nm mé DE ride tag app D renan Te RARE, 2 271 MASSE Eu rh ner Le LATE Come ur PT en PE pee er Vars eve ‘Tri étopels-e COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES | SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ANNÉE 1901 4 CINQUANTE-TROISIÈME DE LA COLLECTION Avec figures PARIS MASSON ET C:, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6°) 1901 EMOMONOMEMEENMNEUM EE P LISTE DES > MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE AU 31 DÉCEMBRE 1901 ABRÉVIATIONS A M, associé de l’Académie de médecine. g P, agrégé à l'École de pharmacie. Fr , agrégé à la Faculté de médecine. u, accoucheur des Hôpitaux. M, assistant au Muséum. A Ss, correspondant de l’Académie des sciences. A M, correspondant de l’Académie de médecine. H, chirurgien des Hôpitaux. A M, membre de l’Académie de médecine. 1, membre de l'Institut. 3 A s, membre de l’Académie des sciences. c Frs, maître de conférences à la Faculté des sciences. H, médecin des Hôpitaux. c F, professeur au Collège de France. E x, professeur à l'École de médecine. k P, professeur à l'École de pharmacie. E Mu, professeur à l'École de médecine militaire. E v, professeur à l'École vétérinaire. Fr M, professeur à la Faculté de médecine. F s, professeur à la Faculté des sciences. H, pharmacien des Hôpitaux. H F M, professeur honoraire à la Faculté de médecine. M, professeur au Muséum. u, professeur à l'Université. ANCIENS PRÉSIDENTS Présidents perpétuels. Présidents quinquennaux. MM. MM. Rayer (1848-1867). Brown-Séquard (1887-1892). Claude Bernard (1868-1878). Chauveau (1892-1896). Paul Bert (1879-1886). Bouchard (1897-1901). COMPOSITION DU BUREAU (ODA) Président. sr ester M. Marey. Vice-présidents,.... net DIRES à M. Capitan. M. Hénocque. Secrétaire général............ M. Gley. | M. Borrel. Secrétaires ordinaires. ....... M. Jolly. : M. Linossier. M. Loisel. Trésorier............... MAD LE M. G. Weiss. APehIVISte. ALU TAN een M. Retterer. MEMBRES HONORAIRES MM. MM. Albert (S. A. S.), Prince de Monaco. | Foster (Michael), pu, à Cambridge. Beneden (Ed. van), pu, à Liége. Gegenbaur, pu, à Heidelberg.. Brouardel, Mas, Mau, PrM, mn, | Haeckel (Ernst), pu, à léna. doyen honoraire de la Faculté de | Klliker (von), pu, à Würzburg. médecine, 68, rue Bellechasse | Leydig (F. von), Pau, à Bonn. (Go Pflüger, pu, à Bonn. Burdo-Sanderson, pu, à Oxford. Ray-Lankester, directeur du Bri- Chauveau, mM4s, MAM, pm, 10, ave- tish Museum, à Londres. nue Jules-Janin (16°). Strasburger, pu, à Bonn. Engelmann (W.), pu, à Berlin. Virchow, pu, à Berlin. MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES MM. MM. Arsonval (A. d’), mas, ma, pcr, | Berthelot(M.-P.-E.), MAS, MAM, PCF, à 12, rue Claude-Bernard (5°). sénateur, 3, rue Mazarine (6e). Babinski, mu, 170 bis, boulevard | Blanchard (Raphaël), ma, Pr, 226, Haussmann (8°). boulevard Saint-Germain (7°). Balzer, mn, 8, rue de l’Arcade (8°). | Bloch (A.M.), 43, rueSt-Georges (9°). NT MM. Bonnier (Gaston), vas, PFs, 15, rue de l’'Estrapade (5°). Bouchard, MAS, MAM, PFM, MH, 174, rue de Rivoli (1°). Bourneville, mu, 14, rue des Car- mes (5°). Bourquelot, MAM, PEP, PH, 42, rue de Sèvres (1°). Brissaud, PFM, Mu, 5, rue Bona- parte (6°). Budin, mAM, PFM, AH, 51, rue de la Faisanderie (16°). Capitan, professeur à l'Ecole d’an- thropologie, 5, rue des Ursu- lines (5°). Chamberland, directeur de labo- ratoire, à l'Institut Pasteur, 82, rue Dutot (15°). Charrin, AFM, mu, 11, avenue de l'Opéra (1°). Chalin (Joannès), MAS, MAM, Prs, 174, boul. Saint-Germain (6°). Cornil(V.), MAM, PFM, MH, sénateur, 19, rue Saint-Guillaume (1°). Dastre, Prs, À, rue Victor-Cou- sin (5°). Dejerine, Pr“, mu, 179, boulevard Saint-Germain (7°). Duclaux, MAS, Mau, PFS, directeur de l’Institut Pasteur, 39, avenue de Breteuil (7°). Duguet, Mam, AFM, MH, 60, rue de Londres (8°). Dupuy (E.), 53, avenue Montai- gne (8e). Duval (Mathias), mam, PFM, 11, cité Malesherbes (9°). Fabre-Domergue, inspecteur géné- ral des pêcheries, 208, boule- vard Raspail (14°). Féré (Ch.), ux,37, boulevard Saint- Michel (5°). MM. Francois-Franck, MAM, professeur suppléant au Collège de France, ,' rue Saint-Philippe-du- Roule (8°). Galippe (V.), mam, 12, place Ven- dôme (1°). Gellé, 4, rue Sainte-Anne (1°). Giard (Alfred), mas, Prs, 14, rue Stanislas (6°). Gilbert, PFM, Rome (8°). Gley, AFM, AM, 14, rue Monsieur-le- Prince (6°). Grancher, MA“, PFM, MH, 36, rue Beaujon (8°). Gréhant (N.), pu, 90, cours de Vin- cennes (12°). Guignard, MAS, MAM, PEP, À, rue des Feuillantines (5°). Hallopeau, mam, Ar“, mx, 91, bou- levard Malesherbes (8°). : Hamy, m1, PM, 36, rue Geoffroy- Saint-Hilaire (5°). Hayem (G.), MaM, PFM, mn, 97, bou- levard Malesherbes (8°). Henneguy, PCF, 9, rue Thénard (5°). Hénocque, directeur du laboratoire de physique biologique au Col- lège de France, 11, avenue Mati- gnon (8°). Javal, MA, d, boulevard de Latour- Maubourg (8°). Joffroy, PFM, mu, 195, boulevard Saint-Germain (7°). Kaufmann, PEv, à Alfort. Künckel d'Herculais (Jules), am, 5», rue de Buffon (>°). Laborde (J.-V.), man, chef des tra- vaux physiologiques à la Faculté de médecine, 15, rue de l'École- de-Médecine (5°). Lancereaux (E.), MAM, AFM, Mu, 44, rue de la Bienfaisance (8°). MH, 27, rue de = VIN = MM. Landouzy, MAM, PFM, MH, 4, rue Chauveau-Lagarde (8°). Langlois (J.-P.), AFM, 12, l'Odéon (6°). Larcher, 91, Passy (16°). Laveran, MAS, MAM, %5, rue du Mont- parnasse (14°). Leblanc, mam, 88, avenue Mala- koff (16°). Leven, 26, avenue des Champs- Élysées (8°). : rue de Grande-Rue de Magnan, MAM, Mu, 1, rue Caba- nis (14°). Malassez, maAm, 168, boulevard Saint-Germain (6°). Marey, mas, MAM, per, 11, boule- vard Delessert (16°). Mégnin (Pierre), MAM, avenue Au- bert, 6, à Vincennes. Michon (Joseph), 33, rue de Baby- lone (7°). Netter, AFM, mu, 129, boulevard Saint-Germain (6°). Nocard, MAM, PEV, à Alfort. Onimus, 118, boulevard Hauss- mann (8°). Perrier (Edmond), MAS, MAM, PM, 57, rue Cuvier (5°). Phisalix, AM, 26, boulevard Saint- Germain (5°). MM. Railliet, MAM, PEV, 9, avenue de l’Asile, à St-Maurice. Ranvier, MAS, MAM, PCF, à Thélys, Cre de Vendrange, par St- Sym- phorien de Laÿ (Loire) Raymond (F.), MAM, PF“, Mu, 450, boulevard Haussmann (8°). Regnard (Paul), man, directeur de l'Institut agronomique, 224, boulevard Saint-Germain (1°). Rémy, AFM, 31, rue de Londres (9°). Retterer, AFM, 29, boulevard Saint- Marcel (13°). Richet (Ch.), Mau, PFM, 15, rue de l'Université (1°). Robin (Albert), MAM, AFM, Mu, 53, boulevard de Courcelles (8°). Roger, AFM, MH, 13, rue de Cour- celles (8°). Rouget (Charles), AAM, Pam, à Saint-Jean-de-Villefranche. Sinety (de), 14, place Vendôme (1°). Trasbot, MAM, PEv, 11, avenue de * l’Asile, à St-Maurice. Troisier, MAM, AFM, Ma, 25, rue de La Boétie (8°). : Vaillant (L.), pm, 2, rue de Buf fon (5°). Varigny (Henri Lalo (16°). Wurtz, AFM, Mu, 67, rue des Saints- Pères (6°). de) TS NSRQue MEMBRES TITULAIRES MM. Barrier, PEV, à Alfort (21 octobre 1899). Binet, directeur du laboratoire de psychologie physiologique à l'École des Hautes-Études, 9, rue du Départ, à Meudon (21 dé- cembre 1895). Bonnier (Pierre), 166, rue du Fau- MM. bourg-St-Honoré (8°) (3 avril 1897). Borrel, chef de laboratoire à l’Ins- titut Pasteur, 60, rue. Mathu- rin-Régnier (15°) (17 novembre 1900). Bouvier, PM, 39, rue Claude-Ber- nard (5°) (28 avril 1894). EUX MM. Camus (Lucien), chef adjoint des travaux physiologiques, FM, 14, rue Monsieur-le-Prince (6°) (2 avril 1898). Carnot (Paul), 40, rue du Luxem- bourg (6°) (5 mar 1900). Chabrié, chargé de cours, Frs, 3, rue Michelet (6°) (5 décembre 1896). Chantemesse, MAM, PFM, MH, 30,rue Boissy-d’Anglas (8°) (13 mai1899). Darier, Mn, 8, rue de Rome (8°) (L4 janvier 1893). Desgrez, AFM, 240, rue St-Jacques (5°) (29 avril 1899). Grimbert, AEP, P4,47, rue du Fau- bourg-St-Jacques (14°) (21 mars 1896). Guyon, préparateur au Collège de France, 22, rue de Madrid (8°) (7 janvier 1899). Hallion, chef des travaux de phy- siologie pathologique à l'École : des Hautes-Études, 54, rue du Faubourg-St-Honoré (8°) (30 mai 1596). Hanriot, MA, AFM, 4, rue Monsieur- le-Prince (6°) (21 novembre 1896). Héricourt, 12, rue de Douai (9°) (5 mars 1898). Jolly, chef de laboratoire, FM, 59, rue de Babylone (1°) (9 novembre 1901). Lapicque, mers, 15, rue de l'Odéon (6°) (15 décembre 1894). Letulle, AFM, Mu, 7, rue de Magde- bourg (16°) (26 novembre 1898). Linossier, c1m, 51, rue de Lille (7°) (15 décembre 1900). Loisel, préparateur à la Faculté de Médecine, 6, rue de l'École-de- Médecine (6°) (16 février 1901). MM. Mangin, professeur au Lycée Louis- le-Grand, 2, rue de la Sorbonne (5°) (25 mai 1895). Marchal, professeur à l'Institut agronomique, 126,rue Boucicaut, à Fontenay-aux-Roses (Seine) (19 juin 1897). Marie (Pierre), AFM, M4, 209, boule- vard Saint-Germain (8°) (29 juillet 1899). Martin (Louis), chef de service à l’Institut Pasteur, 203, rue de Vaugirard (15°)(7 décembre 1898). Mesnil, chef de laboratoire à l'Insti- tut Pasteur, 227, rue de Vaugi- rard (15°) (28 mai 1898). Peltit (Aug.), chef de laboratoire, FM, 60, rue Saint-André-des-Arts (6°) (2 juillet 1898). Rénon, AFM, Mu, 51, avenue Mon- taigne (8°) (27 juin 1896). Richer (Paul), man, 11, rue Garan- cière (6°) (8 juillet 1893). Suchard, professeur suppléant au Collège de France, 75, rue Notre-. Dame-des-Champs (6°) (30 no- vembre 1895). Thomas, 64, rue de la Chaussée- d'Antin (9°) (18 février 1899). Trouessart, 145, rue de la Pompe (16°) (28 juillet 1895). Vaquez, AFM, Mu, 82, boulevard Haussmann (8°) (11 décembre 1897). Weiss (G.), AFM, 20, avenue Jules- Janin (16°) (48 juillet 1896). Widal, Ar“, mu, 155, boulevard Hausmann (8°) (17 juillet 1897). Yvon, man, 26, avenue de l’'Obser- vatoire (14°) (13 novembre 1897). — X — MEMBRES ASSOCIÉS MM. MM. Arloing, CAS, AAM, PFM, PEV, à | Meichnikoft, chef de service au Lyon. l’Institut Pasteur, rue Dutot(15°). Beaie, Lionel $S., à Londres. Pitres, cam, PFM, 119, cours d’Al- Beaunis, PHrM, villa Ste-Gene- sace-Lorraine, à Bordeaux. viève, promenade de la Croi- | Plateau, pu, à Gand. sette, à Cannes. Recklinghausen (von), pu, à Siras- Carus (J.-V.), pu, à Leipzig. bourse 40 Dugès (Alfred), consul de France à | Renaut (J.), AAM, PrM, 6, rue de Guanajuato (Mexique). l'Hôpital, à Lyon. Fredericq, pu, à Liége. | Roux, MAS, MAM, sous-directeur de His, pu, à Leipzig. | l’Institut Pasteur, 25, rue Dutot Koch (R.), pu, à Berlin. (15°). Kronecker, pu, à Berne. Sanson, ancien profess. à l’Insti- Laulanié, cam, PEv, à Toulouse. tut agronomique, 11, rue Bois- Lépine, cas, AA, PFM, 30, place sonade, Paris (14°). _Bellecourt, à Lyon. Waldeyer (W.), pu, Lütherstr., 3, Lortet, PrM, à Lyon. à Berlin. A MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX MM. | MM. Abelous, PF, à Toulouse. Herrmann (G.), PF“, à Toulouse. Arthus, chef de service à l’Institut | Imbert, PFM, à Montpellier. : Pasteur, Lille. Jobert (CI.), Prs, à Dijon. Baréty, à Nice. Jolyet, PrM, à Bordeaux. Bergonié, cAM, PFM, à Bordeaux. Jourdan, PFS, PEM, à Marseille.” Brasse,25,rue Chasselièvre,à Rouen. | Jourdain, ancien Prs, à Portbail. Calmette, PFrM, directeur de l’Ins- | Laguesse, pr, à Lille. titut Pasteur de Lille. Lambling, PFM, à Lille. Caullery, PFS, à Marseille. Lataste, à Cadillac (Gironde). Cazeneuve (Paul), Prm, à Lyon. Lennier (G.), directeur du Muséum, Charpentier, PFM, à Nancy. au Havre. Coÿne, cam, PFM, à Bordeaux. Livon, PE, à Marseille. Courmont (Jules), Pr", à Lyon. Lucet, vétérinaire, à Courtenay Debierre (Ch.), prx, à Lille. (Loiret). Delore, à Lyon. Maupas, bibliothécaire, à Alger. Doyon (Maurice), AFM, à Lyon. Maurel, chargé de cours, FM, à Dubois (Raphaël), pes, à Lyon. Toulouse. Duret, professeur à l'Université | Morat, PF, à Lyon. libre, à Lille. Moynierde Villepoix,PEM, à Amiens. Gilis, PF“, à Montpellier. Nepveu, PEM, à Marseille. Gimbert, à Cannes. Nicolas, PFM, à Nancy. NT — MM. OEchsner de Coninck, PFs, à Mont- pellier. _Pelvet, à Vire. Perraud, professeur de viticulture, à Villefranche (Rhône). Pierret, PrM, à Lyon. Prenant, PFM, à Nancy. Rietsch, PEM, à Marseille. MM. Rodet, PrM, à Montpellier. Testut (Léo), PrM, à Lyon. Thierry (E.), directeur de l’École d'agriculture, à Beaune (Côte- d'Or). Tourneux (Fréd.), PrM, à Toulouse. Wertheimer, PrM, à Lille. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS MM. Allemagne. Behring, pu, à Marbureg. Ehrlich, P, K. Institut f. experi- mentelle Therapie, Sandhofstr., 44, Frankfurt-a-M. Hertwig (0.), pu, à Berlin. Weigert, P. Dr. Senckenbergisches pathologisch.-anatomisches Ins- titut, Frankfurt-a-M. Australie. Haswell, PU, à Sidney. Autriche-flongrie. Adamkiewiez (Albert), pu, à Cra- covie. Belgique. Heger (P.), pu, à Bruxelles. Cuba. Sanchez Toledo, à Paris. Espagne. Ramon y Cajal, pu, Madrid. États-Unis. Bowditch, P, Harvard University, Boston. Stiles, directeur du Bureau ofanimal industrie, Department ofAgricul- ture, Washington (États-Unis). MM. Minot (S.), P, Harvard University, Boston. Grande-Bretagne. Beevor (Ch.-Edw.), 33, street, à Londres, W. Ferrier (David), F.R.s., P., King's College, 34, Cavendish square, à Londres, W. Horsley (Victor), F. R.s., 80, Park street, Grosvenor square, à Londres, W. Langley, F.R.s., P, Trinity College, à Cambridge. Simon (John), à Londres. Waller (Aug.), P, St Mary s Hos- pital, à Londres Harley Hollande. De Vries, PU, à Amsterdam. Italie. Golgi, pu, à Pavie. Mosso (Angelo), pu, à Turin. Perroncito (Eduardo), pu, à Tu- rin. Portugal. Mello (Cabral da), à Lisbonne. Roumanie. Vitzou, pu, à Bucarest. ( MM. | Russie. Gyon (E. de), 4, rue de Thann, Paris (47°). cc. Dogiel, pu, à Kazan. Gamaleïa, à Kichineff. Mendelssohn (Maurice), à Saint-Pé- je tersbourg, et 47, rue de Cour- celles, Paris (8°). Era Mierzejewsky, 26, rue Serguievs- _kaja, à Saint-Pétersbourg. | Tarchanoff (de), ar à More 16, perspective _Wedensky,pu,àS Bunge (G. von), eu, à Prevost, pu, à Genève. RAPPORT SUR LE PRIX DE LA FONDATION XX... (de 600 francs) POUR L'ANNÉE 1900-1901 AU NOM D'UNE COMMISSION COMPOSÉE DE MM. GIARD, MALASSEZ, £T J.-V. LABORDE, RAPPORTEUR (Rapport lu dans la séance du 15 juin.) Aux termes de la fondation X... d’un prix annuel de 600 francs, accepté par la Société, celle-ci a désigné une commission, composée de MM. Giard, Malassez et Laborde, chargée, pour l’année courante, de lui. présenter un candidat que, selon une disposition des plus libérales, elle avait la faculté et le droit de choisir elle-même. Je viens, et j'ai l'honneur de vous faire part de ce choix qui, à raison des titres et des travaux du candidat, qui se réfèrent particulièrement à la Physiologie, a porté la commission à me confier le rapport, absolu- ment conforme à sa décision, d’un accord unanime. Ce candidat est un jeune physiologiste, dont les titres et les nombreux travaux se recommandent par de réels mérites, M. Victor Henri. Une simple énumération de ces travaux, avec leurs titres respectifs et le Curriculum vitæ de leur auteur, va vous permettre une suffisante appréciation de sa candidature à la récompense dont il s’agit : Après de fortes études, en Sorbonne, des sciences mathématiques, physiques et chimiques, M. Victor Henri commençait, dès 1892, à fré- quenter — pour s'y livrer à des recherches de physiologie psycho- logique — le laboratoire de MM. Beaunis et Binet; — et, vers la même époque, en 1893, il était allé travailler dans le laboratoire du profes- seur Wundt, à Leipzig. Nous allons, tout à l’heure, trouver dans l’énumération de ses lra- vaux ceux qui se rapportent à cette première période de sa vie scien- üfique. Un peu plus tard, de 1894 à 1897, la fréquentation des laboratoires allemands, fréquentation des plus profitables pour la science française elle-même, l'amena chez le professeur Ludwig, à Leipzig, ce maître qui BrocoGie. Mémoires. — 1901, T. LIT. 1 IL MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE eut pour maitre notre Cl. Bernard, puis, à Gôttingue, au laboratoire de psychologie expérimentale de G. E. Müller. C'est à Güttingue qu’en 1897 M. Victor Henri soutenait sa thèse de doctorat en philosophie sur les sensations tactiles, travail considérable, écrit en allemand, et qui renferme les résultats des recherches expéri- mentales poursuivies durant les trois années qu’il a passées dans les précédents laboratoires. A partir de cette époque (1897-1900), c'est au laboratoire de physio- logie générale de la Sorbonne que M. Victor Henri a été attaché, et qu'il s'y est consacré à ses recherches récentes, notamment à celles dont la Société de biologie a bénéficié : Sur la destruction du labyrinthe chez les reptiles; Sur la suture croisée des nerfs pneumogastrique et hypoglosse : Expérience très ingénieuse, réalisée sur les conseils du profes- seur Dastre, et démontrant la régénérescence fonctionnelle du nerf hypo- glosse, et la régénérescence partielle du pneumogastrique. Entre temps, M. Victor Henri communiquait au Congrès de 1900 d'intéressantes recherches sur l’électrolyse de l'hémoglobine et sur l'aci- dité de la gélatine. : Pendant les vacances de 1899-1900 (août, septembre, octobre), ül retournait à Leipzig, la ville préférée de ses pérégrinations scientifiques, exotiques; cette fois, dans le laboratoire de chimie et de physique du professeur Ostwald; et il en rapportait, pour les communiquer à notre. . Société, les résultats d'expériences relatives : 1° A l'étude cryoscopique de l’inversion du saccharose ; 2° À cette mème inversion du saccharose dans la glycérine. Je joins, ici, la longue liste des notes et mémoires publiés par l'au- teur, soit en collaboration (notamment avec M. Binet), soit seul, qu'il serait trop long d'analyser devant vous, mais dont il est permis de dire, comme appréciation générale, qu'ils portent, tous, la marque de l'infatigable chercheur, d'une compétence physiologique et expérimen- tale incontestables. Il convient, enfin, d’ajouter à ces travaux originaux un grand nombre de revues critiques et d'analyses de psychologie expérimentale, publiées dans l'Année psychologique et dans la Revue philosophique, et parmi lesquelles il suffit de mentionner sa compendieuse et remarquable revue sur le sens musculaire (qui contient plus de 200 pages) pour signaler la valeur de ces travaux en ce genre. En résumé, notre commission, Messieurs, a pensé qu'elle ne pourrait mieux inaugurer la première attribution du prix de la fondation X... qu'en vous proposant la candidature de M. Victor Henri; — et je suis son fidèle interprète en vous priant de ratifier sa proposition. À =- TE RE 3 1 4 4 À | RAPPORT SUR LE PRIX DE LA FONDATION X... I Liste des travaux et communications scientifiques de M. Victor Henri jointe au rapport. 4° Note sur un cas d'audition colorée. Revue philosophique, mai 1893. 2 Localisation des sensations tactiles. Archives de physiologie, 1893. 3° Recherches de psychométrie chez les hystériques (avec M. Philippe), 1893. 4° Les laboratoires de psychologie en Allemagne. Revue philosophique, 1893. 5° (Avec M. Binet). La simulation de la mémoire. lievue scientifique, 1893. 6° (Avec M. Binet). Le développement de la mémoire visuelle. Revue yéné- rale des sciences, 189%. 0 (Avec M. Binet). Les actions d'arrêt dans la parole. Revue philosophique, 189%. 8° (Avec M. Binet). La suggestibilité naturelle des enfants. lievue philosophique 1894. 9° (Avec M. Binet). La mémoire des mots et des idées. Année psychologique, 189%. 100 (Avec M. Binet). La psychologie individuelle. Année psychologique, 1895. 41° Le calcul des probabilités en psychologie. Année psychologique, 1895 et 1898. 120 Enquête sur les premiers souvenirs de l'enfance. Année psychologique, 1896. 13° (Avec M. Tawney). Ueber die Trugwahrnehmung zweier Punkte. Philosoph. Stud., 1895. 44° Recherches sur les sensations tactiles. Année psychologique, 1895 et 1896. 15° Étude sur le travail psychique et physique. Année psychologique, 1896. 16° Ueber die Raumwahrnehmungen des Tastainnes. 1 vol.in-8°, 227 p. Berlin, 1897. {7% (Avec M. Binet). La fatigue intellectuelle. 4 vol. in-8°, 327 p. Paris, 1898. 18° Revue générale sur le sens musculaire. Année psychologique, 1899. 19 Influence du travail psychique sur les échanges nutritifs. Année psycho- logique, 1899. 20° Destruction du labyrinthe chez les reptiles. Société de Biologie, 1899. 219 (Avec M. Calugareanu). Suture croisée des nerfs pneumogastrique el hypoglosse. Société de Biologie et Journal de physiologie, 1900. 220 (Avec M. Marie). Étude cryoscopique de l'inversion du saccharose. Société de Biologie, 1899. 230 Inversion du saccharose dissous dans la glycérine. Sociélé de Biologie, 1900, et Journal de physiologie et de pathologie générale, 1900. LR tn D REMISE DE MÉDAILLES COMMÉMORATIVES CINQUANTENAIRE DE LA SOCIÉTÉ (SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1901) Au nom de la Commission de la médaille du Cinquantenaire, M. Marassez remet successivement à M. le président BoucHarp, à M. CHAUVEAU, ancien président, à M. Gzey, secrétaire général, et à M. P. Ricaer, auteur de la médaille, un exemplaire de celle-ci, dans un bel écrin, avec dédicace spéciale. En remettant chacune de ces médailles, il s'exprime dans les termes suivants : CHER PRÉSIDENT, La Société de Biologie vous est profondément reconnaissante de tout ce que vous avez fait pour elle, pendant vos cinq années de présidence, en tant de circonstances diverses, et tout particulièrement à l'époque de son Cinquantenaire. Pensant à juste raison que, pour une société scientifique, la meilleure facon de fêter les étapes de sa vie est de faire œuvre de science, vous avez fait appel aux bonnes volontés, et, de tous côtés, de Paris, de province, ou de l'Etranger, des plus célèbres, comme de ceux qui le sont moins, ou ne le sont pas encore autant, sont venus des travaux originaux. Avec l’aide de notre cher secrétaire annuel, perpétuel, M. Capitan, vous les avez réunis en un magnifique volume, et ce volume, vous l’avez libéralement, largement donné à tous. Vous faisiez en même temps appel au talent de notre collègue Paul Richer, et, à côté de l’importante œuvre de science, vous faisiez naître une superbe œuvre d'art. fe Vous nous réunissiez enfin à la Sorbonne, dans cette mémorable séance du 19 décembre 1899 qui, grâce à vous, prit les proportions : grandioses d’une glorification de notre chère Société, d’un hommage public rendu à la Biologie, à la science. Que de choses encore vous avez faites et qu'on ignore! Brococte. Mémoires. — 1901, T. LIT. 2 VI MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Vous nous disiez dans cette séance : « Mon ambition est de remettre intact en vos mains le dépôt que j'ai recu de vous. Si l’on pouvait dire avec justice que j'aurai laissé la Société de Biologie SAR ce serait le suprême honneur de ma vie. Eh bien, oui, on peut dire cela, avec justice, cher Présidents Et la pensée nous est venue à tous de vous en témoigner notre reconnais- sance. | La Commission de la médaille, chargée de ce soin, n’a trouvé rien de mieux à faire que de commander à votre intention un double exem- plaire (face et revers) de cette médaille du Cinquantenaire que vous- même aviez fait naître. C’est bien peu de chose, en vérité; nous aurions voulu faire plus; mais vous savez, mieux que personne, à quelle extrême sagesse nous sommes tenus, et nous eussions été mal vus de vous d’en agir autrement. Ne voyez donc en ceci que la pensée qui nous a guidés, pensée exprimée bien imparfaitement dans ces quelques mots, que, faute de place sur la médaille, nous avons fait inscrire sur l’écrin… Dans l’histoire de notre Société, vous aurez votre place bien marquée ; vous serez le président du Cinquantenaire et vous aurez bién mérité ce titre. En terminant, laissez-nous vous rappeler ces deux mots échappés à l’un de nous, samedi dernier, à la séance du Comité, lorsqu'il fut ques- tion de vous nommer un successeur : « Comment, déjà! » s’est-il écrié tout étonné. Ce « comment, déjà! », nous l’avons tous dit quand nous nous sommes aperçus que votre présidence finissait. Mais nous espérons qu’une fois descendu du fauteuil présidentiel, vous voudrez bien venir vous asseoir sur nos bancs, parmi nous, nous apportant, comme par le passé, vos travaux, vos conseils, votre cœur. CaER MoNSIEUR CHAUVEAU, La Société de Biologie n'oublie pas ses anciens présidents. Vous en avez dignement continué la glorieuse lignée. Certes, la Société honore tous ceux qu'elle porte à sa tête; iene l'ont hautement reconnu. Mais, il faut le reconnaître aussi, lous l'ont gran- dement honorée, et elle leur äoit une bonne part de la réputation qu’elle s’est acquise dans le monde. S'il en a toujours été ainsi jusqu'à présent, c'est que parmi les hommes de valeur que nous avons, et nous en avons beaucoup, nous avons tou- Jours choisi ceux qui, par l'importance de leurs travaux, leur long passé, leur grande situation sociale, officielle, se trouvent le plus haut placés, et jouissent par cela même d’une autorité indiscutée et indiscutable, aussi bien parmi nous qu’au dehors. REMISE DE MÉDAILLES COMMÉMORATIVES VII Il importe, pour le bien, pour la réputation de notre Société, qu'il en soit toujours ainsi. Il importe également que nos présidents soient les représentants attitrés tantôt de l’une, tantôt de l’autre des diverses branches de nos sciences biologiques, et que, dans leur branche spéciale, ils se soient élevés à ces grandes conceptions d'ensemble qui constituent, à propre- ment parler, la Biologie. Toutes ces conditions, vous les avez merveilleusement remplies. Vous avez été, de plus, un président fidèle, et, ce qui est d’un bel exemple et nous touche profondément, vos cinq années de présidence passées, vous avez continué à nous apporter vos beaux travaux, ceux de vos élèves, et voire précieux Concours. À vous aussi, nous avons voulu offrir notre médaille du Cinquante- naire, en témoignage de notre reconnaissance, en souvenir de ces cinquante premières années de notre Société où vous avez joué un rôle si important. CHER SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, Vous avez bien voulu vous charger, pour notre séance du Cinquante- naire, de nous retracer l’histoire de nos cinquante premières années. Et pendant de longs mois, que vous auriez pu consacrer à quelques-unes de ces belles recherches personnelles dont vous êtes coutumier, vous avez patiemment dépouillé nos bulletins, année par année, séance par séance, communication par communication. En même temps, vous preniez de tous côtés des renseignements précis sur notre passé. Ausei, lors de notre superbe séance du 27 décembre 1899, vous nous racontiez fidèlement notre origine, notre organisation, nos développe- ments successifs; puis, dans un tableau d'ensemble, merveilleusement ordonné et éclairé, vous nous présentiez les multiples séries de nos travaux divers. Et devant cet auditoire d'élite appelé par notre président : ministres de l'Instruclion publique présent et passé, directeur de l’enseignement supérieur, vice-recteur, représentants de nos grands établissements scientifiques, délégués de nos Académies et de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères, publie choisi, vous faisiez éclater aux yeux de tous le rôle important joué par notre Société dans le magnifique développement des sciences biologiques. L'un de nous l’a dit, nous le répélons : vous avez travaillé en béné- dictin, pensé en philosophe, en savant, écrit et parlé en fin lettré que vous êtes; permeltez-nous d'ajouter : en vrai Français soucieux de la gloire de sa patrie. Et à cela nous avons gagné non seulement une excellente histoire VIII MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de notre Société, mais encore un secrétaire général de qualités rares : un secrétaire général qui, tout en étant jeune encore, plein de vigueur et d’entrain, se trouve, par sa longue et intime fréquentation avec notre passé, parfaitemient au courant de notre œuvre, de nos traditions, de nos tendances, comme le serait un secrétaire général ayant cinquante ans d'exercice et qui aurait conservé toutes ses facultés. De si exceptionnelles qualités sont infiniment précieuses pour nous : en raison de nos statuts, nos présidents quinquennaux ne sont pas immédiatement rééligibles; ils passent, hélas! mais nos secrétaires généraux le sont, rééligibles, ils nous restent; ils sont ainsi pour nous la continuité dans l’évolution, dans le progrès. C'est vous dire combien, et par quels motifs divers, nous vous sommes reconnaissants de votre histoire de nos cinquante premières années, et, pour vous le témoigner, nous avons voulu vous offrir notre belle médaille du Cinquantenaire. Qu'elle vous dise aussi les longs espoirs que nous fondons sur vous. CHER COLLÉGUE, A vous aussi nous devons beaucoup. Cette médaille que vous avez bien voulu composer pour notre cinquantenaire, nous l’admirons tous, et, je vous l’ai déjà dit, elle a toute l'approbation d'un de nos plus. grands artistes en cet art précieux et difficile de la médaille. Tout à la fois homme de science et artiste, l’art resplendit dans vos œuvres de science, comme la science éclaire vos œuvres d'art et dans toutes guide votre scrupuleuse conscience : ce biologiste pensif que vous figurez sur votre médaille, vous avez commencé par en faire une statuette admirablement fouillée ; ces fossiles dont nous apercevons la silhouette, vous les avez copiés au Muséum et les avez soigneusement rangés dans leur ordre chronologique ; cette table de travail, ces instruments, vous les avez pris dans un de nos laboratoires. Et comme tout cela parle le langage éternel de l’art! Les cinquante- naires scientifiques se succéderont, les découvertes s’accumuleront, la pensée humaine s'agrandira et s'élèvera; mais, devant l'Infini de l’Inconnu, l'homme de science sera toujours là, comme dans votre médaille, pensif, cherchant à soulever le voile du mystère, dans le demi-jour d’un soleil qui ne finit jamais de se lever. Et cependant, c'est dans ce labeur incessant, perpétuel, qu'est le progrès, qu'est le succès, qu'est la joie! Votre branche de laurier, hardiment jetée au revers de la médaille, nous l'indique. Vous êtes vraiment digne de vous asseoir à côté de nos grands artistes ! | Mals ce n'est pas seulement l'artiste que nous voulons remercier; REMISE DE MÉDAILLES COMMÉMORATIVES IX c'est encore le collègue dévoué qui nous à généreusement donné son talent, son temps, qui nous à abandonné une grande part de ses droits, qui, dans la Commission, a bien voulu s'occuper des plus petites besognes, et a permis à celle-ci de remplir la mission qu'on lui avait confiée. Aussi avons-nous tenu à ce que vous ayez une reproduction de votre œuvre ayant passé par nos mains, afin de pouvoir y écrire notre admi- ration, notre reconnaissance et toute notre affection. MM. Boucnarp, CHauveau, GLEY et RicHer ont tour à tour répondu à M. Marassez. RÉPONSE DE M. BOUCHARD Je savais bien, mon cher Malassez, que c'était aujourd'hui la séance du renouvellement ; j'ignorais que ce dût être aussi celle des funérailles. Puisque je dois partir, vous avez voulu que je pusse emporter, avec mes regrets, le souvenir d’une grande joie. Mes chers collègues, c'est à vous tous que va ma gratitude. Ce don, où je veux voir une nouvelle marque de votre estime et de votre affection, sera pour moi le précieux souvenir des cinq années que je viens de passer parmi vous, et d’une des belles journées de la Société de Biologie. Notre chère Société est, dites-vous, grande et prospère comme au jour où vous m'en avez confié les destinées, plus peut-être. Je m'en réjouis avec vous. Mais de cette grandeur croissante je n'ai été que le témoin. Vous en avez été les artisans, vous, mes chers collègues, dont l’activité laborieuse ne fléchit pas, et avec vous tous ces jeunes savants qui se pressent à nos séances, qui, de tous les laboratoires de la capitale et de tous les points du pays où l’on travaille, nous envoient les pré- misses de leurs découvertes. Avoir assisté à l’éclosion de tant d'œuvres éminentes, ç'a été pour moi un grand bonheur et un grand honneur. On n’y renonce pas sans tristesse et sans regret. Je souhaite à mon successeur, à celui dont le nom est là dans cette urne d’où je vais l’extraire dans un instant, je lui souhaite de ressentir dans cinq ans, lui aussi, ia même tristesse dont je ne puis me défendre. Cette tristesse est désirable. Le regret est le sentiment naturel à notre âge. Je ne m'en plains pas, car il évoque le souvenir des heures joyeuses et des heures glorieuses, x MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RÉPONSE DE M. CHAUVEAU MON CHER AMI, MES CHERS CONFRÈRES, Vous me voyez, moi aussi, absolument confus de l’agréable surprise que vous venez de me faire. Quand ai quitté la présidence, je vous avais exprimé mes sentiments de vive gratitude pour le très grand honneur que vous m'’aviez conféré en m'appelant à ce poste si envié. Je ne me croyais pas quille en vers vous, et vous avez pu maintes fois vous en apercevoir. ) Mais je ne m'attendais pas à contracter une nouvelle dette envers la Société. Elle voulait aujourd’hui honorer les services présents, et voilà qu'elle associe à sa manifestation les services passés, ceux que vous avez déjà si largement récompensés. Vous vous rappelez les anciens et, avec une délicatesse profondément touchante, vous cherchez à leur faire croire que vous leur devez encore quelque chose! Mais ce sont eux qui sont vos débiteurs! Pourquoi leur savoir gré d’une assiduité dont ils tirent tant de profits? Au milieu de vous, ils ne peuvent s’atlarder dans 12 passé, et sont obligés d'ouvrir constamment les yeux sur l'avenir. Ils jouissent ainsi de l’inappréciable avantage de se rajeunir au contact de l’éternelle jeunesse de la Société. Oui, je suis bien votre obligé, et c’est ce qui double le plaisir que j'éprouve à votre.nouveau témoignage de sympathie. Je vous prie d’agréer l'expression émue de ma profonde reconnais sance. RÉPONSE DE M. GLEY MES CHERS CONFRÈRES, Je ne saurais dire combien je suis touché du don que la Société a bien voulu me faire et des paroles dont M. Malassez l’a accompagné. J'en suis extrêmement touché pour deux raisons. D'abord, la Société ne me doit rien. Quiconque travaille sait que toute œuvre faite avec attention, avec conscience, avec amour est à elle-même sa propre récompense ; il n’y a rien au-dessus de la satisfaction du travail achevé, à peu près réussi, sinon la joie du travail même. En second lieu, la Société m'avait déjà remercié. L'année dernière, sur la proposition de M. Malassez, qui a accoutumé de me gâter, elle avait bien voulu me voter des félicitations et des remerciements, à l’occasion de la publi- REMISE DE MÉDAILLES COMMÉMORATIVES XI cation, en son entier, de mon rapport sur son histoire et sur son œuvre. Et voici que je reçois un témoignage, non plus flatteur assu- rément, mais tangible de ses sentiments à mon égard. Cette manifestation m'est d'autant plus précieuse qu’elle a pour interprète celui que nous considérons tous comme une incarnation.en quelque sorte de la Société, on pourrait dire comme un génie tutélaire. Chaque fois quil y à une décision importante à prendre, quelque intérêt délicat en jeu, quelque grave question à débattre, on est sûr de trouver son jugement droit, son conseil avisé, son dévouement inal- térable. Permettez au secrétaire général, cher Monsieur Malassez, de faire à votre modestie cette violence de déclarer bien haut ce que nous pensons tous de vous. | Je ne sais plus qui a dit que les collectivités humaines sont égoïstes. Il me semble que la Société de Biologie, en ce jour, comme en beaucoup d’autres circonstances, fait singulièrement mentir cet aphorisme. Elle ne s’en est jamais mal trouvée. J'aurais, pour ma part, fort mauvaise grâce à penser qu'elle n’a pas raison. Je vous prie, mes chers collègues, d'agréer mes plus sincères et cordiaux remerciements. RÉPONSE DE M. RICHER MON cHER MALASSEZ, Je suis vraiment bien touché du très précieux souvenir que la Société a bien voulu m'offrir par votre intermédiaire, et je vous suis tout parti- culièrement reconnaissant des paroles si aimables, si affectueuses, mais aussi, je puis bien le dire, vraiment trop élogieuses, que vous venez de m'adresser. Vous vous êtes bien certainement souvenu que nous sommes tous, en général, très sensibles aux félicitations qui nous arrivent au sujet d'une œuvre étrangère à notre profession, qui se trouve en dehors, à côté de nos occupations habituelles. Vous en connaissez des exemples célèbres. Est-il nécessaire de les rappeler? Un grand peintre, Ingres, je crois, si j'ai bonne mémoire, n’était jamais si glorieux que lorsqu'on le félicitait sur son talent de violoniste. L'on dit aussi que Lamartine avait quelque prétention aux connaissances médicales. C’est lui qui définissait l’orgelet une larme cristallisée au bord de la paupière. Je n'ai point, certes, la prétention de me comparer à ces grands hommes, mais dans ma modeste sphère, mulatis mutandis, je partage l'erreur commune, et me voilà bien contraint d’avouer que vous avez touché l'endroit sensible. Mais avant le mot d'artiste, vous avez inscrit sur la plaquette celui de XII MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE collègue. Et c'est ce dernier titre qui m'est particulièrement cher en ce 3 moment. Il m'est cher, parce qu'il rappelle la nature des travaux qui < ont toujours pris le meilleur de mon temps. Il m'est cher surtout, parce qu’il me rattache plus étroitement à vous, mon cher Malassez, et à tous mes collègues de la Société. ; oi Permettez-moi donc de vous adresser à vous, et à la Société tout entière, mes remerciements les plus sincères et les plus affectueux. FAC-SIMILÉ DE LA MÉDAILLF DU CINQUANTENAIRE FACE F | | | REVERS Face. — Le biologiste contemple la vie, encore enveloppée des voiles du mystère, étendue sur un monticule. Sous cette couche, on entrevoit les débris de quelques-uns des êtres vivants qui apparurent successivement à la surface À du globe. Au loin, un paysage où se révèlent les divers habitats des êtres vivants, mers, D montagnes; à l'horizon, le soleil levant. RUES Revers. — En bas, un cartouche, où est inscrit le nom de chaque sous- f cripteur. Sur une table, au-dessus, des appareils et des instruments de recherche biologique, et, grand ouvert, le cahier d'observations. En travers, , une branche de laurier. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SÉANCE DU 5 JANVIER 1901 M. Arrrep Giarp : Sur la Pseudogamie osmotique (Tonogamie). — M. Mauricé Leruzce : Fonction sécrétoire du placenta humain. — M. Pixoy : Interprétation des boules placentaires. — MM. Ta. Turrrer et Micran : Cytodiagnostic des hydro- cèles. — M. WinaL : (Discussion). — M. F.-J. Bosc (de Montpellier) : Le parasite de la clavelée. — M. Vixcexr Grirron : Cytodiagnostic des méningites. — M. Wipar : - (Discussion). — MM. $S. ArLoING, J. Nicoras et G. ANTOINE : Essais sur la produc- tion rapide de l’immunité et de l’antitoxine diphtériques. — Hexrr SrassAno : Contribution à l'étude du Trypanosome. Présidence de M. Netter, vice-président. DÉCES DE M, LE PROFESSEUR POTAIN M. Nerter. — J'ai le regret d'annoncer à la Société la mort de notré collègue le professeur Potain. À notre dernière séance, M. Polain nous faisait part de la satisfaction que lui avait procurée sa nomination de membre honoraire. Je n’ai pas besoin de dire à la Société l'importance de ses travaux et l’honorabilité de cette longue carrière. La distinetion qu'elle lui avait accordée indique en quelle estime nous le tenions. OUVRAGE OFFERT M. Weiss dépose sur le bureau le premier volume d’un ouvragé publié . sous ja direction de MM. d'Arsonval, Chauveau, Gariel et Marev, et dont il est secrétaire de la rédaction. Cet ouvrage, auquel collaborent Biozocie. Compres RENDUS. — 4901. TT. LITE. Mes SAS SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [9] un grand nombre de savants, porte le nom de 7raité de Physique biolo- gique. I n’a pas pour but d'enseigner aux biologistes les principes de la physique, il faut pour le lire en avoir fait l'étude dans des ouvrages généraux. Mais il contient les diverses applications de la physique à la biologie, et chaque partie est simplement précédée d'une sorte d’aide- mémoire rappelant les notions indispensables à connaitre. Les divers articles composant cet ouvrage ont été confiés à des savants s'étant dans chaque cas plus spécialement occupés du sujet à traiter ; aussi, au moment de son apparition, est-il parfaitement au courant de la seience actuelle. SUR LA PSEUDOGAMIE OSMOTIQUE (TONOGAMIE), par M. ALFRED GrARD. Dans une communication antérieure (1) j'ai dit que le développement des œufs d'Echinodermes provoqué par l'effet des solutions salines sans le concours des spermatozoïdes était dù non à l'influence spécifique des ions, mais à l’action déshydratante des sels employés sur les plasmas ovulaires et à celle de l'hydratation subséquente lorsque l'œuf est remis dans de l’eau de mer pure. Il nous semblait, en effet, téméraire d’attri- buer dans le phénomène de Loeb un rôle prépondérant à l’ionisation et de vouloir interpréter par les seules lois de l’osmose les échanges inters- titiels qui s’accomplissent dans un organisme aussi compliqué que l'œuf mûr. Notre collègue, M. Lapicque, a justement insisté dans une séance récente (Comptes rendus du 27 octobre, p. 879) sur les dangers qu'il ya d’assimiler un tissu de cellules vivantes à un précipité colloïdal, et la critique qu'il a faite de la méthode s'applique a fortiori au cas de la cellule-œuf. D'autre part, certaines solutions salines, celle de chlorure de ma- gnésium en particulier, exercent une action déshydratante manifeste sur les cellules vivantes. Dans un mémoire qui n’a pas suffisamment attiré l'attention des bio- logistes, Tycho Tullberg a indiqué, il y a quelques années, la remarquable action anesthésiante d’une solution au centième de chlorure de magné- sium (2). Des expériences faites, cet été, sous mes yeux, par M. A: Mi- (41) A. Giard. À propos de la parthénogenese artificielle des œufs d'Echino- dermes, Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, séance du 28 juillet 1900, MS ID T0 1 (2) T. Tullberg. Ueber Conservierung von Evertebraten in ausgedehnten Zustand, 1892. Analyse dans les Archives de Zoologie expérimentale, 1892, (2), t. X, p. x1 des Notes et revue. Ÿ DRE ue — "mms ÈS re né - mie nt 5 mit ÉmG à ages RE SÉANCE DU D JANVIER 3 EEE — —aaéEaéLEaLZL chel, dans mon laboratoire de Wimereux, montrent tout le parti qu'on peut tirer de ce procédé pour la fixation à l’état d'extension des Actinies et autres animaux marins. _ Or, on sait, depuis les intéressantes recherches de R. Dubois, que le mécanisme de l’action d'un grand nombre d'anesthésiques consiste dans une action déshydratante (1). Si, à la dose de 1/100, le chlorure de magnésium exerce déjà un effet déshydratant assez énergique pour produire l’anesthésie d'un Actiniaire, son action à la dose de 42 p. 100, que Loeb a employée et que sur son conseil j'ai employée également avec succès pour provoquer la segmentation des œufs d’Echinodermes, doit déterminer une déshydratation bien plus intense. D'ailleurs, dans un travail qui a paru presque jour pour jour en mème temps que ma note rappelée ci-dessus, Loeb, abandonnant sa première manière de voir, attribue comme moi-même la parthénogenèse artifi- cielle à l'augmentation de la pression osmotique du milieu et à la perte par l'œuf d’une certaine quantité d’eau. Dans de nouvelles expériences, Loeb a pu, en effet, obtenir le dévelop- pement des blastulæ et même des plutei en employant pour augmenter la pression osmotique du liquide ambiant non plus des électrolyles, mais des corps non conducteurs (sucre de canne par exemple) (2). C’est donc enfoncer une porte ouverte que de s’efforcer de prouver par une analyse chimique d’ailleurs peu démonstrative, si les chiffres , donnés sont exacts, que le spermatozoïde r'agit pas par un apport de magnésie (3); ce qui, au surplus, n’avait jamais été la pensée de Loeb, autant que je l’ai pu comprendre, même dans son mémoire prélimi- naire. Mais il y a lieu de rapprocher des nouvelles experiences de Loeb les résultats si importants obtenus naguère par Klebs en faisant agir des solutions salines et sucrées sur les Spirogyra et divers autres Crypto- games. On sait que Klebs obtenait ainsi la formation de parthénospores ou la germination parthénogénétique de la gynogamète et même de l’androgamète (4). Ne peut-on supposer que, dans ces cas encore, ce qui a été considéré comme le résultat exclusif de phénomènes nutritifs f (1) R. Dubois. Mécanisme de l’action des anesthésiques, Revue générale des sciences pures et appliquées, I, 1891, p. 961. (2) J. Loeb. Further experiments on artificial parthenogenesis and the nature of the process of fertilization, American Journal of Physiology, IV, août 1, 1900, p. 178. (3) Y. et M. Delage. Sur les relations entre la constitution chimique des produits sexuels et celle des solutions capables de déterminer la parthénoge- nèse, Comptes rendus de l'Académie des sciences, 24 décembre 1900, p. 1227. (4) Klebs. Die Bedingungen der Fortpl. bei einigen Algen und Pilzen, 1896, p: 245. À SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE était dû, en partie pour le moins, à l'action osmotique des solutions employées ? J'ai déjà rappelé à l'appui de ma manière de voir que les œufs des Branchipes et des Apus ont besoin pour leur développement parthéno- génétique d'un desséchement suivi d’une réhydratation. Il en est sans doute de même pour les œufs pers ts de nombreux Crustacés Cladocères et Ostracodes. Il convient de citer également les expériences de D noi (Bull. mens. Bachicoll. Padova, 1886), qui a vu se produire les premières phases de la segmentation des œufs de Vers à soie préalablement immergés pendant 2 min. 1/2 dans l'acide sulfurique concentré. Il est bien évident que toutes les parthénogenèses provoquées: ne sont pas nécessairement dues à la deshydratation suivie l’hydratation ({onogamie). Certaines actions mécaniques ou chimiques semblent en. ellet produire des résultats analogues à ceux obtenus par les modifica= tions de la tension osmotique. Les expériences de R. Dubois et celles beaucoup plus précises de Winkler et d'Oudemans montrent que le li- quide spermalique privé de spermatozoïdes peut aussi déterminer un développement pseudogamique (4). Enfin, nous avons montré que l’adjonetion des substances nutrilives nnlledaes à l’aândrogamète suffisait dans les cas de mérogonie et dans ceux de fausse hybridilé à produits semblables au màle, pour donner également un développement parthénogénétique, par pseudogamie nu- tritive ou trophogamie. Mais il importe de distinguer nettement tous ces cas de pseudogamie d'avec la fécondation vraie ou fertilisation qui est fondamentalement, comme l’a démontré Maupas,un phénomène nucléaire, un rajeunissement karyogamique (2). Déjà, dans son dernier mémoire, Loeb s’est servi justement du mot de parthénogenèse artificielle (artificial parthenogenesis), que j'avais égale- ment employé (Compies rendus de la Société de Biologie, 28 juillet 1900, n° 28, p. 761), mais il est regrettable quil appelle encore processus de fertilisation (process of fertilisation) ee qui n’est qu'une pseudogamie cinétique dans le sens le plus large du mot. $ (1) Winkler. Ueber die Furchung unbefeuchteter Eier unter der Einwirkung von Extractivstoffen aus Sperma, Nachricht. d. K. Gesell. d. Wiss. zu Gôttingen, 1900, Ileft ET. 2, Je laisse de côté, pour le moment, la question si intéressante des deux cycles cellulaires à x et 2n chromosomes dont les travaux de Strasburger et. de Dangeard ont montré l'importance, surtout en ce qui concerne les Méta- _phytes et les Métazoaires. meme ms mes SÉANCE DU D JANVIER 5 , FONCTION SÉCRÉTOIRE DU PLACENTA HUMAIN, par M. Maurice LETULLE. En examinant dans de bonnes conditions de conservalion et de dur- cissement le placenta humain normal, on trouve très ordinairement à la surface des villosités placentaires des boules ou gouttelettes identiques à celles décrites par MM. Nattan-Larrier et Pinoy dans le placenta du cobaye. Elles apparaissent soit fixées à la surface de l’épithélium plasmodial (syncythium des auteurs allemands), soit flottantes dans les sinus san- guins, au milieu des globules rouges, bien fixés et normaux. Leur forme varie suivant leur situation : fixées au plasmode, elles sont généralement sphériques (sphère complète, ou fragment de sphère), plus rarement ovoides et dans ce cas très petites. Elles adhèrent d’une facon très nette au revêtement plasmodial, qui ne paraît pas déformé à leur niveau. Libres, elles sont sphériques, mais souvent rompues sur une petite étendue de leur surface, ou partiellement déformées, comme étirées. Leur volume oscille, suivant les cas, entre 2u,5, dimension minima, et 314,5 volume maxima; sur le placenta à terme, elles m'ont paru plus petites (2u,5 — 3u — 7u,5 et 10u) que sur le placenta au cinquième el sixième mois (10 uw — 17,5 31u,5). Dans un cas de grossesse tubaire opérée au deuxième mois environ de la grossesse, les boules étaient en général beaucoup plus grosses (122,5 — 37u,5) que sur un placenta utérin de même Âge. La constitution de ces masses sphériques est difficile à déterminer; les petites sont hyalines, les grosses sont granuleuses. Par l’acide acétique agissant après l'osmium elles paraissent plus granuleuses et ont un double contour des plus nets. Il ne s’agit ni de glycogène, ni de graisse, ni de mucine, mais d’une matière albuminoïde dont il est malaisé d'établir les caractères. Quoi qu'il en soit, leur mode de production est e2rlain : la couche épithéliale plasmodiale qui recouvre la villosité placentaire leur donne naissance. Pour les 5ien voir, il faut employer un durcissement rapide et éner- gique (osmium, formol, ou alcool fort). La coloration de ces masses sobtient surtout par l’éosine en solution aqueuse légère (bain de vingt-quatre heures), par le bleu de toluidine, ou par le bleu poly- chrome. 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INTERPRÉTATION DES BOULES PLACENTAIRES, par M. PInoy. Dans la séance du 22 décembre, M. Nattan-Larrier, à propos d’une note sur la fonction sécrétoire du placenta, nous attribue une erreur que nous tenons à relever. Parlant des boules placentaires, M. Nattan- Larrier dit que nous avons considéré qu'il s'agissait de formations analogues aux boules qu’on rencontre dans les tubes contournés du rein atteint de néphrite subaiguë. Il n’en est rien : nous avons cherché à montrer qu'une substance qui agit sur le rein agit aussi sur le placenta; mais nous n'avons pas identifié les formations anatomo- pathologiques. En citant le texte même de notre note, voici comment nous avons exposé la nature et la formation de ces boules : « Les espaces sangui- maternels sont remplis de grosses boules présentant les mêmes réac- tions histochimiques que le plasmode, mais ne contenant pas de noyaux. Elles naissent aux dépens du plasmode. » Restent maintenant l'existence de ces boules dans le placenta normal et leur interprétation. Les petites boules du placenta normal sont entièrement solubles dans l'acide acétique ou les acides forts étendus ; les grosses boules y sont altérées au point d’être méconnaissables ; il ne reste plus le plus souvent que le contour extérieur. Voilà pourquoi, par suite de l'emploi comme fixateurs des liquides de Kleinenberg ou de Flemming, les boules vues par Ercolant et Creighton sont de nouveau passées inapercues. M. Nattan-Larrier, se servant de l'acide osmique chromé, les a retrouvées, et ses recherches sur ce point sont d'accord avec les nôtres. En effet, depuis notre der- nière note, en fixant nos pièces avec le liquide de Muller additionné de 1/2 p. 100 d'acide osmique, nous avons étudié des placentas de cobaye à différents âges et constaté le fait avancé par M. Nattan-Larrier. Les boules qui sont de dimension très variable sont aussi variables en nombre. Dans les placentas jeunes, en dehors de grosses boules, il y en à une infinité de très petites. Dans ceux plus âgés, il y en a davan- tage de grosses. Dans l’empoisonnement par le cantharidale de potasse, leur pro- duction dans les espaces sangui-maternels est exagérée. M. Nattan-Larrier a vu de son côté que, dans quelques cas d'infection suraiguë par le bacille de Lœæffler et le bacille d’Eberth, le processus était augmenté. Les boules peuvent donc se produire à l’état normal et à l’état patho- logique. Elles reconnaissent dans l’empoisonnement cantharidien deux Origines.) SÉANCE DU © JANVIER 7l Certaines naissent sur le plasmode lui-même : on voit une partie de plasmode proéminer dans la cavité, puis cette partie, s'arrondissant, ne tient plus que par un pédicule, enfin, se détachant, tombe dans l’es- pace sangui-maternel. D'autres naissent directement aux dépens du plasmode mortifié : on voit en effet des travées plasmodiales entières se détruire, faisant communiquer entre eux plusieurs espaces, et donner naissance à des morceaux de plasmode sans noyaux : on peut observer toutes les transitions entre ces morceaux de forme irrégulière et les formes rondes. C'est l'identification de ces deux: origines qui nous amène à pro- poser une interprétation différente de celle donnée par M. Nattan- Larrier : nous considérons les boules non comme une sécrétion, mais comme des déchets sarcodiques rejetés par le plasmode. Le plasmode est l'équivalent d’un épithélium au niveau duquel se font les échanges nutri- tifs entre la mère et le fœtus : il travaille, 1l s’use et se renouvelle. Les boules sont constituées par du plasmode mort; elles sont l'équivalent des cellules desquamées. On comprend dès lors l’action de la cantha- ridine et des toxines microbiennes. CYTODIAGNOSTIG DES HYDROCÈLES, par MM. Ta. Torrier et MILIan. Nous avons pratiqué l'examen eytologique de trois cas d’hydrocèle, d’un cas de kyste du cordon, d’une hydrocèle symptomatique de tuber- culose testiculaire. I. — Nous pouvons dès maintenant affirmer que, conformément aux résultats obtenus par MM. Widal et Ravaut pour la séreuse pleurale, et aussi pour la vaginale, les éléments cellulaires qu'on trouve dans ces liquides sont entièrement différents et peuvent dès lors servir au dia- gnostic dans les cas douteux. C'est ainsi que, dans le liquide d'hydrocèle ordinaire, on trouve de grandes cellules ovalaires volumineuses, à protoplasma amphophile, à noyau excentrique, souvent juxtaposées, qui sont vraisemblablement des cellules endothéliales et témoignent de l'origine « mécanique » pos- sible de l’épanchement. Le liquide de Æyste du cordon renferme un grand nes de sperma- tozoïdes vivants et pas d’autres éléments cellulaires. L’hydrocèle symptomatique de tuberculose testiculaire est carac- térisée par la présence d'une quantité considérable de lymphocytes. On n'y trouve pas de polynucléaires, ni de cellules endothéliales. IT. — Nous croyons de plus qu’outre l’examen qualitatif, il faut aussi 8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ni ——— pratiquer, dans ces différentes recherches, l'examen quantitatif des élé- ments cellulaires. Cette notion peut donner des renseignements inté- ressants : c’est ainsi que les hydrocèles simples sont très pauvres en éléments cellulaires, tandis que les hydrocèles symptomatiques en sont relativement riches. Pour fixer les idées, dans un cas d’'hydrocèle simple, nous avons trouvé cinquante-quatre cellules par millimètre eube, tandis que dans l'hydrocèle tuberculeuse il en existait 2.200. III. — Nous avons été témoins d'un fait qui montre bien l’origine mécanique des grandes cellules ovalaires à noyau excentrique dont nous: parlions tout à l’heure : à la suite d’une ponction capillaire de vingt centimètres cubes dans une hydrocèle tuberculeuse, le liquide se reforma aussi abondamment qu'auparavant et devint hémorragique, ainsi qu’en témoigna une seconde ponction faile quatre jours plus tard. Un examen histologique pratiqué à ce moment montra qu'outre les globules rouges, étaient apparues dans le liquide quelques grandes cellules ovalaires à noyau excentrique, alors que le liquide primitif en était complètement vierge. M. Wipar. — Depuis notre dernière communication, nous avons eu l’occasion, avec M. Ravaut, d'examiner les liquides de deux nouveaux cas d'hydrocèles idiopathiques. Ils étaient caractérisés encore par la présence de cellules endothéliales typiques. Dans un cas, on ne constatait, en outre, que de très rares lympho- cytes. Ces faits, comme ceux que viennent de rapporter MM. Tuffier et Milian, confirment les constatations que nous avions faites sur ce sujet, il y a quinze jours, et plaident bien en faveur de l’origine mécanique et aseplique de l’hydrocèle dite essentielle. Dans le liquide des vaginalites symptomatiques, la formule cytolo- gique varie avec la nature de la lésion primilive. Nous avons trouvé des polynucléaires dans une vaginalite blennorragique, et MM. Tuffier et Milian viennent de montrer que le liquide d'une vaginalite tubercu- leuse a une formule lymphocytique, tout comme le liquide d’une pleuro-tuberculose, d’une méningite tuberculeuse ou d'une synovite tuberculeuse. C’est là une constatation pleine d'intérêt. Dans un kyste du cordon, nous avons récemment trouvé également des spermatozoïdes en très grand nombre mêlés à quelques rares cellules uninucléées. Cette constatation vient donc confirmer celle faite par MM. Tuffier et Milian dans un cas analogue. SÉANCE DU à JANVIER 9 LE PARASITE DE LA CLAVELÉE > par M. F.-J. Bosc (de Montpellier). La clavelée est une maladie éruptive propre au mouton et dont la ressemblance avec la variole humaine est telle qu'on lui donne le nom de « variole du mouton ». L'inoculation du virus claveleux à la peau amène, aux points d’inoculation, le développement de PSiués volumi- neuses suivies de généralisation. Guidé par nos recherches sur le parasite de la vaccine (veau, lapin, chèvre) exposées partiellement dans la thèse de mon élève Musso (7h.. Montpellier, 1898), nous avons appliqué nos méthodes à l'étude de la variole humaine et de la elavelée. Nous sommes arrivé, pour la clavelée, à cette conception qu'il existe toujours, au niveau des lésions elaveleuses (peau, cornée, poumons, etc.), dans la lymphe claveleuse fraiche et dans le sang, des éléments carac- téristiques, de même ordre que ceux qui existent dans les lésions de la vaccine et de la variole humaine. La recherche du parasite a porté d’abord sur la lymphe claveleuse et sur des coupes de pustules cutanées et cornéennes fixées par le sublimé acétique et le Flemming. Dans les coupes de pustules cutanées, les cel- lules épithéliales renferment constamment des inelusions protoplas- _ miques entourées ou non d’une zone hyaline et présentant un volume, une forme, une structure et des réactions colorantes spécifiques. a) Le volume est très variable, depuis une très fine granulation jusqu’à un bâtonnet, à une petite masse du diamètre d’un hématoblaste, d'un globule rouge et jusqu’à des corps atteignant 10, 15 et 20 y de diamètre. Ces derniers arrivent à remplir la cellule et à repousser le noyau. b) La forme est ronde pour les fines granulations (formes micrococciques), d'aspect bacilliforme pour les parasites un peu plus volumineux (forme bacil- laire). Les parasites les plus nombreux, formés par une petite masse de 2? à 1 à de diamètre, sont arrondis, à bords ondulés, ou bien irréguliers, amæbi- formes; les plus volumineux peuvent s’étirer dans divers sens, comme des amibes fixés en une position déterminée. c) La structure : les granulations sont très réfringentes; les formes bacil- laires sont homogènes et très réfringentes, à bords précis. Les formes de 3 à 1.u de diamètre sont ordinairement homogènes, réfringentes et renferment un corps central arrondi, clair, brillant, lequel contient un ou plusieurs cor- puscules très lumineux. Les formes amobiennes, de grande taille, peuvent présenter une zone finement granuleuse entourant une zone centrale dont le centre présente un corps nucléiforme arrondi ou en navette renfermant lui- même un SOHpOSEn IE réfringent. À côté de ces formes, on en trouve qui atteignent jusqu’à 25 y de diamètre, limitées par un bord d'apparence capsu- laire, et qui renferment, disséminés dans une substance hyaline, un nombre considérable de petits corps à bords irréguliers ; certains renferment des corps 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE elliptiques à partie centrale claire et ordinairement au nombre de quatre (corps sporiformes). d) Les réactions colorantes sont spécifiques (1) : Premier procédé : Après fixation par le sublimé acétiquèe, coloration pendant cinq minutes dans le mélange à parties égales de liqueur triacide d’Ehrlich (de chez Grübler) et d’eau distillée, laver ; série des alcools, essence de giroile, monter dans le baume. — Les noyaux des cellules épithéliales sont d’un vert bleuâtre, les figures de mitose sont vert brillant, le protoplasma est à peine teinté de rose, le parasite éclate en rose vif dans le proloplasma cellu- laire, entouré ou non d’une zone hyaline incolore. Les fragments de chroma- tine, les noyaux de leucocytes sont d’un vert bleu foncé. — Après coloration par l’hématéine et l’éosine, les parasites sont rouge pâle. Second procédé : Après fixation par le Flemming, colorer vingt-quatre heures dans une solution aqueuse de safranine à 1 p. 100; laver, faire agir la solution d’un gramme d’induline dans 100 grammes d'alcool à 36 degrés, jus- qu'à décoloration des noyaux; laver: série des alcools, essence de girofle, baume. Les noyaux des cellules épithéliales. sont bleus, le protoplasma est bleu foncé, le parasite est coloré en rouge vif par la safranine. Cette méthode est surtout bonne pour les formes de granulation et bacillaires. La distribution du parasite dans les lésions est des plus intéressantes. Dans la pustule cutanée, les parasites sont situés dans les ceilules épi- théliales du revêtement épidermique, mais ils pullulent avec énergie dans les cellules des glandes sébacées jusque dans le fond des culs-de- sac. Les parasites existent en grand nombre dans les mailles du derme. mélangés à des fragments de chromatine, à des leucocytes, à des glo- bules rouges; ils sont constatables également dans le protoplasma des cellules endothéliales hypertrophiées des espaces conjonctifs. s Dans la cornée, ils siègent dans le protoplasma des cellules épithé- liales; dans le poumon, ils sont renfermés dans les cellules épithéliales hypertrophiées et en partie desquamées (pneumonie catarrhale). Ces corps intra ou extra-cellulaires ne peuvent être confondus ni avec les noyaux des cellules, ni avec les nucléoles, ni avec un fragment de chromatine d’origine leucocytaire ou non. La coloration par notre premier procédé permet de distinguer immédiatement les parasites. D'ailleurs, ces parasites sont constants dans toute lésion claveleuse ; ils n'existent pas dans les inflammations banales provoquées chez le mouton; on les retrouve dans le sang ; enfin on peut suivre une évolu- tion nette des petites formes aux plus volumineuses et la structure permet de rapprocher cette évolution de celle des Sporozoaires, en général. (1) Nous ne donnons ici que les méthodes de coloration les plus typiques, nous réservant d'y revenir plus longuement dans un prochain mémoire. SÉANCE DU 5 JANVIER Al CYTODIAGNOSTIC DES MÉNINGITES, par M. VINCENT GRIFFON. Depuis que M. Widal, en collaboration avec MM. Sicard et Ravaut (1), a montré le parti que le clinicien peut tirer de l'examen cytologique du liquide recueilli par ponction lombaire pour le diagnostic de l'existence et de la nature des méningites, nous avons pu appliquer ce procédé à l’étude de quatre cas de méningite aiguë de l'adulte. Dans deux de ces cas, l'examen microscopique du sédiment du liquide céphalo-rachidien montra uniquement des lymphocytes; dans un troi- sième cas, aux lymphocytes se trouvaient mêlés quelques polynu- cléaires, peu nombreux d’ailleurs, et ne prêtant pas à l'erreur, car la prédominance des lymphocytes élait évidente au premier coup d'œil. Ces trois malades, observés à l'Hôtel-Dieu dans le service de M. Faisans, succombèrent à la méningite tuberculeuse. Dans une quatrième observation, chez un jeune homme du service de M. Dieulafoy, la ponction lombaire donna issue à un liquide trouble dont l'examen microscopique ne révéla pas de microbes; la constata- tion d’une polynucléose exclusive nous fit porter d'emblée le diagnostic de méningite aiguë non tuberculeuse, diagnostic que confirma, le len- demain, le résultat de la culture sur sang gélosé, en donnant des colo- _nies de méningocoque de Weichselbaum. Nous avons mené de pair (2) l'examen cytologique et la culture du liquide sur sang gélosé glycériné, cette culture ayant pour objet l'obten- tion de colonies de bacilles tuberculeux pour le contrôle des cas carac- térisés par la lymphocytose. C’est la marche que nous suivons, avec (1) Widal, Sicard et Ravaut. Cytodiagnostic de la méningite tuberculeuse. Société de Biologie, 13 octobre 1900. _ (2) La recherche de la cryoscopie a été pratiquée dans deux cas : dans une des observations de méningite tuberculeuse, le point de congélation du liquide céphalo-rachidien était de — 0,55 ; dans l'observation de méningite à microbe de Weichselbaum, il était de — 0,51. La perméabilité des méninges à l’iodure de potassium a été, d'autre part,. étudiée également dans deux cas : dans un cas de méningite tuberculeuse, l'iodure ingéré a très nettement passé dans le liquide céphalo-rachidien (épreuve de l’amidon et de l'acide nitrique; épreuve de l'acide nitrique mis en présence (à parties égales) du liquide rachidien et additionné de chloroforme), en moins grande quantité cependant que dans l'urine; ce résultat positif cor- robore ceux de MM. Widal, Sicarä et Monod (Soc. de Biologie, 2 nov. 1900). Dans le cas de méningite à microbe de Weichselbaum, l'iodure n'était pas décelable dans le liquide rachidien, maïs ce sel avait passé en si faible quan- tité dans l’urine, qu’on ne peut vraiment pas tirer de cétte unique observation une conclusion ferme. 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M. Bezancon, pour l'étude des épanchements pleuraux : cytodiagnostic et. culture. Sans difficulté quand il s’agit d'ensemencer le sédiment du liquide recueilli par ponction lombaire, la mise en culture est plus déli- cate quand on opère sur des sérosités pleurétiques, épanchements le plus souvent très riches en fibrine. Le coagulum fibrineux, en se for- mant, englobe les microbes, ce qui fait que ceux-ci peuvent demeurer isolés de la surface nutritive du milieu de cuiture. Aussi, pour nous débarrasser de la fibrine sans recourir au brassage du liquide avec des perles de verre (manœuvre qui ne met pas suffisamment à l’abri des risques de contamination), et pour ensemencer le plus grand nombre possible d'éléments microbiens, nous centrifugeons actuellement les liquides fibrineux aussitôt après leur sortie de l'organisme, et nous ne déposons à la surface du milieu de culture que le culot ainsi obtenu. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Dieulafoy, à l’Hôtel-Dieu.) M. Wipar. — Je crois, comme M. Griffon, que pour avoir chance d'ensemencer tous les bacilles tuberculeux contenus dans le liquide séro-fibrineux de pleurésies et pour éviter la contamination, il faut cen- trifuger immédiatement après la prise. ; Par contre, pour les recherches cytologiques, la centrifugation après défibrination est, comme nous l'avons indiqué avec M. Ravaut, la seule méthode applicable en clinique, car on ne peul dans la pratique cou- rante se transporter au lit du ma ade avec un centrifugeur ; elle doit rester la méthode de choix. Des recherches comparées faites sur les liquides pathologiques humains (1) nous ont montré, en effet, que le sens général de la formule histologique reste le même si, avant toute for- mation de coagulum, on a pris soin immédiatement après la prise de centrifuger, pendant cinq à huit minutes, avec un appareil faisant 3.000 tours à la minute. La pleurésie dite idiopathique (pleuro-tuber- culose de Landouzy), par exemple, est toujours caractérisée, quoi qu'on fasse, par la lymphocytose. En cas de centrifugation immédiate, on trouve parfois de très rares polynueléaires el quelques grandes cellules mononucléaires un peu plus nombreuses qu'après défibrination. La for- mule reste toujours lymphocytique. Après centrifugation immédiate, comme après défibrination, les pleurésies pneumococeiques ou streptococciques sont toujours caracté- risées par l'abondance des polynucléaires, et les pleurésies mécaniques et aseptiques par la présence de placards endothéliaux. (1) MM. Sabrazès et Muratet (Gaz. hebd. des Sciences méd. de Bordeau:e, octobre et novembre 1900) ont fait des recherches intéressantes sur les cel- lules contenues dans les liquides séro-fibrineux de la plèvre et du péritoine, recueillies chez des bœufs ou des chevaux immédiatement après la mort. Ils ont étudié comparativement la formule après centrifugation immédiate et après défibrination. SÉANCE DU D JANVIER 13 ESSAIS SUR LA PRODUCTION RAPIDE DE L'IMMUNITÉ ET DE L'ANTITOXINE DIPHTÉRIQUES, par MM. S. ARLOING, J. Nicozas et G. ANTOINE. Nous nous étions proposé de franchir rapidement la période dange- reuse de la préparation d’un sujet producteur de sérum. On sait, dans toutes les stations sérothérapiques, combien cette période est longue et combien elle réserve de déceptions. Alors nous nous sommes demandé si nous n’alteindrions pas le but cherché en associant d'une manière quelconque le sérum antitoxique à la toxine diphtérique ou au bacille de Læffler. Babès (1895) avait déjà cherché dans la même voie et pensait avoir trouvé dans les inoculations de toxines latentes contre-balancées par des antitoxines sanguines un moyen d'immunisation, inoffensif, aussi sûr et plus rapide que par l'emploi de la toxine seule. Le lapin immunisé de cette manière lui aurait fourni un bon sérum antitoxique. Nikanoroff (1897), ainsi que Madsen et Dreyer (1900) ont préparé du sérum par l'emploi combiné d'antitoxine et de toxine. Nous n'insisterons pas pour le moment sur ces derniers travaux; nous y reviendrons dans une pro- chaine communication. Nous nous sommes placés sur le même terrain que Babès et nous . avons cherché : 1° si par l’usage simultané de toxine et de sérum, nous créerions rapidement une immunité solide; 2° si, par le même moyen, nous obtiendrions avantageusement de l’antitoxine diphtérique. Toutes nos expériences ont été faites sur le chien. a) Production de l’immunité. — À l'emploi de toxine-sérum nous avons ajouté celui de culture-sérum. Nous ne nous sommes pas bornés à faire usage de mélanges neutralisés à des titres exactement déter- minés, mais de mélanges que nous rendions de plus en plus actifs, soit en élevant graduellement la quantité de toxine ou de culture, soit en diminuant la quantité de sérum. Les cultures étaient âgées seulement de vingt-quatre heures, afin d'éliminer l'influence de la toxine. Nous avons constaté que les mélanges toxine-sérum donnent au chien une immunité qui n est ni très forte ni très certaine. Quant aux cultures, l’adjonction du sérum permet de faire supporter des doses qui seraient mortelles si elles étaient injectées à l’état pur; mais il ne semble pas qu'associées au sérum elles produisent une immunisation notable; car, aussitôt qu'on diminue ou qu’on supprime le sérum, l’injection de cul- ture entraine des accidents inquiétants. Bien plus, une série d’injections culluré-sérum exerce pendant un certain temps, gràce au sérum introduit en excès, une action neutrali- sante à l'égard d'injections ultérieures faites avec de la culture pure. Celles-ci ne renforcent donc pas l’immunité. À un moment donné, coïn- 14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cidant probablement avec la disparition de l’action protectrice exercée par le sérum excédant, une dernière injection de culture peut tuer l'animal. b) Production de sérum antitoxique. — Les mélanges de toxine-sérum faits par notre procédé ne provoquent qu'une légère réaction anli- toxique. En effet, le sérum des chiens qui ont le mieux supporté les épreuves de l’immunisation neutralise imparfaitement quatre à cinq fois son poids de toxine. Les mélanges cullure-sérum ne donnent pas de bien meilleurs résultats. Le sérum des chiens ayant essuyé une longue série d’injections et résisté à l’épreuve de la culture pure préserve impar- faitement des cobayes à la dese qui équivaut à 1 dix-millième du poids de ces derniers. c) Du processus antiloxique dans ces expériences. — Nous venons de constater un faible pouvoir antitoxique. À quel facteur faut-il l’attribuer? Dans trois expériences, nous avons imprégné simultanément trois ani- maux : l’un avec du sérum pur, l’autre avec le mélange toxine-sérum, le troisième avec le mélange culture-sérum. De l’ensemble dé ces expé- riences est ressorti que les faibles propriétés acquises par le sang des chiens inoculés avec des mélanges dépendent plutôt du sérum en excès dans ces mélanges que de la toxine ou de la culture. Conclusions : 1° On peut donc procurer au chien une certaine immu- nité avec les mélanges précités, mais elle n’est jamais aussi forte ni aussi certaine que par l'emploi exclusif, ou de la toxine, ou de la culture, où. du sérum. 2° Elle dépend du principe actif qui n’est pas neutralisé et, à l'ordinaire, du sérum administré en excès. 3° Elle ne dépasse guère la durée des effets protecteurs accumulés dans l'organisme par l'intro- duction des doses successives de sérum. 4° Par l'usage des mêmes mélanges, on peut obtenir des sérums faiblement préventifs et anti- toxiques. »° Dans ce cas, le rôle prédominant semble appartenir au sérum. 6° Somme toute, les mélanges ne fournissent pas des procédés de choix soit pour la création de l’immunité, soit pour hâter la prépara- tion du sérum antidiphtérique. CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU TRYPANOSOME. Note de M. HENRI STASSANO. Si l’on étend quelques gouttes de sang de rat porteur de Trypano- somes dans une petite quantité de solution physiologique teinte par le violet Dahlia (1/50.000), les mouvements de ces infusoires se ralen- tissent beaucoup et leurs corps prennent une légère nuance violacée, qui rend visibles quelques détails de leur structure. Chez quelques SÉANCE DU 5 JANVIER 45 individus surtout, on peut distinguer ane grosse vacuole centrale, qui se contracte sans cesse, secondant les mouvements du long flagelle par lequel l’infusoire se dirige. La membrane ondulante décrite par les au- teurs, sur les apparences que ces organismes présentent dans les prépa- rations fixées et colorées, apparaît alors comme n'étant que la paroi fluctuante de cet utricule pulsatile, très allougé à l’état normal. Des granulations protoplasmiques en tapissent irrégulièrement l'intérieur. Aux deux extrémités, comme refoulés par ses contractions continues, se trouvent les noyaux du Trypanosome : le plus gros, à l’extrémité qui se termine par le long flagelle ; le plus petit, ovoïde, à la naissance de l'extrémité opposée. MM. Laveran et Mesnil considèrent ce dernier comme centrosome. [Il me semble plutôt représenter le micronucléus caractéristique des infusoires, destiné au rajeunissement de l'appareil nucléaire. Une observation que je viens de faire corrobore cette inter- prétation, éclaircissant, à la fois, la biologie de cet ordre encore peu connu d'hématozoaires. Les différentes variétés de reproduction décrites du Trypanosome appartiennent toutes au mode habituel asexué de multiplication des infusoires, par simple scission du macronucléus, accompagnée de la division parallèle du micronucléus et suivie par celle du protoplasma. Chez les Trypanosomes, j'ai noté que la scission débute, selon la règle générale, par la division du grand noyau, mais j'ai constaté aussi des _cas où le petit noyau apparait dédoublé le premier. Il était à prévoir que les Trypanosomes eussent à passer, comme tous les autres infusoires, par la phase de reproduction sexuée. Après l’avoir longtemps guettée, je viens, enfin, d'observer cette phase dans sa plé- nitude, chez un rat blanc, au septième jour de l’inoculation, deux jours après la première apparition des Trypanosomes dans la circulation. Pendant vingt-quatre heures environ, le sang de ce rat a offert le plus intéressant tableau de l'épidémie de conjugaisons ; ensuite, le nombre des Trypanosomes accouplés deux à deux, ou simplement enlacés, en groupes de trois à sept ou huit individus, a diminué rapide- ment ; au bout de trois jours, ce sang ne gardait guère que des Trypa- nosomes isolés, fort nombreux d’ailleurs. Les Trypanosomes accouplés sont soudés entre eux par les extrémités contraires, le pôle apical de l’un contre le pôle caudal de l’autre. Ils s’enlacent aussi par les exirémilés correspondantes, surtout par les flagelles, dans les groupes formés de plusieurs individus, rappelant ceux en rosaces rencontrés par MM. Laveran et Mesnil dans le sang de rat tenu à la glacière. Ce dernier mode d'union, cependant, me semble n'être que le prélude de l’union franchement sexuée de l’accouplement deux par deux, micronucléus contre macronucléus. Parmi les nombreux cas observés et en partie photographiés de Trypanosomes accouplés de la sorte, je dois signaler un des plus 16 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE démonstratifs. Le micronucléus d'un Trypanosome, dépourvu du court filament qui le couvre, se trouvait tout près du macronucléus du Trypa- nosome auquel le premier individu était soudé. Ce macronucléus, à l’ins- tar du micronucléus, avait perdu son flagelle, et c'était précisément par la brèche qu'y avait laissée ce flagelle en tombant que le noyau fécondant s'insinuait dans le corps du second Trypanosome. A l'approche de la multiplication, le macronucléus se déplace vers le centre de l'infusoire, laissant un espace vide entre lui et le flagelle. Cela facilite, sans doute, la pénétration du micronucléus dans l'organisme qu’il va féconder. Le cas que j'ai aussi observé d’un Trypanosome portant sur son flagelle le micronucléus d’un autre Trypanosome disparu fait penser que la fusion du noyau mâle avec le noyau femelle, chez ces infusoires, peut se faire encore quelque temps après l’enlacement des deux géné- rateurs. D'ailleurs, tout ce que j'ai observé permet de croire que la con- jugaison des Trypanosomes consiste dans une simple fusion des noyaux, sans que les protoplasmas y prennent part, ainsi qu'il arrive chez d’autres infusoires. L'affaiblissement de l’affinité pour les couleurs (reconnais- ‘sable même dans les photographies) du macronucléus des Trypano- - somes, pendant cette phase, trahit l'usure de cet organe si important et explique, en la caractérisant, l'intervention du micronueléus. Celui-ci, par contre, à ce même moment, se colore mieux que jamais et $e montre sensiblement grossi. (Travail du laboratoire de M. le D* Calmetle, à l’Institut Pasteur de Lille.) ERRATUM Page 1091, du numéro 40, ligne 30, dans la note de MM. Rodet et Galavielle, lire « moelle de 8 jours », au lieu de « moelle de 7 jours ». Le Gérant : OGTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 17 SÉANCE DU 12 JANVIER 1901 M. Cu. FÉRÉ : L'influence de la température extérieure sur le travail. — M. Cu. Féré : Note sur l'influence du jeûne accidentel sur la résistance à l’asphyxie. — M. Cu. Féré : Note sur la persistance des mouvements soi-disant automatiques dans le coma. — M. J. DE TarcHanorr: Rôle important des nerfs pneumogastriques dans la régulation de la température du corps. — M. Pozersktr : Influence de la tempéra- ture sur le ferment inversif de la levure de bière. — MM. Vicror Hexer et Pozerskt : Considérations théoriques relatives à l'influence de la température sur le ferment inversif de la levure de bière. — M. Dasrre : Note à propos de la communication précédente. — M. Gezré (M.-E.) : Les sons-voyelles en fonction du temps. — M. PEeruizceux : Recherche du ferment amylolytique dans le foie. — M. À. Dasrre : De la dialyse chloroformique comme procédé de recherche des ferments endo- cellzlaires. — MM. S. ArconG et J. Nicoras : Nouveaux essais sur la production rapide de l'antitoxine diphtérique par association du sérum antidiphtérique à la toxine. — M. CHARLES Garnier : Hermaphrodisme histologique dans le testicule adulte d’Astacus fluviatilis. — MM. Juzes CourMonr et FERNAND ARLOING : Cytologie de la pleurésie diphtérique expérimentale du cobaye. Présidence de M. Netter, vice-président. L'INFLUENCE DE LA TEMIÉRATURE EXTÉRIEURE SUR LE TRAVAIL, . V£ÿ par M. Cu. Féré. L'influence de la chaleur et du froid sur le travail a surtout été étudiée à l’aide d'applications ou d'immersions générales ou locales (Maggiora, Patrizzi). J'ai étudié l'influence des modifications rapides de la température extérieure, soit en élevant rapidement, quoique modérément, la tempé- rature du laboratoire, soit en n’y travaillant que lorsqu'il a été refroidi. L'expérience a été conduite, comme dans l'étude des effets des excita- tions sensorielles, en faisant des séries de 4 ergogrammes (3 kilogrammes chaque seconde), séparées par de courts repos d’une minute ; chaque série séparée de la précédente et de la suivante par un repos de cinq minutes. Les deux exemples suivants, que nous abrégerons, donneront une idée suffisante de l'influence des changements de température dans les conditions spécifiées. I. La température extérieure est de 4 degrés; on se met à travailler dès l’entrée dans le laboratoire, avec le médius droit, qui donne d’ordi- naire, à une température à laquelle on est adapté, des séries initiales BioLocie. Comptes RENDUS. — 1901. T, LIII. 2 LIBRA #2 NAS 44 Re 1 20 AR LME # LLEF 18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE t EE qui dépassent rarement 24 kilogrammètres, et varient généralement de 20 à 22. La température du laboratoire, chauffé vivement, est notée ‘pour chaque série. HAUTEUR NONRE TRANS HAUTEUR des en LE xs loire soulèvements. kilosrammètres. TROMCÈRES 4,15 10% 12,45 3,98 re série 2,44 7 3e 3,34 (PAS 1,83 4 70) Aute 11,50 92 4,17 4,96 30,03 q 4,49 109 13,4% 4,11 2 série \ sil 80 SAGE) 3,80 (2105-22). | 2,25 56 GENE 4,81 2,06 D9 6,18 3,40 DONS 5,02 130 15,15 3,80 JP Série 2,60 xl 7,80 | 3,60 (2205-2305). 4,70 40 DU) 4,25 1,43 38 4,29 3,76 3,32 220 48 6,79 4,68 4e série 1,34 A 4,02 4,962 (24-2405). 1,49 28 4,47 He 1,23 24 3,69 D? 18,93 d Bien que la température continue à monter, le travail total des séries sui- vantes a continué à décroître ; il est tombé successivement à 9,76, à 7,23, à 5,58, à 4,68, à 3,84. L’élévation rapide de la température, qui a monté jusqu'à 28 dans le cas actuel, donne une augmentation de travail, mais la fatigue se manifeste quand même par une décroissance régulière. IT. En passant d'une température de 18 degrés, et en se mettant à travailler vêtu seulement d’une blouse de toile dans le laboratoire où il y a — 3 degrés, on obtient les chiffres suivants : NOMBRE TRANATE HAUTEUR Re pal HAUTEUR totale. soulèvements. kilogrammètres. RE 0,66 14 1,98 2,71 en 0,30 8 0,90 3,75 0,25 1 : 0,75 Dal 0,17 6 0,51 2,84 L,14 SÉANCE DU 12 JANVIER 19 HAUTEUR ROMPREME TRANNE HAUTEUR totale des c ea moyenne ÿ soulèvements. kilogrammètlres. © à { 1,30 30 3,90 4,33 DURE 0,83 19 2,49 4,36 AMSÉTIE. j 0,43 All 1,29 3,90 bi 0,52 12 1,56 1,33 0,24 4 Ë 3,19 91 1HESN 4,16 de 2,50 58 Ti il 4,31 à 1562 40 k,86 4,05 0,88 23 2,6% 3,82 26,31 2,83 65 8,49 4,37 HR 1,29 28 3,87 L,60 A) ‘ 1,20 25 3,60. 4,80 D { 1,28 28 3,84 4,51 | 19,80 3 , 1 1225 29 Sa 1) 4,31 : SU 0,58 14 1,74 L, 1% | 9° . 7 0,47 12 1,41 3,91 | 10/30 9 1,08 4,60 7,98 Dans les séries suivantes, le travail est tombé à 4,02 et 3,03. Le refroidissement provoque une diminution considérable du travail, suivie d’une légère recrudescence peu durable, à laquelle suceède un - épuisement rapide. L'effet du froid peut être comparé à l'effet des exci- … tations déplaisantes. Il faut noter d’ailleurs que, dans ces expériences, il ne s’agit pas d'un échauffement ni d'un refroidissement du corps où du membre qui travaille, mais seulement d'effets sensoriels de change- ment de température. SERRE ee MIT ee Pt je er ; ; NOTE SUR: L'INFLUENCE DU JEUNE ACCIDENTEL SUR LA RÉSISTANCE A L'ASPHYXIE. par M. Cu. FÉRé. J'ai eu occasion il y à quelques mois d’assister à la submersion de deux jeunes gens du même âge, qui sont tombés à l’eau en même temps et ont été aussi retirés en même temps. Je ne saurais pas dire combien de temps ils sont restés submergés ; l'appréciation du temps dans ces 90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = —— circonstances estimpossible. Je ne m’arrêterai que sur deux faits précis : l’un des jeunes gens était dans un état d’asphyxie assez avancé pour qu'il ait résisté dix bonnes minutes à la respiration artificielle, tandis que. l’autre, aussitôt sorti de l’eau, fut capable d’aider à porter secours à son camarade. J'ai été frappé de la différence, et la seule circonstance qui me paraissait de nature à l'expliquer, c'est que le premier était en état de. jeûne depuis trente-six heures au moment de l'accident, en raison d'une migraine qu'il avait eue la veille. Les histoires ou les légendes de fakirs emmurés et résistant à l'as- phyxie, semblent indiquer qu'une dépression de la nutrition par une abstinence habituelle, en diminuant les échanges, augmente la résis- tance à l’asphyxie. La différence entre les fakirs légendaires et les noyés qui me restaient dans le souvenir a provoqué une expérience qui n’est peut-être pas. sans intérêt. William Edwards a fait quelques expériences sur la résistance des cochons d'Inde à la submersion (1). Les trois cobayes adultes qui figu- rent dans son tableau ont respectivement résisté 4 minutes, 315" el 2'30"; en moyenne 3/35". ; J'ai répété les expériences sur des groupes de cochons d'Inde mâles, dont les uns ont été submergés sans abstinence et les autres après un, deux, trois ou quatre jours d’abstinence totale de tout aliment liquide ou solide. Ils ont été submergés dans de l’eau à 16-17 degrés. Voici le résultat de cette expérience : " : Asphyxie sans abstinence. POIDS Durée DES COBAYES de la résistance. IL GODET LE RE RAR ARE CR ET En EURE 2 ODA A TE SR EN TN AO ROSE a) 695 LE NES ET NE SEE JAMANIONS: Asphyxie après un jour d'abstinence. POIDS DES COBAYES Te LS Durée : {evjour.. "2 jour. de la résistance. 4. 600 TR NUE TA TRS En EEE RO TRS DES D) 680 GEO NES MORE RE CE ES LD MODES 6 625 GO iaL e None de 12 MAIS 2 m. 4lSs. (1) W.-F. Edwards. De l'influence des agents physiques sur la vie, 1824, p. 627. SÉANCE DU À2 JANVIER 21 D REUNION ANNEE EE Asphyxie après deux jours d’abstinence. POIDS DES COBAYES ne i Durée 1 jour. 2 jour. 3° jour. de la résistance, 7. 564 534 DA RES UE. 27 EN ÆURS? : 616 584 DORE PRE RENAN EIONSE Ne 184 734 COCA RE TTL ORSE 2 m. 305. Asphyxie après trois jours d’abstlinence. POIDS DES COBAYES nn Durée {er jour. 2e jour. 3° jour. 4° jour. de la résistance. 10. 705 660 632 DOOEMAE MPEeE2 neTlONSE 11e 665 614 579 SOLE Em 00s: 12. 615 594 954 DOC A A RSN 3 m. Asphyxie après quatre jours d’abstinence. POIDS DES COBAYES 0 Durée deour m2 /)our- NS dour) MA FIOUT MS EP TOUT: de la résistance. 13. 685 652 620 591 513 2 m. 305. 14. 654 620 093 540 511 2 m. 205. 15. 072 36 829 49% L4 2 m. 45Ss. 2 m. 315. Les cobayes asphyxiés à l’état normal ont résisté un peu moins que ceux d'Edwards, qui n’a indiqué ni le poids ni le sexe des animaux, ni la température de l’eau. Mais à une exception près, tous ceux qui ont été soumis à l’abstinence ont résisté notablement moins et la résistance a été moindre dès le premier jour. Il semble donc qu'un jeûne accidentel, même d’un jour, diminue la résistance à l’asphyxie par submersion. En général, les mouvements de défense n'ont duré qu’une minute ou une minute et demie. Pendant la minute suivante, on provoque des ré- ‘flexes des membres; puis les pincements ne provoquent plus que des mouvements de la mâchoire inférieure, qui se produisent aussi spon- tanément. Ces mouvements reproduisent il me semble les abaissements convulsifs que Le Gallois désigne sous le nom de bâillements et qu'il observait sur les animaux dont le bulbe était sectionné au niveau de la huitième paire. Chez le n° 3, les mouvements non provoqués ont duré jusqu'à la fin, et après le dernier de ces mouvements il n’a plus été possible de provo- quer aucun mouvement réflexe. [NS re SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR LA PERSISTANCE DES MOUVEMENTS SOI-DISANT AUTOMATIQUES DANS LE COMA, par M. Cu. FÉRÉ. On observe quelquefois chez les déments et les apoplectiques des actes régulièrement coordonnés qui font un contraste frappant avee l’incompétence habituelle de ces malades. Tantôt ces actés sont provoqués par une excitation spéciale : l’'audi- tion d'un mot détermine l’éjection d’une phrase ou d'une série de phrases restées dans la mémoire et comprenant ce mot; l'odeur du tabac provoque le geste de fumer la pipe chez un ancien fumeur; le chatouillement des narines provoque les mouvements appropriés à prendre une prise chez un ancien priseur, etc. Tantôt les actes paraissent spontanés. On à observé chez les mourants des éjections brusques, des fragments de discours interrompant l’ago- nie (1): d’autres fois ce sont des mouvements coordonnés qui se mani- festent en dehors de toute provocation appréciable. Hughlings Jackson a cité un malade qui, à la suite d’une hémorragie cérébrale, se trouvait dans un état comateux profond et qui cependant continua jusqu’à sa mort à relever sa main et à tortiller sa moustache avec aisance et régularité; ses parents déclarèrent qu'il avait élé mili- taire et que toute sa vie il avait eu l'habitude de tortiller sa moustache continuellement (2). ‘$ Jai observé un fait qui reproduit assez exactement celui de Hughlinge Jackson. I1 s’agit d’un paralytique général de quarante-huit ans, qui a succombé récemment, six ans après le début de sa maladie. C'était un individu qui avait des antécédents névropathiques héréditaires et per- sonnels, et qui présentait plusieurs stigmates tératologiques. Son corps et sa face étaient à peu près complètement glabres, iln’avait qu'une très fine moustache, et les aisselles et le pubis étaient très peu garnis de poils. Il présentait vers l'angle de la mâchoire, du côté gauche, un nœvus garni de poils qui croissaient librement. Avant sa maladie, sa main ne s’attaquait guère à ce bouquet de poils que lorsqu'il était inquiet ou obligé de garder le repos pour une raison physique quelconque. Ce tiraillement est devenu presque constant depuis qu'il est malade, et il l’était surtout dans les périodes de dépression : quand il gardait l’immobilité pendant des heures, sa main gauche seule était occupée à torturer son nœvus. À la suite d'une attaque apoplectique, il est resté avant de mourir près de soixante heures dans le coma sans qu'aucune partie de son corps (1) Ch. Féré. Le langage réflexe. Revue philosophique, 1896, t. XLI, p. 39. L'état mental des mourants (ibid., 1898, t. XLV, p. 296). (2) Hughlings Jackson. On automatic actions during coma from cerebral hemorrhage. Med. Times and Gaz., 1876, t. I, p. 498. SÉANCE DU 12 JANVIER 93 fit un mouvement spontané, à l'exception de son bras gauche, qui d'abord toutes les deux ou trois minutes se soulevait, et la main allait tirailler la houppe de poils. Peu à peu l’avant-bras se fixa dans la flexion et la main restait à proximité de l'angle de la màchoire, dont elle se rapprochait de temps en temps pour tortiller les poils. Peu à peu ces mouvements se sont espacés, maisils se sont reproduits jusqu’environ deux heures avant la mort, à l'exclusion d'aucun autre: Dans ce cas, comme dans celui de Hughlings Jackson, il semble qu'il s'agisse de mouvements qui se produisent en dehors de toute exci- tation périphérique, de mouvements automatiques. Toutefois, il est vrai- semblable que des follicules pileux habituellement tiraillés sont le siège d'une irritation qui peut être le point de départ de mouvements pure- ment réflexes se manifestant plus facilement en raison de l'habitude. On peut rapprocher ces apoplecliques des chiens observés par Goltz, n'ayant plus qu'un rudiment du cerveau et accomplissant cependant des actes assez complexes : Les centres inférieurs ont pris l'habitude de se passer du cerveau, comme dit M. Richet (1). RÔLE IMPORTANT DES NERFS PNEUMOGASTRIQUES DANS LA RÉGULATION DE LA TEMPÉRATURE DU CORPS, par M. le professeur JEAN DE TARCHANOFF. Ce rôle se manifeste le mieux sur des canards dont la moelle est coupée au niveau de la 4° vertèbre cervicale et chez qui l’on soutient une respiration artificielle. Si l'on prend deux canards ayant subi presque en même temps cette opération, et qu'à l’un d’eux on ajoute encore la seclion des pneumogastriques, et si l'on observe ensuite la chute comparative de la température prise dans le rectum des deux oiseaux, on voit que la température commence à baisser beaucoup plus vite chez l'animal avec les pneumogastriques coupés que chez l’autre, de contrôle. Exemple : PREMIER CANARD SÉCOND CANARD Au commencement de l’expérience : Température : 421 Température : 4292 PNEUMOGASTRIQUES : Conservés. Coupés. Après 1 heure, temp. 40° Temp. 38° nt 2lheures temp 300 Temp. 36° — 6 — temp. 315 Temp. 30° — 1 — temp. 36°8 Temp. 2904 l0 Mr Ntemp.12901 Temp. 27°6 Mort après 18 heures. Après 18 heures. (1) Ch. Richet. Art. « Automatisme » du Dict. de physiologie, t. 1, 1895, p. 948. 2% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans une des expériences analogues, cette différence de température aboutissait à un certain moment chez les deux canards comparés jusqu à 40 degrés. T'AS Ce rôle important des nerfs vagues dans la régulation de la tempé- rature du corps se manifeste beaucoup moins sensiblement chez les canards non décapités, et, quoique les différences se fassent dans le méme sens, elles ne dépassent pas plus de 2-3 degrés au profit du canard ayant conservé ses nerfs vagues. Le refroidissement beaucoup plus prononcé chez les canards avec les vagues coupés s'explique pour la plus grande partie par l’accélé- ration des battements du cœur et par celle de la circulation cutanée, qui mène à des pertes beaucoup plus considérables de. chaleur par la peau; et puisque chez les animaux avec la moelle coupée les vaso- moteurs sont paralysés si les vaisseaux cutanés sont dilatés, ces pertes de chaleur par la peau doivent être plus prononcées que chez les animaux n'ayant pas subi de section de la moelle et chez qui les vais- seaux cutanés sont en état de contraction normale. C’est ainsi que s'expliquerait cette différence d'effet de la section des vagues sur les animaux normaux et à la moelle coupée. A l'appui de cette opinion peut servir l'expérience que voici : si l’on enveloppe les deux canards décapités, dont l’un a en outre les vagues coupés, dans de mauvais conducteurs de la chaleur, comme par exemple de la ouate, l’on remarque que les différences de refroidissement des deux animaux ne sont plus si manifestes qu'auparavant et ne dépassent plus 3-4 degrés, tandis que sans cette mesure cette différence pouvait, à un certain moment, aboutir jusqu'à 10 degrés. La différence peut être amoindrie encore si l’on emploie pour la respiration artificielle chez les animaux couverts de ouate de l'air chauffé jusqu'à 39 degrés; les pertes de chaleur par les poumons se trouvant alors aussi amoindries, on pourrait supposer qu'il ne devrait plus y avoir de différences entre le refroidis- sement des deux animaux, celui qui a les pneumogastriques coupés et celui de contrôle. En réalité, cette différence se réduit à 2-3 degrés, mais ne disparaît pas complètement, et par conséquent l'explication donnée n'épuise pas le phénomène dont il est question : ce n’est pas exclusivement par les pertes de chaleur plus prononcées chez l’animal avec les vagues coupés que s’expliquerait tout le surplus de son refroi- dissement comparativement à l'animal de contrôle. Il y aurait à admettre encore une influence centrifuge des nerfs vagues sur le système musculaire ou glandulaire des organes abdo- minaux, qui contribuerait à la production de la chaleur et par cela ralentirait le refroidissement du canard décapité. À l'appui de cette supposition parlent les expériences suivantes : 1° L'excitation par un courant induit du bout périphérique des deux nerfs vagues chez le canard décapité provoque un arrêt du refroidis- = SÉANCE DU 12 JANVIER 25 Lo ne EAP ER RP RO PER RIRE sement de l'animal pour 15-20 minutes et quelquefois même avec augmentation de la température dans le rectum de 1-2 degrés. Puisque cet arrêt du refroidissement pourrait s'expliquer exclusi- vement par l'arrêt de la circulation, provoqué par l'arrêt ou le ralen- tissement des battements du cœur pendant l’excilation des nerfs vagues (ce qui ferait diminuer les pertes de chaleur par la surface cutanée et par les poumons), il fallait répéter la même expérience en éliminant l'influence inhibitrice des nerfs vagues sur le cœur soit par l’atropine soit par de fortes doses de curare. 2 Un canard décapité et atropinisé jusqu’à paralysie complète de l’action d'arrêt des vagues sur le cœur ne présente plus, sous l'influence de l'excitation du bout périphérique des nerfs vagues, cet arrêt de refroidissement que nous avons signalé plus haut, et la courbe du refroidissement continue à baisser, comme cela se passe sans aucune excitation de ces nerfs. L'on pourrait conclure que le rôle des nerfs vagues comme préserva- _ teur du refroidissement se réduirait tout simplement à leur action d'arrêt sur le cœur, grâce à laquelle la circulation se fait avec une cer- taine lenteur, ce qui contribue à la conservation de la chaleur. Mais ce facteur, quoique dominant, n'épuise pas la question, vu l'expérience suivante : si l’on curarise un canard décapité jusqu’à la disparition complète de l’action d'arrêt des nerfs vagues sur le cœur et que l’on commence à exciter le bout périphérique de ces nerfs, l’on obtient assez souvent un ralentissement du refroidissement de l'animal et quelquefois même une augmentation provisoire de la température du corps, quelques dixièmes, sans que l’on puisse remarquer une modifica- tion quelconque dans l’activité du cœur. Ce n'est donc pas par l'arrêt ou par le ralentissement de la circulation que pourrait s'expliquer, dans ce cas, l'effet obtenu, mais par une autre action centrifuge des nerfs vagues, action sécrétoire. On sait, en effet, que les nerfs vagues contiennent des filets nerveux sécrétoires pour les glandes de l’estomac, pour le pancréas, et que l’excitation de ces nerfs provoque une sécrétion abondante de ces glandes. Cette sécrétion doit être accompagnée d'une production de chaleur dans les glandes corres- pondantes qui, échauffant le sang, doit contribuer jusqu’à un certain degré à la conservation de la température animale. De ce point de vue s'explique facilement le résullat négatif des expé- riences avec l’atropine, qui, paralysant les filets d'arrêt des nerfs vagues, paralyse en même temps les nerfs sécréteurs en général. Les nerfs vagues régleraient donc la température du corps non seule- ment en modifiant les pertes de chaleur par la surface cutanée et les poumons, mais aussi la production de la chaleur, grâce à leurs filets ner- veux sécrétoires de différentes glandes abdominales. Aucun doute que c’est par le premier procédé surtout que les nerfs 26 SOCIÉTÉ DE B!OLOGIE vagues accomplissent leur rôle important dans la régulation de la tem- pérature du corps. Je m'abstiens de toutes considérations sur l'intérêt des faits annoncés au point de vue clinique. INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LE FERMENT INVERSIF DE LA LEVURE DE BIÈRE, par M. PozERrsKt. Nous avons étudié l'influence de différentes températures sur l'in- vertine de la levure de bière. Cette invertine est préparée à la facon ordinaire. Toutefois, pendant sa préparation, elle n’a jamais subi de température supérieure à 25 degrés. Dans toutes les séries d'expériences, nous nous sommes mis à l'abri des fermentations microbiennes en employant le fluorure de sodium à 2 p. 100. ré Une solution filtrée d’invertine est divisée en cinq lots de 4 centi- mètres cubes chacun. Le premier de ces lots est laissé à la température du laboratoire (16 degrés). Les autres sont portés, chacun séparément, à 35, 42, 50, 56 degrés pendant une demi-heure. On laisse refroidir ces solutions jusqu'à 25 degrés, puis on mélange chacune d'elles avec 50 centimètres cubes de saccharose à 5 p. 100. On laisse ces solutions à l'étuve à 25 degrés, et toutes les demi-heures on prélève 5 centimètres cubes de chacune,'que l’on met dans un mélénge de 49 centimètres cubes d’eau distillée et de 1 centimètre cube de lessive de soude, afin d'arrêter l’action du ferment. On ueutralise ces solutions par l'acide acétique et l’on fait les dosages du sucre interverti. INVERTINE AYANT ÉTÉ PORTÉE A Quantité intervertie au bout deSOimiInUtES EN 05192 05270 08 317 08270 05 186 Quantité intervertie au bout de, 1heUTO RER 0 409 0 540 0 675 0 500 0 257 Quantité intervertie au bout detlh: 50 mime 0 721 1 080 1 800 10425 0 900 Quantité intervertie au bout de/2\Yheures "meer À 1 227 1 542 À 459 1 148 Quantité intervertie au bout den 0 INA) EU 1 928 2 250 2 480 1 38% 0 257(?) SÉANCE DU Â12 JANVIER 21 On voit d’après ces résultats que si on porte une solution d’invertine à une température supérieure à 25 degrés, et qu'on ramène ensuite ce ferment à 25 degrés, il ne. reprend plus l’état primitif qu'il avait à 25 degrés avant d'avoir été chauffé. Dans ce nouvel état, l'intensité du ferment est augmentée quand il à été préalablement élevé à des températures variant entre 25 degrés et 40 degrés. Cette intensité atteint son maximum quand on a élevé le fer- ment à une température voisine de 40 degrés, puis elle décroit pour des températures supérieures à 40 degrés. Ces changements dans l’activité du ferment, produits par l'élévation de sa température, nous ont fait supposer naturellement que cette élévation de température modifiait l’état physique de la solution de ferment. Dans ces conditions il suffirait d'élever la température pendant un temps très court pour observer ces modifications. C'est ce que nous avons fait dans trois séries d'expériences qui nous ont donné des résultats absolument concordants. Dans ces expériences, nous avons mis dans un thermostat à 40 degrés une solution d'invertine. Dès que cette solution avait atteint 40 degrés nous en prélevions 6 centimètres cubes. Nous faisions de même des prises de 5 centimètres cubes après 10, 20, 30 minutes de séjour dans le ther- mostat. Ces différentes solutions étaient ramenées à 25 degrés, mélangées avec 50 centimètres cubes de saccharose à 5 p. 100 et traitées comme dans l'expérience précédente. Le tableau suivant contient les résultats de ces séries. INVERTINE PORTÉE A RS. 40° 40° 40° 40° 25° pendant s à ‘ pendant pendant pendant où Vers 10 min. 20 min. 30 min. très court. Quantité intervertie au bout de 30 minutes . 05 18% 05197 05 200 05 200 05 200 Quantité intervertie au bout de 1 heure. . . 0 290 0371 0 344 0 371 0 344 Quantité intervertie au bout de 1 h. 30 min. 0 398 0 572 0 572 0 572 0 550 Quantité intervertie au bout de 2 heures. . . 0 450 0 639 0 634 0 639 0 639 Quantité intervertie au bout de 2 h. 30. . . 0 654 0 833 0 859 0 833 0 833 On voit d’après ces résultats que, si l’on porte une solution d’invertine à 40 degrés pendant un temps très court, et qu’on la ramène à 25 degrés, elle ne reprend pas son état primitif, et que, de plus, si on laisse cette 98 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE solution à 40 degrés pendant des temps variables, 10, 20,30 minutes, l'intensité du ferment ramené à 25 degrés sera la même. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES RELATIVES A L'INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LE FERMENT INVERSIF DE LA LEVURE DE BIÈRE, par MM. Vicror HENRI et Pozerskt. Sans vouloir émettre une hypothèse définitive sur les faits exposés dans les expériences précédentes, faites par l’un de nous, nous pensons qu'il est tout de même utile d'émettre quelques considérations d'ordre théorique, dans le seul but de donner un fil de direction aux expériences que nous poursuivons. Les solutions de ferments étant des solutions colloïdales, qui donnent lieu à des modifications physiques, soit non reversibles, soit très lentes, il parait naturel que les changements physiques produits dans ces solu- tions par élévation de température depuis 25 degrés jusqu'à 40 degrés ne se reproduisent pas en sens contraire lorsqu'on abaisse la tempéra- ture de 40 degrés à 25 degrés. Mais on peut supposer d'avance que l’état physique, que possédait cette solution de ferment à 25 degrés avant d’être chauffée, pourra de nouveau être repris par la solution de ferment, soit après un séjour très long à 25 degrés, soit après un abaissement de température au- dessous de 25 degrés (0 degré par exemple), puis un retour à 25 degrés. Cette expérience, ainsi qu’une série d’autres qui s'imposent à la suite de cette hypothèse, seront communiquées ultérieurement. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) NOTE À PROPOS DE LA COMMUNICATION PRÉCÉDENTE, par M. DASTRE. J’ai présenté à la suite du travail de MM. Pozerski et Henri, exécuté dans mon laboratoire, quelques observations destinées à en montrer l'intérêt, — au cas, bien entendu, où les résultats de ces recherches préliminaires devraient s'étendre et se confirmer. Cela se résume à dire qu’elles permettent de distinguer véritablement l'effet de la chaleur sur l'activité du ferment, de l'effet de la chaleur sur l’activité de la fermen- SÉANCE DU Â2 JANVIER 29 tation. Ce sont deux ordres d'influences dont chacune s'exprime par une courbe spéciale et dont la véritable distinction n'a pas été faite, à ma connaissance. | . M. Hanriot à bien voulu me signaler que cette distinction aurait été faite par plusieurs auteurs et par M. Camus et lui-même, à propos de la lipase; — et qu'ils ont donné les courbes complètes et séparées repré- sentant l'action des diverses températures sur le ferment d'une part, sur la fermentation de l’autre. Mais, précisément, ces courbes sont illusoires. Ce serait une consé- quence du travail de MM. Pozerski et Henri d'enlever, jusqu’à nouvel ordre, toute confiance à ces déterminations. J'ai fait observer, en particulier à M. Hanriot, qu’en ce qui concerne la lipase, ferment recueilli du sang de cheval à 37 degrés, toutes les déter- minations inférieures à 37 degrés — c’est-à-dire environ une moitié de la courbe — seraient suspectes. En général, -- toujours en supposant que les choses se passent comme dans le cas de MM. Pozerski et Henri, — le ferment conserverait d’un court passage à une température supérieure une sorte de souvenir matériel; disons, plus simplement, qu'il aurait subi une modification physique, persistant plus ou moins longtemps aux températures plus basses. Il suit de là que toute déter- minalion d'activité fermentifère à une température inférieure à la plus haute de celles où le ferment a été porté, dans sa préparation, ou à la plus haute de celles où il existe dans les conditions naturelles, est . faussée pour cette raison. Une seconde raison d’être faussée s’ajoute à la première pour toutes les températures inférieures à la température d’épreuve où se fait la fermentation. Il faut donc s'assurer, ce qui n’a pas été fait, et ce que personne n'avait de motif de faire, du temps que dure cette impression laissée par la température sur le ferment, ou mieux cette modification phy- sique. C'est à ce point de vue que devront être complétées les expé- riences de MM. Pozerski et V. Henri. Au point de vue énergétique, une autre conséquence n’est pas sans intérêt. Si un ferment porté à 40 degrés et ramené à 25 degrés est devenu plus actif à cette température qu’il ne l'était auparavant, la fermenta- tion accomplie à 25 degrés cette seconde fois pourrait être aussi active qu'elle le serait, dans la première condition, à 30 ou 35 degrés par exemple. La différence de température n'interviendrait donc ici, dans l’acte de fermentation, que pour créer une condition du ferment, et la chaleur de fermentation ne serait pas employée à produire un travail chimique. À la vérité, cette conclusion n’est pas nouvelle : elle résulte de tout ce que l’on sait. Mais elle apparait ici peut-être plus clairement. 30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LES SONS-VOYELLES EN FONCTION DU TEMPS, par M. GELLÉ (M.-E.). J'ai étudié les voyelles dans leurs successions dans le langage arti- culé, d’après les graphiques du phonographe, et au moyen du métro- nome. Les tracés fournissent sous la forme spatiale les durées des sons et de leurs intervalles. À À]. {transition de Aaleare (Schema) Voies buccales.— processus de fermeture deAal. Comme dans le trille de 40 notes de Helmholtz, 10 voyelles (a, é, 1, 0, u, dites deux fois) peuvent être émises en une seconde ; Richet et Broca vont à 10 ou 11 (1). | Ces 10 sons se forment en articulant, et en une seule et même inspi- ration. L’o et l’u, graves, sortent facilement confus ; 9 voyelles, et 7 sur- Lout, sortent très distinctement; avec 10 on touche à la limite de la dis- tinction. L'oreille est capable de percevoir des intervalles bien plus faibles entre les sons ; mais chaque voyelle est un signe conventionnel ; et le langage n’est compris que si la reconnaissance du son et l'image auditive sont complètes et précises. (1) Richet. Art. « Cerveau », Dict. de phys. SÉANCE DU 12 JANVIER aL Dans l’xppréciation de la durée de ces sons-voyelles et de leurs inter- valles, il faut tenir compte du temps employé à articuler ; 9 voyelles comportent 9 mouvements ou lemps; ét la seconde doit être partagée en 18 sons et mouvements; durée — 1/18 de seconde à 1/20 de se- conde. Les tratés phonographiques montrent, par les espaces vides du sillon entre les diverses séries d'empreintes caractéristiques des voyelles, la durée des intervalles. Or, avec 10 voyelles à la seconde, on n'en voit plus; il existe une succession ininterrompue de périodes typiques. À un examen attentif, on reconnait, fait curieux, qu'au niveau du AO d Aort transition de 0 É ai Ÿ 24 Gelle lecit passage d'une voyelle à l’autre, les périodes de chacune fusionnent, se confondent, se pénètrent; les éléments participent des deux types. Cela se voit bien dans les sons en «ié, io, ion, ia, » etc., déjà réunis dans le langage. O et i, sur le tracé, ont des aspects bien différents ; or, on voit, dans la zone intermédiaire, les volumineuses oves de O contenant les stries fines de i ; puis, O apparait ensuite simple et sans stries inté- rieures. Dans AË, id AO, le phénomène de pénétration réciproque se constate aussi, si la vitesse d'émission est suffisante, car c’est affaire de vitesse de succession. On conçoit une vitesse trop grande amenant la superposition totale du tracé, et par là même la confusion totale. Les périodes de À sont envahies, dans leur 2° phase, par les stries fortes de E ou fines de I, ou par les gros oves de O (voir les figures ci-jointes). 32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Puis, après cette union intime, E, I, O se dégagent : c'est pourquoi la distinction a lieu. | lo, ié, ion se disent chacun en 1/9 de seconde, le temps d’une seule voyelle. Ainsi « aëi » s'énonce en 1/3 de seconde, et aéio, de même, mais à condilion de mouiller i et o ; tous ces sons s’émettent en une seule expiration par des mouvements rapides du canal buccal; aéi, aua, durent 1/3 seconde ; a, é, i, a, é, 5 voyelles, 1/2 seconde: en moyenne, sons et mouvements durent de 1/20 à 1/30 de seconde. Il en est de même pour l'association vocale « oa » dans roi, joie, courroie, etc. ; oa dure autant que ié, etc., dans ces mots. L'accent change tout cela; dans « éA » fort, on trouve un grand inter- valle sur le tracé et un temps très notable intercalaire. Pour a, É, accent sur É, de même ; a É dure une 1/2 seconde; si « a » prend 1/10, É un autre 1/10, il reste 3/10 de seconde pour le temps de l'effort expiratoire qui accentue la 2° voyelle; nos tracés nous montrent cependant les mêmes voyelles doucement dites, se succédant d'une façon continue, sans intervalle ni fusion. La durée des voyelles est inégale; U est vite confus ; cou » ne peut être dit que quatre fois par 1/2 seconde, en 1/8 de seconde au lieu de 1/9. Le son-voyelle «eu » est long; on ne peut le dire sans confusion plus de trois fois en À/2 seconde; au delà, c'est un souffle continu à renforce- ments sans signification ; durée 1/6 de seconde; on reconnait là l’ac= tion de l'expiration qui donne le son. Les nasales on, in, an sont longues (quatre fois en 1/2 seconde). Etcomme preuve que cela tient sur-. tout au mode d'émission, voici le mot « peu » qui se répète trois fois en 1/3 de seconde, et cinq fois en une 1/2 seconde ; le mot « tout » de même. C'est que la segmentation du courant sonore a lieu au moyen des mou- vements arliculatoires si rapides du canal buccal. Chacun des temps, sons et mouvements équivaut à peu près à 1/30 de seconde, tandis que « eu » seul exige 5/30 de seconde. Ces temps doivent encore être diminués du temps de reconnaissance, si long chez le sourd, dont les: images auditives sont insuffisamment précises. ÏI. —— RECHERCHE DU FERMENT AMYLOLYTIQUE DANS LE FOIE, par M. PERMILLEUX. Chien de deux ans, 20 kilogrammes, non chloroformé, sacrifié par la section du cou après injection de morphine ; immédiatement après, le foie a été lavé, pendant vingt minutes, jusqu'à décoloration parfaite, avec une solution de chlorure de sodium à 9 p. 1000. Le foie était. nor mal el pesait 575 grammes. SÉANCE DU Â2 JANVIER 33 D 2 —————— ———————— —_— ——— — ———— Le foie, coupé en lanières minces, a été exposé aux vapeurs de chloro- forme pendant quatre jours, sous une cloche où l’on fait le vide. On a recueilli 70 centimètres cubes de liquide hépatique, et on a fait les deux ballons suivants que l’on à bouchés et mis à l’étuve à 40 degrés pendant vingt-quatre heures : A. Liquide hépatique bouilli : 35 centimètres cubes. Solution d'empois d’amidon à 2 p. 100. B. Liquide hépatique non bouilli : 35 centimètres cubes. Solution d’empois d’amidon à 2 p. 100 (même quantité que dans À). Dans le flacon B, on a ajouté quelques gouttes de chloroforme pour empêcher l’action des microbes. Au sortir de l’étuve, on a chassé par une ébullition sérieuse tout le chloroforme et extrait avec soin tout le sucre que ces flacons contenaient (presse à sang, reprise par l’eau du culot, etc.). Le sucre a été dosé par la liqueur de Violette. Résultats. — Le liquide provenant du flacon soumis à l’ébullition ne contenait pas de trace de glucose; le sans non bouilli en contenait, car 7 c. c. 8 de la solution de ce liquide à 5 p. 100 réduisaient 10 centi- mètres cubes de la liqueur de Violette. Be liquide hépatique renfermant habituellement une notable quantité de glucose, l'absence complète de ce sucre dans le liquide primitif (710 centimètres cubes) ne tiendrait-elle pas à la présence d’un ferment glycolytique qui aurait détruit ce sucre pendant les quatre jours que le liquide est resté sous la cloche ? Une expérience ultérieure sera faite pour vérifier cette supposition. IT. — RECHERCHE DU FERMENT AMYLOLYTIQUE. DOSAGE DE L’AMIDON TRANSFORMÉ. Dans une expérience faite pour rechercher la nature du sucre hépa- tique par la méthode des osazones, j'ai soumis à la dialyse un liquide hépatique recueilli comme précédemment. Pour cela, j'ai suspendu le dialyseur (baudruche) contenant le liquide hépatique dans un cristallisoir rempli d’eau fluorée à 2 p. 100. J’opé- rais en dehors du laboratoire et par une température très froide. Pen- dant cinq jours, j'ai renouvelé toutes les vingt-quâtre heures l’eau du cristallisoir, eau que je conservais pour y déterminer le sucre qui avait dialysé ; comme le sixième jour je trouvais encore du sucre, j'ai placé dialyseur et cristallisoir dans l’étuve à 40 degrés, et de même que dans l'expérience précédente, je renouvelais constamment l’eau fluorée. Cette dernière opération a duré trois jours et a été arrêtée lorsque j'eus constaté par la liqueur de Fehling qu'il n’y avait plus de suere réducteur dans le cristallisoir et, par suite, dans le dialyseur, qui, à ce Brozocte. ComrTEs RENDUS. — 1901. T. LI. 3 34 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE moment, contenait 160 centimètres cubes de liquide avec lesquels on a fait les deux flacons suivants que l’on mit pendant vingt-deux heures dans l’étuve à 40 degrés. A Liquide hépatique non bouilli . . . 80 centimètres cubes. Empois d'amidon à 4 p. 100. . . . 50 — — B. Liquide hépatique bouilli. . . . . , 80 centimètres cubes. Solution d’empois d'amidon à 4p.100. 50 : — (soit 2 gr.). Résultats. — Au sortir de l’étuve, on constate que dans B il n’y a pas trace de sucre. La liqueur de Gram montre qu’il y a beaucoup d’amidon: il n’y a donc eu aucune saccharification. Dans A (liquide bouilli) l'analyse démontre que les 50 centimètres cubes de la solution d’amidon à 4 p. 100 ont été transformés en 0 gr. 450 d’un sucre réducteur. De plus, la liqueur de Gram montre par la couleur rose violet qu’elle donne avec le liquide de À que l’amidon non transformé en sucre réducteur a été changé en dextrine. DE LA DIALYSE CHLOROFORMIQUE COMME PROCÉDÉ DE RECHERCHE DES FERMENTS ENDO-CELLULATRES, par M. A. DASTRE. Les expériences de M. Permilleux ont abouti à la démonstration du ferment amylolytique du foie, et à son isolement d’avec la cellule hépa- tique. : On sait que l'existence de ce ferment hépatique — qu'il faut bien dis- tinguer de ceux du sang et de la lymphe — a donné lieu à des débats assez longs et assez obscurs entre physiologistes. CI. Bernard, Hensen, von Wittich, Epstein et Müller ont cru l'avoir isolé ; Seegen et Kratsch- mer en ont nié l'existence ; Salkowski, Arthus et Huber en ont manifesté l'action. La conclusion que j'avais tirée de mes recherches, en 1888, et que N. Paton, en Angleterre, a récemment appuyée, c'est que la diasiase hépatique n'a pas d'existence isolée de la cellule qui la produit. Ge ferment, qui transforme en sucre le glycogène indiffusible amassé dans les cellules hépatiques, est un ferment endo-cellulaire, c’est-à-dire utilisé sur place et, probablement, à mesure de sa production. Il agit au lieu même où ila pris naissance. L'action chimique qu’il exerce est, peut- ôtre aussi, tellement proche de l'acte physiologique ou vital de sa formation, qu'on ne peut les distinguer. Au contraire, le ferment amy- lolytique du pancréas est un ferment exo-cellulaire : sa formation, phé- nomène lié à l’activité vitale, se distingue chronologiquement et topo- SÉANCE DU 12 JANVIER 39 ne graphiquément de son utilisation, phénomène purement chimique qui s'accomplit au dehors de la cellule. U ya des circonstances où un ferment endo-cellulaire peut devenir exo-cellulaire et, par conséquent, se manifester. Ces circonstances sont de deux espèces. On peut supposer que le ferment est dissimulé parce qu'il adhère très fortement au protoplasma formateur ; il s'agira, alors, d'employer des moyens très énergiques pour le séparer du tissu. C’est à l’emploi de moyens de ce genre que Büchner doit la découverte remarquable du ferment alcoolique de la levure. On peut supposer, en second lieu, ainsi que nous venons de le voir, que le ferment est dissimulé en ce qu'il est utilisé et neutralisé au fur et à mesure de sa production. On peut douc concevoir un second groupe de moyens pour empêcher cette utilisation immédiate. Il se peut, enfin, que certains procédés exaltent la production du ferment. J'ai pensé que la dialyse chloroformique pourrait être l’un de ces moyens et, depuis 1898, j'ai fait exécuter par mes élèves quelques ten- tatives, dont il semble que celle de M. Permilleux ait partiellement réussi. On sait en quoi consiste le phénomène de Ia dialyse chloroformique : un tissu, végétal ou animal, exposé aux vapeurs de chloroforme, éther, etc., laisse exsuder une quantité de liquide plus ou moins abon- dante. C'est un fait que M. Raphaël Dubois a appliqué à l'explication de l'anesthésie. Il l’a nommé déshydratation chloroformique. . Mais ce n’est pas une simple déshydratation. Le liquide exsudé ‘n’est pas de l’eau pure, c'est du suc cellulaire. L’exo-protoplasma, en effet, n’est hémi-perméable qu’au début de l'opération et pendant très peu de temps ; il laisse passer ensuite des substances diverses ; il se comporte comme un filtre ou un dislyseur. Il s'agissait de savoir si ce suc cellulaire n’entrainerait point quelque ferment endo-cellulaire. En particulier, en opérant sur le tissu hépatique, s’il n’entraînerait point le ferment amylolytique. D'après les expériences rapportées plus haut, cette supposition paraît s'être réalisée. Ce travail devra être complété à bien des points de vue et, par exemple, au point de vue de savoir si le ferment amylolytique est une amylase vraie ou une maltase. 36 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOUVEAUX ESSAIS SUR LA PRODUCTION RAPIDE DE L'ANTITOXINE DIPHTÉRIQUE PAR ASSOCIATION DU SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE A LA TOXINE, par MM. S. ARLoIxG et J. NicoLas. | Dans une note précédente, nous avons fait connaître des expériences poursuivies sur le chien dans le but de savoir si on ne pourrait pas simplifier et abréger la période dangereuse de la préparation d’un sujet producteur de sérum. Notre conclusion n’était pas favorable à l'emploi des mélanges toxine-sérum et culture-sérum. Cependant Nikanoroff (1), à la suite d'une expérience faite sur le cheval, augurait très bien de l'usage combiné d’antitoxine et de toxine pour l’obtention de sérum très actif. Il est vrai que son procédé ne relevait exactement d’aucun de ceux que Babès et nous-mêmes avions employés. En effet, il commencait par imprégner fortement l'animal d’antitoxine, puis il injectait des doses rapidement croissantes de toxine pure, enfin il terminait par deux injections de toxine et de sérum mélangés préalablement in nitro. Récemment, Madsen et Dreyer ont annoncé (2) qu'ils avaient réussi à immuniser le cheval et à obtenir un sérum antidiphtérique actif à la fois contre les toxines et les toxones diphtériques en injectant des: toxones, c'est-à-dire de la Loxine associée à des proportions déterminées d’antitoxine. Ces travaux nous ont engagés à publier les recherches que nous avons faites sur | âne. Dans des expériences aussi comparatives que possible, nous avons étudié l'influence des mélanges et celle de la toxine pure sur la pro- duction de l’antitoxine. Enfin, nous avons varié cette recherche en essayant l'influence des injections de toxine et de sérum faites simul- tanément, mais dans des points différents du tissu conjonctif. Autre- ment dit, nous nous sommes servis de l'organisme vivant pour opérer le mélange de la toxine et du sérum, car l’un de nous avait vu que les injections du virus du charbon symptomatique et du sérum antichar- bonneux, pratiquées en des lieux séparés, sont beaucoup plus immuni- santes que les injections faites avec les mêmes substances mélangées préalablement in vitro. Un premier âne reçoit des mélanges de toxine et de sérum. La pre- mière injection est faite le 3 décembre; la douzième et dernière le 17 février suivant. Jusqu'à la cinquième injection, la quantité de sérum reste la même dans le mélange, tandis qu'on augmente graduellement (1) Archives des sciences biol. de l'Institut imp. de méd. exp. de Saint-Péters- bourg, 1897. (2) Congrès international de médecine, Paris, 1900. SÉANCE DU Â2 JANVIER PAST la quantité de toxine (10 cent. cubes de sérum; de 5 cent. cubes à 30 cent. cubes de toxine); de la sixième à la douzième, la dose de toxine ne change pas (30 cent. cubes), tandis qu’on abaisse la quantité de sérum (de 5 cent. cubes à 1 1/2 cent. cube). Toutes les injections sont bien supportées et provoquent seulement une faible induration du tissu conjonctif. Du 17 au %5 février, l'animal est abandonné à lui- même; on lui retire du sang à cette dernière date; on en obtient du sérum dont le pouvoir immunisant et antitoxique est très faible. On prend alors trois ânes, sur lesquels on ot des injections paral- lèlement du 12 juin au 28 août. Le n° À recoit de la toxine pure; le n° 2 de la toxine et du sérum poussés simultanément, mais dans des points différents du tissu con- jonctif; le n° 3 des mélanges de loxine et de sérum. Au total, . n° À finit par recevoir 132 centimètres cubes de toxine pure; le n° 2, 446 centimètres cubes de toxine et 145 centimètres cubes de on n° 3, 446 centimètres cubes de toxine et 145 centimètres cubes de sérum mélangés préalablement in vitro. Les trois sujets subissent une saignée le 18 septembre, le sérum est recueilli le 21 et essayé le lendemain. La valeur antitoxique est déter- minée par le procédé de Bebring-Ehrlich, la valeur préventive par le procédé de Roux. Nous présentons synthétiquement le résultat des essais dans le tableau suivant : ANES VALEUR ANTITOXIQUE VAREUR préventive. : 1 No S D EAN Re er É . . N° 1 (toxine) . — de 80 unités par cent. cube 50.000 , a ne 1 N° 2 (toxine et sérum séparés). . + de 60 unités. 5.000 N° 3 {toxine et sérum mélangés). — de 10 unités. — de Le On voit donc que là où on a fait intervenir le sérum, le résultat a été moins satisfaisant, principalement lorsque la toxine et le sérum ont été mélangés avant l'injection. Il existe même entre les effets de la toxine et du sérum donnés isolément et ceux des mélanges une diffé- rence digne de frapper l'attention. On pressent que, dans le premier cas, la toxine et le sérum agissent sur les éléments défensifs de l’orga- nisme avant de parvenir à se neutraliser complètement. Pour obtenir un si maigre résultat, il ne vaut pas la peine vraiment de consacrer deux à trois mois à injecter de la toxine plus ou moins contrebalancée par du sérum. Nikanoroff, qui se félicite d’avoir obtenu un sérum très immunisant en donnant de fortes quantités de toxine après une série d’injections de sérum, aurait obtenu un résultat meilleur encore s'il n'avait pas fait usage d'antitoxine, car une partie de la 38 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE toxine qu’il a injectée a été certainement neutraïisée par le sérum qui a été accumulé dans l'organisme. Conclusions. — 1° On peut obtenir, chez l’âne, une réaction anti- toxique par des injections de toxine-sérum et des injections isolées de toxine et de sérum. 2° Elle est presque insignifiante après l'injection des mélanges in vitro; elle est notable lorsque la toxine et le sérum sont injectés en des points séparés. 3° Dans ce dernier cas, elle est cependant inférieure à la réaction antitoxique consécutive aux injec- tions de toxine pure. 4 Donc les injections de toxine-sérum ne sont pas recommandables dans la préparation du sérum antidiphtérique. 5° Tout au plus, pourrait-on essayer les injections de toxine et de sérum faites dans des points séparés, à la condition d'être très prudent lorsqu'on voudra passer aux injections de toxine pure. HERMAPHRODISME HISTOLOGIQUE DANS LE TESTICULE ADULTE D'ASTACUS FLUVIATILIS, par M. CHARLES GARNIER. Depuis longtemps des cas d’hermaphrodisme cellulaire ont été signalés par divers observateurs (Balbiani, Pflüger, Born, Marschal et Bourae, Ride- wood, Smith, Latter, Mitrophanow, Summer, Franck J. Cole, Spengel, Hoffmann, La Valette Saint-George, Friedmann, etc.), etces constatations ont porté pour la plupart, sur les glandes sexuelles d'Amphibiens anoures et urodèles. Chez Astacus fluviatilis, des faits analogues ont été vus plus rarement (La Valette Saint-George). Dans la majorité des cas cités plus haut et concernant des œufs Die soit à l’intérieur, soit à l'extérieur des tubes séminifères dans les glandes sexuelles mâles, on n’a eu sous les yeux que des ovocytes à un état de développement avancé, ne permettant pas de suivre leur genèse. Les faits que nous rapportons sont intéressants parce qu'ils fournissent matière pour déterminer la filiation des éléments femelles aux dépens d'éléments mâles du tube séminifère adulte. Il s'agit, en effet, de plusieurs testicules d’Asfacus fluviatilis adultes. Dans ces organes, provenant d'animaux sacrifiés au mois d'avril, les ampoules séminifères se trouvaient au repos complet et ne renfermaient que les éléments caractéristiques du testicule à cette période de la sper- matogenèse, c’est-à-dire des spermatogonies et des cellules de soutien. Les spermatogonies se présentent sous forme d'éléments polyédriques bien délimités, avec noyau volumineux au stade spirem lâche, entouré d'un protoplasme peu abondant. Au milieu de ces cellules sexuelles, on observe cà et là les noyaux irréguliers, très chromatiques des cellules SÉANCE DU 12 JANVIER 39 de soutien, plongés dans une masse syncytiale de protoplasme indivis. Dans certaines de ces ampoules séminifères, il est facile de voir des ovocytes énormes, généralement uniques, de dimensions considérables et remplissant presque totalement la cavité ampullaire. Ces ovocytes ont la structure caractéristique de ce genre d'éléments : cytoplasme très abondant ne présentant pas encore de sphères vitellines, vésicule ger- minative déjà excentrique avec taches germinatives bien délimitées, accolées contre la membrane nucléaire, et caryoplasme acidophile. Tout autour de la membrane vitelline existe une membrane granuleuse de même constitution que celle des ovocytes normaux. En d’autres régions du testicule, apparaissent des ovocytes moins avancés dans leur évolution, avec vitellus peu abondant et vésicule ger- minative centrale dont le réticulum nucléaire basophile n’a pas encore commencé à former des taches germinatives individualisées. Enfin, dans quelques-unes de ces ampoules, à côté d'ovocytes différenciés tels que nous venons de les décrire, il existe toutes les phases de transition entre de semblables éléments et les spermatogonies. Ce sont des formes ana- logues à celles que l’on observe dans l'ovaire jeune pendant la phase -d'accroissement (La Valette Saint-George, Van Beneden et Neyt, Boveri, ‘0. Hertwig). On peut suivre l'augmentation progressive du volume des Spermatogonies, la pulvérisation du spirem chromatique et la transfor- mation de cette poussière de chromatine en taches germinatives mul- tiples. En même temps, les cellules de soutien des éléments primitive- ment mâles évoluent dans le sens des cellules foiliculeuses en s’apla- üssant pour former un épithélium folliculaire typique autour des ovo- cytes. Parmi les considérations théoriques que suggère une semblable observation, il faut en premier lieu mentiouner le parallélisme complet existant entre spermatogonies et ovogonies d’une part, et entre cellules de soutien et cellules folliculeuses d'autre part. Nous ferons en outre remarquer que nos observations permettent de faire un choix parmi les interprétations qui ont été proposées pour expliquer des eas ana- logues. Hoffmann admet que, parmi les éléments du testicule, il subsiste des cellules isolées, spécialisées dans le sens femelle et provenant sans transformations, des grandes cellules sexuelles de l’épithélium germi- natif. Friedmann croit que certaines cellules germinatives ont pu demeurer indifférentes parmi les spermatogonies et prendre, à un moment donné, une direction femelle dans leur développement. La constatation de tous les stades de transition entre la spermato- gonie typique et l’ovocyte ne nous permet pas d’accepler les vues de ces auteurs. Nous nous rangeons plus volontiers à l'opinion de La Valette Saint-George qui admet l'évolution possible de quelques sperma- 20 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE togonies vers une direclion femelle, attribuant ainsi à ces éléments un caractère de différenciation sexuelle moins accusé qu'on ne ie pense généralement. CYTOLOGIE DE LA PLEURÉSIE DIPHTÉRIQUE EXPÉRIMENTALE DU COBAYE, par MM. JuLEs COURMONT et FERNAND ARLOING. Nous avons entrepris l'étude de plusieurs points concernant les pleu- . résies expérimentales. Ces recherches sont en cours d'exécution. La récente communication de MM. Widal et Ravaut sur l’Æistologie des liquides de pleurésies expérimentales (1) nous engage à publier dès main- tenant nos résultats concernant la cytologie des pleurésies qu'on obtient si facilement sur le cobaye par injection sous-cutanée de toxine ou de culture diphtériques. Chez deux cobayes, ayant reçu sous la peau de la: toxine diphtérique, Widal et Ravaut ont chservé des pres à forme presque uniquement Iymphocytique. Nous avons coloré à l’éosine-hématéine, au triacide d’Ebrlich, à la thionine le dépôt obtenu par centrifugation du liquide. Tantôt la cen- trifugation avait lieu après défibrination (méthode Widal-Ravauüt), tantôt immédiatement après la prise, avant toute coagulation; ce der- nier procédé a déjà été préconisé par Sabrazès (2). Nous reconnaissons, avec Widal, que le premier est le seul pratique en clinique. Pour l'étude de la pleurésie diphtérique du cobaye, nous préférons le second. Le liquide est, en effet, très fibrineux, se prenant en masse. Les éléments figurés sont relativement rares. La centrifugation immédiate est plus simple, plus rapide et donne des préparations plus riches. Il suffit de centrifuger pendant deux minutes le liquide, aussitôt après son extrac- tion de la plèvre (par exemple avec le centrifugeur Krauss) pour avoir un dépôt suffisant, avant toute coagulation. 1. Cobayes injectés avec de la toxine. — Nous avons injecté 16 cobayes de 400 à 700 grammes, sous la peau de la cuisse, avec 1/20 à 1/4 de centimètre cube de toxine très active. La mort est survenue en 30 à 40 heures. Les lésions nécropsiques étaient classiques. Trois seulement de ces animaux n'avaient pas de liquide dans la plèvre, mais quelques fausses membranes avec œdème péri-trachéal. Quatre n'offraient que très peu de liquide. Neuf présentaient des pleurésies contenant 8 à (1) F. Widal et Ravaut. Société de Biologie, 22 décembre 1900. (2) J. Sabrazes et L. Muratet. Gazette hebdomadaire des sciences médicales de Bordeaux, 21 octobre 1900. SÉANCE DU Â2 JANVIER A1 10 centimètres cubes de liquide. Celui-ci est clair, légèrement héma- tique. Les dernières gouttes contiennent quelques flocons fibrineux. Ensemencé en bouillon où sur gélose, à l’air ou dans le vide, ce liquide s’est toujours montré stérile. Il constitue un bon milieu de cul- Lure pour les bacilles diphtériques. Il est très fibrineux et se prend en masse quelques minutes après son contact avec l'air. L'examen du dépôt montre : 1° une notable quantité de globules rouges ; > quelques cellules endothéliales; 3° des leucocytes en nombre relativement faible. La formule leucocytaire est neltement mononucléaire. Il y a peu ou pas de polynucléaires granuleux. Un certain nombre des grands mono- nucléaires ont un noyau assez profondément lobé, mais n'ont pas de granulations proloplasmiques. Voici le pourcentage moyen des mono- nucléaires : Évmphocytes pets ARMAND 400 — TOME SN D A RAA AE ARE er es GE — GRAS) AC ANNE ARS Grand mono. à noyau pâle et parfois lobé , . . 410 — En somme : confirmation absolue des résultats de Widal et Ravaut. IT. Cobayes inoculés avec la culture complète. — Nous avons inoculé, sous la peau de la cuisse, 11 cobayes de 500 à 650 grammes avec 1/5 de centimètre cube de culture complète en bouillon âgée de 2 à 8 jours. La mort est survenue en 24 à 36 heures. Les lésions étaient classiques. Sur ces 11 animaux : 5 n'avaient pas d'épanchement pleural, 2 en avaient fort peu, 4 offraient une pleurésie semblable à celles des cobayes injectés avec la toxine. Le liquide s'est montré stérile. Il est un peu plus hématique et moins fibrineux que celui des pleurésies par toxine seule; il se prend rare- ment en masse. Il constitue un milieu de culture favorable à la culture des bacilles diphtériques, peut-être un peu inférieur au précédent. L'examen du dépôt des quatre pleurésies nous a donné les résultats suivants. Les éléments figurés sont plus nombreux. Deux fois la for- mule leucocytaire à été identique aux précédentes, c’est-à-dire fran- chement mononueléaire. Une fois, nous avons constaté un certain nombre de polynucléaires granuleux. Enfin, dans le quatrième cas {mort en 22 heures), nous avons rencontré 25 p. 400 de polynucléaires. En résumé : même formule leucocytaire pour la pleurésie par cul- ture complète en bouillon que pour la pleurésie par toxine (culture fil- trée). Nous cherchons la cause de la présence accidentelle d’une pro- portion anormale de polynucléaires. LS 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE III. On se reportera avec intérêt aux travaux ayant trait à la cytologie du liquide normal des séreuses (1). ERRATUM Page 8, du n° 1, ligne 24, dans la note de M. A. Giard, au lieu de magnésie, lire magnésium. (1) J. Sabrazes et L. Muratet. Éléments cellulaires des liquides séreux con- tenus normalement dans la plèvre et dans le péritoine du bœuf. Gazette heb- domadaire des sciences médicales de Bordeaux, 21 octobre, 11 novembre et décembre 1900. — Nobécourt et Bigard. Leucocytes des séreuses chez le cobaye normal, Société de Biologie, 17 décembre 1900. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris’ — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 19 JANVIER i901 M. ÉnouarD DE RIBAUGOURT : Les néphrocytes. — MM. G. Haveu et R. BexsAUDE : Sur la non-rétractilité du caillot et l'absence de formation de sérum sanguin dans la variole hémorragique primitive. Mécanisme des hémorragies. — M. J. GAauge (du Gers) : Enzootie de diphtérie traitée et arrêtée par des injections sous-cutanées de soluté d'iodobenzoyliodure de magnésium. — M. Louis Marin (Discussion). — M. Ep. Nocaro (d'Alfort) : À propos de la note de M. Bosc, intitulée : « Le para- site de la clavelée ». — MM. E. Lecranoue et H. Vazrée : Note sur les anticorps . albumineux. — M. le D' Trisonpeau : Le lépidophyton, champignon parasite du tokélau. — M. CL. ReGaun : Pluralité des karyokinèses des spermatogonies chez les mammifères (rat). — M. Hanrior : Influence de la température sur les fer- ments. — M. Vicror Henrr : Note sur l’action de la température sur le ferment inversif. — MM. Cuarrin et Moussu : Action du mucus sur l'organisme. — MM. A. Roper et GALAVIELLE : Expériences sur le pouvoir immunisant de la matière ner- veuse rabique conservée en glycérine. Présidence de M. Netter, vice-président. DÉCÈS DE M. CHATIN (GASPARD) M. Nerrer. — Depuis la dernière séance, la Société de Biologie a enre- gistré une nouvelle perte. M. Chatin, dont l’état de santé justifiait depuis longtempsnotre inquiétude, était un de nos doyens, car sa nomi- nation remonte à 14860. S'il ne fréquentait plus nos séances depuis plu- sieurs années, il n’en avait pas moins pris autrefois une part active à nos travaux et ses recherches dans diverses directions lui avaient valu une haute situation scientifique. La Société s'associe bien sincèrement au deui! de notre collègue, M. Joannès Chatin. LES NÉPHROCYTES, par M. Évouarp DE RIBAUCOURT. M. Daniele Rosa (1) décrivil en 1896 les divers éléments figurés, fixés ou libres contenus dans la cavité du corps et dans le sang de plu- sieurs Lombricides. (1) Linfociti degli oligocheti. Mem. della R. Acc. di sc. di Torino, 2, t. XLVI, 1896 ,p. 149, D. Rosa. Brococre. Compres RENDUS. — 1901. T. LIII. 4 44 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il y décrivit les chloragogènes, cellules en forme de massue situées autour des principaux trones vasculaires; les éléocytes (cellules non amiboïdes de certains Allolobophora) ; a mucocytes (cellules géantes non amiboïdes), les amæbocytes (amibocytes), les phagocytes de la partie caudale, etc. Dans son beau travail de 1897, M. L. Cuénot, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, a découvert le premier leur véritable signification physiologique. Ce sont des cellules excrétrices, à l'exception des cellules péritonéales entourant les organes segmentaires, qui sont des cellules de réserve à glycogène. Les mucocytes et les éléocytes ont une autre fonction et colorent le liquide périviscéral en jaune, en vert, en blanc, etc. M. Cuénot /1\ dit en résumé : Chez les Zombricides, il y a cinq sortes de cellules et d'organes excréteurs : 1° Les néphridies (rein à carminate) ; 2 Les cellules chloragogènes (rein à indigo-carmin) ; 3° Les cellules à bactéroïdes du tissu conjonctif (rein à élimination); ° Les cellules jaunes de l’épithélium intestinal ; 5° Les amibocytes du sang rouge. Dans un récent Mémoire (1900) sur l'excrétion chez le Zombric, MM. V. Willem et A. Minne admeltent aussi que les cellules chloragogènes jouent vis-à-vis du liquide hématique le rôle d'organes dépurateurs, mais que les cellules à bactéroïdes du lissu conjonctif, qu'ils appellent cellules uriques, forment une sorte de rein d'accumulation, sans élimi- nation. | Il y à aussi excrétion par phagocytose éliminatrice au moyen des amibocytes du liquide plasmatique (liquide pÉPSCRE liquide vophe tique d’autres auteurs). MM. V. Willem et À. Minne se trouvent aussi d'accord avec M. Cuénot, lorsqu'ils disent que les amibocytes du sang rouge sont capables d'extraire certaines substances du liquide qui les baigne. Ils pensent que le rôle attribué aux cellules jaunes de l'intestin nest pas du tout démontré par les expériences de M. Cuénot. Nous résumons aujourd'hui les conclusions de ces deux travaux celas- siques afin de faire ressortir le fait important suivant : Il existe, chez une foule d'animaux, outre les organes habituels de l'ex- crélion (reins, organes segmentaires, néphridies, pronéphros, mésonéphros, métlanéphros, etc.), une grande variété de cellules dont la fonction directe- ment ot indirectement excrétrice est admise par plusieurs physiologistes. Il serait regrettable de conserver pour chacune d'elles le nom de rein (rein à carminate, rein à indigo-carmin [M. Cuénot|, rein d’accumula- (1) Etudes phys. sur les oligochètes. Arch. de Biologie pub. par Van Beneden et Van bambeke, Liége, 1897. SÉANCE DU 19 JANVIER 45 tion [MM. Minne et V. Willem}, etc.), ce mot n'étant analomiquement applicable qu'à un appareil et non à des cellules le plus souvent isolées. Nous appellerons donc néphrocyte toute cellule excrétrice ne formant pas un appareil et dont l’excrétion permanente ou passagère s'opère directement ou indirectement. Nous réserverons le nom de néphridiocytes aux cellules excrétrices de l'appareil néphridien. Nous appellerons « néphrocytoses » Les diverses fonctions excrétrices des néphrocytes. Dans le cas particulier qui nous occupe, les cellules chloragogènes, les cellules uriques, les amibocytes du sang rouge, etc., seront des néphrocytes. Ces termes éviteront certainement des malentendus regrettables en simplifiant la description si ardue de ces éléments cellulaires et en leur donnant une signification physiologique plus exacte. SUR LA NON-RÉTRACTILITÉ DU CAILLOT ET L'ABSENCE DE FORMATION DE SÉRUM SANGUIN DANS LA VAKIOLE HÉMORRAGIQUE PRIMITIVE. MÉCANISME DES HÉMORRAGIES, par MM. G. Haye et R. BENSAUDE. La non-rétractilité du caillot sanguin coïncidant avec la rareté des hématoblastes (1) a été rencontrée dans toutes les variétés de purpura hémorragique grave ; elle existe aussi bien dans les formes primitives que dans les formes secondaires, aussi bien dans les cas chroniques Et dans les cas aigus et même foudroyants (2). L'idée de rechercher la double lésion hématique dans la variole hémorragique primitive est donc toute naturelle : on peut dire qu'elle s'imposait. L'occasion de faire cette recherche ne s’est ce à nous que récemment chez une jeune femme de dix-huit ans, admise à la clinique médicale de l'hôpital Saint-Antoine et atteinte de variole hémorragique primitive. La mort est survenue le quatrième jour de la maladie, le len- (1) La non-rétractilité du cailiot ne s’accompagnant pas de lésions des hématoblastes s’observe dans les conditions les plus variées. (2) G. Hayem. Du Purpura, Presse médicale, 22 juin 1895. Du caillot non rétractile : suppression de la formation du sérum sanguin dans quelques états pathologiques, Académie des sciences, 23 novembre 1896. — KR. Bensaude. Sur l'absence de rétraction du caillot sanguin et de la formation de sérum dans O les diverses variétés de purpura hémorragique, Soc. méd. des hôpitaux, 15 jan- P O ? 7 vier 1897. A6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE demain de l'entrée à l'hôpital. L'examen du sang, fait trois heures avant la mort, a donné les résultats suivants : N 3.400.000, R — 2.492.000, G — 0,73 B — 26.000. Parmi les globules blancs, on ne trouve que de rares éléments normaux. La répartition de ces globules blancs est la suivante : Mononucléaires à protoplasma non granuleux, clair ou légèrement teinté, beaucoup de grande taille, 76 p. 100 ; mononucléaires opaques, 6,3 p. 100; polynucléaires, 10,7 p. 100; éosinophiles, 0,5 p. 100; mastzellen, 0,9 p. 100; myélocytes neutrophiles, 3,4 p. 100; myélocytes éosinophiles, 2 p. 100. On compte 4 globules rouges à noyau (normoblastes et quelques mégaloblastes) pour 100 leucocytes. Le réticulum fibrineux est à peine marqué au bout d’une demi-heure. On voit d'assez nombreux corpuscules ressemblant à des noyaux libres d'hématies nucléées, éléments que MM. Roger et E. Weil considèrent comme des parasites de la variole. Les préparations de sang non coloré res- semblent donc à celles d’une leucémie du type dit lymphatique, mais on y trouve des éléments qui n'existent que dans le type myélogène. Mais, en dehors de ces faits déjà étudiés (1), l'examen du sang nous a montré l'extrême rareté des hématoblastes, coincidant avec l'absence de rétraction du caillot sanguin et de a de sérum. On trouve done dans la variole hémorragique primitive la même lésion hématique que dans le purpura hémorragique. Le nom de purpura varioleux, justifié par l'aspect clinique de la maladie, l’est donc aussi par la modification du sang. Cette constatation nous conduit à admettre que dans cette affection le mode de production des hémorragies est analogue à celui invoqué par M. Hayem dans le purpura hémorragique de l’homme et dans le purpura expérimental (2). ï En injectant à un chien du sérum de bœuf, on peut produire la lésion héma- tique si particulière du purpura et de la variole hémorragique et en même temps de nombreux foyers hémorragiques. Dans le sang de l’animal on trouve de petites concrétions sanguines dont le noyau est essentiellement formé par des hématoblastes agglutinés. Les hémorragies ne sont que des infarctus par embolies. On peut obtenir des résultats analogues en employant le venin du serpent. De tous les poisons connus, le venin des serpents est celui qui se rapproche le plus de certaines toxines microbiennes. On concoit donc aisément que des produits toxiques d’origine microbienne ou autre puissent agir chez l'homme de la même facon que le sérum de bœuf chez le chien. (1\ J. Courmont et V. Montagard, Soc. de Biol., 16 juin 1900; Émile Weil, Soc. de Biol., 23 juin 1900 ; H. Roger et E. Weil, Soc. de Biol., 11 novembre 1900. (2) Cette question se trouve exposée en détail dans G. Hayem, Revue scien- tifique, 21 juillet 1883; Du sang (Masson, 1889), p. 436 et suiv., 480 et suiv., 970 et suiv.; et Lecons sur les maladies du sang (Masson, 1900), p. 586 et suiv. SÉANCE DU 19 JANVIER 17 La filiation des phénomènes serait la suivante : 1° pénétration dans le sang de produits toxiques ; 2° agglutination des hématoblastes et formation de concrétions sanguines par précipitation grumeleuse ; 3° obstruction embolique de petits vaisseaux ; 4° production d'infaretus et d'hémorragies par les muqueuses. La rareté des hématoblastes dans le sang s'explique facilement si l’on songe que les concrétions sanguines sont innombrables et dépouillent pour ainsi dire le sang des hématoblastes. Il se passe peut-être là un phénomène comparable à celui qui se produit dans un tube de bouillon de culture de bacille d'Eberth, auquel on ajoute quelques gouttes de sérum typhique : les microbes sont précipités en grumeaux au fond du tube et les couches superficielles du bouillon sont claires et contiennent à peine quelques bacilles. L'absence de production de sérum est sim- plement la conséquence de la rareté des hématoblastes, ainsi que cela a été démontré expérimentalement (1). Cette théorie de l’obstruction embolique des vaisseaux par des con- crélions sanguines formées par précipitation grumeleuse nous parait plus conforme aux faits que la théorie de l’embolie microbienne pro- posée jadis par Weigert. D'ailleurs, dans deux cas de purpura hémor- ragique infectieux aigu ayant beaucoup d’'analogie avec la variole hémorragique, les recherches microbiennes faites au niveau des foyers hémorragiques ont été négatives ou ne nous ont montré que des mi- crobes en trop petite quantité pour constituer de véritables embolies ; cependant le sang contenait dans un cas le streptocoque et dans l’autre le colibacille. La présence de microbes constatés même en abondance au niveau des foyers hémorragiques n'indique pas forcément que ces foyers sont consécutifs à des embolies microbiennes : les microbes charriés par le sang peuvent être arrêtés au niveau de ces foyers et sy multiplier comme dans un locus minoris resistentiæ. ENZOOTIE DE DIPHTÉRIE TRAITÉE ET ARRÊTÉE PAR DES INJECTIONS SOUS- CUTANÉES DE SOLUTÉ D'IODOBENZOYLIODURE DE MAGNÉSIUM, par M. J. GauBE (du Gers). I. — Le soluté d’iodobenzoyliodure de magnésium est une solution, en proportions déterminées, d'iodobenzoyliodure de magnésium ioduré. Chaque centimètre cube de soluté correspond à 0,01 d'iode métalloïde, à 0,00168 de magnésium et à 0,00025 de matière organique. L'iodobenzoyliodure de magnésium possède des propriétés inhibitrices (1) G. Hayem. Du sang, p. 314 et suiv.; Union médicale, 1882. 48 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE très nettes des maladies bactériennes de l’homme et dé quelques ani- maux, du cheval et de la poule notamment, comme le démontrent un certain nombre d'observations que nous avons déjà recueillies ainsi que celles qui suivent. En juin 1900 éclatait, à la ferme des Monts-Fournois, près de Rilly a Montagne, dans le département de la Marne, une enzootie de diphtérie sur les poules, enzootie qui dura jusqu'au 6 décembre 1900; la diphtérie s'arrêta à ce moment, nous dirons tout à l'heure comment, pour ne plus reparaître ; je veux dire que depuis cette époque jusqu’à ce jour, l'habile directeur de la ferme, M. Pessez, observateur sagace, n’a plus constaté un seul cas de diphtérie. L’enzootie fut tout particulièrement sévère: on avait été obligé de sacrifier plus de 60 p. 100 du nombre des volailles de la ferme. Le directeur de la ferme des Monts-Fournois me fit demander du soluté et, le 6 décembre 1900, il injectait, sur mes indications, À centi- mètres cubes de soluté à la cuisse de huit poules atteintes de diphtérie, dont une était très gravement atteinte. Le 11 décembre 1900, sept poules ne présentent plus aucun signe clinique de la diphtérie ; la poule la plus malade n’est pas complètement guérie, mais elle va beaucoup mieux ; la guérison de cette poule était complète quelques jours après. En résumé, dit M. Pessez, le soluté s’est montré rapidement efficace dans sept cas sur huit, et le huitième cas a été sérieusement amélioré d’abord et ensuite guéri. Deux points méritent d’être examinés : 1° la nature de la maladie: 2° la posologie du médicament. II. — Le signe caractéristique de la diphtérie animale comme de la diphtérie humaine, c’est la présence de fausses membranes; les fausses membranes occupent ordinairement la gorge, les cavités nasales, les conjonctives. La diphtérie, chez la poule, débute le plus souvent par un coryza sur la nature duquel ne se trompent point ceux qui ont l’habi- tude d'observer la volaille. Mais toutes les fausses membranes ne sont point diphtériques, même quand on les rencontre sur les points d'élection de la diphtérie, pour que les fausses membranes soient déclarées diphtériques, il faut qu’elles fournissent des cultures de bacilles de Klebs-Lôüffler ; or, les fausses membranes retirées de la trachée des poules ayant succombé à la diph- térie contiennent des bacilles de Klebs-Lüffler sous leurs trois formes les mieux connues : courts, moyens et longs. Il n’est donc pas douteux que l’enzootie observée de juin à décembre 1900 sur les poules de la ferme des Monts-Fournois ne soit la diphtérie. Les pigeonneaux et les jeunes volailles sont, d’ailleurs, des milieux de culture naturels, excel- lents, pour le bacille de Klebs-Lôüffler. Il n’a été heureusement pas constaté de diphtérie ni chez les ouvriers de la ferme, ni chez leurs enfants. M. Pessez, qui croit, avec MM. les SÉANCE DU 19 JANVIER 49 me 0 PMR RE TAN TR PE es vétérinaires Eloire et Cozette, de Noyon (un pigeon communiqua la diphtérie au propre enfant de M. Cozette), à la transmission directe de la diphtérie aviaire à l'homme, attribue cette immunité aux mesures rigou- reuses quil a prises et à ce fait que les ouvriers mariés n'habitent pas la ferme. II. — L'iodobenzoyliodure de magnésium exerce sur le bacille de la diphtérie, chez la poule, la même action inhibitrice que je lui ai vu exercer chez le lapin, dont les sinus gingivaux étaient recouverts de fausses membranes à la suite de scarificalions ensemencées avec une culture de bacilles diphtériques. Pour la poule, pour le lapin, la dose moyenne de soluté injecté à été de 4 centimètres cubes correspondant à 0,04 d’iode métalloïde, soit 0,02 d'iode par kilogramme de poids vif environ. J’ai injecté des doses très massives d'iodobenzoyliodure de magnésium et je n'ai jamais observé le moindre signe d'intoxication, La dose à injecter ne croit pas proportionnellement au poids, mais bien avec la nature du sol de l’ani- mal (ainsi la dose moyenne contre les infections bactériennes d'un cheval du poids de 400 kilogrammes est de 24 centimètres cubes) et l'intensité de l'infection. Certains animaux, comme certains enfants, du reste, transforment rapidement l'iodobenzoyliodure de magnésium en iodures alcalins et l'éliminent ainsi transformé avant qu'il ait pu donner toute la mesure de son action anti-bactérienne; je dis anti-bactérienne : en effet, l'iodo- benzoyliodure de magnésium injecté pour des broncho-pneumonies, par exemple, à des enfants qui avaient recu des doses copieuses de sérum anti-diphtérique n’a pas empêché les éruptions tardives de se produire avec le cortège de fièvre qui les accompagne. Le poids moyen de la poule et la nature de son sol que je connais bien, me laissaient croire qu'une injection de 4 centimètres cubes de soluté serait généralement suffisante pour arrêter la diphtérie, et l'expé- rience m'a donné raison. En tous cas, il n'y a aucun inconvénient, en présence d'infections graves, d'augmenter considérablement les doses de soluté, non plus qu'à répéter les injections. M. Louis MarriN. — La communication de M. Gaube laisse entrevoir que le traitement qu'il propose pour la volaille peut être appliqué aux enfants. Peut-on savoir s’il existe des expériences faites, soit avec le bacille diphtérique, soit avec les toxines diphtériques, qui autorisent ces expériences ? Avant toute application à la thérapeutique humaine, il est indispensable de voir si le nouveau produit a des propriétés préventives ou thérapeutiques et même de doser ces propriétés. 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L À PROPOS DE LA NOTE DE M. Bosc, iNTITULÉE : « LE PARASITE DE LA CLAVELÉE », par M. En. Nocanp (d’Alfort). Les comptes rendus de la séance du 5 janvier dernier renferment une note de M. Bosc, de Montpellier, relative à la détermination de l'agent spécifique de la virulence claveleuse. « Il existe loujours, dit M. Bosc, au niveau des lésions claveleuses, dans la lymphe claveleuse fraiche et dans le sang, des éléments caracté- risliques, de même ordre que ceux qui existent dans les lésions de la vaccine et de la variole humaine. » Et plus loin : « … Ces parasites sont constants dans toute lésion clave- leuse; il n'existent pas dans les inflammations banales provoquées chez le mouton; on les retrouve dans ie sang... » Je ne conteste pas l'existence des « éléments » décrits par M. Bosc; mais il m'est impossible d'accepter la signification qu'il leur attribue. Si M. Bosc retrouve dans le sang les mêmes « éléments » qu'il: observe dans la iymphe claveleuse, dans les pustules, et dans les lésions pul- monaires de la maladie, il est absolument certain que ces « éléments » ne jouent aucun rôle dans la virulence claveleuse, qu'ils ne sont pas le « parasite de la clavelée ». On sait depuis longtemps en effet que «le sang des animaux claveleux. n'est virulent à aucune période de la maladie, ni au moment de la réaction fébrile qui marque le début de l'infection, ni pendant l'évolu- on des pustules, ni au moment où le malade succombe aux complica- tions intestinales ou pulmonaires de la maladie (1) ». si Que l’inoculation soit pratiquée par piqüres de lancette, par searifica- Uions, par injections sous-cutanée, intra-péritonéale, intra-veineuse ou intra-lrachéale, qu’elle porte sur des fractions de goutte ou sur des doses massives atteignant ou dépassant 100 centimètres cubes, peu importe, le résultat est toujours absolument négatif. Les trois observations, résumées dans les courbes de température que je présente à la Société, le prouvent surabondamment. L'une concerne un mouton neuf qui, le 2 février 1884, a recu dans la jugulaire 80 centimètres cubes de sang extrails de la jugulaire d'un moulon en pleine éruption claveleuse, onze jours après l'inoculation. La seconde a {rait à un autre mouton inoculé le 10 février 1884 par injection intra-veineuse de 120 centimètres cubes de sang extrait de la (1) Nocard et Leclainche. Maladies microbiénnes des animaux, % édition, p. 457. Nocard et Roux. Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire, 1889, p. 403. SÉANCE DU 19 JANVIER 51 ——————————————— * jugulaire d'un mouton en pleine fièvre (42°2) sept jours après l'inocula- tion. | Dans la troisième, on a injecté dans la trachée d'un mouton neuf, le 95 octobre 1884, 10 centimètres cubes de sang prélevé dans le ventricule droit d'un mouton qui venait de succomber à une éruption généralisée, avec lésions pulmonaires intenses. Non seulement ces trois moutons n’ont eu ni fièvre, ni éruption clave- leuse, mais en dépit de la quantité considérable de sang qu'ils ont reçue, ils n’ont pas acquis l’immunité; réinoculés, quinze à vingt jours après, avec une trace de virus pur, par deux ou trois piqüres à la queue, ils ont pris la clavelée, tout comme les témoins; lun d'eux même a succombé. ; On peut donc affirmer que les « éléments » observés par M. Bosc dans les lésions et dans le sang des animaux claveleux, ne sont pas les agents de la virulence. NOTE SUR LES ANTICORPS ALBUMINEUX, par MM. E. Lecrarncue et H. VALLÉE. Au cours de recherches sur la sérothérapie de l'inloxication urinaire nous avons été amenés à traiter une série d'animaux par des urines albumineuses. Des lapins reçoivent une série d'inoculations intra-veineuses d’une urine renfermant de 1 à 2 grammes d’albumine par litre. Les animaux recoivent chaque fois 20 centimètres cubes d'urine. Des accidents immé- diats d'intoxication sont parfois constatés et les premières inoculations sont suivies le plus souvent d’un amaigrissement. Les lapins qui ont reçu, en trois mois environ, de 150 à 200 centimètres cubes d’urine, donnent, quinze jours après la dernière injection, un sérum doué de propriétés spéciales. Le mélange de volumes égaux du sérum recueilli etde l'urine employée pour le traitement des animaux, provoque au sein du liquide une pré- cipitation presque immédiate. Le mélange est d’abord uniformément troublé, puis de très fins amas apparaissent qui se déposent peu à peu pour constituer un dépôt abon- dant, blanchâtre et floconneux, constitué par de l’albumine. Ce précipité recueilli est lavé dans l’eau distillée et centrifugé à plusieurs reprises ; après cinq opérations successives l’eau de lavage ne renferme plus trace d’albumine. Par contre, le précipité donne toutes les réactions de l’albu- mine. Dans les mêmes conditions, aucune précipitation n'est observée avec des urines non albumineuses. rer A NC RERO UT RER MN 52 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le sérum normal du lapin ne provoque jamais la moindre précipita- tion dans l'urine albumineuse. Les sérums normaux de l’homme, du. cheval, du bœuf, de l’âne et du mouton restent également indiffé- rents. Les diverses urines albumineuses éprouvées donnent toutes un pré- cipité; mais l'abondance de celui-ci ne correspond point exactement à leur richesse en albumine. Il y a lieu de tenir compte à la fois de la proportion des mélanges d'urine et de sérum et de la qualité des albu- mines contenues dans l'urine. La précipitation est déjà très nette dans des mélanges à 1 p. 5 et à 1 p. 10; toutefois, les réactions les plus complètes sont obtenues par le mélange de volumes égaux de sérum et d'urine. On suivra facilement les phases de la précipitation en versant dans un tube étroit une quan- tité déterminée de sérum et en laissant écouler lentement sur ia paroi du tube un même volume d'urine. À la limite des deux couches liquides, restées très distinctes, on voit se former un anneau albumineux qui augmente progressivement d'épaisseur et d’opacité. ‘La réaction paraît spécifique quant à la qualité et quant à l’origine des albumines. Le sérum que nous préparons, obtenu par les injections répétées d’un sérum-albumine, très actif à l'égard des albumines de même type, se montre presque indifférent à l'égard des urines riches en globulines. Nous avons obtenu de beaux précipités avec des urines fournies par trois malades atteints de néphrite interstitielle, tandis qu'une urine très riche en globulines provenant d'un cas de néphrite parenchymateuse donne un précipité insignifiant. Des urines fortement albumineuses provenant du chien et de la vache n’ont donné aucune réaction. vi Une précipitation très abondante est constatée avec du liquide d’épan- chement pleurétique recueilli chez l’homme. Au contraire, le sérum du sang humain ne donne aucune réaction. Nous nous sommes efforcés de préciser les conditions nécessaires à la réalisation du phénomène et de rechercher notamment si l’action exercée reste comparable à celle des sérums cytotoxiques. L'expérience montre que le sérum, privé des alexines qu'il contient, par un chauffage à 58 degrés pendant deux heures, conserve la propriété de précipiter l’albumine dans les conditions précédemment indiquées. Si l’on emploie avec le sérum chauffé une urine également chauffée à ss degrés, on obtient encore la réaction, maïs celle-ci devient beaucoup moins nette. En résumé, on peut obtenir par le traitement du lapin avec une urine albumineuse, un sérum capable de précipiter l’albumine dissoute dans certains liquides organiques. L'action du sérum est rigoureusement spécifique : elle s'exerce seule- ment sur les albumines transsudées contenues dans certains liquides SÉANCE DU 19 JANVIER 53 pathologiques, et elle n’est constatée qu'à l'égard des albumines em- ployées pour la préparation des animaux producteurs du sérum. Nous ferons connaître ultérieurement les autres propriétés du sérum d'animaux traités par les urines ou par certains de leurs éléments. LE LÉPIDOPHYTON, CHAMPIGNON PARASITE DU TOKÉLAU, par M. le D' TRIBONDEAU. Nous avons eu l’occasion d'étudier à Tahiti, où nous l'avons le pre- mier signalé (1), le tokélau, cette affection caractérisée par une desqua- mation épidermique en écailles disposées suivant des cercles concen- triques à la facon des anneaux des cocardes, qui valut aux indigènes de certaines îles de l'Océanie le nom pittoresque d’hommes-poissons donné par les explorateurs. Le tokélau est causé par un champignon microscopique qu'on trouve constamment dans les écailles de l’épiderme. Nous avons proposé. pour cette raison, de l’appeler « lépidophyton » (de Aer — écaille; pure — champignon), désignation qui a été adoptée par M. Le Dantec dans son récent Traité des maladies exotiques. Le lépidophyton avait été considéré jusqu’à ce jour comme une variété particulière de trichophyton, le tokélau n'étant lui-même qu'une sorte d'herpès circiné, le tokélau ring-worm des Anglais. Des nombreuses recherches microscopiques que nous avons faites il résulte que le lépidophyton n’est pas un trichophyton mais un asper- gillus. Dans son état de complet développement, il se compose d'un feu- trage mycélien extrêmement abondant d'où se détachent des filaments aériens terminés par des massues dont l'extrémité renflée est coiffée de spores. Mycélium. — Le mycélium est formé de deux sortes de filaments analogues à ceux du thalle trichophytique, les uns segmentés, les autres indivis. — Les filaments segmentés, prédominants, seuls signalés par Nanson, sont des rubans larges de 1 à 4 y qui appartiennent aux deux variétés du mycélium des trichophytons appelées « résistante » et « fragile ». Dans la première variété, les segments protoplasmiques enveloppés d’une membrane claire commune et séparés les uns des autres par des cloisons réfringentes simples, sont dans un même filament ou bien irrégulièrement quadrilatères (carrés, rectangulaires, aplatis, etc., fig. 1), ou bien tous identiquement rectangulaires, comme tracés par la roulette d’un récepteur télégraphique, et plus ou moins longs suivant les cas (fig. 2, 5, 9). Dans la deuxième variété, les segments pro- toplasmiques ovoïdes, enfermés dans des capsules distinctes, figurent des cha- 1) In Arch. de méd. navale, 1900. 54 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pelets qui, soumis à une manipulation un peu brutale, se disloquent et s'égrè- nent en donnant de fausses spores (fig. 10, 11). Ces deux variétés de filaments segmentés se divisent dichotomiquement en de nombreux rameaux. L'article S5-=—— ve a CSSS Z game a D au niveau duquel se fait la bifurcation présente d’abord un bourgeon latéral qui lui donne l'aspect d’un Y à branches plus ou moins inégales (fig. 6). Le bourgeon s'allonge (fig. 7), puis se sépare du segment qui lui a donné nais- sance, le laissant flanqué d’une petite saillie cubique (fig. 4), d’une épine (fig. 8) ou d'un petit cône (fig. 5). — Les filaments indivis, découverts par M. Bonnafy, qui les croyait extrêmement rares, se trouvent dans presque SÉANCE DU ÀÂ9 JANVIER 55 Re 7 AR A Re ne Me toutes les préparations faites avec des squames récemment recueillies, mais en moins grand nombre que les précédents. Ce sont des tubes de 1 à # y de largeur (13, 14, 18), à contenu tantôt clair et homogène (12), tantôt parsemé de granulations (13, 14). Ils se continuent par des filaments segmentés, direc- tement, ou par l'intermédiaire de filaments de transition dans lesquels îles granulations se groupent en petits amas séparés par des espaces clairs (12). Les filaments de cet ordre se ramifient fréquemment. Filaments aériens. — Quand le milieu leur est favorable, les filaments pré- cédents présentent des segments plus volumineux (19,20, 21, 23,25), auxquels 56 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE succèdent des articles d’un aspect tout particulier allongés en grains d’avoine (17) ou renflés en raquettes de cactus (26) et pouvant mesurer 10 à 16 p de largeur. Leur contenu est clair.(17, 26) ou très irrégulièrement imprégné par les colorants (24, 25). Massues sporiféres. — Enfin, chez de très rares sujets de filaments aériens se détachent des tiges longues de 50 à 150 & et larges en moyenne de 20 y, terminées en massue. Elles sont simples (3), ou se divisent en deux branches écartées à angle obtus (1) et en Y (2, 5). Leur contenu se colore difficilement. Leur partie renflée est sombre et donne insertion à des basides, non divisées en stérigmates, portant des chapelets de spores à capsule réfringente et à protoplasma foncé dans lequel on peut distinguer un noyau. Basides et spores ont été en grande partie détachées des massues de la figure 2 dessinées d’après des préparations dissociées à la soude. Nombreuses dans les squames non dissociées, elles donnent l'impression de flammes situées au bout d’une torche représentée par la tige renflée en massue. Conclusions. — Le lépidophyton est, non pas un trichophyton, mais un aspergillus. Il est constitué par un feutrage mycélien d’où s’échap- pent des filaments aériens terminés en massues sporifères. Si sa nature a été jusqu'ici méconnue, c'est parce qu'il n'arrive que rarement à fruc- tifier dans la peau, mais s’y multiplie ordinairement par boutures, réduit qu’il est à son feutrage mycélien. Ce n’est qu'après des examens très nombreux de squames entières ou dissociées, toujours préparées aussitôt récoltées, que nous sommes arrivé à la compréhension complèté du parasite. PLURALITÉ DES KARYOKINÈSES DES SPERMATOGONIES CHEZ LES MAMMIFÈRES (RAT), 7 par M. CL. REGAUD. I. — Les plus jeunes spermatogonies, sur l’origine desquelles je ne reviendrai pas, sont des cellules peu nombreuses, situées contre la mem- brane propre du tube séminifère, et plongées, comme toutes les autres cellules de la lignée spermatique, dans le protoplasma syncytial des cellules de Sertoli fusionnées. Leur noyau est très pauvre en chromatine ; celle-ci n’est représentée que par une ou deux croûtelles safranophiles (pouvant même faire défaut) el par une fine poussière de grains hématéiphiles (1) qui paraissent reposer sur un réseau achromatique serré. Autour du noyau, il y à une zone étroite de protoplasma difficile à délimiter d'avec le protoplasma du syncytium (2). J'ai appelé ces cellules spermalogonies poussiéreuses, el (1) Les qualificatifs de safranophile et d'hématéiphile s'appliquent à des préparations fixées par le bichromate acétique (Tellyesnyczky) et colorées par le procédé de Rabl. (2) J'ai cru d'abord que ces noyaux étaient nus dans le proloplasina syncylial. SÉANCE DU 19 JANVIER 517 Schæœnfeldt (1), qui pense qu'elles sont la souche à la fois des gonies et des cellules de Sertoli, les désigne sous le nom de cellules indifférentes: IL. — Les gonies les plus âgées sont très nombreuses, et, bien entendu, à un autre stade de la spermatogenèse, elles occupent la même situation que les précédentes. Leur noyau est très riche en chromatine; celle-ci se présente sous forme de croûtelles volumineuses et anguleuses hématéiphiles. La zone protoplasmique est un peu plus large et se distingue mieux. Ces cellules, que j'ai appelées spermatogonies croütelleuses, méritent la désignation plus précise de spermatogonies à crouütelles hématéiphiles. IT. — Les spermatogonies les plus âgées subissent toutes la karyo- kinèse à un moment, toujours le même, de l’onde spermatogénétique {stade 9 (2), immédiatement après que les faisceaux de spermato- zoïdes ont commencé à s'élever de la couche profonde vers la surlace de l’épithélium). Cette division donne naissance aux spermatocytes, d'abord très pelits, mais qui subissent dans la suite un énorme acerois- sement de volume. La chronologie précise de cette karyokinèse a été reconnue par nombre d'auteurs. Il y a lieu de croire, pour certaines raisons que je ne puis développer ici, que chaque gonie à croûtelles hématéiphiles ne subit qu’une seule karyokinèse. IV. — J'avais admis dans mes publications précédentes (3) que l'accroissement du nombre des spermatogonies se fait exclusivement par l’adjonction de nouvelles gonies jeunes s'ajoutant aux premières et ayant la même origine que celles-ci. Je croyais que le passage du type poussiéreux au type à eroûtelles hématéiphiles se faisait par mélamor- phose et non point par génération cellulaire. J'avais bien vu de rares karyokinèses de gonies à d’autres stades de la spermatogenèse, mais je les considérais comme des divisions d'exception, avançantes ou retardantes, identiques à celles du stade 9. Depuis quelque temps j'ai pu me convaincre, principalement par l'étude de coupes tangentielles de la couche génératrice de l’épithélium, que les gonies poussiéreuses, avant de passer à l'élat de gonies à croûtelles hématéiphiles, subissent au moins une karyokinèse : la karyokinèse du stade 9 n'est donc que la dernière. Cette observation a été faite pour la première fois par Schœænfeldt, chez le taureau. _V. — On sait actuellement, d’une facon certaine (chez les mammifères, la première constatation est due à v. Ebner, 1888), que les spermatocytes subissent deux karyokinèses successives qui diffèrent l’une de l'autre (1) Schœænfeldt. La spermatogenèse chez le taureau, Bibliographie analomique, t. VIII, 1900, p. 74-98. (2) Voir ma communication à la Société de Biologie, séance du 8 déc. 1900. (3) Voir surtout : Origine, renouvellement et structure des spermatogonies chez le rat, Verhandl. der anatomischen Gesellschaft. XIII Versamml., in Tübingen, mai 1899. 58 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (Lenhossèk, 1898, v. Ebner, 1899, Schœænfeldt, 1900) par des détails morpho- logiques importants. ; Or, il y a, entre la ou les premières karyokinèses, des gonies (portant sur les poussiéreuses) et la dernière (portant sur les croûtelleuses hématéiphiles), des différences suffisantes pour légitimer une distinction comparabte à celle qu'on a faite entre la première et la dernière karyo- kinèse des cytes. | Le tableau suivant résume ces différences : MITOSES DES GONIES POUSSIÉREUSES MITOSES DES GONIES CROUTELLEUSES HÉMATÉIPHILES Nombre. — Rares; Très nombreuses; Chronologie. — Echelonnées par Ne s’observent qu'au st. 9 et simul- petits groupes depuis le st. 1 jusqu’au | tanément sur un grand nombre de st. 7 (mitoses sporadiques) avec un | cellules; maximum aux stades 3-5; Cellules mères. — Gonies poussié- Gonies à croûtelles hématéiphiles. reuses ; Cellules filles. — (Gonies poussié- Spermatocytes de 1° ordre. reuses avec croûtelles safranophiles. Plus tard, gonies à croûtelles héma- téiphiles. Dimensions. | Les figures mitotiques sont nota- blement plus petites; le fuseau, moins visible, est beaucoup plus ramassé. Colorabilité des chromosomes. — Sa- Mixte, ou même hématéiphile. franophile. Nombre des chromosomes. — N'a pu être déterminé avec une précision suffi- sante, mais paraît être égal dans les deux mitoses. (Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Lyon.). INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LES FERMENTIS, par M. HanRioT. J'avais à la dernière séance présenté quelques observations, non sur la note de MM. Henri et Pozerski, mais sur la remarque de M. Dastre, que ces expériences permettaient pour la première fois de distinguer l’effet de la chaleur sur l'activité du ferment, de l'effet de la chaleur sur l’ac- tivité de la fermentation. SÉANCE DU 19 JANVIER 59 Je n'avais pas attaché d’autre importance à cette discussion que j'avais cessée lorsque M. Dastre nous indiqua qu'il s'agissait d’expé- riences préliminaires dont les résultats seraient présentés plus tard; mais puisque M. Dastre, dans la note de la séance du 12 janvier, m'a mis directement en cause, je tiens à y répondre. Nous avons, après bien d'autres, étudié complètement, M. Camus et moi, la différence que M. Dastre croit nouvelle, et jusqu'à plus ample informé, je considère comme bonnes les courbes que nous avons données pour l’activité et la destruction de la lipase. J’ajouterai qu'un examen sérieux des très nombreux dosages que j'ai effectués à des tem- pératures variables sur le sérum ne m'a aucunement signalé des varia- tions semblables à celles qu a rencontrées M. Pozerski. Je n’ai nulle- ment l'intention de mettre en doute ses résultats expérimentaux, mais je suis en défiance contre l'explication qu'il propose. On voit en effet l’ac- tivité d'une même solution varier, lorsqu'elle passe de 25 à 40 degrés, de : 8.5 p. 100 si le dosage dure . Ne O0 aminutes. 17 — — eee eee Nneure, 30 — = PAU AE ed es PAG Le GAL 29 — — CRE MN RP eue" 21. — == A MR 90 tandis que ces variations devraient être les mêmes, quelle que soit la durée du dosage si c'élait réellement l’activité du ferment qui avait été augmentée. NOTE SUR L'ACTION DE LA TEMPÉRATURE SUR LE FERMENT INVERSIF, par M. Vicror HENRI. L'objection de M. Hanriot, relative aux résultats de M. Pozerski, repose sur l'hypothèse que la forme de la courbe qui représente la vitesse d’inversion du sucre par le ferment est une ligne droite et reste la même dans les deux cas : 4° celui où le ferment préparé à 25 degrés est étudié à cette même température et 2° celui où il avait été chauffé à 42 degrés et puis ramené à 25 degrés. Or les expériences de M. Pozerski montrent que non seulement l’acti- vité du ferment est augmentée par le chauffage préliminaire, mais que de plus la forme de la courbe d'action se trouve modifiée; voilà pour- quoi on oblient des valeurs diverses pour le degré de suractivation du ferment, lorsque l’on compare les résultats au bout de 30 minutes, l'heure, 1 h. 30 m., 2 heures et 2 h. 30 m. Le résullat préliminaire que nous énonçcons maintenant est que l’on ne peut pas exprimer le degré d'augmentation de l’activité du ferment par un seul nombre. L'étude détaillée de ce résultat préliminaire fera l’objet d’une communication ultérieure de M. Pozerski. Biozocie. Cometes mexpus. — 1901. T. LIII. 5 60 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTION DU MUCUS SUR L'ORGANISME. par MM. CHarrin et Moussu (1). Le rôle croissant des auto-intoxications nous a conduit à rechercher quels phénomènes pouvaient se développer à la suite de la pénétration du mucus dans les milieux clos de l’économie. — Ce mucus est assez répandu à la surface des différentes membranes de revêtement; ül augmente au cours de différentes affections, entérites, bronchites, etc. ; il prend naissance (2) dans une foule de cultures microbiennes ; toutes ces raisons, d’autres encore, donnent à ces recherches une importance aisée à comprendre. Pour obtenir ce produit en quantité suffisante et à un état relative- ment pur, nous nous sommes adressés à de grands animaux (chevaux, bœufs, chiens de haute taille), recueillant à l’aide d’un léger raclage la sécrétion répandue à la surface de la trachée ou des grosses bronches. — On dilue alors, en battant ou agitant pour effectuer un parfait mé- lange, ce liquide frais, assez dense, dans vingt ou quarante fois son poids d’eau salée (8 p. 1.000 de NaCl) ou d’eau contenant du carbonate de soude à 4 p. 1.000 ; on filtre avec soin sur du papier, puis on injecte, dans la veine de l’oreille du lapin, ce mélange d’ailleurs fluide, lim- pide, neutre ou alecalin. Le plus souvent il suffit de faire pénétrer 0,05 à 0,15 centigrammes de ce mucus, par kilogramme, pour amener une mort très rapide, en moins d'une ou deux minutes; on enregistre à peine (et encore d'une manière inconstante) quelques convulsions, du nystagmus, un peu de dyspnée, etc. — À l’aulopsie, en général, le cœur bat, quoique l'intensité de ces battements soit ordinairement inférieure à ceile des contractions mvocardiques observées dans d’autres genres de mort; toutefois, en dépit de la hâte de l'examen, il est inouï de ne pas déceler, dans le ventricule droit, des caillots naiïissants ; parfois, surtout quand on fait pénétrer de fortes doses (0,45 à 0,80), le contenu de ce ventricule est coagulé dans sa totalité ; en tout cas, même avec de minimes pro- portions, on voit cette coagulation sanguine, aussi bien dans le cœur que dans les veines périphériques, se réaliser beaucoup plus prompte- ment qu'à l'état normal. Cette accéléralion est telle qu'on est amené à se demander si ce phé- nomène n'intervient pas dans le mécanisme de la mort. — A la suite de l'introduction de faibles quantités, on reconnait, immédiatement après la mort, que le cœur bat, que le contenu vasculaire est fluide : dans ces conditions on est tenté de répondre négativement. Par contre, (1) Travail du laboratoire de médecine expérimentale de l’École des Hautes- Etudes (Collège de France). (2) Expériences de Charrin et Desgrez, Soc. de Biol., 1897. SÉANCE DU 19 JANVIER GI on revient à l'opinion opposée, lorsque, d’un côté, on constate que des additions de mucus sont impuissantes à déterminer la solidification du sang maintenu liquide dans des tubes contenant quelques gouttes d'extrait de sangsue, tandis que, d'autre part, on voit des injections de ce mucus demeurer sans effet chez des animaux ayant au préalable recu quelque peu de ce même extrait de sangsue (1). — En présence de ces résultats, il est permis de croire que des obstructions vasculaires se produisent dans les centres nerveux, de préférence dans le bulbe, grâce à des thromboses nées sur place ou à des embolies issues de diverses régions (2). Si on se demande quel peut être ce principe coagulant, on pense tout naturellement au fibrin-ferment, assimilation cependant difficilement acceptable. On sait, en effet, que la chaleur détruit ce composé normal du sang; inversement ce principe coagulant du mucus, spécialement lorsqu'on le chauffe dans l’eau additionnée de carbonate de soude à À p. 1000, supporte, au moins durant quelques minutes, une tempé- rature atteignant 100, parfois davantage (3) ; d'autre part, la précipitation par l'alcool (procédé de préparation de ce fibrin-ferment) altère lPacti- vité des dilutions muqueuses. On péut encore remarquer que ces dilutions sont relativement pauvres en cellules, principalement en leucocytes; ces cellules de formes diverses, à la suite d’un dépôt prolongé ou de l'emploi de la force centrifuge, s'accumulent forcément dans le fond des tubes, et cependant la partie superficielle du liquide, à peu près dépourvue de ces éléments figurés, conserve une activité à peine inférieure, à ce point de vue de la coagulation, à celle de l’autre moitié (4). Ajoutons que ce produit ne dialyse pas, du moins difficilement, lentement, incomplètement; le sulfate d'’ammoniaque le précipite; certains acides le détériorent (5); le foie ne le modifie pas d’une facon (1) In vitro on obtient des effets analogues en utilisant l’oxalate de soude, le fluorure de sodium; mais la toxicité de ces corps, étant données les doses nécessaires, ne permet pas de les employer chez l'animal. — Ajoutons que l'extrait de sangsue se transforme ou s’élimine assez vite ; son iniluence dis- paraît. — Jusqu'à présent les peptones (anti-coagulant indirect) ne nous ont pas donné de résultats satisfaisants. (2) La rapidité de coagulation est telle qu'il est impossible d'examiner ces centres assez vite pour établir l’origine autochtone ou non de ces caillots. (3) Il est nécessaire de faire quelques réserves, l’action de la chaleur sur les ferments variant avec l’état de ces ferments. (4) Il va de soi que cette substance coagulante dérive, à l'exemple de tous les composés de même ordre, de la vie des cellules; elle est en tout cas capable de quitier assez aisément les éléments figurés normaux ou disloqués ; élle n’adhère pas comme certaines toxines fixées aux bactéries. (5) Peut-être la mucine joue-t-elle dans ce phénomène un rôle important? C'est ce que nous verrons prochainement. 62 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE \ appréciable, bien qu'il y ait lieu de noter que cette coagulation, à la suite de ces injections pratiquées dans la veine marginale de l'oreille, semble particulièrement hâtive dans le territoire porto-hépatique. Quoi qu’il en soit, l’action si évidente de ce principe ën vitro porte à le ranger parmi les coagulants directs; quelques gouttes d'un mélange à 1 p. 20 ou 30 suffisent à assurer, au bout de 2 à 4 minutes, la coagu- lation du sang de cheval, qui normalement se maintient fluide pendant plus d’un quart d'heure. A cet égard, il convient de reconnaître qu'on accélère plus ou moins, toujours în vitro, cette coagulation, à l’aide de divers principes emprun- tés à différents tissus (foie, rate, etc.) et préparés de semblable facon. Toutefois. le chauffage à 100 degrés annule beaucoup plus vite l'in- fluence de ces principes autres que le mucus (1); d'autre part, de nom- breux auteurs ont injecté des extraits organiques variés sans signaler cette modification spéciale du contenu vasculaire ; nous avons, en outre, introduit sans inconvénient depuis 0,10 jusqu'à 1 gramme et plus d’élé- ments hépatiques ou spléniques. | Au demeurant, nous ne prétendons nullement localiser étroitement dans le mucus des voies respiratoires cette action nuisible si mani- feste (2). | Du reste, l'intensité de cette action, l'abondance, à l’état normal et surtout pathologique, du produit en cause, commandent des recher- ches aussi nombreuses que variées. — Il faut en particulier élucider le mécanisme, la nature du phénomène (3); il importe encore d'examiner de quelle facon de tels attributs intéressent et l'attaque et la défense de l'organisme (4). 7 (1) Le mucus vésical, le mucus intestinal très complexe, etc., ont paru actifs. — Il sera intéressant de faire agir celui d’une espèce donnée sur cette même espèce. (2) L'intervention d’un processus mécanique dans la pathogénie de ce phénomène ne permet pas de qualifier de toxiques ces accidents pourtant si intenses. Néanmoius, il importe de rechercher s'il n'existe pas, en outre, ur processus chimique. (3) S'agit-il de précipitation ou de coagulation variée ? Quel est le rôle des sels, etc.? (4) Il est nécessaire d'étudier l’action des doses massives ou progressives, de rechercher l'intervention de ces doses dans la création d’une sorte d'immu- nité, dans la genèse des thromboses, des phlébites, des lésions, dans l'arrêt des hémorragies, etc., etc. SÉANCE DU 19 JANVIER 63 EXPÉRIENCES SUR LE POUVOIR IMMUNISANT DE LA MATIÈRE NERVEUSE RABIQUE CONSERVÉE EN GLYCÉRINE, par MM. A. RoDET et (rALAVIELLE. On sait, d'après les observations de Roux, que la glycérine conserve bien le virus rabique. Toutefois, cette conservation n’est pas absolue et indéfinie. Après un temps plus ou moins long suivant la tempéra- ture, on voit la virulence s’affaiblir, puis disparaître. Nous nous sommes demandé ce que devient dans ces conditions la propriété préventive, et nous avons voulu savoir si, dénuée de virulence par un long séjour en glycérine, la matière nerveuse possède encore le pouvoir de vacciner contre la rage. Des cerveaux de lapins, morts par le virus fixe, étaient immergés dans .de la glycérine neutre à 30 degrés Baumé, et conservés à l’obscu- rité à la température du laboratoire. Au bout d’un délai plus ou moins long (de trois semaines à un an et demi, et davantage), nous éprou- vions leur virulence par trépanation sur le lapin. Nous donnerons dans une note ultérieure le résultat de nos observations relativement à la marche de l’affaiblissement en rapport avec le temps. Avec un certain nombre de ces cerveaux, soit seulement affaiblis par un séjour de plusieurs mois en glycérine, soit totalement dépourvus de virulence pour le lapin par trépanation, nous avons fait une série d’injeetions sous-cutanées ou intra-péritonéales à des lapins, qui étaient ensuite soumis à une inoculation virulente, soit par trépanation, soil par injections sous-cutanées, tantôt avec du virus fixe, tantôt avec du virus des rues. Préalablement, nous avons voulu voir par nous-mêmes ce que donne chez le lapin, par ces mêmes voies sous-cutanée ou péritonéale, le virus fixe frais en injections réitérées. Dans plusieurs expériences, nous avons constaté que ce virus, injecté dans le tissu cellulaire ou dans le péritoine, le plus souvent provoque l'éclosion de la rage chez le lapin, surtout si les injections sont répétées plusieurs jours de suite ; dans cette dernière condition, nous avons vu survenir la rage chez les quatre cinquièmes des sujets. Et, lorsqu'après une telle série d'’in- jections de virus frais, nous avons éprouvé la résistance des sujets, par l'épreuve de la trépanation (pratiquée immédiatement à la fin de la série), nous les avons tous vus prendre la rage. Essais de vaccination avec le virus conservé en glycérine, à l'égard de l'épreuve par trépanation. — Tout d'abord, nous avons injecté succes- sivement des cerveaux de moins en moins anciens, et complété la série par des injections de virus frais. Un sujet ainsi traité par la voie sous- cutanée, puis éprouvé par la trépanation avec le virus fixe, a pris la 64 L SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rage après une incubation de 14 jours, c'est-à-dire avec un grand retard ; un autre, traité de même, mais par la voie péritonéale, a résisté à l'épreuve par trépanation. D'après ce que nous avons dit plus haut, l’effet vaccinal ne devait pas être attribué, du moins exclusivement, au virus frais qui a terminé la série. Nous avons ensuite opéré, en donnant d’abord une série d’injections d'un cerveau ayant perdu sa virulence, puis une série d’injections d'un autre cerveau déjà atténué, mais encore un peu virulent (donnant une incubation de 8 jours). Un lapin ainsi traité par la voie péritonéale a succombé à la rage à la suite de l’épreuve par trépanation, avec une incubation de 8 jours, c'est-à-dire avec un léger retard. Nous avons ensuite expérimenté en employant pour chaque essai d'immunisation un seul et même cerveau. Deux expériences ont été faites avec un cerveau ayant conservé une partie de sa virulence. L'un de ces cerveaux (virulence = incubation de 8 jours), administré par le tissu cellulaire sous-cutané, n a pas donné d’immunité, mais par la voie péritonéale s’est montré efficace chez un sujet qui a survécu à l’épreuve de la trépanation. Un autre cerveau, éprouvé seulement par la voie sous-cutanée, n’a pas donné d’immunité. Ces cerveaux simplement affaiblis par le séjour en glycérine, mais n'ayant pas encore perdu leur virulence, suffisent d’ailleurs à donner la rage en injections sous-cutanées. Dans d’autres expériences, le traitement préventif a été fait avec un. cerveau dénué de virulence. En groupant plusieurs expériences simi- laires, nous avons 15 lapins ainsi traités qui nous ont donné les résul- tats suivants à l'égard de l'épreuve par trépanation : 6 ineubations de 7 jours; 8 incubations de 8 jours, et une survie. a Il résulte de ces diverses expériences, qu'à l'égard de l'épreuve sévère par trépanation avec le virus fixe, les cerveaux conservés en glycérine ont manifesté un pouvoir immunisant très inconstant. Cependant, un certain pouvoir vaccinal en ressort clairement, et s’est manifesté assez souvent par un léger retard de l’incubation : 2 fois par la survie. L'effet vaccinal a été surtout net, lorsque les injections préventives ont été faites par la voie péritonéale; à peine appréciable par la voie sous-cutanée. L'effet préventif n’exige pas nécessairement l'emploi de cerveaux de divers âges, il a pu être observé avec les injec- tions d’un seul et même cerveau. Les cerveaux ayant conservé une partie de leur virulence ne se sont pas montrés plus efficaces que ceux qui l'avaient totalement perdue. Essais de vaccination à l'égard de l'épreuve par injections sous-cutanées. — Les expériences de cette catégorie ont toutes été faites avec des. cerveaux dénués de virulence par un long séjour en glycériné (de 11 à 18 mois). SÉANGE DU 19 JANVIER 65 Six lapins ayant recu, les uns sous la peau, les autres dans le péri- toine, 11 injections d'un de ces cerveaux, ont survécu à une injection sous-cutanée de virus fixe; 9 autres lapins, traités par d’autres cer- veaux, ont élé éprouvés par des ingections mulliples (de 4 à 6 injections de 3 centimètres cubes) de virus fixe sous la peau, et ont {ous survécu, - aussi bien ceux qui ont reçu la matière préventive sous la peau, que ceux auxquels on l’a administrée par le péritoine. Nous avons dit plus haut que les injections sous-cutanées de virus fixe, surtout lorsqu'elles sont multiples, donnent la rage au lapin dans une forte proportion; et d’ailleurs, pour ces dernières expériences, des témoins ont été traités par les mêmes séries d’injections sous-cutanées de virus d’épreuve, el sont morts de rage dans la proportion de 4 sur 5. Essais de traitement pendant l’incubalion et pendant la période d'état. — Une série d’injections de cerveaux anciens, non virulents, faites à un lapin, d'abord préventivement, puis continuées après l'inoculation du virus fixe par trépanation, a été inefficace. Chez trois autres lapins, nous avons fait le traitement seulement après la trépanation, c'est-à- dire pendant toute la période d’incubation; le résultat a été également négatif. Expériences avec le virus des rues. — Six lapins ayant recu dans Île péritoine, pendant dix jours, des injections d’un cerveau ayant séjourné 7 mois en glycérine, et ayant conservé de la virulence (incubation 8 jours), puis trépanés avec un cerveau des rues (donnant au témoin la rage en 16 jours), ont donné les résultats suivants : une rage avec incubation de 16 jours, une mort accidentelle au bout de 27 jours, et 4 survies au delà de 41 jours. Deux lapins ayant été traités pendant 9 jours par des inoculations sous-cutanées d’un cerveau non virulent très ancien (19 mois), puis trépanés avec du virus des rues (donnant au témoin la rage en 46 jours), un est mort de rage avec une incubation de 5 semaines et demie, l’autre a survécu. Nos expériences de cette catégorie sont encore bien peu nombreuses; mais elles nous paraissent indiquer que le pouvoir préventif des cer- veaux vieillis en glycérine s'exerce plus efficacement, dans des condi- tions similaires, à l'égard du virus des rues, qu'à l'égard du virus fixe. De ces expériences nous déduisons les conclusions suivantes : les cerveaux vieillis en glycérine manifestent une propriété préventive, même lorsque, après un long séjour, ils ont totalement perdu leur virulence. Un seul et même cerveau suffit à conférer au lapin une certaine immunité. Rérement nous avons obtenu une immunité suffisante pour résister à l'épreuve par trépanation avec le virus fixe. Mais l’effel vaccinal est très net à l'égard du virus injecté sous la peau. 66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'effet préventif est plus marqué lorsque la matière cérébrale est introduite dans le péritoine que lorsqu'elle esL injectée sous la peau. Au point de vue théorique, nos expériences nous paraissent démon- trer, dans les centres nerveux rabiques, l'existence d'une matière susceptible de protéger l'organisme contre les effets des éléments viru- lents, qu'il s'agisse d’un produit toxique du virus rabique capable de conférer une immunité active, ou, plus vraisemblablement, d’un produit antagoniste. Nous nous proposons de chercher jusqu'à quel point cette propriété pourrait recevoir une application pratique. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris -— Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. + 67 SÉANCE DU 26 JANVIER 1901 M. HanrroT: Sur le mécanisme des actions diastasiques. — M. Hanrror : Sur la réver- sibilité des actions diastasiques. — M. Vicror Henrr : Influence de la quantité de saccharose sur la vitesse d’inversion par le ferment inversif de la levure de bière. — M. Cr. Recaup : Division directe du bourgeonnement des spermatogonies chez le rat. — M. J. Bamisxt : De l'influence des lésions de l'appareil auditif sur le vertige voltaïique. — MM. GezLé et Pierre BonnER : (Discussion). — MM. M. Hax- Riot et L. Camus: Action de la température sur la lipase du sérum d'animaux à sans froid. — M. Micuez Sixpceckt (de Cracovie) : Sur les rapports des grégarines avec l’épithélium intestinal. — MM. Maurice CauLzery et Fécix MEsni : Le para- sitisme intra-cellulaire et la multiplication asexuée des grégarines. — MM. Joserx Nicoas et Ca. LEesteur : Sur l'agglutination du staphylococcus aureus par le sérum d'animaux vaccinés et infectés. — MM. Nicozas et Cn. Lesreur : Etude sur le pouvoir bactéricide et atténuant pour le staphylocoque pyogène du sérum d'une chèvre vaccinée avec des cultures de cet agent microbien. — M. L. Launoy : Altérations rénafes consécutives à l’intoxication aiguë par le venin de scorpion. — M. Rapnaez Dügois : La dialyse cellulaire par les vapeurs de liquides organiques neutres: chloroforme, éther, etc. — M. le Dr G. Nicperz AxéLos (de Rhodes) : L’asthme des foins; sa nature microbienne. — M. Jures Corre (de Marseille) : Note sur les diastases du Suberites domuncula (Sporgiaires). — M. le professeur M:ver (de Lyon) : La phagocytose du bacille d'Eberth et le procédé du vésicatoire. — M. E. GérarD : Sur le dédoublement des glucosides par l'extrait aqueux d'’or- ganes animaux. De Présidence de M. Netter, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. Grarp offre à la Société, au nom de M. H. Alezais, sa thèse de doc- torat ès sciences : Contribution à la myoloqie des Rongeurs. “ SUR LE MÉCANISME DES ACTIONS DIASTASIQUES, par M. HaAnRior. Les travaux modernes de biologie nous montrent que la plupart des réactions qui se passent dans les cellules animales ou végétales sont provoquées par des diastases. Si le mécanisme même de ces réactions n'a pas été mis en lumière, cela tient à ce que les procédés que nous avons l'habitude d'utiliser en chimie ne sont pas applicables ici: les diastases n’ont jamais pu être obtenues pures. La Comparaison des ana- Biozocre. CoMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 6 68 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lyses des différents produits obtenus montre, que les corps décrits comme tels étaient surtout formés de matière albuminoïde entraînant une quantilé inconnue de ces ferments ; d'autre part, leur action finale étant, par définition même, à peu près indépendante de la quantité de diastase employée, ne peut non plus nous éclairer sur le mécanisme de la réaction. Wurtz ayant montré qu'un flocon de fibrine que l’on trempe dans une solution de papaïne, puis que l’on met, après lavage, en contact avec l’eau, se peptonise, en conclut que la papaïne se combinait avec la fibrine. M. A. Gaulier est arrivé à des conclusions analogues en constatant que la pepsine se fixe sur une floche de soie et peut lui être enlevée par l'acide chlorhydrique faible. On peut objecter à ces expériences que beaucoup de substances colloïdales,comme sont la fibrine et Ia soie, ont la propriété de fixer les ferments sans qu'il s'agisse d’une véritable com- binaison. Du reste, la soie n’est pas digérée par la pepsine, et j’ai pu constaler que la fibrine fixe la lipase, qui ne la digère pas, tandis que l'agitation avec l'huile n'enlève pas de lipase à sa dissolution. La question reste donc entière. Si l'on admet que les ferments s’unis- senti avec tout où partie des corps sur lesquels ils agissent, il faut que ces combinaisons ne soient que transitoires, puisque le ferment se maintient avec ia même activité pendant toute la durée de l’action. J'ai cherché à les mettre eu évidence avee le ferment saponifiant des graisses, la sérolipase, tant à cause de l’exaclitude de son dosage que de la facililé avec laquelle on peut se débarrasser des produits de la réaction. Or, j'ai démontré dans des noles antérieures que, tandis que la lipase est sans aclion sur les dérivés alcoylés de la glycérine, elle saponifie, au contraire, tous les éthers organiques, même ceux où la glycérine est remplacée par un autre alcool. Il est donc probable que la lipase se combine avec les acides en formant une combinaison que l’eau dédouble. J'ai cherché à le vérifier par l'expérience. : Action de lucide arélique sur la lipase. — Toutes les expériences ont été conduites de la facon suivante : À cenlimstre cube de sérum était additionné d'un cerlain nombre de gouttes d'acide acélique au 1/40, maintenu pendant 40 minutes à 37 degrés ; puis on neutralisait et on dosait dans le liquide l’activité de la lipase. Nombre de gouttes D'ACTE EEE CS 10 0020 30 135 AGELVILÉ 000 AE A3 2 ES MID MO INR 5 5 PL A NIO NORD On voit donc que, au fur et à mesure que l'on augmente la dose d'acide, l'activité de la lipase disparaît, comme si la lipase s'unissait avec l'acide en formant une combinaison inactive. Il est à remarquer SÉANCE DU 26 JANVIER 69 que l’acide acétique précipite le sérum, mais le liquide filtré donne les mêmes réactions avec une énergie presque égale. Ce premier fait de la diminution de l'énergie du ferment après un contact avec un acide cadre donc bien avec l'hypothèse de la combinai- son ; mais il faut de plus montrer que celle-ci se dédouble aisément. Pour le vérifier, j'ai fait dans le même sérum acidifé des dosages d'ac- tivilé à des temps variables après la neutralisation. Nombre de gouttes PAPA Ren Aer OURS 10 15 20 25 30 35 10 45 50 Activité immédiate- ment ap. la neu- tralisatons et 405221000105, 5 Eee 0 CP ONERC 1 heure après. AS NRA AA SN OO MSP NES STE CANTATENT 2 HEURES Apres MAMIE 15 9,5 10 12 OPA CROSS On voit donc, peu à peu, l’activité de la lipase reparaitre et se rappro- cher du taux primitif, mais au bout d’un temps d'autant plus long que la dose d’acide primitivement employée a été plus forte. C’est, je crois, le premier exemple d'un ferment qui, après avoir été atténué ou même en apparence détruit par une action chimique, est susceptible de se régé- nérer et de revenir presque à son énergie primitive. On voit que tous ces faits sont favorables à l'hypothèse de la combinaison avec les acides, combinaison décomposable par simple neutralisation. J'ai oblenu du reste des résultats analogues, mais bien moins pro- noncés, en remplaçant là neutralisation de la liqueur acide par sa dilu- tion dans une grande masse d’eau ; mais ici les résullats sont plus com- plexes, puisque le dosage se fait en solution étendue, et que j'ai montré autrefois que la dilution influe sur le dosage. Action des différents acides sur la lipase. — J'ai montré précédemment que les divers éthers éthyliques élaient attaqués par ce ferment, mais d'une facon très inégale ; tandis que les éthers minéraux sont à peine saponifiés, les éthers organiques le sont presque tous. Ceci peut se con- cevoir de deux façons : ou bien les acides minéraux ne se combinent pas avec la lipase, ou bien la combinaison une fois formée ne se dissocie plus. Pour vérifier laquelle de ces deux hypothèses est exacte, j'ai fait agir sur une même quantité de sérum des quantités équimoléculaires d'acides divers pendant le même temps (30 minutes), et j'ai dosé : 1° l’activité du ferment immédiatement après neutralisation; 2 cette activité un .certain temps après neutralisation de l'acide. Le tableau sui- vant contient ces résultats : SO‘H? AzOH HCI (CH20* CI202 C?H‘O? C#H°02 Activité immédiatement. { 2 fl 9 6,5 6 14 — après 2h. 45. . [l À 2 9 15 27 19 — après 3 h. 45. 0 1 7 12 15 25 18 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces chiffres prouvent donc que la lipase se combine avec tous les acides en donnant des combinaisons peu actives ; celles-ci se dissocient facilement si les acides sont organiques, tandis que la décomposition n'a lieu qu'avec une extrême lenteur pour les acides minéraux. On con- coit donc que la lipase ne dédouble pas leurs éthers. Comme conclusion, je dirai donc : 1° Qu'un ferment atténué par une action chimique peut se régénérer et revenir à son activité première ; 2 Que l’action de la lipase sur les acides et les éthers semble être une combinaison chimique régie par les lois de la dissociation. SUR LA RÉVERSIBILITÉ DES ACTIONS DIASTASIQUES, par M. Hanrior. Je viens de montrer que la saponification des éthers par la lipase peut s'interpréler en supposant que celle-ci forme avec les acides gras une combinaison facilement dissociable de facon que le ferment, sans cesse régénéré, disparait dans le phénomène final dont il ne fait qu'’aug- menter la vitesse. | : On sait que la saponification des éthers par l’eau est limitée comme elle l'est en présence de la lipase, et.que la limite de là saponification est abaissée par la présence de l’un des produits de la saponificalion. Or, j'ai montré autrefois que, tandis que la présence d’un excès d'acide arrête complètement la fermentation lipasique, la présence de la glycé- rine est presque sans influence sur cette même action, ce qui est biens d'accord avec l'hypothèse que la lipase se combine avec l'acide et non avec la glycérine. Toute action limitée par les produits mêmes de la réaction peut se concevoir par deux réactions, l’une directe, l’autre inverse, se côntre- balançant partiellement. Ainsi, dans le cas présent, le fait que la lipase a son action décomposante arrêtée dès qu'une certaine quantité d'acide gras est mise en liberté, fait supposer que si l’on met la lipase en pré- sence de glycérine et d’un excès d'acide, elle doit pouvoir les recom- biner, de façon à réaliser toujours le même rapport entre les quantités d’ se et d'éther en présence. Voici comment j'ai conduit l'expérience : j'introduis 1 centimètre cube de sérum, préalablement neutralisé, dans un mélange de 10 centimètres cubes et de 10 gouttes (25 au centimètre cube), d’une solution ren- Jermant : Glycérine 160 SRE o gr. Acide is 0 DUT QUE NPA 2 gr. Eau. . ST TN A etes SÉANCE DU 26 JANVIER 74 1 Je chauffe pendant un temps variable à 37 degrés et je dose l'acidité dans le sérum $, dans le mélange acide À, maintenant l’un et l’autre à la même température, puis dans le mélange de sérum et d'acide A+S. La perte d’acidité (1) de ce dernier ne peut provenir que de la combi- naison de la glycérine et de l'acide. Voici les résultats : 1/2 HEURE À HEURE 4 rene SE DESqUe 2 5 5 ARS h s 47 46 48 Somme des deux. , 49 AU 53 AUSRSS VAS PAU SAS 34 30 9% Différence 15 21 29 Pour 100 : 30 L4 5% Ainsi dans cette expérience, 54 p. 100 de l'acide butyrique introduit peut être combiné à la glycérine en présence de lipase dans des condi- lions d’acidité, de temps et de température où la combinaison directe serait presque nulle en l’absence de ce ferment. Je me suis en outre assuré par des expériences directes que le sérum, porté à l’ébullition, ou mis en présence de la même solution acide mais sans glycérine, ne produisait aucune action. J'ai alors fait varier les quantités d'acide en laissant constants le temps (30 minutes) et les proportions de glycérine et de sérum : Acidité totale. . 22 DOME 43 50 57 ANeditÉdiSparUue Me AAA OA SSP 2 NAN C>à ANTON TO IRSC MON 12,6 15,8 6 5 4 Pour 100 : 40 39 32 34 922 25 20 22 OH AONONCE Ces nombres montrent que la lipase n’a d’action synthétique qu'entre des limites bien déterminées; il est d'autre part remarquable de voir que la quantité pour cent d'acide combiné dans un temps déterminé diminue à mesure que la quantité d'acide augmente. Ces deux faits sont dus à l’influence fâcheuse qu'exerce l'acide libre sur le ferment, ainsi que je l’ai montré dans la précédente note. J'ai cherché à séparer le corps formé dans la réaction. J'ai pris vingt- quatre litres d’eau, additionnés de 12 grammes d'acide butyrique, 24 grammes de glycérine et deux litres de sérum, et j'ai chauffé à 31 degrés. Au bout de quatre heures, l'acidité était tombée à moitié. J'ai alors ajouté 6 grammes d’acide butyrique de facon à maintenir l’aci- dité constante, puis, quelques heures après, j'ai épuisé par de l’éther, (1) L'acidité dans toutes ces expériences est indiquée par le nombre de gouttes d'une solution de carbonate de soude à 5 grammes par litre néces- saires pour amener la neutralité, la phtaléine servant d’indicateur. 79 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ET OI 0 CU US OC Een lavé celui-ci à la potasse, puis je l'ai distitlé. Le résidu m'a donné environ 3 grammes d'un liquide, distillant entre 170 et 200 degrés, tandis qu'il reste dans le ballon un liquide huileux ne bouillant pas sans décomposilion, et à peine acide. J’en ai eu trop peu pour pouvoir le frac- tionner, mais, et c’est le point important, j'ai pu constater que ce corps, dissous dans l’eau et traité en solution neutre par la lipase, se dédoublait comme fait la butyrine. Donc ce corps qui se forme par l’action de la lipase en solution acide est détruit par elle en solution neutre. Je m'occupe actuellement d'en préparer une grande quantité pour le fractionner et l'identifier. J'ai constaté que cette réversion de l’action de la lipase est générale et s'étend même aux acides minéraux. SOÉHEMAZOH MHCIN COMTE NICE ONCE OSMCEHEUS Atcidité totale RER 85 70 67 60 67 12 60 Acidité disparue M0" "0085 25 26 20 1 33 30 Pour 100 : 4 36 38 33 26 46 50 Si l'on rapproche ces nombres de ceux que j'ai donnés précédemment pour la décomposition des élhers, il est à remarquer que, pour les acides gras, la facilité de combinaison augmente avec le poids molécu- laire, tandis que pour les éthers, la facilité de décomposition est d'ordre inverse. On voit done que le mécanisme que j'ai proposé pour l’action de la lipase sur les éthers m'a permis de prévoir la réversibilité du phéno- mène, ce que l'expérience a confirmé. Cette réversibilité n’est pas un fait isolé. Hill l'a déjà indiquée pour * l'action de la maltase sur le glucose ; on peut prévoir qu’elle deviendra un fait général pour tous les ferments dont l’action est entravée par les produits de la réaction. . Cette réversibilité doit modifier nos idées sur le Folk des ferments internes dans l'organisme. Ceux-ci n’ont plus qu'une action régulatrice destinée à maintenir constante la proportion de certaines substances. Ainsi, au moment de la digestion, les acides gras arrivant en abondance dans le sang, la lipase les combine et les fixe à l’état de graisse. Pendant le jeûne, les acides gras diminuant dans le sang par suite de leur combustion, la même lipase reprend la graisse qu’elle avait déposée, el la solubilise, en sorte que son rôle est de maintenir constante la proportion d'acides gras dans le sang. Nous savons de même que la plupart de nos organes sont capables d'effectuer des actions inverses l’une de l’autre; il est vraisemblable qu'elles sont exécutées par un seul et même ferment. Des expériences sont actuellement commencées sur d'autres ferments, el j'espère pou- voir bientôt en communiquer les résultats à la Société. SÉANCE DU 26 JANVIER FA) INFLUENCE DE LA QUANTITÉ DE SACCIHAROSE SUR LA VITESSE D'INVERSION PAR LE FERMENT INVERSIF DE LA LEVURE DE BIÈRE, par M. Vicror HENrr. L'influence de la quantité de sucre sur la vitesse d’inversion par les ferments a été étudiée par plusieurs auteurs (Duclaux, O Sullivan, Barth, Effront, etc.), mais il existe un certain désaccord entre les résultats, ce qui m'a conduit à reprendre cette étude et à la mener avec le plus de précision possible. Les expériences ont été faites à 25 degrés, avec des solutions de sac- charose pur contenant 1,5 p. 100 de fluorure de sodium. Voici les résultats numériques de quatre séries différentes. Dans la première série la solution la plus concentrée élait à 1/8 normale, c’est-à- dire elle contenait 4 gr. 275 pour 100 centimèlres cubes. Pour avoir des nombres comparables, plus faciles à étudier, J'ai pris pour unité la quan- tité de saccharose contenue au début dans la solution la plus concentrée ; donc pour la première série la quantité 4 gr. 275 de sucre est représentée par 1 ; dans les trois autres séries la solution la plus concentrée était à 0,5 normale (17 gr. À pour 100 centimètres cubes); c’est donc 47 gr. 1 (34,2 : 2) qui est représenté dans ces séries par 1. . CONCENTRATION DES SOLUTIONS DE SACCHAROSE DURÉES ñ D Ë : 3 normale. 0,6 & normale. 0,4 8 normale. 140 minutes . 0,131 0,127 0,069 230 — 0,215 0,196 0,111 350 — 0,321 0,286 0,171 460 — 0,415 0,351 0,225 045 — 0,466 0,377 0,246 AHAUN NES 0,721 0,509 0,331 5 9 CONCENTRATION DES SOLUTIONS DE SACCHAROSE DUREES A CR TR RE Re AU TR 0,5 normale. 0,3 normale. 0,2 normale. 0,1 normale. 70 minutes, . 0,037 0,031 0,032 0,030 OT 0,103 0,092 0.092 0,084 AU apres 0,228 0,209 0,200 0,148 205 — 0,292 0,258 0,246 0,164 1495 0e 0,589 0,481 0,367 0,193 j CONCENTRATION. DES SOLUTIONS DE SACCHAROSE DUREES © 0,5 normale. 0,3 normale. 0,2 normale. 0,1 normale. 0,05 normale. 65 minutes . . 0,029 0,017 0,013 .: 9 ÿ JON à 0e 0,063 0,038 0,034 0,038 0,032 AE LEUR ANA 0,100 0,065 0,062 0 064 0,050 RON E Pr 0,162 0,119 0,110 0,108 0,077 SH RME r PPS 0,197 0,147 0,136 0,125 0,084 ON 0,332 0,262 0,228 0,176 0,098 T4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1 PR À ga Jen RU EE AE RAT ee Rs NS SE CONCENTRATION DES SOLUTIONS DE SACCHAROSE DURÉES — A 0,5 normale. 0,2 normale. 0,1 normale. 0,05 normale. 100 minutes. . 0,065 0,035 0,053 0,04% SN mire 0,141 0,120 0,109 0,074 00. MN 0,199 0,163 0,139 0,085 460 — Hs 0,302 0,238 0,171 0,093 89 = RE 0312 0,280 0,185 : 0,095 1900 41722270) 0,659 0,371 ) » Les nombres précédents indiquent les quantités absolues de saccha= rose interverti après des durées différentes. L'examen de ces nombres nous montre que : 1° La quantité de saccharose interverti varie avec la quantité de saccharose présente dans la solution; 2 Les différences entre les solutions de concentrations diverses s'accentuent de plus en plus à mesure que la réaction progresse; 3° Il n'existe pas de proportionnalité entre les quantités de sucre interverti au bout d’un certain temps et la concentration de la solution du sucre; par exemple, dans la lroisième série, après cent cinquante minutes dans la solution 0,5 normale, 0,063 de saccharose sont inter- vertis, et dans la solution dix fois moins concentrée 0,05 normale, 0,032 de saccharose sont intervertis, c'est-à-dire deux fois moins. C'est là une différence, mise en évidence par Duclaux, entre l'action des acides et celle de la sucrase. Nous reviendrons sur la discussion de la forme des courbes qui! représentent les vitesses d’inversion par la sucrase, après avoir commu- niqué les résultals relatifs à l'action du sucre interverti et d'autres conditions. (Laboratoire de physiologie générale de la Sorbonne.) DIVISION DIRECTE OU BOURGEONNEMENT DU NOYAU DES SPERMATOGONIES, CHEZ LE RAT, par CL. REGAUD. La division amilotique dont il s’agit dans la présente note n'a rien de commun avec celle que j'ai décrite dans les noyaux de Sertoli (1): La chronologie de ce phénomène est très précise. On le rencontre (1) IC. Regaud. Quelques détails sur la division amitotique des noyaux de Sertoli chez le rat, etc., Verhandl. der anat. Gesellschaft, 14° Versammlung, in Pavia, 1900. — Ce travail contient l'indication de publications antérieures sur le même sujet. SÉANCE DU 26 JANVIER 75 ——————————— ——————— ——— — ———————— — —— …——— . ———————————————————— exclusivement au stade 7 et au commencement du stade 8 (1), après que les gonies ont subi la première karyokinèse (ou Les premières) (2) el avant la deuxième. C'est sur des coupes parallè les à l'axe des tubes séminifères, et inté- ressant sur une grande étendue la couche génératrice de l’épithélium séminal, qu'on l'observe le plus facilement. Mais, quand on est prévenu, on le retrouve aussi sur les coupes perpendiculaires à l’axe, où il m'a pendant longtemps échappé. Les gonies qui vont subir le processus amitotique n'ont conservé aucun caractère qui rappelle la proximité de la karyokinèse précé- dente. Sur mes préparations (3), les limites de leur corps cellulaire sont invisibles ; on dirait que le noyau est nu dans le protoplasma syncytial. Ce noyau (A, B) est de forme irrégulièrement arrondie, avec une ou deux protubérances. Il rappelle la forme de certaines pommes de terre. À la membrane nucléaire sont accolées 3 à 5 croûtelles safranophiles minces. L'espace nucléaire est traversé par un réticulum moyennement serré; l'ensemble de la membrane, du suc nucléaire et du réticulum se colore faiblement en violet par l'hématéine. Le processus amitotique consiste essentiellenrent en la production d'un étranglement qui tend à diviser le noyau en deux parts. Je n’ai pas observé de tripartition. Tantôt les deux parts sont égales ou à peu près égales {C, D), tantôt elles sont inegales (F, G). Dans ce dernier cas, il semble que le noyau émette un simple bourgeon. On peut se demander si les figures qui représentent un petit bourgeon : appendu à un gros noyau .ne sont pas le premier stade de celles où l’on voit un étranglement partager le noyau en deux parts égales ou presque égales : le petit bourgeon grossirait aux dépens de la portion principale, dont la substance passerait à travers l’étranglement. J'incline à croire qu'il s’agit de cas distincts. La répartition des croûtelles safranophiles entre les parts paraît très irrégulière. Au début du stade 8, on voit aussi des gonies, en train de prendre leurs croûtelles hématéiphiles, subir une bipartition par étranglement tout comme la forme précédente. J'ai tenu à signaler sans plus attendre ces nouveaux phénomènes (4) Pour la définition de ces stades, voir C. Regaud. Les phases et les stades de l'onde spermatogénétique, etc., Comptes rendus de la Société de Biologie, 8 décembre 1900. (2) Voir ma note présentée à la séance de la Société de Biologie, le 19 jan- vier 1901. (3) Fixation par le sublimé (formule de Lenhossek), le mélange de Bouin (formol picroacétique) ou le bichromate de potasse acétifié. Colorations par l’hématéine et l’éosine, l’hématéine et la safranine ; l'hématoxyline ferrique seule ou suivie d’érythrosine. 76 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'amitose, parce que je les crois très importants. Mais beaucoup de questions se posent à leur sujet, auxquelles je ne puis encore répondre : toutes les gonies présentes au stade 7 subissent-elles ce processus? Le subissent-elles une ou plusieurs fois de suite? Les petits bourgeons ont- ils la signification de rebuts du noyau et dégénèrent-ils ?'ou bien gros- sissent-ils pour augmenter le nombre des gonies,ou peut- êlre Jen -ils un rôle dans leur régénération? Il résulte en tout cas de numérations nombreuses et précises qu ‘après le stade où s observe ce phénomène, le nombre des gonies a considéra- blement augmenté. / Jusqu'à présent, je n'ai observé cette amitose des gonies que dans le testicule du rat : je ne l’ai pas encore cherchée chez d'autres espèces. Il s’agit probablement d'un phénomène correspondant à celui que Loisel (1) a décrit chez le moineau et dont il fait le point de départ de la lignée séminale. Ce nouveau fait, et aussi la constatation de la pluralité des mitoses des gonies, rendent nécessaires de nouvelles recherches sur la question fondamentale de l’origine de ces cellules. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon). (1) Loisel. Comptes rendus de la Société de Biologie, 9 décembre 1899 et 29 jan- vier 1900; — Etudes sur la spermatogenèse chez le‘ moineau domestique, Journal de l'Anat., n° 2, mars-avril 1900. | 1 SÉANCE DU 206 JANVIER DE L'INFLUENCE DES LÉSIONS DE L'APPAREIL AUDITIF SUR LE VERTIGE VOLTAÏQUE, par M. J. BaBinskt. Les travaux de Brenner (1), de Hitzig (2) et de plusieurs autres expérimentateurs (3), ont établi que quand les électrodes d’un appareil voltaïque étaient appliquées chez l'homme des deux côtés de la tête, soit aux apophyses mastoïdes, soit aux tempes, à la fermeture du cou- rant le sujet en expérience éprouve, entre autres phénomènes, une sen- sation de vertige ainsi qu'une inclination latérale de la tête et de la partie supérieure du corps du côté où se trouve le pôle posilif. C'est: là le vertige voltaïque. Des recherches que j'ai poursuivies depuis quelque temps sur ce sujet m'ont conduit à constater que l'inclination de la tête dans le vertige voltaïque était particulièrement nette chez les individus jeunes et appa raissait chez beaucoup d’entre eux sous l’action de courants de très faible intensité (1 à 2 ma.). Ces recherches m'ont ensuite amené à déceler une influence modifi- catrice remarquable que les lésions de l'appareil auditif exercent sur le verlige voltaïque. Je n’ai eu, jusqu'à présent, que deux fois l’occasion d'expérimenter sur des malades atteints de surdité bilatérale complète. L'un d’eux est un tabétique, dont la surdité semble liée à des lésions des nerfs acous- tiques, l’autre a une double sclérose labyrinthique. Dans le premier de ces cas il faut employer un courant assez intense, de 10 à 12 ma., pour provoquer un mouvement; de plus, la tête, au lieu de s'incliner d’un côté, se porte en arrière. Dans le deuxième cas, il n'y a pas d’inclination. Ce sont surtout des faits de lésion unilatérale et de lésions bilatérales avec prédominance d'un côté qu'il m'a été donné d'observer. L'examen auriculaire a été pratiqué sur ma demande chez la plupart de ces malades par M. Belin, chez quelques-uns par M. Castex. Voici un résumé de ces observalions (4) : Os. LE — Otorrhée droite, IUD. (1) Untersuchungen und Beobachtungen über die Würkung elektrischer Strüme auf das Gehürorgan im gesunden und kranken Zustande, von Rudolf Brenner. (2) Untersuchungen über das Gehirn. Abhandlungen physiologischen und patholcgischen Inhalts, von Eduard Hitzig. (3) Traité d'électrothérapie, par W. Erb. Traduction Rueff. Paris, 1884. (4) Pour simplifier la description, je me servirai d’abréviations. I signifie : « inclination ». G « gauche ». D — « droite ». U —- « unilatérale ». JG AIDORRE « que la réaction est normale, c’est-à-dire que l'inclination 18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE OBs. II. — Otorrhée gauche, IG > ID. Ogs. IL. — Otorrhée gauche. Lorsque les tampons sont aux tempes, on a IUG; quand ils sont appliqués aux apophyses mastoïces, on a IG> ID. O8Bs. IV. — Otile suppurée droite, IUD. Os. V. — Sclérose tympanique Sono IUG; mais l'inclination est plus prononcée quand le pôle positif est à gauche. Oes. VI — Otite labyrinthique droite, IUD. Ogs. VII. — Sclérose tympanique g Lens IUG. M. Belin pratique l'insuffla- tion à gauche avec la poire de Politzer. Vingt-quatre heures après cette opé- ration, on constate, à un nouvel examen électrique, IG — ID. Quarante-huit heures après, on constate de nouveau IUG. Une nouvelle insufflation est pra- ._ tiquée, à la suite de laquelle on obtient IUD pendant vingt-quatre heures environ, puis, de nouveau, IUG. O8s. VIIL — Otite moyenne droite, IG— ID, mais le mouvement est très peu marqué et il faut un courant de 8 ma. pour l'obtenir. O8s. IX. — Surdité droite complète, due à une altération centrale du nerf, acoustique, chez un individu atteint de lésion bulbo-protubérantielle, IUD. Ogs. X. — Surdité droité complète, due à une altération centrale du nert acoustique, chez un individu atteint d'une lésion bulbo-protubérantielle, IUD. O8s. XI. — Double otite moyenne, plus marquée à gauche, IG — 1D. O8s. XII. — Sclérose labyrinthique double plus prononcée à droite, IG —1D. Ogs. XIII. — Sclérose du tympan à gauche. Tympan cicatriciel à droite. Avec un courant de 2 milliampères, pas de mouvement. En raison de la sensi- bilité du malade, il a été impossible d'employer un courant plus intense. Ces observations montrent que ce la plupart des cas de lésion uni- latérale de l'appareil auditif, que la lésion occupe le tympan, la caisse, le labyrinthe, le nerf acoustique à son origine, le vertige. voltaïque na plus la forme normale; l'inclination, au lieu de s'effectuer du côté où se trouve le pôle positif, a lieu exclusivement du côté de la lésion, ou bien prédomine de ce côté. Cette inclinalion unilatérale peut être plus ou moins prononcée, mais son intensité ne donne aucunement la mesure de l’intensiié de la lésion. Elle peut être très marquée dans des cas où la lésion est superficielle; c’est ce qui a lieu, en particulier, dans l’observa- tion VII; l'inclination est, en effet, très forte à gauche et une simple insufflalion suffit à produire d’une manière lransitoire, soit une réaction normale, soit une inclinatior unilatérale à droite. Par contre, l'inclina- tion unilatérale peut être légère dans des cas où la lésion est profonde. s'opère de la même manière, avec la même intensité, à gauche et à droite, suivant que le pôle positif se trouve à gauche ou à droite ». IG ID signifie « que l'inclination, tout en s’effectuant du côté où se trouve le pôle positif, est plus prononcée du côté gauche que du côté droit ». que linclination se fait à gauche, quel que soit le sens du x courant, que le pôle positif se trouve à gauche ou à droite ». IUG = « SÉANCE DU 26 JANVIER 19 Il en est ainsi dans les observations IX et X. De plus, dans les observa- tions que nous avons recueillies de lésions bilatérales avec prédomi- nance d’un côté, l’inclination n’est pas plus marquée du côté où Ja lésion prédomine. Ces faits me semblent intéressants au point de vue de l'étude du mécanisme du vertige voltaïque. On sait, en effet, que tandis que cer- lains physiologistes supposent que ce vertige est lié à une excitation électrique du labyrinthe, d’autres pensent qu'il dépend d'une excitation _ directe des centres nerveux par le courant électrique. Mes observations viennent à l’appui de la première de ces deux opinions. De plus, il en résulte que l'exploration voltaique de la tête est un réactif propre à déceler des lésions auriculaires, qui, autrement, auraient pu être méconnues. Je tiens à faire remarquer que dans quatre des observations que J'ai relatées (obs. I, IV, VE et VID) il s'agissait de sujets en apparence simplement hystériques, atteints d'hémianesthésie hysté- rique occupant le côté où la lésion auriculaire a été décelée, et qui ne s'étaient nullement plaints de troubles auriculaires. Bien plus, la malade de l’observation IV nous affirmait qu’elle entendait aussi bien des deux côtés ; or, l'examen local a décelé l'existence d’une otite suppurée. Il est nécessaire de continuer ces recherches, mais, dès maintenant, je puis affirmer que les lésions de l'appareil auditif, particulièrement les lésions unilatérales, modifient notablement, au moins dans un cer- tain nombre de cas, les caractères du vertige voltaïque normal. M. GeëLcé. — Je trouve fort intéressante la communication de M. Babinski. Cette action du courant voltaïque semble démontrer que c’est sur le labyrinthe même, et non sur les centres nerveux, que le cou- rant agit. L'expérience de l’aération de la caisse, qui s'oppose à cette latéralisation de l’action de l'électricité el rétablit la réaction normale, c'est-à-dire la rotation vers le pôle positif, prouve selon moi que c'est bien par suite de l'excitation directe du labyrinthe par le courant que les mouvements se produisent du côté de la lésion auriculaire. M. Pierre Bonnier. — L'intéressante communication de M. Babinsky nous montre que l'oreille malade présente au point de vue électrique la même excitabilité exagérée que la clinique lui attribue au point de vue fonctionnel. La clinique otologique coastate en effet que tant qu’une destruction trop complète ne supprime pas la réaction propre à l'organe lésé, c'est presque invariablement du côté de l'oreille atteinte ou la plus atteinte que se manifestent non seulement l’ouiïe douloureuse, la surdité et le bourdonnement, mais encore l’hyperacousie paradoxale, c’est-à-dire l'audition plus que normale dans une oreille nettement lésée; la para- cousie de Weber, c’est-à-dire la latéralisation de l'audition, par contact 80 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 0 EE de la source sonore sur un point même éloigné du corps; la paracousie de Willis, c'est-à-dire l'audition redevenant excellente au milieu &une trépidation; les hallucinations auditives unilatérales; le vertige avec sensation de chute de côté; le vertige avec tendance à la chute dece côté; l'oscillation dans l'attitude du signe de Romberg; la déviation de la marche dans l'obscurité (expérience du tapis vert à Versailles) ou même les yeux ouverts; la déviation d'attiltude des parties supérieures du corps chez certains vésaniques (délires d’attitudes); le spasme nystagmique (rapports des noyaux de la VI et de la VIII’ paires); la sensation que les objets environnants se déplacent dans ce sens (illusion due à la vision normale pendant le retour plus lent des globes vers l'attitude moyenne); les mouvements oscillatoires des globes sous les paupières abaissées, el les oscillations exagérées suivant les mouve- ments de la tête; les déviations incohérentes des globes sous les pau- pières; la mydriase ou le myosis unilaléraux; les troubles d'accommo- dation à la distance ou à l'intensité, quand ils sont unilatéraux; le retard de l’œil du même côté à accommoder quand le sujet ouvre les paupières; les paralysies oculomotrices unioculaires ; l’exagération spastique du signe de Ch. Bell; la diminution du réflexe rotulien de CeRCOLe: C'est done un signe clinique excellent à ajouter à d'autres, qui a sur eux l'avantage d'être plus constant et sans doute plus précoce, et qui, on le voit, concorde absolument avec une loi de la clinique otologique. ACTION DE LA TEMPÉRATURE SUR LA LIPASE DU SÉRUM D ANIMAUX A SANG FROID, par MM. M. Hanrior et L. Camus. Dans la dernière séance, l’un de nous (1) a été amené à rappeler que bon nombre d’expérimentateurs avaient étudié l'influence de la tempé- ralure sur les ferments indépendamment de son action sur la fermenta- tion, et qu’en ce qui concerne la lipase nous avions de notre côté réalisé celte étude. Les résultats auxquels nous sommes arrivés et que nous considérons comme exacts ne présentent rien d’analogue avec le fait indiqué par M. Pozerski; jamais nous n'avons vu le ferment croître en activité à la suite d’un chauffage préalable. Il est vrai, comme l’a jJuste- ment fait remarquer Dastre, que nous opérions à des températures dif- férentes de celles de M. Pozerski et que ce phénomene aurait pu nous échapper puisque notre sérum provena:i d'animaux à température voi- (1) Hanriot, Influence de la température sur les ferments. Comptes rendus Soc. de Biol., LIN, 58 ; 19 janvier 1901. SÉANCE DU 26 JANVIER 81 sine de 40 degrés. Dans le but de compléter notre étude pour les tem- pératures inférieures à 40 degrés, nous avons récemment recherché com- ment se comporte la lipase des ne à sang froid. Nous avons opéré avec du sérum d'anguille et avec du sérum de gre- nouille préalablement portés à 35 et 40 degrés ; nos dosages ont été fails à la température du laboratoire, soit 15 degrés environ, sur des quan- tités variables de sérum. Les chiffres suivants représentent le nombre de gouttes d’une solu- tion de carbonate de soude à 5 grammes par litre nécessaire pour neu- traliser l’acide butyrique mis en liberté dans les mêmes conditions de temps et de température. EXPÉRIENCE À EXPÉRIENCE B Tee EN CR. PO S ÉD LDONN OUT NAN ULICMEMEEPM EURE 20 19 29 26 — d'anguille chauffé 15 minutes à 35 degrés. 18 19 29 29 — — — 15 — à 40 — 20 18 28 29 EXPÉRIENCE EXPÉRIENCE EXPÉRIENCE C D E CC ne A = Sérum normal de grenouille, . . . . 6 6,5 SIM 208 12 SÉAUE d- grenouille chauffé 15 inatee à 35 degrés. . . . RANGS LEONE RON Y) 12 Sérum de grenouille Chatte. 15 ifates ADEME ngRe ES ER TN AE DAT 7 8 8 12 Ces résullats, qui confirment ce que nous avions vu antérieurement, n'ont bien entendu de signification qu'autant que se trouve exacte l'hypothèse vraisemblable d’où nous sommes partis, à savoir, que ces animaux n'ont jamais subi l'influence d’une [cmpéralnne de 35 ou 40 degrés. SUR LES RAPPORTS DES GRÉGARINES AVEC L'ÉPITHÉLIUM INTESTINAL. Note de M. Micuez Siepcecri (de Cracovie). Dans un travail précédent (Pull. int. Acad. Sc. de Cracovie, déc. 1899), nous avons fait connaître le développement sporogonique d'une gréga- rine (Monocystis ascidiæ R. Lank) : accolement de deux individus adulles, enkystement, formalion de ‘sporoblastes, leur conjugaison isogumique aboutissant aux sporocystes, maluration de ces derniers. Nous voulons aujourd’hui résumer brièvement les faits que nous avons acquis relativement aux rapports des grégarines avec l'épithélium intestinal. La question est d'actualité puisque, tout récemment, Léger -el Duboscq ont mis en doute, sinon l'existence de grégarines à stades 82 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE intracellulaires, tout au moins la généralité de ce processus, et Laveran et Mesnil ont fait connaitre le premier exemple précis d’une action hypertrophiante exercée par une grégarine sur la cellule-hôüte. La Monocystis ascidiæ passe la plus grande partie de sa période de croissance tout entière dans une cellule de l'épithélium intestinal du tunicier qu'elle infecte, Ciona intestinalis. Dès les stades les plus jeunes, la grégarine a les caractères de l’adulte que nous avons fait connailre dans notre mémoire précité; elle croît donc en restant sem- blable à elle-même. Le fait sur lequel nous désirons surtout appeler l'attention est l’action qu'elle exerce sur la cellule-hôte. On constate d’abord un léger élargis- sement de la cellule et une hypertrophie très nette du noyau qui devient vacuolaire; sa chromatine se condense presque entièrement en un gros grain central. À mesure que la Grégarine grossit, l'hypertrophie de la cellule s'accentue ; son protoplasme n'a plus la densité ni l'homogénéité de celui des cellules normales ; il est parsemé de vacuoles claires. Le noyau est rejeté dans un coin de la cellule et prend la forme d’un cerois- sant tout en restant hyperlrophié. Aux stades suivants, la cellule acquiert des dimensions considérables; sa largeur est dix ou vingt fois celle d’une cellule normale ; le noyau est maintenant en voie d’atrophie ; on à un croissant très chromatique de plus en plus mince. La grégarine occupe la plus grande partie de la cellule ; son grand axe est dirigé dans le sens de la largeur de la cellule et elle est située au voisinagé de la membrane basilaire qui sépare l’épithélium intestinal du système sanguin environnant. À l'hypertrophie de la cellule, succède done l’atrophie. o Plus tard, les cellules épithéliales voisines de la cellule contaminée 4 viennent se rejoindre par leurs plateaux ; le parasite se trouve refoulé en arrière et, poussant devant lui la membrane basilaire, il vient se loger dans une poche limitée par cette membrane et qui fait hernie dans. le système sanguin. Là, il continue à croître, et la plaie de l’épithélium se referme d'elle-même. Accidentellement, la membrane basilaire peut se rompre et le parasite tombe alors dans le système cireulatoire ; nous en avons observé dans le cœur d’une jeune Ciona parfaitement trans- parente. ÂVormalement, le parasite adulte passe entre les cellules intes- tinales et vient tomber dans la lumière de l'intestin. Là, secondairement, il peut se mettre en contact avec une cellule ; grâce à son pseudopode antérieur, il s’accole, comme par une ventouse, au plateau de cette cellule; aucune portion n’est intracellulaire. À ce stade, il n'exerce aucune action hypertrophiante sur la cellule; nous avons simplement noté que la cellule paraissait plus mince, son protoplasme plus con- densé. C'est seulement ce dernier stade où le parasite est tout entier extra- SÉANCE DU 26 JANVIER 83 cellulaire que nous avons observé chez un Pterocephalus des scolo- pendres d'Italie, voisin de celui que Léger a fait dernièrement connaitre sous le nom de P{. Giardi. Son épimérile est composé de nombreux filaments; renflés à la base, et qui s'insinuent entre les cellules épithé- liales. Comme l’a fort bien fait remarquer Léger, le parasite semble en relation avec l’épithélium par une quantité de radicelles ; on se rend bien compte, sur les coupes tangenlielles de l'épithélium intestinal, de la position intercellulaire de ces filaments ; ils paraissent formés de protoplasme condensé et non de chitine comme le pense Léger; le ren: flement basilaire est cannelé. Le Péerocephalus, ainsi attaché à l'épi- thélium intestinal, n'exerce pas d’action particulière sur les cellules : mais, par ses nombreux filaments, il détermine une action d'ensemble et fait converger les régions tournées vers la lumière de Fintestin de toutes les cellules. À quoi est due l’action hypertrophiante sur la cellule-hôte? Nous ne pensons pas qu'il s'agisse d’une action mécanique du parasite, comme le croit Schaudinn ; et nous en voyons la raison en ce que : 4° le noyau s'hypertrophie le premier; 2° dans le cas décrit par Laveran et Mesnil, il y a seulement une très faible portion de la grégarine intra- cellulaire. L'action nous paraît plutôt d'ordre chimique; les produits d’excrétion du parasite passent dans la cellule-hôte et déterminent son irritation. Ni toutes les coccidies ni toutes les grégarines n'exercent d'action hypertrophiante. Cela lient sans doute à ce qu’un second fac- teur entre en jeu, la sensibilité de la cellule-hôte aux produits irritants (venimeux si l'on veut) excrétés par le parasile. Il n'y a hypertrophie que si ces produits sont capables de modifier les échanges normaux de la cellule. Souvent, seule, la cellule parasitée réagit; mais l’action du parasite peut être assez forte pour amener une réaction des cellules voisines, une prolifération de l’épithélium; et cette prolifération peut être assez intense pour entrainer celle du tissu conjonctif environnant. On arrive alors à la production de tumeurs telles que l’adénome du foie du lapin. Nous avons done un enchaîinement de phénomènes tel que l’un d'eux est la cause immédiate du suivant. Et il peut arriver que, si l’on s'adresse à un stade avancé, les premiers chainons semblent manquer; on peut, par exemple, ne plus trouver le parasite dans la tumeur, et pourtant c'est lui qui a été la première cause, effacée maintenant, du phénomène que l’on a sous les yeux. . B10LOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 84 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE PARASITISME INTRACELLULAIRE ET LA MULTIPLICATION ASEXUÉE DES GRÉGARINES, par MM. Maurice Cauzcery et Féux MESNis. Les recherches de ces dernières années ont fixé d'une façon précise le cycle évolutif des Coccidies : mulliplication asexuée intracellulaire (schizogonir, stades à mérozoiles); croissance et différenciation de gamètles mâles et femelles; conjugaison hétérogamique conduisant à la formalion de sporoblastes, puis de sporocystes à sporozoïles (sporogonie). Toute la période de croissance des éléments asexués et des gamètes est intracellulaire. Il était indiqué de chercher les mêmes termes dans l’évolution des Grégarines. Siedlecki a montré récemment que le pro- cessus sexué au cours de la sporogonie a lieu seulement au stade de sporoblastes et qu'il y a isogamie. Quant à la schizogonie, nous en avons signalé le premier exemple (Soc. Biologie, 17 janvier 1898) chez une grégarine cœlomique d'une annélide marine; elle est intracellulaire. Tout dernièrement, Léger a décrit une grégarine à schizogonie extra- cellulaire (Soc. Bivlogie, 25 octobre 1900). La question de la schizo- gonie se rattache à celle de l'existence et de la durée des stades com- plètement intracellulaires dans l'évolution des grégarines. Nous les examinerons simultanément. | En associant les faits publiés jusqu’à ce jour avec ceux que nous ont fournis nos études sur les Grégarines des Annélides, nous croyons pou- voir élablir Les catégories suivantes : Le I. Certaines Grégarines n’ont aucun stade intracellulaire (Léger et Duboseq, ( omp'es rendus de l'Acadsmie des sciences, 4 juin 1900). Sal s'agil d'une grégarine cœlomique, le sporozoïte « traverse sans sy arrêter » l’épithélium intestinal (Diplocystis major du Gryllus domesticus). Dans le cas d’une grégarine intestinale (Pyxima Môbuszi de la larve d'Anthrenus museorum), le sporozoïte se fixe à une cellule épithéliale seulement par une pointe qui, en grossissant, devient l'épimérite (seule portion comprise daus la cellule). Léger et Duboscq pensent « qu'un stade intracellulaire est plutôt exceplionnel chez les grégarines. » C'est. là, suivant nous, une conclusion trop étendue et, en tout cas, inapph- cable aux Grégarines des Annélides. IT. D'autres Grégarines. sans avoir aucun stade entièrement intracel- lulaire, onul, au début de leur croissance, une grande partie de leur corps dans la cellu!e-hôte. C’est dans cette portion intérieure que se trouve d’abord le noyau; il passe ensuite dans la portion extracellulaire qui grossit de plus en plus, et 1a partie intracellulaire devient l’épimérile. Cest le cas étudié par Bütschli chez Clepsidrina blattarum. Nous le SÉANCE DU 26 JANVIER 85 retrouvons dans une grégarine intestinale de Scolelepis fuliginosa (4) Clpd. (Annélide de la famille des Spionidiens) appartenant au genre Doliocystis Léger : les stades jeunes n'ont que le tiers ou le quart de leur corps hors de la cellule-hôte. III. Chez un troisième groupe, pendant une période de croissance assez courte, le parasite est tout à fait intracellulaire, puis perce le plateau de la cellule-hôte, fait hernie et ne reste plus attaché à elle que par son épimérite. C'est le cas décrit par Aimé Schneider dès 1882 et devenu classique. Nous l'avons relrouvé dans un Selenidium de Cirra- tulus cirratus (2) à épimérite gros et sphérique. Laveran et Mesnil (Soc. Biologie, 9 juin 1900) en ont fait connaitre un nouvel exemple chez Pyxinia Frenzel. — En somme ce type diffère peu du précédent chez lequel il y a peut-être un stade complètement intracellulaire, mais très fugace, et qui aurait échappé à l’observalion. IV. Les Grégarines, telles que la Monocystis ascidiæ dont Siedlecki trace l’histoire intracellulaire dans la note qui précède, se comportent différemment. Il y a chez elles une phase intracellulaire très longue, puis la grégarine, tout entière et sans transition, quitte la cellule-hôte. C'est ce que nous montre aussi un Selenidium de Scolelepis fuliginosa qui croît presque jusqu à l’état adulte dans les cellules épithéliales de l'intestin, où on le reconnait facilement par la structure de son noyau et de son protoplasme et ses myonèmes nombreux, puis tombe dans la lumière du tube digestif. Une espèce très voisine, le Selenidium de Spio Martinensis, se comporte de la même façon. V. Enfin, dans une dernière catégorie, les phénomènes précédents se compliquent de schizogonie. La grégarine est d’abord intracellulaire et petite; son noyau se multiplie, elle se partage en un certain nombre de mérozoïtes qui sortent de la cellule-hôte, comme dans le para- graphe IV. C'est ce qui arrive dans Gonospora longissima, ainsi que nous l’avons décrit. Nous en signalons aujourd’hui un nouvel exemple chez un Selenidium apiati et à un seul gros myonème, que nous rencontrons chez Scolelepis fuliginosa. Le parasite intracellulaire, d'abord en forme de croissant, prend peu à peu la forme sphérique; en même temps, son noyau se multiplie ; la sphère se résout en un barillet schématique de 7 à 8 y de hauteur et composé d'une douzaine d'éléments avec un petit reliquat polaire. Les mérozoïtes ainsi formés se séparent, tombent dans (1) Cette Annélide nous a fourni diverses Grégarines dont il est question ici : 1° le Doliocystis du paragraphe II; 2° un Selenidium à myonèmes nombreux (16-30), à section SM (v. paragr. IV); 3° un Selenidium très aplati, avec un gros myonème s’arrêtant chez les formes adultes au milieu de la longueur et donnant à la section transversale une forme légèrement en T (v. parag V.). (2) Caullery et Mesnil, in Miscellanées biologiques dédiées au professeur ire Trav. Lab. Wimereux, t. VII. 1899. Contrairement à ce que nous Dos alors, l'épimérite reste intra-cellulaire (v. infra). 86 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la lumière de l'intestin, s’accolent par leur pointe aux cellules intesti nales et croissent en restant extracellulaires. Nous avons suivi cette évolution en détail et sans lacunes. Cette observation confirme l’exis- tence de la schizogonie intracellulaire dans le groupe des Grégarines. “Ce qui ressort le plus clairement de l'exposé précédent est l'extrême variété des rapports entre les grégarines et l’épithélium intestinal: On a tous les degrés, depuis le développement entièrement extracellulaire (1) jusqu’à la croissance presque complètement intracellulaire (IV, Mono- cyslis ascidiæ, etc.), avec schizogonie intracellulaire possible (NV). Ces élapes conduisent aux Coccidies, où la croissance est tout entière intra- cellulaire et la schizogonie générale, mais où l’hétérogamie a remplacé lisogamie (1). Notons que des espèces très voisines par leur habitus adulte peuvent différer notablement au point de vue des rapports avec l’épithélium intestinal. Tels sont, par exemple, les Selenidium (voir parag. IL, IV, V); Pyxinia Mübuszi rentre dans la catégorie I (Léger et Duboscq), P. Fren- zeh dans la III (Laveran et Mesnil). La schizogonie, quand elle existe, n’a pas davantage un siège fixe. Elle est intracellulaire (Gonospora longissima, parag. NV) ou extracellu- laire {Schizocystis gregarinoïides, Ophryocystis, Léger). Comme certaines Coccidies et beaucoup d’autres Sporozoaires, les Grégarines sont capables de déterminer une hypertrophie de la cellule- hôte. Laveran et Mesnil en ont fait connaître un exemple (Soc. Bio- logie, 9 juin 1900). Siedlecki vient d'en signaler un second. Le Seleni- dium à épimérite sphérique de Cirratulus cirratus dont il a été question de plus haut en fournit un troisième. Contrairement, en effet, à ce que nous avons cru, cet épimérite, dont le diamètre atteint 50 uw, reste intra- cellulaire. La cellule qui l'héberge et qui a 5 à 6 u de largeur à l’état normal se distend considérablement et prend la forme d’un cône dont le sommet est sur la membrane basilaire de l’épithélium. Le proto- plasme devient clair et vacuolaire, le noyau grossit; sa chromatine se condense presque entièrement en un gros grain central. Il prend sou- vent la forme d’un croissant qui coiffe la Grégarine. Les autres Grégarines étudiées par nous ont une action moins netteet surtout moins constante. Ainsi, le Selenidium à nombreux myonèmes de (1) Nous nous demandons si les parasites intestinaux des Annélides que nous avons désignés dans des communications antérieures sous le nom de Coccidies et où, malgré de très nombreuses observations sur des types divers, nous n'avons jamais observé que des stades à mérozoïtes et des stades de croissance mononucléaires, ne sont pas des types intermédiaires entre les Coccidies et les Grégarines; Coccidies par leur croissance complètement intra- cellulaire, Grégarines par l'absence de microgamètes et probablement, par suite, par une conjugaison isogamique. SÉANCE DU 26 JANVIER 81 Scolelepis (parag. IV) n’a pas d'action hypertrophiante quand il est intra- cellulaire; quand il est devenu extracellulaire, il s’accole parfois à une cellule intestinale par son extrémité antérieure et détermine alors une hypertrophie de cette cellule et de son noyau. Les stades intracellu- laires du Selenidium aplati de Scolelepis n'exercent aucune action; et ce n’est qu'exceptionnellement que les stades extracellulaires produisent l'hypertrophie. Enfin, le Doliocystis de Scolelepis n’agit, et encore fai- blement, qu'à un stade avancé de sa croissance. Peut-être, confor- mément à l'hypothèse émise par Siedlecki, la cellule intestinale de l’Annélide en question est-elle particulièrement peu sensible à l'action des produits excrétés par le parasite. L'étude des rapports des Grégarines avec l’épithélium intestinal, très négligée depuis les travaux déjà anciens de Bütschli et de Aimé Schnei- der, mérite donc d'attirer l'attention. Elle constituera un chapitre très intéressant de parasitisme intracellulaire. SUR L'AGGLUTINATION DU SIAPHYLOCOCCUS AUREUS PAR LE SÉRUM D'ANIMAUX VACCINÉS ET INFECTÉS, par MM. Josepx Nicoras et Cu. LESIEUR. . M. le professeur J. Courmont (1) à constaté que si l’on cultive du staphylocoque pyogène dans du sérum de lapin vacciné avec le préci- pité alcoolique de cultures en bouillon de ce microbe, la végétation se fait en grumeaux séparés et non en trouble uniforme. Plus récemment, Silvestrini (2), étudiant le sérum de deux malades atteints d'infection staphylococcique, est arrivé aux conclusions suivantes : 1° le sérum du sang d'individus atteints d'infections staphylococciques a le pouvoir d’agglutiner les cultures de leurs microbes respectifs ; 2 la réaction agglutinante est une réaction d'infect'on; 3° la présence du microbe dans le sang n’est pas un empêchement à la réaction agglutinante du sérum sur la culture en bouillon du microbe. Ayant à notre disposition une certaine quantité de sérum d'une chèvre immunisée contre le staphyiocoque pyogène par des injections sous-cutanées répétées de cultures en bouillon de cet agent, il nous à semblé intéressant de rechercher l’action de ce sérum sur le staphylo- (1) J. Courmont. Sur les propriétés bactéricides ou microbiophiles du sérum de lapin, suivant que cet animal est vacciné contre le staphylocoque pyosène ou prédisposé à cette infection. Archives de Physiologie, janvier 1895. (2) R. Silvestrini. Pouvoir agglutinant du sang sur les cultures en bouillon de staphylocoque dans deux cas d'infection staphylococcique. Riforma medica, 16 juin 1898. S8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE coque ayant servi à l’immunisation, et aussi sur d’autres staphyloco- ques. Nous avons essayé comparativement l’action du sérum de chèvre normale et celle du sérum de lapins ou de cobayes infectés par le staphylocoque pyogène par voie sous-cutanée ou par voie intravei- neuse. I. — Nous avons examiné l'influence du sérum de chèvre immu- nisée : 1° sur des cultures en bouillon déjà développées; % sur des cultures en voie de développement. a) Cultures développées. — L’addition du sérum de chèvre vaceinée à des ‘cultures en bouillon du staphylococcus aureus ayant servi à l’immunisalion produit une ne nette du mierobe. Cette agglutination est appréciable à 1/10 en 2 heures, et devient nette à 4/20 en 16 heures, à 1/30 en 24% heures, à 1/50 en 48 heures Elle est per- ceptible à l'œil nu par la formation de grumeaux qui se déposent rapidement avec éclaircissement du bouillon. Au microscope, on cons- tale la formation de vastes amas de cocci, déjà après 2 heures de contact; à 1/10 tous les cocei sont groupés en amas; à 1/50, un certain nombre de cocci restent isolés ou en diplocoques. Il n’y a pas d’agglu- lination à 1/100. Le sérum de chèvre normale est sans action. Ces phénomènes s’observent lorsqu'on utilise une culture en bouillon agée de 24 heures. Les cultures àgées de 3 jours, 5 jours, et celles retirées de l’étuve après 24 heures, mais conservées à la température du laboratoire depuis plusieurs jours, donnent des résultats moins nets. b) Cullures en voie de développement. — Si l’on ajoute du sérum de chèvre vaccinée à du bouillon ordinaire dans des proportions variant de 1 /10 à 1/500, si l’on ensemence ensuite le sepoyocoque dans ces milieux que l’on porte à l’étuve à 37 degrés, voici ce qu'on observe. Alors que le bouillon pur donne un trouble uniforme avec voile léger, le bouillon additionné de sérum jusqu’à 1/100 donne des grumeaux qui tombent immédiatement au fond du tube, en laissant le liquide de culture absolument limpide. De 1/200 à 1/500, il se forme encore un dépôt pulvérulent, il y a des grumeaux en suspension, mais le liquide reste louche. Des cultures faites comparativement dans du bouillon additionné de sérum de chèvre normale donnent un trouble uniforme. | IT. —- Nous avons tenté d’agglutiner trois autres staphylocoques, ayant les caractères du staphylocoque blanc et provenant, l’un du sang d'une adénie, un autre d'une ostéomyélite, et le dernier d’un cobaye mort dans le laboratoire. Celui provenant de l’ostéomyélite à été agglu- tiné à 1/20 en 2% heures et jusqu'à 1/30 en 3 jours. Les deux autres n'out pas présenté d'agglutination. [IT. — Enfin, nous avons essayé d'agglutiner notre premier staphy- locoque avec du sérum de lapins et de cobayes infectés par lui. Des SÉANCE DU 26 JANVIER 89 lapins ont été inoculés dans le sang et dans le tissu cellulaire avec des cultures de ce microbe. Des essais d'agglutination ont élé praliqués avec le sérum de ces animaux 24 heures, 3 jours, 8 jours, 11 jours, 28 jours et 40 jours après le début de l'infection. Les résultats sont toujours demeurés négatifs. Conclusions. — Le sérum d’une chèvre immunisée par des injections sous-cutanées répétées de cultures d’un staphylococeus pyogenes aureus a déterminé l’agglutination de ce microbe. L’agglutinalion paraît variable avec les échantillons de staphylocoque utilisés, comme l'un de nous l’a déjà vu pour le bacille de Loeffler. Le sérum d’animaux infectés d’une facon aiguë ou subaiguë ne pro- duit pas l’agglutination, même du staphylocoque infectant. Contrairement aux idées de M. Silvestrini, l’agglutination du staphy- locoque, du moins expérimentalement, semble donc plutôt être le témoin des réactions de défense de l'organisme que d'une réaction d'infection, dans la limite toutefois où ces phénomènes sont disso- ciables. Elle se rapproche par là de ce que l'un de nous a vu pour le bacille de Lœæffler, de ce que P. Courmont a constaté pour le bacille d'Eberth, et de ce que plus récemment M. Griffon a observé pour le pneumocoque. : (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing.) ÉTUDE SUR LE POUVOIR BACTÉRICIDE ET ATTÉNUANT POUR LE STAPHYLOCOQUE PYOGÈNE DU SÉRUM D'UNE CHÈVRE VACCINÉE AVEC DES CULTURES DE CEF AGENT MICROBIEN, par MM. Josepn Nicoras et Cu. LESIEUR. Notre maître, M. le professeur J. Courmont (1), a constaté il y a quel- ques années que le sérum de lapins vaccinés par injection du précipité alcoolique extrait des cultures en bouillon du staphylocoque pyogène est doué d’un certain degré de pouvoir bactéricide à l'égard de cet agent pathogène; mais il a vu surtout qu'après avoir végété pendant plusieurs générations dans du sérum de lapins ainsi immunisés, le staphylocoque est notablement diminué dans sa virulence. Dans la présente note nous rapportons des résultats identiques que nous avons obtenus en employant non plus du sérum de lapin immu- (1) J. Courmont. Sur les propriétés bactéricides ou microbiophiles du sérum de lapin, suivant que cet animal est vacciné contre le staphylocoque pyogène ou prédisposé à celte infection. Archives de physiologie, janvier 1895. 90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —_—_—_—_——_—————————aEaELaLEéaéaEEl nisé avec le précipité alcoolique de cultures en bouillon de staphylo- coque, mais du sérum d'une chèvre vaccinée par des injections sous- cutanées longtemps et fréquemment répétées de cultures en bouillon complètes et jeunes de ce microbe. Nous avons étudié d’abord le pouvoir bactéricide proprement dit, puis le pouvoir atténuant de ce sérum. I. Pouvoir bactéricide. — Nous avons ensemencé tous les 5 jours en sénérations successives du staphylocoque pyogène; 1° dans du sérum de chèvre vaccinée; 2° Dans du sérum de chèvre normale, comme terme de comparaison. Tandis que ce dernier n'a nullement entravé, au contraire, même après 10 générations, le développement de l'agent microbien, le sérum de chèvre vaccinée a produit, dès la 4° génération, une diminution notable dans l'abondance de la végétation qui dès la première génération s'est effectuée sous l’aspect de grumeaux et non en trouble uniforme comme dans le sérum normal. Cependant, même après le 10° passage dans ce sérum de chèvre vaccinée, les cultures étaient encore posi- tives. Ce sérum semble donc entraver légèrement la végétation du staphylocoque, sans la supprimer. Son pouvoir bactéricide proprement dit est en somme peu marqué. IT. Pouvoir atténuant. — Avec des cultures de staphylocoque pyogène faites comparativement dans du sérum de chèvre vaccinée, nous avons inoculé comparativement un certain nombre de lapins dans le sang. Les uns recevaient une dose déterminée de culture faite en sérum normal; . d'autres la même quantité de culture faite en sérum de chèvre vaccinée ; d'autres enfin recevaient la même dose de culture en sérum normal. que les premiers, puis la même quantité de sérum de chèvre vaccinée que les seconds pour déterminer ce qui dans la survie des animaux du second lot de lapins devait être attribué à l’action préventive seule du sérum injecté. es Deux expériences ont été faites dans ces conditions. Dans la première, ces animaux ontreçu chacun 0 c. c.75 d’une culture de 24 heures dans la veine marginale de l'oreille. Les résultats ont été les suivants : Pour le premier lot, la mort est survenue vers le 6° jour; les reins élaient farcis d'abcès miliaires. Pour le second et le troisième lot, les animaux sacrifiés au 25° jour présentaient des lésions à peu près semblables : abcès du foie et des reins. La seconde expérience nous a donné des résultats bien plus nets; car nous avons inoculé aux animaux une quantité plus considérable (2 c.c.) de cultures plus âgées (3 jours). Cette fois le lapin de la 1° série (culture en sérum normal) est mort en 2 jours 4/2; celui de la 2° série (culture en sérum normal et injection isolée de sérum de chèvre vaccinée) est mort en 5 jours 1/2; quant au représentant de la 3° série (culture en sérum de chèvre vaccinée), il vivait encore après 15 jours. SÉANCE DU 26 JANVIER 94 Ces expériences semblent bien démontrer que la culture du staphy- locoque pyogène dans le sérum de notre chèvre vaceinée à atlénué notablement sa virulence, ét que la part qui revient à l'action vacci- nante seule du sérum dans la survie du lapin de la 3° série est peu con- sidérable, la part capitale revenant sans doute à l’allénuation du virus. C'est ce que tend à prouver la survie moindre du lapin de la 2° série. Conclusions. — Le sérum d'une chèvre vaccinée par dés injections sous-cutanées répétées de cullures complètes en bouillon et jeunes de staphylocoque pyogène paraît doué à l'égard de cet agent pathogène de propriétés bactéricides évidentes mais peu accusées. Son action atté- nuante paraît plus marquée. (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing). ALTÉRATIONS RÉNALES CONSÉCUTIVES À L'INTOXICATION AIGUE PAR LE VENIN DE SCORPION, par M. L. Launoy. Pour exécuter ces recherches, je me suis adressé au venin du Buthus occitanus. Dix expériences ont été exécutées, dont six sur des rats ou souris, trois sur la grenouille et une sur un moineau. De ce nombre, J'ai “éliminé celles dans lesquelles la survie de l'animal a dépassé dix mi- nutes, renvoyant, pour les lésions plus tardives observées dans le foie et le rein, au récent travail de M. Novak sur la même question (1). Exp. I. — Souris. Survie, 3 minutes. Examen histologique : hémorragies inter-canaliculaires légères, sans localisation appréciable. Les glomérules, les tubes droits et tubes collecteurs ont été peu atteints; dans ces derniers, il faut néanmoins indiquer la structure granuleuse du protoplasme cellulaire et une tendance marquée vers la vacuolisafion. Dans les Tubuli contorti, la nécrose est plus avancée, le cytoplasme est nettement granuleux et, dans nombre de cellules, on remarque une vacuole le plus souvent concentrique au noyau. Certaines cellules ont augmenté de volume, leur turgescence n'étant pas suffisante, d’ailleurs, pour en occasionner la rupture; dans la lumière canaliculaire, irrégulièrement rétrécie, se montre un exsudat hyalin ou gra- nuleux, fortement coloré par les colorants plasmatiques, et dans lequel se peuvent rencontrer des granulations chromatiques. Les noyaux sont peu atteints, ils ne présentent guère qu'un léger degré de déformation et de la chromatolyse. Exe. II. — Souris. Survie, 7 minutes. Exp. IT. — Rat. Survie, 6 minutes. (1) Etude des lésions histologiques produites dans l'organisme par le venin des serpents venimeux et des scorpions, in Ann. Inst. Pasteur, 1898. 99 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———————————___—————— Les lésions dans ces expériences sont identiques; je donne iei celles observées dans l'expérience [IT. Exp. III. — Examen histologique : dans les glomérules, lésions de glomé- rulite grave ; entre la capsule et le glomérule, on constate un abondant exsudat séro-albumineux dans lequel se trouvent épars les noyaux de l’endo- thélium capsulaire et des globules du sang provenant d’hémorragies intra- capsulaires ; il peut se produire de l’éclatement de la capsule de Bowman. Dans les Tubuli contorti, à côté de certains tubes, en petit nombre, d'appa- rence normale, se trouvent tous les stades de nécrose épithéliale. 10 Lésions légères. — Stade correspondant à celui, décrit par l'expérience I : cellules turgescentes, vacuolaires, à cytoplasme plus réfringent et granuleux ; la bor- dure en brosse n’est point altérée, elle est seulement soulevée par la poussée sarcodique et a laissé transsuder un exsudat granuleux coagulé dans la lumière ou établi en réseau dont les mailles emprisonnent, disposées sans ordre et de grosseur variable, des granulations chromatiques, fixant avec intensité le colorant nucléaire. 2 Lésions graves. — La turgescence des cellules atteint son maximum, et la lumière canaliculaire est complètement obstruée ou réduite à une simple fente; chromatolyse prononcée ; à un stade plus avancé, la bordure en brosse est détruite et les cellules éclatent mélant dans la lumière du canal leur contenu cytoplasmique; le noyau, peut, dans ce cas, rester en place ou être projeté avec le cytoplasme; cette karyolyse est surtout manifeste au stade suivant : l’épithélium est alors détruit quoique le tube ne se montre Jamais complètement desquamé, les cloisons cellulaires deviennent difficilement appréciables, et dans les tubuli se montre une masse hétérogène constituée par un magma granuleux criblé de granulations chromatiques ; les noyaux peuvent cependant n'être que déformés, ils prennent, en ce cas, une forme de croissant à concavité plus ou moins accentuée ; ces granulations et les noyaux fixent toujours d’une facon remarquable les colorants nucléaires: . ‘pyknose du noyau) (1): il n’y a pas trace de dégénérescence graisseuse. Les tubes droits et tubes collecteurs ont subi une nécrose moins profonde. Leurs cellules sont turgescentes et vacuolaires; il y a de la chromatolyse parfois, mais rarement de la karyolyse. Par Ces expériences ont été répétées sur un oiseau et plusieurs gre- nouilles. Avec ces dernières je n'ai obtenu qu'une intoxication subaiguë, les Batraciens, comme on sait, présentant une résistance plus grande au venin. Chez ces différents animaux, les lésions ont été exactement sem- blables. En résumé : Dans l’intoxication aiguë par le venin de scorpion (enve- nimation buthoïque) quelle que soit l'espèce animale, on constate de la glomérulite grave et des hémorragies, de la vacuolisation du réticulum cytoplasmique des cellules dans les tubuli contorti, de la chromatolyse (1) Lindemann. Sur le mode d'action de certains poisons rénaux, in Ann Inst. Pasteur, 1900, p. 109. SÉANCE DU 26 JANVIER 93 et de la karyolise. Ces constatations sont une preuve nouvelle (1) de la rapidité avec laquelle les éléments histologiques peuvent se modifier sous l'influence d'un poison actif, capable d'occasionner, à doses infini- tésimales, une mort foudroyante (2). (Laboratoire d'anatomie comparée du Muséum.) LA DIALYSE CELLULAIRE PAR LES VAPEURS DE LIQUIDES ORGANIQUES NEUTRES, CHLOROFORME, ÊTHER, ETC., par M. RaPrAEL DuBois. Dans la séance du 12 janvier dernier, de la Société de Biologie, M. Dastre a bien voulu rappeler que j'avais appliqué ce que j'ai appelé la déshydratation chloroformique à l'explication de l’anesthésie, mais que ce n’était pas une simple déshydratation. Lorsque j'ai découvert et signalé le premier que des fruits, des œufs, des plantes (echeveria), des tissus quelconques en présence des vapeurs d'éther, de chloroforme et d'autres liquides organiques neutres lais- saient transsuder des gouttelettes liquides, je n'ai point dit quil s’agis- sait d’une simple déshydratation (voir mes communications sur l'action des vapeurs de liquides organiques neutres sur la substance organisée, Société de Biologie, 1884), mais la perte d’esu subie, dans ces conditions, élait pour moi le fait dominant parce qu'il me permettait de rapprocher de la vie latente par anhydrisation l’action des liquides anesthésiques et de réunir tous ces corps, y compris les alcools, dans une même famille pharmacodynamique, comme on dit aujourdhui. J'ai même constalé avec plaisir que M. Gréhant venait de découvrir que l'alcool élait un anesthésique (3) ! J'ai de nouveau insisté sur ces faits dans mes lecons (4). Je rappelle, entre autres, cette phrase : « Un phénomène semblable se produit avec les oranges soumises à l’action des vapeurs d'éther, en vase clos. Tandis que les plastides à essence de l’épicarpe restent gonflés d'essence, les grands plastides de l’endocarpe laissent échapper en abondance le suc (1) A. Pettit. Lésions rénales consécutives à l'injection de sérum d’anguille, in S c.de Biol., mars 1898; — A. Pettit. Lésions rénales consécutives à l’injec- tion de sérum de congre, in Arch. intern. de Pharma-codynamie, 1901. (2) Pour la technique suivie et le détail des expériences, voir le numéro de janvier, in Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle. (3) Cinquantenuire de la Sociélé de Biologie, p. 120. (4 Voy. Lecons de physiologie générale et comparée, 1898, p. 245, chez Carré et Naud, éditeurs à Paris. 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aqueux dont leur protoplasme est abondamment pourvu : elles ressem- blent alors à des oranges gelées. » J'ai fäit autrefois remarquer qu'elles y ressemblaient aussi par ce fait qu'elles deviennent amères, preuve qu'il y a des déplacements portant sur autre chose que de l’eau. Cette nou- velle remarque me permettait encore de rapprocher l’action des anes- thésiques généraux de celle du froid, de la congélation surtout, qui est employée journellement pour provoquer l’anesthésie locale. Mais, en outre, j'avais noté, dès 1884 (loc. cit.), que, sous l'influence de l’action des vapeurs d’éther, il se formait dans les graines de mou- tarde fraiches ou humides de l'essence de moutarde, ce qui n’arrive pas dans les conditions ordinaires. J'en avais tiré cette conclusion, qui s’im- posait, à savoir, que la myrosine ou synoptase, qui provoque le dédou- blement du myronate de potassium, n’était pas contenue dans les mêmes cellules que ce dernier, mais que par les mouvements d’eau provoqués par les vapeurs anesthésiques, les corps en étaient chassés et mis en présence, d'où formation d'essence de moutarde. Les belles recherches de M. Guignard sur les cellules à ferment des crucifères sont venues plus tard confirmer pleinement l'exactitude de l'interprétation que =, j'avais donnée du fait que j'avais observé, ou plutôt provoqué par suite -de conceptions théoriques que j'exposerai dans une prochaine communt- | cation. _ J’ajouterai qu'en opérant comparativement sur des graines humides et sur des graines sèches, j'avais constaté, dès 1884, que ces dernières échappaient à l’action nocive des anesthésiques, précisément parce que. l’absence d'eau empéchait les déplacements de matériaux constituants dont il vient d’être question. Cette immunité des graines sèches à été récemment découverte de nouveau par M. Henri Coupin, qui l’a signalée à l'Académie des sciences. Il est bien certain pour moi que M. Coupin ignorait mes recherches sur cetle question, car il en eût assurément fait mention dans sa communication. : L'ASTHME DES FOINS; SA NATURE MICROBIENNE, par M. le D' G. Nicnezz AxéLos (de Rhodes). Jusqu'à ces dernières années, de nombreuses théories ont été émises sur l’asthme des foins, mais la genèse de la maladie reste encore enve- loppée d'une profonde obscurité. On admet que les conditions météorologiques et l'influence du pollen existant dans l'air prédisposent l'organisme à l'affection du rhume des foins; le pollen renferme des microorganismes spéciliques , pouvant devenir une cause de développement de la maladie. On est alors obligé # SÉANCE DU 26 JANVIER 95 d'admettre que dans le pollen pullulent des microbes d’une nature tout à fait inconnue. Les propriétés de ces microorganismes jouent un grand rôle sur la muqueuse nasale à cause de la toxine renfermée dans les microbes. Je viens d'indiquer, à propos de l’étiologie, que les principales causes incriminent le pollen susceptible de produire l'asthme des foins. C’est en partant de cette idée que j'ai dirigé mes investigalions. Pour oblenir une conclusion, j'ai exécuté des études microscopiques sur trente-cinq malades chez qui ont été constatés les symptômes de l'asthme des foins. Mes recherches ne m'ont pas amené à déceler la présence des mi- crobes. Toutefois, de persévérants efforts ont abouti à la découverte de micrococcus sporadiquement renfermés dans le liquide visqueux du nez. J'ai observé dans le sang des malades les mêmes micrococcus qui se colorent par les couleurs basiques de violet de gentiane et par la méthode de Gram. Le micrococcus s'’observe tantôt par masses, tantôt isolé ; il est plus obscur à la circonférence et clair au centre. Il croît sur les milieux usuels, surtout sur la gélose, sur laquelle il donne une colonie blanchâtre et luisante, ne liquéfie pas la gélatine spéciale, ne se développe qu’au delà de 24°; la température optima est 28°; à la suite d'injections pratiquées sur le lapin, sous la peau de l'oreille, à l'au- topsie on retrouve le micrococeus dans le sang du cœur. Conclusion. — Explication de l’action pathogénique du micrococcus dans le sang basée sur la théorie suivante. Les micrococeus et la toxine _ agissent sur le nerf vague, et cette excitation provoque une contraction -spasmodique des bronches qui s'étend sur les alvéoles, où survient un Spasme tonique qui oppose à la respiration un obstacle considérable, d’où il suit que l’air aspiré dans les alvéoles a de la peine à s’échapper. Ces troubles respiratoires sont suivis de manifestations irrégulières de la fonction du cœur, et cela par suite de l’hématose incomplète. Telles sont les données qui nous paraissent les plus caractéristiques et qui parlent en faveur de cette conception de l'asthme. Il est hors de doute que dans ces circonstances il existe une corrélation entre les affections des fosses nasales et l'asthme qui est dù à l'existence des microbes. NOTE SUR LES DIASTASES DU SUBERITES DOMUNEULA (SPONGIAIRES), par M. Juces Corte (de Marseille). Les ferments solubles des éponges ont été encore peu étudiés; les travaux de Krukenberg et de Fredericq sur leurs ferments digestifs, de Krukenberg qui en a retiré une amylase, de Griffiths qui y a reconnu la présence d'une pancréatine, de Loisel qui à trouvé une oxydase dans 96 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la spongille, constituent à ma connaissance la bibliographie de la question. Voici ce que m'ont appris quelques recherches sur le Suberites domunceula, qui seront ultérieurement publiées en détail. Elles ont été faites à l’aide du suc de cet animal, obtenu par expression et constam- ment maintenu en présence d'un excès de chloroforme (ou d’éther dans certaines expériences); des essais de contrôle ont été faits chaque fois avec du sue bouilli, additionné du distillat recueilli pendant cette opé- ration, et ensemencé avec le suc normal pour éliminer toute cause d'erreur possible due aux microorganismes. 1° La présence d’une oxydase n’a pas pu y être décelée d’une façon certaine. Le Suberites (suc et tissus), ainsi que le Cydonium gigas et le Tethya Lyncureum, n'a jamais verdi une teinture chloroformique récente de gaïac. Les polyphénols ne m'ont pas donné de résultats probants, et le sue bouilli ne s’est pas montré dépourvu d'action sur eux. 2 La présence d’un ferment réducteur, antagoniste des oxydases, n'est pas mieux démontrée : les nitrates ne sont pas transformés en nitrites, la réduction de l’arséniate de soude et du bleu de méthylène ne fournit aucun renseignement utilisable. 3° Les hydrates de carbone (amidon cru et cuit, saccharose) sont hydratés par le suc, principalement en présence des acides. Gette action diastasique doit peut-être être rapportée à des algues parasites, mais il n'est pas impossible qu'elle appartienne à l'éponge, du moment que l'amidon a été signalé par Carter dans les gemmules de cet animal. Le . Cydonium gigas possède le même ferment, le Tethya m'en a paru dépourvu. 1° Il y a aussi une lipase dédoublant avec rapidité la monobutyrine ie la glycérine ; elle ne paraît pas nepnmoee par la présence d'une petite quantité d’alcali. 5° La gélatine est liquéfiée par le suc de Suberites, de préférence en milieu alcalin. Le suc de Tethya possède le même pouvoir, qui parait manquer au Cydonium. 6° Des flocons de fibrine qui semblent être restés réfractaires à l'action du suc de Suberites (la réaction du biuret est cependant devenue posi- tive sur le liquide employé) se dissolvent lentement lorsque, après avoir été abondamment lavés, ils sont mis dans de l’eau distillée surmontée d'une couche d'’éther. Alors que la première attaque semblait peu influencée par l’alcalinité ou l’acidité de Ia liqueur, celle-ei serait peut- être plutôt basophile. Résultats de même ordre pour le Cydonium et le Tethya. L'albumine coagulée subit également une attaque très légère, mais n'entraine pas avec elle le ferment que lui enlèvent facilement les eaux de lavage. | 1° Le Suberiles renferme aussi une présure acidophile; des expé- SÉANCE DU 26 JANVIER 97 riences en cours me font également admettre la présence d'une caséase ; celle-ci est peut-être le même ferment que la protéase liquéfiant là géla- tine et le ferment digestif précédeniment cité. Quant à la présure, son rôle est à discuter. La plupart de ces diastases peuvent être rapportées au Suberites lui- même, et non aux algues parasites. La cause d’erreur due à la présence des amphipodes à été écartée le plus possible par la dissection des indi- vidus examinés. Quant aux animaux difficiles à apercevoir à l’œil nu, ils ne doivent pas fausser les résultats dans de bien grandes pro- portions. | Il est intéressant de constater que ces diastases, dans le milieu com- plexe où elles ont été étudiées, paraissent moins sensibles à l’état alcalin ou acide du liquide que ne le sont beaucoup d’autres ferments connus. | (Travail du laboratoire de M. le professeur Jourdan, Faculté des sciences de Marseille.) LA PHAGOCYTOSE DU BACILLE D'ÉBERTH ET LE PROCÉDÉ DU VÉSICATOIRE, par M. le professeur Mayer (de Lyon). J'ai lu avec intérêt la note que M. le D' Maurel a publiée dans le numéro du 4 janvier 1901 des Comptes rendus de la Société de Biologie à propos de notre étude de la phagocytose du bacille d’'Eberth par le procédé de la sérosité du vésicatoire et j'ai étudié à nouveau avec soin ses travaux antérieurs. Je reconnais sans hésitation que M. Maurel a constaté longtemps avant moi ce phénomène par son procédé. Je me permettrai éependant de lui demander quelques éclaircissements sur les conditions dans lesquelles il a observé. Comment peut-il, alors qu'on ne voit certainement que de très rares leucocytes disséminés parmi la multitude des globules rouges dans un champ microscopique de ses préparations, constater la manière dont les globules blanes se comportent vis-à-vis du bacille d'Eberth encore plus difficile à bien distinguer en l’absence de coloration artificielle, alors qu’il faut une observation très attentive pour voir les leucocytes en conflit avec ces microbes dans un milieu éminemment favorable, où il n y a que des globules blancs en grand nombre et des bacilles? Comment peut-il affirmer la leucolyse après la phagocytose dans des conditions d'observation si difficile ? La valeur du procédé que je préconise provient de conditions beau- coup plus aptes à la constatation des phénomènes. 98 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les leucocytes sont en grand nombre, dans un milieu ne portant aucune atteinte à leur vitalité, sans aucun mélange avec les hématies pouvant masquer les transformations dont ils sont le siège et l'action réciproque de ces éléments et des microbes. Si le procédé de M. Maurel ne montre dans le champ du microscope qu'un nombre excessivement faible de leucocytes, l’autre moyen employé jusqu’à ce jour pour les obtenir en grand nombre (diapédèse provoquée dans le péritoine des animaux par des microbes vivants ou morts) ne donne que des éléments déjà altérés et qui ne sont pas ceux de l'homme, condition essentielle pour juger leur rôle dans l'injection chez lui. Il faut, il est vrai, certaines précautions pour employer notre technique et je dois compléter son exposé. Il est peu pratique de chercher à recueillir la sérosité du vésicatoire sur des malades. On s'expose trop souvent à ce que les phlyctènes soient rompues ou que leur contenu ait passé à la purulence; on ne peut en outre opérer le plus souvent dans le laboratoire où l'expérience est préparée. Il est infiniment préférable d'appliquer le vésicatoire sur un sujet sain, l'observateur lui-même ou un. de ses assistants voulant bien se prêter à l'expérience. Sans doute cela cause un désagrément, mais il est très léger, car il suffit d'un vésicatoire de la dimension d’une pièce de deux francs. Son application sur le thorax préalablement rasé ne produit qu'une douleur insignifiante. Il importe de bien protéger la phlyctène par du diachylon fortement adhérent autour du vésicatoire. te La durée de l'application varie suivant l'âge des sujets et l’irritabilité de leur peau par la cantharide. Au lieu de dix heures, durée que j'avais indiquée autrefois, c'est après dix-huit ou vingt heures chez un sujet sain et jeune qu'on obtient le liquide le plus riche en leucocytes bien vivants et aptes à la phagocytose. Simultanément un sujet âgé ne nous a fourni souvent que des leuco- cyles abondants, mais morts ou peu mobiles. Il faut souvent renouveler les essais avant de réussir et l’on a plus de chance d'y arriver en appliquant simultanément des vésicatoires sur plusieurs sujets. M. Bertrand, mon collaborateur, n’a jamais hésité à donner cette preuve de dévouement à la science. Nous espérons, tout en admirant les patientes recherches de M. Mau- rel, que notre procédé permettra beaucoup plus facilement de les eom- pléter. Je ne puis d’ailleurs indiquer actuellement, dans cette note, toutes les observations qu’elle facilitera. J'y reviendrai ultérieurement. SÉANCE DU 206 JANVIER 99 SUR LE DÉDOUBLEMENT DES GLUCOSIDES PAR L'EXTRAIT AQUEUX D'ORGANES ANIMAUX, par M. E. GÉRaR». D'après Morrigia et Ossi (1), l’amygdaline ingérée dans l’estomac se dédoublerait, sous l'influence du suc intestinal, surtout chez les herbivores, en aldéhyde benzoïque, acide cyanhydrique et glucose. MM. Laveran et Miilon (2) ont également observé la décomposition dans l’économie d’un autre glucoside, la salicine, dont les produits d’élimi- nation recherchés dans les urines sont l’aldéhyde et l'acide salicylique. Dans une note parue en 1896 (3), nous avons montré que cette décomposition de l’amygdaline s’effectuait d’une façon très active par l’action d’une macération aqueuse d’intestin grêle d'animaux et que les microbes de l'estomac sécrétaient une enzyme agissant comme l’émul- sine vis-à-vis de certains glucosides. Du reste MM. Fermi et Monii- rano (4) ont cité antérieurement certains microorganismes ayant la pro- priété de décomposer l’amygdaline. Cette présente note a pour but de rechercher si les macérations aqueuses de rein et de foie de cheval ne renferment pas un ferment soluble susceptible d’hydrolyser les glucosides. Voici nos expériences : On prépare des extraits aqueux avec le rein lavé par une injection prolongée d’eau distillée faite par les vaisseaux de l’organe excisé. Pour cela on prend la partie corticale et décolorée du rein lavé que l’on pulpe et que l’on met en macération avec son poids d’eau distillée additionnée de chloroforme pour empêcher l’envahissement des microorganismes. On filtre après un séjour de vingt-quatre heures dans une étuve chauffée à 40 degrés. On dispose ensuite les mélanges suivants : À. — 100 centimètres cubes d'extrait aqueux limpide de rein lavé sont additionnés de 0 gr. 25 de salicine et de 2 centimètres cubes de chloroforme. B. — 100 centimètres cubes du même extrait sont portés à l’ébullition et additionnés, après refroidissement, de 0 gr. 25 de salicine et de 2 centimètres cubes de chloroforme. Les deux lots sont placés à l’étuve chauffée à 40 degrés. Au bout de vingt-quatre heures les liquides refroidis sont agités séparément avec l'éther; la liqueur éthérée de chacune des expériences À et B est décantée et évaporée; le résidu est soumis à la réaction de la saligénine. 1) Archives italiennes de Biologie, t. XIV, p. 436. 2) Ann: de Phys. et de Chim. [3], t. XIL, p. 145. 3) C. R. Société de Biologie [10], t. I, p. #4. ) BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 8 100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le lot À donne nettement une coloration bleue avec le perchlorure de fer, tandis qu'avec le lot B, bouilli, la réaction est négative. Ces expériences ont été plusieurs fois répétées, non seulement avec le rein de cheval, maïs aussi avec le rein de lapin: on a toujours obtenu les mêmes résultats que ceux que nous venons d'indiquer. Nous avons ensuite essayé de séparer le ferment par l’alcool; à cet effet, on a précipité l'extrait aqueux de rein lavé par cinq fois son poids d'alcool absolu. Le précipité recueilli, lavé à l’alcool, est desséché dans le vide et il est remis en dissolution dans de l’eau chloroformée. Cette solution aqueuse hydrolyse nettement la salicine et si, avant l'addition du glucoside, on la soumet à l’ébullition, on n’observe plus ensuite aucun dédoublement. Le rein lavé de cheval et le rein de lapin renferment donc un ferment soluble, agissant comme l’émulsine, sur la salicine. Nous avons renouvelé ces expériences avec l'extrait aqueux filtré de foie de cheval; celui-ci dédouble très facilement la salicine. Mais, fait spécial, si on précipite l'extrait aqueux de foie de cheval par l'alcool, dans le but de séparer le ferment, on obtient un précipité qui reste inactif vis-à-vis de la salicine. Nous avons pu seulement observer une très faible hydrolyse du glucoside avec le précipité par l'alcool d'extraits aqueux de foie obtenus avec de l’eau additionnée de chlorure de sodium, de carbonate de soude, ou encore d'extraits aqueux de pulpe de foie préalablement soumise à la digestion par la papaïne. Ajoutons que l’action hydrolisante de l'extrait aqueux de foie de cheval s'exerce encore vis-à-vis de l’amygdaline dont l’un des produits de dédoublement, l'acide cyanhydrique, a été nettement mis en évidence. La présence de cette enzyme dans différents organes animaux est à rapprocher dés expériences de M. E. Bourquelot et de son élève, M. Hé- rissey, qui ont montré que l'émulsine est un ferment soluble extrême- ment répandu dans le monde végétal. - Il semble, d’après des expériences en cours et qui feront l'objet d’une note ultérieure, que le ferment soluble des organes étudiés n’agit que sur certains glucosides, ce qui pourrait venir augmenter les faits nou- veaux qui ont conduit M. Hérissey (1) à la notion d'espèces variées du genre de l’émulsine. (Travail du laboratoire de chimie biologique de la Faculté de médecine de Toulouse.) (4) E. Hérissey. Recherches sur l’émulsine, Thèse, Paris, 1899. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris -— Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. & 101 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1901 M. Pixoy et Mile Dexsusranu : Action du cantharidate de potasse sur la cellule ner- veuse.— M. le Dr S. ArrTauLr DE Vevey : Trois observations de s/omatile érucique provoquée par les chenilles de Liparis chrysorrhæa L. — M. le Dr S. ArRTAULT DE Vevey : Pseudo-parasitisme du « Chelifer cancroïdes » chez l’'homme.— M. WLagrr : Contribution à l'étude du traitement des tumeurs malignes et des parasites de cette affection. — M. Borrez : (Discussion), — M. G. Leven : Fixité du taux de l'urée chez les adultes normaux dont le régime alimentaire reste le même. — M. ETIEnne RagauDp : Evolution morphologique de l’encéphale des cyclopes. — MM. P. Nosécourt et Bicarr : Des propriétés agglutinatives comparées du sérum sanguin et des sérosités pour le B. d'Eberth au cours des infections réalisées par la voie sous-cutanée et la voie péritonéale. — M. F. DÉvÉ : Des greffes échino- cocciques. — M. F. DÉvÉ : Du siège sous-séreux des greffes échinococciques péri- tonéales. — M. Jacques PELLEGRIN : Durée de la vie et perte de poids chez les ophi- diens en inanition. — M. Maurice Niccoux : Sur la capacité respiratoire du sang du fœtus à diverses périodes de la vie fœtale. — M. E. JEANSELME : Le tokelau dans l’'Indo-Chine française. — MM. Cu. Acxarp et L. GaiLLarD : Expériences sur la perméabilité du rein sain ou malade à la caséine. — MM. J. CLuzer et H. FRENKEL (de Toulouse) : Recherches sur la tension superficielle des urines. — M. RAPHAEL Dusors : Sur la dialyse cellulaire appliquée comme procédé de recherche de l’ac- tion des zymases dans l’intérieur des tissus. Présidence de M. Netter, vice-président. ACTION DU CANTHARIDATE DE POTASSE SUR LA CELLULE NERVEUSE, par M. Pnoy et M'° DENSsusraAnu. Vis-à-vis de la cantharidine, on peut diviser les animaux en deux groupes : d’une part, ceux qui sont sensibles, comme l’homme, le chien, le lapin, le cobaye; d'autre part, ceux qui sont insensibles, comme le hérisson, la poule. Jusqu'ici, dans l’empoisonnement cantharidien, on a surtout fait res- sortir l'importance de la lésion rénale. Or, chez les animaux sensibles, la lésion rénale est insuffisante pour amener une mort aussi rapide (un cobaye de 600 grammes après l'injection sous-cutanée d’un milligramme de cantharidate de potasse meurt au bout de trois ou quatre heures), et vouloir expliquer, comme a voulu le faire Gubler, l'indifférence de la poule par une neutralisation du poison au niveau du rein, nous parais- sait peu admissible. Comme les phénomènes nerveux qui précèdent la mort sont très Brozoaie. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 9 41092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = intenses chez les animaux intoxiqués par la cantharidine, nous avons cherché dans une autre direction et nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas plutôt une action élective du poison sur la cellule nerveuse. Deux méthodes s’offraient à nous pour vérifier notre hypothèse : la méthode histologique, consistant à examiner par la méthode de Nissl les. cerveaux de cobayes empoisonnés par le cantharidate en injection sous- cutanée; la méthode des injections intra-cérébrales, méthode qui a servi à MM. Roux et Borrel pour étudier l’action de la morphine chez le lapin. a) La méthode de Nissl nous à montré qu'il y avait en effet lésions intenses des cellules nerveuses. On peut observer toutes les phases de la destruction de la cellule nerveuse : vacuolisation, dissolution granu- leuse des corpuscules de Nissl, disparition du noyau. Les lésions sont d'autant plus intenses que la dose de cantharidate injectée est plus forte et que la mort a eu lieu en un temps plus court. b) La méthode des injections intra-cérébrales, que nous avons employée sur le conseil de M. Borrel, n’est pas moins démonstrative. Il suffit d’un décimilligramme, par cette voie, pour tuer en deux heures un cobaye. L'animal meurt après avoir présenté tous les symptômes nerveux terminaux que l’on observe dans le cas d'empoisonnement par la voie sous- cutanée. Il y a d’abord hébètement, l'animal tourne indifféremment sur lui- même, puis prostration, tremblements, enfin excitation, secousses tétaniques, fortes convulsions cloniques; l’animal tombe sur le flanc et meurt dans le coma. À l’autopsie, pas de lésion rénale, l'urine ne contient pas d’albumine, mais on retrouve la congestion de tous les organes. L'absence de lésion rénale s'explique parfaitement : la quantité de cantharidine qui s’élimine est insuf- fisante pour la provoquer. 1/100 de milligramme tue encore le cobaye avec les mêmes symptômes, les , mêmes lésions à l’autopsie. Seulement l'animal vit plus longtemps, plus de huit heures. 1/1000 de milligramme n’a aucune action. 2 Nous avons recherché, dès lors, si l'indifférence de la poule était réelle ou apparente, si elle se comportait envers la cantharidine comme le lapin envers la morphine. Il n’en est rien. L’indifférence de la poule est réelle: eile tient à l’immunité de sa cellule nerveuse. Une injection de 4 milligrammes de cantharidate de potasse dans le cerveau d’une poule ne provoque absolument aueun symptôme. Ainsi, c'est de la cellule nerveuse que dépendent la sensibilité ou lin différence des animaux vis-à-vis de la cantharidine. SÉANCE DU ? FÉVRIER 103 TROIS OBSERVATIONS DE Slomalile érucique PROVOQUÉE PAR LES CHENILLES DE Liparis chrysorrhæa L., fpar M. le D'S. ARTAULT DE VEVEY. Hope désigne sous le nom de Scoleciasis les accidents provoqués par des chenilles sur le tube digestif de l’homme, accidents d’ailleurs bénins et qui constituent plutôt des curiosités cliniques que des faits intéres- sants au point de vue médical. Il s’agit le plus souvent de chenilles ou de chrysalides ingérées avec des fruits ou des légumes et ayant provo- qué des vomissements ou de la diarrhée. On en a publié déjà de nombreuses observations. D'autre part, l’action irritante de certaines chenilles sur la peau est bien connue. Les ZLiparis, Cul-brun, Cul-doré, Zigzag, les Processionnaires, et quelques autres lépidoptères ont des chenilles dont les glandes cutanées sécrètent une substance irritante qui, au simple contact de la peau de l’homme, suffit à provoquer des éruptions érÿthémateuses prurigineuses, plus ou moins généralisées. On trouve sur ces faits et sur les discussions qui s’enga- gèrent entre naturalistes au sujet de leur cause une bibliographie à peu près complète dans le traité de Raphaël Blanchard (1), ce qui me dis- pense d'yinsister. Mais jusqu'à présent on n’a signalé cette action irritante de chenilles -ou de leurs sécrétions que sur la peau. Or, j'ai eu l'occasion d'observer l'année dernière, à trois reprises, chez des enfants, des accidents de stomatite provoqués par des fruits contaminés de la poussière et des poils irritants de la chenille du Cul-brun (Ziparis chrysorrhæa). Les caractères de cette stomatite, qui s’est dans trois observations présentée sous la même forme, sont assez nets et spéciaux pour en faire une espèce nosologique particulière, de diagnostic facile. Je propose pour la désigner le nom de s{omatite érucique, de erucæ, chenilles urti- cantes, malgré la priorité de l'expression de Hope, parce qu'il serait moins euphonique de dire stomatite scoléciasique. Voici les caractères propres à cette stomatite : Sans prodromes généraux, sans angine prémonitoire, sans fièvre, le” malade a les lèvres légèrement tuméfiées ; la muqueuse des gencives et des joues, le palais sont Le siège de petites zones érythémateuses, légère- ment saillantes, portant de petits groupes de pointillé rouge, dont quelques points sont ulcérés, et présentent absolument l'aspect des aphtes. Mais ces aphtes, dont les plus grands ne dépassent pas le dia- mètre d’un grain de chènevis, sont irrégulièrement groupés sur les zones érythémateuses et de taille différente, les pius petits à peine perceptibles, (1) R. Blanchard. Trailé de zoologie médicale, t. IL, p. 539, 1890. 4104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à côté d’autres qui ne sont que de petiles macules d’un rouge vif non encore ulcérées. Fait singulier et remarquable comparé aux caractères des aphtes ordinaires et surtout à l’action si sensible des sécrétions des chenilles sur la peau, où les démangeaisons sont vives et presque douloureuses, ces ulcérations sur la muqueuse buccale sont presque indolores et, malgré leur étendue et leur nombre, ne gênent pas du tout la mastica- tion. - Cependant, la salivation est augmentée, l’haleine sans odeur. Les ulcérations restent stationnaires, superficielles, avec ce fond blanc gri- sâtre pseudo-membraneux caractéristique des ulcérations buccales en général, et n'ont pas la tendance des aphtes à s’élargir. Au bout de quatre à cinq jours toute la muqueuse de la plaque érythé- mateuse qui les porte se desquame et les ulcérations s’effacent ainsi en même temps sans laisser de trace. À aucun moment, il n y a de symptômes généraux ni de retentisse- ment ganglionnaire. Cette forme de stomatite m'a paru absolument typique, et à défaut de commémoratifs le diagnostic peut s’en faire facilement. En interrogeant les enfants, sur qui seuls jusqu’à présent elle a été observée, on apprend qu'ils ont mangé queique temps auparavant des cerises ou des groseilles. Je cite ces deux fruits parce que ce sont les seuls que j'aie vus en cause, parce que ce sont les seuls que l'enfant puisse prendre à pleine bouche, et surtout parce que seuls ils sont mûrs: au moment où les chenilles sont dans leur période de développement, d'activité, de mue et qu’on les voit courir sur les fruits. Il en résulte qu’on n’observera guère cette stomatite que dans les mois de mai à juillet et que le diagnostic occasionnel présenterait peut-être des difficultés dans les centres urbains si on n'en était pas prévenu, car on ne trouve généralement pas apparent, sur les fruits importés, le cofps du délit. Aussi est-ce bien le hasard d’un séjour à la campagne qui m'a mis sur la voie de cette origine animale. Dans les trois observations, j'ai traité l'affection par la teinture de myrtille, qui est le véritable médicament des stomatites en général, comme je le le montrerai prochainement. Il se pourrait en tout cas, bien que je ne l’aie pas observé chez d’autres malades, que la desquamation rminale de l'affection chez les enfants fût due à l'application répétée, quatre à cinq fois par jour, de cette teinture sur la muqueuse jeune et tendre de leur bouche. Quoi qu’il en soit, son application n’est pas dou- loureuse et l'enfant n’éprouve de sensation de brûlure légère qu’au premier badigeonnage. Le SÉANCE DU ® FÉVRIER 105 PSEUDO-PARASITISME DU « CHELIFER CANCROÏDES » CHEZ L'HOMME, par M. Le D’ S. ARTAULT DE VEVEY. En 1878, je recueillis un jour un Chelifer cancroïdes sur la tête d’un enfant de douze ans, qui fréquentait une école communale à la campagne et dont la chevelure hébergeait une tribu nombreuse du Pediculus capitis. Le fait m'avait paru étrange, car bien que déjà versé dans l’entomo- logie, je n'avais lu ni trouvé nulle part une observation de parasitisme du pseudo-scorpion. Considérant donc ce cas comme accidentel, puis- qu'il n’était signalé par aucun auteur et que je ne l’avais plus observé depuis de longues années, je n’y attachais pas d'importance et n’en aurais jamais parlé, si en 1893,et plus récemment,en 1897, je n'avais eu l’occasion d'en observer deux nouveaux cas: une fois à la campagne, encore chez un enfant malpropre dont la chevelure inculte et poudreuse portait un nombre énorme de lentes et offrait, sous ses fourrés épais, l’abri à de gros poux, et une autre fois, à Paris même, sur la tête d’une petite fille atteinte de pédiculose impétigineuse de tout le cuir chevelu, avec croûtes épaisses, suppuration abondante, odeur fétide, et qu'on avait renvoyée pour cela de l'école communale. Il y avait un Chelifer dans le premier cas et deux dans le second. Certes, la malpropreté de ces enfants et du milieu où ils vivaient pourraient expliquer à la rigueur la présence accidentelle du Chelifer sur leur tête ; mais bien d’autres enfants vivant dans les mêmes condi- tions, que j'ai observés depuis systématiquement, . n'en présentaient point. C'est qu’aussi bien leur chevelure était loin d’être aussi richement giboyeuse, et je considère donc que le Chelifer, qui vit toujours dans la poussière des vieux meubles, les détritus et les ordures, à l’affût des acariens ou autres mites dont il vit, ne s’y installait pas faute de res- sources suffisantes. Au contrairé, dans les trois cas où je l’ai rencontré, il y avait pédicu- lose très intense, une fois même très grave, et c’est à la richesse de ces têtes en poux, de tout âge et de toute taille, qu’il faut attribuer l’émigra- tion du Chelifer sur le corps de l’homme. Sa présence n’y constitue donc pas à proprement parler une étrangeté. C'est seulement un cas de pseudo-parasilisme intéressant. Comme le Chelifer est essentiellement carnivore et se nourrit d’acariens et de petits insectes, il n’est pas douteux qu'il ne se soit installé sur ces enfants pour vivre de leurs poux. Cependant je ne les ai point observés à l'œuvre et ne les ai point vus s'attaquer aux Poux, dont quelques-uns étaient aussi gros qu'eux, en particulier sur la tête de la petite Pari- sienne impéligineuse. Il est plus probable qu'ils font surtout la guerre aux jeunes et peut: être aux œuis. 106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU TRAITEMENT DES TUMEURS MALIGNES ET DES PARASITES DE CETTE AFFECTION, par M. WLAEFF. Plusieurs auteurs, comme on le sait, ayant trouvé différentes inclu- sions dans les cellules pathologiques ‘des néoplasmes malins, ont pris ces inclusions pour des coccidies et ont créé une théorie, que. les coccidies seraient des agents producteurs de ces néoplasmes. Mais depuis quelque temps ces auteurs se sont vus obligés de modifier, en partie du moins, leur manière de voir; d'une part, parce qu'aucun d’entre eux n’a réussi à isoler ces parasites des tumeurs de l’homme; et d'autre part, on n'a pas pu reproduire l'affection sur des animaux. C'est pourquoi le traitement des tumeurs malignes était purement empirique, comme l'était le traitement de la diphtérie avant la décou- verte du sérum antidiphtérique. C'est ainsi qu'on a essayé et que l’on essaie encore les remèdes les plus variables : l’arsenie, l’iode, le. magnésium, etc. On a également essayé les divers sérums obtenus en immunisant des animaux par les streptocoques, comme l'avait fait Emmerich, ou bien on prenait le sérum des animaux auxquels on avait inoculé une émulsion provenant de tumeurs de l’homme, ulcérées et non ulcérées, comme l'avaient fait Richet et Héricourt. Après Busse, qui avait isolé en 1894 une culture pure des blastomy- cètes virulents de la tumeur d'une femme atteinte d'un sarcome- ramolli, les cliniciens constataient de plus en plus souvent la présence: de ces parasites dans nombre de processus pathologiques et notamment dans les tumeurs malignes. Personnellement j'ai eu l’occasion de constater ce fait que les blas- tomycètes sont capables de provoquer la prolifération des cellules épithéliales et de devenir ainsi le point de départ des tumeurs à type épithéliomateux (1). En immunisant des animaux par ces blastomy- cèles, j'ai obtenu un sérum qui guérissait les animaux infectés; j'ai pu constater aussi la présence de ces blastomycètes dans les tumeurs et dans le suc des tumeurs malignes. J'ai pu aussi obtenir également une culture pure de ces blastomycètes dans un sarcome d’une jeune fille, dans le contenu d’un sarcome de l’ovaire d’une femme, dans un cancer de la langue d’un homme de quarante-deux ans et, enfin, dans un sarcome des joues d’un jeune homme. (1) Des pièces histologiques des tumeurs de cette nature ont été présentées par moi, au XIII Congrès international de médecine, à MM. les professeurs Ziegler et Baumgarten, qui- tous les deux parlageaient l'opinion de MM. les professeurs Cornil et Ranvier, Borel et Polesco. Ceux-ci ont reconnu dans la tumeur présentée à leur examen un adénome cylindrique typique. SÉANCE DU 2? FÉVRIER 107 Deux de ces cas ont été observés par moi dans le service de M. le D" Reynier, deux autres dans celui de M. le professeur Berger. Me basant sur l’ensemble des données de la littérature el sur mes observations, j'ai procédé au traitement des malades atteints de néo- plasmes malins. J'ai eu l'honneur de communiquer ici même une partie des résultats oblenus {1). Cette communication attira l'attention du professeur Richet, qui, à la séance du 7 décembre dernier, compara mes résultats aux siens. Il trouva ces résultats identiques et réclama la priorité pour son procédé. Pour moi, la différence, quant aux résultats obtenus par le traite- ment entre mes malades et ceux de M. Richet, est notable. Presque tous mes malades, avant d’être soumis au traitement par mon sérum anli- cellulaire, avaient été opérés plusieurs fois et le processus morbide était bien avancé chez tous ces malades, bien que tous les remèdes eussent été essayés; tous, ils ont été incontestablement atteints de néoplasmes malins; et malgré cela, l'amélioration persiste chez plusieurs d’entre eux depuis plus de huit mois; quelques-uns, chez lesquels la maladie n’était pas trop avancée, se portent tout à fait bien. Je ne par- lerai pas de la différence de réaction constatée dans les tumeurs aussi bien que dans tout l'organisme, car tout le monde la reconnait (MM. Ber- ger, Reynier, Lucas-Championnière, Faure, etc.). En outre, parmi les - malades de M. Richet, il y en avait qui n’élaient atteints que de tuber- culose (2); pour d’autres, le diagnostic n'était pas certain. Dans un autre ordre d'idées, la différence réside encore en ceci, que MM. Richet et Héricourt, immunisant leurs animaux par l’émulsion de tumeurs malignes de l’homme uicérées, contenant toutes sortes de bactéries, aérobiques et anaérobiques, cultivables et non cultivables, il est tout naturel que dans cette émulsion il se trouvait des parasites des néo- plasmes malins. Que si M. Richet trouve une analogie entre ses résultats et les miens, ses expériences ne font que confirmer cette opinion que les blasto- mycètes doivent être les vrais parasites des néoplasmes malins, car en immunisant des animaux par la culture pure des blastomycètes viru- lents isolés des tumeurs malignes, on obtient un sérum plus efficace, et c'est là aussi l'opinion de MM. Berger et Le Dentu (3), Reynier (4). D'un autre côté, il est risqué d'’injecter les tumeurs avec toutes leurs bactéries aux animaux dont le sérum pourrait inoculer à l'individu (1) Comptes rendus de la Société de biologie, 1900, 7 décembre. Journal de médecine de Paris, 1901, n° 3. (2) La Sérothérapie, historique, état actuel, par M. Héricourt, Paris, 1899, DH: (3) Bulletin de l’Académie de médecine, 1900, n°$ 43 et 44. (4) Bullelins et Mémoires de la Société de chirurgie, 1900, n° 36. 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE déjà malade des bactéries non cultivables. Car nous observons des tumeurs chez des personnes atteintes de syphilis, tuberculose et autres affections. Me fondant sur ces faits que : 1° les blastomycètes virulents isolés des tumeurs malignes de l'homme provoquent chez les animaux l’appa- rition de tumeurs à évolution rapide et même à type épithéliomateux; 2° grâce au traitement par le sérum des-animaux immunisés, les rats, les singes et les souris infectés revenaient à la santé ; 3° par l'injection du sérum aux malades atleinls de tumeurs malignes, on oblient une réaction nette, tant du côté de l'organisme entier que du côté de la tumeur même, j'arrive à cette conclusion que les blastomycètes viru- lents peuvent être la cause des néoplasmes malins et que le sérum des animaux immunisés doit être considéré à l'heure actuelle comme un des meilleurs traitements à opposer à cette affection. Le sérum des oies normales ne donne pas cette réaction. M. BorRez. — Dans la dernière séance, M. Wlaeff a lu à la Société une note intitulée : Contribution à l'étude du traitement des tumeurs malignes et des parasites de cette affection. Voici les observations que me suggère cetle note que la Société m'a chargé d'examiner. Les résultats obtenus par l’inoculation aux cancéreux de sérum d’oies immunisées contre des levures sont peut-être excel- lents (c'est affaire aux chirurgiens ou médecins traitants de les appré- cier), mais le procédé de traitement des tumeurs malignes préconisé par M. Wlaeff mérite le reproche que l’auteur fait à ses prédécesseurs ; dans la thérapeutique du cancer, il reste un procédé empirique, parce que M. Wlaeff admet comme démontré, sans en donner de preuve con- vaincante, que le parasite des tumeurs cancéreuses est une levure. Il y a actuellement une théorie blastomycétienne du cancer comme il y à eu une théorie coccidienne; ni l’une ni l’autre ne sont démontrées. Les figures qui jadis avaient servi à étayer la théorie coccidienne servent maintenant à soutenir la théorie des levures. Chez l’homme, on a bien signalé des levures pathogènes, mais les réactions produites n’ont rien de commun avec le cancer. On à inoculé aux animaux des levures variées et on a obtenu des lésions qui constiluent surtout des réactions inflammatoires à évolution plus ou moins rapide. M. Wlaeff a même montré une fois, au voisinage d’un exsudat inflam- matoire à levures dans le péritoine du rat, la prolifération de l’épithé- lium intestinal inclus dans la tumeur à levures; il y a eu production d'un véritable adénome. est là le seul fait intéressant sur lequel s'appuie l’auteur pour expliquer toute l'étiologie des tumeurs malignes: or, il s'agit ici d'une tumeur dite bénigne, d'ailleurs la coccidie du lapin provoque SÉANCE DU ® FÉVRIER 109 BR EEE TT aussi la formation d’adénomes ; pourtant les essais de démonstration du rôle des coccidies ne paraissent pas encore près d’aboulir. La prolifération du tissu épithélial sous l'influence de quelque pro- duit sécrété par une levure est un fait intéressant, mais la conclusion dépasse de beaucoup les faits lorsqu'on veut en conclure que le parasite du cancer est une levure et lorsque M. Wlaeff veut en faire la base d'un traitement spécifique du cancer. D'ailleurs, de quel cancer s'agit-il? Faudrait-il admettre que toutes les tumeurs malignes relèvent de la même cause étiologique? M. Wlaeff traite avec le même succès les tumeurs les plus variées (sarcome, épithéliome, carcinome). On peut attendre avec intérêt, mais non sans une pointe de scepticisme, les résullats obtenus par les chirurgiens qui ont eu recours chez leurs malades à ce procédé de traitement, tout aussi empirique que les autres moyens sérothérapiques dans le cancer. On peut même se demander si les levures inoculées aux oies fournis- sant le sérum thérapeutique jouent un rôle quelconque, et si on n’aurait pas des résultals identiques en inoculant aux cancéreux des sérums d’animaux normaux. FIXITÉ DU TAUX DE L'URÉE CHEZ DES ADULTES NORMAUX DONT LE RÉGIME ALIMENTAIRE RESTE LE MÊME, par M. G. LEVEN. J'ai signalé dans une note antérieure (1) les variations du taux de l'urée chez les enfants normaux dont le régime alimentaire restait le même. Dans les mêmes conditions expérimentales, je n'ai pas retrouvé ces variations chez des adultes normaux, que je viens d'observer. À propos de ma première communication, M. R. Lépine à rappelé ses recherches sur « la périodicité, à type généralement tierce, des maxima de l’urée quotidiennement excrétée (2) ». Le désaccord qui existe entre ses intéressantes recherches et les miennes, tient certainement aux circonstances de l’expérimentation. En effet, il a observé des sujets atteints d’affections chroniques, qu'il laissait boire à leur gré; d'autre part, un de ses animaux était porteur d’une fistule biliaire depuis plusieurs mois. Il a donc étudié des malades. Je me suis adressé à des sujets jeunes, vigoureux, en parfaite santé; l’un a vingt-huit ans, l’autre a vingt-trois (1) Comptes rendus de la Société de biologie, 1900, p. 948. (2) Lépine. Mémoires de la Société de biologie, 1882, p. 6. SE 2 CAD &8'0 TE'ce La SI 00'GF « O€OT _ OOTI 0 La 09 CL OL‘0T 78 ‘0 GT°CE LEUR à OLFT « O£Or ST nee 0 00L &L O6 y 98:0 &9'98 PL 670 ST 9T0F EG NES on 040 €L È . L8'0 96°YE LE a TO‘ VT SON G&Or G8YT SE PAL 0G6 &L (A 38.0 OT EE O8'ET O9'TF 88 F — L&OT GECF OR 069 ©L !8'TI E8"0 SLYE O0'ET 8 07 NES 9ZOF O0GF 54 00L &L 8c &T &8'0 9C'YE &8 GI 8YS'OT Go 9ZOT OST SR ant OGE 81 Gy'OT 98'0 TLCE Cratal 09'07 69 9TOT GYYT Re Ne 00FxèL %0'0T 78'0 EL'TE OVIF A GCof — EtOT OLET ee) ‘O8uy OIL Sue Jimu-JfUIA ‘OWWOH — ‘[] NOILVANHSH( 008 7L ONVF SC date KG LY'GT lobe OT OFOF Re Ur 008 #1 906 &6 0 LOL OL'LY 6c' 91 0 — 1EOP C0 ro 008 YL OL'OF L8'0 &O' GE GG LE aa Je — €COT OLOT RE DOTE A 80 7998 GVYE GIF Ur G&0T CU eee 000 GL 98'YT 88'0 QL'YE (AC) 8YyI M er E£OT CGT 60 000 € 8791 880 GE'8e a 9} (A EG — &£Or ra ee 00€ YL YL'GT 98"0 00'9€ A OT GT CRC ££OT OTTT Re 000 SL 8er L8<0 OT: LE GE'LT 8& GT Me Re ££OT : GCVT te ee 009 Y4 00'€F 880 LRAACTE * OLT GE y EE OEOF GLIF pere 000162 68'LT 160 GY GE 6g€T ETYT bo « G6GT Re hf ‘jofns np ‘Sono 7& SP 12V Sono F& Sop | ‘0007 *d 18107 ‘0007 ‘d \ ©: Rob o0xe op ‘ TE OPA] OP onbidooso {ro HLISN SOUrIn Sp UC DEN uZV GA 4LOZV ae ee re A0 ‘Jlup OITCE ‘SUE S1019-JfUIA ‘OO — ‘[ NOILVAUISA() SÉANCE DU ® FÉVRIER Alt ans. Pendant dix jours pour l’un et pendant neuf jours pour l’autre, le régime alimentaire (aliments et boissons), le travail physique et le travail intellectuel ont été rigoureusement les mêmes. Les analyses de leurs urines que je donne plus loin permettent de considérer l’excrétion de l’urée comme constante, chez l'adulte normal, dont le régime ne varie pas. Une seule fois, dans l'observation IT, le septième jour de l'expérience, il y a un abaissement notable du chiffre de l'urée. Or, ce jour, le sujet a eu de la diarrhée. Dès le lendemain de cet abaissement accidentel, le taux normal reparait. Cette variation est donc essentiellement différente de celles que j'ai observées chez les enfants : chez ces derniers, en effet, le taux moyen ne reparaît que le troisième jour, l’exerétion minima élant toujours suivie d’une excrétion maxima. ÉVOLUTION MORPHOLOGIQUE DE L'ENCÉPHALE DES CYCLOPES, par M. ETIENNE RaBauD. - J'ai précédemment indiqué (1) que l’encéphale des embryons cyclopes se présente partiellement sous la forme d'une plaque dorsale, mal limitée sur le côté, se trouvant en continuité directe avec l’ectoderme latéral et en contact immédiat avec le liquide amniotique. La même disposition se retrouve aussi bien chez les embryons du second jour que chez ceux du cinquième. La partie de l’encéphale ainsi affectée correspond, en général, au cerveau antérieur et au cerveau intermédiaire. Le cerveau moyen, le cerveau postérieur et l’arrière-cerveau sont rarement intéressés. Quelle que soit son étendue, la portion plane de l’encéphale doit se transformer en une vésicule close. La transformation ne s'effectue pas et ne saurait s'effectuer suivant le mode normal, c’est-à-dire par invagi- nation de la lame éncéphalique, entraînant le rapprochement et la sou- dure de ses bords. En fait, la lame reste constamment plane, la consti- tution d’une cavité cérébrale est due à un processus épibolique. Aux environs du troisième jour, les bords latéraux de la lame ner- veuse subissent un mouvement de rebroussement de bas en haut, et se relèvent sous forme de crochet. Et comme le tissu nerveux est en conti- nuité absolue avec l’ectoderme de la paroi du corps, il se produit un (1) Premier développement de l’encéphale et de l'œil des cyclopes, Société de Biologie, 13 janvier 1900. 