+ LAIT: fr) AIOOUENE Tan os oh pes. t.Æ # 4 tsar LT 8 tp EE de ES LL MAATERZ ® à 10 2 eV Le gui 444 f RARE TRIENT ET #4 À 7 ts Ptata À à ai « chine HO AEErE HET * ARRETE Ci d'en Dus MAMIRETNAT] À CHOTNRTUNES é PNR ee sie ttes 4 ; EAN LV T0 F ’ D tte FRITES d LT Er reve dt CORAN à 148 « 2 RL LE DD A RETENUS 45 ao RAALEZTE di ad 04 à » VURAAETIE : | DAT Lee 40 + r CORTE ñ à À | c y EALARERIONT PR cod Lis 3 + û ‘#4 Ft. Pot ii ire : # rites ol da +. mn RIT ET ”. si, +. DOLPER ETES MAELEREREVY" ‘., … ALAN si î } ais À map He h ad: CAC OT PA Psrêie és rt Sp + bel 1# MC Cr dass « NRA TUE : 2 3 TS « EN 4 > ri 4 pe y f NORICICE { , À vs : ue. M su À brere opan " ‘ CAC EM: | . mit NES 2 re ; “ " He . À ? * , CR pr te Pa | DOUCE ER TUE @: 1e her PR 2 dde, PL CEPREE* : aréiare = EN RL EEE 11 Faute à 41e #4. x A PR mRbn a ne mad sien 2 «à TA + y pren L mate 2 té a Filets rh be tes ETS 2 CT ET 8 po x are 2 1 Fe À n tv. rt t " 4 te pm 4 s'ruile by taie ca CODE ns , ù ne fe. a mi À À à 7 ete me +4 tata e Et annee nas + Pa Pi LOL DONS ) 3 1.6 "n ta 4: p.04 Paryeur LS) Fed LIT Va 147-s Le 48008 ve Ale au t pr ects et RTE Tux COLE At de RU Le - UC DRE : Len R ILE LE ; vob pe Pre pu à ÿ ie N NL 20 1 4toui de ae 5 4 Pepe LEE + DE g : D PAPE SE … +. brut + VW CENT it si a, " DER TRERAUEE" tes) RER " Qu, 3084 CHAINCSNE EE T V6 0 bates aile, + Gide robe à MNT When 1 te eat de à D AN ararS vie bague te he at à SE Lh IMAC AN HU PARUS ÿ LUE Nf 14 La Na) COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES SÉANCES ET MÉMOIRES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5 f \ À ACL QUE \ np": «= * Hs ARIS. — L. MARETHEUX, k en Du NA: j ’ F = \ { ’ > { IMPR] DE, LA 4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CLIBRAR Y! LA R ve ta à s MASS: 7 Q 3 #F ÿ À ANNEE 1904 4 | 4 CINQUANTE-SIXIÈME DELA COLLECTION Avec figures TOME PREMIER PARIS MASSON ET C°, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6°) 1904 LISTE MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE AU 31 DÉCEMBRE 1904 ABRÉVIATIONS A …À M, associé de l’Académie de médecine. Az P, agrégé à l'École de pharmacie. A Fr M, agrégé à la Faculté de médecine. A H, accoucheur des Hôpitaux. A M, assistant au Muséum. c À M, correspondant de l’Académie de médecine. & A s, correspondant de l’Académie des sciences. c x, chirurgien des Hôpitaux. x A r, membre de l’Académie francaise. m Am, membre de l’Académie de médecine. MA s, membre de l’Académie des sciences. M crs, maître de conférences à la Faculté des sciences. M H, médecin des Hôpitaux. M Hu, médecin honoraire des Hôpitaux. M1, membre de l'Institut. P © Fr, professeur au Collège de France. PE M, professeur à l'École de médecine. P EP, professeur à l'École de pharmacie. PE v, professeur à l'École vétérinaire. P r M, professeur à la Faculté de médecine. P rs, professeur à la Faculté des sciences. PH, pharmacien des Hôpitaux. PH Fe M, professeur honoraire à la Faculté de médecine. P M, professeur au Muséum. P U, professeur à l'Université. ANCIENS PRÉSIDENTS Présidents perpétuels. MM. Rayer (1848-1867). Claude Bernard (1868-1878). Paul Bert (1879-1886). Présidents quinquennaux. MM. Brown-Séquard (1887-1892). Chauveau (1892-1896). Bouchard (1897-1901). . Marey (1902-1904). COMPOSITION DU BUREAU (1904) Président: pme Re M. Marey. Vice-présidents................ M. O. Larcher. M. P. Richer. Secrétaire général............ M. Gley. M. Achard. Secrétaires ordinaires. ....... M. Delezenne. M. Jolly. M. Meillère. ÆErésorier. 4er Teen rl M. G. Weiss. Archiviste: 22 mon eUtn M. Pettit. | MEMBRES HONORAIRES à MM. MM. Albert (S. A. S.), Prince de Monaco. Lord Avebury, FRS, 6, Sl-James square, à Londres. Beneden (Ed. van), cas, pu, à Liége. Brouardel, MAS, MAM, PFM, MHH, doyen honoraire de la Faculté de médecine, 68, rue Belle- chasse (7°). Burdon-Sanderson (sir John, Bar!), FRS, CAS, PHU, à Oxford. Chauveau, MAS, MAM, PM, 4, rue du Cloîitre-Notre-Dame (4°). Engelmann (W.), cas, pu, à Berlin. Foster (sir Michael), FRS, PEU, à Cambridge. Haeckel (Ernst), pu, à léna. Külliker (von), pu, à Würzburg. Leydig (F. von), Pau, à Bonn. Pflüger, pu, à Bonn. Ray-Lankester, cas, directeur du British Museum, à Londres. Strasburger, CAS, PU, à Bonn. Waldeyer (W.), cas, pu, Lütherstr., 35, à Berlin. MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES MM. Arsonval (A. d’), MAS, MAM, PCF, 12, rue Claude-Bernard (5°). MM. Babinski, mu, 170 bis, boulevard Haussmann (8°). _ Bouchard, Mas, . SRE din. € , à = er VIS MM. Balzer, mu, 8, rue de l’Arcade (8°) Berthelot, MAF, MAS, MAM, PCF, séna- teur, 3, rue Mazarine (6e). Binet, directeur du laboratoire de psychologie physiologique à l'École des Hautes-Études, 9, rue du Départ, à Meudon. Blanchard (Raphaël), ma, PFM, 226, boulevard Saint-Germain (7°). Bloch (A. M.), 43, rue St-Georges (GP) Bonnier (Gaston), mas, PFs, 15, rue de l’Estrapade (5°). MAM, PFM, MHN, 174, rue de Rivoli (1°). Bourneville, Mn, 14, rue des Car- mes (5°). Bourquelot, MAM, PEP, PH, 42, rue de Sèvres (7°). Bouvier, mas, PM, 39, rue Claude- Bernard (5°). Brissaud, PFM, mu, 5, rue Bona- parte (6°). Budin, mMaAM, PFM, AH, 51, rue de la Faisanderie (16°). Capitan, professeur à l'Ecole d’an- _thropologie, 5, rue des Ursu- lines (5°). Chamberland, mam, sous-directeur de l’Institut Pasteur, 82, rue Du- tot (15°). Charrin, PCF, Mu, 11, avenue de l'Opéra (1°). Chatin (Joannès), MAS, MAM, PFs, 174, boul. Saint-Germain (6°). Cornil, MAM, PFM, Ma, 19, rue Saint-Guillaume (1°). Darier, mx, 77, boul. Malesherbes (SD Dastre, mas, PFs, 1, rue Victor- Cousin (5°). Dejerine, PrM, mx, 179, boulevard Saint-Germain (7°). MM. Duguet, MAM, AFM, M4, 60, rue de Londres (8°). Dupuy (E.), 53, avenue Montai- gne (8e). Duval (Mathias), MaAM, PrM, 11, cité Malesherbes (9°). Fabre-Domergue, inspecteur géné- ral des pêcheries, 208, boule- vard Raspail (14°). Féré (Ch.), mx, 22, avenue Bu- geaud (16°). Francois-Franck, MAM, PCF, 5, rue Saint-Philippe-du-Roule (8°). Galippe, mam, 12, place Vendôme (As). Gellé, 40, avenue de Ia Grande- Armée (17°). Giard, Mas, PFSs, 14, rue Stanislas (6°). Gilbert, PFM, Mu, 27, rue de Rome (8). Gley, MAM, AFM, AM, 14, rue Mon- sieur-le-Prince (6°). Grancher, MA“, PFM, M4, 36, rue Beaujon (8°). Gréhant, Pm, 90, cours de Vin- cennes (12°). | Guignard, MAS, MAM, PEP, 1, rue des Feuillantines (5°). Hallopeau, MA, AFM, mx, 91, bou- levard Malesherbes (8°). Hamy, M1, MAM, PM, 36, rue Geof- froy-Saint-Hilaire (5°). Hayem (G.), MAM, PFM, Mu, 97, bou- levard Malesherbes (8°). Henneguy, pcr, 9, rue Thénard (5°). Javal, mMaAM, 5, boulevard de Latour- Maubourg (8°). Joffroy, MAM, PFM, Mu, 195, boule- vard Saint-Germain (1°). Kaufmann, PEv, à Alfort. Künckel d’Herculais, AM, 59, rue de Buffon (5°). — VI, — MM. Lancereaux, MAM, AFM, MHH, 44, rue de la Bienfaisance (8°). Landouzy, MAM, PFM, MH, 4, rue Chauveau-Lagarde (8°). Langlois (J.-P.), AFM, 12, rue de l'Odéon (6°). Lapicque, mcrs, 6, rue Dante (5°). Larcher(0.),97,rue de Passy (16°). Laveran, MAS, MAM, 25, rue du Mont- parnasse (14°). Leven, 26, avenue des Champs- Élysées (8°). Magnan, MAm, mu, 1. rue Caba- nis (14°). Malassez, mam, 168, boulevard Saint-Germain (6°). Mangin, pm, 2, r. dela Sorbonne(5°). Mégnin (Pierre), MAM, avenue Au- bert, 6, à Vincennes. Netter, maAM, AFM, Mn, 129, boule- vard Saint-Germain (6°). Onimus, 118, boulevard Hauss- mann (8°). Perrier (Edmond), MAS, MAM, PM, 51, rue Cuvier (5°). Phisalix, AM, 26, boulevard Saint- Germain (5°). Railliet, mAM, PEY, 9, avenue de l’Asile, à St-Maurice. Ranvier, MAS, man, PCF, à Thélys, C" de Vendrange, par St-Sym- phorien de‘Lay (Loire). MM. Raymond (F.), MAm, PFM, mu, 156, boulevard Haussmann (8°). Regnard (Paul), MaAM, directeur de l’Institut agronomique, 224, boulevard Saint-Germain (7°). Rémy, AFM, 31, rue de Londres (99 Retterer, AFM, 29, boulevard Saint- Marcel (13°). Richer (Paul), man, 11, rue Garan- cière (6°). HA Richet (Ch.), mam, peu, 15, rue de l’Université (1°). | Robin (Albert), Mau, AFM, MH, 53, boulevard de (8°). Roger, PFM, Mu, 13, rue de Cour- celles (8°). : Sinety(de),14, place Vendôme (4°). Suchard, professeur suppléant cr, 75, rue Notre-Dame-des-Champs (6°). Troisier, MAM, AFM, Mu, 25, rue de La Boétie (8°). Trouessart, 145, rue de la Pompe (16°). Vaillant (L.), PM, 2, fon (5°). Varigny (Henri Lalo (16°). Courcelles rue de Buï- de), 18, rue Wurtz, AFM, Mu, 67, rue des Saints- Pères (6°). MEMBRES TITULAIRES MM. Achard, 4Fu, mu, 164, rue du Fau- bourg-Saint-Honoré (8°) 21 jé- vrier 1903). Barrier, MAM, PEv, à Alfort (21 oc- Lobre 1899). | Bonnier (Pierre), 166, rue du Fau- bourg-St-Honoré (8°) (3 avril 1897). MM. Borrel, chef de laboratoire à l’Ins- titut Pasteur, 60, rue Mathu- rin-Régnier (15°) (17 novembre 1900). Camus (Lucien), chef adj. des tra vaux physiologiques FM, 14, rue Monsieur-le-Prince (6°) (2 avril 1898). j MM. Carnot (Paul), AFM, Mu, 73, bou- levard Saint-Michel (5°) (5 mar 1900). Chabrié, chargé de cours Fs, 3, rue Michelet (6°) (5 décembre 1896). Chantemesse, MAM, PFM, MH, 90, rue Boissy-d’Anglas (8°) (13 mai 1899). Delezenne, chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, 6, rue Mizon (15°) (12 juillet 1902). Desgrez, AFM, 240, rue St-Jacques (5°) (29 avril 1899). Gautier (Armand), MAS, MAM, PFM, 9, place des Vosges (4°) (7 juin 1902). Grimbert, AEP, pu, 47, rue du Fau- bourg-St-Jacques (14°) (21 mars 1896). Guyon, directeur adjoint du labo- _ ratoire de physique biologique au Collège de France, 98, rue de la Baume (8°) (7 janvier 1899). Hallion, chef des travaux de phy- siologie pathologique l'École à des Hautes-Études, 54, rue du Faubourg-St-Honoré (8°) (30 mai 1896). Hanriot, MAM, AFM, 4, rue Mon- sieur-le-Prince (6°) (21 novembre 1896). Héricourt, 12, rue de. Douai (9°) (> mars 1898). Jolly, mc à l'École des Hautes-Étu- des, 59, rue de Babylone (7°) (9 novembre 1904). Letulle, AFM, Mu, 7, rue de Magde- bourg (16°) (26 novembre 1898). Linossier, cAM, 51, rue de Lille (7°) (15 décembre 1900). Loisel. préparateur à la Faculté de Médecine, 6, rue de l'École-de- Médecine (6°) (16 février 1901). MM. Manouvrier, professeur à l'École . d'anthropologie, 15, rue de l’'É- cole-de-Médecine (5°) (12 mars 1904). Marchal, professeur à l'Institut agronomique, 126, rue Boucicaut, à Fontenay-aux-Roses (Seine) (19 juin 1897). Marie (Pierre), AFM, Ma, 209, boule- vard Saint-Germain (8°) (29 juillet 1899). Martin (Louis), chef de service à l’Institut Pasteur, 205, rue de Vaugirard (15°)(7 décembre 1898). Meillère, pu, 15, rue du Cherche- Midi (6°) (21 janvier 1902). Mesnil, chef de laboratoire à l’Insti- tut Pasteur, 21, rue Ernest-Re- nan (15°) (28 mai 1898). Moussu, PEv, à Alfort (12 décembre 1903). : Nicloux, chef de laboratoire FM, 107, rue Monge (5°) 25 juin 1904). Pettit (Aug.), chef de laboratoire FM, 108, rue de Vaugirard (6°) (2 juillet 1898). Rénon, AFM, mu, d1, avenue Mon- taigne (8°) (27 juin 1896). Thomas, 92, boulevard Hauss- mann (8°) (18 février 1899). Vaquez, AFM, Ma, 82, boulevard Haussmann (8°) (11 décembre 1897). Vincent, p, à l'École d'application de la Médecine et de la Phar- macie militaires, au Val-de- Grâce (5°) (7 mai 1904). Weiss (G.), arm, 20, avenue Jules- Janin (16°) (18 juillet 1896). Widal, arm, mu, 155, boulevard Hausmann (8°) (17 juillet 1897). Yvon, Mau, 26, avenue de l’Obser- vatoire (44°) (13 novembre 1897). MEMBRES ASSOCIÉS MM. Arloing, CAS, AAM, PFM, PEV, à Lyon. Beale (Lionel S.), à Londres. Beaunis, PHFM, villa Printemps, Le Cannet, près Cannes. Dugès (Alfred), consul de France à Guanajuato (Mexique). Flemming ( W.), pu, à Kiel, Frèderieq (Léon), pu, à Liége. Hertwig (0.), AAM, pu, à Berlin. Koch (R.), cas, AAM, pu, à Berlin. Kronecker, pu, à Berne. Laulanié, cAM, PEv, à Toulouse. Lépine, cAS, AAM, PFM, 30, place Bellecour, à Lyon. Lortet, CAS, CAM, PFM, à Lyon. MM. Maupas, cas,bibliothécaire,à Alger. Metchnikoff, cas, AAM, sous-direc- recteur de l'Institut Pasteur, rue Dutot (15°). Pitres, AAM, PFM, 119, cours d’Al- sace-Lorraine, à Bordeaux. Plateau, PU, à Gand. Recklinghausen (von), pu, à Stras- bourg. | Renaut (J.), AAM, PrM, 6, rue de l'Hôpital, à Lyon. Roux, MAS, mMAM, directeur de l’Ins- titut Pasteur, 25, rue Dutot GE) Weismann (A.), pu, à Fribourg-en- Brisgau. MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX MM. Abelous, PFM, à Toulouse. Arthus, PEM, à Marseille. Baréty, à Nice. Bergonié, cAM, PFM, à Bordeaux. Calmette, cas, cAM, PFM, directeur de l’Institut Pasteur de Lille. Caullery, mcrs, 6, rue Mizon (15°). Cazeneuve (Paul), cam, Pr, à Lyon. Charpentier, cAM, PFM, à Nancy. Coÿne, cam, PrM, à Bordeaux (Gi- ronde). Courmont (Jules), Pr", à Lyon. Debierre (Ch.), cam, Prm, à Lille. Doyon (Maurice), professeur -ad- joint Fm, à Lyon. Dubois (Raphaël), pes, à Lyon. Duret, cam, professeur à l'Univer- sité libre, à Lille. Gilis, PFM, à Montpellier. Gimbert, à Cannes. Herrmann (G.), Pr, à Toulouse. Imbert, cam, PFM, à Montpellier. MM. Jobert (C1.), Prs, à Dijon. Jolyet, PFM, à Bordeaux. Jourdan, PFS, PEM, à Marseille. Jourdain, ancien Prs, à Portbail (Manche). Laguesse, PFM, à Lille. Lambling, PFx, à Lille. Lataste, ancien pu, à Cadillac (Gi- ronde). Lennier (G.), directeur du Muséum, au Havre. Livon, cAM, PEM, à Marseille. Lucet, vétérinaire, à Courtenay (Loiret). Maurel, PFM, à Toulouse. Morat, caAM, PFM, à Lyon. Moynierde Villepoix,PEm, à Amiens. Nicolas, Pru, à Nancy. OEchsner de Coninck, PFs, à Mont- pellier. Pachon, mc à l'École des Hautes- Études, 97, boul. Arago (44°). NT Pelvet, à Vire. Perraud, professeur de viticulture, à Villefranche (Rhône). Pierret, AAM, PFM, à Lyon. Prenant, PFM, à Nancy. Rietsch, PEM, à Marseille. Rodet, PFM, à Montpellier. Testut (Léo), cam, PFM, à Lyon. MM. Thierry (E.), cAM, ancien directeur de l'École d'agriculture, à Beaune (Côte-d'Or), villa Houdard, 3, quai de la Marne (Seine). Tourneux (Fréd.), cam, PFM, à Tou- louse. Vialleton, PFM, à Montpellier. Wertheimer, PFM, à Lille. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS MM. Allemagne. Behring, AAM, PU, à Marburg. Dohrn (A.), directeur de la Station zoologique internationale, à Na- ples. Ehrlich, P K. Institut f. experi- mentelle Therapie, Sandhofstr., .. 4%, Frankfurt-a-M. Kossel (A.), cam, pu, à Heidelberg. Australie. Haswell, PU, à Sidney. Autriche-flongrie. Adamkiewicz (Albert), cAM, PU, à Cracovie. Belgique. Bambeke (Ch. van), pu, à Gand. Heger (P.), pu, à Bruxelles. Cuba. Sanchez Toledo, à Paris. Espagne. Ramon y Cajal, ru, Madrid. États-Unis. Bowditch, P Harvard University, Boston. ——————————————— — .—"— —…— —…—…"—…"…"—"—"—…" —… …"…"—"— —… "<<<" —… …—…—…"…"—" "——"— ——————————— MM. Lœb(J.),pu,à Berkeley (Californie). Stiles (CI. W.), cam, chief of the division of Zoology U. S. Public Health and Marine Hospital ser- vice, Washington. Minot (S.), P Harvard University, Boston. Finlande. Tigerstedt (R.), pu, à Helsingfors. Grande-Bretagne. Beevor (Ch.-Edw.), 33, street, à Londres, W. Ferrier (David), Frs, P King's College, 34, Cavendish square, à Londres, W. Horsley (sir Victor), Frs, 80, Park street, Grosvenor square. à Londres, W. Langley, FRS, PU, à Cambridge. Waller (Aug.), FRS, 16, Grove End Road, à Londres. Harley Hollande. De Vries, pu, à Amsterdam. Italie. Golgi, AAM, PU, à Pavie. MM. Mosso (Angelo), cas, pu, à Turin. Perroncito (Eduardo), CAM, PU, à Turin. Russie. Cyon (E. de), 8, rue Margueritte, Paris (17°). Dogiel, pu, à Kazan. Gamaleïa, à Saint-Pétersbourg. Mendelssohn (Maurice), cam, 47, rue de Courcelles, Paris (8°). Mierzejewsky, cam, 26, rue Ser- guievskaja, à Saint-Pétershbourg. HU = MM. Pavloff, AAM, p à l'Institut de mé- decine expérimentale, à Saint- Pétersbourg. Tarchanoff (de), ancien pu, Saint- Pétersbourg, 16, perspective An- glaise. Wedensky,pu,à Saint-Pétersbourg. Suède. Retzius (G.), cas, pu, à Stockholm. Suisse. Bunge (G. von), cam, PU, à Bâle. Prevost, PU, à Genève. - a ———_————— 0 Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARErHEUx, directeur, {, rue Cassetle. RAPPORT D'ENNL A COMMISSION DU PRIX LABORDE en 1904 (1) PAR M. WEISS La Commission pour l'attribution du prix Laborde, composée de MM. Malassez, Lapicque.et Weiss, s’est réunie, et après avoir examiné les titres de divers savants qui nous envoient d'habitude leurs travaux, - a arrêté son choix sur M. Lefèvre, professeur au Lycée du Havre. M. Lefèvre n'a pas fait acte de candidature, mais, suivant le désir exprimé par notre regretté collègue Laborde, les membres de la Com- mission doivent rechercher quels sont parmi les jeunes travailleurs ceux dont il y a lieu d'encourager les efforts, sans qu'ils aient besoin de remplir aucune formalité. Depuis une dizaine d'années M. Lefèvre nous a apporté un nombre considérable de notes ayant rapport à la chaleur animale, toujours intéressantes, mais dont la seule énumération allongerait outre mesure le présent rapport. Il y a lieu d'attirer plus particulièrement l'attention de la Société sur une série de recherches très méthodiques concernant l'influence des bains à diverses températures. Après avoir fait la critique des procédés employés avant lui, et avoir montré quelles étaient les sources d'erreur dans l'emploi du bain comme méthode calorimétrique, M. Lefèvre s’est arrèté à deux disposi- tifs où les imperfections semblent réduites au minimum. À l’aide de ces deux dispositifs et en variant leur mode d'emploi, l’auteur à réuni un nombre considérable de documents numériques d'un grand intérêt, traduits finalement en courbes. (4) Rapport lu dans la séance du 16 juillet 1904. Brococis. Mémoires, — 1904, T. LVII. É l 19 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous remarquons en premier lieu une étude très complète de la déperdition de chaleur éprouvée par l’homme plongé dans des bains à. différentes températures. Pendant les premiers instants de l'immersion il y a un dégagement de calories considérable, d'autant plus grand que la température est. : plus basse. Au bout de quelques minutes la perte se réduit et devient constante dans l'unité de temps, tout en restant d’autant plus importante, bien entendu, que l’eau est plus froide. Ces pertes augmentent rapidement avec l’abaissement de température de l’eau, plus que ne le ferait penser la loi de Newton. Ces expériences ont élé répétées chez divers mammifères, le lapin, le cobaye, le singe, le chien, le porc et chez certains oiseaux, la poule et le canard, pour lesquels M. Lefèvre a mis en évidence l'influence considé- rable du plumage. Chez un oiseau recouvert de ses plumes, la perte de chaleur est non seulement faible, mais aussi, presque dès le début, cons- tante dans l’unité de temps. Chez un oiseau plumé, au contraire, il y a un refroidissement intense avec période variable de début très impor- tante. Cela fait, M. Lefèvre a procédé à une étude très minutieuse de la topographie thermique pendant le refroidissement par les bains, à l’aide d'’aiguilles thermo-électriques enfoncées à diverses profondeurs dans les tissus. Il a montré, entre autres choses intéressantes, que tandis que la peau se refroidissait au contact du bain, d'autant plus rapidement que ce bain était plus froid, les parties profonds, en par- ticulier les muscles, subissaient après quelques instants une élévation ‘de température passagère, malgré une déperdition de chaleur parfois considérable. D’autres expériences portent sur la marche du réchauffe- ment après le bain, et sur les phénomènes qui accompagnent les bains doubles, c’est-à-dire les variations brusques de la température de l’eau dans laquelle le corps est immergé, cette température pouvant, soit baisser, soit s'élever subitement. Ces dernières études portent sur la topographie de la température dans les diverses régions du corps et sur le débit de chaleur. M. Lefèvre a aussi fait une étude approfondie de la conductibilité de la peau et a montré combien cette conductibilité pouvait varier avec la température, augmentant à mesure que la température s'élève. Cette partie des recherches de M. Lefèvre se termine par l'étude des réactions thermiques consécutives aux courtes réfrigérations et à l'in- fluence des bains sur ces réactions à l'état normal et dans certains cas pathologiques. Il a établi que dans ces deux cas l'organisme réagit de facons très différentes et parfois même complètement opposées. Après cette première série de travaux, M. Lefèvre s’est occupé des déperdilions de chaleur des animaux placés dans l’air. Déjà il a reconnu que lorsque cet air est en mouvement, on retrouve des lois analogues hs nr à de Es EUR Æ ji CE As 2" PROS TN EE ES Ag AY PEL PA REX ET de Op ER TA L PAR PT A OT Re Lis + “4 Le L'UMP RE ASE PE PE » RP TR ex #0 [7-1 nt À de RAPPORT SUR L'ATTRIBUTION DE LA FONDATION LABORDE 3 à celles qu'il a établies pour les animaux immergés dans un bain. Ces résultats sont en contradiction, tout au moins apparente, avec les observations de divers autres expérimentateurs ; en particulier on ne retrouve pas le maximum de chaleur rayonnée à une température déter- minée, qui à élé établi par divers auteurs. Sans doute la suite des recherches de M. Lefèvre sur ces importantes questions nous donnera l'explication de ces discordances. On peut déjà les prévoir, mais il y a intérêt à les étudier de très près. Dans ce but, M. Lefèvre a construit un calorimètre, concu sur des principes déjà employés par d’autres expérimentateurs. Il semble très bien étudié dans ses moindres détails, et donnera certainement des résultats intéressants entre les mains d’un expérimentateur aussi habile et aussi persévérant. Nous avons passé sous silence un grand nombre de questions touchées par M. Lefèvre au cours de ses recherches, les travaux que nous venons d’énumérer rapidement nous semblent justifier à eux seuls l'attribution du prix que nous vous proposons de lui décerner. Nous croyons en le faisant, être dans les idées du fondateur, qui se propo- sait d'encourager les jeunes travailleurs, surtout ceux qui, par leur éloignement des grands laboratoires de recherches, semblent avoir plus “de mérite à poursuivre avec persévérance des études aussi délicates que celles auxquelles s'est livré M. Lefèvre. | FF ee QC COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LIBRARYI= 9 nier n/ | SÉANCE DU 9 JANVIER 1904 SOMMAIRE - AzouLAY (L.) : Un cas d'audition et de représentation colorées rever- MEUNIER (LÉO) : Nouvelle méthode permettant l'étude de la motricité SES ARS EU Ps AR 24 | stomacale et le dosage des éléments Breton (M.) : Sur le rôle kinasi- du suc sastrique RME 18 que des microbes normaux de l’in- NaceortE (J.) : Note sur la topo- testin, particulièrement chez l'en- graphie, la forme et la signification DAT RAR EMA ANA Men ee an 35 | de la bandelette externe de Pierret. 30 Capiran : Un cas d’urémie grave PorcnER (Cx.) : Sur la réaction de guérie par l'extrait de rein en injec- lurinesdebvachee "rene re 37 tions sous-cutanées . : . :. . . ... 26 REMLINGER (P.) : Absorption. du Crisrrant (H.), : Aéroscope bacté- virus rabique par la muqueuse pi- riologique s’adaptant aux aux diffé- A RÉÉUTSAR EEE ARS SE een Eat 41 rentstubestde culture. 72-000 38 REMLINGER (P.) : Rage expérimen- Doyon (M.) etJoury (A.) : Ablation tale de la souristet du rat 0 42 des parathyroïdes chez l'oiseau. . . 11 RicHoN (L.) et JEANDELIZE (P.) : In- _ Francois-FRANCx (G.-A.) : Nou- fluence de la thyroïdectomie sur la velles recherches sur l’action des lactation chez la lapine. Effets de la muscles respiratoires exécutées à thyroïdectomie sur lalapine adulte. 19 laide de la photographie instanta- Ricon (L.) et JEANDELIZE (P.) née et de la chronophotographie Thyroïdectomie et accidents aigus avec le magnésium à déflagration au cours de la gestation chez une lente; 1. Les côtes et les muscles lapiRen tie seen nn arts 22 HITES COS AURA EN NN Une 12 VASssEL (Eusise) : Sur la question FRANcoIs-FRANcKk (Cu.-A.) : Etude de l’acclimatation de la mère-perle. 2 dé l’action des muscles intercostaux Vincent (H.) : Influence du régime INTETHES CERTES NP NN 15 | alimentaire hyper ou hypochloruré Grau (ALrkeDo) : Comment la cas- sur le chimisme stomacal . . . . .. 9 tration agit-elle sur les caractères SEXUEClSISECONTAIRES A EE SN PRET k Réunion biol. de Bordeaux. Lerèvre (J.) : Sur l’hypothermie consécutive au travail intense, chez CAvaLIÉ (M.) : Les chromoblastes Mo EUTNRUMAINAULt CRETE 1 | du tégument externe dorsal de Tor- Lotsez (Gusrave) : Sur les sécré- pede Galvani:, 4 OPEPORIB Terre 46 tions chimiques de la glande géni- Caine (J.) : Nouvelle contribu- tale male (A propos d'une prét-ndue tion à l'étude du digastrique . . . . 41 glande interstitielle du testicule). . 27 Cove (M.) et CAVALIÉ : Néphrites MaLrirano (G.): Tubes de Mette expérimentales (cantharidine, anti- d'albumine et de gélatine gradués DURE) NS ARR MS Eee A TRS 44 CES TETE ST AMIE ARR A en 33 B10LOGIE. COMPTES RENDUS. — 190%. T. LVI. i 2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. O. Larcher, vice-président. OUVRAGES\OFFERTS M. Cu.-A. FRançois-FRanck. — J'ai l'honneur d'offrir à la Bibliothèque de la Société un millier de brochures physiologiques et anatomiques qui lui étaient attribuées dans mon testament : c’est une simple anticipation sur l'exécution de mes volontés. La plupart de ces mémoires sont des tirages à part recus directement des auteurs et portant une dédicace à l’adresse du destinataire. Je crois qu'il est plus convenable de les offrir à la Société que de les laisser s'éparpiller plus tard au hasard d'une vente publique. DON J'ai également l'honneur et le plaisir d'offrir à la Société un modeste don anonyme de 200 francs, destiné, dans l'esprit du donataire, à l’ins- cription de la Société de Biologie, devenue personne légale, comme membre perpétuel de la Société des Amis des Sciences. Celle-ci a pour objet, comme on sait, de venir en aide aux savants malheureux, et elle remplit libéralement son programme. Est réputé savant tout Lauréat de l'Institut, d’après la définition admise dans les * statuts de la Société des Amis des Sciences. Or le malheur peut atteindre … l’un de nous ou la famille d'un membre de la Société qui ne laisserait aucune ressource après lui. C’est ici que le titre de membre perpétuel interviendrait en permettant à la Société de Biologie de réclamer un secours qui est acquis de droit en pareil cas. J’en ai fait plusieurs fois. l'expérience. SUR LA QUESTION DE L'ACCLIMATATION DE LA MÈRE-PERLE, par M. EusÈBE VAsseL. Deux notes ont été présentées à la Société de Biologie, l’une le 31 oc- tobre 1903, par M. Alfred Giard, sur l'origine parasitaire des perles, l’autre le 19 décembre, par M. Raphaël Dubois, sur la Pintadine ou Huilre perlière de Tunisie. Incidemment mis en cause, je demande à m'expliquer. Comme l’a rappelé M. Giard, j'ai le premier signalé l'identité de la Pintadine du golfe de Gabès avec la petile Pintadine de Suez (la Dépéche tunisienne, du 10 août 1890). SÉANCE DU 9 JANVIER 3 Le 17 mai 1898, sur une ouverture du résident général, nous offrions au gouvernement du Protectorat d'aller chercher l'Huître perlière dans la mer Rouge, moyennant simple remboursement de nos frais. M. René Millet en référa aux Travaux publics; il lui fut répondu en substance : « La question est intéressante et bien présentée, mais nous ne pouvons ouvrir un crédit à M. Vassel, ce serail créer un précédent. Que M. Vassel monte une entreprise, nous la favoriserons. » L'affaire en resta là. Il s'agissait, bien entendu, de la véritable mère-perle, de celle que nous désignons depuis cinquante ans et que notre père désignait avant nous par le nom de Weleagrina margaritifera. Sous quel vocable elle se cache à présent, nous n'oserions le conjecturer après ce que M. Dubois nous a révélé au sujet de l’albina. Mais n’est-il point étrange que dans une revision générale des Méléagrines, M. Jameson ne fasse aucune mention d’un nom créé par Lamarck? On nous dit que ce naturaliste ne _cite pas davantage, dans la synonymie de la petite Pintadine, Deshayes, ni Vaillant, ni P. Fischer, dont les travaux ont pourtant quelque noto- riété. Quant aux notes sans prétention que nous avons fait paraître sur la matière, il eût été tout naturel qu'un savant anglais les ignorât. Le cas n’est pas tout à fait le même pour M. R. Dubois, qui nous écri- vait le 29 novembre 1900 : « J'ai lu avec le plus vif intérêt votre communication du 2 avril 1896 au Congrès de Carthage sur la Pintadine du golfe de Gabès et j'aurai l’occasion d’en parler dans un ouvrage d’ensemble que j'écris sur la perle fine et la nacre. En ce moment, je fais à mon laboratoire de Tamaris des expériences sur la production provoquée des perles fines, et je serais très heureux de savoir si ma méthode donnerait de bons résuitats avec les Pintadines que vous avez si bien étudiées. Je viens vous demander par quel moyen je pourrais m'en procurer de vivantes et si vous ne pourriez pas me seconder en cette cir- constance... Enfin, pourriez-vous me donner des renseignements pour mon livre sur la question perles et nacres? » Après réception de notre mémoire de 1898 (1), M. Dubois nous écri- vait encore, le 16 décembre 1900 : « Je suis, comme vous, persuadé que la grande Pintadine s’acclimaterait facilement sur les côtes de Tunisie et je serais très disposé à faire quelque chose dans ce sens. J'ai trouvé le moyen de transporter aisément vivants des mollusques habitant des profondeurs aussi considérables que celles où vit la Pintadine mère-perle. Le gouvernement serait-il disposé à seconder nos efforts, à demander, par exemple, une mission scientifique? Nous lui fournîmes alors les renseignements que nous possédions, lui fimes connaître notre démarche antérieure, lui signalämes le bel ouvrage (1) La Pintadine de Vaillant et l'acclimatation de la mère-perle sur le littoral tunisien. Extrait de la Revue tunisienne, 1898. LL SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de M. de Fages de Latour : Les Travaux publics du Protectorat français en Tunisie (où il est incidemment question de la petite Pintadine), et lui promimes enfin de demander au nouveau résident une mission pour lui et pour nous, lui en offrant la direction, soit qu'il nous accompagnät dans la mer Rouge, soit qu'il préférât rester en France. Il nous répondit le 31 décembre 1900 : « .… Pour la grande Pintadine, nous en reparle- rons plus tard. » Nous attendimes, et n’eùmes plus de nouvelles de notre aimable cor- respondant pendant neuf mois. Enfin, le 9 octobre 1901, il nous disait à Tunis, en présence de M. Ducloux, sous-directeur de l'Institut Pasteur de cette ville : « Je me suis fait donner une mission, parce que vous n’auriez pu l'obtenir; mais vous occuperez un rang très honorable dans mon ouvrage, et s’il y a quelque avantage à récolter, vous en aurez votre part. » Ce « premier mouvement » nous avait d'autant plus été au cœur que nous ne demandions ni ne demandons rien à M. Dubois, heureux de voir une œuvre utile confiée à un spécialiste. Nous saisissons même avec joie : cette occasion pour féliciter hautement M. de Fages et M. le comman- dant Ponzevera de la création de la station biologique de Sfax, dont le laboratoire, terminé depuis quelque temps, va enfin être occupé par son jeune et sympathique sous-directeur, M. Allemand-Martia. COMMENT LA CASTRATION AGIT-ELLE SUR LES CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES ? par M. ALFRED GiaRp. Au cours de mes longues études sur la castration parasitaire (A), jai naturellement été amené à chercher par quelle action mystérieuse la suppression brusque ou progressive des glandes génitales à diverses périodes de leur évolution pouvait avoir un retentissement (d’ailleurs reconnu très variable avec les circonstances dans une espèce déter- minée) sur la morphologie du castrat, et en particulier sur les carac- tères sexuels secondaires. (1) Les biologistes qui ne voudraient pas prendre la peine de lire les seize notes et mémoires que j'ai publiés de 1886 à 1901 sur la Castration parasitaire, trouveront un excellent résumé de mes recherches dans un article du pro- fesseur Ch. Julin : La castration parasitaire et ses conséquences biologiques chez les animaux et les végétaux (Revue générale des sciences, 5° année, n° 15, 26 août 1894). J'ai formulé moi-même sous forme d’aphorismes les conclusions générales auxquelles j'étais arrivé, dans un travail intitulé : La castration parasitaire, nouvelles recherches (Bulletin scientifique de France et Belgique, t. XIX, p. 12, 1888). 4 SÉANCE DU 9 JANVIER 5 Les théories humorales, alors très en honneur et très discutées à la suite des recherches retentissantes de Brown-Séquard, ne pouvaient manquer d'attirer mon attention. Si je n’y ai fait aucune allusion dans les divers mémoires que j'ai consacrés à ce difficile problème de mor- phogénie comparée, c'est que, sous les formes diverses où j'ai pu les envisager, ces théories m'ont toujours paru passibles d’objections insur- montables. Qu'il s'agisse de substances introduites dans le sang corrélativement et conséquemment à l'élaboration des gonades, d’une résorption des produits sexuels inutilisés, de la secrétion de glandes annexes ou interstitielles de l'appareil génital ou de quelque autre processus ana- logue, toute explication basée sur la présence dans le liquide circula- toire de principes plus ou moins comparables aux diastases, et doués d'une action morphogène spéciale sur certains éléments du soma, vient se heurter à des difficultés que j'ai maintes fois signalées dans mon enseignement, et dont je voudrais rappeler ici les plus manifestes à l’occasion de notes récentes présentées à la Société. I. — On a souvent répété, et J. von Kennel a particulièrement défendu cette idée avec beaucoup d’habileté (1), que le sexe mâle repré- sente le type de l’espèce ; qu'il est essentiellement progressif et qu'il détermine la marche en avant dans les variations ; que les caractères sexuels secondaires mâles sont des particularités qui deviendront seu- lement plus tard l'apanage du sexe femelle ; qu'en un mot, par rapport au mâle, le sexe femelle est dans un état de retard évolutif ou géné- . pistase, accompagné parfois de progénèse. Cela est exact pour un certain nombre de types (certains Mammifères, Oiseaux, Papillons, etc.) ; mais il faut avoir soin d'ajouter que dans ces cas, la femelle non seulement possède la propriété virtuelle et prospec- tive de transmettre à sa postérité mâle des caractères qu'elle renferme à l’état latent, maïs qu'elle peut aussi parfois développer actuellement elle-même ces caractères lorsque la castration (surtout la castration parasitaire ou la castration sénile) vient supprimer l’action inhibitrice de l'ovaire qui arrêtait non la croissance, mais l’évolution. Les Andrènes stylopisées, les vieilles Biches à bois de Cerfs, et surtout les vieilles femelles d'Oiseaux à plumage de mâle, nous offrent des exemples très instructifs de cette castration androgène. On pourrait même dire que, dans ces cas, la femelle réalise la forme typique plus facilement que le (1) J. Kennel. Studien ueber sexuellen Dimorphismus, Variation und ver- wandte Erscheinungen (Schriften herausg. von d. Naturforscher-Gesellschaft. b. d. Univ. Jurjeff-Dorpat, IX, 1896.) Ce mémoire très documenté, très suggestif el très pénétrant, n’a pas attiré suffisamment l'attention des biologistes. IL n'est pas même cité dans le livre fort intéressant, mais un peu trop superficiel, de J.-T. Cunningham : Sexual Dimorphism in the animal Kingdom, London, 1900. 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mâle, puisqu'elle atteint cette forme dès qu'elle est débarrassée de l'obstacle qui entravait sa marche en avant, tandis que le mâle ne peut y arriver si on le prive, par castration également, d'une action adju- vante (dépendant du testicule), sans laquelle il reste à l’état infantile tout en poursuivant sa croissance régulière. " Si donc on admet qu'une sécrétion quelconque en rapport avec le testicule entre en jeu pour développer les caractères sexuels secondaires du mâle, il faut supposer également qu'une autre sécrétion en rapport _avec l'ovaire entre en jeu pour empâcher chez la femelle l'apparition de ces mêmes caractères. Mais il y a plus. Chez d'autres animaux (Ponellia, Rotifères, Crypto - nisciens, etc.), c'est la femelle qui représente le type le plus évolué, et le mâle qui est la forme retardataire et souvent progénétique ; de telle sorte qu'on serait conduit à admettre que, cette fois, c’est à l'ovaire que serait dévolue la fonction favorisante, tandis que le testicule aurait une action empéchante sur le développement des caractères sexuels secon- daires. Ce renversement ne laisse pas que d’être bizarre et apporte une complication nouvelle aux hypothèses humorales. Je dois ajouter, d’ailleurs, que chez beaucoup d'animaux à sexes très hétéromorphes, on ne trouve pas de glandes génitales interstitielles, et que, par contre, ces glandes existent chez des formes où les deux sexes sont absolument homomorphes. II. — La castration unilatérale des Cervidés amène l’atrophie du bois du côté opposé au testicule enlevé. Cette action unilatérale et en diago-,, nale s’interprète difficilement si l’on suppose une substance modifica- trice des caractères sexuels uniformément répartie dans la masse du sang. Mais dans le cas des Cervidés, la rupture d'un os (surtout des os des membres postérieurs) détermine par la décalcification générale, résul= tant de la formation du cal de réparation, l’atrophie plus ou moins complète des bois, et celte atrophie se produit aussi d’un seul côté et en diagonale /1). On pourrait donc invoquer l'intervention de facteurs mécaniques qui entreraient également en jeu dans le cas de l’atrophie par castration, et cela diminuerait peut-être, je le reconnais, la valeur de cette objection. IT. — Le fait le plus embarrassant à expliquer par les théories bumorales du dimorphisme sexuel, est le gynandromorphisme assez fré= quent chez certains animaux, surtout chez les Insectes, et plus spécia- lement frappant chez les Lépidoptères. Il s’agit de ces individus partagés géométriquement en deux par un plan sagittal médian, et dont une (1) À, Rürig. Korrelationen zwischen gewissen Organen der Cerviden und den Geweihen derselben (Verhandl. d. V. Internation. Zoologen-Congress zu Berlin, 1901, pages 529-536). SÉANCE DU 9 JANVIER 7 moitié présente tous les caractères du sexe mâle, l’autre moilié tous les caractères du sexe femelle. | On connait, rien que chez les Papillons palæarctiques, 909 cas de cette anomalie, portant sur 211 espèces différentes. Dans les rares cir- constances où l'anatomie a pu être étudiée, les organes génitaux étaient plus ou moins atrophiés, parfois même réduits aux rudiments d’un seul sexe. Comment expliquer une action aussi exactement unilatérale de substances favorisantes ou empôchantes ÉNtLÉInEeS dans tout l’orga- nisme par la circulation ? IV. — D'une facon générale, les hypothèses basées sur l'existence présumée de ferments empêchants ou favorisants, de cytases, philocy- tases, ambocepteurs, etc., me font songer, dans leur complexité crois- sante, aux systèmes de plus en plus compliqués avec les progrès de la science par lesquels Ptolémée et les astronomes de l'école d'Alexandrie, chercheient à rendre compte des mouvements .apparents des astres avant l'avènement de la théorie héliocentrique. La biologie attend encore son Copernic, son Kepler et son Galilée. SUR L'HYPOTHERMIE CONSÉCUTIVE AU TRAVAIL INTENSE, CHEZ LE MOTEUR HUMAIN, par M. J. Ler£vre. À la suite de la récente communication de M. le professeur Weiss qui remet en question la nature du moteur animal, il m'a semblé inté- ressant de présenter une étude relalive à un contre-coup remarquable de l'exercice intense sur la thermogenèse. Benedict et Snell (1) ont montré que, chez l'homme qui a fait un exercice de 220.000 kilogrammètres en vingt-quatre heures, la tempé- rature du corps tombe, aussitôt après ce travail, au-dessous de la nor- male et que l'hypothermie se maintient pendant toute la nuit quisuecède à cette journée d’exercice. La réaction hypothermique qui se présente ainsi à la suite de lhyper- thermie du travail peut atteindre des proportions considérables. Je l’a plusieurs fois observé. Voici des études récentes. Il y a quelques mois j'ai fait dans les montagnes du Lyonnais et du Vivarais des exercices d'entrainement de facon à produire en dix ou douze heures de marche continue, sans fatigue musculaire ni surme- nage, le travail énorme de 80 kilomètres en trajet horizontal avec 1. DD0 à 2.000 mètres de montées et autant en descentes. (1) Voir l’Arch. für die gesammte Physiologie, 1902. 8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sur cette donnée et d’après les chiffres moyens indiqués par le pro- fesseur Marey pour la grandeur du travail de la marche, on calcule un total de 6 à 700.000 kilogrammètres pour mesurer l'énorme travail pro- duit en dix ou douze heures d’activité continue par le moteur humain. Cela donne une puissance moyenne de 60.000 kilogrammètres-heure. Il y a deux ans, dans les Pyrénées, j'ai même atteint en quatorze heures de travail continu un chiffre de 900.000 kilogrammètres avec 70 kilomètres de trajet horizontal, 4.880 mètres d'ascension en 7 cols successifs et autant de descente. La puissance du moteur atteignait alors 65.000 kilogram.-heure. Pendant une journée de ce genre j'absorbe un potentiel de 5 à 6.000 calories, en consommant d’une façon régulière et presque con- tinue : sucre ordinaire, fruits sucrés, pain, fromage frais, chocolat; comme boisson, de l’eau légèrement sucrée, et acidulée au jus de fruits. Dans toutes les marches que je mentionne, la température, toujours élevée, restait comprise entre 25 et 30 degrés centigrades à l'ombre, pendant ie jour, et voisine de 20 degrés pendant la nuit. Or, à la fin de la journée, bien que la transpiration fût normalement tombée, malgré le soin de prendre des boissons chaudes en terminant la course et malgré les vêtements surajoutés, j’ai toujours éprouvé une sensation très vive de froid répondant objectivement à une hypothermie dans le voisinage de 36 degrés. — Et j'ajoute que la réfrigération hy- drothérapique la plus faible, même celle des bras ou des jambes, devient intolérable et se traduit par le frisson intense avec impossibilité d'une réaction convenable. Cette hypothermie dure la plus grande partie de la nuit suivante et me force, par les nuits les plus chaudes où chacun tolère à peine un simple drap de toile sur son lit, à m'envelopper chaudement. ‘ Au surplus, l'équilibre général de santé ne paraît nullement compromis. Bien au contraire, l'appélit, normal à la fin de la journée, s’exagère pen- dant deux ou trois jours; le sommeil est calme et réparateur; au réveil, dès le lendemain, il y a sensation de force et de bien-être. Seule la thermogenèse a subi une dépression de plusieurs heures. Si l'hypothèse du fonctionnement en machine thermique était justifiée on verrait dans cette dépression, qui apparaît aussitôt après le travail intense, l'expression, rendue visible par le repos, d'un épuisement de la chaleur organique par des fibres musculaires fonctionnant chacune en machine thermique. Ne convient-il pas simplement d'y voir, par analogie avec la réaction hypothermique des convalescents à la suite des fortes hyperthermies d'une longue fièvre, un processus de repos et de réparation pour le sys- tème nerveux trophique, entrainant pendant quelques heures un ralen- tissement du métabolisme? À D, À SÉANCE DU 9 JANVIER 9 INFLUENCE DU RÉGIME ALIMENTAIRE HYPER OU HYPOCHLORURÉ SUR LE CHIMISME STOMACAL, par M. H. VINCENT. On admet que l'acide chlorhydrique produit par l'estomac provient du NaCl existant dans le sang et dissocié au niveau des glandes gas- triques (Bunge, À. Gautier, Hayem). Bien que l’on ignore le mécanisme de ce phénomène sécrétoire, on peut inférer que la quantité d'HCI du suc gastrique doit être influencée par celle du chlorure de sodium ingéré avec les aliments. Il est évident qu'il ne peut y avoir corrélation absolue entre les deux quantités, car l'organisme se débarrasse, par l’exosmose rénale, du surcroît de substance saline absorbée. Il m'a paru, néanmoins, qu'il pouvait être utile de rechercher le résultat de l'examen du suc gastrique et de sa teneur en HCI chez un même sujet soumis successivement à un régime normal, à un régime hyperchloruré, et à un régime hypochloruré. J'ai fait cette étude chez un jeune homme de vingt-deux ans atteint d'hyperpepsie totale, faible, sans gastrosuccorrhée et sans dilatation. Le repas d'Ewald a toujours été pris le matin, à jeun, et le liquide gastri- que prélevé une heure après. L'examen du chimisme stomacal a été --fait : L° avant tout traitement; 2° à deux reprises, après plusieurs jours d'un régime hyperchloruré pendant lequel cet homme absorbait quoti- diennement, outre le sel de ses aliments, 12 grammes de NaCI ; 3° après une période de neuf et de dix-sept jours pendant laquelle il a été con- tinuellement soumis au régime hypochloruré strict (pain, viande, pommes de terre, lait, le tout sans sel). Par l'analyse quotidienne de l'urine et le dosage du NaCI, je me suis assuré que le sujel en expérience a suivi exactement le régime alimen- taire prescrit. Les résultats fournis par l'analyse du suc gastrique sont consignés dans le tabléau suivant. Il résulte de ces analyses que le chimisme stomacal a été manifeste- ment influencé par la nature du régime alimentaire suivi. L’hyperchloruration a donné lieu à l'augmentation des éléments A, C et H. On s’en rendra aisément compte si l’on compare entre eux les résultats indiqués aux colonnes 3 et 5 (régime hyperchloruré) à ceux des colonnes 2 et 4 qui les précèdent respectivement et qui corres- pondent à un régime alimentaire normal. Un fait qui mérite d’être noté, c'est que, dans l'intervalle compris entre deux périodes d'hyperchlorurie (colonne 4), le chlore organique, = le chlore libre et le rapport < ont diminué très notablement, tandis que x et F sélevaient. À l'exagération de la sécrétion acide provoquée par 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'hyperchlorurie alimentaire semble avoir succédé, lorsque l’excitant spécifique a fait défaut, une sorte de phase de repos des glandes gas- triques. Mais un nouveau régime salé réveille encore et exagère cette sécrétion (colonne 5). Re Ê US ® . ue 5 © 2e |A relier scale Ts ë Acidité en HCI. LE 2eË É7e 2500 Fe ÈS 2e ae = =. SR" [Sale 8° ee) £ÉS | & (e] ir = En LS) Lo] ee Le ANT De (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) ne toiale).| 0,175 à 0,2 | 0,239 | 0,290 | 0,208 | C,251/|| 0,263 | 0,285 T (CI. total) . 0,3 à 0,35 | 0,456 0,416 | 0,384 | 0,438|| 0,306 | 0,347 F (CI. fixe). . 0,1 0,13 | 0,146 |0,1584) 0,219 | 0,159|! 0,069 | 0,066 Eu combiné). .| 0,16 à 0,18 | 0,230 | 0,2576| 0,160 | 0,195|! 0,168 | 0,197 H (CI. libre) . 0,03 à 0,05 | 0,08 |0,088 | 0,005 | 0,084|| 0,069 | 0,084 si) 0,86 0,78 |0,783 | 1,268 | 0,836|| 1,18 |1,426 =. 3 3,120 | 2,773 | 1,753 | 2,75 || 4,434) 5,254 CARE 0,20 0,31 |0,3456| 0,165 | 0,279|| 0,237 0,281 Le sujet, après huit jours d’un régime alimentaire normal, a été sou- mis à un régime hypochloruré pendant dix-sept jours. Les résultats ont été les suivants pendant cette deuxième période: 1° pas de modification appréciable de l’acidité totale ; 2° diminution de T ; : 3° diminution de G qui est devenu normal au septième jour et qui s'est ne au dix-septième jour, mais est resté cependant inférieur à ce quil était avant tout traitement (colonne 2); 4° abaissement considérable du taux du chlore fixe; 5° état stationnaire de H. C’est, en effet, l'élément le plus difficile à faire baisser dans l'hyperchlorhydrie. Mais l'hyperpepsie et le coeffi- cient C, qui a une valeur prépondérante (Hayem), ont cédé sous l'influence du régime hypochloruré ; T 6° élévation de « et de F - Dans les essais qui précèdent, la différence entre les résultats fournis par l'analyse du liquide gastrique pourrait, sans doute, s'interpréter par la marche plus rapide de la digestion dans l'hyperchlorurie alimentaire et par son ralentissement dans l’hypochlorurie. Ce qui montre, néan- moins, que le résultat obtenu n’est pas artificiel, c'est que notre sujet, qui avait maigri, vomi et éprouvé des phénomènes douloureux pen- SÉANCE DU 9 JANVIER 41 dant la phase d'alimentation hyperchlorurique, s'est, au contraire, sen- siblement et rapidement amélioré pendant sa période d’hypochlorurie alimentaire, et qu'il a gagné 3 kilogrammes en poids au bout de quinze Jours. Ce n’est, du reste, pas le seul cas où j'ai vu la diète de sel améliorer notablement les hyÿperpepsiques. Sans vouloir, en conséquence, généra- liser la conclusion fournie par l’essai qui précéde, on peut penser que la thérapeutique, si désarmée en face de l'hyperchlorhydrie, pourrait, peut-être, retirer quelques indications pratiques de ces recherches. ABLATION DES PARATHYROIDES CHEZ L'OISEAU, par MM. M. Doÿon et À. Joury. I. Données anatomiques. — L'appareil thyroïdien est placé chez l'oiseau dans le thorax. Il est constitué par des glandes et des glandules (parathyroïdes;. Les glandes sont au nombre de deux, une de chaque côté de la trachée. Les glandules sont situées soit immédiatement au-dessous des glandes, soit à 4 demi ou 1 centimètre au-dessous; géné- “ralement il en existe une de chaque côté, parfois deux. Il. Æssais antérieurs. — L’ablation de l’appareil thyroïdien chez * l'oiseau a été fréquemment tentée. On a réussi à déterminer des troubles trophiques à évolution lente. On n'a jamais déterminé d'accidents aigus. (Moussu, ete.). III. Conditions expérimentales. —— L'’ablation au bistouri des glandes et des glandules chez l'oiseau est extrêmement difficile par suite de la situation profonde de ces organes et des rapports étroits qu'ils ont avec de très gros vaisseaux. Il est préférable de détruire sur place les glandes ou les glandules en les serrant entre les mors plats d’une longue pince effilée préalablement chauffée. IV. Résultats. — La cautérisation des seules glandules (parathyroïdes) détermine chez l'oiseau (coqs, poules) des accidents aigus absolument comparables à ceux qui ont été signalés chez le chien et le lapin. On constate: des paralysies, des contractures, des tremblements fibrillaires. des secousses musculaires, des tremblements généralisés, de la dyspnée, de la diarrhée, des vomissements, une soif intense, de l’hyperexcitabi- lité. L'animal présente au début une démarche très incertaine, ataxique, puis ne tarde pas à rester étendu. La crête des coqs est par moments très congestionnée et violacée. Les accidents débutent six à dix heures après l'opération. La mort 49 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE peut survenir très rapidement, quelques heures après le début des acci- dents, parfois vingt-quatre à trente-six heures seulement après l’inter- vention. On ne détermine pas la mort chez tous les opérés. Nous avons observé un coq qui a présenté dès le lendemain de l'opération, pendant huit jours. des troubles très caractérisés (tremblements, contractures, paralysies, équilibre instable, démarche incertaine, soif vive, diarrhée, vomisse- ments) et qui peu à peu s’est complètement rétabli. Quelques opérés survivent sans présenter le moindre trouble. Il est possible qu'il existe des glandules supplémentaires. D'autre part, dans bien des cas on ne voit pas nettement les parathyroïdes, surtout lorsqu'il y a la moindre hémorragie ; une glandule peut échapper en partie à la cautérisation. La destruction des parathyroïdes et des glandes, c'est-à-dire de l’ensemble de l'appareil thyroïdien, détermine les mêmes accidents que la seule parathyroïdectomie. (Travail du laboratoire de M. Morat.) NOUVELLES RECHERCHES SUR L'ACTION DES MUSCLES RESPIRATOIRES, EXÉ- CUTÉES A L'AIDE DE LA PHOTOGRAPHIE INSTANTANÉE ET DE LA CHRONO- PHOTOGRAPHIE AVEC LE MAGNÉSIUM À DÉFLAGRATION LENTE. I. LES CÔTES ET LES MUSCLES INTERCOSTAUX. (Technique), par M. Cu.