine, suivant des conditions spéciales et précises. Des causes banales peuvent tout d'abord influencer fâcheusement l’acti- wité digestive des glandes duodénales. Telle l’inflammation consécutive à une intervention insuffisamment aseptique ; on sait combien une telle inflammation anéantit tout pouvoir digestif. Telle encore la ligature de vaisseaux importants pour le duo- dénum. Il faut avoir grand soin de mener aseptiquement l'acte opéra- toire et de ne pas prendre dans les ligatures des deux extrémités du duodénum d’artère importante, ou bien aucune parcelle d’albumine m'est, dès lors, digérée. Mais il est une condition moins évidente — ou plutôt à laquelle on porte moins garde — qui exerce la plus grande influence sur la mani- festation du pouvoir potéolytique des glandes duodénales. Cette condi- tion est représentée par la plus ou moins grande malaxation que les doigts auront fait subir aux parois duodénales, pendant le temps d’in- + e » + . Toxicité urinaire dans l’hystéro-épilepsie, degrés et carac- (RNA ce OMS D ol oUb SRE ONE PE RON ENVOI O JOUE GIE — Toxicité urinaire comme moyen de diagnostic entre certains cas de spasmes tétaniques d'origine hystérique et le tétanos NA GET TE ILE PE EN LCR DA ELLE à EN er ROD D Le BoucñARD . .« « + Allocution. Président quinquennal . . . . . . . . . . . . — Répartition comparative dans les divers émonctoires de l'azote et du carbone de l’albumine élaborée . . . . . . BOUCHERON. . . . Sérum antistreptococcique dans la sinusite maxillaire aiguë et dans le phlegmon aigu à streptocoques du sac lacrymal. — Sérothérapie dans certains rhumatismes à streptocoques et dans certaines iritis rhumatismales . . . . . . RS — Sérothérapie antistreptococcique dans certains rhurmatiemes AAISÉCEPÉOCOQUES EN EN ENPRONS APE DRE D Re RO NO D . Boucaurr . . . . Recherche de la tyrosine dans divers produits d'origine ADiDTALE A SNS DONNE MER SRE CGR EE BOULARTS 21 21.5 Hlectiont,à 4/0 NE teen ASS ARE AE Re BourcEAU . . . .« Nouveau réactif des albumines urinaires. . . . . . . . .. BourRQuELOT . . . Présence des ferments oxydants dans quelques substances médicamenteuses 4er eur ORNCICN-R GO do — Remarques sur les matières oxydantes que l’on peut ren- contrer chez les êtres vivants . . . . «+ + + + + + + « à — Propriétés du carmin d’indigo qui se rapprochent des fer- ments oxydants naturels . . . . ... . . . . . . . . . . — Durée de l’activité des ferments oxydants des champignons en solution dans la glycérine ., . . . . . . . . . . . . = 303 439 466 118 473 974 826 261 53 52 351 678 1051 454 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1191 Pages BouroQuELor . . .« Remarques à l’occasion de la communication de MM. Abelous et Biarnès, séance du 22 mai 1897. . . . . . . . . , .. 509 — Remarques sur les matières oxydantes que l'on peut ren- contrenichezilestétresvivantsl er in AMC NL . 687 BourqueLor et BoucauLr. Nouvelles réactions de l'acide cyanhydrique ; influence de cet acide et de la chaleur sur l’action oxydante du sulfate de cuivre te Er SES ane ue 498 BRAULT . . . . . Sclérose polyviscérale avec ascite énorme chez des cachec- tiques palustres laparotomisés . . . . . . . . .. At 39 Broca (André). . Images subjectives normales et pathologiques. . . . . . . 93 — Influence de l'intensité sur la hauteur du son. . . . . . . 652 Broca et Ricner . Effets de l'asphyxie et de l’anémie du cerveau eur l’excita- bilité/du/cerveau es Ma Eten AE MER EE ne Al — Réflexes provoqués par des excitations acoustiques . . . . 333 — Vitesse des réflexes chez le chien et variation avec la tem- pérature organique lee A EUR ARE . 44 BRUCRER Net 0 Nouvel acarien marin lunch ail en dE a ne 632 BRUNET . . . . . Suc pulmonaire. Effets physiologiques et thérapeutiques . . 24 BUSQUET. . . . . Structure des corps appelés Sporozoaires du cancer . . . . 1023 C CAMPOSE 2.20: Sécrétion lacrymale, après la section du grand nerf pétreux SUPELÉ CEE PE LS SAN les AE CR ES EN LS TR AT Res x 608 CAMUS. 1 0e . Formation de lipase, par le Penicillium glaucum. . . . . . 192 — Influence du carbonate de soude et de la Phénolphtaléine sumle dJosaseide/la lipase. se Na LC RUE 193 — Lipase dans les cultures d'Aspergillus niger . . . . . . . . 230 — Action de la lumière sur l'oxydation des matières colorantes duséTum sanguine. PEUR A 230 — — sur l'oxydation des pigments biliaires. . . . . . . . . . 232 — Influence de la chaleur sur l'oxydation de la bile. . , . . . 338 — Divers agents d'oxydation de la bile. — Note à propos des observations de M. Dastre. — Note présentée par Mbahorde le rent Ne Re a ee lc ne A RAT 397 — Bile jaune et bile verte. — Remarques , . , . . . . . . . 867 — Influence de la dessiccation et des hautes températures sur L le plasma hépatique de peptone. . . . . . . . . . . . . 1087 Camus et GLEY. . Action du sérum sanguin sur quelques ferments Hiree 11000. CaPITAN . . . . « Figuration du mal de Pott sur les statuettes incas et RAÉMUESNN) DNS PER RUN A ee Arr re EMMA an 599 — Chlorose thyroïdienne. . . . . . . . . A SpA Pre 1073 Gapiran et Crorzier. Obésité et gigantisme chez un enfant de quatre ans . . . 318 — Inversion des viscères diagnostiquée par la phonendoscopie. 834 Capiran et Mlle PoxRYCKine, Changements de forme du cœur sous l'influence de la course étudiés par la phonendoscopie . . . . . . . 642 CauLery et Mesmiz. Type nouveau d'organismes parasites des Grégarines . . 960 CARRIÈRE , . . .« Etude histologique du sang dans deux cas de maladie de Verihpte ie ei ont RU RE RARES — Toxicité urinaire dans la lèpre: tentures 1008 CARRIÈRE et GiLBerT. Toxicité urinaire dans la maladie de Verlhof . . . . . . 