112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE repli neuro-épithélial à deux feuillets, tous deux extrêmement minces. La croissance de chacun de ces feuillets peut se faire d’une facon égale, aux dépens de leurs éléments propres. Mais il semble que le plus souvent, la multiplication des cellules de l’ectoderme indifférent soit plus rapide que celle de l’ectoderme nerveux. Par suite, lorsque la lon- gueur des replis neuro-épithéliaux a atteint une certaine dimension, la lame interne de ces replisse trouve être en partie nerveuse et en partie épithéliale. Dans tous les cas, la lame interne, constituée par deux ou trois assises d'élément, est toujours relativement mince. Entre les deux lames, s’insinue une petite quantité de tissu con- jonctif. Le phénomène, qui débute assez tard au cours de l’évolution embryon- naire, marche lentement, une fois ébauché. Souvent les replis sont encore très courts, à peine marqués, chez les individus du quatrième jour. Exceptionnellement, la croissance est un peu plus rapide et, grâce à cette circonstance, j'ai pu suivrejusqu'au bout la suite des événements. En s’allongeant, les replis tendent à gagner la ligne médiane; ils l’atteignent, le repli de gauche rencontre celui de droite; il y a contact, puis soudure : la lame externe d'un côté entre en continuité directe avec la lame externe du côté opposé; les lames internes se fusionnent également. Dans ces conditions, les premières, devenant indépendantes des secondes, complètent l’enveloppement ectodermique du corps ; les secondes constituent la voûte de la vésicule cérébrale. Entre les deux existe une couche conjonctive d'épaisseur variable. J'insiste sur ce point, que la fermeture dont je viens de décrire le * mécanisme est une fermeture tardive et due à un processus très lent. Il est également essentiel de remarquer que la voûte cérébrale est tou- Jours extrêmement mince, parce que la prolifération cellulaire, peu active, a plutôt pour objet d’aider à l'allongement des replis qu’à l’épaississe- ment de leurs lames constitutives. Cependant, lorsque le processus est relativement précoce, la multiplication des éléments, une fois accomplie la conjonction des replis, s'effectue en épaisseur et peut donner à la voûte cérébrale un assez grand nombre d’assises. Cette évolution très particulière de l’encéphale explique de la facon la plus heureuse les dispositions qui nous sont révélées par l'examen anatomique de cyclopes nouveau-nés. On sait, en effet, que le cerveau de ces monstres est une vésicule constituée par une paroi inférieure très épaisse et parune mince mem- brane qui tient bien d'hémisphères. Sur cette membrane, il n'y a ni scissures, ni circonvolutions. Les auteurs admettent assez généralement qu'il y a là une disposition secondaire, que l’encéphale vésiculeux provient d’un encéphale normal arrêté dans son développement, et détruit, par surcroît, grâce à l'inter- vention d’un processus hydropique. SÉANCE DU ® FÉVRIER 113 L'évolution embryonnaire que J'expose montre, au contraire, que cette disposition du cerveau des cyclopes est une disposition primitive. Elle montre aussi que les parois de la vésicule peuvent exceptionnellement être assez épaisses : il en sera ainsi chaque fois que, la fermeture de la cavité cérébrale étant assez précoce, la lame interne du repli neuro-épi- thélial pourra proliférer en épaisseur Eien avant le moment de la naissance. En outre, les manières d’être de la boite cranienne des cyclopes nou- veau-nés s'expliquent par la quantité variable de tissu conjonctif logé entre la voûte cérébrale et l’ectoderme cutané. D’une façon générale, les os sont incomplets, quelques-uns tout à fait rudimentaires ; l’ossification est toujours retardée. Il nous paraît que toutes les modalités possibles dans cet ordre de phénomènes sont fonction, à la fois, de la quantité de tissu conjonctif qui a pu s’insinuer entre la lame neurale et la lame épithéliale des replis épiboliques et de la rapidité plus ou moins grande avec laquelle s’effectue la fermeture : les os seront d’autant plus impar- faits que la substance conjonctive sera moins abondante, leur ossification sera d'autant moins avancée qu'ils se seront différenciés plus tard. DEs PROPRIÉTÉS AGGLUTINATIVES COMPARÉES DU SÉRUM SANGUIN ET DES SÉROSITÉS POUR LE B. Db'EBERTH AU COURS DES INFECTIONS RÉALISÉES PAR LA VOIE SOUS-CUTANÉE ET LA VOIE PÉRITONÉALE, par MM. P. Nogécourr et BIGART. Nous avons montré, dans une communication précédente, que la sérosité périlonéale du cobaye normal renfermait exclusivement des leucocytes mononucléaires et éosinophiles. Elle constitue donc un milieu spécial dont l'étude peut renseigner sur le rôle de ces formes leucocytaires dans la production des substances fabriquées par l’orga- nisme au cours des infections. Nous nous sommes adressés à la production de la substance agglu- tinante pour le B. d’Eberth, production dont il est facile d'apprécier l'intensité par la méthode des mensurations. I. — Nous avons recherché le moment où apparaît le pouvoir agglu- tinatif dans le sang, quand on inocule les mêmes doses de B. d’'Eberth à des animaux de même poids, aux uns sous la peau, aux autres dans le péritoine. Chez trois paires de cobayes et une paire de lapins, le pou- voir agglutinatif est apparu dans le sérum dans des délais sensiblement identiques, que l’inoculation ait eu lieu sous la peau ou dans le péri- toine. II. — Dans d’autres expériences, nous avons mesuré à diverses 114 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE reprises, chez des animaux soumis à des inoculations répétées de B. d'Eberth, le pouvoir agglutinatif du sérum, pour rechercher si ce pouvoir variait suivant le mode d’inoculation (peau ou péritoine). L’in- tensité du pouvoir agglulinatif s'est montrée égale, ou peu différente, tantôt en plus, tantôt en moins, chez les animaux des deux séries, péri- tonéale et sous-cutanée. III. — Enfin, nous avons comparé le pouvoir agglutinatif du sérum avec celui de la sérosité péritonéale, recueillie à plusieurs reprises pen- dant la vie, et avec celui des sérosités pleurale et péricardique pré- levées aussitôt après le sacrifice de l'animal. A. Dans une première série de recherches, après avoir vérifié que les sérosités des animaux neufs n’agglutinent pas le B. d’Eberth à 1/10, nous avons inoculé sous la peau des cultures de ce bacille. Dans dix- neuf mensurations comparatives faites sur quatre cobayes et deux lapins, le pouvoir agqlutinatif de la sérosité péritonéale était constam- ment inférieur à celui du sérum, que ce dernier fût faible ou élevé. Par exemple nous avons trouvé les chiffres suivants (dilulion minima à laquelle on observe encore l’agglutination au bout de deux heures de contact avec les cultures) : Sérum —+ à 1/10 Sérosité péritonéale O0 à 1/10 — 1 à 41/0 = — = à 4/40 — + à 1/2000 — — — à 1/300 Les sérosités pleurale et péricardique ont présenté un pouvoir agqlu- tinatif constamment inférieur à celui de la sérosité péritonéale, et, par conséquent, très inférieur à celui du sang. | B. Dans une deuxième série d'expériences, les inoculations étaient faites dans le péritoine. Dans ces conditions, les sérosités péritonéale, pleurale, péricardique, offrent également un pouvoir agglutinatif tou- jours inférieur à celui du sang. Les expériences que nous venons de relater permettent donc de poser les conclusions suivantes : 1° Le péritoine, malgré sa richesse en leu- cocytes mononucléaires et éosinophiles, ne constitue pas un lieu de formation de la substance agglutinante, que le B. d'Eberth soit apporté directement à leur contact par inoculation intra-péritonéale, ou qu'il soit introduit dans l'organisme en tout autre point. Ces expériences confirment donc celles de MM. Widal et Sicard, Achard et Bensaude, P. Courmont, qui ont démontré la non-intervention des globules blancs dans la formation de cette substance. je : 2° La substance agglutinante n’est pas répartie dans la même pro- portion dans les différentes humeurs de l'organisme. Elle est toujours au maximum dans le sérum sanguin; MM. Widal et Sicard avaient déjà constaté ce fait à l’autopsie d’un typhique. Elle est toujours moins abondante dans les sérosités. Cependant, la “ SÉANCE DU 2 FÉVRIER 115 sérosité péritonéale a des propriélés agglutinatives plus marquées que les autres. Peut-être ce fait est-il en rapport avec la teneur plus élevée de cette séreuse en éléments cellulaires, à sa richesse plus grande en vaisseaux et avec les variations fréquentes de l'activité circulatoire dans ces vaisseaux. (Travail du laboratoire de l'hospice des Enfants-Assistés.) DES GREFFES ÉCHINOCOCCIQUES, par M. F. DÉvé. S'il est aujourd'hui bien établi par des observations cliniques nom- breuses et des faits expérimentaux indiscutables, que les vésicules hyda- tiques filles, tombées dans la cavité péritonéale, peuvent se greffer et continuer leur évolution, le fait est par contre très discuté en ce qui concerne deux autres formations échinococciques, de structure et de signification toutes différentes : les vésicules proligères et les scolex. Deux auteurs, von Alexinsky et Riemann, ont récemment tenté de produire la greffe et le développement de ces éléments dans le péritoine du lapin : Te premier obtint 4 résultats positifs sur 7 expériences; le second, dans 3 cas, n'obtint que des résultats négatifs. Nous poursuivons depuis un an, sur ce sujet, des recherches expéri- mentales dont nous apporterons prochainement les résultats. Nous demandons la permission de rapporter dès à présent deux expériences dans lesquelles nous avons obtenu un résultat positif. Exp. I. — Lapin. Le 21 septembre 1900, injection intrapéritonéale de vési- cules proligères et de scolex provenant de kystes du foie d'un mouton (on sait que chez cet animal les kystes éehinococciques ne forment jamais de vésicules filles). L’injection fut faite directement à travers la paroi abdomi- nale avec la seringue de Debove et une aiguille de 026 à Omn7 de diamètre intérieur. L'animal est sacrifié Le 14 janvier 1901 (après 114 jours). Au niveau de la face antérieure du cæcum, tumeur kystique mésurant 6 millimètres de dia- mètre el située sous le péritoine. À la coupe, la cavité est occupée par 9 ou 10 petits kystes, à contenu transparent. Le microscope montre dans les parois de ces différents kystes la structure feuilletée caractéristique des kystes hydatiques. Exp. IL. — Lapin. Le 21 septembre 1900, injection intrapéritonéale de vésicules proligères et de scolex provenant de kystes du foie d’un mouton. L'injection, pratiquée comme dans l’expérience précédente, est faite exacte- ment au niveau de la ligne blanche. 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'animal est sacrifié le 11 janvier 1901 (après 111 jours). On trouve : 1° dans le tissu cellulaire sous-cutané, à la face antérieure de la ligne blanche et au point exact où a pénétré l'aiguille lors de l’inoculation, un groupe de quatre petits kystes accolés, formant une tumeur de 8 millimètres de diamètre ; 2° dans l'épiploon gastrosplénique, une tumeur kystique de 11 millimètres de diamètre, qui, à la coupe, présente dans son intérieur une quinzaine de petits kystes accolés, polyédriques par pression réciproque. L'examen microscopique démontre la nature échinococcique indiscutable de l’une et l’autre tumeur. Ces deux expériences démontrent que les vésicules proligères et les scolex peuvent donner naissance à des kystes hydatiques, ou du moins, elles permettent d'affirmer la formation de kystes aux dépens du mélange : vésicules proligères et scolex. Quelle est exactement la part qui revient à l'un et l’autre germe? C'est là un point sur lequel nous reviendrons ultérieurement, et dont l'intérêt, il faut le dire, est surtout théorique. Quoi qu’il en soit, les résultats que nous avons obtenus dans ces deux cas confirment les conclusions du travail de von Alexinsky et ils véri- fient l'opinion émise récemment par M. Peyrot à la Société de chirurgie, au sujet du développement des kystes multiples du péritoine. Il nous semble inutile d'insister sur l'intérêt de cette notion, qui modifie sensiblement les idées encore classiques en France sur ia bio- logie. du parasite échinococcique. Les applications qui peuvent en être faites à l'histoire clinique et anatomopathologique des kystes hydati- ques sont très importantes. Nos expériences démontrent en particulier la possibilité, déjà admise par Volkmann, du développement de kystes du péritoine à la suite des ponctions (exploratrices ou aspiratrices) des kystes abdominaux; en effet, l'orifice laissé dans ces cas par une aiguille beaucoup plus grosse que celle dont nous sommes servi pour nos inocu- lations, permet largement l'issue de vésicules proligères et a fortiori de scolex. — D'autre part, le premier kyste de notre expérience II cons- titue une reproduction expérimentale parfaite de ces greffes dans la cica- trice, signalées par Billroth en Autriche, et récemment en France par M. Quénu. — Ces expériences montrent surtout la nécessité de protéger tous les tissus au cours des interventions chirurgicales sur les kystes hyda- tiques, et particulièrement la cavité péritonéale, non seulement contre les vésicules filles, mais aussi contre les microscopiques vésicules proli- gères et les invisibles scolex. Nous pensons que le seul moyen prophy- lactique qui permette d'éviter l’échinococcose secondaire post-opératoire consisterait à {uer les germes échinococciques dans le kyste, par une injection tænicide faite avant l'ouverture large de la poche. è _ SÉANCE DU ? FÉVRIER k 117 Du SIÈGE SOUS-SÉREUX DES GREFFES ECHINOCOCCIQUES PÉRITONÉALES, par M. F. DÉvé. On sait que les kystes hydatiques multiples du péritoine ne siègent jamais dans la cavité périlonéale, mais bien dans le tissu cellulaire sous- séreux. Depuis le mémoire de Charcot et Davaine (1857), tousles auteurs ont confirmé le fait. Or, cette notion anatomopathologique les a conduits à admettre : 1° l'origine extrapéritonéale du germe hydatique causal (qui parviendrait en ce siège spécial, soit par voie circulatoire, soit par cheminement direct); 2 une multinfestation primitive par des embryons hexacanthes (qui, seuls, d’après l’opinion classique, peuvent donner naissance aux kystes hydatiques). Les expériences que nous allons rapporter montrent que des kystes sous-séreux peuvent provenir de germes échinococciques tombés dans la cavité périlonéale, — germes autres que les embryons hexacanthes. Exp. I. — Lapin. Le 26 mai 1900, laparotomie : on dépose dans la cavité péritonéale 3 à 4 centimètres carrés de la paroi d'un kyste hydatique de l’homme, opéré le matin. La paroi kystique inoculée possède sa membrane germinative, à laquelle adhèrent encore un certain nombre de vésicules pro- . ligères parfaitement visibles à l'œil nu. L'animal est sacrifié le 11 janvier 1901 (après 8 mois, exactement 230 jours). On trouve dans l'épaisseur de l'épiplon, en grande partie recouverte par la graisse, une tumeur oblongue, rénitente, translucide, qui mesure 5 centi- mètres de longueur el 2 centimètres d'épaisseur. Une ponction à la pipette donne 3 à 4 centimètres cubes de liquide clair, eau de roche. Une section transversale montre que le kyste est bien inclus dans l'épiploon, et tapissé à sa surface, non seulement par la séreuse péritonéale, mais aussi par de la graisse, dans laquelle courent de nombreux vaisseaux. Sur une coupe micros- copique, on voit la membrane adventice fibreuse se continuer à sa périphérie avec le tissu cellulaire sous-péritonéal. Dans l'intérieur du kyste on trouve, tassés les uns contre les autres, une quinzaine de kystes qui mesurent en moyenne 8 millimètres de diamètre. Le microscope met en évidence leur nature echinococcique (parois kystiques feuilletées). Ces kystes sont stériles : le liquide recueilli ne contenait ni scolex, ni crochets, et il nous a été impos- sible d’en découvrir sur les coupes microscopiques. Cette expérience démontre, en dehors du point que nous voulons établir dans cette note, la possibilité de récidives de kystes hydatiques aux dépens d’un débris de membrane hydatique abandonné dans une plaie (que la récidive se fasse aux dépens de la paroi kvstique, de la membrane germinative, ou plus probablement aux dépens des vésicules proligères et des scolex restés adhérents). Elle montre de plus qu'un kyste hydatique rompu ou ponctionné ne meurt pas — s'il meurt — par le seul fait de la soustraction de son liquide, ainsi qu'on l’a admis. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LII. 10 118 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Exp. II. — Lapin. Le 8 décembre 1900, laparotomie : on place dans la cavité péritonéale 2 vésicules filles, du volume d’une grosse cerise, provenant d'un kyste du foie de l’homme, opéré le matin. Animal mort le 25 décembre (après dix-sept jours). A l’autopsie, on trouve les 2 vésicules tendues et trans- parentes déjà enveloppées par l’épiploon malgré leur volume, et comme incluses dans son épaisseur. L'examen des coupes microscopiques permet de constater qu’elles sont parfaitement recouvertes par le péritoine et parcourues de vaisseaux sur différents points de leur surface. | Exr. II et IV (rapportées dans la note précédente) — Injection intra- péritonéale de vésicules proligères et de scolex. Au bout de trois mois et demi, d'une part, kyste développé dans l’épipioon gastrosplénique; d'autre part, kyste sous-peritonéal du cæcum. Dans toutes ses expériences, on le voit, les germes échinococciques divers déposés dans la cavité péritonéale, à la face interne de la séreuse, ont été retrouvés au bout d’un temps variable, se développant en dehors de la cavité, sous la séreuse. Des faits analogues ont, du reste, été signalés avant nous par Bobrow et v. Alexinsky en Russie, et par Riemann en Allemagne; ces. auteurs en avaient bien montré la valeur. Ainsi le siège d’un kyste dans le tissu cellulaire sous-péritonéal n'est pas, comme l'ont admis Freund et Ratimoff, la preuve de l'origine extra- . péritonéale et primitive d’un tel kyste. Les expériences que nous venons de rapporter confirment donc plei- nement l'opinion basée sur des faits cliniques qui fut, il y a environ vingt ans, émise tout d’abord par Volkmann en Allemagne, et par Rendu en France, et qui vient d’être de nouveau soutenue à la Société de chirurgie par MM. Peyrot, Ricard, Quénu, Broca. - Ces faits éclairent la pathogénie des kystes multiples du péritoine et de ces nombreuses variétés de kystes de l'abdomen qu'on s’est attaché jusqu'ici à étudier isolément (kystes de l'épiploon, du mésentère, du bassin d’une façon générale, de la prostate en particulier, kystes viscé- raux corticaux plus ou moins pédiculés, kystes juxta-hépatiques, juxta- spléniques, etc.). Ges kystes sont, sinon toujours, du moins le plus sou- vent secondaires, c’est-à-dire consécutifs à la rupture, apparente ou latente, traumatique ou spontanée, d’un kyste abdominal primitif (foie, rate, etc.). | Ajoutons que la même interprétation s'applique également aux Æystes multiples sous-pleuraux, dont il existe dans la science un certain nombre d'exemples (ruptures dans la plèvre de kysies du poumon, du foie, de la rate). SÉANCE DU 2 FÉVRIER 119 DURÉE DE LA VIE ET PERTE DE POIDS CHEZ LES OPHIDIENS EN INANITION, par M. JACQUES PELLEGRIN. Chez les Serpents, la vie est compatible pendant un temps souvent très considérable avec l'absence totale de toute nourriture solide. Certains individus restent facilement plusieurs mois et même parfois plusieurs années sans vouloir prendre aucun aliment et sans paraitre trop incom- modés par cette abstinence volontaire. Des faits de cette nature ont été observés à plusieurs reprises par A. Duméril et par M. le professeur Vaillant à la ménagerie des Reptiles du Muséum d'histoire naturelle de Paris. J'y ajouterai quelques cas plus récents dont j'ai pu être moi- même le témoin. Un Pélophile (Pelophilus madagascariensis D. B.) © a vécu à la ména- gerie durant quarante-neuf mois; pendant cette période véritablement extraordinaire de plus de quatre ans, cet animal, qui mesurait à son décès 1,90, a refusé toute espèce d'aliment. Aucun cas d’abstinence d'une pareille durée n'a été signalé à ma connaissance. Dans les neuf derniers mois de sa vie, le poids de ce Serpent était tombé de 2 kil. 290 à 1 kil. 780, soit une perte de O kil. 510. - Un autre individu, d’une longueur de 1,52, apparlenant à cette espèce véritablement remarquable par sa sobriété, est mort l’année dernière dans les mêmes conditions que le précédent, après trois ans . de jeûne. Le poids était descendu dans les six derniers mois de 4 kil.075 à O kil. 194, soit une perte de O0 kil. 281. Au contraire, un autre Pélophile, de 1,55, que je cite à titre de com- paraison, et qui acceptait sans difficulté les proies qu’on lui présentait, est passé en un peu moins de deux ans de 2 kil. 185 à 2 kil. 657, soit un accroissement de 0 kil. 472. Bien entendu, dans les cas signalés, les animaux ne sont pas en état de léthargie ; sans doute, leur vie est peu active; ils restent une grande partie du temps enroulés dans leur couverture de laine, mais maintenus à une température constante, ils n'hivernent pas. Ils se meuvent, par- courent leur cage et se baignent assez fréquemment. Ce dernier fait a son importance comme le prouvent certaines expériences que je vais rapporter. Je me suis proposé, en effet, d'examiner les différents points suivants: 1° Au bout de combien de temps survient la mort chez des Ophidiens soumis à un jeûne non volontaire ? 2° Quelle est chez eux la perte de poids? 3° Quelle est l'influence de la privation d’eau jointe à celle d'aliments solides sur la durée de la vie et la diminution du poids ? J'ai pris 20 jeunes Couleuvres à collier (7ropidonotus natrix L.) d’une 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE taille d'environ 60 centimètres et du poids moyen d'une cinquantaine de grammes. Elles ont été divisées en 2 lots égaux de 10 individus ; les animaux du premier groupe ont été soumis au jeûne absolu, c'est-à-dire privés à la fois de toute nourriture solide et liquide ; ceux du second, condamnés seulement au jeûne relatif, avaient de l’eau à leur disposition pour se baigner et se désaltérer. Pour tout le reste, ces Serpents se trouvaient exactement dans les mêmes conditions biologiques. J'ai obtenu les résultats suivants : 1 lot (jeûne absolu). — La mort est survenue au bout de 21, 24, 95, 26, 27, 36, 36, 39, 45, 84 jours, soit une survie moyenne de 36 jours environ. Les animaux ont perdu en moyenne 38 p. 100 de leur poids primitif. 2° lot (jeûne relatif). — La mort est arrivée après 52, 63, €7, 83, 104, 122, 1292, 153, 179, 218 jours, soit une survie moyenne de 116 jours. Les Couleuvres composant ce groupe sont décédées après une perte moyenne de 43,2 p. 100 de leur poids primitif. Ces résultats viennent confirmer ce fait général, déjà indiqué par Chossat, de la grande importance de la privation d’eau sur la durée de la vie dans le cours de l’inanition chez les Reptiles. Par contre, on peut constater que la différence dans la perte procentuelle de poids des individus des deux groupes en expérience (de 38 p. 100 à 43,2 p. 100) est relativement peu considérable, si l’on tient compte de l’énorme écart dans la durée de l'existence qui est à peu près comme 1 est à 3. On arrive donc à cette conclusion que la privation d’eau abrège con- sidérablement la vie, mais qu’elle n’influe pas dans des proportions bien*+ notables sur la perte procentuelle de poids qui varie peu malgré les conditions du jeûne absolu ou relatif. 4 (Travail du luboratoire de M. le professeur Vaillant, au Muséum.) SUR LA CAPACITÉ RESPIRATOIRE DU SANG DU FŒTUS A DIVERSES PÉRIODES DE LA VIE FŒTALE, par M. Maurice NicLoux. Celte étude a été faite systémaliquement sur la presque totalité des nouveau-nés nés à la Clinique Tarnier dans le service de mon maître M. le professeur Budin, entre le 3 et le 23 janvier 1901. La technique était la suivante : au moment de la naissance, alors que les battements dans le cordon sont sur le point de disparaitre, on le sectionne ; il s'écoule du cordon côté placentaire un certain volume de sang fœtal (10 à 25 centimètres cubes), lequel est recueilli dans un SÉANCE DU ® FÉVRIER 3 191 verre et immédiatement défibriné par agitation avec une baguette de bois. Pour déterminer la capacité respiratoire (volume d'oxygène fixé par 100 centimètres cubes de sang), on peut le saturer soit d'oxygène, soit d'oxyde de carbone. On sait en effet que le même volume de sang fixe le même volume de ces deux gaz (Claude Bernard). J'ai employé la saturation par l’oxyde de carbone, pour lequel il n’y à aucune consommation lors de l'extraction des gaz du sang par le vide. A cet effet. un courant lent de ce gaz est dirigé dans le sang, puis on agile vivement pendant un quart d'heure; on refait passer un courant de gaz puis on réagite de nouveau vivement un quart d'heure. On centri- fuge, on mesure un volume déterminé de sang, 10, 15, 20 centimètres cubes suivant Le cas, que l’on fait passer dans un ballon vide contenant de l'acide phosphorique à 45° Baumé, en volume au moins égal à celui du sang. | On extrait les gaz par la pompe à mercure, on passe sur une cuve profonde, on se débarrasse de l’acide carbonique par la potasse, et on absorbe enfin sur l’eau l'oxyde de carbone par le chlorure cuivreux acide. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant : POIDS ET AGE MOYEN LU FŒTUS 2 EE 2000 à 2500 gr. 2500 à 3000 gr. 3000 à 3500 gr. 3500 à 4000 gr. 8 mois. 8 mois 4/2. A terme. A terme. N° de N° de N° de No de Poids.|Cap.resp. Pace Poids.|Cap.resp. laser Poids.|Cap.resp.|, ‘|Poids.|Cap.resp. er. C. C. ere C. C. ere C. C. gr. 46 | 2050 21 10 | 2560! 22,5 | 64 | 3100! 20,5 | 27 | 3530 14 | 2050 20 15 | 2620 19 12 | 3200| 26 2 90 | 2120 26 81 | 2650| 24,5 | 79 | 3220| 21,7 2 | 3650 65 | 2280 26 88 | 2710] 22 94 | 3250| 23 41 |3720| 22 103 | 2300 24 81 | 2850| 23,5| 68 |3270|. 22,5 | 76 | 3730] 21,3 » » » 91 129101 22 58 | 3300| 19,4 | 45 | 3820]. 26 » » » 6 |2940| 20 90: | 33001 22,5 » » » » » » 51 12970) 23,5 | 44 | 3320! 25,5 » » » » » » » » » 66 | 3400 25,6 » DE » On peut ajouter à ce » » » 85 | 3400 29,0 » » » groupe un fœtus de 6 mois 1/2. : 921 13201 241,6 » » » 67 | 3450 975) » » » » | » | » » ») » 93 | 34801] 25,5 » » » Cap. respiratoire. Cap. respiratoire. Cap. respiratoire. Cap. respiratoire. Moyenne : 22,2 | Moyenne : 22,1 Moyenne : 23,3 Moyenne : 23,2 122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'examen de ce tableau est très intéressant, car il montre que la capacité respiratoire moyenne du sang du fœtus est constante ou à peu près ; les chiffres 22,2 ; 22,1; 93,3 ; 23,2 sont en effet très voisins: Cest aussi un fait curieux de voir que l’hémoglobine du sang d'un fœtus de six mois et demi environ pesant 1.320 grammes (n° 92) est capable de fixer autant d'oxygène que celle d’un fœtus à terme pesant 3.730 gram- mes (n° 76). Ainsi donc, à côté de ce développement continu et régulier de l’orga- nisme fœtal tout entier, le milieu intérieur : le sang, subit des variations à peine marquées en ce qui concerne du moins une de ses propriétés fondamentales : la fixation de l’oxygène. LE TOKELAU DANS L'INDO-CHINE FRANÇAISE, par M. E. JEANSELME. Le tokelau, ou tinea imbricata de Patrick Manson, est une dermatose très prurigineuse, caractérisée par des placards orbiculaires sur les- quels des squames larges et sèches sont disposées suivant des cercles concentriques, de manière à figurer des cocardes d’une régularité géo- métrique. Ces médaillons s’accroissent par progression excentrique. Ils arrivent au contact les uns des autres, se coupent sous des incidences variables et bigarrent la peau de dessins capricieux, à contours polycycliques. Le tokelau n'intéresse jamais les muqueuses, il respecte ordinaire- ment les phanères; pourtant je l’ai vu altérer profondément les ongle des doigts et des orteils. Cette dermatose est extrêmement répandue dans l'Indo-Chine fran- çaise. Je l'ai observée sur toute la côte d’Annam, dans la Haute-Cochin- chinchine, le Cambodge, le Laos, le delta du Tonkin, la vallée de la rivière Noire, et sur le cours supérieur du fleuve Rouge eq Man- Hao, bourgade située dans la province chinoise du dumsen, à à cinq jour- nées environ au delà de la frontière du Tonkin. Si le tokelau, malgré sa fréquence dans l’Indo-Chine française, n’a pas encore été signalé dans notre grande colonie d'Extrême-Orient, c'est que, dans ses formes jeunes et circinées, il est habituellement pris pour la trichophytie cutanée, et que dans ses formes généralisées et anciennes il est constamment confondu avec l'ichtyose ou la dermatite exfoliatrice. Or, il suffit d'examiner une squame au microscope, par les procédés usuels, pour voir dans la couche cornée de l'épiderme un abondant réseau mycélien. “. SÉANCE DU 2? FÉVRIER 193 Dès le début de mes recherches quiremontent au mois de février 4899, et que j'ai continuées depuis avec le concours de M. Noiré, j'ai constaté que le thalle de la mucédinée du tokelau émet des hyphes fructifères offrant les caractères morphologiques des Aspergillus. Mes études sur le tokelau dans l’Indo-Chine française, d'accord avec celles poursuivies par M. Tribondeau en Polynésie, établissent done que cette maladie est une dermatomycose aspergillaire. L'agent pathogène du tokelau paraît appartenir à un type très voisin des parasites des Caratés de l'Amérique équinoxiale. Le thalle est constitué par des filaments cloisonnés ou non, qui se divisent à angles très ouverts. On observe souvent sur ces tubes des renflements piriformes du protoplasma ou endoconidies. Parfois les filaments mycéliens sont composés d’une série d’articles ovoïdes, simu- lant des spores, qui sont probablement des formes de résistance. Les spores qui couronnent les fructifications contiennent un pigment jaune sale qui donne aux squames une coloration gris cendré. EXPÉRIENCES SUR LA PERMÉABILITÉ DU REIN SAIN OU MALADE A LA CASÉINE, par MM. Cu. AcnaRp et L. GAILLARD. L'expérimentation a depuis longtemps montré que le rein, même sain et imperméable aux albumines normales du sérum, laisse passer les albumines étrangères. D'autre part, on voit souvent en clinique le rein malade se laisser moins facilement traverser par les éléments cristal- loïdes, normaux ou accidentels, et pourtant devenir perméable aux albumines normales du sérum. Que devient alors la perméabilité de cet organe aux albumines étrangères ? Pour élucider ce point, nous avons produit expérimentalement chez le lapin diverses lésions rénales : néphrites toxiques au moyen d’injec- tions sous-cutanées de sublimé et de bichromate de potasse, sclérose rénale au moyen de cautérisations du rein par des pointes de feu. Puis nous avons injecté dans le péritoine de ces animaux de la caséine (obtenue en dégraissant du lait par l’éther et en le concentrant). En comparant l'élimination urinaire de la caséine chez les animaux porteurs de lésions rénales et chez d’autres lapins témoins, nous avons toujours constaté que la caséine s’éliminait mieux dans le cas de lésion rénale et d'albuminurie. En provoquant une lésion unilatérale par la cautérisation d’un seul rein chez un chien, nous avons pu comparer chez le même animal l'élimination par l'organe sain et par l'organe malade. Or,le rein malade, qui éliminait moins de bleu de méthylène, éliminait mieux la caséine. 124 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En somme, le sang se débarrasse de la caséine comme de toute autre substance étrangère. Seulement, le passage de la caséine à travers le rein nécessite des conditions physiques spéciales, différentes de celles qui suffisent à assurer le passage des substances cristalloides. Si ces condi- tions physiques de perméabilité aux colloïdes sont déjà réalisées par l'état pathologique, comme il arrive dans le cas d'albuminurie, Le pas- sage de la caséine se produit alors d'autant plus facilement. Sil’albuminurie préalable facilite l'élimination de la caséine par un rein malade, inversement la caséine, en traversant un rein sain, le rend en même temps perméable aux albumines normales de sérum, et l’on observe l’albuminurie proprement dite en même temps que la caséinurie. Toutefois, si la dose de caséine introduite est extrêmement faible, elle ne passe pas dans l'urine et ne provoque pas non plus d’albuminurie. RECHERCHES SUR LA TENSION SUPERFICIELLE DES URINES, par MM. J. Ccuzer et H. FRENKEL (de Toulouse). La tension superficielle mérite d’être connue au même titre que les autres constantes physiques des liquides organiques (densité, point de. congélation, etc.); M. Imbert appelle aussi l'attention sur ce point dans le récent traité de Physique biologique publié sous la direction de MM. d’Arsonval, Chauveau, Gariel et Marey. Nous présentons aujourd’hui le résultat de nos che sur les variations de la tension superficielle de l'urine normale ou pathologique et sur les conditions les plus importantes capables d'expliquer ces variations. 1° Nous avons déterminé la tension de surface d'un très grand nombre d'urines appartenant à des personnes saines ou à des malades les plus divers; cette détermination a été faite sur les urines de vingt-quatre heures par le procédé des tubes capillaires. Les nombres obtenus ont toujours été inférieurs à celui qui représente la tension supérieure de l’eau distillée à la température de nos expériences. La tension de l’eau ayant été trouvée par nous égale à 74,948 dynes, les tensions des diverses urines examinées ont varié entre 72,682 et 56,486 dynes par centimètre cube, à 15 degrés environ. Nous devons cependant faire observer que certaines déterminations antérieures à ce travail nous ont donné ‘pour des températures un peu différentes, il est vrai) des nombres légèrement supérieurs à 72 dynes et des nombres inférieurs à 56 dynes; de sorte que ces chiffres ne représentent nulle- ment des limites absolues, mais s'appliquent seulement à la généralité des cas. è _ SÉANCE DU 2 FÉVRIER 195 2° Volkmann (1), Rother (2), Sentis (3) ont montré que, en ce qui concerne les substances minérales, la substitution de n molécules de sel à x molécules d’eau produit une augmentation de tension superficielle qui est sensiblement proportionnelle à n. Cette règle est surtout vraie pour les solutions étendues, ce qui est le cas de l'urine. Il était naturel de se demander si les différences de tension dépendaient de la concen- tration moléculaire des urines. Nous avons donc déterminé parallèle- ment avec la tension superficielle l'abaissement du point de congélation et nous avons vu qu'il n'existe aucun rapport entre ces deux valeurs. Ce résultat négatif était facile à prévoir puisque toutes nos urines ont une tension inférieure à celle de l'eau; cela indiquait a priori, qu'à côté des sels minéraux qui élèvent la tension, l’urine contient des substances qui l’abaissent, et que l’abaissement dû aux substances non minérales est plus considérable que l'élévation due aux substances minérales. De cette constatation résulte un autre corollaire : à savoir que dans l'urine et généralement dans les solutions non homogènes, la tension superficielle ne dépend pas seulement du nombre de molécules, mais aussi et surtout de la nature de ces molécules. 3° On savait déjà que les aissolutions des corps organiques ont une tension plus petite que celle de leur dissolvant (4). En déterminant la tension supérieure des solutions de NaCI contenant la même proportion de ce sel que les urines considérées, et en comparant les valeurs obte- nues avec celles de ces urines, nous avons obtenu l’abaissement produit par toutes les autres substances contenues dans les urines. Si nous con- sidérons comme négligeable la proportion de matières minérales dissoutes dans l'urine autres que NaCl, la différence obtenue représente l’abaissement de la tension produit par les matières organiques. Dans nos observations, l'élévation de la tension due aux matières minérales variait entre 2,588 et 18,623 dynes par centimètre. 4° Parmi les diverses matières organiques, il en est certaines dont l'influence est bien plus considérable que celle des autres. Nous avons ailleurs montré que les sels biliaires abaissent fortement la tension superficielle; effectivement les chiffres les plus bas que nous ayons obtenus concernent deux cas de cancer du foie, l’un avec ictère, et l’autre sans ictère apparent. 5° Enfin, parallèlement avec la tension superficielle et la concentra- tion moléculaire, nous avons déterminé pour toutes les urines exami- nées la valeur de la diurèse moléculaire totale, de la diurèse des molé- eules élaborées et du taux des échanges moléculaires. La comparaison (1) Wolkmann. Wiedem. Ann., t. XVIII, 1882. (2) Rother. Ibid., t. XXI, 1884. (3) Sentis. Thèse Fac. des Sc., Paris, 1896-97, p. 58. (4) A. Mourlot. Thèse d'agrég. de l’Éc. supér. de Pharm. de Paris, 1899, p. 66. 126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de ces diverses valeurs ne nous à indiqué aucune relation constante. Conclusion : 1° La tension superficielle des urines soit normales, soit pathologiques, est presque toujours inférieure à celle de l'eau distillée. + 2 Il va dans les urines des substances qui élèvent la tension super- ficielle (sels minéraux) et d’autres qui l'abaissent (matières organiques). L'élévation de la tension due à la principale substance minérale, NaCI, ne varie que de 4 à 3 dynes, tandis que l’abaissement produit par les substances organiques varie de 2 à 18 dynes et plus par centimètre. 3° Parmi les matières organiques contenues dans les urines, certaines combinaisons pathologiques ont une plus grande influence que les autres, par exemple les sels biliaires. 4° La tension superficielle des urines ne dépend pas seulement du nombre des molécules qu’elles contiennent, c'est-à-dire de la distance entre les molécules, mais aussi et surtout de la nature de ces molécules. 5° Il n'y a aucun rapport entre l’abaissement de la tension superficielle et la valeur de la diurèse moléculaire totale, de la diurèse des molécules élaborées ou du taux des échanges moléculaires. SUR LA DIALYSE CELLULAIRE APPLIQUÉE COMME PROCÉDÉ DE RECHERCHE DE L'ACTION DES ZYMASES DANS L'INTÉRIEUR DES TISSUS, par M. RaAPHaEL DuBois. Dans une précédente communication (séance du 26 janvier de la Société de biologie), j'ai indiqué comment je m'étais, depuis longtemps, servi de la dialyse cellulaire, ou mieux plastidaire, par action de liquides organiques neutres sur les lLissus pour étudier les réactions de ferments zymasiques contenus dans certaines plastides sur des substances modifiables renfermées dans d’autres éléments plus ou moins voisins. C'est à la suite de mes expériences sur les semences de moutarde que j'avais pensé à appliquer la dialyse plastidaire à la recherche du mode d'action du ferment hépatique sur le glycogène du foie. Une partie des résultats que j'ai obtenus dans le laboratoire de Paul Bert, en 1883, a été consignée dans les Mémoires de la Société de biologie sous le titre : Note pour servir à l'étude de la glycogénie. J'y retrouve cette phrase qui prouve, une fois de plus, que je n'ai jamais considéré comme une simple déshydratation l'effet produit par les vapeurs anesthésiques sur les tissus : « Les expériences que nous avons faites dans ces temps derniers, au moyen des vapeurs anesthésiques, nous ayant appris que des phé- nomènes de dédoublement pouvaient être exagérés ou provoqués par suite de l'influence exercée par ces vapeurs sur certains tissus, nous à SÉANCE DU ® FÉVRIER 197 nous sommes proposé de rechercher quelle pouvait être l’action des vapeurs d’éther sur le tissu hépatique soustrait à l'influence du système nerveux central et de la circulation. » Le procédé de dialyse utilisé seulement depuis 1898 par MM. Dastre et Permillieux n’est done pas autre chôse que celui que j'ai imaginé en 1883 dans le laboratoire de Paul Bert, précisément pour étudier, entre autres choses, le mode d’activité du ferment hépatique. À cette époque (voir la note précitée), j'ai montré que les vapeurs d'éther, c’est-à-dire la dialyse cellulaire, ne modifiaient en rien l’action du ferment hépatique, son activité n'étant ni entravée, ni exa- gérée. Le ferment est donc contenu dans les mêmes éléments que le glycogène et, de plus, il y est préformé, car l'éther arrêtant l’activité bioprotéonique du tissu hépatique très rapidement, il ne pourrait gprendre naissance par une action « vitale » au furet à mesure du besoin. De mes expériences, j'avais encore tiré cette autre conclusion que le glycogène ne se forme pas aux dépens de la substance de l’élé- ment hépatique, car, s’il en était autrement, on trouverait plus de sucre dans le tissu hépatique Simplement exposé à l'air que dans celui dont l’activité bioprotéonique a été arrêtée par les vapeurs anesthésiques. Je pense que MM. Dastre et Permillieux auraient pu rappeler ces recherches faites dès 1883, dans le laboratoire de Paul Bert, sur le Sujet qui les intéresse. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris -— Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1901 M. Prerre MéGnin : À propos du procès-verbal de la séance du 2 février dernier. Observation de stomatite érucique chez des animaux. — M. Prosper MERKLEN : Recherches sur l'état fonctionnel du foie dans la gastro-entérite des jeunes enfants par l'étude des coefficients urinaires. — M. Y. Manoukzran : Des fibres nerveuses termivales dans le noyau du toit du cervelet. — M. RaPnAEz Dugois : Sur le pou- voir éclairant et le pouvoir photochimique comparés des bouillons liquides de photobactéries. Photographies obtenues par les photobactériacées. Lampe vivante. — MM. R. Anruony et J. Sazmon : La Pygomélie, son interprétation, sa place dans la classification tératologique, ses diférents degrés. MM. E. WEerTariMER et GaunteR : De l'influence du cordon cervical du sympathique sur la fréquence des mouvements du cœur chez l'homme. — M. E. WERrTHEIMER : Sur les propriétés digestives du suc pancréatique des animaux à jeun. — M. le Dr Juces Rens : L’im- munité active et les toxines diphtériques surcompensées. — MM. Pauz Carnor et Louis Fournier : Sur un cas d’angine de Vincent. — MM. A. Gisgerr et L. Four- NIER : La lécithine en thérapeutique. — M. Descrez : (Discussion). — MM. P. Nor- courr et Prosper MERKLEN : Présence d’un ferment dédoublant de salol dans les organes de l’homme et de divers animaux, ainsi que dans le lait de femme et de chienne. — M. Maurice LerTuLce : Note sur les placentomes (môle hydatiforme, déci- duome). — M. le Dr P.-L. Simonp : Sur un hématozoaire endoglobulaire pigmenté des tortues. — MM. G. MeiLrère et Lorrer : Préparation et dosage du glycogène dans les organes d'animaux. — MM. G. Merrrère et M. Lorper : Variations du rapport des albumines urinaires (sérine et globuline) au cours de diverses affections. — M. E. Maures : Note relative à la communication du D' Mayet, sur la phagocy- tose du bacille d’Eberth et sur le procédé le plus favorable pour l'examen de ce phénomène. Présidence de M. Netter, vice-président. À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 2? FÉVRIER DERNIER. OBSERYATION DE STOMATITE ÉRUCIQUE CHEZ DES ANIMAUX, par M. PIERRE MÉGnin. Dans la séance de la Société de Biologie du 2 février 1901, M. le D' S. Artault de Vevey a communiqué trois observations très inté- ressantes de s{omatile érucique provoquée par les chenilles de Linaris chrysorrhea. Dans son préambule il écrit la phrase suivante : « Mais jusqu'à présent on n’a signalé cette action irrilante de chenilles ou de leurs secrétions que sur la peau... » Or, j'ai rapporté des faits observés en 1855 sur des chiens, qui sont tout à fait analogues à ceux de M. Ar- tault. Ils se trouvent rapportés dans les deux dernières éditions de Biococre. ComprES RENDUS. — 1901. T. LIIT. 11 130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mon Zrailé de médecine du chien, à l'artiele « Stomatite », dans les termes suivants : « En 1855, dans une villa près de Marseille, un accident singulier arriva à des jeunes chiens qu’on y élevait : ils présentèrent tout à coup les symptômes d’une stomatite grave : bave à la gueule, lèvres et gen- cives enflées, langue raide, de couleur gris sale; impossibilité de manger et de boire malgré leur grand désir ; puis disparition de tous les symp- tômes en vingt-quatre heures. « La propriétaire m'écrivit pour me demander si cette affeclion n'était pas causée par une herbe ressemblant à du chiendent, que ces jeunes animaux aimaient à manger et dont elle m'envoyait des échantillons. C'était bien du vrai chiendent (Trilicum repens), herbe complètement inoffensive; mais les feuilles étaient chargées de poils de la chenille des pins dont la cour herbeuse de la villa était ornée. La chenille du pin (Bomtix pinivora), comme la chenille processionnaire du chène, a des poils urticants qui se détachent facilement et tombent sur l'herbe; ils peuvent s'y accumuler en assez grande abondance pour que les chiens, en voulant manger de l'herbe, fussent victimes de l’accident en question. « J'ai observé un autre cas tout à fait semblable dans une maison de campagne près de Fontainebleau ». Relativement au Chelifer cancroïde qui fait l'objet de la seconde communicalion de M. le D' Artault, je rappellerai qu'il figure parmi Les insectes énumérés dans ma #aune des cadavres. RECHERCHES SUR L'ÉTAT FONCTIONNEL DU FOIE DANS LA GASTRO-ENTÉRITE DES JEUNES ENFANTS PAR L'ÉTUDE DES COEFFICIENTS URINAIRES, par M. PROSPER MERKLEN. Au cours des gastro-entlérites aiguës ou prolongées des jeunes enfants, le dosage de l’urée donne sur l’état du foie des renseignements qu'on ne doit accepter que sous bénéfice d'inventaire. Sans parler des modifications imprimées par la fièvre aux échanges nutritifs et indé- pendamment des autres causes d'erreur qui nous échappent, les enfants soumis à la diète hydrique ou fort peu alimentés n'ingèrent pour ainsi dire pas de substances azotées. En outre, même chez des enfants dont le régime alimentaire est toujours identique, le taux de l’urée est variable d’un jour à l’autre (1). Le rapport = est bien plus constant ; et s’il traduit indirectement la (4) G. Leven. Variations dans le taux de l’urée chez des sujets dont le régime alimentaire reste le même. Soc. de Biol., 10 novembre 1900. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 131 fonction de la cellule hépatique, celle-ci est d'autre part intimement liée à la teneur de l'urine en carbone, c’est-à-dire à la valeur du rap- / , comme l’a montré le professeur Bouchard. port Gt P Az Le foie enlève du carbone aux matériaux de désassimilation et tend à les transformer en urée. La soustraction d’une moindre quantité de carbone, par suite d’un trouble fonctionnel hépatique, amènera néces- Ù MENU AT ! | Azu sairementune diminution de l'urée et un abaissement du quotient à 1t° qui indique la proportion d'azote de l'urée par rapport à l'azote total. Comme, de plus, le foie détourne beaucoup de carbone vers les poumons et l'intestin pour n’en éliminer qu'une faible quantité par les reins, l'impuissance fonctionnelle de la glande élèvera le taux du carbone urinaire, et on constatera une augmentation du coefficient E dont les 2 variations sont sous la dépendance directe de l’état du foie. Chez l'enfant en bonne santé, le rapport = est plus fort que chez : ; Z l’adulte, et il nous a paru être en moyenne de 0,90 ou 0,91 dans les ce ; : Mn : ( 5 deux premières années de l'existence. Pour le coefficient se qui ZL d’après Bouchard augmente avec la vieillesse et peut tomber à 0,64 à l’âge de quinze ans, nous avons obtenu les chiffres de 0,68 et 0,74 chez des enfants normaux de deux et sept mois. Ces coefficients sont tout différents s’il s'agit d'enfants débiles, comme l'ont vu Charrin et Guil- lemonat (1) : c'est ainsi qu'un avorton né avant terme, à six mois et | ) ! ; 21 à ENZU à L -demi, nous a présenté à lrois mois a : — 0,82, et à quatre mois, trente- Z js Azu Ct L trois jours avant la mort, de nouveau TT Te 0,82 et en L,1T. Aussi, Z VAI dans nos recherches sur les gastro-entérites, poursuivies chez des enfants du service du professeur Hutinel, ne nous sommes-nous adressés qu'à des sujets paraissant indemnes de toute tare organique. Dans les infections intestinales aiguës, nous avons étudié le rapport = chez seize malades. Dix fois nous avons eu affaire à des nourrissons, dont le plus âgé avait huit mois ; trois d’entre eux, qui ont guéri, ont eu un rapport au-dessus de la normale : 0,94, 0,93, 0,92; les sept autres -ont eu un rapport plus ou moins diminué : 0,88, 0,83, 0,75, 0,74, 0,74, 0,70, 0,62. Dans celte seconde série, le deuxième et les deux derniers sont morts (0,83, 0,70, 0,62), les quatre autres ont guéri, (1) Charrin et Guillemonat. Les tares des générateurs et le développement des rejetons. Soc. de Biol., 20 mai 1899. 132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———————_—————————— et l’un de ceux qui présentaient un coefficient de 0,74, revu à la conva- lescence, était monté à 0,82. À Six fois il s'agissait d'enfants sevrés de dix à vingt-six mois. Chez trois le rapport a été supérieur ou égal à la normale : 0,94, 0,93, 0,91 ; le premier et le dernier ont guéri, le deuxième a été emmené par ses parents en pleine maladie. Chez les trois autres, il à été au contraire abaissé, et est descendu à 0,89 et 0.83 chez deux enfants qui ont suc- combé, à 0,86 chez un dernier qui a survécu. Dans les infections intestinales prolongées el chroniques, nous avons AZ ; RMS u toujours constaté une diminulion du rapport HE et chez des enfants Z de six à trente-trois mois nous relevons les chiffres de 0,86, 0,80, 0,77, 0,71. 0,67. Ces deux derniers ont succombé. Sans être autorisé à établir une relation absolue entre ie taux du rapport et l'issue de la maladie, on doit remarquer cependant que d’une manière générale le rapport est plus élevé chez les enfants qui guéris- sent. L'abaissement du coefficient se rencontre plutôt dans les formes graves et mortelles, où la toxi-infection est plus profonde ; mais surtout il paraît constant dans les gastro-entérites prolongées et chroniques, où la cellule hépatique est altérée à la longue par la continuité de l’'intoxi- cation. “ ; Le rapport - est également susceptible de se modifier au cours de Z l'infection intestinale. Nous l'avons examiné dans six cas aigus chez des enfants au-dessous de dix mois : deux ont guéri, et leur rapport était. de 0,71 et 0,80; quatre ont suecombé, et leur coefficient était de 0,93, 0,97, 1,04, 1,10. Dans deux cas d'infection prolongée, avec tendance à la chronicité, nous sommes arrivé chez un petit malade de six mois au chiffre de 1,07, chez un autre de qualorze mois à celui de 0,99; Le pre-- nier est mort, le second a quitté l'hospice en bonne santé. Si l’on rapproche les uns des autres ces différents coefficients, il est augmente avec la gravité et avec la isé d ir que le ra Dur aisé de voir q app AGE durée de l'intoxication, et cette notion complète encore les résultats AZu AZ Ce serait toutefois une erreur que d’enfermer le pronostic de l’affec- tion dans la recherche des coefficients urinaires. Ceux-ci révèlent seu- lement les troubles fonctionnels, passagers ou permanents, de la glande hépalique. Par leur écart plus ou moins marqué des chiffres normaux, ils n’acquièrent de gravité qu'en traduisant l'atteinte du foie par l'in- toxication générale et les perturbations consécutives qui menacent l'organisme. (Travail du laboratoire de M. le professeur Bouchard.) fournis par l'étude du quotient SÉANCE DU 9 FÉVRIER 133 DES FIBRES NERVEUSES TERMINALES DANS LE NOYAU DU TOIT DU CERVELET, par M. Y. MANOUÉLIAN. Une partie des fibres qui viennent au noyau du toit proviennent du faisceau cérébello-acoustique de Cajal (vestibulo-cérébelleux de Thomas), elles sont constituées par les branches ascendantes des fibres du nerf vestibulaire. Conformément à la description de Cajal nous les avons vues se ramifier dans le noyau du toit. Il existe aussi une deuxième catégorie de fibres entrevues par Cajal, nous les avons imprégnées chez les souris jeunes; elles paraissent pro- venir de la substance blanche qui avoisine le noyau du Loit, et ont ceci de remarquable qu’elles présentent un des plus beaux types d'arborisa- tions péricellulaires; elles peuvent rivaliser avec les ramifications en corbeille du cervelet, avec celles récemment décrites par Cajal dans la corticalité cérébrale motrice autour des corps des pyramides moyennes et géantes, etc. Ces fibres se rendent vers la substance grise du noyau du toit, émeltent des collatérales dans leur parcours et se résolvent sur une certaine étendue en des branches qui elles-mêmes fournissent des ramuscules élégamment arborisés au niveau des corps cellulaires. Le ‘tout forme un riche etmagnifique plexus à mailles plus ou moins arron- dies, les ramilles ultimes se terminant par de petits boutons. Tels sont les résultats fournis par la méthode de Golgi en ce qui con- cerne ces fibres du noyau du toit : arborisations libres, jamais d’anasto- moses. Nous croyons qu'il serait intéressant de pouvoir mettre en évidence au niveau de ces ramifications, ici comme ailleurs, le fin plexus de fibrilles primitives signalé par Weiss dans les nerfs et que nous avons nous-même coloré par la méthode que ce savant a préconisée. (Travail du laboratoire du professeur Mathias Duval.) SUR LE POUVOIR ÉCLAIRANT ET LE POUVOIR PHOTOCHIMIQUE COMPARÉS DES BOUILLONS LIQUIDES DE PHOTOBACTÉRIES. PHOTOGRAPHIES OBTENUES PAR LES PHOTOBACTÉRIACÉES. LAMPE VIVANTE, par M. RaPnaEL DuBois. J'ai l'honneur de présenter à la Société deux épreuves photogra- phiques obtenues avec mes bouillons liquides de photobactéries (1), (4) Voir Leçons de physiologie générale et comparée, p. 505, chez Carré et Naud, éditeurs, Paris, 1898, et C. R. de l'Acad. des sciences, 271 août 1900. 134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La première représente le buste de Claude Bernard, éclairé par mes: ballons lumineux qui ont été présentés au grand public pendant l'Expo- sition au palais de l'Optique ; la seconde, un livre éclairé par la lampe vivante que j'ai imaginée. Ces photographies donnent une idée exacte de la valeur actuelle de l'éclairage obtenu. Quand l'œil n'a pas été ébloui par une lumière forte, et que l’on regarde ces objets éclairés comme le montrent ces photo- graphies, on les voit immédiatement «et aussi distinctement que sur les épreuves; mais, pour obtenir une bonne photographie, il faut dix à douze heures de pose, ce qui prouve bien que la quantité de radiations chimiques est infinitésimale par rapport à la quantité de radiations. éclairantes. On peut en dire autant des radiations calorifiques. Ma lampe vivante se compose d’un large matras de verre, à fond plat, renfermant les bouillons lumineux, suspendu à un support quel- conque. Le dessus du matras est recouvert de papier d'étain formant réflecteur. L'air est renouvelé par deux tubulures, l’une latérale, l’autre supérieure, bouchées toutes les deux avec du coton. De temps en temps, on peut faire barbotter de l’air filtré dans le liquide, au moyen d'une poire de caoutchouc, pour ranimer la luminescence. La persistance de la lumière peut être très grande, même en ballons. fermés; je possède un de ces derniers qui brille depuis quatre mois. Quand M. Lebon (Gustave) écrit dans la Revue scientifique (n° du 15 sep- tembre 1900) que des recettes vieilles d’un demi-siècle ne donnent pas des résullats inférieurs à ceux obtenus aujourd'hui, il se trompe: et il , se trompe encore quand il ajoute, dans la même fÆevue scientifique, que l'ouvrage de M. R. Dubois n’est guère qu'une vulgarisation de faits déjà connus. Je suis surpris que M. Lebon ne sache pas qu’il y a des choses nouvelles dans mon livre; il y a, entre autres, le passage suivant (page 519, Lecons de physiologie générale et comparée, biophotogenèse), où j'ai fait allusion à ses recherches sur la prétendue lumière noire des animaux : « Vous avez peut-être entendu parler d’une épreuve photo- graphique obtenue au moyen d'un poisson de mer mort, d'une raie, je crois. L'auteur (M. Lebon) ignorait sans doute que presque tous les poissons de mer deviennent lumineux après leur mort par suite du Dire pement des photobactériacées, et que c'est pour ce motif que j'ai pu, il y a bien une douzaine d'années, photographier un congre de la même manière (voir €. À. de la Soc. de Biol.). Je ne m'attarderai pas à critiquer les expériences grossières de ceux qui ont fait de prétendues photographies en appliquant des animaux, ou des organes comme les mains, sur la surface sensible des plaques photographiques : ce sont là des essais puérils qui ne méritent pas même la peine qu'on s’y arrêle. » (Laboratoire marilime de biologie de Tamaris-sur-Mer, T février 1901.) SÉANCE DU 9 FÉVRIER 135 LA PYGOMÉLIE, SON INTERPRÉTATION, SA PLACE DANS LA CLASSIFICATION TÉRATOLOGIQUE, SES DIFFÉRENTS DEGRÉS, par MM. R. AnrHony et J. SALMON. La Pygomélie, monstruosilé caractérisée extérieurement; comme on le sait, par l'existence d’un ou de deux membres pelviens surnumé- raires insérés derrière ou entre les membres pelviens normaux, a été considérée successivement par [s.-G. Saint-Hilaire, Dareste et L. Blanc (1) comme une monstruosité double d'ordre parasitaire ou pour mieux dire asymétrique. Autrement dit, pour ces auteurs, la paire de membres pelviens surnuméraires aurait été le seul reste d'un deuxième sujet dont les autres parties somatiques auraient disparu. Lataste le premier, en 1897 (2), émet l'idée que cette monstruosité est d'origine double, symétrique, et qu'elle doit être placée immédia- tement au-dessus de l'Iléadelphie. Nous-mêmes, en 1899, ignorant les travaux de brel étions arrivés aux mêmes conclusions que nous énoncions dans un pen paru en Janvier 4900 (3). Nos études, qui n'étaient alors qu'ébauchées et qui sont terminées “aujourd'hui, ont porté sur une série de quatorze oiseaux sycéphaliens (la série sycéphalique de L. Blanc, dont nous admettons d'une façon générale la classification, correspond exactement à la deuxième tribu des Autositaires d’Is.-G. Saint-Hilaire, qui comprend la famille des Sycéphaliens et celle des Monocéphaliens). Ces animaux ont tous été disséqués dans la mesure du possible et leur examen nous permet actuellement de formuler les conclusions suivantes : 1° La Pygomélie est une monstruosité double, symétrique, lambdoïde, de La série sycéphalique, devant être placée entre l'Iléadelphie et l'Éda- delphie à laquelle elle aboutit. La série sycéphalique devra donc doré- navant être écrite de la façon suivante : Janiceps, Iniope, Syrolte, Dérodelphe, Thoradelphe, Iléadelphe, Pygomèle, Edudelphe, Splanch- nodyme caractérisé par la duplicilé de quelques viscères seulement. Les preuves de l'exactitude de cette manière de voir sont les suivantes : x) La présence au-dessus du point de confusion des axes embryon- naires d'organes splanchniques doubles, tels, chez les Oiseaux, les cæcums, qui au lieu de 2 peuvent être 4, preuve manifeste de la nature essentiellement double du sujet qu'on désigne à tort sous le nom de sujet principal. (1) Exposé d’une classification tératologique. Ann. Soc. Linn., Lyon, 189%. (2) Actes de lu Société des Sciences du Chili. (3) Journal de l’Anutomie et de la Physiologie. 136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 8) L'orientalion particulière des pattes supplémentaires, qui ne font pas la paire entre elles, mais dont chacune fait la paire avec une des pattes externes. 7) La présence entre chaque patte externe et la patte interne voisine d'un orifice cloacal. à) La transition insensible enfin qui existe entre le Jens et le Pygomèle le plus réduit. 2° La Pygomélie peut présenter les degrés suivants, en partant de l'Iléadelphie pour aboutir à l'Édadelphie : Iléadelphe. , 1° Rapprochement des coxaux internes; 2° Leur confusion sur la ligne médiane ; 3° Atrophie d'une des colonnes sacro-coccygiennes, les coxaux internes semblant alors enchassés entre un coxal externe et le sacro-coccyx restant, qui est d’or- dinaire celui de droite. 4° Enucléation progressive des deux coxaux internes ; Pygomèle réduit. 4 5° Leur libération ; 6° Leur éloignement et leur réduction. Pygomèle vrai. Édadelphe. Cette interprétation de la Pygomélie s'applique aussi bien aux Mam- mifères qu'aux Oiseaux. Ii semble exister néanmoins, et plus particulièrement chez les Mam- mifères, un certain nombre de Pygomèles, très rares vraisemblable- ment, d'origine parasiltaire, c’est-à-dire asymétrique. Dans ce cas, le sujet principal, étant essentiellement simple, ne doit donc pas présenter d'organes splanchniques doubles; les membres supplémentaires ou internes doivent faire la paire l’un avec l’autre, et les organes génito- urinaires externes, au lieu d’être placés comme chez les Pygomèles d’origine sycéphalique, doivent être situés d’une part entre les mem- bres pelviens du sujet principal, d’autre part entre ceux du sujet parasite. Il s'ensuit alors que le terme de Pygomèle, qui peut s'appliquer à deux catégories bien distinctes de monstres, doil être définitivement banni de la classification tératologique et remplacé par d’autres plus appropriés. Celui de Pelvadelphe, par exemple, créé par Lesbre, de Lyon, qui vient de partager à peu près nos idées (1), conviendrait parfai- tement à nos yeux pour les Pygomèles de la série sycéphalique. (1) Journal de Méd. vétér. et de Zootechnie, novembre 1900. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 137 DE L'INFLUENCE DU CORDON CERVICAL DU SYMPATHIQUE SUR LA: FRÉQUENCE DES MOUVEMENTS DU COEUR CHEZ L'HOMME, par MM. E. WERTHEIMER et H. GAUDIER. L'amélioration de la tachycardie que l’on a obtenue plusieurs fois à la suite de la résection du ganglion cervical supérieur et de la partie voisine du sympathique, chez les malades atteints de goitre exophtal- mique, à été attribuée généralement à la suppression de tibres cardio- accélératrices. Cependant la plupart des expérimentateurs conlem- porains ont trouvé que, chez les animaux, l’excitalion du sympathique cervical au-dessus du ganglion cervical moyen (1) n’a pas d'action sur le cœur. L'un de nous, qui a repris plus récemment cette question, à constaté que chez le chien, dans un certain nombre de cas, celte exci- tation est suivie d’une accélération de l'organe; mais comme celle-ci, habituellement peu marquée, disparaît sous l'influence de l’anesthésie, qui laisse persister, au contraire, dans toute son intensité, l’'augmen- tation de fréquence produite par l'excitation des accélérateurs vrais, il en a conclu que l'effet observé était dû à une réaction réflexe et non à la mise en jeu de fibres centrifuges, si ce n’est tout à fait exceptionnel- lement (2. Bien que les expériences pratiquées sur divers animaux aient donc donné des résultats suffisamment concordants (3), on pouvait se de- mander cependant si chez l'homme la répartilion des fibres accéléra- trices se fait suivant le même plan, et si chez lui un groupe de ces fibres ne passe pas par le cordon cervical du sympathique. Quelques expériences de M. Jaboulay parlent en ce sens (4). Pour nous renseigner à notre tour sur ce point, nous avons mis à profit une opération de sympathicotomie pratiquée par l’un de nous (M. Gaudier), sur une femme de vingt-quatre ans, atteinte de la maladie de Basedow. Les deux sympathiques ont été réséqués à sept Jours d'intervalle, de sorte que nous avons pu porter successivement l'excitation sur le droit et sur le gauche Nous avons agi sur ces nerfs un peu au-dessous du ganglion cervical supérieur ; le droit avait été laissé intact; le gauche a élé excité d’abord à l’état d’intégrité, puis sectionné, et son bout inférieur à été isolé sur une longueur convenable pour pouvoir être manié commodément. Le courant induit employé était porlé d'emblée à une intensité telle qu’il eût provoqué à coup sûr une augmentalion 138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE considérable de la fréquence du cœur, s’il avait été appliqué à des nerfs accélérateurs (n° 5 du chariot de Ranvier, 3 éléments Leclanché). Sur le nerf intact il produisait d’ailleurs une dilatation marquée de la pupille. La fréquence des pulsations à été enregistrée la première fois avec le sphygmographe à transmission appliqué à la radiale, la deuxième fois avec le cardiographe. Pour des raisons diverses, le sphygmogramme n'a pu être utilisé que par fragments, mais on y lit cependant lrès net- tement l'absence de toute accélération pendant l'excitation. Les tracés des pulsations du cœur recueillis pendant l'excitation du nerf gauche donnent les indications suivantes : 1° nerf intact (courant n° 5) : avant l'excitalion, 24 pulsations en 10 secondes; pendant l'exci- tation (qui dure 17 secondes), 24. 2° Bout inferieur du nerf sectionné (courant n° 5) : avant l'excitation, 23 pulsations ; pendant l’excilation (qui dure 24 secondes), 23. 3° Courant renforcé au n° 4 : avant l'excitation, 24; pendant l’exci- tation (qui dure 23 secondes), 23 pulsations. Ce faible ralentissement est sans doute une variation toule spontanée, à moins qu'il ne soit dü à l’augmentation de pression artérielle produite par la vaso-con- striction. | En résumé, chez notre sujet, le sympathique cervical n'avait aucune action sur le cœur. On objectera peut-être que la fréquence de cet organe étant déjà augmentée, l'excitation de nerfs accélérateurs ne devait rien y ajouter. Mais la tachycardie n’était pas exagérée : on sait aussi que même chez les animaux dont les pneumogastriques sont paralysés par l’atropine, l'excitation des filets accélérateurs de ces* nerfs peut encore produire un renforcement du nombre des pulsalions. Notre observation est en contradiction avec celles de M. Jaboulay, qui, dans quatre cas, dontun de goitre exophtalmique, a noté une « pré- cipilation des battements du cœur constatée à la pulsation radiale ». Nous ne prélendons pas, d’après un fait unique, poser une règle géné- rale, en ce qui concerne l’homme; mais d'un autre côté les résultats de M. Jaboulay ne peuvent être acceptés qu'avec réserve, parce que la faradisation du sympathique s'est accompagnée dans ses expé- riences de phénomènes étrangers aux fonctions de ce nerf : mouve- ments de l'épaule, de la tèle, du larynx, de la langue. Nous n’avons, pour notre part, rien observé de semblable. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 139 SUR LES PROPRIÉTÉS DIGESTIVES DU SUC PANCRÉATIQUE DES ANIMAUX A JEUN, par M. E. WERTUEIMER. Chez le chien à jeun, curarisé, comme chez l'animal en digestion, on peut provoquer par l'injection de solutions excilantes dans le dua- dénum et dans les premiers segments du jéjuno-iléon, une sécrétion plus ou moins abondante de suc pancréatique. Ce suc saccharifie l’ami- don et n’a pas d'action sur l'albumine. Mais si, chez le même animal, on atlend que l'excitation réflexe ait épuisé ses effets et si on injecte alors de la pilocarpine dans une veine, le suc sécrété sous l'influence de l’alcaloïde agit non seulement sur l’amidon, mais encore sur l’albumine. Cette dernière aclion, variable dans son intensité, est dans certains cas très énergique: c’est ainsi qu'elle se manifeste parfois par la production hâtive de tyrosine (1). La condition principale pour que le sue attaque rapidement l’albumine, c'est que la sécrétion reste modérée. Pour apprécier le pouvoir protéolytique du liquide digestif, j'ai employé les tubes de Mette, auxquels j’ajoutais quelquefois un poids déterminé d’ovalbu- mine coagulée, quand j'avais assez de suc à ma disposition. Un moyen qui m'a donné également de bons résultats, consiste à extraire de la gaine de verre d’un tube de Mette un petit cylindre d’albumine long d'environ un cen- timètre pour le soumettre à l’action du liquide. Alors que ce cylindre dispa- rait plus ou moins vite dans le suc sécréié sous l'influence de la pilocarpine? il peut rester intact pendant trente-six et même quarante-huit heures dans le suc d’origine réflexe, ou bien il y devient au bout de ce temps presque aussi transparent que le liquide dans lequel il est plongé. Le plus souvent, on employait ce procédé concurremment avec celui de Mette, et tous les deux réussissent aussi bien avec 0,2 centimètre cube ou 0,1 centimètre cube qu'avec 1 ou 2 centimètres cubes. Ces expériences offrent de l'intérêt à divers points de vue : 4° on y trouve une nouvelle preuve de l'indépendance physiologique des fer- ments du pancréas, puisqu'on peut obtenir à volonté un suc qui ne ren- ferme que de l’amylase ou un suc qui renferme à la fois de l’amylase et de la trypsine. C’est une preuve analogue à celle qu'a donnée Dastre (2), avec cette différence que, si chez les animaux à jeun le pan- créas mort ne fournit que de la trypsine sans amylase, le pancréas vivant peut fournir soit celle-ci isolément, soit les deux ensemble. 2° L'examen comparatif de deux fragments d'une même glande dont (4) Je reviendrai ultérieurement sur ce point. (2) Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1893, p. 650. 140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’un aura sécrété exclusivement de l’amylase, l’autre à la fois de l’amy- lase et de la trypsine, permettra sans doute aussi de déterminer si les grains de zymogène participent à la production du ferment amylo- lytique. Mon collègue et ami M. Laguesse a bien voulu se charger de l'examen histologique de ces organes. Mais déjà les faits physiolo- giques semblent bien indiquer que pour l’amylase il n’y a pas de zymo- gène. Les expériences de Dastre nous apprennent, en effet, que les macérations de pancréas d'un animal à jeun sont incapables ou à peu près de digérer l’amidon : done Ja glande ne renferme ni ferment, ni proferment de l’amylase (1). Mais supposons qu immédiatement avant la mort de l’animal, on eût injecté à différentes reprises .des solutions irritantes dans son intestin et qu'à chaque fois son pancréas eût répondu en sécrétant de 1 à 2 centimètres cubes de suc, on constaterait, comme je lai fait souvent, que tout ce suc, jusqu'aux dernières gouttes recueillies, saccharifie l’amidon ; et il en serait encore de même de celui qu'on aurait obtenx ensuite par l'injection de pilocarpine, quelque abondante que fût cette nouvelle sécrétion. Tout porte donc à croire que l’amylase est produite directement, sans être préparée comme la trypsine par la lente élaboration d’un proferment. ; 3° Ces expériences, enfin, soulèvent à nouveau la question du pouvoir proléolytique du sue pancréatique des animaux à jeun et indirectement celle du rôle pancréatique de la rate. Sur le premier point (si on laisse de côté les résultats des macérations), les données sont fort clairsemées. Celles que j'ai pu recueillir sont les suivantes. D’après Schiff, cité el “confirmé par Pachon et Gachet (2), le suc pancréatique d’un animal à * jeun ne possède aucun pouvoir peptonisant. Mette (3) a vu que dans cette même condition, l'excitation du pneumogastrique donne un suc qui a sur l’albumine un pouvoir digestif plus ou moins marqué, parfois irès faible, parfois extrêmement prononcé. C'est à peu près ce que j'ai obtenu avec la pilocarpine. Mais précisément l'emploi de ce dernier agent à donné au professeur Prevost des résultats contraires aux miens (4). Chez les animaux à jeun, « le suc pancréatique a bien trans- formé l’amidon en sucre et émulsionné les graisses, tandis qu'il s’est montré inerte relativement à la transformation des albuminoïdes en peptones ». Il est vrai qu'en règle générale, quand la sécrétion est abondante, et tel était « toujours » le cas dans les expériences de Prevost, le pouvoir peptonisant est très affaibli, se manifeste tardivement ou fait défaut (4) À moins d'admettre, comme l'a soutenu avec peu de vraisemblance Liversidge, que ce proferment est insoluble dans l’eau (voir Gamgee, Physiolog. Chemistry, t. If, p. 207, 1893). (2) Voy. Gachet, Thèse de Bordeaux, 1897. (3) Arch. f. Physiol., 1894. (4) Trav. du Laboratoire, 1899, p. 30. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 141 complètement. Mais, même dans ces cas, il suffit de laisser passer en quelque sorte le premier flot et d'attendre que le suc se concentre pour qu'il devienne actif. Il est dificile de fixer la dose optima de pilocarpine parce que des animaux de même poids réagissent bien différemment à des doses égales. À des chiens de 5 à 10 kilogrammes j'ai injecté de 2,5 milli- grammes à 1 centigramme. Il arrive assez souvent que les fortes doses n'amènent qu'un écoulement peu abondant de suc à cause de l’énorme ralentissement du cœur qu'elles provoquent. _ Les faits que je viens de signaler semblent venir aussi à l'encontre de la théorie de Schiff-Herzen, récemment appuyée par les intéressantes expériences de Pachon et Gachet sur le rôle pancréatogène de la rate. Ils montrent, en effet, que le pancréas peut sécréter de la trypsine sans que la rate soit en état de congestion physiologique. Cependant, ils se concilient sans effort avec cette théorie : on peut admettre, en effet, que la pilocarpine, qui est un excitant anormal, a sur la cellule du pancréas une action plus ou moins analogue à celle de la substance fournie par la rate pendant le travail de la digestion. Je dois ajouter cependant qu'il s'établit parfois spontanément chez les animaux à jeun une sécrétion rare (0,2 à 0,3 centimètre cube, par exemple, en une demi-heure ou une heure) dont le produit digère l’albumine. De même, quand les excitations réflexes de l'intestin n’en- _{raînent à leur suite qu'un écoulement très peu abondant de suc, celui-ci peul jouir, quoique généralement à un faible degré, du pouvoir pro- _téolytique. Mais si la cellule du pancréas à jeun est capable de trans- former spontanément une petite quantité de zymogène en trypsine, il ne s'ensuit pas qu'elle soit capable, en dehors de la période digestive, d'en transformer des quantités plus grandes sans l'intervention d’un agent ou d'un excitant extérieur puissant. L'IMMUNITÉ ACTIVE ET LES TOXINES DIPHTÉRIQUES SURCOMPENSÉES, par M. le D' Juüuces REuNs. On à maintes fois tenté de substiluer à la classique méthode d'immu- nisation contre la diphtérie par ingestion de toxines à doses croissantes des procédés consistant en l'incorporation à l'organisme, soit dès le commencement, soit au cours du processus, de mélanges où ces loxines seraient saturées en partie, en tout, ou en excès. On verra tout à l'heure que ces modalités ont des signitications différentes ; les noms de Babès, de Pavlovsky, d'Arloing, de Madsen, de Kretz, s’y rattachent principa- lement. 142 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai, sous la direction de M. le professeur Ehrlich, recherché si, étant donné un organisme normal, l’immunilé active peut lui être conférée par l'injection du poison diphtérique à doses croissantes, après mélange préalable avec une ou plusieurs fois son équivalent d’antitoxine. On a employé des lapins de 2.000 grammes environ; le mélange était cons- titué par une toxine dite Gift L et par le Standard sérum employé à l’Institut; la détermination des constantes du poison, faite par les méthodes aujourd’hui classiques, dues au professeur Ehrlich, donna sur le cobaye : 19 Quantité de poison correspondant à l’unité immunisante (Immunitäts- einheit), limite de l’action nulle : L'AÉr0 = D'e: & à 20 Quantité de poison nécessaire pour tuer l'animal d’épreuve dans le mélange contenant en sérum la valeur d’une immunité immunisante : L+—0c.c. 45 3° Dose mortelle pour le lapin de la taille moyenne de 2.000 grammes : D l en 4 jours — environ 0,01 On administra à 2 lapins par voie intraveiveuse, respectivement : 3 unités de sérum — 0 c. c. 3 de toxine, soit un mélange trois fois neutralisé; 3 unités de sérum + 0 c. c. 45 de toxine, représentant une neutralisation sensiblement double. En injections quoti- diennes et croissantes du 5 au 18 décembre 1900, les deux animaux recurent en toxine : l’un 7 c. c. 5 — 750 doses mortelles, l’autre 4 c. c. 27 — 429 doses mortelles, sans ressentir d’altération dans leur santé et sans perte de poids. Pour laisser à l’excès de sérum introduit le temps de s’éliminer, on attendit quatre semaines avant de procéder à l'essai du sérum quant à sa teneur en antitoxine. (Un lapin de contrôle, traité par du sérum seul, mourut acciden- tellement; mais, comme on va voir, l’issue de l'expérience rendit ce contrôle superflu.) Le 24, les deux animaux furent sacrifiés. On mélangea 1 centimètre cube de leurs sérums avec le quart de L +; les animaux d’épreuve succombèrent en 24 heures. En abaissant au 1/8 de LH la quantité de toxine du mélange, même dénouement en 48 heures. Donc, le sérum de ces animaux ne représentait à coup sûr qu'une valeur immunisatrice très inférieure à 1/8 d'unité. On conçoit qu’un tel résultat dispensa d'éliminer tout vestige hypothétique de l’immunité passive. Il faut donc conclure que l'organisme du lapin normal, non sensibilisé par immunisalion préalable, n’est pas apte à défaire la combinaison de la toxine diphtérique avec son anticorps : de cetle toxine, nulle trace FS CS SÉANCE DU 9 FÉVRIER l n’est libre à aucun moment. Les plus fortes doses du mélange sont des- tituées de toute action nocive (20 doses mortelles, par exemple, dès le début); mais aussi, elles ne donnent lieu à la moindre production d’antitoxine. Nous sommes donc amenés, avec Arloing, à rejeter comme absolument inactives les injections de toxines surcompensées de la pra- tique des immunisations. Il faut observer que ces résullats ne portent nulle atteinte à ceux des auteurs qui ont usé de mélanges partiellement saturés, où toxones et toxonoïdes sont à l’état libre. Au point de vue de la force immunisante, Madsen a trouvé ces complexes exactement équivalents à la loxine pure, quoique absolument exempts d'action pathogène. La dissociation du pouvoir toxique et du pouvoir immunisant est ici compièle. Ces faits rendent plausible l'hypothèse d'Ehrlich sur l'existence dans la molécule de toxine de groupes séparés, les uns haptophores, les autres toxo- phores. La fixation des premiers sur les groupes correspondants des organes réceptifs serait la condition nécessaire et suffisante de la pro- duction d’antitoxine par ces organes. (Travail du laboratoire de M. le professeur P. Ehrlich, à Francfort-sur-le-Mein.) SUR UN-CAS D'ANGINE DE VINCENT, par MM. Pauz CarNor et Louis FOURNIER. _Nous avons observé, récemment, un nouveau cas d’angine de Vincent, remarquable par quelques particularités. Cette angine avait débuté quelques jours après une petite suppura- tion gingivale liée à une carie dentaire. Elle évolua en trois semaines avec ses caractères classiques : unilatéralité, indolence, aspect chan- criforme avec ulcération profonde et bords anfractueux, exsudat men- braneux, adénopathie sous-maxillaire. L’exsudat cessa de se reproduire au bout de quinze jours environ; l’ulcération était en régression, mais persistait encore au bout d’un mois. L'examen bactériologique avait permis immédiatement le diagnostic. A. — Par coloration d'un frottis d’exsudat, au Ziehl dilué, on observait : 1° Un grand nombre de bacilles fusiformes, souvent incurvés, de dimensions uniformes, rarement filamenteux ; assez souvent, le corps du bacille présen- tait un chapelet d'espaces clairs vacuolaires, ne présentant pas, d’ailleurs, les caractères de coloration des spores; 2° une quantité plus grande encore de spirochèles, contournés en sinusoïde ou en serpentin, se colorant moins faci- lement et parfois enchevêtrés au point de constituer un véritable tissu ; 3° une très minime quantité d’autres microorganismes banaux. 144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——“" ————— —— La salive contenait également des bacilles fusiformes et des ARS. mais en moindre quantité. B. — A l’état frais, en goutte pendante, on observait, ainsi que l’a montré M. Lelulle, une mobilité très particulière, non seulement des spirochètes, mais aussi des bacilles fusiformes (spirilles fusiformes de Letulle). 1° Les bacilles fusiformes, observés dans de bonnes conditions de tempéra- ture, ont une extrême mobilité. Ils se meuvent par une série d’oscillations irrégulières de tout le train postérieur, en godaillant, et avancent ainsi si rapidement et avec des mouvements si variés qu'ils sont difficiles à suivre quand ils ne sont pas arrêtés par quelque obstacle ou ralentis dans leur activité. 2 Les spirochètes sout plus fragiles encore et plus sensibles aux influences extérieures; néanmoins, il est facile d'observer, sous le microscope, des mouve- ments très différents : ils avancent, le plus souvent, en serpentant, ou par des mouvements de détente. C. — Nous avons pu cultiver l’une et l’autre de ces deux variétés de micro- organismes; mais leur grande fragilité nous a empêché de réaliser un isole- meut complet. Le seul milieu qui nous ait jusqu’à présent donné des résul- tats positifs est le liquide d'ascite humaine. Nous ensemencions largement avec l’exsudat, directement aspiré au niveau de l'amygdale, et portions immé- diatement à l’étuve. 40 Le spi lle fusiforme y vil et prolifère, conservant intégralement ses mouve- ments si caractéristiques. Nous possédons une culture, impuré il est vrai, encore vivante plus d'un mois après l’ensemencement : les mouvements sont aussi én-rgiques que le ‘premier jour. On observe, dans la culture, des formes jeunes, plus pelites que les formes ordinaires, et parfois des figures qui sem- blent être des formes de division. Ces microorganismes semblent lourds et. siègent principalement dans le dépôt. Nous avons pu réaliser plusieurs pas- sages par le liquide d’ascite. Mais la vitalité diminue progressivement et bieniôt, au troisième ou au quatrième passage, les réensemencements restent infruclueux. 2 Le sprochète se cultive, lui aussi, sur ascite humaine, avec conservation intégrale de ses mouvements pendant quelques jours. Mais il meurt beaucoup plus vite. Nos cultures n'étaient pas pures : mais nous avons obtenu la culture du spirochète fusiforme sans celle du spirochète et inversement. D. — Nous avons tenté l’inoculation péritonéale directe et immédiate au cobaye de l’exsudat angineux : un cobaye est mort en huit jours; dans la sérosité péritonéale, on trouvait, avec quelques microorganismes banaux, un bacille présentant les caractères de mobilité du fusiforme, mais dont les cul- tures échouèrent, et que nous n'avons pu identifier complètement au fusiforme, étant donné le peu de caractères positifs qu'il présentait. Nous ajouterons que nous avons retrouvé fréquemment le spirille fusiforme et Le spirochète dans la salive d'individus normaux, et surtout d'individus à mauvaise dentilion, et que, d'autre part, dans une série de cas de s/omatite -aphteuse, l'association des deux microorganismes se présentait avec une abondance aussi grande que dans notre cas d’an- gine de Vincent. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 145 Nous pensons, avec Vincent, que le rôle pathogène de ces deux micro- organismes est prouvé par leur abondance extrême et exclusive au niveau des lésions. Ce sont des parasites habituels de la bouche, mais qui deviennent pathogènes au niveau des amygdales, des gencives, etc., à la suite de diverses circonstances. Dans notre cas, la Curie dentaire et la petite suppuration gingivale consécutive semblent avoir été les facteurs de celte exaltation de virulence. LA LÉCITHINE EN THÉRAPEUTIQUE, par MM. A. Gizgertr et L. FourNIER. Nous avons utilisé en thérapeutique humaine l’action de la lécithine déjà étudiée par plusieurs auteurs et qui paraît s'exercer d’une facon très favorable sur la nutrition générale et sur le développement des espèces animales comme des espèces végétales. L’est à Danilewsky que l’on doit les premiers travaux sur le rôle de la lécithine dans la nutrition des plantes et des animaux. En 1897, M. Charrin présentait à la Société de biologie des photographies et une note de cet auteur sur ce sujet. Un élève de Danilewsky, Selensky, mon- trait en outre l’action favorable de la léeithine sur l’hématopoièse. D'un autre côté, M. Serono, à Turin, répétait sur des chiens les expériences de Danilewsky et employait pour la première fois la lécithine chez l’homme en injections sous-cutanées. Les résultats obtenus par Serono seraient satisfaisants (1). .. Depuis cette époque plusieurs auteurs ont repris l'étude physiolo- gique de la lécithine. Presque tous s'accordent à regarder cette subs- tance comme jouant un rôle considérable dans la nutrition, en favori- sant l'assimilation de l'azote et du phosphore. Ce sont là aussi les conclusions d’un travail de MM. Desgrez et Alizaky présenté récemment à la Société de biologie. La lécithine que nous avons employée a été retirée du jaune d'œuf par M. F. Billon, qui nous a remis en même temps la note chimique suivante : La constitution de la lécithine distéarique du jaune d'œuf est la suivante : CH° ce | CH: | Az — OH O — CH‘ OH PO der Adroc ne N 0 — OC: H5 (4) M. E. Wildiers a récemment criliqué les expériences de Danilewsky et de Serono. Mais il n’a pas lui-même répété ces expériences, du moins chez les mammifères. (La Cellule, 1900.) BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T, LIII. 12 4146 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En effet, d’une part, les essais infructueux de synthèse tentés par Hundes— chagen au moyen de l'acide distéarophosphoglycérique et de la choline, et, d'autre part, les expériences de saponification, exécutées par Gilson au moyen d'acide sulfurique dilué, font conclure à une constitution d’éther. Cette lécithine se présente sous forme d’une poudre blanche cristalline au microscope, qui foud avant 100 degrés, en se colorant. Elle est très soluble dans l'alcool fort, surtout à chaud, soluble dans l’éther, le chloroforme, la benzine. L'eau ne dissout pas la lécithine, mais sous son action elle se gonfle consi- dérablement; si cette action est prolongée, le dédoublement a lieu et la. choline se sépare. L'analyse élémentaire et la vérification des propriétés faites par M. Cousin, pharmacien des hôpitaux, montre que l'ovolécithine fournie pour les essais répond à la formule et aux caractères ci-dessus. Avant d'employer la lécithine chez l'homme, nous avons tenu à l'administrer à différents animaux par la voie gastrique et par la voie. sous-cutanée et péritonéale, soit à fortes doses, soit à peliles doses, mais d’une façon prolongée, et cela principalement dans le but de déceler. l'action nocive de la lécithine si elle existait. Nous résumons ainsi brièvement nos diverses expériences. I. — Plusieurs cobayes et lapins, jeunes ou adultes, recoivent sous la peau ou dans le péritoine des doses de lécithine variant de 1 à 3 grammes, en émulsion ou en solution alcoolique concentrée. Aucun d'eux ne présente à aucun moment le moindre trouble; ils restent vifs, mangent normalement ; tous ils augmentent rapidement de poids. La résorption de la lécithine en émulsion dans de l’eau salée se fait, il est vrai, très lentement (1), mais l’innocuité de cette substance est la même en solution alcoolique, qui se résorbe beaucoup plus rapidement. II. — Par la voie stomacale, nous avons donné à un cobaye, tous les. cinq jours pendant un mois, 0 gr. 60 de lécithine ; l'animal est resté vif, bien por- tant et a notablement augmenté de poids. III. — La lécithine injectée pendant un mois à un mois et demi à faible dose (0 gr. 05, 0 gr. 10 en solution huileuse) tous les deux jours ne s’est montrée non plus nullement toxique. Cetle substance nous a semblé au con- traire avoir encore ici une action très nettement favorable sur l’état des ani- maux en expérience. Elle nous a paru aussi, comme Danilewsky l'avait observé, favoriser la croissance et le développement des jeunes animaux, des jeunes chiens en particulier. Nous avous encore entrepris diverses autres recherches avec la lécithine. Ainsi nous nous sommes demandés si elle ne jouissait pas d’un pouvoir fixateur vis-à-vis de certaines substances toxiques. Nos premières expériences avec des poisons tels que la strychnine, le cranure de potassium, etc., ont été négalives. (4) Nous avons étudié le mode de résorption dans les tissus et dans le péri- toine ; nos recherches sont encore incomplètes sur ce point. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 147 Nous étions pleinement autorisés par tous ces faits à employer la. lécithine chez l'homme. Nous l'avons administrée, soit par la voie buccale, sous la forme pilulaire, soit en injections sous-cutanées en solution huileuse. Bien que certains auteurs, Serono entre autres, aient nié l’action de la lécithine administrée par la voie digestive, elle nous a semblé néanmoins donner de bons résultats. Les doses que nous avons prescrites variaient de 10 à 50 centi- grammes par jour par la voie buccale; de 5 à 15 centigrammes tous les deux jours en injections sous-culanées. | Nous ne voulons que résumer ici d’une facon générale et sans entrer dans les détails des observations les résullats que nous avons obtenus. I. — Nous avons administré la lécithine à des tuberculeux présentant tous des lésions déjà avancées d’un ou des deux sommets. Les résultats cliniquement constatables ont été les suivants : augmentation de l'appétit, reprises de forces, augmentation assez notable de poids (3 kil. 1/2 en un mois, chez un tuberculeux séjournant à l'hôpital depuis déjà quatre mois). Dans un cas, l'augmentation de poids s’est produite malgré l'existence d’un état fébrile assez intense (39 degrés le soir). Les urines n’ont jamais présenté traces d’albumine. Dans deux cas où il existait de l’urobiline en quantité assez notable, celle-ci a disparu. _ Parallèlement à toutes ces modifications, l'état général des malades nous a paru, au moins dans certains cas, sensiblement amélioré. Dans deux cas nous avons observé la diminution de la toux, de l’expectoration, de la quantité de bacilles contenus dans les crachats. II. — Nous avons employé la lécithine chez plusieurs neurasthéniques et dans diverses maladies organiques du système nerveux, Il est très difficile ici d'apprécier les résultats obtenus, qu'ils soient ou non favorables. D'une facon générale, cependant, nous avons noté la reprise des forces, l'augmentation de l'appétit, l'amélioration notable de l’état général. En résumé, nous pouvons conclure de ces premières recherches : 1° l'emploi prolongé de la lécithine n’est pas plus nocif chez l'homme que chez les animaux; 2° les résultats thérapeutiques que nous avons obtenus, encore incomplets il est vrai, nous ont paru des plus encoura- geants. Ils justifient, nous semble-t-il, l'emploi de cette substance chez l'homme. Nous comptons d'ailleurs poursuivre et compléter ces re- cherches et utiliser la lécithine dans une série d’autres cas patholo- giques. M. Descrez. — Dans la note que nous avons consacrée, M. Zaky et moi, à l'influence favorable des lécithines de l'œuf sur les échanges nutritifs, nous avons annoncé la continuation de ces premières recher- ches. Je liens à dire que nous avons de nouveaux résultats à publier, mais qu’en présence des opinions si divergentes récemment exprimées 148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur ce sujet par M. Wildiers (1), nous avons cru nécessaire, pour clore définitivement la question, de varier, de multiplier et de prolonger le plus possible toutes nos observations. J'ajoute enfin que, comme corol- laire logique de nos recherches, l'influence des lécithines sur divers états pathologiques fait également r’objet de travaux en cours dans les services de M. Bouchard et de M. Charrin. PRÉSENCE D'UN FERMENT DÉDOUBLANT LE SALOL DANS LES ORGANES DE L'HOMME ET DE DIVERS ANIMAUX, AINSI QUE DANS LE LAIT DE FEMME ET DE CHIENNE. par MM. P. Nogécourr et PROSPER MERKLEN. Nencki, Sahli, Lépine, etc., ont attribué au suc pancréatique la pro- priété de dédoubler dans l'intestin ie salol en phénol et en acide salicy- lique. D'autre part, M. Gley a vu que chez les chiens privés de pancréas le dédoublement se faisait aussi vite et aussi bien que chez les animaux témoins. Le dédoublement du salol ne résulte donc pas de l’action du suc pancréatique seul, d’autres inffuences doivent entrer en jeu. Pour élucider cette question, nous avons recherché l’action an vitro des différents organes sur le salol. Nous avons constaté que le pancréas (homme, bœuf) et la pancréatine agissent puissamment sur le salol; la même propriété appartient à la bile (homme, bœuf, lapin, cobaye), comme l'avait déjà vu Lombard, aux muqueuses gastrique (2) et intes-" tinale (3), au foie, à la rate, aux capsules surrénales, aux reins, aux poumons, au myocarde, aux muscles striés, au cerveau, et enfin au sérum du sang (4) (homme, lapin, cobaye). Le lail de femme et le lait d’une chienne ont également une action positive, tandis que les laïls de vache, de chèvre, d’une ânesse sont sans influence. L’urine bumaine est inactive. Cette propriété appartient bien aux différents organes et non au sang qu'ils renferment, car elle persiste, quoique moins active, après le lavage; d’ailleurs elle existe dans le lait et dans la bile, qui sont dépourvus de sang (5). L'activité du dédoublement varie avec les sujets et avec les organes, (1) La Cellule, t. XVIK, 2° fascicule. (2) Avec la pepsine, soit seule, soit en présence d'HCI, le dédoublement ne se produit pas. (3) L'épreuve du salol, proposée pour apprécier l’activité de la sécrétion pancréatique, n'a donc pas de valeur. (4) Le sang défibriné (lapin) est sans action. (5) Le colibacille, le bacille typhique, le proteus, une levure de boulanger, .e saccharomyces cerevisiæ n’ont pas d'action. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 149 comme on peut s’en assurer par le dosage de la quantité d'acide salicy- lique formé (1). Le dédoublement se produit activemert aux tempéra- tures de 20 degrés et de 37 degrés; la réaction de l'acide salicylique n'apparait pas avant une heure et demie à deux heures et est très mar- quée au bout de vingt à vingt-quatre heures. A la glacière, le dédou- blement est insconstant, faible et retardé. À 50 degrés, il ne peut être étudié, car cet‘e température suffit pour dédoubler le salol en présence de l’eau. La propriété de dédoubler le salol est détruite par l'exposition des organes (avant leur mélange avec le salol) à 62-65 degrés pendant une heure, à 100 degrés pendant trente minutes, à 115 degrés pendant dix minutes; après une exposition de dix minutes à 100 degrés, le dédou- blement se produit encore quelquefois, mais est très faible. L’alcalinité du milieu favorise l’action des organes; une acidité, même légère, l’atténue, et, plus marquée, l’annihile. L'ensemble de ces caractères montre que cette action des organes, du - sérum, du lait sur le salol est le fait d’un ferment. Comme le dédouble- ment du salol est un phénomène d’hydratation, ce ferment n’est peut- être que la lipase, ferment qui a aussi une action hydratante, et qui existe dans le pancréas, dans le sang, dans le foie, et en petite quantité dans d’autres organes (Hanriot). D'ailleurs M. Hanriot a montré que la lipase saponifie les éthers organiques, et M. Effront attribue à la lipase le dédoublement du salol par le suc pancréatique. En terminant, nous tenons à attirer l'attention sur le fait que les laits de femme et de chienne renferment ce ferment, tandis qu'il n'existe pas dans les laits de vache, de chèvre, d'ânesse. Cette constatation est à rap- procher de faits analogues antérieurement signalés : présence dans le lait de femme, absence ou faible proportion dans le lait de vache de galacto-zymase, transformant l’amidon en sucre (Béchamp), de lipase (A.-B. Marfan). Ces recherches devront être poursuivies sur de plus nombreux échantillons. (Travail du laboratoire de l'hospice des Enfants-Assistés.) - NOïTE SUR LES PLACENTOMES (MOLE HYDATIFORME, DÉCIDUOME), par M. MAURICE LETULLE. Après expulsion de l'embryon ou du fœtus, le placenta peut rester adhérent en totalité ou en partie à la surface de la cavité utérine et y subir une transformation néoplasique : il produit alors tantôt la « môle (4) Ces dosages seront publiés dans un mémoire ultérieur. 150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE hydatiforme », tumeur qui peut demeurer bénigne, tantôt le « déci- duome », tumeur maligne qui s'infiltre dans l'épaisseur même des parois ulérines, par les voies sanguines de préférence et, de là, géné- ralise à la totalité de l'organisme ses noyaux secondaires. Le terme de « déciduome » consacre une erreur d'interprétation, les cellules déciduales ne jouant aucun rôle dans la formation de la tu- meur cancéreuse en question. Le placenta, à lui seul, donne naissance aux deux variélés de placentome : la môle hydatiforme et le déci- duome. L'examen des pièces qui m'ont élé fournies m'a permis de constater qu'à la surface des végétalions de la môle, le revêtement plasmodial (syncytium des auteurs allemands) continue à former, comme à l’état normal, des boules hyalines, boules sarcodiques, en tous points iden- tiques aux productions décrites par Nattan-Larrier et moi à la surface des villosités du placenta humain normal. De même pour le déciduome : les figures que je présente montrent dans les cavités vasculaires veineuses de l’utérus des bourgeonnements tumoraux caractéristiques : un axe conjonctif muqueux, plus dense que l’axe de la villosité normale apparail entouré d’une couche exubérante de cellules de Langhans, en proliféralion extrême; le tout est récouvert de longues bandes de plasmode (syncytium), bandes qui sécrètent en abondance des boules hyalines plus ou moins vivement colorées par l’éosine. Détail important : ce sont les placards de plasmode qui, rompant les limites des parois vasculaires, s’infillrent seules dans les espaces inter=, musculaires du tissu ulérin et y poussent leurs végétations cancéreuses (plasmodiome infectant). Or, ces expansions néoplasiques d'origine plasmodiale n’y procèdent plus par masses plasmodiales sous forme de protoplasma indistinct parsemé de noyaux: ce plasmode s’y individua- lise sous forme d'énormes éléments, richement nucléés, où la karyoki- nèse fait défaut; la secrélion de boules hyalines disparaît au niveau de ces épithéliums plasmodiaux carcinomateux ainsi individualisés; du moins, sur mes coupes, jusqu'à présent, il ma été impossible de trouver trace de cette sécrétion spéciale du protoplasma plasmodial, révélatrice de la fonction sécrétoire de la portion ectodermique du placenta. SUR UN HÉMATOZOAIRE ENDOGLOBULAIRE PIGMENTÉ DES TORTUES, par M. le D' P.-L. SImonr. On ne connaît encore que chez les vertébrés supérieurs des hémato- zoaires endoglobulaires pourvus de pigment, et quelques auteurs, pour SÉANCE DU 9 FÉVRIER 151 mieux distinguer certains groupes d’hématozoaires, ont fait intervenir leur habitat comme un caractère de genre. 4 Nous avons rencontré chez une espèce de tortue asiatique, 7rionyx gangeticus, observée à Agra, un hématozoaire qui, par la forme de certains stades et par la présence de pigment, s'éloigne considérable- ment de toutes les espèces parasites du sang des reptiles décrites jusqu'à présent. Au stade le plus jeune, le parasite se présente sous l’aspect d’une petite amibe incolore, mesurant de un à trois w, très fréquemment en forme de gourde, c'est-à-dire étranglée en son milieu. À un état un peu plus avancé, on constate dans l’intérieur du corps de l’amibe la pré- sence d'un grain de pigment. Le pigment devient de plus en plus abon- dant au fur et à mesure de l’accroissement, mais on observe, à dater de son apparition, une différence d'évolution des corpuseules amiboïdes qui oblige à distinguer deux formes du parasite, l’une à petits grains, l’autre à gros grains de pigment. 1° Forme colorable à petits grains de pigment. Cetle forme, considérée au stade le plus avancé, remplit environ la moitié du globule rouge, d'ordinaire sans déplacer son noyau. Elle est le plus souvent réniforme, avec une extrémité plus renflée et moins allongée que l’autre; les grains de pigment qu'elle contient sont petits, - nombreux et réunis en un, deux ou trois groupes. Le plus important de ces groupes, situé soit près de la grosse extrémité, soit dans la partie médiane du corps, affecte généralement la forme d’un anneau régulier; les grains de pigment en petit nombre qui ne font pas partie de l'anneau sont relégués à une ou aux deux extrémités du parasite. Un autre caractère de cette forme est de se colorer très faiblement par le bleu de méthylène ordinaire. 2° Forme incolorable à gros grains de pigment. Quand il a suivi la deuxième évolution, le parasite adulte présente encore la forme d’un rein, mais plus régulier et plus globuleux. Les grains de pigment s’y trouvent en très petit nombre, rarement plus de six; ils son! en général plus gros que dans l’autre forme. //s ne sont jamais disposés en un groupe réqulier; la plupart du temps ils sont dis- persés isolément à la périphérie du corpuscule. Traité par le bleu de méthylène ordinaire le corps du parasite demeure absolument incolore et ne laisse apparaître aucune différenciation nucléaire. Si l’on examine ces deux formes du parasite dans le sang frais, on constate quelles sont douées d'une certaine mobilité. Leurs mouve- ments sont amiboïdes, s’accomplissent avec une grande lenteur et abou- tissent à des modifications légères de la forme sans déplacement dans le globule. Très peu après la prise du sang, les parasites deviennent complètement immobiles. 152 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le pigment présente parfois une mobilité identique à celle observée chez les hématozoaires des vertébrés supérieurs ; nous n’avons jamais vu la totalilé des grains d’un même parasite mobiles simultanément. Chez tous les Zrionyx g. porteurs des parasites que nous venons de décrire, nous avons observé une troisième forme distincte de celles-ei dès les premiers stades, toujours dépourvue de pigment et analogue à des stades des hémogrégarines qui parasitent le sang des {'mys. Nous sommes disposé à croire que ces formes hémogrégariennes constituent un chaînon du cycle évolutif du parasite pigmenté. De nouvelles recherches sont indispensables pour établir si cette hypothèse est fondée ou s’il s’agit d’une espèce différente. L'analogie des formes pigmentées avec certains stades du paludisme de l'homme et des oiseaux nous a fait supposer qu’elles possédaient un stade à flagelles, mais nous n’avons pu rencontrer ce stade. La même analogie permettait de prévoir que ces parasites étaient pourvus d'un noyau susceptible de se colorer comme celui des Jæmamæba. Nous avons en effet réussi à meltre ce noyau en évidence dans les formes à gros et à petils grains de pigment, en employant la méthode de Lave- ran ; toutefois, en opérant comme nous l'avons fait sur des préparations déjà fort anciennes, la coloration n'est pas assez délicate pour permettre l'étude détaillée de ces noyaux. Nous ne pouvons qu'affirmer leur existence. Les différences que présentent les deux formes pigmentées que nous. venons de décrire sont de même ordre que celles que les travaux d’Opie(1), Mac Callum (2) et Laveran (3) ont révélées chez les Jæmamæba des oiseaux. On sait que chez ces parasites aviaires, ces différences cor- respondent à un dimorphisme sexuel; nous pensons qu'il en est ainsi pour notre parasite. Les formes à gros grains de pigment, pourvues d'un noyau volumineux, constituent vraisemblablement des gamètes mâles, et celles à petits grains, à protoplasma légèrement colorable par le bleu de méthylène ordinaire, des gamètes femelles. Ce parasite paraît devoir se ranger dans le genre Âæmamæba tel que l'a compris Laveran (3); toutefois on ne pourra le classer définitivement qu'après une connaissance plus complèle de son cycle évolutif. Nous dédions l'espèce à notre éminent maître, M. le professeur Metchnikoff, sous le nom d’Aæemamæba Metchnikovt. (1) The journal of. exp. Medicine, vol. HIT, n°1, 1898. (2) Comptes rendus Société de Biologie, 8 juillet 1899. (3) Cinquantenaire Sociélé de Biologie, 1899. à + SÉANCE DU 9 FÉVRIER 153 RÉPARATION ET DOSAGE DU GLYCOGÈNE DANS LES ORGANES D'ANIMAUX, par MM. G. Merccère et Lorrer. Nous avons appliqué à l'étude du glycogène dans différents organes d'animaux (lapin, rat cheval) les deux procédés chimique et hislolo- gique. Le dosage a été effectué avec les précautions que nous avons indi- quées dans une communication faile le 31 mars à la Société de Biologie ; l’examen a porté sur les organes du lapin, du rat et du cobaye ainsi que sur le muscle du cheval. La méthode histologique employée a été celle d'Ebrlich-Brault : fixa- tion par l'alcool fort, coloration par la gomme iodée. Le glycogène est constant dans les cartilages costaux, dans les carti- - lages de l’épiglotte et du larynx, dans les cartilages de conjugaison des os à l’état de développement incomplet. Il est inclus sous la forme d'un croissant ou d’un anneau à la périphérie de lacellulecartilagineuse.Parfois il est repoussé sous forme de boule épaisse à l’un des pôles de la cellule. Dans le foie, le glycogène est à l’état de fines gouttelettes, voire de poussières excessivement ténues. Le noyau disparait presque entière- ment sous une pluie de gouttes glycogéniques de dimensions très varia- bles dans la même cellule. Chez le lapin, les parties du tissu hépatique en contact avec des tumeurs coccidiennes contiennent manifestement plus de glycogène que les autres régions, indice de l’irritation à laquelle sont soumis les trabécules voisins. Dans l’intérieur même de la tumeur cocci- dienne on voit de fines masses brunâtres, souvent elliptiques, qui occu- pent le corps même des parasites. Le dosage du glycogène dans le foie nous a donné en moyenne 8 p. 1000 pour le lapin et jusqu'à 15 pour 1000 pour le rat. Dans les muscles, le glycogène présente un aspect un peu différent. Il n’est plus en gouttes ou en amas, mais le plus souvent en nappes. La nappe glycogénique est située sous le sarcolemme et borde le proto- plasma. Tantôt elle recouvre entièrement la cellule, tantôt elle forme une bandelette mince le long du sarcolemme. Sur des coupes de fais- ceaux musculaires faites perpendiculairement, le glycogène se présente à nouveau sous forme de croissants incomplets entourant l’axe proto- plasmique. Chez le lapin, les muscles ne sont pas tous également pourvus : le psoas nous à paru présenter peu de glycogène; les muscles de la nuque sont plus riches; les différents faisceaux musculaires de la langue et du larynx sont très fortement teintés par la gomme iodée jusque dans les plus fines lerminaisons dermo-papillaires. Chez certains animaux, comme le cheval, le glycogène musculaire pré- 15% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sente une résistance remarquable. Tandis qu'après vingt-quatre heures le muscle du lapin se débarrasse presque entièrement du glycogène qu'il contient, le muscle du cheval le conserve plusieurs mois, ce qui tendrait à prouver que la nature des deux substances n’est peut-être pas absolument identique et que, dans certaines espèces, le glycogène se trouve à l'élat de combinaisons plus stables, de /aques assez résistantes. Le dosage dans les muscles du cheval nous à donné des chiffres assez constants compris entre # et 5 pour 1000. | Les auteurs ne sont pas d'accord sur l'existence du glycogène cardia- que. La plupart le nient. Nous l'avons dans tous nos examens rencontré d'une façon constante, aussi bien histologiquement que chimiquement. Nos lapins, il est vrai, étaient tués par piqüre du bulbe et les organes immédiatement fixés par l'alcool, le cœur battant encore, le plus sou- vent, au moment de l'ouverture de la cavité thoracique. Le glycogène du cœur est peu stable, il disparaît fort rapidement. Peut-être doit-on incriminer l'absence de sarcolemme dans la fibre mus- culaire du cœur. Il varie de plus chez les différents sujets examinés. Cer- tains cœurs sont plus riches que d’autres pour des raisons que nous ne pouvons préciser. Microscopiquement, il est réparti dans toute la muscu- lature du cœur, mais surtout au niveau des fibres de la couche muscu- laire interne. Au-dessous de l’endocarde il dessine un feston continu qui épouse toutes les dépressions ou saillies de la séreuse sus-jacente. Il raie fortement les piliers du ventricule, dont il accompagne les fibres musculaires jusque dans leurs terminaisons tendineuses. L'endocarde et les valvules en sont absolument dépourvus. Parfois l’on constate, quelques gouttes en dehors des cellules dans les espaces conjonctifs intercellulaires. Par le dosage nous avons Péd à 2 gr. 50 p. 1000 chez un DEEE dont le muscle ne contenait que 2 p. 1000. Tous les autres organes des lapins nous ont semblé dépourvus de gly- cogène. On n’en décèle ni dans le pancréas, ni dans la rate, ni dans le: poumon. La muqueuse du bassinet et de l’uretère se colore parfois uni- formément en brun clair par l’iode : contrairement à l’opinion de cer- tains auteurs nous ne croyons pas qu'il s'agisse de glycogène véritable. Dans le cerveau, les plexus choroïdes, si riches en glycogène chez l'embryon, comme l'un de nous l’a montré avec M. Brault, en sont à l’état normal absolument dépourvus. L'examen d'’ovaires, de testicules de brebis, de vaches, de taureaux ne noùs a donné aucun résultat posilif. Le dosage n’a décelé qu'une trace de glycogène provenant peul-être du sang. Dans le sang, histologiquement nous ne l’avons rencontré qu'une fois dans quelques leucocytes. Le dosage donne d’ailleurs des résultats dis- cordants. Dans une prochaine note nous indiquerons quelles variations subit le OC Qc SÉANCE DU 9 FÉVRIER 15: glycogène dans les différents organes sous l'influence de lhypergly- cémie, et sur quels parenchymes, où normalement l'examen chimique et histologique reste négatif, se fixe plus particulièrement cette substance. VARIATIONS DU RAPPORT DES ALBUMINES URINAIRES (SÉRINE ET GLOBULINE) AU COURS DE DIVERSES AFFECTIONS. par MM. G. MeiLiÈèrEe et M. Loper. Les albumines urinaires précipitables par la chaleur apparliennent à plusieurs groupes protéiques encore mal individualisés (caséine, sérine, globuline, nucléoalbumine, ete.). Les procédés préconisés pour la séparation de ces corps impliquent l formation de précipités colloïdaux entraiïnant des substances non précipitables par elles-mêmes (a/bumoses, peptones, pigments divers, sels ete). Rien n'autorise donc à theme qu'un procédé permet de doser sûre- -ment tel ou tel albuminoïde à l'exclusion de tout autre corps voisin. _ On doit se borner à dire que, dans les conditions expérimentales déterminées, on a obtenu un poids donné de substance exprimé en valeur absolue, ou bien encore que les procédés appliqués à la déter- mination de deux corps ont fourni des résultats qui sont entre eux dans un rapport donné. On détermine dans le premier cas un indice urinaire, dans le second cas un rapport urinaire, suivant le langage conventionnel des urolo- gistes (1). On établit ces indices et ces rapports, toutes réserves faites sur l’indi- vidualité des corps isolés. Séparation des albumines urinaires diles sérine et globuline. — Nous déterminons l'indice urinaire albumine totale en maintenant au bain-marie bouillant, jusqu'à précipitation complète, 100 centimètres cubes d'urine addilionnés de 50 centimètres cubes de solution saturée de sulfate de magnésie et de 1 gr. 50 (soit 1 p. 100) d'acide trichloracétique. Le précipité recueilli et pesé représente l’albumine totale des auteurs. Nous déterminons le rapport de la sérine à la globuline en effectuant la précipilation de la sérine seule dans l'urine privée des globulines, ou du moins. des protéines précipitables par le sulfate de magnésie à froid. (1) Voir notre communication à la Société de Biologie du 30 mars 1900. 156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les deux termes sérine et globuline étant complémentaires Fun de l’autre, nous donnerons seulement la proportion de globuline pour 100 d'albumine totale. Les anciens auteurs s'étaient particulièrement attachés à déterminer les variations relatives de la sérine et de la globuline et à en tirer des indications diagnostiques et pronosliques. Dans le traité de MM. Lecorché et Talamon et nombre d'ouvrages parus à la même époque, on peut lire que la globuline domine dans l'urine des amyloïdes et des néphrites infectieuses, que la sérine est surtout abondante chez les vrais brightiques. Certains pensent que l'augmentation de la globuline dans le mal de Bright confirmé est un indice d'aggravation de la lésion rénale. Les statistiques données par les différents auteurs ne sont pe compa- rables vu la diversité des méthodes employées. Aussi nous a-i-il paru intéressant de reprendre cette étude par le procédé indiqué plus haut. Nos observations portent sur plus de 50 albuminuries de cause très variable, dont 411 cas de dégénérescence amyloïde des reins cliniquement probables (vérifiés d’ailleurs par l’autopsie), 24 néphrites chroniques pour la plupart saturnines, 5 néphrites aiguës syphilitiques, pneumo- niques ou rhumatismales, 7 éclampsies puerpérales d'origine hépatique probable, 3 albuminuries cardiaques pures, enfin albuminuries légères et passagères au cours d'infections diverses. | Dans la dégénérescence amyloïde, nous avons obtenu des chiffres variant de 64 à 29, 27, 20, etc., p.100 de globuline. Dans les atrophies rénales, la globulinurie oscille entre 50, 40, 31, 26° GUUULE Dans les néphrites aiguës, mêmes variations ; 100, 24, 21 p. 100 de globuline. ; Les éclampsies puerpérales, quelle que soit la nature de la lésion en cause el sans qu'il paraisse y avoir un rapport entre cette lésion (effrac- tion du parenchyme rénal, néphrile primilive ou secondaire) et les taux observés, donnent des pourcentages très variables : 60, 50, 43, 40, 29, 23, 20, 17 p. 100. Chez les cardiaques cliniquement purs nous avons trouvé 60, 35, 2ù et 15 p. 100. Nous ne voyons donc aucune indication diagnostique dans la pré- sence d'une proportion plus ou moins considérable de globuline. D'ailleurs, l'analyse chimique ne nous donne que la synthèse de la filtration rénale d’une part, de l’exsudation des produits de désagréga- tion cellulaire (Arnozan) d’autre part, alors que nous ne connaissons que la lésion prédominante de l'organe ; or, quand nous disons « dégé- nérescence amyloïde », nous ne savons quelles autres lésions cellulaires plus ou moins étendues accompagnent ce processus, et quand nous disons « atrophie rénale » ou « rein cardiaque », quelle altération inflam- SÉANCE DU 9 FÉVRIER 157 matoire où mécanique plus ou moins passagère se greffe sur la néphrile ou sur la stase rénale. Les conditions de filtration des albumines urinaires sont encore trop mal connues, malgré les recherches de Gotwald, pour que l’on puisse les faire intervenir dans l'interprétation des résultats obtenus. La propor- tion des albumines du sérum, variable avec le jeûne, la digestion, la fatigue et d’autres conditions physiologiques ou pathologiques, joue peut-être un rôle dans les variations du rapport des albumines uri- naires. Bien des recherches ont déjà été publiées sur ce sujet. Aucune n’en- traîne la conviction. Nous nous proposons, dans une prochaine note, de revenir sur la question et d'établir le rapport entre les albumines du sérum et celles de l'urine. NOTE RELATIVE A LA COMMUNICATION DU D' MAYET, SUR LA PHAGOCYTOSE DU BACILLE D'ÉBERTH ET SUR LE PROCÉDÉ LE PLUS FAVORABLE POUR L'EXAMEN DE CE PHÉNOMÈNE, par E. MaureL. 7 Je m'excuse de revenir sur la question soulevée par la communication du D' Mayet, sur la phagocytose du bacille d’'Eberth, à propos de la valeur comparée des deux procédés ayant servi à constater ce phéno- mène. Mais mon collègue m'a invité d’une manière si pressante qu'il m'est difficile de ne pas me rendre à ses désirs. La phagocytose du bacille d’Eberth par nos leucocytes n’est pas en cause. C’est un fait élabli en suivant deux procédés différents, et, je tiens à le dire, si j'ai rappelé avoir moi-même observé cette phagocytose, c'était moins pour revendiquer un droit de priorité que pour appuyer sur la confirmation de ce fait, et cela sans vouloir rien enlever au mérite de mon collègue, puisqu'il avait fait cette confirmation par un autre procédé. he Mais cette question écartée, reste celle de la préférence à donner à un procédé ou à un autre pour l'observation de celte phagocytose, et, en étendant un peu la question, pour l'étude du leucocyte vivant. Mon distingué collègue me demande comment, vu le grand nombre de globules rouges contenus dans la préparation de sang, j'ai pu suivre la manière dont se comportent les globules blancs, et surtout comment j'ai pu observer les baciles d'Eberth, encore plus difficiles à distinguer en l'absence de coloration. Pour toute réponse, j'invite mon collègue à faire une préparation de sang, en suivant exactement les indications que j'ai données, quand j'ai 158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE décrit mon procédé dans le travail que je lui ai indiqué (1); et s'il tient compte du volume de la goutte de sang et de l'épaisseur de la prépa- ration, elc., il constatera : A. — (Jue la préparation est assez mince pour qu'il n’y ait pas d'agglo- mération d'hématies. B. — Que la goutile étant très étalée, la crane ion contient des ne plasmatiques assez nombreux ét assez étendus ; — Qu'il suffit d'examiner quelques- uns de ces espaces plasmatiques voir un cerlain nombre de leucocytes; D. — Que, contrairement à ses craintes, il pourra suivre ces leucocytes pendant des heures entières; E. — Enfin que, dans les mêmes espaces plasmatiques, il pourra observer très neltement les bacilles d'Eberth et autres microbes avec la même facilité que dans la sérosité du vésicaloire. Et, du reste, pourquoi en serait-il autrement? Le plasma sanguin est-il moins transparent que la sérosité du vésicaloire? Ce sont des faits d’une constatation facile et au-dessus de tout argument. Depuis dix ans, j'ai montré les leucocytes par ce procédé à de nom- breux confrères et à des élèves; et tous, non seulement sont arrivés à les suivre, maisils ont trouvé leur observation facile et des plus altachantes. Il me paraît peu probable que M. Mayet, avec sa grande habitude de ces recherches, rencontre dans cet examen plus de difficultés que des débutants. Du reste, si la description que j'ai donnée du procédé que j'emploie laissait à désirer comme clarté, je me suis déjà mis et je me mets de nouveau à la disposition de mon collègue pour lui donner, dans une correspondance privée, les détails complémentaires qui lui paraitraient nécessaires. Le point le plus important, je le répète, est de ne prendre sur la lame qu'une goulte de sang, d’un millimètre et demi environ de diamètre, et de ne donner à la préparation qu'une épaisseur qui ne dépasse guère les dimensions des éléments figurés du sang. J'ai indiqué comment on y arrive en décrivant ce procédé. Je suis convaincu qu’en suivant exac- tement ce procédé, mon collègue arrivera à faire des préparations qui lui donneront toute satisfaction. Et si, ainsi que je l'espère, il venait à lui être démontré que ce procédé permet un examen facile des leucocytes et des microbes, il me semble qu'il serait bientôt tenté d'y avoir souvent recours; et je le connais trop pour ne pas attendre de lui qu'il déclare que ce procédé est plus commode, et peut-être aussi plus physiologique. L'avantage dela commodité du procédé du sang sur celui du vésicatoire ne saurait être mise en doute. Avec le procédé du vésicatoire, en effet, il faut attendre dix-huit à vingt heures; on n’a donc pas toujours de leu- (1) Archives de médecine expérimentale, 1° mars 1895. À SÉANCE DU 9 FÉVRIER 159 cocytes à sa disposition. La sérosité doit être prise à un moment voulu, quelques heures de plus ou de moins peuvent mettre la préparation dans de mauvaises conditions. Mème en calculant le temps, on peut avoir des surprises, le vésicatoire agissant plus ou moins rapidement selon sa composilion et la peau du sujet. Ce sont là évidemment des causes de préoccupation, parfois de temps perdu, et par conséquent d’entrave dans les recherches. En prenant le sang, au contraire, tout est simplifié. On a le leucocyte à sa disposition quand on veut. Une préparation est-elle manquée ? est- elle perdue par un accident? on peut la recommencer immédiatement. Il suffit d'une piqûre donnant deux gouttes de sang de deux millimètres environ de diamètre, piqûre dont la douleur est bien loin de celle du vésicatoire. Mais, de plus, et mon collègue me permettra d'insister sur ce point, ne pense-t-il pas que le leucocyte trouve dans le plasma sanguin un milieu plus normal, plus physiologique que dans la sérosité du vési- catoire ? Quoique le vésicatoire soit appliqué sur un sujet sain, la sérosité dont il provoque l’exsudalion n’est-elle pas en somme un liquide patho- logique ? Est-on sûr que cette sérosité a toujours la même composition? N'est-il pas à craindre que certains produits de la cantharide n’aient pas pénétré dans cette sérosité à travers la membrane si mince qui ferme la phlyctène et qui, pendant plusieurs heures, est restée en contact avec l’emplâtre vésicant? EL si un produit quelconque de la cantharide a tra- versé celle membrane, est-on sûr que ce produit est sans action sur le -leucocyte? Ce sont là, me semble-t-il, autant d’objections qui se présentent à l'esprit quand il s’agit d'assimiler ce procédé à ceux qui doivent nous. fournir le leucocyte se rapprochant autant que possible de l’état normal, Néanmoins ce procédé est-il à condamner? Loin de moi cette pensée. Abondance de procédés ne saurait nuire. Beaucoup de mes collègues seront de mon avis: un procédé vaut souvent par celui qui l'emploie: et Lel procédé qui est défectueux par quelques côtés, donne cependant d'excellents résultats dans-cerlaines mains qui savent l'utiliser. D'autre part, les conditions dans lesquelles nous avons et nous aurons à étudier le leucocyte dans ses diverses manifestations sont des plus variables; et à côté des procédés qui donnent le leucocyte que je pourrais appeler normal, il me paraît utile qu’il y en ait d'autres qui nous le four- nissent dans certaines conditions morbides. Or, ne serait-ce que sous ce rapport, le procédé du vésicatoire est à conserver; et je suis heureux que mon observation ait fourni à notre collègue l’occasion de faire con- naître sa technique d’une manière précise. En lerminant celte note, je tiens à dire que je serais désolé que mon collègue et ami le D° Mayet vit quoi que ce fût de désobligeant dans tout ce qui précède. Il connaît les sentiments d'estime et de sympathie 160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que j'ai pour lui, et il pense bien que ce n’est pas une divergence d’opi- nion sur.un point scientifique qui pourra les changer. Dans une prochaine note, je résumerai les divers procédés que nous avons à notre disposition pour nous procurer les leucocytes, soit à l’état normal, soit à l’état pathologique, et dont nous voulons faire l'étude. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris —— Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. RS TRUE 161 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1901 MM. Brcart et Léon BERNARD : Sérum surrénotoxique. — M. V. BazrmazarDp : Varia- tions horaires de l’excrétion urinaire chez l'homme normal. — M. N. VASCHIDE : L'expérience de Weber et l’olfaction en milieu Hate — M. L. Banrp : Résultats cliniques de l'appréciation de la tonicité du liquide céphalo-rachidien par son action sur les globules rouges du porteur. — M. L. Banp : Méthode de détermi- nation de la tonicité du liquide céphalo-rachidien par son action sur les globules rouges du porteur. — M. L. Bar : Du diagnostic par l'hématolyse de la nature cancéreuse des pleurésies et des péritonites hémorragiques. — M. A. Dasrre : A propos de la-recherche des ferments endo-cellulaires par la dialyse chlorofor- mique. — M. Briënne Ragaup : Formation des yeux des cébocéphales. — M. L. Mau- REL : Détermination et action des plus basses températures compatibles avec la vie du lapin. — MM. Lacrirre et Maurez : Détermination et action des plus basses températures compatibles avec la vie du lapin. — M. Rapnarz DuBors : Sur la prétendue fluorescence du corps vitré. — M. Laveran : Au sujet de la structure des. hématies des oiseaux. — M. le Dr P.-L. Simon : Sur un héma- tozoaire enudoglobulaire, Hæmogregarina Hankini, parasite du gavial. — MM. A. THéonarr et AURÈLE BABÈS (de Bucarest) : Modifications histo-chimiques de la muqueuse gastrique sous l'influence de l'alcool. — MM. les Drs Granp-MoursEL et TRIBONDEAU : Différenciation des îlots de Langerhans dans le pancréas par la thio- nine phéniquée. — MM. Juces Courmonr et Cu. Lesteur : La polynucléose de la rage clinique ou expérimentale. — MM. GurrauD et GAuTIÉ : Méthode générale de colo- ration des bactéries au moyen du bleu d’aniline soluble à l’eau. — M. E. SucHaARn : Observations nouvelles sur la structure du tronc de la veine porte du rat, du lapin, du chien, de l’homme et du poulet. — MM. L. Camus et E. GLex : Sur ia sécré- tion pancréatique des chiens à jeun. ® LA La A le L/ s Présidence de M. Netter, vice-président. FD 0 age a +4 fs > Z ee J SÉRUM SURRÉNOTOXIQUE, Ep à, MASS par MM. BrGarT et LÉON BERNARD. 0e (Communication faite dans la séance précédente.) On sait qu'à la suite des recherches de MM. Metchnikoff et Bordet, divers auteurs sont parvenus à préparer des sérums capables de détruire d'une manière élective certaines cellules de l'organisme. Nous avons cherché à obtenir un sérum susceptible de détruire les cellules des capsules surrénales. Nous avons employé la technique suivante : dix à douze capsules surrénales, prélevées sur des cobayes qu'on vient de tuer par saignée, sont broyées avec du sable, puis additionnées d'eau physiologique avec les précautions indiquées dans un autre travail par l’un de nous (1); par le repos, le sable et les parties insolubles de la macération se séparent rapidement d’un liquide jaune, opaque, qui surnage, et que l’on injecte immédiatement dans la cavité péritonéale d’un canard; nous avons (4) Bigart. Albumines de la cellule hépatique. Thèse, Paris, 1900. Brozocre. Compres RENDUS. — 1901, T, LIIT. 13 Er ATEN L 162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE choisi cet animal, déjà utilisé par M. Delezenne pour la préparation d’un sérum névrotoxique, parce qu'il semble préférable d'agir entre animaux d'espèces zoologiques très éloignées. Ces canards reçoivent successive- ment plusieurs injections identiques, puis sont saignés par une veine jugulaire. Le sérum sanguin, obtenu après séparation du caillot, est injecté à des cobayes neufs. Nous avons observé sur nos animaux les faits suivants : Les canards supportent bien en général les etat de surrénales de cobaye; l'un d’eux, toutefois, a présenté, quelques jours après la première injection, des phénomènes parétiques, caractérisés par une démarche hésitante et maladroite, suivie rapidement de chute, phéno- mènes qui ont disparu en peu de temps. Les cobayes présentent des phénomènes toxiques allant jusqu’à la mort. Le sérum qui s’est montré le plus actif, jusqu à présent, a été obtenu en pratiquant chez le canard trois injections de surrénales, espacées de la mare suivante : huit à dix Jours entre les deux pre- mières, quinze à vingt jours entre la seconde et la troisième; puis en prélevant dans la quatrième semaine qui suit la dernière injection le sang destiné à inoculer les cobayes. Ce sang tue 125 fois son poids de cobaye ; la mort survient d'autant plus rapidement que la dose est plus élevée ; nous avons observé une survie de quelques heures à douze jours. Nous avons vu des sérums moins actifs ne tuer que 45 fois leur poids de cobaye, ou même ne pas tuer. Les symptômes observés ont été les suivants : les cobayes semblent présenter parfois un certain degré de paresse : ils restent immobiles à* l'endroit où on les place, et ne remuent qu'à la suite d’excitations répé- tées; en outre, ils mangent peu et maigrissent rapidement. À l’autopsie, on trouve une augmentation très notable du volume et du poids de capsules, qui ont gardé leur forme habituelle. A la coupe, la partie centrale de la capsule apparaît constamment décolorée ‘plus ou moins complètement, parfois diffluente et gélatiniforme. Le microscope montre des altérations très profondes sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement. Nous nous sommes assurés que le sérum sanguin normal du canard ne détermine aucun phénomène morbide, même à doses élevées, chez le cobaye. De ces faits, dont nous nous proposons de poursuivre l'étude, il se dégage dès maintenant les conclusions suivantes : la méthode générale des sérums cytotoxiques donne des résultats positifs en ce qui concerne les capsules surrénales. En outre, cette application particulière sera sans doute susceptible de fournir sur la physiologie normale et pathog logique des surrénales des indications précieuses, en permettant d- délruire l'organe sans lésions accessoires. C'était là, d’ailleurs, l’idée qui a servi de point de départ à nos recherches. Nous pensons en effet SÉANCE DU 16 FEVRIER 163 que les méthodes cytotoxiques, en dehors de leur intérêt biologique propre, sont susceptibles de constituer un instrument d'a aiyse physio- logique, utilisable pour les capsules surrénales et sans dou‘e aussi pour d’autres organes. (Travail du laboratoire de M. le D' Albarran, à l'hôpital Necker.) VARIATIONS HORAIRES DE L'EXCRÉTION URINAIRE CDEZ L'HOMME NORMAL, par M. V. BALTHAZARD. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai étudié d'heure en heure l’excrétion urinaire chez un individu normal, au point de vue du volume d'urine émise, de la concentration moléculaire de cette urine, de la quantité d'urée, d'azote total excrétés, du rapport azoturique _ des chlorures et de la toxicité urinaire. 11 Les résultats sont consignés dans le tableau suivant : O8s. I. — Adulte, vingt-huit ans. Poids 90 kilogrammes. Taille 1273. Toxicité totale : 8 t. 25. ee © £ à n £ ‘ É = TS = SRE HEURES PES IN ENS TOXIGITÉ AP EÈE | she CIC. Je 11 b.-midi. . 72| » |—1066| 1805| 1504 / Urine moyenne de midi à 4heures. Midi-1 heure.| 80|1025|—1 83| 1 36| 1 30 AT dope haine GE Te AND RU A RER SOUS Ce te ANA a .c. par kil. 2 h.-3 h.. 10/1027|—1 80] 1 #4] 0 84 Toxicité totale après correction 3 h.-4 h.. 8511026|—1 77] 1 63| 1 06 d'isotonie : 5 t. 28. 4 h.-5 h.. 80/1027|—1 86| 1 52| 1 12 4 pre h. du SO DD RAR GS MOSS PUIS ONG nee Ant 6 h.-9 h. (1).| 4511029} —1 98) 1 18] 0 48 A nr 9 h.-10 h. .| 80 1020 —1 94 119) MMONE? Oh dimatins 10 h°=140b). .| 12511025|—1 66! 2 57| 1 25 A—1°%66.Vol:—432 cc. 41 h.-minuit.| 11211023|—1 72] 2 24| 41 34 Ÿ Dose mortelle : 184 c.c. par kil. Minuit-1 h. .| 11511024|—1 69] 2 53| 0 98 Toxicité totale : 0 t. 56. 1 h. 6 h. A — 1974. Vol. — 39%5 c. c. 1 h.-6h.{1).| 6311024|—1 74! 1 63| O0 42 Dose mortelle : 106 c.c. Toxicité totale —0 t. 42. 6 h.-11 h. matin. 6 h.-9 h. (1).| 7011023|—1 70! 1 57| 0 54 A == 1973. Vol. — 290 c. c. 9h.-11h.(1).| 40] » |—1 85| 1 08| O0 34 . Dose mortelle : 20 c.c. | Toxicité totale : 18 toxies. Coefficient urotoxique : 0 t. 2 Total des 24 h.14710| » |—1076|3747| 1%18 { | (1) Ayant recueilli l'urine de plusieurs heures en même temps, je donne dans le tableau la moyenne par heure; ainsi pour la suite. RP EP NP TUE, 164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Comme on le voit, la quantité d’urée excrétée varie d’une heure à l’autre du simple au double, et plus (2 gr. 57 de 10 à 11 heures du soir, 1 gr. 08 de 9 à 10 heures du matin). La toxicité varie plus encore (0 t.42 pendant 5 heures de nuit, 5 t.28 de 11 à 4 heures du soir); son maximum est dans les heures qui suivent le repas de midi, résultats conformes à ceux que vient de publier M. Charrin. L'influence des repas se manifeste nettement; les maxima de volume d'urine, de quantité d’urée, se placent 3 à 4 heures après le repas de midi et celui de 8 heures du soir. O8s. IL. — Même sujet. AZOTE AZOTE |RARRORT HEURES VOLUME de l'urée| total Azu 9 h.-11 h. mal. h.-midi. . . .-2 heures. ES 4l 2h 2 h. a ne 4 h. 6 h. ina 9 h. 0 h. 4 h. n 1 1 == = Total des 24 h.11633 c°| 1065 |145 7 | 34547 (1) La grande quantité d'urine émise de minuit à 1 heure et sa faible concen- tration moléculaire sont dues à l'ingestion de bière. Ce tableau concorde avec le précédent. Les variations du rapport = ont été de 0,88 à 0,81, c’est-à-dire très faibles. La détermination de ce rapport sur l'urine des 24 heures du même sujet a donné à deux reprises différentes 0,85. (Travail du laboratoire de M. le professeur Bouchard.) SÉANCE DU 16 FÉVRIER 165 L'EXPÉRIENCE DE WEBER ET L'OLFACTION EN MILIEU LIQUIDE, par M. N. Vascuipe. (Communication faite dans la séance précédente.) Le contact intime d’un liquide odoriférant avec la muqueuse olfactive supprime l’action des odeurs. Telle est l'opinion classique, et on cite à l'appui l'expérience de £. H. Weber, qui avait constaté que si l’on rem- plissait les narines d’un mélange d’eau et d’eau de Cologne, l'odeur n'était point perçue; la sensibilité olfactive ne se manifestait dans ses expériences que longtemps après que le liquide avait été enlevé (1). Des recherches expérimentales faites à ce sujet sur nous-même et sur trois autres personnes adultes (1 femme et 2 hommes), dont la sen- sibilité olfactive nous était bien connue, nous ont conduit à des conclu- sions tout à fait différentes et contradictoires. À notre connaissance, aucune sorte de recherche n’a été faite, en dehors des expériences si ingénieuses d'Aronsohn (2), depuis l'expérience déjà ancienne de Weber (1847). Comme dispositif de l'expérience, je me suis arrêté au suivant. Le sujet était assis dans la position indiquée par Weber, tête inclinée, de façon que la partie supérieure des fosses nasales soit baignée par le mélange odoriférant; par l'examen rhinoscopique, je me suis préalable- ment rendu compte de la capacité des fosses nasales et surtout de leur profondeur. Le sujet devait faire tout doucement une inspiration pro- fonde et expirer pour le moment par la bouche; quand l'amplitude respiratoire était à son maximum, on pincait solidement le nez et on plaçait immédiatement le nez dans un vase plein d’un liquide odorifé- rant quelconque, tenu jusque-là en dehors de tout contact direct ou indirect avec le champ respiraloire, en recommandant au sujet de faire alors rapidement une inspiration forte, la bouche étant fermée. Les yeux étaient toujours bandés et les sujets gardaient le liquide de deux à vingt-cinq secondes en moyenne. Une séance plus prolongée, outre la fatigue, rendait parfois l'expérience insupportable. Le liquide avait été toujours préalablement chauffé à la température du corps, pour éviter l'influence nuisible?de la température du liquide sur la per- ception des odeurs. Ayant fait sur chaque sujet en moyenne dix déterminations avec des solutions d’eau distillée ou des mélanges contenant de l’eau de Cologne, de l’eau de rose, de l'essence de violettes, de l’éther, de l’opoponax, de (1) E. H. Weber. Ueber d. Einf. d. Erwärm. und Erkäll. d. Nerven, Archiv für Anatomie und Physiologie, 1847, p. 342-357. (2) Aronsohn. Beitr. zur Physiol. des Genruchs, Archiv. für Physiol., 1884, Zur Phys. d, Geuruchs, Thèse, Leipzig, 1886, 166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'essence de menthe, de l'essence d'ail, de l'essence de girofle, de la vaniline, de l'essence d'iris, du trèfle incarnat (parfum), et avec du camphre dans des solutions titrées, nous avons pu observer, dans la grande majorité des cas, que les sujets se rendaient parfaitement compte de la nature des sensations olfactives des mélanges odorifé- rants. L'olfaction n'était, en outre, pas atteinte d’une manière sensible immédiatement après que le liquide avait été enlevé. Il existait, il est vrai, une irritation, une gêne, mais elle était plutôt d'ordre tactile et elle était d'autant plus grande que la température du liquide diminuait. Nos recherches prouvent encore que l'emploi d’une solution physio- logique de NaCI à 0,73 p. 100 ne paraît pas toujours nécessaire, comme lexigeait Aronsohn, pour que l'olfaction dans le liquide ait lieu. La vraie cause qui serait nuisible à l’olfaction, c’est la température basse du liquide. Ce qui est intéressé dans l’olfaction, c’est la sensibilité tac- tile olfactive ; la muqueuse nasale, peut-être à cause des changements brusques de température, devient irritable et parfois douloureuse au moindre contact après l’expulsion du liquide. Les sujets sentent-ils réellement le milieu, en tant que solution, dans mes expériences et dans celles d’Aronsohn ? Zwaardemacker s’est déclaré sceptique pour les recherches d’Aronsohn, objectant que la voûte nasale n'était pas complètement remplie d’eau et surtout qu'il est très difficile d’expulser l'air d'un cul-de-sac. Jacques Passy ne trouvant pas justifiable la critique de cet auteur, relève, à propos des expériences d'Aronsohn, le fait que le physiologiste allemand, avec sa technique des douches nasales, avait constaté que certains sels, qui passent géné ralement comme dépourvus d’odeur, étaient odorants en tant que solu- tions, et conclut avec raison que ce n’est que parce qu’une partie tout au moins de la muqueuse olfactive a été atteinte, que l’odeur des sels en dissolution a été perçue. Autrement, si la région tout entière était restée entourée d’air, l’olfaction n’aurait pu être possible. La remarque de Passy me semble d'autant plus exacte, que je l'ai vérifiée par des faits. En effet, comme Aronsohn, j'ai constaté que le sulfate de soude, le phosphate de soude, le sulfate de magnésium, etc., ne sont perçus en tant qu’odeurs que dans des solutions convenablement proportionnées, et le fait est tellement vrai que si on réduit en poudre fine ces sub- stances, et avec ces pulvérisations fines on insuffle sur la muqueuse olfactive, ou si l’on tient ces substances tout près d'elle, on n’a aucune sensation olfactive. L'objection de Zwaardemacker est donc purement théorique. Dans nos expériences, outre la détermination de la topogra- phie des cavités nasales, nous avions une preuve que la fissure olfactive était remplie d’eau, au moins en partie, dans le fait qu'une grande. partie de liquide pénétrait dans la cavité buccale. L'expérience de Weber est donc mal instituée et on peut très bien sentir dans le liquide, à condition de chauffer ce liquide préalablement SÉANCE DU 46 FEVRIER 167 un peu plus qu’à la température du corps. Dans l'expérience de Weber, il n'y avait, en outre, aucune preuve que la sensation soit disparue physiologiquement quand le nez est plein d'un liquide odorant; elle à pu très bien disparaître psychologiquement, l'excitation physiologique ne pouvant être perçue à cause d’une sensation désagréable due à ses mauvaises conditions expérimentales. La réfutation de l'expérience de Weber a d'autant plus d'importance, que l'olfaction dans le liquide est un des problèmes qui peuvent éclairer la nature des conditions physiques de la sensation olfactive. (Travail du Laboratoire de physiologie de M. Françcois-Franck au Collège de France.) RÉSULTATS CLINIQUES DE L'APPRÉCIATION DE LA TONICITÉ DU LIQUIDE CÉPAALO-RACHIDIEN PAR SON ACTION SUR LES GLOBULES ROUGES DU PORTEUR, par M. L. Bar. (Communication faite dans la séance précédente.) On sait que le liquide céphalo-rachidien normal a un degré de tonicité notablement supérieur à celui du sang; les recherches de Widal et de . ses élèves ont montré récemment, en utilisant la détermination de son point de congélation, qu'il pouvait devenir hypotonique dans les ménin- gites aiguës. J’ai examiné, au même point de vue, plusieurs liquides céphalo-rachidiens, mais en ayant recours à une autre méthode, en utilisant la donnée, bien étudiée par Hamburger, de la sensibilité des globules rouges mis en contact avec des liquides d’une tonicité inférieure à celle du sang, en un mot, en recherchant la présence ou l’absence du pouvoir hématolytique du liquide céphalo-rachidien sur le sang même du porteur. Les résultats ont été conformes à mon attente, à la fois faciles à obtenir et très démonstratifs. J'ai soumis jusqu'à présent à ce procédé d'appréciation, dont les détails techniques seront indiqués dans une seconde note, et dont j'avais déjà sommairement indiqué le principe antérieurement (1), dix liquides céphalo-rachidiens de provenances différentes; dans deux cas, une pone- tion renouvelée à quelques jours d'intervalle a donné les mêmes résul- tats que la première. Sur 10 malades, appartenant tous à mon service de clinique, 4 avaient (1) Bulletin médical, 1901, p. 1. 168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un liquide hyperlonique, 5 un liquide hypotonique, 1 un liquide hypotonique qui présentait, de plus, une teinte laquée avant toute addition de sang. Le premier groupe comprend : une paraplégie flasque douloureuse due à un cancer vertébral:; un mal de Pott, ou une carie sacro-iliaque, avec abcès par congestion dans la gaine du psoas, sans phénomènes marqués de compression médullaire; une anémie pernicieuse, qui, après une chute de son lit sur le parquet, a présenté quelques heures avant sa mort une hémiplégie légère, d’ailleurs sans lésions appréciables à l’autopsie; enfin, un cas de paralysie générale avec tabes ; dans ce dernier cas, toutefois, le liquide présentait une tonicité supérieure à celle du sang, mais inférieure à la normale (laquage avec 4 goultes . d’eau distillée pour 10 de liquide céphalo-rachidien). Le second groupe comprend : deux méningites tuberculeuses de la base vulgaires, dont une chez un enfant de trois ans ; une méningite cérébro-spinale suppurée ; une méningite spinale tuberculeuse avec paraplégie spasmogique intense; une pachyméningite hémorragique chez un tuberculeux. Dans les quatre premiers cas, le résultat de l’explo- ration n’a fait que confirmer un diagnostic établi, dans le dernier cas, il s'agissait d'un tuberculeux pulmonaire, avec quelques phénomènes cérébraux de diagnostic incertain, et la pachyméningite hémorragique a été constatée quelques jours après à l’autopsie. Le cas dans lequel il existait d'emblée une coloration marquée, de teinte hémoglobique, que j'ai attribuée à un laquage préexistant à la ponction, est une paraplégie flasque par compression de la queue de cheval de nature indéterminée. Le diagnostic était hésitant entre des névrites périphériques et une compression de la queue de cheval; le résultat de l'appréciation du liquide rachidien à fixé le diagnostic, sans suffire cependant à faire préciser la nature de la cause de compression. Ces quelques exemples suffisent à montrer l'importance clinique réelle de la mesure de la tonicité du liquide céphalo-rachidien, ils confirment les résultats obtenus par Widal par la méthode cryosco- pique, tout en présentant sur celte dernière un certain nombre d'avantages indiqués dans la note qui va suivre. MÉTHODE DE DÉTERMINATION DE LA TONICITÉ DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN PAR SON ACTION SUR LES GLOBULES ROUGES DU PORTEUR, par M. L. Bano. (Communication faite dans la séance précédente.) Pour déterminer les rapports des tonicités du sang et du liquide céphalo-rachidien, il suffit de faire tomber une gôutte du sang du # SÉANCE DU A6 FÉVRIER 169 malade dans une petite quantité du liquide céphalo-rachidien à exa- miner ; on agile le mélange, et, après quelques instants de contact, on centrifuge ; il n’y a plus qu'à constaler si le liquide qui surmonte le culot à jauni, ou s’il est resté incolore, c'est-à-dire s'il à été teinté ou non par de l’hémoglobine, mise en liberté par le laquage de quelques globules rouges. À défaut d'appareil à centrifuger, on peut se contenter de laisser déposer le sang ; après dix à douze heures, le dépôt n'est pas complet, mais la couche supérieure du mélange est devenue limpide et la teinte peut en être appréciée avec une exactitude suffisante. Une filtration sommaire sur papier, sans arrêter tous les globules rouges, facilite cependant le dépôt et en rend les résultats plus nets. Quand le liquide céphalo-rachidien présente son rapport normal de tonicité avec le sang, non seulement il ne laque pas à l’état pur, mais encore il peut supporter une addition assez étendue d’eau distllée sans arriver à laquer les globules ; le laquage commence pour une addition de 9 gouttes d’eau distillée à 10 gouttes de liquide rachidien, et ne devient bien nel qu'avec 10 gouttes. Quand le liquide est hypotonique, il laque le sang à l'état pur he ou moins nettement, et très nettement, si on fait porter l'examen sur 10 gouttes additionnées de 2 gouttes d’eau distillée. Dans certains cas, la -tonicité peut être comprise entre ces deux points extrêmes, c'est-à-dire ne se produire que dans le liquide plus ou moins additionné d'eau distillée, 4 ou 6 gouttes par exemple. La simple comparaison du liquide centrifugé après addition de sang, et du liquide initial, suffit à faire reconnaître l'existence du laquage; en cas de doute, on peut avoir recours, soit à l’addilion d’eau distillée à la dose faible indiquée, suivie bien entendu de nouvelle agitation et de nouvelle centrifugation, soit à la décantation soigneuse du liquide et à la réaction connue de la teinture de gaïac en présence de l'essence de térébenthine ; cette réaction est alors très nette et très intense, tandis qu’elle fait défaut dans les mêmes conditions avec le liquide hyper- tonique. À la simple inspection, il y a cependant une cause d’erreur, facile à éviter quand on est prévenu ; il arrive quelquefois qu'il se produit un léger voile fibrineux, d'un blanc laiteux, qui masque la couleur jaunâtre du laquage; il suffit alors d'attendre un instant la rétraction du coa- gulum, et de le faire flotter en agitant légèrement le tube, pour constater en dehors de lui la teinte caractéristique. Chez un malade, par contre, et le fait a été contrôlé à une seconde ponction, le liquide était fortement jaunâtre, et la centrifugation immé- diate révélait la présence de globules rouges assez nombreux. En pareil cas, l'addition de sang au liquide pur ne renforce pas la couleur, mais l'addition de sang au liquide faiblement étendu d’eau distillée (2 gouttes 170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pour 10 gouttes de liquide) augmente très nettement la teinte hémo- globique. Le liquide initialement laqué ne donne pas la réaction bleue carac- téristique par la teinture de gaïac, l’hémoglobine mise en liberté dans le canal lui-même ayant sans doute déjà subi des modifications suffi- santes pour ne plus fournir cette réaction spéciale. De ce fait, on pourrait supposer quil s’agit d'une teinte anormale due à une autre cause, à la pénétration par exemple d'éléments biliaires, comme le fait a été signalé; mais mon malade n'était pas ictérique, il ne présentait pas d'urobiline dans l'urine, et l'hypothèse de l’origine sanguine de la cou- leur est confirmée, tout à la fois, par la présence de globules rouges et par l’hypotonicité du liquide, révélée par Le renforcement de la couleur après dilution faible comme je l’ai signalé plus haut. L'hématolyse a plusieurs avantages sur la cryoscopie. Tout d’abord, elle est à la portée de tous les praticiens, en dehors de tout laboratoire; la centrifugation est en effet très utile, mais n’est pas absolument indis- pensable. En second lieu, le procédé est plus facile en mettre en œuvre, plus sûr et plus sensible que la cryoscopie; celle-ci est assez délicate et ne manque pas de causes d’erreur, surtout quand il s’agit de différences aussi faibles que celles dont il s’agit ici. | De plus, quelques gouttes de liquide rachidien peuvent suffire, alors que la cryoscopie en exige quelques centimètres cubes, quantité qui peut faire défaut, surtout quand il existe des lésions spinales compres- sives, et qui, en tout cas, obligent à pousser la ponction assez loin pour. qu'elle puisse quelquefois devenir nocive. Enfin, la cryoscopie du liquide rachidien ne donne de certitude que si l’on fait comparativement la détermination cryoscopique du sang lui- même, puisque Widal a observé un cas de méningite dans lequel le liquide rachidien présentait un point de congélation inférieur au point normal du sang, mais supérieur néanmoins à celui du sang du porteur. L'appréciation de la toxicilé du liquide par son action sur les globules rouges du porteur lui-même supprime toutes ces difficultés et toutes ces causes d'erreur. DU DIAGNOSTIC PAR L'HÉMATOLYSE, DE LA NATURE CANCÉREUSE DES PLEURÉSIES ET DES PÉRITONITES HÉMORRAGIQUES, par M. L. Barr. En étudiant à divers points de vue le liquide de cinq cas de pleu- résie hémorragique et d'un cas de péritonite de même ordre, j'ai cons- taté des différences très accusées dans l'influence de ces divers épan- chements sur les globules rouges qu'ils contenaient. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 171 Dans deux cas où la pleurésie était tuberculeuse, et dans un cas où elle était survenue au cours d’une fièvre typhoïde compliquée d'infection puerpérale, le liquide décanté, après la séparation des globules rouges par la centrifugation ou par une lente 'sédimentation, ne présentait aucune teinte hémoglobique; la réaction par la teinture de gaïac et l'essence de térébenthine restait négative. Dans un cas de péritonite cancéreuse d'origine périutérine, et dans deux cas de pleurésies cancéreuses, en rapport l’une avec un cancer primitif du poumon, l’autre avec un cancer secondaire de cet organe d’origine utérine, le liquide décanté dans les mêmes conditions four- nissait au contraire une réaction très marquée par la teinture de gaïac. Cette opposition absolue entre les deux séries de cas m'a néces- sairement conduit à penser que cette différence d'action hématolytique devait être rapportée à la nature, infectieuse dans l’une, néoplasique dans l’autre, des liquides épanchés. Sans vouloir considérer comme générale une règle qui repose sur un si petit nombre d'observations, je crois cependant pouvoir conclure des faits qui précèdent que, d'ordi- naire, les épanchements de la plèvre et du péritoine d’origine cancé- rense possèdent une action hématolytique sur les globules rouges du porteur qui fait défaut aux épanchements d'origine infectieuse. Quelle que soit d’ailleurs la raison d’être de cette action hématolytique, - qu’elle résulte uniquement de l’hypotonicité du liquide ou qu'elle relève de lysines spéciales d’origine cancéreuse, le fait n’en est pas moins important à constater et à utiliser en clinique. Ce caractère différentiel est d'une appréciation simple et facile, puisqu'il suffit de quelques gouttes du liquide, et de quelques instants, si l’on a recours à la centri- fugation, de quelques heures, si l’on se contente de la sédimentation. La centrifugation, plus rapide, est aussi plus sûre, plus exempte de causes d'erreur et exige moins de précautions. On ne peut pas se contenter ici, comme pour le liquide céphalo-rachi- dien, de la simple inspection du liquide, sa coloration propre pouvant masquer ou rendre douteux le laquage de l’hémoglobine, mais la réaction par la teinture de gaïac est trop simple et trop rapide pour pouvoir être considérée comme une difficulté ou comme une complication. À PROPOS DE LA RECHERCHE DES FERMENTS ENDO-CELLULAIRES PAR LA DIALYSE CHLOROFORMIQUE, par M. A. DASTRE. J'ai présenté, dans la séance du 12 janvier dernier, une note sur la dialyse chloroformique comme procédé permettant d'extraire, dans cer- tains cas, les diastases endo-cellulaires. i72 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je n'ai pas inventé la dialyse chloroformique ; mais je l'ai fait servir, avec M. Permilleux, à obtenir un ferment qui n’avait pas encore été préparé isolément de la cellule qui lui donne naissance, le ferment hépatique. Tel est le sens de ma note. Il est bien entendu que si, antérieurement à moi, quelque autre ne siologiste a employé la dialyse en question à l'extraction d’un ferment endo-cellulaire, ou même s’il a réussi, par un autre moyen, à extraire le ferment hépatique, je renoncerai bien volontiers, en sa faveur, à ma modeste priorité. Est-ce là ce que réclame M. Raphaël Dubois, dont ma communication a provoqué deux notes, présentées, l’une dans la séance du 26 janvier, l’autre dans celle du 2 février ? — Non. M. Dubois n’a extrait aucun fer- ment par la méthode en question; il n’a jamais isolé le ferment hépa- tique. Il ne peut réclamer de priorité. Il est à côté de la question. Ses observations portent sur deux points. 1° J'ai dit que M. Raphaël Dubois avait appelé le phénomène qui s’accomplit au contact des vapeurs chloroformiques et des tissus, déshy- dratation chloroformique, mais que ce n’était pas une simple déshydra- tation. J'ai cru certainement, ainsi que ÉRNEOUD d’autres, que M. R. Dubois n'avait vu, dans ce phénomène, qu'un mouvement de l’eau. Je m'en excuse. Mais voici les sources de mon erreur. Elles sont le fait de: M. Dubois lui-même. J’ai pris l’une de ses plus récentes publications, Lecons de physiologie générale et comparée. Dans la neuvième leçon, . l'auteur parle de ce phénomène, sans l'appeler une seule fois dialyse ” chloroformique (c'est moi qui l’ai ainsi baptisé), mais en le rangeant parmi ceux qui sont dus à la tension de dissociation de l’eau et des tissus. Entre la page 244 et la page 249, j'ai compté dix-neuf fois les exprés- sions de déshydratation, agent déshydratant, eau du protoplasma, eau protoplasmique, eau qui suinte, eau facullative, eau aliment, eau qui abandonne le bioprotéon; et, parmi ces expressions, une seule fois celle de suc agueux qui puisse éveiller l'attention. Ces leçons sont de 1898. En 1894, M. R. Dubois a publié un petit volume : Anesthésie physio- logique et ses applications, où il est question du même phénomène. lei encore, page 14, le chloroforme, l'anesthésique a pour effet d'augmenter « la tension de dissociation de l’eau et des tissus», et, page 15,son action « se rapproche beaucoup de celle du froid, qui, lui aussi... provoque dans les tissus gelés la séparation de l’eau et du protoplasme, chasse, comme l’éther, l'hémoglobine du globule sanguin, etc. » Voici done un phénomène qui est rapproché d’une dissociation et d'une congélation ; et, comme ces deux faits physiques produisent la séparation d’une eau absolument et rigoureusement pure,un lecteur réfléchi ne pouvait pas se faire de l'opinion de M. R. Dubois une autre idée que cell: que je m'en étais faite. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 173 IlLeùût fallu, pour penser autrement, s'en référer aux premières commu- nications de l’auteur remontant aux années 1883 et 1885. Si, en effet, l’on remonte jusque-là, on voit qu'aux yeux de l’auteur ce n’est. pas seulement de l’eau pure qui sort de la cellule par exosmose cette fois, mais de l’eau chargée de quelques sels, de cristalloïdes (p. 100, p. 376, 1883), de substances cristallines. Telle serait donc l'opinion véritable de l’auteur. Le phénomène, en ce qui concerne le liquide éliminé, consiste en la sortie d’eau et de subs- tances cristallines. On voit, d'après cela, qu'il n’est guère possible, même avec cette rectification, d'appliquer ces faits à la recherche des ferments qui ne sont pas «des substances cristallines ». Et, comme si cette exclusion ne suffisait pas, M. Dubois a renforcé son assertion en décla- rant, l'année dernière (9 mars, p. 198 et 199), que les zymases ne peuvent dialyser à travers les cellules. En résumé, non seulement, en fait, M. R. Dubois n’a pas employé la dialyse chloroformique à l'extraction des ferments endo-cellulaires, mais ila exprimé, en théorie, des opinions nettement contraires à cette application. ‘ foi 2° La seconde réclamation de M.R. Dubois est encore bien plus vaine que la première. M. R. Dubois, qui n’a pas été seulement le préparateur de M. P. Bert, mais aussi le mien, et qui, je pense,n’a jamais eu fà le -regretter, aurait voulu que je citasse sa note de 1883 pour servir à l'his- toire de la glycogénie. Il paraît croire que l'on peut étudier le ferment hépatique en opérant sur le foie d'un animal tué par hémorragie. On sait bien que ce que l’on étudie ainsi,c'est le ferment amylolytique du sang qui reste dans le foie, c’est l'hémodiastase; même du temps de CI. Bernard, il fallait opérer sur le foie lavé pour être autorisé à parler du ferment hépatique. Dans cette expérience, il n’est pas question d’extrac- tion ; il y a mieux : il n’est même pas question, comme on le voit, du véritable ferment hépatique. Ces observations, je les aurais faites à M. Dubois si, comme je crois que nos relations l'y invitaient, il se fût adressé directement à moi. Je ne puis voir dans l’une de ses notes et peut-être dans les deux qu'un abus de réclamation. FORMATION DES YEUX DES CÉBOCÉPHALES, par M. ETIENNE RABAuD. La lame cérébrale qui constitue le prosencéphale et le métencéphale des monstres cyclopes (1), donne naissance aux vésicuies oculaires par (4) Voir Etienne Rabaud : Premier développement de l’encéphale et de l'œil des cyclopes, Société de Biologie, 13 janvier 1900. Evolution morphologique de l’encéphale des cyclopes, Société de Biologie, 2 février 1901. 174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sa face inférieure. On observe, suivant les sujets, l’un ou l’autre des trois procédés suivants : 1° Le plus généralement, il se produit une invagination longittiQole qui part du bord antérieur de la lame encéphalique et se dirige directe- ment en arrière. Celte invagination occupe le plus souvent la ligne médiane même de la lame cérébrale; elle est parfois légèrement oblique sur cette ligne médiane. De toutes façons, elle parcourt dans son entier l'étendue du prosencéphale et se termine en un point quelconque de la région du métencéphale. Dans l'épaisseur des tissus céphaliques, l’invagination se traduit par une crête verticale, perpendiculaire sur le plan ventral de l'embryon. 2° Quelquefois, l'invagination est transversale; confinant par ses deux extrémités aux bords latéraux de la tête, sa plus grande longueur est perpendiculaire à l’axe longitudinal de l'embryon. Elle occupe la partie la plus antérieure du prosencéphale, son orifice est étroit dans le sens antéro-postérieur. Elle détermine une dépression en doigt de gant qui se dirige obliquement en bas et en arrière vers le plan ventral. Dans l'un ou l’autre de ces deux cas, la crête se bifurque à son extré- mité libre en deux rameaux secondaires qui divergent sous un angle variable. Chacun des rameaux porte une vésicule oculaire qui vient se mettre en regard de l’ectoderme ventral. Bientôt ces vésicules s’inva- ginent et prennent l'aspect d’une rétine normale. 3° Suivant le troisième procédé, la lame cérébrale fournit par sa face inférieure deux invaginations indépendantes, situées de part et d'autre de la ligne médiane. Toutes deux se dirigent vers l’ectoderme ventral et se dilatent en une vésicule oculaire qui subit les transformations ordi- naires. La distance qui sépare les deux invaginations est très variable suivant les individus. - Vis-à-vis des vésicules oculaires nées par l’un ou l’autre de ces trois processus, l’ectoderme fournit un cristallin. Celui-ci peut cependant faire défaut. Quel que soit le mode d’apparition des formations oculaires, les ÿeux occupent, par rapport à la face, une situation ventrale. L'un par rapport à l’autre, ils sont plus ou moins éloignés ou plus ou moins rap- prochés ; ils peuvent être très voisins ou bien au contraire confiner aux angles latéraux de la tête embryonnaire. Dans tous les cas, leur situa- tion relative une fois acquise reste sensiblement invariable,fon ne constate aucune tendance à une coalescence secondaire. Il n’existe aucun agent mécanique (1) capable de conduire l’un vers l’autre soit les yeux, soit leurs ébauches, soit même les régions d’où ils naissent. Même il ressort de ce qui précède que la venue des yeux relève bien (1) Je rappelle que l’amnios ne joue aucun rôle dans la genèse des monstres cyclopes. = SÉANCE DU 16 FÉVRIER 175 plutôt d'un processus de séparation que d’un processus de rapproche- ment. D'ailleurs, on rencontre des yeux très rapprochés chez les indi- vidus les plus jeunes et des yeux très éloignés chez les individus du cinquième jour. L'écart des deux organes est donc primitif, un cébocé- phale ne deviendra jamais un cyelope vrai. L'éloignement ou le voisinage des yeux n’a d'importance qu'au point de vue des cavités orbitaires futures. Il est clair que si les deux yeux sont très écartés, les deux orbites auront toute facilité pour se cons- tituer; l'indépendance des deux organes visuels sera complète, le monstre sera un ÆZthmocéphale ou un Cébocéphale, suivant la termino- logie d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Si au contraire les deux yeux se trouvent très près l’un de l’autre, ils seront englobés dans une enveloppe orbitaire commune. Le monstre rentrerait alors dans les genres Cyclocéphales ou Rhinocéphales. En réa- lité, il appartient par son origine à l’un des deux groupes précédents. Par hypothèse, on peut penser que si les deux rétines étaient complè- tement en contact, sans être cependant fusionnées, elles se trouveraient enfermées, non seulement dans une seule orbite, mais encore dans une choroïde et dans une sclérotique communes. Je n’ai pas observé ce der- nier Cas. Quant à la corrélation qui existerait entre les yeux et la trompe, je n'ai pu la découvrir, et je crois pouvoir affirmer que l'apparition d’un appendice nasal plus ou moins volumineux chez les cyclopes est un caractère contingent sans aucune importance. Les divers auteurs qui ont observé des cébocéphales ou des ethmocé- phales nouveau-nés ne se sont point mis d'accord sur la constitution et le nombre des nerfs optiques. De ce qui précède, on peut conclure que toutes les éventualités sont possibles : il y aura deux nerfs indépen- dants ou un seul nerf bifurqué à son extrémité, suivant que le mode d'apparition relèvera d’une ou de deux invaginations. Même il ne sera pas impossible de reconnaître dans certains cas deux troncs individua- lisés dans une masse d'apparence indivise. J'ai observé, en effet, que l’invagination unique présente parfois une cloison plus ou moins accentuée ; on en retrouvera nécessairement les traces chez l'adulte. Y a-t-il un chiasma? Les embryons soumis à mon examen étaient trop jeunes pour que j'aie pu recueillir des faits précis sur cette ques- tion. Tout ce que je puis dire, c’est qu'il n’y à, a priori, aucune impossi- bilité à ce qu'il s’établisse un croisement des fibres optiques, quel que soit le processus de formation des vésicules. Il y a lieu d'admettre comme vraies les descriptions d'un chiasma chez quelques nouveau-nés. 176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DÉTERMINATION ET ACTION DES PLUS BASSES TEMPÉRATURES COMPATIBLES AVEC LA VIE DU LAPIN (Procédé de l'immersion), par M. L. Maurer. Ces expériences ayant pour but d'étudier l’action des basses tempéra- tures sur le lapin et de déterminer les plus basses qui sont compatibles avec la vie, ont élé faites par deux procédés: 1° par l'immersion dans l’eau froide ; 2° par la ventilation. Dans cette note, je ne rendrai compte que des résultats obtenus par le premier procédé. Refroidissement par l’immersion dans l’eau froide. Conditions de ces expériences. — Le poids des animaux a été de 1.200 à 1.500 grammes. Ils ont été tondus d’une manière à peu près complète. Ils ont été fixés avec l'appareil de Malassez et l'appareil a été immergé en même temps que l'animal. La température sous-cutanée de l'animal à été donnée par un thermomètre coudé, gradué de 22 à 46 de- grés. Le coude est au niveau du 30° degré. La partie qui comprend la cuvette et qui pénètre sous les téguments à 9 centimètres et l’autre 12. Ce thermomètre est plongé jusqu’au coude sous les ‘téguments par uné ouverture assez étroite pour qu'il puisse la fermer. Le côté de l’animal vers lequel est dirigée la cuvette n’est pas immergé. On a ainsi la tempé-. rature sous-cutanée en évitant que le thermomètre ne soit influencé à travers les téguments par la température du bain. Le bain est refroidi avec de la glace pilée, et il est agité pour que la fesse soit la même dans toutes ses parties. Cette expérience a été répétée trois fois : Le 18 août, le 10 et le 24 sep- tembre 1893. Première expérience (18 août 1893). — Dans cette expérience, la température sous-cutanée, partie de 39°8 au début à 1 h. 20, a été descendue à 3405 à 1 h. 59, soit dans trente-neuf minutes. La température du bain, qui était de 25 degrés au début, n’est descendue qu à 18 degrés. A 1 h. 48, le bain étant à 1926, et le thermomètre sous-cutané marquant 37°2, j'ai One DTE un frisson qui n’a cessé qu'à 1 h. 54. Le thermomètre sous-cutané marquail en ce mo- ment 3606. Ce frisson ne s’est pas reproduit jusqu’à la sortie du bain, à 1 h. 59. Après la sortie du bain, la température sous-cutanée est remontée. Elle a été à 3505 à 2 h. 10 et, de nouveau, j'ai constaté un frisson de quelques minutes. L'animal paraît un peu engourdi; mais cepeudant, il marche assez fauile- ment. Sa température, après avoir baissé pendant quelques instants, remonte rapidement. Elle est à 37° à 4 h. 30, à 39 à 10 heures, et le lendemain matin à 3806. L'animal a survécu. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 177 Deuxième expérience (10 septembre 1893). — Au moment de l'immersion, à 2 h. 30, la température sous-cutanée n'est que de 36°2, et la tempéralure rectale de 372. Le bain, au contraire, est à 39 degrés; mais celui-ci est bien- tôt refroidi, et, à 2 b. 48, il est à 35 degrés. Le thermomètre $ous-cutané mar- que également 35 degrés. En ce moment, apparaissent quelques frissons qui vont s’'accentuant jusqu'à 2 h. 57, pendant que le bain tombe à 25 degrés la température sous-culanée à 30 degrés et la rectale à 3395. En ce moment, je sors l'animal du bain pendant deux à trois minutes, temps suffisant pour que le thermomètre remonte à 32 degrés. Mais l'animal ayant été de nouveau immergé, dès 3 h. 6, la température sous-cutanée retombe à 30 degrés. À 3 h. 20, elle est à 26%5 et le bain à 23 de- grés. L'animal est alors sorti du bain, et, quelques instants après, sa tempéra- ture rectale est à 3005. En ce moment, les réflexes sont presque supprimés. L'animal peut se tenir sur ses pattes, mais à la condition que l'abdomen appuie sur le sol. Il ne peut tenir sa tête en l'air. À 3 h. 40, sa température est à 31 degrés; à 5 heures, à 32 degrés; à 8 heu- res, à 335. Il commence alors à manger. Enfin, le lendemain matin, quoique sa température rectale soit encore à 35°5, il a repris toute sa vivacité ordi- naire. Cet animal a survécu. Troisième expérience (24 septembre 1893). — L'animal est immobilisé depuis une heure environ. À 9 h. 10, température rectale, 36 degrés, et léger frisson. À 9 h. 19, température rectale, 35 degrés ; sous-cutanée, 3405. A9h. 20, immersion dans un bain à 33 degrés. A partir de ce moment, je refroidis le bain qui, à 9 h. 30, tombe à 31 degrés, pendant que la température sous-cutanée est à 34 degrés; quelques frissons. À 9 h. 39, le baïn est à 29 de- grés et la température sous-cutanée à 30 degrés. L'animal est sorti du bain, et à 9 h. 45 sa température sous-cutanée arrive à 33°6. Pendant quelques ins- tants, elle baisse ; à 10 heures, elle est à 29 degrés. Mais elle remonte ensuite de nouveau et, à 2 h. 30, la température rectale est à 38 oégrés En ce mo- ment, l'animal mange avec appétit. Ces trois expériences sont résumées dans le tableau suivant : 2 TEMPÉR. = ï MPÉ j DURÉE Numéros ['EMPÉR. SOUS-CUTANÉE|TEMPÉRATURE DU BAIN a M Un one experience) AIRESULTANS d’ord CAR Début i Début Fin Dates 399 : C Survie. 3602 De Survie. 3405 C Survie. Ainsi, en résumé : 1° La température sous-cutanée a été abaïissée à 34°5 dans la première expérience, à 26°5 dans la deuxième et à 30° dans la troisième. Or, la BioLogie. Compres RENDUS. — 1901, T. LIII. 14 178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 9 comparaison que j'ai faite pendant les deux dernières expériences m'ayant montré que la température sous-cutanée est inférieure à la rec- tale de 1 à2 degrés, on doit supposer que cette dernière, dans ces expé- riences, n'est descendue que dans les environs de 36°, 28° et 31%; 2° Tous les animaux ont présenté quélques frissons ; 3° Les deux derniers ont présenté une dunes marquée des ré- flexes, et même un engourdissement qui avoisine la résolution muscu- laire 4° Mais tous ont résisté à ces températures. Les conclusions sont les suivantes: 1° On peut faire descendre la température sous-cutanée du lapin à 30 el même à 26°5, ce qui fait supposer que la température rectale est des- cendue à 31°5 et à 28 degrés sans tuer l'animal. 2° Toutefois, avec la température sous-culanée de 26%, les réflexes sont très diminués, et les muscles presque en état de résolution. DÉTERMINATION ET ACTIONS DES PLUS BASSES TEMPÉRATURES COMPATIBLES AVEC LA VIE DU LAPIN Ventilation et mouillage par MM. LAGRIFFE et MAUREL. La pratique du procédé de l'immersion, employée par l’un de nous, lui avait fait constater dès ses premières applications : Le 1° Que ce procédé présente de sérieuses diificultés d'exécution. Il n’est pas facile, en effet, de maintenir en place le thermomètre sous- cutané pendant l'agitation de l'animal. 1 9° Que l'immersion prolongée metjle lapin dans de mauvaises con- ditions de résistance. 3° Que la température sous-cutanée est sujette à plus de variations que la température rectale. 4° Enfin que ce procédé nécessite une lésion qui pourrait ne pas être sans influence sur les résultats de l’expérience. Aussi, frappé de cesinconvénients, et cherchant un autre procédé pour remplacer celui de l'immersion, il expérimenta d'abord la simple immobilisation; et celle-ci lui ayant donné des résultats assez satisfai- sants, il eut l’idée de combiner l'immobilisation avec la ventilation et le mouillage. Or, ce procédé lui ayant donné les meilleurs résultats, cest lui que nous avons adopté quand nous avons repris ces recherches en juillet 1899. Conditions générales de ces expériences. L'expérience a été répétée par ce procédé sur dix lapins de 4.500 à 2.000 grammes. Les poils ont été coupés court sur sept de ces animaux et sur trois ilssont restés intacts SÉANCE DU A6 FÉVRIER 179 Tous ont été souvent mouillés pendant la ventilation, et au préa- lable ils ont été lavés avec du savon pour que l’eau imbibât plus facile- ment les poils. Tous ont été immobilisés dans l'appareil Malassez. C’est la température rectale qui a été prise, et elle l'a élé d’une manière suivie en ayant soin de plonger Le thermomètlre toujours à la même pro- fondeur. Quelques autres températures sous-cutanées et axillaires ont élé prises comparativement. La ventilation à été pratiquée dans les trois premières expériences avec une feuille de carton faisant l'office d’éventail, et dans les sept der- nières avec un ventilateur spécial. Le temps suffisant pour faire baisser la température de l'animal jusqu'aux températures dangereuses, par ces deux procédés, n'a dépassé une heure que deux fois, et il a pu être ramené à vingt-huit minutes avec le ventilateur. Le tableau suivant résume ces expériences. MODE POILS TEMPÉRAT. RECTALES | DURÉE de coupés TT en RÉSULTATS|} ventilation ou non NUMÉROS au début à la fin minutes I |Éventail. |22 sept.1893.| Tondu. 3826 Survie. H-} Idem. 126 juill.1899.| Idem. 302 Survie. III Idem. |19 mai 1899.| Idem. 3705 Mort. IV |Appareil. |20 oct. 1899./Non tondu. SH0 Survie. Idem. |20 oct. 1899.| Tondu. 38° Mort. Idem. |10 nov. 1899./Nonu tondu. 36° Survie. Idem. |14 déc. 1899./Non tondu. 38° Survie. Idem. |10 nov. 1899.| Tondu. 390 Mort. Idem. |1&nmars1900.| Tondu. A0° Mort. Idem. |Octobre 1900./Non tondu. 350 Mort. Aux indications contenues dans ce tableau, nous devons ajouter que presque tous ces animaux ont présenté des frissons plus ou moins marqués aux températures comprises entre 36 et 27 degrés. Dès les températures de 30 et au-dessous, tous ont présenté un engourdis- sement et une diminution des réflexes. Aux environs de 25 degrés, il y a eu de la résolution musculaire qui à été d'autant plus marquée que la température a été plus basse. Un peu au-dessous de 25, il y a eu perte du sens de l'équilibre et tendance au coma. Jusque vers la tem- pérature de 25 degrés, surtout si l'animal n'a pas élé tondu, on peut espérer le sauver; mais s’il a été tondu, le plus souvent tous les soins sont inutiles. Enfin nous ne croyons pas qu'on puisse sauver l'animal lorsque la tempéralure est descendue dans les environs de 20 degrés, même s’il n’a pas été tondu. Comme on le voit, nous retrouvons ici sensiblement les principaux 180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE symptômes que nous avons observés sur les animaux à sang froid, toutefois avec ces différences que tous sont moins marqués, que les phénomènes convulsifs sont plus rares, et que l’on constate en plus des frissons avant d’alteindre les températures vraiment dangereuses. De ces expériences faites par la ventilation et .de celles faites par l'immersion, nous pouvons donc conclure : À. — Relalivement à la détermination des plus basses températures compalibles avec la vie du lapin : 1° Que la température rectale du lapin peut descendre jusqu’à 30 degrés, sans que la vie de cet animal soit sérieusement menacée. 2 Que les températures de 29-25 degrés menacent son existence, mais que le plus souvent il survit si on lui a conservé son poil. 30 Qu'au-dessous de 25 degrés, sa vie est sérieusement menacée, même quand il a conservé son poil. 4° Qu'à partir de 20 degrés, l'animal nous paraît condamné à succomber. B. — Relativement aux symptômes provoqués par les températures qui précèdent celles qui sont mortelles : 1° Que les principaux symptômes observés sous l'influence de ces tempé- ratures graduellement décroissantes sont : le frisson, la diminution des réflexes, la résolution musculaire, le coma et parfois des pliénomènes convulsifs. 2 Que ces symptômes sont sensiblement les mêmes que ceux observés chez les animaux à sang froid, les poissons (1) et les grenouilles (2). SUR LA PRÉTENDUE FLUORESCENCE DU CORPS VITRÉ, par M. RapnaEz Dugois. Quand on examine, sous certaines incidences, le corps vitré de l’œil, on remarque qu'il présente un aspect opalescent analogue à celui de solutions de corps fluorescents, comme l'esculine; c’est sans doute pour ce motif que Regnault avait émis, le premier, je crois, l'opinion que l'humeur vitrée est fluorescente. Mais en promenant le corps vitré de l'œil d’un bœuf dans la région violette et ultra-violette du spectre, j'ai été surpris de voir qu'il ne s’éclairait en aucune façon. Il est évident aussi que les milieux de l'œil ne deviennent pas lumineux sous l'influence des rayons X, sans quoi ces derniers seraient perçus par l'œil. Cependant, si l’on place à une même distance d’une surface photogra-. (1) Société de Biologie, séances des 21 octobre et 18 novembre 1899. (2) Société de Biologie, mai et juin 1900: SÉANCE DU Â6G FÉVRIER 181 phique deux cuveltes de verre à fond plat, l’une remplie par le corps vitré et l’autre par de l’eau, on remarque que la partie située sous la cuvette d’eau est plus impressionnée, dans le même lemps, que l’autre. Le corps vitré agit donc autrement que l'eau, mais je n’admets pas que ce soit par un phénomène de fluorescence. L'opalescence et la propriété que je viens de signaler sont dues, à mon avis, à des phénomènes de dispersion, dus au défaut d'homogé- néité de l'humeur vitrée. Parfois, la choroïde elle-même prend sous l'influence de certains rayons incidents un éclat particulier, en tout semblable à celui d'une solution fluorescente. J'ai observé ce fait au niveau du tapis de l'œil du phoque ; et là, il est bien évident que cet effet résulte de la structure de la membrane. En est-il de même pour la rétine, à laquelle Helmholtz, entre autres, a attribué la fluorescence? c’est ce que je me propose de rechercher prochainement. Je joins à ma note deux photographies montrant l’action comparée de la lumière filtrée par l’eau et par le corps vitré sur le papier photo- graphique. AU SUJET DE LA STRUCTURE DES HÉMATIES DES OISEAUX, par M. LAVERAN. _ J’étudie en ce moment les hématozoaires endoglobulaires du pigeon et j'ai observé quelques faits qui me paraissent pouvoir fournir des indications intéressantes sur la structure des hématies des oiseaux. Lorsqu'on dessèche rapidement du sang d'oiseaux infectés par Aæma- mæba Danilesvkyi, on ne trouve en général que des hématozoaires endo- globulaires. Ces hématozoaires, de volume variable, ont une forme allongée, le grand axe du parasite étant parallèle à celui de l'hématie. J'ai décrit, dans une note précédente, les différents aspects de ces para- sites en insistant sur les caractères distinctifs des formes mâles et des formes femelles (1). Lorsqu'on examine une préparation de sang frais, dix à quinze minutes après la sortie du sang des vaisseaux, ou du sang conservé à la chambre humide, séché après le même laps de temps et convenablement coloré, on constate qu'à côté d'hématozoaires endoglobulaires il existe des hématozoaires libres en nombre variable. Beaucoup d'hématozoaires endoglobulaires présentent des prolongements amiboïdes:; quant aux parasites libres, ils sont d'ordinaire sphériques et souvent accolés aux noyaux des hématies qui les contenaient et dont le protoplasma a disparu. (1) Société de Biologie, 8 juillet 1899. 1 LAC NN 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On ne voit jamais, sur les préparations colorées, des hématozoaires en train de sortir des globules rouges, ce qui arriverait sûrement si cette sortie s’opérait lentement, et on ne trouve pas d’autres restes des hématies, à côté des parasites devenus libres, que les noyaux de ces hématies. j Pour voir comment les hématozoaires endoglobulaires deviennent libres, il faut, dans une préparation de sang frais faite depuis quelques minutes, fixer une hématie contenant un parasite arrivé à son dévelop- pement complet, et ne pas perdre de vue cette hématie ayant la libéra- tion de l'hématozoaire. Le parasite, qui avait une forme allongée, devient sphérique, l'hématie se déforme, se renfle au niveau de l’hématozoaire, la partie superficielle de l’hématie se distend de plus en plus; tout à coup le protoplasma de l’'hématie qui avait conservé jusque-là sa coloration jaunâtre caractéris- tique disparait et l'on ne voit plus, à côté du parasite, que le noyau du globule rouge qui le contenait. Le phénomène se produit si rapidement que si, au moment de la rupture du globule rouge, on ne fixe pas ce globule, on ne se rend pas compte du mécanisme de la mise en liberté de l'hématozoaire. A voir la rapidité avec laquelle le contenu du globule rouge disparait, dès que le parasite a vaincu la résistance de l'enveloppe, il semble évi- dent que ce contenu est liquide; on a la sensation d’une ampouleremplie d’une matière liquide qui se romprait sous l'effort du parasite et qui se viderait. Si le protoplasma était consistant et condensé à la périphérie. de l'hématie, il ne disparaïîtrait pas avec cette rapidité. La membrane d’enveloppe, très mince et très transparente, devient invisible après l'écoulement du contenu coloré du globule rouge. A la suface du noyau du globule rouge dépouillé de son protoplasma, on voit souvent de petites saillies qui paraissent être les restes de tractus des- tinés à maintenir le noyau dans sa position et qui se rattachent sans doute à la membrane d'enveloppe. Ces observations sur la structure des hématies des oiseaux viennent à l'appui des faits qui tendent à montrer que ces hématies possèdent une membrane d’enveloppe et que le protoplasma est de nature liquide. Les observations relatives au mode de disparition des hématies para- sitées, chez les malades atteints de paludisme, sont beaucoup plus diffi- ciles et beaucoup moins probantes, au point de vue de la structure des hémalies, que celles dont il vient d'être question. L’hématozoaire du paludisme détermine en effet des altérations profondes des hématies, il donne lieu notamment à la disparition progressive de l'hémoglobine tandis que les Zæmamæba Danilevskyi altèrent fort peu les hématies qui les logent. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 183 SUR UN HÉMATOZOAIRE ENDOGLOBULAIRE, Aæmogregarina Hankin, PARASITE DU GAVIAL, par M. le D' P.-L. Smonn. Des hématozoaires endoglobulaires ont été signalés chez diverses espèces de sauriens, d'ophidiens et de chéloniens. Le groupe des croco- diliens est le seul ordre de la classe des reptiles chez lequel on n’ait décrit jusqu’à présent aucun parasite des globules sanguins. L'examen du sang de certains crocodiles de l'Inde et de l’Indo-Chine nous permet de combler cette lacune. Nous avons observé des hématozoaires endoglobulaires chez deux espèces, le gavial du Gange, Gavialis jangeticus, et le Crocoditus (poro- sus?\ Chez l'unique individu de cette dernière espèce que nous avons eu à notre disposition et qui provenait du Mékong, les parasites étaient rares, les formes rencontrées étaient des vermicules nuecléés analogues à certains stades des hémogrégarines des tortues. Nous avons pu étu- dier plus complètement l’hématozoaire du gavial chez cinq de ces cro- codiles capturés dans la Jumna. Les cinq animaux parasités étaient adultes; un seul individu jeune, mesurant soixante-dix centimètres environ, à été examiné: il ne con- tenait pas d’hémalozoaires. Tous les stades de l’'hématozoaire du gavial que nous avons rencon- trés dans les globules se rattachent plus ou moins directement à la forme vermiculaire caractéristique des hémogrégarines. Tous présen- ent un noyau de chromatine tantôt compact, tantôt formé d’un amas de petits karyosomes qui paraissent résulter d’une fragmentation de la masse unique primitive. Ce noyau compact ou fragmenté est facilement colorable par le bleu de méthylène ordinaire. On peut grouper toutes les formes du parasite observées en deux catégories, les formes vermiculaires et les formes ovalaires; toutefois cette division est purement morphologique, elle n'implique pas néces- sairement la filiation des stades de l’un et l’autre groupe, pas plus qu’elle n'exclut la filiation de formes catégorisées séparément dans les deux. 1° Formes vermiculaires. — Les plus petites des formes vermiculaires, qui peuvent de ce fait être considérées comme les plus jeunes, ont l'aspect d’un vermicule replhié sur lui-même en deux branches égales dontchacune contient quelques très pelits karyosomes, trois à six. Les formes vermiculaires plus grandes ont aussi leurs deux branches géné- ralement égales en longueur, mais l’une est presque toujours plus effilée que l’autre à son extrémité. Le noyau est le plus souvent logé dans une seule branche; tantôt il est fragmenté en un nombre variable de petits karyo- 184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE MR NI RAR RO SR somes plus ou moins tassés, tantôt il se colore en une masse unique, ovale, plus ou moins allongée, tantôt il y a deux masses chromatiques soudées ensemble ou distinctes. Les deux branches du parasite sont parfois écartées en leur milieu, avec leurs extrémités libres rapprochées de facon à représenter un O, d’autres fois elles dessinent un U, enfin elles peuvent être intimement accolées sur toute leur longueur. Les plus volumineuses des formes vermicu- laires sont repliées deux fois sur elles-mêmes, phénomène qu se rencontre aussi chez certaines hémogréga’ines d'Emys. Si l’on examine à l'état frais le sang du crocodile, il n’est pas rare de voir des formes vermiculaires adultes se dégager du globule qu’elles remplissaient à peu près complètement et devenir libres dans le liquide. Elles se meuvent : alors avec lenteur, se déplacant par des mouvements vermiculaires et par des contractions qui déterminent à tour de rôle l'allongement et ie raccourcisse- ment, d’ailleurs très faibles, du corps. Ces contractions ne s’accompagnent pas d’étranglements; on voit par moments l'extrémité obtuse se prolonger en une sorte de rostre qui apparaît et disparaît à la facon d’une proéminence amiboïde. Nous n'avons jamais trouvé cette forme libre dans le sang au moment de sa sortie des vaisseaux; c’est au bout de quelques instants que, par une sorte de dissolution de l'enveloppe globulaire, le parasite est mis en liberté et commence à se mouvoir. 20 Formes ovalaires. — Comme les précédentes, ces formes sont tantôt petites, tantôt volumineuses, tantôt à noyau compact, tantôt à noyau fragmenté. Les plus petites ont à peu près les dimensions du noyau du globule hôte avec un karyosome unique, volumineux. Celles de dimensions plus considérables ont quelquefois un noyau semblable, compact; plus souvent la substance chro- matique est répandue d’une manière diffuse sur les parties latérales du cor- vuscule qui présente en ce cas des zones colorables étendues. A ces stades les: parasites sont presque toujours porteurs d’un sillon médian longitudinal qui semble être la trace d’une soudure; d’où l’on pourrait déduire que ces formes dérivent d’un vermicule dont les branches se sont soudées. Enfin, certaines grosses formes ovalaires n’ont aucune trace de soudure et constituent un ovoide régulier. Chez celles-ci la chromatine est généralement divisée en un grand nombre de fragments qui se sont portés à la périphérie du parasite où ils sont distribués avec plus ou moins de régularité. Ces corps ont une grande analogie avec certaines formes de reproduction des coccidies arrivées au stade qui précède la formation des mérozoites. On ne saurait considérer les gros corps ovoïdes comme constituant nécessairement un stade avancé de la série des formes ovalaires: il est probable que la plupart d’entre eux n’ont pas suivi une telle évolution. On ne peut même affirmer que cette évolution, c’est-à-dire la succes- sion de stades ovalaires allant de la plus petite à la plus grosse forme, existe indépendamment d'une évolution des stades vermiculaires. Ces considérations et la simultanéité de présence des formes ovalaires et des formes vermiculaires dans le sang des cinq gavials parasités nous amènent à conclure que toutes ces formes appartiennent au cycle évolutif d’un même parasite. SÉANCE DU AG FÉVRIER 185 À lire les descriptions données par Danilevsky, Labhé, Laveran, des espèces qui composent le genre Ææmogreqarina, on voit que les carac- tères importants de ce groupe sont l'existence de stades vermiculaires, la colorabilité du noyau par le bleu de méthylène ordinaire à tous les stades, et l'absence de pigment. L'hématozoaire endoglobulaire du Gavialis gangelicus est donc une hémogrégarine. Comme les stades qu'il présente diffèrent notablement de ceux des hémogrégarines connues antérieurement chez des reptiles et des batraciens, on doit le considérer comme une espèce nouvelle. Nous l'avons appelé Hæmogregarina Hankini, du nom de notre ami, M. le professeur Hankin, qui nous a obligeamment procuré les gavials nécessaires à cette étude. MODIFICATIONS HISTO-CHIMIQUES DE LA MUQUEUSE GASTRIQUE SOUS L'INFLUENCE DE L'ALCOOL, , par MM. À. Taéonarr et AURÈLE BABÈS (de Bucarest). L'un de nous (1) a déjà eu l’occasion de publier le résultat de ses recherches cyto-pathologiques sur les cellules gastriques. Dans cette communication nous exposons les résultats expérimentaux auxquels nous sommes arrivés avec l’alcool. Nous avons fait ingérer à cinq chiens (par la sonde œsophagienne), quelques heures après leur repas, de l'alcool absolu (25 à 30 gr.). Cette dose a été répétée de dix-neuf à trente-quatre fois, d’une façon intermittente; la durée totale de chaque expérience a varié entre un mois et soixante-quinze jours. 1° L'analyse du suc gastrique (méthode Hayem-Winter), pratiquée quelques jours après la mise en expérience, montre une excitation sécrétoire nette. Exemple : avant l'expérience, chlore total — 0,241 (pour cent centimètres cubes de suc), chlore fixe — 0,138, chlore organique — 0,153, acide chlorhydrique libre — 0; après l’expérience, chlore total — 0,408, chlore fixe — 0,248, chlore organique = 0,153, acide chlorhydrique libre = 0,008. 2° Deux animaux sacrifiés après avoir présenté une forte diminution du (1) Théobari. Les filaments basaux dans les cellules principales de la muqueuse gastrique. Société de Biologie, 6 mai 1899. Théohari. Étude sur la structure fine des cellules principales, de bordure et pyloriques à l’état de repos et à l’état d'activité sécrétoire. Archives d'anatomie microscopique, septembre 1899. Lion et Théohari. Modifications histotogiques de la muqueuse gastrique à la suite de la section des pneumogastriques. Société de Biologie, 3 mars 1900. Théohari et Vagas. Modifications histo-chimiques de la muqueuse gastrique sous l'influence de quelques substances médicamenteuses. Société de Biologie, 17 mars 1900. 186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chlore organique (exemple 0,104 avant, 0,036 après) avaient des cellules prin- cipales réduites pour la plupart à un simple reticulum. Quelques zones de muqueuse (au niveau de la grande courbure) offraient encore des cellules principales avec des filaments basaux, des granulations acidophiles et de grosses granulations neutrophiles de zymogène. 3° Un animal sacrifié après avoir donné à l'analyse une suppression presque complète du chlore organique (0,179 avant, 0,011 après) a présenté à notre grand étonnement {étant donnés les faits antérieurs) des filaments basaux assez nets dans toute l'étendue de la muqueuse gastrique. Mais en pratiquant ensuite la recherche des traïnées de granulations acidophiles et des grosses granulations de zymogène, nous avons constaté leur absence complète. 4° Un animal sacrifié dans un état de cachexie avancée (rendant l'analyse impossible) a présenté un type glandulaire tout à fait anormal. L'absence des cellules de bordure était complète; par-ci, par-là, on voit une semblable cel- lule vacuolisée, vitreuse, presque méconnaissable. Les culs-de-sac glandu- ON SAR laires sont formés par une seule espèce de cellules présentant les caractères : de l’épithélium de surface. Un certain nombre de glandes dilatées constituent de véritables formations kystiques, à épithélium aplati. Dans le tissu interstitiél, signes manifestes d’inflammation subaiguë. Enfin, vers le col glandulaire, l’épithélium présente de nombreuses mitoses. Popoff (1) a constaté que sous l'influence de l'alcool, les cellules prin- cipales deviennent granuleuses; mais nous savons qu'elles contiennent normalement des granulations. Hayem (2) a constaté chez les hommes alcooliques un type chimique se traduisant soit par l'hyper, soit par l’hypopepsie. Nous pensons pou, voir conclure de nos recherches que, dans une première période, l’alcooi donne l'hypersécrétion du chlore sous toutes ses formes et de la pepsine. Dans une seconde période, le fait le plus saillant, c’est la diminution con- sidérable du chlore organique, correspondant à des cellules principales qui ne fabriquent plus de pepsine. Ce trouble fonctionnel est réparable. Un type extrême est représenté par la transformation totale des cellules principales en cellules muqueuses avec disparition des cellules de bordure. Ces recherches montrent une fois de plus, malgré les opinions con- traires, la relation qui existe entre le chlore organique et la fonction pepsinogène (3); d’où son importance diagnostique en clinique humaine. (Travail de l'Institut de bactériologie et de pathologie de Bucarest.) (1) Popoff. Ueber Magenkatarrh. Zeitschr. f. klin. Med., tome XXXII. (2) Hayem. Lecons de thérapeutique. Traité de Médecine de Brouardel-Gilbert. (3) Théohari. Structure fine des cellules glandulaires à l’état pathotogique. Georges Carré, Paris, 1900. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 187 DIFFÉRENCIATION DES ILOTS DE LANGERHANS DANS LE PANCRÉAS PAR LA THIONINE PHÉNIQUÉE, par MM. les D GRAND-MouRSsEL el TRIBONDEAU. Après avoir été longtemps ignorées, puis négligées, les formations pancréatiques connues sous le nom d'ilots de Langerhans ont acquis une importance considérable, du jour où Laguesse y a localisé la sécré- tion interne de la glande digestive. C’est précisément parce. que l’atten- tion des chercheurs est attirée en ce moment sur ces formations histolo- giques qu'il nous a paru intéressant de signaler un colorant qui les met admirablement en évidence et qui nous a rendu maint service dans nos recherches sur la structure du pancréas des ophidiens. Ce colorant est la thionine phéniquée préparée suivant la formule de Nicolle. Il à l'avantage de pouvoir être appliqué à toutes les préparations, quel que soit le liquide fixateur dont on fasse usage. Il agit très rapidement (5 à 15 minutes) sur les coupes fixées par l'alcool, l'alcool acétique, le sublimé acétique. Après fixation par la liqueur de Flemming, l’impré- gnation n'est obtenue qu'au bout de 15 à 30 minutes. Les coupes, une fois colorées, sont déshydratées rapidement avec l'alcool absolu, lavées -abondamment au xylol et montées au baume. * Mieux que les colorants nombreux que nous avons employés seuls ou combinés, la thionine phéniquée différencie les îlots de Langerhans; on les distingue du premier coup d'œil à un faible grossissement, et même à l'œil nu quand ils ont, comme chez la Vipera Aspis, de grandes dimensions. Chez les animaux qui possèdent des îlots de Langerhans volumineux, réguliers, bien délimités, les colorants ordinaires (picro- carmin, hématoxyline-éosine), sans les mettre en relief comme la thio- nine, permeltent néanmoins de les découvrir et de les étudier; chez certaines espèces, au contraire, ils sont tout à fait insuffisants et la thionine seule donne de bons résultats. La thionine a la propriété de colorer fortement tout ce qui est acini glandulaires exocrines, et d'imprégner faiblement les îlots cellulaires de Langerhans. Si l’on s’est servi de l’un des fixateurs que nous avons indiqués, sauf la liqueur de Flemming, les îlots sont d’un bleu clair, le reste de la glande étant bleu foncé. Après fixation par le Flemming, la masse glandulaire est encore bleu foncé, mais les ilots sont vert clair. Cette différence de coloration est attribuable à la teinte jaunâtre donnée aux tissus par le fixateur qui transparaît dans les endroits où le bleu s'est peu déposé. La masse des acini doit sa teinte foncée à ce que les cellules glandu- laires absorbent avidement la couleur, tant par leur protaplasma avec ses gros grains de zymogène que par leur noyau avec son nucléole arrondi très volumineux. . 183 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les îlots doivent leur teinte claire à ce que les éléments cellulaires qui les constituent prennent mal la couleur : le protoplasma presque incolore est parsemé de ‘très fines granulations faiblement colorées qui lui donnent un aspect sablé; le noyau ne possède pas de nucléole, mais un semis de grains chromatiques disposés d’une façon très irrégulière. Conclusion. — La coloration par la thionine phéniquée constitue un moyen simple et pratique de diflérencier dans les coupes du pancréas les îlots de Langerhans. Elle facilite la recherche et l’étude de ces for- mations. LA POLYNUCLÉOSE DE LA RAGE CLINIQUE OU EXPÉRIMENTALE, par MM. Jures Courmonr et CH. LESIEUR. Un cas humain fut observé, en 1869, avec hyperleucocytose considé- rable dix-huit heures avant la mort (1). C'est le seul renseignement précis que nous ayons trouvé sur les modifications des leucocytes du sang dans la rage. Il n’est pas question, naturellement, des variétés eucocylaires. | Nous avons entrepris de longues recherches sur la leucocytose de la rage humaine ou animale, clinique ou expérimentale, avee l'espoir de trouver ainsi un moyen rapide de diagnostiquer cette maladie, comme l’un de nous l'avait fait, avec V. Montagard, pour la variole. Nous donnons aujourd'hui, très brièvement, l’ensemble de nos résultats sur a polynucléose très remarquable qu'on observe toujours dans la rage (2). 1. Rage humaine. — Deux observations. 1° Femme de vingt-neuf ans, morte en cours de traitement pastorien. Délire. Début de paraplégie. Une heure avant la mort : Leuc. totale — 24.800 ; Polynucléaires neu- trophiles — 88 p. 100. 2° Enfant de six ans, mort sans traitement. Phé- nomènes cérébelleux. Cinq heures avant la mort: Poly = 84 p. 100. À cet àge, la proportion normale des polynucléaires ne dépasse guère 50 p. 100. IT. Rage clinique du chien. — L'équilibre polynucléaire du chien adulte non rabique nous à paru être (huit observations) de 69 p. 100. Certains chiens nous ont cependant présenté 86 p. 100 de polynucléaires (complications viscérales — tuberculose). Chez quatre chiens enragés, nous avons trouvé : 1° rage furieuse, deux jours avant la mort : P. 98 p. 100; 2° rage furieuse, un jour avant la (1) Friedrich Schmidts. lahrbücher der in-und ausländischen gesammten Medicin. 1869, CXLIV, 245. (2) Nos résultats paraîtront in extenso dans le Journal de Physiologie et de Pathologie générale. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 189 mort : P — 93 p..100; 3° rage paralytique, un jour avant la mort : P — 96:p. 100; 4 rage paralytique, un jour avant la mort : P — 90 p. 100. Moyenne — 94 p. 100. III. Rage expérimentale du cobaye. — Quatre cobayes inoculés dans les muscles du cou avec de la rage des rues, examinés en pleins symp- tômes rabiques : 1° au 10° jour (cinq jours avant la mort) : P = 58 p. 100; 2% au 16° jour (deux jours avant la mort) : L. totale — 5.000; P = 76 p. 100 ; 3° au 18° jour (la veille de la mort) : P — 88 p. 100; 4 au 19° jour (le jour de la mort) : L. totale = 5.500 ; P — 92 p. 100. On remarquera que la polynucléose est d'autant plus accusée qu'on se rapproche de la mort. Moyenne — 78 p. 100, c'est-à-dire bien au- dessous de la normale, qui, chez des cobayes de six mois (comme les précédents), ne nous a pas paru dépasser 50 p.100. Moyenne — 85 p. 100, si on ne tient compte que des deux derniers jours. IV. Rage expérimentale du lapin. — Nous avons très minutieusement étudié le lapin, inoculé cérébralement avec du virus fixe. Nous avons onze observalions, dont plusieurs suivies journellement avant la trépa- nation et jusqu’à la mort. | La leucocytose moyenne du lapin normal, de six mois à un an, est de 9.000. Le pourcentage des polynucléaires est de 45 p. 100. Chez le lapin rabique, la leucocytose totale est peu modifiée. Le plus souvent elle reste normale pour ne s’élever (jusqu'à 20.000) que pendant les toutes dernières heures. Parfois, au contraire, elle baisse avant la mort (5.000). En somme : - modifications inconstantes et purement terminales. L'étude de la courbe des polynucléaires est beaucoup plus intéres- sante. Voici, d’abord, les numérations terminales (moins de vingt- quatre heures avant la mort de nos onze :apins) : OA OUT AMONT ON ere NS AR SE ARR SONDE A OO PAS RON EME QI PO UE a PR ER DR AL AG SG EAU AN EN PAL RDA EAN Er SO EP RAP SS UNE A ER Rte NE A en At TO Le D CALAIS A MR RE AAA RE RP re OT DNS AE Een SE FRE ER PS ON NB LE ON RE A AE RNA RL D + mi QE AVES Lt CS SORA CARE APE EAE ANT NQER PRE LA AE DFE SO eq 80 — DONS CE REA PT ARR AN REC CN CRUE OR ee LODPAE CAPE ERA EN E EIA LEA RE A PES Cette Cor pes Use LA HORS ME EN ICASÉTE tarde) MAMAN REA PE RNINe te Moyenne : 75 p. 100. Le lapin paraplégique à donc une polynucléose marquée, même sans élévation de la leucocytose totale. Les 3 cas atteignant ou dépassant 80 p. 100 n'avaient que 5 à 6.000 leucocytes. VENTE EE 190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le moment d'apparition de cette polynucléose est important à connaître. Nos courbes montrent que des poussées de polynueléose, mais passagères et inconstantes, peuvent exister pendant l’incubation. Cependant, vers le qualrième ou cinquième jour, le taux des polynu- cléaires peut être resté ou retombé à la normale. Au septième jour, au début des symptômes paralytiques, la polynucléose s'accentue, mais légère et pouvant encore osciller. À partir de la paraplégie (neuvième jour), bien avant la leucocytose terminale, qui peut d’ailleurs manquer, la polynucléose s'établit définitivement élevée. À partir du dixième jour, sa moyenne est supérieure à 75 p. 100. Chez le lapin 1°, qui est mort hâtivement le neuvième jour, la polynucléose n'était que de 59 p. 100. Le chiffre le plus bas, après celui-ci, est 63 p. 100 chez un lapin mort le dixième jour. Donc : poussées de polynucléose pendant l’incubation, s’accentuant du septième au neuvième jour. Polynucléose définitive au neuvième jour, dépassant 75 p. 400 à partir du dixième jour et indépendante de la leucocytose totale. V. Applications au diagnostic de la rage. — Nous désirons appliquer ces données au diagnostic de la rage. Evidemment, la présence de poly- nucléose ne peut ni ne doit imposer le diagnostic, mais son absence pourrait faire pencher vers la négative, car sa constance nous à paru évidente chez les rabiques. Nous observons, en ce moment, 4 chiens, inoculés expérimentalement. Nous saurons par eux à quel moment apparaît définitivement la polynucléose chez cet animal ; nous verrons alors si elle peut aider au diagnostic hdtif. Après la mort, la polynucléose peut être recherchée. Nous nous adressons de préférence au suc pulmonaire, avec lequel on peut obtenir de belles préparations. Le lapin rabique donne 94 p. 100 de polynu- cléaires ; le chien rabique, 86-92 p. 100. Avec du suc pulmonaire de normaux ie taux est bien moins élevé. (Travail du Laboratoire d'hygiène de Lyon.) MÉTHODE GÉNÉRALE DE COLORAÏION DES BACTÉRIES AU MOYEN DU BLEU D'ANILINE SOLUBLE A L'EAU, par MM. Guiraup et GAUTIÉ. La coloration sur lamelles des bactéries provenant des milieux de culture est une opération relativement facile, et, d’une façon géné- rale, les couleurs basiques d’aniline que l’on emploie depuis long- temps dans tous les laboratoires donnent de bons résultats. Cependant, dans certaines conditions, il est difficile d'obtenir rapidement une bonne SÉANCE DU 16 FEVRIER : 191 préparation, c'est-à-dire une préparation avec microbes bien colorés et à fond incolore. Dans les vieilles cultures, en bouillon par exemple, il se forme pres- que toujours des précipilés qui prennent la couleur comme les bacté- ries et dont il est très difficile de débarrasser la préparation sans nuire à la coloration de ces bactéries. On peut pourtant arriver à d'excellents résultats en employant cer- tains procédés, parmi lesquels nous ne saurions troprecommander celui de MM. Thoinot et Masselin (1) que nous avons employé très souvent et qui nous a toujours parfaitement réussi. On se sert, dans cette méthode, de la he phéniquée de Ziehl comme matière colorante, en ue de la façon suivante : 1° Immersion de la lamelle dans le bain colorant pendant cinq à quinze minutes ; 2° Rinçage à l eau aussi done que possible ; 3° On sèche la lamelle sur la platine chauffante à douce chaleur ; 4° On la plonge dans un bain d'huile d'aniline jusqu’à décoloration apparente presque totale, puis on la fait passer dans de l'essence de girofle ou de bergamote et enfin dans le xylol. 5° Sans sécher on monte dans le baume. Dans ce mode de coloration, seuls les microbes restent colorés en rouge, sur un fond absolument incolore. Ge procédé est donc excellent, mais il a un inconvénient, celui d'être relativement long. Il exige, en effet, pour une préparation, une durée de vingt à vingt-cinq minutes. Or, il arrive souvent que l’on a besoin d'être renseigné rapidement sur la morphologie des bactéries que renferme un milieu de culture ou sur la pureté de cette culture. Il serait donc avantageux d’avoir un procédé permettant d'obtenir dans le moins de temps possible une très bonne préparation. Ce procédé-là, nous pensons l'avoir réalisé, en nous servant comme matière colorante du bleu d'aniline soluble à l’eau. On prépare une solution aqueuse saturée de ce bleu en assez grande quantité, car elle se conserve fort longtemps sans altération. Puis, après avoir, comme d'ordinaire, étalé, séché et fixé à la flamme la préparation, on verse sur la lamelle une quantité suffisante de la solution pour la recouvrir complètement. Tenant alors la lamelle par un angle, au moyen de la pince de Cornet, on la porte au-dessus de la flamme d’un bec Bunsen à moitié ouvert. On chauffe ainsi jusqu'à dégagement bien accentué de vapeurs, à deux ou trois reprises différentes. — On lave ensuite la lamelle dans un cristallisoir plein d’eau pour la débarrasser complètement de la matière colorante en excès et la préparation est prête à être examinée. (4) Thoinot et Masselin. Précis de Microbie, p. 179, Paris, Masson, 1896. 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On peut aussi, si l’on veut, la monter au baume dès qu’elle est sèche. Pendart le chauffage, la matière colorante forme à la surface de la la melle une légère peilicule qui se détache complèlement dès qu'on la plonge dans l’eau. Si l'opération est réussie, la lamelle, après ce lavage, doit paraitre complètement incolore. Par ce procédé, les microbes seuls sont colorés en bleu assez intense et on peut, avec un peu d'habitude, obtenir en cinq minutes une très bonne préparation. — Le seul point délicat est peut-être le chauffage, pour la durée duquel on ne peut établir de limites bien précises. — Il en est d’ailleurs ainsi pour toutes les méthodes de coloration et ce n’est souvent qu'après un essai préliminaire que, suivant tel ou tel microbe et telle ou telle solution, on sait qu'il faut faire agir plus ou moins long- temps la matière colorante. Toutefois, nous avons souvent constaté qu'en suivant la technique indiquée plus haut, plusieurs débutants ont obtenu d'emblée, et pour diverses bactéries, d'excellentes préparations. Nous ajouterons, avant de terminer, un mot sur l'origine de notre procédé. — Un jour, voulant faire une préparation d’une vieille culture de vibrion cholérique qui avait séjourné très longtemps à l’étuve à 37 de- grés, nous n’oblenions avec les diverses matières colorantes ordinaires que de très mauvais résultats; ce vibrion prenait à peine la couleur. C’est alors que nous eûmes l’idée d'employer le bleu d’aniline à chaud, et, devant le résultat obtenu, nous nous sommes décidés à employer couramment ce procédé au laboratoire d'hygiène. C’est la simplicité et la rapidité de notre méthode qui nous ont engagé * à la publier, pensant que dans diverses circonstances elle pourrait rendre quelques services aux bactériologistes. OBSERVATIONS NOUVELLES SUR LA STRUCTURE DU TRONC DE LA VEINE PORTE DU RAT, DU LAPIN, DU CHIEN, DE L'HOMME ET DU POULET, par M. E. Sucaarp. Les ‘veines possèdent, ainsi que l’a établi M. Ranvier (1) dans son Traité technique d'histologie, deux tuniques : une tunique interne, cons- tüituée par l’endothélium et une couche connective sous-épithéliale ; une tunique externe, à la formation de laquelle prennent part des faisceaux connectifs, des cellules conneclives, des fibres et réseaux élastiques et, enfin, des fibres musculaires lisses dont le nombre et l'orientation varient dans les différents ordres de vaisseaux. (1) Ranvier. Traité technique d'histologie, p. 444: SÉANCE DU 16 FÉVRIER 193 La tunique interne des veines est, dans certaines veines, représentée par une simple couche de cellules endothéliales, fait qui n’a rien d’extraor- dinaire, attendu qu'on l’observe aussi dans le système artériél. Le nombre des cellules musculaires de la tunique externe de quelques veines est considérable. La disposition affectée par ces éléments a été étudiée par Eberth (1), qui a utilisé ce caractère anatomique dans sa classification des veines. La veine porte est comprise, à juste titre, par Eberth dans le deu- xième groupe des veines contenant des cellules musculaires. Les vais- seaux qui font partie de ce groupe, et notamment le tronc de la veine porte d’un grand nombre d'animaux, possèdent dans leur tunique externe deux couches de cellules musculaires : une couche interne transversale et une couche externe longitudinale. La structure du tronc de la veine porte présente les mêmes carac- tères essentiels dans Le rat, Le lapin, le chien et l'homme. Dans tous ces animaux, la tunique interne est réduite à une simple couche de cellules endothéliales. Dans tous, on observe une tunique. externe contenant deux couches de fibres musculaires lisses, une couche transversale interne, une couche longitudinale externe, séparées l’une de l’autre par du tissu conjonctif diffus. Ce tissu, observé dans des coupes longiludinales du vaisseau, forme une couche très mince chez le rat, un peu plus épaisse chez le lapin et chez le chien, plus épaisse encore chez l'homme, où les cellules transversales de la tunique externe sont séparées isolément ou en groupes par du tissu conjonctif. Dans tous ces animaux, les cellules endothéliales de la tunique interne reposent sur un réseau élastique dont les principales travées affectent une direction perpendiculaire à celle du vaisseau, de telle sorte que, dans les coupes longitudinales, ces travées sont représentées par des grains, si la coupe est mince. Les fibres musculaires lisses circulaires sont disposées par faisceaux dans la veine porte du rat, par groupes de faisceaux ou même en couche continue et régulière dans celle du lapin; elles sont entourées d'une plus grande quantité de tissu conjonctif dans la veine porte du chien; elles sont disséminées dans ce tissu dans la veine porte de l’homme. Quant à la couche de cellules musculaires longitudinales, elle est plus ou moins abondante suivant les animaux. Le tronc de la veine porte, dont nous venons d’esquisser à grands traits la structure, représente donc un gros vaisseau chargé de ramener le sang au foie. À cette fonction, prennent part aclivement les deux couches musculaires de sa tunique externe qui, par leur contraction, diminuent l’une le calibre, l’autre la longueur du vaisseau. (4) G.-J. Eberth. Von den Blutgefässen, Sfricker's Handbuch, etc., p. 198. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T° LIT. 45 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces éléments constituent ainsi les organes de deux forces agissant suivant des directions perpendiculaires entre elles et s’adaptant parfai- tement à la fonclion du vaisseau, qui est de faire cheminer le sang de bas en haut ou d’arrière en avant. Ces deux forces pourraient, on le concoit très bien, être remplacées par une ou plusieurs résultantes obliquement dirigées par rapport à l'axe du vaisseau. Cette hypothèse, application d’une donnée élémen- taire de mécanique, est vérifiée par l’observation, si l’on considère la structure du tronc de la veine porte du poulet et du pigeon; je n’ai pas étudié ce vaisseau dans d’autres oiseaux. Dans le poulet et dans le pigeon, la tunique externe du tronc de la veine porte possède des fibres musculaires lisses obliquement dirigées par rapport à l’axe du vaisseau. Ces cellules forment les résultantes des deux composantes des vaisseaux des animaux précédents. Nous arrivons donc, par l'observation de ces faits, qui sont du domaine de l'anatomie descriptive et de l’anatomie comparée, à une application d'une donnée fondamentale de l’anatomie générale qui peut être ainsi formulée : la forme est toujours en rapport avec la fonction. Ce qu'il y a d'intéressant dans le cas particulier, c’est que, dans un même vais- seau, l'adaptation de la forme à la fonction peut être réalisée par des moyens différents. Le fait de cellules musculaires obliques dans la tunique externe d’une veine n’est pas nouveau. Cette disposition à été observée, il y a bien longtemps, en différents points de la veine jugulaire du lapin (4). Les auteurs ne la signalent pas dans la paroi du sinus des veines au. niveau des valvules. Elle y existe cependant, et l'observation de ce fait anatomique permet d'établir un rapprochement entre les renflements des veines au niveau des valvules et les renflements supra-valvulaires des gros troncs lymphatiques, le canal thoracique, par exemple. C'est un fait à ajouter à tous ceux qui ont été indiqués déjà par M. Ranvier dans ses lecons, faits tendant à établir des analogies nom- breuses et évidentes entre le système veineux etle système lympatique. Je me réserve d’ailleurs de revenir sur ce sujet dans d’autres com- munications. SUR LA SÉCRETION PANCRÉATIQUE DES CHIENS A JEUN, par MM. L. Caucs et E. GLEy. Les faits si intéressants que M. Wertheimer vient d'étudier (2) nous amènent à signaler les résullats d'observations que nous eûmes l’occa- sion de faire il y a déjà plusieurs années, de 1897 à 1900. (1) Ranvier. Loc. cit., p. 439. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, LIT, p. 139, 9 février 1901. SÉANCE DU A6 FÉVRIER 195 Ayant eu à cette époque besoin, à plusieurs reprises, de suc pancréa- tique, nous le recueillions aseptiquement sur des chiens à jeun depuis vingt-quatre ou quarante-huit heures, chloroformés, et auxquels on injectait au-dessous du pylore une solution acide jou bien dans une veine une solution de chlorhydrate de pilocarpine. Les différences entre les deux sucs oblenus de cette façon sont considérables : 1° La quantité de suc est un peu plus grarde à la suite d’une exci- tation duodénale qu'après une injection de pilocarpine, Dans le premier cas, on recueille aisément, en une demi-heure environ, par la canule placée dans le canal de Wirsung, 8 ou 10 centimètres cubes de suc sur des chiens de 15 à 20 kilogrammes-et, dans le second cas, dans le même laps de temps, seulement 6 à 8 centimètres cubes. * Pour que cette constatation prit toute sa valeur, il faudrait, bien entendu, s'assurer de l’état du cœur dans chaque expérience faite avec la pilocarpine. Wertheimer remarque avec raison que les.fortes doses n’amènent qu'un écoulement peu abondant à cause du grand ralentisse- ment du cœur qu'elles provoquent. Il nous a semblé que les petites doses répétées (0 gr. O1) ont plus d’effet que les fortes doses d'emblée (0 gr. 02 ou 0 gr. 03). Ainsi, un chien terre-neuve de 32 kilogrammes, à jeun depuis quarante-huit heures, nous à donné, à la suite de deux injections intra-veineuses de O0 gr. 015 de chlorhydrate de pilocarpine, faites à quinze minutes environ d'intervalle, 17 centimètres cubes de suc pancréatique. 2% Dans presque toutes nos expériences, nous avons fait dessécher le suc recueilli, de façon à le conserver plus aisément. Or, le suc obtenu à la suite d’une excitation duodénale a toujours donné un poids moindre que le suc résultant de l’action de la pilocarpine. Dans ce dernier cas, le poids sec a été, en moyenne, de O0 gr. 074 par centimètre cube de suc, et, dans le premier cas, en moyenne de 0 gr. 022 par centi- mètre cube. La différence est donc considérable. 3 Nous avons toujours constaté que le suc produit par la pilocarpine a une action protéolytique marquée, digérant rapidement l’albumine de l’œuf et la fibrine du sang. 4° Nous avons vu également que le suc sécrété sous l'influence de la pilocarpine contient de la lipase:; il saponifie rapidement la monobuty- rine. Prevost avait déjà observé que ce suc émulsionne les graisses (1). Il est clair que ces observations concernant le pouvoir protéolytique du suc pancréatique des animaux à jeun posent, comme le fait remar- quer Wertheimer de nouveau, quoique indirectement, la question du rôle paacréatogène de la rate, que l’on pouvait croire résolue par les (4) Archives des sciences physiques et naturelles, Genève, 1897, et Travaux du laboratoire, |, année 1899, p. 30, Genève, 1900. 196 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE expériences si démonstratives de Pachon. Ces dernières, il est vrai, ne peuvent rien perdre par là de leur force démonstrative. Il faudra sim- plement trouver par où se concilient leurs résultats incontestables avec les résultats de l’action de la pilocarpine sur les cellules pancréatiques. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE Nombre de votants : 45. — Majorité : 23 MMAMLorSER 20 CN M OT OT Toi Eine OBDY A Ci Re E e AAE RES CLAUDE . DRE COURTADE . DEN Moussu. 1 — Le Gérant : OCTAVE PORÉE. CRE REA BELL D Dh PV RU ES AE Ar Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. PSÉANCIE DUI23 FEVRMER 90 MM. M. Lauwsert et L. Garnier : De l’action du chloroforme sur le pouvoir réducteur du sang. — M. Bissérié : Sérum agglutinant des levures. — M. Yvon : Sur les variations horaires de l’excrétion urinaire chez l’homme normal. — M. L. Camus : Sur un appareil pour circulation artificielle dans le cœur isolé et à inscription de changements de volume. — M. S. Jourpan : L'âme de la cellule. — M. Gusrave Loisez : Grenouille femelle présentant les caractères sexuels secondaires du mâle. — M. Auzvre Cuassevanr : Action de la saccharine sur la digestion gastrique. — M. Micra : De l’hémolyse dans les épanchements hémorragiques. — M. A. Rarzcrer : Mode de propagation des Syngames. — M. Aueusre Perrir : Altérations rénales consécutives à l'injection de sérum de Congre. — M. GusrAve Le Bon : La phosphorescence invisible. — MM. J.-V. Laporoe et MEILLÈRE : Une teinture pour cheveux à base végétale de paraphénylène diamine; toxicité et forme des acci- dents ; étude clinique et expérimentale. Présidence de M. Netter, vice-président. OÙUVRAGE OFFERT M. Yvon fait hommage à la Société de la 6° édition de son Wanuel _ clinique de l'analyse des urines, faite avec la collaboration de MM. Lépr- Nois et MICHEL. DE L'ACTION DU CHLOROFORME SUR LE POUVOIR RÉDUCTEUR DU SANG, par MM. M. Lamgert et L. GARNIER. Au cours de recherches récemment publiées (Journal de Physiologie el de Pathologie générale, novembre 1900), nous avons vérifié ce fait, que les inhalations chloroformiques augmentent le pouvoir réducteur du sang, et nous avons cru pouvoir l’interpréter, partiellement tout au moins, par une suractivité de la destruction du glycogène hépatique. Parmi les méthodes employées par nous pour légitimer notre interpré- tation, celle des circulations artificielles nous a montré que de deux lobes d'un foie extirpé de l'organisme et soumis à une circulation, l’un de saug défibriné aéré, l’autre du même sang chloroformé, le second s’appauvrit le plus vite en glycogène. Les dosages du pouvoir réducteur BioLoGiEe. CoMPTrES RENDUS. — 1901. T. LIII. 16 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (exprimé en glucose) de chacun des deux sangs ayant servi à la circula- tion nous ayant donné pour le sang chloroformé une augmentation sensiblement plus forte que celle pouvant provenir du glycogène trans- formé, nous avons élé amenés à rechercher si les vapeurs de chloro- forme n’exerçaient pas par elles-mêmes une action sur ce pouvoir réducteur. Deux litres de sang défibriné provenant d'un animal, bœuf ou cheval, récemment tué sont placés par parties égales dans deux vases de mème calibre à la température du laboratoire. Au fond de chacun d'eux un tube de verre amène un courant d’air provenant d’une trompe à eau. - Les courants d’air branchés sur une même prise à l’aide d’un tube en Y sont égaux dans les deux vases. Le mélange de l'air et du sang est assuré par deux agitateurs mus mécaniquement. L’un des courants d’air traverse un flacon laveur contenant quelques centimètres cubes d’eau, l’autre un flacon semblable renfermant la même quantité de chloro- forme. À sa sortie l'air filtre sur du coton destiné à retenir le liquide . qui pourrait être mécaniquement entrainé, puis parvient aux vases ren- fermant le sang. Le sang est versé en même temps dans les deux vases. Deux échan- tillons de 30 grammes de sang sont prélevés pour l’analyse après cinq minutes etaprès une heure de barbotage. Le sang est épuisé par l'alcool à 95 degrés ; l'extrait alcoolique dégraissé repris par l’eau est mis au contact d'un excès de liqueur cupro-potassiqué bouillante. Le pouvoir réducteur du sang rapporté à 100 grammes et exprimé en glucose est apprécié par le dosage volumétrique du cuivre précipité dans cette réduction (loc. cit.). Les résultats de nos analyses sont consignés dans le tableau suivant : œ / SANG AÉRÉ SANG CHLOR. : au début. Après 1 heure. au début. Après 1 heure. Cheval 0,053 0,039 0,035 0,036 Ft à pi 0,067 0,007 0,021 0,048 MSN DR AUS 0,043 0,035 0,009 0,067 PAPERS 0,057 0,059 0,059 0,074 En UP EU 0,076 0,078 0,063 0,107 DÉS MRE AE 0,062 0,067 0,064 0,086 En comparant les chiffres précédents, on voit que la glycolyse, qui s’est faite avec plus ou moins d'activité suivant les expériences pour le sang simplement aéré, semble parfois précipitée au début dans le sang chloroformé; mais, d'une manière constante, le pouvoir réducteur est augmenté dans le sang après une heure. Nous ne croyons pas possible d'expliquer cette augmentation par un entrainement mécanique du chloroforme dans le liquide réducteur; SÉANCE DU 23 FÉVRIER 199 la méthode d’épuisement employée nous met à l'abri d’une telle cause d'erreur. Il. semble donc ou qu'il se forme aux dépens du chloroforme une substance réductrice (acide formique, acide trichlorométhylglycu- ronique”?), où que le chloroforme mette en liberté un sucre réducteur résultant de la dissociation d'une molécule protéique. La première interprétation est en rapport avec les observations de pouvoir réducteur de l’urine après chloroformisation, et avec le fait signalé par Nicloux de la présence de l’oxyde de carbone dans le sang dans les mêmes conditions. La deuxième peut être rapprochée des considérations développées par Pflüger sur la formation des glycoprotéides. Nous recherchons actuellement si l'augmentation du pouvoir réduc- teur du sang, que nous signalons, est due ou non à de la glucose. Quoi qu'il en soit, il y a lieu de se demander si, chez l’animal vivant, l’aug- mentation que l’on observe dans le pouvoir réducteur du sang après anesthésie chloroformique n'est pas due en partie à cette action du chloroforme sur le liquide sanguin. Nous avons vérifié que, selon la doctrine de Cl. Bernard, elle coïncide avec une diminution du glycogène hépatique. -Seegen la rapporte à une diminution de la consommation du sucre. Il se pourrait, d’après les faits que nous signalons, que le phénomène offrit encore une plus grande complexité. SÉRUM AGGLUTINANT DES LEVURES, par M. BIiSsÉRIÉ. IL était intéressant de savoir si les phénomènes d’agglutination, obser- vés jusqu'ici sur un certain nombre de bacilles, peuvent être étendus à des microbes qui en diffèrent notablement par leur morphologie et leur biologie, tels que les blastomycètes. C’est dans ce but que, sur le conseil de M. le D' Calmette, nous avons tenté de préparer un sérumagglutinant les levures. La fermentation d’un liquide sucré par les levures donne ordinai- rement un liquide alcoolique qui se clarifie de lui-même dès que la fer- mentation est terminée. Mais toutes les levures ne se comportent pas de même façon, et il en est qui se développent surtout abondamment à la surface du liquide de fermentation et occasionnent un trouble persistant pendant un temps plus ou moins long. Dans la fabrication industrielle de la bière, le développement accidentel de levures qui pro- duisent des voiles est assez fréquent, et donne des bières troubles que le brasseur a la plus grande peine à clarifier. 200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Préparation du sérum. — Deux séries de lapins ont été traitées par injection, l'une de bonne levure de brasserie, l'autre d'une mycolevure extraite d’une levure de brasserie et donnant une bière trouble; ces levures étaient lavées aseptiquement à l’eau distillée, délayées dans 5 centimètres cubes d’eau distillée stérile et injectées dans le péritoine, dans les veines, sous la peau. Les levures qui ont servi à ces injections, cultivées dans 500 centi- mètres cubes de moût de bière, donnent après quinze jours un liquide de fermentation présentant les caractères suivants : MOUT LEVURE MYCOLEVURE avant fermentation. Densité AANMNTREEtE 1058 1022 1055 AICoolp ADO EEE 0 4,6 0,6 Maltose p. 100: . . . 95 146 15533 8: 330 Dextemep 00 4 680 3 810 4 500 Poids de levure 0 0 100 2 200 Action des sérums. — L'action agglutinante des sérums ainsi obtenus est proportionnelle à la quantité de sérum employée dans la propor- tion de 1 p. 200 (une goutte pour 10 centimètres cubes). Ce phénomène est visible après quinze minutes et complet après une heure; dans cette proportion, les sérums donnent lieu aux phénomènes suivants : Le sérum préparé par injection intrapéritonéale est moins actif que les deux autres. Le sérum préparé par injection de levure vraie agglutine les cultures de mycolevures, et réciproquement. L'agglutination est plus rapide et plus complète dans un liquide peu acide, et surtout dans un liquide un peu alcalin; il est vrai que la bière trouble se clarifie d'elle-même quand on l’alcalinise, mais beaucoup moins rapidement et moins complètement qu'après addilion de sérum. Une culture de mycolevure en milieu minéral glucosé, exempt de sels de chaux, n’est pas agglutinée par le sérum; mais celui-ci produit l’agglutination si on additionne la culture de 0,1 p. 1000 de chlorure de calcium ; une addition de 0,5 p. 1000 de chlorure de sodium produit une action analogue, mais moins marquée. La composition chimique du liquide n'est donc pas indifférente pour la production de l’agglutination, pas plus qu'elle ne l’est pour la production des phénomènes de coagula- tion. Une culture de mycolevure, agglutinée par 1/200 de sérum et aban- donnée à elle-même, se recouvre au bout de vingt-quatre heures d’un voile de mycolevure, comme le fait le même liquide non traité par le sérum ; une proportion assez forte de sérum retarde ce développement, et du moût de bière traité par 1/5 de Sérum devient impropre au déve- loppement des levures. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 201 Au microscope, les levures agglulinées,se présentent en amas que ne peuvent désagréger les mouvements imprimés à la préparation par de légères pressions sur la lamelle. Le sérum normal de lapin ne produit aucune agglutination compa- rable à celles des sérums que nous avons préparés. (Travail du laboratoire de M. Calmeitè à l'Institut Pasteur de Lille.) SUR LES VARIATIONS HORAIRES DE L'EXCRÉTION URINAIRE CHEZ L'HOMME NORMAL, par M. Yvon. M. Balthazard vient de faire à la Société de Biologie une intéressante communication sur ce sujet. Je suis heureux de constater que ses résultats concordent avec ceux que j'ai publiés en 1875, résultats réunis dans le tableau suivant : URÉE A TRS VOLUME QUANTITÉ QUANTITÉ de l'urine. par litre. réelle. h. c. c. gr. QT. A0 80 20,53 1,6% 2e 22 54 24,51 147 Déjeuner à 11 heures... 3 1/2 72 17,94 1,29 4 1/2 88 16,90 1,49 5 1/2 85 17,28 1,47 6 1/2 40 20,53 0,82 À : HAN D4 211,90) 4419 Dinérmarcrheures Pere | 8 1/2 80 19,24 154 600022 45 23,50 1,06 Dépotidiurare 7er eme 10 172 52 32,05 1,66 Wrine claire #20 44472 45 33,33 1,50 42 1/2 36 33,33 1,20 2 5% 33:08 1,80 Coucher pra ) 4 4/2 =5 39.75 253 5 1/2 19 3417 0,65 6 1/2 35 33,11 1,16 ever Un nes eue mue 38 26,48 1,00 81172 3) 2026) 0,81 Déjeuner . On 70 19,24 1,34 10 1/2 50 20,08 1,00 Déjeuner à 11 heures . 11 1/2 48 19,65 0,9% 42472 5% 20,08 1,08 ‘: 4209 Moyenne : 28,34 24,68 RC 202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans mon observation, les maxima de volume de l’urine et de la quantité d'urée ont eu lieu deux heures et demie après les repas (4). DÉJEUNER DINER à 11 heures. : à 6 heures. Volume NE es DC 7cEe d18/1./1)2 PS0 ee DIRÉBRE PTE RIRE TRE AFO 1h MN RE ENTRE EE Il faut éliminer les chiffres correspondants à 4 h. 1/2 du matin, qui représentent le volume d'urine et la quantité d'urée éliminée pendant deux heures et demie. Ce tableau montre encore que la proportion centésimale de l’urée pvarie eu pendant les heures de repos et celles de la nuit : 40 h. 1/2 du soir à 6 h.1/2 du matin. SUR UN APPAREIL POUR CIRCULATION ARTIFICIELLE DANS LE CŒUR ISOLÉ ET A INSCRIPTION DE CHANGEMENTS DE VOLUME, par M. L. Camus. Ce petit appareil que vous voyez ici fonctionner avec ur cœur de gre- nouille présente sur les appareils du même genre quelques avantages que je crois intéressant de signaler. Un petit réservoir contient le liquide qui circule, sa partie inférieure communique avec la veine cave, et S# partie supérieure avec l’aorte gauche. Le cœur, qui se trouve au-dessous . du réservoir, est placé dans une ampoule fermée par un bouchon à trois trous; l’un des trous est traversé par le tube qui amène le liquide au cœur, le deuxième par le tube qui ramène le liquide au réservoir; et le troisième fait communiquer la cavité de l’ampoule avec un tambour inscripteur; ce sont les changements de volume de l’ampoule que l'on inscrit. Comme vous le voyez, tout l'appareil (réservoir, tubes et am- poule) peut être plongé dans un bain à température constante. L'appareil étant ainsi disposé, sans rien changer à la masse du liquide qui circule, on peut très facilement modifier la pression, soit dans la veine cave, soit dans l’aorte, soit simultanément dans ces deux vais- seaux. En redressant l’axe de l’appareil depuis la situation horizontale Jusqu'à la position verticale, on fait croître la pression dans les oreil- lettes depuis zéro jusqu'à un maximum, qui est représenté par la dis- lance qui sépare la surface du liquide de l’orifice de la canule cave. On fait varier d'autre part la pression dans l'aorte en faisant tourner l’appa- : (1) Ce temps varie certainement suivant la rapidité plus ou moins grande de la digestion. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 203 reil autour de son axe. Inclinaison de l'axe de l'appareil et rotation de l'appareil autour de son axe permettent donc de faire varier très aisé- ment la pression dans les différentes parties du cœur. Les tracés que j'ai l'honneur de présenter ici montrent comment varie l'amplitude des mouvements du cœur quand on fait varier la pression. Sur certains de ces tracés on trouve iascrite la systole et la diastole des oreillettes et du ventricule; sur d’autres n'existe que la courbe des changements de volume soit des oreillettes, soit du ventricule. Est-il besoin d'ajouter que des portions isolées de tracé, qui ne se composent que d'oscillations simples, ne se suffisent pas à elles-mêmes et que leur interprétation ne peut être ffaite que par l’expérimentateur qui les a pris et qui à noté simultanément l’état fonctionnel du cœur? J’exposerai prochainement les résultats que j'ai obtenus avec cet appareil appliqué à l'étude d’un poison cardiaque. L’AME DE LA CELLULE, par M. S. JourpaIn. Il y a quelque temps, je me trouvais en visite chez une dame veuve depuis un quart de siècle. En face de moi était assis son fils, qui prenait part à la conversation. J'avais beaucoup connu le père de mon interlo- cuteur, mort d'accident avant la naissance de son fils. En écoutant ce dernier, il me semblait avoir sous les yeux et entendre celui qui, depuis longtemps, n’était plus. Taille, tournure, traits du visage, physionomie, attitudes, son de voix, caractère, manière de s'exprimer, tout me rappe- lait le père, dont on pouvait dire que le fils était le portrait vivant. Encore une fois, et sous une forme saisissante, je me retrouvais en face d’un problème qui, bien des fois, m'avait sollicité au cours de mes études. Le fils, ai-je dit, n'avait jamais connu son père. Donc, parmi les causes de ressemblance, il fallait éliminer celles qui pouvaient provenir de l’éducation et des habitudes contractées à la suite d’une vie com- mune. Tout donc dépendait d’une transmission héréditaire. Or, com- ment avait pu se faire cette transmission ? L'individu que j'avais sous les yeux provenait d’un œuf. Cet œuf avait été fourni par la mère. L’œuf est une cellule; cette cellule n'avait pu évoluer qu’à la condition de se fusionner avec une autre cellule fournie par le père. C’est donc cette cellule male et cette cellule seule qui avait pu établir un rapport, un lien entre le père et le fils. C’est, en dernière analyse, à elle seule qu'il fallait s'adresser pour expliquer la ressemblance entre le producteur et le produit. OPA NAN OUTMEAE 204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette ressemblance était tout à la fois physique et psychique; non seulement le corps, mais encore l’âme du fils, présentaient une étroite similitude avec le corps et l'âme du père. Je viens d'employer une expression sur laquelle il est bon de s'expliquer. L'âme est considérée comme un principe immatériel, simple, uni à la matière. Cette immatérialité de l’âme et son association à la matière soulèvent les plus graves difficultés, si bien que sa matérialité a été acceptée par divers philosophes. Pour moi, l'âme est une entité de con- vention, qui pourrait aller rejoindre l’horreur du vide, le phlogis- tique, etc. En réalité, et la physiologie le démontre de plus en plus, ce qu'on appelle l’âme n’est que la résultante extraordinairement com- plexe de l’activité propre et du conflit réciproque de toutes les cellules de l'organisme. À ce point de vue, la cellule est une entéléchie, en don- nant à ce terme le sens que lui attachait Condillac, de principe actif de tout ce qui se produil dans l'animal. L'âme est ainsi diffuse, puisque chaque élément cellulaire en détient une partie aliquote et non égale. La cellule mâle ne peut transmettre à la cellule femelle que ce qu'elle contient virtuellement au moins. Force est donc d'admetire que cette cellule est une sorte de micro- cosme, c'est-à-dire qu’elle possède en puissance les diverses modalités qui se sont retrouvées dans le produit. À ce point de vue, le titre de cette note est justifié : la cellule mâle a une âme. Il en est de même de la cellule femelle. Pourquoi, dans l’évolution ultérieure de l'être né de la conjonction dé+ la cellule mâle et de la cellule femelle, l'une se montre-t-elle prépondé- rante de manière à amener plus de ressemblance avec l’un ou l’autre des producteurs ? C’est une question qui, dans l’état actuel de nos con- naissances, est encore entourée de la plus grande obscurité. l GRENOUILLE FEMELLE PRÉSENTANT LES CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES DU MALE, par M. GusTAvE LoisEL. Les grenouilles rousses (/ana temporaria) sont des animaux qui pré- sentent des caractères sexuels secondaires bien marqués. Chacun sait que le màle est plus petit et plus élancé que la femelle et qu'il porte, à la base du pouce, une sorte de tumeur (brosse copulatrice) qui n'existe pas chez l’autre sexe. Or, le 11 février dernier, j'ai trouvé une grenouille portant des caractères sexuels mâle et femelle que j'ai l'honneur de pré- senter aujourd'hui à la Société de Biologie. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 205 Cet individu montre en effet, à l'extérieur, tous les caractères du mâle, et, à l'intérieur, des organes sexuels femelles plus ou moins bien développés, comme nous allons le voir. Les brosses copulatrices paraissent ici un peu ralatinées parce que le sujet a séjourné, jusqu'à maintenant, dans l'alcool à 90 degrés. Cepen- dant, telles qu'on les voit, elles présentent un développement au moins aussi considérable que les brosses des mâles examinées au mois de février. Elles atteignent dans leur plus grande largeur 5 millimètres, et chacune d'elles est surmontée d’une petite brosse rudimentaire qui n'existe pas, il me semble, chez les vrais mâles. L'examen des organes internes montre d’abord deux oviduetes par- faitement développés. Les corps gras et les appendices digitiformes se voient également bien; cependant on remarque déjà une différence très nette entre les deux côtés. Du côté gauche, ces corps paraissent normaux; du côté droit, au contraire, ils sont plus petits et leurs appendices [moins nombreux. Cette asymétrie correspond à une malformation beaucoup plus pro- fonde des glandes sexuelles. ‘À gauche, l'ovaire existe encore, mais il est très petit puisque sa plus grande longueur n'atteint pas 5 milli- mètres ; à l'œil nu, c'est à peine si on distingue un petit granulé formé par les ovules non développés. - À droite, il n'y a plus aucune trace d’ovaire ; à la place qu'il occupait est un espace vide au travers duquel on aperçoit le rein. Cependant, en examinant attentivement la partie du mésentère située au-dessous du corps gras, on distingue une sorte de cicatrice linéaire colorée unifor- mément en noir intense. Cette cicatrice est dirigée dans le sens antéro- postérieur et paraît correspondre au point d'attache de l'ovaire. En reportant alors son attention sur l’autre ovaire et en s’aidant de la loupe, on découvre ‘sur le côté gauche de cet organe, à la racine du mésentère, une petite tache, déprimée, large d’un demi-millimètre au plus et colorée également en noir intense. Cette tache est la partie externe d'un corps noir qui a envahi l'ovaire en se ramifiant à son inté- rieur, comme il est facile de le voir par transparence. C'est là évidemment, dans ce corps pigmenté, que se trouve la cause qui à amené l’atrophie ou la destruction complète des ovaires de cette grenouille. Une étude .histologique ultérieure nous montrera si ce corps est un parasite où non. Dans tous les cas, nous avons là un des exemples les plus nets de cette corrélation si curieuse qui existe entre la castration et le déve- : loppement de certains caractères sexuels propres au sexe opposé, Cor- rélation qui a été mise en évidence pour la première fois par M. Giard. Les autres organes de cette grenouille ne m'ont présenté, à un pre- mier examen, rien de particulier, à l'exception, toutefois, des reins, qui ne paraissent pas tout à fait normaux. À x 206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Signalons enfin l'absence de parasites dans la vessie et dans les poumons de notre grenouille. ACTION DE LA SACCHARINE SUR LA DIGESTION GASTRIQUE, par M. ALLYRE CHASSEVANT. La saccharine, sulfimide benzoïque, est souvent employée pour édulcorer les boissons au lieu et place de sucre. Déjà, en 1888, MM. Brouardel et P. Loye, Pouchet et Ogier, avaient constaté que l’addi- tion de saccharine entrave les digestions artificielles. Les-fabricants de saccharine et les fraudeurs se sont efforcés, depuis quelque temps, de jeter la confusion sur ces expériences pour obtenir que les pouvoirs publics fassent cesser l'interdiction de l'emploi de la saccharine dans - les substances alimentaires. Il nous à semblé intéressant de reprendre sous une autre forme l'étude de l’action de la saccharine sur la digestion pepsique. Nous avons employé la méthode de Mette, qui consiste à évaluer l’activité digestive d'un suc gastrique par la dissolution de petites masses d’albumine coagulée, emprisonnées dans de petits tubes de verre. Tous les auteurs s'accordent pour considérer que l’activité d’un sue gastrique est proportionnelle au carré des longueurs dissoutes dans ces conditions. ee Nous avons fait nos expériences avec un suc gastrique artificiel préparé avec de l'extrait gastrique très actif. Au bout de vingt-quatre heures, nous avons mesuré les longueurs d’albumine dissoutes dans les divers milieux ; prenant comme unité la longueur dissoute dans le ballon témoin, renfermant le liquide pepsique pur, et évaluant à 400 le pouvoir digestif de ce milieu, nous avons obtenu les résultats compa- ratifs suivants : POUVOIR DIGESTIF Extrait gastrique pur (ballon témoin). . . . . . . . 100 — additionné de 0 gr. 04 de saccharine p. 400... MAR ANEE LnUe 58,4 — additionné de 0 gr. 20 de saccharine PA OO APE SE AR Te 29,3 -- additionné de 0 gr. 40 de saccharine PA ORNE SERRES ENS NS er AUS 153 D'accord avec les autres expérimentateurs, nous avons constaté que la saccharine entrave la digestion gastrique (in vitro) et, grâce à la méthode de Mette, nous avons pu évaluer quantitativement la diminu-" tion, qui est déjà considérable pour une faible dose de saccharine. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 207 DE L'HÉMOLYSE DANS LES ÉPANCHEMENTS HÉMORRAGIQUES, par M. Mirran. M. Bard (de Genève) à récemment montré que dans les pleurésies hémorragiques d'origine cancéreuse, il y avait une hémolyse marquée qui se traduit par le laquage du sérum. J'ai eu l’occasion d'observer le même fait dans un cas de sarcome pleuro-pulmonaire vérifié par l’autopsie. J'avais déjà observé des faits de cet ordre, à propos d'une pleurésie hémorragique d’origine gangreneuse et dans un cas d’hémothorax trau- matique, ce dernier cas ayant été l’objet d’un travail spécial qui doit paraître incessamment dans la Revue de Chirurgie, en collaboration avec M. le D' Tuffier. Dans la pleurésie hémorragique d’origine gangreneuse où pullulaient de nombreux germes, des anaérobies en particulier, l’hémolyse était manifeste; et de plus, il était facile de voir au microscope qu’un grand nombre de globules rouges étaient altérés dans leur forme et leurs dimensions. Dans l'hémothorax traumatique, au vingtième jour l’hémolyse était nulle et les globules rouges étaient morphologiquement intacts, ce qui montre bien que ceux-ci sont destinés à être résorbés purementet sim- plement et non pas détruits. MODE DE PROPAGATION DES SYNGAMES, par M. A. RaAïLLIET. I. — Syngamus trachealis von Siebold. — Les hôtes habituels du Syngamus trachealis sont les Gallinacés : c’est chez les Dindonneaux et les Poulets que Wiesenthal a le premier nettement indiqué ce para- site des voies respiratoires. Après lui, on l’a signalé chez les Faisans commun et doré, le Paon domestique, le Coq de bruyère, la Perdrix grise, les Lophophores, etc. Mais il à été rencontré aussi chez des Oiseaux appartenant à d’autres ordres : des Passereaux (Corvus cornix, Corvus monedula, Pyrrhocorax alpinus, Pica pica, Sturnus vulgaris, Apus apus), des Grimpeurs (Gecinus viridis, Picus canus), voire chez des Rapaces (Sfrix noctua). En ce qui concerne les autres hôtes indiqués, tels que Palmipèdes (Anas, Pelecanus) et Échassiers (Platalea, Leptopilos, Ciconia), je pense qu'il convient d'émettre des réserves, car probablement s’agissait-il d'espèces différentes, 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On sait les ravages occasionnés dans les basses-cours et les faisan- deries par ce dangereux Nématode. Dans les grandes chasses des envi- rons de Paris, la plupart des Faisandeaux nés en liberté dans les bois sont infestés peu de temps après leur naissance, et presque fatalement condamnés à périr. La source d’infestation est représentée surtout par les sujets adultes qui, n’hébergeant souvent que deux ou trois couples de Syngames, Sont aples à résisier à ce parasitisme restreint. Mais il est certain que les Oiseaux sauvages concourent aussi à la propagation de ces Vers. En Italie, par exemple, Pichi (4) a reconnu que les Étourneaux de la plaine de Parme sont infestés de Syngames dans la proportion de 15 p. 100. En France, il me parait que le principal rôle, à cet égard, est dévolu à la Pie. Déjà Dujardin (2), en dépit des nombreuses autopsies d'Oi- seaux qu'il avait pratiquées, n'avait trouvé le Syngamus trachealis, à Rennes, que dans la trachée de deux Pies. En septembre et octobre 1899, j'ai examiné à ce point de vue toute une série de Passereaux tués à Rozoy-sur-Serre (Aisne), localité où la syngamose est inconnue : je n'ai découvert qu'une seule fois des Syngames, et c'était dans la trachée d'une Pie. En novembre 1899, j'ai étudié de même des Passereaux (Corneilles, Pies, Geais, Merles) et des Rapaces (Accipiter nisus, Otus vulgaris) tués à Hermières et à Saint-Germain-des-Noyers (Seine-et- Marne), c'est-à-dire dans une région où les Faisans pullulent dans les bois, et où la syngamose fait dans les élevages de très nombreuses victimes; or les Pies seules étaient infestées, et cela dans la proportion de six sur huit. J'ai profité de l’occasion qui m'était offerte pour étudier + l’évolution des Syngames de la Pie, comparativement à ceux du Poulet. À première vue, les parasites de la Pie paraissent avoir la tête un peu plus large et la vulve plus saillante. Mais leur évolution est identique. Tout d’abord, je me suis assuré que la femelle, malgré la perma- nence de l’accouplement, effectue sa ponte d'une facon normale : le simple poids d’une lamelle couvre-objet provoque la sortie par la vulve des œufs contenus dans le vagin, œufs qui s’échappent en soulevant le lobe médian ou postérieur de la bourse caudale. Au surplus, en évitant les autopsies tardives, je n'ai trouvé dans le vagin que des œufs en voie de segmentation. - Ces œufs, placés en chambre humide dans le courant de novembre, étaient embryonnés après trois semaines. Au bout d’un mois, il y avait eu déjà un certain nombre d'éclosions. On sait que les œufs de Syn- games ont à chaque pôle un goulot et une sorte de bouton, rappelant ce qui s'observe chez les Trichosomes. (1) G. Pichi. La tracheite verminosa da Syngamus trachealis negli uccelli e la frequenza di quella negli storni. Parma, 1897. (2) Dujardin. Histoire naturelle des Helminthes, 1845, p. 261. SANCE DU 23 FÉVRIER 209 L'embryon, pour s'échapper de la coque, fait effort contre l’un de ces boutons qu'il soulève, et, comme son corps est relativement épais, on le voit s'étrangler au niveau du goulot à mesure qu'il se dé- gage. Je n'ai trouvé aucun résidu cuticulaire dans la coque, et je n'ai constaté qu'une seule mue après l’éclosion; du reste, les individus éclos ne semblent vivre que peu de temps dans l’eau. Mais la mise en liberté de l'embryon ne parait pas nécessaire à l’évolulion de l’espèce : des œufs embryonnés ayant été ingérés par un Calfat (Padda oryzivora) le 2 janvier 1900, ce Passereau se montrait oppressé dès Le 10, effectuait bientôt des baîllements répétés, et succombait le 13, avec des suffusions sanguines dans le poumon et de nombreux couples de Syngames encore peu développés dans la trachée. J'avais fait, l'été précédent, des essais analogues avec des Syngames de Poulets. Des œufs segmentés, mis en incubation le 28 mai, conte- naieut un embryon bien développé dès la dernière semaine de juin. Le 3 juillet, un Calfat, un Moineau et un Serin reçoivent de ces œufs embryonnés et des embryons libres. Les deux premiers meurent en quelques jours, n’offrant que des suffusions sanguines dans le poumon (peut-être s'agissait-il d'une migration de larves vers les bronches); le Serin succombe seulement le 24 juillet, avec trois couples de Syngames dans la trachée. En résumé, les observations et expériences qui précèdent me paraissent établir : ; 1° Que la Pie (Pica pica) peut être considérée dans notre pays comme un des propagateurs principaux du Syngamus trachealis ; 2° Que ce Nématode pond des œufs en voie de segmentation. destinés à être rejetés à l'extérieur (avec les excréments); 3° Que l'embryon, se développant dans ces œufs lorsqu'ils sont répan- dus sur le sol humide ou dans les flaques d’eau, peut poursuivre direc- tement son évolution, qu'il ait réintégré l'organisme avant ou après l’éclosion. Il. — Syngamus bronchialis Mühlig. — l'évolution de ce parasite des Oies suit une marche parallèle à celle de l'espèce précédente, bien que l'œuf présente un seul bouton polaire ou opercule. Le 12 mars 1898, je mets en incubation des œufs à huit blastomères. Le développement embryonnaire se montre d'autant plus retardé que la couche d’eau qui les recouvre est plus épaisse ou plus chargée de matières organiques. Dans les incubations sur lame, les premiers embryons apparaissent dès le 26 mars : en verres de montre, ils ne sont constatés que le 2 avril dans l'eau pure, et le 5 dans l’eau chargée de mucosités ou de débris organiques. Les éclosions ne s'effectuent qu'en petit nombre et d'une facon irrégulière. Il arrive parfois que la partie postérieure de l'embryon se dégage la première. Le 15 avril, je fais prendre des œufs embryonnés et des embryons 210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE libres à une Oie et à un Canard adultes. Ces deux sujets sont sacrifiés le 8 juillet. Résultat complètement négatif. Le 21 juillet, je parviens à me procurer des Oisons de deux à trois mois, et je fais prendre à trois d’entre eux ce qui me reste d'œufs embryonnés, après m'être assuré que les embryons sont encore actifs à l’intérieur de la coque. L'un de ces Oisons meurt le 8 août, sans présenter aucun parasite interne. Un second, vers la fin. d'octobre, commence à bâiller fréquemment en étendant la tête. Je le sacriñe le 14 novembre et trouve, dans la trachée, un seul exemplaire femelle de Syngamus bronchialis entouré de mucus sanguinolent. Des caillots san- guins s’observent pourtant dans les bronches, et on remarque dans le poumon des points hémorragiques multiples. Le troisième Oison, sacrifié le 14 février 1899, ne portait aucun parasite. Inutile d'ajouter que dans toutes ces expériences on avait conservé des animaux témoins. Le peu de succès obtenu avec cette espèce tient vraisemblablement aux conditions défavorables dans lesquelles je me suis trouvé : il eût été nécessaire, au moment où je possédais des matériaux abondants, de trouver des sujets d'expériences aussi jeunes que possible. Néanmoins, l'unique résultat positif auquel je suis parvenu semble bien démontrer que le Syngamus bronchialis, comme son congénère, a un développe- ment direct. Le ; » É ; & ALTÉRATIONS RÉNALES CONSÉCUTIVES A L'INJECTION DE SÉRUM DE CONGRE ? par M. AUGUSTE PETTIT. 7 Dans une communication antérieure (1), j'ai signalé les altérations que présentent les reins des animaux qui succombent à l'injection de sérum d’Anguille; pendant un séjour, au cours de l’été dernier, au laboratoire de Concarneau, j'ai pu, grâce à l'extrême amabilité du directeur-adjoint, M. P. Fabre-Domergue, étendre ces premiers résul- tats au sérum de Congre. J'ai examiné, à ce point de vue spécial, les reins de plusieurs Lapins et d'un Hérisson ; je renvoie, pour le détail des expériences et la tech- nique, au mémoire avec planche qui parailra prochainement (2), me bornant ici à indiquer brièvement les expériences les plus earactéris- tiques : (1) Société de Biologie, 19 mars 1898 et Bulletin du Muséum, n° 2, 1898. (2) Voir le prochain fascicuie des Archives internationales de pharmacody- namie. SÉANCE DU 23. FÉVRIER 211 Exp. XI) —" 1", septembre 1900. Lapin &. Poids. :1.020 grammes. Dose : 1,5 centimètre cube. Survie : 6 minutes. Exp. XIII. — 1°" septembre 1900. Lapin &. Poids : 915 grammes. Dose : 0,5 centimètre cube. Survie : 3 heures. Exp. XIV. — 3 septembre 1900. Lapin ©. Poids : 1.310 grammes. Dose : 1 centimètre cube. Survie : 11 minutes. Exp. XV. — 7 septembre 1900. Lapin &. Poids : 1.620 grammes. Dose : 1 centimètre cube. Survie : 7 minutes. Exp. XVI. — 15 septembre 1900. Lapin ©. Poids : 1.472 grammes. Dose : 1 centimètre cube. Survie : 22 minutes. Exp. XVII. — 15 septembre 1900. Lapin &. Poids : 1.094 grammes. Dose : 0, centimètre cube. Survie : 5 heures #! minutes. Exp. XVIII. — 21 septembre 1900. Lapin &. Poids : 2.640 grammes. Dose : 2 centimètres cubes. Survie : 5 jours. Exp. XIX. — 22 septembre 1900. Hérisson P. Poids : 495 grammes. Dose : 1 centimètre cube. Survie : 20 heures environ. Lorsque la mort est survenue assez rapidement (quelques minutes à plusieurs heures), les lésions dont les reins sont alors le siège présen- tent une analogie frappante avec ce que j'ai décrit antérieurement à : propos du sérum d’Anguille. Dans ces conditions, la disposition radiaire des granulations s'efface ; le réticulum cytoplasmique se tuméfie et se rompt par endroits, de telle sorte que la cellule du tube contourné présente un aspect clair anormal; en même temps, les formations décrites sous le nom de plateau et de brosse s’effacent, et la lumière canaliculaire tend à disparaitre par suite de l'accroissement de hauteur des éléments lésés. : Dans les tubes droits, la dégénérescence des cellules bordantes acquiert souvent une intensité remarquable. Quand la survie s'est prolongée pendant plusieurs jours (expé- rience X VIII), les lésions s'étendent à la totalité des éléments. Le cyto- plasma perd sa striation et sa réticulation normales; la brosse et le plateau, en général, disparaissent également; en même temps, les noyaux sont frappés de karyolyse et de pyknose; enfin, des cellules, plus ou moins altérées se détachent de la limitante et tombent en bloc dans la lumière. Ces processus aboutissent à la formation d’un magma, obturant les canaux du rein, composé de granulations chro- matiques englobées dans une masse plus ou moins granuleuse fixant intensivement les teintures plasmatiques. Les allérations rénales dont il vient d’être question, présentent un caractère remarquable : à savoir, leur systématisation accusée. Alors que certains tubes sont peu atteints ou même complètement indemnes, d’autres sont le siège de modifications telles, qu'ils sont vraisembla- (1) Ges numéros correspondent à ceux du mémoire in extenso. 212 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE blement incapables de remplir leur rôle physiologique (1). Ce fait semble montrer que le rein des Mammifères, malgré sa conglobation, peut néanmoins, dans certaines conditions, fonctionner segmentairement, rappelant ainsi sa constitution primitive (2). Indépendamment de leur intérêt propre au point de vue des effets toxiques du sérum de Congre, ces observations constituent un exemple des plus remarquables de la facilité avec laquelle les éléments anato- miques peuvent subir des modifications structurales profondes (3). LA PHOSPHORESCENCE INVISIBLE, * par M. GusrAve LE Bon. Un membre de la Société de Biologie a bien voulu appeler mon atten- tion sur une critique de M. Dubois (Raphaël) insérée dans le numéro du 15 février. L'expérience qui fait l’objet de cette critique est celle de la repro- duction dans l'obscurité d’un poisson appliqué sur une plaque photo- graphique, avant toute manifestation de phosphorescence. M. Dubois à. la naïveté d'ajouter qu'il a réalisé cette expérience il y a douze ans. N'ayant pu rien en tirer, après douze ans de réflexion, il la déclare aujourd’hui « grossière et puérile ». Je ferai remarquer tout d'abord que la photographie de poissons non phosphorescents qui m'est attribuée par cet écrivain ne m'appartient Fu nullement. Elle est d’un expérimentateur qui d’ailleurs n'en a pas tiré meileur parti que M. Dubois. | Il y avait pourtant beaucoup de choses à en déduire en réfléchissant et expérimentant un peu. Voici les résultats que m'a déjà fournis cette expérience, qui pour un observateur ordinaire semble si grossière. 1° La découverte de la phosphorescence invisible, transformable à volonté en phosphorescence visible. Ainsi qu’il résulte des expériences, extrème- ment faciles à répéter, que j’ai publiées dans mon mémoire sur les formes diverses de la phosphorescence (4), un corps jadis phosphorescent main- (1) Lors de ma première communication, M. Malassez insista sur ce fait qu’il avait observé antérieurement sur des Chiens mordus au Muséum par des Serpents venimeux. (2) Naturellement, quand la dose et l’activité du sérum, ainsi que la survie, sont assez considérables, les lésions s'étendent à la totalité des éléments rénaux. | (3) Launoy a tout récemment signalé des altérations très comparables à la suite de l’envenimation buthoïque. Société de Biologie, 26 janvier 1901. (4) Revue scientifique, 8 et 15 septembre 1900. On trouvera dans la même Revue les mémoires que j'ai-publiés depuis quatre ans sur La lumière noire, Les formes ultimes de la matière, Les effluves métalliques, Les radiations électriques, SÉANCE DU 23 FÉVRIER 213 tenu à l'abri de la lumière un nombre illimité d'années conserve perpé- tuellement la propriété de devenir immédiatement lumineux si, dans l'obscurité, on projelte à sa surface, même à travers des corps opaques et des blocs de glace, des radiations invisibles d’une cerlaine longueur d'onde (0 4 8 à 2). Des radiations obscures ajoutées à des radiations obseures produisent ainsi de la lumière, et cette expérience est l'inverse de celle des interférences de Fresnel, où de la lumière ajoutée à de la lumière produit de l'obscurité. 2° La découverte des radiations invisibles que les corps phosphores- cents dégagent dans l'obscurité pendant plus de dix-huit mois après leur insolation. J'ai pu prouver par des méthodes très simples que ces radiations invisibles se polarisent, se réfractentet ont un spectre voisin de celui de la lumière. 3° La constatation que certains animaux avant de devenir phospho- rescents dégagent des effluves spéciaux qui rendent l'air conducteur de l'électricité et déchargent par conséquent à distance un électroscope. C’est un sujet extrêmement important el dont je n’ai pas terminé l'étude. Voilà ce que l'on pouvait déduire d’une expérience qui pour un observateur vulgaire semble au premier abord si grossière. C'est ce que, avec un peu plus de sagacité et d’esprit d'observation, M. Dubois aurait pu déduire puisque, suivant lui, il y a douze ans qu'il a photo- graphié un poisson par la même méthode. S'il avait réussi à découvrir quélques-uns des phénomènes que je viens d’énumérer et qu'il na même pas soupconnés, il eût sans doute réussi à rendre son livre un peu moins pauvre en faits nouveaux et un peu moins banal. UNE TEINTURE POUR CHEVEUX A BASE VÉGÉTALE DE PARAPHÉNYLÈNE DIAMINE ; TOXICITÉ ET FORME DES ACCIDENTS; ÉTUDE CLINIQUE ET EXPÉRIMENTALE, par MM. J.-V. LaBoRDE et MEILLÈRE. Nous désirons appeler l’attention de la Société sur une question de toxicologie, d'intérêt à la fois scientifique et pratique. Voici quelle a été, pour nous, l’occasion éventuelle de nous en occuper; et si nous insistons, tout d'abord, sur les détails de l'observation, c’est qu'elle est, comme on va le voir, d’une importance capitale au point de vue de la détermination de la maladie. I. — Il y a environ un an, l’un de nous, M. Laborde. était amené à La ‘photographie à travers les corps opaques, L'action sur les végétaux des radia- tions obscures de grande longueur d'onde, La variabilité des espèces chimiques, etc. Des extraits de ces mémoires ont été publiés dans les Comptes rendus de l'Aca- démie des sciences. Biozocie. ComPtes RENpDus. — 1901. T. LIII. 17 7 PU, Te TEL ANRT SNA EU FT RENE 214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE observer et à examiner une dame de sa connaissance, qu'il rencontrait souvent dans sa famille, dont elle était une ancienne amie. Depuis quelque temps, cette dame, dont la santé s’altérait visiblement et progressivement, se plaignait d'accidents se produisant et revenant par crises, d’abord éloignées, toutes les trois semaines environ, puis se rapprochant de plus en plus, tous les quinze jours, tous les huit jours, et enfin tous les deux ou trois jours. Ces accidents consistaient en une céphalalgie permanente, laquelle augmentait et s'aggravait considéra- blement au moment de la crise et bientôt s’accompagnait de douleurs épigastriques avec nausées et vomissements répétés, purement liquides et muqueux, qui se répétaient à courts intervalles, et se continuaient durant toute la matinée, au cours de laquelle ils se montraient, d’habi- tude, dès le réveil, après une nuit pénible et agitée. La malade, fatiguée et brisée à la suite de cette crise, tombait dans une sorte d'assoupissement, auquel elle ne s’arrachait qu'avec peine vers la fin de la journée, pour prendre, sur les instances de son entou- rage, une tasse de thé d’abord, puis du lait, qu'elle n'acceptait, d’ail- leurs, qu’à petites doses, et se sentant incapable de prendre le moindre aliment solide. Celte anorexie, avec fatigue générale consécutive, se continuait durant les deux ou trois jours qui suivaient la crise; et il en résullait, à part les effets immédiats de celle-ci, et par défaut obligé d'alimen- tation, un état de déperdition des forces et de dénutrilion, avec amai- grissement rapide et progressif, qui avaient fini par frapper l'entourage de la personne, et par la préoccuper vivement elle-même. ; Comme elle était, de sa nature, très nerveuse, et qu'elle avait eu autrefois (elle était ägée, aujourd’hui, d’une cinquantaine d'années) des migraines fréquentes et des douleurs arthritiques, elle avait.été portée, tout d’abord, à attribuer à cette prédisposition et à une aggra- vation de celle-ci les accidents ci-dessus; et elle avait repris, dans cette pensée, le régime qui lui avait été antérieurement conseillé en vue de son état nerveux, migraineux et dyspeptique. Mais n’en éprouvant aucun résultat, et voyant se reproduire, avec une périodicité et une ténacité désespérantes, les troubles dont ele était le siège, elle s'était décidée à aller consulter un spécialiste des plus autorisés et des plus en vue pour les maladies de l'estomac, lequel donna, en effet, dans ce sens, une prescription en règle, qui ne fit rien aux accidents en question. Puis elle en consulta un second, non moins autorisé, qui ne fut pas plus heureux que le premier: et, en désespoir de cause, elle nous supplia de lui donner notre avis, qu’elle n'avait pas osé, jusqu'alors, nous demander franchement, par respect pour notre abstention de tout exercice professionnel. — Après avoir obtenu d'elle tous les plus minutieux détails relatifs à la nature des accidents qu'elle éprouvait, à leur évolution et aux con- + SÉANCE DU 23 FÉVRIER 215 ditions qui présidaient constamment à leur apparition, nous fûmes amené à Ja conviction qu'il s'agissait là de phénomènes toxiques, soit d’origine autochtone — auto-intoxication, — soit d’origine éventuelle; et comme nous avions trouvé, dans les commémoratifs, et dans l'examen de la malade, les signes d’un certain degré d'insuffisance rénale (à laquelle nous allons avoir, d'ailleurs, à attribuer un rôle non sans impor- tance, dans la genèse et surtout la gravité de la maladie réelle), nous nous élions demandé, tout d’abord, s’il ne s'agissait pas d’une intoxi- cation wrémique, avec élimination anormale du côté de l'estomac, dont les vomissements muqueux pouvaient être le témoignage. Nous nous apprêtions à provoquer, dans cette pensée, une analyse chimique du liquide des vomissements, lorsque la seconde hypothèse nous suggéra l’idée heureuse de provoquer, de la part de la malade, une confidence des plus délicates, il est vrai, mais que rendaient plus facile, pour nous, les relations de famille avec elle, et que justifiait la constata- tion objective que nous avions faite, depuis longtemps, au cours de nos entrevues : cette dame, déjà d’un certain âge (cinquante et quelques années au moins, avons-nous dit, car, connaître, au juste, même dans une confession médicale, l’âge d’une femme... est, on le sait, un pro- blème à peu près insoluble), était ornée de cheveux du plus beau noir qui se puisse imaginer; trop noir même pour être vrai, et sans l’appari- tion du moindre fil d'argent... Elle n’hésita pas, du reste, sur notre question dont elle avait compris tout l’intérêl pour elle, à avouer la vérité; et elle nous remit, sans retard, le corps du délit, le flacon que voici, témoignage d'autant plus incontestable que les renseignements cliniques complémentaires, d’une part, et d'autre part l’élude expérimentale de la substance tinctoriale, décelée par l'analyse chimique, ne sauraient laisser, à l'égard de son intervention pathogénique, le moindre doute. Et tout d'abord, le fait que, la pratique et l'application du liquide cou- pable ayant été suspendues, les accidents ont rapidement et complète- ment disparu, pour ne jamais plus se reproduire depuis, suffirait, à lui seul, pour juger la question de causalité. Mais, il n’est pas sans intérêt d'y ajouter cette particularité, qui accentue la démonstration et qui explique l’évolution des accidents, savoir : que la crise éclatait, constamment, sans exception, à la suite, le lendemain ordinairement, d’une application nouvelle, faite avant le coucher, et réalisée — condition importante d'absorption favorable — par de fortes frictions à l'aide d’une brosse très dure, sur le cuir che- -velu, à la racine des cheveux, où il était facile d’apercevoir, surtout à la région frontale, des éraillures qui constituaient sans nul doute une porte d'entrée de la substance toxique, dont l’action, primitivement et parfois uniquement localisée, va s'expliquer aussi par la technique elle- même de l’application tinctoriale. 9216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Disons, enfin, pour compléter cette observation personnelle, sur laquelle nous avons intentionnellement insisté, dans un intérêt cli- nique, nous le répétons, que l’on comprendra maintenant sans peine, et qui va mieux ressortir encore de la suite de cette communication (1), disons que notre malade n’avait éprouvé les accidents en question que depuis qu'elle se livrait à l'emploi de la teinture contenue dans ce flacon, c'est-à-dire depuis six mois ; alors qu'auparavant l'emploi de teintures d'autre sorte, que nous avons toule raison de croire à base minérale, mais qui ne donnaient pas — en noirceur — d'aussi beaux. résultats, n'avait jamais occasionné, chez elle, de troubles appré- ciables. Restent la recherche de la ou des substances qui font la base de la teinture, et l'étude expérimentale de leur action. Cette recherche et cette étude feront l’objet d’une seconde communi- cation. (1) Des renseignements ultérieurs provoqués par les résultats de l’étude expérimentale nous ont fait connaître, de plus, que la malade, au cours de ses crises, avait présenté des éruptions cutanées au cou, aux épaules, aux bras ; de l’irritation et du gonflement des paupières; et que ses urines avaient particulièrement attiré son attention par leur coloration foncée, acajou. ERRATA Dans la communication de MM. Jures Courmonr et CH. LEsIEUR, séance du 16 février 1901 : — Page 188. Note (1). Au lieu de : Friedrich Schmidt’s. lahrbücher, etc., lisez - Friedrich. Schmidl's lahrbücher. Ÿ — Page 188, dernière ligne. Au lieu de : P. 98 p. 100, lisez : P —98 p. 100. — Page 189, ligne 12. Au lieu de : au-dessous de la normale, lisez : au-dessus de la normale. S Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 2 MARS 1901 MM. Ca. Acnaro et M. Lorrer : Les globules blancs : 1° dans quelques intoxications ; 20 dans l’ictère. — MM. C4. Acxarp et M. Lorper : Rapport des réactions leucocy- taires locale et générale dans les processus morbides. — M. C. Varrée (de Lille) : Observations sur l'alimentation d’un enfant au moment du sevrage.— M. CL. ReGAun: Variations de la chromatine nucléaire au cours de la spermatogenèse. — M. RENAUT : (Discussion). — M. E. Hépox : Sur l’hémolyse par la solanine et les conditions de milieu qui la favorisent ou l’empêchent. — M. Rapnarz Dugois : Le centre du sommeil. — M. RapnAEz Dupors : Sommeil naturel par autonarcose carbonique provoqué expérimentalement. — M. le D' E. Maurez : Fréquence d’une hyperleu- cocytose légère dans les affections du foie observées dans les pays chauds. — MM. Eu. Bourquecor et H. Hérissey : Sur la constitution du gentianose. — M. Ertenne Ragaup : Formation de l'œil des cyclopes. — M. Errexne RABAuUn : Les fossettes olfactives des cyclopes. — MM. JEax Cauus et Pacxrez : D'un pouvoir agolutinant de certains sérums humains pour les globules rouges de l'homme. — M. Carcos Franca : Note sur l’action du sérum leucotoxique sur les lésions du névraxe dans la rage. — MM. F. Baron et A. Cape (de Lyon) : Formule hémo- leucocytaire dans un cas de typhus angéio-hématique. — MM. F. Baron et A. CADE (de Lyon) : Liquide céphalo-rachidien et méningite chronique dans un cas de maladie de Friedreich. — MM. J.-V. Laporpe et MeiLrère : Une teinture pour cheveux à base organique de paraphénylène diamine. Toxicité et forme des acci- dents, étude clinique et expérimentale. Présidence de M. Netter, vice-président. LES GLOBULES BLANCS : 1° DANS QUELQUES INTOXICATIONS ; 2° DANS L'ICTÈRE, par MM. Cu. Acuarp et M. LopEr. (Communication faite dans la séance précédente.) 40 Les globules blancs dans quelques intoxications. Nous avons examiné le sang d’un certain nombre de malades atteints d'intoxications diverses par le plomb, l'alcool, le mercure, la morphine l’éther et l’antipyrine. La formule leucocytaire nous a paru différer, non pas suivant la nature du poison, mais bien plutôt suivant le caractère aigu ou chro- nique de l’intoxication. Chez trois malades intoxiqués de longue date par la morphine et par l’éther, nous avons noté la leucopénie et l’'hypopolynuecléose. Une fois il y avait inversion de la formule et un certain degré d’éosinophilie. Brococre. Compres mEnpus. — 1901. T.'‘LIII. 18 OURS è dr: VE VRRE 218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'antipyrine produisit chez un autre individu une leucocytose assez marquée avec augmentation des polynueléaires (T2 p. 100). L’éosino- philie termina la maladie. Dans trois cas de colique de plomb, l'examen du sang nous a donné deux fois une légère leucocytose et polynucléose, une fois un chiffre normal. Par contre, dans deux observations d'intoxication saturnine chro- nique, nous avons noté la leucopénie, l'augmentation relative des mo- nonucléaires, avec, une fois même, inversion de la formule. Le mercure parait amener dans le sang des modifications analogues. Deux hydrargyries aiguës, l'une cutanée, l’autre digestive, produisirent la leucocytose, la polynueléose et l’éosinophilie terminale (8 et 12 p. 100). Trois hydrargyries chroniques, remontant à plus de trente- cinq ans, diminuèrent le nombre des leucocytes et des polynueléaires, et, dans un cas, il y eut inversion de la formule. L'alcoolisme nous a donné des résultats plus inconstants. Dans un delirium tremens et dans trois cas d'ivresse, l'examen du sang dénotait la polynucléose et la leucocytose. Sur vingt intoxications chroniques avérées, trois fois la leucocytose fut légère avec polynueléose peu marquée, voire normale, quatre fois les rapports furent absolument normaux, treize fois la leucoeytose tomba très bas (jusqu'à 3.400 leucocytes); les polynucléaires s’abais- sèrent jusqu'à 40 et 32 p. 100. à Il est intéressant d'opposer les réactions sanguines dans les cas aigus et chroniques. La leucocytose et la polynucléose s'expliquent facilement dans les premiers. La leucopénie et l'hypopoly nucléose est d’ interpré-* tation plus délicate. Il nous semble qu'on peut l’attribuer à trois causes : tout d'abord, à l'augmentation du volume de la rate constatée dans neuf cas sur dix-huit, et probablement à l'accroissement de son pouvoir des- tructeur vis-à-vis des polynucléaires (Dominici); ensuite, aux réactions lymphocytiques locales du foie, du rein et d’autres organes en voie de sclérose chez beaucoup de vieux intoxiqués ; enfin, à la sclérose et à la transformation de la moelle osseuse et de certains autres organes héma- topoiétiques que nous avons constatée chez un alcoolique avéré décédé de mort violente. La présence dans le sang d'un certain nombre de formes anomales et de quelques éléments souches médullaires (neutrophiles, basophiles) s'expliquerait assez bien par les modifications subies par les tissus hématopoiétiques chroniquement irrités. 2° Les globules blancs dans l'ictère. La formule sanguine de l'ictère est aussi variée que sont variées les lésions qui le produisent. SÉANCE DU 2 MARS 219 Nous avons eu l’occasion d'examiner à ce point de vue vingt-quatre cas d’ictère : colique hépatique, ictère catarrhal, hépatites aiguës, cancers du foie et du hile, hépatites chroniques. | La crise de colique hépatique semble abaisser le nombre des leu- cocytes et des polynucléaires (2 cas). Quand elle se termine, le taux des éléments blancs revient rapidement à la normale, qu'il dépasse même parfois. L'ictère catarrhal semble avoir une formule assez spéciale et cons- tante : polynucléose et leucocytose très légères au début, puis rapide- ment leucopénie et augmentation relative des mononucléaires jusqu’à produire l’inversion de la formule. Nous avons, dans tous les cas, noté dans le sang 3 ou 4 myélocytes pour 100. Une éosinophilie très légère marque la fin de la maladie. Dans les hépatites aiguës primitives ou secondaires et dans les angio- cholites, il est de règle de constater l'augmentation des leucocytes et surtout des polynucléaires. Les cancers du foie et les compressions cancéreuses du hile pro- duisent une leucocytose et une polynucléose très variables. Enfin, dans les hépatites chroniques, les mononucléaires prédo- minent et la leucocytose est normale ou hyponormale : deux fois nous avons vu l’inversion de la formule (32 P, 68 M). La crise d’ictère grave terminal de certaines cirrhoses atrophiques modifie la réaction sanguine en faisant monter le taux des polynu- cléaires et des leucocytes. Nous avons essayé de reproduire chez trois chiens les lésions san- guines de l'ictère par injection intrapleurale de bile. Nous avons noté une leucocytose et une polynuciéose légère dans un cas, un abaissement minime dans les deux autres. La réaction expérimentale n’est donc pas comparable à la réaction clinique. Il semble, en conséquence, que la formule sanguine ne dépende pas de l’intoxication par la bile, mais bien de la cause même de l'ictère et des réactions multiples auxquelles elle donne lieu dans le foie, la rate et peut-être aussi les autres organes hématopoiétiques. 2 RAPPORTS DES RÉACTIONS LEUCOCY AIRES LOCALE ET GÉNÉRALE DANS LES PROCESSUS MORBIDES, par MM. Cu. Acuarp et M. LœŒper. (Communication faite dans la séance précédente.) Dans une note précédente nous avons montré la similitude des réac- tions locales et générales dans la tuberculose expérimentale. Nous avons recherché dans un grand nombre de maladies infectieuses 990 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et toxiques si certaines modifications du sang ne trouveraient pas leur explication dans les réactions leucocytaires locales des organes altérés. Nous diviserons ces affections en quatre catégories : 1° lésions aiguës passagères; 2° lésions subaiguës qui ont tendance à l’organisation; 3° lésions néoplasiques diverses; 4° enfin lésions chroniques durables, scléroses en un mot. Dans les premières nous rangeons la pneumonie, les bronchites sup- purées, les broncho-pneumonies, les placards de méningites aiguës, de péritonites aiguës, les couennes de pleurésies purulentes, les ulcères de l'estomac, l’appendieite aiguë nécrosante, la follicuilite typhique, les abcès du foie et du rein, les angiocholites. Dans toutes ces affections la polynucléose locale est la règle avec un nombre plus ou moins considé- rable de gros éléments à un seul noyau ayant l'aspect de myélocytes. Le sang, sauf dans la folliculite typhique, où les réactions des appareils hématopoiétiques dominent la scène, nous à montré une polynueléose très intense. Nous rapprocherons de ces examens un cas de morve animale où le nodule morveux était constitué de polynucléaires très abondants et de myélocytes, alors que le sang donnait 88 et 92 p. 100 de polynucléaires, et aussi les examens de sérosités provenant d’arthrites rhumatismales, blennorragiques ou ostéomyélitiques, de pleurésie, de vésicatoires, de brûlures, où réactions sanguine et locale sont identiques. Dans la deuxième catégorie, à côté de la tuberculose que nous avons indiquée ailleurs, nous placons la syphilis. Chez quatre syphilitiques à la période primaire, nous avons trouvé, après Baginsky et Monod, une leucocytose et une mononucléose très prononcées. Or, l’examen de trois chancres nous a fait voir, à côté des cellules conjonctives et de mastzellen nombreux, une quantité considérable d'éléments uninucléés. Dans deux cas d’hépatite gommeuse, la réaction locale était la: même, ainsi que dans un cas de paralysie générale et un cas de tabès chez d'anciens syphilitiques. La réaction des syphilomes est donc une mononucléose: elle est à rapprocher non seulement de celle des tubercules, mais des lépromes el des nodules rabiques (BabŸs). | Dans certains nodules infectieux subaigus non spécifiques on retrouve souvent cette mononucléose. La troisième catégorie concerne les néoplasmes épithéliaux ou autres. Ici la formule sanguine est très variable. Tantôt nous avons noté la polynucléose et la leucocytose, tantôt une formule normale. Dans trente-six cancers épithéliaux que nous avons examinés histo- logiquement, la présence de polynucléaires nous a presque toujours paru un signe d'infection, bien qu'il soit possible de trouver une quan- tité assez considérable de polynucléaires autour de noyaux très Jeunes, SÉANCE DU ® MARS 291 très actifs, en dehors de toute action extérieure, la cellule cancéreuse se comportant dans ce cas comme un parasite animal. Les cancers squirrheux, à évolution lente, présentent des mononu- cléaires dans le tissu conjonctif qui les enserre. Le quatrième groupe comprend des lésions définitives: sclérose d’or- ganes et placards des séreuses. Ce sont des péritonites chroniques chez des alcooliques, des pachyvaginalites, des symphyses anciennes, des pachyméningites non syphilitiques, des scléroses en plaques, des scléroses pulmonaires, hépatiques, rénales, pancréatiques, des gas- trites chroniques. Toujours nous avons vu une réaction mononucléaire locale très abondante s’ajouter à la prolifération des éléments con- jonctifs et souvent des mastzellen. Parfois une poussée aiguë terminale faisait apparaître un nombre plus considérable de polynucléaires en certains points (éclampsie, hépatites subaiguës). La formule sanguine dans ces différents cas est restée souvent nor- male. Souvent les polynucléaires étaient en nombre inférieur aux mononueléaires alors que la leucocytose était assez marquée. D'ailleurs, si la réaction était absente ou imperceptible dans le sang, elle était évi- dente dans les épanchements séreux (ascites, pleurésies, hydrocèles), comme MM. Widal et Ravaut l’ont déjà montré. Deux conclusions nous paraissent se dégager de cette étude, qui con- cerne près de deux cents examens : C'est d’abord que la réaction sanguine est souvent expliquée par la réaction locale quand aucane cause physiologique ou pathologique, d'autre nature ne vient la troubler. C’est ensuite que le polynucléaire et l'élément médullaire se rencontrent dans presque toutes les affections passagères sans tendance à l'organisation, alors que le Iymphocyte et le mononucléaire se voient surtout dans les affections subaiguës, ayant tendance à l'édification de tissus plus ou moins durables. OBSERVATIONS SUR L'ALIMENTATION D'UN ENFANT AU MOMENT DU SEVRAGE, par M. C. Vazzée (de Lille). Dans le Cinquantenaire de la Société de Biologie (p. 177-186), M. Lam- bling a publié l'observation d’un nourrisson dont l'alimentation a été suivie du 45° au 154° jour. Le sevrage a eu lieu le 12 mai 1900, à l’âge de 14 mois, et, un mois après, du 13 au 20 juin, j'ai repris l'observation de cet enfant, à ce moment dans une période d'alimentation très régu- lière et se prêtant bien à l'étude du nouveau régime établi. L'enfant a présenté, pendant la période considérée, un poids moyen de 10 kil. 725. Il consommait par jour 1.200 c. c. de lait de vache, répartis en quatre repas de 300 c. c., avec 40 gr. de sucre. Dans deux de ces repas, 299 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le lait était consommé tel quel, avec une partie du sucre; dans les deux autres, on délayait chaque fois dans les 300 c. c. de lait deux cuillerées de farine ordinaire, toujours mesurées de la même facon et représentant une prise de 15 gr. chaque fois. Enfin, l’enfant recevait encore dans la journée une trentaine de grammes de pain. La ration se composait donc d’une partie dont on Seat considérer la composition comme fixe, à savoir, le sucre, le pain et la farine, et d'une autre partie, la plus importante, constituée par le lait, dont l'analyse quotidienne s'imposait évidemment. Pour ce qui regarde la partie fixe, on a compté les 40 gr. de sucre en sucre pur et sec; on a compté le pain comme renfermant 7 p.100 de matières albu- minoides et 56 p.100 d’amidon; enfin on a admis pour la farine une teneur de 10,2 p. 100 de matières albuminoïdes et de 75 p. 100 d'amidon. Cette portion de la ration apportait en tout par jour 3 gr. 63 d’ albumine et 68 gr. 10 d’hy- drates de carbone. On voit que, s’il s’est produit de ce côté des variations de composition, elles n’ont pu avoir qu’une influence très médiocre. Pour la partie variable, le lait, on à procédé à une analyse quotidienne. La provision de lait a été bouillie chaque matin, puis on a prélevé l'échantillon pour l'analyse, et le reste, en pratique un peu plus des 1.200 centimètres cubes nécessaires, était conservé au frais pour être consommé par l'enfant pendant la journée. Il est absolument nécessaire de prélever l'échantillon d'analyse sur le lait déjà bouilli. En effet; selon que le feu est plus ou moins. vif, l'ébullition s'accompagne d’une perte d’eau très variable. Les méthodes d'analyse employées sont celles qui sont indiquées dans le travail de M. Lambling, avec cette différence qu'ici la lactose a été dosée directement au polarimètre, en précipitant les matières albuminoïdes par le réactif picrique d’après la méthode de M. Denigès. ï Il serait sans intérêt de reproduire ici les résultats de cette analyse quoti- dienne du lait. Je ne donnerai, dans les deux tableaux qui suivent, que la composition de la ration quotidienne totale. Tous les résultats dame ont été arrondis au gramme. à 8 Ce : NE ER ne Ce) = Bi 0 tee | Made MINEr Se | EN RENERER l'observation. 2 & SEE ENS CIS Eos 5 5,2 à. Es Es gr cal gr. cal gr ASIN 48 195 43 400 140 14 ne 42 170 60 559 128 15 UNE 48 195 42 392 133 AO RES 43 174 46 428 128 EN RNNENE 47 192 50 467 133 LORIE NEne 43 177 45 421 128 PANNE 4T 191 46 429 133 Moyennes . 45 185 47 442 132 & SÉANCE DU ® MARS 293 Je donnerai dans un second tableau l'apport total de calories par jour, l'apport de calories et l'apport d’albumine par kilo de poids vif par jour. DATES RAR AS ALBUMINE Te de l'observation. par jour. RÉ par et jo jour An SAT D 109 1143 ES At AO ANEMAR EE 147 3,87 ALI: ET AA D PAR TRRNEEE 1131 105 4,43 SO ARENA RE 1127 105 3,96 SAS Port PIN EE 1203 442 4,35 OU PP DAME A de PIRAE 1122 105 4,03 CE OP MEN ETS 108 L,35 MOVEDIE SN RP EIC I 1409 4,20 En ce qui concerne d’abord la valeur absolue de l'apport alimentaire, on voit que ces tableaux vérifient une fois de plus ce que l’on sait des besoins considérables des jeunes enfants, comparés à ceux des adulies. L'apport thermique a été de 109 calories en moyenne, alors que 30 à 35 calories suffisent à l'adulte menant une existence d'activité moyenne. La dépense totale apparaît aussi plus considérable que celle qu'a observée M. Lambiüng sur le même enfant, presque exactement un an auparavant (91 calories seulement), sans doute parce que les pertes de chaleur par la périphérie sont d’autant plus considérables que les enfants passent plus de temps hors de leur berceau. La consommation d’albumine a été de même beaucoup plus forte, 4 gr. 20 en moyenne par kilo et par jour, tandis qu’un an avant elle n'était que de 2 grammes. Sans doute on peut, chez un enfant, arriver facilement au gavage, mais un tel régime, lorsqu'il dépasse notablement les besoins d’un jeune organisme, ne peut pas être maintenu longtemps. Il amène un engraissement exagéré, de la bouffissure, puis des troubles digestifs. Or, rien de semblable n’a été observé ici, et j'admettrais volontiers qu'à cet âge où les enfants dorment moins longtemps et s’es- saient à marcher, leurs dépenses sont plus considérables par kilo de poids vif que pendant la période plus paisible de l’alimentation au sein. La répartition des calories entre les diverses catégories alimentaires a été la suivante; je la compare à celle que l’on observe chez l'enfant au sein et chez l'adulte : SUR 100 CALORIES FOURNIES, L'ORGANISME EN A TROUVÉ, DANS LES : TS Albuminoïdes. Graisses. A Chiezile nouErIsSOn EU EN NE 18,7 52,9 28,4 Chez l'enfant en question après le SVT CANANTES 15,8 31,9 46,4 Chez l'adulte des classes aisées, . 19 30 51 29% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On voit donc que, chez les enfants, le rôle prépondérant dans l'apport total des calories est tenu par les graisses et que peu à peu, pendant le sevrage, ce rôle passe aux hydrates de carbone (1). VARIATIONS DE LA CHROMATINE NUCLÉAIRE AU COURS DE LA SPERMATOGENÈSE. Note de M. CI. ReGaup (de Lyon), présentée par le professeur RENAUT. L'importance qu’on attribue d’un commun accord à la chromaline en tant que « support matériel de l'hérédité » rend très intéressante la manière dont elle se comporte pendant la spermatogenèse. Dans cette note, laissant de côté l’origine première de la chromatine des sperma- togonies, ainsi que la manière dont se forment et se répartissent les chromosomes lors des karyokinèses, je me bornerai à comparer les caraclères des générations successives des cellules séminales au double point de vue de la quantité et de la qualité histochimique de leur chro- matine. Je prends, comme exemple, le testicule du rat. Pour simplifier, je suppose que les préparations provenant’de pièces fixées par le bichro- mate acétique ont été colorées les unes par l'hématéine et la safranine (Rabl), les secondes par l'hématoxyline ferrique (Heidenhain), les derz nières par l’hématoxyline cuprique (Weigert). Ces méthodes nous four- nissent quatre réactions différentes; on pourrait aisément pousser plus loin l'analyse qualitative en faisant intervenir d’autres méthodes de* mordançage et de coloration. Il y a, au cours de la spermatogenèse, cinq générations successives, au moins (2), de cellules séminales, séparées par quatre karyokinèses dis- tinctes. Première génération. — Les spermatogonies qui sont à la base de la lignée spermatique, et que j'ai appelées provisoirement poussiéreuses, en raison de l'aspect finement granité de leur noyau, ne contiennent presque pas de chro- matine. Leur noyau se teint en violet pâle, diffusément, par l’hématéine; on y voit de une à trois petites mottes anguleuses safranophiles et sidérophiles (hématoxyline ferrique), sous-jacentes à la membrane nucléaire. Pendant la prophase de la karyokinèse (3), la chromatine augmente beau- (1) Voyez Lambling. Les échanges nutritifs, Encyclopédie chimique de Frémy, p. 468. (2) Je dis au moins pour deux raisons : 1° il n’est pas certain que la pre- mière karyokinèse des gonies ne soit pas répétée; 2° il est possible que la bipartition amitosique qui a lieu entre la première et la deuxième mitose des gonies augmente le nombre des générations. (3) CI. Regaud. Pluralité des karyokinèses des spermatogonies chez les mammifères, Soc. de Biol., 19 janv. 1901. RO 19 “ SÉANCE DU 2? MARS coup, sous les deux états hématéiphile’ et safranophile. Les chromosomes représentent une masse importante de chromatine safranophile et sidé- rophile. Deuxième génération. — La chromatine passe brusquement de l’état safrano- phile à l’état hématéiphile à la fin de lPanaphase. Puis, après la séparation des cellules filles, la chromatine diminue, de telle facon que les gonies de la deuxième génération ressemblent d’abord beaucoup à celles de la première. C’est à ce mement qu'a lieu la bipartition amitosique qui a fait l’objet d’une note précédente (1). Ensuite la chromatine augmente considérablement; de volumineuses croû- telles hématéiphiles et sidérophiles se disposent sous la membrane (sperma- togonies croûtelleuses). Au moment de la métaphase, les chromosomes, jusque-là hématéiphiles, prennent une couleur lie de vin par la méthode de Rabl. Troisième génération. — Les spermatocytes de premier ordre, nées de la division précédente, ressemblent beaucoup aux spermatogonies croûtelleuses (stade gonocyte). 11 ne semble pas qu'il y ait cette fois-ci de diminution notable de la chromatine. Pendant la longue durée d'existence de ces cellules, la quantité de leur chromatine augmente beaucoup. Au point de vue qualitatif (2), il y a lieu de distinguer : a) la portion principale du filament chromatique, qui est d’abord hématéiphile et sidérophile (stades des croûtelles, et de la résolution des ceroû- telles en grains), puis hématéiphile (spirème serré), puis safranophile et sidé- rophile (spirème lâche, fissuration du filament, métaphase); b) les corps de Lenhossék, portions séparées du filament chromatique, d’abord hématéi- philes et sidérophiles (spirème serré), puis safranophiles; c) le nucléole, qui se forme tardivement, safranophile et sidérophile; d) enfin des corps chroma- toïdes situés en dehors du noyau, et qui sont safranophiles et sidérophiles. Quatrième génération. — A la fin de l’anaphase de la division précédente (grosses mitoses des cytes), la chromatine passe brusquement de l’état safra- nophile à l'état hématéiphile; puis, dans les noyaux fils, elle disparaît en partie. Les spermatocytes de deuxième ordre (cellules d'Ebner) contiennent peu de chromatine, et celle-ci est hématéiphile. Elle augmente et devient safrano- phile au moment de la dernière karyokinèse séminale. Cinquième génération. — Les spermies, à l’état de spermatides jeunes, con- tiennent une petite quantité de chromatine hématéiphile. Celle-ci augmente et se condense en une masse compacte qui prend la forme caractéristique de la tête du spermatozoïde. La tête devient, de la pointe à la base, safrano- phile, sidérophile, et (réaction nouvelle) colorable par l’hématoxyline cuprique. Pendant la métamorphose des spermies, une grande quantité de matériel chromatoïde s’accumule dans leur lobe cytoplasmique : corps chromatoïdes (1) CL. Regaud. Division directe ou bourgeonnement du noyau des sperma- togonies, Soc. de biol., 26 janv. 1901. (2) CI. Regaud. Note sur certaines différenciations chromatiques observées dans le noyau des spermatocytes du rat, Soc. de Biol., 7 juillet 1900. an ER A Fi AR 9296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE proprement dits (safranophiles et sidérophiles), et tingirbare Kôrner d'Ebner (safranophiles, et plus tard colorables par les hématoxylines ferrique et cuprique). En résumé, pendant la spermatogenèse, la chromatine nucléaire subit des changements quantitatifs et histochimiques considérables. Les premiers ne sont pas explicables par la formule bien connue d’après laquelle le noyau récupérerait purement et simplement par la nutrition la quantité de chromatine diminuée (par répartition) par la division karyokinétique, car d’une part l'augmentation n’est pas propor- tionnelle et, d'autre part, les noyaux fils perdent manifestement de la chromatine après leur naissance. Les variations histochimiques mon- trent que la chromatine, loin d’être un matériel constamment identique, est, au contraire, très variable quant à sa constitution. Sans toucher à la théorie (qui repose sur des bases sérieuses) d’après laquelle l’hérédité se transmet AvEC la chromatine nucléaire, il me paraît difficilement admissible que la chromatine soit stricto sensu une MATIÈRE HÉRÉDITAIRE, et encore moins que chaque qualité héréditaire soit représentée par une particule de chromatine. Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) M. RENAUT. — J'ai tenu à exposer de vive voix la substance de la note si intéressante de M. Regaud, au lieu de me contenter de la déposer sur le bureau. Les faits exposés dans cette note ont en effet une importance de premier ordre. Ils montrent à l'évidence que, dans les termes succes=* sifs des éléments cellulaires de la lignée séminale, la chromatine du noyau subit des variations quantitatives et qualitatives. Les variations de la chromaticité, chez le rat, équivalent à des variations de chimisme .: Il en ressort forcément que, si l’on veut persister à considérer la chro- matine comme le substratum même de l'hérédité, on est forcé de con- clure que ce substratum est variable — ce qui est précisément contra- dictoire avec la notion d’un transfert des qualités héréditaires. Dire maintenant que néanmoins cette chromatine, dont l'identité n’est pas continue dans la suite des générations cellulaires, sert néanmoins de véhicule à la substance ou plasma héréditaire, c’est reculer la difficulté et résoudre la question par une nouvelle hypothèse. , M. Regaud vient bien de démontrer, à mon sens, que la chromatine n'est pas la substance héréditaire au sens strict du mot, puisque, par définition, celle-ci doit demeurer invariable pendant son passage dans les noyaux des termes successifs de la série séminale. Et si cette subs- tance héréditaire ne fait que passer avec la chromatine, il faut avouer qu'ici encore elle demeure insaisissable. Pour la saisir, il faudrait trouver, dans chaque grain de chromatine élémentaire si l'on peut ainsi s'exprimer, un point à chromaticilé constante traduisant un chimisme SÉANCE DU ® MARS 297 invariable, ou bien un point achromatique constant qu'on pourrait supposer comme le noyau de la substance héréditaire en transit dansun manteau de chromatine variable. Or, on n’a pas vu jusqu'ici un tel point constant. Quant à l'opinion consistant à reporter la substance héréditaire dans une molécule chimique constante qui, au cours des passages, entrerait dans des combinaisons successives, d'où résulterait le chimisme variable dont M. Regaud vient de montrer l'existence ici, elle n’est pas soute- nable. Un corps chimiquement variable, quand bien même il renferme- rait un élément constant, ne répond aucunement à la définition de . l'identité continue qui caractérise précisémentles « Idioblastes » donton a coutume de parler dans les théories de l’hérédité dérivées de l'hypo- thèse de Weissmann. En tout cas, les grains élémentaires de chroma- tine ne sont nullement ces idioblastes. SUR L'HÉMOLYSE PAR LA SOLANINE ET LES CONDITIONS DE MILIEU QUI LA FAVORISENT OU L'EMPÉCHENT, par M. E. HÉpon. Dans une précédente note (1), j'ai indiqué l’action entravante qu’apporte l'acidité du milieu à la globulolyse par la solanine. Non seulement le phos- phate acide de soude et le sulfate acide de soude, comme l’a vu Pohl, ont cette action, mais encore les acides libres, tous les sels acides et les amines acides ; de telle sorte que c’est l'acidité du milieu qui intervient ici. Inversement, les alcalis et les sels alcalins ont une action favorisante très marquée sur l’hémo- lyse par ce poison. De plus, ce n’est qu'avec la solanine que l’on observe ces influences de l'acidité et de l’alcalinité et non avec tous les glycosides globu- licides; l’acidité du milieu n’a aucune action entravante sur l’hémolyse par la saponine, la cyclamine, la digitaline. Ces faits viennent d'être vérifiés par M. Bashford (2) dans le laboratoire d’Ehrlich; mais cet auteur les interprète autrement que moi. La solanine pure est à peu près insoluble dans l’eau. Aussi est-ce avec les sels de solanine que l’on expérimente (acétate, chlorhydrate, etc.). Or, pour M. Bashford, les sels de solanine ne seraient pas globulicides, mais bien la solanine, et si les globules se détruisent dans la solution physiolo- gique de chlorure de sodium contenant un sel de solanine, cela tient à ce que ce dernier se dissocie, mettant la solanine en liberté. Les acides auraient pour effet d'empêcher ou d’atténuer cette dissociation, et les (1) Soc. de Biol., 4 août 1900. (2) Ernest F. Bashford. Ueber Blutimmunität. Arch. internat. de pharmaco- dynamie et de thérapie, vol. VII, p. 101, 1901. 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE alcalis produiraient l'effet inverse. D’après M. Bashford, c’est donc sur l’agent toxique lui-même que porte l’action de l'acide et de l’alcali, et non sur le globule, contrairement à ce que j'avais supposé. Pourtant, j'ai démontré que des globules traités par un acide, puis lavés à l’eau salée, sont devenus beaucoup plus résistants à la solanine. Mais pour M. Bashford, cela tient à ce que l’acide retenu par les globules devient libre et diffuse dans le milieu, lorsque ces globules sont transportés dans la solution toxique. : Il est assurément difficile de réfuter cette interprétation, comme aussi d'en démontrer la justesse. Dans ma manière de voir, l’acide forme avec la substance globulaire un composé plus difficilement attaquable par la solanine ou le sel de solanine, et le fait que le même composé n'offre aucune résistance particulière à la saponine, cyclamine, etc., n’est pas pour moi une objection, parce que la solanine a une structure chimique différente de celle des autres glycosides. En outre, j'ai observé que d’autres substances coagulant l’albumine, comme le bichlorure de mer- cure, rendent aussi les globules plus résistants à la solanine, quoique à la vérité d’une manière beaucoup moins efficace que les acides. Quoi qu'il en soit, il est facile de montrer que les alcalis doivent agir en sen- sibilisant le globule plutôt qu’en favorisant la dissociation du sel de solanine. En effet, la solanine pure n’est pas si insoluble dans l’eau que l’on ne puisse en dissoudre une quantité suffisante pour détruire une, petite quantité de globules (en solution de NaCl ou de saccharine isoto- nique). Dans ces conditions, une dose légèrement hypotoxique devient fortement globulicide si l’on ajoute au milieu une trace d’alcali ou une = petite proportion de sels alcalins. Ici, il ne saurait être question de dis- sociation. Un autre côté de la question concerne l’action protectrice qu’exerce le sérum sur les globules contre la solanine. J'ai montré, contrairement à Pohl, que cette action revient aux matières albuminoïdes du sérum et non aux sels. Bien au contraire, les sels du sérum sont des adjuvants de l’'hémolyse par la solanine, en raison de leur alcalinité. Il y a donc, à ce point de vue, dans le sérum deux ordres de substances antagonistes. Par là s'explique que le sérum neutralisé ou privé de sels par dialyse (et rendu ensuite isotonique par NaCIl) possède un pouvoir protecteur contre la solanine notablement plus élevé que celui du sérum normal. Cela permet aussi d'interpréter une expérience de Pohl, qui a une tout autre signifi- cation que celle que cet auteur lui attribue. Pohl, après avoir injecté de la solanine à un lapin, augmenta dans une notable mesure l’action pro- tectrice de son sérum. Mais l'animal soi-disant « immunisé » (1) avait maigri considérablement pendant le temps de « l’immunisation » et son (1) En réalité, on ne parvient pas plus à immuniser contre la solanine que contre tout autre glycoside ou alcaloïde toxique. SÉANCE DU ® MARS 299 urine était devenue acide, et partant, protectrice pour les globules contre la solanine. Or, le même résultat est obtenu, sans injection de solanine, si l’on se borne à faire jeûner l'animal jusqu’à ce que son urine devienne acide; son sérum annule alors dix à douze fois la dose toxique de sola- nine, ce que j'attribue à une diminution de son alcalinité. Inversement, le sérum d’un lapin en pleine digestion, et dont l'urine est fortement alcaline, n’est que peu ou point protecteur, et il le devient si on lui enlève ses sels par dialyse, pour les remplacer par un sel neutre. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Montpellier.) LE CENTRE DU SOMMEIL, par M. RapHazz DuBois. Goyet, de Lyon, a publié la première observation de sommeil pro- longé et persistant coïncidant avec une lésion des parois du troisième ventricule et de l’aquedue de Sylvius. Mais, depuis, Mauthner, de Vienne, a pu réunir un certain nombre d'observations analogues. M. Soca vient d'ajouter un nouveau cas des plus intéressants à ceux qui étaient -connus avant lui(1).Ils’agit d’une jeune fille de dix-huit ans, quifutatteinte d’un sommeil prolongé pendant sept mois et chez Jaquelle, on trouva, à l’autopsie, une tumeur comprimant plus particulièrement le plancher du troisième ventricule et l'aqueduc de Sylvius. Malgré cet ensemble de faits, M. Soca hésite à conclure à l'existence d’un centre du sommeil, Qu'il me soit permis de rappeler, à cette occasion, que j'ai mis hors de doute par l’expérimentation sur les marmottes, un centre du som- meil, qui est d’ailleurs le même que celui du réveil, et se trouve juste- mentsitué dans la région où les auteurs que je viens de citer ont observé des lésions pathologiques coïncidant avec un sommeil persistant et pro- longé. Voici d’ailleurs les conclusions que j'ai formulées à la suite de mes recherches expérimentales en 1896 (2). « Vers la partie antérieure de l’aqueduc de Sylvius et du côté du plancher du troisième ventricule, il existe des centres respiratoires de ralentissement et d'accélération, d'où dépendent également l'hypo- thermie et le réchauffement, la torpeur et la veille ; il en résulte que ces centres ont une action plus ou moins directe sur l’accumulation du glycogène dans le foie ou sur sa destruction. » Non seulement j'ai démontré l'existence de ces centres, mais j'en ai (1) Nouvelle iconographie de la Salpétrière, mars-avril 1900. (2) Etude sur le mécanisme de la thermogénèse et du sommeil chez les mammifères, in Annales de l'Université de Lyon, p. 115. 930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE expliqué le mécanisme. Quand, par suite du travail, de la fatigue, une quantité suffisante d'acide carbonique s’est accumulée dans les tissus et dans le sang, il en résulle une parésie de la région en question, que je ferais peut-être mieux d’appeler centre du réveil. Latempérature s’abaisse, les mouvements respiratoires diminuent de nombre et d'amplitude, le sommeil se produit avec diminution dela résistance au refroidissement. Pendant le sommeil, l'acide carbonique continue à s’accumuler et, quand sa proportion est suffisante, le centre en question, au lieu d'être engourdi, se trouve excité, les mouvements respiratoires s’accélèrent, augmentent d'amplitude, ainsi que ceux du cœur, et très rapidement, comme il arrive pour toute narcose produite par ün gaz, le réveil arrive. Ainsi que je l'ai démontré par de nombreuses preuves expéri- mentales, c'est le même agent, l’acide carbonique (1), qui produit le sommeil et le réveil, ce qui n’a rien d’extraordinaire, puisqu’un froid de 10 degrés endort une marmotte et qu’un froid de 0 degré la réveille, L’acide carbonique engendré par le travail produit la fatigue, puis le sommeil, puis le réveil : avec l'élimination de l'acide carbonique en excès survient l’état de veille, et le cycle recommence. J’apporterai pro- chainement de nouvelles preuves à l'appui de ma théorie du sommeil naturel par autonarcose carbonique. Mais je veux, dès maintenant, faire remarquer que l’observation clinique et l'expérimentation sont d'accord pour faire admettre dans l’encéphale l’existence d’un centre jouant un rôle prépondérant dans le mécanisme du sommeil. Seulement son action est indirecte, il n’agit pas par une sorte d'inhibition imprimée par lui au système nerveux ou par une excitation centrifuge plus ou moins géné, | ralisée. C’est un centre respiratoire et circulatoire, qui règle l’accumula- tion de l’acide carbonique. Chez les marmottes, qui peuvent vivre pendant une dizaine de jours avec la région bulbaire seulement, la torpeur est continue, il n’y a plus de réveil possible, tandis qu'il en est autrement quand on les prive seu- lement de leurs hémisphères. Alors, il y a des périodes de sommeil et de révéil spontanés, comme cela a été noté par Goltz, chez le chien privé d'hémisphères. C'est donc entre le bulbe et le cerveau proprement dit qu'il faut placer le centre du sommeil. Du même coup, ces faits débarrassent la science de toutes ces conceptions plus ou moins fantaisistes, qui expliquent le sommeil par des modifications fonctionnelles hypothétiques du cerveau proprement dit. (1) V. particulièrement loc. cit, chap. xx, Narcose et autonarcose carboniques. Conclusions générales relatives à la théorie du sommeil naturel. SÉANCE DU ® MARS 934 SOMMEIL NATUREL PAR AUTONARCOSE CARBONIQUE PROVOQUÉ EXPÉRIMENTALEMENT, par M. RAPHAEL DuBors. Notre savant collègue, M. A. Mosso, de Turin, a écrit à propos de ma théorie du sommeil naturel par autonarcose carbonique : « Si cette hypothèse est vraie, il devrait être facile de produire le sommeil et l'insensibilité en respirant l'air mélangé de CO”. » Or, M. Mosso a essayé dans cette direction sans aucun succès (1). D'abord, je ne puis accepter le mot « hypothèse » dont s’est servi M. Mosso, attendu que mes expériences sur les marmottes peuvent être répétées par tout le monde et qu'elles fournissent les preuves les plus indéniables que le sommeil est produit par l'accumulation, dans cer- taines proportions, de CO” dans l'organisme (2). Mais elles montrent, en outre, que c’est ce même agent qui produit le réveil, et nous avons là une preuve nouvelle de l'exactitude de la loi établie par Paul Bert, à propos du protoxyde d’azote, à savoir, que l’action physiologique d’un gaz est fonction de sa pression partielle dans un mélange. Si M. Mosso a respiré le mélange qui réveille, je ne suis pas surpris qu'il ne se soit pas endormi! “C'est ce qui a dû arriver, car les mélanges d'air et de CO° ou bien d'air, d’O et de CO? renfermant 45 p. 100 en volumes de CO?, qui endorment la marmotte, sont trop forts pour le chien et pour l'homme ; ce sont des mélanges de réveil car, chez l'homme, ils produisent une accélération irrésistible de la respiration. Les mélanges de 80 volumes de CO et de 20 volumes d’O déterminent rapidement des accidents graves. Pour obtenir le mélange soporifique convenable pour le chien, j'ai chargé l’animal de le fabriquer lui-même, et c’est celte méthode que j appelle autonarcose carbonique expérimentale (3). (4) Fisiologia dell'uomo sulle Alpi, 1898, p. 348. (2) Étude sur le mécanisme de la thermogenèse et du sommeil chez les mammifères, Ann. de l’'Un. de Lyon, p. 246-56 (narcose et autonarcose car- boniques). (3) REMARQUE. — Cette méthode n'a rien de commun avec l'anoxie, avec l’action de l'air confiné. Quelques personnes ayant, sans doute, mal interprété le passage du très remarquable rapport de notre collègue M. Gley, sur les travaux de la Société de Biologie (Rev. sc., XIIT, n° 17, p. 521, avril 1900), où il est question de mon autonarcose carbonique, ont pu croire que je m'étais inspiré des idées de Paul Bert sur l'hivernation, il n'en est rien pourtant. En 1868, Paul Bert pense que l’hivernation peut étre obtenue, chez le rat, par la diminution de l'oxygène sous une cloche où CO? est absorbé par la potasse, puis il abandonne cette idée, 232 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = Voici, entre autres, une de mes expériences qui établit que l’on peut, à volonté, obtenir le sommeil ou l’anesthésie par ma méthode. Un chien de 10 kilogrammes est mis en communication avec un gazomètre contenant 25 litres d'oxygène ; à 3 heures, il est trachéotomisé et, au moyen de soupapes, l'oxygène est aspiré par la partie inférieure du gazomètre et le gaz expiré, contenant CO*? de la respiration, est rejeté dans le gazomètre par le haut, pour bien assurer le mélange. À 4 h. 20, l'animal devient calme, et, à # h. 30, il présente tous les signes d’un sommeil tranquille et naturel. Les réflexes sont conservés. On fait une prise de gaz et on trouve CO? —17,3 p. 100. L'animal est mis aussitôt en communication avec un deuxième gazomètre - contenant 0 = 83", CO? — 17"; le sommeil continue pendant dix minutes, régu- lier et calme; le gaz expiré est rejeté au dehors. On remet le chien en rapport avec le premier gazomètre, dans lequel est rejeté de nouveau le gaz expiré afin d'augmenter la proportion de CO?. À # h. 50, l'animal est anesthésié, on peut le frapper sans qu'il remue, mais le réflexe oculo-palpébral existe encore. A!6 h. 10, le réflexe oculo-palpébral a disparu; on fait une prise de gaz et on trouve : CO?—24" p. 100. | Cette expérience, qui n’est pas unique, montre que l’on peut obtenir, à volonté, soit le sommeil naturel, soit l’anesthésie par autonarcose car- bonique expérimentale. Je publierai, dans une prochaine communication, les résultats obtenus chez l’homme, avec leurs applications possibles. Je ne suis pas de l’avis de A. Mosso quand il dit (/oc. cit.) que da question du sommeil est une des plus obscures de la physiologie ; il se peut qu'il en soit ainsi pour mon savant collègue; quant à moi, je con- sidère le problème comme résolu expérimentalement. ; / ————_—_— à — 7 FRÉQUENCE D UNE HYPERLEUCOCYTOSE LÉGÈRE DANS LES AFFECTIONS DU FOIE OBSERVÉES DANS LES PAYS CHAUDS, par le D' E. Maure. Dans la séance du 22 décembre dernier, M. le D' Boinet a appelé l'attention de la Société de Biologie sur l'hyperleucocytose très marquée puisqu'en 1873 il pense que l'air confiné peut jouer un certain rôle, parce que les marmottes s'endorment dans des terriers: mais elles dorment tout aussi bien à l'air libre! Paui Bert n’a donné aucune théorie du sommeil, et ce n’est pas parce qu’il a dit qu'il y aurait de curieuses expériences à entreprendre que j'ai étudié la mar- motte. Mon attention a été attirée sur cet animal parce que j'éludiais le mécanisme de la thermogenèse et qu'avec lui on peut raisonner sur les écarts de 30 degrés de température, au lieu d'ergoter, comme on le fait ordinairement, sur des dimièmes de degrés. J'ai été conduit à la découverte du mécanisme du sommeil naturel parimes recherches sur la thermogenèse. SÉANCE DU ® MARS 233 — ——- — qui accompagne les abcès du foie, et qui peut ainsi devenir un élément de diagnostic pour cette affection. Or, je crois devoir rappeler à ce sujet que, dans des recherches hématimétriques faites de 1881 à 1883, et dont la plupart ont été publiées en 1884 (1), j'ai trouvé et signalé que les diverses affections du foie observées dans les pays chauds étaient accompagnées d'une augmentation sensible des globules blanes. J'ai observé cette hyperleucocytose dans la fièvre bilieuse, dans l'ictère, dans la congeslion du foie et dans l'hépatite. Dans mon travail sur l’hématimétrie normale et pathologique des pays chauds, je trouve les mentions suivantes : Relativement à la fièvre bilieuse. Sur sept observations publiées, j'ai compté, par le procédé de Hayem, les leucocytes d’une manière suivie sur trois (observations II, IV et VII), et les conclusions ont été les suivantes (page 72) : « 1° Au début de la fièvre bilieuse, on constate une augmentation des glo- bules rouges et surtout des globules blancs. Or, en général, ces deux éléments diminuant pendant les affections fébriles, je pense que cette augmentation précède la fièvre bilieuse et même qu'elle joue un rôle important dans son étiologie. » : Relativement à l’ictère (p. 104).Je n’ai suivi qu'un cas d'’ictère (obser- vation X VI), mais les conclusions ont été (2) : -« 4° L'ictère est survenu chez un sujet ayant une richesse globulaire exa- gérée, surtout pour les globules blancs, puisque pendant les deux premières hématimétries leur norabre est presque double de ce qu'il est à l’état normal. » . Relativement à la congestion du foie (p. 105 et suivantes). Sur quatre observations avec hématimétries que j'ai publiées, j'ai trouvé une augmentation des globules blanes au début de l'affection dans trois (observations XVII, XVIIT et XX). Observation XVII. « Conclusion : 2° Pendant toute la durée de l'affection, quel qu'ait été le traitement, le nombre des globules blancs a été très au-dessus de l’état normal. » Observation XVIII. « Conclusion : 1° Dans cette congestion du foie, si le nombre des globules rouges a été au-dessous de la normale, celui des globules blancs a été manifestement au-dessus, et c’est le fait qui parait le plus constant. » Observation XX. « Conclusion : Dans cette observation, les globules blancs ont été moins nombreux que dans les précédentes. Mais cependant ils (1) Maurel. Hématimétrie normale et pathologique des pays chauds, Doin, Paris, 188#. (2) D'après les résumés d’une communication faite à la Société de Biologie, dans la séance du 23 février, par MM. Achard et Lœper, sur « les globules blancs dans l’ictère », ces deux observateurs me paraissent être arrivés à des conclu- sions qui se rapprochent sensiblement des miennes. (Presse médicale, Tribune médicale et Médecine moderne.) | BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIIN. 19 234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dépassent encore la moyenne, tandis que les globules rouges sont encore au- dessous. » En outre de ces trois observations qui ont été publiées, j'en ai trouvé deux autres dans mes notes, dans lesquelles cette augmentation des leucocytes est des plus nettes. Dans une de ces observations leur nombre atteint 19.000. Relativement à l'hépatite (p. 109), j'ai publié trois observations : XXI, XXII et XXIIT. Observation XXI. « Conclusions : 1° Nous voyons encore dans celte observa- tion que les globules blancs ont augmenté pendant que les rouges ont diminué. » Observation XXIT. « Conclusion : Augmentation des globules blancs et dimi- nution des globules rouges. » Observation XXIIL. « Conclusions : « 1° Avant tout, il y a lieu d'être frappé du nombre considérable de globules blancs, surtout si on le met en parallèle avec. celui des globules rouges qui est manifestement au-dessous de la normale. » Enfin relativement à l'abcès du foie (p. 111), je n'ai fait l’'hémati- métrie que sur deux malades et encore après leur guérison. Le malade de l'observation XXIV était guéri depuis longtemps quand l'examen du sang a été fait, et pour celui de l'observation XXV.le sang a été examiné au moment de sa sortie de l'hôpital. Dans les deux hématimétries faites sur le premier sujet le nombre des leucocytes a été au-dessous de l’état normal ; et dans la seule héma- timatrie faite sur le second, ces éléments étaient encore sensiblement au- dessus de cet état. De l'examen de ces faits cliniques, on peut donc conclure : 1° Qu'une hyperleucocytose légère est au moins fréquente dans la fièvre bilieuse, dans l’ictère, dans la congestion du foie et dans Phépatite; 2° Que celte hyperleucocytose est surtout marquée au début de l'affection, qu’elle semble même précéder; 3° Que cette hyperleucocytose diminue au fur et à mesure que l’affec- lion marche vers la guérison. Tels sont les faits que j'avais observés et les conclusions générales qui en découlent. Mais ces faits, je tiens à le dire, ne font que mieux ressortir l'importance de l’observalion faite par le D' Boinet. Si, en effet, mes observations établissent que les affections hépatiques désignées ci-dessus sont accompagnées d’une hyperleucocylose, elles établissent aussi que cette hyperleucocylose ne se fait que dans des proportions restreintes, les leucocytes restant dans les environs de 10.000, et ne s'approchant que rarement de 20.000. Or, s’il est bien démontré que les affections non suppurées du foie, tout en présentant une augmentation des leucocytes, ne présentent guère qu'une exagération qui ne va pas à 20.000 de ces éléments, on sera en droit de penser à une suppuration de cet organe si les symptômes cliniques appellent l'attention sur lui et % ge SÉANCE DU Z MARS 235 si le nombre des leucocytes s'élève de six à dix fois au-dessus du chiffre normal, c'est-à-dire de 30.000 à 50.000, comme l'a observé le D' Boinet. La suppuration du foie me parait alors entrer dans la loi générale établissant un rapport entre les suppurations profondes de l’hyperleu- cocytose, rapport signalé dès 1853 par Griesinger (1), et retrouvé depuis par Cristot et Kiener en 1868 (2), par Brouardel en 1871 (3), Malassez en 1873 (4), Apolant en 1874 (5), et enfin, me semble-t-il, définitivement élabli par Bonne (6) dans une thèse inspirée par Brouardel. Du reste, je dois le dire, la relation entre l'augmentation des globules blancs et les complications hépatiques dans le cours des affections intestinales des pays chauds ne m'avait pas échappé. Dans le travail que je viens de citer, j'ai donné les conclusions géné- rales de mes recherches hématimétriques sur ces affections (page 112). Or, tandis que, dans les huit premières conclusions ayant trait aux glo- bules rouges, j'élablis surtout que ces éléments diminuent dans le cours de la dysenterie chronique, et qu’au contraire ils augmentent lorsque ces affections marchent vers la guérison, mes deux dernières conclusions, consacrées aux globules blanes, sont les suivantes (page 113) : « 9° D'une manière très générale, la marche des globules blancs esl proportionnelle à celle des globules rouges. .« 10° Lorsque le nombre des leucocytes a augmenté et celui des globules rouges diminué, il y a toujours lieu de craindre une complication du côté du foie. » Je suis heureux de constater que les faits que M. Boinet vient de faire connaître sont en faveur de l'opinion que j'avais émise dès cette époque. Il me semble donc qu'en réunissant les faits du D' Boinet et ceux que je viens de rappeler, on arrive à cette conclusion ayant un intérêt pratique : Que, dans le cours d'une entéro-colite chronique, ou après sa quérison, la constatation d'une hyperleucocytose ne dépassant pas 20.000 leucocytes doit faire penser à une complication hépatique, telle que de la conges- lion, etc., et qu'une hyperleucocytose plus considérable, avoisinant 50.000, doit faire penser à une hépatite suppurée. (4) Virchow’s Archiv. Leukemie und Pyohemie, 1853. (2) Comptes rendus, Acad. des sciences, novembre 1868. (3) Des conditions de contagion et de propagation de la variole (Union mé- dicale, 3° série, 8 avril 1871). (4) Recherches sur le nombre de globules blancs dans quelques cas de sup- puration (Bulletin de la Société anatomique, 1873). (5) Archiv für path. Anat., Bd XCV, 187%. (6) Variations du nombre des globules blancs dans certaines maladies. Thèse, Paris, 1875. 