-A. FRANÇoIS-FRANCK. Les études que je soumets à la Société de Biologie depuis deux ans, sont poursuivies, comme l'indiquent mes notes précédentes, à l’aide de la photographie des mouvements du domaine organique, employée seule ou associée à celle des courbes fournies par ces mouvements. C'est ainsi qu'ont été exécutées mes recherches sur l'appareil moteur de la respiration, dont je présente aujourd'hui un fragment relatif au jeu des côtes et des muscles intercostaux. J'aborde ainsi d'emblée l’une des questions les plus Di oonsess de la physiologie, et sur laquelle, depuis Galien jusqu'aux auteurs les plus récents, s’est exercée l’expérimentation. .Je crois que la photographie, judicieusement appliquée à cette recherche, peut nous fixer d’une facon définitive sur le rôle des muscles intercostaux et sur le jeu costo-sternal qui en dépend. Quelques indicalions techniques sont, tout d'abord, nécessaires. Mes expériences, avant d'être poursuivies sur l'homme à l'état SÉANCE DU 9 JANVIER 13 normal ou pathologique, ont été exécutées sur le chien soumis à une préparation qui permet l'exploration directe des mouvements dont il s'agit. | Quand l'expérience doit porter sur les actes musculaires de la respi- ration spontanée, l'animal est endormi avec une forte dose de morphine associée à une injection intra-veineuse de chloral : le sommeil profond ainsi obtenu, avec l’anesthésie qui l'accompagne, permet une opération assez laborieuse, et assure, au cours de l'expérience, une respiration . lente et régulière. Quand on se propose de provoquer les mouvements respiratoires et de les modifier à son gré, on supprime la respiration spontanée par la cocaïnisation directe du bulbe, qui a l'avantage de permettre le retour ultérieur de la respiration et d'exécuter, sur le même animal, des expé- riences comparatives : cette paralysie bulbaire est, à ce point de vue et à bien d’autres, supérieure à la destruction mécanique qui est définitive et ne permet pas d'expériences réversibles. Enfin, la curarisation est employée quand on veut isoler l’action musculaire de l’action nerveuse motrice et agir localement sur les muscles qu’on soumet à des excitations appropriées. Dans tous les cas, l'animal qui doit subir une longue expérience, est - garanti contre le refroidissement par l’enveloppement avec de la laine ou par l'installation dans ma baignoire-étuve. L'opération consiste essentiellement dans la mise à nu de la paroi . costale, d’un seul côté si l'on doit pratiquer un examen de profil, des deux côtés si cet examen doit être fait de face ; on ménage ou l’on sup- prime, suivant le plan de la recherche, les muscles extérieurs, pecto- raux grand et petit, grand dentelé, etc., et l'on met à nu toute la surface costo-sternale en même temps que la partie supérieure de la paroi abdominale. On a ainsi sous les yeux, comme le montre le plastron que je présente ici, les espaces intercostaux avec leurs muscles, l’inter- costal interne débordant l’externe à la partie antérieure, facile dès lors à exciter isolement, les côtes avec les cartilages costaux, les muscles cervicaux dans leur partie inférieure, les muscles abdominaux dans leur partie supérieure, en un mot une surface musculaire et osseuse dont chaque élément doit être méthodiquement interrogé. Cettte exploration s'opère toute seule, en toute sécurité, avec les prises de vues photographiques. Mais encore faut-il préparer le champ photographique et employer des appareils appropriés à ce genre de recherches. En appliquant ici les préceptes généraux formulés par M. Marey dans son livre sur Le Mouvement (1894), et sa méthode qui consiste à repré- senter par des traits blancs sur fond noir les segments mobiles qui doivent trancher dans l’image photographique, nous procédons de la façon suivante : toute la surface exposée est saupoudrée de noir de À 4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fumée qui donne un fond mat sans réflexions lumineuses ; sur ce fond, qui sera celui des espaces intercostaux, on détache vivement les côtes et leurs cartilages en enlevant avec un tampon de ouate humide le noir de fumée qui les recouvre, et en appliquant une couche de gouache blanche dessinant exactement les trajets chondro-costaux. Au niveau de la jonction du cartilage et de la côte, est plantée solidement une large punaise de dessinateur, dont la fente est orientée suivant l'axe de la côte. Sur la partie libre de la punaise, on peut écrire à la gouache le numéro de la côte correspondante pour se retrouver facilement plus tard dans l’étude des photogrammes. Tout le reste de l’animal couché horizontalement ou maintenu vertical suivant le cas, est enveloppé d'une étoffe noire mat qui circonserit le champ photographique. Au-dessus du sujet, et autant que possible dans le plan médian du ‘corps, est disposé un ruban métrique horizontalement tendu, complè- tement indépendant du sujet qui ne peut lui imprimer aucun dépla- cement, avec des chiffres se détachant en blanc sur fond noir. Ce mètre servira de repère horizontal constant, il donnera la mesure des dépla- cements dans le sens vertical et horizontal. Il supporte, en outre, un petit chevalet de carton blanc qui circonserit l’un des chiffres du ruban métrique et que l’on déplace à chaque nouvelle phase de l'expérience : chaque chiffre correspond à une note écrite spéciale. Enfin, sur une tablette qui surplombe, un compteur de temps est disposé de façon à indiquer les durées de chaque prise de vue : c'est - une variante du cadran chronométrique employé par M. Marey dans ses recherches sur les allures de l'homme et des animaux, et qui est simple- ment réalisé avec le mouvement d'un régulateur Foucault. Sur l'axe le plus rapide est fixée une longue aiguille blanche qui tourne à la surface d’un cadran noir immobile et exécute un tour complet en 1 seconde 1 dixièmes ; l'intervalle compris entre deux divisions du cadran est de 0142, soit 1 douzième de la circonférence. Tout cet ensemble se détache sur un fond neutre, sur un grand écran déroulable tendu verticalement à une petite distance de la table où repose le sujet préparé comme il a été dit. Les prises de vues sont réalisées avec des appareils divers et dans des conditions différentes suivant le cas. Pour ne pas insister sur les détails techniques, je dirai simplement que les photographies, toujours obtenues au magnésium qui, seul, nous permet de fonctionner à coup sûr dans cette saison et dans un labora- toire, ont été recueillies sur plaques fixes et sur pellicules chrono- photographiques. Sur les plaques fixes on a recueilli soit des images isolées, l'appareil étant rigoureusement au même point pendant toute la durée de l’expé- rience, soit des images successives sur la même plaque au moyen SÉANCE DU 9 JANVIER 15 d'éclairages successifs eux-mêmes. Ici se place un détail technique qui peut avoir son application dans beaucoup d’autres circonstances. Pour couper le faisceau lumineux et obtenir des éclairages égaux en durée et équidistants, j'emploie le cinématographe inversé. On fait arriver dans la caisse ouverte de l'appareil le faisceau lumineux qui est main- tenu dans un grand manchon d’étoffe noire : il nepeut éclairer le champ photographique qu'en traversant la fenêtre du cinématographe d’arrière en avant, et cette fenêtre elle-même est ouverte et fermée successivement par la rotation du disque. De cette façon, on peut couper en 5, 10, 20 parties égales l’éclair magnésique et obtenir autant d'images indépendantes. C'est la réalisation, avec un procédé nouveau, des éclairages intermittents employés par M. Marey depuis ses premières études sur la photographie discontinue de la colonne de l’électromètre de Lippmann. Je n'ai employé qu'exceptionnellement ce dispositif, très utile dans certains cas, mais avantageusement remplacé, dans l'étude qui nous occupe, par des prises de vues cinématographiques en petites séries répétées de facon à recueillir une vingtaine d'images à chaque fois. Les images photographiques ont été reportées sur verre pour pro- jection et quelques-unes agrandies sur papier : je soumets quelques _ épreuves de ce genre à mes collègues avant de présenter les résultats ‘des expériences elles- mêmes. (Travail du laboratoire de physiologie pathologique des Hautes-Études.) ÉTUDE DE L'ACTION DKS MUSCLES INTERCOSTAUX INTERNES ET EXTERNES 1 par M. Cu.-A. FRANÇOIS-FRANCK. Le dispositif indiqué dans la note de technique qui précède permet de préciser très simplement, et d'établir par des documents photogra- phiques, le rôle si discuté des muscles intercostaux. I. — L'excitation avec des courants induits faibles et fréquents, appliquée directement à l'appareil musculaire d'un espace intercostal, au moyen d’aiguilles plongeant plus ou moins profondément dans son épaisseur, produit le rapprochement des deux côles qui limitent cet espace. Ce n’est pas seulement, comme l'indique Duchenne de Dolléenc (qui a tant et si bien vu dans ses expériences de faradisation à travers la peau chez l’homme), la côte inférieure qui va à la rencontre de la côte supé- rieure: celle-ci descend vers l’autre qui remonte vers elle. Si bien qu'au niveau de la partie la plus mobile des deux leviers costaux, dans la 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE région chondro-costale, il peut y avoir contact presque complet, au niveau des cinquième et sixième côtes notamment. Ce premier fait apparaît clairement sur les épreuves agrandies que je montre à la Société. II. — Les mêmes excitations, appliquées avec des crochets sur le tra- jet du nerf intercostal, à la parlie postérieure de l'espace, produisent exactement le même effet, plus marqué encore. IT. — Dans les cas I et IT, les deux muscles intercostaux sont mis en action; mais nous ne savons pas si l’effet observé résulte de leur action commune ou de la prédominance d'action de l’un des deux muscles sur l’autre. Il est facile de Hnutes la question, en enlevant la couche musculaire externe et en appliquant l'excitation uniquement au muscle intercostal | interne. On peut aussi utiliser la disposition anatomique de ce dernier muscle qui n’est plus recouvert par l’externe entre le bord du sternum | I et la jonction chondro-costale. On voit, et la photographie l’établit en toute sûreté, que l’action du muscle intercostal interne est identique à celle de l’intercostal externe : le sens du déplacement des deux côtes reste le même, mais la valeur de l'effet mécanique est moindre. IV. — Ces résultats, si évidents quel que soit l’espace auquel on s'adresse (réserve faite pour les plus inférieurs comme je l’indiquerai tout à l’heure), conduiraient à conclure que des muscles qui rappro- chent les côtes les unes des autres jouent le rôle d’expirateurs, opinion qui a été défendue avec vivacité, surtout dans la querelle célèbre de. Haller avec Hamberger. Mais si l’on prend la précaution de fixer la côte supérieure de l’espace sur lequel porte l'excitation massive (1.11) ou localisée à l'intercostal interne (111), on constate que la côte inférieure s'élève vers la supérieure sans arriver à son contact en avant, faits à prévoir et qui concordent avec les observations de Duchenne de Boulogne. Or, dans le fonctionnement normal, dans l'inspiration simple ou forcée, la fixation des côtes les plus élevées est assurée par la tonicilé dans le premier cas, par la contraction active dans le second cas, des muscles cervico et scapulo-thoraciques (sterno-mastoïdiens, scalènes, partie claviculaire du trapèze, petit pectoral et même, dans certaines positions, partie supérieure du grand pectoral, rhomboïdes, den- telés/hetc2) On réalise expérimentalement cette fixation des côtes supérieures en ‘excitant tel ou tel muscle du groupe auxiliaire, en même temps qu'on provoque la contraction des muscles intercostaux : on voit alors s'éta- blir le jeu normal des côtes, leur élévation et la projection en avant de leur portion sternale, au lieu du rapprochement des deux côtes mobiles l’une et l’autre qui se produisait dans l'expérience d’excitation localisée à un espace intercostal. LYON CN SÉANCE DU 9 JANVIER 17 De même, quand on fait subir à un grand nombre d'espaces intercos- taux l'effet d'excitations simultanées au moyen d'électrodes divisées, on constate un mouvement total d'élévation et de projection en avant de - la paroi costale, c'est-à-dire un acte d'inspiration. Nous pouvons conclure dès lors, conformément aux données de Duchenne de Boulogne, queles muscles intercostaux internes et externes sont des agents actifs d'inspiration quand le besoin de leur intervention se fait sentir, soit dans les dyspnées, soit dans le type respiratoire costo- supérieur. | V. — Une réserve, disais-je tout à l'heure (IV) doit être faite sur le jeu des muscles intercostaux des espaces inférieurs, 9° 40°, 11°; l’excita- tion massive, appliquée à ce niveau, détermine un jeu costal tout différent avec attraction des cartilages et des extrémités antérieures des côtes vers le plan médian du thorax, avec saillie de l’épigastre. On serait donc disposé à penser que, d'accord avec une opinion déjà émise, les muscles intercostaux inférieurs fonctionnent autrement que les moyens et les supérieurs. Mais en y regardant de plus près, on s'assure aisément que les cou- rants excitateurs sont transmis aux insertions sous-costales du dia- phragme qui attire les côtes vers le centre et fait passivement bomber -lépigastre. En localisant l'excitation aux muscles intercostaux, après section intra-thoracique du plan d'insertion costale diaphragmatique, on voit, en effet, reparaître l’action masquée des muscles intercoslaux, qui, là comme ailleurs, sont élévateurs des côtes. VI. — On a dit depuis longtemps (et notre collègue M. Barrier l'a rappelé à propos de ma communication) que les muscles intercostaux jouaient, par leur tonicité, le rôle d’un véritable ligament intercostal actif : sans empiéter sur une prochaine communication, je puis dire qu’en eflet, à la suite d’une hémiseclion de la moelle cervico-dorsale, faite au-dessous de la dernière branche cervicale afférente au nerf phrénique, les côtes s’inclinent vers le bas, les espaces intercostaux se dépriment et se creusent fortement à chaque inspiration énergique, surtout quand l’admission de l’air est gênée et quand l'appareil contrac- tile bronchio-pulmonaire est mis en action. Le rôletonique des muscles intercoslaux, si clairement établi déjà par Duchenne de Boulogne, _ ressort non moins nettement de celte expérience. (Travail du Laboratoire de Physiologie pathologique de l'École des Hautes-Etudes.) BioLoGrE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 2 18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOUVELLE MÉTHODE PERMETTANT L'ÉTUDE DE LA MOTRICITÉ STOMACALE ET LE DOSAGE DES ÉLÉMENTS DU SUC GASTRIQUE, par M. Lion MEUNIER. L'étude de la sécrétion et de la motricité de l'estomac ne peut être faite en clinique, qu'autant qu'avec un seul et même repas d'épreuve on peut déterminer ces deux recherches. Le procédé de Mathieu et Remond permet de connaître après un repas d'épreuve la quantité totale contenue dans l’estomae à un moment donné : repas d’épreuve et éléments sécrétés. Pour déterminer la pro- portion de ces deux éléments, on peut incorporer au repas d'épreuve une substance facilement dosable. Mais il faut que cette substance ainsi introduite pour l'étude de la motricité ne vienne pas troubler la sécré- tion stomacale et présente les propriétés suivantes : Pour l'étude de la motricité, il faut une substance non absorbable par la muqueuse stomacale. Or, les sels étant d'autant moins facilement absorbés qu’ils sont en solution moins concentrée, nous avons songé à un sel soluble, pouvant être dosé avec des doses infinitésimales : le sulfate ferrique qui, à la dose de 30 milligrammes dans 300 centimètres cubes de repas, permet un dosage colorimétrique exact. Une telle solu- tion, introduite en effet dans un estomac de chien après oblitération du pylore, se retrouve intégralement au bout d’une heure. Pour l'étude de la sécrétion, il faut un sel à acide très stable ne modi- fiant pas la sécrétion. Or, le sulfate ferrique, dans les proportions indi- quées, ajouté in vitro, dans un suc gastrique, permet d'en doser tous les éléments, quels que soient les procédés employés. Introduit dans l’estomac avec un repas, il ne modifie nullement la sécrétion, comme nous avons pu nous en rendre comple par des exa- mens comparatifs faits chez des malades hypo, et hyperchlorhy- driques. Nous employons donc le sulfate ferrique de la façon suivante pour la double étude de la sécrétion et de la motricité stomacale : Préparation d'une solution ferrique titrée. — Un gramme de fil d’archal est dissous à chaud dans environ 20 centimètres cubes d'eau distillée additionnée de 2 centimètres cubes d'acide sulfurique pur, peroxydés par 1 ou 2 centimètres cubes d’acide azotique pur, et la solution est évaporée pour chasser l'excès d'acide. Étendue à 1 litre, cette solution contient un milligramme de fer par centimètre cube et se conserve indéfiniment. Repas d'épreuve. — Nous donnons le repas Le plus employé, le repas d'Ewald, 60 grammes de pain et 240 centimètres cubes d’eau, puis à la fin du repas 30 centimètres cubes de la solution ferrique, soit 300 cen- timèlres cubes de liquide (60 grammes de pain contenant environ E SÉANCE DU 9 JANVIER 19 30 grammes d’eau), renfermant 30 milligrammes de fer ou 1 milli- gramme pour 10 centimètres cubes. L’extraction se fait par le procédé Mathieu-Remond. Examen du suc gastrique. — Le suc gastrique ainsi extrait est divisé en deux parties, l'une pour l'étude de la sécrétion, l’autre de la motricité. Celle-ci est filtrée sur un filtre sans fer (lavé à l’eau acidulée d'HUI). La totalité du fer, comme nous l’avons constaté, reste en dissolution dans le suc gastrique. Toutefois, quand le suc gastrique ne contient pas d'HCI libre, une partie de ce fer peut rester en suspension, combiné avec les matières albuminoïdes. Îl faudra donc, si un suc gastrique ne rougit pas franchement le réactif de Tôppfer, l’additionner d'HCI pur (10 à 12 gouttes pour 20 centimètres cubes, par exemple) avant la filtration. Dans tous les cas, 10 centimètres cubes du suc gastrique filtré, sont additionnés d’une dizaine de gouttes d’acide azotique, chauffés à l'ébul- lition pour peroxyder tout le fer, et ramenés à 10 centimètres cubes avec de l’eau distillée. À la solution refroidie, on ajoute 5 centimètres cubes d’une solution de sulfo-cyanate d'ammoniaque au 41/20, et la liqueur filtrée est prête à un examen colorimétrique ponr le dosage du fer. Dosage du fer. — Ge dosage peut être fait au colorimètre. Pour sim- _plifier cette manipulation, nous préparons huit tubes à essai de même ‘calibre, contenant exactement dans 10 centimètres cubes d’eau, 10, 8, 71, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 1/10 de milligramme de fer. Ces solutions sont faites avec la solution ferrique titrée, dont nous préparons une solution au 1/10, solution que nous diluons successivement. À chacun de ces tubes, nous ajoutons cinq gouttes d’acide azotique, une goutte d’une solution d'acide picrique au 1/100 et nous complétons à 15 centimètres cubes avec une solution de sulfo-cyanate d’ammoniaque au 1/20. Nous obtenons ainsi huit tubes se gardant parfaitement, et dont la gamme de coloration permet, par comparaison, d'évaluer à 1/10 de milligramme près le fer contenu dans le suc gastrique examiné. Chaque milligramme de fer ainsi trouvé dans le suc gastrique corres- pond à 10 centimètres cubes de repas d’épreuve restant dans l'estomac. INFLUENCE DE LA THYROÏDECTOMIE SUR LA LACTATION CHEZ LA LAPINE. EFFETS DE LA THYROÏDECTOMIE SUR LA LAPINE ADULTE, par MM. L. Ricuon et P. JEANDELIZE. Les accidents aigus éclamptiformes, constatés au cours de la gestation chez différents animaux (chat, chien, chèvre, lapin), après l’ablation des organes thyro-parathyroïdiens et dont nous avons rapporté un exemple 20 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ici même, ne paraissent cependant pas constants. Nous citerons à ce point de vue le cas de trois lapines thyroïdectomisées, qui au moment de la parturition ne présentèrent aucune manifestalion aiguë rappelant l'éclampsie; par contre, ces lapines, bien qu'opérées à l’âge adulte, pré- sentèrent, à partir de la parturilion, des manifestations chroniques attribuables à cette thyroïdectomie. Voici ces cas : Exp. I. — Nous nous contenterons de rappeler cette première expérience qui a été indiquée par notre maître, M. le professeur agrégé Haushalter, à la Société de médecine de Nancy, le 28 mai 1902 (voir Revue médicale de l'Est, 15 août 1902,'p. 541), et publiée en détail dans la thèse de l’un de nous (Jean- delize, thèse de Nancy, juillet 1902. p. 86). Il s’agit d’une lapine thyroïdecto- misée (conservation des parathyroïdes externes), qui, dix jours après cette opération, fut en état de gestation. Elle eut trois petits qu'elle allaita. Sept mois après la parturition, la lapine mourait cachectique avec de l'hypothermie. À ce moment, les mamelles étaient encore volumineuses; elles étaient gorgées de lait et les poils de l'abdomen, que l’animal s'arrache au moment du part, n'avaient pas repoussé, comme cela a lieu normaïement.'A l’autopsie, le foie avait un aspect chagriné et l'examen histologique démontra la présence de la dégénérescence graisseuse. Exp. II. — La lapine en expérience a déjà eu des petits. On la fait saillir et on la thyro‘dectomise sept jours après (conservation des parathyroiïdes externes). Elle eut quatre petits bien portants qu’elle allaita. On sépara les petits de la mère à l’âge de six semaines, et sir semaines après la cessation de l'allaitement, la lapine mourut; elle avait alors les mamelles extrêmement volumineuses et absolument gorgées de lait, comme cela ne se voit pas même chez une lapine normale, non opérée. — Les poils de l'abdomen étaient très clairsemés ccmme dans l'expérience précédente. À l’autopsie, on constata le même aspect chagriné du foie et on retrouva les deux parathyroïdes externes qui étaient très volumineuses. jen Exp. II. — Une lapine est tnyroïdectomisée à l’âge d'environ trois mois (conservation des parathyroïdes externes). Deux mois après, aucune des mani- festations habituelles de la thyroïdectomie ne s'étant produite, on recom- mence l'opération et on la complète, car il était resté du corps thyroïde. En raison de l’époque tardive à laquelle cette seconde opération fut faite, Les accidents consécutifs furent peu accentués. Sept mois après, on la fait sailhr; elle eut cinq petits bien constitués qui ne vécurent que vingt-quatre heures.. La mére à ce moment avait du lait. Malgré la courte durée de l’allaitement, aujourd’hui, vingt-quatre jours après la mort des petits, les mamelles sont encore gorgées de lait que l’on peut faire sourdre par la pression. A la fin de la gestation, la lapiue s'était arraché les poils du cou, qui ont repoussé depuis. En somme, chez une lapine thyroïdectomisée, il persiste après la ces- sation de l'allaitement un engorgement laiteux des mamelles tout à fait anormal et considérable. Il semble done que la thyroïdectomie puisse agir sur là glande mammaire pour déterminer une sécrélion abondante et la prolonger. SÉANCE DU 9 JANVIER 21 _ Remarquons qu’à ces expériences on peut opposer des faits contradic- toires. M. Hertoghe a constaté, en soumetlant une vache à la thyroïdine, une augmentation très notable de la quantité de lait fourni (deux litres par jour de plus qu'avant l'expérience); il à signalé aussi que chez la femme la sécrétion lactée devenail plus abondante sous l'influence du même traitement. La femme myxœdémateuse dont nous avons parlé déjà à plusieurs reprises et qui aecoucha dans le service de M. le professeur Herrgotl, aurait été incapable de nourrir son enfant, si ce dernier avait vécu. M. Moussu a cité dans la séance du 20 juin dernier de la Société de Biologie, le cas d’une chèvre à laquelle il avait enlevé « les organes thy- roïdiens », alors qu’elle était presque à terme, et chez laquelle la lacta- tion parut défectueuse. Tous ces faits contradictoires doivent être pris en considération, mais ne sauraient toutefois infirmer les résultats positifs que nous avons obtenus. Il est certain d’autre part que de nouvelles expériences s’im- posent. Quelle est en effet la glande qui agit en pareil cas? Si l'on en croit Drago, les parathyroïdes interviendraient dans la production du lait: une chienne qu'il parathyroïdectomisa (greffe de la thyroïde) n'eut qu'une très faible sécrétion lactée après une gestation à terme. Remar- quons que la lapine de notre expérience IT avait des parathyroïdes yolumineuses, et, en admettant l'hypothèse de Drago, on peut se "demander si, dans ce cas, la sécrétion abondante que nous avons observée n’est pas due à la persistance des parathyroïdes et si le corps thyroïde ne joue pas alors un rôle frénateur vis-à-vis des glandules dans la fonction particulière qui nous occupe. Quoi qu il en soit, il est intéressant de constater, indépendamment des rapports des organes thyro-parathyroïdiens avec la sécrétion lactée, que le lapin adulte, s’ilest mis dans certaines conditions déterminées, telles que la gestation, succombe à la thyroïdectomie en présentant les mani- festations chroniques principales suivantes : la persistance de la sécrétion lactée et la non réapparilion du système pileux sur l'abdomen. La première de ces manifestations a été constante; quant à la seconde, nous l’avons observée deux fois sur trois expériences. Tout ceci nous montre une fois de plus que la gestation a besoin pour s'opérer normalement de l'inté- grité du corps thyroïde. Peut-être y a-t-il là une idée féconde qui servi- rait à expliquer l'influence, citée par Morvan, sur la production du myxædème, de la grossesse, surtout des grossesses répétées et de l’al- laitement prolongé? ; (Travail du laboratoire de la clinique infantile de M. le professeur agrégé Haushalter.) D? SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE THYROÏDECTOMIE ET ACCIDENTS AIGUS AU COURS DE LA GESTATION CHEZ UNE LAPINE, par MM. L. Ricuon et P. JEANDELIZE. Dans un article publié l’an dernier par M. Fruhinsholz et l’un de nous (1), après avoir étudié l’historique, encore très restreint, des faits capables de confirmer l'hypothèse d’une éclampsie due à l'insuffisance des organes thyro-parathyroïdiens, nous rapportions en détail un cas nouveau (observé à la clinique de M. le professeur À. Hergott) (2) con- cernant une femme myxædémateuse, qui, fait exceptionnel, devint enceinte, accoucha avant terme et fut prise d’éclampsie, alors qu'elle n'avait dans l'urine que des traces non dosables d’albumine. Depuis, plusieurs travaux (Nicholson, Sabrazès, Dienst, Moussu, Charrin et Roché) se raltachant à cette question, ont été publiés. Nous voulons simplement aujourd'hui confirmer les données relatives à l'influence de l'insuffisance thyroïdienne sur les accidents aigus de la gestation en rap- portant l'expérience suivante. EXPÉRIENCE. — Sommaire : Lapine thyroïdectomisée. Gestation. Avortement. Demi-coma. Crise d’'hypothermie. Durée du travail environ trois jours. Mort. Nous choisissons pour l'expérience une lapine bonne reproductrice. On la fait saillir le 14 août 1903, et six jours après (à ce moment, elle pesait 3 kil.608) on fait l’ablation du corps thyroïde en cherchant à respecter les parathyroïdes externes. Bien qu'un mois après elle ait fait son nid, on ne trouve pas de petits. Aussi, le 15 octobre suivant, on la fait de nouveau saillir. Le 11 novembre, on nous prévient que depuis quatre ou cinq jours la lapine reste immobile en forme de boule. Il n’y avait alors aucun signe extérieur de parturition prochaine, l’animal n'ayant pas fait son nid. Nous trouvons la bête à 9 heures et demie du matin dans un coin de Ja cage. Nous lui faisons faire quelques sauts, mais sa démarche nous paraît anormale. Placée sur un côté, elle se relève difficilement, puis paraît une ou deux fois avoir des secousses verticales de tout le corps et oscille aussi un peu sur elle-même. Le poil de la région génitale est humide ; il y a même un peu de sang à la vulve. Toute la région vulvaire est proéminente. Nous pensons alors à un avorte- ment, mais nous ne trouvons aucun fœtus dans la cage. — La lapine est abrulie, fermant les yeux à demi, laissant tomber le museau contre le sol; puis elle se réveille, fait quelques pas, et retombe dans le même état. Vers 10 heures du matin, elle expulse un fœtus; il y a sur le sol une certaine quan- tité de liquide amniotique un peu rosé. Après cette première expulsion, l’animal paraît mieux et fait quelques pas.On a constaté à un moment donné du mächonnement et du grincement des dents. (1) Fruhinsholz (A.) et Jeandelize (P.). Insuffisance des organes thyro-para- thyroïdiens et éclampsie. La Presse médicale, 25 octobre 1902. (2) Herrgott A.). Myxœdème et parturition. Société obstétricale de France, 4 avril 1902. « "es SÉANCE DU 9 JANVIER 98 A 11 heures, en examinant l'abdomen de la lapine, on palpe légèrement l'utérus et immédiatement après on constate l'expulsion d'un second fœtus. De ce fœtus, pas plus que du premier, la mère ne s'occupe; elle reste plongée dans sa somnolence, les yeux à demi-ouverts, ne se réveillant que rarement. Les mouvements paraissent cependant plus faciles. Les deux fœtus n’ont vécu que quelques secondes ; ils pèsent chacun environ 15 grammes et mesurent 69 millimètres de l'extrémité antérieure du museau à la naissance de la queue. La lapine est en état d'hypothermie des plus manifestes; en effet la colonne de mercure natteint pas 31 degrés qui est la température la plus basse que marque notre thermomètre (température rectale.) Durant toute l'après-midi, même état de somnolence. Température rectale — moins de 31 degrés. Le 12 novembre, mème état d'inertie et de demi-coma. Température rectale prise le soir — 31 degrés. Poids du corps = 3 kil. 930. Ne s’alimente pas. Le 13 novembre, la lapine paraît un peu plus éveillée, mais la température rectale marque moins de 31 degrés. Ne s'alimente pas. Le 14 novembre, on trouve encore deux fœtus morts. La lapine n'offre plus aucune résistance; elle est dans un éfat véritablement comateux. Mise sur un côté, elle ne peut plus se redresser, et reste couchée inerte dans la position où on la place. À deux heures et demie de l’après-midi,on la trouve morte. Autopsie. — Elle est pratiquée à 5 beures du soir. Plus trace de corps thy- roide. Pas de thyroïde accessoire. Des deux parathyroïdes externes, on ne retrouve que la gauche qui est petite. L’utérus, volumineux, n’a pas subi son nvolution; on n'y trouve que des placentas. On recueille de l’urine par ponction de ia vessie. L'examen indique une réaction acide, l’absence de glu- cose et la présence de 0 gr. 20 d'albumine par litre. — Pas de lésions macrus- copiques au cerveau, au foie, à la rate, aux reins. Les poumons sont conges- tionnés. En somme, dans cette expérience, il s’agit d’une lapine thyroïdecto- misée en état de gestation qui avorte au cours d'un état comateux. Remarquons la longueur tout à fait exceptionnelle du travail (environ trois jours), et la crise d’hypothermie. Ces accidents ont suivi une marche aiguë ; l'animal, en effet, comme d’ailleurs le lapin adulte th yroï- dectomisé, ne se ressentait en rien de l'opération; il avait une nutrition normale, ainsi que le prouve le poids de 9 kil. 930 pris l’avant-veille de la mort, comparé à celui de 3 kil. 600 pris environ trois mois avant au _ moment de la thyroïdectomie. à On ne saurait attribuer ces accidents aigus à une autre cause qu’à la thyroïdectomie ; lhypothermie est certainement un des signes les meil- leurs pour entrainer la conviction. La présence d’une très faible quan- tité d’albumine dans l'urine (qui peut aussi être attribuée à l’insuffisance du procédé employé pour recueillir l'urine) ne nous fournit pas un apercu différent sur le diagnostic, d'autant plus que l’albuminurie peut se rencontrer chez les animaux thyroïdectomisés. En présence de ce cas, il est difficile de ne pas songer aux accidents aigus de la gestation, souvent rencontrés chez la femme et décrits sous 9% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le nom d’éclampsie. Si nous n'avons pas été témoins de mouvements convulsifs nets, qui nous aient permis de les signaler dans l'observation | et qui rendraient la comparaison encore plus saisissante, au moins pou- vons-nous penser à l’analogie de ce. que nous ayons vu avec le coma éclamptique et la forme comateuse de l’urémie sans albuminurie notable de la pathologie humaine. (Travail du laboratoire de la Clinique infantile de M. le professeur agrégé Haushalter.) UN CAS D'AUDITION ET DE REPRÉSENTATION COLORÉES RÉVERSIBLES par M. L. AzouLay. M®° À.., âgée aujourd'hui de quarante-deux ans, a présenté dans son enfance les phénomènes curieux que nous allons relater. Chaque fois qu'elle entendait prononcer, prononçait elle-même ou lisait le nombre trois, elle voyait aussitôt une bande rouge passer devant ses yeux. Les mêmes faits se reproduisaient el dans les mêmes conditions pour le nombre quatre, mais la couleur de la bande était bleue dans ce cas. J'ajouterai que la vue de la couleur rouge lui était fort désagréable tellement même qu'elle évilait de porter ses regards sur des objets. groupés au nombre de trois, qu'elle fuyait aussitôt les conversations ou les lectures où il s'agissait du nombre trois, ce nombre provoquant aus- sitôt l'apparition du rouge. Elle prenait, bien entendu, les mêmes pré- cautions pour ne pas prononcer ce nombre ou y penser. La couleur bleue produisait au contraire une impression très recher- chée. Pour éprouver le plaisir de voir du bleu à volonté, cette dame, alors enfant, répétait in petlo le nombre quatre très souvent dans la journée. Lorsqu'elle s'’amusait il ne lui serait jamais venu à l’idée, dit- elle de couper du papier ou de l’étoffe en trois, ce qui lui aurait été pénible et aurait provoqué l’apparilion du rouge. Elle les coupait toujours en quatre, d'où la vision agréable du bleu. Ces phénomènes d’audition et de représentation colorées limitées aux seuls nombres trois et quatre et aux couleurs bleu et rouge étaient réversibles. La vue des couleurs faisait immédiatement penser aux nombres correspondants ; mais cette réversion était moins intense que le phénomène direct, et ne s’accompagnait pas d'hallucination audi- Live. | Les faits précédents ont commencé à se produire vers cinq ans, sans cause connue ; ils ont cessé vers douze ans, à la suite, assure cette dame, 19 OC SÉANCE DU 9 JANVIER d'efforts pour se débarrasser de cette « obsession ridicule ». À seize ans, en effet, la couleur rouge était devenue agréable à son tour. Il est impossible actuellement de savoir si le point de départ en a été dans le nombre ou dans les couleurs. Les caractères psychologiques de cette dame sont les suivants : elle a été toujours extrêmement sensible aux couleurs et à leur harmonie; bien que musicienne, elle préfère de beaucoup les concerts de couleurs. Elle est d’un Ménnp rene parfaitement calme et d'un esprit logique, pondéré. Son père ainsi qu'une parlie de ses frères et sœurs avaient de grandes facilités pour les mathématiques. Ces détails permettent à la rigueur d'expliquer les phénomènes ci-dessus décrits. Il serait en effet raisonnable de penser que douée d’une grande sensibilité pour les couleurs, cette dame ne pouvait aimer, en raison de son tempéra- ment très calme, qu'une couleur considérée généralement comme paisible, déprimante même, c'est-à-dire le bleu. Son aversion pour le rouge, irritant, s'explique de même. Il serait encore loisible de croire que son esprit logique, pondéré, et sa parenté avec des mathématiciens, ont déterminé son affection pour quatre, nombre parfait, facilement divisible et l'un des premiers pour un enfant, et son horreur pour trois, nombre «illogique, asymétrique ». - . L'on pourrait concevoir enfin, qu'en raison d’une organisation cérébrale “particulière, ces affections et ces aversions intenses aient pu s'associer et pro- voquer les phénomènes d’audition et de représentation colorées avec leur réversibilité. Nous donnons celte interprétalion pour ce qu'elle vaut; nous croyons cependant que dans tous les cas semblables il sera fort utile de connaître les caractéristiques physiologiques de l'individu et de sa parenté. Mais peut-être une cause bien plus simple, comme nous l’a suggéré M. Nageotte, a-t-elle présidé à la genèse des phénomènes décrits plus haut, à la suite de la vue d’un trois et d’un quatre colorés respectivement en rouge et en bleu, sur un abécédaire ou quelque chose d'analogue. Cette dame, alors enfant, et très sensible à ces deux couleurs, aurait pu en être frappée. Une association d'idées intense se serait dès lors établie, et pendant longtemps l’un quelconque des deux nombres aurait évoqué la couleur correspondante et inversement. Interrogée sur ce point de facon indirecte, bien entendu, pour éviter toute fausse mémoire, cette dame a répondu n'avoir appris à lire qu’à sept ans passés, par conséquent bien après l'apparition des phénomènes, et être convaincue qu'il n'existait pas chez ses parents de pareils abécé- daires. : Vu l'éloignement des faits, ces affirmations n’excluent pas d’une manière absolue l'interprétation précédente. Les phénomènes relatés plus haut rentreraient alors dans l'immense caté- gorie des associations d'idées qui nées d’un concours de circonstances fortui- tement suriout pendant l'enfance chez des personnes (rès sensibles se repro- duisent ensuite avec l'intensité de la chose sentie, lors de la perception ou du souvenir de la sensation qui les a créées. 26 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE UN CAS D'URÉMIE GRAVE GUÉRIE PAR L'EXTRAIT DE REIN EN INJECTIONS SOUS-CUTANÉES, par M. CaAPITaAN. Au mois de juillet dernier, j'eus l’idée d’essayer l'extrait de rein com- mercial, la néphrine, en injections sous-cutanées dans un cas particu- lièrement grave d'urémie qui paraïssait même désespéré. Le résultat fut remarquable et absolument frappant. Cependant, en présence d’un cas unique, je ne me crus pas autorisé à le publier et j'attendis une autre observation. Mais en présence de la retentissante et remarquable communication du professeur Renaut, je crois pouvoir venir relater ce fait à titre purement et simplement de document à ajouter à ceux qui existent déjà sur l'emploi thérapeutique de l'extrait de rein dans les affections rénales, ou pour parler plus exactement, dans les faits de fer- meture biologiccpathologique du rein. Dans mon cas j'ai employé la voie sous-cutanée. Il s'agissait d’un vieux goutteux qui, brusquement, fit une grave en- docardite avec myocardite (double souffle aortique et mitral, intermit- tences, pouls petit, précipité). Rapidement, il survint des phénomènes d'asystolie, œdème pulmonaire, œdème des membres inférieurs, même un peu d’ascite. La dysurie augmenta rapidement et au bout de huit à dix jours à partir du début des accidents, tous les phénomènes s'étaient accentués; il y avait délire continuel, Cheyne-Stokes typique et crises 4 de dyspnée fort graves. Le malade ne rendait plus aue 300 grammes d’urines par vingt-quatre heures, ne contenant d'ailleurs qu'une faible quantilé d'albumine. Or, tous ces accidents avaient suivi leur marche progressive malgré une médication active : caféine, digitaline, ven- touses répétées et scarifiées au triangle de J.-Louis Petit, lavements abondants et même injections de sérum à 4 p. 1000 de NaCI et à la dose de 50 à 150 centimètres cubes, voire même de sérum caféiné à 50 centi- grammes pour 150 centimètres cubes. Enfin, douze jours environ après le début des accidents, une crise de dyspnée excessivement grave se produisit. Le malade était absolument mourant; je lui appliquai immédiatement une douzaine de ventouses multiplement scarifiées et lui pratiquai des injections d'huile camphrée et de caféine qui le ranimèrent. Peu après, je lui injectai le contenu d'un tube de 3 centimètres cubes environ d'une préparation commer- ciale de rein dénommée néphrine; quelques heures après, l'émission d'urine commençait à se faire plus abondante que les jours précédents et arrivait à 450 grammes environ dans les vingt-quatre heures. Le lendemain, seconde piqûre avec suppression de toute autre médi- cation. L'amélioration était sensible. Les urines durant les deux heures qui suivirent arrivèrent à 806 ou 900 grammes. Le jour suivant, même œ SÉANCE DU 9 JANVIER 927 médication, tous les phénomènes graves s'amendèrent et le taux de l'urine arriva à 1200 grammes. La même médication fut continuée et le taux de l'urine monta à 4500 grammes, tandis que s’amendaient succes- sivement tous les symptômes : d'abord le Cheyne Stokes et l’ædème, puis la congestion pulmonaire et les troubles cérébraux. La petite quan- tité d’albumine contenue dans les urines disparut. Les souffles cardia- ques diminuèrent notablement d'intensité, tandis que le pouls se rele- vait et perdait de son extrême fréquence. Tout rentra rapidement dans l'ordre et après une semaine environ, on cessa les injections d'extrait de rein. Les urines qui oscillaient autour de 15 à 1600 grammes diminuèrent alors un peu, tandis que le malade entrait réellement en convalescence. Quelques injections de caféine, spartéine (0 gr. 20 à 0 gr. 25 de la première et 0 gr. 05 de la seconde), maintinrent le cœur. Peu à peu le malade se remonta, il put se lever après quelques jours, et aujourd'hui, ayant repris ses affaires lout en s'astreignant à d’extrêmes précautions, il ne lui reste que des lésions orificielles bien compensées. D'ailleurs, il est prévenu et maintenant, au moindre trouble circula- toire un peu grave, je le soumettrai au traitement de M. Renaut : absor- tion de rein de porc en nature. - Encore une fois, il s’agit d’un simple fait clinique que j'ai cru pouvoir éonsigner en le réduisant à quelques points de repère, de facon qu'il soit enregistré et qu'il puisse susciter la publication de bien d’au- tres faits similaires confirmatifs des belles recherches du professeur Renaut. Il est évident que sa méthode : administration par la bouche de hautes doses de reins de porc crus, n’est pas applicable aux cas par- ticulièrement graves comme celui dont il vient d’être question ici. Le malade serait absolument hors d'état de mâcher et d'avaler même une bouchée de pulpe rénale. Par conséquent, l'administration par voie sous-cutanée d’un extrait de rein est tout à fait indiquée dans ces cas, On voit que son efficacité paraît être grande pour ouvrir le rein et par suite faire disparaitre les phénomènes de rétention urinaire, puis d’urémie, déterminés ainsi. SUR LES SÉCRÉTIONS CHIMIQUES DE LA GLANDE GÉNITALE MALE (A PROPOS D'UNE PRÉTENDUE GLANDE INTERSTITIELLE DU TESTICULE), par M. GUSTAVE LoIsEL. Il y à deux ans, les recherches que nous poursuivions depuis plu- sieurs années chez les Vertébrés supérieurs, nous permettaient d'avancer que le testicule embryonnaire était le siège d'une véritable fonction 28 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE glandulaire donnant lieu à une sécrétion chimique (1); cette fonction, que nous voyions persister dans le testicule en spermatogénèse, avait pour organes, disions-nous : les cellules interstitielles, les cellules ger- minatives, éléments souches des éléments séminaux et les cellules de Sertoli, dérivées des cellules germinatives. L'année dernière, nous apportions de nouveaux faits, montrant, en particulier, que cette fonction s’exagère aux époques précédant immé- diatement la spermatogénèse. Enfin, la même année (2), nous commen- cions l'étude de quelques-uns des produits élaborés : graisses, léci-. thines, poisons (toxalbumines et alcaloïdes), étude que nous poursuivons en ce moment. | Nos recherches, après avoir eu comme point de départ une étude complète de la spermatogénèse du moineau, avaient porté ensuite sur les espèces suivantes : oursin, chez les Invertébrés ; gecko, chez les Rep- tiles; foudi, combassou, serin, pigeon, colombe, colin de Californie, canard et poulet, chez les Oiseaux; chier, chat, chauve-souris, lapin, cobaye et rat, chez les Mammifères. Aujourd'hui, P. Ancel et P. Bouin, étudiant quelques types de Mammifères, viennent montrer, à leur tour, l'existence d’une fonction glandulaire du . testicule, se faisant pendant la première période du développement, prévé- dant de longtemps, comme nous l’avions dit, l'établissement de la spermato- génèse (3). Ces histologistes montrent également, par de nouveaux faits, l’indépen- dance qui existe entre les fonctions glandulaire et sexuelle, indépendance qui. avait déjà été démontrée chez les Mammifères, par Regaud et chez les Oiseaux, par nous-mêmes (4). Mais où Ancel et Bouin ne se rencontrent plus avec nous, c’est lorsqu'ils essayent de démontrer que cette fonction glandulaire du testicule a les cellules interstitielles pour seuls organes et que l’ensemble de ces cellules doit former un complexus distinct qui mérite le nom de glande interstitielle. Il est vrai d'ajouter qu’Ancel et Bouin ne citent pas, ni dans Jeurs notes, ni dans leur mémoire, aucun des résultats auxquels nous étions arrivé avant eux. Nous n'aurions peut-être pas relevé cette omission, si ces auteurs ne faisaient suivre leurs recherches d'une théorie générale qui ne peut s’accorder, non seulement avec nos propres recherches, mais encore avec les données depuis longtemps acquises de l’histologie et de la physio- (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 18 janvier, 19 et 26 juillet 1902. (2) Comptes rendus de l’Association des anatomistes, N° congrès. Liége, 1903, p. 204 et 222. Comples rendus de la Société de Biologie, 27 juin, 18 juillet et 14 novembre 1903. (3) Comptes rendus de la Société de Biologie, 10 novembre et 19 décembre 1903. Archives de zoologie expérimentale, 1903, n° 4. (4) Nous avons montré en plus que la fonction sexuelle semblait dépendre, au contraire, de la fonction glandulaire, puisque nous la voyons toujours se produire après une exagération très accentuée des sécrétions chimiques du testicule, et cela chez les Mammifères aussi bien que chez les Oiseaux. SÉANCE DU 9 JANVIER 29 logie comparées. Voici cette théorie : La glande interstitielle seule tient sous la dépendance de ses sécrétions, l’ardeur génitale et les caractères sexuels secondaires (1). Or, comme nous allons le montrer, la distinction d’une pareille glande ne peut se soutenir, ni au point de vue morphologique, ni au point de vue histo-chimique, ni au point de vue physiologique. 1° D’abord, au point de vue morphologique, on ne peut considérer les cel- lules interstitielles comme originairement distinctes des cellules séminales souches. Encore au mois d'avril dernier, nous avons montré, à la Réunion des Anatomistes, avec préparations à l'appui, que si la glande génitale commence bien en effet, par deux ébauches distinctes : l’une péritonéale, l’autre mésen- chymateuse sous-jacente à la première, ces deux ébauches finissent par se confondre en une seule masse cellulaire, dans laquelle il est impossible de reconnaitre les éléments mésenchymateux des éléments épithéliaux. Les caractères distinctifs que donnent Ancel et Bouin : grosseur et division du protoplasma en ecto et endoplasme, se retrouvent nettement, chez les Oiseaux, dans les éléments de l’une et l’autre ébauche, avant que ces ébauches ne soient confondues. Il est probable que ces auteurs n’ont étudié qu'un trop petit nombre de stades de la vie embryonnaire du porc, le seul animal qu'ils aient considéré ici. Ensuite, dans le testicule des oiseaux adultes, les cellules interstitielles ont absolument la même grosseur, la même forme, le même aspect, la même -colorabilité que les cellules germinatives souches des éléments séminaux. -2° Au point de vue histo-chimique, tous les produits de sécrétion figurés que l’on a décrits, dans les cellules interstitielles : graisse neutre, lécithine, cristalloïdes, etc., se retrouvent dans les éléments cellulaires placés à la base de l’épithélium séminal : cellules germinatives et leurs dérivés, cellules de Sertoli (2). Il n’est donc pas possible de parler de fonctionnement glandulaire dans les cellules interstitielles, si l’on ne tient compte des élaborations semblables que l’on observe dans les éléments basaux de l’épithélium séminifère. Dans certains types même, tels que le moineau et le foudi, les éléments interstitiels du testicule fonctionnel, alors très peu nombreux, n’ont aucun caractère glandulaire ; ce sont les celllules germinatives et les cellules de Sertoli qui, seules, élaborent des produits chimiques. Cela seul irait contre celte théorie, toute gratuite du reste, qui veut voir, dans ces derniers pro- duits, des substances émigrées provenant des cellules interstitielles. Autre fait, que nous étudions en ce moment : le testicule des jeunes poulets se charge partout de mélanine; or les cellules interstitielles se comportent (1) Nous ne liendrons pas compte ici d'un travail de Richon et Jeandelize qui arrive aux mêmes conclusions, parce que ces auteurs confondent les caractères sexuels secondaires avec les organes génilaux externes. Ces conclusions sont cependant acceptées, telles, par Ancel et Bouin (Comptes rendus de la Societé de Biologie, 1903, p. 1688). (2) Le cycle sécrétoire dont parlent Ancel et Bouin, se retrouve dans les cellules de Sertoli dont le noyau, en particulier, présente le polymorphisme et la mobilité des noyaux de cellules glandulaires ordinaires. 30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ici comme les cellules germinatives; elles n’ont pas de pigment ou présen- tent seulement des lipochromes. 