329 1122 SOCIÉTE DE BIOLOGIE CARRIONS 0 0. Réponse à une observation de M. Lapicque . . . . . . . . CASTAIGNE. . . . Transmission de la substance agglutinante Hoiane par l'allaitement 0 SAUT ER NE EUeENEe R ET CHABRIÉ + + . + … Appareil facilitant la séparation des principes organiques naturels M LENS MR EEE Be AP ENERGIE AT RE CHANTEMESSE . . . Toxine typhoïde soluble . . . . . RE ANSE CEE CEE — SurilartoxinentyphoidersolubIe Rp ERP R CHANTEMESsE et Ramonp. Fièvre typhoïde expérimentale . . . . . j CHARRIER. . . . . Elimination-de la potasse urinaire dans les nee CHARRIN . . . . . Appendicite-del'animal# PLAT ÉUNE — Appendiciteidtenlanimal seen ER LE — Modifications cardiaques dues aux Dre. — Multiplicité deSPCOrps MORDINQUES 2 PAC MEN EN E — Pigmentation expérimentale. . . . . . . . . . — MonSiref double NE REREE SAS DE — - . -Une fonction pathogène nouvelle du Docilles one : CaarRix et CHassevanr. Action de l'ingestion d'extrait de moelle osseuse dans leitraitementideilianémie 0 niet As CHaRRin et CLaAuDE. Intoxication générale et infection biliaire . . . . . . è — Atrophie musculaire expérimentale, par intoxication . CYAnIqUE en 1e ANS ELEMENT RER RS CHarriN et DESsGREz. Influence de la vaccination sur l'élimination de l'urée, surilemoderde nutrition SN PPT CHarrin et LerÈvre. Action de la pepsine sur la toxine diphtérique. . . CHarriN et MaxGin. Innocuité des toxines pour certains végétaux. . . . . . CHarriN et DE Nirris. Splénomégalies et lésions hépatiques. . . . … . . . . . — Un Bacillus subtilis virulent. — Contingence de la nation pathogène .. .. . . .. HERO EL RE CMOS LR Ge CHArriN et Riche. Hérédité et tuberculose. — Modifications héréditaires de l'Organisine hd AE TE MER nel EME e ARR Ee — Pouvoir toxique de l'urine des nouveau-nés. — Variations. — Origine des poisons. . . . . MEME SRE SMS où 0 CHarrix et THomas. Lésions des cellules nerveuses chez le cobaye, ayant pré- senté des accidents épileptiformes, à la suite d'infection diphtérique expérimentale et d’une double amputation des membres In ÉTIEUTS ER CNE NE NERO CHAUVEAU M ATIOCutOn ME tPrésidentiSOntan tee NME MEME NOTE : Cuarsse et Josué. Recherches expérimentales sur l'anthracose pulmonaire . . CHassevant et Ricuer. Ferments solubles uréopoïétiques du foie . . - . - . . CLAuUDE . . . . . Myélite expérimentale subaiguë par intoxication tétanique. CricNyr AP eNGémellté cheza Couleuvre PERRIER HIT mes CLozrEr . . . . . Hystérogénie et hystéroclasie . : . . . Aie Courmont (Paul). Répartition de la substance agglutinante lens Monmentenne desttyphique se NES Rte SRE NN EEE — Répartition de la substance agglutinante dans l'organisme desébyphique sertie TIRE NE Er == -Le sérum de Marmorek n’immunise pas le lapin contre le streptocoquederlNénySIDeleR- Ne RCE TENE — Disposition in vitro du pouvoir agglutinant des humeurs des typhiques lorsqu'on y cultive le bacille d'Eberth. . . Tu Sérodiagnostic chez les typhiques. — 240 observations . . = . Sérum des typhiques. — Propriétés . TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Courmont (Paul). Courbe du pouvoir agglutinant des a à — Séro-pro- , ; THOSE. NME A PAL aE à A) MARS NL DONNE Ten — Nouvelle FBenculose te epto-bacillaire d" origine humaine, . Couruont (Jules). Streptocoque de l’érysipèle et streptocoque de Marmorek. —— Especesrdirérentes MEN RME 2 — Le sérum de Marmorek u’immunise pas le eu Bout le streptocoquerde/lérysipele #40 ANNE Courmont (Jules) et Doyox. Théorie pathogénique du tétanos . . . . CourMonT (Jules) et Durrau. Influence de la splénectomie sur la nételmnce &n ST lapin aux intoxications microbiennes. . . . . . . .. . . Courmontr (Jules), Doyox et PAvior. Prétendues lésions cellulaires de la moelle dans le tétanos expérimental , . . . . . . . sprae CourTane et Guxox. Innervation motrice du gros intestin . . — Fonction réflexe du ganglion mésentérique ren. GRISTIANL et Ferrart. Nature des glandules parathyroïdiennes . . . . . . . . D DANILEWSKI . . . Influence des lécithines sur la croissance . . . . . . . :. — Expériences sur les relations entre le développement du crâne et les circonvolutions du cerveau. . . . . . . . . DASTRE . . . . . Cordon cervical (Observations à propos de l'expérience del'aisec Hontdu) sm RER RME RE PR ee An x — Oxydation de la bile. — Remarques à propos d'une commu- Mat onde M ACanus NAN PARENTS) SENTE — - Analyse de l’action des ferments solubles en général. — Application au ferment coagulateur du sang. . . . « . . = A propos de la note de MM. Laborde et Camus. . . . . . — À propos d’une Ua de M. Camus sur les pigments DilTaiTe SEEN AE OR A PA TE So ee DaAsrrE et FLoresco. Contribution à la connaissance x ferment ccbantelons CLASS ep DIS RIRES P A ER SR A AE A — Contribution à l' ide la Die. — Pismentsibiltaires te PR Ne nn teen A — Effets généraux des ferments solubles sur le sang et sur Foro ANnISNMer APS RAA AE ARENA net es QAR DEJERINE. . . . . Fibres de projection et A cation des MARNE céré- Hraux eh ane — Deux cas de Sal Snecma que chan lee — Maladie de Little. — Autopsies . . . . . . AAA — Main succulente dans la poliomyélite os — Chromatolyse de la cellule nerveuse au cours des uione AVEC y PE CURE TC DENT EN EME AE NN VAL — Main succulente. — Réponse à M. Marinesco . . raie DeyJERINE (M. et Mme). Dégénérescences secondaires consécutives aux lésions de la circonvolution de l’hippocampe, etc., etc. . . . . . Done. et SÉRIEUX. Surdité verbale pure terminée par sphasie sensorielle. AUTO DS TOR SA ANNE Are Ne RAA En Emt e ASRnEe RRS DEJERINE et Tomas. Absence ae in des cellules de he moelle épinière dans un cas de paralysie alcoolique en voie d'amélioration. 716 970 114 1060 981 1089 819 745 192 885 41194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. DeyEriINE et THomas. Syringomyélie, type scapulo- “huméral, avec intégrité de JaNSensibilitéNa ve Chouto Sie MANN RENE 701 DEJERINE et THEOHARI. Paralysie faciale périphérique dite a igore, suivie d'auto pSies its AE PALERME OL GANTS ER AR e02 8 DELÉARDE . . « « Pouvoir antitoxique «e l’antipyrine . . . . PAS DELEZENNE . . .« . Sérum d'anguifle. — Action sur la Couletien si me o 0 42 — Rôle du foie dans l’action anticoagulante des extraits d'or- PAQUET CESSE APE AS NO PE LOUE LEO GR LUS LA A ST HS) — Coagulation du sang chez les reptiles . . . . . . VENTE? — Coagulation du saug chez les batraciens et les DaesGre co Z60 — Aperçu général sur la coagulation du sang chez les vertébrés. 507 DELORE . . . . . Radiographies des capillaires de la veine ombilicale dans lesillositésiplacentaires 4 Mer NME 5 loi 60) DENIGESN Fe AUrobilinellReChETGhES) "0 ER MERE ENTER 287 Dexys et VAN DE VELDE. Immunisation active des malades atteints de Due chites et de pneumonies chroniques dues à des strepto- COGUE SANS NAN PR EEE AA on PR AE Ne 942 DESGREZ. . . . . Dosage du carbone total dans les produits d'élimination. . 1077 Dominic. . .« .« . Leucocytes et hématies nucléées dans les infections expéri- Inéntales A) NU ARE RAA NERO te Sn PR US 182 = Leucocytes et hématies nucléées dans les infections expéri- n'en EA le SUN MEN CAS ER ER Re EE 184 Donerri . . . . . Des altérations du système nerveux central dans l’urémie expérimentale RME PASSES PRES 502 — Lésions des cellules du système nerveux bentral ès l’ablation des capsules surrénales . . . . . . . . . . . . 