236 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA CONSTITUTION DU GENTIANOSE, par MM. Em. Bourouecor et H. HéRISSEY. Dans un travail publié en 1898 (1), l'un de nous avait constaté que le gentianose, polyglucose retiré de la racine fraiche de gentiane, est hydrolysé complèlement par le liquide fermentaire de l'Asperqgillus niger, tandis qu'il ne l'est que partiellement par l'invertine de la levure. Maïs la matière première faisant défaut, il avait été impossible de songer alors à étudier et à caractériser les produits sucrés obtenus dans ces hydrolyses. Depuis cette époque, nous avons préparé des quantités notables de gentianose et nous avons pu reprendre la question qui se trouve résolue par les recherches résumées ci-après. Celles-ci établissent : 1° que dans l'hydrolyse complète du gentianose, il y a formation de deux molécules de dextrose et de une de lévulose ; 2° que dans l’hydrolyse incomplète, il y a production de une molécule de lévulose et de une molécule d’un sucre intermédiaire (hexobiose), pouvant donner lui-même, par hydro- lvse ultérieure, deux molécules de dextrose. Nous avons d’abord essayé de nouveau, sur le gentianose, l’action du liquide fermentaire de l’Aspergillus et celle d’une solution d'invertine. Ces essais nous ont conduits à des résultats identiques à ceux du tra- vail rappelé plus haut, en ce sens que le gentianose à été hydrolysé complètement par le premier liquide et incomplètement par le second., Mais, en s'appuyant à la fois sur l'observation polarimétrique et sur l'analyse à la liqueur cupro-potassique, on à pu constater, en outre, que les produits de l'hydrolyse complète du gentianose présentent les pro- priétés optiques et réductrices d’un mélange de deux tiers de dextrose pour un tiers de lévulose. Ces résultats nous ont amenés à chercher à isoler ces deux sucres dans la solution d'hydrolyse. La solution a été concentrée dans le vide, ce qui à fourni un résidu que l’on a traité successivement par l’alcool absolu bouillant et par Palcool à 98 degrés bouillant. Les solutions alcooliques, abandonnées à la température du laboratoire, n’ont pas tardé à donner des cristaux que nous avons purifiés par une seconde cristallisation dans l'alcool. | Ainsi purifiés, ils pi PRraient toutes les propriétés du dextrose (pouvoir rolatoire « D = +52°,3 ; point de fusion de l’osazone : 202,5 (Cor) ELCAE Les liqueurs mères ont été alors distillées dans le vide. Il est resté (4) Em. Bourquelot. Sur la physiologie du gentianose ; son dédoublement par les ferments solubles. Journ. de pharm. et de chim. [6], vu, p. 369, 1898. SÉANCE DU 2? MARS 297 un produit sirupeux que l’on à étendu d’eau distillée. À la solution chauffée à 30-33 degrés, on a ajouté de l'hydrate de chaux, après quoi on a agité et filtré. Dans le liquide filtré refroidi à 0°, se sont déposés rapi- dement des cristaux en fines aiguilles que des recherches ultérieures ont démontré être du lévulosate de chaux. (Le lévulose a lui-même été obtenu à l’état cristallisé.) On avait ainsi établi que l'hypothèse de la formation de dextrose et de lévulose, dans l’action de l’Aspergillus sur le gentianose, est conforme à la réalité des faits. Une autre série d’essais a été instituée pour étudier l’action de l’acide sulfurique étendu chaud. Ces essais ont permis de constater que si l'acide sulfurique à 3 p. 100 détermine une hydrolyse complète du gentianose lorsqu'on opère à 110 degrés (autoclave), l'acide beaucoup plus étendu (2 p. 1000) et simplement bouillant n’agit pas autrement que l’invertine de la levure. Quand, avec ce second acide, le pouvoir rotatoire et le pouvoir réducteur des produits obtenus atteignent une certaine valeur, l’action s'arrête, comme si, dans cette action, il se pro- duisait un glucose d’une part (glucose qui n’est, comme nous nous en sommes assurés, autre que du lévulose), et, d'autre part, un polyglu- cose inattaquable par l’invertine ou par l’acide très élendu, même bouillant. Aussi de nouveaux essais ont-ils été effectués dans le but de séparer et d'étudier le polyglucose en question, dont l’existence était encore ré- vélée par l’insolubilité, dans l'alcool fort, d’une grande partie du produit de l’hydrolyse incomplète. Ces essais ont été faits sur les produits pro- venant d'hydrolyse par l'acide sulfurique à 2 p. 1000, bouillant. Ces produits ont été débarrassés du lévulose par plusieurs traite- ments à l'alcool à 95 degrés. On a ainsi obtenu un composé, que nous n'avons pu faire crislalliser jusqu'ici, mais qui n’en est pas moins une espèce chimique, un sucre nouveau analogue au maltose. En effet : 1° ce sucre donne une osazone assez soluble à chaud, et se précipitant par refroidissement à l’état cristallisé. Cette osazone fond à 142 degrés. 2° Ce sucre traité, soit à froid par le liquide d’Aspergillus, soit à 110 degrés par l'acide sulfurique à 3 p. 100, se dédouble exactement en deux molécules de dextrose, comme on a pu s’en assurer en comparant la rotation et les propriétés réductrices du liquide hydrolysé. Ce sucre est dextrogyre, mais son pouvoir rotatoire est très faible comparé au pouvoir rotatoire de son isomère le plus analogue, le mal- tose. Il à été trouvé égal à + 7°,7 pour & D. Ce sucre est réducteur ; mais, à cet égard, il en faut O0 gr. 083 pour équivaloir à 0 gr. 05 de sucre interverti. Ce nouveau sucre étant un hexobiose, nous proposons de l'appeler gentio-hexobiose ou, par abréviation, gentiobiose. 9238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En résumé : 1° le gentianose est un hexotriose auquel on doit altri- buer la formule C#H*?0!5. Cette formule comporte un poids moléculaire de 504, et nous avons trouvé, par la méthode de Raoult, 494,3, chiffre aussi voisin que possible du précédent. 2 Traité par l'invertine ou par l'acide sulfurique très étendu bouil- lant (2 p. 1000), le gentianose se dédouble en gentiobiose et en lévu- lose : CH®0+H20 — C°H%0* Æ C'H“O6 gentiobiose lévulose 3° Traité par le liquide fermentaire de l'Aspergillus, ou par l’acide sul- furique à 3 p. 100 à 110 degrés, le gentianose donne du dextrose et du lévulose. CISH2016L2H°0O — 2(CH#0) + CH#06. $ dextrose lévulose Si l’on réfléchit que le liquide d'Aspergillus renferme de l’invertine, on ne peut interpréter cette dernière réaction — et nous avons observé au polarimètre des variations dans la marche de l'hydrolyse des divers essais effectués qui viennent à l'appui de cette interpréta- tion — qu’en admeltant la présence à côté de l’invertine, dans le liquide d'Aspergillus, d’un ferment hydrolysant du gentiobiose. C'est là un exemple très net du concours simultané de deux ferments hydratants, au dédoublement d'une même espèce chimique. Ce n’est pas tout. Supposons que le second ferment existe seul : dans ces conditions, il est vraisemblable que le gentianose se dédoublera en une molécule de dextrose et une molécule de saccharose. On s’expliquerait ainsi qur la racine fraîche de gentiane renferme ce dernier sucre à côlé* du gentianose, comme nous l'avons établi dans un travail antérieure- ment publié. FORMATION DE L'OŒIL DES CYCLOPES, par M. ETIENNE RaBaAUD. Les formations optiques qui aboutissent à la constitution de l’œil des cyclopes naissent aux dépens de la lame cérébrale par l’un ou l’autre des deux procédés d’invagination unique, précédemment décrits : invagi- nation transversale ou longitudinale (1). Je n'ai point observé le mode d’invaginations indépendantes portant chacune un œil, que l’on rencontre parfois chez les cébocéphales ; il ne paraît pas y avoir, cependant, d'im- possibilité à ce qu'il en soit ainsi. Quel que soit le processus initial, l'œil des cyclopes se présente sous deux aspects très différents : dans un premier cas, l'œil est simple; dans un second cas, l’œil est double. (1) Formation des yeux des cébocéphales. Société de Biologie, 16 février 1901. SÉANCE DU 2? MARS 239 4° Œil simple. — Dans le cas de l'œil simple, les phénomènes du début sont semblables à ceux que l’on observe chez les embryons cébocéphales : la crête optique se bifurque à son extrémité sous un angle variable, chaque branche de bifurecation porte une vésicule optique. Seulement les deux branches n'ont point une direction symétrique : l’une descend verticalement pour venir au contact de l'ectoderme ven- trel et occuper la ligne médiane; la vésicule rétinienne qui la termine parcourt la suite des phases normales; en face d’elle l’ectoderme fournit un cristallin. L'autre branche est déjetée latéralement, sa direction est parallèle au plan ventral ; elle reste donc toujours éloignée de ce plan; mais au lieu d'atteindre les parois latérales, elle demeure perdue dans le sein des tissus encéphaliques. La vésicule rélinienne terminale se présente sous la forme d’une petite dilatation, qui n’a qu'une faible tendance à grandir, et ne s’invagine jamais; elle est frappée d’un arrêt de croissance. Corrélativement on constate l'absence de son cristallin. Néanmoins, j'ai pu voir se différencier le cristallin correspondant à la rétine abortive; il naît, comme son congénère, aux dépens de l’ectoderme ventral, et il vient se mettre en rapports de voisinage avec la rétine bien développée qui occupe la ligne médiane. Tout se passe comme si les différenciations des fibres cristalliniennes provoquées par l'influence de la rétine abortive étaient attirées par la rétine normale. Quoi qu'il en soit, il s’est constitué un monstre pourvu d’un seul œil, œil réellement simple quant à son tissu principal, mais qui peut ren- fermer des parties annexes appartenant à l'œil absent. La cyclopie, dans ces conditions, ne saurait être imputée à l'affinité du soi pour soi. 2° Œil double. — 11 est des cyclopes qui possèdent un œil double dans toutes ses parties. Tandis que dans le cas précédent les deux ébauches optiques se sépa- raient sous un angle d'une certaine grandeur, dans le cas actuel l'angle de bifurcation est réduit à zéro. Cela revient à dire que les deux rétines se différencient ensemble, à l'extrémité d’un pédicule unique. La duplicité de l'organe visuel se manifeste nettement par sa forme. En effet, si la rétine double possède une membrane commune aux deux parties, -— la membrane pigmentée qui forme une calotte à peu près régu- lière, — la membrane rétinienne proprement dite présente un repli très accusé qui détermine deux cupules distinctes. Chez les sujets soumis à mon examen, les deux cupules étaient de dimensions très inégales. À chacune d'elles peut correspondre un cristallin, mais il arrive aussi qu'il n'existe qu'une seule lentille; elle est alors en regard de la grande cupule. Si l’on s’en rapporte aux descriptions anatomiques de cyclopes nou- veau-nés, on est conduit à admettre que les autres parties annexes de 240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'œil — iris, cornée, paupières — se comportent de la même facon que le cristallin, aussi bien dans le cas de l’œil simple que dans celui de l'œil double. C'est dire qu'il pourra y avoir deux iris, deux cornées, quatre paupières correspondant aussi bien à la rétine unique qu’à la rétine double. Objectivement, sans procéder à la dissection, il est sans doute possible de distinguer les deux variétés, en ayant égard au volume des globes oculaires. L’œil simple, en effet, n’a pas un volume supérieur au volume normal, tandis que l’œil double est manifestement plus volumineux qu'un organe unique. Je n'insiste pas sur les phénomènes de corrélation qui unissent à la rétine le cristallin et les autres parties secondaires, Il est diffieile de tenter la moindre hypothèse sur la nature des liens qui rattachent ces divers organes les uns aux autres. On peut simplement affirmer qu'il ne s'agit point d’une action de contact, ni même de voisinage, puisqu'il suffit qu'une ébauche rélinienne existe même à l’état atrophique et à grande distance de l’ectoderme, pour que celui-ci donne naissance au cristallin correspondant, en un point de sa région ventrale qui n'a point coutume de se différencier ainsi. Nous nous contentons de signaler l'existence de ces phénomènes cor- rélatifs, tout en faisant remarquer que s'ils nous paraissenttrèsordinaires, vu la coopération physiologique des parties, ils n’en sont pas moins extrêmement curieux; il ne faut point oublier er effet que la rétine et ses satellites naissent indépendamment sur des tissus primordiaux anatomiquement distincts. La corrélation n'est d’ailleurs pas absolue, puisque l'œil abortif ne détermine pas constamment la venue de son cristallin, et que, de plus, celui-ci peut aussi faire défaut vis-à-vis de l'œil développé. 2 Je n'ai point remarqué qu'il y eût une constitution particulière pou- vant correspondre à l'existence ou à l'absence d’une trompe. Ce caractère objectif me paraît être tout aussi contingent pour les cyelopes que pour les cébocéphales. La distinction entre Rhinocéphales et Cyclo- céphales n'est pas plus légitime que la distinction entre Æ£’thmocéphales et Cébocéphales. Les caractères tirés de l’état des mâchoires sont aussi sans valeur; le genre S/omocéphales ne correspond à aucun processus déterminé. el LES FOSSETTES OLFACTIVES DES CYCLOPES, par M. ETIENNE RABAUD. Les fossettes olfaclives apparaissent chez les poulets eyclopes aux environs du troisième jour, quelquefois plus tard. Leur absence com- plète est un fait rare. Elles sont situées au-dessus des yeux, à peu près à égale distance de SÉANCE DU 2 MARS 241 ces organes et du bord extérieur de la tête. C’est dire qu’elles occupent leur situation normale, tant d’une façon absolue que relativement aux yeux, puisque ceux-ci reposent toujours, dans le type spécifique, sur un plan postérieur au plan des fossettes olfactives. Ni la forme, ni la structure histologique de ces fossettes ne paraissent - modifiées ; elles sont constituées par un épithélium stratifié (3 à 4 assises) dont l’assise extérieure est nettement ciliée. Chez quelques individus, j'ai pu constater l'existence d'un nerf olfactif, fait qui n’a pas été relevé d'une facon précise par les tératologistes descriptifs. Pour ce qui est du bulbe, je ne saurais affirmer son existence, car il n’en était point chez les sujets pourvus d’un nerf, et si, chez d'autres, j'ai observé des forma- tions d'apparence ganglionnaire, qui auraient pu être considérées comme bulbe, en raison de leur situation, il ne m'a pas été possible de voir leurs rapports réels avec l’encéphale. Le côté le plus particulièrement intéressant de l’histoire des fossettes olfactives touche à leurs relations avec les formations rétiniennes. À ce point de vue, il faut tenir compte aussi bien du nombre des fossettes que de leur situation relative. Il y a toujours deux fossettes chez les cyclopes à deux yeux. A celte règle, je n’ai point rencontré d'exception sur les vingt cas de cébocéphalie soumis à mon examen. La distance qui sépare les deux formations olfac- tives est moindre de celle qui sépare les deux yeux, mais ces deux dis- tances varient proportionnellement : lorsque les rétines se trouvent aux confins latéraux de la face ventrale, les fossettes sont très éloignées l’une de l’autre ; — lorsque les rétines sont au contraire très rappro- chées, les deux fossettes se rejoignent par leurs bords internes, consti- tuant une sorte de large cloaque olfaelif. Dans le cas de l’œil double, on ne rencontre qu'une seule fossette. Elle est alors médiane et située immédiatement au-dessus de l'œil. Je n'ai pu me rendre compte si cette fossette unique était double en réalité, comme l'œil qu'elle surplombe ; elle ne m'a semblé ni plus large, ni plus épaisse. Il n'existe, de même, qu'une seule fosselte, lorsque l’une des deux rétines avorte. Cette fossette vient occuper la ligne médiane, aussi bien que l'œil qui persiste. Je n'ai point rencontré d’exceptions, c'est-à-dire de cyclopes monophtalmes munis de deux fossettes. Ou, plutôt, la seule exception dont je doive faire mention est une intéressante confirmation de la règle. Chez un individu monophtalme, en effet, j'ai observé deux formations olfactives distinctes ; seulement, une seule était bien déve- loppée, elle occupait la ligne médiane au-dessus de l'œil. La seconde fossette, déjetée sur le côté, était peu visible par suite d'une différen- ciation à peine accusée; elle correspondait à la rétine atrophique au- dessus de laquelle elle se trouvait. Cette exception est, on le voit, plus apparente que réelle ; en fail, elle 249 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE affirme la singulière corrélation qui unit les formations optiques et les formations olfactives. Elle nous indique, en outre, que l'unique fossette que l’on observe à l'ordinaire chez les cyclopes à œil simple est bien une fossette simple, que sa congénère fait complètement défaut. Je n’ai trouvé nulle part la mention de cette union corrélative entre les deux sortes débauche. On peut se demander s'il s’agit là d'un phénomène d'ordre purement tératologique, ou bien si les mêmes rela- tons existent à l’état normal, mais insoupconnées, vu l'absence de con- nexions anatomiques étroites. S'il en était ainsi, ne serait-il pas possible de retrouver la trace de ce phénomène dans certains cas pathologiques touchant l'organe de la vue ou celui de l’odorat ? Car si les relations embryologiques sent réelles, il n'y a point de raison pour qu'elles ne persistent pas à l’état adulte. C'est peut-être le moment de rappeler que la corrélation prostato-testiculaire a été mise en lumière par Godart grâce à une série d'observations tératologiques, et que ces relations ont été reconnues depuis dans les manifestations morbides. Pour ce qui est de l’olfaction et de la vue, il y aurait peut-être lieu d'examiner tout particulièrement l'état de l'odorat chez les individus atteints de cécité congénitale. À un point de vue tout différent, le nombre des fossettes olfactives est. certainement en rapport avec la constitution de la trompe des cyclopes. On a décrit, en effet, des trompes à une cavité et d’autres à deux cavités. Il paraît légitime de penser que les premières corres- pondent à une seule fossette et les secondes à deux fossettes. D'UN POUVOIR AGGLUTINANT DE CERTAINS SÉRUMS HUMAINS POUR LES GLOBULES ROUGES DE L'HOMME, par MM. JEAN Camus et PAGNIEZ. Le pouvoir agglutinant du sérum d’une espèce vis-à-vis des globules rouges d'une autre espèce est à l'heure actuelle un fait bien connu. Cette propriété peut être naturelle; ainsi le sérum de poule est doué d’un pouvoir agglutinant énergique pour les globules de chien, de rat, de lapin, etc. Elle peut aussi être créée par l’expérimentation en injectant à un animal d’une espèce donnée du sang défibriné provenant d’une autre espèce. Jusqu'à présent nous n'avons pas trouvé signalée la propriété agglu- tinante d'un individu vis-à-vis d’un autre individu de la même espèce. Ayant vu le sérum d’un malade agglutiner les hématies d’un homme normal, nous avons eu l'idée de rechercher si ce phénomène était exceptionnel. Conformément à la technique adoptée dans les recherches de cet ordre et en particulier par M. Bordet, nous nous sommes servis d'hématies SÉANCE DU 2 MARS 243 lavées dans la solution salée à 9 p. 1000, de manière à les débarrasser de leur sérum. Nous mélangions dans un verre de montre deux à trois parties de sérum pour une partie d’émulsion de globules. Dans certains cas nous avons mélangé à parties égales sérum et globules, et enfin, quand nous avons eu affaire à des sérums très agglutinants, nous avons renversé la proportion et mélangé les globules et le sérum dans la pro- portion de 5 à 1. La quantité de sérum nécessaire est toujours faible et une piqûre au bout du doigt peut suftire. La rapidité de la réaction varie naturellement avec le taux du mélange; presque instantanée et (rès visible macroscopiquement dans le premier cas, elle est plus lente quand on se sert de sérum dilué. Il est natu- rellement facile de constater ce phénomène sous le microscope. Il est malheureusement difficile de se procurer un grand nombre de sérums normaux; les quelques recherches que nous avons pu faire, tant sur notre propre sérum que sur celui de quelques individus hospi- talisés, mais paraissant bien portants, ne nous ont jamais donné d’agglu- tination. Leur petit nombre nous interdittoute espèce de conclusion. Par contre nos essais ont porté sur trente sérums provenant de malades atteints d’affections très diverses. Nous avons été surpris de voir que parmi ces sérums un grand nombre agglutinaient les FES pro- venant d'individus normaux. Il est difficile d'établir des rapprochements entre les malades nous a yant fourni ces différents sérums agglutinants. Cetle propriété nous a simplement paru plus fréquente chez des individus anémiés, cachec- tiques; beaucoup élaient atteints de tuberculose pulmonaire. Le sérum de deux lyphiques agglutinant le bacille d'Eberth n’agglutinait pas les globules humains. Il était intéressant de rechercher quel était le mode de réaction vis-à- vis de ces sérums agglutinants de globules, provenant non plus d’indi- vidus normaux, mais de malades. Nous avons constaté plusieurs fois qu'un sérum qui agglulinait éner- giquement nos propres globules était dépourvu d'action, à toutes doses, à l’égard des hématies de divers malades. Ainsi le sérum de deux tuber- culeux cavitaires agglutinait fortement les globules normaux et ceux de deux tuberculeux; il était par contre sans aucune action pour le sang de deux autres tuberculeux. Un malade peut avoir un sérum très agglutinant et des globules com- plètement résistants à l’agglutination par d’autres sérums. Le chauffage à 58-60 degrés diminue seulement, sans le détruire, on le sait, le pouvoir agglutinant des sérums des animaux ; il en est de même pour la propriété agglutinante que nous avons trouvée chez l’homme. On pouvait se demander si le pouvoir agglutinant était bien dû au sang 244 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lui-même, ou n’était pas le fait de son contact avec les tissus; nous avons tenu à vérifier l'exactitude de nos constatations dans un cas, en prélevant le sang directement dans la veine au moyen d’une aiguille ctérilisée. On voit donc par ce qui précède que certains sérums humains peuvent se comporter vis-à-vis des hématies de l’homme comme le sérum d’une espèce animale vis-à-vis des globules d’une autre espèce. NOTE SUR L'ACTION DU SÉRUM LEUCOTOXIQUE SUR LES LÉSIONS DU NÉVRAXE DANS LA RAGE, par CARLOS FRANÇA. Toutes les régions du névraxe sont plus ou moins intensément frappées par le virus rabique ; mais, parmi leurs lésions, les -bulbo- médullaires (nodules rabiques de Babès) et celles des ganglions cérébro- spinaux (nodules de van Gehuchten et Nélis) sont les plus intéressantes. Dans le bulbe et la moelle, on constale une infiltration du tissu ner- veux par de petits éléments à noyau arrondi, qui forment autour des cellules nerveuses des amas, parfois énormes, et pénètrent souvent dans leur intérieur. Dans les ganglions, la lésion principale consiste en une invasion des capsules, qui entourent les cellules nerveuses, par un grand nombre d'éléments ronds. Celte invasion est souvent: si considérable que, de la cellule contenue dans la capsule, il ne reste que quelques débris. Ces agglomérations d'éléments ronds dans l’intérieur des capsulës constituent ce que van Gehuchten a décrit sous le nom de nodules rabiques. On en trouve, en outre, de nombreux épars dans le tissu interstitiel du ganglion. 1 Les vaisseaux, aussi bien ceux du myélencéphale et de la moelle que ceux des salons, sont profondément altérés ; leurs parois présentent d'ordinaire une infiltration one les hémorragies sont fré- quentes. Dans l’intérieur des vaisseaux, le nombre des globules blancs est plus grand que normalement. Quant à la nature de ces éléments ronds, qui envahissent le tissu nerveux, il est évident que ceux qu’on rencontre dans le bulbe, épars ou formant des nodules, sont des leucocyles, opinion qui est partagée par de nombreux observateurs (Kolesnikoff, Coats, Babès, Crocq, Mari- nesco, etc.). Pour ceux des ganglions, les histologistes qui se sont occupés de cette question considèrent la production des nodules comme due à une prolifération des éléments de la capsule, due à l’action directe du virus lysique. Pour les uns (van Gehuchten et Nelis), l'accumulation SÉANCE DU 2 MARS 245 de ces éléments néoformés suffoquerait la cellule nerveuse, qui finirait par périr et souvent par disparaitre en partie ou en totalité; pour d’autres (Crocq), les éléments capsulaires proliférés auraient un rôle phagocytaire. Dans une note précédente (Société de biologie, 17 novembre 1900), nous inclinions à considérer les éléments ronds endo-capsulaires, qui chez les animaux morts prématurément, dans les premières phases de la maladie, sont exclusivement extra-capsulaires, comme de nature leucocytaire, identifiant ainsi les lésions ganglionnaires aux lésions bulbaires. Dans le but de vérifier notre opinion sur la nature des éléments qui donnent aux centres nerveux et aux ganglions l'aspect si caracté- ristique qu'ils ont chez les animaux rabiques, nous avons préparé un sérum leucotoxique, en injectant à plusieurs reprises à une chèvre une émulsion de rate de chien. Le sérum du sang de cette chèvre s’est montré, èn vitro, fortement leucotoxique. Nous l'avons alors injecté, sous la peau, à un chien rabique, qui présentait déjà de la paralysie des membres postérieurs. L'animal est mort quatre jours après et voici ce que nous avons trouvé chez lui comme lésions dans le névraxe. Dans le bulbe, les nodules rabiques sont extrêmement rares, les infiltrations périvasculaires sont moins fréquentes que d'ordinaire. Tous les leucocytes, aussi bien les intra comme les extra-vasculaires, sont profondément altérés; leur protoplasma est vésiculeux, leurs noyaux sont déformés et parfois la cellule est réduite à des amas de fines granulations. Les rares éléments ronds qui entourent quelques cellules sont aussi altérés ; tout ceci modifie complètement l'aspect de la lésion rabique. Les ganglions examinés à un faible grossissement présentent la dispo- silion habituelle propre aux cas de rage, c’est-à-dire qu'il y a des nodules rabiques et infiltration du tissu interstitiel par des éléments ronds. Mais si l’on examine ensuite la préparation à un fort grossissement, on s'aperçoit que les éléments qui forment les nodules, ainsi que les extra-capsulaires, offrent les mêmes lésions que nous avons observées dans ceux du bulbe. Ici il existe des nodules, mais les leucocytes (nous croyons pouvoir désormais les nommer ainsi) qui les constituent ‘sont altérés d’une façon intense. Le tissu conjonctif interstitiel n'offre rien d’anormal, les mastzellen montrent la même réduction du nombre de granulations que nous avons précédemment signalée. De nos recherches, encore très incomplètes, nous croyons pouvoir conclure que : 1° l'application d’un sérum leucotoxique à des animaux rabiques peut modifier d'une façon notable l'aspect des lésions. FEAT OMAN 246 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 Aussi bien dans le bulbe que dans les ganglions, les cellules ner- veuses lésées par le virus rabique sont attaquéés et souvent détruites . par des leucocytes. En terminant, qu'il nous soit permis de formuler les deux questions suivantes auxquelles nous ne pouvons malheureusement pas encore répondre. La mort de l’animal rabique sera-t-elle due à un excès de défense de l'organisme? L'emploi judicieux d’un sérum leucotoxique pourra-t-il apporter quelque bénéfice à l’animal? FORMULE HÉMO-LEUCOCYTAIRE DANS UN CAS DE TYPHUS ANGÉIO-HÉMATIQUE, par MM. F. Baron et A. CaDE (de Lyon). Nous avons pu, dans le service de notre maitre, M. le professeur Bondet, suppléé par M. le professeur agrégé Pic, étudier une forme assez rare de purpura infectieux primitif, le typhus angéio-hématique (Landouzy et Gomot). Dans cette note nous voulons simplement rapporter les modi- fications de la formule hémo-leucocytaire au cours de cette affection : Il s’agit d’une femme de trente-trois ans, sans antécédents notables, prise brusquement de phénomènes généraux très graves (état typhique, coma, hyperthermie, albuminurie, etc.,), et présentant une crupae cutanée PURE rique (pétéchies, ecchymoses) et des arthralgies. Nous rapportons succinctement les principaux résultats obtenus par le nombreux examens du sang de cette malade. Le 13 décembre (jour de l'entrée) nous notons 3.224.000 globules rouges et 85.000 globules blancs (dont 94 p. 100 de polynucléaires). Il n’y à ni éosino philes ni lymphocytes ni hématoblastes. Les globules rouges sont friables vacuolés. 45 décembre. — Les globules blancs sont au chiffre de 54.250, dont 79 0/0 de polynucléaires. F 16 décembre. — Globules blancs : 33.250, dont 74 0/0 de polynucléaires. 17 décembre. — Globules blancs : 23.250, dont 78 0/0 de polynucléaires. 18 décembre. — Globules blancs : 18.000, dont polynucléaires 83,3 0/0. Nous commencons à trouver quelques lymphocytes et éosinophiles. Les globules rouges, qui s'étaient loujours maintenus au-dessus de 3.000.000, tombent à 2.548.000. 21 décembre. — Globules blancs : 17.000, dont 85 0/0 de polynucléaires. Les plaques cutanées sont en voie de sphacèle, T. — 4095. 22 décembre. — Globules blancs : 13.950 (polynucléaires 85,5 0/0). 24 décembre. — Le chiffre des globules rouges atteint son minimum (2.027.000). 26 décembre. — Globules blancs : 15.500. 28 décembre. — Globules blancs : 10.850, dont 79 0/0 de polynucléaires. Les éosinophiles, qui étaient très rares ou absents, deviennent un peu plus nombreux (2 ou 3 p. 1000). Les lymphocytes sont toujours très rares. 4 janvier. — Les globules rouges, qui étaient restés autour de 2.500.000, remontent à 3.112.000. En même temps on note une grosse poussée héma- toblastique; en certains points des préparations on peut compter jusqu'à 19 p. 100 d’hématoblastes par rapport aux globules rouges. Les globules blancs sont à 7.750, dont 60 0/0 de polynucléaires. SÉANCE DU 2 MARS 247 Il y a 16 0/0 de lymphocytes. 7 janvier. — Les hématoblastes ont beaucoup diminué. k 10 janvier. — La malade est depuis quelques jours en pleine convales- cence. Les globules rouges sont au nombre de 4.172.000, les globules blancs au nombre de 3.100. Le pourcentage des leucocytes est à peu près normal. 14 janvier. — Les globules blancs sont tombés au chiffre de 1.550. Ils sont remontés ensuite aux environs de 3.000. La formule leucocytaire est revenue à la normale et s’y maintient. La malade quitte l'hôpital Le 3 février parfaitement guérie. En somme cette série de numérations peut se résumer ainsi : Au point de vue des globules rouges : anémie progressive atteignant son extrême limite (2.027.000) le 24 décembre, le lendemain de l’acmé thermique ; friabilité et polymorphisme des globules rouges, grand nombre de globules décolorés, anémiques. Au point de vue des hématoblastes ; Disparition complète pendant toute la période grave de la maladie, puis apparition en grand nombre suivie d’un relèvement du chiffre des hématies. Au point de vue des globules blancs. Quantitativement : 1° augmentation considérable du chiffre total des globules blancs atteignant 85.000; 2° descente progressive ultérieure, aboutissant à une leucopénie per- sistant encore au moment du départ de la malade. _Qualitativement : 1° polynucléose neutrophile atteignant 94 p. 400, puis abaissement progressif avec une remontée à 85 p. 100, coïncidant avec le sphacèle et la suppuration des plaques cutanées. Ultérieurement retour progressif au chiffre normal ; 2° absence d’éosinophiles et de lymphocytes au début, puis réappari- tion et augmentation de ces éléments ; 3° absence constante de myélocytes et de globules rouges à noyaux. En résumé, dans ce cas de typhus angéio-hématique, nous insistons parliculièrement sur : la leucocytose très marquée (polynucléose neutro- phile), l’anémie globulaire, l'absence ou la rareté des hématoblastes. (Travail du laboratoire de la clinique de M. le professeur Bondet.) LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN ET MÉNINGITE CHRONIQUE DANS UN CAS DE MALADIE DE FRIEDREICE, par MM. F. BarJon et A. Cape (de Lyon). Nous avons eu récemment l’occasion de pratiquer l’autopsie d’un homme atteint de maladie de Friedreich. L'observation clinique et ana- tomo-pathologique de ce malade sera publiée ultérieurement. Nous voulons seulement aujourd'hui attirer l'attention sur deux points : 1° La formule cytologique du liquide céphalo-rachidien dans ce cas; 2° L'existence d’une pachyméningite cérébrale. Des communications récentes à la Société médicale des hôpitaux (Widal, Ravaut, Sicard et 248 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Monod) ont montré que dans le tabes, la paralysie générale, la méningo- myélite syphilitique, on trouvait dans le liquide céphalo-rachidien des éléments cellulaires et particulièrement des lymphocytes. Cette présence de leucocytes paraît être en rapport avec l’existence de lésions chroni- ques des méninges et même de lésions dont le type histologique semble expliquer la prédominance Iymphocytique dans le liquide (Nageotte). Dans le cas de maladie de Friedreich que nous avons pu examiner, nous avons recueilli à l’autopsie une certaine quantité de liquide céphalo-rachidien. Ce liquide, très pauvre d’ailleurs en éléments cellu- laires, contenait surtout des globules rouges et quelques lymphocytes. Aucune autre espèce de globules blancs. Le malade ayant succombé à une pneumonie, nous avons recherché et trouvé le pneumocoque dans son liquide céphalo-rachidien. L’ense- mencement nous a donné une culture pure, dont l'inoculation à la souris a déterminé la mort, mais au bout de trois jours seulement. Il ne paraissait pas exister de réaction inflammatoire aiguë du côté des méninges, et le pneumocoque obtenu était, on l’a vu, peu virulent. Ceci semble donc rendre compte de l’absence de polynucléaires dans le liquide céphalo-rachidien. Ce que nous voulons surtout retenir, c’est la _Présence exclusive d'éléments lymphocytiques. Il était intéressant de noter comparativement l’état des méninges. Or, dès l’ouverture de la boîte cranienne, nous avons été frappés de l’exis- tence d’une pachyméningite diffuse et ancienne. La méninge dure était très épaissie, sa consistance très augmentée. Il n’y avait pas d'épanche- ment sanguin à sa surface interne. | k: À l'examen microscopique nous trouvons, en allant de dehors en dedans, tout d’abord plusieurs plans fibreux diversement ordonnés. Plus profondément, la plus grande partie de l'épaisseur de la coupe est conslituée par du tissu conjonctif assez lâche, à mailles irrégulières et contenant beaucoup de vaisseaux. Ceux-ci, de calibre et de forme variables, ont une paroi constituée par un revêtement endothélial et tout autour de lui par une couche fibreuse d'épaisseur variable. Leur lumière contient des globules rouges et bezucoup de leucocytes de types divers (polynucléaires, mononucléaires, lymphocytes). Dans l'intervalle de ces vaisseaux on rencontre dans les mailles connectives un nombre considérable de cellules volumineuses, à protoplasma finement grenu, à noyau unique, arrondi, fortement coloré. Il s'agit là évidemment d'élé- ments inflammatoires. À côté d’eux on trouve quelques rares lympho- cytes, ne constituant jamais d'’amas. Cette méninge nous offre donc des lésions banales d’inflammation chronique. En résumé, dans ce cas de maladie de Friedreich, nous tenons à insister sur : 1° L'existence d'éléments cellulaires, d’ailleurs assez rares, dans le SÉANCE DU ® MARS 949 liquide céphalo-rachidien, éléments constitués à peu près exclusivement par des lymphocytes et des globules rouges ; 2° L'existence d’une pachyméningite cérébrale très accentuée. Cette lésion n’a jamais été observée, croyons-nous, du moins avec cette netteté, dans les diverses autopsies de maladie de Friedreich (4). Nous n'avons point remarqué à l'examen histologique de cette pachyméningite une grande quantité de lymphocytes dans les mailles de ce tissu conjoncetif enflammé. À ce point de vue il n’y aurait donc pas superposition de la formule leucocylaire du liquide céphalo-rachidien et du type des lésions histologiques. Mais il faut faire cette réserve qu'il existait un peu d’épais- sissement de la leptoméninge tant cérébrale que médullaire, et il est possible qu’elle contienne dans son épaisseur une abondante quantité de lymphocytes. (Travail du laboratoire de la clinique de M. le professeur Bondet.) UNE TEINTURE POUR CHEVEUX A BASE ORGANIQUE DE PARAPHÉNYLÈNE DIAMINE. TOxICITÉ ET FORME DES ACCIDENTS. ÉTUDE CLINIQUE ET EXPÉRIMENTALE (2), par MM. J.-V. LABORDE el MEILLÈRE. IT. a) ANALYSE CHIMIQUE. — L'examen chimique du contenu du flacon -de teinture dont l’emploi avait déterminé les accidents que nous avons décrits précédemment, y fit découvrir, en premier lieu, un dérivé de la benzine, la Paraphénylène diamine, qui paraissait être la base de sa composition; car cette substance est très employée, étant très propice à cet emploi par sa faculté de produire rapidement, par oxydation, la coloration noire pour les teintnres des étoffes et aussi des cheveux. Mais, en outre, le flacon, dont il nous a été permis de connaître la for- mule complète de composition, contient accessoirement de la résorcine. Les phénylamines sont des bases organiques dérivées de la benzine, par remplacement de deux atomes d'hydrogène par deux groupes d'amidogène (Az H?); et comme ces deux groupements peuvent occuper trois positions différentes par rapport au noyau benzoïque, il existe, dans les bases en question, trois isomères : l'ortho, le meta, et le para. C'est ce dernier isomère, la paraphénylène diamine, qui est vulgaire- ment employé dans les teintures, notamment dans celle qui fait l’objet de cette étude. Sa formule chimique est : CSH,2A7H2 On sait que la paraphénylène diamine donne facilement, par oxy- dation, de la quinone, seule ou accompagnée de pyrogallol et de py- (1) Vincelet, Thèse de Paris, 1899-1900. {2) Voir Soc. de Biol., p. 213. BioLociE. CoMpTESs RENDuS. — 1901. T. LIII. 20 250 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rocatéchine, tous corps toxiques, mais d’une toxicité idiosyncrasique. Nous allons revenir sur les accidents qui en résultent, et que l'observation clinique a surtout mis en évidence sur le terrain de la. dermatologie. Quant à la résorcine (CfH*20H), également dérivée bisubstituée de la benzine, et que l’on peut caractériser dans le mélange par sa forma- tion en fluoriscéine au moyen de l'acide phtalique, elle donne par oxydation des produits analogues à l’éther résorcinique, dont la couleur rouge modifie avantageusement la teinte noir-bleu, due aux produits d’oxydation de la paraphénylène diamine. Ces deux produits, non colorants par eux-mêmes, du moins à l’état de pureté chimique, constituent dans certaines conditions d'excellents chromogènes. C'est précisément ce qui a lieu dans la présente teinture; d'autant mieux qu'en plus des deux substances fondamentales précédentes, on y ajoute une certaine quantité d’eau oxygénée ; en sorte que la transforma- tion tinctoriale, par oxydation, se fait, pour ainsi dire, sur place, et de facon intensive. L’on peut en juger par la coloration noire du bouchon adapté au flacon, et mieux encore par l'essai extemporané, que nous faisons sous les yeux de nos collègues sur le morceau de tissu blanc qui remplace ici l’'épiderme, ou les poils et les cheveux : 1° Je fais tomber en un point du linge quelques gouttes de la solution de paraphénylène diamine pure, et vous voyez, à cette place, se dessiner une coloration violacée, qui fonce sensiblement à l'air; 2° Tout à côté » je verse pareillement quelques gouttes du liquide contenu * dans le flacon qui contient la teinture incriminée, et aussitôt le linge se colore en un brun foncé, qui noircit rapidement. Le même effet est obtenu presque extemporanément en imprégnant de ce liquide les poils d’un chien blanc; et si l'on en frotte un peu vigoureusement, ainsi que nous l'avons fait, la peau du ventre, non seulement celle-ci se colore en brun foncé, mais il s'y forme, sur les confins, et tout autour de la tache noire, des rougeurs, des plaques érythémateuses, qui témoignent d’une vive irritation produite par la teinture. En somme, le mélange qui constitue cette dernière est composé de façon à provoquer, immédiatement, et en tout cas rapidement, la colo- ration visée (le brun allant jusqu'au noir), grâce à l’adjonction d’eau oxygénée qui favorise l’oxydalion de la substance fondamentale, la paraphénylène diamine, à laquelle la résorcine prête très probablement son concours par le même mécanisme de réaction (1). III. ÉTUDE EXPÉRIMENTALE. — La recherche expérimentale de l’action (1) 1 existe, et nous connaissons dans l’industrie des teintures, des prépa- rations à mème base de paraphénylène diamine, mais séparées en deux flacons : l’uo, n° 1, contenant le produit tinctorial; l'autre, n° 2, contenant l'eau oxygénée. SÉANCE DU 2 MARS 251 du liquide contenu dans le flacon de teinture, qui a servi à la personne dont nous.avons relaté, tout au long, l'observation, a eu pour principal sujet le chien, auquel il a été administré, soit en injection sous-cutanée, soit en injection intra-veineuse. Les effets obtenus ont été fondamenta- lement les mêmes, avec les seules différences d'intensité relevant du procédé d'introduction. Ces effets se résument dans le tableau symptomatique suivant : Sous l'influence d’une dose variant de 0 gr. 10 centigrammes à 1 gramme, chez un chien de 10 à 12 kilogrammes ; Dès le début, salivation plus ou moins abondante, diarrhée, avec ténesme, stupeur avee somnolence ; Accélération et embarras de la respiration, avec accumulation de mucosités, écoulement nasal, fréquents éternuements, et une raucité particulière de la voix et de la toux. Refus de tout aliment et de toute boisson; difficulté de la station et de la marche, avec raideur des pattes, surtout du côté du train posté- rieur surbaissé et comme paralysé. En même temps et constamment, surviennent, du côté des yeux, des phénomènes caractéristiques : irritation de la conjonctive et des pau- pières, et gonflement tel de ces dernières, qu’elles couvrent complète- ment les globes oculaires, en exorbitisme : il en résulte un complet aveuglement de l'animal qui, plongé dans la stupeur, ramassé sur lui- même, étranger et insensible à tout ce qui l'entoure, et réagissant à peine par un léger relèvement de la tête, à des provocations et à des appels insistants, succombe de la quinzième à la vingtième heure, dans cet état comateux. À la suite de l'injection intra-veineuse, ces mêmes symptômes se montrent et évoluent avec une intensité et une rapidité qui relèvent, nécessairement, et ainsi que nous l'avons fait pressenlir, du procédé d'administration ; et il s'y joint en ce cas des nausées et des efforts de vomissements. : Enfin, les urines rendues par l'animal, ou contenues dans la vessie, présentent une coloration acajou foncé (que nous avons également observée, on s'en souvient, chez notre malade). À l'autopsie, l'on est particulièrement frappé de la coloration noirätre de tous les tissus : muqueuses, parenchymes, muscles, et le sang lui- même dans le cas d'injection hypodermique, comme dans celui d'intro- ductiou directe dans les vaisseaux : l'action tinctoriale, (très pénélrante comme on voit, s'est exercée partout dans l'organisme. Mais, en outre, la toxicité de cette action ne saurait être douteuse, d’après le tableau qui précède, et qui en révèle la gravité, parallèlement et conformément à l'observation clinique dont certaines particularités telles, par exemple, que les symptômes oculaires, sont exactement reproduites par l'essai expérimental. 19 OC 1 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Celui-ci détermine aussi, principalement à la suite des doses inten- sives, une congestion pulmonaire apoplectiforme; et, du côté du cœur, la formation de caillots passifs, qui témoignent dé la nature asphyxique des accidents ultimes et mortels, annoncés, d’ailleurs, par Les troubles fonctionnels respiratoires. Nous insisltons d'autant plus sur ces dernières constatations, qu'en: cherchant dans la littérature médicale les travaux qui ont été réalisés et publiés antérieurement sur le même sujet, nous avons trouvé dans les Archives de physiologie normale et pathologique (1898), un excellent mémoire de MM. R. Dubois et Vignon (de Lyon), relatif à l'étude expé- rimentale de la paraphénylène diamine, dont les résultats principaux, chez le chien, concordent avec ceux de nos propres expériences; mais avec celte différence qu'ils n’ont pas observé et noté les altérations pulmonaires, — ayant, disent-ils, trouvé les poumons exsanques. Ilest vrai que nos collègues lyonnais ont expérimenté avec la substance chi- mique pure et seule, et non avec le mélange qui à été l'objet de nos essais, et qui, en raison de sa constitution mixte et complexe, doit pos- séder et présente, en réalité une nocuité supérieure. Et, en effet, quelques expériences comparatives faites avec une solu- üon de paraphénylène diamine seule, et chimiquement pure, et préparée par l’un de nous (Meillère), dans la proportion de 1 centigramme par centimètre cube, tout en donnant les signes de l’action fondamentale de la substance, ne les ont pas reproduits avec la même et grave intensité. Il reste, en effet, à apprécier, dans le mélange en question, la part réelle qui revient à la résorcine, dont nous réservons, pour le moment, l'étude personnes, que nous nous proposons de faire, car elle n’a pas élé réalisée, jusqu'à présent du moins, à notre connaissance. IV. — Quoi qu'il en soit, si les accidents produits par des teintures à bases organiques, de la nature de celle dont il vient d'être question, ne s'étaient pas encore présentés, et n'avaient pas été décrits, — sous la forme généralisée et avec la gravité qui découlent de l'observation qui a servi de point de départ à cette étude, — ils avaient été déjà observés notamment comme phénomènes locaux et cutanés, d'abord par M. Le Dr Cathelineau (1895), ensuite par M. le Dr Brocq (1898), à l'hôpital Saint-Louis. Nous ne pouvons — car l'espace nous manque — que renvoyer à ces travaux, tout en faisant remarquer, en terminant, qu'ils n'avaient pas suffisamment attiré l'attention sur un danger dont on appréciera maintenant, nous l'espérons, toute la gravité. ERRATUM Dans la communication de MM. Lasorne et MEILLÈRE, séance du 23 février, p. 213: ligne 26 (titre), lisez : « à base organique », au lieu de : « à base végétale ». Le Gérant : OCTAVE PORÉE. ——————_—_— Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 253 SÉANCE DU 9 MARS 1901 M. G. Wuiss : Recherches sur l'excitation des nerfs par les courants de très courte durée. — M. G. Weiss : Interrupteur balistique. — M. E. Hépon : Sérum aggluti- nant des levures.—M. le D' A. Brzcer : À propos de l'hématozoaire endoglobulaire pigmenté des Trionyx Hœmamæba Metchnikovi (Simond). — M. S. Mazrarskt (de Cracovie) : Sur la Structure des néphridies des Vers de terre. — M. Rispaz (de Toulouse) : Les globules blancs dans l’abcès dysentérique du foie. — M. R. Dueors : La photographie de l’invisible (Réponse à M. Lebon). — M. Gusrave Loisez : Sur la valeur de la chromatine nucléaire comme substratum de l'hérédité. — M. J. Gran : Présence de deux trichocéphales dans l’appendice iléo-cœæcal. — MM. L. Mar- caaxD et CL. Vurpas : Lésion de la moelle dans un cas de méningo-myélite expéri- mentale chez un chat. — M. Fécix MEsniz : Sur un cas de dégénération de la partie antérieure du corps et de la trompe chez un syllidien. — M. Férix Mesnir : Vivi- parité et parthénogenèse chez les Annélides polichètes. — M. Férix MEsniz : Remar- ques sur les Polychètes d’eau douce, à propos des formes nouvelles du lac Baïkal. — MM. Saprazës et Fauquer (de Bordeaux) : Action de l'urine sur les globules rouges. — M. H. Vixcenr : Complication rare de la fièvre typhoïde ;: Deux cas de cystite hémorragique due au bacille d'Eberth.—MM. A. GiLserT et P. LEREBOULLET : Des urines retardées (opsiurie) dans les cirrhoses. — MM. A. Grzsert et P. LErRE- BOULLET : De l’inversion du rythme colorant des urines dans l'ictère. — MM. A. GrL- BERT et P. LEREBOULLET : De l’état des urines dans l’ictère acholurique. — M. Léon Meunier : Du dosage de l'acide chlorhydrique libre dans le suc gastrique. Présidence de M. Netter, vice-président. RECHERCHES SUR L'EXCITATION DES NERFS PAR LES COURANTS DE TRÈS COURTE DURÉE, par M. G. Weïrss. € Les recherches qui ontété faites jusqu'ici sur l'excitation des nerfs pen- dant des temps très petits n'ont porté que sur des durées supérieures à 0",001. Le dispositif que j'ai décrit antérieurement m’a permis d'étendre cette étude à de plus petites fractions de seconde. Contrairement à ce qu'avancent les auteurs, je n’ai pas trouvé de durée trop petite pour permettre au courant d’exciter le nerf; si cette durée existe, elle est inférieure à 0”,0001. Mais cela n’était pas là mon but; j'ai voulu recher- cher quelles étaient les dépenses d'énergie nécessaires pour l'apparition de la secousse minima, en fonction de la durée de l'excitation. Pour cela, gardant constante la résistance du circuit, je faisais varier la différence de potentiel à ses extrémités, et comme, dans des expériences succes- Biococre. CompTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 9] A 5 FRS SR OR 254 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sives sur un même nerf, rien ne changeait, si ce n’est le voltage et la durée du courant, l'énergie dépensée dans le nerf était proportionnelle aN [. Voici le résultat d’une expérience. % Décembre 1900. — Courant descendant. Distance des électrodes, 8 millimètres ; résistance du circuit, 250.000 ohms. DISTANCE DES FILS DURÉE DU PASSAGE VOLTAGE ÉNERGIE 2 cent. 0"009.154 1,16 2,26 0e 0"000.308 0,64 1,64 on 0"000.482 0,50 1,50 Ris 0"000.616 0,4% 1,35 DU 0"000.924 0,37 1,64 16 — 0"001.232 0,36 2,07 On voit qu'il y à un minimum d'énergie dépensée pour une distance des fils de 8 centimètres correspondant à une durée de passage d'en- viron 0”,0006. J'ai retrouvé ce même résultat d’une façon très constante, que le cou- rant soit descendant ou ascendant. La longueur de la distance interpolaire du nerf a une influence mani- : feste; plus elle est longue et plus est grande la durée correspondant à la dépense minima d'énergie. L’écartement des électrodes variant de 2 à 20 millimètres, la distance à laquelle il faut placer les fils pour avoir le minimum d'énergie va de 6 à 16 centimètres; les durées de pas= sage du courant correspondants vont de 0”,00046 à 0",0012. Au lieu de provoquer la contracture musculaire par l'intermédiaire du nerf, on peut porter l'excitation directement sur le muscle curarisé. Dans ce cas j'ai trouvé que la période la plus favorable correspondait à une durée de passage d'environ 0”,0012. D'une façon générale, on voit que dans l'excitation des nerfs et des muscles il y aune durée d’excitation plus favorable, c’est-à-dire exigeant pour obtenir la secousse minima une moindre dépense d'énergie. Cette durée varie suivant les conditions de l’expérience, mais peut être déter- minée d'avance dans chaque cas. Cybulski et Zanietowski ont montré les premiers qu'il y avait dans l'emploi des décharges de condensateur des conditions de meilleure utilisation de l'énergie. Je ferai voir comment il y a lieu de rapprocher les expériences de ces auteurs et les miennes. (Travail du laboratoire des Travaux pratiques de physique biologique de la Faculté de médecine de Paris.) mm ©E SÉANCE DU 9 MARS 25 INTERRUPTEUR BALISTIQUE, par M. G. Weiss. Dans une série de recherches j'ai eu besoin d’un dispositif me per- mettant de faire passer un courant dans un circuit, pendant un temps extrèmement court, variable à volonté et bien déterminé. Les appareils généralement employés dans ce but ont des imperfec- tions sur lesquelles je ne puis insister ici et ne permettent pas de des- cendre au-dessous du millième de seconde. Seul, le pendule de Helm- holtz peut atteindre de plus petites fractions à la condition qu'il soit en parfail état, mais la moindre poussière ou la plus petite étincelle en altèrent considérablement la précision. Je me suis servi d'un procédé fort simple, peu dispendieux et donnant de très petites fractions de la seconde avec une approximation bien supérieure à celle qui peut être utile dans les expériences de physiologie. En voici le principe : les deux pôles de la pile sont reliés au circuit dans lequel doit passer le courant, puis ils sont réunis par une dériva- tion de résistance négligeable par rapport à celle du circuit principal. De cette façon le courant est pratiquement nul dans ce circuit prin- cipal, mais il s'établit aussitôt que l’on rompt la dérivation. Si un mo- mént après on coupe aussi le circuit principal, le courant ne passe que pendant le temps qui s'écoule entre les deux ruptures. Pour opérer ces sections, je me sers d’une petite carabine à acide carbonique liquéfié, dont la balle coupe à un court intervalle deux fils ayant un dixième de millimètre d'épaisseur. Des expériences préliminaires m'ont montré que la balle avait une vitesse pratiquement constante de 130 mètres à la seconde. Si donc les deux fils à couper sont distants de 1,3 centimètre, la durée du passage du courant est de 0"”,0001. En écartant plus ou moins ces fils à l’aide d’un dispositif facile à imaginer, on règle avec une grande facilité l'instrument au point voulu. Cette méthode est excellente ; elle a entre autres le grand avantage de n'être pas délicate à manier et d'être très fidèle ; jamais on n'a d'erreur due à un mauvais contact ni quoi que ce soit de semblable. L'instrument est toujours prêt à fonctionner sans aucun réglage préliminaire. Une étude préalable m'a montré que la capacité et la self-induction du circuit que j’employais généralement étaient négligeables, que par suite il n’y avait pas de période variable du courant dont il faille tenir compte. Les quantités d'électricité qui passaient étaient proportion- nelles à la durée du passage. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1 O7 (en SÉRUM AGGLUTINANT DES LEVURES, par M. E. HÉDoN. L'intéressante note de M. Bisserié (insérée dans un des derniers numéros des Comptes rendus de la Société de Biologie) sur l'obtention d'un sérum agglutinant la levure de bière, m'engage à dire quelques mots d'expériences du même genre que j'ai faites de mon côté, non plus avec la levure de bière, mais avec des levures de vin. L'idée qui m'a dirigé est la même que celle qui a provoqué les recherches de M. Bisserié : d'abord la question théorique de savoir si les animaux réagiraient aux injections de levure, comme aux injections de cultures _microbiennes, par la production d’une agglutinine spécifique, ensuite la question pratique, s’il serait possible d’obtenir par là des sérums capables de clarifier Les vins tenant la levure en suspension. J'ai, dans ce but, injecté dans la cavité péritonéale de lapins de grandes quantités de Saccharomyces ellipsoïideus (race de Beaujolais dite moulin à vent). La levure était recueillie sur un filtre, lavée à l’eau salée physiologique, puis mise en suspension dans le même liquide. Le sérum devint rapidement agglutinant pour la levure, mais seulement à des doses relativement très élevées. En outre, ce sérum ne présenta aucune propriété toxique pour la levure et ne gêna aucunement par sa présence, même à dose forte, la fermentation du moût. Sur le sort de la levure dans la cavité péritonéale et sur sa toxicité, sa j'ai fait en outre les observations suivantes. Les cellules de levure étaient manifestement englobées par les phagocytes; mais leur résorp- tion ne paraissait pouvoir se faire que très difficilement. En effet, à l'autopsie des animaux, on trouvait répandues dans toute la cavité péritonéale, et adhérentes aux anses intestinales, ainsi qu'aux divers replis péritonéaux, de nombreuses masses caséeuses enkystées. Lorsque ces masses étaient de formation récente, elles contenaient encore des levures vivantes ; le magma caséeux ensemencé dans du moût en déter- minait la fermentation; mais plus tard, ce magma devenait stérile. La levure résistait, en tout cas, un temps considérable dans le péritoine des lapins, même chez ceux de ces animaux qui avaient déjà subi un grand nombre d’injections, et que l’on aurait pu croire immunisés. Dans ces dernières conditions, en ouvrant l'animal quelques heures après l'injection de levure fraîche, on trouvait celle-ci agglomérée en gros amas à la surface des anses intestinales, mais bien vivante et capable d'opérer la fermentation alcoolique tout aussi promptement qu'une levure témoin. Pour tuer un lapin avec cette levure, il fallait en injecter d'un seul coup environ 3 grammes par kilogramme (levure récoltée sur un filtre 19 De I SÉANCE DU 9 MARS et pesée à l’état humide). Les cobayes étaient plus sensibles et mou- raient pour des doses inférieures à 1 gramme par kilogramme. Les lapins, qui recevaient de petites quantités de levure (deux ou trois fois inférieures à la dose mortelle), après une période passa- gère d'amaigrissement, se remettaient, augmentaient de poids et paraissaient en bon état de santé, quoiqu'ils eussent le péritoine rempli de masses caséeuses enkystées. Mais ils succombaient à une injection . massive contenant une dose à peine supérieure à la dose mortelle, et par conséquent, sous ce rapport, ne présentaient qu'une immunisation insignifiante. Ainsi un lapin de 2.220 grammes qui, dans l’espace de deux mois, avait reçu en injections successives 28 grammes de levure, et dont le poids, au bout de ce temps, s'était élevé à 2.500 grammes, succomba à une injection massive de 8 grammes de levure, et à l’au- topsie on trouva son péritoine farci d'agglomérats caséeux enkystés, et les anses intestinales soudées entre elles et à la paroi par de nom- breuses adhérences. Ces résultats, on le voit, sont peu encourageants, et si, au point de vue théorique, ils montrent que les animaux réagissent aux injections de levure par la production d’une agglutination, cependant ils laissent peu d'espoir que ce phénomène puisse être utilisé dans la pratique. Mais dans mes expériences il ne s'agissait, il est vrai, que d’injections intrapéritonéales. À PROPOS DE L'HÉMATOZOAIRE ENDOGLOBULAIRE PIGMENTÉ DES TRIONYX. HGŒMAMœŒBA METcanIKovI (Simond), par M. le D' A. Brrcer. La note si intéressante de M. le D' Simond Sur un hématozoaire pigmenté des Tortues, parue dans le numéro du 9 février courant de ces Comptes rendus, m'engage à rappeler la description que j'ai faite, dès 1896, dans le Bulletin scientifique de France |et de Belgique (1), d'un hématozoaire endoglobulaire trouvé dans le sang d’une espèce de Zrionyx du Haut-Tonkin, rapportée par moi à Zrionyx stellatus Geoff. (2). (1) Bulletin scientifique de la France et de lu Belgique, dirigé par A. Giard, 1896, t. XXVIIT, p. 279. j (2) L'espèce de Trionyx du Haut-Tonkin que je rapporte à T. stellatus est une Tortue d’eau dont la carapace, arrondie-ovalaire, peut atteindre 30 à 40 centimètres dans son plus grand diamètre. De couleur grisâtre, elle est aplatie et de consistance demi-molle ; elle peut abriter complètement toutes les parties du corps de l'animal, principalement le cou très Ieng et protrac- tile. Sa tête se termine par une petite trompe spatulée. Ses pattes sont net- MA dE Dpt! TS 1 RE. 258 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M. le D' Simond a certainement rencontré cette Tortue d’eau dans la rivière de Long-Tchéou, lorsqu'il fétait médecin du consulat français de cette ville chinoise de la frontière et que je me trouvais être, non loin de là, en territoire tonkinois,fà Cao-Bang, localité arrosée par le même cours d’eau. Il pourra ainsi comparer cette espèce avec celle ‘42 il a vue à Agra. Quant à l'hématozoaire que j'ai ‘observé, je ne puis mieux faire que d’en tracer de nouveau la description que j'en ai déjà donnée, avec son croquis. Cet hématozoaire est si fréquent et si abondant que je l'ai trouvé ue fois sur cinq Tortues examinées, et, chaque fois, l’in- fection s’y montrait dans la proportion de 1 sur 10 à 15 globules. Je le considérais alors comme analogue à ceux que Danilewsky a décrits dans le sang des Tortues d'Europe. Mais, en comparant le croquis Hématozoaire de Trionyt slellatus. Stades successifs de la forme jeune arrondie ovalaire (1, 2, 3), à la forme gréga- rinienne (4, 5) et finalement à la forme réniforme (7, 8) et au cylocyste (9, 10). (Oculaire n° 2, objectif no 12 à immersion homogène Vérick.) ci-joint, d'après des exemplaires de Cao-Bang, avec ceux des hémato- zoaires des Tortues décrits jusqu'ici, et en particulier avec ceux d'Hemogregarina Stepanovi, dont M. Laveran a donné, ici même, une description si exacte et si détaillée (1), il est inadmissible d'identifier le parasite des Trionyx du Tonkin avec ceux des Tortues d'Europe. Le parasite, d'abord très petit et arrondi, puis ovalaire (1, 2,3), prend ensuite la forme de gourde (4), que le D' Simond signale comme un des premiers stades du développement de ses deux formes pigmentées. On a ensuite la forme hémogrégarinienne très nette, à grosse extrémité renflée et à extrémité effilée repliée contre la première (5). À ce moment, tement palmées et munies de trois ongles acérés, qui aident l'animal à se: creuser de vastes galeries sous les berges vaseuses, au moment de la ponte. (4) Contribution à l'étude de Hemogregarina Stepanovi (Danilewsky)}, Comptes rendus de la Société de Biologie, séances des 1°r et 8 octobre 1898. SÉANCE DU 9 MARS 259 le parasite, en se développant, refoule peu à peu le noyau de l’hématie à la périphérie. Celle-ci se déforme insensiblement et finit par se désa- gréger complètement lorsque le parasite a atteint la forme réniforme adulte /7) et va se transformer en cylocysle (8). On peut alors rencontrer, à l’état libre dans le sérum du sang de la grande circulation (1), ces cytocystes à tous les stades de la segmentation, et finalement presque entièrement désagrégés en nombreux sporozoiles, qui iront infecter d'autres globules (9, 40). Si je n'ai pas été assez heureux pour constater la présence du pigment mélanique, comme l’a découvert le D' Simond, je ne puis toutefois m'empêcher de remarquer l’analogie extrême entre la forme adulte dessinée plus haut, et celle du parasite du D' Simond, dont elle pré- sente les contours réniformes, surlout ceux plus réguliers et presque arrondis de sa deuxième forme. J'ajoute en outre que notre parasite (ce qui complète la ressemblance) se colorait à peine par le bleu de méthylène, au point de trancher très nettement, par ce défaut de colo- ration, sur la leinte rose des globules colorés par l'éosine. Enfin, on peut remarquer en b, un globule renfermant, accouplées, une forme grégarinienne et une forme réniforme. Or, on ne saurait admettre qu'il y ait là deux espèces distinctes. Il s’agit bien plutôt, comme le pense le D' Simond, de « deux chaînons » d’un même cycle évolutif, qui retieraient ainsi la forme grégarinienne aux autres formes. En publiant cette note, je n’ai pas eu d’autre but que de permettre à mon ancien et excellent ami, M. le D' Simond, de rapprocher mon parasite du sien, et de l’aider à les identifier si possible. SUR LA STRUCTURE DES NÉPHRIDIES DES VERS DE TERRE, par M. S. Mazrarskt (de Cracovie). Avant d'entreprendre l’étude cytologique des organes segmentaires dés Vers de terre, il nous a semblé utile, afin de pouvoir nous rendre compte de leur structure fine, d'étudier tout d’abord leur anatomie etleur histologie. L'étude des coupes en série nous a montré quelques nouveaux faits dans la structure anatomique et histologique des néphridies. Les néphridies des Vers de terre sont composées, chez les adultes, de deux parties principales qui diffèrent beaucoup dans leur structure histologique. Comme l'ont montré les travaux physiologiques sur ce (4) Jusqu'ici, et pour H. Stepanovi tout au moins, on n'avait encore observé la reproduction endogène que dans la moelle osseuse (Danilevsky) ou dans le foie (Laveran). vo PA] FR RUA ONE E i ! + EPA (if) FIRE Ste) 260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sujet, la première partie du canal néphridien remplitles fonctions excré- trices; l’autre représente un récipient, une vessie, qui sert pour retenir quelque temps les produits excrétés et pour les vider ensuite à l'exté- rieur. Cette dernière partie montre beaucoup d’analogie avec la vessie des animaux supérieurs; c’est pourquoi nous adoptons une division de l'organe segmentaire un peu différente de celle admise par les auteurs précédents : la première partie, comprise entre l’entonnoir et le point où le canal se réunit avec le tube terminal, sera considérée comme une glande, un rein très primitif; l’autre sera considérée comme une vessie. Cette division, semble-t-il, répond mieux aux exigences scienti- fiques, au développement et à la fonction physiologique des néphridies. La partie glandulaire des organes segmentaires représente un long canal; sa disposition et sa forme sont bien décrites et dessinées dans le dernier travail de Benham. Le canai, dans tout son parcours, est intra- cellulaire ; il est creusé dans les cellules, qui prennent la forme de cylindres plus ou moins longs, plus ou moins réguliers. Jamais nous n'avons aperçu dans les coupes transversales de limites cellulaires, tan- dis que les coupes longitudinales nous ont montré très nettement la composition des tubes par des cellules allongées, assez bien limitées, souvent avec des « Kittleisten » bien distinctes. La partie glandulaire des néphridies a été divisée, plus au point de vue descriptif qu'au point de vue histologique, en trois parties diffé- rentes; on distingue une partie étroite, une moyenne et une large, dénominations qui ne donnent presque aucune idée de leur structure, car les différences de largeur du tube ne sont ni grandes ni importantess Il faudrait les chercher dans les modificalions de structure du proto- plasma cellulaire. Les cils aussi que nous trouvons dans quelques par- ties bien limitées, ne sont pas un signe caractéristique; on peut les trouver également dans les autres parties du canal, quoique leür pré- sence n'y soit pas fréquente. | Le canal néphridien commenceavec l’entonnoir, qui a été longuement décrit par Benham, et débouche de l’autre côté du dissépiment dans la cavité cœlomique. Tout le canal, depuis le pavillon cilié jusqu'au point où il finit en communiquant avec la vessie terminale, possède sur sa surface interne des brosses, plus ou moins serrées, plus ou moins grandes, qui dans quelques parties du canal sont remplacées en deux ou trois endroits de la surface cel- lulaire par des touffes de cils longs et délicats, dont le mouvement est dirigé vers le tube terminal. La paroi du canal néphridien présente beaucoup de différences suivant les régions, très mince dans les tubes nommés étroits qui s’enroulent autour des tubes larges, plus épaisse dans les autres parties de l'organe segmentaire. La paroi est toujours bien séparée du tissu con- jonctif qui, sous forme de cellules conjonctives, enveloppe les parties glan- dulaires. La lumière des tubes change aussi dans les différentes parties. Nous la \ SÉANCE DU 9 MARS | 261 trouvons le plus large dans une partie élargie, nommée ampulla, qui montre un processüs particulier de la sécrétion cellulaire. Benham avait déjà annoncé ce fait, mais d’une facon qui ne répond pas à la réalité. Les cellules présentent une structure réticulée du protoplasma et sont couvertes par une bordure de bâtonnets, rangés perpendiculairement à la surface cellulaire. Ces bâtonnets, petits, minces, se montrent très souvent composés de deux ou trois petits grains, unis ensemble; il ressemblent beaucoup à des bactéries. Nous ne savons s'ils sont vraiment desbactéries, s'ils sont expulsés du corps de l'animal par les tubes néphridiens, s’il y a là une sorte de symbiose plutôt qu’un réel parasitisme, enfin si nous avons ici affaire à une sécrétion particulière. Ce sont des faits qu'expliqueront nos études prochaines. La partie de ce canal où nous trouvons une bordure de grains ou de bâtonnets est bien limitée. Plus loin le protoplasma cellulaire a une structure presque identique; il devient ensuite un peu plus granuleux, pour prendre dans une région plus éloignée un aspect tout à fait particulier. Dans la partie basale des cellules de cette dernière région, nous avons trouvé des bâtonnets très fortement développés, qui se colorent très nettement avec l'hématoxyline ferrique, et qui se montrent souvent composés par de petits grains, disposés bout à bout. Le protoplasma de ce canal montre beaucoup de modifications; il faut lui sup- poser une fonction sécrétoire. Ge tube à bâtonnets est le dernier du canal néphridien, il s'unit avec la vessie. Celle-ci montre une structure histologique bien différente de celle des parties précédentes. Le canal est tapissé par un plus grand nombre de cellules, entre lesquelles il manque de limites bien marquées. Au-dessous 1l y à une couche de muscles; de leur état fonctionnel dépend la largeur et la forme du tnbe ; c’est pourquoi la lumière est toujours irrégulière. L'union du tube à bâtonnets avec la vessie terminale se fait d’une facon très particulière. Il n’y a pas d'union directe, comme cela se passe entre deux canaux quelconques, mais une pénétration du canal à bâtonnets, par conséquent de la partie glandulaire de la néphridie, dans la vessie. C’est une pénétration in- tracellulaire. Le tube à bâtonnets parcourt un trajet assez long dans la couche protoplasmique de la vessie ; sa paroi se distingue bien de cette dernière ; lentement la lumière diminue, sa paroi devient de plus en plus mince, enfin elle finit par une gouttière qui s'ouvre à la surface interne de la vessie. Cette réunion des deux parties des canaux néphridiens ressemble beaucoup au mode de communication des uretères avec la vessie chez les animaux supérieurs; ce fait nous a amené à adopter une autre division des parties qui constituent les organes segmentaires. Cette pénétration montre qu'il existe entrefces deux parties une différence non seulement fonctionnelle, mais probablement originelle, car ce fait permet de supposer qu'une pénétration comme celle-ci n’est possible qu'entre deux canaux d'origine différente. Pour élucider cette question il faudrait encore une fois étudier le développement des organes segmentaires, car les auteurs qui l'ont étudié ne sont pas d'accord. Pour Kovalewsky, Vejdowsky et les autres, les néphridies se développent aux dépens de deux tissus différents, du 262 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mésoblaste, qui donne naissance à la partie glandulaire, et d’une inva- gination ectodermique, qui représente le futur canal terminal; Bergh et d’autres, au contraire, acceptent pour toute la néphridie une origine unique, mésoblastique. Pour expliquer le fait que nous avons observé, nous pourrions avoir recours à l'interprétation des: premiers auteurs. Nous espérons revenir dans peu de temps sur cette question ainsi que sur les autres signalées ci-dessus. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Nancy.) LES GLOBULES BLANCS DANS L’ABCÉS DYSENTÉRIQUE DU FOIE, par M. Rispar (de Toulouse.) Les récentes communications de M. Boiïnet et de M. Maurel sur l'hyperleucocytose qui accompagne l’abcès dysentérique du foie et sur la valeur séméiologique de l'examen du sang comme élément de dia- gnostic dans cette affection, nous amènent à faire connaître le résultat de nos recherches sur ce point. Ayant eu l'occasion dans ces derniers temps de pratiquer la numéra- tion des globules blancs et de déterminer le pourcentage des diverses variétés de leucocytes chez trois malades atteints d'abcès dysentériques du foie, opérés à l'Hôtel-Dieu de Toulouse, nous avons chcent les résul- tats suivants. Chez le premier sujet la formule hémoleucocytaire était : ‘+ Globules roues Ne EP SEE QE 000 Peucocytes 1% ER tee NU 12.000 Polynucléaires neutrophiles EG De MA AE 62 p.100 Polynucléaires éosinophiles. . . . . ARR Grands mononucléaires et formées inter- ID ÉTTAITES ANT RE AAA ENRE SES ANNE ARS Do — Ypo Y LES MENRRARESSNTANEr eR Te E 30 — Dans le deuxième cas on trouvait : Glohulesiroudse RM Sr SO 00POUU PÉDCUCMNIES NP AE Tee ŒAe 15.000 Polynucléaires neutrophiles HONTE 12 p. 400. Polynucléaires éosinophiles. . . . . . . 2 — Grandsmononueléaires, OR MEME 4 — DO CNE SPP AS SE UE AN Chez le troisième malade on rencontrait : Globules rouges 0 HAT Eee 0302000 Leucocytes Re 2 A 6°225 Polynucléaires neutrophiles RE ee 65 p. 100. Polynucléaires éosinophiles . . . . . . bn Grands mononuéléaires . . , . Un. HAE LYimphocytes NE ete D At 26m) SÉANCE DU 9 MARS 263 Dans les deux premières observalions on constate une leucocytose légère, et dans la troisième le nombre des globules blancs ne dépasse pas la normale ; en ce qui concerne le pourcentage des différentes variétés de leucocytes on voit que les chiffres obtenus ne s’éloignent pas sensiblement de l’état physiologique. Il ne semble pas, par conséquent, que l'hyperleucocytose doive être considérée comme un phénomène constant dans l’abcès dysentérique du foie, de même qu'il n'existe pas de modification notable de la formule hémoleucocytaire. La conclusion pratique qui découle de ces faits est que l'examen du sang ne fournit pas pour le diagnostic différentiel des abcès du foie, des résultats aussi importants que ceux qu'on a voulu lui attribuer. LA PHOTOGRAPHIE DE L'INVISIBLE. RÉPONSE À M. LEBON, par M. R. DuBors. M. Lebon na pas compris. La photographie obtenue avec un poisson de mer mort, même quand celui-ci n’est pas lumineux pour notre œil, ne prouve pas qu'il rayonne de la prétendue lumière noire de M. Lebon, au contraire. Très rapidement après la mort, les poissons de mer dégagent de la lumière produite par les photobactériacées. La quantité en est trop faible, au début, pour impressionner notre œil, mais elle estsuffisante, cependant, pour agir sur une plaque photographique. Ce cas rentre dans l’ensemble de ceux que l’on a groupés sous le titre de photographies de l’invisible et qui ont été surtout bien étudiés, dans l’ordre physique, par M. Zenger. La lumière produite par les êtres vivants n'est pas de la phosphorescence. M. Lebon confond beaucoup de choses distinctes et la lecture de ses écrits montre nettement qu'il ne connait pas les questions de la biophotogenèse, que j'étudie depuis des années. Les attaques de M. Lebon contre le « livre de M. R. Dubois », ne sau- raient avoir la moindre portée et j'ai eu tort de leur accorder un instant d'attention. M. Lebon trouve « mon livre » banal. Ce qui ne l’est pas à coup sûr, c’est de voir prononcer cette sentence par un homme notoire- ment étranger aux sciences biologiques et, par conséquent, complète- ment incompétent. 264 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA VALEUR DE LA CHROMATINE NUCLÉAIRE COMME SUBSTRATUM DE L'HÉRÉDITÉ, par M. GusTAvE LoIsEL. Dans une note présentée à la Société de Biologie (1), par M. le pro- fesseur Renaut, M. Regaud montre que la chromatine nucléaire subit des modifications considérables dans le cours de la spermatogenèse. Il constate que cette chromatine se transforme qualitativement et quan- titativement en passant des spermatogonies aux spermatocytes de premier ordre, de ceux-ci aux spermatocytes de deuxième ordre, enfin, de ces derniers aux spermatides. Nous avons également observé des modifications semblables chez le moineau, non seulement dans le cours de l’évolution séminale, mais encore dans le passage de la spermatide au spermatozoïde. Dans une pièce fixée, par exemple, au sublimé (liquide de Lenhossek) et colorée par le magenta indigo (Padwizowski), on remarque que la chromatine se colore en rouge violacé dans la spermatide, en ocre dans le sper- matosome, et en jaune chrome dans le spermatozoïde. Mais toutes ces constatations ne permettent pas de dire que la chro- matine ne doit plus être considérée comme le substratum de l’hérédité. Les « variations de chimisme » que les noyaux spermatiques subissent certainement dans le cours de la spermatogenèse ne sont que les diffé- rentes phases de l'élaboration de la chromatine finale (celle du spermas, tozoïde) qui intervient, seule, au moment de la fécondation. Du reste, des modifications chromatiques semblables avaient déjà été constatées, dès 1879, par Balbiani, chez les poissons, et, depuis, un grand nombre d'auteurs ont étendu les mêmes faits, non seulement aux spermatozoïdes d'autres animaux, maïs encore au noyau de l'œuf. Jusqu'à présent, toutes ces observations ne peuvent être que classées pour le jour où l’on saura réellement à quel chimisme correspondent ces différentes colorations. Au contraire, en ce qui concerne les variations quantitatives de la chromatine mâle après la phase de réduction nucléaire, les observa- tions des auteurs sont beaucoup moins nombreuses. Chez le moineau, il est manifeste cependant que la quantité de chro- matine va en augmentant dans le cours de la transformation de la sper- matide en spermatozoïde. Et il paraît non moins certain que la quan- tité totale de chromatine: contenue dans la tête du spermatozoïde dépasse la quantité contenue dans le noyau des spermatocytes de deuxième ordre. (1) CI. Regaud. Variations de la chromatine nucléaire au cours de la sper- matogenèse, séance du 2 mars 1901. SÉANCE DU 9 MARS LO [(e») (Sr Mais là encore, cette constatation ne démontre nullement que la chromatine ne soit pas le substratum de l'hérédité. Elle va seulement à l'encontre des idées de Weismann sur l’'équivalence absolue entre les quantités de chromatine mâle et femelle au moment de la fécondation. PRÉSENCE DE DEUX TRICHOCÉPHALES DANS L'APPENDICE ILÉO-CÆCAL, par M. J. Girarn. La présence de trichocéphales dans l’appendice n'a été signalée qu'exceptionnellement. Guinard récemment (Société de chirurgie, 1 no- vembre 1900) en a rapporté un cas qu'il considére comme le premier, à part un cas de Malpighi ayant trait à une autopsie. Il s'agissait d’une femme ayant eu plusieurs crises d’appendicite. A l'opération on trouva un appendice très malade et contenant un trichocéphale mâle. Il nous a été donné d'en observer un cas intéressant que nous croyons devoir rapporter : Une fillette de huit ans, convalescente de fièvre typhoïde et apyrétique depuis quinze jours, entre au pavillon de la diphtérie, à l'hôpital des Enfants-Malades ; elle présente une angine légère et une vulvite assez intense, qui serait apparue dans le décours de sa fièvre typhoïde. Quatorze jours après, alors que l’angine était guérie, la fièvre s'élève, le pouls devient rapide et l'enfant accuse des douleurs abdo- minales vives, particulièrement du côté gauche. En même temps on constate une recrudescence de la vulvite. Les jours suivants la tempé- rature s'élève à 40 dégrés, le pouls est filiforme, à 130. Les vomis- sements apparaissent, le facies est grippé, les douleurs abdominales sont très violentes, prédominant toujours à gauche, et à ce niveau la pression arrache des cris à l'enfant; la défense musculaire est très marquée. Pas de constipation; écoulement vaginal très abondant. Les symptômes ne faisant que s’aggraver, l'enfant est opérée d'urgence. La laparotomie médiane sous-ombilicale est pratiquée et l’on trouve un liquide séro-purulent dans la cavité péritonéale; les anses intesti- nales sont fortement vascularisées, il existe à leur surface quelques fausses membranes fibrineuses. Une nouvelle incision est pratiquée dans la fosse iliaque droite : l’appendice est réséqué. La trompe droite paraît un peu tuméfiée, congestionnée. Les suites pAiome furent simples et l'enfant sortit définitivement guérie. L'appendice iléo-cæcal, qui paraissait à l'œil nu absolument sain, fut fixé en masse dans le sublimé. En le débitant en tranches pour l’in- clusion, nous avons constaté que sa cavité, libre dans sa partie supérieure, élait obstruée dans sa partie inférieure par deux corps arrondis, accolés en canons de fusil. Au microscope, on trouve dans 266 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la lumière de l'organe deux figures arrondies représentant nettement la coupe transversale de deux vers; sur quelques préparations il existe également des œufs à divers degrés de leur évolution; enfin, dans l'épaisseur même de la muqueuse on observe un corps arrondi représentant également la coupe d’un parasite. M. Raïlliet a bien voulu examiner nos préparations et a eu l’obligeance de nous remettre la note suivante : « La coupe comprend deux exemplaires de trichocephalus hominis (un mâle et une femelle) coupés dans la zone postérieure ou génitale du corps, plus une coupe de l'extrémité antérieure ou œsopha- gienne de l’un des deux. Cette dernière est même très instructive en ce sens qu'elle tranche la question encore discutée de savoir si les tricho- céphales introduisent ou non leur extrémité antérieure dans la mu- queuse. On voit ici que l’extrémilé antérieure est dans l'épaisseur même de la muqueuse. » L'appendice est d’ailleurs absolument sain; on trouve seulement autour de l'extrémité implantée dans la mu- queuse un foyer de leucocytes polynucléaires. En résumé cette obser- vation nous paraît intéressante à plusieurs titres : 1° Malgré l'absence d'examen bactériologique, l'intégrité de l'appen- dice, la recrudescence de la vulvite au moment de l'apparition des accidents, nous paraissent indiquer l'origine génitale et vraisembla- blement blennorrhagique de la péritonite ; les observations de péritonite biennorrhagique chez les enfants sont jusqu'ici fort rares. 2° Nos coupes montrent nettement la pénétration du trichocéphale dans la muqueuse de l’appendice; si dans notre cas il n’en est pas résulté de désordres graves, on conçoit que ce corps étranger, toujours plus ou moins septique étant donné le milieu d’où il vient, puisse causer des ” accidents Sérieux. L'absence de lésions étendues dans notre obser- valion est peut-être due à la faible virulence des germes contenus dans l’appendice, malgré l’obstruction de sa lumière. 5 LÉSION DE LA MOELLE DANS UN CAS DE MÉNINGO-MYÉLITE EXPÉRIMENTALE CHEZ UN CHAT, par MM. L. Marcuan» et CL. Vurpas. Dans une série d'expériences entreprises pour étudier les réactions des différents éléments du système nerveux aux infections, nous avons cherché à provoquer, chez trois chats adultes, des myélites expérimen- tales par l'injection, dans le canal rachidien, de cultures de strepto- coques. Les résultats étant restés négatifs, une trépanation rachi- dienne fut pratiquée sur l’un d’eux au niveau de la région dorso-lombaire sans aucune précaution antiseptique. La plaie avait été simplement SÉANCE DU 9 MARS 267 recouverte d'un pansement collodionné. Après l'opération, l'animal pou- vait encore se servir de ses membres, grimper après les arbres; on remarquait simplement un peu de parésie du train postérieur du eôté gauche. Le lendemain, la paralysie s’accentuait et l’animal ne pouvait plus se servir de ses membres postérieurs. La sensibilité paraissait intacte. Quatre jours après le début de l'infection, l'animal mourait, les troubles paralytiques étant restés les mêmes. A l’autopsie, la moelle sur toute sa hauteur est entourée d’un pus brunâtre qui lui forme un véritable manchon. Elle ne présente aucune lésion traumatique. Rien du côté des viscères; on remarque seule- ment une distension très marquée de la vessie, qui contient environ 320 grammes d'urine. Les méthodes employées pour l'examen histologique sont les sui- vantes : coloration au picro-carmin, à l'hématoxyline de Delafield : méthodes électives de Nissl, de Weigert-Pal, de Weigert pour la névro- glie, méthode de Marchi. Les méninges ne présentent que peu de lésions. Par places elles sont: ‘épaissies, on y remarque quelques noyaux embryonnaires se colorant fortement par l'hématoxyline ; sur la face externe de la pie-mère on trouve des agglomérations de globules de pus. | Les vaisseaux sont le siège d'une diapédèse active, surtout dans la substance grise ; ils sont épaissis, dilatés, et le manchon de globules blancs qui les entoure les fait paraître plus nombreux que normalement. Les cellules des cornes antérieures sur toute la hauteur de la moelle, mais principalement à la région lombaire, sont le siège de lésions très manifestes. Elles sont boursouflées, arrondies, et ont perdu en partie leur forme étoilée. Les bords sont peu nets, les prolongements peu riches en granulations chromophiles, et le corps cellulaire est par endroit échancré par des corpuscules arrondis qui sont des globules blancs. Les chromophiles ont disparu et sont remplacés par une fine poussière disséminée dans le corps cellulaire. Cette apparence se retrouve à la périphérie comme au centre de la cellule. Une autre lésion très remarquable consiste en des fissures en coup d'ongle qui restent transparentes quelle que soit la coloration employée : Nissl, hématoxy- line ou picro-carmin. Ces fissures siègent surtout à la périphérie du corps cellulaire et par endroit occupent une partie assez considérable de la cellule en s’entre-croisant irrégulièrement. Dans quelques cellules on trouve en plus des lacunes arrondies non colorées. Fissures et lacunes ne se colorent pas par l’acide osmique. Les noyaux des cellules ner- veuses paraissent peu touchés. Ils ont conservé leur posilion centrale : et restent incolores par la méthode de Nissl. On trouve disséminées à leur intérieur de très fines granulations qui ne sont apparentes qu'à de forts grossissements. Le nucléole est bien coloré et a conservé sa position normale. 268 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - La méthode de Weiïigert-Pal ne nous a montré aucune lésion des tubes à myéline. La méthode de Marchi, capable de déceler les dégéné- rescences récentes, nous a permis de constater des lésions accentuées des tubes nerveux dans toute la périphérie de la moelle, parties plus intimement en contact avec les méninges altérées; plus profondément cependant on remarque quelques tubes épars altérés. La méthode de Weigert pour la névroglie, qui d'habitude ne donne que de mauvais résultats chez les animaux, nous a permis cependant d'obtenir dans le cas qui nous occupe une excellente coloration de ce tissu. Ce résultat nous a permis de juger dans quelle mesure la névro- glie réagit aux affections aiguës. En effet, nous n’avons pu relever à la périphérie de la moelle, où les tubes à myéline sont fortement touchés, ainsi que dans la substance grise des cornes anlérieures où les cellules sont elles-mêmes très altérées, aucune prolifération névroglique soit de fibrilles, soit de noyaux. Autour des cellules nerveuses, les fibrilles sont restées extrêmement délicates et fines. Elles semblent ne présenter aucun rapport avec les noyaux névrogliques, aspect que la méthode de Weigert donne de la névroglie à l’état normal ; aucun corps cellulaire névroglique n’est coloré, et il nous a élé impossible de trouver de grosses cellules névrogliques comme on en trouve généralement dans les lésions chroniques. Dans aucune coupe, nous n’avons pu trouver de microbes. En résumé, ce cas nous a paru intéressant parce qu'il montre, du moins avec les colorations actuelles du système nerveux, que le tissu de soutien est moins sensible aux infections que la cellule nerveuse, élément qui semble touché Je premier dans les cas aigus. Si les tubes Fi à myéline présentent quelques altérations, remarquons que celles-ci sont régulièrement périphériques, en rapport avec la méningite et non avec les lésions des cellules motrices. ; « (Travail du laboratoire de psychologie expérimentale de Pécole des Hautes-Études, asile de Villejuif.) SUR UN CAS DE RÉGÉNÉRATION DE LA PARTIE ANTÉRIEURE DU CORPS ET DE LA TROMPE CHEZ UN SYLLIDIEN, par M. FÉcx MEsnir. On sait que toutes les annélides sont capables de régénérer l'extré- mité postérieure et même l'extrémité antérieure du corps. Cette faculté de régénération est même poussée à un tel degré chez certains Polychètes qu'un fragment d'un petit nombre d’anneaux (5-6) de la région moyenne du corps est capable de régénérer une tête et une queue. J'ai eu l’occa- SÉANCE DU 9 MARS 269 sion de l'observer maintes fois chez des Polychètes à vie sédentaire, et en particulier chez Polydora flava Clpde et Heterocirrus viridis Lnghs. Le cas de régénération, avec hété romorphose, que nous avons publié, Caillery et moi, en 1897, dans le Zoologischer Anzeiger, rentre dans cette catégorie. _ Cette même faculté de régénération a été constatée chez les anné- lides rapaces. Mais ici une autre question se pose. Ces annélides ont un appareil digestif dont la partie antérieure est hautement différenciée. Y a-t-il régénération complète de cette région? Chez les Syllidiens, on sait que les stolons n’acquièrent jamais un tube digestif différencié en avant; et, dans tous les cas de régénération de la partie antérieure du corps, à la suite d’amputation accidentelle, on n’a rien noté de sem- blable. Cependant, de Saint-Joseph regarde cette réintégration comme possible; en revanche, Malaquin pense que la trompe « est incapable d’être régénérée par l'animal mutilé ». J'ai eu sous les yeux, en septembre dernier, une Syllis gracilis Grube dont un fragment de la partie moyenne du corps, composé de huit sétigères, avait régénéré une partie antérieure et une partie postérieure (1). La région ancienne, large de 0250, n’a que des soies simples ypsiliformes caractéristi- ques de Syllis gracilis (ce qui indique que le fragment a été détaché d’une Syllis gracilis après le 25° sétigère). La région postérieure, de nouvelle forma- tion, comprend huit sétigères ; elle porte deux cirres anaux annelés bien déve- loppés et un cirre impair médian; sa largeur est de 020 dans la partie qu avoisine le tronçon ancien. La nouvelle région antérieure, également de 0®®20 de large, se compose d’un prostomium bien développé avec quatre yeux munis de cristallins, et tous les appendices d’un individu normal, d’un métastomium comprenant quatorze sétigères et, juste en avant du premier segment du tronçon ancien, une zone assez longue, où les segments ne sont pas encore reconnaissables. Les deux régions nouvelles ont des soies composées à toutes les rames, comme c’est d’ailleurs le cas pour les régions antérieure et postérieure d’une Syllis gracilis normale; notons cependant qu'à la région antérieure, il existe, aux sétigères, à partir du septième, une soie simple légèrement courbée et bifide à l'extrémité, que nous n'avons jamais observée dans cette région du corps chez les Syllis gracilis non régénérées. Cette nouvelle région antérieure renferme une trompe avec toutes ses parties typiques : 1° dans les anneaux sétigères 1 et 2, un pharynx por- tant en avant une dent conique très pointue (ce qui indique qu'elle a peu ou pas servi); 2° dans les sétigères 3, 4 et 5, un proventricule avec une quarantaine de rangées transversales musculaires. (1) L’exemplaire régénéré de Syllis gracilis décrit par de Saint-Joseph (Ann. Sc. nat., Zool., 7° série, t. XX, 1895, p. 191) était dans le même cas: mais la ton dat beaucoup moins avancée que dans mon exemplaire. BioLoGie. Comptes RENDUS. — 1901. T, LIII. 99 A 270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette observation met donc hors de doute la possibilité de la régé- nération complète de la trompe chez les Syllidiens. Il doit en être de même chez les autres familles d'annélides rapaces (1). VIVIPARITÉ ET PARTHÉNOGENÈSE CHEZ LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES, par M. Fécix MEsni. En 1898 (2), nous avons fait connaître, Caullery et moi, un exemple de viviparité chez une Annélide polychète de la famille des Cirratuliens, Dodecaceria concharum OErsted, et nous avons prouvé que cette viviparité est liée à la parthénogenèse. À propos de notre observation, nous ayons recherché les cas de viviparité connus chez les Annélides polychètes. Nous les avons divisés en deux catégories : | 1° Ceux des Néréidiens et des Serpuliens où la viviparité semble liée à l'hermaphrodisme et paraît occasionnelle plutôt que nécessaire. 2 Ceux de Syllis vivipara (Krohn), S. incisa (Levinsen) et Cirratulus chrysoderma (Claparède et Metchnikoff). Nous avons émis l'hypothèse que ces cas sont tout à fait comparables à celui de Dodecaceria : « La viviparité est le cas normal, probablement même nécessaire »;... « la viviparité est probablement associée là aussi à de la parthéno- genèse. » Malheureusement, pour ce qui regarde les Syllidiens, la description de Levinsen estirès sommaire et l'observation de Krohn, déjà ancienne* avait été mise en doute surtout à la suite de la découverte de de Saint- Joseph d'Euniciens, parasites de la cavité générale de Syllidiens. _ Or, Goodrich (3), à Napies, vient de trouver un Syllidien vivipare qu'il assimile, avec quelques réserves, à l’espèce de Krohn. Bien que l’auteur ne conclue pas formellement à la parthénogenèse, il me semble résulter nettement de ses observations que c'est la seule hypothèse possible : les vingt exemplaires examinés avaient tous des œufs ou des (1) Sur une autre Syllis gracilis de grande taille, les parpodes du 6° séti- gère, de chaque côté, étaient très peu développés (petit cirr dorsal non annelé, soies composées courtes et d’un faible diamètre); ceux du 5° sétigère étaient intermédiaires, comme développement, entre ceux du 6° et ceux des autres anneaux (4°, 7, etc.). Sauf ces particularités, l'Annélide était normale. S'agit-il d'un bourgeonnement intercalaire? (voir Oka, Zool. Anzeiger, 1895, pour Syllis ramosa, et Joest, Archiv f. Entwick. mek., V, 1897, pl. VII, fig. 48 pour Allolobophora fœtida). (2) Société de Biologie, 1°* octobre et Ann. Univ. Lyon, fasc. XXXIX. (3) Goodrich, Observations on Syllis vivipara, Krohn, Linnean Society's Journal, Zoology, vol. XX VIII, 1900. SÉANCE DU 9 MARS 271 embryons à des états variés de développement; il n’a vu ni mâles, ni la moindre trace de spermatogenèse chez les femelles. J'émets donc de nouveau, et avec plus de force qu'en 4898, l’hypo- thèse que, chez les Annélides polychètes, comme dans un certain nombre d’autres groupes du règne animal, la parthénogenèse est liée à la viviparité. Les Annélides à développement vivipare et parthénogénétique sont évidemment fort rares, puisqu'on n’en connait encore que quatre cas; ils sont pour ainsi dire sporadiques dans le groupe. Il est donc permis de supposer que la cause première du phénomène ne s’est pas encore effacée ; et il me semble qu'il n’est pas trop téméraire de la chercher dans des actions physico-chimiques analogues à celles que Lœb (1) a montrées capables de provoquer le développement parthénogénétique des œufs de Chétoptère. Il a mis nettement en évidence l'influence spécifique du potassium ou, si l'on veut, de l’ion-K ; et il est amené à conclure que si l’eau de mer était un peu plus riche en K, la parthéno- genèse des œufs de Chétoptère serait normale. Peut-être, dans les cas cités de viviparité parthénogénétique, le liquide cœlomique de l’Annélide renferme-t-il ce quelque chose en plus nécessaire au déve- loppement parthénogénétique de certains œufs? Une étude des condi- tions de la parthénogenèse artificielle des œufs des Cirratuliens et des Syllidiens serait sans doute instructive à cet égard. REMARQUES SUR LES POLYCHÈTES D'EAU DOUCE, A PROPOS DES FORMES NOUVELLES DU LAC BAïKAL, par M. Félix MEsnis. Les Annélides polychètes sont essentiellement marines. Il y a pour- tant quelques exceptions à cette règle générale. On a déjà signalé un certain nombre de formes saumätres. L'exemple le plus connu est celui de la Vereis diversicolor qu'on trouve à l'embouchure des rivières, dans une eau saumâtre, et qu'on rencontre également dans les marais salants. Il y en a qui remontent encore plus haut et on a trouvé des Néréidiens dans les cours d’eau de la Trinité et dans un lac de Mingrélie; à la Tri- nité, on a également trouvé une Lumbriconereis (vide Benham, Polychaeta, in The Cambridge Natural History, NX, 1897). Il y à aussi des Annélides Polychètes sédentaires complètement d’eau douce. Leidy (2) a fail connaître la première en 1858 sous le nom de Manayunkia speciosa; elle habite la rivière Schuylkill à Fairmont (État (1) J. Loœb. American Journal of Physiology, t. IV, janvier 1901. (2) Leidy. Proceed. Ac. Nat. Sc. of Philadelphia, 1858 et 1884 (pour 1883). 070) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de Philadelphia). Giard, en 1893 (1), a signalé, sous le nom de Coabangia Billeti. une forme très curieuse découverte par le D A. Billet, creusant son tube dans la columelle des Melania des rivières du Haut-Tonkin. Le D:' Jozef Nusbaum (2), qui paraît ignorer cette bibliographie, vient de signaler dans le lac Baïkal, dont la faune est si intéressante à divers points de vue et en particulier à celui de son origine marine récente, deux nouvelles Annélides polychètes d’eau douce, pour lesquelles il crée le genre Dybowscella. Les trois genres Manayunhia, Caobangia et Dybowscella sont tous des Sabelliens. Le premier el le troisième sont des Sabelliens typiques. Le deuxième, au contraire, est une forme très intéressante en ce qu'elle constitue un sabellien assez aberrant par son habitat, par ce fait que l'animal vit replié sur lui-même (l'anus est au voisinage de la bouche), et par un certain nombre de caractères morphologiques tirés de la distri- bution des soies et de la forme de celles du premier sétigère. Manayunkia et Dybowscella sont très voisins. Comme l’a très bien fait remarquer leidy,le sabellien marin le plus voisin de Wanayunhia est . Fabricia. _ En 1883 (3), Bourne a fait connaître un autre sabellien encore plus voisin de Manayunkia, Haplobranchus ; or, il est intéressant de remarquer que la seule espèce connue de ce dernier genre habite les estuaires. Au point de vue de l'habitat, il est donc intermédiaire entre Manayunkia et Fabricia. Les quatre genres que je viens de nommer ont, au thorax, ventralement des crochets tous bâtis sur le même type : ils sont à long manubrium et l'S se termine par une forte dent souvent accompagnée au vertex de petites dents secondaires. Au point de vue des crochets abdominaux (rame dorsale), on a une série continue depuis une plaque onciale dépourvue de tige, du type serpulien (Oria), jusqu'à un crochet à long manubrium et peigne antérieur latéral (ce, peigne est l'équivalent de la plaque onciale d'Oria), comme il en existe chez Haplobranchus et Dybowscella; les plaques onciales de Manayunkia et Fabricia, à courte tige, constituent des types intermédiaires (4). Tous ces types ont trois sétigères abdominaux et tous (sauf Dybowscella Godlewskii qui constituerait une exception imprévue) huit sétigères lhora- ciques. De ces huit sétigères, le premier est dépourvu de crochets ventraux (sauf dans le genre Dybowscella). — Ces annélides, par leur petit nombre d'anneaux, par leur faible taille (D. Godlewski seul dépasse 1 centimètre) cons- tituent donc les pygmées du groupe des Sabelliens. (1) Giard. Société de biologie, séance du 6 mai 1893. (2) Nusbaum. Biolog. Centralblatt, 1° janvier 1901. (3) Bourne. Quart. Journal micr. science, XIII, 1883. (4) De Saint-Joseph a déjà très justement noté que Fabricia constitue, à ce point de vue, un passage entre Oria et Haplobranchus. 19 1 co SÉANCE DU 9 MARS Les deux genres d’eau douce et le genre Haplobranchus diffèrent du genre franchement marin Fabricia par une réduction de l'appareil branchial. Les branchies, portées par deux lophophores pairs, sont toujours du type simple ; elles ne sont jamais rameuses comme chez Fabricia, Amphiglene, etc. Ces branchies simples ne renferment pas (au moins chez Haplobranchus) de vais- seaux à leur intérieur ; en revanche, il existe à côté d'elles une paire d'appen- dices ventraux que Bourne appelle palpes et qui paraissent bien avoir cette valeur morphologique, et qui renferment un gros vaisseau aveugle. Il y a donc une sorte de balancement entre le système hranchial et les palpes. Enfin, les quatre genres que nous comparons sont probablement tous à sexes séparés (1). Nusbaum signale même un curieux dimorphisme sexuel de Dybows- cella baïcalensis (2) : les femelles ont le collier du premier anneau thoracique très développé ; chez les mâles, il fait défaut. Notons que Fabricia manque de collier, qu'il semble en être de même de Manayunkia, d’après les dessins de Leidy, qu’en revanche, il est bien développé chez Haplobranchus. En résumé, on voit l’étroite parenté des espèces américaine et sibé- rienne d'eau douce, entre elles d’une part, et d'autre part avec une forme d’estuaire et avec des formes franchement marines. On suit pour ainsi dire le passage de la vie marine à la vie dans les eaux douces ; et il faut espérer que des découvertes, comme celles de J. Nusbaum, viendront augmenter nos connaissances, encore bien restreintes, sur ce point. Peut être y aura-t-il lieu de faire une revision des genres dont nous avons parlé. Leurs caractères différentiels ont besoin d’être mis en évidence. Mais le moment ne me semble pas encore venu pour cette revision. ACTION DE L'URINE SUR LES GLOBULES ROUGES, par MM. SaBrazÈs et FauquET (Bordeaux). Sion mélange à 1 centimètre cube d'urine 20 millimètres cubes de sang, les globules rouges se sédimentent, sans perdre leur hémoglobine, ainsi que nous l'avons constaté sur des sujets normaux, des cancéreux cachectiques, des diabétiques, des cardiaques, des albuminuriques, des syphilitiques, des tuberculeux, tous soumis au régime ordinaire uni- forme de l’hôpital. Par contre, l’urine d’albuminuriques se nourrissant (1) Il en est sans doute ainsi de Manayunkia speciosa ; car ce que Leidy décrit comme un testicule (avec un point de doute) me parait être le rein thoracique. (2) Les cas de dimorphisme sexuel sont fort rares chez les Annélides poly- chètes ; on n’en a signalé, à ma connaissance, en dehors des stolons sexués des Autolytés et des Néréidiens, que chez les Capitelliens, Capitella et Capitomas- tus, et la curieuse Micronereis variegata (observations de Racowitza que je puis confirmer). NAER ÿ. PR TS AE ile A MS" PT A MR EE RÉ ET Een 974 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE exclusivement de lait depuis plusieurs mois laquait instantanément les hématies (quelle que fût la provenance de ces dernières) : ces urines ne contenaient que 2 à 3 grammes de chlorures par litre; en augmentant leur teneur en urée (jusqu'à 30 grammes par litre) leur propriété de laquer les globules persistait pour disparaître si on élevait le taux des chlorures à 7 grammes par litre. L’urine d’un sujet normal, après trois semaines de régime lacté absolu, dissolvait également les globules : elle contenait par litre 1 gr. 75 de chlorures, 0 gr. 86 de phosphates, 8 gr. 70 d'urée ; elle congelait à — 051 ; en supprimant brusquement le régime lacté et en le remplaçant par le régime ordinaire, l'urine a perdu, en vingt-quatre heures, sa propriété de laquer les hématies; l'analyse donnait dès lors les résultats suivants par litre : chlorures 8 gr. 75, phosphates 0 gr. 85, urée 17 grammes ; A — — 1, 14. L’urine d'enfants nourris au sein laque de même; dans un cas, par exemple, la teneur des chlorures était de 0 gr. 93 par litre; la valeur de A était de — 0,16. (nous l'avons mesurée à deux reprises avec le concours de M. Soulard); les urines et le lait de la nourrice ne laquaient ni ses globules sanguins ni ceux du nourrisson. De cette note préliminaire nous conclurons que l'alimentation exclusive par le lait, prolongée pendant plusieurs semaines, confère à l'urine la propriété de laquer les globules rouges (1) (on peut recon- naître ainsi si le régime lacté est rigoureusement observé) ; cette pro- priété est surtout en rapport avec l’hypochlorurie. Nous remercions M. le professeur Denigès, qui nous a aidé de ses conseils dans l’inter- prétation de ces faits. < COMPLICATION RARE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE : DEUX CAS DE CYSTITE HÉMOR- RAGIQUE DUE AU BACILLE D ÉBERTH, par M. H. VINCENT. La cystite est une complication très rare de la fièvre typhoïde. Sur plus de 1.200 cas de cette dernière affection, j'ai observé deux cas de cystite hémorragique. Tous les deux sont survenus dans des conditions semblables, au décours de la dothiénentérie, chez des sujets n'ayant aucun antécédent génito-urinaire. L'examen bactériologique a pu en être fait. Le premier de ces cas concerne un homme de vingt et un ans, entré dans mon service du Val-de-Gràce pour une fièvre typhoïde de moyenne intensité, avec température oscillant entre 38°%5 et 40 degrés, catarrhe intestinal, taches rosées, etc. Séro-réaction posilive. L’urine renferma, (1) Ces résultats ont été communiqués à la Société linnéenne de Bordeaux, le 6 mars 1901. Or SÉANCE DU 9 MARS 927 pendant quelques jours, une faible quantité d’albumine (0 gr. 25 à 0 gr. 50). Au déclin de la maladie, alors que la courbe thermique était descendue à peu près à la normale (37°3 le soir), et que l'albumine avait disparu, on vit survenir, sans cause apparente, de la pesanteur du bas-ventre, des envies incessantes et très douloureuses d’uriner, du ténesme vésical. Pas de fièvre. L'urine émise était acide, un peu trouble, de couleur hémorragique, et les dernières gouttes renfermaient un dépôt blanchâtre mélangé de sang. Pas de douleur lombaire, pas de signes de néphrite, pas d’œdèmes. Sous l'influence du traitement, la cystite guérit au bout de cinq jours. Le second cas fut observé également à la fin d’une dothiénentérie bénigne, avec légère albuminurie du neuvième au quinzième jour. La fièvre cessa au commencement du troisième septénaire. Cest à ce moment que ie malade accusa brusquement de violentes épreintes vési- cales avec besoin fréquent d'uriner, des mictions très pénibles donnant issue à une urine hémorragique, trouble ; le dépôt urinaire était semi- purulent et renfermait quelques petits caillots. Aucun symptôme rénal. Les lavages de la vessie amendèrent rapidement la cystite. Dès le sur- lendemain, l'urine était plus claire et ne présentait de sang que dans ses dernières portions. Cette complication disparut au cinquième jour, sans laisser de suites, à la suite des lavages de la vessie. - L'examen microscopique de l'urine centrifugée et du dépôt a fourni, dans les deux cas, le résultat suivant : nombreux globules sanguins, cellules de l’épithélium vésical, leucocytes libres ou en amas volumi- neux composés surtout de polynucléaires, de quelques grands mononu- cléaires dont quelques-uns avaient englobé des hématies. Pas de cylindres. En outre, on constatait la présence, entre les cellules, de bâtonnets ne prenant pas le Gram et affectant parfois l’aspect dit en navette. Par la culture du dépôt, j'ai obtenu dans les deux cas le bacille typhique en proportion très abondante. Dans le premier cas, il existait, en outre, dans les cultures, quelques rares colonies du staphylocoque blanc venues peut-être de l’urètre. Le bacille ainsi isolé dans les deux cas a rigoureusement présenté tous les caractères du bacille d’Eberth et était agglutiné par le sérum de typhoïdique. On sait que le bacille typhique peut être parfois présent dans l'urine des malades atteints de dothiénentérie (Neumann, Youdalewitch, Wright, etc.). Pour ma part, je l'ai trouvé neuf fois chez quarante-six malades chez lesquels j'ai ensemencé l'urine. D'autre part, l'urine n'est pas un milieu défavorable à la multiplication du bacille d'Eberth. La prolifération de ce microbe dans la vessie et la lésion qu'il peut déter- miner à la surface de l’épithélium peuvent donc s'expliquer aisément. Dans les deux cas que j'ai étudiés, cette complication s’est montrée assez bénigne. OBS TA 276 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il est remarquable que le bacille d'Eberth se soit développé à la fin de la maladie, au moment où son élimination par la voie urinaire est deve- nue exceptionnelle. Ce faisant, il obéit cependant à la règle habituelle des complications purement éberthiques de la fièvre typhoïde, qui sur- viennent surtout pendant la convalescence, alors que le processus aigu est éteint. DES URINES RETARDÉES (OPSIURIE) DANS LES CIRRHOSES, par MM. A. GILBERT et P. LEREBOULLET. Il existe normalement dans l'élimination horaire de l’urine et dans sa teneur en urée des variations qui dépendent en grande partie d’une influence alimentaire. L'examen fractionné des urines les met en évi- dence, et les recherches que nous avons poursuivies, il y a quelques mois déjà, sur un certain nombre de sujets sains, n’ont fait que concorder dans leurs grandes lignes avec les résultats obtenus par les observa- teurs antérieurs. ; Mais ce même examen pratiqué chez des sujets atteints de maladies diverses du foie nous a permis de mettre en lumière dans nombre de cas une inversion du rythme normal de l'élimination aqueuse, accompagnée souvent d’une inversion parallèle du rythme colorant. Nous voulons insister seulement ici sur l’inversion de l'élimination aqueuse qui nous paraît constituer un signe précoce d’hypertension portale, pouvant pré- céder l’ascite (1). 7 Normalement, au point de vue de la quantité des urines excrétées, ce sont les urines diurnes qui sont les plus abondantes, et cela surtout dans les heures qui suivent les repas. Or, chez certains hépatiques, réserve faite de l’inversion du rythme colorant sur laquelle nous reviendrons, nous avons été frappés de modifications importantes de l'élimination aqueuse de l'urine. En pratiquant l’examen fractionné des urines chez des sujets faisant deux repas seulement par jour à huit heures d'intervalle, les urines étant recueillies en général toutes les quatre heures, nous avons vu que celles émises dans les heures qui suivent le repas sont en général moins abondantes que celles émises dans les périodes de jeûne. Les urines sont donc retardées (opsiurie) et il y a inversion de la formule normale de l'élimination aqueuse, comme le montre le tableau suivant : (1) Nous proposons de désigner sous le nom de opsiurie ce retard de l’élimi- nation aqueuse (de bios « qui arrive ou se fait tard »). SÉANCE DU: 9 MARS 271 Cirrhose biliaire. HEURES D'ÉMISSION QUANTITÉ D'URINE CE émise. à l'heure, gr. ie I. — De 8 ne EMA SEAT A ARE NE MATE 150 SU II. — De midi à 4 heures (après le repas). . 4150 DUAL III. — De 4 heures à 8 heures . . . . . . : 300 15 IV. — De 8 heures à minuit (après le repas). 170 42,5 NV: = De minuit à # heures. . eh EN | 200 NI. — De 4 heures à 8 heures. … . : . . . 150 AIRE) Total, LENCO AA) . Dans certains cas, le phénomène n’est qu'ébauché; dans d’autres il est très accentué, comme chez une malade atteinte de cirrhose biliaire hyperspléno- mégalique chez laquelle nous avons pratiqué à plusieurs reprises cet examen fractionné, toujours avec des résultats similaires. Une fois même elle urina 1.215 grammes dans la période de jeùne contre 330 grammes dans la période digestive ; le tableau suivant montre nettement ce même rythme inverse. Cirrhose biliaire hypersplénomégalique. HEURES D'ÉMISSION QUANTITÉ D'URINE CR. CS RS émise. à l'heure. L. — De 10 heures à 3 heures (après le repas). 55 11 II. — De 3 heures à 6 heures . . . UE 02 BIO) 45 IT. — De 6 heures à 11 heures (après le eee), 115 23 NA MDeddheures a sthenures MMS US Un 24 WE #Debtheures a dOMheures M ARS AS 63 Totale ee Ce phénomène s’est montré à notre observation dans des cas d’affections hépatiques assez diverses. C’est ainsi que nous l’avons d'abord rencontré dans les cirrhoses biliaires, mais que des recherches ultérieurement pour- suivies chez des individus atteints d'ictère passager (ictère lithiasique, ictère catarrhal\ nous ont montré qu'il ne se superposait pas fatalement à l'in- version du rythme colorant, qu'il ne semblait donc pas lié au passage de la bile dans l'urine. Il s'est montré surtout dans les cirrhoses bihiaires s’accom- pagnant de développement marqué de la rate ou du foie, souvent des deux, et où nous avons parfois pu noter une légère circulation supplémentaire. Nous l'avons rencontré aussi dans certaines cèrrhoses alcooliques soit atro- phiques soit hypertrophiques accompagnées ou non d'ascite. L'une de nos observations était particulièrement démonstrative; le sujet n'éliminait plus que très peu d'urine, et cette élimination portait sur les périodes de jeûne ; 10 grammes à l'heure dans les cinq heures qui suivaient son repas de midi, 278. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 40 grammes à l’heure dans les trois heures qui précédaient son repas du soir). Un cas de crhose hypertrophique alcoolique anascitique avec diabète fut également des plus nets. Naturellement d’autres faits où l’oligurie était très marquée, où le malade mangeait à peine, se sont montrés moins caractéris- tiques. Encore dans ces cas l'élimination urinaire, constamment diminuée, ne présentait-elle pas ces maxima digestifs que l’on observe normalement. Nous avons également rencontré ce retard des urines dans un cas de cùr- rhosé hypertrophique pigmentaire. Enfin dans les nombreux cas où il y a un désordre passager dans le domaine de la circulation hépatiqüe, dans certains foies cardiaques, nous avons observé ce symptôme, pour peu que la diminution des urines ne füt pas trop marquée. La congestion hépatique cessant, il disparaissait (1). Les cas dans lesquels nous avons rencontré ce rythme inverse sont donc assez disparates. Mais une condition, croyons-nous, leur est commune et donne la clef de ce phénomène. C’est la géne de la circulation portale, évidente dans les cirrhoses et dans la congestion passive du foie d’origine cardiaque, et que divers arguments nous per- mettent d'invoquer aussi dans nos cas de cirrhose biliaire. Cette anomalie du rythme urinaire s’expliquerait donc par un retard dans l'absorption aqueuse dans l'intestin dû à la pléthore portale. Il s'agirait d’un symptôme à ajouter à ceux qui ont été groupés sous l’éti- quette de syndrome de l'hypertension portale (Gilbert et Garnier). Ce syndrome, dans les cirrhoses veineuses avec ascite, est constitué par la pléthore veineuse sous-hépatique amenant à sa suite l’ascite avec l’æœdème des membres inférieurs, la dilatation des veines sous-cutanées+ abdominales, les hémorroïdes, les troubles intestinaux et les hémor- ragies gastro-intestinales (sous la dépendance de varices œsopha- giennes ou gastro-intestinales), la tuméfaction congestive de la rate. Si nos recherches se confirment, à ces symptômes il faudra ajouter le retard de l'élimination aqueuse de l'urine, l’opsiurie. Ce signe pourra souvent permettre de déceler une hypertension portale commencçante. Nous le considérons en effet comme un signe de la période préascitique dans les cirrhoses alcooliques. Lorsque l’ascite est apparue et surtout lorsque le malade est à la phase cachectique, il y a souvent une telle gène de l’absorption que l’oligurie est permanente et que l’on ne peut plus observer ce rythme très spécial. Ce rythme doit se rencontrer dans toutes les affections où, primitive- ment ou secondairement, le foie et la circulation sous-hépatique sont touchés. On le rencontre dans certains cas de congestion hépatique d’origine cardiaque, et ainsi peuvent être interprétés les faits d’affections (1) Souvent le simple interrogatoire des malades suffit à convaincre de l'existence du phénomène, le malade disant n’uriner que longtemps après le repas, uriner beaucoup le matin au réveil. SÉANCE DU 9 MARS 279 da cœur et des reins où l’on a signalé, surtout au cours d’æœdème et d’ascite, un taux d’excrétion urinaire nocturne supérieur au taux diurne (1). L'interprétation que nous proposons permet enfin de mettre en lumière dans les cirrhoses biliaires l'existence d’un syndrome de l'hyper- tension porlale, jusqu'à présent non décrit. Or les éléments de ce syndrome ébauché nous paraissent être ce retard dans l'élimination urinaire que nous avons constaté chez la plupart de nos malades pour peu que leur foie et la rate soient volumineux, la fuméfaction splénique dont nous avons pu saisir l’origine en partie congestive, les hémor- ragies gastro-intestinales assez fréquentes et relevant d’une double ori- gine (cholémie et hypertension portale), l’ascite terminale et la circula- tion collatérale parfois observée. Ce signe peut donc acquérir, s'il se vérifie, une importance à la fois théorique et pratique. Il nous paraît en tout cas légitime de conclure qu'au cours des affections hépatiques aiguës ou chroniques il peut y avoir un retard dans l'élimination aqueuse des urines (opsiurie), que l'examen fractionné met en lumière. Ce retard paraît dû au retard de l'absorption aqueuse au niveau de l'intestin, dû à l'hypertension portale, et peut permettre de juger de l’état de la perméabilité hépatique. DE L’INVERSION DU RYTHME COLORANT DES URINES DANS L'ICTÈRE, par MM. À. GILBERT et P. LEREBOULLET. Au cours de recherches que nous avons poursuivies depuis plusieurs mois sur l’urologie de diverses affections hépatiques et notamment des cirrhoses biliaires, nous avons été frappés d’un phénomène caractérisé par l'inversion du rythme colorant normal des urines, que met en évi- dence l'examen fractionné des urines. Cetle inversion nous paraît due au passage de la bile dans l'urine au moment de la période digestive. Normalement, les urines émises après le repas sont claires, celles du jeûne foncées, les plus foucées étant, en général, celles émises le matin au réveil. Or, chez nos malades atteints de cirrhose biliaire, ou d’une autre affection du foie avec ictère, les urines les plus foncées étaient, au contraire, celles émises dans les quatre à cinq heures qui suivent les repas. Dans ces urines, la réaction de Gmelin était positive et de manière beaucoup plus marquée que dans les autres échantillons. Mais (4) R. Laspeyres. Deutsch. Arch. f. klin. Med., 1900, vol. 68, p. 175, signale, dans une étude sur les urines du jour et de la nuit, cette inversion de la formule urinaire dans les maladies du cœur et des reins, et, dans nombre de ses observations, l’hypertrophie du foie est notée. Fr SEEN 280 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à ce point de vue, nous avons constaté divers degrés. Dans quelques cas, les pigments biliaires très abondants se retrouvaient dans toutes les urines émises, et il n’y avait qu’une différence de degré entre les urines du jeûne et celles de la période digestive. Dans d’autres cas, seules les urines digestives contenaient des pigments biliaires. Enfin, parfois, les urines contenaient assez peu de pigments biliaires pour que l’examen global des urines fasse conclure à l'absence de pigments biliaires, alors que l'examen fractionné révélait leur présence soit à l’état de pigments biliaires vrais, soil à l’état de pigments biliaires modifiés. Tantôt, en effet, cette inversion du rythme colorant s’observe chez des sujets alteints d'’ictère biliphéique, tantôt il s’agit de malades atteints d’ictère dit hémaphéique, et l'examen des urines digestives y montre alors une proportion plus grande de pigment rouge brun que dans les autres échantillons. Il en était ainsi dans un certain nombre de cas de cirrhoses alcooliques que nous avons observés. Nous avons rencontré cette inversion du rythme colorant dans tous les cas où il y avait passage des pigments biliaires vrais ou modifiés dans l'urine, qu’il s'agisse d’une affection chroniqu? telle qu'une cirrhose, ou d'une affection s’accompagnant d’un trouble passager de la fonction biliaire (ictère catarrhal ou lithiasique, ictère hémaphéique dû à la congestion, hépatique d’origine cardiaque). Un des cas les plus nets à cet égard était celui d’un artério-scléreux entré asystolique avec conges: tion hépatique, chez lequel les urines digestives étaient rares et foncées (rappelant les urines d'un cirrhotique) et les urines du matin abondantes et claires (urines de néphrite interstitielle). Lorsque la con- * gestion hépatique eut cessé, toutes Les urines redevinrent claires. L'examen objectif des urines, la recherche spectroscopique, la recherche chimique donnent des résultats concordants et montrent nettement que cette inversion du rythme colorant est due au passage plus abondant des pigments biliaires dans l'urine au moment de la digestion. Bien que les données physiologiques ne soient pas à cet égard très démonstratives, il est quelques faits d'observation clinique, tels qu'un cas de fistule biliaire suivi par Copeman (1),qui prouvent nettement la production plus grande de bile au moment de la période digestive. D'ailleurs, chez certains malades, nous avons pu, aux résultats assez éloquents par eux-mêmes de l'examen fractionné des urines, joindre ceux de l'examen du sérum et observer parallèlement une abondance plus grande des pigments biliaires dans le sérum pendant la période digestive. Il n’y a donc pour nous pas de doute sur l'interprétation à donner de cette inversion du rythme colorant. Zlle est due au passage plus marqué (1) Copeman. The Lancet, 1889, vol. I. SÉANCE DU 9 MARS 281 de la bile dans le sang et dans l'urine au moment de la période digestive. Il est peu d'exceptions à cette règle de l’inversion du rythme colorant chez les individus atteints d’ictère. Pourtant, lorsque les urines sont très chargées en pigments biliaires, comme dans certains ictères intenses, les différences entre chaque échantillon peuvent être d'appréciation déli- cate; et de même, si l’on a affaire à des sujels cachectiques, mangeant à peine, l'influence digestive peut être moins nette, d'autant qu'alors le degré souvent marqué de loligurie rend l'observation difficile. Suivant les cas, cette inversion du rythme colorant se surajoute au retard de l'élimination aqueuse que nous avons mentionné dans certaines affections hépatiques, les urines étant non seulement plus foncées, mais encore plus rares dans la période digestive ; il y a dans ce cas à la fois trouble de la fonction biliaire et hypertension portale. Ou bien seul existe le trouble de la fonction biliaire (comme dans l’ictère catarrhal et l’ictère lithiasique), et alors les urines digestives sont en même temps plus foncées et plus abondantes. Cette inversion du rythme colorant, quel qu’en soit le degré, a une certaine valeur sémiologique. C'est surtout lorsque l'élimination des pigments biliaires par l'urine est peu marquée qu'elle acquiert sa véri- table importance. On peut alors, en effet, reconnaître par l'examen frac- tionné la présence de pigments biliaires alors que l'examen global faisait conclure à leur absence. Parfois même le simple examen de la coloration des urines nous a permis de conclure à la présence de pigments biliaires, alors que l'examen chimique ou la recherche spec- troscopique ne nous les a révélés qu'à l’état de traces. Il s’est donc montré jusqu’à un certain point plus sensible que les méthodes ordinai- rement suivies. C'est pourquoi nous avons cru utile d'attirer l'attention sur ce nouveau signe urologique de l’ictère, quels que soient sa cause et son degré : inversion du rythme colorant due au passage en plus grande abondance des pigments biliaires dans l'urine au moment de la période digestive. DE L'ÉTAT DES URINES DANS L'ICTÈRE ACHOLURIQUE, par MM. À. GisBerT et P. LEREBOULLET. Lorsque nous avons décrit récemment les multiples aspects cliniques de l’ictère acholurique (1), en insistant sur sa fréquence et son importance en pathologie hépatique (car il constitue en somme la plus grande ou tout au moins la plus fréquente maladie du foie), nous avons discuté l'état (4) Gilbert et Lereboullet. Des ictères acholuriques simples, Société médicale des hôpitaux, 2 novembre 1900. Si 282 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des urines. Et nous avons dit que si l’acholurie était un phénomène cli- nique fondamental, peut-être néanmoins des méthodes d'analyse plus perfectionnées permettraient de révéler dans les urines la présence de traces de pigments biliaires. Mais nous nous réservions de poursuivre l'étude de cette question. Pour cela nous avons appliqué à l’ictère acholurique les méthodes de recherches qui nous avaient donné des résultats si particuliers dans l'étude des diverses affections hépatiques. Ce sont ces recherchés dont nous apportons ici les conclusions. Elles ont confirmé dans leur ensemble celles que nous avons formulées lors de notre premier travail. Indiscutablement la plupart de nos malades sont vraiment acholuriques au moins les jours où nous examinons leurs urines. Ni l'examen frac- tionné, ni la recherche des pigments biliaires dans les urines (même concentrées), par des méthodes précises comme celle de Salkowski, ne permettent de constater une trace quelconque de pigments biliaires. Dans d’autres cas, dans les urines qui suivent le repas du soir, nous. avons pu constater l'ébauche du rythme interverti; ces urines, plus hautes en couleur, nous donnaient un léger effacement spectroscopique, mais aucune réaction chimique ne pouvait déceler les pigments biliaires. Certains faits nous ont montré un rythme plus net avec passage à certains moments des pigments biliaires en quantité faible, non per- ceptibles par la réaction de Gmelin, mais mis en évidence par la réaction de Salkowski. Ces derniers faits apporteraient donc une preuve de plus, si la cho- lémie à elle seule ne suffisait pas, pour montrer que le type morbide que nous avons décrit est bien un ictère chronique léger. Force est* d'admettre ce terme d'ictère pour désigner un état pathologique où à l'imprégnation jaunâtre des téguments se joint la présence de pigments biliaires dans le sérum, et parfois même son passage dans l'urine. Mais si au point de vue théorique ces faits ont une importance réelle, car ils confirment notre interprétation pathogénique, au point de vue cli- nique ils n'infirment pas la règle d’après laquelle il y a dans cet état morbide acholurie constante, le différenciant des ictères choluriques communément observés. Seuls, en effet, des procédés délicats et hors de la pratique journalière nous ont permis d'affirmer la présence de pigments biliaires en quantité minime dans quelques cas exceptionnels. Le terme d'ictère acholurique est donc, même dans ces cas, justifié au point de vue clinique. Il va de soi, d’ailleurs, que facilement il peut se faire à un moment donné de l’évolution de l’ictère acholurique une poussée angiocholitique plus marquée, s'accompagnant du passage de pigments biliaires dans l'urine. Le caractère essentiel de cet état morbide n'en est pas moins une imprégnation jaunâtre des tégumenis avec cholémie, mais sans cholurie cliniquement appréciable. Le mot d’ictère acholurique est SÉANCE DU 9 MARS 283 done celui qui, jusqu’à présent, nous parait exprimer le mieux cet -état pathologique remarquablement fréquent et très différent de l’ictère, tel qu'on l'entend communément. Du DOSAGE DE L’ACIDE CHLORHYDRIQUE LIBRE DANS LE SUC GASTRIQUE, par M. Léon MEUNIER. Dans les recherches quantitatives de l'HCI libre par les procédés colorimétriques, deux réactifs sont surtout employés actuellement : le réactif de Toppfer au diméthyl-amido-azobenzol (DAAB) et le réactif de Gunzbourg à la phloroglucine-vaniline. Le premier de ces procédés (DAAB), d’une exécution facile et rapide, a l'inconvénient, de l’avis même de M. Robin qui l’emploie, de donner des erreurs dues à la manière dont les observateurs apprécient le moment du virage de l'indicateur. Le DAAB est, de plus, influencé par les combinaisons de l'HCI faible- ment constituées, et les acides organiques en grande quantité faussent ‘également le moment du virage. _ Le réactif de Gunzbourg par le procédé de Mintz donne, au con- traire, des résultats constants, mais exige une certaine habileté dans ce dosage, pour apprécier la valeur du liséré rouge de la réaction. Sinon, on devra faire de nombreuses prises d'essai qui nécessiteront d’égales recherches qualitatives de Gunzbourg, cause de perte de temps, et entraîneront la disparition d’une certaine quantité de suc gastrique, cause d'erreur. Technique. — Le manuel opératoire que nous vous proposons n'a d'autre base, en combinant les deux procédés cités, que d'arriver plus rapidement à un résultat exact dans la recherche quantitative de l'HCI libre. Pour cela, dans une première manipulation, on recherche approxi- mativement l’HCI libre suivant la méthode de M. Toppfer, après addi- tion d’une goutte de sol. de DAAB (DAAB-1, alcool 200) à 5 centimètres cubes de suc gastrique, par exemple. La limite de la réaction indiquée par le passage de la couleur rose à la couleur rouge orangé est diffi- cilement appréciable, et, pour les raisons données plus haut, on ajoute en trop une quantité de sol. D N de soude variant d’après nos résultats entre 1/10 et 5/10 de centimètre cube. Soit, par exemple,3 centimètres cubes la quantité de solution de soude nécessaire pour arriver à un virage rouge orangé. Dans une deuxième manipulation à 5 nouveaux centimètres cubes de suc gastrique, on ajoute d'emblée dans l'exemple précédent 2 c. c. 6 284 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de sol. D N de soude de la burette, puis on laisse tomber la liqueur titrée par gouttes de manière que le suc gastrique contienne successive- ment, avec cinq intervalles de 1/10 de centimètre cube, 2c. c.6,2c.c. 7, 2 c.c. 8, 2c.c.9, et, enfin, 3 centimètres cubes, quantité trouvée plus haut par le procédé au DAAB. À chacune de ces additions, on prélève une ue du mélange dans une petite capsule de porcelaine, de manière à avoir cinq capsules qu'on additionne d’une goutte de réactif de Gunzbourg (phlorcglucine 2, vani- line 1, alcool à 80° 100) et qu'on porte avec leurs numéros d'ordre sur un même bain-marie chauffé vers 60 degrés. Au bout de quelques minutes, on observe les capsules. Si la 1"° seule rougit, il faut 2c.c.6 de solution de soude pour saturer tout l’HCI libre. Si les 1", ®, 3° et 4° capsules rougissent, il faut 2 c. c. 9, etc. De ces nee de sol. de soude titrée, on déduit facilement com- bien 100 centimètres cubes de suc gastrique contiennent d'HCI libre. Conclusion. — La prise de 5 gouttes de liquide n'entrainant aucune erreur appréciable, comme nous nous en sommes rendu compte avec une solution titrée d'HCI, le résultat définitif est obtenu par un double contrôle colorimétrique et est donné en soude par un chiffre constant avec une erreur maxima de 1/10 de centimètre cube. Le temps exigé par la manipulation ne dépasse pas le temps nécessaire pour une simple recherche qualitative de Gunzbourg. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 19 Q0 © SÉANCE DU 16 MARS 1901 M. le Dr Wzagrr : À propos de la sérothérapie des tumeurs malignes. — M. Vrcrox | Henri : Influence du sucre interverti sur la vitesse d'inversion du saccharose par la sucrase. — M. Vrcror Hexxi : Influence de l'addition au milieu d’une réaction de isaccharose ou de sucre interverti sur la vitesse d'inversion par la sucrase. — M. Ca. FéRé : Note sur une anomalie du pli d'opposition du pouce. — M. G. Werss : Sur une exception apparente de l'adaptation fonctionnelle des muscles. — M. H. Risaur : Influence de la caféine sur la production de chaleur chez l'animal. — M. L. Marcuaxp et CL. Vurpas : Lésions du système nerveux central dans l'ina- nition. — M. F. Dévé: Sur la transformation des scolex en kystes échinococci- ques. — M. E. Sucaarp : De la disposition et de la forme des cellules endothéliales du tronc de la veine porte. — M. L.-G. pe Saint-Martin : Concordance des mé- thodes par voie spectrophotométrique et par dosage du fer pour la détermination de l’oxyhémoglobine contenue dans le sang, — M. L. GrimBerr : Production d'acétylméthylcarbinol par le Bacillus lartricus. — M. le Dr J. Gurart : Le tri- chocéphale et les associations parasitaires. — M. L. Caprran : Un cas de pneu- monie franche arrêté dans son évolutiou, puis guéri, par l'injection de sérum antidiphtérique, suivant la méthode de Talamon. — MM. G. FÉLizeT et ALBERT BrAnCA : Sur es cellules interstitielles du testicule ectopique. — M. CH. Dopter : Névrites expérimentales par injection de sérum d'urémique au niveau du nerf sciatique de cobaye. — M. R. Orpexuelm : Rôle des capsules surrénales dans la résistance à quelques’ infections expérimentales. — M. R. OPrexnelm : Rôle des capsules surrénales dans la résistance à la toxi-infection diphtérique. — MM. R. OPrexueru et M. Lorrer : Lésions des capsules surrénales dans quelques infections expérimentales. — M. le D' G. Carrière (de Lille) : Sur l'existence d’un ferment soluble dans les cultures de bacilles de Koch. Présidence de M. Netter, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. RarzteT offre à la Société au nom de l’auteur, M. TurerrY, membre correspondant de la Société, une monographie intitulée : Le Mouton, analomie, physiologie, races, production, hygiène et maladies (Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 1901). À PROPOS DE LA SÉROTHÉRAPIE DES TUMEURS MALIGNES, par M. le D' WLaerr. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai déjà eu l'honneur de faire quelques communications sur le sujet en question, tant ici qu'à l'Académie de médecine et à la Société de Chirurgie. Un rapport a été lu sur ce sujet à l’Académie de médecine, BioLociE. COMPTES RENDUS. — 1901. T,. LIII. 23 286 è SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par M. Lucas-Championnière, le 20 novembre 1900 (1), iei, par M. Bo- rel (2),et à la Société de Chirurgie, par M. Reynier. Au cours de la discussion, quelques auteurs ont émis l'hypothèse que peut-être le sérum des animaux normaux pourrait donner les mêmes résultats que j'ai obtenus déjà dans 50 cas avec le sérum des animaux immunisés (oies) pendant 12 à 15 mois, par les blastomycètes pathogènes isolés des tumeurs malignes de l'homme. M. Reynier, dans son rapport aussi bien qu’au cours de la discussion, a très judicieusement répondu à cette objection (3), que le sérum des oies non immunisées à la dose que le sérum des oies immunisées ne donne pas les mêmes réactions locales, générales et leucocytaires. Ainsi, par exemple, si on prend des rats bien portants et quon injecte à tous ces animaux des doses mortelles de blastomycètes, en ayant soin d'inoculer en même temps à une parlie des rats 2 centi- mètres cubes de sérum des oies non immunisées et à l’autre partie la même dose de sérum des oies immunisées pendant un an, nous voyons que les uns (les premiers) meurent, tandis que les autres, ceux qui ont reçu une injection de sérum des oies immunisées, ont survécu ; 24 heures après ces injections, on trouve, dans la cavité péritonéale des premiers, une quantité énorme de blastomycètes et quelques leucocytes. Dans la cavité péritonéale des derniers, on trouve une quantité moins considé- rable de blastomycètes; ceux-ci sont entourés de nombreux leucocytes polynucléaires. Si on examine le sang de tous ces animaux, on trouve que la quantité de leucocytes de ces derniers a augmenté de une fois et demie, tandis que, chez les premiers, cette quantité n’a pas changé et, même a diminué. Si on prend une quantité de cobayes du même âge, du même poids, et qu’on leur injecte du sérum des animaux normaux (oie, ânesse), ou du sérum des animaux immunisés (oie, ânesse), on constate dans le sang les mêmes phénomènes leucocytaires que chez les rats. Le sérum des ânesses normales et des oïes normales étant injecté à l'homme atteint de tumeurs malignes ne provoque de réaction pareille ni à l'endroit de l'injection, ni sur l’organisme tout entier, ni mème au niveau de la tumeur. Ce sérum ne provoque pas non plus de réaction leucocytaire appréciable, abstraction faite des oscillations et des varialions de 1.000 à 2.000, comme on l’observe d'habitude chez les personnes atteintes de néoplasmes malins. Comme exemple de cette réaction leucocytaire, je vais citer quelques cas. Chez un malade atteint de cancer de la lèvre inférieure, la quantité des globules blancs était de 6.600 avant l'injection et, 12 heures après (1) Voir Bulletin de l'Académie de médecine de Paris, n°5 43 et 44. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 2 février 1901. (3) Voir Bulletins et Mémoires de la Sociélé de Chirurgie de Paris, 1901, n° 6 el 7 . SÉANCE DU 16 MARS 9287 l'injection de 7 centimètres cubes de sérum des oies immunisées, elle était de 9.460. Chez un deuxième malade ayant une tumeur maligne du sein, la quantité de globules blancs était, avant l'injection, de 6.800 et, 2% heures après l'injection de 6 centimètres cubes de sérum des ani- maux immunisés pendant 15 mois, était de 10.130. Chez un troisième malade opéré déjà deux fois pour un cancer du nez, la quantité des glo- bules blancs était, avant l'injection, de 10.130. Après l'injection de 6 centimètres cubes du sérum d’une ânesse immunisée pendant 8 mois avec les mêmes blastomycètes pathogènes isolés des tumeurs malignes de l'homme, la quantité des globules blancs était de 15.900. Chez un quatrième malade atteint de tumeur maligne ulcérée du sein, la quantité des globules blancs était de 16.000 avant l'injection, et, 20 heures après l'injection de 9 centimètres cubes de sérum de l’ânesse sus-indiquée, cette quantité était de 20.300. Je dois noter que le sérum de l’ânesse immunisée pendant 8 mois avec les blastomycètes isolés des tumeurs malignes de l’homme à la dose de 8 à 10 centimètres cubes, provoque chez les malades atteints de tumeurs malignes les réactions locales, générale et leucocytaire, pareilles à celles provoquées par le sérum des oies immunisées pen- dant le même temps, en provoquant chez ces malades les mêmes amé- liorations locales et générales. - En m'intéressant à l'influence produite par les sérums thérapeutiques sur l'organisme de l’homme, j'ai étudié l’action du sérum des chevaux normaux et de celui des chevaux immunisés contre la diphtérie sur les enfants malades aussi bien que sur les jeunes chats, et j'ai constaté les mêmes effets leucocytaires (1), c'est-à-dire que le sérum des animaux immunisés par le blastomycète pathogène pendant 8 à 15 mois (oies, ànesses) contient quelque chose de plus que le sérum des animaux normaux, comme le sérum des chevaux immunisés contre la diphtérie. Comme l'affection cancéreuse chronique est tout à fait différente des maladies aiguës, telle que la maladie diphtéritique, on ne saurait la guérir par 1, 2 ou même 5 injections, comme quelques-uns en ont exprimé le désir (Picqué, Nimier, etc.), attendu que le terrain cancé- reux se développe depuis des années par des conditions hygiéniques défectueuses, par les maladies infectieuses acquises ou héréditaires, par l'alcoolisme, la syphilis, etc. Le progrès du traitement de cette affection suit les mêmes règles que le progrès du traitement de la diphtérie. Quand on institue le traitement antidiphtérique le neuvième jour après le début de Ia maladie, on n'obtient que rarement un succès. La même chose arrive chez les cancéreux, quand la maladie est généralisée et la tumeur ulcérée, après quoi l'organisme devient le siège d'infection (4) XII Congrès international de médecine, Moscou, Comptes rendus, p. 239-245. 288 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE secondaire par d’autres microbes. On ne peut que soulager le malade et ralentir la marche de la maladie; au début, on peut arrêter complète ment l'évolution de la maladie. INFLUENCE DU SUCRE INTERVERTI SUR LA VITESSE D'INVERSION DU SACCHAROSE PAR LA SUCRASE, par M. Vicror HENRI. (Communication faite dans la séance précédente.) Lorsque l’on étudie l’action de la sucrase sur le saccharose, on. remarque que la vitesse de la réaction diminue de plus en plus à mesure: que l'inversion avance. On a proposé différentes explications de cette diminution de la vitesse; celle qui est généralement admise atiribue ce ralentissement de la vitesse d’inversion à une diminution de l’activité de la sucrase produite par l'accumulation des produits de la réac- tion, c'est-à-dire du sucre interverti. Comme le nombre d’expériences que l’on trouve dans la littérature sur cette question est très restreint, j'ai repris l'étude expérimentale de cette question. Les expériences ont été faites à 25 degrés; les déentinatons faites avec le polarimètre; la sucrase employée a été retirée de la levure de: bière; toutes les solutions de saccharose, de glucose + lévulose et de: diastase ont été faites dans une solution aqueuse de fluorure de: sodium à 1 p. 100 neutralisée par l’acide acétique; la solution de sucre interverti (glucose + lévulose) avait été faite la veille de l'expérience et avait été portée à l’ébullition : dans chaque série il y avait deux flacons témoins contenant la solution de saccharose et celle de sucre interverti afin de contrôler que le pouvoir rotatoire de ces solutions ne chargeait pas pendant la durée des expériences. ; Le tableau suivant contient les résultats de dix-sept expériences. parallèles faites avec la même quantité de sucrase. Dans les expé- riences 1° à 6°, la concentration des solutions de saccharose était égale à 0,5 norm. (17 gr. 1 dans 100 centimètres cubes), la quantité de sucre interverti ajoutée variait de 0,1 à 0,5 norm. Dans les expériences 7° à 13°, la quantité de saccharose était de 0,2 norm. (6 gr. 82 dans 100 centi- mètres cubes); enfin, dans les expériences 14 à 17° la concentration en saccharose était de 0,05 norm. (1 gr. 71 dans 100 centimètres cubes). On trouve dans le tableau d'une part les proportions de saccharose interverties au bout de différentes durées et d’autre part la quantité intervertie en moyenne par minute pendant les différents intervalles. Le tableau nous montre d’une manière très nette que : 1° La vitesse d’inversion est ralentie par l’addition de sucre inter- verti; « «C « « «€ «C JE == c6 « T —— S6 « == 66 CS7 « « SE « « S Éto =. 92| Or l see LORS = G6! SOC « « & ç S Re LE li Eee (PE TT CS] G9 Z _06! 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RÉ: Col =. 66 67 me UE MON = 2 EU] FO = - F9Ïr 9cc => 0 OC eL Voor dc] gyr. loordyil or loor'dwr| o9r oo 'dzrl g6r loor déel zeë loor doc] Lee loor'deel 6x ‘SJ ut -g‘o ‘roqui o1ons +-|c‘Q ‘ioqui a1ons +|'#"0 ‘‘roqur a1ons +|'e‘g ‘'ioqur o4ons +|'z'Q ‘‘axoqur o1ons +|-j'o ‘xoqur a1ons + "AJCUHIOU 50 ‘0 ASOHVFHNDDYS ‘O0 ASOHVHIDYS &'‘0 ASOUVHIDYS &'0 ASOUVHOPDYS GO ASOUVHNDIYS & 0 ASOUVHDDVS HSOHVHNDIDVS SHHUN 0€} oG of} o0F 06 08 o! «c « Ye = 6-0 TT G6| EC =: 90 0 = LOI — 0 Z — S86| OTEF « « 99 = le 70 = 21-09 = (ee = JS F7 mr 0076 —. 0 0) « « 66 — 09! 66 = L9! O0 — CL, 007 = 0-90 = GS] 06 (00 OS « «c EC} se | JET = 27 CU es COR LOL = (0 mr COCA = EE -OUE « « OYT = (24 =. _6C| FLY "6; O0 =. 86 (GC nf Ur = 07| OST « « S#r |oor'dorl 697 loor'dsil 961 loordacl 61e loor dsel 6ve loordgel SLe loor dœ€) orx ‘Saqnu tu “nur TES | orgroagoqur | PU TE | ooaroqur | HAUT Ad | roaroqur | HAUT TUE | orproatoque | TUE AU | rongeur À MU AA | Srroatoqur Her Ds A oloes DE re ne Sono ne uoaodog a De aies RUE OT PRESS re : ee ne lu °6‘0 ‘Joqui a40ns + | ‘#0 ‘’aoqui auons + | ‘e‘p ‘'aoqur gxons + | 'Z 0 ‘‘xoqur orons + |: 10 ‘‘xoqur o1ons + ‘aJBUIOU G‘0 G‘O ‘ASOUVHODVS G‘O ‘ASOUVHOIYS GO ‘ASOUVHDOVS G‘0 ‘ASOHVHIDVS G‘O ‘ASOHVHIOYS * HSOUVHPDOYS 09 oQ 07 of 06 of | 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 20 Le ralentissement produit est d'autant PIRE fort que la quantité de sucre interverti ajoutée est plus grande; 3° Une même quantité de sucre interverti nr. à des solutions différentes de saccharose produit un ralentissement d'autant plus fort que la solution contient moins de saccharose. Exemples : comparons les expériences 1°, 7° et 14°, qui contiennent 0,5, 0,2 et 0,05 de saccharose, avec les expériences 6°,12° et17°, qui contiennent les mêmes quantités de saccharose additionnées d’une même quantité de sucre intervertie —0,5. Nous voyons que l'addition de ce sucre interverti fait tomber la vitesse d'inversion de la solution le plus concentrée en saccharose de 32 à 16, pour la solution moyenne (0,2 n.) la vitesse tombe de 33 à 11, enfin pour la solution la plus faible (0,05 n.) la vitesse tombe de 60 à 13. La discussion des relations numériques entre le ralentissement, la quantité de sucre interverti et la quantité de saccharose sera faite dans : une communication prochaine. (Laboratoire de physiologie générale de la Sorbonne.) INFLUENCE DE L'ADDITION, AU MILIEU D'UNE RÉACTION, DE SACCHAROSE OU DE SUCRE INTERVERTI SUR LA VITESSE D'INVERSION PAR LA SUCRASE, par M. Vicror HENRI. (Communication faite dans la séance précédente.) Æ Pour pouvoir discuter la forme de la courbe qui représente la marche de l’inversion, il ne suffit pas d’avoir déterminé l'influence exercée par le sucre interverti ajouté dès le début à la solution de saccharose; en effet, on doit se demander si la diastase conserve ses propriétés tout le temps que dure l’expérience; il faut donc étudier comment se trouvera modifiée la vitesse de l’inversion, lorsque à différents moments de la réaction on ajoutera soit une nouvelle quantité de saccharose, soit une certaine quantité de sucre interverti. J'ai fait vingt-huit expériences complètes sur cette question; je ne donnerai ici que quelques-uns des résultats obtenus. Les tableaux contiennent les vitesses rereion, c'est-à-dire les quantités de saccharose interverties en moyenne par minute, pendant les différents intervalles de temps. L'examen des tableaux montre que : 1° Lorsque, pendant l'inversion du saccharose par la diastase, on ajoute une nouvelle quantité de saccharose, la vitesse d'inversion est. augmentée. 2 Cette augmentation est d'autant plus forte que la quantité de saccharose ajoutée est plus grande. EL | | | DURÉES {jo Témoin minutes milligr. Composition de la solution au moment de l'addition . Composition im- médiatement JDE UE . [48 sacc. +52 suc. int. . T8 sacc. + 52suc. int. SÉANCE DU 16 MARS QUANTITÉS DE SACCHAROSE INTERVERTIES EN MOYENNE PAR MINUTE 2 Après 200 minutes addition de ?2g', 56 sacchar. milligrammes 24, 6 21,8 Addit. de sacc. L ) 3° Après 200 minutes addition de 5g", 13 sacchar. millisrammes 24, 6 21,4 de sacch. 19,8 17,4 13,0 4,2 Addit. 48 sacc. + 59 suc. int. 198 sacc. 59suc. int. |46 sacc. + 74 suc. int. |45 sacc. + 95 suc. int. Solutions à 0,2 norm., contenant au début 38r,42 de saccharose dans 50 cc. RE DURÉES 1° Témoin minutes milligr. 75 24,5 )) ») 140 14,8 200 6,3 325 1,3 - 540 ») 1250 » Composition de la solution au moment de l’addition . . Composition im- médiatement dDESEMe CTIEZ Solutions à 0,5 norm., contenant au début 88,55 de saccharose dans 50 ce. Em 4° Après 200 minutes|5° Après 200 minutes addition de 1 g',8 sucre int. milligrammes 24,9 21,3 Addit. de s. int. 46 sacc. + 54 suc. int. 291 addition de 38,6 sucre int. milligrammes 2413 Addit. de s. int. 45 sacc. + 55 suc. int. QUANTITÉS DE SACCHAROSE INTERVERTIES PAR MINUTE 2° Après To minutes addition de 2 g8r,56 sacchar. milligrammes 23, 0 de sacch. 24,5 18,7 , Addit. Le) , © = © Ù © 1 .|43 sacc. 57 suc. int. .|497sacc.57suc. int. addition de 5 g',12 sacchar. milligrammes Addit. 49 sacc. - 58 suc. int. 3° Après 79 minutes|4° Après 80 minutes|5° Après 82 minutes addition 1g",8 sucre interv. milligrammes 24,9 2. int. s 36 sacc.— 64 suc. int. 909 sacc. +58 suc. int. [96 sacc. +114 suc. int. |83sacc. +167 suc. int. 2 addition de 3 8r,63 sucre int. milligrammes 24,7 Addit. de s. int. 6,3 3,8 33 sacc. 1 67 suc. int. 299 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3° L’addition d'une même quantité de saccharose dans deux réac- tions différentes, produit une accélération .plus forte dans la réac- tion qui contient au moment de l'addition la plus faible quantité de saccharose. Exemple : solutions 0,5 normale et 0,2 normale, au moment de l'addition du saccharose la première contient encore 48 p. 100 de saccharose, c’est-à-dire 4 gr. 2 de saccharose; la deuxième solution contient Eu 3.12) À gr. 47 de saccharose; l'addition de 2 gr. 56 de saccharose fait monter la vitesse d'inversion de la première solution de 16,2 à 19,5, et celle de la deuxième solution de 14,8 à 24,5; on voit que cette dernière accélération est bien plus considérable que la pre- mière. 4° Lorsque, pendant une réaction d’inversion de saccharose, on ajoute une certaine quantité de sucre interverti, la vitesse d’inversion est ralentie. 5° Le ralentissement est d'autant plus fort que la quantité de sucre interverti ajoutée est plus grande. 6° L’addition d’une même quantité de sucre interverti dans deux réactions différentes produit un ralentissement d'autant plus fort que la quantité de saccharose restant dans la solution est plus faible. Il resterait maintenant à établir des relations numériques entre les différentes modifications produites dans les expériences précédentes et les quantités de sucre interverti ou de saccharose ajoutées dans la réaction. L'étude de ces relations numériques et la discussion des lois de l’action des diastases proposées par M. Duclaux sera faite dans une'+ communication prochaine. (Travail du laboratoire de physiologie générale de la Sorbonne.) NOTE SUR UNE ANOMALIE DU PLI D'OPPOSITION DU POUCE, par M. Ca. FÉRé. En général, le pli d'opposition du pouce (ligne de vie des chiroman- ciens) se réunit sur le bord externe ou radial de la main avec le pli de flexion commun des quatre derniers doigts (ligne de tête). Mais il arrive que ces deux plis soient séparés par un intervalle plus ou moins grand. On a rattaché cette anomalie à une particularité du caractère (audace, confiance en soi, ete.) (1) : c’est une interprétalion qui n'a rien à faire avec la biologie ; mais l’élude des conditions dans lesquelles on rencontre le plus souvent l’anomalie mérite d’être étudiée. (4) Ad. Desbarrolles. Mystères de la main. 3° édition, 1899,. page 108. ‘1. "Eeclercq. Le caractère et la main, 1899, page 83. on et SÉANCE DU 16 MARS 293 Sur les empreintes de la main droite seule de 97 soldats, que je dois à l’obligeance de mon ami M. le D° Don nds l'anomalie existe 7 fois seu- lement, soit 7,21 p. 100. Cette proportion diffère peu de celle que je trouve chez 100 vieillards de l’hospice et qui est de 8 p. 100. Le tableau suivant offre quelque intérêt. NOMBRE NOMBRE DES ANOMALIES des aux à la main à la main deux droite gauche sujets. mains. seule, seule. Viellards 20e nn tte AO 0 6 2 3 Paralytiques Sénéraux RS RUEE 54 7 1 3 AÏTÉNES AE AS AN Geo A Na A 24 12 4 4 nn € CITE SNA te tt 82 8 3 2 BONEDCES ANNEES 18 2 1 » Tandis que chez les sujets normaux la proportion des anomalies exis- tant d’un côté au moins est de 41 p. 100, elle est de 20,37 chez les paralytiques généraux, de 20 chez les aliénés, de 15,85 chez les imbé- ciles et de 16,66 chez les épileptiques ; elles sont donc très notablement plus fréquentes dans les diverses catégories de dégénérés examinés que chez les sujets normaux. Chez deux paralytiques généraux dont les mains ont été disséquées, l'anomälie du pli palmaire coïncidait avec une disposition muscu- laire, connue d’ailleurs (1), et qui parait en donner une explication satisfaisante : l'insertion du muscle adducteur du pouce, au lieu de s’étendre à toute la longueur du métacarpien du médius, ne s'étendait qu'à un peu plus de la moitié supérieure de cet os. La plus grande fréquence de l’anomalie chez les dégénérés concorde bien avec l'existence d’une insuffisance musculaire, et l'existence d’une insuffisance musculaire montre une fois de plus que les plis de la paume de la main sont en corrélation avec ses fonctions motrices. Au reste, dans une note antérieure (2), j'avais indiqué la possibilité de produire par une flexion volontaire du médiuset de l’annulaire un ph de flexion spécial bien connu en chiromancie, l'anneau de Vénus ; depuis plus d’un an que je travaille à peu près chaque jour à l’ergographe de Mosso, qui nécessite la flexion du médius, ce pli s'est accentué notable- ment, dans sa partie externe surtout. (4) J. Fr. Walsh, The anatomy and functions of the muscles of the hand and of the extensor tendons of the thumb. Philad., 1897, page 18. (2) Note sur les plis de flexion de la paume dela main. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1900, page 311. 19 © re SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR UNE EXCEPTION APPARENTE DE L'ADAPTATION FONCTIONNELLE DES MUSCLES, par M. G. Weiss. Dans une communication que j'ai faite en mai 1897, j'ai montré quelle devait être la loi de variation de longueur des fibres d’un muscle sui- vant l'inclinaison de ces fibres les unes par rapport aux autres. J'ai dit que la règle que j'avais formulée se vérifiait en général, mais que cer- taines anomalies étaient inexpliquées pour quelques muscles penni- formes. Depuis, j'ai reconnu que ces exceptions apparentes tenaient à une con- ception erronée de la structure des museles enr litige. Il y a en effet lieu de distinguer, parmi les muscles penniformes des anatomistes, les muscles penniformes vrais et ce que j'appellerai les muscles pseudo-penniformes. Les premiers son bien connus, les fibres qui les constituent s’insèrent à leur partie distale le long d’un tendon, puis vont en s’écartant comme les barbes d'une plume pour s’insérer sur des aponévroses résistantes ou des os. La traction des diverses fibres s'exerce ainsi dans des directions variables. Voyons maintenant quelle est la véritable structure du muscle pseudo- penniforme. Quand un muscle doit exercer une traction très énergique mais ne produire qu'un faible déplacement, au lieu de se composer de fibres très longues parallèles entre elles, il consiste en une série de petits ven- tres musculaires pourvus de tendons très longs et situés à des hau- teurs différentes dans le muscle. Le masséter est construit sur ce type. Le muscle a alors une section physiologique beaucoup plus grande que sa section anatomique. Je vais montrer que les muscles pseudo-penni- formes dérivent de ce type. Supposons en effet que nous prenions un pelit groupe de fibres musculaires prolongées par un tendon très court en haut, très long en bas, et que nous placions de chaque côté une série de groupes analogues, le tendon du haut allant en augmentant de longueur, celui du bas diminuant, nous aurons finalement un muscle en double escalier dont les insertions seront très étendues. Réduisons ces insertions en collant tous les tendons supérieurs ensemble, et tous les tendons inférieurs ensemble, nous formerons un musele ayant au pre- mier abord un aspect penniforme mais n'en ayant pas les propriétés mécaniques : c'est le muscle pseudo-penniforme. Or, la théorie montre que, pour que l'adaptation fonctionnelle soit par- faite, dans un muscle penniforme les barbes doivent être plus courtes que la fibre centrale et doivent s’en écarter d'autant plus qu'elles sont plus inclinées. Dans un muscle pseudo-penniforme au contraire, c'est la SÉANCE DU 16 MARS 295 fibre centrale qui doit être légèrement plus courte que les fibres laté- rales. | C'est ce que l’expérience m'avait montré, et c’est la confusion entre les muscles penniformes et les muscles pseudo-penniformes qui ne me permettait pas de voir comment s’appliquait le principe de l'adaptation fonctionnelle que je savais exact. INFLUENCE DE LA CAFÉINE SUR LA PRODUCTION DE CHALEUR CHEZ L'ANIMAL, par M. H. RIBauT. Un certain nombre d'auteurs ont déterminé les variations de la tempé- rature animale sous l'influence de la caféine (1). Généralement ils ont pu constater une élévation, et ce fait est en concordance avec l'opinion actuellement adoptée au sujet de l’action de la caféine sur la nutrilion. Nous avons fait un certain nombre de déterminations calorimétriques avec des doses et des modes d’administrations variés de caféine, et nous avons pu observer que sous l'influence de cet agent, chez le chien au repos, il y avait à peu près constamment une surproduction de chaleur. _Nous nous sommes servi de la méthode calorimétrique de Hirn, avec thermomètres enregistreurs. Les déterminations ont été faites sur le même animal, à la même heure de la journée et à la même distance du repas. Le régime était rigoureusement constant. Poids de l'animal : 10 kilogrammes environ. Voici le résultat, exprimé en grandes calories et rapporté à l'heure et au kilogramme, de six administrations de caféine : 1re SÉRIE. — Voie buccale. Pas de caféine. : “2090 16 milligrammes de Caléine) Dir iosrannte. 2,71 Pas de caféine. ; 2,84 25 milligrammes de tee San iosrammel SA Pas de caféine. 2,13 25 milligrammes de ane Dar laure amme . 3,32 Pas de caféine. . 3,21 (1) Binz (A.). Beiträge zur Kenntniss der Kaffeebestandtheile (av. 1 pl.) Arch. f. exp. Path. u. Pharm., 1878, IX, 31-51. Guimaraës. De uso e abuso do cafe. Th. de Rio de Janeiro, 1882. (Analyse par Couty, in Arch. de phys. norm. et path., 1883 (3), I, 312-320). Leblond. Etude physiologique et thérapeutique de la caféine. 8 pl. Th. de Paris, 1883. Parisot. Etude D nique de l'action de la caféine sur les fonctions motrices. Th. de Paris, 1890, 90 et 91. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE “ 2e SÉRIE. — Voie sous-cutanée. 50 milligrammes benzoate de soude dans 1 cent. cube d'eau. . 2,80 50 milligr. caféine et 50 milligr. benzoate dans 1 cent. cube. . 2,94 50 milligrammes benzoate dans 1 centimètre cube . , . . . . 2,51 Rien 2 on PAREMREE RERO, D RRRER UE Ne Es PAG A ANT EN RS 9 centimètres cubes eau salée à 7 p. 1000: 1 2e 20 milligrammes caféine dans 2 cent. cubes eau salée . . . . 2,43 40 milligrammes de caféine dans 4 cent. cubes eau salée . . . 2,46 Hicenti cubes teautsalée MOI PO RENE RSR TE Moyennes. 1 Série sans caféine ee SNS EN ER ES EEE AVEC Calélnes 4 0e M RER ER A D Soit une augmentation de 9,7 p. 100. DÉSÉTIE: SANS CALCINENAS D eee Eee NU Re 7 CNET E AVECICMÉ IN M PEN PER EN AE RENE Soit une augmentation de 9,2 p. 100. LÉSIONS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS L'INANITION, par MM. L. Marcuanp et CL. VURPAS. Dans une infection, le neurone témoigne de son état de souffrance par un changement morphologique; dans l’inanition (dont les troubles, sont considérés par quelques-uns (1) comme dus à une auto-intoxica- tion), on peut relever de même certaines lésions cellulaires spéciales. Nos recherches ont été faites sur trois séries d'animaux; ce sont d'abord deux lapins adultes de la même portée; l’un a été nourri-nor- malement, l’autre a été mis à une diète absolue. Ce dernier a succombé le douzième jour. Deux cobayes adultes, frères, ont été soumis à la même expérience; l'animal qui fut privé de nourriture mourut le hui- tième jour. Enfin, deux cobayes de la même portée ont été pris à leur naissance; l’un vécut normalement; le second, privé de tout aliment, succomba le troisième jour. Les animaux témoins furent sacrifiés au moment même de la mort des sujets en expérience. | Les systèmes nerveux ont été examinés comparativement, les mêmes techniques histologiques employées. Ce sont les méthodes de coloration au picrocarmin, à l'hématoxyline de Delafield, les méthodes électives de Nissl, de Weigert-Pal, de Golgi et de Marchi. Les cellules motrices des cornes antérieures de la moelle se pré- sentent à nous sous trois aspects comprenant.entre eux des intermé- diaires. (4) Doddi. Riv. di Patol. nerv. e ment., IL, I, 12. SÉANCE DU 16 MARS 297 Dans une première formée, que nous considérons comme représentant le premier stade des altérations cellulaires, le protoplasma est complè- tement décoloré et renferme à son intérieur des granulations de Nissl à peine teintées, quoique nombreuses et de dimension normale. La faible coloration des chromophiles permet d’apercevoir dans le corps cellu- laire un réseau délicat formé par de très fines granulations. Le corps cellulaire et les prolongements protoplasmiques ont conservé leurs dimensions normales. Les noyaux à ce stade sont incolores, occupent une position centrale par rapport aux corps cellulaires; les nucléoles sont encore très apparents. Dans un second stade, la cellule a perdu de ses dimensions. Les con- tours sont moins nets qu'à l’état normal; par places, des échancrures lui donnent une forme ratalinée. À son intérieur, on remarque un pro- toplasma qui reste coloré par la méthode de Nissl et contient des gra- nulations réduites à une poussière très fine. Le fin réseau apparent dans le précédent stade n’est plus visible. Les prolongements protoplas- miques fortement colorés semblent moins nombreux mais plus épais. Le noyau, dans la cellule, occupe une position excentrique; il a perdu sa forme arrondie; ses bords sont flous; il reste teinté fortement par les couleurs d’aniline. Le nucléole est encore apparent. Au troisième stade, qui n’est qu'une exagération du stade précédent, la cellule offre une forme ratatinée, échancrée par places; son proto- plasma, fortement coloré, sans aucune granulation, présente des vacuoles arrondies et incolores. Les prolongements sont moins nom- _breux et moins longs. Ils sont colorés d’une façon aussi intense que le protoplasma cellulaire. Dans un grand nombre de ces cellules, le noyau n’est plus visible. Là où il n’a pas complètement disparu, il se présente sous une forme irrégulière, atrophiée, et avec une coloration intense. Dans aucune cellule, nous n'avons pu observer de traces de pigment. Ces lésions sont également apparentes avec les diverses colorations : picrocarmin, hématoxyline, Nissl. C’est cependant avec cette dernière méthode que les lésions sont les plus nettes. La méthode de Golgi, employée avec succès dans l’imprégnation des cellules de la moelle, nous a permis d'étudier la disposition et l'aspect des prolongements cellulaires. Chez les animaux inanitiés, ceux-ei paraissent moins étendus, moins nombreux, moins ramifiés, moins déli- cats qu’à l’état normal. Ces prolongements s'arrêtent court après un faible trajet. Ils sont plus gros que ceux des cellules normales, en com- paraison desquelles ils ressemblent à des arbres émondés. Peut-être s'agit-il là de phénomènes de rétraction du neurone ? Il est plus pro- bable que c’est une lésion atrophique, comme le veut Rosenbach (1). (1) Rosenbach. Des allures du système nerveux dans l’inanition, Société de Psychiatrie et des maladies nerveuses de Berlin, 14 juillet 1884. 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Aucune lésion n’est à relever du côté des vaisseaux, sinon qu'ils sont dilatés et gorgés de sang. | Les tubes à myéline, examinés à l'aide des méthodes de Marchi et de Weigert-Pal, ne nous ont apparu aucunement altérés. La névroglie a conservé son aspect normal. Des lésions analogues, quoique moins prononcées, ont été trouvées dans le cortex des différents animaux en expérience. La méthode de Golgi nous a montré que les cellules pyramidales des animaux morts d'inanition avaient des prolongements plus courts que normalement. Elle nous a permis également de constater que les épines des différents prolongements protoplasmiques se présentent sous le même aspect chez les animaux inanitiés et les témoins. Le cervelet ne nous a présenté de lésions en aucun cas. En résumé, les lésions décrites plus haut nous montrent que, dans l'inanition, certaines cellules résistent plus longtemps que d’autres. Les allérations observées sont surtout des lésions atrophiques portant sur le corps cellulaire et les prolongements. Toutefois, la disparition pré- coce des granulations chromophiles semblerait leur prêter un rôle important dans la nutrition de la cellule (1). Le tissu de soutien n'est nullement touché. On ne trouve nulle part de traces d’inflammation; les vaisseaux présentent simplement une dilatation due à la stase san- guine. e (Travail du laboratoire de psychologie expérimentale de l'Ecole des Hautes-Etudes, asile de Villejuif.) : SUR LA TRANSFORMATION DES SCOLEX EN KYSTES ÉCHINOCOCCIQUES, par M. F. DéÉvé. Dans une communication antérieure (séance du 2 février 1901), nous avons rapporté des faits de greffes echinococciques obtenues par l'ino- culation au lapin d’un mélange de vésicules proligères et de scolex (la présence de ces derniers étant due à l'éclatement inévitable d'un certain nombre de vésicules proligères). Il restait à préciser la part qui revenait à l’un et l’autre germes dans la formation des kystes : c’est ce point qui fait l'objet de la présente note. Sans vouloir nier la possibilité du dévéloppement de kystes’échinococ- ciques aux dépens des vésicules proligères, nous dirons immédiatement (1) K. Schaffer. Des altérations des cellules nerveuses pendant l’inanition, Neurolog. Centralbl., XVI, 1897. — Lugaro et Chiozzi. Altérations des éléments nerveux dans l'inanition (Riv. di patol. nerv. e mentali, sept. 1897). SÉANCE DU 16 MARS 209 que nous n'avons jamais vu cette transformation au cours de nos recherches. Au contraire, nous avons observé des faits très démonstratifs qui éta- blissent la transformation des scolex en kystes échinococciques. On sait que ce mode de développement, décrit par Naunyn en 1862 et admis après lui par Leuckart, a été nié depuis, et d’une façon formelle, par Davaine, par M. Moniez, et enfin tout récemment par M. Potherat. J. — Dans une de nos expériences, nous avons pu inoculer à un lapin des scolex à l'exclusion des vésicules proligères : Les germes inoculés provenaient d’un kyste trouvé chez une femme à l’au- topsie. Le contenu du kyste ne fut recueilli que 50 heures après la mort : il était encore limpide et aseptique. Or, l'examen microscopique nous montra que ia poussière échinococcique obtenue par la ponction était exclusivement formée de scolez, les uns libres, les autres encore rattachés par petites grappes aux débris de leur vésicule proligère d’origine; toutes les vésicules proligères étaient éclatées. — A l'autopsie de l'animal, faite au 63° jour, nous avons trouvé, au point d’inoculation, deux tumeurs formées de tout pelits kystes : le microscope nous a montré dans leur paroi la stratification caractéristique. Les kystes échinococciques obtenus dans cette expérience constituent une première preuve de la transformation des scolex. . ‘IL — Une étude plus approfondie des préparations microscopiques est venue confirmer la réalité de cette origine : Nous avons pratiqué des coupes en série des deux tumeurs obtenues dans l'expérience précédente, et également d’une tumeur kystique trouvée chez un de nos lapins, 53 jours après l’inoculation d'un mélange de vésicules pro- ligères et de scolex. Nous avons pu suivre ainsi d’un bout à l’autre sur nos coupes 26 petits kystes. Cet examen nous a fait découvrir, à la face interne de la cuticule feuilletée, dans l'épaisseur de la couche granuleuse et en un point très limité (puisqu'on ne le suit que sur deux ou trois coupes), un amas de crochets intriqués, qui forment une sorte de petit tumulus saillant dans la cavité kystique. Il n'existe qu'un seul amas de crochets par kyste, et nous l'avons retrouvé dans chacun des 26 kystes que nous avons examinés. La numération des crochets réunis en amas nous à donné un chiffre variant entre 26-30 et 38-42. Ces 30-40 crochets amassés en un point limité, dans chacun des petits kystes examinés, constituent bien la signature du scolex qui leur a donné naissance : c’est précisément en effet le nombre de crochets que possède un scolex (Moniez). Il ne peut s'agir de la transformation kystique d'une vésicule proligère, car on devrait, dans ce cas, retrouver non un, mais 5, 10, 20 amas semblables, et non pas 40 crochets, mais plusieurs centaines. JT. — D'ailleurs, nous avons pu assister à la transformation kystique 300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des scolex. Nous avons dans une expérience trouvé au 41° jour après l'inoculation de nombreux scolex à des phases das de la méta- morphose. Voici brièvement ce que nous avons observé : le scolex augmente de volume ; son tissu devient plus lâche et se transforme en un réseau léger dont les mailles allongées s'étendent de la base du rostre à la face profonde de la cuticule. Ce réseau, qui sert de support à de nombreuses petites granu- lations et aux plaques chitineuses, devient de plus en plus ténu et tend à dis- paraître. Les granulations se rassemblent à la périphérie du scolex vésicu- leux et vont constituer la couche granuleuse qui s'étale à la face interne de la cuticule. Celle-ci s’est considérablement épaissie et présente dès ce moment des stratifications concentriques. En même temps que le réseau central dispa- rait, les crochets, réunis en désordre au milieu d’un îlot de petites granulations (vestiges des ventouses et du rostre), sont refoulés à la périphérie, et finale- ment ils vont former dans l'épaisseur de la couche granuleuse le petit amas particulier que nous avons retrouvé dans nos kystes. | Lé mode de transformation que nous avons observé répond en somme absolument à la description donnée par Naunyn dans son mémoire. Il est donc bien établi par ces différents faits qu’un scolex peut, quoi qu’on en ait dit, se transformer en un kyste échinococcique. Cette notion est extrêmement intéressante, car elle complète et pré- cise la pathogénie de l’échinococcose secondaire, affection due à la greffe des germes spécifiques mis en liberté par la rupture d’un kyste hyda- tique primitif. Cette greffe peut se faire localement (£’. secondaire locale); elle peut se produire sur toute la surface d’une séreuse (£. secondaire des séreuses); elle peut enfin se faire à distance par la voie sanguin&# (Æ. secondaire embolique). — Nous nous proposons de revenir ultérieu- rement sur cetle dernière variété. DE LA DISPOSITION ET DE LA FORME DES CELLULES ENDOTHÉLIALES DU TRONC DE LA VEINE PORTE, par M. E. Sucaanp. Les cellules endothéliales du trouc de la veine porte se distinguent par des caractères importants des cellules endothéliales des autres trones veineux du même calibre. On sait que l’endothélium des veines se compose de cellules dont la plaque endothéliale a la forme .d’un polygone irrégulier, mais sensible- ment allongé suivant l'axe du vaisseau, suivant la direction du courant sanguin, par conséquent. Les cellules que l’on observe à la surface interne du tronc de la veine porte du poulet et du pigeon, se présentent, dans les préparations obtenues par imprégnation d'argent, sous un aspect tout différent : les SÉANCE DU 16 MARS 3 01 lignes qui séparent les plaques endothéliales de ce revêtement forment des pentagones ou des hexagones souventassez réguliers ; quelques-unes de ces figures s’arrondissent comme si l’on en avait émoussé les angles. Dans la veine porte du rat, les cellules endothéliales ont une forme beaucoup plus irrégulière : les côtés des polygones sont remplacés par dés bords sinueux, mais non denticulés. Ces cellules endothéliales de la veine porte du rat sont allongées, non pas suivant l'axe du vaisseau, mais bien perpendiculairement à la direction de cet axe. Dans le Japin et dans le cochon d'Inde, les cellules endothéliales du tronc de la veine porte sont, tantôt orientées comme celles du rat, -cest-à-dire allongées transversalement, tantôt polygonales, comme -dans les oiseaux. La cause de cette disposition si curieuse des cellules endothéliales des veines, que je viens d'indiquer, doit, suivant toute apparence, être -attribuée à la direction des cellules musculaires de la tunique externe de ces vaisseaux et surtout à la forme que présentent ces vaisseaux au moment de la contraction des cellules musculaires. Dans la veine porte du poulet et du pigeon, les cellules musculaires -obliquement dirigées se croisent dans tous les sens. Le tronc de ce vaisseau dilaté en forme d’ampoule se contracte à la manière d’un réservoir creux élastique et l’on concoit dès lors que ces cellules, recou- vrant une membrane tendue également dans tous les sens, aient une forme parfaitement régulière. Dans la veine porte du rat, les cellules musculaires transversales sont disposées en faisceaux souvent assez écartés les uns des autres, tandis que les cellules musculaires longitudinales forment une couche dense -et continue. Or, c’est précisément entre ces faisceaux musculaires trans- versaux que les cellules endothéliales présentent leur maximum de lon- gueur ; c'est là qu’ellés affectent le plus nettement la direction transver- sale. A ce niveau, elles ne sont séparées des cellules musculaires longitudinales que par un réseau élastique très fin. Il est donc permis de supposer que, dans ce vaisseau, le revêtement endothélial se trouve comprimé, plissé au moment de la contraction des fibres longitudinales et que les plaques endothéliales qui le composent s’allongent transversa- lement en conservant la forme que leur imprime une fonction souvent répétée. Dans le lapin et le cochon d'Inde, les cellules endothéliales de Ja veine porte sont polygonales dans tous les points où la couche des cel- lules musculaires transversales de la tunique externe a la même épais- seur que la couche des cellules longitudinales; elles sont nettement transversales quand les cellules musculaires longitudinales sont en quantité dominante. L'hypothèse que je viens d'émettre semble donc vérifiée par l'observa- tion de la veine porte de ces deux derniers animaux. 19 Le BioLociE. CompTEs RENDus. — 1901. T, LIII, 302 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Elle est confirmée par l'examen de certaines veines de la circulation générale, la jugulaire du mouton, par exemple. Dans cette dernière veine, les cellules endothéliales sont allongées transversalement dans le sinus que présente ce vaisseau au niveau de sa valvule moyenne; en ce point, la tunique externe de la veine ne contient que des cellules. musculaires longitudinales ou un peu obliques. 11 semble done, et c’est là un fait important du domaine de a générale, que Née cellules endothéliales du système veineux s'allongent perpendiculairement à la direction des cellules musculaires qui sont en quantité dominante dans la tunique externe des veines et non pas suivant la direction du courant sanguin. Comme les cellules endothé- liales des artères paraissent jouir de la même propriété, cette propriété commune à toutes les parties du système vasculaire sanguin munies de cellules musculaires lisses peut être considérée comme une loi d'ana- tomie générale. Je dois ajouter que si, dans la suite, une seule observation dûment contrôlée se trouve contraire à l'hypothèse que je viens d'émettre, il faudra expliquer d'une autre manière le mode d'orientation des cel- lules endothéliales vasculaires, mais en tenant compte toutefois des faits que j'ai signalés, c'est-à-dire de la présence de cellules polygonales et transversales dans le revêtement endothélial des veines, en d’autres points que sur la face externe de leurs valvules. LE CONCORDANCE DES MÉTHODES PAR VOIE + SPECTROPHOTOMÉTRIQUE ET PAR DOSAGE DU FER POUR LA DÉTERMINATION DE L'OXYHÉMOGLOBINE CONTENUE DANS LE SANG, par M. L.-G. DE SAINT-MARTIN. Au cours de recherches hématologiques dont j'ai récemment publié les résultats (1), j'ai eu l'occasion, à titre de contrôle, d'effectuer concur- remment plusieurs déterminations d’oxyhémoglobine dans le sang, d’une part au moyen du spectrophotomètre de G. Hüffner, et de l’autre par le dosage du fer. Cette dernière méthode a élé mise en pratique à l’aide d’une liqueur titrée de permanganate de potasse en suivant, avec leurs perfectionne- ments successifs, les prescriptions de Gorup-Besanez, d'Hoppe-Seyler et de Hamburger (2). (1) L. G. de Saint-Martin. Journal de Physiologie et de Pathologie générale. DAT p 10 ettelup en (2) Gorup-Besanez. Analyse zoochimique, p. 374. Paris, Reinwald, 1875. Hoppe-Seyler, Anal. chimique app. à la Physiologie, p. 436. Paris, Savy, 1877. Hamburger. Zeitsch. für physiol. Chemie, 1878, t. IN, p. 196. SÉANCE pu 16 MARS 303 Les manipulations sont très longues et fort délicates, mais avec un peu d'habitude, à condition que la quantité de fer à doser ne soit pas inférieure à 20 milligrammes, on arrive, en raison de l'extrême sensi- bilité de la réaction finale, à des résultats d’une concordance remar- quable, malgré l'énorme facteur (298) par lequel on doit multiplier le chiffre du fer obtenu. Ce facteur est déduit des derniers travaux absolument d'accord de Zinoffsky, Jaquet, G. Hüfner et Lapicque, dont les analyses fixent défini- tivement le taux de fer contenu dans diverses oxyhémoglobines (cheval, chien, bœuf, poulet) à 0,335 p. 100 (1). Voici le tableau de mes déterminations comparatives : A A OXYHÉMOGLOBINE RAPPORT FER DE 90 CG. C. DATES ni 2, FRS AUDE Ge Av ND IE HÉRENCE du sang. de sang par le Tr : > spectrophotomètre, A'o Trouvé. Calculé. (1899). gr. milligr. millier. millier. L 1 avril. Bœuf. 17,1% 1F C2 PEN S70 0 8 rl + 0,28 IL. 31 janv. Chien. 18,94 1,63 3298020931 0F 0,71 - II. 20 juil! . id. 12,70 L,61 21515 21933 + 0,42 IV. 25 avril. Homme. 493505 1,60 23403 M0 + 0,30 La dernière colonne de ce tableau accuse constamment un léger excès () illigr. 42 en moyenne) du fer trouvé sur le fer calculé, ce qui est conforme à l'opinion de M. Lapicque (2), bien que j'aie pris soin de déterminer et de défalquer dans mes analyses le nombre de gouttes de caméléon nécessaires pour produire la coloration dans les conditions toujours semblables où j'opérais (3). L'expérience suivante faite avec M. Dhéré confirme pleinement les résultats ci-dessus. Au cours d'essais hématologiques exécutés dans mon laboratoire, nous avions préparé une solution laquée assez con- centrée de sang de chien, dans laquelle l'analyse spectrophotométrique, immédiatement pratiquée, accusa, pour 100 centimètres cubes, 5 gr. 194 d'oxyhémoglobine. M. Dhéré ayant prélevé une partie de cette dilution sanguine et l’ayant soumise, au laboratoire de la Sorbonne, à plusieurs dosages de fer, selon la méthode colorimétrique de (1) Zinoffsky. Zeëtsch für physiol. Chemie, 1885, t. X, p. 16. Jaquet. 1bd.; 1889, 1. XIV, p. 289. G. Hüfner. Arch. für Anat. und Physiol. Physiol. Abtheilung, 1894, p. 130. L. Lapicque et H. Gilardoni. Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 1% mai 1899. (2) L. Lapicque. Mutations du fer chez les Vertébrés, p. 23. Paris, 1897. (3) Les différences entre le fer trouvé et le fer calculé deviennent infé- rieures à 1 0/0 si, conformément aux observations de M. Lapicque, on dimi- nue de 0 millig. 5 les chiffres de fer trouvé. 304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M. Lapicque, me communiqua quelques jours après les chiffres suivants (juillet 1900) : 25 Ballons A. 5 c. c. solution laquée. Rapport colorim. 5e — 0689 — B. — Æ — Sat 0 89 } Fe 25 Fer calculé pour 5 c. c., 02887. — Moyenne trouvée. — 02888 On voit donc, pour conclure, que les résultats obtenus en effectuant dans le sang la détermination de l’oxyhémoglobine par la méthode spectrophotométrique ou par le dosage du fer (deux procédés différents) ont toujours été d’une rigoureuse concordance. PRODUCTION D'ACÉTYLMÉTHYLCARBINOL PAR LE Bacillus tartricus, par M. L. GRIMBERT. Le B. tartricus, dont j'ai déjà eu l’occasion d'entretenir la Société (1), est un ferment énergique des tartrates et des hydrates de carbone. Avec les premiers, il donne exclusivement de l'acide acétique et de l'acide succinique; avec les seconds, il produit, en outre, de l'alcool éthylique et de l'acide lactique gauche, comme le font un grand nombre d'espèces microbiennes telles que le 2. coli ou le pneumobacille de Friedlænder: mais ce qui rend son action sur les sucres particulièrement intéressante, c'est qu'il fournit en outre et d'une manière constante un corps que je n’ai pas encore vu signaler jusqu'ici parmi les produits bactériens : je veux parler de l’acétylméthylcarbinol CH°— CO — CH.OH — CH. Voici comment j'ai pu le mettre en évidence. Une solution de sucre de canne ou de glucose à 5 p. 100 additionnée d’un millième de peptone et d'un peu de carbonate de chaux est ensemencée à l’aide d'une culture pure de 2. tartricus, et mise à l’étuve à 37 degrés. Quand la fermentation cesse de se manifester — vers le quinzième jour — on filtre. Le liquide filtré a une réaction sensiblement neutre, on le distille. Dans les premières portions de la distillation passent de petites quantités d'alcool éthylique, puis on recueille un liquide aqueux. (1) L. Grimbert et L. Ficquet. Sur un nouveau ferment des tartrates « le Bacillus tartricus », Comptes rendus de la Société de Biologie, 1897, p. 962. SÉANCE DU 16 MARS 305 > Ce dernier offre les réactions suivantes : Il réduit la liqueur de Fehling même à froid. Il ne donne pas la réaction de l'iodoforme. Il ne donne aucun précipité avec la solution de sulfate mercurique de Denigès. Il donne la réaction de Legal avec le nitroprussiate de soude, la soude, et l'acide acétique. Chauffé au bain-marie bouillant avec de l’acétate de phénylhydrazine, il donne un abondant précipité d'une osazone eristallisée d’un jaune pâle. Cette osazone est insoluble dans l’eau et dans la plupart des dissol- vants, à peine soluble dans l'alcool, plus soluble dans l'acide acétique cristallisable et dans le benzène. Elle fond à 243 degrés en se décom- posant. Sa composition élémentaire répond à la formule CIH'$AZ*, qui est celle de l’osazone du biacétyle : CH°—C—A7z—AzH.C°H5—C—Az—AzH.CSH"— CH”, dont elle possède déja le point de fusion. Traitée en présence d'alcool par une trace de perchlorure de fer, elle se transforme en osotétrazone soluble dans l'éther, qu'elle colore en rouge foncé; réaction caractéristique de l’osazone des dicétones-«. J'ai obtenu d'ailleurs cette osotétrazone cristallisée, qui répond à la formule : CH°—C— A7z— A7. CH | | CH3=—C—Az—Az.CFH Je me suis servi pour cela de la méthode de von Pechmann (1), qui consiste à oxyder l’osazone au moyen du bichromate de potasse en solution acétique étendue. On obtient ainsi une bouillie de cristaux rouges fusibles, ainsi que l'indique Pechmann, vers 170 degrés. Si lon reprend ces cristaux par de l'alcool absolu bouillant, on obtient par refroidissement de longues aiguilles rouge foncé, légères et feutrées, fondant à 151 degrés, insolubles dans l’eau, solubles dans l'alcool et dans l’éther. Cette osotétrazone, traitée à chaud par un excès de phénylhydrazine, régénère l'osazone primitive fondant à 243 degrés. L'osazone que nous avons obtenue de notre liquide distillé est donc bien l’osazone du biacétyle. Est-ce à dire qu'elle est fournie par le bia- cétyle lui-même? Pas nécessairement, car deux corps peuvent donner cette osazone : 1° Le biacétyle : CH°— CO — CO — CH. 2 L’acétylméthylcarbinol : CH°—. CO — CH.OH— CH”. (1) Von Pechmann, D. chem. G. 21, p. 2751. 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce dernier corps a été obtenu par von Pechmann (1) dans la réduction du biacétyle en liqueur acide. Or le biacétyle ne réduit pas la liqueur de Fehling et est très alté- rable au contact des alcalis qui le transforment en p-xyloquinone. L’acétylméthylcarbinol, au contraire, réduit la liqueur cupropotas- sique même à froid. C'est précisément la réaction que donne à notre liquide distillé. De plus, chauffé avec un léger excès de soude au réfrigérant à reflux pen- dant une demi-heure, il ne se colore que faiblement et fournit à la dis- tillation un liquide réduisant toujours la liqueur de Fehling et donnant, avec la phénylhydrazine, l’osazone du biacétyle. En somme, l'ébullition prolongée en présence d’alcali n'avait pas sen- siblement altéré notre produit. Il ne pouvait donc être question du bi-acétyle, mais bien de l'acétylméthylcarbinol. Malheureusement, ce corps ne se forme qu'en quantité trop faible pour pouvoir être isolé en nature. De plus il ne passe à la distillation qu'entrainé par la vapeur d’eau, de sorte qu'on ne peut songer à le concentrer par des distillations fractionnées et qu'on en trouve des quantités à peu près égales dans les premières et has les’ dernières parties distillées. Les solutions à 5 p. 100 des sucres suivants ont donné après fermen- tation pour 100 centimètres cubes de liquide distillé : OSAZONE ACÉTYLMÉTHYLCARBINOL . correspondant. Glucose ERNST EEE 05274 050904 SACCHATOS ep NN APE 0 207 0 0683 à Id. SE Le a Re Le ctee 0 203 0 0669 LAC LOS 6 PEER Re EE 0 109 0 0359 MARMITE ee ANUS 0 064 O 0211 Les fermentations de tartrate de chaux ne donnent pas d'osazone. Il en est de même des fermentations de dextrine et de glycérine. J'ai voulu voir ensuite si l’acétylméthylearbinol existait aussi dans les fermentations provoquées par d’autres microorganismes, et je me suis adressé pour cela au B. coli, au B. d'Eberth et au pneumobacille de Friedlander que j'ai ensemencés sur des solutions de glucose. Les liquides distillés ne m'ont donné aucune trace d’osazone. Il serait intéressant d'étendre cette recherche à un grand nombre d'espèces microbiennes pour voir si elle resterait caractéristique du Bacillus tartricus seul. (4) Von Pechmann. D. chem. G., 23, p. 2424. SÉANCE DU 16 MARS 307 LE TRICHOCÉPHALE ET LES ASSOCIATIONS PARASITAIRES, par M. le D: J. Gurarr. M. Metschnikof vient de faire cette semaine à l’Académie de médecine une communication très intéressante et qui à fait beaucoup de bruit dans le monde médical, parce qu’il s'agissait de l’appendicite, maladie éminemment à l’ordre du jour. J'ai été très heureux, en ce qui me con- cerne, de voir confirmer par M. Metschnikof les idées que j'exposais ici même, il y à un peu plus d’un an, sur le rôle de l’Ascaris comme agent inoculateur d’affections intestinales. Nos deux communications consti- tuent en réalité deux cas particuliers d’une loi plus générale : celle de l’action des helminthes intestinaux comme agents inoculateurs de cer- taines affections intestinales. Je ne veux pas revenir ici sur ce que j'ai déjà dit à propos du rôle de l’'Ascaris et qui vient d'être confirmé par M. Metschnikof. Mais, en ce qui concerne le trichocéphale, voici déjà trois années que, dans mes confé- rences de parasitologie à la Faculté de médecine, j'insiste sur sa fré- quence dars le cæcum et sur le rôle important qu'il doit jouer dans les maladies inflammatoires de cette région; il se fixe, en effet, dans la mu- -queuse même par son extrémité eflilée et devient ainsi un agent inocu- lateur de premier ordre. Il y a environ dix-huit mois, j'avais chargé M. Brumpt, préparateur du laboratoire de M. le professeur R. Blan- chard, d'étudier cette question pendant son passage dans les hôpitaux. Une seule fois il rencontra des trichocéphales dans l’appendice; mais, dans les nécropsies consécutives aux décès par fièvre typhoïde, il ren- contra très fréquemment des trichocéphales fivés dans la partie superfi- cielle de la muqueuse du cæcum. M. Brumpt n'a pas encore publié ses -observations, et comme il se trouve actuellement en voyage de mission dans l'Afrique centrale, j'ai cru bon d’en parler ici. | J'espère qu'on ne me fera pas dire que je considère le trichocéphale comme étant la cause de la fièvre typhoïde; ce serait aussi exagéré que de faire dire à M. Metschnikof que cet helminthe est l'agent spécifique de l’appendicite. Son vrai rôle, le voici : notre intestin héberge une flore bactérienne des plus riches et où se rencontrent nombre de bactéries pathogènes ; mais heureusement, à l’état normal, l’épithélium intestinal leur offre une barrière infranchissable. Il en est en réalité comme de notre tégument externe, toujours souillé par les bactéries, mais qui ne se laisse pénétrer par elles qu'à la faveur d’une coupure ou d’une plaie. De même, dans l'intestin, les bactéries pathogènes restent sans action, tant que la muqueuse ne se trouve pas éraillée par un corps étranger ou une particule solide ingérée avec les aliments ou n’est pas entamée par un helminthe quelconque vivant dans sa cavité. En effet, cet helminthe, er se fixant sur la muqueuse pour ne pas se trouver entrainé par le 308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cours des matières fécales, la déchire, et dès lorsles conditions changent : les bactéries, inoculées par le parasite, se développent sous la muqueuse: etproduiront, suivant les cas, une entérite, une appendicite, un simple abcès, voire une péritonite. Comme, dans nos pays, le bacille typhique esi l’un des plus abondants, il en résulte que les parasites intestinaux ouvrent surtout la porte à la fièvre typhoïde; mais dans d’autres pays ils produisent l’inoculation de la dysenterie ou du choléra. Je pense donc que le trichocéphale agit simplement à la manière d'un helminthe intestinal quelconque; et comme il constitue avec l’Ascaris un des parasites les plus fréquents de l'intestin, il en résulte que l’on. doit avec raison compter avec lui, d'autant plus qu’il est aujourd’hui démontré qu'il se fixe réellement dans la muqueuse par son extrémité. céphalique, ainsi qu'il résulte des observations de M. le professeur Rail- liet et de M. Brumpt. Je crois que le trichocéphale peut agir éventuelle- ment dans l’étiologie de l’appendicite, mais c’est là bien certainement un cas assez rare. En effet, si les trichocéphales sont assez communs dans le cæcum, il faut avouer qu'on les a rencontrés bien rarement dans l’appendice. C'est ainsi que sur 178 appendices réséqués chirurgicale ment et examinés au laboratoire des travaux pratiques d'anatomie pathologique par M. le D' Letulle, professeur agrégé, et par M. le D' Weinberg, deux seulement, dont un qui me fut apporté, renfer- maient des trichocéphales (1). S'il est vraisemblable que le trichocé- phale puisse jouer un rôle dans cerlains cas d’appendicite, je crois du: moins son rôle beaucoup plus actif dans d’autres affections intestinales et en particulier dans les entérites. TE Je me résume en disant que les helminthes et les bactéries de l'in- testin sont inoffensifs par eux-mêmes, mais les helminthes sont capa- bles de devenir les agents inoculateurs des bactéries, au même titre que les moustiques vis-à-vis du paludisme, ou mieux, de la fièvre jaune. Les helminthes peuvent donc jouer un rôle très important et généralement méconnu dans l'étiologie des affections intestinales, et il y a là une asso- ciation parasitaire des plus intéressantes. Aussi suis-je persuadé que, du jour où ies médecins se mettront systématiquement à l’examen mi- croscopique des matières fécales pour la recherche des œufs des para- sites, ils seront étonnés des progrès rapides qui en résulteront dans nos. connaissances relatives à l’étiologie et au traitement des maladies para- sitaires de l'intestin et du foie. (1) Le trichocéphale était également fixé à travers la partie superficielle de: la muqueuse. SÉANCE DU 16 MARS 309 ÜN CAS DE PNEUMONIE FRANCHE ARRÊTÉE DANS SON ÉVOLUTION, PUIS GUÉRIE PAR L'INJECTION DE SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE, SUIVANT LA MÉTHODE DE TALAMON. par M. L. CaPrTaN. L'observation suivante constitue une vraie expérience de thérapeu- tique biologique. À ce point de vue, elle peut donc figurer dans nos bulletins. On sait qu'il y a trois semaines, Talamon à communiqué à la Société médicale des hôpitaux un très important mémoire sur le trai- tement de la pneumonie par le sérum antidiphtérique (1). Il avait été amené à employer celte médication en considérant que l’une des actions probables du sérum antidiphtérique, son action excitante de la phago- cytose, pourrait trouver utilement son application dans le traitement de la pneumonie franche. Il s’agit là en effet d’un microbe pathogène à virulence relativement faiblé, à vitalité courte, et qui parait de prime abord plus facile à attaquer que le bacille de Læffler. Partant de cette hypothèse préalable, Talamon a injecté le sérum antidiphtérique dans cinquante cas de pneumonie franche. Les résultats ont été des plus remarquables, puisqu'en prenant le chiffre global de mortalité le plus favorable dans la pneumonie de tous les âges, d’après les. statistiques classiques, on arrive à 25 p. 100, tandis que Talamon par sa méthode a pu l’abaisser à 14 p. 100. Mais c’est surtout chez les sujets âgés de plus de cinquante ans que les effets ont été les plus nets, puisque le chiffre de mortalité ordinaire, de 42 à 56 p. 100 dans ces cas, est tombé à 28 p. 100. Voici maintenant notre observation. Il s’agit d'une femme de ein- quante-huit ans, emphysémateuse et asthmatique de longue date, et qui était atteinte de grippe à forme nerveuse dépressive, avec phénomènes pulmonaires peu marqués, mais qui l'avaient tenue à la chambre depuis le début de la première semaine de mars. Elle est brusquement prise le vendredi matin 8 mars 1901 d’un point de côté violent avec fièvre élevée et oppression intense. A la fin de la journée apparaissent des crachats sanguinolents. Le lendemain malin samedi, les crachats étaient nettement pneumoniques. Nous ne la voyons que le dimanche après-midi ; les phénomènes se sont accentués ; la face est vultueuse, le pouls à 198 ; 30 respirations par minute ; la température à 39°6 dans l’aisselle; grande dépression, élat nauséeux constant, alimentation impossible, souffle pneumonique et râles crépitants occupant environ les deux tiers inférieurs du poumon droit. Crachats abricot types. Les battements du cœur rapides et mous. (1) Société médicale des hôpitaux, séance du 22 février 1901, et Médecine moderne, n°° 9 et 10, 1901. 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le foie est un peu augmenté de volume et sensible. L’urine, rare, renfermait environ À gramme d’albumine. Le soir de ce même jour (10 mars) nous la voyons avec Talamon à 8 heures. Il considère le cas comme grave.Les signes se sont accentués. Injection de 20 centimètres cubes de sérum antidiphtérique de l'Ins-. titut Pasteur sous la peau de l'abdomen et aucun autre (raitement qu'une pilule de spartéine de 3 centigrammes, toutes les deux heures. La nuit est moins mauvaise que les précédentes, la malade peut boire un peu. Les nausées ont disparu. Le lendemain matin (14 mars), le thermomètre marque 37°4 (aisselle). On a, aussi nettement qu'après l'injection de sérum dans un cas de diphtérie, la sensation que la maladie est arrêtée. L'état général est bien moins mauvais, la dyspnée moindre, le souffle moins marqué, le pouls moins dur, à 120. Néanmoins, d’après les indications de Talamon, nous pratiquons une seconde injection de 20 centimètres cubes de sérum antidiphtérique. Durant l'après-midi, l'amélioration s’accentue, des sueurs abondantes surviennent, la malade boil facilement du lait et du champagne coupé d’eau. L'urine ne renferme plus que 0,40 &’albumine. Le soir, la température est remontée à 38°2, mais l’état général est bon. Les signes d'auscultation sont modifiés, le souffle a diminué. On. a nettement l'impression d’un processus en voie de décroissance. La nuit est bonne, la malade peut dormir durant plusieurs heures. Le mardi (12 mars) au matin, la température est à 36°8; la malade À l’aspect d'une convalescente, la langue se nettoie, les crachats ont pàli, le souffle a disparu. il n'existe plus que des räles crépitants. L'urine de l’après-midi ne renferme plus que 20 à 25 centigrammes d'albumine. Elle est également un peu plus abondante. Il y a encore eu des sueurs. Le soir, la température est à 37°4. L'amélioration DROSESSE avec une extrème rapidité. Le mercredi matin (13 mars), les crachats sont à peine teintés, les ràles ont encore diminué, la ete n'est plus gênée que par son asthme, dont elle a eu dans la nuit un accès assez fort. La température est absolument normale et reste dès lors ainsi. L’urine de l’après-midi ne renferme plus qu'un léger louche d'albumine. Le jeudi 14 mars, les räles ont presque complètement disparu, ceux qui restent ont un timbre sous-crépitant, les crachats sont absolument incolores. Si on n'était pas prévenu, il serait impossible de reconnaitre, même à l’auscultation, que, quatre jours auparavant, cette malade était en pleine pneumonie grave. L’urine ne renferme plus trace d’albumine. Le vendredi 15 mars, la malade peut se lever pendant une heure; elle est convalescente. | Le samedi 16 mars, elle reste levée pendant deux heures, et mange. SEANCE DU 16 MARS 311 avec appélit à son déjeuner une cervelle de mouton; elle est absolu- ment guérie. Nous noterons également le pelil point suivant : un peu avant le début de sa pneumonie, elle avait eu pour la troisième fois une hémor- ragie du corps vitré de l'œil gauche qui avait aboli presque complète- ment la vision. Or, elle nous a fait remarquer que, depuis les deux piqûres, son œil s’améliorait très rapidement. C'est une simple remarque, d’ailleurs, dont les oculistes pourront peut-être faire leur profit. Il n'y a d’ailleurs là rien d'étonnant; l’action excitante de la phagocytose, déterminée vraisemblablement par le sérum, se serait exercée sur l'hémorragie oculaire comme-sur l'exsudat pulmonaire. Tel est ce simple fait, dont l’évolution, on le voit, a été celle d’une vraie expérience dont les phases successives et rapides ont pu être perçues, non seulement par nous, mais aussi par l'entourage de la malade, qui en a été vivement frappé. Comme ce cas est en somme le premier traité en ville et par un autre médecin que l'inventeur de la méthode, nous avons pensé qu'il était utile de le faire connaître immédiatement, pour bien affirmer les effets réellement surprenants de cette lrès curieuse et très biologique médi- cation. ?U SUR LES CELLULES INTERSTITIELLES DU TESTICULE ECTOPIQUE, par MM. G. FÉLIZET et ALBERT BRANCA. Nous avons eu déjà l’occasion d'indiquer (1) les particularités que présentent les cellules interstitielles dans le testicule ectopique. Nous nous bornerons donc à préciser ici quelques points relatifs à la topo- graphie et à la structure de ces éléments. Le nombre des cellules interstitielles n'a rien de fixe. Il oscille dans de larges limites d’uu testicule à l’autre. S'il arrive parfois que ces élé- ments se rassemblent en anneau autour d'un canalicule séminipare, il n’est pas rare non plus de les voir disséminés dans la glande, sous forme d’ilots rares et de dimensions exiguës. Nous avons constaté le fait, tout récemment encore, chez un sujet de dix-huit ans. Sur une coupe intéressant quatre-vingt-deux tubes séminipares, nous avons compté seulement cinq îlots de cellules interstitielles, formés chacun de cinq à huit cellules. Et ces ilots ne nous ont pas paru sensiblement plus nombreux ou plus développés dans les autres régions du testicule. D'autre part, les cellules interstitielles n’ont pas dans ie lesticule une topographie aussi fixe que l’affirment nombre d'auteurs. On les trouve dans l'épaisseur de l'albuginée, aussi bien que dans les lobules testicu- (1) Soc. de Biologie, 1898. 12 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE laires. Ici, comme là, elles se montrent tantôt ordonnées autour des vaisseaux sanguins, tantôt localisées dans le tissu CORIQRCUE à distance de ces vaisseaux. On ne saurait donc faire de l'abondance des cellules interstitielles un des caraclères majeurs de la glande en ectopie, et tirer de leur systématisation périvasculaire un argument en faveur de tel ou tel mode de fonctionnement. Considérées dans leur structure fine, les cellules interstitielles présen- tent diverses modalités. De forme généralement polyédrique, d'une taille qui peut atteindre 60 ou 65 y, ces cellules sont munies d’un noyau de 12 à 16 uv de diamètre; ce noyau est sphérique ou ovalaire. Exception- nellement il se montre étranglé en haltère à sa partie moyenne. Il occupe une zone quelconque du corps cellulaire ; il est indifféremment central, marginal ou polaire. Quaut au corps cellulaire, il est parfois homogène dans toute son étendue; parfois il est alvéolaire et les mailles du réseau sont inégalement polygonales: parfois encore on trouve au- tour du noyau une écorce de protoplasma homogène, entourée d'une zone de protoplasma alvéolaire que limite une bande de protoplasma homogène très colorable. Ajoutons que dans le corps cellulaire on observe excoptionnellemeat un pelit grain que lhématoxyline du fer colore en noir. Ce grain, du volume du nucléole, est entouré d’un halo clair. On sait qu il est géné- ralement regardé comme un centrosome. Les cristalloïdes des cellules interstitielles présentent des réactions histochimiques assez variables. Sur une coupe donnée colorée à le méthode de Benda, des cristalloïdes, de taille identique, se teignent les uns en rouge, les autres en vert; sur des pièces traitées par la safranine et l’aurentia, certains cristalloïdes sont rouges et d'aûres jaunes ou bruns. En résumé, par leur topographie, par leur structure, par leurs pro- duits d'élaboration, les cellules interstitielles sont comparables — ou bien peu s’en faut — dans le testicule des adultes, normaux eryptor- chides. C'est dans la structure de l’épithélium séminal qu'il faut cher- cher la vraie caractéristique de la glande en ectopie. NÉVRITES EXPÉRIMENTALES PAR INJECTION DE SÉRUM D'URÉMIQUE AU NIVEAU DU NERF SCIATIQUE DE COBAYE, par M. Cu. DoprER, Les faits expérimentaux que nous relatons peuvent aider à concevoir la genèse de certaines paralysies survenant au cours de l’urémie. À ce titre, ils méritent d’être rapportés. SÉANCE DU 16 MARS 313 Du sérum sanguin recueilli aseptiquement, provenant d'un brightique en état d'urémie, a été porté directement au contact d’un sciatique de cobaye, suivant le procédé déjà employé par MM. Pitres et. Vaillard avec d’autres substances : l'aiguille est enfoncée dans l'interstice qui sépare les masses musculaires externe et interne de la face postérieure de la cuisse ; on la dirige de facon qu'elle atieigne la face interne du fémur ; puis elle est portée légèrement en dedans de cet os; l'injection est alors poussée et baigne infailliblement le tronc nerveux. Cette technique évite la blessure du nerf. Dans chaque expérience, une injec- tion de sérum normal à été pratiquée dans la cuisse du côté opposé; jamais elle n’a provoqué la moindre lésion des nerfs. Quatre cobayes ont été mis en expérience. Ils ont recu des injections en nombre variable, à intervalles réguliers (le 1° une, le 2° trois, le 3° quatre, le 4° six) ; chez tous, le sciatique a présenté des altérations très caractérisées. La lésion des tubes nerveux débute à l'extrémité des segments inter- annulaires, dans la partie immédiatement contiguë à l'étranglement; elle se traduit par la raréfaction de la myéline avec conservation du cylindre-axe, qui se tuméfie d’abord, puis s’amincit. L'altération s'étend de proche en proche à toute l'étendue d'un segment et prend ainsi le caractère segmentaire, périaxile. Le protoplasma et le noyau disparais- sent par une sorte de nécrose qui, en dernière analyse, atteint le cylindre-axe. Le calibre de ce dernier devient irrégulier, et en certains points filiforme; peut-être arrive-t-il à se rompre? Ceite lésion a été constatée par M: Vincent avec la toxine typhique (Sociétle de Biologie, 19 mars 1900), et par M. Lafforgue et nous-même, à l’aide de toxines diverses. Après cette phase initiale, peut-être après la rupture du cylindre-axe, la fibre nerveuse subit la dégénérescence wallérienne. Cette dernière intéresse un nombre de tubes d'autant plus grand que le cobaye a été sacrifié plus tardivement, et qu'il à reçu un nombre plus grand d'injections. Ces faits n’ont rien qui doive surprendre : Le sang-des urémiques charrie des principes toxiques qui agissent d’une façon élective sur tel ou tel système de l’économie. Le système nerveux n'échappe pas à leur atteinte ; il suffit de rappeler à cet effet Les lésions des cellules nerveuses, cérébrales et médullaires, obtenues par Nageotte et Ettlinger, Do- nelti, etc., dans l’urémie expérimentale, et récemment constatées par Gabbi dans deux cas d’urémie chez l'homme. Les paralysies urémiques de type cérébral peuvent trouver leur expli- cation dans ces dernières altérations. Quant aux paralysies périphéri- ques, parfois observées : paralysie faciale, paralysie récurrentielle, leur véritable nature était restée hypothétique, en raison de l'absence d'autopsie. On sunposait que le nerf subissait l’atteinte directe d’une 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sérosité œdémateuse qui l'infiltrait, et exercait sur les tubes nerveux une action toxique ou mécanique entraînant des troubles dans ses fonctions. | Les névrites expérimentales ci-dessus rapportées semblent éclairer la pathogénie de ce groupe de paralysies urémiques. Les conditions dans lesquelles elles ont été obtenues réalisent en parties celles de la clinique humaine, où le nerf est constamment en contact avec des poisons en circulation dans les capillaires qui irriguent ses éléments. ROLE DES CAPSULES SURRÉNALES DANS LA RÉSISTANCE A QUELQUES INFECTIONS EXPÉRIMENTALES, par M. R. OPPENHEIM. Pour déterminer quel peut être le rôle des capsules surrénales dans la résistance de l'organisme aux infections, j'ai pratiqué sur un certain nombre de cobayes l'ablation d’une des glandes surrénales ; puis, après un intervalle suffisant pour laisser les animaux reprendre une santé parfaite, je leur ai fait subir des inoculations sous-cutanées ou intra péritonéales de cultures de bacille diphtérique, de pneumo-bacille, de bacille tuberculeux, de toxine tétanique. J'ai suivi d'assez près, d’ail- leurs, la technique employée par MM. Charrin et Langlois qui ont fait, il y a quelques années, des expériences analogues avec le bacille pyo- cyanique et sont arrivés à conclure que les animaux décapsulés résiss, taient mieux à l'infection que les animaux témoins (1). Pour pratiquer la décapsulation des cobayes, j'ai procédé de la facon sui- vante : laparotomie latérale presque toujours pratiquée à gauche, parceque l'opération est plus facile de ce côté (la surrénale droite est immédiatement contiguë à la veine cave inférieure); l’incision remonte jusqu’à la dernière côte, qui est sectionnée ; en faisant écarter en haut l'estomac et la rate, en bas et en dedans la masse intestinale, on met aisément à découvert la capsule; de quelques coups de sonde cannelée, on la libère de ses adhérences, puis on l’enlève en jetant un fil sur son petit pédicule vasculaire. Souvent le fil accroche et déchire la partie interne de la glande; il suffit alors de cauté- riser, avec l'extrémité de la sonde portée au rouge sombre, le moignon resté adhérent, pour arrêter l'hémorragie et détruire du même coup ce qui subsis- .tait de la capsule. En aucun cas, pour cette série d'expériences, je n’ai pratiqué lablation bilatérale des glandes surrénales; cette opération entraïnant toujours la mort à très bref délai, il serait impossible d'étudier l’action des infections surajou- tées. Au contraire, après l'extirpation unilatérale, les animaux ne présentent (4) Charrin et Langlois, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1896, p. 708. — Langlois. Les capsules surrénales, Thèse, doctorat ès sciences, 1897. SÉANCE DU 16. MARS LD aucun trouble apparent, si ce n’est un cerlain degré d’amaigrissement; mais cet amaigrissement est de courte durée et, sauf les cas très rares d'infection opératoire, la guérison est complète au bout de quelques jours. J'ai pratiqué presque toujours l’inoculation microbienne de 10 à 20 jours après l'opération, alors que l’animal avait repris son poids primitif. Mes résultats ont varié beaucoup suivant la nature de l'agent infec- tieux. 1° TÉTANOS. Série a. — Six animaux, 3 témoins, 3 opérés, recoivent sous la peau du ventre 1 centimètre cube d’une dilution au 1/40 de toxine tétanique très virulente, fournie par l’Institut Pasteur. Survie des témoins : 34, 46 et 49 heures (moyenne, 43 heures). Survie des opérés : 36, 46 et 53 heures (moyenne, #5 heures). Série b. — Même expérience portant sur 6 autres cobayes avec la même toxine diluée au 1/50. Survie des témoins : #1, 52 et 55 heures (moyenne, 49 heures). Survie des opérés : 40, 50 et 52 heures (moyenne, 47 heures). Il est impossible, “re ces conditions et en attendant de nouvelles expé- riences, de conclure à une différence dansle temps de survie entre les animaux opérés et les témoins. 2° CHARBON. Série a. — 4 animaux, 2 opérés, 2 témoins, recoivent en inoculation sous- cutanée un centimètre cube de culture en bouillon de charbon; ils meurent tous quatre au bout de 35 à 40 heures (la mort étant survenue la nuit entre 2 et 7 heures du matin, on n’a pu déterminer l’ordre suivant lequel ont succombé les cobayes). _ Série b. — 4 cobayes, 2 opérés, 2 témoins, recoivent un centimètre cube de culture de charbon. La mort survient pour les témoins après 18 et 28 heures (moyenne, 23); pour les opérés, après 20 et 25 heures (moyenne, 22 1/2). Il ne semble donc pas que dans l'infection ‘charbonneuse il y ait aucune modification dans le temps de survie, en rapport avec l’ablation préalable d’une glande surrénale. 3° PNEUMO-BACILLE DE FRIEDLANDER. Série a. — 2 témoins et 2 opérés recoivent une injection intrapéritonéale d’un centimètre cube de culture en bouillon de pneumo-bacille. Un des opérés meurt 17 heures après l’inoculation. Les autres animaux survivent. Deux des témoins présentent au point d’inoculation une suppuration superficielle qui guérit rapidement. Série b. — Les 3 animaux ayant survécu subissent 20 jours plus tard une nouvelle inoculation intrapéritonéale. L'un des animaux témoins succombe après 20 heures. Les deux autres cobayes sont malades (fièvre, amaigrissement), mais ils se rétablissent rapidement. Série c. — 15 jours plus tard, troisième inoculation aux 2 cobayes qui ont survécu. Les animaux ne présentent pas d'accidents et sont sacrifiés pour permettre l'étude des lésions déterminées par l'infection (voir la note sui- vante). 316 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En résumé, pour le pneumo-bacille, résistance plutôt moins grande des animaux décapsulés, puisqu’un des opérés a succombé à la première inoculation, alors que les deux témoins survivaient; mais le fait reste isolé et il est impossible de conclure sur ce point particulier avant d'avoir pratiqué de nouvelles expériences. Pour le tétanos et le char- bon, pas de modification apparente dans le temps de survie. (Travail du Laboratoire de M. le D' Letulle à l'Hôpilal Boucicaut.) ROLE DES CAPSULES SURRÉNALES DANS LA RÉSISTANCE A LA TOXI-INFECTION DIPHTÉRIQUE, par M. R. OPPENHEIM. Les expériences ont porté sur trois séries d'animaux décapsulées _ comme il a été dit précédemment. Série a. — Quatre cobayes, deux témoins, deux décapsulés (depuis 10 et 13 jours) sont inoculés sous la peau du ventre avec 1 centimètre cube de culture en bouillon de bacille de Læffler. Les cobayes témoins meurent après 30 et 52 heures (moyenne de survie, 41 heures). Les cobayes opérés meurent après 37 et 72 heures (moyenne de survie, 54 heures). k Série b. — Même expérience portant sur 6 cobayes (3 opérés, 3 témoins injectés avec une culture moins virulente). Deux témoins meurent au bout de 54 et 60 heures (moyenne, 57 heures). «4 Deux opérés meurent au bout de 67 et 90 heures (moyenne, 78 heures). Un témoin et un opéré survivent et sont sacrifiés après 12 jours, pour étu- dier les lésions déterminées par l'infection atténuée. Série ce. — Elle comprend 6 cobayes (3 opérés, 3 témoins) inoculés dans les mêmes conditions avec une culture un peu plus virulente. Survie des témoins : 28, 39 et 56 heures (moyenne, 40 heures). Survie des opérés : 32, 40 et 72 heures (moyenne, 48 heures). En résumé, 16 animaux ont été inoculés. Les témoins ont succombé après une survie moyenne de 46 heures; les opérés, après une survie moyenne de 60 heures. Il est évident que plusieurs facteurs doivent entrer en jeu pour expli- quer les différences dans le temps de survie constaté pour ces cobayes; par exemple, le poids des animaux, leur âge, la quantité et la virulence des culturés employées; mais comme, dans chaque série, j'ai toujours eu soin de choisir pour chaque opéré un témoin de poids à peu près identique et que la dose de culture a toujours été la même pour les animaux d'une même série, il faut bien admettre une relation de cause à effet entre l’ablation antérieure de la capsule surrénale et la résistance plus grande des cobayes sur lesquels cette opération avait été pra- tiquée. SÉANCE Du 16 MARS : 317 Des faits expérimentaux que je viens de relater, il résulte que dans l'infection charbonneuse, ainsi que dans l'intoxication tétanique, l’ablation préalable d’une capsule surrénale ne paraît pas modifier d’une manière appréciable la résistance de l’animal. Au contraire, pour l’ino- culation du bacille de Léœæfler, il est hors de doute que les animaux partiellement décapsulés survivent plus longtemps que les témoins. Ce résultat concorde donc avec le fait signalé par MM. Charrin et Langlois au sujet de l'infection pyocyanique. Pour interpréter ce phénomène para- doxal en apparence, Charrin et Langlois ont admis que sous l’action des toxines se produit une hyperactivité glandulaire dans les capsules, hyperactivité qui détermine la production en plus grande quantité de la substance toxique inconnue, signalée dans l’extrait capsulaire; cette substance toxique va ajouter ses effets à ceux des toxines pyocyaniques. En supprimant une capsule on diminue la quantité de ces substances toxiques, surrénales, résorbables, ce qui permet à l’animal de résister plus longtemps. A cette interprétation, il me paraît préférable d'opposer l'hypothèse suivante : les capsules surrénales des animaux infectés sont, comme nous le verrons tout à l'heure, très augmentées de volume, elles pré- sentent des lésions multiples, hémorragiques, diapédétiques et cellu- laires; mais l’hypertrophie, surtout dans la diphtérie expérimentale, est toujours bien plus considérable dans la capsule unique des animaux opérés que dans les deux glandes des témoins. Le poids de la capsule unique arrive chez les premiers à égaler et très souvent à dépasser le poids des deux capsules des autres (50 à 70 centigrammes). D'autre part, si l’on vient à sacrifier, après 8 jours, 15 jours, 1 mois, des animaux partiellement décapsulés mais non infectés, on voit que la capsule subsistante est hypertrophiée : elle pèse 25, 30, 35 centigrammes, alors que le poids normal des deux glandes réunies est de 20 à 25 centi- grammes. L'examen histologique y démontre l’existence d’une hyper- trophie des trabécules corlicaux avec augmentation du volume des cellules et de nombreux noyaux en karyokinèse (1). Je rappellerai enfin que Charrin et Langlois ont démontré eux-mêmes que le tissu des capsules, malgré les substances toxiques qu'il peut renfermer, est doué d'un pouvoir antitoxique (2). Pourquoi ne pas admettre dès lors que l’extirpation d’une capsule ayant provoqué l’hypertrophie et la surac- tivité fonctionnelle de celle qui subsiste, celle-ci, au moment où on infecte l'animal, fournit un produit de sécrétion plus abondant ou plus (1) Pettit a signalé il y a plusieurs années l’hypertrophie compensatrice con- sécutive à l’ablation unilatérale de la capsule. Thèse de doctorat ès sciences, 1897. (2) Charrin et Langlois. Action antitoxique du tissu des capsules surrénales. Comptes rendus Soc. Biologie, 1894, p. #10. BioLoate. Comptes RENDUS. — 1901. T, LIII. LS) (er 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE actif que les deux capsules réunies des animaux témoins? Dès lors, la résistance plus grande de l’animal partiellement décapsulé s'explique par l’action antitoxique plus puissante de la surrénale laissée en place. (Travail du laboratoire de M. le D' Letulle, à l'hôpital Boucicaut.) LÉSIONS DES CAPSULES SURRÉNALES DANS QUELQUES INFECTIONS EXPÉRIMENTALES, par MM. R. OPPENgEIM et M. Loper. Nous avons examiné les capsules surrénales de tous les animaux sur lesquels ont été faités les expériences relatées dans la note précédente. Cet examen nous a permis de constater les lésions suivantes. [. DiPHTÉRIE. — Nos recherches ont porté sur seize cobayes dont huit avaient subi l'ablation préalable d'une capsule, tous inoculés, comme il a été dit précédemment. A l'examen macroscopique, on trouve toujours des capsules augmentées de volume; elles ont doublé, triplé de poids, ou même davantage. Dans la plupart des cas, au lieu de la coloration blanc jaunâtre habituelle, ces organes présentent une teinte rouge violacée, indice d’une congestion intense; dans quelques cas on peut noter à la surface des taches ecchymo- tiques, ou des foyers hémorragiques. A la coupe, on constate une congestion intense du parenchyme, marquée surtout au centre de la glande; quelquefois Au microscope, les lésions constatées sont de trois ordres : il y a des foyers hémorragiques visibles à l'œil nu (1). a) Lésions hémorragiques : A un premier degré, le plus léger, il y a congestion simple du centre de la capsule (zone réticulée et à couche médullaire). Deuxième degré : la congestion s'étend à la couche fasciculée sans dilacérer pourtant les travées cellulaires, qu’elle ne fait qu'écarter. Troisième degré : rupture des capillaires et délacération des cellules, avec foyers hémorragiques plus ou moins étendus, mais habituellement cantonnés dans les parties centrales de la capsule. b) Lésions diapédétiques : elles sont de deux sortes : diapédèse diffuse habi- tuellement peu abondante dans les interstices cellulaires et foyers leucocy- tiques limités le plus souvent à la zone fasciculée ou à la limite des zones fasci- culée et glomérulaire. Ces foyers leucocytiques sont constitués par des poly- nucléaires. c) Lésions cellulaires : elles consistent en fonte des contours des trabécules corticaux, puis fonte des contours cellulaires, perte des réactions colorantes de la ceilule, dégénérescence vacuolaire, perte de coloration du noyau, enfin nécrose cellulaire totale sur un territoire plus ou moins étendu. (1) Roux et Yersin ont signalé la congestion des capsules surrénales dans la diphtérie expérimentale. Annales de l’Institut Pasteur. 1889. SÉANCE DU 16 MARS 319 Ces diverses lésions peuvent se rencontrer à tous les degrés dans une même capsule. On peut voir ainsi des îlots nécrotiques, encombrés de leucocytes au pourtour d'un vaisseau gorgé de polynucléaires. Presque toujours les altéra- tions sont localisées ou tout au moins prépondérantes dans les zones réti- culée et fasciculée, la zone glomérulaire étant à peu près indemne, à l’excep- tion des deux cas où les glomérules eux-mêmes étaient étranglés par l'hémor- ragie et les cellules de cette zone manifestement altérées. Le degré d'intensité de ces lésions, qui vont, comme on l’a vu, de la conges- tion simple à la nécrose cellulaire complète, est subordonné à plusieurs fac- teurs : tout d'abord, il faut distinguer à ce point de vue les animaux témoins des animaux ayant subi l'extirpation préalable d'une capsule. Chez ces der- niers, les lésions nous ont paru généralement plus accusées. La capsule est plus volumineuse (35 à 70 centigrammes pour leur capsule unique, alors que le poids total des deux capsules des témoins varie de 40 à 80 centigrammes) au microscope, les lésions diapédétiques et surtout les lésions cellulaires sont plus accusées chez les animaux opérés; d'autre part, dans les régions où l’on n’observe pas de lésions, les trabécules surrénaux et les cellules elles-mêmes apparaissent manifestement hypertrophiés. D'autre part, les lésions varient d'intensité suivant la ilenes de l’infec- tion et la survie plus ou moins grande des animaux. Les animaux qui ont résisté le plus longtemps sont ceux chez lesquels nous avons trouvé les lésions les plus légères. Nos résultats diffèrent sur ce point de ceux de Charrin et de Langlois (1) et de Pettit (2), qui obtinrent des lésions plus marquées avec des’infections atténuées. Ils concordent avec ce que Roger (3) a constaté et ce que nous avons trouvé nous-mêmes pour l'infection pneumobacillaire, comme on le verra plus loin. IL. TéÉranos. — Chez six animaux ayant succombé de 36 à 48 heures après l’inoculation de toxine tétanique, les lésions macroscopiques des capsules consistaient en une hypertrophie assez considérable, sans modification de la couleur et de l’aspect extérieur. Microscopiquement, les lésions beaucoup moins accusées que dans la diphtérie sont réduites à une vascularisation plus ou moins intense de la couche médullaire et de la zone réticulée, allant dans un seul cas jusqu’à l’hémorragie véritable, et à des altérations peu marquées du protoplasma avec fente des contours cellulaires et nécrose en îlots très limités. IL. PNEUMOBAGILLE. — À l'examen macroscopique, l'augmentation de volume est beaucoup moins accusée que dans les cas précédents; le poids des deux capsules varie de 20 à 40 centigrammes, la capsule unique des cobayes opérés atteignant, à peu près, le même poids que les deux glandes des témoins. Ces capsules ont une coloration rouge, violacée. Il n’y a pas d’hémorragie visible à l'œil nu à la sua extérieure de la glande (les lésions sont pp) (1) Charrin et Langlois. Lésions des capsules surrénales dans l'infection, Société de Biologie, 1893, p. 812. (2) Pettit. Thèse doctorat ès sciences, 1897. (3) Roger. Les lésions des capsules surrénales dans les maladies infec- tieuses, Socivté de Biologie, 26 janvier 1894. 320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . Au microscope, nous avons nolé un minimum de lésions cellulaires et dia- pedétiques, mais des lésions hémorragiques très accusées, fait déjà signalé par M. Roger (1). Dans l’un de nos cas, la capsule est presque entièrement transformée en un lac hémorragique au milieu duquel apparaissent des tractus cellulaires séparés par le sang épanché des cloisons conjonclives qui leur servaient de base d'implantation. Le point de départ de l'hémorragie est au centre de la capsule, et la partie externe de la substance corticale est respectée. Enfin, dernier point à signaler, ici comme pour la diphlérie, les lésions ont leur maximum d'intensité chez les cobayes ayant succombé rapidement. IV. CHARBON. — De nos huit examens de capsules d'animaux charbonneux, dont les lésions sur la plupart des points se rapprochent beaucoup de celles décrites jusqu'ici, nous ne retiendrons que les particularités suivantes : 1° La présence du bacille répandu dans toute la capsule, surtout dans les foyers hémorragiques et dans les régions où les cellules sont le plus malades; 2° La topographie et la disposition en îlots bien limités des hémorragies, qui, con- trairement à ce que nous avons vu dans les cas précédents, ont une prédi- lection pour la zone glomérulaire; 3° L'existence de nombreuses cellules éosi- nophiles dans les vaisseaux et le sang épanché; 4° L’écartement des trabé- cules surrénaux par un tissu conjonctif très lâche dont les mailles paraissent gonflées, comme œdémateuses. (Travail du laboratoire de M. le D' Letulle, à l'hôpital Boucicaut.) SUR L'EXISTENCE D'UN FERMENT SOLUBLE DANS LES CULTURES DE BACILLES DE KOCH, par le D' G. CARRIÈRE (de Lille). Prenons 20 centimètres cubes d’une solution aqueuse de mono- butyrine à 1 p. 100, répartissons-les en égale quantité dans deux bal- lons A, B. Ajoutons dans A 1 centimètre cube de bouillon glyco-pepto- glycérine stérile, en B 1 centimètre cube d’une culture de bacille de Koch sur ce milieu et âgée de six mois. Dans ces deux ballons, versons une goutte de phtaléine du phénol et neutralisons leur contenu par addition jusqu'au rose d’une solution de carbonate de soude à 2 gr. 12 par litre. Placons À, B vingt minutes à l’étuve à 37 degrés. Retirons-les. Le liquide contenu dans À a conservé sa teinte rose; celui de B est décoloré et, pour ramener au rose, il faut ajouter une quantité égale de la liqueur titrée de carbonate de soude. Donc, dans le ballon contenant la culture bacillaire, il y a eu produc- tion d’acide. Hanriot a établi que, dans ces condilions, l'acidité prove- (1) Roger. Soc. Biologie, 1894, 27 janvier et Presse médicale, 1894 p. 35. SÉANCE DU 416 MARS 321 nait de la décomposition de la monobutyrine en acide butyrique, décom- position due à l’action d’un ferment soluble qu'il appelle la lipase. S'agit-il dans notre cas d’un ferment de ce genre? Tout ferment soluble doit posséder les quatre qualités suivantes : 1° Avoir une action presque indéfinie : il doit y avoir disproportion entre le poids de ferment mis en œuvre et le poids de substance décomposée ; 2° Ils doivent être détruits par la chaleur; 3° Leur action n’est pas entravée par les antiseptiques; 4° Ils ne sont pas dialysables. Le ferment soluble trouvé dans nos cultures remplit-il ces conditions? 1° Une goutte de culture saponifie 0,030 de butyrine; or, si du poids d’une goutte de cette culture on déduit le poids des matériaux connus (eau, sel, sucre, peptone, bacilles), on voit que le ferment contenu ne peut représenter qu'une fraction infime de milligramme. Il y a donc bien disproportion entre le poids du ferment et celui de ia butyrine décomposée. 2 Si on porte une culture à l’ébullition trois minutes, la décomposi- tion de la monobutyrine ne se fait plus. Il y a donc destruction du ferinent. 3° Le fluorure d'ammonium, le chloroforme, l’eau oxygénée ne gènent pa$ la réaction. 4° Après dialyse le liquide dialysé ne donne plus la réaction. 1l existe donc bien dans ces cultures de bacille de Koch un ferment soluble qui décompose la monobutyrine, analogue ou peut-être identique à la lipase de M. Hanriot. Activité de ce ferment. — L'activité de ce ferment est variable suivant l'âge de la culture. En suivant la méthode de M. Hanriot j'ai constaté qu'une culture de 1 mois représente . . 6 gouttes. 6 mois représentent. . 20 gouttes. 2 — représentent. . 15 — Sr — SAR — 3 — — MIO 1ONE — D = & — a Aa nie 12 — — HAUTES 5 — ra Se C'est dire que l’activité de ce ferment soluble est d'autant plus grande que la culture est plus âgée. À une température invariable, la même culture produit un dédouble ment d'autant plus intense que la quantité employée est plus grande. L'activité du ferment des cultures est donc proportionnelle à la quantité de culture employée. Il en résulte que le dosage de l'acide butyrique mis en liberté permet de mesurer du mêmejcoup la quantité de fermentirenfermée dans la cullure. 329; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Donc la quantité de ferment est proportionnelle à l'âge de la culture. Je n’ai pu élablir encore la limite de cet accroissement. Il n'y a pas de rapport constant entre la leneur d’une culture en ferment et sa virulence. | L'activité de cultures différentes n’est pas en rapport avec la teneur du milieu de culture en glycérine, en peptone et en sel. Elle ne présente pas de rapport constant avec la quantité de viande employée dans la fabrication du bouillon. En résumé, il existe dans les cultures de bacilles de Koch un ferment analogue, peut-être identique, à la lipase de M. Hanriot. La présence de ce ferment avait déjà été constatée dans les cultures d'Aspergillus niger par Camus, et par Gérard dans celles de Penicil- Lum glaucum. Le Gérant : OCTAVE PoRée. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, Î, rue Cassette. SÉANCE DU 23 MARS 1901 M. Cnareix-Vivie (de Bordeaux) : Action bactéricide du bleu de méthylène sur le gonocoque. — M. Maxinesco : Sur les lésions des centres nerveux consécutives à l'élongation des nerfs périphériques et craniens. — MM. Laveran et F. MEsni : Sur le mode de multiplication du trypanosome du Nagana. — MM. Laveran et F. MEsniz : Sur la nature centrosomique du corpuscule chromatique postérieur des trypanosomes. — MM. M. Lamwserr et L. Garnier : Sur le mécanisme de l’hyper- glycémie chloroformique. — M. le Dr Juces REuxs : Démonstration de l'existence des hémolysines composées, spécialement des alexines, ou à l'état libre et actif dans le sang circulant. — MM. D. Courrane et J.-F. Guyon : Excitabilité comparée du nerf érecteur sacré et du nerf hypogastrique. — M. J. CLuzer : Nouveaux procé- dés cliniques pour la recherche de la bile dans les urines. — M. H. Vincent : Sur la culture et l'inoculation du bacille fusiforme. — M. le Dr M. Cavaué : Sur la perte de substance de la couche d’albumen de l’œuf de poule au niveau de la tache embryonnaire. — M. V. GrirroN : Imperméabilité des méninges à l'iodure de potassium dans la méningite cérébro-spinale à méningocoques de Weichselbaum. — M. Nerter : (Discussion). — M. Gusrave LE Box : La phosphorescence par hydra- tation et déshydratation. — M. le Dr Carrière (de Lille) : Examen cytoscopique du liquide céphalo-rachidien dans la sclérose en plaques. — MM. Cu. AcHarp et M. Lorrer : Sur la rétention des chlorures dans les tissus au cours de certains états morbides. Présidence de M. Netter, vice-président. ACTION BACTÉRICIDE DU BLEU DE MÉTHYLÈNE SUR LE GONOCOQUE, par M. CuaLeIx-Vivie (de Bordeaux). (Communication faite dans la séance précédente.) Le bleu de méthylène nous a donné des succès thérapeutiques remar- quables dans le traitement des métrites. Son aclion hémostatique, analgésique et modificatrice, est des plus manifestes. Nous avons obtenu les meilleurs résultats de son application vaginale et cervicale dans le traitement des vaginites et métrites blennorragiques gravidiques. Nous avons signalé ces faits à la Section d'Obstétrique du Congrès de médecine de 1900. Cette efficacité clinique se trouve en rapport avec l'expéri- mentation bactériologique, ainsi que nous l'avons établi dans une note présentée à la Société de Biologie en juillet 1900, relative à l’action bactéricide du bleu de méthylène sur le staphylocoque blanc, le strep- tocoque, le Baclerium coli commune et le Bacillus subtilis. Biococre. Compres RENDUS. — 1901. T. LILI. 26 324 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons tenu à vérifier nous-même l’action de cet agent antisep- tique sur le gonocoque. | Voici le résultat de nos expériences, faites, comme les premières, avec l’aide et les conseils de notre ami, M. Hobbs (de Bordeaux) : Du pus blennorragique (l'affection datant de trois jours et n'ayant encore reçu aucun traitement) nous à donné au bout de quarante-huit heures sur un milieu de Bezançon et de Griffon, c’est-à-dire sur du sang gélosé, avec des cultures de staphylocoque blanc et doré, des colonies de gonocoques que nous avons reconnues microscopiquement plus que par leurs caractères objectifs. Ces colonies, réensemencées sur tubes de gélose au sang, ont donné lieu à une culture assez abondante, grisàtre et peu épaisse. Après vingt-quatre heures de séjour à l’étuve, nous les repiquons sur un milieu de Marmorek. Vingt-quatre heures après, le milieu est trouble. . À un lube de bouillon Marmorek, nous ajoutons dix gouttes de la solution de Bleu de Méthylène concentrée (4 grammes 57 p. 100) : dix-huit heures après, l'examen microscopique montre que la disposition en grains de café n’existe plus. Un repiquage sur gélose au sang reste négatif. Dans un autre tube contenant un centimètre cube de solution de Bleu de Méthylène concentrée, nous ajoutons cinq gouttes de culture de gono- coque sur bouillon de Marmorek : vingt-quatre heures après, nous he pouvons plus reconnaître de microbes à l'examen microscopique; le réensemencement ne donne rien. se SUR LES LÉSIONS DES CENTRES NERVEUX CONSÉCUTIVES A L'ÉLONGATION DES NERFS PÉRIPHÉRIQUES ET CRANIENS, par M. MARINESco. Il était intéressant de rechercher, à la lumière des nouvelles connais- Sances sur la structure fine des cellules nerveuses, l’état des cellules à la suite de l’élongation des troncs nerveux réalisée par la traction graduée de ces nerfs. Il est bien établi que les nerfs jouissent à l’état normal d’un certain degré d’extensibilité et de rétractibilité qui leur permet de s’accommoder aux modificalions qu'entraine la succession des mouvements. En pratiquant l'élongation progressive et prolongée pendant quelques minutes du nerf hypoglosse et du sciatique chez le chien, nous avons constalé, au niveau du point d'application de la traction des nerfs en question et dans leurs centres d'origine, des lésions variables avec l'intensité de la traction et la durée de celle-ci ; d’une façon générale, les lésions trouvées sont la fonction de ces deux SÉANCE DU 923 MARS 329 facteurs. Si l’élongation est faite dans une certaine limite (2 4/2 jusqu’à 4 kilogrammètres pour l'hypoglosse), les lésions ne sont pas graves et par conséquent sont capables de réparalion. On trouve dans ces con- ditions, au niveau de la traction, des lésions dégénératives des nerfs, qui relèvent de la dégénérescence traumatique due à la compression. Ces lésions dégénératives ont leur maximum au niveau de l’élongation, elles disparaissent assez vile au-dessus tandis qu'elles sont évidentes au-dessous. Elles sont surtout bien visibles à la périphérie du nerf et consistent dans la fragmentation en grosses boules de myéline, dans la destruction partielle du cylindraxe et l’hyperplasie des noyaux de la gaine de Schwan. Parfois, et surtout lorsque la traction a été moins forte, on voit une'véritable désintégration granuleuse de la myéline, -qui est transformée en un semis de fines granulations colorées en noir par la méthode de Marchi. Si la compression exercée au niveau de l’élongation est plus forte, la dégénérescence ne se borne pas aux couches superficielles des troncs nerveux, elle intéresse également les couches plus profondes. Dans les cas de traction légère et de courte durée, quelques secondes par exemple, les lésions locales font plus ou moins défaut. Voyons maintenant ce qui se passe du côté des centres nerveux, en “ayant surtout en vue les noyaux de l’hypoglosse dans l'élongation. Les modifications que subissent les cellules nerveuses sont très variables d’aspect, leur intensité dépend de celle de l’élongation et de la durée de cette dernière. Lorsqu'il s’agit de tractions légères, c’est à peine si l’on ‘voit dans les cellules une tuméfaction du corps cellulaire accompagnée d’une diffusion peu prononcée de la substance chromalique. L'aspect change, si l’élongation, au niveau où elle a été exercée, a donné nais- sance à la dégénérescence traumatique. On peut dire d'une manière générale que plus cette dégénérescence est intense, plus les lésions du centre nerveux correspondant sont caractéristiques. Dans les cas où la dégénérescence du nerf hypoglosse est limitée à sa périphérie, les cellules du noyau de ce nerf présentent des phénomènes de réaction à distance analogues à ceux que détermine la section d'un nerf, avec la différence que, dans le cas qui nous occupe, les altérations intéressent plus particulièrement les cellules situées à la périphérie du noyau. Les cellules centrales sont aussi altérées, mais la dissolution de la substance chromatique est moins accusée et le noyau est à peu près central. En d’autres termes, les premières présentent la chromatolyse périnucléaire avec émigration du noyau; les secondes sont le siège d’une dissolution chromatique. S1 l’on fait des mensurations comparatives par séries de 10 cellules choisies du côté altéré et du côlé normal, on constate que le corps cellulaire, le noyau et le nucléole ont augmenté de volume du côté correspondant à l’élongation. Ainsi, dans une première série de 326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 10 cellules, nous trouvons une différence de 86 & pour le corps cellu- laire, de 38 x pour le noyau, de 5x pour le nucléole, en faveur des cellules du noyau malade. Parfois, et surtout lorsque l’élongation a été plus violente et a causé la rupture d’un certain nombre de fibres nerveuses, les altérations du noyau de l’hypoglosse sont également beaucoup plus intenses et certaines cellules présentent la lésion d’achromatose avec déplacement du noyau. Après l’élongation des troncs nerveux, il arrive quelquefois des complications telles que l'infection du nerf opéré, l’hyperthermie, suite d'infection, etc.; alors, on trouve nécessairement des lésions d’un autre ordre, non seulement du côté du noyau correspondant à l’opé- ralion, mais encore de l’autre côté. L'intégrité relative de la motilité d’un nerf mixte après l'élon- galion (Brown-Séquard, Laborde, Tarchanoff, Quinquaud) pourrait s'expliquer par le fait que les fibres sensitives sont situées à la partie périphérique du nerf et par conséquent sont plus vulnérables. SUR LE MODE DE MULTIPLICATION DU TRYPANOSOME DU. NAGANA, par MM. LAvERaN et F. MESnir. Le mode de multiplication du trypanosome du Nagana (Æerpeto- monas Brucei) dans le sang des animaux infectés par ce redoutable parasite est mal connu. Kanthack, Durham et Blandford, dans l'excellent mémoire qu'ils ont publié en 1898 sur le Nagana ou maladie de la mouche tsétsé, recon- naissent qu'ils n'ont pas réussi à voir les formes de développement du parasite (1). D'après Plimmer et Bradford, il existerait pour le trypanosome du Nagana deux modes de reproduction : 1° division directe (longitudi- nale ou transversale); 2° reproduction précédée d'une conjugaison aboutissant à la formation de corps amiboïdes et de plasmodes qui se trouveraient dans la rate ; ces derniers corps, en se segmentant, donne- raient naissance à des éléments flagellés. Ce deuxième mode de multi- plicalion serait plus commun que le premier (2). Grâce à l’obligeance de Miss FI. Durham et du D' W. Mitchell, qui nous ont envoyé de Cambridge du sang d’un animal infecté de Nagana, nous avons pu étudier récemment /erpetomonas Brucei et son ele de mul- tiplicalion. (1) Proceedings of the R. Society, t. LXIV, 1898, et Hygienische Rundschau, 1898, n° 24. (2) Centralbl. f. Bakter., 1899, t. XXVI, p, ##0. SÉANCE DU 23 MARS 397 La structure de H. Brucei présente de grandes analogies avec celle de H. Lewisi, mais, à côté de ces analogies, on doit noter des différences. 1° Les dimensions de H. Brucei sont un peu supérieures à celles de H, Lewisi; examiné dans le sang de la souris, du rat, du chien ou du lapin, le parasite du Nagana mesure de 25 à 30 y de long (flagelle compris), sur 14,5 à 2,5 p de large ; les formes en division ont souvent de 3 à 4 y de large (1). 2° L’extrémité postérieure est moins effilée en général chez H. Brucei que chez H. Lewisi; l'aspect de cette partie du parasite est d’ailleurs assez variable suivant les conditions'de l'observation et surtoutsuivantlesanimaux examinés. 3° La membrane ondulante de H. Brucei est plus large, mieux plissée que celle de H. Lewisi. 4° Examiné dans le sang frais, H. Brucei a des mouvements moins vifs que que H. Lewisi ; il n'a pas, notamment, le mouvement en flèche de ce dernier. 1, Trypanosome du Nagana (a noyau, b centrosome, c membrane ondulante, d flagelle). — 2, Même trypanosome au début de la division ‘il existe 2 centrosomes, flagelle et noyau en voie de division). — 3, 4, 5, stades plus avancés de division. (Grossissement : 2.000 d. environ). 5° Le protoplasme de H. Brucei contient des granulations qui s'accumulent principalement dans la moitié antérieure du parasite. Les plus grosses de ces granulations ont souvent un volume égal à celui du centrosome ; elles se colorent comme ce dernier lorsqu'on emploie le procédé de coloration préco- nisé par l'un de nous. Dans le sang frais et sur les trypanosomes encore vivants, ces granulations se colorent bien par le bleu de toluidine et par le neutralroth. 6° Le protoplasme de H. Brucei se colore plus fortement et plus facilement par le bleu de méthylène que le protoplasme de H. Lewisi. La figure 1 représente un trypanosome du Nagana (après coloration) ; on dis- tingue : le noyau (a), le centrosome (b), la membrane ondulante (ec) et le fla- gelle qui, partant du centrosome, borde la membrane ondulante et présente enfin une partie libre (d). (1) H. Lewisi mesure de 24 à 25 y de long'sur 1, # de large environ. 328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le trypanosome qui va se diviser augmente de volume; il s'élargit surtout, et le centrosome; le flagelle, le noyau et le protoplasme se divi- sent successivement. Chez H. Lewisi, la division commence tantôt par le centrosome el tantôt par le noyau; chez À. Brucei, c'est toujours le centrosome qui se divise le premier; la division du centrosome et celle du flagelle sont sou vent très avancées alors que le Hospu ne montre que les signes précur- seurs de sa division. A. Division du centrosome et du fagelle. — Le centrosome s’allonge, puis se divise en deux corpuseules arrondis placés d'ordinaire l’un au- dessus de l’autre (fig. 2, ; en même temps, ia partie du flagelle adja- cente au centrosome s’épaissit et se dédouble. Les figures 2, 3 et 4 représentent différentes phases du dédoublement du flagelle. Dans la figure 4, les flagelles de nouvelle formation sont indépendants jusqu’au point où le flagelle devient libre ; nous n'avons pas constaté le dédoublement de cette partie du flagelle. Chez A. Bruceri, la division du flagelle a lieu dans une étendue beau- coup plus grande que chez À. Lewisi (1). B. Division du noyau. — Le noyau augmente de volume, il s’allonge, la chromatine s’accumule aux extrémités (fig. 2), enfin les noyaux de nouvelle formation se séparent (division directe). D'abord accolés, les noyaux s'éloignent bientôt l’un de l’autre (fig. 3, 4) ; leur forme est en général ovalaire. C. Division du protoplasme. — Le protoplasme se sépare en deux par- ties à peu près égales autour des noyaux; sur les préparations bieñ colorées, cette division est très apparente : un espace clair sépare les deux masses de protoplasme colorées en bleu. Les deux parasites restent accolés quelque temps, ce qui explique qu'on puisse voir dans le sang frais de larges parasites avec deux mem- branes ondulantes. Le parasite reste mobile pendant toute la période de division, la mobilité est seulement un peu diminuée. La séparation peut commencer par la partie antérieure, comme dans la figure 5, ou par la partie postérieure. Le mode de multiplication de /. Brucei est, comme on voit, des plus simples, puisqu'il s'agit loujours d’une division longitudinale (2). H. Lewisi à la phase de multiplication se présente sous des aspects (1) Laveran et F. Mesnil. Sur le mode de multiplication du trypanosome du rat. Société de Biologie, 11 novembre 1900. (2) Nous n’avons pas observé les conjugaisons ni les formes amiboïdes et plasmodiales décrites par Plimmer et Bradford ; il est à noter que les trypa- nosomes du Nagana ont une grande tendance, comme les H. Lewisi, à s'agglu- tiner, ce qui explique probablement quelques-uns des aspects observés par Plimmer et Bradford et attribués par eux aux formes de reproduction. SÉANCE DU 23 MARS , 329 — nr beaucoup plus variés que Æ. Brucei, au point de vue de la forme comme à celui des dimensions ; à côté de parasites plus gros que les parasites adultes, on en trouve qui ne mesurent que 4 à 5 & de long (4). Les formes de multiplication de Æ. Brucei examinées dans le sang frais ne dif- fèrent le plus souvent des formes ordinaires que par leur plus grande largeur; on s'explique ainsi que les auteurs qui n'avaient pas à leur dis- position une méthode de coloration leur permettant de suivre les diffé- rents stades de la division, aient pu méconnailre le mode de multipli- cation de ces parasites, On est toujours enclin à rechercher, comme formes de multiplication d'un parasite, de petites formes, et ici, par suite du mode de division, les formes jeunes ont à très peu près le même volume que les formes adultes. Les formes de multiplication du trypanosome de la Dourine sont plus difficiles à étudier que celles de A. Lewisi et de Æ. Brucei parce que les parasites se trouvent rarement en grand nombre dans le sang ou dans la sérosité des œdèmes des animaux infectés ; sans l'étude que mous avons pu faire du mode de multiplication de Æ. Brucei, nous n'aurions pas osé nous prononcer sur cette question, mais la ressemblance 51 frappante qui existe entre les éléments en voie de division de ces deux espèces de trypanosomes ne laisse pas place au doute (2). Nous avons observé des formes de multiplication où le centrosome, le flagelle, le noyau et le protoplasme se divisent chez le (Hypetosome de la Dourine comme chez celui du Nagana. SUR LA NATURE CENTROSOMIQUE DU CORPUSCULE CHROMATIQUE POSTÉRIEUR DES TRYPANOSOMES, . par MM. Laveraw et F. MEsnir. Les recherches de Wasielewsky et Senn (3) et les nôtres sur les trypa- nosomes du rat (Société de Biologie, 17 novembre 1900), celles que nous publions aujourd'hui sur les trypanosomes du Nagana et de la Dourine, conduisent aux conclusions suivantes. Dans le sang des animaux « trypanosomés », il n'existe que des formes flagellées du parasite. Le flagelle est toujours en relation avec (1) Comparer les figures que nous donnons ci-dessus à celles de H. Lewrsi que nous avons données précédemment (Comptes rendus de la Société de Biologie, 1900, p. 978). (2) Nous remercions sincèrement notre collègue M. le professeur Nocard et M. le D' Schneider, qui ont bien voulu mettre à notre disposition des animaux dourinés ou des préparations de sang provenant de ces animaux. (3) Zeitschr. f. Hygiene, XXXHIL, 1900. 330 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un corpuscule chromatique situé à l'extrémité postérieure du trypano- some. Dans les formes de division, les flagelles de nouvelle formation proviennent pour une part plus ou moins grande du flagelle ancien, dans la région en rapport avec le corpuscule chromatique; et ces nouveaux flagelles croissent à partir de ce corpuscule. Les relations intimes du flagelle avec le corpuscule chromatique sont donc évidentes et elles exis- tent pendant toute la vie du parasite. Quelle est la valeur morphologique de ce corpuscule? Nos constatations permettent, croyons-nous, d'éliminer l'hypothèse d’un nucléole, émise par Rabinowitsch et Kempner (1) et celle d’un micronucléus formulée pour la première fois par Plimmer et Bradford (2). Ces hypothèses sont d’ailleurs basées sur des préparations insuffisamment colorées où les rapports du corpuscule chromatique et du flagelle n'apparaissent pas. Dans notre note de novembre 1900, nous avons déjà émis l'hypothèse de la nature centrosomique du corpuseule chromatique des trypano- somes. La preuve absolue du bien fondé de notre opinion manque natu- rellement : les noyaux se divisent par amitose: on ne peut donc passaisir le rôle centrosomique du corpuscule. Mais nous pouvons fournir, à l'appui de notre manière de voir, un certain nombre d'arguments qui nous paraissent probants. De nombreux travaux ont établi que les cils et les flagelles des cellules sont toujours en relation avec des corpuscules basaux, et les recherches de ces dernières années tendent de plus en plus à démontrer la nature centrosomique de ces corpuscules. Pour les blépharoplastes des anthérozoïdes végétaux, cette conclusion est encore discutée, bien que l’ensemble des faits connus plaide nette- ment en faveur de l'homologation proposée. Mais, pour les cellules ciliées animales et en particulier pour les spermatozoïdes, on admet à peu près universellement maintenant, à la suite des travaux de Meves, Henneguy, Lenhossèk, etc., que ces corpuscules basaux sont des centro- somes. Or, entre les centrosomes de la pièce médiane des spermatozoïdes et les corpuscules chromatiques des trypanosomes, il y a des analogies frappantes. : Nous avons constaté que les centrosomes des éléments mäles du lombric, pendant la transformation des spermatides en spermatozoïdes, se colorent intensivement en violet par la méthode au bleu Borrel-éosine, tanin, exactement comme les corpuscules des trypanosomes. On sait, surlout par les travaux de ces dernières années, que le fila- ment axial de la queue des spermatozoïdes, c’est-à-dire le flagelle de ces éléments, se développe à partir d'un des centrosomes ;:- même dans (2) Z Zeitschrife f. Hygiene, XXX, 1899. (3) Centralbl.f. Bakter., Abth. ï XX VI, 1899. SÉANCE DU 23 MARS 331 certains cas [poissons cartilagineux (Suzuki), Æelix (Korff)|, le centro- some antérieur donne un filament axial de la pièce médiane, le posté- rieur, le filament axial de la queue (1). Ces ressemblances entre les centrosomes des spermatozoïdes et les corpuscules des trypanosomes sont déjà suffisantes, à notre sens, pour établir une homologie. Mais, on peut trouver, dans le groupe même des Protozoaires flagellés, un argument encore plus probant. Les divisions nucléaires, préparatoires au bourgeonnement des Nocti- luques, sont toutes du type mitosique, et l’on a mis en évidence d’exis- tence de sphères attractives aux deux pôles des fuseaux de division. Or, quand les divisions nucléaires sont finies et que les petits bourgeons se différencient, Ishikawa (2) a vu le flagelle de la jeune noctiluque se développer à partir de la sphère attractive et probablement même à ses dépens; et ce flagelle reste en relation avec le corpuscule centrosomique. L'homologie entre ce corpuscule des noctiluques et celui des trypano- somes paraît donc évidente. Or, le rôle du premier dans les divisions mitosiques signe sa nature centrosomique. Il nous semble que nous avons le droit de conclure à la même nature pour le corpuscule des trypanosomes, de SUR LE MÉCANISME DE L'HYPERGLYCÉMIE CHLOROFORMIQUE, par MM. M. LamBert et L. GARNIER. Les inhalations de chloroforme déterminent chez l'animal vivant une diminution de glycogène hépatique et une augmentation corrélative de la teneur du sang en sucre. Sans examiner pour le moment si d’autres phénomènes, tels que modification de la consommation sucrée ou action directe de l’anesthésique sur le sang, interviennent accessoirement pour augmenter son pouvoir réducteur, nous nous sommes proposé de rechercher quelle part peut prendre à la production de l’hyperglycémie chloroformique une action réflexe que déterminerait le contact avec le poumon des vapeurs irritantes. Pour cela, nous avons simplement dosé le pouvoir réducteur du sang chez des chiens ayant subi la double vagotomie, dans la région du cou, avant et après chloroformisation. Les résultats obtenus se trou- vent consignés dans les résumés d'expérience suivants : Exp. I. — Chien basset, 9 kil. 500." A 9 h. 20, saignée d'environ 20 grammes, par la carotide. À 9 h. 25, section des deux pneumogastriques. Nouvelle (1) Pour l'exposé de cette question et pour la bibliographie, voir E. B. Wilson, The Cell in development and inheritance, 2e édition, 1900. . (2) Ishikawa, Journ. Coll. Sciences Tokyo, XII, 1899. EC, F AE NRA IUT IE À AU, Vu 332 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE saignée artérielle semblable, à 9 h. 55. Chloroformisation, de 9 h. 55 à 10 h. 25. A ce moment, nouvelle saignée. Glucose dutsan aude EE MP 0,076 p. 100 Une demi-heure après, double section des pneumogastriques . . . . 2 AAA 0 "020 Une demi-heure de lotorne HET ARE 0,113 Exr. Il. — Chien bâtard, 21 kilogrammes. Première saignée artérielle, à 9 h. 8. Section des deux pneumogastriques, à 9 h. 14. Nouvelle saignée, à 9 h. 44. Chloroforme, de 9 h. 44 à 10 h. 14. Glucose du sang au début. . . . . . . 1. +) 0,028 p:#400 Une demi-heure après, double vagotomie . . 0,044 Une demi-heure de chloroforme, . . . . . . 0,048 Exp. III. — Chien de 21 kil. 400. Première saignée carotidienne à 9 heures. Section des deux pneumogastriques immédiatement. Nouvelle saignée à 9 h.30. Chloroformisation de 9 h. 30 à 10 heures et dernière saignée. Glucose du sang auldébut.… 0.1. 00 145 Mpe AND Une demi-heure après, double section des PNEUMOCASITIQUES EE RSR PANIER 0,059 Une demi-heure de chloroforme . . . . . . 0,073 Exp. IV. — Chien de 28 kilogrammes. Saignée de 40 grammes à 9 h.#44. Section des deux pneumogastriques à 9 h. 45. Nouvelle saignée de 45 grammes à 10 h. 15. Chloroforme jusqu’à 10 h. 45 et troisième saignée. de Glucose tdu}sans au début ee 2 0 0058 pin Une demi-heure après, double section des pneumogastriques . . . . . . . de 0,057 Unedemiheure dechloroforme "PO; ONE j On voit que le chloroforme a produit comme d'habitude une augmen- tation de la teneur du sang en sucre, bien que le poumon ait été privé de ses relations avec les centres par la section des pneumogastriques. Il paraît donc que l’hyperglycémie choroformique est due, au moins partiellement, à une action autre qu'un réflexe ayant le poumon pour point de départ. Claude Bernard l’interprétait à la fois par ce mécanisme réflexe et par une action directe du chloroforme sur la cellule hépatique. Dans nos expériences antérieures de circulations artificielles, nous avons constaté la réalité de l'existence de cet effet direct. D'autre part, M. Kaufmann, dans ses recherches sur le mode d’action du sys- tème nerveux dans la production de l'hyperglycémie, n’a plus observé le résultat ordinaire de la chloroformisation sur le sucre du sang chez des animaux à foie et pancréas énervés. Il identifie l’action du chloro- forme à ce point de vue particulier avec celle de la piqñre diabétique. SÉANCE DU 23 MARS 399 L'anesthésique agirait directement et uniquement sur les centres, qui provoqueraient les modifications de la glycémie par l'intermédiaire du foie, du pancréas et de l’histolyse. Nous croyons pouvoir admettre en outre une action sur le foie lui-même, et les faits récemment signalés par M. Dastre sur la dialyse chloroformique éclaireront peut-être son mécanisme intime. Dans les résultats d'expériences rapportés ci-dessus, la section des pneumogastriques à été suivie d'effets variables, le sucre à augmenté, n’a pas varié ou a diminué. Cela est facilement compréhensible, puisque les dosages ont porté sur des durées relativement faibles après l’opé- ration, et que, d'autre part, même en se débarrassant des effets car- diaques et respiratoires de la vagotomie en la pratiquant dans le thorax, son résultat sur la glycémie peut varier (Morat et Dufourt). Cependant la chloroformisation agit de la même manière sur des organismes dont la régulation de la fonction glycosoformatrice est modifiée en sens opposés par suite de l'effet différent de la vagotomie. DÉMONSTRATION DE L'EXISTÉNCE DES HÉMOLYSINES COMPOSÉES, SPÉCIALEMENT DES ALEXINES, OU A L'ÉTAT LIBRE ET ACTIF DANS LE SANG CIRCULANT, Fa par M. le D' Jures REnNs. Si l’on injecte à un animal À, dans le péritoine ou sous la peau, du sang d’un animal B, d'espèce différente, le sérum de l’animal injecté contracte, entre autres propriétés nouvelles, celle de dissoudre spécifiquement ?n vitro les globules rouges de B. Un chauffage d’une demi-heure à 55 degrés abolit cette propriété; mais on la restitue intégralement par l'addition au sérum inactivé de À d’un peu de sérum de même espèce normal et frais. De ces notions fondamentales établies par M. Bordet résulte que la substance hémolytique (hémolysine, Ehrlich) est constituée de deux parties : l’une, spécifique, thermostabile, apparue à la facon des anti- corps consécutivement à l’incorporation des stromas globulaires étran- gers (Bordet), c’est la substance sensibilisatrice de Bordet, Zzmmunkürper d'Ehrlich; l’autre, thermolabile, normalement présente en quantité iden- tique ou peu différente (Von Dungern) dans le sérum de l’animal consi- déré, et commune à toutes les hémolysines qu'on y peut faire appa- raître. C'est l’alexine de Bordet, addiment d'Ehrlich. Injecte-t-on, au lieu de globules sanguins étrangers, des bactéries (choléra, Eberth, etc.), la substance bactéricide produite dans le sérum par l’immunisation est encore constituée par un /mmunkürper spécei- fique, néoformé, et l’alexine préexistante, identique à celle de l'hémo- lysine et des autres cytotoxines (Bordet, Moxter, Metschnikoff, etc.). Le mécanisme d'action de ces diverses substances consiste en une 334 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fixation préalable, spécifique et quantitative, de l’Zmmunkürper sur l'organisme cellulaire ou bactérien, il est ainsi sénsibilisé, rendu acces- sible à l'action de la commune alexine (Ehrlich et Morgenroth). Le problème qu'on s’est proposé est celui de savoir si l’hémolysine et plus spécialement l'alexine sont ou non à l’état de liberté dans le sang circulant. A cet effet, on injecte à des lapins du sang de bœuf (ou de chien) dans le péritoine, soit deux fois 40 centimètres cubes à 3 jours d'intervalle; 8 jours après la 2e injection, on injecte dans la veine auriculaire du sang de bœuf (ou de chien), débarrassé de sérum par lavages et centrifugations répétées. Or, tandis que les animaux normaux supportent facilement 25 centimètres cubes de sang étranger, les animaux préalablement traités succombent inva- riablement quand on dépasse 10 centimètres cubes, avec des symptômes de paralysie, de dyspnée intense, rarement quelques convulsions. Si parfois, à l'ouverture, on note des hémorragies multiples, quelques coagulations, intra- vasculaires, le plus souvent toute lésion fait défaut. Avec des doses moindres il apparaît de l’hémoglobinurie au bout de très peu de temps, voire presque immédiatement. Les globules injectés ont donc, sitôt arrivés dans le torrent sanguin de l’animal immunisé, subi l’action des constituants de l’hémolysine. La preuve ainsi administrée en bloc peut l’être en détail comme suit : On sensibilise à refus des globules rouges de lapins par contact prolongé» à une température peu élevée, avec du sérum inactivé de cobaye fortement immunisé contre le sang de lapin. On les lave et centrifuge; puis, les ayant ramenés avec de l’eau salée physiologique au volume de sang initial, on le# njecte par la veine marginale de l'oreille à des lapins normaux. Or, l’alexine du sang de lapin correspond à celle du sang de cobaye (Bordet). Aussi, les globules sensibilisés deviennent-ils toxiques; j’ai toujours vu moins de 15 cen- imètres cubes de leurs propres érythrocytes sensibilisés faire mourir mes animaux, soit en quelques minutes, soit en quelques heures. Il n’en va plus de même si la sensibilisatrice employée (chèvre immunisée contre sang de lapin, par exemple) ne correspond pas à l’alexine du lapin. Les globules se comportent alors comme s'ils n'avaient pas subi de traitement préalable, et l’on peut en injecter des quantités quelconques. Donc, l'Immunkürper est libre dans le sang circulant, lequel contient non moins certainement de l’alexine en liberté. L'absence de l’alexine dans l’æœdème de stase (Bordet) s'explique par des raisons de filtration, de dialyse; ainsi, l’on conçoit aussi que les sérums cytotoxiques et bactériolytiques agissent à peine in situ, au moins par la voie sanguine. Là, peut-être, est l’écueil à l'application thérapeutique des substances bactéricides composées. Ajoutons que l'injection in vena de globules étrangers lavés est non moins apte que l'introduction par la voie péritonéale à procurer l’immunité : loin de nous la pensée d'éliminer la phagocytose des pro SÉANCE DU 23 MARS 33) cessus, sans doute compliqués, qui mettent er liberté la substance immunigène des stromas; pas moins n'est présumable que la partie essentielle du phénomène se joue au sein des tissus fixes de l’économie. (Travail du Laboratoire d'Hygiène de la Faculté de Médecine de Paris.) EXCITABILITÉ COMPARÉE DU NERF ÉRECTEUR SACRÉ ET DU NERF HYPOGASTRIQUE, par MM. D. Courrane et J.-F. Guyon. En étudiant, dans un travail antérieur (1), l’excitabilité comparée des nerfs du tube digestif (estomac et intestin grêle), nous avons constaté que le pneumogastrique est infiniment moins sensible aux excitations que le grand splanchnique. Nous apportons aujourd’hui les résultats de recherches analogues faites sur les nerfs de la vessie et du rectum, c’est-à-dire sur le nerf érecteur sacré, branche viscérale des 2% et 3° racines sacrées, et le nerf hypogastrique, filet efférent du ganglion mésentérique inférieur. Toutefois, dans la note actuelle, nous n'avons en vue que l’excitabililé centripète de ces nerfs ou, en d'autres termes, leur sensibilité proprement dite. Pour l’apprécier, nous avons examiné les réactions réflexes que leur excitation provoque chez le chien curarisé, soit sur la vessie, soit sur la pression artérielle. Ces réactions sont, en effet, parmi les manifesta- tions sensitives, des plus nettes et des plus faciles à enregistrer par la méthode graphique. Les résultats que nous avons obtenus peuvent se résumer ainsi : quel que soit le mode d’excilation employé, tractions mécaniques ou courants induits, le nerf hypogastrique est nettement plus sensible que le nerf érecteur sacré. Ainsi, une simple traction ou une excitation électrique de moyenne intensité (0 de la bobine), exercées sur le bout central du nerf hypogastrique sectionné, déterminent presque toujours une contraction de la vessie et une élévation de la pression artérielle. Au contraire, les mêmes procédés d’excitation, transportés sur le bout central du nerf érecteur sacré, restent le plus souvent sans effets notables. Ces résultats sont donc très comparables à ceux que nous avons observés en étudiant l’excitabililé du grand. splanchnique et du prneumogastrique thoracique. Ici et là, la sensibilité générale apparaît beaucoup plus développée dans le système des nerfs sympathiques (grand splanchnique et hypogastrique) que dans celui des nerfs bulbo- (4) Excitabilité comparée du pneumogastrique et du sympathique thora- cique, Société de Biologie, 1900, p. 532. 336 SOCIÉTÉ. DE BIOLOGIE rachidiens qui leur correspondent te et érecteur sacré). Il convient cependant de signaler certaines différences entre les deux séries d'expériences. D’une part, l’hypogastrique est moins excitable que le grand splanchnique; d'autre part, l’excitation centripète du nerf érecteur sacré détermine parfois des réactions sensitives, vésicale et artérielie. Par suite, entre l'hypogastrique et le nerf érecteur sacré, la différence d’excitabilité n’est ni aussi grande, ni aussi constante qu'entre le grand splanchnique et le pneumogastrique. On peut affirmer néan- moins que, en dehors de quelques cas très rares, elle reste toujours de même sens. Elle se montre surtout avec évidence chez un chien suffi- samment curarisé pour que tout mouvement de défense soit aboli, alors qu'on a soin, bien entendu, d'éviter toute possibilité de courants dérivés. Dans ces conditions, les réactions sensitives provoquées par l'excitation du nerf érecteur sacré sont presque toujours, lorsqu'elles se produisent, beaucoup moins accentuées que celles qui succèdent à l'ex- citation du nerf hypogastrique. Cette différence dans la réaction est-elle réellement le fait d’une différence dans la sensibilité du nerf excité? N'est-elle pas due plutôt à ce que les centres nerveux de réflexion ne sont peut-être pas les mêmes dans les deux cas? A la voie médullaire, seule ouverte aux excitations exercées sur le nerf érecteur sacré, vient s'ajouter, il est vrai, pour celles qui atteignent le nerf hypogastrique, une voie collatérale repré- sentée non seulement par le ganglion mésentérique inférieur, mais encore par les ganglions du plexus solaire qui communiquent avec 1$ précédent par de nombreux filets. Mais il est facile de montrer que le pouvoir réflexe de ces divers ganglions n'intervient pas dans les réac- tions sensitives, vésicale ou artérielle, que provoque l’excitation’ cen- tripèle de l’hypogastrique. La contraction vésicale déterminée par celle-ci n’est, en effet, nullement modifiée par la section préalable de l’hypogastrique du côté opposé. De même, l'élévation de la pression artérielle est tout aussi marquée lorsqu on excite, au lieu du nerf hypo- gastrique, les racines collalérales du ganglion mésentérique inférieur, lesquelles n’ont aucune connexion directe avec le plexus solaire. Entre l'excitation et la réaction, la moelle reste donc le seul intermédiaire possible. Par conséquent, si le centre réflexe est le même dans tous les cas, C’est bien à Ja sensibilité plus ou moins vive du nerf excité qu'il faut atiribuer l'intensité plus ou moins grande de la réaction. L'insensibilité relative que les filets centripètes du nerf érecteur sacré opposent d'ordinaire, comme ceux du pneumogastrique, aux excitations mécaniques ou électriques, est à rapprocher de leur sensibilité très nette aux excilations physiologiques. En effet, lorsqu'on met la vessie en tension par une injection progressive de liquide, c'est le nerf érecteur sacré, et non le nerf hypogastrique, qui transmet l'excitation ainsi pro- SÉANCE DU 23 MARS 337 duite au centre réflexe intra-médullaire. Ce fait, dont nous avons donné la preuve dans un autre travail (1), montre que le nerf érecteur sacré est doué, lui aussi, de propriétés sensilives très importantes. Mais il s’agit d'une sensibilité spéciale qui, mise en jeu par l’excitant auquel elle est normalement adaptée (tension des parois vésicales), impres- sionne d'une manière exclusive le centre médullaire de la miction, avec lequel elle est en rapport direct. Les excitations mécaniques ou élec- triques, portées sur le tronc nerveux lui-même, sont sans doute moins aptes à la faire apparaître, car nous n'avons pu provoquer, par leur intermédiaire, ce réflexe exclusivement vésical que dans quelques cas exceptionnels. Elles agissent au contraire beaucoup mieux sur la sen- sibilité générale qui ébranle, en même temps que le centre de la mic- tion, tous les centres superposés de l'axe cérébro-spinal, et que nos expériences nous ont montrée plus développée dans le nerf hypogas- trique que dans le nerf érecteur sacré. (Travail du laboratoire de M. François-Franck.) NOUVEAUX PROCÉDÉS CLINIQUES POUR LA RECHERCHE DE LA BILE PE DANS LES URINES, par M. J. CLuzErT. Avec M. Frenkel nous avons montré ici même que la réaction de Haycraft s'explique par l’abaissement de la tension superficielle de l'urine provoqué par la présence de la bile; nous avons montré en outre que, si les autres substances organiques contenues dans l’urine contribuent à lui donner une tension superficielle inférieure à celle de l’eau, la bile seule peut provoquer ces abaissements considérables qui se traduisent par la chute du soufre en fleurs dans le sein du liquide (2). Il était donc intéressant de chercher le moyen de mesurer en clinique les abaissements de la tension de surface. Les deux méthodes suivantes donnent avec une exactitude suffisante les variations de cette constante physique dans les urines normales et iclériques. L'appareil de la première méthode est un simple compte-gouttes normal sur lequel est marqué un trait de repère, indiquant une conte- nance d'un centimètre cube, et qui donne exactement 20 gouttes pour (4) J.-F. Guyon. Rôle du nerf érecteur sacré dans la miction normale, Société de Biologie, 1900, p. 712. (2) J. Cluzet et H. Frenkel. Comples rendus de la Société de Biologie, 28 décembre 1900 et 8 février 1901. 338 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un centimètre cube d'eau distillée à 15 degrés environ. Le principe ce la méthode est bien connu : les tensions superficielles des divers liquides sont inversement proportionnelles aux nombres de gouttes qu'ils donnent par centimètre cube, leur densité et leur température étant supposées loujours les mêmes. Dans le cas de l’urine, on peut supposer la densité constante et égale à 1, car on commet ainsi une erreur de 0,04 au plus, erreur qui est négligeable dans l'évaluation de la tension superficielle. Pour faire une détermination on remplit par aspiration le compte- gouttes jusqu'au trait de repère avec de l'urine filtrée, fraichement émise et refroidie à 15 degrés environ; on compte ensuite le nombre de gouttes, l'extrémité supérieure du compte-gouttes étant ouverte à l'air et l'appareil étant tenu bien verticalement. Il est bon d’aspirer de l'urine jusqu'à un niveau plus élevé que le trait de repère, de laisser ensuite l'urine s'écouler goutte à goutte et de commencer la numéra- tion au moment où le niveau supérieur du liquide arrive au trait de repère. | L'expérience m'a montré que les urines normales donnent dans ces conditions de 20 à 26 gouttes. Pour chercher l'influence de la bile, il a suffi de faire des mélanges d'urine et de bile; voici par exemple le résultat d’une expérience : en prenant une urine donnant 21 gouttes et en mélangeant avec elle 1 p. 1000 de bile de chien, on obtient 25 gouttes; avec 2 p. 1000 on a 27 gouttes, avec 5 p. 1000 on a 29 gouttes, avec 1 p. 100 on a 50 gouttes, avec 2 p. 100 on à 31 gouttes, etc. La réaction de Peltenkofer faite avec soin n'a commencé à donner la coloration violetle que pour la solution à 1 p. 100. Cette expérience montre bien la sensibilité de la méthode des gouttes. À - Il résulte de toute une série de déterminations que si une urine quel- conque donne, dans les conditions énumérées plus haut, plus de 30 gouttes, on peut affirmer qu’elle contient des sels biliaires; ce nombre limite de 30 gouttes a été choisi pour que, même dans les conditions les plus défavorables, on puisse conclure s’il est dépassé à la présence de la bile, il correspond encore malgré cela à la sensibilité de la réac- tion de Pettenkofer. — Une seconde méthode, un peu moins simple, est basée sur la mesure des tensions par la méthode des tubes capillaires; en supposant les densités égales, on sait que les tensions superficielles sont propor- lionnelles aux hauteurs du liquide dans le lube capillaire. L'appareil se compose d’un pelit réservoir en verre de 40 centimètres cubes environ de capacité et d’un tube capillaire ayant un diamètre de 3 dixièmes de millimètres, portant une graduation en millimètres, et dont l'extrémité supérieure, renflée, s'adapte à un tube en caoutchouc terminé par une SÉANCE DU 23 MARS 339 poire en caoutchouc. Un support quelconque maintiendra verticalement le tube au-dessus du petit réservoir. Pour faire une détermination, on verse de l'urine à 15 degrés environ dans le récipient inférieur jusqu'au niveau du zéro de la graduation du tube qui a son extrémité inférieure presque au contact du fond du réservoir; puis, au moyen de la poire, on provoque plusieurs fois l’as- cension et la descente de l'urine pour bien mouiller l’intérieur du tube; on provoque ensuite une dernière fois l'ascension jusqu’à l'extrémité supérieure, on enlève la poire et on laisse descendre le liquide jusqu'au niveau définitif. La graduation que porte le tube indique en millimètres la hauteur d’ascension. Il résulte d'une série d’expériences qu’une urine contient des sels biliaires si elle donne dans cet appareil une ascension inférieure à 80: mil- limètres, l’eau distillée donnant, une ascension de 114 millimètres dans les mêmes conditions. Dans cette deuxième méthode, on devra veiller avec soin à ce qu'au- eune bulle d’air ne se trouve dans l’intérieur du tube capillaire. Il està remarquer que ces valeurs limites de 30 gouttes et de 80 mil-. limètres d’ascension correspondent à une tension superficielle de 55 dynes par centimètre; il est à remarquer en outre que ces procédés peuvent s'appliquer à d’autres liquides de l’organisme pouvant contenir des sels biliaires. (Travail du laboratoire des Travaux pratiques de Physique biologique de l’Université de Paris.) SUR LA CULTURE ET L’INOCULATION DU bacille fusiforme, par M. H. VINCENT. L’angine à bacilles fusiformes, que j'ai signalée en 1896 (1), et que j'ai décrite, depuis lors, dans différents mémoires (2), est une affection assez commune. Elle est sous la dépendance d’un bacille spécial, légèrement renflé en sor centre, aminci, au contraire, à ses deux extrémités, ne prenant pas le Gram, et associé à un fin spirille dans la forme ulcéro- membraneuse de la maladie, qui est la plus habituelle. À la période première de l’angine, ces deux microbes coexistent à l’état pour ainsi dire exclusif, et en quantité colossale. Dans la forme exclusivement (4) H. Vincent. Ann. del'Inst. Pasteur, 1896, p. 492. (2) H. Vincent. Soc. méd. des Hôpitaux, 17 mars 1898, 12 janvier 1899; 1er février 1901. Ann. de l’'Inst. Pasteur, 1899, p. 609. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T,. LIII. 21 340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ° diphtéroïde, qui est rare, le spirille est, au contraire, absent; le bacille fusiforme est seul ou associé à quelques streptocoques. La culture du bacille fusiforme à l’état pur n’a pas été, jusqu'ici, réa- lisée. Lorsqu'on ensemence une parcelle de l’exsudat dans du bouillon peptonisé ordinaire, on obtient une culture complexe dans laquelle l'examen microscopique du dépôt montre des bacilles fusiformes plus ou moins nombreux en symbiose avec les bactéries étrangères qui ont pullulé avec lui. Abel, Seitz, de Stœcklein ont constaté le même fait. Carnot et Fournier ont obtenu également une multiplication du bacille en ensemencant l’exsudat de l’angine dans le liquide d'’ascite. Ce microbe se cultive mal sur les milieux solides. Par contre il se développe plus aisément dans les milieux de culture liquides. Dans le bouillon préparé suivant la formule de .M. Martin, le bacille se multi- plie, mais peut être méconnaissable ; ilse développe en effet en filaments rectilignes allongés, quelques-uns de dimensions géantes. Il y est com- plètement immobile. k Les milieux de culture de prédilection du bacille fusiforme sont les milieux organiques liquides, de préférence humains. Reporté du bouillon Martin dans ces milieux, il y reprend les dimensions et l'aspect fusiforme qu'il a chez les malades, dans l'exsudat amygdalien. Le bacille se multiplie bien, au bout de vingt-quatre à quarante“huit heures, dans le liquide céphalo-rachidien de l’homme additionné de quelques gouttes de sang humain, dans le liquide de pleurésie séro- fibrineuse additionné d’un volume égal d’eau stérilisée, dans ce même liquide additionné d'un volume égal de bouillon peptonisé (les form'es filamenteuses y sont alors assez communes). J'ai obtenu des cultures du même microbe, toujours en même temps que des microbes de la bouche, dans le liquide d’un kyste thyroïdien, dans le liquide d'hydrocèle, dans le sérum de sang humain, etc. Les cultures les plus abondantes ont été obtenues dans le liquide extrait d’une hydarthrose rhumatismale an- cienne. Dans ces divers milieux, et en particulier dans le dernier, les bacilles sont très nombreux, non seulement dans le dépôt, mais encore dans le liquide surnageant. Ils présentent l’aspect caractéristique qu’ils ont dans les fausses membranes. Quelques-uns sont vacuolaires. Les cultures dégagent au bout d'un ou deux jours une odeur ca- séeuse fétide très particulière, qui est en corrélation avec la multipli- cation du bacille ; elle est faible si le bacille s’est peu développé, elle n'existe pas si le bacille est absent. Les malades atteints d’angine à bacilles fusiformes ont une haleine fétide tout à fait analogue. Les bacilles se colorent très bien si l’on a soin d’étaler la culture albu- mineuse en couche mince et de la dessécher à une faible température, sans la coaguler par la chaleur ou par un réactif fixateur. Elle doit éga- lement être colorée par une solution colorante aqueuse (Ziehl dilué). / SÉANCE DU 23 MARS 341 Examinées à l’état frais et chauffées légèrement, les préparations ont toujours montré des bacilles immobiles. Une température de 60 degrés PROlONBÉE pendant cinq minutes tue les bacilles fusiformes. Inoculées sous la peau des animaux ou dans l'épaisseur des muscles, les cultures renfermant le bacille en même temps que d’autres espèces microbiennes donnent lieu à des abcès, à des trajets fistuleux, à des foyers de nécrose ulcéreuse où l’on retrouve, au milieu de bactéries étrangères, le bacille en fuseau en proportion abondante. La multipli- cation du bacille est favorisée si l’on a soin de contondre les masses musculaires ou d'y injecter quelques gouttes d'acide lactique au ein- quième, avant d’inoculer la culture pathogène. Les animaux succom- bent parfois en état de cachexie. SUR LA PERTE DE SUBSTANCE DE LA COUCHE D'ALBUMEN DE L'OŒUF DE POULE, AU NIVEAU DE LA TACHE EMBRYONNAIRE, par M. le D' M. Cavazté. La couche d’albumen, dans les premiers jours de l’incubation, pré- sente, au niveau de la tache embryonnaire, une perte de iso bien connue depuis les observations d'Agassiz (1) et de Dareste (2). Pour la mettre en évidence, Dareste coagule l’albumine par l’acool ou par l’eau chaude. Nous avons employé un procédé qui nous donne de bons résultats. Nous placons l'œuf, dépouillé de sa coquille, dans une solution aqueuse d'acide picrique; nous soumettons à l'action de la chaleur jusqu'à durcissement ; conservation dans l'alcool. Comme il est aisé de le remarquer, sur l'œuf de vingt et une heures que nous vous présentons, il existe, au-dessus de la tache embryonnaire, une disparition totale de la couche d'albumine, formant un espace cylindrique creux. Il n’y a pas trace d'aire vasculaire autour de l'embryon. Ce détail a son importance, puisque, d’après Dareste, « l'albumine disparait seulement au-dessus du cercle formé par l'aire vasculaire, et sa disparition augmente comme ce cercle lui-même ». Nous recherchons acluellement si cette disparition de l’albumine est liée uniquement au développement du feuillet vas- culaire. (Laboratoire de M. le professeur Mathias-Duval.) (1) Agassiz. Embryology of Turtle, in Contribution to natural History of the United States, t. II, 1857. (2) Dareste. Sur quelques faits relatifs à la nutrition de l'embryon, dans l'œuf de la poule. — C. R. Acad. des Sciences, 1876, t. LXXXIIL, p. 836. 349 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IMPERMÉABILITÉ DES MÉNINGES À L'IODURE DE POTASSIUM DANS LA MÉNINGITE CÉRÉBROSPINALE À MÉNINGOCOQUES DE WEICHSELBAUM, par M. V. GRIFFON. MM. Widal, Sicard et Monod (1) ont montré qu'au cours de la ménin- gite tuberculeuse les méninges perdent leur propriété de s'opposer nor- malement au passage, dans le liquide céphalo-rachidien, de l’iodure de potassium introduit dans l’économie, et que ce sel devient dès lors décelable dans le liquide recueilli par ponction lombaire. Nous-même avons publié (2) incidemment un cas confirmatif, et, depuis, nous avons pu observer dans le service de M. Dieulafoy un nou- veau cas de méningite tuberculeuse, où le passage de l'iodure dans le liquide céphalo-rachidien a pu être constaté avec la plus grande netteté. Nos résultats viennent donc corroborer ceux de MM. Widal, Sicard et Monod, et il paraît bien établi qu'au cours de la méningite tuberculeuse la perméabilité des méninges à l’iodure soit /a règle. Il ne semble pas devoir en être de même en matière de méningite cérébro-spinale à méningocoques de Weichselbaum. Dans le seul fait de cet ordre publié jusqu’à présent (3), l’iodure n'était pas décelable dans le liquide céphalo-rachidien ; mais ce sel avait passé en si faible quantité dars l’urine, que nous avions cru devoir faire des réserves avant de con- clure, attendant que la clinique nous fournit un nouveau cas d'étude. Cette occasion vient de se présenter, et, chez un jeune malade du sèr- vice de M. Dieulafoy, atteint de méningite cérébro-spinale à microbe de Weichselbaum, à évolution clinique prolongée, nous avons pu répéter la recherche à deux reprises, dans les meilleures conditions d'expérience. La première fois, le malade a ingéré : 3 grammes d'iodure de pota- sium quatorze heures environ, et 4 grammes trois heures environ, avant qu’on aitpratiqué la ponction lombaire. On s’assurait préalablement que l’iodure avait passé dans les urines, par les deux procédés qui permet- tent de pratiquer cette recherche : 1° action de l'acide nitrique sur le liquide additionné d’amidon; 2° coloration rose du chloroforme ajouté à un mélange (à parties égales) d'acide nitrique et du liquide à examiner. Puis on soumettait à cette double épreuve le liquide céphalo-rachidien recueiili. Or, tandis qu'avec l'urine la réaction a été très nette, elle est (4) Widal, Sicard et Monod. Perméabilité méningée à l’iodure de potassium au cours de la méningite tuberculeuse, Soc. de Biologie, séance du 3 no- vembre 1900. (2) V. Griffon. Cytodiagnostic des méningites, Soc. de Biologie, séance du 5 janvier 1901. (3) V. Griffon. Loc. cit. SÉANCE DU 23 MARS 343 demeurée négative, par l’un comme par l’autre des procédés, avec le liquide céphalo-rachidien. La seconde fois, quatorze jours après la première, le malade à absorbé 3 grammes d'’iodure la veille au soir, et 3 grammes le matin, deux heures avant la ponction lombaire. Or, tandis que la présence de l'iodure dans les urines était très manifeste, il a été impossible de la déceler dans le liquide céphalo-rachidien par les deux procédés tech- niques dont nous avons parlé. Les méninges paraissent donc se comporter tout différemment, au point de vue de la perméabilité de dehors en dedans, c’est-à-dire de l'organisme vers la cavité arachnoïdienne, qu'il s'agisse de la forme tuberculeuse (1) ou qu'il s'agisse de la forme méningococcique de la méningite. Si les observations ultérieures corroborent ces premiers faits, la non-perméabilité des méninges à l’iodure, dans la méningite confirmée, pourra constituer un élément séméiologique à ajouter aux autres acquisitions cytologiques et bactériologiques qui nous permettent aujourd'hui de faire, au lit du malade, le diagnostic de la nature tuber- culeuse ou méningococcique d’une méningite. (Travail du laboratoire de M. le professeur Dieulafoy, à l'Hôtel-Dieu.) M. NETTER. — Je demanderai à M. Griffon quelles étaient les qualités macroscopiques du liquide céphalo-rachidien dans le cas de méningite cérébrospinale dont il vient de parler. Le liquide des méningites cérébro-spinales est habituellement très différent à l’œil nu de celui que fournit la ponction dans la méningite tuberculeuse. Il y a peut-être corrélation entre l’imperméabilité des méninges à l'iodure et la purulence du liquide céphalo-rachidien. M. GRiFroN. — Dans l'observation que j'ai publiée le 5 janvier, le liquide était franchement purulent. Dans le cas actuel, il était clair et amicrobien, lors de la première expérience (après avoir été purulent et chargé de méningocoques); il était très louche et contenait des microbes lors de la seconde recherche. (4) Dans nos deux cas de méningite tuberculeuse, le processus pathologique n’était pas strictement localisé aux régions encéphaliques, puisque le liquide recueilli par ponction lombaire, ensemencé sur des tubes de sang gélosé gly- cériné, nous a donné, dans les deux cas, des colonies de bacille de Koch. 344. : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA PHOSPHORESCENCE PAR HYDRATATION ET DÉSHYDRATATION, par M. GusTaAve LE Bon. Dans une précédente note destinée à répondre à M. Dubois, j'ai fait voir à cet écrivain combien étaient nombreux et importants les résul- tats que l’on pouvail tirer d’une expérience qu'il n'avait pas com-. prise, et que pour cette cause il qualifiait de « grossière et puérile ». Il serait sans intérêt de revenir sur ce sujet, étant donné l'incom- pétence évidente de M. Dubois sur des questions de physique. | Mais puisqu'une circonstance exceptionnelle me met en relations avec la Société de biologie à propos de questions de phosphorescence, j'en profiterai pour attirer l'attention des biologistes sur un phénomène pouvant présenter beaucoup d'intérêt pour eux. Je veux parler de la phosphorescence par hydratation et déshydratation. Dans mon mémoire sur la phosphorescence (1), j'ai donné la liste de quelques-uns des corps avec lesquels on pouvait observer ce curieux phénomène. Je ne mentionnerai ici que le sulfate de quinine. Dans un flacon de 50 centimètres cubes environ, fermé par un large bouchon à l’émeri, on introduit dans l'obscurité environ 1 gramme de sulfate de quinine et quelques centigrammes d'un déshydratant éner- gique, l'acide phosphorique anhydre notamment. En secouant ensuite le flacon, il devient phosphorescent par suite de la déshydratation du sul- fate de quinine. Au bout d’un quart d'heure, la phosphorescence® s'éteint. Si, à ce moment, on ouvre le flacon et qu'on projette l’haleine dans son intérieur, le sulfate de quinine s’hydrate légèrement, et cette hydratation le rend encore phosphorescent. En refermant le flacon, l'acide phosphorique déshydrate de nouveau le sulfate de quinine et il sera prêt pour une nouvelle expérience. On peut avec le même flacon répéter la même “expérience une cen- taine de fois pendant plusieurs mois, simplement en l’ouvrant et en soufflant légèrement dans son intérieur. La chaleur agit d’une façon identique sur le sulfate de quinine. Elle le rend lumineux parce qu'elle le déshydrate. Si, lorsqu'il a cessé de briller par la chaleur, on le met sur un corps froid, il brille de nouveau en s'hydratant aux dépens de la vapeur d’eau de l'atmosphère et devient de nouveau très phosphorescent. Il y a bien longtemps que l’on savait que le sulfate de quinine devient phosphorescent par la chaleur, l'expérience a été répétée des centaines de fois. Il est donc singulier que les observateurs n'aient pas constaté que le sulfate de quinine, lorsqu'il avait cessé d’être phosphorescent (1) Revue scientifique, 15 septembre 1900, p. 337. SÉANCE DU 23 MARS 349 par la chaleur, devenait de nouveau phosphorescent par le refroidis- sement, ce qui est précisément le contraire de ce qui s'observe pour les corps phosphorescents par la chaleur (fluorine, apatile, diamant, etc). En constalant ce phénomène, iis auraient deviné immédiatement la cause de la phosphorescence du sulfate de quinine, cause qui a été ignorée jusqu'à mes recherches. | Les phénomènes d'hydratation et de déshydratation paraissent jouer un rôle considérable dans la phosphorescence des êtres vivants. Les plus anciens observateurs, Carus notamment, avaient constaté que les organes lumineux du lampyre d'Italie, desséchés et broyés, reprenaient la phosphorescence qu'ils avaient perdue, simplement en les humectant. EXAMEN CYTOSCOPIQUE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LA SCLÉROSE EN PLAQUES, par M. le D' G. CARRIÈRE (de Lille). Depuis quelques mois, on se préoccupe beaucoup de l'étude des éléments cellulaires contenus dans le liquide céphalo-rachidien. Après avoir étudié à ce point de vue la méningite tuberculeuse (Widal, Sicard et Ravaut), on a cherché à savoir ce qui se passait dans le tabes et la paralysie générale (Monod). J’ai examiné à ce point de vue trois sujets atteints de sclérose en plaques classique en voie d'évolution. Dans les trois cas, les résultats ont été concordants : 1° Le nombre des éléments cellulaires est très considérable; 2 Ce sont les lymphocytes qui dominent (80 p. 100). Leur noyau est brun coloré; leur protoplasma, peu abondant, est granuleux; 3° Viennent ensuite les polynucléaires. Leur protoplasma est neutro- phile, rarement éosinophile ; 4° On trouve quelques lymphocytes à noyau fort peu coloré et comme désagrégé ; 5° Les hématies sont très rares: 6° Le liquide était stérile. J'ai eu l’occasion d'observer un cas de pseudo-sclérose en plaques hystérique guérie subitement après la ponction lombaire. Le liquide céphalo-rachidien, en ce cas, ne renfermait que quelques granulations éosinophiles disséminées, quelques filaments de fibrine et quelques rares hématies. Si pareil fait était constaté en pareil cas, on comprend de quelle utilité serait la méthode cytologique pour différencier la sclérose en plaques de la fausse sclérose en plaques d'origine hystérique, ce qui est actuelle- ment si difficile, pour ne pas dire impossible. 346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA RÉTENTION DES CHLORURES DANS LES TISSUS AU COURS DE CERTAINS ÉTATS MORBIDES, par MM. Cu. Acxarp et M. LŒpPER Les chlorures, qui jouent dans les échanges organiques un rôle très important grâce à la facilité avec laquelle ils traversent les parois osmotiques, s'éliminent par l'urine en quantité particulièrement faible au cours de certains élats morbides. On pourrait se demander si l'ali- mentation restreinte des malades n'intervient pas dans cette diminution. des chlorures urinaires. Mais il est facile de supprimer cette influence alimentaire en faisant ingérer une quantité notable de chlorure de sodium, 10 grammes par exemple, et en recherchant ce qui s'en élimine. | En comparant ainsi la quantité de chlorures éliminés en vingt-quatre heures avant et après cette ingestion, nous avons constaté que, dans un très grand nombre de maladies, l'élimination était presque insignifiante et n'atteignait pas le tiers des chlorures ingérés, au lieu qu'à l’état normal, la moitié au moins ou les deux tiers passent dans les urines en vingt-quatre heures. Nous avons examiné, en effet, 27 pneumonies, 18 cardiopathies, 6 néphrites chroniques, 3 fièvres typhoïdes, 3 rhuma- tismes aigus, 2 ictères, 2 tuberculoses rapides, 1 tuberculose chronique, À cancer gastrique. Or, l'élimination n’a dépassé 3 grammes que dans 4 pneumonies, 3 cardiopathies, 2 néphrites, 1 rhumatisme, et les 2 cas de tuberculose chronique et de cancer. Ce défaut d'élimination n’est pas dû à un défaut d'absorption, car le sang prélevé au cours des vingt-quatre heures pendant lesquelles’ avait lieu l’ingestion renfermait ordinairement plus de chlorures qu'aupara- vant. Sur 16 cas où ce dosage comparatif a été fait, il en est seulement 5 dans lesquels les chlorures du sang sont restés au même taux ou même ont légèrement diminué après l'ingestion : encore convient-il de remar- quer que, dans 2 de ces cas précisément, l'élimination urinaire était relativement bonne et dépassait 3 grammes. D'ailleurs, les recherches de Moraczewski dans la pneumonie nous ont appris que la proportion de chlorures ingérés qui passe dans les matières fécales était très faible. Enfin l’on sait que, dans les maladies aiguës suivies d'une crise urinaire, il se produit à ce moment une véritable décharge de chlo- rures, prouvant avec évidence que ces corps s'étaient accumulés dans l'organisme et ne s'étaient pas non plus éliminés par d’autres sécrétions (sueur par exemple). Mais si les chlorures sont ‘ainsi retenus dans l'économie, cela ne veut pas dire qu’ils restent dans le sang. En réalité, ils passent dans les tissus. SÉANCE DU 23 MARS 317 C'est ce que démontre, en premier lieu, l'étude des sérosités patholo- giques. Toujours, dans les liquides examinés (3 œdèmes, 4 pleurésies, 2 ascites), nous avons vu le taux des chlorures s’accroître après l'inges- tion. Dans 3 de ces cas (2 œdèmes, 1 ascite), nous avons étudié compa- rativement le sang, et toujours l'élévation des chlorures a été supé- rieure dans les sérosités. En second lieu, dans les tissus recueillis à l’autopsie, la proportion . des chlorures était plus forte dans les cas où leur élimination par l'urine était défectueuse que lorsqu'elle se faisait bien. Ainsi, chez deux sujets éliminant bien les chlorures, le tissu musculaire a donné 1 gr. 62 et 2 gr. 80 de chlorures p. 1000; chez les malades atteints d’asystolie et d'urémie, nous avons obtenu pour les muscles 3 gr. 13, 3 gr. 83, 4 gr. 10 et 5 gr. 95. Le cerveau a donné 1 gr. 10 chez un tuberculeux sans rétention de chlorures et 4 gr. 35 chez un urémique avec rétention (1). Cetle rétention paraît s'étendre aussi à d’autres substances. C'est ce que semble indiquer l'étude des crises urinaires, car, fréquemment, le taux de l’urée remonte à ce moment dans l'urine, de même que celui des chlorures. L'étude de l'élimination du bleu de méthylène, ingéré quotidiennement à la même dose, nous à montré aussi qu'il pouvait se produire une accumulation du bleu dans l'organisme, puis une décharge au moment où l'amélioration survient. - Il n’est pas sans intérêt d’opposer la rétention des chlorures dans les tissus à l'insuffisance glycolytique qui se rencontre très communé- ment dans certaines maladies. En pareil cas, les tissus qui retiennent les chlorures laissent échapper le sucre. Cela montre que les actes nutritifs sont profondément troublés. Car une substance qui joue sur- tout un rôle physique, comme les chlorures, simple monnaie d'échange, en quelque sorte, destinée à circuler, s’accumule et s'immobilise dans les tissus, tandis que le glycose, matière première dont le sort est de se fixer dans les cellules pour y subir une décomposition chimique, reste inutilisé et est rejeté hors de l'organisme. (1) On s’est demandé si, dans la pneumonie, l'hypochlorurie n'était pas due à ce que l’exsudat pulmonaire soustrayait une partie de ces substances à la circulation. Mais la quantité de chlorures contenue dans un foyer d'hépatisa- tion n’est pas toujours considérable : un dosage fait par M. Meillère, à notre instigation, a donné dans un cas # gr. 20 pour le poumon atteint de pneumo- nie et 2 gr. 46 pour le poumon sain. D'autre part, la fixation des chlorures dans l’exsudat n’expliquerait qu'une hypochlorurie toute passagère et non l'absence d'élimination après une ingestion supplémentaire. Les recherches que nous avons faites sur les divers tissus montrent qu'il s’agit d’un phénomène plus général et qui n’a pas lieu seulement dans les tissus malades. : LISTE DES OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LES MOIS DE JANVIER, FÉVRIER ET MARS 1901. Alezais : Contribution à la myologie des rongeurs, un vol. in-8. Thèse de doc- torat ès sciences, Paris 1900. D'Arsonval, Chauveau, Gariel, Mary et Weiss : Traité de physique biologique, t. I, un vol. grand in-8 de 1150 pages. Paris, Masson et Cie, 1901. Bickel : Eine historische Studie über die Entdeckung des Magendie-Bell'schen Lehrsatzes (Sep. Abd. aus dem Archiv für die ges. Physiol., Bd LXXXIV, 30 p.). Crisafulli : IL potere elettrico delle torpedini dietro l’influenza del bromuro di potassio (extrait du Giornale di Elettricità medica, 1900). — Ricerche sperimentali sulla fisio-patologia del cerveletto (extrait de la Riforma medica, XIV, 1900). — Ulteriore contributo alla istologia patologica della paralisi generale progres- siva (extrait des Annali di nevrologia, XV, 1897). Dastre : Osmose, tonométrie, cryoscopie, un vol. in-8 de 230 p. Paris, Masson et Cie, 1901 (tiré à part du Traité de physique biologique). Thierry : Le Mouton, anatomie, physiologie, races, production, hygiène et mala- dies. Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 1901. Yvon : Manuel clinique de l'analyse des urines, avec la collaboration de Lépi- nois et Michel, 6° édit., in-12 de 532 p. Paris, O. Doin, 1901. D: Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. Ko LR ES 349 SÉANCE DU 30 MARS 1901 M. L. Canus : Action du poison des Moïs sur le cœur isolé. — M. F. HexxeGuy : Essai de parthénogenèse expérimentale sur les œufs de Grenouille. — M. le Dr G. MARÉCHAL Développement de spores dans les cultures pures du bacille de Ducrey et constata- tion d’une capsule autour du microbe et de la spore dans le chancre mou et la sy- philis. — M. Anoré Tnomas : Des altérations des cylindres axes dans la sclérose en plaques. — M. Anpré TaomAs : Etude sur l'évolution pathologique de la névroglie, à propos d'un cas de sclérose en plaques. — MM. Axoré Tomas et Pierre Loew : Les altérations des cordons postérieurs dans les tumeurs de l’encéphale. — M. Anpré Lomparp : Contribution à la physiologie des leucocytes. — M. G. Lixos- sier : Note sur l'élimination du salicylate de soude par la bile. — M. Haxrior : Sur le mécanisme des actions lipolytiques. — M. Haxrior : Sur la nature de la lipase. — M. le Dr J. Simon : Sur la présence et la signification de l’Entérocoque dans les selles dysentériques. — MM. SaBrazës et Fauquer (de Bordeaux) : Propriétés hématolytiques de la première urine du nouveau-né. — MM. CaLUGAREANU et Vicror Henri : Salivation très abondante, pendant la mastication, chez un chien, à la suite de la suture croisée des nerfs hypoglosse et lingual. — M. Cu. Scumirr : Action de la saccharine sur la digestion gastrique. — MM. Girgerr et P. LERE- BOULLET : Les causes de la splénomégalie dans les cirrhoses biliaires. — M. R. Suzor : Injections sous-cutanées de jaunes d'œufs crus. — M. R. Suzor : Migraine. — M. G. Levex : De l'utilité d’une alimentation d’épreuve dans les recherches sur la nutri- tion. — MM. Micrax et Lecros : Le liquide céphalo-rachidien dans le tétanos spon- tané. — MM. Cx, Acnano et M. Loeper : Sur le mécanisme régulateur de la compo- sition du sang et ses variations pathologiques. Présidence de M. Netter, vice-président. ACTION DU POISON DES Moïs SUR LE CŒUR ISOLÉ, par M. L. Camus. Dans une séance précédente, j'ai présenté à la Société un petit appa- reil (1) qui permet d'étudier et d'inscrire le fonctionnement du cœur isolé, dans des conditions déterminées de tempéralure et de pression. J'ai employé cet appareil dans l'étude d’un poison cardiaque que m'a remis obligeamment M. Laborde (2), et je désirerais indiquer aujour- d'hui brièvement quelques-uns des résultats auxquels je suis arrivé. Ce poison, qui est le poison des Moïs, a été étudié il y a longtemps déjà par M. Henneguy (3), puis par M. Bochefontaine (4). (4) Sur un appareil pour circulation artificielle dans le cœur isolé et à inscrip- tion de changements de volume. C. R. Soc. de Biol., LIT, 202, 23 février 1901. (2) Poison recueilli en 1890, par M. Paul Denjoy. (3) Etude physiologique sur l’action des poisons. T4., Montpellier, 9 août 1875. (4) Action physiologique du poison des Mois. C. R. Soc. de Biol., 8° s., 132- 135; 1884. Brocoete. Comptes RENDuS, — 1901. T. LIT. 28 350 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M'étant proposé de rechercher la neutralisation des effets physiolo- giques de cette substance, j'en ai repris tout d’abord l'étude sur le cœur. Comme M. Henneguy l’a indiqué, j'ai observé que l'injection dans un sac lymphatique de la grenouille de quelques gouttes d’une solution à 1 p. 100 de cette substance amène rapidement l'arrêt du cœur, les systèmes nerveux et musculaire restant excitables. Dans la plupart de ces expériences, le ventricule s’est arrêté en systole, mais plusieurs fois j'ai constaté aussi que le sang le remplissait encore en partie après la der- nière pulsation. Ces résultats différents, obtenus sur le cœur en place, m'ont amené à étudier l'effet du poison sur le cœur isolé en me servant de mon petit appareil à circulation artificielle. Dans ce dispositif, le cœur fonctionnant comme vous l'avez vu l’autre jour, la température et la pression élant constantes, j'ajoute dans le réservoir du liquide qui circule une quantité mesurée de la solution à 1 p. 100 du poison. La quantité du liquide ajoutée est toujours très faible, et comme la surface du liquide dans le réservoir est assez grande, la pression ne se trouve pas modifiée. Les modifications indiquées par le tracé sont quelque peu variables suivant les cas, mais en général, pour une dose forte (solution circulant renfermant 1 p. 1000 de poison), voici ce que l’on observe. Le cœur se contracte plus énergiquement, le ventricule se soulève davan- tage vers la base du cœur, ce qui se traduit sur le tracé par un abaisse- ment du niveau inférieur des systoles et une amplitude plus grande des oscillations. Le nombre des pulsations cardiaques augmente en même temps, puis peu à peu l'accroissement de l'amplitude des oscillations se continue aux dépens d’une distension plus grande du cœur, le nivéau supérieur des systoles s'élève, le cœur travaille alors très énergique- ment. Après cette phase plus ou moins prolongée, le nombre des pulsa- tions diminue, elles restent encore très amples, mais elles s’espacent de plus en plus, le cœur s'arrête, le ventricule étant en diastole. La pression moyenne dans les expériences de ce genre était de 1 à 2 centimètres à l'embouchure de la veine cave et de 3 à 4 centimètres dans l'aorte. Après l'arrêt cardiaque, le niveau supérieur de la courbe s’abaisse, le cœur semble revenir lentement sur lui-même; les excitations méca- niques faites à la surface du ventricule augmentent l'état de contraction. Souvent, après l'arrêt du ventricule, les oreillettes continuent à battre rythmiquement pendant un certain temps. Dans la phase d’'empoisonnement, les tracés permettent de constater de nombreuses modifications; ce sont par exemple une série de systoles ventriculaires très rapprochées, apparaissant soudainement, véritable tendance au tétanos que contrebalance la pression; ce sont encore des irrégularités revenant périodiquement comme des diastoles prolongées se produisant toutes les deux ou trois pulsations. Enfin, dans d’autres cas, les pulsations restant bien rythmiques, on peut observer un certain nombre de dissociations dans le fonctionnement du cœur. SÉANCE DU 930 MARS 31 Quand les lignes systoliques et diastoliques se font en deux temps, le mouvement des oreillettes se séparant nettement de celui du ventricule, on peut suivre sur les tracés les modifications d'amplitude relatives à chacune des cavités. Il n’est pas douteux, d’après ces tracés, que ce poison soit un poison systolique, et il est à présumer que si le ventricule s'arrête sans se vider complètement, cela doit tenir à la pression du liquide et à une moindre : résistance du myocarde. Sur le cœur du chien, j'ai constaté l’action systolique du poison; et toujours, après arrêt du cœur, la section des ventricules m'a montré la présence d'une assez grande quantité de sang à leur intérieur. Il était intéressant de reproduire sur la grenouille l'arrêt en diastole et de voir si ce résultat serait obtenu sous l'influence de la pléthore. A cet effet, j'ai injecté préalablement à des grenouilles une certaine quan- tité d’eau salée, soit dans une veine, soit dans un sac lymphatique; dans ces conditions, j'ai obtenu fréquemment avec le poison l'arrêt en demi- diastole ou une tendance très marquée à cet état. Sur les tracés que je présente ici, et qui sont obtenus avec la pince cardiaque, ce résultat est des plus nets. On voit encore sur ces tracés que fréquemment les oreillettes conti- nuent à se contracter après l'arrêt du ventricule et que le ventricule se distend; parfois, après plusieurs contractions des oreillettes, apparaît une systole du ventricule. Après l'arrêt en diastole, le ventricule revient lentement sur lui-même, phénomène que l’ou peut activer par des exci- tations mécaniques. En résumé, le poison des Moïs est bien un poison systolique, et si pat- fois le ventricule de la grenouille, empoisonné et arrêté, renferme encore du sang, cela tient vraisemblablement à un état particulier de fatigue du myocarde. ESSAI DE PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE SUR LES ŒUFS DE (GRENOUILLE, par M. F. HENNEGuY. Les expériences si intéressantes de Morgan, Lœb, Giard, relatives à l’action des solutions salines sur les œufs non fécondés des Échino- dermes et des Annélides, ont appelé l'attention des biologistes sur la parthéncegenèse expérimentale. Les Vertébrés ont encore été peu étudiés à ce point de vue; je rappellerai les observations de Dewitz, Kulagin, Bataillon, qui, en faisant agir sur des œufs non fécondés de Batraciens et de Poissons des solutions de sublimé, de sel, de sucre, de sérum antidiphtérique et de sérum sanguin, ont obtenu un début de segmen- tation plus ou moins nette, 322 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Un commencement de développement parthénogénésique spontané a été admis par Leuckart et, plus récemment, par Born et Dehner chez la Grenouille, mais il à été nié par Pflüger et Roux; s’il existe, il doit être rare, ne va pas très loin et peut être attribué à des actions mécaniques, une pression ou un tiraillement exercés sur l'œuf, comme j'ai pu l’observer. La. Grenouille parait donc être un type favorable pour essayer de reproduire, chez un Vertébré, les expériences de parthénogenèse arti- ficielle faites sur des Invertébrés. Nos recherches ont été faites sur des œufs de Rana temporaria. Les femelles accouplées étaient séparées des mâles, lavées et essuyées avec soin, puis ouvertes afin de prendre les œufs dans les utérus. Les œufs d’une même femelle ont été partagés en un certain nombre de lots renfermant à peu près le même nombre d'œufs; chaque lot a été mis dans un cristallisoir et recouvert d’une solution de diverses substances, iso- toniques d’une solution de chlorure de sodium à 4 p. 100. Les substances expérimentées ont été : le chlorure de sodium, le chlorure de potassium, le chlorure de magnésium, le chlorure de manganèse, le sucre de canne, le glucose, la glycérine, l'azotate de potasse, l’azotate de soude et l’azotate d'ammoniaque. J'ai essayé, en outre, l'action du sublimé à 5/1000, de l'acide sulfurique, du sulfate de strvchnine et de la vératrine à 1/10.000. Les œufs sont restés en présence de la solution pendant une heure ou une heure et demie (sauf pour l’acide sulfurique et le sublimé, dont l’action n’a duré qu'une demi-heure), puis ils ont été lavés à l’eau pure el placés définitive- ment dans l’eau pure. Pour chaque Grenouille, un lot d'œufs a été fécondé avec du sperme pris dans les vésicules séminales du mâle ; ces œufs se sont développés normalement. Les œufs traités par le chlorure de manganèse et par le glucose n'ont montré aucune trace de segmentation. Ceux traités par la vératrine présentaient presque tous, au bout d’une heure, un contour irrégulier paraissant dû à des contractions locales du vitellus ; cet aspect avait disparu au bout de quelques heures et il n° y a pas eu trace de segmen- tation. À = L'acide sulfurique a déterminé une contraction énergique de l'œuf, se traduisant par la présence, à sa surface, de rides profondes et paral- lèles ; tous les œufs sont morts très rapidement, ratalinés. Un petit nombre d'œufs trailés par les chlorures de sodium, de potassium et de magnésium ont montré, au bout de dix-huit à vingt- quatre heures, des sillons irréguliers, très superticiels, et souvent une ou plusieurs petites protubérances lenticulaires. Avec le sucre et la glycérine, les sillons étaient un peu plus nom- breux, mais peu marqués et superficiels. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec l’azotate de potasse et SÉANCE DU 930 MARS 33 l'azotate d’'ammoniaque. Environ la moitié des œufs traités par ces sels présentaient une apparence de segmentation rappelant quelquefois la segmentation normale aux stades 4, 8 et même 16. Les sillons étaient bien marqués et proies: L'azotate de soude n’a presque rien dre et, avec la strychnine, je n'ai trouvé qu'un seul œuf offrant une trace de segmentation irrégulière et tout à fait superficielle. Les œufs laissés au contact de la solution de sublimé pendant une demi-heure présentaient presque tous, au bout de deux ou trois heures, un sillon méridien, rempli d’un coagulum blanchâtre qui le mettait bien en évidence. Aucun œuf n’a dépassé ce stade. Tous les œufs ayant montré un commencement de segmentation, soit avec sillons superticiels très irréguliers, soit avec sillons plus profonds et plus réguliers, ont atteint leur maximum de fractionnement au bout de vingt-quatre à trente-six heures. À partir de ce moment, ils ont com- mencé à s’altérer, et l’altération a été d'autant plus rapide que le frac- tionnement avait été plus marqué. L'étude des coupes des œufs prouve que lorsque les sillons sont peu marqués, ils sont tout à fait superficiels, et qu'à leur niveau des traîinées de pigment ont pénétré plus ou moins profondément dans le vitellus, Quand les sillons sont, au contraire, bien accentués à la sur- face de l'œuf, il existe des pseudo-blastomères de volume variable, entre lesquels, lorsque le fractionnement est assez avancé, il y a une cavité de segmentation très irrégulière. Dans aucun des œufs examinés jusqu'ici,je n'ai pu trouver de noyaux, ni dans le vitellus lorsque les sillons étaient superficiels, ni dans les pseudo-blastomères. J'ai vu souvent des vésicules claires, quelquefois entourées d’une radiation protoplasmique, qu'on confondrait aisément avec des noyaux à un examen superficiel. Ces vésicules ne renferment pas de chromosomes, mais contiennent des filaments résultant de la coagulation d’un liquide albumineux par le réactif fixateur. J'exposerai dans un travail plus étendu les altérations que présentent les œufs soumis à l’action des solutions que j'ai expérimentées, et le mécanisme de la pseudo-segmentation de ces œufs. Mais je crois pou- voir conclure, dès à présent, qu'il ne s’agit ici que d'une fragmentation du vitellus non accompagnée de multiplication de noyaux et simulant une véritable segmentation. Ce processus rappelle celui que j'ai étudié dans les ovules de Mammifères contenus dans des follicules en voie de régression, avec cette différence que, dans le fractionnement des œufs de Mammifères, on observe souvent des noyaux, tandis que je n'ai pu encore en trouver dans les œufs de Grenouille. 