3° Au point de vue physiologique, enfin on ne peut admettre que Îles cellules interstitielles seules tiennent sous leur dépendance : l’ardeur géni- tale et le déterminisme des caractères sexuels secondaires : a) D'abord parce que, comme le rappelait tout à l'heure M. Giard, ces élé- ments n'existent pas chez un grand nombre d'animaux, chez Les Insectes par exemple, où l’ardeur génitale et les caractères sexuels secondaires se montrent pourtant dans toute leur plénitude; b) Ensuite parce que, au contraire, ces éléments existent chez des types, tels que les cobaye, lapin et chien (étudiés précisément par Ancel et Bouin), chez lesquels il n'apparaît jamais de véritables caractères sexuels secondaires. Quant à l'expérience de ligature du canal déférent qu’Ancel et Bouin ont faite dernièrement (1), elle n’est pas démonstrative, car elle ne tient pas compte d'expériences semblables, mais plus complètes, faites il y a quinze ans, par Brissaud qui a montré ici l'influence directrice de l'excitation géné- sique. Anceel et Bouin devaient se demander, en effet, si ce qu'ils décrivent comme une hypertrophie compensatrice des cellules interstitielles, ne serait point dû à l'excitation continuelle d’une glande à canal excréteur fermé. Ils auraient pu également se servir d'expériences datant de trois ans, où nous avons montré une suractivité sécréloire des cellules interstitielles se produisant chez le chien à la suite de néphrectomie ou de jeune prolongé (2); là, certainement, il n’y avait pas à parler d'hypertrophie compensatrice, dans le sens d'Ancel et Bouin, puisque les deux testicules étaient restés en place. En résumé, l'intérêt du travail de ces auteurs, intérêt qui est réel, réside dans les faits qui viennent confirmer à nouveau l'existence d’une * fonction glandulaire que nous avions reconnue dans le testicule fœtal et impubère et que nous avons montrée se continuant chez le testicule adulte. Quant à vouloir faire résider cette fonction exclusivement dans les cellules interstitielles, c’est une idée qui est combattue par tous les faits de morphologie et de physiologie comparées; cette fonction, con- sidérée dans l’ensemble du règne animal, a pour organes, et cela sui- vant les types : les cellules germinatives, souche des éléments sémi- naux, les cellules de Sertoli, dérivées des. cellules germinatives, et les éléments interstitiels. NOTE SUR LA TOPOGRAPHIE, LA FORME ET LA SIGNIFICATION DE LA BANDELETTE EXTERNE DE PIERRET, par M. J. NAGEOTTE. Il existe encore peu de figures représentant les lésions du {abes inci- piens pur aux différents étages de la moelle; aussi ai-je cru devoir (1) Comptes rendus de l’Académie des sciences, 28 décembre 1903. (21 Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, 27 juillet 1901. SÉANCE DU 9 JANVIER 31 donner iei les dessins demi-schématiques.faits à la chambre claire, de la moelle d'une paraly- tique genérale amauro- tique morte dans le ser- vice de M. Babinski (1). La zone scléreuse, étendue à toute la hau- teur de la moelle, ré- pond de tous points à la bandelette externe telle que Pierret l’a décrite, et à la zone radiculaire _ moyenne de Flechsig. Elle envoie un tractus vers la zone d'entrée des L racines, mais elle ne touche en aucun point la corne postérieure, et ne -se rapproche pas de la ligne médiane en remon- tant,comme le ferait une simple dégénérescence radiculaire. C’est donc à tort que la bandelette externe est actuellement considérée par quelques auteurs comme consli- tuant une certaine étape sur le trajet d’une sclé- rose radiculaire oblique- ment ascendante. La seule topographie de la bandelette externe suffit à prouver qu'elle ne contient pas de fibres radiculaires longues (in- tégrité du cordon de (1) Des photographies de cette moelle paraîtront prochainement dans l’Ico- nographie de la Salpétrière. 124 CA) XX À 32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Goll). I1 est infiniment vraisemblable que celles-ci passent par les champs postéro-externes (zone radiculaire postérieure médiale de Flechsig) et les plus inférieures d’entre elles par le centre ovale de Flechsig. Cette hypothèse a élé déjà faite, puis rejetée par Flechsig lui- même. Je crois pourtant qu'elle répond à la réalité des faits, car j'ai pu me convaincre, par l'examen de douze moelles tabétiques, qu'il existe un rapport rigoureux entre l'intensité de la sclérose des champs postéro- externes et celle des cordons de Goll. Ces deux régions ont d’ailleurs, suivant Flechsig, un développement sensiblement synchrone. Le volume de la bandelette varie, suivant les niveaux, proportion- nellement au volume des racines afférentes. Triangulaire aux renflements, la bandelette est presque linéaire dans la région dorsale. Sa forme dans la région de transition dorso-lombaire doit être remarquée ; là elle dessine une figure compliquée que l’on peut comparer à un double M (XI D à II L); cette disposition, que j'ai quelques raisons de croire constante, n a pas passé complètement inaperçue, mais n'a pas été déerile jusqu'ici d’une manière satisfaisante. En dehors de la bandelelte externe les fibres suivantes ont disparu : 1° le réticulum des colonnes de Clarke: 2 les collatérales réflexes; 3° les faisceaux radiculaires verticaux de la corne postérieure, dont la lésions, déjà remarquée par Flechsig, n'apparaît que par comparaison avec une moelle normale. Ces deux dernières lésions sont représentées schématiquement à droite seulement dans les figures ci-contre. Toutes ces lésions paraissent appartenir à un type très spécial de tabes que l’on est convenu d'appeler tabes incipiens. Cette expression anatomique demande une définition précise, car elle a le lort de pré- senter par elle-même une signification littérale autre que celle qui doit lui être attribuée a posteriori. Nous savons que le tabes est une affec- f” tion radiculaire (Nulpian, Leyden) ; nous savons de plus que, dans sa. première phase, c’est une affection systémalique, c'est-à-dire qu'elle attaque électivement certains systèmes élémentaires (KFlechsig) de fibres radiculaires, en respectant les autres; cette notion résulle des travaux de Pierret, le premier en date, de Westphal, et surtout de Flechsig, qui a montré la concordance entre les limites du tabes incipiens et les « lignes de démarcation fœtales ». Dans le tabes incipiens pur ces deux caractères, radiculaire et systématique, sont nets. Dans les phases ultérieures la sclérose perd son caractère systématique, pour devenir totalement radiculaire ; de plus elle atteint certaines fibres endogènes, mais c’est là un caractère relativement peu important. Le tabes inci- piens est donc essentiellement un tabes qui est encore systématique. Un labes incipiens peut être ancien, intense, généralisé à toutes les racines, et réciproquement la lésion peut avoir déjà dépassé la première phase anatomique dans un tabes récent, peu intense et pauciradicu- laire. Peut-être même, dans certains cas, la lésion frappe-t-elle presque SÉANCE DU 9 JANVIER 33 simultanément tous les systèmes radiculaires. Enfin un tabes peut être systématique, ou incipiens, au niveau de certaines racines, et ne plus l'être au niveau de certaines aulres racines, d’où il résulte une compli- cation dans les apparences présentées et une cause d’erreurs d'’inter- prétation. Quelques-uns des cas publiés comme tabes incipiens purs offrent des lésions disséminées qui appartiennent en réalité au début d’une phase anatomique ultérieure. (Travail du service et laboratoire de M. le D' Babinski et du laboratoire d'histologie de l'Ecole des Hautes-E'tudes, au Collège de France.) Tuges DE METTE D'ALBUMINE ET DE GÉLATINE GRADUÉS ET STÉRILES, par M. G. MALFITANO. L'emploi de tubes de Mette contenant de l'albumine d'œuf coagulée fournit généralement de bons résultats quand on veut apprécier l’acti- vité protéolytique du sue gastrique, liquide imputrescible et d'ordinaire assez actif: mais il est malaisé et souvent impossible, lorsque il s’agit de diastases moins actives et dont les solutions se putréfient facile- ment. Afin d'agir sur une matière, qui soit attaquée plus aisément, on rem- place souvent l’albumine par la gélatine à 10 ou à 20 p. 100, et on opère alors à des températures qui ne dépassent pas 20 à 25 degrés. Mais que l’on agisse sur la gélatine ou sur l’albumine il est toujours nécessaire d'ajouter des antiseptiques, qui ne sont pas sans exercer une influence sur les résultats. Il peut être utile, d'autre part, de suivre d'une manière continue la marche d’une digestion sans l’interrompre : j'ai observé, en effet, que les quantités de matière dissoute dans des temps successifs ne sont pas proportionnelles à la durée de l’action. C’est ainsi que de deux diastases inégalement actives au début de l’action, celle qui se montre d'abord la moins active peut dans la suite digérer une longueur plus grande de gélatine ou d’albumine que celle qui s'était au commen- cement montrée la plus active. Le dispositif, que j'ai adopté permet d'opérer aseptiquement, et de suivre la marche de la digestion sans l’interrompre. Il faut naturelle- ment opérer avec des liquides stériles, soit qu’on les prépare à l'abri des microbes, soit qu'on les filtre à la bougie Berkefeld. Je me sers de tubes calibrés de 2 millimètres de diamètre intérieur et de 20 centimètres de longueur, qui portent une graduation en milli- Biococir. ComprEs RENDUS. — 1904. T. LVI. 3 34 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mètres dans leur quart inférieur (4). Voici comment on peut les remplir ‘avec de la gélatine et de l’albumine, de manière qu'ils soient stériles. « Tubes de gélatine. On bouche avec de l’ouate le tube à son extrémité supérieure. On l'assujettit dans un tube à essai ordinaire ayec un bouchon d’ouate, l'extrémité supérieure en dehors. On les stérilise au four à flamber. On prépare d'autre part une solution de gélatine à 20 p. 100 exactement neutralisée au tournesol, à laquelle on ajoute un petit grain de bleu de méthylène pour: qu’elle soit mieux visible. Cette gélatine distri- buée dans des tubes à essai bouchés avec l’ouate est stérilisée à 105 degrés à l'autoclave. Au moment de s’en servir on la fait fondre. Pour remplir le tube gradué on ajuste à son extrémité libre un tuyau de caoutchouc portant une pince de Mohr, on le retire avec le bouchon du tube à essai; avec les précautions d’asepsie on le plonge dans la gélatine liquide en aspirant par le caout- chouc, et on serre la pince quand la quantité voulue de gélatine y est entrée. On le retire alors pour le remettre dans son tube stérile et vide. La gélatine ne tarde pas à se solidifier, mais avant il faut prendre une précaution afin d'éviter la formation d'un ménisque concave à l'extrémité inférieure du {cylindre de géla- tine : il suffit d’enfoncer le petit tube jusqu'à le faire adhérer au fond de l’éprouvette, et de laisser couler en ouvrant légère- ment la pince une petite quantité de liquide. Quand la gélatine s’est solidifiée et que l'on doit mettre en train la digestion, on enlève le caoutchouc, on fait exécuter aw petit tube un mouvement tournant en le pressant légèrement contre le fond de l’éprouvette : on détache ainsi l'excès de géla= tine; s'il en reste encore un peu à l'extrémité du tube gradué, on s’en débarrasse en le frottant contre les parois de léproû- vette. Enfin on retire le tube avec le bouchon pour le placer daus une éprouvette pareille contenant le liquide diastasifère. + Tubes d'albumine. Pour remplir les tubes gradués d’albumine d'œuf ou mieux de sérum-albumine plus facilement altaquable, on introduit un certain nombre de ceux-ci, l'extrémité graduée en bas, dans une éprouvette suffisament large et d'au moins 25 centimètres de hauteur. On verse le sérum ou l’albumine d'œuf, de sorte que les tubes en soient remplis dans toute la longueur gra- duée. On ferme l’éprouvette avec un bouchon à un trou, par où l’on fait le vide afin d'enlever les gaz dissous. Cette opération ne réussit pas toujours aisément, il faut quelquefois la prolonger un très long temps et employer de l’'albumine et du sérum bien frais. Ensuite l’on fait rentrer l'air et lon chauffe l'éprouvette dans un bain-marie, que l’on fait monter lentement jusqu'à 80 degrés. On laisse une demi-heure à cette température et quand l'albumine est bien coagulée dans toute sa masse on retire les petits tubes, on les nettoye exlérieurement, on bouche leur extrémité libre avec de — FREE BRIE ñ FEREGE HSE À ARBRE (1) Ges tubes ont été construits par M. Ruelle, 8, rue de Pontoise. SÉANCE DU 9 JANVIER 3 l’ouate, et avec un bouchon on les assujettit dans des éprouvetles contenant de l’eau physiologique, qui en mouille l'extrémité. Ainsi préparés les tubes sont stérilisés à 105 degrés. Comme l'on voit dans la figure, ce dispositif permet d’opérer à l'abri des microbes, et rend possible de lire à tout moment sur la graduation les quantités d’albuminoïdes attaquées par les diastases. (Laboratoire de microbie agricole et de physiologie à l'Institut Pasteur.) SUR LE RÔLE KINASIQUE DES MICROBES NORMAUX DE L'INTESTIN, PARTICULIÈREMENT CHEZ L'ENFANT, par M. Maurice BRréToN. Delezenne (1) a montré que certaines espèces microbiennes sécrètent des ferments solubles ayant des propriétés analogues à celle de l’enté- rokinase. Ces ferments, variables en quantité et en qualité, confèrent un pouvoir protéolytique au suc pancréatique primitivement inactif. Je -me suis proposé de rechercher si les microbes que l’on rencontre le plus souvent dans l'intestin, et plus particulièrement chez le jeune enfant, Jouent un rôle important à ce point de vue spécial. J'ai éprouvé d’abord le pouvoir digestif d'un certain nombre de microbes intestinaux vis-à-vis de l’albumine coagulée. Des cultures en eau peplonée, vieilles de trois à quatre jours, sont fillrées sur bougie Berkefeld, et le filtrat est additionné d’une petite quantité de suc pancréatique de chien recueilli par fistule temporaire au laboratoire de M. Wertheimer.. Quelques gouttes d'essence d’eucalyptus empêchent le développement des microbes accidentellement présents. D'autre part, J'ai ensemencé avec chacun des microbes choisis des milieux stérilisés, contenant des cubes d’albumine et un peu de sue pancréatique recueilli avec les précautions usuelles. Dans tous les cas, la digestion est lente. Elle dure, à l'étuve à 37 degrés, de un à trois jours au moins; rarement elle est aussi complète que si l'on emploie de l’entérokinase pour acti- ver le suc pancréatique. J'ai pu classer les espèces que j'ai ainsi étudiées dans l’ordre suivant, d'après leur pouvoir kinasique : Bacillus lactis aerogenes (Grimbert), microbe peptonisant de Flügge (n° 7), coli-bacille, typhique, mesentericus, vibrions de Deneke et de Finkler. Les trois premiers mierobes agissent . rapidement entre dix-huit et trente heures. Déjà, avec le typhique, la digestion atteint ou dépasse même deux jours; avec le mesentericus, elle (1) Soc. de Biologie, 19 juillet 1903. 36 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE est faible: elle est nulle où à peu près avec les vibrions de Deneke et de Finkler. Dans tous les cas, il y a un retard très accusé, plusieurs heures, lorsque l’on ajoute au milieu en expérience quelques gouttes de bile. Il paraît donc certain que la flore microbienne intestinale n'est pas indifférente à la rapidité de la digestion. Cependant Delezenne a remarqué que les régions intestinales les plus riches en microbes sont justement celles où les sucs entériques sont le moins actifs, et d'autre part on sait que l'intestin des fœtus humains et animaux contient de la kinase, bien que son contenu soit complètement stérile. En 1895, Nuttall et Thierfelder(1) ont réussi à faire vivre quelques jours des jeunes cobayes extraits aseptiquement de l’utérus maternel, nourris à l’aide d'aliments stérilisés, dans un milieu d’où les germes étaient exclus. Bien que l'expérience n'ait été poursuivie que pendant huit jours, ils en ont conclu que l'organisme suffisait à sa tâche et que les bactéries n'étaient pas indispensables dans l'acte de l'assimilation et de la digestion. Envisageant ce point de vue particulièrement important, j'ai étudié l'activité kinasique des ferments sécrétés par le Bacterium coli vis-à-vis de la digestion tryptique de l'enfant. Chez un enfant, mort à la fin du premier mois de l’existence, on enlève le pancréas ef la portion duodéno-jéjunale de l'intestin grêle. Les deux lots sont mis à macérer dans cinq fois leur poids d'eau chloroformée. On précipite par l'alcool, on dessèche et on recueille le produit obtenu qu'on redissout dans vingt fois son volume d'eau distillée stérilisée. À 4 tubes, À, B, C, D, contenant un filtrat de cnlture de coli-bacille, on ajoute : Eu A, 1/2 centimètre cube de macération de pancréas; En B, 1/2 centimètre cube de macération de pancréas et 1/2 centimètre cube de macération intestinale; ù En CG, aucune macération; En D, 1/2 centimètre cube de macération intestinale. On fait les mêmes dilutions dans # tubes d'eau peptonée, témoins, sans addition de filtrat de coli-bacille. Les cubes d’albumine sont ajoutés, puis quelques gouttes de toluol. La digestion est complète à l’étuve à 37 degrés, après vingt-huit heures, dans le tube B. Il y a toujours un retard de plusieurs heures dans le tube B témoin. En A, la digestion est à son début, mais ne s'achève pas. Elle est nulle en C et D, qu'il s'agisse de tubes témoins ou non. Quelquefois la différence est moins accusée; mais alors la digestion reste très incomplète; et certains sucs pancréatiques recueillis dans les conditions que j'ai indiquées semblent peu actifs. Mais, il m'a paru très évident que le Bacterium coli, hôte normal de notre intestin, à tous les âges de la vie, exerce une aclion adjuvante sur (1) Zeilschr. f. physiol. Chemie, t. XXI, p. 109, 1895. # SÉANCE DU 9 JANVIER 931 la digestion tryptique, et que cette action est prédominante dans le très jeune âge, alors que les sucs normaux ne possèdent encore qu’une faible activité. (Travail de l'Institut Pasteur de Lille.) SUR LA RÉACTION DE L'URINE DE VACHE, par M. CH. POoRCuER. Dans une note préliminaire présentée tout dernièrement (1) à la Société de Biologie, MM. Gouin et Andouard avancent que, « contraire- ment à l'opinion répandue, l'urine des bovidés n’est pas alcaline ». Cette assertion est faite pour étonner ceux qui s'occupent d’une facon assez suivie d'urologie chez nos animaux domestiques. Depuis plusieurs années je manipule des urines de vaches saines à des points de vue différents (grossesse, allaitement, indican...) et, chaque fois qu'il m'a été donné de le constater, bien que mes recherches ne se portassent pas de ce côté, j'ai trouvé dans la presque totalité des cas l'urine de ces animaux alcaline au tournesol. Il s'agissait alors d’urines recueillies par sondage -de la vessie et, soit apportée sur-le-champ au laboratoire, soit (pour celles qui venaient de loin) addilionnées immédiatement de chloro- forme et expédiées en grande vitesse. Tenant à contrôler l'opinion de MM. Gouin et Andouard tout en lais- sant de côté des observalions antérieures, faites à tout autre point de vue, j'ai pu, grâce à l’obligeance de M. le professeur Mathis, mon collègue de pathologie bovine, me procurer des urines de vaches saines apparte- nant à son service. Il s'agissait : 1° d'une vache qui avait accouché normalement plu- sieurs jours auparavant (A); 2 d’une vache pleine qui a accouché dix- sept jours après (B) ; 3° d’une génisse entrée dans le service pour l’extir:- pation de verrues siégeant à la tête, aux oreilles et ne retentissant en rien sur l’état général, par ailleurs excellent. Ces trois animaux étaient nourris à la luzerne et au barbottage de son. L'urine fut retirée de la vessie par sondage, le matin; la sonde avait été stérilisée dans l’eau à l’ébullilion prolongée, et pour faciliter son introduction on se servit d'huile de vaseline qui est parfaitement neutre, comme on le sait. Les réactifs colorants utilisés furent : 1° une teinture de tournesol fraiche- ment préparée el très bien sensibilisée ; 2 la phtaléine du phénol; 3° l’hélianthine; 4° la teinture de campêche ; 5° la teinture de coche- nille. (1) « De la réaction de l'urine des bovidés », Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 19 décembre 1903. : 38 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Voici les résultats obtenus : Urine A. — 1° Alcaline au tournesol. (Bleuit énergiquement.) 20 Alcaline à la phtaléine. (Une solution alcoolique de phtaléine versée avec précaution à la surface de l’urine prend immédiatement une coloration rose.) 3° Alcaline à l'hélianthine. (Orange, poivrier.) (L'urine jaunit l’hélianthine rougie par les acides.) 4° Alcaline avec le campêche. (Teinte violette nette.) 5° Alcaline avec la cochenille. (Teinte violette franche.) Urine B. — Observations identiques. Urine C. Première urine. — Réaction amphotère au tournesol (Bleuit fai- blement le tournesol rouge et rend à peine violacé le bleu.) Réaction nulle avec la phtaléine. Alcaline à l'hélianthine. Réaction nulle avec le campêche. Alcaline avec la cochenille. (Teinte rose violacée.) Deuxième urine. — Comme en A et en B. En résumé, sur quatre urines examinées, prises au hasard, sur des: animaux sains, trois d’entre elles sont absolument alcalines aux divers réactifs ; et si la quatrième ne l’est qu'avec certains d’entre eux, elle n'aceuse tout au moins pas de réaction acide avec les autres(1). Nous nous croyons donc permis d'avancer que MM. Goin et Andouard sont réellement trop affirmatifs dans leur assertion qu’il eût d’ailleurs été bon de voir compléter par quelques renseignements sur le nombre d'animaux examinés, la nourriture et la nature des réactifs utilisés pour apprécier la réaction de leur urine. (Laboratoire de chimie de l'Ecole vétérinaire de Lyon.) AÉROSCOPE BACTÉRIOLOGIQUE S’ADAPTANT AUX DIFFÉRENTS TUBES DE CULTURE, par H. Crisriant (de Genève). Au cours de nombreuses recherches bactériologiques de l'air, j'ai eu l’occasion d'étudier comparativement les différentes méthodes et les divers appareils préconisés dans ce but, et l'expérience m'a démontré qu'il fallait donner la préférence à l’aéroscope de Strauss et Wurtz. Je reproche cependant à cet instrument deux inconvénients : d'abord, que malgré toutes les précautions conseillées par les auteurs on n'arrive guère à empêcher complètement la formation de la mousse, si désa- gréable, et ensuite, que cel appareil exige le chauffage de la gélatine pour la maintenir à l’état de fusion pendant le barbottage; ce détail, peu important lorsqu'il s’agit d'analyses en chambre, le devient davan- tage lorsqu'il s'agit de recherches en plein air, en des endroits très éloignés des laboratoires. (4) La réaction amphotère ne peut être comprise comme telle. SÉANCE DU 9 JANVIER 39 Déjà il y a douze ans, lorsque j'ai fait des recherches bactériologiques sur l'air des hautes couches de l’atmosphère en ballon (4), j'avais dû improviser une forme d’aéroscope qui élait un intermédiaire entre ceux de Miquel et de Strauss et Wurtz, mais la forme adoptée à ce moment se montra défectueuse par la suite, et depuis quelques années j'emploie un appareil qui, par sa simplicité, sa commodité et son exactitude, me parait plus indiqué que ses similaires pour ce genre de recherches. Comme récipient j'utilise les tubes de culture et l'appareil est tout concen- tré dans le bouchon. Un bouchon conique de caoutchouc est perforé de deux trous, comme dans l’ancien aéroscope de Hueppe ; dans ces trous entrent deux tubes de verre, un long, descendant jusqu’à 5 centimètres du fond du tube et pouvant être enfoncé davantage, un autre court, dépassant à peine la surface inférieure du bouchon. La partie externe de ce dernier tube est recourbée en dehors de l’extrémité libre du tube long et recouverte d’un capuchon rodé. Les tubes sont en verre fort, avec uue lumière de 2 millimètres. La conicité des bouchons (16 milli- mètres à la partie inférieure, 20 millimètres à la partie supérieure) permet de les appliquer à des éprouvettes de diamètre différent : le capuchon rodé dis- pense du flambage au moment de la mise en œuvre. Pour procéder à un puisage d’air, on prépare des tubes stérilisés contenant 5 centimètres cubes de bouillon-gélatine qui, au lieu d’être au titre 8-10 p.100, “rest gélatinisé au 15-20 p. 100 selon la saison. On ajoute au moment de l'emploi 5 centimètres cubes d’eau stérilisée (ou de bouillon) et on applique, au lieu du bouchon d'ouate, le bouchon de caoutchouc avec ses tubes qui ont été préalablement stérilisés à l’autoclave. Il n’est pas nécessaire que cette der- nière stérilisation soit faite au moment : l'appareil, placé comme bouchon sur une éprouvette vide et enveloppé de papier, est stérilisé ainsi et conservé comme la verrerie ordinaire. Pendant l'aspiration, même si la force aspira- trice est assez intense, on n'observe pas de production de mousse lorsque le barbottage se fait dans l’eau; les quelques bulles qui peuvent se former dis- paraissent d’ailleurs dès que l'aspiration cesse. Une fois le barbottage fini, on lave le tube conducteur. Ce lavage est très important, comme nous allons le voir. Pour obtenir un lavage complet et dépourvu de danger, d'accident (il faut que le liquide monte jusqu’au bord du tube, mais ne le dépasse pas), je couvre le tube avec son capuchon qui est perméable à sa partie supérieure et protégé par du coton, et applique à son extrémité libre une téterelle. En com- primant cette téterelle, je vide le tube de l’air qui y est contenu et, en décom- primant doucement, l’eau monte et on peut en régler l’ascension avec une grande exactitude : dès qu’il y a danger de débordement, on soulève la téte- relle qui n’est qu'appliquée au capuchon et, toute aspiration cessant, le liquide redescend rapidement. On renouvelle trois ou quatre fois ce lavage, ce qui, comme l'expérience nous l’a démontré, est suffisant, et on enlève le bouchon de caoutchouc qu’on remplace par un bouchon d’ouate. On place le tube dans de (1) H. Cristiani. Recherches bactériologiques sur l'air des hauteurs puisé pendant un voyage en ballon. Annales de l'Institut Pasteur, 1893. 40 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’eau tiède pour faire fondre la gélatine et on mélange doucement; cette opé- ration se fait au laboratoire : on doit la faire aussi vite que possible, autre- ment il faudrait prendre les précautions employées dans les analyses bacté- riologiques des eaux. Lorsque l'aspiration est lente (1 litre en cinq ou dix minutes), et que la couche d’air à traverser par les bulles est haute (3 à 5 centimètres), l'air se débarrasse de tous ces germes : des expériences de contrôle nombreuses m'ont montré dans ce cas l’inu- tilité des tampons de sûreté placés dans le tube de sortie. Pour augmenter la hauteur de la couche d’eau j'emploie souvent les tubes à pommes de terre; l'é- tranglement inférieur sépare la gélatine de l'eau et allonge la hauteur de la colonne d’eau. Lorsque les 5 centimètres de gélatine à 20 p. 100 mélangés avec une même quantité d’eau ou de bouil lon nous ont donné un bouillon-gélatine normal, on peut les verser sur une plaque ou l’enrouler d’après Esmarch : nous avons complètement renoncé dans ces cas à l’enroulement, à cause des colonies li- quéfiantes qui gênent ou rendent impossible la lec- ture. On aurait pu craindre avec cel appareil soit une occlusion insuffisante du tube par le bouchon, soit une contamination pendant les préparatifs : de nom- breux essais de contrôle nous ont montré l’inanité de ces craintes. Il nous est arrivé parfois d'observer une mauvaise marche de l’aspiration, lorsque les tam- ® pons du tube de sortie étaieut mouillés : il faudra donc toujours s'assurer de leur état. Pour montrer l'importance du lavage du: tube après l'opération, je choisis parmi les expériences de contrôle, deux ayant donné comme résultat chacune 10 colonies. Dans une expérience le tube avait été lavé quatre fois, dans l’autre il avait été enlevé avant le lavage et lavé dans un autre tube préparé comme le premier ; le tube N° 1, après lavage, avait aussi été lavé une autre fois dans une autre éprouvette. EXP EE VPlaque) 02. RENNES EURE ARMES Plaque de lavage du tube (déjà lavé). . . . 0 En ExPA TI EPP IaQqu'e EME CLLPRT EE MARRSAMNQN AE es EEE) — Plaque lavage du tube non {lavé précédem- ment) . HE LR MEN ES a en RARE = La proportion entre le nombre des colonies données par le barbotage et le lavage des tubes, sans être constante, se rapprochait cependant souvent des chiffres fournis par notre exemple : SÉANCE DU 9 JANVIER A1 Il me semble que ce petit appareil par sa simplicité, sa commodité et la facilité de son maniement pourra rendre quelques services aux per- sonnes appelées à pratiquer un grand nombre d'analyses bactériolo- giques de l'air. ABSORPTION DU VIRUS RABIQUE PAR LA MUQUEUSE PITUITAIRE, par M. P. REMLINGER. Bien que des expériences de Galtier et de Conte soient de nature à faire admettre l'absorption du virus rabique par certaines muqueuses saines, il est classique de dire que la contagion de la rage ne s’opère que moyennant une effraction cutanée ou muqueuse. Déjà en 1900, une première série de recherches nous avait montré que la pituitaire absorbe le virus rabique. Mais le manque de lapins nous ayant empêché d'assurer le diagnostic à l’aide des passages, et nos expériences ayant été reproduites sans succès à l'institut Pasteur par M. Viala, nous n'avions pas insisté, attendant dés circonstances plus favorables. Le 27 octobre 1903, on laisse tomber dans les fosses nasales de six jeunes lapins du poids de 800 à 900 grammes 10 gouttes d’une émulsion moyennement épaisse de virus rabique fixe. On évite jusqu’au contact ‘de la muqueuse et de l'extrémité du compte-gouttes. Le 3 novembre (7° jour), un premier lapin présente un commence- ment de paralysie du train postérieur. Paralysie classique le 4. Mort dans la nuit du # au 5. Le 5 novembre, on inocule un fragment du bulbe sous la dure-mère de deux lapins. Résultat positif. Le 6 novembre (10° jour), on remarque chez un deuxième lapin un amaigrissement considérable. Cet amaigrissement s'accentue encore le lendemain et le surlendemain, mais on n’observe aucune paralysie. Le 8, légère parésie des membres postérieurs. Mort dans la nuit du 8 au 9 (12° jour). Le bulbe sert à inoculer par trépanation 2 lapins. Ceux-ci succombent à une rage paralytique classique le 19 novembre (10° jour). Un 3° lapin montre un commencement de paralysie le 8 novembre (12° jour). Rage classique le 9. Mort le 10. Deux passages. Résultat po- sitif. Un 4° lapin est paralysé le 9 (13° jour) et meurt le 14 (45° jour). Deux passages. Résultat positif. Un 5° qui avait paru un peu malade le 12 et le 13 novembre, puis s'était rétabli, est trouvé mort dans sa cage le 15 novembre (19° jour). Deux passages. Résultat négatif. Un 6° lapin a survécu. En présence du chiffre élevé des atteintes (4 lapins sur 6, soit 66 p.100), nous nous sommes demandé si la pituitaire des lapins adultes n’offrirait pas à l'absorption du virus rabique une barrière plus solide que la mu- 49 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE queuse des jeunes animaux sur lesquels avait porté l'expérience précé- dente. Le 9 novembre, 6 gros lapins du poids moyen de 2 kilogrammes re- coivent dans les fosses nasales, en évitant avec grand soin le plus léger traumatisme de la muqueuse, de 15 à 20 gouttes d’une émulsion oies nement épaisse de virus fixe. Le 21 novembre (12° jour), l'un de ces animaux présente un commen- cement de rage paralytique. Il meurt le lendemain (13° jour). Deux pas- sages. Résultat posilif. Un 2° lapin est pris le 22 novembre (13° jour). Rage classique le 23.11 est sacrifié le 24, quelques heures avant sa mort naturelle (15° jour). Deux passages. Résultat positif. Un 3° lapin présente un commencement de rage paralytique le 26 no- vembre (17° jour). Paralysie classique le lendemain. Mort le 29 (20° jour). Deux passages. Résultat positif. Trois animaux ont survécu. La proportion des atteintes s’est montrée presque aussi forte que dans l’expérience précédente {3 lapins sur 6, soit 50 p. 100). La pituitaire saine est donc capable d’absorber le virus rabique et les expériences précédentes sont à répéter avec les autres muqueuses. Pour ce qui est de la conjonctive, Galtier et Conte ont eu un certain nombre de résultats positifs. Dans une première série de recherches, nous avions cru obtenir quelques succès. Mais une deuxième série d’expé- riences pratiquée à l'abri de toute cause d’erreur sur 6 jeunes lapins et sur 6 lapins adultes nous a donné par contre des résultats négatifs. (Institut impérial de Bactériologie, à Constantinople.) RAGE EXPÉRIMENTALE DE LA SOURIS ET DU RAT, par M. P. REMLINGER. Dans le courant de l’année 1901, trois Arabes mordus la nuit au nez et aux oreilles par un « animal inconnu », nous furent adressés de Beyrouth pour suivre le traitement antirabique. L'examen des lésions, comme aussi le récit des circonstances, nous firent supposer que l'animal mordeur était le rat. Nous procédèmes néanmoins aux inoeu- lations. Le « traitement de la face » fut appliqué. Ces personnes survécurent. La souris et le rat sont évidemment, comme tous les mammifères, ré- ceptifs à la rage. Toutefois, cet incident nous donna l'idée de faire quel- ques recherches sur leur degré de réceptivité. Bien qu'il eût été plus intéressant de faire porter les expériences sur la souris grise et le rat + SÉANCE DU 9 JANVIER 13 —————————————— 7% ——— ordinaire, celles-ci ne purent être faites que sur la souris et le rat blancs. Elles nous ont conduit aux résultats suivants : La souris blanche, iñoculée avec quelques gouttes de virus fixe à la fois sous la peau et dans les muscles pour se rapprocher des conditions d'une morsure, contracte la maladie environ une fois sur deux. Les premiers symptômes se manifestent en moyenne du douzième au trei- zième jour et la mort survient du quatorzième au quinzième. Si on fait des passages de souris à souris, la réceptivité s’accroît et presque tous les animaux inoculés finissent par succomber. La période d'incubation est réduite à neuf ou dix jours et la mort survient le onzième ou le dou- zième. La symptomatologie (tout au moins avec le virus fixe) est celle de la rage paralytique. Nous avons observé une seule fois une excitation passagère avec tendance à mordre. Une particularité intéressante et à peu près constante de la rage expérimentale de la sourisest l'apparition, la veille, des manifestations paralytiques d’une conjonctivite séreuse, puis purulente, bilatérale. Elle permet de prédire l’éclosion de la ma- ladie à brève échéance. Plus rarement, cette conjonctivite n'apparaît qu'avec la paralysie. Quoi qu'il en soit, l’animal n'ouvre les yeux qu'avec difficulté. Les paupières sont agglutinées par un exsudat abon- dant jaune pâle, puis jaune foncé. Au microscope, cet exsudat est con- stitué par de nombreuses cellules épithéliales polyédriques et de très rares leucocytes. Quelques tentatives pour reproduire la rage au moyen de ce liquide sont demeurées infructueuses. Le virus rabique fixe ne parait pas s’atténuer par les passages chez la souris. Trois lapins tré- panés avec le virus d’un dixième passage sont morts du dixième au douzième jour, c'est-à-dire dans les mêmes conditions que les lapins inoculés avec le virus normal. Le rat blanc et le rat tigré se comportent vis-à-vis du virus rabique comme la souris, mais on n’observe pas de conjonctivite. Inoculé sous la peau et dans les muscles de la cuisse avec 8-10 gouttes d’une émul- sion de virus rabique fixe, le rat a environ une chance sur deux de contracter la rage. La réceptivité parait augmenter si on fait usage d’un virus ayani passé quelquefois de rat à rat. Le rat et la souris doivent donc être considérés comme très réceptifs. Il n'est pas impossible d'autre part que, mordus par un chien ou un chat enragés, ils ne guérissent de leurs lésions. Le cas échéant, il parait donc indiqué de faire suivre le traitement pastorien aux personnes mordues dans des conditions où la rage ne peut pas être éliminée à coup sûr, par la survie de l'animal. (Anstilut impérial de Bactériologie, à Constantinople.) Lu LIBRARY Rs À Ar / 34 | nn): RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX SÉANCE DU 5 JANVIER 1904 SOMMAIRE CAvaLIÉ (M.) : Les chromoblastes tion à l'étude du digastrique. . . . . AT du tégument externe dorsal de Tor- Cove (M.) et CaAvaLIÉ : Néphrites PedortalyanTe see ENENEU Eee 46 | expérimentales (cantharidine, anti- CHAINE (J.) : Nouvelle contribu- D VID GTS NE PE IEEE 42 Présidence de M. Pitres, Président. NÉPHRITES EXPÉRIMENTALES (CANTHARIDINE, ANTIPYRINE), par M. M. Cove et M. CavaLié. Nous apportons les premiers résultats des recherches que nous poursuivons sur les néphrites expérimentales. k Nous avons injecté, chez le lapin, par la voie hypodermique, une solution soit de cantharidine, soit d'antipyrine. 40 Lapin, 1.500 grammes, injection de 6 milligrammes de cantharidine en deux fois à un quart d'heure de distance. L'animal est sacrifié au bout de deux heures et demie. 20 Lapin, 1.600 grammes, injection de 50 centigrammes d'antipyrine en deux fois à dix minutes de distance. L'animal est sacrifié au bout de deux heures et demie. Nous avons fixé des fragments du rein par le liquide de Tellyeniezky, par celui de Carnoy, par le formol ou par le sublimé. Coupes à 1/300. Colorations à l’'hématoxyline-érythrosine, à l’'hématoxyline-fuchsine acide, à l'hématoxyline au fer, à lasafranine-vert lumière. Résultats : nous ne nous occuperons, dans cette note, que des lésions produites dans la substance corticale. (2) RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 45 1° Coupes de rein provenant du lapin intoxiqué par la cantharidine. — On voit à un faible grossissement (oc. 3, obj. apochr. 16 Zeiss) des territoires inégalement colorés. Les points les plus colorés corres- pondent aux régions où les tubes paraissent pleins. Dans les points les moins colorés, les tubes présentent des cavilés plus ou moins élärgies. Les glomérules et les capillaires péritubulaires, ainsi que tous les vaisseaux, sont le siège d’une congestion intense. Il y a parfois mème de véritables hémorragies interstitielles. Des grossissements plus forts (oc. 6, obj. apochr. 4, et obj. imm. 1/16 Zeiss) permettent d'observer des lésions nombreuses et variées au niveau principalement des tubuli contorti. Tubuli contorti : tantôt la lumière centrale n'est pas apparente et les cellules sont gonflées, tuméfiées, à contours excessivement nets, polyédriques par pression réciproque. _Le noyau est généralement bien apparent, pourvu d'une granulation nucléolaire; le réseau nucléaire est peu distinct. Le protoplasma est bourré de grosses granulations colorées en rouge par l’érythrosine et la fuchsine acide, sauf par places où existent des vacuoles claires (vacuoles périnucléaires, vacuoles apicales). Les granu- lations sont sériées en bâtonnets, seulement dans le segment profond de la cellule, entre le noyau et la membrane basale. “Elles sont irrégulières en se dirigeant vers la partie centrale du tube. Tantôt la lumière centrale est très apparente; on y rencontre des ‘débris cellulaires et quelques produits spéciaux. Les cellules sont, les unes fortement déchiquetées, les autres en forme de cône, à sommet allongé dans la cavité centrale du tube. Les cellules en forme de cône présentent deux portions à considérer : l'une qui proémine dans la cavité du tube, l'autre qui est attenante à la membrane basale. La première est formée soit par une bulle de substance claire (globule hyalin), soit par une masse de protoplasma granuleux mal coloré, dans laquelle on rencontre un noyau peu coloré provenant de la fragmentation du noyau de la cellule. La seconde comprend un protoplasma avec de grosses granulations fortement colorées, et un noyau plus ou moins altéré. Les cellules fortement déchiquetées représentent les cellules en cône, dont la portion superficielle est tombée dans la lumière du tube, formant là des globules hyalins libres ou des débris cellulaires avec ou sans fragments nucléaires. Anses de Henle. — Les modifications sont de même nature que dans les tubuli contorti. . Capsules de Bowmann et qlomérules de Malpighi. — L'endothélium des capsules de Bowmann semble être en général peu modifié. 46 SÉANCE DU D JANVIER (3) Les glomérules sont congestionnés ; tantôt ils occupent toute la cavité de la capsule distendue :; tantôt il existe, entre ie glomérule et la capsule, un espace assez grand, contenant ou non un exsudat. Les capillaires du glomérule sont fortement dilatés; les noyaux sont plus ou moins bien colorés. 2° Coupes de rein provenant du lapin intoxiqué par l'antipyrine. — — Nous observons les mêmes modifications que dans l'intoxication par la cantharidine, sauf que nous n’avons pas trouvé d’exsudat capsulaire, et que les noyaux des cellules des tubuli contorti sont peu colorables. Conclusions. — 1° Dans l’intoxication suraiguë par la cantharidine ou par l'antipyrine, les différentes régions de la substance corticale du rein ne sont pas également touchées. 2° Il y a des points où il existe de la congestion glomérulaire et de la - congestion des capillaires péri-tubulaires, avec parfois hémorragie et diapédèse assez considérable. En ces mêmes points, les cellules épithé- liales des tubuli contorti présentent les signes de la tuméfaction avec dégénérescence granuleuse du protoplasma, et se compriment les unes les autres. | 3° En d'autres points, les modifications sont plus prononcées; il ya décapitation des cellules épithéliales des tubuli contorti, entrainant l'apparition dans la cavité de globules hyalins ou de débris cellulaires possédant ou non un fragment de noyau. Ce dernier phénomène serait à rapprocher de ce qui se passe dans les culs-de-sacs de la glande mammaire pendant la lactation, puisque là. aussi (mais c'est alors un phénomène physiologique normal) les cel- lules épithéliales sont le siège d’une décapitation ; une partie du proto- plasma et un noyau résultant de la division du noyau de la cellule tom- bent dans la lumière du tube et participent à la formation du lait. : (Travail du laboratoire d'anatomie pathologique de la Faculté de médecine de Bordeaux.) LES CHROMOBLASTES. DU TÉGUMENT EXTERNE DORSAL DE TORPEDO GALVANT par M. M. Cavarzié. Le tégument externe dorsal de Torpedo Galvani diffère du tégument ventral par sa coloration foncée, due à la présence de chromoblastes. On rencontre surtout les chromoblastes dans la partie superficielle du derme, tout contre la membrane basale de séparation de l’épiderme. Ils sont représentés par des éléments cellulaires pourvus de très longs pro- longements, courant généralement dans la partie superticielle du derme, parallèlement à la surface. (4) RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 47 Parfois, quelques prolongements franchissent la membrane basale et s'insinuent entre les cellules de l’épiderme. Le corps cellulaire du chromoblaste possède un noyau central; le protoplasma est hyalin autour du noyau; À la périphérie du corps cellulaire, le protoplasma renferme de grosses granulations de couleur marron foncé, sur lesquelles n'agissent pas les matières colorantes. Les prolongements sont uniformément de couleur marron foncé, comme s'ils représentaient des granulations fortement étirées. En examinant l’épiderme, il est aisé d'y rencontrer également des chromoblastes assez nombreux dont les prolongements enlacent les cel- lules de l’épiderme à la manière des terminaisons nerveuses intra-épi- dermiques. ï Parmi ces cellules épidermiques, il y en a un certain nombre qui jouent un rôle sécrétoire, les cellules caliciformes. Les cellules calici- formes sont, elles aussi, entourées par les prolongements des chromo- blastes, ce qui permettrait de penser que ces derniérs, par leurs mou- vements, peuvent jouer un rôle dans l’excrétion du mucus. Les chromoblastes sont généralement isolés dans l’épiderme, et leur corps cellulaire se rencontre dans la moitié profonde de cet épiderme, jamais dans la moitié superficielle. Leurs prolongements arrivent au contraire jusqu'aux cellules épidermiques de la surface. Le fait de trouver des chromoblastes à la fois dans le derme et dans l’épiderme offre un certain intérêt au sujet de l’origine de ces éléments. _ On admet généralement que les chromoblastes sont des cellules con- Jonclives modifiées. Dans ce cas, les chromoblastes intra-épidermiques seraient des éléments qui auraient émigré du derme dans l’épiderme. On pourrait admettre aussi que les chromoblastes sont des cellules épidermiques transformées et dont un certain nombre auraient émigré dans le derme. Ce qui viendrait à l'appui de la théorie émise par M. Ret- terer sur l’origine épithéliale des éléments conjonctifs (4). Le développement seul du tégument pourra fixer à ce sujet. Je me propose de l’étudier. (Travail du Laboratoire biologique maritime d'Arcachon.) NOUVELLE CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU DIGASTRIQUE, par M. J. CHAINE. J'ai précédemment montré que le muscle dépresseur de la mâchoire inférieure des Oiseaux, Reptiles et Batraciens ne donnait pas naissance, (1) Genèse et évolution de quelques néoplasies expérimentales, par Ed.Ret- terer. Journal d’'Anatomie et de Physiologie, Paris, novembre-décembre 1905, p. 663. 48 SÉANCE DU 5 JANVIER (5) par transformations successives, au ventre postérieur du digastrique, comme l'avaient pensé les auteurs; en effet, de mes recherches J'ai pu conclure que ce muscle diminue progressivement d'importance à mesure que le muscle digastrique se développe et qu’en définitive, chez les Mammifères, le dépresseur de la mâchoire inférieure n'exisle pas ou n’est plus représenté que par certaines formations rudimentaires (muscle mandibulo-auriculaire ou formation tendineuse). La formation tendineuse qui représente chez quelques Mammifères le muscle abaisseur de la mandibule des Vertébrés inférieurs s'étend du voisinage du trou auditif externe au bord postérieur de la mâchoire inférieure, dans le voisinage de l’apophyse angulaire; ses insertions, ses rapports, sa manière d’être générale sont semblables à ceux du muscle lui-même. Cette grande similitude qui existe entre ces deux formations est une des raisons qui m'ont servi à établir mes conclu- sions; mais je ne possédais pas encore une forme de passage indé- niable entre le tendon et le dépresseur (1); elle vient de m'être fournie par la disposition spéciale que j'ai pu observer chez l'Oryctérope du Cap. Chez cet Oryctérope, il existe une formation particulière qui va du pourtour du trou auditif au voisinage de l’apophyse angulaire et qui possède tous les caractères de la formation tendineuse à laquelle je fai- sais allusion ci-dessus ; mais elle en diffère en ce que, au lieu d'être entièrement fibreuse, elle est mi-musculaire, mi-fibreuse, les fibres musculaires étant surtout abondantes, vers l'extrémité inférieure, du côté interne. Il est important de rappeler qu'Humphry a décrit chez l’'Oryctérope, au lieu de la formation mi-musculaire, mi tendineuse que j'ai observée, un véritable muscle mandibulo-auriculaire dont les rap- ports et les insertions seraient les mêmes. Ce fait montre done que chez l'Oryctérope, nous avons affaire à un muscle en pleine régression puisque chez des sujets il est nettement constitué, tandis que chez d’autres il est remplacé par une formation tendineuse. (Travail du laboratoire d'Anatomie comparée et d’Embryogénie de la Faculté des Sciences de Bordeaux.) (1) Au contraire j'ai déjà décrit (Procès-verbaux de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux), une forme de passage des plus nettes, réalisée chez le Tatou peba (Dasypus peba, Desm.), entre les muscles dépres- seur de la mâchoire inférieure et mandibulo-auriculaire. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 19 SÉANCE DU 16 JANVIER 1904 Bernarp (Léon) et BIGART : Surac- tivité fonctionnelle des glandes sur- rénales dans l'intoxication satur- nine expérimentale. . : : 1.141. à Bicarr : OEdèmes par ligature des uretères et injection intra-veineuse d'ovalbumine Doxox (M.) et Karerr (N.): Action de l’adrénaline sur le glycogène du ONE RON ANCENIN ARE RAS ET) M AAURUS Dusors (RAPHAEL) : Sur l’appareil à chloroformer de MM. Guglielmi- netti, Roth et Draeger . . . . . . .. Garnier (CHarres), Présence de formations ergastoplasmiques dans les cellules épithéliomateuses d’une tumeur primitive du foie. . . . . .. Gros (H.) : Sur un Acarien para- Sitesdes Anopheles ::... 4. 1. de LaAverAN : À propos de la commu- nication de MM. Sabrazèés et Muratet. Livossrer (G.) : Action du chlorure ‘de sodium sur la digestion gastri- que dans les diverses formes de dys- pepsie Lorrar-Jac08 (LÉON) : Influence de Ja thyroïdectomie partielle sur la gestation et la lactation chez la selladelaeltenl el ele tUs)tatie la présence de bacilles tuberculeux dans des liquides par la tubercu- linetRéachoniprécoce 10m Reuxs (JuLes) : Action des vapeurs de formol sur divers anticorps et OnDBPeNesAMNÉtAtISeC EME ERA Rraxs (JurEs) : Sur les propriétés antihémolytiques des sérums nor- OMAN ea A ES APPART ne te Sagrazës (J.) et MurATer (L.) : Try- BioLoc1E. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. SOMMAIRE 59 51 67 50 61 60 64 sus de division panosome de l’anguille. — Proces- WAuLEN (E.) : Vaccination spon- tauée au cours de la tuberculose. . Réunion biologique de Nancy. ANCEL (P.) et Bouin (P.) : Sur l'existence de deux sortes de cellules interstitielles dans le testicule du cheval critique des essais de vérification expérimentale de son rôle sur l’or- ENT MONET UD NOUS a Rte Bouix (P.) et Ancez (P.) : Sur la ligature des canaux déférents chez lestanimauxsjeunes een CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Moyens d'observation et caractères divers des radiations d'origine physiolo- Ferrer (P.) et Weger (A.) : Nou- veau procédé tératogéuique appli- cable aux œufs d'oiseaux . . . . .. FERRET (P.) et WEBer (A.) : Re- cherches sur l'influence tératogéni- que de la lésion des enveloppes secondaires dans l’œuf de Poule. . . GARNIER (Léon) : Le chlore orga- nique d'origine gastrique n'arrive pas usquIaur foret te rMUNrnRENRErTE GARNIER (LÉON) : Démonstration de la présence d'un acide demi- combiné (Cl. organique) dans la muqueuse de l'intestin grêle . . .. Maire (R.) : Remarques sur la cytologie de quelques ascomycètes. MExer (Ep.) : Emission de rayons NipamtiesvÉcÉtaURErARINMAENERENLE & 66 63 81 = & 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. O. Larcher, vice-président. ACTION DU CHLORURE DE SODIUM SUR LA DIGESTION GASTRIQUE DANS LES DIVERSES FORMES DE DYSPEPSIE, par M. G. Linossrer. Dans la séance du 16 janvier, M. Vincent a présenté à la Société une note relative à l'influence de l’hyper ou de l'hypochlorurie alimentaire sur le chimisme stomacal. J'ai poursuivi il y a deux ans dans le laboratoire de M. Armand Gautier, sur le même sujet, quelques recherches, et je demande à résumer brièvement les conclusions auxquelles j'ai été conduit. L'action du sel marin sur la digestion est très complexe, et il est indispensable, pour la bien comprendre, de la dissocier en ses éléments. Les auteurs. qui ont voulu l’étudier en bloc ont obtenu des résultats contradictoires, si bien que, par les uns (Rabuteau, Ogata, Munk et Ewald, Vincent), le sel est considéré comme excitant, par les autres (Herzen, Leresche, Reichmann, Pavlov, Wolff), comme fun modérateur de la sécrétion gastrique. Or il peut être en réalité l’un et l’autre, selon les conditions dans lesquelles il est administré. Il faut tout d’abord établir une distinction entre l’action locale du sel mis en contact avec la muqueuse gastrique, et son action en tant qu'ac- centuant ou réduisant la chloruration de l'organisme. - a) L'action locale du sel, bien que la plus simple à étudier, a été différemment interprétée. Sans prétendre à faire un historique de la question, je rappellerai que, dès 1872, Rabuteau avait remarqué chez des chiens porteurs de fistules gastriques, la sécrétion d’un suc plus abondant et plus acide, quand les aliments ordinaires étaient additionnés de sel. Il est assez remarquable que cette notion d’une action excito-sécrétoire du sel marin, probablement parce qu'elle corroborait l'opinion populaire, ait persisté jusqu’à nos jours, malgré que les expérimentateurs venus à la suite de Rabuteau aient obtenu des résultats nettement contraires : Elle est plus ou moins nettement exprimée dans presque tous les ouvrages classiques, notamment dans le Traité de diététique de Munk et Ewald. Cependant Herzen et son élève Leresche (1884), Reichmann (1887), Girard (1889), Hayem (1893), constataient tous, malgré la différence de leur technique et de leurs sujets d’études, que l'introduction du sel dans l'estomac à pour conséquence une diminution de l'acidité du suc gas- SÉANCE DU 16 JANVIER 51 trique. Cette diminution est d’aulant plus accentuée que la quantité de sel est plus grande, et peut aller dans certains cas jusqu’à l’alcalinisa- tion. Je passe de parti pris sous silence les expériences de Pavlov et de son élève Khighine (1895), dont la conclusion analogue a été obtenue dans des conditions trop différentes de l’état normal. J'ai obtenu exactement le même résultat chez deux chiens que j'ai nourri plusieurs semaines alternalivement avec une soupe de pain et de viande sans sel, et avec la même soupe additionnée de 5 à 10 grammes de sel. L’acidité chlorhydrique m'a paru constamment diminuée les jours d'alimentation salée. : De mes expériences propres, et de toules celles qui les ont précédées, à l’exception de celles de Rabuteau, je crois done pouvoir conclure d'une manière formelle que : l'ingestion avec le repas d'un excès de sel provoque une diminution de l'acidité chlorhydrique du contenu gastrique. Par quel mécanisme se produit cette action ? On peut en invoquer deux : une inhibition sécrétoire et la saturation par une sécrétion anor- male alcaline de l'acide chlorhydrique normalement sécrété. L'inhibition sécrétoire est possible, elle est même probable, mais elle n’est pas absolument prouvée. La sécrétion de mucus alcalin sous l'influence de l'ingestion de chlorures est au contraire un fait bien établi. Bardeleben l’a constaté dès 1847. Tous les expérimentateurs ultérieurs en ont apporté la confirmation. b) L'action du sel, en tant qu'agent de chloruration de l'organisme, a fait l’objet de travaux intéressants. Théoriquement, il était à prévoir que la suppression du sel alimentaire, en réduisant à l'excès la proportion dans l'organisme des chlorures, matière première de la fabrication de l'acide chlorhydrique gastrique, aurait pour résultat de restreindre ou de supprimer la sécrétion chlorhydrique de l'estomac. C'est ce que Cahn (1886) a mis en évidence chez le chien. Plus tard Pavlov (4897) vit que la sécrétion psychique du suc gastrique, supprimée par un jeûne prolongé, peut se rétablir à la suite de l’ingestion d'une solution de chlo- rures. Dastre et Frouin (1900) agissant sur un chien à estomac séquestré, ont pu, en retranchant le’sel de l'alimentation, supprimer, non seule- ment toute sécrétion chlorhydrique, mais toute sécrétion de l’estomac. De ce ‘que la suppression absolue du sel alimentaire amène la sup- pression complète de la sécrétion gastrique, on peut déduire qu'une réstriction de son usage pourra réduire la sécrétion chlorhydrique, et, de fait, un certain nombre des auteurs qui ont écrit sur le régime des affections de l'estomac, ont conseïllé un régime peu salé (Bouveret, Lion, Arnozan, etc...). Si d'autres, parmi lesquels je me range, n’ont pas jugé cette recommandation très utile, c’est que l'expérience n’a mis en évi- dence une diminution de la sécrétion gastrique chez l'animal qu'à la suite d’une privation absolue et prolongée de chlorures. Elle ne permet pas de constater de différence appréciable dans les sécrétions gas= Où 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE triques d’un hyperchlorhydrique suivant qu'il est soumis à un régime ordinaire ou peu salé. Mais il est possible que l’on obtienne un résultat d’un régime strict d’hypochloruration, tel que celui que préconisent M. Vincent et M. Laufer ; l'expérience parait intéressante à poursuivre dans ces conditions nou- velles. Doit-on admettre par contre qu’un excès de sel peut être utile aux hypochlorhydriques? Pour s’en rendre compte, il est indispensable de se placer dans des conditions expérimentales qui excluent l'action locale, réductrice de l'acidité, du chlorure de sodium : L'action excitante appa- rait alors dans toute sa netteté. C'est ainsi que Dastre et Frouin ont constitué chez le chien à estomac séquestré de véritables hyperchlorhydries en faisant ingérer le sel sans le mettre en contact avec la muqueuse gastrique. C’est ainsi que Girard obtenait chez le chien, par injection rectale de sel marin, une excitation manifeste de la sécrétion gastrique. Moi-même j'ai constaté d’une manière constante la même excitation chez mes chiens, au cours des périodes de chloruration, les jours de repas sans sel. Sur l’homme, des expériences ont été faites par Hayem. Cet auteur a observé qu'après six semaines d’un régime très salé, le suc gastrique d'un jeune homme hypopeptique avait une acidité chlorhydrique doublée. Cette mème exei- lation a été constatée après l'usage prolongé de l’eau chlorurée de Kissingen (Boas). Si, appliquant à la thérapeutique ces données, on veut prescrire le sel aux hypochlorhydriques, on devra prendre des précautions pour éviter, au cours de la digestion, la diminution de l'acidité chlorhydrique pro- duite constamment par l’action locale du chlorure de sodium ; il faudra donner le sel en dehors des repas, ou encore en lavement. On évitera de plus en agissant ainsi l’action fàcheuse du chlorure de sodium sur la digestion pepsique de l'albumine dont il me reste à parler. Tous les auteurs sont d'accord sur ce fait que les hautes doses de chlo- rures ont une action fàcheuse sur la digestion pepsique de l’albumine (Pfeiffer, Herzen, Lehmann, Klikewiez, A. Schmidt, Petit, Wolberg, etc.) ; mais les opinions diffèrent sur l’action des petites doses que quelques- uns trouvent excilantes (Lehmann, Wolberg). Pour ma part J'ai fait de nombreuses digestions artificielles en présence de sel marin, et j'ai constamment trouvé qu il a en toutes proportions une action retardante. À l’aide de la méthode de Mette j'ai évalué qu’une dose de 0,3 p. 100 de chlorure de sodium dans le contenu gastrique produit un retard dela dissolution comparable à celui qui résulterait d'une diminution de 40 à 50 p. 100 dans la quantité de pepsine. La dose normalement contenue dans l'estomac après un repas ordinaire, est déjà un obstacle à la digestion. _Ce n’est qu'en tenant compile de ces diverses considérations qu'on 4 SÉANCE DU 16 JANVIER 53 pourra étudier, d’une manière précise, l'influence sur le fonctionnement de l’estomac de l’hyper ou de l'hypochloruration alimentaire. PRÉSENCE DE FORMATIONS ERGASTOPLASMIQUES DANS LES CELLULES ÉPITHÉLIOMATEUSES D'UNE TUMEUR PRIMITIVE DU FOIEe par M. CnaRces GARNIER (de Nancy). Nous avions déjà indiqué la possibilité de retrouver des formations ergastoplasmiques au sein des cellules néoplasiques. Cette hypothèse est confirmée par l'observation ci-dessous, qui se rapporte à un foie humain cirrhotique, dont la majorité des lobules, disloqués par le pro- cessus de sclérose, avait subi l’évolution épithéliomateuse. La fixation, pour l'étude histologique de la pièce, n'avait pu se faire que tardivement, l’autopsie ayant eu lieu dix heures après la mort. Mal- gré ce long temps écoulé, l'application de méthodes de coloration eyto- logique (hématuxyline ferrique, bleu de toluidine, thionine, bleu poly- chrome) nous a donné des résultats relativement satisfaisants, puisque, par exemple, indépendamment des détails du cytoplasme que nous allons décrire, nous avons réussi à mettre en relief les diplosomes des cellules de revêtement des canalicules biliaires. Les cellules néoplasiques se présentaient sous les aspects les plus ” variés, offrant lous les intermédiaires entre la cellule hépatique normale ou à peu près, et l'élément épithéliomateux avec prolifération nucléaire intensive et cytoplasme abondant, véritable cellule géante. En certains endroits, les cellules épithéliomateuses se groupaient autour d’une cavité canaliculaire ou kystique, donnant ainsi des images telles que ‘celles que l’on retrouve dans les glandes acineuses. La cavilé ainsi formée était occupée par des déchets proloplasmiques et nucléaires et par des produits de sécrétion paraissant de nature pigmentaire. Cette configuration se présentait aussi au niveau d’un noyau métastatique du rein. . Dans le cytoplasme des éléments épithéliomateux ainsi orientés, avec un pôle d’excrétion, existent des formations ergastoplasmiques avec tous leurs caractères : électivité pour le bleu de toluidine, localisation vers la partie basale de la cellule, forme filamenteuse ou en réticulum basal à grosses travées fortement teintées. Ces différenciations du cyto- plasme sont plus ou moins nettes suivant les régions examinées ; dans certains endroits, elles ne sont pas apparentes. Enfin, au lieu de pré- senter une morphologie si nettement appréciable, l'ergastoplasme peut ne se manifester que par une plage plus chromatophile, localisée à la région basale de la cellule épithéliomateuse. 56 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1 NES SUR UN ACARIEN PARASITE DES Anopheles, par M. H. Gros. Le 20 décembre dernier, j'ai trouvé à Rébeval (Algérie), un Anopheles femelle dont, en raison des avaries déterminées par la capture, je n'ai pu déterminer l'espèce. Cet Anopheles portait, fixés à sa face dorsale, trois petits parasites que je découvris à la loupe. Le 26 décembre, j'ai pris un À. maculipennis, porteur de deux para- sites fixés l’un sur la face dorsale, l’autre sur sa face ventrale. Le 29 décembre, j'ai enfin capturé deux A. maculipennis porteurs chacun d'un parasite sur la face dorsale. : Pendant le même temps, et jusqu’à ce jour, j'ai pris quatre Culex: deux mâles et deux femelles (C. nemorosus?), aucun ne présentait de parasites. - Les caractères du parasite sont les suivants : Il est solidement fixé d'ordinaire sur la face dorsale du segment abdominal, exceptionnellement (une fois sur sept) sur la face ventrale de ce segment, toujours dans la moitié postérieure de l’abdomen. Il est si fermement attaché qu'il est presque impossible de l’en séparer sans déchirer les téguments de l’'Anopheles. ; \ Il se présente à l'œil nu sous forme d’une petite saillie à peine visible. À la loupe, il apparaît sous forme d’une pelite vésicule arrondie de couleur rouge, * rose ou violacée (une seule fois). Sa longueur est en moyenne de 022,255, sa largeur de 02,198. Il présente une face supérieure convexe, une face inférieure fortement concave. É Il est presque glabre, sauf quelques soies rigides, sans caractères particu- liers, insérées sur sa circonférence inférieure. Il possède quatre paires de pattes à cinq articles inégaux, articulés sur la partie la plus antérieure de la face ventrale. Le dernier article en forme de gouttière et dentelé donne insertion à un ongle recourbé. De chaque côté de l'extrémité antérieure, on aperçoit deux taches noires (yeux). La bouche, que je n’ai pu bien examiner que sur un exemplaire, est située à la face ventrale. Elle paraît formée de maxillaires, de palpés et de mandi- bules. A la bouche fait suite un pharynx court et large qui s'ouvre dans la cavité abdominale. Celle-ci se termine par un orifice anal ouvert sur la face ven- trale un peu en avant de l'extrémité postérieure. Il ne semble pas y avoir d'organes respiratoires. La couleur rouge ou rose à la loupe, paraît rouge orangée au microscope. Cette coloration est beaucoup plus prononcée au niveau du tube digestif, et la SÉANCE DU 16 JANVIER 57 matière colorante exprimée par la compression de l’animal diffuse en grande partie dans le xylol. S'agit-il d'un véritable parasite des Anopheles, vivant aux dépens de ces insectes, ou bien d’un commensal ? La question est indécise. M. LaveRAN. — M. le D' Gros à bien voulu m'envoyer un échantillon des ectoparasites des Anopheles qu'il décrit dans cette note; il s’agit d'une larve hexapode d’Acarien d’une belle coloration orangée. M. Gros, d’après la description qu'il donne de cet Acarien, à vu évidem- ment des stades plus avancés (nymphes sans doute). ‘Il n’est pas rare de trouver des larves d’Acariens sur des Culicides, j'ai constaté le fait bien souvent sur des Culicides provenant du Tonkin (1), et aussi sur des Anopheles de Rio-Tinto (Espagne); mais, quand on découvre les Acariens sur les Culicides morts, on peut sup- poser qu'il s’agit de détriticoles ; ce qu'il y a d’intéressant dans la note de M. Gros, c’est que les Acariens ont été trouvés par lui chez des Culi- cides vivants et que, dans tous les cas, les parasites se trouvaient sur des Anoyheles. Déjà, à Rio-Tinto, M. le D' Macdonald avait trouvé des larves d’Aca- riens sur des Anopheles vivants. Il serait important de connaître l’état -adulte de l’Acarien observé par M. Gros. OEDÈMES PAR LIGATURE DES URETÈRES ET INJECTION INTRA=VEINEUSE D'OVALBUMINE, par M. Bicarrt. On sait que la ligature des deux uretères chez le lapin ne détermine pas la formation d’ædème. MM. Lesné et Richet fils n’ont pas vu l’œdème apparaitre chez les lapins après la ligature des pédicules rénaux suivie de l'injection de solutions chlorurées. M. Lœper, dans des expériences analogues, n'avait vu apparaître que de l’œdème histologique. Au contraire, l'œdème vrai apparaît régulièrement dans les conditions expérimentales suivantes : on lie les deux uretères d’un lapin, au voisi- nage de la vessie, et vingt-quatre heures après on injecte dans la veine de l'oreille du blanc d'œuf, recueilli et filtré sur papier aseptiquement, à la dose de 10 centimètres cubes par kilogramme d'animal. Dix expériences ont donné les résultats suivants : 1° Trois fois les lapins sont morts moins de vingt-quatre heures après l'in- jection, c’est-à-dire moins de quarante-huit heures après la ligature : ils pré- (1) Société de Biologie, 1° mars 1902. 58 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sentaient, à l’autopsie, de l’œdème du tissu cellulaire du médiastin, infiltré autour des gros vaisseaux et des nerfs de cette région. Ces animaux furent trouvés morts assis et les yeux ouverts, ce qui semble indiquer une mort subite. Deux d’entre eux présentaient, en outre, de l’ædème des poumons dont, à la coupe, s’écoulait une sérosité spumeuse; de ces deux, l’un avait encore un hydrothorax double (25 centimètres cubes); 20 Quatre fois les lapins sont morts de vingt-quatre à quarante-huit heures après l'injection : ils présentaient, à l’autopsie, de l’œdème du tissu cellulaire sous-péritonéal, au voisinage des reins et des uretères, et un hydrothorax double (20 centimètres cubes, 3 cas; 40 centimètres cubes, 1 cas); 3° Trois fois les lapins sont morts plus de quarante-huit heures après l’in- jection (trois jours, 4 cas; quatre jours, 2 cas). Ils ont présenté de l’ædème sous-cutané et de l’ascite. L’æœdème sous-cutané a débuté au niveau de l'épi- gastre, où on le percevait nettement sur l'animal vivant, et s’est étendu excen- triquement dans toutes les directions. L’ascite, qui est fréquente chez les - lapins normaux, atteignait, dans 2 cas, un volume anormal (1 cas mesuré, 120 centimètres cubes; 1 cas non mesuré, ascite considérable). 1 n’y avait pas d’æœdème sous-péritonéal, ni d'hydrothorax. | L’œdème est donc apparu dans tous les cas. En ce qui concerne ses localisations, il faut remarquer qu’elles ont été différentes, malgré l'identité apparente des circonstances expéri- mentales ; peut-être d’autres localisations pourraient-elles être observées dans d’autres expériences. En tout cas il semble que, comme en clini- que humaine, les conditions circulatoires locales constituent un point d'appel à l'infiltration. C’est ainsi que l’œdème sous-péritonéal paraïibs être appelé, si l’on peut dire, dans cette région par les troubles circu- latoires que proyoque, comme on le sait et comme on le constate à l’autopsie, la ligature urétérale : stase dans la veine émulgente (expé-- rience classique de Hermann), développement consécutif d’une circula- tion collatérale ; c’est ainsi que l’œdème sous-cutané débute aux parties déclives et n'apparaît qu'à cette époque tardive où l'appareil circulatoire commence à faïiblir du fait de l'obstruction rénale prolongée. En ce qui concerne le fait même de l'apparition de l’œdème, on peul émettre sans y insister une hypothèse qui semble cadrer avec les faits connus. MM. Achard et Lœper ont montré que le sang tend constam- ment à rétablir sa composition qualitative et quantitative normale, et que, quand l'élimination rénale est supprimée, le sang s’épure en jetant dans les espaces interstitiels les substances étrangères ou l'excès de ses éléments normaux. Mais tandis que des corps eristalloïdes, tels que le NaCI, traversent les capillaires par osmose, un corps colloïde à grosses molécules, tel que l’ovalbumine, ne peut franchir la barrière endothé- liale sans y faire quelque brèche moléculaire, par où l’infiltration pourra se produire. (Travail du laboratoire de M. le professeur Hutinel.) SÉANCE DU 16 JANVIER 59 SURACTIVITÉ FONCTIONNELLE DES GLANDES SURRÉNALES DANS L'INTOXICATION SATURNINE EXPÉRIMENTALE, par MM. Léon Bernarn et BIcarr. Dans une note récente, M. Gouget, rappelant les expériences de Josué dans lesquelles cet auteur a reproduit des lésions athéromateuses de l'aorte avec l’adrénaline, se demande si l’athérome provoqué par l’in- -toxication saturnine n'est pas la conséquence des lésions surrénales, déterminées par le plomb. Pour émettre cette hypothèse, Gouget s'appuie sur l'observation d'un cobaye, empoisonné d’une manière lente avec ce métal, et qui présenta, à l’autopsie, des lésions aortiques et des surré- nales presque doublées de volume. Nos expériences, que rappelle Gouget, nous permettent d'apporter une contribution plus précise à l'interprétation proposée par cet auteur : les lésions des surrénales sont en effet constantes dans l'intoxication saturnine expérimentale, et elles relèvent d'un type morphologique spé- cial, que nous avons considéré comme traduisant la suractivité fonc- tionnelle de l'organe, l’Ayperépinéphrie. Dans nos publications antérieures nous avons déjà insisté sur ce fait que « les intoxications métalliques ont toujours plus de tendance que les -métalloïdiques à produire quelques altérations d'hyperépinéphrie (1) ». . C'est le cas de l'empoisonnement par le plomb : Sur des cobayes inoculés avec 4 centigrammes d'acétate de plomb {intoxication atténuée), nous avons observé : l'hyperplasie nodulaire de la couche glomérulaire ; l’'augmentation du nombre des spongiocytes par transformation spon- gieuse des cellules de la couche fasciculée ; l'augmentation considérable de l’ergastoplasma, qui remplit la couche réticulée et se forme dans la couche spongieuse. Par l'intoxication à doses répétées (3 fois en sept Jours, 4 centigrammes du même sel), nous avons provoqué : l’hypertro- phie considérable de la glande et l’hypergenèse pigmentaire très marquée dans la couche réticulée ; mais les cellules des différentes couches sont altérées et étouffées par suite de l’ectasie capillaire, plus considérable peut-être avec le plomb qu'avec Les autres poisons minéraux. A part cette congestion intense, les diverses lésions observées sont celles que nous avons décrites comme traduisant l'hyperépinéphrie ; et nous pouvons conclure de nos expériences que l'intoxication saturnine provoque une réaction des surrénales, qui se manifeste par la suracti- . vité fonctionnelle de l’organe. Nous devons ajouter toutefois que nous n avons pu surprendre les signes de cet état dans la zone médullaire, qui semble surtout le siège de la sécrétion d'adrénaline ; cette zone (4) L. Bernard et Bigart. Sur les réactions bistologiques générales des surré- nales à certaines influences pathogènes, Société de Biologie, 8 novembre 1902. 60 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous est toujours apparue avec son aspect normal parfaitement con- servé. Par cette note nous avons voulu mettre en lumière : 1° Que l’hypo- thèse de Gouget peut se fortifier de nos expériences, qui ne dénoncent pas seulement des lésions surrénales dans l’intoxication saturnine, mais en précisent le caractère réactionnel : montrant la suractivité fonction- nelle de l'organe, elles permettent de supposer que cet état joue un rôle dans la genèse des lésions aortiques provoquées par le plomb : 2 que l'interprétation faite par nous des lésions des surrénales dans les intoxi- cations minérales cadre bien avec l’ensemble des connaissances acquises ultérieurement sur la physiologie et la pathologie générale des surré- nales ; nous pensons que l'attribution de certaines altérations à l'hyper- épinéphrie et de certaines autres à l’hypoépinéphrie est confirmée pee les faits nouveaux apportés par Josué et par Gouget. CONSTATATION DE LA PRÉSENCE DE BACILLES TUBERCULEUX DANS DES LIQUIDES PAR LA TUBERCULINE-RÉACTION PRÉCOCE, par M. A. MARMOREK. Dans une communication précédente, nous avons pu montrer l’appa- rition de la Tuberculine-Réaction chez l'animal immédiatement après l'infection tuberculeuse. Nous avons continué ces recherches en dimi-® “nuant successivement la dose de bacilles. La réaction fébrile apparait encore nettement, même si leur nombre est très petit. Mais quand on arrive aux doses si faibles en bacilles que l'examen microscopique ne décèle d'habitude que très difficilement, il faut changer un peu le dispositif expérimental. Au lieu d'introduire la tuberculine sous la peau de l'animal, comme nous l'avons fait auparavant, nous l’injectons dans la masse cérébrale des cobayes dont on connaît la grande sensibilité à cette application du réactif de Koch. En se servant de ce procédé, on peut toujours diminuer le nombre de bacilles, la Tuberculine-Réaction est encore nette, même pour les injeclions qui contiennent si peu de bacilles que seulement l’inoculation à l'animal pourrait nous prouver leur présence. Un exemple expliquera facilement cette méthode. On injecte sous la peau d’un cobaye une demi-goutte d’une émulsion de bacilles tubercu- leux dans de l’eau physiologique (cette émulsion est si faible que le liquide reste,absolument clair et limpide). On a soin de choisir un ani- mal dont la température ne s'élève pas au-dessus de 38°5. Trente minutes après, on introduit, en trépanant au moyen d’un simple foret, dans la masse cérébrale 1/80°*° d'une goutte de tuberculine. La température SÉANCE DU 16 JANVIER 61. monte rapidement et atteint dans deux à quatre heures son maximum qui dépasse de 2 degrés au moins, mais plus souvent de 2°2 à 24, la température de l'animal prise avant l'expérience. Le témoin qui n’a reçu que la même dose de tuberculine dans le cerveau, accuse seulement une augmentation de 0°8 à 1°4. Des expériences souvent répétées nous ont montré qu'il y a dans tous les cas une différence très sensible entre la température des animaux tuberculisés et celle des témoins. Elle est de 0°5 au moins, plus souvent de 0°8 ou même de 1 degré. En se basant sur ces résultats et en retournant la proposition, on est autorisé à conclure la présence du bacille de Koch dans un liquide, si par notre procédé on obtient une élévation de température de 2 degrés au moins. On comprend aisément quelle importance peut avoir une pareille méthode qui donne en quelques heures la possibilité de diagnostiquer la nature tuberculeuse d’un liquide dans des cas où l’inoculation seule aurait pu nous renseigner, comme cela arrive pour le lait, crachats, pus, urine, liquide cérébro-spinal etc., dont la teneur en bacilles est insuffi- sante. Dans une nouvelle communication, nous envisagerons ces possibilités. INFLUENCE DE LA THYROÏDECTOMIE PARTIELLE SUR LA GESTATION ET LA LACTATION CHEZ LA LAPINE, par M. Léon Lorrar-JAcoB. La très intéressante communication de MM. L. Richon et P. Jean- delize parue à la date du 15 janvier 1904, dans le compte rendu de la Société de Biologie, m'engage à relater aujourd'hui quelques-uns des résultats que me fournirent les expériences que j'ai entreprises dans le laboratoire du professeur Landouzy, depuis le mois de septembre 1903 ; expériences que je poursuis actuellement, dans le but d'élucider le rôle du corps thyroïde dans l’évolution de la grossesse et de la lactation. L’expérimentation a porté depuis le mois de septembre 1903 sur plusieurs sujets : Je rapporterai les deux cas suivants : 1° Une lapine adulte en gestation depuis dix jours environ est ORGIE le 15 septembre 1903 de la facon suivante : Ablation du lobe thyroïdien gauche au bistouri. Torsion des pédicules vas- culaires de la glande. A droite, volatilisation par le thermocautère, du lobe droit. Aucune ligature n’est placée sur les vaisseaux. Suture des plans superficiels. L'opération conduite rapidement ne s’accom- pagne que d’une légère hémorragie. 62 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Trois jours après, la lapine a maigri considérablement. Elle à de la torpeur, elle se loge dans un coin de la cage, et rien ne peut la tirer de sa prostration. Les oreilles sont pendantes, la respiration irrégulière et légèrement bruyante et précipitée. Elle fait son nid, mais à aucun moment il ne nous est donné d'observer de fœtus. La palpation abdominale manifeste cependant un grand changement dans l’état de l’utérus. Celle-ci permettait, avant l'intervention, de sentir des parties fœtales. Actuellement, la palpation est négative. Depuis cette époque, la lapine gardée en observation a repris peu à peu de l’'embonpoint. Le 15 décembre 1903 {trois mois après l'intervention), elle pèse 3.450 grammes et est très vigoureuse. Ajoutons cependant que le 15 janvier 1904, elle nous a semblé en moins bon état, et un peu amaigrie, Cependant, on ne note ni engorgement mammaire, ni raréfaction appré- ciable des poils de l'abdomen. . La température est à 39 degrés. Le deuxième cas a trait à une lapine adulte primipare, opérée le 28 dé- cembre 1903 au cours de la gestation. Le poids de la lapine pleine est de 3.800. Je pratique la thyroïdectomie du lobe gauche au bistouri, avec ligature du pédicule au caigut. Le lobe droit est cautérisé et volatilisé au thermocautère. à Ligature au catgut sur le pédicule vasculaire. L'hémorragie est très minime. Aucune complication post-opératoire. Dans ces deux cas, nous n’avons employé, pour opérer, que l’eau bouillie et des compresses stérilisées. L'idée d'intoxication doit donc être écartée. Poids : le 29 décembre, 3.800; le 30 décembre, 3.750; le 31 décembre, 3.1905 'le A°"janvier, 3.700:;le 2% janvier,3.100 ;%le 33100; 1e RS BTE le 5, 3700 ; Le 6, 3.750: le 7, 3.800: le 8, 3.390. ni Ge grand écart de poids (410 grammes), survenu brusquement, est l'indice de l’avortement, et, de fait, on retrouve dans la cage un fœtus mort, venu avant terme. Ce fœtus mesure 10 centimètres de longueur, de l’extrémité antérieure du museau à la racine de la queue. Son poids est de 35 grammes. ‘C’est le seul qu'il nous soit donné de retrouver ; et cependant, il est certain que la portée était multiple, ainsi que nous l’avions constaté par la palpation, et comme nous le révèle l'écart de poids, le jour de l'avortement, comparé au poids de la veille; le poids du fœtus étant connu. Quoi qu'il'en soit, l'utérus est vide, et l'avortement est survenu le douzième jour après l'intervention. Depuis ce temps, la lapine n'a pas changé considérablement de poids, et on note, le 15 janvier 1904, ure lactalion assez marquée. Rien à noter tou- chant les poils; la température est à 3902. De ces expériences nous retiendrons les caractères suivants : 1° Qu'il s’agit de thyroïdectomie partielle sur des lapines, en état de geslation ; SÉANCE DU 16 JANVIER 63 Nous nous sommes assurés de la nature de la glande, enlevée par l'examen histologique. 2° Que les parathyroïdes ont été respectées ; 3° Et que, dans ces conditions, nous avons obtenu l'avortement dans un délai variant de trois à onze jours, à dater de l'intervention. Nous ferons remarquer que, dans ces circonstances, les mères ne paraissent pas avoir été sensiblement intéressées, mais que le cours de la grossesse a été entravé. Dans nos deux cas, il n'y a pas eu d’engorgement glandulaire, ni de rareté appréciable des poils de l'abdomen. Seule, la seconde lapine présente, sans avoir jamais allaité, une sécrétion lactée encore très appréciable huit jours après l'avortement. De ces faits, nous pouvons donc conclure que la thyroïdectomie par- tielle, chez des lapines, au cours de la gestation, a permis la survie des mères, mais a déterminé l'avortement dans un délai variable. Celui-ci se produit sans cerises éclamptiques. Nous n'avons pu consta- ter, dans de telles conditions, la rareté des poils de l'abdomen, et peut- être y a-t-il lieu de penser que cette éventualité est due à ce qu'il ne fut pratiqué qu'une thyroïdectomie partielle, et que les lapines furent exemptées de l'allaitement. St (Travail du laboratoire du professeur Lardouzy.) VACCINATION SPONTANÉE AU COURS DE LA TUBERCULOSE, par M. E. WaAuLEn. Si 6n inocule des cobayes avee des produits tuberculeux peu viru- lents, par exemple des crachats provenant de malades dont la tubercu- lose a évolué lentement et surtout par étapes successives neltes, on peut reproduire sur le cobaye la même évolution de la maladie. C'est-à-dire qu'après une poussée aiguë, il se produit une améliora- tion spontanée, puis une nouvelle période d'activité le plus souvent mor- telle pour le cobaye. En particulier, on observe un abaissement considérable du poids suivi d’un relèvement net et passager, moins accentué que l’abaissement pri- mitif. Ce phénomène se reproduit par des inoculations en passage. Il auto rise à supposer que, dans ces cas de tuberculose, il y a vaccination spontanée partielle au cours de la maladie, vaccination passagère et trop peu accentuée pour sauver l’animal, mais suffisante pour produire une amélioration spontanée, allant dans quelques cas jusqu'à la guéri- son apparente. i he \3 62 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Trois jours après, la lapine a maigri considérablement. Elle à de la torpeur, elle se loge dans un coin de la cage, et rien ne peut la tirer de sa prostration. Les oreilles sont pendantes, la respiration irrégulière et légèrement bruyante et précipitée. Elle fait son nid, mais à aucun moment il ne nous est donné d'observer de fœtus. La palpation abdominale manifeste cependant un grand changement dans l’état de l’utérus. Celle-ci permettait, avant l'intervention, de sentir des parties fœtales. Actuellement, la palpation est négative. Depuis cette époque, la lapine gardée en observation a repris peu à peu de l'embonpoint. Le 15 décembre 1903 (trois mois après l'intervention), elle pèse 3.450 grammes et est très vigoureuse. Ajoutons cependant que le 15 janvier 1904, elle nous a semblé en moins bon état, et un peu amaigrie. Cependant, on ne note ni engorgement mammaire, ni raréfaction appré- ciable des poils de l'abdomen. . La température est à 39 degrés. Le deuxième cas a trait à une lapine adulte primipare, opérée le 28 dé- cembre 1903 au cours de la gestation. Le poids de la lapine pleine est de 3.800. Je pratique la thyroïdectomie du lobe gauche au bistouri, avec ligature du pédicule au catgut. Le lobe droit est cautérisé et volatilisé au thermocautère. Ligature au catsut sur le pédicule vasculaire. L'hémorragie est très minime. Aucune complication post-opératoire. Dans ces deux cas, nous n’avons employé, pour opérer, que l’eau bouillie et des compresses stérilisées. L'idée d'intoxication doit donc être écartée. Poids : le 29 décembre, 3.800; le 30 décembre, 3.750; le 31 décembre, 3.190; le 4°" janvier, 3.700 ; le 2 janvier, 3.700; le 3, 3.100; le 4, 3%60% le 5, 3700 ; le. 6, 3.750 ; le 7, 3.800; le 8, 3.390. se Ge grand écart de poids (410 grammes), survenu brusquement, est l'indice de l’avortement, et, de fait, on retrouve dans la cage un fœtus mort, venu avant terme. Ce fœtus mesure 10 centimètres de longueur, de l'extrémité antérieure du museau à la racine de la queue. Son poids est de 35 grammes. ‘C’est le seul qu'il nous soit donné de retrouver ; et cependant, ik est certain que la portée était multiple, ainsi que nous l’avions constaté par la palpation, et comme nous le révèle l'écart de poids, le jour de l'avortement, comparé au poids de la veille; le poids du fœtus étant connu. Quoi qu'il'en soit, l'utérus est vide, et l'avortement est survenu le douzième jour après l'intervention. Depuis ce temps, la lapine n'a pas changé considérablement de poids, et on note, le 15 janvier 1904, une lactalion assez marquée. Rien à noter tou- chant les poils; la température est à 3902. De ces expériences nous retiendrons les caractères suivants : 1° Qu'il s’agit de thyroïdectomie partielle sur des lapines, en état de gestation ; } o SÉANCE DU 16 JANVIER 63 Nous nous sommes assurés de la nature de la glande, CEVEe par l'examen histologique. 2° Que les parathyroïdes ont été respectées ; 3° Et que, dans ces conditions, nous avons obtenu l'avortement dans un délai variant de trois à onze jours, à dater de l'intervention. Nous ferons remarquer que, dans ces circonstances, les mères ne paraissent pas avoir été sensiblement intéressées, mais que le cours de la grossesse a été entravé. Dans nos deux cas, il n’y a pas eu d’engorgement glandulaire, ni de rareté appréciable des poils de l’abdomen. Seule, la seconde lapine présente, sans avoir jamais allaité, une sécrétion lactée encore très appréciable huit jours après l'avortement. De ces faits, nous pouvons donc conclure que la thyroïdectomie par- tielle, chez des lapines, au cours de la gestation, a permis la survie des mères, mais a déterminé l'avortement dans un délai variable. Celui-ci se produit sans crises éclamptiques. Nous n'avons pu consta- ter, dans de telles conditions, la rareté des poils de l’abdomen, et peut- être y a-t-il lieu de penser que cette éventualité est due à ce qu'il ne fut pratiqué qu'une thyroïdectomie partielle, et que les lapines furent exemptées de l'allaitement. PA (Travail du laboratoire du professeur Lardouzy.) VACCINATION SPONTANÉE AU COURS DE LA TUBERCULOSE, par M. E. WAULEN. Si cn inocule des cobayes avec des produits tuberculeux peu viru- lents, par exemple des crachats provenant de malades dont la tubercu- lose a évolué lentement et surtout par étapes successives neltes, on peut reproduire sur le cobaye la même évolution de la maladie. C'est-à-dire qu'après une poussée aiguë, il se produit une améliora- tion spontanée, puis une nouvelle période d'activité le plus souvent mor- telle pour le cobaye. En particulier, on observe un abaissement considérable du poids suivi d’un relèvement net et passager, moins accentué que l’abaissement pri- mitif. Ce phénomène se reproduit par des inoculations en passage. Il auto rise à supposer que, dans ces cas de tuberculose, il y a vaccination spontanée partielle au cours de la maladie, vaccination passagère et trop peu accentuée pour sauver l'animal, mais suffisante pour produire une amélioration spontanée, allant dans quelques cas jusqu'à la guéri- son apparente. 64 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTION DES VAPEURS DE FORMOL SUR DIVERS ANTICORPS ET ANTIGÈNES A L'ÉTAT SEC. par M. Juzes REuNs. l'abrine en poudre de Merck, de la ricine, du venin sec de Cal- mette sont, après fine pulvérisation, mis dans des tubes à essai, à la dose de 5 à 10 centigrammes et plus. Dans ces tubes on pousse à mi- hauteur un tampon d'ouate, qu’on imbibe, en évitant que le liquide coule le long des parois, avec quelques gouttes de formol du commerce. Les jnnes sont ensuite hermétiquement clos, et gardés quarante-huit heures à la température du laboratoire, et on les.coupe au-dessous du tampon formolé. Îl ne reste alors rien des propriétés si frappantes et si diverses des sub- stances employées. Leur support protéique est quasi insolubilisé; elles- mêmes ou ne se sont pas remises en solution ou bien ont été modifiées et rendues inertes. Plus de pouvoir toxique, ou agglutinant ou hémoly- tique; on les peut injecter à dose quelconque sans produire l'immunité. La poudre de venin peut être mise à pleines pincées dans l'œil du lapin sans l’enflammer, alors qu'un seul grain déterminait immédiate- ment une phlogose intense, avec énorme chémosis. De même pour la toxine diphtérique desséchée de l'Institut Pasteur, ou latoxine tétanique. Sont également inactivés le lab, la pancréatine. en poudre. Ceci pour les substances dites antigènes, pour employer l'expression proposée par Ladislas Deutsch. Les anticorps sont également rendus inertes par les vapeurs de formol. Les divers sérums antitétanique, antidiphtérique, antivenimeux, ne pro- tègent plus aucunement contre leur antigène respectif. Y a-t-il simple fixation des substances en question dans les corps sensible au formoldéhyde qui les enrobent? Mais ni de la saponine ni de la cyclamine dissoutes dans de grandes quantités de sérum qu on des- sèche ensuite et qu'on formolyse trois et quatre jours, ne cessent de se pouvoir redissoudre dans l’eau, et de manifester leurs propriétés toxi- ques in vivo, hémolytiques on vitro. Il est possible que les diverses substances diastasoïdes dont il a été question possèdent un ou plusieurs groupements formophiles néces- saires à leur fonctionnement; une des rares substances qui se prêtent par leur constitution à la vérification de cette hypothèse, le carbonate de conicine, traitée comme ila été dit, a en effet perdu sa toxicité. On peut donc prévoir que les antigènes et anticorps, même débar- rassés de toute trace de substances étrangères, comme on s’est vanté { (1) La kinase (enkinase de Carrion), est dans le même cas. SÉANCE DU 16 JANVIER 65 _ d'en avoir oblenu quelques-uns, resteraient sensibles à l’ action du for- maldéhyde. SUR LES PROPRIËTÉS ANTIHÉMOLYTIQUES DES SÉRUMS NORMAUX, par M. Jures REuNs. Le pouvoir antihémolytique des sérums normaux a élé attribué, selon le mode expérimental usité, tantôt à des substances antifixatrices, tantôt à des antialexines (syn. anticytases, anticompléments). Que ces anti- corps jouent quelque rôle dans le phénomène, c’est ce qu’une analyse approfondie arriverait peut-être à discerner. Mais la grosse part revient à une autre substance, comme le montrent les faits suivants. J'ai employé d’une part des globules de lapin et un sérum les dissol- vant normalement, celui de chien, d'autre part, des globules de cobaye, bœuf, chien et les sérums de lapins préparés contre ces diverses espèces de globules lavés. Le sérum protecteur était tantôt de même espèce que les hématies à dissoudre, tantôt différent; ceux de cheval, de mouton sont particulièrement énergiques. On les chauffait une demi-heure à 55 degrés, mais des sérums vieillis à la température du laboratoire se comportent identiquement. On détermine la quantité de sérum frais nécessaire et suffisante pour dissoudre entièrement en deux heures 1 centimètre cube de globules lavés dilués à 5 p. 100 dans l’eau salée physiologique, On détermine ensuite exactement le quantum de sérum antihémolytique qui suspend totalement la dissolution et l’on prépare des tubes « compensés », conte- nant en globules et sérums un multiple des quantités fixées par l'essai préalable commode pour la manipulation qui suit. Celle-ci consiste à séparer, après deux heures, par centrifugation le culot de globules protégés qu'on lave, et le liquide protecteur surna- geant qu'on met de côté. Or, En ce qui concerne les globules : Quoique agglutinés le plus souvent, ils ne sont aucunement sensibi- lisés : en effet, un sérum simplement réactivant ne les dissout pas. Il faut pour les dissoudre autant d’hémolysine complète (sensibilisairice + alexine) que pour des globules normaux. En ce qui concerne le liquide surnageant : 1° Il n’est plus sensibilisant; 2° Il n’est plus réactivant ; 3° Il n'est plus RENE Les trois substances correspondant à ces trois propriétés se sont réciproquement inactivées, et sans doute en se combinant. L'acte qui dans l'hémolyse s’accomplit sur le globule grâce à ses récepteurs s’est BiocLocrE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 5 66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE accompli dans la solution grâce à l’antihémolysine: celle-ei, dans l'espèce, a joué le rôle d’un ambocepteur libre, non immunigène dans la plupart des cas, et de plus dépourvu de spécificité, puisqu'on le rencontre dans presque tous les sérums normaux. ACTION DE L'ADRÉNALINE SUR LE GLYCOGÈNE DU FOIE, par MM. M. Doyon et N. KAREFF. L’adrénaline injectée chez le chien dans la veine porte détermine la diminution, parfois même la disparition du glycogène du foie. Exemple : Chien de 13 kilogr. 500à jeun depuis quarante-huit heures. - On excise 20 grammes de foie pour un premier dosage de glycogène. On injecte aussitôt après l’ablation 1 centigramme de chlorure d'adré- naline (dissous dans 1 centimètre cube d’eau) dans une veine provenant de l'intestin. Après trente minutes d'attente, on prélève de nouveau 20 grammes de foie pour un second dosage. Le premier échantillon contenait 0 gr. 61 de glycogène:; le second a donné un extrail qui, après séparation des albuminoïdes, ne précipitait -pas par l'alcool; la réaction avec l’iode était à peine perceptible. TRYPANOSOME DE L'ANGUILLE. — PROCESSUS DE DIVISION, par MM. J. SaprazÈs et L. Murarer (de Bordeaux). Nous étudions depuis plusieurs années (1) le « Trypanosome de l'An- guille » (Anguilla vulgaris) que nous avons découvert. Ge parasite abonde dans le sang du cœur, quelques heures après la mort. Ce sang, mis en tube, à l’abri de la dessiccation, se divise en deux couches, une supérieure de sérum, une inférieure de globules. Tous les Trypano- somes se trouvent dans la couche inférieure. Ils y restent vivaces et très mobiles pendant neuf jours, à la température de 10 à 15 degrés; bien plus, ils s’y multiplient. On peut saisir sur le vif, ainsi qu'il nous a été donné de le faire, le mode de reproduction en mettant un peu de sang entre lame et lamelle. La prépa- ration étant bien lutée se conserve pendant cinq à six jours. (1) Sabrazès et Muratet. Société Linnéenne de Bordeaux, 18 décembre 1901, mars et 2 juillet 1902; — Gaxette hebdomadaire des sciences médicales de Bor- deaux, 3 août 1902; — Bulletin de la Société scientifique d'Arcachon, 1902-1903. SÉANCE DU Â16 JANVIER 67 . Dans ces conditions, ces parasites augmentent de nombre; beaucoup de formes jeunes apparaissent; nous avons pu observer directement des figures de division ; dans ce cas, le Trypanosome de taille moyenne est pour ainsi dire bifurqué. L’extrémité postérieure du corps montre deux centrosomes, reconnaissables à leur réfringence, situés l’uu derrière l’autre. Latéralement, en regard des centrosomes, du côté de la membrane ondulante, se détache, sous un angle de 70 à 80 degrés, le Trypanosome-fille. IL est constitué par un corps grêle et court muni d’un long flagelle mobile. Dans son ensemble, il est beaucoup plus petit que le Trypanosome-mère (au début de l'observa- tion 1/4 en épaisseur et 1/3 en longueur et ultérieurement du simple au double environ). Ces deux êtres, unis par l'extrémité centrosomique, tournent sur place en divergeant et en s’infléchissant toujours en sens contraire; les ondulations des flagelles ne sont pas synchrones. La rotation, après s'être exercée pendant plusieurs minutes de gauche à droite, par exemple, change ensuite de direc- tion. Toujours la bifurcation tend de plus en plus à l’écartement et à la sépa- ration. Celle-ci ne se produit parfois que difficilement. Lorsque la préparation commence à se dessécher, le processus de division se trouve ralenti et d’une observation plus facile pendant un temps relativement long. C’est ainsi que nous avons pu suivre pendant trois jours, sous le microscope, ces phéno- mènes de segmentation sur le même Trypanosome. À un stade plus avancé les Trypanosomes mère et fille sont sur une même ligne longitudinale, le flagelle à chaque extrémité; la rupture nous a paru s’opérer au niveau de la partie postérieure du corps centrosomique. Nous n'avons pu encore déter- miner le rôle du noyau (particulièrement difficile à mettre en évidence, pour cette espèce) dans le processus de division. Ainsi le Trypanosome de l’Anguille se reproduit par segmentation longitudinale, mais la division n’est pas égale; le Trypanosome-fille est beaucoup plus petit que le Trypanosome-mère. Pendant la période qui précède la séparation, les formes néoformées continuent à s’accroitre, sans atteindre les dimensions de leur générateur. M. Lavera. — MM. Sabrazès et Muratet ont vu les Trypanosomes de l’Anguille se multiplier in vitro, c'est là un fait intéressant; je suis surpris qu'à l’occasion de ce fait les auteurs n'aient pas cité les recherches récentes et importantes de Novy et Me Neal. Ces observa- teurs ont réussi à cultiver 7'rypanosoma Lewisi et Tr. Brucei dans des tubes de gélose mélangée à du sang de lapin; des expériences en cours que je poursuis avec 77. Lewisi et Tr. Evansi montrent, comme celles des auteurs américains, que la culture des Trypanosomes est possible en dehors de l’organisme animal. D'après les faits relatés par MM. Sa- brazès et Muratet, il est probable qu’on obtiendrait assez facilement des cultures du Trypanosome de l’Anguille par un procédé analogue à celui qui a été préconisé par Novyet Mc Neal. Pour ce qui concerne la multiplication des Trypanosomes des Pois- 68 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sons, il est vrai qu’elle est très difficile à constater dans le sang des Poissons infectés naturellement, mais on peut l’observer en inoculant, dans le péritoine, à des poissons sains, du sang d’un poisson de même espèce infecté de Trypanosomes. Au début de ces infections expérimen- tales, les formes de multiplication ne sont pas rares dans le sang. C’est ainsi que nous avons pu constater M. Mesnil et moi que le Trypanosome du Brochet, par exemple, se multipliait par division longitudinale (4). (1) Laveran et F. Mesnil, Acad. des sc., 16 juin 1902. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY SÉANCE DU 12 JANVIER 1904 SOMMAIRE ANCEL (P.) et Bouin (P.) : Sur veau procédé tératogénique appli- l'existence de deux sortes de cellules cable aux œufs d'oiseaux. . . . . ,. 78 interstitielles dans le testicule du Ferrer (P.) et WEBER (A.) : Re- CHEAP ANNEE EN NE ree Can, 81 | cherches sur l'influence tératogé- ANceL (P.) et Bouin (P.) : La glande nique de la lésion des enveloppes interstitielle du testicule. Examen secondaires dans l'œuf de Poule. . 79 critique des essais de vérification GARNIER (Léon) : Le chlore orga- expérimentale de son rôle sur l'or- nique d'origine gastrique n'arrive DTMS ME AP SU ne NU 89 DAS USA TOI. Me ee T4 Bouin (P.) et AnceL (P.) : Sur la GARNIER (LÉON) : Démonstration de ligature des canaux déférents ch la présence d’un acide demi-com- les/animaux jeunes 0% 12 84 | biné (CL organique) dans la mu- CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Moyens queuse de l'intestin grêle. . . . .. 76 d'observation et caractères divers Marre (R.): Remarques sur la cyto- des radiations d'origine physiolo- logie de quelques ascomycètes. . . 86 QUE enr ce eee 69 Meyer (Eo.) : Emission de rayons N Ferrer {P.) et Weger (A) : Nou- Parle vVÉ cé aux AMENER 72 Présidence de M. Prenant, vice-président. MOYENS D'OBSERVATION ET CARACTÈRES DIVERS DES RADIATIONS D'ORIGINE PHYSIOLOGIQUE, par M. AUGUSTIN CHARPENTIER, Depuis ma communication du 14 décembre sur les rayons N, j'ai observé de nouveaux faits, dont Les uns ont été portés devant l’Académie des Sciences et les autres sont restés inédits. Voici, résumés briève- ment, ceux qui me paraissent, pour le moment, de nature à intéresser la Société. I. — Les radiations physiologiques peuvent agir sur différentes sources lumineuses, confirmant ainsi la loi générale émise par M. Blon- dlot pour les rayons N. Ils augmentent comme ces derniers l’éclat des étincelles électriques (étincelles primaires ou étincelles secondaires des bobines d'inductions). Ils augmentent la phosphorescence d'origine 70 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY | (2): biologique; je l'ai vu sur des cultures de bacilles phosphorescents dues à l’obligeance de M. le professeur Macé (photobacterium phosphorescens, id. italieum), qui ont l'avantage d'être influencées défavorablement par l'élévation de la température. Le ver luisant commun est influencé, comme je l’ai constaté, par les rayons N contenus dans la lumière so- laire ; il est probable qu'il le sera par la radiation physiologique. U. — Je donnerai prochainement une méthode nouvelle pour l’étude très localisée des points d'émission du corps vivant. Pour le moment voici quelques détails pratiques sur la façon la plus simple d'observer en général les rayons en question : déposer sur du carton noir et coller avec du collodion une quantité de sulfure phosphorescent propre à donner une épaisseur assez faible et à former une tache assez étendue, 2 centimètres de largeur en moyenne; l'insoler modérément et l'ob-. server à l'abri de la lumière dans une pièce.plus ou moins sombre suivant l'éclat qu'il présente: s'adapter quelques minutes à cette obscu- rité relative, plus ou moins lontemps suivant son degré. Regarder la plaque dans la vision indirecte et sans effort d'attention. Ne pas oublier surtout que les variations d'éclat se produisent graduellement, avec une inertie qui dépend surtout de l'épaisseur du sulfure; d'où l'avantage qu'il y à à diminuer cette dernière le plus possible. Dans ces condilions l'observation des faits n’est nullement difficile. Je n’insiste pas ici sur les expériences de contrôle. IT. — J'ai dit que les muscles et les nerfs surtout émettaient des rayons N. Je rappelle que toutes les parties du corps en émettent plus. ou moins. Cette émission n'est nullement en rapport avec la compression méca- nique que subissent les tissus. C’est évident pour les nerfs. On peut le constater également pour les tendons, qui, sous l'influence d’une forte contraction de leurs muscles, n’en donnent pas sensiblement plus qu'avant; au contraire les surfaces d'insertion et les points du périoste comprimés pendant la contraction en émettent une quantité notable, sans doute parce qu'ils cortiennent un très ue nombre de termi- naisons nerveuses. De tous les tissus ce sont les nerfs et leurs centres qui sont le plus intéressants à ce point de vue. Notons encore que l'œil présente une forte émission de rayons N. IV. — Les muscles en émettent-ils par eux-mêmes ou par leurs ter- minaisons nerveuses? C'est un point laissé en suspens dans Ia dernière séance. Je puis répondre aujourd’hui par la première de ces alterna- tives. En effet, les rayons nerveux se distinguent des rayons muscu- läires par plusieurs caractères : L° tandis que ceux-ci traversent presque intégralement l'aluminium et sont des rayons N proprement dits, une portion des rayons nerveux est absorbée par une faible couche d’alumi- nium ; lé reste traverse des épaisseurs très notables de ce métal. (3) SÉANGE DU 12 JANVIER 71 2° La compression même très modérée des nerfs augmente sensible- ment leur émission et ne produit Ba5b à beaucoup près le même effet sur l'émission des muscles. 