535 DOYON- 2H ReR Action de la pilocarpine sur le tissu des muscles bron- Chiques he PEER : EST AA AO EEE 57 DUPUIS Election de M. Gaston Bonnier à Tara des Sciences (Allocution); : MMS. HE CSS PNR RE RNA 261 E ERLANGER (D'). . . Recherches sur l’origine, le rôle et la structure du cor- puscule central SAS nr ee AeN ER SERRE 312 ERMENGEM (van). . Etiologie du botulisme . . . . . . . . . . . . .. NÉE S F FABRE-DOMERGUE,. (SDOrOZOaires (du) Can CET. Ne 2 NN ENENEN EEE ARS 1050 RÉRE US SNA Proportions relatives des os du bras chez les hémiplégiques infantilestet les dégénérése 16 MEN Ne ne Re î — Changements de position et de forme du jaune de l'œuf de poule pendant l'incubation Ch MEME MEME I EU 15 — Amnésie rétroactive consécutive à un excès de travail phy- SIqU ES MAN TINE SRe ARE LS ADR ARR TE Re IA EU 153 — Note sur l'incubation de l'œuf de poule dans la position VETÉLC a LE EAP SENS Les ren nr Rte SU e ae 175 Du Sur la genèse de l'hétérotaxie. . . . : . . MN EUE AT SEAT = Tératomes‘expérimentaux. 21.212200 20e ETAT) TABLE PAR NOMS D'AUTEURS DÉREMEN SU CEe ve EXCESIMÉNÉTIENS Re AÉDIIE pSIE NO ARE NRC EN — Influence des lésions cérébrales sur la forme des accés d'épilepsie SDréexiS Lan te Ne SR PR EEE 5 — Suspension de l’évolution de l'embryon de poulet sous l'in- fluencetduehioroformenst train EDEN NN — Résistanceldes oiseaux à latropine 0 M OU — Influence d'injections préalables du sulfate d’atropine dans l’albumen de l'œuf de poule sur l'évolution de l'embryon. — Accoutumance du blastoderme à un milieu toxique. . . . — Influence des injections préalables de solution de chlor- hydrate de cocaïne dans l’albumen de l'œuf de poule, sur l'évolution deflemphryont "sert a UNS EE NAN _— Greffes sous-cutanées d’yeux d'embryons de poulet. . . . . — Accoutumance de l'embryon à un milieu toxique . . . . . — Psychologie de l'infanticide chez les animaux . . . . . . . — Réflexes cutanés chez les épileptiques. . . . . . . . . . . — Influence des injections de strychnine, dans l’albumen de Lœubisurlemhryontde poulet en Re — Développement et position de l'embryon du poulet dans les ŒUTSTALTeUXIAURES eee RAR pi ace EN R a EnS — Nouvelles expériences relatives aux inclusions fœtales. , . — Boîtes chromoptoscopiques pour l'exploration et l'exercice de laivisionides Couleur 1e Ar CEA NE UE te ea — Réflexe pharyngien chez les épileptiques. . . . . . . . . . — Réaction des poulets avec greffes d'embryons. . . . . . . F£éRÉ et Lausry . Elimination du bleu de méthylène par les urines chez les épilepuquesa la suite des acceset 0.) ee UCI . FIiQuET. « . . . . Action des albumoses et des peptones en injections intra- VAS CUIAITES USA «MENU eee ee CL ESS Rate rnte FOURNIER? 20. Seringue nouvelle stérilisable: #2. LAN RUN NNNE — Le stérilisateur-autoclave et l’aldéhydogène . . . . . . . . Foveau DE COURMELLES. Actions physiologiques des rayons X etleur mécanisme. FrRançois-Francx. Accidents causés par la compression du cœur dans le péri- CARE ANA en LEARN LAURE AR ARE A AA PRE qu : — Assimilation de l’action produite sur le cœur par les poisons systoliques et pur les excitations artificielles directes du MYOC ARTE NE EN PE AR CN NE AE en a AroTe G Gacner et Pacron. Pouvoir digestif du duodénum vis-à-vis de l'ovalbumine . ÉÉPPOIS EE UDon de Me veuvelGalloisp ep er ee UE ‘ — Blose par Géants eee PRE encre PAPA cle GARNIER et BouIN. Granulations graisseuses dans les cellules glandulaires SÉTEUSES Ce ME eee cie eines ae elle elle dt GARNIER et LAMBERT. Aclion des injections intra-veineuses d’eau salée sur la TeSDITA tion MUSCULAIRE. EN HAN PUR SUN AR ANR Qn — Action du chlorure de sodium sur la respiration musculaire. — Action des injections intraveineuses d’eau salée sur truction du glycogène hépatique 390 510 )12 594 297 626 621 669 853 86 858 861 811 967 988 907 459 270 850 151 91 All Se 1126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Garnier et LamBerr. Transformation du glycogène en glucose dans le foie : ASE Nous AE oo nan: le SAME NE Ci arte 118 GELLÉ :. + . . . . Hyperesthésie-auditive chez un éthéromane. . . . . . . . 183 — Exercices acoustiques dans les cas de surdi-mutité chez les enfants en bas âge . . . . . : . . . PE LE AE 903 GENOUVILLE et PAsteAU. Rapports de la tension artérielle et de la contractilité vésicalerchez lesiprostatiques 20" MCE SE 800 GÉRARD NN ei Intoxication lente par le sons-nitrate de bismuth dans AU l’estomacmalade, APM NME ter Un 369 — Examen chimique de la salive dans un cas de sialorrhée Chez un Éépilé EQUIPE PER RENE 1017 GéraRD et Dauxrc. ‘Intoxication lente après injection de sous-nitrate de bismuth dans certains états pathologiques de l'estomac. . . . : . 451 CHICHINTEN EE Influence des lésions nerveuses sur le développement des“os. 520 GIARDIS SAR SUIS Parasitisme placentaire des Monstrillidæ. . . . . . . . LUN MELON — Sigoification générale du parasitisme placentaire. . . . : . 138 — Régénérations hypotypiques. + . à . . . . . . . . RE 315 — Autotomie parasitaire et ses rapports avec Pouictenns Sonophorquele DlassChiZz0SonIeR EN ANSE On 380 — Sur un point de l’histoire des globules polaires . . . . . . 549 — Cochenilles nouvelles. Parasites du Caféier à la Guade- LOUE LAURENT A ARR RE ARR La A LB PR AR 583 — Distribution géographique des Cochenilles du genre Marga- rodes et sur deux espèces nouvelles de ce genre. . . . . 683 — Cercaire sétigère, parasite des Pélécypodes. . . . . . . . . 954 - — Sur un Distome, parasite des Pélécypodes. . . : . . . . . 956 — : Ponte des Rhabdocæles de la famille de Monotidæ. . . . . 1011 GIBIER. . . . . . Procédé permettant d'obtenir une toxine diphtérique extra- TOXIQUE MNT AN PRENONS M ee OU 0 Ce A EN Sn 6 392 — Réaction colorante du Bacillus Tuberculosis sur d’autres ? MACTODESN ETES RU PANNE ES AMEN ES APN TE ANR ER 198 GICBERD AE Eloge de Hanot 01100 MRC ES ARRET RE A I pers RÉCANIENNÉ DATI UE EMA RARES REA A MER EEE 108 dE Se Phosphaterde sa CO PESTE ES ATELIER 211 GiLB8erT et CARNOT. Opothérapie hépatique dans les hémorragies. . . . . . ee NINUE LE GizgerT, Carnor et Cnoav. Préparation des extraits hépatiques . . . . . . . . 1098 GizBErt et Fournier. Angiocholite infectieuse oblitérante et cirrhose biliaire HYPERTOPRTQUE AE RAREMENT ERNEST 692 — litmasetbiltaire expérimentales "2e EE 936 Giz8erT, Fournier et Ounix. Photographie des calculs biliaires par les rayons X. 506 Giz8ert et GARNIER. Tuberculose. Sa fréquence dans les grandes paralysies INFAn LES, SAME RAC CRUE EE RQ AU UN A ET SES 293 — Souffle chlorotique de la veine cave supérieure et des troncs bracmocéphaliques MEME ENS Re PAR NAT 0 De) à De la main succulente dans l’hémiplégie . . . . . . . . . 