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DÉVELOPPEMENT DE SPORES DANS LES CULTURES PURES DU BACILLE DE DUCREY ET CONSTATATION D'UNE CAPSULE AUTOUR DU MICROBE ET DE LA SPORE DANS LE CHANCRE MOU ET LA SYPHILIS, par M. le D' G. MARÉCHAL. Dès l’année 1896, nous avons cultivé d'une manière constante le bacille de Ducrey sur sérum ascite dans les douze heures consécutives à l'ensemencement. L'examen de la culture à un grossissement plus fort nous a permis de mettre en évidence la présence de spores et de capsules d'enveloppe de la spore et du bacille de Ducrey. Sur une préparation colorée au violet de gentiane, nous avons constaté la présence d’une capsule inco- lore se différenciant par l'excès de réfringence autour de chaque bacille de Ducrey. Dans la même capsule, on voit parfois le bacille de Ducrey et une spore située au-dessous du renflement inférieur. Parfois le segment intermédiaire du bacille de Ducrey a disparu. On ne voit plus que deux spores entourées de la même capsule, qui persiste intacte autour de l’ancien bacille de Ducrey. Dans un 3° stade de segmentation, les deux spores se sont revêtues chacune d’une capsule, mais restent juxtaposées. Dans un 4° stade, ces deux spores, revêtues chacune de leur capsule propre, s’isolent l’une de l’autre. ; Nous avons fait ces cultures et ces préparations microscopiques : : 1° Avec l’exsudat d’un chancre mou provenant du n° 29; 2° Avec le sang d’un syphilitique à la période secondaire dans le service de M. le professeur Fournier. de 7 DES ALTÉRATIONS DES CYLINDRES AXES DANS LA SCLÉROSE EN PLAQUES, par M. ANDRÉ Tomas. Lorsqu'on examine des plaques de sclérose de la moelle sur des coupes traitées par les méthodes ordinaires de coloration (picrocarmin), on est souvent fort embarrassé pour distinguer, même à de forts gros- sissements, les cylindres axes des fibrilles névrogliques. La conserva- tion des cylindres axes ne peut cependant être mise en doute, mais ils ont subi des altérations de forme et de volume qui les rendent mécon- naissables. : Lorsqu'on fait l'étude des plaques de sclérose sur des coupes longi- tudinales fines (coupes à la paraffine), colorées soit par le Marchi et le picrocarmin associés, soit par le picrocarmin, soit surtout par la fuchsine acide, on a parfois la chance de surprendre les altérations du SÉANCE DU 90 MARS 395 Tr ÉD < cylindre axe à leur début, et de pouvoir suivre l’évolution des lésions. J'ai eu l’occasion, dans une communication à la Société de neurologie (1900), d'exposer le résultat de mes recherches dans un cas de sclérose en plaques, classique au point de vue clinique, mais remarquable cependant par son évolution assez rapide. Depuis, j'ai pratiqué l'examen histologique de deux nouveaux cas dont l'évolution clinique diffère sen- siblement de la description classique : dans le premier cas, le malade élait contracturé des quatre membres; dans le second, la maladie avait évolué sous les traits d'une paraplégie spasmodique des membres infé- rieurs; dans ces deux cas, l’autopsie révéla l'existence des lésions de la sclérose en plaques; je m'appuie sur l'examen de ces trois cas pour étudier les allérations des cylindres axes dans cette maladie. Dans quelques foyers, les lésions sont exclusivement parenchymateuses; les cylindres axes sont altérés à des degrés variables, maïs il n’y a pas encore de prolifération du tissu interstitiel. Sur les coupes longitudinales, les cylindres axes sont gros, tuméfiés, enroulés sur eux-mêmes, déformés, quelquefois légèrement granuleux, ils se colorent inégalement. Quelques-uns sont déjà le : siège d’un travail de dissociation ; ils se résolvent en fibrilles dont les unes poursuivent leur trajet au delà de l’altération, d’autres y paraissent inter- rompues ; à ce niveau la gaine de myéline est également renflée, mais ses bords sont généralement amincis. La même altération peut être constatée sur le même cylindre axe à des distances variables séparées par des parties saines; ailleurs, elle occupe une grande étendue de la fibre nerveuse. En outre, à côté des fibres malades, il existe encore des fibres saines. Dans d’autres foyers, les lésions sont déjà plus avancées, la gaine de myéline à disparu sur une plus ou moins longue étendue, la fibre malade traverse un amas de protoplasma réduit en boules souvent hyalines ou indivis, se colorant mal ou inégalement ; quelques fibrilles semblent s’égarer en dehors de la fibre nerveuse; sur les coupes colorées par la méthode de Marchi, on distingue quelques boules de myéline colorées en noir, mais ces éléments sont plutôt rares. Dans un de ces cas, le cylindre axe se présente très hyper- trophié, le protoplasma a disparu par places, et, dans son ensemble, la fibre n’est plus représentée que par un réseau protoplasmique à mailles inégales com- blées en partie, et au milieu duquel on distingue quelques fibrilles se pour- suivant au delà de la lésion dans une fibre saine. En somme, si l'hypertrophie du cylindre axe, la dégénération et la désagrégation de la fibre nerveuse sont constantes, elles varient un peu suivant les cas et dans un même cas, suivant les foyers observés. À un degré encore plus avancé, le champ de la préparation ne présente plus que des fibrilles cylindraxiles suivant un trajet irrégulier, alternative- ment groupées et isolées, décrivant ainsi de grandes mailles allongées, vides ou comblées en partie par du protoplasma de forme et d'aspect variables, au milieu duquel on découvre quelquefois un ou deux noyaux névrogliques ; l’en- semble du noyau et du protoplasma, limités par les fibrilles, ressemble à ce que plusieurs auteurs ont décrit en pareils cas sous le nom de cellules épithé- lioides. Aux extrémités du foyer, on voit quelques fibres se continuer avec le 356 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cylindre axe d’une fibre saine qui s'interrompt brusquement; d’autres ne rejoignent pas immédiatement le cylindre axe, mais s'engagent sur un trajet plus ou moins long, dans la paroi de la gaine de myéline, et restent séparées du cylindre axe; sur plusieurs préparations, cette disposition est assez fréquente. Lorsque les lésions sont arrivées à un degré aussi avancé, il est rare qu'on ne constate pas la présence d’un nombre plus ou moins considérable de noyaux névrogliques dont la plupart sont logés au miliéu des déchets proto- plasmiques; en quelques endroits il existe une prolifération plus ou moins intense des fibrilles névrogliques. Dans d’autres foyers, la prolifération névroglique est considérable et, dans l’amoncellement des éléments fibrillaires, il est impossible de faire la part du tissu nerveux et celle du tissu interstitiel. La prolifération du tissu névro- glique est d’ailleurs très variable suivant les endroits; il est très dense dans quelques plaques, très clairsemé dans d'autres ; lorsque les altérations des cylindres axes sont encore peu avancées, les fibrilles névrogliques sont absentes ou rares, les noyaux sont plus ou moins nombreux, quelques-uns sont très nettement en voie de division directe. Les altérations vasculaires sont très variables : quelques vaisseaux sont entourés d'un grand nombre de débris protoplasmiques occupés au centre par un noyau, leur paroi n’est pas sensiblement épaissie; ailleurs, au contraire, elle est représentée par un large anneau fibreux, les vaisseaux y paraissent plus nombreux; la paroi adventice de quelques-uns est en voie de proliféra- tion; ces altérations vasculaires sont en outre inconstantes. En résumé, il est indéniable qu'en beaucoup d’endroits les altérations cylindraxiles sont les premières en date; par contre, il n'en existe pas où on puisse affirmer que la prolifération du tissu névroglique est primi- tive: mais. comme le l'ai déjà fait remarquer, l’altération du cylindres , ) 0 3 Al axe n’est que partiellement destructive, et si une partie des fibrilles cylindraxiles est interrompue au niveau de Îla lésion, il en est d’autres qui poursuivent leur trajet au delà du foyer, assurant la vitalité de la gaine dé myéline et empêchant la dégénération wallérienne de là fibre malade. Mes recherches confirment la théorie déjà admise par Adam- kiewiez, Furstner, Redlich, Huber, Erben, Sander, théorie d’après laquelle l’altération de la fibre nerveuse est primitive et la proliféra- tion névroglique est un phénomène secondaire. L'absence ou l’incons- tance des altérations vasculaires m'empêchent de me conformer à l’opi- nion de Hugo Ribbert, Marie, Popoff, Gudden, Borst, d’après laquelle les lésions interstitielles et parenchymateuses sont secondaires à une altération primitive des vaisseaux. Il est possible cependant que la prolifération névroglique dépende dans une certaine mesure de l'intensité du processus morbide, de la nature et du degré d'activité de l'agent causal, mais elle se présente néanmoins comme une réaction secondaire commandée par la disparition partielle des éléments parenchymateux, et nous savons combien elle SÉANGE DU 90 MARS 397 est variable dans les dégénérations secondaires aux lésions en foyer. On pourrait objecter à cette manière de voir que les altérations des fibres nerveuses sont des altérations à distance, consécutives à leur étranglement par le tissu névroglique; mais de telles altérations ne s'observent pas à la suite de lésions en foyer de la moelle, de myélite transverse, et si la persistance des cylindres axes au milieu de masses néoplasiques est favorable à l’idée d’une prolifération interstitielle pri- mitive, il est également vrai qu'elles ne donnent pas lieu au développe- ment de plaques de sclérose à distance. IL est encore une question qui se pose au sujet des fibrilles qui tra- versent la paroi de la gaine de myéline sur une plus ou moins longue étendue avant de s’aboucher avec le cylindre axe, ou qui en sortent avant qu'elle ne soit tout à fait rompue : il est légitime de se demander s'il ne s'agit pas de fibres de régénération; je crois qu'en réalité il doit y avoir régénération d’un*certain nombre de fibrilles, de sorte que dans le tissu d’une plaque de sclérose il y aurait trois ordres d'éléments fibrillaires : 1° des fibrilles conservées ; 2° des fibrilles régénérées ; 3° des fibrilles névrogliques ; mais Popoff, à notre avis, accorde une trop grande importance aux fibres de régénération, pour lui, en effet, les _ fibrilles des plaques de sclérose ne sont que des fibres nerveuses en voie de régénération. De ce qui précède, nous sommes amené à conclure que, dans la sclé- rose en plaques, les fibres nerveuses sont primitivement atteintes, et, sans nier que la prolifération interstitielle ne puisse être influencée par la même cause qui frappe les éléments nerveux, nous pensons toutefois qu'elle est commandée par leur destruction partielle : les altérations vasculaires peuvent être primitives et inflammatoires, mais elles ne tiennent pas sous leur dépendance les lésions parenchyma- teuses et les lésions interstitielles. Par son étiologie, par son évolution, par son anatomie pathologique, la sclérose en plaques s'impose de plus en plus comme une variété de myélite ; peut-être n'est-elle qu'une forme lente et atténuée de la myélite disséminée de Westphal. (Travail du laboratoire du D' Déjerine, hospice de la Salpétrière.) ÉTULE SUR L'ÉVOLUTION PATHOLOGIQUE DE LA NÉVROGLIE, À PROPOS D'UN CAS DE SCLÉROSE EN PLAQUES, par M. ANDRÉ THomas. Les rapports des fibrilles névrogliques avec les cellules dites névro- gliques, leur mode d'apparition, sont encore assez obscurs : pour quelques auteurs, Weigert entre autres, les fibrilles névrogliques ont une constitution chimique différente de celle du protoplasma dont elles 398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sont indépendantes ; pour d’autres (Robertson), les fibrilles résultent d’une transformation du protoplasma cellulaire dont elles constituent les prolongements, quelques-unes cependant peuvent devenir libres et indépendantes; pour d'autres encore (Lenhossek, Külliker, Van Ge- huchten, Pelizzi), qui ont étudié la névroglie avec la méthode de Golgi, les fibrilles névrogliques font toujours partie de la pee HÉMEaRS dont elles représentent les prolongements, On s'est beaucoup moins occupé des rapports histogénétiques des fibrilles avec les noyaux névrogliques proprement dits; quant à la structure des cellules dites névrogliques, la plupart des auteurs leur reconnaissent un protoplasma plus ou moins abondant, entourant le noyau; suivant leur forme on leur a donné le nom de cellules arai- gnées, astrocytes; mais ce protoplasma est extrêmement variable comme forme et comme volume, et autour d’un grand nombre de noyaux névrogliques il est impossible d'en découvrir les moindres traces, de sorte que les éléments constants, invariables de la névroglie, sont les noyaux et les fibrilles. La méthode nouvelle de Weïgert pour la névroglie a grandement contribué à enrichir nos connaissances sur la structure normale de la névroglie et sur son évolution pathologique. Elle est malheureusement assez délicate, et les conditions dans lesquelles nous pratiquons les autopsies en France ne sont guère favorables à sa réussite. J'ai pu néanmoins l'employer avec succès, mais en modifiant un peu la technique; au lieu de faire l'inclusion dans la celloïdine, je la fais dans la paraffine ; il est indifférent que le mordancage par le mélange d’alun de chrome et d'acétate de cuivre soit fait avant ou après l'inclusion. D'autre part, il ne suffit pas de pratiquer des coupes transversales * de la moelle; il est même préférable de faire l'étude de la névroglie sur des coupes longitudinales fines, car les fibrilles névrogliques sui- vent pour la plupart un trajet parallèle aux faisceaux blancs, c'est- à-dire vertical dans la moelle; cette manière de faire est d’ autant plus rationnelle dans l'étude de la sclérose en plaque qui va nous occuper , que les fibres nerveuses sont primitivement allérées sur une plus ou moins longue étendue de leur trajet. Il est en outre absolument nécessaire de faire l'examen microsco- pique avec de forts grossissements, c'est-à-dire avec l'immersion. Les faits que je vais rapporter ici ont trait à une sclérose en plaques dont l’évolution clinique a été un peu particulière ; il s'agissait d’une paraplégie spasmodique des quatre membres avec contracture. Sur les coupes verticales de la moelle comprenant des segments d’un centimètre et même davantage de hauteur, nous avons observé dans les régions où la névroglie est en voie de prolifération, une série d'images qui nous ont surtout frappé par les formes de transition entre jes noyaux névrogliques et les fibrilles libres. SÉANCE DU 30 MARS 359 Les noyaux névrogliques sont très variables de forme, de volume et de coloration. Les uns sont petits, les autres très volumineux, d'autres intermédiaires : ils sont arrondis, ovales, en fer à cheval, etc.; ceux-ci sont clairs, d'autres foncés; les uns et les autres contiennent des grains chromatiques en plus ou moins grand nombre; plusieurs sont en voie de division directe. Dans l’intérieur de quelques noyaux, et plus spécia- lement parmi ceux qui entourent un vaisseau, on découvre un réseau de fibrilles parfois très riche et ces noyaux sont généralement irré- guliers de forme, müriformes : quelques-uns semblent même avoir éclaté et quelques fibrilles s’échappent très nettement de la masse nucléaire, de sorte que l'ensemble de ces figures donne l'impression que les noyaux eux-mêmes donnent naissance à des fibrilles, D'autre part, quelques noyaux sont extrêmement irréguliers, les grains chroma- tiques sont devenus libres et se colorent irrégulièrement : cesnoyaux-là semblent en voie de dissolution. Ailleurs, et plus particulièrement à la périphérie de la moelle, on distingue à côté de rares noyaux, d’élégants tourbillons de fibres soit isolées, soit groupées en gerbes; quelques-unes décrivent des boucles, des nœuds; il en est même qui à leur extrémité se pelotonnent sur elles-mêmes dans une masse d'apparence nucléaire : les unes entourent un noyau contenant encore de la chromatine et font corps avec lui, d’autres ont une extrémité libre, tandis que l’autre extrémité se confond avec la masse nucléaire : en examinant ces séries de figures on a encore l'impression que le noyau s’est transformé en un peloton de fibrilles qui s’est déroulé pour former les fibrilles névrogliques. Un assez grand nombre de noyaux sont plongés au milieu d'une masse de protoplasma irrégulier de forme et de coloration, logé parfois dans les mailles formées par des fibrilles cylindraxiles et névrogliques qui s'entre-croisent sous divers angles, d’où l'aspect de cellules épithé- lioïdes (déjà signalé par quelques auteurs). Les noyaux y sont assez souvent en voie de désintégration. Dans les coupes longitudinales, les cellules de Deiters ont élé exceptionnellement rencontrées. D’après les examens que nous avons faits avec d’autres procédés de coloration, non seulement dans le cas actuel, mais dans d’autres semblables, ces amas protoplasmiques ne sont pas des corps cellulaires, mais des déchets résultant de la destruction des éléments nerveux; leur existence autour des noyaux névrogliques est sujette à des variations multiples, ils peuvent faire complètement défaut, et si l’on admet qu'ils constituent le protoplasma de la cellule névroglique, ce ne peut être qu'à la condition de le considérer comme un protoplasma d'emprunt. En résumé, des faits que nous avons constatés dans cette moelle de sclérose en plaques, il semble résulter que les fbrilles puissent se développer aux dépens des noyaux névrogliques, dont elles seraient en quelque sorte une transformalion; ce qui est encore favorable à 360 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cette manière de voir, c’est que dans les plaques de sclérose anciennes les fibrilles sont très abondantes et forment un feutrage dense et serré, alors que les noyaux sont rares ou absents. Le protoplasma au milieu duquel sont plongés les noyaux névro- gliques n'est le plus souvent constitué que par la destruction des éléments parenchymateux, et son apparence cellulaire est due aux limites que lui forment les éléments nerveux, les fibrilles cylindraxiles et névrogliques. Les fibrilles névrogliques sont absolument indépen- dantes de ce proloplasma et ne constituent pas des prolongements cellulaires. Nous ferons remarquer en outre que dans les endroits où les noyaux sont en voie de multiplication elle se fait par division directe, et que la névroglie paraît proliférer là où il y a eu désintégration ou dispa- rition des éléments nerveux. (Travail du laboratoire du D' Déjerine, hospice de la Salpétrière.) LES ALTÉRATIONS DES CORDONS POSTÉRIEURS DANS LES TUMEURS DE L'ENCÉPHALE, par MM. ANpRÉ THomas et PIERRE Low. Les altérations de la moelle signalées par plusieurs auteurs au cours : des tumeurs de l’encéphale peuvent se développer dans des conditions très différentes. Les unes doivent être envisagées comme des dégénéra- tions secondaires à la compression ou à l'interruption des fibres médul- laires au niveau de la tumeur. Les autres sont d’une pathogénie pius obscure et ne doivent pas être envisagées comme des dégénérations secondaires produites par la tumeur : c'est dans cette catégorie qüe rentrent les altérations des cordons postérieurs. Les travaux les plus récents lendent à démontrer que ces altérations sont généralement symétriques, qu'elles siègent plus souvent à la région cervicale et à la région dorsale et qu'elles affectent une topographie radiculaire, sans qu'il soit nécessaire cependant qu'il existe une lésion histologique appréciable sur lé trajet extramédullaire des racines. Le siège de la tumeur n’a par lui-même aucune importance, les altérations seraient les mêmes, que la tumeur siège dans les hémisphères céré- braux, dans le mésencéphale, dans la protubérance et le cervelet, ou encore qu'elle se soit développée dans les méninges et qu’elle n'ait entrainé de modifications anatomiques et fonctionnelles dans ces divers organes que par la compression qu'elle exerce sur eux. Diverses lhéories ont été soutenues pour expliquer de telles altéra- tions : pour les uns, les dégénérations des cordons postérieurs sont la SÉANCE DU 30 MARS 361 conséquence de l'excès de pression dans le liquide céphalo-rachidien et de la traction exercée par ce mécanisme sur les racines postérieures; d’autres invoquent la toxicité du même liquide ou du sang, ou bien encore la stase veineuse et lymphatique produisant la dégénération des racines les plus sensibles. Pour d’autres encore, il s'agirait d’une dégé- nération rétrograde ayant pour point de départ des foyers néoplasiques développés dans les noyaux des cordons postérieurs. La ressemblance est si frappante parfois avec la dégénération tabé- tique des cordons postérieurs, que Wollenberg et Nageotte considèrent ces altérations comme celles d’un tabès au début. Dans deux cas de tumeur, nous avons observé des altérations des cordons postérieurs un peu différentes comme étendue et comme topo- graphie. Dans le premier cas, 1 s’agit d’un psammome développé dans le recessus latéral gauche du 4° ventricule et ayant comprimé par suite la protubérance et le pédoncule cérébelleux moyen, le bulbe et les nerfs craniens correspon- dants. L’hydropisie ventriculaire était considérable, il y avait également hydropisie de la gaine du nerf optique et un excès de tension très prononcé du liquide céphalorachidien. L'examen histologique de la moelle {méthode de Marchi et de Pal, carmin) révéla l’existence d’altérations des cordons postérieurs sur toute la hauteur de la moelle dorsale et de la moelle cervicale, jusqu'au niveau des noyaux des cordons postérieurs. Sans entrer dans les. détails de l'examen histologique, les altérations se font remarquer par leur topographie nettement radiculaire sur la plupart des étages médullaires de la région dorsale, mais l'intensité de la dégénération du reste des cordons postérieurs à la région cervicale ou même à la région dorsale n’est cependant pas proportionnelle à la dégénération des zones radi- culaires dans les étages médullaires immédiatement sous-jacents, et cela sur- tout du côté droit : il ne s’agit donc pas vraisemblablement d'une dégénéra- tion wallérienne. À la région cervicale, il n'existe que quelques grains noirs (méthode de Marchi), disséminés dans le tiers antérieur du cordon de Goll, tandis qu'il en xiste un beaucoup plus grand nombre du côté droit, dans la partie la plus interne du faisceau de Burdach : ils correspondent probablement à la dégéné- ration des zones radiculaires de la région dorsale. Cette région est également plus pâle sur les coupes colorées par la méthode de Pal. Du côté gauche, les grains noirs ou la zone décolorée sont beaucoup moins apparents. Au niveau de la 3° et de la 2° racines cervicales, il existe également quelques grains noirs clairsemés dans tout le faisceau de Burdach; ils diminuent de nouveau au niveau de la 1"° racine cervicale, où on ne distingue plus que quelques rares grains noirs dans le faisceau de Burdach. L'examen des coupes colorées par le carmin démontre une prolifération névroglique légère dans les zones dégénérées. Sur la plupart des racines de la région dorsale, on trouve quelques fibres en voie de dégénération; enfin, sur plusieurs coupes appartenant soit à la 362 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE région cervicale, soit à la région lombaire, mais surtout à la région dorsale, on distingue quelques fibres malades parmi les collatérales réflexes. Sur la coupe d’un faisceau radiculaire malade à la région dorsale, nous avons découvert un petit nodule néoplasique présentant les caractères histo- logiques du néoplasme primitif. Dans le deuxième cas, la tumeur était un sarcome développé autour du 4° ventricule ; dans son développement excentrique, il avait refoulé le bulbe, la protubérance et le cervelet : l’hydropisie ventriculaire et l'excès de tension du liquide céphalora-chidien étaient également considérables, l'extrémité infé- rieure du bulbe était œdématiée., Il y avait de nombreuses métastases, non seulement sur le troisième ventricule, mais encore sur les méninges spinales et sur le trajet des racines (celles-ci étaient surtout péri-radiculaires). Nous avons pu suivre dans ce cas une dégénération très nette des cordons posté- rieurs depuis la 8° racine cervicale jusqu'au bulbe. Nulle part il n'existait de dégénération au niveau des zones radiculaires, mais, à partir de la 8° racine cervicale, nous avons constaté sur les coupes colorées par la méthode de Pal une zone symétrique de décoloration répondant à la partie la plus interne et au bord postérieur du faisceau de Burdach; en remontant vers le bulbe, cette zone s'élargissait de plus en plus, sans atteindre cependant les bande- lettes radiculaires; en outre, au niveau de la 5° racine cervicale, elle s’atténuait assez considérablement pour reparaître immédiatement au-dessus. Sur les coupes colorées au carmin, il existait à la même place une proliféra- tion très nette de la névroglie; par contre, les fibres n'étaient pas complètement disparues, mais leur gaine de myéline était très dilatée ou se colorait mal. Comme sur toute la hauteur de la région cervicale il existait sur les méninges une métastase assez importante, envoyant des prolongements assez profonds, dans les cordons postérieurs et latéraux au niveau de la 5° racine, nous avons recherché s’il existait une relation entre ces deux ordres de lésions, mais nous avons pu facilement nous rendre compte que, bien que les régions*4 envahies par la tumeur fussent complètement décolorées sur les coupes colo- rées par la méthode de Pal, il n'existait pas de dégénération correspondante au-dessous de la lésion pour le faisceau pyramidal ni au-dessus pour les cor- dons postérieurs; du reste, un grand nombre de cylindres axes persistaient entre les éléments néoplasiques. Les racines ne paraissaient pas dégénérées. Au-dessus de la 1'° racine cervicale, les cordons postérieurs, les noyaux de Goll et de Burdach étaient totalement envahis par la tumeur. En résumé, dans le premier cas, les altérations des cordons posté- rieurs affectaient principalement une topographie radiculaire, bien qu'à la région cervicale les lésions fussent un peu disséminées; les racines étaient malades, sur l’une d'elles la constatation d’un foyer néoplasique était très nette; dans le second cas, les bandelettes radiculaires sont partout respectées, les lésions augmentent d'intensité de bas en haut, la moelle est envahie secondairement par la tumeur et le foyer médul- laire n’a pas produit directement de dégénération appréciable; en outre, l'extrémité supérieure des cordons postérieurs et leurs noyaux (noyau de Goll, noyau de Burdach) sont totalement envahis. SÉANCE DU 30 MARS 363 Si dans le premier cas on peut mettre les altérations des cordons postérieurs sur le compte d’une lésion radiculaire soit primitive (modi- fications du liquide céphalo-rachidien), soit secondaire à une métastase, dans le second cas la pathogénie nous paraît plus obscure, et il est diffi- cile de savoir la part qu'il faut faire aux métastases médullaires, à la dégénérescence rétrograde, aux troubles cireulatoires et à l’œdème, à la compression possible des racines, à leur pénétration dans la moelle ; les conditions dans lesquelles les pièces ont été recueillies ne nous ont pas permis de rechercher les lésions signalées par Nageotte sur les ra- cines postérieures, lésions qui, d’après cet auteur, détermineraient des altérations secondaires à distance, tout en respectant les segments intermédiaires. Il nous semble très probable que dans ces deux cas les altérations des cordons postérieurs reconnaissent une pathogénie diffé- rente : au point de vue histologique, elles ont cependant quelque ana- logie, en ce sens qu'elles ne présentent pas les caractères des dégéné- rations Wallériennes. (Travail du laboratoire du D' Dejerine, hospice de la Salpétrière.) CONTRIBUTION À LA PHYSIOLOGIE DES LEUCOCYTES, par M. ANDRÉ LoMBaRD. En étudiant la physiologie du leucocyte, nous avons recherché parti- _culièrement le rôle de cet élément anatomique dans l'immunisation naturelle ou acquise, la mithridatisation ou l’état réfractaire. Frappé de ce fait que l'organisme s’accoutume à tolérer à la longue des doses de poison qui seraient loxiques d'emblée; frappé, d'autre part, de ce que certains animaux présentent, vis-à-vis de certains poi- sons différents, une tolérance tout à fait remarquable, il nous a paru que le globule blanc devait se charger de la substance toxique et l’emmagasiner dans d’autres organes — qui neutraliseraient son effet, ou la laisseraient s’éliminer peu à peu, — ou bien que ce leucocyte la déversait lui-même dans les divers émonctoires, et nous avons entre- pris des expériences à ce sujet. Nos recherches ont porté sur l’atropine, que nous avons inoculée au lapin et au cobaye, ces animaux pouvant en supporter des doses consi- dérables, — et sur la strychnine, que nous avons injectée à des cobayes. Nos premières expériences sur la strychnine administrée à des cobayes nous ont d'abord démontré l’immunité relative de cet animal vis-à-vis de cet alcaloïde, dont il peut supporter des doses trois fois plus fortes que le coq, réputé jusqu'ici comme l'animal le plus réfractaire, la dose étant rapportée au poids du corps, bien entendu. Mais nous n’insisterons _304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pas sur cette partie de notre travail, M. L. Osterwald venant de publier (1) sur ce sujet une étude absolument d’accord avec nos propres expériences. Une demi-heure après l'injection de substance toxique, le cobaye était sacrifié, et sur le lapin nous faisions une prise de sang, avant qu'il eût éliminé aucune partie du poison, soit par vomissement, diarrhée, ou par l'urine. | La quantité de sang recueillie était aussitôt mélangée à O0 gr. 002 de bioxalate de potasse en solution dans 1 centimètre cube d’eau, puis centrifugée pendant deux heures. Au bout de ce temps, nous aspirions le sérum successivement dans chaque tube. Puis, au moyen d’une pipette à extrémité longue et capil- laire, fermée au petit bout, et que le simple contact du tube du centri- fugeur suffisait à briser lorsque nous l’introduisions brusquement jusqu'au fond de ce tube, nous aspirions lentement la couche d’héma- ties déposée à la partie inférieure, ne cessant l'aspiration que quand celte couche atteignait un niveau de 2 à 3 millimètres; la pipette était alors brusquement retirée. De la sorte, il ne restait dans notre tube que la totalité des leucocytes, mélangés à une faible quantité d’hématies et de sérum. Pour l’atropine, nous nous sommes adressé à un animal chez qui l’action de cette substance se manifeste très rapidement et très évidem- ment, el nous lui avons injecté les divers éléments du sang. C'est le chat que nous avons choisi; nous nous assurions d’abord de l’état linéaire de sa pupille, de sa réaction à la lumière, et nous lui injections une égale quantité de chaque élément du sang. Pour la strychnine, nous avons eu recours au lapin et à la grenouille. ° ; Nous relaterons nos observations dans un travail ultérieur, leur lon- gueur ne permettant pas de les insérer dans cette note. Conclusions. — Ces expériences sur l’atropine et la strychnine démon- trent qu’en pénétrant dans la circulation les poisons alcaloïdiques sont d’abord fixés sur les leucocytes, comme cela est aujourd’hui généra- lement admis pour les poisons bactériens. Si l'animal est réfractaire à ces alcaloïdes, nous expliquons cette immunité par la chimiotaxie positive de ses leucocytes pour ces poisons. Dans le cas contraire, il doit y avoir chimiotaxie négative et empoison- nement général par diffusion dans le sérum. Nous pensons également que l’emmagasinement de ces poisons mor- tels dans le foie, comme cela a été démontré depuis longtemps déjà, est une preuve de la fonction leucocytopoiétique de cet organe, comme de la rate et de la moelle des os, où certainement, à notre avis, on trou- verait également localisés ces poisons ; ces organes, en effet, étant non (4) Arch. für exp. Path. und Pharmacie, XLIVs SÉANCE DU 30 MARS 365 seulement le lieu principal d’origine des leucocytes, mais également le point où les vieux leucocytes viennent se désagréger complètement et se transformer. Que si on a pu parfois obtenir une certaine action avec les hématies ou le sérum, cela tient sans doute, pour les premiers, à un isolement encore incomplet des leucocytes; pour le second, 'à la dissolution d'une petite quantité de substance mise en liberté par la mort des leucocytes. (Travail du laboratoire de physiologie générale du Muséum.) NOTE SUR L'ÉLIMINATION DU SALICYLATE DE SOUDE PAR LA BILE, par M. G. LiNossiEr. Le salicylate de soude est actuellement très employé dans le traite- ment des infections biliaires. On sait qu'il s’élimine par la bile, et on lui attribue le rôle d’un antiseptique des voies biliaires. Il m'a paru intéressant de rechercher dans quelles proportions ce médicament s’élimine par la voie hépatique, et si cette proportion est suffisante pour exercer une action antiseptique réelle. J’ai soumis à cet effet des chiens de forte taille à un traitement AE cylé intensif correspondant à une dose quotidienne de 5 grammes de salicylate de soude pour un homme de poids moyen. Le sixième jour de ce traitement, je les ai sacrifiés par hémorragie après anesthésie chlo- roformique, et ai dosé l'acide salicylique dans le sang, dans l'urine, dans la bile vésiculaire, et dans le tissu hépatique bien exprimé de son sang. Voici le résumé des expériences : Exp. I. — Un chien de 25 kilogrammes recoit quotidiennement 2 grammes de salicylate de soude avec ses aliments. Il est sacrifié le sixième jour, vers la fin de la digestion gastrique. L’estomac renferme encore quelques aliments. On trouve dans la vessie 60 grammes d’urine, dans la vésicule biliaire 30 grammes de bile. Le foie pèse 700 grammes. L'analyse décèle les propor- tions d’acide salicylique suivantes : Wrinendenses th rom ERP LU CAE) ED 000 Sang. NOR AN SE EME A Le EAU Bee RON Se Foie. . An des a a D A SA el 0108350! 2e Bile DS SP at di en .. + 0,470 — ExP. II — Une chienne de 26 kilogrammes recoit quotidiennement 2 grammes de salicylate de soude avec ses aliments. Elle est sacrifiée le sixième jour, quatre heures après son repas. L’estomac est plein d'aliments ; l'intestin est presque vide, le foie pèse 837 grammes; la vessie, énormément distendue, renferme plus de 700 centimètres cubes d'urine ; la vésicule biliaire, BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901, T. LIL. 39 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 30 grammes de bile. L'analyse décèle les proportions suivantes d’acide sab- cylique : Uriné. 0772 NERO se RE RE ON Ed DO SARL NN ANS O OL en TR OMTEt at UOTE Footer US Re rer 0 OP RETIRE PR MR NP en Exp. II. — Une chienne de 27 kilogrammes recoit quotidiennement, avec ses aliments, 2 grammes de salicylate de soude. Le sixième jour, on la sacrifie cinq heures et demie après son repas. L’estomac est vide; l'intestin renferme beaucoup d'aliments et de la bile. On retire de la vessie 30 centimè- tres cubes d'urine, et de la vésicule biliaire 30 grammes de bile. Le foie pèse 150 grammes. L'analyse décèle les proportions d'acide salicylique suivantes : ADD ANTON A AE ARR Den D. AUDIO) SAT AR NE MPORERIMIERREREEES LOI ARE) On EE FOIE, MAR RNS SE RP riper NON Bilescah. Rhin EE Gite BARRE Ver PL CO, AIG SRE Ces expériences autorisent les réflexions suivantes : L'acide salicylique s’élimine activement par la bile. La proportion de ce corps révélée par l'analyse dans la bile de la vésicule {et elle est très probablement moindre dans la bile du canal hépatique) est générale- ment bien inférieure à celle que l’on constate dans l'urine. Toutefois, quand le rein fonctionne d’une manière anormale, comme dans l’expé- rience IT, la teneur de la bile en acide salicylique peut dépasser celle de l'urine, comme si une suppléance s’exercait entre les deux émonc- toires. Tandis que la teneur du sang en acide salicylique, chez un chien qui absorbe du salicylate de soude avec ses aliments, varie beaucoup sui- vant la période de la digestion avec laquelle coïnéide l’analyse, la teneur du tissu hépatique reste à peu près constante. j I] semble que ce tissu manifeste pour l'acide salicylique une vive affinité puisqu'il a pu, dans une expérience, en renfermer plus que le sang auquel il l’'emprunle, mais que la quantité constante qu'il fixe ne peut être dépassée, l'excès s’éliminant par la bile. En effet, dans l'expé- rience Îl, pour une très légère augmentation de 0,01 p. 1000 de la teneur du foie en acide salicylique, la teneur de la bile a plus que doublé. Dans tous les cas, la proportion: de salicylate éliminé par la bile au cours d’un traitement intensif par ce médicament reste très inférieure à la dose réellement antiseptique. J'ai pu constater que la putréfaction de la bile de bœuf n’est notablement entravée in vitro que par une dose de salicylate de soude de 1 p. 100, c'est-à-dire plus de 25 fois supérieure à la dose maximum éliminée par la bile dans les expériences ci-dessus: Donc, la fixation de l’acide salicylique par le tissu hépatique permet SÉANCE DU 30 MARS 307 bien d'espérer de ce médicament une action spéciale sur le foie, action révélée, d’ailleurs, dans d’autres expériences, par des modifications de la sécrétion. biliaire ; mais la proportion éliminée par la bile est insuffi- sante pour qu'on puisse lui attribuer une action antiseptique directe importante. (Travail du laboratoire de chimie de la Faculté de médecine.) SUR LE MÉCANISME DES ACTIONS LIPOLYTIQUES, par M. Hanrior. J'ai élé conduit précédemment à envisager le dédoublement des graisses par la lipase, en supposant que celle-ei joue le rôle d’une base faible, susceptible de se combiner avec l'acide contenu dans la graisse; il faut en outre que le sel formé soit aisémeat dissociable en régénérant l'acide d’une part, et la lipase de l’autre. Un certain nombre d'oxydes possèdent de telles propriétés; en pre- mière ligne, nous rencontrons les sesquioxydes de fer et d’alumine, susceptibles de s'unir avec les acides organiques en formant des sels aisément dissociables. Je me suis assuré que ces oxydes, à dose minime, se comportent comme des ferments lipolytiques. Les expériences ont été conduites de la façon suivante. J'introduisais dans 10 centimètres cubes de butyrine une petite quantité (4 à 20 gouttes) du sel à essayer en solution renfermant 1 gramme de métal par litre (la quantité de métal en expérience variait done de 0 gr, 00005 à 0 gr. 001). Je neutralisais exactement par le carbonate de sodium, puis Je chauffais à l’étuve en présence de deux témoins formés l’un de buty- rine pure, l’autre de la solution du sel métallique à la même dilution, mais sans addition de butyrine. À la température de 35 degrés, la butyrine témoin varie à peine, les solutions métalliques ne varient aucunement; au contraire, la solution qui les renferme à la fois s’aciditie, et l'acidité est exprimée comme je l'ai indiqué à propos du dosage de la lipase. J'ai essayé ainsi un grand nombre de sels métalliques. Le fer, l’alu- minium et le zirconium se sont montrés les plus actifs, tandis que le calcium, le manganèse, le zinc, le nickel, l'acide arsénieux se sont mon- trés complètement inactifs, à condition qu'ils soient bien exempts de fer et d’alumine, car la présence d’une quantité même minime de ces métaux suffit pour leur communiquer une activité remarquable. Voici les nombres que j'ai obtenus dans une expérience faite à la tem- pérature de 35 degrés : 368 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Fe Al Zr Zn Ni CA j A Témoin Omg5 Ans 1AIms ns img 1m 1mg8 1 heure . . 2 4 8 3 3 2 2 .À An, 30 mn: 1 7 10 H) 7 4 2 0 1 heure . il 5 10 " 3 2 il 0 1 h. 30 min. . 2 fl 8 5 D LE ? 1 Si l’on opère à la température de 106 degrés, la saponification de la butyrine témoin devient considérable, et il ne faut alors tenir compte que de la différence des quantités d’acide formées er présence ou en l'absence des sels métalliques essayés. C'est cette différence que nous avons inscrite dans le tableau suivant : Fe Al TE A Omsÿ 1m Ing STD ULES EE RC 6 il 5 1 heure . 6 15 10 30 minutes. . Hi 7 " 1uh:10 m. ù 7 19 9 SOMINULE SAN RE RERQEE 3 6 il S0MANUTES PNA ANNEE D 8 2 30:minutes# MMS ei _ Æ 5 1 Ces résultats semblent montrer que l'action est à peine plus intense à 100 degrés qu’à 35; de plus, cette action est faible, comparée à celle de la lipase naturelle. Mais il importe de remarquer que dans ces expé- riences le métal est à l’état de carbonate insoluble et n’a par conséquent que peu de points de contact avec la butyrine. C’est par la même raison que l’on peut concevoir le manque de pro- portionnalité entre l'effet produitet la quantité de métal introduit dans la liqueur. Ë Du reste, l'examen des témoins formés de sels métalliques seuls révèle une cause d'erreur considérable qui vient diminuer les résultats obtenus à 100 degrés. Si l’on neutralise exactement par le carbonate de soude une solution de chlorures d'aluminium ou de fer, puis que l’on les porte à 100 degrés, on voit au bout de peu de temps la solution devenir fortement alcaline. Je me suis assuré directement que la quantité de carbonate de soude nécessaire pour obtenir la neutralité est bien supé- rieure à celle qu'exigerait la double réaction, en sorte que le précipité est un véritable aluminate ou ferrate de soude. À 100 degrés celui-ci se décompose, donne de l’alumine ou de l’oxyde de fer et de la soude, qui vient masquer l’acide formé par le dédoublement de l’éther. En opérant à 35 degrés, les oxydes gardent plusieurs jours leurs pro- priétés dédoublantes sans affaiblissement marqué, tandis qu’à 100 degrés SÉANCE DU 30 MARS 369 cette propriété se perd, très rapidement pour l’alumine, moins rapi- dement pour l'oxyde de fer. Ces oxydes sont devenus inactifs, ce qui est un rapprochement de plus avec la lipase naturelle. Si l’on maintient l’oxyde de fer ou d'alumine en dissolution au moyen d’un citrate ou d’un tartrate, l’action est beaucoup plus rapide, mais il peut se produire dans ce cas des réactions secondaires qui doivent faire rejeter complètement l'emploi de ces acides. SUR LA NATURE DE LA LIPASE, par M. Hanrror. Je viens de montrer que certains oxydes métalliques ou certains sels pouvaient jouer un rôle analogue à celui de la lipase. Celle-ci n’ayant pu être isolée, il est impossible d'en conclure qu'elle est formée par un sel de fer; voici toutefois quelques considérations qui concorderaient avec cette hypothèse. 1° Le sérum renferme peu de fer (0,011 par litre); or, si l’on précipite les globules par des quantités ménagées de sulfate d’ammoniaque, le fer et la lipase s'accumulent ensemble dans les premières portions. % Si l'on agite du sérum avec de la poudre de zinc qui réduit Les sels ferriques en sels ferreux, on voit le pouvoir lipasique diminuer, et revenir par agitation au contact de l'air. 3° J'ai signalé l'extrême sensibilité de la lipase aux acides, même les plus faibles, et sa régénération lente par les alcalis. Daus l'hypothèse que j'indiquais plus haut, on comprendrait qu'un acide déplacât le fer de sa combinaison avec la lipase. 4° Quand on dialyse du sérum, la lipase disparaît aussi bien d’un côté que de l’autre de la membrane; cela s’interpréterait en supposant que le fer seul a dialysé, tandis que l’acide auquel il était uni serait resté sur le dialyseur. Je dois toutefois ajouter que l'addition d’un sel de fer au sérum dialysé n’a pas suffi pour ramener le pouvoir lipolytique. 5° Bunge a signalé dans l’œuf un pigment ferrugineux, l'hématogène, qui renferme environ 0, 3 p. 100 de fer. J'ai pu constater que ce corps est doué de propriétés lipasiques énergiques, ce qui semble bien établir une corrélation entre la présence du fer et les propriétés lipolytiques. 3:0 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA PRÉSENCE ET LA SIGNIFICATION DE L ENTÉROCOQUE DANS LES SELLES DYSENTÉRIQUES, par M. le D'J. Simon. L'Entérocoque paraît devoir être rangé dans le groupe des Bactéries parasites, dites commensales, c’est-à-dire celles qu’on rencontre com- munément dans l'organisme, à l’état normal. Thiercelin a montré que les matières fécales de l’homme en recèlent une faible quantité, et qu’il est possible, sinon facile, de l’isoler par la culture du contenu de l'estomac et de l'intestin. C'est là, en effet, son habitat ordinaire, et il est permis de supposer que, bactérie saprophyte du tractus intestinal, il joue un rôle dans les phénomènes complexes de la digestion, à l'instar d’autres germes du même ordre, tels que le coli- bacille, par exemple. L'Entérocoque paraît également susceptible de pulluler outre mesure, et d'acquérir une virulence passagère et inusitée. L’affaiblissement momentané de la résistance organique générale ou locale, ou bien encore la symbiose avec des germes favorisants, doués d’une virulence fixe ou éventuelle, réaliseraient les conditions, encore mal précisées, de cette hypergenèse, et de cetle accession à la fonction pathogène. Thiercelin pense que l’Entérocoque est capable de provoquer, chez l'enfant, l’entéro-colite aiguë à forme grave, décrite par Hutinel sous le nom de choléra sec. Chez l'adulte, il serait l’agent de certains embarras gasiriques accompagnés de fièvre, de quelques diarrhées calarrhales ; on lui à encore attribué l’entérite muco-membraneuse, des inflamma- tions appendiculaires, des ictères infectieux, et même certaines formes de septicémie généralisée, quand il franchit la barrière intestinale pour envahir la circulation générale. | Nous avons eu l’occasion, au cours de l'été dernier, de vérifier sa présence et son extrême abondance dans les selles de la dysenterie saisonnière, sévissant à Paris, sous le mode épidémique. Que la maladie se présente sous une forme clinique bénigne, moyenne ou grave, l'Entérocoque s’est montré invariablement associé au colibacille, dans les pelotons muco-glaireux striés de sang de la période aiguë de l'affection. Dans deux formes graves et prolongées, il était encore décelable au 34° et au 54° jour de la maladie, au sein des minimes glaires que les ulcérations persistantes déposent sur les matières alors moulées et de coloration normale. Dans les selles franchement dysentériques, il végète d’une facon si active que le frottis fécal rappelle, d’une facon frappante, l'aspect si connu du crachat pneumonique. Libre, la plupart du temps, l’'Entérocoque est presque invariable- ment muni de sa capsule; parfois, il se dispose en courtes chaînes for- SÉANCE DU 30 MARS 311 mées de deux ou trois couples associés ; ses grains sont tantôt nettement lancéolés, tantôt arrondis, quelquefois de dimensions inégales. Nous l'avons également vu dans l’intérieur des leucocytes polynu- eléés qui, par leur extrême abondance, constituent la majeure partie du substratum anatomique des préparations; il semble donc prendre une part active à la lutte engagée contre les éléments phagocytaires, affir- mant ainsi son rôle passagèrement agressif. Facilement isolable sur les plaques de gélose placées à l'étuve à 31 degrés, 1l s'y montre, au bout de vingt-quatre heures, sous la forme de minimes points transparents intercalés à de très nombreuses colonies de colibacille, variété opaque; le jour suivant, on voit parfois appa- raître quelques germes pyogènes en minime quantité. Quand la bile se montre à nouveau dans les selles, lorsqu'elles deviennent féculentes ou moulées, la flore bactérienne se modifie d’une façon frappante : on voit surgir quantité de bactéries banales, alors que l'Entérocoque devient très rare, ou se présente uniquement sous la forme de gros diplocoques dépourvus de capsule. Transplanté des plaques de gélose en bouillon peptone, l'Entérocoque donne, en vingt-quatre heures, un léger trouble qui disparaît bientôt par formation d'un minime dépôt grisâtre; la culture maigre et peu vivace montre une série de diplocoques sans auréoles : ils prennent énergiquement le Gram. Leur vitalité est précaire : elle s'éteint au troi- sième passage, ou bien encore après quatre jours d’étuve à 37 degrés. L'inoculation pratiquée sous la peau de la souris, à la dose de 1 et même de 2? centimètres cubes, est restée sans effet. Nos examens ont porté sur quinze cas de dysenterie observés sur des soldats âgés de vingt et un à vingt-trois ans, provenant des caserne- ments de la rive gauche de la Seine. Quelle est la signification de l'Entérocoque dans les selles des dysen- tériques ? Les nombreuses controverses engagées sur la nature de l’agent dysentérigène n'ont pas encore tranché, d'une facon définitive, l’étio- logie de l'affection. Amibes, bacilles du groupe coli, microbes variés des diarrhées dysentériformes, ne sont peut-être que les germes d’asso- ciation ou d'infection secondaire du véritable parasite de la dysenterie. Nous pensons simplement qu’il faut ajouter à cette énumération, qui comprend aussi les pyogènes (staphylocoques, tétragènes, strepto- coques, bacille pyocyanique), la variété de diplocoque polymorphe qui parait tenir le milieu entre le pneumocoque lancéolé et le streptocoque pyogène. Nous insistons simplement sur ce fait que dans la série de nos consta- lations, l’'Entérocoque a paru le compagnon à peu près exclusif et le plus fidèle du colibacille, alors que les autres bactéries se montraient rares et peu variées dans les produits ayant un caractère franchement dysentérique. EN SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En fait de parasites protozoaires, nous n’avons pu reconnaître au sein des selles fraiches que des cercomonas et quelques échantillons de balantidium coli. PROPRIÉTÉS HÉMATOLYTIQUES DE LA PREMIÈRE URINE DU NOUVEAU-NÉ, par MM. SABRAZzÈS et FaAuQuET (de Bordeaux). Nous avons montré que, sous l'influence du régime Jacté absolu naturel (allaitement) ou artificiel, l'urine acquiert la propriété de dis- soudre les globules rouges qu’on y incorpore. Au moment de la nais- sance, alors que le nouveau-né n’a pas encore pris le sein et qu'il n’a ingéré aucun aliment, l'urine est-elle hématolytique? Nous avons été ainsi conduits à examiner la première urine émise par le nouveau-né après l'accouchement. Voici comment nous avons procédé. Au moment où l'enfant naît, il crie et ne tarde pas à uriner; chez les sujets du sexe masculin l'urine s'échappe sous forme d’un petit jet qu'il est aisé de recueillir. C'est un liquide transparent, d'aspect aqueux, parfois légère- ment citrin, de réaction neutre ou très faiblement alcaline, dont la quan- tité oscille entre 5 et 6 centimètres cubes. Cette urine est très pauvre en urée (moins de O0 gr. 50 par litre); elle ne contient pas d’albumine; le taux des chlorures varie de 1 gr. 20 à 2 gr. 50 par litre; celui des phosphates est environ de 0 gr. 35 par litre. Le point de congélation (A) varie de — 0,18 à — 0,22. Nous avons examiné cette première urine chez trois nouveau-nés, issus de mères normales, non soumises au régime lacté ‘et eux-mêmes normaux : dans ces trois cas les globules rouges, introduits dans l'urine ont immédiatement cédé leur hémoglobine ; l’'hé- matolyse a été complète. | Ainsi, abstraction faite des sujets — enfants ou adultes — qui se nourrissent exclusivement de lait, seul le nouveau-né, immédiatement après l'accouchement, en dehors de toute influence alimentaire, rejette une première urine qui est douée de propriétés hématolytiques; cette urine, très pauvre en chlorures et en phosphates, a un point de congéla- tion singulièrement élevé, voisin du 0. SALIVATION TRÈS ABONDANTE, PENDANT LA MASTICATION, CHEZ UN CHIEN, A LA SUITE DE LA SUTURE CROISÉE DES NERFS HYPOGLOSSE ET LINGUAL, par MM. CaLuGaREAnNu et Vicror HENRI. Il y a trois ans, notre maître, M. Dastre, a proposé à l’un de nous de reprendre complètement l'étude de la suture de nerfs de différentes fonctions. SÉANCE DU 30 MARS 3173 9 Nous avons communiqué au mois de mai de l’année dernière une partie de nos expériences sur la suture croisée des nerfs de différentes fonctions. Nous présentons maintenant une observation nouvelle rela- tive à la suture croisée des nerfs hypoglosse et lingual. Le chien que voici a été opéré le 14 mai 1900; le nerf lingual a été sectionné aussi profondément que possible, environ À centimètre au- dessous du point où la corde du tympan se sépare du nerf lingual. Le bout périphérique du nerf lingual, y compris la corde du tympan, a été suturé avec le bout central du nerf hypoglosse. Les sutures sont faites par deux points avec la soie 000. Guérison par première intention. Au mois de janvier 1901, nous avons remarqué que ce chien avait une salivation exagérée; cette salivation a augmenté depuis, et on observe maintenant que toutes les fois que le chien mange, la salive coule en abondance le long des lèvres inférieures et s'amasse sous la mâchoire inférieure en forme de mousse blanche. Nous sommes portés à croire que la corde du tympan se trouve régé- pérée aux dépens des fibres du nerf hypoglosse, de sorte que, toutes les fois que le chien essaie de faire des mouvements de la langue, l'influx nerveux part du centre bulbaire du nerf hypoglosse, arrive par la corde du tympan jusqu'à la glande salivaire.et provoque ainsi une salivation exagérée. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ACTION DE LA SACCHARINE SUR LA DIGESTION GASTRIQUE, par M. Cu. SCHMITT. Les travaux de MM. Brouardel et P. Loye, Pouchet et Ogier, Lieber- mann, Chassevant ont établi d’une facon indiscutable que la saccha- rine entravait la digestion pepsique; mais la retarde-t-elle plus que le sucre? — Telle est la question que Nencki (1) a essayé de résoudre par les expériences suivantes : Etudiant en même temps l’action de l'alcool (sous forme de vin du Rhin) il prépara les quatre digestions suivantes : Eau, 95:cc:; HCI, 1 cc. Pepsine, #cc: Le même mélange, plus solution saccharinée 1/500 : 22 cent. cubes. Vin du Rhin, 95 cc.; HCI, 1 cc.; Pepsine, 4 cc. 4. Vin du Rhin, 95 ce.; HCI, 1 cc. 25; Pepsine, 5 cc.; Sucre 50 gr.; % D dans lesquelles il introduisit 10 grammes de blanc d'œuf. Le tout fut (4) Nencki, Gazeta Lekarska, cité par Buratschenko. Farmazeft, 1899, VIT, 1130. 374 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE laissé vingt-quatre heures à 38 degrés. Puis on procéda au dosage de l’albumine non dissoute. On trouva les proportions suivantes : Pour la digestion témoin . . . . 86,7 p. 400 d’albumine digéré Pour la digestion en présence de saccharine . ADHÉRER LE Qi a — Pourla digestonmos PEN MOOD — Pour aNiTUeMASUCEÉS PMP OPRNCOPORREE — D'où Nencki conclut que la saccharine retarde peu la peptonisation, qu’elle la retarde beaucoup moins que l'alcool et le sucre. Nous ne critiquerons pas la manière de procéder du savant profes- seur russe, mais nous sommes forcés de faire remarquer que ses expé- riences prouvent que, contrairement à ses conclusions, le sucre entrave moins la digestion que la saccharine, qu'il semble même, d'après l'expérience (4), la faciliter. En effet nous voyons la quantité d'albumine digérée passer de 66,1 (exp. 3) à 66,9 (exp. 4), soit une augmentation de 0,8 p. 100 en faveur de la solution sucrée. Si le sucre se conduit vis-à- vis d’une digestion en liqueur aqueuse comme en liqueur alcoolique, le tableau devrait être complété par l'addition suivante : DiISSHIONNSUERE e APTE ETC GE REPÉRER TES Ayant exposé l'opinion du professeur Nencki au Congrès de chimie appliquée de 4901, nous avons cru devoir faire quelques essais pour voir s’il fallait conserver les conclusions de Nencki ou ses expériences qui les contredisent. M. Berlioz qui s'est occupé de la question conclut que « 0 gr. 20 de saccharine qui représentent 50 grammes de sucre n’ont pas d'effet sen- sible sur la digestion, car l’albumine (blanc d'œuf cuit) s'est dissoutes dans la proportion de 98,2 p. 100. « Par contre, avec 25 grammes de sucre, je n'ai obtenu que 87,2 p. 100 d’albumine dissoute. Done, à ROBE sucrant égal, lasaccharine entrave moins la digestion que le sucre. C’est aussi la conclusion qui ne des deux expériences que voici : Nous avons suivi pour nos digestions la marche indiquée par M. le professeur Gautier dans ses exercices de chimie pratique. Nous nous sommes servi de fibrine purifiée préparée par le procédé d’Henninger. Quant à la pepsine, nous avons pris la marque Merck pour le premier essai, et le liquide obtenu par digestion d’une muqueuse de porc, par saturation par le carbonate et le sulfate de magnésie, par filtration et dialyse pour le second : ire digestion (pepsine de Merck). 1) Solution de saccharine : Fibrine humide ete PS Sie ramumnese HOLRMOIDEAIDU EE . . . 50 centimètres cubes. Solution de pepsine 1 p. 100 . ND = Solution de saccharine 1/500. . . . 25 sd SÉANCE DU 40 MARS 319 2) Solution sucrée : DIRE PROMESSE RENE 1 ANOROTAMIILES" HCI à 6 p. 100. JTE . . . . 50 centimètres cubes. Solution de pepsine p. 100. TON CO — Solution de saccharine 1/500. . , . 25 — La liqueur (1) ne précipitait plus par l'acide nitrique après 11 h. 45 (de 7 h. 30 du matin à 6 h. 45 du soir), la liqueur (2) après 13 h. 10 seu- lement (de 7 h. 30 à 8 h. 40). La deuxième digestion fat plus rapide. Elle était terminée en 1 h. 30 pour la solution saccharinée. En 1 h. 45 pour la solution sucrée. Donc in vitro à pouvoir sucrant égal la saccharine retarde moins la digestion que le sucre. Reste à savoir cependant s’il ne faut pas accuser de ce retard la con- centration et la viscosité du milieu sucré. Il se peut que dans l'estomac cet obstacle disparaisse par suite de la dilution due à l’arrivée incessante du suc gastrique. De plus, les mou- vements péristaltiques favorisent le mélange et activent la digestion. Le cathétérisme de l'estomac après un repas d’épreuve pourra seul nous fixer sur ce sujet. En admettant même que cette expérience concorde avec les données chimiques, cela ne prouvera que l’innocuité de la saccharine vis-à-vis des fonctions gastriques, mais ne préjuge en rien de son action sur les autres fonctions. LES CAUSES DE LA SPLÉNOMÉGALIE DANS LES CIRRHOSES BILIAIRES, par MM. Gicpert et P. LEREBOULLET. La rate subit dans les cirrhoses biliaires une hypertrophie considé- rable, au moins dans la règle. Et c'est d’après les caractères objectifs de la splénomégalie que l’on peut grouper les divers types anatomo- cliniques de cirrhose biliaire (maladie de Hanot proprement dite, cirrhose biliaire hypersplénomégalique, cirrhose biliaire microsplénique). Sans redire ici tous les arguments qui nous font considérer cette hypertrophie splénique comme toujours secondaire à la lésion du foie, nous venons seulement exposer les causes qui selon nous président au développement si remarquable de cette splénomégalie. Diverses constla- tations cliniques, anatomiques et expérimentales nous permetlent en effet de les entrevoir. Deux causes pricipales expliquent la tuméfaction de la rate dans la plupart des états pathologiques où celle-ci s'observe : 1° L'infection, comme le prouve la splénomégalie des maladies infec- tieuses, notamment de la fièvre typhoïde ; mais, réserve faite du palu- 316 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE disme, le plus souvent dans ces cas la tuméfaction splénique reste mo- dérée. 2° La congestion, qui explique (au moins pour une part prépondérante) la tuméfaction de la rate au cours des cirrhoses veineuses. Or, pour nous, ce qui fait le degré souvent considérable de la spléno- mégalie des cirrhoses biliaires, c’est la superposition des deux facteurs : infection et congeslion passive. Infectée comme dans les angiocholites, congestionnée comme dans les cirrhoses veineuses, la rate se tuméfie ici plus qu'ailleurs. | À. — La congestion passive explique en grande partie l’hypertrophie splénique. C'est là une donnée que nos constatations cliniques et ana- tomo-pathologiques nous ont permis de mettre en lumière. Au point de vue clinique, nous avons toujours pu observer dans nos cas de cirrhose biliaire hypersplénomégalique le syndrome de l'hypertension portale que nous avons récemment signalé dans les cirrhoses biliaires en étudiant les urines retardées au cours des cirrhoses (1). Ce nouveau symptôme, l'opsiurie, traduisant le retard de l'absorption aqueuse au niveau de l'intestin, et mis en lumière par l'examen fractionné des urines, s’est montré particulièrement net dans ces cas. Le syndrome était complété par les hémorragies gastro-intestinales plus ou moins abondantes (attri- buables pour une part à la cholémie, pour une autre à l'hypertension portale), par la circulation collatérale ébauchée ou nettement appa- rente (même en l'absence d’ascite), parfois aussi par l'ascite terminale. Mais il semble qu'il ne faille pas une hypertension portale marquée pour amener l’hypertrophie splénique ; ici, en effet, celte hypertension restait modérée, elle n’entraînait pas le syndrome de l’hypotension artérielle avec oligurie et tachycardie qui en est la conséquence dans les cirrhoses veineuses ascitiques à fort épanchement. Ce ne sont pas d’ailleurs celles-ci qui s’accompagnent de la tuméfaction splénique la plus marquée, mais bien certaines cirrhoses hypertrophiques alcoo- liques anascitiques, dans lesquelles la gène portale est peu prononcée, et où n'existe pas non plus le syndrome de l’hypotension artérielle. Nous devons ajouter que la tuméfaction splénique (où l’on perçoit souvent facilement le souffle splénique) ne nous à pas paru immuable, mais s'est facilement modifiée sous l'influence de circonstances très diverses. Nous l’avons vue notamment rétrocéder sous l'influence d’hé- morragies gastro-intestinales abondantes. Un cas observé par nous était à cet égard démonstratif. Notre malade, atteint de cirrhose biliaire hypersplénomégalique, avait une rate énorme mesurant quatre jours avant sa mort 27 centimètres dans son grand axe. Or, sous l'influence d'hémorragies gastro-intestinales fort abondantes et terminales, nous avons vu les deux derniers jours la rate, qui atteignait presque la fosse (1) Gilbert et Lereboullet. Société de Biologie, 9 mars 1901. e SÉANCE DU 30 MARS 371 iliaque, diminuer au point de déborder à peine les fausses côtes, tandis que le foie conservait sensiblement ses dimensions premières. La rate avait perdu plus de la moitié de son volume primitif. Plusieurs examens histologiques, en nous montrant la prédominance des lésions congestives, nous ont d'ailleurs convaincus qu'il était impos- sible de ne pas faire jouer à cette congestion un rôle capital dans les cirrhoses biliaires tout comme dans les cirrhoses veineuses. B.— Mais la congestion passive n’est pas le seul élément et ici intervient également l'infection. Celle-ci est prouvée par les quelques examens bactériologiques qui ont, au moment des poussées aiguës, révélé dans la rate la présence de microorganismes divers, notamment du cohbacille, mais si l'infection de la rate est certaine, les voies d'apport de cette infection sont plus difficiles à pénétrer. Pour nous, pourtant, d n'y a pas de doute que l'infection ne vienne du foie. La facilité avec laquelle la rate réagit secondairement aux angiocholites, alors mème qu'elles sont légères, le rapport chronologique souvent constaté entre le développe- ment exagéré du foie, phénomène primitif (ou tout au moins l’altération de ses fonctions), et la splénomégalie, phénomène secondaire, sont en faveur d’une infection directe de la rate par le foie. D'ailleurs certains faits expérimentaux où, comme nous avons pu l’'observer, on voit, sous l'influence d’une angiocholite expérimentale à évolution lente, se développer des splénomégalies assez marquées, plai- dent pour la subordination de la lésion splénique à la lésion hépa- tique. Reste à déterminer la voie que suit l'infection pour aller du foie à la rate. L’un de nous a soutenu il y a quelques moisavec L. Fournier (1) que cette infection se rendait vraisemblahlement du foie à la rate par la veine splénique. C'est encore cette théorie qui nous parait la plus accep- table. Sans doute l'infection arriverait alors à la rate à rebours de la circulation normale dans la veine splénique, mais de telles infections ne se produisent-elles pas dans le foie par la voie des veines sus-hépa- tiques ? D'ailleurs la tuméfaction de la rate observée normalement pendant la période digestive paraît due pour une part à la congestion passive du fait de la stase dans la veine splénique. Dès lors, il est facile de com- prendre que dans les cirrhoses biliaires, où, nous venons de le voir, la stase due à la congestion passive doit être particulièrement marquée, des microorganismes mobiles, tels surtout que le colibacille, puissent cheminer à travers la veine splénique jusqu à la rate (2). (1) Gilbert et Fournier, Société médicale des hôpitaux, 25 mai 1900. (2) Sans doute la rate est en général respectée dans les cancers du foie: Mais, outre que les cellules cancéreuses ne peuvent guère être comparées à des agents pathogènes doués par eux-mêmes de mobilité, on peut voir préci- 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Des preuves certaines sont encore à donner de cette propagation de l'infection par la voie de la veine splénique, mais elle nous parait vrai- semblable, et il semble difficile d'admettre qu'il n’y ait pas ici un rapport direct entre l'infection du foie et celle de la rate. Ces quelques considérations suffisent en tout cas à montrer le rôle que semblent jouer par leur association la congestion et l'infection. Chacune à elle seule ne provoquerait qu’une hypertrophie splénique le plus souvent modérée. Leur superposition amène des hypertrophies considérables et peu susceptibles de rétrocession marquée, alors même que la lésion du foie semble peu importante. Ainsi s'expliquent les rates que l’on observe dans des infections biliaires moins prononcées que celles qui abou- üssent aux cirrhoses biliaires (splénomégalies méta-ictériques, ictères splénomégaliques). Il resterait à rechercher pourquoi la rate subit un développement inégal suivant les sujets, pourquoi ce sont surtout les jeunes sujets qui paraissent atteints de cirrhose biliaire hypersplénomégalique, pourquoi chez certains malades la rate semble même ne pas réagir. Peut-être l'étude microscopique des réactions cellulaires de la rate, étude que nous poursuivons, en permettant de fixer les caractères histologiques de la réaction splénique (tels que les à récemment étudiés Dominici dans un autre ordre de faits), éclairera-t-elle cette question. Mais la splénomégalie reste ici toujours soumise, quoiqu'en proportion variable suivant les cas, à l'association des deux causes que nous avons voulu mettre en relief, infection et congestion passive. INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE JAUNES D'OŒUFS CRUS, par M. R. Suzor. : Une récente communication de MM. Gilbert et Fournier nous apprend que ces auteurs ont obtenu des résultats remarquables de stimulation par l'emploi de la lécithine. Cette communication m'encourage à porter à la connaissance de la Société deux faits personnels de même ordre et déjà anciens. En 189%, étant alors à Madagascar, j'ai eu souvent l’occasion de voir des malades atteints de cachexie palustre intense, et à plusieurs reprises des cas de fièvre bilieuse hématurique. sément dans ces cas l’ébauche de ce reflux. Il est en effet des cas de néo- plasme primitif du foie où les éléments cancéreux refluent dans les ramifica- tions de la veine porte, dans son tronc, et jusque dans ses branches d’ori- gine. (Hanot et Gilbert. Études sur les maladies du foie, p. 69.) SÉANCE DU 30 MARS 319 Quoique n'exerçant point alors la médecine et dénué de ressources pharmaceutiques, j'ai dû assez souvent soigner des malades. Permettez- moi de vous citer deux cas : 1° Cachexie palustre avec anémie intense, œdème des extrémités, débilité profonde, appétit nul, diarrhée. | J'ai injecté à ce malade, sous la peau de la paroi abdominale, une émulsion de jaunes d'œufs crus dans de l’eau filtrée et stérilisée par une ébullition prolongée, deux jaunes d'œufs tous les deux jours, dans environ 40 grammes d’eau. J'avais pour but surtout d’alimenter le malade, mais les effets de stimulation et de relèvement de la vitalité générale ont été si accentués que j'ai dû les attribuer à autre chose qu’à un simple effet d'alimentation et plutôt à une action spéciale des substances phosphorées (lécithine, cérébrine) et salines contenues dans les jaunes d'œufs. Au bout de quinze jours, le malade était très sensible- ment amélioré. 2° Malade dans un état syncopal, pouls éteint, à la suite d’hématurie. Mêmes injections que dans le cas précénent, une tous les jours ; mêmes résultats excellents. À moins qu'une expérimentation plus étendue ne découvre des contre-indications spéciales, il me semble que le jaune d'œuf constitue une matière injectable idéale, les substances phosphorées et salines s'y trouvant dans un état moléculaire tel qu'il suffit d'un peu de chaleur, la chaleur du corps justement, pour tout animer et organiser. Le jaune d'œuf contient environ 7 p 100 de lécithine, soit environ un gramme par jaune. Il n'est pas indifférent non plus de constater que l’œuf se trouve par- tout et ne coûte presque rien. Dans un troisième cas, chez un moribond, j'ai injecté un sérum de lait tout frais obtenu par ébullition et filtrations répétées cinq ou six fois. Le malade est mort quand même, mais J'ai pensé que ce sérum pourrait être intéressant, puisqu'il est très facile à obtenir et qu'il contient des matières salines sélectionnées et dosées par la nature elle- même. C'est du lait, moins la matière grasse et la caséine. Je ne sais quelle pourrait être la valeur, diurétique ou autre, du sucre de lait qui s’y trouve. Conclusions. — En m'appuyant sur les deux faits que je viens de rappeler et sur plusieurs autres encore, je crois pouvoir conclure : i° Que le jaune d'œuf cru constitue une substance alimentaire de premier ordre, par la voie hypodermique ; 2° Qu'il constitue en même temps, et employé de la même facon, un stimulant et un releveur de la nutrition générale de tout premier ordre, utile dans tous les cas d’épuisement, y compris les cas de démence. 380 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE MIGRAINE, par M. R. Suzor. Depuis quatre ans, je traite tous les accès de migraine ou de névralgies faciales indistinctement par des applications de cocaïne dans la narine du côté où siège la douleur. Sur un total de soixante-dix cas, j'ai obtenu vingt-huit fois un soulagement très accentué, souvent complet et presque instantané. Observant qu'une névralgie dentaire se propageait souvent aux autres branches du trijumeau, j'ai pensé qu'une anesthésie des rameaux pituitaires pourrait aussi bien se propager en nature aux autres branches du tronc principal. Le fait s’est réalisé dans un grand nombre de cas et me semble être assez intéressant également au point de vue physiolo- gique. Dans un cas de grippe, tout récent, la malade, âgée de soixante- dix ans, avait de la fièvre et souffrait atrocement de la région de l'os malaire. Un chirurgien appelé en consultation pensa qu'il existait du pus dans l’antre. Des applications de cocaïne dans la narine correspon- dante procurèrent un soulagement complet et très rapide. Le traitement fut continué par intervalles pendant huit jours environ et la malade guérit sans opération. J'emploie la formule suivante : Chlorhydrate de cocaïne. . . . . O0 gr. 50 centigrammes. audi ER grammes. Q. ss. re On trempe une boulette de coton hydrophile dans cette solution et on l’introduit dans la narine ; on relève la tête de la malade et l'on presse sur l’aile du nez. La petite opération peut être renouvelée au bout de quelques minutes s'il y a lieu. Je n'ai jamais observé aucun accident. DE L'UTILITÉ D'UNE ALIMENTATION D'ÉPREUVE DANS LES RECHERCHES SUR LA NUTRITION, par M. G. LEVEN. Dès le début des recherches sur le chimisme gastrique, on a adopté un repas d'épreuve. Il semble nécessaire d'utiliser une Alimentation d'épreuve dans les recherches sur la nutrition. On ne peut plus se contenter, comme autrefois, de renseignements SÉANCE DU 30 MARS 381 relatifs aux corps contenus dans l'urine sans connaître les ingesta, et non seulement leur composition chimique, mais leur nature. En effet, il ne suffit pas de savoir que le sujeten expérience a absorbé tant de grammes de matières albuminoïdes, par exemple. Il faut encore connaitre l'aliment qui a fourni la matière azotée. Un même nombre de grammes de substances albuminoïdes donnera naissance à un nombre variable de grammes d’urée, selon qu'il est fourni par tel ou tel aliment azoté. En effet, l'absorption et l'assimilation seront différentes avec chaque aliment. J'ai observé que les coefficients urinaires varient avec la nourriture. C'est ainsi que chez une femme obèse dont j'ai étudié les coefficients urinaires, j'ai trouvé un rapport azoturique ti lorsque son Z alimentation se composait de lait, de sucre et d'œufs, en quantité con- venable. Ce même rapport — — 0,67, lorsqu'elle S'alimentait à sa guise. Les Z conclusions à tirer de ces deux analyses sont donc contradictoires. Pour ces raisons, l'emploi d’une Alimentation d'épreuve semble jus- tifié : les aliments de choix sont le lait, le sucre et les œufs, dont les quantités seules varieront, selon les besoins et les dépenses du sujet en expérience. Ces trois aliments ont une composition chimique constante; on sait que le lait des hôpitaux est de bonne qualité et que sa teneur en matières grasses, en matières albuminoïdes et en sucre, change peu. Ces aliments sont d’une digestion très facile et, pour ce motif encore, ils méritent d’être choisis, car les sujets dont on est amené à étudier la nutrition présentent parfois des troubles digestifs. On peut lire assez souvent, dans les analyses d'urine, que tel malade a rendu tant de grammes d'’urée, quantité qui est supérieure ou infé- rieure à la moyenne. On sait pourtant qu'il n y à pas de moyenne et que l’urée varie avec la richesse azotée de l’alimentation. Si le malade observé était soumis à une alimentation d’épreuve déter- minée, les nombres fournis par l'analyse gagneraient en intérêt. La seule difficulté que présente l'emploi de l'alimentation d'épreuve est qu'il faut la continuer au moins pendant quarante-huit heures, lors- qu'on veut effectuer des recherches précises. Il est indispensable d'utiliser pour l’analyse les urines recueillies le deuxième jour. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Bouchurd.) Biococie. ComPres HENDUS. — 1901. ‘©. LIIL. 30 ÿ/ > 382 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LE TÉTANOS SPONTANÉ, par MM. Micra et LEGROs. De l'étude de deux cas de tétanos spontané dit médical, tous deux mortels, dont l’un évolua en huit jours et l’autre en dix-huit, il nous est possible de tirer les conclusions suivantes : 1° Le liquide céphalo-rachidien conserve sa limpidité, sa coloration, sa fluidité habituelles pendant toute la durée de l'affection. Même aux périodes terminales de la maladie, le liquide céphalo- rachidien ne renferme aucun élément figuré; cette notion permet de différencier le tétanos des méningites cérébro-spinales et tuberculeuses, d’où l'application plus judicieuse de la médication antitétanique. Dans un de nos deux cas, le liquide renfermait quelques globules rouges, en quantité insuffisante cependant pour lui donner une colo- ration appréciable. Il est vraisemblable que la présence de ces globules rouges était due à la contamination de l'aiguille au passage à travers les tissus. 2 Le liquide céphalo-rachidien ne renferme aucun germe microbien décelable par les méthodes usuelles (coloration, cultures en bouillon, gélose, aérobie, gélose sucrée, anaérobie, inoculation à la souris). 3° La foxine tétanique ne traverse pas les méninges, car l’inoculation à la souris (animal sensible à des doses infinitésimales) de doses mas- sives de liquide céphalo-rachidien (1, 2, et 3 centimètres cubes pour une souris de 43 grammes) n’amène aucun symptôme morbide chez l'animal. is: SUR LE MÉCANISME RÉGULATEUR DE LA COMPOSITION DU SANG ET SES VARIATIONS PATHOLOGIQUES, par MM. Cu. Acnarp et M. LoœpPer. À l’état normal, la composition du sang tend à se maintenir remar- quablement fixe, malgré les mouvements incessants d'entrée et de sortie dont le torrent circulatoire est le siège. I1 semble donc qu'il existe un mécanisme régulateur grâce auquel la composition du sang, tant sous le rapport du nombre des molécules que de leur nature, ne subit que des variations restreintes et passagères. En effet, les recherches eryoscopiques montrent que la concentration du sérum (c'est-à-dire le nombre de ses molécules) se rélablit très promptement, lorsqu'on vient à la modifier artificiellement par l’intro- duction de substances nouvelles (Hamburger). De mème, la nature et la proportion des substances qui entrent dans < SÉANCE DU 30 MARS 383 la constitution du sang tendent à se maintenir assez fixes. C'est ainsi que le sang se débarrasse le plus rapidement possible de toute sub- stance étrangère qui vient à pénétrer dans la circulation, comme aussi de tout excès des substances normales. Il s’en débarrasse non seulement par les émonctoires glandulaires, mais encore, et à leur défaut, en versant dans les Lissus, comme dans une sorte de réservoir, ces sub- stances qui modifient qualitativement ou quantitativement sa composi- tion. On peut, d’ailleurs, en donner une démonstration directe au moyen de l'expérience suivante. Chez un chien dont on a lié les deux uretères, on injecte dans les veines du ferrocyanure de potassium. Aussitôt après on fait une première prise de sang, puis, au bout de plusieurs heures, une seconde, et chaque fois on dose dans ce sang la proportion de ferrocyanure. Or, elle est notablement moindre la seconde fois que la première. Pourtant ce qui était sorti du sang sans pouvoir passer dans l'urine était bien resté dans l'organisme, car si on lève les ligatures urétérales, les reins éliminent ensuite la presque Llotalité du ferrocyanure injecté. : ; Répétée avec d’autres corps, bleu de méthylène, chlorure de sodium, l'expérience nous a donné des résultats analogues, et déjà M. R. Lépine avait noté le même fait en employant du glycose (1). D'autre part, la rétention des chlorures dans les tissus, constatée chez les malades, et qui a fait l'objet d’une note précédente, montre aussi que, dans le cours de divers états morbides, le sang tend à main- tenir constante sa composition. Ce mécanisme régulateur de la composition du sang peut être comparé à celui de la régulation thermique. Tous deux peuvent être troublés par l’état pathologique, et l'organisme malade peut être accommodé pour une composition anormale du sang, comme pour une température anormale. Ces notions de la régulation sanguine et de la rétention de diverses substances dans les tissus nous paraissent utiles pour interpréter cer- tains résultats, en apparence paradoxaux, des examens cryoscopiques. Il est fréquent de voir, dans les maladies aiguës, la concentration molé- culaire du sérum tomber notablement au-dessous de la normale. Pour- tant la dépuration urinaire se fait mal à ce moment et les chlorures en particulier s’éliminent à peine : la rétention dans les tissus permet de comprendre que le nombre des molécules n'augmente pas dans le sérum, malgré le défaut d'élimination. C’est au contraire quand l'élimi- nation se fait bien, au moment de la crise, que remonte la concentration _ du sérum, précisément parce que la rétention cesse dans les tissus. On pourrait concevoir de la même manière pourquoi, dans cerlains 4) R. Lépine. « Glycémie et glycosurie », Societé de Biologie, décembre 1900. 384 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cas d’urémie, alors que l’obstacle rénal est manifeste, la concentration moléculaire du sérum demeure normale ou même diminue. Et pour le dire en passant, cette constatation montre à quelles erreurs on s’expo- serait si l’on voulait juger l'insuffisance rénale d’après le point cryo- scopique du sérum. Peut-être encore pourrait-on dans quelques càs, expliquer par la rétention dans les tissus le défaut de toxicité du sérum qu'on a parfois observé dans l’urémie, alors que l’urine était également hypotoxique. Vacances de la Société. La Société a décidé, à l'unanimité des membres présents, que, vu les congés de Pâques, la prochaine séance aurait lieu le 20 avril. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel. L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 27 RES 385 SÉANCE DU 20 AVRIL 1901 M. Laveran : Contribution à l'étude de Piroplasma equi. — M. Lavera : Au sujet des Anopheles et de leur rôle dans la propagation du paludisme. — M. le pro- fesseur KRonECKER (de Berne) : Des méthodes servant à déterminer les manifesta- tions extérieures de l'activité du cœur. — M. E. Hinox : Toxicité des glycosides hémolytiques pour les poissons et actions antitoxiques. — M. H. Rigaur : Influence de la caféine sur l’excrétion azotée. — M. Aménée Pucxar : Action de l'urine sur les globules rouges dans la pneumonie. — M. R.-A. Sicarp : Les injections médi- camenteuses extra-durales par voie sacro-coccygienne. — M. E. GLex : Présence de l’iode dans le goitre exophtalmique, — M. G. Weiss : Excitation du nerf par deux ondes électriques successives et très courtes. — M. A. Iugerr : Sur la dépense inutile d'énergie due à la forme de certains muscles. M. Weiss : (Discussion). — M. L. Lurz : Bougie-pipette pour stérilisation et répartition directe des liquides, — M. S. Jourpain : Bruit particulier produit par les Gastéropodes pulmonés, — M. CL. Recaun : Sur le mode de formation des chromosomes pendant les karyoki- nèses des spermatogonies chez le rat. — M. Cr. Recaun : Transformation paraépi- théliale des cellules interstitielles dans les testicules d’un chien, probablement à la suite d’une orchite ancienne. — MM. G. FéLizer et ALBERT BRaNCA: Les fibres élastiques du testicule ectopique. — MM. G. FéLizet et ALBert BRANCA : Sur les épithéliums du testicule ectopique. — M. A. DastRe : Sur la répartition des matières grasses chez les crustacés. — M. J. LErÈvRE : Sur la résistance à la mort par réfrigération (A propos des récentes communications de MM. Lagriffe et Maurel). — M. J. Lerèvre : Sur l'augmentation de l'aptitude au travail, sous l’action du froid. — M. G. Meizrère : Recherche toxicologique du plomb. — MM. ArBerT Froun et M. Mounier : Action de l'alcool sur la sécrétion gastrique. — MM. À. VaLniGuIé et J. LARkOCHE : Sur le pouvoir réducteur du suc de pommes de terre. — MM. Lesné et Prosper MERKLEN : Examen cryoscopique des urines du nourrisson à l’état normal et au cours des gastro-entérites. — M. G. Pouror : Un procédé de récolte et de répartition applicable aux grandes quantités de sérum. — M. le D° E. MaureL : Influence des variations des azotés de l'alimentation sur l'excré- tion de l'acide urique. — M. le Dr E. Mavurez : Influence des variations de l'alimen- tation sur les quantités d'acide phosphorique et de chlorures contenus dans l'urine. ! Présidence de M. Netter, vice-président. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE Piroplasma equi qu, par M. LAVERAN. Dans l’Afrique du Sud, au Transvaal notamment, on trouve souvent dans le säng des chevaux un hématozoaire endoglobulaire. Cet héma- tozoaire à été observé par MM. Bordet et Danysz dans le sang d'un grand nombre de chevaux du Transvaal et signalé par M. Bordet dans une conférence faite à l'Institut Pasteur en 1898..A cette époque, j'avais pu me convaincre de l'existence de cet hématozoaire en examinant les préparations de MM. Bordet et Danysz, mais ces préparations, insuffi- samment colorées, ne m’avaient pas permis de suivre l’évolution du Bioocre. Comptes RENDUS, — 41901. T. LIII. 31 386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE parasite, ni de reconnaître avec certitude les formes de multiplication. M. Theiler, vétérinaire à Prétoria, a bien voulu m'envoyer récemment par l'intermédiaire de M. Nocard, des préparations du sang desséché et des frottis d'organes de chevaux infectés par l'hématozoaire endoglo- bulaire en question; j'ai coloré ces préparations par la méthode que je préconise (bleu-Borrel, éosine, tannin) et j'ai réussi à mettre en évidence la structure et le mode de multiplication, très simples d’ailleurs, de ce parasite. Les parasites m'ont paru être beaucoup plus nombreux dans les frottis de la rate que dans le sang. : L'hématozoaire endoglobulaire du cheval, Piroplasma equi, se pré- sente sous l'aspect de petits éléments sphériques ou allongés, ovalaires, rarement piriformes, presque toujours endoglohulaires. Les plus petits parasites ne mesurent qu’un demi-micromillimètre de diamètre, les plus grands ne dépassent guère 2 w 1/2; les parasites qui mesurent 1 x à 1 x 1/2 de diamètre sont les plus communs. Sur les préparations bien colorées, on distingue un karyesome (fig. 1 et 2) qui se colore en rouge-violet, alors que le protoplasma se colore en bleu. Dans les éléments les plus gros on voit souvent une zone claire autour du karyosome (fig. 4). | Je n'ai jamais vu de pigment dans ces hématozoaires. Les formes de multiplication sont nombreuses dans les frottis de rate. La division peut se faire en deux ou en quatre. La bipartition est très commune ; le karyosome s'allonge, puis se divise en deux parties (fig. 5); les deux karyosomes de nouvelle formation, d’abord aecolés, s'écartent (fig. 6) et le protoplasma se divise à son tour. Les deux j jeunes . éléments ainsi formés (fig. 7) peuvent se diviser (fig. 8, 9) et donn er naissance à quatre petits parasites. D’autres fois, la division se fait d'emblée par quatre : le karyosome se partage en quatre parties, avant que le protoplasma se soit divisé (fig. 10), d’où formation de quatre éléments très petits qui, d’abord accolés et disposés régulièrement (fig. 11), s'éloignent bientôt les uns des autres (fig. 12, 43). Que la division se fasse par deux ou directement par quatre, elle aboutit à la formation de quatre jeunes éléments; aussi est-il très commun de trouver des hématies qui contiennent quatre parasites (fig. 11-15); cette disposition par quatre constitue un des caractères morphologiques les plus apparents de P. equi. Il est rare de trouver plus de quatre parasites dans une hématie; j'ai noté cependant quelquefois l’existence dans une même hématie d'un parasite de dimensions moyennes et de quatre petits parasites. Jamais on ne trouve dans une même hématie quatre parasites arrivés à leur développement complet; il faut donc admettre, ou bien que les petits parasites s'échappent des hématies (après la division par quatre), pour s’introduire ensuite dans des hématies saines, ou bien que SÉANCE DU 20 AVRIL 387 les hématies dans lesquelles se sont développés les parasites se détrui- sent et mettent les parasites en liberté. Il n’est pas commun de trouver des hématozoaires libres, en dehors des hématies. L'hématozoaire endoglobulaire du cheval est évidemment très voisin de Piroplasma bigeminum (parasite de la fièvre du Texas) et de Piro- plasma ovis, il doit prendre place dans le genre Piroplasma; je lai désigné sous le nom de P. equi (1). Piroplasma equi diffère beaucoup de Ææmamæba malariæ (simplicité des formes et du mode de reproduction, petites dimensions du parasite, absence de pigment, absence de flagelles, ete.). Il n’est pas possible de confondre ces parasites, qui appartiennent non seulement à des espèces mais à des genres différents. | \ ee e © ? ANT R [R 13 27200 15 Fi. 1-4, hématies du cheval contenant des P. equi à différents degrés de dévelop- pement. — 5-6-7, différents stades de la bipartition du parasite. — 8, deux P. equi “en division dans une hématie. — 9, hémutie contenant 3 parasites dont un en voie -de division. — 10-11-12, segmentation du P. equi en quatre. — 13-15, hématies con- tenant quatre parasites (Grossissement : 1.500 D.). Plusieurs auteurs ont cru pouvoir rapporter au paludisme des épizoo- ties observées par eux sur des chevaux (2); aucun des travaux publiés à ce sujet n'est probant; des faits nombreux tendent au contraire à montrer que le cheval n’est pas susceptible de contracter le paludisme. En Algérie, dans les localités les plus insalubres pour l’homme, on n’observe pas le paludisme chez les chevaux, il en est de même dans la campagne romaine. On a essayé, sans succès, d’inoculer le paludisme au cheval. (1) Les hématozoaires endoglobulaires, in Volume publié à l’occasion du cin- quantenaire de la Société de Biologie, 1899. (2) Dupuy. Malaria des chevaux algériens en Sénégambie, Rec. de méd. vétérinaire, 15 sept. 1888 et 15 avril 1889. — Pierre. Du paludisme chez le cheval, rapport de M. Cadiot, Rec. de méd. vétérinaire, 30 mars 1896. — J.-A. Nunn. The specific fevers of malarial origin in equines, The veter. Journ., 1894, p. 402. 388 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il est probable que quelques-unes des épizooties du cheval attribuées au paludisme étaient produites par Piroplasma equi, mais les relations que l'on possède de ces épizooties sont trop incomplètes, surtout au point de vue de l'examen du sang, pour qu'il soit possible de conclure (1). La grave maladie des chevaux qui est connue dans l'Afrique du Sud sous le nom de horse sickness (2), est indépendante de P. equi, mais les deux maladies peuvent coexister et coexistent en particulier assez sou- vent au Transvaal. Dans certaines parties de l'Afrique, le Nagana, ou maladie de la mouche tsetse, produit de graves épizooties sur les bestiaux et les chevaux qui ont pu être décrites autrefois sous le nom d'épizooties d’origine pa- lustre; les localités dans lesquelles sévit le Nagana sont, en effet, d’ordi- naire des foyers intenses de paludisme. Aujourd’hui, le parasite qui produit le Nagana est bien connu ( Herpetomonas Brucei) et la confusion du Nagana avec le paludisme n’est plus possible. AU SUJET DES Anopheles ET DE LEUR ROLE DANS LA PROPAGATION DU PALUDISME, par M. LAVERAN. Grâce à l'obligeance de quelques correspondants, j'ai réuni, au sujet de la biologie et de la distribution des Anopheles, quelques faits qu'il me paraît intéressant de joindre à ceux que j'ai signalés précédem- ment (3). r# M. le capitaine Ferton m'a envoyé de Bonifacio des Anopheles macu- lipennis qui ont été recueillis au mois de janvier et au mois de février; il résulte des observations faites à Bonifacio, comme d'observations antérieures, que les Anopheles hivernent en insectes parfaits. « Les Anopheles, écrit M. Ferton, passent l'hiver, comme nos mouches domes- tiques, blottis dans une cachette d’où ils sortent quand la température s'adoucit. Dans le milieu de février, nous avons eu à Bonifacio trois (1) G. Guglielmi a publié en 1899 une observation qu'il a intitulée : Un cas de paludisme chez le cheval (La clinica veterinaria, 13 et 20 mai 1899). D’après la description des hématozoaires trouvés chez le cheval dont il est question dans ce travail, et d'après la figure qui représente ces hématozoaires, il paraît probable que Guglielmi a. eu affaire à Piroplasma equi. Il est à remarquer cependant que Guglielmi aurait observé un grain de pigment dans un certain nombre des hématozoaires qu’il a décrits. (2) Voir notamment : Nocard, La horse sickness ou maladie des chevaux de l'Afrique du Sud. Rec. de méd. vétér., 30 janvier 1901. à (3) Soc. de Biologie, 24 novembre 1900. SÉANCE DU 20 AVRIL 389 jours de grand froid avec neige couvrant la terre; le quatrième jour, le soleil s’est montré et il a fait beau; le soir, la neige n'était pas encore entièrement fondue, un Anopheles est entré dans ma chambre attiré par la lumière de ma lampe. J'ai fait cet hiver deux ou trois observations semblables. » Tous les Anopheles recueillis à Bonifacio et aux environs pendant l'hiver étaient des femelles d'A. maculipennis. Plusieurs de ces Ano- pheles étaient gorgés de sang. L'existence d’Anopheles en hiver à Bonifacio ne vient pas à l'encontre de ce fait bien connu que, dans les pays dont le climat est comparable à celui de la Corse, on n’observe pas de fièvres palustres de première invasion pendant les mois d'hiver. - Les Anopheles qui hivernent sont peu nombreux par rapport aux Anopheles qui existent pendant la saison chaude; ils sont engourdis le plus souvent par le froid et piquent rarement; les malades ayant, dans le sang de ia grande circulation, des hématozoaires du paludisme, sont rares; enfin, une certaine moyenne de température est nécessaire pour que l’hématozoaire se développe dans les moustiques, et cette moyenne est rarement atteinte en hiver, pendant le laps de temps suffisant au développement du parasite dans le corps des moustiques. On peut concevoir un concours de circonstances qui permettent à l'infection de se produire en hiver, mais ce concours est tout à fait exceptionnel. M. le D' Billet a bien voulu m'envoyer, sur ma demande, des échan- tillons de moustiques recueillis dans la ville de Constantine (Algérie) et dans quelques localités voisines. J'ai habité pendant plusieurs années Constantine ; je connaissais donc très bien les endroits salubres et les endroits fébrigènes et j'ai pu écrire à M. Billet : « Cherchez au Bardo, cherchez sur les bords du Rummel, à la Pépinière et au Hamma, et vous devez trouver des Anopheles dans ces localités. » C’est en effet ce qui est arrivé. M. Billet m'a adressé des Anopheles qui avaient été recueillis dans le casernement du Bardo, bien connu pour son insalubrité, et dans une ferme située sur les bords du Rummel (au pont d’Aumale) ; le colon qui habitait cette ferme était atteint de cachexie palustre ainsi que sa femme. Il s'agissait, dans les deux cas, d’Anopheles maculipennis. M. Billet m'a envoyé également des moustiques recueillis dans l'inté- rieur de la ville de Constantine [indemne de paludisme); tous ces mous- tiques appartiennent au genre Culex. Sur un autre point de l'Algérie, à Orléansville, l'examen des mous- tiques recueillis : 1° à Orléansville même, 2° dans les localités insalubres voisines d'Orléansville, à donné des résultats identiques. Parmi les moustiques provenant d'Orléansville, je n'ai trouvé que des Culer, tandis que dans le lot de moustiques capturés dans des fermes voisines, situées dans des endroits insalubres, les Anopheles étaient 390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nombreux; il s'agissait encore ici d'A. maculipennis. Les moustiques d'Orléansville m'ont été envoyés par M. Sarthou, pharmacien militaire. J'ai reçu, par l'intermédiaire de M. le D' Vincent, médecin en chef de: la marine, des moustiques provenant de Van-Linh, dans la province de Than-Moï (Haut-Tonkin), recueillis par M. le D' Chagnolleau, médecin de la marine. Ces moustiques étaient en assez mauvais état; j'ai pu constater cependant qu'il y avait de nombreux Anopheles mélangés à des Culex; parmi les Anopheles, j'ai reconnu des À. pictus Loew, bien caractérisés ; une autre espèce d'Anopheles n'a pas pu être déterminée exactement. La région dans laquelle ces moustiques ont été recueillis est palustre.… Enfin, M. le D' Fajardo a bien voulu m'envoyer récemment des Ano- pheles recueillis dans une localité du Brésil où le paludisme règne avec beaucoup d'intensité (Sarapuy, à 26 kilomètres de Rio de Janeiro). Le malade, qui avait recueilli ces moustiques dans son habitation, à la demande de M. Fajardo, était atteint de cachexie palustre, la matité splénique avait chez lui 31 centimètres de hauteur! Ces Anopheles du Brésil se rapprochent beaucoup de À. pseudopictus Grassi, notamment par l'aspect des ailes (quatre taches allongées, iné- gales, le long du bord antérieur), mais les spécimens qu’il m'a été donné d'examiner n'étaient pas en assez bon état de conservation pour que je puisse dire s’il s'agissait véritablement de À. pseudopictus ou bien d’une. espèce voisine. Ces faits tendent à démontrer, comme beaucoup d’autres faits déjà connus, que les Anopheles se trouvent dans toutes les localités où ee l’endémie palustre. 0! de: DES MÉTHODES SERVANT A DÉTERMINER LES MANIFESTATIONS EXTÉRIEURES DE L'ACTIVITÉ DU COEUR, par M. le professeur KRoNECKER (de Berne). Depuis les expériences de Stephan Hales, des perfectionnements. importants ont été introduits dans l'étude de la pression du sang. Les plus notables modifications sont dues à Poiseuille, Ludwig, Chauveau et Marey. Vierordt, considérant comme inexacte la kymographie à l’aide du manomètre à mercure, lui préféra la sphygmographie. Fick remplaca ce manomètre à mercure par son Federkymographion, dont le premier modèle était une modification du manomètre de Bourdon, et Marey imagina divers appareils basés sur l'emploi de ses tambours à levier. Les tonographes de von Frey et de Hürthle semblaient un perfection- nement définitif, mais ce dernier modifie encore ses modèles, qui doivent d’ailleurs être accompagnés dun manomèêtre à mercure. SÉANCE DU 20 AVRIL 394 M'° Ludmilla Schillina a étudié, dans mon laboratoire, comparativement, le kymographe et le tonographe, et a trouvé qu'aucun de ces appareils ne donne de tracé exact de la pression et de ses variations. O. Frank, de Munich, a déterminé des variations de tension du ven- tricule par une méthode isométrique. Le cœur est alors soumis à des tensions anormales, comme cela arrive dans les cas d'insuffisance ou de sténose des valvules semi-lunaires. | Marey à le premier photographié les contours du cœur pendant sa contraction. Blasius a, sur les indications de Fick, enregistré les variations de volume du cœur de grenouille par le manomètre à eau, ce qui est l’ori- gine des pléthysmographes de Mosso et de Marey. Après que Marey et Brunton ont enregistré les gontlements du cœur à l’aide d’un levier reposant sur lui, Gaskell a imaginé la méthode du cœur suspendu qui à été perfectionnée par Roy et par Engelmann. Le cœur, vide ou plein, est muni d’un petit crochet relié à un levier qui, suivant la direction de la traction, enregistre les mouvements longitudi- naux ou transversaux du muscle cardiaque. Mais, dans sa systole, le cœur se déplace vers la paroi thoracique, comme si les fibres circulaires se rétractaient. La plupart du temps, le levier relié à la pointe du cœur n'inserit pas un raccourcissement pour la systole ventriculaire, mais un allongement, quand par la contraction circulaire le cœur passe d’une forme globulaire à une forme plus conique. Souvent on voit au commencement de la systole un petit allon- gement suivi d’un raccourcissement. Chacun des procédés que nous venons d'indiquer donne une autre manifestation de l’activilé mécanique du cœur. La fonction pratique du cœur, et la plus importante pour l'étude de la vie, est de déterminer le mouvement du sang, et c’est pour cela que les déterminations les plus utiles sont celles qui concernent les mesures de la quantité, de la vitesse et de la pression du sang. TOxICITÉ DES GLYCOSIDES HÉMOLYTIQUES POUR LES POISSONS ET ACTIONS ANTITOXIQUES, par M. E. HÉpon. L'action antitoxique du sérum contre la cyclamine et la saponine et du phosphate acide de soude contre la solanine (1) s'observe encore d’une façon très simple et extrêmement frappante lorsque, au lieu d'em- (1) Voir mes notes précédentes, Soc. de Biologie, août 1900 et 2 mars 1901. 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ployer du sang comme réactif, on se sert d'animaux entiers vivant dans l’eau, tels que poissons et embryons de grenouille. | _ 4° Cyclamine. — Les petits poissons, les tétards succombent très rapidement, comme on sait, lorsque l’eau contient une faible proportion de cyclamine. La mort, d’après Vulpian, est due aux troubles des fonc- tions respiratoire et cutanée par suite de l’altération de l’épiderme du tégument et de l’épithélium des branchies. Or, j'ai constaté que la desquamation de l’épiderme est complètement empêchée et que les animaux survivent lorsqu'on ajoute une certaine proportion de sérum à la solution toxique. Ainsi, dans 20 centimètres cubes d’eau contenant 45 milligrammes de cyclamine, un tétard mourait en quatre heures, tandis que dans un mélange de 15 centimètres cubes d’eau +5 centi- mètres cubes de sérum de chien, la même quantité de poison paraissait inoffensive. De même, dans un litre d’eau renfermant 0 gr. O1 de cycla- mine + 20 centimètres cubes de sérum de chien, un petit poisson (goujon) était retrouvé vivant et sans aucun signe d'intoxication après vingt-quatre heures, et, remis dans l’eau pure, continuait à vivre, alors qu'un témoin dans la solution toxique sans sérum mourait en deux heures. 2° Saponine. — Les têtards succombaient en trois ou quatre heures lorsqu'on les plongeait dans 100 centimètres cubes contenant 0 gr. O1 de saponine. Or, il suffisait d'y ajouter 2 à 3 centimètres cubes de sérum de chien pour rendre cette solution complètement inoffensive. La mort dans l'intoxication par ces poisons, du moins aux doses indi- quées ci-dessus, ne provenait point de la dissolution des hématies; car, lorsque les animaux avaient succombé, on retrouvait encore les globules rouges intacts dans le sang. C’est bien plutôt à l’altération dés épithéliums, et en particulier de l’épithélium branchial, qu’elle devait être rapportée; et il résulte de là que le sérum protège les cellules épithéliales contre ces poisons, de même qu'il protège les globules sanguins. Mais avec la digitaline, dont l’action toxique ne se borne pas aux téguments et aux hématies, le sérum ne montra aucune action protectrice. 3 Solanine. — Il était intéressant de rechercher si le phosphate acide de sodium exercerait sur l’animal entier l’action antitoxique contre la solanine qu'il possède à un si haut degré pour les globules rouges. . Je recherchai d’abord quelle dose de phosphate acide de sodium on pouvait introduire dans l’eau sans compromettre la vie des pois- sons. Je trouvai que ces animaux peuvent continuer à vivre sans en être incommodés dans des solutions de ce sel relativement très concentrées. Ainsi les solutions à 4 ou 5 grammes par litre ne paraissaient nullement toxiques. Dans un litre d’eau additionné de 10 grammes de ce sel un poisson put séjourner quarante heures sans . -Mourir, et, au bout de ce temps, remis dans l’eau pure, continua à SÉANCE DU 20 AVRIL 393 vivre. À 20 grammes par litre, un poisson ne mourut qu’au bout de huit heures. D'autre part je déterminai la dose toxique de solanine (acétate). En ajoutant à un litre d'eau 0 gr. 01 de solanine, les poissons succombaient en une heure. L’essai de l'action antitoxique du phosphate acide de sodium fut alors ainsi institué. Dans une série de bocaux contenant chacun un litre d'eau avec 0 gr. 014 de solanine, on ajouta des quantités crois- santes de phosphate acide de soude, puis dans chaque bocal un poisson fut immergé. N° 1. Sans phosphate (témoin). . . Meurt en 50 minutes. N° 2. Avec 0 gr. 25 de phosphate. . Mort après 17 heures. N° 3. Avec 0 gr. 50 de phosphate. . Mort après 30 heures. N° #. Avec 1 gramme de phosphate. Vivant après 30 heures et, remis dans eau pure, continue à vivre. D'autre part, dans un litre d’eau contenant 0 gr. 1 de solution {10 fois la dose mortelle en une heure) et 5 grammes de phosphate acide de soude, un poisson fut retrouvé vivant après vingt-quatre heures, et, remis dans l’eau pure au bout de ce temps, continua à vivre. L'action antitoxique du phosphate acide de sodium dans ces expé- riences est donc des plus évidentes. Là encore il s’agit très vraisem- blablement d’une protection exercée sur l’épithélium branchial. En effet, lorsque les poissons avaient succombé dans les solutions de sola- nine, on retrouvait dans le cœur leurs globules rouges inaltérés. Par contre, quelques instants après que les animaux étaient immergés dans la solution toxique, on voyait sortir de la bouche ou des ouïes un bouchon muqueux qui n’était expulsé qu'avec peine, malgré d’éner- giques efforts respiratoires, et qui provenait manifestement d’une desquamation de l’épithélium des branchies. Dans les solutions de solanine additionnées de la dose antitoxique de phosphate acide de sodium, cette desquamation ne se produisait pas. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Montpellier.) INFLUENCE DE LA CAFÉINE SUR L'EXCRÉTION AZOTÉE, par M. H. Ripaur. On sait combien sont nombreux les travaux effectués sur ce sujet et à quels résultats contradictoires ils ont donné lieu. J'ai repris cette question en essayant d'y apporter une précision aussi grande que le permet ce genre de recherches, et surtout en observant l'existence de l'équilibre azoté chez l’animal expérimenté, condition qui "e . fa), Cats er 4.1 NPA se 7 5 we POS We 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE paraît avoir été rarement réalisée dans les recherches antérieures. Je me suis aussi attaché à varier les doses de caféine chez un même animal. Les comparaisons n'ont été faites que sur les moyennes de plusieurs jours (généralement six jours). | La caféine a été administrée par voie buccale, \ Première série. — 50 jours. Chien de 2 kil. 800. CAFÉINE INGÉRÉE AZOTE EXCRÉTÉ . par 24 heures. par 24 heures. 0 655% 50 milligrammes. 6 65 0 6 56 50 = 6 49 0 6 59 100 — 5 84 (0) 6 42 Deuxième série. — 3à jours. Chien de 2 kil. 800. CAFÉINE INGÉRÉE AZOTE EXCRÉTÉ par 24 heures. par 24 heures. 0 98 00 100 milligrammes. 8 81 0 9 22 ; 200 — 9 35 0 9 03 Ne: Troisième série — 20 jours. Chien de 2 kil. 800. CAFÉINE INGÉRÉE AZOTE EXCRÉTÉ par 24 heures. par 24 heures. 0 9836 100 milligrammes. 8 89 0 8 82 En résumé, nous avons pour cet animal, suivant les doses : Avec la 1'° administ. de 50 millig. caf. (18 millig. p. kil). augm. de 1,72 p. 100. A ON Le — — dimin. de 0,95 — re = 100 millig. caf. (36 millig. p. kil). dimin. de 9,94 — Le Op be _ — dimin. de 2,22 He 2 — — dimin. de 2,47 — MATE = 200 millig. caf. (72 millig. p. kil\. augm. de 2,55 — La variation est calculée en faisant la différence entre le chiffre d'éli- mination sous l'influence de la caféine et la moyenne de ceux qui cor-. respondent aux deux périodes voisines d'élimination normale. SÉANCE DU 20 AVRIL 395 On voit que le sens de la variation dépend ici de la dose de caféine ingérée, en mettant à part la première administration, vis-à-vis de laquelle l'animal a peut-être manifesté une sensibilité spéciale. On voit aussi que cette variation diminue d'amplitude par l'usage (administra- tion des 100 milligr.). Quatrième série. — A0 jours. Chien de 19 kil. 700. CAFÉINE INGÉRÉE AZOTE EXCRÉTÉ par 24 heures. par 24 heures. 0 1737 800 milligrammes. 25 55 0 — 18 98 400 — 45 13 0 16 09 800 = 21094 0 AO Nous retrouvons ici ce que nous avons observé pour le premier animal: variations de sens différent suivant la dose de caféine; diminution d'amplitude avec l’accoutumance. Administ. de 400 milligr. de caf. (20 milligr. p. kil.). diminut. de 13,69 p.100. 1re administ. de 800 1 (40 — ). augm. de 40,62 — 2e Le ie DE ne Op ES Ainsi, la caféine exerce une action manifeste sur l'élimination azotée. Le sens de cette action dépend de la dose ingérée. À dose faible, elle abaisse cette excrétion; à doses plus fortes, elle l’augmente. Ce fait permet d'expliquer dans une certaine mesure les contradictions dans les résultats antérieurs. ACTION DE L'URINE SUR LES GLOBULES ROUGES DANS LA PNEUMONIE, par M. AMÉDÉE PUGNAT. Dans une note intéressante présentée à la Société de Biologie le 9 mars 1901, MM. Sabrazès et Fauquet concluent que, dans le régime lacté, la propriété que possèdent les urines de laquer les globules rouges « est surtout en rapport avec l’hypochlorurie ». Nous avons recherché, dans le service de M. le professeur Bard, de quelle manière les urines des pneumoniques, urines qui, comme on sait, sont très pauvres en chlorures, se comportent vis-à-vis des glo- bules rouges; or, dans les huit cas que nous avons étudiés, les urines ne 396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE laquaient pas; elles possédaient, par contre, un point de congélation supérieur à celui du sang. CHLORURES POINT DE CONGÉLATION 1 4,46 p. 1000. N ='=—9 Il 0,13 —— A — — 0,80 Te 4,38 — AA UN 60 IV. 0,58 — Eu 1 50 Na 4,51 — A — —1,20 ND ANSE RE) CE 2,92 — A — —1,95 RSA TETE CE ME MERE RE 1,46 — A 1,26 VIIT . j 2,04 — A — —1,90 C'est donc du degré de concentration moléculaire seulement, déter- miné par la cryoscopie, que dépend le mode d'action des urines vis-à-vis des globules rouges, le laquage ne se produisant qu'avec des urines hypotoniques au sang; la teneur en chlorures n’a d'importance dans l’espèce qu’en contribuant à augmenter ou à diminuer la tonicité de urine. Il suffit de l’ingestion de boissons abondantes pour que les urines, émises immédiatement après, laquent fortement; nous avons observé par exemple qu'un individu normal, dont les urines ont un point cryoscopique de — 2,05 et par conséquent ne laquent pas, émettait, après avoir absorbé près d’un litre de boissons, des urines à point cryoscopique de 0,30, qui laquaient d'une manière intense. 6 Quant aux urines pneumoniques, la comparaison de leur point de congélation, parfois élevé, et de leur faible teneur en chlorures, nous a conduit à déterminer à quels éléments, autres que les chlorures, élait due cette concentration moléculaire Joasidna ble, Nous publierons prochainement les résultats de nos recherches. o LES INJECTIONS MÉDICAMENTEUSES EXTRA-DURALES PAR VOIE SACRO-COCCYGIENNE, par M. A. Srcarn. Dans une communication déjà ancienne faite à cette Société, nous avions indiqué tout l'intérêt que pouvaient présenter au point de vue expérimental ou clinique les injections de substances diverses, pous- sées par voie lombaire, dans le liquide céphalo-rachidien (1). (1) A. Sicard. Essai d'injections microbiennes, toxiques et thérapeutiques, par voie céphalo-rachidienne, et Thèse, Paris, 1900 : « Les injections sous-arachnoï- diennes et le liquide céphalo-rachidien. » SÉANCE DU 20 AVRIL 397 Depuis, on sait la fortune obtenue par l'injection sous-arachnoïdienne de cocaïne (Bier) et les discussions nombreuses qu'elle à provoquées. Non seulement l’analgésie obtenue par ce procédé a été utilisée en chi- rurgie, surtout par M. Tuffier, mais nous avions, nous-même, essayé de l’employer contre les douleurs fulgurantes du tabes, aussitôt après la communication de M. Bier. De nombreux auteurs, et surtout MM. Pitres, Marie et Guillain, Achard, se sont servis de cette méthode en médecine, pour calmer les douleurs névralgiques des lombes, et des membres inférieurs en général (sciatique, lumbago), et, dans la très grande majorité des cas, les résultats obtenus ont été très salisfaisants. Malheureusement, il n’est pas douteux que l'injection sous-arachnoï- dienne de cocaïne peut présenter des inconvénients. Pour notre part, maintes fois, nous avons vu persister après elle, durant deux ou trois jours, des céphalées très rebelles, gravatives, quelquefois accompagnées de nausées et même de vomissements (1). | Aussi, avons-nous cherché un autre procédé, celui-là d’une innocuité absolue, pouvant permettre d'atteindre également, au moyen d'une injection liquide, les trones nerveux à leur naissance de la moelle. L'espace extra-dural, entre la dure-mère et le canal osseux, s’offrait à nous. Nous allons voir qu'il est facilement abordable. Chez le chien. — Une injection de quelques centimètres cubes de liquide coloré est poussée très facilement, grâce à la pénétration toujours facile d'une aiguille au niveau du ligament sacro-coccygien ou sacro-caudal posté- rieur. L’autopsie de l’animal montre que le liquide pénètre dans l’espace rachidien compris entre la dure-mère et le canal osseux, respectant toujours la cavité sous-arachnoïdienne et le liquide céphalo-rachidien. Suivant la quantité et la vitesse de l’injection, on peut cantonner les effets du colorant à la région sacrée, sacro-lombaire, ou lui voir gagner les régions supérieures, dorsale et même cervicale. Une injection de cocaïne, pratiquée chez le) chien par cette même voie, détermine de l’analgésie. A la dose de 0,04 à 0,06 cen- tigrammes du toxique répartis dans 5 ou 6 centimètres cubes d’eau, on peut voir l’analgésie se généraliser à tout le corps de l’animal, permettant ainsi les opérations les plus douloureuses. Sur le cadavre. — Entre les deux petits tubercules du sommet du sacrum, que le doigt reconnaît aisément à travers la peau, au centre même du liga- ment sacro-coccygien postérieur qui ferme en arrière l'orifice terminal du canal sacré, enfonçons une aiguille de bas en haut, presque parallèlement au plan cutané (médian) de la région sacrée, et faisons-la pénétrer de 1 à 3 cen- timètres. Une injection colorée poussée par cette voie montre que le liquide à pénétré, exactement comme chez le chien, dans la cavité extra-durale, et que le colorant a diffusé plus ou moins haut le long des différentes régions rachi- diennes. (1) Nous ne voulons pas discuter ici l'emploi de cette méthode au cours des opérations chirurgicales. On trouvera longuement exposé l’état de la question, dans les travaux de MM. Tuffier, Reclus, etc. (février et mars 1901). 398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE oo Et comme cette cavité extra-durale est traversée par les troncs ner- veux qui de la moelle se dirigent vers les trous de conjugaison, il était intéressant de chercher chez le vivant à agir directement sur eux, par ce nouveau procédé. Chez neuf malades atteints de douleurs névralgiques des lombes ou des membres inférieurs (deux cas de douleurs fulgurantes, trois cas de lumbago, quatre cas de sciatique rebelle), nous avons injecté par cette voie des solutions liquides de cocaïne — à des doses variant de 0,01 à 0,04 centigrammes de toxique dissous dans 5 à 15 centimètres cubes d’eau chlorurée à 7 p. 1000. L'injection est indolore, ne nécessite pas l’alitement- consécutif, n’est accompagnée d'aucun trouble : ni élévation de température, ni céphalée, ni nausées. Parfois seulement apparaît dans les heures qui suivent, pour dispa- raître bientôt, une sensation d’endolorissement de la région sacro-lombaire. Tous nos malades ont été immédiatement soulagés. Il est vrai que les deux tabétiques n’ont vu leurs douleurs fulgurantes disparaître que pour douze à vingt heures, mais, par contre, la guérison s’est maintenue depuis quatorze jours chez les deux malades atteints de lumbago, ainsi que dans deux des cas de sciatique rebelle. Les deux autres malades atteints de sciatique sont toujours très soulagés durant deux à trois jours à chaque nouvelle injection. Au cours de.ces essais, nous n'avons jamais vu apparaître de symptômes d'analgésie cutanée. Dans un seul cas que nous avons observé à la Salpétrière . avec M. Cestan, dans le service de M. Raymond, la peau du scrotum est devenue rapidement analgésique, et cette analgésie s'est maintenue durant plus de deux heures. Ces expériences montrent qu’à côté de l’espace liquide sous-arachnoï- dien existe un autre espace : l’espace cellulo-adipeux, situé entre la dure-mère et la paroi osseuse, facilement abordable par la voie sacrœ coccygienne. Les liquides injectés à ce niveau fusent aisément le long des différentes régions rachidiennes et viennent baigner plus ou moins immédiatement les troncs nerveux qui traversent la cavité extra-durale. La dure-mère offre une barrière suffisante pour empêcher le passage de ces liquides dans la cavité sous-arachnoïdienne. Nons pensons qu'au point de vue médical, cette méthode doit rem- placer avantageusement la méthode des injections sous-arachnoïdiennes. Elle est d’une innocuité absolue, n’exige pas l’alitement et donne les mêmes résulats thérapeutiques. Les chirurgiens l’adopteront également si la méthode peut être suffisamment perfectionnée pour produire de l’analgésie des membres inférieurs. Nous discuterons plus tard les raisons de cet échec analgésique. SÉANCE DU 20 AVRIL 399 PRÉSENCE DE L'IODE DANS LE GOITRE EXOPHTALMIQUE, par M. E. Gzey. Dans un intéressant travail sur la chimie de la glande thyroïde (4), Ad. Oswald a publié le résultat d'un dosage d’iode dans la glande d’un individu atteint de la maladie de Basedow. Je possède depuis deux ans un semblable résultat, que je n’avais pas fait connaître, espérant toujours en recueillir d’autres. Aujourd’hui, il ne sera pas inutile de le rapprocher de celui que vient de donner Oswald. Au mois d'avril 1899, M. Castaigne, interne du service de mon col- lègue M. Gilbert, m'a obligeamment remis 8 grammes du corps thyroïde d'un homme atteint de goitre exophtalmique. La glande entière pesait, fraîche, 70 grammes. Les 62 grammes restants furent conservés par M. Gilbert et par son interne en vue d’autres recherches. L’ivde fut dosé dans la portion de glande qui m'avait été donnée à l'état frais. La quantité que je trouvai était égale à 0 milligr. 161. Ce qui donne, pour la totalité de la glande fraîche (70 gr.), 1 milligr. 408 d’iode, soit 2 milligr. O1 p. 100 de glande fraiche. Il n’est pas facile de comparer ce chiffre à celui trouvé par Oswald dans un cas analogue. Le chiffre d’'Oswald, 0 gr. 07 p. 100 d'iode. représente en effet la quantité d’iode dosée dans la thyroglobuline, préalablement extraite de la glande et desséchée. Or, d'après l’auteur, on ne peut évaluer que d’une façon approximative au tiers du poids sec du corps thyroïde la quantité de thyroglobuline, car ce rapport n’est pas constant. Si cependant l’on prend tel quel ce rapport, et si, d'autre part, l’on admet, d'après d’autres chiffres établis par Oswald (2), que le rapport du poids sec au poids frais des glandes thyroïdes est environ de 17 p. 100, il vient que la quantité d'iode contenue dans le goitre, à l’état frais, qu'Oswald a eue à sa disposition, serait de 3 milligr. 9 p. 100. La différence entre ce chiffre et celui que j'ai donné plus haut est de 1,89. Le goitre analysé par Oswald aurait donc contenu, en iode p. 400, près du double de celui dans lequel j'ai dosé ce corps. Mais cette diffé- rence est très approximative. Oswald remarque lui-même que la teneur en thyroglobuline des glandes thyroïdes est variable. Il se peut aussi que dans le goitre exophtalmique cette teneur ne soit pas la même que dans la glande normale. D’un autre côté, le rapport du poids sec au poids frais des glandes thyroïdes est variable; il varie d'abord suivant le lieu d’origine de ces dernières; ainsi le rapport indiqué (1) A. Oswald. Zur Kenntniss des Thyreoglobulins. Zeits. f. physiol. Chemie, XXXII, 121-144, 1904. (2) Ad. Oswald. Ueber den lodgehalt der Schilddrüsen. Zeits. f. physiol. Chemie, XXIIL, p. 265-310, 1897. 2400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus haut, 17 p. 100, concerne des glandes de Suisse; et ce rapport n'est vraisemblablement pas le même pour les glandes de la région parisienne. Si maintenant, toutes ces réserves faites, on prend la moyenne entre le chiffre d'Oswald (0 gr. 0039) et le mien (0 gr. 00201), on obtient le chiffre de 2 milligr. 95 p. 100. Quelle en est la signification ? Se rap- proche-t-il ou s’éloigne-t-il de la teneur des glandes normales en iode? Il faut ici encore remarquer que cetie teneur est des plus variables (Baumann, Roos, Oswald, etc.) (1). En relevant les chiffres obtenus par ces auteurs, on peut admettre que À gramme de glande sèche con- tient, en moyenne, de 2 à 4 milligrammes d’iode, soit, en moyenne, 0 gr. 30 p. 100. Reprenant le rapport de 17 p. 100 dont nous nous sommes servis tout à l'heure, du poids sec au poids frais de la glande, nous voyons qu'il y aurait en moyenne 0 gr. 051 d’iode p. 100 de glande normale, à l’état frais. À s’en tenir aux premiers travaux de Baumann, ce chiffre serait trop fort ; la moyenne à laquelle conduisent les données numériques contenues dans ces recherches de Baumann, est de Ogr.03 diode p. 100. On voit que, même en admettant ce dernier chiffre, on pourrait dire quil y a environ 10 fois moins d’iode dans le goitre exophtalmique que dans la glande normale (2). Mais le caractère provi- soire de cette conclusion ressort suffisamment des approximations par lesquelles on y a été amené. Je ne l'indique donc qu’à titre de curiosité pour ainsi dire, étant bien entendu que le dosage d’Oswald et le mien ne peuvent encore servir en quelque sorte que de points de repère. EXCITATION DU NERF PAR DEUX ONDES ÉLECTRIQUES SUCCESSIVES ET TRÈS COURTES, par M. G. Weiss. J'ai montré précédemment qu’en pratiquant l'excitation des nerfs ou des muscles avec un courant continu de durée très courte, on trouvait un minimum d'énergie dépensée par la décharge nécessaire pour arriver au seuil de l'excitation, quand cette décharge durait environ 0"0006. Pour une durée supérieure ou inférieure, il faut, pour obtenir le même résultat, une dépense d’énergie plus grande. Il y avait lieu de se demander si ce résultat, est la conséquence d’une influence réciproque de l'onde de fermeture et de l’onde de rupture du courant employé, (1) V. la Zeits. f. physiol. Chemie, passim, de 1895 à 1900. (2) Dans un tableau du mémoire d'Oswald (Loc. cit., pp. 136 et 139), on peut voir que celui-ci a trouvé lui-même dans la thyroglobuline de glandes hu- maines normales cinq fois plus d’iode que dans le goitre où il a dosé ce corps. SÉANCE DU 20 AVRIL A01 les phénomènes d’'excitation ne se produisant qu'au moment de la variation du courant, comme l’admettait du Bois Reymond, ou bien si l'excitation a lieu pendant toute la durée du passage. Cette remarque m'ayant été présentée par M. Lapicque, j'ai cherché à trancher la question, et voici le raisonnement que j'ai fait. Prenons une onde constituée par le passage du courant continu durant un temps très court; si pendant ce passage j'interromps le courant pour faire une sorte de lacune dans l'onde, il doit arriver de deux choses l’une : Ou bien l'excitation est due aux périodes de rupture et de fermeture, et alors l'opération que je viens de faire devra favoriser l'excitation, on pourra baisser le voltage et rester au seuil de l'excitation ; Ou bien l'excitation se fait même pendant le passage du courant continu, et alors on devra forcer le voltage pour remonter au seuil de l'excitation. J'ai, pour ces recherches, dû modifier le dispositif que j'ai décrit, et l'expérience ma prouvé que, dans les limites de temps où j'ai opéré, c'est-à-dire pour des ondes d’une durée inférieure à0"0023, chaque fois que l’on fait une lacune dans cette onde, il faut forcer le voltage, d’autant plus que la lacune est plus grande. \ Voici quelques exemples (1) : VOLTAGES NÉCESSAIRES ONDES pour arriver au seuil de l’excitation. M D ET AE A TRE en 0,55 ROAD TO ES ADEME RAR A ta 0,86 Jo EE Part Anr eee 0,85 DO AD ea Sa sn 1,05 SAN EL un tas nr te 0,90 Une emo D ER DE 1,34 pe Men AL AU 0,90 DS SPA ARE CON ERA 10,32 TE HOME te A eee 0,90 AR RER NPA AMEN A 1,43 Il ne peut y avoir aucun doute sur ce point. Je montrerai dans une prochaine communication quel est le lien qui existe entre les diverses excitations de même durée, si, comme tout me permet de le supposer, les nombreux résultats que j’ai déjà sont confirmés par les vérifica- tions très précises auxquelles je désire les soumettre avant de les publier. (1) Lorsque je donne un seul chiffre, il indique la longueur de l’onde, une unité représentant une durée de 0”000077- Quand je donne trois chiffres, le deuxième donne la longueur de la lacune et les deux autres les ondes qui précèdent et suivent la lacune. Biocoaie. CompTES RENDUS. — 1901. T, LIIE 32 402 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai ensuite comparé entre elles des ondes de même durée effeclive,. les unes sans lacune, les autres avec lacune, c’est-à-dire des ondes dont. la formule serait pour les premières 2 a, pour les secondes a — b — a. Toujours les premières sont les plus actives, c'est-à-dire qu'il ne suffit pas de faire passer une quantité d'électricité ou d'énergie déter= minée, il faut qu'elle passe sans interruption, faute de quoi il est nécessaire d'en augmenter le voltage pour arriver au seuil de l'exci- tation. Exemple : ONDES VOLTAGE GAROU RE TOMATE EEE 0,9% 3-2-3. EN AIM SAGE I Le 122 0 AARAURS LES 2 1,08 Chaque fois que l’on divise une onde en laissant constante le durée totale du passage, le seuil de l'excitation s'élève. Si, et rien ne peut faire supposer le contraire, une nouvelle division de chaque onde produit le même effet, on en conclut la règle suivante, qui n’est valable jusqu'ici que pour des ondes courtes, d’une durée infé- rieure à 00023. Lorsqu'une onde électrique traverse un nerf, le seuil de l'excitation est d'autant plus élevé que l’onde est plus fréquemment interrompue. On conçoit que si cette fréquence est suffisante, on peut arriver à de très hauts voltages sans atteindre le seuil de l'excitation (1). (Travail du laboratoire des travaux pratiques de physique biologique de la Faculté de médecine.) SUR LA DÉPENSE INUTILE D'ÉNERGIE DUE A LA FORME DE CERTAINS MUSCLES, par M. À. IMBERT. En étudiant l'influence que la forme des muscles exerce sur la dépense d'énergie, Haughton à montré, par le calcul, que, dans le fonc- tionnement des muscles triangulaires, par exemple, il y avait, de par la disposition même des fibres, perte d’une quantité de travail variable avec l’angle au sommet du triangle que l’arrangement des fibres réalise. Après avoir signalé, dans les calculs du savant anglais, une erreur qui, d'ailleurs, affecte seulement la proportion de travail perdu, mais non le fait même de la dépense inutile d'énergie, M. Weiss a déterminé la loi de variation de longueur que doivent présenter les fibres dun muscle triangulaire pour qu'il n’y ait aucune partie de la force de con- (4) Toutes ces "expériences ont été faites sur Rana esculata et Rana temporaria. SÉANCE DU 20 AVRIL 403 traction musculaire qui reste inutilisée; il a trouvé, sur certains muscles, de remarquables confirmations de La loi qu'il avait établie a priori. Il ne paraît pas, toutefois, que les divers exemples cités par Haughton, de muscles triangulaires dans lesquels la forme doit entrainer une dépense inutilisée d'énergie, soient tous à écarter, et il semble, dès lors, à s’en tenir aux seules considérations de la mécanique, que la forme de certains muscles est une cause de mauvais rendement du moteur animé, contrairement à la loi d'adaptation, très judicieusement invoquée par M. Weiss, et dont un si grand nombre de fails font prévoir la généralité. Mais il faut ajouter que, jusqu'à présent, la solution de la question a été poursuivie exclusivement à l’aide des données de la mécanique des corps inertes ; or, c’est là un procédé de recherche qui peut, dans certains cas, être insuffisant, car il ne permet pas de prendre en consi- dération toutes les causes dont peut dépendre le phénomène de méca- nique physiologique dont on cherche l'explication. Les considérations présentées à propos du rapport qu'il peut y avoir entre le rendement d’un muscle triangulaire et la forme de ce muscle sont, en effet, basées sur cette hypothèse que chaque fibre du muscle se raccourcit, au moment de la contraction, proportionnellement à sa lon- gueur. L'identité de structure des diverses fibres serait une preuve suffisante de l'exactitude de cette hypothèse, si un muscle était abso- lument assimilable à un corps élastique inerte, et si sa contraction était un phénomène exclusivement physique. Mais le raccourcissement d’un muscle est déterminé par une excitation nerveuse, et le degré de rac- courcissement est en rapport, non seulement avec l'intensité de cette excitation, mais encore avec l'étendue du territoire musculaire qui est comme le domaine propre de chacune des fibres dont se compose le nerf du muscle considéré. Dès lors, l'hypothèse de la proportionnalité du raccourcissement à la longueur, pour les fibres d'un même muscle, revient à admettre, d'une part, que les diverses fibres du nerf d’un muscle transportent toutes et toujours des excitations égales, ce qui est très plausible; d’autre part, que chaque fibre nerveuse commande à un même territoire musculaire, c'est-à-dire que l’innervation d'un musele, rapportée à l'unité de lon- Heu de fibre, est partout la même, pour un même muscle, quelle qu’en soit la rara, Ramenée à ces termes, l'hypothèse de la proportionnalité dr rac- courcissement à la longueur parait moins évidente a priori et il est permis de se demander si la répartition de l’innervation est absolument uniforme, quelle que soit la forme du muscle dans lequel on la consi- dère. Rien ne s'oppose, semble-t-il, à ce que l'adaptation fonctionnelle d’un muscle triangulaire s’établisse, soit par une variation de longueur 404 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de ses fibres conformément à la loi établie par M. Weiss, soit par une répartition inégale et convenable de l'innervation dans l'intimité du muscle. De même que les divers muscles d'un même animal se rac- courcissent, les uns de 25 p. 100, les autres de 50 p. 100 de leur lon- gueur, de même les divers faisceaux d’un même muscle triangulaire présenteraient, au moment du fonctionnement du muscle dans son entier, des coefficients de raccourcissement différents. Cette répartition inégale de l’innervation n’est, sans doute, qu'une hypothèse, qu'il semble au moins difficile de vérifier rigoureusement, soit par des observations directes, soit par des expériences indirectes; mais comme aucun fait ne peut être invoqué pour l’écarter a priori, il me semble qu’il est juste d'en joindre la considération à celle des données de la mécanique des corps inertes, données que l’on a trop exclusivement invoquées, croyons-nous, pour l'interprétation des actes mécaniques du moteur animé. M. Weiss dit qu'il persiste à penser que les résultats de Haughton sont entachés d'erreur par suite d’une hypothèse inexacte. Tous les muscles qu'il connaît sont parfaitement adaptés à leur fonction et il n’y a pas de perte résultant d'une structure défectueuse. # BOUGIE-PIPETTE POUR STÉRILISATION ET RÉPARTITION DIRECTE DES LIQUIDES, par ML METZ e La filtration à la bougie de porcelaine constitue l’une des pratiques les plus intéressantes de la bactériologie, car elle permet de stériliser à froid des liquides ou des solutions altérables par la chaleur, même peu élevée. De nembreux dispositifs ont été imaginés pour l'application de la bougie aux divers besoins du laboratoire. Les plus commodes et les plus répandus mettent à profit un vide partiel effectué dans le récipient où se rassemblera le produit filtré pour obliger ce produit à traverser les pores de la bougie. Leur type primitif est le filtre Kitasato, mais ce système a l'inconvénient d'exiger un prélèvement aseptique et un transvasement du liquide stérilisé, ce qui constilue de grandes chances de contamination. Mieux conçu est le filtre Martin, qui ne nécessite qu'un seul passage, mais qui est un peu encombrant et relativement fragile. De plus, aucun des appareils exécutés jusqu'ici n’est disposé pour la filtration de très petites quantités de substance, ni surtout pour leur répartition en proportions parfaitement déterminées. Or, ce sont là des SÉANCE DU 20 AVRIL 1405 conditions qui s'imposent souvent, tant dans la pratique bactériologique que dans la préparation des solutions hypodermiques de substances altérables. La réalisation de la bougie-pipette que nous présentons aujourd’hui s’est inspirée de ces desiderata. L'appareil se compose d’un manchon de verre dont la partie supé- rieure porte une bougie de porcelaine solidement fixée à l’aide d’un bouchon de caoutchouc. Sur le côté, un ajutage latéral, qu'on garnit de coton, permettra de faire le vide au moyen d'une trompe. La partie inférieure du manchon constitue le récipient où se réunira le produit de la stérilisation. Deux dispositifs ont été adoptés. L'un, réservé pour les petites quantités de liquide (10 centimètres cubes au maximum), pré- sente cette partie rétrécie; l’autre, utilisé pour les quantités supérieures, ne possède pas de rétrécissement. Le tout est terminé par une olive percée d'un petit orifice. Sur l’olive, au moyen d’un caoutchouc à vide solidement fixé et liga- turé, on adaptera un tube de verre effilé et scellé à la lampe. Après stérilisation de l’appareil à l’autoclave, on le place sur un support à pince, on introduit le liquide à filtrer dans l'intérieur de la bougie à l’aide d’une ampoule placée à son extrémité, on fait le vide à la trompe. La filtration est très rapide et le liquide stérile se réunit dans la partie inférieure. On dispose alors sur le caoutchouc à vide une forte pince de Mohr, on enlève la trompe, on flambe le tube effilé dont on-brise la pointe à l’aide d’une pince flambée. Il ne reste plus qu'à ouvrir légèrement la pince de Mohr pour assurer l'écoulement du pro- duit stérile. La répartition peut dès lors se faire en proportions rigou- réusement déterminées; la pipette porte, à cet effet, une graduation en 1/10 de centimètre cube pour le petit modèle, en centimètres cubes pour les autres; la marche du ménisque dans le tube indique ainsi les volumes écoulés. Le zéro de la graduation étant à la partie supérieure, la position de la pince de Mohr sur l’ajutage peut être absolument quelconque. Si l’on opère dans l'atmosphère d'une flamme, il n'y à à craindre aucune contamination pendant la répartition. On peut, d’ailleurs, augmenter encore la sécurité à cet égard en adaptant au tube effilé, au moyen d’un bouchon, un manchon de verre large et court qui proté- gera la pointe contre la chute des poussières. Enfin, en supprimant la pointe effilée et en la remplaçant par tel dispositif que l’on jugera convenable, on pourra faire servir la bougie- pipette à la préparation des ampoules de solutions hypodermiques ou à. toute autre distribution de produits stérilisés. Le faible volume de l'instrument permet sa stérilisation facile; sa forme cylindrique le rend moins fragile que la généralité des autres appareils à filtration. Trois dimensions ont été adoptées qui répondent 206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à la plupart des besoins courants : 10, 125, 250 centimètres cubes. Nous remercions la maison Leune, qui a bien voulu se charger de la réalisation ct de la construction de cet appareil. BRUIT PARTICULIER PRODUIT PAR LES (GASTÉROPODES PULMONÉS par M. S. JourDaIN. Un soir que j'étais assis auprès d’une fenêtre dont chaque vantail avait une vitre unique de 1"80 de hauteur sur 050 de largeur, mon attention fut attirée par un bruit musical particulier, assez analogue à celui que produisent les fils télégraphiques sous l’action du vent. Les contrevents élaient clos, ie temps très calme, h bruit ne pouvait donc être produit par le vent. J'explorai attentivement la fenêtre, et je découvris une Aelix aspersa qui se promenait à la surface extérieure d’une des vitres. J'approchaï mon oreille et je reconnus, de la facon la plus nette, que les sons entendus étaient produits par ce Gastéropode. D'ailleurs, quand je l’enlevai, le bruit cessa. Depuis lors, j'ai perçu des bruits de cette nature, et toujours la cause en à été reconnue la même. | La progression du Mollusque sur une surface plane est due à des séries de mouvements ondulatoires, dont la sole est le siège. . En outre, cette sole étant enduite d’un mucus visqueux, il se produit des vibrations sonores, comme on en obtient en promenant le doigt humide à la surface d'une lame de verre, ‘s J'ai tenu à signaler cette cause assez inattendue de vibrations sonores, d'autant qu'elles pourraient, dans certains cas, effrayer des personnes . portées par leur humeur et leur éducation à chercher l'explication des phénomènes en dehors des causes naturelles. SUR LE MODE DE FORMATION DES CHROMOSOMES PENDANT LES KARYOKINÈSES DES SPERMATOGONIES, CHEZ LE RAT, par M. Ci. ReGaur. Les chromosomes se forment de la même facon dans la première et dans la seconde karyokinèse des spermatogonies (1). Dans les premières miloses (grosses mitoses, échelonnées par petits groupes sur une grande (1) GC. Regaud. Pluralité des karyokinèses des spermatogonies chez les mam-. mifères (rat). Soc. de biol., 19 janvier 1901. SÉANCE DU 20 AVRIL 107 longueur de l'onde spermatogénétique),lachromatine estpurementsafra- nophile, tandis que dans les secondes (petites mitoses, se produisant en grand nombre simultanément au même stade de la spermalogenèse, et donnant naissance aux spermatocytes), la chromatine est hématéiphile ou prend une teinte mixte, par la méthode de coloration de Rabl, après fixation par le bichromate acétique. Immédiatement avant le commencement de la segmentation, le fila- ment chromatique est épais et lisse; il paraît unique; il occupe surtout la périphérie du noyau. Il n’y a pas de nucléole. Le filament chroma- tique se segmente transversalement en un petit nombre de longs bâton- nets longs et flexueux, qui se segmentent à leur tour en bâtonnets courts et trapus. Ces derniers sont les chromosomes. Leur formation a donc lieu, non pas d’un seul coup et simultanément, mais peu à peu à la suite de plusieurs segmentations successives. Le nombre des chromosomes est compris entre 22 et 28. Leur numération précise est très difficile. Aussitôt formés, les chromosomes se renflent à leurs deux extrémités et prennent la forme d’haltères très courtes; bientôt ils paraissent formés par deux sphérules tangentes. À ce moment, ils se rassemblent en groupes vers le centre du noyau, dont la membrane disparait peu à peu. Ils s’ordonnent alors en une plaque équatoriale. Le fuseau, très distinct dans les premières mitoses, ne se voit pas dans les secondes. Dans les unes et les autres, chaque chromosome formé de deux sphé- rules accolées est étiré et prend la forme de deux larmes réunies par leurs extrémités effilées; finalement les deux demi-chromosomes se séparent. Le fait important, sur lequel je désire attirer l'attention, c'est qu'à aucun moment il ne se produit de fissuration longitudinale. Les demi- chromosomes résultent, en définitive, de deux segmentations transversales successives. L'importance de ce fait dépend des idées qu'on a sur la signification de la fissuration longitudinale des chromosomes. Si l'on admet que la fissuration longitudinale a pour effet de partager la chromatine en deux parts qualilativement identiques, — et c'est ce qui aurait toujours lieu dans les karyokinèses de toutes les cellules somatiques, — il faut aussi admettre, en raison de l'absence de fissuration longitudinale dans les karyokinèses des spermatogonies, que la différenciation qualitative des cellules sexuelles précède la réduction du nombre de chromosomes, réduc- tion qui a lieu lors de la karyokinèse des spermatocytes de premier ordre, même chez le rat (Hermann, Moore, Lenhossèk, etc.). (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) DRAC" Es STI 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TRANSFORMATION PARAÉPITHÉLIALE DES CELLULES INTERSTITIELLES DANS LES TESTICULES D'UN CHIEN, PROBABLEMENT A LA SUITE D'UNE ORCHITE ANCIENNE, par M. CL. ReGaud (de Lyon). Il s’agit d'un chien adulte, bien portant, dont les testicules étaient à leur place normale, sans adhérences de la vaginale, le canal déférent et l'épidi- dyme paraissant intacts. Ces testicules, surtout l’un d'eux, étaient petits et mous. L'examen histologique, pratiqué sur des morceaux soigneusement fixés, donna les résultats suivants. I. — Le testicule gauche est le plus malade des deux. Il n’y reste plus que des vestiges de tubes séminifères, reconnaissables à des masses arrondies de protoplasma fibrillaire et vacuolaire, semé de noyaux périphériques. Ces masses sont entourées de rangées concentriques de cellules et de fibrilles conjonctives ; elles ne renferment plus aucune cellule de la lignée sperma- tique, et représentent le syncytium nourricier (cellules de Sertoli) réduit à sa plus simple expression. Les intervalles de ces vestiges de tubes sont occupés par du tissu conjonctif muqueux ne contenant pas de cellules interstitielles. Ce testicule contient plusieurs nodules arrondis ayant de 1 à 3 millimètres de diamètre, constitués par des cellules interstitielles qui ont pris une ordon- nance paraépithéliale. Le testicule droit est plus gros et beaucoup moins malade. Il y a bien des tubes dans lesquels on ne rencontre que le syncytium nourricier (tubes asper- matogènes) et d’autres dans lesquels les cellules de la lignée spermatique sont plus ou moins clairsemées (tubes oligospermatogènes); mais un grand nombre de tubes ont leur constitution normale, et la spermatogenèse s'y effectue d’une manière physiologique. On remarque cependant, parmi les cellules séminales, de nombreux téraltocytes. Dans la plus grande partie de l'organe, le tissu conjonctif et les cellules interstitielles ont leur aspect habituel. — Néanmoins, sur chaque coupe, on rencontre plusieurs nodules compacts de cellules interstitielles, dont le plus gros a jusqu’à 6 millimètres de diamètre. k II. — Dans l’un et l’autre testicule, les nodules paraépithéliaux de cellules interstitielles se présentent avec le même aspect. Les cellules interstitielles sont disposées en masses compactes, ou bien en cordons anastomosés plus ou moins épais. Elles sont polyé- driques, et généralement tangentes entre elles par leurs faces. Les masses compactes et les travées sont pénétrées par de nombreux vaisseaux capillaires formant un riche réseau. Le plus souvent, la paroi des capillaires est en contact intime avec les cellules. La disposition des cellules, ainsi que leurs rapports avec les capillaires sanguins, rappellent ce qu'on- observe dans certaines glandes à sécrétion interne, telles que le foie, les capsules surrénales ou les corps jaunes de l'ovaire. Tantôt les masses arrondies de cellules interstitielles sont limitées SÉANCE DU 20 AVRIL 209 —— par une sorte de capsule de tissu conjonctif mince et ayant une dis- position lamellaire concentrique ; tantôt, au contraire, les travées para- épithéliales se poursuivent entre les tubes séminifères voisins, et s’égrènent en petits amas composés de quelques cellules interstitielles typiques. l | Dans un grand nombre de ces nodules on observe entre les cellules des cavités tantôt arrondies, tantôt en forme de fentes parfois ramifiées. Ces cavités, qui peuvent atteindre une taille relativement considérable, ne sont pas des vaisseaux, car elles ne contiennent pas de globules du sang, et elles ne possèdent pas de paroi endothéliale ; elles renferment quelques grumeaux granuleux, et des gouttes de graisse bien visibles sur les préparations fixées par le mélange de Flemming ; elles sont toujours limitées par des cellules interstitielles continues disposées sur un ou plusieurs rangs ; ce sont des vésicules épithéliales comparables, dans une certaine mesure, aux vésicules thyroïdiennes. Les cellules qui constituent les nodules contiennent une grande quantité de graisse, du pigment, et aussi des vésicules de sécrétion colorabies par l'hématoxyline cuprique. Tant par leur structure que par les produits inclus dans leur protoplasma, elles sont identiques aux cellules interstitielles du testicule de chien normal. Dans les nodules, on rencontre toujours des tubes séminifères ; ceux-ci, mème dans le testicule droit, sont toujours oligo, ou bien aspermatogènes. __Ilest vraisemblable que les modifications que présentent les testicules de ce chien résultent soit d’un traumatisme (?) soit plutôt d'une orchite infectieuse guérie. ; L'intérêt de cette observation est double. 4 À. — Elle montre que la régression et même la disparition des tubes séminifères et de la fonction spermatogène ne s’accompagnent pas tou- jours de la diminution et de la disparition des cellules interstitielles. C'est ce qu'on a déjà constaté fréquemment dans le testicule ecto- pique (1). Hansemann (1895) a montré que dans certaines maladies, et notamment dans l’anémie pernicieuse, non seulement les cellules interstitielles ne diminuent pas en même temps que la spermatogenèse s'arrête, mais encore qu'elles prennent un accroissement parfois consi- dérable (2). En somme, les cellules interslitielles du testicule sont, dans une certaine mesure, indépendantes fonctionnellement des tubes sémi- nifères. , B. — Cetie observation montre, en outre, que les cellules intersti- telles du testicule, éléments appartenant au tissu conjonctif, sont (1) Voir le mémoire de Félizetet Branca. Histologie du testicule ectopique, Journal de l’anaitomie et de la physiologie, 1898. (2) Hansemann. Virchow's Archiv, Bd CXLII. A0 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE capables, probablement en vue d’une sécrétion interne plus active (ou seule existante), de s’ordonner plus étroitement par rapport aux vais- seaux sanguins, à la manière des paraépithéliums (Renaut). Cette ordonnance paraépithéliale est normale chez certains animaux, par exemple le chat et surtout le porc. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de. médecine de Lyon.) LES FIBRES ÉLASTIQUES DU TESTICULE ECTOPIQUE, par MM. G. FéLizer et ALBERT BRANCA. Dans un travail antérieur, nous avons dû laisser de côté la question des fibres élastiques du testicule ectopique. Cette question, nous l’avons reprise à l’aide d'un réactif que nous ne connaissions pas alors et qui facilite singulièrement l'étude des formations élastiques : nous voulons parler du réactif de Weigert. Avec cette solution, les coupes prennent à l'œil nu une teinte uniforme, et sur leur fond, d’un violet gris très pâle, on voit au microscope les fibres élastiques se détacher nettement en violet noir. 4°) Outre les fibres élastiques annexées aux parois vasculaires, l’albuginée contient un réseau élastique interposé entre les faisceaux fibreux qui constituent la charpente de la membrane. Ce réseau est assez riche ; il est surtout très fin, ses travées ont un diamètre qui se chiffre seulement par quelques dixièmes de w. Aussi, pour le bien voir, il est nécessaire d'employer les forts objectifs à sec et même les objectifs à immersion. Les fibres élastiques de l’albuginée sont disposées sur une série de plans parallèles. Elles sont anastomosées entre elles dans un même plan et dans des plans différents. Leur orientation générale est celle des fibres conjonctives qui leur sert de modèle. C'est dire que ces fibres sont, pour la plupart, paralièles à la surface de l’albuginée. Toutefois cette disposition n’a rien de fixe. On voit dans l’albuginée quelques faisceaux fibreux d’un plan donné se couder à angle droit, parcourir un chemin généralement court et s'infléchir de nouveau pour reprendre une direction parallèle à leur direction primitive (trajet en « ou en Z). En pareil cas, on voit quelques fibres élastiques accompagner les faisceaux fibreux et présenter comme eux un trajet coudé. 2°) La formation élastique du testicule n’est pas limitée à l’albuginée. Elle se poursuit dans l'épaisseur du parenchyme testiculaire avec des caractères un peu différents. Le réseau élastique nous a toujours paru limité aux grosses cloisons SÉANCE DU 20 AVRIL AA interlcbulaires.. Tantôt, et c’est la règle, il se développe au pourtour des canaux vasculaires; il apparaît formé de fibres anastomosées qui, suivant le sens de leur section, se projettent comme des points ou comme des lignes courtes et sinueuses. Mais ces fibres sont de taille très différente : les grosses fibres s’entremélent avec les petites sans qu'il soit possible de reconnaitre aux unes et aux autres une topo- graphie particulière. Tantôt, et c’est l'exception, les fibres élastiques sont indépendantes des vaisseaux sanguins; elles cheminent, en petit nombre, au milieu d'une cloison interlobulaire, sans pénétrer comme le tissu conjonctif qui les accompagne dans l'épaisseur du lobule tes- ticulaire. 3°) Quant aux fibres élastiques du corps d’'Highmore, elles se dispo- sent comme les faisceaux fibreux au milieu desquels elles sont englo- bées. Leur mode de répartition rappelle celui qu'on observe dans l’albuginée, dont le corps d'Highmore représente un épaississement pur et simple. Nous ajouterons que le tissu élastique nous a paru plus développé P à PI Na eme Ces modifications sont surtout marquées dans les formes graves des gastro-entérites aiguës, qui sont celles où la stase rénale est le plus accentuée. UN PROCÉDÉ DE RÉCOLTE ET DE RÉPARTITION APPLICABLE AUX GRANDES QUANTITÉS DE SÉRUM, par M. G. Pouyor. Nous employons depuis plus de deux ans, à l'Institut Bouisson-Bertrand, les procédés suivants, qui nous donnent toute satisfaction pour la sépa- ration et la répartition des grandes quantilés de sérums thérapeuliques destinées à être délivrées au public. 1° Récolte du sang et séparation du sérum. — On a d'avance préparé l'appareil représenté dans la figure 1 : À est un flacon de 5 litres portant un trait de jauge 6 pour 3 litres. Le flacon est pourvu vers sa partie SÉANCE DU 20 AVRIL 495 supérieure d’un ajutage latéral al (1). Un fort tube de caoutchouc rouge à parois épaisses réunit cet ajutage à un des tubes latéraux du flacon B. Celui-ci est un flacon de Woolf à deux tubulures supérieures (soit trois ouvertures). Chaque tubulure est pourvue d’un bouchon de caoutchouc rouge traversé par un tube plongeant dans le flacon jusqu’à 1 centimètre du fond ; un de ces tubes est relié par son extrémité supérieure à l’aju- tage al ; l’autre est prolongé hors du flacon par un tube de caoutchouc terminé par un bout de tube de cuivre t, abrité dans un tube à essai. Une pipette Pasteur p traverse l’ouate obturant le goulot, et plonge dans le flacon. Les joints sont convenablement garnis d’ouate et de papier. Il est avantageux que le flacon A ait été lavé avec une solution forte de potasse, puis avec une solution acide, avant d’être rincé à grande eau; on évite ainsi toute adhérence du caillot. — Si l'appareil est stérilisé dans un simple autoclave, on diminue beaucoup les chances de casse des flacons en les suspendant dans le panier au moyen d’une armature en fil de fer évitant que les flacons reposent pas leur fond sur le fond métallique du panier. Avec l'appareil Vaillard et Besson la casse est exceptionnelle. On recueille le sang dans le flacon À suivant le procédé usuel en glis- sant d'avance entre le goulot et le tampon d’ouate qui l'obture, le tube qui doit amener le sang de la veine. On recueille exactement 3 litres de sang, et on laisse la rétraction s’opérer ; vingt-quatre heures de repos suffisent. Après ce temps, on dispose les deux flacons sur deux étagères superposées à 0%,40 l’une au-dessus de l’autre, l'étagère inférieure ayant un peu plus d’avancée que la supérieure (fig. 2). Le petit flacon est placé verticalement sur l’étagère inférieure, le grand flacon est disposé sur l’étagère supérieure dans une position très inclinée, et maintenu par (1) Ces flacons nous sont fournis par la maison Leune. 4926 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des cales. Le sérum s’écoule alors dans le flacon inférieur, puis, les choses étant abandonnées en l'état, le caillot s'étale progressivement sur les par- } = / EE CAIRN DLL LLP PP LLCLEP POINTS ties déclives des parois du flacon, et sa rétraction s'effectue d'autant mieux que le sérum qui se sépare s nn à mesure dans le flacon inférieur. La séparation du sérum s'effectue done automatiquement, et sans aucun risque de contamination ; elle n'a même pas besoin d’être surveillée. En quarante-huit heures, la majeure partie du sérum s’est. rassemblée dans le flacon inférieur ; les troisième et quatrième jour, la quantité en augmente encore un peu; elle atteint alors de 4.700 à 1.900 centimètres cubes pour 3 litres de sang. Le sérum arrivant dans le flacon B par la partie infé- rieure, les couches supérieures déjà « dépouillées » ne sont pas troublées. On sépare alors ens les flacons. Si l'on peut conserver ou jours le sérum dans les flacons récepteurs, il s'y dépouille complètement, el devient d’une transparence parfaite. La petite quan- tité qui monte dans la pipette p sert à vérifier la stérilité avant la répartition. Le tube £ sert soit à mettre le flacon en communication avec le jaugeur, Fig. 3. soit à la décantation du sérum dans une allonge si on doit le mêler à d'autres sérums. 2 Répartition. — Pour la répartition, nous employons le jaugeur usité à l'Institut Pasteur. Mais nous distribuons le sérum au moyen SÉANCE DU 20 AVRIL 197 d'une effilure de verre dans des ampoules de cristal de la forme ci-contre (fig. 3 À) et de 12 centimètres cubes de capacité. Ces ampoules sont capuchonnées au papier et stérilisées au four à flamber. À mesure qu'elles sont remplies, on les scelle à la lampe, et elles prennent la forme représentée en A". 150 ampoules peuvent être scellées en une heure. Les ampoules sont mises alors quelque temps à l’étuve; nous n'avons jamais observé qu'une seule s’y montrât contaminée. Un trait de lime sur le col de l’ampoule en permet l'ouverture facile. INFLUENCE DES VARIATIONS DES AZOTÉS DE L'ALIMENTATION SUR L'EXCRÉTION DE L'ACIDE URIQUE, par M. le D°' E. Maurez. (Communication faite dans la séance du 16 mars.) À la fin de juillet et au commencement d’août 1895 (1), pendant que mon alimentation était réglée à 1 gr. 25 d’azotés et à 5 gr. de ternaires, j'avais recueilli la totalité de mes urines, et ces urines avaient été ana- lysées tous les jours (2). Cette expérience avait duré 20 jours consé- cutifs, du 1% juillet au 3 août inclus, et les résultats avaient été les suivants : Quantité. Densité. Urée. Acide urique. 1HO VOICE 1020 14537 0821 Mon poids étant à l'époque de 58 kilogrammes, je produisais donc en ce moment, par kilogramme, 0,27 d’urée et 0,0038 d'acide urique. Or, dans le mois de novembre 1899, voulant refaire l'expérience de l’ali- mentation insuffisante, je commençai par me mettre pendant cinq jours à une alimentation bien dosée de 1 gr. 50 d'azotés et de 6 gr. de ter- naires (3) par kilogramme de mon poids. La quantité de phosphates et celle de chlorure de sodium restèrent ce qu’elles étaient à l’état habituel. Les moyennes de cette période d’épreuve furent les suivantes. Quantité. Densité. Urée. Acide urique. Acide phosphor. Chlorures. 1,248 1.014,6 13832 OS11 1826 13508 ) Voir : Conditions d’une bonne nutrition, Congrès pour l'avancement des sciences de Bordeaux, 1895, et Influence de l’alimentation sur l’excrétion de l’urée, Archives de médecine expérimentale, janvier 1900. (2) Ces analyses ainsi que les suivantes ont été faites par M. Saloz, qui s occupe quotidiennement de ces recherches; et je tiens à le remercier de son obligeance et du soin qu'il a mis à les faire. (3) Ces 6 grammes de ternaires étaient composés ainsi qu'il suit : aliments gras, 1 gramme; alcool, 0 gr. 50; amylacés, 4 gr. 50, Ces proportions sont res- tées les mêmes pour toutes ces expériences. 498 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pendant les trois jours suivants, je réglai mon régime à O0 gr. 50 d’azotés par kilogramme et le total de mes calories dans les environs de 1500. De plus, je diminuai les phosphates autant que possible et je supprimai tout chlorure de sodium dans la préparation de mes aliments. Or, sous l'influence de ce régime, les moyennes furent les suivantes : Quantité. Densité. Urée. Ac. urique. Ac. phosphor. Chlor. de sod. 1660 1008 10596 0507 1808 5870 Après ces trois jours, je revins à une alimentation de 1 gr. 25 d'azotés par kilogramme de poids et à un nombre total de 2 000 calories environ. De plus, je repris des aliments plus riches en phosphates, et non seu- lement je revins à la quantité de chlorure de sodium employée habi- tuellement pour la préparation de mes aliments, mais je l’augmentai de 20 grammes. Or, dès le lendemain, l'analyse de mes urines donna : Quantité. Densité. Urée. Acide phosphorique. Chlorure de sodium. 2150 1015 13811 1554 25 grammes. Et le jour suivant, pendant lequel je n’ai plus pris que la quantité ordi- naire de chlorure : Quantité. Densité. Urée. Acide phosphorique. Chlorure de sodium. 1300 1018 12835 1853 16812 AE: A partir de ce moment, je puis considérer l'expérience sur le chlorure de sodium comme terminée, et l'analyse des trois jours suivants donne” comme moyenne (1): Quantité. Densité. Urée. Acide phosphorique. Chlorure de sodium. 1846 1016 16828 4831 15863 Je résume cette expérience dans le tableau suivant en y joignant les moyennes précédentes qui peuvent servir de terme de comparaison. Ces expériences faites à des époques différentes (1890, 1895 et 1900) me font considérer comme probable : 4° Que sous l'influence d’une alimentation faiblement azotée, l’acide urique tombe à de très faibles proportions : de 0 gr. 21 à O gr. 41, il descend à 0 gr. 07 pour 58 kilogrammes, ce qui donne 0 gr. 0012, sensi- blement 1 milligramme par kilogramme; 20 Qu'il en est probablement de même des autres composés azotés de l'urine représentant les produits de désassimilation incomplète; (1) L'acide urique, vu sa faible quantité, n'était dosé qu’à la fin de chaque période, et un accident a empêché d’avoir le dosage de la dernière période. TEMPÉRATURE EXAMEN DES URINES DES 24 HEURES — | DATES NOMBRE de jours Quantilé| Densité | Urée | Ac. urique | Ac. phosph.| Chlorure Maxima Minima Alimentation réglée à 1 gr. 25 d’azotés et 5 de ternaires (1), 32 cal. 500. Dépenses normales d’acide phosphorique. 1890 Août. |18| » » | 832 | 1022] 15,641 » 1562 Septem.|27| » » | 910 | 41022) 15,85) » 1 54 À Total. 45 | » imentation réglée à 1 gr. 25 d’azotés e de ternaires, 32 cal. 500. AI tat égl 1 ur. 25 d'azotés et 5 de te , 32 cal. 500 Dépenses normales d'acide urique. ») | » Alimentation réglée à 1 gr. 50 d’azotés, 6 de ternaires (38 calories). 1895 Juillet. | 20 776 1020! 14,37 0,21 | » | » 1899 Novemb.| 5 | 18°6 | 10°2 | 1248 |1014,6| 13,32 0,11 | 1526 13,08 Alimentation réglée à 0 gr. 50 d’azotés et 25 calories par kilog. Diminution des phosphates et des chlorures. {| Novemb. | 13 101402 De 2080 1007! 12,99 1827 9828 = 1% 111 AAC) 8 1520 1008! 10,18] 0,07 4 » 4 50 15 4 | 19 5 1400 | 1009! 9,80 0 99 3 33 311 189 6° 1660 1008! 10,96, 0,07 1508 56 70 Alimentation réglée à 1 gr. 25 d'azotés, 5 de ternaires, 32 cal. 500. Phosphates normaux. Exagération des chlorures. Novemb. | 16 1 » » 2150 1015! 13,11 » | 1554 25€ Même alimentation. Quantité habituelle de chlorure. Novemb. A7 1 » » 1300 1018| 12,35 » 1553 16,12 Même alimentation après l'élimination de l’exagération des chlorures. Novemb. 18 LAS 0° 1170 1019! 15,22 » 0, 98 13,95 19 1 | 42 J 1050 | 1019! 13,86 ) 1,32 13,92 20 4 | 40 3 1420 1018! 19,75 » 1,44 13,02 DENT 103 | 1313 | 1016| 16,28 1:31 13, 63 PR Re ee ee (1) Les ternaires ont toujours été composés avec : 1 gr. de corps gras, 0,50 d’alcool, et le reste en amylacés ou en sucre. 430 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3° Que, par conséquent, il est également probable qu'une alimentation azotée insuffisante a pour heureux résultats de diminuer beaucoup ces produits dans l'organisme. Ce serait là un des bénéfices de Ia diète. INFLUENCE DES VARIATIONS DE L'ALIMENTATION SUR LES QUANTITÉS D'ACIDE PHOSPHORIQUE ET DE CHLORURES CONTENUS DANS L'URINE, par M. le D° E. Maure. (Communication faite dans la séance du 16 mars.) Comme on a pu le voir dans la communication précédente, en même temps que je m'occupais des dépenses de l'acide urique, j'ai cherché à connaître quelles étaient les modifications que subissaient les phosphates et les chlorures sous l'influence des variations de ces mêmes substances contenues dans l'alimentation. Mon but était, comme je l'avais fait pour l’urée et pour l'acide urique, d'apprécier autant que possible la quantité minima de ces substances qui s'élimine par la voie urinaire. Or le résultat de ces recherches, dont les détails sont contenue dans le tableau précédent, peuvent se résumer ainsi : ACIDE PHOSPHORIQUE : 1° Dans les expériences faites en août et sep- tembre 1890, pendant quarante-cinq jours consécutifs (voir le tableau donné dans la communicalion précédente}, la moyenne des dépenses en acide phosphorique a été de 1 gr. 62 en aoûtet 1 gr. 54 en septembre, soit une moyenne de 1 gr. 58. Pendant ce temps, la moyenne de l’urée+ a été de 15 gr. 73, c'est-à-dire que les dépenses en acide phosphorique ont été sensiblement le dixième de celles de l'urée. C'est là une proportion que j'ai trouvée d'une manière à peu près constante, non seulement chez moi, mais aussi chez les personnes en traitement, toutes les fois que l'alimentation a été bien dirigée. Une augmentation sensible de l’urée, au-dessus de cette proportion, indique presque toujours une exagération des aliments azotés. Pendant la période où j'ai diminué les phosphates les 13, 14 et 45 novembre 1899 (voir le même tableau), je n'ai pu les faire des- cendre au-dessous de 1 gr. 20. C’est, en effet, cette quantité qui est approximativement contenue dans le pain, le vermicelle, le riz et le poulet qui composaient mon alimentation. Cette alimentation a été la suivante : Pain 0 OM M0 ferammes. | Beurren.|. LAMPE TAMNIESS Vermicelle #07 #0e0er0 — Huile enr "eee 0 — HZ Le ONONER O 0 _ AlcooYin). "EUR Podlet ri NET 0) — SUCRE. PURE 0 — _ SÉANCE DU 20 AVRIL A31 La quantité d'acide phosphorique excrétée pendant ces trois jours ayant été de 1 gr. 08, la quantité ingérée est restée supérieure à celle éliminée par les urines. Cependant, sans êlre sûr que la quantité ingérée a été inférieure aux dépenses totales de l'organisme (une partie des phos- phates ingérés s'éliminant autrement que par la voie urinaire), il me paraît probable qu’elle n’est pas éloignée de celle qui est à peine suffi- sante, puisque la quantité excrétée est tombée de 1 gr. 26 à 1 gr. 08. Il est même possible qu’elle soit réellement insuffisante. On peut donc considérer comme probable, au moins dans une cer- taine limite, que la quantité de phosphates éliminée dépend de celle qui est absorbée. CHLORURE DE SODIUM : 1° Avec une alimentation bien dosée, composée avec des aliments ordinaires et préparés selon nos habitudes, on peut considérer les dépenses normales en chlorures urinaires, comme com- prises entre O0 gr. 20 et 0 gr. 25 par kilogramme de notre poids. Pour mon poids de 58 kilog., la quantité de chlorures s’est élevée à 13 gr. 08 et à 13 gr. 63 pendant les périodes d'épreuves (voir le tableau précé- dent). * 2° Mais la quantité excrétée dépend surtout de la quantité absorbée ; elle a pu, en tout, s'élever à 25 gr., soit près de 0 gr. 50 par kilo- gramme. 3° Toutefois, je ne crois pas que, même en restreignant autant que possible le chlorure de sodium dans la préparation des aliments, la quantité excrétée par la voie urinaire puisse descendre au-dessous de 3 grammes, soit environ de 0 gr. 05 par kilogramme. Cette quantité semble donc être la dépense minima ; . 4° Le passage dans les urines du chlorure de sodium, si l’on exagère son ingestion, se fait en grande partie dans les vingt-quatre heures. On peut le considérer comme achevé dans les quarante-huit heures qui suivent l'ingestion. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 433 SÉANCE DU 27 AVRIL 1901 Mme RonpEau-Luzeau : Action des solutions isotoniques de chlorures et de sucre sur les œufs de Rana fusca. — MM. Turrier et G. Micran : Cytodiagnostic de la péri- tonite tuberculeuse et du kyste de l’ovaire. — M. Axpxé LomBARrp : Contribution à la physiologie des leucocytes. — M. A.-D. WALLEK : À propos d’une remarque de M. Weiss au sujet de l’action de la lumière colorée sur les feuilles vertes. — M. GEorGes Weiss : Rôle de la quantité d'électricité dans l'excitation des nerfs. — M. H. Rigaur : Action du violet de méthyle sur la fonction anticoagulante du foie, — MM. Boroter et Lecoure (de Lyon) : Action des courants de haute fréquence sur la quantité de chaleur produite par un animal. — M. H. Suruonr (de Lille) : Note préliminaire sur la préparation d’une cytotoxine pancréatique. M. P. Carnor : (Discussion). — M. H. Douinicr : Sur la formule hémoleucocytaire de la vaccine expérimentale du lapin. — MM. Cz. Recaup et A. Porrcarp : Sécrétion, par les cel- lules folliculeuses, d’un produit particulier, et accumulation de ce produit dans le protoplasma de l’ovule, chez le Chien. — MM. CL. Reeaun et A. PorrcarD : Étude comparative du testicule du Porc normal, impubère et ectopique, au point de vue des cellules interstitielles. — M. F. Cataein : Une nouvelle voie d'injection rachi- dienne. Méthode des injections épidurales par le procédé du canal sacré. Applica- tions à l'homme. — M. ANGEL GALLARDO : Les croisements des radiations polaires et l'interprétation dynamique des figures de karyokinèse. Présidence de M. Raïlliet, vice-président. ACTION DES SOLUTIONS ISOTONIQUES DE CHLORURES ET DE SUCRE SUR LES ŒUFS DE ana fusca. Note de M° RonpEAuU-LUZEAU, présentée par M. A. Grarn. (Communicalion faite dans la séance précédente.) Le 22 mars, j'obtins des sillons sur des œufs non fécondés de Ranua fusca après les avoir plongés pendant deux heures dans des solutions équiosmotiques de NaCIl à 1 p. 100 et de sucre à 10 p. 100. Les deux solutions donnèrent des résultats comparables : l'apparence de segmen- tation était la même dans les deux cas. Le stade 4 était visible sur quelques œufs, mais toujours incomplet; le cas le plus général était représenté par une segmentation très irrégulière d’une des moitiés de: l'œuf ; aucun des sillons n’atteignait le pôle blanc et souvent de petites sphérules se détachaient à la surface. B1oLociE. CoMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 34 13% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———————_—_—___ "|" ———_—_—"—"————"———"—"———”——"—"— Je fixai quelques œufs ; bientôt je vis les sillons disparaître peu à peu sur ceux qui restaient et la segmentation ne se continua pas. Je colorai sur coupes par l’alun de fer ammoniacal et l’hématoxyline, et je constatai que les cloisons, devant passer par l’un des diamètres de l'œuf, n’atteignaient jamais le quart de ce diamètre ; celles qui étaient complètes ne limitaient que de petites cellules; le Dinant était accu- mulé près des ébauches de sillons. Je ne pus déceler nettement la pré- sence du noyau, qui semble se fragmenter irrégulièrement. En résumé, rien de comparable au développement normal : ÿ a=t-il là un phénomène purement physique, dû à des différences de pressions, ou physico-chimique ? M. Bataillon semble croire que la pression osmo- tique seule agit dans tous les cas lorsqu'on traite des œufs, fécondés où non, par des solutions équiosmotiques de sels ou de sucre. À l'appui de sa thèse, il cite dans son mémoire sur la pression osmotique, l’action de cinq groupes de solutions isotoniques de NaCI, CaCl et de sucre sur: l'œuf de lamproie fécondé. Voici ses conclusions : « Les expériences dans lesquelles j'ai constaté un retard ou une suspension provisoire de développement sont des plus significatives au point de vue de. l'anhydrobiose. « D'autre part, les résultats obtenus paraissent indépendants de la compo- sition chimique des liquides employés : le point critique où la division est entravée, les troubles dans la marche de la segmentation, l'allure des ébauches, le stade fixe où l'évolution s'arrête pour chaque série, correspond nettement à des pressions osmotiques parallèles pour les divers milieux. » En vue de confirmer ces faits, je partageai en trois lots une ponte de Rana fusca immédiatement après la fécondation. Un de ces lots devait servir de témoin ; je mis les deux autres dans des solutions de NaCI à 4 p. 100 et de sucre à 10 p. 100. Deux heures après, je divisai . deux. lots en expériences en trois parties chacun : a, sel ; pb; sel; c'isel. a, SUCrE ; b, sucre ; CHISUERES a, fut laissé dans les mêmes solutions ; b, fut mis dans des solutions diluées de moitié ; c, fut remis dans l’eau pure. À ce moment, la segmentation n’était pas encore commencée. Le résultat général fut celui-ci : a (sel) ne dépassa pas le stade 4; quelques œufs remis dans l'eaw eo. heures environ après l'arrêt du développement, présen- tèrent des plages de cellules irrégulières ou des sphérules comparables à celles qui se formaient sur l'œuf non fécondé, tandis que les sillons primitifs n'étaient presque plus visibles. FR SÉANCE DU 27 AVRIL 435 a (sucre) alla jusqu'à la fermeture du blastopore avec une forte dépression au pôle supérieur. b {sel) donna des embryons dont la plupart présentaient des ano- malies, telles que la non-fermeture du blastopore avec présence du bouchon vitellin, anencéphalie par éclatement dans la région nucale ; ils étaient en retard de vingt-quatre heures environ. b (sucre) donna des embryons normaux, mais beaucoup mouraient à la sortie de l'œuf. On n'observait aucune différence entre c sucre ou sel et les témoins. En résumé, l’action des solutions salines ou sucrées se manifeste avec intensité sur l'œuf vierge des batraciens, puisqu'il y a commencement de segmentalion vraie ou fausse même lorsque le contact est très court. L'œuf fécondé, traité de la même facon, devrait subir, soit une accé- lération (si la solution agit comme le spermatozoïde), soit un retard, s'il y a simplement manifestation de phénomènes physiques, phéno- mènes dont la cause serait soit physique, soit physico-chimique, et devrait contrarier le développement normal. Au contraire, pour qu'il y ait retentissement sur les stades ultérieurs, Île contact doit être perma- nent, ou du moins se continuer jusqu’à une certaine période critique. Conclusions. — L'œuf, avant la fécondation, semble beaucoup plus sensible aux changements de milieu qu'après la pénétration du sper- matozoïde. J’ai déjà fait cette remarque dans d’autres expériences. En second lieu, il y a une différence marquée dans le développement de l'embryon des batraciens lorsqu'on le soumet à l’action des solutions isotoniques salées ou sucrées : CaCE à 1,4 p. 100 donne des morulas ; NaCI à 1 p. 100 tue l'œuf au stade #. Le sucre à 10 p. 100 n’a pas d'influence marquée jusqu'à la fermeture du blastopore. Ce moment marque le début d'une période très critique pour l'embryon. Jusque-là, le développement est régulier et il y a seulement une dépression au pôle supérieur. La différence est trop sensible pour qu'il n'y ait pas une action chimique spéciale pour cha- cune des solutions qui serait plus intense et plus nuisible avec les chlorures qu'avec le sucre et qui probablement s ‘ajouterait à l’action physique. Il peut se faire que, dans le cas de la parthénogenèse expéri- mentale, l’action physique seule agisse, le temps pendant lequel l’œuf est en contact avec les solutions étant (rop court pour que l'action chimique apparaisse. 4306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CYTODIAGNOSTIC DE LA PÉRITONITE TUBERCULEUSE ET DU KYSTE DE L'OVAIRE, par MM. Torrier et G. Micran. (Communication faite dans la séance précédente.) On sait combien il est parfois difficile de distinguer cliniquement la péritonite tuberculeuse du kyste de l'ovaire. L'erreur de Spencer Wells, à ce sujet, est devenue classique. Semblable difficulté n'existera plus dorénavant grâce au cytodiagnostic. Une ponction exploratrice et l'examen cytologique du liquide, même sans coloration préalable, suffiront à leverimmédiatement tous les doutes. Nos recherches ont porté sur trois cas : Le premier a trait à une femme porteur d'un épanchement abdominal et chez qui on hésitait entre ascite cirrhotique, péritonite tuberculeuse et kyste de l'ovaire. L'opération montra qu'il s'agissait d’une de ces formes de péritonite tuberculeuse, décrites autrefois sous le nom de péri- tonite a frigore; la péritonite relevait ici de la tuberculose d’une trompe. La trompe fut extirpée. Les frottis de trompe et la coloration au Ziehl ont permis d'affirmer la tuberculose par la mise en évidence du bacille. Les recherches cytologiques ont porté sur le liquide extrait par ponction avant l'opération. Le deuxième cas était un kyste de l'ovaire dont le disaibane clinique n'était pas non plus absolument évident, quoique très vraisemblable: L'examen cytologique a porté sur le liquide extrait avant l'opération. La laparotomie a permis d'enlever le kyste, qui à été examiné histologi- quement. Le troisième cas est plutôt là comme ‘confirmation du précédent. Il s'agissait d'un kyste de l'ovaire à pédicule tordu, qui fut enlevé par lapa- rotomie. L'examen cytologique fut fait sur le liquide du kyste après ablation de celui-ci. Voici les résultats obtenus. Péritonite tuberculeuse : Il existe de nombreuses cellules visibles à l'examen direct sans centrifugation : globules rouges et cellules nucléées. Par millimètre cube, la numération révèle environ 156 hématies et 46 cellules nucléées. Les cellules nucléées sont composées de la manière approximative sui- vante ; pour cent cellules on trouve : PolyNuC lé AIRES EMA LS RS LÉ SNS El Lymphocvtes et mononucléaires. 0 CI CRÉPS ETE te ie 70) Grandes-cellules afdeux noyaux 0 0 3 Cellules vraisemblablement Ed eee en 8 SÉANCE DU 27 AVRIL 437 en un mot, prédominance de leucocyles dont la très grande majorité sont des mononucléaires. Kyste de l'ovaire : Les éléments cellulaires sont bien moins abondants que dans la péritonite tuberculeuse, aussi est-il nécessaire d'examiner le dépôt après repos ou le culot de centrifugation. Les cellules qu'on y rencontre sont extrêmement variées de forme, mais les plus nombreuses en même temps que les plus caractéristiques sont de trois sortes, qui se présentent à l'examen direct dans le liquide sous les aspects suivants : les unes petites, de la dimension d’un lym- phocyte, à contour linéaire, sans noyau apparent, avec cinq ou six gra- nulations réfringentes disposées en cercle et qui sont peut-être des grains chromatiques appartenant au contour d’un noyau. Cette catégorie de cellules est assez abondante, mais n’est pas très caractéristique. Il n’en est pas de même des deux autres : on voit en effet une multi- tude de cellules volumineuses, cinq fois grandes comme un leucocyte, rondes ou plus souvent ovalaires, qui sont bourrées d'une multitude de vacuoles : et enfin des cellules allongées cylindriques ou caliciformes, qui portent à l'un des pôles une touffe de cils vibratils tout à fait nets tandis qu'à l’autre existe le noyau. On trouve encore dans ce liquide des hématies, et des cristaux trian- gulaires et plats dont l’un des côtés est généralement irrégulièrement brisé. L'examen du liquide du kyste de l’ovaire à pédicule tordu nous a montré les mêmes éléments cellulaires mêlés à une multitude de glo- bules rouges dus à l’apoplexie du kyste. Il nous a été facile de voir sur plusieurs préparations de kyste de l'ovaire faites par nous à des dates antérieures, que ces différents éléments cellulaires existaient dans les cavités des petits kystes secondaires des parois, ce qui confirme bien l'exactitude de nos recherches. En résumé, il est possible de conclure d’après ces faits, que le cyto- diagnostic différencie d’une manière absolue la péritonite tuberculeuse du kyste de l'ovaire. Le liquide de la péritonite tuberculeuse à forme ascitique est à lymphocytes; le liquide du kyste de l'ovaire renferme une très grande variété de cellules, dont les plus caractéristiques sont de grosses cellules rondes ou ovalaires pourvues d'une multitude de vacuoles, et des cellules cylindriques dont l’un des pôles présente une touffe de cils vibratils. L'examen direct du liquide sans coloration est le meilleur procédé pour mettre en évidence ces différents éléments cellulaires. 438 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CONTRIBUTION A LA PHYSIOLOGIE DES LEUCOCYTES, par M. Annré LoMBARD. (Communication faite dans la séance précédente.) En même temps que nous recherchions où était emmagasinée la substance toxique que nous injections à des animaux réfractaires, et après nous être bien assuré qu'elle était dans les leucocytes, nous avons recherché s'il y avait des variations dans le nombre de ces cellules et dans celui des globules rouges. Nous ne nous sommes pas occupé, pour l'instant, 7e hématoblastes, ni de la variété de leucocytes dont le nembre était le plus modifié. Nos recherches ont porté sur l’atropine et sur la strychnine. Toutes nos observations nous ont conduit aux mêmes résultats, de telle sorte qu'il nous parait suffisant d’en JTIGUES | une seule ayant trait à chaque alcaloïde. Nous avons toujours fait la prise de sang à la cuisse de l’animal, et c'est toujours une demi-heure après l'injection de la substance toxique que nous avons fait le second examen de ce sang. OSERVATIONS. — Atropine. — Chez un cobaye mâle de 310 grammes, nous avons trouvé, par millimètre cube : Éeucocytes Mer AE rene TO HET ALES SAUT Re RER 2 OH OAOUUR y Après l'injection de 0 gr. 40 de sulfate d’atropine, nous avons compté : Leucocytes. LG SE LE Ne Sr Qu NOR RON < Hématiesi sit CR eee 004000 de telle sorte que le rapport initial de 1 leucocyte pour 740 hématies était devenu 1 p. 600. J Strychnine. — Après avoir compté chez un cobaye mâle de 435 grammes, par millimètre cube : Leucocyies Enr Ps ere PA NE OS 2) HÉmMates AA PNR DAS ANS MONS NON 5 NOR CRIE (DID nous avons trouvé, après avoir injecté 0 gr. 005 de sulfate de strychnine : ReUCOEM LES ANNE CC PEN ANTERNN EN ES SG0 Hématie semer ete PNR SM SS DA Les globules blancs, qui étaient aux globules rouges dans le rapport de 1 à 1,045, étaient donc ensuite dans celui de 1 à 985. Conclusions. — De la postes des résultats obtenus, nous croyons pouvoir conclure : | 1° L'hyperleucocytose est constante après l'injection d'atropine ou de strychnine à un animal réfractaire ; SÉANCE DU 27 AVRIL 439 2 Elle est d'autant plus manifeste que l’animal est plus réfractaire; 3° Elle est d'autant plus manifeste aussi que la dose injectée est plus ressantes : 1° La technique actuelle pour l’étude clinique de la coagulation du sang est grossière et ne peut être employée utilement. Elle donné des renseignements sur le pouvoir coagulant de la peau et non pas sur la coagulabilité vraie du sang. % Dans les maladies hémorragipares, il existe à côté de la crase sanguine une crase tissulaire que modifierait peut-être une opothérapie appropriée. 3° L'hémophilie, en particulier, peut être distinguée en hémophilie locale tissulaire, la plus fréquente sans doute, et en hémophilie générale sanguine. SÉANCE DU 1° JUIN 579 DIFFUSION DES MATIÈRES COLORANTES DANS LA GÉLATINE ET [DANS L'EAU, par MM. CALUGAREANU et Vicror Hänrr. Plusieurs auteurs (Graham, De Vries, Chabry, Voigtländer, etc.) ont comparé la vitesse de diffusion de différents corps dans l’eau et dans des solutions gélifiées de gélaline ou d’agar-agar. Ces expériences faites presque exclusivement avec des corps anorganiques ont montré que la vilesse de diffusion était la même dans l’eau et dans les solutions géli- liées. L’explication de ce fait, paradoxal en apparence, avait été donnée par plusieurs auteurs, qui supposent que l'état de gélification est dû à la formation de « magma » ou de mailles suffisamment grandes, de sorte que les mouvements des petites molécules des corps anorganiques se produisent dans un tel milieu tout aussi bien que dans l’eau. Nous avons repris ces expériences de diffusion avec des solutions salines (sulfate de cuivre, acétate de cuivre, alun de chrome), avec différentes substances colorantes et des corps plus complexes, tels que le carmin et l’oxyhémoglobine. Nous communiquons maintenant les premiers résul- tats sur la diffusion des substances colorantes. Dans des tubes à essai de 20 millimètres de diamètre et de 20 centi- mètres de longueur, nous versons au fond 10 centimètres cubes d’une solution de la substance étudiée faite dans de l’eau contenant 10 p. 100 de gélatine ; cette solution colorée est ramenée à la température de l’ex- périence, c'est-à-dire à 0, à 25 ou à 40 degrés. Nous versons ensuite au- dessus 40 centimètres cubes d’eau ou de solution contenant 1, 3 ou 5 p. 100 de gélatine. Les tubes sont placés à une température constante ; pour éviter l'évaporation, nous recouvrons les solutions d’une couche d'huile de paraffine. Des expériences parallèles ont été faites avec la gélatine pure du commerce et une gélatine purifiée par dialyse pendant trois semaines et desséchée au vide sulfurique (la pureté de cette dernière gélatine est contrôlée par la mesure de la résistance électrique; la conductibilité spécifique d’une solution à 1 p.100 à été trouvée égale à 0,000026). Les résultats obtenus ont été les mêmes. Les substances colorantes étudiées étaient : le crystallviolet, le violet de méthylène, la fuchsine acide, l’orangé G ; les solutions mises au fond des tubes contenaient 0 gr. 2 de substance colorante pour 100 centimètres cubes (d’eau plus gélatine 10 p. 100). Résultats : Tandis que, pour les sels, il n'existe pas de différence sen- sible entre les solutions gélifiées et l’eau, il existe une différence très nette pour les substances colorantes étudiées par nous. Ainsi, à 25 degrés au bout de vingt-quatre heures, l’eau se trouve colorée jusqu’à la partie supérieure du tube, la solution de gélatine à 1 p. 100 est presque aussi BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 45 580 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE colorée que l’eau ; tandis que, dans les solutions de gélatine à 3 et à 5 p. 100, la substance colorante n’est montée que de 2 à 3 centimètres; or, à 25 degrés, ces deux solutions sont gélifiées. En faisant les mêmes expériences à 40 degrés, température à laquelle ces solutions ne sont pas gélifiées, on n'observe presque pas de différence au point de vue de la vitesse de diffusion entre l’eau et la solution contenant 1,3 et 5 p. 100 de gélatine. Enfin à 0 degré, il existe une différence très nette entre la diffusion dans l’eau et dans la solution à 1 p. 100, laquelle est à la limite de gélification. Il semble donc que ces différences dans la vitesse de diffusion des matières colorantes sont liées à l’état gélifié ou non gélifié de la solution. Nous avons refait les mêmes expériences avec des solutions d’agar- agar purifié par dialyse, et les résultats obtenus ont été identiques aux précédents. 5 En résumé : il n'existe pas de différence appréciable entre la vitesse de diffusion dans les solutions gélifiées et dans l’eau pour les corps anorga- niques de structure moléculaire simple ; au contraire, pour les matières colorantes éludiées par nous, la diffusion est bien plus lente dans les solutions gélifiées que dans l’eau. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) CONDITIONS MÉCANIQUES DE LA SYSTOLE VENTRICULAIRE ; INFLUENCE DE CES CONDITIONS SUR LA FORME DE LA SECOUSSE MUSCULAIRE, (Première note). L par M. H. GiLaRpont. (Communication faite dans la séance précédente.) Nous avons cherché, vérifiant une hypothèse de Marey, à démontrer que la forme si caractéristique de la courbe de la secousse ventriculaire à l’état physiologique n'est due qu'aux variations de la résistance que vainc le myocarde pendant la systole et n’est pas la traduction de pro- priétés particulières à ce muscle. Pour ce faire, nous avons cherché expérimentalement ce que devient la courbe de contractions d’un muscle squelettique travaillant sur une résistance de forme analogue à la pression inlraventriculaire. Praliquement, les contractions volontaires du fléchisseur des doigts produisaient les systoles d’une circulation artificielle dans laquelle les différences de pression du sang, à l'entrée et à la sortie du cœur, étaient soigneusement respectées. Les courbes du raccourcissement musculaire étaient enregistrées par l'ergographe de Mosso. SÉANCE DU 1°" JUIN 581 —— À signaler seulement la construction du ventricule artificiel fait d’un segment de cæcum de mouton tanné de 5 centimètres de long, ficelé sur deux bouchons plats, l'un fixe, l'autre mobile, et auquel est attelé le doigt (pas de frottements, très peu d'inertie) et des soupapes représentant les valvules sigmoïdes et auriculo-ventriculaires; le siège est une lame de verre horizontale percée d'un trou, le clapet une lamelle de microscope (étanchéité parfaite, pas de frottements, pas d'inertie). Les tracés ci-joints montrent les résultats. Une courbe en trois par- Tracé 1. Tracé 2. Tracé 3. Tracé 4. Tracé 5. ties : 4° ascension brusque ; 2° portion que j'appellerai plateau ascen- dant; 3° descente (tracé 1). Si l’on enregistre la contraction de l'annu- laire moins fort que le médius, le plateau ascendant est sensiblement parallèle à l’axe des abscisses (tracé 2). Cette forme des tracés n'est pas due à une constance de l'appareil, car si l’on supprime le clapet de la soupape « sigmoïde » on réalise une résistance constante et on obtient une courbe sans plateau (tracé 3). Si dans le même appareil on remplace le muscle par du caoutchoue, on oblient des tracés sensiblement superposables aux précédents (tracés 4 et 5). Ces courbes ressemblent évidemment aux tracés classiques du cœur; cependant, on observe entre elles et ceux-ci des différences notables; en 582 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE particulier, nous obtenons toujours un plateau plus ou moins ascendant, alors que dans les tracés du cœur le plateau est toujours horizontal ou descendant. Dans une prochaine communication, nous nous proposons de préciser ce point. MYOGRAPHE A POIDS VARIABLE POUR L'ÉTUDE DES CONDITIONS MÉCANIQUES DE LA SYSTOLE VENTRICULAIRE, par M. GILARDONI. J'ai voulu faire travailler, dans les conditions antérieurement décrites, un gastrocnémien de grenouille pour comparer au myocarde ce type classique du muscle; cette nouvelle expérience était d’ailleurs néces- saire, parce que la précédente est passible, entre autres, de l’objection suivante : la contraction volontaire d’un groupe de muscles est un phé- nomène complexe, différent d’une secousse, et soumis à une continuelle régulation nerveuse; cette expérience ne permet done pas de tirer une conclusion légitime relative aux propriétés d’un muscle. Je n’ai pas pu réaliser un modèle d'appareil hydraulique dans des conditions convenables pour être attelé à un gastrocnémien, mais la forme de résistance fournie par cet appareil peut être donnée par les dispositifs les plus divers; peu importe qu'ils s’éloignent plus ou moins de l'aspect d'une circulation, pourvu qu'ils réalisent les conditions mécaniques abstraites que nous voulons étudier, c'est-à-dire une résis- tance rapidement croissante devenant constante à partir d'un cerlain point. Le myographe à poids ordinaire peut réaliser ces conditions par une modification très simple de son dispositif. Dans cet appareil, le rnuscele travaille sur une résistance considérée comme constante, représentée par un poids qui pend librement dans l'air. Si nous donnons à ce poids la forme d’un cylindre qui aura une section relativement très grande par rapport à sa hauteur et que nous le fassions flotter sur un bain de mercure, la résistance représentée par ce poids, nulle au départ, croit rapidement à mesure que le cylindre émerge du mercure pour s'arrêter à une valeur constante à parlir du moment où le poids est complète- ment émergé. On voit que l’on peut obtenir une variation de résistance de la forme que l’on voudra, en variant, outre la grandeur absolue du poids, la forme de ce poids, notamment le rapport de sa section à son diamètre; mais il est nécessaire, pratiquement, que sa face inférieure soit constituée, non par une section plane, mais par une cealotte sphérique (qui peut être, d’ailleurs, de très grand rayon), pour éviter les eflets de la pression atmosphérique, qui collerait une surface plane à la SÉANCE DU 1° JUIN —— 89 surface du mercure. Il est évident, d'autre part, que le musele et le poids doivent être reliés par des fils inextensibles et exactement tendus. Sur un muscle ainsi attelé, je prends trois enregistrements simultanés : L° Le raccourcissement donné par le myographe simple; 2 Le gonflement donné par un cardiographe ordinaire, com- prenant le musele entre ses cuil- lerons; 3° La tension au point fixe donnée par un myographe iso- métrique de Weiss, fonction- nant comme dynamomètre. De même que le dispositif de la communicalion antérieure, ce dispositif ne nous donne les résultats qui nous intéressent qu'à la condition d’un certain réglage, c'est-à-dire dans des limites assez élroites de varia- tion de la résistance par rap- port à la force du muscle. Le poids doit être considérable par rapport aux poids générale- ment employés dans la myogra- phie, mais, en outre, il est né- cessaire que le changement de forme de la résistance, c'est-à- dire le point de passage de la résistance croissante à la résis- tance constante, tombe à une certaine phase du raccourcisse- ment musculaire. Le réglage se réalise facilement par le dispo- sitif suivant : le bain de mer- \ Fer cure est mobile verticalement au-dessous du poids atlelé au muscle. On le met d’abord dans une position telle que le poids ne le touche pas; l'appareil fonctionne alors comme un myographe ordinaire, puis, soulevant le bain de mercure, à chaque fois d’une très petite quantité, on fait plonger de plus en plus le poids; à chacune de ces positions, on détermine une contraction du musele avec une excilation électrique 581 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du nerf, toujours la même. Voici les résultats imbriqués verticalement. Dans les deux derniers tracés (les plus inférieurs), on voit nettement un changement d’allure de ia secousse avec une sorte de plateau asecen- dant et un allongement notable de l'ensemble de la secousse (fig. 1). On a des secousses isolées de ce genre, mais plus étalées, par une ro- tation plus rapide du cylindre, dans les figures 2 et 3. Ces deux der- nières courbes correspondent bien à l'interprétation mécanique détaillée du phénomène.Je renverrai à plus loin pour cette interprétation du phé- nomène; il me suffit de signaler ici qu’on obtient l'allongement de la courbe avec plateau ascendant dans les cas où le poids quitte le mer- Fic. 2. IAE cure, c’est-à-dire où la résistance devient constante à une période rela- livement tardive du raccourcissement musculaire. Lorsque le poids est faible par rapport à la force du muscle, en pro- cédant comme ci-dessus on obtient un allongement de la partie ascen= dante de la courbe, c’est-à-dire un ralentissement dans le raccourcisse- ment du muscle, mais point de plateau. MYOGRAPHE A RESSORT DE TORSION POUR L' ÉTUDE DES CONDITIONS MÉCANIQUES DE LA SYSTOLE VENTRICULAIRE, par M. GiLARDoONI. L'appareil décrit dans la note précédente présente une inertie consi- dérable; il était nécessaire de réaliser une variation de résistance ana- logue à celle de la pression intra-ventriculaire avec des conditions très. différentes, de facon à éliminer l'hypothèse toujours possible que la courbe qui nous paraît inléressante dépendrait des conditions autres. que celles que nous avons considérées et auxquelles nous pensons pou- voir la rapporter. On peut réaliser, en opérant avec un ressort de torsion, une résistance: SÉANCE DU 1° JUIN 585 applicable à un gastro-cnémien de grenouille d’abord croissante puis à peu près constante et ne présentant qu'une inertie tout à fait minime. Si l’on agit sur un ressort de torsion au moyen d'un fil attelé à un levier très léger et orienté d’abord à près de 180° de la direction de la force, le déplacement angulaire de ce levier produit les deux moditica- tions suivantes : 1° La résistance du ressort augmente proportionnellement à l'angle décrit (loi de Coulomb) ; 20 Le moment de la force augmente; dans l'intervalle angulaire com- pris entre 4160 et135 degrés, l'augmentation dulevier effectif est à peu près proportionnelle à l'angle, il est facile de le constater par une construc- tion géométrique très simple. Le résultat est donc une résistance à peu près constante dans ces conditions. Sur l'appareil que j'ai fait construire, en opérant avec des poids, le levier décrivait cet angle de 25 degrés sous une surcharge de 4/20. Nous obtenons donc ainsi avec un ressort Tracé 4, Tracé 5. de torsion une résistance constante à 1/20 près, dans un intervalle angu- laire largement suffisant pour des études myographiques. Il faut obtenir une phase de résistance rapidement croissante; pour cela, au lieu d’atteler le muscle sur le levier précédent, on l’attelle surun levier inter- uédiaire ainsi constilué : Le fil qui vient du ressort estattaché à un levier solidaire d'un secteur circulaire, le tout étant mobile autour d’un axe. Un fil part de l'extrémité du levier, passe sur le secteur, ets’attache au muscle, Quand celui-ci se contracte, l'appareil tourne et son bras de levier, égal au rayon du secteur, reste constant, tandis que le bras de levier du ressort, égal à la projection du levier sur le rayon du secteur, croît; donc résistance croissant jusqu'au moment où l'appareil a suffi- samment tourné pour que le fil qui va au muscle quitte le secteur; alors le bras de levier du muscle croît en même temps que le bras de levier du ressort, la résistance est constante. Nous trouvons ici encore qu'il y faut un réglage de la grandeur de la résistance, par rapport à celle du muscle, comme dans les autres appareils; ce réglage s'obtient par une tension préalable du ressort, au 586 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE moyen d'un engrenage et d’une vis sans fin. Le réglage du moment de la contraction où la résistance devient constante, s'obtient en déplaçant le muscle dans le plan horizontal, de façon à rouler le fil sur un arc plus ou moins considérable du secteur circulaire. Comme sur les dispositifs précédents, nous trouvons les variations caractéristiques de la courbe avec les deux mêmes conditions, c’est-à- dire résistance considérable et changement de forme de la résistance vers la fin de la période de raccourcissement du muscle. Il faut noter qu'avec le dispositif présent, la zone dans laquelle le phénomène se produit est extrêmement étroite, et que même dans les meilleures condi- tions le phénomène est relativement peu marqué, c'est-à-dire que s’il y a incontestablement inflexion de la courbe, la seconde partie est peu considérable et ne fait qu’un angle assez petil avec la portion précédente (voir tracé 4). On peut rendre le phénomène beaucoup plus apparent et donner nettement à cette seconde partie de la courbe l’apparence d’un plateau, en introduisant dans l’appareil des frottements supplémentaires, au moyen d'un petit morceau de liège astreint à suivre le mouvement du levier, en frottant sur la platine de l’appareil (voir tracé 5). Nous avons ainsi réalisé la même expérience avec trois dispositifs essentiellement différents, il nous reste à montrer comment ces résul- tats peuvent s'appliquer au travail du myocarde. (Travail du laboratoire de physologie de la Sorbonne.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. : 4 ; 5817 SÉANCE DU 8 JUIN 1901 MM. FerNanD ARLOING (de Lyon) et F. ne Gesmarpr (de Budapest) : Sur les pro- priétés chimiotaxiques d’un sérum antituberculineux. — M. le Dr Onrmus : Des procédés pour détruire les moustiques. — M. Arsexr FRrouIN : Sur le pouvoir digestif de la sécrétion gastrique. — M. Cu. Féré : Note sur l'influence de la théobromine sur le travail. — M. F. Careun : Un mot d'histoire à propos des injections épidurales par le canal sacré, et notes anatomiques. — M. F. CATRELIN : Du meilleur procédé d'abord de la voie épidurale (procédé du canal sacré), indi- cations médicales de la méthode.— M. C. Paisazix : Recherches sur la maladie des chiens. Vaccination du chien contre l'infection expérimentale par le bacille spéci- fique. — M. Max Eccer (de Soleure, Suisse) : Contribution à la topographie radicu- laire et périphérique des vaso-moteurs de l'extrémité supérieure chez l'hom me. — M. Georces Weiss : La formule générale de l'excitation électrique et la réaction de dégénérescence. — M. F. Dévé : De l’échinococcose secondaire embolique. — M. Sacomon : Ponction lombaire dans un cas d’hémorragie générale. Liquide céphalo-rachidien sanguinolent. Présence de sucre. — M. Maurice NicLoux : Sur la présence de l’oxyde de carbone dans le sang du nouveau-né. — M. J. Joczy : Sur quelques points de la morphologie des leucocytes. — MM. CL. Recaup et A. Pozr- CARD : Fonction glandulaire de l’épithélium ovarique et de ses diverticules tubuli- formes chez la chienne. — M. Cr. Recau» : Note sur les cellules glandulaires de l’épididyme du rat. — MM. GataviELce et Aousr : Expériences sur les propriétés de la bile radique à l'égard du virus fixe. — MM. Ca. Acuar» et M. Losrer : Sur la concentration relative du sérum sanguin et des sérosités pathologiques; ses rapports avec la marche des épanchements. — MM. On. Acarp et M. LoœpERr : Sur la cryoscopie des épanchements pathologiques et ses rapports avee leur nature. Présidence de M. Bouchard. SUR LES PROPRIÉTÉS CHIMIOTARIQUES D'UN SÉRUM ANTITUBERCULINEUX, par MM. FEerxanD ARLOING (de Lyon) et F: DE GEeBuarpr (de Budapest). (Communication faite dans la séance précédente.) Si, à de fréquentes reprises, on inocule des bacilles de Koch très virulents, dans le tissu conjonctif sous-cutané d’un animal qui présente normalement une grande résistance à la tuberculose, la chèvre par exemple, on peut retirer de ce sujet un sérum généralement appelé anti- tuberculeux, mais que MM. S. Arloing et Guinard ont désigné sous le nom de sérum antituberculineux (1), pour se maintenir dans la réalité (1) Congrès internat. de médecine, section de bactériologie, Paris, 1900. B1O0LOGI1E. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII 46 588 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des faits. En effet, ce sérum jouit de propriétés antitoxiques très netles, tandis qu'il est incapable de montrer des propriétés préventives ou curatives. Nous nous sommes demandé si ce sérum exerçait sur les globules blanes une action chimiotaxique positive, ses qualités antitoxiques ne semblant pas devoir, à priori, la revêtir d’un tel apanage, puisque d'or- dinaire on l'attribue presque exclusivement aux sérums préventifs et curalifs. Nous inspirant d’une méthode employée autrefois par Onimus et le professeur Lortet, nous avons, à cet effet, employé des sacs de baudruche à la place de sacs de collodion. Après avoir été stérilisés, ils étaient remplis du liquide que nous observions et laissés, de vingt-quatre à quarante-huit heures, dans la cavité péritonéale du lapin. Nous avons fait des séries de recherches comparatives sur le pouvoir chimiotaxique: 4° du bouillon de culture ordinaire (bouillon de bœuf salé à 7 p. 1000 et peptoné à2 p. 100); 2° du sérum de chèvre normale; 3° du sérum antitubereulineux manifestant un pouvoir agglutinant très net à 1/80 sur le bacille de Koch en cultures homogènes suivant le procédé d’Arloing et P. Courmont. Nous ne donnerons ici qu’un résumé de nos travaux, nous réservant de les développer ultérieurement. (Les nom- bres exprimés indiquent ceux des leucocytes contenus par millimètre cube sans dilution du liquide observé, lequel était absolument stérile.) I. Bouillon de bœuf ordinaire. 24 GLOBULES BLANCS 64 GLOBULES BLANCS e Les numérations quantitatives n’ont révélé qu’un nombre très faible de polynucléaires. II. Sérum de chèvre normale. À 49 LEUCOCYTES 62 LEUCOCYTES Contenant : — « LA Lymphocytes. 1 p. 100 2 p- 100 Mononucléaires 15 Ge Mono daanonsipales her E DCE Polynucléaires. MIS Ses 90 — Polyn Méosinopies PME ENON QE III. Sérum antituberculineux. 234 ceucocyres 445 LeucocyTes 680 LEUCOCYTES Comprenant : — Lymphocytes . . . . 1,5 p. 100 OP -M00 4,3 p. 100 Mononucléaires . 3 — 3,3 — 6,1. — Monon. à noy. pâle . 415 — () — LAN 93 — 96,1 — 89,8 — Polynucléaires . . Polyn. éosinophiles . 1 — 0,5 — CNRS SÉANCE DU 8 JUIN 589 Dans un essai avec du sérum antidiphtérique, possédant 200 unités antitoxiques, nous avons compté 190 leucocytes par millimètre cube et 90 polynucléaires pour 100, les variétés de mononucléaires complétant le pourcentage. | Voulant connaître, sans nous y attacher spécialement, si les résultats observés sur le lapin se manifesteraient aussi chez le cobaÿe, nous avons fait des numérations avec du bouillon et du sérum antituberculineux. Chez cet animal, le sérum antitubereulineux à attiré presque quatre fois plus de leucocytes que le bouillon du bœuf; seulement, au point de vue qualitatif, l'augmentation s'est faite sur les mononuceléaires. Soit : Bouillontiefbœutrordinaice EE RC 00 712 leucocytes SÉRIE ETCULIN UNE TE 102000) — En résumé, le sérum antituberculineux que nous venons d'étudier, obtenu par la réaction de l'organisme de la chèvre en présence du bacille de Koch virulent introduit dans le tissu conjonctif, est donc pourvu — comme la plupart des sérums immunisés — d’un pouvoir chi- miotaxique positif lrès développé; pourtant il est inefficace à protéger contre l’inoculation du bacille de Koch. L'introduction d’une substance dont le pouvoir chimiotaxique positif est accru par un excitant spécifique, soit avant, soit après l’inoculation du bacille de Koch, ne suffit donc pas à assurer la destruction phago- cytaire du bacille et la protection de l'organisme. (Travail du laboratoire du professeur S. Arloing.) DES PROCÉDÉS POUR DÉTRUIRE LES MOUSTIQUES, par M. le D° Onimus. (Communication faite dans la séance précédente.) Depuis quelque temps, il a été beaucoup question des moustiques et de la manière de se préserver de leurs piqüres. Bien des procédés ont été indiqués et nous les avons tous expérimentés, car voilà quelques années que nous habitons une région où, même en hiver, la présence de ces animaux est un des plus grands inconvénients. Il faut bien le dire, aucun moyen n'est absolument efficace, car le moustique est un animal très bizarre, n’aimant pas qu'on change ses habitudes, mais s’habituant assez rapidement à tous les moyens que l’on invente pour l’éloigner. C'est pour cela que l’on a préconisé plusieurs essences, l’eucelyptus, par exemple, et l’on croit généralement que les habitations saturées d’eucalyptus sont indemnes. Nous avons fait une enquête à ce sujet, et les personnes habitant des maisons ombragées d'immenses euealyptus 590 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous ont déclaré qu'elles en avaient autant, si ce n’est plus peut-être, qu'ailleurs. Cela peut être vrai, car le moustique ne recherche que l'ombre et l'humidité. Pour d’autres essences, comme celle de cajeput, il se présente un fait assez bizarre : celle-ci réussit admirablement dans certaines régions, à Paris, par exemple, et cesse d’être efficace dans le Midi de la France ou en [lalie. L'essence de pétrole, qu’on a beaucoup vantée, est utile pour détruire les larves, mais si, dans les premiers temps, l'insecte ailé s’en éloigne, il finit par s’y habituer. Un seul produit donne d'excellents résultats : c’est le pyrèthre, soit à l'état de poudre, soit à l’état de teinture. En brülant dans ma lampe à mousse de platine de la teinture de pyrèthre, j'ai éloigné constamment toutes les espèces de moustiques. On peut résumer les différents procédés de cette facon : pour les larves, le pétrole ; pour l’insecte ailé, Le pyrèthre. À côlé de ces moyens, il en est d’autres que l’on doit ne pas ignorer, car ils rendent de grands services, et, parmi ceux-ci, il faut citer, en premier lieu, le moustiquaire. Seulement, on a tort de le faire très grand et de le laisser entourer le lit toute la journée. Il faut, au con- traire, tous les matins, le rouler, et ne le déplier qu'au moment de se coucher. Enfin, il-faut se rappeler que le moustique a horreur des courants d'air. Sur les cours d’eau, 1l ne se tient jamais dans les points où le courant d'eau met l'air en mouvement. Au bord de la mer, jamais on n’en trouve dans les points éventés. Dans les chambres, il a bien soin d'aller se réfugier dans les encoignures, ou derrière les rideaux, ou dans les moustiquaires. Aussi, et ce moyen nous à très bien réussi, loin de fermer les fenêtres, nous établissons une aération active. Ils n’approchent pas des personnes Le s'éventent, et l'éventail méca- nique serait utile pendant le sommeil. Nous avons songé à un appareil ventilateur actionné par un mécanisme d’horlogerie, mais la nécessité de remonter cet appareil au bout de quelques heures le rend peu pra- tique. Il n’en serait plus de même si l’on peut utiliser un courant élec- trique, car celui-ci peut être employé constamment. SUR LE POUVOIR DIGESTIF DE LA SÉCRÉTION GASTRIQUE, par M. ALBERT FROUIN. (Communication faite dans la séance précédente.) L’étude du pouvoir digestif du suc gastrique présente une certaine importance au pointde vue physiologique. Les variations de la sécrétion LS SÉANCE DU 8 JUIN 591 totale et de l'acidité sont en effet intéressantes, mais il est utile de savoir si la quantité de pepsine augmente ou diminue parallèlement avec la quantité et l'acidité du suc gastrique. J'ai expérimenté sur un animal à estomac séquestré, opéré depuis 10 jours; l'expérience a duré 9 jours consécutifs, pendant lesquels sous l'influence de sels minéraux (les autres conditions alimentaires restant les mêmes) la sécrétion gastrique a subi de grandes varialions. Le pouvoir digestif a été déterminé par la méthode pondérale, en fai- sant agir 40 c. c. de suc gastrique pendant vingt-quatre heures à l'étuve à 38 degrés sur 5 grammes d’albumine d'œuf coagulée et finement divisée. Le résidu de la digestion a été recueilli à la trompe sur double fillre, taré, lavé, séché à 100 et pesé. L’albumine initiale laissait pour 3 grammes un résidu sec de 0 gr. 723. Les résultats sont rap- portés à la quantité d'albumine digérée calculée sèche. (2) (3) (4) (5) HEMALS ASE TE MO IONCEAC 2,88 0,403 0,571 NA PSP Sr re 1) 3,43 0,505 0,623 13 — ARC ETAT) JAO 0,513 0,618 14 — TE es Ne A) Jo 0,413 0,613 AGENT ARTS 3,58 0,616 0,625 ARE RATES SS 4,23 0,658 0,627 ASE TURC SS 4,16 0,653 0,625 OR RSS er RL OA10 3,9% 0,626 0.623 A0 tes 0027) 4,12 0,626 0,624 Ss Les nombres de la colonne 2 représent les quantités émises en 24 heures; ceux de la 3° colonne, les quantités d'acide chlorhydrique libre pour 1.000 c. c.; ceux de la colonne 4, le poids d'album. sèche digérée en 24 heures, par 10 c. e. de suc gastri- que; et ceux de la 5e, le poids d'albuw. sèche digérée en 24 heures, par 10 C. c. de suc gastrique ramenés au même volume et à la même acidité. Il résulte de l'examen des chiffres de la troisième colonne du tableau précédent que les pouvoirs digestifs des liquides sécrétés pendant cette période augmentent avec la quantité et l’acidité du liquide. La conclusion habituelle que l’on tire d’un fait semblable en physiologie, c'est de dire que la sécrétion la plus active contient le plus de pepsine parce qu'on oublie trop facilement que le pouvoir digestif dépend : 1° de la quantité de ferment; 2 de l'acidité; 3° de la dilution. D'après cette loi générale, si l’on veut connaître la part qui revient à l’un de ces facteurs dans la digestion, il faudrait connaître ce qui est imputable aux deux autres ; et si l’on veut apprécier la quantité de pep- sine contenue dans une sécrétion, on ne peut le faire que comparative- ment avec une autre sécrétion de mêmie titre et de même acidilé. Si on fait cette opération en ajoutant de l'eau et de l'acide en quantité suf- fisante pour amener le volume de chacune des sécrétions journalières à 820 centimètres cubes et l'acidité à 4 gr. 42 par litre, on voit que les pouvoirs digestifs, très variables au début, deviennent sensiblement égaux, ainsi qu'il résulte de l'examen des chiffres de la dernière colonne du tableau. C’est pour avoir méconnu ces principes élémentaires de comparaison que 592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pavlov et ses élèves, en étudiant l’action de différentes substances alimen- taires sur la sécrétion gastrique, attribuent à quelques-unes d'elles, à côté de propriétés sécrétoires ou succagogues, une action très marquée sur le pouvoir digestif. C’est en raison de cette augmentation du pouvoir digestif que Schiff, attribuant à ces substances une action spécifique sur la formation et la sécré- tion de la pepsine, et que Herzen, en répétant les expériences de Schiff avec le lambeau d'estomac isolé de Pavlov, pensent qu’elles augmentent la sécrétion etle pouvoir digestif en favorisant le dédoublement du zymogène. Dans leurs expériences, les physiologistes russes notent le volume du liquide sécrété, quelquefois l'acidité, mais ils ne tiennent jamais compte de cette quantité ou de cette acidité pour l'évaluation comparative du pouvoir digestif. Herzen mesure simplement le pouvoir digestif sans se préoccuper de la quan- tité sécrétée ni de l’acidité. Il y a donc là une lacune expérimentale qui peut entraîner des erreurs grossières. Enfin, comme les succagogues de Paylow sont de même nature que les pepsinogènes de Schiff, il se peut très bien que ce soit par cette action sécrétoire qu'elles augmentent le pouvoir digestif. Herzen essaye de dissocier ces deux actions en s'appuyant sur les conclusions des physiologistes russes. Pour ces derniers, la sécrétion gastrique se produit par deux mécanismes distincts : 1° une action réflexe d’origine nerveuse, démontrée avec les chiens porteurs d’une fistule et œsophagotomisés, chez lesquels. l'acte de manger seul produit une sécrétion de suc gastrique, puisque les ali- ments ne pénètrent pas dans l'estomac. C’est la sécrétion psychique caractérisée par le mécanisme qui la produit, par sa quantité, sa durée; — 2° une sécré- tion chimique produite parle contact direct des aliments avec la muqueuse sto- macale.Des substances qui, introduites directement dans l'estomac, provoquent une sécrétion abondante, sont sans action si elles sontintroduites par le rectum. Cette dernière conclusion est trop absolue, car si on opère sur un animal à estomac séquestré chez lequel les aliments passent directement dans lin- testin et ne sont jamais en contact direct avec la muqueuse stomacale, il fe devrait y avoir que la sécrétion psychique. Comme cette sécrétion s'arrête deux heures après la fin du repas, si on vide l'estomac au bout de ce temps ow au bout de trois heures par exemple pour être sûr que la sécrétion psychique est terminée, l'estomac ne devrait plus sécréter de suc gastrique jusqu'au repas suivant. L'expérience ne confirme pas cette manière de voir et la sécrétion provoquée par la digestion intestinale des aliments est considérable. De sorte qu'il n’y a plus besoin de choisir les substances, et toutes deviennent pepto- gènes au sens que leur attribuent Schiff et Herzen. Mais ici encore nous voyons par l'examen du tableau précédent que le pou- voir digestif augmente avec la quantité et l'acidité du liquide. Il y avait cependant encore une remarque à faire : c’est en faisant varier la quantité de sel introduit dans l'alimentation que l’on a provoqué les variations de la sécrétion gastrique rapportées dans le tableau précédent. Voilà donc une même substance qui, à des doses différentes, devient peptogène, si je ne liens compte que du pouvoir digestif du liquide sécrété, mais qui est en même. temps sécrétoire, si on mesure la quantité du suc gastrique. Il résulte de ces faits que : 1° la variation du pouvoir digestif du sue gastrique dépend surtout de l'acidité du liquide; 2° la quantité de- SÉANCE DU 8 JUIN 593 pepsine éliminée par l’estomac séquestré produit sensiblement tou- jours le même effet digestif mesuré in vitro dans un temps de 24 heures et avec un excès d'albuminoïdes ; ce pouvoir digestif peut être limité simplement par la concentration des produits de digestion; 3° la sécrétion gastrique ne se produit pas seulement par les deux méca- nismes indiqués par Pavlov et ses élèves, puisque chez les animaux à estomac séquestré une sécrétion abondante a lieu plus de 2 heures après la fin du repas, temps qui, d’après ces auteurs, caractérise la sécré- tion psychique ; 4° les substances alimentaires qui, ingérées dans l’in- testin, produisent une sécrétion abondante, augmentent aussi le pou- voir digestif du suc gastrique, et la sécrétion ainsi produite est provo- quée sans doute par un réflexe nerveux de l'intestin. NOTE SUR L'INFLUENCE DE LA THÉOBROMINE SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRÉ. La théobromine passe, comme la caféine, pour défatiguer, mais son action paraît très différente suivant la durée de l'observation et suivant les conditions dans lesquelles elle est faite. 1° On fait au repos, le matin, une série de 4 ergogrammes (ergographe de Mosso) séparés par des repos d’une minute. On prend un repos de cinq minutes ; après la première minute de ce repos on prend À gramme de théobromine par la bouche, puis on recommence le même travail (médius droit, 3 kilogrammes chaque seconde). HAUTEUR NOMBRE TRAVAIL HAUTEUR totale des eu moyenne (en en mètres. soulèvements. kilogrammètres. centimètres). 3,17 63 9,51 5,03 1ESérIe: 4,72 38 9,16 4,92 Sans excitation. 4,37 34 4,1 4,02 1,18 26 3,04 4,53 92,32 I 5,41 116 16,23 4,66 2e série. 2,49 53 7,4 %,69 Théobromine. | 2,33 50 6,99 4,66 2,36 52 7,08 4,53 37,17 Non seulement la théobromine a supprimé les effets de la fatigue, mais elle a donné une plus-value de travail de 69,21 p. 100. 2° Dans une autre expérience, quatre minutes après avoir pris le 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gramme de théobromine et au repos, à la même heure, on a repris le travail par séries de quatre ergogrammes séparées par cinq minutes de repos. Le résultat des neuf séries est rapporté dans le tableau sui- vant, où on compare dans la dernière colonne le travail de chaque série, avec le total de la première série d'essai (22,32 1re série. 2e-série. 3° série. 4e série. 5e série. 6° série. 7° série. HAUTEUR totale. 4,10 NOMBRE des soulèvemenis. S 1 ND ex Æ TRAVAIL en kilogrammètres. 12,30 7,14 6,36 6,15 34,95 13,80 2,65 2,71 k,23 27,39 18,87 4,20 6,06 6,48 33,61 )=100. HAUTEUR moyenne. RAPPORT du travail au travail normal. 143,14 14,65 10,61 O6 SÉANCE DU 8 JUIN 59 L RAPPORT HAUTEUR ad a HAUTEUR du travail totale soulèvements. kilogrammètres. MOJRNREE savent 0,30 6 0,90 5,00 : 0,12 4 0,36 3,00 8° série. * Fe. | 0,11 % 0,33 2,75 0,09 3 0,27 3.00 1,86 8,33 0,27 6 0,81 à,50 : 0,11 Le 0,33 DAS 9e série. è C 4 0,10 3 | 0,30 paie) 0,12 } 0,36 3,00 1,80 8,06 Le travail total des neuf séries est de 109 kil. 73, c'est-à-dire bien inférieur au travail normal de deux expériences analogues, sans excita- tion, faites antérieurement, 143,21 et 149,07, et à une expérience ulté- rieure dont il ne sera pas inutile de faire une comparaison en détail : are ee RAPPORT HAUTEUR a ie HAUTEUR du travail (He. soulèvements. kilogrammètres. A Pa anal | 3,16 91 9,48 3,41 PA dl 40 DA k,21 1re série. 2 “ cs ee 1,60 34 4,80 4,10 1,40 30 4,20 4,66 23,61 | 2,69 57 8,07 k,71 SEE \ 1,38 30 4,1% 4,00 2e série. < nu U à | 1,76 34 5,28 5,17 1,34 26 k,02 5 45 21,51 91,10 | 2,30 46 6,90 ;,00 ca ous | 4,51 30 z,53 5,03 0,75 18 2,20 4,16 18,48 18,22 | 2,22 45 6,66 4,93 ne 1,38 28 i,14 i,92 | 1,41 28 2,23 5,03 1,38 28 k A4 4,92 19,17 81,15 596 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RAPPORT HAUTEUR Nan. He HAUTEUR du travail igialee soulèvements. kilogrammètres. HOT ENRES Ua | 1,82 38 5,46 4,18 A 1,20 26 3,60 4,61 AREA Fa 25 3,42 =. 4,86 0,68 19 2,04 3,57 14,52 61,49 1,84 39 5,52 4,71 1,17 28 3,51 4,27 6€ série. ou ? 1,06 22 3,18 4,84 0,87 18 2,61 4,83 | 14,82 A6 TT | 12500 28 3,75 4,46 a 1,08 24 SONORE 0 | 1,08 23 3,24 4,69 0,85 20 2,85 2,25 12,78 54,12 14,13 24 3,39 4,10 on \ 1,45 24 3,45 4,79 ; é | 1,00 23 3,00 4,34 0,10 16 2,10 4,37 11,9% 50,57 1,48 26. 3,54 4,53 ; es \ 1,20 24 3,60 5,00 ; é / 4,16 23 3,48 5,04 L 0,7% 16 2,22 4,62 12,84 . 54,38 Le travail total de cette série est de 149 kil. 67, c'est-à-dire à peu près. semblable au dernier, qui a été fait antérieurement, aussi sans excita- tion. On voit que sans excitation le travail a pu être continué sans perdre 50 p. 100, tandis que le même travail fait dans les mêmes conditions après la théobromine, perd, à la neuvième série, plus de 90 p.100. Avec un travail moindre, l’excitation par la théobromine a donné une fatigue beaucoup plus intense. SÉANCE DU 8 JUIN 597 UN MOT D'HISTOIRE A PROPOS DES INJECTIONS ÉPIDURALES PAR LE CANAL SACRÉ, ET NOTES ANATOMIQUES (1), par M. F. CATBELIN. À l’une des dernières séances de la Société de chirurgie (22 mai, Bull. et Mém., p. 567), M. le D' Lejars (2) a mis au point la question de l'histo- rique des injections épidurales ; il s’exprimait ainsi : € A la fin de janvier dernier, M. F, Cathelin, alors mon interne, me confia qu'il étudiait une technique nouvelle d'injection rachidienne, et qu'il serait bientôt en mesure d'en faire l'essai chez l'homme. Le 5 février, il m'exposa toutesles recherches qu'il avait faites dans le laboratoire de M. le P* Ch. Richet, sur l'injection épidurale sacro-coccygienne, me montra ses protocoles d'expériences et insista, non sans chaleur, sur toute la portée de cette méthode et sur les nombreuses applications qu'elle pourrait recevoir. 1 fut entendu que nous chercherions à l'utiliser pour la cocaïnisation, en procédant par doses croissantes et d’abord faibles : sur trois malades, des injections de 4, 6,8 centigrammes de cocaïne furent pratiquées par M. Cathelin dans l’espace sacro-coccygien; avec 8 centigrammes il y eut une légère analgésie, mais trop minime pour suffire à une intervention. Je conseillai à M. Cathelin de poursuivre ses recherches expérimentales, et de ne pas se hâter de conclure et de publier : peut-être eus-je tort? Quoi qu'il en soit, voilà la vérité. » En outre, M. Tuffier, dont on sait la haute compétence dans toutes les questions historiques d'injections rachidiennes, a écril ici même et dans la Presse médicale (samedi 18 mai, n° 40, p. 204) que M. Sicard avait appliqué à la pratique médicale et au traitement du lumbago d'une part les injections médicamenteuses sous-arachnoï- diennes de Corning (3), inaugurées par cet auteur douze ans avant lui et d'autre part la voie sacrée que M. Cathelin appliqua le premier chez l’homme. Enfin, dans la première note de M. Sicard, il n’est fait mention que de tentatives d'analgésie médicale ; or, cet auteur n’a pas vu tout Île parti qu'on pouvait tirer de notre méthode. D'applications autres, il n'en est même pas question, et, en dehors. (4) Voir Cathelin, Bull. Soc. Biol., p. 452, séance du 27 avril 1901; p. #76. et 478, séance du 10 mai; p. 500, séance du 11 mai. (2) Voir également Presse médicule, 25 mai 4901, n° 42, p. 213. Lejars : Injections épidurales de Cathelin. (3) Nous sommes étonné que dans une des meilleures thèses parues sur les « Injections sous-arachnoïdiennes » (Sicard), l’auteur ait omis de citer le nom de l'inventeur de la méthode (Corning) quinze ans auparavant (1885). 598 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la cocaïne, aucune autre tentative n’y est signalée. Le premier, nous avons injecté par notre méthode d'autres médicaments que la cocaïne, en particulier du chloral, et avec succès. Et c’est tout : il ne saurait donc y avoir d’équivoque possible dans cet historique très simple. Nous avons élé ainsi conduit à pratiquer l'hiver dernier une série de coupes (1) médianes du canal sacré pour nous rendre compte des avantages et des difficultés de notre procédé que M. Brocard (2) a récemment adopté, rejetant comme mauvais le procédé sacro-coccygien. Voici quelques-uns de nos résultats : 1° La concavité du canal sacré est variable avec l’âge et le sexe; sa flèche de courbure est toujours différente de celle du sacrum (face antérieure), celle-ci bien connue des accoucheurs, plus petite que cette dernière et souvent nulle, même avec des sacrums de 15 et 20 milli- mètres de flèche. Ce matin, à Necker, nous avons fait avec M. Albarran trois ponctions du canal sacré, et, pour l’une d'elles, nous n'avons pu pénétrer à plus de 3 centimètres à cause de la disposition curviligne du canal. 2° Le cône dural descend à des hauteurs différentes variant de 6 à 9 cen- timètres de l’ouverture inférieure du canal sacré. Une fois, nous l'avons vu se terminer au niveau de l’articulation sacro-veriébrale; on comprend alors que, dans ce cas particulier, une injection sous-arachnoïdienne ait pu échouer, faite au niveau de la 4° et de la 5° vertèbre lombaire, et qu'on ait pu réaliser iei malgré soi et inconseiemment une injection épidurale par la voie latérale (3), bien que cela ne soit pas tout à fait exact. Te 3° La partie centrale et médiane du canal sacré est plus large que ses parties latérales, et il y a presque toujours un point rétrécirépondant à la 3° vertèbre sacrée, de sorte qu'une aiguille même longue bute sur la paroi postérieure, sans atteindre le cône dural; les chiffres moyens de la largeur du canal étant de 12 millimètres âu niveau de la 1"° sacrée, de 9 au niveau de la 2°, de 4 au niveau de la 3° et de 6 au niveau de la 4°. Au niveau de la 5°, c'est l’hiatus sacré inférieur, le plus souvent largement ouvert, mais que nous avons trouvé quelquefois aplati dans le sens antéro-postérieur, ce qui explique pourquoi nous avons dit dès notre première communication qu'il fallait enfoncer l'aiguille obli (1) La plupart de ces coupes ont été faites dans un des pavillons de l'École pratique, où travaillaient cent élèves dont BImsIente nous ont aidé, et nous les en remercions ici. (2) MM. Sicard, Brocard, Widal et Souques travaillent en collaboration. (3) Get accident est arrivé à Corning et Tuffier, mais ces auteurs n'ont jamais songé à en faire une méthode de choix : ils n’ont même parlé de cette : voie épidurale qu'après nos premières communications. Nous le répétons, on ne peut aborder l’espace sus-dure-mérien que par notre voie sacrée. SÉANGUE DU 8 JUIN 599 quement, comme si l’on voulait aller piquer la face antérieure du canal pour éviter d'être sous la peau. C'est cet hiatus qui, sur le vivant, est fermé par. le ligament oblurateur sacré inférieur, qu'il fait tendre au moment de la ponction en faisant fléchir les jambes du malade. (Posi- tion accroupie ou position latérale inclinée.) DU MEILLEUR PROCÉDÉ D'ABORD DE LA VOIE ÉPIDURALE (PROCÉDÉ DU CANAL SACRÉ), INDICATIONS MÉDICALES DE LA MÉTHODE, par M. F. CATHELIN. Le 29 janvier 1901, nous imaginions la méthode des injections épidurales, que nous appliquions le 5 février chez l'homme et que M. Sicard appliquait trois mois plus tard avec succès à la thérapeu- tique médicale; mais cet auteur ponctionnait alors au centre du liga- ment sacro-coccygien postérieur et pénétrait d'un centimètre: autre- ment dit, il piquait entre le sacrum et le coccyx et n’entrait pas dans le canal sacré; c’est là son procédé dit saero-coccygien, procédé né bâtard qui n'a pas tardé à disparaitre et à être remplacé par le nôtre, le pre- mier en date. Il faut, disions-nous dès nos premières communications, ponctionner très haut, à l'angle même de l'U sacré et entrer franchement de 2 à 4 centimètres au moins dans le canal sacré, sinon on ne peut injecter sûrement l’espace épidural; depuis, cet auteur à modifié sa technique en la calquant sur la nôtre; il ponctionne plus haut et entre dans le canal. Toute injection basse reste en effet sur place, perdant plus de la moitié de sa valeur thérapeutique ; elle équivaut à une ponction blanche par la voie sous-arachnoïdienne. Pendant plusieurs mois, plus de cent personnes étaient au courant de notre technique (personnel médical et hospitalier du service Lejars, personnel du laboratoire Richet, pavillon Cunéo à l'Ecole pratique) ; ces personnes savaient bien que je piquais au bas de la colonne, mais elles ne savaient pas que j'entrais dans le canal sacré parce qu’elles n'étaient pas au courant des études d’injections rachidiennes. Nous sommes heureux d'avoir vu M. Sicard se rallier à notre méthode, dont il a compris un peu tard la technique et non encore cependant tous les avantages en médecine. M. Chipault (Travaux de neurologie chirurgicale, 1896, p. 175), qui a le mieux étudié l'anatomie du canalsacré, arediticimême àla dernièreséance qu'il fallait, non pas pénétrer de 1 centimètre, mais de 5; nous-même 600 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avions indiqué le chiffre 4 centimètres, pour éviter que certains méde- cins, s'enhardissant de l'innocuité de la ponction, n’essaient de pénétrer trop haut, et d'atteindre le cône dural, ne voulant pas, quant à nous, endosser la responsabilité d'accidents quelconques. M. Chipault a de même reconnu la valeur de la position à donner aux malades. Nous-même avions conseillé le premier la position génu-pecto- rale (inclinaison à 45 degrés). M. Chipault, en adoptant celle de Trende- lenburg (inclinaison à 45 degrés), a eu des résultats parfaits même au point de vue chirurgical, puisqu'il a pu pratiquer sans douleur une résection du coccyx et aurait pu, dit-il, exécuter nombre d’autres opéra- tions. Aussi M. Sicard a-t-il mal observé quand il a éerit : « Au cours de ces essais d’injections épidurales de cocaïne, nous n'avons jamais vu apparaître des symptômes d’analgésie cutanée. » Nous-même avions signalé une anesthésie, mais insuffisante pour opérer. Il nous faut insister sur un dernier point. M. Sicard n'a pas vu tout le parti qu'on pouvait tirer de ma méthode. « Elle est faite avant tout, dit-il, pour agir sur l'élément douleur (1).»0r, ce n’est pas seulement une méthode d’analgésie médicale, et même au point de vue analgésie, la cocaïne est à remplacer par un autre anesthé- sique meilleur; l’antipyrine donnerait peut-être des résultats. Tout récemment, Colleville (de Reims) vient d'obtenir un beau succès de gué- rison dans un cas de névralgie sacro-lombaire rebelle à tout traitement par injection sacrée de gaiacol orthoformé (2). Mais notre méthode doit entrer en clinique d’une facon courante pour l'absorption de tous les médicaments solubles et facilement assimilables qu'on injecte par les voies buccale, rectale et sous-cutanée. La première. peut ne pas être tolérée des malades à estomacs susceptibles, la seconde donne des rectites plus ou moins graves, la troisième des nodules sous- cutanés douloureux, parce que les substances restent sur place trop longtemps avant d’être absorbées et déterminent de légers phénomènes inflammatoires. La voie épidurale, au contraire, facile à atteindre et anodine, permet d'agir sur une immense surface vasculaire à condition d'employer des solutions étendues, et non pas 3 ou 4 centi- mètres cubes comme M. Sicard le fait avec la cocaïne; le canal sacré (1) On aurait même obtenu tout récemment des résultats dans les névral- gies du thorax et les crampes d'estomac. (2) Colleville. Union médicale du Nord-Est, 30 mai 1901, n° 10, p. 113. Sur un cas de névralgie sacro-lombaire traitée par les injections épidurales de gaïacol orthoformé (guérison). Gaz. Hop., 6 juin 1901, p. 620. Gaïacolierstallis ét) ARS SRE CAE Ortholoprier satin | SN Eee 0 SSSR rC) A rt) Acide benzoïque. . . . RD NR NDTEs 200 Huile d'amandes douces ice à j 20, 0. 5. . . 60 cent. cubes. SÉANCE DU 8 JUIN GO n’est qu'un moyen pour aborder la voie épidurale et il faut aller porter le médicament à la surface même des veines. Nous conseiilons d'y injecter des sels solubles de mercure (ben- zoate, cyanure, etc.) dans les cas de syphilis grave à manifestation tar- dive et à forme cérébro-médullaire, là où on injecte aujourd’hui directe- ment ces sels dans le sang ; or, il est certain que la technique de l’injec- tion intra-veineuse est plus compliquée et plus dangereuse; on pourra injecter encore les médicaments solubles agissant sur la fibre cardiaque elle-même ou ceux qui provoquent la diurèse (sérum artificiel). C'est également une voie tout indiquée pour l'injection des sérums thérapeutiques et au laboratoire pour l'injection des toxines micro- * biennes. /{ y a là toute une voie nouvelle ouverte aux expérimentateurs. RECHERCHES SUR LA MALADIE DES CHIENS. VACCINATION DU CHIEN CONTRE L'INFECTION EXPÉRIMENTALE PAR LE BACILLE SPÉCIFIQUE, par M. CG. Pmisarix. Dans un précédent travail (1), j'ai montré qu'une infection spontanée du cobaye était due à un bacille dont les cultures sont aussi très viru- lentes pour le chien. Le microbe, introduit par la voie veineuse, déter- mine souvent chez cet animal une méningo-encéphalo-myélite dont les symptômes et les lésions sont très caractéristiques. Mais, suivant la dose et la virulence de la culture, la maladie peut évoluer d’une manière diffé-. rente : ou bien elle est suraiguë et entraine la morten huit à dix heures, ou bien elle marche plus lentement et revêt une forme gastro-intes- tinale; j'ai même observé des formes chroniques, avec localisations tendineuses et articulaires. L’allure générale de cette maladie expérimentale ressemble, sous beaucoup de rapports, à l'affection spontanée qu’on désigne sous le nom de maladie des chiens. Aussi ai-je fait de nombreuses tentatives pour découvrir chez les chiens morts de la maladie spontanée, un microbe analogue possédant des caractères de spécificité. Les cultures obtenues par ensemencement du sang, des organes et des liquides pathologiques, ont donné des microbes variés, en particulier des streptocoques, dont l’inoculation au chien était sans résultat. J'en étais resté là, quand parut l'important travail de Lignières sur les septicémies hémorragiques. Cet auteur trouva dans l'organisme duchien malade « un bacille assez long, qui pousse dans le bouillon de peptone sans le troubler, et y forme de petits grumeaux qui tombent au fond du tube. Ce n’est qu'après le (1) Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, t. IV, 1898, p. 279. 602 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vinglième passage par le cobaye que la culture présente un trouble uniforme, comme cela s’observe avec les microbes du même genre ». Etude du microbe pathogène. — Les caractères morphologiques et biologiques du microbe décrit par Lignières étant identiques à ceux du bacille que j'ai découvert sur le cobaye, je fis de nouvelles tentatives pour le retrouver chez les chiens malades. Je dois au bienveillant concours de MM. Laurent et Saint-Yves d’avoir pu étudier un nombre considérable de cas, et j'ai enfin réussi à isoler le microbe spécifique. On l'obtient le plus facilement à l’état pur en faisant des cultures du sang et des organes de chiens que l’on sacrifie avant la période des infections secondaires; cependant, j'ai pu le séparer quelquefois des bactéries accessoires par inoculation, dans le péritoine du cobaye, de cultures du liquide céphalo-rachidien. Dans ce cas, le bacille spécifique du chien pullule seul, et si on ensemence l’'épanchement péritonéal dans du bouillon, il se produit un trouble uniforme dû à un microbe possédant des caractères semblables à ceux du microbe spécifique du cobaye: 1! ne s'en distingue que par sa faible virulence pour celui-ci. Il faut, en effet, 3 à 4 centimètres cubes de culture pour tuer un cobaye, en injection péritonéale. Vis-à-vis du chien, les deux microbes possèdent la même action, et déterminent des symptômes à peu près iden- tiques. Inoculés dans les veines, ils provoquent, suivant la dose et la virulence, une mort rapide en cinq à dix heures avec des signes d’em- poisonnement bulbaire, ou une infeclion qui évolue plus lentement et qui peut revêtir différentes formes cliniques. Dans les cas de mort foudroyante, en quatre ou cinq heures, c'est au poison soluble qu'il faut attribuer les symptômes et les lésions : le microbe n’a pas proliféré, et les cultures du sang sont souvent stériles. Ce poison soluble est difficilement séparable des microbes; il ne passe pas à travers les filtres et la chaleur le détruit. Le moyen qui, jusqu’à présent, m'a le mieux réussi est la stérilisation des cultures par l'éther. L'inoculation intra-veineuse de ces cultures à la dose de 15 à 20 centimètres cubes provoque des symptômes passagers d'empoison- nement identiques à ceux des cultures vivantes : vomissements, diarrhée, élévation de température de 2 à 3 degrés. Des doses plus fortes ou répétées produisent un état cachectique, qui rappelle la maladie naturelle à évolution lente. Atténuation de la virulence. — Cultivé en bouillon de peptone, le microbe du chien, de même que celui du cobaye, .s’atténue progressive- ment avec l’âge de la culture. L’atténuation se fait beaucoup plus vite si aulieu de bouillon ordinaire on emploie du bouillon glycériné à 6 p.100. En réensemencant le microbe au bout de temps variables dans du bouillon ordinaire, on obtient des cultures à des degrés divers d’atté- nuation. SÉANCE DU 8 JUIN 603 Pour rendre-au microbe sa virulence première, il suffit de le faire passer à nouveau par l'organisme du cobaye ou du chien. Vaccination du chien. — Depuis longtemps, j'ai obtenu avec le microbe du cobaye une vaccination parfaite de celui-ci et du chien. J’entretiens depuis deux ans, au laboratoire de M. Chauveau, des cobayes fortement vaccinés, dont le sang possède d’énergiques propriétés agglutinantes, en même temps que préventives. J'ai renouvelé les mêmes expériences avec le microbe provenant du chien, et j'ai obtenu le même succès, Dans mes premières expériences, l'ai employé comme substance vacci- nante, et en injections intra-veineuses, les cultures atténuées par l’éther, mais cette méthode ne pouvant être aisément utilisée dans la pra- tique, j'y ai renoncé.Le procédé le plus commode et le moins dangereux est l’inoculation sous-cutanée. des cultures atténuées : à de jeunes chiens, ayant encore leurs dents de lait, j'inocule sous la peau de la cuisse ou du ventre, 2 à 3 centimètres cubes d’une culture atténuée. Le lendemain on constate, au point d'inoculation, une tuméfaction douloureuse qui, au bout de quarante-huit heures, commence à diminuer, et ne laisse bientôt plus qu’une légère induration. On n'observe pas de symptômes généraux. Si la culture est plus virulente, on a de l’œdème du membre, quelquefois un abcès; la température s'élève un peu, mais il n’y a pas d'accidents graves, et l'animal guérit. Je commence par une culture très atténuée, dont l’action locale est insignifiante : c'est le premier vaccin; les inoculations consécutives se font avec des cultures de virulence croissante, et sont renouvelées trois ou quatre fois. Les chiens ainsi préparés peuvent être éprouvés de deux manières : soit par inoculation intra-veineuse d'une culture virulente, soit par cohabitation avec des animaux infectés. Les chiens que j'ai vaccinés ont vécu depuis trois mois en contact journalier avec des chiens malades; plusieurs même ont séjourné dans la même niche. Chez d’autres, j'ai badigeonné les fosses nasales avec les mucosités pathologiques ; aucun n’a été contaminé. Mais comme les témoins, dans ces conditions, ne prennent pas lous la maladie, j'ai tenu à compléter ma démonstration par la première - méthode. Si on ‘éprouve par inoculation intra-veineuse les chiens vaccinés, ils résistent alors que les témoins meurent ou sont très malades. Le simple examen des deux chiens que je vous présente, montre mieux que je ne pourrais le décrire, les résultats de l’inoculation d’épreuve chez le chien vacciné et chez le chien témoin : le premier n’a éprouvé aucun trouble appréciable; ilest gai et bien portant. Le second, au contraire, malade depuis dix-huit jours, est aujourd’hui dans un état qui permet de faire le diagnostic à distance. Les secousses cloniques qui agitent les membres du côté droit, les croûtes desséchées autour BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIIT. AT 604 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des paupières et des narines, la teinte bleue opaline de la cornée, l’exis- tence de vésico-pustules au pli de l’aine et sur le ventre, la tristesse et l'abattement, tout indique que nous avons affaire à la forme nerveuse chronique si caractéristique de la maladie du jeune âge. En résumé, les jeunes chiens qui ont reçu à plusieurs reprises des inoculations de cultures atténuées du bacille spécifique résistent aussi bien à la contagion naturelle qu'à l'infection expérimentale. Ainsi se trouve résolu le problème de la vaccination contre la maladie du jeune âge, et la méthode des inoculations préventives, introduite dans la pra- tique, pourra rendre aux éleveurs les plus grands services. CONTRIBUTION A LA TOPOGRAPHIE RADICULAIRE ET PÉRIPHÉRIQUE DES VASO-MOTEURS DE L'EXTRÉMITÉ SUPÉRIEURE CHEZ L'HOMME, par M. Max EGcer (de Soleure, Suisse). Il nous a été donné d'observer quelques phénomènes vaso-paralytiques. intéressant à la fois la physiologie et la clinique. Dans un cas de paralysie radiculaire totale du plexus brachial droit, sur- venue à la suite d’une chute sur l'épaule de la hauteur d’un deuxième étage, toutes les paires de racines, depuis la cinquième cervicale jusqu’à la première racine dorsale, ont été arrachées (1). La destruction s’est arrêtée à la première racine dorsale, car les territoires innervés par ces racines sont totalement intacts. Le bras droit est complètement paralysé pour toute espèce de mou- vement et les troubles sensitifs révèlent la topographie classique, telle qu'elle a été définie par Me Dejerine. La pupille droite montre uu faible degré de myosis. Mais le phénomène sur lequel nous voulons attirer l'attention’ con- siste en une hyperémie neuroparalytique, frappant l'extrémité du mem- bre. Immédiatement après l'accident et durant pleinement pendant deux mois entiers, la main, le poignet et le quart inférieur de l’avant-bras ont été le siège d'une hyperémie et hyperthermie très intenses. Le malade lui-même disait que la main « lui cuisait jour et nuit ». Nous avions constaté ce fait un mois et demi environ après l'accident. Depuis, nous avions perdu de vue notre malade, et il est venu nous retrouver en plein hiver, environ huit mois après l'accident. À ce moment, les régions qui étaient auparavant le siège d’une hyperémie et hyperthermie très in- tenses étaient au contraire considérablement refroidies et se rappro- (4) Ce malade est décrit dans la Séméiologie de Dejerine, p. 951, où se trouve le schéma des troubles sensitifs. . : SÉANCE DU 8 JUIN COS chaient de la température du milieu ambiant. C'est ainsi que nous avons mesuré une fois seulement 10 degrés centigrades de chaleur pour la main, tandis que la moitié supérieure de l’avant-bras et le bras offraient des températures de 25 à 28 degrés centigrades. Cette différence entre les régions de la main et le quart inférieur de l’avant-bras d’une part, el d'autre part le reste de l’extrémité, était constante. La constatalion se faisait même facilement sans le thermomètre. En palpant le membre depuis sa racine vers l'extrémité on était frappé, dès qu'on dépassait la moitié supérieure de l’avant bras, de tomber sans transition dans une région qui contrastait fortement par sa température basse avec les régions situées au-dessus. Mais vers le soir, le refroidissement dispa- raissait, pour faire place à l'hyperthermie. Ce phénomène d'oscillation névroparalytique, nous pouvions le constater chaque fois que le malade passait la soirée chez nous. Entre 8 et 9 heures du soir, les doigts flétris et séchés commencçaient à se gonfler ; leur couleur livide, cyanosée, dis- paraissait pour être remplacée par une coloration de rouge intense; le gonflement gagnait la main et Le poignet, la rougeur et la chaleur se répandaient sur toutes ces régions en empiétant sur la partie inférieure de l’avant-bras. La température de ces parties était alors de 3 à 5 degrés supérieure aux parties homologues du bras sain, tandis que le reste de l'extrémité se maintenait dans les limites ordinaires et ne prenait aucune part à cette recrudescence de chaleur. L'action de l’eau froide n'’agissait que sur le bras et la moitié supé- rieure de l’avant-bras, tandis que la périphérie du membre ne trahissait aucune régulation vaso-motrice. Quand on réchauffait préalablement la main paralytique pour ramener sa température au voisinage de celle de la main saine et qu'on les soumeltait pendant une minute à l'action de l’eau froide, la température de la main paralytique ne s’abaissait que de 6 degrés centigrades, tandis que celle de la main saine descendait de 12de- grés. Dans l’espace de temps de 20 minutes, cette dernière se chauffait de 11 degrés centigrades, et la paralytique seulement de 1 degré centigrade. Nous avons trouvé à un degré moins accusé les mêmes phénomènes vaso-paralytiques, avec leurs oscillations et leurs recrudescences vespé- rales, la même délimitation et la même réaction vaso-motrice pour l'eau froide, dans un deuxième cas de paralysie du plexus brachial, paralysie traumatique, de moindre intensité que la première. Dans les deux cas, le mouvement passif et forcé, imprimé au bras paralytique, est suscep tible de provoquer le gonflement hyperthermique, mais seulement dans les parties qui sont le siège de l’oscillation thermique. Ces deux observations de paralysies radiculaires traumatiques con- firment l'opinion de Schiff(4), à savoir que le plexus brachial fournit des nerfs vasculaires à l'extrémité supérieure. Elles confirment en outre (4) Schiff, Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1862, t. LV. 606 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'existence de deux zones névro-vasculaires distinctes, et rendent im- probable l'opinion de Claude Bernard (1), que les nerfs vasculaires de l'extrémité antérieure proviennent exclusivement de la moelle thoracique moyenne, pour se rendre de là, par le cordon du sympathique Lhora- cique, aux vaisseaux du bras, sans passer par les racines du plexus brachial. Nous ne pouvons accepter l'hypothèse d'une rupture du cordon sympathique,même au niveau du premier ganglion thoracique, puisque le sympathique pupillaire se trouve être, dans le premier cas, presque complètement intact, et l'était complètement dans le second cas. (Travail du service du D' Dejerine à la Salpétrière.) LA FORMULE GÉNÉRALE DE L'EXCITATION ÉLECTRIQUE ET LA RÉACTION DE DÉGÉNÉRESCENCE par M. GEORGES WEIss. J'ai montré que la loi d’excitation électrique des nerfs, que j'avais formulée pour la grenouille, s'étendait à d’autres animaux comme le crapaud, pour lesquels il semblait se produire des anomalies quand on s’en tenait à la loi de Du Bois Reymond. La formule que j'ai posée DE + bt contient deux facteurs constants : l’un, a, détermine la quantité d’électri- cité qui est toujours nécessaire pour l'excitation; l’autre, 4, semble au contraire lié à un phénomène de retour à l’état premier de repos. Les différences que l’on trouve dans l'excitation électrique des divers nerfs tiennent simplement à un changement des coefficients a et b. L'étude de ces coefficients a et à sous les diverses influences peut conduire à des résultats fort intéressants. En particulier, il y aurait lieu d’en faire la détermination dans les examens électriques de malades et de substiter cette détermination à la notion vague de réaction de dégé- nérescence. Il est aisé de comprendre comment peut se produire le phénomène si curieux connu sous le nom d’inversion de la formule d'ex- citation. Suivant que l’on applique le pôle positif ou le pôle négatif sur un nerf, on a deux formules d’excitation différentes : Q—= a + bt Q—= a+ b't Les deux droites représentatives de ces formules se coupent en un certain point correspondant au temps 6. Dès lors, suivant que la durée (1) Bernard. Journal de Physiologie, 1862. SÉANCE DU 8 JUIN 607 ————————____—_—_—_—_—_—__——_——_—_—.— ————————————… À nécessaire pour l'excitation minima sera plus grande ou plus petite que 0, ce qui peut se produire sous diverses influences, l’action du pôle posi- tif ou celle du pôle négatif prédominera. Je crois donc que cette étude devrait être faite avec soin par les per- sonnes avant à leur disposition des malades présentant la réaction de dégénérescence, mais auparavaut je veux montrer que ma formule ést normalement applicable à l’homme. Pour cela, je n'ai pas fait d'expériences nouvelles, j'ai trouvé plus probant de comparer les résultats du calcul obtenus par ma formule avec les résultats expérimentaux d’observateurs en qui j'ai loute con- fiance. J'ai donc calculé deux séries d'expériences, l’une empruntée à Dubois (de Berne), à la page 32 de son mémoire sur les décharges de conden- sateurs, l’autre à Hoorweg à la page 94 de son premier mémoire sur ce sujet. Voici ces deux séries. Dugois (de Berne). Capacité employée. Fe Que Se D nos 0,007 0,490 0,490 0,008 0,499 0,594 0,009 0,508 0,504 0,011 0,527 6,539 0,013 0,546 0,546 . 0,016 0,574 0,560 0,021 0,621 0,588 0,031 0,714 0,651 0,077 1,145 = 1,078 1,000 9,800 9,800 HOORWEG. Capacité employée. es ue Héorues. 0,5 225 2,25 0,1 0,630 0,7 0,05 0,427 0,45 0,02 0,306 0,32 0,01 0,265 0,27 0,008 0,257 0,26 0,005 0,245 : 0,28 0,00 0,241 0,24 ci, les conditions expérimentales sont toutes différentes de celles que j'employais sur la grenouille ; leur complexité explique les légers écarts entre les quantités calculées et les quantités mesurées. La loi que j'ai 608 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE formulée s'applique donc bien à l’homme comme à la grenouille, et il suffira de faire les mesures que j'ai indiquées pour trouver toute l’expli- cation de la réaction de dégénérescence avec inversion de la formule. DE L'ECHINOCOCCOSE SECONDAIRE EMBOLIQUE. par M. F. Dévé. Nous avons, dans une note précédente (séance du 16 mars1901), défini l’echinococcose secondaire : une affection liée à la greffe des germes echi- nococciques mis en liberté par la rupture d'un kyste hydatique primitif. Cette greffe, ajoutions-nous, peut se faire localement, ou se produire sur toute la surface d'une séreuse ; elle peut enfin se faire à äistance par la voie sanguine. Les deux premières variétés s’observent fréquemment en clinique, et nous avons montré qu’on peut les reproduire par l’expé- rimentation. Il existe de même dans la pathologie une forme d’echino- coccose qui relève du dernier processus et mérite le nom d’echinococcose secondaire embolique ou mélastatique. Dès l’année 1852, Budd, ayant observé la coexistence de kystes hydati- ques du poumon, multiples et de petites dimensions, avec un gros kyste du foie, apparemment plus ancien, avait supposé que des « germes », échappés de ce kyste et tombés dans les veines hépatiques, avaient été entrainés par le courant sanguin dans le poumon, et y avaient poursuivi leur développement. D’autres faits d'autopsie, rapportés depuis lors, sont venus à l'appui de cette hypothèse. C’est ainsi qu'on a pu dan quelques cas observer des kystes hydatiques du poumon coïneidant avec un kyste du cœur droit; il était très rationnel d'admettre que ce dernier kyste avait dû se rompre à un moment donné dans la cavité car- diaque; mais ce n'était encore là qu'une hypothèse. Nous avons réussi — après un certain nombre d'expériences infruc- tueuses — à reproduire chez un lapin cette echinococcose métastatique du poumon. Le 26 février 1901, nous avons inoculé dans la veine de l'oreille d’un lapin 2 centimètres cubes de liquide hydatique contenant en suspension de nom- breuses vésicules proligères. Immédiatement après cette injection, l'animal fut pris d'accidents assez inquiétants (dyspnée, mouvements convulsifs, astasie), dont il se remit du reste rapidement ; il ne présenta par la suite aucun trouble particulier. Cet animal a été sacrifié le 2 juin (après 95 jours). On trouva au niveau du bord antérieur du lobe moyen du poumon droit une petite tumeur transpa- rente, un peu irrégulière, allongée dans son ensemble et ayant le volume d'un grain de blé; à un examen attentif, elle se montrait formée de trois petits kystes. Il n'yavait pas d’autres kystes apparents dans le poumon, et non plus SÉANCE DU 8 JUIN 609 dans le cœur droit.— Les préparations microscopiques de cette néoplasie pul- monaire présentent la coupe de trois kystes intimement accolés et contenus dans une capsule périkystique commune; il sont très voisins de la plèvre, sur une grande partie de leur surface, et n’en sont séparés que par une mince épaisseur de parenchyme pulmonaire dont les alvéoles sont aplatis. En par- courant les coupes en série, on peut, à un cerlain niveau, voir avec la plus grande netteté une branche de l'artère pulmonaire aborder le pôle profond de la tumeur kystique et se perdre brusquement en ce point dans l'enveloppe périkystique. Quant aux kystes, leurs parois présentent la structure caracté- ristique des kystes echinococciques (couche granuleuse interne, couche cuticu- laire feuilletée). Cette expérience démontre donc la réalité de l’echinococcose $secon- daire embolique ; elle permet en outre d’en préciser la pathogénie. Dans cette variété d’echinococcose secondaire, en effet, les vésicules proli- gères et les scolex sont probablement les seuls germes qu’on puisse incriminer. Introduits dans la circulation sanguine, ils constituent des embolies spécifiques capillaires, qui ne détermineront pas de troubles circulatoires notables, pourvu qu'elles soient assez discrètes; quelques-uns des germes pourront ainsi poursuivre leur évolution kystique au point où ils auront été arrêtés. Les vésicules filles, au contraire, lorsqu'elles pénètrent dans les vaisseaux, forment des embolies echinococciques volu- mineuses et brulales, qui amènent presque fatalement des accidents ischémiques mortels; il existe du reste dans la science un certain nombre d'exemples de ces embolies, toujours terminés, plus ou moins rapidement, par la mort. Nous ferons remarquer accessoirement que dans le cas particulier de notre expérience, il est probable que les kystes ont eu pour origine trois scolex d’une même vésicule proligère. Les kystes du poumon ne sont pas les seuls, ainsi qu’on peut le con- cevoir, qui puissent relever du processus de la métastase. C'est du reste là un point sur lequel nous reviendrons prochainement dans un travail d'ensemble sur l'echinococcose secondaire. PONCTION LOMBAIRE DANS UN CAS D'HÉMORRAGIE CÉRÉBRALE. LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN SANGUINOLENT. PRÉSENCE DE SUCRE, par M. SALoMoN. Un homme de soixante-huit ans est amené dans le coma à l'hôpital Laënnec dans le service de notre maitre, M. le D' Hirtz. On a comme seuls commémoratifs une paralysie qui n’a duré que quelques jours l’an dernier, et une chute dans les escaliers deux jours avant son entrée à l'hôpital et depuis laquelle il serait dans le coma. 610 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Comme symptômes on trouve une contraclure légère et intermittente des membres du côté gauche avec exagération du réflexe rotulien de ce même côté. Signe de Babinski (extension) à gauche. Pas de déviation conjuguée de la tête et des yeux, pupille droite un peu plus dilatée que la gauche. Les urines ne présentent aucun élément anormal. Le lendemain de son entrée, exagération des réflexes des deux côtés. Respiration de Cheyne-Stokes. Raideur du rachis, mais pas de signe de Kernig. | La ponction lombaire donne un liquide céphalo-rachidien fortement teinté de sang, que nous recevons dans trois tubes, et dont la couleur reste uniforme; le liquide devient clair après centrifugation et nous y trouvons, outre des globules rouges en grande quantité, de nombreux polynucléaires neutrophiles. De plus, l'examen du liquide, avec la liqueur de Fehling, après défé- cation par le sous-acétate de plomb, montre un précipité net et assez abondant d’oxydule de cuivre. Dans un nouvel examen d’urines, nous trouvons un peu d’albumine et un léger précipité d’oxydule de cuivre, mais beaucoup moins net que celui du liquide céphalo-rachidien. A l’autopsie de notre malade, nous avons lrouvé une congestion géné- ralisée sur toute la surface du cerveau et une hémorragie considérable au niveau du ventricule latéral droit, dont la paroi externe est abso- lument déchiquetée. Le ventricule gauche est également rempli de eail- lots, mais la couche optique n’est pas intéressée. Congestion disséminée sur toute la surface de la moelle. Nulle part les méninges ne semblent intéressées. En somme, nous voyons dans un cas d'hémorragie cérébrale avee inondation ventriculaire la ponction lombaire nous donner un liquide très chargé de globules sanguins et uniformément teinté dans trois tubes différents, sans que nous puissions constater d’hémorragie mé- ningée avec laquelle cette teinte sanguinolente ne semble donc päs avoir de rapports exclusits. La présence de sucre, en assez grande quantité dans le liquide céphalo-rachidien à la suite d’une hémorragie cérébrale, pourrait peut- être être rapprochée des cas de glycosurie signalés autrefois par Olivier dans l’'hémorragie cérébrale et que nous sommes en train de rechercher dans des expériences actuellement en cours dans divers cas de commo- tion cérébrale. MT LA SÉANCE DU 8 JUIN 611 SUR LA PRÉSENCE DE L'OXYDE DE CARBONE DANS LE SANG DU NOUVEAU-NÉ, par M. Maurice Niccoux. Les recherches qui font l’objet de cette note viennent compléter l’étude de l’oxyde de carbone normal du sang (1). Elles n’apportent pas encore la solution définitive de la question de savoir si le gaz oxyde de carbone provient de l'air ou si on doit le considérer comme un pro- duit normal de l'organisme. Mais elles démontrent l'existence d’un fait intéressant, à savoir la présence constante de l’oxyde de carbone dans le sang des nouveau-nés, à Paris. Au moment de la naissance, alors que les battements dans le cordon sont sur le point de disparaître, on le sectionne ; il s'écoule, côté placentaire, un certain volume de sang fœtal (10 à 30 centimètres cubes), lequel est recueilli et immédiatement défibriné par agitation avec une baguette de bois. Les gaz du sang sont extraits dans le vide par la pompe à mercure et en présence d’acide phosphorique en volume égal à celui du sang (toutes les extractions ont été faites sur un volume minimum de 20 centimètres cubes de sang). Le résidu, après absorption de l'acide carbonique, est additionné de 20 cen- timètres cubes d'air et mis à circuler dans mon petit appareil à acide iodique. L'’oxyde de carbone réduit l'acide iodique; l'iode est dégagé, recueilli dans une lessive alcaline et dosé (2). Dix dosages d'oxyde de carbone dans le sang de nouveau-nés, à Paris, dans le service du professeur Budin à la clinique Tarnier, rue d’Assas, m'ont donné les résultats suivants : Pour 100 centimètres cubes : 0,10, 0,12, 0,13, 0,11, 0,14, 0,08, 0,10, 0,10, 0,11, 0,13, dont la moyenne est 0,11. Nous venons d'admettre implicitement que le gaz extrait du sang dans le vide et réduisant l'acide iodique à la température de 150 degrés est de l’oxyde de carbone. Ceci est parfaitement légitime, car ni l'hydro- gène ni le méthane, seuls autres gaz rares signalés jusqu'ici dans le sang, ne provoquent la réduction de l'acide iodique. Toutefois, J'ai pensé qu'il était utile d’en faire la démonstration complète afin de lever toute espèce de doute à ce sujet. J’ai opéré ainsi : On recueille journellement, pendant cinq jours consécutifs, 100 c.c., 120 c.c., 85 c.c., 140 c.c., 50 c.c., (soit au total 495 c.c.), de sang fœtal. Les gaz sont (1) L. de SainT-MARTIN, A. Deserez et M. Niccoux; M. Niczoux, Comptes rendus de l'Académie des sciences (1897 et 1898) ; Comptes rendus de la Société de Biologie (1898); Archives de Physiologie (1898). Voir tout le détail de la bibliographie, Comptes rendus, t. CXXXII, 10 juin 1901. (2) On trouvera les détails du dosage dans les Annales de Chimie et de Phy- sique, 1898, 7° sér., t. XIV, 565-574, et le dessin de l'appareil dans les Archives de Physiologie, 1898, 5° sér., t. X, 382. 612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE extraits chaque jour matin et soir; leur volume total est de 288 c.c. 5. Après l'absorption de l’acide carbonique par la potasse, le volume se réduit à 80 c.c. Après l’absorption de l'oxygène par l'hydrosulfite de soude (1) et l’action ultérieure d'une pastille de potasse, le volume se réduit à 45 c.c. 15, formé presque en totalité d’azote. On en prélève tout d'abord 1 c.c. 15. On fait passer-ce petit volume dans mon appareil; il y a réduction de l’acide iodique, la quantité d'oxyde de car- bone correspondante est 0 c.c. 037. Les 14 c.c. restant sont agités pendant cinq minutes avec 6 c.c. de sang réduit (2), obtenu par l’action du vide à 40°. On constate une réduction très nette du volume primitif; il est devenu 13 c.c. 5. Ces 13 c.c. 5 sont recueillis à nouveau et mis à circuler dans mon petit appa- reil. On obtient une trace infinitésimale d’iode correspondant à environ un 1/2 centième de centimètre cube d'oxyde de carbone. Quant aux 6 centimètres cubes de sang, ils sont soigneusement recueillis, on en extrait les gaz dans le vide en présence d'acide phosphorique. On fait passer le résidu après absorption de CO° sur l'acide iodique; la quantité d’iode mise en liberté est abondante, elle correspond à 0 c. ce. 48 d'oxyde de carbone à 0 et à 760, soit pour les 15 c. c. 15 provenant de 495 c. c. de sang— 0 c. c. 52. Ainsi donc, le gaz extrait du sang dans les conditions précédentes : 1° Réduit l'acide iodique ; 2° Est absorbable totalement par l’hémoglobine ; 3° Dégagé de sa combinaison avec l’hémoglobine par le vide et l’acide phosphorique, il fournit de nouveau un gaz réduisant l'acide iodique. | Ces réactions caractérisent l’oxyde de crane, et la quantité de ce gaz correspond, tout calcul fait, à 0 c.e.105 pour 100 centimètres cubes de sang. H C'est l'identité presque absolue avec le chiffre moyen obtenu plus haut par analyse directe. Conclusions. — Le gaz oxyde de carbone se rencontre dans lé sang des nouveau-nés à Paris (clinique Tarnier). La quantité est en moyenne deOc.c.11 pour 100 centnose cubes de sang. (Travail des laboratoires de Chimie de la clinique d'accouchement Tarnier et de Physiologie générale du Muséum d'Histoire Naturelle.) (4) L'emploi de l’acide pyrogallique et de la potasse eût introduit une cause d'erreur très grande, l'absorption de l'oxygène ayant comme consé- quence une produclion d'oxyde de carbone dont la proportion, sauf précau- tions, est loin d’être négligeable. BerTaeLor (M.). Sur l'absorption de l’oxygène par le pyrogallate de potasse. Comptes rendus, 1898, t. CXX VI, 1066-1072. (2) Jai pris le soin de vérifier que ce petit volume de sang fœtal n’apporte avec lui qu’une trace d'oxyde de carbone : 0 c. c. 006 environ. RFA SÉANCE DU 8 JUIN 613 SUR QUELQUES POINTS DE LA MORPHOLOGIE DES LEUCOCYTES, par M. J. Jozzy. Les résultats que donne l'examen du sang sur des préparations persistantes varient suivant les méthodes de fixation utilisées. La méthode la plus employée aujourd’hui dans les recherches cliniques est celle qui consiste à dessécher, par une évaporation rapide, une mince couche de sang étalée sur lame. Ce procédé est fort ancien, puisqu'il avait été déjà employé et indiqué en 1821 par Prevost et Dumas, pour l'évaluation dusdiamètre des globules rouges. Lorsqu'on complète la fixation au moyen de différents réactifs, on peut obtenir de cette facon d’excellentes préparations. Mais, si celte méthode est, par sa simplicité, très appropriée aux travaux cliniques, si elle conserve bien l’'hémoglo- bine et la forme extérieure des éléments, si elle est indispensable sur- tout pour la recherche des réactions colorantes et histo-chimiques, il est cependant des renseignements qu’elle ne peut donner, en particulier sur la structure du protoplasma et surtout du noyau des cellules san- guines. Depuis longtemps, on a utilisé de différentes façons l’action des réac- tifs fixateurs sur le sang frais (1). En employant de la façon suivante les fixateurs excellents que nous possédons maintenant, et en parti- culier le mélange fort de Flemming, on obtiendra, sur des points par- ticuliers, des résultats intéressants. La goutte de sang est étalée sur lame en couche mince au moyen du dos d’une lame rodée et on la plonge immédiatement dans leliquide de Flemming (mélange fort) sans attendre un commencement de dessiccation. La fixation est obtenue en dix minutes. On lave ensuite à l’eau courante; la couche de sang superti- cielle se détache, mais la couche profonde reste adhérente. De bonnes coloralions ultérieures peuvent être obtenues facilement, surtout avec l'emploi des mordants (2). Ces préparations sont d’un aspect général moins régulier, moins agréable que celles qu’on obtient par la dessiccation; les globules rouges y apparaissent déformés, mais la structure du noyau des globules blancs, avec son réseau chromatique, y est admirablement fixée. Ainsi, (1) L’acide picrique (Ranvier), les vapeurs d'acide osmique (Malassez), le sublimé (Lüwit, Cuénot, Gulland, etc.). Le Flemming (surtout le mélange faible) a été employé également par quelques auteurs (Cattaneo, Griesbach, Tôürük, Biondi, etc.), surtout pour l'étude du sang des invertébrés et des ver- tébrés inférieurs. (2) Par exemple, éosine-hématéine, éosine-bleu de méthylène, orange- hématéine, thionine, safranine, après mordançage pendant quelques secondes par la teinture d’iode étendue (1 environ iode, alcool à 95°100). 614 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE on peut voir que dans le sang des mammifères et de l’homme en particulier, la chromatine n’est nullement à l’état diffus dans le noyau des grands leucocytes à noyau ovalaire ou réniforme. Ce noyau possède au contraire un réseau chromatique très net, mais assez fin, et par con- séquent facilement altérable. L'aspect diffus correspond donc à une altération artificielle, et tient à une fixation imparfaite, dont les effets les plus apparents se font sentir, naturellement, sur les noyaux les moins riches en chromatine. Dans la myélocythémie, on sait qu'il apparaît dans le sang, en grand nombre, des globules blancs volumineux res- semblant aux cellules médullaires : ce sont les myélocytes. Leur noyau a été Jusqu'ici vu et figuré presque sans structure. Cet aspect diffus du noyau a été même considéré par certains comme l'indice de la dégéné- rescence et de la mort de ces cellules, qui semblent cependant posséder des mouvements propres, comme j'ai eu l’occasion de le montrer. Grâce à l’obligeance de M. le D' Triboulet, j'ai pu examiner, avec la méthode que je viens d'indiquer, le sang d’un homme atteint de myélo- cythémie. J'ai pu voir les faits suivants. Le noyau des myélocytes n’est nullement diffus, mais possède une structure très nette, particulière et semblable à celle du noyau des cellules du même genre qu’on trouve dans la moelle rouge. Il possède une membrane, un ou plusieurs nucléoles vrais (se colorant d’une manière différente de la chromatine) et un réseau chromatique très délicat. Dans certaines cellules, la chro- matine n'apparaît que sous forme d'amas très fins, sans former de véri- table réseau; dans d’autres, où la chromatine est plus abondante, le réseau est complet. Dans celles ou le réseau est plus riche, à travées plus épaisses, les nucléoles vrais ont ordinairement disparu. En même temps, certains noyaux subissent des modifications de forme qui semblent jusqu’à un certain point parallèles aux changements de struc- ture. Leur contour se déprime en un ou plusieurs points; ces déforma- tions s’exagèrent, le noyau perd de son suc et arrive au noyau poly- morphe qui possède un réseau chromatique très apparent, sans nucléoles vrais. En résumé, l'aspect diffus, homogène, du noyau d’un certain nombre de leucocytes, en particulier dans le sang normal et pathologique de: l’homme, n’est qu'une altération artificielle tenant à une fixation impar- faite. (Travail du laboratoire d’histologie du Collège de France.) SÉANCE DU 8 JUIN G15 FONCTION GLANDULAIRE DE L'ÉPITHÉLIUM OVARIQUE ET DE SES DIVERTICULES TUBULIFORMES CHEZ LA CHIENNE, par MM. Cr. Recaun et A. Porrcarp. L'épithélium ovarique de la Chienne adulle est constitué par une seule couche de cellules cylindriques basses, non ciliées. Cet épithélium s’invagine dans la couche la plus superficielle de l'écorce ovarique, sous forme de tubes à lumière nette, à direction oblique. C'est au-dessous de la couche des tubes superficiels qu'on trouve la couche des follicules. Les tubes corticaux possèdent un épithélium absolument identique à celui de la surface de l'ovaire et les particularités que nous allons signaler s’observent aussi bien dans l’épithélium des tubes que dans celui de la surface. Contrairement à l’opinion maintes fois exprimée, et défendue encore par Paladino, nous n'avons fait aucune observation qui puisse faire croire que les tubes en question soient le point de départ ou le siège de la néoformation de follicules ovariens, chez l'animal adulte, C’est aussi l'opinion exprimée récemment par H. von Winiwarter (1). D'ailleurs, ces tubes cortieaux sont une formation variable et contin- gente. Ils font défaut chez la plupart des mammifères adultes. L'étude de l’épithélium ovarique et des tubes corticaux sur des ovaires fixés par le bichromate de potasse acétifié, après coloration soit par l’hématéine et la safranine, soit par l’hématoxyline (précédée de mor- dançage aux sels de cuivre, et suivie de décoloration partielle au borax et au ferricyanure de potassium, méthode ancienne de Weigert), nous a montré deux faits étroitement connexes : a) des variations dans la chro- maticité des noyaux, b) la présence d’un produit de sécrétion. a) Variations dans la chromaticité des noyaux. — Lorsqu'on a fait agir successivement l’hématéine et la safranine, certains noyaux sont colorés en violet, d'autres en rouge, d’autres ont pris une teinte intermédiaire. Après l’action de l'hématoxyline cuprique, certains noyaux sont abso- lument noirs, d’autres complètement incolores, d’autres gris. En comparant attentivement les préparations on se rend compte que les noyaux noircis par l'hématoxyline cuprique correspondent aux noyaux rougis par la safranine. Ces variétés chroma!iques de noyaux sont diversement entremêlées. Les noyaux incolores (ou hématéiphiles) sont les plus nombreux. b) Produit de sécrétion. — Les préparations colorées par l’hématoxy- line cuprique montrent que beaucoup de cellules, soit dans l’épithélium ovarique, soit dans les tubes corticaux, contiennent des gouttelettes (1) Arch. de Biologie, t. XVII, fasc. 1. 616 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE noires d'un produit de sécrétion. Ces gouttelettes sont plus colorées à la périphérie qu'au centre, sauf les plus petites, qui sont uniformément noires; elles ne sont pas sphériques, mais très irrégulières, müriformes, comme si elles résultaient de la confluence de gouttelettes plus petites. On les trouve soit dans la partie basale, soit dans le sommet de la cel- lule, plus rarement sur les côtés du noyau. Ces gouttelettes sont plus nombreuses dans Les cellules dont le noyau est incolore que dans celles dont le noyau est noir : comme s’il y avait un balancement entre la richesse du noyau et la richesse du proto- plasma en une même substance colorable en noir par le réactif. On doit conclure de ces faits que l’épithélium ovarique, du moins chez le Chien, possède une fonction glandulaire ; que les tubes corticaux de l'ovaire sont des diverticules glandulaires de l’épithélium ovarique. Nous nous croyons autorisés aussi à conclure que, dans ce cas parti- culier comme dans une foule d’autres, le noyau joue un rôle dans l’éla- boration du produit de sécrétion. À travers la membrane nucléaire, il se fait des échanges de matériaux. La chromatine subit des variations quantitatives et qualitatives, liées aux phases du travail sécrétoire de la cellule. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) NOTE SUR LES CELLULES GLANDULAIRES DE L'ÉPIDIDYME DU RAT, par M. CL. REGAUD. € L'épididyme a fait l’objet d'un travail très important de A. Henry (4). Je me bornerai, dans cette note, à exposer brièvement ceux de mes résultats qui diffèrent des siens, ou qui sont nouveaux par quelque côté. S A. Produit de sécrétion. — À. Henry à réussi à colorer dans l’épidi- dyme d’un grand nombre d'animaux, et en particulier du Rat, des grains de sécrétion situés dans le protoplasma des cellules. Les pièces qu'il a examinées étaient colorées par la méthode de Flemming (safra- nine, violet de gentiane, orange) après fixation par le liquide de Flem- ming. Sur des pièces fixées par le bichromate de potasse additionné d'acide acétique (Tellyesniczky) et colorées par l’hématéine et la safra- nine, il ne m'a pas été possible de retrouver les grains safranophiles. Je me propose de vérifier ultérieurement s'ils n'auraient pas été dissous par le fixateur. Par contre, sur ces mêmes pièces, la coloration par l’'hématoxyline, précédée de mordançage aux sels de cuivre et suivie (4) Arch. d'anat. micr., t. IT, 1900. SÉANCE DU S JUIN 617 de décoloration au borax-ferricyanure (ancienne méthode de Weigert), m'a montré que les cellules épididymaires sont littéralement bourrées d’un produit de sécrétion très analogue à celui que la même méthode mel en évidence dans l'épithélium séminal. Ge produit consiste en gouttelettes confluentes qui forment des amas mûriformes volumineux, entourant le noyau et occupant la plus grande partie du corps cellulaire. Ces goutte- lettes sont colorées en noir foncé, du moins à leur périphérie, car leur centre paraît ne pas se colorer du tout. Ce produit se rencontre dans toute l'étendue de l’épididyme. Les gouttelettes se déversent manifestement à la surface des cellules, dans les tubes épididymaires ; c’est à ce fait qu'il faut rapporter l'aspect déchiqueté de beaucoup de cellules. Le produit de sécrétion, aussitôt déversé hors des cellules, n’est pas colorable. De sorte que, comme pour l'épithélium séminal, il y a lieu de se demander si la méthode de colo- ration ne colore pas, au lieu du produit de sécrétion, plutôt la couche de protoplasma en contact avec lui, c'est-à-dire la paroi de la vacuole dans laquelle est enfermée la gouttelette sécrétée. | Il me parait certain que ce produit de sécrétion n’est pas le même que celui décrit par Henry chez le même animal, car il est beaucoup plus abondant et se présente sous un aspect bien différent. B. Polymorphisme des noyaux. — Les noyaux des cellules épididy- maires du rat, lorsqu'elles sont en activité (à en juger par l'abondance du produit de sécrétion qu'elles renferment), ont une taille et une forme excessivement irrégulières. On peut ajouter que la position de ces noyaux et leur nombre ne sont pas moins variables. Cerlains noyaux sont gigantesques, d’autres nains. Les plus gros sont plissés, découpés, incisés, contournés d’une façon extraordinaire. Ii ne me semble pas possible d'admettre que tous les plis, toutes les fentes soient en rap- port avec la multiplication d’ailleurs incontestable, par voie amitosique. IL paraît plus probable que le noyau augmente ainsi sa surface de contact avec le protoplasma. C. Variations qualitatives de la chromatine. — La triple coloration par la méthode de Flemming a bien montré à Henry, et à quelques autres de ses prédécesseurs, que certains noyaux ou cerlaines parties de la chromatine d’un même noyau fixent plus volontiers la safranine, tandis que d’autres noyaux ou parties de noyau fixent le violet de gentiane. La méthode de coloration de Rabl, à l'hématéine et à la safranine, met ces variations en évidence avec une bien plus grande précision. D'une manière générale, les très gros noyaux, découpés par des plis nombreux, sont presque toujours hématéiphiles, et ne contiennent qu'un petit nombre de nucléoles cu de mottes chromatiques safrano- philes. Au contraire, les petits noyaux, qui sont ordinairement peu plissés, et même sphériques, sont entièrement safranophiles. Ces petits noyaux se rencontrent soit dans la partie du cytoplasme confinant à la FLOU 618 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lumière du tube, soit, au contraire, dans la partie basale de la cellule. Un certain nombre de ces petits noyaux safranophiles peu plissés sont entourés d'une zone de protoplasma très transparente et bien limitée. Lorsque ces derniers éléments siègent tout contre la paroi con- jonctive du tube, ils sont qualifiés de « cellules basales » ; mais on peut rencontrer des éléments analogues, qui semblent inclus en un point quelconque du corps d’une cellule épithéliale. D. Reproduction des cellules. — Pas plus qu'Henry, je n'ai rencontré dans l’épididyme du rat adulte de figures de karyokinèse. Par contre, les divisions amitosiques nucléaires, qu'il a bien vues, sont très nom- breuses. L'interprétation qu'il en a donnée (voir son travail) me parait juste. J'ajouterai que les cellules basales me semblent résulter d’une division directe, non équationnelle, des cellules épithéliales princi- pales. Les petits éléments résultant d’une division directe nucléaire, et de l’individualisation d’une zone de protoplasma clair, restent ou se placent au-dessous des cellules épithéliales principales, et sont appelés plus tard à remplacer ces dernières. (Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) EXPÉRIENCES SUR LES PROPRIÉTÉS DE LA BILE RABIQUE A L'ÉGARD DU VIRUS FIXE, par MM. GALAVIELLE et AOUST. e s. Les expériences de Fraser et Wehrmann, plus tard celles de Phisalix, avaient montré que la bile exerçait une action neutralisante sur les venins, lorsque cette substance agissait par mélange. 14 Koch avait aussi réussi à immuniser des animaux sains contre la peste bovine en leur inoculant de la bile d'animaux atteints de cette maladie. Partant de cette idée, Franzius essaya de démontrer que la bile des animaux morts de la rage neutralise le virus rabique, et il conclut que ce pouvoir neutralisant est dû à un véritable pouvoir antitoxique,; de plus, la bile rabique serait dénuée de propriétés préventives. Vallée et Lebell (de Jassy) reprirent plus tard ces expériences; Vallée rejette le pouvoir antitoxique de la bile rabique et constate que la bile normalc agit au même titre que la bile rabique, à la facon d’un antiseptique; Lebell conclut de la même manière que Franzius et maintient non seu- lement le pouvoir antitoxique de la bile, mais le pouvoir préventif, tout en n'accordant aucune action à la bile normale, c’est-à-dire à la bile des animaux sains. SÉANCE DU 8 JUIN 619 ae En présence de ces dissentiments, nous avons voulu contrôler ces expériences et examiner l’action de la bile rabique et de la bile normale à l'égard du virus rabique. Dans toutes nos expériences (4), nous n'avons employé que du virus fixe et la bile était extraite le plus asepti- quement possible de la vésicule biliaire de lapins sains ou rabiques. 1° Bile rabique et virus fixe mélangés. — Nos lapins ont reçu sous la dure-mère 1/10 de centimètre cube d’un mélange en parties égales de virus fixe et de bile rabique. Les durées de contact de la bile et du virus furent variables. Après dix minutes ou un quart d'heure, nous avons remarqué un affaiblissement notable du virus; en effet, quelques lapins ont présenté une certaine prolongation de la période d’incu- bation, plusieurs étaient vivants deux mois après. La neutralisation du virus devint manifeste, après une, deux ou trois heures de contact; {ous nos animaux ont survécu (2). Avec la bile normale nous avons obtenu le même résultat. 2° Bile rabique avant et après la trépanation avec le virus fire. — La bile a été administrée dans ces expériences soit par la voie sous-cutanée, soit par la voie intra-veineuse. Nos lapins, en outre, ont recu tantôt une seule injection, tantôt des injections multiples. Dans aucun cas, soit avant la trépanation avec le virus fixe, soit pendant l’incubation, la bile rabique n’a empêché la marche de la maladie. La bile normale nous a donné le méme résultat. D’après ces expériences, on voit que nous nous rapprochons beau- coup des conclusions de Vallée. Nous constatons que la bile rabique n’a aucune propriété spécifique, la bile normale agit tout aussi bien que la bile rabique. Nous admettons une certaine action neutralisante de la bile soit rabique, soit normale, à l'égard du virus fixe. Cette neutralisation ne se produit que lorsqu'il y a contact direct entre les deux substances. Les injections de bile normale ou rabique ne paraissent pas avoir d'action préventive, qu'elles soient faites avant l’inoculation du virus, ou pendant l’incubation. (Travail du laboratoire de l'Institut Buisson-Bertrand, à Montpellier.) (1) On pourra trouver des renseignements complémentaires sur cette question dans la thèse de l’un de nous : Contribution à l'étude de la vaccination antirabique par le D'J. Aoust. Th. de Montpellier, 1900. (2) De même que Vallée, nous avons constaté de graves phénomènes nerveux chez les lapins, après l'injection de la bile et du virus rabique sous la dure-mère, souvent passagers et permettant la survie. Biozoare. Compres RENDUS. — 1901. T. LIT. 48 620 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA CONCENTRATION RELATIVE DU SÉRUM SANGUIN ET DES SÉROSITÉS PATHOLOGIQUES ; SES RAPPORTS AVEC LA MARCHE DES ÉPANCHEMENTS, par MM. Cu. Acaaro et M. LorEr. Lorsque l'application de la cryoscopie à l'étude des phénomènes vitaux eut montré, avec plus de précision que les anciennes méthodes, le rôle important des conditions physiques dans les échanges orga- niques, on espéra que les cliniciens seraient à même d'en tirer parti pour se renseigner sur la marche des épanchements pathologiques. En particulier, on pensa que les différences de concentration moléculaire entre le sérum sanguin et les sérosités pathologiques indiqueraient si l’'épanchement élait en voie d’augment ou de résorption. Cette idée séduisante parut d’abord confirmée par les faits: dans quelques cas de pleurésie observés par M. Castaigne, un certain rapport semblait exister entre la concentration relative du sérum et de la séro- silé d'une part, et, d'autre part, la tendance de l’épanchement à croître ou diminuer. Toutefois, des faits contradictoires ont été signalés peu après par MM. Lesné et Ravaut. Les recherches que nous avons poursuivies nous ont montré que de très grandes différences peuvent s’observer entre l'évolution de l’épan- chement et la concentration relative du liquide et du sérum sanguin. En ce qui concerne les pleurésies, dans 22 cas examinés, le point de congélation a varié entre — 0°42 et—0°56. Or, sur les 18 cas dans les- quels la comparaison a été faite entre le sérum sanguin et la sérosité, dans un seul cas la différence a été de — 0°01, c’est-à-dire que le sé- rum fut trouvé moins concentré que la sérosité : la régression fut rapide. Dans 8 cas où la différence a varié de 0°01 à 0°05, la résorplion a eu lieu en général assez promptement, sauf dans un cas où la diffé- rence atteignait 0°05. Dans 9 cas enfin, où la différence s’est élevée de 0°06 à 0°19, l’épanchement était en voie d'augmentation ou s’est reproduit après ponction. C'est donc, en somme, dans les cas où l'écart entre la concentration du sérum et celle de la sérosité était le moins accusé que la résorption semblait le plus facile. Mais cette conclusion n’est plus applicable aux épanchements asci- tiques. En effet, sur les 16 cas examinés, alors que la différence de con- centration variait de —0°02 à 0°19, l’accroisssement ou la reproduc- tion de liquide se fit toujours, sauf dans un cas où la résorption eut lieu sans ponction évacuatrice et où la différence était de 0°06. Le point de congélation de ces diverses ascites oscillait entre — 0°46 et — 0°59. Dans les épanchements articulaires, où le liquide épanché congelait entre —0°47 et — 0°53, nous avons vu les mêmes discordances. La diffé- rence de concentration a été exactement la même, 0°12, dans un cas de SÉANCE DU 8 JUIN 621 rhumatisme aigu à résorption rapide et dans un rhumatisme chronique à épanchement récidivant. Elle a été de 0°08 dans un autre rhumatisme aigu résorbé rapidement et de 0°09 dans une arthropathie labélique avec reproduction prompte du liquide. La cryoscopie comparée du sérum sanguin et des épanchements pathologiques ne saurait donc fournir au clinicien des indices suffisam- ment précis sur la tendance des liquides à s’accroître ou à se résorber. SUR LA CRYOSCOPIE DES ÉPANCHEMENTS PATHOLOGIQUES ET SES RAPPORTS AVEC LEUR NATURE, par MM. Cx. AcxarD et M. Lœper. Les différences de concentration que présentent entre eux les épan- chements pathologiques sont-elles en rapport avec la nature de la lésion qui les a provoqués ? En ce qui concerne les épanchements pleuraux, nous avons examiné trois liquides d’hydrothorax développés chez des cardiaques et trouvé les points cryoscopiques de —0°50, —0°51, —0°56. Dans 20 cas de pleurésies dites simples ou tuberculeuses, le lauiis séro-fibrineux a congelé entre —0°46 et —0°56; dans ce relevé, 5 cas seulement ont donné des chiffres supérieurs à —_ 0053. Une pleurésie hémorragique à fourni le chiffre relativement élevé de 0°57, ce qui s'explique par la pré- sence du sang mélangé au liquide. Les épanchements ascitiques, au nombre de 22, se répartissent de la manière suivante : 9 cirrhoses. . . . . .. . . . À de — 0049 à — 0054 4 péritonites Inbercaleuses Une — 0049 —0°53 Dkystes der DOMAITe PRE NEUNe — 0952 —0°58 4 cancers abdominaux . . . . . . : —0046 —0°59 Les points cryoscopiques plus forts des ascites dues aux kystes ova- riques et aux cancers s'expliquent probablement par la présence dans le liquide de produits de dégénérescence cellulaire et, parfois, de sang épanché. Pour les liquides articulaires, nous avons trouvé dans le rhumatisme aigu une fois —0°47 et, deux fois, —0°49; dans une arthrite à liquide clair au voisinage d’une ostéomyélite, — 0°47; dans deux cas d'arthrite tuberculeuse à liquide séreux, —0°49; dans un rhumatisme chronique, — 0°46; dans deux arthropathies tabétiques, —0°50 et —0°53. Ce sont là des diférences bien peu importantes. Il ne semble pas, en somme, exister de différences suffisantes dans 622 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ces divers épanchements, pour que la eryoscopie puisse fournir au cli- nicien des renseignements utiles sur la cause pathogène. Parmi les liquides pathologiques, le pus mérite une mention particu- lière. On sait que le pus tuberculeux diffère du pus septique ordinaire par sa composition chimique. Il ressort des analyses de MM. Lanne- longue et Villejean (1) qu'il renferme moins de matériaux solides et une plus forte proportion d’albuminoïdes. Or, la concentration molécu- laire nous a paru moindre dans le pus tuberculeux que dans le pus sep- tique. Nous avons obtenu les points de congélation de —0°48 et —0°52 avec le pus de deux maux de Pott, et celui de —0°56 avec le pus d’une arthrite tuberculeuse. : Le pus septique nous a fourni des chiffres plus élevés : ainsi le pus de deux phlegmons streptococciques congelait à —0°74 et —0°76; le pus d’une pleurésie streptococcique, à —0°71; celui d’une pleurésie pneu- mococcique, à —0°66; le pus staphylococcique d’une hernie infectée, à —0°69; celui d’un mal de Pott infecté par le staphylocoque et des anaérobies, à — 0°78. Cette élévation de la concentration moléculaire du pus septique est sans doute en rapport avec la décomposition des matières albuminoïdes produite par les microbes. On constate d’ailleurs, in vitro, que les liquides albumineux abandonnés à la putréfaction présentent une con- centration graduellement croissante. Ainsi du sérum sanguin qui con- gelait à —0°56, abandonné à l’étuve à +37 degrés centigrades, conge- lait au bout de quatre jours à — 0°68 et, au bout de huit jours, à —0°74; du liquide pleural congelant à —0°50, placé dans les mêmes conditions, congelait après six jours à — 0°70 et, après huit jours, à —0°77. 1 Bien entendu, dans tous ces cas, il s'agissait de liquides non modifiés par des substances antiseptiques, dont l’action pourrait augmenter la concentration moléculaire. Ainsi, le pus provenant d’un mal de-Pott récemment traité par l'injection d'éther iodoformé nous a donné le point cryoscopique de —0°70, beaucoup plus fort que dans les deux cas de mal de Pott non traité. (4) Lannelongue. Abcès froids et tuberculose osseuse, Paris, 1881, p. 177. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette 623 SÉANCE DU 15 JUIN 1901 MM. E. Gassazr et G. Saux : De la toxicité de la macération de viande. — M. Fer- NAND ARLOING : De la propriété chimiotaxique du sérum immunisant contre le charbon symptomatique et de sa neutralisation par l'acide lactique. — M. Ca. Féré : Note sur l'influence du café sur le travail. — M. Cn. Jurcrarp : De l’hématolyse dans les épanchements hémorragiques traumatiques des séreuses articulaires et prérotuliennes. — M. Max Eccer (de Soleure, Suisse) : Du retard de la perception douloureuse et thermique dans les affections de la substance grise. — M. CHARLES Ricuer : De la toxicité du sérum musculaire en injection intra-veineuse. — M. Cnarzes Ricner : Des variations des extraits musculaires avec la température d'extraction. — MM. P. Ravaur et P. AupourG : Le liquide céphalo-rachidien après la rachi-cocaïnisation. — M. Louis LAPIGQuE : Sur le temps de réaction suivant les races ou les conditions sociales. — M. O. Josué : Fixation des préparations de sang par le chloroforme.— M. A. Pourain : De l’action des ganglions lymphatiques du mésentère sur l'absorption des graisses. — MM. Saprazès et MarTuis (de Bor- deaux) : Cryoscopie des expectorations. — MM. Cu. Acaarp et Lorper : Variations comparatives de la composition du sang et des sérosités. — MM. A. DEsGrez et A. ZaKy : Influence de la lécithine de l'œuf sur les échanges nutritifs. — M. J. Lerèvre (A propos de la réponse de MM. Lagriffe et Maurel) : Nouvelles observa- tions sur la détermination de la température interne minima compatible avec la vie et sur la subordination de ce problème à l’ordre topographique. Présidence de M. Bouchard. DE LA TOXICITÉ DE LA MACÉRATION DE VIANDE, par MM. E. Cassaer et G. SAUx. (Communication faite dans la séance précédente.) A l’occasion d'expériences dont nous réservons encore les résultats, nous avons dû rechercher la toxicité, envers les animaux, de produits obtenus par macération de viande dans l’eau. La manière dont se com- portent ces produits nous a paru tirer un intérêt particulier de leur parenté avec ceux que Ch. Richet et Héricourt préconisent dans le traitement de la tuberculose. Toutefois, les macérations que nous avons expérimentées ne sont pas identiques aux sucs préparés par ces auteurs. Nous avons, en effet, mis en contact de la viande de bœuf finement triturée avec l’eau dis- tillée, dans la proportion de 1 de viande pour 10 d’eau. La durée des contacts a varié, depuis une heure et demie jusqu’à vingt heures, sans amener de modifications sensibles dans les résultats. Le produit ainsi obtenu se différencie donc par une moindre condensation de celui qu'avaient préconisé chez l’homme Ch. Richet et Héricourt, qui Biococie. Compres RENDUS. — 1901. T. LIII. 49 624 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE n'extrayaient de la viande, en y ajoutant de l’eau distillée, que les trois quarts du poids de cette viande, tandis que nous obtenions nous-mêmes une masse environ neuf fois plus considérable. Il est probable que l'expérimentation aurait donné, pour la toxicité de ces deux produits, une différence inversement proportionnelle à leur dilution respective. Le suc recueilli suivant notre méthode était rougeâtre, limpide, le plus habituellement acide (de 0,365 à 0,292, acidité évaluée en HCI vis-à-vis de la phthaléine du phénol), sans peptones, et{contenait de l'acide lactique. Malgré l'existence de cette acidité, nous croyons pouvoir, par suite des expériences comparatives dont il a été fait mention plus haut, cer- tifier que la toxicité de ces macérations ne doit pas lui être rapportée. L’incorporation a été faite à des lapins, par injection intra-veineuse, à l’aide d'appareils à écoulement continu, placés à une hauteur de 0250, d'une vitesse d'écoulement en dehors de la veine de 10 c. c. 4 à la minute, et variant, pour l'écoulement intra-veineux, de 4 à8 c. c. 7 à la minute, la température étant de 20 degrés en moyenne, l'isotonie n'ayant pas été recherchée. Ces conditions étant, du reste, celles où nous nous étions placés pour nos expériences réservées encore, permettent de les comparer entre elles. et d’en tirer des conclusions définitives, malgré la petite erreur de même sens qu'entraine le défaut de cryoscopie. | Les animaux ont succombé après avoir reçu, par kilogramme, une dose moyenne de 53 centimètres cubes de liquide. Dans une seule expé- rience, la quantité n’a été que de 46 centimètres cubes; la macération provenait alors d'une viande juteuse (seul échantillon de cette espèce que nous ayons rencontré). Enfin, la dose maxima a été de 55 cen timètres cubes, de sorte que ces résultats peuvent être considérés comme réguliers et constants. Les accidents présentés avant la mort ont été, tout d’abord, ceux d’une excitation légère provenant, dès le début de l'expérience, de la crainte de l’animal et de la douleur provoquée par l’injection. Puis ils. se sont rapidement modifiés, de manière à produire une espèce de tor- peur, de la somnolence et une immobilité absolue, qui n’était inter- rompue que par une secousse agonique, molle et terminale. Dans ces conditions, nous considérons le suc de viande comme peu toxique, étant donnés le mode de pénétration et la quantité qui a dù être introduite pour provoquer la mort. La substance toxique semble plutôt de nature comateuse. SÉANCE DU 15 JUIN 625 DE LA PROPRIÉTÉ CHIMIOTAXIQUE DU SÉRUM IMMUNISANT CONTRE LE CHARBON SYMPTOMATIQUE ET DE SA NEUTRALISATION PAR L'ACIDE LACTIQUE, par M. FERNAND ARLOING. (Communication faite dans la séance précédente.) À la suite d’injections multiples et considérables de virus charbon- neux dans les muscles d’une génisse, M. S. Arloing (1) a obtenu un sérum préventif, curatif et antitoxique contre le charbon symptomatique, capable de neutraliser la moitié de son poids de sérosité virulente fraîche typique. I. — Nous avons recherché les propriétés chimiotaxiques d’un tel sérum. Pour cela, nous avons introduit dans la cavité péritonéale du lapin, avec les plus grandes précautions aseptiques, des ampoules de bau- druche préalablement stérilisées et remplies d'environ 2 à 3 centimètres cubes de sérum anticharbonneux. Après vingt-quatre heures, l’animal a été sacrifié et nous avons compté, sans dilution du liquide, au moyen de la cellule et du carré quadrillé de l’hématimètre Hayem-Nachet, les leucocytes contenus dans 1 millimètre cube. Par les colorations appro- priées, le pourcentage qualitatif de ces globules blancs a été fait ensuite. Les ampoules dont le contenu était pur de tout germe microbien ont été seules utilisées. Nous ne donnerons pas ici le détail de nos expériences. Mais tandis que le nombre des globules blancs par millimètre cube, dans deux cas par exemple, était avec du : Sérum de génisse normale : 49 LEucocyTESs et 72 LEUCOCYTES comprenant : ÉVHAPROCNteS PNA 3,9 Mononucléaires eee aus 19 Polynucléaires PAR PRENONS 16 Bosinophiles Me RPM EAN 0) 0,5 Dans deux cas correspondants nous avons obtenu respectivement, dans le même volume de liquide, avec du : Sérum anticharbonneux : 389 LEucocytres et 385 LEUCOCYTES se dénombrant en : Bynphio yes EE NES ND 400 4 p. 100 Mononucléaires et 000 Lana 1 PolynucIÉAIRES EME APNMARrO 89 Eosinophiles . 0 0 (4) Etude sur la sérothérapie du charbon symptomatique. Soc. des Sc. vétér. de Lyon, 4 février 1909 et Comptes rendus Acad. des Sc., février 1900. De l’immunité contre le charbon symptomatique par l'injection du sérum préventif et du virus naturel isolés ou mélangés, Soc. des Sc. vétér. de Lyon, mars 1900, Comptes Rendus Acad. des Sc., 9 avril 1900. 626 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces globules blancs étaient souvent agglomérés par groupes d'environ 20 à 25, comme agglutinés, mais nageaient aussi isolément au sein du liquide examiné. En résumé, ce sérum anticharbonneux paraît doué d'une propriété chimiotazique positive très accusée. II. — Nous nous sommes ensuite préoccupé de savoir si un tel pou- voir chimiotaxique positif pourrait être neutralisé par un corps possé- dant la propriété inverse. Nous nous sommes adressé à l'acide lactique, auquel on a eu recours fréquemment dans les recherches sur le Bact. Chauvæi et dont l’action chimiotaxique négative a été vériliée par de nombreux expérimenta- teurs (Gabritchewsky entre autres) et par nous-même. Dès l’abord, nous avons constaté que l'acide lactique mélangé à notre sérum à la dose de 1/10 et laissé dans les sacs de baudruche, in vivo, pendant vingt-quatre heures, provoquait la coagulation du mélange. Il a été impossible de déceler, dans ce coagulum fibrineux, un seul leu- cocyte. A titre de renseignement, nous observâmes que, à 1/10 et 1/12, les mélanges d'acide lactique et de divers sérums de bœuf, de chèvre, de cheval, sains ou immunisés, devenaient louches mais restaient liquides à la température ordinaire, tandis que la coagulation s’opérait, même après trois heures, dans une étuve à 37 degrés. On concoit donc facilement qu'à ce degré de concentration l'acide lactique suspende complètement les mouvements amiboïdes des leuco- cytes et soit une substance chimiotaxique négative. Nous avons dù, par suite, diminuer le titre de notre mélange jusqu’à 4/50 et 1/100, doses auxquelles ce dernier louchit seulement, sañs donner autre chose, à 38 ou 40 degrés, que quelques coagula fibrineux légers. Dans ces conditions, l'action chimiotaxique positive du sérum antichar- bonneux a été considérablement diminuée puisque sur le méme animal nous ayons eu dans les ampoules en baudruche : SÉRUM PUR SERUM ET Aa LACTIQUE 389 leucocytes. 85 leucocytes. 389 = 93 = Les globules blancs qui s'étaient introduits dans les sacs étaient presque exclusivement des polynucléaires. En résumé, on voit donc que la propriété chimiotaxique positive d'un sérum immunisé, en l'espèce le sérum anticharbonneux, peut disparaître par l’adjonction d'une substance chimique douée, au contraire, d'un pouvoir chimiotaxique négatif. (Travail du laboratoire du professeur S. Arloing.) SÉANCE DU 1À5 JUIN 627 NOTE SUR L'INFLUENCE DU CAFÉ SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FéRé. « Le plaisir de prendre un café, dit Cabanis, n’est rien en comparai- son du bien-être qu'on ressent après l'avoir pris ». En vérité, le café agit successivement par sa saveur et par la caféine, qui produit une excitation générale se manifestant aussi bien quand elle est introduite dans le tissu cellulaire sous-eutané que quand elle passe par l'estomac. À l’action gustative du café s'ajoute, dans la consommation ordinaire, l'action sensorielle du sucre et du liquide généralement chaud qui lui sert de véhicule. Exp. I. — On peut se rendre compte de l’action gustative isolée du café en croquant À gramme de grains de café torréfié, dont on peut facilement éviter d’avaler les débris. On travaille à l’ergographe de Mosso par séries, comme lorsqu'il s'agissait de la théobromine. La mastication du café n’a duré que pen- dant la première série. Le travail de chaque série-est comparé à une série récente faite au repos et sans excitalion, 22, 29. SÉRIES TRAVAIE RAPPORT DU TRAVAIL Rent t nel DU En 1 42,09 189,09 2 31,74 142,38 3 30,30 135,93 à 5,71 25,88 3 3,21 14,14 () 2,10 42,11 7 k 2,64 11,84 8 2,31 10,67 9 231 18,67 123,19 Exp. II. — Dans une seconde expérience on a dégusté, en trois fois, au début et pendant les deux premiers repos de la première série du travail, une infusion de 25 grammes de café pour 110 grammes d’eau bouillante ayant donné environ 60 grammes de liquide, que l’on a rejeté chaque fois avant d'introduire une nouvelle quantité. Le travail a donné le résultat suivant : TRAVAIL RAPPORT DU TRAVAIL SÉRIES en . au kilogrammètres. travail normal. 1 37,62 168,77 2 39,27 Et 3 35,61 159,75 4 21,96 98,30 5 8,70 25,57 EEE AE 1e Le A MER ER 2/94 13,10 NE EE LU ASERMEOt 2,0% 9,15 8 A | RER 1,56 6,99 9 ne Mr I 1,26 d,69 147,93 628 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— Exp. III. — Dans la troisième expérience, on a fait la même infusion, qui a été ingérée quatre minutes avant le travail. : TRAVAIL RAPPORT DU TRAVAIL SERIES en au kilogrammètres. . travail normal. AU LE ERA A RS DMÉMEEt2 | ARE S OROE 135,66 NS LE NE EE AREA SE 154,50 3 40,35 181,02 4 AAA 61,50 5 aol 17,36 GEO ARE AU Re RER ER 2,79 12,52 iPAQ UT Rue TR RUE 2.43 10,90 SM ae NT Eu RATE A ae 1,92 8,61 9 1,71 7,74 131,46 Exp. IV. — Dans l'expérience suivante, on a ingéré 0 gr. 25 de caféine quatre minutes avant le travail. : TRAVAIL RAFPORT DU TRAVAIL SERIES en au kilogrammètres. travail normal. ta 29,34 131,62 D 35,10 157,46 30 36,78 165,00 ie 12,90 57,87 5 4,02 18,03 6 3,00 13,45 AY 2,9% 13,19 … 8 2,23 10,09 DD 1,80 8,07 128,13 2 ExP. V. — On pouvait supposer que l'excitation serait plus durable si la caféine était prise à doses fractionnées. Dans l’expérience suivante, la caféine a été prise à la dose de 0,03 quatre minutes avant chaque série d’ergogrammes. TRAVAIL RAPPORT DU TRAVAIL SÉRIES en au kilogrammètres. travail normal. 1 27,03 121,26 2 30,78 138,08 3 39,42 176,85 % 23,88 107,13 5 6,57 29,47 6 4,47 20,05 7 3,12 13,99 8 2,01 9,01 9 1,62 7,35 138,90 pat trie SÉANCE DU 15 JUIN 629 On voit que, dans ces différentes conditions d'expériences, le travail total exécuté sous l'influence du café ou de la caféine n’a jamais dépassé le travail total exécuté sans excitant, 149 kilogrammètres dans la der- nière expérience rapportée dans ma note relative à la théobromine. Quand le travail a été le plus élevé dans les premières séries sous l’in- fluence de l’excitant, l’abaissement a été plus considérable dans les dernières séries. Le rapport du travail au travail normal tombe en général au-dessous de 10 p. 100 dans la dernière série lorsqu'on à employé le café; tandis que, dans les expériences où on n’a fait aucune excitation, il reste au-dessus de 50 p. 100. La fatigue s’est précipitée quand l'excitation du début a été plus forte; par conséquent, plus on prolongera la durée du travail, plus la différence en faveur du travail sans excitant sera considérable. L'action excitante de la caféine n’est pas douteuse; mais dans les con- ditions où nous avons expérimenté, on voit que c'est par sa saveur que le café a provoqué l'excitation la plus considérable; la série la plus élevée est celle qu’on a obtenue d'emblée avec la mastication d’un gramme de grain torréfié, et le travail total le plus considérable à été obtenu par la dégustation d’une tasse d’infusion non sucrée. Dans ce dernier cas, d’ailleurs, la fatigue à la fin se caractérise par un tel abais- sement du travail que la différence au profit du travail normal sans excitation allait s’accentuer rapidement. En somme, le café, comme les autres excitants que nous avons passés en revue, est un accélérateur de la fatigue. Il est intéressant de remarquer que l’abaissement de la pression arté- rielle qui se manifeste dans la fatigue déterminée par le travail momen- tanément augmenté par les excitations sensorielles, fait défaut ou au moins est très notablement diminué dans la fatigue déterminée par le travail momentanément augmenté par la théobromine et la caféine. On voit sur nos graphiques que le café et la caféine, comme les autres excitants étudiés précédemment par nous, augmentent le nombre des soulèvements comme leur hauteur totale tant que l'excita- tion dure. DE L’HÉMATOLYSE DANS LES ÉPANCHEMENTS HÉMORRAGIQUES TRAUMATIQUES DES SÉREUSES ARTICULAIRES ET PRÉROTULIENNES, par M. Cu. JULLIARD. La question de l'utilisation de l’hématolyse au point de vue clinique a été soulevée par M. le professeur Bard, de Genève, à propos des épanchements hémorragiques de nature cancéreuse de la plèvre et du péritoine. 630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il insiste tout particulièrement sur ce fait, qu'il faut étudier ce phéno- mène séparément pour chaque séreuse et pour chaque cause pa- thogénique. Nous avons entrepris à ce sujet une série de recherches sur les épan- chements des articulations et de la bourse séreuse prérotulienne. | Parmi ceux-ci nous avons trouvé : 4 épanchements hémorragiques provenant d’hémarthoses du genou, et 2 hygromas prérotuliens, éga- lement hémorragiques, tous d’origine traumatique. : Pour ce qui concerne les cas d'hémarthrose, nous en avons observé 3 qui laquaient spontanément, et 1 qui ne manifestait une action hémo- lytique qu'après l'adjonction de 8 gouttes d’eau distillée pour 10 de liquide. Pour ce dernier cas, ainsi que pour un de ceux qui présentaient un laquage d'emblée, on rechercha lPabaissement du point de congélation, qui fut trouvé le même, soit À — 0°52. À quoi est due cette variabilité dans l’action hématolytique d’épan- chements qui sont de même origine? Toutes choses étant considérées comme égales d’ailleurs, et les causes qui peuvent engendrer le phénomène (lysines, hypotonicité) étant mises à part, nous avons remarqué que le laquage du sang s’est produit dans les épanchements examinés peu de temps après l'accident causal, tandis qu'il faisait fdéfaut dans ceux qui ont séjourné un temps relativement long dans la séreuse, Les premiers, eu effet, ont été étudiés 24, 48, 72 heures après leur apparition, tandis que le dernier fut examiné seulement 15 jours après son début, alors qu'il était en voie de résorption. Quelle que soit la manière dont on explique ce phénomène : sécrétion par la séreuse d’une substance agissant soit comme corps antihématoly- sant direct, soit en modifiant la tonicité du liquide épanché, ou encore prompte résorption de l’hémoglobine dissoute qui finirait par disparaître au bout d’un certain temps ; toujours est-il qu’il semble admis que plus on s'éloigne du début de l'affection, plus l’action hématolysante fait défaut dans le liquide épanché. Pour ce qui concerne les deux cas d'hygromas hémorragiques trau- matiques, nous observons cette même influence du temps écoulé depuis l'accident initial, quoique ne se produisant pas dans la même mesure, puisque celui qui laquait fut examiné 15 jours, et celui qui ne présentait aucun signe d'hématolyse 4 mois après le début de l’'épanchement. On sait que Milian a observé un cas d’hémothorax traumatique da- tant de 20 jours, et qui ne laquait pas. Il est possible que ce que nous avons observé pour les articulations soit vrai pour la plèvre, et qu'un examen pratiqué rapidement après l'accident eût, dans ce cas, révélé la présence du phénomène de l’hématolyse. Nous concluons donc que le pouvoir hématolytique des épanche- SÉANCE DU 15 JUIN 631 ments traumatiques des séreuses des articulations et de la bourse préro- tulienne est en raison inverse du temps qui sépare le moment de l’exa- men du début des phénomènes morbides. er Nous nous réservons de traiter la question plus en détail dans un travail qui sera publié ultérieurement. DU RETARD DE LA PERCEPTION DOULOUREUSE ET THERMIQUE DANS LES AFFECTIONS DE LA SUBSTANCE GRISE, par M. Max EGcEer (de Soleure, Suisse). Le phénomène de la perception retardée, si fréquent dans le tabes, n'a été constaté que très exceptionnellement dans les affections de subs- tance grise. Et cependant, à y regarder de près, il paraît être plus fré- quent. Sur dix cas de lésions de la substance grise, appartenant à la syringomyélie et à l’'hématomyélie, nous l'avons constaté neuf fois, et le cas où le phénomène du retard n'a pu être constaté se trouve pour ainsi dire dénaturé par un état fonctionnel surajouté. Dans le tabes, une seule et unique piqüre suffit pour aboutir à la per- ception après une période de latence variant, pour la majorité des cas, entre deux à dix secondes. Dans les affections de la substance grise, ou bien une seule et unique piqüre aboutit à une sensation, laquelle est alors sentie immédiatement, sans retard appréciable, ou bien la piqûre unique reste sans produire aucune sensation. Mais en produisant beaucoup de piqûres, en lardant pour ainsi dire de nombreuses piqüres une région déterminée, il peut arriver que quelques-unes, dans le nombre, soient tout à coup senties ou encore que la sensation fasse défaut. Les malades nous disent régu- lièrement le lendemain : « Vous m'avez fait bien mal; je n’ai pas du tout senti sur le moment, mais quelque temps après, le bras a commencé à me cuire et à me picoter d’une manière bien désagréable. » La période de latence est d'une durée très variable, et non seulement pour des indi- vidus différents, mais pour un même individu, et pour une même région cette période est sujette à des oscillations. Nous avons rencontré trois cas de syringomyélie où la période de latence variait d'une demi-heure à 3 heures. Examinant la sensibilité à la chaleur avec une baguette de métal, sur une malade qui présentait une anesthésie absolue de la moitié gauche de la face, il nous est arrivé de produire une brûlure sur sa joue gauche. La malade n’accusa rien sur le moment, et ce n’est qu'environ 3 heures plus tard que survint une sensation continue de brûlure se prolongeant environ une journée entière. L’autopsie révéla à côté d’une tumeur intra-cranienne que nous 632 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous croyons le droit de considérer comme la cause des anesthésies, une hydromyélie avec élargissement du canal central dans les parties supé- rieures de la moelle et du bulbe (1). Dans un autre cas de syringomyélie, nous avons noté à maintes reprises un retard, qui variait pour diverses régions entre 50 secondes, 15 minutes et une demi-heure. Une troisième malade, très âgée, annonce les sensations 2 à 3 heures seulement après l'application de l’irritant. Ces malades, chez lesquelles la période de latence est si considérablement augmentée, n’éprouvent pas toujours des sensations pures, équivalentes de l'irritant. C’est ainsi que le con- tact d'un corps chaud détermine chez eux un mélange de sensations de cuisson, de picotement et de démangeaison où prédomine tantôt l’une, tantôt l’autre de ces qualités sensitives. Cependant, la majorité des cas que nous avons eu l’occasion d'examiner, se comporte autrement. Il suffit qu'un irritant agisse pendant 120, 50, 30, 20 et même moins de secondes pour que la sensation de chaleur ou de piqûre apparaisse. Pour l’examen de la chaleur, nous nous servons d’un corps porté à la tempé- rature constante de 55 degrés centigrades. Dès que la malade nous annonce la sensation, nous enlevons l’irritant. Après un temps plus ou moins long, variant entre 10 et 30 secondes et davantage, apparaît une seconde sensation qui est pour certaines mala- des plus intense, pour d’autres moins intense que la première. Par analogie avec les images consécutives du domaine de la vision, nous appliquons à ces sensations consécutives le nom de positives quand elles sont plus intenses que la sensation primaire, et le nom de néga- tives quand elles lui sont inférieures en intensité. Pour explorer la sen- sibilité à la piqûre, nous nous sommes servi d’un instrument qui nous permet de réaliser 50 piqûres à la seconde. Pour les cas d’analgésie les plus prononcés, où la période de latence était considérable et où les piqüres faites à la main arrivaient à être senties seulement après 1/$heure ou des heures, nous sommes arrivé après une demi-minute ou une minute de piqüres continuelles, c’est-à-dire après un nombre de piqûres variant entre 1.500 et 3.000, à éveiller la sensation, abrégeant ainsi le temps de réaction d’une manière considérable. Nous n'avons pas ren- contré jusqu'à présent un seul cas où l’analgésie ait résisté à l’appli- cation de ce procédé, qui est basé sur la méthode de la sommation. Quant à l'interprétation des phénomènes, elle nous occupera ulté- rieurement. Pour aujourd’hui, nous voulions simplement montrer que le retard de la perception douloureuse et thermique, loin d’être rare dans les affections de la substance grise, est au contraire très fréquent. (Travail du service du D° Dejerine, médecin à la Salpétrière.) (1) Notre collègue et ami M. Hauser a bien voulu nous communiquer le résultat de l’autopsie microscopique. SÉANCE DU 1À5 JUIN ‘ 633 DE LA TOXICITÉ DU SÉRUM MUSCULAIRE EN INJECTION INTRA-VEINEUSE, par M. CHARLES RicHEr. J'ai montré précédemment [Comptes rendus de l'Académie des sciences, 31 décembre 1900, t. CXXXI, p. 1314) que le sérum musculaire de la viande de bœuf était, en injection intra-veineuse, d'une assez grande toxicité, à savoir que des doses voisines de 5 centimètres cubes par kilogramme déterminaient la mort d’un chien en vingt-quatre ou qua- rante-huit heures. Il est clair que ces expériences n’ont qu'un rapport assez éloigné avec les récentes expériences de MM. Cassaet et Saux (7ribune médicale du 12 juin), car ces expérimentateurs mesurent la toxicité en continuant l'injection jusqu’à la mort de l'animal pendant l'injection même. Il est évident qu'ils sont exposés, dans ce cas, comme dans toutes les expé- riences de ce genre, à dépasser de beaucoup la dose toxique; car ils sont forcés de faire cette hypothèse que, si telle dose n’est pas toxique au moment même de l'injection, elle ne sera pas toxique une demi- heure, ou une heure, ou vingt-quatre heures plus tard. Or, bien des substances n'’agissent que lentement sur l’organisme. Telle toxine injectée n'aura d'effet qu'au bout de huit ou dix heures, voire au bout de quelques jours. On n’en aura pas moins injecté une dose vraiment mortelle. Il ne s’agit pas là d’une critique ; car, dans les expériences de toxicité, on est forcé de prendre une mesure quelconque de cette toxicité, et toute mesure, même si le principe n’est pas bon, peut fournir une indi- cation assez utile. Les deux méthodes peuvent donc être employées; mais, pour ma part, je préfère nettement la mesure de la toxicité vraie, c'est-à-dire de la dose qui ne tue jamais, et de la dose qui tue toujours, sans avoir à juger si la mort est immédiate, ou si elle survient à quelques heures de distance. L’expérimentation est plus longue et plus laborieuse, mais les résultats sont incomparablement plus précis, et on ne doit pas, pour présenter des conclusions plus rapides, préférer une méthode imparfaite à une méthode plus longue, mais plus exacte. D'ailleurs, le chiffre donné par MM. Cassaet et Saux se rapproche beaucoup du chiffre que j'avais donné, puisque 56 centimètres cubes de leur liquide représentent 5 gr. 6 de viande, et que, dans mes expé- riences, la dose toxique était de 5 centimètres cubes, représentant 15 grammes de viande environ. En tout cas, la mesure de la dose toxique des sérums de viande est très difficile, car certaines conditions la modifient dans une proportion considérable. I m'a paru que la température à laquelle la viande était soumise, 634 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE après l’abatage, exerce une influence prépondérante sur cette toxicité. Avec À. Perret, nous avons fait un grand nombre de ces injections en été et en hiver, et nous avons vu varier du simple au quintuple la dose toxique du sérum musculaire. Pour préciser, je prendrai non pas le poids même du sérum, mais la quantité de viande dont il a été extrait. Or, avec la presse dont je dispose, j'obtiens, par pression, à peu près 30 de sérum p. 100 de viande. Par conséquent, 1 centimètre cube de sérum représente à peu près 3 grammes de chair musculaire. C’est toujours au poids de chair musculaire que se rapportent les chiffres que je donnerai ici. Voici quelques expériences qui paraîtraient contradictoires, s'il n’était tenu compte des variations de la température extérieure. 22 février (température extérieure, — B°4). «) Un chien de 12 kilogrammes recoit en injection veineuse du sérum représentant 20 grammes de viande, soit 60 grammes par kilogramme. Il survit. 23 février (température extérieure, — 496). 6) Un chien de 6 kil. 700 recoit 368 grammes de viande, soit 55 grammes par kilogramme et survit. y) Un chien de 4 kilogrammes recoit 200 grammes de viande, soit 6% grammes par kilogramme et survit. 19 février (température extérieure, — 203). à) Un chien de 10 kilogrammes recoit 400 grammes, soit 40 grammes par kilogramme et survit. n) Un chien de 9 kil. 5 recoit 475 grammes, soit 50 grammes par kilo-, gramme et survit. Ainsi, chez ces cinq chiens, il y a eu survie après des doses de 40, 50, 55, 60 et 65 grammes par kilogramme, alors que la température. exté- rieure était constamment au-dessous de — 293. Âu contraire, en été, les doses ont été absolument différentes. 47 juillet. — à} Chien de 5 kil. 6. Injection de 67 gr. 5, soit 12 grammes par kilogramme, mort dans la nuit. 22 juin. —f”) Chien de 10 kil. 30. Injection de 225 grammes, soit 21 grammes par kilogramme, mort dans la nuit. 20 juin. — y’) Chien de 9 kil. 40. Injection de 120 grammes, soit 13 grammes par kilogramme, mort en vingt-quatre heures. Ainsi, dans ces trois expériences — et brevitatis causä, je n'en don- nerai pas davantage, car elles parlent dans le même sens — des doses de 12, 13, 21 grammes ont amené la mort, alors qu’en hiver des doses de 60 et 65 grammes n'ont pas tué les animaux injectés. Je réserve pour une communication ultérieure l'interprétation de ces faits. Je dirai seulement que ni la viande, ni le sérum n'étaient, en SÉANCE DU 15 JUIN 635 apparence, altérés, et qu'ils avaient conservé l'odeur, la saveur et la couleur de viande et de sérum absolument frais. Dans une note prochaine, je montrerai que d'autres conditions peuvent encore modifier ces résultats. DES VARIATIONS DES EXTRAITS MUSCULAIRES AVEC LA TEMPÉRATURE D'EXTRACTION, par M. CHARLES RIcHEr. En poursuivant avec À. Perret l’étude des sérums musculaires (viande de bœuf) aux diverses températures, j'ai trouvé que la température exerce une influence, d'ailleurs facile à prévoir, sur la teneur en albu- mine de ces extraits. Le dosage de ces albumines était opéré par la pesée du résidu inso- luble dans l'alcool absolu bouillant. Les chiffres se rapportent à la quantité d’albumine correspondant à 100 grammes de viande. La viande était mise à digérer pendant une heure avec son poids d’eau distillée. TEMPÉRATURE QUANTITÉ D'ALBUMINE de extraite pour l'infusion. 100 gr. de viande. (CG EYEZ 6e à VAE SE A AE 18 89 Sidesrés 1. 1 65 143 — 4134 16 — Gi IGN 2 05 35 — 2 20 ds no 9 43 Moyenne : 2,32 AS : 2 Moyenne : 2,08 N or 9 . ge 5 2 Moyenne : 2,35 … jé : “ Moyenne : 2,17 55 — 2 19 60 — 0 70 70 — 0 81 TOM 0 52 Moyenne : 0,70 10 — 0 76 82 — 0 28 100 — 0 30 120 — 0 30 636 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans quatre expériences, le musele de chien a donné à 0° 1 gr. 85 et à 13° 1 gr. 37, chiffres concordant avec les chiffres trouvés sur la viande de bœuf. Chauffée avec son poids d’eau pendant vingt heures, la viande a donné comme extrait aqueux : à 58°, 1 gr. 26, 1 gr. 27, À gr. 33; et à 60, 1 gr. 12, 0 gr. 82. Cette viande, chauffée à 58-60° pendant plusieurs heures, est aussi active comme traitement de la tuberculose que la viande crue simple. Si l'on met de la viande en présence de l’eau à des températures dif- férenles, on voit que, suivant la température, elle se comporte vis-à-vis de l’eau d'une manière différente. Au-dessous de 55 degrés elle absorbe de l’eau; au-dessus de 55 degrés elle en absorbe. Les chiffres du tableau suivant indiquent les quantités totales d’eau obtenue (soit par expression avec la presse, soit par décantation). Les chiffres se rapportent à 100 grammes de viande mélangée intimement à 100 grammes d’eau. TEMPÉRATURE de ns ne ae ee ë Oide STÉRSRAENTENRRENS 66 44 110 34 DRJECTÉS PME 80 39 410100 20 16 — (moy.dell). 80 37 117 20 40 — (moy.de V). 82 37 119 18 50 — (moy.dell. 90 34 124 10 55: — (moy.dell). 100 28 128 0 COMRERRR SAN TRE EnR 110 19 129 — 10 e- OPA NRA ERA : 103 20 123 — 3 AO ORPI SE AEUN e 117 10 12% — 17 à AT IN ET SRE EMEA 415 il 116 15 7 Ainsi l’eau est absorbée par la viande, en d'autant plus grande quan- tité que la température est plus basse. Aux environs de 55° il n’y a au point de vue quantitatif ni absorption ni déperdition d’eau. ‘ Sur le muscle du chien pris immédiatement après la mort, et broyé avec son poids de glace, nous avons : Décantation. Expression. Total. Eau absorbée. 