3° L’échauffement du sulfure phosphorescent le rend plus sensible à la radiation nerveuse, ce qui est encore un moyen de distinguer celle-ci de l'émission des autres tissus. NV. — L’effet produit sur le sulfure ne tient pas à son échauffement. En effet : 1° il persiste après que la radiation a traversé une cuve d’eau et une boite de carton vide ; 2 on reproduit toutes les observations précé- dentes sur des grenouilles maintenues à une température voisine de zéro; 3° il en est de même pour les animaux à sang chaud en se servantde sulfure chauffé à 40 ou 45 degrés (ce qui augmente beaucoup son éclat, mais permet d'observer les mêmes différences que précédemment sous l’action des rayons X). VI. — L'action exercée sur la phosphorescence offre de grands avan- tages pour la recherche et la localisation des centres nerveux. Voici une circonstance qui m'a fourni un perfectionnement précieux dans la méthode d'observation à employer : En faisant des essais de photographie (que le temps ne m'a pas per- mis encore de compléter) j'ai été conduit à étudier la manière dont se comportaient les différents rayons lumineux fournis par le sulfure phosphorescent, et leur variation respective sous l'influence des radia- tions physiologiques. Or, je n’ai pas pu faire de détermination spectros- copique à cause de la faible intensité de la phosphorescence, mais avec des verres colorés j'ai constaté que les divers rayons émis par l'écran se modifièrent de facon très différente; sans entrer dans le détail des résultats, ce sont les rayons bleus qui sont le plus nettement augmentés, tandis que dans certaines conditions sur lesquelles je reviendrai, d’autres rayons peuvent subir un affaiblissement. D'où l'indication d'observer les variations de phosphorescence à travers un verre bleu pur de préférence à l'observation d'ensemble à l'œil nu. Par l’un de ces deux procédés on peut faire des observations très inté- ressantes sur la topographie de certains centres superficiels. On voit d’ailleurs aussi les centres profonds, mais moins intenses puisqu'ils sont plus éloignés; seulement il ne faut jamais oublier que la masse des tissus, y compris le cerveau, est transparente pour les rayons en ques- tion. En prenant certaines précautions pour localiser (par exemple à l’aide d’un tube de plomb) la direction des faisceaux, on peut très bien reconnaître la situation des zones corticales intéressées dans divers actes musculaires. La mieux limitée de ces zones est celle de la parole articulée, centre. de Broca; or, on trouve facilement un maximum à gauche, au point de repère ‘indiqué par les chirurgiens, pendant que le sujet parle, à voix haute ou même à voix basse, 72 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (4) Le fonctionnement d’autres zones motrices donne également lieu à des maxima plus ou moins bien délimités. La pensée non exprimée, l'effort mental donnent lieu, par rapport aux phases de passivité, de relâchement de l'attention, à une augmen- tation incontestable de luminosité de l'écran. La moelle se repère facilement, avec ses renflements qui deviennent plus actifs quand on contracte les membres correspondants. Une con- traction unilatérale d’un bras permet de voir l’entrecroisement des voies motrices, le plus souvent dans la partie supérieure de la région cervi- cale et non dans le bulbe. L’excitation des nerfs sensibles donne lieu à des constatations d'im- portance équivalente. ÉMISSION DE RAYONS N PAR LES VÉGÉTAUX, par M. En. Meyer. Tenu amicalement au courant de ses recherches par M. Charpentier, et en présence de quelques résultats complexes d'expériences nouvelles, encore inédites, auxquelles il avait bien voulu m'associer, j'ai été amené à rechercher les radiations N, soit dans des tissus dépourvus de nerfs, soil dans les végélaux. Te Il ne sera question ici que de ces derniers. Les différentes parties d’une plante augmentent la luminosité d’un écran faiblement fluores- cent. L’éclat m'a paru augmenter faiblement avec la fleur ; il est plus accentué avec les parties vertes, les tiges, et surtout les feuilles, aînsi qu'avec les racines. Les oignons, les végétaux dépourvus de chloro- phylle (champignon de couche très frais) présentent aussi une lumino- sité assez vive, qui est plus faible avec des feuilles vertes, encore souples, mais qui commencent à se faner. Ces radiations traversent l'aluminium, sont arrêtées par le papier 1m- bibé d’eau, arrêtées ou très fortement amoindries par une épaisse feuille de plomb. Ces phénomènes paraissent être en rapport avec l’activité du proto- plasma végélal, ou avec son évolution. En effet : 1° On observe la luminosité plus grande au-dessus d'une éprouvette dans laquelle on fait germer des graines (cresson alénois) dans du coton humide; on distingue par l'éclat une éprouvette en pleine germination d’une autre qui vient d’être ensemencée. La Iumi- nosité se voit aussi au niveau des jeunes racines qui s’enfoncent dans le coton. 2° L’anesthésie (chloroforme ou éther) amoindrit l'éclat soit des (5) SÉANCE DU 12 JANVIER 13 plantes, soit des graines ou oignons et tubercules en germination. On connaît, par les expériences de Cl. Bernard et celles plus récentes et plus complètes de MM. Bonnier et Mangin, l'influence des anesthé- siques sur la nutrition de la plante, la dissociation entre la fonction chlorophyllienne qui est suspendue, et la fonction respiratoire qui per- siste, du moins pour certaines doses d’anesthésique. Aussi peut-on constater une différence d'éclat entre une feuille normale et une autre de même espèce, faiblement ou fortement anesthésiée, 3° Si, à l'exemple de Cl. Bernard, on fait passer un courant d'air chargé de chloroforme sur des graines semées dans une éprouvelte sur du coton mouillé, la germination n’a pas lieu ; mais tous les phénomènes physiques qui accompagnent la germination se produisent : seul le phénomène physiologique, l’évolution du germe, fait défaut. Dans ces conditions, l'éclat est très faible ou douteux, alors qu'il est manifeste au niveau d’une éprouvette semblable où se produit une ger- mination dans un courant d’air pur. Ces observations ont été faites au moyen des procédés habituels de M. Charpentier (écran ou tube de plomb); les résultats ont été aussi apparents que ceux observés avec les tissus animaux ; M. Charpentier en a contrôlé la majeure partie. Dans ces conditions, je me crois autorisé à conclure à l'existence de rayons N dans les végélaux, et à leur émis- Sion en fonction de leur activité ou de leur évolution. Ecrans fluorescents à lettre. Pour éviter l'influence possible de la suggestion, on peut se servir d’un petit dispositif, trouvé avantageux. Frappé du fait que l'observation était facilitée par l'usage d'écrans sur lesquels le corps fluorescent avait une forme déterminée, je me sers de modèles sur chacun desquels se trouve dessinée un : des lettres de l'alphabet. On prend dans l'obscurité un carton quelconque dont on ne connait pas la lettre. On lient cet écran assez loin des yeux pour ne percevoir qu’une lueur imprécise; il est évident que si, approchant alors un corps émettant des radiations, on voit la lueur augmenter et se préciser, et une lettre apparaître, et que, sortie de l'obscurité, cette lettre se trouve être celle dessinée sur l'écran, il n’y a plus place pour la suggestion. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine.) 724. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (6}: LE CHLORE ORGANIQUE D'ORIGINE GASTRIQUE N'ARRIVE PAS JUSQU'AU FOIE, par M. LÉON GARNIER. En appliquant à la pulpe de la muqueuse de l'intestin grêle le pro-; cédé Winter pour l'analyse du suc gastrique, M. J. Perin (1) y trouve: une notable proportion de CI organique (2,6 sur 3,2 à 3,5 de NaCl. p. 1000); ce CI organique se retrouve par le même procédé dans le foie. (2,3 p. 1000) et dans le sang de la veine porte avant le débouché des. veines de l'estomac (2 sur 5,3 p. 1000). Là-dessus l’auteur échafaude: une théorie aboutissant en somme à la prétendue découverte d’une nouvelle fonction du foie : le Cl organique d’origine gastrique, résorbé: à travers l'intestin grêle par la veine porte, arrive au foie chargé de le neutraliser puisqu'on n’en trouve plus au delà dans le sang de la circulation générale. J'ai repris les expériences de M. Perin par Le procédé Winter (dosage de CI dans le produit de l’incinération de la substance organique. des- séchée avec ou sans addition de CO‘Na* pur en excès), mais en évitant autant que possible les pertes par volatilisation, en épuisant au préa-. lable par l’eau la masse charbonneuse résultant de la première action. de la chaleur, pour incinérer à part le charbon ainsi lavé. J'ai effective- ment constaté la présence d’une notable proportion de CI volatil (GC organique suivant M. Perin) dans les muqueuses gastrique et intesti- nale, dans le foie, mais son absence complète dans le sang de la veine porte, de la veine cave inférieure au-dessus de la sus-hépatique, et du cœur, les prises d'échantillon très délicates ayant été effectuées avec rigueur par mon collègue, le professeur E. Meyer, qui a bien voulu me prêter son gracieux concours. 4e Chose bizarre et constatée trois fois de suite, le foie ne contiendrait même que du Cl organique et des traces ou pas du tout de CI minéral, malgré la présence indéniable des chlorures dans le sang de l'organe. Ce fait trouve son explication dans les recherches suivantes : le pancréas: donne deux fois un résultat analogue; les reins (3 anal.) et la rate (1 anal.) contiendraient également du Cl organique. Or, on ne peut songer, pour ces divers organes, à la présence réelle de CI organique; et la différence entre les deux dosages s explique suffisamment par le déplacement total ou partiel de HCI des chlorures minéraux par Ph°0” résultant, d'une part, de l'oxydation de Ph des nucléines si abondantes dans le pancréas et la rate, d'autre part de la lécithine du rein. Dès lors la perte, totale ou à peu près, observée pour le foie n'a aucune relation avec le CI organique d’origine gastrique d’ailleurs absent du sang de la veine porte; elle provient également et uniquement du (1) Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1903, p. 1166, séance du 17 octobre. 75, ANCE DU 42 JANVIER SÉ = S à “ S & * LE ‘0 06 0 LS ‘0 Ra Mr su JIbU] 68 ‘0. 68°. LAN y °F GE "0 GT &L 0 IG°‘I EO'T A LC < & Ù 00°T 00 °F &0 ‘0 DE CE A 2 Seoroued « « « « « « £9 ‘© 0 £9 ‘& be 5; “1009 np sSUbS « « « &6 ‘1 () &6 | « « (S ° © : onbredoq-sns 3ues 0 GO‘ GO‘T CO ‘0 LE‘ ET GO ‘0 06‘F GG‘F RS UE Le ei -OI0d LG © 0 LES ST 0 cs ‘1 « ( « ° * * e7aod aura op sues C0 ‘0 %8 ‘0 68 ‘0 VA DEAD) 16 ‘0 LY‘0 GG ‘0 &L ‘0 ‘opoi8 urjsaqut,p osnonbny 97 ‘0 Fee &y ‘0 81'T 09 °F 1G ‘0 FE GS °F ° * ‘ous, p esnonbny EEE A. | “HU JOH + ‘U8510 19H — 1830) DH QU [9H + ‘ueS10 1) = 1810) OH our Joy ++ ueS40 JO — 1810} IOH SINVOUO, ‘Soluoy y simdop ‘Sono 07 Simdop ‘soins 0 Sstudop 0007 amod NAYH£ V NHIH9 NAU£ V NHIHO NOUL V NAIH9O SLVL'INSHY 16 ‘G T *‘SoouerIOAXE,p 20201014 * 76 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (8) départ de tout le C1 chassé par un excès de Ph?0 d’origine nueléinique ‘et lécithinique. Dans ces conditions, la théorie de la destruction par le foie du Cl organique d’origine gastrique, pour si ingénieuse qu'elle soit, reste sans fondement; et la seule conclusion qui résulte de mes recherches est que si, comme la muqueuse de l'estomac, celle de l’intestin grêle paraît renfermer du Cl organique suivant l'expression de M. Perin, iln'en est plus de même du sang de la veine porte pas plus que du sang de la cir- culation générale, ni du tissu hépatique pas plus que des glandes diverses examinées : pancréas, reins, rate. DÉMONSTRATION DE LA PRÉSENCE D'UN ACIDE DEMI-COMBINÉ (Cl ORGANIQUE) DANS LA MUQUEUSE DE L'INTESTIN GRÈLE, par M. LÉON GARNIER. Dans la précédente note, j'ai montré que le prétendu chlore organique découvert dans le foie par M. J. Perin n'y existe pas plus que dans le pancréas, la rate et les reins, et qu’il représente, en réalité, l'acide HCI déplacé par Ph°0* résultant de l'oxydation du Ph des nucléines, nucléo- protéines et lécithines. Comme conséquence, j'ai dû examiner la mu- queuse de l'intestin grêle au même point de vue. À cet effet, 80 grammes de muqueuse pulpée fraîche, desséchés + à 100 degrés avec du sable quartzeux pur et épuisés par l'alcool à 95 degrés dans un extracteur Soxhlet, donnent un soluté dont l'extrait fondu avec du nitre fournit avec le molybdate d'AzH* un très net précipité Jaune de phosphomolybdate, preuve de la présence, dans la muqueuse, d'une: matière organique phosphorée soluble dans l'alcool qui ne peut être que la lécithine. D'autre part, 80 grammes de nouvelle matière sont consacrés à l'extraclion des nucléoprotéides par les alcalis étendu: et pré- cipilation acélique, puis purification par redissolutious et précipitations successives ; le produit oxydé et fondu comme précédemment précipite encore nettement en jaune le molvblate, démonstration de la présence dans la muqueuse d’une nucléine également phosphorée. La muqueuse de l'intestin, comme sans doute celle de l'estomac, renfermant donc des matières organiques phosphorées, il est certain que, pendant son inci- nération, l’acide phosphorique qui en résulte intervient cerlainement pour volatiliser une certaine partie, sinon la totalité, du CI des chlo- rures métalliques, et donner ainsi l'apparence du Cl organique. Est-ce à dire, cependant, que les muqueuses de l'estomac et de l'intestin, qui se comportent semblablement au procédé Winter, ne contiennent réellement pas de Cl organique, d'HCI demi-combiné? Telle : (9) SÉANCE DU 12 JANVIER 77 n’est pas la conclusion trop absolue que je veux tirer des résullats analytiques rapportés; je veux insister simplement sur le fait que le procédé Hayem et Winter n'est applicable qu'à un liquide de composi- tion relativement simple, tel que le suc gastrique, et non à un tissu de composition beaucoup plus complexe. Il permettrait cependant de vérifier que les muqueuses gastrique et intestinale ne contiennent pas d'HCI libre en quantité appréciable : Muqueuse gastrique. Muqueuse intestinale. = CE ne Pie HCI total p. 1000. . . T 1,60 0,695 0,925 HO TRE AS F 0,42 0,170 0,140 HCI libre, vol. à p. 100. H 0,09 0 0,010 HCI demi-combiné (?). T—(F+H) 1,09 0,525 0,765 . Voyons maintenant comment les muqueuses se comportent au con- tact des réactifs de coloration. Le liquide obtenu par trituration de la muqueuse avec du sable et de l’eau et filtration décolore nettement la phtaléine rougie par une trace d’alcali, n’influence pas sensiblement le tournesol et reste inerte à l’égard du rouge Congo, de la tropéoline et de la phloroglucine-vanilline, tandis que la pulpe fraîche, déposée sur le papier de tournesol bleu, le rougit lentement mais fortement; la muqueuse, exempte d'HCI libre, contient donc réellement et intime- ment lié à la matière organique un acide qui ne peut être que HCI. __ Quelques essais de dosage de cet acide demi-combiné (sur la pulpe dilacérée par trituration prolongée avec du sable pur, en agitant vive- ment après chaque addition d’alcali jusqu'à ce que la coloration de la phtaléine persiste après dix minutes) ont donné les chiffres approxi- matifs suivants, exprimés en HCI p. 100. Chien n° 1. Chien n° 3. Muqueuse gastrique . 0,25 0,23 Sur 10 centimètres au des- sous du pylore, au pour- Muqueuse intestinale. 0,28 tour du canal de Wirsung. 0,37 Au dessous de la partie ci- deSSUS NM rAE 0,19 Sans attacher de valeur exagérée à ces résultats, d’une appréciation d'ailleurs très difficile par suite de l’état solide et insoluble de la com- binaison albumo-chlorhydrique, il est curieux de remarquer que la muqueuse intestinale au voisinage du canal de Wirsung paraît plus acide que dans lereste de l’intestin grêle et même que celle de l'estomac. 78 RÉUNION BIOLOGIQUE DE: NANCY (40) NOUVEAU PROCÉDÉ TÉRATOGÉNIQUE AP/ILICABLE AUX OEUFS D OISEAUX, par MM. P. FErRET et A. WEBER. Ce procédé a été trouvé d’une facon tout à fait fortuite en recherchant l'effet d’inoculations de diverses cultures microbiennes sur les œufs de Poule. Il consiste en une piqûre des enveloppes secondaires de l'œuf. Pour cela, après avoir réalisé l’asepsie d’une zone de la coquille, d'un léger coup de tiers-point nous la rompons et nous travérsons la mem- brane coquillière et l’albumine avec une aiguille de platine flambée et refroidie. L’orifice produit est ensuite obturé avec une goutte de paraf- fine ou recouvert de papier stérilisé, fixé par une trace de collodion. Nous n’avons jusqu'ici étudié que les effets de cette lésion, lorsqu'elle porte soit au voisinage du germe, dans la moitié supérieure de l'œuf tenu horizontalement, soit à la grosse extrémité ou à la petite extré- mité de l'œuf. Les piqûres pratiquées au voisinage du point culminant de l'œuf et par conséquent près du germe, donnent assez fréquemment naissance à une adhérence plus ou moins résistante, entre le point lésé de la membrane coquillière et la région du blastoderme située immédiatement au-dessous. Cette soudure apparente se caractérise morphologiquement par un aplatissement très considérable de la couche d’albumine, qui sépare la membrane vitelline de la membrane coquillière, et par une disparition complète, à ce niveau, des éléments cellulaires du blasto- derme. Ce résultat est, du reste, d’ordre secondaire dans la production des troubles du développement. La lésion que nous avons produite sur l’œuf de Poule, amène dans un très grand nombre de cas l’arrêt de développement du germe où la production d’embryons atrophiques (rudiments de différenciation des feuillets, dégénérescence rapide); quelquefois le développement normal est possible, mais le plus souvent, lorsque le germe évolue, il y a ano- malie de l’aire vasculaire, déviation ou malformation de l'embryon. Dans nos expériences, nous n'avons jamais dépassé les trois premiers jours de l’incubation, nous étant jusqu'ici plus préoccupés de l'effet de la lésion des enveloppes de l’œuf, que de l'origine des monstruosités provoquées; presque tous les embryons recueiliis sont du troisième jour de l’incubation. Dans les cas de piqüre de la coquille, de la membrane coquillière et de l’albumine dans le voisinage du germe, nous avons obtenu 54 p. 100 d’arrêts de développement ou d'embryons atrophiques (chiffre exagéré par des séries d'œufs incubés pendant les chaleurs du mois d’août; les œufs témoins présentaient aussi à la même époque un grand nombre d’arrèts de développement). Parmi les embryons développés, il y en a 25 p. 100 de normaux, 1% p. 100 de déviés de 25 à 180 degrés. Dans L'NES (14) SÉANCE DU 12 JANVIER 19 88 cas p. 100 il y a déformation de l’aire vasculaire, et dans 75 cas p. 100 anomalies de l'embryon. L'influence tératogène de la piqûre des trois enveloppes extérieures de l'œuf, faite dans le voisinage du germe, est donc très puissante. Lorsque la piqüre a été faite à la grosse extrémité de l'œuf, en intro- “duisant l'aiguille de platine plus ou moins loin dans l’albumine, il y a %1 absences de développement p. 100; dans le nombre des germes développés, il y a 60 p. 100 d’embryons normaux, 35 p. 100 de déforma- tions de l'aire vasculaire, 11 p. 100 de déviations de l'embryon et 40 p. 400 d’embryons anormaux. La piqûre de l’albumine à travers les deux parois de la chambre à air, n'amène pas de modifications appa- rentes dans l'équilibre de l’albumine; il ne s'en écoule pas hors de la membrane coquillière interne. Les piqüres à la petite extrémité de l'œuf donnent 37 absences de. développement p. 100, 75 p. 100 de déformations de l'aire vasculaire, -37 p. 100 de déviations. Tous les embryons recueillis, relativement peu nombreux il est vrai, étaient anormaux. L'action tératogène de la piqûre ne commence à se faire sentir qu'au moment où l'embryon proprement dit se forme ; elle est sans action sur les phénomènes de segmentation ou d'édification de la ligne primitive. + Dans nos différentes expériences les anomalies embryonnaires sont presque exclusivement limitées au système nerveux central ; ce n'est que secondairement que d’autres organes offrent des malformations. Nous . nous proposons de revenir ultérieurement sur cette véritable spécifi- cité dans l’action tératogène de notre procédé. (Travail du laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) RECHERCHES SUR L'INFLUENCE TÉRATOGÉNIQUE DE LA LÉSION DES ENVELOPPES SECONDAIRES DANS L'OŒUF DE POULE, par MM. P. Ferrer et A. WEBER. Dans la note qui précède, on a vu quelle était l'influence tératogénique de la piqüre des trois enveloppes secondaires de l'œuf de Poule, faite au voisinage du germe. Nous avons cherché à nous rendre compte de l'importance que présentait la lésion de chacune de ces enveloppes. Nous avons limité tout d’abord la piqüre à la coquille. Pour cela, d’un léger coup de tiers-point, nous avons produit une petite rupture de l'enveloppe calcaire de l'œuf, sans déchirer la membrane sous-jacente : il se produit seulement dans ce cas une très légère boursouflure de la membrane coquillière; fréquemment alors on rencontre une adhérence entre ce léger relief et le blastoderme,; l'aire vasculaire se déforme au 80 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (12) même niveau, mais ce n’est qu'exceptionnellement qu’il y a malforma- tion de l'embryon. Dans une autre série d'expériences, nous avons pratiqué une rupture de la coquille et de la membrane coquillière pour introduire le fil de platine dans l’albumine. Les résultats obtenus sont 18 absences de développement p. 100; 38 p. 100 des embryons développés sont normaux; 62 p. 100 des embryons sont monstrueux. La rupture de la coquille et de la membrane coquillière, sans lésion profonde de l’albumine, puisqu'il est impossible de rompre la membrane coquillière sans léser l’albumen sous-jacent, s’accompagnent le plus souvent de modifications considérables de l'embryon et aussi de ses annexes. La lésion des deux enveloppes les plus externes de l'œuf, Shoinen à elle seule des malformations aussi nombreuses et aussi accentuées que la piqûre des trois enveloppes secondaires, nous avons cherché si la lésion de l’albumine seulement, au-dessus du germe, étail capable d'une influence tératogène. En passant par la grosse ou la petite extrémité de l’œuf, il est possible d’aller léser avec le fil de platine l’albumine qui se trouve dans le voisinage du germe. En opérant ainsi, on obtient presque toujours des anomalies graves de l'embryon. Dans l’un des œufs ainsi piqués, l'aiguille de plaline avait longé la région la plus élevée de la membrane coquillière et y avait déterminé quelques rugo- sités ; à leur niveau, l’albumen présentait une certaine adhérence avec la coquillière. Dans d’autres expériences, nous avons évité de toucher à la membrane coquillière et l’adhérence ne s'est pas faite, mais les em-" bryons étaient anormaux. Un autre procédé pour mettre le germe à l'abri de l'influence directe de la lésion de la coquille et de la membrane coquillière consiste à faire ce qui suit : on pique au-dessus du germe les trois enveloppes secon- daires de l'œuf, puis on le retourne de 180 degrés ; on le couche ensuite sur la piqûre dans la couveuse. En introduisant des particules de minium dans l'œuf, nous avons vu que la couche d’albumen en contact avec le germe est toujours la même, malgré les rotations de l'œuf. Les résultats obtenus après piqüre et retournement de l’œuf sont les suivants : 63 p. 100 des embryons développés sont normaux, 37 p. 100 sont anormaux. La lésion de l’albumine seulement, est susceptible de produire des malformations de l'embryon, mais moins souvent que lors de la piqûre des trois enveloppes. La piqûre de la membrane coquillière dans les environs du germe paraît avoir une très grande influence téralogénique; nous serions tentés de comparer cette enveloppe à la paroi interne d'un vaisseau, dont la moindre blessure se manifeste par des troubles considérables sur le liquide sanguin. Il semble que, normalement, la membrane coquil- (43) SÉANCE DU 12 JANVIER 81 lière et l’albumen ont un rôle trophique considérable sur le développe- ment de l'embryon. On sait que lorsqu'un cristal est en voie de formation, si l’on vient à troubler le liquide où il se constitue, la cristallisation est arrêtée, on obtient un avorton de cristal, ou bien le phénomène subit une déviation et reprend secondairement. De nouvelles couches se surajoutent aux premières formées, donnant à l’ensemble un aspect irrégulier, anormal. Cette comparaison des phénomènes cristallographiques avec les phéno- mènes tératologiques a déjà été faite; elle semble particulièrement s'adapter à nos expériences. L’albumen nous paraît être le liquide où évolue l’ébauche nerveuse, et les troubles apportés au liquide reten- tissent d'une façon spécifique sur le solide qui s’y édifie. En somme, l'œuf de Poule se comporte comme un véritable orga- nisme, dont toutes les portions ont une importance et dont les lésions, en apparence insignifiantes, peuvent modifier plus ou moins profondé- ment l’évolution de l'embryon. (Travail du laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) SUR L'EXISTENCE DE DEUX SORTES DE CELLULES INTERSTITIELLES DANS LE TESTICULE DU CHEVAL, par MM. P. Ancez et P. Bouin. Au cours de nos recherches sur la glande interstitielle des Mammi- fères, nous avons eu l’occasion d’observer deux sortes de cellules interstitielles chez le cheval. Ce fait n’a pas encore été signalé, croyons- nous, et nous n'avons rien trouvé de semblable dans le testicule d'aucun autre Mammifère. Pour les mettre en évidence, il est nécessaire d’uti- liser une technique spéciale. Les pièces sont fixées par le formol picro- acétique et doivent être traitées, après usage d’un colorant nucléaire, par deux teintures acides. Les meilleurs résultats nous ont été fournis par le réactif de Van Giesson (acide picrique + fuchsine S) ou mieux par la méthyléosine combinée avec l’aurantia. Si l’on examine à un faible grossissement des coupes après emploi de cette technique, on constate, chez des chevaux âgés de quinze mois environ, une glande interstitielle bien développée entre les tubes sémi- nifères. Cette glande est constituée par deux espèces de cellules faciles à différencier par leur coloration. La très grande majorité de ces cellules a retenu la fuschine S ou la méthyléosine ; les autres sont vivement colorées en jaune par l'acide picrique ou l’aurantia. Nous appellerons les premières cellules éosinophiles, les autres cellules picrinophiles. Les cellules éosinophiles présentent les caractères habituels des Biocoaie. COMPTES RENDUS. — 1904, T, LVI. 6 82 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (14) cellules interstitielles des Mammifères. Ce sont de très volumineux éléments constitués par un noyau excentrique et un cytoplasme divisé. en deux Zones : une zone interne compacte (endoplasme) et une zone externe creusée de grandes vacuoles remplies de produits de sécrétion (exoplasme). L’endoplasme possède deux centrioles batonoïdes: L’exo- plasme renferme de nombreux produits de sécrétion. Mais il existe aussi beaucoup d'éléments plus petits, fusiformes, allongés ou cubiques, avec un noyau central et un cytoplasme homogène. Ge sont des cellules interstitielles jeunes et en voie d'évolution ; on trouve, d’ailleurs, tous les intermédiaires entre ces deux formes extrêmes de cellules éosi- nophiles. | | Les cellules picrinophiles présentent un aspect caractéristique : ce sont des éléments arrondis ou plus souvent ovalaires, énergiquement colorés en jaune vif, plus ou moins volumineux ; certains d'entre eux peuvent atteindre des dimensions considérables, sans acquérir toute- fois celles des plus grosses cellules éosinophiles. Ils sont le plus sou- vent isolés parmi ces dernières cellules ; quelquefois, cependant, ils sont réunis par groupes de trois ou quatre, situés d'ordinaire dans le voisinage immédiat des vaisseaux sanguins. Leur noyau est petit et se trouve rejeté contre la face interne de la fine membrane d'enveloppe; il est très coloré et ses granulations chromatiques constitutives sont étroitement serrées les unes contre les autres. Le corps cellulaire est formé par un cytoplasme finement granuleux, peu abondant, qui ren- ferme d'énormes sphérules de sécrétion. Ge sont ces sphérules qui absorbent avec avidité l'acide picrique ou l’aurantia. Des grains beau- coup plus petits sont disséminés entre les plus grosses sphérules »" Le sécrétoires, les plus exigus étant réparlis en abondance, surtout dans | la région nucléaire. Ces deux sortes de cellules sont-elles, chez l’adulte, deux formes d’une même espèce cellulaire ou au contraire deux espèces cellulaires différentes? Nous penchons pour la seconde manière de voir. En effet, ces deux sortes de cellules diffèrent profondément par leur forme, la structure de leur noyau, leurs réactions microchimiques, l'aspect général et la nature de leurs produits de sécrétion. De plus, nous n'avons pas trouvé de formes de passage entre ces deux sortes d'élé- ments. N'ayant pas étudié l’histogenèse de la glande intersütielle chez le cheval, nous ne savons pas si les cellules éosinophiles et picrino- philes dérivent des mêmes éléments embryonnaires. Il nous parait vraisemblable qu’elles ont évolué dans deux sens différents, s’adaptant ainsi à deux fonctions différentes. L'absence des cellules picrinophiles dans le testicule du cheval vieux semble corroborer cette dernière hypothèse. (45) : | SÉANCE DU Â2 JANVIER 83 LA GLANDE INTERSTITIELLE DU TESTIUULE. | EXAMEN CRITIQUE DES ESSAIS DE VÉRIFICATION EXPÉRIMENTALE DE SON ROLE SUR L'ORGANISME, par M. P. ANcEL et P. Bouin. L'action du testicule sur l'organisme est connue depuis longtemps On l’a soupçonnée dès l’époque où les premières castrations ont été faites chez l'homme et les animaux. Cette action est attribuée à une sécrétion interne, dont l'existence aujourd’hui n'est contestée par per- sonne; mais on n’a pas encore démontré d’une façon certaine aux dépens de quels éléments testiculaires cette sécrétion prend naissance. Ces éléments peuvent être distingués en trois groupes : 1° les élé- ments séminaux; 2 le syncytium nourricier enfermé dans les tubes séminifères avec les cellules sexuelles ; 2° la glande interstitielle déve- loppée entre les tubes. À laquelle de ces catégories cellulaires convient- il de rapporter l’action du testicule sur l'organisme? Différentes opi- nions ont été émises à ce sujet. 1° Les produits d'élaboration des éléments séminaux et du syncy- tium nourricier (liquide séminal) ont été considérés comme les agents de la sécrétion interne du testicule. Une partie de ce liquide serait résorbé (sécrétion récrémentitielle) et passerait dans le sang. Gette manière de voir a été soutenue avec un grand retentissement par Brown- -Séquard et admise par de nombreux auteurs. 20 Le liquide séminal n’est pas le seul agent de la sécrétion interne du testicule. Les cellules interstitielles élaborent aussi des produits qui servent à cette sécrétion interne. | 3° La glande interstitielle a seule une action sur l'organisme. (C'est l'opinion que nous avons émise récemment.) Aucune expérience n'avait encore réussi à démontrer le bien fondé de l’une quelconque de ces manières de voir, quand MM. Richon et Jeandelize firent connaître des recherches expérimentales qui tendaient à vérifier notre opinion sur le rôle de la glande interstitielle. Ces deux auteurs, ayant ligaturé le canal déférent à de jeunes lapins, s'aperçurent que la verge de ces animaux continuait à se développer, contrairement à ce qui se passe chez les castrats. Les testicules d’un de ces lapins, examinés quatre mois et demi après l'opération sont constitués par « des tubes séminaux extrêmement pauvres en cellules et ne con- tenant pas de spermatozoïdes. Cette atrophie de la glande génitale contraste au contraire avec la persistance des cellules interstitielles ». Ces faits démontrent, d'après MM. Richon et Jeandelize, que le dévelop- pement des organes génitaux externes est sous l'influence de la glande interstitielle. — Cette conclusion ne nous paraît pas rigoureuse. En effet, ces auteurs n’ont pas infirmé la théorie de Brown-Séquard (sécré- 84 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (46) tion récrémentitielle). Les canalicules séminifères de leurs opérés ne renferment plus de spermatozoïdes. (Brown-Séquard lui-même admet que ces éléments n’ont aucune action sur l'organisme). Mais ils con- tiennent encore une glande séminale en voie d’atrophie, et la résorp- tion partielle des éléments constitutifs de celte glande pourrait avoir eu l’action qu'on lui attribue généralement. De plus, ils renferment toujours le syncytium nourricier dont l’intégrilé morphologique et fonctionnelle n’est nullement altérée chez les animaux dont le canal déférent a été ligaturé depuis cinq mois, comme le démontrent les expériences de nombreux auteurs et les nôtres. La conclusion de MM. Richon et Jeandelize n'aurait été justifiée que si la glande interstitielle seule avait évolué dans les testicules de leur opéré. Ils n'ont pas éliminé l'influence possible des cellules séminales et du syncytium nourricier et c'est là qu'était toute la question. Nous ne pouvons donc trouver dans leurs recherches expérimentales une vérification de notre hypothèse sur le rôle des cellules interstitielles. Bien ‘plus, ces recherches ne possèdent même pas la valeur démons- trative de certains faits sur lesquels nous l’avions appuyée. Les ani- maux cryptorchides étudiés par nous possédaient des testicules dans lesquels les éléments séminaux élaient non seulement en dégénéres- cence, mais totalement absents, et dans lesquels la glande interstitielle et le syncytium nourricier avaient seuls conservé leur intégrité mor- phologique. Les caractères sexuels secondaires et l'instinct sexuel étaient normalement développés chez ces animaux. Ces observations, nous permettaient d'éliminer l'influence possible de la résorption des cellules séminales sur l’organisme, mais non celle des produits abon- dants élaborés par le syncytium nourricier. Aussi ne pouvions-nous qu'émeltre une hypothèse sur le rôle de la glande interstitielle. Pour en démontrer l'exactitude, il est nécessaire de réaliser expérimentale- ment, non pas la dissociation, bien connue actuellement, entre la glande interstitielle et les éléments séminaux, mais la dissociation entre la glande interstitielle et le syncytium nourricier. Tant qu'elle n'aura pas été obtenue nous resterons dans le domaine de l'hypothèse. SUR LA LIGATURE DES CANAUX DÉFÉRENTS CHEZ LES ANIMAUX. JEUNES, par MM. P. Bouin et P. ANCEL. La ligature du canal déférent seul chez les animaux adultes déter- mine au bout d’un certain temps la dégénérescence de la glande sémi- nale ; la glande interstitielle persiste, au contraire, et conserve toute son intégrité morphologique. Nous avons fait une semblable opération (17) SÉANCE DU 12 JANVIER 85 _ à des animaux Jeunes avant la période de préspermatogenèse et avons obtenu des résultats différents. Des examens macroscopiques réalisés à des intervalles relativement rapprochés les uns des autres nous ont permis de distinguer, dans l'évolution du testicule de ces animaux, deux périodes successives : 4° Une période évolutive. La glande interstitielle se développe nor- malement et la spermatogenèse s'établit ; 2 Une période d’involution qui commence après la puberté. Elle est caractérisée par la dégénérescence progressive de la glande séminale, dégénérescence produite par l'accumulation du liquide spermatique dans les tubes séminifères. Par conséquent, la ligature du canal déférent seul, taite chez des ani- maux jeunes, commence seulement à produire ses effets sur Le testicule quand la spermatogenèse s’est établie. Nous rappellerons que Griffiths a fait la même constatation chez un chien impubère. MM. Richon et Jeandelize ont récemment communiqué les résultats de leurs expériences sur des lapins jeunes, âgés d'environ deux mois, auxquels ils ont réséqué le canal déférent entre deux ligatures. L'un de ces animaux a été sacrifié quatre mois et demi après l'opération. L'examen histologique du testicule montre que la glande interstitielle a son aspect normal et que la glande séminale est atrophiée. D'autre part, la verge de ce lapin a acquis son développement habituel. Gette double constatation fait admettre aux auteurs que la glande interstitielle -« maintient le développement » des organes génitaux externes, et sans doute aussi des caractères sexuels secondaires. Pour légitimer cette conclusion, il faut que les représentants de la lignée spermatogénétique et le syncytium nourricier ne soient pas différenciés dans les canalicules séminifères. S'il en était autrement, l'apparition des caractères sexuels secondaires pourrait toujours s'être réalisée sous l'influence de la sécrétion récrémentitielle. La glande séminale devrait donc avoir conservé ses caractères embryonnaires chez les opérés de MM. Richon et Jeandelize. Jusqu'à la huitième semaine environ, époque à laquelle ils ont pratiqué la résection, les canalicules séminifères du lapin contiennent seulement de grandes et petites cellules germinatives. La glande génitale avait-elle con- servé cette structure au moment où les auteurs ont sacrifié leur animal? C’est ce que le laconisme de leur description histologique ne permet pas de savoir. Ils disent simplement : « Les tubes séminaux sont extrêmement pauvres en cellules, et ne contiennent pas de sper- matozoïdes. Cette atrophie de la glande génitale contraste, au contraire, avec la persistance de la glande interstitielle. » Gette description ne montre pas que la glande séminale est restée embryonnaire, n’élimine pas l'influence possible de la sécrétion récrémentitielle, et ne légitime pas la conclusion des auteurs sur le rôle de la glande interstitielle.” 86 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY TRES D'autre part, le terme « atrophie » qu’ils emploient ne peut s’appli- - quer à un organe qui ne s’est pas développé, et laisse supposer que la spermatogenèse s’est établie dans les tubes séminifères de leur animal. Les résultats de Griffiths et les nôtres montrent d’ailleurs que la ligature du canal déférent chez les animaux jeunes n'empêche pas l’établisse- ment de la spermatogenèse. Il est très vraisemblable que cette opération a eu, dans les expériences de MM. Richon et Jeandelize, le même effet que dans celles de Griffiths et les nôtres. Tout s’est passé comme si la ligature avait été posée au moment de la puberté. Nous concluons donc : 1° La ligature du canal déférent seul, chez les animaux dont le testi- cule possède encore sa structure embryonnaire, n'arrête le développe- ment ni de la glande séminale, ni de la glande interstitielle; 2° On n’est pas autorisé à dire que l'apparition des caractères sexuels secondaires est sous l'influence de la glande interstitielle sans avoir montré que les cellules séminales et le syncytium sertolien ne sont apparus à aucune période du développement du testicule. REMARQUES SUR LA CYTOLOGTE DE QUELQUES ASCOMYCÈTES, par M. R. MAIRE. Dans une note publiée en novembre 1903 dans les Comptes rendus de” l’Académie des Sciences, nous avons décrit les divisions nucléaires dans l’asque de (ralactinia succosa et y avons signalé la présence de quatre chromosomes. Dangeard, de son côté, a observé le même nombre chez Ascobolus furfuraceus et Pyronema confluens où Harper avait cru voir une dizaine de chromosomes. Il était permis de conjecturer que le nom- bre des chromosomes était de quatre chez tous les Ascomycètes, commeil est de deux chez tous les Basidiomycètes étudiés à ce point de vue.Cepen- dant, dans une note publiée en décembre 1903 dans les Comptes rendus, Guilliermond annonce l'existence de huit chromosomes chez plusieurs Pézizes ; il en aurait même observé dix à douze dans une autre espèce. Ne disposant pas en ce moment des espèces étudiées par Guillier- mond, nous n'avons pu vérifier ses affirmations ; mais nous avons étudié depuis à ce point de vue deux autres Ascomycètes, une Pézizée, Pustu- laria vesiculosa, et une Phacidiacée, Rhytisma acerinum. Nous avons pu constater dans ces deux espèces l’existence de quatre chromosomes dans les mitoses de l’asque. Le nombre de quatre chromosomes paraît donc être très répandu chez les fAscomycètes; loutefois, si l’on trouve des espèces à huit chromo- somes el même à dix ou douze, les Ascomycètes se rapprocheraient à ce (19) SÉANCE DU 12 JANVIER 87 point de vue beaucoup plus des Chlorophytes, où, on le sait, le nombre des chromosomes est variable dans des formes très voisines, que des Basidiomycètes. Dans les asques du Pustularia vesiculosa les spores se forment suivant le processus bien décrit par Harper et qui consiste essentiellement dans le recourbement des filaments des asters autour des noyaux. Ce pro- cessus parait très général chez les Ascomycètes à spores ovoïdes ou glo- buleuses. Des spores du ARhytisma, qui sont vermiformes, présentaient un intérêt tout particulier : il était utile de rechercher comment se forment des spores si différentes du type ordinaire. Malgré la petitesse des organes chez le Rhytisma, nous avons pu étudier les divisions nucléaires et la formation des spores dans les asques. Les deux premières divi- sions sont longitudinales, la troisième est transversale; comme chez les Pézizes les filaments des asters de la troisième division se recour- bent autour des huit noyaux définitifs, délimitant ainsi huit spores ellipsoïdales. Ces spores ne tardent pas à s’allonger en même temps que leur noyau devient vermiforme, et elles deviennent parallèles au grand axe de l’asque. On reconnait toujours dans le noyau un nucléole situé à une extrémité, et un long filament chromatique plus ou moins ondulé, le tout enveloppé dans une membrane nucléaire. En résumé, la spore se forme d’abord comme chez les Pézizes, puis se comporte ensuite comme _Si elle subissait dans l’asque un commencement de germination. Ce phénomène serait encore bien plus marqué chez certains Ascomycètes comme le 'orrubia capitata où la spore se transforme en un filament cloisonné dont chaque cellule possède un noyau. Toutefois, dans cette dernière espèce, nous n’avons pas encore suivi les premiers états de la spore, ce que nous nous proposons de faire incessamment. Le Gérant : OGTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 23 JANVIER 1904 SOMMAIRE ANGEL (P.) et Bouin (P.) : Sur la glande interstitielle du testicule des mammifères. (Réponse à M. Gustave Loisel) Bar (Paur) et Dauxay (R.) : Den- sité du sang pendant le dernier mois de la grossesse normale. . . . . .. Bar (PauL) et DAuNAY (R.) : Propor- tion du plasma ; richesse en globules eten hémoglobine ; alcalinité du sang à la fin de la grossesse normale . . BENsaUDE (R.) : Etat du caillot dans Je DUrDUra ee Een Se CD Bouin (P.) et ANCEL (P.) : Sur l'hy- pertrophie compensatrice de la glande interstitielle du testicule. (Réponse à M. Gustave Loisel) . . . CauLLerY (Maurice) et MESNIL (F.) : Sur un vrganisme nouveau (Pelma- tosphæra polycirri n.g., n. sp.) pa- rasite d’une annélide (Polycirrus hæmatodes Clap.) et voisin des Or- thonectides Doxon (M.) et Karerr (N.) : Action de la pilocarpine sur le glycogène AUBIN RSR moe APN GAUTIER (ARMAND) : L'alimentation et les régimes chez l’homme sain et chez les malades GLey (E.) : Sur la thyroïdectomie chez le lapin. Technique opératoire. (Remarque au sujet de la note de M. Lortat-Jacob) Laurer : Note sur deux cas d’hy- perchlorhydrie traités par le régime hypochloruré Lépine (R.) : Excitation fonction- tionnelle du corps thyroïde, au moyen des rayons X. .:. . . . . .. LotseL : À propos de la communi- cation de MM. P. Bouin et P. Ancel. . ao Der lens nte etes iotrelle ie e © # + + + + + + + + © = + ee ee + + + + enlernelle eitermerteltelreite ee Hate elle ele te e tell allie 105 118 92 111 90 91 117 ail 100 Muion (Paur) : Spécificité de la réaction chromaffine : glandes adré- nalogènes Mucon (PauL) : Sur une réaction de l’adrénaline « in vitro »; son application à l'étude des surrénales. REMLINGER (P.) : La salive d'un homme atteint de rage est-elle viru- area euro ls Malele lee le rsee RexaurT (J.) : Sur le mode d’admi- nistration de la macération de rein. SERGENT (EDmonp et ETIENNE) : Note sur les acariens parasites des Ano- DILE LES RNA SERRE a eee SERGENT (EDMOND et ErIenneE) : Note préliminaire sur une Trypanoso- miase des Dromadaires d'Algérie. . SERGENT (Enmonp et ErTtennE) : Sur un Trypanosome nouveau, parasite de la grenouille verte. . . Tur (JEAN) : Contributions à la théo- riedestpolyséneses cmt ZAGHARIADÈS (P.-A.) : Sur la struc- ture de la fibrille tendineuse adulte et sur l'origine de la substance collagène , . ® © + © + + + + + « + © e 89 107 100 120 123 Réunion biologique de Marseille. Brior (A.) : Nouvelle espèce de Trématode, microcotyle draconis n. SDS ONE A ne Cr AR mission du pouvoir agglutinant de la mère au fœtus de la tuberculose EXPÉRIMEN TAlE NS AAA ESA AeE 5 Livon (Cx.) : Action des. vieilles solutions d’adrénaline STEPHAN (P.) : Existe-t-il des lé- sions constantes chez les poissons e © + + « + + BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 1 126 90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. O. Larcher, vice-président. L'ALIMENTATION ET LES RÉGIMES CHEZ L'HOMME SAIN ET CHEZ LES MALADES, par M. ARMAND GAUTIER. En réparant sans cesse les pertes de l’économie, l'alimentation en conserve ou modifie peu à peu la substance et le fonctionnement. Nor- male, elle maintient la santé et l'équilibre; irrationnelle, elle laisse chaque jour un déficit ou produit un excès de graisses, de lymphe, de matériaux azotés ou minéraux inutilisables, qui s’accumulant dans les tissus, amène la déchéance organique, la sénilité précoce, la maladie. C'est ainsi que l'alimentation agit lentement et nécessairement sur les individus et les races, et modifie jusqu’à leurs MIRE, leurs apti- tudes au travail, leur ErÈIES leurs caractères. Il m'a done paru bon qu’un tel sujet fut examiné par un biologiste à la lumière si pénétrante que nos connaissances physiologiques et chi- miques actuelles et nos méthodes modernes projettent sur ces délicates questions. Après les avoir étudiées au laboratoire et dans mes Cours publics, je les ai exposées dans cet Ouvrage. Il est divisé en trois parties : Les principes. — Les aliments. — Les. régimes. > Dans la première, j'expose les principes généraux de l'alimentation normale; la nature et les proportions des matériaux nécessaires; les coefficients de digestibilité et d'utilisation de chaque aliment; leur suppléance limitée, leurs équivalents isodynames, leurs rendements en chaleur et travail, etc. Dans la seconde Partie, je fais connaître la composition, les carac- tères, les formes dérivées ou médicamenteuses et les applications de chacune des substances alimentaires. Dans la troisième Partie, j'étudie les régimes : leur action sur les caractères des individus et des races; leur variation suivant l’âge et le fonctionnement des individus. J'examine les régimes exclusifs : végé- tarien, lacté, carné; mais surtout j'expose dans cette troisième Partie les régimes au cours des maladies aiguës ou chroniques : les médecins trouveront dans cette Partie de l'ouvrage bien des renseignements pratiques et le relevé de quelques erreurs courantes. Je termine enfin par l'étude des méthodes qui permettent de suivre exactement les effets de chaque régime d’après l'examen précis du bilan nutritif et des coefficients urinaires. SÉANCE DU 23 JANVIER 91 SUR LE MODE D'ADMINISTRATION DE LA MACÉRATION DE REIN, « par M. J. RENAUT Dans la séance du 9 janvier, M. Capitan, faisant allusion dans sa très intéressante note (1) à mes recherches récentes sur la signification glan- dulaire des ceilules épithéliales du tube contourné du rein, et l’utilisation thérapeutique de leurs préproduits solubles dans l’eau (2), considère avec raison comme difficile l'ingestion par les malades d’une pulpe rénale. « Il est évident (dit-il) que l'administration par la bouche de hautes doses de reins de porc crus, n’est pas applicable aux cas particulièrement graves. Le malade serait absolument hors d'état de mâcher et d’avaler même une bouchée de pulpe rénale. » Je suis absolument de ce même avis, aussi n’ai-je rien proposé de tel. Le rein haché, lavé à l’eau distillée, étant ensuite pulpé avec 450 gr. d'eau salée à 7 pour 1000, on laisse reposer le tout pendant quatre heures ; puis on décanlte le liquide qui surnage. C'est ce liquide seul qui constitue le macératé qu'on ingère. SUR LA THYROIDECTOMIE CHEZ LE LAPIN. TECHNIQUE OPÉRATOIRE. REMARQUE AU SUJET DE LA NOTE DE M. LORTAT-JACOB, par M. E. GLEYy. Je ne conseïllerai pas aux expérimentateurs qui on! à pratiquer des thyroïdectomies sur le lapin de suivre le mode opératoire employé par M. Lorlat-Jacob (Soc. de Biol., 16 janvier 1904, p. 61.) Dans mon premier mémoire sur les effets de cette opération chez le lapin (Archives de Physiologie, 5° série, t. IV, p. 135-147, janvier 1892) j'ai indiqué les précautions à prendre pour extirper, sans qu'il y ait de dangers immédiats, la glande thyroïde. Ces dangers consistent, d'une part, dans les hémorragies qui peuvent être assez importantes et,d'autre part, en la lésion du nerf récurrent qui longe de irès près le bord infé- rieur de chaque lobe. De là la nécessité d'une dissection attentive. Depuis une dizaine d'années j'ai simplifié ma technique, en cesens que, sauf de rares exceptions, je ne pose plus de ligatures sur les veines; ül suffit de les déchirer lentement avec la pince à disséquer pour éviter les hémorragies ; exceptionnellement, quand la veine thyroïdienne infé- rieure est (rop volumineuse, il est plus prudent de la lier. Mais il y a, (1) Soc. de Biologie, séance du 9 janvier 1904, p. 26, 27. (2) Académie de Médecine, séance du 22 décembre 1903. 