553 — Cirrhose alcoolique, hypertrophique, diffuse . . . . . . . . 631 GizBerT et: GRENET. Lymphangite pneumoeoccique:. :. = + . : à: . . . . . . . 109 Gizgert et Yvon. Anilipyrine et son emploi thérapeutique. . . . . . . . . . 634 GTEY 20 Glandes tparathyroïdiennes #AROnCtiOn PP NE RNA 46 — Remarque sur la communication de M. C. Moussu. . . . . 104 — Mode d'action de quelques poisons cardiaques. . . . . ANA 0 ne Allocution.1Décès\du DrContejean. MEMOIRE 205 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1197 i Pages. (CLIN RATE . Moyen d'immuniser les chiens contre l’action anticoagulante de la peptone par une injection préalable de sang de lapin. 243 GLey et Camus. . Faits relatifs à l'enzyme prostatique et fonction des glandes ê MÉSIGUTANTE SRE RASE EU SRE ACC OS EL eMNeN 181 Gom....... . . Hérédité defistules rence oh dk ls non sacrée. 656 Goucer . . . . . Pseud9-tuberculose. Localisation élective sur l'appendice. . 349 — Action du sérum UE sur l’albuminurie pré- EXISTANTE AR ASS LE ne 2 LS PA 831 GRANDMAISON (DE). Adénite épitrocléenne non Sue produite mn le staphy- lOCOTUENTOTE NT PRE PC NS Mer UN A AE Are Net rs 881 GRÉHANT. . . « . Mesure du plus grand ct que Des re un muscle : ; isolé, à l’aide d’un myodynamomètre à sonnerie. . . . . 296 — Recherche de la cause qui peut expliquer les accidents que produisent quelquefois les calorifères de cave . 480 .—.. Eloge de Gallois... BPE XV Grimsert et Ficouer. Nouveau Fment ‘Le nee 962 GUILLEMONAT . . . Teneur en fer du foie et de la rate chez le te ana 32 GUILLEMONAT et er Quantité du fer contenu dans les fèces de l'homme. 343 GUENARD 0e Carcinome glandulaire et HE de la nn. mam- EN OO Po OO ME RENTE GPO Rite 258 Guarp et Dumaresr. Détermination de la toxicité ch sérum sanguin. Tedrate CueRe PRES UIEAES ER ASE ER TER SR Er . «+. 414 — . Atténuation spontanée dela boite des. sérums normaux et pathologiques. . . Me 416 .— . Variations de toxicité da ee um sanguin dame nine infections expérimentales. . . . . . 495 .— De la détermination phy Do de et nids dE dé rate du sérum humain. . 496 GuiNarp et LaBouLais. Action de l'acide Miquel sur ne aan chloet re ée “e l'estomac normal . DS 138 GuixarD et RaBrEaAux. Modifications sante nettes nroiniles à par ne male chez les animaux morveux. . . . , ü PIS 2 GuiRaup. . . . . Présence du streptocoque dans l’eau ïe esson DE à caractères insolites . . . . oo dou ES — Microbes pathogènes sur les latines di éone Le 835 H Haan ... . . . . Causes d'erreur dans les résultats fournis par le repas d'Ewald dues à l'usage des diflérents pains et des ditfé- TENTS RES NE LS AS D En THEN PEN Deere ON) HALLION. . . . . Injections rare d'eau le mer, comparées aux in- jection de sérum artificiel. . . 1042 HANOT APE Notice par Gilbert AAMENCACUE D MAIRE POI A AS CES PME GEL à I Hanrior et Camus. Dosage de la lipase. 124 HANR1OT . . .. . . Sur la non-identité des pese nets Mb 317 HARDIVILLER (D'). Origines des bronches tubaires chez le mouton . . + 41002 — Développement des bronches tubaires chez le mouton . . . 1040 — Développement des bronches chez le mouton (suite) . . . . 1054 IarTMANN et Vaquez. Modifications du sang après la splénectomie. à 126 HansHaLter .et Tiny. Rigidité spasmodique infantile avec autopsie. . . . . « 648 1128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages HÉDONSN EMA Action de la phloridzine chez les chiens diabétiques par ExbIGp at onNUMp AN CrE AS MENT ARE Er 60 Héricourr et Ricuer. Sérothérapie in vitro dans l'intoxication par le sang d'ansuille Re SRE An PAR te MARNE 361 HORS; LUE . Choléra nostras colibacillaire mortel chez une nourrice. . . : 993 HuGouxexo et Doyon. Nouvelle fonction chimique commune au bacillus coli et au bacillerd'ÉberthiiOtien HT oMRE MRAMENEN APR UNArE NES IMBERT AA AN EEE Suriunetllusionr optique MN MEN En ONE ENS 67L Iuserr et Asrruc. Interprétation de l'acidité urinaire. . . . . . . . . . . . . 4716 Iuserr DE LA Toucne. Inhalateur électro-médicamenteux dans les affections dleSIMUIES RES PITA LOIRE SRSMEN ESP NERO 505 J Jacouer et Burre. Recherches expérimentales sur le mécanisme de l'hyperé- TE CULANÉ EN UNE IAE PERS D AU AE NPD STE Hours 68 PACOUEREANPAICNE Mécanisme de l'hyperémie cutanée. Pseudo-érysipèle vaso- MOLEUL à AAA AN ANENS LEA AAREE LÀ PSE BETA EE NL 13% JON AMAR Action des solutions salées sur les mouvements ami- boïdes des globules blancs in vitro. 0 20 2 D UNE . 1158 — Proportion des différentes variétés de globules blancs dans leNsansAnormalideilihommeNeEtveMNeNr MAP ARRET 919 JOSUÉ AE NNEMENNS Appendicites expérimentales par infection sanguine. . . . . 280 JOTEVKO RENE Action toxique curarisante de la neurine . . . . . . . . Dai JOURDAN . . . . . Appareil pour la récolte. et la décantation aseptiques du SÉTUMMANTIdIDHEÉRLqUe MAN APIMANAN AN AENSERENNNEn 0 0 :K KEIEFER lee Physiolosiersexuelle sénérale ERNEST RE ë 22 KzirpeL et Leras. Altérations des glandes salivaires dans la sialorrhée des ta- DOXER AR LUKE CA OA AE A RE A AO 143 — Crises hypersécrétoires dans le tic douloureux de la face . 181 KOHOS RASE Développement tardif du bacille diphtérique. . . . . . . . 522 L LaABADIE-LAGRAVE, Box et Noé. Toxicité urinaire chez le cobaye en gestation. 658 D'ABBÉ SV IEEE Découverte d’un prétendu stade flagellé chez les coccidies. 569 LABORDE: PU À propos de la dernière note de M. Dastre. - . . > . . . . 505 LacaiLe et RÉNox. Ostéite claviculaire révélée par la radiographie. . . . . . 358 Lacursse (et Bus. Embryon humain dérodyme MM MONA ENCRES 928 LaGuesse et GassEeLIN. Rasoir pour coupes à la paraffine. . . . . . . . . . . 929 Lanpouzy et GRirron. Transmission, par Et aee, du pouvoir agglutinant typique delaïmere antenpanti MERE (PS ER ET. TABLE PAR NOMS D AUTEURS 1129 Pages LanGLois. . . . . Homologie fonctionnelle des capsules surrénales des gre- note stetides Ain EMEnReres LE TRE ER LEE A 184 — Action des agents oxydants sur l'extrait de capsules surré- ES oi 4 AN BUETONL CU a SN MEN 5 8: 0 loi 0 524 —— Foie comme organe destructeur de la substance active de capsules Ssuriénales ERP EÉMRAAREERSR RREDR ePe EAeRnT 571 DAPICOUE M: + . Dosage du fer. Remarques . . RTE Er MIO 210 — itramedu fer Remarques us CAL PL tn ee 251 — Le foie détruit l'hémoglobine dissoute et garde le fer . . . 464 — Hémosidérine. Historique. . . . . . . RS AU AN ES RER 486 — Observations et expériences sur les mutations du fer chez : ES VOMÈNES CANON NN SO NO DE PO AE Gan cree 873 PAUPANIÉ. 