35 65 100 65 Mais vingt-quatre heures après on avait : 59 49 108 41 À 13°, le lendemain, on avait : 65 34 99 NUE ro 39 111 28 SÉANGE DU 15 JUIN 631 Chauffée à 58° pendant vingt heures, la viande de bœuf a donné : Décantalion. Expression. Total. Eau absorbée. » ») 4925 » )) ») 124 » 114 17 431 — 14 Ces chiffres sont d’ailleurs loin d'indiquer l’eau qui reste fixée à la viande. En effet, la viande bien pressée contient encore 64 p.100 d’eau. Donc la pression n’enlève qu'une partie de l’eau de la viande et ne change la proportion d’eau que dans la proportion de 5 à 4. Ajoutons que, malgré des lavages et des expressions répétées, des traces de matière albuminoïde soluble restent presque indéfiniment fixées sur la viande. Au bout de vingt-quatre heures de lavage, on peut encore extraire de la viande 0,078 d’albumines solubles; au bout de quarante-huit heures, 0,011 ; et, au bout de soixante-douze heures, 0,0066. LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN APRÈS LA RACHICOCAÏNISATION, par MM. P. Ravaur et P. AuBourc. La rachicocaïnisation provoque assez souvent de la céphalée, des troubles vertigineux, des vomissements ; depuis que M. Guinard emploie cette méthode d’anesthésie dans son service, nous avons pu étudier et suivre l'évolution de ces accidents. Pour essayer de diminuer l'intensité de la céphalée, nous avons pra- tiqué quelques heures après l'opération une nouvelle ponction lombaire, espérant ainsi débarrasser le malade d’une certaine quantité de cocaïne libre dans le liquide céphalo-rachidien (ce qu'ont montré les examens chimiques de M. Gasselin) et peut-être ensuite diminuer la tension du liquide qui pouvait être augmentée. Cette seconde intervention nous a montré deux séries de faits d’ordre différent. Tout d’abord, il nous a semblé que la céphalée disparaissait ou diminuait après cette seconde ponction, et M. Guinard se propose de revenir sur ce sujet à la Société de Chirurgie. En second lieu, nous avons remarqué que plus la céphalée était intense, plus le liquide sortait sous forte tension, et plus aussi il était trouble (cependant, lorsqu'un liquide céphalo-rachidien coule lentement, il ne faut pas toujours en déduire que sa tension est faible, car l’aiguille peut être obstruée soit à son orifice dans le canal rachidien, soit sur son trajet,le trocart que l’on peut introduire ne suffisant pas toujours à la déboucher complètement). Dans des cas de céphalée très intense, nous avons pu retirer jusqu'à 20 centimètres cubes de liquide trouble coulant en jet dans la plupart PACA 638 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des cas ; dans des cas de céphalée très légère, le liquide était clair, cou- lait goutte à goutte, et nous n en avons retiré qu'une très faible quantité. L'examen histologique pratiqué suivant la méthode que nous avons déjà signalée avec MM. Widal et Sicard (1), nous a montré des polynu- cléaires d'autant plus abondants que le liquide était plus trouble, for- mant au fond du tube du centrifugeur ou du tube dans lequel le liquide reposait vingt-quatre heures un véritable culot de pus. Quelquefois, la réaction inflammatoire est assez intense pour déterminer la formation d'un coagulum fibrineux lorsqu'on laisse reposer le liquide. La quantité des éléments que nous avons numérés semble varier parallèlement à l'intensité de la céphalée ; mais, cependant, dans presque tous les cas même sans accidents, il y a une très légère réaction polynu- cléaire dans le liquide céphalo-rachidien. Sur vingt et un malades examinés quelques heures après l’anesthésie, une seule fois le liquide était absolument normal. Si l'on suit par la ponction lombaire les malades qui ont présenté une réaction aussi intense, on constate qu'au bout de trois ou quatre jours le liquide est plus clair, les polynucléaires diminuent et sont remplacés par des lymphocytes et des mononucléaires ; au bout de huit à vingt jours en moyenne, la réaction lymphocytique a disparu et le liquide est redevenu normal. Ces faits sont tout à fait superposables à ceux que l’on peut constater dans les infections méningées aiguës qui guérissent ; au début, la réaction polynucléaire est très intense, puis, au fur et à mesure que l'affection évolue vers la guérison, les polynucléaires dispa- raissent et sont remplacés, petit à petit, par des pa TepiEs : enfin le liquide redevient normal (2). Si l'on recherche la cause de cette réaction, l’on ne peut pas incri- miner une infection possible, car, toutes les précautions antiseptiques ayant été prises, ni les cultures, n1 les examens sur lames ne nous ont révélé la présence d’éléments microbiens. Ce ne semble pas non plus être l’eau distillée dans laquelle est dissoute la cocaïne, car, bien qu'il y ait des différences d’isotonie entre les 2 centimètres cubes de la solution : injectée et le liquide céphalo-rachidien (A solution — 0,15. A liquide — 0,58 en moyenne), si l'on examine les points cryoscopiques du liquide céphalo-rachidien retiré au moment de l'opération et au moment de la seconde intervention, on ne constate qu'une différence de 0,01 à 0,02 de degré. Dans un cas, pour éliminer l’action de l’eau, l’on a réinjecté le liquide céphalo-rachidien retiré avant l’anesthésie, après l'avoir mélangé à une solution très concentrée de cocaïne (2 gouttes repré- (1) Widal, Sicard et Ravaut. Soc. médic. des Hôp., 18 janvier 1904. (2) Par contre, chez une malade que nous avons analgésiée deux fois par la méthode épidurale de Sicard, nous n'avons pas trouvé dans le liquide céphalo- rachidien trace de réaction inflammatoire. SÉANCE DU 1À5 JUIN 639 sentaient 1 centigramme de cocaïne) et nous avons constaté une très légère réaction polynucléaire. Reste enfin la cocaïne elle-même ; les premières anesthésies ont été faites avec de la cocaïne stérilisée à 125 degrés ; depuis, nous avons employé des solutions tyndallisées : toujours mêmes résultats. La cocaïne semble donc cause de cette réaction et son action sur l’en- veloppe arachnoïdo-pie-mérienne pourrait être comparée à celle d'une toxine, ce qui nous explique tous les phénomènes inflammatoires, exsu- datifs et diapédétiques que nous avons constatés. Au point de vue cli- nique, la céphalée est la manifestation de ces modifications. Ces recherches nous montrent, en outre, que ces réactions, très intenses quelquefois au début, variant avec la susceptibilité indivi- duelle, diminuent très rapidement pour disparaître complètement ensuite, ce qui en atténue considérablement l'importance et ne justifie pas les craintes qu’elles auraient pu faire naitre. La disparition rapide des éléments dans le liquide montre qu'il ne reste pas d’altération chro- nique des méninges ; or, nous avons déjà montré avec MM. Widal, Sicard, Monod, par l’étude cytologique du liquide céphalo-rachidien dans les méningites aiguës, chroniques, dans le tabes, etc... combien cette réaction méningée était sensible et comment l’on pouvait ainsi en apprécier les moindres modifications. Ces rachicocaïnisations entreprises dans un but thérapeutique auront eu l'intérêt de nous faire connaître le mode de réaction des méninges vis-à-vis de la cocaïne chez l’homme. Fire du service de M. Guinard et du laboratoire de M. Widal à la maison Dubois). SUR LE TEMPS DE RÉACTION SUIVANT LES RACES OU LES CONDITIONS SOCIALES, par M. Louis LAPICQUE. Lors du voyage que j'ai fait sur le yacht Semiramis (à M®° Jules Lebaudy), en 1893, je m'étais proposé de déterminer le temps de réaction sur des races d'hommes diverses. J'avais emporté dans ce but le chronographe de d’Arsonval. Ces expériences exigent des conditions qui ne sont pas facilement réalisées en voyage. En fait, je n’ai pu prendre des temps de réaction sur des populations exotiques qu'aux îles Andaman. Les indigènes appartiennent à la race des négritos, race qui est consi- dérée comme une des plus anciennes du globe; les Andamanais en représentent le type pur et sont restés dans l’état de civilisation le plus primitif; ce sont des sauvages typiques. Biocoere. Comptes RENDUS. — 1901, T. LIII 50 640 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Depuis un demi-siècle, on a établi dans cet archipel un pénitencier pour l'empire des Indes ; les naturels ont été soigneusement protégés par l'administration anglaise. Une petite tribu s’est trouvée enclavée dans le pénitencier, à Haddo, près de Port-Blair ; elle àa conservé ses mœurs, mais ne s effarouche plus à l'approche du blanc; ces sauvages sont dans la situation de chevreuils familiers dans un parc. J'ai pu ainsi opérer sur eux dans de bonnes conditions. J'ai profité aussi du pénitencier et de la bienveillance des autorités anglaises pour examiner quelques Hindous. Je n’ai pas besoin d’insister sur la notion de race assez confuse que représente ce mot. Pour des raisons de commodité, et sans penser alors que cela pût avoir une importance, j'ai opéré sur des convicts qui étaient à l'hôpital pour des affections chirurgicales légères, entorse ou ulcère des jambes, par exemple. Enfin, pour avoir un terme de comparaison directe, éliminant à la fois l'influence du climat et la tare instrumentale, j'ai pris également le temps de divers Européens qui se trouvaient là, fonctionnaires anglais et leurs femmes, qui voulurent bien se prêter à l'expérience. Voici les résultats numériques pour ces trois catégories de sujets : chaque chiffre représente en centièmes de seconde la moyenne d’un sujet (1). ANDAMANAIS HINDOUS EUROPÉENS Hommes. Roc 0S 22 OS 18 OS 24 0S 14 0 15 0 22 0 19 0 15 e 0 20 0 20 0 21 0 16 0 14 0 18 0_23 0 15 0 20 0 18 0 20 0 15 0 27 0 22 0 25 0 14 Hs 0 17 0 18 0 22 0 14 0 19 0 20 » 0 14 0 19 0 18 » 0 17 Moyenne : 0519 019 022 015 C'est-à-dire que les Négritos mettent à répondre, en moyerne, 4 cen- tièmes de seconde de plus que les Européens, et les Hindous 3 cen- tièmes encore de plus. Ces écarts sont notables: les séries ne sont pas très nombreuses, mais (4) Tous les chiffres de cette note se rapportent à des temps de réaction simple. L’excitation était donnée par un contact sur la main gauche, la réponse se faisant par la main droite. J'ai pris aussi sur les mêmes sujets des temps de réaction avec choix. Ces dernières expériences donneraient lieu aux mêmes considérations que celles que je présente. "Fr S + SÉANCE DU 15 JUIN GAL l'examen détaillé des chiffres confirme la valeur des moyennes, car dans chaque série les écarts individuels sont faibles ; seule, la série des hommes andamanais présente des chiffres individuels très divergents ; mais la moyenne de cette série est coutrôlée par la série des femmes de la même race, qui donne la même moyenne au millième près. On est donc amené à voir dans ces différences un caractère ethnique. Mais alors il est difficile de comprendre comment les Négritos peuvent se placer ainsi entre les Hindous et les Européens. La moyenne de 0,15 trouvée pour les Européens concorde avec les valeurs généralement observées dans les très nombreuses expérience: qui ont été faites en Europe; mais tous les chiffres d'Européens se rap- portent à des sujets des classes cultivées. J'ai voulu voir ce qu'est le temps de réaclion dans d’autres classes sociales. Trois ouvrières parisiennes donnèrent les valeurs suivantes : 0,18, 0,16, 0,18. Moyenne, 0,17 fort. Cinq étudiants, examinés comme expérience de contrôle, donnèrent : 0,15, 0,16, 0,13, 0,16, 0,15. Soit encore la moyenne de 0,15. Enfin, je crus trouver un bon matériel d’études pour déterminer le temps de réaction du peuple de Paris en allant faire des expériences dans les chauffoirs installés par la municipalité; la clientèle de ces éta- blissements se composait en effet, pour la plus grande part, d'ouvriers sans travail. Douze sujets, choisis comme exempts des causes d’erreur suivantes : maladie, inanition, fatigue, alcoolisme, et tous ouvriers en chômage, donnèrent les moyennes suivantes : 0,23, 0,21, 0,20, 0,18, 0,18, 0,19, 0,19, 0,13, 0,18, 0,18, 0,15. Soit, comme moyenne générale, 0,18 fort. Ainsi, il y aurait un écart de 3 centièmes entre la classe cultivée et les travailleurs manuels; le peuple de Paris serait, à ce point de vue, très voisin des Négritos, et plusieurs Parisiens observés dans les chauf- foirs donnent un chiffre du même ordre que les conviets hindous de l'hôpital de Port-Blair. Sous l'empire de la conception a priori que la rapidité de réaction devait traduire la supériorité de l’organisation nerveuse, conception conforme, je pense, aux idées courantes, ces résultats me parurent inintelligibles, et j'abandonnai ces recherches. Aujourd'hui, à la suite d’études toutes différentes sur l’évolution du système nerveux, je suis arrivé à me rendre compte clairement que le temps de réaction ne peut pas être condilionné par un facteur propre- ment anthropologique, tel que le développement plus ou moins consi- dérable de l'encéphale. Le perfectionnement de l'organe permet des processus de plus en plus complexes, qui exigent des temps de plus en plus longs pour s’accomplir; mais il n’y a aucune raison pour que le temps des processus simples (tels que la réaction simple ou la réaction avec choix) en soit modifié. Un animal quelconque, une grenouille, si PM EE * ' LÉ Lèr 642 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'on veut, réagira aussi vite, peut-être plus vite qu'un homme, par exemple à un bruit signalant une proie ou un ennemi. Ce qui fait varier le temps de réaction, c’est l’état fonctionnel, dynamique, du système nerveux, état variable comme on sait suivant l’ensemble des conditions biologiques. La question, telle que je me l’étais posée, à savoir l'influence ne la race sur le temps de réaction, est donc illusoire. Néanmoins, l'expérience donne pour des groupes ethniques divers des valeurs diverses. Ce qui s'explique très bien si l’on songe que les individus de chacun de ces groupes sont soumis à des conditions plus ou moins semblables. Il ne reste ainsi plus rien de paradoxal dans les résultats ci-dessus. FIXATION DES PRÉPARATIONS DE SANG PAR LE CHLOROFORME. par M. O. Josué. Le chloroforme est un excellent fixateur pour les préparations de sang. Après avoir été traités par ce réactif, les éléments cellulaires du sang se colorent d’une facon parfaite par le triacide d’Ehrlich, l’éosine-orange- hématéine, la thionine, etc. La fixation par le chloroforme a l'avantage d’être très simple et très facile à réaliser; elle permet d'obtenir, notam- ment à l’aide du triacide, des préparations plus belles et plus nettes que par le procédé classique (chaleur sèche à 110 °/,). Voici comment on procède. Le sang est d’abord étalé sur la lame de verre avec une baguette de verre ou une seconde lame rodée, puis rapi= dement séché par agitation à l'air. On plonge la lame ie de sang pendant deux minutes environ dans un vase contenant du chloroforme ; on retire la lame, on l’égoutte, puis on la laisse sécher à l'air. On peut aussi verser directement le liquide fixateur sur la lame, le laisser deux minutes en contact avec la préparation, enlever ensuite le chloroforme et laisser sécher. Il n’y a aucun inconvénient à prolonger le contact du sang avec le chloroforme au delà de deux minutes.Il faut avoir soin de ne pas laver à l’eau avant de faire agir le réactif colorant. DE L'ACTION DES GANGLIONS LYMPHATIQUES DU MÉSENTÈRE SUR L'ABSORPTION DES GRAISSES, par M. A. PouLain. En étudiant sur les conseils de notre maitre, M. le professeur Hutinel, la distribution de la graisse dans les ganglions du mésentère pendant a SÉANCE DU 15 JUIN 643 la digestion, nous sommes arrivé à celte conviction que la graisse non seulement s'y distribue d'une manière très irrégulière, mais qu'elle y subit des modifications chimiques importantes. Pour s’en rendre compte il est nécessaire de recueillir, à l’état frais, les ganglions d'un jeune chien pendant la période digestive et de les traiter par les réactifs ordinaires de la graisse, en prenant toutefois cer- taines précautions. La graisse osmiée, ainsi que l'ont montré Van Kahlden et Laurent, est en effet partiellement soluble dans le xylol et l'éther ; elle est insoluble dans le chloroforme et l'alcool. Il nous à paru que cette solubilité dans l’éther et le xylol, d’ailleurs faible, étail encore amoindrie si l’on a soin de fixer au préalable les pièces dans une solution aqueuse de formol. Nous avons donc suivi la technique suivante : fixation par le formol à 5 p. 100 pendant vingt-quatre heures, lavage, puis acide osmique à 1 p. 100 pendant vingt-quatre heures; alcool à 60°, à 90°, alcool absolu ; enfin inclusion rapide dans le collodion et dur- cissement par le chloroforme, sans passer par le mélange alcool-éther. Sur des coupes de ganglions ainsi traités et recueillis à différentes périodes de la digestion, on voit aisément que la graisse en émulsion circule dans le système caverneux du ganglion en partie à l’état libre et en partie à l’intérieur des cellules migratrices. Gräce aux éléments mobiles du ganglion, elle pénètre même dans l'intérieur des follicules. Enfin, et c'est Le point sur lequel nous voulons insister ici, en même temps qu’elle circule dans les sinus lymphatiques, elle se transforme. D'abord colorable en noir intense par l'osmium, elle devient peu à peu moins colorable. Elle prend l'acide osmique avec une intensité d'autant plus faible qu’elle se transforme plus profondément. Il est possible sur des coupes de voir cette transformation dans les voies Ilymphatiques intra-ganglionnaires. On la voit également dans les terminaisons des chylifères afférents, et dans les origines des chylifères efférents; et sur une même coupe, certains chylifères ont leur lumière comblée par de la graisse à l’état normal, tandis que d’autres renferment une substance d'un gris plus ou moins foncé qui est de la graisse à l’état de trans- formation. La même constatation se fait directement sur un ganglion frais, par la méthode des impressions sur lamelles, impressions traitées direc- tement par l'acide osmique et montées dans la glycérine. Cette interprétation est confirmée pleinement par la recherche dans le ganglion d’un ferment lipasique. En suivant la méthode indiquée par M. Hanriot pour la lipase du sang, il est facile de constater que le gan- glion du mésentère renferme et sécrète une lipase très active agissant sur la monobutyrine. Dans les mêmes conditions d’expérimentation, l'acidité produite, qui varie de 40 à 60 pour un gramme de ganglion, d’après nos expériences, est très supérieure à celle produite par un centimètre cube de sérum, toutes choses égales d’alleurs. La minime 644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ee quantité de sang contenue dans le ganglion ne nous parait donc pas devoir entrer en ligne de compte. Bien plus, cette sécrétion d’un ferment lipasique s’observe aussi bien dans les ganglions périphériques que dans ceux du mésentère. Il semble donc que la sécrétion de ce ferment, qui est peut-être le même que celui de M. Hanriot, soit une propriété générale des ganglions lymphaliques et du tissu lymphoïde. Dans les ganglions du mésentère, il est immé- diatement utilisé sur place pendant la digestion; sinon, il est déversé dans le sang par l'intermédiaire des lymphatiques. Ceci ne préjuge rien d’ailleurs de la nature même de ce « ferment lipasique » que nous ne considérons que comme un « agent modifi- cateur de la graisse », et nous réservons de même pour une étude ultérieure les modifications que les infections générales ou intestinales peuvent apporter dans le fonctionnement des ganglions, étude de physiologie pathologique qui est susceptible de nombreuses appli- cations en clinique. CRYOSCOPIE DES EXPECTORATIONS, par MM. SaBrazÈs et Marais (de Bordeaux). Si on soumet à la cryoscopie des crachats récemment émis, homogé- nisés par agitation, on obtient les résultats suivants : Crachats muco-purulents contenant des bacilles de Koch(période avancée de la phtisie) : A— — 0,34, — 0,36, — 0,37, — 0,38, — 0,39, — 0,42, — 0,46, — 0,50. Crachats muco-purulents de bronchopneumonie grippale : A — — 0,35. : Crachats muco-purulents de bronchite chronique avec emphysème : A = — 0,41, — 0,47. Crachats rouillés d'aspect gélatineux de pneumoniques à la période d'état : A — — 0,58. La salive mixte de sujets normaux a un point de congélation de — 0,12 à — 0,14. On voit, d'après ces examens, — qui seront multipliés, — que la moyenne de À des expectorations tuberculeuses est de — 0,40 ; la teneur de ces crachats en chlorures variait de 2 gr. 34 à 3 gr. 98 par litre. | Dans la pneumonie aiguë A s’est montré plus élevé; le taux des chlo- rures dans les crachats rouillés était de 5 centigr. 15 par litre. Il n’est pas rare que les crachats fournis par un même malade à quelques jours d'intervalle donnent une même valeur de A. SÉANCE DU 15 JUIN 645 VARIATIONS COMPARATIVES DE LA COMPOSITION DU SANG ET DES SÉROSITÉS, par MM. Cu. Acuarb et M. LœpEr. La circulation des liquides nutritifs, envisagée du point de vue de la physiologie générale, n’a pas lieu seulement dans les vaisseaux sanguins et lymphatiques, dont l’ensemble constitue pour l’anatomiste l'appa- reil circulatoire. Elle s’accomplit encore dans les espaces plasmatiques . des tissus et dans les cavités séreuses, qui sont comme des dépen- dances du système lymphatique. Mais en ces parties annexes de l'appareil circulatoire, qui sont plus éloignées du moteur central, le déplacement des liquides organiques ne se fait pas avec la même rapidité que dans les vaisseaux. Aussi les liquides qu’elles renferment subissent-ils d’une facon plus ou moins tardive le contre-coup des variations que le sang éprouve dans sa com- position physico-chimique. Cette indépendance relative de l'appareil vasculaire proprement dit et de ses cavités annexes permet de concevoir comment se fait dans certains états morbides la rétention des chlorures dans les tissus, phé- nomène sur lequel nous avons attiré précédemment l'attention (1). Elle explique pourquoi, lorsqu'une substance est introduite en excès dans le sang, elle peut s'’accumuler dans les tissus et dans les sérosités qui les imbibent et y rester encore un assez long temps après que le sang n’en contient plus qu'une proportion tout à fait normale. On peut voir, par exemple, après l’ingestion de 10 grammes de chlo- rures, le taux de ces substances ne pas augmenter, baisser même légè- rement dans le sang, et s'élever au contraire dans la sérosité : CHLORURES (p. 1000) TR CT GS Avant l'ingestion. Après l'ingestion. Différence. LUS an ct nie 17,15 1,50 — 0,25 Sérosité d'œdème. ! 6,75 7,40 —+ 0,65 LORS do Bt UE Ale IE MENU 7 6,75 20125 Sérosité d’ ascite. We 6,50 7 — 0,50 On peut voir également les chlorures augmenter d’abord dans le sang et la sérosité, puis diminuer plus vite dans le sang que dans la sérosité : CHLORURES (p. 1000) CHLORURES RE 7 TE av.l'ingestion. 1%j.après. Différence. 2ej.après. Différence. HÉSSans een à 8,50 8,19 —+ 0,25 . 1,50 — 1,25 Sérosité d’ brie. 8,80 9,20 + 0,40 9,10 — 0,10 IV San teur 6,60 7,50 — 0,90 1,02 — 0,48 Sérosité d’ ascite. ; 7,10 17e + 0,65 7,10 — 0,05 NASaners Us à 6,50 6,19 —+ 0,25 6 — 0,75 Sérosité d'ascite. . HT) 6,10 —+ 0,35 6,10 0 (1) Soc. de Biologie, 23 mars 1901. 646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——— Il est à remarquer que, dans le sang et dans les sérosités, l’équilibre physique se rétablit plus vite que l'équilibre chimique. Le mécanisme régulateur de la composition du sang, dont nous avons parlé dans une note antérieure (1), semble avoir pour premier effet de rétablir le nombre des molécules, et agir ensuite pour équilibrer dans leur pro- portion normale les divers éléments constitutifs de ce liquide. Par exemple, après l’ingestion de chlorures, on peut constater dans le sang .une plus forte proportion de ces substances, alors que la concentration moléculaire n’est pas augmentée : . A CHLORURES VI. Sang (fièvre typhoïde) avant l’ingestion . . . . . . —0°52 7, — — après — a RD 17,75 De même, dans les sérosités, si l’on peut voir la concentration s'élever avec le taux des chlorures, il peut arriver aussi que l'élévation sois insignifiante ou même tout à fait nulle, malgré l’augmentation des chlorures : A CHLORURES VII. Sérosité pleurale, avant l’ingestion . . . . . . . . — 0°46 7,80 — après — JC EE CNRS OR OR 50) VIIL. Sérosité pleurale, avant l'ingestion . . . . . . . —0052 4,7 — après — SR ALP RE RARE ROSE D,b DérSérostépleurale tavantiläineestion MS NEO 6,1 —— après — M A A EE Ses 7,5 » XMSérositéMd'ascite avant linsestion MEN EEE 7,50 — après — ARS NET GET ER lee (Li 8,75 XI. Sérosité d'ascite, avant l'ingestion . : : à . : . … —0°52 2,75 — après — te one god COE 6,10 XTSÉrositendasciteNMavantiAMn ses ton PEN 0 S 0 6,80 — après — SERRES CE DT NE I08 00 SEE OU XIII. Liquide céphalo-rachidien (urémie), av. l’ingestion. —0°65 6,10 == — — ap. = 6,1 000 6,80 En somme, les variations que subissent dans leur constitution phy- sico-chimique les liquides en circulation dans l'organisme se font tou- Jours suivant un même cycle d'’augment ou de décroissance. Seulement la durée de ce cycle est inégale pour le sang contenu dans les vaisseaux et pour les liquides organiques refermés dans les espaces interstitiels et les cavités séreuses. Le parallélisme n’existe donc pas entre le cycle des vaisseaux et celui des tissus : le premier a déjà terminé son évolution quand le second est encore dans son plein. Cette inégalité permet au système de la circulation vasculaire san- guine de se décharger dans le système de la circulation interstitielle, (1) Soc. de Biologie, 30 mars 1901. Res SÉANCE DU AÀ5 JUIN 647 comme dans une sorte de réservoir, des substances qu'il renferme en excès el dont il ne parvient pas à se débarrasser en temps voulu par les émonctoires naturels. Elle constitue, par suite, un des éléments fon- damentaux du mécanisme régulateur de la composition du sang. INFLUENCE DE LA LÉCITHINE DE L'OEUF SUR LES ÉCHANGES NUTRITIFS par MM. À. DEsGRez et À. Zakvy. Nous avons présenté à la Société de biologie (1) les premiers résultats des expériences que nous avons faites relativement à l'influence des lécithines de l'œuf sur la nutrition. Bien que nous ayons suivi une mé- thode différente, nos conclusions ont confirmé, dans les points essentiels, les observations déjà faites par J. B. Danilevsky (2) sur le même sujet. Depuis notre communication, deux notes importantes ont été publiées sur cette question, l’une econfirmative, de MM. Gilbert et Fournier, la seconde apportant des conclusions (3) formellement contraires à celles de Danilevsky, par GOÉRAENT aux nôtres et à celles de Gilbert et Fournier. Nous présentons aujourd’hui, à l'appui de notre première note, le résultat des expériences que nous avons poursuivies sur les deux groupes d'animaux omnivores les plus communs, le cobaye et le chien. Nous avons encore utilisé la lécithine de l'œuf de poule, qui est un mélange des combinaisons oléique et stéarique de l'acide glycérophosphorique et de la choline. Préparée et purifiée par les procédés classiques, elle donnait à l'analyse : I IT Acide phosphorique.. . . . 8,62 p. 100 8,89 p. 100 AOL Me MR eee 0 3804100) 1,79 p. 100 Première expérience. — Elle a porté sur trois lots de trois cobayes chacun, animaux mäles, sensiblement de même poids. Les variations d'ordre individuel se trouvaient compensées par ce fait que les animaux étaient pesés par lot, l'analyse portant sur les urines réunies d’un même lot. Comme alimentation, les cobayes recevaient un mélange de pain, de son et de choux, suivant les proportions indiquées par M. À. Gautier, dans son travail sur les dérivés de la viande. (1) Bull. de la Soc. de Biol., 4 Août 1900. (2) Danilevsky, Comptes rendus, CXXY, p. 1167. (3) E. Wildiers. La Cellule, t. X VIT, 2° fase. 648 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE I. Influence sur le poids des animaux : AMATEUR ANIMAUX recevant par voie Tecevaniious sous-cutanée, tous F ANIMAUX TÉMOINS les deux jours, ER 0,062 de lécithine 6 e dissoute dans par voie bin eee. stomacale- ICS) OUCEERS 1120 gr. 1100 gr. 1130 or. LS EMULE 1600 — 1770 — 1980 — Différences. 480 er. 670 gr. 850 gr. L'accroissement du poids initial, en quarante-trois jours, a donc été de 43 p. 100 pour les témoins, de 60 p. 100 pour les injectés, et, entin, de 75 p. 100 pour les animaux traités par la voie stomacale. IT. /nfluence sur la composition des urines. — Nous donnons iei les moyennes de six jours consécutifs, pris au milieu de l'expérience. ÉLIMINATION par kilogr. d'animal, HÉSERMPEMENEN CNRS 0587 151 ANIMAUX TÉMOINS VOIE SOUS-CUTANÉE VOIE STOMACALE 125 0397 Acide phosphorique. . 0 059 0 051 0 034 AZAOTEMOLALP EMEA 0 46 OT 0 52 Coefficient azoturique. 0 88 092 0 90 Deuxième expérience. — Deux cobayes frères, nés le même jour, ont été mis en expérience le 2 janvier 1901. L'un servant de témoin, on injectait, tous les deux jours, à l’autre, 2 centimètres cubes d'huile stéri- rilisée contenant 0 gr. 031 de lécithine par centimètre cube. L'urine de chacun de ces animaux étant insuffisante pour une analyse, on s'est contenté de prendre leur poids journellement. Les variations ont été : 4 TÉMOIN INJECTÉ MN ORNE LATE 230 gr. 220 gr. AÉTÉTÉVRIeC ES PME SO) — 460 — Différences. . . 120 gr. 240 gr. En un mois, l'accroissement de poids a donc été de 52 p. 100 pour le témoin, de 109 p. 100 pour l'animal injecté, Bien que les injections n'aient pas été continuées au delà du 1° février, nous avons conservé ces deux animaux, afin de savoir si la substance injectée aurait encore, sur la nutrition, une influence éloignée, fâcheuse ou favorable. Le 15 juin 1900, le témoin pèse 675 grammes; le poids de l'animal injecté est de 755 grammes; c'est donc encore une avance de 80 grammes au profit de ce dernier. Troisième expérience. — Trois chiens mäles, frères, nés le 19 dé- cembre 1900, ont été mis en expérience le 14 février 4901, l'un servant . SÉANCE DU À5 JUIN 619 de témoin, le deuxième recevant tous les deux jours 2 centimètres cubes d'huile lécithinée à O0 gr. 05 par centimètre cube, le 3° ingérant, aux mêmes intervalles, 0 gr. 10 de lécithine en 2 pilules. I. Influence sur le poids des animaux : 5 ANIMAL ANIMAL M: TEMOIN ; © - : ANIMAT î traité par voie sous-cutanée. traité par voie stomacale. ROUTE RANE 2220 gr 2170 gr. 2100 gr 97e jour. . . 3700 — 1220 1200 — 1480 gr. 2050 gr. 2100 gr. En vingt-sept jours, l'augmentation de poids a donc ëté de 66 p. 100 pour le témoin, de 94% p. 100 pour l’animal injecté, de 100 p. 100 pour celui qui ingérait la lécithine. IT. Znfluence sur la composition des urines : ÉLIMNNMONARONENNE TÉMOIN VOIE SOUS-GUTANÉE VOLE STOMACALE - par kilogr. d'animal. (DRÉE NE TER ETAT 0544 0578 0584 Acide phosphorique. 0 13 0 043 0 083 Azote total . 0 28 0 41 0 43 Coefficient azoturique . 0 73 0 86 0 90 Conclusions. — Les lécithines de l'œuf de poule augmentent l'appétit des animaux qui les reçoivent, soit par la voie sous-cutanée, soit par la voie stomacale. Il en résulte un accroissement rapide du poids de ces animaux. L'urée, l’azote total urinaire, le coefficient d'utilisation azotée sé trouvent augmentés, d’une facon constante, par l'administration de cette substance. On observe également une diminution notable de l’acide phosphorique éliminé par les urines. Cet acide phosphorique est-il fixé par l'organisme? C’est un point qui fera de notre part l’objet d’une pro- chaine communication. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA DÉTERMINATION DE LA TEMPÉRATURE INTERNE MINIMA COMPATIBLE AVEC LA VIE ET SUR LA SUBORDINATION DE CE PROBLÈME A L'ORDRE TOPOGRAPHIQUE, (A propos de la réponse de MM. LaGriFrE et MAUREL), par M. J. LeFÈvRE. Dans la note explicative qu'ils ont communiquée à la Société le {1 mai, MM. Lagriffe et Maurel paraissent vouloir séparer, comme bien différents, ces deux problèmes de chaleur animale, à savoir : 4° Ævolu- lion de la topographie d'un homéotherme réfrigéré 3usQu'A LA morr: 650 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 90 Détermination de la température interne minima compatible avec la vie. N'est-il pas clair pourtant que le premier problème, plus général et plus vaste que le second, contient celui-ci tout entier et lui donne une précision plus grande ? Je dis qu'il le contient tout entier, parce que lorsqu'on suit l’évolution topographique pendant le refroidissement jusqu'à la mort, on déter- mine toutes les phases et toutes les ve/léités de résistance contre la mort par le froid et que l’on met ainsi en évidence, dans le tableau général de ces réactions physiologiques, et d’une facon en quelque sorte mathé- matique, le moment très particulier où toute résistance est devenue impossible. Je dis, en outre, que l'étude topographique dans le refroidissement jusqu'à la mort, précise le problème de la température interne minima compatible avec la vie. On ne peut pas en effet admettre, a priori, qu'il y à UNE température interne pendant le refroidissement, ni poser en principe que la température enregistrée au rectum représente la tem- pérature interne générale et commune. S'il est vrai, comme je l'ai prouvé le premier, que toutes les températures internes, au-dessous de la région cutanée, évoluent ensemble pendant le refroidissement, jusqu’à la mort, c'est sur ce fait expérimental que l’on devait s'appuyer comme point de départ, pour s’autoriser ensuite à ne relever la température qu'en un seul point, et il me semble qu'on devait le dire. J'ajoute que mes recherches topographiques n’ont pas eu, comme le croient MM. Lagriffe et Maurel, le simple but de meltre au point Ja loi générale du refroidissement de l'organisme homéotherme, mais aussi et surtout de déterminer, comme viennent de le faire ces auteurs chez les mammifères, les températures internes et, plus généralement, l’état des températures du corps au moment précis et limite où l’animal perd toute résistance au froid. Au total, le problème de la température interne minima compatible avec la vie ne peut pas a priori se passer d’une donnée topographique, à savoir le parallélisme de marche des températures internes au-des- sous de la région sous-cutanée ; et ce second problème, d'ordre topo- graphique, beaucoup plus général et plus précis, contient le premier tout entier. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 651 SÉANCE DU 22 JUIN 1901 M. F. Marceau : Recherches sur l’histologie et le développement comparés des fibres de Purkinje et des fibres cardiaques. — MM. Giiserr, LEREBOULLET et HERSCHER : Sur le degré de fréquence de la cholémie chez l'homme. — MM. H. pe RoruscHinp et L. Nerrer : A propos des quantités de lait qu'il convient de donner dans l’allai- tement artificiel et de leurs rapports avec les échanges nutritifs chez le nourrisson. — M. A. Curpauzr : À propos de l'anatomie du canal sacré. — M. A. CurpaAuLr : De l'huile comme véhicule dans les cocaïnisations épidurales. — M. V. Grirron : Stérilisation des crachats tuberculeux par l’aniodol. — M. le Dr A. Reuy : Le diploscope. — M. le D' Reuy : Application du diploscope à la médecine légale et aux conseils de revision. — M. Cu. FÉré : Note sur la fatigue par les excitations visuelles. — M. Arrren GrarD: La périodicité des invasions d’Acridiens (Calop- tenus ilalicus L.) et la lutte préventive contre ces orthoptères. — MM. F. Wipaz et L. Le Souxp : La réaction de fixation de Bordet avec les bacilles morts. — MM. J. Vue et J. Morresster (de Montpellier) : Sur le chlore organique urinaire. — M. FERNAND ARLOING (de Lyon): À propos des variations de la coagulabilité du sang, au cours d’une même hémorragie. — M. F. Tourneux : Sur le revêtement endothélial des tendons de la queue des rongeurs. — MM. A. Laveran et F. MEsnis : Sur la structure du Trypanosome des grenouilles et sur l'extension du genre Trypanosoma Gruby. — MM. Lecros et LEecÈNE : Un cas de gangrène gazeuse aiguë mortelle. — MM. Cu. Ricuer et JEAN-CH. Roux : Méningite tuberculeuse expéri- mentale et son traitement par la zomothérapie. — M. GrorGes Weiss : Recher- ches sur la nature de l'excitation électrique. — MM. Baron et Cape (de Lyon) : Formule cytologique spéciale des pleurésies par infarctus chez les cardiaques. — M. le D' Jures Reuxs : L’absorption des toxines, agglutinines, etc., injectées au niveau des voies respiratoires. — M. J. PaizcarD : Auto-injecteur d'ampoules. Présidence de M. Dupuy, ancien vice-président. OUVRAGES OFFERTS M. Sanson fait hommage à la Société de la quatrième édition, qui vient de paraitre, de son Traité de zootechnie en cinq volumes. L'ou- vrage a pour base une partie biologique, exposée dans les deux pre- miers volumes, et dont les parties spécialement techniques ne sont que des applications. C'est par son caractère expérimental que, d’après l’auteur, on ne le trouvera peut-être pas déplacé dans la bibliothèque de la Société. L'empoisonnement par le blanc de céruse. Intoxication saturnine, prin- cipalement considérée chez les peintres en bâtiment. (Conférence donnée le 143 janvier 1901, dans le grand amphithéâtre de l'Ecole pratique de médecine, sous la présidence d'honneur et effective de M. le professeur . Paul Brouardel, doyen de la Faculté de médecine, etc.) M. J.-V. LaBorDEe. — En présentant à la Société la brochure qui con- Brococie. Comptes RENDUS. — 1901. T, LIII. 51 652 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tient cette conférence, en même temps que les documents justificatifs à l'appui, je m'empresse et suis heureux d'annoncer que l’on est, enfin, à la veille de toucher à la solution pratique de cette question d'hygiène, l'une des plus importantes et des plus graves, sans contredit, des ques- tions d'hygiène professionnelle, que les préjugés, l'erreur et la routine les plus enracinés et les plus coupables ont empêché, jusqu’à ce jour, d'aboutir à cette solution, la seule véritablement efficace et inévitable : la prohibition radicale et légale du poison, et son remplacement, à tous égards avantageux, par une substance dépourvue de tout danger pour l’ouvrier. C'est à la suite de cette conférence, qui a eu l'honneur et pour résultat d’enfoncer une porte largement entrebäillée, sans doute, mais encore suffisamment résistante et réfractaire, pour ne pas céder à de puissants coups de bélier, qu'ont été prises les mesures officielles, de nature à assurer une victoire hygiénique, désirée et poursuivie depuis tantôt deux siècles. Ce résultat est particulièrement attribuable à l'intervention de l’étude et de la démonstration expérimentales des effets du poison plombique, considérés d’abord en eux-mêmes et dans leur mécanisme pathogénique et ensuite dans la comparaison avec ceux de son remplaçant autorisé, l'oxyde blanc de zinc, démonstration qui, par son objectivité irrésistible aux regards les plus incompétents, ou les plus réfractaires de parti pris, a fini par ouvrir les yeux à la lumière et les oreilles à la vérité, notam- ment du côté où il était de particulière et première importance que ces résultats fussent obtenus : le côté des pouvoirs publics. Grâce à leur intervention qui ne pouvait plus se dérober, devant les pressantes objurgations de la science, aidées de celles de l'opinion publique, en faveur des victimes séculaires de l’empoisonnement pro- fessionnel dont il s’agit, le comité supérieur d'hygiène d'un côté, sous la présidence du professeur Brouardel auquel revient, dans ce triomphe hygiénique, une part d'autant plus louable, qu’il s'agissait de faire face à des résistances et à des opposilions systématisées des plus puissantes, et, d’un autre côté, la commission d'hygiène, instituée à cet effet au ministère du commerce et de l’industrie, ont émis des votes concordants, concluant à l'interdiction du blanc de céruse, dans l'emploi de la peinture en bâtiments, tant dans les établissements d'administration publique (mesure dès aujourd'hui officiellement décrétée et acquise), que dans l’industrie privée. Cette seconde mesure, sans laquelle la victoire hygiénique en question ne saurait être complète, suscite des difficultés qu'il est facile de pres- sentir, et dont l’histoire, au point de vue des mœurs politiques et indus- trielles, serait des plus curieuses et des plus édifiantes. | Mais on peut être assuré, — et j'en ai, personnellement, — la pleine confiance — que la victoire intégrale viendra, nécessairement, un peu SÉANCE DU 22 JUIN 65e plus tôt ou un peu plus tard; elle est dans l’ordre des événements iné- luctables. En tout cas, la Société de biologie, promotrice des applications de la méthode expérimentale à l'étude et à la solution de ces problèmes de toxicologie et d'hygiène publiques, a le droit de revendiquer sa part dans les heureux résultats que je me suis fait, pour cela, un devoir et un plaisir de lui apporter. RECHERCHES SUR L'HISTOLOGIE ET LE DÉVELOPPEMENT COMPARÉS DES FIBRES DE PURKINJE ET DES FIBRES CARDIAQUES, par M. F. Marceau (de Besançon). (Note présentée dans la séance précédente.) Ces recherches, entreprises sur l'indication de M. le professeur Nicolas et poursuivies depuis un an, font Le sujet de la thèse de doctorat en médecine que je dois soutenir prochainement devant la Faculté de Nancy. Si je publie cette note préliminaire, c’est pour montrer les résultats principaux que j'ai déjà obtenus en ce moment même où je reçois un travail de M. Hoyer sur le même sujet et qui a été présenté le 4 mars 1901 à l’Académie des Sciences de Cracovie (1). Les cœurs de moutons adultes ou d’embryons que j'ai utilisés pour cette étude ont été fixés par la solution hydro-alcoolique de sublimé addilionnée d’acide acétique (formule de von Lenhüssek) ou par le liquide de Zenker, inclus à la paraffine, débités en coupes qui ont été colorés par l DÉMENCUne noue de Heidenhain. Voici les principaux résultats que j'ai obtenus jusqu’à ce jour: 1° Les travées de Purkinje sont formées de cellules assez volumineuses, polyédriques, arrondies ou quelquefois fusiformes, renfermant un, deux et même, quoique très rarement, trois ou quatre noyaux vésiculeux entourés d’une zone claire qui provient de la rétraction du protoplasma et des noyaux sous l'influence du fixateur. Cette zone claire est entourée elle-même d’un protoplasma granuleux renfermant des grains de pigment assez gros et ayant beaucoup d’affinité pour les matières colorantes. A la périphérie de ces cellules est une écorce formée, soit de fibrilles striées ayant la même constitution que celles des fibres cardiaques ou des fibres musculaires ordinaires, soit de fibrilles plus fines où la striation est très peu apparente ou même n'existe pas, ces dernières étant les plus centrales. 2° J'ai constaté dès le début de mes recherches que les fibrilles de l’écorce des cellules de Purkinje sont absolument continues sur une grande longueur et passent sans interruption aucune d'un segment cellulaire à l’autre en s’en- (1) Sur la continuité des fibrilles contractiles dans les cellules musculaires du cœur, 654 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trecroisant les unes avec les autres. Je n’ai pas observé de lignes noires de ciment indiquant les limites des cellules de Purkinje contiguës, telles qu'en figure M. Hoyer dans son travail, ou, du moins, celles que j'ai pu voir m'ont paru n'être constituées que par des fibrilles à striation indistincle, situées à leur périphérie et suivant leurs contours. 3° Au début de mes recherches, j'avais observé aussi une continuité absolue dans les fibrilles striées constituant les fibres cardiaques, et je n'avais jamais rencontré sur leur trajet ni les traits de ciment en escalier d’Eberth, ni les ponts protoplasmiques de Przewoski, ni enfin les renflements des fibrilles disposés en lignes transversales plus ou moins droites. Plus récemment, ‘a observé sur le trajet des fibres cardiaques des lignes noires transversales, rectilignes ou scalariformes, mais n'ayant certainement pas toutes la même signification. Les unes sont sujettes à des interprétations diverses, mais d’autres m'ont paru un peu spéciales et ont tout de suite attiré mon attention. On les voit, sur le trajet des fibres cardiaques, remplacer soit une série de disques minces situés au même niveau, soit plusieurs séries situées à des niveaux peu diffé- rents et formant dans leur ensemble un trait scalariforme. Chacune d'elles est constituée par une bande fortement colorée en noir et dont l'épaisseur est intermédiaire entre celle des disques épais et celle des disques minces. À un fort grossissement (obj. 1/18 im. homog., ocul. 3), on voit qu’elle est monili- forme, c’est-à-dire présente des renflements correspondants aux disques épais des fibrilles qui se terminent à son niveau. Ces bandes, plus ou moins régulièrement placées sur le trajet des fibres cardiaques, représentent très probablement les traits scalariformes de ciment des anciens auteurs et indi- quent les limites des cellules cardiaques. Je les ai observées aussi, quoique plus rarement, dans les fibres du cœur d’un fœtus humain de six mois. M. Hoche, dans un travail datant de 1897, mais dont je viens seulement d’avoir connaissance, signale aussi ces lignes cimentaires et y décrit méme des stries longitudinales continuant les fibrilles. Je n'ai pu les distinguer dans mes préparations. 4° Je viens d'observer aussi des lignes cimentaires sur le trajet de certains feuillets musculaires des fibres de Purkinje, et qui sont disposées absolument de la même facon que dans les fibres cardiaques. Ces traits de ciment sont très courts et isolés, je ne les ai pas encore vus groupés en ces lignes noires limitant les cellules de Purkinje que décrit M. Hoyer. Cependant, je me suis assuré par un examen minutieux que la plupart des fibrilles franchissent un ou plusieurs segments cellulaires sans présenter de disques cimentaires sur leur trajet. 50 J'ai rencontré jusqu'à présent des cellules de Purkinje déjà nettement différenciées chez les embryons de mouton de 10 centimètres de longueur, mais il est probable, et je vais m'en assurer incessamment, qu'il en existe aussi chez les embryons plus jeunes. Chez le fœtus de mouton presque à terme, les cellules de Purkinje sont constituées absolument comme chez l'adulte ; leur écorce striée est proportionnellement aussi épaisse, leur taille seule est moins considérable. Le même fait existe aussi pour les fibres car- diaques qui n’ont qu'à grossir et acquérir un plus graud nombre de fibrilles pour devenir adultes. 149 SÉANCE DU 22 JUIN 655 6° Le fait que les cellules de Purkinje se différencient de bonne heure dans le cœur des-embryons, qu'elles s’accroissent absolument comme les cellules cardiaques en conservant leur forme, c’est-à-dire que leur évolution est absolument parallèle à celle des dernières, doit faire abandonner l'opinion de Külliker et des autres histologistes qui les considèrent comme des cellules cardiaques embryonnaires arrêtées dans le cours de leur développement. 1° Comme conclusion, je crois que les cellules de Purkinje sont des formations spéciales, ayant la même origine que les cellules cardiaques, avec lesquelles elles s’anastomosent d’ailleurs, mais qui se différen- cient de bonne heure, peut-être en vue de l’accomplissement d’une fonction encore à trouver. SUR LE DEGRÉ DE FRÉQUENCE DE LA CHOLÉMIE CHEZ L'HOMME, par MM. GILBERT, LEREBOULLET et HERSCHER. (Communication faite dans la séance précédente.) Depuis quelques mois nous avons pratiqué un grand nombre d’exa- mens de sérum chez divers malades, dans le but de constater chez eux la présence de la cholémie. Les uns, les plus nombreux, étaient atteints d'ictère acholurique simple à type de cholémie subictérique ou de cholémie anictérique. Chez les autres, nous avions constaté antérieu- rement les signes d’affections hépatiques diverses. D’autres enfin étaient entrés à l'hôpital pour une maladie aiguë, et leurs urines comme leur sérum montraient qu'il y avait chez eux viciation temporaire des fonc- tions hépatiques. La fréquence avec laquelle, dans ces divers cas, nous avons constaté la cholémie, nous a fait nous demander quelle pouvait être la proportion de la cholémie chez des sujets sains ou malades, examinés systématiquement à ce point de vue. Pour arriver à cette détermination, nous avons examiné, de parti pris, le sérum de nos malades aigus et chroniques de l'hôpital Broussais, et simultanément l’un de nous a fait l'examen du sérum de 60 enfants sains, pris au hasard aux Enfants-Assistés, dans le service du professeur Hutinel. Aïnsi nous avons réuni l'examen du sérum de 180 sujets. Sur ces 180 sujets, 31 ont présenté une cholémie soit prononcée, soit plus souvent légère, ce qui donne une proportion globale de 17 pour 100. Hàtons-nous d’ajouter que la plupart de ces cholémies étaient, quoique nettes, assez légères, et que 11 seulement élaient assez accusées pour donner une réaction de Gmelin positive, soit 6 pour 100 (4). (1) Ces recherches montrent donc, comme celles de MM. Chauffard et Gou- raud (Société médicale des hôpitaux, 10 mai, et Journal de Physiologie et Pathologie générale, 15 mai 1900), la fréquence de la cholémie: mais nous 656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Parmi les malades couchés dans les salles d’aigus, nous avons examiné AO hommes et 80 femmes. Sur les 40 hommes, 6 ont présenté une cholémie nette, soit 15 pour 100. Chez 3 d’entre eux la réaction de Gmelin était positive; chez 3 autres la cholémie était prouvée et par l'examen objectif et par le spec- troscope, mais trop faible pour donner une réaction de Gmelin positive. Or, des trois premiers malades, deux étaient des cardiaques asystoliques, avec foie congestionné et syptômes hépatiques nets; un autre était atteint d’angiocholite avec ictère. Des trois autres, l’un avait une cirrhose alcoolique avec masque hépa- tique très net, un autre était convalescent d’une pneumonie, un troisième, entré pour des accidents de syphilis secondaire, était de teint normalement foncé et sans doute atteint d’ictère acholurique simple. Sur les 30 femmes examinées, 9 eurent de la cholémie, 3 eurent un Gmelin positif (soit 30 pour 100). Ces trois dernières avaient l’une une cirrhose hyper- trophique biliaire avec ictère, une autre une cirrhose hypertrophique biliaire avec teint basané, mais sans ictère vrai, une dernière une néphrite avec urémie ter- minale sans qu’on puisse savoir ses antécédents lointains. Les 6 autres malades, qui présentaient une cholémie légère, avaient respectivement une cirrhose hypertrophique alcoolique, un rétrécissement mitral avec ictère hémaphéique léger, une pleurésie (avec présence de pigments biliaires dans l’exsudat pleural), une salpingite avec fièvre et cholurie légère (et, au dire de la malade, coliques hépatiques anciennes), une tuberculose pulmonaire à la seconde période (avec peut-être ictère acholurique léger), de l’emphysème pulmonaire chronique avec hypertrophie légère du foie. Le hasard a fait que, parmi ces malades aigus, nous n'avons pu avoir, au moment où nous pratiquions cet examen global de pneumonies à leur phase d’acuité, de fièvres typhoïdes et d’autres maladies infectieuses susceptibles de s'accompagner de troubles fonctionnels marqués du côté du foie (1). Sans doute alors notre statistique nous eût-elle donné un chiffre plus considérable de cholémies. Sur 50 malades examinés dans les salles de chroniques, nous comptons 25 hommes et 25 femmes. Parmi les hommes, 3 ont présenté de la cholémie (soit 12 p. 100), 2 avec Gmelin positif. L'un de ces derniers a été soigné, il y a quelques années, pour des accidents de syphilis hépatique; l’autre a eu un ictère autrefois et présente actuellement le teint de l’ictère acholurique simple. Le troisième malade est hémiplégique et aphasique, il est en outre atteint de néphrite saturnine avec crises d'urémie à diverses reprises, et son foie ne paraît pas indemne. Parmi les 25 femmes examinées, 5 (soit 20 pour 100) étaient cholémiques, dont avons, étant donnée l’acholurie possible, voulu nous baser seulement sur la cholémie, seul signe constant, et la proportion trouvée par nous est un peu in- férieure à la leur. (1) Depuis que cet examen systématique a été pratiqué, nous avons eu l’occa- sion de constater, chez des malades atteints d’affections aiguës fébriles les plus diverses (angine, rhumatisme articulaire aigu, pleurésie), une cholémie plus. ou moins accentuée, ce qui montre bien la fréquence avec laquelle ces mala- dies peuvent, en viciant le fonctionnement hépatique, amener une cholémie passagère. SÉANCE DU 22 JUIN 657 3 avec réaction de Gmelin positive : une d’entre elles souffre d’une affection cardiaque ancienne avec néphrite secondaire; une autre, soignée il y a quelques mois pour une mélanodermie phtiriasique, présente actuellement, outre une pigmentation persistant par places, le teint de l’ictère acholurique simple ; la troisième a eu jadis des accidents hépatiques avec ictère. Quant aux deux autres malades, l’une est cardiaque; l’autre, qui a eu autrefois des crises hépatiques, présente actuellement un masque hépatique très net. Enfin, parmi les 60 enfants sains examinés aux Enfants-Assistés, 8 (soit 13 pour 100) ont présenté une cholémie nelte, avec effacement spectroscopique et coloration objective souvent assez marquée, mais sans réaction de Gmelin sûrement positive. De ces 8 enfants, 3 étaient atteints d'ictère acholurique simple, avec teint jaune, sans cholurie pigmentaire appréciable; un de ces cas s’accompagnait d'albuminurie intermittente ; 5 autres, qui présentaient d’ailleurs une cholémie très légère, semblaient atteints de cholémie anictérique (1). Tels sont les résultats fournis par notre enquête, que nous nous pro- posons d’ailleurs de compléter ; tels quels, ils montrent néanmoins qu'on péut rencontrer la cholémie dans trois ordres de faits : 1° L'ictère acholurique simple à type de cholémie aniclérique ou de cholémie subictérique. Ce sont les faits les plus fréquemment ren- contrés par nous, ceux que l'on observe chez l'individu en apparence Sain ; souvent alors, comme chez les enfants que nous citions tout à l'heure, la cholémie est légère; mais d'autres fois elle peut être intense et-donner la réaction de Gmelin, 2° Les autres affections du foie aiquès ou chroniques. Pour la plupart en effet, qu’elles s’accompagnent ou non d'ictère, elles entraînent une Cholémie plus ou moins accusée. Tantôt il s'agit de maladies primitives du foie, tantôt d’altérations du foie secondaires à une lésion d’un autre viscère, comme dans les cas de foie cardiaque où nous l’avons notée. Cette cholémie peut survivre aux autres manifestations objectives de l'affection hépatique, ainsi qu’en font foi certains des résultats relatés ici. 3° Les maladies aiguës qui s’accompagnent d'une vicialion lemporaire des fonctions du foie, et dont la pneumonie constitue l'exemple le plus net. Un trouble fonctionnel passager du foie au cours d’une affection du cœur, des reins ou des poumons peut, dans les mêmes conditions, entrainer une cholémie passagère. Tantôt ceite cholémie s'accompagne de la teinte spéciale des téguments connue sous le nom d'ictère héma- (1) Nous ne tenons pas compte de 3 cas où le sérum était vraiment trop peu teinté pour qu’on puisse affirmer la cholémie, bien que dans ces cas le teint jaune du tégument, et même dans un d’eux l'existence d’antécédents familiaux, plaidât en faveur de l’ictère acholurique simple. Disons à ce propos que, dans l’état actuel des choses, les limites de la cholémie sont difficiles à pré- ciser. D'ailleurs, il y a là un sujet sur lequel nous nous proposons de revenir ultérieurement, OA UE VENT EUR et CH 1 À FM: 658 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE phéique, tantôt elle n’entraîne aucune coloration anormale. Elle explique sans doute la coloration jaune de la paume des mains et de la plante des pieds décrite sous le nom de signe palmo-plantaire dans la fièvre typhoide (1) (Filipoviez) et rencontrée aussi dans d’autres maladies infec- tieuses aiguës, mais nous n'avons pas pu jusqu'ici vérifier cette hypo- thèse. En tout cas, de notre enquête résulle que la cholémie est très fréquente (2), mais qu’on retrouve toujours sa cause soit dans une maladie chronique du foie ou des voies biliaires (et la plus fréquente est l'ictère acholurique simple), soit dans une viciation temporaire des fonctions hépatiques au cours des maladies aiguës. De cette donnée découle l'importance de sa recherche systématique. À PROPOS DES QUANTITÉS DE LAIT QUIL CONVIENT DE DONNER DANS L'ALLAI- TEMENT ARTIFICIEL ET DE LEURS RAPPORTS AVEC LES ÉCHANGES NUTRITIFS CHEZ LE. NOURRISSON. par MM. H. pe RorascuiLp ET L. NETTER. (Communication faite dans la séance précédente.) Après avoir recherché chez divers nourrissons que nous avons pu observer à la policlinique &e Rothschild comment s’effectuaient les échanges nutritifs, nous avons comparé entre eux les résultats que l'expérience nous a fournis, suivant la quantité de lait que ces nourris- sons artificiellement allaités recevaient par jour et par unité de poids. Nous avons d’abord été frappés de ce fait que, chez les nourrrissons qui prenaient le plus de lait, le poids des déchets non utilisés dans l'organisme était le plus considérable, et que, dans tousles cas, ce poids était proportionnel à la quantité de lait ingérée (3). Voici du reste un tableau qui prouve ce que nous avancons. (1) Quentin. Du signe palmo-plantaire dans la fièvre typhoïde. Thèse de Paris, 1897-98. (2) Les résultats que nous publions ci-dessus nous semblent montrer que la cholémie était plus fréquente chez la femme (14 pour 55 femmes contre 9 pour 65 hommes). Et la plupart des 60 enfants examinés par nous avaient été pris à la division des filles des Enfants-Assistés. (3) Nous faisons ici la remarque que nous considérons comme négligeable la quantité de déchets ne provenant pas directement de l'aliment, c'est-à-dire ceux qui viennent des glandes annexes du tube digestif et de ce tube digestif lui-même. SÉANCE DU 22 JUIN 659 O8s. I (ayant duré trois jours). Age du nourrisson, 4 Nu Poids moyen, 4:185 grammes. Lait ingéré par jour-kilo, 190 gr. 2. Fèces desséchées excrétées par jour-kilo . É 2 gr. 46 O8s. II (Durée quatre jours). Age, 8 BE bite 7 Lil 970. Lait iMÉTÉMbamour- lo MiHarMerinecesidesséchées NME or 10 Os. IIT (Durée 4 Jours). Age, 7 mois et demi. Poids, #4 kil. 710. Lait ingéré par jour-kilo, 176 ne Hécesidesséchées enr à gr. » O8s. IV (Durée quatre jours). Age, 7 mois et demi. Poids, 7 kil. 680. Lait ingéré par jour-kilo, 159 grammes. Fèces desséchées, . . . 1 gr. 92 Ogs. V (Durée trois jours). Age, 7 mois. Poids, 6 kil. 980. Lait in- géré par jour-kilo, 148 grammes. Fèces desséchées. 2 gr. 33 Ogs. VI (Durée trois jours). noie 10 mois. Poids, 5.860 grammes. Da ingéré par jour-kilo, 141 gr. 5. Fèces desséchées par jour-kilo . 2 gr. 2 Ogs. VIT (Durée quatre jours). Age, 10 mois. Poids, 7 kil. 310. Lait : ingéré par jour-kilo, 126 grammes. Fèces desséchées par jour-kilo. 1 gr. Oss. VIII (Durée trois jours). Age, 9 mois. Poids, 8 kil. 300. Lait ingéré par jour-kilo, 125 gr. 5. Fèces desséchées par jour-kilo. . 1 gr. 13 OT Comme il est aisé de le constater d’après ces observations, la quantité d’excreta par le tube digestif est d'autant plus faible que les nourrissons prennent moins de lait. Ce fait a une importance considérable si l’on se souvient que les nourrissons allaités artificiellement excrètent un poids de fèces beaucoup plus élevé que les nourrissons au sein, et si l’on ajoute que le travail de la digestion absorbe d'autant plus de chaleur que la quantité des fèces est plus grande, comme l’a montré W. Knopfel- macker (Wien. klin. Wochenschrift, 1898, n° 4). Si nous continuons l'examen des résultats que nous ont fourni nos observations, nous constatons que ceux-ci ont utilisé l'aliment ingéré dans les proportions suivantes : ALIMENT AZOTE TOTAL CHAUX ACIDE PHOSPHO. GRAISSES p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 O8s. I. 89 89,3 20,48 41,83 96,92 — IL. 90 93,5 33,4 47 » — I. 89 90,93 » 29,6 » —1\14NV.01:90,27 91,6 » » » — NES TT 88,11 30,7 58 » INT NOTES 92,1 » 42,36 » — VII. 90,5 90,45 15,19 .39,8 » — VIT. 92,7 95,9 47,1 38 » On voit, d’après ce tableau, que l'aliment a été utilisé dans des proportions croissantes, à mesure que la quantité de lait ingérée dimi- nuait. De plus, l’azote total a été en général mieux utilisé quand les doses de lait étaient plus petites (obs. VII). 660 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Voyons maintenant quelle à été l'augmentation de poids de nos nour- rissons pendant la durée des expériences dont ils furent l’objet. Augmentation de poids par jour-kil. OBs. enr ARR AN Ga OBS LUE 0 g. O0 — Il 2 g. 06 — VI 2 g. 21 — II. 3 g. 18 | — VII 0 g. 68 = IV. 2 g. 6 — VIIL AE RG Nous avons noté dans tous les cas une augmentation de poids, excepté dans l'observation V, où ce poids est resté stationnaire. Ici, il est difficile de tirer une conclusion quelconque des chiffres qui repré- sentent le gain de poids par jour-kilo, et cela pour plusieurs raisons : 1° le poids des nourrissons augmente d'autant moins qu'ils sont plus âgés, 2° Kopliks (1) a montré que les nourrissons artificiellement allaités ne présentaient pas une courbe de poids aussi régulière que les nour- rissons allaités au sein maternel; 3° du reste, un nourrisson qui augmente de poids doit souvent cette augmentation au seul gain d’eau de l'organisme; 4° les pesées ont des résultats variables, suivant la température et l’état hygrométrique, | Nous avons recherché également quels étaient les gains de matériaux nutritifs (en ce qui concerne l'azote, la chaux, l'acide phosphorique) que ces nourrissons ont accumulé dans leur organisme pendant la durée des expériences. Voici, rapportés au jour et au kilo, quels ont été ces gains. e GAINS GAINS GAINS à ; d'azote total (2) de chaux de P?205 par jour-kil. par jour-kil. par jour-kil. OBs. IL. 0,174 0,048 » : Te 0 g. 199 0005 0,09 : RU TE » » 0,08 pl IV. 0 &. 117 » » = 0 g. 165 0,077 0,075 — VL » » 0,049 = Vi 0 g. 133 0,029 0,023 — VIII. 0 g. 118 0,1 0,052 Les gains nutritifs, pour ce qui est de ces éléments, ont donc lieu dans des conditions à peu près analogues quand le nourrisson prend peu de lait dans les vingt-quatre heures. En résumé, les nourrissons observés par nous à la policlinique H. de Rothschild avaient d'au- tant moins de déchets provenant du tube digestif qu'ils prenaient moins (1) Archiv of Pediatrics, XNI, New-York, 1899. (2) Nous admettons que la perte d'azote par le poumon et par la peau est assez petite pour qu'on n’en tienne pas compte (Regnault et Reiset). SÉANCE DU 22 JUIN 661 de lait; chez ceux qui absorbaient moins d’aliment, l’utilisation était plus parfaite, et les gains étaient à peu près semblables dans les deux cas. L'expérience semble donc prouver, comme l'avait déjà remarqué M. Budin, qu'il est inutile de donner aux nourrissons des doses trop élevées de lait, qu'il faut au contraire établir la dose quotidienne minima qui convient à un nouveau-né sans nuire à sa croissance, À PROPOS DE L'ANATOMIÉ DU CANAL SACRÉ, par M. A. CuIPAULT, (Communication faite dans la séance précédente.) M. Cathelin vous a communiqué, dans la dernière séance, des recherches anatomiques sur le canal sacré qui confirment les études que j'ai publiées à ce sujet en 1894 (Travaux de neurologie chirurgicale et Thèse) et tout récemment (Médecine moderne), études basées sur de très laborieuses et longues recherches faites plusieurs années de suite, avec l'assistance de mes confrères Isaac et Manoury. Sans insister sur leurs détails, je voudrais seulement y relever les points qui présentent de l'intérêt à propos de la technique des ponctions rachidiennes. 1° Le cul-de-sac terminal de la dure-mère se trouve au niveau de la première apophyse épineuse sacrée, quel que soit l’âge et la position du sujet. Au-dessus, et en rapport avec l’espace sacro-lombaire, se trouve le réservoir céphalo-rachidien inférieur qui refoule les éléments nerveux contenus dans le canal à ce niveau sur ses parties latérales. 2° Le canal sacré contient : les ganglions et les racines, formant fer à cheval autour du cul-de-sac terminal de la dure-mère; ils sont accolés à la paroi antérieure du canal, surtout lorsqu'on fait fléchir les cuisses du sujet; ils sont entourés d'une gaine durale épaisse, l’appareil de sou- tènement des éléments nerveux, constitué par les attaches du filum à la paroi postérieure du premier corps vertébral sacré, par une cloison fibreuse médiane antéro-postérieure, par des filaments fibreux postéro- antérieurs qui vont de la gaine des racines à la paroi antérieure du canal, par la trame fenêtrée interradiculaire, qui relie entre elles les gaines durales des trois ou quatre premières racines sacrées. Toul cet appareil de soutènement est situé en avant du fer à cheval radiculo-ganglion- naire ; les veines du canal sacré forment un ensemble très systématisé, dont la caractéristique à notre point de vueest la disposition en plexus presque indépendant pour chaque racine, et la richesse beaucoup plus grande à la partie postéro-supérieure du canal : {a graisse épidurale, elle aussi beaucoup plus abondante dans la partie postérieure du canal sacré. L2:4 VRAIES es 662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE très cloisonnée, liquide, et où, sur l'homme vivant, les injections se dif- fusent beaucoup plus mal qu'on ne pourrait le croire d’après les recherches sur les cadavres ou les animaux. 3° Les parois osseuses du canal sacré offrent à considérer : un orifice inférieur dont les cornes latérales sont le seul point.de repère régulier, à l'exclusion du bord supérieur de ln sacré, de niveau très variable; une paroi postérieure, presque rectiligne dans le sens vertical et creusée d'une gouttière longitudinale, précieuse pour diriger l'aiguille; une paroi antérieure, ondulée dans le sens vertical, et dont les ondulations donnent au canal sacré une disposition en chapelet dont les grains sont d'autant plus aplatis d'avant en arrière qu'on le considère plus près de sa terminaison inférieure, qui se fait à la hauteur de la troisième où de la quatrième vertèbre sacrée. On voit que je ne suis pas d'accord avec M. Cathelin lorsqu'il veut pénétrer dans le canal sacré au niveau du bord supérieur de ln et lorsqu'il dit qu'il a presque toujours constaté un point rétréci au niveau de la troisième vertèbre sacrée et un aplatissement du canal au niveau de la cinquième vertèbre sacrée. Quoi qu’il en soit, ce sont ces recherches anciennes, anciennement publiées et très laborieuses, qui m'ont incité à vous proposer, pour la ponction sous-arachnoïdienne, la voie sacro-lombaire, et, pour la ponction épidurale, la position de Trendelenburg et la pénétration de l'aiguille très haut dans le canal sacré, le long de la paroi postérieure en gouttière; c’est pourquoi j'ai cru intéressant de vous les signaler et de les rappeler au souvenir de ceux qu'intéresse aujourd'hui l’anatomre chirurgicale du canal sacré. DE L'HUILE COMME VÉHICULE DANS LES COCAÏNISATIONS ÉPIDURALES. par M. A. CHIPAULT. (Communication faite dans la séance précédente.) Au cours de mes recherches sur la cocaïnisation épidurale, je me suis demandé si le peu de diffusibilité de la solution aqueuse de cocaïne dans le tissu graisseux épidural chez l’homme n'était pas un obstacle à son action dont il fallait tenir compte, et j’ai été amené à employer une solution tyndallisée de cocaïne dans de l’huile d'amandes douces à À p. 100. Il s'agissait d’un cas de sciatique. Une dose de un centimètre cube a suffi à calmer les douleurs. Je n’ai pas obtenu d’analgésie dans | ce cas. Maïs cela peut tenir à la dose de cocaïne injectée, très inférieure à celles que l’on peut introduire dans l’espace épidural, et qui, avec l’eau comme véhicule, ne donnent qu'une analgésie incomplète, ou SÉANCE DU 22 JUIN 663 inconstante. Peut-être, avec l'huile, plus diffusible, comme véhicule, ces doses élevées donneraient-elles cette analgésie désirée. Je n'ai pas eu l'occasion de le rechercher, d'autant que. des expé- riences chez l’animal, étant donné la facilité, si différente d’une espèce à l’autre, avec laquelle se fait la diffusion des liquides dans l’espace épi- dural, m'ont semblé ne pouvoir être démonstralives. Je note donc sim- plement le fait, pour prendre date, et indiquer une modification au pro- cédé des injections épidurales qui peut être fructueuse. STÉRILISATION DES CRACHATS TUBERCULEUX PAR L'ANIODOL, par M. V. GRIFFON. (Communication faite dans la séance précédente.) Nous avons expérimenté l’action antiseptique de l’aniodol sur le bacille de la tuberculose, spécialement au point de vue de la stérili- sation des crachats des tuberculeux. Si l’on verse une solution d’aniodol à 4 p. 100 dans un crachoir con- tenant l’expectoration d’un phtisique, et si on laisse en contact crachats et antiseptique pendant au moins vingt-quatre heures, on détruit la virulence des bacilles antérieurement constatés dans ces crachais, et l’on peut, dès lors, les inoculer au cobaye sans tuberculiser l’animal. Nos expériences ont porté sur un grand nombre d'échantillons de cra- chats, tous très riches en bacilles de Koch, ainsi que le montrait l'examen microscopique préalable, et tous doués d’une virulence certaine pour le cobaye. Un animal témoin était inoculé à chaque fois avec des crachats non soumis à l’action de la solution d’aniodol et sacrifié en même temps que les cobayes qui avaient reçu les crachats immergés dans l’antisep- tique. Les lésions tuberculeuses étaient toujours manifestes chez cet animal témoin. Les bacilles des crachats qui ont séjourné vingt-quatre heures dans l’aniodol peuvent être encore décelés au microscope après coloration par la solution de Ziehl (1); ils ne sont plus virulents, ou, du moins, ne (1) Cette propriété que possède l’aniodol de rendre inoffensif le bacille tuberculeux, sans altérer trop profondément ses caractères morphologiques et ses affinités colorantes, permettra de l'utiliser pour l'envoi à distance (par la poste, par exemple) des crachats destinés à être analysés dans un labora- toire. On conçoit, en effet, qu'il ne peut pas être sans danger de faire voyager ainsi des crachats bacillifères. Or l’aniodol, comme nous venons de le dire, fait perdre aux crachats leur virulence, et nous avons pu nous rendre compte qu'après une immersion de cinq jours dans la solution au 100€ les bacilles étaient encore très faciles à reconnaitre, quoiqu'un peu plus faible- ment teintés que dans les conditions ordinaires d'examen. 664 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE déterminent plus chez le cobaye, au point d'inoculation, qu'une petite réaction inflammatoire, le plus souvent caséeuse, sans adénopathie correspondante et surtout sans retentissement sur les organes profonds. Si la durée du séjour dans la solution d’aniodol n’atteint pas vingt- quatre heures, les crachats inoculés au cobaye déterminent presque toujours une tuberculose manifeste, atténuée il est vrai, à marche beaucoup plus lente que chez les cobayes témoins. De même, si la solution est à un titre faible, au 500° ou au 4000°, la virulence des cra- chats est atténuée, mais les cobayes inoculés finissent par succomber. Si l’on veut stériliser à coup sûr des crachats tuberculeux, il faut donc, d’une part, une solution forte d'aniodol (au 1/00) et, d'autre part, un contact de l’antiseptique avec les crachats d’une durée dau moins vingt-quatre heures. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Cornil à la Faculté.) LE DIPLOSCOPE, par M. le D' A. Remy. (Communication faite dans la séance précédente.) Le diploscope est un instrument que j’ai imaginé à l’occasion d’une expertise médico-légale que j'étais chargé de faire. Il s'agissait d’un procès intenté à la compagnie responsable en vertu de la loi du 9 avril 1898 par un ouvrier blessé à l'œil gauche, dont il prétendait ne pas voir. Le simulateur était des plus habiles, et il a fallu le diplo- scope pour démontrer pleinement que sa vision était normale des deux yeux. : Théorie et description de l'appareil. — La construction du diploscope repose sur les principes suivants : Lorsqu'on regarde un fond blanc bien éclairé, le mur d’une chambre par exemple, à travers un orifice circulaire percé dans un écran, en vertu de la position écartée des deux yeux, on aperçoit ce mur en deux endroits différents, ce qui donne la sensation de deux disques blancs distincts et plus ou moins écartés suivant la distance du fond par rapport à l'écran. Si au lieu d’un orifice, il y en a deux un peu moins distants l’un de l’autre que l'écart normal des deux yeux on voit quatre disques du même coup; mais deux seulement sont vus par chaque œil. Pour rendre ces disques plus apparents l'écran noirci est placé en manière de fond à l'extrémité d’un gros tube de 20 centimètres de long environ et noirci à l'intérieur, à travers lequel on regarde en se plaçant du côté opposé de façon à être à 60 centimètres environ de l'écran. Sur des cartons blancs, sont imprimées des lettres de différentes 55 NE SÉANCE DU 22 JUIN 665 grandeurs à des distances calculées pour que, les cartons une fois en place, une lettre apparaisse au milieu de chaque disque à travers les trous dont nous venons de parler. Une réglette mobile est placée à l’ex- trémité du tube par où on regarde; si on la place dans une position verticale et médiane de manière à partager l’orifice du tube en deux moitiés égales, on intercepte la vue de deux disques; et, si l'écran lui- même est mobile et peut tourner dans le tube, les deux disques appa- rents se placeront dans la position qu'on voudra, de facon que les deux disques au lieu d’être placés l’un à côté de l’autre pourront sem- bler l’un au-dessus de l’autre. Si au lieu des deux orifices percés dans l'écran à côté l’un de l’autre à la distance de 58 millimètres environ, il y en a deux autres séparés seulement de quelques millimètres, distance qui au niveau de l'écran mesure l'écartement de l’angle formé par la ligne des rayons visuels dirigés vers un même point, chaque œil voit bien deux trous; mais les deux trous médians étant vus au même endroit projeté sur l'écran, on ne voit que trois disques au lieu de quatre; la mème réglette décrite plus haut, lorsqu'elle est abaïssée devant le tube de l'instrument juste au milieu, ne laisse plus voir qu'un seul disque. Daus ces conditions, la vision binoculaire s'exerce pour ainsi dire dans les meilleures condi- tions possibles; un point seul peut être fixé par les deux yeux et aucun objet avoisinant le point visé ne peut distraire les yeux de leur objectif. Dénomination. — Le diploscope est ainsi appelé : 1° Parce qu'avec les deux yeux un seul trou est vu deux fois : il pro- cure une vision double différente de la diplopie ordinaire, car ce n'est pas le même objet qui est vu deux fois, mais deux objets différents qui sont vus simultanément, mais séparément, par chaque œil; 2° Parce qu'il permet de découvrir des diplopies latentes ou mieux des insuffisances musculaires dont nous ne pouvons guère soupçonner l'existence. Sur le même écran tournant, on a réuni les quatres trous percés deux à deux comme il a été dit plus haut; deux opercules per- mettent, en bouchant deux des trous, d’avoir les deux instruments réunis, et tous deux méritent le nom de diploscope : voir double ; voir la diplopie. Fonctionnement de l'appareil. — Il consiste à faire placer le sujet soumis à l'expérience devant l’appareil à la distance indiquée par un guide ou une mentonnière. Les deux yeux ouverts, le patient étant bien en place n’a qu’à chercher à lire les lettres imprimées sur les cartons placés de l’autre côté de l'appareil à une distance d'environ 1,95 de ses yeux. Si cela était nécessaire, en cas de mauvais vouloir on pourrait regarder à travers un petit trou percé au milieu de chaque lettre pour s'assurer que les yeux du sujet expérimenté sont bien en face de la lettre. Si dans ces conditions on voit son œil sain, réciproquement cet œil sain doit pouvoir lire, le contraire indiquerait la volonté de tromper. 666 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Avec les deux instruments réunis ou mieux avec le diploscope muni de ses deux dispositifs on obtient pour l'étude de la vision sept expé- riences sans parler de celles qu’on pourra faire avec les couleurs. Les cinq premières expériences sont obtenues avec le premier dispo- sitif de l'appareil, c’est-à-dire avec les deux trous les plus éloignés de l'écran tournant. : Malgré l'affirmation de Javal, les yeux ne nous permettent pas de dis- tinguer entre elles les sensations reçues par chacun d’eux ; avec le diplos- cope l'illusion est complète, on croit voir les quatre lettres avec les deux yeux. Cependant, il n’en est rien, l'œil droit seul voit les consonnes, l'œil gauche les voyelles, car les mots ont été choisis en conséquence pour rendre la démonstration plus facile. Ex. KoLA. Pour obtenir le deuxième dispositif, il suffit d'ouvrir les orifices rap- prochés en plaçant leurs opereules sur les trous éloignés et de les placer en position horizontale. Si la réglette est complètement relevée, on voit trois lettres. Si la réglette est abaissée verticalement, on n’en voit plus qu'une. Ceci constitue la septième expérience. De prime abord cette expérience semble d'une utilité moindre, on ne voit même pas à quoi elle peut servir. Mais si elle n’est d'aucun secours pour le médecin légiste, il n’en est pas de même pour le diagnostic, la correction par l'orthopédie et les verres de lunettes dans des affections jusqu’à présent un peu délaissées de beaucoup d’oculistes. APPLICATION DU DIPLOSCOPE A LA MÉDECINE LÉGALE ET AUX CONSEILS DE REVISION, par M. le D' REMY. (Communication faite dans la séance précédente.) Il est inutile d’insister sur les applications du diploscope lorsqu'on aura vu fonctionner l'appareil. Il suffira de faire remarquer que c’est la multiplicité des expériences qui en fait la force. Il n'est pas possible au simulateur, même en connaissant l'appareil, de reconnaître à quelle expérience il est soumis. Toutefois il n’est pas donné à tout le monde et dans tous les cas de prendre les simulateurs dans le piège. Il faut des connaissances techni- ques en oculistique : il faut savoir affaiblir tel ou tel œil à volonté pour arriver au but; c'est facile à cause de la facilité de répéter les expé- riences tant qu il est nécessaire. Ce n’est pas ici la place de donner des détails sur les procédés à suivre qui d'eux-mêmes viendront à l’idée des expérimentateurs familiarisés avec l’ophthalmologie. SÉANGE DU 22 JUIN 667 Il n’en est plus de même pour le diagnostic et le traitement des insuffisances musculaires; c’est pourquoi quelques indicalions sont indispensables. Cas de vision non simultanée. — Le plus souvent on ne commencera pas par rechercher la diplopie qui en est le signe pathognomonique, mais on soumeltra le sujet à la première expérience, dans le cas bien entendu où rien d’anormal dans la direction des yeux n’est apparent. Laissons aussi de côté les cas de simulation où la conduite à suivre est différente. Des quatre lettres, un groupe de deux seulement est lu. La con- clusion est certaine : ou le malade ne voit pas du tout d’un œil, ou, au moins, il ne voit pas à ce moment; il n’a pas la vision simultanée des deux yeux, mais seulement la vision séparée alternante, car en fermant l'œil qui veut lire, c'est l’autre qui lit et ainsi de suite. | La cause de cette alternance de vision est facile à présumer par l’ana- logie avec ce qui se passe lorsque le défaut de convergence des yeux est apparent, mais le diploscope nous l’explique par une démonstration directe. Qu'on fasse regarder la lettre unique de la septième expérience. Elle est vue double, alors que sans être vur à travers le diploscope il n’en est plus ainsi. De plus, avec les verres colorés, rien de plus simple que de déterminer si la diplopie est homonyme où croisée. Puisque la lettre est vue double, on comprend aisément qu'en con- tinuant de regarder dans l'instrument et en cherchant à rapprocher les deux lettres jusqu’à fusion plus ou moins complète, on puisse se rendre compte du travail nécessaire pour atteindre ce but. — En cas de diplopie homonyme il faudrait peut-être dire : « On se rend compte du travail qu'il ne faut pas faire pour atteindre le but. » On peut suivre pas à pas de visu, c’est le cas de le dire, les progrès accomplis, et cet exer- cice, qui n’est plus inconscient, ni laissé au hasard, ne peut manquer de produire de bons résullats. | Voilà le traitement orthopédique. L'usage des verres prismatiques peut donner de bons résultats. Ils aident la vision binoculaire, lant qu’un exercice suffisant n’a pas permis de l'obtenir ; mais on conçoit qu'évilant l'effort de la part du malade ils exagèrent la cause du mal plutôt que de la diminuer. Cet inconvénient peut être corrigé, si chaque jour on se livre à quel- ques exercices de cette gymnaslique rationnelle, sans prismes, pour les reprendre dans les occupations sérieuses. Avec l’'ophthalmo-dynamomètre de Landolt, en calculant et évaluant en angles métriques l'amplitude de convergence d'un sujet, on pouvait suppléer à ce qui lui manquait, au moyen de prismes produisant une déviation exprimée également en angles métriques. Avec le diploscope BiocoëiEe. CompTEs RENDuSs. — 1901. T. LIII 52 668 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ces calculs sont inutiles, et rien de plus facile que de choisir le prisme. Le procédé est essentiellement pratique. Du même coup on voit presque- empiriquement le numéro du prisme et le côté où le sommet du prisme doit être dirigé. Le plus souventles prismes doivent être dirigés le sommet du côté tem-. poral : insuffisance des droits internes, diplopie croisée; avec un prisme placé de cetle facon, si l'écart des lettres diminue, on augmente l'angle du prisme jusqu’à fusion si possible. Si, au lieu de se rapprocher, les lettres . s'écartent, les prismes devront être placés en sens inverse, sommet du côté nasal, strabisme convergent, diplopie homonyme. Il n’est même point besoin de savoir quel genre de diplopie on a sous les yeux, la posilion du prisme vous l'indique, mais on pouvaitla connaître d'avance, ce qui était l'ordre logique un peu moins empirique, en faisant regar- der au malade la flamme d’une bougie à la place de la lettre unique de la septième expérience, avec un verre coloré placé devant un de ses. yeux. Comparaison de l’acuité visuelle dans les deux yeux. — Avec la pre-. mière expérience à quatre lettres surtout on peut établir une compa- raison parfaile entre l’acuité visuelle des deux yeux Cette propriété a pu déjà être mise à profit pour la vérification du choix des lunettes. Cette- vérification est aussi rapide, exacte que possible. À Faits d'ordre physiologique. En regardant dans le diploscope, on peut constater les deux phénomènes suivants : Si unrayon de soleil arrive obliquement sur un œil, le disque blane visé par cet œil prend une teinte gris bleu. Ne serait-ce pas quelque chose d’analogue qui s’observe chez beau- coup de cataractés après la sortie du cristallin, lorsqu'ils subissent l’opé- ration ? , Si le rayon de soleil est plus puissant, l'œil cesse de voir : c’est l’autre seul qui continue de voir. C’est ce qui explique l’éblouissement, la cécité. momentanée qu'éprouvent ceux qui ont perdu un @il, lorsqu'ils s’ex- posent au soleil. Il en serait de même pour tout le monde, si un deuxième organe n'élail pas là pour suppléer au premier. NOTE SUR LA FATIGUE PAR LES EXCITATIONS VISUELLES, par M. Cu. FÉRÉ. Les excilations par la lumière colorée provoquent une suractivité des mouvements volontaires dont on peut se rendre compte par des SÉANCE DU 22 JUIN 669 . ——— — ot ne expériences mulliples que j'ai reproduites récemment (1). Mais cette suraclivilé n'est que momentanée. Si on prolonge une excitation d'une même intensité, on voit le tra- vail qui a augmenté jusqu à une limite, variable sans doute avec les individus, diminuer à mesure que l'excitation augmente de durée. Dans les expériences dont il s’agit on s'est servi du méme verre rouge à l'éclairage naturel, qui a varié sans doute chaque jour aux mêmes heures : on ne peut pas définir exactement le rôle de l'éclairage et de la couleur; mais si imparfaites que soient les expériences, elles ont donné des résultats qui ne manquent pas d'intérêt au point de vue de l'étude de la fatigue sensorielle. Toutes les expériences sont faites à la même heure; on n'en fait par conséquent qu'une chaque jour. On tra- vaille à l'ergographe de Mosso, comme dans les expériences précédentes, par séries de quatre ergogrammes, séparés par des repos de une minute; 3 kilog. chaque seconde avec le médius droit. L’éclair de rouge, qu'il commence ou non avant le travail, est maintenu pendant toute la durée du travail. EXPÉRIENCES. UESUR de a BACEUR du travail totale soulèvements. kilogrammètres. }0YEnne. au travail ? normal. I. 3,42 QUE 10,26 4,68 Excitation 1,81 41 5,43 4,41 au début 1,39 31 4,17 448 du travail. 1,24 27 3,63 4,48 23,49 105,38 IT. 3,81 81 11,43 4,70 Excitation .) 2,02 46 6,06 4,39 2 min. avant 1,83 39 5,49 4,69 le travail. 1,85 41 5,90 4,51 28,53 128,03 He 4,98 100 14,9% 4,98 Excitation DATI 58 8,13 4,67 4 min. avant 2,13 60 8,19 4,95 le travail. 2,07 45 6,21 4,60 37,47 168,10 IV. 6,06 126 18,18 4,80 Excitation 3:25 69 9,75 4,71 8 min, avant 2,85 61 8,55 4,67 ile travail. 1,78 37 5,34 4,81 41,82 187,04 (1) Etudes expérimentales sur le travail chez l’homme et sur quelques con- ditions qui influent sur sa valeur (Journal de l'anatomie et de la physiologie), 1901, p. 1). — Les variations de l’excitabilité dans la fatigue (Année psyrho- logique, 1901, p. 69). — L’excitabilité comparée des deux hémisphères céré- raux chez l'homme (Ibid., p. 143). 670 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EE —_—_— ; RAPPORT ee None IT AUMEUR ae ee HAUTEUR du travail ! ioiale: soulèvements. kilogrammètres. A HN N°. 3,39 T4 10,17 4,58 Excitation 2.2 47 6,69 4,74 42 min.avant ) 1,81 36 5,43 ! 5,02 le travail. 2,00 10e 6,00 4,87 28,29 126,87 VI. 2,31 52 6,93 4,4% Excitation 1,80 39 3,40 4,61 16 min. avant 1,51 32 4,53 3,71 le travail. 0,92 22 2,76 4,17 19,62 88,31 VIL. AT 32 5,16 5,38 Excitation 1,27 26 3,81 4,88 20 min. avant ) 0,76 16 2,28 4,75 le travail. 0,27 8 0,81 7 12,06 54,10 On a cessé l'excitation immédiatement après le quatrième ergo- gramme, comme dans les expériences précédentes, puis, avec des repos de 5 minutes suivant chaque série de quatre ergogrammes, on à repris 8 autres séries semblables pour étudier comme précédemment l’accu- mulation de la fatigue. Nous donnons le total du travail de chaque série avec le rapport au travail normal (22,29) des dernières expériences. ‘« TRAVAIL RAPPORT : en du travail SÉRIES kilogrammètres. au travail normal. 2 HE 0! 35,26 SE Ra NU Ne PAR EANE DO 3,59 20,59 JAP PE ER ME A 4 3,09 13,86 5 . 2,55 11,44 (OR 2,13 9,55 ue 1,41 6,32 SE 1,32 5,92 où 1,26 5,63 36,21 Le travail total des 9 séries n'est que de 36 kilog. 27, c’est-à-dire que l’excilalion sensorielle prolongée a donné une perte de 110 kilogrammè- lres environ ou trois quarts sur le même travail à l'état normal (145 à 150). Une minute après le dernier ergogramme de la dernière série SÉANCE DU 22 JUIN 671 (0 kilogr. 24), on à fait un seul ergogramme avec le verre rouge qui donne 8 kilogr. 49. La propriété excitante de la lumière persiste dans la fatigue. Exp. VII. — Nous avons repris l'expérience prolongée avec les 9 sé- ries d'ergogrammes après une excitation de 8 minutes avant le travail et continuée pendant la première série d’ergogrammes, avec les résul- tats suivants : TRAVAIL! RAPPORT 1 en du travail SÉRIES kilogrammèires. au travail normal. 1 34,47 154,64 ERP VE PA PUCES M MA NE an 22,11 99,19 NAS AD OU Se CANONS MERS 13,02 58,41 4 6,97 29,47 5 4,95 22,20 GER RAA TEUe AU NE CU Le 3,31 45,74 AR RE NT Q ua TE A PONS Eee: 2,46 11,03 8 1,98 8,81 9 1,71 7,67 90,78 Une minute après le dernier ergogramme de la dernière série qui n'avait donné qu'un travail de O0 kilog. 21, on a fait un ergogramme avec le verre rouge; il a donné 10 kilogr. 4. Cette dernière expérience montre que l'excitation à une des doses -les plus favorabies, si on considère les effets primitifs, donne encore un déficit de plus d’un tiers relativement au travail exécuté sans excitant. LA PÉRIODICITÉ DES INVASIONS D'ACRIDIENS (Caloptenus italicus L.) ET LA LUTTE PRÉVENTIVE CONTRE CES ORTIOPTÈRES, par M. ALFRED GIARDb. Les départements de la Charente et de la Charente-Inférieure sont en ce moment ravagés par les Acridiens. Les cantons de Villefagnon, Aigre, Rouillac, les communes de Matha, Puy-du-Lac, Tonnay-Charente et Rochefort sont particulièrement dévastés. Déjà l'an dernier ces terri- toires avaient fortement souffert des attaques des Acridiens; mais cette année, l'éclosion est formidable et les dégàts menacent d'être très sérieux. Les ravageurs sont encore à l’état jeune {criquels). Ils appartiennent en immense majorité à l'espèce méridionale Caloptenus ilalicus L. et à sa Te SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE variété marginellus Serville; mais on trouve aussi dans les bandes dévastatrices un certain nombre d'Œdipoda cœrulescens L. (1). _ Contre ces éclosions en masse, il est bien difficile de lutter efficace- ment. Tous les moyens préconisés, soil chimiques (pulvérisations de solu- tions savonneuses au pétrole, d'arsénite de cuivre, etc.), soit méca- niques (ramassage des jeunes, creusement de fossés, etc.) sont coûteux, et ne peuvent intervenir le plus souvent que quand le mal est déjà fait. Il eût été facile au contraire d’agir d'une façon préventive. Dès 1888, reprenant et corroborant d'anciennes observations de A.-H. Swinton, j'ai montré que la multiplication exagérée de certains Insectes et notamment celle des Acridiens (vulgairement Sauterelles), coïneide avec les années de minimum des taches solaires et présente la même périodicité (2). Ces périodes sont de onze ans environ. En ce qui concerne le Calopte- nus ilalicus, il y a eu en France des ravages considérables en 1868- 1870 (3) (minimum des taches, 1867), en 1876 (France et Espagne) (minimum des taches, 1876) (4), en 1887 dans le sud-est (minimum des taches, 1888) (5). Le dernier minimum des taches solaires a eu lieu en 4900. On pouvait donc s'attendre depuis deux ans à une forte multiplication des Acri- diens dans nos régions méridionales. Dès lors, il eût été sage de sur- veiller, comme je l'avais recommandé, les lieux de ponte, ce que les ento- mologistes américains appellent la zone permanente de l'espèce. C’est là qu’on peut intervenir utilement, en détruisant les œufs avant l'invasion des territoires cultivés. Une dépense même assez importante, mais faite d’une façon intelligente tous les dix ans environ, évilerait des dommages. souvent énormes, et serait bien moins lourde au point de vue écono- mique que les frais nécessités par les campagnes entreprises trop tard, quand les pontes des Orthoptères ont élé disséminées pendant plusieurs années en dehors de la zone d'habitat primitif. Lorsque le mal est arrivé à ce point, il ne faut plus compiler pour l’atténuer d'une facon sérieuse que sur les parasites et sur les conditions climatériques défavorables aux Acridiens, lesquelles vont, semble-t-il, en croissant au fur et à me- sure qu'on s'éloigne des années de minimum des taches solaires. (1) De nombreux spécimens de ces insectes m'ont été envoyés d'Angoulême, par M. Gabriel Dupuy, membre de la Société entomologique de France. (2) A. Giard. Nouveïles remarques sur le Sil/pha opaea L., Comptes rendus hebdomad. de la Soc. de Binloygie, 7 juillet 1888, p. 617-618; A. Giard. Congrès annuel de la Société entomologique de France, 23 février 1899, p. 53. (3) Mulsant. Petites nouvelles entumoloyiques, 4°° août, 1870, p. 108. (4) Swinton. Third Report U. S. Ent. commission, 1883, p. 78. (5) Azam, in Finot. Faune es Orthoptères, 1890, p. 162. L'année suivante (1888) un autre Acridien : Parapleurus alliaceus L., s’est montré en masse dans le Tara (Giard, Le Naturaliste, n° 36, p. 203). SÉANCE DU 22 JUIN 673 LA RÉACTION DE FIXATION DE BORDET AVEC LES BACILLES MORTS, par MM. F. Wipaz et L. Le Sourp. Nous avons montré dans une précédente communication (1) que la réaction de fixation de Bordet existait au cours de la fièvre typhoïde chez l’homme. Nous avons recherché si la réaction pouvait s'exercer sur les bacilles tués par la chaleur. Nous avons fait usage d’une culture de bacilles d'Eberth sur gélose âgée de vingt-quatre heures émulsionnée dans une solution de chlorure de sodium à 7 p. 4.000. Celte émulsion avait été exposée au bain-marie à 61 degrés pendant trois quarts d'heure. La réaction était aussi nette sur les bacilles ainsi tués par la chaleur, que sur les bacilles vivants. L’alexine ou cytase de Metchnikoff était fixée par les baciiles morts sensibilisés par un sérum typhique, et les globules rouges de poule qui avaient servi à confectionner le mélange ne subissaient pas l’hémolyse. La réaction, comme lorsqu'on opère sur les bacilles vivants, est plus ou moins complète suivant le sérum typhique employé. SUR LE CHLORE ORGANIQUE URINAIRE, par MM. J. Vice et J. Morressier (de Montpellier). MM. À. Berlioz et E. Lépinois (2) ont les premiers mentionné, dans l’urine, la présence de composés chloro-organiques représentant de 10 à 40 p. 100 du chlore total. Mais, comme l’a fait remarquer M. Lam- bert (de Bron) (3), les méthodes analytiques suivies par ces auteurs prêtent à des critiques sérieuses. En effet, la perte de chlore par concen- tration de l’urine et calcination du résidu, considérée par les auteurs cités comme la preuve de ces combinaisons organiques chlorées, peut s'expliquer par la décomposition des chlorures minéraux en présence du phosphate monosodique et des acides organiques de l'urine, ainsi que par la volatilisation du sel ammoniac et la décomposition du chlorure de magnésium. Au reste MM. A. Petit et P. Terrat qui déjà, avant M. Lambert, avaient présenté (4) quelques observations sur les (1) Société Médicale des Hôpitaux, 14 juin 1901. (2) Journ. de Pharm. et de Chim. (5), t. XXIX, p. 288. (3) Journ. de Pharm. et de Chim. (5), t. XXIX, p. 446. (4) Thérapeutique scientifique, p. 59, 1894. 674 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE méthodes analytiques de MM. Berlioz et Lépinois, sont arrivés, dans nn travail très documenté (1), aux mêmes résultats que M. Lambert ; ils ont conclu à l’absence de combinaisons organiques chlorées dans “urine. L'existence du chlore organique urinaire semblait ainsi devoir être écartée, lorsque M. D. Vitali (2) est venu de nouveau affirmer sa pré- sence dans l'urine. Devant ces nouvelles conclusions il nous a paru intéressant de reprendre la question en adoptant tout d’abord le procédé de recherche suivi par M. Vitali. Suivant ce procédé, l'urine était traitée par de l’eau de baryte, jusqu'à réaction alcaline, de manière à précipiter les phos- pates, sulfates, urates, etc., et dans la liqueur filtrée on éliminait l'excès de baryte par un courant de gaz carbonique. Après filtralion, le liltratum, acidulé par de l'acide azotique, était additionné d'un léger excès d’une solution d’azotate d'argent pour précipiter les chlorures minéraux. Le liquide filtré était débarrassé, par l'hydrogène sulfuré, de l'excès de sel argentique et, après nouvelle filtration, la liqueur oblenue, additionnée de carbonate et d’azotate de sodium bien purs, était évaporée à siccité et Le résidu calciné. Dans les nombreux essais ainsi effectués sur différentes urines pro- venant les unes d’individus sains, les autres de malades atteints de pneumonie, le produit de la calcination dissous dans l’eau, filtré et aci- dulé par de l'acide azotique, ne nous a toujours donné, par addition d'azotate d'argent, qu’un très léger louche, insoluble dans l'acide azo- tique et soluble dans l’ammoniaque, alors que M. Vitali signale dans ces conditions la formation d’un fort précipité de chlorure d'argent. ‘+ Afin d'éviter la perte possible de chlorure, par la volatilisation, à cause de la chaleur intense, quoique fugace, développée aux points où agit le nitrate de sodium, nous avons entrepris une nouvelle série ‘d'essais en remplaçant, dans la dernière phase du procédé Vitali, le mélange oxydant carbonate et azotate de sodium par de la chaux et de l’azotate de calcium bien purs (oxydant de M. G. Meillère) (3). Les résultats obtenus par cette méthode ont été identiques à ceux observés en suivant exactement le procédé de M. Vitali; nous n’avons également obtenu, dans les différents essais, qu’un léger louche. Ce louche doit être attribué à la présence de traces de chlorures minéraux de l'urine retenus par l’urée et les autres principes extractifs. Nous avons constaté, en effet, en opérant comparativement avec une solution renfermant 2 p. 100 d’urée et 1 p. 100 de chlorure de sodium, (1) Journ. de Pharm. et de Chim. (5), t. XXIX, p. 585. (2) Boll. Chim. Farm., t. XXXVI, p. 289 et 321; Bull. Soc. Chim., (3), t. XVIH, p. 1356. (3) Journ. de Pharm. et de Chim. (5), XXIX, p. 497, SÉANCE DU 22 JUIN 675 que, dans un tel milieu, des traces de chlorure restent non précipitées par l’azotate d'argent, traces que l’on trouve ultérieurement dans le résidu. Le louche obtenu dans ce cas par l'azotate d'argent était de même ordre que celui observé en opérant sur les urines. Les fails que nous venons d’exposer ne confirment donc pas les con- clusions énoncées par M. Vitali. Il résulte de nos recherches que, comme l'avaient déjà annoncé M. Lambert ainsi que MM. Petit et Terrat, l'urine ne renferme pas de chlore à l'élat de composés chloro-orga- niques. À PROPOS DES VARIATIONS DE LA COAGULABILITÉ DU SANG, AU COURS D'UNE MÊME HÉMCRRAGIE, par M. FERNAND ARLOING (de Lyon). Dans deux notes présentées à la Société de Biologie, le 25 mai et le 1°" juin derniers, M. Milian signale qu'au cours d’une hémorragie cap- pillaire, par piqûre à la Jancette, la coagulabilité du sang varie suivant le moment de l’'hémorragie. Elle devient de plus en plus grande à mesure qu'on se rapproche de la fin de celle-ci, et les dernières gouttes de liquide obtenues par pression de la région lésée se coagulent quatre à cinq fois plus vite que celles du début. L'auteur en altribue la cause non pas à une modification de la coagu- labilité de la masse sanguine totale, mais à une action locale qui paraît être dans l’espèce la sécrétion d'une substance coagulante par les cel- lules de la peau. Nous voudrions dire, à cette occasion, que des différences analogues dans la coagulation du sang s’observent au cours d’une hémorragie abondante par blessure latérale d'un gros vaisseau, comme la jugulaire du cheval. Rappelons que, lorsqu'on pratique une saignée sur cette veine, dans le but d'obtenir de grandes quantités de sérum aseptique normal ou anti- toxique (saignée de 4 à 6 litres), on plonge dans la jugulaire un trocart de plusieurs millimètres de diamètre qu'on relie successivement par un tube de caoutchouc stérilisé à 3 ou 4 flacons destinés à recevoir chacun environ deux litres de sang. Or, on constate dans ces divers flacons, chargés successivement, des différences très grandes au point de vue de la rapidité de la coagu- lation. Elles sont mesurées, en quelque sorte, par l'épaisseur du caillot blanc qui se forme dans chaque récipient. Très épais dans le premier flacon, ce caillot diminue dans le second, le troisième et enfin le qua- trième flacon où il ne mesure plus que quelques millimètres d'épais- seur. Parfois même, le sang qui coule dans celui-ci se coagule avec une 676 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE si grande rapidité que la surface de la masse sanguine est irrégulière, ridée, grossièrement étagée en escalier. Dans les circonstances présentes, il nous semble que la différence dans la coagulabilité ne peut pas être raltachée à des modificalions locales intravasculaires, pas plus qu'à la cause admise par M. Milian dans ses expériences. Tout au plus pourrait-on invoquer une augmentation du fibrine-ferment, par suite d’une altéralion progressive du sang dans la lumière des tubes faisant communiquer l intérieur du vaisseau avec les récipients. Quant à la rétractilité du caiïllot, nous l’avons toujours vue plus prompte et plus parfaite dans les flacons où la coagulation avait été plus lente, c'est-à-dire dans les flacons chargés au début de l'hémorragie. Done, si les différences dans la rapidité de la coagula‘ion se montrent les mêmes ici et dans les observations de M. Milian, elles peuvent rece- voir des inlerprélations variées, et la rétractilité n’est pas toujours en raison inverse de la rapidité de la coagulation. SUR LE REVÉTEMENT ENDOTHÉLIAL DES TENDONS DE LA QUEUE DES RONGEURS, Note de M. F. TourNeux, présentée par M. REXTERER. Les tendons filiformes de la queue des petits rongeurs (rat, souris, etc.), présentent cette parlicularité signalée depuis longtemps, que les impré- gnations au nitrate d'argent provoquent à leur surface un dépôt de lignes noirâtres anastomosées entre elles, et délimitant des champs polygonaux de 60 à 100 x de diamètre, dont l’ensemble rappelle un revêtement endothélial. Or, ces tendons glissent dans des coulisses tendineuses de nature fibreuse, et on supposa tout d’abord que la sur- face des tendons ainsi que la face correspondante des coulisses tendi- neuses, étaient tapissées par une membrane synoviale dont l'imprégna- tion argentique mettait en évidence la couche superficielle de nature endothéliale. Un pareil revêtement endothélial constituait une excep- tion dans le groupe des gaines tendineuses dont la couche interne ne présente les caractères ni d’un épithélium ni d'un endothélium. On remarqua bientôt que les tendons de la queue des rongeurs, formés par un seul faisceau conjonctif secondaire (fibre tendineuse) non vasculaire, n'étaient pas séparés de la face interne de la gaine par une cavité réelle, mais que ces tendons glissaient dans un tissu muqueux, d’ailleurs peu abondant, interposé entre le tendon et la gaine. Dans le cas où plu- sieurs tendons étaient logés à l’intérieur d’une gaine unique, ces ten- dons restaient isolés les uns des autres par le même tissu muqueux. Le revêtement endothélial ne pouvait plus par suile être assimilé à la “He orE SÉANCE DU 22 JUIN 677 -couche superficielle d’une membrane synoviale, mais il devenait une couche propre au tendon, et il fut ainsi décrit par Ch. Robin (1). Ajou- tons qu'on n'est jamais parvenu, par les imprégnations à l’argent, à pro- voquer un dessin analogue sur la face correspondante de la coulisse tendineuse. Les imprégnations prolongées montrent de plus, à la surface du ten- don, immédiatement au-dessous de la couche endothéliale, des figures slellaires anastomosées entre elles, et se délachant en blanc sur un fond brunâtre. Ces figures kéraloïdes dont l’ensemble constitue la couche sous-endothéliale des auteurs, ne répondent pas à des cellules étalées parallèlement à la surface, mais représentent, ainsi que l'a montré Renaut (1876), les expansions protoplasmiques superficielles de cellules tendineuses doni les corps cellulaires sont logés dans les espaces interfasciculaires, mais au voisinage de la surface. Les noyaux de ces éléments ne sont pas, en effet, répartis uniformément à la surface du tendon, mais ils sont orientés en séries longitudinales, au niveau des espaces interfasciculaires. Ces noyaux, d'autre part, corres- pondent également aux champs endothéliaux superficiels, si bien qu'une figure stellaire et le champ endothélial qui la recouvre ne possèdent qu'un seul et même noyau. Cette disposition avait été en quelque sorte entrevue par Lœwe en 1870, quand cet auteur indiquait que les cellules endothéliales étaient dépourvues de noyau. Les noyaux sont générale- ment silués près de l’un des bords ou dans l’un des angles des champs polygonaux, et comme ces noyaux sont disposés en séries longitudi- nales, on voit les lignes noirâtres s’insinuer entre les noyaux, les con- tourner, et décomposer la surface du tendon en autant de figures poly- gonales qu'il y a de noyaux. Les faits qui précèdent nous portent à rapprocher les cellules ten- -dineuses superficielles telles qu'on les observe dans les tendons fili- formes des rongeurs, des cellules endothéliales des séreuses. Chaque cellule tendineuse superficie le se composerait ainsi de deux parties distinctes : 1° d'un corps protoplasmique s'élalant à la surface du tendon, et s'anastomosant avec les expansions des éléments voisins; 2° d’une lame superficielle (plaque endothéliale, Ranvier 1890; plaque recouvrante, Kubossow, 1893), individualisée et pouvant être délimitée _par les imprégnations au nitrate d'argent. (1) Dictionnaire encyclopédique, article : « Musculaire ». 678 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA STRUCTURE DU TRYPANOSOME DES GRENOUILLES ET SUR L'EXTENSION DU GENRE Trypanosoma GRUBY, par MM. A. Laveran et F. MEsniz. Il existe, chez des espèces animales appartenant à tous les ordres de la classe des Vertébrés, des Flagellés parasites du sang. Ils sont tous bâtis sur le même type : corps plus ou moins allongé, vermiculaire ou fusiforme, pointu aux deux extrémités, portant en avant un long flagelle et latéralement une membrane ondulante. Ces flagellés sont générale- ment désignés sous le nom de trypanosomes; c’est en effet le premier nom générique qui leur ait été appliqué. Gruby l’a créé en 1843, à propos de l'hématozoaire des grenouilles. Depuis, un certain nombre d'autres genres ont été créés; un seul a survécu, c’est le genre Herpetomonas. Savillo Kent, dans son Manual of Infusoria, en 1881, a fait entrer provi- soirement l'hématozoaire des rats, découvert par Lewis, dans le genre Herpetomonas qu'il créait pour des flagellés du tube digestif de la Musca domestica, à corps vermiculaire, avec flagelle terminal, mais sans mem- brane ondulante. Lewis n'avait pas vu non plus de membrane ondulante chez le parasite des rats, et c’est ce qui explique l’assimilation géné- rique proposée par Kent. L’omission de Lewis fut bientôt réparée, et depuis la plupart des auteurs ont adopté le nom générique 7rypanosoma pour désigner tous les hématozoaires flagellés. Pourtant, l'an dernier, Wasielewsky et Senn (1) ont repris l’ancien genre Æerpetomonas, dans un sens différeñt du sens originel, pour désigner le trypanosome des rats et, d’une façon générale, ceux des mammifères. Senn, dans le fascicule consacré aux Flagellata des Pflanzenfamilien de Engler et Prantl, différencie ainsi les deux genres Æerpetomonas et Trypanosoma : Membrane ondulante épaissie en forme de flagelle sur le bord externe, n’atteisnant pas l’extrémité postérieure de la cel- lule Membrane ondulante non épaissie sur le bord, allant de l’extré- mité antérieure à l'extrémité postérieure de la cellule. . . Trypanosoma. Herpetomonas. Quant à Wasielewsky, il conclut en déclarant que, seule, une étude plus précise du genre Z'rypanosoma pourra trancher la question de son identification ou de sa différenciation avec Æerpelomonas, dont la struc- ture inlime est beaucoup mieux élucidée. C'est cette étude précise que nous avons eu l’occasion de faire sur le (1) Zeitschr. für Hygiene, vol. XXXIII. SÉANCE DU 22 JUIN 679 T'rypanosoma rotatorium (Mayer) (1) de la ana esculenta, espèce type du genre 7ypanosoma. Les préparations de sang, étalées sur lame, ont été desséchées, puis fixées à l'alcool absolu et colorées par le procédé décrit par l'un de nous (bleu Borrel-éosine, lannin) (2). Traités ainsi, les trypanosomes montrent nettement une membrane ondulante, très plissée et à bord épaissi; cet épaississement du bord externe à pour prolongement antérieur le flagelle qui a d’ailleurs exac- tement la même structure. Toutes ces parties se colorent en rouge violet par la méthode indiquée. À son extrémité postérieure, qui se trouve en un point variable de la moitié postérieure du corps (3), la membrane ondulante ou plus exactement son bord épaissi est en relation avec une masse vacuolaire contenant en son centre un grain assez gros qui se colore aussi en rouge violet. De même que chez les trypanosomes des mammifères dont nous avons précédemment entretenu la Sociélé, nous considérons cetle masse comme une « sphère attractive » avec son cen- trosome (4). Le noyau prend aussi une coloration rouge violet: c'est une masse ovoïde qui se colore d’une façon pâle et uniforme; seuls, deux ou trois grains se détachent assez nettement. Le noyau est situé en avant du centrosome comme chez les trypanosomes des mammifères, mais ici ces deux corps sont presque toujours peu éloignés l’un de l’autre. Le protoplasme se colore en bleu d’une façon très intense. Nous avons représenté (fig. 1 et 21 les deux variétés principales du Tryp. rotatorium, l'une à surface couverte de nombreuses côtes, l’autre aplatie, à surface lisse. Toutes les deux ont la même surface chroma- tique. Notre figure 3 représente une forme assez fréquente et qui a fort intrigué les observateurs; certains (Mayer, Grassi) ont voulu y voir une espèce et même un genre (Parameæcioides Grassi) spéciaux. C’est simple- (1) La synonymie de cette espèce est: Paramæcium loricatum ou costatum + Amoeba rotatoria [Mayer, juillet 1843] — Trypanosoma sanguinis [Gruby, novembre 18%#3] — Undulina ranarum [Rey Lankester, 1871] — Trypanomosa sanguinis Gruby + Paramæcioides costatus n. sp. fGrassi, 1882]. (2) Ziemann (Centralb. f. Bakt., Abth. [., 24, 1898) représente deux trypa- nosomes de grenouille colorés par sa méthode (modification de celle de Romanowsky); on y distingue deux masses chromatiques, une grosse et une petite. Ziemann n’en donne aucune interprétalion. Il n’a réussi, d’ailleurs, à colorer ni la membrane ondulante ni le flagelle. (3) La membrane ondulante ne va jamais jusqu'à l'extrémité postérieure du corps, comme l'indique Senn dans sa diagnose différentielle, sans doute sur la foi des dessins inexacts de Gaule qu'il reproduit. . 4) Sur nos préparations, on voit, netiement colorés, le centrosome et un cerlain nombre de rayons de l’aster des leucocytes de grenouilles, en particu- lier de ceux à noyau multilobulé. 680 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment un trypanosome ordinaire qui s’est mis en boule, sans doute par- suite des conditions anormales qu'il rencontre hors des vaisseaux. Les deux variétés du parasite peuvent présenter celte mise en boules et nous. avons observé maintes fois celte transformation. La membrane ondu- lante se rétracte et, à l’état frais, le flagelle paraît avoir disparu. L'examen des préparations colorées ne révèle aucune différence de structure entre: cetle forme semipathologique et les formes normales. Fig. 1. Trypanosome de la grenouille, forme plissée; n, noyau; c, centrosome: m, membrane ondulante; f, flagelle. — Fig. 2. Trypanosome de la grenouille, forme plate. — Fig. 3. Trypanosome de la grenouille rétracté. (Grossissement, 1.400 D environ.) En résumé, nos observations montrent que le trypanosome de la gre- nouille verte présente loutes les particularités que Wasielewsky et Senn regardent comme caractéri-liques du genre Herpetomonas. Dans ces condilions, ce genre doit disparaitre et le nom générique 7rypanosoma servira seul à désigner tous les flagellés parasites du sang des verlébrés, du moins tous ceux connus jusqu'ici. 7 UN CAS DE GANGRÈNE GAZEUSE AIGUE MORTELLE, par MM. Lecros et LEcÈNE. Un ouvrier, surmené, mal nourri, âgé de quarante ans, entre le 23 mai dans le service du D' Peyrot, à Lariboisière, pour une fracture de Dupuytren compliquée de la jambe droite. L'accident date de six heures. On trouve l'articulation tibio-tarsienne largement ouverte, le pied presque complètement luxé sur la face externe de la jambe. On réduit la fraclure après désinfection de la plaie (savonnage, brossage, alcool), on fait de larges irrigations d’eau oxygénée, quelques points de suture sur la plaie; un drain est mis à la partie interne, appareil plâtré de Maisonneuve, injection de 20 centimètres cubes de sérum antitélanique. Temp. rect. le soir : 38°5. Le lendemain, la temp. monte à 40 degrés, SÉANCE DU 22 JUIN 681 teinte subictérique, pouls à 110, légère agitation; les bords de la plaie sont noirâtres, on enlève les fils, il s'échappe du liquide roussâtre et quelques bulles de gaz. On pralique le soir même l’ampulation de la cuisse au tiers moyen; les tissus à ce niveau se montrent absolument sains. On draine largement, on lave la plaie à l'eau oxygénée. Le len- demain, temp. 38 degrés, l’état général semble meilleur. Le surlendemain, lemp., 39 degrés. Pouls, 110. L'ictère est marqué; on défait le pansement, les lambeaux sont presque complètement spha- célés, du liquide fétide mêlé de gaz s'écoule du moignon, on en recueille avec une pipetle stérile dans la partie la plus profonde, au milieu des muscles verdûtres. À la partie supérieure de la cuisse, teinte bronzée, crépitalion. Le 28 mai, temp. 40 degrés; l'abdomen est envahi par la teinte bronzée et la crépilation, l'odeur dégagée par le blessé est repoussante ; dyspnée, délire, mort dans la nuit. La décomposition cadavérique est complèle queiques heures après la mort. — Le sang d’une veine du bras prélevé dix heures avant la mort ne cultive pas; mais de la sérosité fétide prélevée profondément dans le moi- gnon, trois espèces microbiennes sont isolées. Ce sont : un colibacille, un diplo-staphylocoque et enfin un bacille très spécial et nettement pré- dominant sur les préparations directes de la sérosité. Ce bacille, très mobile, surtout par ondulations suivant son axe longi- tudinal, a la forme de bâtonnets à bouts arrondis de 3 à Au sur 1uen moyenne ; très facilement sporulé, il résiste sous cette forme à une tem- pérature de 100 degrés maintenue pendant une minute et demie. Il est aérobie de prédilection des plus nets, reste coloré par la méthode de Gram. Sur bouillon peptoné à 37° le milieu est peu troublé, le voile à la surface est épais, se reproduit plusieurs fois. Les spores apparaissent en quarante-huit heures; elles sont en général contenues dans la partie moyenne du corps bacillaire qu’elles déforment en fuseau; dans les cul- tures de trois jours on trouve de nombreuses spores libres. Le bacille pousse activement sur eau peptonée avec odeur fétide, sans indol, après huit et quinze jours. Sur gélatine en plaques à 20°, on a en quarante-huit heures de petites colonies blanchâtres punctiformes déjà entourées d’un anneau de liquéfaction, odeur fétide. Le sérum coagulé est liquéfié, le lait à 37 degrés subit sans coagulation une liquéfaction rapide, surtout étendue à la surface. Sur pomme de terre, le bacille donne un enduit jaunatre abondant. Il attaque lentement la glycérine tout en restant sans action sur la mannite, attaque glycose et galactose, n’attaque pas le lactose tout en attaquant le saccharose. La dextrine est attaquée, l’empois d'amidon liquéfié. L'albumine (blanc d'œuf) n’est pas liquéfiée. Le bacille pousse très mal sur liquide de Raulin. Inoculé en cultures pures au cobaye en injection sous-eutanée il donne en vingt-quatre heures une tuméfaction (noix) qui devient bientôt cré- 682 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pitante, puis s’atténue et s’efface sans escarre. Par association des deux autres espèces coli et diplocoque, on obtient une escarre, mais l'animal survit. Par contre, un jeune cobaye de quinze jours succombe en dix heures sans signes locaux après inoculation de 1/2 centimètre cube de culture pure. Enfin, un cobaye de 459 grammes reçoit dans les muscles de la cuisse un mélange de 1/2 centimètre cube d’une solution d’acide lactique au 1/5 (1) et de 1/2 centimètre cube de bouillon de quarante- huit heures; vingt-quatre heures après, la cuisse est tuméfiée, immobi- lisée en flexion, crépitante à la pression, Temp. rect. ; 35 degrés. Trente- deux heures après, l'animal est prostré ; temp. rect., 31 degrés; les tégu- ments de la cuisse sont verdâtres avec points de sphacèle cutané el ædème gazeux de la paroi abdominale. Secousses musculaires. Mort en quarante heures. Si l’on sacrifie l'animal au bout de trente-deux heures, on trouve au niveau de la cuisse un véritable processus de putréfaction cadavérique. L’odeur est infecte, de la sérosité rougeûtre infiltre la paroi abdominale; le sang du cœur, la bile, le sang du foie ne cultivent pas. — La souris blanche, le lapin, semblent à peu près réfractaires. — L'ensemble des caractères du bacille dont nous présentons des callures et des photographies ne nous permet aucune identification à un type décrit : par son aérobisme des plus nets, il se sépare d'emblée du vibrion septique de Pasteur, du pseudo œdematis bacillus de Liborius, du bacille du phlegmon gazeux de Frœnkel, du bacille aérogène encap- sulé de Welch et du bacille du charbon symptomatique. Il diffère également du bacillus pseudo œdematis maligni de San Felice par le Gram, la sporulation, la liquéfaction de la gélatine; de la bacté- ridie charbonneuse par la morphologie, les résultats de l'inoculation au cobaye. Le terme de bacille seplique aérobie nous paraît résumer les caractères essentiels qui d’une part rapprochent, d'autre part distin- guent ce bacille, agent aérobie d'une gangrène gazeuse aiguë, du vibrion septique de Pasteur. h MÉNINGITE TUBERCULEUSE EXPÉRIMENTALE ET SON TRAITEMENT PAR LA ZOMOTHÉRAPIE, par MM. Cu. Ricuer et JEan-Cu. Roux. En présence des résultats obtenus dans le traitement de la tubercu- lose expérimentale par injection intraveineuse chez le chien, nous avons voulu savoir si ce résultat s’appliquait avec la même efficacité à la tuber- (1) Procédé de Arloing, Cornevin et Thomas pour la mise en évidence de la virulence du bacille du charbon symptomatique. SÉANCE DU 22 JUIN 63; 3 culose inoculée directement dans le canal rachidien de manière à déter- miner des méningites tuberculeuses exp irimentales. On sait depuis les expériences de L. Marlia (1) que l'injection d’une culture tuberculeuse dans le canal rachidien détermine rapidement la mort par une méningo-encéphalite tuberculeuse aiguë. En procédant aseptiquement, c’est-à-dire en injectant directement la culture tubercu- leuse par une aiguille de seringue Pravaz, à travers la peau et les muscles du cou, au niveau de la membrane atloïdo-occipitale, on n’a d'autres accidents que ceux qui relèvent de l'infection tuberculeuse elle-même. Cette méningite tuberculeuse provoque divers phénomènes, troubles sensitifs et surtout moteurs, sur lesquels nous n'insistons pas ici. Nous nous contenterons de noter un symptôme constant, qui n'avait pas été observé encore, à savoir, de l’hypothermie. Au 11° jour de notre première expérience, sur 8 chiens, 2 seulement avaient une température au-dessus de 39°. Leurs températures respectives étaient : 350 370% 38° 38°2 3804 3804 Les deux autres avaient 39 et 39°2 (la température normale du chien est de 39 à 39°4). Sauf une exception, tous les chiens qui sont morts sont morts en hypothermie et avec une hypothermie régulièrement progressive. Voici un exemple très net de cette marche descendante de la température sur un de nos chiens : Au A0 jour) on NES 807 ANUS GE EUR NES 80 PAU AE CE ne ts 0 6 ASULALO CIE Ar Pr RE 07 AUD AT EE A Et O OS AUS IS SEE NINERNESNRMERNNERS C0 AU LOS NE ER Ra SO Au 20° — REG ENTOMOrE. Dans celte note d’ailleurs nous nous proposons surtout d'insister sur l'évolution de la méningite tuberculeuse expérimentale, selon que les animaux sont alimentés par la viande crue ou par la viande cuite. Dans la première expérience, du 21 février 1901, portant sur 8 chiens, 4 à la viande cuite et 4 à la viande crue, les quatre animaux à la viande cuite sont morts, un animal à la viande crue a survécu. | (t1) Martin. Méningite tuberculeuse expérimentale, Bull. de la Société de Biolo jie. 5 mars 1898. eu Biococte. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 53 6 \C, GA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On constate encore mieux qué le résullat de la viande crue est favo- rable en comptant les jours de survie des uns et des autres : Chiens à la viande cuite : survie : 43 jours, 18 jours, 21 jours, 24 jours; soit en moyenne 19 jours. Chiens à la viande crue : 2 jours, 29 jours, 32 jours. Le dernier enfin a survécu 90 jours, et a élé sacrifié en santé. (Il présentait des symptômes et des lésions sur lesquelles nous reviendrons, quand nous ferons la symptomatologie de la méningite tuberculeuse expérimentale.) Mêmé en éliminant ce chien, qu’on peut considérer comme ayant guéri, nous voyons que la survie moyenne des chiens à la viande crue est de vingt-huil jours, soit une survie d'un tiers plus longue que celle des ani- maux à la viande cuite. Dans une seconde expérience (26 mars 1901), en injectant à moindre dose une culture tuberculeuse, la maladie a évolué plus lentement, mais nous avons pu constater les mêmes symplômes, quoique SeuLes. Sur 7 chiens nourris à la viande crue, 2 ont survécu. Sur 5 chiens nourris à la viande cuite, un seul a survécu. Alors que l'expérience pouvait être considérée comme terminée par la survie de ces trois chiens, le 12 juin, soit au 78° jour, nous avons à tous les trois injecté des doses proportionnelles de tubereuline : le chien à la viande cuite est mort, les chiens à la viande crue ont survécu, et actuel- lement (25 juin) ils sont en excellente santé. Tout compte fait, en réunissant ces deux expériences qui portent sur 20 chiens; sur 44 chiens nourris à la viande crue il y a eu 3 surotes. Il n’y a eu aucune survie sur 9 chiens nourris à la viande cuile. Il est clair qu'il ne s'agit pas là des beaux résultats obtenus par l& zomothérapie dans le traitement de l'infection tuberculeuse par la voie veineuse. Mais il est important de constater que dans une affection expé- rimentale aussi rapidement mortelle que la méningite tuberculeuse on réduit par le fait de cetle alimentation à la viande crue, la mortalité de 100 p. 409 à 75 p. 100. Ce ne sont là que des expériences préliminaires, qui, sans être déci- sives, sont au moins très encourageanies. RECHERCHES SUR LA NATURE DE L'EXCITATION ÉLECTRIQUE, par M. Grorces Weiss. J'ai montrécomment l'excitation des nerfs et dés muscles était liée à la quantité d'électricité et à la durée de la décharge qui produisait cette excitation. Il y a lieu maintenant de rechercher s’il est possible de rapprocher ce phénomène d’autres faits mieux connus et qui semblent soumis à des lois analogues. SÉANCE DU 292 JUIN ï 685 En récapilulant les diverses actions électriques, nous n’en trouvons que deux qui soient directement liées à la quantité d'électricité : l’élec- trolyse etles phénomènes d'entrainement, L'excitalion électrique des tissus peut-elle dépendre d'une action électrolytique ? Cette hypothèse doit être examinée avec d'autant plus de soin que d’autres faits viendraient lui apporter leur appui. C’est ainsi qu’un grand nombre d’expérimentlaleurs ont montré que l’exei- lation semble liée à des actions polaires, c'est-à-dire limitées aux points d'application des électrodes. En premier lieu, pour apporter un nouvel élément d'appréciation, il faut rechercher comment se comportent deux ondes successives inverses l'une de l'autre. Y a-t-il,dans ce cas soustraction des effels, ou l’addi- ion se conserve-t-elle, comme j'ai montré qu'elle se faisait pour deux ondes de même sens? Un grand nombre d'expériences m'ont prouvé qu'il fallait se rallier à une troisième solution. Des concordances forluites m’avaient pendant un certain temps induit en erreur, mais quand en reportant mes résullats sur un graphique j'entrevis la loi véritable, il me fut aisé de la vérifier avec une grande précision. Voici dès lors comment je puis l’énoncer : Si deux ondes inverses l’une de l'autre sont assez courtes el se succèdent assez rapidement pour que l'ensemble des opérations tombe dans la période latente, au moment où l’on arrive au seuil de l'excitation lune seule des deux ondes est active, l'autre peut être supprimée sans rien changer au résultat. Supposons par exemple qu'une première onde descendante soit suffi- sante pour donner la réponse minima ; sion la fait suivre d’une deuxième onde ascendante moins efticace, on reste au seuil de l'excitation. Gelte deuxième onde semble tomber dans une période réfractaire. Si cette onde ascendante précède l’onde descendante on reste encore au seuil de l'excitalion, la première onde n’a élé ni utile ni nuisible à la seconde. En résumé, il n'y a ni addition ni soustraction. Je ne considère toutefois pas que ce résultat soit suffisant pour rejeter une théorie de l'excitation basée sur l’électrolyse ou les phénomènes d'entraînement. (Travail du laboratoire des travaux pratiques de physique biologique de la Falculté de médecine de Paris.) 686 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FORMULE CYTOLOGIQUE SPÉCIALE DES PLEURÉSIES PAR INFARCTUS CHEZ LES CARDIAQUES, par MM. Baron et Cave (de Lyon). La formule leucocytaire des pleurésies par infarctus chez les cardia- ques et artério-scléreux diffère notablement de celle des hydrothorax fréquents à la période terminale des cardiopathies et des néphrites. Cette dernière a été établie par les recherches de Widal et Ravaut, et nous avons nous-mêmes confirmé leurs conclusions par un certain nombre d'examens personnels inédits. Mais nous avons été frappés de la différence remarquable de cetle formule chez deux cardiaques artério-scléreux. L'autopsie de ces malades nous a montré l'existence d'infarctus pulmonaires du côté de l’épanchement. Chez le premier malade, le diagnostic avail pu être fait par les crachats hémoptoïques, les signes physiques et fonctionnels, l’infarctus s'étant produit sous nos yeux. Chez le second, ni l'interrogatoire ni la clinique ne permettaient de penser à un infarctus qui était déjà ancien et avait dû se produire avant l'entrée du malade dans le service. Nous avons pu soupconner son existence, grâce à l'examen cytologique du liquide pet l’autopsie nous l’a confirmée. Ogs. I, avec autopsie. — Homme, 69 ans. Artério-sclérose et athérome. Aortite. Insuffisances aortique et mitrale. Hypertrophie du cœur. Dilatation des cavités droites. Néphrite interstitielle. Albuminurie. Gros infarctus pyramidal dans le lobe inférieur du poumon droit. Conges- tion de voisinage. Fausses membranes récentes de la plèvre au voisinage de linfarctus. Pleurésie droite avec épanchement hémorragique. Très grande richesse en éléments figurés : Numération par millimètre cube : 18.375 globules rouges; 17. 100 glo- bules blancs. Formule #Polynuclé aire SRE ere 94 à 96 p 100 MonotetilyMmphhocytes SEEN SN Cellules endothéliales. . Là 2 — Ors. IT, avec autopsie. — Femme, 60 ans. Artério-sclérose et athérome. Insuffisances aortique et mitrale. Hypertrophie du cœur gauche. Foie car- diaque. Néphrite interstitielle. Albuminurie. Urémie. Cheyne-Stokes. Coma. Pleurésie droite, liquide hémorragique ; exsudats fibrineux, fausses mem- branes à la surface du poumon droit. Gros infarctus pyramidal dans le lobe moyen et un patit triangulaire dans le lobe inférieur. Ces infarctus sont déjà anciens, aspect gris noirâtre, sclérose, résistance au couteau. Examen du liquide pleural : grande richesse en éléments figurés, la numération n'a pas été faite (globules rouges abondants). SÉANCE DU 22 JUIN 687 Formule =pelynuele dires PA EP I MI OS 5 ED IDD Monotetlymphocytes MMM I TN ANSE idellulestendolhéliale RE ME ES A ARRES Enfin, nous pourrions ajouler : Ogs. IT. — Celle-ci manque de l’autapsie confirmative, le malade étant encore en traitement; c’est un artériel, athéromateux avec néphrite, qui a présenté un point de côté violent, de la dyspnée, des crachats hémop- tuïques, un épanchement pleural droit léger et non hémorragique. Examen : Numération par millimètre cube : globules rouges, 3.100; globules blancs, 625. Bormule/-#Polynucléaires Sert net 096/0 100 MonotetHlmphoevtes EN eNE TAUnNtES Celles len doté latest PNA TEMrNMNEEneRnE NRC MERS En résumé, celte formule diffère de celle de l'hydrothorax chez les cardiaques : 1° Par la richesse du liquide en éléments figurés, le liquide d'hydro- thorax étant très pauvre ; 2° Par l'abondance des polynucléaires, qui font totalement défaut dans l'hydrothorax. Cetle formule se rapproche de celle de la pleurésie pneumonique parce que l'infarclus crée une réaction locale (hépatisalion ou conges- tion) et infecte la plèvre. C’est une pleurésie inflammatoire; l'existence de fausses membranes dans nos deux autopsies le confirme. Il est donc possible, même en l'absence de signes cliniques, de savoir si un épanchement pleural survenant chez un cardiaque est un hydro- thorax simple ou une pleurésie inflammatoire par infarctus. L'examen cytologique du liquide pleural suffil à trancher ce diagnostic. L’ABSORPTION DES TOXINES, AGGLUTININES, ETC., INJECTÉES AU NIVEAU DES VOIES RESPIRATOIRES, par M. le D'JuLEs REuNS. Comment se comporte le poumon quant à l'absorption de certaines toxines pour lesquelles d'autres muqueuses, celles des voies digestives par exemple, témoignent d’une résistance si remarquable? J'ai injecté dans les voies respiratoires de lapins et de cobayes la dose mortelle par la voie sous-cutanée de toxine diphtérique. Tantôt, je procédais par cathétérisme bucco-laryngien, tantôt par piqüre directe de la tra- 688 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — chée. Les animaux ont succombé dans le même temps qu'après intro- duction sous-cutanée de la toxine : il eût été difficile, dans la piupart des cas, d'assigner d'après les lésions locales trouvées à l’autopsie la porte d'entrée du poison. Cette extrême perméabilité du poumon pour les produits de sécrélion microbiens explique peut-être cerlains faits cliniques. Les mêmes constatations s'appliquent à la ricine. Celte toxal- bumine est rapidement absorbée au niveau des voies respiratoires, et sans y déterminer les profondes lésions auxquelles on pourrait s'atlendre. Au reste, les poumons ne s'opposent pas davantage au passage des sérums antiloxiques ou agglutinants; le sang des animaux ainsi traités est rapidement investi, par emprunt où passivement, des propriétés du sérum injecté. Enfin, par l'injection intra- -pulmonaire à deux cobayes, du produit de cen Hnsalton lavé de 25 centimètres cubes de bouillon d’Eberth de vingt-quatre heures, on confère au 40° jour à leur sérum des propriétés gglutinatives nettes (250 à 600); la même dose n’amena nul résultat appréciable après injection dans l'estomac de deux autres cobayes. (Travail du laboratoire d'hygiène de la Faculté de médecine de Paris.) AUTO-INJECTEUR D'AMPOULES, par M. J. Parcrarn. Depuis que les ampoules sont entrées dans la pratique médicale, un grand pas à été fait vers la complète asepsie de l'injection hypodèr- mique, mais le transvasement du liquide dans la seringue et les diffi- cultés de stérilisation des seringues de Pravaz et similaires rendent encore imparfaite la pratique de l'hypodermie. Aussi s’est-on ingénié à trouver le moyen d'utiliser l'ampoule elle-même pour l'injection. Dans ce sens, vers 1898, les Américains ont proposé des ampoules rodées d’un côté pour recevoir l'aiguille, l'autre extrémité étant garnie d’une balle en caoutchouc. | En France, un procédé analogue consiste à enrouler autour d’une des. pointes d'une ampoule spéciale un fil d'amiante, tandis que l’autre est armée d'une double balle en caoutchouc. Ces procédés sont défectueux et ne constituent pas un vérilable appa- reil susceptible de remplacer les seringues. En effet, il faut une ampoule de construction spéciale et d’un prix beaucoup plus élevé que les aulres, la liqueur injectable s'échappe sou- vent à la base de l'aiguille, la poussée du liquide n’est pas homogène, ul réglable, et l'air impulsé n'est pas stérile. Nous croyons javoir réalisé un appareil véritablement 'pratique qui SÉANCE DU 2% JUIN 689 permet d'utiliser l’ampoule simplement soufflée, et cela malgré les varialions de grosseur et de longueur que le souffleur de verre le plus habile ne peut éviter. L'air puisé au dehors est filtré sur de l'ouate aseptique, la pression sur le liquide est un'forme et réyluble par un robinet, et il n’y a aucun danger d’injecter de l’air pendant l'opération, même s’il était nécessaire de donner plusieurs coups de piston. Description de l'appareil. — Notre appareil a pour but d’injecter direc- tement le liquide contenu dans une ampoule quelconque. !l lient compte des règles indispensables de l'asepsie. Il à pour principe la pression exercée au moyen d’une pompe foulante sur la liqueur injectable renfermée dans l'ampoule. L’auto-injecteur comprend : 1° Une pompe foulante : celle-ci est munie d’une soupape qui empêche tout retour du liquide lorsqu il faut donner plusieurs coups de piston; 2° La cage filtrante : petit cylindre grillagé dans lequel on introduit de temps en temps de l’ouate aseptique ou du coton d'amiante flambé, afin de filtrer l'air extérieur puisé par la pompe ; 3° Le robinet, qui a un double but : d'arrêter subitement la pression d'air lorsqu'il ne reste que quelques gouttes de liqueur injectable dans l’'ampoule, et d'empêcher pendant la mise en train qu'une trace de liquide remonte dans la cage filtrante ; 4° L'armature métallique : c'est la Fee essentielle de l'appareil dont l'exécution se heurtait à un double obstacle, l’excessive et inévitable varialion du diamètre et de la longueur de l’ampoule. Celte armature se compose de deux troncs de cône vissés ensemble par leurs bases jusqu’à un serrage rendu possible par des moulures en caoutchouc, et la lon- gueur du pas de vis qui est calculée pour obtenir ce résultat avec toutes les ampoules de même famille ; 5° L’aiguille : celle que nous avons adoptée est connue en chirurgie sous le nom d'aiguille à gros frottement de Potlain ou de Dieulafoy; on peut se la procurer dans toules les maisons d'instruments de chirurgie ; on peut d’ailleurs se servir de l’aiguille à frottement Pravaz ou froite- ment courant au moyen d'un ajutage spécial. Mode d'emploi. — Premier temps : garnir de moulures en caoutchouc chaque extrémité de l’ampoule que l’an place dans l'armature, visser jusqu'à ce que l’on sente une légère pression et couper avec la lime la pointe tournée vers le pas de vis. Deuxième temps : adapter l’armature au reste de lnrensll visser bien à fond et fermer le robinet. Troisiène temps : introduire l'aiguille stérilisée après avoir coupé l'autre pointe de l'ampoule, ouvrir le robinet et appuyer légèrement sur Ja pompe pour chasser l’air de l'aiguille, faire la piqüre. 690 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il faut pour faire l'injection presser lentement sur le piston et fermer le robinet lorsqu'il ne reste que cinq à six gouttes de liqueur injeclable. Avantages de l'appareil. — 1° Economie de temps; car il n’y à à s'occuper que de la stérilisalion de l'aiguille 2% [Injection parfaitement aseptique, puisque le liquide entre directe- ment sous la peau à travers l'aiguille stérilisée. Il convient d'ajouter à cela les avantages de l’ampoule elle-même, dont l'emploi devient ainsi plus rationnel et tout à fait obligatoire. Est-il nécessaire de faire remarquer quelques-uns des nombreux inconvénients des seringues même les plus parfaites? Tantôt ce sont les pistons qui fonctionnent mal et qui obligent de recommencer plusieurs fois l’injeclion, tantôt c’est le cylindre de verre qui se brise. Il faut passer un lemps très long à stériliser toutes les parties de l'instrument, et cependant l'injection est parfois urgente et les circonstances se prêtent souvent mal à cette opéralion. Tandis que l’auto-injecteur, dont le maniement est facile et sûr, donne immédiatement avec une ampoule ordinaire une injection parfaile. Si jusqu'ici il était coûteux et difficile de se procurer les ampoules, aujourd'hui tous les pharmaciens peuvent donner rapidement des ampoules de toutes sortes, offrant de bonnes garanties, tout en n'étant plus de la spécialité, et le temps n'est pas éloigné où les ofliciues seront pourvues de tous les médicaments injectables en ampoules, comme des capsules, des ovules ou des cachets. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. == = DR EEEEELELEZEZEZEZEZEpE re ETS Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 691 SÉANCE DU 29 JUIN 1901 M. le D' RapriN (de Nantes) : Action de l’urée sur les cultures de tuberculose en bouillon et sur le cobaye tuberculeux. — M. Corozran : L'action physiologique des différents sels de soude sur les poissons. — M. Caavieny : Traumatismes arti- culaires, hydarthroses en particulier, et troubles de la sensibilité. — M. Cu. FéRé : Note sur l'influence du haschisch sur le travail. — MM. Bexorr et Roussez : Note sur la vaccine jennérienne chez le cobaye. — M. Rapuarz Dugoirs : Nouvelles recherches sur la biophotogenèse. — M. Mrzrax : Variabilité de la coagulabilité du sang au cours d’une même hémorragie. — MM. Turrrer et Mira : Incoagulabilité du liquide de l’hémarthrose. — MM. N. Vascnipe et L. MarcHanp : Anesthésie gus- tative et hypoesthésie tactile par lésion de la corde du tympan. — M. le Dr Mac- CLAIRE : Injections iodoformées par la voie épidurale pour traiter certaines formules du mal de Pott. — MM. Cu. Acnarp et A. CLerc : Variations pathologiques du pouvoir amylolytique du sérum sanguin. — MM. On. Acuarp et A. CLerc : Action de la pilocarpine sur le pouvoir amylolytique du sérum sanguin. — M. Maurice Niczoux : Passage de l’oxyde de carbone de la mère au fœtus. — M. ÉwiLe Weïr : Note sur les organes hématopoiétiques et l’'hématopoièse dans la cyanose congt- nitale. — MM. E. Cassagr et G. Saux : De la toxicité du suc gastrique normal, comparée à celle de la macération de viande. Présidence de M. Raïlliet, vice-président. ACTION DE L'URÉE SUR LES CULTURES DE TUBERCULOSE EN BOUILLON ET SUR LE COBAYE TUBERCULEUX, par M. le D' Raprin (de Nantes). (Note présentée dans la séance du 15 juin.) Après avoir tenté vainement, pendant plus de trois ans, d'obtenir un sérum antituberculeux par l'injection à l'animal des principes extraits des cultures du bacille de la tuberculose, J'ai depuis quelque temps orienté mes recherches sur la nature et le traitement de cette maladie, en me basant sur un autre point de départ. Me fondant sur les données que nous offre l'observation clinique, et d’après lesquelles nous pouvons remarquer que le terrain, le sol arthri- tique, sans réagir complètement et toujours contre l'invasion du bacille de Koch, n’est cependant pas volontiers un sol facilement tuberculeux, j'ai cherché à me rapprocher, dans mes études, de cette première indi- cation, et à considérer surtout le terrain dans sa formule biologique au point de vue de sa réaction contre la tuberculose. BioLoGrE. CoMPpres RENDUS. — 1901. T. LIII. 54 692 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C'est par l'addition ou mieux l’eaploi de l’acide urique ou de certains de ses composés, que j'ai tenté, par rapprochement avec ce qui se passe dans l'organisme arthritique, de constituer un terrain de culture réfractaire au développement du bacille de Koch. J'ai additionné ainsi simplement plusieurs séries de ballons contenant 100 à 120 grammes chacun du bouillon ordinairement employé pour la culture de ce bacille (bouillon de veau, glycériné à 4 p. 100) de propor- tions variables d'acide urique, d’urate de soude ou d'urée. Les proportions de ces différents principes ont varié entre dix centi- grammes à 2 grammes p. 100 ou 120 grammes de bacilles. Tous ces bouillons étaient ensuite ensemencés avec la même culture de tubercu- lose et placés à l’étuve exactement dans les mêmes conditions, et en même temps que des ballons témoins. Dans les expériences déjà assez nombreuses que j'ai faites, les résul- tats que j'ai constatés ont toujours été les mêmes. D'abord, l’action de l'acide urique, même à dose forte, a constam- ment été nulle, et les ballons additionnés de cette substance ont végété aussi bien que les ballons témoins. Ce fait n’a du reste rien qui doive nous surprendre, étant donné le coefficient si faible de solubilité de l’acide urique. La même observation s'applique également aux ballons de bouillon additionnés d’urate de soude, malgré la solubilité plus grande de ce composé. Mais le résultat a été bien différent avec l’urée. Alors que les témoins placés à côté des bouillons additionnés de cette substance végétaient abondamment, et que le voile de culture s’étendail sur toute leur sur- face, montant même sur les bords et le long de la paroi interne du ballon, les pellicules d’ensemencement déposées à la surface des bouil- lons additionnés d'urée marquaient à peine de développement, même dans les bouillons n'ayant recu que 0,10 à 0,20 centigrammes d'urée pour cent. Dans ceux-ci le développement n’a guère excédé les dimensions d’une pièce de 1 ou 2 francs et sur les bouillons contenant une propor- tion de 1 à 2 grammes d’urée la pellicule ensemencée est demeurée telle qu'elle avait été déposée. Sans vouloir préjuger du mode d’action de l’urée, le composé semble se conduire ici comme le ferait un antiseptique. Partant de ces premières expériences et connaissant aussi les résul- tats signalés par notre confrère le D'° Harper, j'ai tenté d'appliquer ces données à l'étude de l’action de l’urée sur la marche de la tubereulose expérimentale du cobaye. Bien qu'à la vérité mes premières expériences soient trop peu avancées encore pour tirer quelque déduction que ce soit, je crois cependant devoir signaler que, parmi les animaux que j'ai déjà soumis SÉANUE DU 29 JUIN 693 aux injections d’urée (en solution titrée et stérilisée), deux surtout ont présenté une amélioration des plus notables à la suite de ces injections. Cette amélioration s’est traduite par une augmentation de poids très sensible et un état général meilleur. Ces expériences sont maintenant en cours. L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DES DIFFÉRENTS SELS DE SOUDE SUR LES POISSONS, par M. CoLoLran. (Communication faite dans la séance précédente.) Nous avons étudié l'effet physiologique des sels de soude sur les poissons d’eau douce. Ce sont les résultats de nos expériences que nous mettons en présence des résultats obtenus par M. Ch. Richet sur les poissons d’eau de mer. Notre critérium a été la vie de l'animal pendant vingt-quatre heures dans le même milieu, car nous avons constaté, comme M. Richet, que le poisson peut indéfiniment s’acclimater au milieu où il a vécu vingt-quatre heures. Nos expériences ont été faites à la même température (16 ou 18°)sur plusieurs sortes de poissons d’eau douce, pesant 20 à 100 grammes. Nous éliminons les expériences faites sur les anguilles, car la résistance de ce poisson est considérable et mérite d’être mise à part. Sulfate de soude desséché. Carpe. SORCEA NAN E SU APE PAR RTS Tr VTeS 35 — M MEN AN SURyIe trés malade. 40 == AE ES SALE Gate 42 — A A SR ANA DA A US A 45 _ A A A EN A OR ET EM OL: Limite : 36 grammes. La limite de toxicité sur les poissons de mer est de 37 grammes. Bromure de sodium. Carpe. Eau : 1.000 centimètres cubes. 10/erammes MM Survie. 24 grammes. . . . Survie. 15 — DRAP MPSTVIe 25 — RE MORte 20 — NRINOUTVLE 27 — MORE Limite : 24,5. La limite chez les poissons de mer est de 25 grammes. RUE 694 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lodure de sodium. Carpe. Eau : 1.000 cent. cubes. Gardon. Eau : 1.000 cent. cubes. SNSTAMINES Der M NNSURVIEE 1 grammes. . . . Survie. 7 = PC PAS UNE Ÿ — HAS 9 —— Ne Sue 10 ne EN NTONLE 10 — ES EMMIONTE Limite :0975: Chez les poissons de mer, la limite est de 10. Chlorure de sodium. Carpe, tanche, gardon. 10 grammes. . . . Survie. 12 grammes. Survie, res 11 — HN MPSUNVIER malade. 13 — LNNPNEMONtE Limite : 42 grammes. Nous trouvons ici une différence très sensible avec la résistance des poissons de mer. L’eau de mer contient de 26 à 31 grammes par litre de chlorure de sodium, et, d'après les expériences de M. Richet, la limite de toxicité de ce sel est de 40 grammes, lesquels, ajoutés aux 31 grammes de chlorure de l’eau de mer, donnent le chiffre de 741. Chlorate de soude. Carpe. Eau : 1.000 cent. cubes. Gardon. £ - S: 15Nérammes te MSuvie 1% grammes. ” "Survie. 17 — OPESTTRVIE: 15 — PP AISLIRVIES 18 — Se Mor té 16 — .! LPÉSUTVIE* 20 — DAMON 47 — Meter Limite : 17,5. Limite : 17. Les poissons de mer ne supportent pas au delà de 8,5 de chlorate. Azotate de soude. Gardon. Eau : 1.000 cent. cubes. Cyprin doré. 18 Perammes te Surrie 18 *erammes IP PSUNVIES 419 — Mont: 15 = OP ENTONE 17 — Mort. 17 ee : LU NMONEE 18 — a 0 AUOIe 18 —— Monte Limite : 14. La limite de toxicité chez Les poissons de mer est de 19 grammes. Dans le tableau suivant, nous mellons en présence les chiffres de M. Richet et les nôtres. SÉANCE DU 29 JUIN 695 Dose toxique des sels de sodium. (Par litre d’eau.) Poissons de mer. Poissons d'eau douce. SULDA LE MERE PAU ERS 37 36 BOULE + FAN EEE CCEREUES 25 24,5 TO URE EAN LANCE RE SANS 10 9,5 Chlorure. Nr AU 71 12 Ghioratesenv rt set Teen 8,5 47 ALO AE pe AR eL ANSE USE 19 14 Ainsi la sensibilité des poissons de mer et des poissons d’eau douce aux différents poisons est la même. Pour le sulfate, le bromure, lio- dure et l’azotate, celte homologie est frappante. Ainsi le grand excès de NaCI dans l’eau de mer ne modifie ni dans un sens, ni dans l’autre, la toxicité des sels qu'on y ajoute (sulfate, bromure, iodure, azotate). Quant au chlorate, nous ne pouvons guère expliquer pourquoi cette différence entre les résultats de M. Richet et les nôtres. C'est d’ail- leurs un point de détail sans grande importance. Reste alors la colossale différence de toxicité du chlorure de sodium. Il faut 70 grammes de NaCI par litre pour tuer un poisson de mer; il suffit de 12 grammes pour un poisson d'eau douce. TRAUMATISMES ARTICULAIRES, HYDARTHROSES EN PARTICULIER, ET TROUBLES DE LA SENSIBILITÉ, par M. le D° CnaviGny. . (Note présentée dans la séance précédente.) Au point de vue fonctionnel, l’atrophie musculaire consécutive aux arthrites du genou a une importance au moins aussi grande que l’épan- chement articulaire, et c’esten examinantavec soin la cuisse de malades atteints d’hydarthrose que nous avons récemment relevé plusieurs signes non encore décrits, à notre connaissance : 1° Certains malades, en petit nombre, accusent une sensation spéciale de froid le long de la cuisse ; c’est, disent-ils, comme si un liquide glacé coulait le long du membre en descendant vers le genou ; cette sensation ne dure que quelques secondes. Nous pouvons personnellement confirmer ce symptôme, en remontant dans nos souvenirs à une hydarthrose que nous avons eue jadis; 696 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° D'ordinaire, l'hydarthrose traumatique du genou de gravité un peu sérieuse est accompagnée d’une hypoesthésie s'étendant à toute la zone de distribution superficielle du nerf crural. — Cette hypoesthésie se recherche par la piqüre alternative des deux cuisses, avec une épingle. Ce dernier trouble sensitif peut être très précoce : dès le sixième jour après l'accident ; mais, d'autre part, dans les cas graves, il persiste pen- dant fort longtemps (un an et plus). Les arthrites rhumatismales aiguës n’ont rien fourni de compa- rable. Les observations précédentes doivent sans doute pouvoir être éten- dues aux arthrites des autres articulations; c’est ce qui a été vérifié dans un cas d'arthrite du coude (hypoesthésie à la face postérieure du bras, dans le territoire de distribution superficielle du nerf radial.) Au point de vue pronostic les faits ont paru absolument comparables à ce qui se passe dans les cas de contusion de l'épaule (lésion du nerf circonflexe) : à une diminution précoce de sensibilité correspondra pro- bablement une impotence fonctionnelle persistante. Au point de vue de l'interprétation pathogénique de l'atrophie mus- culaire, les troubles sensitifs observés semblent dignes d'attention. Les troubles trophiques sont dus au retentissement du traumatisme sur les cellules médullaires, mais le conducteur sensitif qui transmet le choc pathogène semble lui-même atteint et son fonctionnement pourra rester compromis quelquefois pendant longtemps. Il faut surtout noter que la contusion (choc ou effort) n’a pu porter que sur les extrémités nerveuses innervant la synoviale, et nullement sur le nerf lui-même. < {Laboratoire de bactériologie du 6° corps d'armée, à Chälons-sur-Marne.) NOTE SUR L'INFLUENCE DU HASCHISCH SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRÉ. L'action du haschisch sur les mouvements volontaires et sur le travail est facile à mettre en évidence par le procédé d'étude que nous avons adopté, des séries de 4 ergogrammes avec l'appareil de Mosso, Les séries séparées par des repos de cinq minutes et les egogrammes de chaque série séparés par des repos d'une minute. On travaille avec le médius droit qui soulève chaque seconde un poids de 3 kilogrammes. Une expérience d’essai sans excitation donne des résultats analogues aux précédents. SÉANCE DU 29 JUIN 697 Exp. 1. — Sans excitation. L o TRAVAIL KAPPORT SÉRIES en du travail au travail kilosrammètres. normal = 100. r US 22,32 100 2. 18,90 84,67 3. 18,30 82,43 L . 16,50 13,92 5 . 14,85 66,33 6. 14,55 63,18 ci 13,92 62,36 SORA ne AENE 6 13,29 59,54 PEAR PAR 12,60 56,43 145,23 Le travail total de 9 séries se rapproche beaucoup de celui des expé- riences antérieures, et la fatigue y présente la même allure, elle s'accroit lentement; la 9° série vaut encore plus de 50 p. 100 relativement à la première. Exp. Il. — On prend 8 gouttes de teinture de haschisch avant le travail. ; TRAVAIL RAPPORT SÉRIES en du travail au travail kilogrammètres. normal (22, 32) — 100 4 30,81 1 /4138/0% 2 36,33 162,76 se 39,0 159,40 4. 4,29 410522 5 | 2,94 13,17 6 2,58 11,55 7 2.46 11,02 si 2,37 10,61 9. 2,01 9,00 119,37 Relativement à l'expérience de contrôle, le travail total s’est abaissé dans la proportion de 82,19 à 100. A l'excitation du début succède une dépression; la 9° série donne 9 pour 100 seulement du travail normal, au lieu de 56,45, c'est-à-dire que si on faisait durer plus longtemps l'expérience, la différence ne pourrait que s’accentuer. Exp. III. — On prend 12 gouttes de teinture de haschisch avant le travail. 14 PTS x nr le 698 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J TRAVAIL RAPPORT SÉRIES en du travail kilogrammètres. au travail normal. 1. SA ET 140,94 2. 28,14 125,62 Su 28,20 126,34 fi 150337 55. 24 5. 9,69 43,41 6. 5,70 25,53 qui PRE 18,41 8. 3,51 15,72 CARE LRO 2,13 12,23 125,88 Après la 9° série et quatre minutes avant la 10°, on prend de nouveau 12 gouttes de teinture de haschisch. NU AE A En A 32,16 144,08 AA dE An ue 38,13 170,83 RE A TA UE Re ; 4,7 21,23 A NE Re 1,47 6,58 ‘Après la 13° série et quatre minutes avant la 14°, on prend de nouveau 12 gouttes de teinture de haschisch. | DA RME UE ARR 31,38 140,59 SA PANNE ARE 1,77 7,98 Après la 15° série et quatre minutes avant la 16°, on prend encore 12 gouttes de teinture de haschisch. AG MN AREA 20,43 91,08 A ANRT RE n Qu 1,80 8,06 Le travail total des 9 premières séries ne donne que 86,67 p. 100 du travail normal. Les excitations successives produisent des effets de moins en moins durables et de moins en moins intenses. : En € Exp. IV. — On prend 16 gouttes de teinture de haschisch avant le travail. à TRAVAIL RAPPORT SÉRIES en du travail kilogrammètres. aa travail normal. de 30,39 135,70 2. 36,69 164,38 si 22,14 99,23 4. 4,56 20,42 5e 2,46 14,02 ONE 2,31 10,34 HR 1992 8,60 SU 41,7% TT Op 1,50 (or 21 SÉANCE DU 29 JUIN 699 L'excitation initiale s’est élevée plus que dans l'expérience précédente, mais la dépression a été à la fois plus rapide et plus considérable et le travail total s’est abaïissé à 70,72 p. 100 du travail normal. Exp. V.— On prend 24 gouttes de teinture de haschisch avant le travail. s TRAVAIL RAPPORT SERIES . en du travail kilogrammètres. au travail normal. l 19,05 85,34 DES ARE SMMIEN NO 15,84 70,93 DRE MAUR LL) PORTE AN 12,39 55,91 k 10,53 41,17 De AA NN NE ES 9,75 43,68 LE PNR A 2 OS 26,31 117,87 DA EAN tn RS 37,02 165,86 SR Br PI A 0,14 179,83 DER SA A ALAN ARS RE 32,97 147,67 204,00 AO nee pee MU LEE 8,31 T0 AO AE AE Re AA 2,55 11,42 D ET MOINS ON te 1,62 7,25 TE a R Qn HARRIS 1,50 6,72 217,98 La recrudescence du travail, à partir de la 6° série, peut être expliquée par l'élévalion de température extérieure (21 juin, 24 degrés dans le laboratoire), comme le montre l'expérience suivante faite le lendemain sans excitation préalable, dans les mêmes conditions de température. Exp. VI. — Sans excitation. g TRAVAIL RAPPORT SERIES en du travail kilogrammètres. au travail normal. 10 22,89 102,55 22 21,90 98,11 Su 21,09 94,41 PA 18,42 82,32 Du 17,94 80,37 Gi 18,21 81,58 de 30:12 134,94 sui 39,93 178,89 1 19,26 86,29 209,76 10 . 11,91 18,83 A. 8,85 39,60 12 6,20 27,71 13 6,69 29,97 243,41 700 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous voyons que dans des conditions analogues, la recrudescence s'est montrée au même moment; avec le haschisch, le travail a été moins considérable et la fatigue a été plus marquée, dans la proportion de 6,72 à 29,97. L'expérience suivante, avec une plus forte dose, montre bien l’action déprimante immédiate et définitive. Exp. VIT. — On prend 32 gouttes de teinture de haschisch avant le travail. É TRAVAIL RAPPORT SERIES en du travail kilogrammètres. au travail normal. Le 13,59 69,84 2. 10,38 26,46 cl 6,00 26,88 CA 5,52 24,72 | 5. 4,11 18,41 6 : 3,21 "ae 7h 2,110) 9,81 EE A PNA LE 1,95 8,73 OR A ee ARE 1,89 8,46 48,84 La dépression d'emblée s'accentue rapidement, et le travail total n’est plus que de 33,66 p. 100 du travail normal. DE LA VACCINE JENNÉRIENNE CHEZ LE COBAYE. Note de MM. Benoit et Rousser, présentée par M. LAVERAN. Nous n'avons pas trouvé trace dans la littérature de tentative de vaccination sur le cobaye, sauf celle de Dubiquet (Thèse de Lille, 1890), tentative qui à échoué. Le cobaye est cependant un animal réactif excellent pour la vaccination jennérienne, ainsi que nous avons pu nous en assurer par soixante-six expériences de vaccination et de revaccination sur cet animal. Nous avons procédé d’après la méthode indiquée par MM. Calmette et Guérin dans les Annales de l’Institut Pasteur (25 mars 1901). Ces auteurs avaient expérimenté sur le lapin qui, ainsi que l'avait fait remarquer dès 1896 M. Antony, est un réactif fort peu sensible de cette infection. Au contraire, le cobaye, traité par la même méthode, en ayant soin d’insister sur le feu du rasoir et en badigeonnant largement de pulpe vascinale glycérinée la région rasée, présente des éruptions de toute beauté, constituées par des vésicules remplies de liquide, ombiliquées pour la plupart et reposant sur un fond inflammatoire. Dans certaines éruptions réussies, on observe une SÉANCE DU 29 JUIN 701 véritable confluence de ces vésicules, de sorte que l'épiderme est détaché en grande nappe. Les éléments éruptifs isolés présentent en général les dimensions d’une petite lentille. L’éruption sur le dos s'ac- compagne de tuméfaction des ganglions prévertébraux et d'hyperleu- cocytose ; un résultat analogue est loin d’être obtenu en procédant par scarifications sur le cobaye. En effet, sur deux animaux que nous avons traités de la sorte, nous n'avons obtenu aucune bulle, mais à peine un soulèvement inflammatoire des bords des incisions. L'animal de choix pour la vaccination est le cobaye adulte de robe claire, pesant au moins 500 grammes. Les animaux plus jeunes pré- sentent en effet une résistance plus grande à l'infection vaccinale. L’éruption se produit en moyenne le 5° jour après l’inoculation. Elle continue quelquefois par poussées successives le 6° et le 7° jours. Elle est précédée presque toujours d’une inflammation diffuse et très accusée dans les cas d’éruption confluente, par papules au contraire dans les cas où l’éruption est plus discrète. Après l’éruption se produit une cicatrisation sous-crustacée. Dans certains cas, on peut observer de la desquamation. A la suite de la chute des croûtes, persiste une cicatrice au niveau de laquelle les poils ne repoussent plus, au moins pendant quelque temps, faisant ainsi une sorte de clairière. L'immunité acquise par les individus ainsi vaccinés est réelle, mais fort fragile et de peu de durée. En effet, une deuxième inoculation pratiquée sur 14 cobayes à des intervalles variant de 3 à 38 jours nous a présenté dans 7 cas, et 5 jours après, une petite éruption constituée par des éléments éruptifs de la grosseur d’une tête d'épingle en très petit nombre, reposant sur un fond inflammatoire. Dans les 7 autres cas nous n'avons observé que de la rougeur diffuse ou en papules. D'une manière générale, cette deuxième éruption était manifestement avortée, et très fugace. Il ne nous parait pas douteux que l'infection ainsi provoquée chez le cobaye soit la vaccine légitime, car nous avons pu à deux reprises la transporter sur la génisse, où le vaccin, ainsi passé par l'organisme du cobaye, a même déterminé des éruptions sensiblement plus belles que celles. provoquées par le vaccin de même origine conservé à la glacière. Nous n'avons pas pu encore faire des essais sur l’homme, au point de vue du renforcement de la virulence de ce vaccin. La vaccine ainsi cbtenue sur les cobayes est transmissible en série. Toutefois, alors que le passage sur un seul individu semble bien ren- forcer la virulence du vaccin, le même vaccin subit une atténuation progressive par passages successifs sur le cobaye. Les faits que nous signalons nous paraissent constituer une contri- bution expérimentale utile dans l'étude de la vaccine : d’une part, en apportant aux recherches sur cette -infection un animal réactif de 702 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE laboratoire, commode à manier et à se procurer; d’autre part, les résultats que nous avons obtenus par réinoculation du cobaye à la génisse, nous permettent d'espérer que le cobaye constitue un agent de renforcement efficace de la vaccine à l'égard de l’homme. En outre, on peut concevoir que le cobaye puisse servir d'animal réactif dans les centres vaccinogènes, pour éprouver la virulence du vaccin mis en service. NOUVELLES RECHERCHES SUR LA BIOPHOTOGENÈSE, par M. RAPHAEL DuBors. J'ai depuis longtemps établi expérimentalement que la biophoto- genèse était, en dernière analyse, le résultat du conflit de deux subs- tances que j'ai appelées provisoirement luciférine et luciférase (4). Dans ces temps derniers, j'ai pu préciser davantage encore la nature intime de la réaction qui permet aux êtres vivants de produire de la lumière. J'ai appliqué, avec avantage, à l'extraction des substances photo- gènes de la pholade dactyle, ma méthode de dissociation plastidaire par les vapeurs de chloroforme, d’éther, que j'’’ai découverte et décrite en 1884 et qui a élé récemment utilisée pour l'extraction du ferment hépa- tique (2). Sous une cloche de verre, bien close, remplie de vapeurs de chloro- forme fournies par un récipient contenant ce liquide, je place un enton- noir muni d’un petit diaphragme en porcelaine percé de trous, plein de menus morceaux des parties du siphon portant les organes photogènes de la pholade. L’entonnoir repose sur le goulot d’un flacon plein d'alcool absolu. Au bout de quelque temps, il s'écoule un liquide qui forme un coagulum blanc grisâtre dans l'alcool absolu. Quand il a cessé de se former, ce coagulum est séparé par le filtre, pressé dans du papier à filtrer épais et repris par une petite quautilé d’eau distillée. On filtre très rapidement au-dessus de l’alcool absolu : il se forme un nouveau précipité flocon- neux plus blanc. Par dessiccation dans le vide sulfurique, on obtient une matière amorphe donnant par pulvérisation une poudre blanche douce d’une odeur aromatique particulière, caractéristique. Ce corps se dis- (4) V. Lecons de physiologie générale et comparée, p. 521 et suivantes, Paris, 1898, chez Carré et Naud. (2) Je préfère le mot « dissociation plastidaire » au mot « dialyse chlorofor- mique », parce que les vapeurs de liquides organiques neutres tels que le chloroforme, l’éther et autres ne chassent pas des tissus et des plastides que des substances dialysables. SÉANCE DU 29 JUIN 703 sout dans l’eau, en fournissant une solution opalescente qui présente les réactions des protéoses. Cette solution agitée en présence de l'air ne produit aucune lumière (1), mais elle s’éclaire aussitôt que l'on y laisse tomber une parcelle d’un cristal de permanganate de potasse. Le bioxyde de baryum produit le même résultat, mais plus lente- ment. J'ai été surpris de ne rien obtenir avec la laccase (2). Lorsque la solution en question a été portée à l’ébullition, il se forme un coagulum floconneux et l'addition du permanganate de potasse ne donne plus de lumière. Il est donc bien évident que le produit que j'isole des organes photo- gènes de la pholade dactyle par mon procédé de dissociation plastidaire donne de la lumière par oxydation. En opérant avec de l’éther, au lieu de chloroforme, le. coagulum formé dans l'alcool absolu est plus blanc. Délayé dans de l’eau, il brille par agitation dans un tube, sans qu'il soit nécessaire d'y ajouter aucun réactif, parce que le coagulum contient à la fois le principe oxydable et le principe oxydant, mais la luminosité est accrue par l'addition d’un peu de permanganate de potasse. Le procédé de la biophotogenèse ne doit pas être confondu avec la phosphorescence du sulfate de quinine chauffé, découverte en 1821 par Callaud, pharmacien à Annecy, ni avec celle du sulfate de cinchonine découverte et éludiée la même année par Pelletier, de l'Ecole de phar- macie de Paris. VARIABILITÉ DE LA COAGULABILITÉ DU SANG AU. COURS D'UNE MÊME HÉMORRAGIE, par M. Mizran. Les faits rapportés par M. F.Arloing (3) ne contredisent pas la théorie que j'ai invoquée de l'influence de la peau sur ces variations de coagula- bilité dans l'hémorragie par piqûre. Dansles conditions d'expérience où il s'est placé (hémorragies abondantes, tandis que j'ai eu soin de soukgner qu'il s'agissait de petites hémorragiés), intervient un autre facteur, l’augmentation de la coagulabilité de la masse totale du sang, véritable réaction de défense contre l’hémorragie. Chez un lapin abondamment (1) Ces expériences doivent être faites la nuit, dans une pièce obscure, pour éviter l’éblouissement lumineux, très persistant parfois, qui gêne considéra- blement les observations, et peut faire naître des erreurs. (2) Ce produit m'a été très gracieusement donné par son inventeur, M. G. Ber- trand, auquel je présente ici tous mes remerciements. (3) F. Arloing, Soc. de biol., 22 juin 1901. 704 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE saigné par la carotide, le sang de la jugulaire coagule avec une extrème rapidité; et chez un malade ayant subi de grosses pertes de sang, hématémèses répétées par exemple, la coagulabilité du sang est extrème. Il n’y a rien de semblable dans les hémorragies par piqûre où la réaction d’hypercoagulabilité est purement locale. Le pouvoir coagu- lant de la peau n’est d’ailleurs qu'un cas particulier du pouvoir coagu- lant général des tissus (parois vasculaires) ou de leurs sécrétions (mucus, Charrin). Et si précisément dans les expériences de M. F. Arloing la rétractililé du caïllot ne s’observe qu’au commencement de l'hémorragie, c’est que précisément, avec son mode de récolte, le sang n’est soumis à l'influence des tissus qu'au commencement de l’hémorragie, le sang du début emportant les sucs dont s’est chargée la canule en traversant les parois vasculaires. D'ailleurs chez l’homme, en ponctionnant une veine direc- tement avec une aiguille et une seringue, c’est-à-dire en se mettant le plus possible à l'abri de l'influence des tissus, on obtient un caiïilot non rétractile. INCOAGULABILITÉ DU LIQUIDE DE L'HÉMARTHROSE, par MM. Turrier et MiLran. Nous apportons un liquide retiré de l'articulation du genou à la suite d'un traumatisme. L'épanchement s’est produit immédiatement, et la ponction a été faite à la 36° heure. Fr Ce liquide est du sang, car un épanchement de sérosité n'aurait pu se produire aussi rapidement et aussi abondamment; d'autre part, ses caractères objectifs ainsi que sa composition histologique (5.100.000 hé- maties et 9.000 leucocytes par millimètre cube) le prouvent surabon- damment. Or, ce sang est incoagulable, comme on peut le voir sur l'échantillon que nous apportons, ce qui tendrait à faire admettre des propriétés anticoagulantes à la synovie. Ce fait n’est d'ailleurs pas le premier : quand on ouvre une hémarthrose, on y trouve du sang liquide incoa- gulable, libre dans la cavité synoviale, tandis qu’au contact des surfaces osseuses lésées il y a quelques caiïllots. Le volume des caillots est com- mandé par l'étendue des déchirures tissulaires environnantes. Des phénomènes analogues se passent dans d’autres séreuses (plèvre par exemple), ce qui indiquerait que ces propriétés anticoagulantes appartiennent à tous les endothéliums en général. SÉANCE DU 29 JUIN 105 ANESTHÉSIE GUSTATIVE ET HYPOESTHÉSIE TACTILE PAR LÉSION DE LA CORDE DU TYMPAN, par MM. N. Vascume et L. Marcuanp. Les observations d'anesthésie gustative dans les deux tiers antérieurs de la surface supérieure de la langue, provoquée par une lésion de la corde du tympan, sont nombreuses; nous venons d'en étudier un cas et nos résultats diffèrent quelque peu de ceux des auteurs qui se sont occupés de cette question. Il s'agit d’une jeune fille de dix-huit ans qui a souffert depuis l’âge de sept ans d’une otorrhée du côté gauche. L'écoulement d'oreille per- siste encore. Elle subit, il y a trois ans, l’opération du trépan au niveau de l’apophyse mastoïde. A la suite, il lui est resté une contracture faciale gauche, qui disparut en quelques semaines. L'examen du con- duit auditif montre une destruction presque totale de la membrane du tympan du côté gauche ; la surdité est absolue de ce côté. La sensibilité gustative a été mesurée avec le geusi-esthésimètre de MM. Toulouse et Vaschide (1). Au niveau du V lingual, la sensibilité tactile et gustative est con- servée également des deux côtés. Voici le résultat des expériences pratiquées sur les deux tiers anté- rieurs du dos de la langue de notre sujet. COTÉ DROIT COTÉ GAUCHE TR nn mo LU Rs NE ES Sensation (2). Perception. Sensation. Perception. Saveurs salées. . 4 p. 100 8 p. 100 0 0 Saveurs acides. . 1 p. 1.000 10H00 0 0 Saveurs sucrées. 1 p. 1.000 40200 0 0 Saveurs amères . 1 p. 10.000 1124000 0 0 La sensibilité gustative est donc normale pour toutes les saveurs dans la moitié droite de la surface supérieure de la langue, tandis que dans la moitié gauche on constate une ageusie complète pour toutes les saveurs. La sensibilité tactile de pression a été mesurée avec l'haphi-esthé- simêtre de MM. Toulouse et Vaschide (3). On constate pour elle une (1) Toulouse et Vaschide. Méthode pour la mesure du goût. C. R. Acad. des nces, 1900, I, p. 803. BL es chiffres indiquent le titre des Dons des corps ss 3) tactile de pression des e cutanées et muqueuses. C. R. do des Sciences, 1900, IL, p. 669. 706 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE diminution notable dans les deux tiers antérieurs du dos de la moitié gauche de la langue. Ci-Joint les chiffres correspondants aux minima perceptibles : COTÉ DROIT COTÉ GAUCHE 4 milligr. 1/2 1 milligrammes. La sensation provoquée par un courant électrique est obtuse aussi. du côté gauche de la langue (2/3 antérieurs). Il fallait, par rapport au côté sain, doubler l'intensité du courant pour obtenir du côté malade la sensation de piqüre caractéristique. | Il semble donc résulter de notre observation que la corde du tympan contient les fibres gustatives des deux tiers antérieurs de la surface supérieure de la langue, et qu'en outre elle contient des filets de sensi- bilité générale, ce qui expliquerait la diminution notable des sensa- tions tactiles du côté gauche de la langue. MM. Toulouse et Vaschide ont montré dernièrement que les nerfs gustatifs de la langue ne parais- sent pas avoir des fonctions différentes; qu'ils sont capables de trans- mettre, à des degrés divers, il est vrai, les différentes saveurs, et que la corde du tympan et le glosso-pharyngien peuvent être considérés comme des nerfs ayant des fonctions semblables. Ce fait que la corde du tympan semble aussi contenir des filets de sensibilité générale est à rapprocher des résultats expérimentaux qui montrent que le glosso- pharyngien contient aussi des fibres pour la sensibilité générale. IL permettrait de supposer que la corde du tympan aurait des filets sen- sitifs généraux provenant du nerf intermédiaire de Wrisberg. L'opinion de Mathias Duval, montrant qu'un même noyau dans le bulbe reçoit les ramifications terminales des neurones sensilifs périphériques qui forment le nerf de Wrisberg et le glosso-pharyngien, est conforme à nos constatations. ; (Travail du laboratoire de psychologie expérimentale de l'Ecole des Hautes-Etudes, à l'asile de Villejuif.) INJECTIONS I0DOFORMÉES PAR LA VOIE ÉPIDURALE POUR TRAITER CERTAINES FORMES DE MAL DE PorTr, par M. le D' MAUCLAIRE. Ce qui a été dit ici, à la Société de Biologie, concernant la voie épi- durale, nous a engagé à essayer de faire prudemment des enpeclions iodoformées dans l'espace rachi-duremérien pour trailer certaines formes de mal de Pott, c'est-à-dire celles qui sont caractérisées soit par des lésions SÉANCE DU 29 JUIN ; 707 osseuses s'ouvrant dans le canal vertébral, soit par des lésions de pachy- méningile dure-mérienne externe tuberculeuse. Sur des cadavres d'enfants d’âges différents, nous avons pratiqué par l’orifice inférieur du canal sacré des injections d'huile ou de glycérine iodoformées. Or, en poussant très lentement, on arrive facilement à faire monter ce liquide dans l’espace rachi-dure-mérien, jusqu'au niveau de la région dorsale supérieure; quatre à cinq centimètres cubes de solution suffisent pour arriver à ce résultat. Après ces essais cadavériques, nous avons injecté chez un homme ayant un mal de Pott dorsal inférieur 3 centimètres cubes de glycérine iodoformée par l'orifice inférieur du canal sacré. Il n’y eut qu’un peu de douleur immédiate et momentanée sans aucun autre accident ultérieur. Chez trois enfants ayant des maux de Pott lombaires ou dorsaux inférieurs, de l’hôpital Hérold, j'ai injecté 1 ou 2 centimètres cubes d'huile iodoformée. Chez l’un d’eux, il y eut une légère hyperthermie les deux soirs qui suivirent l’injection, mais il y avait des fistules mul- tiples chez ce malade. Chez les deux autres, il n’y eut aucune réaction douloureuse ou fébrile. Au point de vue de la technique opératoire, j'ai suivi celle indiquée par Sicard (1), Cathelin (2) et Brocard (3). L'introduction de l'aiguille dans le canal sacré est très facile, quelle que soit la position prise par le sujet, mais l'attitude en décubitus latéral avec flexion des cuisses est préférable pour tendre le ligament sacro-coccygien postérieur. Nous avons emplové surtout une solution d'huile de vaseline saturée d’iodoforme et préparée avec une asepsie des plus rigoureuses (stéri- lisation des flacons, des filtres, etc.). Ces injections devraient être répé- tées tous les quinze jours et à des doses plus fortes que celles que nous avons employées jusqu'ici. On sait, en effet, que MM. Sicard et Brocard ont pu injecter par l’espace épidural sacro-coccygien, chez un chien de 4 kilogrammes, plus d'un litre d'eau salée, sans produire de phéno- mènes de compression médullaire. Pour que notre injection ne pénètrat pas dans les veines, nous l'avons poussée très lentement, aucune goutte de sang ne sortant par la canule, évidemment. Ces injections doivent donc monter facilement dans le foyer de tuber- culose et en imprégner tout au moins la partie inférieure. C’est par un des espaces intervertébraux cervicaux qu'il faudrait passer si l'on vou- lait faire descendre une solution iodoformée par l’espace rachi-dure-mé- rien jusqu à la face supérieure du foyer de tuberculose. (4) Voir Société de Biologie, 20 avril, et séances suivantes (Sicard, Cathelin, Brocard, etc.). (2) Cathelin. Presse médicale, 15 juin 1901. (3) Brocard. Presse médicale, 15 juin 1901. Biococie. CoMPTES RENDUS. — 41901. T. LILI. 55 Ry DRE ANR VE APT 708 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En somme, je crois pouvoir conclure à l’innocuité des injections iodo- formées faites dans ces conditions. Quant à leur utilité, je pense qu’elle eët très probable. Actuellement, pour la démontrer, il faudrait avoir à sa disposition des squelettes de tuberculose vertébrale et constater que le foyer tuberculeux a été imprégné par la solution iodoformée. C'est ce que j'espère démontrer ultérieurement, n'ayant pu jusquà mainte- nant avoir une pièce à ma disposition. Quoi qu'il en soit, ces injections ne constitueraient qu'une méthode de traitement adjuvante et complémentaire de l'immobilisation par l'appareil plâtré suivant la méthode de Sayre. VARIATIONS PATHOLOGIQUES DU POUVOIR AMYLOLYTIQUE DU SÉRUM SANGUIN, par MM. Cu. Acuarb et À. CLERC. Découvert par Magendie, Claude Bernard, le ferment amylolytique du sang a été complètement étudié par Bial, Cavazzani, Bourquelot et Gley, Tcherevkoff. Castellino et Paracca ont essayé d'étudier ses variations pathologiques, mais sont arrivés à des résultats peu concluants. Nous avons recherché le pouvoir amylolytique de 57 sérums prove- nant de malades divers. Notre technique était la suivante : Deux centimètres cubes de sérum étaient mis à digérer dans 50 centj- mètres cubes d’empois à 1 p. 100 stérile, additionné de 1 centimètre cube de thymol à 10 p. 100. Le tout était laissé 24 heures dans l’étuve, à 37 degrés. Au sortir de l’étuve, on ramenait au volume initial de 53 centimètres cubes, on traitait par le sous-acétate de plomb et l’on dosait le sucre produit au moyen de la liqueur de Fehling ferrocyanurée. Nous avons groupé nos résultats en trois classes. I. Pouvoir amylolytique normal. — 23 sérums provenant de sujets normaux ou atteints de bronchite légère, tuberculose au début. Un malade était atteint d’ictère bénin, un de pneumonie, un autre de fièvre typhoide. Tous les sujets ont guéri, sauf un, mort de tuberculose trois mois après. Pour cette catégorie, le volume de solution nécessaire pour réduire 5 centimètres cubes de liqueur de Fehling a oscillé entre 15 et 19 centi- mètres cubes, la quantité correspondante de glucose variant entre 0,168 et 0,130 p. 400. IL. Pouvoir abaissé. — 19 malades. Il s'agissait de diabétiques (5), de tuberculose fébrile, de cancer gastrique (3), de cancer utérin (1). SÉANCE DU 29 JUIN 109 Nous relevons 5 cas de mort. La quantité de solution variait entre 20 et 25 centimètres cubes; la quantité de sucre variait entre 0,13 et 0,106. III. Pouvoir très faible. — 15 malades. Il s'agissait de Mende hec- tique, de cancer avancé. Sur ces 15 malades, 13 sont morts rapidement; un est sorti mourant de l'hôpital; un addisonien s’est amélioré, en même temps que le pou- voir amylolytique du sérum augmentait. La quantité de solution variait de 25 à 30,5; la quantité de sucre variait de 0,10 à 0,078. Deux faits sont à retenir : 1° Abaissement léger du pouvoir amylolytique chez les diabétiques, fait déjà signalé par M. Lépine et expérimentalement par M. Kaufmann ; 2° Abaissement très marqué dans les cachexies, présageant la mort à bref délai. Il semble à ce propos qu'il y ait parallélisme entre le pouvoir amylo- lytique et l’activité lipasique. Peut-être y a-t-il là une loi générale ; nous y reviendrons dans une prochaine communication. ACTION DE LA PILOCARPINE SUR LE POUVOIR AMYLOLYTIQUE DU SÉRUM SANGUIN, par MM. Cu. AcxarD et. À. CLERC. Certaines substances (vératrine, phloridzine) renforcent le pouvoir amylolytique du sérum, ainsi que l'a montré M. Lépine. Nous avons recherché si d'autres produits pouvaient avoir la même action; à cet égard, la pilocarpine nous a paru jouir de propriétés remarquables, Voici le résumé de nos expériences : Nous avons choisi le lapin comme animal d'expérience. Deux centi- mètres cubes de sérum étaient mis à digérer dans 50 centimètres cubes d’empois d’amidon à 4 p. 100 et stérile, additionné d'un centi- mètre cube de thymol à 10 p. 100. Le tout restait vingt-quatre heures à 57 degrés. I. — Lapin de 2.100 grammes, recoit 0 gr. 08 de nilrate de pilocarpine en injection sous-cutanée. Sialorrhée, myosis, diarrhée. Trois heures après, l'animal est sacrifié. «) Sérum avant l'injection, donne. #520 p.100 de glucose. (sang de la veine de l'oreille). 8) Sérum après la mort, donne, . 0 276 p. 100 de glucose. (sang du cœur droit). 710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE II. — Lapin de 1.800 grammes, recoit 0 gr. 05 de nitrate de pilocar- pine. Mort une heure après. «) Sérum avant l’injection, donne. 0520 p.100 de glucose. GB). =" après la mort, donne 0 332 — III. — Lapin de 2.030 grammes, reçoit 0 gr. 05 de nitrate de pilo- carpine. Mort une heure après. «) Sérum avant l'injection, donne. 05216 p. 100 de glucose. 8) — après la mort, donne. . 0 386 — — IV. — Lapin de 2.000 grammes, recoit 0 gr. 05 de nitrate de pilocar- pine. Sacrifié trois heures après. «) Sérum avant l'injection, donne. 0821 p. 100 de glucose. B) — après la mort, donne. . 0 386 — — V. — Lapin de 1.600 grammes, reçoit à : 2 h. 1/2 du soir. . . . . . 0610 de nitrate de pilocarpine: LAINCUTES NE NS MEN 6 — = 6 heures — . ... . ;: . 004 — _ Mort à 10 heures du soir. x) Sérum avant l'injection, donne. 0520 p.100 de glucose. 6) — après la mort, donne. . 0 346 — — VI. — Lapin de 1.800 grammes, recoit 0 gr. 10 de nitrate de pilocar- pine. Mort une heure après. «) Sérum avant l'injection, donne. 05206 p. 100 de glucose. &) — après la mort, donne. . 0 314 — — (AE On voit que la pilocarpine à dose hypertoxique exalte, d’une manière manifeste, l’activité de l’amylase sanguine. Ce fait n'avait pas encore, à notre connaissance, été signalé et nous a semblé digne de l'être. (1) Le sang était recueilli dans le cœur droit, au moment de la mort. Nous nous sommes assuré que, normalement, le sérum recueilli dans ces condi- tions et le sérum provenant du sang de l'oreille ont un pouvoir amylolytique semblable. SÉANCE DU 29 JUIN 711 PASSAGE DE L'OXYDE DE CARBONE DE LA MÈRE AU FŒTUS, par M. Maurice NicLoux. Dans un travail récent (1) j'ai démontré la présence constante de l’oxyde de carbone dans le sang du nouveau-né à Paris. Ce gaz provient-il de l'air atmosphérique par l'intermédiaire de la mère ou constitue-t-il un produit élaboré normalement par l'orga- nisme”? Afin de pouvoir discuter sur des données précises l’une ou l’autre de ces deux hypothèses, il était nécessaire d'établir tout d’abord si, par la respiration des mélanges gazeux d'oxyde de carbone et d'air, ce gaz peut passer de la mère au fœtus. Déjà en 1883, M. Gréhant (2), en collaboration avec Quinquaud, avait montré que, pour un mélange mortel d'oxyde de carbone et d'air respiré par une chienne en gestation pendant trente-cinq minutes, la proportion de ce gaz était 5,7 fois moindre dans le sang fœtal que dans le sang maternel. En est-il ainsi pour des mélanges dilués d'oxyde de carbone et d'air? Dans quelle proportion se fait la fixation? Ce sont ces questions que nous nous sommes efforcé de résoudre. À des cobayes femelles pleines (3) on fait respirer le mélange gazeux de teneur variable en oxyde de carbone. Après une heure et demie de respira- tion, l’animal est sacrifié par décapitation; le sang carotidien est recueilli et défibriné. L'utérus est ensuite ouvert, Les fœtus extraits et, de même que pré- cédemment, on recueille et défibrine le sang des carotides. Le volume de sang fœtal ainsi obtenu varie entre 4 cent. cubes 5 et T centimètres cubes. On extrait les gaz du sang dans le vide en présence d'acide phosphorique, en ayant soin d'opérer en général sur le même volume de sang maternel et fœtal. Les gaz extraits, débarrassés de l’acide carbonique, sont mis à circuler dans mon petit appareil à acide codique. L'iode mis en liberté esf recueilli dans une lessive alcaline et dosé. Voici, résumé sous forme de tableau, Le résultat de nos expériences. (1) Sur la présence de l’oxyde de carbone dans le sang du nouveau-né. Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 17 juin, t. CXXXIT, 1501; Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LIT, p. 611. (2) Gréhant et Quinquaud. Dans l’'empoisonnement par l’oxyde de carbone, ce gaz peut-il passer de la mère au fœtus ? Comptes rendus de la Société de Biologie, T° série, t. V, p. 502, 1883. (3) Il est très difficile de se procurer des chiennes en état de gestation; c’est pourquoi nous avons choisi le cobaye. D'autre part, la sensibilité extrême du dosage de l’oxyde de carbone par l'acide iodique remédie facilement à l’obti- gatio n où l’on se trouve d'opérer sur de petites quantités de sang. 742 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE OXYDE DE CARBONE PROPORTION _ DURÉE EE d'oxyde de: carbone de; læ pour 100 c.c. pour 100!c. c. dans l'air. respiration. des e sang maternel. sang fœtal. 12 10000) 1 h. 30 min. 0,75 0,79 NE GATE ETS Id. 1,45 4,45 WEAR OURE Id. 2,1 2,4 RL COM Id. 7 6,8 il 8 BOUM Id. 12,4 44,1 AN: AD © 2 Id. 15,1 43,3 1e #09. | 50 min, (mort) LS 3,75 re DOM 45 min. (mort) 15,5 2,8 «LME #07 5 0 5'min.#0/sec. (mort) 46,2 not L'examen de ce tableau montre que l'oxyde de carbone passe de la mère au fœtus, et pour les mélanges d’air et d'oxyde de carbone dont la proportion varie entre 1/1000:et 4/10.000, Les teneurs des deux sangs en oxyde de carbone sont identiques. Au dessus de 14/1000, la pro- portion de gaz toxique contenue dans le sang fœtal devient inférieure à celle contenue dans le sang maternel, et la différence va en s’accentuant d'autant plus que le mélange mortel est respiré moins longtemps, ce qui confirme d’une façon absolue les résultats obtenus par MM. Gréhant et Quinquaud. Dans un autre ordre d'idées, il est aussi intéressant de dégager de ce tableau la vérification, pour le cobaye, de la loï que M. Gréhant a établie pour le chien, à savoir : pour une durée déterminée de la respi- ration de mélanges gazeux dont la proportion varie entre 41/1000 et 1/140.000, le volume d’oxyde de carbone fixé par 100 centimètres cubes de sang est proportionnel à la quantité de gaz contenu dans le milieu respiré. On voit en effet que pour une durée de respiration de 1 h. 1/2, les nombres 0,75, 1,45, 2,7, 7° sont à très peu près entre eux comme 4, 2, 4 et 10, comme le sont les rapports 1/10.000, 1/5000, 41/2500. 41/1000. À défaut du chien on pourra donc dès maintenant utiliser le cobaye pour la recherche physiologique quantitative de l'oxyde de car- bone dans une atmosphère viciée. Quant au mécanisme du passage du gaz toxique de la mère au fœtus, on ne peut l’envisager comme celui d’une substance extrêmement diffu- sible comme l'alcool. Il est de toute nécessité d'admettre une dissocia- tion, au niveau du placenta, de l’hémoglobine oxycarbonée contenue dans le sang maternel; en effet les circulations maternelle et fœtale sont complètement indépendantes; globules et hémoglobine, de même. Cette hypothèse se trouve d’ailleurs confirmée par ce fait que, pour des mélanges riches en gaz toxique ayant amené la mort en un temps relativement court, la quantité d'oxyde decarbone dans le sang fœtal est SÉANCE DU 29 JUIN 713 très faible en comparaison de celle du sang maternel, qui, au contraire, est oxycarboné en presque totalité. (Travail des laboratoires de physiologie générale du Muséum et de chimie de la clinique d'accouchement Tarnier.) NOTE SUR LES ORGANES HÉMATOPOIÉTIQUES ET L'HÉMATOPOIÈSE DANS LA CYANOSE CONGÉNITALE, par M. Émize WEIL. On connait bien, depuis les travaux de Malassez, de Vaquez, les modifications que présente le sang au cours des cyanoses congénitales : ce sont l’augmentation du nombre des hématies, l’hypertrophie indivi- duelle de ces cellules, et leur surcharge en hémoglobine. Mais, jusqu’à ce jour, on n’a point décrit encore les modifications réalisées dans les centres hématopoiétiques par leur fonctionnement exagéré. Nous nous en sommes proposé l'étude, ayant observé deux enfants cyanotiques dans le service de M. Netter. Ogs. I. — Dou.., fillette de quatre ans, entrée pour des crises d’étouffe- ment souvent répétées au cours du nychthémère. L'enfant présentait un gros souffle systolique à la partie moyenne du cœur. A l'hôpital, elle contracte la rougeole, dont elle guérit sans complications. Quelques jours après la con- valescence elle meurt subitement. L'examen du sang avait montré, avant la rougeole qu'elle avait 7.502.000 glo- bules rouges. Hématoblastes normaux. Pas de globules rouges à noyaux. Les globules blancs étaient normaux comme nombre et pourcentage, Os. IL. — Vas..…., fillette de deux ans, envoyée pour une scarlatine à l’hô- pital. Elle était atteinte d'une malformation cardiaque jusqu'alors inconnue, qui se décelait par un gros souffle systolique médio-sternal. L'enfant meurt au 41° Jour de sa scarlatine. Elle avait 8.540.500 globules rouges. Hématoblastes normaux. La coagula- tion du sang était normale. Les globules blancs s’élevaient à 15.057 au 3° jour de sa scarlatine, et la leucocytose était due à une polynucléose. Pas de glo- bules rouges nucléés. A l’autopsie de ces deux enfants, on trouve les mêmes multiples malfor- mations cardiaques : rétrécissement de l'artère pulmonaire total dans le 17 cas, orificiel dans le 2°; absence d'achèvement de la partie supérieure de la cloison, persistance d'un petit trou de Botal. Organes hématopoiétiques. — 1° cas. Dou... La rate, très volumineuse, pèse 10 grammes, tandis que les deux reins réunis ne pèsent que 50 grammes. Elle est violacée; sa capsule n’est pas épaissie. Les corpuscules de Malpighi sont très saillants. Le foie pèse 480 grammes; il est pâle, et ne semble pas malade. Les ganglions lymphatiques sont très petits, difficiles à trouver, et non 7144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE congestionnés. La moelle des os est très rouge, et ferme. Le thymus persiste, est rose, et pèse 5 grammes. 2° cas. Vas. La rate, très congestionnée, est ferme; corpuscules de Malpighi nets. Poids, 22 grammes. Foie congeslionné, 490 grammes. Les reins pèsent 200 grammes. La moelle des os est rouge-noir et contient beaucoup de sang. Le thymus est rose, volumineux, descend jusqu’au diaphragme, non conges- tionné ; il pèse 13 grammes. Les ganglions sont petits, mais rouges à la coupe. En somme, il semble que les organes hématopoiétiques réagissent dans la cyanose pour produire l’hyperglobulie ; mais leur participation n'est ni uniforme ni constante. La rate, très volumineuse dans le 1% cas, alors qu’il n’y avait pas d'état infectieux, est normale chez la deuxième enfant, atteinte de scarlatine. Dans ces deux observations, les ganglions ne sont pas hypertrophiés, la moelle des os par contre est extrêmement congestionnée et proliférée ; les coupes montrent que toute trace de tissu graisseux en à disparu. Il importe de remarquer la persistance du thymus dans un cas, son hypertrophie dans l’autre. L'hypertrophie de la rate et son inconstance fut déjà signalée jadis par M. Vaquez. Dans une autopsie d'adulte, atteint de cyanose et d'inversion viscérale, M. Sikhora nota sans y insister l'existence d’un thymus très volumineux, L'hypertrophie ou la persistance de cet organe semble donc fréquente, et mérite désormais d’être recherchée. | Microscopiquement, dans tous les viscères examinés, nous avons trouvé, même hors des organes hématopoiétiques, une transformation du tissu conjonctif en tissu muqueux, analogue à celui des polypes. Ce tissu, très abondant, renferme des cellules vaso-formatives, et con- tient une énorme quantité de capillaires embryonnaires, à paroi endo- théliale absente ou incomplète, et qui renferment des globules rouges. Nulle part la néoformation des capillaires n’atteint la même impor- tance que dans le thymus, qui présente une grande quantité de cellules géantes et hématopoiétiques. Les coupes ressemblent par points à celles d'un angiome ; on retrouve cette même vaso-formation dans le foie, l’'épiploon, la rate, la moelle des os, le corps thyroïde. On sait l'importance des renseignements fournis sur la genèse des leucocytes par l'étude des organes hématopoiétiques dans certains processus pathologiques, la leucémie par exemple ; nous avons espéré tirer de nos cas de cyanose des renseignements analogues sur l’origine des hématies. Nos connaissances sur ce sujet ne sont pas encore défi- nitivement fixées. Tandis qu'avec M. Hayem beaucoup d’hématologistes : font naître à l’élat normal l’hématie de l'hématoblaste, d’autres, aussi nombreux, acceptent la théorie d’Ehrlich, et font dériver le globule rouge du normoblaste. Dans notre cas, les normoblastes absents dans la circulation étaient peu nombreux dans la rate, le thymus, et même la moelle osseuse. Les hématoblastes ne semblaient pas augmentés. Au SÉANCE DU 29 JUIN 715 contraire, nous avons partout constaté un processus d’hématopoièse, bien connu depuis les travaux de Ranvier, qui existe normalement chez le fœtus, et disparait peu après la naissance. Dans nos cas, d’ailleurs, comme chez le fœtus, la vasoformation ne se limilait pas aux seuls organes hématopoiétiques; mais, dans le tissu conjonctif rajeuni, il y avait production d’hématies. Ce fait explique que l’hypertrophie des organes hématopoiétiques ne soit pas constante. Il faut ajouter que le processus d’hématopoièse que nous avons cons- taté ne peut être considéré comme normalement employé par l’éco- nomie ; mais il semble qu'à l’état pathologique elle puisse produire les hématies d’après diverses modalités. DE LA TOXICITÉ DU SUC GASTRIQUE NORMAL, COMPARÉE A CELLE DE LA MACÉRATION DE VIANDE, par MM. E. CassaET et G. SAUXx. Dans une communication précédente, nous avons rendu compte des résultats que nous avions obtenus en injectant à des lapins le produit de la macération de viande de bœuf, dans une quantité d’eau dix fois supérieure, et fait voir qu'il n’était que peu toxique, puisque la dose nécessaire pour amener la mort était en moyenne de 53 centimètres cubes par kilogramme. Les conditions de l’injection, celles de la température et toutes autres ayant été soigneusement renouvelées dans une seconde série d'expé- riences, où nous avons injecté du suc gastrique, nous permettent d'en comparer les résultats. Pour obtenir le suc gastrique, nous avons procédé tout d’abord comme l’indiquent les physiologistes el notamment Beaunis, c’est-à-dire en mettant à macérer, après trituration, la totalité de la muqueuse fraiche de l'estomac du porc, séparée de la musculeuse sous-jacente, dans une quantité totale d'eau distillée de quatre litres, acidulée par de l'acide chlorhydrique au titre de 1 p. 1000. — Le contact durait quatorze heures, sans qu'il ait été fait d’adjonction d’acide chlorhydrique pendant le cours de la macération. | Nous nous sommes bientôt aperçus qu'en employant ce procédé, la dilution était beaucoup trop grande et que le suc gastrique obtenu n'était doué que d'un très faible pouvoir digestif, de sorte que son injection ne pouvait nous fixer sur sa toxicité réelle. Nous nous sommes dès lors appliqués à faire toutes nos macérations à 1/10, en y ajoutant une quantité d'acide chlorhydrique suffisante pour porter l'acidité totale du mélange de 1 à 1,50 au maximum par 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE litre, et en faisant durer le contact pendant des temps variant de trente minutes à vingt heures. | A l'encontre de ce que nous avions observé pour les macérations de viande, nous avons pu remarquer que la durée des contacts peut très sensiblement modifier les effets de l'injection et la toxicité, suivant qu'il existe ou non des produits de digestion dans le liquide recueilli. H est important, en effet, de signaler que lorsqu'on procède, comme il a été dit plus haut, pour obtenir du suc gastrique, ce n'est pas en réalité du suc gastrique pur que l’on recueille, mais un mélange de ce dernier avec le produit de la digestion au moins relative du tissu de la muqueuse. Pour éviter cette nouvelie cause d'erreur, nous avons pensé à extraire par de la glycérine officinale à 36 degrés les ferments digestifs, en lui ajoutant ensuite une quantité d'eau suffisante pour reproduire la macé- ration à 1/10, dont il a été parlé plus haut etune même acidité. Aussitôt les produits de digestion ont disparu. Leur absence ne peut être rap- portée à la diminution de durée des contacts, puisqu'une maäcération dans l’eau faite simultanément contenait beaucoup de peptones. Or, nous avons précisément noté que la macération aqueuse, qui seule contenait des peptones, avait un pouvoir toxique élevé, l’adjonction de glycérine n'augmentant aucunement celle de l'extrait qu’on obtenait avec eile. Nous estimons donc qu'on doit avoir recours à ce mode d'extraction pour faire l'essai du suc gastrique, et c’est ainsi que nous avons pré- paré un liquide qui tue les animaux à la dose moyenne de 30 centimètres cubes par kilogramme. La toxicité du suc gastrique est donc à peu près deux fois plus élevée que celle de la macération de viande préparée dans des conditions idens tiques. Le Gérant : OcTAVE PORÉE. RS RE mm Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAkETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 717 SÉANCE DU 6 JUILLET 1901 MM. GEorces RosenruaL et G.-A. WeiLz : Injections intra-trachéales vraies et directes avec ou sans aiguille à demeure. — MM. GronGes RosentuaAL et G.-A. WEILs : Technique des injections intra-trachéales vraies et directes.—M. le Dr J.-F. FERRIER : De l'élargissement du pied pendant la marche. — M. Cu. Féré : Note sur la fatigue par les excitations du goût. — M. Cu. Féré : Note sur l'influence de l’opium sur le travail. — M. le Dr E. Maurez : Conditions de la mort accidentelle sous l’in- fluence de la cocaïne. — M. le Dr E. Maurez : Mécanisme de la mort: accidentelle par la cocaïne. — MM. Jean Camus et P. Pacnrez : Variabilité de l’alexine dans les sérums pathologiques. Existence d’une substance antihémolysante dans le sérum hu ain. — MM. L. Camus et E. GLey : À propos de l'existence, dans un sérum san- guin, d’une action antagoniste de l’action hémolytique. — MM. Jean Camus et P. Pacniez : Au sujet d’une sensibilisatrice dans le sérum des tuberculeux. M. Wipar (Discussion). — MM. F. Tourneux et J.-P. Tourneux : Note sur la ponte et sur la durée de l’incubation des œufs de perruche ondulée. — MM. H. Rocer et. Évize Weizz : Deuxième note sur la variole expérimentale du lapin. — MM. Lérr et Du Pasquier : Valeur comparée des injections de cocaïne sous-arachnoïdiennes et épidurales, dans le traitement de la sciatique. M. Wipaz (Discussion). — M. E. Couvreur : Sur le rôle du pneumogastrique comme régulateur de la tempé- rature du corps (à propos d’une note de M. de Tarchanoff). — MM. Doxox et Morez : Action de la pression sur la composition du sang. — M. L. Launoy : Sur la présence de formations ergastoplasmiques dans les glandes salivaires des Ophi- diens. — M. LarGnez-Lavasrine : Note bactériologique sur Le liquide céphalo-rachi- dien des paralytiques généraux. — M. le D' CARRIÈRE : Le séro-diagnostic de la tuberculose. — M. L. Barp : Du liquide céphalo-rachidien hémorragique. Présidence de M. Raïlliet, vice-président. INJECTIONS INTRA-TRACHÉALES VRAIES ET DIRECTEN-Z- AVEC OU SANS AIGUILLE A DEMEURE, par MM. GEORGES RosENTHAL et G.-A. WELL. (Communication faite dans la séance précédente.) Au moment où les nouvelles méthodes employées en thérapeulique tendent, en l'absence de médication spécifique, à transformer les médi- cations générales en méthodes locales, nous croyons utile de réunir et de grouper les procédés employés pour atteindre directement le poumon par la voie trachéale, de perfectionner certaines manœuvres, d’en ajouter et d’en régler quelques autres, de manière à établir le traitement systématique des affections des voies respiratoires par les injections intra- trachéales. Il est en effet illogique de penser que le médecin cherche à Biozocie. Comptes RENDUS. — 1901. T, LILI, 86 7118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE atteindre le foyer du mal dans les angines, les cystites et les entérites par exemple, que, dans les affections médullaires, il essaye d’injecter dans la moelle les médicaments curateurs (Cathetin et Sicard), tandis que les broncho-pneumonies et les bronchites sont traitées par des révulsifs cutanés et des médicaments absorbés par l'estomac et l'intestin. Nous ne voulons pas nier l'utilité de ces méthodes, nous ne désirons pas substituer une méthode exclusive aux divers procédés employés ; nous voulons, à côté de ces procédés, faire une place à la méthode la plus logique de traitement des affections des voies respiratoires. Du reste, de nombreux efforts ont été tentés dans cette voie. Sans rappeler les divers procédés d’inhalations d'oxygène ou de vapeur d’eau chargées de principes antiseptiques, mentionnons que notre maître, le professeur Hayem, a préconisé dans les affections congeslives aiguës du poumon les inhalations de nitrite d'amyle à haute dose (1). De nombreux auteurs ont utilisé en thérapeutique l'absorption pulmo- naire. Colin (d’Alfort), se basant sur l'observation de Bichat et les expé- riences de Magendie et Claude Bernard, a san expérimentalement la possibilité de la méthode. Chez l'homme, Bechag, R. Botey, Dor et Garel, en et Rechert, La Jarrige, Mendel, ne Vincent et Garnault ont pratiqué l'injection intra-trachéale par la voie buccale. Bergeon (de Lyon), avec une seringue de Pravaz, pratique directement dans la trachée des injections médicamenteuses (2), comme J. de Bel- leyme. I. Pour agir sur les voies respiratoires, nous employons les procédés suivants : + Injection intra-trachéale vraie par la voie buccale, Injection intra-trachéale directe, c’est-à-dire par piqûre de la peau. Injection intra-trachéale directe avec aiguille à demeure, QE Injection intra-pulmonaire. | IT. Médicaments employés. — Nous employons comme véhicule, selon les substances à dissoudre, soit l'huile, soit le sérum artificiel. Les médi- caments sont soit des antiseptiques (essences, créosote, iodoforme, gaïacol et ses sels), soit des modificateurs des sécrétions, des antither- miques, des spécifiques (sulfate de quinine, sels de mercure, etc.). Nous préciserons les différentes indications dans un travail ultérieur. IT. Application des méthodes aux diverses catégories de malades. — Le procédé usuel est l'injection intra-trachéale vraie par la voie buccale; selon ses différents modes, il s'applique aux lésions chroniques [tuber- culose pulmonaire, dilatation des bronches, bronchite chronique, puru- lente, fétide, etc.]. (1) Bull. méd., 13 octobre 1895. (2) Voir Bouchard. Thérapeutique des inaladies infectieuses, etc. SÉANCE DU 6 JUILLET 719 L'injection directe donne le minimum de phénomènes spasmodiques ; elle est facilement supportée par tous les malades; elle s'applique à l'enfant, aux malades porteurs de lésions laryngées, à ceux qui ne peu- vent supporter le cathétérisme de la glotte, el surtout aux malades atteints d'affections aiguës et fébriles. L'aiguille à demeure permet l'injection répétée, en dehors de la pré- sence du médecin. L'injection intra-pulmonaire est réservée aux lésions à siège précis et limité. Conclusions. — En résumé, nous avons établi qu’il est possible d’uti- liser l'injection intra-trachéale et l'absorption pulmonaire dansle traite- ment des maladies aiguës et chroniques, surtout dans les affections des voies respiratoires, mais aussi dans les affections générales. Celle méthode luttera contre les infections secondaires de la tuberculose ouverte du poumon, précédera et complétera la cure de sanatorium. Nos résultats concordent avec ceux qui ont été précédemment obtenus; ils seront publiés dans une thèse prochaine. (Service et laboratoire de A. le professeur Hayem.) TECHNIQUE DES INJECTIONS INTRA-TRACHÉALES VRAIES ET DIRECTES, par MM. GEorGes RosEnrHAL et G.-A. WEILL. (Communication faite dans la séance précédente.) Nous désirons, comme suite à notre première communication, indi- quer rapidement la technique que nous employons. Elle est simple et n'exige vraiment aucune éducation spéciale. a) Nous pratiquons l’injeclion intra-trachéale vraie en faisant pénétrer l'extrémité de la canule entre les cordes vocales, dans la trachée, aussi profondément que possible, pour éviter le rejet du liquide. Dans les premières séances, il sera utile quelquefois de s’aider du miroir, qui peut rester indispensable chez certains malades à cause de spasmes ou de lésions laryngées. L'emploi de la cocaïne s'impose dans le cas de spasmes irréductibles. Le plus souvent, nous pratiquons l'injection de la façon suivante : le malade, assis dans la position naturelle, tient sa langue de la main gauche ; l'opérateur, assis en face de lui, reconnaît avec l'index gauche le bord droit de l’épiglotte, et sur ce repère il introduit la canule exac- tement dans le plan sagittal jusqu’au niveau de la glotte; il cherche à la franchir en faisant au besoin le cathétérisme appuyé, et en profitant d’une inspiration. En même temps, il pousse rapidement l'injection. 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans certains cas, on peut se passer du miroir et du doigt, soit que la traction de, la langue rende visible l’épiglotte, soit que l'éducation du malade ou l’absence complète de spasme le permette. b) L'injection intra-trachéale directe se fait au moyen de notre aiguille courte montée sur un cadre à pivots (voir fig. I, IT). La partie péné- trante de l'aiguille mesure 18 millimètres de longueur; on l’introduit au moyen d'un manche porte-aiguille (fig. IV). Le cadre sert à maintenir l'aiguille qui oscille sur le pivot pendant les mouvements respiratoires. Un mandrin assure la perméabilité de l'aiguille (fig. Il). L'’injection se pratique avec une seringue munie d’un raccord souple. Pour placer l'aiguille, on prend les précautions antiseptiques d'usage, le malade a la tête dans la situation ordinaire, ni fléchie ni étendue, il peut être couché ou assis. L’aiguille, sans le mandrin fixé sur le manche, est introduite perpendiculairement d’un seul coup sur la ligne médiane, au point d'élection, au-dessous du bord inférieur du cricoïde. Après ablation de l'aiguille, on collodionne la petite plaie. c) La technique précédente s'applique à l'injection directe avec aiguille à demeure. Il suffit de fixer le cadre entre deux gazes, à la peau, SÉANCE DU 6 JUILLET 7191 au moyen de collodion; on laisse à découvert le centre du cadre pour surveiller le point de pénétration. Gelte aiguille ainsi fixée peut rester plusieurs jours en place. On remettra le mandrin dans l'intervalle des injections. d) Nous n'avons pas modifié la technique des injections intra-pulmo- naires |Fernet, Hayem, Gilbert, Pignol|. DE L'ÉLARGISSEMENT DU PIED PENDANT LA MARCHE, par M. le D° J.-F. FERRIER. (Communication faite dans la séance précédente.) La forme du pied subit pendant la marche certaines modifications qui ont été décrites par tous ceux qui se sont occupés de la physiologie de cet organe ; nous croyons devoir signaler à ce sujet, comme étude très complète, l’intéressante communication de Dewevre à la Société de Biologie (28 mai 1892). On sait que le pied s’allonge et s’élargit lorsqu'il supporte le poids du corps, et qu'il revient sur lui-même HQE il cesse de fournir le point d'appui. Nous avons cherché par la radiographie à suivre le mouvement du squelette plantaire correspondant à ces variations physiologiques. Les quatre photographies que nous présentons ont été prises, le pied se trouvant, tantôt à l’état de repos, tantôt à l’état d'activité, c'est-à-dire supportant le poids du corps ; elles montrent que les modifications dans la forme du pied ne sont pas le simple résultat de l’étalement des parties molles, mais qu'elles coïncident avec des déplacements parallèles et similaires du côté du squelette. Ces déplacements sont particulièrement accusés au niveau de la moitié antérieure du pied. Ils s’accomplissent dans le sens antéro-postérieur et dans le sens transversal. Nous ne nous occuperons pas des déplacements dans le sens antéro- postérieur, lesquels correspondent à l’affaissement de la voûte plan- taire et sont actuellement bien connus; nous n’appellerons l'attention que sur les déplacements dans le sens transversal. Les déplacements transversaux du squelette, ainsi que la radiographie permet de s’en rendre compte, sont assez étendus. Sur nos photogra- phies, nous trouvons en effet les différences suivantes entre le pied à l'état de repos et à l’état d'activité : 1° de 4 à9 millimètres au niveau de la tête des métatarsiens ; 2 de 5 à 16 millimètres au niveau des orteils. L'élargissement de la partie antérieure du pied, que l’on pourrait a priori rapporter surtout à l’étalement des parties molles, est donc dû en très grande partie à la mobilité du squelette. Fixés en arrière au niveau du tarse, les métatarsiens s’écartent en 122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE éventail sous l’action du poids du corps, pendant que les orteils se pla- cent dans le prolongement des métatarsiens. L’élargissement du pied est donc loin d’être négligeable; son rôle physiologique probable est d'accroître l’élasticité du pied, de neutraliser ainsi les vibrations produites par la marche, peut-être aussi d'augmenter l'étendue du point d'appui et par conséquent la stabilité lorsque le poids du corps porte sur un seul pied. Au point de vue de l'hygiène on peut en déduire que l'élargissement physiologique de la partie antérieure du pied ne doit pas être contrarié pendant la marche. Les chaussures à bout pointu ont en effet l’incon- vénient non seulement de maintenir les orteils dans une attitude vicieuse, mais encore d’exalter celle-ci par le mécanisme suivant : les orteils se trouvant fixés, alors que les têtes des métatarsiens pendant la marche s’écartent, il se produit des déviations, des chevauchements d’orteils, des arthrites métatarso-phalangiennes que l’on évite sûrement par l’usage de chaussures rationnelles. Toutefois, l'excès d’élargissement de la partie antérieure du squelette plantaire, ainsi que l’ont montré Boisson et Chapotot (1), peut avoir le fächeux résultat d’occasionner la fracture des métatarsiens intermé- diaires. Normalement le pied repose en avant principalement sur la tête et le bord externe du 5° métatarsien, et sur la tête du premier. Lorsque les métatarsiens s’écartent au delà de certaines limites, par exemple sous l'influence de marches fatigantes ou d’un faux pas, les têtes des 2, 3°, 4° métatarsiens viennent prendre point d'appui sur le sol ; ces os peu résistants, incapables de supporter le poids du corps, Renvent alors se briser au niveau de leur partie moyenne. NOTE SUR LA FATIGUE PAR LES EXCITATIONS DU GOUT, par M. Cu. FÉRé. Les excitations gustatives n’ont, comme les excitations olfactives ou visuelles que nous avons étudiées précédemment, que momentanément la propriété d'exalter la motilité volontaire. À l’exaltation primitive succède une dépression rapide, avec une perte de travail si on prolonge l'expérience. Sion prolonge l'excitation, la dépression peut se manifester d'emblée; l'expérience le montre clairement. Le travail est fait comme précédemment avec l’ergogräphe de Mosso par séries de quatre ergogrammes: les séries sont séparées par des repos de cinq minutes, les ergogrammes de chaque série par des repos (1) Arch. de méd. et de pharmacie militaires, 1% févr. 1899. SÉANCE DU 6 JUILLET 2x d'une minute; le médius droit soulève un poids de 3 kilogrammes chaque seconde. L’excitation est faite à l’aide d’une goutte d'essence sur un fragment de papier Berzélius et placée dans la bouche. Le sujet a soin de rejeter la salive si la sécrétion est {trop abondante, et de n'avaler rien de l'essence. Dans les expériences actuelles, il s'agissait d'essence de cannelle de Ceylan (le compte-gouttes donne 26 gouttes d’eau distillée pour 1 gramme). On ne fait qu'une expérience chaque jour, toujours à la même heure. Une expérience récente donne pour le travail sans excita.- tion et après un repos complet une série normale de 22 kil. TI qui servira de comparaison. Exe. I. — Une goutte d'essence deux minutes avant le travail. Se TRAVAIL RAPPORT. d'ergogrammes : RL du travai O7 ; kilogrammètres, au travail normal. Jus 33,06 145,57 2, oi 39,33 173,18 3. à 18,27 80,40 4. 7,17 31,57 5. 5,82 25,61 6. 4,59 20,21 7 Wu 3,12 13,73 8. : 2,49 10,96 9. ane 2,22 9,77 117,07 Exp. II. — Deux gouttes d’essence à deux minutes d'intervalle, la seconde deux minutes avant le travail. RE TRAVAIL RAPPORT AE RER en du travail GOERNER kilogrammètres. au travail normal. ARE Ô 26,70 147,56 2. ; 28,02 123,35 ae à 20,91 92,07 Pie 6,33 27,87 Dane ARE 5,46 24,04 Gate à ! 4,7% 20,87 ao 2,58 11,36 SN Re te ue 3,21 14,13 CAN de LA Rest 2,52 11,09 100,47 Exe. III. — Trois gouttes d'essence à deux minutes d'intervalle, la troisième deux minutes avant le travail, 724 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SÉRIES TRAVAIL RAPPORT are du travail Gers kilogrammètres. au Cl El 1e 13,41 59,04 DIE 8,61 37,91 gl 7,11 31,30 Ph 6,45 28,39 be 4,56 20,07 Ga 4,59 20,21 ir 4,56 20,07 SA 3,27 14,39 o 2,34 10,30 54,90 ExP. IV. — Quatre gouttes d’essence à deux minutes d'intervalle, la quatrième deux minutes avant le travail. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT d’'ergogrammes. CHAN EU en kilogrammètres. L,47 3,26 3,12 2,37 2,19 1,59 1,44 1,44 1,11 ooiœmerwmws| 21,09 au travail normal. 19,68 14,79 13,73 11,31 9,64 7,4 6,38 6,38 : 4,88 7 Les excitations du goût augmentent la capacité de travail au début, lorsqu'elles sont courtes; quand elles sont prolongées, elles produisent une dépression immédiate ; dans tous les cas elles précipitent la fatigue et diminuent le travail total, qui sans excitation donne de 145 à 150 kilogrammètres pour les 9 séries d'ergogrammes. Ces excitations fortes du goût, qui, comme les excitations fortes de l’'odorat ou de la vue, déterminent une dépression primitive des mouve- ments volontaires, ne sont pas douloureuses; elles sont déplaisantes ou dégoûtantes. Si on peut dire que la douleur est un avertissement d'une destruction (1), le déplaisir est l'avertissement d’une dépression fonc- tionnelle. (1) W. Tschisch. La douleur, 1Ve Congrès international de psychologie, 1901, p. 154. e SÉANCE DU 6 JUILLET 79; OT NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'OPIUM SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRé. On attribue généralement à l’opium à doses modérées une action excitante non seulement sur l'intelligence, mais aussi sur la motilité : le besoin de se mouvoir s'accompagne d’une sorte de légèreté, d’alacrité musculaire, dit Fonssagrives (1). Cependant, Rossi, ayant observé des effets dépressifs à l'exploration ergographique, range l’opium parmi les poisons nerveux hypokinéliques (2). Le procédé d'exploration que nous avons utilisé permet de se rendre compte des différentes conclusions auxquelles on est arrivé. ExP. I. — On prend 0,02 de poudre d’opium, cinq minutes avant le travail (Le travail de c'aque série est comparé à une série récente faite au repos et sans excitation, 22,71 — 100). . TRAVAIL RAPPORT SERIES en du travail d’ergogrammes. kilogrammètres. au travail normal. AE 28,32 124,70 CHR 34,83 133,36 Go à SAT 166,31 Be 8,64 DNS T0 CE 3,84 16,90 bu 3,20 14,33 TA i 2,37 10,43 au 1,80 7,92 9, 1,50 6,60 122,97 Exp. [[. — On prend 0,04 de poudre d’opium cinq minutes avant le travail. L TRAVAIL RAPPORT SERIES en du travail d’ergogrammes. kilogrammètres. au travail normal. AT: 41,49 182,25 2. 51,69 227,26 5 18,69 81,37 4. 4,14 18,22 pi 2,40 10,56 Ge 2,01 8,67 a 4,74 1,53 8. 1,44 6,34 9. 1,29 5,68 124,86 (1) Fonssagrives. Art. « Opium », Dict. encycl. des sc. méd., 2 série, t. XVI, 1881, p. 179. (2) GC. Rossi. Ricerche sperimentale sulla fatica dei muscoli umani sotto l’azione dei veleni nervosi (Rev. sper. di freniatria, etc., 1894, XX, p. 442) / 726 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Exp. III. — On prend 0,06 de poudre d’opium einq minutes avant le travail. ; TRAVAIL Ù RAPPORT SERIES en du fravail d'ergogrammés. kilogrammètres. au travail normal. A ENS Pr SR A A A A TES 43,20 s 190,22 Re A A enter ee Voie N De UE RER 49,92 224,65 RP APR nn Re ere | ein ñ,32 32,23 ne LM tr EE nid 2,22 et dl SE ATANO ES ASE PNR ANRT 2,31 10,17 6 1,83 8,05 ADO TES AMEN RON I 1,38 6,07 8.2 cNrpie de ninanlenEans 1,47 6,47 9 1,29 5,68 110,94 À la fin de la9° série d’ergogrammes, on prend 0,04 de poudre d’opium et on reprend le travail après les cinq minutes de repos ordinaire. LORS AS ANNE CA ART A UN 47,70 210,03 US TN PIS ER 8,64 38,64 AE ARR EN Et ee ARE 2,34 10,30 Exe. IV. — On prend 0,08 de poudre d’opium cinq mirutes avant le travail. g TRAVAIL RAPPORT SÉRIES en du travail d’ergogrammes. kilogrammètres. au travail normal. Le É2= pe s: A RE AR ERA A EE 10,08 44,38 RO A LR D EE A Er 4,86 21,40 Sn US CU RS do At Ne 3,48 15,32 EE CAT NME PNA ON 2,19 11,84. | He 2,25 9,89 6. 1,95 8,58 de 1,74 7,52 8 1,77 1,19 0e 1,26 ; 5,54 30,15 À la fin de la 9° série d’ergogrammes on prend 0,04 de poudre d’opium et on reprend le travail après les cinq minutes de repos ordinaire, AQE A RS SRE. A 39,03 171,86 1 RE no AE 2,37 10,47 Lo ARE PANNE an 1,56 6,85 Avec 0,02, l'excitation est peu marquée au début; elle s’accroit Jusqu'à la 3° série, puis le travail diminue brusquement. Avec 0,04, l'excitation SÉANCE DU 6 JUILLET 71927 du début est beaucoup plus marquée ; mais elle ne s'accroît plus après la 2° série. Avec 0,06, l'excitation est encore un peu plus marquée au début, mais elle s'accroît moins à la deuxième, et le travail diminue plus rapidement. Avec 0,08, la dépression du travail se montre d'emblée. Dans toutes les expériences, le travail total des 9 séries est au-dessus de la normale (145 à 150 kilogrammètres). Lorsqu'on met en jeu la même dose au repos et au cours de la fatigue (0,04), on voit que l'effet sur le travail diminue suivant l’état de fatigue. Dans l'expérience II, le travail des 3 premières séries donne 111 kil. 87 ; dans l'expérience III, les séries 10, 11, 12 donnent 58 kil. 68; dans l'expérience IV, les séries 10, 11, 12 donnent 32 kil. 96; mais l'excitation initiale est cependant plus forte dans la fatigue : le premier ergogramme de l'expérience IT donne 12 kil. 90; le premier ergogramme de la série 10 de l’expé- rience 111, 16 kil. 80 ; le premier ergogramme de la série 10 de l’expé- rience IV, 19 kil. 35. CONDITIONS DE LA MORT ACCIDENTELLE SOUS L'INFLUENCE DE LA COCAÏNE, par M. le D' E. MaureL. La mort par la cocaïne peut être la conséquence de l'absorption d'une quantité de cocaïne relativement grande, comme quand elle est ingérée en solution étendue : c’est la mort par saturation de l'organisme. Dans d'autres cas, elle survient avec des quantités relalivement faibles, sur- tout après les injections hypodermiques ; c’est la mort accidentelle, et c’est la seule dont je veux m'occuper ici. Des recherches faites dans divers sens m'ont conduit à cette conclu- sion, que : le danger de la cocaine réside dans sa pénétration dans les veines, autres que celles du système porte, à un titre suffisant pour tuer le leucocyte, ou du moins pour lui donner la forme sphérique. On sait que, lorsque son existence est menacée par un toxique, le leu- cocyte prend la forme sphérique et qu’il la conserve encore après sa mort. Le chlorhydrate de cocaïne exerce cette action sur les leucocytes de tous les vertébrés, mais à des titres différents. Pour l’homme, il suffit de O0 gr. 20 de ce sel pour donner très rapide- ment la forme sphérique aux leucocytes de 100 grammes de sang, soit approximativement la quantité qui est contenue dans 1 kilogramme d'animal. Pour le lapin, ii faut atteindre 0 gr. 50 pour obtenir le même résultat. Nos leucocytes sont donc deux ou trois fois plus sensibles à la cocaïne que ceux du lapin. Les quantités suffisantes, non plus pour donner la forme sphérique 728 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aux leucocytes, mais pour les tuer rapidement, sont sensiblement le double des précédentes. Les expériences suivantes ont été faites sur le lapin. À. VOI® VEINEUSE. — Par cette voie, en se servant des litres leucocyti- cides, de 1/10, 1/20, 1/100, on tue le kilogramme de lapin dans quelques minutes avec 0 gr. O1 de cocaïne. Avec 0 gr. 005, on produit des accidents, mais l'animal résiste. Au contraire, avec les titres insuffisants pour donner la forme sphé- rique aux lnoneaises 0 gr. 25 pour 100 grammes, on peut arriver à 0 gr. 03 par kilogr., sans tuer l'animal. VOIE HYPODERMIQUE. — Par cette voie, l'influence des titres est moins marquée ; cependant elle est encore sensible. Aux titres de 5 à 410 p. 100, si l'on n'injecte à la fois que O gr. O1 et 0 gr. 02 de cocaïne, on € évile généralement les accidents ; mais, en injec- tant 0 gr. 05 et 0 3r. 10, on produit des convulsions. Au contraire, au titre de 0 gr. 40 p. 100, on peut injecter 0 gr. 05, 0 gr. 10 et même 0 gr. 15 sans produire d'accident. On le voit donc, les accidents dépendent non de la quantité de cocaïne injectée, mais du titre auquel elle l’est. VOIE ARTÉRIELLE. — Dans mon énoncé, j'ai parlé de la pénétration de la cocaïne dans les veines et non, d’une manière générale, de sa péné- tration dans le torrent sanguin. C’est qu’en effet, tandis qu'aux titres de 10 et 5 p. 100, on tue sûre- ment 1 kilogramme de lapin en injectant 0 gr. 01 de cocaïne dans les veines, on peut en injecter dans les artères 0 gr. 02, 0 gr. 05 et même 0 gr. 10 sans tuer l’animal. J’ai fait ces injections dans le bout périphé- rique de la fémorale, par le bout central et le bout périphérique de la rénale. J’ai même pu injecter 0 gr. 02 par le bout périphérique de la carotide primitive sans tuer l'animal. De là découlent done ces conclu- sions : 1° Que le danger ne vient réellement pas de la quantité de cocaïne intro- duite dans le sang, conclusion à laquelle nous avaient déjà conduit les injections par les veines et celles par la voie hypodermique; 2° Sans que nous puissions encore en dire la cause, qu'il y a une diffé- rence considérable de danger entre la voie veineuse et la voie artérielle ; 3° Qu'au moins dans les cas que j'étudie, la mort n'est pas due à l'ac- tion de la cocaîne sur la partie intra-cränienne des centres nerveux. VOIE PORTALE. — Enfin, dans mon énoncé, en parlant du danger de l'introduction de la cocaïne dans les veines, j'ai fait une exception pour les veines du système porte; et, en effet, au titre de 10 p. 400, j'ai pu injecter par cette voie 0 gr. 05 de coeaïne sans accident; et si, au même ütre, j'ai eu quelques convulsions en injectant 0 gr. 10 par kilogramme, l'animal n’en a pas moins survécu. Ces expériences me paraissent donc conduire aux conclusions sui- Le 4 Pi SÉANCE DU 6 JUILLET 7129 vantes : pour que la cocaïne tue à petites doses, il faut réunir ces deux conditions : pénétration dans les veines, et titre leucocyticide. Et de là découlent les indications pratiques suivantes : 1° Quel que soit Le but que l’on se propose, anesthésie locale ou anes- thésie à distance, il est capital d'éviter la pénétration de la cocaïne dans les veines autres que celles du système porte ; 2° Que si l’on est forcé de s’exposer à ce danger, dans le cas, par exemple, où l’on doit pratiquer l'injection dans une région où les veines sont nombreuses, il ne faut employer que des titres insuffisants pour donner très rapidement la forme sphérique aux leucocytes, et s'arrêter à ceux qui ne conduisent à ce résultat que lentement. En terminant, je tiens à ajouter : 1° Que si de nombreux auteurs, tels que Reclus, Magitot, etc., ont déjà signalé le danger des titres élevés, il me semble que jusqu'à mes recherches on n'avait pas donné le moyen de reconnaitre d'avance ceux qui sont dangereux et ceux qui sont inoffensifs ; 2° Qu'il me semble également que cette grande différence de danger pour les titres leucocyticides, entre les voies artérielle et portale d’une part, et la voie veineuse d’autre part, n'avait pas encore élé signalée. MÉCANISME DE LA MORT ACCIDENTELLE PAR LA COCAÏNE, par M. le D° E. MAUREL. Le D' Maurel, tenant compte : 1° Que la cocaïne à certains titres rend les leucocytes sphériques et rigides ; 2° Qu'en prenant cette forme, beaucoup d’entre eux acquièrent des diamètres qui dépassent le calibre de certains capillaires, et même de certains vaisseaux, et cela d'autant plus que ces derniers sont contractés sous l'influence de la cocaïne ; 3° Que les leucocytes ainsi devenus sphériques et rigides dans les veines ne peuvent être arrêtés que par les capillaires du poumon, les premiers qu ils rencontrent sur leur passage; : 4° Que seuls les titres capables de donner la forme sphérique aux leucocytes sont dangereux, tandis que les autres titres, même en aug- mentant de beaucoup la quantité de cocaïne, restent sans danger; 5° Que l’on peut produire une mort identique à celle de la cocaïne injectée dans les veines à un titre leucocyticide, en injectant dans ces vaisseaux une poudre inerte, comme celle de lycopode, et que l’on peut retrouver cette poudre dans les capillaires pulmonaires ; À été conduit à cette hypothèse que la mort dans ce cas est due aux leucocyles rendus sphériques, retenus dans les capillaires pulmonaires, 730 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et agissant seulement mécaniquement comme des corps inertes. La mort serait donc due à des embolies leucocytiques. Pour vérifier cette hypothèse, le D' Maurel : 1° À injecté la cocaïne même à un titre très leucocyticide dans le système artériel (fémorale, rénale, carotide primitive); et il a pu, par cette voie, injecter des quantités dix fois supérieures à celles qui, injec- tées dans les veines, sont mortelles, sans tuer l'animal; 2° [l a obtenu les mêmes résultats en pratiquant les mêmes injections dans le système porte. Dans ces deux cas, les leucocytes rigides ont été retenus soit par les capillaires des membres, du rein, de la masse encéphalique ou du foie, tandis que la cocaïne se mêlait à la totalité du sang et restait sans action. Il suffit donc de débarrasser le sang de ces leucocytes rigides, avant qu'ils arrivent dans le poumon, pour éviter tout danger. 3° Cette grande différence du danger des titres des solutions injectées dans les veines se retrouve pour les agents auxquels les leucocytes sont sensibles, comme la quinine, et, au contraire, n'existe pas pour ceux auxquels les leucocytes ne sont pas sensibles, comme le curare. 4 Il en est de même pour la différence entre la voie veineuse et la voie artérielle. Cette différence n’'exisle que pour les agents auxquels les leucocytes sont sensibles, comme la quinine. 5° Enfin, le D' Maurel a obtenu une preuve anatomique de son hypo- thèse. Il a pu retrouver les embolies leucocytiques dans le poumon de la grenouille ayant reçu la cocaïne par la veine cave supérieure. De toutes ces expériences, le D' Maurel conclut : que la mort acciden- telle produite par la cocaïne est due aux leucocytes rendus sphériques el rigides, arrétlés par les capillaires du poumon, et remplissant, dans ce cas, le rôle de véritables embolies. VARIABILITÉ DE L'ALEXINE DANS LES SÉRUMS PATHOLOGIQUES. EXISTENCE D'UNE SUBSTANCE ANTIHÉMOLYSANTE DANS LE SÉRUM HUMAIN, par MM. JEAN Camus et PAGNIEZ. * Nous avons étudié l’action exercée par un grand nombre de sérums humains sur les globules rouges de l'homme et sur ceux du lapin. Nous avons constaté que les sérums pathologiques se comportaient à l'égard des hématies de façons très différentes. C’est ainsi que nous avons vu beaucoup de sérums capables d’agglutiner les globules humains, et dans des cas très rares capables de les détruire (1). (1) J. Camus et Pagniez. Comptes rendus Société de Biologie, 2 mars 1901. Ascoli, Lo Monaco avaient déjà quelque temps auparavant observé les mêmes phénomènes. SÉANCE DU Ô JUILLET 731 Tous les sérums humains que nous avons étudiés ont toujours été globulicides pour les hématies du lapin. Ce qui nous semble intéressant, c'est que cette action est variable dans les maladies. Nous avons retrouvé ces variations avec plusieurs procédés, avec le sérum obtenu par ventouses scarifiées, comme avec celui qu’on recueille par la saignée. Nous les avons également retrouvées en employant non plus le sérum, mais le plasma. On sait que Rehns (1) a montré récem- ment que l'alexine est à l’état de liberté dans le sang circulant chez l'animal. Nous arrivons à la même conclusion pour l’homme. Avec une pipette graduée après piqüre de doigt, nous prélevons une quantité de sang toujours la même, afin d’avoir des résultats compa- rables. Ce sang dilué dans une petite quantité d'eau salée, suffisante pour empêcher la coagulation, est centrifugé aussitôt; on obtient ainsi en quelques minutes une dilution de plasma qu'on sépare des globules par décantation. C’est cette dilution obtenue dans des conditions identiques dans tous les cas que nous avons fait agir sur les globules de lapin. Quand nous avons opéré avec du sérum, nous nous sommes servis du procédé de Hamburger, que nous avions déjà utilisé pour les urines, en ayant soin d'opérer toujours avec du sérum frais. L’alexine disparaissant spontanément du sérum en quelques jours, nous croyons notre procédé basé-sur l'emploi du plasma plus précis pour ce genre de recherches. Les globules de lapin que nous avons employés étaient des globules lavés dans la solution salée à 9,5 p. 1000. Nous n'avons pas trouvé grand avantage à employer des globules sensibilisés au préalable par du sérum de cobaye chauffé, car les globules du lapin sont très sensibles à l’action de l’alexine humaine quand on emploie comme milieu de dilu- tion une solution salée légèrement hypotonique (7 p. 1000 de NaCI.) Quel que soit le procédé employé, on note de grandes variations dans le pouvoir hémolysant de différents sérums. Tandis que dans certains cas une goutte de sérum humain diluée dans 5 centimètres cubes d'eau salée suffit à détruire les hématies de lapin, ajoutées au mélange, dans d’autres cas on obtient à peine un commencement de diffusion avec einq ou six gouttes de sérum. Nous avons examiné le sérum d’une centaine d'individus environ, et nous ne sommes cependant pas arrivés encore à l'heure actuelle à éta- blir des catégories suivant l'intensité de l’hémolyse. Une idée se dégage de ces recherches, c’est qu'il faudrait voir dans ces différences bien plus l'expression d’une réaction individuelle que des variations liées à telle ou telle affection microbienne ou non. Dans ces questions d’hémolyse par les sérums, un autre facteur nous (1) Rehns. Soc. de biol., 23 mars 1901. 7132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE semble devoir jouer un rôle très important, et résiderait suivant nous dans la présence d’une substance protectrice existant dans le sérum à côté de l’alexine et capable de s'opposer dans une cerlaine mesure à son aclion. Nous avons répété plusieurs fois l'expérience suivante : on fait un mélange d’une quantilé donnée d'un sérum avec une quantité supé- rieure de sérum chauffé avant à 58 degrés (dans la proportion de 1 pour 8 ou plus), on laisse ce mélange au contact à l’étuve pendant une heure ou deux, et on constate qu'il n’y a plus d’hémolyse lorsqu'on ajoute de l’eau salée à 7 p. 1000 et des globules de lapin. Pour se convaincre que l'action antihémolysante est bien due à l'addition de sérum chauffé, on répète la même expérience en rempla- cant ce dernier par de l’eau salée à 9,5 p. 1000 : aucune action anti- hémolysante ne se manifeste. Mais, de même que nous avons vu l’alexiue varier avec les différents individus, nous avons constaté également la variabilité de cette substance protectrice qui dans certains sérums semble n'exister qu’à l’état de traces, alors que dans d'autres elle permet de réaliser l'expérience relatée ci-dessus. Ces faits nous sem- blent intéressants, car ils nous montrent la coexistence dans un même sérum de deux substances, l'une offensive, l’autre défensive, et ils doivent être rapprochés de ceux qui ont été rapportés par MM. Phisalix et Bertrand (1), qui ont montré dans le sang du hérisson, de la vipère, la coexistence de substances toxiques et antitoxiques. À PROPOS DE L'EXISTENCE, DANS UN SÉRUM SANGUIN, D'UNE ACTION ANTAGONISTE DE L'ACTION HÉMOLYTIQUE, par MM. L. Camus et E. GLey. 4 Les intéressantes observations de MM. Jean Camus et Pagniez nous donnent l’occasion de revenir sur un fait que nous avions constaté il y à quelques années (2), lors de nos recherches sur l’action hémolytique du sérum d’Anguille, et sur la production de l’immunité contre cette action. Nous avions vu un certain nombre de fois que ce sérum, dont nous avons montré l'extrême pouvoir globulicide, peut, après chauffage à 58 degrés pendant quinze ou trente minutes, devenir antiglobulicide. (1) Phisalix et Bertrand. Comptes rendus Société de Biologie. 1895 ; 2 août, 23 novembre. (2) L. Camus et E. Gley. Recherches sur l’action physiologique du sérum d'Anguille. Contribution à l'étude de l’immunilé naturelle et acquise (Arch. intern. de pharmacodynamie, V, 241-305, 1898). SÉANCE DU G JUILLET 133 Cette propriété cependant était toujours moins marquée que celle des animaux immunisés contre le sérum d’Anguille (1). Nous avions vu aussi quelquefois que le sérum d'Anguille chauffé peut s'opposer à l’action globulicide d’un autre sérum, celui de Chien par exemple, qui détruit très aisément les globules rouges du Lapin ou du Cobaye; 3 ou 4 gouttes de sérum d’Anguille chauffé empêchaient l’action destructive d'une goutte de sérum de Chien sur les globules rouges du Cobaye (une goutte de sang de Cobaye diluée dans 5 centimètres cubes NaCI à 0.66 p. 400). Mais, d’autres fois et plus souvent, nous n'avions pas retrouvé cette action antiglobulicide du sérum d’Anguille chauffé. Et, d’autre part, nous avions constaté que d’autres sérums globulicides, celui de Chien, celui de Hérisson, chauffés à 58 degrés pendant quinze minutes, tout en perdant par cette opération leur pouvoir hémolylique, sur les globules du Lapin ou du Cobaye par exemple, ne manifestaient non plus aucune propriété antiglobulicide. Ce sont ces faits négatifs qui nous avaient amenés à conclure que dans un sérum hémolytique, à côté de la toxine, il ne préexiste pas d'antitoxine que ferait apparaître le chauffage (2). Les observations de MM. Jean Camus et Pagniez montrent que cette conclusion était sans doute trop absolue et nous engagent à remettre en lumière les quelques faits positifs que nous avions obtenus avec le sérum d'Anguille. On peut se demander si ces résultats contradictoires ne déposeraient pas en faveur de la thèse de la variation, dans le sang, des alexines et de leurs antagonistes, à l’état normal comme à l’état pathologique, suivant les animaux. (4) La question se posait, dans ce cas, de savoir comment il se fait que le : sérum d'Anguille chauffé devienne antiglobulicide. L'action ménagée de la chaleur donnerait-elle naissance à une transformation de la substance toxique (globulicide) en substance antitoxique, ou bien préexisterait-il à côté de la substance toxique une antitoxine ? C’est ici qu'il importerait de rappeler cette constatation que nous avons faite, à savoir que le sérum de Chien chauffé n’acquiert pas de propriété antiglobulicide ; aux doses où nous l’avons employé, de 2 à4 et même 8 gouttes pour 1 goutte de sérum non chauffé, il n’empêchait pas ce dernier de détruire les globules rouges du Cobaye. Or, comme l’action globulicide du sérum normal de Chien est exactement la même, à l'intensité près, que celle du sérum d’Anguille, puisque la chaleur n’exerce pas la même influence sur le premier que sur le second, c’est apparemment qu'elle ne provoque pas dans celui-ci l'apparition de la propriété antiglobulicide par une modification de la propriété globulicide. On est ainsi conduit à penser qu’à côté de cette dernière préexiste la première; mais normalement l’action antiglo- bulicide est masquée par l’action globulicide, si puissante ; celle-ci abolie par la chaleur, l’autre peut se manifester. La chaleur, en effet, n’altère aucune- ment la propriété antiglobulicide d'un sérum, soit naturelle, soit acquise (par limmunisation). (2) Loc. cit. Biozocre. Compres RENDUS, — 1901, T, LIII, © =+ 7134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE AU SUJET D'UNE SENSIBILISATRICE DANS LE SÉRUM DES TUBERCULEUX, par MM. JEAN Camus et P. PAGNIEz. Les données que nous avons exposées sur la présence d’une subs- tance protectrice existant dans le sérum humain à côté de l’alexine trouvent leur application dans une question d’un grand intérêt: celle de l'existence d'une sensibilisatrice apparaissant au cours de certaines maladies. MM. Bordet et Gengou ont vu son existence dans le sérum des typhiques, et MM. Widal et Le Sourd, dans une étude des plus inté- ressantes, ont montré que la réaction de fixalion de Bordet s'obtenait aussi avec les bacilles morts. Dans la dernière séance de la Société médi- cale des hôpitaux, hier même, les mêmes auteurs annoncaient l'existence d’une sensibilisatrice dans le sérum des tuberculeux. De notre côté, nous poursuivions des recherches analogues en nous plaçant à un point de vue différent. Nous avons recherché si la tuber- culine additionnée de sérum tuberculeux chauffé était capable de fixer l’alexine d'un sérum humain. On voit ainsi que nous nous adres- sions non plus aux microbes, mais à leurs produits. | Dans la plupart des sérums de phtisiques que nous avons examinés, nous avons cru constater l'existence d’une sensibilisatrice ou nous avons vu tout au moins la disparition de l’alexine en recherchant sa présence avec des globules sensibilisés de lapin. Mais nous n'avons pas réussi à mettre ce phénomène en évidence dans tous les cas, et le sérum de quelques individus qui, cliniquement, n'étaient pas tubereuleux, señh- blait également contenir une sensibilisatrice. On comprend, d’ailleurs, combien les conclusions sont difficiles en pareil cas, car un individu d'apparence normale peut être porteur d'un minime foyer à son début ou déjà guéri. Cependant, la discordance des phénomènes que nous avons observés, et qui nous interdisait toute conclusion, nous a poussés à éludier de plus près l’action exercée par l'addition simple d’un sérum chauffé à un sérum non chauffé (1). M. Wipaz. — Les faits intéressants qui viennent de nous être rappor- tés sont à rapprocher de ceux que j'ai communiqués hier avec M. Le Sourd à la Société des Hôpitaux. Nous avons vu que l’on pouvait dans le sérum de sujets infectés de tuberculose déceler une sensibilisatrice spé- cifique, au moyen du procédé de firation que Bordet a découvert pour le bacille typhique et d’autres microbes. (1) Nous nous sommes servis pour ces recherches, de tuberculine précipitée par l'alcool absolu et desséchée de manière à éviter complètement les actions hémolysantes qui seraient dues à des produits étrangers (glycérine ou autre). SÉANCE DU G JUILLET 735 Le bacille tuberculeux se développe, on le sait, sur les milieux ordi- naires en formant des écailles ou des voiles qui s'opposent à sa dissocia- tion. Pour obvier à cet inconvénient, nous avons fait usage d’une cul- ture rendue homogène par le procédé d'Arloing et Courmont. Pour nous débarrasser de la glycérine et des différentes substances hémolysantes contenues dans le bouillon, nous centrifugeons la culture, en tube effilé, pendant quinze à vingt heures, à la turbine à eau. Nous décantons ensuite et nous délayons le culot formé par les bacilles dans une solution de chlorure de sodium à 7 p. 1000, de manière à obtenir une solution homogène et épaisse. La sensibilisatrice s’observe presque constamment dans le sérum des phtisiques ; nous l'avons trouvée dans un cas de granulie et dans un cas de tuberculose pulmonaire à la période d’induration,; cette sensibi- lisatrice ne se rencontre que rarement chez les sujets ne présentant pas les signes extérieurs de la tuberculose. Nous avons constaté enfin que la réaction de fixation n’était pas due à une propriété vitale du bacille tuberculeux, parce qu’elle s’observait encore pour les bacilles tués par la chaleur, mais avec moins de netleté et moins de régularité, il est vrai, qu'avec les bacilles vivants. NOTE SUR LA PONTE ET SUR LA DURÉE DE L'INCUBATION DES ŒUFS DE PÉRRUCUE ONDULÉE (Welopsittacus undulatus Sh.). Note de MM. F. Tourneux et J.-P. TouRNEUXx, présentée par M. RETTERER. Grâce à l’obligeance d’un éleveur d’oiseaux bien connu de Toulouse, M. Bastide, auquel nous sommes heureux de pouvoir adresser publique- ment nos remerciements, nous avons été à même de surveiller la ponte des œufs de perruche ondulée, et de préciser la durée de l’incubation. L'année dernière, au commencement du mois d'octobre, M. Bastide voulut bien mettre à notre disposition une centaine de paniers de ponte. Chacun de ces paniers, numéroté, fut inspecté au début deux fois par jour, le matin de 8 à 9 heures, et l'après-midi de 3 à 4 heures. Dans la suite, comme la ponte n'avait lieu que pendant la journée, la visite du matin, reconnue infructueuse, fut abandonnée. Chaque œuf pondu fut régulièrement inscrit sur un registre, et la date de la ponte marquée à l'encre de Chine sur la coquille. Nous pümes ainsi, en prélevant des œufs à des époques déterminées, amasser de nombreux matériaux en vue d’une étude générale sur le développement de la perruche. Nous ne nous occuperons dans cette note que de la ponte et de la durée de l’in- cubation. Comme nous l'avons dit plus haut, la ponte a lieu pendant la journée, 736 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de 9 heures du matin à 4 heures du soir, et exceptionnellement en dehors de cette période. Les œufs, pondus régulièrement de deux en deux jours, sont au nombre de 3, 4, 5, 6 et 7 pour chaque nid, en général au nombre de 5. La durée de l’incubaton, que nous avons pu contrôler sur un grand nombre d'œufs, varie de 15 à 21 jours, mais se trouve habi- tuellement comprise entre 17 et 19 jours, comme l'indique le tableau suivant : Durée de l’incubation. 10" JOUES A: MERE. | RE AOTS AG RNA er LT LIEU te AT RU ECS 5 5. NA IORRSS Re En à Co VON PE CL ANR ST Te LE O0 ce SON ME Ne OLD) — DONNE Re Re sert 3 — Ces données concordent sensiblement avec les indications fournies par les éleveurs et par Braun (1882), d’après lesquelles la durée de l’in- cubation serait de 18 à 20 jours. La sortie du nid, pour les jeunes perruches, s’effectae au bout de 35 à 37 jours après 1 éclosion : AU DoOUt 0e 35 HOUTS NE TENNIS L fois — À NT A EE lee à) «— — 91 —— 1 Nous nous sommes également préoccupés de déterminer la durée.des intervalles séparant deux pontes successives. Cette durée, dans nos observations, a varié suivant une large mesure, de 7 à 49 Jours. Il con- vient d'ajouter que les œufs de la première ponte n’ont pas tous élé enlevés aussitôt pondus, et que par suite le temps variable de- l'incuba- lion d’un couple à l’autre a pu influer sur la reponte. DEUXIÈME NOTE SUR LA VARIOLE EXPÉRIMENTALE DU LAPIN, par MM. H. Rocer et ÉmiLe WEIL. En poursuivant l'étude expérimentale de la variole, nous nous sommes heurtés à des difficultés inattendues qui ont momentanément arrêté les recherches complémentaires que nous voulions entreprendre. Dans nos premières séries d'expériences (1), tous les lapins que nous (1) Roger et Weil. Inoculabilité de la variole humaine au lapin. Soc. de Bio- logie, 10 novembre 1900. Recherches microbiologiques sur la variole. Ibid., 17 novembre 1900. —— SÉANGE DU 6 JUILLET 7137 avions inoculés avec du pus variolique avaient suecombé. Nos inocula- tions ultérieures nous ont donné des résultats bien moins constants. C'est ainsi que sur 16 lapins, mis en expérience au mois de décembre dernier, 5 ont succombé du 5° au 10° jour, 2 du 41° au 20° jour, 4 du 21° au 40°. Les 5 derniers ont résisté. La variabilité des résultats dépend, pour une part, de la variabilité de la virulence. Certains échantillons de pus variolique sont plus actifs que d’autres. Mais la véritable cause doit être cherchée dans la varia- bilité que présente, suivant une foule de circonstances, la résistance des animaux ; en tête des causes qui modifient la réceptivité, nous plaçons l'influence du régime alimentaire. Quand les animaux sont abondam- ment nourris, ils résistent fréquemment, ou périssent au bout d'un temps assez long. Quand, au contraire, on les soumet à une ration d'entretien, la mort est la terminaison constante, et survient générale- ment fort vite. Voici, par exemple, une de nos séries expérimentales. Elle porte sur 8 lapins. 4 d’entre eux reçoivent une nourriture surabondante. L'un, conservé comme témoin, a augmenté assez régulièrement de poids; au bout de sept semaines, il pèse 570 grammes de plus qu'au début de l'expérience; il a gagné, en moyenne, 11 gr. 6 par jour. Deux animaux inoculés survivent; après quelques oscillations de poids, ils engraissent et ont gagné, au bout du même temps, l’un 7,3, l’autre 5,3 par jour. Le quatrième lapin succombe au 35° jour. Le poids est tombé de 1.695 à 1.280 grammes; il a perdu, par jour, 9 grammes. Le deuxième lot comprend 4 lapins soumis à un régime d'entretien. Le témoin a légèrement oscillé de poids et, au bout de sept semaines, il a gagné 65 grammes, soit À gr. 5 par jour. Les 3 autres lapins ont succombé; le premier au bout de vingt jours, perdant, par jour, en moyenne, 27 gr. 2; le deuxième meurt le 12° jour avec une perte quo- tidienne de 51,2, et le troisième en sept jours avec une perte de 55,7. Ces résultats expliquent bien des faits contradictoires et, en tout cas, nous donnent un moyen assez simple de triompher de la résistance du lapin contre la variole. È Nous avions dit, dans notre précédent travail, que le sang des ani- maux inoculés de variole est virulent, et qu'il peut servir à faire des inoculations en série, et à pratiquer des cultures, suivant les méthodes déjà utilisées par M. Bosc et par M. Lignières. Or, le sang n'est pas toujours fertile, le parasite ne s’y trouve que pendant un temps assez court; il faut multiplier les expériences pour en avoir une positive. Cependant, les fails négatifs ne sont pas sans intérêt, car ils nous ont conduits à une constatation qui à son impor- tance. Qu'on recueille du sang d’un lapin inoculé et qu'on l’examine au microscope, après l'avoir fait séjourner quarante-huit heures à l’étuve. Si l’on n'y voit les petits éléments particuliers que nous avons décrits 7138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE comme caractéristiques de la variole, on est certain que le sang ne sera pas virulent. Si, au contraire, on en décèle un certain nombre, on peut affirmer, presque à coup sûr, que les animaux inoculés périront. Cest ainsi que, depuis le 1°" décembre dernier, nous avons fait six tentatives de culture. Cinq ont été négatives : le sang ne renfermait pas de cor- puscules, et ne se montra pas virulent. La sixième expérience, au con- traire, nous a donné des résultats positifs. Nous avons pu faire des inoculations en série, et nous avons obtenu des cultures qui se sont montrées virulentes. Sept animaux ont succombé dans cette expérience. Chez tous nous avons constaté un symptôme qui s’observe assez rare- ment dans la variole expérimentale du lapin : c'est le développement d'une éruption, qui se réduit parfois à trois ou quatre éléments siégeant au pourtour du point inoculé, qui se traduit parfois par une poussée de quinze à vingt papules disséminées sur la nuque et les flancs. Cette éruption établit une analogie intéressante avec la AE humaine ; mais elle ne présente pas exactement les mêmes caractères. Les papules sont peu nombreuses, fort petites, el'ne tardent pas à se recouvrir d’une croûtelle; elles se dessèchent sans se remplir de pus. Or, la même évolution s’observe dans une forme de la variole humaine, que nous avons essayé d'individualiser, c'est-à-dire dans la variole des nouveau-nés (1). Chez la plupart des enfants issus de mères atteintes de variole qui succombent à la maladie, l’éruption peut faire défaut; quand elle se produit, tantôt elle est analogue à celle de l'adulte, tantôt et plus souvent elle est semblable à celle du lapin : on voit se déve- lopper de petites papules irrégulièrement distribuées, qui se dessèchent sans se remplir de pus. ‘# Ainsi, les expériences que nous rapportons aujourd'hui confirment, en les précisant, nos résultats antérieurs ; elles éclairent certaines ques- tions de déterminisme qui étaient restées obscures. Il était indispen- pensable d'exposer ces recherches complémentaires avant de faire connaître les faits dont nous poursuivons actuellement l'étude. VALEUR COMPARÉE DES INJECTIONS DE COCAÏNE SOUS-ARACHNOÏDIENNES ET ÉPIDURALES DANS LE TRAITEMENT DE LA SCIATIQUE, par MM. Lér: et Du PAsQuIER. Nous avons recherché la valeur comparée des méthodes d'injections de cocaïne sous-arachnoïdiennes et épidurales dans huit cas de sciatiques, toutes névritiques. Nous n'avons voulu employer dans chaque cas qu'une dose minime qui paraissait devoir nous mettre à l'abri d'accidents (1) Roger. Variole des nouveau-nés, Société médicale des hôpitaux, 29 mars 1901, è SÉANCE DU 6 JUILLET 739 toxiques (5 milligrammes uniformément pour l'injection intra-arachnoï- dienne, 1 à 2 centigrammes pour l'injection épidurale). Malgré cette dose faible, l'injection intra-arachnoïdienne nous a donné dans deux cas sur six des accidents toxiques, céphalées, vomissements, fièvre, assez persistants pour nous avoir engagé à suspendre l'emploi de la voie sous- arachnoïdienne pour le lraitement des affections médicales des mem- bres inférieurs ; une analgésie complète survenue chez l’un de ces deux malades à la suite d’une injection épidurale de 1 centigramme seule- ment nous à fait penser qu'il existait chez chaque sujet un parallélisme entre le pouvoir thérapeutique el le pouvoir toxique de la cocaïne. Nos quatre autres cas d'injection sous-arachnoïdienne à dose minime nous ont donné deux insuccès presque complets, et deux succès; l’un des malades traités avec insuccès par la dose de 5 milligrammes a présenté, après injection de 1 centigramme, des céphalées, des vomissements et de l'incontinence des sphincters sans soulagement plus notable de sa sciatique. Des deux malades traités avec succès, l’un est sorti le jour même, l'autre seul ést sorti véritablement guéri quinze jours après une seconde injection pratiquée dix jours après la première. Deux malades traités exclusivement par la voie épidurale paraissent guéris,. l'un quinze jours après deux injections de 2 centigrammes, l’autre trois semaines après trois injections de À centigramme. Nous avons pratiqué en outre l'injection épidurale concurremment à la sous- arachnoïdienne dans trois cas de sciatiques, et isolément dans bon nombre d’autres affections douloureuses des membres inférieurs et du bassin; dans aucun cas nous n’avons eu le moindre accident ni incident. Nous concluons donc que, si le pouvoir thérapeutique de l'injection sous-arachnoïdienne est peut-être supérieur, elle présente cependant des inconvénients assez sérieux, même à dose minime, pour ne devoir êlre employée qu'avec prudence dans les affections médicales, et après échec de la voie épidurale. Celle-ci est sans inconvénient; 1 centi- gramme suffit généralement, dissous dans 1 centimètre cube d’eau; une solution plus faible que la solution à 1 p. 100 nous à paru donner de moins bons résultats; l'effet rapide, presque immédiat, durable et localisé, d’une quantité aussi minime d’alcaloïde et de dissolvant, nous a semblé s'expliquer plutôt par une action directe de la cocaïne sur les nerfs, que par une absorption veineuse. L'injection épidurale est la méthode de choix pour les névralgies ; elle réussira d'autant mieux dans les névrites, que celles-ci seront de date plus récente. M. Wipaz. — Je m'associe pleinement aux conclusions de MM. du Pas- Ï quier et Léri. J'ai déjà signalé à la Société médicale des Hôpitaux 28 juin 1901) tout l'avantage au point de vue médical de la méthode de J 5 Ï Sicard. L'injection intra-arachnoïdienne doit être réservée à l’analgésie J £ chirurgicale, puisqu'elle seule peut empêcher la douleur au couteau, 740 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L’injection épidurale, par contre, doit seule être réservée aux douleurs spontanées. Elle peut être répétée impunément, et les malades la réclament souvent eux-mêmes. Elle n’impose pas l'alitement même pour quelques heures; elle n’entraîne ni fièvre, ni nausées, ni vomissements; la céphalée est exceptionnelle. SUR LE RÔLE DU PNEUMOGASTRIQUE COMME RÉGULATEUR DE LA TEMPÉRATURE DU CORPS (A PROPOS D'UNE NOTE DE M. DE TARCHANOFF), par M. E. Couvreur. M. de Tarchanoff, dans une note récente à la Société de Biologie (1), a constaté que, quand on a coupé la moelle à un canard au-dessous de la 4° vertèbre cervicale, ce qui occasionne un refroidissement graduel amenant la mort, le refroidissement est accéléré quand on sectionne simultanément les pneumogastriques au cou. Il attribue cette accéléra- tion : 1° En majorité à l'accélération cardiaque qui favorise la circulation périphérique dans les capillaires dilatés par la section de la moelle; 2° À la suppression de filets sécréteurs pour l'estomac et le pancréas. Nous ne pensons pas que cette interprétation soit exacte. En effet : 4° Chez les oiseaux, la section des pneumogastriques au cou n’accé- lère pas les mouvements du cœur, le nerf n'exerçant pas de tonus modérateur, comme nous l’avons montré il y a déjà longtemps (2); 2% La section des pneumogastriques au-dessous du diaphragme n’amène pas d'accélération dans le refroidissement, comme le prouvent les expériences suivantes (l’animal est refroidi par un courant d’eau pour éviter les complications dues à la section de la moelle, et les expé- riences sont faites comparativement sur le même animal): ; A. — {1° Un canard, de tempéralure rectale de 4198, est plongé jus- qu'au cou pendant 4 h. 15 m. dans un courant d’eau à 11°4 (débit, 10 litres par minute). Sa température est alors de 36 degrés, soit une baisse de 5°8; 2° Quelques jours après, le même canard (température, 41°4), dont on coupe les pneumogastriques au niveau du cardia, est laissé le même temps dans un courant d’eau de même débit et de température sensi- blement égale (1193). Sa température est alors de 37 degrés, soit une baisse de 4°4. À B. — 1° Lapin, température 38°5, laissé un quart d'heure dans un courant d’eau à 145. Température finale : 31°%5. Baisse : 7 degrés; (1) Rôle important du pneumogastrique, etc., Comptes rendus de la Société de Biologie, 18 janvier 1901. (2) Pneumogastrique chez les oiseaux. Thèse, Paris, 1892. SÉANCE DU 6 JUILLET 741 2° Même lapin, température, 38°2, pneumogastriques coupés au-des- sous du diaphragme, laissé le même temps dans un courant d’eau à 1493. Température finale : 31°2. Baisse : 7 degrés. C. — 1° Lapin, température 398, laissé une demi-heure dans un cou- rant d’eau à 22 degrés. Température finale : 29°7. Baisse : 10°1; 2° Même lapin, température 38°2, pneumogastriques coupés au-des- sous du diaphragme ; même laps de temps, même température de l’eau. Température finale : 29°4. Baisse : 8°8. Corroborant ces expériences, nous pouvons ajouter le fait signalé par M. le professeur R. Dubois (1), à savoir que la section des pneumogas- triques au-dessous du diaphragme ne ralentit nullement et même accé- lère légèrement le réchauffement d'une marmotte endormie. Pour nous, l'accélération dans le refroidissement, constatée par M. de Tarchanoff, après section des pneumogastriques au cou, est due simple- ment aux troubles respiratoires très marqués qui suivent immédiale- ment la double section. Quant aux différences qu’il signale chez les animaux atropinisés et curarisés, au point de vue du ralentissement du refroidissement par l'excitation du bout périphérique du vague, elles ne semblent pas, d’après l’auteur lui-même, bien constantes. En tout cas, si elles étaient bien prouvées, il faudrait, étant donné nos expériences, en chercher une autre explication. (Laboratoire de Physiologie générale et comparée de Lyon.) ACTION DE LA PRESSION SUR LA COMPOSITION DU SANG, par MM. Doyon et Moxer. Il est démontré que la diminution de la tension de l'oxygène dans le sang provoque l'augmentation du nombre des globules rouges et de la quantité d'hémoglobine. Nous avons cherché à déterminer les modifiea- tions qui surviennent, dans les conditions inverses, lorsque la tension de l'oxygène augmente dans le sang. Nos expériences ont été faites sur le lapin. Deux lapins (n° 1 et 2) ont été maintenus pendant vingt et un jours dans la chambre de travail d’un caisson utilisé pour fonder les piles d’un pont dans le Rhône. On a déterminé chez ces animaux : la densité du sang, la quantité d'hémoglo- bine (hématoscope de Hénocque); la teneur en fer (procédé de Lapicque); le nombre et le diamètre des globules rouges. Les déterminations ont été faites : avant l'expérience : une première fois quinze jours avant, une seconde fois le jour même où les animaux ont été mis dans le caisson ; après l’expérience : une première fois le jour même de la sortie, (1) Physiologie comparée de la marmotte, Ann. Univ., Lyon, 1896. 149 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une seconde fois dix jours après. Pendant leur séjour dans le caisson, les animaux ont été soumis à une pression croissant graduellement d'une atmosphère plus 505 grammes, à une atmosphère plus 4118 grammes par centimètre carré. Le lapin Lémoin soumis au même régime alimen- taire a été maintenu à la cave dans une demi obscurité. LE JOUR QUINZE JOURS même LE JOUR. 10 Jours avant. de la mise de la sortie. après. en calsson. Norabede N° 5.363.000 5.239.000 3.115.000 5.487.000 globules. N°2? 5.053.000 5.301.000 3.239.000 5.394.060 Témoin. 5.146.000 5.394.000 5.301.000 5.239.000 Diamètre D à à Se Se des globules. res : à sie se Témot » » 59 5p9 Quantité No 14 14 13 13,5 d'hémoglobine ) N° 2. 13,5 1325 13 13 p. 100. Témoin. 13,5 1555 13,5 43,5 one NO 0,33 0,33 0,33. 0,34 de fer p. 100. ee De ne QE i Témoin. 0,31 0,31 052 » Densité à < 1062 1062 1062 1062 du sang os 1059 1057 1059 1061 à 15 degrés. nue 1060 1057 1057 1057 Conclusion. — Sous l'influence d’un séjour de vingt et un jours dans l'air comprimé, le nombre des globules a diminué de plus d'un tiers. Cette modification a disparu lorsque la pression est redevenue normale. (Fravail du laboratoire du professeur Morat.) SUR LA PRÉSENCE DE FORMATIONS ERGASTOPLASMIQUES DANS LES GLANDES SALIVAIRES DES OPHIDIENS, par M. L. Launoy. Chez les reptiles, l'existence de filaments basaux n’a pas encore élé signalée dans les glandes salivaires ou venimeuses en voie de sécrétion: il faut pourtant, à cet égard, mentionner un travail récent de West, dans lequel cet auteur, étudiant les cellules du canal de la glande à venin chez les Opisthoglyphes, y reconnaît la présence d'un protoplasme Le condensé, fixant les matières AOIGEmICE, et englobant le noyau à s base (1). (1) G.-S. West. On the buccal glands and teeth of certain POI ONQUE snakes, in Proc. Zool. Soc. London, 1er: ps 813. cu SÉANCE DU 6 JUILLET 743 J'ai recherché et mis en évidence l’ergastoplasme dans les cellules des glandes labiale supérieure et sous-lingquales des couleuvres Zamenis viridi- flavus et Tropidonotus viperinus soumises pendant dix minutes à l’action de la pilocarpine. | Dans ces conditions, voici ce qu'on observe : tandis que, dans une cellule au repos, gorgée de sécrétion, le noyau est petit, ovalaire et intimement accolé à la membrane basale, dans une cellule en activité on constate tout d'abord la forme régulièrement sphérique du noyau, son augmentation de volume, et, suivant les stades, son éloignement plus ou moins accentué de la basale. À ces positions différentes du noyau correspondent des aspects diffé- rents des formations ergastoplasmiques. 1° La cellule entre en activité. — Le noyau, très légèrement soulevé au- dessus de la basale, repose sur une masse de cytoplasme fortement basophile, réduite en certains cas à une grosse granulation tangentielle à la membrane nucléaire par un de ses points; en d’autres cas, le pôle inférieur tout entier du noyau est coiffé d’une calotte d’ergastoplasme, irrégulièrement épaisse, parfois hémisphérique, dans laquelle aucun élément filamenteux ne peut être distingué; ailleurs, à une seule ou à ses deux extrémités, la masse se résout en un pinceau de filaments ; si la coupe est oblique, les formations ergastoplasmiques prennent alors l'aspect de deux cônes situés aux extrémités d'un même diamètre ou de diamètres différents et ayant pour base un segment du noyau. 2° La cellule est à son maximum d'activité. — Le noyau est éloigné de Ja basale jusqu'à occuper le tiers antérieur de la cellule; entre la basale et le noyau, l’ergastoplasme constitue un ou plusieurs faisceaux de filä- ments, tantôt parallèles et rectilignes, tantôt légèrement flexueux et enchevêtrés sans direction; à un stade plus avancé, on constate alors souvent plusieurs noyaux dans une même cellule ; l’ergastoplasme n'est plus représenté que par quelques stries concentriques; bientôt après, ces résidus eux-mêmes se fragmentent et disparaissent. À côté des formations basales, et indépendantes de celles-ci, il faut noter l'existence constante de ménisques et de granulations chroma- tiques, tantôl en rapport direct avec la membrane nucléaire, tantôt extra-nucléaires; ces formations persistent après l'ergastoplasme. Dans cette étude, j'ai suivi la technique suivante: les animaux étaient sacrifiés par section brusque de la tête, et les glandes fixées aussitôt dans le liquide de Bouin ou dans le sublimé acétique ; j'ai employé comme colorants nucléaires le bleu de Unna, le bleu de toluidine et l'hémato- xyline d’Heidenhain, (Travail du laboratoire d'Anatomie comparée du Muséum. 744 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE BACTÉRIOLOGIQUE SUR LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DES PARALYTIQUES GÉNÉRAUX, par M. LAIGNEL-LAVASTINE, Nous avons profité des ponctions lombaires que nous avons faites en vue de l’examen cytologique (1) pour rechercher si, chez le paralytique général vivant, on trouvait dans le liquide céphalo-rachidien les micro- organismes que différents auleurs, M. Klippel (2) en France, MM. Mon- tesano et Montessori (3) en Italie, y ont signalés quelques instants après la mort. Notre technique fut la suivante : lavage de la région lombaire à l’eau de savon chaude, au permanganate de potasse et au bisulfite de soude, à l'éther, au sublimé à 1/1000, enfin à l'alcool. Ponction à l'aiguille stérilisée par une ébullition dans l’eau carbonatée pendant un quart d'heure, les mains ayant été stérilisées par les lavages succes- sifs classiques à l’eau savonneuse chaude, permanganate, bisulfite et sublimé. La ponction faite, on laissait écouler les deux ou trois premières goutles de liquide céphalo-rachidien, puis on recueillait le liquide directement dans un tube de verre stérilisé au four à flamber, et dont l'orifice, débouché au moment même du besoin et passé dans la flamme d'une lampe à alcool, était immédiatement placé obliquement le plus près possible de l’aiguille. Le liquide recueilli était ensemencé largement. On mettait 10 gouttes dans un tube de gélose inclinée, un centimètre cube dans un tube de bouillon et un centimètre cube dans un tube de Liborius à la gélose glucosée de Veillon. On portait à l’étuve à 37 degrés. Aucun des tubes n’a été jeté avant le cinquième jour. ; Les résultats obtenus ont été les suivants : 1) Chez quarante et un des cinquante-trois paralytiques généraux exa- minés, toutes les cultures ont été absolument stériles, et plusieurs de ces malades ont été ponclionnés deux fois. 2) Chez deux malades, deux fois ponctionnés, un seul tube, sur les trois ensemencés dans chaque cas, a poussé. Chez l’un, une première ponction a donné dans un tube une colonie de staphylocoque blanc, et une seconde n'a rien donné. Chez l’autre, une première ponclion na rien donné, et une seconde un tube de colibacille (1) Laignel-Lavastine. Soc. méd. des hôp., juin 1901. (2) Klippel. Des infections microbiennes secondaires dans les maladies mentales, Ann. de Psych., 11 décembre 1891. (3) Montesano et Montessori. Bactériologie du liquide céphalo-rachidien des déments paralytiques, Rivista quindic. di psicol., psich., neurop., vol. I, fasc. 15, LCÛCIE SÉANCE DU 6 JUILLET 745 3° Dans 8 cas, un seul tube sur trois a poussé, donnant : Deux fois du staphylocoque doré. Une fois du séreptocoque. Une fois du colibacille. Trois fois du subtili. Une fois un gros coccus qui ne poussa que dans un des deux tubes de gélose glucosée ensemencés, et qui ne fut pas retrouvé. 4) Enfin, dans deux cas, deux des trois tubes ensemencés poussèrent. Dans un cas, il poussa sur gélose inclinée du sfaphylocoque blanc et dans la zone de l’anaérobiose de la gélose glucosée une petite papule formée de bâtonnets trapus à bouts arrondis, ne prenant pas le Gram. Dans le second cas, sur gélose inclinée et dans le bouillon, poussa le staphylocoque doré. L'interprétation de ces faits nous semble évidente : le liquide céphalo- rachidien des paralytiques généraux ne contient pas pendant la vie de microorganismes poussant sur les milieur usuels aérobies ou anaérobies. En effet, les microbes qui ont poussé dans nos 12 cas étaient avant tout des microbes banaux : subtilis, staphylocoque, streptocoque, coli- bacille, et le fait qu’une seule cullure dans l’ensemencement d'une prise a poussé en indique nettement l’origine exogène, par erreur de technique pendant les manipulations, la difficulté étant grande de recueillir, chez les aliénés, d’une façon sûrement aseptique, le liquide céphalo-rachidien à la sortie de l'aiguille. La même interprétation s’ap- plique aux deux cas où deux tubes sur trois ont poussé. On pourrait à la rigueur arguer en faveur d’une origine endogène la culture de sta- phylocoque blanc simultanément obtenue sur bouillon et sur gélose dans le dernier cas que nous avons rapporté. Mais là justement 1l y a eu un retard de quarante-huit heures entre la prise du liquide et l’en- semencement, de sorte que cet argument en faveur de l'origine endo- gène tombe de lui-même, Ainsi donc, et après critique des faits observés, le liquide céphalo- rachidien des paralyliques généraux nous est apparu stérile à toutes les périodes de la maladie. En effet, ce n’est pas seulement pendant les périodes de calme ou de rémission apparente, mais c’est pendant les ictus, les crises d’agilation, de délire, les accès fébriles, les complications purulentes, phlegmons, escarres, et même dans le subcoma pré-agonique, vingt-quatre heures avant la mort, que nous avons toujours trouvé stérile le liquide céphalo-rachien des paralytiques généraux. Aussi, - pensons-nous qu'il faut rapporter à des infections organiques ou cada- vériques précoces les faits signalés par MM. Klippel, Montesano et Monlessori. (Travail du laboratoire de M. le professeur Landouzy.) 7146 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE SÉRO-DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE, e par le D' G. CARRIÈRE (de Lille). Depuis la première communication dans laquelle Arloing et P. Cour- mont ont annoncé l'existence d’un pouvoir agglutinant dans le sérum sanguin des tuberculeux, plusieurs travaux ont été publiés sur cette question. | Les auteurs ont d'abord confirmé leurs résultats et perfectionné leur méthode : Ferré, Mongour, Buard, Rothanul, Mosny, Bendix, Feitu sont venus apporter les résultats de leurs recherches sur ce sujet en confirmant les conclusions d’Antony et P. Courmont. Depuis 1898 j'étudie la méthode et ce sont les résultats de mes tra- vaux que je désire aujourd'hui communiquer à la Société de Biologie. Je les consigne dans le tableau ci-après : I EIRE I NE IEEE EE = POSITIF » Es DÉSIGNATION DES CAS SU RE nl | - = SIGNATIO! AS = 4 £ 6 Ter al L'NSESSRSE A Gi) 10 15 20 5 CS Tuberculeux 1"e période : — diagnostiqués par ensemble DESISIENE SEP RENE 20 13 8 5 2 13 7 — vérifiés par évolution ulté- “4 PURE. 5 010.9 à 0,0 0 0.9 45 11 7 3 1 11 k Tuberculeux, 2° période . . . .| 20 15 10 8 4 15 ER Tuberculeux, 3° PÉROUE ES 8 3 1 1 BCE Granulie Me Er 4) 2210 2 » » » 2. 8 Tuberculose galopante . . . . . 8 2 0 » » 2 6 Candidats à la tuberculose de souche tuberculeuse . . . . .| 40 5 » » » 5 5 Sujets atteints d'aflections diver- ses. Non tuberculeux, tubercu- leux à l'autopsie. . . . . . . 20 15 10 1 4 15 5 Sujets sains en apparence . . .| 10 2 » » | » 0) | 8 $ Les conclusions de mes recherches se résument ainsi : 1° La méthode est d’une pratique difficile, elle demande une certaine éducation qu'on peut aisément acquérir. 2° Elle est absolument inoffensive pour les malades. 3° Elle donne chez l'enfant les mêmes résultats que chez l'adulte. 4° Lille est très sensible. SÉANCE DU 6 JUILLET 141 5° Elle a une grande valeur surtout lorsqu'on l’emploie consécutive- ment aux autres recherches cliniques ou de laboratoire. Chez les sujets sains en apparence, l’agglutination ne se produit que dans 20 p. 100 des cas. Encore doit-on admettre que dans ces 20 p. 100 il y a peut-être des tuberculeux méconnus. Chez les candidats à la tuberculose présentant des attributs clas- siques de cet état, issus de souche tuberculeuse, l’agglutination existe dans 50 p. 100 des cas chez les sujets atteints d’affections diverses, mais qui pendant la vie n'avaient pas été reconnus tuberculeux, alors qu’en réalité, à l’autopsie, on eut la preuve du contraire; l’agglutination fut positive dans 75 p, 100 cas. Dans les tuberculoses à marche rapide et graves d'emblée, l’aggluti- oation n'existe que dans 22 p. 100 des cas. Chez les sujets qui soigneusement étudiés devaient être considérés comme tuberculeux, l’agglutination fut positive dans 55 p. 100 des cas. Chez ceux d’entre eux dont le diagnostic fut vérifié par l'évolution ulté- rieure, l’agglutination était positive dans 69 p. 100 des cas. Chez les phtisiques à la deuxième période, l’agglutination est positive dans 75 p. 100 des cas. A la troisième période elle ne l’est que dans 53 p. 400 des cas. Lorsqu'on suit l'évolution de la maladie chez un tuberculeux, on cons- tate que le pouvoir agglutinant va diminuant au fur et à mesure que la ma- ladie progresse; qu’il augmente, le plus souvent, si l'affection guérit. I n’y a pas de rapport entre le pouvoir agglutinant et les modifica- tions leucocytaires. Un fait curieux et sur lequel je reviendrai prochainement, c'est que plus de 50 p. 100 des atrepsiques présentent la réaction aggluti- nante. À l’autopsie on trouvait dans ces cas des ganglions mésenté- riques tuberculisés. DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN HÉMORRAGIQUE, par M. L. Bar». Sur une cinquantaine de cas d’affections diverses des centres nerveux dans lesquels j'ai fait l'examen du liquide céphalo-rachidien retiré par la ponction lombaire, j'ai trouvé deux fois un liquide nettement hémor- ragique : une première fois, dans un cas d’hémorragie cérébrale avec inondation ventriculaire et contractures précoces généralisées ; une seconde fois dans un cas de méningite cérébro-spinale, d’ailleurs ter- miné par la guérison. De plus, dans quatre autres cas, j'ai rencontré un liquide coloré en jaune, d’une teinte plus ou moins accusée suivant les cas, rappelant celle des solutions d'acide picrique, et que je crois devoir être rapportée 7148 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à la présence d'un pigment dérivé de l’hémoglobine, reliquat d'exsudats hémorragiques hématolysés par le liquide céphalo-rachidien. Ces quatre cas comprennent : d’une part, deux cas de méningite aiguë terminés par la mort, l’un de nature tuberculeuse chez un enfant de dix-huit mois, l’autre de nature purulente chez un jeune homme de dix-sept ans; d'autre part, deux cas de paraplégie flasque avec douleurs, chez des adulles qui ont quitté l'hôpital dans un état stationnaire, et dont le diagnostic pathogénique n'a pas pu être établi avec certitude. Le premier de ces cas a déjà été signalé dans ma première communi- cation, faite à la Société au mois de février, sur l’action hématolytique du liquide céphalo-rachidien dans les méningites. Dans tous ces cas le liquide coloré ne présente pas les raies spectros- copiques de l’'hémoglobine; ilne présente pas non plus la réaction bleue par la teinture de gaïac, révélatrice de cette malière colorante; enfin, il ne contient pas de quantités appréciables de fer. Dans ces conditions 1l serait peut-être difficile d'affirmer son origine hématique sur des raisons chimiques, mais l’évolution du cas de méningite cérébro-spinale, cité plus haut, me permet d’en fournir la preuve clinique. Dans ce cas, en effet, une première ponction, faite au douzième jour de la maladie, a donné issue à un liquide très nettement hémorragique à l’œil nu, de teinte laquée et fournissant une réaction très accusée au gaïac après centrifugation, présentant de plus de très nombreux leuco- cytes polynueléaires, pour la plupart agglomérés en groupes nombreux. Une seconde ponclion, faite sept jours après la première, alors que l’état du malade s'était beaucoup amélioré, a fourni un liquide jaune, ue teinte semblable à celle d’une solution saturée d'acide picrique, mais ne réagissant pas à la teinture de gaïac; ce liquide n’hématolysait le sang du doigt qu’à la dilution de 8 gouttes d'eau distillée pour 10 de liquide; il ne contenait plus que de rares leucocytes, tous isolés et pour la plupart lymphocytaires. Enfin, à une troisième ponction faite encore sept jours plus tard, alors que le malade était complètement guéri, et à la veille de sa sortie de l'hôpital, le liquide avait repris sa coloration et ses caractères normaux; il ne contenait plus de leucocytes, et n’hématolysait plus le sang du doigt, même à 12 gouttes d'eau distillée pour 10 de liquide. De cette observation on peut conclure que l’hémoglobine du sang épanché et hématolysé dans le liquide céphalo-rachidien y subit une . transformation pigmentaire spéciale, qui précède sa résorption défini- tive, et qui permet de reconnaître encore pendant un certain temps l'existence d'un épanchement hémorragique antérieur. Le Gérant : OCcTAVE PORÉE. + —— — a Paris — Imprimerie de la Cour à Enr, L. MAKETHEUX, recents 1,rue Caelten 749 SÉANCE DU 13 JUILLET (901 M. Cu. FéRé : Note sur la fatigue par les excitations auditives. — M. Cu. FÉRé : Note sur la fatigue par les excitations cutanées. — M. Cu. FéÉRé : Note sur l'influence de l'injection préalable de solutions d'antipyrine dans l’albumen de poule, sur l’'évo- lution de l'embryon de poule. — MM. B. Aucué et Louis Vaizcanr : Altérations du sang produites par les morsures des serpents venimeux. — MM. ALBArran et CamELIN : Note sur les injections épidurales de cocaïne dans certains cas d’incon- tinence d'urine. — MM. E. Werruelmer et L. LerAGe : Sécrétion pancréatique et atropine. — MM. E. Barprer et H. FRENKEL : Sécrétion urinaire avant et après la cautérisation de la surface du rein au nitrate d'argent. — MM. E. Barpter et H. FRENKEL : Sécrétion urinaire comparée du rein badigeonné au nitrate d’argent et du rein sain, sur le mème animal. — MM. E. Barprer et H. FRENKEL : Sécrétion urinaire comparée du rein injecté à l'acide chronique et du rein sain, sur le même animal. — MM. R. OPPennerm et Lorrer : Lésions des capsules surrénales dans quelques maladies infectieuses aiguës. — M. ÉD. Rerterer : Des conditions expérimentales qui modifient la forme et la valeur des hématies élaborées par les ganglions Iymphatiques. — M. Éo. Rerrerer : De l’origine et de l'évolution des hématies et des leucocytes des ganglions lymphatiques. — MM. CnarLes FÉRÉ et AuGuste PErrit : Sur la structure des tératomes expérimentaux. — M. A. LESAGE : Note sur les gastro-entérites des nourrissons. — MM. CHARRIN et GABRIEL DELA- MARE : Recherches sur les propriétés du placenta. — M. CnanLes LEPIERKE : Les glucoprotéines comme nouveaux milieux de culture chimiquement définis pour l'étude du microbe. — M. CHarRLes LePieRRE : Le colibacille et ses variétés. Rap- ports avec le bacille typhique. — M. FERNAND ARLOING : Influence d’un sérum an- tituberculineux sur la virulence du bacille de Koch. — MM. E. Cassaer et G. SAUx : De la toxicité du produit des digestions de viandes. — MM. Vicror HEnrt et Lar- GUIER DES BANceLs : Action simultanée de l'acide chlorhydrique sur le saccharose et l’acétate de méthyle. — M. A. PouLain : Sur la lipase des ganglions lymphatiques à l’état normal et pathologique. Présidence de M. Raïlliet, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. ne Cyon, membre correspondant, envoie à la Société un travail intitulé : Les bases naturelles de la géométrie d'Euclide, qu'il vient de publier dans la Aevue philosophique (t. XXVE, p. 1-30, juillet 1901). NOTE SUR LA FATIGUE PAR LES EXCITATIONS AUDITIVES, par M. Cu. FéRé. J'ai déjà signalé l'influence des excitations auditives sur le travail étudié avec l’ergographe de Mosso. Quand elles agissent peu de temps avant le début du travail, elles déterminent une suractivité évidente. BioLocre. Comptes RENDUS. — 1901. T. LIII. 58 750 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EE Leur variété peut prolonger cette suractivité; mais si on étudie une excitation monotone, on voit qu'en somme, lorsque le travail se prolonge, sa valeur est moindre que celle du travail exécuté dans les mêmes conditions, sauf l'excitation ; et, si on prolonge l'excitation à chaque expérience, on observe la disparition de l'effet exaltant primitif et une impotence immédiate. Les expériences que nous ällons rapporter ont été faites avec un timbre électrique qu’on actionnait soit au début, soit plusieurs minutes avant le travail exécuté par séries, comme dans les expériences récemment rapportées. Exp. I. — La sonnerie électrique est mise en action au début du travail et pendant la première série d'ergogrammes. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT d'ergogrammes. + Au ue du Re a ilogramm 311). 1. . 36,54 160,89 2. 24,8% 109,37 dE 20,91 92,07 # 15,06 66,31 5 9,60 42,27 6 9,60 12720 1 VS) 23,91 8 4,26 18,79 9 3,30 14,53 129,54 On fait agir de nouveau la sonnerie électrique pendant la 10° série faite comme les précédentes après cinq minutes de repos. Les LÉ et 12° séries sont faites sans excilation. LOS RD NE APRES 40,26 177,21 DS ie on CE CORTE 1,77 pi 1 PEER LEE SRE 1,47 6,51 On fait agir de nouveau la sonnerie électrique pendant la 13° série. DER R RTRE à M AI CRE 1 22,2: 97,88 NT AN NOR EU à 1,26 5,54 On fait agir de nouveaa la sonnerie électrique pendant la 15° série. Rd. Le ro 25,53 112,41 TRE 1,02 4,49 On fait agir de nouveau la sonnerie électrique pendant la 17° série. TE à | ER CAC 25,44 112,02 PRE | RE 0,90 3,96 On fait agir de nouveau la sonnerie électrique pendant la 19° série. LOUE NATION. LORS 10,26 25,17 DOCTEUR GUESS Li: RE ANRES 6,81 3,56 SÉANCE DU 13 JUILLET 751 On voit que chaque fois que l'excitation se répète, ses effets sont moins durables et la dépression consécutive s'accroît. Si on compare le premier ergogramme de chaque série accompagnée d’excitation, 975 — 15,33 — 18,12 — 24,60 — 8,07, on voit qué l'accumulation de la fatigue s'accompagne d’abord d’une augmentation progressive de l’excitabilité. Exp. II. — La sonnerie électrique est mise en action deux minutes avant le travail et pendant la 1'° série d’ergogrammes. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT DOVE en du travail DcopraTmnese kilosgrammètres. au travail normal. 1 39,69 174,76 2. fa 24,48 107,79 si. ou 11,85 52,17 k.. SE 10,89 47,95 Ha 6 4,35 49,15 Go ae 3,60 15,85 Ha ne 4,11 18,09 che : re 3,24 14,26 9. Se 2,82 12,41 105,03 ExP. III. — La sonnerie électrique est mise en action quatre minutes avant le travail et pendant la 1"° série d'ergogrammes. SÉRIES TRAVAIL IAUAEQIANE d’ergogrammes. A du travail kilogrammètres. au travail normal. TE 11,73 51,65 2. 6,03 26,55 D 4,56 20,07 PE 5209 14,66 Be 2 on 10,43 6. 2791 10,17 Le 1,98 8,71 8. 1,80 7,92 9. 1,56 6,86 35,67 On fait agir la sonnerie pendant quatre minutes avant et pendant la 10° série. RL RS TT SR 24,39 , 94,18 IH: Le POSER Nr 1,35 5,0% On fait agir la sonnerie pendant quatre minutes avant et pendant la 12° série. AR AUD TP MAN 15,27 67, LA 4 1 152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On fait agir la sonnerie pendant quatre minutes avant et pendant la 14° série. M nt NE ir Re 15,68 69,04 DRE LP US AE CRRRRPrS " 0,75 3,30 On fait agir la sonnerie pendant quatre minutes avant et pendant la 16° série. MORE TE MN RENE OR PRE" A 2,91 10,17 AU NUE E e iQ 0,75 3,30 Les premiers ergogrammes des séries accompagnés d'’excitations donnent un travail de 612 — 11,58 — 14,07 — 15,15 — 1,56. Exp. IV. — La sonnerie électrique est mise en action six minutes avant le travail et pendant la première série d'ergogrammes. ne TRAVAIL RAPPORT DR £ en du travail ferons kilogrammètres. au trayail normal. res ROUE 20,21 où 2,26 10,83 Rise 2,22 Shots Pa 1,92 8,45 | 1,59 6,36 6. . 1,41 6,20 HS NA AUE LD AME ANEA CEE 1,44 6,34 SA ee AtEe DANS PE Aa 1,44 6,3% o, 1,06 4,66 18,13 On fait agir la sonnerie pendant quatre minutes avant et pendant la 10° série. OS PR AP PA Re Er 36,93 162,61 (ARRETE En SE ERA ES 0,96 4,22 On fait agir la sonnerie pendant quatre minutes avant et pendant la 12° série. PASSE à CM ee 24,18 106,47 15 SR TR DRM SAR 0,87 50580 On fait agir la sonnerie pendant quatre minutes avant et pendant la 14° série. J'EN ENCRES À: LAURE 8,89 37,38 Ts 0,99 4,35 Le D à SÉANCE DU À3 JUILLET 753 Les premiers ergogrammes des séries précédées d’excitations de quatre minutes donnent 1857 — 21,39 — 6,84. Si on compare les deux pre- miers à ceux de l'expérience III, on voit encore l'accroissement de l’excitabilité au début de la faligue. Sans excitation, le travail des 9 séries d'ergogrammes (les séries séparées par des repos de cinq minutes, les ergogrammes de chaque série séparés par des repos d’une minute, — poids soulevé, 3 kilogram- mètres chaque seconde), donne de 145 à 150 kilogrammètres. Dans ces expériences nous voyons le même travail descendre de 129,54 à 105,3, à 35,67 et à 18,13, à mesure que l’excitalion se prolonge davantage. NOTE SUR LA FATIGUE PAR LES EXCITATIONS CUTANÉES, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai déjà signalé l'effet excitant de la sinapisation qui commence à agir sur le travail dès que la sensation cutanée de chaleur commence à se faire sentir. Cette action excitante peut faire place à une action déprimante si on prolonge l'excitation avant de commencer le travail. L'expérience donne, à cet égard, des résultats décisifs. Les manœuvres sont les mêmes que dans les expériences précédentes. Exp. I. — Le travail commence sitôt que l'irritation est perçue; on enlève le sinapisme après la première série. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT d’ergogrammes É en (du travail 808 i j kilogrammètres, au travail normal. en 25,44 112,02 2 17,19 75,69 See 13,7% 60,50 pa 8,61 37,91 sue 8,22 36,19 GARE 7,47 32,89 LA 7,59 33,49 8. 5,79 25,49 9. 5,10 29,45 90,15 L'augmentation dé la première série est surtout due à l'augmentation du premier ergogramme qui donne 12 kil. 37; le second ergogramme ne dépasse plus que peu la normale, il donne 5 kil. 58. La dépression commence dès la seconde série, et le travail total est en déficit d’un tiers Sur le travail normal (145 à 150 kilogrammètres). 754 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Exp. IT. — Le travail commence deux minutes après l'application du sinapisme. On enlève le sinapisme après la première série. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT en du travail d’ergoer $ . 3 : SOSrammes: kilogrammètres. au travail normal. A SRE R FR RIRE te FRE 14,91 61,91. QUE RELIMERSAER SE", ASLEAIEN 8,40 37,42 3. MR 6,99 :30,77 1 basée MATE. Lors 6,03 26,53 bdd AOUNSMUT UD SALES 4,68 20,60 GE RE Es dE %,02 17,73 Te EN DE CRE 3,90 17,86 CARE CR PRO 3,66 46,11 0. ARR SE ci 2,59 11,22 53,29 Exp. II. — Le travail commence quatre minutes après l'application - du sinapisme. On enlève le sinapisme après la première série. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT ; en du. travail , d'ergoerar S. à à & S08rammes kilogrammètres. au travail normal. 1 al TEA ESTÉROE AQE 7,05 31,04 2. 3,09 17,56 DE Re CU PAU LE VOTRE 3,42 13,03 DE IE D ee A RS RD 3,60 13,85 DEA AUS en SC RE Abe 3.27 14,39 << D lt en 2,85 12,54 “A 2,91 12,81 Be ee Det eo 2,43 10,70 CCE AE FAT Are 2,58 . 11:36 32,10 À mesure que l'excitation se prolonge, la dépression devient plus rapide et plus marquée d'emblée, la douleur n’est pas assez intense pour gèner le travail; si, d’ailleurs, la douleur produisait une défail- lance de la volonté à la première série d’ergogrammes, dès que le sina- | pisme est enlevé à la deuxième série, la même cause de trouble n’exis- terait plus, on verrait un relèvement du travail se produire; c'est le contraire que l’on observe : on assiste à une accumulation graduelle mais rapide de la fatigue. | SÉANCE DU 13 JUILLET 755 NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'INJECTION PRÉALABLE DE SOLUTIONS D'ANTIPYRINE DANS L'ALBUMEN DE L'OŒUF, SUR L'ÉVOLUTION DE L'EMBRYON DE POULET. par M. Cu. FÉRé. Dans les œufs qui ont reçu des injections de substances capables de troubler l’évolution, on observe de temps en temps, à côté d'embryons difformes ou retardés, des embryons normaux et plus avancés en évo- lution que ne le comporte la durée de l’ineubation (1). Si, suivant leur individualité, des embryons peuvent subir dans leur évolution, les uns un effet dépressif, les autres un effet exaltant d'une même substance, on peut soupconner que certaines substances, retardantes ou térato- gènes à une certaine dose, peuvent être exaltantes à une autre dose, comme les anesthésiques, qui sont excilants à une dose faible; cepen- dant, on observe rarement ces effets favorables (peptone, créatine, xantho-créatinine, caféine) (2). Des expériences que j'ai faites avec des injections à doses variables d'une solution d'antipyrine au 1/100 laissent soupçonner cet effet. Chaque dose a été mise en jeu dans trois expériences comprenant 12 œufs injectés avec la solulion, et 12 œufs du même jour injectés de la même quantité d’eau distillée. Les œufs sont ouverts après le même temps d'incubation, comme dans les expériences antérieures. 1° Injections d’un vingtième de centimètre cube. On trouve dans les témoins 28 embryons normaux (soit 77,77 p. 100) de 45 h. 27 min. en moyenne, et, dans les œufs qui ont recu la solution d’antipyrine, 32 embryons normaux (88,88 p. 100) de 49 h. 15 min. 2° Injections de deux vingtièmes de centimètre cube. On trouve dans les témoins 27 embryons normaux (15 p. 100) de 48 h. 6 min. et, dans les œufs qui ont reçu la solution d’antipyrine, 29 embryons nor- maux (81,11 p. 100) de 49 h. 8 min. 3° Injections de trois vingtièmes de centimètre cube. On trouve dans les témoins 24 embryons normaux (66,66 p. 100) de 47 h. 52 min., ei, dans les œufs qui ont reçu la solution d’antipyrine, 23 embryons nor- maux (63,88 p. 100) de 44 h. 20 min. 4° Injections de quatre vingtièmes de centimètre cube. On trouve dans les témoins 23 embryons normaux (63,88 p. 100) de 4% h. 5 rin., et, dans les œufs qui ont recu la solution d’antipyrine, 49 embryons normaux (52,77 p. 100) de 46 h. 15 min. (1) Ch. Féré. Faits relatifs à la tendance à la variation sous l'influence du changement de milieu (Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1896, p. 790). (2) Comptes rendus de la Soc.-de Biol., 1896, p. 424; 1898, p. 499 et 711; 1900, p. 471. 756 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5° Injections de cinq vingtièmes de centimètre cube. On trouve dans les témoins 25 embryons normaux (69,44 p. 100) de 46 h. 8, et, dans les œufs qui ont reçu la solution d’antipyrine, 19 embryons normaux (52,61 p. 100) de 45 h. 3 min. L'effet excitant des doses les plus faibles est beaucoup moins marqué que l’effet nuisible des doses les plus fortes, mais il mérite d'appeler l’attention. ALTÉRATIONS DU SANG PRODUITES PAR LES MORSURES DES SERPENTS VENIMEUX, par MM. B. Aucué et Louis VAILLANT (de Bordeaux). Des expériences que nous avons faites sur le cobaye se dégagent les conclusions suivantes : 1° Les altérations provoquées par les morsures de serpents nn sont identiques à celles produites par l'injection sous-cutanée du venin desséché et redissous dans l’eau glycérinée. 2° Ces altérations intéressent les globules rouges et les globules blancs. 3° Les altérations des globules rouges consistent dans une hématolyse plus ou moins intense, suivant la gravité de la morsure ou la dose de venin injectée. La destruction des hématies est rapide. Elle peut être . très intense et se chiffrer par un million et demi ou deux millions de globules. Si l'animal survit, la réparation du sang s'accompagne de & présence dans la circulation d'un nombre plus ou moins grand d’héma- ties nucléées. 4 Les altérations des globules blancs sont quantitatives et qualita- tives. ; ° Les altérations quantitatives se traduisent par une augmentation, quelquefois considérable, du nombre des globules blancs. Cetle aug- mentation s’observe aussi bien dans les cas suivis de guérison que dans les cas mortels. Elle débute très rapidement après la morsure ou après l'injection de venin. Nous avons pu la constater, déjà très notable, au bout d'une demi-heure. Elle est toujours très accusée au bout d'une à deux heures. Dans les cas rapidement mortels, elle persiste jusqu’au moment de la mort. Dans les cas plus prolongés et suivis de guérison, le nombre des globules blancs, exagéré pendant deux, trois, quatre jours ou plus longtemps suivant l'intensité de l’envenimation, diminue ensuite pour revenir à la normale. Parfois, il y a une nouvelle mais faible élévation du chiffre des globules blanes au moment de la formation du sillon d'élimination de l’escarre, qui souvent suppure un peu. 6° Les altérations qualitatives sont tout aussi prononcées. Le nombre SÉANCE DU 13 JUILLET 75 des leucocytes polynucléés est très exagéré. C'est cette hyperleucocytose qui est la cause de l'élévation du chiffre total des globules blancs. Le nombre des lymphocytes est, en effet, diminué. Les leucocytes éosino- philes diminuent de nombre pendant la période d'hyperleucocytose. Ils augmentent pour revenir à la normale, et parfois la dépasser un peu, lorsque le chiffre des leucocytes polynucléés redevient normal. Au moment de la formation du sillon d'élimination de l’escarre, l'élé- vation du chiffre des globules blancs est due à la présence en excès des leucocytes polynucléés. NOTE SUR LES INJÉCTIONS ÉPIDURALES (1) DE COCAÏNE DANS CERTAINS CAS D'INCONTINENCE D URINE, ; par MM. ALBARRAN et CATHELIN. Étudiant au point de vue de la physiologie pathologique les effets des injections épidurales de cocaïne dans les cas de vessies douloureuses, nous avons observé chez plusieurs malades, mais non chez tous, une diminution et même une disparition plus ou moins prolongée de la dou- leur spontanée. En observant de plus près, nous avons constaté très sou- vent une différence marquée entre la sensibilité au contact et la sensi- bilité à la distension; c’est ainsi que nous avons vu des malades dont la vessie avant l'injection présentait une sensibilité douloureuse très grande au contact des instruments et dont la capacité vésicale restreinte déterminait de la douleur après l'introduction de 40 ou 50 grammes de liquide, alors que, chez ces mêmes malades, nous voyions après l’injec- tion la sensibilité au contact des instruments très diminuée parfois même la souffrance à ce mode d'exploration n’existant plus; mais la sensibilité à la distension persistait, la capacité vésicale n’augmentant pas. Rappelons à ce sujet que ces recherches confirment la distinction établie depuis longtemps par notre maitre, M. le professeur Guyon, entre la sensibilité de la vessie au contact et la sensibilité à la disten- sion. Ayant enfin observé que l’une de nos malades injectées avait de la difficulté à uriner, à ce point qu'on fut obligé de la sonder, nous avons été amenés à étudier l’action de ces injections épidurales par voie sacrée chez les quatre incontinents que nous avons actuellement dans nos salles, cas disparates et fournis par les hasards de la clinique et dont nous (4) Cathelin. Soc. de Biologie, 27 avril 1901 : « Une nouvelle voie d'injection rachidienne. Méthode des injections épidurales par le procédé du canal sacré. Applications à l’homme ». Voir également : Soc. de Biologie, # mai, 11 mai et 8 juin 1901 ; Presse médi- cale, 15 juin 1901 : « La ponction du canal sacré et la méthode épidurale ».. 7158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE donnons ici les observations très résumées, nous proposant de les publier plus tard en détail. Ogs. [. — Pierre V.…., 49 ans, facteur, lit 33, salle Velpeau, entré le 22 juin 1901. Tuberculose vésicale, incontinence diurne et nocturne depuis 2 mois 1/2; capacité vésicale : 10 grammes. {r° injection 5 juillet, { centimètre cube à 2 p. 100 cocaïne Carrion. Pas d'effet, mais le malade a, dit-il, des chatouille- ments au niveau de la vessie. Le lendemain injection de 1 centimètre cube à 2 p. 100. IT cesse d’uriner sous lui immédiatement, et la première évacuation a lieu 3 heures après; la miction est annoncée par une petite douleur, mais l'envie n’est pas impérieuse, puis il urine tous les 1/4 d'heure et 1/2 heure. 1] urine seul la nuit. Il se lève 3 jours après et retient toujours ses urines jour et nuit; le 5° jour il redevient incontinent de midi à 7 heures du matin, de même le 6° jour de 3 à 6 heures, et depuis il urine seul jour et nuit toutes les 1/2 heure sans nouvelleinjection, la dernière remontant à 8 jours. Os. II. — Armand A..., 42 ans, fondeur, lit 11, salle Velpeau, entré le 1er juillet 1901. Fracture de la colonne vertébrale il y a 3 ans, paraplégie avec contracture; incontinence d'urine datant de 3 ans, cystite intense très douloureuse, calculs . Secondaires multiples, pas d'incontinence des matières fécales. L’urine s'écoule goutte à goutte : une seule injection de 1 centimètre cube cocaïne Carrion à 2 p. 100. L’écoulement S'arréte taut d’un coup, puis le malade est obligé ensuite de forcer, croyant qu'il ne va pas pouvoir uriner. Urine tous les 1/4 d'heure, se sentant uriner, 15 à 20 grammes chaque fois, et il continue à uriner toujours seul nuit et jour avec une seule injection datant de 5 jours. OBs. IT. — Onésime L..., 49 ans, ménagère, lit 21, salle Laugier, entrée.le 17 janvier. Incontinence d'urine datant de 18 mois. Légère cystite. Paraplégie flasque, pas de relâchement du sphincter anal; capacité vésicale : 300 grammes. Le 16 juin, 1e injection de 2 centigrammes de cocaïne à 1/2 p. 100 Carrion. La malade cesse aussitôt d’uriner sous elle, et resle ainsi 26 heures en urinant seule, se sentant uriner et faisant même effort. Trois nouvelles injections les 25, 21 et 30 juin. Depuis ce moment, c'est-à-dire depuis 15 jours, la malade urine seule toute la journée, se sent uriner et peut se retenir. La nuit, elle continue à uriner sous elle. O8s. IV. — Marguerite C..., T8 ans, lit 18, salle Laugier, entrée le 20 juin 1901. Incontinence depuis 2 ans; capacité vésicale : 120 grammes. Relâchement com- plet du sphincter urétral : c'est une incontinence de vieille femme. Première injection le 25 juin ; nous faisons en tout 5 injections et la malade passe depuis ce jour par une série d’alternatives de miction volontaire et d’incontinence trop longue à détailler ici; elle -est restée quatre jours urinant entièrement seule, et se sentant uriner (1). (1) Au moment où nous corrigeons les épreuves, le malade de l'observa- tion IT va toujours bien sans nouvelle injection, ce qui fait neuf jours; celle de l'observation III va toujours bien, sans nouvelle ponction, ce qui fait dix-neuf SÉANCE DU 13 JUILLET 759 Voici donc quatre malades atteints d’incontinence d'urine de cause variée, qui tous ont vu leur incontinence disparaitre plus ou moins complètement après des injections épidurales de cocaïne. Sans cher- cher à déterminer pour aujourd'hui la part qui revient dans l'effet obtenu ‘à la substance employée et à la voie de l'injection, nous avons cru devoir faire connaître ces faits intéressants. Ils justifient des essais analogues avec des substances variées, dans d'autres cas d’inconti- nence ; nous nous proposons de poursuivre ces études et de voir en particulier l'effet qu'on pourra obtenir dans les incontinences infantiles. (Travail de la Clinique des voies urinaires à l'hôpital Necker.) SÉCRÉTION PANCRÉATIQUE ET ATROPINE, par MM. E. WERTHEIMER et L. LEPAGE. La sécrétion réflexe du pancréas se distingue, à bien des égards, dé la plupart des autres sécrétions. Nous avons déjà signalé sa résistance à l’action des anesthésiques (1); la manière dont elle se comporte vis à vis de l’atropine n’est pas moins remarquable. Chez des chiens curarisés, nous avons pu injecter, par la voie vei- neuse, des doses énormes de cette substance (jusqu'à 68 centigrammes chez un chien de 8.500 kilogrammes, soit 8 centigrammes par kilo- gramme), sans que le pancréas cessät de répondre aux excitations réflexes; 10 à 20 centimètres cubes d'une solution d'acide chlorhy- drique à 5 p. 1000 continuaient à produire leurs effets habituels, c'est-à- dire à augmenter l'écoulement du suc pancréatique. A ces fortes doses, l’atropine non seulement ne met pas obstacle à la sécrétion réflexe du pancréas, mais, par une exception sans doute unique dans la physiologie des glandes, elle en active souvent la sécré- tion spontanée; de sorte que si, chez l'animal en expérience, on place aussi une canule dans le conduit de la glande sous-maxillaire, on peut voir le suc pancréatique couler plus abondamment, peu après le début de l'injection, quand la salivation est déjà complètement arrêtée. Voici le résumé d’une expérience dans laquelle les deux fails que nous signalons sont bien indiqués l’un et l’autre : Chez un chien de 41 kilogrammes, curarisé, le suc pancréatique arrive à l'extrémité libre de la canule au bout de trente et une minutes et, en dix minutes quinze secondes, on en recueille quatre gouttes. jours; celle de l’observation IV va de mieux en mieux; seul le malade de l'observation I a eu deux périodes d’incontinence; nous l’avons ponctionné ce matin. (1) Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 1900, p. 931. 760 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———————_—]_—_—_ On injecte alors dans une veine saphène 60 centigrammes d’atropine, en solution à 2 p. 100, soit 30 centimètres cubes de liquide : deux minutes après le début de l'injection (qui a duré sept minutes), l'écoulement du suc s'accé- lère et, en cinq minutes cinquante-huit secondes, on a 15 gouttes de suc, au bout de douze minutes, on a recueilli 1 centimètre cube de liquide. L'accélé- ration persiste jusque vers la trentième minute: mais de la trentième à la cinquante-deuxième minute, on n'a plus que 5 gouttes dont la dernière a mis neuf minutes onze secondes à se former. Aussitôt après, soit cinquante-trois minutes après le début de l'injection d’atropine, on introduit dans le duodénum 15 centimètres cubes de la solution acide. La première goutte de suc tombe à trois minutes quarante secondes après l'injection et, en neuf minutes cinquante-six secondes, on compte 20 gouttes. Immédiatement avant l'injection de la solution acide et quelque temps après que l’accélération s’est produite, on a interrogé l'excitabilité de la corde du tympan; le nerf ne réagit pas au courant le plus fort, appliqué pendant une minute. Ces expériences sont en contradiction avec celles de Pavlov (4) qui a obtenu chez des chiens en digestion (mais non chez les lapins) un arrêt complet et rapide de la sécrétion pancréatique, après l'injection sous-cutanée de deux-centigrammes d’atropine. Bien que Pavloy ait expérimenté sur des chiens noncurarisés et porteurs d’une fistule per- manente, ce n’est pas aux conditions opératoires qu'il faut attribuer la différence des résultats ; à notre avis, la cause en est tout autre. _Pawlow, en effet, s’est lui-même demandé si l’atropine ne tarissait pas la sécrétion par voie indirecte, en supprimant les mouvements péristaltiques de l'intestin et par conséquent la progression de la masse alimentaire, excitant normal du réflexe sécrétoire. Il a répondu égativement à cette question, parce qu'il a vu l'arrêt des mouvements de ons précéder le ralentissement de la sécrétion (de 8 à 22 mi- nutes environ dans l'observation qu'il rapporte). Nous ne sachons pas que Pavlov soit revenu depuis lors sur ces expériences ; peut-être ne les interpréterait-il plus aujourd'hui de la même façon. Il nous paraît, quant à nous, très vraisemblable, d'après les travaux mêmes du physiologiste russe et de son école, rapprochés de nos observations actuelles, que si, chez les chiens en digestion, la sécrétion a été empêchée par une faible dose d’atropine, c’est parce que l'excitation due au chyme acide n’était plus renouvelée, une fois que les mouvements de l'estomac étaient paralysés par l'agent toxique. La comparaison des résultats de Pavlov avec les nôtres fournirait ainsi une preuve de plus que la condition nécessaire à l'entretien de la sécré- tion pancréatique pendant la digestion, c’est le passage incessant du contenu acide de l'estomac dans l'intestin. (1) Arch. de Pflüger, t. XVII, p. 555, 1878. Voir aussi : Afanassiev et Pavlov, Ibid,, t. XVI, p. 173. , SÉANCE DU 13 JUILLET 761 Quoi qu'il en soit, nous pouvons affirmer que de très fortes doses d’atropine ne suppriment pas, chez le chien, les réflexes sécréloires du pancréas, et qu'elles ne paraissent même pas les atténuer; elles res- pectent donc aussi l’excitabilité des nerfs centripètes, du moins celle des nerfs de la sensibilité inconsciente. Ajoutons enfin que les fibres excito-sécrétoires que le sympathique donne à la glande sous-maxillaire ne sont pas non plus paralysées parles doses d’atropine que nous avons employées. Leur activité est, il est vrai, plus compromise que celle des nerfs du pancréas; il faut dans ces con- ditions, pour la mettre en jeu, un courant très fort el une excitation prolongée; de plus, la salivation ne s'établit habituellement qu'après un temps perdu très long. Cependant la persistance des propriétés des fibres glandulaires du sympathique cervical mérite d’être notée, parce qu'elle montre que les filets excito-sécréteurs du sympathique abdominal ne sont pas les seuls à échapper à l’action des doses massives d’atropine. On savait d’ailleurs déjà, par les données de Heidenhain et de Langley, que 10 cenligrammes ne suffisent pas pour paralyser les fibres sali- vaires du sympathique. SECRÉTION URINAIRE AVANT ET APRÈS LA CAUTÉRISATION DE LA SURFACE DU REIN AU NITRATE D'ARGENT, par MM. E. Barpier et H. FRENKEL. (Première note.) Nos expériences ont été faites sur le lapin et sur le chien. Après avoir mis nos animaux à la ration d'entrelien dans une cage permettant la récolte des urines, nous avons attendu le temps nécessaire pour obtenir l'équilibre azoté. Pour éviter les différences dans la quantité d'urine pouvant s’observer d'un jour à l’autre, nous avons pris les moyennes de plusieurs jours, soit avant soit après l'opération. Chez le chien, nous faisions les analyses d'urine, pour les uns tous les jours pendant toute la durée de l’expérience, pour les autres tous les quatre où cinq jours. Lorsque les analyses étaient faites quotidiennement, on avait soin de faire le cathétérisme de la vessie et de la vider complètement. En outre de la quantité d'urines émises, nos examens portaient sur l'azote total, l'azote uréique, l'extrait sec et Les cendres, ainsi que sur l’albumine. I. Expériences sur le lapin. — Dans ces expériences on abordait le rein par la voie lombaire et on badigeonnait toute la surface des reins avec une solution de nitrate d'argent. Voici les résultats obtenus : 7162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1° La quantité moyenne d'urine par vingt-quatre heures pendant la première semaine consécutive à la nitratation diminue (quelquefois jus- qu à la moitié de la quantité initiale) ; 2° La quantité moyenne de l'azote total par vingt- quatre heures a diminué (souvent d’un tiers) dans les deux semaines consécutives à la nitratation ; à 3° La quantilé moyenne de l’azote uréique par vingt-quatre heures a diminué le plus souvent de moitié dans les deux premières semaines après l'intervention; 4° Le coefficient azoturique a presque le plus souvent diminué ; 5° Les principes minéraux diminuent toujours, souvent de moitié; 6° Les matières organiques ne sont pas diminuées autant que les quan- tités correspondantes de matières minérales par rapport à l’état normal; 1° Le rapport des cendres aux matières organiques a tantôt diminué, quelquefois augmenté; 8 L'albuminurie n’a jamais été massive. Les quantités moyennes ont varié entre des traces et 1 gramme. On n’a jamais trouvé de cylindres urinaires. IT. Expériences sur le chien. — Ici, la.cautérisation au nitrate d'argent a été unilatérale. Nous avons pu de la sorte associer sur le même animal deux méthodes qui consistaient, l’une à comparer la sécrétion rénale avant et après l'intervention, l’autre à comparer l’activité de deux organes dont l’un était sain et J’autre malade. Les résultats obtenus par ces deux procédés ont been con- cordé dans deux expériences, dans celles notamment auxquelles nous avons concurremment appliqué ces deux méthodes. Seulement, dansk ces deux expériences, au lieu d'obtenir une diminution de la diurèse sous l'influence de la nitratation, nous avons observé une augmentation de l’activité rénale non seulement au point de vue de la quantité d'urine, mais aussi de ses principes constituants. Dans la première, les moyennes journalières de la quantité d'urine se sont accrues de 13,6 p. 100 après la cautérisation, et le rein nitraté a également donné 13,5 p. 100 de plus que le rein sain. La quantité d’azote total par vingt- qualre heures a augmenté de 16,9 p. 100 après la nitratation, et le côté malade a fourni 23,1 p.100 de plus que le côté sain. L’azote uréique par vingt-quatre heures a augmenté de 10,3 p. 100 et le rein malade en a fourni 34,8 p. 100 de plus que le rein normal. Le coefficient azoturique a diminué de 4,8 p.100 et pour le côté malade de 2 p. 100. La deuxième expérience a donné des résultats analogues en ce qui concerne les moyennes totales avant et après la cautérisation. Mais la comparaison entre les deux reins n’a pu être faile, l'animal étant mort avant qu’on ait pu recueillir suffisamment d'urines de chaque uretère. L'examen histo- logique des reins a montré que les lésions étaient très superficielles comme étendue et comme intensité. [l est donc permis de penser SÉANCE DU 13 JUILLET 763 qu'une excilation légère par le nitrate d'argent, incapable de provoquer une véritable néphrite, exagère l’activité glandulaire. (Travail du Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Tou'ouse.) SÉCRÉTION URINAIRE COMPARÉE DU REIN BADIGEONNÉ AU NITRATE D'ARGENT ET DU REIN SAIN, SUR LE MÊME ANIMAL, par MM. E. BARDIER et H. FRENKEL. (Deuxième note.) Le procédé qui consiste à comparer la sécrétion urinaire du rein rendu artificiellement malade à celle du rein sain sur le même animal n’a pas pu être appliqué au lapin, en raison du faible débit urinaire pendant le temps relativement court de la narcose nécessaire pour recueillir l'urine de chaque uretère. Nous nous sommes donc adressé exclusivement au chien. Après avoir cautérisé les trois quarts ou la surface totale du rein gauche avec du nitrate d'argent, tantôt en solution à 5 p. 100, tantôt avec le crayon mitigé, on laissait survivre l’animal un temps variable (2, 5, 7, 17 jours). On récoltait alors l'urine à l’aide des fistules urété- rales sous la narcose chloralosique. On déterminait heure par heure, et pour chaque rein, la quantité de liquide urinaire excrété, son point de congélation, sa richesse en NaCI et en azote uréique. Les résultats obtenus ont consisté en une faible diminution de la diurèse du rein malade dans deux cas, tandis que, dans les deux autres, la diurèse était sensiblement égale. Le point cryoscopique a été trois fois légèrement inférieur, une fois légèrement supérieur au A du côté sain, mais les différences étaient insignifiantes. La quantité totale des chlorures excrétés à été trois fois légèrement diminuée, une fois légère- ment augmentée du côté malade. Enfin l'azote uréique a été trois fois diminué, une fois augmenté du côté malade. La diminution de la quantité d'urine s’est produite 2 et 5 jours après la cautérisation, tandis que 7 et 17 jours après la différence a été nulle ou presque nulle. Par contre, les variations de la composition du liquide urinaire étaient non seulement minimes, mais encore plus indépen- dantes de l'ancienneté de la lésion. Nous avons alors comparé les effets de la cautérisation au thermo- cautère de la surface du rein avec ceux de la cautérisation chimique. Nous avons vu que l'application du thermo-cautère sur la surface totale d'un rein entraine une diminution des deux cinquièmes de la quantité 164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE NS RE a EP Le NS SAR Eee, d'urine excrélée, sans modifications correspondantes de sa composition chimique. Or, les résultats de la nitratation de la surface du rein peuvent être rapprochés de ceux de la cautérisalion au fer rouge, en ce sens qu'elles n’aboutissent pas à une véritable néphrite, mais à une exa- gération ou à une diminution de l’activité rénale suivant l'intensité de l’irritation. En effet, les coupes histologiques pratiquées sur le rein sain et malade nous ont montré, dans toutes nos expériences, que Les lésions observées du côté cautérisé n'étaient pas très profondes, et souvent il était impossible, histologiquement, de distinguer le rein malade du rein sain, abstraction faite des lésions de périnéphrite et d'infiltration leuco- cytaire dans les parties sous-capsulaires. (Travail du Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse. ) SÉCHKÉTION URINAIRE COMPARÉE DU REIN INJECTÉ A L'ACIDE CHROMIQUE ET DU REIN SAIN, SUR LE MÊME ANIMAL, par MM. E. BarDieR et H. FRENKEL. (Troisième note.) Après avoir injecté par une branche de l'artère rénale du rein gauche 1 centimètre cube d'acide chromique au 1/100, on laissait survivre les animaux un temps variable (4, 8, 11, 22, 42 jours). Au bout de ce temps on mettait à nu les uretères, et on recueillait sous narcose chloralosique, pendant cinq à neuf heures, l'urine s’écoulant séparément de chaque rein. Pour des raisons déjà indiquées, nous ulilisions exclusivement le chien. Dans deux expériences, il a été nécessaire de lier l'artère après l'injection, l’'hémostase n'ayant pu être autrement assurée. En nous réservant pour une étude ultérieure la description des coupes histologiques se rapportant à ces recherches, résumons seulement les modifications observées du côté de la sécrétion urinaire. La quantité d'urine a diminué du côté malade d’un tiers, de la moitié ou même des deux tiers, suivant que l'injection a été suivie d’une liga- ture ou non. La diminution de la diurèse a été plus considérable dans les cas avec ligature. La recherche du point de congélation a donné une très légère diminution du nombre de molécules excrétées du côté injecté. Cette diminution s’est caractérisée par un abaissement du point cryoscopique variant de 0°8 à 0°15. La ligature de la branche artérielle n’a pas eu d'influence sur cet abaissement du A. Le taux d'élimination du NaCI par litre a été augmenté dans la première phase de la néphrite expérimentale (4, 41 jours après l'injection). On peut rapprocher cette SÉANCE DU 13 JUILLET 765 constatation du fait signalé il y a déjà longtemps par MM. Lépine et Aubert, à savoir que, dans les néphrites expérimentales unilatérales, le rein malade laisse passer plus de NaCI que le rein sain. Toutefois, après une plus longue durée de la néphrile (22 et 42 jours), nous n’avons pu retrouver cet excès de chlorures. La proportion de l'azote uréique par litre d'urine a été largement diminuée du côté malade dans toutes nos expériences, sauf une où cette proportion élait égale des deux côtés. L'albuminurie n’a jamais été massive, et ni dans l'urine, ni sur les coupes de reins, nous n'avons trouvé de cylindres urinaires. On peut donc conclure que la néphrite chromique occuperait, d’après nos constatations, une place intermédiaire entre les lésions irritatives réalisées par la cautérisation de la surface du rein et les néphrites épi- théliales telles qu’on les observe en clinique. (Travail du Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Toulouse.) LÉSIONS DES CAPSULES SURRÉNALES DANS QUELQUES MALADIES INFECTIEUSES AIGUES, par MM. R. OPrEnueIM et M. LoEper. Dans une précédente note (1), nous avons attiré l'attention sur les lésions des capsules surrénales dans les infections expérimentales aiguës, diphtérique, pneumobacillaire, charbonneuse et tétanique. Ces lésions allaient de la congestion simple et de l'hémorragie avee diapé- dèse polynucléaire plus ou moins abondante jusqu’à la nécrose cellulaire diffuse ou en ilots limités. Il n’y avait point de nodules infectieux orga- nisés à proprement parler. Nous apportons aujourd'hui le résultat de nos recherches dans quelques , maladies infectieuses chez l'homme. Ces recherches portent sur 53 cas qui se répartissent comme suit : Dix-sept diphtéries toxiques ou compliquées, 1 tétanos, 16 pneumo- nies ou broncho-pneumonies, 10 varioles pour la plupart hémorragiques, 3 fièvres typhoïdes, 4 streptococcies, 1 dysenterie avec infection coli- bacillaire généralisée, et 1 péritonile aiguë putride consécutive à une appendicite. Dans la diphtérie, les lésions capsulaires diffèrent suivant qu'il s'agit (4) R. Oppenheim et M. Loeper. Lésions des capsules surrénales dans les infections expérimentales aiguës. Soc. de Biol., mars 1901, et Arch. de Méd. exp., mai 1901. BIOLOGIE. CoMprEs RENDUS. — 1901. T. LII. 59 766 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de diphtérie pure ou de diphtérie associée. Dans la diphtérie pure (9 cas) les lésions dominantes sont la nécrose cellulaire le plus souvent en îlots (6 cas) et l’'hémorragie (congestion simple dans la plupart des cas et hémorragie plus ou moins étendue dans 3 cas). Les capsules non néero- sées présentent pour la plupart des altérations cellulaires (perte des contours cellulaires, dissociation des trabécules, état flou du proto- plasma.) Nous n'avons, en aucun cas, constaté de nodules infectieux véritables ; fait à rapprocher des lésions que nous avons signalées dans la diphtérie expérimentale. Dans les cas de diphtérie associée (strepto- coccique le plus souvent) et de diphtérie compliquée de broncho-pneu- monie (11 cas), à côté des lésions cellulaires fréquentes, nous avons trouvé deux fois des nodules infectieux constitués presque uniquement par des éléments à un seul noyau, deux fois la diapédèse diffuse dans tous les espaces intertrabéculaires, et une fois un véritable abcès au centre même de la capsule. A, Dans notre observation de tétanos, les lésions se réduisent à une congeslion légère avec quelques îlots hémorragiques et une légère infil- tration lymphocytique des parois veineuses. | Chez les sujets morts de pneumonie ou de broncho-pneumonie (46 cas) on trouve peu de lésions cellulaires. Nous avons noté toutefois dans deux cas un état spongieux du protoplasma de presque toutes les cel- lules, sans pouvoir dire s’il s’agit là d’une altération cadavérique ou d'une lésion vraie. Ce qui domine, c’est l’hémorragie, que nous avons observée dans un tiers des cas à des degrés divers, les ilots infectieux à mononucléaires et à lymphocytes et l’infiltration des parois veineuses; quelquefois, on peut noter au centre de la capsule de véritables abeèsa polynucléaires (2 cas); une fois enfin, nous avons eu une thrombo- phlébite infectieuse des veines capsulaires. Dans la variole, les lésions de la glande surrénale ne nous ont pas paru lrès spécifiques; mêmes nodules infectieux à lymphocytes, même infiltration de la paroi veineuse, pas d’altérations cellulaires, rarement des hémorragies; un seul point nous parait remarquablement fréquent, c’est la tendance à la sclérose de la zone glomérulaire et du centre de la glande. Nous ne possédons que trois cas de fièvre typhoïde avec examen des capsules surrénales. Dans l’un (fièvre typhoïde hémorragique), le centre des deux glandes élait occupé par une hémorragie abondante; dans les autres, à côté de lésions cellulaires légères, nous avons rencontré la même infiltration lymphocytique des parois veineuses, les mêmes îlots infectieux. Nos 4 cas de streptococcie se décomposent en 2 érysipèles avec quelques nodules infectieux mononucléaires, 1 cas d’urticaire strep- tococcique avec hémorragie d’une des capsules, enfin 1 pyopneumo- thorax à streptocoques chez un tuberculeux dans l’une des capsules | SÉANCE DU 13 JUILLET NUTON duquel on trouva une thrombophlébite avec, dans le caillot, des chai- nettes de streptocoques, de petits infarctus de la zone fasciculée, et des amas infectieux à polynucléaires en voie de désintégralion. Les deux dernières observalions ont trait, l’une à une infection coli- bacillaire généralisée, conséeulive à une dysenterie, l’autre à une péri- tonite consécutive à une appendicite; dans les deux cas, on trouva une hémorragie abondante au niveau des glandes surrénales. Du court exposé qui précède, il résulte que les principales lésions capsulaires constatées à la suite des maladies infectieuses sont : 1° L’altération du protoplasma des cellules allant jusqu’à la nécrose que l'on rencontre au maximum dans la diphtérie pure, la dilalalion capillaire et les hémorragies, celles-ci allant de l'hémorragie microsco- pique à la destruction complète de la glande surrénale; 2° La thrombose des veines capsulaires, avec production d’infarctus septiques; 3° Les petits abcès microscopiques du centre de la capsule constitués par des polynucléaires ; 4° Enfin, les nodules infectieux véritables organisés que l’on ren- contre dans la plupart des maladies infectieuses prolongées (1). Ces nodules, après coloration par le triacide ou l’éosine orangé-bleu polychrome, sont constitués par de nombreux lymphocytes, quelques mononucléaires, de très rares polynucléaires, exceptionnellement de myéloeytes, sans qu'il y ait de formule spéciale à chacune des maladies. Ce dernier point est à opposer à ce que nous avons signalé dans les infections expérimentales aiguës, où les nodules infectieux sont extrè- mement rares. (Travail des laboratoires de M. le professeur Dieulafoy à l'Hôtel-Dieu, de M. Letulle à l'hôpital Boucicaut et de M. Achard à l'hôpital Tenon). DES CONDITIONS EXPÉRIMENTALES QUI MODIFIENT LA FORME ET LA VALEUR DES HÉMATIES ÉLABORÉES PAR LES GANOLIONS LYMPHATIQUES par. M. Éo. Rerrener. (ire note). Le ganglion lymphatique débute par un complexus cellulaire à protoplasma commun. Dans le ganglion adulte, j'ai retrouvé (2) cette structure dans les (4) Voir Ch. Achard et M. Loeper. Rapports des réactions leucocytaires locales et générales. Soc. de Biol., février 1901. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1900, p. 280 et 1123, et XIIIe Congrès International de médecine, Section d’Histologie et d'Embryologie, p. 113. 168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE follicules ; la périphérie des follicules et les cordons folliculaires s'en distin- guent par la présence d'un réticulum chromophile ou élastique. Outre la disparition de l’hyaloplasma compris dans les mailles du réseau, il s’y déve-. loppe de nombreux leucocytes et des hématies. Ces hématies ainsi produites et emportées par le courant lymphatique donnent une teinte rose à la Jymphe (1). à Disposant d’un organe dans lequel je pouvais retenir à volonté les hématies et les leucocyles au moyen d’une ligature, je songeai à étudier l’histogenèse de ces éléments, et à connaître leur valeur cellulaire. L'hématie sans noyau du mammifère adulte représente-t-elle une cellule entière dont le noyau aurait été résorbé ou expulsé? correspond-elle à un fragment de protoplasma ou bien encore résulte-t-elle de l'accroissement d'une granulation élémentaire de la lymphe? Enfin, quelle est la cause qui détermine le changement de forme de cet élément dans certains états ané- miques? D'autre part, quelle est la signification d’un leucocyte au point de vue cellulaire? Pour déterminer les conditions dans lesquelles on observe les diverses variétés d’hématies et l’évolution des leucocytes j'examinai suc- cessivement, après ligature du vaisseau efférent, les ganglions d’un animal bien nourri et en bonne santé, et les ganglions d'animaux dont j'avais préalable- ment modifié l’état général par la saignée. J’en fis autant pour le contenu du vaisseau efférent. Le nombre d’expériences que j'ai faites sur le chien et le lapin est considérable; j'en suis au 77° lapin. Voici, à titre d'exemple, le résumé d’une de mes expériences. Lapin 76. — Jeune, pèse 1 kil. 125; masse approximative du sang, 56 grammes. — Le 28 juin, à 1 heure, saignée de 20 grammes par l’artèse fémorale gauche ; le 29 juin, à 2 heures, deuxième saignée de 25 grammes par la fémorale droite. — Le (pin mange dès le lendemain copieusement; pesé, trois fois, dans la journée du 30 juin, il a un poids moyen -ge 1.080 grammes. Le 1° juillet, son poids est de 1.090 grammes; je lui pratique la ligature des deux troncs lymphatiques profonds du cou. Le 2 juillet, il pèse 1.118 grammes. Le 3 juillet, il pèse 1.127 grammes, à 7 heures du matin. Je le sacrifie à 9 heures du matin. « En résumé, malgré des spolialions sanguines s’élevant, dans l'espace de 25 heures, à un chiffre voisin de la masse initiale du sang, malgré la ligature consécutive des deux troncs cervicaux, l'animal opéré s’est vite remis, s'est nourri et est revenu en quelques jours au poids primitif. Après avoir ainsi placé tous les animaux dans les mêmes conditions expé- rimentales (saignées équivalentes, pratiquées dans le même laps de temps, ligature des troncs cervicaux et bonne alimentation), je les ai sacrifiés à des moments différents, à partir de la dernière saignée. En comparant ainsi entre eux des animaux tués le 2°, 3°, 4°, 5°, 6° ou 7° jour après la dernière saignée, je suis arrivé non seulement à constater une forme et des caractères différents dans les éléments figurés pendant la durée de la réparation sanguine, mais encore à reconnaître que les différences observées dans les éléments libres du sang et de la lymphe sont précédées et déterminées par certaines modifi- cations survenues dans les cellules fixes du ganglion. (Voir 2° note.) (1) Comptes rendus de l'Association des Anatomistes. 