99 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’une façon générale, un premier temps nécessaire, c’est la ligature de l’artère thyroïdienne, comme celle artère est très proche de la carotide, dans laquelle la pression sanguine est souvent assez élevée, la torsion ne suffirait pas toujours à prévenir l’hémorragie qui, pour la même raison, pourrait être assez considérable. Il convient aussi de proscrire tout emploi du thermo-cautère. Sans compter que la destruction de la glande au moyen de cet instrument (par « volatilisation », dit M. Lortat- Jacob) peut aisément n'être pas complète, on risque de produire sou- vent des lésions du récurrent au cours de cette cautérisation. C'est ainsi que les troubles respiratoires qu'a présentés la première lapine opérée par l’auteur me paraissent devoir être attribués à cette cause. SUR UN ORGANISME NOUVEAU (Pelmaiosphæra polycirri n. g., n. sp.) PARASITE D'UNE ANNÉLIDE ( Polycirrus hæmatodes Clap) ET VoisiN pes ORTHONESTIDES. Note de MM. MauricE CauULLERY et FÉLIX MESNIL. Nous avons rencontré dans la cavité générale d’un Térébellien (Pohy- cirrus hæmatodes Clap) de l’anse Saint-Martin, près du cap de la Hague, un organisme parasite qui ne nous parait rentrer dans aucun des groupes connus, tout en se rapprochant, à beaucoup d'égards, des Orthonectides. : OBSERVATIONS in vivo. — Sept Polycirrus étaient infectés sur 100 environ examinés. Le parasite se présente sous forme de nombreuses masses sphériques (fig. 1) à contenu granuleux, mesurant de 100 à 200 de diamètre, brassées dans le liquide cœlomique. Ces sphères ont une paroi épaisse et résistante sans être rigide, car, au microscope, on les voit se déformer d’un mouvement propre. En écrasant doucement l’une d’entre elles, on en fait sortir un grand nombre de corps qui sont des individus à divers stades de développement. Les plus grands (fig. 2) mesurent 45 de longueur sur 15u de largeur. Ils sont ciliés, leur section est circulaire ; la moitié antérieure laisse voir par transparence des bandes longitudinales. Leur contour apparent rappelle assez la forme d’une semelle. Nous avons donné à cet organisme, en raison de ces particularités, le nom générique de Pelmatosphæra (rfux semelle, : cpaipa sphère). L'espèce sera P. polycinni. ÉTUDE DE MATÉRIAUX FIXES ET COLORÉS (Frottis et coupes, fixation au liquide de Perenyi ou au sublimé acétique, coloration à l’hémalun ou à l'hématoxyline ferrique). — Les individus paraissant adultes ont la structure suivante (fig. 3) : 1° une couclie épithéliale externe ciliée ou ectoderme, dont les éléments sont assez régulièrement disposés par SÉANCE DU 23 JANVIER 93 70 OR MO ER MMA * LU 2 du 2e ARR SENrAs en à 7 GERS rangées transversales ; 2 une file axiale de cellules s'étendant sur toute la longueur; ces cellules sont particulièrement serrées dans la moitié antérieure, où elles sont empilées comme des disques, et où les noyaux sont aplatis; 3° entre les deux couches et dans la région antérieure, quatre bandes longitudinales se colorant fortement par l’hémalun et qui semblent être de nature musculaire (fig. 3, m); ce sont elles qu'on voit par transparence sur le vivant. À côté de ces individus, on rencontre de nombreux stades de leur développement, mais ce n'est que très exceptionnellement que nous avons trouvé des sphères jeunes dépourvues d'adultes. Le stade le plus précoce observé est une sphère d'environ 100 y de diamètre, dont la paroi très épaisse offre seulement un tissu compact de pelites cellules juxtaposées sur plusieurs couches. Dans quelques-unes, autour du 522 9/0) © ÈS pr GE, A noyau, s’est condensé du protoplasne très colorable par l'hémalun. Ce : sont des cellules germes. L'une d’entre elles s’est divisée en deux, c'est le début d'un embryon. — Un autre stade très voisin du précédent montre une paroi analogue et une cavilé centrale où sont tombés quelques embryons peu avancés. Un certain nombre des cellules de la paroi se sont différenciées en cellules germes. Un des Polycirrus, dont l'infection était, sans doute, relativement récente, renfermait des sphères plus avancées, mais contenant encore surtout des embryons; on y trouve (fig. 4) toule une série de stades de 2, 4 cellules, etc, des sortes de morula pleines e, devenant des embryons ovoïdes, où se différencie la file axiale de cellules décrite ci-dessus. Chacun de ces embryons est logé dans une cavité qui se détache en clair, et les cloisons séparant entre elles ces diverses cavités constituent un réseau de nature plasmodiale, avec de nombreux noyaux aux dépens desquels continuent à se différencier des cellules germes g. Enfin, dans le cas le plus fréquent, les sphères renferment de nom- breux adultes, des embryons et des cellules germes dans le réseau plasmodial. Ces diverses stades ne représentent, évidemment, qu'une partie du cycle évolutif de Pelmatosphæra. Les sphères doivent, dans des condi- 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lions à déterminer, laisser échapper les individus adultes, et ceux-ci, grâce à leur ciliation, doivent quitter l’Annélide et aller, directement ou après des transformations inconnues, parasiter d’autres Polycirrus. Les premières phases de l'infection restent aussi à découvrir. Il est bien vraisemblable que la contamination des diverses Annélides obser- vées a été unique. Les nombreuses sphères proviendraient alors de cette: infection unique par une multiplication endogène. Le parasite doit done. offrir dans son hôte une pullulation à deux degrés : formation des sphères, formation des germes dans les sphères. Notons enfin que les individus ainsi produits sont aseæués. Il n'y a aucune différenciation d'ovaire ou de testicule; la file axiale de cellules ne montre rien qui puisse être rapporté à une spermatogénèse ou à une ovogénèse. Affinités. — Nous rapprochons les Pelmatosphæra des Dicyémides et des Orthonectides, surtout de ces derniers ; le degré de complication organique des individus est le même. Les sphères, leur mode d’évo- lution, la production des cellules germes rappellent étroitement les plasmodes des Orthonectides. Mais, à la différence de ceux-ei et des Dicyémides, les individus sont asexués et non pas mâles ou femelles (1). C’est là une distinction importante, par les divergences qu’elle doit entrainer entre le cycle évolutif de Pelmatosphæra et ceux des deux autres groupes. On pourrait, a priori, songer que Pelmatosphæra est peut-être une forme nouvelle de sporocyste des Trématodes digéniques. Les sporo- cystes actuellement connus sont tous parasites des Mollusques, et il ne serait pas impossible que, s'il en existe dans des Invertébrés apparte nant à d’autres groupes, ils aient un faciès très différent. Mais, dans l'embryogénie des Trématodes, l’une des caractéristiques essentielles est la perte précoce et définitive (lors de la transformation du miraci- dium en sporocyste) du revêtement ciliaire et de la structure épithéliale de l’ectoderme. Il en est tout autrement ici et cela nous paraît suffisant, pour écarter, jusqu à preuve contraire, l'hypothèse que Pelmatosphæra fasse parlie du cycle évolutif d’un Trématode. Nous considérerons donc ce parasite comme un organisme autonome, (1) Les intéressantes recherches que vient de publier Max Hartmann (Biolog. Centralbl., janv. 1904) modifient cependant la conception du cycle évolutif des Dicyémides, dans un sens qui établit un rapprochement à cet égard entre les Dicyémides et Pelmatosphæra. Les Céphalopodes jeunes ne renferment, en effet, que des individus nématogènes issus les uns des autres, et qui, d’après Hartmann, doivent être regardés comme asexués. Il n’y aurait de femelles et de mâles qu'à une période ultérieure de l'infection de l'hôte, à parür de l’apparition des infusorigènes; on sait que ceux-ci ne se rencontrent que chez des Céphalopodes déjà d'assez grande taille. Pendant la première phase, il y aurait donc, au point de vue de la reproduction, une AUSRRRE analogie entre Pelmatosphæra el les Dicyémides. SÉANCE DU 29 JANVIER 95 et nous le. placerons dans l’ensemble que nous avons appelé (1), après Hatschek, les Planuloïdea, à côté des Dicyémides et des Orthonectides, en en faisant un groupe distinct. Il se rapproche surtout des Ortho- nectides et en diffère en ce que les plasmodes, au lieu de donner nais- sance à des mâles et à des femelles, produisent des individus asexués. SUR LA GLANDE INTERSTITIELLE DU TESTIQULE DES MAMMIFÈRES, (RÉPONSE A M. GusraAvE LoisEL), par MM. P. Ancez et P. Bouin. Nos récents travaux sur la glande interstitielle du testicule des Mammifères nous ont attiré les critiques de M. Gustave Loisel(2). D'après cet auteur « la distinction d’une pareille glande ne peut se sou- tenir, ni au point de vue morphologique, ni au point de vue histo-chi- mique, ni au point de vue physiologique ». Voiei les arguments de M. Loisel : 1° « Au point de vue morphologique, on ne peut considérer les cellules interstitielles comme originairement distinctes des cellules séminales souches ». L'auteur aurait montré «qu'à une certaine période du développement du testicule, il est impossible de reconnaître les éléments mésenchymateux des éléments épithéliaux ». M. Loisel oublie de rappeler que son opinion est unique- ment basée sur des observations réalisées chez le Poulet. Comme nos recherches sur l'embryon de Porc nous conduisent à un résultat diffé- rent, l’auteur en infère que nous n'avons étudié «qu’un trop petit nombre de stades ». L'opinion de M. Loisel est inexacte, ainsi qu'il pourrait s’en convaincre en étudiant la glande génitale de l'embryon de Porc. Peu importe d’ailleurs. Pourquoi ne pourrions-nous parler de la glande interstitielle si cette glande n'avait pas une origine distincte de la glande séminale? Tous les organes n'ont-ils pas primitivement une origine commune? Nous croyons qu'un organe constitué par des éléments glandulaires, pourvu de vaisseaux et de nerfs, mérite le nom de glande et nous pensons que la glande interstitielle ainsi constituée doit être distinguée de la glande séminale, parce qu’elle en est relative- ment indépendante. Nous avons exposé les faits nombreux qui dé- montrent cette indépendance et M. Loisel ne nous a pas prouvé que cette opinion fût injustifiée. (1) Caullery et Mesnil. Recherches sur les Orthonectides, Arch. d'Anat. Microsc., t. IV, 1901. (2) Sur les sécrétions chimiques de la glande génitale mâle. A propos d'une prétendue glande interstitielle du testicule, Comptes rendus de la Société de Biologie, 9 janvier 1904. 96 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Au point de vue histo-chimique, on ne peut parler de glande interstitielle, dit M. Loisel, parce que « tous les produits de sécrétion figurés que l'on a décrits dans les cellules interstitielles se retrouvent dans les éléments cellulaires placés à la base de l'épithélium séminal ». M. Loisel oublie que les cristaux de Reinke existent dans les cellules interstitielles de l'Homme et ne se rencontrent pas dans les tubes sémi- naux. Nous lui rappellerons aussi que les cristaux de Lubarsch et de Charcot-Leyden s'observent à l’intérieur des canalicules et jamais dans les cellules interstitielles. Mais admettons la justesse de l’observation de M. Loicel; en quoi infirme-t-elle l'existence de la glande interstitielle? Nous n'avons pas dit, comme paraît le croire cet auteur, que seules dans le testicule, les cellules interstitielles présentent un cycle sécré- toire, nous avons dit que seules, elles ont une action sur l'organisme et fabriquent les matériaux de la sécrétion interne du testicule. M. Loisel nous apprend, après les classiques, que les cellules de Sertoli sont des éléments glandulaires ; nous n’en avons jamais douté; nous disons seulement que leurs produits d'élaboration sont utilisés par les cellules séminales ou rejetés à l'extérieur. 3° Enfin « au point de vue physiologique, on ne peut admettre que les cellules interstitielles seules tiennent sous leur dépendance l’ardeur génitale et les caractères sexuels secondaires. Ces éléments n'existent pas, en effel, chez les Insectes où l’ardeur génitale et les caractères sexuels secondaires se montrent pourtant dans toute leur plénitude ». Dans lequel de nos travaux, M. Loisel nous a-t-il vu étendre notre théorie aux Insectes? Nous nous sommes jusqu'ici occupés de la glande* interslitielle des Mammifères et nous n'avons jamais dit que l'apparition des caractères sexuels secondaires füt sous la dépendance des mêmes organes dans les divers groupes zoologiques. M. Loisel est réellement bien bon de nous apprendre que les Insectes n'ont pas de glande inters- titielle et qu'ils possèdent des caractères sexuels secondaires bien développés. A vrai dire, nous nous en doutions et si M. Loisel a besoin d’autres exemples du même genre, nous pouvons lui en fournir. La dernière critique (1) de l’auteur est la suivante : les cellules inters- titielles « existent chez des types tels que les Cobaye, Lapin et Chien (étudiés précisément par Ancel et Bouin) chez lesquels il n'apparait Jamais de véritables caractères sexuels secondaires ». Nous comptions nous expliquer dans un travail d'ensemble sur la manière dont nous croyons devoir grouper les caractères sexuels. Nous avons eu le tort de ne pas le faire plus tôt comme le démontre cette critique. Dans les caractères sexuels primaires, nous rangeons uniquement les gamètes. Ce caractère est primaire parce que c'est le premier qui apparaît et. (1) Nous discuterons dans la note suivante les observations de M. Loisel sur nos expériences. SÉANCE DU 23 JANVIER 97 c'est, en outre, le seul qui soit absolument indispensable à la fécon- dation. Tous les autres caractères sexuels sont secondaires; ils appa- raissent à une époque postérieure aux premières manifestations du déterminisme cyto-sexuel et aucun d’eux n’est indispensable à la fécon- dation. Considérer les organes constitutifs du tractus génital comme des caractères sexuels primaires nous paraît peu rigoureux et susceptible de bien des difficultés. Aussi n’admettons-nous pas, avec M. Loisel, que chez le Chien, le Cobaye et le Lapin « n'apparaissent jamais de véri- tables caractères sexuels secondaires. » (Le terme « véritables » employé par l’auteur montre bien toute l'incertitude des classifications actuelles.) * Nous n'acceptons donc aucune des critiques formulées par M. Loisel. Quant au reproche que nous fait l’auteur de ne pas l'avoir cité, dans notre note sur l’origine des cellules interstitielles, nous lui demandons d'attendre notre travail in-extenso. Il est, en effet, impossible de citer dans une note préliminaire tous les biologistes qui se sont occupés de cette question. Pour terminer, nous remercions sincèrement M. Loisel qui trouve à nos travaux un réel intérêt; mais nous lui demandons de vouloir bien les lire attentivement avant de les critiquer. Peut-être y trouvera-t-il alors autre chose qu’une confirmation de ses recherches et qu'une théorie en contradiction « avec les données depuis longtemps acquises de l’histologie et de la physiologie comparées ». SUR L’HYPERTROPHIE COMPENSATRICE DE LA GLANDE INTERSTITIELLE DU TESTICULE (RÉPONSE À M. GUSTAVE LoIsEL), par MM. P. Boum et P. ANcEL. Parmi les critiques que nous a adressées M. Loisel (4), il en est une à laquelle nous n'avons pas encore répondu. Elle a trait à l'hypertrophie compensatrice de la glande interstitielle du testicule. Nous avons enlevé un testicule à des Lapins et ligaturé le canal défé- rent seul du côté opposé. Six mois après, nous avons fait l'étude histo- logique du testicule; nous avons trouvé une glande séminale dégé- nérée et une glande interstitielle deux fois plus volumineuse qu’à l’état normal. Nous avons alors conclu que la dégénérescence de la glande (4) Sur les sécrétions chimiques de la glande génitale mâle. À propos d'une prétendue glande interstitielle du testicule. Comptes rendus de la Soc. de Biol., 9 janvier 1904. 98 SOCIÉTE DE BLOLOGIK séminale était due à la ligature du canal déférent, et l'hypertrophie de la glande interstitielle à l'enlèvement d’un des testicules. C'était done une hypertrophie compensatrice. Voici ce que M. Loisel pense de cette expérience : « Quant à l'expérience de ligature du canal déférent qu'Ancel et Bouin ont faite dernièrement, elle n’est pas démonstrative, car elle ne tient pas compte d’expériences semblables, mais plus complètes, faites il y à quinze ans par Brissaud, qui a montré ici l'influence directrice de l'excitation génésique. Ancel et Bouin devaient se demander, en effet, si ce qu'ils décrivent comme une hypertrophie compensatrice. des cellules interstitielles ne serait point dû à l'excitation continuelle d’une glande à canal excréteur fermé. Ils auraient pu également se servir d’expé- riences datant de trois ans, où nous avons montré une suractivité sécrétoire des cellules interstitielles se produisant chez le Chien à la suite de néphrectomie ou de jeûne prolongé; là, certainement, il n'y avait pas à parler d'hypertrophie compensatrice, dans le sens d’Ancel et Bouin, puisque les deux testicules étaient restés en place. » Les expériences de Brissaud, auxquelles M. Loisel fait certainement allusion (1), peuvent se résumer de la façon suivante : L'auteur a liga- turé le canal déférent à une trentaine de Lapins adultes, et a observé des modifications du testicule seulement chez ceux qui cohabitèrent avec des femelles. Chez ces derniers, l’auteur remarqua que « tout se borne à une exagération transitoire du travail spermatogénétique à la . suite de laquelle l'organe, sans retourner à l’état embryonnaire, revient à une constitution plus simple, celle de la neutralité fonctionnelle ». Les cellules interstitielles augmentent tout d’abord de nombre; puis « elles semblent se transformer en un tissu conjonctif à peine .plus dense que le tissu normal ». Brissaud n'a pas obtenu la disparition complète de la glande séminale parce qu'il à interrompu ses expériences trop tôt (la plus longue n’a pas duré quarante jours). Nous avons démontré le fait antérieurement (2), et toutes les expériences à longue échéance sur la ligature du canal défé- rent nous donnent raison (3). D'autre part, suivant Brissaud, les cellules interstitielles augmentent de nombre après la ligature du canal défé- rent. Dans l'expérience de M. Loisel, des causes différentes ont donné un résultat semblable. Nous connaissons des faits du même genre, comme M. Loisel aurait pu s’en convaincre par la lecture de notre dernier (1) Le travail de Brissaud, que nous connaissons, date de 1880; aussi sup- posons-nous que M. Loisel a voulu dire vingt-cinq ans au lieu de quinze. (2) P. Bouin. Thèse, Nancy, 1897. — P. Bouin et P. Ancel. Recueil de méde- cine vétérinaire, 190%. (3) Par exemple, Tournade. Thèse Lyon, 1904. SÉANCE DU 23 JANVIER 99 travail (1). Dans une analyse des travaux de Hansemann (1895) nous disons (p. 445) : « On peut constater chez l'Homme une augmentation du nombre des cellules interstitielles dans les états chroniques cachec- tisants ; ce fait s’observe assez régulièrement dans la phüsie chronique, la cachexie cancéreuse et syphilitique, dans l’anémie pernicieuse. Dans ce dernier cas, les cellules interstitielles peuvent devenir aussi abon- dantes que chez le Porc. » Reinke, Lubarsch, Mathieu et nous-mêmes avons confirmé ces observations. | M. Loisel ne nous apprend donc rien. Mais parce que la glande intersti- tielle s'hypertrophie dans certaines conditions, devons-nous penser qu’elle n'est pas susceptible de subir une hypertrophie compensatrice? Certai- nement non. Si nous en croyons M. Loisel, cette hypertrophie, dans notre expérience, serait due à « l'excitation continuelle d’une glande à canal excréteur fermé ». L’auteur appuie uniquement cette opinion sur le travail de Brissaud. En y regardant de près, M. Loisel aurait pu s’apercevoir que les résultats de Brissaud ne s'opposent pas aux nôtres. Cet auteur signale l’augmentlation du nombre des cellules interstitielles dans des testicules à canal déférent ligaturé depuis dix jours. Mais trente jours après la ligature, ces cellules sont beaucoup moins nom- breuses et « semblent se transformer en tissu conjonctif ». Les figures ainsi que le texte de Brissaud montrent qu'il a observé seulement une hypertrophie passagère de la glande interstitielle. Les expériences de cet auteur, « plus complètes » que les nôtres, suivant M. Loisel, ne prouvent donc rien contre l'hypertrephie compensatrice. __ Pour savoir ce que deviennent les deux glandes du testicule (sémi- nale et interstitielle) après la ligature du canal déférent seul, il faut attendre plusieurs mois, et même, chez certains animaux et dans certaines conditions, plusieurs années. La glande séminale disparait alors entièrement; la glande interstitielle persiste et garde à peu près son volume normal. Toutes nos ligatures bilatérales du canal déférent seul nous ont donné ces résultats, avec lesquels cadrent parfaitement ceux de plusieurs auteurs récents. En répétant l’expé- rience dans les mêmes conditions, mais en enlevant en plus un testi- cule, on obtient, au contraire, outre la dégénérescence de la glande séminale, une hypertrophie indéfiniment persistante de la glande interslitielle. Cette hypertrophie mérite donc le nom de compensatrice. Puisque M. Loisel nous demandait ces explications, nous aurions mauvaise grâce à les lui refuser. Une lecture attentive de nos travaux lui montrera cependant que nous n’ajoutons rien ici à ce que nous avons dit antérieurement. Nous prions instamment M. Loisel, s'il a encore quelques objections à nous faire, de nous opposer seulement des faits (1) P. Bouin et P. Ancel. Recherches sur les cellules interstitielles du testi- cule des Mammifères. Arch. de zool. expér., 1903. 100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE précis, faute de quoi nous discuterons indéfiniment sans aucun profit pour la science. M. GusTAVE LolsELz. — Dans leur Mémoire qui a paru, en entier, dans les Arch. de Zool. expér., Ancel et Bouin font l'historique des cellules interstitielles dans toute la série des Vertébrés ; de plus, leurs conclu- sions présentent, sauf en un point, un caractère d'ordre général. C’est pourquoi nous avions cru pouvoir leur opposer des faits précis observés chez les Oiseaux; du reste, nous leur en avons opposé d'aussi précis observés chez les Mammifères. Quant à notre manière de voir sur le rôle des sécrétions chimiques du testicule, nous avons toujours écrit que ces sécrétions ont une action générale sur l'organisme; mais nos recherches, faites aussi bien . chez les Mammifères que chez les Oiseaux et chez les Reptiles, nous ont montré que ces sécrétions excitatrices du soma doivent avoir, pour organes : les cellules germinatives, souches de tous les éléments intra- canaliculaires (que nous avons élé les premiers à décrire comme élé- ments glandulaires), et les cellules de Sertoli, aussi bien que les cellules interstitielles. Nous avons montré, de plus, que l'importance relative de chacun de ces éléments varie avec les types; nous avons vu les sé- crétions sertoliennes exercer une action chimiotactique sur les sperma- tozoïdes en formation; enfin, nous avons dit aussi que les sécrétions intracanaliculaires étaient en partie excrétées au moment du rut. Tout cela montre, en somme, que les divergences qui peuvent exister entre Ancel et Bouin et nous sont d'ordre morphologique plutôt que d'ordre physiologique. Pour ce qui est de la signification qu'il faut donner à l'expression (classique depuis 1782) de : caractères sexuels secondaires. nous ne pouvons que renvoyer Ancel et Bouin à notre article : « La Sexualité », Rev. scientifique du 30 mai 1903. NOTE SUR LES ACARIENS PARASITES DES Anopheles, par MM. Epmonp et ÉTIENNE SERGENT. A l'occasion de la note présentée à la dernière séance de la Société de Biologie, par M. le D' Gros, sur la présence fréquente d'Acariens sur les Culicides, déjà signalée par M. le D’ Laveran (1) et par M. le D' Mac- donald, nous croyons devoir rapporter quelques observations que nous avons faites depuis 1900 sur ces parasites. Les Acariens que nous avons observés en Algérie ne parasitent que (4) Comptes vendus de la Société de Biologie, t. LIV, 1°" mars 1902, p. 234 { ‘4 14 +0 SÉANCE DU 23 JANVIER AOL des Anoypheles, jamais des Culex ni un autre genre de moustiques. M. le D' Trouessart a bien voulu examiner nos préparations. Il a reconnu dans ces Acariens des larves hexapodes d’'Hydrachnides indéterminables sous cette forme, et qui peuvent appartenir aux genres £ylais, Hydro- droma, Hydryphantes, ou Diplodontus dont les larves sont connues pour leurs habitudes parasitaires, mais dont les caractères distinctifs sont trop peu marqués pour qu'on puisse les rattacher aux formes adultes dont elles dépendent, à moins de suivre, sur le vivant, leurs métamor- phoses ultérieures. Les Anopheles ont été trouvés parasités depuis le mois de mai jusqu'au mois d'octobre, à l’état de larves, de nymphes ou d'adultes (9 larves, 2 nymphes, 12 femelles et 5 mâles appartenant tous à l'espèce Anopheles maculipennis Meigen el provenant de la plaine de la Mitidja ou des vallées de la Kabylie). Nous avons pu suivre au laboratoire l’évolution de la plupart des larves parasitées, qui se métamorphosent normale- ment et ne paraissent pas beaucoup souffrir de ces Hydrachnides. Lors- que la larve se transforme en nymphe, ies Hydrachnides passent sur celle-ci, et lorsque de la nymphe sort l'adulte, elles quittent de même la dépouille nymphale pour se fixer sur l'insecte ailé. Les parasites sont rarement uniques, on en compte jusqu'à dix sur le même insecte. Chez les larves et les adultes, on les trouve sur l'abdomen; chez les nymphes, sur la partie dorsale, près du point où se fera la déhiscence de la mem- brane pupale. Ces Hydrachnides fixées sur leur hôte par leur rostres y grossissent d’une facon sensible. = Pour savoir si une larve d'Hydrachnide pouvait changer d'hôte, nous avons fait l'expérience suivante : un Anopheles algeriensis femelle indemne est mis dans la même cage que deux Anopheles maculipennis portant de nombreux ectoparasites. Le lendemain, sur l'abdomen de l’Anopheles algeriensis trouvé mort, on recueille une larve d'Hydrachnide. De cette expérience on peut conclure que les larves d'Hydrachnides peuvent changer d'hôte. Mais le rôle nuisible de ces Acariens vis-à-vis des Anopheles est très probablement nul. Dans nos élevages, les larves, les nymphes ou les adultes les plus parasités ne mouraient pas plus souvent que les Anopheles indemnes, servant de témoins. M. le D' Troues- sart a bien voulu nous confirmer que le parasitisme bien connu des Hydrachnides chez les insectes aquatiques en général {chez les Libel- lules en particulier) ne paraît pas beaucoup gêner leurs hôtes. Le même fait s’observe d’ailleurs chez les Vertébrés. M. le D' Troues- sart nous à cité l'exemple d'un Agouti du Brésil (Dasyprocta aguti) qui portait de chaque côté du museau, à la base de ses moustaches, 30 ou 40 larves de Rougets (7rombidium sp.), serrées dans un espace de moins d'un centimètre carré, sans que le Rongeur ainsi parasité parût avoir cherché à s’en débarrasser, ce qu’il aurait pu faire facilement en se grattant avec ses pattes. [1 semblerait que, chez ces animaux, les para- 102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sites ne provoquent pas les démangeaisons insupportables que l’on a. observées chez l'homme. SUR LA STRUCTURE DE LA FIBRILLE TENDINEUSE ADULTE ET SUR L'ORIGINE DE LA SUBSTANCE COLLAGÈNE, par M. P.-A. ZACHARIADES. Les recherches que je poursuis depuis longtemps sur la structure et l’histogenèse du lissu conjonctif m'ont conduit à l'observation de faits curieux et inattendus que j'ai montrés (1) l'année dernière, au Congrès de Liége, et que je demande la permission de rappeler brièvement. La fibrille conjonctive d’un tendon adulte (rat, grenouille) traitée par des solutions acides et colorée au bleu de méthyle se présente non pas comme un cylindre homogène, ainsi qu'on le croyait jusqu à présent, mais comme un véritable organe ayant une structure complexe. Trois éléments, en effet, entrent dans sa constitution : 1° un filament occu- pant le centre de la fibrille et se colorant en bleu foncé; je l’ai appelé filament axile; 2° en dehors, à la facon de la myéline entourant le cylindre axe, une substance, qui s’est gonflée sous l'influence des solu- tions acides, et qui se colore en bleu pâle, c’est la substance collagène de la fibrille; 3° plus en dehors, des anneaux, qui étranglent par places la gaine collagène et qui se colorent comme le filament axile; j'ai con- sidéré ces anneaux d'étranglement comme représentant la membrane refoulée de la fibrille. ; Ce sont là des faits d'observation directe et facile dont on est 6bligé de tenir compte; ces faits ne peuvent pas être expliqués par les nom- breuses théories émises sur l’histogenèse de la fibrille conjonctive; or, ils sont passés sous silence dans les récents (2) travaux. L'interprétation que j'ai donnée de ces faits et que mes recherches actuelles confirment de plus en plus est la suivante : me basant sur des faits de genèse de la fibrille conjonctive que j'avais déjà fait connaître 1) Comptes rendus de l'association des anatomistes, V° session, Liége, 1903, p. 72-71 ; — Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 20 avril, 4903. (2) Voir en particulier : Laguesse; a) Sur la substance amorphe du tissu conjonctif lâche, Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 31 oc- tobre 1903, p. 1239-1242 ; — b) Sur l’histogenèse de la fibre collagène et de la substance fondamentale dans la capsule de la rate chez les Sélaciens, Archives d'anatomie microscopique, t. VI, p. 99-169; — Renaut. La substance fondamentale continue du tissa conjonctif lâche, Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 19 décembre 1903, p. 1620-1623. SÉANCE DU 23 JANVIER 103 antérieurement (1) et notamment sur la continuité parfaite d'un prolon- gement cellulaire avec une fibrille en voie de développement, d’autre part sur le fait que le filament axile se comporte vis-à-vis des réactifs comme du protoplasma, j'ai été conduit à considérer la fibrille conjonc- tive comme un prolongement cellulaire, qui aurait secrété dans sa partie périphérique la substance collagène (formation pariétale), et qui per- sisterait sous forme de filament axile; ce dernier constiturait par consé- quent la partie protoplasmique, vivante et essentielle de la fibrille; il correspondrait aux fibrilles nerveuse et musculaire, ce qui explique son pouvoir de s’accroitre, d'assimiler et mème probablement de se multi- plier par division longitudinale, quoique ce dernier fait n’ait pas encore été démontré. Par conséquent, la fibrille conjonctive n’est pas un cylindre homo- gène découpé dans la substance coliagène ; elle n’est pas non plus « une partie de la substance fondamentale amorphe régulièrement fibrillée, arrivée à son summum de différenciation morphologique et chimi- que. » (2) Le mot fibrille n’est pas du tout synonyme du mot collagène, puisque ce n'est pas la fibrille in {oto qui gonfle dans les solutions acides. Les tractions mécaniques, même combinées aussi savamment que l’on puisse se l’imaginer, ne pourront jamais découper dans la substance collagène des cylindres ayant une structure aussi complexe; et les fibrilles que l’on à pu reproduire artificiellement (3) ne sont pas plus . des fibrilles vraies que ne le sont les prétendues cellules faites artifi- ciellement. Il n'y a pas plus de blastème (précollagène de Laguesse) formateur de fibrilles, qu’il n'y a de blastème formateur de cellules; les fibrilles, c'est-à-dire leur partie vivante et essentielle, les filaments axiles, ne peuvent provenir que directement des cellules et probablement d’autres filaments axiles. Ce n’est pas le collagène qui produit les fibrilles, c’est juste le con- traire, c’est la partie essentielle, vivante de la fibrille, le filament axile, qui produit le collagène. (Travail du laboratoire d'histologie des Hautes Etudes au Collège de France.) (4) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 7 février 1898. — Comptes rendus de la Société de Biologie, séances du 19 février 1898, du 11 mai et du 28 décembre 1901. (2) Laguesse (db), p. 164. (3) V. v. Ebner. Sitzungsber. der K. Akad. der Wissensch., in Wien Mathem. naturw. Kl., Band CIV, p. 7-124-149, 4895; — Die Chorda dorsalis der niede- ren Fische und die Entwicklung des fibrillären Bindegewebes, Zeitschrift für wiss Zoologie, Band LXII, 1897, p. 469-526. 104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DENSITÉ DU SANG PENDANT LE DERNIER MOIS DE LA GROSSESSE NORMALE, par MM. Pau Bar et R. DAUNAY. Nos recherches ont porté sur cinq femmes bien portantes, arrivées au dernier mois de la grossesse; elles ont été répétées chez les mêmes femmes à une époque assez éloignée de l'accouchement pour qu'on ne pût faire intervenir l'influence perturbatrice de l'hémorragie de la déli- vrance et des suites de couches. Le sang a toujours été recueilli par ponction de la veine céphalique. Pour déterminer la densité, nous nous sommes servi d’une pipette spéciale que nous vous présentons. Cetle pipetle, d’une contenance totale de 1 cent. 1/2 environ, porte à ses deux extrémités une gradua- tion en millimètres cubes. Comme on peut facilement apprécier à la. lecture une demi-division, il en résulte que l'erreur possible dans cette lecture est moindre que 1/2 millimètre cube. Le sang coulait de la veine dans un vase plat et ae nn il était aspiré dans la pipette; on notait sans s'occuper du volume de liquide aspiré les limites de l'espace occupé par le sang dans la pipette, après avoir placé la pipetle dans la glace et ramené ainsi le liquide à 0 degré. On procédait à la pesée sur une balance sensible au 1/10 de milligramme. La densité était calculée après pesée d’un volume d’eau à 0 degré occupant le même espace dans la même pipette. Les résultats ont été, les suivants : ë Femme 1. A) à terme veille de l'accouchement : D— 1,052. B) 63 jours après l'accouchement : D —1,054. - Cette femme nourrissait son enfant. : Femme 2. A) à terme 6 jours avant l'accouchement : D—1,0515. B) 8 jours après l’accouchement (celui-ci ayant été normal et les suites de couches régulières) : D = 1,054. La femme nourrissait son enfant. C) 50 jours après l'accouchement, l’état général paraissait très bon et la femme continuait à nourrir son enfant : D— 1,055. D) 12 jours après le sevrage, état général paraissant très bon : D— 1,060. Femme 3. A) à terme, 5 jours avant l'accouchement : D—1,050. B) 10 jours après l'accouchement : D — 1,0485. La femme qui nourrissait son enfant paraissait très anémiée bien que la délivrance n'eut pas été accompagnée d’hémorragies et que les suites de couches eussent été régulières. C) 40 jours après l'accouchement : D =1 ,0525. La femme, qui était toujours nourrice, était en très bon état de santé. Femme 4. À) à terme 6 jours avant l'accouchement : D = 1,053. B) 18 jours après l'accouchement : D— 1,058. La femme ne nourrissait pas son enfant. SÉANCE DU 23 JANVIER 105 Femme 5: A) à terme 7 jours avant l'accouchement : D = 1.056. B) 10 jours après l'accouchement : D — 1,060. La femme ne nourrissait pas son enfant. Dans tous les cas, la densité du sang s’est montrée diminuée à la fin de la grossesse. Elle s’est relevée vite, moins vite chez les femmes 1, 2, 3 qui étaient nourrices que chez les femmes 4,5 qui ne l’étaient pas. Le sevrage de la femme n° 2 a été suivi d'une rapide augmentation de la densité du sang. L'écart entre la densité du sang à la fin de la grossesse et après l'ac- couchement a été de 1,050 à 4,052 au minimum et de 4,051 à 1,060 au maximum. Chez toutes les femmes, il y a eu relèvement de la densité après l’ac- couchement. A) Blumreich, qui récemment a fait des recherches analogues aux nôtres sur cinq femmes, a observé trois fois une diminution de la den- sité; mais la densité du sang a été déterminée une seule fois après l'accouchement chez chaque femme et huit jours après celui-ci; faites à une époque plus tardive, le résultat eût sans doute été autre. La récolte du sang par simple piqüre au doigt telle que l’a faite Blumreich dimi- nue du reste la valeur de ses expériences. _B) Les chiffres représentant la densité du sang à la fin de la gros- sesse sont supérieurs à ceux donnés par Becquerel et Rodier, même en tenant compte de l'écart de température. Mais ces observateurs ont cer- tainement expérimenté sur des femmes dont beaucoup étaient très anémiées et malades. Ils se rapprochent de ceux obtenus par Nasse, moyenne 1,051 chez 23 femmes au neuvième mois; mais Nasse recueillait le sang à l’aide de sangsues et ses expériences sont critiquables. C) L'écart entre la densité du sang à la fin de la grossesse et après l'accouchement que nous avons observé dans le cas n° 2 (1,051-1,060) est comparable à celui observé dans des conditions analogues par Tri- dondani (1,050-1,059). PROPORTION DU PLASMA; RICHESSE EN GLOBULES ET EN HÉMOGLOBINE ; ALCALINITÉ DU SANG A LA FIN DE LA GROSSESSE NORMALE, par MM. Pau Bar et Daunay. Dans une précédente communication nous avons rapporté des recher- ches que nous avions faites chez cinq femmes sur la densité du sang à la fin de la grossesse; nous avons, chez ces mêmes femmes, étudié : 1° La proportion de plasma ; Biorocix. Comptes RENDuS. — 1904. T. LVI. 8 106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 20 La richesse globulaire et Phémoglobine; 3° L'alcalinité du sang. 1° Proportion de plasma. — Le sang était recueilli par ponction de la veine céphalique ; il coulait directement dans deux tubes portant chacun une double graduation et permettant de mesurer facilement un ving- tième de centimètre cube. Un de ces tubes était plongé dans la glace, l’autre contenait un centi- mètre cube d’une solution d’oxalate de potasse à 1 p. 100. Le sang était alors centrifugé à l’aide d'une centrifugeuse électrique. Le premier tube, pendant toute la durée de la centrifugation, était maintenu dans la glace. Les résultats se sont toujours montrés identiques dans les deux tubes. Femme 1. — Proportion de plasma. A. La veille de l'accouchement 00 000084 02 neo) BAC AourSNapE sl Accouchement en rUAES — Cette femme était nourrice. Femme 2. À. 6 jours avant l'accouchement . . ?: . : 52,1fp."100 B: 8) jours apres l'accouchement #00 200 — C. 50 jours après l'accouchement. : 5954 02 Cette femme était nourrice au moment du dernier examen; on sevra l’en- fant et la proportion de plasma diminua vite, elle était : D, 12 jours après le sevragei. 011 10) 48,27 p#00: Femme 3. A5 jours avarit l'accouchement... 1 :,57,939p."400! LE B. 10 jours après l’accouchement. . . . . . 62,12 — € 40" jours après l'accouchement... 41/0050) Chez cette femme, qui était nourrice, il y eut une augmentation de plasma immédiatement après l’accouchement, mais passagère. Femme 4. A. 06: jours avant l'accouchement M1 1053,5 p.408 B-1S8/jours après l'accouchement," #50 5 Femme 5. AGENT jours ayant l'accouchement. VW -1M00/23 58 bp 4100 B. 10 jours après l'accouchement. . . . . . 39,39 — Ces deux dernières femmes n'étaient pas nourrices. À la fin de la grossesse la proportion de plasma s’est donc montrée accrue; elle a diminué après l'accouchement, moïns vite chez les femmes qui étaient nourrices. La cessation de l'allaitement a été suivie chez ia femme n° 2 d’une rapide diminution du plasma. L'écart entre la proportion de plasma à la fin de la grossesse et en. dehors de celle-ci a été en volume de : 1,39 (57,39 p. 1400-50 p. 100) au maximum. 2,04 (54,04 p. 100-51,5 p. 100) au minimum, SÉANCE DU 23 JANVIER 407 Les variations du volume du plasma sont inverses de celles de la den- sites : 29 Richesse globulaire, hémoglobine, alealinité. — Nous avons compté les globules et dosé l'hémoglobine à l’aide de l’hématimètre et dé l’'hémo- chromomètre de Malassez. L’alcalinité à été déterminée par le procédé de Lumière et le prélèvement de sang nécessaire à cette détermination a été fait immédiatement après la sortie du sang. Les chiffres obtenus ont été les suivants : Femme 1. A B Globules rouges . 3.320. 000 4.000.000. Hémoglobine . . 8 p. 100 91/4 p. 400 Alcalinité . . . . 176wer de soude p. 100 de sang. 1S0mer de soude p. 100 de sang. Femme 2. À B C D Globules rouges. 3.200.000 3:210.000 3.400.000 5.480.000 Hémoglobine. . 8 1/2 p. 100 9 p. 100 8 p. 100 9 1/2 p. 100 Alcalinité. . . . 180msrdesoude. 185msrdesoude. 182me de soude. 190mæ de soude. Femme 3. A B C Globules rouges . : . . 3.120.000 2.840.000 4.400.000 Hémoglobine. . . . . . 9 1/2 p. 100 7 3/4 p. 100 10 p. 100 Alcalinite eme 170mer de soude. 160mer de soude. 115mer de soude. Femme #. A B Globules rouges. 3.200.000 3.600.000 Hémoglobine . . 8 1/2 p. 100 9 1/4 p. 100 Alcalinité . . . . 175mer de soude p. 100 de sang. 180mer de soude p. 100 de sang. Femme 5. A ; B Globules rouges. 3.560.000 4.400.000 Hémoglobine . . 10 1/4 #2 Acalinité #07 Très forte non dosée. Très forte non dosée, Plus de 225ms' de soude. Plus de 225mer de soude, D'une façon générale, les variations globulaires et de l’hémoglobine ont été inverses de celles du plasma. L'alcalinité a été diminuée à la fin de la grossesse ; ses variations, chez chaque femme, sont superposables _à celles du nombre des globules et de l’hémoglobine. Notre conclusion est contraire à celle de Blumreich, mais cet auteur a opéré seulement sur des lapines, animaux chez qui lalcalinité est très variable ; il a de plus employé une méthode infidèle, celle de Lüwy. LA SALIVE D'UN HOMME ATTEINT DE RAGE EST-ELLE VIRULENTE ? par M. P. REMLINGER. La virulence de la salive et des glandes salivaires des personnes atteintes de rage n’est pas universellement admise. Les résultats positifs 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE obtenus par Bardach ont été attribués par Bordoni à une diffusion du virus post mortem et on sait d'autre part que les cas cliniques derage d'origine humaine sont en général plus ou moins sujets à contestations. Tout récemment, Bertarelliet Volpino ont inoculé à 20 lapins de la salive puis une émulsion des glandes parotide, sous-maxillaire et sub-linguale d’un enfant mort de rage et ils ont obtenu des résultats négalifs, alors que les capsules surrénales et le pancréas leur avaient permis de reproduire la maladie. Nous avons appliqué à l'étude de cette question le fait récemment signalé par nous que le virus rabique traverse très facilement la bougie Berkefeld V. Le 22 octobre 1903, six personnes originaires du vilayet de Salonique sont grièvement mordues à la face et aux mains par un loup enragé. Elles n'arrivent à l'Institut antirabique que le 4 novembre, soil treize jours après la morsure. Le 17 novembre (qualorzième jour du traite- ment, apparition chez deux d’entre elles des premiers symptômes de la rage. Pendant toute la journée du 17 et la plus grande partie du 18, on prie ces malades de cracher dans un bocal spécial. Le 19, les deux ‘expecioralions sont mélangées, délayées dans 100 centimètres cubes d'eau et filtrées à travers Berkefeld V. Le filtrat est copieusement ense- mencé dans 10 tubes de bouillon. 5 sont mis à l'étuve à 37°,5 autres lais- sés à la température de la chambre. Aucun développement. Le filtrat est inoculé d'autre part à la dose d'un centimètre cube sous la dure-mère de huit lapins. Tous ont survécu. Aucun n’a contracté la rage. Deux autres lapins, inoculés sous la peau avec deux et cinq centimètres cubés d'émulsion de salive non filtrée sont également indemnes ‘après deux MOIS. On n'a pas souvent, fort heureusement, l'occasion de pratiquer une telle expérience. Aussi, bien que conscient des critiques dont elle est justiciable, nous a-t-il paru intéressant de la publier. Il va de soi que la question qu’elle soulève ne pourra être réglée que par un grand nombre de constatations analogues. (Institut impériat de Bactériologie, à Constantinople). CONTRIBUTIONS A LA THÉORIE DES POLYGENÈSES, par M. JAN Ter. Je me propose de présenter dans cette note préliminaire quelques. considérations théoriques sur l’origine des monstres composés. Elles me sont suggérées par une longue série d'études et de mensurations d'un matériel tératologique abondant, concernant les diplogenèses embryon- SÉANCE DU 29 JANVIER 109 naires chez les Reptiles et les Oiseaux (chez ces derniers j'ai étudié aussi trois cas de triplogenèses très jeunes), et par les comparaisons pré- cises avec les mensurations prises sur un grand nombre d’embryons « normaux » des mêmes espèces. En parlant des dimensions « d’un in- dividu simple normal » j'ai en vue les moyennes des variations indivi- duelles, tirées en excluant les termes extrêmes (c’est-à-dire les cas de nanisme et de gigantisme embryonnaires). ' En comparant les dimensions des monstres composés à divers stades avec celles des embryons simples de mêmes stades, j'ai constaté : que les dimensions des régions différenciées des polygenèses autositaires surpassent celles des embryons simples «normaux » dans une mesure qu'on peut exprimer, en général, avec un grand degré d'approximation par la formule 2 N-C (resp. 3 N-C), où N désigne la masse d'un individu simple normal et C une fonction variable représentant l'étendue des régions com- munes aux deux (resp. trois) composants d’un système embryonnaire polygénétique. Dans tous les cas que j'ai étudiés, chacun des composants d’une polygenèse autositaire spontanée atteint toujours les dimensions normales d’un individu simple indépendant, même dans les stades les plus jeunes (p. ex. celui de la ligne primitive). Ce fait est en contradic- tion évidente avec les faits de dédoublements embryonnaires expéri- mentaux (l’écartement des blastomères par secousses ou renverse- ment, etc., comme dans les expériences de Schultze, Wilson et tant d’autres) qui ne peuvent être considérés que comme les produits d'une Lostgénération. Il me semble donc qu'il faut distinguer d’une facon nette et précise ces produits de postgénération secondaire des polygenèses spontanées ou originelles. L'origine de ces dernières ne peut êlre, à mon avis, attribuée à l'écartement des blastomères, mais à d’autres causes qui précèdent la segmentation, parmi lesquelles la duplicité complète ou partielle de l'appareil ovulaire de l'œuf doit tenir le premier rang. Cette duplicité du noyau ovulaire et de la masse nucléaire (suivie ou non de l'augmentation de protoplasme et de vitellus — ce qui dépend du stade auquel à lieu la fusion des œufs primordiaux dans l'ovaire) doit amener fatalement la décentralisation du mécanisme cytolo- gique de l’œuf, puis celle de la segmentation et de l'évolution ultérieure. Il est aussi bien possible que les variétés de cette décentralisation primaire définissent même le caractère de la polygenèse qui en provient. Ajoutons que s'il est nécessaire qu’un tel œuf soit fécondé par deux spermatozoïdes, le - phénomène ne présente point de difficullés théoriques. La polyspermie, en effet, est normale pour les œufs méroblastiques (Rückert, Fick}, et, d'autre part, cette « fécondation double », même d’un œuf holoblastique binucléé, peut bien avoir lieu sans l’affaiblissement préalable de l’œuf sous l'influence d’une action pathogène, par le simple effet de sa décentralisation cytomécanique qui le rend équivalent à deux cellules. La duplicité de l'appareil nucléaire de l’œuf, qui peut présenter des formes très variées, depuis celle d’un noyau grand étranglé (Eismond 1898), ou de 110 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE deux noyaux très rapprochés (mon cas de l'œuf de Lapine.dont:la description paraîtra bientôt), jusqu'à la séparation complète des noyaux (L. Blanc, 1892), peut être accompagnée par une augmentation plus ou moins prononcée de plasma ovulaire et même aboutir à un étranglement partiel de l’œuf (Hoyer, l’œuf d’une chatte, 1897). Dans les cas de deux blastodermes sur un jaune unique, le volume de ce dernier peut être plus grand que d'ordinaire (1). Cette augmentation de vitellus (qui peut même aboutir à la formation d’un « œuf double » (2) ne se produit d’ailleurs pas nécessairement, même dans les cas de blastodermes doubles qui peuvent être considérés comme intermé- diaires entre le dédoublement total des jaunes et les vitellus à volume ordinaire portant un blastoderme unique polyembryonné. Personne ne doute que plusieurs blastodermes indépendants situés sur un vitellus. proviennent d’un ovocyte muni d’un nombre égal de noyaux (Wetzel, 1900). Or, de cette forme monstrueuse, on passe à des cas où deux blastodermes semblables, dont chacun conserve les dimensions normales, sont «unis » par les bords (Mitrophanow, 1899), et même plus, comme je l’ai déjà montré dans mes récentes publications russes et polonaises (1903). On peut alors établir une série ininterrompue entre le cas de M. Mitrophanow et ceux où les formations polygénétiques ne paraissent qu'au centre d'une seule aire transparente. En résumé, je dois insister sur le fait, résultant de mes mensurations précises, que, au moins chez les sauropsidés, chaque composant figuré d'un système embryonnaire polygénétique autositaire atteint — même dès le début du développement commun — les dimensions normales d’un embryon simple indépendant. Ce fait doit être attribué à l'exis- tence d’un facteur spécial (plus ou moins individualisé ou indépendant), comparable à celui qui détermine et dirige le développement d'un indi- vidu simple à dimensions normales. Ce facteur doit être cherché dans l'augmentation respective et la décentralisation variable de la masse nucléaire de l'œuf qui influence toute son évolution ultérieure. On peut dire qu'il s’agit ici d'une « ovotomie virtuelle » (Et. Rabaud 1901), mais sans intervention des processus de postgénération et se produisant sur un germe plus ou moins dédoublé ou multiplié dès son origine ova- rienne et même provoquée par cette plurivalence primitive. (Laboratoire zootomique de l'Université de Varsovie.) (1) Fabricius d'Aquapendente : « Eam (cicatriculam), in magno vitello dupli- cem aliquando observavimus... » De Formalione ovi et pulli. 