0. : Troubles digestifs produits par le vernissage de la peau et inanition mortelle qui en est la conséquence. . . . . . . 206 LAVERAN. . . . . Au sujet d’une altération du sang qui pourrait être con- fondue avec les altérations du sang palustre. . 319 — Surlespisment noIPIpalusÉre ee MEME NEC ; 443 — Sur une myxosporidée des reins de la tortue. . 125 — Appendicites. Histologie pathologique . . . ue 818 — Traité du paludisme. Seconde édition . : . . . . . — SURAUNENC OC CITE UNS OU) DE ONE RENE NT 925 LÉCAILLON . . . . Feuillets germinatifs des coléoptères. . TNA Nes 1014 ESPN CHE NN = SÉrothÉrApie AU rOULSEHAUIPOUEC M EME NES 428 Lérèvre . . . . . Troubles nutritifs par réfrigération, comparaison avec le vernis ace DeRENpeQUE MANN RIT CC CNT CU 278 — Calorimétrie dans l’air froid par convection, chez les ani- eo MONO ON OO A ATEN TES DROLE CESR NN 005 IÉÉGER 0.0 0 20. Cycle évolutif des Coccidies chez les arthropodes . . . . . 382 =; Mutilation pathologique et régénération chez le Protophère. 543 — Présence des Glugéidées chez les distomes parasites des BÉlÉCYDOdES ATEN D. ddr aber el 0 do NbNleNetE SONT — Présence des Coccidies chez les anres Lamellibranches. 987 -— Nouvelle Coccidie polysporée du tube digestif des Myria- DOde SP ENMANEPE PNPEnEv SNS TB. EN o ce L'or elo ro aie 1082 ÉATARS EME > Gangrènes consécutives à l’attrition sous-cutanée directe HESRSTOSSESNANTERE SN NE MENT EN NN RARE EE EEE 1620 BEMOINE 0: Influence de la chaleur sur la richesse microbienne et sur la virulence de la pulpe vaccinale glycérinée. . . . . . . 321 — Action du bleu de méthylène sur l’albuminurie . . . . . . 381 — Traitement des douleurs de l'ataxie par le bleu de méthylène. 563 — Streptocoques de l’érysipèle influencés par le sérum de Mar- MOT RN ES ANS RENTE SNS EEE GTA TEL D VON re 912 Lemoine et GazLois. Traitement de la dyspnée urémique par l’éther à ne AOSC PAR NS LA RC ANNEE ER Ge eee A ee NDS ÉESAGE . . . . . Entérites eo She. damtrete Races de bactérium coli. 900 HESBRE NN Existence du long supinateur chez le cheval . . 997 Leruzce et WeINBErG. Histologie pathologique des appendicites. . . . . . . . 816 ILES EN ente Lésions de la moelle épinière dans l'ostéite déformante de Pacet ere GES LR RO OA AUTA U Te JE GrScsonNar lo 272 LiNossiER . . . . Digestion ne chez les a 394 : LIvon . . . : . . Alcaloïdotoxie du cobaye. RAS 979 BorRiettDANET M -RSÉrothérapie du Rouet du porc EM ANCIENNEMENT EN 542 1130 SOCIETE DE BIOLOGIE Lotsez. . . . . . Coloration des tissus chez les animaux vivants. . — . Physiologie et histologie des éponges.. . . . . . . . . . . Luys et Davin. . Photographies des étincelles électriques déni soit de . l'électricité dynamique, soit de l'électricité statique . — Effluves des doigts et des yeux de l'être vivant. rs MENT PIOLOLTAPRIQUE AMEN ENT LAN — Fixations par la photographie des effluves qui se déga- gent de l'appareil auditif. Réponse à certaines objections concernant l'émission des eftluves digitaux . M Marrer et Vires . Action physiologique de l'extrait de foie sur l’homme sain. Mazassez . . . . À propos de l'action des solutions salines sur les globules rouges. (Réponse à M. Mayet). ManGIN . . . . . Nouveau réactif de la cellulose . . . . SRE : Marace . . . . . Nouveau cornet acoustique servant ea même Homns de. mas- seur du tYMpan . 1. MN MarAGLIANO . . . Empoisonnement par la berne, — Recherche sur la nouvelle tuberculine de Kio | — Nouvelle tuberculine de Koch. . ns MarcHAL . . . . Galle animale intense provoquée chez une Tente de biptie à PATUN IN YMÉNODIÈTENDATASILE CNE PR — Equilibre numérique des espèces et ses. one avec les parasites chez les. insectes. . … . . BRUNE — Castration nutriciale chez les hy enolénes sociaux. — Election deenv Se — Développement ES nie de De CRU DIELES EStES. MaRcHOux. . . . Paludisme au Sénégal. . . . . . DER Oo e OR o: à DE c MauiNEsco. . . . Noyaux musculo-striés et EU Isa du pneumogas- trique — . .Main succulente bre 1 D on Rue — Lésions du système nerveux central au cours des de HINIECHEUS ESA PENSE ROUES Û Martez . . . . . Maladie à coli-bacille de la Poule a 4e Ja Dinde L MaRTIN.. ... . .. Actions physico- PR de sur les Hi effluves des : . corps vivants. ! ; AE MAUREL . . . . . Action du chlorure de sodium sur le sang du log -— Action du chlorure de sodium sur l'organisme du lapin . — . Chlorure de sodium. — Son action sur le sang de l’homme. — : Conclusions générales sur l’action du chlorure de sodium . a Globules blancs de la leucocythémie — Carac- tères distinctifs. . . . . à Mayer. . . . . . Action des solutions de cHlobuee de Rd EU sur De RL ties. — Remarques, par M. Mo — . Action du chlorure de sodium sur ES lSraies MavROJANxIS. . . Propriétés toxiques de la sueur. . . : MÉexIN . . . . . Epidémie de strongylose sur les tree | en amer Comte. ._— Acarien dangereux de l’île Maurice 676 t° © 1 ND NN OT O0 & CG © © © © O2 O2 1 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Menc et MerCIER. Présence dans l’urine de femmes éclamptiques d'une albu- MINE OTANTUNENTÉACHONISpECIale ERA NENE "ET COTE Meruer et Mayor. Seringue stérilisable métallique . . . . . . . . . . . . . Meruer et Sci. Absorption du curare par l'œil. . . . . . . . ... ER Méry et Lorrai. Action du sérum de Marmorek sur les snenioeaqes des SCIE T AT E UE en SLR CARE PRE Sr IEEE ee ES APE AU — Streptocogmestetisénumide \MarmOoreR eee ee MERMET . . . . . Rôle protecteur de l'épithélium antérieur coruéen dans lexoSmosetoenlaire mi RMI ARS AE VS EN MANN MEsniz et CAULLERY. Sporozoaires parasites de la Capitulla Capitata . Mesniz et Marcuoux. Sur un sporozoaire nouveau, intermédiaire entre les Sar- cosporidies et les Amœæbidium Cienkousky. . . . . . . . MEercanIKorF. . . Influence des végétaux inférieurs sur les toxines — Influence des végétaux inférieurs sur les toxines. — ShadentaselédesiCoceiires ER RE EEE MEGNIER. . . . . lronchopneumouie et pleurésie séro-fibrineuse dues au baciller de MP et en ER ONENe A T RS RER DHCHEL RE MC oMpositiontdesmucléoles ten RE TRe le — Recherches sur la régénération chez les A he — Régé- D'ÉTAT ONNICAUTA EAN NRA NE IRAN DRE ON — Régénération chez les Annélides. — De on Para — Régénération chez les Annélides. — Régénération céphalique. — Régénération chez les Annélides. — Régénération eépha- lique (suite). — Scissiparité artificielle. — Vitesse de régé- MÉRATONENNNE à 0 o aie . D. 0 — Mécanisme du een “ corps sur la Sie “ D — . Collage des coupes de paraffine par simple dessiccation . — Formation de l'anus dans la or. caudale chez les Annélities MENT D te CAE = Origine ectodermique