2° Session, Lyon, 1904. SÉANCE DU À13 JUILLET 169 Pour l'étude microscopique, j'ai suivi la technique que j'ai déjà indiquée dans mes notes antérieures. Je me suis très bien trouvé de l'emploi de la solution éosine-orange-aurantia d'ISRAEL et Paprexuetm. Je l'ai modifiée en ce . sens que j'augmente la proportion d'orange, que je l’allonge avec 500 centi- mètres cubes d'eau distillée, et que j'y fais séjourner les coupes 12 ou 24 heures, Après lavage à l’eau, je colore ces mêmes coupes à l’hématoxyline ou à la thionine, ou successivement avec l’une et l'autre. L'hématoxyline et la (hionine se fixent sur la chromatine ou la substance chromophile du protoplasma, qui prennent une teinte foncée ou violette, tandis que l’éosine, l'orange et l’aurantia donnent une couleur jaune orange aux hématies adultes et communiquent aux substances en voie de se trans- former en hémoglobine une teinte dont la nuance est intermédiaire au rose violacé et au rose orangé. DE L'ORIGINE ET DE L'ÉVOLUTION DES HÉMATIES ET DES LEUCOCYTES DES GANGLIONS LYMPHATIQUES par M. Én. RETTERER. (2e note). En suivant la méthode exposée dans la note précédente, j'ai obtenu les préparations que j'ai l'honneur de vous soumettre ; elles se rappor- tent : 1° au lapin normal, et 2 au lapin saigné, mais sacrifié à des époques plus ou moins éloignées de la dernière saignée. À. Lapin normal. — Dans les voies lymphatiques du ganglion ligaturé on observe de nombreuses hématies, la plupart discoïdes, de teinte jaune crangé, avec une bordure à double contour foncée ou violette. Quant aux cellules fixes du tissu avoisinant les voies lymphatiques, elles présentent des noyaux de constitution différente. De ces noyaux, dont la taille est celle des hématies, les uns sont foncés ou violets (chromatiques) ; les autres sont formés d'une masse rose violacé, parsemée de grains violets et entourée d'une membrane nucléaire violette; d'autres sont d'un rose orange, sauf la membrane nucléaire qui est violette; d’autres enfin sont, quoique sphériques, de la même teinte jaune orangé que les hématies libres. Sur la limite des voies lymphatiques, on voit des noyaux jaune orangé, en partie ou complètement libres, grâce à la fonte progressive du corps cellulaire. B. Lapin sacrifié un ou deux jours après la dernière saignée. — On retrouve ici, dans le tissu réticulé plein et dans celui à mailles vides, les noyaux des cellules fixes, les uns foncés ou violets, et les autres à masse nucléaire rose violacé avec grains violets. De plus, le corps cellulaire des cellules fixes subit une rapide désagrégation, de sorte qu’à la place du réseau protoplasmique on observe des amas de granulations rose violacé. Au milieu de ces granu- lations se trouvent des cellules arrondies à corps orangé ou hémoglobique et à noyau chromatique (mégaloblastes des auteurs). 110 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C. Lapin sacrifié quatre à six jours après la dernière saignée. — Ce qui frappe dans ces préparations, ce sont les contours irréguliers, anguleux ou étirés des noyaux des cellules fixes. Ces noyaux sont plus volumineux que sur l'animal normal; ils sont plus pauvres en chromatine et plus riches en nucléo- plasma. De plus, ils sont de composition bien différente : à côté de noyaux à grains chromatiques (violets) et à nucléoplasma incolore, on en voit de teinte rose violacé avec des grains violets; mais les noyaux vraiment caractéris- tiques sont ceux qu'on observe sur la périphérie des follicules et dans les cordons folliculaires; ils représentent des masses nucléaires entièrement hémoglobiques (jaune orangé), à l'exception de une, deux ou trois granulations chromatiques (violettes) simulant un petit noyau. Cette dernière variété de noyaux correspond aux normoblastes des auteurs. Les hématies libres et sans noyau qui se trouvent dans les voies lympha- tiques possèdent les mêmes formes irrégulières; les unes sont étirées en larme batavique; d’autres sont réniformes ou recourbées en croissant; d’autres encore sont munies de prolongements en forme de pointes. Fait remarquable, nombre de ces hématies à contours irréguliers (poïkilo- cytes des auteurs) contiennent encore des granulations chromatiques (violettes). Les cellules hémoglobiques nucléées (mégaloblastes) sont nombreuses; mais la plupart présentent, sur leur périphérie, une couronne de corpuscules hémo- ” globiques en voie de se détacher de la cellule pour donner naissance aux granulations hémoglobiques libres. Une fois que l’animal est revenu au poids initial ou l’a dépise les gan- glions reviennent à leur structure normale et élaborent des hématies dont la plupart sont discoïdes. I. Résultats relatifs aux hématies. — Les hématies discoïdes sans noyau proviennent, chez l'animal bien nourri et en bonne santé, des noyaux des cellules fixes. Dans les états anémiques, il est aisé de suivre la transformation des granules chromatiques en substance hémoglobique. Les petites hématies nucléées ou normoblastes ne sont que des noyaux contenant encore quelques granulations de chromatine. Les hématies à contours irréguliers (poïkilocytes) se produisent surtout à l'époque où les noyaux des cellules fixes deviennent volumineux, sont riches en nucléoplasma et pauvres en chromatine. Les grandes hématies nucléées (mégaloblastes) représentent des cellules entières dont le corps est devenu hémoglobique, et qui continuent à posséder un noyau chro- matique. Les granulations hémoglobiques résultent de la fragmentation de l'élément hémoglobique (corps cellulaire ou noyau). IT. Résultats relatifs aux leucocytes. — J'ai déjà décrit (loc. cit., pp. 122 et 129, XIII: Congrès) les diverses variétés de cellules libres ou leucocytes qu'on observe dans les espaces caverneux et périphérique du ganglion normal. Sur les animaux saignés, les cellules du tissu ganglionnaire présentent sur le pourtour des voies lymphatiques des modifications qui nous renseignent sur le développement des leucocytes. Les cellules fixes de la périphérie du follicule possèdent un protoplasma SÉANCE DU 13 JUILLET 7171 clair, contenant de fines granulations à peine colorables par l'hématoxyline. Quant aux noyaux de ces cellules fixes, les uns sont ovalaires ou arrondis et se colorent en masse par l'hématoxyline; d’autres sont en croissant et repré- sentent un cercle de chromatine avec un point central clair (noyau troué); dans d’autres encore, les amas de chromatine sont nombreux, réunis par des fila- ments chromatiques minces (noyaux polymorphes). En un mot, le noyau subit des déformations et sa chromatine se fragmente avant que la cellule fixe se soit transformée en cellule libre. Quant au processus par lequel la cellule se détache du complexus cellulaire, il est identique à ce que j'ai décrit (1) et figuré pendant le développement des bourses muqueuses. « À mesure que le tissu conjonctif, ai-je écrit, se transforme en tissu réticulé à mailles vides, un grand nombre de cellules qui ont perdu leur hyaloplasma et les branches les plus fines de leur réseau restent à l'état d'éléments fusiformes ou étloilés; d’autres perdent tous leurs prolongements et se transforment en cellules qui ne possèdent plus que la zone périnucléaire et quelques prolongements; ces derniers disparaissant, les cellules prennent tous les caractères des éléments libres du tissu conjonctif communément désignés sous le nom de globules blancs. » Ainsi, de par leur origine, les leucocytes qu'on trouve dans les voies lymphatiques sont des cellules qui ont perdu une portion de leur corps; ce sont des cellules incomplètes ou tronquées. Peuvent-elles s'accroître et récupérer leur protoplasma disparu? Voici comment j'ai procédé pour élucider ce problème: J'ai enlevé les troncs lymphatiques une heure, deux, trois ou sept heures ou plusieurs journées après avoir posé la ligature; je les ai fixés, puis coupés en séries dans la paraffine et colorés comme j'ai fait pour le ganglion lui-même. Une ou deux heures après la ligature, on observe, à côté des noyaux libres ou entourés d’une mince bordure protoplasmique, de nombreux leucocytes dont le corps cellulaire volumineux se prolonge sur divers points en filaments ou en expansions coniques. Plusieurs heures ou quelques jours après la ligature, cette dernière variété a disparu ou, à sa place, on ne trouve que des noyaux libres ou des noyaux autour desquels persistent des granulations séparées se colorant en violet ou en rose orangé. D'autre part, au bout de quelques jours, la plupart des noyaux se sont transformés en normoblastes ou en hématies sphériques sans noyau. ; Ces faits montrent que la cellule dite lymphatique continue, dans la lymphe, l’évolution dont nous avons observé le début dans le ganglion lui-même. Elle se transforme et se désagrège pour donner naissance, soit aux éléments hémoglobiques, soit au plasma lymphatique. En un mot, les cellules libres (leucocytes) fournies par le ganglion lymphatique représentent le noyau et la portion périnucléaire du corps cellulaire. Versées dans la lympkhe, elles continuent leur évolution (1) Journal de l’Anatomie et de la Physiologie, 1896, fig. 5 et 6, planche V. 772 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE régressive, c’est-à-dire que le corps cellulaire disparaît par fonte pro- gressive et que le noyau se transforme en hématie. Conclusion générale. — La fonction principale du ganglion lympha- tique est de produire des hématies et du plasma. Les leucocytes qui s'y développent ne sont que des restes cellulaires qui finissent également par se convertir, dans le courant lymphatique ou sanguin, en éléments hémoglobiques. SUR LA STRUCTURE DES TÉRATOMES EXPÉRIMENTAUX, par MM. Cuarres FÉRÉ et AuGusre Permir (1). Les éléments constitutifs des blastodermes greffés présentent une évolution complexe aboutissant finalement à la dégénérescence seléro- kystique. La rapidité avec laquelle s’accomplissent ces processus est extrèmement variable et paraît différer pour les divers transplants effectués sur le même sujet; au début, tout au moins, le temps ne semble pas exercer d'influence nette. En tout cas, un fait est constant : le plus grand nombre de tératomes sont formés de tissu conjonctif fibrillaire, creusé de cavités kystiques, renfermant, en certains cas, des productions diverses (phanères, notam- ment). Mais, si les examens sont suffisamment prolongés, on constate que certains transplants présentent une structure comparable, à certains égards, à celle réalisée dans certains néoplasmes spontanés. pe C'est de ces formes, ou, pour parler plus exactement, de ce stade évolutif, qu'il sera uniquement question dans la présente note (2). Sur trente et un cas, trois blastodermes seulement n'ont pas subi la dégénérescence scléro-kystique ; ils sont constitués essentiellement par une agglomération de petites cellules très 1néeu nent polyédriques, dont les dimensions varient entre 3 et 10 u. Le cytoplasma est en général peu développé, et, dans les éléments les plus ‘pelits, il ne forme qu’une très mince couche, que seules les tein- tures plasmatiques énergiques (Wasserblau, notamment) mettent en évidence (3). Dans les petites cellules, il offre un aspect finement granuleux ; mais, (1) Pour la technique adoptée depuis longtemps, par l’un de nous, voyez Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1897, p. 988 ; 1898, p. 1059. (2) Pour les autres formes, voyez Archives d'anatomie microscopique, t. I, pp. 193 et 417, 4898 ; t. III, p. 337, 1900. | (3) Technique. Liquide de Zenker. Hématoxyline au fer. Orange G. — Liquide de Bouin, Hématoxyline au fer. Érythrosine. — Liquide de Lindsay. Rouge Magenta. Mélange de Benda ou Wasserblau. SÉANCE DU À3 JUILLET Te dans les plus volumineuses, il dessine un réticulum irrégulier avec gra- nulations nodales. En certains cas, enfin, il présente une affinité remar- quable pour les colorants plasmatiques:; la plupart des éléments de cette catégorie ne renferment que des. noyaux fragmentés ou même simplement quelques très fines granulations de chromatine. Les noyaux des éléments les plus jeunes ont une constitution nor- male ; ils sont riches en chromatine, et on y distingue peu de nucléole différencié ; en même temps que le corps cellulaire s'accroît, la structure nucléaire se modifie; les granulations diminuent progressivement de volume et finalement le noyau affecte l'aspect d’une vésicule claire ne contenant plus qu'une massette irrégulière, anguleuse, de chromatine fixant intensivement les colorants nucléaires ; le réseau de linine, bien apparent, est presque entièrement dépourvu de granulations de chroma- tine. Une autre anomalie mérite d’être signalée : la membrane nucléaire et le réseau disparaissent complètement et le noyau est réduit à une masse annulaire se colorant énergiquement par le rouge Magenta et l'hématoxyline. En outre, on observe des phénomènes de pyknose et de karyolyse; ces derniers aboutissent à la formation de granulations, de petits cor- puscules intra ou extra-cellulaires, affectant l'aspect de tingible-Kürper. Les karyokinèses sont assez abondantes ; on en compte quatre à cinq par 10 millimètres carrés ; la plupart sont anormales. Quel que soit le réactif employé, les anses chromatiques sont peu distinctes et remarqua- blement courtes, et fréquemment elles sont de dimensions différentes. Le nombre des chromosomes est variable d’une cellule à l’autre. Les déux asters sont souvent inégaux et, le long des filaments achromatiques, existent des fragments de chromosomes. Dans un grand nombre de cas, les centrosomes et le milieu de la plaque équatoriale ne sont pas situés sur la même droite ; les axes de chacun des asters font un angle. Enfin, il convient de signaler la présence de cellules géantes à trois et quatre noyaux et de physaliphores : ces deux espèces de formations sont, d’ailleurs, assez rares. Ces constatations mettent en évidence une série de faits de structure communs à la fois aux tératomes expérimentaux et aux néoplasmes spontanés. NOTE SUR LES GASTRO-ENTÉRITES DES NOURRISSONS, par M. À. LESAGE. Pendant les mois d’août et septembre 1900, à l'hôpital Trousseau, J'ai pu isoler une variété de la maladie, observée seulement l'été, jusqu'à ce jour. 714 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Tous les cas (16) ont été suivis de mort. On y trouve un cocco-bacille qui a tous les caractères bien connus du genre 2 ella (Lignières, professeur Nocard). Voici le détail de ces faits: Appareil broncho-pulmonaire. — 14 fois sur 16, il n’existait aucune lésion ; 14 fois j'ai trouvé le cocco-bacille daus tout l'arbre bronchique : 4 fois, à l’état de pureté ; 6 fois, uni au staphylocoque ; 2 fois, au strep- tocoque ; 2 fois, au pneumocoque. 2 fois sur 16, il existait de la congestion pulmonaire : 1 fie le cocco- bacille était en culture pure ; 1 fois, il élait uni au staphylocoque. = Cette étude a été faite par l'examen sur lame et la méthode de Gram, par la culture et l’expérimentation sur le lapin. J'ai éliminé tout ani- mal suspect de la maladie du nez. | Sang pendant la vie. — Sur les 16 cas, une fois j'ai obtenu la culture cocco-bacillaire ; 3 fois, j'ai pu démontrer la présence du microbe à l'aide de l’expérimentation. — Résultats négatifs : 13. Sang à l’autopsie. — 5 fois sur 16, j'ai pu trouver le cocco-bacille par la culture et l’expérimentalion. — Il y avait, en outre, des microbes d'envahissement cadavérique. Intestin. — Les matières fécales contenaient le cocco-bacille 12 fois sur 16:7 fois uni au B. coli et au paracoli; 3 fois uni au B. coliet à l’entérocoque de Thiercelin ; 2 fois uni à l’entérocoque qui était en très grande abondance, et au B. coli, qui donna de rares cultures. 4 fois sur 16 : absence de cocco-bacille; présence seule du B. coli et du paracolfi. — Dans ces 4 cas, il est à noter que le cocco-bacille était dans l'appareil bronchique, de sorte que l'examen seul des matières fécales aurait suffi pour éliminer l'existence du cocco-bacille dans l'organisme. Dans cette variété de gastro-entérite, le poumon est l'organe où il faut chercher le cocco-bacille, comme dans les maladies à pasteurelloses déjà connues (Lignières, professeur Nocard), l’arthrite est la lésion où l’on trouve de préférence le cocco-bacille. Le cocco-bacille, que j’étudie, est pathogène pour le cobaye (voie péri- tonéale), le lapin (voie sous-cutanée et nasale). Il ne produit aucun résultat par ingestion dans l'estomac, à l’aide de la sonde. — On obtient une septicémie à forme gastro-intestinale. La porte d'entrée, chez l'enfant, parait être les fosses nasales et les bronches. Ce microbe est-il spécifique de cette variété de gastro-entérite ? L’expé- rimentation ne permet de tirer aucune conclusion. Il faudrait reproduire la maladie chez l'enfant : or ceci ne peut et ne doit être fait. Ce cocco-bacille est-il identique aux pasteurelloses découvertes par Lignières, à la pasteurellose de la diarrhée des veaux découverte par le professeur Nocard? Une étude comparative est nécessaire. SÉANCE DU 13 JUILLET = À) © RECHERCHES SUR LES PROPRIÉTÉS DU PLACENTA, par MM. CnarRin et GABRIEL DELAMARE. De récents travaux tendent à faire considérer le placenta comme un organe possédant une activité propre, capable de modifier ou d’arrêter certains produits (1); dans le but d'étudier cette question, nous avons entrepris une série d'expériences. Nous avons tout d’abord cherché à préciser la toxicilé des extraits de tissu placentaire réalisés dans l’eau salée; nous avons vu qu'il fallait injecter dans les veines un volume de liquide correspondant environ à 26 ou 30 grammes de ce tissu placentaire pour tuer assez rapidement un lapin de 2 kilogrammes, soit en moyenne 14 à 16 grammes pour 1.000. — On observe, en général, au moment de la mort qui survient quelques minutes après cette injection, de la dyspnée, de l'hypothermie, de l'albuminurie et parfois de l’exophtalmie ; les poumons sont intacts, on ne découvre pas d'embolies. Il est bien évident que cette toxicité qui se Dre He de celles des glandes actives, en particulier de celle du foie, offre des variations; la mort a lieu tantôt au bout d'une demi-heure, tantôt au bout de deux ou trois heures. Toutefois, nous devons remarquer que les placentas empruntés à des femmes syphilitiques, albuminuriques ou recueillis dans des cas de macérations fœtales n’ont pas paru contenir des prin- cipes spécialement toxiques. . Mettant en œuvre la technique classique que Schiff a imaginée pour apprécier les fonctions antitoxiques du foie, nous avons, utilisant de préférence le procédé de la trituration, examiné l’action du placenta sur les poisons alcaloïdiques, surtout sur la nicotine. Or, nous avonsreconnu que les animaux qui recevaient le liquide chargé de nicotine après un contact prolongé avec le délivre succombaient sensiblement aussi vite que les témoins; par contre, les lapins auxquels on injectait les mêmes proportions de la même solution de nicotine ayant subi pendant une semblable durée l’action d'une quantité de foie égale au poids de placenta employé, résistaient plus longtemps et parfois survivaient. Remarquons incidemment que le placenta est relativement riche en glycogène; nous nous sommes assurés de la teneur en cette substance des délivres utilisés et, tenant compte des proportions, nous avons fait agir sur la nicotine des fragments de foie et de placenta renfermant des doses identiques de ce glycogène : les résultats ont toujours été négatifs, c’est-à-dire que la nicotine ne paraît pas avoir été modifiée par ce pla- centa. On est donc amené à se demander si cet élément glycogénique (4) Voir les travaux de Wertheimer (Soc. Biol., 1895), de Delezenne , de Letulle et Nattan-Larrier (Soc. Biol., 1901). 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE intervient réellement dans la fonction antitoxique de la glande biliaire. — On pourrail peut-être objecter que, suivant les tissus, cet élément ne se trouve pas dans les mêmes conditions : mais ce sont ià des objections, pour le moment, purement théoriques. Dans une troisième catégorie d'expériences, nous avons étudié l'action du placenta sur les poisons microbiens, principalement sur la toxine diphtérique, comparant cette action à celle du foie, du muscle et de la poudre de charbon. — Dans ce but, nous avons, in vitro, maintenu, au contact de ces tissus broyés ou de cette poudre, des quantités de celte toxine, variant de 4 c.c. à 1/2 c. c., suivant les séries de recherches; de même, ce contact a été réalisé pendant des temps différents : deux à douze heures. Il résulte de ces expériences que les animaux qui ont reçu la loxine soumise à l'influence du placenta ont, en général, survécu soixante- quatre heures, tandis que ceux auxquels on a injecté cette toxine seule ou bien celle qu'on avait mise en présence du foie, sont morts après quarante-cinq ou trente-neuf heures; c'est la poudre de charbon qui semble avoir exercé la plus profonde modification, attendu que les cobayes intoxiqués par le poison du bacille de Lôffler après intervention de cette poudre, ont résisté jusqu'à soixante-sept heures. Ces résullats n'offrent peut-être pas de différences suffisantes pour qu'on puisse tirer des conclusions absolues. Néanmoins, nous ferons remarquer que, si ces différences ne sont pas considérables, les doses utilisées étaient massives, et, d'autre part, nous retiendrons que les animaux traités par la toxine mise au contact du placenta, n'ont pas, le plus souvent, présenté d’hypothermie ou d'hémorragie des capsulés surrénales. Dans une quatrième série d'essais, nous avons injecté du mucus dilué dans la circulation de lapines pleines, sans pouvoir parvenir à produire la coagulation du sang du fœtus, alors que le contenu vasculaire maternel se prenait en masse. Comme nous avons opéré avec assez de lenteur; comme, d’un autre côté, in vitro, ce sang fœtal subit l'action coagulante de ce principe, on est en droit de se demander si le pla-. centa n'intervient pas d’une façon active pour s'opposer à cette influence du mucus sur la coagulation du sang. — Ajoutons que nous n'avons pas décelé, au cours de ces essais, dans le tissu du délivre, des thromboses capables de s’opposer aux effets de ce principe coagulant. Tels sont les résultats, assurément insuffisants, des recherches que nous poursuivons relativement aux fonctions du placenta (1). (Travail du Laboratoire de médecine expérimentale de V' Ecole des Hautes-Eludes : Collège de France). (1) Nous utilisons, mettant à part l’histologie, la méthode en quelque sorte physiologique. Parallèlement, et d'accord avec nous, M. Mouneyrat met en SÉANCE DU 13 JUILLET Yi =1 LES GLUCOPROTÉINES COMME NOUVEAUX MILIEUX DE CULTURE CHIMIQUEMENT DÉFINIS POUR L'ÉTUDE DU MICROBE, par M. CHARLES LEPIERRE. Il est facile, on le sait, de fournir aux microbes, sous la forme de composés simples (eau, sels minéraux, hydrates de carbone), la plupart des éléments dont ils ont besoin pour construire leur protoplasma. Le problème est beaucoup plus difficile pour l'azote nutritif. En effet, à l'exception des substances protéiques, les diverses sources d'azote essayées jusqu'ici ne donnent que des résultats imparfaits, manquant de généralité; c’est ainsi que l'azote des nitrates, sels ammoniacaux, des amines et amides simples qui servent de base aux liquides de Pas- teur, Cohn, Raulin, Ouchinsky, Arnaud et Charrin, ete., est assimilé seulement par quelques microorganismes (levures, moisissures, quel- ques bactéries); la plupart des microbes et surtout les pathogènes ne s’y développent pas. L'état de cette queslion peul se résumer dans cette phrase de Courmont (1 : « Trouver un aliment simple, suffisamment nutritif, capable de fournir l’azote aux microbes, sans contenir de sub- stances albuminoïdes, tel est le problème actuel ». Il est inutile d'insister sur les inconvénients de la présence des substances protéiques dans les milieux de culture microbiens (composition complexe, difficulté de séparation, de diagnose, de purification, etc.); c'est pour cela que l'étude chimique des substances solubles (toxines et autres) est encore à faire. J'ai été conduit à la solution du problème à la suite de considérations théoriques sur la constitution des matières albuminoïdes, telle qu'elle ressort des travaux de mon maîlre Schützenberger (action de la baryte sur les albuminoïdes à 100 ou 200 degrés). Les corps résultant de cette action sont des produits d'hydratation, ayant perdu tout caractère pro- léique, cristallisables et chimiquement définis. Parmi les nombreux corps isolés par Schützenberger (2), après plusieurs tentatives je me suis arrêté aux glucoprotéines « dont la formule est C'H?*Az°O* (N — 6 à 11) qui se forment en abondance à 100 degrés et qu'il est facile d’ob- tenir pures et cristallisées ; leur constitution est connue : : : f à /CH° Rs CO°H. CH°. AzH. CH°. CH°. AzH. CH K CO°H pou C7. œuvre (recherche des ferments, des matières minérales, action d'arrêt, etc.) les procédés chimique. (1) J. Courmont. Précis de Bactériologie. (2) Voir les mémoires de Schützenberger, dans les Ann. de Phys. et Chimie, ou À. Gautier, Chimie biologique. | 718 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Leur poids moléculaire (que j'ai déterminé par la méthode cryosco- pique en solution acétique) est bien celui indiqué par les formules. J'ai préparé plusieurs centaines de grammes de ces corps purs (1). La géla- tine fournit surtout les glucoprotéines em C° et C, l’albumine d'œuf MCCAIN J'ai pensé qu'étant donnés les rapports existant entre les albuminoïdes et les glucoprotéines, ces dernières pourraient être assimilées par les microbes et fournir l'azote nécessaire à l'élaboration de cellules nouvelles. L'expérience a pleinement vérifié cette hypothèse. Liquides nutritifs. Voici la formule que j'emploie; l’azote y est exclu- sivement fourni par les glucoprotéines pures : Eros pure (de Cf à C1), 1 gr. 5 à 2 grammes, seule ou additionnée de 2 à 3 grammes de glycérine, glucose ou saccharose. Eau, 100 grammes. Chlorure de sodium, 0 gr.5; sulfate de magnésium, 0 gr. 5; glycérophosphate de calcium, 0 gr. 2 à 0 gr. 3; bicarbonate de potassium, 0 gr. 1 à 0 gr. 2. Le mélange des sels minéraux indiqués a l'avantage de ne pas donner de pré- cipité. Avec ces nouveaux milieux, j'ai étudié 45 microbes : 22 pathogènes et 23 saprophytes. Les microbes y poussent, en général, aussi bien que dans les bouillons ordinaires. Le plus grand nombre assimilent l'azote glucoprotéinique, quelle que soit leur teneur en carbone : Ce sont, parmi les pathogènes : B. typhiqué, colibacille, V. cholérique, sta- phylocoque blanc, tétragène, B. pyocyanique, actynomyces, B. de la morve, B. ictéroïde, B. viridis, typhimurium, oïdium albicans, B. de la maladie du sommeil, etc. Parmi les saprophytes : M. Cinabareus, fluorescens liquef. et putridus, B. urea, B. radicosus, B. mesentericus vulgatus, B. luteus, B. sub- tilis, B. syncyaneus, Proteus vulgaris, M. prodigiosus, cladothrix alba, asper- gillus niger, penicillium glaucum, etc. 7 _ Certains microbes préfèrent certaines glucoprotéines : Le streptocoque, le B. diphtérique, le B. du charbon, le B. de la peste (Djeddah et Porto), le B. tetani, le vibrion de Pasteur poussent très bien dans les milieux renfermant les glucoprotéines en C* et C°. Le B. de la tuberculose pousse surtout dans celles en C!° et C“. Le ménin- gocoque exige une adaptation préalable; il en sera de même pour le gono- coque. Il faut maintenant profiter de celte facilité de prolifération dans ces milieux chimiquement définis pour faire une étude méthodique des produits résultant de la vie des microbes (toxines et autres). C'est la tâche que je me suis imposée. (Université de Coimbra. Laboratoire de Microbiologie.) (1) Dans un mémoire plus étendu, j'indiquerai la méthode en détail. SÉANCE DU Â3 JUILLET 719 LE COLIBACILLE ET SES VARIÉTÉS. RAPPORTS AVEC LE BACILLE TYPUIQUE, par M. CuARLES LEPIERRE. Je me propose de résumer dans cette note les expériences que je poursuis depuis 189% sur les rapports qui existent entre le colibacille et ses nombreuses variétés, et le bacille typhique. On sait que MM. Rodet et Roux, depuis 1889, soutiennent que le colibacille se modifierait dans l'organisme typhique pour devenir le bacille d’'Eberth; pour ces auteurs il n’existerait pas de différence absolue entre ces microbes, et de plus on observerait souvent l'existence de races de transition entre l’une et l’autre espèce; l'étude de l’agglutination a fourni à M. Rodet, pendant ces dernières années, de nouveaux arguments en faveur de cette thèse. En me basant sur la production de l'indol, la fermentation du lactose et la coagulation du lait, j'établis 5 types de transition entre le coli nor- mal et le bacille typhique : Type I, ne produit pas d’indol, fermente le lactose, coagule le lait; (ype IL, ne produit pas d’indol, ne fermente pas le lactose, coagule le lait (présure) ; type IT, produit de l’indol, ne fermente pas le lactose coagule le lait; type IV, produit de l'indol, ne fermente pas le lactose, ne coagule pas le lait; type V, ne fermente pas le lactose, ne coagule pas le lait, ne produit pas d’indol. Ce dernier type peut se confondre avec le bacille typhique. Les autres caractères (mobilité, cils, culture sur pomme de terre, production de gaz, les phéno- mènes d’agglutination, eux-mêmes (1) sont trop contingents pour servir de base à une classification. J'ai isolé 45 races (eaux, selles normales, selles typhiques, eystites, ete.) se répartissant dans les 5 types indiqués ; elles possèdent l’ensemble des caractères communs aux Colibacille et bacille typhique; ce sont des races bien définies, constantes autant que peuvent l'être les propriétés biologiques; je sous-entends par là qu'après des centaines de passages dans des milieux artificiels, depuis six ans elles conservent les carac- tères du type ; il ne s’agit donc pas de ces nombreuses variétés à carac- tères transitoires que l’on rencontre à chaque instant. J'ai cherché à établir quelles seraient les transformations biochimiques que ces races souffriraient par leur inoculation aux animaux de laboratoire, c'est-à-dire vérifier si elles conserveraient leur type ou si elles revien- draient au type colibacille normal. Pour cela j'ai recours au lapin et au cobaye, par injection intrapérito- néale d’une culture de vingt-quatre à quarante-huit heures à la dose de 2 cen- timètres cubes par kilogramme, ou par culture en sacs; si la culture est de (1) Expériences de Stern, Rodet, Beco, et les miennes (qui feront l'objet d'une prochaine note). 780 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE date récente, les animaux meurent presque toujours dans un délai fort va- riable (quelques heures à quelques mois): il est du reste facile d’exalter suf- fisamment la virulence des races, qui n’a pas besoin d’être très grande; on ensemence les divers produits pathologiques et le sang recueillis à l’autopsie, et on fait des plaques de gélatine. On étudie séparément chacune des colonies développées, au point de vue indol, lactose et lait. On continue les cultures en série, et les inoculations avec les colonies isolées des plaques. — Plusieurs races de chacun des cinq types indiqués ont été soumises méthodiquement à ces expériences. Je réserve pour un mémoire plus étendu le détail des expériences,-et j'indiquerai seulement les résultats obtenus. L’inoculation aux cobayes et lapins des colis anormaux indiqués leur fait récupérer les caractères qui leur manquaient pour être des colis normaux. Ce retour au coli- bacille normal est plus ou moins facile à obtenir : la fonction indoligène revient facilement; il est, au contraire, plus difficile de restituer la fonc- tion fermentalive du lactose ; il faut plusieurs passages dans l'organisme, et il n'est pas rare d'observer que les premières colonies modifiées reperdent rapidement cette propriété par culture in vitro. Cependant, en poursuivant en série les inoculations avec les colonies en voie de trans- formation, on revient au type coli normal. Il faut souvent plus d’un an, et certaines races se modifient plus vite que d’autres. Les échantillons que l'on pourrait prendre pour des bacilles typhiques (1), soumis aux mêmes épreuves, se divisent plus ou moins vite (cinq à quinze mois) en deux groupes : les uns (colis anormaux) se rapprochent peu à peu du coli normal jusqu'à s'identifier définitivement avec lui; les autres (vrais bacilles typhiques) résistent aux inoculations, passages en sacs, etc. Il en résulie qu'on ne pourra donner le nom de bacille typhique à un microbe Eberthiforme, que lorsqu'un grand nombre d’inoculations en série démontreront, par l'examen individuel des colonies issues de ces passages, qu'aucune ne fait de l’indol, ni ne fermente le lactose; il ne suffit pas, comme on l’a fait jusqu'ici, de vérifier l'ensemble des carac- tères culturaux, les réactions biochimiques, les phénomènes de l'agglu- tination,; il faut y joindre l'expérimentation chez les animaux. On élimine ainsi les colis anormaux qui en imposent pour des bacilles typhiques. Les types étudiés ne sont donc pas des termes de transition graduelle entre le bacille d'Eberth et le colibacille : ce sont simplement des variétés de l’espèce coli, à laquelle il est possible de les faire revenir. (Université de Coimbra. — Laboratoire de microbiologie.) (1) Y compris les phénomènes agglutinatifs. SÉANCE DU 13 JUILLET 781 INFLUENCE D'UN SÉRUM ANTITUBERCULINEUX SUR LA VIRULENCE DU BACILLE DE KOCH, par M. FERNAND ARLOING. Dans une précédente note (1), nous avons étudié l'effet d'un sérum antituberculineux (provenant d’une chèvre ayant recu sous la peau des cultures virulentes de bacille de Korh) sur la végétabilité du bacille tuberculeux et montré son action bactériolytique sur le même orga- nisme. Nous avons ainsi constaté que ce sérum, doué également d’un fort pouvoir agglutinant pour le bacille de la Mau en culture liquide homogène, n’exerce aucune action bactériolytique sur ce microbe, mais favorise sa végétation. Aujourd'hui, nous allons examiner si le sérum antituberculineux imprime quelque modification à la virulence du bacille de Koch. Dans ce but, nous avons prélevé des bacilles sur une culture virulente et nous les avons finement délayés, partie dans du bouillon, partie dans un égal volume du sérum expérimenté. Le contact s’est prolongé vingt-quatre heures. Après quoi, ces émul- sions microbiennes ont été inoculées à des lots de cobayes. Les uns ont reeu sous la peau de la cuisse deux gouttes de l’émulsion de bacilles dans du bouillon, les autres deux gouttes de l émulsion des bacilles faite avec notre sérum antituberculineux. -[. — À. Cobayes inoculés à la cuisse avec deux gouttes de l’émulsion dans du bouillon. — Les animaux ont élé sacrifiés deux mois après le début de l'expérience. Leur état général est assez médiocre. Au point d'inoculation, tous, sauf deux, présentent des accidents locaux accusés (abcès, nécrobiose et ulcérations). Les ganglions inguinaux du côté correspondant à l'inoculation, ainsi que les ganglions sous-lombaires, sont tuberculeux. Les lésions viscérales existent partout et présentent partoutles carac- tères classiques que l'on rencontre d'habitude chez les cobayes, qui sont des réactifs si délicats de la tuberculose. B. Cobayes inoculés à la cuisse avec deux gouttes de l’émulsion dans du sérum anlituberculineux. — Les cobayes sont sacrifiés en même temps que ceux du lot précédent. Etat cachectique assez accusé. Aux points d'inoculation, pas d'accidents locaux, sauf chez un seul sujet, où existe un abcès insignifiant. Ganglions inguinaux des deux côtés considérablement tuméfiés et (1) Comptes rendus de la Soc. de Biol., 29 juillet 1899, p. 750. BiozoctEe. Comptes RENDUS. — 1901. T. LIIL 60 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE caséeux. Ganglions sous-lombaires rétro-hépatiques également atteints. Dans tous les viscères existent des lésions extrémement avancées et très confluentes. | Les poumons sont farcis de tubercules. La rate et le foie contiennent des masses tuberculeuses, et, sur plu- sieurs sujets, le foie lui-même est frappé de dégénérescence graisseuse. De cet exposé succinct, il résulte que tous les animaux ayant recu des bacilles de Koch, maintenus au contact du sérum antituberculineux, ont présenté des lésions ganglionnaires et viscérales plus intenses que ceux pour qui les microbes avaient subi simplement le contact du bouillon. Il est digne de remarque que l'accident local a fait à peu près défaut sur les sujets où la tuberculose a une tendance plus grande à la géné- ralisation. Cette particularité est-elle une conséquence de l’exaltation de la viru- lence ou de l’action chimio-taxique positive du sérum antituberculi- neux exercée localement ? Nous ne saurions le dire pour le moment. Etant donnée la sensibilité extrême du cobaye à l'infection tubercu- leuse, nous nous sommes aussi adressés, pour compléter nos expériences, au lapin, qui oppose plus de résistance à l’infection, dans l'espoir que la différence précitée ressorlirait plus manifestement. Il. — A. Lapins inoculés à la cuisse avec quatre gouttes de l’émulsion dans du bouillon. — On à mis fin à l'expérience deux mois après son début. Les animaux offrent un bon état d'embonpoint, même une légère augmentation de poids. Tous présentent des accidents locaux énormes, s'étendant même à distance du paint inoculé. Les ganglions inguinaux du même côté sont malades. ‘ Pas de lésions visibles tuberculeuses dans les viscères. B. Lapins inoculés à la cuisse avec quatre gouttes de l'émulsion dans du sérum antituberculineux. — Avant le sacrifice des survivants, plu- sieurs sujets ont succombé, un mois environ et plus, après l'inoculation. Parmi eux, plusieurs ont succombé à une tuberculose septicémique, d’autres à des lésions tuberculeuses fines et sériées; parfois aussi la rate avait augmenté de volume; mais aucun n’a présenté d'accidents locaux. Quant à ceux que l’on a sacrifiés, ils ont présenté les mêmes lésions et au même degré que ceux qui étaient morts spontanément. Nous voyons les résultats, dans cette deuxième série d’expériences, confirmer ce que nous avons observé sur le cobaye. En conséquence, le sérum antituberculineux que nous avons étudié exalte la virulence du bacille de Koch, ou bien favorise l'infection de l'organisme par l'agent tuberculeux. SÉANCE DU 13 JUILLET 183, {1 nous est impossible actuellement d’écarter l’une ou l’autre de ces deux alternatives, attendu que le sérum, ayant été injecté en même temps que les bacilles, a pu exercer lui-même une certaine action pré- disposante sur l'organisme. Mais nous poursuivons des recherches pour trancher la question. DE LA TOXICITÉ DU PRODUIT DES DIGESTIONS DE VIANDES, par MM. E. CAssaET et G. SAux. Dans des communications précédentes, visant des expériences faites pour contrôle, nous avons établi successivement la toxicité de la macé- ralion de viande et du sue gastrique normal. Aujourd'hui nous apportons les résultats que nous avons obtenus, en faisant digérer les viandes pré- cédentes par le même suc gastrique; ils sont absolument différents des premiers, et accusent une toxicité beaucoup plus élevée. En effet, nous avons dit que les macérations de viande au 1/10 étaient mortelles à la dose de 53 centimètres cubes par kilogramme, et celles de suc gastrique à la dose de 30 à 32 centimètres cubes. Or, quand on fait digérer cette viande par le même suc gastrique et qu'on injecte à des lapins le produit obtenu, on les tue à des doses moyennes de 13 centimètres cubes par kilogramme. Si l’on additionne les quantités qui eussent dû résulter d’un simple mélange et sans qu'aucune transformation eût été opérée du fait de la digestion, la dose mortelle se serait élevée à 43 centimètres cubes par kilogramme. Il est donc indiscutable que la digestion opère des modifications telles dans les mélanges précités, que leur toxicité augmente en bloc dans la proportion du triple au moins. Il y a plus. Si l’on considère exclusivement les cas dans lesquels les digestions ont été injectées avant qu'elles ne fussent complètes, c’est- à-dire alors qu'on y trouvait encore de l’HCI libre, et que le liquide extrait conservait une fluidité suffisante pour être facilement filtré, les moyennes de toxicité accusaient une nouvelle aggravalion considérable, puisque les animaux succombaient à la dose moyenne de 7 centimètres cubes par kilogramme. Cette toxicité était ainsi ue du mélange de viande et de suc gastrique. Il n’est donc plus possible aujourd'hui de nier, comme il a été fait encore tout récemment, que la digestion, avant qu'elle ne soit complète, ne puisse développer des substances éminemment toxiques. Il en résulte que les malades, dont la digestion est si rapide qu'elle arrive presque: immédiatement à la phase des syntonines et s’y fixe, se trouvent, en cas de résorption des produits ainsi formés, exposés aux accidents que nous visions plus haut. 784 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Or, chez le lapin, la mort s’est produite à la suite de convulsions toniques et surtout cloniques, rappelant absolument le tétanos strych- nique avec de la dyspnée, de l’exophtalmie, de la mydriase, une diu- rèse parfois sanglante, et une anesthésie cornéenne, tellement sem- blables aux mêmes accidents que l’un de nous avait déjà signalés en 1894 par l'injection du suc gastrique d'un hyperchlorhydrique, qu'il ne nous parait y avoir de doute, ni sur leur identité, ni sur leur simili- tude d’origine. Les produits acides de la digestion artificielle sont donc les mêmes que ceux des hyperchlorhydriques, et leur principale pro- priété est l'action tétanisante. ACTION SIMULTANÉE DE L'ACIDE CHLORHYDRIQUE SUR LE SACCHAROSE ET L'ACÉTATE DE MÉTHYLE, par MM. Vicror HENRI et LARGUIER DES BANCELS. Nous avons étudié l’action des acides simultanément sur le saccharose et l’acétate de méthyle. L’inversion du saecharose C:2H220:1 — H20 = CSH2205 + CSH:2205 et la décomposition de l'acétate de méthyle CH°CO?CH* HE H°0 = CHSOH + CH*CO?H ns. | se produisent en présence des acides, et on considère ces actions comme catalytiques. Nous avons mesuré les vitesses de ces deux réactions : 1° lorsque l'acide est mis en présence d’un seul des deux corps, c’est-à-dire du saccharose ou de l’acétate de méthyle ; 2° lorsque ce même acide dans les mêmes proportions est mis en présence du mélange de saccharose et d’acétate de méthyle. Les expériences ont été faites à 29 degrés, la concentration en HCI 1 1 était 5 normale, la teneur en saccharose était de à normale, enfin la concentration en acétate de méthyle était = normale. La vilesse d'inver- sion était mesurée au polarimètre, la vitesse de décomposition de l’acé- tate de méthyle déterminée par les dosages d’acidité au moyen de la 1 soude au 3 normale. Nous donnons dans les tableaux suivants quelques-uns de nos résul- tats. Les nombres indiquent les proportions décomposées au bout de différents intervalles de temps; de plus, dans les colonnes K nous don- SÉANCE DU 13 JUILLET 785 nons les valeurs des constantes des réactions calculées par la loi logarithmique connue : Dr a | K = = log 7,” où (est le temps, a la quantité totale au début du saccharose ou de l’acétate de méthyle, et x la quantité décomposée au temps {. Ce sont ces valeurs de K qui caractérisent les vitesses des réactions. L'examen des nombres montre : 1° Que l’inversion du saccharose se produit exactement avec la même vilesse en présence de l’acétate de méthyle, qu’en son absence. Vitesses de décomposition de l’acétate de méthyle. 4° HCI 20H SHC : + acétate de méthyle. + acétate + saccharose. + acétate + s.interverti. DUREES CE TE , RER EE 12 "ti = P ti z 13 ti r a 00 u p. 100. ee p. 100. 5 40 min. 6,9 122 il 761 6,4 7118 100 — 14,8 662 17,6 808 16,0 757 200 — 26,7 681 102878 745 28,1 142 285 — 36,1 683 40,0 781 38,8 159 1200 — 84,2 668 86,9 725 86,7 130 1740 — 93,5 682 94,1 706 94,7 133 Vitesses d'inversion du saccharose. 4° HCIHsaccharose 5° HCI—H acétate saccharose De Proportion K D Proportion K décomposée. : décomposée. : p. 100. = P. 100. "> 28 min. D 845 38 min. 1,4 879 87 — 12,8 (?) 684 (?) 100 — 18,3 818 181 — 31,0 890 189 — S159 883 251 — 40,9 889 281 — 43,1 811 491 — 62,8 815 512 — 64,3 814 1167 — 81,2 165 1184 — 87,4 160 2° Que la vitesse de décomposition de l'acétate de méthyle est presque la même avec ou sans saccharose; il semble pourtant qu'il y ait une tendance à une action plus rapide en présence du saccharose; ce der- nier résultat est conforme aux recherches récentes d'Arrhénius, Cohen, Osaka, etc., relatives à l'influence des sucres sur la vitesse de saponifi- cation des éthers par la soude. En résumé, les deux réactions étudiées se produisent avec la même vitesse séparément et simultanément, il n'y a donc pas de partage pour 786 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’action de l'acide; c'est une preuve nouvelle que ces réactions sont purement catalytiques, elles sont dues à des actions de milieu, et il ny a pas lieu de supposer la formation de combinaisons chimiques inter- médiaires. Au point de vue biologique, le problème est intéressant, puis- qu'il se pose pour l’action des diastases, où on a aussi à se demander si ces actions sont purement catalytiques, ou bien s’il y a des combinaisons chimiques intermédiaires qui se forment. Nous croyons que la question pourra être résolue pour certaines diastases par la même méthode. (Laboratoire de physiologie générale de la Sorbonne.) SUR LA LIPASE DES GANGLIONS LYMPHATIQUES A L'ÉTAT NORMAL ET PATHOLOGIQUE par M. A. Pouran. Dans une note précédente, nous avons montré que, par l’étude histo- logique des ganglions du mésentère recueillis chez un jeune chien pen- dant la période digestive, on pouvait voir la graisse se transformer dans l'intérieur des sinus de ces ganglions (1). Nous avons aussi montré que cette transformation était due à l'existence d’une lipase d’origine gan- glionnaire, très comparable et peut-être même identique à la lipase découverte par M. Hanriot dans le sérum. Il nous est possible aujourd'hui de préciser et de compléter ces don nées, en étudiant l’activité lipasique des ganglions. Pour cela, nous avons employé le procédé de dosage de M. Hanriot, au moyen de la monobutyrine, mais en le modifiant légèrement. Nous avons pris pour unité l'acidité produite sur la monobutyrine par 1 gramme de ganglion en 30 minutes à l'étuve à 37 degrés. Nous avons en outre employé une solution de monobutyrine au 1/100 dans l'alcool à 90 degrés. L’em- ploi de cette solution alcoolique, toujours parfaitement limpide, ne nous a pas paru présenter d'inconvénient. Nous avons d'ailleurs toujours fait une expérience de contrôle avec une solution témoin, et, les conditions de nos expériences restant identiques, les résultats en sont entièrement comparables. Ces résultats sont de deux ordres, et peuvent se résumer ainsi : En expérimentant sur une série de jeunes chiens, les uns en état de jeûne prolongé, les autres en période digestive, nous avons pu constater que, au même moment, chez le même animal, le pouvoir lipasique des ganglions du mésentère est sensiblement le même que celui des gan- glions axillaires ou périphériques. D'autre part, nous avons fait la même recherche sur des enfants morts SÉANCE DU 13 JUILLET 787 de maladies infectieuses variées, à l'hospice des Enfants-Assistés, dans le service de notre maître M. le professeur Hutinel, qui a bien voulu nous guider dans ce travail. Nous ne pouvons en donner ici que les résultats : ; 1. Diarrhée cholériforme sans lésions pulmonaires ni cutanées : axillaires 020 Lipase dans les ganglions ; ee | mésenfériques. T4 2. Broncho-pneumonie, suite de rougeole, avec érythème cutané infectieux et otite double : Lipase dans les ganglions SR ne Pè cs - { mésentériques. 124 3. Broncho-pneumonie suite de rougeole. Infection naso-pharyngée et abcès multiples de la peau : 3 à AIAEESAEETDS Lipase dans les ganglions £ re à mésentériques. 143 4. Diphtérie toxique associée au streptocoque : AXTIEES EE RS?! Lipase dans les ganglions ‘ be P 8° mésentériques. 76 5. Rachitisme. Diarrhée. Convulsions. Broncho-pneumonie. Infection généralisée : ; AXUIAITCS ER NUE Lipase dans les ganglions È So ve mésentériques. 92,5 6. Impétigo du cuir chevelu, de la face. Eczéma des membres. Abcès multiples de la peau. Pas d'infection pulmonaire ni intestinale : dullaires eee 81 Lipase dans les ganglions méenniques AU De ces faits, nous pouvons conclure que : 1° À l’élat normal, le pouvoir lipasique est sensiblement le même dans les ganglions périphériques et dans les ganglions du mésentère, au même moment chez le même sujet; 2° Dans les infections intestinales, l’activité lipasique des ganglions mésentériques diminue beaucoup par rapport à celle des ganglions périphériques. Le contraire se produit dans les infections cutanéo- muqueuses. Enfin, dans les infections généralisées diffuses, le pouvoir lipasique s’abaisse, et sensiblement de la même quantité, dans tous les ganglions de l’économie. (1) Soc. de Biologie, 15 Juin 1901. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette 189 *SÉANCE DU. 20 JUILLET 1901 M. Cowsr. Simronesco : Traitement cacodylique. — MM. Gnossarn et Pécor : Sur l'existence d’un centre psychique d'auto-audition. — M. Trisonpgau : Le ganglion sus-épitrochléen dans l’éléphantiasis du membre supérieur. — Dr V. Gacrpre : À propos des kystes radiculo-dentaires; rectification. — M. Cu. Féré : Note sur l'influence du travail digestif sur le travail manuel. — M. LAverAn : Essai de clas— sification des hématozoaires endoglobulaires ou Hæmocylozoa. — M. H. Mouron : Sur les diastases intracellulaires des Amibes. — M. le D' Ferrier : Cytologie du liquide céphalo-rachidien dans la leucémie. — M. E. Sacquépée : Persistance du déséquilibre hémoleucocytaire à la suite des infections. — MM. N. Vascuine et CL. Vurpas : De la vitesse des temps de réaction auditive simples ou le choix en rapport avec le coefficient mental. — M. P. Poncer : Note sur l’actinomycose bumaine.— M. P. BerGourGnax : Crises vésicales du tabes. Injections épidurales de cocaine par la méthode de Cathelin. — MM. Porrier et Brerry : Recherches sur l'influence de l'alimentation sur les sécrétions diastasiques. — M. Doxon : Anasto- moses entre le système porte et le système des veines caves par l'intermédiaire de l’épiploon. M. Poxcer (Discussion). — M. Rogert Lowy : Utilisation d'une anse grêle, en guise d'uretère. — MM. J. HuLor et F. Ramon» : Anémie post-hémor- ragique. Présidence de M. Railliet, vice-président. TRAITEMENT CACODYLIQUE, par M. Consr. SIMIONESCO. (Communication faite dans la séance précédente.) Nous avons cherché si le traitement cacodylique prolongé peut amener des phénomènes d'intoxication ou des modifications dans les différents organes. Nous avons pris six lapins ayant presque le même âge,le même poids -et nourris de la même manière ; nous avons commencé par des injec- tions de 0,005 milligrammes que nous faisions chaque jour à quatre de nos lapins et nous avons gardé deux lapins comme témoins. Les injections ont été faites pendant quinze jours après lesquels nous avons laissé un repos de quinze jours, et ensuite nous avons recommencé les injections pendant trois mois. Dans cet intervalle nous n'avons constaté rien d’anormal. Après les quarante-cinq injections, c'est-à-dire après trois mois, les lapins injectés avaient augmenté leur poids de 50 à 250 grammes, tandis que des témoins, l’un avait conservé son poids, et l’autre avait un peu diminué. Biozocie. COMPTES RENDUS. — 1901. T, LIIT, 61 OT PEL UNGE es 9 di. 790 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons augmenté la dose en arrivant à 0,05 centigrammes et nous avons fait encore quinze injections sans avoir remarqué des phénomènes d'intoxication. Nous avons sacrifié les lapins et nous avons examiné le foie, les reins, la rate, le cerveau et le cœur, sans avoir trouvé aucune lésion, ni de la dégénérescence, ni de l’infiltration graisseuse. Nous avons eu l’occasion d'employer le traitement cacodylique dans la chlorose, dans la tuberculose, dans la neurasthénie et dans le paludisme. Nous avons obtenu des résultats très satisfaisants, car La malades gagnaient de poids et raltrapaient leurs forces. Chez deux malades de Roumanie, atteints de fièvres paludéennes, le traitement nous a donné un très bon résultat. Nous avons pratiqué plus de six cents injections à la dose de 0,05 centigrammes de cacodylate de soude sans avoir eu le moindre accident. Nous avons aussi employé le cacodylate de fer, mais nous l’avons abandonné, car il est moins soluble que celui de soude; il s’absorbait plus difficilement et souvent les malades accusaient des douleurs ou un engourdissement qui persistait plusieurs jours. En ce moment nous expérimentons le cacodylate de gaïacol. SUR L’EXISTENCE D'UN CENTRE PSYCHIQUE D AUTO-AUDITION. Note de MM. Grossarp et PÉGoOT. (Communication faite dans la séance précédente.) Plusieurs observations qui feront l’objet d’une publication ultérieure nous ont permis d'émettre l'hypothèse de l'existence d’ur centre psychique d’auto-audition. La première est relative à une femme enceinte qui, dès le début de sa grossesse, ne comprenait plus sa parole, bien qu’elle s’entendit parler. Par contre, elle entendait et comprenait fort bien la voix des autres. A l'examen, l'organe de l'audition est normal. Il s’agit donc d’une lésion centrale qui a guéri d’ailleurs. La deuxième est celle d’une femme devenue subitement demi- sourde à la suite de l'éclatement d'un pétard, et qui depuis ce moment entendait tout le monde parler du nez, tandis qu’elle-même s’entendait parler normalement. Nous pensons que dans le premier cas, le centre d’auto-audition était lésé, tandis que dans le second, c'était le centre de l'audition verbale. Ce qui nous confirme dans cette opinion, c'est que des individus inca- pables de reconnaitre la fausseté d’une note rendue par eux apprécient TA Lan SÉANCE DU 20 JUILLET 791 ee À © (ON UNMNMNONONC NN fort bien les fausses notes rendues par d’autres. Leur centre d’auto- audition n'est pas développé ou est mal conformé. Enfin les sourds-muets qui ont conservé un peu d'audition n’enten- dent pas la voix de leurs professeurs comme la leur propre, et il faut que la voix de ceux-ci se rapproche le plus possible de Ja leur pour qu'elle ne soit pas pénible à entendre. À priori, d’ailleurs, ce centre devait exister. Travail fait à la clinique otolocique de l'Institut national q jt des Sourds-Muets). LE CANGLION SUS-EPITROCHLÉEN DANS L'ÉLÉPHANTIASIS DU MEMBRE SUPÉRIEUR , par M. TRIBONDEAU. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai observé aux îles de la Société quatorze cas d'éléphantiasis des membres supérieurs (1), et j'ai été frappé de la physionomie que donne à la maladie l’engorgement du yanglion sus-épitrochléen. Les auteurs que j'ai consultés n’en font pas mention. L’éléphantiasis débute à la main ou à l’avant-bras par une poussée de lymphangite réticulaire staphylococcique. Puis, une large traînée de lymphangite tronculaire remonte le long du bord interne de l’'avant-bras, mais s'arrête presque toujours à la partie inférieure du bras. au niveau du ganglion sus-épitrochléen. Ainsi, tandis qu'au membre inférieur l’élé- phantiasis franchit en une seule étape la jambe et la cuisse et s'arrête au niveau des ganglions cruraux logés dans le triangle de Scarpa, — au membre supérieur, au contraire, le segment antibrachial est seul envahi d'emblée, le ganglion sus-épitrochléen offrant une barrière presque infranchissable aux germes infectieux. Chez l'individu normal, le bord interne du coude présente deux courbes en sens inverse qui se rencontrent au sommet de l'épitrochlée : l’une antibrachiale, convexe, l’autre brachiale, concave. C’est au fond de cette dernière qu'on trouve, chez le malade, dès la première poussée d’adéno-lymphangite redux, le ganglion sus-épitrochléen enflammeé, sous forme d’une petite boule arrondie, douloureuse à la palpation. Le premier accès terminé, tous les symptômes de lymphangite trabéculaire qui ont précédé l’adénite peuvent rétrocéder; le ganglion sus-Épitro- chléen, au contraire, reste le plus souvent engorgé. Dans la suite, (1) Les observations ont été publiées dans les Archives de médecine navale, août 1900, 792 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (! il devient même le point de départ de nouvelles poussées inflamma- toires; la lymphangite est alors descendante et consécutive à l’adé- nite. | | Dans les premiers temps de l'affection, le ganglion, peu volumineux, n’est appréciable qu'au palper. Puis, il remplit peu à peu la dépression sus-épitrochléenne, son volume passant de celui d’une noisette à celui d’une noix; il est fusiforme, prolongé en haut et en bas par les troncs dilatés des lymphatiques afférents et efférents. Enfin, l’encoche bra- chiale est comblée, le bord interne de l’avant-bras ne présente plus qu'une seule courbe régulièrement convexe en dedans et dont le point culminant est situé un peu au-dessus du coude (fig. 1, bras droit). Plus tard, le ganglion sus-épitrochléen, en grossissant davantage, forme une tumeur distincte à la vue, saillante au-dessus du bras à la direction duquel son grand axe est presque perpendiculaire. Elle est ovoïde, à grosse extrémité légèrement pendante en bas, en dedans eten arrière, et, vue de côté, rappelle dans son ensemble un énorme ergot qui serait annexé au coude (fig. 2). Son volume peut devenir considé- Re > SÉANCE DU 20 JUILLET 793 rable. C'est ainsi que le bras gauche du malade de la figure 1 avait 57 centimètres de tour au niveau du ganglion, tandis que le bras droit, faiblement envahi, ne mesurait que 35 centimètres. Le bras droit du malade de la figure 2 avait 82 centimètres de tour au même niveau, soit 53 centimètres de plus que le bras gauche resté sain (29 centi- mètres). La tumeur sus-épitrochéenne peut être formée par plusieurs ganglions superposés. À PROPOS DES KYSTES RADICULO-DENTAIRES ; RECGTIFICATION, par le D° V. GaALrPre. Dans le numéro du Progrès Dentaire portant la date d'avril 1904, a paru un mémoire intitulé : « Des granulomes et des kystes radiculo- dentaires », par le D' Oskar Rümer, travail lu à la 71° réunion annuelle 794 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des German-physicists and Doctors, à Munich, 19 septembre 1899, traduit de la Correspondenzblatt f. Zahnärzte et de la Quarterly Cir- cular. L'auteur cite les travaux de Partsch, 1892, et de Julius Witzet, 4896, et expose ses recherches personnelles, mais il ne fait pas la moindre mention des travaux considérables, publiés antérieurement, par un savant français, M. le D' Malassez. Nous rappellerons d’abord le mémoire « Sur les débris épithéliaux paradentaires » paru en 1885, dans les Archives de Physiologie normale et pathologique et la série de communications faites à la Société de Biologie en 1884, 85, 86, 87 et 88! Dans le mémoire des Archives, on trouve précisément (p. 314) un chapitre intitulé : « Fongosités radiculo-dentaires », correspondant aux granulomes de M. Rümer, et, plus loin (p. 320), un autre intitulé : « Kystes radiculo-dentaires », où les principales particularités signalées par M. Rümer, sont décrites, figurées et commentées. Ainsi M. Rômer reconnait (p. 99 du Progrès Dentaire) que, parmi les granulomes, il en est qui contiennent du tissu épithélial ; il en aurait même trouvé à son grand étonnement dans le canal radiculaire (p. 104). C'est ce qu'avait dit et figuré avant lui M. Malassez, dans son mémoire (p. 316 et 517, pl. Il, fig. 2). Certaines particularités signalées par M. Malassez semblent même avoir échappé à M. Rümer. Il ne signale pas, par exemple, les caractères Malpighien et Adamantin que présente parfois l’épithélium des fongosités radiculo-dentaires et, plus souvent et plus nettement, celui des kystes. Cette constatation est cependant des plus intéressantes et M. Malassez s’en est servi, ainsi que de bien d’autres, pour expliquer l’origine de cet épithélium. La démonstration du rôle provocateur des microbes dans le déve- loppement des kystes n'appartient pas davantage à M. Rümer, et l’on trouvera exposées (J. des Conn. méd., 1887, p. 28) des recherches remontant à 1884 et dans lesquelles a été démontrée la présence des microbes dans le canal dentaire, dans la cavité kystique, à la surface interne du kyste ct dans les anfractuosités que cette surface présente. Nous voulons croire que M. Rümer a péché par ignorance, mais s’il avait étudié la bibliographie de la question qu'il se proposait de traiter, il se serait évité un long et inutile travail. Le silence gardé par M. Rômer est d'autant plus regrettable qu'il est privat-docent à Strasbourg et que les recherches de M. Malassez ont été cilées, confirmées dans une série de travaux parus en France et à l'étranger, en Allemagne en particulier. Son mémoire des Archives a même été traduit en allemand dans une revue spéciale, la #evue et Archives suisses d'odontologie (juillet 1838, p. 264). : Après avoir pris connaissance du travail de M. Rümer, nous avions pensé que, parmi les médecins français rédigeant ou dirigeant des SÉANCE DU 20 JUILLET 795 journaux professionnels, il s’en serait trouvé au moins un qui aurait tenu à honneur de rétablir la vérité. Cette intervention ne s'étant pas produite, au moins à notre connaissance, nous publions cette note comme un hommage rendu à la justice, et un témoignage d’affection et de respect pour le savant éminent dont nous nous honorons d’être l'élève et l’ami. NOTE SUR L'INFLUENCE DU TRAVAIL DIGESTIF SUR LE TRAVAIL MANUEL, par M. Cu. FÉRÉ. On sait bien qu'un exercice violent à la suite du repas diminue les sécrétions gastriques et est capable de suspendre la digestion. Le travail intellectuel qui nécessite une tension des muscles peut produire le même effet. On sait aussi que le travail de la digestion diminue l’activité du vouloir sous toutes ses formes, c'est-à-dire du pouvoir. Ce dernier fait peut être illustré par l'expérience, suivant le procédé que j'ai mis en usage pour étudier la fatigue par les excitations sensorielles. Une série de quatre ergogrammes à une minute d'intervalle faits au repos sans excitation a donné, en général, dans ces derniers temps, un travail de 22 à 23 kilogrammètres ; dans une expérience récente, on à obtenu 22 kil. 47 (médius droit, 3 kilogrammètres chaque seconde). C'est ce chiffre que nous prendrons pour terme de comparaison dans les expériences suivantes où on travaille par séries séparées par des repos de cinq minutes, tous les jours à la même heure, le même temps, après un déjeuner uniforme. Exr. I. — Deux heures après le déjeuner ordinaire, cinq minutes avant le travail, on prend deux œufs ayant séjourné trois minutes dans l’eau bouillante, sans aucun condiment. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT féreoerAtnes Ron Pete os au le 11e 22,08 98,17 À 10,50 46,72 D 9,42 41,92 4. SURE 38,05 5. 6,72 29,90 6. 5,82 25,90 7. 3,66 16,28 8. 3,18 14,15 9. 3,12 13,88 73,05 7196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On voit que la première série est à peu près normale ; mais l’accumu- lation de la fatigue est plus rapide que lorsqu'on travaille sans le repas supplémentaire. Le travail total normal de 145 à 150 kilogrammètres pour un même nombre de séries est diminué de moitié. Exp. IT. — Deux heures après le déjeuner ordinaire et cinq minutes avant le travail, on prend trois œufs préparés comme dans la première expérience. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT , du t il d'ergogrammes. oem ete au solo el AGE SE ER PRO TE 13,41 59,67 DES SAR TN RTE ARLES 5,61 24,96 do 4,92 21:89 k. 4,50 20,02 DEUER : 316 16,68 (DaWE 3,63 16,15 ve NAN ea Due 16,55 8. D EU PA EN 3,12 13,28 d 2,82 12255 43,48 _ Immédiatement après le dernier ergogramme de la 9° série, on prend trois autres œufs préparés de même, et on recommence les séries d’ergo- grammes avec les mêmes repos de cinq minutes. ee NDS ne AA ee NL EE 1,74 1,52 AS PES ER RER ARE ANNE RARE TER E 1,74 1,14 12. AR A a Om 1,53 680 Une minute avant la série suivante, avec le même repos de cinq mi- nutes, on met dans la bouche 0 gr. 50 de chlorure de sodium qui est rejeté avec la salive à la fin de la série. RSA] SU A SA Eee es TERRA A MSA ES 32,52 144,52 AUS EN CAC OPA ARE PUR EEE ER TES 1,35 6,00 Dans cette expérience où la quantité d'aliment a augmenté d’un tiers, le travail est diminué d'emblée et le total du travail des neuf premières séries n’est plus que 59,52 p. 100 du travail total de la première expé- rience. L'introduction d'une même quantité du même aliment au cours de la fatigue n'empêche pas l'accumulation de la fatigue, tandis que. l'intervention d’un condiment qui n’agit que comme excitant sensoriel produit une excitation immédiate, mais qui a déjà cessé à la série sui- ante. Le condiment suspend la fatigue du travail digestif. SÉANCE DU 20 JUILLET 797 Exp. IIl. — À jeun, on prend, cinq minutes avant le travail, trois œufs préparés comme précédemment. TRAVAIL RAPPORT du travail SÉRIES a kilogrammètres. au travail normal. d'ergogrammes. 16 6,63 29,50 A 3,99 17,75 Se 3,18 14,15 A 3,03 13,48 5. 2,13 12,14 6. 9,46 10,9% 7 2,10 9,34 8. 2,13 9,47 9. 1,98 8,81 28,23 - Pendant le repos suivant de cinq minutes, et DéACAnE la 10° série seu- lement, le sujet fume une cigarette. AO AE At Guns PART OEEne 36,48 162,34 LR qe PR ROMRE ANR ae 1,65 7,34 Dans cette expérience, l’aliment, au lieu de devenir plus excitant dans la condition dépressive du jeûne, a une action plus dépressive que lorsqu'il est ingéré deux heures après le déjeuner ordinaire; il agit comme une surcharge. Le travail des neuf premières séries n'est plus que de 64,92 p. 100 du travail de l'expérience précédente. Exp. IV. — Deux heures après le déjeuner ordinaire, on prend, cinq minutes avant le travail, trois œufs préparés comme précédemment et auxquels on a ajouté 0,50 centigrammes de sel par œuf. SÉRIES TRAVAIL AS 5 D travail d'ergogrammes. Roger niétrel au ln oe all Ai. 28,89 128,57 2 25,08 111,61 al 5,97 26,56 Po 4,32 19,22 Be 3,69 16,42 Gad 3,81 16,95 Ge 2,34 10,41 gt 4,71 7,87 9. 4,71 7,56 71,58 Un aliment sans saveur ou fade n’a pas d'action excitante immédiate 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur le travail; sa digestion est une cause de fatigue. L’addition d'un condiment, qu'il soit ingéré en même temps que l'aliment ou plus tard, masque la fatigue pour un temps. Ce que fait le condiment, un autre excitant sensoriel peut le reproduire. ESSAI DE CLASSIFICATION DES HÉMATOZOAIRES ENDOGLOBULAIRES ou Aæmocytozoa, par M. Lavera. J'ai publié en 1899, dans le volume jubilaire de la Société de Biologie, un essai de classification des hématozoaires endoglobulaires; depuis lors, l'histoire de ces parasites s’est enrichie de faits nouveaux, et je crois utile de compléter ce travail. Comme je le disais en 1899, il y a encore trop d'inconnues dans l’his- toire des hématozoaires endoglobulaires pour qu'il soit possible de classer ces parasites d'une facon méthodique; on ne peut songer à faire que des groupements provisoires. Les groupes suivants m'ont paru assez homogènes et assez bien carac- térisés pour constituer des genres. | 1° Gen. Fæmamæba. — L'hématozoaire du paludisme est le type des parasites de ce groupe qui peuvent être définis comme il suit : hémato- zoaires endoglobulaires, en général pigmentés, présentant une forme de reproduction asexuée (reproduction endogène) et une formé+ 2° Gen. Piroplasma. — P. bigeminum, agent pathogène de la Fièvre du Texas, est le type des parasites de ce groupe. Par leur morphologie qui est simple, et par leur mode de reproduction (par bipartition en général), les hématozoaires de ce genre diffèrent notablement des Aæmamæba; ils ne sont pas pigmentés. | 3° Gen. Âæmogregarina. — Ce groupe ne comprend que des hémato- zoaires appartenant à des animaux à sang froid : grenouille, tortue de marais, lézards, ophidiens. Les hémogrégarines arrivées à leur déve- loppement complet se présentent sous l'aspect de vermicules repliés dans les hématies, ou libres dans le plasma. L'existence de formes sexuées n’a pas encore été démontrée. Les noyaux des hémogrégarines se colorent facilement, en général, par le bleu de méthylène et la thio- nine, alors que pour colorer les noyaux des Ææmamæba et des Piro- plasma il faut avoir recours à des procédés spéciaux (procédé de Romanowsky, ou procédé que je préconise). Le tableau suivant résume la classification des Aæmocytozoa : CRE © © RSS LES DUREE 27 E£= SÉANCE DU 20 JUILLET 799 HÆMOCYTOZOA jo Gen. HæzmamœBa Grassi et Feletti. Laveran sensu latiore. NOMS DES PARASITES Var. parva. tertian£æ. quartanæ. malariæ Laveran. relicta Grassi et Feletti . Danilewskyi Grassi et Feletti . Kochi n. sp . melaniphera Dionisi. . . Metchnikovi Simond. NOMS DES HOTES Homme. Le parasite accomplit une phase de son évolution chez les Anopheles qui ser- vent à le propager. Différentes espèces d'oiseaux. Le parasite accomplit une phase de son évolution chez les Culex qui servent à le propager. Différentes espèces d'oiseaux. Plusieurs espèces de singes. Afrique. Miniopterus Schreibersii (chauve-souris). . | Trionyx indicus. 20 Gen. PrroPpLasMA Patton. NOMS DES PARASITES . bigeminum Smith et Kilborne . . . . canis Piana et Galli Valerio . . MODIS OS LIALCOMICIE Ne Ste ETUI AV ETAN MEN NE EMPRRERE TIENNE NOMS DES HOTES Bovidés. La maladie connue sous le nom de Fièvre du Texas est transmise par des tiques, Boophilus bovis. Chiens (Italie, Sénégal, France). . | Ovidés (Italie, Roumanie). | Equidés. Afrique du Sud. 3° Gen. HÆMOGREGARINA Danilewsky. NOMS DES PARASITES ranarum Ray Lankester. . . . . . splendens A. Labbé . magna Grassi et Feletti . Riedyi Eisen. . Stepanowi Danilewsky. . . . Labbei C. Bôürner . . . Laverani Simond . Mesnili Simond . . . Billeli Simond. . . Hankini Simond. . crocodilinorum C. Bürner . lacertarum Danilewsky . Lacazei Labbé. platydactyli Billet. bungari Billet. . dDythonist Billet eee species Billet. . . Ml Le Joannoni Hagenmuller. . . . . . . ColUDR AC ABORNER EN PANIER" NOMS DES HOTES Batraciens. Rana esculenta. Id. Chez une salamandre de Californie, Batra- choseps attenualus. Chéloniens. Cistudo europæa. . | Plalemys sp. et Clemmys elegans. Cryplopus granosus. . | Emys lectum. . | Trionyæ stellatus. Crocodiliens. Gavialis gangeticus. Crocodilus frontatus et Alligator mississi- piensis. Sauriens. Lacerta muralis, L. agilis, L. viridis, L. ocel- lala. Lacerta agilis et L. muralis. Platydactylus mauritanicus. Ophidiens. Bungarus fasciatus. Python reticulatus. Tropidonotus stolalus. | Macroprotodon cucullatus. | Coluber Æsculapii. 800 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Remarques. — 1° Au sujet des HÆmAmœpBa : a) Beaucoup d'observateurs admettent l'existence de plusieurs espèces d’hématozoaires du paludisme : hématozoaires des fièvres tropicales, de la tierce et de la quarte. Je pense qu'il s’agit de simples variétés d’une même espèce polymorphe. La variété parva correspond à l'hématozoaire qui a été signalé comme le parasite des fièvres tropicales. Quand ‘un malade dans le sang duquel on a constaté, au Sénégal, par exemple, H. malariæ var. parva, rentre en Europe, et qu'il a des rechutes de fièvre, on trouve presque toujours dans le sang des parasites appartenant aux grandes formes de la tierce ou de la quarte. b) H. Danilewskyi (Halteridium Labbé) s’observe chez bon nombre d'oiseaux de nos pays. Je l’ai rencontré, pour ma part, chez Alauda arvensis, Garrulus glandarius, Fringilla cœlebs, Falco tinnunculus, Columba livia (venant d'Italie). Parmi les oiseaux exotiques, j'ai signalé Padda oryzivora comme étant fré- quemment infectée. Danilewsky, à Kharkow, a trouvé des hématozoaires endo- globulaires dans le sang de 18 espèces d'oiseaux. H. relicta (Proteosoma Labbé), rare chez nos oiseaux indigènes, a été observé en Italie notamment, chez Corvus cornix, Passer domesticus, Fringülla cœlebs, Alauda arvensis, Columba livia, etc. c) Dionisi a décrit, chez les chauves-souris, trois espèces d'hématozoaires endoglobulaires; ces parasites sont rares, et leur étude est encore très incom- plète. De là vient que je n'ai fait figurer dans la classification qu’une espèce (H. melaniphera), la mieux connue, et à laquelle il faut rapporter peut-être les autres formes parasitaires observées par Dionisi chez Vespertilio murinus et chez Vesperugo noctula. S d) H. Metchnikovi est le seul exemple connu d’un hématozoaire endoglobu- laire du genre Hæmamæba chez un animal à sang froid; encore faut-il noter que l’histoire de ce parasite est incomplète, et que l'existence d'éléments ana- logues aux flagelles n’a pas été établie; l'admission de ce parasite dans le genre Hæmamæba comporte donc quelques réserves. e) Ziemann a décrit chez Athene noctua un hématozoaire endoglobulaire qui donne lieu à des déformations très caractéristiques des hématies et de leurs noyaux; cet hématozoaire, qui est pigmenté, me paraît devoir prendre place à côté des deux autres espèces d'hématozoaires endoglobulaires des oiseaux, mais avant de le classer d’une manière définitive il faut attendre que les lacunes qui existent encore dans son histoire aient été comblées. f) Hæmamæba malariæ et Hæmamæba relicta sont propagés par les Culicides dans lesquels ils subissent des phases importantes de leur évolution; il est bien probable que tous les hématozoaires de ce groupe ont de même des hôtes intermédiaires servant à leur propagation. 2° Au sujet des PIROPLASMA : a) W. Kolle a trouvé, dans le sang des bœufs de l'Afrique du Sud, un héma- tozoaire endoglobulaire distinct de P. bigeminum, et qui paraît devoir être rangé parmi les hématozoaires du genre Piroplasma, mais sur lequel nous ne possédons encore que des notions très incomplètes. b) Piroplasma bigeminum est transmis des animauxmaladesaux animaux sains par les tiques; il est probable que les autres Piroplasma sont transmis égale” ment par des tiques ou par des insectes qui sucent le sang des animaux infectés. SÉANCE DU 20 JUILLET 801 30 Au sujet des HÆMOGREGARINA ; a) Les hémogrégarines sont très communes chez les Ophidiens, les Sauriens et les Chéloniens. En dehors des Ophidiens qui figurent dans le tableau ci-dessus, A. Une a trouvé des hémogrégarines chez 11 espèces de serpents, et Langmann chez 11 autres espèces américaines. «Il y a, dit Simond, parmi les Reptiles, 30 espèces d’Ophidiens, 7 espèces de Sauriens, 3 espèces de Crocodiliens et 9 espèces de Chéloniens, chez les- quels on connaît à ce jour des hématozoaires du genre Hæmogregarina. » (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1901, p. 320.) Il est probable que la plupart de ces parasites appartiennent à aies espèces distinctes et que la liste donnée plus haut s'allongera beaucoup. b) Nous ignorons encore comment les Hæmogregarina se propagent des animaux infectés aux animaux sains; il est inutile d’insister sur l'importance de cette lacune dans l’histoire de ces parasites. SUR LES DIASTASES INTRACELLULAIRES DES AMIBES, par M. H. Mouton. D'une espèce d’Amibes très abondante dans la terre de jardin, j'ai réussi à extraire une diastase qui doit servir, chez l’animal vivant, à la digestion intracellulaire des bactéries dont il fait sa nourriture (1). Il m'a été impossible juan de nourrir ces Amibes autrement qu'avec une proie vivante. Mais j'ai pu les cultiver en présence d'une espèce unique de microbes incapable de produire la diastase que l'on extrait de la culture mixte et qui ne peut être ainsi rapportée qu'à l’Amibe. C'est ainsi que de cultures d’Amibes exclusivement nourries de 2. coli, j'ai pu extraire une diastase qui liquéfie la gélatine. Les Amibes sont cultivées sur de larges surfaces de gélose dans des boîtes plates. La surface de la gélose râclée et lavée fournil un liquide trouble que l’on centrifuge. On obtient ainsi un dépôt solide qui contient les corps d'Amibes ; ce dépôt décanté est traité par la glycérine. La dias- tase en est ensuite précipitée par l’alcool et redissoute dans l’eau. (1) Cette Amibe, extraite de la terre d’un massif de fleurs, n’est pas de grandes dimensions. Elle présente quelques gros pseudopodes et coule d’une manière très uniforme à la surface des milieux solides ou dans l’eau. Elle pré- sente à l'avant, dans le sens de la marche, un protoplasme hyalin très net, au milieu, un noyau avec un gros karyosome, et à l'arrière une vacuole pul- satile. Elle laisse derrière elle, en cheminant à la surface de la gélose, une trace réfringente, probablement analogue à celle qui a été signalée chez des Amæbiens testacés. Les kystes souvent assemblés en amas dans les cultures, et dans ce cas polygonaux, ont un diamètre moyen de 15-20 u. 802 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La diastase ainsi préparée se montre active non seulement sur la gélatine qu’elle liquéfie, mais aussi sur les corps de divers microbes morts qu'elle dissout. Ces microbes sont tués par chauffage ou simple- ment (pour ceux qui ne s’autodigèrent pas) par un contact prolongé avec le chloroforme. Ainsi, en présence du chloroforme, une émulsion de B. coli ou de B. typhique se trouve rapidement dissoute. La diastase agit activement aussi, quoique moins rapidement, sur une émulsion de V. Metchnikovi ou de Staphylocoque doré tuée par la chaleur. Elle se montre au contraire sans action sensible sur une émulsion chauffée à 100 degrés de charbon asporogène. L'action plus intense sur le 2. coli ou sur le B. typhique (espèce très voisine) que sur les vibrions, généra- lement considérés comme plus faciles à détruire, tient peut-être à une adaptation de l’Amibe à une nourriture qu'elle reçoit exclusivement de génération en génération depuis plusieurs mois. L’Amibe pouvant d’ail- leurs — quoique moins facilement — être obtenue en culture avec d’autres microbes, je crois qu'il me sera possible de résoudre cette question. L'action sur une émulsion d’albumine coagulée par la chaleur est peu intense, mais très nette. Je n’ai pu mettre en évidence jusqu iei aucune action sur la fibrine préalablement chauffée à 58 degrés pour la mettre à l'abri de l’autodigestion. Toutes les expériences ont été faites par comparaison en plaçant à côté des tubes qui renferment la diastase active des tubes témoins ren- fermant la même quantité de diastase chauffée à 100 degrés. Je n’ai pu mettre en évidence, à côté de la diastase protéolytique,. ni sucrase ni lipase, bien que cette dernière soit des plus répandues. Il importait de fixer la réaction du milieu la plus favorable à l’action de la diastase afin de la classer parmi les diastases protéolytiques : une série de tubes, dont la réaction varie régulièrement de l'acidité faible au méthylorange à l’alcalinité faible à la phénolphtaléine, et qui con- tiennent de la diastase et de la gélatine, montre que la diastase est inactive dans toute la première moitié (acide) de la série, et qu’elle devient au contraire très active depuis le milieu de cette série jusqu’au voisinage du virage à la phénolphtaléine. Elle est inactive au delà. Des expériences faites avec une émulsion de 2. coli amenée à diverses réac- tions par l'addition d'acide phosphorique et de soude corroborent ce résultat. La diastase des Amibes se rapproche donc des ferments pro- HÉoUUes qui agissent en milieu alcalin, tels que la trypsine. Il faut remarquer à Ce propos que la diastase intracellulaire des Actinies, récem- ment étudiée par M. Mesnil (1), se montre précisément active dans les mêmes conditions de réaction du milieu. La température de destruction de cette diastase a également été (1) Ann. de l'Institut Pasteur, 25 mai 1901. SÉANCE DU 20 JUILLET 803 étudiée à la fois par l’action sur la gélatine et sur une émulsion de coli mort. Les résultats sont concordants pour ces deux séries. En comparant notamment le temps qu'il faut à la gélatine traitée par la diastase fraiche ou chauffée trois quarts d'heure à 54 degrés pour se solidifier, après un certain nombre d'heures d'action dans des conditions identiques, on trouve qu'une quantité déterminée de diastase fraiche produit une action égale à celle d'une quantité environ dix fois plus grande de dias- tase chauffée. Un chauffage de même durée à 58 degrés détruit encore beaucoup plus complètement la diastase, et au-dessus de 60 degrés son action devient nulle. Diverses autres études seront encore tentées sur cette diastase, qui est, je crois, la première diastase intracellulaire de protozoaires extraite en assez grande quantité pour que ses propriétés aient pu être soumises à l'expérience ?n vitro. (Travail fait à l’Institut Pasteur). CYTOLOGIE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LA LEUCÉMIE, Par M. le D' FErRRIER. Normalement, le liquide céphalo-rachidien ne contient pas d'éléments figurés. Les recherches de Widal et de plusieurs autres observateurs ont montré que la présence d'éléments leucocytaires dans ce liquide traduisait d’une facon constante l'existence d'une altération ou irrita- tion de l’axe nerveux cérébro-spinal ou des méninges. Nous nous som- mes demandé si cette formule cytologique ne comportait pas certaines exceptions, en particulier lorsque l'organisme est imprégné d'éléments lymphatiques, par exemple dans la leucémie. Nous avons eu l’occasion d'observer récemment un malade atteint de cette affection au degré le plus élevé. Le sang renfermait 480.000 glo- bules blancs pour 1.674.000 globules rouges, soit plus d’un globule blanc pour quatre globules rouges. Malgré une leucémie aussi considé- rable, l'examen du liquide céphalo-rachidien ne nous à permis de ne relever la présence que de rares globules rouges visibles seulement sur quelques champs de microscope, et d'un nombre moindre de leu- cocytes. Cette constatation nous à paru présenter une cerlaine importance au point de vue doctrinal; elle semble en effet démontrer que la présence d'éléments leucocytaires dans le liquide céphalo-rachidien est indépen- dante de causes générales, et se rapporte bien, selon la formule de Widal, à une lésion ou irritation locale. 804 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PERSISTANCE DU DÉSÉQUILIBRE HÉMOLEUCOCYTAIRE A LA SUITE DES INFECTIONS, par M. E. SACQOUÉPÉE. On sait que toutes les maladies infectieuses bouleversent plus ou moins profondément la formule hémoleucocytaire; jusqu'ici, aucune infection n'échappe à cette règle. D'un autre côté, les modifications profondes imprimées à l'organisme par une atteinte passagère ne s’éloignent pas avec la disparition des phénomènes cliniques ; longtemps encore l'infecté se souvient de l'in- jure qu'il a subie. Le sang, lui aussi, peut garder de manière persistante l'empreinte des troubles passés. L'équilibre leucocytaire, c’est-à-dire le rapport quantitatif des différentes variétés de globules blancs, ne se trouve rétabli qu'après un temps plus ou moins long. Il n’est question ici que des modifications de rapports quantitatifs, non du chiffre absolu des globules blanes. Toute numération de ce genre étant purement comparative, il est nécessaire d'être fixé tout d'abord sur la formule leucocytaire normale. Cette formule est très variable suivant les âges; le chiffre des polynu- cléaires, par exemple, varie du simple au double, de l’enfance à la vieil- lesse. Toutes les observations rapportées ayant trait à des sujets mâles âgés de vingt et un à vingt-quatre ans, il suffit pour notre sujet d'établir fa formule normale correspondant à cette période de la vie. Dix sujets normaux, exempts de tout passé pathologique et de toute tare actuelle appréciable, n'ayant pas été vaccinés avec succès depuis plusieurs années, et vaccinés sans succès six mois auparavant, donnent en moyenne la formule suivante : Polhnucléaires. hr SERA ENCRES ET BymphoCyiesse ELEMENT AREA PR ES 0 Mononucléaires/moyens et PMP RENE ONNRRDE — STAR AS ve NN Mn EN NOR EURE ET RS Formes intermédiaires. AE Ne a R l Éosinophiles Med, NAN SR NES Er Cette formule établie, il est facile de saisir les variations des leuco- cytes. La recherche à été faite sur des sujets vaccinés avec succès et chez d’anciens scarlatineux : | 1° Chez dix sujets vaccinés avec succès six mois auparavant, d’ailleurs normaux, ils formulent en moyenne : SÉANCE DU 20 JUILLET 805 Pol. Lymph. M. Mono. Gr. Mono. Int. Éosi. 53 (1) 6 32,5 2 4 2,5 Il y a done diminution relative des polynucléaires, l'augmentation portant surtout sur les mononucléaires moyens. Après six mois, l’équi- libre des sujets vaccinés avec succès est loin d’être rétabli. 2° Chez trois sujets atteints de scarlatine un an auparavant, normaux par ailleurs, les numérations donnent en moyenne : Pol. Lymph. M. Mono. Gr. Mono. Int. Éosi. 54 4 34 2 2 1 Avec variations très étendues : formule normale chez un des sujets ; polynucléaires, 48,5 chez un autre. 3° Chez dix sujets atteints de scarlatine dans le courant Me quatre à huit mois précédents, sujets d’ailleurs normaux, on trouve en moyenne : Pol. Lymph. M. Mono. Gr. Mono. Int. Éosi. 83 6 32,5 2 k 2,5 Dans les deux cas il y a diminution relative des polynucléaires, l’aug- mentation portant sur les mononuceléaires moyens, ici comme chez les sujets vaccinés. Après six mois, et même après un an, la formule hémoleucocytaire des scarlatineux n’a pas repris l’état d'équilibre normal. - En résumé, les troubles de l'équilibre leucocytaire persistent long- temps, et survivent de beaucoup à la maladie causale. DE LA VITESSE DES TEMPS DE RÉACTION AUDITIVE SIMPLES OU DE CHOIX EN RAPPORT AVEC LE COEFFICIENT MENTAL, par MM. N. Vascuibe et CL. Vurpas. Il s’agit d’une femme atteinte de certains troubles psychopathiques, à l'examen physique de laquelle nous n'avons pu relever aucun trouble somatique appréciable. La malade avait une tendance morbide à ana- lyser ses états physiques et psychiques. Nous avons fait ailleurs une étude sur la structure mentale de ce sujet. Aujourd'hui nous voulons préciser les rapports assez curieux qu'il y a dans la vitesse des temps de réaclion auditive simple ou de choix, en rapport avec ses états mentaux. (1) Les variations individuelles sont très étendues ; le pourcentage des polynucléaires oscille de 42 à 61. Biooci£. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII 62 806 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : Pour mesurer les temps de réaclion nous avons employé le chrono- mètre de d’Arsonval, selon la technique courante. Un écran était placé entre la malade et l’expérimentateur, afin que le sujet ne vit pas les manipulations. L’excitation auditive était produite par un choc du mar- teau de l'appareil de d’Arsonval sur une plaque de porcelaine. Le bruit était bien frappé. Nous n'avons pas enregistré les premières réactions, qui n'étaient destinées qu'à habituer le sujet à ce genre d’expérimenta- tion, et à nous permettre de juger s'il avait compris ce quil devait faire. Pour les temps de:choix le second bruit était produit par le choc du marteau interrupteur sur le couvercle en bois du chronomètre. Nous avons pris vingt temps de réaction auditive simples. La moyenne en est de 3355 centièmes de seconde. La variation de la moyenne, qui est très longue, est de 7 centièmes de seconde; R... a donc des réactions lentes et bien au-dessous de la moyenne. Pour les réactions de choix, la moyenne, qui a porté sur vingt réac- tions juste, a été de 25 centièmes de seconde. Il était convenu avec le sujet qu'il devait réagir à certaines impressions B — et qu'il ne devait pas réagir à certaines autres M. Trente réactions furent ainsi prises. Voici l'ordre défini par avance suivant lequel ces réactions ont été cherchées : B—B—M—M—M M—B B—B—B—M—-M—-M—-B—M—-B—-M—M—B B—M—-B—M—-B—B—B—B—M—M—B—B L'ordre choisi présente de la sorte assez de diversité pour qu'il n'y ait pas d’automatisme, et pour que l’atlention du sujet soit ainsi tou- jours tenue en haleine. Pour cet ordre de réactions, la moyenne ‘st bien moins variable que pour les réactions simples ; la variation de la moyenne est de 2,3 centièmes de seconde. Remarquons aussi que la ma- lade réagissait toujours correctement. Elle n’a jamais réagi au signal auquel elle ne devait pas répondre. En résumé, voici les moyennes obtenues pour les réactions auditives : MOYENNE GÉNÉRALE MOYENNE DE LA VARIATION Réactions simples . . . . . 33,90 7,0 Réactionside choix PEN 25,00 2,3 Cette différence entre ces deux ordres de réactions est intéressante et curieuse, et une analyse de l’état mental du sujet nous donne sa raison d’être. La malade disait, lorsqu'il lui fallait faire une distinction entre deux bruits, que l'expérience l'intéressait davantage; elle y prenait une part plus active; « elle y mettait plus d'elle-même », pour employer sa propre expression, tandis que la réaction auditive simple l'agaçait. Elle mettait alors au cours de l'expérience une certaine monotonie, qui la gagnait malgré elle. Quoiqu'elle prit beaucoup de peine pour SÉANCE DU 20 JUILLET 807 réagir plus tôt, elle n'y parvenait pas, parce qu'elle n'y avait aucun AUEREUR Elle poursuivait en plus son état mental, et cet acte s'imposait à sa pensée. Lorsqu'il lui fallait faire une différenciation, elle s’intéressait à l'expérience d'autant qu'il lui fallait plus d'attention. Cette analyse (psychologique) du sujet est importante à noter. R... ignorait absolument la valeur des chiffres répondant aux diverses réactions; aucun deux n’était lu à haute voix devant elle. Ces chiffres sont donc l'indice de ses états intellectuels. Nous croyons qu'il y a là une révélation expérimentale critique et précise de la tendance à l'ana- lyse qui forme le fond de l’orientation psychologique de notre malade. Cette observalion précise, par l'analyse de l’état mental du sujet, le sens de ces résultats paradoxaux. Il semble ainsi que la vitesse des réactions ne soit pas toujours proportionnelle au sens et à la nature de ces réactions. Ce cas doit à notre avis faire réfléchir les psychologues, qui prennent un peu à tort et à travers et surtout automatiquement des temps de réaction, négligeant trop la vie mentale des sujets, champ d'exploration sur lequel l'attention doit toujours être dirigée avant tout examen somatique. (Travail du laboratoire de Psychologie expérimentale de l'École des Hautes-E’tudes, à l'Asile de Villejuif.) NOTE SUR L'ACTINOMYCOSE HUMAINE, par M. À. Poncer. On à cru pendant longtemps que l’actinomycose n'existait pas en France. J'ai montré dans divers travaux et publications que c’est une erreur, et, dans notre Traité clinique de l'actinomycose humaine, nous avons établi avec Bérard sa fréquence aussi grande en France qu'à l'étranger. Beaucoup d'erreurs de diagnostic sont cependant encore commises, et ceci tient à ce que les médecins, en présence d’une suppuration chronique, ne pensent pas assez à l’actinomycose. Il est donc bon de rappeler que cette maladie se rencontre communé- ment aussi bien à la ville qu'à la campagne (Nous en connaissons des cas nombreux à Paris et à Lyon, nous en observons fréquemment des exemples); que ses lieux d'élection sont, en toute première ligne, la région cervico-faciale, puis la région appendiculo-cæcale et ano-rectale ; le parasite s’introduit, en effet, de préférence, par les voies digestives, et il se greffe naturellement dans les tissus, dans les organes dont la fonc- tion assure son séjour, alors qu'il pénètre avec les aliments dans les voies digestives. 808 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je ne veux point revenir ici sur les signes cliniques des manifesta- tions actinomycosiques suivant leur siège, leur ancienneté, etc.; qu'il me suffise de rappeler que tout phlegmon d'apparence dentaire doit être supposé de nature actinomycosique, surtout s'il est ancien, s'il s'accom- pagne, en dehors d'une dent de sagesse, d’un trismus précoce et persistant. Une inflammation fistuleuse para-abdominale, d’origine intestinale, avec masses indurées, profondes, plus ou moins étendues, et simulant _ par certains caractères un néoplasme, éveillera également l'idée d'une lésion actinomycosique. Il en sera de même, ainsi que je l'ai vu plusieurs fois, des périnées fistuleux, indurés, avec intégrité de l'appareil urinaire et point de départ du côté de l’anus et du rectum. Dans ce dernier cas, en particulier, il faut tout aussi bien songer.à l’aclinomycose qu'à la tuberculose, qu'à la syphilis ; et d’après mon expérience personnelle qui porte déjà sur une centaine de malades atteints d'actinomycose, on a dû maintes fois méconnaître cette affection, en ne pensant qu'à ces deux dernières maladies et au cancer. Plus peut-être que dans d'autres manifestations pathologiques, ül importe d'établir un diagnostic précis. L'actinomycose est, en effet, une maladie grave. Son pronostic s’assombrit avec son ancienneté, et, dans les formes viscérales en particulier, il est des plus sévères. Traitement local actif : ouverture, curettage, large drainage des foyers infectieux, et médication iodurée, restent alors la plupart du temps impuissants. CRISES VÉSICALES DU TABES. INJECTIONS ÉPIDURALES DE COCAÏNE PAR LA MÉTHODE DE CATHELN, par M. P. BERGOUIGNAN. Nous avons employé récemment, pour des crises vésicales du tabes, les injections épidurales de cocaïne par la méthode de Cathelin. Cette tentative a été suivie d’un succès complet. Femme de trente-trois ans. Pas d’affections antérieures. Une grossesse normale, pas de fausses couches. La maladie âctuelle à débuté il y a trois ans, par des crises de contracture douloureuse des membres infé- rieurs, avec troubles de la marche. Trois mois après apparurent une rachialgie continue, des crises de douleurs en céinture et des crises gastriques avec vomissements. Depuis deux mois, les crises gastriques sont devenues plus rares. Il n’est plus resté qu’une rachialgie perma- nente et une sensation continuelle de constriction thoracique. Mais, depuis le début, ce qui domine la situation, ce sont des sym- plômes vésicaux spéciaux et très douloureux. SÉANCE DU 20 JUILLET 809 Depuis trois ans, en effet, sans interruption, la malade ressent nuit et jour des besoins fréquents d’uriner, qui coïncident avec des crises de douleurs extrêmement vives localisées au bas-ventre, et comparables à une sensation de torsion, de constriction. Pendant ces crises, émission très pénible de quelques gouttes d'urine. La quantité d'urine émise pendant vingt-quatre heures ne dépassait pas 250 grammes. La malade fit de fréquents séjours dans différents hôpitaux, et sur- tout à l'hôpital Necker, où elle fut soignée successivement dans presque tous les services. On posa le diagnostic de tabes avec crises viscérales. À l'hôpital Laënnec, le diagnostic de tabes fut confirmé par l'examen du liquide céphalo-rachidien. Aucun traitement ne put augmenter la quan- tité d'urine ni calmer les douleurs vésicales. Ces derniers temps, la malade restait chez elle, souffrant atrocement, en proie à des idées de suicide. De temps à autre elle venait se faire faire une piqüre de mor- phine à Necker, dans le service de M. Huchard. Le 5 juillet dernier, nous la fimes entrer dans ce service, pour essayer de calmer ses douleurs par des injections épidurales de cocaïne. La malade présentait les signes les plus évidents de tabes dorsalis : abolition du réflexe rotulien, démarche ataxique, signes de Romberg et d’Argyll Robertson, etc. Nous n'avons trouvé aucun symptôme d’hys- lérie. Le 6 juillet, injection dans le canal sacré de 1 centimètre cube de solution de cocaïne à 2 p. 100, soit deux centigrammes de cocaïne. La malade, qui souffrait de sa vessie au moment de l'injection, est immé- diatement soulagée : la douleur s’atténue peu à peu et disparaît entièrement au bout de dix minutes. Trois minutes environ après l'injection, nausées et vomissement. Dans la soirée, la malade éprouve, sans pouvoir les satisfaire, des envies d’uriner non douloureuses. Elle n’urine que le lendemain matin, mais abondamment. Le lendemain, 7 juillet, les douleurs vésicales reviennent, quoique très atténuées, et disparaissent dans l'après-midi. Le 8, pas de douleurs. Le 9, par. acquit de conscience et à cause de la légère récidive de l’avant-veille, nous pratiquons une nouvelle injection épidurale de cocaïne, de trois centigrammes cette fois. Un vomissement survient pendant que nous appliquons du collodion sur la plaie, c’est-à-dire quelques secondes après l'injection. Le soir, la malade se plaint de ne pouvoir uriner (1); on est obligé de la sonder. Les jours suivants, la miction devient de plus en plus facile, fréquente et abondante (deux litres par jour). La malade quitte le (service le 18 juillet. Depuis neuf jours, les dou- leurs vésicales n’ont pas reparu. Les douleurs en ceinture se sont atté- nuées peu à peu depuis la deuxième piqûre. (4) Voir Albarran et Cathelin. Note sur les injections épidurales dans cer- tains cas d’incontinence d’urine, Soc. de Biol., 13 juil. 1901, p. 757. S10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons fait examiner la vessie qui fut trouvée normale (capacité : 300 grammes; sensibilité normale à la distension et aux instruments). Nous n’essaierons pas d’expliquer le mode d'action de la cocaïne dans notre cas. Nous croyons seulement pouvoir éliminer ici l'influence psychique. Il n’y avait pas, en effet, d’hystérie. Nous avons proposé l'injection épidurale à titre d'essai, sans rien promettre, en garantis- sant seulement l’innocuité de l'opération. La malade avait déjà subi, d’ailleurs, des ponctions lombaires, et notre intervention n'était pas, pour elle, à vrai dire, une nouveauté. Elle l’acceptait comme elle avait accepté jusque-là tous les traitements possibles. Elle en a retiré un bénéfice considérable et presque immédiat; c’est tout ce que nous pouvons constater pour l'instant. RECHERCHES SUR L'INFLUENCE DE L'ALIMENTATION SUR LES SÉCRÉTIONS DIASTASIQUES, par MM. POorTIER et BIERRY. M. Vassilief (1), dans le laboratoire de Pavlof, en soumettant alterna- tivement à un régime de viande, puis à un régime de lait et de pain, des chiens qui avaient une fistule pancréatique, a montré que l'influence de l’alimentation était réelle sur la sécrétion des diastases du pancréas. Il recueillait le suc pancréatique et y mesurait la quantité d’amylase par le poids de sucre formé aux dépens d'un empois d'amidon à 1 p. 100 et Ia quantité de trypsine par la méthode de Mette. Il constata ainsi que le régime de viande augmentait la quantité de trypsine et diminuait la quantité d'amylase, tandis que le régime de pain et de lait produisait un effet contraire. D'un autre côté, M. Dubourg (2) a montré que l’amylase et la maltase, très actives chez les herbivores soumis au régime des féculents, diminuaient à la fois et notablement dans le sang, le foie, le rein et l'urine des mêmes animaux soumis à un régime herbacé prolongé. Mais il ne s'agit là en somme que de variations quantitatives de diastases normales, et on pouvait se demander si un organisme supérieur, qui d'ordinaire ne sécrète pas un ferment digestif, peut, sous l'influence d'un aliment donné, sécréter un ferment spéci- fique de cet aliment. L’inulase ne figure pas parmi les diastases secrétées normalement par les animaux supérieurs, ainsi qu'il résulte des recherches faites par M. Richaud (3) chez le cobaye, le bœuf, le porc, les oiseaux, et des nôtres sur le lapin, le chien et le phoque. Nous (1) M. Vassilief, cité par M. Duclaux. Microbiologie, t. IL. (2) G. Dubourg. Annales Inst. Pasteur, t. III, 1889. (3) Richaud. Soc. de Biologie, 5 mai 1900. SÉANCE DU 20 JUILLET 811 nous sommes demandé si, sous l'influence d’un régime de topinambours, l'appareil digestifne s’adapterait pas aux conditions nouvelles apportées par ce régime. Nous n’avons obtenu que des résultats négatifs (1) avec le lapin et le chien, M. Richaud ne fut pas plus heureux avec les mêmes animaux el le canard. L’inuline est hydrolysée par le suc gastrique indépendamment de toute action diastasique. Personne n’a signalé la présence de la lactase chez le canard : nous l’avons nous-mêmes cherchée dans l'intestin et le pancréas de plus de trente de ces oiseaux. Les organes (pancréas, intestin grêle, gros intestin) dans lesquels on recherchait la lactase étaient finement hachés et mis à macérer dans une solution de fluorure de sodium à 2 p. 100. On laissait un jour en contact et on filtrait sur coton de verre. On ajoutait alors 1 p. 100 de lactose. À chaque flacon était joint un témoin dont la macéralion avait été maintenue dix minutes au bain-marie bouillant. On laissait deux jours à l'étuve à 35 degrés. On coagulait alors les albuminoïdes à 90 degrés, et on enlevait les dernières traces par addition de perchlo- rure de fer et acétate de soude, neutralisant, et portant au bain-marie à l'ébullition. Les liquides clairs, ramenés au même volume, étaient additionnés de phénylhydrazine et d'acide acétique à 50 p. 100. On les laissait une heure et quart au bain-marie à 100 degrés. Tous nos résultats furent négatifs : il n’y eut jamais formation de glucosazone. Deux jeunes canards reçurent alors pour toute nourriture un mélange de son et de lactose délayés dans un peu d'eau. Ils s’'accom- modèrent très bien de ce régime, jusqu'à refuser toute autre nourriture. Quinze jours après, un premier canard fut sacrifié; on ne trouva de lactase ni dans le pancréas, ni dans l'intestin. Après le vingt-cinquième jour de régime, le second canard fut sacrifié à son tour; cette fois le résultat fut positif, l'intestin grêle se montra très riche en lactase, le pancréas n’en contenait pas. La glucosazone put être nettement caractérisée et pesée (2). Nous espérons dans une prochaine note confirmer cette première expérience, et montrer qu'il y a bien là une influence de l'aliment sur les sécrétions diastasiques de l'intestin. (1) Bierry et Portier. Soc. de Biologie, 5 mai 1900. (2) Maquenne. Comptes rendus, t. CXIT, p. 799. 812 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ANASTOMOSES ENTRE LE SYSTÈME PORTE ET LE SYSTÈME DES VEINES CAVYES PAR L'INTERMÉDIAIRE DE L'ÉPIPLOON, par M. Doyon. La ligature du canal cholédoque provoque, chez le chien, des lésions hépatiques, sur lesquelles je me propose de revenir dans un travail fait en collaboration avec MM. Dufourt et Paviot, et un obstacle à la circu- lation veineuse au niveau du foie. Dans un cas, chez une chienne, l’épiploon avait été accidentellement compris par une suture entre les lèvres de la plaie abdominale. Chez cet animal on a constaté l’appari- tion d’un riche réseau d’anastomoses réunissant par l'intermédiaire de l’épiploon le système de la veine porte avec les fémorales et les axillaires, c'est-à-dire avec le système des veines caves. L'animal a survécu six mois. À l’autopsie on a constaté la présence d’une très petite quantité de liquide dans la cavité abdominale (environ 15 à 25 centimètres cubes) ; cependant, à un moment donné, on avait nettement senti la sensation de flot pendant l’évolution de la maladie. Les photographies que j'ai l'honneur de soumettre à la Société donnent raison aux chirurgiens qui en cas d’ascite par cirrhose du foie fixent l’épiploon dans la paroi abdominale. Cette opération, conseillée par Talma, a donné parfois de bons résultats en clinique. Jaboulay a pratiqué avec succès dans les mêmes cas pathologiques la fixation de la rate dans la paroi abdominale. Ces interventions sont à conseiller également dans les plaies du foie, dans celles de la veine porte ou de ses branches, lorsque la ligature de la veine porte est nécessaire. 2 M. Poxcer, sur l'autorisation de M. LE PRÉSIDENT, fait observer que depuis quelques années déjà les chirurgiens, dans le cas d’ascite, de maladies du foie, ont eu recours à la mise au dehors de l’épiploon. Les observalions cliniques trouvent donc une confirmation dans les inté- ressantes expériences de M. Doyon. UTILISATION D'UNE ANSE GRÉLE, EN GUISE D'URETÈRE, par M. RoBERT LœŒwy. Dans les expériences que je réalise actuellement, je substitue à l’ure- tère une anse d’intestin grêle. On pratique une laparotomie. On isole SÉANCE DU 20 JUILLET 813 une anse d'intestin grêle appropriée, de longueur variable suivant les animaux, en sectionnant l'intestin en deux points. On anastomose les deux extrémités de l'intestin grêle, de façon à rétablir la circulation du contenu intestinal. Reste l’anse intestinale isolée, conservant bien entendu son mésen- tèree On la nettoie mécaniquement, en y faisant passer de l’eau bouillie salée. On supprime un uretère, et l’on fait communiquer l’anse grêle isolée, en haut avec le bassinet, en bas avec la vessie. On crée ainsi un « ure- tère intestinal » indépendant du circuit intestinal infecté. Cette opéra- tion semble conduire à diverses applications chez l’homme. Les réactions histologiques sont également intéressantes; nous y revien- drons ultérieurement. (Travail du laboratoire du Professeur Lannelongue.) ANÉMIE POST-HÉMORRAGIQUE, par MM. J. Hucor et F. Ramon. L'influence des hémorragies répétées sur la production de l’anémie est bien connue. Mais il est important de distinguer la variété d’hé- morragie; le sang peut être rapidement évacué de l'organisme — c'est le cas considéré par la plupart des auteurs, — ou bien séjourner dans les tissus, où il subit une série de modifications. Dans ce dernier cas, l’anémie revêt un caractère particulier, peu connu à la vérité, mais qui mérite d’être signalé; elle est plus intense, en effet; la tendance à la régénération sanguine est moins marquée, car le nombre d’hémato- blastes et de globules nains est peu considérable. Il peut même se pro- duire de l'hémoglobinurie; le fait vient d’être signalé à plusieurs reprises, à la suile d’une hématocèle rétro-utérine ou d’une hémorragie intrakystique (1), par exemple. Nous avons réalisé expérimentalement, chez deux séries de lapins, ces deux modes d’hémorragie, et les résultats ont été conformes aux données cliniques précédentes. Chez les lapins à qui l’on soustrayait tous les quatre jours 10 centimètres cubes de sang, par exemple, on observait le type classique de l’anémie post-hémorragique (Hayem), tandis que chez les lapins à qui on réinjectait aussitôt sous la peau ou dans le péritoine la même quantité de sang prise dans leurs veines, on (1) Kober. Centralb. f. Gynæk., 1901. 814 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE notait une anémie bien plus marquée, se traduisant par deux millions de globules rouges en moins, par millimètre cube. Les hématies étaient profondément déformées; il y avait peu de globules nains, peu d'héma- toblastes, et la richesse globulaire était diminuée des deux tiers. L'examen histologique des viscères de ces divers lapins fera l’objet d'un travail ultérieur plus complet. Ces faits, d'apparence paradoxale, s'expliquent aisément. Si Le lapin à qui l’on réinjecte cependant tous les éléments constilulifs de son sang, devient plus anémique que le lapin témoin, c'est qu'il doit se produire dans son organisme une substance hémolytique spéciale. M. Bordet n’admet la formalion d’hémolysine que si l’on injecte du sang d'un animal à un animal d'espèce différente. Nos expériences tendraient à prouver que l’hémolysine se produit aussi d’un animal à un animal de même espèce, mais avec une intensité bien moindre. Si l’on injecte en effet sous la peau de l'oreille de deux lapins ané- miés l’un par des saignées simples, l’autre par des saignées suivies de la réinjection du sang soustrait, un peu de sang pris à un troisième lapin sain, et si toutes les dix minutes on prend une goutte de la boule d'œdème sanglant ainsi produite, on observe les phénomènes suivants. La goutte retirée de l'oreille du premier lapin renferme des hématies normales aussi longtemps que dure l'expérience (2 heures); chez le second lapin, au contraire, les hématies se présentent, dès la première demi-heure, ovalaires ou crénelées ; au bout d’une heure, la moitié d’entre elles sont détruites; et au bout de deux heures la goutte retirée ne renferme plus que des débris informes d'hématies, non reconnais- sables pour la plupart. + Si à deux tubes de sérum artificiel, fortement teintés par du sang d'un lapin normal, on ajoute respectivement du sérum sanguin retiré des deux lapins anémiés par les deux procédés déjà indiqués, on observe dès la première demi-heure une agglutination très nette des hématies dans le tube qui a recu quelques gouttes de sérum sanguin du lapin ayant subi les réinjections; l’autre tube ne présente aucune modi- fication. Ces deux expériences semblent donc montrer que le sang du lapin, traité de la facon déjà indiquée, jouit de propriétés hématolytiques et agglutinantes pour le sang d’un animal de la même espèce. Ainsi s’expli- quent les données de la clinique et de l’expérimentation. Peut-être même un pareil processus se poursuit-il normalement au cours de la vie: la destruclion continue des hématies donnerait naissance, d’après cette hypothèse, à une petite quantité d'hémolysine, qui agirait sur les globules nouvellement formés. Avec le temps cette hémolysine augmen- terait en quantité, la destruction globulaire s’accroîtrait ; et ainsi s’expli- querait en partie le vieillissement progressif et fatal du plasma san- guin. SÉANCE DU 20 JUILLET 815 De semblables expériences ont été faites à propos du foie, du rein et du pancréas; les résultats obtenus feront l’objet d’une communication ultérieure. (Travail du laboratoire de M. le professeur Chantemesse. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. NS Eee À AN | AUS) D AO AO SR LUE ins) GRR w Gi Re M * gi ue TUE ER UTS x AN L 817 SÉAINIC END 27 JUNLLETO OO M. Cu. Lesteur (de Lyon) : Production de paralysies chez le cobaye, par des bacilles dits « pseudo-diphtériques ». — M. Cu. Lesreur (de Lyon) : De l'agglutination des bacilles dits « pseudo-diphtériques », par le sérum antidiphtérique. M. Louis MarTiN (Discussion). — MM. H. CLaune et A. Zary : La lécithine daus la lubercu- lose. — M. Cu. Féré, Mile Marne FRranciLLon et M. Ep. Papin : Note sur les modi- fications de la pression artérielle sous l'influence des conditions capables d’inter- rompre la manifestation de la fatigue. — MM. Aucusre Perrir et JosePn GIRARD : Processus sécrétoires dans les cellules de revêtement des plexus choroïdes des ventricules latéraux consécutifs à l'administration de muscarine et d'’éther. — MM. D. Courrane et J.-KF. Guyon : Sur la contracture du muscle vésical. — M. D. AxGLane (d'Alençon) : Le bacille de Koch dans les selles des tuberculeux. — M. Azy Zaxy : Influence de la lécithine sur l'élimination de l'acide urique. — M. E. WERTHEIMER : Sur les anastomoses réciproques des deux pneumogastriques dans le thorax, chez l’homme. — M. Méonix : Un cas extraordinaire de parasi- tisme du Tenebrio molitor. — M. Gustave LoiseL : Influence de la néphrectomie sur la spermatogenèse, — M. Grsrave Loisez : Influence du jeûne sur la sperma- togenèse. — M. le Dr E. MaureL (de Toulouse) : Immunité relative du lapin à la strophantine donnée par la voie gastrique. — M. Louis MANGn : Sur la constitution et la réaction des tissus lignifiés. — M. Brzrey : Recherches sur les injections de sang et de sérum cytotoxiques au chien. Présidence de M. Raïlliet, vice-président. PRODUCTION DE PARALYSIES CHEZ LE COBAYE, PAR DES BACILLES DITS « PSEUDO-DIPHTÉRIQUES », par M. Cu. Lesigur (de Lyon). Depuis 18 mois, nous étudions 70 échantillons de bacilles diphté- riques ou pseudo-diphtériques recueillis dans 38 diphtéries cliniques, 19 angines, laryngites ou coryzas de nature cliniquement indécise, 13 gorges ou fosses nasales saines; 40 se sont montrés virulents pour le cobaye aux doses ordinaires (vrais bacilles de Lœæffler) : 30 pro- venant de diphtéries, 9 de cas douteux, 1 de muqueuse normale; 30 étaient dénués de virulence (bacilles pseudo-diphtériques) : 8 prove- nant de diphtéries, 10 de cas douteux, 12 de cavités saines. C'est à l'étude de ces 30 échantillons que nous nous sommes attaché. Nous montrerons plus tard qu'aucun des caractères donnés comme spéci- fiques ne suffit à lui seul à distinguer le B. diphtérique. Aujourd'hui, nous voulons simplement faire voir qu'il est parfois possible d'obtenir sur l'animal, soit avec de fortes doses de cultures de bacilles non viru- lents (complètes ou filtrées), soit avec des doses ordinaires de ces Biozoaie. Comptes RENDUS. — 1901. T, LIIl 63 818 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bacilles préalablement renforcés, des paralysies semblables à celles que détermine le B. de Lœæffler. Ce n’est pas à dire que ce fait doive suffire, à lui seul, à identifier ces échantillons avec le véritable bacille de la diphtérie : d’autres toxines peuvent produire de semblables accidents. Il semble cependant que l’on pourrait dégager, de nos expériences, au moins une nouvelle présomption en faveur de l'identité de certains bacilles dits « pseudo-diphtériques », sinon de tous, avec le B. de Léæffler. À. Inoculations de fortes doses de cultures, complètes ou filtrées, de bacilles récemment isolés, considérés comme non virulents. — Nos 30 échan- tillons ont été inoculés au cobaye de 350 grammes, sous la peau de la cuisse, aux doses de 1 à 10 centimètres cubes de cultures en bouillon de bœuf peptoné, âgées de 24 heures, et de cultures filtrées à l’âge de 8 jours. Tous les cobayes inoculés avec des doses ordinaires ont résisté. Parmi ceux qui ont recu de fortes doses, nous relevons les deux cas suivants : 49 Inoculation de culture complète : B. n° 8, d’angine pseudo-membraneuse bénigne. Colonies blanches punctiformes, assez nombreuses. B. moyens, paral- lèles ou enchevétrés, gardant le Gram.1 centimètre cube de culture complète et 10 centimètres cubes de culture filtrée ne tuent pas le cobaye. Deux autres cobayes reçoivent chacun 5 centimètres cubes de culture com- plète, l'un sans injection préalable de sérum, l’autre 6 heures après injection de 1 centimètre cube de sérum antidiphtérique. Ce dernier survit; le premier présente le 13° jour de la parésie du train postérieur, le 15° jour de la para- plégie, et meurt le 18° jour sans lésions viscérales. +& 2° Injection de toxine : B. n° 16, d'angiue pseudo-membraneuse avec laryn- gite, fièvre, terminée par la guérison. Colonies blanches, petites, nom- breuses. B. courts, trapus, homogènes, parallèles, gardant le Gram. 10 centi- mètres cubes de culture complète et 5 centimètres cubes de culture filtrée ne tuent pas le cobaye. Un autre cobaye reçoit 10 centimètres cubes de culture filtrée. Il présente le 12° jour de la parésie du train postérieur, le 14° jour de la paraplégie, et meurt le 16° jour sans lésions viscérales. B. /noculations de doses ordinaires de bacilles primitivement inactifs, puis artificiellement renforcés. — Sur les 28 bacilles non virulents n'ayant produit aucune paralysie dans les expériences À, nous en avons choisi 6 que nous avons tenté de renforcer par un passage de 8 jours en sacs de collodion dans le péritoine du lapin. Le réensemencement était fait en bouillon, et la culture de 24 heures inoculée, complète, sous la peau d’un cobaye. Nous avons réussi 4 fois à faire ainsi apparaître la virulence : 2 fois la mort a été relativement rapide ; les 2 autres cas sont les suivants : 1° B, n° 59, de fosses nasales saines. Colonies blanches et rondes, petites, peu nombreuses. B. courts, trapus, homogènes, parallèles, gardant le SÉANCE DU 27 JUILLET 819 Gram. Avant renforcement, 10 centimètres cubes de culture complète ou filtrée ne tuent pas le cobaye; l'injection préalable de 1 centimètre cube de sérum antidiphtérique n'empêche pas l’inoculation de 2 centimètres cubes de culture complète, faile 6 heures plus tard, de produire de l’œdème local (épreuve de Spronck). Après renforcement, { centimètre cube de culture complète, âgée de 24 heures, entraîne chez le cobaye la parésie du train postérieur en 18 jours, la paraplégie en 20 jours, et la mort en 22 jours, sans lésions viscérales. 20 B. n° 61, de fosses nasales saines. Colonies blanches et rondes, petites, peu nombreuses. B. courts, trapus, homogènes, parallèles, gardant le Gram ; avant renforcement, 10 centimètres cubes de culture en bouillon, complète ou filtrée, ne tuent pas le cobaye; par l'épreuve de Spronck, on pro- duit de l’æœdème local. Après renforcement, { centimètre cube de culture complète, âgée de 24 heures, entraîne chez le cobaye la paralysie du train postérieur en 15 jours, la paraplégie er 20 jours, et la mort en 24 jours, sans lésions viscérales. C. Concrusions. — Certains bacilles, dits « pseudo-diphtériques », parce qu'ils ne sont pas virulents pour le cobaye aux doses ordinaires, sont cependant capables de déterminer, chez cet animal, des paralysies mortelles, analogues à celles que produit le véritable bacille de Lœffler. Il suffit, parfois, pour observer ce fait, ou d'inoculer de fortes doses des premières cultures, ou d'employer des doses ordinaires de bacilles arti- ficiellement renforcés. {Laboratoire du professeur Jules Courmont.) DE L'AGGLUTINATION DES BACILLES DITS « PSEUDO-DIPHTÉRIQUES » PAR LE SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE, par M, Cu. Lesteur (de Lyon). I. — On sait, depuis Nicolas (1), que le sérum antidiphtérique peut agglutiner les cultures liquides de bacille de Lœæffler. Nicolle (de Rouen) ayant contesté ce fait, Nicolas a montré que l’agglutination de ce bacille n'est pas constante, et que les différences observées tiennent non aux sérums employés, mais aux échantillons de bacilles, sans qu'il y ait aucun rapport entre leur agglutinabilité et leur virulence. Depuis, il a vu qu'un bacille, non agglutinable primitivement, peut le devenir après un certain temps d'entretien au laboratoire. Les expériences de Landsteiner, dont les résultats sont contradic- Loires, ne sont pas comparables aux précédentes, à cause de différences (1) J. Nicolas. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1896,1897, 1898 et 1900. 820 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de technique. Par contre, les recherches de Martini, de Spronck, de Bruno ont pleinement confirmé celles de Nicolas. Nous avons tenté de répéter les expériences dé ces auteurs, à l’aide de bacilles dits « pseudo-diphtériques », dans l'espoir d’élucider la question de leur nature. Déjà, Bruno avait cru observer que les B. d'Hoffmann, cultivés en présence du sérum spécifique, poussent en grumeaux sans troubler le milieu. C. Fraenkel avait également essayé, mais vainement, de différen- cier par l’agglutination sept variétés de pseudo-bacilles. R. Lubowski, se servant du sérum d'un bouc immunisé par injections de cultures complètes d'un bacille sans virulence ni toxicité, avait agglutiné les 23 variétés diphtériques vraies étudiées, sans pouvoir agglutiner 3 variétés de pseudo-bacilles. IL: — Nos recherches ont porté sur 70 bacilles {les mêmes aus ceux de la note précédente). Le développement des cultures dans le sérum même n’a pu donner aucun renseignement pour la différenciation des deux espèces : sur 6 B. de Léœæffler, un seul a végété en grumeaux, tous les autres ont troublé uni- formément le sérum; la proportion a été la même, 1 sur 6, pour les pseudo-diphtériques. | L'action du sérum sur les cultures déjà développées a été recherchée par l’addilion aux cultures en bouillon, âgées de huit jours, et agilées jour- nellement, du sérum dans les proportions de 1/5, 1/10, 1/20, comparati- vement avec une série de tubes additionnés de sérum normal, et par l'examen microscopique après 1/2, 2, 6, 12 et 24 heures. En général, sauf pour 3 bacilles virulents entretenus au laboratoire depuis plusieurs années, il a fallu environ 24 heures pour que la production du phéno- mène fût bien nette. Les résultats ont été semblables avec le sérum de l'Institut Pasteur et celui de l’Institut bactériologique de Lyon. 14 échantillons (8 B. de Lœffler, 6 B. non virulents) se sont montrés agglutinables par ces sérums dès les premières cultures. 12 bacilles, d’abord non agglutinables (6 vrais, 6 pseudo), éprouvés une seconde fois au bout d’un an par les mêmes sérums, ont fourni 4 résultats positifs (2 vrais, 2 pseudo). 42 bacilles non agglutinables par les sérums ordinaires, mis au con- tact du sérum d’une chèvre vaccinée par inoculations sous-cutanées de cultures complètes, ont donné 2 résultats positifs nouveaux (1 B. vrai sur 6, À pseudo sur 6). En somme, sur 70 échantillons, 20 se sont montrés agglutinables, soit 11 B. de Lœffler sur 40, 9 B. pseudo-diphtériques sur 30. La proportion des résultats positifs serait donc un peu plus forte pour ces derniers (30 p. 100 au lieu de 27,5 p. 100). Le taux de l’agglutination a varié de 1/5 à 1/20 en général; le plus SÉANCE DU 27 JUILLET 821 souvent, il atteignait 1/20, sans qu'il parût exister le moindre rapport entre ce taux et la virulence. | Nous nous sommes demandé si les B. non virulents agglutinables n'étaient pas des B. de Lœffler atténués, et dans la plupart des cas, non dans tous cependant, cette hypothèse nous a paru très soutenable. Un de ces bacilles était capable de tuer le moineau, un autre fabriquait des produits solubles paralysants, trois sécrétaient des toxines mortelles, deux purent être artificiellement renforcés, deux seulement se mon- trèrent absolument dépourvus d'action pathogène. IT. — Æn résumé, nos expériences confirment celles de Nicolas sur l’inconstance de l’agglutinabilité des bacilles diphtériques suivant les échantillons, sur l’acquisition possible de cette propriété, el sur l'absence de rapport entre l'agglulinabilité et la virulence. Elles mon- trent, en outre, que le sérum de chèvre immunisée par inoculations de cultures complètes peut aggluliner certaines cullures que n'agglutinait pas le sérum de cheval immunisé par injection de toxines. Enfin, et suriout, elles font voir que les bacilles non virulents, dits « pseudo-diphtériques », ne se comportent pas autrement que les B. de Lœæffler vis-à-vis du sérum spécifique expérimenté in vitro. Ces faits constituent une nouvelle présomption en faveur de la théorie de l’iden- tité de certains échantillons de ces bacilles, sinon de tous, avec le vrai bacille de la diphtérie. M. Louis MarriN. — Les différents auteurs qui se sont occupés de l’agglutination du bacille diphtérique ne sont pas tous d’un avis una- nime, et je vois que M. Lesieur trouve des différences suivant les microbes examinés. Cela lient à ce que, en général, on ne choisit pas un milieu de culture convenable pour étudier l’agglutination. Il y a des bouillons que les bacilles diphtériques ne troublent pas ; il est difficile dans ces cas d'étudier l'agglutination ; si on se sert d'un bouillon addi- tionné de 2 à 5 p. 100 de glucose, presque tous les bacilles diphtériques troublent ce milieu et l'étude de l’agglutination devient plus facile. (Laboratoire du professeur Jules Courmont.) LA LÉCITHINE DANS LA TUBERCULOSE . (Note préliminaire), par MM. H. CLaupE et Ary Zakvy. Nous avons étudié l’aclion de la lécithine sur des organismes tuber- culisés. Dans cette première note nous donnerons quelques-uns des 8929 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE résultats obtenus dans nos recherches expérimentales et cliniques actuellement en cours. Recherches expérimentales. — 1. — Une première série de trois cobayes mâles a été inoculée avec des crachats tuberculeux, le 12 avril 1901. Un de ces animaux servit de témoin; les deux autres recurent à partir du 9 mai 2 centimètres cubes d’une solution de lécithine dans l'huile con- tenant 5 centigrammes de lécithine par centimètre cube. Le cobaye témoin, qui pesait 670 grammes, mourut le 17 mai d'une tuberculose généralisée ; son poids était alors de 490 grammes. Des deux autres animaux, l’un, qui pesait 660 grammes au début de l'expérience, mourut de tuberculose le 11 juin, pesant encore 650 gram- mes; l’autre succomba le 3 juillet avec des lésions de tuberculose géné- ralisée et son poids s'était élevé de 480 grammes à 590 grammes. L'examen des urines donna les résultats suivants : a) Cobaye témoin, moyenne des éliminations par kilogramme d'animal: A Ac. phosp., 0 gr. 032, rapp. _. — 0,16: b) Le lot des cobayes qui ont recu la lécithine donna les résultats suivants (moyennes) : Au Ac. phosphorique, 0 gr. 013 AT — 0,90. Ainsi, sous l'influence de la lécithine, la nutrition a été plus active, les éliminalions azotées furent plus abondantes et plus parfaites, l'acide phosphorique, au contraire, a été retenu dans l'organisme d’une façon évidente. % IT. — Le 8 juin, trois lots de cobayes furent inoculés avec des cultures de bacille de Koch. Chaque lot comprenait trois animaux. Le premier lot ne reçut pas de lécithine; à partir du 9 juin, le deuxième lof reçut 1 centimètre cube d'huile contenant 5 centimètres cubes de lécithine par jour; le troisième lot ingéra par voie stomacale 5 centigrammes de lécituine par jour. Le %5 juillet, deux des témoins sur trois étaient morts, le troisième est mort le 31 juillet; un des cobayes ayant reçu des injections de léci- thine était mort le 15 juillet; les deux autres témoins survivent; les trois animaux qui absorbent la lécithine par voie stomacale sont en bon état; le lot, qui pesait 1.680 grammes au début, pèse actuellement 1.800 grammes. L'étude des urines de ces trois séries d'animaux donne les résultats moyens suivants, par kilogramme d'animal : AzT AzU Urée P205 =: 1 Mob 0,20 0,18 0,38 0,042 0,85 2 SALOPE 0,87 0,81 4,73 0,027 0,93 Sat in 0,81 0,77 1,63 0,020 0,93 SÉANCE DU 27 JUILLET 823 Recherches cliniques. — 1° Un malade âgé de vingt-quatre ans, salle Axenfeld, n° 22 (hôpital Saint-Antoine), réformé ii y a deux mois au ser- vice militaire pour tuberculose pulmonaire et présentant une cavernule au sommet gauche, est mis en observation le 12 juillet. La moyenne des éliminations urinaires du 12 au 18 est la suivante : AZzU AZT Az 6 205 te 2 AZU Urée P°0 KT 15,82 12,56 26,8 3,930 0,79 À partir du 18 juillet, ce malade prend 6 pilules de lécithine de 5 cen- tigrammes ; l'appétit devient meilleur, le poids augmente de 61 kil. 500 à 67 kilogrammes le 26 juillet. Voici la moyenne des éliminations : È 2 AZU AZT & AzU Urée P20 AT 16,06 13,54 28,91 2 69 0,84 2° Un homme de quarante-quatre ans, salle Axenfeld, n° 25, qui était atteint de lésions tuberculeuses anciennes avec tendance à la sclérose, a augmenté de 900 grammes en six jours, à la suite de l’ingestion de 30 centigrammes de lécithine par jour. La moyenne des éliminations urinaires avant l'usage de la lécithine était : AzU 2 = A2T AZU Urée P?05 AT 19,43 15,66 33,5 3,31 0,80 Du 20 au 26 juillet (ingestion de lécithine). 1 Fe AzU AZT AzU Urée PEOË AzT 19,78 17,27 36,96 2,88 0,86 Ces premiers résultats nous ont montré que, chez l'animal comme chez l’homme, l'emploi de la lécithine n’entrave pas directement l’évolution de la tuberculose, mais modifie heureusement la nutrition du sujet tuber- culisé. Sous son influence, on voit le poids augmenter, les échanges nutritifs devenir plus actifs, enfin surtout l'élimination du phosphore considérablement diminuée. La lécithine peut donc être considérée comme un adjuvant précieux dans le traitement de la tuberculose. NOTE SUR LES MODIFICATIONS DE LA PRESSION ARTÉRIELLE SOUS L'INFLUENCE DES CONDITIONS CAPABLES D'INTERROMPRE LA MANIFESTATION DE LA FATIGUE, par M. Cu. FÉRÉ, M'e MARTHE FRANGILLON et M. En. PAPIn. Au cours des expériences faites avec l’ergographe de Mosso sur le travail et la fatigue, précédemment rapportées par l’un de nous, nous 824 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avons étudié les modifications de la pression artérielle en nous servant du sphygmomètre de Bloch. Les observations ont été faites sur le même sujet, aux mêmes heures, dans la même attitude. Le travail est exécuté par le médius droit (qui soulève un poids de trois kilogrammes chaque seconde) par séries de quatre ergogrammes : les séries sépa- rées par cinq minutes de repos, les ergogrammes de chaque série séparés par une miuute de repos. L'exploration de la radiale gauche est faite à chaque repos ordinairement par deux observateurs. Au début de l'expérience, il faut en général une PRESSION de 850 à 900 grammes pour supprimer la pulsation. La pression artérielle s'élève dès le commencement du travail. Si le travail est exécuté sans excitation préalable, l'augmentation de pression n’atteint son maximum qu'après le 12° ou le 15° ergogramme, et elle ne dépasse guère 1.150 ou 1.200 grammes. S'il y a eu une excitation préa- lable, accompagnée d’exallation du travail, la pression s'élève davan- tage, et plus rapidement : dans une expérience où le sujet avait pris 16 gouttes de teinture de haschisch, la pression atteignait 1.300 grammes après le 8 ergogramme. Si l'excitation du début a été telle qu’elle pro- duise une dépression immédiate du travail, la pression ne monte guère, et l'élévation est très lente ; si même la dépression du travail a été très considérable, il n'y à pas d’élévation de pression : dans un cas de fatigue par excitation auditive (la sonnerie électrique avait été ac- tionnée 6 minutes avant le travail), la pression, qui était de 850 au début du travail, est tombée à 750 après Le 4° ergogramme. Quand la pression artérielle a atteint son maximum, elle s’y maintient pendant quelques ergogrammes, puis elle diminue lentement. Si on % travaillé sans excitation, le travail de la 8° et même de la 9° série ne tombe guère au-dessous de 50 p. 100 de celui de la première, et la pres- sion artérielle s’abaisse peu au-dessous de ce qu’elle était au début : elle arrive à 750 grammes après le 36° ergogramme (9 séries); on peut aller jusqu’au 56° ergogramme (14 séries) sans qu'elle s’abaisse au-dessous de 700 grammes. Lorsqu'on à travaillé avec un excitant qui provoque au début un travail considérable suivi d'une fatigue rapide, la pression artérielle qui s'élève davantage tombe aussi plus vite, mais l’abaissement s'arrête dès que le travail est devenu insignifiant, et elle peut être encore à 1.100 après le 36° ergogramme. Si alors on provoque une suractivité du travail, soit par des mouvements associés (mastication, mouvements du membre inférieur, ou de l’autre membre supérieur, etc.) ou par une excitation sensorielle quelconque, on voit qu’au moment de la recrudescence du travail il se produit quelquefois un léger relève- ment de la pression; mais, dès que la fatigue reparaît, la pression diminue plus rapidement qu'avant la recrudescence provoquée du tra- vail; et quand on a renouvelé plusieurs fois les excitations, on peut voir la pression s’abaisser jusqu'à 350 grammes. Chaque fois qu'on a voulu SÉANCE DU 27 JUILLET 825 répéter suffisamment les excitalions on a chlenu cel abaissement, mais on n’a pas pu le dépasser. Ces faits montrent que la fatigue des centres du mouvement volon- taire, qui s’objective par l'incapacité graduelle d’un mouvement déter- miné, n'entraine que des modifications lentes et peu importantes de la circulation, tant qu'elle n'est pas interrompue par une excitation inter- currente. Mais les excilations qui paraissent défatiguer pour un moment pro- voquent un abaissement rapide de la pression artérielle. Dans ces expériences, cet abaissement n'est guère durable; il a disparu au bout d’une heure environ. Il trahit cependant une menace pour l'organisme. _. Si les excilations qui interrompent la fatigue en provoquant un sur- croît de travail momentané produisent des troubles qui constituent une menace pour l'organisme, on peut dire que la fatigue est un moyen de défense de l'organisme et qu’il faut savoir respecter ses avertissements. PROCESSUS SÉCRÉTOIRES DANS LES CELLULES DE REVÊTEMENT DES PLEXUS CHOROÏDES DES VENTRICULES LATÉRAUX, CONSÉCUTIFS A L'ADMINISTRATION DE MUSCARINE ET D'ÉTHER, par MM. Aucusre PErrir et JosEPx GIRARD. Soupconnée dès 1664 par Willis, la nature glandulaire de l’épithélium de revêtement des plexus du système nerveux central a été formellement affirmée par Faivre, en 1857. L'imperfection des procédés techniques mis en œuvre par cet auleur ne permettait pas une démonstration rigoureuse, et seuls les travaux récents (Findlay, Kingsbury, Galeotti, Studnicka et Obersteiner) renferment des arguments positifs en faveur de cette conception (1). Pour notre part, nous nous sommes proposé d'établir expérimenta- lement l'existence de processus sécrétoires au niveau des plexus du système nerveux central. Dans cette note préliminaire (2), nous nous bornerons à décrire les modifications structurales dont les cellules de revêtement des plexus (1) On trouvera un résumé de la question dans la quatrième édition de : Anleitung beim Studium des Baues der nervüsen Centralorgane, du professeur Obersteiner, auquel nous adressons nos remerciements pour les renseignements qu'il a eu l’amabilité de nous communiquer. (2) Pour la technique histologique, le détail des expériences et la biblio- graphie, nous renvoyons à une publication avec planches qui paraitra ultérieu- rement. 826 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des ventricules latéraux (1) sont le siège consécutivement à l’adminis- tration de muscarine et d’éther. Les cellules épithéliales des plexus des ventricules latéraux sont d'une vulnérabilité extrême, et tous les réactifs fixateurs (2) que nous avons essayés, les modifient ; certains même altèrent leur structure de la façon la plus fâcheuse. Qu Pour se convaincre de ce fait, il suffit d'examiner, à l’état vivant, bai- gnant dans son propre liquide céphalo-rachidien, un plexus de cobaye: si on fait pénétrer ensuite, entre la lame et la lamelle, une petite quan- tité de liquide fixateur, on constate des changements profonds dans l'aspect des cellules épithéliales : les cils vibratiles cessent de battre, se déforment et se contractent; le cytoplasma subit une rétraction sou- vent considérable, et des formations d'aspect hyalin deviennent rapide- ment granuleuses. Ces phénomènes sont parliculièrement accusés avec l'alcool à 100 degrés, les liquides de Zenker et de Lindsay, le bichro- mate de potasse ou d’ammoniaque acétique, ete..….; en revanche, avec le mélange picro-formo-acétique des frères Bouin, ces graves inconvé- nients sont très atténués, mais cependant encore sensibles. L'administration de muscarine ou d’éther détermine dans ces cellules diverses modifications dont la plus manifeste consiste en l’accroisse- ment de volume du cytoplasma : la hauteur de ce dernier peut, en effet, dépasser le double de la dimension normale. Ce changement est déjà appréciable sur le tissu observé à l'état vivant, dans son propre liquide céphalo-rachidien. Dans ces conditions, on distingue nettement dans les cellules les plus volumineuses deux portions : a) une portion basale granuleuse renfer- mant un noyau muni d’une membrane et un ou plusieurs gros nucléoles et, parfois, une vésicule claire ; b) une portion distale renflée, piriforme, hyaline, turgescente; au voisinage de cette dernière, et souvent même en rapport immédiat, on observe de nombreux globules présentant exactement le même aspect; leur dimension est variable, mais, en général, sensiblement supérieure à celle des hématies. La fixation de ces dernières formations est des plus délicates; la plupart se détruisent au contact des réactifs. L'examen des pièces traitées suivant les méthodes histologiques usuelles (3) fournit les résultats suivants : (1) Les animaux utilisés pour ces recherches sont: le chien, le lapin et le cobaye. (2) Au nombre de onze. (3) Comme nous l'avons déjà indiqué, c'est la fixation par le liquide de Bouin qui nous a fourni les préparations les plus satisfaisantes; parmi les colorants, nous signalerons, d’une facon spéciale, l’hématoxyline au fer d'Heidenhain suivie d'orange G ou d'érythrosine. SÉANCE DU 27 JUILLET 827 Dans ce cas encore, comme à l'état vivant, les cellules les plus développées se divisent en deux portions (1) : a) la portion basale est formée par un réticulum dense à granulations fuchsinophiles (2), vaguement ordonnancées en files radiaires ; celles-ci se terminent irré- gulièrement du côté distal ; la plupart des teintures plasmatiques colorent énergiquement cette zone. Le noyau, bien développé, est assez riche en chromatine et renferme un ou plusieurs gros nucléoles (3). Cette portion basale est constante dans toutes les cellules; b) la portion distale, au contraire, présente dans son développement des différences considérables, déjà sensibles à l’état normal d’un élément à l’autre, mais particulièrement accusées chez les animaux auxquels on a admi- nistré de la muscarine ou de l’éther. Lorsque cette portion n’a qu'une faible importance, elle est constituée par un réticulum assez serré; mais, les mailles de ce dernier s’élargis- sent rapidement, et finalement la cellule est uniquement constituée, dans sa partie distale, par une masse vésiculeuse ne renfermant plus que quelques filaments ou même quelques granulations. Cet état est surtout manifeste chez les animaux ayant reçu de la muscarine ou de l’éther. Parvenue à ce stade, la portion vésiculeuse tombe à l’état des globules hyalins dans le liquide céphalo-rachidien (4. En résumé, la muscarine et l’éther provoquent, chez le chien, le lapin et le cobaye, les modifications suivantes dans les cellules de revé- tement des plexus des ventricules latéraux (5) : la hauteur des éléments épithéliaux s'accroît, la différenciation en deux zones s’exagère, la zone distale prend un développement exagéré et la production des globules hyalins devient plus active qu'à l’état normal; en un mot, ces éléments hypersécrètent. Rapprochées des observations antérieures (6), ces constatations (1) Cette division peut être peu marquée ou même presque nulle sur les éléments de petite taille qui sont réduits à ce qui est décrit ci-dessus sous le nom de portion basale. (2) Méthode d’Altmann. (3) Le mélange vert malachite—fuchsine acide —jaune Martius— nigrosine, colore les granulations cytoplasmiques en rouge, les granulations nucléaires en vert. (4) On notera, d’une part, la persistance de la zone basale (ergastoplasma?); d'autre part, les modifications incessantes de la zone distale. (5) Dans ces lignes, nous nous limitons exclusivement à l’épithélium des piexus des ventricules latéraux; mais il est vraisemblable que ces processus s'étendent à l’ensemble des formations épendymaires. (6) Faits morphologiques de Findlay, Kingsbury, Galeolti, Studnicka et Obersteiner ; — faits physiologiques de Cappelletti (l'administration de pilo- carpine ou d’éther détermine un écoulement exagéré de liquide céphalo- rachidien) et de Cavazzani (non-activité des lymphagogues sur la production du liquide céphalo-rachidien). | 828 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mettent en lumière un fait intéressant : elles constituent la démonstra- tion expérimentale de la fonction sécrétoire de l’épithélium qui tapisse les plexus (ventricules latéraux) du système nerveux central. SUR LA CONTRACTURE DU MUSCLE VÉSICAL, par MM. D. Courrane et J.-F. Guyon. - On sait que la vessie, mise en tension par une certaine quantité de liquide, réagit en se contractant sur son contenu : tel est le mécanisme de la miction normale. Mais si l’on sectionne les deux nerfs érecteurs sacrés, la vessie ne se contracte plus sous l'influence du liquide injecté et se laisse distendre jusqu’à l'extrême limite de son élasticité. Celte expérience montre nettement, comme nous l'avons fait remarquer dans un autre travail (1), que le centre réflexe de la miction estexclusivement médullaire, et qu'aucun des nombreux ganglions disséminés sur le trajet des nerfs vésicaux ne peut suppléer, à cet égard, le centre vésico- spinal. | Il en est absolument de même si, au lieu d'une section proprement dite des nerfs érecteurs, on pratique une injection intra-rachidienne de cocaïne au niveau des racines sacrées. Le centre vésico-spinal, ainsi paralysé ou isolé de ses communicatiors avec les nerfs vésicaux, devient incapable, en effet, de recevoir ou de transmettre l'excitation déterminée par la mise en tension de la vessie. Celle-ci ne pourra donc plus se con® tracter, quelle que soit la quantité de liquide qu'on y injecte. Mais cette conclusion n’est applicable qu'aux contractions proprement dites. Des expériences actuellement en cours nous ont montré, en-effet, que la tonicité des muscles vésicaux, qui règle la capacité physiologique de la vessie normale, semble, dans certaines conditions, absolument indépendante du centre médullaire. Soit un chien, curarisé à la limite, chez lequel on irrite la muqueuse vésicale en injectant une solution de nitrate d'argent dans la vessie. Celle-ci répond à la mise en tension par des contractions plus ou moins énergiques, et souvent chasse une partie du liquide qu’elle contient. Mais si l’on rétablit le même degré de tension, en remplacant le liquide évacué, on voit généralement survenir, dans l'intervalle des contractions proprement dites, une véritable contracture, laquelle est précoce ou tardive selon la concentration de la solution injectée. Avec la solution à 1 p. 100 que nous avons employée de préférence, la contracture peut (1) J.-F. Guyon. Rôle du nerf érecteur sacré dans la miction normale, Soc. de Biol., 21 juillet 4900. TRES SÉANCE DU 27 JUILLET 829 n'apparailre qu'après une heure, et même davantage. Avec une solution plus forte (5 à 10 p. 100), on la provoque en général plus rapidement, mais parfois aux dépens de l'intégrité du muscle vésical. Dans certains cas enfin, d’ailleurs exceptionnels, nous n'avons pas pu la faire appa- railre. Quoi qu'il en soit, si l'on met la vessie en communication avec un manomètre à eau, il est facile de voir que le contact plus ou moins prolongé de la muqueuse avec le nitrate d'argent diminue, le plus souvent, la capacité du réservoir vésical. En effet, le niveau de la colonne d'eau à laquelle la vessie fait équilibre s'élève peu à peu, en dehors de toute contraction proprement dite. Telle vessie, par exemple, qui, dans son état normal, après une injeclion de 200 grammes de liquide, avait une pression manométrique de 410 centimètres d’eau, donne, après irritation par le nitrate d'argent, une pression double, bien qu'on n’y injecte plus que 60 ou 80 grammes de liquide. Le nitrate d'argent a donc produit une exagération manifeste de la tonicité du muscle vésical, c'est-à-dire une contracture. Or, si l’on fait à ce moment une injection intra-rachidienne de 2 cen- tigrammes de cocaïne, les contractions de Ja vessie disparaissent, mais la contracture persiste sans aucune modification, comme l'indique le niveau immuable de la colonne manométrique. Bien plus, la section de la moelle ou celle des nerfs vésicaux ne l’atténue en rien. Enfin, lorsque dans cette vessie ainsi isolée de la moelle on fait une nouvelle injection de nitrate d'argent, il n’est pas rare de voir la contracture s’accentuer encore. Cette contracture, liée à une exagéralion de l'excitabilité vésicale par le nitrate d'argent, est donc manifestement indépendante de toute iufluence médullaire et même de toute influence nerveuse extra-vésicale. (Travail du laboratoire de M. Francçois-Franck.) LE BACILLE DE KOCH DANS LES SELLES DES TUBERCULEUX, Présentalion de préparations microscopiques, par M. D. ANGLADE (d’Alencon). 11 y a chez les tuberculeux une voie très importante d'élimination du bacille spécifique : c’est la voie rectale. La tuberculose pulmonaire s'accompagne fréquemment, sinon toujours, de tuberculose intestinale, et cette tuberculose intestinale peut être primitive, demeurer même isolée. Dans les ulcérations tuberculeuses de l'intestin, le bacille de Koch travaille avec une activité extraordinaire et souille continuellement les selles. Dans un cas d’entérite tuberculeuse 830 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que nous observons, la présence du bacille dans les selles a précisé un diagnostic incertain et cette recherche, renouvelée plusieurs fois dans des conditions différentes, n’a jamais donné un résultat négatif. Ilest donc certain que le bacille de Koch abonde dans les selles des tuberculeux dont l'intestin est ulcéré. Bien mieux, un tuberculeux, dont l'intestin paraît sain, qui ne pré- sente en tout cas aucun des symptômes de localisations intestinales tuberculeuses, qui tousse et crache, a lui aussi des bacilles de Koch dans les selles. En effet, la recherche du bacille dans les selles de tuber- culeux choisis parmi ceux dont l'intestin semblait respecté a donné des résultats positifs. La technique de la recherche du bacille de Koch dans les selles est simple : étaler sur lame, fixer au chloroforme, colorer au Ziehl, déco- lorer à l'alcool chlorhydrique, etc. Il serait superflu d’insister sur l'intérêt qui s'attache à la constatation de ce mode d'élimination du bacille de Koch. Elle entraîne des consé- quences prophylactiques que nous préciserons quand nous aurons com- plété nos expériences. Celles-ci se proposent de mesurer sur le cobaye la virulence des selles, de suivre cette virulence dans l’égout, FARRESE etles cours d’eau. INFLUENCE DE LA LÉCITHINE SUR L'ÉLIMINATION DE L’ACIDE URIQUE, par M. ALY ZaKY. e € Nous avons établi, dans deux notes antérieures, M. Desgrez et moi, l'influence favorable exercée par les lécithines de l’œuf sur les échanges nutritifs. On se souviendra peut-être qu’un des résultats essentiels deces recherches était l'augmentation du rapport azoturique, par conséquent la diminution dans l’urine des matériaux azotés insuffisamment élaborés. Il était permis de supposer que cette diminution portait en particulier sur l'acide urique. Comme il s’agit là d’une question relativement importante, puisqu'elle peut intéresser la destruction des nucléines, j'ai cru devoir également rechercher quelles modifications la lécithine im- prime à l'élimination de l'acide urique. J’apporte le résultat de trois observations prises sur deux hommes et une femme soumis à un régime alimentaire déterminé. Pour doser l'acide urique, j'ai eu recours au procédé de 0. Folin: pré- cipitation à l’état d’urate ammoniacal, dissolution de ce sel en liqueur alcaline et dosage consécutif au permanganate titré. Je désire seulement, à propos de ce dosage, présenter une remarque qui résulte d'études com- paratives faites avec la collaboration de MM. Crouzon et G. Villaret : pour qu'il y ait précipitation complète de l’urate d'ammoniaque, il est SÉANCE DU 27 JUILLET 831 nécessaire que l’urine soit franchement alcalinisée après addition du réactif; il faut, en outre, attendre non pas deux heures, comme l'indique l’auteur du procédé, mais bien vingt-quatre heures. Ces conditions sont essentielles, selon nous, pour donner à la méthode de Folin, qui offre le précieux avantage d'être simple, toute la rigueur désirable. Résultats. — Première observation : un jeune homme de vingt-trois ans a été mis en expérience le 28 juin 1901, avec un régime constant composé de : 500 grammes de pain, 400 grammes de viande, 4 œufs, et 60 grammes de beurre, par vingt-quatre heures. Ce régime a été suivi Jusqu'au 16 juillet 4901, et, à partir de cette date, on a ajouté 30 centigrammes de lécithine. Voici les résultats de l'analyse des urines avant et pendant l’ingestion des lécithines. Il faut remarquer, en outre, que le jeune homme en question pesait, avant l'administration des lécithines, 64 kilogrammes; il pèse actuellement 65 kilo- grammes; c'est donc une augmentation de 1 kilogramme en dix jours. Pour ce premier sujet, j'ai dressé le tableau des principales données urolo- siques rapportées à l'élimination des 24 heures : Avant l'ingestion de la lécithine. ACIDE ACIDE RAPPORT MIRE MOBUMEMDENSURE Ro Dr VAE phosphor. urique. azolurique. C: C: gr. gr. gt. gr. gr. 11 juillet. . 1205 1026 412 14,53 31,09 2,10 0,58 0,84 TO MI025 1028 16,36 18192 2919 2,11 0,54 0,85 ENRE E tal 1102619525 16,57 39,45 3,19 0,69 0,86 14 — . . 1400 1028 : 22,43 19,36 41,43 3,21 0,6% 0,84 1 PC 141230 1021002232 19,09 40,70 2,13 0,60 0,85 ACER ENT "TI 0) 1023242031 17,02 36,42 2,92 0,55 0,8% : Moyennes. 1306 1026 19,65 16,15 35,85 2,92 0,60 0,85 Pendant l'ingestion de la lécithine. A en C. C. er. gr. gr. gr. gr. 17 juillet . . 1360 1024 19,22 16,31 35,03 2,93 0,16 0,85 SRE 1800 1025 18,07 15,58 33,35 2,96 0,56 0,87 OR 00 1023 22,70 19,48 41,31 2,05 0,49 0,86 AD. ER D EN 1026 2139 418,41 39,52 9,93 0,51 0,86 ONE PA ILES 1025 921,448 19,02 40,75 2,11 0,36 0,88 DR ET E126S 102200417213 015208 003918004238 0,53 0,86 DNS ES) 1023 20,19 18,23 39,01 9,19 0,23 0,87 CP NE EE) 102% 19,88 18,41 39,40 9,90 0,52 0,92 Moyenues. 1403 IPS O0 6 TNT OO 0 00726 0,87 Deuxième observation : un malade tuberculeux âgé de vingt-quatre ans, a été mis en observation le 12 juillet 1901. IL a commencé à prendre 0 gr. 30 de lécithine par jour le 18 juillet. Avant l'iugestion des lécithines. Date M0 Suile MBuillet M MEMuillet. " 16)juillete "Bullet, Acide urique. 0874 0898 1813 0898 0899 832 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pendant l'ingestion des lécithines. Date riite . . 18 juill. 19 juill. 20 juill. 21 juill. 22 juill. 23 juill. 24 juill. Acide urique. . . 0890 0896 0852 0859 0853 0874 0862 Troisième observation : Une femme neurasthénique, âgée de trente-six ans, a été mise en observation le 16 juillet 1901; à partir du 19, elle a pris tous les jours 0 gr. 30 de lécithine. Avant l'ingestion des lécithines. D EN . . 16 juillet. 11 juillet. 18 juillet. Acide urique . . . . 0849 0843 0811 Pendant l'ingestion des lécithines. DRE 5 4 6166 0 0 1 Iuler 24 juillet. 25 juillet. Acide urique . . . . 0828 0832 0838 Conclusions. — L’ingestion de la lécithine provoque chez l’homme, comme nous l'avons d’ailleurs constaté chez l'animal : 1° une augmen- tation de l'azote total, de l’urée et du coefficient d'utilisation azotée; 2° une diminution de l’acide phosphorique; 3° on ne remarque pas une . augmentation de l’acide urique, mais plus généralement une diminution de cet élément. Ce dernier résultat ne saurait nous étonner : si le jaune d'œuf peut, en effet, donner lieu à une augmentation d'acide urique, c’est par la nucléine qu'il apporte à l'organisme, mais non par les lécithines. (Travail du laboratoire de M. le professeur Bouchard.) SUR LES ANASTOMOSES RÉCIPROQUES DES DEUX PNEUMOGASTRIQUES DANS LE THORAX, CHEZ L'HOMME, É par M. E. WERTHEIMER. Des expériences récentes dans lesquelles j'ai dû exciter les diverses branches des pneumogastriques dans le thorax, sur le chien, m'ont amené à étudier sommairement un point particulier de l'anatomie de ces nerfs, chez l’homme. | Chez le chien, chacun des deux pneumogastriques se divise, au-des- sous des bronches, en deux branches, l’une ventrale, l’autre dorsale. La branche ventrale du pneumogastrique droit va s'unir, après un court trajet, à la branche homologue du nerf gauche ; la branche dorsale du pneumogastrique gauche se fusionne non loin du diaphragme avec la branche homologue du nerf droit. Il existe ainsi entre les deux nerfs. deux anastomoses, l'une ventrale, généralement courte et grêle, fournie par le pneumogastrique droit ; l'autre, dorsale, longue et plus volumi- SÉANCE DU 27 JUILLET 833 neuse, fournie par le pneumogastrique gauche. De semblables commu- nications entre les deux nerfs se retrouvent chez la plupart des ani- maux domestiques (1). En anatomie humaine, les traités classiques se bornent à dire que les pneumogastriques forment par leurs anastomoses de riches plexus autour de l’œsophage; une disposition du genre de celle que je viens de décrire n'y est pas mentionnée. Et cependant, chez l'homme, le mode de division des deux nerfs reste essentiellement le même que chez l’ani- mal, comme j'ai pu m'en assurer sur un certain nombre de sujets (7 enfants âgés de deux mois à un an, 3 adultes), grâce à l’obligeance de mon collègue, M. Debierre. La disposition la plus constante et la plus uniforme est celle du pneu- . mogastrique gauche; il se bifurque, à quelque distance au-dessous de la bronche correspondante, en deux branches, l’une antérieure, qui, chez l’adulte, constitue la partie principale du nerf, l’autre postérieure, qu croise de haut en bas la face dorsale de l’æœsophage, et se confond, un peu au-dessus du diaphragme, avec le pneumogastrique droit en for- mant avec ce dernier un grand V, ouvert en haut. Chez presque tous les enfants que j'ai examinés, j'ai trouvé la branche anastomotique du nerf gauche aussi volumineuse ou à peu près que sa branche prinei- pale. Le mode de division du pneumogastrique droit offre un peu plus de variété, tout en restant facilement reconnaissable, surtout chez l'en- fant. Tantôt sa branche antérieure ou ventrale est représentée par un assez mince filet qui se dirige obliquement de haut en bas et de droite à gauche vers la branche antérieure du nerf gauche : dans ces cas, l’en- semble des deux anastomoses, antérieure et postérieure, reproduit exactement le type que lon observe le plus souvent chez le chien. Tan- tôt, et plus fréquemment, le pneumogastrique droit se bifurque en deux branches qui se fusionnent de nouveau plus bas, et alors c’est la plus antérieure des deux qui fournit l’anastomose ventrale. Chez l'adulte, l'aspect se complique par les nombreux filets que les deux nerfs échan- gent sur la face antérieure de l’æsophage ; néanmoins, chez les trois sujets que j'ai examinés, il était facile de retrouver le rameau descen- dant obliquement de droite à gauche qui représente, à l’origine, l’anas- tomose ventrale. Mais cette dernière est, en somme, peu développée (comme chez le chien du reste). Ce qui est surtout à noter, c’est l'existence chez l’homme de l’importante anastomose qui, derrière l'œsophage, unit la partie supérieure du nerf gauche à la partie inférieure du nerf droit : consti- tuée par une branche spéciale de bifurcation du pneumogastrique (4) Voir Chauveau et Arloing, Traité d'anatomie comparée des animaux domestiques, 1879. Biozoëre. Comptes RENDUS. —— 4901. T. LIII. 6% 834 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gauche, elle est sans doute destinée à faire participer largement ce dernier à la formation du plexus solaire ; et, à ce titre, elle a aussi un intérêt physiologique. UN CAS EXTRAORDINAIRE DE PARASITISME DU Zenebrio motor, par M. MÉGnin. Le 45 juillet dernier je recevais de Toulouse, d’un de mes correspon- dants, M. F..., qui a une ferme à Muret, qu’il exploite lui-même, la lettre suivante : « Depuis quelque temps, depuis le 15 juin, le bâtiment où j'ai mes poules couveuses est envahi par de petites bêtes noires, dont je vous adresse quelques spécimens dans un flacon. « Ces petites bêtes se fixent aux jambes des poules, et je trouve les œufs tout couverts de sang, et souvent les poules exsangues et mortes. « La douleur fait remuer mes couveuses, et par suite les œufs n’arri- vent pas à éclosion. l « Donnez-moi le nom de ces suceurs, et la meilleure méthode de les faire périr? » Les petites bêtes noires contenues dans le flacon étaient des téné- brions de la farine, ce qui ne laisse pas de me surprendre, car je ne sache pas qu'on ait jamais constaté que cet insecte ait un tel goût pour la chair fraîche et vivante. On sait cependant que les ténébrions et leuts larves ne se contentent pas de son et de farine, et qu'ils s’attaquent volontiers aux matières animales mortes et desséchées : j'en ai trouvé sur des momies d'enfants morts depuis trois ans, occupés à faire’dispa- raître les débris d'insectes, de pulpes de larves qui avaient travaillé avant eux : c’est pourquoi ils figurent dans ma faune des cadavres. Notre collègue M. Künckel d'Herculais, dans l’édition française de Brehm, rapporte que tous les amateurs d'oiseaux insectivores et surtout de rossignols, élèvent des vers de farine pour procurer de temps en temps cette friandise à leurs pensionnaires ailés. A cet effet ils placent dans une vieille marmite une certaine quantité de larves, avec du son, du pain desséché et de vieux chiffons. On met un couvercle pour que les coléoptères éclos ne puissent pas s'échapper, et surtout afin qu'ils déposent derechef leur couvée au même endroit. Cette éducation devient surtout fructueuse si on ajoute de temps en temps le cadavre d’un petit mammifère où d'un oiseau. Adultes et larves réduisent ces cadavres presque complètement à l’état de squelette, et avec tant de soin qu'ils fournissent ainsi de véritables préparations anatomiques. Ainsi, non seulement les ténébrions de la farine adultes dévorent des SÉANCE DU 27 JUILLET 835 substances végétales amylacées — ce que tout le monde sait, — mais ils s'attaquent aussi aux substances animales mortes, et aussi aux oiseaux vivants qu'une fonction spéciale, l'incubation, a immobilisés. INFLUENCE DE LA NÉPHRECTOMIE SUR LA SPERMATOGENÈSE, par M. GUSTAVE LoisEL. Un chien braque, adulte, de forte taille, fut néphrectomisé du côté gauche au mois de juin dernier. La plaie se cicatrisa parfaitement et le chien continua à vivre sans qu'il parüût souffrir du manque de son rein. Trente-cinq jours après l'opération je le fis tuer et j’enlevai ses testicules, qui ne présentaient aucune trace d’atrophie. À l'examen microscopique du testicule gauche, traité au préalable par ie liquide de Flemming, je trouvai tous les espaces intercanaliculaires bourrés de granulations sphériques, colorées en noir intense, et solubles dans le chloroforme ; c'était à peu près exclusivement dans le corps pro- toplasmique des cellules interstitielles que ces granulations étaient contenues. Dans les mêmes régions, un certain nombre de vaisseaux montraient les caractères d’une légère inflammation chronique. À l'intérieur des canalicules séminifères se trouvaient les mêmes gra- nulations noires, en moins grand nombre toutefois et avec la répartition suivante : très nombreuses dans la zone de transformation de l'épi- thélium séminifère, c’est-à-dire au niveau des spermatides et des sper- matozoïdes, ces granulations l’étaient beaucoup moins dans la zone de croissance (spermalocytes) et ne se trouvaient plus qu’en petite quantité dans la zone de multiplication (spermatogonies). Ces granulations étaient contenues dans les corps cellulaires. Quant aux noyaux, ils paraissaient bien vivants, et la spermatogenèse sem- blait se faire comme à l’état normal, dans la plupart des canalicules. Cette production anormale de graisse provenait-elle d'une dégénéres- cence de certaines cellules ou bien plutôt d’une altération dans la sécrétion interne du testicule? Des expériences que nous avons com- mencées, M. Delamare et moi, sur ce sujet, nous l’apprendront proba- blement. En attendant, il est {toujours important de noter ce retentissement de la néphrectomie sur la fonction spermatogénétique. C’est une nouvelle observation qui vient s'ajouter aux cas d'endolorissement ou d’atrophie du testicule survenus à la suite de traumatismes du crâne (Larrey, Lallemand, Gurling, etc.), de lésions de la moelle (Brown-Séquard), d’affections du larynx (Meckel) et d’altérations des amygdales (Ver- neuil) (1). (4) Voir article « Stérilité » du Nouveau dictionnaire de médecine et de chi- rurgie, publié par le D: Jaccoud. 3836 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE DU JEUNE SUR LA SPERMATOGENÈSE, par M. Gusrave LoiseL. Un chien de berger adulte et paraissant en bonne santé fut soumis au régime exclusif de l’eau de Seine pendant vingt-six jours. Au bout de ce temps, le chien était très amaigri et pouvait à peine marcher. Ses tes- ticules, qui présentaient leur volume normal, furent examinés au micro- scope après fixation au liquide de Flemming. La spermatogenèse était complètement arrêtée et, dans la plupart des canalicules séminifères, l’épithélium était en voie de régression plus ou moins avancée. Dans quelques canalicules, on voyait encore des sperma- tosomes arrêtés dans leur évolution; dans d’autres, l’épithélium était limité, en dedans, par des spermatocytes au stade de synapsis ; enfin, dans un grand nombre, on ne trouvait plus que des spermatogonies ou mème seulement des noyaux de Sertoli plongés dans le plasmode sertolien. Aucun canalicule n'était privé complètement de son épithélium. Quelques granulations de graisse se trouvaient éparses dans l’épi- thélium de quelques canalicules; mais, dans les espaces intercana- liculaires, elles bourraient littéralement le corps protoplasmique des cellules interstitielles. Ces phénomènes, qui avaient déjà été constatés chez des pigeons en inanition (Grandis) (1), rappellent tout à fait la phase de métasperma- togenèse que j'ai décrite chez les oiseaux et qui existe probablenrent aussi chez les mammifères hibernants, pendant l'hiver. Dans les deux cas : pathologique et physiologique, l’épithélium sémi- nifère tend à se réduire à une seule forme histique, l'élément connu sous le nom de cellule de Sertoli. À la suite de la métaspermatogenèse des oiseaux, c'est-à-dire à la fin de l'hiver, les noyaux de Sertoli entrent de nouveau en activité pour reformer l’épithélium séminifère. Il est bien probable qu'il en aurait été de même, si notre chien et les pigeons de Grandis avaient été replacés dans des conditions normales. Ceci, et d’autres considérationstirées de leur origine, nous ont engagé à remplacer le nom de cellules et noyaux de Sertoli par celui de cellules et noyaux germinatifs (2). (Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Paris.) (4) Arch. ital. de Biologie, 1889, t. XII, p. 214-222. (2) Voir : G. Loisel : 1° Le fonctionnement des testicules chez les oiseaux, Comp. rendus de la Soc. de Biol., 28 avril 1900; 2° Cellules germinatives, ovules mâles, cellules de Sertoli, Comp. rendus de l'Acud. des Sc., 24 décembre 1901; 3° Études sur la spermatogenèse chez le moineau, Journ. Anat. et Phys., 4904. SÉANCE DU 27 JUILLET 837 IMMUNITÉ RELATIVE DU LAPIN A LA STROPHANTINE DONNÉE PAR LA VOIE GASTRIQUE, | par M. le D' E. Maurez (de Toulouse). Par la voie intra-veineuse, la strophantine tue le kilogramme de lapin jusqu’à 0 gr. 0003 (trois dixièmes de milligramme). Par la voie hkypo- dermique, il suftit de 0 gr. 000% à 0 gr. 0005. Par la voie gastrique, au contraire, cet animal a résisté aux doses de 0 gr. 0015 — 0 gr. 005 — 0 gr. O1 — 0 gr. 005 — et même de 0 gr. 03. Il a fallu arriver à la dose de 0 gr. 04 par kilogramme pour atteindre la dose mortelle. Cette grande différence de toxicité entre les voies veineuse et hypo- dermique d’une part, et d'autre part la voie gastrique, existe-t-elle pour l’homme ? Je l'ignore. Cependant, quoique n'étant encore établi que pour le lapin, ce fait m'a paru digne d’être signalé pour les raisons sui- vantes : | 1° Parce que peut-être la succion des plaies faites avec les flèches empoisonnées par le strophantus pourrait être pratiquée sans grand danger. On sait que dans nos expéditions du Centre-Afrique, quelques-uns de : nos hommes, même après des blessures légères faites par ces flèches, sont morts dans moins de trente minutes. Cette rapidité de la mort ne laisse guère le temps d'employer des ventouses, surtout dans les condi- tions dans lesquelles se font ces expéditions. 2° Parce que cette faible toxicité de la strophantine prise par la voie gastrique expliquerait ce fait, signalé par quelques collègues de la marine, que le gibier tué par ces flèches peut être mangé sans danger. 3° Enfin parce que ce fait laisse supposer tout le danger qu'il y aurait à nous servir des doses de strophantus tolérées par la voie gastrique pour évaluer celle que nous pouvons donner par la voie hypodermique en nous en tenant aux proportions habituelles. (Laboratoire de pathologie interne. — Professeur André.) SUR LA CONSTITUTION ET LA RÉACTION DES TISSUS LIGNIFIÉS, par M. Louis MANGin. Les tissus envahis par la lignification ne se distinguent des tissus mous, chez les cryptogames vasculaires et les phanérogames, que par le dépôt, dans l épaisseur de la membrane, des substances incrustantes 838 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE telles que la vanilline et la coniférine; les substances fondamentales dont j'ai établi la présence, c'est-à-dire la cellulose et les composés pectiques, manifestent leurs réactions normales quand on a débarrassé les tissus lignifiés des substances incrustantes, soit par l’eau chlorée et les liqueurs alcalines faibles, soit par l’eau de Javelle. Dès lors, tous les produits de la transformation des composés Door ques ou de la cellulose pourront se présenter dans le bois, telles par exemple que les productions gommeuses apparaissant dans le paren- chyme et dans les fibres lignifiées (Sterculiacées diverses, Cacaoyer; Pêcher, etc.), soit sous l'action des parasites, soit sous certaines influen- ces physiologiques mal connues. On sait d’ailleurs que la lignification respecte ordinairement la mem- brane interne (/nnenhaut des auteurs allemands) qui manifeste les réactions de la cellulose et des composés pectiques. J'ai constaté en outre dans certains bois (Amygdalées, Aïlante, etc.) que la lignification est limitée parfois à la lame mitoyenne, toutes les couches des fibres ligneuses restant cellulosiques et pectosiques. Dans ce cas l'emploi du rouge de ruthénium fait apparaître, au milieu du bois incolore, des zones arciformes plus ou moins fortement colorées en rouge par suite de la réduction de la lignification. Que ce phénomène d’incrustation soit total ou partiel, il communique aux tissus des affinités colorantes particulières. Je résumerai dans cette note les réactions les plus importantes. Deux sortes de substances peuvent se fixer sur les tissus lignifiés : 1° les matières colorantes; 2° les composés de la série aromatique qui réagissent sur la substance ligneuse et la teignent d’une manière spé- ciale. Les matières colorantes qui se fixent sur le bois sans mordancage préalable sont pour la plupart les colorants basiques, tels que la vésuvine, la fuchsine, le bleu de méthylène, la safranine, etc. Tous ces colorants teignant aussi les composés pectiques, il est important, pour éviter les confusions, d'indiquer les différences d'action de ces colorants sur deux substances différentes. La distinction entre les membranes pectiques et les membranes lignifiées soumises à l’action des colorants basiques sera facile en employant des bains acides, car dans ces milieux les composés pectiques ne se teignent pas ou se décolorent. En outre, comme le rouge de ruthénium ne colore pas les tissus ligni- fiés, on pourra obtenir des coloralions doubles très caractéristiques et du plus bel effet, en traitant les coupes d’abord par le bleu de méthylène aluné à 5 p. 100, puis, après lavage, par le rouge de ruthénium. Après déshydratation et montage dans le baume au xylol, les tissus lignifiés sont colorés en bleu verdâtre et les tissus mous en rouge (chez ces der. niers, c’est la région pectosique des membranes qui est seule colorée). Quant aux réactifs incolores qui teignent naturellement le bois, le SÉANCE DU 27 JUILLET 839 nombre en est assez grand, comme on le sait; citons la phloroglucine, l'orcine, le phénol, le sulfate de thalline, le sulfate d'aniline, etc. Toutes ces subtances exigent pour manifester leur action un milieu fortement acide ; en outre, pour certaines d’entre elles, la coloration est fugace. Ce sont là des inconvénients que j'ai cherché à faire disparaître en étudiant différentes bases de la série aromalique. J’ai étudié l’action de la naphtylamine, de la toluidine, de la benzidine, de la tolidine, de la dianisidine. Tous ces produits teignent la fibre ligneuse en jaune orangé (naphtyla- mine, toluidine), en rouge brun terne (totidine), en rouge brun plus ou moins foncé (benzidine et dianisidine; l’action colorante se manifeste avec les différents acides minéraux ou organiques même avec des acides faibles tels que l'acide borique; en outre, la réaction a lieu dans des milieux dont l'acidité ne dépasse pas 1 ou 2 p. 100. J'emploie de préférence la benzidine ou la dianisidine, mais surtout la première de ces deux substances, dont l’action est plus rapide. Sa puissance colorante est telle que, dans une solution acidulée à 1 p. 100, elle peut colorer 600 ou 800 fois son poids de tissus lignifiés et la réaction colorante se manifeste très rapidement à chaud, plus lente- ment à froid dans une solution au 1/30000. Pour obtenir le réactif d'un usage courant, on dissout 1 gramme de benzidine et 1 gramme d'acide (citrique, tartrique ou lactique) dans 100-centimètres cubes d’eau, après ébullition, on filtre et on emploie la solution, soit seule, soit additionnée de glycérine. Les solutions acides de benzidine peuvent être employées efficace- ment à l'analyse des papiers; elles peuvent servir aussi dans la tein- ture des bois pour communiquer à certains bois blancs indigènes la teinte de:quelques bois exotiques, ou pour corriger la teinte un peu jaune de certains bois de placage, vels que ie palissandre. RECHERCHES SUR LES INJECTIONS DE SANG ET DE SÉRUM CYTOTOXIQUES AU CHIEN. : par M. Brerry. Dans une précédente note (1), présentée par M. Roux à l'Académie des Sciences, j'ai montré que le sang de lapins qui avaient reçu des injec- tions de reins broyés de chiens dansle péritoine devenait néphrotoxique pour le chien, et que le sang ou le sérum d'un chien ainsi rendu néphri- tique déterminait de l’albuminurie quand on l'injectait à un animal (4) Bierry. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 6 mai 1901. 840 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE neuf. D'un autre côté, M. Nefedieff (1), au laboratoire de M. Metchnikoff, a prouvé que le sérum sanguin des lapins auxquels on avait lié un des. uretères devient, après un certain temps, manifestement néphrotoxique pour les lapins neufs. J'ai étudié l’action du sang et du sérum de chien après isolement d’une partie du pancréas et après ligature d’une des artères rénales. ‘ On fait la laparotomie à un chien ; on lie le pancréas sur une longueur de 40 centimètres environ. Soixante-dix jours après, nouvelle laparo- tomie ; on constate que toute la partie en dessous de la ligature s’est résorbée. On lie une nouvelle portion. Quinze jours après, on prend aseptiquement le sang à la fémorale, et on injecte dans la saphène respectivement 40 et 50 centimètres cubes de ce sang défibriné à des chiens de 11 et 13 kilogrammes. L'examen des urines fut fait pendant dix jours ; à aucun moment le sucre ne put être décelé ni par la liqueur de Fehling, ni par l’acétate de phénvlhydrazine. A l’autopsie, le pancréas des chiens ainsi traités parut normal. D'autre part, on lie l’artère rénale gauche à plusieurs chiens (la liga- ture a été faite un peu avant le rein sur les deux branches de l'artère). Les animaux ne paraissent pas souffrir de l'opération, ils engraissent même et n'ont pas d’albumine dans l'urine. Quarante jours après, le sang recueilli et défibriné aseptiquement est injecté à la dose de 30 et 33 centimètres cubes dans la saphène à des chiens de 40 à 42 kilo- grammes. Cette fois le résultat fut positif. L'analyse des urines pendant douze jours décela des albumines (sérine et globuline) qui purent être nettement caractérisées. De nouvelles injections faites avec le sang ou le sérum d’autres chiens préparés dans la saphène, dans le tissu sous-cutané d'animaux ‘neufs, donnèrent le même résultat. Les injections intra- péritonéales se montrèrent également très actives. À l'autopsie, on. constata que le rein à ligature s'était déformé et considérablement atrophié. La substance médullaire avait presque la même teinte gri- sâtre que la substance corticale, et était striée de raies rouges. Ainsi donc, le sang ou le sérum de chiens auxquels on a lié une artère rénale devient au bout d’un certain temps néphrotoxique pour des chiens neufs. L'injection de sang ou de sérum normal n’a jamais donné lieu qu'à une albuminurie légère disparaissant, au plus tard, au deuxième ou troisième Jour. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) (1) Néfedieff. Annales Institut Pasteur, Janvier 1901. Le Gérant : OCTAVE PoRÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 841 SÉANCE DU 5 OCTOBRE 1901 MM. F. Wipaz et L. Le Sourp : Recherches expérimentales et cliniques sur la sen- sibilisatrice dans le sérum des typhiques. — M. L. Camus : Action des injections intra-veineuses de lait sur la coagulation du sang chez les animaux en lactation. — M. JEax-Cu. Roux : Action des solutions de peptone sur les mouvements et l'évacuation de l'estomac. — M. Cu. Jururarp : De l’action de l’albumine sur le phénomène de l'hématolyse. — M. Gagriez DELAMARE : Note sur les cellules éosi- nophiles et les hématies nucléées du ganglion lymphatique normal. — M. Marin MozcrarD : Sur la transformation expérimentale des étamines en carpelles chez le chanvre. — M. A. SLATINEANO : Septicémie expérimentale par le cocco-bacille de Pfeiffer ; immunisation; propriété préventive du sérum des vaccinés. Présidence de M. Bouchard. OUVRAGE OFFERT M. RaïLLIET fait hommage, au nom de l’auteur, M. Emize TuiErry, d’un livre forme album, avec 5 planches coloriées, intitulé : Le cheval, anatomie et physiologie, extérieur, races et production, hygiène et mala- dies (Librairie agricole de la Maison rustique, Paris, 1901). RECHERCHES EXPÉRIMENTALES ET CLINIQUES SUR LA SENSIBILISATRICE DANS LE SÉRUM DES TYPHIQUES, par MM. F. Wipaz et L. LE Sourr. (Communication faite dans la séance du 27 juillet.) Nous avons cherché par le procédé de fixation de Bordet l’époque d'apparition de la sensibilisatrice dans le sérum des cobayes inoculés sous la peau avec une culture de bacilles typhiques. Chez deux animaux, la sensibilisatrice est apparue cinq jours après J'inoculation, en même temps que la réaction agglutinante. Chez un troisième, la sensibilisatrice a précédé d’un jour l'apparition de l’agglu- tinine. Chez un quatrième, au contraire, c'est l’'agglutinine qui a paru la première. Voici un tableau qui donne les dates d'apparition des deux phéno- mènes chez nos animaux en expérience. Biozocte. ComPTEs RENDus. == 1901. T. LIII 65 842 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cobaye 1. — Recoit sous la peau, le 11 juillet, 2 centimètres cubes de culture. DATES AGGLUTINATION SENSIBILISATRICE Lee A UUILe Et () rien. 12 juillet. (9 rien. 43 juillet. . 0 rien. lulu 0 rien. 1 HILL SAUCE 0 rien. - OM ouTIE EME E 1/10 légère. 17 juillet. 1/30 nette. 18 juillet. . 1/100 très nette. Cobaye IL. — Reçoit sous la peau, le 17 juillet, 1 centimètre cube de _ culture. DATES AGGLUTINATION SENSIBILISATRICE RITES RONA MEN ET CNE 0 rien. 18 juillet. 0 rien. 19 juillet. 0 rien. 20Muilletete 0 rien. 21 juillet. 0 rien. 22 juillet. 1/10 légère. DSéuilet on: 1/20 légère. 2e ee 1/50 nette. Cobaye LI. — Recoïit sous la peau, le 41 juillet. 1 centimètre cube de culture. DATES 11 juillet 12 juillet. . 13 juillet 14 juillet 15 juillet Ale Nbre Te Re ET else Cr M TO En OA. OO AGREE re APMuITe EN 18 juillet. AGGLUTINATION à: SENSIBILISATRICE rien. rien. Aie rien. légère. nette. nette. très nette, très nette. Cobaye IV. — Recçoit sous la peau, le 45 juin, À centimètre cube de culture; le 18 juin, 2 centimètres cubes; le 19 juin, 2 centimètres cubes DATES 1OMUTN PIERPRE CM LONE O À Or VO) CIO MROEN AGGLUTINATION SENSIBILISATRICE rien. rien. nette. très nette. SÉANCE DU 5 OCTOBRE 843 Chez les malades en cours de fièvre typhoïde soumis à notre observa- tion, nous avions constamment retrouvé la réaction agglutinante et la …réaction de fixation. Le nombre de ces malades est de seize. Dans aucun de nos cas, cette double recherche n’a pu être faite dans les tout pre- miers jours de la maladie. Chez un malade seulement cette étude a pu être faite le sixième jour de la maladie. Les deux réactions existaient déjà à cette époque. La dissociation des deux phénomènes peut cependant s’observer en clinique. C’est ainsi que, chez un jeune homme convalescent depuis quatre mois d’une fièvre typhoïde de moyenne intensité, la réaction agglutinante n’était plus décelable, alors que laréaction de fixation pré- sentait encore une netteté remarquable. D’autre part, chez un jeune homme convalescent depuis huit jours d'une troisième rechute de fièvre typhoïde, le sérum agglutinait à 1 pour 300 et la réaction de fixation présentait l'aspect le plus net que nous ayons jamais pu obtenir. Dix jours plus tard, le malade faisait une quatrième rechute à évolution classique, avec courbe en plateau, hyper- trophie de la rate, diazo-réaction, taches rosées, etc. Ce fait semble montrer que la réaction de fixation ne saurait être considérée comme un témoin de l’immunité. ACTION DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE LAIT SUR LA COAGULATION DU SANG CHEZ LES ANIMAUX EN LACTATION, par M. L. Camus. J'ai exposé l’an dernier à la Société (1) mes premières recherches sur l’action anticoagulante du lait; je m'étais borné alors à étudier in vitro et in vivo l’action du lait de vache sur la coagulation du sang de chien et de lapin. J'ai poursuivi depuis mes recherches avec le lait de chienne et j'ai montré (2) que le chien est sensible aux injections de lait de chienne, que l’on peut obtenir dans certains cas l’incoagulabilité absolue (1) Action des injections intra-veineuses de lait. Comptes rendus Soc. de Biol., 4 août 1900, p. 787; — Action du lait sur la coagulation du sang. XIII° Con- grès international de médecine, section de Physiologie, Paris, 3 août 1900, p. 45- 53. (2) Action anticoagulante des injections intra-veineuses de lait d’une espèce animale sur le sang des animaux de même espèce. C. R. Acad des. Sc., t. CXXXI, p. 1309; 1900. — Action du lait in vitro et des injections intra- veineuses de lait sur la coagulation du sang. Journ. de Physiologie et de Patho- logie générale, janvier 19014, p. 27-41. 844 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE comme avec le lait de vache. La question de la sensibilité d’une espèce animale aux injections intraveineuses de son propre lait étant ainsi résolue, j'ai recherché plus récemment si les animaux en lactation sont sensibles aux injections de lait. Ce sont les résultats de ces dernières expériences, peu nombreuses, mais intéressantes, je pense, à cause de leur caractère positif, que je désire présenter aujourd hui. Voici d’abord une expérience sur une chienne roquel, jeune, en lacta- tion, du poids de 5 kil. 600; ses petits lui ont été retirés 24 heures avant l'expérience, ils étaient nés au laboratoire et étaient âgés de deux mois; cette chienne s’est montrée sensible à une injection de 5 centimètres cubes de lait de vache par kilogramme. Exp. in vitro : 1 cent. cube de lait de vache + 1 cent. cube de sang artériel ; filaments de fibrine après 4 minutes, caillot mou en 7 minutes. 3 cent. cubes de sang artériel (tube témoin) : caillot en 26 minutes. Exp. in vivo : Vous voyez sur le tracé de la pression artérielle la baisse considérable, 8 cent. de Hg., qui s’est produite consécutivement à l'injection dans la veine fémorale droite de 28 centimètres cubes de ce lait frais et cen- trifugé. Le sang artériel, 2 minutes après l'injection, ne coagule plus que très lentement, quelques filaments de fibrine apparaissent 3 minutes après la prise de sang, mais le caillot n’est complètement formé qu'après 4 heures. Une autre prise, faite 3 minutes après la précédente, coagule en 4 h. 1/2; enfin une dernière prise, 3 minutes plus tard, coagule en 5 heures environ. La chienne en lactation est donc sensible aux injections de lait de vache. # Le nombre restreint d'animaux que j'ai eu à ma disposition ne m'a pas permis de multiplier les expériences de ce genre, et, sur trois autres chiennes en lactation, j'ai recherché l'influence de l'injection intra-vei- neuse de leur propre lait sur la coagulation de leur sang. Exp. I. — Chienne fox-terrier, 40 kil. 800, depuis 18 heutes au laboratoire : beaucoup de lait. Ce lait est centrifugé 1 heure et dilué par moitié ävec de l’eau salée à 9 p. 1000. În vitro : 1 cent. cube de lait dilué +1 cent. cube de sang artériel : fila= ments de fibrine après 1 minute, caillot complet en 2 m. 1/2. 2 cent. cubes de sang artériel (tube témoin) : filaments de fibrine après 2 minutes, caillot complet en 18 minutes. In vivo : On injecte brusquement dans la veiné fémorale gauche 45 cénti- mètres cubes de lait dilué; la pression artérielle s'élève légèrement, puis revient bientôt à sa valeur normale, comme on peüt le constater sur le tracé. Le sang de trois échantillons recueillis 2 minutes, 5 minutes et 8 minutes après l'injection coagule, le premier en 48 minutes, lé deuxième en 57 minutes et le troisième en 54 minutes. En résumé, il n’ÿ à qu'une légère diminution de la coagulabilité sans baisse de pression. : SÉANCE DU 5 OCTOBRE 845 Exe. Il. — Chienne fox-terrier jeune, poids : 7 kil. 500; privée de ses petits depuis 4 jours ; on trait 25 centimètres cubes de lait que l’on met à centri- fuger, on décante 10 centimètres cubes que l’on dessèche dans le vide, on recueille 3 gr. 15 de produit sec que l’on pulvérise et que l’on délaye dans 30 centimètres cubes à 9 p. 1000. In vitro : 1 cent. cube de lait coupé +1 cent. cube de sang artériel : fila- ments de fibrine après 2 minutes, coagulation en # minutes. 2 cent. cubes de sang artériel (tube témoin) : filaments de fibrine après 3 minutes, coagulation en 23 minutes. In vivo : Le reste du liquide est injecté brusquement dans la veine fémorale droite immédiatement après l'injection. La pression artérielle baisse comme après une injection de peptone, ainsi que le montre le tracé, et le sang recueilli 2 minutes, # minutes et 9 minutes après l'injection est encore incoagulable après 24 heures. Dans cette expérience l’action anticoagulante a été très marquée, tout autant que dans les expériences ou l’incoagulabilité consécutive à une injection de lait de vache l’est Le plus. Exe. IL. — Chienne roquet jeune; poids : 6 kil. 600; grosses mamelles pleines de lait; on recueille rapidement 100 centimètres cubes de lait, on cen- trifuge 1 heure, on décante 20 centimètres cubes que l’on additionne de 10 centimètres cubes d’eau salée à 9 p. 1000. In vitro : 1 cent. cube de lait coupé +1 cent. cube de sang artériel : coagu- lation en 1 m. 1/2. 2 cent. cubes de sang artériel (tube témoin) : coagulation en 10 minutes. In vivo : L'injection brusque dans la veine fémorale gauche des 30 centi- mètres cubes de lait coupé détermine simplement une élévation passagère de la pression. Une première prise de sang faite 2 minutes après l'injection montre l’apparition de filaments de fibrine en 4 minutes, mais la coagulation n'est complète qu'après 2 h. 1/2. Une deuxième prise de sang, 5 minutes après l'injection, présente des filaments de fibrine en 3 minutes et la coagulation nest complète qu'après 1 h. 50. La troisième prise, faite 8 minutes après l'in- jJection, ne présente pas de différence appréciable avec la deuxième prise. Ces trois expériences ont donc fourni trois résultats positifs ; deux fois l’action anticoagulante a été très légère, une autre fois elle a été très marquée. Si l'on peut tirer légitimement une conclusion dans les conditions expérimentales où je me suis trouvé, on doit conclure que l’état de lactation n'empêche pas les chiennes d’être sensibles aux injections de lait. Elles sont sensibles aux injections de lait de vache et elles peuvent être sensibles aussi aux injections de leur propre lait. 846 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTION DES SOLUTIONS DE PEPTONE SUR LES. MOUVEMENTS ET L'ÉVACUATION DE L'ESTOMAC, par M. JEAN-Cu. Roux. Dans une précédente communication à cette Société (1), sur l’évacua- tion de l’estomac étudiée à l’aide du phonendoscope de Bianchi, j'avais vu que les solutions de peptone excitent la motricité gastrique, et j'avais cru pouvoir conclure que sous leur influence l'estomac se vidait très rapidement. Mais depuis, ayant constaté que les indications du phonen- doscope sont souvent confuses et difficiles à interpréter, je me suis efforcé d'étudier l'évacuation artificielle de lestomac par d'autres. procédés. Il est facile de constater que la peptone ne provoque pas une évacua- tion immédiate et complète de l'estomac. Si, une ou deux heures après un repas normal, on fait prendre à un sujet une solution de peptone (2 grammes dans 30 grammes d’eau), et qu'une demi-heure ou une heure après l'ingestion de peptone on lave l'estomac, on retire par la sonde une quantité considérable de matières one L’estomac ne s'était donc pas vidé complètement. On peut même vérifier ce fait d’une façon plus précise. Klemperer (2) a proposé une méthode pour étudier l'évacuation de l’estomae : on fait ingérer au sujet en expérience 100 centimètres cubes d'huile d'olive. L’estomac évacue cette huile dans l'intestin progressivement, et par un lavage de l'estomac on retire une quantité d'huile d'autant moindre que l’on attend plus longtemps. Après vingt minutes, il reste 91 centimètres cubes d'huile dans l’estomac, après quarante-cinq minutes 72 centi- timètres cubes, après une heure 45 centimètres cubes seulement. J’ai repris cette expérience en faisant prendre au sujet en expérience 2 grammes de peptone en solution après ingestion de 100 centimètres cubes d'huile. Dans un premier essai, trente minutes après, il restait encore dans l'estomac 60 centimètres cubes d'huile. Dans un deuxième essai, au bout de quarante-cinq minutes il restait 50 centimètres cubes d'huile dans l'estomac au lieu de 72 centimètres cubes que l’on trouve encore dans l'évacuation spontanée de l’estomac d’après Klemperer. Il semble donc que l'évacuation de l'estomac soit légèrement accélérée (1) Sur l'évacuation spontanée et artificielle du contenu de l'estomac par le pylore. Société de Biologie, 28 novembre 1896. (2) Ueber motorische Thätigkeit des Magens. Deutsche medicinische Wochen- schrift, 1888, p. 263. SÉANCE DU 5 OCTOBRE 841 par l’ingestion de peptone, mais elle est loin d’être complète même au bout de quarante-cinq minutes. Ce sont des recherches faites en collaboration avec M. Balthazard qui m'ont permis de mieux comprendre l'action des solutions de peptone : ces recherches ont été faites sur le chien, en étudiant à l’aide de la radiographie les mouvements de l'estomac et son évacuation. L'animal recevait une pâtée composée de viande hachée et de sous- nitrate de bismuth (1). Nous donnions à l’animal 50 grammes d’eau tenant en solution 5 à 10 grammes de peptone de Witte. Quel que fût le moment de la digestion où l’on donnait à l'animal la solution de peptone, le premier effet était d'amener une sécrétion abon- dante et durable. Mais peu de temps après, la solution de peptone exci- tait les mouvements de l'estomac : si l'estomac présentait déjà des mouvements péristaltiques, ils s’exagéraient presque aussitôt. Si l’'es- tomac était immobile, il fallait attendre quinze à vingt minutes pour voir apparaître les contractions péristaltiques. L'évacuation de l'estomac commencait d'habitude avec les contrac- tions de la région prépylorique. Si la masse alimentaire n'était pas réduite en bouillie, les contractions persistaient vingt à trente minutes avant que nous pussions voir les matières alimentaires passer dans le duodénum. La peptone paraît donc être un des excitants moteurs de l’estomac (2) dans certaines conditions, elle paraît mettre en train l'évacuation de l'estomac; toutefois, sous son influence, cette évacuation ne se fait pas en bloc, mais lentement et progressivement. DE L'ACTION DE L'ALBUMINE SUR LE PHÉNOMÈNE DE L'HÉMATOLYSE, par M. Ca. JULLIARD. Au cours de recherches sur la cryoscopie et l'hématolyse dans les épanchements des séreuses articulaires et vaginale, nous avons été amené à nous demander quelle part il fallait attribuer dans nos résul- tats à l'action de l’albumine contenue dans les liquides en question. L'influence de cette substance sur l’abaissement du point de congéla- (1) Pour les détails de technique, voir : Etude du fonclionnement moteur de l'estomac à l’aide des rayons Rüntgen, par Jean-Ch. Roux et V. Balthazard. Archives de Physioiogie, 1898, p. 85. (2) Par une autre méthode Ducceschi a vérifié cette action «excitante éner- gique » de la peptone : Sulle funzione motrice dello stomaco. (Archivio per le Scienze mediche, vol. XXI, p. 158.) 848 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tion d’une solution a déjà été déterminée par Dreser, Nernst, Alexandrew et Sabanejew, etc. On sait qu'une solution d’albumine à 100 p. 1000 a le même A par exemple qu'une solution d’urée à 4 p. 1000, en vertu de la loi de Raoult sur l’abaisement moléculaire du point de congélation. Soit À — — 0°032 Mais la manière dont se comporte l’albumine en solution vis-à-vis des globules rouges, dans le phénomène de l’hématolyse, est plus intéres- sante encore à connaître, à une époque où l’action des substances héma- tolysantes, des lysines est venue compliquer singulièrement l’interpré- tation des résultats fournis par la méthode préconisée par Hamburger et Bard pour la détermination de la toxicité des liquides pathologiques. On sait que l’albumine provoque la sortie de l’hémoglobine des glo- bules rouges en solution même très concentrée. Mais son action est-elle subordonnée, dans l’espèce, à sa tonicité seule, à son degré de concen- tration uniquement, ou agit-elle à la facon de ces substances dites « hématolysantes »? Au cas où la première hypothèse se trouverait justifiée, y a-t-il un rapport direct et semblable entre son influence sur l'hématolyse et sur le cryoscope? Et, dans ce cas, à quelle concentration d’une solution de NaCI correspond cette influence? Ce point a bien son importance, car les liquides organiques sont, en général, très riches en albumine, et il n’est pas indifférent de connaitre exactement la façon dont se comporte ce corps vis-à-vis des méthodes que l'on utilise aujourd'hui pour leur examen. Nous avons procédé, dans ce but, à une série dexnoncnees sur l’albu- mine de l’œuf, dont voici les tee : Nous avons employé, d’une part, une solution d’albumine d'œuf, dont l'analyse chimique a été faite avec soin par le D' B. Wiki, et d’autre part une solution titrée de NaCI isotonique au sang d’un sujet normal. Puis, comparant l’action de ces deux solutions sur les globules rouges en prenant comme base le moment où l'hémoglobine diffuse dans le liquide, nous avons, au moyen d’un calcul simple, maïs dont l'énoncé un peu long ne‘trouverait pas sa place ici, et en faisant la part des sub- stances minérales (chlorures, sels divers, etc.), calculé l'équivalent en NaCl et, de là, le A de l’albumine pure. Ce A, obtenu exclusivement au moyen de la « méthode des globules rouges », correspondait exactement à celui de avait été fourni par la cryoscopie. L'albumine pure de la solution employée ne pouvait donc avoir occa- sionné la sortie de l'hémoglobine des hématies que par l’action de sa tonicité seule. Nous avons ensuite déterminé quelle concentration d’une solution de SÉANCE DU D OCTOBRE 849 NaCI correspondait à une solution fixée d’albumine pure; et nous avons trouvé que le À d'une sol. 50 p. 1000 albumine — 4 sol. 0,27 p. 1000 NaCI, | Soit — 0°016, fait que nous avons contrôlé par une nouvelle série d'expériences. Nous concluons donc : 1° Les résultats fournis par la cryoscopie et la méthode hémolytique sur la concentration d'une solution albumineuse sont absolument com- parables. 2 Il en résulte que l’albumine en solution n'a aucune action spécifique sur les hématies, sur lesquelles elle n’agit qu'en raison de sa tonicité seule- ment. 3° Elle n’abaisse le point de congélation d'une solution que d’une façon très restreinte, et provoque le laquage du sang ruème à des concen- trations relativement très élevées (une sol. albumine à 1750 p. 1000 a un À — 0°56). 4 Son action correspond dans les deux cas pour une sol. d’albumine à 50 p. 1000 à celle d’une solution de NaCI d'environ 0,27 p. 1000. NOTE SUR LES CELLULES ÉOSINOPHILES ET LES HÉMATIES NUCLÉÉES DU GANGLION LYMPHATIQUE NORMAL, par M. GABRIEL DELAMARE. I. — Les cellules à grains acidophiles, contenues dans la nappe réti- culée et même dans les follicules du ganglion normal de lapin ou de pore, présentent quelques variations morphologiques, traductrices, les unes d’un processus régressif, les autres d’une évolulion peut-être ‘progressive. Le noyau de certaines cellules est hypo- ou hyperchroma- tique ; il diminue de volume et se réduit à quelques boules, bientôt excrétées. Ces cellules essaiment leurs granulations dans le tissu gan- glionnaire comme elles font ailleurs, au voisinage des culs-de-sac glan- dulaires en pleine activité sécrétoire. Les cellules, normalement colorées, possèdent, les unes un noyau bi- ou trilobé, les autres un noyau unique. Le noyau unique, parfois central, mais plus souvent excentrique, ressemble beaucoup par sa forme, ses dimensions et la disposition de sa chromatine à celui des lympho- cytes. Or, tous les intermédiaires semblent exister entre les lympho- cytes, ces cellules et les polynucléaires éosinophiles. On voit des lympho- cytes qui ne possèdent qu’un petit nombre de granulations (1, 5, 8, 10). Ce nombre restreint ne paraît pas tenir à un essaimage préalable, puis- qu'on ne retrouve point les granulations au voisinage. Ailleurs, le 850 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE noyau, primitivement arrondi, s’allonge et s’étire pour prendre le type multilobé. Ces transformations doivent s’accomplir rapidement, car les formes de transition sont peu nombreuses. Sans rien affirmer touchant la fréquence ét l'intensité de ce processus, sa possibilité seule permet de comprendre pourquoi certaines adénies s’accompagnent d’éosinophilie sanguine. Par contre, son existence semble en contradiction formelle avec ce fait, maintes fois constaté, que les éosinophiles manquent ou du moins sont très rares dans les voies lymphatiques efférentes. Puisque les cellules sont amœæboïdes, peut-être pourrait-on supposer qu’elles émigrent directement dans les voies sanguines. Cette hypothèse, peu vraisemblable, n’est du reste pas indispensable : étant donné qu'elles se détruisent dans le ganglion, on peut concevoir qu'elles naissent et meurent sur place, par suite sans passer dans les voies lymphatiques. . II. — Bien que Lüwit, Demoor aient signalé la présence d’hématies nucléées dans le ganglion lymphatique normal et que, plus récemment, M. Retterer ait étudié les processus de l’'hématopoièse ganglionnaire, les cellules de Neumann ne sont, en général, pas considérées comme faisant partie des éléments constitutifs du tissu lymphoïde sain. Il y a donc intérêt à multiplier les observations. Nous avons trouvé dans les voies caverneuses, la nappe réticulée et même les follicules d’un ganglion mésentérique de rat gris, de nombreux globules rouges nucléés, presque tous géants. Dans un ganglion de pore, nous voyons de petites hématies à noyau et quelques globules rouges. Ici, les hématies nucléées paraissent se transformer en globules rouges par un processus d’excré- tion nucléaire. Dans le ganglion du jeune chat, du chien, du lapin, nous avons rencontré quelques hématies sans être assez heureux pour assister à l’évolution d'un processus hématopoiétique. Nous avons bien vu le noyau de certains leucocytes se colorer intensément par l'orange, mais nous ne saurions dire si cette dégénérescence aboutit, comme le pense M. Retterer, à la formation de globules rouges. En somme, il résulte de ces faits que, parfois, sinon toujours, on peut observer dans le tissu ganglionnaire sain des hématies à noyaux. Dans le but de contrôler ces faits histologiques, nous avons entrepris, avec M. Guillemonat, de doser le fer ganglionnaire. Nous donnerons prochai- nement les résultats de cette élude chimique. (Travail du Laboratoire d'histologie de la Faculté de Médecine.) SÉANCE DU 5 OCTOBRE 851 SUR LA TRANSFORMATION EXPÉRIMENTALE DES ÉTAMINES EN CARPELLES CHEZ LE CHANVRE. Note de M. MariN MozrraRp. J'ai décrit dans un article paru en 1898 (1) la facon dont les étamines du Chanvre peuvent, à des degrés variables, se transformer en car- pelles dans certaines conditions défavorables au développement de l’ap- pareil végétatif; les passages étaient si gradués qu'on pouvait trouver tous les intermédiaires entre la fleur mäle normale et la fleur femelie typique ; le nombre des fleurs d’un pied mäle plus ou moins complète- ment transformées en fleurs femelles était également variable et le degré maximum de modification correspondait à la transformation d’un pied, qui aurait été mâle dans des conditions normales de développe- ment, en un pied femelle. Je conclus de mes recherches que le sexe n’est pas absolument dé- terminé dans la graine et que des conditions anormales de végétation peuvent encore le modifier dans une certaine mesure. Mon intention n'était pas de revenir sur ces expériences avant d’avoir étudié les mo- difications que subissent dans ces échantillons les cellules sexuelles; mais un travail récent de Strasburger (2) me force à y revenir en quel- ques mots; les critiques que m'adresse le célèbre professeur pouvant paraitre décisives, Je ne veux pas tarder plus longtemps à y répondre. Ces critiques sont de deux sortes : 1° Strasburger émet l'hypothèse que jai eu accidentellement entre les mains des graines d’une race de Chanvre monoïque; 2° le botaniste allemand n’a pu, en répétant mes expériences, obtenir de transformations analogues à celles que j'ai signalées. J'ai répondu brièvement par avance à la première critique dans la dernière phrase de mon travail : es semis effectués à une intensité lumineuse normale, toutes les autres conditions restant comparables, n'ont produit que des pieds parfaitement normaux; j'ai d’ailleurs répété, quatre années de suite, l'expérience que j'ai rapportée, et les semis ont été effectués chaque année avec des graines de provenances variées, les unes ayant été achetées chez des grainiers, les autres ré- coltées par moi-même sur des pieds parfaitement normaux; d'autre part, les graines qui me servaient à ces expériences étaient toujours prélevées sur des lots destinés à l’ensemencement de champs où se développaient, dans des conditions ordinaires, des milliers de pieds, en (4) M. Molliard : De l'Hermaphrodisme chez la Mercuriale et chez le Chanvre, Rev. gén. de Bot., X, 1898, p. 321. (2) Ed. Strasburger : Versuche mit diôcischen Pflanzen in Rücksicht auf Geschlechtsverteilung. Biolog. Centralbl., XX, 1900, n°5 20 à 24. 852 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vue d'une autre étude. Or, jamais je n’ai observé sur ce nombre un seul individu monoïque. Il n’ÿ a donc pas\le moindre doute que les transformations observées élaient dues, non pas à la nature des graines, mais bien aux conditions dans lesquelles les plantes se développaient. Parmi les différents facteurs qui constituaient le milieu correspon- dant aux individus tératologiques, j'ai cru pouvoir retenir la faible in- tensilé lumineuse comme cause des modifications observées; je reviens un peu sur ce point, Les expériences que j'ai faites ont eu lieu tout d’abord dans la serre du laboratoire de Botanique de la Sorbonne; cette serre est située entre la cha- pelle de la Sorbonne qui la domine à l’ouest, et de larges bâtiments qui la surplombent également à l’est; elle ne recoit ainsi de jour que du côté du nord et du sud, et le soleil n’y pénètre que pendant une très faible partie de la journée; à l’époque où je faisais mes expériences, la température de cette serre était sensiblement celle du dehors,et c'est ce qui m'a fait dire que je ne croyais pas à l’action du facteur température dans le cas présent; d'autre part, si on effectuait les semis dans des pots toujours abondamment arrosés ou laissés sans eau, rien ne différait dans les résultats; de même, tout se passait de facon identique si l’atmosphère était saturée de vapeur d'eau ou constamment desséchée; enfin on pouvait changer la nature du sol sans mo- difier en rien le résultat de l'expérience; je ne voyais plus comme facteur pouvant agir que la lumière, dont l'intensité était assez-faible dans ces expé- riences. J’ai refait ensuite des semis dans une serre du laboratoire d’Avon qui se trouve éloignée de tout bâtiment, et dans une partie qui restait ombragée constamment par des claies épaisses; la lumière était encore assez faiblé, mais elle agissait pendant un temps sensiblement plus long durant une journée; les résultats ont été les mêmes que précédemment, à l'intensité près; les pieds atteignaient jusqu’à 40 centimètres de haut, et quelques-uns .seule- ment des moins développés, de 20 centimètres de haut à peine, présentaient quelques fleurs mâles dont les étamines étaient complètement transformées en carpelles. Ces faits me paraissent parfaitement cadrer avec les résultats qu'a obtenus Strasburger en reprenant mes expériences; il a refait en effet des semis de graines de Chanvre dans une serre où la lumière était tamisée par de la chaux dont étaient badigeonnées les vitres; les individus développés dans ces condi- tions mesuraient au bout d’un mois jusqu'à 55 centimètres de haut. Or, j'ai observé dans les premières expériences que j'ai relatées que les modifica- tions sexuelles étaient d'autant plus accentuées que le développement de l'appareil végétatif était moindre; dans la serre de la Sorbonne, la taille maxima était de 35 centimètres, la taille moyenne de 20 centimètres, et c'élaient les individus de 25 à 15 centimètres de haut qui présentaient seuls la transformation des étamines en carpelles. Dans les expériences effectuées dans la serre d’Avon, la taille des individus était sensiblement plus considé- rable (40 centimètres au maximum), et les modifications devenaient rares; enfin, dans les expériences de Strasburger, la taille des pieds de Chanvre 0 SÉANCE DU D OCTOBRE 853 était encore plus grande (55 centimètres au maximum), et l’auteur n’a pu observer le phénomène que j'ai décrit. Je n’ai rapporté qu’à l'intensité lumineuse seule les modifications observées, mais il est évidemment possible que le phénomène soit plus complexe; c’est ainsi que la nature des radiations absorbées, qui a pu varier dans ces trois séries d'expériences, peut avoir une grande importance ; ce que je voulais montrer avant tout, c’est que la conclusion que j'avais formulée subsisie tout entière après les cri- . tiques de Strasburger, à savoir qu'on peut expérimentalement obte- nir la transformation des étamines du Chanvre en carpelles, à des degrés très variables allant jusqu'à la transformation complète d’une fleur mâle en une fleur femelle, que des modifications peuvent donc se produire dans le sexe d’une plante dioïque, à partir de la graine, sous l'influence de conditions anormales; quant à la cause de ces variations, les expériences de Strasburger ne prouvent nullement que ce n'est pas à une faible intensité lumineuse qu'il faut les rapporter. SEPTICÉMIE EXPÉRIMENTALE PAR LE COCCO-BACILLE DE PFEIFFER. IMMUNISATION. PROPRIÉTÉ PRÉVENTIVE DU SÉRUM DES VACCINÉS. Note de M. A. SLATINEANO. Si les cas de septicémie humaine par le microbe de Pfeiffer paraissent bien établis (cas de Pfuhl, de Canon, de Pfuhl et Walter, de Meunier, de Slawyck, de Rosenthal), par contre, les cas de septicémie expéri- mentale sont de beaucoup plus rares. Il n’y a guère à citer que le cas unique de Dellius et Kolle chez le mouton, deux cas de Meunier chez le lapin, et, dernièrement, les cas de Jacobson chez la souris. Nous sommes parvenu à provoquer la septicémie expérimentale par le bacille de Pfeiffer chez le cobaye, le lapin et la souris, en suivant une nouvelle voie. Le microbe employé par nous provient d'un cas de grippe légère, caractérisé par un peu de courbature, céphalaigie, accélération du pouls (90) et enrouement, sans fièvre, sans angine et sans aucun phé- nomène pulmonaire ou gastrique. Les crachats du premier jour conte- naient une grande quantité de pneumocoques, accompagnés, le second et le troisième jour, de cocco-bacilles de Pfeiffer, dont certains intra-leu- cocytaires. Ce microbe, isolé il y a deux ans, présente les caractères suivants : C'est un cocco-bacille se colorant mal par les couleurs ordinaires d’aniline, mieux par le Ziehl, ne prenant pas le Gram, ne poussant ni 854 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur les milieux ordinaires, ni sur sérums de bœuf et cheval. Pousse bien à 37° sur gélose sanglante ou sur sang de pigeon gélosé (méthode de Dellius et Kolle), Pousse quelquefois sur agar-ascite en colonies peu abondantes, d’autres fois non. La culture s’épuise rapidement, d’où nécessité de la repiquer souvent. Cesse de pousser à 42°. Le chauffage pendant une demi-heure à 55° le tue. i ; Ce microbe, au moment où nous l'avons recueilli, n’était pathogène pour aucun animal, même à des doses énormes (6 cultures introduites dans le péritoine, ou dans les veines). Par contre, il tuait en dix-huit heures cobayes et lapins par injection intra-cérébrale, avec pullulation des microbes dans la substance cérébrale, ainsi que l’ont déjà vu Martin et Cantani. Le sang du cœur restait stérile. Pour rendre ce microbe virulent chez l’animal, nous avons utilisé la -propriété bien connue (Roux, Vaillard, Besson) qu'a l’acide lactique d’éloi- gner les leucocytes et d'empêcher la phagocytose. On injecte dans le péritoine d’un cobaye de 450 grammes 4 gouttes d'acide lactique ordi- naire du commerce, diluées dans 2 centimètres cubes d’eau distillée sté- rile. Une demi-heure après, on injecte une culture pure du bacille de Pfeiffer. Au bout de dix heures, l'animal meurt dans l’hypothermie — par péritonite à exsudat hémorragique. — Le sang du cœur, ensemencé sur gélose sanglante, donne une culture pure de cocco-bacille de Pfeiffer. En faisant des passages en série dans lesquelles on emploie des doses progressivement décroissantes d’acide lactique, on arrive, au bout d’un certain temps, à tuer l’animal par le microbe pur, sans addition d'acide. Actuellement nous sommes au 145° passage; on tue le cobaye avec‘a moitié ou le tiers d’un tube de gélose sanglante, le lapin avec une culture entière, la souris avec 1/8 ou 1/16 de culture. Chez tous, on trouve le microbe dans le sang du cœur ensemencé au bout de 24 heures. — Le cobaye meurt 8-12 heures après l'injection. La tempé- rature baisse d’une façon progressive et tombe à 29° ou 28° au mo- ment de la mort. A l’autopsie, on constate une péritonite intense avec exsudat purulent, congestion de la paroi abdominale, des intestins et du mésentère, l'estomac truffé et quelquefois (chez des cobayes de moins de 300 gr.) un véritable ulcère de l'estomac, qu’on peut mettre en évidence en sacrifiant l'animal avant la mort. Foie et rate recou- verts d’un enduit purulent forment une véritable gaine ; reins et cap- sules sous-rénales fortement congestionnés. Les poumons présentent une coloration rouge cerise avec quelques taches de congestion vers la base. L’exsudat péritonéal ainsi que les frottis d’épiploon montrent des microbes libres, et des leucocytes bourrés de microbes, dont quel- ques-uns transformés en granules. Ces microbes, en voie de digestion, sont colorables par l’éosine, et on voit à l’intérieur d’un leucocyte toute une gamme de couleur variant du bleu au rouge, suivant que les SÉANCE DU 5 OCTOBRE 855 microbes sont plus ou moins digérés. L’ensemencement de la rate et du sang du cœur donne une culture pure. Ce point acquis, nous nous sommes préoccupé d'immuniser des animaux. On a injecté dans des péritoines préparés par du bouillon, d’abord des petites quantités de microbes, puis des doses progressive- ment croissantes. À la suite de chaque injection, l'animal demande trois semaines à un mois pour se remettre. Beaucoup d'animaux meurent de cachexie, de telle sorte que sur un premier lot de 25 animaux, il ne nous en restait que 2. Ces 2 cobayes ont reçu en dernier lieu 12 doses mortelles. Saignés trois semaines après, nous avons eu 16 centimètres cubes de sérum. 12 centimètres cubes de ce sérum vaccinal furent injectés à 4 cobayes (de 400 à 450 grammes chaque) en injection sous- cutanée. À témoins furent injectés dans les mêmes conditions avec du sérum de cobaye normal. Vingt-quatre heures après, chacun de ces animaux recut dans le péritoine une dose mortelle (à cette époque une culture entière). Au bout de 6-8 heures les 4 témoins étaient morts en hypothermie. Les vaccinés, après une légère élévation de température, revinrent à la normale et survécurent tous. Cette même expérience a été répétée deux fois depuis, toujours avec le même succès. En revanche, en injectant le sérum de cobayes immu- nisés, soit en même temps que la culture, soit quelques heures après, nous n'avons jamais obtenu la survie de nos animaux. Prochainement, nous donnerons les résultats détaillés de nos expé- riences. (Travail du laboratoire de M. Metchnikof.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. CEE Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 897 SÉANCE DU 12 OCTOBRE 1901 r M. le Dr ÉrENNE SERGENT : Sur l'existence des Anopheles en grand nombre dans une région d’où le paludisme a disparu.'— M.'Laveran : Discussion. — MM. M. CAULLERY et F. Mess : Sur la phase libre du cycle évolutif des Orthonectides. — M. le Dr E. Maurec : Détermination des doses de chlorhydrate d'émétine minima mortelles pour certains vertébrés. — M. le D' E. Maurez : Détermination, pour le lapin, des doses minima mortelles de chlorhydrate d'émétine en le donnant par les principales voies d'administration. — M. E. Casrex (de Rennes) : Réflexomètre rotulien. — M. E. Casrex (de Rennes) : Valeur normale du réflexe rotulien. — M. AuGusre Mizzont : Un microbe pathogène dans les eaux du vieux port de Mar- seille. — M. CH. FéRE : Note sur une épilepsie réflexe provoquée par la miction et la défécation. — M. G. Mrrrax : Le cytodiagnostic des urines rénales. — MM. Turrter et Mizran : Hémoglobinurie par action toxique de l'urine. — MM. P. NogécourtT et GABRIEL DELAMARE : Cryoscopie des urines chez les femmes enceintes non albuminuriques. Présidence de M. Bouchard. NOTE RECTIFICATIVE. Le D’ Praczer (de Berlin) a demandé l'insertion de la note ci-dessous : « Dans les Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 16 mars 1901, p. 296, MM. Marchand et Vurpas ont publié une note intitulée : Lésions du système nerveux central dans l'inanilion. Ils n’y font aucune mention de mes recherches antérieures. Celles-ci cependant ont été publiées dans la Viertaljahrschrift f. gerichtliche Medizin und üffent- lichen Sanitätswesen, 3 Folge, XVII et XVIIT, avec dessins des cellules altérées, sous les titres de : Ueber Veränderungen des Nervensystems beim Hungertode, et de : Rückenmarksveränderungen beim Hungertode des Menschen. » SUR L’EXISTENCE DES Anopheles EN GRAND NOMBRE DANS UNE RÉGION D'OÙ LE PALUDISME À DISPARU, par M. le D' ETIENNE SERGENT. Nous avons fait, durant l'été de 1901 (juillet, aoûl, septembre), des recherches sur les Culicides des bords de l'Essonne, affluent de la Seine. Ces recherches ont porté sur une longueur de 80 kilomètres environ. Brocoete. ComeTes RENDUS. — 1901. T. LIIT 66 898 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sur trente mares que nous avons explorées, dans des localités distantes en moyenne de 3 à 4 kilomètres, nous avons récolté des larves d’Ano- pheles dans vingt-deux de ces mares. Les Anopheles recueillis appar- tiennent aux espèces suivantes : A. maculipennis (ou claviger), et A. bifurcatus. Nous avons pu comparer nos recherches sur les bords de l'Essonne avec celles que nous avons faites l’année dernière, aux mois d'octobre et de novembre, aux environs d'Alger, dans des foyers avérés de paludisme; nous avons trouvé des Anopheles bien plus facilement et en bien plus grand nombre sur les bords de l’Essonne qu'à Maison- Carrée et au Jardin d'Essai, foyers de paludisme près d'Alger. De plus, tandis que dans ces dernières localités la proportion des Anopheles, par rapport aux Culex, était environ de 1/20, sur les bords de l'Essonne cette proportion était de 1/10, approximativement. D’après les médecins de la région, l’'endémie palustre, qui aurait existé autrefois sur les bords de l'Essonne, a disparu aujourd’hui. Sur quatorze médecins qui ont bien voulu répondre à nos questions touchant le paludisme dans la région : Neuf n'ont jamais observé de cas de paludisme; Trois ont observé des cas rares de névralgies faciales cédant à la qui- nine. Un aurait observé, il y a trois ans, un cas de fièvre paludéenne chez un enfant, fièvre quotidienne cédant à la quinine. Un aurait vu, il y a plus de vingt ans, quatre ou cinq cas de fièvre paludéenne; il ne se rappelle plus le type qu'ils représentaient. En somme, d'après ces renseignements, on peut dire que l'endémie palustre n'existe pas aujourd'hui sur les bords de l'Essonne. La disparition du paludisme sur les bords de l'Essonne n’est pas due à l’extinction des Anopheles. Ne pourrait-elle pas être due aux £auses suivantes, agissant simultanément? Endiguement des rivières. Boise- ment de leurs bords. Meilleure hygiène des habitants, résultat d’une plus grande aisance. Usage plus répandu du vin. M. Laverawn. — Les recherches très intéressantes de M. le D' E. Ser- gent démontrent que les Anopheles sont très communs dans la vallée de l'Essonne, bien que l’endémie palustre ait disparu de cette région. Nut- tall, L. Cobbet et Strangeways Pigg ont cité des faits semblables observés par eux en Angleterre e (1). Ces auteurs ont trouvé des Anopheles en grand nombre dans tous les districts autrefois palustres et aussi dans des loca- lités où l’endémie palustre n'avait jamais été signalée. Les espèces d'Anopheles trouvées en Angleterre, comme dans la vallée de l'Essonne, sont parmi celles qui sont les plus aptes à la propagation du paludisme : A. maculipennis (ou claviger), A. bifurcatus. (1) The Journ, of Hygiene, janvier 1901, SÉANCE DU 12 ocTOBRE 859 Ces faits ne sont pas en contradiction avec ceux qui démontrent l'importance du rôle des Anopheles dans la propagation du paludisme ; les Anopheles ne sont pas fébrigènes par eux-mêmes ; ils ne le deviennent que s'ils peuvent s'infecter en sucant le sang des malades atteints de fièvre palustre, et l’on conçoit très bien que, si les conditions d'hygiène s’améliorent dans une région, si les palustres sont traités avec soin (ce qui a eu lieu en Angleterre et dans la vallée de l'Essonne), les Ano- pheles ne trouvent plus que rarement et enfin ne trouvent plus du tout les circonstances nécessaires à leur infection. Quoi qu'il en soit, il est très intéressant de constater que l’endémie palustre peut disparaître complètement de localités dans lesquelles les Anopheles continuent à pulluler; le fait a une grande importance au point de vue de la prophy- laxie ; dans certaines régions, la destruction des moustiques est impos- sible; on peut néanmoins espérer obtenir de bons résultats en amélio- rant l'hygiène des populations et en traitant avec soin {ous les malades atteints de fièvre palustre. SUR LA PHASE LIBRE DU CYCLE ÉVOLUTIF DES ORTHONECTIDES. Note de MM. M. Cauzzery et F. MEsnit. Les recherches que nous avons entreprises, depuis trois ans, sur le groupe des Orthonectides, nous ont amenés, entre autres conclusions, à une conception nouvelle du cyele évolutif de ces parasites. On sait que les Orthonectides se rencontrent dans leurs hôtes à l’état d’indi- vidus sexués, à divers stades du développement, inclus dans des masses appelées, par Metchnikoff, sacs plasmodiaux. On imaginait que ces derniers étaient simplement une modification du corps des femelles et que les embryons résultaient de l’évolution directe des ovules de celles-ci. Nous avons été conduits, au contraire, à voir dans les sacs plasmodiaux des organismes indépendants, doués d’une vie autonome, auxquels on peut conslater des mouvements amæboïdes; nous leur avons trouvé une structure plasmodiale, au sens propre du mot; c’est- à-dire qu'ils sont constitués par une masse protoplasmique, au sein de laquelle existent et se multiplient de nombreux noyaux. Les embryons proviennent de quelques-uns de ceux-ci, transformés en cellules-germes. Dans le cycle évolutif, il y avait, suivant nous, une lacune entre la femelle adulte et le sac plasmodial. Nous avions montré dans un mémoire actuellement sous presse (Archives d'anatomie microscopique), qu'il fallait supposer une phase libre dans l’existence des Orthonectides, phase pendant laquelle s’effectuait la fécondation de la femelle par le mäle, et que sans doute les œufs évoluaient en embryons libres, qui, à 860 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE leur tour, parasitaient l'hôte nouveau, sous forme de p'asmo des. Le eyele évolutif d'un Orthonectide devait donc se composer, suivant nous, de deux parties ou, si l’on veut, de deux générations alternant réguliè- rement : 1° la phase plasmodiale, parasite, connue, produisant les mâles et les femelles; 2 une phase libre, asexuée, représentée sans doute par les embryons devenant les plasmodes après pénétration dans l'hôte. Nous venons de réussir à vérifier ces idées d’une façon décisive sur l'espèce d'Orthonectides la plus anciennement connue, Rhopalura ophio- comae, parasite d’un Ophiure (Amphiura squamata). Durant un séjour tout récent au laboratoire de Wimereux, nous avions placé dans de petits eristallisoirs des Ophiures parasitées d’Orthonectides des deux sexes. Nous y avions joint des Ophiures jeunes, de la taille où se produit l'infection, dans l'espoir de les contaminer et d'observer les débuts du : phénomène. Dans les deux jours qui suivent le commencement de l'expérience, on trouve, en assez grand nombre, des Orthonectides nageant librement dans l’eau, d'un mouvement rectiligne rapide; ce fait démontre, en particulier, que les Orthonectides, lorsqu'ils sortent nalurellement, à maturité, de leur hôte, sont parfaitement en état de supporter l'eau de mer. | | Une de ces femelles, fixée au bout de quarante-huit heures et coupée au microtome, nous a offert les faits suivants. L’ectoderme était parfai- tement intact et entièrement couvert de cils vibratiles. À l’intérieur, au lieu d'ovules, on avait des embryons, tous au même stade, approxi- malivement celui de morula pleine, à cellules égales ; on distingue parfaitement les noyaux de ces cellules; dans certains embryons, elles étaient en karyokinèse. Ces ‘embryons ont un aspect tout différent de ceux que l’on observe das les sacs plasmodiaux. Il n’y a donc -aucun doute. Les femelles de Æhopalura ophiocomae sont fécondées pendant leur vie libre, et leurs ovules se développent à leur intérieur; elles sont vivipares. Les spermatozoïdes pénètrent très probablement par un orifice que nous avons découvert sur les femelles considérées par nous comme adultes (femelles aplaties de Julin). Arrivés à un certain stade, les embryons doivent sortir de la femelle et pénétrer dans une Ophiure; ce sont évidemment eux qui produisent les plasmodes. Le temps nous a manqué pour compléter ces premiers résultats, et nous n’aurons probablement pas avant assez longtemps la possibilité de refaire l'expérience. Pour le moment, nous nous contentons donc de signaler les conditions de formation de ces embryons, dont l’exis- tence confirme d'une facon formelle les idées nouvelles que nous avons émises. sur le cycle évolutif des Orthonectides. L'Orthonectide eilié apparaît tout naturellement comme un organisme adapté à la vie libre, le plasmode comme un appareil en rapport avec le parasitisme interne. SÉANCE DU 12 OCTOBRE 01 DÉLEENTEMN DES DOSES DE CHLORHYDRATE D'ÉMÉTINE MINIMA MORTELLES POUR CERTAINS VERTÉBRÉS par M. le D' E. MaAUREL. Dans une série de recherches que j'ai entreprises pour étudier l'action générale de certains agents médicamenteux ou toxiques, j'ai dû tout d’abord déterminer les doses minima mortelles pour les divers animaux qui servaient à mes expériences. La délermination de ces doses minima mortelles m'a permis d’abord de séparer les doses thérapeutiques de celles qui sont toxiques, et ensuite de fixer ce que j'appellerai les équivalences, c’est-à-dire les quantités nécessaires d’un de ces agents pour produire des effets sem- blables sur des animaux différents. Les animaux sur lesquels j'ai opéré sont : le congre, la grenouille, le pigeon et le lapin. L'émétine employée a été celle d'Adrian ; et on s’est servi de l'acide chilorhydrique pour la dissoudre. Enfin, elle à été injectée par la voie hypodermique à des titres qui ont varié de 0 gr. 50 à 1 gramme pour 10 grammes d’eau distillée. Les résultats ont été les suivants : ConGRes. — Les poids extrêmes de ceux que j'ai employés ont été de 60 grammes et de 20 grammes. Les poids les plus fréquents ont varié de 35 à 40 grammes. L'injection a été faite dans la queue de l'animal, à quelques centimètres de l’ouverture anale, pour être sûr de ne pas pénétrer dans la cavité abdominale. J'ai injecté ainsi souvent plusieurs fois les doses suivantes par kilo- gramme de poids de ces animaux : 1 gramme, O'gr. 75,0 gr. 50, 0 gr. 25, 0 gr. 15, 0 gr. 10, 0 gr. O5. Or, toutes ces quantités jusqu’à 0 gr. 15 inclusivement, ont été mor- telles; et, au contraire, celles-de 0 gr. 10 et 0 gr. 05 ont laissé survivre l'animal. On peut donc conclure que la dose minima mortelle d'émétine pour le congre est d'environ 0 gr. 15 par kilogramme. GRENOUILLES. — Les poids de celles que j'ai employées ont varié de 20 à 40 grammes. Les plus fréquents ont été de 25 à 30 grammes. L'émétine à été employée aux mêmes titres que précédemment, et elle a élé injectée dans les cuisses. Je l'ai injectée ainsi aux doses décroissantes de : O gr. 50, O gr. 40, Oier29 0/er20N0/er 10067. 10/01er/ 08 0er:1045, 0er. 02 > par kilogranme. Les résultats ont été les suivants : Jusqu'à la dose de 0 gr. 25 par kilogramme, l'émétine à été mortelle ; les doses de 0 gr. 20 à 0,08 ont diminué sa vivacité, et celles de 0 gr. 045 et 0,025 semblent l'avoir plutôt augmentée. 862 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La dose minima mortelle d'émétine pour la grenouille est donc dans les environs de 0 gr. 25 par kilogramme. PIGEons. — Le poids des pigeons a varié de 300 à 500 grammes. L’in- _jection à été faite dans les pectoraux au titre de 0 gr. 50 de chlorhy- drate d’émétine pour 10 grammes d’eau distillée. Ces injections ont été faites aux doses de 0 gr. 40, 0 . 30, 0 gr, 15, 0 gr, 10, 0 gr. (2 par kilogramme d'animal. Ces doses ont été mortelles jusqu’à 0 gr. 15 inclus ; et l'animal a tou- jours survécu à partir des doses de 0 gr. 10. On doit donc admettre que la dose d’émétine minima mortelle pour le pigeon est de 0 gr. 15 par kilogramme d'animal. Larins. — Le poids de ces animaux a varié de 1.600 grammes à 2 kilo- grammes. Une fois seulement, l'animal ne pesait qu’un kilogramme. Les injections hypodermiques ont été faites dans la région dorsale et à des titres de 0 gr. 50 à 1 gramme pour 10 grammes d’eau distillée. Les doses employées ont été de 0 gr. 20, 0 gr. 10, 0 gr. 075, 0 gr. 05 par kilogramme. Or, tandis que les doses de 0 gr. 20 ont tué l'animal, celles de 0,10 tantôt ont été suivies de mort et tantôt de survie. On peut donc conclure que, de même que pour le pigeon et le congre, la dose minima mortelle pour le lapin est dans les environs de 0 gr. 15. ConcLustons. — 1° Les doses minima mortelles de chlorhydrate d'émétine administré par la voie hypodermique, aux titres de 0,50 à 1 gramme pour 10 grammes d’eau distillée, sont de 0 gr. 15 par kilogramme pour le congre, le pigeon et le lapin, et de 0 gr. 25 pour la grenouille; 2 Pour étudier les effets relevant de la thérapeutique, il faut, pour ces animaux, rester sensiblement au-dessous de ces doses ; + 3° Pour étudier les effets toxiques, il faut commencer par les doses minima mortelles, et ne passer aux doses plus élevées que graduellement. 4° Pour obtenir les mêmes effets, soit thérapeutiques, soit toxiques, sur ces animaux, il faudra employer sensiblement les mêmes doses pour le congre, le pigeon et le lapin, el une dose supérieure de deux cinquièmes pour la grenouille. (Laboratoire du professeur André, pathologie interne, Université de Toulouse.) DÉTERMINATION, POUR LE LAPIN, DES DOSES MINIMA MORTELLES DE CHLORHY- 4 DRATE D'ÉMÉTINE EN LE DONNANT PAR LES PRINCIPALES VOIES D'ADMINIS- TRATION, par M. le D' E. MAUREL. VOIE GASTRIQUE. — Le poids des lapins a varié de 1.250 grammes à 2 kilogrammes. Le titre a toujours été de 0 gr. 50 pour 10 grammes d'eau distillée. Les doses administrées ont été de 0 gr. 30, 0 gr. 20, SÉANCE DU 12 OCTOBRE 863 —— —— — 0 gr. 10 et 0 gr. 05. Or, tandis que la dose de 0 gr. 20 a toujours tué l'animal, celle de 0 gr. 10 l’a laissé survivre. On peut donc admettre que la dose minima mortelle correspond approximativement à 0 gr. 45 par kilogramme. Voie HYPODERMIQUE. — Les poids des lapins ont varié de 1.600 grammes à 2 kilogrammes. Toutefois, pour une expérience, l'animal ne pesait qu'un kilogramme. Le litre a été de 0 gr. 50 et de 1 gramme pour 10 grammes d’eau distillée, et les doses employées de 0 gr. 20, O0 gr. 10, 0 gr. 075 et O0 gr. 05 par kilogramme. Or, les doses de 0 gr. 20 ayant été suivies de mort, et celles de 0 gr. 10 tantôt de mort, tantôt de survie, il faut en conclure que la dose minima mortelle est dans les environs de 0 gr. 15 par kilogramme d'animal. VolE INTRA-VEINEUSE. — Les poids des animaux ont varié de 1.250 grammes à 1.900 grammes. Les titres ont été de 0 gr. 50 à 1 gramme pour 10 grammes d’eau distillée, et l'injection a été faite dans la veine de l'oreille. Les doses employées ont été de 0 gr. 05, 0 gr. 03, O0 gr. 098 et 0 gr. 02. Or, tandis que les doses de 0 gr. 05 et de 0 gr. 03 ont toujours été suivies de mort, l’animal a survécu à celles de 0 gr. 028 et de 0 gr. 02. C'est donc la dose de 0 gr. 03 qui doit être considérée comme étant la dose minima mortelle. ConcLusions. — ZI résulte donc de ces expériences que, pour le lapin et pour le chlorhydrate d'émétine aux titres employés, la dose minima mor- telle est sensiblement la méme pour la voie gastrique el pour la voie hypo- dermique, tandis qu'elle est cinq fois moindre pour la voie intra-veineuse, ee —— RÉFLEXOMÈTRE ROTULIEN, par M. E. Casrex (de Rennes). Dans la méthode actuelle d'examen d'un réflexe rotulien, l'observa- teur, muni d’un marteau percuteur, donne un choc avec une énergie moyenne qui lui est habituelle, et, d'après le degré de contraction du quadriceps, admet que le réflexe est ou n’est pas normal. Dans le cas de forte exagération ou diminution, il est amené à donner des chocs plus ou moins énergiques. Son jugement n'est jamais basé que sur des appréciations absolument personnelles. Il est d'un grand intérêt de substituer à ce mode d'examen une méthode susceptible de mesure. Il est d'abord nécessaire de posséder un appareil pereuteur pouvant donner des chocs d'énergie variable et connue. J'ai fait construire un tel appareil, auquel je donne le nom de réflexomètre rotulien. Ce réflexomètre se compose d’un tube-enveloppe cylindrique que l’on 864 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tient horizontalement appliqué par une de ses extrémités sur le tendon rotulien. À l'intérieur du tube se trouve un percuteur, formé d’une tige présentant à une extrémité un tampon de choc, et à l’autre un bouton de tirage. Un dispositif de galets permet au percuteur de se mouvoir par roulement à l'intérieur du tube. Sur une certaine étendue de la partie inférieure de la lige de percuteur est pratiquée une crémaillère, avec laquelle engrène une gachette à ressort fixée sur le tube. On arme le percuteur en le tirant par le bouton de tirage; dans ce mouvement la tige comprime un ressort à boudin, et reste maintenue à la position d'armé par la gachette qui pénètre dans un des crans de la crémaillère. Puis, en pressant une détente, on libère le perculeur qui vient frapper le tendon rolulien. La tige du percuteur porte à sa partie supérieure un méplat sur lequel est gravée une gradualion indiquant les énergies de choc correspondant aux divers degrés de compression du ressort, par conséquent aux diverses dents de la crémaillère. Un choc se mesure comme un travail. Pour les réflexes, il y a avantage à prendre comme unité le gramme-centimètre. La graduation du réflexo- mètre en grammes-centimètres est établie expérimentalement au moyen d’un pendule balistique spécial. Si l’on pratique sur un sujet une série de chocs d'énergie croissante, les premiers ne donneront rien, l’un d'eux produira une contraction appréciable du quadriceps, et cette contraction augmente de force avec les chocs suivants. J’appelle valeur du réflexe l'énergie du choc qui pro- duit la plus faible contraction appréciable du quadriceps, le seuil de Ja contraction. Au sujet de la position que doit prendre le sujet, et du mode d'obser- vation de la contraction musculaire, l'expérience m'a conduit à ceci. Le sujet doit être assis, les pieds reposant naturellement sur une surface d'appui à hauteur telle que les jambes soient verticales, et fléchies à 90 degrés sur les cuisses. Pour connaître le seuil de la contraction du quadriceps, il suffit d'observer la variation de relief de la cuisse sous l'influence de cette contraction. Ce procédé si simple est plus précis que le phénomène de projection du pied, avec les jambes ballantes ou croisées; que la sensa- tion de contraction perçue par la main posée sur la cuisse; et même que les myographes. Il est nécessaire que le quadriceps soit bien reläché. On obtient ce résultat facilement en ordonnant au sujet d'accomplir un acte muscu- laire d’un ou des membres supérieurs. Ce réflexomètre permet, ainsi que je le montrerai dans une autre note, de substituer aux termes imprécis employés jusqu'ici des résullats numériques exprimés avec des unités du système C. G.S. SÉANCE DU 12 OCTOBRE 865 VALEUR NORMALE DU RÉFLEXE ROTULIEN, par M. E. Casrex (de Rennes). J'ai fait connaitre dans la précédente note un réflexomètre rotulien et son mode d'emploi. J'ai dit aussi que j'appelais valeur du réflexe rotu- lien l'énergie du choc qui délermine dans le quadriceps la contraction minima, dans des conditions d'observation que j'ai précisées. Si l’on mesure la valeur du réflexe rotulien chez une série de sujets sains, on voit qu'elle varie entre certaines limites. Mais de même que l’on parle de taille normale et que l’on peut êlre parfaitement sain sans avoir exactement cette taille, de même on peut appeler valeur normale celle qui se rencontre le plus fréquemment. | J'ai déterminé cette valeur normale de la manière suivante. J'ai mesuré la valeur du réflexe rotulien chez une certaine quantité de sujets (par exemple 71 hommes et 70 femmes), ce qui m'a donné comme nombre total de résultats 267. Pour une des divisions de la graduation, par exemple 60 grammes-centimèêtres, j'ai observé 19 fois la contraction minimale. Le pourcentage de cette division est donc = 1,1Jjai répété ce calcul pour chacune des divisions, puis j’ai tracé la courbe en prenant comme abseisses les énergies de choc, pour ordonnées les pour- centages. Cette courbe présente dans sa région médiane un sommet qui corres- pond à la valeur normale du réflexe rotulien. Les points où elle coupe l'axe des abscisses forment les limites au delà desquelles Le réflexe est absolument anormal. De deux séries de mesures faites avec deux appareils identiques de principe, mais un peu différents d'exécution, la première portant sur 711 hommes et 70 femmes (267 mesures), la seconde sur 37 hommes et 21 femmes (111 mesures), j'ai obtenu 2 courbes qui coïncidaient d’une manière très salisfaisante. Elles m'ont amené aux conclusions suivantes. La valeur normale du réflexe rotulien, pour l'homme adulte sans dis- tinction de sexe, est de 130 grammes-centimètres, sur une surface de choc de 1 centimètre carré. Le pourcentage correspondant est en- viron 20. Les limites de la valeur au-dessus et au-dessous desquelles le réflexe doit être considéré comme absolument pathologique paraissent être 25 et 30 grammes-centimètres. Mais de nouvelles recherches, où le choix du sujet constituera en pra- tique la seule difficulté, sont nécessaires pour fixer ces limites. 866 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE UN MICROBE PATHOGÈNE DANS LES EAUX DU VIEUX PORT DE MARSEILLE, par M. AuGusre Mizzoni. À propos d’un travail sur la « submersion » dont nous nous occupe- rons plus longuement bientôt, nous avons été conduit à faire l'étude de la flore microbienne des eaux du vieux port de Marseille. Dans nos re- cherches, guidées par notre excellent maitre, M. le professeur Rietsch, nous avons pu isoler un bacille pathogène qui n'a pas encore été décrit et dont nous voudrions résumer ici les caractères. Il se présente sous la forme d’un bâtonnet droit, cylindrique, mesu- rant environ À & de long sur 0,3 à 0,4 y de large. Après quelques jours de culture il donne lieu à des formes d’involution : c’est alors un bacille trapu, beaucoup plus large et un peu plus long. Il ne se reproduit pas par spores; il est donc d’une mobilité très vive; anaréobie facultatif, il préfère néanmoins se développer au contact de l'oxygène. Il est coloré par toutes les couleurs basiques d’aniline et est décoloré par la méthode de Gram. Dans quelque milieu qu’on le cultive, notre bacille exhale, dès vingt- quatre heures, une odeur putride. Sa température optima est de 35 à 38 degrés. Sur plaque, les colonies superficielles sont larges, grisâtres, à contours indécis ; les profondes sont plus restreintes, plus foncées, brunes et arrondies, présentant un aspect chagriné, à bords dentelés et entourés d'une zone de liquéfaction. En piqüre dans la gélatine il offre une morphologie typique. Bès vingt-quatre heures,'il forme à la surface du tube une petite cupule de liquéfaction; en quarante-huit heures, cette cupule se creuse et prend la forme d’un entonnoir; au troisième jour la liquéfaction atteint les parois du tube. Sur gélose il pousse rapidement ; avec le bouillon lactosé il ne donne pas de fermentation; sur pomme de terre la culture, du reste peu abondante, est invisible macroscopiquement. Le bouillon est rapidement troublé avec formation à la surface d’un voile mince et fra- gile; le lait n’est pas coagulé, mais peptonisé, Il ne donne pas laréaction de l’indol avec l'acide sulfurique étendu et le nitrite de potasse; ne pro- duit pas de gaz dans la gélose glyco-glycérinée; ne change pas de cou- leur par la potasse caustique, ne liquéfie pas le sérum solidifié; enfin il ne pousse pas sur le riz. Les injections sous-cutanées aux cobayes d’une culture fraiche de notre bacille, à la dose de 2 centimètres cubes pour 100 grammes d’ani- mal, n’ont produit presque aucune réaction. Les injections intra-périto- néales tuaient ie cobaye en dix-huit heures à la dose de 1 centimètre cube pour 100 grammes. Nous l’avons retrouvé en culture pure dans les différents liquides de l'organisme des animaux autopsiés. La culture SÉANCE DU 12 OCTOBRE 867 filtrée est inoffensive. Sa virulence est exaltée par les passages succes- sifs aux animaux. Ce bacille offre des analogies avec le Bacillus aquatilis de Frankland, le Bacillus superficialis, le Bacillus suleatus liquefaciens, le Bacillus li- toralis, le Bacillus hydrophylus fuscus de Sanarelli, mais il s'éloigne de chacun d’eux par des caractères propres qui en font une espèce à part. (Laboratoire de M. le professeur Rietsch.) NOTE SUR UNE ÉPILEPSIE RÉFLEXE PROVOQUÉE PAR LA MICTION ET LA DÉFÉCATION, par M. Cu. FÉRé. Chez les hémiplégiques, des mouvements réflexes peuvent être pro- voqués non seulement par des irritations directes, mais par un grand nombre d’autres conditions, et, en particulier, par les mouvements de l'appareil respiratoire, la toux, les bâillements, le rire, ou encore par les efforts des vomissements; ils sont fréquents dans les émotions, etc. Marshall Hall relève queiles membres paralysés peuvent s’agiter au moment de l'émission de l’urine ou des matières fécales (1). J'ai observé un £as de ce genre, où les phénomènes réflexes se sont montrés avec une intensité remarquable. Il s’agit d'un homme de soixante-deux ans, artério-seléreux, sujet, autrefois, à des migraines ophtalmiques, avec accompagnements para- lytiques du côté gauche, et qui ont cessé depuis une dizaine d'années. Au mois de janvier dernier, après un déjeuner copieux, il perdit tout à coup connaissance, resta une demi-heure dans le stertor, puis revint graduellement à lui. Il était atteint d'une hémiplégie complète du côté gauche. Dans la soirée, le membre inférieur faisait déjà quelques mou- vements ; le lendemain matin, il pouvait remuer son pouce. En quelques jours, les mouvements volontaires sont revenus dans tout le côté. Il ne resta qu'une très légère déviation des traits et un peu d'’affaiblissement des membres, qui remplissaient leurs fonctions sans gène appréciable. Mais il restait une irritabilité réflexe très considérable. Le froid, le plus léger attouchement imprévu provoquaient des mouvements étendus. Le chatouillement de la plante des pieds, un choc sur le tendon rotulien déterminaient des mouvements intenses non seulement de la jambe, mais du membre supérieur. Les émotions les plus légères, l’éternuement, le rire, la toux s'accompagnaient de soulèvements répétés des bras et de (4) Marshall Hall. On the morbié reflex and retrograde action of the spinal Marrow. Med. and. chir. Soc., 1840, Feb. 25. 863 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE crispation des doigts. Ces mouvements se produisaient aussi au com- mencement et à la fin de la miction et pendant la défécation, mais seulement quand il s'agissait de matières dures. Les mouvemenis réflexes du bras et de la main qui accompagnaient la miction et la défécation avaient une prédominance très marquée par leur fréquence, leur durée et leur intensité. : Au mois de mai, cette intensité s’est encore accrue au cours d’une influenza. Les mouvements, au lieu de se borner à quelques crispations des doigts et à des secousses de la main, se sont étendus, tantôt à tout le membre supérieur, tantôt au membre supérieur et au membre inférieur du même côté; deux fois même, les mouvements spasmodiques ont gagné le côté opposé et la tête, et se sont accompagnés de perte de connaissance. Ces attaques d’épilepsie partielle ou d’épilepsie partielle généralisée ne se sont jamais produites dans une autre circonstance qu’à propos de. la miction et de la défécation. Ces attaques épileptiques laissaient après elles, dans le bras qui était toujours le plus atteint, une parésie qui durait d'un quart d'heure à une heure et s’effaçait graduellement. Le traitement par le bromure de potassium (4 grammes), institué à la suite de ces attaques, n’a peut-être élé pour rien dans leur disparition, puisqu'elles s'étaient produites à propos d’une infection guérie; mais il a atténué considérablement les phénomènes réflexes préexistants. LE CYTODIAGNOSTIC DES URINES EN PATHOLOGIE RÉNALE, par M. G. Mizran. Le cytodiagnostie peut être d’une très grande utilité pour le diagnostic et l'étude pathogénique des affections du rein. En prenant certaines précautions de technique, on peut en effet apprécier la qualité des élé- ments cellulaires qui émanent du rein. Nous avons pu éludier un certain nombre d'urines albuminuriques ou hématuriques. Et voici quelques-unes de nos constatations. Dans un cas d’hémaiurie par tuberculose rénale d’origine sanguine, l'exode hématique s’accompagnait d’une élimination marquée de mono- nucléaires et de lymphocytes, alors que les polynucléaires étaient l'exception. Il y avait en outre quelques cylindres pigmentés. Dans un cas d'hémalurie par épithélioma du rein, l'hématurie ne s'accompagnait d'aucun autre élément figuré, ni de cylindres. Il n’y avait en plus des hématuries que les cellules épithéliales plates des- quamées qu'on retrouve dans toutes les urines, surtout celles des femmes, et enfin de grandes cellules qui m'ont paru des éléments néo- plasiques en dégénérescence. SÉANCE DU ÀÂ2 OCTOBRE 869 Dans un cas d’hémalurie par néphrite infectieuse avec élimination de microbes par l'urine, il y avait un grand nombre de polynucléaires. L'albuminurie cardiaque ou albuminurie par stase ne s'accompagne pas, dans les cas aseptiques, d'élimination cellulaire, sinon d'hématies. La sclérose rénale ne donne aucun élément figuré dans les périodes analbuminuriques. Un cas de néphrite subaigquë avec albuminurie abondante, datant d'un mois et dont la cause nous a échappé, présentait un nombre de leuco- cytes assez considérable, polynucléaires et mononucléaires en nombre égal, avec une proportion d'éosinophiles assez grande. Les albuminuries fébriles se conduisent de deux façons différentes, les unes avec, les autres sans éléments cellulaires migrateurs. Parmi les premières (avec leucocyles) nous avons rencontré le rhumatisme arti- culaire aigu et la diphthérie. Dans l'albuminurie rhumatismale, il s'agissait de nombreux polynucléaires. Parmi les secondes (sans leuco- cytes) on trouvait la dothiénentérie et la pneumonie. Cette distinction indique nettement que, au cours des différentes infections, et sans doule aussi dans une même infection, le mécanisme pathogénique de l’albuminurie n’est pas toujours le même. L’albumi- nurie typhique et l’albuminurie pneumonique seraient peut-être des albuminuries par trouble circulatoire, la première par hypotension artérielle, la seconde par stase veineuse. En tout cas, ces deux catégo- ries d'urine doivent répondre les unes aux néphrites diapédétiques, les autres aux néphrites dégénératives. L'application du cytodiagnoslic à l'étude du rein des luberculeux four- nit de même des indications pathogéniques sur lesquelles nous revien- drons. Notons enfin que dans les urines des femmes, surtout chez les tuberculeuses, on trouve souvent dans le culot de centrifugation le Trichomonas vaginalis en assez grande abondance, ce qui pourrait peut- être servir, le cas échéant, en médecine légale, à différencier une urine d'homme d'une urine de femme. HÉMOGLOBINURIE PAR ACTION TOXIQUE DE L'URINE, par MM. Turrier et MiLran. Chez une brûlée, secondairement hémoglobinurique (1) et albuminu- rique, et dont les urines présentaient un abondant dépôt de leucocytes, nous avons constaté que : (1) Il s'agissait d'une néphrite infectieuse avec élimination de microbes par le rein, du streptocoque en particulier qui pullulait en très grande abondance avec d’autres bactéries dans l’urine recueillie par la sonde. 810 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1° Le sérum sanguin n’était pas laqué, ce qui indique que l’hémo- globinhémie n'était pas la cause de l’hémoglobinurie ; 2° L’urine hémolysait très rapidement les hématies de la malade. En effet, en faisant la numération des éléments du sang de la malade en se servant de l'urine filtrée comme liquide conservateur, nous cons- tations qu'après dix minutes le chiffre des hématies n'était plus que de 800.000 par millimètre cube, alors qu'un liquide isotonique donnait 3.441.000. Encore ce chiffre de 800.000 ne représentait-1l que des hématlies fragmentées ou des stromas. Et au bout de dix heures [a dissolution était à peu près complète. Il s'agit donc d'une hémoglobinurie par action hémolysante de l’urine. Le mécanisme de cette hémolyse était intéressant à rechercher : or, en stérilisant l’urine de la malade à l’autoclave à 120 degrés, nous obte- nions un liquide absolument dépourvu de toute propriété hémolysante, et dans lequel les hématies se conservaient très bien. Ce liquide stérilisé abandonné à l’air libre dans un récipient non sté- rile reprenait très rapidement ses propriétés hémolysantes. Il s’agit done évidemment là d’une hémolyse par action toxique et non par action osmonocive (nous n'avons pu déterminer le point de congéla- tion, à cause d’un accident survenu à notre thermomètre), — action toxique due sans doute à des ferments microbiens, puisque la stérilisa- tion et l'abandon à l’air libre la font tour à tour disparaitre et reparaitre. / CRYOSCOPIE DES URINES CHEZ LES FEMMES ENCEINTES NON ALBUMINURIQUES, par MM. P. No8Écourt et GABRIEL DELAMARE. On admet assez souvent que l'utérus gravide détermine une compres- sion des vaisseaux du rein ou de l’uretère, d'où un ralentissement de la circulation rénale qui jouerait un rôle important dans la pathogénie des albuminuries de la grossesse. Maïs la réalité d’un tel trouble circula- toire reste à démontrer. On peut tenter cette démonstration par la cryoscopie des urines puisque, d’après v. Koranyi, la:stase rénale se traduit par une augmentation du rapport un Nous publions seulement ici les résultats fournis par la cryoscopie des urines de femmes enceintes non albuminuriques. Nos observations portent sur 9 femmes observées dépuis le troisième mois jusqu'au SÉANCE DU 12 OCTOBRE 871 terme de la grossesse ; deux d’entre elles ont été étudiées à des stades différents. e AGE PAP Eee Urine. DNS mois 0 10224 09e 139400 1820 0017 » II 5e mois —1°18 6 » 1,966 » 1,444: 15,5 1.200 c. c. III 7 mois — 1924 » » » 25-18,5 » IV 7° mois (—0°82 DDR ATEN 41226 Ale 1.600 c.c. V 8° mois «—00°61 OMPÉ0 900002 C3 05 4.150 c.c. — 0°72 D » 1,440 1,726 NT SE MOIS EU L28 MAMIONS OUAIS SN O4 NN ANT » ! — 1°60 LOL, C19,0041,20300418;5 » NUL Uno ss 1008 780 14,385 1,776 20 ; VIII 8° mois (= 1024 » » » 16 >) IX 9 mois (—0°88 6» 1,466 1,702 ‘ 16 1.800 c. c. X 9 mois —1°36 AONS OMS M 02 0 1.000 c. c. Xe mois 1421, TT 0 125400017100 /20-21, 0 4-B00c. ce A est compris entre — 0°61 et — 1°60. Sur 13 examens, il était 9 fois supérieur (plus loin de 0) à — 1, 4 fois seulement inférieur (plus près de 0) au même chiffre. NaCI a oscillé, le régime alimentaire étant identique, entre 4 gr. 42 et 10 gr. 80 par litre ; la femme (VIT) qui présentait la quantité minima éliminait quelques jours après 7 gr. 80. Le plus souvent NaCI était égal ou supérieur à 6 grammes. A NaCI extrèmes n'ont été atleints qu’une seule fois; de plus, la femme (VIN) qui eut le rapport le plus élevé, ne l’eut que passagèrement; de le plus faible a été 0,976 et le plus grand 3,619, Ces chiffres même, la femme qui eut le rapport le plus faible. Ailleurs = est compris entre 1,185 et 1,466; une seule fois, il atteint 1,966 I1)). A 5 est compris entre 1,203 et 2,630, ces chiffres extrêmes n’étant pré- sentés chacun qu'une seule fois par les femmes VII et V; dans les autres cas, il oscillait entre 1,235 et 2,044 (1). De cet exposé, il résulte que : 1° À est normal. Il oscille, en effet, en dehors de tout état morbide, entre — 2° et — 1°26 (v. Koranyi), — UD ; (4) Nous n'avons pas étudié + par suite de la cause d'erreur apportée dans l'évaluation du poids de la femme enceinte par la présence du fœtus et de ses annexes. 872 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1° (Claude et Balthazard), — 0°92 (Senator) et même — 0°55 Winter (1). A — 2° Nacl est normal, puisque ses limites extrêmes peuvent être 1,23 et1,69 (v. Koranyi), 0,98 et 1,83 (Senator). Une fois, il a été plus rand (1,966), une autre fois beaucoup plus grand (3,619). Mais, dans ce dernier cas, NaCI était très faible; et d’ailleurs, bientôt après, le A : rapport redevenait normal. — 3° s à confirmé les données fournies A NaCL De toules ces notions, les plus importantes, celles fournies par par Nacr” Permettent de conclure que la grossesse, à n'importe quelle période, ne mur aucun ralentissement de la circulation rénale. Il faut en effet que N — soit > 1,7 pour qu'on puisse admettre l'existence d'un tel trouble circulatoire (v. Koranyi). A NaCl | maux, l'examen des urines pratiqué 5 jours après l'accouchement n’a pas révélé de modifications notables. À ce moment en effet A — — 1°03; Chez une femme (X) qui avait, au terme de sa grossesse, A et = : A A : à Nacl— 6 grammes par litre ; ae 1PTHIOE 5 —= 1,544; pression arté- rielle — 15,5. | Nous poursuivons ces recherches chez les albuminuriques. Dès à pré- À sent, nous pouvons dire que chez certaines d’entre elles, A et Nacl sont normaux. D'autre part le sphygmomanomètre montre que la pression artérielle reste normale (Vinay et Vaquez). A l’aide de la formule de von Koranyi, on voit également qu'il n'y a aucun trouble de la circula- tion rénale. (4) Nous n'avons pas trouvé les chiffres élevés constatés par Keim chez la femme à terme (A — — 2°,035); du reste Pajot (Thèse 1901) a obtenu des chiffres, en général, normaux. (Travail du service de M. Charrin, à la Maternité.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris -— Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, À, rue Cassette. 873 SÉANCE DU 19 OCTOBRE 1901: M. Cu. Féré : Note sur la suggestibilité dans la fatigue. — M. Acrreo GrArp : Pour l'histoire de la mérogonie. — M. E. MauxeL : Constatation expérimentale de l'ac- tion décongestionnante de l'émétine. — MM. E. Werrarimer et L. LepAce : Des effets antagonistes de l’atropine et de la pilocarpine sur la sécrétion pancréatique. — M. L. MarrrarD (de Nancy) : Sur l'autorégulation des pressions osmotiques de l'organisme par la dissociation électrolytique. Interprétation du rôle biologique des sels minéraux. — M. GeLzé : Respiration et déglutition. — MM. A. Lavera et F. Mesxir : Sur la nature bactérienne du prétendu trypanosome des huîtres (Tryp. Balbianii Certes). — M. Aruaxn-DELiLLE : Méningite spinale plastique expérimen- tale par le poison caséifiant du bacille tuberculeux. — M. Domnrcr : Les origines du polynucléaire ordinaire du sang des mammifères. — M. Dominicr : Macrophages et cellules conjonctives. — MM. Aucré et TrIBONDEAU. — Association de l’eau oxy- génée et du permanganate de potasse en thérapeutique chirurgicale. — MM. Cnemrx et TriBoNvEAU : Dissociation du plexus brachial du gibbon. Présidence de M. Bouchard. NOTE SUR LA SUGGESTIBILITÉ DANS LA FATIGUE, par M. Cu. FÉRÉ. Nous avons montré qu'au cours de l'accumulation de la fatigue, l’excitabilité présente des exaltations remarquables. IL était intéres- sant de rechercher si les images, les représentations, n'offrent pas aussi, dans les mêmes circonstances, la même exaltation de leurs effets. Les effets des images motrices peuvent être mesurés si on peut peser les actes qui en dérivent. La mesure des effets des images motrices permet d'apprécier les variations de la suggestibilité. Lorsque le sujet en expérience à disposé sa main dans l'appareil de contention de l’ergographe de Mosso, on peut peser les effets des images de mouvements si on exécute devant lui les mouvements adaptés au soulèvement du poids (qui n’est pas réellement soulevé), en suivant le rythme convenu. La vue du mouvement, que le sujet suit avec attention dans tous ses détails, produit des effets différents suivant les conditions dans lesquelles celui-ci se trouve. On peut s’en rendre compte par le travail de l'ergographe, exécuté par séries de 4 ergogrammes séparés par des repos d’une minute, BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIT 67 874 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les séries séparées les unes des autres par des repos de cinq minutes, comme dans les expériences précédentes (3 kilogrammes chaque seconde, médius droit). Si on fait après un repos complet, le matin, une suggestion de quelques secondes, quinze par exemple, avant le commencement du travail, on obtient un bénéfice de quelques kilogrammètres à la pre- mière série. Les séries suivantes perdent plus que dans les conditions normales du travail. Si on répète la même suggestion quand la fatigue se manifeste déjà, avant la quatrième série par exemple, le travail se relève, et sa valeur peut dépasser celle du travail de la première série. La suggestibilité s’est accrue avec la fatigue. Si on fait aussi, après un repos complet et avant le travail, une sugges- tion plus prolongée, de une minute par exemple, l'effet immédiat est une dépression du travail qui peut dépasser 80 p. 100. Une repré- sentation courte réalise une mise en train, une représentalion pro- Jongée réalise une fatigue, chez le sujet reposé. La même suggestion d'une minute au cours de la fatigue, avant la dixième série par exemple, devient excitante et peut faire donner un travail supérieur au travail normal. Si la suggestion est faite pendant le travail et tant quil dure, elle peut encore avoir des effets différents, suivant que le sujet est reposé, ou qu'il à déjà travaillé. Si le sujet est reposé, la suggestion détermine une diminution du travail qui peut dépasser 30 p. 100. Si, au contraire, le sujet a déjà travaillé, la suggestion détermine une exaltation du travail de plus en plus grande au début de l'accumulation de la fatigue. L'expérience suivante peut donner une bonne représentation du phénomène : : TRAVAIL RAPPORT SÉRIES en du travail au d'ergogrammes. kilogrammètres. travail normal — 100. Première, sans suggestion . 29,50 100 Deuxième, sans suggestion . 20,85 92,66 Troisième, sans suggestion 17,64 78,40 Quatrième, avec suggestion. . . . 24,96 110,95 Cinquième, sans suggestion . 3,48 15,46 Sixième, avec suggestion. 26,22 116,53 Septième, sans suggestion . 2,82 12,53 Huitième, avec suggestion. 27,42 121,86 Neuvième, sans suggestion . . . 1,4% 6,40 Dixième, avec suggestion. . . . . 9,84 43,73 Onzième, sans suggestion . 1,02 4,53 Cette expérience, comme d'autres qui seront publiées en détail, montre qu'au cours de l'accumulation de la fatigue la suggestibilité SÉANCE DU 19 OCTOBRE 815 augmente pendant une période variable suivant l’état du sujet; puis ses effets diminuent graduellement. On y voit, en outre, que, quand la sug- gestion a produit une fois son effet, le travail sans suggestion subit une dépression considérable. Quand on vient de travailler avec un entraineur, on ne peut plus travailler sans entraineur. Cette augmentation de la suggestibilité dans la fatigue constitue une analogie de plus entre la fatigue et l'hystérie, analogie sur laquelle j'ai déjà insisté à plusieurs reprises. POUR L'HISTOIRE DE LA MÉROGONIE, par M. ALFRED GiaRp. Dans un intéressant travail Ueber 'Merogonie und Befruchtung (1), Hans Winkler refait, après bien d’autres, l’histoire de la mérogonie, mais, pas plus que ses prédécesseurs, il ne rend justice au véritable auteur de cette découverte capitale en embryogénie. A la vérité, Hans Winkler a compris que dans les recherches de ce genre on pouvait choisir le sujet d'observation aussi bien chez les végétaux que chez les animaux, et, guidé par d'anciennes expériences de Dodel-Port (1885), il s’est adressé d’abord à l'embryon de Cystosira barbata, d'ailleurs assez peu favorable en raison de diverses circonstances. Mais il aurait dû rappeler les résultats de celui qui, le premier, réalisa des expériences de mérogonie chez les Fucacées, le professeur J. Rostafinski, de Cra- covie. En 1877, dans un admirable mémoire de dix pages Sur la divisibilité de l'œuf (dividua ovi natura) et sur la fécondation chez les Alques (2), Ros- tafinski a posé de la facon la plus nette le problème de la mérogonie, et les diverses techniques mises en usage par lui sont celles qui ont été suivies depuis par les embryogénistes pour sectionner l’œuf animal. En présence du silence qui à été fait sur ce travail, paru il y a vingt- cinq ans, il me paraît utile d'en résumer ici les points principaux : Nous appelons fécondation l’acte par lequel deux ou plusieurs cellules se conjuguent pour former une cellule nouvelle capable de reproduire l'espèce. (4) lahrbücher für wissenschaftliche Botanik, Bd XXVI, Héft 4, 1901. (2) J. Rostafinski. O podzielnôsei jaja (dividua ovi natura) i zaptodnieniu u morszCzynôw. — Osobne odbicie z Rozpraw Akademii Umiejet, 1871. Pour éviter toute erreur de traduction, j'ai prié M. le professeur M. Siedlecki, de Cracovie, de vouloir bien analyser pour moi le mémoire de Rostafinski; je suis heureux d'exprimer ici toute ma reconnaissance à M. Siedlecki pour son extrême obligeance. 876 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE De cette définition, il résulte que l’œuf n'est pas un élément spécial, et que son rôle dans la fécondation ne peut être opposé à celui du spermatozoïde; les caractères des divers gamètes ne sont pas en somme très différents. Je me suis posé la question suivante : L'œuf mûr et prêt à être fécondé forme-t-il un ensemble indivisible ou est-il possible de le diviser par des moyens mécaniques en plusieurs parties dont chacune pourrait être fécondée? Pour résoudre ce problème, je me suis servi de l’œuf de Fucus vesiculosus déjà étudié par divers biologistes, et dont la structure est bien connue. En général, l'œuf et les trois couches qu'il renferme sont d’une observation facile. La masse interne, incolore et finement granuleuse, est entourée d’une couche épaisse granuleuse et colorée ; celle-ci est elle-même entourée d’une zone mince de protoplasma incolore passant graduellement sans limite dis- tincte à la zone muqueuse superficielle. La fécondation peut être vue à l’état frais. Un spermatozoïde pénètre dans l'œuf, arrive au contact de la couche interne et se confond pour ainsi dire en un instant avec le protoplasma incolore central. La division expérimentale de l'œuf peut être réalisée par deux procédés différents : 4° On peut couper l'œuf avec un instrument tranchant, bien aiguisé, et obtenir ainsi de petits morceaux qui reprennent, sur-le-champ, la forme sphérique ; 20 On peut aussi diviser l’œuf par simple pression. L'œuf de Fucus est très élastique et tout à fait nu. En le COUV ra at d’une lamelle, puis en augmentant la pression par l'addition de lamelles successives, on transforme cet œuf en une plaquette ellipsoïdale qui bientôt éclate et laisse échapper dans l’eau tout son contenu. En levant très vile, mais avec de grandes précautions, le couvre-objet,on voit que la substance de l’œuf forme des boules de grandeurs variables. Ces fragments sont d’ailleurs,de nature différente, selon qu'ils sont formés de la substance centrale, de la couche granuleuse ou à la fois de ces deux éléments. Cette différence de composition influe sur le sort ultérieur des fragments. Que la division de l’œuf ait été réalisée par le premier ou par le déuxième procédé, si l’on ajoute à la préparation une goutte d’eau chargée de sperma- tozoïdes, ces derniers s’accollent bien vite aux fragments sur toute la surface libre et en déterminent la rotation. Après un certain temps cette rotation cesse et tous les fragments sans exceplion, même les plus petits (contenant à peine 14/3000 du volume de l’œuf normal), s'entourent d'une membrane vitelline, Les fragments placés sur une lamelle dans de l’eau pure ont été laissés dix minutes en contact avec les spermatozoïdes, puis lavés et placés de nou- veau dans de l’eau très pure. Après quelques jours, on observe chez la plu- part des développements normaux ou irréguliers (dégénératifs). Après une série d'expériences de ce genre, je suis arrivé à cette conclusion que parmi les fragments obtenus par la division d’un œuf entier quelques-uns seulement sont vraiment fécondés et se développent d’une facon normale et typique, bien que tous aient été pendant le même temps en contact avec les spermatozoïdes. J'ai constaté que seuls sont fécondés les fragments qui contiennent les SÉANCE DU 19 OCTOBRE 871 substances constitutives des trois couches de l'œuf énumérées ci-dessus. Il est donc prouvé que l'œuf n’est pas un ensemble indivisible, et qu'une fraction d'œuf convenablement séparée de l’ensemble peut être fécondée et donner un individu nouveau. Je suis convaincu que ce premier essai pré- parera le terrain pour de nouvelles tentatives, et que des résultats analogues pourront être obtenus non seulement chez diverses Algues, mais encore parmi les animaux, Comme on le voit, Rostafinski employait dans ses expériences non pas le secouage, mais la division par écrasement et surtout la méthode directe de section sur le porte-objet, qui d’ailleurs fut reprise avec un autre procédé, il y a quelques années, par Ziegler (1). Au surplus, cette méthode n’est autre que celle dont s’est servi Bal- biani pour ses recherches classiques sur la mérotomie. A-t-elle reçu de sérieux perfectionnements de la part du dernier embryologiste qui l'a préconisée avec insistance? c’est ce qu'il est impossible de savoir, car, comme le dit Hans Winkler : er beschreibt nirgends eingehend seine Methode (loc. cit., p. 759). En science, les procédés secrets doivent être tenus en suspicion légitime, et du reste ce détail de technique n’a qu'une importance secondaire en présence du fait fondamental démontré d’abord par Rostafinski (1877) chez les végétaux, puis par Boveri (1885), chez les animaux. CONSTATATION EXPÉRIMENTALE DE L'ACTION DÉCONGESTIONNANTE DE L'ÉMÉTINE, par M. E. MAUREL. En étudiant l’action du chlorhydrate d’émétine donné à doses théra- peutiques et par la voie hypodermique, j'avais toujours constaté que, sous son influence, il se produisait de la vaso-constriction et que. la circulation devenait plus active. Je pouvais donc déjà considérer comme probable que cette activité plus grande de la circulation et cette vaso- constriction devaient être favorables dans les états congestifs. Mais des faits plus probants sont venus, en outre, confirmer cette première donnée. En étudiant l’action locale de la même substance sur la membrane interdigitale d’une grenouille dont la circulation était, du reste, en ce moment peu active, je vis, par le contact d’une solution à 0 gr. 50 pour 10 grammes d’eau distillée, la circulation d’abord être activée pendant quelques minutes, puis s'arrêter, les vaisseaux s'étant forte- ment dilatés. (1) Ziegler (H. E.). Experimentelle Studien ueber die Zelltheilung. Archiv f. Entw.-Mech Bd. VI, 1898, Heft 2 (Die Zerschnürung der Seeigeleier). 878 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D J'eus alors l’idée d’injecter dans l’autre cuisse du chlorhydrate d'émétine à la dose de 0 gr. 05 par kilogramme d'animal, et j'eus la satisfaction de voir presque aussitôt la circulation devenir plus rapide dans toute la membrane et, peu à peu, reprendre sur les points où le contact direct l’avait arrêtée. Toutefois, sur ce point, les vaisseaux restèrent dilatés. L'observation fut reprise plusieurs fois dans la même journée, à quelques heures d'intervalle, et l’état de la circulation resta le même. La même expérience, répétée plusieurs fois les jours suivants, sur d’autres animaux, donna les mêmes résultats. Dans ces expériences, j'avais produit moi-même l'arrêt de la circu- lation. Dans les suivantes, je me suis rapproché davantage des faits cliniques. Prenant une grenouille ayant sur la membrane interdigitale gauche une plaie entourée d’une large auréole rouge, point sur lequel les vais- seaux étaient largement dilatés et la circulation arrêtée, j'injectai dans la cuisse droite une solution de chlorhydrate d’émétine à la dose de 0 gr. 05 par kilogramme d'animal; et, de nouveau, j’eus la satis- faction de voir, dans l’espace de quelques minutes, la circulation devenir beaucoup plus rapide dans les points de la périphérie de la zone rouge où elle était ralentie, et même se rétablir dans quelques vaisseaux où elle était arrètée. Toutefois, en ce point, les vaisseaux restèrent dilatés. Ces premières constatations faites, quinze minutes après la première injection, j'en fis une seconde et à la même dose, soit, en tout, 0 gr. 10 par kilogramme, dose encore thérapeutique. Or, sous son influence, je pus voir la circulation reprendre dans d’autres vaisseaux de plus én plus rapprochés de la plaie, et aussi quelques-uns de ceux qui étaient le plus éloignés et qui étaient dilatés se contracter. La même expérience, répétée sur une autre grenouille quelques jours après, me donna un résultat aussi net. De ces différentes recherches, il me parait donc résulter que le chlorhydrate d'émétine, donné par la voie hypodermique et aux doses thérapeutiques : 1° Produit de la vaso-constriction et active la circulation normale; 2° Qu'il peut activer la circulation et même la rétablir sur les points où elle a été ralentie ou arrêtée artificiellement ; 3° Que même sur les points congestionnés, comme la zone qui entoure une plaie, il peut activer la circulation ralentie, la rétablir dans certains vaisseaux dans lesquels elle était arrêtée, et aussi triompher de la vaso- dilatation ; 4° Enfin, qu'il est probable que c'est ainsi qu'il faut expliquer, au moins en grande partie, les heureux résultats, si bien établis par la cli- nique, des préparations d'ipéca dans la plupart des affections s'accompa- gnant de congestion et peut-être d'inflammation, notamment dans celles des voies digestives et respiratoires. SÉANCE DU 19 OCTOBRE 813 DES EFFETS ANTAGONISTES DE L’ATROPINE ET DE LA PILOCARPINE SUR LA SÉCRÉTION PANCRÉATIQUE, par MM. E. WERTHEIMER et L. LEPAGE. Nous avons montré récemment (1) que l’atropine ne met pas obstacle à la sécrétion pancréatique et nous avons ajouté qu'à forte dose elle l’accélère même, comme le fait la pilocarpine : ce qui est déjà paradoxal. Ce qui peut le paraître davantage, c’est que néanmoins elle manifeste son action antagoniste vis-à-vis de cet alcaloïde. Chez le chien atropinisé, avons-nous dit, les excitations réflexes par- ties de l'intestin conservent tout leur pouvoir sur le pancréas : d'où l’on doit supposer que ni les cellules glandulaires, ni les nerfs sécréteurs n'ont rien perdu de leur activité. On s’attendrait donc à voir une dose même minime de pilocarpine accéiérer la sécrétion. Il n’en est rien : on peut injecter un ou deux centigrammes de cette substance dans une veine sans aucun résultat : la sécrétion continue, mais elle ne s'active pas; elle suit comme d'habitude sa marche progressivement ralentie. Si au contraire on fait précéder ou suivre l'injection de pilocarpine d'une injection excitante dans l'intestin, celle-ci produit ses effets ordinaires. L’explication de ce fait ne laisse pas au premier abord d'être embar- rassante. Faut-il croire que l’atropine à forte dose, tout en respectant l’excilabilité réflexe de la glande, supprime cependant son excitabilité directe pour une dose relativement faible de pilocarpine? Gette hypo- thèse n’est pas admissible, étant donné que, chez l'animal profondé- ment intoxiqué, les réactions réflexes ne sont pas atténuées, et que par conséquent l’excitabilité ni des éléments glandulaires, ni des nerfs sécréteurs ne parait compromise. D'ailleurs, les résultats sont abso- lument les mêmes, si on oppose à une dose relativement faible d’atro- pine une dose relativement forte de pilocarpine : 4 ou 5 centigrammes de celle-ci ne peuvent accélérer la sécrétion quand on a injecté au préa- lable 4 centigrammes de l’autre. L'interprétation la plus plausible de cet antagonisme inattendu est la suivante. Le pancréas recoit deux espèces de nerfs sécréteurs; les uns lui viennent du pneumogastrique, nerf cérébral, les autres du sympa- thique. Il faut admettre que l’atropine, qui respecte les extrémités ter- minales du second, paralyse cependant celles du premier ; de même la pilocarpine ne peut exciter que celles du pneumogastrique, et non celles du sympathique. Chez l'animal atropinisé, le pancréas continue donc à sécréter et à répondre aux excitations réflexes parce que son système sympathique, dont le rôle est prépondérant, fonctionne nor- (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, juillet 1901. 880 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE malement; mais la pilocarpine a perdu son action parce que le seul des deux nerfs qui y obéisse, c’est-à-dire le pneumogastrique, est paralysé. On peut invoquer, par analogie, ce qui se passe du côté de la glande sous-maxillaire dont le nerf cérébral est, chez le chien, seul paralysé par l’atropine, dont la sécrétion ne peut cependant être rappelée chez l'animal atropinisé par des doses relativement fortes de pilocarpine, bien que les filets sécréteurs du sympathique soient à peu près indemnes; ou, quand elle peut l'être, c’est que l’excitabilité du nerf cérébral est reve- nue en même temps. On parviendrait sans doute de même à réveiller l’excitabilité des filets sécréteurs du pneumogastrique dans le pancréas, soit en forçant les doses de pilocarpine, soit, comme l'ont fait Langley et Prevost pour la sous-maxillaire, en injectant directement la substance dans les vaisseaux qui vont à la glande, ou dans son conduit excréteur. Mais il n’y avait pas intérêt à poursuivre ces expériences qui ne pourraient que prouver une fois de plus l’antagonisme mutuel des deux alcaloïdes. Nous avons voulu seulement signaler ce fait curieux que l’atropine qui, chez le chien, n'empêche ni la sécrétion spontanée, ni la sécrétion réflexe, ne permet cependant pas à la pilocarpine d'agir sur la glande et cela très vrais- semblablement parce que l'influence toxique de l’un et de l’autre alca- loïde ne s'exerce que sur une seule et même espèce de filets sécréteurs, ceux qui appartiennent au nerf cérébral, au pneumogastrique. SUR L'AUTORÉGULATION DES PRESSIONS OSMOTIQUES DE L'ORGANISME PAR LA DISSOCIATION ÉLECTROLYTIQUE. INTERPRÉTATION DU RÔLE BIOLOGIQUE DES SELS MINÉFRAUX, par M. L. MarLarp (de Nancy). Dans une des dernières séances de la Société de Biologie, MM. Ch. Achard et M. Lœper ont communiqué (1) le résultat de recherches qu’ils avaient entreprises dans le but de déterminer avec quelle vitesse se font les transmissions de substances entre le sérum sanguin et les diverses sérosités de l'organisme. Ils ont constaté en même temps un phénomène très intéressant, qu'ils se sont bornés à enregistrer sans en chercher l'explication : l’'ingestion de sel marin détermine au bout d’un temps donné une sensible élévation de la teneur des sérosités en chlo- rure de sodium, et cependant l’abaisssement cryoscopique de ces mêmes liquides n’augmente que très peu ou pas du tout. Ce fait me semble une très bonne illustration expérimentale d’un (1) Comptes rendus de la Soc. de Biol., t. LILI, p. 645, 4901. SÉANCE DU 19 OCTOBRE 881. corollaire que je déduisais il y a deux ans de mes recherches relatives à l’action des ions des sels sur les organismes vivants (1). Etant donné que le coefficient de dissociation des sels dissous s'élève quand leur concentration diminue, et s’abaisse quand la concentration augmente, je pensais que le nombre total des particules dissoutes, ions libres ou molécules entières, concourant ensemble à l'établissement de la pres- sion osmotique (et par suite de l’abaissement du point de congélation), devait varier beaucoup moins que la quantité brute de matière existant dans les liquides de l'organisme. La variabilité du coefficient de disso- ciation élecirolytique, suivant la concentration, devait constituer un puissant mécanisme régulateur des pressions osmotiques, protégeant l'organisme contre des variations quantitatives trop fortes de sub- stances normales, ou même contre l'introduction de matériaux nocifs. Mais j'estimais prématuré de poursuivre des déductions de ce genre sans avoir des vérifications expérimentales pour les étayer. Les mesures de MM. Ch. Achard et M. Lœper me semblent aujourd'hui combler celte lacune, bien que les auteurs n’aient point parlé de la dissociation électrolytique, et n’y aient vraisemblablement pas songé. Il est évident que ce rôle compensateur sera rempli le plus efficace- ment par les sels fortement ionisés et capables de subir des changements importants dans leur coefficient de dissociation : le chlorure de sodium est de ceux-là. Les physiologistes ont de tout temps beaucoup discuté sur la question de savoir à quoi servent les sels minéraux, passifs en apparence, et en particulier le chlorure de sodium. Tout en se gardant de toute tendance téléologique, il est permis de chercher à pénétrer le problème; le rôle régulateur des pressions osmotiques, que je viens d'exposer, en est une solution : l’avenir décidera si elle est bonne ou mauvaise. C’est par des considérations du même genre que j'ai cherché à rendre moins surprenante l'adaptation des espèces aquatiques aux variations de la salure (2), non pas que j’aie eu la prétention de résoudre un pro- blème aussi complexe que le passage des faunes marines aux eaux douces, et vice versa, mais seulement le désir de soumettre aux médita- tions des zoologistes (3) un facteur important de ce phénomène. (1) Journal de Physiologie et de Pathol. générale, t. I, p. 683, 1899. Rev. génér. des Sciences, t. X, p. 771, 1899. (2) Rev. génér. des Sciences, t. X, p. 711, 1899. (3) Voir KR. Florentin : Etudes sur la faune des mares.salées de Lorraine. Arch. d. Sc. natur., Zoologie, t. X, p. 299, 1899. 8892 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RESPIRATION ET DÉGLUTITION, par M. GELLé. Chez les adénoïdiens, dans les catarrhes rhinopharyngés, dans les sténoses accusées des voies nasales et rétropharyngiennes, qui amènent une gêne prononcée de la circulation de l’air pendant la respiration, on observe que les mouvements de la déglutition s'accompagnent de bruits de souffles, soupirs, de gargouillements, plus ou moins intenses et très caractéristiques ; chez l'enfant, celle-ci peut, en pareil cas, se terminer par une sorte de plainte ou de geignement. Ces phénomènes bruyants se passent en partie dans les fosses nasales, en partie dans le pharynx buccal, et dans la bouche de celui qui mange. D'autre part, en certains cas pathologiques, l'inspection de l'oreille découvre que le tympan relâché, au lieu de s’excaver par la déglutilion, le nez pincé (expérience classique), se ballonne au contraire dans le segment atrophié. Ce résultat paradoxal était diversement expliqué. La, solution de ces questions se trouve dans les expériences suivantes : au. moyen du manomètre, j'ai étudié les mouvements de l'air nasal au moment de la déglutition et leurs rapports avec ceux de la respiration, soit à l’état normal, soit le nez obstrué incomplètement ou totalement, comme dans les états morbides causes de sténose. Un tube en V contient une colonne d'eau légère ; une extrémité du manomètre garnie d'un tube de caoutchouc est introduite dans une narine ; l'autre narine est ouverte ou close à volonté. D'abord, on cons- tate des oscillations régulières du niveau, dans la succession des inspis rations et des expirations; la bouche ouverte ou non, ces allées et venues se font également ; la narine libre ouverte ou close, il en est de même, à l'intensité près, réglée par les efforts variables de la respiration.- Ceci établi, on fait l'acte d’avaler la salive, en bouchant du doigt la narine libre. La bouche, en se fermant, etles mâchoires se rapprochant au contact, il se produit une ascension brusque du niveau, puis quelques tremblements dus aux contractions des muscles du plancher de la bouche et de la langue (2° temps de la déglutition qui s'apprête) ; puis brusquement le niveau s'abaisse, tombe; c’est le deuxième temps, la déglutition est accomplie ; mais immédiatement une poussée d'air passe par les narines et relève le niveau du manomètre. Cette ascension de la colonne d’eau qui suit, aussitôt la déglutition faite, résulte évidemment d’une expiration nasale (car la bouche est toujours close). | On peut rendre manifeste cette issue de l'air, après la déglutilion, par le procédé simple du miroir. On place un miroir sous le nez, on déglutit;. et, aussitôt, deux taches rondes un peu distantes apparaissent à sa sur- face, dues à la vapeur d’eau.de l'air expiré. SÉANCE DU 19 OCTOBRE 883 La démonstration est constante ; mais pourquoi cette expiration suc- cède-t-elle ainsi et si vite à la déglutition ? Ici, on doit se rappeler un peu de physiologie. On sait qu’au premier temps de la déglutition, chez l'homme, la préhension des liquides s’aide d'efforts respiratoires, d’aspirations buccales, comme en font beaucoup d'animaux, qui engloutissent ainsi les aliments par une aspiration glou- tonne et tapageuse. Le premier temps de la déglutition a donc lieu en même temps qu'une inspiration plus ou moins forte ; la tension intra-thoracique est accrue, et la respiration suspendue au deuxième temps, si rapide, de l'acte d’avaler; une expiration immédiate s'impose ; c’est une sorte de détente après l'arrêt levé. On peut, en effet, intervertir l’ordre de succession des déglutitions et des inspirations et expirations, en exécutant avant de déglutir une pro- fonde expiration; alors dès que le deuxième temps de la déglutilion est accompli, c’est une vive inspiration qui s'exécute aussitôt. Mais c’est là un artifice, un effort calculé, l'habitude et le jeu ordinaire de la déglu- tition la place interposée entre une inspiration et une expiration. La déglutition arrête la respiration en inspiration ; c'est par une expiration qu'elle doit reprendre. C'est là le moyen de défense naturel dans les accidents de la déglu- tition, quand des parties de liquides pénètrent dans les voies aériennes; l’expiralion les en chasse aussitôt. Ceci nous ramène aux cas pathologiques où les oblitérations des voies nasales gênent déglutition et respiration. La bouche étant fermée au moment de la déglutition et de l'expulsion brusque de l'air expiré par le nez, dès que celui-ci ne livre pas à l’air un passage suffisant, il faut que la voie buccale s'ouvre pour y suppléer. De là, la gêne respiratoire des patients; de là, la production de ces bruits insolites de la gorge et du nez quand ils mangent; de là, leur essoufflement en mangeant, et la lenteur avec laquelle ils prennent leur nourriture. Ainsi s'explique aussi par l’action de cette expiration suivant immé- diatement la déglutition, et comme sériée avec elle, le ballonnement paradoxal du tympan flasque, dans le cas de béance morbide de la trompe d’Eustache. SUR LA NATURE BACTÉRIENNE DU PRÉTENDU TRYPANOSOME DES HUITRES (Tryp. Balbiani Certes). Note de MM. A. Laveran et F. MESNiz. Certes a fait connaître, en 1882 (1), un curieux organisme qui vit dans la partie antérieure du tube digestif des Huïîtres, dont la forme et (1) Bull. Soc. z0ol. de France, vol. VII, p. 347. 884 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le mouvement rappellent absolument ceux d’un Spirille, mais qui porte- rait latéralement, d’un bout à l’autre du corps, une membrane ondu- lante. Cette dernière particularité a déterminé Certes à le classer dans le genre 7rypanosoma Gruby ; il l’a appelé 77. Balbianu. Retrouvé dans les huîtres, à Kiel, l’année suivante, par Môbius (1), dans les Zapes (T.decussata et T. pullastra) par Certes (2), cet organisme a été réétudié depuis par Lustrac (3) ; ce dernier auteur ne s’est pas posé d’une façon précise la question de ses affinités; il s’est surtout préoccupé d'y retrouver la structure protoplasmique regardée par Künstler comme fondamentale. Les auteurs de traités récents ont adopté la manière de voir de Certes ; Doflein (4), en particulier, bien qu’il déclare qu'on ne sait rien sur la structure intime et sur le noyau, place le parasite de l'huître dans le genre Trypanosoma sans la moindre réserve. Nous avons repris l'étude de ce parasite (5) à l’état frais et sur des frottis fixés à l'alcool absolu et colorés par la méthode à l’éosine-bleu Borrel, tanin. Ces préparations colorées nous ont immédiatement révélé une structure du corps proprement dit qui n’a rien de celle d’un Flagellé. Il n’y a pas de noyau différencié, comme chez les Protozoaires. On trouve, d’un bout à l’autre du corps, les mêmes masses chromatiques (petits granules ou petits bâtonnets transversaux violet foncé, à peu près équidistants, en une ou rarement deux files longitudinales), et entre elles des espaces prenant faiblement la couleur. Le corps a done une apparence striée, et est pour ainsi dire décomposable en un certain nombre de cases placées bout à bout. Il n’y a donc aucun doute : l’organisme découvert par Certes n’est pas un Trypanosome (6), mais vraisemblablement une Bactériacée. Ees autres détails de l'organisation ne modifient en rien cette conclusion, qu'ils corroborent plutôt. On a bien, au premier abord, l'impression d une membrane ondulante attachée au corps suivant une ligne longitudinale, comme celle des Trypanosomes ; pour Certes et Lustrac, c'est une réalité. Sans repousser absolument cette conception, nous croyons plutôt qu'il s’agit d’une gaine dont les attaches avec le corps sont plus ou moins lâches. Si la gaine est étroitement unie au corps, on ne la distingue pas à l’état frais, ce qui est souvent le cas, mais les préparations colorées la décèlent tou- ) Zool. Anz., 1883, p. 148. ) Bull. Soc. zool. de France, vol. XVI, 1891, p. 95. ) Actes Soc. linn. Bordeaux, vol. L, 1896, p. 265. }) Die Protozoen als Parasiten und Krankheïtserreger. léna, G. Fischer, 1904, 0. (5) Les Huîtres de Marennes (Ostrea edulis), achetées sur le marché de Paris (sept.-oct. 1901), renfermaient de nombreux parasites ; ils étaient rares chez les Huîtres portugaises (Gryphaea angulata) que nous avons examinées. (6) Laveran et Mesnil. Comptes rendus Acad. Sciences, 15 juillet 1901. (i (2 (3 ( D P: SÉANCE DU 19 OCTOBRE 885 jours sous forme d’un mince liseré ; si le corps flotte librement à l’inté- rieur de la gaine, et si elle a une tendance à s’aplatir et à se porter surtout d’un côté du corps, on a l'apparence d'une membrane bordante. M. Metchnikoff, à qui nous avons montré nos préparations, partage notre manière de voir. La gaine n’est jamais apparente au voisinage immédiat des deux extrémités ; elle ne se prolonge pas par des flagelles ; elle se colore d’une facon assez uniforme, et prend une teinte lilas. Certes s'est prononcé, avec quelques réserves, pour un mode de divi- sion longitudinal; Lustrac décrit les diverses phases de cette biparti- tion. Il est possible qu’un tel mode de division existe, mais nous ne l'avons jamais observé. En revanche, nous nous sommes convaincus de l'existence de divisions transversales, déjà soupconnée par Lustrac. L’extrème {inégalité de longueur des Spirilles (de 50 & à 160 u) (4) plaide déjà en sa faveur ; mais, de plus, nous avons trouvé des individus chez lesquels la gaine paraissait interrompue vers le milieu du corps, d'autres où le corps était étiré dans cette région, d’autres enfin (in vivo) qui étaient unis deux à deux par un fin trabécule. Le déplacement de l'organisme a lieu indifféremment dans un sens ou dans l’autre. Les mouvements sont absolument ceux d’un Spirille; ils s'expliquent très bien par la torsion hélicoïdale du corps à laquelle participe plus ou moins régulièrement la gaine ; nous avons d'ailleurs cherché à mettre en évidence des cils, par une méthode de coloration appropriée, mais sans aucun Succès. En résumé, ce parasite de l’Huître, comme nous le prévoyions dans notre note antérieure (/. c.), n’a rien à faire avec les Trypanosomes. Sa place est vraisemblablement parmi ïes Bactériacées, à côté des Spirilles et des Spirochètes. MÉNINGITE SPINALE PLASTIQUE EXPÉRIMENTALE PAR LE POISON CASÉIFIANT | DU BACILLE TUBERCULEUX, par M. ARMAND-DELILLE. Au cours de recherches que je poursuis en ce moment sur les réac- tions des centres nerveux et de leurs enveloppes aux poisons du bacille tuberculeux humain, j'ai été amené à étudier sur le chien les effets de l'introduction intra-rachidienne de l’extrait éthéré du bacille de Koch auquel M. Auclair a donné le nom de poison caséifiant. J’ai suivi pour mes expériences sur les méninges la technique employée par cet auteur (1) La longueur est uniforme ; elle est de 2à 3 p. 886 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans ses expériences sur le poumon, c’est-à-dire que je me suis servi d'une émulsion, dans le sérum artificiel, de la matière cireuse obtenue par évaporation de l’éther qui a servi de dissolvant (1). Chez un premier chien, auquel j'ai injecté, dans l’espace sous-arachnoïdien, par ponction lombaire, 3 centigrammes d'’éthéro-bacilline émulsionnés dans un centimètre cube d’eau salée physiologique, j’ai vu se développer progres- sivement, à partir du quinzième jour, une paralysie flasque du train posté- rieur, avec paralysie vésicale, mais conservation de la sensibilité. L'animal a été sacrifié au bout de quatre semaines, et j'ai constaté à l’au- topsie la présence d’une lepto-méningite fongueuse. Les lésions sont cons- tituées par une gaine de tissus de néoformation, de 1 à 2 millimètres d'épais- seur, emplissant Les espaces sous-arachnoïdiens, intéressant exclusivement la pie-mère, et respectant la dure-mère et la moelle. Cette gaine remonte en s’amincissant autour de la moelle dorsale, et disparait dans la région cervicale. Sur des coupes microscopiques, ce tissu se montre constitué par une infiltra- tion embryonnaire disposée en véritables nodules, ceux-ci correspondant probablement aux parcelles de matière nécrosante. On peut distinguer dans ces nodules une partie centrale constituée par des leucocytes polynucléaires plus ou moins altérés, une zone moyenne très large formée de cellules mono- nucléaires à gros noyau ovalaire se colorant mal par l’hématoxyline ou les couleurs basiques d’aniline, et dans lesquelles les grains chromatiques n’ap- paraissent pas; enfin une zone externe formée d’une riche agglomération de lymphocytes à noyaux bien colorés. Ces lymphocytes forment d’ailleurs des amas abondants entre les nodules, ils sont également fortement tassés contre la surface externe de la moelle et contre la face interne de la pie-mère. Les gros vaisseaux sont comprimés et présentent des lésions d’endo-et péri vascu- larite ; il en est de même des artérioles des racines rachidiennes engainées par le tissu pathologique ; — celui-ci envoie même par places des travées embryon- naires entre leurs fibres. Sur un deuxième chien, j'ai injecté, par voie lombaire, dans l’espace épi- dural, 5 centigrammes d’éthéro-bacilline émulsionnée dans un centimètre et demi d’eau salée physiologique. Au bout de trois semaines s’est développée progressivement une paraplégie flasque, avec paresse vésicale, sans troubles de la sensibilité. Après sacrifice de l’animal, j'ai constaté l'existence d’une pachy-méningite spinale s'étendant depuis la région sacrée jusqu’à la région dorsale. La gaine de tissus fongueux occupait la face externe de la dure-mère et s’étendait jusqu'au contact de la surface osseuse, déterminant de vérilables adhérences de cette membrane avec les parois du canal rachidien ; la pie-mère élait au contraire tout à fait respectée. Les lésions histologiques sont tout à fait com- parables aux précédentes; il existe la même infiltration embryonnaire avec endo- et péri-vascularite, mais on constate en outre de véritable tissu con- jonctif de néo-formation, dû à l’organisation des lésions, l'animal n'ayant été sacrifié qu’au bout de septsemaines. Il n’y a aucune altération de la pie-mère, (1) J’exprime à mon ami le Dr Auclair tous mes remerciements pour les extraits préparés par lui, qu'il a bien voulu mettre à ma disposition. SÉANCE DU 19 OCTOBRE 867 à part un léger degré d’endo-péri-artérite des petites artères de cette mem- brane. Il faut remarquer l'intégrité de la pie-mère dans ce deuxième cas, où l'injection a été épidurale, par opposition avec l'intégrité de la dure-mère dans le premier cas, où l'injection a été intra-arachnoï- dienne ; le feuillet interne de la dure-mère paraît donc avoir formé une véritable barrière à l'extension du processus pathologique. La réaction des méninges au poison caséifiant nous paraît dans ces cas tout à fait particulière; il ne s’agit pas, en effet, d’une irritation locale par un corps étranger banal. J'ai, en effet, introduit chez un autre chien 5 centigrammes de poudre de craie en suspension dans 1 centimètre cube de sérum artificiel dans l’espace sous-arachnoïdien, sans voir se développer aucun phénomène pathologique ; l'expérience avait, d’ailleurs, déjà été faite par Sicard, qui à introduit dans l’espace sous-arachnoïdien des corps étrangers inertes, tels que l'encre de Chine, et des matières huileuses, sans voir se développer aucun phénomène réactionnel plastique ; la tuberculine ne lui avait également donné aucune-lésion. J'indiquerai dans une prochaine communicalion quelles sont les réaclions du liquide céphalo-rachidien consécutives à l'injection intra- arachnoïdienne de l’éthéro-bacilline ; je signalerai seulement aujour- d'hui ce fait que, dans les premiers jours qui suivent l'injection, on y constate une grande abondance de polynucléaires, à l'exclusion presque complète de toute autre forme leucocytaire. . Sans vouloir tirer de conclusions absolues d’un nombre trop restreint d'expériences, je crois, cependant, qu'il m'est permis d’insister sur deux points : 1° L'introduction au niveau des méninges rachidiennes du poison tuberculeux caséifiant est suivie d’une inflammalion plastique de ces membranes, très analogue par ses symptômes fonctionnels et ses lésions anatomiques à celle qu’on voit survenir au cours de certaines tuberculoses vertébrales ; 2° J'ai retrouvé, au cours de ces expériences, avec le même produit, .des altérations anatomiques très comparables à celles qu'Auclair a obtenues dans les poumons. Je poursuis également des recherches sur l’action de l'extrait chlo- roformé isolé par le même auteur; elles feront lobes d’une prochaine communication. (Travail des laboratoires de M. le professeur Grancher à l'hôpital des Enfants-Malades, et de M. Gilbert Ballet, à l'hôpital Saint-Antoine.) 888 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LES ORIGINES DU POLYNUCLÉAIRE ORDINAIRE DU SANG DES MAMMIFÈRES, par M. Dominic. JT. — Si l’on cherche à se rendre compte de l’origine du Polynucléaire ordinaire du sang des Mammifères, en lisant les travaux des auteurs qui se sont occupés de cette question on se heurte à deux opinions contradic- toires. Pour ne citer que deux noms, j'opposerai ceux de MM. Ouskow et Ehrlich. D’après M. Ouskow, la cellule d’origine du Polynucléaire ordinaire est un Mononucléaire dépourvu de granulation, dont le lieu d’origine est l'un quelconque des organes à structure lymphoïde, c’est-à-dire les gan- glions, la rate, etc., etc. D'après M. Ehrlich, la cellule d’origine du Polynucléaire ordinaire est un Mononucléaire granuleux à granulations neutrophiles ou amphophi- les, dont le lieu d'origine est le tissu myéloïde, c'est-à-dire le tissu de moelle osseuse rouge. J’ai abordé cette question à mainte reprise, et je me suis rallié à l'opinion de M. Ehrlich dans la mesure que voici : 1° j'ai reconnu avec cet auteur que le Polynucléaire ordinaire dérivait du Myélocyte à granulations amphophiles ou neutrophiles en raison de la transformation du noyau arrondi du Myélocyte en noyau lobé; 2° j'ai annoncé les faits suivants : a) Le Myélocyte à granulations amphophiles est une forme d'évolution déjà avancée du leucocvyte destiné à muer en Polynucléaire ordinaire. À son état le plus jeune, cet élément est une cellule embryonnaire, un petit mononu- cléaire à type de lymphocyte suivant la nomenclature actuelle. En un mot, le Polynucléaire ordinaire est le dernier anneau d’une chaîne dont le premier anneau est un lymphocyte, dont un des chaînons intermédiaires est le es à granu- lations amphophiles. b) Le lieu d'origine du Polynucléaire ordinaire n’est pas exclusivement la moelle osseuse. En effet les organes de la circonscription lymphatique, la rate, par exemple, sont capables de former l'élément en question. II. — Ces résultats permettaient-ils de raccorder les deux théories adverses auxquelles j'ai fait allusion? Non, et pour les raisons sui- vantes : D'après la théorie de M. Ouskow, un lymphocyte devient un Polynu- cléaire ordinaire sans présenter l'aspect de Myélocyte granuleux. Or, dans les conditions où je m'étais placé, j'avais vu les Polynucléaires ordinaires se former au sein des organes de la circonscription lympha- tique, de la même façon que dans la moelle osseuse. Des lymphocytes y grandissaient el se transformaient en Myélocytes qui devenaient à leur tour des Polynucléaires. Mais depuis quelques mois j'ai cherché à me rendre compte du rôle SÉANCE DU 19 OCTOBRE 889 hématopoiétique du tissu lymphoïde proprement dit, abstraction faite par conséquent de la transformation myéloïde des organes de la cir- conscription lymphatique. J'ai pu voir ainsi des lymphocytes issus du tissu lymphoïde, de venir des Polynucléaires ordinaires sans avoir revêtu l'aspect de Myélocytes. Ces faits peuvent être constatés très facilement dans le sang du lapin examiné vers le troisième et le quatrième jour qui suivent l’inoculation du vaccin Jennerien. Alors des lymphocytes de la série lymphogène se transforment en Mononucléaires de taille identique à celle d’un Polynucléaire. Ces Mononucléaires, dont le protoplasma est basophile et le noyau opaque, se chargent de granulations amphophiles au moment où leur noyau devient identique à celui du Polynucléaire, soit en s’incurvant, soit en se fissurant, soit en bourgeonnant (1). IIT. — Dans un mémoire destiné à paraître prochainement, je démontrerai en me basant sur le résultat de mes recherches, qu’il n’y a aucune contradiction entre les deux processus évolutifs qui assurent la formation du Polvnucléaire ordinaire. Ils sont en harmonie avec une des lois qui régissent l’évolution du _ Système hématopoiétique. Celle-ci veut que l'apparition du tissu myéloïde précède l'apparition du tissu lymphoïde, que l'extension du tissu lymphoïde soit parallèle à la régression du tissu myéloïde. Eù où le tissu myéloïde est normalement en état d'activité, là où il entre en reviviscence, les lymphocytes, souches de Polynucléaires, subissent une série de transformations dont le passage à l'état de Myélocytes marque une des étapes Là où les lymphocytes du tissu lymphoïde subissent leur évolution propre, certains d’entre eux deviennent des Polynucléaires ordinaires, sans acquérir la conformation des Myélocytes. Ces leucocytes du tissu myéloïde à évolution compliquée, ces leuco- cytes du tissu lymphoïde à évolution simplifiée, sont des cellules homologues rigoureusement comparables et au stade initial (cellule embryonnaire) et à la phase terminale de leur évolution (Polynucléaire). (Travail du laboratoire municipal de l'hôpital Saint-Louis.) (1) On pourrait confondre ces Mononucléaires, alors qu’ils sont dépourvus de granulations avec d’autres Mononucléaires issus, comme eux, du tissu lym- phoïde, et qui sont des Macrophages. La poussée des Mononucléaires de la première variété, poussée précoce au cours des états infectieux, équivaut à une Polynucléose larvée. La poussée des Mononucléaires de la deuxième variété, poussée tardive au cours des états infectieux, a une tout autre signi- fication. Il s’agit là de la suractivité migratrice de Macrophages, éléments antagonistes des précédents. Nous reconnaissons dans un Mononucléaire de la deuxième catégorie un Macrophage quand ses dimensions dépassent celle d'un Polynucléaire; quand son protoplasma est vacuolisé, tandis que son noyau devient clair. B10LOGIE. Comptes RENDUS. — 4901. T. LIII. 68 890 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE MACROPHAGES ET CELLULES CONJONCTIVES, par M. Domnicr. I. — L'objet de cette communicalion est d’assigner aux Macrophages de Metchnikoff la place qui leur revient dans la classification cellulaire. J'ai choisi comme objet d'élude l’épiploon du lapin envisagé à diffé- rents stades d'évolution, et dans des conditions tantôt normales, tantôt pathologiques. Au sein du tissu épiploïque, j'ai trouvé des cellules de petite taille comparables à certains des lymphocytes du tissu lymphoïde. Le noyau de ces éléments est opaque, leur protoplasma est teinté de violet-rouge après coloration par éosine-orange-bleu de toluidine. Ils prédominent dans les taches laïteuses de Ranvier, au voisinage des masses plas- modiales décrite à ce niveau par M. Reiterer. Si l’on suit l’évolution de ces petites cellules rondes et indépendantes, on les voit grandir et subir des transformations diverses. Les unes perdent leur conformation initiale d’abord, leur indépen- dance ensuite, pour se modeler suivant le type des cellules endothéliales, des cellules vaso et sanguiformatives, des cellules adipeuses, et S’incor- porer enfin, soit à l'endothélium de recouvrement, soit à l’endothélium vasculaire, soit au réticulum des cellules fixes, soit au plasmodium adipeux. Les autres conservent leur forme arrondie (abstraction faite des changements d'apparence, liés à leur motilité); elles grandissent*au point d'acquérir une taille considérable (30 à 40 y); elles montrent finalement une aptitude marquée à englober et à détruire les pose cléaires granuleux. Ce sont, en un mot, les éléments rangés parmi les Macrophages de Metchnikoff. Aussi pourrait-on opposer l'un à l’autre deux groupes cellu- laires procédant d'une même souche. Ce serait, d'une part, les cellules conjonclives (endothéliales, vaso et sanguiformatives, fibroblastiques, adipeuses) et d'autre part les Macrophages de Metchnikoff. J'admettrai cette division si elle a pour but de classer des cellules de même espèce, suivant la forme qu'elles revêtent à l’occasion d'adapta- tions fonctionnelles différentes ; je la rejetterai si elle implique la caté- gorisation des composants des deux séries en types cellulaires spécifi- quement irréductibles, et dans le même groupe, et d'un groupe à l’autre. II. — Voici les arguments que je présenterai brièvement pour soutenir cette thèse : 1° Les cellules conjonctives et les Macrophages ont une origine commune. 20 La structure du protoplasma et du noyau des cellules conjonctives et SÉANCE DU 19 OCTOBRE 891 des Macrophages reste foncièrement la même, quelles qu’en soient les varia- tions apparentes. 3° Les cellules conjonctives possèdent, comme les Macrophages, la pro- priété gigantophagocytaire (destruction des hématies et des polynucléaires), quelles que soient leurs connexions anatomiques, leur rôle physiologique normal, leur conformation histologique habituelle. 4° Des cellules conjonctives, qui semblent avoir acquis une forme défiuitive et être à jamais immobiles, peuvent changer d’aspect, devenir mobiles, muer en cellules identiques aux Macrophages, et se reproduire en tant que Macro- phages. En un mot, cellules endothéliales, cellules vaso-formatives, cellules adipeuses, cellules connectives, Macrophages de Metchnikoff, sont des moda- lités d'une même espèce cellulaire : la cellu!e conjonctive, et présentent des caractères morphologiques et des propriétés physiologiques réversibles (1). IT. — Les résultats de mes recherches confirment et complètent la conception de M. Metchnikoff, concernant la parenté existant entre les Macrophages et les cellules fixes du tissu conjonctif. Inversement, ils paraissent à première vue en contradiction avec les conclusions que M. Retterer a tirées de ses travaux sur la structure de l’épiploon et des ganglions. M. Retterer admet que les cellules de l’appareil conjonctivo-vascu- laire formant des groupements anastomotiques dérivent d’un plasmode unique primordial. De plus, cet auteur paraît peu enclin à reconnaître la fonclion gigantophagocytaire des Macrophages de Metchnikoff. Néanmoins, il range ces éléments parmi les cellules conjonctives. Voici un premier point sur lequel je m’accorde avec M. Retterer. Je reconnais, de plus, la justesse de sa conception en ce qui concerne la différenciation d’un plasmodium primordial en les colonies cellulaires secondaires de tissu conjonctif. Mais je suis d’avis qu'il existe, indé- pendamment des cellules conjonctives anastomosées entre elles, des cellules conjonclives libres capables de fusionner avec les précé- dentes. À leur état initial, elles sont réductibles à des éléments que l'on peut classer parmi les lymphocytes suivant la nomenclature acluelle. (4) Certains des Mononucléaires du sang doivent être rangés parmi les Macrophages. Ce sont ceux dont la taille dépasse ceile des Polynucléaires, dont le noyau est clair, dont le protoplasma est vacuolisé. Quand, dans un exsudat inflammatoire nous trouvons des cellules de taille différente aptes à détruire des Polynucléaires, nous n'avons pas à nous demander s’il s’agit là, soit de Mononucléaires du sang à type de Macrophages, soit de Macrophages du tissu interstitiel, soit de cellules conjonctives. Ce sont là, quelle que soit leur provenance, des cellules conjonctives adaptées à la fonction giganto- phagocytaire. Je crois enfin pouvoir démontrer prochainement que les Plasma- zellen rentrent dans le groupe des cellules conjonctives primordialement mobiles. 892 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - À leur état le plus différencié, elles répondent suivant leur adaptation fonctionnelle, aux désignations de cellules endothéliales, de cellules connectives, de cellules vaso-formatives, de cellules adipeuses. Elles se sont alors incorporées aux plasmodiums représentés par les endothéliums, par les réseaux de cellules fixes et de cellules vaso-forma- tives, par les amas de vésicules adipeuses. _ Restant libres, elles sont communément cer parmi les Macro- phages. Mais ces Macrophages peuvent se mettre à l’attache sous l’une des formes définies précitées, et réciproquement, des cellules conjonc- tives fixées peuvent être mobilisées pour jouer le rôle de Macrophages libres. (Travail du Laboratoire municipal de l'hôpital Saint-Louis). ASSOCIATION DE L'EAU OXYGÉNÉE ET DU PERMANGANATE DE POTASSE EN THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE, par MM. AUcRÉ et TRIBONDEAU. Les nombreuses observations que nous avons recueillies dans le ser- vice chirurgical de l'hôpital maritime de Rochefort, nous permettent de penser qu'il y à un grand avantage à associer, dans le but d’obtenir une action antiseptique plus puissante, le permanganate de potasse à l’eau oxygénée. Quand on verse une solution de permanganate de potasse sur uüre plaie elle l'influence en cédant de l'oxygène à tous les lissus et à toutes les matières organiques qui entrent dans leur composition, d'où formation d'un précipité de bioxyde de manganèse. ; L'eau oxygénée agit en dégageant de l'O. au contact de certains tissus, le dégagement gazeux ayant une intensité et une durée très variables sui- vant la nature des composants organiques. Les parenchymes glandu- laires, les poumons, les muscles, etc., agissent tous sur H°0?; la peau n’a, au contraire, qu'une action insignifiante. La musculine, la fibrine (Thénard, A. Gautier), les globules du sang, etc., sont actifs à des degrés divers; les albumines, la kératine, l’urée, etc., sont inactives. Si l’on n’emploie que secondairement H°0°? sur une plaie préalable- ment traitée par le permanganate de potasse, on obtient au contraire la mise en liberté de l'O. en présence de tous les tissus et de tous leurs élé- ments organiques. C’est qu’alors ces tissus et ces éléments n’agissent plus en vertu de leur aptitude propre à décomposer H?0?, mais en béné- ficiant en quelque sorte des propriétés du bioxyde de manganèse dont ils sont imprégnés. Si la réaction a lieu en milieu acide — ce qui est toujours le cas quand on emploie H°0* pharmaceutique, — cet H?0? SÉANCE DU 19 OCTOBRE 893 abandonne son oxygène actif pour se transformer finalement en eau, et, de plus, Mn0* lui-même perd une quantité plus ou moins grande de son oxygène et en dernier lieu passe à l’état de protoxyde de manganèse (MnO) soit directement, soit après avoir formé des oxydes supérieurs décomposables spontanément. Aussi l’effervescence de l'O. au contact des tissus permanganatés est-elle remarquablement entense et rapide. Le dégagement gazeux se ralentit et se localise dès que la teinte brune a disparu. Mn0?, corps fortement coloré et très actif, s’est alors trans- formé en MnO, corps presque incolore, et inactif; les tissus n’agissent plus alors sur H°0° qu'en vertu de leurs propriétés intrinsèques. Nous basant sur ces faits, nous imprégnons les tissus et téguments dont nous voulons faire l’antisepsie, d’une solution de permanganate de potasse qui se précipite à l’état de Mn0O*° en leur donnant une teinte brune. (Nous avons soin de pratiquer un savonnage préalable, les ma- tières grasses empêchant la pénétration de l’antiseptique). Nous faisons agir H?0° : une mousse abondante se forme immédiatement; sans l’en- lever, nous appliquons un pansement sec. Nous employons H?0?, phar- maceutique à 10-12 volumes et une solution de permanganate de potasse à 10 p. 1.000 dans les cas ordinaires, à 1 p. 1.000 seulement si nous trai- tons une muqueuse. Nous avons obtenu par cette méthode des résultats remarquables dans tout une série d’affections chirurgicales soigneusement écouvil- lonnées avec des tampons montés imprégnés de permanganate puis d'H°0?, des plaies anfractueuses et souillées se sont réunies par première intention, des cavités suppurantes (abcès, phlegmons, adénites) ont été rapidement taries et comblées. Nous avons guéri en quelques jours par des applications successives des deux antiseptiques, des chancres mous à marche topide. La stomatite et l'angine de Vincent nous ont paru céder plus vite au traitement combiné, qu'à l’eau oxygénée seule; etc. Nous nous proposons de revenir ailleurs et plus longuement sur ces résultats. Mais nous devons ajouter, afin que les expérimentateurs soient prévenus, que notre procédé n’est pas applicable aux affections de l’appa- reil visuel, nos essais chez les animaux ayant déterminé de l'œdème des conjonctives etune opacité persistante de la cornée. De plus, nous avons noté assez souvent une douleur vive, mais passagère, lors de l’applica- tion de la solution concentrée de permanganate sur un tissu avivé. Nous croyons devoir attribuer l'action puissante de la méthode que nous préconisons, à ce qu'elle utilise d’abord les propriétés du perman- ganate de potasse, ensuite à ce qu’elle produit un dégagement rapide et considérable d'O. au contact de tous les éléments organiques. Get O. à l'état naissant doit être d'autant plus actif qu'il provient non seulement de la décomposition de H?0°, mais aussi de la transformation de Mn0”, corps beaucoup plus stable, par un mécanisme encore mal connu, et qui a peut-être lui-même son importance 894 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DISSOSIATION DU PLEXUS BRACHIAL DU GIBBON. par MM. CuemiN et TRIBONDEAU. Nous avons choisi deux jeunes gibbons d’'Indo-Chine, réséqué leurs ns © N.Sus- Scap Ü Sus -Epun PC clavicules, ouvert la gaine des plexus et fait mactrer les pièces dans un SÉANCE DU 19 OCTOBRE 895 mélange de glycérine, d'alcool et de Van Swieten pour durcir les fibres nerveuses et en rendre la séparalion plus facile. La dissociation, pratiquée à l’aide d’aiguilles mousses, a été commencée tout près du trou de conjugaison et poursuivie de haut en bas, contrai- rement à ce qui se fait d'habitude. Le plexus brachial du gibbon est formé, comme chez l'homme, parles quatre dernières racines cervicales et la première dorsale ‘1). Sous l’en- veloppe conjonctive de C°, C° et C”, le paquet des fibres nerveuses pré- sentait un sillon longitudinal, indice d'une division naturelle en deux fuisceaux. En écartant ceux-ci avec de grandes précautions nous sommes parvenus à les séparer complètement. C$ et D’ n’offraient pas de sillon, mais, après avoir paliemment dissocié leurs fibres constitutives, nous vimes qu'on pouvait les grouper aussi en deux faisceaux. Chacune des cinq racines est donc séparable en deux faisceaux. L'un est antérieur, l’autre postérieur. Nous avons poursuivi cette séparation dans le plexus et obtenu deux plans : l’un antérieur ou ventral dont les fibres se rendent exclusivement aux nerfs de flexion du membre supérieur et de la ceinture scapulo-thoracique; l'autre postérieur ou dorsal d’où naissent les nerfs extenseurs. Sur le schéma ci-joint, où nous avons reproduit fidèlement le trajet des faisceaux et filets obtenus par la dissociation, — en ne tenant aucun compte, pour la clarté du dessin, de leur grosseur respective, — on verra aisément la part prise par chaque racine à la formation des nerfs. On remarquera que les deux gros nerfs antagonistes du bras recoivent des filets des cinq racines, l’un par leurs faisceaux A, l’autre par les P ; que les nerfs destinés à un seul muscle de la ceinture proviennent, soit d’une racine unique (n. angulaire), soit de racines multiples (n. grand dentelé). Chaque racine commande à un département musculaire et non à une fonction. Notre schéma anatomique du plexus brachial du gibbon, singe qui possède le bras le plus semblable au nôtre (il est le seul à avoir un fléchisseur propre du pouce indépendant), diffère très peu des schémas du plexus brachial humain construits d’après les observations cliniques et anatomo-pathologiques. (1) Voir la description anatomique détaillée dans la Gazette hebdomadaire des sciences médicales de Bordeaux, Juin 1901. 896 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ERRATUM Dans le dernier numéro des Comptes rendus de la Société, dans la communica- tion de M. Castex, p. 865, au lieu de : « Les limites au-dessus et au-dessous des- quelles le réflexe rotulien est absolument pathologique paraissent être 25 et 30 grammes-centimètres », il faut lire : «... paraissent être 25 et 350 grammes- centimètres ». Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette, 897 SÉANCE DU 26 OCTOBRE {901 MM. Gurzcemonar et Gapriez DELAMARE : Le fer du ganglion lymphatique. — M. Cn. FÉRé : Oscillations inverses du travail des deux mains au cours de la fatigue. — M. E. Hépon : Sur les températures de coagulation des sérums dialysés. — M. le Dr Juzes AuDrain (de Caen) : Note sur le groupement des spermatozoïdes dans les tubes séminifères sur les cellules de Sertoli. — M.MEr1ILcèRE: Sur la tension superfi- cielle des urines. — M. G. Meirrère : Recherche des acides biliaires dans les li- quides organiques, et en particulier dans l'urine. — M. GrorGEes Weiss : Sur l’adap- tation fonctionnelle des organes de la digestion. — M. Eu. BourqueLor : Recherche, dans les végétaux, du sucre de canne, à l’aide de l’invertine, et des glucosides à l'aide de l’émulsine. — MM. L. Grimeerr et G. LEGros : Sur un milieu lactosé, destiné à remplacer le petit-lait tournesolé de Petruchsky. — MM. Jean Camus et P. Facniez : Action destructrice de l’éthéro-bacilline pour les globules rouges. Action empêchante du sérum humain. — M. le Dr Toucxe : Sur un cas d’aphasie motrice. — M. le Dr Arezais : Le canal rachidien et les fonctions de locomotion chez les mammifères. Présidence de M. Netter, vice-président. LE FER DU GANGLION LYMPHATIQUE, par MM. GUILLEMONAT et GABRIEL DELAMARE. (Communication faite dans la séance précédente.) L'étude de l’hématopoièse ganglionnaire s’est, jusqu’à présent, pour- suivie à l’aide de l’histologie ; il nous a paru que les procédés chimiques, le dosage du fer notamment, pouvaient fournir à ce sujet quelques données intéressantes. Nous avons dosé le fer des ganglions mésentériques et, comparative- ment, celui d'un organe témoin; tel que le poumon, le testicule et la moelle osseuse. L'animal étant sacrifié par hémorragie, et les ganglions étant lavés à l’eau distillée, le dosage a été effectué par la méthode de Lapicque. Pour éliminer le fer alimentaire, nous avons, deux fois, utilisé les ganglions d'animaux morts d’inanition. Pour apprécier les variations du Biococre. Comptes RENDUS. — 1901. T. LIT, 69 898 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fer dans les suractivités fonctionnelles de ces organes, nous avons fait la même recherche tantôt après des saignées Ares pendant quinze jours, lantôt après la splénectomie. Voici les résultats obtenus : GANGLIONS GANGLIONS RAP fn. te MOEL mésentériques. bronchiques. FOUMONS TESRTQURE me ( Traces Traces GE AN CANEN : DE OR ATITESe » plus fortes. » » HAE EAN Id. » Id. » » RO D tele Id. ) Id. » » Porc ANNE 0502 0, 00 )) ») » » Chien 0505 0/00 0558 0/00 ») 0503 0/00 » Chien, inanitié 26 jours. Lapin . 0:03 0/00 : ; ; 0:02 0/00 ) 050% 0/00 » » 12 jours. Lapin saigné. Lapin, 3 jours après splénectomie. Lapin, 6 jours après is Veau. . Lapin, inanilié Traces. » » » » 081 { 0/00 » ») )) ») » » » » 0812 0/00°+ Ainsi, chez les différents animaux examinés, la quantité de fer a oscillé entre des traces infinitésimales et 0 gr. 58. - Il est bien évident que ce dernier chiffre tient aux matières ferrugi- neuses parvenues de l'extérieur dans les ganglions bronchiques. Nous ne devons pas en tenir compte. C'est donc six jours après la splénec- tomie, au moment où le taux de l’'hémoglobine du sang est diminué, qu’on trouve la plus grande quantité de fer dans les ganglions mésen- tériques. Et cette quantité (0 gr. 11 p. 1.000) est voisine de celle ren- contrée dans la moelle osseuse du veau (0,12 p. 1.000). Dans l’inanition, au contraire, le fer diminue : le ganglion mésenté- rique de chien inanitié en contient 0,03 p. 1.000, celui de chien normal, 0,05 p. 1.000 ; le ganglion de lapin inanitié n’en présente que des traces, tandis que celui de lapin normal en a 0,02 p. 1.000. En somme, nous trouvons chez le chien, le lapin et le porc normaux une quantitéde fer, sinon très considérable, dumoins appréciable, et com- palible avec l'existence du processus hématopoiétique dont lhistologie tend à démontrer la réalité. SÉANCE DU 26 OCTOBRE 899 Il est vrai que l'analyse chimique révèle des traces minimes de fer dans les ganglions du rat gris, animal chez lequel l’un de nous a trouvé de nombreuses hématies nucléées. Pour expliquer cette discordance apparente, il suffit de rappeler que sur quatre ganglions de rat examinés histologiquement, un seul possédait des cellules de Neumann. À vrai dire, la chimie se joint à l’histologie pour prouver l'inconstance de l’'hématopoièse ganglionnaire. (Travail du Laboratoire de médecine expérimentale de l'Ecole des Hautes-E tudes : Collège de France.) OSCILLATIONS INVERSES DU TRAVAIL DES DEUX MAINS AU COURS DE LA FATIGUE, par M. Cu. FÉRÉ. En étudiant les modifications de l’excitabilité et de la suggestibilité au cours de la fatigue dans des expériences de longue durée, j'ai observé un fait qui m a paru digne d'intérêt. Si on travaille à l'ergographe de Mosso alternativement avec les deux mains en faisant des séries d'ergogrammes séparées par des intervalles d’une minute, chaque série séparée de la précédente par un repos de cinq minutes (3 kil. chaque seconde), on voit d’abord que le travail préalable d'un médius donne une plus-value au travail suivant de l’autre médius; puis le travail des deux médius diminue. Au bout d'un temps variable, la fatigue s'accuse très rapidement dans le médius qui a com- mencé à travailler. Cette accumulation rapide de la fatigue dans la main qui a travaillé la première coïncide avec un relèvement du travail de l’autre main, et ce relèvement peut se manifester par un travail qui dépasse de beaucoup le travail initial. Si on continue l'expérience, on voit que lorsque la main qui s’est fatiguée la première n’a plus donné qu'un travail insignifiant, elle reprend de l'énergie. Le travail de l’autre nain commence à diminuer graduellement pour se relever ensuite. Ces oscillations inverses continuent et s’accélèrent si le travail se prolonge. Le phénomène se produit si on travaille sans excilation, mais il paraît s’'accentuer si on fait intervenir une excitalion sensorielle ou un exereice préalable d’une maiv, qui détermine une exaltation du travail. Les expériences seront publiées. L'expérience que je donne comme exemple, a duré 6 heures 45. Si on fait le compte de la durée des repos et du nombre des soulèvements, on obtient une durée de 6 h. 34 34". On n’a perdu qu'un peu plus de dix minutes pendant toute la durée de l'expérience, c’est-à-dire un peu plus de 2,50 p. 100; on peut considérer l'expérience comme suffi- samment exacte. 