4621. Ajoutons, que, — pour les Sauropsidés au moins, — le sort ultérieur d'une monstruosité composée est bien lié avec la” quantité de vitellus dont elle dispose, surtout dans les cas où la valeur de C est insignifiante. (2) Quant à la question de provenance des polygenèses des œufs dits doubles, elle peut être résolue affirmativement, vu le cas trouvé par M. P. Mitropha- now, et que, grâce à l’obligeance de mon vénéré Maître, je décrirai dans une publication francaise prochaine où je réunirai tous les matériaux qui ont servi d'appui à cette note. SÉANCE DU 23 JANVIER 4144 ACTION DE LA PILOCARPINE SUR LE GLYCOGÈNE DU FOIE, par MM. M. Doyon et N. KAREërF. La pilocarpine diminue-ou fait disparaître le glycogène du foie. Conditions expérimentales. L'expérience est réalisée chez le chien. On excise un fragment de foie pesant 20 grammes pour un premier dosage de glycogène. On injecte aussitôt dans une veine issue de l'intestin du chlorhydrate de pilocarpine. Après un intervalle déterminé on prélève un second échantillon de 20 grammes de foie pour un nouveau dosage de glycogène. Les dosages ont été exécutés par la méthode de Fraenkel- Garnier. Quantité de glycogène contenu dans 20 gr. de foie. Exp. I. — Cüien de 10 kilog., à jeun depuis 24 heures, Avant l'injection. . . . : ANNEE Er BAT Injection de 0 gr. 1. Piloc. de. 10 den. cubes eau. 65 minutes après l'injection DNA 0 lors: 251 Exp. II. — Chienne de 8 kilog., à jeun. AAA) CC HO Re PAP ONU AS RAR ne AO or 020 Injection de 0 gr. 2 dans 20 cent. cubes eau. 65 minutes après l'injection . . . traces. Exp. II. — Chienne de 9 kilog. 500 à ou in 4 tte AVanbAliN)eCtione.e 700 D Re UO rer. A0 17 Injection de 0 gr. 1 dans 1 cent. cube eau. 30 minutes après l'injection. . . . MAR DEGE 2%2 Exp. IV. — Expérience témoin, chien de 13 ie à jeun depuis 24 heures. premier échantillon te) a Rares ANS Rte on Qr6r.996 Pas d'injection. Echantillon prélevé 30 minutes après le premier . . O0 gr. 951 Parallèlement à la diminution ou à la disparition du glycogène hépa- tique nous avons observé une augmentation du glucose dans le sang artériel. IXCITATION FONCTIONNELLE DU CORPS THYROIDE, AU MOYEN DES RAYONS X, par M. R. LÉPINE. Des recherches antérieures m'ont permis de constater que, si l’on in- gère à un chien plusieurs corps thyroïdes de mouton, on observe, dans la première urine rendue après cette ingestion, une diminution du rap- port normal existant entre l'acide phosphorique et l'urée; puis, dans 112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'urine rendue quelques heures plus tard, une augmenlation de ce rap- - port. Ainsi, sur un chien au régime exclusif de la viande de cheval, excrétant en moyenne 7 grammes d'acide phosphorique pour 100 d'urée, on trouvera peu après l'ingestion de glande thyroïde seulement 6 grammes ou même 5 grammes d'acide phosphorique, et, au contraire, dans les heures consécutives, 8, ou même 9 grammes (pour 400 d’urée). Or, si au lieu d’ingérer de la glande thyroïde à l'animal on exposeson cou aux rayons X pendant trois quarts d'heure environ, le reste du corps étant protégé par une plaque de plomb, on observe la même modifiea- tion du rapport de l’acide phosphorique à l’urée. Si au contraire on pro- tège le cou par la plaque de plomb, en n'exposant aux rayons X que la tête, la modification susdite de l'urine n’a pas lieu, bien que l'animal, comme dans le cas précédent, éprouve certains effets des rayons X, notamment une élévation de la température centrale, qui atteint le plus souvent plus d’un demi-degré. Cette double expérience a été plusieurs fois répétée sur des chiennes, qui étaient sondées régulièrement à sept heures du matin, à une heure et à cinq heures de l'après-midi. Elle a donné, presque toujours, des résultats très nets. Quand il n’en a pas été ainsi, c’est qu’il y a eu intervention de quelque influence perturbatrice : ainsi, mes animaux : buvaient de l’eau à discrétion, et, la température extérieure étant variable, j'ai observé d'un jour à l’autre d'assez grandes différences dans l’urination. De plus, la qualité de la viande de cheval n’est pas tou- jours la même, et cette influence est bien réelle; car j'ai vu parfois que tous mes chiens, certains jours, avaient un rapport plus ou moins élevé que la veille. Pour se mettre à l'abri de ces influences perturbatrices il est nécessaire d'établir des moyennes. Voici celles de quinze jours chez une chienne jeune, de 18. kilogr. : parfaitement bien portante, mangeant un kilogramme de viande maigre vers dix heures du matin, et dont le cou, certains jours, à une heure de l’après-midi, était exposé à l’action des rayons X. Jours Jours de l'exposition normaux. aux rayons X,. Urée de l'après-midi, par heure. . . 3 grammes. 3 gr. # Rapport de l'acide phosphorique à 100 dre à dans \urmierde apres midi NP NN A CEE NS 6 grammes. Urée de lanuiparhenre Tome 2er 2 EP. à Rapport de l'acide Stone à 100. d' urée dans urine de la nuit EAN nee ES 6 gr. 5 On voit que l’excrélion de l’urée est augmentée par l'exposition aux rayons X, et que, comme je le disais en commencant, sous l'influence des rayons X, le rapport de l’acide phosphorique à l’urée baisse dans SÉANCE DU 23 JANVIER 113 la première heure (de 6, 8 à 6), pour augmenter au contraire dans la nuit (de 6,3 à 6,5). On remarquera que ces différents chiffres sont infé- rieurs à 7, que j'ai indiqué comme le rapport normal pour l'urine de vingt-quatre heures, mais le chiffre est dépassé dans l'urine de la malinée. En résumé, l'exposition du cou aux rayons X peut être suivie, chez un animal qui réagit bien (1) d’une excitation fonctionnelle du corps thyroïde qui amène dans sa nutrition une perturbation analogue à celle qui résulte de l’ingeslion de quelques grammes de glandes. L’exposilion de la tête seule de l'animal, le cou étant protégé, n’est pas suivie de cet effet. SPÉCIFICITÉ DE LA RÉACTION CHROMAFFINE : GLANDES ADRÉNALOGÈNES, par M. Pauz MuLon. Les cellules médullaires de la surrénale contiennent des granulations qui présentent, entre autres réactions colorantes, les trois suivantes : celle de Vulpian, celle de Os0‘, celle des chromates dite réaction chro- maffine. Or : 1° Depuis Takamine on sait que l’adrénaline donne avec le perchlo- rure de fer une teinte verte, c'est-à-dire produit la réaction de Vul- pian. 20 Dans une note précédente, j'ai montré que vis-à-vis OsO* l’adréna- line, même pure, fournit une teinte qui vire du rose au noir. 3° En troisième lieu, si, sur un petit cristal d’adrénaline, on laisse tomber une goutte de solution de bichromate de potasse à 3 p. 100, ce cristal prend immédiatement une teinte ocre rouge. En un mot on peut réaliser in vitro la réaction chroma/ffine avec de l’adrénaline et un chro- male. Ces faits me paraissent suffisants pour identifier avec l’adrénaline la substance qui imprègne, voire qui forme les granulations des cellules chromaffines de la surrénale. Ces grains étant manifestement des grains de sécrélion, l’adrénaline se trouve donc sécrétée par les cellules chromaffines. Mais, il y a plus : I. — Au niveau des corps surrénaux des plagiostomes les cellules (1) Chez une chienne vieille, j'ai observé des modifications de même sens, mais moins accusées que chez la chienne jeune dont j'ai donné les chiffres. A14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chromaffines présentent la réaction de Vulpian (1). En août 1903, au aboratoire du professeur Delage à Roscoff, j'ai en outre vu que ces mêmes cellules rougissent puis noircissent sous l'influence des vapeurs d'Os0*. Or Biedl a trouvé que ces corps suprarénaux produisaient une sub- stance ayant une action hypertensive sur la pression sanguine. Ici donc encore, il y a superposition, dans un même organe, des trois réactions dont j'ai considéré l’ensemble comme caractéristique de la présence de l’adrénaline, avec la preuve physiologique de la et de cette adrénaline. IL. — J'ai enfin cherché si les cellules éromatines découvertes par Stilling dans le glomus caroticum contenaient elles aussi de l’adrénaline. La réaction de Vulpian n'est bien visible ici que si l’on broie légère- ment l'organe (lapin) sur une feuille de papier buvard imprégnée d'une solution alcoolique de perchlorure de fer. Les cellules sont en effet trop petites et trop disséminées pour que la teinte verte qu'elles prennent soit visible à la lumière transmise du microscope. La réaction de OsO“ réussit beaucoup mieux, et, sur des coupes faites par congélation au travers d'un glomus caroticum de cheval ou de bœuf, j'ai obtenu le noircissement des mêmes cellules qui préepnieRt d’autre nan la réaction chromaffine. Enfin j'ai fait à des lapins des injections intra- veineuses d'extraits aqueux de glomus caroticum de cheval. Dans les deux cas où j'ai opéré dans de bonnes conditions au point de vue du nombre et de la fraicheur des organes, j'ai obtenu des tracés sur lesquels, avec l’action cardiaque bien connue de l’adrénaline, on observe une élévation de la pression sanguine (3,4 et 4 centimètres de Hg) visible sur les tracés que je pré- sente (2). On peut donc dire qu'au Rien du glomus caroticum il y a également coïncidence des trois réactions colorantes caractéristiques citées plus haut avec la preuve physiologique de l'existence de l’adré- naline. Je n’ai pu encore me procurer un organe de Zuckerkandl frais pour en pratiquer l'examen histo-chimique (réact. de Vulpian et de OsO‘), mais l’on peut déjà conclure des faits que je viens d'exposer : I. — La réaction chromaffine est spécifique de la présence de l’adré- naline dans une cellule. IT. — L'adrénaline est sécrétée par les cellules chromaffines. IT. — Le glomus caroticum est une médullaire surrénale accessoire. IV. — Il existe, chez les vertébrés supérieurs comme chez les Téléos- téens, des glandes adrénalogènes disséminées le long du sympathique, au (1) P. Mulon. Comptes rendus de la Société de Biologie, p. 1903. (2) Je tiens à remercier ici M. L. Camus dont l’aide et les conseils m'ont té si précieux pour cette partie physiologique. r Es SÉANCE DU 23 JANVIER 415 voisinage des groupes de cellules. Et ce voisinage est plein d'intérêt à cause des propriétés vaso-motrices que présentent le sympathique comme l’adrénaline. (Travail du laboratoire du D° Launois.) SUR UNE RÉACTION DE L'ADRÉNALINE (.IN VITRO »; SON APPLICATION A L'ÉTUDE DES SURRÉNALES, par M. Pauz MuLon. Lorsqu'on expose aux vapeurs d’Os0O' une coupe de surrénale fraiche faite par congélation, il se produit instantanément une teinte rose au niveau de toute la substance médullaire. Très rapidement cette teinte vire au brun roux, puis au noir franc. Si l’on suit la marche de cette réaction au microscope sous un faible grossissement, on constate que la coloration porte sur les cordons cel- lulaires de la substance médullaire uniquement. La réaction est déjà terminée alors que la graisse surrénale n’est pas encore colorée et que la graisse péri-surrénale l’est à peine. Chez tous les animaux que j’ai observés (homme, chien, renard, chat, bœuf, veau, porc, cheval, cobaye, lapin), la teinte macroscopiquement noire de la médullaire n'apparaît pas homogène au microscope : on dis- tingue en effet des cordons qui sont restés rose-brun parmi les autres, généralement plus nombreux, qui sont devenus noirs. À un fort grossissement, on constate que la coloration brune ou noire porte sur les nombreuses granulations qui remplissent les cellules. Le cytoplasma inter-granulaire est lui-même plus faiblement teinté de brun ou de gris. Les noyaux font tache claire au sein du corps cellulaire. Quelle est la cause de cette double coloration ? Étant donné la propriété connue d'Os0* on peut tout d’abord penser que la coloration noire est due à une graisse. Mais si on lave la coupe à l’eau avant de la soumettre aux vapeurs d’Os0’, la réaction ne sy pro- duit plus; l’eau de lavage en revanche se colore, quoique très faible- ment ; aucune graisse n'étant soluble dans H°O, il faut en déduire que ce n'est pas un corps de cette catégorie qui provoque la réaction. J'ai alors pensé que celle-ci pouvait être due à l'adrénaline. Or, cette hypothèse se confirme : a) Une goulte d’une solution faible d’adrénaline, exposée aux vapeurs d’Os0”, prend instantanément une teinte rosée. b) Si l’on emploie une solution d'adrénaline concentrée, la couleur atteint le brun rouge sale. ©) Si enfin l’on opère sur une sorte de bouillie d’adrénaline, on obtient 116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’abord un ton rose, puis un ton rouge brun et finalement une teinte franchement noire exactement comme lorsque l’on opère sur la médul- laire de surrénale. Ce sont les petits grains d’adrénaline qui deviennent noirs. Il se produit là un double phénomène. 1° Oxydation de l'adrénaline sous l'influence d'Os0*, oxydant éner- gique, et production concomitante de la teinte rose que prend toujours l’adrénaline en s’oxydant, à l’air par exemple. 2° Réduction de Os0* résultant directement de l'oxydation de l’adréna- line. L’osmium métallique se précipite et sa teinte noire Ss’unit d’abord à la teinte rouge de l’adrénaline oxydée pour la masquer ensuite. C'est bien à OsO* qu'est due la teinte noire finale car l’adrénaline pure en s'oxydant ne prend jamais cette coloration, et d'autre part si dans le mélange Ad + Os0* on empêche la réduction d’Os0", tout en favorisant l'oxydation de l’adrénaline, ce qu'on peut oblenir par l'addi- tion d’une oxydase, le mélange reste rouge, sans virer au noir. Enfin, parmi les substances dont on peut supposer (lécithine) ou admettre (acide phosphorique) l'existence en grande quantité dans Ja substance médullaire, l’adrénaline est la seule qui fournisse vis-à-vis OsO* la réaction colorante telle que nous venons de la décrire. Conclusions. — Mise en présence de Os0', l’adrénaline s'oxyde et rougit, puis notrcit. L'intensité du virage est fonelion de la quantité. _ d’adrénaline en solution (1). Pour l'examen histo-chimique, il vaut mieux employer Os0O" en vapeurs afin d'éviter de dissoudre l’adrénaline contenue dans la coupe. Il faut agir sur l'organe frais. On constate alors que, dans les surrénales, l’adrénaline AE con- tenue uniquement dans la médullaire et plus précisément qu’elle existe en nature (2) au niveau des granulations intracyloplasmiques qui vrai- semblablement en sont entièrement formées (3). 1. Cette réaction est spécifique de la présence de l’adrénaline dans une cellule. (2) Je fais ici une réserve sur la présence possible d’une substance étran- gère qui hâterait l'apparition de la teinte noire. Des recherches en cours pré- ciseront ce point. (3) Je suis donc sur ce point plus affirmatif que Ciacco qui, dans un travail paru ces jours ci, pense que l’on pourrait « dirsi chela sostanza midollare elabora una sostanza generatrice della sostanza attiva o adrenalina che ya mano trasformandosi fino ad intrare nelle vene pura o quasi ». SÉANCE DU 23 JANVIER 117 NOTE SUR DEUX CAS D'HYPERCHLORHYDRIE TRAITÉS PAR LE RÉGIME HYPOCHLORURÉ, par M. LAUFER. Nous avons appliqué, dans deux cas d’hyperchlorhydrie, le régime hypochloruré que nous avions eu l'occasion d'étudier longuement dans un travail antérieur (1). Le premier cas concerne un homme de quarante-deux ans, neurasthé- nique, présentant depuis deux ans des symptômes nets d'hyperchlor- . hydrie paroxystique avec vomissements acides. Les crises ne se calmaient qu'avec le régime lacté absolu. Nous avons songé à soumettre ce malade au régime ordinaire et varié qu'il prenait dans l'intervalle des périodes douloureuses et qui comprenait de la viande, du lait, des œufs, des légumes, des fruits, du sucre, par le même régime mais sans addition de sel soit pendant la cuisson, soit à la table. De plus, nous lui avons fait prendre du pain fabriqué sans sel. Un pareil régime contient encore, cependant, dans sa composition chimique, 4 grammes environ de sel. Au bout de quelques jours, les crises douloureuses diminuaient d'intensité, mais elles ne disparurent presque complètement qu'avec Pétablissement d’un régime varié spécial se rapprochant de celui que nos maîtres, Ch. Richet et Toulouse, avaient composé pour les épileptiques hypochlorurées, et que nous n'avons ordonné que dans le but de réaliser une hypochloruration aussi complète que possible et une alimentation facilement supportable. Ce régime était le suivant : At ARR RE NE AN OOO crammes! Pommes de te A TE UN te LATE 300 — DEUX US EEE Rae ee 70 — Viande de Doœub RAIN Aer AR 300 — DE AIN A PE A PA LUS ANG DE ARS 200 — SUCRÉS 7 NA RAT ARE AU CD AE RAS 50 — BND DURS LAN EE AN LE A Rte ARE RUE URSS 40 — Ce régime contient 2 gr. 19 de sel, savoir : 1 litre de lait. 0 CNET ere 00 Na CT 2œUIS delgo orammes "020 PORT 130 300 grammes de viande. 0 gr. 73 200 grammes de farine. . . . rer 0er. 02 300 grammes de pommes de be, RM PHr 0er: 108 L'amélioration fut remarquable ; mais, chose intéressante, le malade (1) L'hypochloruration et l'action des bromures dans l'épilepsie. Paris, 1901. 118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE essayait-il d'ajouter à son régime du pain ordinaire salé, les crises gastriques réapparaissaient. Elles réapparaissaient également avec l'addition de petites quantités de sel. Dans les analyses des différentes variétés de pains que nous avions faites au laboratoire du professeur Ch. Richet, nous avions trouvé en effet des quantités relativement élevées de sel : [pain ordinaire (bouleau ou fendu) 5 à 6 grammes par kilo; pain riche (pain de fantaisie, pain anglais), 8 à 10 grammes; croissant, 15 grammes}. Enfin les douleurs avaient tendance à réappa- raître avec le régime ordinaire non salé. Le malade suit le régime spécial depuis un mois, il l’a d’ailleurs facilement accepté et toléré. Le second cas peut être calqué sur le premier : il concerne une femme de trente-quatre ans présentant également des crises douloureuses avec éructations acides et nausées trois ou quatre heures après les repas. Le régime ordinaire sans addition de sel donna une amélioration - légère mais réelle. Le régime spécial seul amena une amélioration complète. Quand on essayait en effet de substituer trop tôt le régime ordinaire sans sel au régime spécial, comme chez le malade précédent, les crises revenaient, moins fortes cependant qu'avant le traitement. Ce n'est qu'au bout d’un mois que le régime ordinaire sans sel. put être administré sans inconvénient. La conclusion à tirer, c'est qu’il faut une hypochloruration maxima pour obtenir un résultat satisfaisant. Ce n’est qu'au bout de quelque temps qu'on pourra passer au régime varié sans sel, puis au régime salé en commençant par le pain donné en petites quantités d’abord, pour maintenir les résultats acquis. Nous nous proposons à étudier la*« méthode dans le syndrome de Reichmann. ETAT DU CAIZ£LOT DANS LE PURPURA, par M. R. BENSAUDE. Dans une récente communication (Société de Biologie, #2 décembre 1903;, M. Henri Grenet rapporte quatre observations de purpura hémor- ragique avec caillot rétractile constituant, dit-il, « des exceptions à la règle formulée par MM. Hayem et Bensaude ». Il montre les causes d'erreur que peut présenter l'étude du caillot et croit préférable, pour les éviter, de recueillir le sang directement par ponction veineuse. Cette communication nous a inspiré les observations suivantes : 1° C'est M. Hayem, et lui seul, qui a découvert, dans le-purpura hémorragique, la non-rétractilité du caillot coïncidant avec la rareté des hématoblastes. Nous n'avons fait que rechercher cette double lésion hématique dans les diverses variétés de purpura et nous avons essayé d'établir une loi générale permettant une classification des purpuras. SÉANCE DU 23 JANVIER 119 Les faits étudiés par M. Grenet sont donc plutôt en contradiction avec nos propres recherches qu'avec celles de MM. Hayem et Bensaude (4); 2° Tous les physiologistes ont insisté sur les causes d'erreur qui, dans l'examen du caillot, peuvent résulter du contact plus ou moins prolongé du sang avec les lèvres de la plaie, les corps étrangers, etc. Nous crai- gnons que la ponction veineuse proposée par M. Grenet ne mette pas à l'abri de ces causes d'erreur. Chez un purpurique du service de M. Troi- sier (suppléé par M. Widal), le sang de la veine pris avec une simple aiguille a laissé, à deux reprises, transsuder du sérum alors que le sang de la pulpe du doigt donnait toujours un caillot non rétractile. Nous avons, d'autre part, montré (2) qu’en prenant du sang dans une veine à l’aide d’une seringue, on pouvait obtenir un caillot, tantôt rétractile, tantôt non rétractile, suivant que l'instrument était manié plus où moins rapidement et faisait plus ou moins bien le vide. Jusqu'à nouvel ordre, il faut done conserver le procédé d'étude du sang en éprouvette tel qu'il a été conseillé par M. Hayem en 1885 (3); 3° La première observation de M. Grenet concerne un purpura loca- lisé à la peau (éruption composée de pétéchies et de petites ecchymoses ne dépassant pas le diamètre d'une lentille). Il n'existait pas de grandes ecchymoses ni d’hémorragies muqueuses. Ce cas, selon M. Grenet, n’est pas en contradiction absolue avec la règle formulée par MM. Hayem et Bensaude. IL nous paraît plus juste de dire qu'il la confirme. « Il est nécessaire d’insister sur le point, écrivions-nous, que, dans tous nos cas, il s'agissait de purpura avec grosses hémorragies sous-cutanées et muqueuses. Il y avait de larges ecchymoses sous-cutanées, de véritables bosses sanguines, des « bleus » simulant des coups et différant des pélioses constituées par un simple pointillé hémorragique; les épistaxis, les stomatorragies n’ont jamais fait défaut; elles existaient tantôt seules, tantôt accompagnées d’hémorragies par d’autres muqueuses » (4); (1) G. Hayem. Académie des sciences, 23 novembre 1896. — R. Bensaude. Bull. et Méin. Soc. méd. hôp., 15 janvier 1897, et Manuel de diagnostic de MM. De- bove et Achard, p. 55. — G. Hayem et R. Bensaude. Sur la non-rétractilité du caillot et l’absence de formation de sérum dans la variole hémorragique pri- mitive. Mécanisme des hémorragies, Société de Biologie, 19 janvier 1901. — G. Hayem et R. Bensaude. Sur un cas de leucémie aiguë à forme hémorra- gique avec non-rétractilité du caillot sanguin, Société médicale des hôpitaux, 13 février 1903. (2) R. Bensaude. Société médicale des hépitauæ, 15 janvier 1897, et le « Phé- nomène de l’agglutination des microbes », Thèse de Paris, 1897, p. 55. (3) G. Hayem. Examen du sérum du sang, Congrès de Grenoble, 1885. (4) Il est difficile de définir et de limiter d’une facon précise le purpura hémorragique. On nous a souvent prié d'examiner le sang de malades chez lesquels ce diagnostic avait été porté à tort. Il s'agissait généralement de sujets ayant des pétéchies sur la peau et présentant en même temps une 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4 Les trois autres observations sont des faits de purpura hémorra- gique mais dont l'étude hématologique n’est pas complète. M. Grenet se borne à examiner le sang pris dans la veine (apparemment une seule fois par malade) et néglige la prise du sang à la pulpe du doigt. Il ne nous renseigne pas davantage sur l'état des hématoblastes. C’est là cependant le seul moyen que nous possédons d'éviter les causes d’erreur résultant de l'examen du cailiot. Si les hématoblastes sont très rares ou absents, le caillot n'est pas rélractile ou ne l’est que très incom- plètement. Si dans ces conditions le sérum transsude comme à l'état normal, c’est qu'il y a une faute de technique commise. En résumé : Contrairement à M. Grenet, nous ne croyons donc pas que la prise du sang dans la veine puisse éviter les causes d’erreur aux- quelles on est exposé dans l'étude du caillot sanguin. Le seul moyen que nous possédons consiste dans le contrôle de l'examen du caillot par celui des hémetoblastes. Cette donnée indispensable nous manque dans les trois observations de M. Grenet. Loin de nous cependant l’idée de nier la possibilité d'un cas de purpura avec des hémorragies ne pré- sentant pas la double lésion hématique. M. Lenoble (1) a étudié des faits de ce genre et a essayé de les grouper dans une classe à part distincte par ses caractères cliniques et hémato- logiques. Ce sont là des faits de passage à lésion sanguine souvent ina- préciable qui établissent la lransition entre le purpura simplex et les grands hémorragiques. Mais ces exceptions ne peuvent que confirmer la règle générale que nous avons formulée et dont l'exactitude a été reconnue par nombre d'auteurs. & ” NOTE PRÉLIMINAIRE SUR UNE TRYPANOSOMIASE DES DROMADAIRES D ALGÉRIE, par MM. Epmonp et ÉTIENNE SERGENT. Nous avons constaté, en octobre 1903, la présence de Trypanosomes dans le sang de plusieurs Dromadaires d'Algérie (à l'Oued-Athménia, département de Constantine). Sur un troupeau de vingt bêtes, trois hémorragie viscérale isolée : hémoptysie chez un tuberculeux, hématurie chez un brighlique, hématémèse ou méléna chez un gastropathe. Il nous est par- fois arrivé de ne pouvoir dépister la cause de cette hémorragie viscérale isolée, et cependant il était évident, d’après les symptômes et l'évolulion de la maladie, qu'il ne s'agissait pas du syndrome hémorragique du purpura. Le mot « purpura hémorragique » n’est donc pas toujours synonyme de purpura avec des hémorragies muqueuses ou viscérales. (1) E. Lenoble. Les purpuras et leurs modalités cliniques, Annales de der- matologie et de syphiligraphie, décembre 1902. SÉANCE DU 23 JANVIER 191 étaient infectées. Deux d’entre elles étaient considérées comme malades par les chameliers : le seul symptôme est l’amaigrissement progressif qui aboutit à la mort. L'une de ces deux bêtes, une vieille chamelle, a avorté chaque fois qu'elle a été pleine, il y a deux ans qu’elle est malade ; à part son état de maigreur accentué, nous ne relevons aucun signe pathologique extérieur; pas d’ulcérations à la vulve, à l'anus, rien au ventre, aux yeux, aux lèvres. Température buccale 38°9. On trouve jusqu'à trois Trypanosomes par champ d'immersion. La troi- sième bête est un chamelon de six mois, qui ne présente aucun symp- tôme de maladie. On compte deux à trois Trypanosomes par prépara- tion. La morphologie de ce Trypanosome rappelle celle des Trypanosomes du Nagana et du Surra, il ne présente aucun caractère différentiel mar- quant. Telle est l'opinion qu'ont bien voulu nous donner MM. Laveran et Mesnil. Le centrosome se colore bien, les formes de division se voient dans le sang périphérique. Nous avons inoculé le Trypanosome du sang de la vieille chamelle à différents animaux de laboratoire, en faisant des séries de passages par la même espèce, de facon à constater les variations éventuelles de la virulence. Jusqu'à présent, nous n'avons constaté aucune modification de la virulence de notre virus, chez aucune des espèces animales expé- rimentées. Les rats blancs se montrent sensibles à notre Trypanosome d’une facon fort régulière, la maladie a duré, en moyenne, chez les animaux observés, seize jours lorsque l’inoculation était faite sous la peau, et neuf jours et demi lors- qu'elle était faite dans le péritoine. L'incubation était respectivement de trois et de un Jour. Les Trypanosomes, trois ou quatre jours après leur apparition dans le sang des rats, y diminuent de nombre, ou en disparaissent complète- ment pendant quelques jours, puis il réapparaissent pour ne plus être absents. Quand la mort survient, les Trypanosomes sont devenus très nom- breux ou bien, au contraire, ils diminuent de nombre dans les derniers jours de la vie. A l’autopsie, la seule lésion constatée est une hypertrophie énorme de la rate, qui pèse jusqu’à dix fois son poids primitif. Les rats d’égout, jusqu'à présent, réagissent comme les rats blancs. Les souris blanches semblent être un peu moins sensibles à notre Trypano- some que les rats blancs, quelques-unes sont mortes en une dizaine de jours avec une pullulation intense des parasites dans leur sang, mais chez d’autres la maladie traîne, et à certains jours les Trypanosomes font défaut dans le sang périphérique. L'incubation moyenne est de quatre jours quand l'inoculation est sous- cutanée, et de deux jours quand elle est intra-péritonéale. A l’autopsie, on constate une hypertrophie très considérable de la rate. Les souris grises réagissent d’une facon très irrégulière : certaines n’ont pas été infectées par l’inoculation de sang virulent. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 9 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les lapins réagissent à l’inoculation de notre Trypanosome comme à celle des autres Trypanosomes pathogènes des mammifères : l'infection a chez eux une marche irrégulière, des poussées de Trypanosomes sont constatées de: temps à autre dans le sang, correspondant parfois, mais pas toujours, à une élévation de la température. On constate aussi l’æœdème des parties génitales et de l’anus, la chute des poils à la queue et à la base des oreilles, la conjonc- tivite purulente. La durée de la maladie à été, chez trois lapins, de dix-neuf jours en moyenne; mais d’autres lapins survivent après quarante-cinq jours. L'incubation est de huit jours et demi après l’inoculation sous-cutanée, de six jours après l'inoculation intra-péritonéale, de deux jours après l’inocula- tion intra-veineuse. Chez les cobayes, la réaction se fait à peu près comme chez les lapins, sauf en ce qui concerne les lésions extérieures, qui font défaut. La plus petite durée de la maladie a été de douze jours, mais certains cobayes vivent après deux mois; l’incubation a été plusieurs fois de trois jours après l'inoculation sous-cutanée, mais elle a été aussi parfois beaucoup plus longue; elle est de quatre jours et demi après l’inoculation intra-péritonéale. Chez le chien, la marche de l'infection est assez irrégulière, l'apparition de Trypanosomes correspondant à des poussées de température. Chez un chien, mort trente jours après l’inoculation, la grande pullulation des Trypanosomes constatée à la fin de la vie a été accompagnée d’une forte hypothermie. La chèvre réagit au virus d’une façon irrégulière, les Trypanosomes, toujours | rares dans le sang, se montrent au moment d’une légère poussée fébnile. (Incubation, cinq jours). Un macaque (bonnet-chinois), inoculé sous la peau, à montré, dans son sang, après quarante-huit heures, des Trypanosomes de plus en plus nombreux, sa courbe thermique décrivant de fortes oscillations. . Ces deux derniers animaux vivent encore. Cette trypanosomiase des dromadaires n'est pas la dourine : les carac- tères de virulence de notre Trypanosome vis-à-vis du cobaye, de la chèvre et du macaque, et le fait qu'un chamelon, n'ayant pas encore coïté, fut infecté, font écarter ce diagnostic. L'année dernière, Szewezyk et Rennes ont signalé (1), dans le Sud- Oranais, une trypanosomiase des chevaux qui est évidemment, comme celle que nous décrivons, différente de la dourine. Les symptômes rap- pelleraient, d’après Rennes, le mal de Gaderas. Notre Trypanosome est évidemment différent de celui du Caderas, puisque son centrosome est très visible. Quels sont les rapports de cette trypanosomiase des dromadaires avec le Nagana et le Surra? c'est une question dont nous poursuivons l'étude. (1) Bull. Soc. centr. med. vétérin. t. X, pp. 218 et 424. SÉANCE DU 23 JANVIER 193 SUR UN TRYPANOSOME NOUVEAU, PARASITE DE LA GRENOUILLE VERTE, par MM. Epmonp et ETIENNE SERGENT. En examinant le sang d’une grenouille verte (Rana esculenta) capturée à Dra-el-Mizan (Kabylie), nous avons trouvé un Trypanosome qui ne ressemble en rien aux Trypanosomes des grenouilles et des batraciens décrits jusqu'ici. Ce Trypanosome mesure environ 95 à 30 y (flagelle compris) sur 3 y de large. {1 ressemble beaucoup au 7'rypanosoma Lewisi des rats; il en diffère Grossissement 1000 diamètres Une hématie de grenouille est représentée pour comparaison. À, commencement de division. en ce qu'il est plus trapu, moins effilé (surtout dans là partie post-centro- somique); son noyau est situé vers le milieu du corps protoplasmique, tandis que chez le 7°. Lewisi, il est dans la moitié antérieure. Le centro- some est très développé, comme chez le 7°. Lewisi; il a souvent la forme d’une masse allongée transversalement et occupant toute la largeur du parasite. La membrane ondulante ne présente généralement pas de plis, elle parait encore plus rigide que celle du 7°. Lewisi. Bien que la pré- paration contienne autant de Trypanosomes que d’hématies, fous les parasites observés sont à peu près de même laille, et, en fait de formes de division, nous n'avons vu que chez un seul Trypanosome (A, fig.) le dédoublement du centrosome et du début de la membrane ondulante, les deux centrosomes sont en voisinage du noyau, au lieu d'occuper la position normale du centrosome. Chez quelques autres parasites, nous avons également vu le centrosome voisin du noyau; il s'agissait sans doute de formes se préparant à la division. 1924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce Trypanosome des grenouilles vertes est évidemment très différent du 7rypanosoma rotatorium Mayer (— Trypanosoma sanquinis Gruby) signalé jusqu'ici chez cette espèce. En dehors de sa ressemblance avec le Zrypanosoma Lewisi et les autres Trypanosomes des Mammifères, nous devons noter sa ressemblance avec les Trypanosomes des Poissons, et en particulier le 7rypanosoma Remaki du brochet, décrit en détail par Laveran et Mesnil. — Nous l’appellerons 7rypanosoma inopinatum. D’autres grenouilles de la même localité n’étaient pas infectées. Des grenouilies d’autres localités d'Algérie montrèrent les Trypanosomes connus des grenouilles (7rypanosoma rotatorium), en même temps que des Hémogrégarines et le Bacillus Kruser. ERRATUM P. 2%, ligne 17, au lieu de 3 kil. 608, lire 3 kil. 600. P. 23, ligne 35, au lieu de 9 kil. 930, lire 3 kil. 930. L'EENARE SÉANCE DU 19 JANVIER 1904 Briot (A.) : Nouvelle espèce de EXPÉRIMENTAL 127 Trématode, microcotyle draconis n. Livon (Cx.) : Action des vieilles SD RAC ER OPEN ARE NU 126 | solutions d’adrénaline . . . . . . .. 125 HawraorN (Ep.) : Sur la transmis- STEPHAN (P.) : Existe-t-il des lé- sion du pouvoir agglutinant de la sions constantes chez les poissons mère au fœtus dans la tuberculose : pêchés à la dynamite?. : 2. 2. 128 Présidence de M. Livon. ACTION DES VIEILLES SOLUTIONS D'ADRÉNALINE, par M. Cu. Livon. Tout le monde connaît les changements de coloration que présentent les solutions d’adrénaline pure, elles brunissent très rapidement et prennent en vieillisant une couleur vin de Malaga. Les solutions addilionnées d'acide chlorhydrique à 6 p. 1000, au con- traire, conservent leur clarté. Il était intéressant, au point de vue pratique, de savoir si ces vieilles solutions, aussi bien les colorées que les incolores, conservaient leurs propriétés physiologiques. J'ai donc cherché expérimentalement quelle était sur la pression san- guine l’action de deux solutions préparées le même jour et vieilles d’un an. L'une faite avec de l’adrénaline pure de Clin et ayant pris une colo- ration foncée et l’autre préparée avec la même adrénaline, mais acidulée avee HCL J'ai pu constater que les résultats expérimentaux obtenus avec ces deux solutions sont complètement différents. Avec la solution acide, ayant conservé sa clarté, on retrouve sur les 126 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE : (2) tracés l’action physiologique normale : élévation considérable de la pression et ralentissement du rythme cardiaque ionpinne d'une grande énergie des systoles. Avec la solution pure à coloration foncée, à peine si l’on observe comme modification dans le tracé, une légère élévation de pression, de courte durée, sans changement du rythme. Ces expériences démontrent donc qu’au point de vue physiologique, il y à une différence capitale entre les vieilles solutions d’adrénaline suivant qu'elles sont restées claires ou qu'elles sont colorées. Cette différence est importante au point de vue de l'emploi thérapeutique et doit faire rejeter toute solution ayant perdu sa clarté. J'ai déjà, dans une communication antérieure, appelé l’attention sur les dangers que pouvaient présenter les extraits capsulaires anciens. Ici ce n’est plus un danger, c’est une absence d'action pour les solutions vieilles d’un an. Comment peut-on interpréter cette différence? Je ne vois qu'une explication. L’adrénaline est une substance organique qui s’oxydant très facile- ment, subit des transformations diverses donnant naissances à des corps d’abord à action dangereuse et qui ensuite finissent par devenir inactifs. (Travail du laboratoire de physiologie de Marseille.) NOUVELLE ESPÈCE DE TRÉMATODE, Wicrocotyle draconis n. sp., par M. A. Brior. En examinant de nombreuses Vives (7Z'achinus draco Linn.) péchées dans la Manche et la mer du Nord, et amenées au marché de Boulogne- sur-Mer, j'ai parfois trouvé, fixé sur les branchies, an petit trématode qu'un examen approfondi m'a fait considérer Comme une espècé non encore décrite. Il était rare, lorsque je trouvais ün parasite, qu'il fût seul sur là Vive; en général, il y en avait un nombre assez grand et j'ai recueilli sur les branchies d’un mêmé individu jusqu’à 95 à 30 trématodes parasites. Puis, un même lot de Vives présentait souvent de nombreux individus infectés, et j'étais souvent très longtemps avant d'en revoir. L'imprécision des renseignements que les maréyeurs pouvaient 'iñe donner sur l’origine de leurs poissons m'a empêché de rñëe rendre compte de la répartition géographique du parasite, et s'il se trouvait plus fréquemment dans telle ou telle région avoisinant Boulogne. Ce trématode est un aniinal grisätre, d'une longueur maäxima de 5 millimètres, d’une largeur maxiria'de 1/3 de millimètre. Le Corps est un peu rétréci à l'avant où il présente deux ventouses buccales. L'extré- (3) SÉANCE DU 19 JANVIER 127 mité postérieure s'étend en un plateau séparé du reste du corps par un étranglement, et ce plateau porte deux rangées de 10 ventouses. Chacune de ces ventouses est munie d’un crochet chitineux enroulé. Par des coupes transversales en série, je me suis rendu compte que les orifices vaginal et cloacal sont simples et inermes, situés sur la ligne médiane du corps, à la partie antérieure. Les œufs, ovales, allongés, sont terminés par un long filament à chaque pôle. Ils ont une coque chitineuse, brune, assez épaisse. En nous reportant au synopsis des Trématodes monogeniques de Saint-Rémy (Æevue biologique du Nord, tomes HI et IV), on voit de suite que l'animal dont je viens de donner la diagnose prend natu- rellement place dans le genre Wicrocotyle, et, parmi les espèces de ce genre, il se rapproche assez de l'espèce W. trachini, observée en parasite sur une espèce de Vive, Trachinus radiatus. Mais le parasite de 7rachinus draco diffère de Microcotyle trachini par des caractères très nets; par la taille d’abord, il est beaucoup plus petit; puis par le nombre de ventouses marginales qui au lieu d'être de 16, comme chez M. trachini, est de 20. Dans les publications ultérieures au synopsis de Saint-Rémy, je n'ai pas vu mentionner d'espèce répondant au signalement que j'ai donné de l'animal. Aussi je le considère comme une espèce nouvelle et je propose de lui donner le nom de Microcotyle draconis pour rappeler l'hôte du parasite. SUR LA TRANSMISSION DU POUVOIR AGGLUTINANT DE LA MÈRE AU FOETUS DANS LA TUBERCULOSE EXPÉRIMENTALE, par M. En. HAwTHoRN. Nos observations ont porté sur les petits de onze cobayes infectées avec des cultures tuberculeuses de virulences variées. Les résultats, sauf une fois, ont toujours été identiques et nous ont permis de faire les constatations suivantes : 1° Le pouvoir agglutinant pour les cultures homogènes du bacille de Koch a été presque toujours transmis de la mère au fœtus. Une seule fois cette transmission a fait défaut. 2° Dans un tiers des cas, ce pouvoir agglutinant était aussi élevé chez le fœtus que chez la mère. Dans les autres cas, il égalait au moins la moitié de celui de la mère. Dans la moitié des cas, le pouvoir agglu- tinant s'est élevé dans une proportion presque double par la suite. Sou- vent, dès Ia naissance, l’agglutination à pu être obtenue au cinquan- tième. 3° Ce pouvoir agglutinant a persisté très longtemps. Nous avons pu l’observer non diminué à l’âge de six mois. 128 RÉUNION BIOLGGIQUE DE MARSEILLE . (4) 4° Tous ces fœtus, sauf deux, ont été sacrifiés ou sont morts acciden- tellement. Aucun ne présentait de lésion tuberculeuse à l’autopsie. 5° L'infection a été produite chez la mère, tantôt avant, tantôt après la fécondation ; il ne semble pas que la production et l'évolution de ce phénomène en aient été aucunement influencées. EXISTE-T-IL DES LÉSIONS CONSTANTES CHEZ LES POISSONS PÉCHÉS A LA DYNAMITE ? par M. P. STEPHAN. À la suite de quelques recherches qu'il avait entreprises, Gourret avait cru pouvoir considérer comme caractéristiques certaines lésions qu'il avait observées chez les poissons pêchés à l’aide de la dynamite. En outre de quelques signes peu constants, l'explosion provoquerait toujours la séparation de la base du crâne et de la première verlèbre cervicale. Cette lésion serait la cause principale de la mort du poisson et fournirait en même temps un moyen certain de diagnostiquer ce mode frauduleux de pêche. À la suite des recherches de Gourret, des instructions ont été distribuées aux douaniers, dans lesquelles on leur indique ce moyen infaillible de saisir le poisson dynamité. En réalité, cette lésion manque de constance et des douaniers m'ont apporté au laboratoire Marion des poissons pêchés à la dynamite, chez lesquels la première vertèbre était attachée au crâne aussi bien que chez les poissons ordinaires. Il y aurait donc lieu de reprendre sérieusement cette question, et, en tout cas, de mettre en garde les administrations compétentes- contre les erreurs qu'elles seraient exposées à commettre par suite des instruc- tions erronées qu'elles ont reçues. ÉLECTION DE DEUX MEMBRES TITULAIRES Mi Bandr;l. cs atocn.chot. Sc er Gr 0e MÉMDARBOUX. IS ARE RER Le | AA SE METAL O NGC RE ENS OPA ET SAS RON SEE D — En conséquence MM. Brior et DarBoux sont déclarés membres de la Réunion biologique de Marseille. Le Gérant : OCTAVE PoRÉE. —1 Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 129 SÉAINCE DURS O JANVIER 0 24 ANGLAS (J.) : De l’origine des cel- lules de remplacement de l'intestin chez les Hyménoptères ANGLAS (J.) : Du rôle des trachées dans la métamorphose des insectes. BrzcarD (G.) et DiguLaré (L.) : In- fluence de la tension superficielle des solutions de curare sur leur COXICILE MANS AC CNE PNA BizzarD (G.) et DiEuLaFé (L.) : Procédé de mesure de l'émission du partiumides leurs EE BLocx (A.-M.) et Busouer (H.) : Etude sur le tremblement physio- LOGE NAS ER pa ee Bosc (F.-J.) : Recherches sur les lésions du foie dans la syphilis héré- ditaire Bosc (F.-J.) : Recherches sur les lésions du foie dans la syphilis héré- ditaire et sur la signification des gommes syphilitiques.. . . . . . .. DELEZENNE (C.) : Nouvelles obser- vations sur l’action kinasique de la UD PRE ee EE AAC ee Per ere rt Dugois (RAPHAEL) : À propos des rayons N d’origine physiologique. . Fraxcoïs-FrancKk (Cu.-A.) : Pho- tographie simultanée des mouve- ments extérieurs de la respiration, des courbes pneumographiques et pleuro-manométriques. . . . . . .. Francois-Franck (CH.-A.) : Méca- nisme des troubles respiratoires dus à la perte de tonicité des parois abdominales el à la ptose viscérale dans l'attitude verticale Gazrpre (V.) : Le parasitisme nor- ee GILBERT (A.) et LippMANN (A.) : BioLoGre. Coupres RENDUuS. — 1904. T. LVI. SOMMAIRE 142 l'ictère catarrhal d'origine Cber- tienne RAM ARMES EE Een te GILBERT (A.) et LiPPMANN (A.) : microbisme pancréatique normal. . HayEm (GEORGES) : Note sur les effets du chlorure de sodium dans les gastropathies Logper (M.) et Louste (A.) : Re- cherche des cellules néoplasiques dans le sang. Néocytémie. . . . .. Mionr (G.) : Dosage du pouvoir hémolytique ere Rc Etre NATTAN-LARRIER (L.) : Etude des liquides tuberculeux par la tuber- culine-réaction indirecte . . . :.. Ramonpb (F.) et FLanprin (F:) : De l'absorption des graisses dans l'in- testin grêle Ramon» (F.) : La desquamation de l’épithélium de l'intestin grêle au courside laÿdisestion een ent REMLINGER (P.) : Le virus rabique traverse les bougies Berkefeld N (EMEA A AE EP CE AE JE EAP At SABRAZÈS (J.) et Murarer (L.) : Vi- talité du trypanosome de l’anguille dans des sérosités humaines et ani- males. Osmonocivité de l’eau. . . . SERGENT (EDMOND et ETIENNE) : Sur une Hémogrégarine, parasite de Tutesdoimatnitanted ERA SERGENT (EDMOND et ETIENNE) : Sur les Hématozoaires des oiseaux d’Al- D'ÉTICU MEN ARTE AR Pr EE EL THERCELIN et JouxAuDp (L.) : Va- riations morphologiques et struc- ture du bacille typhique. . . . ... WauLen (E.) : Propriété vacci- nante de certaines cultures filtrées detuberCulOSe EPP LUE 10 150 130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. O. Larcher, vice-président. LE PARASITISME NORMAL, par M. V. GALIPPE. M. le professeur Chauveau a présenté le 14 décembre 1903, à l’Aca- démie des sciences, une note de M. Batelli, sur la prétendue fermentation alcoolique des tissus animaux. Voici les conclusions de cette note : « Les résultats de mes expériences m'amènent à conclure dans le même sens que Cohnheim, c’est-à-dire que la fermentation alcoolique du sucre obtenue in vitro, par les extraits d'organes d'animaux supérieurs, serait due à la présence de micro- organismes et non à l’action d’une enzyme ou d'un nucléoprotéide d’origine animale. » Bien que mon nom ne soit pas cité dans cette communication, je me félicite de constater que mes travaux sur le parasitisme normal (C. X. de la Soc. de Biologie, année 1891, et suiv.) soient confirmés aussi bien en France qu’à l'Étranger. SUR UNE HÉMOGRÉGARINE, PARASITE DE TESTUDO MAURITANICA, 2 par MM. Epmonp et ÉTIENNE SERGENT. On n’a jamais décrit d'hémogrégarines chez les tortues terrestres (1). Nous avons trouvé, chez deux Testudo mauritanica, achetées à Alger, une hémogrégarine très voisine de Âaemogregarina Stepanowi, parasite de la tortue des marais, Zmys lutaria. Le sang périphérique de nos tortues contient un grand nombre d’hé- mogrégarines endoglobulaires qui, à l’état frais, se présentent sous deux aspects : les unes, les plus petites, sont fortement granuleuses et montrent, à un pôle, deux granules plus gros et fortement réfringents ; les autres éléments, plus grands, sont d'un blanc mat et uniforme. Les préparations colorées mettent en évidence ces différences d'aspect. Les éléments les plus petits, ovalaires ou réniformes, se colorent facilement (1) L. Pfeiffer signale seulement, sans donner de détails, une hémogréga- rine chez la Testudo campanulata, Die Protozoen als Krankheïtserreger, 1891, p. 84. SÉANCE DU 30 JANVIER 131 et présentent un gros noyau central et transversal, prenant une teinte lilas par la méthode de coloration de Laveran. Ces formes, en grossis- sant, refoulent le noyau de l’hématie; ce noyau n’est jamais hypertro- phié. D'autre part, à côté de celte première série d'éléments de volume variable, on en voit d’autres, tous à peu près de mêmes dimensions, mesurant 12 à 15 u de longueur sur 6 y de largeur. Dans ces dernières formes se colore seule, et très difficilement, en bleu pâle, une masse arrondie, qui oceupe toujours un des pôles. Rarement nous avons vu celte masse prendre la teinte lilas caractéristique de la chromatine. On a l'impression qu’une membrane, assez épaisse pour empêcher la colo- ration, enveloppe cet élément. M. Laveran a reconnu dans cet élément difficile à colorer la forme repliée sur elle-même de l’hémogrégarine, dont le noyau, comme chez À. Stepanouwr (1), et à la différence de ce qui a lieu chez A. Stepanowiana (2), se trouve au niveau de la courbure. Le sang périphérique ne contient pas de formes de division. Chez l’une de nos tortues, mesurant 13 centimètres de longueur, qui mourut, alors que 7 autres tortues non infectées sont encore vivantes, nous avons pu examiner le sang du foie et de la rate. Comme pour les autres Hémogrégarines de tortues, c'est dans le sang du foie que se trou- vaient des formes de division : on voit le parasite, libre, prendre une forme ovalaire, se diviser en deux, en quatre, et en huit, la division du noyau précédant celle du protoplasma. On a finalement huit petits élé- ments, réniformes, dont l'une des extrémités est renflée. Le noyau, volumineux, est plus rapproché de cette extrémité renflée que de l’autre. Ces petits éléments mesurent environ 8 y sur 2 p. Cette hémogrégarine de la Z'estudo mauritanica diffère peu de Æ. Ste- panowi. La forme enveloppée d’une membrane qu’elle présente, lorsque le vermieule est replié dans le globule rouge, est moins longue et plus large que chez À. Slepanowi. En raison de la grande résistance que cette forme oppose aux agents colorants, on peut croire à l'existence d'une enveloppe particulièrement épaisse. Ces caractères paraissent devoir faire de cette hémogrégarine une nouvelle espèce que nous appel- lerons À. mauritanica. (1) A. Laveran. Contribution à l'étude de Hæmogregarina Stepanowi (Dani- lewsky), Comptes rendus de la Société de Biologie, 1° et 8 octobre 1898. (2) A. Laveran et F. Mesnil. Sur quelques Protozoaires parasites d’une Tortue d'Asie (Damonia Reevesii), Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. CXXXV, p. 609 (20 octobre 1902). 132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES HÉMATOZOAIRES DES OISEAUX D'ALGÉRIE, par MM. Eomonp et ÉTIENNE SERGENT. Nous avons examiné, en 1903, le sang d’un grand nombre d'Oiseaux d'Algérie; chez beaucoup d'entre eux, nous avons trouvé un ou plu- sieurs hémalozoaires, ainsi que l'indique le tableau suivant : < = Ë Su) SNS NES S OA Oks 2 = ESPÈCES ET NOMBRE D OISEAUX EXAMINÉS = 2 She 2 2 Se LE S El < $ EN 2 à 2.2 a = A a & BNQ = = É: = A F = Momeaux (Passer) RENONCE CCC CNE ILT EL 21 102 » » 23 Chardonnerets (Fringilla carduelis) . . 46 3 38 » 1 10 Hauvettes NSY/01D) MEMEMONPRENENNNSEN 9 » 2 » » 1 Fauvettes à tête noire (S. africapilla). ) 1 1 » D) 5) Alouettes huppées (Alauda cristata). . 8 » » » » 1 Gros-becs (Coccothraustes) . . . . . . A1 » 2 » » Rossignols (Luscinia) . . . . . . . . . 1 1 il » » » Linottes (Fringilla linota). . . : . . . 16 il il » 5 4 Verdiers (Passer chloris). ALMA 8 1 3 » » » Hirondelles (Hirundo). ire 10 » » » 3 ÿ Pies-grièches (Lanius excubilor) . 3 » 2 » » 5) Engoulevents (Caprimulgus). . . 3 » 1 » » » Serins (Pyrrhula). . . . . . . 2 » 1 » » » Chevêche (Surnia noctua). 1 » » 1 » 1 Tourterelles (Turtur auritus). 2 2 » » » » Guêpiers (Merops apiaster) . 5 » 1 » » » 4 Emouchet (Falco tinnunculus). 