au DOURS geon del Con caudale desSPAMNEDUE SEE RARE PRE UE TARE oo ee MiraLLiÉé . . . . Main succulente dans un cas dati hic eric RS MozrarD et ReGaun. — Lésions chroniques expérimentales du myocarde con- sécutives à l'intoxication diphtérique . . . . . . . . . . — Athérome de l'aorte chez les animaux soumis à j'intoxica- ON CHINE Me SR Ci otdo oller de Mein EEE —— Hystegénèse des scléroses du myocarde produiles par ne toxication diphtérique expérimentale . . . . . . . . . . MOREIGNE cc ARNouveliuréometre dede MERS MEN R Mosnx . . . . . . Appendicite spontanée du lapin. : . . . . Mossé et Des Séro-réaction chez l'enfant d’une fee niGinte de fEvre typhoïdebpendantéla sestafion MERE MERER ENONCE MOSS OMAN AB ACa pates. EU NAME ESS RS RTS Moussu.. . . . . Fonction dire SARA tte A Be — Fonction thyroïdienne. — Chéfaiene ne dl she Le CmenvlerchatiettlesNoise aux Men RER ne Res N Nepveu . . . . . Coagulation de la fibrine du sang par le bacille de la DES AA DANS EE 2 sa AR A A EN A ea BIOLOGIE. — TABLES. 90 1132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NEPvEu . . . . . Lésions du cerveau dans la peste . . . . . Ne NETTER ..... ... Présence du pneumocoque dans les poussières d'u une Sülle d'hOpIta lee MEME DH, ANA TTENE a Niczoux. . . . . Dosage de os Henri Le os AUDE LÉ TEE es pR — Dosage de petites quantités de glycérine } Nicoas (Joseph). Apparition du pouvoir agglutinant dans le sérum des te traités par le sérum antidiphtérique . . . . . . . . . . Nicoras et (Paul) Couruont. Leucocytose dans l’intoxication de l’ Sn on expérimentale par la toxine diphtérique . . . . . . . . . NICOLAS et Mie Dimrrrova. Développement de l'arbre bronchique chez le Mou- De Nrrris et RaGaun. Dégénérescence vitrée du iuyocarde dans l'infection protéique terre: ENV HR SOA RQ ERA US Am APS Nouxy. . . . . . Streptocoaue noie RANCE TES LP AONUIANE ER UE TA Re à à O OEcasner pe ConiNc«. Nouveaux documents sur le rachitisme . OxImuS . . .-. . À propos d’un appareil surnommé aldéhydogène Osrwazr . . . . Complications oculaires de la mäladie de Pavy . P Parmentier et Carrion. Examen du sang et dosage du fer coutenu dans diffé- rents organes dans un cas de diabète bronzé . . . . . . PérocHaup, MiraLLié et AriN. Réflexes tendineux dans le rhumatisme Che. niques er 5 AMEAQE à PÉRON- : . . . + Nécroses D iclies de FE: muqueuse Dee oO par ° toxines microbiennes . . . . . . ER — Tentatives d’immunisalion du ae Ain les effets des bacilles tuberculeux humains tués . . . ... . : . ë — Typhlite gangréneuse par intoxication alcoolique aiguë che leCObaver re k GRATIN MES ASE PHiLADELPHIEN . . Sphygmométrographes. — Chertione — Remarques, par M. Weiss. . . . . . . ë : Pauupre et CEsran. Etat du faisceau pyramidal dans dore cas dl on ture spasmodique-1nfantile PEN EIERCOERE Pyisazix. . . . |. Conditions favorisant l'infection pyocyanique . . . . . . . — Causes de la diminution de résistance des Carnassiers au CRACDONIL IN TARN SSSR LE DIS ER PSI GES CE PRES EE — Venin de Salamandre du Japon. — Atténuation par la cha- leur et vaccination de la grenouille contre ce venin . . — Propriétés inmmunisantes du venin de Salamandre du Japon vis-à-vis du: venin de Vipère . . . . . . ; — Antagonisme entre le venin des Vespiræ et cat de DViperes Le premier vaccine contre le second . . . . . ë — La cholestérine et les sels biliaires vaccins te au venin de vipère. . + Me Pinrier . . . . . Conservation des pièces sDtanaquieel 4 Pere par le:procédé de M: Melnikoff.. 4. Me NU 106 526 201 651 297 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Pages PI£LIET . . . . . Structure de la paroi des veines variqueuses . . . . . . . 933 — Propriétés électives du bleu de méthylène Soient sur les tissus vivants. . . . . : 886 Priurer et Veau . Capsule surrénale detente de iedment Mise 64 Pouon . . . . : Bactérium coli dans les eaux naturelles. AO RE PRENANT . . « . . Cellules des tubes. hépatiques de l'Oniscus murarius. — Noyau et corps protoplasmique. ! 2 AA Purievireu. : : . Destruction de l’amygdaline et de Mhelioine par mer moisis- sures. 668 Q QuINTON. . . . . Injections intraveineuses d'eau de mer, subtiluées aux injec- tions du sérum artificiel . . . . . RES RE ARTSO À — Hypothèse de l’eau de mer, milieu vital de organismes élevés. 935 — Eau de mer en injections intraveineuses, aux doses fortes. 965 Quinron et Jucra. Injections comparatives d'eau de mer et de sérum arti- HT CT RE EE ner are PA NE ER NS NE AT GS R RaBais. . . . . . Sur une nouvelle race du bacille pyocyanique. REQUIS RAÏCHLINE . . . . Dermographisme dans le tabes dorsalis. ET LNE 958 RaBauD . . . . . Système circulatoire chez un poulet omphalocéphale. 327 Raziccier et DROUIN. Strongylus vasorum du chien observé à Paris. 510 Rarzcier et Gomy. Nouvelle-affection parasitaire des Bovinés de Cochin ; L'amphistomose hépatique Nes MNT O T0 ReGaun . . . . . De l’'émosidérose viscérale et des ed ah ne hi pig- mentaires.s =... ; Ha 6A — Histoire de la sidérose cer et des ne ne nur. 425 _ Historique de l’hémosidérine et cirrhoses pigmentaires 48% —- Vaisseaux lymphatiques du testicule . ï au 659 — Faux endothéliums de la surface des tubes nas tes 661 ReGnauzr . . . . Mal de Pott. — Redressement oo et anatomie patho- logique. — Remarques. 3 NON REMLINGER. . . . Sensibilité du bacilie d’Eberth aux antione de nee DUTE RME EL Le ICS — Fièvre typhoïde expérimentale par eo ation en taire . 2 : à 713 — Paralysie ndantet aiguë pe Le LOL 914 Rémy et Conrremourins. Rayons X. — Étude des muscles, tendous et Men none SI RENON, . .... . Étudersur l’aspergillose chez les animaux et chez l'homme (1 vol.). Hommage à la Société de Biologie. — Analyse. 41 — Examen nécessaire des cultures avant l'addition du sérum dans la recherche de la réaction de Widal. . . . . . . . 418 — Éléphantiasis nostras. . . . NE Rene ES) —_ Action du coli-bacille sur le Poule Hole £ 4 — Conservation du pouvoir nutritif et du pouvoir one d’une urine maintenue stérile depuis quatre années . . . 4 MIILIERAR Se - TT Mass: 1134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —_——————_—_—_—_—_—___—— ——…—…—…—…—.…—".—.——————— ———……—…—…——…—.— —…———<,_————— _————————…—…——.——————— Fages. RÉNON. . . . . . Recherche du plomb dans les glandes salivaires. — Etude a) expérimentale RENTE 862 — Intoxications successives par Lexique ne et des mMICrobiensi nee DATE té EMULE) RETTERER . . . . Origine épithéliale des energies et e la Shea réti- à culéerdes tollicules clos PREMIERE NMA280 Rey ParzuAne (px). Existence simultanée dans les Héne animaux ‘ha He thiontet.de loxydase chargée de l'oxyder MM "NME — Pouvoir oxydant et pouvoir réducteur des tissus . . . . 