900 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Expérience. — Travail alternatif des deux médius. Quand le médius gauche travaille, l'œil gauche recoit la lumière à travers un verre rouge, et l'œil droit est clos. Quand le médius droit travaille, les deux yeux sont éclairés à la lumière du jour. Le rapport du travail au travail normal est établi en prenant la moyenne du travail normal (le matin, après un repos complet) de deux expériences précédentes, soit 22,41 pour le médius droit, et 16,45 pour le médius gauche. ) TRAVAIL RAPPORT DU TRAVAIL SÉRIES en kilogrammètres. au travail normal. d'ergogrammes. TER ne Médius droit. Médius gauche. Médius droit. Médius gauche. 1 » d'OPYM » 101,94 2 23,29 » 103,92 » 3 Die 18,57 » 112,88 % 18,57 » 82,86 » 5 » 12,88 » 78,29 6 25,98 » 145,93 » 7 » 6,75 » 41,03 8 29,34 » 130,78 » 9 » 3,09 » 18,78 10 30,90 » 137,88 » 41 » 2,34 » 14,22 12 32,911 » 144,44 )) 13 » 1,98 » 12,03 1% 9,04 » 42,57 » 15 » 15,78 » 95,92 16 1,62 » 7,22 » 17 » (KO » 101,94 18 1,20 » 299 » 49 » 17,07 » 103,76 20 a 10 » 5,22 » 24 » 14,07 » 83,99 22 13,32 » 59,43 » 23 » 2,13 » 34,83 2 4 18,60 » 82,99 » 25 » 3,81 » 23,16 26 13,23 » 59,38 » 27 » 2,07 » 12,58 28 13,74 » 61,84 » 29 » 4,05 » 6,38 30 14,49 » 64,65 » 31 » 18,90 » 114,89 32 1583 » 8,16 » 33 » 14609 » 71,67 34 12,60 » 56,22 » 39 » 1,38 » 8,38 36 15, » 70,41 » 31 » 13,98 » 84,98 38 6,93 » 4,14 » 39 » 5,13 » 31,18 40 0,69 ») 3,07 » 41 » 0,87 » D,28 42 14,73 » 65,72 ) Ces oscillations inverses du travail des deux mains au cours de la SÉANCE DU 26 OCTOBRE 9OL fatigue, ne sont pas sans analogie avec le transfert des actes que l’on peut provoquer chez les hypnotiques par les excitations sensorielles, et par les æsthésiogènes (1). SUR LES TEMPÉRATURES DE COAGULATION DES SÉRUMS DIALYSÉS, par M. E. HÉpox. L'albumine (du sérum ou de l'œuf) privée de ses sels par dialyse cesse d’être coagulable par la chaleur et par l'alcool. Ce fait a été vu par beaucoup d'auteurs, depuis qu'Aronstein l’annonca en 1874. Rosenberg, en particulier, a montré que les solutions albumineuses dialysées, jusqu’à ce qu’elles fussent complètement neutres et extrêmement appauvries en sels, ne coagulaient plus à l’ébullition, et prenaient seulement une opalescence leur donnant l'aspect du lait, mais sans formation de précipité visible au microscope ou séparable par filtration. Ces solutions redevenaient coagulables par addition de sels. J'ai eu l’occasion de constater les mêmes faits sur divers sérums dialysés et de faire en outre les observations suivantes. Du sérum de chien fut soumis à une dialyse énergique pendant huit jours à la glacière, jusqu'à ce que sa réaction fût parfaitement neutre au papier de tour- nesol, puis filtré pour séparer le précipité de globuline. Bouilli dans un tube à essai, ce sérum, d’ailleurs très limpide, resta liquide et prit seu- -lement un aspect fortement laiteux. Le trouble me parut au microscope constitué par un fin précipité moléculaire, très difficile à distinguer; ce précipité demeurait indéfiniment en suspension. Tout le reste du sérum (soit 350 centimètres cubes) fut alors évaporé au bair-marie à 100 de- grés dans une large capsule, de facon à le ramener à sa concentration primitive (200 centimètres cubes). Or, pendant l’évaporation, le sérum (dont la température ne dépassa pas 80 degrés centigrades) prit un aspect tout différent du précédent. Sur les parois de la capsule apparu- rent des bulbes gazeuses, et en même temps il s’y forma une couche translucide d’albumine coagulée. Le reste du sérum demeura fluide et se troubla à peine ; après l'avoir filtré, on constata qu’il ne prenait plus l'aspect laiteux à l’ébullition, et que sa légère opalescence n'était même pas augmentée (2). Ce sérum fut alors distribué en tubes scellés et (1) A. Binet et Ch. Féré. L'hypnotisme chez les hystériques. Le transfert, Revue philosophique, 1885, t. XIX, p. 8. (2) Cette différence dans l'aspect du sérum suivant le mode de chauffage me parait due au départ de l'acide carbonique pendant l'évaporation. Quelques bulbes de C0? provoquent en effet la coagulation du sérum dialysé, même à froid. 902 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chauffés au bain d'huile pour étudier l'effet de températures supérieures à 100 degrés. En portant le bain assez rapidement à 150 degrés centi- grades, tous les tubes y étant plongés et retirés successivement à inter- valles rapprochés, on eut : à 110-120 degrés, peu de modifications; à 195 degrés, le trouble laiteux commence à apparaître et s’accentue à 130 degrés. À 140 degrés, le sérum devient fortement laiteux, mais reste fluide. À 150 degrés, il se prend en masse. En maintenant le sérum à une même température pendant un certain temps, on eut : à 100 degrés centigrades, ébullition indéfinie au bain-marie, sans modifications; à 120 degrés pendant trois heures, pas de coagulation. À 135 degrés pendant une heure, le sérum devient fortement laiteux, mais reste fluide. A 440 degrés, coagulation en un bloc opaque en quarante mi- nutes. À 150 degrés, coagulation en dix minutes. Telle est donc la résistance du sérum de chien dialysé, à la coagulation par la chaleur. L’addition de petites quantités de différents sels abaisse fortement le point de coagulation. £'x. : 4 centimètres cubes de sérum additionnés de 0 gr. 001 de CaCË coagulent à 95 degrés centigrades ; avec 0,02 ils coagulent à 55 dezrés. Si la dialyse est poussée moins loin, de facon que le sérum garde encore une faible alcalinité, on constate d’autres particularités. Du sérum de chien dialysé seulement pendant trois jours fut évaporé au bain-marie jusqu'au volume primitif. Bouilli, il resta fluide et ne pré- senta qu'une légère opalescence, mais par refroidissement il se prit en gelée ; le coagulum, qui avait l'aspect de la gélatine, redevenait fluide à l’ébullition, mais se reprenait très rapidement en masse par refroidis- semeni. / J'ai observé des phénomènes ee avec le sérum de bœuf. Pour le sérum du cheval, l'incoagulabilité par la chaleur n'apparait qu'au début de la dialyse, lorsque le sérum est encore alcalin; plus tard; il redevient coagulable, et la dialyse la plus RHONE ne parvient pas à lui enlever cette propriété. Du sérum de cheval après quinze jours de dialyse prenait bien un aspect laiteux quand on le chauffait brusquement à 100 degrés centigrades, mais il s’y formait aussi des grumeaux; de plus, si, au lieu de le chauffer rapi- dement sur une flamme, on élevait progressivement sa température au bain- marie, il se prenait en un bloc blanc à 80 degrés centigrades. Mais ce sérum était devenu très sensible à l’action des acides et des alcalis. L’addition d’une petite quantité d'acide acétique (1/250°) ou d’HCI, ou de phosphate acide de sodium, l’empêchait complètement de coaguler à 100 degrés. Une trace de soude (1/3800°) suffisait à produire le même résultat; de même de petites quantités de sels alcalins, comme le phosphate disodique. Le sérum ainsi acidifié ou alcalinisé restait absolument limpide à l’ébullition ; on remarquait seulement que sa matière colorante pâlissait. Pour rendre coagulable le sérum additionné de soude, il suffisait d'y introduire des sels, en quantité variable SÉANCE DU 26 OCTOBRE 903 suivant les différentes espèces. On observa notamment qu'avec NaCI, AzHCI, CaCP, SO‘Mg,NaCI (AzH'}2S0*, on obtenait un coagulum compact à l’ébullition, tandis que l'addition de sulfate de soude, oxalate de soude, acétate de soude, iodure et bromure de potassium n’amenait que la production d’un louche. NOTE SUR LE GROUPEMENT DES SPERMATOZOIDES DANS LES TUBES SÉMINIFÈRES SUR LES CELLULES DE SERTOLI, par M. le D" Jures Auprain (de Caen). En examinant la disposition des spermatozoïdes sur les cellules de Sertoli, il nous a paru qu'ils sont très fréquemment placés quatre par quatre. Leur mode de groupement est du reste différent suivant le niveau examiné. Sur l'extrémité libre de la cellule en chandelier, ils sont en grand nombre, mais à mesure qu'on descend vers la zone moyenne de cette cellule, ils apparaissent plus clairsemés, mais cependant en petits groupes distincts. Ainsi l’on ne trouve pas de spermatozoïdes isolés ; même nous n’en avons jamais vu moins de quatre ensemble. Ce sont des petites touffes de spermatozoïdes situées de place en place, et bien dis- tinctes les unes des autres au niveau du tiers moyen de la cellule. Or, nous l’avons dit, ces touffes sont très souvent formées de quatre spermatozoïdes; les têtes convergent vers un même point, deux parais- sant accolées par leur sommet, les deux autres très rapprochées. Les queues vont en divergeant suivant un angle plus ou moins aigu; l’en- semble donne l'aspect de quatre branches d’éventail, avec très peu de distance entre elles au niveau de leur centre de convergence. Ceci paraît surtout évident lorsque l’on rencontre bien isolé un bouquet de quaire spermatozoïdes. Or, même lorsqu'il s’en trouve un amas plus important, l'on peut retrouver la disposition précédente, en se guidant sur l'aspect en éventail que prennent les queues libres, flottantes, la réunion des têtes formant une tache foncée un peu vague, lorsque une ou deux têtes sont situées en arrière sur un plan très rapproché. Même plus haut il est fréquent de retrouver le même type de grou- pement si un des bouquets se trouve un peu isolé. Cet aspect disparait complètement lorsque les spermatozoïdes quittent leur point d'attache à la cellule de Serlcli pour tomber dans la lumière du tube séminifère. Il ne semble pas du reste qu'il y ait adhérence entre eux puisqu'ils ne Sont en contact que par le sommet de la tête, et même qu'il y a fré- quemment un petit intervalle entre deux têtes. Les examens ont porté sur des coupes de testicule de cobaye, de lapin et de chien. 904 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces préparations ont été colorées soit au carmin d’alun, soit à l'héma- toxyline-éosine. Les têtes des spermatozoïdes y avaient l’aspect de petits bâtonnets qui, fortement colorés, se montraient très distincts sur le fond de la cellule de Sertoli. Cette disposition, insignifiante en soi, ne parait-elle pas bien en rap- port avec la théorie actuelle de la formation des cellules de Sertoli? Le groupement par quatre serait l'indication que les cellules filles nées du dédoublement des noyaux de la spermatogonie puis des sper- matocytes auraient gardé quelque relation protoplasmique, quelque point d’appui commun, provenant par conséquent de leur cellule d’ori- gine. Et à mesure que les cellules filles évoluent vers le type final de sper- matozoïdes, elles s’éloignent de la paroi en gardant leurs connexions avec la paroi, au point où se trouvait la spermatogonie primordiale. Il serait donc séduisant d'admettre que les spermatozoïdes gardent en quelque sorte leur marque d'origine, jusqu’au moment où, adultes, ils tombent dans la lumière du tube. SUR LA TENSION SUPERFICIELLE DES URINES, par M. G. MEILLÈRE. Il paraiîtrait résulter des dernières publications sur la tension super- Ne: ficielle des urines que les variations de cette dernière sont uniquement dues à l'élimination des pigments et des acides biliaires. L'expérience montre cependant que tous les constituants organiques de l’urine ont une influence appréciable sur la tension superficielle, et que, par suite, celle-ci diminue rapidement quand la concentration augmente pour une raison quelconque. Toute urine à densité élevée aura donc une faible tension superficielle, sans que l’on soit autorisé à conclure que ce liquide contient des pigments ou des sels biliaires. La technique adoptée pour la mesure de la tension appelle également quelques critiques. L'épreuve au soufre varie avec l'échantillon de poudre employé et avec la façon de pratiquer l'essai. La forme du vase, la température, le degré d'acidité, la plus ou moins grande quantité de gaz ou de tout autre composé volatil dissous influent également sur le phénomène et lui enlèvent toute précision en introduisant des causes de perturbation avec lesquelles il faut forcément compter. L'épreuve au compte-gouttes présente moins d’aléa : encore Race il la pratiquer avec un instrument propre à cet usage, comme le compte- gouttes normal de Duclaux, d’une capacité de 5 centimètres cubes, qui SÉANCE DU 26 OCTOBRE 905 donne, avec les urines de concentration moyenne, 107 à 110 gouttes, à la température des laboratoires et des salles de malades (175). Toute urine riche en pigments — quelle que soit d’ailleurs la nature de ces derniers — donne un chiffre beaucoup plus élevé. Voici, à titre d'indication, quelques nombres obtenus avec le compte- gouttes de Duclaux sur des dilutions à un titre connu de bile ou d’acides biliaires. Solution de bile humaine à {1 p: 100... . : . .: . . 128 gouttes. he Sal LE ET DNA ANNE AI MUR ARE pet a 1 DA AO ANA ENR NE Aq RQ Solution de glycocholate de soude 100€. . . . . . . . 150 — Eau distillée (essai de l'instrument à la température dunlaboratoire) 40% SAR Er ee EU — Pour déterminer les rôles respectifs des pigments et des acides biliaires dans la production des phénomènes, il ne faut donc pas se borner à la mesure de la tension de l'urine, il conviendrait même de faire cette détermination sur les pigments et les acides isolés. On pourrait, par exemple, après avoir éliminé les pigments par le sul- fure de plomb, déterminer la tension superficielle du liquide décoloré (et soigneusement privé de gaz hydrogène sulfuré). Les pigments biliaires pourraient être extraits par le chloroforme. Il serait facile de les faire passer ensuite dans de l’eau ammoniacale. On déterminerait ensuite la tension sur le liquide privé de chloroforme et d'ammoniaque en excès, puis ramené au 1/10 du volume de l'urine traitée; on aurait ainsi la mesure de la tension due à l’ensemble des éléments biliaires (acides et pigments). En résumé, sans nier l'influence marquée que peuvent avoir les produits biliaires sur la mesure de la tension superficielle, il est prudent de ne pas accorder à cette dernière une valeur diagnostique absolue. Il faut simplement voir dans le nombre de gouttes fournies par le compte- gouttes de Duclaux un indice urinaire qui n’a de valeur qu’autant qu'on le compare aux indices qui mesurent la concentration de l'urine, c’est-à- dire la densité, le résidu sec, l'indice hypobromique calculé en urée, et le point cryoscopique (voir notre communication sur les indices uri- naires, Société de Biologie, mars 1900). Il faut surtout se garder de considérer cet indice comme un élément de mesure, même approxima- tive, de l'élimination des acides biliaires : le passage de ces acides, à dose appréciable, dans l'urine, ne se produisant que d’une facon très fugace, et dans des circonstances tout à fait exceptionnelles. 906 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHE DES ACIDES BILIAIRES DANS LES LIQUIDES ORGANIQUES, ET EN PARTICULIER DANS L'URINE, par M. G. MEILLÈRE. Les méthodes classiques de séparation des acides biliaires ne se prêtent pas à la recherche des faibles quantités de ces acides qui peuvent se trouver dans les liquides de l'organisme. Les précipitations mulliples que nécessitent ces procédés amènent l'entraînement réei- proque de corps à fonclions complexes et à poids moléculaire élevé; aussi l'expérience montre-t-elle qu'on ne peut, à coup sûr, retirer d'un liquide organique les traces d'acides biliaires qu’on y a introduites en vue de contrôler ces méthodes de recherche, le résultat étant subor- donné à une foule de conditions expérimentales dont l'opérateur ne peut calculer l'influence. : Pour le cas particulier de l’urine, nous avons constaté que l’on pou- vait facilement retirer les acides biliaires de ce liquide, préalablement additionné de 1 p. 100 d'acide sulfurique, en l'agitant par petites por- tions (10 centimètres cubes) avec un grand excès d’éther sulfurique, d’éther acétique ou de chloroforme. Cette opération se fait assez rapide- ment si on dispose d’un jeu d’allonges à robinet de forme cylindrique, d’une capacité de 5 à 600 centimètres cubes. La décantation s'opère dans un de ces appareils, pendant que l’on pratique l'agitation d’une dose de liquide dans un autre récipient (1). L'épuisement terminé, l’éther est agité avec une dose d’eau distillée acidulée, égale aux doses fractionnées d'urine primitivement employées, afin d'enlever complète- ment les gouttelettes d'urine qui peuvent souiller les parois des allonges ou se trouver en suspension dans l’éther. Ce lavage enlève, en outre, la plus grande partie de la matière colorante entraînée par les acides biliaires. 11 suffit d’agiter ensuite l’éther avec 5 centimètres cubes d’ammoniaque au 1/5, pour enlever les acides biliaires encore souillés par une trace de pigment urinaire. On complète alors un volume représentant une partie aliquote de la quantité d'urine traitée (un dixième ou un vingtième du volume), et on détermine la tension superficielle du liquide au moyen du compte-goultes de Duclaux, après avoir toutefois éliminé par la chaleur la petite quantité d’éther que le liquide a pu dissoudre. L'urine normale ne doit pas donner dans ces conditions plus de 120 gouttes pour 5 centimètres cubes. On essaie ensuite sur À centimètre cube de liquide ammoniaeal la réaction de Pettenkofer. Pour réussir cette réaction, on évapore le (1) Une petite quantité d'iodhydrargyrate de potasse favorise le passage des acides biliaires dans l’éther. SÉANCE DU 26 OCTOBRE 907 liquide à sec, puis on verse sur le résidu refroidi 5 gouttes d'acide sulfurique aux deux tiers en volume. On étale ce liquide dans le fond de la capsule, on pose ensuite sur le bord de l'essai un morceau de saccharose gros comine une tête d’épingle, puis on porte la capsule sur un bain-marie chauffé vers 40 à 50 degrés. Le morceau de sucre s’imbibe peu à peu de liquide et prend une teinte rosée, si l'essai con- tient un dérivé de l’acide cholalique. Toute élévation de température et tout excès de concentration de l'acide amène rapidement la destruction du sucre et la production d’une teinte jaune-brun qui masque la couleur rose-carmin. Le liquide examiné au spectroscope doit présenter deux raies d'absorption, l’une entre Det E, l'autre un peu avant la raie F du spectre solaire. On décèle facilement par cette méthode 1 centigramme de glÿcocho- late de soude. introduit dans 1 litre d'urine, même en ne prélevant que 25 centimètres cubes pour opérer l'extraction. L'opération se complique un peu quand l'urine est fortement chargée de pigments solubles dans l’éther. En pareil cas, après avoir essayé de produire la réaction directe sur 1 centimètre cube de liqueur ammonia- cale, on cherche à séparer les pigments par un artifice quelconque. On ne doit pas songer à employer le charbon, qui enlève les acides biliaires et les relient aussi énergiquement que les matières colorantes, mais on peut essayer de décolorer au moyen du sulfure de plomb, produit au-sein même de la liqueur par l'addition de 10 gouttes d’acétate basique de plomb, suivie d'un traitement par l'hydrogène sulfuré. Il suffil de centrifuger et de décanter pour obtenir un liquide décoloré. Cette manipulation pourrait être d’ailleurs exécutée sur l'urine elle- même avant le traitement à l’éther. La réaclion de Pettenkofer étant due à l’action du furfurol sur l'acide cholalique, on pourrait employer du furfurol au lieu de sucre. Il con- viendrait, dans ce cas, de préparer de l'acide aux trois quarts addi- tionné d’une goutte de furfurol ou de 5 centigrammes de furfuramide cristallisé pour 40 centimètres cubes. Cet acide furfurolé, réactif très sensible d'un grand nombre de corps organiques, se colore de lui-même par l'action prolongée de la chaleur; il convient done de chauffer au bain-marie deux capsules contenant chacune 2 centimètres cubes de cet acide, et de verser dans l’une d'elles le liquide à essayer, en évitant de mêler les liqueurs. On opère ainsi par comparaison, et la réaction acquiert une plus grande sensibilité. Pour rechercher les acides biliaires dans les liquides séreux, il faut coaguler l’albumine à chaud par une addition de 4 volumes d'alcool et d’une petite quantité d'acide trichloracétique. Le coagulum est lui- même lavé à l'alcool bouillant pour retirer l'acide taurocholique que l’albumine retient énérgiquement. L'alcool laisse par lévaporation un résidu que l’on traite par une des méthodes que nous avons indiquées. 908 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR L'ADAPTATION FONCTIONNELLE DES ORGANES DE LA DIGESTION, par M. Georces Weiss. Diverses raisons m'ont engagé à étudier l’influence_de la nature de l'alimentation sur la morphologie du tube digestif des animaux. Il existe déjà dans la science des recherches de ce genre, mais elles sont en partie contradictoires, et ne me semblent pas avoir donné tout ce qu'on est en droit d'en espérer. Je rapporterai aujourd’hui les résultats d’une première série d’expé- riences. Les photographies et les préparations que je présente à la Société proviennent de quatre canards dont deux ont été soumis pendant quatre mois et demi au régime exclusif de la viande de cheval. Deux autres ont été, pendant le même temps, uniquement nourris avec du grain, blé et maïs. : Voici quelles ont été les conséquences de ce régime. Je dirai d’abord que les canards à viande étaient beaucoup plus grands que les canards à blé, le rapport de leur poids était d'environ 3/2. Je ne pense pas que ce soit accidentel, maïs le nombre de mes expériences est trop restreint pour que je puisse considérer ce fait comme général. Malgré celte belle apparence, les canards à viande étaient moins vifs que les canards à grain, ils étaient aussi moins robustes, leur plumage était plus rare, moins beau, et à l’autopsie leur chair se montra moins abondante et moins ferme. Ils n'avaient ques fort peu de graisse, en comparaison des canards à grain. En examinant les viscères je constatai qu'il n’y avait pas de différence appréciable entre les gésiers de cés divers animaux, et les écarts étaient très irréguliers. Il n'en était pas de même pour le ventricule succen- turié beaucoup plus développé chez les canards à viande que chez les canards à grain, ainsi qu'on peut le constater sur les photographies. Toutes les pièces furent placées dans la liqueur de Gilson, et j'en ai fait quelques préparations colorées à l'hématoxyline et l’éosine. Il n’est pas indispensable d'examiner ces préparations au microscope : une bonne loupe, ou même pour certaines choses l’œil nu, suffit pour montrer combien est grande la différence apportée dans les organes des deux espèces de canards par leur régime alimentaire. Ainsi, sur les coupes du ventricule succenturié on voit, chez les canards à grain, au milieu de chaque glande, une tache rose. Cette tache correspond à un groupe de cellules colorées par l’éosine, elles font complètement défaut chez les canards à viande. Le pancréas montre des différences analogues, mais c’est surtout sur l'intestin que l'écart devient considérable. Le canard à viande a, comme SÉANCE DU 26 OCTOBRE 909 les carnivores, des villosités très longues; le canard à grain a, comme les herbivores, des villosités courtes. Le régime alimentaire apporte donc rapidement des modifications importantes dans la structure des organes de la digestion des animaux. Cependant sur certains points cette aclion n’est pas appréciable. C'est ainsi que le gésier, comme je l’ai déjà dit, ne semble pour ainsi dire pas se modifier. Alors que le ventricule succenturié d’un canard nourri à la viande prend un aspect très analogue à celui du ventricule d’un corbeau, la musculature du gésier conserve une masse sensible- ment aussi considérable que chez le canard à grain. Chez le corbeau cette musculature est très réduite. Il y a donc une certaine fixité hérédi- taire très stable, et il y a lieu de se demander quelle serait l'influence du régime spécial dans une succession de générations. Ce problème ne m'a pas paru facilement abordable chez le canard dans les conditions d’ins- tallation où je me trouve, j'ai fait une autre série d'expériences sur la souris. Deux fois déjà j'ai échoué dans cette voie : les souris au grain prospèrent et reproduisent, mais les souris à la viande périssent au bout de deux ou trois mois. Cela tient peut-être à l'emploi de la viande de cheval, Pflüger a en effet démontré récemment que l’usage prolongé de cet aliment était nuisible à la santé des animaux. J'ai donc commencé de nouvelles séries, en ne donnant à certaines souris que du veau; si je puis de cette facon conserver les générations successives, en comparant les organes de la digestion dans les deux séries, Je pourrai peut-être apprécier la part due à la fixité héréditaire, et celle due à l'adaptation fonctionnelle. Il y aussi lieu de reprendre l'expérience sur les canards, pour voir si je n'ai pas été induit en erreur par l'emploi de la viande de cheval. (Travail du laboratoire des travaux pratiques de physique biologique de la Faculté de Médecine de Paris.) RECHERCHE, DANS LES VÉGÉTAUX, DU SUCRE DE CANNE, A L'AIDE DE L'INVERTINE, ET DES GLOCUSIDES A L'AIDE DE L'ÉMULSINE, par M. Em. BourQuELoT. La présence du sucre de canne a déjà été signalée dans un grand nombre de végétaux. Il est certain, cependant, qu’en raison de l'imper- fection des méthodes suivies jusqu'iei pour le rechercher, ce principe a dû échapper fréquemment à l’expérimentateur. On a presque toujours eu recours, en effet, à l’une des deux mé- thodes suivantes : Ou bien on a cherché à séparer le sucre en nature, ce qui ne réussit 910 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que quand les proportions en sont assez élevées, et exige souvent des manipulations longues et délicates. Ou bien on a fait agir à chaud sur les tissus ou extraits de tissus, un acide minéral étendu, réactif qui dédouble le sucre de canne; de telle sorte que l'analyse de ces tissus ou extraits, avant et après l'opération, a pu fournir, parfois, des résultats positifs. Mais les acides minéraux ne dédoublent pas seulement le sucre de canne, ils dédoublent encore ies inulines, les amidons et les glucosides; aussi les conclusions ont-elles été incertaines dans un grand nombre de cas. Il existe un réactif qui, préparé et employé selon des règles connues, ne présenlte pas ces inconvénients. Ce réactif, c’est l’invertine de la levure. L’inverline qui dédouble le sucre de canne, dédouble aussi, il est vrai, le gentianose et le raffinose; mais ces deux derniers sucres sont rares et l'analyse de leurs produits de dédoublement ne permet pas de les confondre avec le sucre de canne. Je résume ci-dessous les recherches que j'ai faites avec ce réactif : 1° sur un organe souterrain (rhizome tuberculeux de Scrophularia nodosa L.): 2° sur le péricarpe succulent d’un fruit (Cocos Fataiï) ; 3° sur une graine à albumen corné (4sparaqgus officinalis L.). J’y joins les essais que j'ai faits sur les mêmes organes avec l’émulsine qui peut, comme on le verra, donner des indications très précises sur l’existence, dans un tissu végétal, d'un des glucosides appartenant au groupe de ceux, connus ou inconnus, qui sont dédoublés par ce ferment. Le rhizome de Scrophularia nodosa, récolté au printemps, a été découpé, quelques heures après la récolte, dans de l'alcool à 95 degrés. maintenu bouillant dans un ballon chauffé au bain-marie. Le ballon ayant été ensuite relié à un réfrigérant à reflux, on a continué l’'ébullition pendant un quart d'heure. Après refroidissement, on a exprimé et filtré : la quantité d’alcoolature ainsi obtenue s'élevait à 800 centimètres cubes pour environ 400 grammes de rhizome. On en a prélevé 150 centimètres cubes que l’on a évaporés au bain-marie après addition de quelques décigrammes de carbonate de calcium précipité. Le carbonate est ajouté pour saturer les acides végétaux qui, en solution aqueuse et à chaud, intervertiraient rapidement le sucre de canne. Le résidu a élé repris par de l’eau thymolée, de facon à obtenir 50 centimè- tres cubes de liquide. Après filtration, on a fait les mélanges suivants : À. Bec ennliré ER CENTRES ENDES. Eau saturée de noi SP RAID — B. Liquide" Altremamnnn: Re DS RE LD) — Solution d’invertine ty ne D TAULE AO) — Pour préparer la solution d'invertine, on a agité de la levure haute dans de l'alcool à 93 degrés; on a essoré et fait sécher à l’étuve à 30 degrés; on a tri- turé ensuite 1 gramme du produit sec dans 100 centimètres cubes d’eau thy- molée, et filtré. SÉANCE DU 26 OCTOBRE 911 Les deux mélanges ont été abandonnés à la température du laboratoire (15 à 17 degrés) pendant trois jours; après quoi on à ajouté à chacun d'eux 1 centimètre cube de sous-acétate de plomb au quart, et filtré. Finale- ment les liquides ont été soumis à l'examen polarimttrique, et analysés à la liqueur de Fehling. l'observation polarimétrique à été faite dans un tube de 20 centimètres, mais les résultats ont été calculés pour un tube de 21 centi- mètres; de même les proportions de sucre réducteur trouvées ont été aug- mentées de 1/20, le liquide primitif ayant été, comme on l’a vu, additionné de 1/20 de sous-acétate de plomb : Liquide A. Déviation. . .. D Da OO EN SUCREMPÉdUE TEEN MIDUNCNC EN 05140 Biquid'e BP AD EM ATIONEMIES RE PRONN NET os SUCLENE UE LEU Ep MOONC NC MAMMA 05460 Il s'est donc formé 0 gr. 320 de sucre réducteur, et celui-ci ‘est du sucre interverli. En effet, et c'est là une preuve de la précision de la méthode, le calcul établit que 0 gr. 320 de sucre interverti représentent à 17 degrés une déviation gauche de 0°195; ils proviennent de 0 gr. 303 de sucre de canne, dont la déviation droite était de 0°404. — De telle sorte que la déviation primitive, 1°43”, a dû diminuer de 32 minutes. Or on à trouvé 30 minutes : la concordance est aussi parfaite que possible. Comme le sucre de canne s’intervertit tout entier sous l'influence de l’invertine lorsque ses solutions sont diluées et à condition d'attendre un temps suffisant (comme on l’a fait dans ces expériences), on voit qu'il pourrait être dosé par cetle méthode. C’est ainsi que si l’on admet que les 800 centimètres cubes d’alcoolature représentent les 400 grammes de rhizome, ce qui n’est pas tout à fait exact, le calcul indique pour ce rhizome une proportion de 4 gr. 054 de sucre de canne par kilogramme. Ce n'est pas tout : un second essai B, portant sur 30 centimètres cubes de liquide filtré, « été fait en même temps que le premier. Au bout de trois jours, et bien que laction de l’invertine fût terminée, on a porté le mélange à 100 degrés pour détruire le ferment. Après refroidisse- ment, on à ajouté 0 gr. 05 d'émulsine pour 40 centimètres cubes de mélange, et on à abandonné à la température du laboratoire. La rotation du liquide et son pouvoir réducteur ont augmenté peu à peu, et 5 jours après l'addition de l’émulsine l’analyse a donné les résultats sui- vants : DÉVATONNANE AREAS EN ARR TRS MO 4 Oo SUCTEMÉdUCreUR DAHOO!C CHAR PRANMEN a 05558 Sous l'infiuence de l'émulsine, il s’est donc formé 0 gr. 098 de sucre réduc- teur. Comme la rotation du liquide a augmenté considérablement (36 minutes), il est vraisemblable que le sucre réducteur provient d’un glucoside lévogyre comme le sont les glucosides naturels connus jusqu'ici, qui sont dédou- blables par l'émulsine. 912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A En étudiant de façon analogue le péricarpe du Cocos Yatai et la graine d'asperge, on a trouvé que le premier renfermait, à côté d’une certaine proportion de sucre réducteur, environ 25 grammes de sucre de canne par kilogramme, et la seconde environ 15 grammes sans trace de sucre réducteur. Ni l’un ni l'autre des deux organes n’a donné de réaction avec l’émulsine, ce qui montre qu'ils ne renferment pas de glucoside dédoublable par ce ferment. On voit par ce qui précède que la méthode, telle que je viens de l’exposer, peut rendre de réels services dans l’analyse immédiate des végétaux. Elle est d’ailleurs employée depuis quelque temps dans mon laboratoire, et elle a donné, en particulier dans l'étude d’un certain nombre de graines à albumen corné, des résulats très satisfaisants, qui seront incessamment publiés. SUR UN MILIEU LACTOSÉ, DESTINÉ A REMPLACER LE PETIT-LAIT TOURNESOLÉ DE PETRUCESKY, par MM. L. GrImBerT et G. LEGRos. Nous avons montré dernièrement (1) que la faculté d'attaquer le lactose persistait chez les bacilles coli les plus atténués, chez ceux mêmes que leurs caractères négatifs pourraient faire confondre facile- ment avec le bacille d’Eberth. Il est donc important de pouvoir mettre cette fonction en évidence, surtout quand elle est affaiblie. On ne sau-, rait, dans ce but, faire usage d’une solution lactosée additionnée de carbonate de chaux, car le dégagement gazeux, indice d’une fermenta- tion, est quelquefois si faible qu'il peut passer inaperçu. Les milieux lactosés et colorés employés jusqu'ici manquent généralement de sen- sibilité. Il ne peut guère en être autrement. La plupart sont à base de gélose ou de gélatine nutritives plus ou moins alcalinisées. C'est sur- tout dans les milieux renfermant de la phtaléine ou des couleurs d’ani- line décolorées par les alcalis que ce défaut de sensibilité se fait remar- quer. Car cette décoloration ne peut être obtenue qu à l’aide d'un excès d’alcali qu'on ajoute presque toujours au jugé. Si donc on a affaire à des bacilles coli peu actifs, il peut arriver que la faible acidité qu'ils développent, en attaquant le lactose, soit insuffisante pour saturer l'excès d’alcali ajouté sans mesure, et le virage ne se produit pas. D'autre part, certains auteurs auraient rencontré des bacilles typhiques authentiques qui auraient acidifié légèrement leurs milieux (1) L. Grimbert et G. Legros. B. coli et B. typhique, Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, 15 déc. 1900. SÉANCE DU 26 OCTOBRE 913 lactosés. lei on est en droit de se demander si le lactose employé était pur et bien exempt de glucose, ou si, dans la préparation du milieu, aucune action n'est intervenue capable d’intervertir le lactose. Petruchsky (1), il y a une dizaine d'années, a proposé l'emploi d’un petit-lait tournesolé qui jouit, en Allemagne, d’une réputalion que rien ne justifie d’ailleurs, comme nous allons le voir. En voici la préparation : Du lait frais est porté à une douce chaleur avec une quantité suffi- sante d'acide chlorhydrique pour précipiter la caséine. Le liquide filtré est ensuite ramené à une légère acidilé à l'aide de la soude diluée, puis chauffé pendant une heure ou deux dans le four à vapeur de Koch pour achever de précipiter la caséine. On filtre, on neutralise exactement et on le colore ensuite à l’aide de teinture de tournesol sensible. D'après Petruschsky, À. Fischer (2) et d’autres, c’est le réactif diffé- rentiel par excellence du bacille typhique, du bacille coli et du bacille fœcalis alcaligenes. Ensemencé dans le petit-lait tournesolé, ce dernier le trouble en vingt-quatre heures et donne une réaction alcaline en quarante-huit heures. Le bacille typhique le trouble à peine et l'acidifie légèrement. Le coli-bacille le trouble abondamment en donnant une forte acidité. Il est important, dans cette préparation, de neutraliser exactement le petit-lait si l’on veut avoir un réactif sensible; d'autre part, si l’on dépasse si peu que ce soit cette neutralité, l’alcali, agissant sur le Jac- tose, donne, lors de sa stérilisation, un milieu plus ou moins coloré et plus ou moins altéré. On ne peut songer pour cette neutralisation à l'emploi du carbonate de chaux, car, ainsi que nous nous en sommes assurés, l'acide HCI et d’ailleurs n'importe quel acide, même l'acide tartrique, agissant sur la caséine du lait, donne une acide-albumine soluble qui ne se laisse pas neutraliser par la craie même à l'ébullition, de sorte qu'on est obligé d’avoir recours à la soude. C'est là le point délicat. Petruchsky l’a si bien compris, qu'après avoir proposé son petit-lait comme réactif, il a eu soin d’avertir les bactério- logistes qu'ils le trouveraient tout préparé et contre argent comptant à la maison X... et C°. laquelle a le monopole de sa fabrication. Mais il y à autre chose à signaler. De l’aveu de son auteur, le petil- lait tournesolé ensemencé avec le bacille d'Eberth prend une réaction légèrement acide. Cela suffit pour en faire rejeter l'emploi. Cette acidité provient de ce que le milieu en question renferme du glucose, et il ne peut en être autrement. Ce glucose a pris naissance sous l’action de HCI pendant les deux heures de chauffe au four à vapeur. (4) Petruchsky. Centrbl. f. Bañt., Band VI, nos 23, 24, 1889. (2) Centralbl. f. Bakt., Band XIX, p. 187, 1896 ; Band XXV, p. 693, 1899. Biocoeie. ComrtEs RENDUS. — 1901, T. LIII 10 914 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C’est ce que démontre l'expérience suivante : Une solution de lactose pur est additionnée d'un millième d’acide chlorhydrique et chauffée au bain-marie pendant une heure, puis neu- tralisée au carbonate de chaux. On y ajoute une petite quantité de pep- tone neutre et on stérilise. Après refroidissement, on colore la solution lactosée à l'aide de tein- ture de tournesol sensibilisée et stérilisée, et on l’ensemence avec du bacille typhique. Au bout de vingt-quatre heures, le tube présente une coloration rouge par suite de l'attaque par le bacille du glucose formé par interversion. Un tube témoin renfermant la même soluion de lac- tose, mais n'ayant pas subi l'action de l'acide HCI, conserve sa teinte violette. Cette expérience montre une fois de plus quel soin minutieux il faut apporter dans le choix des réactifs et dans la préparation des milieux de culture en baclériologie. Nous proposons, à notre tour, pour remplacer le petit-lait tournesolé, un milieu beaucoup plus simple, plus sensible et que tout le monde peut préparer sans être obligé de s'adresser à une fabrique spéciale. Il s’agit lout simplement d’une solution peptonée de lactose pur, parfaite- ment neutre et additionnée de teinture de tournesol sensibilisée. Pour cette préparation, quatre choses sont nécessaires : 1° Du lactose pur. Il est indispensable de s'assurer de sa pureté, et le meilleur réactif est encore le bacille d’Eberth lui-même. Si le sucre est pur, le milieu que nous allons décrire, ensemencé avec le bacille_ typhique, ne doit jamais virer au rouge quel que soit le temps après lequel on examine la culture. Pour purifier le lactose, on commence par lui faire subir plusieurs eristallisations troublées ae l’eau, et on ter- mine par une cristallisation dans l'alcool faible. É 2° De la peptone. Ici, la nature de la peptone à peu d’ ‘mportance. Il faut choisir une peptone donnant une solution peu colorée et ne possé- dant pas de réaction alcaline. 3° Du carbonate de chaux pur, bien lavé et exempt de carbonate de soude. ° Une teinture de tournesol sensible, c'est-à-dire possédant une teinte violacée intermédiaire entre le rouge et le bleu et virant facilement sous l'influence de la moindre trace d'acide ou d’alcali. Pour la pré- parer, nous suivrons exactement la technique indiquée par M. Jung- fleisch dans ses Manipulations de chimie (1). La neutralisalion de notre solution est obtenue à l’aide du carbonate de chaux, ce qui exclut tout danger d'un excès d’alcali. (1) E. Jungfleisch. Manipulations de chimie, p. 819. J.-B. Baillère et fils, Paris, 1893. SÉANCE DU 26 OCTOBRE 915 Dans une capsule de porcelaine, on porte à l’ébullition la solution suivante :. LACOSTE ROOMS 2 grammes. BOpDione A: CASA NUE I ES r 0 gr. 50 au distllée ME ME 00 centimetres cubes et on y ajoute une petite quantité de carbonate de chaux pur. On filtre au bout de cinq minutes et on s'assure, par la teinture de tournesol, que le liquide a une réaction neutre. On peut alors, ou bien répartir cette solution dans des tubes à essai et les stériliser à 110 degrés pendant un quart d'heure, ou, mieux, filtrer la solution à la bougie et la répartir ensuite dans des Lubes sté- rilisés. D'autre part, la teinture de tournesol est stérilisée à l’autoclave. Après refroidissement, on ajoute dans chaque tube une quantité suffi- sante de teinture (un demi-centimètre cube) et on place les tubes en observation à l’étuve à 37 degrés pendant quarante-huit heures. Ensemencé dans ce milieu, le bacille d'Eberth se cultive bien, mais ne donne lieu à aucun changement de teinte, même au bout de huit jours. Le coli, même le plus dégénéré, le fait virer rapidement au rouge. Il est évident que notre milieu n’a pas la prétention de constituer à lui seul un réactif différentiel unique des bacilles coli et typhique. Il permet seulement de s'assurer si un bacille donné attaque oui ou non le lactose, et, à ce point de vue, sa sensibilité est très grande. Si, dans la formule que nous donnons, on remplace le lactose par d'autres hydrates de carbone, on pourra, de la même manière, étudier l’action des bactéries sur les différents sucres. ACTION DESTRUCTRICE DE L'ÉTHÉRO-BACILLINE POUR LES GLOBULES ROUGES. — ACTION EMPÉCHANTE DU SÉRUM HUMAIN, par MM. Jean Camus et P. PAGNIEZ. Nous avons étudié l’action des produits locaux du bacille tuberculeux sur les globules rouges de l’homme et du lapin. Nous nous sommes servi de l’éthéro-bacilline humaine qui nous a été très obligeamment fournie par M. Auclair. On sait, d'après les remar-- quables travaux de cet auteur, que ce produit obtenu par épuisement des corps des bacilles tuberculeux par l'éther est doué de propriétés caséifiantes, et que son injection dans les tissus donne des lésions qui restent locales (pneumonie caséeuse : Auclair; et tout récemment mé- ningite : Armand-Delille). L'éthéro-bacilline obtenue par évaporation de l’éther est une sub- 916 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE stance cireuse, insoluble dans l’eau, qui par conséquent peut être lavée dans l’eau salée et débarrassée ainsi de toute trace d’éther. Cette manipulation indispensable est rendue difficile par le peu d'adhérence de l’éthéro-bacilline avec le verre. Pour éviter cet inconvénient on peut évaporer quelques gouttes d’éthéro-bacilline sur un corps spongieux (papier filtre par exemple), ce qui permet d'exécuter les lavages avec la plus grande facilité. La technique est alors simple. Nous prenons une rondelle de papier ainsi préparé, nous la placons au fond d'un tube contenant quelques centimètres cubes de solution isotonique de NaCI. Nous laissons tomber doucement une goutte de globules lavés qui vont se déposer sur le papier. Au bout de quelques heures la diffusion d'hémoglobine est des plus nettes. Le mode de cette destruction est assez particulier ; l’éthéro- bacilline ne se dissolvant pas, elle n’agit que par contact direct avec le globule, ce qu'il est facile d’autre part de vérifier au microscope. Les globules humains, dans ces condilions d'expérience, subissent comme les globules de lapin l’action hémolysante de l’éthéro-bacilline quoique paraissant plus résistants, mais les globules d'individus tuber- culeux ne semblent pas se comporter d’une facon différente de celles des globules d’un individu normal. Un point intéressant est l’action empêchante exercée par le sérum sur l'éthéro-bacilline. En laissant au contact de sérum humain pendant plu- sieurs heures une rondelle de papier préparée comme nous l'avons dit, et en la lavant ensuite soigneusement à l’eau salée pour bien se débar- rasser du sérum, on voit que le pouvoir hémolysant de l’éthéro-bacil- line disparait ou diminue considérablement. Il va sans dire que nouss faisions en même temps des expériences de contrôle en remplacant le sérum par de l’eau salée, qui ne modifiait nullement le pouvoir de l’éthéro-bacilline. ù Tous les sérums ne se comportent pas d’une façon absolument iden- tique, mais nous n’avons pas vu de différences appréciables à ce point de vue entre le sérum des tubereuleux et des individus normaux. On peut rapprocher cette action hémolysante par contact de l’éthéro- bacilline de l’action purement locale exercée par ce produit sur les tissus, et bien mise en lumière par les travaux de M. Auclair. SUR UN CAS D'APHASIE MOTRICE, par M. le D' Toucxe. F.., trente ans, hémiplégique droit depuis six ans, ne présente aucune surdité verbale. Tous les ordres sont compris et exécutés. La parole spontanée ne consiste plus que dans les syllabes suivantes : Sitan- SÉANCE DU 26 OCTOBRE 917 tanton, répétées un grand nombre de fois avec une mimique très expressive et des gestes de découragement. Les mêmes syllabes sont prononcées dans les tentatives de parole en écho. De même dans le chant. Le commencement de : « Au clair de la lune » est prononcé : « Sitantanture, silantantano ». L'air est très Juste. L’alexie est presque absolue. Dans un très long article, le malade ne reconnait que les mots : « France » et «officiers ». L'agraphie existe, complète, pour tous les modes de l'écriture. . Hémisphère qauche. — Autopsie. La frontale ascendante, l’opereule rolandique, la 1'° et la 2° frontales sont intactes. La 3° frontale présente du ramollissement de l’opercule frontal et du bord du cap qui lui est accolé. L’implantation de la 3° frontale n’est pas lésée. Le pli de passage entre l’opercule frontal et l’opercule rolandique subsiste. L’extrémité antérieure des deux premières circonvolutions temporales est ramollie jusqu'au niveau d’une verticale abaissée de l'extrémité inférieure de l'opercule rolandique. Par la brèche ouvrant la scissure de Sylvius, on voit les circonvolutions de l’insula ramollies. Une coupe horizontale de l'hémisphère passant par le bord supérieur de la circonvolution du corps calleux montre un foyer de ramollisse- ment à la base de la frontale ascendante. Une coupe par la partie moyenne de la circonvolution du corps calleux montre un ramollisse- ment disséquant la face profonde du cap de la 3° frontale et de son implantation, atteignant le ventricule latéral dont toute la face externe est disséquée dans toute son étendue. Une coupe horizontale passant par la partie moyenne du genou du * corps calleux montre une destruction complète de l’opercule frontal, une dissection complète de la face profonde du cap, une destruction de la moitié antérieure de l'insula. Le ramollissement se prolonge dans la capsule externe au niveau de la partie saine de l’insula, jusqu'au ven- tricule latéral. Les opercules rolandique et pariétal sont sains. Sur une coupe passant par le bourrelet du corps calleux, on trouve une destruction de la moitié antérieure de l’insula dont le ramollisse- ment se prolonge sans interruption à la face interne du cap et sur les deux circonvolutions temporales. Sur une coupe du lobe temporal, on voit que le ramollissement se prolonge jusqu’au ventricule et jusqu'à la pointe du lobe, et quil n'existe pas de pont de substance saine entre le lobe frontal et le lobe temporal. Cette observation schématise cliniquement l’aphasie motrice, et l’on voit qu'il existait, outre une lésion de la 3° frontale, une lésion tempo- rale et une lésion insulaire. - Il est à remarquer que, dans le fameux cas de Broca présenté en 1861 à la Société d'anthropologie (cas Leborgne), il existait une lésion très analogue. Dans deux cas personnels publiés dans les Archives générales 918 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de médecine, 1901 (Contribution à l'étude anatomo-clinique des apha- sies), nous avons trouvé des lésions presque superposables. Il existe donc des cas d’aphasie motrice avec triple lésion frontale, insulaire et temporale. Deux autres cas publiés dans le même travail nous semblent prouver qu'une destruction de la 3° frontale, sans lésion de l'insula ni du lobe temporal, peut ne plus se traduire au bout de quelques mois que par une très légère dysarthrie, et que les troubles de l’aphasie motrice (avec, il est vrai, conservation de la parole en écho et du chant) peuvent être réalisés par une lésion de la moitié postérieure de l’insula. C'est donc aux lésions de l’insula que nous serions tenté de rattacher les troubles de l’aphasie motrice. LE CANAL RACHIDIEN ET LES FONCTIONS DE LOCOMOTION CHEZ LES MAMMIFÈRES, par M. le D' Arezais. Les dimensions du canal rachidien dans ses divers segments sont fonction du volume de la moelle et de la mobilité de la région considérée. Cette dernière influence est prépondérante et indéniable, mais il semble difficile, comme on le fait dans un ouvrage classique, de rejeter la pre- mière et de dire que ces dimensions sont en rapport non pas avec le volume du segment de la moelle que le canal est destiné à protéger, mais bien avec la mobilité de la région que l’on considère. Il est intéressant, même en n’envisageant que les Mammifères, de voir se manifester cette double influence suivant les conditions fonctionnelles qu'ils présentent. J'ai étudié jusqu'ici dans ce but une vingtaine de types appartenant à des groupes divers, les uns coureurs ou sauteurs, les autres grimpeurs ou nageurs, les uns petits et légers, les autres puissants et lourds. L'influence de la mobilité est manifeste. Je ne citerai que certains faits plus particulièrement démonstratifs, empruntés à la région cervi- cale de l’Alpaca, à la région dorsale du Phoque, et à la région dorsale du Yack. Dans les deux premiers cas une mobilité plus grande se traduit par un plus grand calibre du canal rachidien. Dans le troisième, au contraire, l’immobilité de la région entraine la réduction du calibre. Chez l’Alpaca, les vertèbres cervicales sont très allongées el ressem- blent à celles de la Girafe; leur hauteur mesure en moyenne de 9 à 10 centimètres. L’allongement du cou entraîne une mobilité plus grande et les dimen- sions transversales et sagittales du canal rachidien sont plus grandes chez cet animal que chez d’autres coureurs. € T SÉANCE DU 26 OCTOBRE 919 DIMENSIONS DIMENSIONS transversales. sagittales. INT OEOE NERO Pr PORTE ESS C* Le9 1c3 DS Al: ,4 12 Cervus Aristotelis. . . . . . C: 11Gt) 1c4 D5 1 4 1 4 Oo tealopye us RER ENS C“ 102 il DS 1 0 8 Pepusitinidlus ere C‘ 0C6 Oc4 D° 0 45 0 35 Chez le Phoque, l'adaptation à la natation donne à sa région dorsale une mobilité comparable à celle que possèdent les poissons. Il à quinze vertèbres dorsales ; dès la 11°, les apophyses articulaires perdent con- tact entre elles, et les corps vertébraux restent seulement unis par Îles disques fibro-cartilagineux. - Aussi les dimensions du canal rachidien ne sont-elles réduites que sur les premières vertèbres de la région dorsale, qui sont immobilisées par la présence des côtes. Dès le 6°, les diamètres redeviennent ce qu'ils étaient à la base du cou, 3 cent. À (D.T), 2 centimètres (D.S), et ils atteignent même 3 cent. 2, 3 cent. 4 (D. T}, 2 cent. 2 : 1,8 (D.S) jusqu’à la région lombaire qui a 2 cent. 6 sur 1 cent. 8, et cependant on ne peut faire entrer en cause le volume de la moelle, dont les renflements doivent être peu prononcés, étant donné les pelites proportions des membres. D'autre part, chez le Yack (Pœphagus grumiens), qui a des membres pelviens puissants et une queue, on voit la région lombaire constituer la partie relativement la plus réduite du rachis, parce que ses vertèbres solidement engrainées sont immobiles les unes sur les autres. Dans d’autres cas il semble que les deux influences fonctionnelle et anatomique s'ajoutent pour modifier les dimensions du rachis. Ainsi, si l'on compare deux animaux puissants, l'Ours et le Lion, on voit que le rachis lombaire, tout en étant moins développé que le rachis cervical, a un calibre relatif plus grand chez le Lion que chez l'Ours. Le premier est agile, plus souple, et possède d’autre part une queue puissante. DIMENS:ONS DIMENSIONS transversales. sagittales. LIGNE RME IE nee (Qi: 2c5 1°4 L+ PAU 1 4 QUES MERE A tn Res C? 2 ie L° 2 4 4 5 A côté de ces faits prouvant l'influence de la mobilité sur les dimen- sions du canal rachidien, les Sauteurs, Gerboise, Kangurou, offrent des exemples de dilatation de ce canal dépendant uniquement des volumes 920 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la moelle. Leurs vertèbres lombaires sont immobiles les unes sur les autres. Les apophyses articulaires supérieures du Kangurou sont à peu près planes, et se dirigent ventro-dorsalement presque parallèles à l'épine. Il est difficile dans ces conditions qu'il y ait le moindre mouve- ment de rotation d'une vertèbre à l’autre. Il ne peut y avoir qu'un glis- sement obscur dans le sens longitudinal. Chez la Gerboise il y a égalité entre les portions cervicale et lombaire du rachis, c'est-à-dire que cette dernière présente des dimensions plus fortes qu'à l'ordinaire, que l’on ne peut rapporter qu'au développement de la moelle, nécessité par la longueur et la puissance de la queue et des membres pelviens. | Chez le Kangurou, il n’y a pas seulement égalité entre les deux por- tions du rachis, mais prépondérance du rachis lombaire sur le rachis cervical. DIMENSIONS DIMENSIONS transversales. sagittales. GéLDolse En AR ee NS RE RS QE C* Oc4 oct E? 0 4 0 3 - C* 0 4 02 Kangurou (Macropus giganteus). . . . (Be 14 4 (C® 1 4 13 (@1 105 4 & L® 4 Æ 1 IQ 1 6 1 L° 2 il (LE 1 9 0 8 J'ajoute que, pour être complète, l'étude du canal rachidien, au point de vue de ses adaptations fonctionnelles, impliquerait celle de la moelle: qu'il est chargé de protéger, mais il est bien difficile de pouvoir exa- miner la tige nerveuse elle-même. ERRATUM Séance du 19 octobre 1901, note de MM. Lavera et MESNIL. Note du bas de la page 885; au lieu de : « La longueur est uniforme », lire ; « læ largeur. » Le Gérant : OCTAVE PORÉE. JUL DIN LE RE LR RENTE EE Paris — Imprimerie de la Cour d’appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1,rue Cassette. 9921 SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1901 M. le Dr A. Carpaurr : Cinquante-sept cas de ponction sacro-lombaire à intention thérapeutique. — Discussion : M. NertTer. — M. V. BaLruazanp : Les lécithines du foie à l'état normal et pathologique. — M. J. Lerèvre : Sur l’absence de constante calorimétrique dans les calorimètres déperditeurs. M. J. LErÈvRE : Sur la nécessité d'employer des sources constantes pour la graduation des appareils déperditeurs non rétrogradateurs, ou pour la comparaison des sources caloriques à l’aide de ces appareils. — M. Cu. Féré : Note sur l'influence de la digitaline et de la spartéine sur le travail. — M. Cu. Féré : Le plaisir de la vue du mouve- ment. — MM. le D' Eumerez DE Cuarmoy et PIERRE MÉGxIN : Un nouveau parasite et une nouvelle maladie chez les poulets de l'ile Maurice. — M. le Dr J. Brauzr : Examen négatif du sang périphérique dans un certain nombre de cas de paludisme avéré (Algérie). — Discussion : M. LAVERAN. — M. le Dr J. Brauzr : Note sur la recherche de la diazo-réaction dans le paludisme. — M. le D' Eucène Dupuy : Corrélation d'état pathologique de la thyroïde, de la prostate et de l'utérus. — MM. DarGein et TriBonpEAu : Hémodiagnostic des kystes hydatiques du foie. — M. GEORGES ROSENTHAL : Séparation des microbes anaérobies cultivés en tubes de gélose profonde par l'isolement et le lavage en boîte de Pétri. — MM. les Drs Onpo et Darcourr (de Marseille) : Sur les troubles de réactions électriques dans la paralysie familiale périodique. Présidence de M. Netter, vice-président. CINQUANTE-SEPT CAS DE PONCTION SACRO-LOMBAIRE A INTENTION THÉRAPEUTIQUE, par M. le D" A. CuipauLr. (Communication faite dans la séance précédente.) Dans cinquante-sept cas, j'ai employé la ponction sacro-lombaire avec une intention thérapeutique. Neuf fois, elle est restée blanche, par ankylose des arcs chez un rhumatisant chronique, par œdème gélati- neux sous-arachaoïdien chez des syphilitiques, par adhérences sous- arachnoïdiennes chez des rhumalisants. Sur les quarante-huit cas res- tant, vingt-cinq ont donné un résultat nul (hydrocéphalies, tumeurs intracraniennes, méningites luberculeuses, paralysie générale, épi- lepsie, etc.); quatorze un résultat palliatif et seulement symptomatique, plus ou moins fugace dans des cas d'hydrocéphalie hérédo-syphilitique, de tumeurs cérébelleuses infantiles, de méningites tuberculeuses et Biooe1E. Comptes RENDUS. — 1901, T, LIII 71 929 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————— ——— ————————————— ——————— ——— pneumoniques, d’épilepsie, d'urémie; durable dans un cas de rhuma- tisme; neuf un résultat curatif qui, dans quatre cas de méningite spé- cifique et dars un cas de méningite septique, doit être attribué en grande partie au traitement médical concomitant, mais dans quatre cas ne peut être attribué qu'à la ponction: un cas de poussées d'hypersé- crétion séreuse chez un hydrocéphale congénital, un cas de coma chez un ancien spécifique, un cas de méningite grippale, un cas d’affection choréiforme avec liquide céphalo-rachidien hémorragique. En résumé, sauf dans quelques cas d’affections mal classées et rares, résultats pré- caires, sans utilité réelle, et qui incitent à n'employer qu'avec discrétion la ponction lombaire purement thérapeutique. M. Nerrer. — Je crois avec M. Chipault que la ponelion lombaire n'est pas une panacée s'appliquant à toutes les maladies. Elle n'en constitue pas moins un agent thérapeutique des plus utiles dans maintes circonstances. Elle procure un soulagement rapide et parfois définitif dans certains cas de tension exagérée de liquide céphalorachidien. Elle rend des services incontestables non seulement dans la ménin- gite cérébro-spinale primitive, mais dans les méningites septiques secondaires, et cela en permettant de débarrasser l'organisme d'un cer- tain nombre d'agents infectieux. J'ai eu récemment la satisfaction de guérir une enfant atteinte de méningile suppurée suraiguë consécutive à une otite et j'ai la conviction que la ponction lombaire deux fois pra- tiquée chez cette enfant a contribué à cette guérison. LES LÉCITHINES DU FOIE A L'ÉTAT NORMAL ET PATHOLOGIQUE, par M. V. BALTHAZARD. (Communication faite dans la séance précédente.) Dans les analyses du foie données jusqu'à ce jour, les lécithines sont confondues avec les graisses et la cholestérine dans l'extrait éthéré. Seuls MM. Dastre et Morat, en 1879, communiquant à la Société de Biologie le résultat de leurs recherches sur la dégénérescence graisseuse dans l’intoxication phosphorée, ont mis en évidence par un examen purement qualitatif du reste, l'existence de notables quantités de lécithine dans le foie de leurs animaux. Ayant repris l'étude de cette question, nous avons trouvé que le foie à l’état normal contient une forte proportion de lécithine. Pour estimer les variations pathologiques de cette substance, il importait donc de procéder à des dosages précis. SÉANCE DU ® NOVEMBRE 9923 Méthode de dosage. — 20 à 30 grammes de foie sont triturés dans un mortier avec 50 grammes de sable lavé, puis desséchés à l’étuve à 38 degrés, On épuise par un mélange à parties égales d'alcool absolu et d’éther, qui dissout des graisses et la totalité des lécithines. L’extrait est évaporé, calciné en pré- sence de carbonate et d’azotate de soude, redissous dans l’eau, et les phosphates sont précipités à l’état de phosphate ammoniaco-magnésien. Le précipité calciné se transforme en pyrophosphate de magnésie, que l’on pèse (p); p X 0,6396 donne l'acide phosphorique des lécithines. Comme la lécithine dis- téarique renferme 8,79 p. 100 d’acide phosphorique, en multipliant l'acide phosphorique, p X 0,6396, par 11,4 on obtient les lécithines du foie, évaluées en lécithine distéarique. Foie à l’état normal. — Nous avons trouvé en moyenne 0,85 p. 100 de lécithine dans le foie du cobaye, 1,50 p. 100 dans le foie du lapin, 1,98 p. 100 chez un homme mort d'accident. Foie à l’état pathologique. — Chez deux cobayes morts d’inanition en quatre jours, le foie renfermait 2,50 p. 100 de lécithine. L'intoxication phosphorée aiguë a donné chez le cobaye 2,42 p. 100, et l’intoxication chronique 2,90 p. 100. Nous avons vu 3,04 p. 100 chez le chien. Chez un homme mort d’urémie, le foie contenait 2,52 p. 100 de léci- thine ; chez une jeune fille morte de diphtérie toxique, 2,63 p. 400. La tuberculose a donné 2,37 p. 100 chez un cobaye et 4,31 p. 100 chez un homme (le foie de cet homme renfermait 84 grammes de lécithine). Enfin nous avons étudié l’intoxication typhique expérimentale, en injectant aux lapins la toxine soluble de notre maitre, le professeur Chantemesse, et une autre toxine plus active et plus pure dont nous .donnerons ultérieurement le mode de préparation. Exp. I. — Dose non mortelle. Lapin tué au bout de 1 h. 3/4, 1,65 p. 100; au bout de 3 h. 1/2, 1,50 p. 100; de 64 heures, 1,90 p. 100; de 104 heures, 1,70 p. 100; de 23 heures, 2,70 p. 100 ; enfin, au bout de 15 jours, 3,17 p. 100. Exp. II. — Dose non mortelle, moindre que la précédente. 2 heures après l'injection, 1,85 p. 100 ; 4 heures après, 2,13 p. 100. Exe. JL. — Dose mortelle en 2 heures; au moment de la mort, 1,85 p. 100. Exp. IV. — Dose mortelle en 12 heures; 4 h. 1/2 après l'injection, 1,37 p. 100; 8 heures après, 2,13 p. 100; 12 heures après, lapin mort spontanément, 1,79 p. 100. Ainsi, dans tous les cas que nous avons examinés, la teneur du foie en lécithine s'est trouvée accrue, qu’il s’agit d'infection (tuberculose, diphtérie), d'intoxication par poisons minéraux (phosphore), par poi- sons microbiens (toxine typhique), ou d’auto-intoxication (inanition, urémie). Si l’on admet, avec Dastre et Morat, que ces lécithines proviennent de la dégénérescence sur place des albumines de la cellule hépatique, pour se transformer ultérieurement en graisses ou être éliminées par la bile, on doit rencontrer des lésions nucléaires importantes, puisque les 924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE albumines phosphorées (nucléines) sont contenues dans le noyau. Or, Ziegler et Obolenski ont bien décrit ces lésions dans l'intoxication phos- phorée, mais elles font entièrement défaut dans l’intoxication typhique (non mortelle, tout au moins). Nous pensons qu’une grande parlie des lécithines hépatiques provient de la destruction des leucocytes du sang circulant. Ces leucocytes, comme l'ont montré Metchnikoff, Dominici s'accumulent surtout dans la rate, où ils sontenglobés par les macrophages et plus ou moins digérés ; ils renferment des lécithines en nature et il peut s’en constituer de nouvelles aux dépens de leurs noyaux ; ce sont ces lécithines qui gagnent le foie par la veine splénique et y sont retenues. Nous avons vérifié ces faits dans l’intoxication typhique expérimentale, et, pour justifier notre assertion, nous indiquerons dans une prochaine note les variations leucocytaires du sang sous l'influence de la toxine typhique. (Travail du laboratoire des professeurs Bouchard et Chantemesse). SUR L'ABSENCE DE CONSTANTE CALORIMÉTRIQUE DANS LES CALORIMÈTRES DÉPERDITEURS, par M. J. LEFÈVRE. (Communication faite dans la séance précédente.) Les auteurs qui font usage du calorimètre déperditeur admettent'« l'existence d’une constante calorimétrique E au moyen de laquelle on calcule la quantité de chaleur Q proportionnellement à la dilatation A du matelas d’air, par la formule : : Q—E.A On peut démontrer, par l'examen théorique du fonctionnement de l'appareil, que cetle proportionnalité n'existe pas (1). A ce sujet, il ya lieu de rapppeler l’étude expérimentale si concluante par laquelle M. Rubner (2) a prouvé que, dans le calorimètre déperditeur, les quan- tités de chaleur ne sont jamais proportionnelles aux dilatations du matelas d'air (3). Le tableau suivant, emprunté à Rubner, exprime (4) À ce sujet, consulter mon mémoire sur la critique des calorimètres déperditeurs, Journal de Physiologie et de Pathologie générale, 15 novembre 1901. (2) Rubner. Ein Calorimeter für physiologische und hygienische Zwecke, Zeitschrift j. Biologie, 1888, S. 400. (3) Pour cette recherche, l’auteur emploie, comme source chaude, une circulation d'eau chaude dont le volume est exactement jaugé, et dont le refroidissement est mesuré à l’aide de deux thermomètres placés à l'entrée et à la sortie du calorimètre. SÉANCE DU 2? NOVEMBRE 995 clairement ce fait important aujourd’hui ignoré ou méconnu de la plu- part des auteurs : VARIATIONS TEMPÉRATURE MOYENNE QUANTITÉS DE CHALEUR u en volumétriques (A). matelas d'air. calories par heure (Q). 243 1046 2,98 67% 24006 10,88 1378 8030 28,98 Rubner nous montre ainsi que les quantités de chaleur croissent beaucoup plus vite que les dilatations. Cette différence de marche apparaît nettement dans le nouveau tableau, où les variations de A et de Q sont rapportées aux valeurs initiales 243 et 2,98. VALEURS PROPORTIONNELLES DE À ET DE ( 2 0 Valeurs de A. Valeurs de Q. 1 1 2,5 5 Mon 9,7 Ce tableau, qui se passe de commentaires, prouve surabondariment qu'avec l’appareil déperditeur il ne peut être question de constante calorimélrique; et je conclus avec Rubner que tout auteur qui, usant de ce calorimètre, calcule la chaleur proportionnellement à la dilatation du . matelas d'air, commet une grave erreur (1). ee SUR LA NÉCESSITÉ D'EMPLOYER DES SOURCES CONSTANTES POUR LA GRADUA- TION DES APPAREILS DÉPERDITEURS NON RÉTROGRADATEURS, OU POUR LA COMPARAISON DES SOURCES CALORIQUES A L'AIDE DE CES APPAREILS, par M. J. LEFÈVRE. (Communication faite dans la séance précédente.) Les calorimètres déperditeurs, dont l'appareil volumétrique ne rétro- grade pas, enregistrent simplement la dilatation maxima produite dans le cours d’une épreuve calorimétrique. Tel est'le volumètre à siphon du professeur Ch. Richet. (1) C’est en vain qu’on objecterait que l’étude de Rubner, relative à son propre calorimètre, n’est peut-être pas applicable aux autres déperditeurs. Celui de Rubner est, comme principe, identique à tous ceux qui ont été réa- lisés dans ce genre. Il suffit de relire le travail de cet auteur pour s’en con- vaincre. 996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Supposons que l’on veuille graduer cet appareil en calories, ou l’uti- liser pour la comparaison de deux sources caloriques. Je me propose de démontrer que ces opérations sont illusoires si les sources employées ne sont pas constantes. : Comme source étalon, prenons et plaçons avec M. Richet, dans l’appa- reil à maximum, une masse connue d’eau chaude de température initiale parfaitement déterminée; laissons-la se refroidir progressivement ét notons soigneusement sa température finale en la sortant du calori- mètre. Un calcul aisé nous fera très exactement connaître la chaleur fournie à l'appareil, en même temps qu’une simple lecture du volumètre nous donnera la dilatation maxima produite par cette chaleur. Il s’agit maintenant de savoir si cette dilatation est une caractéristique de la cha- leur fournie à l'appareil, et si toute autre source qui reproduit la même dilatation est rigoureusement équivalente à la première. La première source est variable; supposons la deuxième constante et admettons en outre que ces deux sources, successivement placées dans l'appareil, fournissent le même nombre total de calories. Avons-nous le droit d'admettre qu'elles produiront sur l'appareil le même effet volumé- trique maximum? Evidemment non. En effet, la première source, livrant dès le début une grande quantité de chaleur (bien supérieure au débit moyen de la source constante), échauffe rapidement la paroi calorimé- trique et le matelas d'air bien avant qu'un refroidissement compensa- teur efficace, par rayonnement extérieur, n'ait eu le temps de se pro- duire. [Il en résulte une dilatation maxima beaucoup plus précoce et plus élevée œue celle qui correspond à la source constante, car cette 4 dernière source, en raison de son débit uniformément modéré, laisse le refroidissement compensateur s'établir, et ne produit ainsi qu'un maximum relativement tardif et peu élevé. Les mêmes valeurs du maximum ne garantissent donc pas l'équivalence de diverses sources d'allure différente. Remarquons d’ailleurs combien il est difficile de se figurer à quelles quantités de chaleur se rapportent exactement les dilatations observées. Il est clair, d’une part, que, une fois la dilatation maxima produite, la source variable qui s'éteint progressivement fournit encore de la cha- leur, alors que le volumètre n'’enregistre plus rien, et, d'autre part, il est non moins clair, en ce qui concerne la source variable, que la gran- deur de la dilatation ne totalise pas la chaleur débitée en un certain temps, mais reste soumise essentiellement à l’intensité maxima du débit, à un moment donné. En somme, la donnée du problème est tellement équivoque, qu'il semble impossible de lui trouver une solulion. D'après cela, que faut-il penser de ce chiffre de 83 calories obtenu par la méthode précédente et donné par M. Richet pour représenter la valeur calorique de chaque centimètre cube d’eau écoulé dans le volu- mètre à siphon? Je le répète, ce chiffre a été déterminé en mettant dans © 19 a | SÉANCE DU 2 NOVEMBRE le calorimètre à maximum une source variable représentée par une masse d’eau chaude qui se refroidit peu à peu. Il n’est donc pas exact de conclure que l'organisme animal, source sensiblement constante, qui produira la même dilatation volumétrique maxima de 1 centimètre cube, débite 83 calories, et, a fortiori, sera-t-il encore plus inexact de conclure (puisque l’appareil n’a pas de constante calorimétrique) que l'organisme qui a produit sur l'appareil une dilatation de n centimètres cubes à débité 83 n calories. Ce nombre 83, propose par le professeur Richet, ne serait applicable en toute rigueur qu'à un organisme fictif et invraisemblable qui se refroidirait et débiterait suivant la même loi que la masse d’eau chaude qui a servi à l'auteur dans ses essais d'étalonnage. Il est clair d’ailleurs que cette critique ne s'appliquerait plus au cas où les sources employées auraient un débit constant. Deux sources cons- lantes qui produisent le même maximum, toutes conditions égales, sont donc équivalentes. Mais, eu égard à la non-existence de la constante calorimétrique, il sera toujours faux de conclure que si les dilatations produites par diverses sources constantes sont entre elles comme les nombres 1, 2, 3, 4, 5,...n, les grandeurs de ces sources sont aussi entre elles comme la suite de ces nombres. Ù Au total, sans qu'il soit question de déterminer une constante de l'appareil, on ne peut, pour le calorimètre déperditeur à maximum, obtenir une gradualion calorique du volumètre, que si, dans léchelle des intensités destinées à cette gradualion, toutes les sources sont rigoureusement constantes et si les sources inconnues soumises ultérieu- rement à la mesure de l'appareil ont elles-mêmes un débit sensiblement constant. NOTE SUR L'INFLUENCE DE LA DIGITALINE ET DE LA SPARTÉINE SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FéÉRé. Ayant eu occasion d'observer chez un cardiaque soumis à la digitale un relèvement rapide des forces mesurées au dynamomètre, j'ai pensé qu'il pourrait être intéressant de chercher si la digitale, qui à une action tonique non seulement sur le cœur et sur les vaisseaux, mais aussi sur l'utérus (1), n'avait pas une action sur la motilité volontaire, même lorsqu'elle n'agit pas en rétablissant l'ordre dans la circulation troublée. J'ai expérimenté sur moi-même en me servant, comme précédem- (4) W.-H. Dickinson. Action de la digitale sur l'utérus. Arch. gén. de méd. TON IX pr 23; 928: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment, de l’ergographe de Mosso, avec lequel je travaille par séries, suivant le mode indiqué déjà (séries de 4 ergogrammes séparés par ure minute de repes, les séries séparées par cinq minutes de repos, 3 kilo- grammes soulevés chaque seconde parle médius droit). I. — Daus une première expérience, j'ai pris, cinq minutes avant le travail, À gramme de digitaline de la pharmacie des hôpitaux, digitaline amorphe du Codex. Le travail de chaque série est comparé au travail de série faite récemment après un repos complet, 22 kilog. 56 — 100. SÉRIES TRAVAIL de d'ergogrammes: oemraabtres. au RS À. 24,72 109,57 2. 25,02 110,90 De 21,15 120,34 4. 29,24 129,60 R. 12,66 56,11 6. 5,64 25,00" D 4,1% 18,35 8. 3,12 13,82 9. 2,22 9,84 Immédiatement après la 9° série, c'est-à-dire cinq minutes avant la 10°, j'ai repris un autre granule de 1 milligramme. AD A TU VEN At Hs 26,04 115,33 AA AN RS APR 4,35 19,28 Pendant les 4 premières séries, au lieu de voir la fatigue se mani- fester par une décroissance du travail, on voit une augmentation crois- sante, puis la fatigue se manifeste très rapidement. De nombreuses expériences antérieures montrent que le travail normal des 9 premières séries donne entre 143 et 150 kilogrammètres, et la 9° série n’est guère au-dessous de 50 p. 100 de la première. Bien que j'aie constaté les effets évidents de ces mêmes granules sur des malades, je n’en ai éprouvé aucun trouble. Je n'ai pas hésité à renouveler la semaine suivante la même expérience avec la digitaline cristallisée de Nativelle, aussi à la dose de 1 milligramme. II. — Vo:ci les résultats de l'expérience : SÉRIES TRAVAIL Ne d'ergogrammes. tn die au Ra A 23,82 105,58 2, 30,48 135,10 où 33,27 147,47 L. 34,14 151,32 5° 2,16 12,23 6. 419719 1,93 Fe 1 ,&1 6,25 8. 1,02 4,02 9. 0,81 3,63 F] SÉANCE DU 2? NOVEMBRE 9929 Immédiatement après la 9° série, c’est-à-dire cinq minutes avant la 10°, j'ai repris 4 granules de 1/4 de milligramme. TON TP ALL RAGE UMR ta 11,01 48,30 SAME MRC A NP ENENRES NUS 7,31 La digitaline cristallisée a déterminé une augmentation graduelle du travail pendant les 4 premières séries, augmentation plus considérable qu'avec la digitaline amorphe du ‘Codex; mais cette excitation a été suivie d’une dépression beaucoup plus rapide et plus considérable, et la recrudescence provoquée par la répétition de la dose a élé beaucoup moindre que dans la première expérience. Malgré la plus forte excita- tion du début le travail total des 9 premières séries n’est que de 129,50, inférieur à celui de la première expérience. Ces résultats m'ont décidé à expérimenter un autre tonique du cœur dont notre collègue Capitan m'avait signalé la propriété excitante géné- rale : la spartéine. IT. — Cinq minutes avant le travail, j'ai pris 0,10 de sulfate de spar- téine, en cachet pour éviter le goût capable de produire lui-même une excitation. SÉRIES TRAVAIL Rs DÉTRCETS nes. era etes au Neil mormal ne 22,50 99,73 2 23,91 105,98 da e 27,09 120,07 4. . 27,93 123,80 Des 11,22 49,73 Dee 6,82 30,23 4 3,09 13,60 8: 1,68 744 k; 1,65 7:31 Immédiatement après la 9° série, cinq minutes avant la 10°, j'ai repris la même dose de sulfate de spartéine. AO PNR RL el 23,73 105,18 Ut SOON MESA EN ANR art tt 4,43 19,63 IV. — Dans une autre expérience, quelques jours plus tard, j'ai pris, cinq minutes avant le travail, 0,20 de sulfate de spartéine. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT d'er rammes. ; en du travail RÉ kilogrammètres. au travail normal. me 21,30 94,81 ni Ho 124,20 des 30,33 134,44 4. . 33,69 149,33 DAUIE 16,50 13,13 62: 3,93 17,42 Dee 3,03 13:43 8 1,59 7,04 “ 1,26 5,58 930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il semble que la spartéine détermine d'abord une légère dépression du travail; ele provoque ensuite une exaltation suivie d'une dépression profonde. L’excitation et la dépression sont plus grandes quand la dose a été plus élevée. Le travail total n’est pas augmenté, tant s’en faut : le travail total des 9 séries a été de 125,89 et de 139,05, c'est-à-dire infé- rieur à la normale. À La digitaline et la spartéine, qui ont une action durable sur l’activité automatique, n'ont qu'une action éphémère sur l’activité volontaire. LE PLAISIR DE LA VUE DU MOUVEMENT, par M. Cu. FÉRÉ. C'est un fait d'observation vulgaire que nous tournons de préférence nos regards vers les objets en mouvement et que nous les considérons avec plaisir. Les objets colorés changent d'aspect sous l'influence du mouvement. Chevreul (1) a sigralé que, lorsqu'on fait tourner un disque rouge à raison de 60 à 120 à 160 tours par minute, le rouge gagne du ton. J'ai observé aussi qu'un disque coloré produit plus d’excitation lorsqu'il tourne que lorsqu'il est immobile, et cette différence peut se mesurer au dynamomètre (2). Mais, indépendamment de la couleur, la vue d’un objet en mouvement détermine une excitation dont les effets sont pondérables. Si on allonge le balancier du métronome avec une paille légère d& 50 centimètres, on arrive facilement à suivre des yeux ses mouvements sans fatigue, lorsqu'il est placé en face, et lorsqu'il bat 120 fois par mi- nute. Le mouvement transversal des yeux entrainés par le balancier, a une direction opposée à ceux que l’on exécute en travaillant à l'ergo- graphe de Mosso; cependant ils déterminent une augmentation du tra- vail, au même titre que d’autres mouvements associés (mastication, articulation, etc.). Si on travaille successivement avec le même rythme sans voir le métronome ou en suivant les mouvements de son balancier préparé comme il a été dit, on voit que la vue du mouvement non seu- lement dissimule la fatigue mais augmente le travail. Exp. I. — Une série de quatre ergogrammes séparés par une minute de (1) Chevreul. Sur la vision des couleurs, et particulièrement sur l'influence exercée par la vision d'objets colorés qui se meuvent circulairement, quand . on les observe comparativement avec des corps en repos identiques aux pre-. miers. Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 1878, LXXX VII, p. 576. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1885,p. 629. — Sensation et Mou- vement, 2€ édit., 1900, p. 87. SÉANCE DU ? NOVEMBRE 931 repos après un repos complet (médius droit 3 kilogrammes chaque seconde) sans voir le métronome : RAPPORT HAUTEUR Ra ae HOUR du travail totale. soulèvements. kilogrammètres. Moyenne. au travail normal. 317 64 9,81 98 1,70 33 5.10 5,1? 1,25 27 3,75 4,62 22,53 100 Une deuxième série de quatre ergogrammes avec les mêmes intervalles après 5 minutes de repos, en suivant des yeux le mouvement du balancier : 3,42 66 10,26 5,18 2,06 41 6,18 5,02 2,03 4l 6,09 4,95 1,63 34 4,89 4,19 27 121,70 Exp. Il. — Une série de quatre ergogrammes avec les mêmes intervalles après 45 minutes de repos, sans voir le métronome (médius droit) : HAUTEUR NOMBRE UE HAUTEUR Ras totale. qe : qu moyenne. du travai soulèvements. kilogrammètres. au travail normal. 3,15 66 9,45 3,71 1,69 36 5,07 k,69 1,32 29 3,96 4,55 1,27 26 3,81 2,88 22,29 100 Une deuxième série de quatre ergogrammes avec les mêmes intervalles, après 5 minutes de repos, en suivant des yeux le mouvement du balancier : 3,90 85 11,70 4,58 2,24 45 6,72 4,97 1,67 34 5,01 4,91 1,46 30 4,38 4,86 21,81 124,16 Exe. III. — Une série de quatre ergogrammes avec les mêmes intervalles, après un repo3 complet (médius gauche) sans voir le métronome : HAUTEUR Na Do HAUTEUR a de orae soulèvements. kilogrammètres. 07e) eurtravailinormale 2,33 50 6,99 4,66 1,26 30 3,78 4,20 1,09 26 GP PAT] 4,19 0,91 23 2,18 3,95 100 932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Une deuxième série de quatre ergogrammes avec les mêmes intervalles, après 5 minutes de repos, en suivant des yeux le mouvement du balancier : 2,49 54 7,47 2,61 1,21 29 3,63 47 1,19 29 3,57 MIE 0,9% 25 2,82 3,76 17,49 104,29 Exp. IV. — Une série de quatre ergogrammes avec les mêmes intervalles, après un repos d'une heure (médius gauche), sans voir le métronome : HAUTEUR NOMBRE TRAVAIL EAU RAPPORT totale ie : Le moyenne. du travail 4 soulèvements. * kilogrammètres. au travail normal. 2,27 50 6,81 4,5% 1,39 30 4,17 4,63 0,99 25 2,97 3,96 0,97 22 2,91 4,40 16,86 100 Une deuxième série de quatre ergogrammes avec les mêmes intervalles, après 5 minutes de repos, en suivant des yeux le mouvement du balancier : 2,96 59 8,88 3,01 1,47 27 3,51 4,33 1,11 25 3,33 4,44 1,08 25 3,24 4,32 ; 18,96 119,45 En faisant l'expérience en suivant le balancier sans travail préalable le médius droit donne 26 kil. 79, soit 118,80 p. 100 de bénéfice; le médius gauche donne 19 kil. 74, soit 117,71 p. 100 de bénéfice. L'effet excitant du mouvement des yeux se montre aussi bien à la main gauche qu'à la main droite; mais il est plus marqué à la main droite. Nous avons déjà relevé dans des circonstances variées la diffé- rence d’excitabilité des deux hémisphères cérébraux (1). Des deux côtés l'effet excitant est moins marqué quand l'expérience est faite au repos que quand on a déjà travaillé. L'expérience montre que le plaisir de la vue du mouvement a pour base une augmentation de puissance, augmentation de puissance que l'on retrouve dans tous les états d’euphorie. (1) L’excitapilité comparée des deux hémisphères cérébraux chez l'homme, L'Année psychologique, 1901, p. 43. — De l'influence de l’échauffement artificiel de la tête sur le travail, Journal de l'Anatomie et de la Physiologie, 1901, p- 291. SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 933 UN NGUJVEAU PARASITE ET UNE NOUVELLE MALADIE CHEZ LES POULETS DE L'ILE MAURICE, par MM. le D' EmMEREz DE CuarMoy et PIERRE MÉGNIN. En janvier dernier, l’un de nous a eu l’occasion d'observer chez un de ses amis de l'ile Maurice des poulets atteints d’une singulière ophtalmie très contagieuse, qui se terminait souvent par la mort. Cette maladie se comporte d'abord comme une ophtalmie ordinaire : l’oiseaa éprouve une gène sensible, se gratte très fortement avec ses pattes, ce qui détermine une vive inflammation avec larmoiement abondant; les paupières res- tent collées, et dans ce cas il se forme à l'intérieur des paupières des concrétions caséeuses blanchâtres, qu'il est facile d'enlever; d’autres fois cette ophtalmie se complique de catarrhe nasal, en même temps que les sinus infra-oculaires sont le siège d’une grande inflammation et s'œdé- matient fortement. L'état de l'oiseau peut être considéré comme fort grave dans ce cas; les paupières presque toujours closes, il demeure à la même place, mange peu et difficilement, devient anémique et meurt du vingtième au trentième Jour. Ayant pris un poulet malade au début et l’ayant installé au laboratoire de M. Darnty de Grandpré, directeur du muséum Desjardins, voici ce que le D' Emmerez observa : le poulet ne semblait éprouver que de la gêne aux yeux, les paupières n'étaient Le siège d’aucune inflammation; seule la membrane nictitante présentait une légère tuméfaction et faisait saillie à d'angle des yeux; à tout instant elle était ramenée vivement sur l'œil comme pour en chasser un corps étranger, ce que voyant M. le D‘ Em- merez, après avoir soulevé la membrane, il apercut, s'agitant très vivement, de petits vers blancs très minces, en fort grand nombre et il put les extraire tous : ils étaient au nombre d'une cinquantaine. Ce fait établi, le iraitement devint très simple : une solution de bi- carbonate de soude fut instillée dans l'œil plusieurs fois par jour; les vers, à ce contact, se déplacent, sortent de dessous la membrane nicti- tante, tombent entre et sous la paupière et sont chassés au dehors en même temps que les larmes; on aide à leur sortie à l’aide d’un linge fin car sans cela ils regagnent très vite leur réduit. On peut encore, de préférence, les extraire tous au moyen d’une pince fine, et on complète Le traitement par des lavages à l'eau boriquée liède à 4. p. 100. Prise au début cette affection ne présente aucun caractère grave; elle est plus sérieuse et même mortelle si on la laisse se compliquer de catarrhe nasal. Les vers sont très minces, longs de 12 à 15 millimètres et blancs. On trouve dans les yeux des poulets les deux sexes; les femelles, les plus À 934 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE grandes, sont généralement pleines d'œufs. La ponte, l’incubation et le Sptroptera Emmerezi. À, femelle; «, bouche; b, œscphage; c, vulve: d, ovaire ; e, anus. B, mâle; «a, bouche; b, œsophage; c, intestin; d, grand spicule; e, court spicule. C, extrémité antérieure; a, pharynx; b, œsophage; c., cuticule. D, œuf grossi. E, organes mâles; a, grand spicule; à, court spicule, grossis. développement embryon- naire doivent certaine- ment s'effectuer hors de l'œil, car M. Emmerez n’a jamais pu voir d'œufs li- bres dans l'œil, ni d’em- bryons ; c’est probable- ment dans l'eau que ce développement s'effectue. L'étude zoologique que nous (P. Mégnin) avons faite de ce ver nous la fait reconnaître pour un Spiroptère d'espèce nou- velle, et nous proposons de le nommer Spiroptera Emmerezii, du nom dece- lui de nous qui l’a décou- ver: En voici la description (Voyez aussi la figure) : Petits vers blancs atté- nués en avant, terminés en pointe aiguë en arrière, cette extrémité formant un cercle chez le mâle, à tégument lisse, sans stries transversales visibles et sans papilles pectinées cer- vicales ; bouche orbicu- laire sans papilles labia- les, suivie d’un large pharynx dont la paroi in- terne est garnie à mi- hauteur de six papilles formant cercle. 0Esophage en massue long de 11/2. Müle. Long de 12 milli- mètres non compris la partie recourbée de la queue, large de 07225. Extrémité caudale for- mant un cercle simple, bordée de chaque côté de l'anus d'une aile « SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 935 membraneuse courte et très étroite soutenue par cinq nervures basses et épaisses ; deux spicules très inégaux, le gauche long de 2 milli- mètres, mince à extrémité mousse; le droit court, épais, fusiforme, long de0®"5. Femelle. Longue de 15 millimètres, queue droite, subulée; anus à 1/2 millimètre de l'extrémité caudale ; vulve à 1/2 millimètre en avant de l'anus. Œ'ufs très nombreux, longs de 0065, larges de 0"2043, embryonnés avant la ponte. Nous répétons que nous ignorons les phases de développement de ce ver, au moins jusqu à présent, car M. Emmerez en continue l'étude. Nous avons envoyé quelques exemplaires de notre Spiroptera Emme- rezii à M. le professeur Neuman de Toulouse en le priant de vouloir bien vérifier notre diagnose et notre opision de l’unicité de l'espèce. Après examen et recherches bibliographiques, M. Neuman a eu l’amabilité de nous répondre que, sur les treize espèces de Spiroptères et de Filaires qui ont été trouvées, surtout en Amérique, sous la membrane nictitante de différents oiseaux, parmi lesquels trois gallinacés sauvages du genre Hocco (Crax), si quelques-uns se rapprochent de notre Spiroptera Em- merezü, aucun n est complètement identique et qu’il est par conséquent bien nouveau. L'ophtalmie vermineuse qu'il cause chez le poulet est aussi parfai- tement nouvelle. EXAMEN NÉGATIF DU SANG PÉRIPHÉRIQUE DANS UN CERTAIN NOMBRE DE CAS DE PALUDISME AVÉRÉ (ALGÉRIE), par MONDE PABRAULT: L'examen du sang des paludiques, aux pays chauds et aux pays tro- picaux, ne donne pas toujours des résultats positifs et l'examen micro- scopique, si précieux dans beaucoup de cas pour le diagnostic {de la malaria (1), se trouve de temps à autre en défaut. Dernièrement, MM. J. W. W. Stephens et S. R. Christophers, deux médecins anglais envoyés en mission pour étudier le paludisme à la côte occidentale d'Afrique, ont attiré l’attention sur le fait que beau- coup de paludiques avérés ne présentent pas d’hématozoaires dans leur sang (2). Moi-mêème, en Algérie, frappé par un certain nombre d'insuccès dans (1) Formes continues, bilieuse hémoglobinurique, accès pernicieux, etc. (2) Royal Society. Reports to the malaria commiltee, 1901, p. 7, 5° série. 936 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la recherche des hématozoaires [1), j'ai noté plus particulièrement mes dernières observations à cet égard. Au cours de cet été, alors que l’endémie palustre battait son plein, j'ai examiné très minutieusement le sang de trente-cinq malariques avérés (2). En dehors des cas d'accès pernicieux, il ne s'agissait que de malades disant n'avoir pas pris de quinine, ou n'en avoir pas pris depuis long- temps. Les prises de sang ont été faites classiquement, au moment du frisson (3) et les plaques ont été colorées à l'éosine au 1/1000° et au bleu de Borrel. Voici comment se décomposent les résultats que j'ai obtenus : 1° Le sang des individus atteints d'accès pernicieux ne nous a donné que des résultats positifs. Ces accès pernicieux se décomposent ainsi : 4 accès à forme comateuse (4) et 3 accès à forme ataxique. Une seule fois dans un cas d'accès à forme ataxique, chez un individu d’ailleurs très anciennement impaludé, nous avons trouvé à la fois des crois- sants en grand nombre et divers corps sphériques. Dans tous les autres cas nous n'avons rencontré que des corps amiboïdes. 20 Je passe aux formes graves, dont un accès de bilieuse hémoglobinu- rique; sur six examens, j'en trouve seulement trois qui soient positifs (5) : corps amiboïdes. 3° Sur seize formes quotidiennes d'intensité moyenne, nous ne comptons. plus que trois résulats positifs : corps sphériques. 7 4° Cinq cas de fièvre tierce ne nous ont donné qu’un résultat positif. 5° Enfin dan, le sang d’un paludique ancien, rapatrié du Tonkin et pré sentant une rechute, j'ai repéré de nombreux croissants à l'exclusion de tout autre parasite, ; (4) Au commencemeut de l'endémie palustre (juin), les types sont en général beaucoup plus réguliers; lorsque la saison chaude bat son plein (juillet, août, septembre), les formes deviennent plus graves et plus irrégu- lières ; à cette époque, alors que les malades ont pris presque tous peu ou prou de quinine, on note aussi des rechutes à type hybride; dans ces cas, les recherches sont particulièrement aléatoires, (2) Ce chiffre, en effet, est loin de correspondre à la totalité des cas traités à la clinique des pays chauds pendant l'été de 1901. (3) Sauf pour les accès pernicieux. (4) L'un de ces accès, survenu très brutalement pendant que l'individu tra- vaillait en plein soleil, avait été pris pour une insolation. (5) Au nombre de ces cas se trouve l'accès de bilieuse hémoglobinurique. J'ajouterai que c’est le premier cas autochtone que j’observe en Algérie. — Kelsch et Laveran en citent chacun un cas. SÉANCE DU ® NOVEMBRE 937 En résumé, sur 35 cas examinés nous avons trouvé : 1 fois des crois- sants seuls (paludique chronique), 4 fois des croissants et des corps amiboïdes (accès pernicieux ataxique) et 14 fois des corps sphériques. C'est peu, surtout si l’on considère qu'il s'agit d'individus triés n'ayant pas pris de quinine au moins depuis un certain temps. Partisan convaincu du rôle pathogène de l’hématozoaire de Laveran, je tenais cependant à signaler l'absence du parasite, au moins momen- tanément, dans un certain nombre de cas de paludisme avéré. On a en effet trop de tendance, de par les livres, à croire qu'il suffit de pra- tiquer une prise de sang pour faire le diagnostic du paludisme. M. Laveran. — M. le D' Brault appelle l'attention sur la fréquence des observations négatives qu'il a faites à Alger en recherchant l’héma- tozoaire du paludisme dans le sang de palustres avérés. Bien que l'examen du sang ait été fait pendant les accès de fièvre et chez des sujets n'ayant pas pris de quinine depuis quelque temps, notre confrère n’a pas pu constater la présence des parasites chez plus de la moitié des malades. Les faits rapportés par M. Brault sont en complète contra- diction avec ceux que j'ai observés et avec ceux qui sont cités par un grand nombre d'auteurs. Dans les conditions où M. Brault dit s’être placé, il est tout à fait exceptionnel que l'examen du sang soit négatif. Des observateurs de la valeur de W. Osler, Manson, Koch, Thayer ont examiné des centaines de malades atteints de fièvre palustre, sans noter une seule fois l’absence des hématozoaires du paludisme. Pourquoi M. le D' Brault est-il arrivé à des résultats aussi différents de ceux obtenus par un grand nombre d'observateurs? C'est là une question à laquelle on ne pourrait répondre que si l’on avait les obser- vations détaillées des malades dont il est question, et si l’on pouvait examiner les préparations de sang afférentes à chacun de ces malades. J'inclinerais à croire que la technique employée par M. Brault, pour la coloration du sang, laisse à désirer. M. Brault se sert de la solution d’éosine à 1 p. 1000 et du bleu Borrel, mais il ne dit pas comment il emploie ces colorants, et surtout il ne fait pas mention de la solution de tanin, qui est le complément indis- pensable de la méthode de coloration que je préconise. NOTE SUR LA RECHERCHE DE LA DIAZO-RÉACTION DANS LE PALUDISME, par M le D: JUBRAULT. La diazo-réaction, découverte par Ehrlich en 1882, a déjà été essayée dans la fièvre dite de malaria ; mais, d’après le récent mémoire de Hèze, les observations n'ont pas été nombreuses; en outre, on y voit que, si Biozocie. Compres RENDUS. — 1901. T. LIII. 72 938 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE différents observateurs sur 22 cas n’en ont trouvé qu un positif, Hèze, au contraire, sur 2 cas, a trouvé 1 réaction positive et 1 cas négatif (1). Au cours de cette dernière période, où le paludisme a été si sévère en Algérie (2), j'ai fait, à mon tour, quelques essais. — La technique suivie a été celle recommandée par Ehrlich en 1884. (1) Solution A. (2) Solution B. HORS A AE 50 grammes. | Nitrite de soude. . . 0 gr. 50 Acide sulfanilique. D =. Eau distillée . . . . 100 grammes. Faut 0e ARE A OTOO ER | (3) Ammoniaque. Verser dans une éprouvelte graduée 10 centimètres cubes de A, IT gouttes de B, agiter, verser ensuite 10 centimètres cubes d’urine, enfin verser lente- ment quelques gouttes d’AZH® et agiter le tout fortement. Nous ne nous sommes pas basés simplement sur la coloration du liquide, mais aussi, et surtout, sur la coloration de la mousse obtenue à l’aide de l’agilateur. a) 21 cas de fièvre quotidirnne moyenne et 5 cas légers, en tout 26 cas, nous ont donné les résultats suivants : Dans 13 cas, la DR a été recherchée à la fois au cours des accès et après jugulation. Dans ces cas, la DR au cours des accès a été absente 9 fois, douteuse 2 fois, légère 1 fois et de moyenne inten- sité 1 seule fois. La réaction légère appartient à un homme qui présentait une bronchite un peu suspecte, et la réaction moyenne à un tuberculeux atteint, en même temps, d'accès malariques. En dehors des accès, la DR a été nulle 12 fois, douteuse 1 fois, l'individu avait eu une indigeslion (3). Dans les 13 cas où la DR a été recherchée seulement au cours des accès,” nous avons obtenu : 3 DR douteuses (dans 1 cas il s'agissait d’une pseudo- continue) et 10 DR nulles. b) 5 formes graves nous ont donné au cours de l’accès : DR légère 1, dou- teuse 1, nulle 3; en dehors des accès dans ces cas, la DR a toujours été nulle. En outre, 3 cas de ces mêmes formes observés seulement au moment des accès fournissent : 2 résultats douteux et 1 résultat négatif. c) Sur quatre accès pernicieux nous comptons : ACCÈS APRÈS JUGULATION DRE ROUE ENNEMI te 2 2 TOUTES EN EN ENEE ROENTN ER Rs il fl — légère. 1 1 (1\ Hèze. Archives provinciales de médecine, 1900. (2) Nous avons eu, depuis deux ans, des hivers et des printemps relative- ment pluvieux. (3) Nous nous sommes, bien entendu, assurés que les médicaments pris par les malades ne pouvaient en rien troubler les résultats; nous avons, en outre, pris des cas avérés, et, sauf les rares exceptions signalées, nos observés ne présentaient aucune affection intercurrente pouvant fausser nos expériences. SÉANCE DU ® NOVEMBRE 939 d) En plus, les urines d'un malade atteint de bilieuse hémoglobinurique exa- minées après l'accès, nous ont fourni une diazo-réaction légère. e) Enfin, 5 tierces ont été examinées (1); quatre fois l’examen a été pra- tiqué au moment des accès et après Jugulation ; nous avons obtenu : ACCÈS APRÈS JUGULATION DR nulle . 1 9 — douteuse il 2 — légère. 2 (0 Une fois, la DR a été recherchée au cours de l'accès seulement; elle a donné un résultat douteux (2). En somme, sur 70 examens répartis sur 44 observés, nous trouvons : 31 examens faits au cours des accès avec DR nulle 26 fois, douteuse 11 fois, légère 5 fois, moyenne 1 fois; 27 examens en dehors des accès, après jugulation avec DR nulle 21 fois, douteuse 4 fois, légère 2 fois; soit en tout : résultats négatifs 47, douteux 15, légers 7, moyen 1. On voit que, si la DR peut être parfois douteuse ou très légère dans les diverses formes de la malaria, c’est l'exception; en tout cas, à moins d’une maladie intereurrente, on n'a pas des réactions aussi franches que dans la dothiénentérie, où elle est presque toujours bien caractérisée (2° au 6° jour, au déclin dela fièvre); sur un total de 584 cas cités dans le récent mémoire de Sacquépée (3), la DR ne s’est trouvée en défaut que 17 fois. Il ressort donc nettement de tout ceci que, si la diazo-réaction n'est pas un moyen absolu de diagnostic entre le paludisme et la dothiénen- térie (4), c'est du moins un moyen qui trompe rarement. Cette méthode chimique vient utilement à la rescousse des méthodes histologiques et bactériologiques, qui peuvent parfois se trouver en défaut. C’est ainsi que nous avons recu dernièrement 1 cas de fièvre typhoïde hyper- toxique, envoyé sous la rubrique typho-malaria ; l'épreuve de Widal a été nulle, la DR a été, au contraire, des plus nettes. Aux pays chauds, nous ne sauriops avoir trop de lumières pour nous éclairer dans le dédale de la pyrétologie exotique, là où les pseudo-continues malariaques peuvent en imposer pour la dothiénentérie; là où les fièvres dites climatiques (oca, embarras gastrique a calore, fièvre ardente, inflammatoire, calar- rhale, etc.) ne peuvent être encore facilement étiquetées; on sait que les auteurs les rapportent, les uns à la dothiénentérie, d’autres à la malaria, ou encore à la coli-bacillose, voire au typhus amaril atténué (5). (1) Ces résultats, dans la tierce, sont à remarquer. (2) En outre, dans une dysenterie à forme typhoïde, et dans 1 cas d’éry- thème infectieux récidivant, nous avons obtenu des réactions légères. 3) Sacquépée. Archives de médecine, août 1901. 4) Il en est de même pour le typhus exanthématique. 5) Il est même encore des observateurs qui veulent en faire des affections alore. ( ( ( C a 940 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CORRÉLATION D'ÉTAT PATHOLOGIQUE DE LA THYROÏDE, DE LA PROSTATE ET DE L'UTÉRUS, par M. le D' EUGÈNE Dupuy. J’ai eu l’occasion, depuis une dizaine d'années, de voir une véritable série de malades atteints d’affections thyroïdienne, prostatique et utérine, qui m'a permis de faire la singulière observation que les maladies organiques et de développements de ces organes sont corrélatives et héréditaires. Aïnsi, j'ai vu nombre de cas de malades ayant de l'hypertrophie prostatique, avec ou sans hémorragie provenant de la glande, qui avaient des mères ayant eu des signes évidents de désordres thyroïdiens, ou qui avaient ou avaient eu des fibromes utérins; et aussi, j'ai vu des filles ayant des symptômes patents du syndrome de Basedow, ou des fibromes utérins saignants, issues de pères prostatiques ou de mères basedowiennes. Il y a eu des cas, parmi ceux que j'ai observés, qui s'étaient développés chez les descendants avant d’apparaîlre chez les ascendants. J’ai aussi vu des anomalies de développement chez les descendants ou les ascendants de ces malades, et même, en ces der- niers temps, outre des observations de désordres nerveux d'ordre banal chez les descendants, j'ai vu un cas très remarquable d'épilepsie chez un enfant de deux ans qui n’a qu une thyroïde très peu facile à retrouver, tant elle est rudimentaire, et d’ailleurs porteur d’autres stigmates de tare nerveuse, dont la mère est actuellement atteinte d'un goitre assez appa- rent avec des symptômes basedowiens. Il y a fort longtemps déjà qué® Brown-Séquard et moi-même avons vu un certain nombre de lésions se transmettre aux petits des cobayes que nous avions opérés; cette transmission héréditaire, dans certains cas, ne se montrait que pendant le déveioppement des petits, tels, par exemple, l’état qui consiste en exophlalmos et l’hypertrophie des oreilles avec gangrène consécutive du bord libre chez des petits dont les parents avaient été blessés par une piqûre du corps restiforme et l’épilepsie héréditaire par suite de lésion de la moelle épinière ou du nerf sciatique. Il semble que, dans ces transmissions héréditaires, il s'agisse d'un processus de développe- ment, et l’on sait qu'il est admis aujourd'hui que la prostate est l’ana- logue de l’utérus : on l’a même appelé un utérus mâle. Pour ce qui est de la corrélation ou concordance avec la thyroïde, je ne sais sil y a unanimité d'opinion, mais notre éminent collègue, M. Giard, dit que chez les ancêtres des vertébrés les organes génitaux gonades demeurent en rapport avec les tubes épicardiques qui, d’après lui, sont les homo- logues des thyroïdes latérales (1). Puisque je crois que les états que j'ai (1) A. Giard. Soc. de Biologie, séance du 30 avril 1898. SÉANCE DU ® NOVEMBRE 941 décris sont la conséquence des processus de développement, la concor- dance ou.corrélation que je fais connaître dans cette note entre les maladies de la thyroïde et celles de l’utérus et de la prostate se peuvent expliquer. SÉPARATION DES MICROBES ANAÉROBIES CULTIVÉS EN TUBES DE GÉLOSE PROFONDE PAR L'ISOLEMENT ET LE LAVAGE EN BOITE DE PÉTRI, par M. GEORGES ROSENTHAL. La méthode de Liborius, que Zuber et Veillon ont perfeclionnée et préconisée pour la culture des microbes anaérobies, permet la sépara- tion en série des germes au fur et à mesure de leur apparition sans pré- judice des tubes examinés. La séparation est facile lorsque les colonies poussent bien isolées et peu nombreuses; elle devient pénible, difficultueuse lorsque les colonies à prélever se trouvent au milieu d'un grand nombre d’autres, lorsque la gélose a élé fragmentée par les gaz. Il faut alors ou fracturer le tube ou faire des dilutions tellement considérables que la plus simple recher- che devient un labeur excessif, ingrat et rebutant,. C’est pour éviter ces inconvénients que nous voulons substituer à la séparation par dilution, la séparation faite après isolement et lavage de la colonie dans une boite de Pétri. Voici ia technique de notre procédé : a.) On aspire la colonie, selon le mode classique, dans une pipette à effilure large munie du tube de Guillemot, en ayant soin de l’aspirer entière et sans l’altérer. b.) Pour pratiquer l'isolement, il faut simplement rejeter le petit cylindre de gélose contenu dans l’effilure de la pipette à l’intérieur d’une boîte de Pétri vide et stérile, près du bord de la plaque inférieure. Avec un fil de platine stérile, et sous le contrôle de la vue, au besoin aidée d’une loupe, on isole la colonie à repiquer, du reste de la gélose; puis, on donne à la boîte une légère inclinaison, en ayant soin de suré- lever le côté où se trouve la colonie. c.) Pour pratiquer le lavage, on fait tomber goulte à goutte ou en mince jet sur la colonie, du bouillon stérile récemment bouilli, aspiré dans une pipelte large à extrémité sensiblement amincie. Toutes ces manœuvres se font en maintenant surélevée avec la main gauche le couvercle de façon à éviter, chose facile, la contamination par les pous- sières de l'air. On peut également faire le lavage en reprenant la colonie dans la boîte de Pétri, et en la lavant dans un tube de bouillon stérile. Cette manœuvre est plus difficile. 949 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Par l'isolement on est sûr de ne pas réensemencer d'autre colonie que celle étudiée. Par le lavage on réduit au minimum la contamination produite par le passage de la colonie dans l’effilure de la pipette, souillée par le contact des autres germes. On procède alors au repiquage. Une prise faite dans la colonie même avec une pipette ou un fil de platine éteint dans un tube stérile (Veillon) est répartie dans trois tubes de Zuber-Veillon; elle permet d'obtenir des cultures pures. Dans le cas où la colonie se laisse mal pénétrer par le fil de platine, il est utile de l’écraser avec un fil de platine fort, légèrement aplati à l'extrémité ; la prise est faite dans l’'émulsion de microbes produite par cet écrasement. En résumé, par le procédé de la boîte de Pétri, nous ramenons la Séparation des germes anaérobies cultivés en tubes de Zuber-Veillon, à une manœuvre aussi simple que la séparation des microbes aérobies, nous diminuons considérablement le nombre de tubes employés, et par conséquent le travail. Cette séparation rapide permettra aussi une expé- rimentation immédiate. (Laboratoire de M. le professeur Hayem.) SUR LES TROUBLES DES RÉACTIONS ÉLECTRIQUES DANS LA PARALYSIE FAMILIALE PÉRIODIQUE, par MM. les D'S Onpo et Darcourt (de Marseille). Il ressort de l'exposé des faits cliniques observés dans tous les €as connus de paralysie périodique familiale des considérations qui sont au point de vue électrique d'une extrême importance. Il est établi d’une manière indiscutable que : 1° Pendant chaque cerise, et proportionnellement au degré des troubles moteurs, il y a diminution de l’excilabilité faradique et galvanique du nerf et du muscle. Cette diminution peut aller jusqu'à la disparition complète de toute excitabilité. 20 À la fin de la crise, le retour de l’excitabilité se fait graduellement comme celui de la motilité. Dans l'intervalle des crises, les réactions redeviennent normales dans la très grande majorité des cas. 3° Il n’a jamais été constaté, soit pendant la crise, soit à son déclin, soit pendant l'intervalle des crises, de modifications qualitatives, soit dans l’action des pôles, soit dans la forme de la secousse. Ces trois points ont été établis et vérifiés successivement par Oppen- heim, Westphal, Goldflam, Mitchell et Rhein, et, enfin, par nous-mêmes. SÉANCE DU ? NOVEMBRE 943 En outre de ces faits capilaux, on à pu constater que les divers muscles peuvent être atteints à des degrés différents, sans qu'aucune topographie nerveuse, radiculaire, métamérique ou autre puisse expli- quer la répartition des troubles électriques. D'ailleurs, la répartition de ces troubles varie parfois d’une crise à l’autre. La disparition des troubles électriques au décours de la crise peut se faire plus vite dans certains muscles que dans d’autres. Enfin, il n’y a pas de règle à ce sujet. Nos recherches personnelles nous ont amené à constater également : 1° que, pendant la période de crise, l'excitation du nerf provoque plus facilement la contraction du muscle que l'excitation directe du muscle lui-même ; 2° que la contraction faradique est souvent plus facile à pro- voquer que la secousse galvanique ; 3° que l'électrisation faradique hâte la disparition des troubles électriques et facilite le retour de la motilité. De toutes ces constatations et d’autres caractères cliniques (tels que nature des conditions d'apparition des crises, perte de l'excitabilité mécanique du muscle, etc.), il résulte pour nous que le siège des troubles fonctionnels si singuliers de la paralysie périodique familiale est dans le muscle lui-même. Cette affection doit être rapprochée des myotonies familiales par son caractère héréditaire, ses allures paroxys- tiques avec intégrité dans les périodes intercalaires, et, enfin, le siège musculaire de ses altérations fonctionnelles. Mais elle s'en distingue par des caractères opposés : paralysie apparaissant pendant le repos musculaire au lieu de contracture à l'occasion du mouvement; et, d'autre part, les troubles électriques sur lesquels nous venons d’insister ‘sont tout à fait différents de la réaction myotonique. Il y a donc lieu d'admettre, au point de vue nosologique, des myoplégies familiales à opposer aux myolonies familiales. Ces deux sortes d’affections consti- tuent des myopathies familiales, avant tout fonctionnelles et inter- miltentes. Pour en revenir aux troubles des réactions électriques qui constituent l’objet de cette note, nous croyons devoir attirer l'attention de la Société de Biologie sur ce fait si important de la suppression momentanée de toute excitabilité électrique dans un muscle qui va récupérer dans quelques instants, et souvent pour longtemps, son intégrité motrice et électro-fonctionnelle. On trouve quelque chose d’analogue lorsqu'on peut, par épuisement et très difficilement d'ailleurs, obtenir la perte de toute excitabilité sur des muscles qui ont élé précédemment anémiés par une ligature du membre située sur un point plus élevé. lei encore, l’inexcitabilité est transitoire et disparaît peu après la suppression de la ligature. Nous ne pouvons, pas plus que les auteurs qui nous ont pré- cédé dans l'étude de la paralysie familiale périodique, donner une expli- cation satisfaisante du mécanisme de ces altérations fonctionnelles du muscle. Mais le fait que nous voulons retenir, et qui est d’une assez 944 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE grande portée au point de vue de l’électro-diagnostic, c'est que la perte de l’excitabilité électrique peut être cliniquement rencontrée en dehors d'une altération anatomique profonde et définitive de la fibre muscu- laire, et dans des états d'impotence fonctionnelle d’assez courte durée, compatibles avec une récupération fonctionnelle ee et rapide dans l'intervalle des crises. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 945 SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1901 M. Vicror Henri : Loi de l'action de la sucrase. — M. Vicror Henri : Action de la sucrase sur un mélange de saccharose et de sucre interverti. — M. FERNAND ARLOING : Action favorisante du sérum antituberculineux vis-à-vis de l'infection par le bacille de Koch en cultures liquides homogènes. — M. J. CLuzer : Sur la loi d’excitation des nerfs et des muscles. — M. Maurice Niccoux : Sur l’oxyde de carbone du sang. — M. Maurice Nicroux : Sur la dissociation de l'hémoglo- bine oxycarbonée mise au contact d’un milieu vivant. — M. Rarnagz Dupors : Autonarcose carbonique chez les végétaux. — Discussion : MM. Mano, R. Dupors. — MM. B. Aucné et Le Couturier (de Bordeaux) : Des lésions déterminées par les injections intra-hépatiques d'acide phénique et de leur mode de réparation. — M. le Dr Léon Meunier : Recherche quantitative de la pepsine dans le suc gas- trique. — M. Maurice Artaus : Un réactif qualitatif et quantitatif du fibrinferment; le plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000. Présidence de M. Netter, vice-président. LOI DE L'ACTION DE LA SUCRASE, par M. Victor HENRI. (Communication faite dans ia séance du 26 octobre.) La plupart des auteurs {Duclaux, O’Sullivan et Tompson, Tam- mann, etc.) admettent que la vitesse des réactions produites par Îles diastases peut être représentée par une courbe logarithmique, ayant la même forme que dans les réactions monomoléculaires (par exemple dans l’inversion du saccharose produite par les acides). Si nous dési- gnons par a la concentration de la solution de sucre au début, par x la quantité intervertie après une durée égale à {, ces grandeurs seront reliées entre elles par la relation suivante : Dans cette expression K est une constante, appelée « constante d'’in- Version ». : Les expériences que j'ai faites sur la sucrase ont montré que la loi BioLocie. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII. 13 926 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE précédente ne s'applique pas à ce ferment; les valeurs de K augmentent d’une manière continue depuis le début de la réaction jusqu'à la fin, c’est-à-dire que l’inversion du saccharose par la sucrase se produit plus rapidement que ne l’exprime la loi logarithmique. Voici quelques nombres à l'appui; on voit que les valeurs de K augmentent dans un cas de 29 à 39 et dans le deuxième cas de 65 à 95. Sol. de Saccharose 0,5 norm. Sol. de Saccharose 0,2 norm. A Hisivantes dE 100 min. 6,5 p. 100 29 57 13,8 p. 100 63 121 25 — 14,1 31 57 30,1 12 195 300 — 19,9 32 58 40,7 76 125 Se 702 34 58 70,0 89 128 1200 — 65,9 39 57 027 95 118 On pourrait se demander si ce résultat n'était pas dû à des causes étrangères à l’action mème de la sucrase. Trois arguments me per- mettent de répondre à une telle supposition : 1° Des expériences faites avec trois préparations différentes de la sucrase ont donné les mêmes résultats; 2 Les expériences faites dans les mêmes conditions sur la vitesse d’inversion par l'acide chlorhydrique ont donné des valeurs très satis- faisantes pour la constante K ainsi que le montre le tableau suivant : Vitesse d'inversion par HCI 0,4 norm. INR NE EN PE I EEE Saccharose 0,2 norm. . Proportion interv. 91 minutes 226 Ve) OX 288 389 506 556 866 1545 © © on 1 © O7 à N G IN © 1 1 —{ O0 19 DO Or © © 3° En faisant les calculs sur les séries d'expériences publiées par Tammann, O’Sullivan et Tompson on trouve que la valeur de K augmente dans ces expériences de la même manière que dans les miennes. HŸ SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 947 Expériences de Tammann. Expériences de O'Sullivan et Tompson. Proport, a : Proport. interv. ” DURÉE interv. K. Ka. 0/ ‘0 14 minut. D = 17 à ,4° 0 9.0 20,5 48,1 59,0 68,0 16,1 © O7 À Ur © Où D © = Æ © À 1 O0 O7 C2 © © C2 GITE IAE O1 © »2 =1 Où Or À C2 > J'ai cherché d’une manière empirique la loi qui représenterait la vitesse d'action de la sucrase; cette loi correspond à la formule sui- vante : Î à + x K, m7 log AE Le premier tableau contient les valeurs de cette nouvelle cons- tante K, ; on voit que ces valeurs restent bien constantes pendant toute la durée de la réaction. La même constance s’observe dans les ie nn de la communication suivante. ACTION DE LA SUCRASE SUR UN MÉLANGE DE SACCHAROSE ET DE SUCRE INTERVERTI, par M. Vicror HENRI. (Communication faite dans la séance du 26 octobre.) Supposons que nous ayons une solution de saccharose 0,5 normale (c’est-à-dire 171 gr. sacch. par litre) sur laquelle nous faisions agir une certaine quantité de sucrase. Au bout d'un certain temps (T) quatre dixièmes seront intervertis; à ce moment la solution se composera de saccharose 0,3 norm. + sucre interverti 0,2 norm. Prenons d'autre part une solution faite d'avance de saccharose 0,3 norm. + sucre interverti 0,2 norm. et faisons agir sur cette solution la même quantité de dias- tase que précédemment; si la diastase ne subit pas d’autres influences que celle du milieu, la vitesse d’inversion devra se produire dans cette deuxième expérience avec la même vitesse que dans la première expé= rience après le temps T. J'ai fait plus de trente séries d'expériences de ce genre ; presque dans 948 :_ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE toutes l'égalité de vitesse d'action indiquée plus haut subsiste. Voici quelques exemples qui montrent le degré d’approximation. Vitesse d'action de la sucrase. Saccharose 0,5 norm. |Sacch.0,3n.+S. int. 0,2 n.| Sacch.0,2n.+ S. int. 0,3n. SEE — Proportion Proportion Ki Proportion : KA interv. 1 interv. interv. Ky. 13 minutes. 183 0— 395 — EDS — ABOU — Moyennes... On voit que dans les trois séries précédentes les valeurs de la cons- tante d'inversion K, sont presque égales entre elles. Puisque, d’après ce qui vient d’être dit, la sucrase ne subit pas pen- dant la réaction d’autres influences que celles du milieu, c'est-à-dire qu'elle reste comparable à elle-même, on peut calculer d'avance quelle sera la vitesse d’inversion dans un mélange donné de saccharose et de sucre interverti. Les cinq séries suivantes montrent jusqu'à quel point l'expérience concorde avec les nombres calculés. LEE RE PE PE AE EC Em I. Saccharose 1 norm. II. Sacch.0,5n.+ S. int.0,5 n.| III. Sacch.0,2n.+ S. int. 0.8n. Prop. | Prop. interv. Prop. interv. DURÉE : £ Ki) NDURÉE | NDURÉEN CC ASE mai) calculée| obtenue calculée | obtenue 108 min.| 12,2% | 0,00052| 0,00098, 109 min. | 11,6% | 16,1%] 40 min. 8,0% 7,5% 156 — |19,9 |0,00055|0,00099 477 — 26,8 2 OMR 21,0 29 304 — 133,4 |0,00058]|0,00099B04 — 42,4 A2 DTA 38,1 31,8 361 — |38,9 0,00059|0,00098/ 861 — 48,0 A2 BON 46,8 48,0 1506 — |51,1 0,0006110,00097506 — 61,5 60,4 ||190 — 64,5 65,8 625 — |59,4 |0,00063]0,00095 625 — 69,8 68,2 IV. Saccharose 0,8 norm. V. Saccharose 0,5 n. + Sucre interv.0,3n. Proportion | ; ; . | Proportion intervertie. DURÉE je el Ki DURÉE interv. | 108 minut. 16,8% 0,0007% 0,00136 112 minut. 177 — 252 0,00078 0,00137 181 — ] SNS AS 0,0008 | 0,00136 || 309 — STE CES 51,1 0,00086 | 600135 || 368 — 506 — 65.0 0,00090 0,00133 510 — 625 — 13.6 0,00092 0,00131 629 — SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 949: Indiquons enfin une dernière vérification du même résultat. Suppo- sons que nous ayons une solution de 0,5 norm. et faisons agir dans quatre flacons différents des quantités égales de diastase sur des volumes égaux de cette solution. Après 100 minutes nous ajouterons dans le flacon II une nouvelle quantité de saccharose qui élève le titre de la solution de ce flacon de 0,13 norm.; après 180 minutes nous ajou- terons la même quantité de saccharose au flacon III; enfin, après 430 minutes, nous ferons la même addition de saccharose au flacon IV. Si pendant toute cette durée la diastase est restée identique à elle- même, les vitesses d’inversion, c'est-à-dire les valeurs de la constante d'inversion K,, seront égales dans les trois flacons IT, III, IV après l'addition du saccharose. Le tableau suivant contient les résultats expérimentaux. On voit que dans les trois séries IT, III et IV après l'addition de saccharose les valeurs de K, sont les mêmes (égales environ à 154). Vitesse d’inversion par la sucrase. U T II. SaccA. III. Sacch. IV. SaccA. 0,5 norm. 0,5 norm. 0,5 norm. I. Saccharose0,5 norm.| Après 100 min. |- Après 180 min. | Après 430 min. addition de 0,13 n. addition de0,13n.|addition de 0,13 n. saccharose. saccharose. saccharose. Re Proportion KA interv. 187 199 204 203 . 204 202 199 196 SO N 26 minutes. 88 166 258 321 416 193 360 ROC oo Ces expériences montrent que pendant toute la durée de l'inversion la sucrase reste comparable à elle-même; le fait d’avoir agi pendant plusieurs heures et d’être restée pendant ce temps en solution sucrée n’a aucune influence appréciable sur l’activité de ce ferment. La loi a+ a — 1 œ : Re à = 7 log — exprime donc bien l’action de la sucrase sur la saccha- rose. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 950 ACTION FAVORISANTE DU SÉRUM ANTITUBERCULINEUX VIS-A-VIS DE L'INFECTION PAR LE BACILLE DE KOCH EN CULTURES LIQUIDES HOMOGÈNES, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par M. FERNAND ARLOING. (Communication faite dans la séance précédente.) Précédemment, nous sommes arrivé à conclure, en présence de faits expérimentaux certains, que « le sérum antituberculineux exalte la virulence du bacille de Koch, ou bien favorise l'infection de l’orga- nisme animal par l'agent tuberculeux (1) ». L'agent infectant mis en cause provenait de cultures sur pomme de terre, très virulentes. L'action favorisante que nous avons observée se produirait-elle aussi avec un bacille tuberculeux ayant des conditions de développement autres, c’est-à-dire avec un bacille de Koch poussant en bouillon glycé- riné, suivant la méthode du professeur S. Arloing, et donnant des cul- tures liquides homogènes à virulence atténuée ? On peut résumer ainsi les caractères de la tuberculose septicémique ou infectieuse que produit ce bacille. Par inoculation sous-cutanée au lapin, il s’'épuise en un effet local entraînant l’induration du tissu con- jonctif, et parfois de petits foyers de ramollissement. Par injection intra-veineuse de 1 centimètre cube au même animal, il cause Ia mort dans un délai de trente-cinq à quarante-deux jours, entrainant un amaigrissement considérable, une hypertrophie de la rate, mais pas de tubercules. Injecté dans le péritoine, il laisse longtemps survivre les sujets, mais détermine des tubercules épiploïques farcis de bacilles, ayant les réactions colorantes caractéristiques. Nous avons inoculé des lapins, les uns dans le péritoine, d'autres dans la plèvre, avec des mélanges de culture et de sérum. Dans ces dernières séries d'inoculation, on s’est efforcé de ne pas blesser le parenchyme pulmonaire sous-jacent; si parfois on a constaté des lésions massives de pneumonie caséeuse, preuve d’un traumatisme du poumon lors de l'injection, on a simultanément enregistré des lésions pleurales attestant qu'une grande partie de l'injection avait bien été déposée sur les régions séreuses visées. Nous ne pouvons donner, dans ce court résumé, le tableau détaillé > de nos inoculations. Indiquons les proportions dans lesquelles la cul- ture (C) a été mélangée au sérum (S) in vitro, quelques minutes avant l’injection : Lapin n°1. a UP — n3,. — m4. DL A NPA NS MIE — m6. (1) Comptes rendus de . . 1 centimètre cube C (témoin). el — C+Oc.c. ul — FA cen TE _ C+2 . . 2 centimètres cubes C +2 RE) _ + 4 la Société de biologie, 13 juillet 1901. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 95 À. Lapins ayant reçu le mélange de culture et de sérum dans le péri- loine. — Les témoins ont été sacrifiés au bout de quarante jours, et ont présenté les lésions abdominales signalées plus haut, et correspondant à ce mode d'introduction. Quant aux sujets auxquels on à ee cultures el sérum mélangés, les uns ont succombé avant ce délai de quarante jours, les autres ont été sacrifiés à cette date. Les lésions de tuberculose épiploïque étaient peu aceusées chez les animaux morts rapidement, sans doute par suite d'une infection tuberculeuse septicémique. Elles étaient, par contre, très étendues chez les survivants. Le mésentère, les épiploons, les g iont lymphatiques abdominaux, le foie et la rate présentaient des édifica- tions tuberculeuses plus avancées dans leur évolution. Nous avons noté, dans quelques cas, l'extension de l'infection à la plèvre. B. Lapins inoculés avec le mélange de culture et de sérum dans la plèvre. — Nous résumerons, de façon presque identique, les lésions tuberculeuses chez les animaux de ce lot. Les lapins inoculés avec un mélange de culture et de sérum ont tous, sauf les cas où ils ont succombé à l'infection généralisée, présenté à l’autopsie des lésions plus graves, plus étendues, plus avancées et plus généralisées que les témoins. Les deux plèvres sont recouvertes de fausses membranes et de tuber- cules s'étendant jusque sur le péricarde: il existe aussi des tubercules pulmonaires sous-pleuraux très petits. Les ganglions trachéo-bron- chiques et médiastinaux forment une trainée volumineuse, bosselée et caséeuse. Quelquefois, le mode de généralisation séreuse remarqué précédemment s’est fait, mais en sens contraire, et la cavité abdomi- nale est infectée. Enfin l'amaigrissement pouvant aller jusqu’à la cachexie est plus marqué que chez les lapins témoins. Disons, en terminant, que nous avons également constaté la même action favorisante sur l'infection périlonéale par des cullures solides de tuberculose additionnées de sérum. En résumé, introduit dans l'organisme en même temps que l'agent microbien par la voie séreuse, le sérum antituberculineux exerce, comme nous l'avons déjà démontré pour la voie sous-cutanée, une action favori- sante cerlaine sur l'infection par le bacille de Koch en culture liquide homogène. Qu'adviendrait-il si le sérum ou le virus étaient donnés par d’autres voies et dans d'autres conditions ? Nous le verrons dans une pRoennIme note. (T'ravail du Laboratoire de médecine expérimentale de l'Université de Lyon.) 952 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA I.OI D'EXCITATION DES NERFS ET DES MUSCLES, par M. J. CLuzer. À la suite de ses recherches sur les animaux, M. Georges Weiss a découvert la loi suivante : Au seuil de l’excitation, la quantité d’électri- cité mise en jeu, Q, et la durée de cette excilation, #, sont liées par la formule Q = a + bi. Même après les vérifications faites par M. Georges Weiss en utilisant les nombres publiés par Dubois et Horweg, il m’a paru intéressant de voir si la loi s'applique à l'homme lorsqu'on emploie les procédés clini- ques d'exploration électrique. Un grand nombre d’expériences m'avaient déjà prouvé que la loi s’observe avec une approximation suffisante sur la grenouille, en execi- tant les nerfs et les muscles, non pas seulement directement et avec des électrodes impolarisables, mais encore en les excitant à travers la peau, par la méthode unipolaire, et avec des électrodes quelconques. Le dispositif employé était analogue à celui que l’on emploie cou- ramment en électrodiagnostic, sauf que j'utilisais pour l'excitation la décharge de condensateurs dont les capacités sont en microfarads 4/10, 2/10, 5/10, 1, 1,5 et 2; on peut admettre que les durées de l'onde efficace sont respectivement 1, 2, 5, 10, 45 et 20. Un voltmètre donnait le potentiel. | Sur l'homme la vérification a été aussi satisfaisante que possible : les différences entre les quantités d'électricité calculées par la formules de Weiss et les quantités d'électricité mesurées sont de l’ordre des erreurs de l'expérience. C’est ainsi par exemple que pour le nerf facial d’un homme j'ai obtenu les nombres suivants : ; CAPACITÉS VOLTAGE À MESURÉ Q cALCULÉ 1 46 46 » 2 34 68 » 5 27 135 13% 10 24 240 244 15 23 345 354 20 22,5 450 - 464 Les deux premières expériences de cette série donnent pour les coeffi- cients a et 6 les valeurs 24 et 22, de telle sorte que la formule employée délér Q—24 + 92 t. Mes recherches ont aussi porté sur le nerf cubital, et sur les muscles SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 953 fléchisseurs. de l’avant-bras, — la loi a toujours été vérifiée avec une approximation suffisante. Je recherche en ce moment comment se comportent les nerfs et Les muscles présentant des syndromes de dégénérescence. (Travail du laboratoire de Physique de l'Université de Toulouse.) SUR L'OXYDE DE CARBONE DU SANG, par M. MAURICE NiIcLoux. Le sang des chiens (4) vivant à Paris renferme de pelites quantités d'oxyde de carbone (De Saint-Martin, Desgrez et Nicloux, Nicloux. Voir la bibliographie complète de la série des travaux parus depuis 1898 jusqu’à juin 1901 dans la dernière note de Nicloux : « Sur la présence de l’'oxyde de carbone dans le sang du nouveau-né ». Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1901, t. CXXXIT, p. 1501.) Quelle est l’origine de ce gaz ? J'ai réalisé quelques expériences dans le but de déterminer si l'oxyde de carbone est contenu dans le sang des animaux vivant à la campagne. On verra que la présence de ce gaz dans le sang a été constatée, mais toutefois en proportion moindre que dans le sang des animaux de la ville. Ces expériences, par conséquent, n'apportent pas encore la solu- tion définitive de la question de savoir si l’oxyde de carbone est un pro- ‘duit normal de l’organisme, ou s’il provient de l'air atmosphérique. Le 15 juin 1901, à 6 heures et quart du soir, deux chiens sont conduits hors de la capitale, à Ris-Orangis (Seine-et-Oise), petite commune de 900 habi- tants environ, à 24 kilomètres de Paris. Dès leur arrivée, on les installe en pleine campagne, sur un plateau (cote 80) au-dessus de ce village, loin des dernières maisons d'habitation, dans un petit enclos provisoire entouré de fil Aderter: Leur séjour doit durer jusqu’au 7 juillet. (1) Il en est de même du sang des autres animaux de laboratoire : lapin, cobaye. La proportion est en moyenne de 0°,04 pour 100 centimètres cubes de sang chez ces deux espèces, moindre par conséquent que chez le chien chez lequel la proportion est de : 0,14 pour 100 centimètres cubes de sang (moyenne de dix-sept dosages). Voir d’ailleurs : Maurice Nicloux. « Sur l'oxyde de carbone contenu normalement dans le sang » (Comptes rendus, 1898, t. CXX VI, p. 1526). J'ai établi, d'autre part (Comptes rendus de l'Acad mie des Sciences, 1901, t. CXXXII, p. 1501, et Comptes rendus de la Société de Biologie, 1901, t. LIT, p. 611), le fait de la présence constante de l’oxyde de carbone dans le sang du nouveau-né, à Paris. 954 “SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans la nuit du 5 au 6 juillet un des chiens s’évade. Le 6 juillet, la pompe à mercure, mon petit appareil à dosage d'oxyde de carbone par l'acide iodique, tous appareils et instruments nécessaires pour les prises de sang, l’extraction des gaz du sang, l'analyse de ces derniers, sont transportés à Ris-Orangis. Le 7 juillet, à 3 heures de l’après-midi, le chien qui reste est opéré. On prélève un échantillon de sang de 40 centimètres cubes et on pratique l’extrac- tion des gaz au moyen de la pompe à mercure. Les gaz sont mis à circuler dans mon petit appareil à acide iodique. La proportion d'oxyde de carbone est de 0 c. c. 033 pour 100 centimètres cubes de sang. D'autre part, deux jeunes lapins nés à Ris, vivant dans des conditions atmosphériques excellentes, fournissent chacun 40 centimètres cubes de sang. On détermine la proportion d'oxyde de carbone et on trouve : CO p. 100 c. c. de sang. Lapin APM ER ESS OR LE ARE MEL" SUR 0,025 Lapins es DDASS EN FETE 0,023 À Paris, la même expérience faite sur un vieux lapin vivant depuis trois ans dans l’atmosphère de la ville a fourni : CO pour 100 centimètres cubes de sang. . . . . . . 0,04. On complète l'expérience faite sur le chien, de la façon suivante : Le 7 juillet, au soir, l'animal est ramené de Ris à Paris au chenil du labo- ratoire du Muséum. On le laisse dans l’atmosphère parisienne (Jardin des Plantes) jusqu'au 19 du même mois. A ce moment, on fait une prise de sang. On trouve : CO pour 100 centimètres cubes de sang : 1 centimètre cube. La proportion, passant de 0.033 à 1 centimètre cube, est devenue triple pour une _ durée de respiration de douze jours. È On se propose alors de répéter celte expérience. Le 10 juillet 1901, deux nouveaux chiens sont envoyés à Ris-Orangis; mais la nécessité d'une surveillance entraîne des conditions d’isolement moins favorables que dans la première expérience (cour d'une maison d'habitation, située sur le plateau dont il a été fait mention, dans des conditions d’ailleurs d'aération excellente). Le 22 juillet, les deux animaux fournissent un échantillon de sang : CO p- 100 c. c. de sang. CHETPAR INR. Sc ee 0,04 CHEN FARMER CR A PR 0,04 Le soir du même jour, les animaux sont ramenés de Ris à Paris, au Muséum. Le 29 juillet, après sept jours de respiration de l’atmosphère parisienne, on trouve : CO p. 100 c. c. de sang. Chien ADS Se 1 RS ER AUS 0,08 Chien Buste Re Re SET 0,075 SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 955 La proportion d'oxyde de carbone, passant de 0,04 à 0,08 ou 0,075, est devenue double. Peut-être pourrait-on tirer de ces résultals quelques cozclusions. Pour ma part, cela me semblerait prématuré, et si j'ai tenu à publier ces résultats c’est dans le but d'indiquer dans quelle direction devront être poursuivies de nouvelles recherches, et notamment les conditions d'iso- lement le plus parfait où devront être placés les animaux soumis à l’ex- périence. Disons tout de suite que cette dernière condition ne sera pas des plus simples à réaliser. Je tiens à remercier ici mon frère, J.-E. Nicloux de l’aide qu'il a bien voulu me prêter dans la conduite de ces expériences, difficiles à réaliser hors du laboratoire. (Travail du Laboratoire de Physiologie générale du Muséum.) SUR LA DISSOCIATION DE L'HÉMOGLOBINE OXYCARBONÉE MISE AU CONTACT D'UN MILIEU VIVANT, par M. Maurice NicLoux. Dans une note récente (1), j'ai démontré le passage de l'oxde de car- bone de la mère au fœtus. À propos de l'interprétation de ce passage, je m'exprimais ainsi : « Le mécanisme du passage du gaz toxique ne peut être envisagé comme celui d’une substance très facilement diffusible, telle que l'alcool (2). Il est de toute nécessité d'admettre la dissociation, au niveau du placenta, de l'hémoglobine oxycarbonée contenue dans le sang maternel; en effet les circulations maternelle et fœtale sont complète- ment indépendantes ; par conséquent aussi les globules et l’'hémoglo- bine. » Une expérience très simple, qui ne met pas en jeu le placenta mais un organe respiratoire auquel les physiologistes l’ont souvent comparé — les branchies chez les poissons, — donne la démonstration de cette dissociation et de son intensité. Dans un grand cristallisoir renfermant un mélange d'eau ordinaire (3 litres) et de sang de chien, oxycarboné (120 centimètres cubes), on (4) Maurice Nicloux. Passage de l'oxyde de carbone de la mère au fœtus. (Comptes rendus de l'Académie des sciences. Juillet 1901, t. CXXXIIT, p. 67, et Comptes rendus de la Société de Biologie, 1901 ; t. LIIT, p. 711.) (2) Maurice Nicloux. Dosage comparatif de l'alcool dans le sang de la mère et du fœtus après ingestion d’alcool (Comptes rendus, t. CXXX, p. 855, 1900; — Recherches sur l'élimination de l'alcool dans l'organisme. Détermination d’un « alcoolisme congénital », 1 vol., 70 pages. Paris, 1900, O. Doin, éditeur. 956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE place une carpe. Après un temps d'immersion variable (1) on sacrifie l'animal par section des branchies, et on recueille le sang (ordinaire- ment 3 à 4 grammes). Celui-ci est traité par le vide en présence d'acide phosphorique; on recueille les gaz au moyen de la pompe à mercure, et on les fait circuler dans mon petit appareil à acide iodique, en vue du. dosage de l’oxyde de carbone. On constate alors que le sang du poisson placé dans un tel milieu s'enrichit en oxyde de carbone, et que la proportion de ce gaz pour 100 centimètres cubes de sang peut devenir cinq, six et même sept fois ce quelle est dans le milieu ou l’animal est immergé. Voici d'ailleurs les résultats numériques, réunis sous forme de tableau : OXYDE OXYDE POIDS DURÉE QUANTITÉ de carbone de carbone de la dé sang oxycarboné p. 100 c. c. pour 100 c. c. carpe. de l'immersion. - ajouté aux 3 litres d’eau. du mélange du sang de sanget d’eau. du poisson. 475 gr. din siens 120cc à 24ce5 CO p. 100£° Occ95 4ec5 465 — 2 heures 420cc à 1505 —— Occ6 3068 070 — 2 heures 120cc à 15c° — Occ6 4ccx Cette expérience montre nettement l'énergie avec laquelle l’hémo- globine du globule vivant fixe l’oxyde de carbone, puisqu'elle peut réa- liser la dissociation progressive continue d’une substance aussi fixe que la carboxyhémoglobine elle-même (2). (Travail du Laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'Histoire naturelle.) AUTONARCOSE CARBONIQUE CHEZ LES VÉGÉTAUX, par M. RaPpuaeL DuBois. J'ai observé un cerlain nombre de faits qui sont de nature à faire admettre que le sommeil des végétaux est produit par le même méca- nisme que celui des animaux, c’est-à-dire par autonarcose carbonique. Ma théorie du sommeil naturel est fondamentalément la même que celle du professeur Bouchard, et que celle de Preyer : le sommeilest dû à l’accumulalion de substances ponogènes; seulement Preyer a atlribué (1) L'animal paraissait parfaitement normal, même après deux heures d'immersion. (2) On pourrait peut-être supposer que la carboxyhémoglobine est dissociée en partie dans le mélange d’eau et de sang oxycarboné dans lequel est placé l'animal. Il n’en est rien. Soumis à l’aclion du vide à 40° pendant 10 minutes, ce mélange n’abandonne que des quantités très faibles d'oxyde de carbone. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 957 le sommeil à l’action d’un corps qui n’endort pas, l'acide lactique, tandis que j'ai démontré expérimentalement que l’agent du sommeil élait l’acide carbonique, lequel est un DArsotique et même un anesthé- sique très général. Ma théorie de l’autonarcose carbonique peut-elle s'appliquer aux végétaux ? Pour élucider cette question j'ai soumis à l’action de l'acide carbo- nique un certain nombre de végétaux sommeillants : mimosa pudica, imimosa Spegazzini, acacia megatoxylon, oxalis erenala, oxalis acelo- sella, et je les ai vus prendre l'attitude du sommeil. Quand l’action est poussée très loin, les mimosa peuvent même perdre la sensibilité. Remis à l’air libre, ces végétaux ont repris leur attitude et leur fonc- tionnement normaux. On ne saurait invoquer ici l'asphyxie, car, chez des végétaux témoins placés dans l'hydrogène pur, je n’ai rien observé de semblable. _L’acide carbonique endort done les végétaux en question, comme une foule d’autres êtres vivants. Mais comment peut-on expliquer qu'il en soit de même à l’air libre, dans l’état naturel? : Dans l’air atmosphérique, la proportion d'acide carbonique est environ de 3 p. 10.000. Lorsqu'on augmente la proportion d'acide car bonique, l'assimilation gagne en intensité jusqu'à une certaine limite qui est l'optimum de pression. Pour la plupart des espèces étudiées, la proportion optimum est de 10 p. 100; au delà de 10 p. 100, l'assimilation chlorophyllienne faiblit:; elle s’annulè dans ce même gaz lorsqu'il est employé pur à la pression d'une atmosphère. L'acide carbonique agit donc encore ici dans le même sens que les anesthésiques généraux. Pendant ce temps, la respiration continue, mais l'acide carbonique qui se forme n’est plus détruit. Le même phénomène se produit chez les végétaux nyctitropiques, quand la nuit arrive. La fonction chlorophyllienne, c'est-à-dire la des- truction de l'acide carbonique, n’a plus lieu, et, en même temps, non seu- lement la respiration continue, mais elle est encore accrue par la sup- pression de la propriélé inhibante bien connue de la lumière sur la respiration : il y a done forcément accumulation d'acide carbonique dans le végétal. Le refroidissement vespéral favorise encore l’action engourdissante de l'acide carbonique, comme le froid favorise l'hivernation des ani- maux. Vers le soir, le végétal est en outre prédisposé au sommeil parce qu'il a perdu beaucoup d’eau par la transpiration diurne. On sait que la lumière exalte ce phénomène au point de décupler et même de cen- tupler la masse d'eau vaporisée. 958 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous retrouvons donc chez les végétaux nyctitropiques les mêmes causes de sommeil que chez les animaux : accumulation d’acide carbo- nique dans les tissus accompagnant leur anhydrisation. M. MANGin ne conteste pas le fait signalé par M. Raphaël Dubois, mais il ne croit pas que le sommeil provoqué par le gaz carbonique à 100 p. 100 chez certaines plantes autorise l’auteur à conclure que les mouvements nyctitropiques normaux puissent avoir pour cause l'accumulation de l’anhydride carbonique dans les tissus. Il aurait fallu pour légitimer cette hypothèse, d'une part, démontrer que le gaz carbonique s’accumule dans les tissus en notable propor- tion, et, d'autre part, rechercher si les pressions du gaz carbonique capa- bles d'amener le sommeil sont assez faibles pour acquérir une valeur égale à la tension de ce gaz dans les tissus placés à l’obsecurité (1). Ces données n’ayant pas été fournies, l'explication proposée par M. Raphaël Dubois demeure une vue de l’esprit : elle échappe à la critique. M, RapuaEL DuBois répond à M. Mangin qu'il ne s’agit pas d’hypo- thèses, que la suppression de la fonction chlorophylienne et l’augmen- tation de la fonction respiratoire dans l'obscurité sont des faits établis expérimentalement et que ces deux facteurs aboutissent fatalement à l'accumulation de l'acide carbonique, ainsi que le prouve d’ailleurs 2 re) e DES LÉSIONS DÉTERMINÉES PAR LES INJECTIONS INTRA-HÉPATIQUES D'ACIDE PHÉNIQUE ET DE LEUR MODE DE RÉPARATION, 7 par MM. B. Aucué et Le CouTuriER (de Bordeaux.) L'injection intra-hépatique d'acide phénique pur détermine des lésions très intenses de nécrose cellulaire. Au centre du foyer nécro- tique, par conséquent dans la région la plus directement en contact avec l'agent toxique, il y a une véritable désagrégation des cel- lules du foie, se traduisant par l'existence d’un réseau formé par les (1) Au moment de la rédaction de cette note M. Mangin a pu constater que l'influence du gaz carbonique sur la sensibilité des végétaux a été l'objet d'un travail de M. Correns dans Flora, 1892 (Ueber die Abbhängigkeit der Reizerschei- nungen hôherer Pflanzen von der Gegenwart freien Sauerstoffes), analysé dans la Revue de Botanique parue en 1893 dans la Revue générale des Sciences pures et appliquées. Dans ce travail M. Correns montre que le gaz carbonique, même mélangé à l'oxygène, provoque l’insensibilité chez les plantes, SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 959 parois des capillaires sanguins intertrabéculaires et la portion périphé- rique cuticulaire des cellules hépatiques. Dans les mailles plus ou moins grandes de ce réseau on voit à peine quelques granulations pro- toplasmiques et un ou plusieurs noyaux mal colorés provenant des cellules détruites. | Dans les régions moins directement en contact avec l’acide phénique, les cellules sont nécrosées, mais non désagrégées. Elles conservent leur disposition trabéculaire. Leurs limites sont encore le plus souvent visibles. Les granulations protoplasmiques prennent une disposition réticulée qui donne à la cellule un aspect plus ou moins vacuolaire. Le noyau ne se colore plus comme à l’état normal : quelquefois il est noi- râtre, charbonneux; plus souvent il est rougeâtre pâle (hématéine). Ces lésions se produisent presque d'emblée. Par la suite, les cellules conservent très longtemps leur forme et leur disposition; mais le noyau se colore de moins en moins et ne prend plus les colorants nu- cléaires. Les espaces intertrabéculaires sont souventrétrécis et presque effacés. À la périphérie des lésions, toutefois, on observe dès le début l’ectasie des capillaires et l'accumulation dans leur intérieur d’un très grand nombre de leucocytes qui, frappés aussi par l'agent toxique, meurent presque aussitôt, de sorte qu'on ne trouve bientôt plus qu’une énorme quantité de fragments nucléaires. Les lésions ainsi produites sont en quelque sorte momifées:; elles demeurent dans cet état jusqu'à ce que les lésions réactionnelles les fassent disparaitre par résorption progressive. Le processus réactionnel de réparation commence à la périphérie de la zone nécrosée. Il débute de très bonne heure et consiste tout d'abord dans l'hvpertrophie et l'hyperplasie des cellules endothéliales des capil- laires intra-trabéculaires et des cellules fixes du tissu conjonctif. Ces cel- lules se multiplient, s’anastomosent entre elles, entourent les cellules hépatiques nécrosées les plus périphériques et envoient de fines travées cellulaires entre les trabécules hépatiques mortes, le long des espaces intertrabéculaires. Entre ces cellules fusiformes et lamelliformes anas- tomosées se voient des cellules arrondies ou polygonales, volumineuses, pourvues de un, deux et parfois trois noyaux. Quelques-unes sont plus volumineuses encore et représentent de véritables cellules géantes. Les cellules hépatiques nécrosées entourées par ces divers éléments dimi- nuent de plus en plus de volume et finalement disparaissent complète- ment. ll en résulte une augmentation progressive de la largeur de l’an- neau de réaction conjonctive. En même temps les travées conjonctives, parties de cette zone conjonctive, s'élargissent et s’enfoncent plus avant dans le bloc nécrotique. Lorsqu'elles arrivent dans les lacunes formées par la désagrégation des cellules hépatiques, elles se développent plus facilement, remplissent les lacunes, font disparaître les minces cloisons 960 “SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui les séparent et finissent par constituer de gros bourgeons conjonctifs dans l'épaisseur des foyers de nécrose. Au bout de quelques jours l’ensemble de la lésion se présente sous l'aspect suivant : à la périphérie, au contact du tissu hépatique sain, se trouve un anneau conjonctif fibrillaire. Au contact du bloc de nécrose, se voient de volumineuses cellules conjonctives anastomosées, et entre elles de grosses cellules rondes ou polygonales pourvues de un, deux ou trois noyaux et quelques cellules géantes. De très nombreuses cel- lules chargées de pigment à réaction ferrique sont disséminées dans toute la zone conjonctive. Enfin de cet anneau conjonctif partent les travées de même nature qui s'infiltrent entre Les trabécules hépaliques nécrosées et qui, parvenues dans les portions nucléaires du bloc nécro- tique, s'étalent en gros bourgeons parcourus de néo-canalicules san- guins. Au contact des parties nécrosées, étalées à la surface des cel- lules mortes ou infiltrées entre elles, existent quelques grandes nappes protoplasmiques dépourvues de limites celiulaires et contenant de très nombreux noyaux. Ce sont les analogues des cellules géantes trouvées dans le voisinage. Lorsque, en effet, les éléments nécrosés ont complè- tement disparu, ces nappes protoplasmiques à prolongements irrégu- liers reviennent sur elles-mêmes et prennent la forme la plus régu- lière des cellules géantes. Les cellules hépatiques qui entourent la lésion sont anti le siège d'un processus irritatif manifeste, se traduisant par l'existence de très rares figures mitosiques et la présence de deux noyaux dans la plu- part des cellules. Mais la limite entre le tissu conjonctif et le tissu hépa-.. tique sain reste très nettement tranchée. En somme, la réparation des lésions nécrotiques provoquées par les injections d'acide phénique consiste dans la formation d'un tissu fibreux qui infiltre de plus en plus le bloc de nécrose et en amène la dispari- tion progressive. Il s’agit d’un processus conjonctif identique à celui observé par MM. Cornil et Carnot. RECHERCHE QUANTITATIVE DE LA PEPSINE DANS LE SUC GASTRIQUE, par M. le D' LÉON MEUNIER. Dans une analyse quantitative de suc gastrique, les différents éléments chlorés, HCI libre, chlore organique, chlore minéral, sont évalués en valeur chlorhydrique, et les chiffres, ainsi ramenés à une même unité, sont par suite comparables. Or, jusqu'ici, la valeur de la pepsine dans un suc gastrique est éva- luée avec des unités diverses, le plus souvent en longueur d’albumine digérée. Il nous a paru, par suite, utile, pour faciliter l'examen des rap- SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 961 ports des éléments pepsine et chlorés, dans l'étude des dyspepsies, d’avoir, pour la recherche quantitative de ces deux éléments, une même unité. Et c’est ce qui nous a conduit à la recherche d’un dosage de pepsine en valeur chlorhydrique. Principe. — Pour arriver à ce but, nous nous sommes basés sur ce fait que lorsqu'on fait digérer une matière albuminoïde dans une solu- tion chlorhydrique, en présence de pepsine, il se fixe sur l’albuminoïde de l'HCI, et ceci d'autant plus que la solution contient plus de pepsine. Notre méthode de dosage consiste donc à faire digérer une albumi- noïde, la caséine, dans le suc gastrique dont on cherche la valeur en pepsine, de calculer la teneur en HCI libre avant et après la digestion, et de déduire de l’HCI ainsi utilisé la valeur en pepsine du suc gas- trique. Dosage de l’'HCI libre. — Pour effectuer ce double dosage d’HCI libre, il fallait avant tout s’adresser à une méthode d’un emploi clinique et permettant d'opérer sur un pelit volume de suc gastrique. C'est dans ce but que nous avons publié, le 9 mars dernier, à la Société de Biologie, un procédé de dosage d’HCI libre dans le suc gastrique, dosage obtenu en combinant les deux réactifs suivants : diméthyl-amido- azobenzol et phloroglucine-vaniline. Rappelons simplement que ce procédé nous donne en quelques minutes un chiffre toujours constant d'HCI, et nous permet d'opérer avec 1 ou 2 centimètres cubes de suc gastrique. Technique. — Muni de cette méthode de dosage de l’HCI libre, nous suivons le manuel opératoire suivant pour rechercher la valeur en pepsine d'un suc gastrique, Nous faisons digérer à 40 degrés pendant vingt-quatre heures le suc gastrique additionné d’HCI avec Le 1/10 de son poids de caséine. Pour cela, à 14 centimètres cubes de suc gastrique, par exemple, nous ajoutons 0‘,4 d'HCI pur, puis À gramme de caséine pure, exempte de graisse. Le flacon est fortement agité, et on laisse reposer le mélange. Quand au bout de quelques minutes, la caséine s’est entièrement déposée, avec une pipette on prélève dans le liquide clair deux fois 2 centimètres cubes, qu'on verse dans deux capsules. On fait alors avec ces'deux prises un dosage d’HCI libre, suivant notre procédé. Soit H la quantité d’HCI libre ainsi trouvée. Il reste dans le flacon 10 centimètres cubes de suc gastrique conte- nant une quantité H d’HCI, en présence de 1 gramme de caséine, c’est- à-dire du 1/10 de son poids de caséine. Le flacon bien bouché est porté à l’étuve chauffée à 40 degrés et laissé vingt-quatre heures sans agitation. Au bout de ce temps, le flacon est retiré, agité fortement, et le mélange est filtré. Du liquide ainsi obtenu on prélève encore comme précédem- B10LOG1E. COMPTES RENDUS. == 1901. T. LIIT 14 962 . SOCIÉTÉ DE BIULOGIE ment deux fois 2 centimètres cubes, qui servent à un nouveau dosage d'HCI libre. > Soit H' la quantité trouvée. La valeur en pepsine du suc gastrique examiné ramenée ensuite à | 400 de suc gastrique sera par suite : P—H—H'. Conclusions. — Des recherches quantitatives de pepsine faites par ce procédé sur environ 50 sucs gastriques, après repas d'épreuve d'Ewald, nous sommes arrivés aux remarques suivantes : 1° La teneur d’un suc gastrique en HCI libre paraît avoir une valeur nulle sur la quantité d'HCI qui se fixera sur l’albuminoïde dans la: limite de nos expériences. : 2° Tous les sucs gastriques normaux ou pathologiques examinés ont présenté une valeur de pepsine variant pour 100 centimètres eubes de suc gastrique entre les chiffres 0 et 400 (en centièmes de milligramme (d’'HCI). 3° La pepsine paraît atteindre son maximum au bout d’une heure, et suivre une courbe parallèle à celle que nous avons décrite pour le lab- ferment an Congrès de Médecine de 1900. UN RÉACTIF QUALITATIF ET QUANTITATIF DU FIBRINFERMENT ; LE PLASMA DE SANG DE CHIEN FLUORÉ A 3 Pp. 1000, par M. MAURICE ARTHUS. Les auteurs qui ont cherché à manifester la ‘présence de fibrinferment dans les liquides et dans les tissus de l'organisme ont eu recours, comme réactifs du fibrinferment, aux liqueurs suivantes : 4° les ie lions de fibrinogène pur; 2° les transsudats séreux non spontanément coagulables; 3° le plasma de sang de cheval, brusquement et énergi- quement refroidi au moment de la prise, et séparé des éléments figurés par repos et par filtration à 0 degré; 4° le plasma de sang d'oiseau recueilli au moyen d'un tube terminé par une pointe plongeant dans l'artère, débarrassé des éléments figurés par centrifugation ; 5° le plasma de sang magnésié (3 volumes sang et 1 volume solution saturée de sulfate de magnésie) dilué de 15 à 20 volumes d'eau distillée. À ces réactifs, je propose de substituer le plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000. Dans un vase contenant 25 centimètres cubes d’une solution aqueuse de fluorure de sodium à 3 p. 100, je fais arriver, au moyen d'un tube de caoutchouc terminé par une canule placée dans . l’arlère fémorale d’un chien, 295 centimètres cubes de sang, et j’assure rapidement le mélange du sang et de la liqueur fluorée. Je centrifuge, SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 963 et je décante le plasma fluoré surnageant (100 à 125 centimètres cubes en général). Le plasma fluoré ainsi préparé ne contient ni fibrinfirment, ni profi- brinferment. Il ne contient pas de fibrinferment, car il reste indéfini- ment non coagulé; et l’on ne saurait prétendre que cette non-coagulation tient à la présence du fluorure de sodium; en effet, ce sel n'empêche pas l’action du fibrinferment sur le fibrinogène : si l’on ajoute à 10 volumes de plasma fluoré 1 volume de sérum fluoré à 3 p. 1000, on en détermine rapidement la coagulation totale. — Le plasma fluoré ne contient pas de profibrinferment (on sait que les plasmas oxalatés et citratés conlien- nent un profibrinferment), car le plasma fluoré ne coagule pas par addilion d’une quantité de sels de chaux solubles suffisante pour pré- cipiter la totalité du fluorure et calcifier légèrement la liqueur; or, on sait que le profibrinferment se transforme en fibrinferment dans les liqueurs calciques. On ne saurait prétendre que le profibrinferment à été entraîné dans le précipité de fluorure de calcium qui s’est produit, car l'addition d’un sel de chaux soluble à un plasma fluoré, débarrassé de son fluorure par dialyse prolongée en présence d'eau salée à 1 p. 100, n’en détermine pas la coagulation, bien qu'il ne se produise aucur précipité. Le plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000 coagule quand on lui ajoute soit du fibrinferment préparé par les procédés classiques, soit une liqueur contenant du fibrinferment, telle que le sérum sanguin. Exemple. — On prépare, au moyen de plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000, et de sérum exsudé d’un caillot de sang de chien, les mélanges suivants : ro] a. plasma fluoré 2 cent. cubes + sérum # gouttes. 20e — 2 — oo 2 — à d. — 2 —— + sérum dilué à 1/10 7 gouttes. CE — 2 — + — — 4 — fe — 2 — +- — — À — g. — 2 — + — W'ADODUNE h. plasma fluoré seul. Après vingt-quatre heures de séjour dans le laboratoire à une température de 10 à 15 degrés, on constate les faits suivants : les mélanges a, b, c sont coa- gulés en bloc; le mélange d est partiellement coagulé; le caillot, occupant toute la masse, se réunit en un gros flocon par agitation; le mélange e contient un flocon fibrineux en suspension ; le mélange f contient quelques filaments fibrineux ; le mélange g et le plasma fluoré seuls sont absolument limpides. Cette expérience et plusieurs autres faites sur le même type, et ayant fourni les mêmes résultats, démontrent que le plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000 permet de manifester une quantité de fibrinferment égale à celle contenue dans un volume de sérum de chien égal à la 964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1/400 partie de son propre volume. Le plasma fluoré est done un réactif sensible. Des expériences comparatives, faites avec le plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000, ou magnésié à 8 p. 100 et dilué par 15 volumes d’eau, ont montré que le plasma fluoré constitue un réactif du fibrinferment plus sensible que le plasma magnésié; il permet en effet de manifester la présence de fibrinferment dans un volume de sérum uen plus petit que le plasma magnésié dilué. Le plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000 présente sur es autres réactifs du fibrinferment les avantages suivants : 1° Il est facile à préparer et à obtenir en assez grande quantité. C’est là un avantage que présente également le plasma magnésié, mais que ne présentent ni les solutions de fibrinogène, ni le plasma de sang refroidi. Les transsudats séreux ne peuvent être obtenus facilement que dans les abattoirs de chevaux; le plasma d'oiseau est délicat à préparer, et. ne s’oblient qu'en petite quantité. 2° Il est, au moins partiellement, aseptique. Le fluorure de sodium à la dose de 1 p. 100 est un antiseptique excellent pour les liquides de l'organisme; à la dose de 5 p. 100, il assure une très longue conserva- tion des liqueurs sanguines; à la dose de 3 p. 1000, il permet de les conserver inaltérées, même pendant l'été, durant six à huit jours. C'est là un avantage qu'il présente sur tous les autres réactifs. Si, en effet, le plasma magnésié peut se conserver, grâce à sa salure, le plasma ma- gnésié dilué, réactif du fibrinferment, se putréfie rapidement; si le plasma d'oiseau et les liquides de transsudats peuvent êlre recueillis et - conservés aseptiquement, ils se putréfient rapidement es on leur ajoute des liqueurs non aseptiques. On pourrait tenter d'augmenter la fluoruration du sang et de la porter à 1 p. 100, afin d’en assurer la conservation absolue. Toutefois, si le plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000 se conserve sans présenter trace de précipitation, le plasma de sang fluoré à 1 p. 100, et quelque- fois même le plasma de sang fluoré à 5 p. 1000, présentent, au bout de vingt-quatre heures, un très léger précipité, ou contiennent en suspen- sion quelques filaments qu'il n’est pas possible de distinguer des préci- pités et des filaments engendrés par une liqueur contenant des traces de fibrinferment. L’asepsie partielle des plasmas de sang fluorés à 3 p. 1000 suffit d’ailleurs pleinement dans les recherches physiologiques. 3° Il est le plus sensible des réactifs du fibrinferment. Le plasma de sang de chien, fluoré à 3 p. 1000, peut servir de réactif quantitatif du fibrinferment. Dans l'expérience que j'ai résumée ci-dessus, la coagulation est totale ou partielle, et plus ou moins partielle, selon les quantités de sérum ajoutées, c'est-à-dire selon les quantités de fibrin- - ferment. Supposons qu'on veuille comparer la teneur en fibrinferment de deux liqueurs (de deux sérums, par exemple) : on prépare deux séries SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 965 de mélanges, contenant chacune, pour un même volume d'un même plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000, des quantités décroissantes de chacun des deux sérums à essayer (0 c. e. 4A—0 ç. ce. 2— 0 c. ce. 1 — Oc.c.08 — O0 c.c. 04 — Oc. ce. 02 —. 0 c. c. 01, par exemple), et on abandonne ces mélanges pendant vingt-quatre heures à la tempéralure du laboratoire. En comparant les termes correspondants des deux séries, on connaîtra sans peine la richesse relative des deux sérums. Dans la première série, par exemple, le mélange n° 3 sera coagulé en bloc, non modifiable par l'agitation ; le mélange n° 3 de la seconde série sera coagulé en bloc condensable en flocon par l'agitation; — le mélange n° 6 de la première série contiendra un gros flocon fibrineux; le mé- lange n° 6 de la seconde série contiendra seulement quelque fine pous- sière au fond du vase. On en conclura que le premier sérum contient plus de fibrinferment que le second, à volumes égaux. Il y a plus : si, après avoir fait les mélanges en séries, comme ci- dessus, on ramène ces mélanges au même volume par addition d'une quantité convenable d’eau salée à 1 p. 100, on pourra sans peine déler- miner quelles sont les quantités des deux liqueurs qui contiennent la même quantité de fibrinferment : ce sont celles qui déterminent les mêmes manifestations de coagulation (caillot en masse compacte, caillot condensable par agitation, gros flocons, filaments, fine pous- sière). Dans des notes ultérieures, je montrerai comment on peut employer ce réactif pour résoudre diverses questions se rattachant à l’histoire du fibrinferment. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE Nombre de votants : 63. MM To Eve ee obtient A0 Voix. DÉLEZENNE RC —— 8 — METELÈRE 0e = MOUSSUE. 1 Res — CDAUDEZ CU AN — COURTADES LOUE — JOSUÉS sin ae _ (21 Æ NO © 966 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE oo LISTE DES OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTE DE BIOLOGIE DU MOIS D'AVRIL AU MOIS D'OCTOBRE Caselli : Studi anatomici e sperimentali sulla fisiopatologia della glandola pituitaria, 4 vol. in-8° de 228 p., Reggio nell’ Emilia, S. Calderini e figlio, 1900. Chantemesse et Podwyssotsky : Les processus généraux de la maladie, grand in-8° de x1v-428 p., Paris, C. Naud, 1901. Sanson : Traité de Zootechnie, 4° édit., 5 vol. in-12, Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 1901. Laborde : L'empoisonnement par le blanc de céruse, une brochure in-12 de 118 p., Paris, imprimerie Delporte, 1901. E. Weil : Le sang et les réactions défensives de l'hématopoièse dans l'infection variolique, 1 vol. in-8° de 187 p., Paris, Steinheil, 1901. E. de Cyon : Les bases naturelles de la géométrie d'Euclide, une brochure extraite de la Revue philosophique, t. XXVI, p. 1-30, juillet 1901. E. Thierry : Le cheval; anatomie, physiologie, races, hygiène et maladies, 1 vol. forme album de 215 p., avec 3 planches coloriées, Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 1901. Le professeur Ehrlich a fait hommage à la Société de Biologie des ouvrages suivants, ainsi que de plusieurs mémoires et travaux faits sous sa direction: P. Ebrlich : Beiträge zur Theorie der Bacillenfärbung, Berlin, 1886. — Experimentelles und Klinisches über Thallin, Berlin, 1886. — Zur therapeutischen Bedeutung der substituirenden Schwefelsäuregrupp, Berlin, 1887. — Studien in der Cocainreihe, Leipzig, 1890. — Die Wertbemessung des Diphterieheilserums und deren theoretische Grund- lagen, Iéna, 1897. — Observations upon the constitution of the Diphteria Toxin, London, 1899. P. Ehrlich et W. Hübener : Ueber der Vererbung der Immunität bei Tetanus, Berlin, 1894. P. Ehrlich et A. Einhorn : Ueber die physiologische Wirkung der Verbin- dungen der Cocaïnreihe, Berlin, 1894. P. Ehrlich et P. Guttmann: Ueber Anfangs Behandlung der Lungen uni Kehlkopf-Tuberculose mit Koch'schem Tuberkulin, Berlin, 1891. W. Dônitz: Bericht über die Thätigkeit der Künigl. Instituts für Serumforschuny und Serumprüfung zu Steglitz, Iéna, juin 1896, septembre 1899. — Ueber die Grenzen der Wüksamkeit des Diphlerie-Heilserums, Paris, Gand, 1899. Thorvald Madsen : Ueber Heilversuche in Reagensglas, Leipzig, 1899. — Ueber Tetanolysin, Leipzig, 1899. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 967 Loeffler, R. Pfeiffer et M. Braun : Erste Ableilung : Medicinisch-hygienisch e Bakteriologie und Thierische Parasitenkunde, léna, 1900. Freiherrn V. Dungern : Beitrage zur Immunilätslehre, Freiburg, 1900. Fr. Proscher : Ueber Acetophenonazobilirubin, Strassburg, 1900. — Zur Kenntniss der Ehrlich'schen Dimethlylamidobenzaldehydreaction, Stras- sburg, 1901. A. C. Hof: Untersuchungen über die Topik der Alkalivertheilung in pflanzligen Geweben, Cassel, 1900. C. Levaditi : Experimentelle Untersuchungen über die Nekrose der Nieren- papille, Bruxelles, Paris, 1901. Jules Rehns : Contribution à l'étude des muscles privilégiés quant à l'oxygène disponible, Paris, 1901. Max Neisser et Friedrich Wechsberg : Ueber das Staphylotoxin, Leipzig, 1901. Marx: Die Werthbestimmung des Schweinerothlaufserums, Frankfurt a.M., 1901. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris — Imprimerie de la Cour d’appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 969 SÉANCE DU 16 NOVEMBRE [901 MM. DarGEIN et TriBonpeau : Hémodiagnostic des kystes hydatiques du foie. — M. le Dr Argzars : Les muscles du membre postérieur du Kangourou (Macropus Bennetti). — M. Gusrave LoiseL : Formation des spermatozoïdes chez Ie moineau. — M. Gusrave Loisez : Origine et rôle de la cellule de Sertoli dans la spermatoge- nèse. — M. E. Maurez : Action du chlorhydrate d’émétine sur les éléments figurés de notre sang et sur ceux du sang du lapin. — M. R. Lépine : Sur la relation existant entre l'état graisseux du foie (avec augmentation de la proportion de la lécithine hépatique) et le phosphore incomplètement oxydé de l'urine. — M. H. Euery : Recherche du bacille typhique dans l’eau ; note sur un procédé permet- tant de différencier le bacille d'Eberth du colibacille. — M. le D' Foveau DE Cour- MELLES : Action profonde de la lumière chimique sur la tuberculose. — M. JEAN Bruckner : Sur les phénomènes de réaction dans le système sympathique. — MM. À Giegrr et P. LerepouLLer : La pleurésie biliaire. — M. P. LEREBOULLET : De l'état du sérum et des urines dans l'ictère simple du nouveau-né. Présidence de M. Bouchard. HEMODIAGNOSTIC DES KYSTES HYDATIQUES DU FOIE, par MM. DARGEIN et TRIBONDEAU. (Communication faite dans la séance du 2 novembre 1901.) Dans son rapport au Congrès de Lille, en 1899, Sabrazès signalait l'intérêt qu'il y aurait à rechercher la leucocylose dans les cas de kystes hydatiques du foie, et supposait que le tænia echinococcus devait provo- quer de l’éosinophilie, à la façon de la trichine et des vers intestinaux dont on avait déjà signalé les effets sur le sang. Une observation de kyste hydatique du poumon avec éosinophilie à 5 p. 100, rapportée par Tuffier (1), est venue depuis montrer le bien-fondé de cette hypothèse; mais on n'a pas encore relaté — à notre connaissance — d'examen hématologique dans les cas de localisation hépatique de l’échinocoque. Nous venons d'observer, à Rochefort, un malade présentant dans l’hypocondre gauche une tumeur volumineuse dont la matilé se conti- nuait avec celle du foie et de la rate. On pensa d’abord à un kyste hyda- tique à cause des signes physiques, puis à une collection purulente, quand on eut constaté une fièvre quotidienne. Une ponction exploratrice (1) In Semaine médicale, 26 juin 1901. Biozoaie. Comptes RENDUS. — 1901. T. LIIL 15 970 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A ——————————— n'ayant donné aucun résultat, l'indécision devint plus grande encore puisqu'on pouvait croire à l'existence d’un néoplasme, le patient étant très amaigri. La laparotomie établit qu'on se trouvait bien en présence d'un kyste uniloculaire du foie, d’où l’on retira 2 litres environ de liquide clair contenant des crochets caractéristiques. Le sang, recueilli à la pulpe d’un doigt, le malade étant à jeun depuis seize heures, ne fut examiné qu'après l'opération. Sa richesse en hémo- globine était normale. Nous avons compté 5.200.000 hématies et 15.625 leucocytes par millimètre cube. Le nombre des globules rouges était done physiologique, mais celui des globules blancs était presque doublé. La formule leucocytaire était troublée et l’on trouvait en moyenne sur 100 leucocytes : — 60,50 polynucléaires neutrophiles ; — 93 lymphocytes (11,3 de la taille d’une hématie; 8,2 plus grands; 3,5 plus petits); — 12 éosinophiles ; — grands mononucléaires, dont 1 de transition; — 0,50 mastzellen. En résumé : leucocytose nette avec éosinophilie élevée (12 p. 100 au lieu de 1 p. 100) et abaissement léger du taux des polynucléaires neu- trophiles (60 au lieu des 65 à 70 qu'on trouve normalement chez l'adulte). Cette observation permet d’entrevoir le rôle qu'est appelé à jouer l’'hémodiagnostie dans la recherche de la nature des tumeurs hépatiques. Ce mode d'examen doit, selon nous, prendre rang avant la ponctiof elle-même qui peut se montrer infidèle (comme dans notre cas) si l’on a affaire à une collection liquide, et très dangereuse si l’on pénètre dans une tumeur maligne (nous n'en voulons donner d'autre preuvé que l'exemple de mort rapide cité par Broca) (1). Dans un cas aussi douteux que le nôtre, l’éosinophilie devra mettre immédiatement sur la voie du diagnostic. L'absence de leucocytose polynucléée neutrophile, jointe à cette éosinophilie, permettra d’écarter l’idée d’un abcès; l'intégrité des hématies éloignera celle du cancer qui — quel que soit l'organe atteint — diminue le nombre des globules rouges et les altère dans leur forme et dans leur richesse en hémoglo- bine; l’éosinophilie, enfin, écartera celle de sarcome. L'examen du Sang deviendra un moyen de diagnostic plus parfait quand de nouvelles recherches auront complété nos connaïssances hématologiques en ce qui concerne les tumeurs malignes de la glande hépatique. On sait, en effet, que les modifications apportées à la formule leucocytaire varient d'après le siège des néoplasmes (2). (1) In Semaine médicale, 20 mars 1901. (2) Donati. C. R. de la Soc. méd. chir. de Palerme, 1901. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 974 LES MUSCLES DU MEMBRE POSTÉRIEUR DU KANGOUROU (Macropus Bennelli), par M. le D' ALEzaIs. Les muscles du membre postérieur du Kangourou, Sauteur apparte- nant à une famille bien différente de celle qui a fait l’objet de mes études précédentes (1), réalisent pleinement les caractères que j'ai indiqués comme propres à ce type fonctionnel. Ces dispositions mor- phologiques semblent donc justiciables de la fonction indépendamment de toute influence taxonomique. On trouve chez le Kangourou, comme chez le Lapin, le Lièvre et la Gerboise, un biceps fémoral volumineux, un quadriceps fémoral bien développé,avec un vaste externe dédoublé, un triceps sural puissant. Les insertions musculaires ont également une tendance marquée à réduire leur étendue et à se concentrer près des extrémités proximales du fémur ou du tibia. C'est ainsi que le vaste externe superficiel, qui est la partie la plus importante du quadriceps, s'insère près du sommet du grand trochantler, que la masse la plus importante du vaste interne nait de la ligne intertrochantérienne antérieure. De même, c'est sur la tubérosité interne du tibia, près du genou, que se fixe le demi-membra- neux, sur la crête antérieure de l’os que se termine le demi-tendineux, et dans l’excavation qui longe le bord externe de cette crête que s’im- plante le tibial antérieur. L'insertion de ces deux derniers muscles occupe à peu près 10 à 12 centimètres sur un os qui en mesure plus de 40. Un autre caractère des muscles du membre postérieur chez le Sauteur est leur tendance à se fusionner ou tout au moins à s'unir. Chez le Kangourou, le moyen, le grand adducteur et l’ischio-condylien forment à leur insertion iliaque une masse unique qui se subdivise seulement près du fémur. Il faut ajouter que les adducteurs, comme le carré crural, par leur situation sur la face dorsale de cet os, tendent à se transformer en extenseurs de la cuisse. Le triceps sural présente des connexions importantes soit avec la rotule, soit avec certains muscles de la cuisse. Le jumeau externe et le plantaire grêle reçoivent chacun un large faisceau charnu venant de la rotule. Le jumeau interne n’a pas de faisceau rotulien; mais il est relié aa condyle interne du tibia par un faisceau aponévrolique. Les connexions avec les muscles de la cuisse sont surtout établies avec le tendon d'Achille. Cependant, le bord interne du plantaire reçoit de solides expansions fibreuses venant des tendons du droit interne et du demi-tendineux. (1) Contribution à la myologie des Rongeurs, Paris, 1900, VRP 972 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le tendon d'Achille ne recoit pas, comme chez le Lièvre ou la Ger- boise, l'insertion directe d’un faisceau fibreux. Les deux tendons qui le composent et restent indépendants l'un de l’autre, celui des jumeaux et celui du plantaire grêle, sont entourés par une gaine fibreuse résistante qui est fournie par le biceps en dehors, par le demi-tendineux et le droit interne en dedans. De plus, une partie des fibres aponévrotiques fournies par ces muscles se condensent en tendons que l'on trouve dans la partie antérieure de la gaine et que l’on peut suivre jusqu'au calcanéum. La rotule elle-même, qui reste fibreuse, est une intrication de fibres tendineuses provenant de plusieurs muscles importants. Elle comprend les tendons du quadriceps tout entier, des droit antérieur, vastes, crural, du grand fessier, d’une partie notable du biceps fémoral et du tenseur du fascia lata, enfin, les deux faisceaux rotuliens du jumeau externe et du plantaire grêle. SEM De ces dispositions morphologiques, il résulte chez le Sauteur l'association vers un même but, — l'extension des divers segments du membre, — de masses musculaires puissantes, à fibres longues, et qui souvent sont affectées chez d’autres animaux à d’autres actions. À l'extension de la cuisse concourent les adducteurs, le carré crural; à celle de la jambe, le quadriceps fémoral, le tenseur du fascia lata, le grand fessier ; à celle du pied, le triceps sural, le biceps fémoral, le droit interne et le demi-tendineux. FORMATION DES SPERMATOZOIDES CHEZ LE MOINEAU, par M. Gusrave LoisEL. Poursuivant nos études sur l’évolution de l’épithélium séminifère chez le Moineau (1), nous arrivons aujourd’hui au dernier stade de la période progressive de cette évolution, c’est-à-dire à la formation des spermatozoïdes viables (spermatogenèse proprement dite). Trois phénomènes distinguent d’abord la spermatogenèse du Moineau de celle des Mammifères : 1° Les faisceaux de spermatozoïdes mûrs restent en place, une fois formés. lis ne tombent dans le tube séminipare qu’à certains moments qui correspondent toujours, probablement, à une excitation sexuelle. 2° Lorsqu'un faisceau de spermatozoïdes est constitué, les sperma- (1) Voir Études sur la spermatogenèse chez le Moineau domestique. Journ. de l’Anat. et de la Physiol., 1901, XXXVII, p. 193-216, avec 2 pl. et 6 fig. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 973 tides de la lignée suivante commencent à se transformer, mais celle transformation s'arrête bientôt pour ne reprendre qu'à la suite de la chute des.spermalozoïdes mûrs. Le temps qui suit une excitation sexuelle est donc la seule époque favorable pour l'étude des cinèses sper- matogénétiques. 3° La spermalogenèse se fait par poussées séparées, au lieu d’être continue, et l’évolution d’une lignée séminale se fait en ligne droite et un peu oblique par rapport à la paroi du tube séminipare. La transformation des spermatides en spermatozoïdes peul se diviser en deux phases nettement séparées l’une de l’autre. À. — Les centrosomes de la spermatide quittent leur sphère pour aller se placer au pôle opposé du noyau. Puis la sphère grossit sous l'influence de l’excrétion du suc nucléaire qui commence à se faire dans son intérieur; en même temps le noyau se contracte et se déprime pour recevoir la sphère, transformée en grosse vésicule, comme la cupule englobe le gland du chène. Enfin la partie périphérique du corps cellu- laire subit une fonte qui fait disparaitre les limites des spermatides en transformation. Cette première phase conduit done à la formation d’un petit organite dont la symétrie indique déjà la symétrie du futur spermatozoïde; c'est cet M qu'on désigne quelquefois sous le nom de spermatosome. B. — La deuxième phase commence avec la destruction des limites de la spermatide. L’excrétion de l’eau et des autres substances que contient en dissolution le suc nucléaire va alors en s’accentuant de plus en plus, formant un courant centrifuge qui entraine presque toujours dans la sphère un ou plusieurs grains chromatiques. Cette déshydrata- tion du noyau amène bientôt des changements, non seulement dans sa forme, mais encore dans son état chimique. C’est ce que l’on peut voir en colorant une coupe par le magenta indigo-picrique (méthode de Podwizowski), par exemple. Au début de son évolution, le noyau de fa jeune spermatide se colore uniformément en rouge pàäle avec une très petite quantité de chromatine, rouge foncé au centre. Cet aspect se continue pendant toute la première phase, sauf que la quantité de chro- matine augmente beaucoup dans le noyau. Dans le cours de la deuxième phase, au contraire, on voit la coloration du noyau devenir orangée, puis de plus en plus jaune, de sorte qu’à la fin ce noyau présente une couleur jaune vif qui tranche fortement sur les autres parties restées rouges ou incolores. Ce changement de chimisme, quisuit la déshydratation du noyauetqui caractérise probablement la maturalion du spermatozoïde, est une notion nouvelle, je crois. Au contraire, les modifications morphologi- .ques qui se continuent pendant la deuxième phase ne font que con- firmer les récentes recherches faites chez les Mammifères. La sphère (acrosome de Lenhossek, bouton céphalique de Merkel) et le noyau 974 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s’allongent énormément en prenant la disposition spirale qui carac- térise les spermatozoïdes des Passereaux. Autour des centrosomes se dépose une substance chromatique (probablement les mitochondries de Benda) qui les englobe et les cache bientôt dans sa masse; l’ensemble constitue le corps intermédiaire d'union qui reste séparé pendant quelque temps du noyau par une sorte de vésicule caudale. Les centrosomes forment sans doute le bouton ou corpuscule accessoire que l’on a décrit entre la tête du spermatozoïde et le corps intermé- diaire d'union, et d’où part le filament axial de la queue (1). Mais le dépôt de substance chromatique qui se fait ici ne me permet pas de rien pré- ciser à ce sujet. Enfin la partie du corps cellulaire qui est restée autour du noyau, et qui représente probablement l’archoplasma, sallonge dans le même sens que le reste. Finalement elle forme une longue colonne cylindrique qui renferme, à son centre, le spermatosome, et envoie, de chaque côté, deux prolongements : celui qui est tourné vers la périphérie du tube va rejoindre la partie supérieure d’une cellule de Sertoli, celui qui est tourné vers le centre forme la matrice au milieu de laquelle s'élève le filament caudal du spermatozoïde. Telle est la marche de l’évolution d’un spermatozoïde pris en parti- culier. Mais sous quelle influence se fait la transformation de tous les spermatides qui composent un même groupe, quel est l'agent qui déshydrate les noyaux et ordonne leur allongement toujours dans le même sens? comment enfin les spermatozoïdes er formation arrivent-ils à former des faisceaux? ce sont autant de questions que nous allons envisager dans la communication suivante. ORIGINE ET RÔLE DE LA CELLULE DE SERTOLI DANS LA SPERMATOGENÈSE, / par M. Gustave LoiseL. Comme nous l’avons montré antérieurement, l’épithélium germinatif embryonnaire se continue jusque dans le tube séminipare de l’adulte, chez le Moineau. Son rôle est de reformer, chaque printemps, une zone d'éléments d’abord infertiles (ovules mâles), puis fertiles et très actifs (spermatogonies) ; ce sont ces derniers éléments qui constituent le point de départ des lignées séminales. Les cellules germinatives se multiplient peu ou pas (chez le Moineau, du moins) pendant tout le temps que dure l’activité cinétique des sper- (1) Les grains chromatiques que l’on trouve souvent nageant dans l’inté- rieur de l’acrosome ne sont pas les centrosomes ; d’abord parce que leur pré- sence n’est pas constante ; ensuite parce que leur nombre est variable; enfin parce qu’on les voit disparaître peu à peu dans le liquide de l’acrosome. Due reste, on peut suivre facilement toutes les phases de l’émigration des vrais centrosomes. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 975 matogonies, c’est-à-dire pendant la spermatogenèse proprement dite. Elles continuent à se nourrir cependant, car on voit certaines de ces cellules grossir pour se transformer peu à peu en cellules de Sertoli. Deux choses frappent avant tout quand on examine de près cette croissance : 1° ses différentes phases correspondent aux différentes étapes de la formation d’un faisceau de spermatozoïdes ; 2° elle s'accompagne d'une sécrétion particulière du protoplasma sertolien, sécrétion qui atteint également son maximum au moment de la constitution définitive d'un faisceau de spermatozoïdes (1). Cette sécrétion, qui à été signalée dans ces derniers temps par Regaud, chez les Mammifères, nous indique déjà que la cellule de Sertoli joue autre chose que le rôle passif d’un élément de soutien. D'un autre côté le maintien en place du faisceau de spermatozoïdes, après sa formation, montre nettement que la sécrétion sertolienne n’a pas pour rôle de déter- miner mécaniquement la chute des spermatozoïdes. Enfin, d’autres rai- sons, que nous développerons dans un mémoire détaillé (2), nous empé- chent également de considérer les cellules de Sertoli comme les élé- ments nourriciers des cellules séminales. Et cependant nos recherches montrent, à nouveau, une relation évi- dente entre la vie de la cellule de Sertoli et l’évolution des sperma- tozoïdes. C'est en considérant cette évolution, non plus dans un même élément, mais dans un même groupe de spermatides, que nous avons trouvé, pensons-nous, la nature de cette relation. Considérée donc dans son ensemble, on remarque d’abord que la première phase de transformation des spermatides d’un même groupe (3) se fait d’une facon désordonnée. Dans certaines spermatides, les cen- trosomes vont se placer du côté de la lumière centrale; dans d’autres, ils se tournent vers la paroi du tube séminipare, ou bien encore ils res- tent à droite ou à gauche du noyau. À la fin de cette première phase, les jeunes spermatosomes formés présentent donc toutes les directions possibles. Et, si l’évolution se con- tinuait de cette facon, on assisterait à la formation, non plus d’un fais- ceau, mais à celle d’un réseau compliqué d'où les spermatozoïdes müûürs ne pourraient se dégager facilement quand ïl s'agirait d'aller féconder les ovules. La deuxième phase commence, avons-nous dit, par la perte des limites cellulaires des spermatides. Cette destruction donne naissance à (1) Cette sécrétion peut être mise en évidence en fixant les pièces par le liquide de Bouin (formol acéto-picrique) et en colorant par l’hématoxyline au fer (méthode de Benda). (2) Ce mémoire paraîtra prochainement dans le Journal de l'Anat. et de la Physiol. (3) Voir la communication précédente. 976 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une sorte de plasmode dans lequel les spermatosomes tournentsur eux- mêmes, dirigeant l'extrémité où est la sphère vers la paroi du tube séminipare. On voit alors l’excrétion du suc nucléaire se faire de plus en plus vite, de sorte que l’évolution des spermatozoïdes va beaucoup plus vite dans la deuxième phase que dans la première. Tous les sper- matosomes font le même mouvement, tous prennent la même direction qu'ils garderont dorénavant jusqu’à la fin, tous enfin versent leur suc nucléaire du même côté ; ils doivent donc subir, à partir de maintenant, l'influence d’une force commune, extérieure à eux. Cette force ne peut être attribuée ici, il nous semble, qu'à une action chimique due à une activité cellulaire spéciale. Or, si l’on suit la direction uniforme des spermatosomes, on tombe toujours sur une cellule de Sertoli commen- çant à sécréter. Dès lors, tout marche parallèlement dans l’évolution de ces deux ordres d'éléments si différents l’un de l’autre au point de vue morphologique. Plus la cellule de Sertoli croît, plus s’avance la forma- tion du faisceau de spermatozoïdes correspondant; plus la sécrétion ser- tolienne augmente, plus s’allongent vers elles les têtes des spermato- zoïdes. Le mode de formation du faisceau lui-même répond bien à cette action directrice que nous reconnaissons à la cellule de Sertoli. En effet, les premiers spermatosomes qui se transforment en spermato- zoïdes sont ceux situés au centre du faisceau, c'est-à-dire ceux qui sont le plus directement sous l'influence sertolienne ; au contraire, les sper- matosomes les plus éloignés n'arrivent pas toujours à se transformer, de sorte qu'un faisceau de spermatozoïdes est presque toujours entourés de ces éléments avortés. De plus, l’aitraction sertolienne est encore rendue manifeste par l'aspect même du faisceau, en formation, dont toutes les têtes convergent vers un même point (le noyau de la cellule de Sertoli) et dont toutes les queues vont parfois en divergeant à droite et à gauche, comme les branches d’un éventail. Si nous ajoutons enfin que très souvent on voit des spermatozoïdes s’enfoncer dans le corps même de la cellule de Sertoli et aller atteindre la région de sécrétion qui entoure le noyau de cet élément. Si nous remarquons, d'autre part, que le noyau de la cellule de Sertoli lui- même montre par sa situation et par sa forme une tendance manifeste à s'élever vers les spermatozoïdes qui sont au-dessus de lui, nous pour- rons conclure, sans hésitation, pensons-nous, que la cellule de Sertoli joue un rôle capital dans la constitution définitive des spermatozoïdes. Elle élaborerait périodiquement certaines substances qui agiraient en attirant vers la cellule de Sertoli les jeunes spermatozoïdes en voie de formation, détermineraient l'allongement si caractéristique de leur tête, et arriveraient à les grouper en faisceaux distincts les uns des autres. Enfin, en déshydratant les spermatozoïdes, la cellule de Sertoli met ces éléments en état d’anhydrobiose ou de vie latente propre à l'attente que SÉANCE DU A6 NOVEMBRE 977 doivent subir ces éléments avant de pouvoir remplir leur fonction. Sans vouloir étudier ici les déductions qui peuvent découler de ces constatations nouvelles, nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer que la cellule de Sertoli, en groupant les spermatozoïdes autour d'elle, joue un rôle analogue à celui que joue l’ovule au moment de la fécondation. Dans ces deux cas, en effet, il y a attraction à dis- tance, d'éléments mobiles vers un seul élément immobile. Cependant, l'effet de ces deux attractions n'est pas le même. Ici, il y a enlève- ment d'eau et d’autres substances en dissolution au spermalozoïde; dans l'œuf, au contraire, il y aura rehydratation du même élément. Le rôle de la cellule de Sertoli ne nous en apparaît que plus important puisqu'il prépare et détermine ainsi par avance le phénomène primor- dial de la fécondation, c’est-à-dire la marche du spermatozoïde vers œuf (Travaux du laboratoire d’histologie à la Faculté de médecine de Paris.) ACTION DU CHLORHYDRATE D'ÉMÉTINE SUR LES ÉLÉMENTS FIGURÉS DE NOTRE SANG ET SUR CEUX DU SANG DU LAPIN, par M. E. MAUREL. Expériences faites sur notre sang. — En suivant le procédé de l’im- * mersion (1), j'ai expérimenté le chlorhydrate d'émétine sur les éléments figurés de notre sang successivement aux doses décroissantes de 2 grammes, 1 gramme, 0 gr. 50, 0 gr. 25, O0 gr. 125, pour 100 grammes de sang; et les résultats ont été les suivants : 1° Au titre de 2 grammes, les leucocytes sont tués instantanément et les hématies sont rapidement altérées; 2% Au titre de 1 gramme, nos leucocytes perdent immédiatement de leur activité et ne survivent pas une heure. Les hématies résistent plus longtemps. 3° Au titre de O gr. 50, les hématies résistent quelques heures. Les leucocytes perdent de leur activité dès le premier contact et ne résistent pas pendant deux heures. 4 Au titre de O0 gr. 25, les leucocytes conservent leur activité au début; mais cependant ils ne résistent guère plus de deux heures. Les hémalies ont une résistance environ double. 5° Enfin, au titre de 0 gr. 195, nos leucocytes et nos hématies con- servent leurs caractères normaux, au moins pendant huit heures. (1) Description et principales applications du procédé de l'immersion. Archives de médecine expérimentale, mars 1895. 978 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Expériences faites sur le sang du lapin. — Guidé par les expériences précédentes, j'ai pu me contenter d'expérimenter le chlorhydrate d’émé- tine sur le sang du lapin aux titres de 0 gr. 25 et de 0 gr. 195 pour 100 grammes de sang. Les résultats ont été les suivants : 1° Au titre de 0 gr. 25, les leucocvtes du lapin sont fortément impres- sionnés dès le premier contact et ne résistent guère plus d'une heure. Les hématies ne conservent également pas plus longtemps leurs carac- tères normaux. 2 Au titre de 0 gr. 125, les leucocytes sont peu impressionnés au début; mais ensuite, ils perdent de leur activité et une bonne partie succombent avant deux heures. Les résultats généraux de ces deux séries d'expériences et leur com- paraison conduisent donc aux conclusions suivantes : 1° Pour le lapin, comme pour l’homme et probablement pour tous les vertébrés, les leucocytes sont plus sensibles au chlorhydrate d'émétine que les hématres ; 2° Les éléments fiqurés de notre sang sont manifestement moins sensibles à cet agenl que ceux du sang du lapin. 3° D’après ces expériences, et aussi d'après d'autres faites avec divers agents (1), il est probable que tous les tissus de notre organisme sont moins sensibles à l’'émétine que les mêmes tissus du lapin, et enfin qu'il en est de même pour notre organisme lui-même. (Toulouse. Laboratoire du professeur André, pathologie interne.) SUR LA RELATION EXISTANT ENTRE L'ÉTAT GRAISSEUX DU FOIE (AVEC AUGMEN- TATION DE LA PROPORTION DE LA LÉCITHINE HÉPATIQUE) ET LE PHOSPHORE INCOMPLÈTEMENT OXYDÉ DE L'URINE, par M. R. LÉPINE. A l'occasion de l’intéressante communication de M. Balthazard (2), je me permets de rappeler que j'ai autrefois signalé que les foies gras humains peuvent renfermer une proportion très forte de lécithine (jus- qu’à 3 p. 100 dans le foie /rais, c'est-à-dire plus de 15 p. 100 de foie sec), et que dans ces cas l'urine renferme une proportion de phosphore (1) Lois qui paraissent régir l’action générale des agents thérapeutiques et toxiques. Congrès international de médecine de Paris, 1900 (section de patho- logie générale), et Bullelin général de thérapeutique, 1901, mois d'octobre et suivants). (2) Balthazard. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1901, p. 922. SÉANCE DU 16 NOYEMBRE 979 incomplètement oxydé ou d'acide phospho-glycérique qui peut être décuple de la proportion normale, par rapport à l’urée (1). Ainsi, ce n'est pas seulement dans certains états nerveux, ainsi que je l'ai observé plus tard (2), que le phosphore incomplètement oxydé de l'urine est aug- menté, et son abondance dans certains cas est un signe de l’état grais- seux du foie. Des recherches ultérieures inédites me permettent de confirmer ce fait. RECHERCHE DU BACILLE TYPHIQUE DANS L'EAU; NOTE SUR UN PROCÉDÉ PERMETTANT DE DIFFÉRENCIER LE BACILLE D'ÉBERTH DU COLIBACILLE, par M. H. Emervy. La difficulté d'isoler de l’eau le bacille d'Eberth est connue, et le problème se complique davantage quand il y a association avec le coli- bacille. Il serait donc intéressant d'utiliser un milieu électif permettant l'isolement du bacille typhique ; malheureusement, aucun résultat n’a encore été obtenu dans ce sens. Il faut se contenter, momentanément, des caractères distinclifs de ces deux microbes : aspect macroscopique des cultures; action sur le lactose, le tournesol, le lait, production d’indol et l’agglutination par le sérum typhique expérimental. Ces caractères ne sont pas constants, et l’agglutination elle-même, consi- dérée comme une indication certaine, au titre de 1/40, par MM. Chan- . temesse et Widal, est quelquefois prise en défaut. En effet, j'ai isolé de l’eau trois espèces de bacille d'Eberth authentique, agglutinant seule- ment aux titres de 1/25 et 1/30, et, avant moi, M. le médecin-major Sacquépée a obtenu de semblables résultats. Il est un autre caractère distinctif dont je n'ai pas parlé : c’est la végélation en milieu vacciné. Ce procédé est connu depuis un certain temps déjà, mais l'application aux milieux solides qui en a été faite ne donne pas de résultats pra- tiques, en ce sens que la culture, si elle est positive, peut ne pas être très apparente, d’où il résulte des erreurs possibles. J'ai donc appliqué ce procédé de vaccination au bouillon dont la limpidité permet de distinguer le moindre développement, mais, au lieu du bouillon habi- tuel, j’emploie un milieu spécial qui convient mieux au bacille d'Eberth. Je fais digérer de la pulpe de rate de bœuf (200 grammes) par de (1) Lépine et Eymonnet. Sur la détermination, etc. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1882, p. 622; — Lépine. Sur un nouveau signe de l’état graisseux du foie, Lyon médical, 4882, t. XLI, p. 15. (2) Lépine, Eymonnet et Aubert. Sur la proportion, etc. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1884, 28 janvier. — Lépine, Comples rendus de la Société de Biologie, 1884, p. 499. 980 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'estomac de porc (250 grammes) dans 1 litre 1/2 d’eau acidulée (15 centimètres cubes HCI), en maintenant le ballon à l’étuve (50 degrés) pendant vingt-quatre heures. J'ajoute ensuite de la macération de pulpe de rate (500 grammes pour 1 litre d’eau) (4), et j'ai ainsi un bouillon dans lequel le bacille typhique se développe abondamment en donnant un voile épais après quarante-huit heures. Je maintiens à 38 degrés pendant un mois et je stérilise par filtration, le liquide est très lim- pide. Si l'on y ensemence du bacille coli, le trouble apparaît dès la sixième heure, tandis que la limpidité se maintient au moins pendant quarante-huit heures si c'est du bacille d'Eberth ; quelquefois il faut comparer avec un tube témoin pour constater un léger trouble. On peut être renseigné rapidement en ajoutant au bouillon de la teinture de tournesol que le coli fait virer au rouge. En opérant avec le bouillon ordinaire, la limpidité se conserve moins longtemps, vingt-quatre heures au maximum; le bacille typhique trouvant sans doute dans le milieu à la pulpe splénique des éléments nutritifs en plus grande abondance élabore aussi plus de toxines qui agissent davantage, surtout sur le bacille d'Eberth de l’eau, généralement fragile, et retardent ainsi son développement dans le milieu vacciné à la rate. J'ai expérimenté avec quinze variétés de colibacille et six espèces de bacille typhique; la réaction a toujours été très nette. Ce procédé est donc recommandable quand le pouvoir agglutinant est faible, ce qui semble exister pour le bacille d'Eberth rencontré dans l’eau. ACTION PROFONDE DE LA LUMIÈRE CHIMIQUE SUR LA TUBERCULOSE, par M. le D' Foveau DE COURMELLES. Eu Diverses cures des tuberculoses externes ou internes ont été obte- nues par les rayons lumineux chimiques, violets et ultra-violets (Dou- mer, Finsen). Toutes les méthodes, haute fréquence, rayons X, photothérapie, en certains cas incontestablement et puissamment efficaces, sont, ou très dangereuses, ou très coûteuses, en même temps que difficiles à manier; leur dosage est même parfois impossible, pour les rayons X notamment dont la force de pénétration dépend de l’état du tube de Crookes, si peu souvent comparable à lui-même. Il m'a donc paru intéressant et utile de trouver un moyen simple, pratique, nullement dispendieux de pro- duire la lumière chimique et de laisser ce procédé dans le domaine public, sans brevet, pour qu'il se généralise. Le 24 décembre 1900, en (1) Faire bouillir dix minutes et filtrer sur coton hydrophile mouillé. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 981 collaboration avec M. G. Trouvé, M. Lippmann a pu présenter à l’Ins- titut de France ce procédé : à la fois moyen d'étude, pour les physiciens et les physiologistes, de la lumière, et utilisant, en les totalisant sans déperdition, les plus faibles énergies; et moyen thérapeutique, à l'usage des médecins. L'action sur l’organisme, la puissance modificatrice des terrains, de l'évolution des êtres par le soleil est incontestable; mais cette lumière étant inconstante, il est nécessaire d'obtenir à volonté des lumières qui s'en rapprochent le plus, et qui, comme lui, auront une action microbi- cide, désinfectante, vivifiante, voire irritante; les linges souillés expo- sés d’instinet à la lumière s’y purifient; les microbes exposés à la vive lumière périssent; certaines combinaisons chimiques exigent la lumière ou sont favorisées par elle, comme les oxydations organiques, la pro- duction d'ozone, la nutrition; les coups de soleil désorganisent les tissus vivants et réagissent à distance. Maints auteurs (Lahman, Finsen, Duclaux, Roux) ont donc pensé à la lumière électrique, qui possède ces propriétés diverses; même au point de vue expérimental, il fallait en simplifier le maniement. M. Trouvé et moi avons d'abord employé des lampes à incandescence, à charbon spécial, placées au foyer d’un miroir parabolique. J'y substituai presque immédiatement (Acadé- mie de Médecine de Belgique, 29 décembre 1900) l'arc voltaique, placé très près du patient et au foyer du réflecteur parabolique ;on se débarrasse des rayons calorifiques et inutiles, grâce à une active circulation d’eau, à une double lamelle de quartz contenant également de l’eau courante, et calculée pour que les phénomènes de double réfraction du quartz s'annulent à travers les deux lamelles, un miroir convergent dirigeant ensuite l’ensemble des rayons parallèles sur la région. On obtient ainsi, avec un arc voltaique de 5 à 12 ampères, des effets aussi puissants qu'avec les 80 ampères de l'appareil de Finsen, dans la cure du lupus vulgaire, de glandes tuberculeuses, de mani- festations osseuses de même nature. La production cutanée, superficielle, de phlyctènes, n’est pas utile, con- trairement, pensons-nous, aux idées actuelles qui veulent des brûlures, qu'il s'agisse du radium ou de la lumière chimique; l'action profonde sans réaction externe semble la plus active, ainsi que l'ont démontré un certain nombre de cas traités à l'hôpital Saint-Louis dans les ser- vices de MM. du Castel et Balzer. Des foyers de ganglions tuberculeux non ouverts, des fistules taries, d’autres agrandies, ont pu l'être par un are variant de 5 à 12 ampères et 80 volts, souvent sur le même sujet, dans les conditions du radiateur succinctement décrit plus haut et, par suite, suivant nettement l'intensité chimique; en certains cas, un patient, électricien, opérant lui-même, augmentait ou guérissait à volonté ses lésions ganglionnaires de la jambe. La pénétration plus parfaite de la lumière chimique a pu être con- 982 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE statée chez une lupique qui toussait, et chez laquelle on trouvait un . léger souffle au sommet gauche; en septembre dernier, on fit cinq appli- cations de dix minutes, qui firent disparaître complètement ce signe stéthoscopique, qui ne s’est pas reproduit ; d'autre part, et malgré l’ab- sence absolue de chaleur, il est bon de noter la sensation de mieux-être qu'éprouva tout de suite la patiente, dont les manifestations tubercu- leuses de toutes sortes, cutanées, osseuses, ganglionnaires, dataient de douze ans, et qui toutes, malgré leur étendue considérable, sont en voie notable d'amélioration. Cette sensation s’est renouvelée à chaque séance et s'est reproduite sur divers malades à affection tuberculeuse pulmo- naire, sur lesquelsila lumière chimique a élé essayée depuis, en même temps que s’amendent les signes trouvés à l’auscultation, et que l’appé- tit augmente... Si l’on rapproche de ces faits encore nouveaux, et sur lesquels j'ai voulu simplement attirer l'attention, les phénomènes radiographiques où la lumière traverse, selon l'intensité et presque à volonté, le corps entier, — les os étant opaques, ou complètement traversés et blancs — d'expériences faites de même avec le soleil, on concoit que l’on puisse parvenir à diriger et concentrer la lumière en un point organique déter- miné. C’est une question d'intensité et de réflecteur ayant comme sorte de surface focale l’organe à irradier, éelairer ou soigner. Pour aujour- d'hui, nous proposant d'y revenir, nous avons voulu simplement démontrer : 1° La facilité d'obtenir simplement et autrement que par les procédés dispendieux connus avant nous la lumière chimique en quantité consi- - dérable et dirigeable à volonté; 2° L'action profonde curative, — notamment et surtout sur les tuber- culoses et même la tuberculose pulmonaire, — de ces radiations de l'arc voltaïque ; ; 3° La possibilité de doser et de diriger la lumière à travers les tissus vivants, selon l'intensité et dépendant de cette notion autant que de la. direction des radiations. SUR LES PHÉNOMÈNES DE RÉACTION DANS LE SYSTÈME SYMPATHIQUE, par M. JEAN BRUCKNER, présentée par M. ÉD. RETTERER. Au treizième Congrès international de médecine j'ai montré, avec M. le prof. Jonnesco, que la simple section du cordon sympathique, au-dessous du ganglion supérieur, chez le Chat, est suivie rapidement de la régénération du nerf; la résection d'une portion du même cordon ne produit que très peu de réaction dans le ganglion supérieur. Reprenant ces expériences, toujours chez le Chat, parce que c’est le SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 983 seul animal dont le ganglion supérieur et son cordon sont indépen- dants du vague, el dont les cellules se rapprochent le plus par leur structure de celles de l'Homme, j'ai trouvé que, même l’arrachement du nerf, Juste à l'extrémité inférieure du ganglion supérieur, ne produit rien de plus que la résection d’une portion du cordon cervical ; les cellules qui réagissent sont en nombre excessivement restreint, dissé- minées dans le ganglion, mais on en trouve toujours quelques-unes pour affirmer l'existence de la réaction; c’est une chromolyse centrale, dont j'ai donné la description. Je me suis alors adressé au bout supérieur du même ganglion ; l’opé- ration est très délicate, parce qu'il faut dénuder attentivement la courte portion du nerf qui fait suite au ganglion supérieur, puis l’arracher, tout en se gardant bien de toucher, si peu que ce soit, au ganglion lui- même; on comprend que le décollement partiel ou une petite blessure du ganglion fausseraient complètement les résultats. Les phénomènes de réaction peuvent être décelés même à partir du quatrième jour, mais ils ne sont parfaitement visibles que neuf jours après l'arrachement ; comme méthode de coloration, je préfère celle de Nissl modifiée par Held (érythrosine bleu de méthylène), après fixation par le sublimé acétique. La plus grande partie des cellules qui se trouvent dans le ganglion sont en réaction, surtout celles situées au voisinage de l'extrémité supérieure. Au commencement (quatrième jour), c’est une pulvérisation et même une disparition partielle de la matière chromophile qui se trouve au _ centre de la cellule, les blocs périphériques étant à peu près respectés ; autour du noyau apparaît une faible zone, dépourvue de granulations, qui se colore en rose par l’érythrosine, et qui n'existe pas à l’état normal; le noyau est gonflé, et le nucléole, de dimensions normales, est coloré en violet-rouge. En même temps apparaissent, à l’intérieur du protoplasme, de très petites vacuoles, en nombre variable, à contenu incolore ou faiblement teinté en rose, qui, repoussant les corps de Nissl, donnent à la cellule un aspect alvéolaire : quand ces vacuoles sont nombreuses, elles arrivent à se comprimer réciproquement, déformant même le noyau ; la cellule, dans ces cas plutôt rares, prend l'aspect d'une ruche d’abeilles, les cavités étant teintées en rose, tandis que les fines bandes de sépara- tion composées par les granulations chromophiles, sont colorées en bleu intense. Neuf jours après l'opération, l'aspect a beaucoup changé : les cellules, gonflées, remplissent complètement leurs capsules; le noyau, plus ou moins déformé, s’est rapproché plus que d'habitude de la périphérie de la cellule; souvent il fait hernie. Quelquefois il est presque complète- ment hor; du corps protoplasmique; la membrane nucléaire, plissée par place dans les états avancés, peut même disparaître. 984 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce qui frappe la vue immédiatement, c’est le nucléole : il est toujours rond, turgescent, ayant presque doublé de volume ; devenu exclusivement basophile, il se colore d’une manière intense en bleu foncé, sans aucune nuance de rouge, et ne prend plus que faiblement les couleurs acides; donc, la propriété amphophile a presque complètement disparu. Le protoplasma aussi, présente des lésions avancées; presque toute la cellule, dépourvue de granulations de Nissl, offre un aspect vitreux, homogène, ne permettant plus de déceler aucune structure, et en même temps devient acidophile, se colorant en rose jusqu'au rouge intense par l’érythrosine. À la périphérie de la cellule, au contraire, mais seulement sur une faible zone, on trouve encore des blocs de matière chromophile, même plus volumineux que d'habitude, qui se présentent sous un aspect parti- culier : ils ont une forme géométrique plus régulière, ils prennent la couleur d’une manière uniforme, se colorant en bleu terne; immédia- tement en dedans, on trouve encore de place en place des fines granu- lations, identiquement colorées, qui sont d’autant plus fines et d'autant plus pâles qu'on se rapproche du centre de la cellule. Sur des coupes uu peu plus épaisses, on se rend parfaitement compte que la cellule sympathique s’est transformée en un globe vitreux, homogène, dont seulement la surface est parsemée de ces blocs chromophiles dégénérés ou en voie de dégénération. Il me semble que, dans le processus de réaction, les corpuscules de Nissl, tout en disparaissant en partie, sont refoulés vers la périphérie, ceux du moins qui restent au centre, par le même mécanisme que le. noyau, et là, par compression, ils formeraient ces grands blocs signalés. Conclusions. — 1° La cellule sympathique, comme toute cellule ner- veuse, présente des phénomènes de réaction, après la résection ou l’'arrachement du cordon. 5 2° Chez le Chat, la chromolyse est faible après la section ou l’arrache- ment du cordon au-dessous du ganglion supérieur, tandis qu'elle est très marquée après l’arrachement du bout supérieur, ce qui prouve que la plupart des cellules de ce ganglion envoient vers le cerveau leurs cylin- draxes. 3° La nn débutant au centre de la cellule, est remarquable par la réaction du nucléole, qui a presque doublé de volume, devenant en même temps exclusivement et énergiquement basophile. (Travail de l'Institut d'anatomie du professeur Jonnesco, de Bucharest.) SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 985 LA PLEURÉSIE BILIAIRE par MM. À. Gizgert et P. LEREBoULLEr Parmi les complications à distance que peuvent entrainer les infec- tions biliaires, la pleurésie n’a été qu'exceptionnellement signalée. Pourtant, de même qu’elles s’accompagnent parfois d'endocardite, de méningite ou de néphrite, les angiocholécystites sont susceptibles de réagir sur la plèvre. Ces faits ne sont sans doute pas très rares (1), car il nous à été donné d’en observer en peu de mois trois exemples successifs. Aussi avons-nous cru utile de faire à leur propos une rapide étude d’en- semble de cette pleurésie biliaire. Elle se présente d’ailleurs avec un aspect clinique assez variable, suivant les conditions étiologiques dans lesquelles elle survient. C’est ce que prouvent les trois faits que nous rapportons brièvement, et le fait de toute autre nature publié récem- ment par MM. Barth et Rist (2). Un de ces cas concerne une jeune fille de dix-neuf ans, atteinte d’un ictère catarrhal léger accompagné d’une fièvre peu élevée, qui disparut trois jours après l'entrée. L’ictère diminuait progressivement, lorsque, vingt jours plus tard, la malade fut reprise de fièvre montant à 39 degrés le soir, avec fortes rémissions matinales et des signes fonctionnels et physiques d’un. épan- chement pleural peu abondant à la base droite. Les symptômes s’amendè- rent d’ailleurs rapidement, la température revint en huit jours à la normale en même temps que tout signe d’épanchement disparaissait. La malade sortit complètement guérie. Notre seconde malade, âgée de trente-huit ans, était entrée pour une violente crise de colique hépatique avec ictère consécutif. Dix jours après son entrée, la malade, étant toujours jaune et ayant eu de nouvelles crises dou- loureuses, se plaint d’un point de côté droit, avec toux sèche et quinteuse. La température, qui jusqu'alors avait oscillé entre 37 et 38 degrés, se maintient entre 38 et 39 degrés. L'examen révèle les signes d’une congestion pulmonaire de la base droite qui font place Le lendemain à ceux d’un épanchement pleural dont la limite remonte à l'angle inférieur de l’omoplate. Une ponction explo- ratrice ramène du liquide séro-fibrineux. Les jours suivants, les signes d’épanchement persistent, sa quantité parait peu augmenter et la thoracentèse n’est à aucun moment indiquée. La fièvre, d’abord assez élevée, diminue ensuite progressivement, en même temps que les signes de l’épanchement s’amendent et que, parallèlement, les symptômes hépatiques disparaissent. L'évolution totale de la pleurésie dure un peu moins (1) Galliard (Complications thoraciques de la lithiase biliaire, Médecine mo- derne, 23 mars 1895) en a réuni quelques rares cas. (2) Barth et Rist. Société médicale des Hôpitaux, 10 mai 1901. Biococie. ComptrEs RENDUS. — 1901. T,. LIII. 16 986 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de trois semaines; la malade, revue depuis, n’a présenté aucun symptôme res- piratoire consécutif. Trois ponctions exploratrices furent faites aux diverses phases de cette pleurésie. Le liquide séro-fibrineux fut ensemencé sans succès sur les milieux ordinaires. L'examen cytologique y révéla la présence pres- que exclusive des lymphocytes; ce fait, joint au résultat positif de l’inoculation intra-péritonéale au cobaye, montre que, malgré sa bénignité apparente et ses conditions étiologiques, il s'agissait là d’une pleurésie tuberculeuse. _ Notre troisième malade, enfin, âgé de trente-quatre ans, était atteint d'angio- cholite subaiguë anictérique remontant à deux mois avant son entrée,s'accom- pagnant d’hypertrophie hépatique etsplénique, mais sans ictère cutané. La fièvre oscillant entre 38 degrés et 3895 affectait Le type inverse. Il y avait de l’albumi- nurie. Au bout de quinze jours de séjour à l'hôpital, en même temps que la fièvre s’accentuait, on vit survenir les signes d’un épanchement pleural à la base droite, accompagné d’ailleurs de peu de symptômes fonctionnels. La ponction exploratrice ramena du liquide séreux. Peu après, l’état s’aggrava et nécessita une intervention chirurgicale qui révéla l’existence d’une volu- mineuse collection sous-hépatique suppurée due vraisemblablement à une périhépatite biliaire. Dans la suite, les symptômes hépatiques ne s’amendèrent qu'incomplètement, et le malade succomba environ trois mois plus tard à des accidents pulmonaires d’ordre infectieux qu'il 'ne nous à pas été donné d'observer. Dans ces trois faits, la pleurésie était d’allure bénigne. Il n’en était plus de même dans le cas de Barth et Rist, où une pleurésie putride à microbes anaérobies survint consécutivement à une suppuration intra- hépatique. Mais dans ce cas, l’inoculation pleurale fut directe, la cavité d'un des abcès de la face convexe du foie communiquant à travers le diaphragme perforé avec la plèvre droite. Ce cas diffère donc, par le mécanisme de sa production, de ceux que nous avons en vue, où la pro- pagation par effraction fait certainement défaut. Dans le cas de Barth et Rist, les agents de la suppuration intra-hépa- tique et ceux de la pleurésie putride étaient naturellement les mêmes. L'un de nos faits montre qu'il peut n’en être pas toujours ainsi. Dans notre second cas, en effet, la colique hépatique semble n'avoir joué qu'un rôle provocateur, déterminant l'apparition d’une pleurésie tuber- culeuse sans que l'infection biliaire paraisse intervenir directement. La colique hépatique s’est donc comportée à la manière d’un traumatisme, et, à côté de pleurésies tuberculeuses consécutives à un traumatisme extérieur, il convient de réserver une place à celles provoquées par un traumatisme interne tel que la colique hépatique. L'intensité de la pleurésie nous parait, dans les infections biliaires, dépendre pour une bonne part de l'infection causale. Il semble, en effet, que les angiocholites pyogènes doivent plus facilement s'accompagner de pleurésie grave et suppurée que les angiocholites catarrhales ou l’angiocholéeystite lithogène. Les lois qui règlent le degré de la pleurésie doivent être les mêmes que celles qui déterminent la plus ou moins SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 987 grande intensité de la néphrite biliaire que nous avons ailleurs étudiée (1). Quant au mécanisme même de la production de la eee biliaire, nous ne pouvons encore que le présumer. Elle est sans doute suscep- tiple de se produire par la voie sanguine comme les autres complications des infections biliaires. Mais nous nous demandons s’il n’y a pas lieu d'admettre ici une voie d'infection plus directe. Dans nos trois cas, en effet, la pleurésie siégeait à droite. Le fait peut se rapprocher de ce qui se voit dans les pleurésies appendiculaires. Dieulafoy a établi le siège à droite presque constant de ces pleurésies. Il a, en les décrivant, montré que si elles étaient graves d'ordinaire comme l’appendicite causale, elles pouvaient dans d'autres cas être bénignes, se réduire à un léger épanchement séreux, à une pleurésie sèche se traduisant par des frottements. Il a enfin mis en lumière le mécanisme de ces pleurésies, résultant tantôt d’une effraction du dia- phragme, tantôt d'une pénétration des germes infectieux dans la cavité thoracique à la faveur des puits lymphaliques sans que le diaphragme soit perforé (2). La comparaison des pleurésies biliaires avec les pleurésies appendi- culaires s'impose donc. C’est un même mécanisme pathogénique que l’on peut invoquer pour les expliquer, les pleurésies biliaires pou- vant résulter, selon nous, d’une propagation directe du foie à la plèvre droite par les voies Iymphatiques. C'est par une propagation semblable que l’on a expliqué l'apparition d’une péricardite au cours des infec- tions biliaires, comme celle qu'Oddo a vue survenir au cours d’une colique hépatique avec fièvre. C'est, outre la simple propagation par contiguïté, ce mécanisme que l’un de nous a invoqué, avec Garnier, pour expliquer la symphyse péricardo-périhépatique. Enfin, l'existence fré- quente, dans les pyopérihépatites, de pleurésie sèche ou suppurée ou de péricardite, justifie encore une telle hypothèse. En résumé, les pleurésies biliaires résultent moins d’une propaga- tion de l'infection par voie sanguine que d’une propagation directe, par voie lymphatique (3). Il peut même arriver, dans les cas graves, qu’elles soient la conséquence d’une inoculation directe de la plèvre par suite de la perforation du diaphragme. Quel que soit d’ailleurs le méca- (1) Gilbert et Lereboullet. De la néphrite biliaire, Société médicale des Hôpi- taux, 21 avril1900 ; Forme rénale de l’ictère acholurique simple, Société médicale des Hôpitaux, 21 juin 1901. (2) Dieulafoy. La pleurésie appendiculaire, Académie de médecine, 10 avril 1901. (3) C’est également une propagation directe de cette nature, mais sans par- ticipation clinique du péritoine, ni de la plèvre, qui nous semble expliquer la congestion pulmonaire droite si fréquente au cours de la colique hépatique, et due vraisemblablement aux mêmes germes que l'infection biliaire causale. 988 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nisme de leur production, il importe de les rechercher au cours des infections biliaires de nature diverse. Sans doute alors, les observa- tions s’en multiplieront, montrant leur existence dans les angiocho- lécystites aiguës ou chroniques, catarrhales, lithogènes ou pyogènes, au même titre que les autres complications des infections biliaires. DE L'ÉTAT DU SÉRUM ET DES URINES DANS L'ICTÈRE SIMPLE DU NOUVEAU-NÉ, par M. P. LEREBOULLET. La véritable nature de l’ictère simple du nouveau-né, reste, malgré de nombreux travaux, encore discutée. Les arguments invoqués en faveur de l’origine biliaire de cet ictère n’ont pas convaincu tous les partisans de son origine sanguine, soutenue, il y a plus de vingt ans, par Dreyfus- Brisac, et surtout par Porak. Pourtant l'absence de pigments biliaires dans les urines ne suffit pas à éliminer la nature biliaire de l'ictère, et, comme l'ont fait remarquer Lesage et Demelin, avant d'admettre la nature sanguine il faut examiner le sang et voir si le pigment biliaire manque. C’est cet examen méthodique du sérum que nous avons depuis plu- sieurs mois pratiqué aux Enfants-Assistés. Nous avons de plus recher- ché si l'emploi des réactions de Salkowski et de Haycraft pouvait per- mettre de déceler dans l’urine du nouveau-né des traces de bile, que las réaction de Gmelin serait incapable d’y révéler. Les vingt nouveau-nés ictériques dont nous avons pu examiner le sérum et les urines, présentaient tous à un degré faible ou marqué les signes clas- siques de l’ictère simple du nouveau-né. Or, l'examen du sérum y a toujours montré une forte proportion de pigments biliaires vrais. Le sang, prélevé par piqûre à l’orteil et au talon, laissait transsuder un sérum, souvent teinté d’hémoglobine, mais toujours franchement bilieux: ce sérum donnait, en suivant la technique du professeur Hayem, une réaction de Gmelin rapide et intense. La cholémie, précoce dans son apparition, peut aussi persister un cer- tain temps après la disparition de l’ictère, et, dans deux cas, nous l’avons cons- tatée cinq et six jours après que la peau avait repris sa teinte normale. En revanche, nous n'avons jamais trouvé de pigments biliaires dans le sérum des nouveau-nés non ictériques examinés comparativement. La constance de ces résultats nous paraît démonstrative. La teinte jaune de la peau dans l'ictère des nouveau-nés est la conséquence de la présence des pigments biliaires dans le plasma sanguin. La recherche des pigments biliaires dans les urines est en revanche restée le plus souvent négative. Les urines étaient d’ailleurs remarquablement pâles, et cette leucosurie ne s’accompagnait dans dix-huit cas d'aucune réaction de Gmelin; deux fois seulement (l’ictère était très marqué) cette réaction a été SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 989 franchement mais faiblement positive. La réaction de Salkowski, outre ces deux cas, ñe s’est montrée nettement positive que dans un troisième, où elle était peu marquée. La cholurie pigmentaire est donc nulle ou presque nulle. La réaction de Haycraft, qui semble déceler les acides biliaires, a été plus fréquemment positive. Encore avons-nous constaté son absence complète dans des cas où la cholémie était indiscutable et marquée. Dans d’autres, moins nombreux, elle fut positive, mais légèrement. Deux fois enfin, elle a été assez marquée, et nous avons noté sa disparition après la fin de l’ictère. Mais ce qui nous empêche d’attacher ici une trop grande importance pathogénique à cette réaction (indépendamment des causes d'erreur signalées par Meillère), c'est que nous l’avons constatée souvent en dehors de tout ictère chez des nouveau-nés atteints d'affections bénignes ou graves les plus diverses, sans que le sérum renfermât de pigments biliaires. L'emploi des réactions de Salkowski et de Haycraft dans l’urine des nouveau- nés ictériques ne nous paraît donc pas susceptible d'apporter des arguments nouveaux en faveur de l’origine biliaire de l’ictère et, dans la grande majorité des cas, même avec ces réactions, on ne trouve pas de bile dans l'urine. L'ictère des nouveau-nés représente ainsi une variété spéciale d'ictère acholurique. Que la cholurie soit minime ou nulle, il y a en effet dispro- portion évidente entre la cholémie toujours marquée et l’état des urines. Ce fait n'a plus lieu de surprendre actuellement que l’on sait la fréquence d'états similaires chez l'adulte, et nous avons insisté tout spécialement sur le plus fréquent d’entre eux, en décrivant avec notre maître M. Gil- bert l’ictère acholurique simple ou cholémie simple familiale. Dans l’ictère qui nous occupe, on ne saurait rattacher l’acholurie à la trop faible quantité de pigments biliaires circulant dans le sang, puis- qu'ils sont au contraire en quantité marquée. Aussi ceux qui sou- tiennent la nature biliphéique de l’ictère du nouveau-né ont-ils fait appel à deux ordres d’hypothèses. L'une, émise également par les parti- sans de la nature hémaphéique, admet que c’est le rein même qui retient les pigments (biliaires ou sanguins). L'autre, basée sur l'étude du sédi- ment urinaire, incrimine les caractères chimiques de l’urine du nouveau- né, où la biliruline serait insoluble. Cette dernière théorie ne peut être soutenue exclusivement, car si l'urine du nouveau-né est remarquablement pauvre en phosphates (condition invoquée par les défenseurs de cette théorie), la biliruline y est toutefois soluble (quoique faiblement) au même degré que dans l'urine d’adulte {ainsi que nous avons pu nous en rendre compte in vitro). La première hypothèse est plus vraisemblable. L'existence fréquente d'une albuminurie légère, le chiffre remarquablement faible du point cryoscopique comme dans les urines du nouveau-né en général (Lesné et Merklen), la faible teneur de l’urine en urée et autres éléments solides peuvent être invoqués en faveur de cette opinion. De plus, les expé- riences déjà anciennes de Porak ont montré que l'élimination des médi- 990 SOCIÉTÉ. DE BIOLOGIE caments par l'urine est d'autant plus tardive que l'enfant est plus jeune. Il ne semble done pas illogique d'admettre que l’acholurie est due au fonctionnement encore imparfait du rein du nouveau-né. Elle est en effet transitoire, et ne s’observe plus chez le nourrisson plus âgé. Nous croyons dès lors pouvoir conclure que l’ictère simple du nouveau- né est un ictère biliphéique avec cholémie évidente (1), mais ordinaire- ment sans cholurie; cette acholurie s'explique vraisemblablement par un arrêt des pigments biliaires au niveau du rein, dû sans doute au fonc- tionnement encore imparfait du rein du nouveau-né. (1) La destruction globulaire marquée qui se produit dans les premiers jours qui suivent la naissance, facilite d’ailleurs, sans doute, la surproduction de bile. Il s’agit, en effet, ici, d’un ictère par polycholie avec selles normales ou biliaires, mais non décolorées. (Travail du service du professeur Hutinel, aux Enfants-Assistés.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. a Paris — Imprimerie de la Cour d’appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 991 ASIE TANNIC EMDIUM'3 NOVEMBRE 1901 M. A. Lavera : Sur des Culicides provenant de Hanoï (Tonkin). — M. A. LAVERAN : Sur des Culicides provenant du Haut-Tonkin. — M. Jean Lépine : Sur la présence d'une sensibilisatrice dans l’urine de typhiques. — M. le Dr E. Maurez : Note sur l’ordre de sensibilité et de toxicité des principaux éléments anatomiques sous l’in- fluence du chlorhydrate d'émétine. — M. M.-E. GeLLé : Paralysie alterne de l’acous- tique, lésion protubérantielle. — MM. Girsert et HERSCHER : Sur la diminution de la coloration du sérum sanguin. — M. Hénocque : Étude de l’activité de la réduction de l’oxyhémoglobine, dans les ascensions en ballon. — Discussion : MM. Louis Lapicoue, Linossier, HÉNocQuE. — M. J. Jocry : Le noyau et l'absorption des corps étrangers. — M. le D° Denis CourRTADE : Du rôle de la tension dans l’excitation gal- vanique des systèmes nerveux et musculaire. — M. Josepn Noé : Variations de résistance du Hérisson à l'inanition. — M. Louis BruAnper : Lésions de coccidiose expérimentale. Rapports avec la carcinose. Présidence de M. Bouchard. OUVRAGE OFFERT M. LAVERAN. — J'ai l'honneur de faire hommage à la Société de ‘biologie, au nom de notre éminent collègue, M. E. Metchnikoff, d’un ouvrage qui a pour titre : L'immunité dans les maladies infectieuses. On sait avec quelle ardeur infatigable M. Metchnikoff étudie, depuis longtemps, cette question de l’immunité; à plusieurs reprises déjà notre collègue avait traité cette question, et en dernier lieu dans un remarquable rapport au Congrès international de médecine en 1900. Ce rapport se termine par la conclusion suivante : L’immunité naturelle » ou acquise est une fonction cellulaire. Cette proposition aurait pu servir d'épigraphe au beau volume que j'ai l'honneur de présenter; or trouve dans cet ouvrage un exposé magistral de la doctrine de l’immunité à laquelle M. Metchnikoff a attaché son nom. SUR DES CULICIDES PROVENANT DE HANoï (TONKIN), par M. A. LAvERAN. Dans la séance du 20 avril dernier j'ai déjà signalé l'existence de nombreux Anopheles parmi des Culicides qui avaient élé recueillis à BioLoGie. ComeTEs RENDUSs. — 1901. T. LIIL tel 992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Van-Linh (Haut-Tonkin) par M. le D" Chagnolleau. Depuis lors M. le D' Kermorgant, inspecteur général du service de Santé des Colonies, et M. le D' Vincent, médecin en chef de la marine, ont bien voulu me con- fier de nombreux échantillons de Culicides recueillis soit à Hanoï, soit dans le Haut-Tonkin, et je puis compléter sur quelques points ma pre- mière note. 1 Culicides provenant d’Hanoi. Ges Culicides ont été recueillis par M. le D*' Séguin dans sa chambre à coucher, ou bien à l'hôpital militaire pen- dant les mois de juillet, août et septembre 4901. La proportion des Anopheles aux Culex a varié comme il suit : Du 1°" au 15 juillet. , . . : 42 Anopheles sur 100 Culicides Das aus 4e enr = sur 100 — Du; 1495 au, 45 jaoûti .), 0/6 — sur 100 — Di #5, au: 34 août. 1. 12038 — sur 100 — À partir du 1% septembre la proportion des Anopheles a diminué rapi- dement. La période pendant laquelle les moustiques abondent à Hanoï est celle qui est connue comme dangereuse, au point de vue des fièvres palustres. De janvier à avril (période salubre), sur plusieurs milliers de moustiques capturés, M. le D' Seguin n'a trouvé qu’un Anopheles. Les Anopheles recueillis à Hanoï m'ont paru se rapporter tous à A. pictus Loew. En dehors des Anopheles, une des espèces des Culicides recueillis à Hanoï a attiré mon attention. Il s’agit, je crois, d’une espèce nouvelle qui, si l’on adopte la classification de Théobald (1), rentrerait, en raison de la forme des écailles des ailes, dans le genre Panoplites; il est bien probable qu’il faudra créer un nouveau genre pour les Culicides présen- tant les caractères observés chez le Culicide décrit ci-dessous, maïs provisoirement j'adopterai le nom générique Panoplites (2); je dédie à M. le D' Seguin l'espèce nouvelle. P. Seguini £ mesure 6 millimètres de long, proboscide compris; je n'ai pas vu le mâle. 2 La tête a le même aspect que chez les Culex; les palpes de la femelle sont courts, composés de trois articles, garnis d'écailles brunâtres. Le proboscide est également garni d'écailles brunes, sans annelures blanches. La nuque est. garnie d’écailles droites ou un peu courbées, brunâtres, fourchues à l’extré- mité libre. Thorax d’un jaune clair avec des poils rares, balanciers courts de teinte claire. (1) Theobald, Journ. of trop. medicine, 15 juillet 1904. (2) J1 serait d'ailleurs nécessaire de connaitre le mâle et je n’ai vu que des femelles. à SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 993 Les nervures longitudinales des ailes ont la même disposition que chez les Culex,'les nervures transversales sont très peu apparentes. Les nervures longitudinales sont garnies de nombreuses écailles brunâtres, larges et asy- métriques; les bords des ailes sont garnis d’écailles longues, lancéolées, mélangées d’écailles courtes. Les pattes sont remarquables par ce fait qu’elles sont annelées de blanc dans toute leur hauteur. Les annelures blanches, visibles à l'œil nu, existent sur les fémurs et les tibias aussi bien que sur les différentes pièces des tarses. Au microscope on conslate l'existence d’écailles brunâtres au niveau des parties de coloration foncée; au niveau des annelures claires on ne trouve que des poils blanchâtres. Gà et là des poils longs et raides ont l'aspect de piquants. Aux trois paires de pattes les ongles sont simples, sans dentures. Abdomen. Sur l’insecte à jeùn les derniers anneaux abdominaux sont beau- coup plus larges que les premiers. La partie dorsale, garnie d’écailles bru- nâtres, a une couleur sombre, tandis que la partie ventrale a une couleur claire ; on distingue à la partie ventrale des bouquets d’écailles larges et symé- triques et des poils. Le huitième anneau de l'abdomen est si court que j'ai eu quelque peine à le distinguer du septième. À la partie dorsale du huitième anneau on trouve une série de petits crochets d’un brun foncé, semblables aux ongles. Ces crochets sont disposés sur une ligne transversale par rapport à l'axe du corps de l’insecte; ils sont au nombre de sept sur chaque côté de la ligne médiane, soit de quatorze en tout; la pointe des crochets est tournée en haut et en avant. - Plusieurs individus étaient gorgés de sang. Les œufs sont sphériques. L'existence de crochets dorsaux chez Panoplites Sequini m'a paru digne d'attirer l'attention ; c'est la première fois, je crois, que l’on constate cette curieuse particularité chez un Culicide. SUR DES CULICIDES PROVENANT DU HAUT-TONKIN, par M. À. LAVERAN. Ces Culicides ont été recueillis à That-Khé, près de Langson, et à Van -Linh. Dans les Culicides provenant de That-Khé, j'ai trouvé des Anopheles assez nombreux ayant tous les caractères de À. pseudopictus. Les Culicides provenant de Van-Linh ont été recueillis par M. le D' Chagnolleau, médecin de la marine; j’ai trouvé parmi ces Culicides une forte proportion d'Anopheles se rapportant, les uns à À. pseudopictus, les autres à une espèce plus pelite que je crois nouvelle et que je dédie à M. le D' Vincent. A. Vincenti f ne mesure, proboscide compris, que 5 millimètres de long. Je n'ai vu que des femelles. 994 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les palpes sont de la même longueur à peu près que le proboscide. L'extré- mité apicale des palpes est de couleur claire, garnie de poils blanchâtres; il existe en outre un anneau blanchâtre à l'union des deuxième et troisième articles des palpes. L’extrémité proximale des palpes est garnie d’écailles d’un brun foncé. L'extrémité apicale du proboscide est d’un brun clair. La nuque est garnie de poils brunâtres assez longs sur les parties latérales et d'écailles droites fourchues. Le thorax est d’un brun plus clair que celui de A. pseudopictus. Sur le bord antérieur des ailes, on distingue quatre taches noirâtres, allon- gées, séparées par de petits espaces clairs, jaunâtres. Les taches des ailes sont formées par l'accumulation d'écailles brunâtres; les écailles des ailes sont minces et allongées. La fourchette antérieure est un peu plus longue que la postérieure. Les fémurs de la première päire ne sont pas renflés dans la partie proxi- male comme chez A. pseudopictus. Les libias ne présentent pas non plus de renflements. Pas d’annelures blanches des tarses. Ongles simples, non dentés aux trois paires de pattes. L'abdomen ne présente pas d’annelures blanches. La partie dorsale et la partie ventrale des segments abdominaux sont tachetées de noir d’une manière irrégulière. La partie inférieure de l'abdomen est garnie de poils brunâtres. L'abondance des Anopheles à Van-Linh est bien en rapport avec la fréquence des fièvres palustres dans cette région du Haut-Tonkin. Les fièvres du Haut-Tonkin qui règnent dans des contrées nullement maré- cageuses, dont le sol est partout recouvert par la brousse ou les forêts, - ont été souvent désignées sous le nom de fièvres des bois. D'après les renseignements fournis par M. le D' Chagnolleau sur les fièvres de Van- Linh, renseignements que M. le D' Vincent a bien voulu me communi- quer, il ne parait pas douteux qu'il s'agisse de fièvres palustres qui prennent souvent la forme rémittente et qui.s’accompagnent parfois d'accidents pernicieux. L'examen du sang des malades atteints de ces fièvres permettrait de trancher définitivement cette question. Ces Culicides du Tonkin m'ont été envoyés dans l'alcool absolu, et dans cet alcool j ai trouvé des Acariens; j'ai vu aussi sur un Culicide monté dans le baume du Canada trois petits Acariens qui adhéraient encore à l'insecte. J'ai remis à notre collègue, M. le D' Trouessart, des spécimens de ces Acariens. M. Trouessart à pu déterminer les trois espèces suivantes : 1° Zyroglyphus siro (L.) ou Acarus domesticus des Auteurs. 2° Chryletus erudilus (Schranck) plus gros, à fortes mandibules, avec peigne, venu (dit M. Trouessart) pour dévorer les précédents. 3° Gamasus Sp., un jeune, nymphe indéterminable. D'après M. Trouessart, ces Acariens ne sont pas de véritables para- sites ; il s'agit de détriticoles venus après la mort des Culicides. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 995 SUR LA PRÉSENCE D'UNE SENSIBILISATRICE DANS L'URINE DE TYPHIQUES, par M. JEAN LÉPINE. J'ai recherché, par le procédé de fixation de Bordet, si la sensibilisatrice trouvée par cet auteur et par MM. F. Widal et Le Sourd dans le sérum des typhiques ne pouvait pas être décelée dans l'urine au cours de la fièvre typhoïde. Sur sept observalions, cinq m'ont donné des résultats négatifs, une un résultat douteux; enfin j'ai observé dans un cas une réaction de fixation nette. Il s'agissait d'un malade atteint de fièvre typhoïde plutôt bénigne, mais suivie de rechute. La recherche de la sensibilisatrice a été faile à la fin de la rechute, dans la sixième semaine de la maladie. Elle a été répétée trois jours plus tard, avec le même succès. L'urine qui à donné cette réaction positive agglutinait très nettement la bacille d'Eberth à 1 p. 5; à 1 p. 10, on pouvait encore avoir une agglutination faible et incomplète. Les cinq urines qu ont donné une réaction de fixation négative n’agglutinaient pas à 1 p.5. L'agglutination était très imparfaite à 1 p. 5 dans l'urine pour laquelle l'existence de la sensibilisatrice élait douteuse. Dans le cas positif, le sérum présentait une réaction de fixation très nette. Il agglutinait fortement à 4 p. 100. Dans le cas douteux, la réac- tion de fixation était très nette dans le sérum, qui agglutinait à 1 p. 50. Six urines de sujets non typhiques, pris comme témoins, n'ont montré ni réaction agglutinante, ni réaction de fixation. D'autre part, dans l'infection typhique expérimentale du cobaye, j'ai observé dans l'urine, une fois sur trois cas, une réaction de fixation légère, mais certaine. Cette fois encore l'urine agglutinait d'une manière incomplète à 4 p. 5. Le sérum, dont la réaction de fixation était nette, agglutinait à 1 p. 30. L’urine ne présentait pas d'agglutination à 1 p. 5 dans les deux cas négatifs. La technique suivie dans ces expériences a élé celle des auteurs cités plus haut. Le mélange de sérum alexique (cobaye), d'émulsion de bacilles typhiques et de liquide à examiner était laissé pendant cinq heures à la température du laboratoire, avant d’être mis en présence de globules de poule fortement sensibilisés. Ces faits semblent montrer que si, comme l’a prouvé M. F. vida la réaction de fixation ne coïncide pas nécessairement quant à son appari- tion dans le sérum des typhiques avec la réaction agglutinante — du moins, pour que la sensibilisatrice apparaisse dans l'urine, il faut que la réaction agglutinante y soit présente. Or l'on sait que celle-ci ne se manifeste dans l'urine que d'une manière inconstante, et toujours à un faible degré. 996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR L’ORDRE DE SENSIBILITÉ ET DE TOXICITÉ DES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS ANATOMIQUES SOUS L'INFLUENCE DU CHLORHYDRATE D'ÉMÉTINE, par M. le D' E. Maure. Dans mes recherches, j'ai désigné sous le non d'ordre de sensibilité l’ordre dans lequel les divers éléments anatomiques sont impres- sionnés par un agent chimique ou physique, et sous le nom d’ordre de toxicité celui dans lequel ces mêmes éléments anatomiques perdent leur fonction (1). Ces deux ordres se confondent pour certains agents; pour d'autres, au contraire, ils sont différents. Pour le chlorhydrate d’émétine, en expérimentant sur le congre, la grenouille, le pigeon et le lapin, les éléments anatomiques examinés sous l'influence des doses inférieures à celles qui sont mortelles (2), c'est-à-dire celles que l’on peut considérer comme thérapeutiques, se sont toujours placés dans l’ordre suivant de sensibililé : fibre lisse, nerf sensitif, nerf moteur, fibre striée, fibre cardiaque, leucocyte, hématie. Ces mêmes éléments, sous l'influence des doses toxiques, ont perdu leur fonction dans l’ordre qui suit : nerf sensitif, nerf moteur, fibre striée, fibre cardiaque, fibre lisse, leucocyte, hématie. Comme on le voit, la différence porte d’une manière exclusive sur la fibre lisse qui, la première impressionnée par les doses thérapeutiques, ne perd ses fonctions qu'après le nerf sensitif, le nerf moteur, la fibre striée et la fibre cardiaque qui, cependant, ne sont impressionnés qu'après elle. À ces faits résultant de ces recherches, je crois devoir joindre les observations suivantes : | 1° L’émétine à une action élective sur un élément anatomique (loi de CI. Bernard). Cette action élective s'exerce sur la fibre lisse; mais elle n’est pas exclusive, puisque en augmentant la dose ou peut agir sur les autres éléments. 2° L'émétine n'agit pas sur un organe ou sur des organes (Cl. Ber- nard). Elle agit électivement, je viens de le dire, sur la fibre lisse; mais aussi, et c'est là un point important, sur toutes les fibres lisses de l'organisme, quel que soit l'organe dans lequel elles se trouvent. 3° Cette électivilé s'est maintenue chez le congre, la grenouille, le pigeon et le lapin ; et il est probable qu'elle doit se maintenir dans toute la série des vertébrés (CI. Bernard). (1) Pour les divers procédés employés, voir le Bulletin général de théra- peulique, 30 octobre 1901. (2) Société de Biologie, 12 octobre 1901. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 997 4° Il est également probable qu'il en est de même pour les ordres de sensibilité et de toxicité. 5° Les diverses espèces animales ont présenté des sensibilités diffé- rentes à l'émétine ; mais les ordres de sensibilité et de toxicité de leurs éléments anatomiques sont restés les mêmes. 6° Surtout aux doses thérapeutiques, on ne peut agir avec l’émétine sur un élément anatomique qu'à la condition d'agir également sur tous ceux qui le précédent dans l’ordre de sensibilité. 1° Les applications thérapeutiques de l’émétine se groupent d'après les divers éléments anatomiques ; et elles sont d’autant plus impor- tantes et d'autant plus nombreuses que l'élément anatomique dont elles dépendent est plus facilement impressionné par elle. C'est la fibre lisse qui est la première impressionnée; et c’est en effet par elle que s'expliquent ses propriétés décongestive, hémostatique et antither- mique. Les principaux faits à retenir de ces expériences me paraissent être les suivants : 1° En expérimentant l'émétine sur les quatre animaux précédents, qui tous appartiennent à une classe différente de vertébrés, les éléments ana- tomiques examinés se sont placés dans les mêmes ordres de sensibilité et de toxicité. : 2 L'ordre de sensibilité de cet agent explique ses propriétés thérapeu- tiques. PARALYSIE ALTERNE DE L'ACOUSTIQUE, LÉSION PROTUBÉRANTIELLE, par M. M.-E. GELtré. Les paralysies alternes ont leur signification bien établie ; elles indiquent sûrement une lésion dont le siège est dans la protubérance ou à son niveau. La complexité et la multiplicité des noyaux d'origine et des nerfs craniens dans cette région expliquent les diverses combinaisons offertes en clinique: et les étroits rapports avec les faisceaux pyramidaux au- dessus de leur décussation, l'hémiplégie alterne observée. Parmi ces paralysies alternes, le syndrome Millard-Gubler, celui de Weber sont bien connus. Cependant, toutes les associations sont pos- sibles, et on observe les paralysies du facial, de la 3° paire, de la5°, de la 6°, soit isolées, soit réunies ; ce sont là des syndromes des plus appa- rents et des plus nets. La 8° paire, dont les noyaux siègent aussi dans la protubérance, est atteinte dans les mêmes cas, mais les troubles auditifs, les bruits subjectifs, les vertiges, l’otalgie, l’affaiblissement de l'ouïe, peut-être à cause même de leur fréquence dans les affections 998 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cérébrales, n’ont pas une signification aussi précise, et leur valeur est le plus souvent négligée. Cependant, il résulte des autopsies que l’on trouve l’acoustique sérieu- sement alléré dans les lésions du mésocéphale. Wernicke signale la destruction du tiers supérieur du noyau externe de ce nerf ; Huguenin, une tumeur syphilitique comprimant le facial droit, et altérant les tractus de l’acoustique (in Nothnagel, p. 69 et suiv.); de même, dans un cas de Freidrick, de Mohr, etc. Raymond, dans ses ZLecons cliniques (1895-1898), publie plusieurs autopsies ; dans un cas, les deux acous- tiques étaient à peu près détruits (p. 693, 1897). Bien que ces symptômes soient dans les affections cérébrales d'une grande généralité, on ne saurait, cependant, négliger de reconnaître leur valeur pour le dia- gnostic, s'ils sont uniquement limités à un côté, surtout quand ils ont débuté en accompagnant une hémiplégie opposée. Cette circon- stance leur donne une importance spéciale. La valeur du signe otique s'affirme quand l’on constate en même temps une paralysie faciale, ou d’un autre nerf voisin (3°, 6°, 3° paires), comme la clinique le montre. La surdité est venue subitement; ou déjà peu à peu la fonction fai- blissait, et l'attaque d'hémiplégie s’accompagna de surdité totale. On a vu la surdité précoce précéder l'attaque; on la voit succéder, par- ‘fois à long terme, coïncidant avec une nouvelle poussée paralytique. Le plus souvent, les vertiges, les bourdonnements affolants, et l’otalgie unilatérale débutent, bientôt suivis de surdité unilatérale rapide ou brusque, et d'hémiplégie alterne ; en regard, on trouve alors très ordi- . nairement l’audition conservée, ou même excellente du côté de l’hémi- plégie. Certaines surdités rapides ou subites annoncent plus souvent qu’on ne croit une attaque d'hémiplégie. s Le diagnostic est encore délicat s’il existe déjà de vieilles lésions otiques (otorrhée, sclérose de même origine, syphilis, tubercule), mais le sujet indique bien que la perte complète de la fonction d’une oreille est récente, et que les troubles subjectifs accompagnent la paralysie opposée; certaines observations présentées par le professeur Raymond et l’ensemble des miennes montrent toutes ces conditions. L'intérêt de cette analyse porte sur la démonstration de la valeur séméiologique de la surdité unilatérale et des troubles acoustiques unila- téraux en cas d'hémiplégie opposée. La question est jugée dès qu'à ce syndrome auditif se joignent des paralysies d’autres nerfs craniens (5° paire, 1° paire, etc.). Ce cas est des plus ordinaires. L'examen de l'oreille sourde, je le répète, constate l'intégrité de l'organe, ou une lésion absolument insuf- fisante pour expliquer une surdité subite ou très intense. Or, dans le plus grand nombre des observations, c'est cette explora- SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 999 — tion méthodique de l'organe de l’ouïe et de sa fonction qui manque : dans les Cliniques de Raymond je trouve deux faits, cependant, où l'examen est noté et complet. Depuis que je dirige la clinique otologique de la!Salpêtrière, dans le service de Charcot et maintenant du professeur Raymond, j'ai colla- tionné tous les faits d’affections cérébrales offrant des symptômes auditifs quelconques; c’est ainsi que j'ai réuni neuf faits de paralysies alternes, où la participation de l’acoustique est indiquée, où le syndrome auditif est évident. Ces faits se décomposent en deux séries; dans la première entrent les cas où la surdité est associée à une paralysie faciale ; dans la seconde, ceux où la surdité et les troubles de louïe, unilatéraux, mais seuls, ont coïncidé avec l’hémiplégie alterne. J'ai éliminé comme moins démonstratives les observations plus nombreuses où, sans localisation précise, il s'était montré des vertiges, des bruits subjectifs, de l’assourdissement. Voici ces faits; on remarquera que dans tous l'examen des oreilles et de l'audition a été méthodiquement exécuté, afin d'exclure autant que possible ceux où l’altération otique suffisait à expliquer l’abaissement de l’audition, et pour affirmer, d'autre part, quand l'oreille fut trouvée normale, l'origine certainement nerveuse de la surdité. Première série. — Cinq faits résumés, où le nerf acoustique est seul atteint : i° H., trente-quatre ans. Hémiplégie droite, aphasie, et surdité gauche. Diapason-Vertex percu à droite ; et 0 à gauche. A droite, montre entendue à 90 centimètres; pressions centripètes positives à droite; réflexe d’accom- modation binauriculaire intact, de la gauche sur la droite. Aspect normal des oreilles moyennes. 20 H., trente-neuf ans. Céphalée, surdité rapidement croissante à gauche. Douleurs à l'oreille gauche ; puis engourdissement et parésie du côté droit du corps, verliges; troisième mois. Diapason-Vertex presque nul; montre à gauche — 0. Rinne - à droite. Aspect sain et mobilité normale des oreilles moyennes. 3° F., trente-quatre ans. Salle Saint-Louis. Hémiplégie gauche, il y a dix mois, et oreille droite perdue depuis. Bourdonnements depuis. Montre à 80 centimètres à gauche. Diapason-Vertex latéralisé à gauche. Aspect normal des deux tympans et des oreilles moyennes. 4° H., quarante-sept ans (n° 369). Hémiplégie droite datant de trois mois, avec surdité extrême à gauche; il souffre de bruits musicaux constants ; montre — 15 centimètres à droite, où la parole très bien entendue, et 0 à gauche. Rinne +; diapason-Vertex plus à droite. Aspect scléreux &es tym- pans, mobiles, mais sans amélioration de l’ouie. 50 F., vingt-deux ans (n° 361). Céphalée continue, amaurose et surdité extrême à droite avec hémiplégie flasque à gauche. Oreilles normales. Montre à gauche, à 45 centimètres ; 0 à droite. Diapason-Vertex+ à gauche. Rinne +; pressions centripètes, signe de Gellé, positives à gauche. Réflexe binauricu- laire, de droite à gauche, intact, net; intelligence vive. 1600 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Deuxième série. — Paralysie acoustique et paralysie faciale : 1° F., trente-cinq ans (p. 353, Salp.). Hémiplégie droite avec paralysie faciale gauche et surdité gauche avec bruits subjectifs énormes. Diapason-Vertex peu percu. Montre à droite à 8 centimètres, et parole entendue de loin. Pressions centripètes positives à droite ; réflexe binauriculaire = 0. Diapason non pereu à gauche. Politzer réussi ne change rien. Aspect normal des deux côtés. 2° H., cinquante ans (n° 235). Hémiplégie droite datant de douze ans. Guérison en août 1895. Vertiges, céphalée, otalgie atroce à gauche, la nuit davantage ; surdité absolue depuis, avec (quatrième jour) paralysie du facial gauche complète ; fourmillements dans la moitié droite du corps. Oreille droite percoit la montre à 20 centimètres, et la gauche à peine au contact. Rinne +. Politzer réussit sans améliorer. Pressions positives, à droite et à gauche. Réflexe binauriculaire conservé de gauche à droite. Oreilles normales. 3° H., quarante-quatre ans (ob. 199 bis). Otorrhée il y a trois ans. Syphilis à dix-neuf ans. Céphalée depuis un an. Hémiplégie gauche datant de deux mois avec paralysie faciale droite pendant quatre jours; audition perdue à droite depuis. Diapason-Vertex latéralisé à gauche, où la montre — #5 centi- mètres ; Rinne ; pressions positives à gauche ; Politzer facile sans amélio- ration à droite; mais à gauche montre — 1 mètre après le Politzer. Tympan légèrement opaque et rétracté à droite, mais mobile avec le Seigle; HÉMEXE 10} 4° H., quarante-cinq ans (ob. 139, personnelle). Gommes du crâne et du übia il y a dix ans, guéries par moi ; céphalée atroce récente (1884). Crises d’otalgie terrible la nuit, surtout à gauche; surdité à gauche, où lésion objec- tive nulle; paralysie faciale gauche, exorbitis et hémiplégie totale droite; puis en cinq jours coma et mort. L € On voit, par ce groupe de faits lentement accumulés à la clinique spéciale (1876-1895), que les troubles de l’ouïe, persistants, quand ils sont limités à un côté seulement, prennent une grande valeur sénréio- logique dès qu'une hémiplégie alterne se produit. Le syndrome acoustique dans la paralysie alterne est done aussi caractéristique que tout autre, de l'existence d’une lésion protubé- rantielle, dès que l'intégrité de l’appareil auditif est évidente. SUR LA DIMINUTION DE LA COLORATION DU SÉRUM SANGUIN, par MM. Gicgerr et HERSCHER. Le sérum sanguin normal de l’homme présente une légère coloration jaunâtre, communément attribuée à un pigment que l’on a identifié avec celui que l’on retrouve dans divers tissus animaux ou végétaux, et notamment dans la graisse et dans le jaune d'œuf. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1001 Désigné sous les noms de lipochrome et de lutéine, ce pigment méri- terait mieux, selon nous, l'appellation de sérochrome. Quelles que soient sa nature chimique, ses relations avec les lipo- chromes du jaune d'œuf ou de la graisse, ses connexions avec les pigments biliaires et urinaires, toutes questions mal élucidées encore et sur lesquelles nous reviendrons dans des communications ultérieures, il est aisé de reconnaître qu'à l’état pathologique celte matière colo- rante subit des variations de quantité en plus ou en moins, constituant des états auxquels pourraient être appliquées les désignations d’hyper- et d'hyposérochromie. Mais une question préjudicielle se pose, relative à l'intensité de la coloration normale du sérum. Or, à cet égard, il existe des variations d’individu à individu, de race à race, de saison à saison, telles qu'un critérium sur ce point fait véri- tablement défaut. Dans les conditions de la santé la plus normale, le sérum, en effet, n'offre pas une égale coloration chez les divers individus d’une même race, et les dissemblances s’accusent encore d’une facon frappante si l’on considère les races différentes. Chez les Orientaux, par exemple, la teinte du sérum, d'une manière générale, est plus foncée que chez les Occidentaux; et il nous a paru nettement qu'il existait une relation entre la coloration plus accusée de ce liquide et celle plus marquée de la peau. Peut-être aussi le sérum, comme l'urine, est-il plus foncé en été qu'en hiver ; à cel égard, toutefois, nous ne saurions être pleinement affir- matifs : nous n’énoncons [à qu’une impression, mais il serait facile de vérifier le fait en recourant à la numération des globules sanguins, car si le sérum présente une coloration plus intense en été, c’est par suite, sans doute, d’une concentration qui doit, d'autre part, entrainer une hyperglobulie relative. Malgré qu'une base solide fasse défaut pour l'appréciation de la réalité possible d’une hyper et d’une hyposérochromie, on peut affirmer cependant, surtout en se fondant sur des examens répétés à plusieurs reprises chez un même sujet, que ces deux états ont une existence réelle. | Nous ne nous occuperons pas aujourd'hui de l’hypersérochromie dont la différenciation d'avec la cholémie n'est pas sans présenter quelques difficultés, el nous n'envisagerons que ce qui vise l'hyposéro- chromie. Déjà le professeur Hayem a signalé l'hypocoloration du sérum dans les anémies en général ; nous avons vérifié ce fait, qui est positif et qui est facile à constater, notamment dans le type le plus fréquent des anémies essentielles, dans la chlorose. En dehors de cette affection, les prises de sang que nous faisons systématiquement à tous les malades nous ont montré que l'hyposéro- 1002 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chromie s’observe aussi dans les maladies consomptives et cachecti- santes, qui réalisent d’ailleurs les lésions sanguines des anémies dites symptomatiques. C’est ainsi que nous avons observé très nettement une diminution de coloration du sérum dans le cancer et la tuberculose; dans cette der- nière maladie surtout, en raison des nombreuses observations que nous avons pu recueillir, le fait nous à tout particulièrement frappés. Sur cinquante-quatre cas de tuberculose pulmonaire, einq fois seu- lement nous avons noté des sérums aussi ou même plus colorés qu'à l’ordinaire; il s'agissait alors de tuberculoses à leur début. Dans tous les autres cas, au contraire, le sérum était remarquable- ment pâle, quelquefois même presque complètement incolore. Une pareille fréquence de l'hyposérochromie dans la tuberculose “aurait pu faire supposer qu'il s'agissait là de quelque chose de spécial au tempérament tuberculeux, et que cet état était une des manifestations de la prédisposition à la baciilose. Mais, dans deux cas, au moins, nous avons pu nous rendre compte nettement qu'il n'en était rien, et que l'évolution de la tuberculose était bien la cause de la décoloration du sérum. Un malade présentait, en effet, à un premier examen, un sérum plutôt plus teinté qu’à l'ordinaire ; la tuberculose était alors douteuse. Deux mois plus tard, il rentre à l'hôpital avec un pneumothorax : son sérum est moins coloré que primitivement, mais encore un peu plus vert que les sérums ordinaires ; la maladie continue à évoluer, et un nouvel examen, pratiqué quatre mois après le premier, montre que le sérum est très pâle. . Un deuxième fait est aussi probant que le précédent: un Japonais entre dans le service pour une tuberculose pulmonaire au début, il a un sérum très fortement teinté ; sa tuberculose évolue rapidement el son sérum diminue de couleur, à tel point qu'il devient presque complète- ment incolore. Il nous semble done absolument certain que la tuberculose, cette maladie consomptive par excellence, agissant sur le sang de même que sur les aivers tissus, non seulement entraine la diminution de la masse du sang, la réduction du nombre des hématies et du taux de l'hémoglo- bine, mais encore a pour conséquence l'hyposérochromie. Cette diminution de la matière colorante du sérum peut être très considérable, à tel point que l'anémie sérochromique, si l'on peut s'exprimer ainsi, devient quelquefois beaucoup plus marquée que l’anémie globulaire, et que si, pour une raison ou pour une autre, cette dernière cesse d'exister, en apparence tout au moins, l'hyposérochromie n'en persiste pas moins. Chez un de nos malades, tuberculeux, empnysémateux el cyanotique, à l’autopsie duquel nous avons trouvé des lésions pulmonaires en SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1003 rapport avec notre diagnostic, et, en outre, un foie muscade accompa- gnant une -dilalation et une hypertrophie du ventricule droit, nous avons constamment observé un sérum presque complètement incolor alors que les numérations dénotaient de l'hyperglobulie, ainsi qu’en témoignent les chiffres suivants : 27 octobre. nl A NS Re NEO LES AIO 0 (D MO CLOUD TEA AUS ER RE NE RC ES 0 DD = A NE D ER NE ER PA RAR ETC AO 0 0 — CR A à DE 0 EAP RIN COCO AU EUR pan en 0,78 5 novembre . SR STTEUTET ASE NA UE EX EN RE OO) — SRE MA PANNE ES Ar CRUE Se SR = 0 0 000: — DORE CARTE NA AT PR MST AU Ed 0,75 GNOME MD TE ANNE CT AE NU Et ANNE 6 4 A D O0) Dans ce dernier cas, lors d’un premier examen, le diagnostic avait été hésitant entre la tuberculose et l’'emphysème, mais dans cette dernière maladie le sérum n'est pas décoloré, souvent même il présente une coloration plus marquée qu’à l’ordinaire et l'hyposérochromie devait faire supposer que la tuberculose pouvait être en cause. Si bien que cette connaissance de l’hyposérochromie dans la tubercu- lose peut avoir une certaine importance diagnostique; ce n’est évidem- ment qu'un signe d’une valeur relative, mais c'est un signe qui cepen- . dant doit éveiller l’attention. ÉTUDE DE L'ACTIVITÉ DE LA RÉDUCTION DE L'OXYHÉMOGLOPBINE, DANS LES ASCENSIONS EN BALLON, par M. HÉNOCQUE. (Communication préalable.) Les premières recherches sur la durée de la réduction de l'oxyhémo- globine chez l’homme, transporté rapidement à des altitudes élevées, ont été faites par M. Joseph Vallot; il avait préalablement pris des observations nombreuses sur les effets de la montée et du séjour à son observaloire météorologique du Mont-Blanc. Il à pratiqué ses études dans trois ascensions en ballon : le 12 mai 1900, à 3,000 mètres; le 24 juin, à 3,900 mètres, et le 8 nov : 1900, à 4,650 mètres d’ des Les résultats de ses recherches n'ont pas été publiés dans un recueil scientifique, mais je les ai communiqués, le 3 décembre 1900, à à la Com- mission scientifique de l’Aéro-Club. Voici d’ailleurs les termes mêmes dans lesquels M. Vallot m'a écrit ses conclusions : 4004 ! SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE « Ces cinq doubles résultats, joints à ceux que j'avais déjà obtenus, me semblaient démontrer surabondamment : 1° Que la durée de la réduction diminuait aux grandes altitudes, comme vous l'aviez vu à la Tour ; 2° Que la diminulion pouvait atteindre la moitié de la réduction; 3° Que la diminulion, graduelle sur la montagne, était presque instantanée en ballon, en l'absence de toute fatigue. » Ces observations, démonstratives, en effet, pour la diminution de durée de la réduction, l'étaient moins pour l’activité des échanges respiratoires entre le sang et les tissus, parce que la diminution de la durée aurait pu provenir d’une diminution de la quantité d'oxyhémoglobine, et M. Vallot n'avait pu, sans aide et dans des conditions d'éclairage peu favorables, déterminer les variations de la quantité de l’oxyhémoglobine. C’est dans le but de compléter ces données que le D' Reymond a fait l’ascension de jeudi dernier 49 novembre, dans le ballon Le Ceniaure, dirigé par M. le comte Henri de La Vaux, et en compagnie du D" Portier, qui lui- même devait pratiquer des recherches spéciales, mais a bien voulu se prêter aux examens hématoscopiques. Les résultats obtenus par le D° Reymond sur lui et son confrère, sont remarquablement concordants. Ils seront publiés ultérieurement, avec les détails nécessaires ; mais je tiens à présenter à la Société dès main- tenant, les premières conclusions qui en résultent au point de vue héma- toscopique. Le fait dominant dans les ascensions est l'augmentation rapide, presque immédiate de la quantité d'oxyhémoglobine, qui s’est élevée en moins d'une heure de 40 à 13 p. 100 à 3,600 mètres d'altitude, chez l’un des observateurs, et de 12,5 à 14 p. 100 chez l’autre. ce En même temps, l’activité de la réduction s’est élevée à partir de 1,000 à 1,900 mètres, de facon à atteindre le chiffre 2, c’est-à-dire le double de l’activité normale, laquelle avait été constatée par moi-même au départ. Cette augmentation de l’activité avait pour corollaire naturel une diminution de la durée de la réduction qui était descendue de 60 environ à 30, c’est-à-dire diminuée de moitié. Telles sont les caractéristiques hématoscopiques de l’action physiolo- logique des ascensions jusqu'aux altitudes de 3,000 à 4,656 mètres, dans lesquelles il n’y à pas eu de troubles de vertige, de dyspnée, de cyanose ou d’anoxhémie. J'ai l'espoir que les recherches faites dans les mêmes conditions, avec des procédés divers d'examen du sang et de la circulation, donneront des résultats analogues. M. Louis Laricque. — Il me parait nécessaire d'établir une dis- tinction dans les faits affirmés par M. Hénocque. L'augmentation notable des globules et de l'hémoglobine totale semble bien réelle. MM. Calugareanu et Henri, dans des expériences que nous àvions pré- parées ensemble, et qu'ils ont effectuées dans un autre ballon, l'ont SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1005 retrouvée sur trois animaux. Ils publieront leurs faits prochainement. Mais l'augmentation de l'oxyhémoglobine est une tout autre question; M. Hénocque ne peut pas l’affirmer, puisqu'il fait passer à l'air libre la soutte de sang avant que de l’examiner au spectroscope : dès lors, il compte en oxyhémoglobine toute ou presque toute l’hémoglobine, sans savoir quelle proportion était réduite dans le sang circulant. Les courbes de dissociation de l'oxyhémoglobine en fonction de la tension d'oxygène ne permettent nullement de rendre compte du phénomène, mais il peut y avoir variation de rapidité de l'hématose, el je me propose d'étudier directement ce fait. En attendant, l'augmentation de l'intensité des échanges paraît très invraisemblable, et ce que M. Hénocque affirme -si nettement comme un fait me paraît plutôt une déduction reposant sur une erreur de technique. M. Linossier. — La concentration du sang par évaporation, invoquée par M. Malassez, me semble insuffisante à expliquer une augmentation d’oxyhémoglobine aussi considérable que celle qui résulte des expé- riences communiquées par M. Hénocque. Dans l'une, l'augmentation est de 30 p. 100. Il faudrait admettre que le sang eût perdu en quelques minutes plus d’un litre d’eau, ce qui n’est guère vraisemblable. Il est probable qu'à côté de la concentration du plasma, il faut faire jouer un rôle à une répartition différente des globules dans la masse sanguine, aux différentes altitudes. M. HÉNocouE. — Je réponds à M. Lapicque que son objection est sans valeur au point de vue de la durée de la réduction de l'oxyhémoglobine, puisque nous la déterminons par l'examen du pouce sans aucune aclion directe de l'air sur le sang. La diminution de moitié dans cette durée de réduction est un fait si notable par lui-même qu'il démontre l’augmen- tation de l’activité, puisque, d’ailleurs, il est évident que la quantité d’oxyhémoglobine n’a pas diminué. Le contraire serait bien en désac- cord avec les observations nombreuses qui montrent toujours l’'augmen- tation du nombre des globules. Quant à l’objection de l’action de l'air sur le sang de la piqûre pen- dant qu'on le recueille dans l’hématoscope, je crois avoir démontré, dans une ancienne discussion qui figure dans nos Comptes rendus du 2% mars 4888, que cette action n'est ni assez intense ni assez rapide pour qu’on ne puisse la considérer comme négligeable dans les observa- tions d'hématoscopie où les modifications de la quantité d'oxyhémo- globine se présentent avec une précision suffisante pour la clinique. Je suis, avec MM. Linossier, Malassez et Dastre, convaincu que la concentration du sérum est insuffisante pour expliquer l'augmentation de l'oxyhémoglobine et des globules rouges, et qu'il doit ÿ avoir dans les organes hématopoictiques, ou des régimes divers de circulations régionales, des réserves, une activité d'hématopoièse permettant ces 1006 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE modifications rapides. Ce sont là des problèmes bien intéressants à étudier et pour lesquels il faut le concours de tous les procédés d'expé- rimentation. LE NOYAU ET L'ABSORPTION DES CORPS ÉTRANGERS; par M. J. Joey. Un certain nombre d’intéressantes observations faites dans ces der- nières années tendent à nous montrer que le noyau ajoute son rôle à celui du protoplasma dans les phénomènes actifs de la sécrétion. Ces. observations ont rappelé de nouveau l'attention sur les échanges qui peuvent se faire entre le noyau et le protoplasma. Ces échanges existent certainement, mais on a encore peu de renseignements sur leur nature. Une question se pose à ce sujet : le noyau est-il capable d'incorporer les granulations protoplasmiques et les corps étrangers? Or, on n’en sait rien. Certains auteurs ont décrit, il est vrai, des observations dans les- quelles ils auraient pu voir des granulations protoplasmiques absorbées par le noyau. Je peux citer à ce sujet les observations de A. Brass et de son élève E. Knappe faites sur des Infusoires et sur les cellules de l'organe de Bidder du crapaud (1). Mais ces auteurs se sont contentés d'observer des granulations protoplasmiques, et non des corps étrangers; leurs figures et leurs descriptions sont loin de suffire à entrainer la conviction. Il faudrait s'adresser à des corps étrangers reconnaissables. Je me suis proposé de voir si des corps étrangers offerts à des cel Le | É see =] ie ra c Le} ‘Soinou 7% u® “anbixoqoan & | ‘somou 5& uo “onbrxoqoan H | ‘Soanou r& ue “onbrxoqoim m | ‘soinou ra uo onbixojoan = “arpejeu OpuIUIT? 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C’est donc le régime des boissons abondantes qui, chez nos typhoï- diques, a le mieux favorisé l'élimination des matières toxiques par l'urine. Par contre, le traitement par la balnéalion chaude semble être le moins efficace à ce point de vue. (Travail du service de la clinique médicale de l'hôpital de la Charité (professeur Combemale), et du laboratoire de pathologie interne et expé- rimentale de la Faculté de médecine de Lille (professeur Surmont). ÉTUDE SUR LA PRODUCTION DU FIBRINFERMENT DANS LE SANG EXTRAIT DES VAISSEAUX, par M. MAURICE ARTAUS. (Communication faite dans la séance précédente.) Ce J'ai montré dans une note précédente comment on peut utiliser le plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000, pour la fée on qua- litative et quantitative du fibrinferment. On peut se servir de ce réactif pour étudier la loi des vitesses de pro- duction du fibrinferment dans le sang extrait des vaisseaux. On sait que le sang circulant dans les vaisseaux ne contient pas de fibrinferment et que celte diastase ne s’y développe que lorsqu'il a été épanché. Pour résoudre cette question, il faudrait pouvoir arrêter, dans le sang extrait, la production du fibrinferment par un procédé qui modifie au minimum la composition du sang. Le fluorure de sodium permet de faire cette fixation physiologico-chimique du sang, car, ajouté au sang à la dose de 3 p. 1000, il arrête instantanément la production du fibrin- ferment. Voici les faits : 1° Le sang de chien fluoré à 3 p. 1009, au moment de la prise, ne coagule pas spontanément. Cette non-coagulation est due à l'absence de fibrinferment et non à la présence du fluorure qui agirait comme anta- goniste du fibrinferment; en effet, le sang fluoré à 3 p. 1000 coagule par addition de petites quantités de sérum ou de sang défibriné, d’une part; SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 10925 et, d'autre part, l'addition de fluorure à 3 p. 1000 au sang extrait des vaisseaux, non pas aussitôt après la prise, mais à un moment voisin de la coagulation, n’en empêche pas la coagulation. Ces faits doivent être rapprochés de ceux que j'ai précédemment établis dans mes études sur le ferment glycolytique. J'ai démontré que la fluoruration du sang à un moment voisin de la prise (toutefois la fluoruration peut se faire ici plus tardivement; elle peut se faire après la défibrination du sang par battage, empêche la production du ferment glycolytique; tandis que la fluoruration tardive (1 heure, par exemple, après la prise) n'empêche pas la glycolyse de se produire dans le sang. Le parallèle que j'ai établi autrefois entre la coagulalion du sang et la glycolyse dans le sang recoit de ces faits une nouvelle confirmation. 2% La quantité de fibrinferment contenue à un moment donné dans un sang donné n'augmente plus, si on fluorure ce sang à 3 p. 1000, à partir du moment précis de l’addition du fluorure. Le fluorure fixe ins- tantanément la teneur en fibrinferment du sang. Pour démontrer cette proposition, on défibrine du sang par battage ; on le sépare de la fibrine produite par filtration, sur coton de verre, et on l’abandonne pendant dix à quinze minutes dans le laboraloire. On prend alors (en pleine période de formation du fibrinferment, ainsi qu’il sera démontré) 4 lots de ce sang, chacun correspondant à 100 centi- mètres cubes. Au lota, on a ajouté immédiatement 10 centimètres cubes de fluorure de sodium à 3 p. 100. Le lot b, sans aucune addition, est soumis, aussi rapidement que possible, à une centrifugation aussi énergique que possible (2800 tours de la grande centrifuge de Runne), pendant dix minutes; 40 centimètres cubes du sérum, réuni à la partie supérieure (et dans lequel l'examen microscopique ne révèle la présence d'aucun élément figuré), sont décantés et additionnés de 4 centimètres cubes de fluorure de sodium à 3 p. 100. Le lot c, conservé dans le laboratoire pendant la centrifugation, est additionné de 10 centimètres cubes de fluorure de sodium à 3 p.100, au moment où cesse cette centrifugation. Le lot d est conservé sans aucune addition. Les 4 liqueurs, sang fluorés a etc, sérum fluoré b et sang défibriné d, sont abandonnées vingt-quatre heures dans le laboratoire. Après ces vingt-quatre heures, on ajoute au sang d 10 centimètres cubes de fluorure de sodium à 3 p. 100. On centrifuge les liqueurs a, cet d pour en séparer les sérums correspondants. On obtient ainsi 4 sérums fluorés, dont on ajoule res- pectivement 4, 3, 2, 1 gouttes dans 4 centimètres cubes de plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 4000. Après vingt-quatre heures dans le laboratoire, on constate que les 3 sérums a, b, c se sont comporlés de façon identique : les mélanges à 4 et à 3 gouttes ont donné un coagulum massif, non rétractile par agitation; les mélanges à 2 gouttes ont donné 1026 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un coagulum mou, condensable en flocon par agitation; les mélanges à 1 goutte ont donné un flocon. Avec lé sérum d, les 4 mélanges ont donné un coagulum massif non condensable par l'agitation. Donc, en présence du fluorure de sodium, il ne s’est pas produit de fibrinferment, puisque les sangs fluorés a et c n’en contiennent pas plus que le sérum b, privé par centrifugation des éléments figurés, générateurs du fibrinfer- ment ; et cela, bien quele sang fût capable d'engendrer encore du fibrin- ferment, puisque le sang défibriné d, fluoré après vingt-quatre heures, a un pouvoir coagulant plus grand que les sangs a et c. Ces faits étant établis, pour déterminer les lois de la production du fibrinferment, on procède de la facon suivante. Au moyen d'un tube de caoutchouc, terminé par une canule fixée dans l'artère fémorale d'un chien, on fait arriver le sang dans un vase et on procède au battage. Pendant ce temps, dans une série de verres contenant 3 centimètres cubes d’une solution de fluorure de sodium à 3 p. 100, on verse 50 cen- timètres cubes de ce sang, qu'on prélève dans le verre à battage, soit immédiatement, au moment où il sort du vaisseau, soit 1, 2, 3, 4... n minutes après qu'il a été épanché; ce sang prélevé étant du sang total, ou du sang défibriné, selon que la prise a été faite avant, ou après la formation de la fibrine par battage. On a ainsi une série de mélanges fluorés à différents moments après la prise. Parmi ces mélanges il en est généralement un ou deux qui coagulent spontanément : ce sont ceux qui ont été fluorés à un moment voisin de la coagulation spontanée. Ils contenaient déjà, au moment de la fluoruration, du fibrinferment qui en a déterminé la coagulation, en présence du fluorure. Dans certaires expériences, on a éliminé ces sangs; dans d’autres, on a fait les essais avec le sérum exsudé du caillot. — On centrifuge ces sangs fluorés, pour en séparer les sérums, et on dose au moyen de plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000 le fibrinferment contenu dans chacun de ces Sérums. À cet effet, dans une série de tubes contenant 2 centimètres cubes de plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000, on ajoute respectivement 4, 3, 2, 1 gouttes de sérum, 8, 5, 2 gouttes de sérum dilué à 1/10 par le chlorure de sodium à 4 p. 100. On abandonne les mélanges dans le laboratoire pendant vingt-quatre heures, et on note l'état de coagulation des liqueurs. On en déduit leurs teneurs respectives. Exemple. — Sang de chien, dont la coagulation par battage se fait en 2 min. 4/4; — on le fluorure à 3 p. 1000 après 0 min., 4/2 min., { min., 2min., 2 min. 4/2, 4 min., 10 min., 20 min., 30 min., 1 heure. On procède au dosage du fibrinferment comme il vient d’être dit, chacun des sérums étant ajouté à 2 centimètres cubes de plasma de sang de chien fluoré à 3 p. 1000 en 7 pro- portions (4, 3, 2 et 1 gouttes de sérum, 8, 5 et 2 gouttes de sérum dilué à 1/10): Le sang qui a été fluoré 2 minutes après la prise s'est coagulé spontanément en moins d’une heure; on l’élimine des essais. Avec le sang fluvré à l’origine, aucun des tubes ne présente trace de coagu- SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1027 lation. Avec le sang fluoré après 1/2 min., il y a trace de fibrine, quelques filaments minuscules, dans les n° 1 et 2. Avec le sang fluoré après 1 min., il y a un très petit flocon dans le n° 1, et des filaments minuscules daus les n°s 2 et 3. Avec le sang fluoré après 2 min. 1/2 il y a un coagulum massif, non rétractile par agitation dans les n° { et 2, un flocon dans le n° 3, quelques filaments dans le n° 4. Avec le sang fluoré après 4 minutes, il y a un coagulum massif dans les n° 4 et 2, un coagulum mou dans le n° 3, des flocons dans le n° 4, des filaments dans le n°5. Avec le sang fluoré après 40 min. il y a un coagulum massif non rétractile dans les n°s 1,2 et 3, un coagulum mou dans le n° 4, des flocons dans le n° 5, des filaments dans les n°* 6 et 7. Avec le sang fluoré après 20 min., il y a un coagulum massif dans les n°51, 2 et 3, un coagulum mou dans les n°‘ 4 et 5, des flocons dans le n° 6, des filaments dans le n° 7. Avec le sang fluoré après 30 min., on note les mêmes faits qu'avec le précédent; toutefois, les flocons sont plus gros dans le n°6. Enfin, avec le sang fluoré après 1 heure, il y a un coagulum massif dans les n°1, 2, 3, 4, un coagulum mou dans le n° 5, des flocons dans les n°° 6 et 7. De cette expérience et d’autres semblables on peut conclure : Le sang ne contient pas de fibrinferment au moment de la prise. Le fibrinfer- ment y apparaît peu de temps après la prise; mais il s'y développe tout d’abord en très petite quantité; dans les moments qui précédent la coa- gulation spontanée, la production du fibrinferment est brusquement accélérée. La production du fibrinferment continue après la coagulation, et en général la quantité de ferment produite après la coagulation est plus grande que celle existant au moment de la coagulation. ({nstitut Pasteur de Lille.) PARALYSIE ASCENDANTE AIGUE, PROBABLEMENT TOXI-TUBERCULEUSE, par M. GABRIEL DELAMARE. (Communication faite dans la séance précédente.) Sans parler de ceux qui, comme Silvio Dessi, ont obtenu des myé- lites par infection mixte strepto-tuberculeuse, on sait que Grancher, Ledoux, Lebard et Martin (1) avec la tuberculose aviaire atténuée par la chaleur, la lumière ou la dessiccation, Gilbert et Lion (2) avec la tuber- culose humaine, Aucilaire (3) avec la tuberculose humaine filtrée, ont obtenu des paralysies chez le lapin, le cobaye et la poule, et qu'ils n'ont (4) Soc. Biol., 14 février 1891; Arch. méd. exp., mars 1891. (2) Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, 1891. (3) Arch. méd. expér., 1896. 1028 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pas trouvé de lésions. Hammer (1), par contre, sans jamais produire de paralysies, observa toujours des alltérations cellulaires de Ia moelle et, parfois même, des lésions névritiques, chez les cobayes dans le péritoine desquels il avait injecté de la tuberculose humaine. Avec la tuberculine, Carrière (2) a paralysé des cobayes et constalé histologiquement l'existence d’un processus névritique. Le cas actuel comporte d'importantes lésions musculo-névritiques accompagnées d’altérations médullaires, moins considérables, mais indiscutables. Un lapin de 2.060 grammes est inoculé le 20 avril 1901, dans la veine marginale, avec une culture de bacille tubereuleux humain virulent (un fragment de la pellicule délayé dans un demi-centimètre eube de bouillon stérile). Le 3 mai, il pèse 2,080 grammes et paraît bien portant. Le 7, amaigrissement considérable, diarrhée, chute des poils. Le 9, para- plégie ‘complèle du train poslérieur : les membres sont raidis en flexion et très atrophiés ; il est difficile d'étendre la jambe gauche. Les réflexes tendineux sont exagérés. Le 11, ulcération sur la patte postérieure droite; paralysie du membre antérieur gauche. ._ Thermo-anesthésie. Rétention d'urine. Le 15, paralysie incomplète de la patte antérieure droile. État squelettique; mort le 417 mai, à midi. L’autopsie, faite immédiatement, montre des tubercules dans les poumons et dans le foie. Le foie pèse 57 grammes. Il est congestionné comme tous les viscères abdominaux et le péritoine. Le cerveau et la moelle sont congestionnés; ils ne présentent pas d’autres altérations macroscopiques. pe Histologiquement, le cerveau, la protubérance et le bulbe sont nor- maux (Nissl-Azoulay-Pal). La moelle a été fixée partie dans l'alcool à 96°, partie dans le formol à 10 p. 100. Les méthodes de van Gieson, d’ Azoulay et de Marchi s’accor- dent à démontrer l'intégrité de la substance blanche. Il n’en est pas de même de la substance grise. Notons quelques hémorrhagies à la base de la corne antérieure et dans la corne posté- rieure gauches de la moelle dorsale. Certaines cellules des cornes anté- rieures présentent une chromolyse lrès netle. Il en est même qui sont gonflées, ovoïdes, sans prolongements, et dont le noyau a complètement disparu, remplacé par une masse homogène, uniformément colorée. Ailleurs, les corps chromatiques étant normaux, on constate que le nucléole chromatinien (coloré en violet par le bleu de Unna) s’est divisé en deux, trois ou même quatre pelites sphérules distantes les unes des (1) Deut. Zeitsch. f. Nervenheilk., Bd. XIX, Heft 884. (2) Thèse Bordeaux, 1894; Arch. clin. Bord., 1896; Nord médical, 1899; Gaz. hôp., 1901. SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1029 autres, ou groupées autour d'une vacuole centrale. Remarquons qu'à ce niveau il n'existe aucun élément coloré métachromatiquement, pouvant faire admettre la présence d’un pyrénosome. Or, sur la même coupe, fixées et colorées de façon identique par conséquent, certaines cellules, les unes normales, les autres en chromolyse, ont leurs nueléoles colo- rés en vert émeraude par le bleu de Unna. Les hémalies qui sont acido- philes (orangeophiles) présentant une semblable métachromatie avec le bleu polychrome, il paraît légitime d’en induire que les nucléoles en question sont acidophiles et, par suite, vraisemblablement des pyréno- somes. Maintenant, faut-il admettre qu'ils existent dans les autres cellules, mais qu'ils y sont masqués par une gangue chromatinienne, disparue ici? Conire cette hypothèse, on peut invoquer le fait plus haut signalé, que, lorsque les nucléoles chromatiniens se déplacent, on ne trouve pas, au milieu d'eux, le pyrénosome, qui, alors, devrait être visible. D'autre part, l’analogie complète de position, de dimensions, de fragmentation même, permet de penser qu'il s’agit ici de nucléoles qui, primitivement chromatiniens, sont devenus, sous une influence inconnue, morbide peut-être, des pyrénosomes. Le sciatique poplité externe, examiné en divers points de son trajet, présente des lésions intenses de névrite parenchymateuse : la myéline est fragmentée en boules dans la plupart des fibres; dans certaines même, elle a complètement disparu. Le cylindre-axe est, la plupart du temps, invisible. Pas de prolifération conjonctive interslitielle. Les différents museles de la cuisse et de la jambe examinés après colo- ration au bleu de Unna, au van Gieson, au Cajal, ont montré des altéra- tions profondes. À peine si quelques rares fibres présentent encore leur strialion. Certaines sont atrophiées. La plupart sont tuméfiées. Elles contiennent des granulations albuminoïdes, jamais graisseuses. Ailleurs, la substance contractile est transformée en blocs d'aspectis -cireux. Certaines enfin sont vacuolisées, d’autres sont hyalines, et quel- ques-unes compiètement vides. Par place, il y a prolifération du tissu conjonctif interfaseiculaire et des noyaux de la gaine sarcolemnique. Cette prolifération nucléaire ne parait pas en rapport avec la désinlé- gration ou la résorption des blocs protoplasmiques. Nulle part, ni dans les muscles, ni dans les nerfs, ni dans les cenires cérébro-médullaires, il n'a été trouvé de bacilles de Koch ou de cellules géantes. On ne voyait du reste aucun autre microbe. On peut donc, avec quelque vraisemblance, penser que les poisons élaborés par le bacille de Koch ont engendré cette paralysie ascendante aigüe, qui comportait non seulement des lésions médullaires (hémor- ragies, chromolyse), mais encore et surtout des lésions névriliques et musculaires. Nous avons vu combien intenses el polymorphes étaient les allérations musculaires. 1030 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'INFLUENGE DES VARIATIONS RAPIDES D'ALTITUDE SUR LES PHÉNOMÈNES CHIMIQUES ET PHYSIQUES DE LA RESPI- RATION À L'ÉTAT DE REPOS (RECHERCHES FAITES AU COURS D'UNE ASCEN- SION EN BALLON), par MM. Harnon et Tissor. Ces recherches, effectuées à bord du ballon l'Zros, le 21 novembre dernier, ont porté à la fois : 1° Sur les phénomènes chimiques et physiques de la respiration aux différentes altitudes ; 2° Sur la teneur du sang en gaz aux différentes altitudes ; 3° Sur la mesure de la pression artérielle. Ces expériences présentaient d'assez grandes difficultés techniques pour être exécutées avec précision. Nous crovons avoir surmonté, tout au moins en grande partie, ces difficultés, et avoir opéré dans des condi- tions qui donnent à nos expériences la même garantie d’exactitude que si elles avaient été effectuées en totalité dans le laboratoire même. ‘ Mais nous commencerons par reconnaître que ces expériences nous ont été facilitées dans une très large mesure par l'habileté consommée avec laquelle M. le comte de Castillon de Saint-Victor a su plier la marche de son ballon à toutes nos exigences; en effet, il était néces- saire que le ballon se maintint stationnaire à différentes altitudes déter- minées, afin d'effectuer nos expériences et nos mesures pendant ces moments d'arrêt de l'ascension. Nous ne saurions trop le féliciter d’avoir aussi bien réussi à satisfaire nos désirs, et aussi d’avoir eu le talent de nous rendre l’alterrissage si doux que pas un de nos instru- ments, cependant très nombreux et très fragiles, ne fut endommagé. Aussi, nous tenons à reporter sur lui une grande partie du succès de nos expériences. Nous adressons aussi nos remerciements à M. le D' Guglielminetti, qui a bien voulu faire toutes les démarches nécessaires et très nombreuses que nécessitait le côté matériel de l’ascension et qui, de ce fee, a COn- tribué à nous rendre plus facile notre travail. Nous ne nous occuperons, dans ce mémoire, que des bee rela- tives à la respiration. Deux expériences de détermination des coefficients respiratoires aux différentes altitudes ont été faites sur nous-mêmes. Comme nous savions d'avance que des mesures gazeuses seraient impossibles à faire exacte- ment dans le ballon, nous avions emporté des sacs de caoutchouc danse lesquels nous avons enfermé la totalité de l'air expiré pendant une minute à différentes altitudes. Cet air était d'abord recueilli dans une vessie à l’aide de l'appareil nasal décrit par M. Chauveau et l’un de TEMPS TISSOT SES \ IALLIO : En. SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 10341 nous dans une note récente, et par la méthode décrite dans le 7railé de physique biologique. Un échantillon de cet air était pris immédiate- ment sur le mercure, puis le restant du gaz était transvasé dans un sac de caoutchouc par une méthode très simple qu'il serait oiseux de décrire ici. À notre rentrée au laboratoire, le contenu des sacs à été immédiatement mesuré à une température et à une pression que nous connaissions exactement, c’est-à-dire dans des conditions parfaites. Nous étions naturellement à jeun tous deux, c’est-à-dire que nous n'avions pris aucun aliment depuis la veille à 7 heures du soir, à part un peu de café sans sucre avant le départ à 7 heures du matin. Voici le täbleau des résultats obtenus : (Nous appelons débit respiratoire réel le volume de l’air expiré pendant une minute mesuré à 0° et 760 millimètres, et débit respiratoire apparent ce même volume mesuré à la pression barométrique et à la température actuelle au mo- ment où l’air sort du poumon.) INTENSITÉ Een COMPOSITION É absolue a £i+ péerr | de l'air expiré ÉA = EEE Es s | Sa A VENINGRE ALTITUDE Ro B 29 FUN HU ris = 2 Es 7 à Mn eee Nero toire À à SE & £ La) ] 2 2 + = A Ce) A DIRE EAN ® A Res exhalé [absorbé ie exhalé |absorbé a An 30e Ste LU 91485] 3cc24| 3ce52 |101140| 0,92 | 0,160 1350 m 329 381 Al 1 907] 4 16] 4 81 |10,830| 0,86 | 0,638 2600 276 313 0,915 Ron AE er ERA 8,000! 0,88-| 0,546 AE 3450 298 350 1 5 615] 5 26| 6 16 | 8,600| 0,85 | 0,493 Niveau du sol 328 361 1,08 10 113] 3 24! 3 63 |10,805| 0,89 | 0,760 5 |après la descente | Niveau du sol Man Ro 135| au départ. 290 311 1 863318 CUS EG 92226) 0N0 SM MONTGO 2) 17100 m 260 288 0,91 6 947 | $ 13 | 4 13 | 8,619) 0,90 | 9,611 25 3500 272 343 1,02 5 680 | 5 12 | 6 46 | 8,140| 0,79 | 0,490 TEMPÉRATURE + il D © & © © Ce tableau nous donne des renseignements très précis sur ce qui se passe jusqu’à l'altitude de 3.500 mètres, les sujets étant au repos. Nous en pouvons tirer les conclusions suivantes 1° La quantité absolue d'air qui entre dans le poumon par minute mesurée à 0° et 760% {débit respiratoire réel) diminue considérable- ment, lorsque l'altitude s'accroît. 2° Les altérations de l’air expiré augmentent à mesure que l’altitude s'accroit ; la proportion d'oxygène absorbée et d'acide carbonique exhalée p. 100 dans l’air expiré s'accroît à mesure qu'on s'élève. Ce fait indique que le sang prend toujours dans l'air à peu près la même quantité absolue d'oxygène par minute, mais que, le trouvant Biozocie. ComprEs RENDUS. — 1901. T. LIIL 80 1032 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans cet air à une tension de plus en plus faible, il doit, pour main- tenir constante la quantité qui lui est nécessaire, en prendre une quan- tité de plus en plus forte pour 100 centimètres cubes d’air ; la colonne d'Intensité absolue des échanges par minute, montrant l'égalité sensible de cette intensité à toutes les allitudes, donne la preuve de ce fait. Ainsi donc se rétablit l'équilibre que l’on aurait pu croire IGn par l'examen seul du débit respiratoire réel. 3° L'intensité absolue des échanges respiratoires, mesurée pendant une minute, reste la même à toutes les altitudes (jusqu'à 3.500® tout au moins); ce fait résulte des deux propositions précédentes. Le débit respiratoire apparent, c'est-à-dire mesuré à la pression barométrique et à la température du milieu dans lequel le sujet. respire, varie peu ou a une tendance à diminuer dans les deux expé- riences, mais surtout chez l’un de nous, lorsque l'altitude s'accroît. En tout cas, il est certain qu'il n’augmente pas. 5° La colonne quotient respiratoire montre que ce quotient a varié en sens inverse de la marche qu’il aurait dû suivre si l'acide carbonique exhalé obéissait aux lois de La dissolution des gaz. Donc, jusqu'à 3.500 mètres d'altitude, l’exhalaison de CO? par le poumon n'est pas influencée par les varialions de la pression barométrique, et par suite échappe aux lois de là dissolution des gaz. Ce fait est confirmé par l'analyse des gaz du sang publiée dans un autre Mémoire. (Travail fait dans le laboratoire et sous la direction de M. Chauveau.) 2 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'INFLUENCE DES VARIATIONS RAPIDES D'ALTITUDE SUR LES GAZ DU SANG ET SUR LA PRESSION ARTÉRIELLE, par MM. Hazrcron et Tissot. Pendant la même ascension en ballon du 21 novembre, faite avec € M. le comte de Castillon de Saint-Victor, et dont les résultats ont été. publiés dans la précédente note, nous avons fait une expérience sur les saz du sang. Nousavions emmené avec nous un chien de 48 kilogrammes. Quatre échantillons de sang arlériel ont été pris dans la carotide de ce chien, l’un sur le sol avant le départ, deux pendant l'ascension, à 1.750 et 3.500 mètres, et le quatrième pendant la descente à une hauteur de 800 à 4.000 mètres. La descente ayant été très rapide, il nous est impos- sible de préciser l'altitude au moment de la dernière prise, mais nous sommes certains d’avoir effectué cette prise, à 100 mètres près, entre 800 et 1.000 mètres. Le sang élait recueilli dans des seringues contenant une solution. em L 2 He SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1033 EEE ee 1 00 0 CRIER GRR QRUINENN RME EE Reg ee SE saturée de sulfate de soude. Le seul desideratum auquel il nous a été impossible de satisfaire a été le transport rapide de ce sang au labora- toire pour l'extraction des gaz. Bien que nous ayons élé favorisés par les circonstances, puisque, partis vers midi, nous étions rentrés au laboratoire peu après minuit, nos échantillons de sang étaient devenus noirs, indice d’une altération déjà considérable que traduit aussi l’ana- lyse. Ce fait rendait absolument nécessaire une expérience de contrôle, consistant à mélanger du sang artériel de chien à une solution de sul- fate de soude (la même qui avait servi pour la cueillette du sang pen- dant l'ascension) età abandonner ce sang à lui-même pendant un temps égal à celui qui s'était écoulé entre la prise de sang et l'extraction des gaz dans l'expérience en ballon. Celte expérience nous à appris qu'il était nécessaire de réduire le volume total d'acide carbonique de 6,6 pour 100 et d'augmenter le volume d'oxygène de 19 pour 100. Voici les résultats obtenus; les volumes d'oxygène et d'acide carbo- nique oblenus sont indiqués, d’une part, après correction, et, d'autre part, sans correction, tels que nous les avons obtenus : VOLUME Co? O0? Co? O° su TEMPS ALTITUDE total après après Az. sans saus & des gaz. |correction.|correction. correCction.|correction. Él 11 h. 40 Sur le sol au départ. 67,6 48,49 A5NE 3,25 51,87 12,5 12h. 32 | 1.750 mètres 12,45 51,43 18,41 2,835 54,7 14,91 2h.25 | 3.510 méêtres 81,4 60,38 19207 0,525 64,6 16,17 2 h. 45 Eutre 800 | à et 19,6 GOce AO 2:13 64,2 12,7 2 h. 55 | 1.000 mètres Les conclusions suivantes ressortent de ce tableau : 1° Jusqu'à 3.500 mètres, l'oxygène et l'acide carbonique contenus dans le sang ne suivent pas les lois de la dissolution des gaz. Ils varient au contraire en sens inverse de ces lois. 2° L'azote contenu dans le sang suit ies lois de la dissolution des gaz, c'est-à-dire qu'il s'échappe du sang à mesure que l'altitude augmente et que la pression barométrique baisse. Au niveau du sol, il y a 3c. c. 25 d'azote dans 4100 centimètres cubes de sang, tandis qu’à 3.500 mètres il n’y en a plus que Oc. c. 525. 3° La quantité totale de gaz contenue dans le sang augmente avec l'altitude. 4° La quantité d'oxygène et d'acide carbonique contenue dans le sang augmente avec l'altitude. Le sang, qui contenait au niveau du sol 15c. c. 5 d'oxygène pour 100 centimètres cubes de sang, en contenait RATURE 1034 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 19 c.c. 17 à 3.500 mètres, et ce chiffre retombait à 15,7 à la hauteur de 800 mètres à la descente. Outre la détermination des gaz du sang, nous avons fait pendant cette ascension la mesure de la pression artérielle de notre chien à différentes altitudes. Comme il fallait s’y attendre, la pression dans l’artère fémorale, qui était de 15 centimètres en moyenne sur le sol au départ, est reslée invariable et était encore de 15 centimètres à 3.500 mètres, bien qu'à ce niveau nous eussions déjà une dépression baromé- trique de 27 à 28 centimètres de mercure environ. (Travail fait dans le laboratoire et sous la direction de M. Chauveau.) RECHERCHES SUR LA COMPENSATION LABYRINTHIQUE EN BALLON, par M. le D' PIERRE BoNNIER. Nous savons que l'oreille humaine est capable de percevoir, par seconde, jusqu'à 20.000 variations périodiques de la pression du milieu extérieur, et qu'elle en analyse la fréquence, l'amplitude, la forme et la direction. Je me suis attaché, dans des recherches antérieures sur l’au- dition, à ruiner les théories anciennes qui faisaient de l'oreille un appa- reil résonateur, et à montrer que son fonctionnement était absolument comparable à celui des enregistreurs (1) barométriques et manométri- ques. Dans toutes les formations auriculaires de la série animale, on peut également saisir une appropriation organique évidente à la per- ception des variations lentes et irrégulières de la pression extérieure (fonctions baresthésiques), ou de certains milieux intérieurs (f. manoesthé- siques, rapports statographiques avec la vessie natatoire, etc.) (2). De toutes les fonctions de l'oreille, l'audition est la plus consciente chez l'homme, qui a peu à exercer la conscience des autres aptitudes auriculaires. Néanmoins la pratique des malades révèle couramment des symptômes d'insuffisance ou d'irritation des fonctions baresthési- ques, par exemple, et des susceptibilités remarquables à l'égard des variations barométriques. L'oreille de l'homme est en effet formée de trois milieux fluides : Le conduit extérieur, la caisse du tympan et le labyrinthe, séparés par des membranes inertes dont le jeu physiologique exige qu'elles supportent sur leurs deux faces des pressions égales. La pression du liquide laby- rinthique, celle de l'air tympanique doivent donc faire équilibre à la pression atmosphérique (3), et suivre ses variations à l’aide de ce que (1) Soc. de Biologie, 23 février 1895. (2) Id., 23 novembre 1895. (3) Id., 29 décembre 1894. f SÉANCE DU 930 NOVEMBRE 1035 j'ai nommé la compensalion tympanique et la compensation labyrin- thique. La compensation tympanique se fait par l'ouverture de la trompe d'Eustache qui permet à la pression extérieure de venir se faire équi- libre à elle-même sur la face interne du tympan. C'est exactement ce qui se passe dans le statoscope de Richard dont-se servent les aéro- nautes. Dans ce délicat appareil, une chambre à air recevant toujours la pression extérieure et ses variations (oreille externe, air du conduit) est séparée par un système membraneux (tympan) d'une chambre à air (caisse tympanique) qui ne communique avec l'extérieur que par un un tube (trompe d'Eustache) qui s'ouvre et se ferme à volonté. Les variations barométriques extérieures déforment la membrane quand la caisse est fermée, et l'attitude d'équilibre de la membrane se rétablit par l'ouverture du tube. Les déformations de la membrane sont trans- mises, dansle statoscope, par un système de leviers articulés compara- bles à celui que forment les osselets de l'oreille, et inscrites, très am- plifiées, sur le cylindre enregistreur, comme elles le sont, dans l'oreille, sur les papilles, par l'intermédiaire du liquide incompressible de l'oreille interne. Le statoscope est sensible à une différence d’aititude de 50 cen- timètres. L'oreille est sensible à des différences de pression beaucoup moindres, comme le prouve l'audition. Certaines personnes ouvrent à volonté leurs trompes d'Eustache, et j'ouvre pour ma part à volonté l’une ou l’autre. En général, elles s'ouvrent à la faveur de la déglutition; dans les attitudes élevées, la gorge se . dessèche, la salive est rare, et la rupture de compensation tympanique apparaît bientôt avec lout son retentissement labyrinthique. Le bdille- ment réflexe intervient alors pour y remédier par un dernier effort d'ouverture tubaire, et précède chez beaucoup de sujets les autres symptômes du mal des hauteurs. La compensation labyrinthique est plus lente, et ses limites sont plus étroites. Elle se fait par régulation vasomotrice du calibre des vaisseaux flexueux et glomérulaires qui tapissent la paroi labyrinthi- que, modifiant légèrement la capacité labyrinthique et la tension de son contenu. Dans l'ascension que nous fimes en ballon, le 21 novembre, le D' Jolly et moi, sous l'obligeante et sûre direction de M. Maurice Far- man, et sur l'initiative du D' Guglielminetti qui très aimablement m'a cédé sa place, la compensation labyrinthique a été chez moi rompue dès le début. Notre montée a été assez rapide, et nous nous sommes trouvés en une heure vingt minutes à une altitude de 4.500 mètres, avec 430 millimètres et — 4°,5. Les variations de l'audilion aérienne et de la paracousie (4), évaluées par (4) Soc. de Biologie, 30 juillet 1898. 1036 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le diapason acoumétrique et le procédé que j’ai antérieurement pré- sentés à la Société de Biologie (4), ont été les suivantes : Départ 4.700 3.200" 4.400 3.500% secondes. secondes. secondes. secondes. secondes. Or. dr. Aud. aérienne. 0 — 5 — 71 — 10 — 5 Paracousie . . — 60 — 40 — 30 — 15 — 35 Or. g. Aud. aérienne . 0 == 110 — 12 — 15 40 Paracousie . . — 55 — 30 — 20 — 10 LUS Les évaluations de l'audition aérienne devraient subir des corrections dues à l’action de la pression et de l'humidité sur la conduction sonore par l’air, à l’action de l'humidité sur les membranes, et aussi à celle du bruit ambiant, assez gênant jusqu à près de 3.000 mètres : à 3.450 mètres nous entendimes encore aboyer un chien, et le silence vrai, d'une sensa- tion rare et pénétrante, ne s’établit que vers 4.000 mètres. La paracousie, au contraire, ou audition par contact du diapason sur le genou, est à l’abri de ces causes d'erreur, et sa valeur symptomatologique, très grande en otologie, indique une ruplure de la compensation labyrin- thique aussi nette que chez des individus très sourds. À gauche, l’audi- tion aérienne, vers 4.400 mètres d’allitude, avec une pression se rappro- chant de la moitié de la pression amosphérique, fut inférieure à l’audition paracousique, et la forme physiologique fut ainsi retournée. L'oypression labyrinthique, sensation pénible de plénitude auriculaire, apparut à gauche vers 1.800 mètres, à droite un peu après 2.000 mètres. Le bourdonnement se manifesta à gauche vers 2.800 mètres, et à droite vers 3.200 mètres. En ouvrant les trompes d'Eustache, je le fis cesser à volonté jusqu’à 3.500 mètres à gauche, jusqu'à 4.000 mètres à droite. Il réapparaissait si rapidement, grâce à la rapidité de notre mon- tée, qu'aux environs de 3.000 mètres je devais aérer ma caisse tympa- nique deux ou trois fois par minule. L'action isolée du muscle du mar- teau, sans ouverture de la trompe, l’atténuait sans le faire disparaître, et pendant un temps très court. Puis il s'installa d’une facon continue pendant la partie la plus élevée de notre ascension ; mais l’action com- pensatrice de la vasomotricilé se montra en ceci, que le bourdonnement diminua en quelque sorte de lui-même, au point que la compensation tympanique parvint de nouveau à l’effacer à droite dès 4.400 mètres, à gauche dès 4.000 mètres, au retour, c'est-à-dire plus haut que les points où elle l'avait abandonné pendant l'ascension. Cette compensalion labyrinthique s’est donc manifestée uiilement en moins de vingt minutes d’une station au-delà de 4.000 mètres. Le battement vasculaire apparut dans l'oreille gauche à 4.400 mètres, et ne dura qu’un quart d'heure. ]létait d’ailleurs perceptible un peu partout (4) Soc. de Biologie, 18 mars 1899. SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1037 à ce moment, et je retrouvai aussi à cette allilude les tiraillements péri- cardiques d’une ancienne pleurésie diaphragmalique et d’une péricar- dite, oubliés depuis onze ans. L'angoisse pharyngée, avec sécheresse de la gorge, commenca vers 3.000 mètres; l'oppression respiraloire se montra, très légère, entre 3.500 et 4.000 mètres, à la montée comme à la descente. Je ne l’éprouvai pas après 4.000 mètres. La sensation de plénitude vasculaire, l'oppression artérielle, n'apparut en revanche aux extrémités que vers 4.000 mètres, avec une sensation de léger tremblement. La raideur des muscles de la nuque et du trapèze, fréquente dans les affeclions labyrinthiques, se montra également vers 4.000 mètres. À aucun moment, et malgré de consciencieux efforts, je ne pus provo- quer le vertige, auquel je suis d’ailleurs aussi rebelle à l’état de veille que j'y suis sujet dans mes rêves; les oscillations, vite compensées, du signe de Romberg, n’existèrent que pendant la période de bourdonne- ment continu. En résumé, l'oreille ne s’accommode que lentement à une grande variation d'altitude, et fournit la source directe du malaise des hauteurs. RÉSULTATS DES EXPÉRIENCES FAITES PENDANT UNE ASCENSION EN BALLON, par MM. CALUGAREANU et VICTOR HENRI. Grâce aux démarches faites par M. le D’ Guglielminetti et à l'extrême -obligeance de M. Bacon, trésorier à l'Aéronautique Club de France, qui a bien voulu mettre à notre disposition un ballon et a dirigé l'ascension du 20 novembre, nous avons pu exécuter un certain nombre d’expé- riences suivant un plan conçu.avec M. Lapicque. Nous communiquons les résultats de ces observations à titre-de documents. Nous avons emporté avec nous trois chiens de 10 à 12 kilogrammes, dont deux normaux et un dératé Le 20 juin 1901. Sur ces trois chiens nous avons pris du sang dans une veine de l'oreille pour la numération des globules et pour la détermination de la quantité d’hémoglobine; de plus, sur l’un de ces chiens, nous avons pris dans l'artère fémorale environ 25 centimètres cubes de sang en bas avant le départ, et puis la même quantité à l'altitude de 3.200 mètres. ; Voici les résultats des numérations des globules du sang chez les trois chiens. Chien À, normal : Nombre de globules en bas. . . . . 7.884.000 — — à 2.200 mètres. 8.944.000, augmentation de 14 p. 100. — — à 3.000 mètres. 9.880.000, augmentalion de 26 p. 100. 1038 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Chien P, normal : _ Nombre de globules en bas. . . . . 7.648.000 — — à 3.000 mètres. 8.972.000, augmentation de 17 p. 100. $ Chien C, dératé : Nombre de globules en bas. . . . . 7.928.000 — — à 2.200 mètres. 8.356.000, augmentation de 5 p. 100. — — à 3.000 mètres. 8.892.000, augmentation de 11 p. 100. On remarque une augmentation considérable du nombre des globules à une altitude de 3.000 mètres; la pression barométrique correspon- dant à 2.200 mètres était de 580 millimètres; et à 3.000 mètres, 520 muii- limètres; la température en bas était de 12° et à 3.000 mètres 0°. Les analyses des échantillons de sang pris dans la fémorale du chien B, et rapportés au laboratoire avec une quantité bien déterminée de fluorure de sodium, ont donné les résultais suivants, après déduc- tion du fluorure de sodium. Densité, déterminée avec la méthode du flacon sur 14 centimètres cubes de sang : EnADAS ENTER RS Te RE RTE M ee Ra eo eu à 40 (OXO A3 000 MÉITES EU EEE UNE MES es er GE Azole lotal, déterminé par la méthode de Kjeldah sur 5 centimè- tres cubes de sang : En bas . . . . . 3°"16 d’azote pour 100 centimètres cubes de sang À 3.200 mètres . 35"14 d’azote pour 100 centimètres cubes de sang. Fer, dosage fait par M. Lapicque (1) : ERUDAS REA NE RER DIN SMS RE CRE LT OZ RE RRERES DAS D) ANS 00e ACER PET Rre MÉMRRIS e DNAPAOPES Par conséquent, ces trois déterminalions montrent que l'échantillon de sang pris dans la fémorale à l'altitude de 3.200 mètres a une compo- (1) Il m'a été remis deux échantillons pesés de chaque sang, contenant, déduction faite du fluorure, les volumes de sang suivants : [, à. — 0934, — Rapport color. Se Fe pour 1 centimètre cube : 0,558 VE A oi ae aie nS 2 al 0,565 #1 45 II, a. — 0 803. — — To2 _ — 0,536 45 Il, D 0560 ie Le ca — 0,510 4 56 (Louis LAPIeQuE). SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1039 sition en eau, en azote et en fer très voisine de celle du sang pris à terre avant le départ; les différences sont dans les limites des erreurs de cette expérience. EXAMENS HISTOLOGIQUES DU SANG, AU COURS D'UNE ASCENSION EN BALLON, par Mon: Grâce à l’obligeance de M. le D' Guglielminetti, qui, sur les indica- tions de mon maitre, M. Malassez, m'en avait fait la proposition, j'ai fait partie de l’expédition aéronautique du 21 novembre dernier, orga- nisée par ses soins, avec le concours de l'Aéro-Club et du Conseil muni- cipai de Paris. Je me suis proposé : 1° De voir si l'hyperglobulie des altitudes se produisait brusquement pendant l'ascension en ballon, fait déjà constaté par Gaule à Zurich; 2° dans le cas où cette hyperglobulie se produirait, de rechercher si elle s’accompagnait des phénomènes histologiques qu’on peut observer au cours des régénérations sanguines rapides, en particulier de l'apparition de globules rouges nucléés, déjà signalée par Gaule dans ses examens. J'avais pris place dans la nacelle du 7'ian, en compagnie de mon collègue et ami M. le D' Bonnier, qui s'était aimablement offert à mes observations. Notre pilote était M. Maurice Farman, à l’obligeance de qui je dois la notation des altitudes pendant l'ascension, et qui a bien voulu me communiquer la courbe barométrique. Nous sommes partis à 4 h. 37, et nous avons atterri à 4 h. 15, ayant atteint en 1 h. 20 l'altitude de 4.450 mètres. Les prises de sang ont été faites sur M. Bonnier par piqüre du doigt (1). À midi et demi, à terre, je trouve 4.760.000 globules rouges; — à 1.100-1.600 mètres (1 h. 50) : 5.450.000 ; à 3.000 mètres (2 h. 15) : 5.060.000 ; à 4.000 mètres (2 h. 40) : 5.210.000; à 4.450 mètres (3 h. 02, — 4 degrés cent.) : 5.330.000. A la descente, au-dessous de 3.900 mètres (3 h. 45) : 4.750.000 ; à 2.600 mètres (3 h. 32) : 4.800.000. (1) La technique des numérations a été la suivante : Pendant l'ascension, avec un même mélangeur Potain, je faisais des mélanges de sang et de sérum de Marcano (solution de sulfate de soude, D : 1.020, 100 v., formol du com- merce à #0 p. 100, 1 v.) qui conserve très bien les globules rouges. Ces mélanges étaient recueillis dans de petits tubes fermés avec des bouchons de caoutchouc. Les numérations ont été faites le lendemain de l'ascension, au laboratoire, avec le compte-globules de Malassez. Des numérations de contrôle m'ont montré que dans ces conditions, il ne se faisait, dans les tubes, aucune concentration appréciable. Au moment de faire une numération, on laissait tomber, dans le tube à examiner, une petite perle de verre, et on agitait doucement le tube fermé jusqu’à production d’un mélange homogène. 1040 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On constate donc ainsi, au cours de l'ascension, une augmentation de 12 p. 100 des globules rouges (à 4.450 mètres), qui reviennent rapide- ment à leur chiffre primitif pendant la descente. Les quantités d'hémo- globine, évaluées au colorimètre Malassez, à terre, 14 p.100,au maximum 15,5 p. 100, à la descente 14, sont parallèles et donnent la valeur hémo- globique constante (et normale) : 29,1. Le crochet fait au début par la courbe des globules rouges semble bien important pour être attribué à une erreur de technique. Chose curieuse, la partie descendante du cro- chet est en rapport avec la traversée de la couche de nuage. Autre parti- cularité : le chiffre des globules rouges à baissé rapidement à la des- cente, alors que l'altitude était encore très élevée. Pendant toute l'ascension, il ne s’est pas produit de leucocytose, et je n'ai observé sur aucune préparation un seul globule rouge nucléé. Les chiffres de leucocytes ont été successivement : 6 800 (à terre), 1.200 (1.100-1.600 mètres); 5.200 (3.000 mètres); 5.200 (4.000 mètres); 9.200 (4.450 mètres); 5.600 (au-dessous de 3.900 mètres); 7.600 (2.600 mètres). On remarquera que les globules blancs, avec des oscil- lations très grandes, montent, et descendent ensuite, et quele maximum correspond à l’altitude maxima. La proportion des variétés de globules blanes est restée, à peu de chose près, la même. Je trouve à terre, pour 100 leucocytes : 19 lymphocytes, 7 grands mononucléaires, 73,5 polynu- cléaires, 0,5 éosinophiles. — A 4.450 mètres : 18,5 lymphocytes, 3,5 grands mononucléaires, 78 polynucléaires, O0 éosinophile. — À 2.900 mètres (descente) : 19 lymphocytes, 5 grands mononueléaires, 16 polynucléaires, 0 éosinophile. Les différences minimes rentrent dans. les limites des erreurs possibles. La constitution morphologique du sang* n’a donc pas varié d’une facon appréciable. Quant au diamètre moyen des globules rouges, qni augmente dans l'hyperglobulie de la eyanose chronique, comme l’a montré M. Vaquez, nous l'avons évalué avéce la méthode de M. Malassez, mais nous n'avons trouvé qu'une très légère diminulion, qui peut rentrer à la rigueur dans les limites d'erreurs. Nous n’avons vu ni poikilocytose, ni augmentation des petits globules rouges (microcytes), ni augmentation des granulations libres. Nous nous contenterons de donner aujourd'aui ces résultats, sans vouloir entrer dans la discussion des interprétations possibles. L'aug- menlation du nombre des globules rouges semble bien nette, mais, pour en connaïlre la constance et la valeur, pour essayer de l'expliquer, il faudrait nécessairement de nouvelles observations. Ce que nous pouvons dire seulement, c'est que, dans notre observation, il s’est produit une augmenlalion rapide du nombre des globules rouges qui ne s'est accom- pagnée d'aucune autre modification histologique appréciable du sang. (Travail du Laboratoire d'histologie du Collège de France). SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1041 M. le PRÉSIDENT propose à la Société de remercier les différents expé- rimentaleurs qui se sont livrés à ces intéressantes recherches durant les ascensions en ballon dont il vient d'être question et qui en ont im- médiatement communiqué le résultat à la Société. Il propose également d’adresser de vifs remerciements aux diverses personnes et collectivités qui ont facililé ces explorations ou en ont fait les frais : à M. le ministre de l’Instruction publique qui a accordé l’au- torisalion d'exécuter le gonflement des ballons dans le jardin des Tui- leries ; au Conseil municipal de Paris, à la générosité duquel on a dû le gaz nécessaire au gonflement de deux ballons; à l’Aéro-Club qui a fourni les ballons, le personnel pour la préparation des ascensions et ses membres comme pilotes; à M. Bacon, trésorier de l’Aéronautique- Club, qui a mis deux ballons à la disposilion des expérimentateurs, les a fait gonfler à ses frais et les a conduits lui-même ; à M. H. Deutsch (de la Meurthe), qui a fait gonfler un ballon à ses frais; et enfin, à M. le D' Guglielminetti, le metteur en œuvre de cette grosse entreprise. (Ces remerciements sont votés à l'unanimité par les membres présents à la séance). | SUR LA PRÉSENCE D'ACIDE GLYCURONIQUE DANS LE FOIE POST MORTEM, par MM. R. LÉPINE et BouLur. . P. Mayer a montré que le sang du bœuf renferme une notable pro- portion d'acide glycuronique, et nous avons indiqué que le sang du chien en renferme encore davantage (1). Il n'est pas sans intérêt de savoir que le foie du même animal, ainsi que celui du cobaye, quelques heures après la mort, peut en présenter également une très forte pro- portion. Nous avons pu en constater l'existence dans plus de 12 foies sur 20. On sait que l’acide glycuronique se trouve dans l'organisme à l’état de conjugaison plus ou moins stable, et qu’alors il dévie toujours à gauche la lumière polarisée, tandis que libre il la dévie à droite. On sait, de plus, que certaines conjugaisons de l'acide glycuronique n’ont pas de pouvoir réducteur, et que, en tout cas, à l’état de conjugaison, cet acide réduit les sels métalliques beaucoup moins bien qu'à l’état de liberté. En conséquence, si l'extrait d'un foie complètement privé de glycogène présente, après avoir été chauffé à 100 degrés, en présence de HCI, une déviation à droite plus forte qu'avant le chauffage, et si, en même temps, le pouvoir réducteur augmente ou, tout au moins, ne (1) R. Lépine et Boulud. Sur les sucres du sang et leur glycolyse. C, R. de l’Acad. des Sciences, 4 novembre 1901. 1042 SOCIÉTE DE BIOLOGIE diminue pas (1), nous devrons présumer l'existence d'acide glycuro- nique (2). Si la proportion de cet acide est très forte, l'extrait de foie ne dévie pas à droite, mais à gauche. Il en était ainsi dans le cas suivant : Foie d’un chien ayant subi l’ablation du pancréas vingt-quatre heures avant l’ablation du foie. Cet organe est laissé ensuite quinze heures à la température du laboratoire. Il est alors broyé, et mis dans l'acide tri- chloracétique. Après filtration, le glycogène a été complètement pré- cipité par l'alcool. Le filtrat a un pouvoir réducteur correspondant à 7 gr. 35 glucose p. 1.000; la déviation polarimétrique est — 1,9. La proportion d’acide glycuronique conjugué, par rapport au glucose, est donc très forte. Une partie du liquide a été chauffée avec HCI, mais à 90 degrés seulement, et non à 100 degrés. Il présente alors un pouvoir réducteur correspondant à 9 gr. 61 glucose p. 1.000, c’est-à-dire une augmentation très notable de ce pouvoir. La déviation à gauche n’est plus que — 4,5. Elle n’a pas passé à droite, parce que le chauffage n’a pas été suffisant pour mettre en liberté la majeure partie de l’acide glycuronique (3). En tout cas, la diminution de la déviation à gauche prouve que chez ce chien, bien que dépancréaté, le foie ne renferme pas d'acide 8 oxy- butyrique, attendu que, dans ce cas, le chauffage en présence d’un acide eût augmenté la déviation à gauche (4). Dans l'extrait de foie d'un chien sain, et qui, en conséquence, ne pouvait renfermer d'acide 8 oxybutyrique, nous avons pu démontrer la présence d'acide glycuronique en faisant fermenter complètement avec de la levure le sucre fermentescible. Voici les chiffres que nous avons constalés : (4) Le pouvoir réducteur n'’augmente pas nécessairement, parce que cer- taines conjugaisons de l'acide glycuronique sont si fragiles que le simple chauffage avec la liqueur de Fehling suffit pour mettre l'acide en liberté. Dans ce cas, le chauffage avec HCI ne peut augmenter le pouvoir réducteur. (2) On en aura la preuve en faisant, comme le recommandent MM. P. Mayer et Neuberg, la parabromphénylhydrazone. (Voir Lépine et Boulud. C. R. de l'Acad. des Sciences, 15 juillet 1901.) HS (3) Immédiatement avant l'ablation du foie, on avait lié la veine cave au-dessous et au-dessus du foie, et retiré, par aspiration, le sang des veines sus-hépatiques. L'extrait de ce sang avait un pouvoir réducteur correspon- dant à 5 gr. 14 glucose p. 1.000; la déviation à droite n’était que de 1,2. Après chauffage en présence de HCI, la déviation est devenue + 2,5; elle a donc beaucoup augmenté. Le pouvoir réducteur est resté exactement le même. L'explication de la non-augmentation de ce pouvoir se trouve dans la note précédente. (4) On sait que les oxybutyrates ont pour pouvoir rotatoire —16, tandis que celui de l’acide libre est — 24. La mise en liberté de l’acide augmente donc la déviation à gauche. SÉANCE DU 930 NOVEMBRE 104 2 1 AVANT APRÈS la fermentation. Pouvoir réducteur (évalué en glucose} . . . 14,7 0,13 Pouvoir rotatoire. . RUE Ge NES + 6,5 — {| Ainsi, après la fermentation, la déviation a passé à gauche, ce qui, dans ce cas, démontre l’existence d'acide glycuronique. Quant à la petite réduction qui subsistait après la fermentation, il est probable qu'elle était due aussi à cet acide. DE LA CYTOLOGIE DES PUS, par M. FERNAND Tissor. La question du cytodiagnostic, très étudiée ces derniers temps, et appliquée soit à l'étude du sang dans différentes maladies, soit à celle des épanchements des séreuses, n'avait, à notre connaissance, pas été mise en usage pour l'étude des pus. C'est cette lacune qui a donné à M. le professeur Bard l’idée de nous proposer l'étude des pus des différentes natures au point de vue cytologique. Les recherches faites jusqu'ici sur le sang et les épanchements des diverses séreuses : plèvres, péritoine, synoviales, vaginale, méninges, ont démontré que les affections tuberculeuses sont spécialement carac- térisées par une abondance de mononucléaires, tandis que les affec- tions de nature septique ont une formule leucocytaire à prédominance polynucléaire. En étudiant les pus, il fallait, sans doute, s'attendre à trouver des formules leucocytaires à maximum polynucléaire, mais il importait de savoir si la proportion de mononucléaires offrait des variations sufti- santes pour qu'il fût permis d'établir des distinctions entre les pus, au point de vue cytologique. Bien que nos recherches n'aient porté jusqu'ici que sur une vingtaine de cas, les résultats sont assez concordants pour qu'il nous paraisse permis de tirer quelques conclusions, que nous nous proposons du reste de vérifier par une étude plus étendue. Les pus que nous avons étudiés peuvent être divisés d’après le dia- gnostic clinique en trois classes : 1° Pus d’abcès froids ou tuberculeux ; 2° Pus d'abcès chauds ou infectieux; 3° Pus de blennorragie. Tous les pus présentent un nombre plus ou moins grand de globules dégénérés, c’est-à-dire ayant perdu leur contour cellulaire et ne pre- nant pas les colorants ordinaires. Rien ne nous porte à croire que cette 1044 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dégénérescence porte davantage sur les polynucléaires que sur les mononucléaires ou inversement; nous les avons laissés de côté dans nos calculs, comme pouvant être une cause d'erreur. Il nous a paru que les pus d’abcès chauds ont en général une propor- tion plus élevée de globules dégénérés que les pus d’abcès tuberculeux, et que les pus de nature blennorragique n’en contiennent qu'une très faible proportion. Il semble que le nombre des globules dégénérés soit en raison directe de l’acuité de la lésion. Les pus tuberculeux comprennent des abcès froids cutanés, des caries osseuses, des ganglions tuberculeux et des pleurésies tubercu- leuses suppurées. Il nous ont donné les résultats suivants : Dans aucun cas, la proportion des mononucléaires, en comprenant sous cette dénomination les mononucléaires et les lymphocytes, n’est descendue au-dessous de 10 p. 100 du nombre des globules de pus non dégénérés; elle a été en moyenne de 16,5 p. 100, et s’est même élevée dans un cas d’abcès froid cutané jusqu'à 23 p. 100. Les pus sepliques non tuberculeux comprennent des abcès chauds de différentes natures, tels que : psoitis, phlegmons divers de la jambe, de la cuisse, du bras, abcès dentaires, etc. ; et nous avons constaté qu'ici la proportion de mononucléaires a été en moyenne de 6 à 7 p. 100, ne dépassant en général pas 10 p. 100, sauf dans un seul cas où nous avons trouvé 11 p. 100, mais ne descendant pas au-dessous de 4 p. 100. _ Les pus blennorragiques méritent d’être mis à part, par le pourcen- tage minime des mononucléaires, et en outre par les différences qui peuvent être dues à leur nature et à leur siège. “+ Notre examen a porlé sur des pus de blennorragie chronique, de blennorragie aiguë sans traitement aucun ou avec un simple traite- ment interne, et nous avons trouvé que dans aucun cas les mononu- cléaires n’ont dépassé la proportion de 3 p. 100, et que ce chiffre n a été alteint que dans la forme chronique, tandis que les formes aiguës ne donnent qu'une proportion de 2 p. 100. Nous n'avons trouvé d’éosinophiles que dans le pus de blennor- ragies traitées, et en proportion d'autant plus grande que la guérison était plus avancée. Ë Sans vouloir encore tirer des conclusions très nettes, il nous a paru intéressant de constater dès nos premières recherches que les résultats concordent avec ceux trouvés pour les épanchements des séreuses et pour le sang dans différentes affections, c'est-à-dire que les pus de nature tuberculeuse sont caractérisés par une proportion de mononu- cléaires double et même triple de celle des pus septiques, et presque huit fois plus forte que celle des pus blennoragiques. (Travail du laboratoire de la clinique médicale de l'Université de Genève.) © — SÉANGE DU 30 NOVEMBRE 1045 OBSERVATIONS SUR QUELQUES MOUSTIQUES, par M. RAPHAEL BLANCHARD. 1. — Nuttall et Shipley, dans leurs belles études sur la distribution géographique d’Anopheles maculipennis en Angleterre, envisagée dans ses rapports avec l'extension ancienne du paludisme dans ce même pays, ont mis en évidence ce fait important que le Moustique en ques- tion peut abonder dans des contrées où la fièvre intermittente est actuellement inconnue. Des faits du même ordre avaient été signalés déjà par Laveran et Grassi ; de son côté, Sergent à signalé des cas tout à fait comparables. Il est donc démontré que la fièvre peut manquer là où pourtant se rencontrent en abondance les Insectes capables de la transmettre. La raison de ce fait est facile à comprendre, puisque le Mouslique ne peut héberger le parasite, et par conséquent le propager, qu'à la condition qu’il l'ait puisé dans le sang d'un malade atteint de paludisme : si les paludiques font défaut, la piqûre des Anophèles est inoffensive, ou du moins ne saurait causer l’accès de fièvre. Bien que ce soit là des notions désormais classiques, il n’est pas inopportun d'indiquer l'existence des Anopheles maculipennis et bifur- catus dans une contrée du centre de la France où le paludisme ne sévit en aucune facon. Pendant tout le mois de septembre dernier, j'ai habité une propriété située à Charbonnières, aux environs de Lyon : j'y ai été littéralement harcelé par A. bifurcatus, qui s'y trouvait en excessive quantité. L'évolution de cet Insecte se faisait dans les pièces d'eau voi- sines, où J'ai recueilli larves et nymphes. La localité tout entière est infestée par cette même espèce,et pourtant le paludisme y est inconnu. A. bifurcatus est surtout un Insecte crépusculaire. À la fin d’une chaude journée d’été, alors qu'on aurait plaisir à goûter la fraicheur sous les arbres, on est sans cesse importuné par ses piqüres, contre lesquelles il est difficile de se mettre en garde. En effet, cet Insecte a le vol silencieux, ou n’émet qu'un bourdonnement à peine perceptible; 1l pique à travers les vêtements, s’insinue dans les jambes des pantalons ou sous les jupes, et dirige ses attaques sur tous les points du corps. Ses piqûres multiples provoquent chez les enfants une légère réaction fébrile, avec un petit dépôt rouge dans les urines. Je n'ai pu mettre à l'abri de ces accidents bénins un garcon d'une dizaine d'années, qu’en lui faisant porter des guêtres d’un tissu impénétrable à la trompe du Moustique. La nuit venue, A. bifurcatus suspend son vol, si bien que l'on peut à peu près impunément rester avec une lumière dans une chambre dont la fenêtre est ouverte. À l'aurore, le supplice recom- mence, mais n’est pas de longue durée. Toutefois l'animal volète et pique à toute heure du jour, dans les endroits ombragés, sous les 1046 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE arbres, dans les écuries et les remises. Bien que sept personnes aient été soumises pendant cinq semaines à ces piqüres incessantes, contre les- quelles la moustiquaire est inefficace, il ne s’est produit aucun cas de fièvre intermittente. L'espèce qui nous occupe est connue de toute la région occidentale de l'Europe, depuis l'Italie jusqu'en Scandinavie. Schiner la signale en Autriche et Gimmerthal dans la région ouralienne du Volga. Comme localité intermédiaire, je puis dire qu'elle existe également en Crimée, d'où j'en ai reçu de beaux spécimens. Elle se rencontrerait aussi aux Etats-Unis, d’après Loew, et au Canada, d’après Howard ; elle partage donc cet habitat avec À. maculipenms et probablement aussi avec d’autres espèces. II. — Theobald à proposé récemment une classification nouvelle des Culicides, basée sur l'étude de l’écaillure (1). Les caractères quil invoque sont parfois un peu subtils, mais en général judicieusement choisis, en sorte que son système constitue un réel progrès sur ceux qui l'ont précédé. Il y a lieu cependant de rejeter, pour des raisons de priorité, le nom de trois des nouveaux genres établis par lenaturaliste anglais, et de les remplacer par des dénominations nouvelles (2). Je propose donc : 1° Le genre Desvoidya, en l'honneur du diptérologiste français Robi- neau-Desvoidy et en remplacement d'Armigeres Theobald, nom déjà occupé (Armiger Hartmann, 1840 et 1842, Mollusque) ; 2° Le genre Mansonia, en l'honneur de Patrick Manson, et en rempla- cement de Panoplites Theobald (non Panoplites Gould, 1853, Oiseau) 54 3° Le genre Joblotia, en l'honneur du naturaliste français qui a découvert la larve des Anopheles, et en remplacement de 7richoprosopon Theobald (non 7richoprosopus Macquart, 1843, Diptère). ; J'ajoute que le genre Cycloleppteron Theobald doit être évidemment corrigé en Cyclolepidopteron. SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES DE LA NYMPHOSE CHEZ LA FOURMI ROUSSE, par M. Cu. P£éRez. OEnocytes.— Wielowiejsky a le premier attiré l'attention sur l'existence, chez divers insectes, de cellules disposées par groupes métamériques sur les flancs des segments abdominaux; à cause de la couleur jaune, rappelant celle de (1) F. V. Theobald. The classification of Mosquitoes. Journal of tropical medicine, IV, p. 229-235, 1901. (2) R. Blanchard. Les Moustiques : histoire naturelle et médicale, p. 149-152 (sous presse). SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1047 certains vins, présentée par ces cellules chez les larves de Chironomes, il leur a donné le nom d'œnocytes. La présence de ces cellules, à rôle assez énigma- tique, paraît être générale chezles Insectes : beaucoup d’auteursfles ont obser- vées et les ont décrites parfois sous le nom de cellules glandulaires. En ce qui concerne les Fourmis, Karawaiew a décrit comme glandes les œænocytes larvaires du Lasius flavus. Chez la nymphe, il n’a pas reconnu les éléments qui en dérivent, et a cru à une disparition totale. Berlese a précisé la situation des œnocytes chez les larves de Tapinoma erraticum et de Pheidole pallidula. Chez les nymphes, il constate un nombre très considérable d’œno- cytes libres dans la cavité du corps et doués de mouvements amæboïdes. Chez la Formica rufa, que j'ai étudiée, les œnocytes larvaires sont de grosses cellules (100 y), agglomérées par 15 à 20 en groupes allongés, au voisinage des muscles obliques des segments abdominaux. Faible- ment amœæboïdes, ces cellules ne présentent que des déformations sur place et n’abandonnent jamais leurs lâches rapports de contiguité. Au début de la nymphose, les œnocytes larvaires donnent naissance, par division directe, à un grand nombre d'éléments libres, sphériques, très analogues à eux-mêmes, mais plus petits (25 p). Le noyau de l’œnocyte larvaire se divise inégalement et donne vers la périphérie un petit noyau; puis une coupure arquée, comme faite à l’emporte-pièce, détache une partie du cytoplasme, entourant le petit noyau. Libérés, les nouveaux œænocytes continuent à se multiplier ; j’ai observé tous les stades de leur division directe et égale. Leur nombre devient bientôt très considérable; ils circulent dans le liquide cavitaire, intercalés entre les cellules grasses de l'abdomen, flottant dans les lacunes interorganiques de la tête, du thorax, des appendices. Ils cons- tituent, en quelque sorte, une nouvelle catégorie de leucocytes, bien distincte des petits leucocytes proprement dits (10 u). Ils pénètrent parfois à l'intérieur des tissus (hypoderme, cellules adipeuses) ; c’est {a preuve la plus convaincante de leur amæboïsme; leurs pseudopodes se voient d’ailleurs assez fréquemment, même sur les coupes. Toutefois on n’observe jamais d’englobement phagocytaire produit par ces œænocytes. Assez fréquemment, un œnocyte est complètement entouré par un autre, qui à la forme d’une sphère creuse à cavité légèrement excen- trique. On pourrait croire à un englobement. J'ai tout lieu de penser que c'est un simple cas particulier, fort curieux d’ailleurs, de ila divi- sion. On l’observe aussi dans la première formation d’œnocytes libres à partir des œnocytes larvaires, et, dans ce cas, avec tous les passages au cas normal. Ovaires. Chez des nymphes de femelles, à yeux noirs, et commençant légèrement à roussir, j'ai observé dans les ovaires une abondance extraordinaire de cellules bourrées de petites granulations sphériques, colorables par l’éosine. Ces cellules se rencontrent aussi bien entre les BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1901. T. LIII, 81 1048 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE diverses gaines ovigères d'un même ovaire que dans chaque gaine, entre son revêtement conjonctif et le massif de cellules où se différen- cient les ovules et les divers éléments de leurs follicules. Elles ont en moyenne 12-15 p de diamètre; leur noyau mesure 4 w et paraît recon- naissable pour un noyau de leucocyte. Les granules ne dépassent guère 1 L; ils se colorent électivement par l’induline glycérinée et ne pren- nent pas l’aurantia; ces réactions les rapprochent des granulations amphophiles 8 d’Ehrlick et les distinguent des inclusions albuminoiïdes des cellules grasses; ces dernières ont pour ces deux colorants une affinité inverse; elles fixent l’aurantia et se rapprochent des granula- tions éosinophiles «. Dans les régions antérieures du corps et dans les appendices on rencontre, éparses, des cellules analogues, dont les granu- lations sont aussi amphophiles, mais plus grosses et un peu irrégulières. Tout me porte à considérer ces cellules comme des phagocytes chargés de débris tissulaires déjà en partie élaborés; les cellules de la région antérieure du corps présenteraient un stade moins avancé de la digestion. Encore susceptibles d’obéir à un chimiotactisme, ces cellules affluent vers les ovaires, traversent par diapédèse leur enveloppe con- jonctive, et apportent sans doute à la glande génitale des réserves nutritives qui seront emmagasinées dans les ovules. Leur apparition m'a paru coïncider avec le début de l’accroissement des ovules différenciés. C'est là certainement un stade transitoire. Car, un peu avant, les cellules à granulations sont plus abondantes dans les lacunes interor- ganiques des régions antérieures du corps, et il n’y én a pas trace dans les ovaires. D'autre part, ces cellules n’ont pas été observées par les auteurs dans les ovaires de la femelle adulte. Les matériaux que je possède actuellement ne me permettent pas de décider si ces cellules dégénèrent complètement dans l'ovaire où elles ont pénétré, ou si, après s'être vidées de leurs réserves, elles se remettent en circulation dans le sang. Système nerveux. La technique employée pour l'étude des phénomènes his- tologiques de la nymphose ne convient nullement à des recherches spéciales sur le système nerveux. Je crois cependant intéressant d'indiquer les résultats fragmentaires qu’elle m'a donnés; le cerveau mis à part, on n’a point en effet, que je sache, de renseignements précis sur les modifications histologiques ner- veuses pendant la métamorphose; les auteurs se sont bornés à signaler les modifications anatomiques résultant des coalescences de ganglions, des étire- ments de connectifs, etc. Les ganglions de la chaîne ventrale se composent, chez la larve adulte, d'un noyau fbrillaire et d’une écorce de cellules. Ces dernières, sensi- blement égales entre elles, sont serrées les unes contre les autres; elles atteignent à peine 40 y. Dès le début de la nymphose, on observe un accroissement rapide a { SÉANCE DU 930 NOVEMBRE 1049 de presque toutes les cellules de l'écorce; elles atteignent jusqu’à 18 y et paraissent géantes, à côté d’une ou deux assises de cellules qui avoi- sinent immédiatement le noyau fibrillaire et ont exactement gardé leur taille primitive. | Je n'ai Jamais observé ni dégénérescence des neurones larvaires, ni immigration dans les ganglions d'éléments venus de l'extérieur. = CHROMODIAGNOSTIC DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LES HÉMORRAGIES DU NÉVRAXE. ABSENCE DE VALEUR DE L'ASPECT SANGUINOLENT, par M. J.-A. Srcarp. Peut-on faire le diagnostic des hémorragies du névraxe par l'aspect sanguinolent, la couleur sanglante du liquide céphalo-rachidien ? Bien des auteurs, dès l'avènement de la ponction lombaire (que l’on sait inoffensive et facilement applicable au lit du malade) s'étaient posé la question, entre autres Fürbringer, Kilyani et Jacobi. Les uns avaient conclu à l’appui, les autres à l'encontre de cette hypothèse. - Plus récemment MM. Tuffier et Milian ont repris cette étude dans quelques cas de fractures du crâne. Il suffit, disent ces auteurs, de recueillir au cours d’une même ponc- tion, dans trois tubes différents, le liquide céphalo-rachidien qui s'écoule sanguinolent. Si la teinte est uniforme dans les trois tubes, on peut conclure avec certitude au diagnostic d'hémorragie du névraxe. Or, les faits observés à la Salpêtrière, dans le service de notre maître M. Raymond, nous ont montré qu'il suffisait, dans certains cas, d’une hémorragie un peu abondante déterminée accidentellement au moment de la ponction (1), par la piqûre d’une veine méningée, ou d’une veine du plexus de la queue de re pour que pareil phénomène se pro- duise. Cette constatation a été faite dans trois cas (paralysie générale, vésanie avec gâtisme, comitial en état de mal) sans que l’autopsie de ces malades, Pile quelques jours ou quelques semaines après, ait permis de déceler un foyer hémorragique du névraxe. Et pourtant, dans l’un de ces cas (comitial), plus de 50 centimètres cubes de liquide sanguinolent avaient été recueillis dans cinq tubes différents. Dans tous, la coloration était uniforme et le culot de globules rouges déposés par cena lon uniformément abondant aussi. Si donc, dans la grande majorité des cas, après une piqüre acciden- (1) Or, chacun sait que cet incident, sans aucune gravité du reste, peut arriver à l'opérateur le plus exercé. 1050 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE telle, le liquide s'échappe sanguinolent d'abord, pour s’éclaircir bientôt, il faut savoir compter avec les exceptions et éviter des erreurs toujours possibles. CHROMODIAGNOSTIC DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LES HÉMORRAGIES DU NÉVRAXE. VALEUR DE LA TEINTE JAUNATRE, par M. J.-A. Sicarp. Il est un aspect bien spécial que peut prendre le liquide céphalo- rachidien au cours des hémorragies du névraxe. Dans les tubes que je présente le liquide est nettement coloré en jaune, ou en jaune ver- dàtre. Ce signe est d'une grande valeur. En effet, en dehors des maladies du système nerveux, cette teinte dichroïque jaune verdâtre n’a été rencontrée que dans l’ictère (Gilbert et Castaigne (1), Widal, Sicard et Ravaut) (2). Dans les maladies du système nerveux, elle a été étudiée par M. Bard (3) qui l’a signalée dans quatre observations : deux cas de méningite cérébro-purulente, deux cas de paraplégie. M. Bard rapporte cette teinte jaunâtre « à la présence d’un pigment dérivé de l’hémoglo- bine, reliquat d’exsudats hémorragique, hématolysés par le liquide céphalo-rachidien ». Puis MM. Rendu et Géraudel (4), Tuffier et Milian (5) signalent également au cours des fractures du crâne cette teinte spéciale. Je l’ai rencontrée, de mon côté, au cours de l'hémor- ragie cérébrale, de l’'hématomyélie ou de l’hématorachis, et d’une frac-- ture du crâne. Recherche de cette coloration. À une première ponction lombaire, de deux choses l’une : a) Ou le liquide apparaît non sanguinolent, et alors immédiatement on peut percevoir la présence ou l’absence de la teinte jaunâtre; b) Ou le liquide s'écoule sanguinolent. Dans ce cas, il faut centrifuger. Au- dessus des globules rouges qui sont projetés en culot au fond du tube, on peut apprécier la teinte du liquide, clair ou jaunâtre. À une seconde ponction, faite chez le même malade, il faut tenir compte de ce fait. Y a-t-il eu, lors de la première ponction, piqüre vasculaire acciden- telle, du fait de l'aiguille, et le liquide s’est-il écoulé sanguinolent? Si oui, à cette seconde ponction, la teinte jaunâtre peut être la conséquence de l’hémor- ragie accidentelle, ainsi créée par l'aiguille, et il faut éviter de se prononcer. Il est possible que, dans les rares cas cités de méningite purulente où la réac- (1) Soc. de Biologie, 27 oct. 1900. (2) Idem., 3 nov. 1900. (3) Idem., 6 juillet 1901. (4) (5) SÉANCE DU 930 NOVEMBRE 105 ————————— tion chromatique jaunâtre s’est montrée positive, on ait le droit d’incriminer une ponction antérieure s'étant accompagnée d’hémorragie accidentelle. Sa date d'apparition et de disparition, Trois cas d'hémorragie cérébrale : Premier cas. La réaction faisait défaut au troisième jour (liquide sanguino- lent); elle existait au sixième. La veille de la mort, dix-septième jour, elle persistait. Autopsie. Grosse hémorragie ventriculaire. Deuxième cas. Au huitième jour, liquide sanguinolent. Réaction positive constatée après centrifugation. Mort le quatorzième jour. Egalement hémor- ragie ventriculaire. Troisième cas. Ponction au deuxième jour; liquide clair. Ponction au septième ; réaction positive. Autopsie le surlendemain. Egalement hémorragie ventriculaire. Deux cas d’hématomyélie : Premier cas. Ponction douze jours après paraplégie apoplectiforme avec dissociation syringomyélique. Réaction nettement positive. Diagnostic clinique d'hématomyélie. Deuxième cas. Diagnostic clinique d'hémato-rachis plutôt que d’hémato- myélie (chute de 2 mètres de haut). Ponction dix-huit jours après l'accident avec réaction positive. Un cas de fracture du crâne : Douze jours après traumatisme cranien, ponction dvec réaction positive. Le treizième jour, trépanation par MM. Maubert et Degorse. Gros hématome sous- dure-mérien. Drainage. Ponctionné de nouveau le quinzième et le dix-huitième jour, absence de réaction; liquide absolument clair. Guérison. Sa nature. Evidemment cette coloration doit se faire aux dépens des hématies, sous une influence isotonique probable. Elle peut s’effacer ou diminuer rapidement d'intensité en quelques jours dans les tubes laissés à l’air libre et à la lumière. Vraisemblablement il s’agit, non d’hémoglobine, mais d’un pigment spécial. Nous n’avons pu constater qu’une seule fois (hémorragie cérébrale) la raie de l’'hémoglobine au spectroscope, et, dans ce cas seulement aussi, le liquide, joint à de la teinture de gaïac et de l’eau oxygénée (oxydation indirecte), don- nait la coloration bleue. Dans nos autres observations, comme M. Bard l'avait constaté également, il ne nous à pas été possible de déceler les réactions de l’hémoglobine, soit par la spectroscopie, soit par l'oxydation indirecte. Cytologie du liquide céphalo-rachidien chromatique. La centrifugation peut ne révéler aucun globule rouge, mais dans tous nos cas nous avons toujours rencontré un certain degré de lymphocytose. Conclusions. — Positif, le chromo-diagnostic, en dehors des états ictériques, constitue un élément de certitude en faveur d'une hémor- 1052 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ragie du névraxe ou de ses annexes immédiates (méninges). Mais il ne faut pas demander à un signe plus qu’il ne peut donner, et négatif il n'implique nullement l’absence d'hémorragie. Seule, la réaction colo- rante spéciale, déjà décrite, est caractéristique d’un foyer hémorra- gique. (Travail de la clinique de la Salpétrière.) M. Waipar. — J'ai observé récemment avec M. Le Sourd un fait con- firmatif de ceux que vient de nous rapporter M. Sicard. Deux jours après l’ictus, nous avons recueilli chez un homme atteint d'hémorragie cérébrale quelques centimètres cubes de liquide céphalo- rachidien, d’une coloration jaune intense. Ni l'examen spectroscopique ni l'examen chimique ne permit de déceler trace d'hémoglobine, comme M. Bard en a déjà fait la constatation. Il s'agissait donc d’un pigment dérivé de l’hémoglobine, plus diffusible que l’'hémoglobine elle-même, pigment dérivé qui passe inaperçu dans l'urine, dans le sérum sanguin et dans les diverses sérosités parce que sa coloration jaune se confond avec celle de ces humeurs. Il n’est décelable pour notre rétine que dans le liquide céphalo-rachidien en raison de la limpidité préalable de ce milieu. Au cours de certains ictères foncés et chroniques, le liquide céphalo-rachidien est coloré également en jaune par un pigment dérivé de la bile, pigment également très diffusible et qui ne donne les réactions ni des acides biliaires, ni des pigments biliaires, comme nous avons pu le constater avec MM. Sicard et Ravaut. Le liquide céphalo- rachidien est donc particulièrement apte à mettre en évidence ses pig- ® ments dérivés en circulation dans le sang au cours de certains états pathologiques. Nous reviendrons prochainement sur ces faits. J'ai noté, comme M. Netler, la coloration jaune dans un cas de mé- ningite tuberculeuse, mais elle est vraiment exceptionnelle au cours de cette maladie. Elle peut être due, dans ce cas, au passage du plasma sanguin dans le liquide céphalo-rachidien, en raison même des troubles de perméabilité méningée et d’isotonie qui existent dans la méningite tuberculeuse. En clinique, du reste, ce symptôme ne prend sa valeur que lorsque le diagnostic est hésitant entre une commotion cérébrale simple ou un hématome du névraxe, entre un ramollissement ou une hémorragie cérébrale. Dans ces cas on comprend tout l'intérêt que peut présenter la recherche du chromo-diagnostic. SUR L'ACTION ANTITOXIQUE DE CERTAINES MUCINES, par M. JEAN LÉPINE. J'ai recherché, avec la solution de mucine de limace, dont j'indique le mode de préparation dans une autre note, à défendre des cobayes SÉANCE DU 90 NOVEMBRE 1053 ee — a mu ee contre l'infection tuberculeuse, partant du préjugé populaire qui dans certaines régions accorde aux limaces des vertus curatives à l'égard des maladies de l’appareil respiratoire. | Chez des cobayes préalablement tuberculisés, l'injection sous-cutanée de cette mucine, commencée dix jours après la tuberculisation, a aug- menté la résistance des animaux au point de doubler leur survie; mais l'injection de la même mucine n’a conféré aucune immunité aux ani- maux ultérieurement tuberculisés. Il semble donc que cette substance agisse seulement en stimulant la défense de l'organisme, et non par une action antitoxique qui lui serait propre. SUR LES PROPRIÉTÉS ANTIHÉMOLYTIQUES DE CERTAINES MUCINES, par M. JEAN LÉPiNe. J'ai fait différentes recherches avec des mucines dont le mode de pré- paration, qui appartient à M. Lavocat, chimiste à Lyon, est le suivant : Prendre un poids déterminé de limaces rouges soigneusement lavées (100 grammes par exemple). Mettre les animaux dans une capsule, et chauffer à 48 degrés; dès que les limaces sont mortes, les sortir une à une; le mucilage restant dans la capsule est retiré et placé pendant 12 heures à une température de 25 degrés. À ce moment, la substance mucilagineuse s’est liquéfiée ; on ramène son volume à 100 centimètres cubes, avec de l’eau distillée. Le produit ainsi obtenu s’aitérait très rapidement. En le filtrant à la bougie Chamberland, il m'a été possible d'obtenir une certaine stabilité de ses propriétés biologiques. Le liquide filtré est légèrement coloré en vert; à la lumière et à l’air, à la température du laboratoire, il se fonce progressivement, prenant}une teinte dichroïque très nette. À la glacière, dans l'obscurité, il se conserve plusieurs jours sans difficulté; de même dans le vide. Le liquide altéré se décolore, et récupère une partie de ses propriétés lorsqu'il est placé dans le vide. Le liquide frais décolore ins- tantanément la teinture d'iode. Cette réaction ne se fait plus avec le liquide altéré. La plupart de ces faits ont été observés avant moi par M. Louis Dor. J'ai constaté que le liquide frais est un excellent milieu de eonserva- lion pour les globules rouges de différents animaux. J’ai noté cette pro- priété pour les globules du lapin, du cobaye, de la chèvre, de la poule, du chien et de l’homme. Une partie de l’un de ces sangs, défibriné, résiste pendant plusieurs jours sans trace d'hémolyse, dans deux parties ‘de la solution de mucine en question. Si l’on emploie une solution non fraîche, la résistance des globules diminue, jusqu'à cesser complète- 1054 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment dans la solution devenue vert foncé, au bout de trois semaines à peu près. Par la recherche du point eryoscopique des différentes solutions de mucine, j'ai acquis la conviction que la résistance des globules rouges ne dépend point de la concentration moléculaire de ces solutions. En effet, par le mode de préparation indiqué plus haut, on recueille des quan- tités variables de mucus, et le liquide filtré peut présenter un abaisse- ment du point de congélation, allant de — 0,20 à — 0,70. Quel que fût ce degré de concentration, le liquide frais s’est toujours montré dépourvu de nocivité pour les globules rouges, et le liquide altéré toujours plus ou moins inapte à les conserver, suivant le degré même de son altéra- tion. De plus, en chauffant le liquide frais pendant une demi-heure à 56 degrés, j'ai notablement diminué ce pouvoir de conservation des glo- bules. Le chauffage à 54 degrés a laissé ce pouvoir intact. Le même liquide frais n’est pas seulement indifférent à l'égard des globules rouges. En le mélangeant à parties égales avec des sérums hémolytiques, on peut supprimer presque complètement l’action globu- licide de ces derniers (sérum de cobaye immunisé contre les globules de poule, et sérum normal de chien, toxique pour les globules du lapin). En mélangeant ces mêmes sérums avec de l’eau salée physiologique, on atténue beaucoup moins leur action globulicide que par le mélange avec la solution de mucine. Cette propriété antihémolytique est extrêmement fragile; je ne l'ai observée d’une manière nette qu'avec des liquides filtrés le jour même: La faculté de conserver simplement les globules rouges se maintient au contraire plus longtemps. De même, le liquide chauffé à 56 degrés n’a pas de pouvoir antihémolytique. ; Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris, — Imprimerie de ia Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 4, rue Cassette. 1055 SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1901 M. G. DAREMBERG : La coloration du sérum sanguin normal. — M. Cu. Féré : Note sur l'influence de la pilocarpine sur le travail. — M. N. GRéÉHANT : Analyses de l'air du Métropolitain. — MM. R. Lépine et Bourup : Sur la présence de maltose dans le foie post-mortem. — M. le Dr A. BrLizer : Sur la présence constante de l’'hématozoaire de Laveran dans le paludisme en Algérie (Constantine). — Discus- sion : M. LaverAn. — MM. R. Anrnony et J. SaLmon : Étude anatomo-histologique d'un Anidien et considérations sur la classification des omphalosites. — MM. P. Nosécourtr et SEvin : Le ferment amylolytique du sang chez les enfants normaux. — M. V. Barrnazaro : Les lécithines des foies gras d'oie. — M. J. Jozzv : Sur les mouvements des myélocytes. — MM. E. Cassazr et G. Saux : De la réalité et du mode de production des substances toxiques dans la digestion des viandes. — M. FERNAND ARLoING : Action favorisante du sérum antituberculineux introduit par la voie sanguine ou conjonctive sur l'infection par des cultures homogènes du bacille de Koch. — MM. Cu. Acxarp et À. Crerc : Le pouvoir amylolytique du sérum après ligature du pédicule rénal. — M. C. Pxisazix : Action physiologique de l'Ibogaïne. Présidence de M. Bouchard. OUVRAGE OFFERT M. le D' CoromiLas (d'Athènes) fait hommage à la Société de son livre sur les T'uberculoses, chirurgicale, pulmonaire, intestinale. LA COLORATION DU SÉRUM SANGUIN NORMAN,, par M. G. DAREMBERG. À propos des très intéressantes recherches publiées dans la séance du 23 novembre par MM. Gilberl et Herscher, je rappellerai des expériences que j'ai faites autrefois (Archives de médecine expérimentale, numéro du 1° novembre 1891, page 723). Pour obtenir un sérum ne contenant aucun globule du sang de l'animal qui a fourni ce liquide, nous avons centrifugé ce sang. Ce procédé a déjà été employé par M. G. Salet et par nous en 1870 (1). Nous (4) Voir article « Sang » du Dictionnaire de chimie de Wurtz et de la Chimie physiologique de À. Gautier. BioLoaïEe. CompTEs RENDUS. — 1901. T. LII]. 82 1056 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE placons des tubes de sang suivant un angle de 30 degrés avec l’axe de la turbine. Après une heure de centrifugation, on obtient un sérum aussi incolore que l’eau pure. Il surnage au-dessus d’un caillot complètement décoloré à sa surface. Le sang, ainsi traité, donne environ un tiers de son volume de sérum décoloré. Plus le sang est turbiné rapidement après la saignée, plus on a de sérum incolore. Si l'opération n'est pas rapidement menée, le sérum est emprisonné dans le caillot, et, pour le retirer avec une pipette stérilisée, on commet quelques effractions qui mettent des globules rouges en liberté dans le sérum. En centrifugeant le sang défibriné, le sérum obtenu contient encore beaucoup de globules. On peut aussi avoir un sérum parfait en l’obtenant par coagulation naturelle du sang, et en le turbinant après. Ces expériences, qui ont été exécutées sur la turbine du laboratoire municipal dirigé par M. Charles Girard, nous ont démentré que les sérums de bœuf, de cheval, de chien, de lapin ne devaient leur apparence de coloration qu’à de rares globules sanguins flottant au milieu du liquide. Or, d’après sa définition même, le sérum normal doit être privé de tout globule. Pour obtenir un sérum normal, il faut le débarrasser par la centrifugalion de tout corps en suspension. Le sérum est un liquide, sa coloration normale ne peut pas être due à un corps solide flottant. La coloration d’une solution de fuchsine ou d'alizarine n'est nullement modifiée par la centrifugation. La substance qui colore le sérum frais n’est pas dissoute; elle fait partie d'un corps étranger, d'une impureté. On ne peut pas dire que le sérum normal frais est coloré. On peut seulement dire que le sérum non purifié, le. sérum brut, présente l'apparence d’une coloration. Peut-être est-il dangereux d'établir des distinctions cliniques sur de fugitives apparences. 2 NOTE SUR L'INFLUENCE DE LA PILOCARPINE SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. Féré. Dans des expériences antérieures j'ai observé que l'introduction d’une petite quantité d'aliments dans l'estomac entraîne une diminution im- portante du travail (4). J'ai pensé qu'il serait intéressant de voir l'effet sur le travail d’une substance capable d’agir d’une facon spéciale sur l’activité de glandes qui concourent au travail digestif. J'ai eu recours à la pilocarpine. J'ai expérimenté sur moi-même, en me servant, comme précédem- (1) Note sur l'influence du travail digestif sur le travail manuel. (Comptes rendus Soc. de Biol., 1901, p. 795.) SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1057 ment, de l’ergographe de Mosso avec lequel je travaille par séries de quatre ergogrammes séparées par cinq minutes de repos, les ergo- grammes de chaque série séparés eux-mêmes par une minute de repos (3 kilogrammes soulevés chaque seconde par le médius droit). I. — Dans une première expérience on a fait immédiatement avant le commencement du travail, au bras gauche, une injection sous-cutanée de 1 ceniigramme de chlorhydrate de pilocarpine. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT ; a en du travail d'ergosrammes. kilegrammètres. au travail normal. { Wtelfie Het ere rfenesfeute ele ter ete; 29 71 : 100 La rougeur autour de la piqûre el la salivation, peu abondante d’ail- leurs, n'ont commencé que 10 min. 20 sec. environ après la piqûre. c'est-à-dire peu avant le commencement de la deuxième série. cata pes : 29,43 129,59 SHARE 28,65 126,15 A 7,56 33,28 8. 5,70 25,09 GE Le 4,86 21,70 GR CASE : L,4 19,55 Be ARS 3,75 16,51 DA ie \ 3,27 14,39 110,37 La salivation, qui a commencé tardivement, a cessé, très rapidement. après la troisième série, et a été peu abondante; on n’a recueilli que 25 centimètres cubes de salive; il n'y a eu ni sueur locale, ni sueur à distance. Ce résultat, presque négatif au point de vue des effets sécré- toires, peut être dù à cette circonstance que le sujet avait pris quarante- huit heures auparavant 1 milligramme d’atropine dont l’action antago- niste pouvait persister, car l’action locale de l’atropine est très pro- longée (1). Les deux expériences suivantes sont d’ailleurs favorables à cette interprétation. La première série d’ergogrammes donne un travail équivalent normal après un repos complet et sans excitation, et nous la prendrons comme terme de comparaison. L’excitation motrice se manifeste à la seconde série, et dure encore à la série suivante; mais la dépression est rapide et le travail des neuf séries est de beaucoup inférieur à la normale qui varie de 143 à 150 kilogrammètres. (4) Ch. Féré et Ch. Laubry. Note sur les variations de l’action mydriatique de J’atropine chez les épileptiques suivant le temps qui s’est écoulé depuis un accès (Comptes rendus Soc. de Biol., 1898, p. 176). 1058 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il. — La seconde expérience avec la même quantité a été faite qua- rante-huit heures après la première. La rougeur et la salivation ont commencé à la fin de la première minute après l'injection, c'est-à-dire au cours du premier ergogramme qui est déjà augmenté. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT 'erg du travail erRnEnaNnes. D Oer a Etre au Ge tonne di) AA QE AE AM TEE 29,40 129,45 SE AR ANS TEE 14,82 65,25 311 8,58 31,78 ane 9,03 39,76 RARE LEE PE EAN "CUT 5,97 26,24 CAES GA AE A CNE Dane ER à ee AR US 25,01 Fe D M na GE 5,40 23,77 8. SOS MM PA Cr Ee 3,84 16,90 9. . 2,55 11,22 85,26 La salivation à duré DES la huitième série et a donné 95 centi- mètres cubes de salive; il n’y a pas eu de sueur. Tandis que dans l'expérience précédente on a vu some à une exci- tation motrice tardive et durable. avec une excitation sécrétoire tar- dive et éphémère, nous voyons dans la seconde coïncider une excita- tion motrice précoce et éphémère avec une excitation sécrétoiré précoce et persistante. e & III. — La troisième expérience est la répétition de la précédente et a été faite quarante-huit heures après. La salivation et la rougueur locale ont apparu aussi après une minute environ; mais la salivation est devenue plus intense dès le premier grand repos. SÉRIES TRAVAIL RAPPORT en du travail À à F . . CHENE kilogrammètres. au travail normal. RL AT ER RENTE 26,73 147,70 D M ne ELEC Bi 15,33 67,50 DR sd à NO RU 8,19 36,06 PARA AAA RNA QUE 8,19 36,06 SENS MAN MES: KART 8,67 38,17 6 14 3.67 16,16 G MN, FR VÉEe 5,45 23,99 RE RU à 2 EMA 3,33 * 44,66 QT STAR AR 3,18 14,00 82,74 La salivation a duré encore jusqu’à la huitième série en donnant 125 centimètres cubes de salive. À une plus abondante salivation cor- SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1059 oo respond encore un travail plus faible; immédiatement avant la dixième série on fait une nouvelle injection de 1 centigramme de chlorhydate de pilocarpine qui ne détermine qu'une réaction locale, et une salivation qui ne commence qu'au commencement de la onzième série, c'est-à- dire avec un long retard et ne donnera que 20 centimètres cubes de salive. D AE 1 aq Ps 31,36 138,08 OR ee RER RACE 2,22 9,77 Comme dans la première expérience, on voit que l'excitation motrice précède l’activité sécrétoire et qu’elle cesse quand celle-ei se manifeste. IV. — Dans laquatrième expérience l'injection a été de 0,015. La salivation et la rougeur locale ont apparu aussi après une minute environ, mais le pourtour de la piqûre a présenté quelques élevures de chair de poule et il s’est produit un peu de sueur. La salivation a duré jusqu’à la fin du travail et a donné 175 centimètres cubes de salive. TRAVAIL RAPPORT en du travail kilogrammètres. au travail normal. SÉRIES d'ergogrammes RE PME RP AE 29,95 128,79 Ie a) DEN MOST SAONE RE 12,60 55,48 Su 12,24 53,89 He 9,36 44,21 CUS 5,07 22,32 Gare 2,91 19,81 7. RN DEEE 2,67 2 4,78 8. bre ne 1,83 8,05 OLA 1,77 7,19 17,10 Dans toutes les expériences on voit que l'excitation cérébrale se mani- feste en même temps que les sécrétions; mais plus la sécrétion est abon- dante, plus le travail diminue rapidement, plus tôt arrive la fatigue. Il y a une sorte de balancement entre le travail volontaire et le travail glan- dulaire, ANALYSES DE L'AIR DU MÉTROPOLITAIN, par M. N. GRÉBANT. Ayant été chargé par M. Lépine, préfet de police, de l'analyse de l’air contenu dans les wagons et dans les souterrains du chemin de fer métro- 1060 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE politain, j'ai l'honneur de communiquer à la Société de Biologie les pre- miers résultats de mes recherches. Tout d’abord, je pensais que les wagons remplis de voyageurs assis ou debout, tellement pressés dans certains cas qu'ils se trouvent tête à tête, devaient renfermer de fortes quantités d'acide carbonique prove- nant de la respiration, et une importante diminution dans la proportion de l'oxygène; on verra bientôt que les résultats obtenus ne vérifient pas cette hypothèse. \ La première condition à remplir était de recueillir les gaz dans des conditions bien déterminées, soit dans un wagon en marche, soit dans les souterrains; je me suis servi de flacons d’un litre, fermés par des robinets simples ou par des robinets pointeau, dans lesquels on avait fait au préalable le vide avec la trompe hydraulique de Golaz et avec ma pompe à mercure. J'ai employé six flacons qui ont été emportés dans un voyage de la gare de Lyon à la porte Maillot, le jeudi 40 octobre, à 9 heures du matin, dans un wagon de 2° classe; le nombre des voyageurs a varié entre - quarante-trois et trente-six. Cent centimètres cubes d’air contenaient : 2 OXYGEN CO? a en moins. IAE ORAN NS 0,41 Air recueilli un peu avant le Châtelet. 2e acon ts” CU. 0M0;E A 0,30 Entre le Louvre et le Palais-Royal. DOMHIACOR LE MAO"? 0,42 Avant les Tuileries. Ze Macon ere tee NO0;)TS 0,45 Entre la Concorde et les Champs-Élysées. De lacon DIE OS Alma Le ÉEMaACOn EM 056 0,38 Avant l'Etoile. L’acide carbonique a été dosé sur le mercure par la méthode ordi- naire, dans une cloche graduée en centimètres cubes et dixièmes.- L’oxygène a été dosé sur l’eau après absorption de l'acide carbonique dans mon eudiomètre à fil de platine continu. Depuis le mois d'octobre, j'ai fait un grand nombre d'analyses qu'il ne m'est pas possible de. publier ici, et j'ai été obligé de modifier le procédé de dosage de l'acide carbonique, et d'employer l’eau de baryte, procédé que j’ai décrit dans Les Gaz du sang de l'Encyclopédie scientifique de M. Léauté, page 65. J'ai souvent substitué aux flacons de petits sacs de caoutchouc, d'une contenance de dix litres, que je faisais remplir avec une forte ampoule de caoutchouc munie de soupapes convenables, dispositif tout semblable à celui qui sert à faire fonctionner le cautère Paquelin. Il est très facile, en comprimant l’'ampoule, d’aspirer de l’air soit dans le wagon directe- ment, soit dans le tunnel, à l’aide d’un tube de caoutchouc que je faisais passer par un vasistas. Je terminerai cette première communication en donnant les résultats d'analyses qui ont été faites le mardi 3 décembre, à 2 heures, sur de l'air SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1061 pris dans un wagon de 2° classe complètement rempli de voyageurs à l'aller et au retour de la gare de Lyon à la porte Maillot. Nous sommes restés dans le wagon en traversant la boucle de la porte Maillot. LESC 28 EAC 32SAC 4° SAC Rempli Rempli Rempli au retour entre le Louvre entre le Palais-Royal entre la Concorde Rempli aux Tuileries. et le Palais-Royal et les Tuileries. et les Tuileries, Tunnel. dans le wagon, Tunnel. dans le wagon. CO? Oxygène. CO? Oxygène. CO?2 Oxygène. CO? Oxygène. _16 10000 91,4 18,2 15,2 10000 10000 Bo 10000 ao » 20,6 On voit que, dans cette série de recherches comparatives plus récente, la viciation de l'air est moins grande que lors de mes expériences du mois d'octobre; en effet, les proportions trouvées d’acide carbonique 1 SONL: 579 657 461 62 nombres inférieurs à la fraction _. égale à Too" J'ai toujours trouvé l’air du souterrain moins vicié que celui des wagons, ce qui montre qu'il est nécessaire d’établir des ouvertures béantes dans les parois des wagons; c’est ce qui a été réalisé récem- ment par l'emploi de fentes verticales à la partie supérieure de l'avant et de l’arrière de chaque wagon, et de nombreux vasistas installés sur les cloisons latérales munies en outre de portes à coulisses. __ Les analyses que je me propose de continuer permettront, je l'espère, de reconnaitre les améliorations qui pourront être apportées dans l’avenir à la ventilation du Métropolitain. (Travail du Laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'histoire naturelle.) SUR LA PRÉSENCE DE MALTOSE DANS LE FOIE POST-MORTEM, par MM. R. Lépine et BouLun. C’est à tort qu'on a contesté le possibilité de trouver, outre le glucose, une petite proportion de maltose dans le foie, quelques heures après la mort; nous avons pu démontrer l'existence assez fréquente de ce sucre dans le foie de chiens, même nourris exclusivement de viande, laissé plusieurs heures à la température du laboratoire. Voici comment nous avons opéré : Le foie est épuisé par l’acide trichloracétique. On précipite le glyco- gène par l'alcool; on évapore ce dernier, et on ajoute à la liqueur filtrée une solution chaude d’acétate de phénylhydrazine. On laisse refroidir, 1062 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et on traite par l'éther les cristaux qui se sont formés. On filtre, on évapore l’éther ; on reprend par l’eau chaude, el on laisse cristalliser. On obtient ainsi des cristaux de maltosazone (fusible à + 206 degrés). L'emploi de l’éther est indispensable : on ne peut séparer par l’eau à 70 degrés le maltosazone: car, vu la faible proportion de ce dernier, il est entraîné par le glucosazone. L'objection que l’éther aurait pu dissoudre des cristaux de glucosa- zone ne serait pas fondée, car nous avons vainement essayé de dissoudre par l’éther du glucosazone pur. Il est donc certain que les cristaux que nous obtenons au moyen de l’éther sont du mallosazone. On peut, en outre, généralement constater, dans les extraits de foie ayant donné ces cristaux, que l'hydrolysation diminue la déviation à droite, et augmente le pouvoir réducteur. Il en était ainsi dans les deux cas suivants : Premier cas. — Foie d’un chien assommé par un coup de maillet sur le crâne. L’organe est abandonné vingt-quatre heures à la température du laboratoire. L’extrait de ce foie donne des cristaux de maltosazone. — Dévialion polarimétrique : + 8°2. — Pouvoir réducteur (évalué en glucose) : 15,3. — Après chauffage pendant une heure à 105 degrés, avec HCI, la déviation est plus faible (1); pouvoir réducteur : 16 (2). Deuxième cas. — Foie d'un chien laissé pendant quinze heures à la température du laboratoire. L'extrait donne des cristaux de maltosa- zone. — Déviation polarimétrique : + 2°4. Pouvoir réducteur (en glucose) : 5,4. — Après chauffage pendant une heure avec HO : dévia- tion polarimétrique : + 1,3 ; pouvoir réducteur : 4,8. . Dans ce cas, ainsi que pour le sang du chien (en note), les déviations polarimétriques sont faibles, par rapport au pouvoir réducteur. Cela tient à la coexistence d'une substance déviant à gauche (acide slycuro- nique conjugué), dont nous avons eu la preuve au moyen de la para- bromphénylhydrazine (3). (1) Nous ne pouvons donner le chiffre exact, parce que le chauffage a fait brunir la solution, de telle sorte que l'examen au polarimètre a donné un résultat un peu incertain. (2) Après l’assommement on a dû pratiquer la respiration artificielle. Quelques minutes après, on a pris le sang des veines sus-hépatiques (la veine cave ayant été liée au-dessous et au-dessus du foie). L'extrait de ce sang a donné des cristaux de maltosazone. Déviation polarimétrique : + 0,6. Pouvoir réducteur (en glucose) 2,8. — Après chauffage pendant une heure avec HCI : Déviation polarimétrique moindre. Pouvoir réducteur (en glu- cose) : 3. (3) Sur l'existence de l'acide glycuronique dans le foie, voir notre note parue dans les C. R. de la Société (dernière séance). La coexistence de maltose et d'acide glycuronique peut aussi être observée dans l'urine; voir notre note : Sur la détermination, etc. : Revue de médecine, 1901, p. 636-637. SÉANCE DC T1 DÉCEMBRE 1063 SUR LA PRÉSENCE CONSTANTE DE L'HÉMATOZOAIRE DE LAVERAN DANS LE PALUDISME EN ALGÉRIE (CONSTANTINE), par M. le D" A. Biccer. M. Brault, dans une récente communication (Soc. de Biologie, 2 no- vembre 1904), signale l'absence de parasites dans plus de la moitié des cas de paludisme avéré qu’il a observés à Alger. Ces résultats, qui sont en complète contradiction, ainsi que l'a fait remarquer M. Laveran, avec la plupart des faits connus, me font un devoir de produire ceux que j'ai recueiliis dans mon service de l'hôpital militaire de Constantine, depuis le mois de septembre 1899 jusqu'à cette date (1° décembre 1901). Le nombre de cas de paludisme que j'ai traités jusqu'ici s'élève à 395. Or, dans tous, sans aucune exception, soit au moment de l'entrée du malade, soit dans le cours de l'affection, j'ai reconnu la présence de l'hématozoaire sous ses différentes formes qui se décomposent ainsi qu'il suit : 1° Formes amiboïdes, graudes, pigmentées, aboutissant au mode de multiplication endogène par rosaces . . . . HORS 20 Formes amiboïdes petites, peu ou pas Digmentées, ea ARR LAN CE 30 Formes amiboïdes petites et croissants. . . . . . . . . . . . . 152 LOACTRONSSONISAS CUS TEA SPA et RAM AN Er AM ELt ET CARRE LES EE 6 395 Dans les cas douteux, surtout dans ceux où il n'existe qu’un petit nombre de parasites, et sous la forme la plus jeune (de 1 à2 w de diamètre), la méthode que M. Laveran préconise (et strictement employée suivant ses indications) m'a seule permis d'affirmer la pré- sence des hématozoaires. Dans d’autres cas, non moins litigieux, où le sang des malades qui viennent d'absorber de la quinine ne présente plus que des cadavres d’hématozoaires, c'est encore la méthode de M. Laveran qui m’a permis de déceler cette déliquescence quinique des parasites, si bien étudiée par phisieurs auteurs, enire autres par ZLiemann (1). J'ai rencontré le parasite, non seulement dans tous les cas où le diagnostic de paludisme s’imposait par ses caractères cliniques et classiques, mais encore dans les cas où ce diagnostic était masqué par des symptômes communs à un grand nombre de formes fébriles des pays chauds. Ce sont précisément les cas sur lesquels M. Brault attire l'attention dans une autre note, du reste très intéres- (1) Ueber Malaria und andere Blutparasiten. lena, 1898, p. T9 1064 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sante, Sur la recherche de la diazo-réaction dans le paludisme (Soc. de Biologie, 2 novembre 1901). C'est ainsi que 47 fois j'ai eu l’occasion de rectifier, au profit du palu- disme, par le seul examen du sang, le diagnostic pour lequel cer- tains malades entraient à l'hôpital (soit : 4 fois pour fièvre typhoïde, 38 fois pour embarras gastrique ou courbature fébrile, fièvre éphé- mère, etc., 1 fois pour dysenterie, 2 fois pour congestion pulmonaire, 1 fois pour délire subaiïgu, 1 fois pour scarlatine) (4). Je conclus donc de ces résultats que non seulement l'examen du sang palustre pratiqué minutieusement décèle toujours la présence de l’hé- matozoaire spécifique, mais encore que c’est le seul critérium réellement positif de diagnostic différentiel d'avec d’autres affections auxquelles le paludisme emprunte si souvent ses allures frustes et pernicieuses. M. LAVERAN. — La communication de M. le D’ A. Billet présente un grand intérêt; le nombre des malades atteints de paludisme, dont M. Billet a recueilli avec grand soin les observations, en même temps qu'il examinait méthodiquement le sang, est considérable, et, d'autre part, la compétence de l’auteur pour ces recherches hématologiques est indiscutable. M. Billet m'a envoyé fréquemment des préparations de sang palustre et j'ai toujours retrouvé, dans ces préparations, les éléments parasi- taires dont l'existence m'était signalée par ce confrère; la technique employée par M. Billet pour l'étude du sang palustre est très bonne, et par suite les résultats qu’il annonce ne sauraient être mis en doute. Sur 395 malades atteints de fièvre palustre examinés par M. Billet, à Constantine, l'hématozoaire du paludisme a été trouvé 395 fois. Cet exemple montre bien que j'avais raison de signaler comme tout à fait anormales les observations, si souvent négatives, faites à Alger par M. le D’ Brault. L'exemple est d'autant plus probant que les observa- tions de M. Billet ont été faites en Algérie, comme celles de M. Brault. M. Billet insiste avec raison sur les services que rend l'examen du sang pour le diagnostic du paludisme, diagnostic souvent difficile, sur- tout dans les pays chauds; à côté des fièvres intermittentes, bien carac- térisées, on trouve en effet des rémittentes, des continues palustres et des accidents pernicieux de formes variées qu'il est facile de confondre (1) Quelques-uns de ces cas intéressants ont déjà été publiés (A. Billet. Sur quelques formes anormales du paludisme, Presse médicale, 1901, 1e semestre, p. 160). Quant aux deux derniers, il s’agit, d’une part, d'un de ces cas de délire intermittent sur lesquels M. le D' Cardamatis, en particulier, a appelé l'attention. (Les troubles psychiques dans le paludisme, Congrès pan-. hellénique, 1901), et d’autre part d’un cas d’érythème scarlatiniforme n’appa- raissant qu’au moment des accès fébriles. L'un et l’autre ont été rapidement guéris après quelques doses de quinine. SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1065 avec des maladies ne relevant pas du paludisme, quand on n'a pas recours à l'examen du sang. Pour que les praticiens comprennent bien l'importance de l'examen du sang dans le diagnostic du paludisme, on ne saurait trop répéter que l'observateur qui se place dans de bonnes conditions trouve toujours les hématozoaires spécifiques chez les malades atteints de fièvre palustre. ÉTUDE ANATOMO-HISTOLOGIQUE D'UN ANIDIEN ET CONSIDÉRATIONS SUR LA CLASSIFICATION DES OMPHALOSITES, par MM. R. ANTHONY et J. SALMON. À la Station physiologique du Collège de France, nous avons disséqué et examiné par les procédés histologiques deux Anidiens apparte- nant aux collections du Muséum d'Histoire naturelle de Lille. L'un d'eux (veau), le seul vraiment intéressant, d'une constitution très simple, présentait, en un certain point de sa surface, deux saillies arrondies et en forme de calotte sphérique ; la plus considérable, dont le diamètre était de 15 millimètres, présentait de la superficie à la profondeur : 1° La peau recouverte de poils rares et courts, disposée suivant la surface d’une calotte sphérique limitée à son pourtour par une rigole; 2° Un noyau dur et à peu près opaque, de la taille d’une petite lentille, qui était trop profondément désorganisé par un long séjour dans des liquides conservateurs pour avoir pu être examiné par les procédés histologiques ordinaires ; 3° Une masse de cellules mésenchymateuses mélangées à des fibres conjonc- tives très fines, très courtes, très serrées. Cet ensemble entourait le noyau précité, passant entre lui et la peau, et se continuait du côté du centre du sujet sous la forme d’un cône nettement distinct par sa structure du tissu conjonc- tif ambiant. Du sommet de ce cône partait enfin un faisceau sinueux, de fibres conjonctives, qui se terminait bientôt par atténuation progressive. Ce dernier faisceau était accompagné d’üne artère se ramifiant dans la masse mésenchymateuse ; 4° L'ensemble de ces différentes formations était entouré d'une sorte de capsule cartilagineuse. L'autre saillie était plus petite, moins nettement limitée extérieurement, et de constitution plus simple, L'examen anatomique, et histologique autant que possible, des parties constituant ces ensembles, nous ont amenés à les considérer comme des yeux ayant subi un développement anormal et incomplet. La couche cutanée périphérique représentait en effet à n’en pas douter une cornée restée opaque, et la rigole la limitant une ébauche des culs-de-sac conjonc- tivaux ; le noyau dur était un cristailin, la masse mésenchymateuse l’entou- rant, l'humeur aqueuse et l'humeur vitrée incomplètement développées, et son prolongement conjonctif fibreux la trame d’un nerf optique absent; 1066 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'artère ne pouvait être autre chose que l'artère hyaloïdienne, et, quant à la capsule cartilagineuse, c'était vraisemblablement un rudiment de crâne, de cavité orbitaire, si l’on veut s'exprimer avec une plus grande précision. Il n’y avait pas, comme l’on voit, trace de rétine ni de nerf optique. Il est curieux de remarquer que, dans le cas que nous rapportons, les dépendances de la vésicule optique secondaire (cristallin) se sont déve- loppées sans attendre l'apparition de la vésicule optique primitive; c’est là non pas un simplé arrêt de développement, mais un fait indé- niable d’hétérochronie accusant un manque absolu de corrélation dans le développement des différentes parties de l'organe. Dans son Traité de tératogénie expérimentale (1891), Dareste a signalé le défaut de corrélation entre les différents organes des monstres ompha- losites et l'a considéré comme un caractere fondamental de leur organi- sation. | À notre sens, cette absence de corrélation organique doit indubita- blement avoir son origine dans une absence de coordination et de corré- lation embryogénique d'origine inconnue (défaut de développement du cœur dans de nombreux cas probablement) et dont l’hétérochronie est une manifestation. Ce défaut de coordination et de corrélation embryo- génique et organique peut porter soit sur les différents organes dans les cas d’omphalosites supérieurs, soit sur les différentes parties d’un organe dans les cas analogues à celui qui nous occupe. Rabaud a même observé des blastodermes de poule sans embryon, frappés d'un arrêt des différenciations histologiques. L'existence de ces trois stades dans l'absence de la coordination-+ embryogénique et organique nous a poussés à ébaucher des ompha- losites une classification peut-être provisoire, mais d’un sens plus large évidemment que les classifications antérieures basées exclusive- ment sur la perfection plus ou moins grande des formes extérieures et le développement plus ou moins parfait des parties somatiques, telles que la tête et les membres. 1° Omphalosites caractérisés par l’absence de toute différenciation his- tologique. Ex.: Blastodermes de poule sans embryon, de Rabaud. Arrêt de développement très précoce. 20 Omphalosites caractérisés par un défaut de coordination et de corré- lation entre les différents tissus, qui les empêche de s'assembler pour former un organe. Ex.: Notre cas, et probablement la plupart des monstres que l’absence de forme définie a fait désigner sous le nom d’Anidiens (mélanges de tissus). Arrêt de développement moins précoce. 3° Omphalosites caractérisés par un défaut de coordination et de corré- lation entre les différents organes, qui les empêche de s’assembler pour constituer un organisme véritable. Ex. : Omphalosites supé- rieurs (amas d'organes). Arrêt de développement encore moins précoce. OMPHALOSITES (1) Rabaud. Blastodermes de poule sans embryon. Bibl. anatomique, 1898. SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1067 Ces différents types d'omphalosites doivent évidemment avoir pour origine des arrêts de développement de moins en moins précoces, empêchant la différenciation de tissus ou d'organes ayant normalement sur les faits ontogénétiques une action de direction, de coordination, tels que le cœur, le système nerveux central, les glandes à sécrétion interne, par exemple. Ce seront les recherches embryogéniques futures, fixant les moments précis de ces arrêts de développement, qui pourront seules élucider cette question importante; elles confirmeront ou infir- meront ainsi notre classification. Il pourrait nous être objecté que dans beaucoup de cas, dans celui que nous rapportons par exemple, ainsi que dans un de ceux de Rabaud, une certaine coordination se révèle (développement d'un œil presque complet dans notre exemple. Comment peut-elle être expliquée? Nous croyons que l'influence héréditaire n’est pas étrangère à son existence et que l’hérédité est, elle aussi, un des facteurs non négligeables de la coordination et de la corrélation embryogéniques. C'est même le seul facteur qui ne manque jamais, et quand un arrêt de développement a frappé les organes précédemment cités, l’hérédité tenie encore d'assembler les tissus ou les organes, et ainsi se décèle une corrélation relative dont nous pouvons constater l'existence plus ou moins accusée suivant les cas. LES LÉCITHINES DES FOIES GRAS D'OIE, par M. V. BALTHAZARD. Dans une récente communication, j'indiquais les résultats de mes recherches sur la teneur du foie en lécithine à l’état normal et patholo- gique. Je rappellerai que les lécithines augmentent dans les dégénéres- cencesdites graisseuses. C’est chez l'homme, dans un cas de dégénéres- cence graisseuse liée à l’évolution de la tuberculose pulmonaire, que j'avais observé la présence de lécithine avec le taux le plus élevé : ce foie, en effet, pesait 1950 grammes et renfermait 32,4 p. 100 de graisse et 4,31 p. 100 de lécithine. Ayant pu me procurer des foies gras d'oie, à l’état frais, j'ai obtenu des valeurs encore plus élevées. C’est ainsi qu'un foie de 1160 grammes a donné 50 p. 100 d'extrait alcoolo-éthéré et 9,8 p. 100 de lécithine. Un autre foie d’un poids un peu moindre, 850 grammes, contenait 54 p. 100 d'extrait alcoolo-éthéré et 22,9 p. 100 de lécithine. Ces valeurs diffèrent notablement, mais on ne doit pas oublier que la dégénérescence graisseuse du foie est un processus pathologique que l'on étudie à divers stades qui ne sont pas comparables entre eux. Il est 1068 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE probable que l’un des stades est constitué, comme l’admettent MM. Dastre et Morat, par une dégénérescence lécithique, ou plutôt, à mon avis, par une surcharge lécithique du foie, un second stade par une transforma- tion sur place des lécithines en graisse. Cette transformation s'accom- pagnerait d'élimination excessive d'acide glycéro-phosphorique par l'urine (Lépine). : Inutile d'ajouter que ces lécithines sont détruites en majeure partie par la cuisson du foie gras et ne se retrouvent pas intactes dans les préparations culinaires. LE FERMENT AMYLOLYTIQUE DU SANG CHEZ LES ENFANTS NORMAUX, par MM. P. NoBÉCOURT et SEVIN. On n’a pas encore précisé suffisamment la teneur du sang en ferment amylolytique chez l'enfant normal. On sait seulement qu'il y en a peu encore chez le nouveau-né (Achard). Nous avons étudié ce ferment chez 37 enfants âgés de deux jours à deux ans, et, pour certains d’entre eux, à plusieurs reprises, ce qui porte à 45 le nombre de nos examens. Nous publions dans le tableau suivant le résumé de nos recherches. Les chiffres que nous relatons expriment les quantités de sucre produites par un centimètre cube de sérum agissant sur vingt centimètres cubes _ d’empois d’amidon à 1 p. 400, après un séjour de vingt-quatre heures à 37 degrés (pouvoir amylolytique). 7 NOMBRE DES SÉRUMS AYANT PRODUIT UNE QUANTITÉ DE SUCRE OO ELLE HARAS — des sujets. jhdosable. 0:004-050049 0:005-050099 O0501-0:0199 0:02-0:0299 AGE 0-30 jours. 4 n 2 11 2 1-2 mois . 0 1 3 2 0 2-12 mois. 0 0 4 3 0 1-2 ans. . 0 0 3 Le 2 La lecture de ce tableau conduit aux conclusions suivantes : dans les deux premières années de la vie, le pouvoir amylolytique du sérum est le plus habituellement compris entre 0 gr. 005 et 0 gr.0199; au-dessous de deux mois, il peut être plus faible, et même, dans le premier mois, presque nul; à toutes les périodes, il peut être plus fort, mais ne dé- passe jamais 0 gr.0299. Dans les deux premiers mois, le pouvoir amylolytique du sérum est donc très variable; mais, s'il est quelquefois très faible, il est souvent aussi marqué que dans les mois suivants; et cela, que l'enfant soit né à SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1069 terme ou prématurément, qu’il soit nourri au sein ou au lait de vache. Après deux mois et jusqu'à deux ans, il reste sensiblement le même. Ghez des sujets de deux ans sept mois, trois, quinze, seize, dix-sept, dix-neuf et vingt-sept ans, le pouvoir amylolytique du sérum était compris entre 0 gr. 02 et 0 gr. 0299; chez deux sujets de cinq et vingt- neuf ans, entre 0 gr. O1 et0 gr. 0199 (1). A partir de deux ans, le pouvoir amylolytique est donc généralement supérieur à la moyenne qu'il pos- sède au-dessous de deux ans: il reste d’ailleurs sensiblement constant. Il était nécessaire d'acquérir ces données précises avant d'étudier les variations qui peuvent survenir à l’état pathologique (2). D'autre part, ilélait intéressant de montrer que, chez l'enfant, le ferment amylolytique apparaît dans le sérum d’une façon précoce, et peut être, dès le premier mois, aussi actif que chez l’adulte. (Travail du service du D' Hutineï, à l'hospice des Enfants-Assistés.) SUR LES MOUVEMENTS DES MYÉLOCYTES, par M. J. Jorex. On sait qu'il existe dans le sang des malades atteints de myélocy- témie, à côté des leucocytes, des globules blancs plus volumineux, sem- blables aux cellules médullaires ou myélocytes. Comment ces cellules affluent-elles au sang? Ehrlich admet que c’est par diapédèse, et à la suite d'une attraction chimio-taxique spéciale. Mais les myélocytes sont- ils capables de diapédeser ? sont-ils mobiles ? On: a cru longtemps qu'ils étaient immobiles. Cependant, j'ai eu l’oc- casion de montrer ici même (3) que dans la leucémie, à côté des leuco- cytes, qui ont des mouvements très actifs, les grandes cellules qui semblent correspondre aux myélocytes montrent parfois des déforma- tions actives, mais lentes, peu caractérisées, sans émission de véri- tables pseudopodes. C'est même sur nos observations à ce sujet que s’est appuyé M. Ehrlich pour soutenir sa théorie de l'attraction chimio- laxique dans la leucémie myélogène (4). Cependant, ces expériences ne mavaient pas semblé, à ce moment, suffisantes, et j'avais donné, (1) D'après MM. Achard et Clerc, la moyenne de sucre produit avec le sérum de l'adulte est, pour 1 centimètre cube, de 0 gr. 035 (2) Ces variations sont étudiées, et les observations dont nous donnons ici les conclusions sont rapportées dans un mémoire qui paraîtra dans la Revue mensuelle des maladies de l'enfance, en janvier 1902. (3) Société de Biologie, 8 janvier 1898, p. 30. (4) Ehrlich und Lazarus. Die Anaemie, I. Abth. Normale und patb. Histologie des Blutes, Wien, 1898, p. 127. 1070 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur les mouvements des myélocytes, des conclusions moins catégo- riques que celles que M. Ehrlich avait cru pouvoir déduire de mes observations. J'ai donc été heureux d’avoir, grâce à l'obligeance de M. le D' Triboulet, l’occasion de continuer mes études sur ce sujet. Chez une femme atteinte de myélocytémie typique, j'ai pu étudier, pen- dant plusieurs jours consécutifs, sur des préparations de sang frais, les mouvements amiboïdes'des globules blancs. Lorsqu'on examine la préparation à la température du laboratoire, on voit déjà beaucoup de globules blancs présenter des mouvements pseu- dopodiques et des déformations caractéristiques ; ceux qui bougent alors sont des cellules relativement petites, qui ont la taille des leuco- cytes du sang ; les grandes cellules, celles qui correspondent aux myé- locytes, sont encore toutes immobiles. Si on élève lentement la tempé- rature jusqu'à 38-40 degrés, on voit déjà à partir de 30 degrés quelques cellules volumineuses à granulations réfringentes présenter des mouve- ments lents. Les mouvements des petites cellules deviennent plus rapides, les myélocytes semblent encore presque tous immobiles. Cepen- dant, si à ce moment on observe le bord de la goutte de sang, on voit, nageant dans la bordure de plasma, et en dehors de la masse des glo- bules rouges, un nombre considérable de cellules petites très actives : ce sont des leucocytes qui se sont dégagés des parties plus centrales, et qui ont gagné rapidement la bordure de plasma plus riche en oxygène. Elles sont si nombreuses et si actives que souvent toutes celles qui se trouvent dans le champ du microscope présentent des mouvements. Ces mouvements sont extrêmement rapides ; on peut observer cinq ow« six changements de forme complets en une minute. A côté de ces cel- lules, on en voit d’autres moins nombreuses, de taille plus grande, qui correspondent aux myélocytes. Par rapport aux leucocytes, elles sont, dans la bordure de plasma, beaucoup moins nombreuses que dans le centre de la goutte de sang. Les unes ont un protoplasma homogène ou très finement granuleux ; d’autres portent des granulations réfringentes volumineuses. Si on les observe à la température de 37 à 40 degrés, on ne tarde pas à en voir quelques-unes présenter des déformations lentes avec émission de pseudopodes en nappe relativement courts. Ces mouvements sont surtout nets sur les cellules à granulations réfringentes, où ils s’accompagnent de déplacements de la cellule ; ils sont moins étendus et moins rapides sur celles qui ont un protoplasma homogène ou finement granuleux. S'agissait-il bien là de myélocytes ? Sans aucun doute. En effet, la taille de ces cellules est déjà assez caractéristique, et, quand on a pris l'habitude de ces observations, on les reconnaît assez facilement. Mais nous avons des arguments meilleurs. Dans quelques cellules (d'une facon naturellement exceptionnelle), nous avons pu très bien observer le noyau ovalaire, avec sa membrane et ses nucléoles, pendant les mouve- SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1071 ———— ments, ce qui suffit à trancher la question. Mais, de plus, nous avons coloré le noyau des cellules que nous observions en faisant simplement passer sous la lamelle quelques gouttes d’une solution très étendue et acétifiée de vert de méthyle. À vrai dire, nous n'avons pu colorer le noyau de la cellule même dont nous venions de suivre les mouvements. Les courants de liquides qui se produisent dans ces conditions empé- chent de suivre avec une certitude absolue un même globule blanc. Mais nous avons fort bien vu que les grosses cellules dont nous observions les mouvements au même point, un instant auparavant, présentaient, après l’action du réactif, un noyau ovalaire pauvre en chromatine, en tout semblable à celui des myélocytes, tel qu’on l’observe sur les prépa- rations bien fixées. Je puis donc maintenant donner sur ce sujet des conclusions beau- coup plus nettes que dans ma première note. Dans le sang des malades atteints de myélocytémie, il existe un très grand nombre de globules blancs qui ont des mouvements fort rapides avec émission de longs pseudopodes ; ce sont les cellules qui correspondent aux leucoeytes proprement dits. Quant aux cellules médullaires, aux myélocytes, ils ont des mouvements ; seulement, ces mouvements se manifestent plus difficilement, ne commencent qu'à une température plus élevée, voisine de celle du corps; ils sont beaucoup plus lents, moins étendus, moins pseudopodiques; ils ne s’observent pas d’une façon aussi générale, on les voit sur un moins grand nombre de cellules. C'est pour toutes ces raisons qu'ils ont passé inaperçus. Pour les bien voir, il faut observer les myélocytes qui, dans la préparation, se trouvent un peu isolés au milieu d’un plasma abondant, et particulièrement à la périphérie, où il y a plus d'oxygène. Si on réunit ces résultats à ceux que nous avions obtenus dans les observations antérieurement publiées, et si on admet avec Ehrlich la transformation si vraisemblable des myélocytes en leucocytes dans la moelle, on voit que le globule blanc ne possède pas dès sa naissance (di- vision indirecte d'un myélocyte) toute son activité amiboïde, et qu'il semble l’acquérir peu à peu, au fur et à mesure des transformations du protoplasma et du noyau. C'est tout au moins l'hypothèse que nous sug- gèrent nos observations. * Cette activité suffit-elle aux myélocytes pour diapédéser? C'est bien possible. Seulement, si on compare ces mouvements à ceux des leuco- cytes, on ne peut s'empêcher de penser que cette diapédèse doit être peu active. C’est ce qui semble arriver, en effet (1), puisqu'ils n’affluent guère au sang que dans la leucémie. Il est même probable que, dans ce cas, ils arrivent dans la circulation générale à la suite des leucocytes à (1) En admettant que le système vasculaire sanguin des organes hématopoit- tiques et de la moelle osseuse en particulier soit un système fermé. BioLocre. Comptes RENDUS. — 1901. T. LIL. 83 1072 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE noyau polymorphe qui leur ont frayé le passage. Cette interprétation nous satisfait mieux que celle qui les considère comme attirés alors d’une manière spéciale et élective. | Les myélocytes du sang, dans la leucémie, ne sont donc pas des cel- lules mortes ou dégénérées, ni des leucocytes hypertrophiés ou trans- formés. Ce sont des cellules spéciales, vivantes et mobiles. (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) DE LA RÉALITÉ ET DU MODE DE PRODUCTION DE SUBSTANCES TOXIQUES DANS LA DIGESTION DES VIANDES, par MM. E. Cassaer et G. SAUx. Dans des communications précédentes (Société de Biologie, 8 juin, 29 juin, 13 juillet), nous avons établi la mesure du pouvoir toxique : 1° des macérations de viande au 1/10; 2° du suc gastrique normal obtenu (suivant des procédés indiqués) avec la muqueuse du porc et dilué dans la même proportion; 3 et, enfin, du produit de la digestion des viandes par ce même suc gastrique. Nous avons montré pour ces trois produits différents que la toxicité croît très rapidement du premier au dernier, et qu’elle était d'autant plus élevée, pour celui de la digestion, que cette dernière était moins complète. CE Nous voulons aujourd’hui attirer l’attention sur ce fait que la toxicité dont il s’agit ne résulte pas artificiellement des manipulations, comme on l’a cru longtemps (Bouveret et Devic), mais qu'elle prend naissance dans les processus intimes de l’acte digestif. : L'existence d’une substance toxique développée par la digestion, admise tout d’abord à la suite des remarquables expériences de Brieger, fut ensuite contestée par Bouveret et Devic, qui prétendirent que la peptotoxine de Brieger n'était qu’un produit artificiel, créé par les manipulations opératoires, et, notamment, par la mise en présence de substances albuminoïdes (peptones) et d'acide chlorhydrique, et de leur épuisement ultérieur par l'alcool absolu. | Or, déjà en 1894, des expériences de contrôle entreprises par Cassaët, Cassaët et Ferré, Cassaët et Bénech, remettaient en question l'existence d'une toxine non artificielle puisque, ayant opéré sur le contenu stomacal d'un hyperchlorhydrique, ils avaient pu en isoler, sans faire intervenir Palcool absolu, deux produits : l’un convulsivant, l’autre comateux. Néanmoins, quelques doutes s'étant élevés à nouveau, et des résultats contradictoires ayant été publiés, notamment par Debove et Rémond, puis par A. Robin et Küss, il importait de reprendre ces recherches, SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1073 d'autant que le problème n'était pas complètement résolu, puisque, des deux substances incriminées par Bouveret et Device comme génératrices de la toxine, il restait encore à fixer l'opinion sur le rôle de l'acide chlor- hydrique libre. Ayant déjà appris à connaître, du fait d'expériences prémonitoires dont nous avons aussi rendu compte, la toxicité propre deséléments composants de nos digestions artificielles, c'est-à-dire d’une part de la macération de viande et, d'autre part, du suc gastrique employé pour la digérer, il nous était possible d'évaluer celle des pro- duits mêmes de la digestion. Pour savoir si la peptotoxine ainsi obtenue était artificielle, au sens où l’entendaient Bouveret et Devic, ou préexistante et en ia sorte indépendante de la nature des réactifs portés au contact de la viande, nous avons procédé de la manière suivante : 1° Elimination de l’alcool absolu des manipulations. — La viande était digérée par le suc gastrique de porc en présence de l'acide chlorhy- drique; puis, au bout d’un temps variable, le produit de la digestion était filtré et injecté dans la veine marginale de l'oreille du lapin, sans avoir subi le contact de l'alcool. L'animal succombait régulièrement avec des accidents convulsifs analogues à ceux que Brieger, puis Bouveret et Devic, avaient constatés. La peptotoxine ne naïissait donc pas du fait de l’action de l'alcool, du moins sous sa forme convulsivante, la seule en vue en ce moment. 2° Elimination de l'acide chlorhydrique des digestions. — Après avoir reproduit d’une manière précise les accidents que Brieger d’abord, puis Bouveret et Devic, et enfin Cassaët, avaient obtenus à la suite de digestions chlorhydriques de la viande, nous avons fait comparativement des digestions lactiques, en prenant soin d'opérer sur des quantités égales de viande prélevées sur un même échantillon, de les diluer dans les mêmes proportions, de les acidifier avec des solutions calculées, de manière à donner une acidité totale égale, et dans un même temps, par rapport au début de la digestion. Enfin, l'injection était faite toujours dans la veine marginale, sur des lapins tout à fait comparables, et ia mesure du pouvoir toxique évaluée en raison des poids légèrement diffé- rents des animaux. Nous étant ainsi mis à l'abri de toute cause appa- rente d'erreur, nous avons constaté que les digestions lactiques entrai- naient la production de substances toxiques à peu près comparables, comme nature, à celles de provenance chlorhydrique, c'est-à-dire con- vulsivantes, mais d’une activité beaucoup plus grande. IL n’était done plus vrai de dire que la toxicité füt fonction exclusive de l'action de l'alcool absolu et de l'acide chlorhydrique sur la viande, puisque la substitution d'acide lactique à ce dernier, bien loin d'en diminuer la valeur, l'avait accrue dans des proportions considérables. 3° Subsidiairement, nous avons voulu juger à son tour le rôle même de l'acidité, quelle que fût son origine : chlorhydrique, lactique, chlorhydro- 1074 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lactique ou développée spontanément dans les macérations de viande, et nous avons pu nous rendre compte que des solutions acides d’une toxicité connue, conservaient une activité presque aussi grande après avoir été exactement neutralisées, de telle manière qu'on ne pouvait rapporter à la permanence de cette acidité le pouvoir toxique observé, malgré qu’il fût évident, pour nous, qu'il n'aurait pas été développé au même point, si les solutions n'avaient pas été primitivement acides, puisque c'était cette acidité qui provoquait la digestion. Il nous semble ainsi établi que des substances toxiques peuvent se développer du fait de la digestion des viandes; qu’elles ont une spécificité bien déterminée; qu’elles ne sont aucunement artificielles, ni dépen- dantes de l’action de l'alcool absolu, qui servait autrefois à les extraire, non plus que de la nature de l’aciaäe en présence duquel elles se forment; qu'elles ne résultent pas de la quantité d’acidité permanente, puisque la neutralisation de la masse qui les contient en modifie à peine les effets. Ces substances proviennent des transformations subies par les albu- minoïdes, mais il ne nous est pas possible de dire encore ni leur compo- sition exacte, ni la classe des produits de la digestion à laquelle elles appartiennent, malgré que nous croyions pouvoir en éliminer les pep- tones. Leur connaissance permet d'interpréter d’une manière beaucoup plus exacte la pathogénie de certains accidents graves d’origine gastrique, tels que la tétanie. ACTION FAVORISANTE DU SÉRUM ANTITUBERCULINEUX INTRODUIT PAR LA VOIE SANGUINE OU CONJONCTIVE SUR L'INFECTION PAR DES CULTURES HOMOGÈNES DU BACILLE DE KOCE, par M. FERNAND ARLOING. À la suite de l’inoculation sous-cutanée, le sérum antituberculineux s’est montré favoriser le développement de la tuberculose expérimen- _tale. Une même action favorisante s’est révélée, si on choisit les séreuses comme voie d'introduction. Il reste encore à savoir si, introduit par la voie sanguine, le sérum produira les mêmes effess. L'agent tuberculigène que nous avons employé était emprunté à des cultures homogènes liquides de bacilles de Koch. On sait qu'injectées dans les veines, ces cultures tuent le lapin à la dose de 1 centimètre cube dans un délai assez court, causant un extrême amaigrissement et une hypertrophie considérable de la rate, où les frottis décèlent de nombreux bacilles colorables au Ziehl, mais sans édifier des tuber- cules. SÉANCE DU 1 DÉCEMBRE 1075 l. — Sérum et cultures en injection intra-veineuse. — Les mélanges ont été administrés de la facon suivante : Lapin n° 1 (témoin), 1 cent. cube, culture homogène de 13 jours, injection veine auriculaire. — n°2, 1 cent. cube, culture + { cent. cube sérum, in veine auriculaire (mélange in vitro). — n° 2 bis, 1 cent. cube, culture + 1 cent. cube sérum, în veine auricu- culaire (mélange in vilro). Il est décidé, en outre, que deux sujets seront soumis à une sorte de médication par le sérum. Ainsi : Lapin n° 3, 1 cent. cube. culture in veine auriculaire +1 cent. cube sérum en injection sous-cutanée, tous les jours. — n° #4, 1 cent. cube, culture in veine auriculaire 1 cent. cube sérum dans l'autre veine auriculaire (mélange in vivo); de plus une injection intra-veineuse de sérum tous les deux jours. - Les destinées de ces animaux ont été les suivantes : Lapin n° 1 (témoin). —— Mort en 12 jours, a maigri de 445 grammes. Poumons congestionnés. Rate très hypertrophiée. Amas énormes de bacilies dans son parenchyme. Lapin n° 3. —- Mort en 13 jours, a maigri de 299 grammes, a reçu sous la peau 12 centimètres cubes de sérum. Poumons rosés. Rate très grosse contenant, après la coloration, d'énormes amas bacillaires. Lapin n° 4. — Mort en 15 jours, après avoir recu 6 centimètres cubes de sérum antituberculineux en injections intra-veineuses réparties comme il a été dit. À perdu 290 grammes. Poumons congestionnés. Rate énorme mesurant 10 centimètres de longueur sur 2 de largeur et épaisse en proportion. Les bacilles y sont rares. Lapin n° 2. — Mort en 21 jours. Son poids n’a pas diminué sensible- ment. Rate volumineuse pesant 9 grammes dans laquelle on ne trouve pas de bacilles malgré ses dimensions. Poumons rosés, mais s’affaissant mal. On voit à leur surface les espaces interlobulaires dessinés par des arborisations sanguines. Mais ce qui frappe le plus, c’est la présence d’un semis granuleux, brillant, extrêmement fin, sur tout le poumon ; ce semis est constitué par de très jeunes tubercules transparents. Lapin n°2 bis. — Mort en 22 jours. À maigri de 729 grammes. Rate extrêmement volumineuse.Tubercules miliaires sur l’'épiploon ainsi que sur les plèvres pariétales et médiastines. Il. — /nfluence d’une longue imprégnation de sérum à titre préventif sur Pinjection intra-veineuse de cuilure homogène. Sur deux lapins on a pratiqué, pendant six semaines, des injections répétées qui ont porté à 45 centimétres cubes la quantité de sérum 1076 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE antituberculineux reçue par chaque animal. Huit jours après, on leur a donné à chacun 1 centimètre cube de culture homogène très riche dans la-veine auriculaire. | L'un à succombé accidentellement au bout de quelques jours, ayant déjà un peu de tuméfaction de la rate, qui contenait quelques rares bacilles. L'autre lapin meurt vingt jours après, c’est-à-dire dans les délais normaux, ayant beaucoup maigri. Il présente, comme tous les animaux inoculés dans les veines, une hypertrophie de la rate. De plus, nous trouvons dans un lobe du poumon de petites masses rapprochées, saillantes et ramollies sur la coupe, qui semblent être des tubercules. Dans tous les faits expérimentaux qui précèdent, il résulte que le sérum antituberculineux administré par voie sanguine ne s’est pas montré capable d’aider l'organisme à se débarrasser de l’élément micro- bien tuberculeux qui l’attaquait. Toujours les animaux inoculés ont succombé, et dans un temps très court. Si, par hasard, une légère survie peut être imputée au sérum, elle l’est toujours au détriment des organes dans lesquels on note des lésions plus étendues et plus nom- breuses. | D'habitude, on n'observe pas d’autres lésions organiques qu'une hypertrophie splénique très marquée chez les sujets qui ont recu la culture homogène dans les veines ; sous l'influence adjuvante du sérum, les lésions tuberculeuses se montrent dans le poumon et sur les séreuses ‘Lapins 2 et 2 bis). Enfin, la longue imprégnation par le sérum antituberculineux n'’a‘+ rien changé au mode d'infection, ni à la résistance des sujets chez qui on l'a pratiquée. Nous conclurons donc ainsi : ‘ 1° Administré par la voie veineuse en même temps que la culture tuberculigène, le sérum antituberculineux se montre impuissant à développer une action thérapeutique quelconque vis-à-vis de l'infection tuberculeuse, même avec des bacilles atténués. Dans certains cas fréquents, il favorise plutôt l'extension de la tuberculose. 2° Une longue imprégnation par le sérum ne confère à l’économie aucune qualité lui permettant de résister à l’inoculation intra-veineuse du bacille de Koch. LE POUVOIR AMYLOLYTIQUE DU SÉRUM APRÈS LIGATURE DU PÉDICULE RÉNAL, par MM. Cu. AcuaRD et À. CLERC. Nos expériences ont porté sur sept lapins que nous avons sacrifiés vingt-quatre heures après l'opération; nous avons évalué l’activité du SÉANGE DU 7 DÉCEMBRE 1077 ferment en considérant le nombre de centimètres cubes de la liqueur sucrée suffisant à réduire exactement cinq centimètres cubes de liqueur de Fehling (1). Voici les résultats obtenus. AVANT 42 h. Après 24 h. APRÈS cent. cubes. cent. cubes. cent. cubes. 1expDÉrIenCE.: sr MANN Re 9,5 » 1 22 —= RD BU MOST 0 44,5 » 1,2 3° = RM EEE RE 12 » 10 4° D RME à BRAS MINE 10,8 » 1,4 5e EE SRE 11,5 » 10,5 6e ER D MAN nn 11 8,5 9,2 1e — AN EU L'AA EN UA ELEC 15 9 9 De ces expériences, il résulte que la ligature du pédicule rénal est suivie d’une augmentation notable du pouvoir amylolytique du sérum sanguin. Ce fait peut s'expliquer si l'on considère que l’urine normale contient de l’amylase (Béchamp, Dubourg). Mais nos expériences indi- quent, de plus, que l’amylase circulant dans le sang paraît destinée à être au moins en partie éliminée par l'urine et se rapproche, par suite, des autres substances excrémentitielles. Rappelons aussi que dans certaines intoxications où le pouvoir amylolytique augmente dans le sang, il augmente aussi dans l'urine, ainsi que l’a déjà montré M. Lépine à propos de la vératrine. Nous ferons aussi remarquer qu'au bout de douze heures, le pouvoir amylolytique, dans deux expériences, était une fois supérieur et une fois égal au pouvoir constaté au bout de vingt-quatre heures; ce fait est à rapprocher des variations qui s’observent dans les mêmes circonstances ‘pour la rétention de l’urée et des chlorures. Nous avons également recherché si la lipase sanguine se comportait comme l’amylase. Mais, bien que nous ayons constaté dans certains cas une légère augmentation du pouvoir lipasique, les différences trou- vées sont trop faibles et trop inconstantes pour que nous puissions nous montrer affirmatifs. Cet échec peut tenir à différentes causes : ou bien la lipase ne serait pas destinée à être éliminée par le rein (l'urine normale en est à peu près dépourvue), ou bien le ferment serait détruit dans cet organe. ACTION PHYSIOLOGIQUE DE L'IBOCAÏNE, par M. C. Puisazix. En juin 1900, M. Dybowski me chargea de faire l'étude physiologique d'un alcaloïde nouveau retiré d’une plante du genre T'abernoemontana (1) Pour la technique employée, voir notre précédente communication. 1078 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et que les indigènes du Congo désignent sous le nom d’/boga. Les pro- priétés chimiques de l’Ibogaïne ou Ibogine ont été récemment décrites par MM. J. Dybowski et Ed. Landrin (1), puis par MM. A. Haller et Ed. Heckel (2). | Quant aux propriétés physiologiques, j'en ai commencé l'étude sur différents animaux; ce sont les résullats de ces premières recherches que je vais résumer dans la présente note. bot C'est surtout sur le système nerveux central que porte ados phy- siologique de cet alcaloïde, et le chien est très sensible à ses effets. Nous le prendrons donc comme type de notre description. Action sur le système nerveux. — L’absorption de l'Ibogaïne produit une sorte d'ivresse dont les effets rappellent un peu ceux de lalcool. L'excitation que cette substance détermire sur le système nerveux est très manifeste chez le chien, et on peut en observer facilement toutes les modalités en l’inoculant à doses progressives par la veine marginale de l'oreille. À la dose de 0 milligr. 75 par kilogramme, l'excitation cérébrale se traduit par une gaité plus grande; l'animal répond avec plus d'empressement aux caresses; il flaire, s’agite; la respiration s'accélère; le pouls devient plus rapide, la température s'élève. Si on inocule une dose deux fois plus forte, 1 milligr. 3 par kilogramme, l'excitation cérébrale est encore plus grande; mais elle est accompagnée d'hallucinations, de frayeurs subites, de tremblements et d’incoordina- tion des mouvements musculaires; l'animal à les yeux hagards, il tourne la tête à droite et à gauche, il hésite à avancer comme s’il y avait obnubilation de la vue: enfin il se décide à fuir, mais il chancelle et bientôt s'arrête, affaissé sur le ventre; puis il recommence à plusieurs reprises. Parfois, après avoir fait quelques pas, il recule brusquement, comme effrayé par un fantôme imaginaire, et pousse des cris d’effroi; c'est une sorte d'ivresse hallucinatoire exagérée par le bruit. La pupille, très dilatée est insensible à la lumière. La têle est agitée de petites secousses cloniques, qui se font aussi sentir sur le corps; ces petites oscillations régulières et fréquentes ressemblent à des mouvements choréiques. Malgré ces troubles, l'animal a conservé toute sa connais- sance; quand on l'approche et qu'on l'appelle, il remue la queue, et semble rassuré par les caresses. L'action de l'Ibogaïne se fait sentir même chez les chiens préalable- ment morphinés. Le lapin et le cobaye sont beaucoup plus sensibles à l’Ibogaïne que le chien. Chez ces rongeurs, l’action sur le système nerveux se traduit aussi par une excitabilité plus grande; il y a, chez le cobaye surtout, des crises d’agilation extrême, mais la motilité est atteinte beaucoup (1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. CXXXIII, p. 748. (2) Ibid., p. 850. SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1079 plus vite et plus profondément que chez le chien; les mouvements sont incoordonnés et la marche est chancelante, le train de derrière oscille, il y a un tremblement convulsif généralisé; dans les périodes de calme, l’animal reste affaissé sur le ventre. Quand la dose est trop forte, la parésie augmente et aboutit au collapsus; la sensibilité est conservée, la respiration se ralentit, il y a du hoquet, de la salivation, et la mort arrive par arrêt respiratoire. . Chez la grenouille intoxiquée par l’Ibogaïne, la respiration s'arrête, l’animal est dans la stupeur, les mouvements s’affaiblissent, le saut est de plus en plus faible, il y a des trémulations fibrillaires, les réflexes s'atténuent de plus en plus, et la paralysie s’accentue ; cependant le cœur continue à battre. Cet état est très analogue à celui d’une grenouille curarisée, mais il en diffère en ce que l’excitabilité des nerfs et des muscles persiste même après la mort. L'Ibogaïne est donc un poison du système nerveux central; elle agit tout d’abord sur le cerveau, puis sur le bulbe et la moelle épinière. Action sur la température. — Dans la première demi-heure qui suit l’inoculation de l'Iboga, on constate que la température rectale monte progressivement chez le chien de 39 à 41 et même 42 et 43 degrés, pour redescendre ensuite peu à peu dans les heures suivantes. Sous l'influence de cette élévation de la température du corps, la respi- ration s'accélère : la polypnée thermique s'établit. Comme la température s'élève en même temps que l'animal se livre à des mouvements désordonnés et que son corps est agité de tremblements musculaires, on pourrait croire que le surcroit de chaleur est uniquement produit par l’exagération du travail musculaire. Il n’en est rien. On peut s'en convaincre si on fait l'expérience chez le lapin. Chez ce dernier, l’inoculation intraveineuse de 2 centigrammes d'Iboga détermine une augmentation de température de 2 degrés en une heure, et cependant l'animal reste affaissé sur le ventre, incapable de se tenir sur ses pattes. Dès qu'il essaie de marcher, les membres s'écartent du corps en glissant sur le sol: les muscles parésiés sont impuissants à les maintenir. D'autre part, si on expérimente sur le cobaye, on constate le fait paradoxal d’un abaissement notable de température (2 à 3 degrés), coïncidant avec un tremblement général et un frissonnement constant. Cependant, avec des doses plus faibles, on observe également une élévation de température. D'après ces faits, il est probable que l'effet calorifique dépend d’une action primitive du médicament sur le système nerveux, et d’une plus grande activité dans les combustions. Action sur la circulation et la respiration. — L'Ibogaïne a une action très marquée sur le cœur. Sous son influence, la pression augmente d'une manière notable. Ainsi, chez un chien de 17 kilogrammes 1080 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE morphiné et chloroformé, la pression moyenne, qui était de 44 centimètres avant l'injection, est montée à 17 centimètres, puis est redescendue à 16, où elle s’est maintenue. Le pouls devient plus fréquent et plus fort; l'irrégularité normale tend à disparaître. En même temps, les mouvements respiratoires sont plus amples et plus rapides ; l’arnimal est haletant ; cet état, qui peut durer plusieurs heures, s’atténue peu à peu, et bientôt tout rentre dans l’ordre. Quand la dose est trop forte, la morlse produit par arrêt respiratoire. Chez le cobaye, le cœur continue encore à battre au moins une demi- heure après l'ouverture du thorax. Action sur les sécrétions. — L’ibogaïne,en augmentant l’activité cireu- latoire et la pression sanguine, favorise le fonctionnement des reins; pendant la période d’excitation, le chien urine d’une facon abondante et fréquemment; j'ai noté ce phénomène dans un grand nombre d’expé- riences, mais il est probable qu'en dehors de cette action indirecte, le. médicament exerce une stimulation sur les cellules rénales. Il possède aussi un pouvoir excito-sécrétoire sur d’autres glandes, en particulier sur les glandes salivaires : j'ai constaté, en effet, une salivation exa- gérée chez les mammifères auxquels j'ai inoculé l’ibogaïne. Voies d'introduction et doses. — L'ibogaïne détermine des effets iden- tiques, quel que soit le mode d’inoculation, mais la dose nécessaire à les produire varie considérablement. Une grenouille est tuée en trente-cinq minutes par 0 gr. 02 de poison inoculé sous la peau, tandis qu’elle résiste à la même dose introduite par l'estomac. Pour tuer un cobaye de 500 grammes en cinq à six heures, par la voie sous-cutanée, il à suffis de 0 gr. 06 d’alcaloïde, tandis que 0 gr. 32 par la voie stomacale n'ont amené la mort qu'en quatre jours. Un lapin de 2 k. 500 supporte 2 cen- tigrammes sous la peau, sans manifester de symptômes d’excitation, tandis que la même dose dans les veines provoque une crise ibogaïque très marquée. Chez le chien on peut inoculer sans danger dans les veines 12 à 15 milligrammes par kilogr.; par la voie stomacale, on pourrait donc administrer sans crainte une dose 4 fois plus forte, c'est-à-dire 40 à 60 milligrammes. Ces déterminations dosimétriques, quoique encore. incomplètes, pourront servir de base à de nouvelles expériences. En résumé, l’ibogaïne, alcaloïde nouveau, retiré par MM. Dybowski et Landrin d’une plante que les indigènes du Congo désignent sous le nom d’/boga, peut être rangée parmi les agents modificateurs du sys- tème nerveux. Son action porte tout d’abord sur les centres et en parti- culier sur le cerveau. A faibles doses, elle provoque une légère ébriété, active les fonctions circulatoire et respiratoire, augmente la pression sanguine, favorise la diurèse et excite les sécrétions. Par suite de l’acti- vité des combustions, la température du corps s'élève de plusieurs degrés. À doses plus fortes, il produit une véritable ivresse hallucinatoire avec SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1081 parésie et incoordination des mouvements. Enfin, si la dose est exces- sive, l'excitation fait place à la stupeur, la respiration est atteinte, les muscles se paralysent, la température s’abaisse; il survient une dépres- sion générale et l'animal meurt dans le collapsus et l'algidité. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. LEP NE CT RUB TR GE SR ER M Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 1083 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1901 M. Raouz BEensauDe : Recherches hématologiques au cours d’une ascension en ballon. — MM. Moussu et Maroïez : Sur une coccidiose intestinale du mouton. — M. R. LarGer : De l’hérédité en obstétrique. — M. Cu. Féré : Contribution à l'étude de l’action physiologique de la valériane. — M. Rapnarz Dupois : Sur l'in- fluence de la diminution de pression atmosphérique sur la composition des gaz du sang. — MM. ArLoIxG et Pauz Courmonr : De l’action du froid ou des antisepti- ques sur la conservation des cultures homogènes de bacille tuberculeux destinés à lagglutination. — M. M. Lamserr : Sur l’action physiologique de l'Iboga. — M. le Dr G. Carrière : Action du suc gastrique sur les bacilles de la tuberculose. — MM. CazuGarEANu et Vicron Henri : Régénération fonctionnelle de la corde uu tympan suturée avec le bout central du nerf hypoglosse. — MM. LéoPorn Lévr et Prerre Bonnier : Des réactions immédiates de l'appareil de l’ouïe sous l'influence des injections de sérums inorganiques. — M. J. LarGuier Des BanCELs : Augmen- tation de l’activité de la macération pancréatique sous l'influence de l'extrait de levure de bière. — MM. Lesxé et P. Ravaur : Des rapports que présentent entre elles l’'hémoglobinurie, la cholurie et l’urobilinurie secondaires à l’hématolyse expé- rimentale. — Elections. Présidence de M. Bouchard. OUVRAGE OFFERT M. Rocer. — J'ai l'honneur d'offrir à la Société un exemplaire de l'ouvrage que je viens de publier sur les maladies infectieuses (4 vol. in-8 de 1529 pages en 2 fascicules. Masson et Ci°, éd., Paris, 1902). Mon but a été de présenter l’histoire des maladies infectieuses dans ce qu'elle a de plus général. Le plan que j'ai adopté est fort simple. J'ai commencé par étudier les agents pathogènes, par rechercher leur distribution dans la nature et par établir dans quelles conditions ils peuvent envahir l'orga- nisme. Connaissant le mode de pénétration des germes morbides, j'ai essayé de mettre en évidence les procédés par lesquels ils attaquent l'organisme et les moyens de défense de celui-ei. J'ai été ainsi conduit à décrire les modifications, les troubles et les lésions des diverses parties de l’être infecté. Or, en bien des points, pour lutter contre la toxine microbienne, l'organisme retrouve une énergie qui s'était affaiblie avec l’âge et présente une sorte de rajeunissement, c’est-à-dire un retour vers un état antérieur du cycle évolutif. La dernière partie de l'ouvrage comprend l'étude de la prédisposition BIOLOGIE. COMPTES RENDUES — 1904. T. LIfi. 84 1084 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et de l'immunité, les règles du diagnostic et du pronostic, les indications et les moyens thérapeutiques. Ma préoccupation constante a été de faire none de front: les recherches expérimentales et les observations cliniques. La plupart des résultats expérimentaux que j'ai obtenus ont fait l’objet de notes insérées, depuis 1886, aux Comptes rendus de notre Société. Les obser- vations cliniques ont été recueillies de 1896 à 1900 dans mon service d'isolement de l'hôpital de la Porte d'Aubervilliers. Elles sont au nombre de 10.209. Elles m'ont servi à dresser des statistiques qui ren- dent compte de la fréquence et de l'importance relative des différents symptômes et des complications, de leur marche et de leur gravité. Si J'ai pu sur bien des points modifier les conclusions admises jusqu'ici, c'est justement à cause de la grande quantité de documents cliniques que j'ai pu recueillir. Leur nombre me paraît suffisant pour donner une cerlaine valeur à mes résultats. RECHERGHES HÉMATOLOGIQUES AU COURS D'UNE ASCENSION EN BALLON (1), par M. RAOUL BENSAUDE. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai l'honneur de vous communiquer les résultats des recherches que j'ai entreprises le 28 novembre de cette année au cours d’une ascension en ballon. Celte ascension a duré trois heures et demie, et la hauteur maxima de 4.400 mètres a été atteinte en deux heures. Ces recherches ont été inspirées par M. le professeur Hayem qui m'a donné de précieux conseils et a pris la peine d'examiner lui-même quelques-unes de mes préparations. Je m'élais proposé de vérifier si l'ascension en ballon s'accompagne d'une hyperglobulie rapide, et si cette hyperglobulie coïncide avec des modifications de la densité du sang ou avec la pénétration dans le cou- rant circulatoire d'éléments nouveaux. 1° Volume occupé par les globules rouges dans le sang complet. — Pour éviter l'erreur provenant d'une contraction des vaisseaux péri- phériques ou de l'évaporation de la goutte de sang au moment de la (1) Cette ascension a été organisée par l'initative du D' Guglielminetti avec le concours de M. Bacon qui a bien voulu nous servir de pilote et mettre gra- cieusement à notre disposition le ballon Quo vadis? Je leur adresse à tous deux mes sincères remerciments ainsi qu'à M. Dupasquier qui m'a permis de faire sur lui de nombreuses prises de sang au cours de l'ascension. Le ballon, parti de Rueil à 1 heure, a atterri à 4 h. 1/2 à Bauzy, près de Vierzon, dans le département de Loir-et-Cher. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1085 prise, je me suis servi du sang de la carotide du chien. L'animal, ligoté d’abord, fut laissé en liberté à partir de 3.000 mètres. La quantité totale du sang extrait était de 66 grammes, soit environ 7 p. 1000 du poids du corps (9 kilog. 1/2). Le sang défibriné ou oxalaté a été soumis pendant cinq minutes à la centrifugation dans un hématocrite à deux pipettes graduées : l’une est remplie de sang recueilli à terre, l’autre de sang pris au cours de l’expédilion, Entre 2.000 et 2.300 mètres, 1l n'y a aucune différence entre le volume occupé par les globules dans les deux pipettes. Entre 4.000 et 4.400 mètres, il y a une augmentation de 4 à 6 p. 100. À terre, au retour, l'augmentation n’est que de 2 p. 400 (1). 2° Densilé du sang. — La densité du sang de chien oxalaté a été calculée sur 6 centimètres cubes de sang par la méthode des pesées à une température de 16 degrés. Le poids de l'eau distillée à la même température a servi de terme de comparaison. _ Voici les résultats obtenus : Entre 2000 à 2300 mètres (température : — 3° à 5° cenligr.) — 1,06110 — 4000 à 4400 — (température : + 30 à EL 5 — ) — 1,06525 À terre (au retour) (température : . pe 0° centigr.) — 1,06012 3° Examen histologique des préparations de sang sec (homme, pigeon). — _ Sur aucune de mes préparations de sang de l’homme, je n’ai trouvé de globules rouges à noyau malgré les recherches les plus minutieuses (2). Le professeur Viault (de Bordeaux) ayant noté sur les hauteurs en même temps que l'hyperglobulie l'abondance des petits globules, il nous a paru intéressant de faire des mensurations exactes des hématies. Voici les résultats obtenus pour 100 globules : ENTRE A TERRE 000 et 4400m Globules mesurant plus de 7 1/2. . . . 4,24 2,4 PE REA ARE 82,4 — 1 de 0127 eee 050 Pa) = ide did 0 ARMAND S 3,2 — — 0) Moins deu A UMP 089 0,8 (1) En laissant simplement reposer dans deux pipettes bien calibrées 2 cen- timètres cubes 1/2 d’un mélange de sang défibriné et de liquide A, j'ai obtenu des différences analogues. Les résultats définitifs seront publiés ulté- rieurement, car cette précipitation, pour être complète, demande de 20 à 25 jours. (2) Cette constatation est en contradiction avec les recherches de M. Gaule (Comptes rendus de l'Académie des sciences, n° 22, 25 novembre 1901, p. 905). Cet auteur a trouvé sur des préparations faites à 4.200 mètres « de très nom- breux globules rouges contenant un noyau teint en bleu par l'hématoxyline. Ce noyau était souvent en état de segmentation, etc. ». 1086 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La numération des diverses variétés de globules blancs a révélé les chiffres suivants pour 100 globules. DE A TERRE ARE 4000-4400 au retour Polynucléaires . . NRA LA D TOO 72,38, 64,89 Mononucléaires clairs. . . . su 9,28 0,33 7,32 — opaques Lane) 14,43 DR DCR 22,58 HOSINOpIIES AN EN ET UE Ad 0,80 0,79 0,22 Les hématoblastes examinés sur les préparations de sang de l’homme et du pigeon n’ont pas présenté des altérations appréciables (1). En résumé, mes recherches sur les altérations histologiques des éléments du sang concordent avec celles de M. Jolly qui n'avaient pas encore été publiées au moment où j'ai achevé ce travail. L'augmentation des globules rouges du sang de la carotide du chien entre 4.000 et 4.400 mètres n’a été que de 4 à 6 p. 100. Etant donné le grand écart qui existe entre les chiffres de l'hyperglobulie relevés à peu près à la même hauteur par différents observateurs (Gaule, 63 p. 100-environ ; Jolly, 12 p. 100; observations personnelles, 4 à 6 p. 100), de nouveaux examens semblent indispensables. La densité du sang s'est accrue au cours de l’ascension, mais on ne saurait tirer aucune conclusion d'une seule détermination quand il s’agit de recherches aussi délicates. Mais il paraît établi dès maintenant qu'un court séjour entre 4.000 et 4.400 mètres n’entraine ni apparition de globules rouges à noyau, ni poussée de petits globules rouges jeunes, ni, enfin, des modifications des leucocytes ou des hématoblastes. Ces résultats, contraires, nous l’avouons, à notre attente, sont: cepen- dant conformes à ce que nous savons de la fixité de la composition du sang; ils sont « en harmonie avec cette tendance à l’équilibre dont l'organisme vivant nous offre tant d'exemples » (2). (Travail du laboratoire de M. le professeur Hayem). (4) Le sang recueilli à 4.400 mètres sur un chien ne s’est qu'incomplèlement coagulé, et le caillot ne s’est pas rétracté. Il s’agit vraisemblablement d’une altération accidentelle. En tout cas, la fibrine était aussi abondante dans l'échantillon de sang prélevé à 4.400 mètres que dans celui pris à terre. (2) Ch. Achard. Le mécanisme régulateur de la composition du sang. La Presse médicale, n° 73, 11 septembre 1901. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1087 SUR UNE COCCIDIOSE INTESTINALE DU MOUTON par MM. Moussu et MAroTEL. Note préliminaire. (Communication faite dans la séance précédente.) Au printemps 1901, un éleveur du Nord voyait ses bergeries décimées par une maladie qu'il ne connaissait pas. [Il envoyait à l’un de nous quelques malades aux différents stades de l'affection et demandait un conseil motivé. Le lot envoyé se composait de trois malades adultes, dont une brebis nourrice, et deux agneaux non encore totalement sevrés. Les adultes furent reconnus atteints de strongylose gastro-intestinale grave, et traités comme il convenait. Les agneaux élaient indemnes de cette affection, et cependant ils ne tardèrent pas à maigrir et à s’anémier malgré une alimentation con- venable. Une diarrhée abondante précéda la mort de quelques jours. A l’autopsie un examen serupuleux fit découvrir une coccidiose intes- tinale grave, localisée principalement à la première moitié de l'intestin. Le contenu intestinal était très fluide, quoique peu abondant, et l'examen histologique des produits de raclage de la muqueuse faisait découvrir, sans trop de difficullés, des kystes coccidiens nombreux, au stade macrogamète et au stade ookyste. Ils étaient surtout remarquables par la grande variabilité de leur forme et de leurs dimensions. Les plus gros étaient ovoïdes et mesu- raient 42 u de long sur 30 de large, tandis que les plus petits présen- taient l’aspect d’une sphère atteignant 18 & de diamètre. Entre ces deux types extrêmes, il y avait tous les intermédiaires; cependant, les formes de beaucoup les plus communes mesuraient 30 à 40 & de long sur 18 à 26 de large. La coque était épaisse de 1/2 x, et présentait au pôle le plus étroit un micropyle large de 3 w 1/2; la bande protoplasmique contenue dans les ookystes atteignait 14 à 18 & de diamètre. Mises en incubation dans l’eau pure, ces coccidies ont donné nais- sance à 4 sporocystes fusiformes, sans reliquat de segmentation. Les sporocystes, qui mesuraient 12 4 de long sur 6 de large, étaient pourvus d’une enveloppe très nette, d'un pôle plus aigu, et renfermaient deux sporozoïtes disposés tête-bêche, avec reliquat de différenciation entre eux. Il s’agit donc, sans aucun doute, d’une coccidie tétrasporée dizoïque, appartenant, par conséquent, au genre Coccidium. Ces points étant établis, nous avons cherché à retrouver le siège exact des parasites dans l'intestin, et à étudier leur évolution endogène. Au cours de l’aulopsie, nous avions remarqué que l’intestin incisé, 1088 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE puis examiné par transparence semblait criblé d’une foule de petites taches blanchâtres, déjà visibles à l’œil nu, mais qui, à la loupe, deve- naient très neltes. De calibre variant entre ceux d’une pointe d'aiguille et de la tête d’une épingle, ces taches se trouvaient réparties, à des profondeurs différentes, dans l'épaisseur de la muqueuse. Or, il était naturel de supposer, comme on le voit pour la coccidiose du lapin et de la poule, que ces taches n'étaient représentées que par des amas de kystes coccidiens. Les coupes de lambeaux d’intestin fixés au sublimé acétique, puis inclus à la paraffine, ont montré qu'il n’en était rien. Chacune d'elles correspond à une masse parasilaire énorme, pouvant atteindre 250 à 300 u,et qui est logée dans l'épaisseur du chorion muqueux. Ces masses revêtent deux aspects principaux. Dans l’un d'eux, le parasite est formé d’une multitude de navicelles fusiformes, longs de 5 à 6 u, larges de 2 et qui sont pourvus d'un très petit noyau rond, sub-polaire, entouré d’un protoplasma assez abondant. Sous l’autre forme, la masse paraît, à un faible grossissement, con- tenir de nombreux noyaux groupés en couronnes ou en aréoles. Un objectif plus fort montre qu'en réalité chacun de ces noyaux appar- tient à une sphérule de 4 à 5 uw de diamètre, limitée par une fine mem- brane contre la face interne de laquelle est appliqué le noyau, allongé et recourbé en croissant. À un stade plus avancé, la membrane semble se flétrir, disparaitre, et les petites sphères donnent ainsi naissance à autant de corpuscules arqués qui, libres, se dispersent dans la substance granuleuse du para“ site. Nous avons pu suivre le mode de formation de ces masses et nous assurer que leur point de départ résidait dans une cellule épithéliale des glandes en tube. Si, en effet, l'on examine les culs-de-sac des folli- cules glandulaires, on constate que certaines cellules de revêtement sont parasitées. Les unes, à peine déformées, contiennent un parasite jeune, à noyau unique et à mince membrane; d’autres, manifestement hypertrophiées, renferment un parasite plus volumineux et polynucléé; ces cellules ne possèdent plus alors qu'un noyau atrophié disposé en calotte. Puis la masse, continuant à grossir, devient extra-cellulaire, et évolue vers l’un ou l’autre des types que nous avons déerits. Faut-il voir dans ces aspects les stades de l'évolution endogène des coccidies rencontrées dans le contenu intestinal et que, du reste, nous avons retrouvées sur les coupes? Nous le pensons. Il nous semble, en effet, que la forme à navicelles correspond au stade à mérozoïtes de la coccidie intestinale du lapin, et que les corpuscules arqués, paraissant uniquemient formés de chro- matine, peuvent être rapprochés des-microgamètes. Évidemment cela ne coïncide pas exactement avec ce qui est connu SÉANCE DU À14 DÉCEMBRE 1089 pour le lapin, et notre sporozoaire se caractériserait notamment 1° Par le nombre indéfini et les petites dimensions des mérozoïles ; 99 Par le calibre énorme des formes de reproduction schizogonique. Mais c’est la seule explication qui nous paraisse plausible, car si les formes à navicelles pouvaient un instant faire penser aux sporozoïles des sarcosporidies, les formes aréolées et à couronnes resteraient sans signification. Quant à savoir si la maladie en question est fréquente, si elle est passée inaperçue jusqu'ici, et si elle cause une mortalité accentuée dans nos troupeaux, il nous est impossible de nous prononcer à l'heure actuelle. Il nous suffit de noter sa coexistence avec la strongylose gastro- intestinale. DE L'HÉRÉDITÉ EN OBSTÉTRIQUE, par M. R. LARGER. (Communication faite dans la séance précédente.) Si l’on excepte la gémellité, encore que beaucoup y fassent des réserves, les accoucheurs n’admettent pas que l’hérédité puisse jouer un rôle quelconque en obstétrique. Or, dans une thèse soutenue, sous mon inspiration, par mon fils (Henri Larger, « Les stigmates obstétricaux de la dégénérescence », Paris, 1901, Vigot), nous démontrons que la question de l'hérédité domine au contraire toute l’obstétrique. C'est qu'en effet l’hérédité tient sous ses lois toutes les anomalies de la gestation, et nous entendons par là tout ce qui, dans la conception (stérilité, gémellité, grossesse ectopique), dans la grossesse (toutes les anomalies du placenta, du cordon et des membranes) et dans l'accouchement (avortement, proci- dences, etc..., toutes les présentations anormales), en un mot, s'écarte du type physiologique. C'est à l'ensemble des anomalies de la gesta- tion auxquelles viennent s'ajouter l'éclampsie et la phlegmatia post partum, que nous donnons le nom de « Stigmates obstétricaux de la dégénérescence ». Nous constatons l'existence des antécédents héréditaires dans toutes nos six cents observations inédites, —en dehors, bien entendu, des cas de dégénérescence acquise (alcoolisme, syphilis, etc.), lesquels engendrent les mêmes stigmates obstétricaux. C'est ce qui nous a conduits à établir la loi suivante : « Étant donné l’une quelconque des anomalies de la gestation ou des affections puerpérales ci-dessus énoncées, lon peut toujours et nécessairement conclure à des antécédents héréditaires névropathiques, psychiques ou tératologiques de l’un des générateurs, ou des deux à la fois ». 1090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A. Hérédité par transformation. — Nous avons pu suivre ce mode P d’hérédité plusieurs fois, à travers trois et même quatre générations : Ù , 1° Entre les stigmates obstétricaux, d'une part, et les stigmates physiques ou moraux, d’autre part. Exemple: 1re génération. Epilepsie, mais gestations normales. g pilepsie, 2e — Aucune tare physique ou morale, mais gestations anormales. a — Epilepsie. 4e — Gestations anormales. 2° Entre les stigmates obstétricaux les uns dans les autres. Exemple: Are génération. Grand’mère : présentations anormales. 2e —— Fille: avortements, hydramnios, etc. 2° — Petite-fille : gémelliparité, grossesse ectopique, etc., — ou retour aux présentations anormales de la grand'mère. La transformation peut s’opérer indistinctement entre tous les stig- mates obstétricaux; mais il s'établit parfois des affinités entre « les anomalies obstétricales concomitantes ». | B. Hérédité homologue. — KEl.e s'exerce sur tous les stigmates obsté- tricaux, les présentations anormales notamment, dont nous avons observé l’hérédité homologue par les hommes, comme par les femmes : ce qui est en contradiction complète avec l'opinion des accoucheurs attri- buant l’origine des présentations anormales à des causes maternelles et mécaniques (loi de l’accommodation de Pajot). Le surnom d’Agrippa était décerné (Pline l'Ancien, Aulu-Gèle) à ceux qui naïissaient par lès pieds. Or, Néron naquit ainsi, par hérédité homologue avec son arrière- grand-père Agrippa. C. Hérédité de famille ou consanguinité. — La consanguinité exalte les tares obstétricales comme elle exalte les autres tares héréditaires. C’est ainsi que chez 3 couples de cousins germains nous relevons, les 3 fois, 3 présentations anormales sur 3 accouchements. Dans un autre ménage de consanguins, 9 présentations anormales sur 9 accouchements. Dans un autre cas enfin, 10 présentalions anormales sur 10 accouchements. On voit, par ce court apercu, combien la thèse que nous défendons se trouve justifiée. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA VALÉRIANE, par M. Cu. FÉRÉ. La valériane, qui a été vantée dans une infinité d'états morbides, est surtout préconisée comme antispasmodique et narcotique ; mais la mul- titude des propriétés qu’on lui a prêtées a conduit au scepticisme, et on a pu la considérer n’agissant autrement que par la suggestion. | SÉANCE DU À DÉCEMBRE 1091 L'expérience sur les animaux montre que, suivant les doses, elle produit de la fatigue, de l’apathie, de la parésie et de la paralysie, ou même la mort avec dyspnée et arrêt consécutif du cœur (1). Barrallier (2) lui avait, d’ailleurs, reconnu chez l’homme la propriété d'amener la paresse intellectuelle, l’assoupissement et le sommeil. Mais ces phénomènes de dépression sont précédés d’une exagération de l’excitabilité. L'augmentation des réflexes chez la grenouille a été notée par À. Mayor. Comme les anesthésiques, les nacotiques et les analgésiques (3), en général, la valériane a une action excitante préalable. On peut s’en rendre compte en étudiant son influence sur le travail avec l’ergo- graphe de Mosso: en travaillant par séries de 4 ergogrammes, des repos de cinq minutes séparant les séries, el des repos de une minute sépa- rant les ergogrammes de chaque série (3 kil. soulevés chaque seconde par le médius droit) : Exp. I. — Cinq minutes avant ce travail, O0 gr. 25 d'extrait de valériane en pilules pour éviter l'odeur : 1re série, travail, 22 kilogrammètres 52 ; — 2° série, 32 kil. 34; — 3° série, 22 kil. 95 ; — 4° série, 11 kil. 16 ; — 5° série, 1kil. 83; — 6° série, 4 kil. 92; — 7° série, 3 kil. 84; — 8° série, 3 kil. 42 ; — 9 série, 2 kil. 76. — Travail total : 111 kil. 54. — Immédiatement après la 9% série, c'est-à-dire cinq minutes avant la 10°, on prend de nouveau 0 gr. 25 d'extrait de valériane : 10° série, 17 kil. 70; — 41° série, 2 kil. 52. Exp. IL. — Cinq minutes avant le travail, 0 gr. 50 d'extrait de valériane : 1re série, 28 kil. 35 ; — 2e série, 30 kil. 99 ; — 3° série, 32 kil. 28; — 4° série, {4 kil. 37; — 5° série, 8 kil. 55; — 6e série, 4 kil. 38; — 1e série, 3 kil. 27; — 8° série, 2 kil. 96 ; — 9 série, 2 kil. 46. — Travail total : 114 kil. 50. D'autres expériences avec des doses croissantes seront rapportées en détail; elles sont confirmatives de celles-ci, bien significatives par elles-mêmes. Si on se rappelle que, dans les expériences précédentes, on à vu qu'après un repos complet une première série de 4 ergogrammes, sans aucune intervention, donne, en général, de 22 à 23 kilogrammètres et que le total de neuf séries varie de 143 à 150, on voit que l'extrait de valériane donne une excitation plus rapide, plus intense et plus durable si la dose augmente. À partir d’une certaine dose, l’excitation très rapide et très forte perd de la durée; de sorte que le travail total des neuf séries, après avoir augmenté diminue : avec 0 gr. 25, on à eu un travail total de 411 kil. 54; avec 0 gr. 50, un travail total de 114 kil. 55; avec (1) Hélène Sikorska. Étude pharmacodynamique des principales prépara- tions de valériane. Thèse, Genève, 1899. (2) A. Barrallier. Des effets physiologiques et des effets thérapeutiques de l'huile essentielle de valériane (Bull. gén. de thérap., 1860, LIX, p. 241). (3) Ch. Féré. Note sur l’action excitante de l’antipyrine (Journ. de neuro- logie, 1901, p. 631). ù 1092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 0 gr. 75, un travail total de 197 kil. 49; avec 1 gramme, 89 kil: 85; avec 2 grammes, 76 kil. 145. On a ainsi une mesure de l’action dépres- sive ou narcotique croissant avec la dose. Le valérianate d'ammoniaque qui, après avoir été vanté comme une panacée, passe aussi pour inactif, donne des résultats analogues : Exp. I. — Au début du travail, 20 centigrammes de valérianate d’'ammo- niaque en pilules : 1re série, 28 kilogrammètres 98; — 2° série, 15 kil. 21; — 3e série, 6 kil. 78 ; — 4° série, 6 kil. 99 ; — 5° série, 4 kil. 71; — 6° série, 3 kil. 96; — Tesérie, 4 kil. 17; — 8° série, 3 kil. 45; — 9° série, 2 kil. 79. — Travail total : 77 kil. 04. Exp. IV. — Au début du travail, 30 centigrammes de valérianate d'ammo- niaque : 1"° série, 5 kilogrammètres 46; — 2° série, # kil. 29; — 3° série, 3 kil. 57; — 4e série, 3 kil. 66; — 5° série, 3 kil. 57; —— 6° série, 3 kil. 42; — 1° série, 2 kil. 52 ; — 8° série, 2 kil. 52 ; — 9° série, 2 kil. 28. — Travail total : 31 kil. 29. — Immédiatement avant la 10° série, on reprend 0 gr. 10 de valé- rianate d’ammoniaque : 10° série, 20 kil. 25 ; — 11° série, 2 kil. 07. La faible dose de valérianate d'ammoniaque a encore laissé voir une période d’excitation, qui a disparu quand la dose a augmenté. Une dose plus faible au cours de la fatigue a donné une nouvelle excitation. L'action calmante de la valériane et du valérianate d’ammoniaque s'observe facilement en clinique. Elle s'explique par la provocation d'une excitation préalable qui précipite la fatigue. Des expériences que je publierai ailleurs en détail montrent que l'action modératrice des bromures alcalins peut s'expliquer de lx même manière ; d'ailleurs, ceux qui ont utilisé les bromures connais- naissent l'ivresse bromique. SUR L'INFLUENCE DE LA DIMINUTION DE PRESSION ATMOSPHÉRIQUE SUR LA COMPOSITION DES GAZ DU SANG, par M. RaPnaez Duors. À la théorie du sommeil par autonarcose carbonique, que j'ai décou- verte en comparant le quotient respiratoire avec la composition des gaz du sang pendant la veille et pendant le sommeil chez la marmotte, M. Mosso, de Turin, a opposé sa théorie de l’acapnie, d’après laquelle la quantité d'acide carbonique diminue dans le sang quand l'altitude augmente, c’est-à-dire quand la pression atmosphérique diminue. Si la théorie de M. Mosso n'était pas inexacte, il serait, en effet, difficile d'expliquer comment les marmottes peuvent tomber en torpeur aussi bien dans le sous-sol de mon laboratoire qu'à la limite des neiges éternelles, car, dans ce dernier cas, l'accumulation de l'acide carbonique & SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1093 serait rendue impossible, et par conséquent l’autonarcose également. Déjà le fait d'avoir démontré que l'acide carbonique s’accumule dans le sang de la marmotte qui s'endort à la pression ordinaire, prouvait bien suffisamment que ce gaz ne suit pas, dans le sang, la loi de la dissolution des gaz, et que le quotient respiratoire qui diminue dans le sommeil ne suffit pas pour renseigner sur la composition des gaz du sang. Mais les belles expériences de MM. Hallion et Tissot, exécutées sous la savante direction de M. le professeur Chauveau, et communiquées dans la séance de la Société de Biologie du 30 novembre, viennent aussi infirmer les objections de M. Mosso. M. Mosso s'était appuyé sur ce fait qu'il avait pu diminuer considérablement la pression dans une cloche qui renfermait une marmotte en sommeil, sans réveiller celle-ci, à la condition de ne pas opérer brusquement la dépression. J'avais fait longtemps avant M. Mosso cette expérience, et obtenu les mêmes résul- tats que lui. J'ai dit (page 443 : Études sur le mécanisme du sommeil et la thermogenèse, in Annales de l'Université de Lyon, 4896 : « La dépres- sion barométrique n’a pas d'influence sur le sommeil, dans les limites et les conditions normales (c’est-à-dire celles où vit la marmotte); mais si l'on place une marmotte endormie sous une cloche où l’on produit rapidement une forte dépression barométrique, le réveil commence aussitôt, pour se continuer ensuite automatiquement, si on laisse rentrer de l'air ». Des résultats analogues ont été obtenus par M. Delsaux sur les chauves-souris. Dans ce dernier cas, la mise en train du réveil, c’est- à-dire de l'élimination de l'acide carbonique en excès, ne tient certaine- ment pas à une action directe de la pression, qui s’exercerait également avec une dépression progressive, mais à une excitation nerveuse qui modifie les échanges respiratoires, comme cela se produit, d’ailleurs, avec toute autre excitation. Pour celte raison, comme pour d’autres, que j'ai indiquées antérieurement, je ne puis donc accepter les objections du savant physiologiste de Turin (1). DE L'ACTION DU FROID OU DES ANTISEPTIQUES SUR LA CONSERVATION DES CULTURES HOMOGÈNES DE BACILLE TUBERCULEUX DESTINÉES A L'AGGLUTI- NATION, par MM. ARLOING et PauLz COURMONT. Nous avons étudié l'action de quelques antiseptiques {le formol sur- tout) et du froid sur les cultures homogènes de B. de Koch en bouillon glycériné. (1) Voir Nouvelles recherches sur l'autonarcose carbonique ou sommeil naturel. Critique de l’acapnie, par M. R. Dubois. Mémoires de la Société Linnéenne de Lyon, 1901. 1094 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À. Action des antiseptiques. — Nos recherches ont porté surtout sur le formol du commerce (aldéhyde formique en solution à 40 p. 100). Si on ajoute une certaine quantité de formol à une culture liquide homogène de B. de Koch en bouillon glycériné, on arrête ou retarde leur végétabilité. La proportion de 1 p. 200 ou même 1 p. 300 de formol semble tuer complètement une culture riche de six à dix jours; en effet, si on réensemence quelques gouttes de celle-ci, après vingt-quatre heures de contact avec le formol, dans un milieu favorable (bouillon glycériné), elle ne repousse pas. La proportion de 4 p. 400 à 1 p. 600 de formol affaiblit seulement la végétabilité de la culture traitée, qui, réensemencée dans les mêmes conditions, ne donne que des cultures à développement tardif. Nous avons essayé de même l’action d’autres Moore L’acide phé- nique à une action encore plus marquée, et arrête complètement la végéta- bilité aux doses de 1 p. 400 et 1 p. 500. L’acide chlorhydrique n'a que peu d'action, l’eucalyptol encore moins. On peut donc, avec le formol par exemple, employé aux doses bactéricides de 1 p. 200 ou simplement retardantes de 1 p. 400 environ, arrêter suffisam- ment la végétabilité d’une culture sortie de l’étuve pour pouvoir la conserver quelque temps au même point. Ceci est important surtout pour l’agglutina- tion. Une culture ordinaire homogène devient de plus en plus riche en bacilles et de moins en moins sensible à l’agglutination, pour un sérum donné, si elle est laissée à la température optima de 38 sors, ou même à la température ordinaire de 20 degrés. Formolée, comme nous l’indiquons, elle est arrêtée dans sa végétation, et peut conserver quelque temps son agglutinabilité sans grandes modifications, à la température ordinaire, surtout si on la maintient à l'obscurité. Elle ne se modifie guère pendant quinze jours environ; au delà de ce temps sou agglutinabilité diminue progressivement. Mais pendant ce laps de ce temps elle peut être employée avec grande facilité pour ses applications au séro-diagnostic, au lieu de présenter des variations rapides comme les cultures non formolées (1). B. Action du froid. — Les cultures formolées se conservent d'autant mieux avec leurs propriétés que la température à laquelle elles sont exposées est plus éloignée de celle de leur point de développement. Une température suffi- samment basse peut suffire à arrêter la végétation, comme le ferait un anti- septique, et à rendre inutile l'emploi de celui-ci. En effet, si, vers + 209, on observe encore une faible végétation ou en tout cas une certaine modifica- tion des cultures homogènes ordinaires retirées de l’étuve, il n’en est plus de même à une température voisine de — 10° et a fortiori de 0°. Il est donc facile par ce procédé de conserver des cultures sans qu'elles se modifient, soit en hiver en les exposant à l’air libre, soit en tout temps dans une gla- cière. L'emploi des cultures conservées par l’un ou l’autre moyen (ou par la combinaison d’une très faible dose de formol (1 p. 500 à 1 p. 1.000) et (4) En 1897, M. Widal a montré le premier que des cultures de B. d’Eberth tuées par le formol (1 p. 150) gardent leur propriété d’être agglutinées par le sérum des typhiques. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1095 d'une température relativement basse) constitue un sérieux avantage vour les applications du séro-diagnostic, puisque l’on peut ainsi pré- parer des cultures qui servent aux séro-réactions pendant une quinzaine de jours. Notre manuel opératoire est depuis longtemps le suivant : 4° Cultiver Le B. de Koch en cultures homogènes dans du bouillon glycé- riné, à + 38 degrés, avec les quelques précautions faciles à observer pour tout bactériologiste. 2° Au bout de quelques jours, lorsque la culture est suffisamment trouble (ce qui se voit facilement avec un peu d'habitude), éprouver son agglutinabilité avec un sérum étalon de pou- voir agglutinant connu. Si la culture est trop riche et trop « dure », la diluer avec du bouillon, ou mieux de l’eau salée à 8 0/00, jusqu à ce qu'elle donne le taux voulu d’agglutination avec le sérum étalon. 3° Con- server les cultures ainsi préparées, soit par Le formol à 1 p. 400, soit par le froid, comme nous l'avons indiqué, et de préférence à l’obscurité. Elles doivent être fortement agitées au moment de s’en servir à cause du dépôt formé. On a ainsi une matière agglutinante de propriétés fixes pendant un certain temps. Dans le même but, Romberg d’abord (1), puis récemment R. Koch (2), ont proposé l'emploi d’une macération de bacilles de préparation com- pliquée (broyage des cultures, centrifugation, etc..….). Les procédés de ces auteurs nous semblent très inférieurs à l'emploi des cultures homo- gènes totales conservées au froid ou au formol, car : 1° Leur procédé demande pour une séro-réaction de quinze à vingt heures et la mise à l’étuve. 2 Les cultures liquides totales sont toujours préférables à une substance quelconque extraite de ces bacilles, ne serait-ce qu'à cause de leur rapidité d’agglutination et de la plus grande netteté de la réac- tion à l'œil nu et au microscope. 3° La préparation de ces macérations ou extraits de bacilles demande toujours l'obtention d'une première culture au moins aussi difficile à faire que les cultures homogènes, et ensuite des manœuvres assez compliquées. 4° Les extraits de bacilles en solution ne se conservent pas mieux ni plus longtemps dans le pro- cédé de Koch que nos cultures formolées. Conclusions. — L'action de certains antiseptiques (formol) et du froid permet de conserver sans modifications notables pendant quelques temps les cultures liquides homogènes de B. de Koch destinées à l’'agglutination. (1) Romberg. Zur Serumdiagnose der Tuberculose. Deustche med. Woch., 190ASEMPIEMSZ10 (2) R. Koch. Ueber die Agglutination des Tuberkelbacillen. Deustche med. Woch., 1901, n° 48. 1096 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR L'ACTIUN PHYSIOLOGIQUE DE L'IBOGA, par M. M. LAMBERT. Au cours de l’année 1897, M. Schlagdenhauffen, alors directeur de l'Ecole de pharmacie de Nancy, eut l’amabilité de me prier de collaborer, pour la partie physiologique, à l'étude du Tabernanthe iboga dont M. Heckel lui avait fourni des échantillons destinés à l'examen chimique. Je n’eus à ma disposition, à cetle époque, qu'une vingtaine de centimètres cubes d'une solution aqueuse de l'extrait alcoolique renfermant 0,041 de matière par cen- timètre cube. Bien que l'activité de cet extrait fût bien manifeste, nous crèmes devoir attendre pour publier nos résultats la possibilité de les con trôler avec un produit pur. M. Schlagdenhauffen me remit au début d’oc- tobre 1900 l'ibogine qu'il était parvenu à isoler. Les nouvelles recherches confirmèrent les premières; mais M. Heckel, à qui mon mémoire avait été remis dès cette époque, crut devoir en ajourner la publication jusqu’à ce que de nouvelles recherches chimiques, alors impossibles à M. Schlagdenhauffen par suite de la cessation de ses fonctions, missent une pus grande quantité d’alcaloïde à la disposition de DER DEentano ne La note récente à l’Institut, de MM. Dybowski et Landrin, et celle de M. Phisalix, à la dernière séance de la Société de Biologie, m’engagent à exposer dès maintenant le résumé de mes principaux résullats, que j'ai vérifiés de nouveau avec de l’ibogine que M. Haller a bien voulu mettre à ma disposition. La dose toxique de l’ibogine, injecté sous forme de solution aqueuse * de chlorhydrate, sous la peau, est, rapportée au kilogramme, de 0 gr. 50° pour la grenouille, de 0,075 pour le cobaye et le lapin, de 0,06 pour le chien, Chez la grenouille, l’ibogine produit de la parésie des mouvements volontaires, bientôt suivie d’une paralysie complète. Il se produit par- fois au début de l'intoxication quelques séries de secousses tétaniques sous l'influence de fortes excitations, mais l'augmentalion de l’excita- bilité est généralement très faible et fugace. Quand la paralysie est tout à fait établie, il est facile de s’assurer que les muscles et les nerfs ont gardé toutes leurs propriétés; la perte des réflexes est due à une action de l'ibogine sur la moelle. La section de la moelle au niveau du bulbe ne les fait pas réapparailre; sa destruction ne provoque que de faibles secousses dans le corps de la grenouille. L'ibogine a une action très prononcée sur le cœur dont elle ralentit le rythme. À la suite d'injections il se produit d'abord des périodes allernatives de phases accélérées, puis ralenties. Cette arythmie est d'origine centrale et ne se montre pas quand on instille l’ibogine sur le cœur; dans ce cas, le raientissement se produit d'emblée. Il ne dis- paraît pas par l’action de l’atropine. La mort du cœur se fait en systole et est précédée d'oscillations de sa tonicité. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1097 La respiration, d'abord ralentie, prend le type périodique, puis s’ar- rête. Cet arrêt peut persister très longtemps sans que le rétablissement de l’animal soit empêché. Les cœurs lymphatiques sont arrêtés; la cir- culation capillaire ne montre pas de modifications sensibles dans le calibre des vaisseaux. La restauration des muscles préalablement fatigués n'est pas faci- litée par la présence d'ibogine dans la circulation. L'instillation directe sur le muscle strié amène son raccourcissement, puis la rigidité, avec des solutions neulres de chlorhydrate au cinquantième. A la même con- centration l'application directe sur les nerfs abolit leur excitabilité et leur conductibilité. Chez les animaux à sang chaud, à dose faible l’ibogine ne produit pas autre chose que de légers frissons et une sorte d’excitation psychique passagère. Le chien reste en place, paraît ne plus reconnailre ceux qui l'approchent, lance parfois des aboiements comme en rêve. Cet état ne dure guère plus d’une heure. A dose plus forte les frissons deviennent de plus en plus intenses, puis surviennent une série d'accès convulsifs ; l'équilibre est impossible, puis tout le tronc est paralysé; Les réflexes persistent dans la tête. L'animal paraît plongé dans une demi-somno- lence, mais reste conscient. Si la dose n’a pas été trop forte, l'animal peut se rétablir; sinon la respiration se ralentit de plus en plus, pour s'arrêter alors que les battements du cœur persistent. Au début de la phase convulsive le cœur s'accélère, puis il se ralentit d’une manière persistante, et ce ralentissement est dû à une action directe du poison sur cet organe; la section des pneumogastriques ne le fait pas dispa- raître, bien que l’excitabilité de ces nerfs soit conservée. L'énergie du cœur diminue également, et il se produit une chute considérable et persistante de la pression artérielle. En injection sous-cutanée, l’ibogine amène une anesthésie locale. 1 centigramme de chlorhydrate sous la peau de la cuisse chez le chien produit une abolition de la sensibilité du membre correspondant pen- dant un quart d'heure. L'injection est au moment même un peu dou- loureuse; mais l’anesthésie s'établit en quelques secondes. En instillation sur l'œil, la solution au centième produit une sensation un peu caustique, puis abolition de la sensibilité cornéenne, avec un peu de congestion de la conjonetive sans modifications du diamètre de la pupille. L'intoxication ibogénique présente une analogie frappante avec celle que produit la cocaïne. L'action anesthésiante, les convulsions, l’atti- tude des animaux paralysés, le mécanisme de la mort, les doses toxi- ques même sont fort semblables. Cependant, entre autres différences, avec l’iboga la période d’excitation, fort courte, ne se manifeste que par les convulsions; il n’y a rien de semblable à l'excitation impulsive motrice de l'ivresse cocaïnique. 1098 SOCIÉTÉ:DE BIOLOGIE ACTION DU SUC GASTRIQUE SUR LES BACILLES DE LA TUBERCULOSE, par M. le D' G. CARRIÈRE. Falk, le premier, en 1883, ayant soumis des masses caséeuses prove- nant de produits tuberculeux à l’action d’un suc gastrique artificiel pendant plusieurs heures, constata que ces masses, inoculées à des cobayes, rendaient ces animaux tuberculeux. GE Wesener, en 1885, plaça des crachats tuberculeux dans du sue gas- trique artificiel, et injecta directement le résidu dans le cæcum. Il eut des tubercules caséeux dans le cæcum de son lapin, et les produits de digestion inoculés dans la chambre antérieure de l'œil donnèrent des résultats positifs. En 1888, Strauss et Wurtz étudièrent l’action du suc gastrique du chien sur les cultures des bacilles aviaires in vitro. Après quelques heures de séjour à l’étuve ces cultures digérées inoculées à des lapins et des cobayes donnèrent des résultats positifs, mais souvent les ani- maux inoculés ne présentèrent qu'un abcès local sans tuberculose géné- ralisée. Plusieurs guérissaient. Les auteurs pensaient donc que sous l’action du suc gastrique, les bacilles étaient atténués, peut-être tués. Toutefois, ils s'empressaient d'ajouter qu’in vivo les choses se passaient autrement. Le suc gastrique est dilué, le séjour dans l'estomac ne dépasse pas cinq à six heures. Et ils concluaient « qu'il ne faut pas compter, chez l’homme, sur l'intervention du suc gastrique, pour le garantir contre le dangers d’ingestion des produits tuberculeux ». Cette dernière conclusion ne semble pas avoir été retenue, et dans nombre de traités, de manuels, de mémoires actuels on répète au contraire que « les expériences de Strauss ont démontré que le suc gastrique tue le bacille de Koch ». En 1897, mon collègue M. Sabrazès reprenait les recherches de Strauss à l'aide d'un suc gastrique artificiel. Il confirma les résultats de son prédécesseur et établit qu’il fallait un long séjour dans ce suc pour tuer le bacille de Koch. J'ai eu l'idée de reprendre ces recherches, et de les étendre en expéri- mentant non seulement avec un suc gastrique artificiel, mais encore avec du suc gastrique humain, et aussi in vivo. Ce sont les résultats de mes recherches que je présente aujourd'hui. I. ExPÉRIENCES in vitro. — À. Avec un suc gastrique artificiel. — Le suc gas- trique employé avait pour formule : DEA PA NE SNL Le RES Be DEN TT ES Pepsine 2er . . . . . 5 grammes à 15 grammes. Acide eh que A RS ne — à #4 — Chlorure de sodium . . . . . 3 grammes. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1099 Nous avons fait agir 20 centimètres cubes de ce suc in vitro sur des cultures pures de tuberculose humaine, du lait fortement chargé de bacilles (70 à 150 par champ microscopique), des crachats tuberculeux, des fragments de poumons tuberculeux très petits, et cela pendant un laps de temps variable, trois, six, douze, vingt-quatre heures à 37 degrés. A La fin de la digestion, on ajoutait IT à II gouttes d'acide lactique. Les produits de diges- tion étaient inoculés à des cobayes. Le suc gastrique artificiel est sans action sur les cultures, le lait, les cra- chats et la viande bacillaire, lorsque le contact ne dure pas plus de douze heures. La viande, même après un contact de plus de douze heures, est encore tuberculigsène. Après douze heures de contact, les bacilles des cultures, des crachats et du lait, sont atténués dans leur virulence, mais non pas morts. L’atténuation est d'autant plus marquée que la proportion de pepsine et d'HCI est plus élevée. B. Avec un suc gastrique normal. — Une seconde série d'expériences a été faite avec le suc gastrique fraîchement extrait (trois quarts d'heure) d'estomacs d'hommes sains; 20 centimètres cubes de ce suc étaient mis dans des verres à l’étuve à 37 degrés, après] addition de quelques centimètres cubes de cultures pures de tuberculose humaine, de crachats, de lait, de viandes bacillaires. Le contact variait de deux heures à vingt-quatre heures. Le liquide fut ensuite injecté à des cobayes. De cette série d'expériences il découle que le suc gas- trique humain ne modifie en rien la virulence des bacilles de la tuberculose contenus dans les crachats, le lait ou la viande, pas plus que les bacilles en cultures, si le contact n’est pas prolongé plus de douze heures. Si le contact dure plus de douze heures, les bacilles peuvent être atténués, mais ne le sont pas certainement. II. EXPÉRIENCES in vivo. — Des cultures de tuberculose humaine, du lait riche en bacilles, des crachats fortement bacillifères, des débris de poumons tuberculeux ont été introduits dans l'estomac de cobayes, de lapins ou de chiens sains. Après un laps de temps variable, on retirait le contenu gastrique, après avoir tué les animaux. Le contenu stomacal fut inoculé à des cobayes. Tous devinrent tuberculeux plus ou moins rapidement. Donc, in vivo, le suc gastrique n’exerce aucune action bacillicide sur le bacille de Koch, quand il ne reste pas longtemps au contact de cet agent pathogène. RÉGÉNÉRATION FONCTIONNELLE DE LA CORDE DU TYMPAN SUTURÉE AVEC LE BOUT CENTRAL DU NERF HYPOGLOSSE, par MM. CALUGAREANU et Vicror HENRI. Le chien que nous présentons avait déjà élé présenté par nous le 30 mars 1901. Ce chien a été opéré le 11 mai 1900, c’est-à-dire il y a dix- neuf mois; le nerf lingual du côté gauche a été sectionné aussi profon- Biozocie. CompTes RenDrs,. — 1901. T. LIII. S5 1100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dément que possible, environ 1 centimètre au-dessus du point où la corde du tympan se sépare de ce nerf. Le bout périphérique du nerf lingual, y compris la corde du tympan, a été suturé avec le bout central du nerf hypoglosse. Au mois de janvier 1901 nous avions remarqué une salivation très abondante chez ce chien, se produisant lorsque le chien mangeait. Nous avions émis l'hypothèse que cette salivation exagérée était due à une régénération de la corde du tympan aux dépens des fibres du nerf hypoglosse. Mais ce n’était qu'une hypothèse; en effet, on ne savait pas si la salive qui s’amassait dans la gueule du chien provenait bien de la glande sous-maxillaire gauche, correspondant au côté opéré. Nous avons fait il y a dix jours, chez ce chien, deux fistules salivaires permanentes, en excisant une portion de la muqueuse buccale qui envi- ronne l’abouchement du canal de Warton et en suturant cette portion de la muqueuse à la peau dans la région sous-maxillaire. Ces deux fistules salivaires correspondaient aux deux glandes sous-maxillaires (gauche et droite). Les observations faites sur ce chien ont montré continuellement qu'en donnant à manger au chien on voit s’écouler la salive par les deux fistules, mais l'écoulement par la fistule gauche (côté opéré) est environ cinq fois plus abondant que du côté normal. Par conséquent, la salivation exagérée chez ce chien tenait bien à l’activité augmentée de la glande du côté opéré. Il fallait savoir si c'était bien le nerf hypoglosse qui transmet l’exci- tation jusqu'à la glande. Nous avons, dans ce but, mis à nu le nerf hypoglosse gauche au-dessus du point de suture avec le lingual; l’exci- tation électrique de ce nerf provoque une salivation de la glande sous- maxillaire gauche. C’est l'expérience que nous présentons à la Société de Biologie. Nous croyons donc pouvoir affirmer maintenant que la corde du tympan s’est régénérée aux dépens des fibres du nerf hypoglosse, de sorte que toutes les fois que le chien veut faire un mouvement avec sa langue, l’influx nerveux arrive par les fibres du nerf hypoglosse et par la corde du tympan régénérée jusqu'à la glande et provoque dans celle-ci le phénomène de salivation. Cette salive a une action très nette sur l’amidon; elle contient de la ptyaline, fait digne d'intérêt; nous pensons y revenir dans une communication prochaine. (Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SÉANCE DU Â14 DÉCEMBRE 11014 DES RÉACTIONS IMMÉDIATES DE L'APPAREIL DE L'OUIE SOUS L'INFLUENCE DES INJECTIONS DE SÉRUMS INORGANIQUES (1), par MM. Léoporp LÉvi et Pigrre BOoNNIER. Dans un mémoire antérieur, l’un de nous (2) a noté la disparition, chez les artério-scléreux, des vertiges et des bourdonnements d'oreille sous l'influence d’injections d’un sérum inorganique concentré. À propos de recherches thérapeutiques qui seront publiées ultérieure- ment sur le lraitement de certains symptômes de l’otite scléreuse (bour- donnements d'oreille, vertiges, surdité), nous avons étudié les réactions immédiates de l'appareil de l'ouïe consécutivement à l'emploi de divers sérums inorganiques. C’est ce qui fait l’objet de la présente note. La technique a consisté à mesurer parallèlement les variations de l’audition par l'air et par le contact (paracousie), par Le procédé acou- métrique exposé antérieurement par l’un de nous (3). Ces mensurations sont pratiquées avant, puis après l'injection d’un des sérums employés. Généralement, c'est au bout de dix minutes qu'est pratiquée la seconde mensuration, puis, dans certains cas, au bout de quinze et vingt minutes. Les malades sont couchés, en général. De toutes façons, ils restent dans la mêre position avant et après l’injec- tion. Nous avons évité de praliquer sur eux aucune manœuvre capable de modifier l’état de l'appareil de transmission. Les deux oreilles ne réagissant pas nécessairement de la même façon dans tous les cas, nous comptons une expérience par oreille. Avant d'entrer dans le détail des faits observés, nous insistons sur la nécessité de tenir compte, avec la technique employée, de la subjec- tivité du malade qui apporte des causes d'erreur individuelle difficiles à apprécier, et aussi de la délicatesse même du procédé, sensible aux variations les plus passagères de l’audition et de la paracousie. Les mensurations ne notent naturellement que la capacité auditive, et aucunement la facullé de définition des timbres du langage. Les injections sont faites à la dose de 2 centimètres cubes, avec les sérums de Trunecek, de Chéron, de Hayem. Nous avons également uti- lisé une solution de chlorure de sodium à 60 p. 1.000; cette dernière à été, en plus, donnée en lavement, à la dose de 5 centimètres cubes. Avec le sérum de Trunecek, 48 expériences ont été faites portant sur (1) Les recherches ont été faites à l'hôpital Andral et à la Polyclinique H. de Rothschild. Nous tenons à adresser nos bien vifs remerciements à notre excellent maître, le D' Mathieu, et à notre aimable confrère, le Dr Henri de Rothschild, (2) Léopold Lévi. Traitement de l’artério-sclérose cérébrale par le sérum inorganique. Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, 6 octobre 1901. (3) Bonnier. Sociélé de Biologie, 18 mars 1899. 1102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 17 malades différents (8 artério-scléreux avec hypertension, 1 malade atteinte d'insuffisance aortique, 1 tabétique jeune, 2 neurasthéniques, 1 rhumatisante chronique, À malade atteinte de sclérose papillaire, 1 vieillard affligé d’une surdité excessive, 1 bronchitique emphyséma- teuse à oreille dure, 1 malade alcoolique, hystéro-neurasthénique. En ce qui concerne l’acuité auditive, elle a été améliorée 30 fois (soit 62,5 p. 100 des cas); 11 fois elle n’a pas varié (23 p. 100); 7 fois elle a diminué (14,5 p. 100). Tel est le résultat en bloc. Il y a donc un fait presque général : l'amé- lioration de l’acuité auditive sous l'influence de l’injection de sérum de Trunecek. Nous n'avons pas tenu compte d'augmentation d’'acuité n’atteignant pas 5 secondes. Généralement, les gains varient entre 5, 10, 15, 20 et même 25 secondes. En même temps que l’acuité auditive a gagné, la paracousie a dimi- nué. La recherche a été faile chez les mêmes malades, et au cours des mêmes explorations. Deux fois, les chiffres n’ont pas été notés. Nous avons donc 46 expériences donnant les chiffres suivants : 26 fois, la paracousie a diminué, soit 56,5 p. 100; 9 fois, elle n’a pas varié, Soit 19,5 p. 100; 7 fois, ae a augmenté, soit 15,5 p. 100; 1 fois, elle a passé d’un Cine défini à l'infini, 3 fois, elle est passée de l'infini à un chiffre défini. Il n’y a pas parallélisme nécessaire entre l'augmentation de l’acuité auditive par l'air et la diminution de la paracousie. La paracousie a augmenté 3 fois sans qu'il y eût modification de l'audition par l air, et 3 fois en même temps que cette audition augmen- tait ; À fois l’audition aérienne a diminué, alors que la paracousie aug- mentait. Inversement, la diminution de l'audition aérienne ne s’est pas accompagnée d'augmentation de la paracousie, sauf dans ce dernier cas. Le sérum concentré de Chéron employé dans 4 expériences a donné de même l’augmentation régulière de l'audition aérienne; 3 fois la para- cousie a diminué, 1 fois elle n'a pas varié. La solution concentrée au chlorure de sodium, en injections sous- cutanées, a donné les résultats suivants : sur 14 expériences, 7 fois l'audition aérienne a augmenté (soit 50 p. 100 des cas); 5 fois elle n’a pas varié (36 p. 100), 2 fois elle a diminué (14 p. 100). La paracousie a diminué 9 fois, n’a pas varié 2 fois, a augmenté 1 fois. Chez un malade, il n'existait pas, avant l'injection, de paracousie, ni à droite, ni à gauche. L'injection ne l’a point fait apparaître. En lavements, 3 fois sur 6 l’audition aérienne a augmenté; 1 fois elle n’a pas varié, 2 fois elle n’a pas diminué. Dans 4 cas où elle existait, la paracousie a diminué. Il était intéressant d'étudier comparativement à ces résultats un sérum non concentré, tel que celui de Hayem. Nous l'avons utilisé dans 22 cas sur 9 malades. Le: SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1103 L'acuité auditive à diminué dans 8 cas, ce qui fait une moyenne de 36,4 p. 100. Elle n’a pas varié dans 4 cas (18,2 p. 100); enfin, dans 10 cas, elle à augmenté (45,4 p. 100). La paracousie a augmenté 4 fois, n'a pas varié A0 fois, a diminué 8 fois. Ce qui semble dominer, dans ces derniers cas, c'est le peu de variation de la paracousie et la diminution de l’acuité auditive. Une malade tabétique ayant été améliorée par tous les sérums, nous nous sommes demandé si la piqüre de l'aiguille pouvait déterminer des modifications de l’acuité auditive. Nous lui avons fait une simple piqüre suivie d'un semblant d'injection. Il ne se produisit pas de modifica- tions appréciables. On voit donc que, toutes les conditions restant les mêmes, rien n'étant modifié par l’un des procédés habituels, à l’état de l'oreille, le sérum inorganique, et en particulier le sérum concentré, améliore presque instantanément l’acuité auditive. C'est là un fait général qu'il s’agit maintenant d'interpréter. On peut admettre que ce n’est ni sur l'oreille externe, ni sur l'oreille moyenne qu'agit le sérum. La faible quantité de sels injectés permet d’exclure une modification purement physique, osmotique par exemple, portant sur le milieux labyrinthique. La rapidité de l’action médica- menteuse conduit à entrevoir une action du sérum sur l'appareil ner- veux de l’ouïe. Accessoire sur les centres nerveux bulbaires ou supra- bulbaires, elle se localise bien plutôt sur les terminaisons du nerf acoustique. En faveur de la localisation nerveuse, il faut noter la dimi- nution habituelle de la paracousie. On est du reste conduit à attribuer un rôle à la pression vasculaire, sous la dépendance elle-même du système vaso-moteur. En ce qui concerne le labyrinthe, en effet, les vaisseaux sont seuls capables, par leur état de contraction ou de dilatation, de maintenir la compensation labyrinthique (1), c'est-à-dire d’équilibrer la pression intra-labyrinthique avec la pression extérieure. Comment la pression vasculaire est-elle modifiée? Dans les seléroses de l'oreille, la pression est en général exagérée. Et, en effet, les symp- tômes augmentent habituellement par toutes les causes qui exaltent la pression encéphalique. On arrive alors à supposer qu'une diminution de la pression sanguine, au niveau des vaisseaux labyrinthiques, entraine à son tour une diminution de la pression labyrinthique, ce qui expliquerait l'amélioration de l’audition aérienne. Le médicament agirait ainsi comme un dépresseur immédiat de la circulation intra-auriculaire. Du reste, un travail prochain de l’un de nous avec M. Teissier fournira les résultats tirés de l’application du sphygmomanomètre de Potain, à l'étude de l’action des sérums sur la (1) Bonnier : Société de Biologie, séance du 30 novembre 1901. 4104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pression en général. Un fait que nous avons observé est d’ailleurs favorable à cette opinion. Une malade, dont nous avons mesuré l’acuilé auditive, est prise, au moment de la piqûre, d’une poussée congestive au niveau de toute la face. L’acuité auditive diminue. La paracousie, qui n'existait pas, apparaît. Tout porte à croire que la congestion est venue contre-balancer l’action du médicament, ce qui, par opposition, permet d’entrevoir l'action du sérum. On comprend ainsi comment les injections, en modifiant pour un temps plus ou moins long et d'une facon aussi répétée que les injec- tions elles-mêmes, la pression labyrinthique, arrivent à faire dispa- raître des phénomènes tels que les bourdonnements d'oreille et les vertiges, et à modifier les troubles de surdité. AUGMENTATION DE L'ACTIVITÉ DE LA MACÉRATION PANCRÉATIQUE SOUS L'INFLUENCE DE L'EXTRAIT DE LEVURE DE BIÈRE, par M. J. LARGUIER DES BANCELS. Le pancréas d’un chien à jeun fournit une macération dont le pouvoir protéolytique est très faible. Herzen a montré que cette macération, additionnée de macération splénique, digère énergiquement l’albumine. Les recherches de cet auteur m'ont suggéré l’idée d'étudier l'influence d'une série d'extraits organiques et de substances bien déterminées sur l’activité de la macération pancréatique. J'ai commencé mes expériences en juin 1901. J'ai constaté que le pou- voir digestif de la macération pancréatique est très sensiblement accru par les extraits de la levure de bière. Ces extraits ont été préparés par M. V. Henri, par macération de la levure dans l’eau chloroformée, pré- cipitation par l'alcool et dessiccation du précipité. C’est de ce précipité qui contient plusieurs des ferments de la levure, dissous dans l’eau, que je me suis servi. J’ai constaté, de plus, que l'extrait bouilli augmente aussi, quoique moins rapidement, le pouvoir digestif de la macération pancréatique (1). Les expériences étaient disposées de la manière suivante. J’ai employé dans la plupart des séries l’albumine d'œuf coagulée par la chaleur et finement hachée. J'en mettais un certain poids dans des tubes de sec- tion déterminée, par exemple 10 grammes, puis j'ajoutais : (1) Ce fait m'a engagé à étudier l'action de la macération d’intestin bowillie sur la macération pancréatique. Des expériences préliminaires que j'ai exé- cutées, il résulte que l’addition de macération intestinale bouillie à la macé- ration pancréatique peu active, accélère considérablement la digestion de l’albumine. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1105 Dans le 1er tube : 30 cent. cubes d’eau; — le 2 tube : 15 cent. cubes d'extrait dissous de levure et 15 cent. cubes d’eau; Dans le 3° tube : 15 cent. cubes de macération pancréatique et 15 cent. cubes d’eau ; Dans le 4 tube : 15 cent. cubes de macération pancréatique et 15 cent. cubes d'extrait de levure ; Dans le 5° tube : 15 cent. cubes de macération pancréatique et 15 cent. cubes d'extrait de levure bouilli. La diminution de la colonne d’albumine mesure approximativement les progrès de la digestion. Comme antiseptiques, j'ai employé l'acide borique, le toluène et le chloroforme; dans la plupart des séries d'expériences, le mélange était acidulé par l'acide borique. Lesexpériences ont été répétées 14 fois, avec 5 macérations pancréa- tiques (5 chiens à jeun), et 3 préparations d'extraits de levure. Les résul- tats ont toujours été les suivants : le pouvoir de la macération pancréa- tique est très faible; il est sensiblement accru par l'addition de l'extrait de levure; il l’est aussi, quoique moins rapidement, par l'addition de l'extrait bouilli. Les différences sont très nettes au bout de 24 à 48 heures. Je conserve les tubes pendant un temps beaucoup plus long, pour être assuré que des phénomènes de putréfaction n’interviennent pas. Voici les résultats de deux expériences au bout de 15 jours : Expérience du 25 novembre 1901.10 grammes albumine. Macération de pan- créas de chien à jeun, à 37 degrés, pendant 2 h. 1/2, dans l’eau toluénée. Au bout de 15 jours, à l’étuve à 37 degrés, il reste : Dans le tube contenant : 30 cent. cubes d’eau et dans celui contenant 15 cent. cubes d'extrait de levure (1) et 15 cent. cubes d’eau. . 1, D1C Dans le tube contenant : 15 cent. cubes macér. pancréat. et 15 cent. GUDES EAU en en A AG RENE te Au VA UE AO LG Dans le tube contenant : 15 cent. cubes macér. pancréat. et 15 cent. Cubes/d'Extrait bou Tee ANNE een NN Pa DEC Dans le tube contenant : 15 cent. cubes macér. pancréat. et 15 cent. Cubes dieRtrarbiR on Doi At) NAN AUEA te Li AA Es BRU RE GPS Experience du même jour. 5 grammes d’albumine. Après 17 jours, à l’étuve, à 37 degrés, il reste : Dans le tube contenant : 15 cent. cubes d'extrait de levure (1) et Abicent/cubes dieaus. "A/R RSA SItn ON ae ASS UC Dans le tube contenant : 15 cent. cubes macér. pancréat. et 15 cent. CUDES d'eau eee) tn es PRE Pi A RUN At est et CE Dans le tube contenant : 15 cent. cubes macér. pancréat. et 15 cent. cubes d'extraitbouilit eenPnUEEUsD AENUNennNe ou AR ADN ANNE PI NE TeN ec NN AE. Dans le tube contenant : 15 cent. cubes macér. pancréat. et 15 cent. cubes/dexiraitinon Dour Votre (USE Ge (1) Moins de 0 gramme 01 de précipité sec par 15 cent. cubes de solution. 1106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les nombres désignent, en DER, la hauteur de la colonne d’albumine qui reste intacte. Dans aucune de mes expériences, l’attaque de l’albumine par les extraits de levure seuls n’a été sensible. Il est à remarquer que les produits de la digestion obtenus-avec la ma- cération pancréatique additionnée de l'extrait de levure, bouilli ou non, ont un aspect particulier, L’albumine attaquée bruni. ILest possible que la digestion soit à un stade différent; j'ai commencé l'étude de la question. Afin d'analyser l’action de l'extrait de levure, j'ai étudié, d'autre part, l'influence sur la macération pancréatique, d’une série d’autres corps choisis surtout parmi les produits de décomposition de l’albumine. Le résultat de ces recherches sera communiqué prochainement. (Travail du Laboratoire de physiologie générale de la Sorbonne.) DES RAPPORTS QUE PRÉSENTENT ENTRE ELLES L'HÉMOGLOBINURIE, LA CHOLURIE ET L'UROBILINURIE SECONDAIRES A L'HÉMATOLYSE EXPÉRIMENTALE, par MM. LEsné et P. Ravaur. Des expériences anciennes faites soit en augmentant la quantité d'hémoglobine (injection d’hémoglobine en nature, injection sous la peau ou dans le péritoine de sang du même animal ou d'animaux de même espèce), soit en détruisant des globules rouges (injection d’eau distillée, de substances globulicides comme la toluylène-diamine, etc.), ont montré que ces injections peuvent être suivies d’hémoglobinurie, de cholurie, et même d'’ictère dans quelques cas. Nous avons répété ces expériences et de plus nous avons produit par des sérums spécifiques la destruction des hématies, et cela surtout dans le but de rechercher les rapports que présentent entre ‘elles l’hémoglo- binurie, la cholurie et l’ urobilinurie secondaires à l’hématolyse expéri- mené. ‘ Après avoir essayé les différentes méthodes employées pour recher- cher les pigments biliaires dans l'urine, nous nous sommes arrêtés aux réactions de Gmelin et de Salkowski pour les pigments biliaires, et de Grimbert pour l’urobiline. Ces expériences ont été pratiquées sur des lapins et des chiens. Chez le lapin, qui fait facilement de la cholurie après ligature du cho- lédoque, nous avons pu déterminer soit de l’urobilinurie, soit de la cholurie très apparente par la réaction de Gmelin après injection intra- veineuse d'eau distilllée (4) ou injection intrapéritonéale de son propre (1) Nous nous sommes assurés à différentes reprises que l’eau physiolo- ique injectée, même en quantités plus considérables, ne produisait pas dans les urines l’apparition de pigments. Te SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1107 sang défibriné. L'urobilinurie a toujours précédé, accompagné et suivi la cholurie. L’eau distillée à forte dose donne de plus un premier stade d’hémoglobinurie. ; Chez le chien nous avons obtenu de cette façon les mêmes résultats; nous avons en outre constaté que la toluylène -diamine peut, à doses variées en injections sous-cutanées, reproduire chacun de ces stades. Enfin nous avons utilisé dans le même but un produit globulicide spécifique : le sérum du lapin préparé avec du sang défibriné de chien, qui, comme on sait, est fortement hémolytique pour les globules rouges du chien. Ces lapins ont été préparés par quatre injections intrapérito- néales de 8 à 10 centimètres cubes de sang défibriné de chien faites à huit jours d'intervalle; une dose supérieure à 10 centimètres cubes est souvent mortelle pour le lapin en expérience. Le sérum d’un lapin ainsi préparé, injecté sous la peau d’un chien de 10 kilogrammes, même à forte dose (15 centimètres cubes) n’a provoqué que de l’urobilinurie. En injection intrapéritonéale, la dose de 10 centimètres cubes a déter- miné simultanément urobilinurie et cholurie qui s’est prolongée durant dix jours. Dans ce cas, la réaction de Gmelin était encore plus accentuée que dans aucune des expériences précédentes; l’urobilinurie a persisté pendant beaucoup plus longtemps. Les matières fécales n'ont pas pré- senté de modifications de coloration appréciables. Ici, comme lorsque l'on emploie l’eau distillée, il faut, chaque fois que l’on répète l’expé- rience sur le même animal, augmenter les doses de substances injec- tées pour produire des effets semblables. Après deux injections faites à dix jours d'intervalle, les conjonctives et la peau d’un de nos chiens présentaient une teinte subictérique. Si, au lieu de sérum hémolytique, on emploie du sérum de lapin normal, on ne constate aucune élimination pigmentaire. De plus, dans toutes ces expériences, la cholurie s'accompagne d’albuminurie d’abondance et de durée variables. Ces faits nous montrent que par destruction des hématies on peut, suivant les doses de substances globulicides employées, déterminer à petite dose de l’urobilinurie seule, à dose plus élevée de l’urobilinurie et de la cholurie, celle-ci disparaissant la première, et à dose plus forte encore de l’hémoglobinurie suivie du stade précédent. (Travail du Laboratoire de M. Widal.) 41108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉLECTION DU PRÉSIDENT La Société, réunie en assemblée génerale, a procédé à l'élection du pré- sident quinquennal, en remplacement de M. le professeur Charles Bou- CHARD, dont les fonctions expirent à la fin de ce mois de décembre 1901. 59 membres prennent part au scrutin : MMEMARE VI ME MODUENT NDS ISUTTTASESES MARA SGEN ERA 2 — DERDHELOT PME DUR 1 suffrage. GARD ANA ETAT AE ee 1 — Bulle nl ane NAME À En conséquence, M. le professeur MaREy est élu pos de la Société pour cinq ans. ÉLECTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL M. GLey est réélu secrétaire général pour €inq ans. ÉLECTIONS DU BUREAU, DU CONSEIL ET DES COMMISSIONS POUR L'ANNÉE 14909 Vices-présidents. — MM. Capiran et HÉNOCQUE. Secrétaires annuels. — MM. BorREL, JoLLY, LINOSSIER, LOISEL. Trésorier. — M. G. Weiss. Archiviste. — M. RETTERER. Membres du Conseil. — MM. LaBoRDE, MALASSEZ, MANGIN NETTER RAILLIET, TROISIER. Comité de contrôle. — MM. FÉRÉ, an LANGLOIS. Commission des membres correspondants. — MM. Dupuy, GraRD MALAssEz, LAPICQUE, TROISIER, WEISS. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1109 ÉLECTIONS M. GEGENBAUR (de Heidelberg), membre associé, est nommé membre honoraire, ainsi que M. F. von LeypiG (de Bonn). M. H. KRONECKER, correspondant, est nommé associé, ainsi que M. R. Kocu (de Berlin). M. À. Lucer, vétérinaire à Courtenay, est nommé membre corres- pondant, ainsi que MM. Van Bameeke (de Gand), Beurine (de Marburg) et G. von BünGE (de Bâle). Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAKETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. LA SÉANCE DU 2{( DÉCEMBRE 1901. Mes TI. Toreyxo et M. SreraxowskA : De l'équivalent de la loi de Ritter-Valli, dans l’anesthésie des nerfs. — Miles I. IJoreyxo et M. SreranowskA : De l’envahissement successif par l’anesthésie des fibres nerveuses sensitives et motrices. — MM. S. ARLOING et À. Descos : Des toxones de la tuberculine. — M. FERNAND ARLOING : Influence de la mucine sur le bacille de Lœæffler et sur sa toxine. — M. le Dr L, Dor : Hyposérochromie et hypersérochromie. — M. G. Linossier : Action des alcools de fermentation sur les poissons. — MM. A. Mossé et Sara : L'examen du sang et la formule leucocytaire dans le diagnostic des abcèe du foie. — M. le Dr MaureL : Anesthésie locale produite par le chlorhydrate d’émétine, donné en injections hypodermiques, chez le lapin. — M. P. ArMann-DeLiLce : Méningite spinale plastique expérimentale par le poison sclérosant du bacille tuberculeux. — MM. Rocer et Garnier : Infantilisme expérimental d’origine thyroïdienne. — M. À. CLerc : Influence de quelques agents microbiens et toxiques sur les varia- tions des ferments sanguins. — MM. J. HuLor et F. Ramonp : Dégénérescences expérimentales spéciales du foie. et des reins d'origine cystolytique. — MM. A. Grr- BERT et P. LEREPOULLET : Du diabète par anhépatie dans les cirrhoses. — M. Axpré Mayer : Rôle de la viscosité dans les phénomènes osmotiques et dans les échanges organiques. — M. Annré Mayer : Présentation d'un viscomètre. — M. A. Goucer : Sur certaines altérations hépatiques consécutives aux injections répétées d’urée à haute dose. — M. le Dr Jures Rens : L’agglutinabilité du bacille typhique; mesure de son pouvoir agglutininogène. — MM. Roner et GALAVIELLE : Influence de la dessiccation sur les moelles rabiques. Marche de la perte de la virulence. — MM. Roner et GALAVIELLE : Influence du séjour prolongé dans la glycérine sur le virus rabique. — MM. J. Casrarone et F. RArTHERY : Ligature unilatérale de l’artère rénale, de l’uretère ou du pédicule. Accidents consécutifs. — MM. J: CasraiGnE et F. RATHerY : Néphrectomie, ligature unilatérale de l'artère rénale, de l’uretère ou du pédicule; lésions du rein opposé. Présidence de M. Raïlliet, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. J. PEerrauD, membre correspondant, fait hommage à la Société d’un travail intitulé : De la Pyrale et des moyens de la combattre, bro- chure in-8° de 31 pages. Montpellier, 1904. DE L'ÉQUIVALENT DE LA LOI DE RITTER-VALLI, DANS L’ANESTHÉSIE DES NERFS. Note de M'& I. Ioreyxo et M. STEFANOWSKA. (Communication faite dans la séance précédente.) Au cours de nos recherches sur l’anesthésie des muscles et des nerfs, nous avons signalé dès 1899 l'existence d’un phénomène qui est Brococre. Comptes RENDUS. — 1901. T. LIIT. SG 1112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’analogue de la loi de Ritter-Valli pour les nerfs mourants et anémiés, et sur lequel nous désirons revenir dans cette note (1). Dans l’anesthésie totale du nerf, quand une préparation névro-mus- culaire entière est plongée dans une atmosphère chargée de vapeurs anesthésiantes (chloroforme, éther ou alcool), quelle est la partie du nerf qui est la première à ressentir les effets paralysants de l’anes- thésie? Existe-t-il à cet égard des différences entre les divers points d'un même nerf? Ressentent-ils simultanément ou successivement l’inz fluence paralysante de l'agent anesthésique? Nous nous sommes adressées à la méthode graphique pour résoudre cette question. La préparation névro-musculaire de grenouille est introduite dans une petite cloche renfermant une éponge imbibée d’anesthésique; de deux Courbe de l’anesthésie, Graphique (lire de droite à gauche) représentant la diminution d'excitabilité de la partie centrale et de la partie périphérique du nerf sciatique de grenouille sous l'influence de la narcose éthérée. n. Au début, l'excitabilité est presque la même, la partie supérieure (premiertrait} étant un peu plus excitable que la partie inférieure (deuxième trait). Cette explora- tion donne deux fois le même résultat. Bientôt, sous l'influence des vapeurs d’éther, nous voyons l'excitabilité décroître ; mais, tandis que l’excitabilité de la partie supé- rieure est descendue au bout de peu de temps au tiers de sa valeur initiale, l’exci- tabilité de la partie inférienre n'a fléchi que très légèrement. L’excitabilité de la partie supérieure disparaît tout à fait, alors que l’excilabilité de la partie inférieure se maintient pendant plusieurs minutes. L'examen de l’excitabilité a été fait toutes les dix secondes (la fatigue est éliminée). paires d'électrodes fixes aussi pareilles que possible, l’une est appliquée tout en haut du nerf sciatique (proprement dit), et l’autre est placée tout près du muscle. À l'extérieur de la cloche, nous intercalons dans le circuit trois clefs; la première se trouve dans le circuit primaire, et son abaissement amène le courant dans la bobine de Dubois-Raymond ; les deux autres clefs se trouvent intercalées dans le circuit secondaire et (4) Anesthésie générale et anesthésie locale du nerf moteur (C. R. de l'Académie des sciences. OXX VIII, p. 1606) et Influence des anesthésiques sur les muscles etles nerfs (Annales de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, X, 1901). SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1113 chacune d’elles est en rapport avec une paire d'électrodes; on peut ainsi lancer le courant à volonté soit dans une paire, soit dans l'autre paire, et examiner l’excitabilité tantôt de la partie supérieure, tantôt de la partie inférieure du nerf. Le muscle est relié à un tambour de Marey qui se trouve à l'intérieur et dont le tube en caoutchouc traverse une troisième ouverture (les deux premières étant affectées aux fils des électrodes) du bouchon de la cloche, et est mis en rapport à l'extérieur avec un second {ambour inscripteur. Les phénomènes observés dans ces conditions présentent tous les caractères d’une loi que nous formulerons ainsi que suit : Sous l'influence de l'agent anesthésiqué (chloroforme, éther, alcool), qui atteint simultanément le nerf sur toute sa longueur, l'excitation de la partie supérieure du nerf cesse d'étre efficace bien avant l'excitation de sa partie inférieure. Plus un trajet est éloigné du muscle et plus vite disparaît son excitabilité. L'ordre inverse est suivi pour le rétablissement des fonctions après le réveil; c'est la partie inférieure du nerf, voisine du muscle, qui récupère la première son excitabilité. Nous nous abstiendrons pour le moment de toute en lai On peut expliquer ce phénomène soit par l'indépendance fonctionnelle entre les différentes parties du même nerf, la partie supérieure étant la première à subir le contre-coup des perturbations diverses, soit par la théorie de l'amortissement de l’ébranlement fonctionnel invoquée par Herzen dans l’explication de la loi de Ritter-Vaïli. C’est aux recherches futures de donner à l’une de ces théories l'appui expérimental néces- saire. DE L’ENVAHISSEMENT SUCCESSIF PAR L'ANESTHÉSIE DES FIBRES NERVEUSES SENSITIVES ET MOTRICES, Note de M I. Ioreyro et M. STEFANOWSKA. (Communication faite dans la séance précédente.) Déjà, en 1892, Pereles et Sachs avaient montré que dans l'anesthésie locale du nerf, l’excitanilité des fibres sensitives disparaît avant l'exci- tabilité des fibres motrices, el que le réveil des fibres motrices a lieu avant le réveil des fibres sensilives. Pour démontrer cette action, ils employèrent la méthode des réflexes. Nous avons repris le même sujet, qui n'avait pas été réexaminé à nouveau depuis cette époque, en appliquant une nouvelle méthode aux recherches. C'est la méthode de la réaction à la douleur qui nous a permis de dissocier l'effet produit par les anesthésiques sur les fibres nerveuses sensitives de l'influence exercée sur les fibres nerveuses 1114 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE motrices, et de voir, d'accord avec Pereles et Sachs, que l’anesthésie précède la paralysie. Nous procédons;de la façon suivante : à une grenouille entière et vivante, dont le nerf sciatique est dénudé, on anesthésie un trajet nerveux situé vers le milieu du nerf, en l’entourant d’un mince bour- relet de ouate imbibé d’éther : une paire d’électrodes est placée en amont (E’) du point éthérisé ; une seconde paire est placée en aval(E) de ce point. Avant le début de l’aresthésie du point intermédiaire, l'excitation du point E' aussi bien que du point E détermine les deux réactions : a) la réaction motrice, contractions du gastrocnémien ; à) {a réaclion sensilive ; la grenouillé réagira à la douleur causée par le passage du courant par des contorsions désordonnées de tout le corps 11 s’agit maintenant de savoir laquelle de ces deux réactions dispa- raitra la première sous l'influence de l’anesthésie locale du nerf et Schéma de l'expérience montrant l’envahissement successif par l’anesthésie pes fibres nerveuses sensitives et des fibres nerveuses motrices. À, point du nerf aneÿ- thésié ; E, E', deux paires d'électrodes : C, cerveau. quelle sera la première à revenir. Voici la succession des sympiômes qu'on observe en anesthésiant le trajet intérmédiaire À : i° L’excitation du point E" (en avant du trajet À) produit encore une réaction motrice (preuve que la transmission centrifuge peut s'accem- plir) alors que l'excitation du point E (en aval de l'obstacle à la trans- mission) ne détermine plus de réaction à la douleur (preuve que la trans- mission centripète est arrêtée) ; 2° Dans une seconde phase, l'excitation du point E' cesse de provoquer la réaction motrice (la transmission cen- trifuge est arrêtée) ; 3° Quand on enlève l'anesthésique, la réaction motrice obtenue en excitant le point E" précède la réapparition de la réaction à la douleur obtenue par l'excitation du point E ; 4 La réaction à la douleur déterminée par l'excitation du point E apparaît en dernier heu. Dans l’anesthésie locale des nerfs (éther, chloroforme, alcool), l’exci- tabilité des fibres sensitives disparait avant l'excitabilité des fibres motrices ; le réveil des fibres motrices précède le réveil des fibres sensi- tives. D'une façon générale, la fibre sensitive est plus sensible, la fibre motrice plus résistante à l'action des anesthésiques. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1115 DES TOXONES DE LA TUBERCÇULINE, par MM. S. ARLoInG et À. DEscos. I. — Ehrlich à distingué dans la toxine diphtérique deux produits directs du bacille de Lœffler, jouissant de propriétés différentes : les toxines et les toxones. Les premiers, doués de propriétés morbigènes spécifiques, déter- minent l'empoisonnement aigu, et sont capables de neutraliser une quantité mathématique d’antitoxine. Les seconds engendrent les accidents tardifs ou lents de l’intoxica- tion diphtérique; ils ont leur caractère propre. On met les toxones à découvert en ajoutant à la toxine une dose d’antitoxine juste suffisante pour supprimer l’action toxique immédiate. Si on augmente graduellement la dose d’antitoxine jusqu’à la neutrali- sation complète de la toxine, les toxones vont en diminuant, et finissent par disparaître dans le mélange. S. Arloing et Nicolas, Madsen et Dreyer, Rehns ont montré que les toxones sont capables de provoquer la formation d’antitoxine dans l’organisme qui les reçoit. Il nous a paru intéressant de chercher si des corps analogues aux toxones pourraient être mis à découvert dans la tuberculine, et de voir si ces composés, qui, théoriquement, sont moins nocifs que la tubercu- line brute, ne pourraient pas être substitués avantageusement à celte dernière, soit dans la création de l’immunité antituberculeuse, soit dans le traitement de la tuberculose. Aujourd'hui, nous parlerons de la recherche des toxones. 11. — La tuberculine que nous avons employée dans nos expériences est la tuberculine brute livrée par l’Institut Pasteur. Quant au sérum neutralisant, il provient d’une chèvre inoculée sous la peau, fréquem- ment et depuis longtemps, avec des cultures pures de bacilles humains très virulents. IT. — Etant donné le but que nous poursuivions, nous devions arriver d’abord à supprimer la toxicité aiguë de la tuberculine. Les animaux tuberculeux se prêtant fort bien à la manifestation de cette toxicité, ce sont eux que, dans une première série, nous avons pris à titre de réactifs. Nous avons donc déterminé aussi bien que possible la dose de tuber- culine mortelle pour des cobayes tuberculeux; puis, par une série de tâtonnements, nous avons fait un mélange de tuberculine et de sérum antitoxique dépourvu d'effets locaux et d'effets généraux. Ces expériences ne nous ont pas permis de fixer avec assez de préci- sion les proportions du mélange, car les animaux réactifs présentent une susceptibilité très différente, dépendant de leur résistance individuelle, de l'étendue et de la gravité de leurs lésions tuberculeuses. 4116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IV. — Nous avons pris le parti d'expérimenter sur des cobayes et des lapins à l’état normal. Les cobayes reçurent la toxine pure et mélangée sous la peau, les lapins dans la veine auriculaire. Les cobayes qui recevaient la toxine pure dans le tissu conjonctif sous-cutané moururent, après avoir perdu en moyenne 16 p. 100 de leur poids, et présenté un œdème généralisé; tandis que ceux à qui l’on injectait le mélange neutralisé mouraient après un laps de temps beau- coup plus long, un amaigrissement plus considérable, mais sans infiltra- tion œdémateuse. | Les lapins inoculés dans le sang avec la toxine mouraient paraplé- giques au bout d’une cinquantaine de jours, alors que ceux qui recevaient un mélange toxine-sérum succombaient à l’état cachectique, dépourvus de lésions spéciales, vers le cent quarantième jour après l'injection. La tuberculine neutralisée a donc conservé une toxicité particulière, que nous comparons à celle des toxones de la toxine diphtérique. Pour neutraliser la tuberculine et conserver les toxones il faut faire un mélange comprenant une partie de tuberculine pour deux à trois de Sérum. La toxicité du mélange se relève si l'on augmente la proportion de sérum, et parvient à dépasser celle de la tuberculine pure lorsqu'on associe cinq parties de sérum à une partie de tuberculine. Dans ce cas, la surtoxicité est imputable à la toxicité inhérente au sérum. Nous avons mis ce fait hors de doute par des expériences particulières. Nous dirons, dans une autre nole, que ce nouveau mélange exerce une influence spéciale sur le développement de l'infection tuberculeuse. Conclusions. — 1° Sur des sujets bien portants, l’action toxique immé- diate de la tuberculine peut être supprimée par l'addition à la tuberceu- line d’une dose convenable de sérum antituberculineux ; : 2 L'action neutralisante du sérum est surtout nette sur les effets locaux, moins évidente sur les effets généraux. La survie des animaux est accompagnée d’un amaigrissement très considérable ; 3° La toxicité subsistant dans le mélange peut être attribuée aux toxones de la tuberculine; 4° Pour isoler les toxones de la tuberculine, il faut ajouter à cette dernière deux ou trois volumes de sérum antituberculineux ; 5° Les proportions du mélange pourront varier suivant la toxicité de la tuberculine et la valeur du sérum antiluberculineux ; 6° Une dose trop élevée de sérum apporte son contingent de toxicité. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1117 INFLUENCE DE LA MUCINE SUR LE BACILLE DE LORFFLER ET SUR SA TOXINE, par M. FERNAND ARLOING. Au début de cette année, MM. Charrin et Moussu ont communiqué à la Société de Biologie des recherches faites avec du mucus recueilli à la surface de diverses membranes de revêtement de l’organisme animal. Dans nos expériences, nous nous Sommes servi de mucus extrait de la limace. C’est à cette solution de mucus préparée par M. Lavocat, phar- macien à Lyon, que l’on a donné le nom de mucine (1). Nous nous sommes demandé si la propriété bactéricide (qui de tout temps a été reconnue appartenir au mucus des animaux supérieurs) se retrouverait dans la mucine extraite des limaces, et dans ce but nous avons entrepris les recherches suivantes : nous avons examiné l’action de la mucine à un triple point de vue vis-à-vis du bacille de Lœæffler : 4° sur la virulence du bacille ; 2 sur la toxine; 3° sur la végétabilité. Introduite seule dans le tissu cellulaire sous-cutané aux doses utilisées pour nos expériences, la mucine ne provoque chez le cobaye aucun trouble d’origine toxique et n’a pu par conséquent apporter de perturbation dans les résultats acquis. Ï. Action sur la virulence. — Nous avons fait des mélanges in vitro à des titres progressivement croissants de mucine ordinaire (1/4, 1/2, 1 et 3 centimètres cubes) ajoutée à une dose-type uniforme (1/4 de centi- mètre cube) de culture diphtérique (1/4 de centimètre eube d’une eul- ture de 24 heures tuant un cobaye de 450 grammes en 36 heures). Dans ces mélanges exlemporanés in vilro, c'est-à-dire pratiqués au moment de l'injection, la mucine n’a apporté aucune modification à la virulence de notre agent infectieux, de même que dans des mélanges in vivo réalisés par l’inoculation de la culture sous la peau de la cuisse et celle de la mucine dans le pointopposé. Puis cullure et mucine sont restées en contact pendant À heures in vilro et ont été injectées. Des quatre animaux ainsi inoculés, deux sont morts plus lentement que le témoin; cinq, ayant recu des doses de 1 et 3 cen- timètres cubes, ont survécu pendant %5 jours, puis n’ont plus été suivis. Des mélanges semblables poussés jusqu'à 5 centimètres cubes de mucine et prolongés pendant huit heures in vitro ont montré qu'après un tel contact la culture ne produisait plus qu'un œdème chronique au point inoculé sans amener la mort, comme si l'animal était vacciné ou avait reçu de la toxine imparfaitement neutralisée. Il. Action sur la toxine. — Dans cette nouvelle série d'expériences (1) Voy. la communication de M. Jean Lépine, Soc. de Biol., 30 novembre 1901. A11S SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous avons suivi un plan analogue à celui que nous avons adopté pré- cédemment pour les cullures. Notre toxine est douée d’une activité assez grande, puisque 1/4 de centimètre cube tue le cobaye en 36 heures et 1/10 de centimètre cube en 3 jours. Nous avons utilisé ces deux doses, espérant pouvoir constater avec une dose de toxine moins considérable une action de la mucine qui aurait pu être masquée en employant une dose unique un peu forte. Le mélange extemporané in vitro et le mélange in vivo se sont montrés également inefficaces à enrayer l’action dela toxine diphtérique. Après huit heures de contact in vitro, la mucine pure aux doses de 1/4, Let 3 c. c. n'a aucune action enrayante sur les effets de la toxine. Les animaux témoins et les autres ont succombé simultanément. IL. Action sur la végétabilité. — La mucine que nous avons employée était impure et polluée par des microbes banaux; aussi avons-nous été obligé de la stériliser par filtration sur porcelaine avant d'entreprendre ces dernières recherches. Au sortir du filtre, la mucine prend un aspect dicroïque analogue à celui d’une solution d’éosine ou de fluorescéine. Les cultures ont montré que la mucine exerce sur le développement du bacille de Lœæffler une action dysgénésique. Dans la mucine pure filtrée, la végétation du bacille diphtérique est complètement arrêtée, même après un long séjour à l’étuve. Une culture ensemencée avec quelques gouttes de la culture précédente reste stérile. Dans des milieux où les proportions de bouillon et de mucine varient réciproquement, le développement du b. de Læffler se produit si la quantité de mucine ne représente pas les deux tiers du milieu liquide. L'inoculation de 1/4 de centimètre cube de culture faite dans les® conditions précédentes prouve la conservation intacte de la virulence. La mucine, après filtration sur porcelaine, ne s'est pas montrée très dissemblable de la mucine non filtrée: car des mélanges in vitro de mucine filtrée et de culture inoculée, au bout de huit heures de contact, n’ont pu provoquer la mort chez les animaux d'expérience. Leur survie excède actuellement un mois. En somme, des recherches que nous venons d'exposer très briève- ment, nous tirerons les conclusions suivantes: 1° La mucine exerce sur la virulence du b. de Lœffler, emprunté à une culture liquide de 24 heures, une action incontestable. Celle-ei, peu sensible si le contact est de courte durée, est évidente après un contact prolongé pendant une heure. Elle se manifeste même après une demi- heure. Dans ce cas, les cobayes inoculés avec le mélange survivent indé- finiment. 2° La toxine diphtérique n'est nullement atteinte dans son action par son mélange à la mucine, après huit heures de contact. 3° Le b. diphtérique ne peut se développer dans la mucine filtrée non additionnée de bouillon. Elle constitue done pour ce microbe un milieu SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1119 très dysgénésique. Cette action s'efface si la proportion de mucine dimi- nue dans le milieu. Dans ce cas, le bacille végète et sa virulence se con- serve intacte. 4° Au point de vue du mécanisme intime des faits, il semble que la mucine est douée d’une action bactéricide et non d’une action antitoxique. En effet, son influence sur le bacille de Lœffler ne s'exerce qu'après un contact prolongé pendant au moins une demi-heure ou une heure, et elle se montre incapable de neutraliser la toxine diphtérique à laquelle on veut l’opposer. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de Lyon.) HYPOSÉROCHROMIE ET HYPERSÉROCHROMIE, par M. le D' L. Dor. Dans la séance du 29 noverabre 1901, MM. Gilbert et Herscher ont fait une communication sur les différences de coloration du sérum sanguin, que l’on peut observer dans diverses maladies. À cette occasion, nous désirons faire connaître le résultat de nos recherches sur la décoloration du sérochrome. Lorsqu'on expose une sérosité ascitique à la lumière pendant deux ou trois jours, et qu'on la compare à cette même sérosité conservée à l’obscurité, on remarque que la sérosité conservée à l’obscurité n’a pas “changé de couleur, tandis que celle qui a été exposée à la lumière s’est partiellement décolorée. Si l’on répète l'expérience en ajoutant de l'eau oxygénée aux deux solutions, on remarque que cette fois les deux se sont décolorées, mais celle qui a été exposée à la lumière se décolore beaucoup plus vite. Si l’on ajoute de l'acide carbonique au lieu d'eau oxygénée, le phé- nomène se produit comme si l’on n’avait rien ajouté, la solution con- servée à l'obscurité ne se décolore pas du tout, et celie qui a été exposée à la lumière se décolore partiellement. Si, après avoir fait coaguler par l’ébullition la sérosité, on traite le coa- gulum par l'alcool absolu, celui-ci se colore en jaune. Cette solution alcoolique exposée à la lumière se décolore complète- ment, alors que la même solution conservée à l'obscurité ne se décolore que partiellement. Lorsqu'on a fait une solution du sérochrome dans l'alcool absolu, si on la laisse s'évaporer, et si on reprend le résidu par de l’eau alcalinisée qui seule dissout ce résidu insoluble dans l’eau distillée, la solution ainsi obtenue réduit le permanganate de potasse lorsqu'elle a été préparée avec du sérochrome non exposé à la lumière, et ne le réduit 1120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pas lorsqu'elle à été préparée avec du sérochrome exposé préalable- ment à la lumière. Il semble donc que le sérochrome soit avide d'oxygène, que sous l'in- fluence de l'oxygène il se décolore, et que sous l'influence de la lumière il s'oxyde. Unefois décoloré et oxydé, il n’est plus avide d'oxygène. Dès lors il ne cherchera plus à s'emparer de l'oxygène fixé sur l’oxyhémo- globine, voilà peut-être la raison pour laquelle les tuberculeux et les can- céreux ont un sérum décoloré: le sérochrome déjà oxydé ne décompose pas l’oxyhémoglobine dans nos tissus sous l'influence de la lumière; aucun oxygène ne sera déplacé, et les échanges organiques seront ralentis. ACTION DES ALCOOLS DE FERMENTATION SUR LES POISSONS, par M. G. LinossiEr. L'action comparée des divers alcools sur les poissons à été étudiée déjà par plusieurs expérimentateurs. Je citerai notamment Houdaille (4), Tsukamoto (2), Picaud (3), Baer (4), et tout récemment Cololian (5). J'ai fait moi-même en 1899, dans le laboratoire de M. Bondet, à la Faculté de médecine de Lyon, quelques recherches sur la même question. Je crois devoir en résumer brièvement les résultats; il peut être intéres- sant de les mettre en regard de ceux qu'ont obtenus les divers auteurs que je viens de citer. Mes expériences n'ont porté que sur les alcools de fermentation, les® seuls intéressants au point de vue pratique, et sur un seul poisson, l’ablette. Voici, en résumé, ce que j'ai observé. Alcool éthylique. — Dans l'alcool éthylique, à 0,5 p. 100 en volume, les ableltes semblent pouvoir vivre très longtemps. Après une semaine et plus, elles paraissent bien portantes. Elles meurent après un temps variable, pouvant atteindre dix jours dans l'alcool à 4 p. 100, après deux heures dans l'alcool à 2 p. 100, après quarante minutes dans l'alcool à 3 pour 100. En même temps que croît la toxicité du mélange, les symptômes de l’intoxication se modifient. Au début du séjour de l’ablette dans l'alcool à 0,5 p.100, après une courte période de malaise, on constate une exci- tation très vive de l'animal, qui dure plusieurs heures et s’apaise ensuite (1) Thèse de Paris, 1893. (2) Journal of the College of science Tokiv, 1894. (3) Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 1897. (4) Arch. of. Anat. und Physiol., 1898. (5) Journal de physiol. et de pathol. génér, 1901. SÉANCGE DU 21 DÉCEMBRE 1121 peu à peu. Cette excitation est plus marquée encore dans l'alcool à 1 p. 100 : le poisson ne se contente pas de se déplacer brusquement dans tous les sens, il perd entièrement l'équilibre et nage sur le dos avec une rapidité extrème. Dans l'alcool à 2 p. 100, l'excitation fait assez vite place à l’anesthésie. Dans l’alcool à 3 p. 100, l'excitation est moindre, et on voit apparaître un peu de la stupeur qui sera le phénomène caractéristique de l’intoxication par les alcools supérieurs. Alcool propylique. — Dans l'alcool propylique à 0,5 p. 100, les phéno- mènes d'intoxication paraissent très comparables à ceux que provoque l'alcool éthylique à 4 à 2 p. 100. Ici encore, c’est l'excitation et le trouble de l’équilibration qui dominent. Le poisson, renversé sur le dos, nage très vivement dans tous les sens, puis s’assoupit, tombe dans le coma, et meurt en quatre à sept heures. Alcool butylique. — Dans l'alcool butylique à 0,5 p. 100, l'effet est tout autre. La phase d’excitation est réduile au minimum ; presque dès son immersion dans le mélange, l'animal est comme stupéfié. Son immobi- lité est interrompue par instants par de violents mouvements de défense au cours desquels il bondit hors du liquide. La période d’anesthésie et de coma arrive vite, et, au bout de 10 à 12 minutes, le poisson paraît mort. Si, à ce moment, on le retire du mélange toxique pour le plonger dans l’eau pure, il se ranime momentanément, fait quelques mouve- ments et meurt. Si on le retire de la solution alcoolique après cinq minutes seulement d'immersion, alors qu’il parait encore bien vivant, pour le porter dans l'eau pure, il y meurt en une heure ; même après un contact de trois minutes avec l’aleool butylique à 0,5 p. 100, il se remet très difficilement. La différence est frappante avec ce qui se passe dans le cas de l’alcoo!l éthylique : des poissons plongés dans ce dernier alcool se remettent en général quand on les transporte dans l’eau pure, même à la période d’anesthésie compiète. Alcool amylique. — Dans l'alcool amylique à 0,5 p. 100, les poissons sont comme sidérés. Après une minute à une minute et demie, soixante- quinze secondes en moyenne, ils sont toul à fait anesthésiés et semblent morts. Toutefois, si à ce moment on les transporte dans l’eau pure, ils se raniment très facilement. Ils peuvent même se remettre après une immersion de dix minutes dans le mélange toxique, et il faut les y lais- ser jusqu'à vingt minutes pour les tuer sûrement. Il semblerait donc que, malgré son action en apparence foudroyante sur les poissons, l’alcool amylique fût moins toxique pour eux que l'alcooi butylique, puisqu'ils ne peuvent séjourner cinq minutes sans mourir dans ce dernier alcool à la même concentration. En réalité, il n’en est rien : l'alcool amylique est vraiment plus toxique, mais l’anesthésie précoce qu'il provoque permet à l’animal, par la sus- pension presque complète de tous les phénomènes vitaux, et surtout de 1122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la respiration, qui favorise l'absorption, d'échapper dans une certaine mesure à l’intoxication. La preuve que c’est bien l'anesthésie qui prolonge la vie de l’ablette : dans l'alcool amylique à 0,5 p. 100, c’est que, si on y plonge un poisson rendu plus résistant à l’action anesthésique par un séjour antérieur dans l'alcool éthylique, il ne sera anesthésié qu'en trois minutes au lieu de soixante-quinze secondes, mais, une fois anesthésié, il ne peut être rap- pelé à la vie. L'augmentation de la résistance à l’anesthésie a done diminué la résistance à l’intoxication. Ces expériences concordent entièrement avec celles des auteurs que _ j'ai cités plus haut pour affirmer l'accroissement de la toxicité des alcools de fermentation avec leur poids moléculaire. Si on voulait, dans un cours, démontrer expérimentalement cet accroissement, rien ne serait plus frappant que de plonger comparativement quatre ablettes dans quatre bocaux renfermant des solutions des quatre alcools à 0,5 p. 100. On constaterait : Dans l’alcool éthylique une excitation légère du poisson; Dans l'alcool propylique une excitation très vive avec troubles de l'équilibration ; Dans l'alcool butylique, de la stupeur, des mouvements de défense violents, et, au bout de dix minutes environ, chute de l'animal absolu- ment anesthésié; Dans l'alcool amylique, sidération brusque, angoisse, et chute de l'animal absolument anesthésié après soixante-quinze secondes environ. Accoutumance. C’est précisément en vue d'étudier l’accoutumance à l'alcool, qu'avaient été organisées les expériences que je rapporte; mais sur ce point particulier, les résultats obtenus ont été assez variables, et les différences individuélles se sont montrées très grandes. Néanmoins, la possibilité de réaliser chez le poisson un certain degré d’accoutu- mance à l'action des alcools n’est pas douteuse. Celle-ci peut être obtenue soit par l’action ménagée du même alcool que celui dont on étudie l’action toxique, soit par l’action d’un autre alcool moins actif. | Comme exemple du premier procédé, des ablettes plongées dans l'alcool butylique à 0,5 p. 100 une minute d’abord, puis chaque jour un peu plus longtemps, arrivent à en supporter le contact jusqu'à six minutes et demie sans mourir, tandis que des poissons neufs ne le sup- portent pas plus de quatre minutes. Le second procédé est plus intéressant, en ce qu'il démontre que l'usage répété d'un alcool déterminé peut provoquer une augmentation de la résistance non seulement à cet alcool, mais à un autre de la même série. En voici un exemple : un poisson vivant depuis huit jours dans de l'alcool éthylique à 1 p. 100 à pu supporter l'immersion dans l'alcool amylique au même titre pendant trois minutes dix secondes avant d'être 0] SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1123 anesthésié, au lieu-de soixante-quinze secondes, durée moyenne de la résistance des poissons neufs. La résistance à l’anesthésie à donc été, dans ce cas, nettement augmentée. J’ai dit plus haut comment cette augmentation même de résistance à l’anesthésie avait rendu l'intoxica- tion plus facile, si bien qu'il est malaisé de conclure de cette expérience à une modification de la résistance à l’action toxique proprement dite. A ce point de vue l'expérience précédente sur l'alcool butylique est plus décisive, et d'une interprétation plus facile. L'EXAMEN DU SANG ET LA FORMULE LEUCOCYTAIRE DANS LE DIAGNOSTIC DES ABCÈS DU FOIE, par MM. A. Mossé et SARDA. La numération des globules du sang, ou mieux la formule hémoleuco- cytaire, offre-t-elle une réelle valeur pour le diagnostic des abcès du foie ? Pour MM. Boinet et Maurel, l'hyperleucocytose déterminée par l'hépatite suppurée serait caractéristique. « Il me semble, dit M. Maurel (1) dans sa communication à la Société, qu'en réunissant les faits du D’ Boinet et ceux que je viens de rappeler, on arrive à celte conclusion ayant un intérêt pratique : Dans le cours d'une entéro-colite ou après sa quérison, la constatation d'une hyperleucocytose ne dépassant pas 20.000 leucocytes doit faire penser à une complication hépatique telle que la congestion, ete., . el qu'une hyperleucocytose plus considérable, avoisinant 50.000, doit faire penser à une hépatite suppurée. » M. Rispal, au contraire, d’après le résultat de ses numéralions, ne croit pas que l’hyperleucocytose doive être considérée comme un phènomène constant dans l’abcès dysenté- rique du foie, et que l’examen du sang puisse fournir pour le diagnostic différentiel les résultats qu'on a voulu lui attribuer (2). Nous avons eu l’occasion de soigner récemment, dans notre clinique, quatre malades atteints d’abcès du foie. Voici, résumés sous forme de tableau, les résultats de l'examen hématimétrique (3) obtenus dans chacun de ces cas. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 2 et 9 mars 1901. (2) Voici la technique suivie : 1° Numération des leucocytes avec l'appareil de Hayem (les chiffres inscrits dans le tableau représentent la moyenne de deux ou trois champs. Le chiffre des globules blancs est calculé sur la numération de 50 champs). 2° Numération des diverses variétés de leucocytes sur préparations de sang sec coloré à l’éosine et hématéine; pourcentage basé sur un total de 200 à 250 leucocytes. Oculaire 1; objectif 7 de Leitz. (3) Abcès du foie. Phlébite de la veine cave inférieure. Mort subite, par Sarda et Oulié. Discussion par À. Mossé (Toulouse médical, 15 juin 1901, p. 121). SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE I Il III IV re he DOUBLE TRIPLE ec du foie chez me ; Ro un homme abcès abcès de 24 ans cyan eu le ne er à Ecypte. Pr foie. foie. Globules rouges. . 5.300.000 5.240.000 4.429.000 4.570.000 ÉÉUCOEMTES PRE 23.000 40.500 19.840 26.570 Pourcentage des diverses variétés de leucocytes. Polynucléaires neutrophiles. 74,6 0/0 10,3 0/0 88,66 0/0 76,60 0/0 — éosinophiles . Du = 0,6 — » 1,6 — Grands mononucléaires. 10,4 — T — 5,38 4,60 — EYMpPhOCITES AS RER 44,1 — 20,2 — 6,15 16,66 — Notre observation IL doit être classée dans une catégorie à part, en raison de la phlébite ulcéreuse de la veine cave inférieure qui a influencé pour sa part et en dehors de la suppuration hépatique la formule leuco- cytaire, comme l’un de nous l’a fait remarquer dans la discussion qui a suivi la présentation des pièces à la Société anatomo-clinique de Tou- louse (1). L'abcès était petit (150 centimètres cubes de pus environ). Dans l'observation I (abcès non opéré consécutif à la dysenterie des pays chauds), l'hyperleucocytose ne s'élevait qu'à 23.000. Dans les observations IIT et IV, ils’agissait d’hépatite suppurée nostras. Dans l’une, on a constaté deux et dans l’autre trois abeès du foie, de la dimension moyenne d'une orange ou un peu plus. Dans le premier cas;« le nombre des globules blancs s’est élevé à 19.000, dans le second à 26.000, bien éloignés, on le voit, du taux indiqué par M. Maurel. Or, comme nous le dirons dans un prochain travail, nous avons pu trouver ce même degré d'hyperleucocytose, en dehors de tout abcès, dans l’ictère ou dans le cancer du foie. Donc : 1° Si nous laissons de côté le cas exceptionnel d’abcès com- pliqué de phlébite ulcéreuse de la veine-cave inférieure, l’hyperleuco- cytose qui, chez nos sujets, accompagnait les abcès du foie, quoique digne d’être notée, serait insuffisante pour constituer un symptôme de valeur séméiologique bien confirmée dans le diagnostic des abcès du foie. 20 Serait-il possible d'attribuer au pourcentage des polynucléaires neutrophiles une importance séméiologique plus grande qu’au chiffre global des leucocytes? La lecture de notre tableau semblerait y inviter. La proportion de ces éléments paraît, en effet, augmentée, si nous pre- nons la moyenne (60 p. 100, Jolly, à 70 p. 100, Hayem). Des recherches (1) Mossé, Toulouse médical, p. 128. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1195 en cours en ce moment nous empêchent de proposer même cette conclu- sion d’une facon ferme. On ne saurait oublier, comme l’un de nous l’a déjà dit ailleurs, que le parenchyme hépatique, frappé de suppuration, peut être déjà préalablement altéré par des propathies, et que ces propa- thies de la cellule hépatique peuvent retentir de facon directe ou indi- recte sur l’'hématopoièse, et par suite influer sur la proportion des glo- bules blancs. ANESTHÉSIE LOCALE PRODUITE PAR LE CHLORHYDRATE D'ÉMÉTINE, DONNÉ EN INJECTIONS HYPODERMIQUES, CHEZ LE LAPIN, par M. le D' MAUREL. Pendant mes expériences sur le chlorhydrate d’émétine sur le lapin par la voie hypodermique, j'avais été frappé de ce fait que la région dans laquelle je pratiquais l’injection perdait de sa sensibilité. Je me décidai alors à étudier cette action locale de l’émétine ; ‘et les recherches faites à cette époque furent des plus démonstratives. Toutefois, j'ai voulu, dans ces derniers temps, reprendre ces expé- riences ; et leurs résultats ayant confirmé ceux des premières, je crois utile de les faire connaitre. Dans ces deux séries d'expériences, le chlorhydrate d’émétine a été employé aux titres de Ogr. 50, 0 gr. 10 pour 10 grammes d’eau distillée, et même au faible titre de 0 gr. 005 pour 10 grammes. Les quantités de chlorhydrate d’émétine injectées ont varié de 0 gr. 02 à O gr. 0025. Même avec ces faibles quantités, le résultat a été constant : la sensibilité a toujours été très diminuée. C'est sur la région dorsale que l'injection à élé faite sur un côté de la colonne vertébrale ; et elle a suffi pour anesthésier un espace de trois centimètres de large sur quatre centimètres de long. Il faut avoir soin pour cela de pousser l'injection sur plusieurs points. En opérant ainsi et avec ces quantités, une diminution très marquée de sensibilité est obtenue dans un espace de temps d'autant plus court que la quantité d’émétine employée est plus élevée et que l'injection est à un titre plus fort. Mais, même avec les faibles quantités de O0 gr. 0025 d'émétine et le titre de 0 gr. 005 pour 40 grammes d’eau distillée, le résultat est obtenu 15 minutes après l'injection. Avec 0 gr. 09, 0 gr. O1 d'émétine, il suffit de cinq à huit minutes. Cette diminution de là sensibilité est facilement reconnue en compa- rant la sensibilité de la région injectée avec celle du côté opposé sur le point symétrique, et aussi avec celle des parties situées en avant et en arrière. 4126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La durée de cette anesthésie est d'autant plus longue que la quantité d'’émétine employée est plus élevée. Mais même avec les faibles quan- tités, elle dépasse une heure. Avec des quantités plus fortes, elle peut atteindre deux et trois heures. Les quantités employées sont trop faibles pour avoir une action générale. Elle n’ont qu'une action locale. Je rappelle, en effet, que les doses minima mortelles pour le lapin sont Ogr. 15 par kilogramme (1). Or l’anesthésie a été obtenue avec 0 gr. 0025 d’émétine sur des lapins pesant plus de 2 kilogrammes. L'explication de cette action anesthésique de l’émétine, après mes expériences, devient facile. On sait, en effet, d’une part que cette sub- stance aune action élective sur la fibre lisse (2), qu’elle fait contracter. Or toute vaso-constriction, en diminuant la surface des échanges, et notam- ment les oxydations, a pour résultat de diminuer la sensibilité, au moins dans une certaine mesure. Et, d'autre part, mes expériences m'ont également montré que le deuxième élément anatomique impressionné par l’émétine est le nerf sensitif (3), dont elle diminue la fonction. Dès lors ces deux actions s'ajoutent. Mais de ces deux actions, quelle est la plus importante? Mes recherches m'ont prouvé que c’est celle qui s'exerce sur les nerfs sensitifs. J'ai, en effet, comparé l’action de l’émétine avec celle de l’ergotine qui à une action vaso-constrictive encore plus marquée et plus durable que celle de l’'émétine, mais qui n’exerce qu'une action très {tardive sur le nerf sensitif (4). Or, même à des titres très élevés, l’ergotine ne produit qu’une légère diminution de la sensibilité. Enfin, les questions suivantes se posent : Cette grande diminution de la sensibilité par l’éméline se produirait- elle chez l'homme? pourrait-elle être utilisée? 11 me paraît probable qu'on pourrait l'obtenir chez nous. Toutefois, je pense qu'il faudrait augmenter les quantités, peut-être les doubler (5). Quant à l’utilisation pratique de cette propriété, peut-être pourrait-on l’expérimenter. Je crois cet essai sans danger, puisque les quantités de O0 gr. co! ou 0 gr. 005 de chlorhydrate d'émétine, qui probablement seraient suffi- santes pour diminuer la sensibilité, me paraissent devoir être sans action sur l’état général. Mes conclusions seront donc les suivantes : e <& (1) Société de Biologie, séance du 12 octobre 1901, p. 861. (2) Société de Biologie, séance du 12 octobre 1901, p. 861. (3) Société de Biologie, 23 novembre 1901, p. 996. (4) Bulletin général de thérapeutique, 30 novembre 1901, p. 784 (Action géné- rale des agents thérapeutiques et toxiques). (5) Société de Biologie, 16 novembre 1901, p. 977. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1197 1° Le chlorhydrate d'émétine, employé par la voie kypodermique, peut être considéré comme un anesthésique, au moins chez le lapin: 2 Celle grande diminution de la sensibilité est oblenue chez cel animal avec des quantités assez faibles pour qu’elles restent sans action sur l'état général: 3° Cette action est expliquée par l'ordre de sensibilité des éléments ana- tomiques à l’émétine; 4 Enfin, il se pourrait que celte propriété püt être utilisée chez l’homme. (Travaux du laboratoire du 1° André, pathologie interne.) MÉNINGITE SPINALE PLASTIQUE EXPÉRIMENTALE PAR LE POISON SCLÉROSANT DU BACILLE TUBERCULEUX, par M. P. ARmaAND-DELILLE. CE) Dans une précédente communication (1) j'ai indiqué quelles étaient les réactions des méninges spinales au poison caséifiant (éthéro-bacil- line d’Auclair) du bacille tuberculeux humain. J'ai montré que par l'introduction intra-arachnoïdienne ou épidurale de cette substance, on provoquait une inflammation nodulaire chronique qui se manifestait par des symptômes de paraplégie. Je rapporte aujourd’hui les résultats que m'a donnés, par le même procédé, l'étude du poison sclérosant du ‘même bacille (extrait chloroformé ou chloroformo-bacilline d'Auclair). Je dois dire préalablement que l’action de ce poison est moins intense que celle du précédent; pour obtenir des lésions inflamma- toires comparables, il faut injecter des doses doubles ou triples. En effet, chez les premiers animaux mis en expérience, auxquels je n avais injecté que 2 ou 3 centigrammes, je n'ai observé aucun symp- tôme appréciable de compression médullaire. Même à l’autopsie de ces animaux, sacrifiés après deux et trois mois, on ne voyait pas d’altéra- tion macroscopique des méninges; cependant, l'examen histologique montre des altérations conjonctives et vasculaires assez caractéris- tiques. Au contraire, par l'injection de doses plus fortes, les signes médul- laires sont tout à fait analogues à ceux que j'ai décrits précédem- ment. Chez un chien adulte, de taille moyenne, on introduit par ponction lombaire, avec les précautions aseptiques nécessaires, une émulsion de 7 centigrammes d'extrait chloroformé desséché par évaporation com- O1 (1) Sociélé de Biologie, 19 octobre 1901. HN <0S BIoLOG1E. Comptes RENDUS. — 1901. T. LIT. 87 se 2 ps 1128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plète du chloroforme, dans 1 centimètre d'eau salée physiologique, suivant la technique indiquée dans ma précédente communication. Après l'opération, l'animal ne présente aucun troubie, non plus que les jours suivants; mais, dès le douzième jour, on remarque une cer- taine faiblesse du train postérieur. Progressivement, ces signes s'accentuent, les pattes de derrière se contracturent en extension pres- que complète, et l'animal présente une démarche comparable à celle de la paraplégie spasmodique; les réflexes patellaires sont exagérés. La sensibilité de tout le train postérieur paraît diminuée et retardée, mais elle n’est pas complètement abolie; les excitations fortes, pince- ment, brûlure, produisent un mouvement de retrait du membre. Il y a en même temps une amyotrophie très marquée, mais pas de troubles vésicaux. Les troubles vont en s’accentuant, et sont suivis de la mort de l'animal au bout de quatre semaines. À l'’autopsie, on constate un épaississement considérable de la pie- mère lombaire et dorsale. Sur les coupes transversales, elle se présente: sous forme d'un anneau de 2 millimètres d'épaisseur, de consis- tance assez résistante, d'aspect grisàtre demi-transparent; la face. externe de la dure-mère est indemre. Sur des coupes microscopiques.. ce tissu se montre formé de nodules analogues à ceux que j'ai décrits. pour l’éthéro-bacilline, et comprenant également trois zones. Au centre, des polynucléaires altérés, à la partie moyenne des cellules épithé- lioïdes qui en certains points sont confluentes et donnent un aspect très analogue, sinon identique, à celui des cellules géantes; enfin, à la péri- phérie, des lymphocytes, mais beaucoup moins abondants que dans les: lésions produites par l’autre poison. es Par contre, on voit en certains points, particulièrement au voisinage de la dure-mère, des travées de tissu fasciculé de néoformation, et un épaississement très notable des parois vasculaires et de leur gaine.con- jonctive. | Sur des lésions plus anciennes, telles que celles que j'ai observées sur les animaux primitivement injectés à de faibles doses, la néofor- mation fibreuse est très visible et tout à fait caractéristique. De l'étude de ces faits, je crois pouvoir tirer les conclusions sui- vantes : 4° Par l'introduction intra-arachnoïdienne du poison sclérosant du bacille tuberculeux, on provoque des néoformations nodulaires avec réaction fibreuse, se manifestant, si la dose est assez forle, par des symptômes paraplégiques; 2 Les modifications des méninges spinales sont dans ce cas analogues à celles qu'Auclair a obtenues, dans le poumon du lapin, avec la même substance ; 3° Les poisons du bacille de Koch solubles dans le chloroforme (éthéro- chloroformine) jouent un rôle complémentaire de celui des poisons SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1129 solubles dans l’éther (éthéro-bacilline) du bacille tuberculeux humain, dans les inflammations chroniques des méninges qui s’observent au cours de la tuberculose vertébrale. (Travail des laboratoires du professeur Grancher, à l'hôpital des Enfants-Malades et du D' Ballet, à l'hôpital Saint-Antoine.) INFANTILISME EXPÉRIMENTAL D'ORIGINE THYROIDIENNE, par MM. Rocer et GARNIER. De nombreuses observations cliniques semblent établir que l’infan- tilisme est presque constamment lié à une insuffisance thyroïdienne. Cette conclusion trouve un appui dans nos connaissances sur l’état de la thyroïde dans le crétinisme myxædémateux et dans un certain nombre de recherches expérimentales parmi lesquelles nous citerons spéciale- ment celles de M. Moussu : d'après cet auteur, l'extirpation des glandes thyroïdes chez les jeunes chiens, quand on respecte les parathyroïdes, permet la survie des animaux, mais entraîne un état analogue au myxœæ- dème infantile. : Pour importante qu'elle soit, cette expérience n’est pas parfaite : l'extirpation des glandes est un procédé brutal, qui ne reproduit guère ce qui se passe en pathologie. Il nous a donc semblé intéressant de dé- terminer chez de jeunes animaux des lésions thyroïdiennes. Dans ce but nous avons injecté dans les vaisseaux de la glande une substance scléro- sante. Notre choix s’est porté sur le naphtol dont l’action sclérogène est bien connue depuis les recherches de M. Bouchard. Les artères thyroï- diennes des jeunes chiens sont tellement grêles qu'il est impossible d'y introduire une canule. Nous avons donc utilisé un procédé analogue à celui que nous avions déjà employé chez le lapin (1). Les artères carotides étant mises à nu, nous placons au-dessus de l’origine des thyroïdiennes supérieures une ligature temporaire. Dans le cul-de-sac ainsi formé, nous introduisons au moyen d’une fine canule une solution hydro-alcoolique de naphtol. Cette substance précipite au contact du sang et est entraînée à l’état pulvérulent dans le seul vaisseau laissé libre, c’est-à-dire dans la thyroïdienne. On reconnaît que l'expérience a bien réussi à la coloration blanche que prend la glande. Au bout de quelques minutes, quand tout le naphtol déposé a été entrainé, c’est- à-dire quand le sang a repris sa coloration habituelle, on enlève la ligature. La piqûre qui a été faite à l'artère se ferme d'elle-même, et (1) Roger et Garnier. Infection thyroïdienne expérimentale, Société de Biologie, 1 octobre 1898, p. 889. 1130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la petite hémorragie qui se produit parfois s'arrête facilement dès qu'on a versé dans la plaie un peu de gélatine. Les lésions provoquées par ce procédé dans 1à glande thyroïde sont suivies d’un arrêt très marqué du développement, comme on peuts’en rendre compte par l'expérience suivante qui a porté sur un jeune chien né au laboratoire le 7 novembre 1901. Le 6 décembre, cet animal pèse 2.160 grammes. Il esl opéré par le procédé ci-dessus indiqué. L'opéra- tion se fait facilement, et la plaie, fermée par des points de suture, se réunit par première intention. À la suite de l'expérience, ce chien a était le plus gros de la portée, se développe mal comme on peut s’en rendre compte par les chiffres suivants : CHIEN OPÉRÉ TÉMOINS Re A B C D (1) 6 décembre. . . . 2160 2160 1720 1740 9 2 VIS AROSU 2290 1955 1815 13 LC EMI 0 2640 2250 2000 17 Re RO AO TO) 2970 2640 2310 21 RE RSR 0 3300 2970 2550 Ainsi, tandis que les témoins ont gagné en deux semaines 1.140, 1.250 et 810 grammes, l'animal opéré a perdu 60 grammes. Cependant cet animal est l’objet de soins particuliers de la part de sa mère, qui ne veut plus laisser téter ses autres petits et conserve son lait pour le malade. Celui-ci continue done à téter et paraît incapable de prendre une autre nourriture. Il est beaucoup moins vif que les témoins, Et marche plus difficilement qu'eux. Ses dimensions, comme le montre déjà la différence de poids, sont bien moindres. Si nous le comparons, en effet, au chien B, qui le jour de l'opération pesait le même poids que lui, nous trouvons les chiffres suivants. A B cent cent Longueur totale, de la protubérance occipitale externe à la naissance de la queue. . . . 29 32 Longueur de la patte antérieure Ge ae à r ncnie de I patLe) ER 12 13 1/2 Longueur de la nie Doséenre Ge genou à eee) 13 14 1/2 Périmetrelthoracique sous les aisselles MM MED 30 La différence entre les deux animaux est rendue encore plus frap- pante par l’état dissemblable du système pileux. Chez l’opéré, les poils (1) Cet animal a recu le 6 décembre 1 centimètre cube d'une culture peu virulente de streptocoque. L’inoculation n’a provoqué aucun trouble notable, mais a légèrement entravé le développement. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1131 sont restés courts, clairs, raides ef eassanis, tandis que chez les témoins ils sont devenus longs, abondants. ondulés et laineux. 11 sera évidemment indispensable de suivre l'évolution ultérieure de ces animaux, mais nous avons cru intéressant de les montrer dés aujour- d'hui à la Société. INFLUENCE DE QUELQUES AGENTS MICROBIENS ET TOXIQUES SUR LES VARIATIONS DES FERMENTS SANGUINS, par M. À Crerc Nous avons montré, en collaboration avec notre maïtre M. Achard. que, dans les infections graves et les eachexies, le pouvoir lipasique et le pouvoir amylolytique du sérum humain s’abaissaient d'une manière notable. Nous avons recherché si certaines infections ou infoxications pouvaient, expérimentalement, déterminer des variations analogues. L EEcroxs. A) Bacille tuberculzur. — Nous injections dans la veine de l'oreille ou dans la veine crurale une éuliure virulente. La mort survensit au bout de trois semaines environ. POUVOIR LIPLSQUE FOCVOIE AMYLOLNTIQUE |) RP Avaté Aprés Avant Aprés + Tespérionc. met Tlespérience le mort 4 Lapin. {4 6 9 42 > Lapin. 14 ï 10 15 3. Lapin. 10 3 » » 4. Chien. £t 5 3,4 33 3. Chien. 42 & 3,2 54 6. Chien 12 8 3,3 d,1 B) Siaphylocsque blanc. — Nous injections dans la veine de l'oreille ou dans la cavité péritonéale 1 centimêire eube d’une euliwre en bouil- lon. La durée de la survie variait entre six et quinze jours. 1. Lapin. 3% 16 12 45 8. Lapin. 26 19 10,5 445 9. Lapin. 34 30 125 425 10. Lapin 3% 5 . E2 3 14 Lapin. 4% 3 » » (£) Les chifires Le nombre de centimètres cubes de la solution sucrée nécessaires pour rédaire exactement 3 centimètres cubes de liquear de Fehlimg ( centimètre cube — 0 gr. 005 de glucose). 1132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IT. INroxicATIOS. — Nous avons employé l'huile phosphatée à 1/100, l'acide arsénieux et la toxine diphtéritique en injections sous-cutanées. A) Phosphore. a) Intoxication aiguë. — Nous injections VII gouttes d'huile phosphorée sous la peau; la survie variait entre deux et quatre jours. 12° Lapin. 21 36 » » 13. Lapin. 35 4% 14,5 12,5 14. Lapin. 30 50 13,9 42,5 15. Lapin. 30 45 13 11 16. Lapin. 14 30 12 8 17 Leone 4 A8 26 15 12 B) Intoxication subaiquë. 18. Lapin. 56 - 40 10 12,5 Survie : 12 jours: 19. Lapin. DS 39 10,5 15,5 — : AT — 20. Lapin. 12 8 12 1% Expérience interrompue au bout de 9 jours. B) Acide arsénieux. POUVOIR LIPASIQUE POUVOIR AMYLOLYT!IQUE ARR TE Avant Après Avant Après &) Intoxication aiguë. l'expérience. la mort. l'expérience. la mort. DENAIN ENNESSTER 10 22 13,5 10,5 Mort 2 heures (Recoit 0,05 centigr.) après. 22 LA DIN MMM EE 7 10 HARAS Al Mort 1 heure (Recoit 0,05 centier.) après. . Te DO NNPADINR EEE 10 14 12,5 6,8 Mort2heures (Recoit 0,02 centior.\ apres. B) Intoxication subaiquë. eRS 24. Lapin. dé (Reçoit tous les 2 Jours 0 gr. 005 puis 0 gr. 01). ADI BH o) NO) ON EEN 57 36 as 14,5 = PC (Recoit tous les 2 jours 0,01 centigr.) 2 OM ADI PETER 60 (Recoit tous les 2 jours 0.01 centigr.) (9e) rss 12 rs = 19 (1 bn ©t (rs Survie : 28 j. = 12 Le ot Hœ 19 (or SMIONE C) Toxine diphtéritique. — Nous nous sommes servis d'échantillons doués de virulences diverses. u) In‘orication aiguë. 21: DaDin er re 25 24 12,5 8 Survie : 20 h. 26 La DIN RNA 11 15 12 Ge — :18h. 2 OST ADI AE 45 55 11,5 7,2 mo + AN SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1133 B) Inioxicalion subaiquë. OMIS + Je DD 52 15 11,5 "Survie 13". SLIDE" de 0) 38 12,5 AP SNMP E SU LEON A AU AIN En 33 17 1325 17 DEN MST SPA DINAN ARE 11 5 10,5 12,5 — :10)j. SAMBA PLU EU 49 25 13,5 1% Mort accident. au bout de 8 j. Des faits que nous avons exposés, nous pouvons conclure que les variations expérimentales des ferments sanguins considérés (lipase, amylase) sont analogues, dans le cours des infections subaiguës, à celles observées chez l'homme et, en particulier, chez les malades tuber- culeux (1); dans une seule expérience (9) le pouvoir amylolytique demeura stationnaire, alors que le pouvoir lipasique s’abaissait légè- remenL. Le phosphore et l’arsenic agissent différemment, suivant la dose employée. Les pouvoirs lipasique et amylolytique s'élèvent, en effet, au cours d’une intoxication suraiguë, et s'abaissent, au contraire, si le poison est employé à doses plus faibles, mais répétées. Le mode d'action de la toxine diphtéritique est à peu près semblable à celui du phosphore et de l’arsenic, bien que le sens des variations ne soit pas aussi constant. DÉGÉNÉRESCENCES EXPÉRIMENTALES SPÉCIALES DU FOIE ET DES REINS D'ORIGINE CYTOLYTIQUE, par MM. J. Hucor et F. Ramon. Depuis les travaux de M. Bordet, montrant que les cellules d’un parenchyme d’un animal, injectées dans les tissus d’un autre animal, d'espèce différente amenaient la production de substances cytolytiques, nombreuses furent les expériences confirmatives. De notre côté, nous nous sommes attachés à montrer que la réaction de Bordet existait — à un degré bien moindre il est vrai — même lorsqu'on injecte à un animal des cellules prises sur cet animal ou sur un animal de la même espèce. Dans une précédente communication (2), nous avions prouvé que la réinjection immédiate du sang, extrait d’un lapin, à ce même lapin, amenait assez rapidement la production d'une substance (1) En ce qui concerne la lipase chez les tuberculeux, nos conclusions sont conformes à un récent mémoire de M. Carrière, présenté à l’Académie de médecine. (2) Séance du 20 juillet 1901. 1134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE hémolytique, cause d’une anémie post-hémorragique spéciale. Nous avons pu constater depuis qu'un phénomène identique se produisait pour le foie et pour le rein. Nous avons en effet injecté à deux cobayes, pendant deux mois et quatre mois, tous les quinze jours, environ 10 grammes de foie frais de cobaye en suspension dans du sérum artificiel. Dans un eas l’animal maigrit rapidement, et il succomba vers le deuxième mois de l'expé- rience, à la suite de profondes lésions du foie. Les cellules hépatiques étaient en état avancé de dégénérescence graisseuse, surtout dans la zone péri-sus-hépatique de chaque lobule. Et de plus, on observait des hémorragies interstitielles et sous-capsulaires abondantes, pour la plu- part anciennes, car les globules sanguins étaient souvent méconnais- sables, transformés en une substance pigmentaire, ne donnant pas encore complètement la réaction colorante classique par l’action du ferro-cyanure et de l'acide chlorhydrique combinés. Le deuxième cobaye survécut; il fut sacrifié au quatrième mois. Les lésions du foie étaient plus discrètes : il n’y avait ni hémorragie inters- titielle comme précédemment, ni réaction conjonctive; en revanche, les cellules péri-sus-hépatiques de la plupart des lobules étaient atteintes d'infiltration et de dégénérescence graisseuses. Les reins étaient sains. Il est donc rationnel de supposer que l'injection de foie amène chez. les animaux en expérience la production d’une substance hépatolytique, dont l’action est spécifique, puisqu'elle ne produit que des dégéné- rescences parenchymateuses du foie, sans réaction conjonctive. Bien que positifs, les résultats obtenus chez le cobaye, par l'injection. répétée tous les quinze jours, d’un rein de cobaye, durant quatre mois, * sont moins nets. La lésion est parcellaire; à côté d'ilots absolument sains, on observe quelques tubuli dont la lumière est agrandie, l'épi- thélium abrasé, se colorant mal, et souvent réduit à un simple revête- ment cubique. Il n’y a point de réaction glomérulaire ni conjonctive. Le foie n'offre aucune modification pathologique. La lésion rénale, quoique moins intensive, est donc comparable à celle obtenue sur le foie dans l'expérience précédente, et l'interprétation en est évidemment analogue. Ces résultats ont probablement une application pratique. Peut-être pareil processus se poursuit-il normalement au cours de la vie; la des- truction continue des cellules du foie et du rein, sous les influences les plus diverses, donnerait naissance, d’après cette hypothèse, à une petite quantité de lysine spécifique, qui, agissant d’une façon continue sur le foie et sur le rein, expliquerait le vieillissement progressif et fatal de ces deux organes. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Chantemesse.) SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1135 _ Du DIABÈTE PAR ANHÉPATIE DANS LES CIRRHOSES, par MM. À. GIcBERT et P. LEREROULLET. Les très nombreux cas de diabète par anhépatie chronique que nous avons observés, seuls ou avec E. Weil, nous ont permis de fixer les con- ditions nécessaires pour que ce type très commun de diabète puisse se réaliser, et pour que l’on en reconnaisse l’existence. L'insuffisance hépatique est naturellement la première condition nécessaire, mais elle est loin d'être suffisante. L’appétit doit en outre être conservé au moins relativement, le malade doit assimiler ce qu'il absorbe; il faut en d’autres termes une alimentation sucrée hors de proportion avec ce que le foie est capable encore de fixer. À ces deux conditions s’en joint une troisième, nécessaire pour que les symptômes secondaires au diabète puissent s'’observer. Le malade doit vivre, il faut que son insuffisance hépatique soit compatible avec une longue survie; au Cas contraire, on n observerait qu'une glycosurie passagère à laquelle il serait difficile d'attribuer le nom de diabète. Enfin, le dia- bète par anhépatie, réalisé grâce à ces trois conditions, est souvent un petit diabète. Pour le constater, il ne faut pas se contenter d'examiner la totalité des urines émises dans les vingt-quatre heures, il faut recher- cher plus particulièrement la glycosurie digestive, et pour cela prati- quer l'examen des urines fractionnées en cinq émissions, séparant les urines du jeûne des urines digestives. Or, ces quatre conditions nécessaires sont rarement réalisées dans les cirrhoses, et c'est ce qui explique que le diabète par anhépatie y existe rarement, y soit plus rarement encore constaté. Dans les cirrhoses atrophiques alcooliques, en effet, il y a bien insuffisance hépatique, mais les autres conditions nécessaires font d'ordinaire défaut. Les malades ne mangent pas, ou s'ils mangent, ils digèrent mal les aliments qu’ils ont ingérés. Ils sont le plus souvent amaigris, rapidement cachectiques, et leur maladie les emporte en quelques mois. Enfin, seraient-ils faiblement glycosuriques que la présence du sucre passerait inapercue, l'examen frac- tionné de leurs urines n'étant pas pratiqué. D'ailleurs les malades sont com- munément soumis au régime lacté, peu propre à faire saisir une glycosurie digestive et par lui-même agent curateur de diabète par anhépatie. Si, par exception, l'on fait manger les malades (expérience que l’on ne peut renouveler fréquemment), si le repas ingéré est gardé, s'il est assimilé, si enfin l’on pratique l’examen fractionné, on peut voir comme dans l'expé- rience de Colrat et Lépine la glycosurie survenir à un degré plus ou moins marqué dans les deux ou trois heures qui suivent ce repas. Mais ce n’est là qu'une ébauche très imparfaite du diabète par anhépatie, et on ne peut la constater que si les sujets ne sont pas trop cachectiques et si l'alimentation 1136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE est possible chez eux. Nous avons à diverses reprises été témoins de faits de cet ordre. Dans les cirrhoses hypertrophiques, surtout s’il s’agit de cirrhoses hyper- trophiques alcooliques, les conditions favorables à la réalisation et à la cons- tatation du diabète par anhépatie ne sont également réalisées qu’exception- nellement. Sans doute ici les malades vivent, mais il n’y a pas d'insuffisance hépatique dans la majorité des cas; l’appétit, quoique meilleur que dans les cirrhoses atrophiques, est souvent diminué, et les malades sont soumis au régime lacté. Enfin, le diabète existerait-il qu'il serait parfois méconnu, l'examen fractionné n'étant pas pratiqué. Mais à côté des faits de cirrhose hypertrophique, alcoolique ou biliaire, sans insuffisance, il en est d'autres où l’on peut noter une hypohépatie plus ou moins accentuée. L'hyperhépatie organique ne va pas toujours de pair avec l’hyperhépatie fonctionnelle, et nous avons ces derniers mois observé des gros foies de nature diverse, avec insuffi- sance hépatique évidente. Ici, cependant, l'insuffisance hépatique reste communément légère et n'implique pas un pronostic grave. Si donc les malades mangent, si l’on pratique l'examen fractionné, on peut observer des exemples plus ou moins nets de diabète par anhépatie. Certaines cirrhoses hypertrophiques alcooliques ont été à cet égard assez démonstratives; encore faut-il tenir compte d'une cause possible d’erreur tenant au développement souvent marqué de la circulation supplémentaire, pouvant permettre la pénétration directe du glucose ingéré dans la circulation générale, sans passage par le foie. Il faut, pour éviter cette cause d'erreur, examiner chaque cas à ce point de vue, et ne tenir compte que de ceux où existent en même temps d'autres signes d'insuffisance hépatique, et où la circulation supplémentaire est peu marquée ou nulle. Dans les cirrhoses hypertrophiques biliaires, communément la cellule hépatique est en fonctionnement normal ou exagéré. Mais lorsque l'insuffisance hépatique légère existe, et nous avons pu en observer plusieurs cas, les conditions sont alors particulièrement favo- rables à l'observation du diabète par anhépatie. Car, dans les cirrhoses biliaires, la boulimie est fréquente, et, dès lors, l'alimentation sucrée souvent en désaccord avec le pouvoir glycopexique du foie. Aussi, dans de tels cas avons-nous constaté le syndrome urinaire typique du diabète par anhépatie, avec glycosurie digestive souvent notable et plus mar- quée après le repas du soir, avec hypoazoturie, urobilinurie, indica- nurie. Nous avons pu noter l'existence de symptômes secondaires à ce diabète tels que la gingivite expulsive. En tant qu’atteints de cirrhose biliaire nos malades étaient parfois non seulement boulimiques, mais polydipsiques et polyuriques, et dès lors il était difficile de tirer argument, au point de vue du diabète, de la présence chez eux de ces symptômes. Enfin l'insuffisance glycolytique ne peut être invoquée ici SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1137 car (ainsi que nous avons pu le reconnaitre dans un cas démonstratif) elle est loin de se surajouter toujours à l'insuffisance hépatique ; il y a d’ailleurs, vraisemblablement dans les cirrhoses biliaires, à côté des exemples par nous constatés d'insuffisance hépatique sans insuffisance glycolytique, des cas d'insuffisance glycolytique sans insuffisance hépa- tique. Les cirrhoses alcooliques ou biliaires peuvent done s'accompagner de diabète par anhépatie, lorsque les conditions nécessaires à la pro- duction et à la constatation de celui-ci sont réalisées. Nous ne doutons pas, d'ailleurs, que l'observation attentive des faits ne montre bientôt à d'autres auteurs comme à nous que le diabète par anhépatie est moins exceptionnel dans les cirrhoses qu'on ne le croit communément, Mais il sera toujours rare, en raison même de l’absence fréquente de l’une ou l'autre des quatre conditions selon nous nécessaires. Au contraire, le diabète par anhépatie sans lésions apparentes du foie est fréquent, car les cas sont nombreux où, en dehors des affections organiques du foie, ces quatre conditions se trouvent réalisées. Inversement, le diabète par hyperfonctionnement peut se réaliser dans les cirrhoses hypertrophiques. Pour qu'on l’observe, il faut aussi certaines conditions. Le malade doit vivre, il doit manger en abon- dance, il doit surtout avoir un fonctionnement exagéré de ses cellules hépatiques. Nous avons ailleurs montré que ces conditions existaient dans certaines cirrhoses hypertrophiques alcooliques ou pigmentaires (1), et nous avons décrit ces cirrhoses hypertrophiques diabéligènes, d’évo- lution et d’allure très différentes de ce que l’on voit dans le cas ou il y a hypo ou anhépatie. Les cirrhoses biliaires peuvent de même donner des exemples de diabète par hyperhépatie au moins ébauché. Ainsi les affections chroniques du foie sont susceptibles d’entrainer un diabète répondant soit au diabète par anhépatie soit au diabète par hyper- hépatie. Toutefois, pour les raisons que nous venons de développer, le diabète par anhépatie ne peut qu'excepuionnellement se réaliser et sur- tout se constater dans les cirrhoses avec insuffisance hépatique. Mais les faits où on l’observe suffisent à détruire l'objection faite contre la conception du diabète par anhépatie, objection ‘basée sur l'absence habituelle du diabète dans les cirrhoses. Nous croyons en avoir dit assez pour montrer que cette objection n’est pas valable et nous comptons d’ailleurs revenir prochainement sur ce point dans un travail d'ensemble. (1) Gilbert, Castaigne et Lereboullet. « Du diabète par hyperhépatie dans les cirrhoses pigmentaires ». — Gilbert et Lereboullet. « Cirrhoses alcooli- ques hypertrophiques avec diabète. » Société de Biologie, 12 mai 1900. 1138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A —— — — — RÔLE DE LA VISCOSITÉ DANS LES PHÉNOMÈNES OSMOTIQUES ET DANS LES ÉCHANGES ORGANIQUES. (Vote préliminaire.) par M. ANDRÉ MAYER. Je me propose de communiquer successivement les résultats des recherches auxquelles je me suis livré depuis un an sur la viscosité des liquides de l'organisme et son rôle dans l'économie. La présente com- munication n’a pour but que de coordonner ces résultats. Le rôle de la viscosité des liquides dans les échanges osmotiques doit être pris en grande considération. Il m'a été possible de le mettre en évidence par l’expérience suivante : Si, dans un osmomètre à membrane perméable, on place d'un côté de la membrane une solution saline (chlorure de sodium, azotate de potasse, etc.), et de l’autre de l’eau distillée, on voit, comme on le sait, que l’eau passe à travers la membrane vers la solution saline, et que le liquide se déplace dans la tige de l’osmomètre avec une certaine vitesse. Cette vitesse peut être prise pour mesure du pouvoir osmotique de la solution saline ; on admet qu'elle est proportionnelle à la tension osmo- tique de cette lion tension osmotique qui est elle-même fonction du nombre des molécules salines de la solution, facilement mesurée par la cryoscopie. Or, si, après avoir préalablement mesuré, comme il vient d’être dit, à l'aide de l’osmomètre, le pouvoir osmotique d'une solution saline, on ajoute à cette solution une substance visqueuse (albumine, gomme adragante, gomme arabique,mucine, etc.), et qu'on recommence *# dans ces nouvelles conditions la mesure, on constate que la vitesse de déplacement du liquide dans la tige de l’osmomètre a considérablement diminué. Le pouvoir osmotique réel de la solution à donc subi une dimi- nution, bien que son point eryoscopique n'ait pas changé, et que, partant, sa tension osmotique soit restée la même. Et si l'on augmente progres- sivement la viscosité de la solution, son pouvoir osmotique subit une diminution progressive. La viscosité des liquides apparaît done comme une force de résistance à l’action de la tension osmotique des sels qui y sont dissous. Élle s'oppose constamment à cette force active de l'osmose. Il en résulte que, lorsqu'on veut avoir une idée du pouvoir osmotique d'un liquide, il est indispensable de tenir compte, non seulement de sa tension osmotique calculée au moyen de la eryoscopie, mais encore de sa viscosité. On retrouve ces faits physiques dans l’étude des phénomèmes biolo- giques. En effet, on peut constater l'influence de la viscosité comme force de résistance à l’osmose, non seulement au moyen de membranes inertes, mais encore par l’emploi de cellules végétales ou animales. Les liquides visqueux s'opposent, en effet, à la plasmolyse de cellules SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1139 végétales, à l'hématolyse des globules rouges. Ce sont, en effet, des liquides conservateurs de ces globules. Inversement, dans certains états pathologiques, comme l'ictère, où l'on a constaté une augmentation de la résistance globulaire, on rencontre précisément une augmentation de la viscosité du sérum sanguin. On retrouve l'influence de la viscosité dans un certain nombre de processus physiologiques, nolammént dans l’absorption intestinale, et pathologiques. En effet, à l’état normal, le coefficient de viscosité des liquides de l'organisme, de même que leur point eryoscopique, oscille peu — comme je me propose de le montrer — autour d’une constante dans une même espèce animale. Mais il n’en est plus de même à l'état pathologique. Ces variations sont importantes à considérer; dans une série de communications faites en 1900 à la Société de Biclogie, j'ai montré que l'augmentation expérimentale du pouvoir osmotique du sérum sanguin provoque de nombreux phénomènes (réaction vasculaire, excitation convulsive des centres nerveux). Or, on rencontre souvent, en clinique, des malades dont le sérum a une tension osmotique assez élevée pour que ces phénomènes doivent apparaitre. Il n’en est rien cependant. C’est que, dans la plupart des états pathologiques, l'élévation de la ten- sion osmotique, mesurée par la eryoscopie, est immédiatement compensée par une augmentation parallèle de viscosité du sérum. Il en est ainsi, notamment, dans la plupart des infections (typhique, diphtérique, ete.). L'importance de l'apparition de cette viscosité compensatrice est très grande dans certains états chroniques, notamment dans les maladies du rein. Toute rupture d'équilibre entre la tension osmotique et la viscosité ‘des liquides du milieu intérieur se traduit, en effet, par une augmenta- tion ou une diminution du pouvoir osmotique effectif de ces liquides, Et ces changements ont pour conséquence toute une série de phénomènes pathologiques. Dans des communications ultérieures, je me propose d'apporter, en même temps que le développement de ces faits, l'ensemble des mesures sur lesquelles ils sont appuyés. (Travail du laboratoire du professeur Chantemesse.) PRÉSENTATION D'UN VISCOSIMÈTRE, par M. ANDRÉ MAYEr. L'obligation de n’opérer, dans les recherches physiologiques et clini- niques, que sur de petites quantités de liquide, et de prendre souvent et rapidement une série de mesures sur Je même sujet, m'a conduil à abandonner, pour ces recherches, l'emploi des viscosimètres existants. 1140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'appareil que j'ai l'honneur de présenter, comme la plupart des autres viscosimètres, notamment celui d'Ostwald, permet de mesurer le coefficient de viscosité du liquide en expérience, par rapport à un liquide donné, habituellement l’eau distillée. Le principe de la mesure est toujours le calcul du’ temps que mettent les liquides à remplir un espace donné, après avoir traversé un capillaire de longueur donnée. Mais dans ce nouvel et fort simple appareil, la quantité de liquide néces- saire à la mesure est très petite, et, pour les liquides physiologiques, sa construction permet de ne pas tenir compte des différences de densité. L'appareil se compose d’un tube capillaire de verre courbé en U à branches bien parallèles : à la partie supérieure d’une des branches est adapté un réservoir en forme de sphère creuse (A) ouverte à sa partie supérieure, et surmontée d’un goulot. En un point de l’autre branche est soufflée une seconde sphère B de dimensions égales à la première. Les sphères occupent sur l'U une position telle que le raccord supé- rieur de la seconde avec le capillaire est situé* dans un plan un peu inférieur au raccord inférieur de la première. Lorsqu'un liquide est placé dans la sphère À, il s'écoule de lui-même dans la branche descendante du capillaire, puis dans la branche montante, et s'élève peu à peu dans la sphère B. On mesure au compte-secondes le temps qui lui est nécessaire pour remplir cette sphère. Comme on a préalablement fait la même mesure pour l’eau distillée, une simple division des deux temps obtenus donne le coefficient de viscosité (1). , Il est donc inutile, avec cet appareil, d'opérer une aspi- ration sur le liquide pour le faire pénétrer dans la boule B. Son propre poids l’y pousse. Il est facile de se rendre compte de ce que, s’il descend d'autant plus vite dans une branche que sa densité est plus forte, il monte aussi dans l’autre d'autant plus lentement. Il se fait donc une compensalion grâce à laquelle s’annule l'effet des différences de densité des liquides en expérience. Cette compensation n’est pourtant pas absolument parfaite. En effet, la différence existant au commencement et à la fin de la mesure entre les niveaux du liquide dans les deux branches, différence qui reste constante quelle que soit la densité du liquide, introduit une légère erreur. Il est facile de la faire disparaître. Il suffit pour cela de donner à l’espace vertical qui sépare les deux sphères, une hauteur inverse- ment proportionnelle à la densité de chaque fiquide à examiner. On y arrive en remplaçant la partie inférieure de l'U par un tube de caout- chouc, et en faisant mouvoir les deux sphères en sens inverse le long d'une tige graduée. Mais je me suis assuré qu'en pratique une telle correction n’est pas SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1141 nécessaire. Pour les densités entre lesquelles sont compris les liqui- des physiologiques, l'erreur provenant de leur fait, dans la mesure du coefficient de viscosité au moyen de l'appareil de verre, ne porte que sur les millièmes, alors que toutes les autres causes d'erreur inhérentes aux recherches biologiques imposent l'obligation de s'arrêter, dans cette mesure, à la deuxième décimale. Pour prendre une mesure avec cet appareil, il faut tout d’abord satis- faire à deux conditions : 1° prendre dans tous les cas la même quantité de liquide ; 2° bien lubréfier les parois du capillaire. Pour cela, l’extré- mité du capillaire qui surmonte la sphère B est reliée, par l’intermé- diaire d’un tube de caoutchouc, à une poire de caoutchouc, mobile, qui permet d’aspirer ou de refouler à volonté le liquide dans l'appareil. Pour opérer dans tous les cas sur la même quantité de liquide, on commence par verser celui qu'on veut examiner, dans la boule À, puis on l’aspire de façon à remplir le capillaire et la boule B. Cette quantité seule étant nécessaire à la mesure, on rejette le surplus du liquide res- tant dans la boule A. Pour bien lubréfier les parois, ce qui est nécessaire, puisque la mesure porte sur le retard dû au frottement du liquide, non pas contre la paroi de verre, mais contre sa propre couche adhérente à celte paroi, il est indispensable de répéter plusieurs fois cette manœuvre d'aspiration et de refoulement. Cela fait, il ne reste plus qu’à prendre la mesure proprement dite. Tout le liquide étant refoulé dans la boule À, et dans le capillaire, on détache la poire de caoutchouc ; le liquide s'élève dans la boule B. On ‘compte le temps qu'il met à parcourir l’espace situé entre deux traits marqués au-dessous et au-dessus de la boule B. On sait que toutes les mesures de viscosité doivent être prises à tem- pérature constante. On peut facilement satisfaire à cette condition avec l'appareil qui vient d’être décrit. Il suffit, après qu'il a été rempli, de le porter dans une étuve. Le tube de caoutchouc qui lui est attaché passe, d'autre part, par une des ouvertures de l'étuve, et l’on peut ainsi com- mander du dehors les mouvements du liquide en expérience. (Travail du laboratoire du professeur Chantemesse.) SUR CERTAINES ALTÉRATIONS HÉPATIQUES CONSÉCUTIVES AUX INJECTIONS RÉPÉTÉES D'URÉE A HAUTE DOSE, par M. À. Goucer. Si le retentissement de l'insuffisance hépatique sur le rein est aujour- d’hui bien établi, l’action inverse, celle de l'insuffisance rénale sur le 1142 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE foie, est certainement moins connue. Pourtant la clinique et l'expéri- mentation nous ont déjà fourni quelques données sur ce point. Clini- quement, Hanot et Gaume ont montré que le foie est fréquemment atteint au cours du mal de Bright, et que sa participation au processus morbide se traduit par une augmentation de volume, une pâleur spéciale de l'organe, et une altération profonde des cellules hépatiques, atteintes de dégénérescence hyaline ou creusées de vacuoles. Ils admettent même que, dans certains cas d’urémie chronique, lhypertrophie hépatique peut aboutir à une véritable atrophie scléreuse. Expérimentalement, Popoff, à la suite de la néphrectomie ou de la ligature des uretères, a observé cette même dégénérescence hyaline des cellules hépatiques, et a noté en outre la présence de nombreux cristaux d’urée dans leur inté- rieur. Nous avons nous-même observé, au cours d’expériences entreprises dans un tout autre but,et dont nous avons précédemment communiqué les résultats à la Société, un état particulier du foie, caractérisé par son augmentation de volume, sa pâleur et sa dureté, chez des lapins soumis à des injections répétées d’urine à dose croissante. Les constatations de Popoff, ainsi que l'existence, chez certains de nos animaux, d'une gastro- entérite muqueuse des plus prononcées, nous firent songer au rôle pos- sible de l'urée dans la production de ces lésions. Nous avons été ainsi amené à pratiquer chez des lapins des injections répétées d'urée à haute dose, soit exclusivement sous la peau, soit sous la peau, puis dans les veines. Dans un certain nombre de ces cas, sans qu'il nous soit possible de dire pourquoi ce résultat n'a pas été constant, nous avons produit exactement les mêmes lésions qu'avec l'urine : foie gros, pâle el dur. L'examen histologique d’un de ces foies nous a montré les altérations suivantes : On voit, à un faible grossissement, sur des coupes colorées par l’éosine- hématéine, des zones rouges, normales, alternant avec des zones claires, | incolores. Au centre des premières, on reconnait la coupe d’un espace porto-biliaire ; les zones décoloréees répondent donc aux parties cen- irales des lobules, et, encadrant les précédentes, donnent ainsi au foie l'aspect interverti. Un plus fort grossissement montre que, dans les zones rouges, les cellules hépatiques et les espaces porto-biliaires présentent leurs carac- tères normaux. Au contraire, dans les zones claires, les cellules hépati- ques, si elles ont généralement conservé leur forme, leur volume, leur noyau, et même à peu près leur ordination normale, ont leur proto- plasma absolument incolore, et les capillaires qui les séparent sont vides de sang. Ces lésions sont absolument analogues à celles qu'ont observées dans l'urémie humaine Hanot et Gaume. Mais la conservation à peu près constante du noyau et l’incolorabilité absolue du corps cellulaire ne SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1143 nous permettent pas d’y voir avec eux de la dégénérescence hyaline. Sauf la rareté de l'augmentation de volume des cellules, cette altération rappelle absolument la fuméfaclion transparente décrite dans le foie cho- lérique par Hanot et Gilbert. Or il est à remarquer que l'urémie joue un rôle important dans le choléra, où l’on a même signalé des sueurs d'urée. Chez un de nos animaux, le foie était atteint d’un début ‘de cirrhose intra et périlobulaire. Peut-être s'agit-il là d’une lésion accidentelle; nous devons cependant faire observer que Lichtenstein, à la suite d’in- gestion répétée d’urée à haute dose, a noté chez deux lapins cette même lésion. Ajoutons que, dans un de ces foies (l'animal ayant été tué au cours d’un accès convulsif), la recherche du glycogène ne nous a montré que des traces insignifiantes de cette substance, résultat qui concorde abso- lument avec celui qu’a obtenu Bussi chez des animaux rendus expéri- mentalement urémiques. On peut donc affirmer que la rétention de l’urée est au moins un des facteurs — il est plus que probable qu'elle n’est pas le seul — des alté- rations hépatiques de l'urémie. Quant à savoir comment elle agit, si c'est par toxicité vraie ou si ce n'est pas plutôt par l’action physique de l'excès de concentration moléculaire du plasma, c’est un point que nous réservons jusqu à nouvel ordre, comptant faire sur ce sujet des recher- ches complémentaires. L’AGGLUTINABILITÉ DU BACILLE TYPHIQUE; MESURE DE SON POUVOIR AGGLUTININOGÈNE, par M. le D° JULES REENS. Le pouvoir agglutinant varie dans certaines limites avec la quantité d’un même bacille d'Eberth mort qu'on injecte. Peut-on, par des varia- tions dans la qualité du bacille injecté, faire varier le taux agglutinatif dans un sens déterminé ? On sait que l'essai d’un même sérum avec des bacilles d'Eberth d’ori- gines diverses peut donner des résultats assez divergents, encore que les grands écarts notés par certains auteurs ne soient guère habituels. J'ai eu pourtant (du laboratoire de l'Amphithéâtre des hôpitaux) un bacille qui donna, pour différents sérums normaux ou autres, des valeurs agglutinatives d’un bon tiers plus faibles que celles obtenues avec divers autres échantillons. Cette différence tient apparemment à la moindre teneur du microbe en substance agglutinable. Or, de ceile-ci dépend, d’après nos connais- Biococie. CoMprTEs RENDUS. — 1901. T. LILI. 88 11244 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sances en matière de production d'anticorps, la genèse des agglutinines, qualitativement d’abord, et sans doute dans une certaine mesure quan- titativement. Pour vérifier cette supposition, j'ai procédé comme suit : On fait de 6 cobayes de même taille 2 Lots. Trois recoivent chacun sous la peau de l'abdomen 1/5 de culture agar de vingt-quatre heures tuée par le formol du bacille ordinaire, les trois autres 1/5 de culture agar de vingt-quatre heures tuée par le formol du bacille faiblement agglutinable. _ Quinze jours après, saignée en évaluation des séra. Voiei les résultats obtenus : À. ne RO 70 50 BEA ININE ETS ORNE EURUCE ROSES ETS) 100 100 On voit que le pouvoir agglutininogène a été nettement plus faible avec le bacille faiblement agglutinable. Plusieurs essais analogues ont donné des résultats sensiblement concordants. Avec un bacille plus inerte, l’écart eût sans doute été plus frappant. Si l'on pouvait isoler ou produire par un artifice de culture (jy ai pour ma part échoué jusqu’à présent) un bacille d'Eberth totalement inagglu- tinable, il est à présumer qu’on le pourrait injecter, vivant ou tué, en quantité quelconque sans obtenir la plus faible génération d'aggluti- nine. Qu un tel bacille existe natureliement, il sera l’agent de dothié- nentéries très légitimes, mais à séro-réaction négative. Je me hâte d’ajouier qu'un tel cas n’est de ma part qu'une pure supposition théo- rique, quoique certains faits semblent l’autoriser. e, LS INFLUENCE DE LA DESSICCATION SUR LES MOELLES RABIQUES. g MARCHE DE LA PERTE DE LA VIRULENCE, par MM. RonEer et GALAVIELLE. Nous avons fait un cerlain nombre d'expériences sur la marche que suit l'affaiblissement de la virulence des moelles rabiques soumises à la dessiccation par la méthode pasteurienne. Nous nous étions d'abord simplement proposé de constater par nous-mêmes cet affaiblissement, et de voir si, étant données les conditions réalisées dans notre Institut, les choses se passaient d’une façon convenable. Mais l'intérêt de cette recherche ne se limitait pas à un point de vue pratique. Plus d’une question théorique incomplètement élucidée s’y rattache. Nous manquons d'indications bien précises sur la marche que suit lat- faiblissement de la virulence dans les moelles qui se dessèchent, et nous trouvons même dans les publications antérieures sur ce sujet des ren- seignements en apparence contradictoires. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1145 Nos expériences ont été faites avec des moelles de lapins morts des suites de la trépanation, avec du virus fixe, suspendues dans des flacons à potasse caustique, suivant la technique usuelle, et exposées à une température de 20°, Toutes les épreuves de virulence ont été faites sur le lapin par trépana- tion. Tantôt les fragments de moelles étaient inoculés directement au sortir des flacons à dessiccation, tantôt après un séjour de quelques jours dans la glycérine neutre, que nous sommes autorisés à considérer comme sans influence, etse bornant à maintenir l’état de la virulence donné par la dessic- cation. Nos expériences ont porté sur des moelles ayant subi la dessiccation pendant 4, 5, 6 et 7 jours; c’est donc la phase de dessiccation comprise entre le quatrième et le septième jour de dessiccation inclusivement que nous avons visée. - Le tableau ci-dessous résume les résultats de nos expériences : les chiffres de la première colonne verticale désignent le temps de dessiccation, en d’au- tres termes l'âge des moelles; les autres représentent la virulence de ces moelles exprimée en durée d’incubation. Les différentes colonnes verticales se rapportent à autant de moelles de lapins différents; les chiffres inscrits dans une même colonne verticale concernent doncles moelles d’un même lapin. Par conséquent, en lisant le tableau de gauche à droite, on voit les durées d’in- cubation en rapport avec un même âge de moelles différentes; en le lisant de haut en bas, on a, pour les cas où nous les avons recherchés, les degrés de virulence d’une même moelle, aux divers stades de sa dessiccation. Nous avons considéré comme ayant survécu (incubation) les animaux qui n'avaient pas pris la rage après une observation de deux ou trois mois. AGE | des I IT LIL IV V VE | VII | VII, IX x XI | XII moelles &jours.|10 j. » » » DORE » Ce DU 00 81:12 DAME Da IODE ») » » AAA IS NE) NS RUE » 9 j. (CEE » D MON PIS STE » D Er >) AIN CS NAS Tres » » » Ce) » » » 9 ] » Ce) Ce) » On voit d’après ces résultats que nos moelles après 4 ou 7 jours de dessicea- tion étaient toujours plus ou moins affaiblies, la durée d’incubation minima dépassant d'un jour au moins celle qui correspond à leur virulence initiale, notre virus fixe donnant en effet régulièrement la rage au lapin avec une incu- bation de sept jours. Cet affaiblissement, qui se manifeste dès le quatrième jour de dessiccation, se présente avec des caractères remarquables : il n’estni dans un rapport constant avec la durée de dessiccation, ni régulièrement pro- gressif pour une même moelle. Pour une même durée de dessiccation, nous n’observons pas un degré cons- tant de virulence ; avec diverses moelles de5 jours, parexemple, on peut avoir des incubations de 8, 9, 10 et 11 jours et même quelquefois une incubation indéfinie, c'est-à-dire l'absence de toute virulence. Un même degré d’affaiblis- sement peut se trouver dans des moelles d’âge différent : nous avons eu des incubations de 9 jours avec des moelles de 7 jours comme avec des moelles 1146 SOCIÉTE DE BIOLOGIE de # et 5 jours, des incubations de 10 jours avec des moelles de 4,5 et 6 jours; enfin, l'absence de virulence, si elle s'est montrée plus fréquente après 6 à 1 jours de dessiccation, a été observée également avec des moelles de 4 jours. Pour une même moelle, l’affaiblissement n’est pas toujours régulièrement progressif; témoin surtout l'expérience représentée par la colonne VIII de notre tableau : la même moelle, au 4° jour de dessiccation, a donné la rage en 9 jours, au 5° jour a donné lieu à une incubation moindre (8 jours), au 6° jour a laissé survivre l'animal, et cependant, plus âgée encore, au 7e jour, a donné la rage avec une incubation de 9 jours, égale à celle du 4° jour. La particularité la plus remarquable est la rareté des durées d’incubations supérieures à 11 jours. Nous n'avons observé qu'une fois un terme de transi- tion (18 jours) entre celte incubation de 11 jours et l’incubation indéfinie, c'est-à-dire la survie de l'animal. Nous ne constatons donc pas un affaiblisse- ment graduel du virus fixe, sous la forme d’une gamme de degrés de viru- lence. Les choses se sont passées dans nos expériences comme si le virus tombait d’une facon généralement brusque, et sans transition, d'un état de virulence encore forte (incubation de 41 jours), à l'absence de virulence, ou du moins à un état où il ne donne pas la rage au lapin par trépanation. Ce n’est qu’exceptionnellement qu’on saisit un stade intermédiaire comparable à la virulence de la rage des rues. L'interprétation de ces faits est évidemment très délicate et ne nous paraît pas pouvoir être donnée pour le moment d'une façon ferme et complète. Toutefois nous croyons pouvoir proposer l'explication sui- vante : Nous pensons que les stades d’affaiblissement manifestés par les incu- bations de 8 à 11 jours dénotent réellement l’existence d’une alténua- tion des éléments virulents. Que ceci se complique d’une raréfaction du virus, c’est fort possible, et probable, et certains de nos faits paraissent en effet imposer la conclusion qu'à un moment donné de la dessiceation d’une moelle, une parcelle peut être encore virulente, alors qu'une par- celle voisine est déjà dénuée de virulence. Mais ce n'est pas à dire que les éléments pathogènes ne passent pas avant de mourir par une phase d'atténuation. Il est vrai que Pasteur a autrefois démontré que, même dans le cas d'incubation prolongée, le virus affaibli par la dessiceation ne jouit pas des mêmes propriétés que le virus des rues. C’est donc une atténuation d’un autre ordre que celle que peuvent donner les passages successifs au travers de certains organismes animaux, de l’ordre de celle que M. Chauveau a jadis dénommée « atténuation individuelle » que réalise un chauffage brutal ou toute condition destructrice agissant sur des éléments virulents en inertie évolutive. Toutefois, l'atténuation cadre mal avec le passage ordinairement brusque d’une virulence encore forte à l'absence de virulence. Ce fait nous paraît trouver une explication satisfaisante si l’on admet dans les moelles rabiques, à côté des éléments virulents, une substance capable de masquer leurs effets; qu'il s'agisse d'un produit direct du virus T& SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1147 rabique de l’ordre des toxines, ou d’un produit réactionnel de l’orga- nisme, de. l'ordre des matières préventives et des antitoxines. Une telle substance, dont l’existence nous paraît ressortir des faits qui feront l'objet de notes ullérieures, ne suffirait pas à protéger l'organisme à l'égard des éléments rabiques, doués de toute leur activité, ou trop peu affaiblis, mais manifesterait son action lorsque ces derniers sont ame- nés à un état d'atténuation suffisante. En somme, indépendamment de certains facteurs accessoires qui peu- vent entrer en jeu, nous pensons que les particularités les plus remar- quables que nous avons observées peuvent s'expliquer en invoquant, d’une part l’atténuation des éléments virulents, d'autre part la présence d’une matière capable de masquer leurs effets. INFLUENCE DU SÉJOUR PROLONGÉ DANS LA GLYCÉRINE SUR LE VIRUS RABIQUE, par MM. Roper et GALAVIELLE.. Nous avons précédemment fait connaître les premiers résultats des recherches que nous avons entreprises sur les propriétés de la matière nerveuse rabique conservée plus ou moins longtemps en glycérine, au point de vue de son aptitude à vacciner contre la rage. Nos conclusions sur ce point ont été confirmées par la suite de nos expériences, faites avec la collaboration d’un de nos élèves, M. Martin, qui y consacrera bientôt sa thèse inaugurale. Dans la présente note, nous consignerons les faits que nous avons observés en ce qui concerne l'influence du séjour dans la glycérine sur la virulence. On sait que la glycérine a été conseillée par Roux comme un excellent milieu pour la conservation du virus rabique, et que l’immersion dans ce liquide constitue pour cette conservation la conditior de choix. Mais le maintien de la virulence rabique en glycérine est-il indéfini? Si non, comme la chose est probable, dans quel délai se perd la virulence, quelle est la marche de cette perte, et celle-ci laisse-t-elle persister un pouvoir vaccinal ? Toutes nos expériences ont porté sur des cerveaux de lapins morts des suites de la trépanation avec le virus fixe. Ces cerveaux étaient immergés dans 15 à 20 centimètres cubes de glycérine neutre à 30 degrés B., stérilisée, et conservés dans une armoire, à une demi-obscurité, à la température du laboratoire. Leur virulence était prouvée par la méthode classique, sur le lapin, par trépanation. Nous avons de la sorte mis en expérience vingt-quatre cerveaux ayant séjourné dans la glycérine pendant un temps qui a varié de trois semaines à deux ans et demi. Douze de ces cerveaux se sont montrés plus ou moins virulents. 11248 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'incubation a été : de 7 jours (virulence intégrale) avec un cerveau de 23 jours; de 8 jours, avec des cerveaux de: 3 mois 1/2; 4 mois 6 jours ; # mois 18 jours ; 4 mois 12 jours ; 6 mois 24 jours ; 7 mois ; 7 mois; de 9 jours avec un cerveau de 4 mois ; de 10 jours, avec un cerveau de 9 mois 25 jours. k Elle à été exceptionnellement longue (28 jours) avec un cerveau de 30 mois 25 jours. FC Enfin, un cerveau (de 17 mois 16 jours) nous a donné un résultat extrème- ment remarquable. Un lapin trépané avec ce cerveau a présenté des troubles paralytiques après 11 jours d’incubation ; après avoir été paralysé pendant 2 jours, il s’est rétabli, et, après plusieurs semaines de guérison apparente, soit 2 mois après la trépanation, il est tombé de nouveau paralysé et est mort en 2 jours avec les symptômes caractéristiques de la rage du lapin. Les douze autres cerveaux ont été trouvés dénués de virulence, c’est-à-dire qu'ils n'ont pas donné la rage au lapin par trépanation. Ils étaient âgés de : 2 mois 24 jours ; 9 mois 21 jours ; 10 mois 8 jours ; 10 mois 21 jours ; 12 mois 22 jours ; 15 mois 8 jours ; 15 mois 18 jours ; 17 mois; 17 mois 17 jours; 18 mois 6 Jours; 19 mois ; 19 mois 14 jours. Les lapins trépanés avec ces cerveaux ont été tenus en observation, sans présenter de troubles rabiques, deux pendant À mois, un pendant 5 semaines, tous les autres pendant au moins 2 mois, plusieurs pendant 3 à 5 mois. Nous résumons nos résultats sous une autre forme dans le tableau sui- vant : AGE INCUBATIONS AGE INCUBATIONS des cerveaux. correspondantes. des cerveaux. correspondantes. FA — Voir Have (G.) et Bexsacpe (R.). BERGOUIGNAN (P.) . Crises vésicales du tabes. Injections épidurales de cocaïne par la méthode-de”Gaftbelin 509 Se BerxarD (Léon). . Voir Bicart et Berxarp (Léon). | BtERRY . . . . . . Recherches sur les injections de sang et de sérum cyto- Torques au CHERS CE RE Se PO ES — Voir PortiEr et BIERRY. Bicart et BERNARD (Léon). Sérum surrénotoxique . . . . : . . . . . . . . BIGART . . . . . . Voir Nopécourr (D.) et Brcarrt. 167 808 839 161 TABLE PAR NOUMS D'AUTEURS Pages, Bizuer (A.). . . . À propos de l’hématozoaire endoglobulaire pigmeuté des Trionyx Hæœmamæba Metchnikovi (Simond). | — Sur la présence constante de l'hématozoaire de Laveran dans le paludisme en Algérie (Constantine). . 1063 BisséRié, . . . . . Sérum agglutinant des levures. . . . . 199 BcaxcuarD (Raphaël). Observations sur quelques es 1045 BonxE (C.) . . . . Leucocytose éosinophilique avec essaimage des nee dans le voisinage d'une glande en suractivité. 460 .— . Sur les gouttelettes de graisse à existence temporaire des ganglions spinaux de la grenouille . . 41% Bonxrer (Pierre). . Remarque à propos d’une communication de M. none 19 — Recherches sur la compensation labyrinthique en ballon. 1034 — Voir Lévr (Léopold) ét Bonnrer (Pierre). Borpter et LecomTE. Action des courants de haute fréquence sur la quantité de chaleur produite par un animal . ; 443 BoRREzL . . . . .. .. Observations à propos d’une note de M. W laef. 108 Bosc (F.-J.). . . . Le parasite de la clavelée . © Me ur 9 Boucnarp (Ch.) . . Décès de MM. Kovalewski et Denlant 5809 0 le . 1017 — Remarques à propos des ascensions en ballon. Abe MENTSMAURIERPÉTIMENTALEUTSE ES NCIS NN 1041 — Installation du nouveau président quinquennal. Mason 1155 — ANTOCLON RE RENE RE EE TE AN IX BouLup. . . . . . Voir LÉPINE (R.) et BouLzun. BourqueLor (E.). . Recherche, dans les végétaux, du sucre de canne à l’aide de l’invertine, et des glucosides à l’aide de l'émulsine. 909 _BourqueLot (E.) et Hérissey (H.). Sur la constitution du gentianose . 236 Bouvier . . . . . Allocution à propos de la mort de M. Boulard . . . 1017 BrancA (Albert). . Voir Fézrzer (G.) et BrancA (Albert). Brauzr (J.). . . . Examen négatif du sang périphérique dans un certain nombre de cas de paludisme avéré (Algérie). 51605 — Note sur la recherche de la diazo-réaction dans le Hé disme . . . 937 BROCARD . . . . . Analgésie entra en à méthode de Send rnb ‘Le injections sacro-coccygiennes . . . . . D 44 = Injections épidurales par la méthode de Sieorde 545 BRUANDET. . . . . Résorption, momification et macération RATE du fotusidercobaye icon ee + 0 —. .Lésions de coccidiose Soiree, RAD UT te avec & Car- CINOSPN AT AE RENAN Doi er oo 1014 BRuCKNER (Jean)... Sur les phénomènes de réaction dans le Éynième pre CRIE SRE 5012 Da ba Lot TEA ve 982 Buncz (von), de Bäle. Nommé membre Gerra ea, 1109 (@ (CADE (A.). . . . . Voir BarJoN (F.) et Cane (A.). CALUGAREANU et Henri (Victor). Salivation très abondante, pendant la masti- cation, chez un chien, à la suite de la suture croisée des nerfs hypoglosse et lingual. . . . . . . . . . . . 312 — Diffusion ‘des matières colorantes dans la gélatine et fe L'eau MEN On 0 oncle 5 19 1944 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. CALUGAREANU et Henri (Victor). Résultats des expériences faites pendant une ASCENSION EN DANONE UNE 1037 — Régénération fonctionnelle de la corde du tympan suturée avec le bout central du nerf hypoglosse . . . . . . . . 1099 Camus (Jean) et PAGN1Ez. D'un pouvoir agglutinant de certains sérums humains pour les globules rouges de l'homme. . . . . . - . . . 242 — Variabilité de l’alexine dans les sérums pathologiques. Exis- tence d’une substance antihémolysante dans le sérum QUMAIN PRIME ETRRSRNERSENES Fe PRLTRES 50 M ae 130 _ Au sujet d'une sensibilisatrice dans le sérum des tuber- culeux EMA ARS HAN. LADA 20 SC 134 — Action destructrice de l’éthéro-bacilline pour les globules rouges. — Action empêchante du sérum humain . . . . 948 Camus (L.) . . . . Sur un appareil pour circulation artificielle dans le cœur isolé et à inscription de changements de volume . . . . 202 — Action du poison des Moïs sur le cœur isolé. . . . . . . . 349 — Action des injections intra-veineuses de lait sur la coagu- ue lation du sang chez les animaux en lactation. . . . . . 843 Camus (L.) et GLey (E.). Sur la sécrétion pancréatique des chiens à jeun . . . 194 _ A propos de l'existence, dans un sérum sanguin, d'une action antagoniste de l’action hémolytique . . . . . . . 132 — Sur les variations de poids des. Hérissons. . , . . . . . . 1019 Camus (L.) . . . . Voir Hanrior et Camus (L.). CapiTAn (L.). . . . Un cas de pneumonie franche arrêtée dans son évolution, puis guérie par l'injection de sérum antidiphtérique, sui- vantlamméthodetdenlalamon er En 309 CarnoT (Paul). . . Remarque à propos d'une communication de M. Surmont. 448 Remarque à propos d’une communication de M. Delezenne. 1165 CaRNOT (P.) et CHAssEvanT (A.). Des conditions de fixation de la pepsine sur les albuminoides AMENER EME CINE RER 1172 CarnoT (Paul) et Fournier (Louis). Sur un cas d'angine de Vincent. . . . . NAIRES CARRIÈRE (G.). . . Sur l'existence d'un ferment soluble dans les cultures de bacilleséde Koch} eee SEE SERRE PER 320 — Examen cytoscopique du liquide céphalo-rachidien dans la - sclérosesen plaquest is 2m ee ee 345 — Le séro-diagnostic de la tuberculose 146 — Action du suc gastrique sur les bacilles de la tubercu- OS CLS EN EN RS ARE MORE ETAGE TRES 1098 CARRIÈRE (G.) et LecLERcO L’antipyrine à dose suffisante dans le traitement de laïchorée derSydenham Ne ete NET 543 CassaEr (E.) et Saux (G.). De la toxicité de la macération de viande. . . . . . 623 — De la toxicité du suc gastrique normal, comparée à celle de lstmacération desviande er CREER 715 — De la toxicité du produit des digestions de viandes . . . . 783 — De la réalité et du mode de production de substances toxi- ques dans la digestion des viandes . . . . . . . . . . . 1072 CASTAIGNE (J.) et RarHEry (F.). Ligature unilatérale de l'artère rénale, de l'ure- tère ou du pédicule. Accidents consécutifs . . . . . . . 1150. — Néphrectomie, ligature unilatérale de l'artère rénale, de l'uretère où du pédicule; lésions du rein opposé . . . . 1152 CasTEex (E.). . . . Réflexomètre rotulien . . : . . . — Valeur normale du réflexe rotulien. . . . . . . . . . . . 865 4 | 3 : Dai TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1215 Careuin (F.). . . Une nouvelle voie d'injection rachidienne. Méthode des ; injections épidurales par le procédé du canal sacré. Applications HAENOMMeNEENE EP NN CUT — Technique de la ponction du canal sacré pour aborder la voie épidurale. Ses avantages au laboratoire. — Mode d'action de la cocaïne injectée dans l’espace épidural parletprocedélduicanaliSacré MMA CURE — Essais d’anesthésie générale chez le chien par injection de chloral dans l’espace épidural (procédé du canal sacré). . — Un mot d'histoire à propos des injections épidurales par le canal sacré et notes anatomiques. . . . . . . . ee ele — Du meilleur procédé d’abord de la voie épidurale Croce du canal sacré), indications médicales de la méthode . . = Voir ALBARRAN et CATHELIN. CauLcerY (Maurice) et Mesniz (Félix). Le parasitisme intracellulaire et la mul- tiplication asexuée des Grégarines . . . . . . . . . .. — Le cycle évolutif des Orthonectides . . . . . . . . = Sur la phase libre du cycle évolutif des Orthonectides. CavaLié (M.) . . . Surla perte de substance de la couche d’albumen de l'œuf de poule, au niveau de la tache embryonnaire . . . . . CHaLeIx-Vivie. . . Action bactéricide du bleu de méthylène sur le gono- : CO ER Re PARENTS Ne Re en RO EE CHarLier (F.) . . . Sur le‘dédoublement de la phloridzine au niveau du rein. CHarrin et DELAMARE (Gabriel). Recherches sur les propriétés du placenta. . CHarrix et Moussu. Action du mucus sur l’organisme. . . . . . . . . . ie CHassevanT (Allyre). Action de la saccharine sur la digestion gastrique. . . . — Voir CARNOT (P.) et CHASSEvVANT (A.). CHAUVEAU 7 AlOCUTIONE ES ARS ER es LE da RU ste ï CHAVIGNY . . . Traumatismes articulaires, ebanoses en particulier, et tHoublestdenasSenSiiNÉER ee Er ee PS Caemin et TriBonpeau. Dissociation du plexus brachial du gibbon. , . . . . . CripauLT (A.) . . . Sur la rachi-cocaïnisation sous-arachnoïdienne et épidu- TALRE SR ae eee Met eee en Ci Dette — À propos de l’anatomie du canal sacré. : . - . . . . . — De l'huile comme véhicule dans les cocaïnisations épidu- HIS 0 613 5 0 0100 do TO DUO 0 D OR UD 0200 — Cinquante-sept cas de ponction sacro-lombaire à intention thérapeutique . . . . : . et evil Caooquer (Ji)... . Stérilisation des denfs cariées . . . . . : : . . . . . | CLauDE (H.) et Zaky (A.). La lécithine dans la tuberculose . . . . . . . . .. CLERG (A.). . . . . Influence de quelques agents microbiens et toxiques sur les variations des ferments sanguins . . . . . . . . . — Voir AcHarD (Ch.) et CLerc. — Voir HaAnrioT et CLERC. CLuzET (J.). . . . Nouveaux procédés cliniques pour la recherche de la bile dans les RUTIN ES AE OR pere re — Sur la loi d’excitation des nerfs et des muscles. . . . . . CLuzer (J.) et FRENKEL (H.). Recherches sur la tension superficielle des urines. CoaxLey-ByroN. . Sur les injections directes de solution physiologique de NaCI dans le parenchyme de divers organes . . . . . . CoLoLran . . . . . L'action physiologique des différents sels de soude sur le SÉDOISSONS NE A Me ER) ONE NE APE Pages. 19216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE COROMITAS CP NPrÉSentatIondnOUVTAce AP PNR ER R 1055 Corre (Jules). . . Note sur les diastases du Suberites domuneula (Spon- DATES) 0 as ae DAMES SE NT MAR RE 95 Courin (Henri) . . Sur la toxicité comparée des composés du nickel et du É cobalt à l’égard des végétaux supérieurs. . . . . . . . . 489 — Sur la toxicité des composés de l’argent, du mercure, de l'or, du platine et du palladium à l'ésard des végétaux SUPÉTIENTSZ) 2e SAMU ANSE Lire dERee Mhste LE = Sur la toxicité des composés du fer, du plomb et de l’ura- nium à l'égard des végétaux supérieurs. . . . . . . . . .-—. - . . Sur.la résistance aux agents chimiques du protoplasma à létatidesviemalentie PAPER EN ERRERE NRE : _— Comparaison entre le pouvoir toxique de quelques com- posés minéraux à l'égard des végétaux supérieurs et leur puissance anhiSepHqUe MENACE ET EEE Courmonr (Jules) et ArLoIxG (Fernand). Cytologie de la Po. diphtérique expérimentale UACOLAyE RAR NN CC RCE Courmoxr (Jules) et Lesreur (Ch.). La polynucléose de Bi rage clinique ou sn Me ntTale RENNES ALAN Be Hot kel oi un 2 Courmonr (Paul). . Voir ARLOING et Courmonr (Paul). CourTAnE (Denis) . Du rôle de la tension dans l'excitation galvanique des sys- témes merveuxie musculaire PC EN EN CourTADE (D.) et Guvon (J.-F.). Excitabilité comparée du nerf érecteur sacré et - duMnemAhyposasiTique ERP HR — Sur la contracture du muscle vésical. . . . . . . . nn Couvreur (E.). . Sur le rôle du pneumogastrique comme régulateur de la température du corps (A propos d’une note de M. de Tar- DR ChaNO) Te are Tee NET CEE ER Cxox (E. ne) . . . Sur les méthodes de la circulation artificielle dans le cœur 1SOLE MT MALO SOLAR SEM QUE MN Re A ON TE SE ISERE — Présentalion d’un ae RL ARMES PR AR CPC EE PR A REA Se et d D DARCOURT.- . : Voir Onpo et DarcoURT. DAREM8ERG (G.) . . La coloration du sérum sanguin normal . . . . . . . . DarGæin et TrIBONDEAU. Hémodiagnostic des kystes hydatiques du foie . . DASTRE SE EC Note à propos d’une communication de MM. Henri: (Victor) CLIP OZETS ICE ER EN NRNNR EMINNARS ER Ho 0 VE 0-0 Cu De la dialyse chloroformique comme procédé de recherche desmrermentshendo-cellulanres ere — À propos de la recherche des ferments endo-cellulaires par latdiahysechloroformitte EME CRE AC EE . — Sur la répartition des malières grasses chez les crustacés. DEnoON (M.) . . . . Voir INGELRANS et: DEHON. DELAmARE (Gabriel). Note sur les cellules éosinophiles et les hématies nucléées du ganglion lymphatique normal. . . . . . . . . . . . — Paralysie ascendante aiguë, probablement toxi-tuberculeuse. A AE Voir CHARRIN et DELAMARE. — Voir GUILLEMONAT et DELAMARE (Gabriel). US Voir NoBécourtT (P.)'et DeramaARE (Gabriel). 849 1027 sc ù es ah done, oi. di. end épée, à, )l EIRE CRC SES POUSSE NS TT TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1217 DELEZENNE (C.). . . L'action du suc intestinal dans la digestion tryptique des Malle Le MAlDUMINOITE RES RP ENT où — L'entérokinase et l’action favorisante du suc intestinal sur la-trypsine dans lasérierdesVertébrés DensusrAnu (Mile) . Voir Pixoy et Densusranu (Mile). Descos (A.). . . . Voir ARLOING (S.) et DEscos. DEsGREez (A.) . . . Observation à propos d’une communication de MM. Gil- Het (A) OO (le) oral rio MS MON EN EN ET 50 DEsGrez (A.) et Zarky (A). Influence de la lécithine de l'œuf sur les échanges DUUBANE) ajor do Mas oublie 61e MARNE RE AREA RE DÉVÉN IE) EN Desteretestéchinocotciques LINE AIR NOTE — Du siège sous-séreux des greffes échinococciques périto- MER TESS 07 MOTO QE ROUES TE To EVANS For — Sur la transformation des scolex en kystes échinococciques. a De l’échinococcose secondaire embolique. . . . . . . . . Douinicr (H.) . . . Sur la formule hémoleucocytaire de la vaccine expérimen- le Curlepune 8 di 2 04 0 ob be to of lon 5 oetente = Les origines du polynucléaire ordinaire du sang des Mam- DONITE RO SES TR DNS CSL RAR ee de le AMIE AR A E .— Macrophages et cellules conjonctives. . . . . . . . . . . Dopter (Ch). . .« . Névriles expérimentales par injection de sérum d’urémique au niveau du nerf sciatique du cobaye . . . . . . . . . :— Névrites expérimentales par injections de sérums {toxiques au niveau du sciatique du cobaye . . . . . D RAT DOR DS) LANCE Hyposérochromie et hypersérochromie . . . . . . . . . . Doxon . « . . . . Anastomoses entre le système porte et le système des veines caves par l'intermédiaire de l’épiploon. . , . Doyox et Morez. . Action de la pression sur la composition du sang. . . . . Dupois (Raphaël) . La dialyse cellulaire par les vapeurs de liquides en neutres, chloroforme éther, (etc CE nn. — Sur la dia ee cellulaire appliquée comme procédé de re- cherche de l’action des zymases dans l’intérieur des tissus. — Sur le pouvoir éclairant et le pouvoir photochimique com- parés des bouilions liquides de photobactéries. Photo- graphies obtenues par les photobactériactes. Lampe VIVAn ORNE RE er nr PRO NT CL Men AA = Sur la prétendue fluorescence du corps vitré . . . . . . . — Lecentre du sommet UNE ER ie — Sommeil naturel par autonarcose carbonique provoqué expérimentalement EMTEC 18 0 — La photographie de l’invisible (réponse à M. ou Nouvelles recherches sur la Eiophotogenèse. . . . . . . . — Autonarcose carbonique chez les végétaux . . . . . . . . — Discussion à propos de la communication précédente. . . — Sur l'influence de la diminution de pression atmosphérique sur la composition des gaz du sang. . « « . + . + « Du Pasquier . . .« Voir Lért et Du Pasquier. Dupuy (Eugène). . Corrélation d'états pathologiques de la thyroïde, de la pros- lateretilennténus eee PP EU GO HAAEeS Pages. 1161 116% 133 180 229 231 263 102 956 958 1092 940 1218 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE E EcGer (Max) . . . Contribution à la topographie radiculaire et périphérique des vaso-moteurs de l'extrémité supérieure chez l'homme. 60% — Du retard de la perception douloureuse et thermique dans les’afectrons ile la/substancetcrise MER EE 631 Emery (H.). . . . Recherche du bacille typhique dans l’eau ; note sur un pro- cédé permettant de différencier le Rolle d'Eberth du Coltbagille 25 RS RSS An QE CR CRE 979 EMMEREZ DE CHARMOY et MéGnin (Pierre). Un nouveau parasite et une nouvelle maladie chez les poulets de l’île Maurice . . . . . . . . 93 F HAUQUENASEENT Voir SasrAzes ct Fauquer. FÉLIZET (ae eb BrancA (Albert). Sur les cellules insterstitielles du testicule : ECLOPIQU'EN EN AE NE PS Le Eden Les 311 — Les fibres élastiques du testicule ectopique . . . . . . . . 410 — Sur les épithéliums du testicule ectopique . . . . . . . . 414 FérRé (Ch.) . . . L'influence de la température extérieure sur le travail. . . 17 — Note sur l'influence du jeûne accidentel sur la résistance à T'ASDRIR IE RATE NT M RE Mer 0 — Note sur la persistance des mouvements soi-disant auto- maliques dans 1e COMAM RENAN EN E AA S 22 — Note sur une anomalie du pli d'opposition du pouce. . . . 292 — Note sur la fatigue par les excitations de l'odorat. . . . . 566 — - . - . Note sur l'influence de la théobromine sur le travail. . . . 593°« — Note sur l'influence du café sur le travail. . . . . . . . . 627 = Note sur la fatigue par les excitations visuelles. . . . , . 668 = Note sur l'influence du kaschisch sur le travail . . . . . . 696 = Note sur la fatigue par les excitations du goût . . . . . . ” = Note sur l'influence de l’opium sur le travail . . . . . . . 725 — Note sur la fatigue par les excitations auditives . . . . . 149 mn Note sur la fatigue par les excitations cutanées. . . : . . 153 — Note sur l'influence de l'injection préalable de solution d'antipyrine dans l’albumen de l'œuf sur l’évolution de lembryon-de poule EEE CNE NET 155 = Note sur l'influence du travail digestif sur le travail manuel. 195 = Note sur une épilepsie réflexe provoquée par la miction et laïdétéca tion in Eee SE PNR RES 861 Note sur la suggestibilité dans la fatigue . . . . . . . . . 813 = Oscillations inverses du travail des deux mains au cours de sa fatinnes1e a UP NE QE ME US SRE 899 = Note sur l'influence de la digitaline et de la spartéine sur le dtravanl RTE Re ES En ra RATÉ TA 927 = Le plaisir dela vue du.mouvement . . . . .: : . . . . . 930 ee Note sur l'influence de la pilocarpine sur le travail . . . . 1056 = Contribution à l'étude de l'action physiologique de la valé- MIAME NN EPS NE RARES PORC RME nee © © 1090 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1219 F£R£é, FraNGILLON (Me Marthe) et Pari (Ed.). Note sur les modifications de la pression artérielle sous l'influence des conditions capables d'interrompre la manifestation de la fatigue . . . . .. FéRé (Ch.) et Perrir (Auguste). Sur la structure des tératomes expérimentaux. FerRier (J.-F.). . . De l'élargissement du pied pendant la marche . . . . . . FERRIER. . « « . . Cytologie du liquide céphalo-rachidien dans la leucémie . Fourniex (Louis). . Voir Carnor (Paul) et Fournier (Louis). — - Voir GiuBerr (A.) et Fournier (L.). Foveau DE COuRMELLES. Action profonde de la lumière chimique sur la tuber- CUTOS ER Re Ale AA Se HE Enr el FRançÇA (Carlos) . . Note sur l’action du sérum leucotoxique sur les lésions du néVraxedonsela rare pepe EME ne DE En —— Seconde note sur l'action du sérum leucotoxique sur les lésions du névraxe dans la rage. . . . . . . . _ . . o — Voir Arras et FRANCA (C.). FRANCILLON (Mlle Marthe). Voir FÉRÉ, FRANCILLON (Mlle) et Papin (Ed.). FRENKEL (H.) . . . Voir Barnier (E.) et FRENKEzL. FRENKEL (H.) . . . Voir CLuzer (J.) et FRENKEL (H.). FrouIn (Albert . - Sur le pouvoir digestif de la sécrétion gastrique. . . . . . Frouix (Albert) et Mouinier. Action de l'alcool sur la sécrétion gastrique. . G GaïLLARD (L.). . «+ Voir AcuanD (Ch.) et GarLLaRp (L.). GALAVIELLE et Aousr. Expériences sur les propriétés de la bile rabique à lésard du virus ire Peer MAO ROLE DEC GALAVIELLE . . . . Voir RODET (A.) et GALAVIELLE. 7 . GALIPPE (V.) . . . À propos des kystes radiculo-dentaires; rectification. . . GaLLarpo (Angel). Les croisements des radiations polaires et l'interpréta- tion dynamique des figures de karyokinèse. . . . . . . Garnier (Charles). Hermaphrodisme ‘histologique dans le testicule adulte PAS TA CUS ATUIVI A IIS MERE EEE Ge GARNIER (L) . . . Voir LamgEerT (M.) et GARNIER (L.). GARNIER NL Voir ROGER et GARNIER. GAUBE (J.) . . . . Enzootie de diphtérie traitée et arrètée par des injections Se sous-cutanées de soluté d'iodobenzoyliodure de magné- SNA ER Re Re A COUP Re EUR AE GAUDIER (H.) : . : Voir: WERTHEIMER (E.) et Gaupier (H.). GAUTIÉ . ... . . . Voir GuiRauD et GAUTIÉ. GEBHARDT (F. DE\ . Voir ARLOING (K.) et GEBHARDT. GEGENSAUR (de Heidelberg). Nommé membre honoraire. . . . . . . . . GELLÉ (M.-E.). : . Les sons-voyelles en fonction du temps. . . . : : : . . . — : Remarque à propos d'une communication de M. Babinski. — Reéspirationetdéslutthionee tes re en ‘ — : : Paralysie alterne de l’acoustique, lésion protubérantielle. . GÉRARD (E.) . . . Sur le dédoublement des glucosides par l'extrait aqueux Or SANTE SR AN IMAU AE AN AE Ne Re Grarp (Alfred). . Sur la pseudogamie osmotique (Tonogamie). . . . . . . . — Présentation d'un-travail de M. Alezais + . . . . . . . . —" La périodicité des invasions d’Acridiens (Caloplenus ita- - -licus L.) et la lutte préventive contre ces Orthoptères. Pages, 590 418 47 1109 671 1920 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Gran (Alfred). . Pour l'histoire de la mérogonie . . . . ... PS Ve Dr GiLarponI (H) . . Conditions mécaniques de la systole ventriculaire : in- fluence de ces conditions sur la forme de la secousse TEUS CUIR 0 HR RTE NRA ESA EVEE OP RRRE .— . . . Myographe à poids variable pour l'étude des conditions : mécaniques de la systole ventriculaire. . . . . . : — Myographe à ressort de torsion pour l'étude des conditibes mécaniques de la systole ventriculaire . . « . . . … . . G:r8ert (A.) et Fournier (L.): La lécithine en thérapeutique . . . . . . . . GirserT.et HerscHER. Sur la diminution de la coloration du sérum sanguin. . GizBerT (A.)-et LEREBsOULLET (P.). Des urines retardées (opsiuries) dans les cir- SE ThOS ES 2100 rennes cal SUR PEN LAS 2 ANDRE De l’inversion du rythme colorant des urines dans l’ictère. — De l’état des urines dans l’ictère acholurique . . . . . 5 0 _ Les causes de la splénomégalie dans les cirrhoses biliaires. — Daïnieurésie Diane PME RENE EN PRE En ; — Du diabète par anhépatie dans les cirrhoses. . , . . . . : GILBERT, LEREBOULLET et HERSCHER. Sur le degré de fréquence de la cholémie chez homme PANNE A PE En RECU D Girarp (J.). . . . Présence de deux trichocéphales dans l’appendice iléo- CHOLET ORNE RTE TEE GirarD (Joseph). . Voir Perrir (Auguste) et GrrarDp (Joseph). GLESA (ES) CRC Présence de l'iode dans le goitre exophtalmique . . . ... 4 — Présentation d’un ouvrage . . . . . . . PR els à © 1 S É = Réélu secretaire générale A REA Je FRE 1108 è — Allocution. seine et Rire CE SAR NET x | GRENIER EEE Voir Camus (L.) et GLeyx (E.). | Goucer (A.) . . . Sur certaines altérations hépatiques consécutives aux injec- | tions répétées d'urée à haute dose... 0: 14h, . GRAND- MouRSEL et TrisonpeAu. Différenciation des flots de Langerhans dans le +. 14 pancréas par la thionine phépiquée = 2" uv 187 | GRÉHANT (N.) . . . Analyses de l’air du Métropolitain . . . . . . . . . : . 1059 à Grirron (Vincent). Cytodiagnostic des méningites . . . ... . . . . . . . . ll — Imperméabilité des méninges à l’iodure de potassium dans . la méningite cérébro-spinale à méningocoques de Weich- ne SELDAUINES SEE SU NS SEE ARE 342 | — Stérilisation des crachats tuberculeux par l'aniodol . . . . 663 Grimgert (L.). . . Production Race hne ny ARNO par le Bacillus tar- PAGE à ein cro ca ë SR RS LE TL CE On C0 304 4 Grimgerr (L.) et LeGROos (G.). Sur un milieu Hesse destiné à remplacer le 1 petit-lait tournesolé de Petruchsky . . . . . Te 912 Grossarp et Pécor. Sur l'existence d’un centre physique d’auto-audition . . . 790 Gurarr (J.). . . . Le trichocéphale et les associations parasitaires . . . . . 307 GuiLLEMONAT et DELAMARE (Gabriel). Le fer du ganglion lymphatique . . . . . 897 Guiraup et Gaurié. Méthode générale de coloration des bactéries au moyen du blew d'aniline, soluble 8Nl'eau 2 UD Guyon (J.-F.): . . Voir CourTtADE (D.) et Guyon (J.-F.). H HALLION. . . . . . Remarque à propos d'une communication de M. Laborde CN MU annee ÉRNUNr E StE 551 TABLE PAR NOMS D AUTEURS 1291 Pages. HaALLION. . : . . . Remarque à propos d'une communication de MM. Pitres EPA ATEN NT RIT GE — . Remarque à propos du une manie on de M. Lee (AVE) EE AS NM TTUL TETE e CE : 565 HazLion et Tissor. Recherches expérimentales sur Een da, ae rapides d'altitude sur les phénomènes chimiques et phy- siques de la respiration à l’état de repos (Recherches faites ; au cours d'une ascension en ballon). . . . , . . . 1030 — Recherches expérimentales sur l'influence des Ho rapides d'altitude sur les gaz du sang et sur la pression CLÉ ILE NE tie DB NOUS et A DEP HANRIOT. . . . . . Influence de la eo c sur les trie SR SRE ENS 58 — Sur le mécanisme des actions ASTASIOUTE SEEN ES 67 — Sur la réversibilité des actions diastasiques. . . . . . . . 70 — Sur le mécanisme des actions lipolytiques. . . . . . . . 367 — Sur ana tureNdeNAAlIpDASeR EN ES 0509 Hanrior et Camus (L.). Action de la température sur la lipase du sérum à ani- : maux à sang froid. . . . . . Te As 80 Haxrior et CLErc. Sur l'apparition de la lipase she le nee RDA MAIS Have (G.) et BexsauDe (R.). Sur la non-rétractilité du caillot et Faber de formation de sérum sanguin dans la variole hémorra- gique primitive. Mécanisme des hémorragies, . , . . . 45 Hévox (E.) . . . . Sur l’hémolyse par la solanine et les conditions de milieu AIM AVOTISenDOUMeMpPÉCNENtT AE AE 0 027 — Sérum agglutinant des levures. . . . 256 — Toxicité des glycosides hémolytiques Fous le POicdne si aCHONS/ AN ELLOXIQUESE ANNE DENE Bi:0 000) 0121 1 GUN — Sur les températures de coagulation des sérums dialysés. 901 HenneGux (F.). . . Essai de parthénogenèse expérimentale sur les œufs de GTÉNOUIER RASE RUE Peer cr 351 HÉNOCQuE. . . . . Etude de l’activité de la réduction de Do Porn elec dans les ascensions er ballon . . . . . ot Gr0 0 8 AU — Discussion à propos de la communication Séccdeiies ce elO05 Henri (Victor). . . Note-sur l’action de la température sur le ferment inversif, 59 — lufluence de la quantité de saccharose sur la vitesse d'in- version par le ferment inversif de la levure de bière. . 13 — Influence du sucre interverti sur la vitesse d’inversion du AcACChaATOSe par lAsUCraSe Ar OT PRES Se NEEDS — Influence de l'addition, au milieu d'une en de saccha- rose ou de sucre interverti sur la vitesse d’inversion par la ASUCLASC ARE D RRU PPA n e ÉE RS EUR APR on ae _— Loi de l’action de la sucrase . . . . 945 — Action de la sucrase sur un mélange dei Saécharose cl de SUCLE: IN TELME LES ER ENTER en Re RER et een ee Henri (Victor) et LARGuIER DES BANCELS. Action simultanée de l'acide chlorhy- drique sur le saccharose et l’acétate de méthyle. . . . 784 Henri (Victor) et Pozerski. Considérations théoriques relatives à l'influence de la température sur le ferment inversif de la levure de ae bu lo pen DU de BE NO EAN ENS A DS 28 Hewr1 (Victor). . . Voir CALUGAREANU et HENRI (Victor). Hérissey (H.). . . Voir BourQUELOT (E.) et HÉRissey (H.). HERSCHER. . . . . Voir GILBERT et HERSCHER. 4999 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. HERSCHER. . . . . Voir GIL8ERT, LEREBOULLET et HERSCHER. Hoggs (J.). . . .: . Néphrite expérimentale chez le cobaye par injection de Séin CNMÉMQUE à © o 2 8 MO 0 0 0,0 0 Mur Ce 482 HuLor (J.) et Ramonn (F.). Anémie post-hémorragique. . . . . . . . . . . . . 813 — Dégénérescences expérimentales spéciales du foie et des reins d'origine cytolytique. . . . . . . . . . . Je 1409 Iusert (A) . . . . Sur la dépense inutile d'énergie due à la forme de certains US CLÉS RSR NS TARA PET AE SERRE . 402 InGecrans (L.) et Denon (M.). Toxicité urinaire des typhoïdiques traités par les bains chauds, comparée à celle des typhoïdiques soumis à d’autres modes de traitement. . . . . . . . . . . . . . 1022 loreyxo (Mile I.) et Sreranowsk4 (M.). De l'équivalent de la loi de Ritter-Valli dans lanesthésie des nerfs PRE Alt — De l’envahissement successif par l’anesthésie des fibres nerveuses sensitives et motrices . . . . . . . . . . . . 1113 J JacoBsox. . . . , Septicémie expérimentale par le coccobacille de Pfeiffer. . 553 JAvAL (Adolphe). . Les variations de l’excrétion de l'azote et du chlore pen- dantiardénutribions Re PES ne : Len D JEANSELME (E.) . . Le tokelau dans l’Indo-Chine francaise. . . . . . . . . SAR JOLI) EEE Sur quelques points de la morphologie des leucocytes. . . 613 — Elu membre titulaire RER 965 + — - Le noyau et l'absorption des corps étrangers. . . . . . . 1006 — Examens histologiques du sang au cours d'une ascension en ballon fe RTE PT CNE are DES) Sur les mouvements des myélocytes . . . . . . . . . . . 069 — Phénomènes histologiques de la réparation du sang chez les Tritons anémiés par un long jeûne . . . . . . . . . 1183 JosuÉ (0.). . . . . Fixation des préparations de sang par le chloroforme . . 642 JOURDAINA SPL merde tatcellule eee EE PE 203 — Bruit particulier produit par les Gastéropodes pulmonés. 406 Juzcrarp (Ch.). . . De l’hématolyse dans les épanchements hémorragiques traumatiques des séreuses articulaires et prérotuliennes. 629 — De l’action de l’albumine sur le phénomène de l'hématolyse. 847 K Kocaadep Berlin) NOMMENASSOCIÉ DEN CN TRS Ô + 41109 KRONECKER « + « « Des méthodes servant à déterminer les ant lato ne DES reures de activité du cœUr MN EE 390 _— Nommé associé 077 EN EU CSL ENST VO ER 1109 di dat its palette À doi pole ote aie de bis nl es oi À ds De, dé CUÉRS S d S dés : Li din rénale ide de donc 5 En 2 D be dde il mer à TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1223 Pages L LABORDE (J.-V.). . L’analgésie localisée par la cocaïne et du procédé technique le meilleur et le moins dangereux pour l'obtenir. . . . . 541 — A propos du procès-verbal de la dernière séance, et du mécanisme de l’analgésie localisée par la cocaïne. . . . 563 — Présentation d'untra vol EEE PT er O0 — Rapport sur le prix de la adanon NS Er face VD mess J LaBorDe (J.-V.) et MeizLÈRE. Une teinture pour cheveux à dre organique de paraphénylène diamine; toxicité et forme des accidents; étude chniquetetiexpérimentale ER ER 213 — Une teinture pour cheveux à base organique de paraphé- - nylène diamine. Toxicité et forme des accidents. Etude cliniquetettexpérimentale AMEN CN ER RENE 270 Lacrirre et Maure. Détermination et action des plus basses températures compatibles avec/laivie du lapine "un 7 178 — Détermination des plus basses températures compatibles avec la vie du lapin (Réponse à M. Lefèvre). . . .:. . . 295 LAGUESSE. . . . . Voir WERTHEIMER et LAGUESSE. : LAIGNEL-LAvasrine. Procédé de numération, après centrifugation, des éléments cellulaires du liquide céphalo-rachidien. . . . . . . . . 529 — Note bactériologique sur le liquide céphalo-rachidien des PATAMIQUESRTÉNÉTAUXEENE RE ATEN PR ARR 144 LamBerT (M.). . . Sur l'action physiologique de l'Iboga . . . . . . . . . . . 1096 Lamsert (M.) et GARNIER (L.). De l’action du chloroforme sur le pouvoir réduc- PEU PACUESAN EEE RS SRE An SR Re 197 — Sur le mécanisme de l’hyperglycémie chloroformique. . . 331 PANsac Bee Surunicas d'ansinede Vincent en en RENE 571 “Laprcous (Louis). . Sur le temps de réaction suivant les races ou les condi- HONSASOCIAlE SEM E RC RP GOT Poe No ro AR 639 — Discussion à propos d’une communication de M. Hénocque. 1004 PARGERT(R Ce Detlthérédité entobstÉtriIque ere 1089 LARGUIER DES BANCELS (J.). Augmentation de l’activité de la macération pan- créatique sous l'influence de l’extrait de ievure de bière. 1104 — Voir HENrt (Victor) et LARGUIER DES BANCELS. LARROCHE (J.). . . Voir VaLpiGuIÉ (A.) et LARROOKE (J.). Lannoy (L.). . . . Altérations rénales consécutives à l'intoxication aiguë par lesveninederSCORpiOoNn RAM FRE 91 — Sur la présence de formations a élrns les glandes salivaires des Ophidiens . . . . . St ED HPAVERAINS OPUS Au sujet de la structure des hématies des oiseaux. . . . . 181 — Contribution à l’étude de Piroplasma equi . . . . . . — Au sujet des Anopheles et de leur rôle dans la soon dupalu dise ANIME sr As ner 388 — Remarque à propos d’une communication de M. Staccanos 410 — Au sujet de Culicides recueillis à Dipoun et à la Nouvelle- Calédome ter D RTS : Pere tree ON — Essai de classification des Roma lozo ee ie io OURHÆMOCULOE OPA ANR ETES ER er PONTS — Remarque à propos d’une communication de M. A. ISDS — Remarque à propos d'une communication de M. Brault. 937 BIOLOGIE, — TABLES. 94 1924 SOCIÉTÉ DE BIOLOCIE DAVERANS PP MPLÉSen tation tUnNIOUVrASe ESC D OO 0 00 0 MOCIE — Sur des Culicides provenant de Hanoï (Tonkin) . . . . . . 99 — Sur des Culicides provenant du Haut-Tonkin . . . . . . . 993 — Remarque à propos d’une communication de M. Billet . . 1064 LaverAn et Mesnic (F.). Sur le mode de multiplication du Trypanosome du L Nagana ses de Re, TN SR 326 00 — Sur la nature centrosomique du corpuscule chroMARE ; Dostérieurdes MReypPaAnNOSONESCE PEER EEE 3208) — Sur la structure du Trypanosome des grenouilles et sur - 4 l'extension du genre Trypanosoma Gruby. . .. . . . . 618 — Sur la nature bactérienne du prétendu Trypanosome des Huitres (Up Nb ulbiantentes) ROM RE REMMEERE +. et 1H 8800 LE Bon (Gustave). La phosphorescence invisible. . . . : 21208 “4 == La phosphorescence par hydratation et déshydratation. . . 344% LECÈNE . . . . . . Voir LEGROS et LECÈNE. Lecène et Lecros. Hémothorax traumatique infecté à streptocoque et à ee perfringens.. "(trad de tee CCE OP SPREEE … 6l Lecracue (E.) et VALLÉE (H.). Note sur les anticorps albumineux. . - . 51 LecLerco . . . . . Voir CARRIÈRE (G.) et LECLERCQ. COURS à © 60 0 Voir Borpier et LECONTE. Le Courvrier. . . Voir Aucxé (B.) et Le Coururter. Lerèvee (J.). . . . Sur la résistance à la mort par réfrigération (à propos des récentes communications de MM. Lagriffe et Maurel). . #14 — Sur l'augmentation de l'aptitude au travail, sous. l’action FA EN 0 do) Lo A TR TR A 2 M > © poto — Nouvelles observations sur la détermination de la tempéra- rature interne minima compalible avec la vie et sur la subordination de ce problème à l'ordre topographique. . 649 — Sur l'absence de constante calorimétrique dans les calori- ETES MODO RCE a OU 5 2ou6 9 209 do 0 0 à 994 Ÿ —- Sur la nécessité d'employer des sources constantes pour la graduation des appareils déperditeurs non rétrogra- dateurs, ou pour la comparaison des sources caloriques atlaidelde ces appareils ee RSR EE uen LODS LEGROSERT CU Pneumocoque et sérum antidiphtérique. . . . . . . . . - - 463 Lecros et Lecène. Un cas de gangrène gazeuse aiguë mortelle. . . . . . . . 680 Lecros (G). . . . Voir GrimMgerr (L.) et LeGros. — Voir LECÈNE et LEGROS. — - Voir Mrcran et LEGROS. Lepace (L.). . . . Voir W£RTHEIMER (E.) et LEPAGE. Lapierre (Ch.). . . Les glucoprotéines comme nouveaux milieux de culture chimiquement définis pour l'étude du microbe. . . . . 71 — Le colibacille et ses variétés. Rapports avec le bacille ty- ONE PA MTS RE Mr D NP OR Bloc © ee 719 Lépine (Jean) . . . Sur la présence d'une sensibilisatrice dans l'urine de ty- | (MONTES ASE NL PO ROME MAT MEN E No So 110 995 | — Sur l'action antitoxique de certaines mucines. . . . . . . 1052 1 — Sur les propriétés antihémolytiques de certaines mu- CINE Les AA UE Re EP DT NS DER 1053 Lépine (R.). . . .. Sur la relation ‘existant entre l’état graisseux du foie (avec augmentation de la proportion de la lécithine hépatique) et le phosphore incomplètement oxydé de l'urine Ur TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1995 A PE ee Re Pages. Lépine .(R.) of Bouzur. Sur la présence d'acide glycuronique dans le foie post OA e ES DT SR EURE EE APE MAS CARCEANN IE ae OMR COTE Mere —. . Sur la présence de maltose dans le foie pos! morlem . . . 1061 LEREBOULLET . . . De l'état du sérum et des urines dans l'ictère simple du MOUVEAUST EME NPA ED ee NN EI 056 . — Voir GizserTt (A.) et LEREBOULLET. — . . Voir GILBERT, LEREBOULLET et HERSCHER. Lereope et Paurrier. De l'influence des radiations de longueur d'onde diffé- rente sur le développement des Batraciens . . . . . . . 1159 Léer et Du Pasquier. Valeur comparée des injections de cocaïne sous-arachnoï- diennes et épidurales dans le traitement de la sciatique 138 Lusae (A.). . . . Note sur les gastro-entérites des nourrissons. . . . . . . 113 Lesieur (Ch.) . . . Production de paralysie chez le cobaye, par des bacilles HMS EUTOEIDÉÉNQUE SORA NP AT SU OI — De l’agglutination des bavilles dits « pseudo-diphtériques », partléssérumiantidiphtériIqueR EE EE SERRE NE Ne 819 — Voir Courumonr (Jules) et Lesreur (Ch.). — Voir Nrcozas (Joseph) et Lesreur (Ch.). LEsxé (E.) et MERKLEN (Prosper). Examen cryoscopique des urines du nour- risson à l’état normal et au cours des gastro-entérites. . 422 Lesxé et RAvauT (P.). Des rapports que présentent entre elles l'hémoglobinurie, Ù la cholurie et l’urobilinurie secondaires à l'hématolyse EXPÉTIMEN TAN NAS een UE AT Mt ne NE ent 1106 Le Sourp (L.) . . . Voir WaipaL (F.) et Le Souro. Leruzce (Maurice). Fonction sécrétoire du placenta humain. . . . . . . . . 5 LE Note sur les placentomes (môle hydatiforme, déciduome). 149 LEVEN (G.) . . . . Fixité du taux de l’urée chez des adultes normaux dont le récime alimentaire reste le meme tt RENE 109 — De l'utilité d’une alimentation d’épreuve dans les recherches SUR Ta DUTRUONEN MES ARE ANR AE ER RES 380 Lévi (Léopold) et Bonxier (Pierre). Des réactions immédiates de l'appareil de l’ouie sous l'influence des injections de sérum inorga- Dexpita(von); de Bonn; nommétmembre honoraires. "2100 00 0 1109 LINossIER (G.). . . Note sur l'élimination du salicylate de soude par la bile, . 365 _— Discussion, à propos d’une communication de M. Hé- NO CCE RENE MERE EE AN RER En Sr NO CAE 1005 — Action des alcools de fermentation sur les poissons. . . . 1126 — Remarque à propos d’une communication de M. Dele- CNRS ON Ta one LE a 0 MO EN CURE 1166 Loeper (M.). . . . Voir AcnaRD (Ch.) et Lorrer (M.). — Voir MEILLÈRE (G.) et LOEPER. — Voir OPPENHEIM (R.) et Loeper. Low (Pierre). . . Voir Taouas (André) et Lozw (Pierre). Lowy (Robert) . . Utilisation des greffes péritonéales dans la chirurgie abdo- INA ES En A EE A RNA ST RENE 518 — Utilisation d'une anse grêle, en guise d'uretère . . . . . . 812 OISE ER MEME Fluememhre titulaire PRESS AE ee 196 _ _ Grenouille femelle présentant les caractères sexuels secon- d'aire sum Alle PANNE PERL Lee AE RU Et SO 04 — - Sur la valeur de la chromatine nucléaire comme Le StralumMAerRELCE IE AAA CERN TEA os AE 264 4296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages LOIS EDR NES Influence de la néphrectomie sur la spermatogenèse . . . 835 Le Influence du jeüne sur la spermatogenèse . . : . . . . . 836 — Formation des spermatozoïdes chez le Moineau. . . . . . 972 — Origine et rôle de la cellule de Sertoli dans la spermato- BONÉSEN SA er eme ete nie à Je e D C 974 Lomearp (André) . Contribution à la physiologie des leo ee Re. 2 CO UDON — Contribution à la physiologie des leucocytes . . . . . . . 438 Lone (Édouard). . Sur les fibres qui passent par la commissure antérieuse (commissure blanche) de la moelle épinière. . . . . . . 1177 Lucer (A.) . . . . Nommé membre correspondant . . . . . . . . . . . . . 1109 bia ((le)atore ee Bougie-pipette pour stérilisation et répartition directe des QUIdES SARA PRESS RER 2 A PR CARE RER 404 M Maiccarp (L.). . . . Sur l’autorégulation des pressions osmotiques de l’orga- nisme par la dissociation électrolylique. Interprétation du rôle biologique des sels minéraux. . . . . . . . . 880 MaALassez. . |. . . Allocution; — AM BOUCHARD EN NME MARS EIRE RE V _— AN CRAUMEAUE: AE RTE AERER RS Fe VI — AM GLEN EN Re AT A M ee DE RO SR CNPAVIIR — AS Me ARIGRER 220 ae da Le Nr ET ISO I CREER VIT Maxon (Louis) . . Sur la constitution et la réaction des tissus lignifiés. . . . 831 — Remarque à propos d’une communication de M. Dubois (RAPhaË LARMES ES Eee Bo ot Oe Manouéguian (J.). . Des fibres nerveuses terminales dans le noyau du toit du Cervelel en nr ee Min ce ee se RE 133 + — Note sur la structure de la circonvolution de l’hippocampe. 536 Marceau (K.). . . Recherches sur l’histologie et le développement comparés des fibres de Purkinje et des fibres cardiaques . . . . . 653 Marcaanp (L.) et Vurpas (CI1.). Lésion de la moelle dans un cas de méningo- ‘ myélite expérimentale chez un chat . . . . . . . . . . 266 — Lésions du système nerveux central dans l'inanition . . . 296 Marcnanr (L.). . . Voir VAsGuipe (N.) et MarcHAnp (L.). MarécnaL (G.).. . Développement de spores dans les cultures pures du bacille de Ducrey, et constatation d’une capsule autour du microhe et de la spore dans Je chancre mou et la SYPOIS AE ERNEST EP 394 MARET EN Net Élumpresident'quinquennal et Jr 08 _— Allocution 0.2 64 SPAM A ANR ER 1457 Maninesco . . . . Sur les lésions des centres nerveux consécutives à l'élon- gation des nerfs périphériques et crâniens . . . . . . . 324 MAR OMET ANNE Voir Mocssu. Marin (Louis) . . Remarque à propos d'une communication de M. Gaube. . 49 — Remarque à propos d’une communication de M. Lesieur. 821 MATHIS A ue Voir SaBrazÈs et Marmis. MAUCLAIRE . . . . Injections iodoformées par la voie épidurale pour traiter certaines formes de mal de Pott. . . . . . . . . . . 706 MavreL (E.). . . . Note relative à la communication du Dr Mayet, sur la MaureL (E.). . AMAURELe DS: 00. Mayer (André) . MAYETE NES ee MaziARSKI (S.). Méoexix (Pierre) . . MEILLÈRE (G.). . TABLE PAR NOMS D'AUTEURS phagocytose du bacille d'Eberth, et sur le procédé le plus favorable pour l'examen de ce phénomène. . . , . . . Détermination et action des plus basses températures compatibles avec la vie du lapin. . . . . . . . . . . . Fréquence d’une hyperleucocytose légère dans les affec- tions du foie observées dans les pays chauds. . . . . . Influence des variations des azotés de l'alimentation sur l'excrétion derlacideurnique entre nr Influence des variations de l’alimentation sur les quantités d'acide phosphorique et de chlorures contenus dans l'urine. Conditions de la mort accidentelle sous l'influence de la CO CAN ER EN RMS NN ER AA Nr ET Re Mécanisme de la mort accidentelle par la cocaïne . . . . . Immunité relative du lapin à la strophantine donnée par la VOIe CASTTIQUE RSR ANNEE CPR CRE Détermination des doses de chlorhydraté d'émétine minima mortelles pour certains vertébrés ="... 0: Détermination, pour le lapin, des doses minima mortelles de chlorhydrate d’émétine en le donnant par les princi- pales voies td'administrationt 202560 UN Constatation expérimentale de l’action décongestionnante delétnétines AURAS FREE eee Rene Action du chlorhydrate d'émétine sur les éléments figurés de notre sang et sur ceux du sang du lapin. . . . . . . Note sur l’ordre de sensibilité et de toxicité des principaux éléments anatomiques sous l'influence du chlorhydrate d'éMétine pneu Ne RrAAnAn RARE Anesthésie locale produite par le chlorhydrate d'émétine, donné en injections hypodermiques chez le lapin. . . . Voir LAGrirrE et MAUREL. . Rôle de la viscosité dans les phénomènes osmotiques et dans les Échanges orsaniques 2 ## #00 00 Présentation unis COSIMeITEl MR De la cytologie des pus ce CNE CNRC 1043. HTSS OT M ENEAEs Voir Hazzion et Tissor. , DOUCHE ENS Siège cortical de la mémoire topographique . . . . . . . 515 a Sunun casidiaphasiemmotrice RC CC TRE 916 Tourxeux (F.). . . Sur le revêtement endothélial des tendons de la queue des DONPEURSE NE NE NS NN CT CE : . 676 Tourneux (K.) et Tourneux (J.-P.). Note sur la ponte et sur la durée de Mr bation des œufs de Perruche ondulée (Melopsittacus undu- : lotus She) RSS RENE SE RCE PEER 135 Touaneux (J.-P.) . Voir Tourneux (F.) et Tourneux (J.-P.). £ TRIBONDEAU. . . . Le lépidophyton, champignon parasite du tokélau. . . . . 53 Le ganglion sus-épitrochléen dans l'éléphantiasis du membre supérieur. es. rites eo en RO — Voir Aucué et TRIBONDEAU. — Voir CHEemIN et TRIBONDEAU. — Voir DARGEIN et TRIBONDEAU. — Voir GrAND-Moursez et TRIBONDEAU. TurriEr. . . . . . Analgésie cocaïnique par voie extradurale , . . . « « + + 490 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS! Pages Turrier (Th.) et Micran. Cytodiagnostic des hydrocèles. . . . . . . . , . . . 1 — Cytodiagnostic de la péritonite tuberculeuse et du kyste delloyairer 4 1120 Le EE GNT mr EST us MR ASE — Ponction lombaire et fracture du crâne. . . . . . . . .. 558 — Incoagulabilité du liquide de l'hémarthrose. . . . . . . . 104 — Hémoglobinurie par action toxique de l'urine. . . . . . . 869 V VaiLLanr (Louis) . Voir Aucné (B.) et VarzLant (Louis). VALDIGUIÉ (A.) et LARROGHE (J.). Sur le pouvoir réducteur du suc de pommes D'ÉRTORTE M RS TE DA En ELU PMU RON + VALLÉE (C.). . . . Observations sur l'alimentation d'un enfant au moment du SÉMTA OO EM LM ee Ne OR AO de AE AN NE ete Le VALLÉE (H.). . . . Voir LecLAINCHE (E.) et VALLÉE (H.). VascuipE (N.). . . L'expérience de Weber et l’olfaction en milieu liquide. . . | — L'influence des crises hystériques sur l’olfaction . VASCHIDE (N.) et MarcHaxp (L.). Du rôle de la perception dans les ee HonsrespiratoinestéMOtvVesS CC elec cc — Anesthésie gustative et hypoesthésie tactile par lésion de la Corde du EYMPAN ES EN EN AR er en Vascaine et Vurpas (Cl.). De Ia vitesse des temps de réaction auditive simples ou de choix en rapport avec le coefficient mental . © Vies (J.) et Morresster (J.). Sur le chlore organique urinaire. . . . . . . . . Vincent (H.) . . . Complication rare de la fièvre typhoïde : deux cas de cystite hémorragique due au bacille d'Eberth. . . . . . — Sur la culture et l’inoculation du bacille fusiforme . Vrrzou (AI.-N.) . . Effets de l’extirpation partielle d’un rein, suivie, un mois apres, derlextbirpationquelautre RP Eee Vurpas (C1.). . . . Voir MarcxanD (L.) et Vurpas (C1.). — Voir Vascnipe et Vurpas. W WALLER (A.-D.) . . À propos d’une remarque de M. Weiss au sujet de l’action de la lumière colorée sur les feuilles vertes . . . . . . . Weiz (Emile). . . Note sur les organes hématopoiétiques et l'hématopoièse dansela cyanose COnLÉNIAlE REA ASE ARE ESS — Voir RoGEr (H.) et Weiz (Emile). WeEizL (G.-A.). . . Voir RoseNTHAL (Georges) et WeiLc (G.-A.). AVES SAR TUE Présentation GUMOUVRATC PNR NET 0 — Recherches sur l'excitation des nerfs par les courants de ÉTéSÉCOULIENAURE 0 NN APN PS PAT — Imtersupteuribalis tique CROIENT ACER RS — Sur une exception apparente de l'adaptation fonctionnelle des MUSCIESR SE RAIN net eNRS St t MEtE — Excitation du nerf par deux ondes électriques successives CMÉLES COUR LES ARR Ne - e C ee — Remarque à propos d'une communication de M. Imbert . 1236 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. NVEISS REC ee Rôle de la quantité d'électricité dans l'excitation des nerfs. = La loi de l'excitation électrique des nerfs. : . . . . . .. _— Sur la généralité de la loi d’excitation des nerfs . . . . . — La formule générale de l'excitation électrique et la réaction derdésénérestence Lt Ne As Le RER — Recherches sur la nature de l'excitation électrique . . . — Sur l'adaptation fonctionnelle des organes de la digestion. — Appareil de démonstration pour l'étude des mouvements oscilatoires. 205 4 80 AUS RSS — Recherches sur les smperele ana -faradiques employés entphysiologie et'en médecine VER CPR WERTHEIMER (E.). . Sur les propriétés digestives du suc pancréatique des ani- MAUX A; JUN. ire ANUS 07 ten NE — Sur les anastomoses réciproques des deux pneumogas- triques dans le thorax, chez l’homme. . . . . . . . . . WERTHEIMER (E.) et Gauprer (H.). De l'influence du cordon cervical du sympa- thique sur la fréquence des mouvements du cœur chez lhomme Es Sue, SSP EE EP WERTHEIMER et LAGUESsE. Sur l'indépendance du grain “ei none et du fer- ment diastasique dans le pancréas. . . . . . . . . WERTHELMER (E.) et LEPAGE (L.) Sécrétion pancréatique et atropine . . . . . . — Des effets antagonistes de l’atropine et de la BIRT IEe sur la sécrétion pancréatique ere). er ever ss et sue etais NTDATAE EEE ee Remarque à propos d’une communication de MM. Tuffier EL MALIANE Eee RM VEN RE — Remarque à propos d'une communication de M. Griffon (VERGER er NE DES | 0 a NT D EE MEN = Remarque à propos d'une communication de MM. Camus (Jean) et Pagniez. RON M Er — Remarque à propos d’une sen nien en de MM. Len 3: Di: Pasquier 2. vs eue RERO — Remarque à propos flame communication de M. Sicard OP ER le no Gp 0 0 oc Wipaz (F.) et LE Sourp (L.). La RÉnolonn de fixation de Bordet avec les Dacilles MONS EE RTS EE Mr Di to 0 © © — Recherches expérimentales et cliniques sur la sensibilisa- trice dans le sérum des typhiques NLAERRanNE EEE Contribution à l'étude du traitement des tumeurs malignes etédesiparasites desce lle RiTeCHOR NP PE — À propos de la sérothérapie des tumeurs malignes . . . . Y MVON ER PMP TÉSentation MUNNOUMASC PEN EE = Sur les variations horaires de Mexoren urinaire chez homme Normal MERE RE 4240 466 522 606 68% 908 1169 AT 139 nn, TABLE PAR NOMS D AUTEURS 1937 LL PS AE SE 2 TT Z ZAcuArIaDÈs (P.-A.) Sur les crêtes et les cannelures des cellules conjonctives. 492 — Sur la structure de la fibrille élémentaire du tendon 400 Zaky (Aly) . . - . Influence de la lécithine sur l'élimination de l'acide urique. 850 — Voir Descrez (A.) et Zaxy. — Voir CLaune (H.) et ZAKy. Paris. — L. MARETHEUX; imprimeur, 1, rue Cassette. AU ERRATA Séance du 5 janvier, p. 3, 24° ligne, au lieu de : magnésie, lire : magnésium. Séance du 16 février, p. 188, note (1), au lieu de : Friedrich Schmidt's Jahrbücher, lire : Friedrich. Schmidls lahrbücher; P. 188, dernière ligne, au lieu de : P. 98 p. 100, Zire : P — 98 p. 100; P. 189, 12e ligne, au lieu de : au-dessous de la normale, lire : au-dessus de la normale. Séance du 23 février, p. 213, 26° ligne, au lieu de : à base végétale, lire : à base organique. Séance du 20 avril, p. 391, 20e ligne, au lieu de : se rétractaient, lire: se prolac- taient. . . » . . . & Séance du 12 octobre, p. 865, avant-dernier alinéa, au lieu de : Les limites au- dessus et au-dessous desquelles le réflexe rotulien doit être considéré comme abso- lument pathologique paraissent être 25 et 30 grammes-centimètres, lire : .… paraissent être 25 et 350 grammes-centimètres. Séance du 19 octobre, p. 885, note (1), au lieu de : la longueur est uniforme, lür'e : la largeur. Séance du 28 décembre, p. 1156, 14e ligne, au lieu de : par le sang, lère : par les eaux. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. # % Ë À J sel BL WHOI Library - Serials 0 ad de giga hs 0 À Le mr Dont, Je ri VUS ane n pme etnr, nd ps AILTESpES = 0 mms Er rE “ M4 8 + me Pme y EE pu que nd D en = > ban