519 — Existence dans les tissus animaux d'une matière Et mec le’sayacibleuieiers teen Ne AA ARE AN ER ER GET] Ricuer. . . . . . Action locale du sérum à cu Le he contre les effets toxiques du sérum d° Une SANT MANS INPUT ST SIERE 14 — Injection d'eau très chaude dans le nn — Inno- CUITE LENON LA : 640 =: Effets des de on EN Del 1 Poe ch le POUMOMAMNONEE ; MO UN — Injections d’eau Che ci de Mb iées ne ou dans les poumons par la trachée . . . . 165 RogIn- . . . . . Coli-bacille et bacille d'Eberth. — Nouveau dou de aiffé- ReNCIATLONE NC EME es ARS MON Nes Re 49 ROCHON . . . - . Seringue hypodermique sans on HA LE 240922 Roper. . . . . . Spécificité des propriétés acquises par les Mure deal ani- maux immunisés et sur la méthode de préparation des SÉCUMSNNÉTAPEUTIQUES PANNES NE NET RE — Propriété agglutinatrice du sérum d animaux immunisés contre les microbes du bacillus coli et du bacille d'Eberth. 874 Roper et Nicoas. Modifications subies par une masse gazeuse injectée dans le tissu cellulaire ettdans letpéritoine hu ME MEN OT ROGER. . .. : . . Durée de l'immunité vaccinale#" "#1" "00 : Ne CAT — Effets des injections d'eau glacée dans Lee veines, le Dos ï toineretles artère seen GS — Rôle protecteur du foie canne HAeebon once ST — Rôle protecteur du poumon contre l'infection streptococ- CIE AVE 914 Rocer et Bayeux. Rôle de la Losine üiphtérique ls le FAO de fausses membranes. . . . PÉnae EAN? 65 Rocer et Josué. . Action de la toxine et dl M ne bent de sur la moelle osseuse . . . . 1% — . Modification de la ee osseuse eue ire Malchoa staphylococcique . . . . ae NS2 2) — Influence des injections sous- dE ances dei sérum Ro a ei thérapeutique sur la moelle osseuse. . . . ECS —- Modification de la moelle osseuse dans neetion Cha RUE HeUSe NAN : OUT Roux et Bazraazar. Rayons de Pneu pour éiel de : À ce on Cale ALAN SPONSOR CT — Fonctions once de ue cl er : LUE 104 _— Contractions de l'estomac. — Rayons de an REP 185 RouxEau. . . . . Résultats de l'extirpation isolée des glandules parathy HAS chez le: lapins RSS RE ER r TRE NE 17 Se 5 et TABLE PAR NOMS D'AUTEURS, 1135 Pages. S SABRAZÈS. . . . . Thionine et acide picrique pour coloration histologique . . 51 — Action du tannin sur le bacille tuberculeux . . . . . . . . 1088 SaBrazës et Caganxes. Physiologie pathologique de l'accès d'hémoglobinurie paroxystique & frigore. . . . DA MT OT Ten AGE SABRAZES et RIVIÈRE. Réaction agglutinante du sérum de Mons et de l’animal tétaniques sur le bacille de Nicolaïer,. . . . . . . . . . 618 Sazmox . . . . . Recherches sur l'infection dans la vaccine et la variole : . 121 SANSON. . . . . . Remarques sur l’acapnie . . . . SNS ENS Moy 20) SICARD. . . . . . Epidémie de psittacose. — nada Héoéso ete . . 844 SIMOND. . . . . . Recherches sur les formes de reproduction asporulée dans lesenrel0oceidium ARR A A ANR ee DAV SouLié. . . . . . Cellules endothéliales de l'épicarde ce de la plèvre pulmo- LAS naire. — Variations physiologiques. . . . . . . . . : . 445 — Seringue à claveliser . . . . RARES ME PLOR SouLié et VERDUN. Premiers stades du dév so pncment HE la Fa re médiane . 41 Souques et Marinesco. Lésions de la moelle épinière dans un cas de diabéte SUCRÉ AP ANSE 0 0 (Di 0. 07.p GNT GLEN — Dans un cas d’ anputation ne JE ee dérae de la - of SNA Re AS DNA TO OU CRE ARENA PU TEFANOWSKA (Mile). Mode duc alien es neurones CéTÉDrauxs MEME MMOG HN USA NS Elose par: WUriz AN ANUS L'tReuEenren | NN ANR faite V 7 TaRCHANOrF (DE) . Actions »hysiologiques des tubes de Crookes à distance. . 140 T eissier et GuiNarr. Hémorragies gastro-intestinales graves. — Effets vaso- dilatateurs produits par la pneumobacilline . . . . . . . 158 TERsON. . . . . . Atrophie partielle des nerfs optiques à la suite d’une relete CulanéetraitéeMpar I OUOTOLNE EE REPARER OS Taierry . . . . . Note sur l'ouverture accidentelle de la cavité thoracique et | la mise à nu du poumon . . . . D AR LE ET A 11 TairoLOIx . . . . Examen bactériologique du sang de ra des atteints de rhumatisme articulaire aigu . . . . d'o 9 /a.d 268 = Etude bactériologique d’un cas de ae Ca nie : HEURE SR A De ee It OS — Bactériologie du rs snfésiate ao Re eue OS OMR EP Te faisceauicérébelleux descendants 00m Ponte 36 = Fibres d'union de la moelle avec les autres centres nerveux ne et principalement sur les faisceaux cérébelleux ascendants. 88 — Rééducation de la parole dans l’aphasie motrice corticale . 951 Tissor et ContEJEAN. Physiologie de l'encéphale . . . . . . . ON GPA te) TouLousE et VAscnipe. Temps de réaction dans la nabaode le M GUG Tourneux et VeRDUN. Glandules thymiques et thyroïdiennes chez l'homme. — Premiers développements et détermination. . . . .. . . 63 TRIBOULET . . . . Impétigo et ecthyma ulcéreux chez un enfant de dix mois. — Mort subite. — Infection pyocyanique. . . . . . 898 Dhpocrer et Coxox. Recherches bactériologiques dans un cas de Souris fébrile mortel. . . FREE Ne En ID OO TROUESSART . . . Organe de fixation et de succion du Rouget . SN ES D DEA RP LE) = Mcarnen duiciraeeretiacarien duivin Eee EN ER OS 1:36 VALENZA. NAQUEZ NAN SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE V . Disposition en peloton des tubes nerveux dans la moelle de l'embryon roumaine PARLER RNA Ne 325 Moelle épinière. — Prolongements protoblaemietes et cylin- droxiles qui s’entre-croisent dans la commissure grise DOSLÉTIEUTE ANNEE ANR SNEN nee EL ETENT . Splénectomie chirurgicale avec examens éh SAD CEE A RUE ET Recherches sur l'hématolyse in vifro . 2 2. . oo Election Pa Pos Mn ae a RE MAS AR ONA R AR ANR RS 1070 VerzLox et ZuBer. Microbes anaérobies et eus rôle des la pathologie humaine. 253 VAN DE VELDE ,. . VERDUN VIDAL : : NOTR OT ANA UE \WEINBERG . WEISs . WIDAL. . Wipaz et SicARD. Pouvoir agglutinant d'un sérum de cheval vacciné contre la”Hévre typhoides 7e 4 AMEN er terne En 882 . Dérivés de la quatrième poche Dan chiale er lé chat. : + 4003 . Influence des inhalations de chloroforme sur la résistance de l’orsanismelaux infections 40/1720 NN ER Rte Névroglie périmeéduIaire een ENS Sears 244 W . Séro-réaction chez les anciens typhiques. . . . . . . . ee 00 sHRéculateurdetempérature NAME 88 Comparaison des tracés obtenus à l’aide années cn ÉTEUTS OTTÉREN ETS PU AR PAIE La LAB Re ae AS ED Architecture des muscles . . . . . A ee à (D Enregistrement des produits de la DE LEA ARE Ve IG 522 A propos de la communication de M. Philadelphien sur les Sphysmometrographes te entrer TERRES ST 'HÉIeCLTON LS ie RAR ENT UE I ICO RE RARE AUS QG MR 160 Séro-réaction Er le Hocibne dore anilerien TS Te 902 Wina et Nogécourr. Dissociation de la propriété immunisante et de la pro- priététaselutinantent "1e een pensent ets 842 Séro-diagnostic par le sang desséché À légale, hysiène publique) 1200 NES RNA RS ï 20 Réaction agglutinante sur 1e Dacilles MOTS TA ANNE NEA 116 Mensuration du pouvoir agglutinatif chez les typhiques . . 186 Remarques pari Chartier PR EEE RARE tn 187 WUuRTzZ VON ERA ANS ZABOLOTNY . Recherches sur l'absorption de la substance agglutinante typhique par le tube digestif et sur sa transmission par l'allaitement: eine Rec eee Re 804 influence de l'organisme sur les propriétés acquises par les humeurs 'dutfaitide l'infection 1e" Res ENST 1047 . 110 Se de SETAUSE EE EP ANNE TEA RQ A EE RUE RE A AR V Élection.) te) ds aan et ERA AN (717 Elimination du soufre et de la magnésie. . . . . . . . 1036 . Propriétés agglutinantes du sérum dans la peste notre 520 TABLE ANALYTIQUE (CLASSIFICATION DÉCIMALE) DES NOTES DE PHYSIOLOGIE ” DES COMPTES RENDUS DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 014.2. .014.2. -014.2. .014.46. .014.481. .014.481. -014.481. .014.481. .014.481.3. .014.481.3. .015.07. -014.11. .015.44. -015.14. 015.44. .015.37. -015.4. -015.4. -015.4. -015.4. -016.1. -072. (1) Cette table, ainsi que celle de l'année précédente, ne contient que les mémoires de physiologie pure, et non ceux de zoologie, ou de pathologie expérimentale, ou de toxicologie, etc. Par conséquent tous les chiffres doivent être précédés du chiffre commun 612, qui, dans la classification décimale, se rapporte à la physiologie. Les chiffres en caractères gras indiquent le numéro de la classification décimale; les PENDANT L'ANNÉE 1897 (1) 612. Achard et Castaigne, 1091. Loïisel, 624. Pilliet, 886. Livon, 979. Delore, 359. Foveau de Courmelles, 750. Rémy et Contremoulins, 81. Tarchanoff, 740. Beauregard et Guichard, 803. Balthazard, 726. Desgrez, 1077. Abelous et Biarnès, 173, 249, 985, 493, 559, 516. Bougault, 455. Bourquelot, 25, 453, 509, 686. Rey-Païlhade, 334, 519, 670. Bourquelot, 402, Camus, 230, 232. Lapicque, 423, 486. Laveran, 443. Régaud, 361, 484. Giard, 380. Weiss, 359, .073. AAA .111.14. .444.17. AAIEATÉ .114.17. .114.17. .111.6. .142. .412. 1122; 445. .115.42. .1445.42. .115.3. .115.3. 11523; .115.3. 415.3. .118. .118.11. .118.11. .118.11. .118.2. — Weiss, 88. Lapicque, 464. Gréhant, 480. Malassez, 203, 301. Maurel, 10, 17, 159, 213. Mayet, 202, 253. Vaquez, 990. Carrière, 482. Jolly, 758, 919. Retterer, 289. Maurel, 771. Delezenne, 489, 507. Dastre et Floresco, 28. Dastre, 469. : Abelous et Billard, 994, 1078. Camus, 1087. Dastre et Floresco, 847. Delezenne, 42, 228. Gley, 243, 118. Camus et Gley, 825. Hallion, 1042, — Quinton, 965, 890. — Quinton et Julia, 1063. — Guinard et Dumarest, 414, 416, 495. chiffres en caractères ordinaires, le numéro de la page. (Ca. Ricuer.) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE .349. .35. .35.019.5. .351.1. 352. .353.1. .354. .357. 357.13. 357.13. .357.13. :357.6- .397.67. .357.67. .36. J. Héricourt et Ch. Richet, 361. Rodet, 866. : Phisalix, 1057. Bohr et Henriquez, 303. Bardier, 1025. Philadelphien, 537. Weiss, 541. Gilbert et Garnier, 406. Fr.-Franck, 91. Bardier, 197, 311. Fr.-Franck, 111. Gley, 150. Capitan et 642. Bloch, 1012. Dastre, 69. Jacquet et Butte, 68. Brunet, 24. Weiss, 522. À. Mosso, 223. Sanson, 242. Alezais, 1068. Gérard, 1017. J. Héricourt et Ch. Richet, 14, 367. Phisalix, 1031. Haan, 490. J.-Ch. Roux et Balthazar, 567, 183, 104. Gachet et Pachon, 1094. Ch. Richet, 640. Linossier, 394. Hédon, 60. Gilbert, Carnot et Choay, 1028. Abelous et Billard, 994 1078. Guillemonat, 32. Garnier et Lambert, 716. Chassevant et Ch. Richet, 163. Mairet et Vires, 431. Phisalix, 1051. Camus, 232, 338, Dastre et Floresco, 813. Dastre, 340, 849. Gilbert et Fournier, 936. D'Arsonval,, Charrin, et Bonniot, 169. Bardier, 605. Courtade et Guyon, 154. Pokrychkine, 123, 822, 1051, ul 391, 861. 306, "361. .394 .96. -38. .385. .392.43. .392 .45. .392.45. .392.45. .392.45. *392.45. .392.45. .396.17. 397.2. -397.2. Guillemonait et Lapicque, 345. Bardier, 162. Rodet et Nicolas, 947. Ch. Richet, 697, 765. Yvon, 1056. Appert, 864. Carrion, 251. Guillemonat, 32. Guillemonat et Lapicque, 345. ; Lapicque, 210, 873. Parmentier et Carrion, 201. Mangio, 419. Camus, 192, 193, 230. Hauriot et Camus, 124.. Hanriot, 311. Danilewsky, 415. Fiquet, 459. Bouchard, 940. Guillemonat, 32. Hartmann et Vaquez, 126. Vaquez, 551. Courmont et Duffau, 1080. Christiani et Ferrari, 885. Gley, 18, 46, 101. Moussu, 44, 82. . Rouxeau, 11. Athanasiu et Langlois, 575. Boinet, 439, 466, 413. Donetti, 535. Langlois, 184, 524, 571. Pilliet et V. Veau, 64. Imbert et Astruc, 476. Yvon, 1036. Boureau, 311. Moreigne, 429. Denigès, 281. Alezais, 413. Carrière, 4008. Bosc, 130. Charrin et Riche, 5541. Labadie-Lagrave, Boix et Noé, 658. Rénon, 841. Achard, Weil et Gourdet, 1093. Lemoine, 381. Azéimar, 181. Camus et Gley, 181. Roger et Josué, 363, 197. Lefèvre, 995. Athanasiu et Carvallo, 590, 706. NA) ONE — Roger, 695. .818. _— Ch. Richet, 697, 765. | 819.78. De Keifier 221 L | .819.91. — Féré, 861, 626. | .819.912. | — Léger, 543. DIRES … — A. Michel, 283, 313, 336, : 821.3. ; 353, 385. .821.8 _ — Charrin et Riche, 355. .822. — Féré, 75, 856. -823. — Féré, 627. -825. — Garnier et Lambert, 167 .825.1. Use -833.91. — Gréhant, 296. . .835. __ — Bardier et Bauby, 47. -826.7. | — Weiss, 410. 10183392; — Barrier, 119. -841. — Bergonié, 365. MAS ASS — Aug. Michel, 418. 118435. — Mavrojannis, 943. | .843.74. — Arloing, 533. .841. — Laulanié, 206. -854. — Lefèvre, 278. \ | -858. — loteyko, 341. | -858. — Mermet et Scrini, 869. | .893. ANALYTIQUE (CLASS. DÉC.) DES NOTES DE PHYSIOLOGIE 1139 — — Ghillini, 520. — Dejerine et Théohari, 1033. — Marinesco, 168. — Doyon, 51. — Toulouse et Vaschide, 616. — Féré, 669. — Bonnier, 1051. — An.Broca et Ch. Richet, 333. — Danilewsky, 667. — Tissot et Contejean, 113. — An.Brocaet Ch. Richet, 14. — An.Brocaet Ch. Richet, 441. — Souques et Marinesco, 433. — Thomas, 36, 88. : -— Féré, 853. — Mermet, 30. RER NON — An. Broca, 93. — Imbert, 671. — Campos, 608. — Ronnier, 52. — Bonnier, 618. — An. Broca, 652. — Courtade et Guyon, 792. Paris. — [mprimerie de la Cour d'appel, L. MaReTHEUXx directeur, 1, rue Cassette. BL WHOI Library - Serials ELU 5 WHSE 03906 CMPES ces A 0e de à ne Brtey-dpn 82 D if % ml PS + 2h phn sg be M RE ES rs)