1 » » 1 » 5 Pigeon sauvage (Columba livia) . À l » » » » | Totaux eee 07 31 155 2 6 42 | Les 18 oiseaux sans hématozoaires étaient : 3 oies, 2 dindons, 1 pin- - tade, 1 héron cendré, 2 étourneaux, 1 canard, 3 chevaliers, 1 perdrix, 1 cigogne, 2 pigeons domestiques, 1 pluvier. Les Hæmamæba relicla étaient habituellement rares dans le sang; dans deux cas cependant, ils furent extrêmement nombreux. Les Hæmamæba Danilewskyi sont en général plus nombreux dans le sang que /. relicta. Nous avons trouvé cinq fois les deux espèces chez le même oiseau. Les Hæmamæba Ziemanni se voyaient en grand nombre dans le sang des deux oiseaux qu ils infectaient. Les 7rypanosomes étaient chaque fois extrêmement rares dans le. sang des oiseaux examinés, au point qu'ils n'ont pu être vus qu'à l’état frais. Sur les préparations desséchées, on ne les a jamäis retrouvés. Les embryons de Filaires observés étaient de quatre sortes; soit sans gaine : 1° chez le moineau, le chardonneret, la fauvette à tête noire, la SÉANCE DU 30 JANVIER 133 linotte ; 2° chez l’alouelte huppée; soit avec gaine : 3° chez le chardon- neret; 4° chez la chevêche. Les filaires adultes furent rencontrées, chez le moineau, par couples, dans le tissu cellulaire des muscles adduc- teurs de la cuisse et des muscles abdominaux. Nous poursuivons l'étude détaillée de ces filaires aviaires. NOTE SUR LES EFFETS DU CHLORURE DE SODIUM DANS LES GASTROPATMIES, par M. GEORGES HAYE. A propos des communications intéressantes de MM. Vincent, Linos- sier et Laufer, je désire énoncer en quelques mots les résultats de mon expérience personnelle sur une question dont je m'occupe depuis plu- sieurs années et sur laquelle l'attention a été atlirée par toute une série de recherches récentes. Le chlorure de sodium est un des principaux agents de la médication que je désigne sous le nom de dialytique et que je considère comme la plus recommandable de toutes celles qui sont capables d'exercer une action sur les fonctions sécrétoire et motrice de l'estomac. J'emploie l'expression de dialylique parce qu'il s’agit de solutions salines paraissant produire des effets en rapport avec leurs qualités physiques (Lecons sur le traitement de la gastrite parenchymateuse hyperpeptique, Bulletin médical, 1894). Le chlorure de sodium tient une place à part parmi les agents de de cette médicamentation en raison du rôle prépondérant que jouent les éléments chlorés dans la constitution du suc gastrique. Théoriquement, toutes choses égales d’ailleurs, la pauvreté de l’orga- nisme en chlorure de sodium doit entraîner un affaiblissement de la sécrélion stomacale en chlore et, au contraire, une forte chloruration doit exciter la formation des éléments chlorés du suc gastrique. Les faits d'observation sont d'accord avec la théorie. Lorsqu'on fournit à l'organisme un excès de chlore, le suc stomacal devient riche en produits chlorés, à moins que les glandes de la muqueuse stomacale ne soient dans un état d'atrophie très avancée ou de dégénérescence. Les solutions chlorurées sodiques faites à un taux qui en permet la facile absorption sont, par suite, favorables dans tous les étais anatomiques qui déterminent un appauvrissement plus ou moins considérable du suc gastrique en éléments chlorés. Inversement, quand les altérations anatomiques des glandes gas- triques provoquent la sécrétion d'un sue d’une richesse exagérée en produils chlorés, tout excès de chlore introduit dans l'organisme tend à accroître la déviation chimique de la sécrétion stomacale. 13% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les solutions chlorurées sodiques facilement absorbables ne peuvent, en pareils cas, qu'aggraver l'affection gastrique; l'emploi en est nette- ment contre-indiqué. Il est, au contraire, logique de chercher à modérer l’excessive teneur du suc stomacal en produits chlorés à l’aide d’une hypochloruration de l'organisme. On le fait depuis longtemps déjà en prescrivant le régime lacté absolu. Cruveilhier et Karell l'avaient vanté à une époque où l’on ne pouvait émettre aucune théorie touchant les effets qu'on en obtenait. Actuellement, nous savons que le lait est un sédatif stomacal pour deux raisons : la digestibilité en est grande ; la teneur en chlorure en est assez faible pour qu'il puisse produire un amoindrissement des élimi- nations chlorées. Ainsi que je l’ai montré dans mes leçons de thérapeu- tique (Les médications, 4° série, 1893), ce second effet n’est obtenu qu'à la longue. | Lorsqu'il existe une gastrite mixte (ce qui est fréquent chez les malades qui emploient des médicaments irritants, à action topique) l'usage exclusif du lait, toute médication étant laissée de côté, peut faire disparaître l’infiltration interstitielle et certaines dégénérescences cellu- laires. Il peut être alors suivi d’une augmentation notable, parfois con- sidérable, des produits chlorés. En continuant l'usage du lait, l'effet déprimant se montre au bout de quelques mois. Dans les irriltations parenchymateuses pures ou à peu près, le régime lacté tend d'emblée à modérer la production chlorée ; mais, il faut, comme dans les cas précédents, que l'emploi en soit prolongé pendant au moins trois mois pour que les résultats analytiques soient nettement prononcés. On peut obtenir des effets plus rapides et plus intenses en se servant du régime hypochlorurique proposé par M. Widal, pour faciliter la dis- parition des œdèmes chez les albuminuriques infiltrés. C’est du moins ce que j'ai vu chez le seul malade qui ait bien voulu le suivre dans toute sa rigueur parce qu'il avait une certaine quantité d'albumine dans l'urine. La suppression du sel (y compris l'usage de pain sans sel) a trans- formé chez lui, en un mois, un type franchement hyperpeptique en une hypopepsie intense, du deuxième degré. Elle a déterminé en même temps de l’affaiblissement et de la diarrhée. Jusqu'à présent je me suis contenté de recommander aux hyperpep- tiques de prendre une nourriture aussi peu salée que possible. Les recherches poursuivies, en ce moment, par M. Vincent et par M. Laufer, sur les effets gastriques de la suppression presque absolue du sel dans l'alimentation, conduiront peut-être à des résultats utiles et pratiques: Qu'il me soit permis, toutefois, de faire observer que l'emploi du bismuth à haute dose fait parfaitement disparaître les douleurs dites des SÉANCE DU 30 JANVIER 135 hyperpeptiques, sans modifier le type chimique du suc stomacal, et que _ la cure saline par l’eau de Carlsbad naturelle ou artificielle est d’une remarquable et prompte efficacité dans les nombreux cas de prolonga- tion des digestions par hyperpepsie, bien que celte cure n’amène pas de modifications notables dans la richesse du suc stomacal en éléments chlorés (voir : Du mode d’action de la cure alcalino-saline dans la gastrite parenchymateuse, in Aevue générale de clinique et de thérapeu- tique, 1903). ÉTuDE DES LIQUIDES TUBERCULEUX PAR LA TUBERCULINE-RÉACTION INDIRECTE, par M. L. NATTAN-LARRIER. Les récentes recherches de M. Marmorek « Sur la tuberculine-réaction précoce (1) » nous engagent à faire connaître une série d’études pour- suivies dans le laboratoire de notre maître le professeur Dieulafov, depuis le mois de novembre 1900. Le principe de ce travail est tiré de la constatation d'une réaction thermique chez le cobaye soumis à l’ac- tion de la tuberculine peu de temps après l’inoculation d’un liquide suspect. Nos recherches peuvent se diviser en deux groupes : I. — Nous injectons dans le sac fibreux de la mamelle chez une femelle de cobaye pleine 15 à 20 centimètres cubes d’un liquide de pleurésie ou d’ascite; l'injection est faite avant que le coagulum fibri- -neux ne se soit formé. Dans un délai de quatre à six jours alors que la mamelle est encore souvent tuméfiée, mais lorsque la température est retombée à la normale, nous inoculons sous la peau de l'animal 1 c.c. 1/2 d’une solution de tuberculine brute diluée au millième en sérum arti- ficiel. La température rectale de l'animal est alors méthodiquement prise toutes les quatre heures pendant vingt-quatre heures. On a soin de se servir d’un thermomètre très sensible, qui doit toujours être porté à la même profondeur. La réaction thermique commence à la troisième heure en général. Sa durée a été dans nos expériences une fois de vingt-quatre heures, trois fois de plus de vingt-quatre heures, cinq fois de quarante-huit heures ou plus. Le maximum thermique a été atteint quatre fois avant la hui- tième heure, cinq fois après la dixième heure, deux fois après la vingtième heure. Les réactions ont varié entre 2 degrés et 3°4 dans cinq cas, elles ont été intermédiaires entre 1°2 et 16 dans quatre cas; égales enfin à 1°2 dans un cas. Deux inoculations n’ont donné aucune réaction : il s'agissait dans l’une d’une pleurésie à pneumocoque, dans l’autre d’une ascite cirrhotique. (1) Soc. de Biol., 16 janvier 1904. 136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans les six autres observations larecherche de la nature tuberculeuse du liquide, faite par le cytodiagnostic, par le séro-diagnostic, et par l'inoculation, avait été nettement établie. Au surplus l'étude de nos observations donne les résultais suivants. OgsEervarION I. — Inoculation, dans la mamelle d'une femelle pleine de sept semaines et demie, de 15 centimètres cubes de liquide pleurétique; après une réaction de 2 degrés la tuberculose mammaire avec tous ses caractères s'établit onze jours après l'innoculation. Mort spontanée le 7 janvier 1901, soixante-cinq jours après l’inoculation. Autopsie : tuberculose généralisée. Ogs. [I — Inoculation, dans la mamelle d'une femelle pleine de six semaines, de 20 centimètres cubes de liquide pleurétique; réaction thermique persistante de 1°5. La tuberculose mammaire s'établit après la mise bas et entraine la mort de l’animal le 25 février 1901, quatre-vingt-quinze jours après l'inoculation. Autopsie : tuberculose généralisée. Ogs. IT. — Mammite tuberculeuse; dix-huit jours après l’inoculation le lait contient de nombreux bacilles; la réaction avait été de 2°2. Pas d’autopsie. Ogs. IV. — Inoculation, dans la mamelle d'une femelle pleine de six semaines et demie, de 15 centimètres cubes de liquide pleurétique ; réaction de. 414. Avortement. Tuberculose mammaire typique. Mort spontanée quatre-vingt- neuf jours après l'inoculation. Autopsie : tuberculose généralisée. O8s. V et VI. — Réaction 1°5 et 204. La glande mammaire se sphacèle et s'élimine en dix jours; l’animal après trois mois n’est pas tuberculisé. OBs. VII. — Réaction de 3°4; l'animal est tué par erreur quatre jours après. De ce premier groupe de faits nous pouvons conclure que lorsque la réaction a alteint 2 degrés ou lorsqu'elle a dépassé 1°2 et s'est maintenue au moins vingt-quatre heures, le {hermo-diagnostic peut être considéré comme positif. Inversement, la température neut augmenter de 8/10, de degré après l'injection de tuberculine sans que le liquide soit bacillaire, mais dans ce cas l'ascension thermique est très passagère. II. — Dans un deuxième groupe de recherches, nous avons étudié le sérum d'un tubereuleux fébricitant, le pus d’un abcès froid, une pleu- résie séro-fibrineuse à lymphocytes, une pleurésie purulente. Dans celte série nous avons toujours procédé de la facon suivante : nous choisis- sions trois cobayes normaux et de même poids; le premier recevait une injection sous-cutanée de 10 centimètres cubes du liquide suspect, le deuxième 2 centimètres cubes de tuberculine diluée, le troisième simul- tanément 10 centimètres cubes de liquide suspect et 2 centimètres cubes de solution diluée de tuberculine. Nous avons obtenu les résultats suivants : 1° inoculation de sérum : résultat nul, aucune réaction; 2 inoculation de pus d’abcès froid : réaction thermique très nette atteignant 2 degrés vers la dixième heure; 3° pleurésie séreuse et 4° pleurésie purulente tuberculeuse à très faible virulence : réaction thermique supérieure de # à 5/10 de degré à celle du témoin et par conséquent douteuse. + SÉANCE DU 30 JANVIER 137 Les résultats que nous avons obtenus par inoculation simultanée de liquide suspect et de tuberculine n'ont donc pas toujours été très nets; nous ne croyons pourlant pas que nos quelques recherches suffisent pour infirmer la méthode et nous pensons que de nouvelles recherches entre- prises suivant les règles données par M. Marmorek, inoculalion intra- cérébrale, délai de trente minutes entre les deux inoculations, pour- ront modifier sensiblement les résultats. Le procédé du thermo-diagnostic, soit qu'on l'emploie comme nous le conseillons pour les liquides séreux, vers le quatrième jour après une injection de 10 centimètres cubes dans chacun des sacs mammaires d'une cobaye pleine de sept semaines, soit que l’on fasse simullanément les deux injections suivant le procédé de M. Marmorek ou le nôtre, fournit de très intéressantes indications : on peut ainsi présumer de la nature d’un liquide avant que l’inoculation n'ait donné ses résultats. Mais ce procédé est d’un usage très délicat en raison des difficultés qui résultent de la variabilité et de l'instabilité de la température des cobayes, de l'emploi indispensable des témoins et de la manipulation même des animaux. (Travail du laboratoire de M. le professeur Dieulafoy à l'Hôtel-Dieu.) DE L'ICTÈRE CATARRHAL D'ORIGINE ÉBERTHIENNE, par MM. A. GILBERT et A. LiIPPMANN. Au cours de nos recherches sur l’agglutination du bacille d'Eberth par le sérum des ictériques (1), nous avons eu l’occasion de constater une réaction positive dans un cas présentant la symptomatologie de l’ictère catarrhal. Certains détails de l’histoire clinique, les variations curieuses que subit la séro-réaction au cours de l'affection nous enga- gent à publier cette observation avec les conséquences pathogéniques intéressantes qu’elle entraine. L — Mad. Z..., âgée de vingt et un ans, entre le 11 novembre 1903, salle Gubler, lit n° 4. Rien à noter dans les antécédents héréditaires. La malade, qui de tout temps présentait un teint jaunet, offre, entre autres stigmates de cholémie familiale, des migraines fréquentes et des crises de gastrite hyperpeptique. Arrivée à Paris depuis un an seulement, cette jeune femme, jusqu'alors bien portante, est prise vers le 10 octobre de céphalalgie violente, de bourdonne- ments d'oreille, d’éblouissements avec courbature généralisée et insomnie; en (1) Gilbert et Lippmann. De la réaction agglutinante dans l'ictère, Société de Biologie, 19 décembre 1903. 138 1 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE même temps apparaissent des vomissements continus et des selles diarrhéi- formes qui, en quelques jours, font place à une constipation opiniâtre. En dépit de ces divers symptômes, la malade continue à se livrer à ses occupa- tions journalières. Trois ou quatre jours plus tard, les règles étant survenues, l’état général s'aggrave notablement. La constipation, vainement combattue par l’ingestion réitérée de purgatifs, cède le 31 octobre, et dès lors s'établit une diarrhée abondante; l’appétit est totalement supprimé; quelques frissons répétés au cours de la journée, une faiblesse de plus en plus prononcée obli- gent la malade à s’aliter. Enfin, le 2 novembre, se montre insidieusement un ictère dont les progrès croissants décident de son entrée à l’hôpital. A cette date (11 novembre), la coloration des téguments est remarquable- ment intense; la face, le tronc, les membres offrent une teinte jaune orangée très marquée; la muqueuse de la bouche et des lèvres, les conjonctives sont jaunes ; les selles sont entièrement décolorées, les urines extrêmement fon- cées. Le foie n’est pas augmenté de volume, mais la rate, volumineuse, offre un développement surtout thoracique et nettement appréciable à la percussion. Les autres appareils sont normaux. La température, de 3709 à l'arrivée dans le service, tombe à 37 degrés le lendemain pour ne plus désormais dépas- ser 3703. é Les quelques jours qui suivent sont marqués par une exagération manifeste des symptômes nerveux préexistants, la céphalée et l’insomnie, et par l’appa- rition de nouveaux phénomènes tels qu'une grande agitation avec sueurs profuses, délire et hallucinations. Cet état reste dès lors sensiblement station- naire, les selles fréquentes et diarrhéiques sont toujours blanches, les urines rares (500-800 grammes) et hautes en couleur. Le 15 novembre, l'agitation et le délire cessent, la céphalée diminue d'inten- sité en même temps qu'une véritable crise porte le taux des urines à 1.500 puis à 2.000 grammes et que, pour la première fois, l'on constate l'existence de traces d’urobiline dans les matières fécales. A dater de cette époque, l’état général s'améliore de jour en jour, les fonctions digestives se rétablissent normales, les selles se recolorent, les urines abondantes s’éclaircissent et bientôt la teinte jaune des téguments diminue lentement et graduellement d'intensité. En résumé, l'affection dans son ensemble présenta trois périodes net- tement distinctes : une première période, que l’on peut appeler préicté- rique, d'une durée de trois semaines environ et caractérisée par l’impor- tance et l'intensité des troubles digestifs; une deuxième période de trois semaines également, marquée par l'entrée en scène de lictère et de phénomènes nerveux aigus; enfin, précédée d'une véritable cerise uri- naire, une troisième période de convalescence. IT. — La recherche de la réaction agglutinante fut pratiquée pour la première fois le 12 novembre, deux jours après l'entrée de la malade à l'hôpital. La séro-réaction s'affirma nettement positive, en quelques minutes et à des taux de dilution fort élevés (1/500). Le 28 novembre, quelques jours après la crise urinaire, la réaction fut trouvée très nota- blement diminuée; c’est à peine si, dans une dilution au trentième, et SÉANCE DU 30 JANVIER 139 après une ‘demi-heure d'attente, nous arrivâmes à constater quelques amas microbiens. Enfin, en pleine convalescence, le 13 décembre, l’'agglutination fit totalement défaut, du moins dans toute dilution supérieure à 1/10, Ainsi, cette dernière suivit pas à pas la marche pro- gressivement décroissante de la maladie, présentant avec elle un paral- lélisme presque parfait. TITI. — En présence du tableau clinique que nous avons rapporté dans les quelques lignes ci-dessus, le diagnostic d’ictère catarrhal s’im- posait. Etait-il possible, de par la symptomatologie, de voir plus loin et de chercher à pénétrer la signification de cet ictère. À la vérité, les seules ressources de la clinique permettaient d'en soupconner tout au moins la nature. Certains détails, tels que la récente arrivée à Paris de la malade originaire de la campagne, la longueur de la période préicté- rique, l'intensité des phénomènes qui la marquèrent, devaient mettre sur la voie. Mais la clinique ne pouvait que soulever l'hypothèse sans la résoudre. Il fallait l'appui de l’agglutination microbienne ainsi que les variations remarquables subies par cette réaction, réaction d’infec- tion, on le sait, et non d’immunité, pour affirmer l’origine éberthienne de l'infection biliaire. L'on est actuellement fixé sur la nature de certains états morbides, désignés autrefois sous le nom d’embarras gastriques, et qui pour la plupart sont autant de dothiénentéries légères (1). Nul doute qu’en mul- tipliant les examens dans les cas d’ictère dit catarrhal dont la cause intime échappe encore si fréquemment, l’on arrive à classer un cer- tain nombre de cas ressortissant à cette affection dans le cadre déjà si chargé des infections biliaires d’origine éberthienne. LE MICROBISME PANCRÉATIQUE NORMAL, par MM. A. GirserT et A. LiPemANN. Nous donnons dans cette courte note un exposé succinct de toute une série d'expériences entreprises chez les chiens en vue de l’étude du microbisme latent aérobie et anaérobie des voies excrétrices pan- créatiques. Rejetant la pratique des ensemencements de suc glandulaire après excision de portions plus ou moins étendues de parenchyme, pratique autrefois employée dans la recherche des germes normaux aérobies du canal de Wirsung, mais susceptible de causes d'erreur multiples, nous (1) Lemoine, Catrin, Widal, Société médicale des hôpitaux, 1896. 1240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ne nous sommes adressés qu'au contenu même des conduits pan- créatiques. A cet effet, après mise à mort de l’animal par piqûre du bulbe, évitant ainsi toute hémorragie qui, sur le vivant, serait capable de gêner la prise de liquide intrapancréatique ou de contaminer ce dernier, nous pratiquons la laparo- tomie, avec tout le luxe de précautions d’asepsie et d’antisepsie usité en pareil cas. Nous attirons sur un lit de compresses stériles l’anse duodénale avec les deux lobes horizontal et vertical de la glande pancréatique qui lui adhèrent. La mise à découvert des deux canaux principaux correspondant à ces deux portions est des plus aisées; il suffit, avec un instrument mousse, de dilacérer la face antérieure de la glande pour les voir apparaître. Dès lors il ne reste plus qu’à enfoncer à travers la paroi antérieure peu épaisse de ces conduits l’extrémité d’une pipette soigneusement stérilisée. La pipette, qu'il faut choisir des plus fines, pénètre facilement dans la lumière du canal assez large de calibre pour lui permettre un certain jeu de va-et-vient. Il est indis- pensable d’enfoncer l'instrument la pointe dirigée vers la profondeur du parenchyme, dans la direction diamétralement opposée par conséquent à l'embouchure intestinale du canal pancréatique et de jeter sur ce dernier une ligature immédiatement en aval du point où portera la prise. Une aspiration énergique amène dans la pipette quelques gouttes épaisses de liquide pan- créatique, après quoi nous pratiquons avec une minime quantité de bouillon stérile un véritable lavage du conduit. Les prises successives sont délayées dans un peu de bouillon stérile, et cette dilution est répartie dans les divers milieux de culture, aérobies et anaérobies (bouillon, gélose, gélatine, lait, gélose sucrée en couches profondes de Veillon). > Après quelques essais préliminaires effectués sur loutes les portions indistinctement des conduits pancréatiques, sans préoccupation du régime alimentaire ou de la période digestive au moment de la mise à mort, nous avons suivi un déterminisme expérimental rigoureux. Nous avons ordonné nos recherches de la facon suivante : Dans une première série les prises ont porté sur la portion terminale des conduits pancréatiques en des points très rapprochés de l’embou- chure intestinale et distants de cette dernière de 3 à 6 millimètres. .. Ces prises furent répétées dans trois conditions différentes d’expéri- mentation : 1° l'animal ayant mangé la veille au soir; 2° l'animal ayant mangé deux heures auparavant et se trouvant ainsi en pleine période digestive ; 3° l'animal étant à jeun depuis plusieurs jours. Dans une seconde série nous avons fait porter nos prises en des points plus éloignés de l'embouchure (2 cent., puis 4 cent.), soit que l'animal fût à jeun depuis la veille, soit qu’au contraire il se trouvât en période digeslive, ayant mangé deux heures auparavant. Nous consi- gnons nos divers résultats dans les tableaux suivants : Exp. IV. VIT. X. XI. XII. XII. XIV. XV. XVI. XVIL. XVIII. XIX. XX. Lieu de la prise. SÉANCE DU 30 JANVIER 141 I. — PRISES RAPPROCHÉES Cultures aérobies. Cultures anaérobies. À. — Animal à jeun depuis la veille. A 5 millimètres de l'embouchure Staphyloc. Blanc. Staphylocoque Blanc. intestinale. À 5 millimètres. 0 0 À 4 millimètres. Entérocoque. 0 B. — Animal en période digestive. A 3 millimètres. 0 Entérocoque. Vibrion butyrique. B. Perfringens. B. Radiïiformis. À 6 millimètres. 0 Staphylocoque Blanc. À 4% millimètres. Staphyloc. Blanc. Staphylocoque Blanc. — doré. Streptocoque anaérobie. C. — Animal à jeun depuis huit jours. À 6 millimètres. A 6 millimètres. À 6 millimètres. Staphyloc. Blanc. Staphylocoque Blanc. Entérocoque. B. Funduliformis. 0 B. Fragilis. .Vibrion butyrique. . Bacille X. 0 Staphylocoque Blanc. Streptocoque. Strept. anaérobie gazogène. Il. — PRISES ÉLOIGNÉES A. — Animal à jeun depuis la veille. À 2 centimètres. 0 B. Théthoïdes. À 2 centimètres. 0 0 A 3 centimètres. Staphyloc. Blanc. 0 À 3 centimètres. 0 0 À 4 centimètres. { B. Théthoïdes. À 4 centimètres. 0 0 À 5 centimètres. 0 0 B. — Animal en période digestive. À 2 centimètres. 0 0 À 2 centimètres. 0 0 À 4 centimètres. 0 0 À 4 centimètres. 0 Spirille X. Ces constatations permettent de poser les conclusions suivantes : I. — À l’état normal, les conduits pancréatiques sont envahis dans leur portion terminale par une abondante flore microbienne. Celle-ci, 149 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE très marquée au niveau de l'embouchure intestinale des canaux pan- créatiques, disparaît presque totalement à 2 centimètres au-dessus. IT. — Les germes anaérobies offrent par leur fréquence extrème, leur abondance, leur variété un contraste frappant avec l’inconstance, la pau- vreté et la rareté des aérobies. Cette opposition s’accentue encore pour peu que l’on remonte au- dessus de la zone habituelle d'infection. III. — L'influence exercée sur le microbisme par les diverses périodes digestives ne peut quant à présent, et malgré la multiplicité des expé- riences, donner lieu à des conclusions fermes. Il est néanmoins à remar- quer que dans les deux états extrêmes d'activité digestive d’une part, de jeûne prolongé d'autre part, la flore microbienne a paru la plus constante, la plus abondante et la plus riche. RECHERCHES SUR LES LÉSIONS DU FOIE DANS LA SYPHILIS HÉRÉDITAIRE, par M. F.-J. Bosc (de Montpellier). Nous n’envisagerons ici que la forme typique de la syphilis hérédi- aire précoce qui correspond au foie silex avec granulations disséminées. Le foie est hypertrophié, dense et un peu élastique, de couleur cuir de botte neuf (Trousseau) avec une demi-translucidité, ce qui lui a valu le nom de foie silex (Gubler). Cette lésion est généralisée à tout l'organe ou bien forme des placards disséminés et elle peut s’accompagner de petits nodules grisâtres, en grains de semoule, distribués sous la cap- sule et dans la profondeur. Ces lésions, moins l’induration, doivent être rapprochées de celles que j'ai décrites dans certains foies elaveleux, sous forme de placards jaune cannelle, denses, légèrement saillants sur la surface de coupe, capables d’envahir la presque totalité du foie et parsemés de petits nodules gris, en grains de Sagou (Centr. f. Bakt., 1903, n% 5 et 6). Examen histologique. — L’étendue des coupes ne présente plus trace de la disposition lobulaire normale; elle est parsemée de trabécules hépatiques inégales, parfois très courtes, droites ou flexueuses, ou incurvées en fer à cheval, régulièrement disséminées, sans orientation spéciale, dans une prolifération cellulaire conjonctivo-vasculaire et presque uniquement formée de capillaires extrêmement dilatés. Parmi ces vaisseaux distendus, il est très difficile de reconnaitre les veines sus-hépatiques, sauf certaines dont la paroi est légèrement épaissie. Les espaces portes sont au contraire très apparents : autour de la veine porte existe une large infiltration cellulaire, en manchon ou dif- SÉANCE DU 30 JANVIER 143 fuse, qui se continue plus ou moins largement avec la prolifération intertrabéculaire et entoure également l'artère hépatique atteinte d’en- dartérite et des canaux biliaires hypertrophiés et proliférés, dont les ramifications multiples entrent en rapport direct de continuité avec les cellules hépatiques. Le tissu épithélial est surtout conservé au voisi- nage des espaces portes; on constate là, en certaines parties des coupes, une hypertrophie des trabécules due à l'augmentation de volume et à la prolifération des cellules hépatiques; ces trabécules peuvent s'orienter en forme de nodules (hypertrophie parenchymateuse nodu- laire) qui sont fugaces parce qu'ils sont bientôt pénétrés par des vaisseaux de nouvelle formation. Ceux-ci écartent les cordons tra- béculaires, puis les fragmentent; ces fragments sont souvent en com- munication par une extrémité avec des canalicules biliaires, l'autre extrémité s’arrondissant en une formation d'aspect acineux, tandis que d’autres fragments plus petits, de cinq à six cellules, s'orientent en petits acini isolés ou en tubes courts : l’ensemble de la coupe, en ces points, présente un aspect adénomateux. À mesure que l’on s'éloigne de la veine porte, la fragmentation des trabécules est plus marquée, la pro- lifération primitive des cellules hépatiques ayant été moins intense. Il est intéressant de rechercher suivant quel processus se fait cette fragmentation : si l'on observe, par exemple, un amas périportal de douze à quinze cellules hépatiques hypertrophiées, on voit partir d’un vaisseau de l’infiltration de l’espace porte un capillaire de nouvelle formation, à paroi fine, qui pénètre au centre de l’amas et s’y dilate de plus en plus. Lorsqu'il atteint un grand volume, un certain nombre de cellules hépatiques deviennent vacuolaires et disparaissent au voisinage du vaisseau; les autres cellules sont repoussées et forment une sorte de cordon en fer à cheval. Ce vaisseau donne à son tour naissance à des néocapillaires qui coupent le cordon sur divers points et en font plu- sieurs fragments. Les vaisseaux qui séparent les fragments trabéculaires ne représentent donc pas les capillaires normaux des globules; ce sont ces vaisseaux de nouvelle formation dont les lumières volumineuses sont revêtues de grandes cellules endothéliales et qui sont unis les uns aux autres par une trame de grandes cellules conjonctives à pro- longements multiples. Il s’agit donc là d'une néoformation cellulaire conjonctivo-vasculaire de même ordre que la prolifération hypertro- _phique des cellules épithéliales et qui présente une structure identique à celle que nous avons décrite dans l'intervalle des formations adéno- mateuses alvéolaires du poumon syphilitique (C. A. Soc. Biol. déc. 1903). Cette néoformation conjonctivo-vasculaire finit par dissocier, cellule par cellule, les petits fragments trabéculaires (dissociation mono-cellu- laire), puis détruit complètement les cellules hépatiques sur une étendue de plus en plus grande, dans des points disséminés de la coupe, 144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tandis que ses mailles s’infiltrent de cellules arrondies ou irrégu- lières, sans prolongements, à noyau central ou excentrique. Il se forme ainsi des nodules conjonctivo-vasculaires qui n’ont pas de bords précis, pas de capsule fibreuse, et qui s’agrandissent du centre vers la périphérie par la destruction des fragments trabéculaires, sous l’in- fluence de la prolifération conjonctive intertrabéculaire disséminée. Ces nodules, qui répondent aux grains de semoule visibles à l'œil nu, correspondent donc à des points d’activité maximum du virus syphili- tique et sont disséminés dans le foie. Ils subissent du centre vers la périphérie un processus spécial de raréfaction avec aspect hyperchro- matique et fragmenté des noyaux qui laisse penser à un processus dégénéralif. Ils constituent des gommes miliaires. RECHERCHES SUR LES LÉSIONS DU FOIE DANS LA SYPHILIS HÉRÉDITAIRE ET SUR LA SIGNIFICATION DeS GOMMES SYPHILITIQUES, par M. F.-J. Bosc (de Montpellier.) Dans la note précédente nous avons indiqué les caractères généraux des lésions du foie dans l’hérédo-syphilis précoce; il est nécessaire de compléter, par l'examen à un fort grossissement, l'étude de ces lésions. ds: Les cellules hépatiques hypertrophiées au niveau des amas nodulaires parenchymateux ou des formations adénomateuses ont un protoplasma homogène et fortement coloré, avec un, deux ou trois noyaux, ou bien elles subissent un processus d’hypertrophie claire et peuvent présenter de belles figures de karyokinèse. Elles se vacuolisent ensuite et se détruisent, à moins que, comprimées par la néoformation cellulo-conjonctive, elles ne s’atrophient et ne soient réduites à une lamelle ou à une petite masse arrondie à noyau hyperchromatique ou dépourvue de noyau. Les canaux biliaires de nouvelle formation sont formés de grandes cellules cubiques, claires et dont la prolhfé- ralion karyokinétique donne naissance à des canalisations qui se continuent avec les formations épithéliales adénomateuses d'origine trabéculaire. La prolifération conjonctivo-vasculaire qui forme manchon autour de la veine porte est constituée par de volumineuses cellules conjonctives à gros noyau et à protoplasma d’abord finement granuleux, puis de plus en plus clair. Les cellules du centre s'appliquent contre l’endothélium hypertrophiéde la veine porte et, par leur face libre, s’anastomosent avec les autres grandes cellules conjonctives du manchon, de sorte qu'elles délimitent, avec leurs prolongements, des mailles qui contiennent des Plasmazellen de grande taille à protoplasma homogène et à chromatine rayonnée, quelques mononucléaires et de grandes cellules éosinophiles. Des vaisseaux de nouvelle formation se développent dans cette prolifération et donnent naissance à des capillaires qui pénètrent et dissocient les amas SÉANCE DU 930 JANVIER 145 épithéliaux et les trabécules avec l’aide de cellules périthéliales, proliférées et hypertrophiées. La trame intertrabéculaire est formée en effet par des coupes de capillaires à lumière très large dans laquelle font saillie d'énormes cellules endothéliales à gros noyau simple ou bourgeonnant. Ces dernières sont en rapport avec de grandes cellules conjonctives qui s’étalent sur elles et présen- tent à leur face externe des prolongements multiples. À mesure que les tra- bécules sont réduites et que leurs fragments disparaissent, les cellules con- jonctives se multiplient par karyokinèse, s’hypertrophient, deviennent claires, s'unissent par leurs prolongements et renferment dans leurs mailles des cel- lules à type de Plasmazellen nombreuses et de grandes cellules éosinophiles.… Ce petit nodule microscopique qui se développe surtout dans la zone intermé- diaire à la veine porte et à la veine sus-hépatique augmente progressivement de volume. À ce moment, les cellules endothéliales se sont hypertrophiées au maximum, elles font une saillie irrégulière à pointes multiples, dans le vais- seau, peuvent renfermer 3 à 6 noyaux, forment des cellules épithélioïdes et des cellules géantes ; en s’unissant par leurs angles ces cellulesobstruent et rendent méconnaissable la lumière vasculaire (endocapillarite oblitérante). Les cel- lules de la prolifération intermédiaire aux capillaires subissent des modifica- tions de même ordre et l’infiltration par les Plasmazellen s’accroit. Dès que ce nodule a atteint par son développement excentrique un certain volume, sa partie centrale devient le siège d’un processus de régression à déve- loppement également excentrique : les grandes cellules conjonctives subissent une plasmolyse qui aboutit à la dégénérescence vacuolaire du protoplasma, tandis que le noyau subit un processus de vésiculation et que les prolonge- ments deviennent flous et disparaissent partiellement; les cellules enfermées dans les mailles et en particulier les Plasmazellen subissent une dégénéres- cence vacuolaire et la chromatine dissoute de leurs noyaux se condense, puis se rétracte et forme de petites masses hyperchromatiques étranglées ou frag- mentées. Dans la partie tout à fait centrale apparaissent quelques polynu- cléaires. Ces nodules qui subissent une régression à partir du centre sont des gommes miliaires : les gommes doivent élre considérées non pas comme des formations syphilitiques spéciales, mais comme le terme régressif régulier d'une lésion cellulaire hyperplasique active. En somme, le virus syphilitique disséminé dans tout le foie par la voie veineuse provoque des proliférations cellulaires karyokynétiques à la fois épithéliales et conjonctivo-vasculaires qui constituent la pustule syphilitique. Mais les proliférations épithéliales (hépatite parenchyma- teuse nodulaire et orientations adénomateuses) sont fugaces; elles sont dissociées et enfin détruites par la prolifération conjonctivo-vasculäire. Bientôt la pustule syphilitique devenue complètement conjonctive régresse à partir du centre et constitue la gomme qui représente la phase de régression de la pustule syphilitique. La pustule syphilitique présente done la même évolution que la pustule vaccinale ou claveleuse, sauf qu'elle a une durée plus grande et que la prolifération conjonctivo-vasculaire y est plus précoce et plus impor- Biococir, CoMpTes RENDUS. — 1904. T. LVI. 11 146 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tante. Nous avons vu en effet que la pustule claveleuse du foie se carac- térise par de l'hépatite parenchymateuse nodulaire avec néoformations adénomateuses trabéculobiliaires et par une prolifération conjonctivo- vasculaire qui peut parfois devenir très prononcée, au point que nous avions déjà signalé sa ressemblance avec le nodule syphilitique (Comptes rendus de la Société de Biologie, 1903). La lésion syphilitique n’échappe donc pas à la structure et à l’évolution des lésions de nature bryocy- tique. INFLGENCE DE LA TENSION SUPERFICIELLE DES SOLUTIONS DE CURARE SUR LEUR TOXICITÉ, par MM. G. Bizzarp et L. DieuLaré (de Clermont-Ferrand.) Nous pouvons à volonté exagérer ou diminuer la toxicité d’une solu- tion de curare en modifiant sa tension superficielle. La bile, les sels biliaires, les savons, l’alcool sont les principaux facteurs qui nous ont permis de changer, en l’abaissant à notre gré, la tension superficielle de la solution toxique. Nous avons spécialement choisi pour notre étude l’action des savons et de l'alcool à cause de leur toxicité faible relativement à celle des sels biliaires (1). Il nous paraît du reste impos- sible d'admettre que les doses d'alcool et de savon que nous avons utilisées aient pu jouer un rôle par leur toxicité propre; aussi n'insis- tons-nous pas davantage actuellement sur ce fait. Nous avons injecté dans le péritoine à tous nos animaux la même dose toxique et sous le même volume de liquide (5 centimètres cubes). Voici les résultats obtenus : ve Action des savons sur la toxicité du curare, en injections intra-péritonéales, sur le cobaye. Solution aqueuse... . .,.: . «TS —1,50 :à 150, Mort en 16tmin 15}secandese Solution savonneuse. . . . . . TS — 6 — Mort en 13 min. 30 secondes. Solution savonneuse. . . . . . TS — 5,35 — Mort en 5 min. 15 secondes. Solution savonneuse. . . . . . TS — 4,49 — Survie. Action de l'alcool. Solution aqueuse. . . . . . . . TS — 7,50 à 150 Mort en 13 minutes. Solution alcoolique à 2 p. 100 . TS = 6,63 — Mort en 8 min. 30 secondes. Solution alcoolique à 3 p. 100 . TS — 6,35 — Mort en 10 min. 30 secondes. Solution alcoolique à 5 p. 100 . TS — 5,98 — Mort en 13 min. 10 secondes. Solution alcoolique à 10 p. 100. TS = 5,17 — Survie. Les deux séries d'expériences ayant eu lieu à de grands intervalles (1) Les sels biliaires et la bile se comportent d’ailleurs pour nous à la manière des savons. SÉANCE DU 30 JANVIER 147 de temps, nous avons par erreur employé, dans le second cas, une dose double de curare. Nous ne cherchons pas dans cette note à interpréter les différences qui existent entre l’action plus ou moins favorable de l'alcool et du savor, nous retenons simplement ce fait qu'en modifiant la TS de nos solutions, nous obtenons dans les deux cas un optimum d'action, au delà duquel l’abaissement de la tension est au contraire défavorable. De l’ensemble des recherches que nous poursuivons depuis déjà longtemps, il résulle très nettement pour nous que cette action spéciale de l'alcool et du savon est uniquement due à la faible tension superfi- cielle de leurs solutions aqueuses et n’est nullement en rapport avec la tension osmotique,; ni avec la toxicité propre de chacun d’eux. Le facteur physique en jeu, la tension superficielle, paraît agir en augmen- tant l’affinité des solutions pour les surfaces d'absorption et par suite la vitesse d'absorption elle-même, et cela dans certaines limites. Il en est de même pour la vitesse de diffusion à travers les membranes osmo- tiques (osmomètre de Dutrochet), et enfin nos résultats chez divers végétaux concordent absolument avec les précédents. (Travail du laboratoire de physiologie de Clermont-Ferrand.) PROCÉDÉ DE MESURE DE L'ÉMISSION DU PARFUM DES FLEURS, par MM. G. Bizzarp et L. Digucaré (de Clermont-Ferrand.) Une observation de Duclaux dans son mémoire sur les tensions super- ficielles (4) a inspiré nos recherches : « Le maniement de l'appareil (compte-gouttes), a écrit Duclaux, doit être accompagné d’une précaution importante, c'est que l'écoulement des mélanges à étudier ait toujours lieu à l’air libre et jamais en pré- sence de vapeurs d'alcool. « Si, en effet, on essaye de faire écouler de l’eau distillée à travers le petit alcoomètre, en le plaçant à l’orifice d’un flacon dont on a humecté les parois avec de l’alcool à divers titres, voici les nombres qu'on obtient à 20 degrés : en présence de l'alcool à 90 degrés, 116 gouttes; de l'alcool à 10 degrés, 112 gouttes, etc. ; de l’eau distillée, 100 gouttes. Avec une pipelte compte-gouttes à écoulement très lent (100 gouttes pour 5 centimètres cubes d’eau pure à l'air libre et à 15 degrés), nous avons étudié les modifications du nombre et de la vitesse de formation des gouttes dans les atmosphères parfumées. Celles-ci ont été réalisées (1) Duclaux. Sur la tension superficielle des liquides. Ann. de chimie et de phys., 1810, p. 386. 148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans des bocaux de même capacité, recouverts d’une membrane de papier que nous perforons, au moment de faire notre mesure. Nous avons d’abord noté l’action de quelques essences odorantes : Essence. MO 0e de l'école Onrranpeeense 2 gouttes. 124 14 min. 50 secondes. = 10 — 124 13 min. 35 secondes. Menthe . 3 — 112 45 min. 50 secondes. = 10 — 136 15 min. 30 secondes. Lavande. 2 — 126 14 min. 53 secondes. — 10 — 127 14 min. 30 secondes. Verveine 2 — HD 16 min. 34 secondes. 5 — 130 15 min. 30 secondes. Il existe donc des différences très nettes dans l’action des diverses essences et il nous paraît possible de caractériser et de reconnaître celles-ci par leur effet sur la tension superticielle et la viscosité de l’eau pure. Néanmoins, notre but était surtout d'apprécier, dans l'atmosphère, l'émission des parfums au cours de la vie des fleurs. Peu favorisés par la saison actuelle, obligés d'utiliser la fleur de forçage peu odorante, nous avons obtenu des résultats ne pouvant donner qu’une valeur rela- tive : Fleur. Nombre de gouttes. Durée de l'écoulement, Mimosante mer 100 16 min. 45 secondes. Jonquille rs 102 15 min. 45 secondes. Violettes eee 100 14 min. 57 secondes. OEillet rouge. . . 100 15 min, 5 secondes. ROSCSE MERE EU 100 16 min. 50 secondes. RÉéSÉ da AE 100 16 min. 45 secondes. Seul, le parfum de jonquille a modifié la tension superficielle de l'eau : nous le percevions aussi comme le plus pénétrant de tous. Les autres se distinguent par leur action sur la viscosité, et les différences observées ont assez nettement paru s’accorder avec celles de nos sensations olfac- tives. Les effets de présence du parfum des fleurs en pleine activité normale doivent être certainement plus accentués. (Laboratoire de physiologie de l'Ecole de médecine.) SÉANCE DU 30 JANVIER . 149 À PROPOS DES RAYONS N D'ORIGINE PHYSTOLOGIQUE, . par M. Rapnarz DuBors. En raison des intéressantés communications publiées ces derniers temps dans les Comptes rendus de la Société de Biologie sur les rayons N d’origine physiologique, je ne crois pas inutile de rappeler que j'ai dès 1886 (1) signalé dans les organes lumineux des pyrophores l’exis- tence d’une substance fluorescente, à laquelle j'ai donné depuis le nom de pyrophorine. En 1885, j'ai montré au laboratoire de physiologie expérimentale de la Sorbonne que sous l'influence de radiations d'origine physiologique, ou même simplement d’origine physique, cette substance devenait lumi- neuse et augmentait ainsi l'éclat des rayons lumineux physiologiques ordinaires. J'ai établi que « malgré la pauvreté du spectre des pyrophores en rayons lumineux très réfrangibles et en rayons chimiques, on peut par eux déterminer des phénomènes de fluorescence : ils se montrent d’une manière très nette, avec peu d'intensité dans les dissolutions d’éosine, de fluorescéine : ils se montrent d'une manière très nette, avec peu d'’in- tensité dans les dissolutions d’éosine, de fluorescéine et d’azotate d’urane. Le résultat est négatif avec le sulfate de quinine et l’esculine (2). En même temps, j'ai rappelé que la lumière qui a déjà traversé une substance fluorescente devient par cela même impropre à provoquer la fluores- cence dans un second milieu fluorescent; or, c’est probablement ce qui explique pourquoi je n'ai pas pu provoquer avec les radiations émises par les pyrophores la phosphorescence des sulfures, laquelle ne différe- rait, d'après Becquerel père, de la phosphorescence que par la persis- tance du phénomène lumineux. En outre, j'ai fait de nombreuses expériences sur la pénétrabilité des corps opaques par des radiations émanant des êtres vivants, condui- sant à admettre certaines analogies avec les rayons uraniques (3). Enfin, dans mes Zecons de physiologie générale et comparée (4), j'ai écrit encore : « La découverte des radialions chimiques émises par les organes lumineux m'avait conduit à penser qu'une partie de l'énergie rayonnée par ceux qui sont obscurs peut bien être extériorisée sous cette forme. » Mais je n'ai pu mettre en évidence ces radiations par la (1) V. Contribution à l'étude de la production de la lumière par les êtres vivants. Les Elatérides lumineux, in Ann. de la Soc. zool. de France et Thèse de la Faculté des sc. de Paris, p. 121, 126, 127, 128 et principalement 200, 217 et 218. (2) Loc. cit., p. 127. (3) Voy. C. R. de la Soc. de Biol., 1896. (4) Carré et Naud, édit., Paris, 1898, p. 519. 4150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE photographie. Je n’ai pas été plus heureux en examinant dans l’obscu- rité au moyen du fluororadioscope un grand nombre d'animaux marins et particulièrement des torpilles, avant, pendant et après la décharge. Toutefois, j'ai eu soin d'ajouter (1): « Ceci ne veut pas dire qu’il faille renoncer à l'espoir de trouver que les êtres vivants sont susceptibles d'émettre des radiations obscures autres que celles que nous connais- sons : c’est, au contraire, une voie nouvelle dans laquelle les expéri- mentateurs doivent s'engager résolument. » La constatation des rayons N confirme mes prévisions, nées des nom- breuses expériences que j'ai faites sur la lumière physiologique, mais ce que j'ai voulu surtout rappeler aujourd’hui, c’est qu'en 1885 j'ai montré que des êtres vivants pouvaient émettre des radiations capables de provoquer des phénomènes de fluorescence, aussi bien au dedans qu’au dehors des organismes qui les produisent. Ils doivent en émettre sans doute beaucoup d’autres, car il y a de tout partout. LE VIRUS RABIQUE TRAVERSE LES BOUGIES BERKEFELD À ET W, par M. P. REMLINGER. J'ai démontré dans de précédentes publications (2\ que le virus rabique traverse la bougie Berkefeld V, mais je n'étais pas encore arrivé à faire franchir à ce virus des bougies plus serrées, telles que N ou W.- Partant de cette idée que l’organisme ultra-microscopique de la rage était arrêté en raison moins de ses dimensions que du colmatage des parois filtrantes par les matières albuminoïdes de l’émulsion, j'ai essayé tout d’abord de tourner la difficulté en diluant beaucoup la matière à filtrer. Le passage a été plus rapide, mais les résultats des trépanations ont été négatifs. Les germes inoculés étaient sans doute trop rares pour conférer la rage. Le petit tour de main suivant m'a donné par contre des résultats satisfaisants : on use légèrement à l’aide d’un couteau à verre par exemple les parois d’une bougie Berkefeld V ; on la stérilise à l’auto- clave et on filtre au travers l’émulsion d'un cerveau entier de lapin dans 300 centimètres cubes d’eau. Le filtrat légèrement louche est à la fois riche en virus rabique et débarrassé à peu près comptètement de substances alhuminoïdes susceptibles de colmater les mailles d’une deuxième bougie. Il est passé avec les précautions d'usage à travers une Berkefeld N ou W. L'opération s'effectue instantanément. Le liquide est (4) Loc. cit., p. 519. (2) Société de Biologie, séances du 13 juin, du 11 juillet, du 21 novembre 1903 et Annales de l'Institut Pasteur, 25 décembre 1903. SÉANCE DU 30 JANVIER 151 inoculé à la dose d’un centimètre cube à un mètre cube et demi sous la dure-mère d’un certain nombre de lapins. Une moyenne de 2 animaux sur 10 (Bougie N), d'un animal sur 10 (Bougie W) contracte la rage après une période d’incubation de dix à douze Jours. Les passages con- firment le diagnostic (1). Ge petit tour de main très simple permettra sans doute de faire passer le virus rabique à travers la Bougie Chamber- land. Peut-être aussi sera-t-il appliqué avec succès à d’autres microor- ganismes ultra-microscopiques auxquels il pourra faire traverser des bougies plus serrées que celles qu'on était arrivé à leur faire franchir jusqu’à présent. ({nstitut impérial de Bactériologie, à Constantinople.) ÉTUDE SUR LE TREMBLEMENT PHYSIOLOGIQUE, par MM. A.-M. Biocn et H. BUsQueT. Les expériences que nous désirons soumettre à l'appréciation de la Société de Biologie, ont été effectuées au moyen d’un procédé que l’un de nous a exposé incidemment dans une communication faite en 1903. Ce procédé consiste dans l'emploi d’une tige de bois de 90 centimètres de long mobile sur un pivot placé à 10 centimètres d’une des extrémités. La région du corps dont on veut étudier le tremblement agit directe- ment sur le petit bras de levier, et les mouvements qu’elle lui imprime s'inscrivent sur le cylindre enregistreur au moyen d’un style de baleine fixé à l'extrémité de la tige de bois. Ces mouvements sont donc ampli- fiés dans la proportion de 8/1. Ce procédé, comme il a été dit dans la communication citée plus haut, permet de constater l'existence de trem- blements musculaires normaux que les méthodes en usage ne pouvaient pas déceler. En effet, certains tracés montrent des oscillations dont la hauteur ne dépasse pas 2 millimètres, ce qui représente dans la réalité des tremblements ayant une amplitude inférieure à 3 dixièmes de milli- mètre : c’est pour ce motif qu ils ont passé inaperçus. Le tremblement physiologique se manifeste dans deux conditions : dans l'effort extrême de contraction musculaire et dans la recherche inslinctive ou volontaire d’une position d'équilibre. Nous avons exa- miné ces deux causes de tremblement en multipliant et en variant les conditions de l'expérience, et ce sont les premiers résultats de nos re- cherches que nous allons exposer. Tout d’abord il convenait de s'assurer que les oscillations inscrites (1) Le détail des expériences sera publié dans les Annales de l’Institut Pas- teur. 450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE photographie. Je n'ai pas été plus heureux en examinant dans l’obseu- rité au moyen du fluororadioscope un grand nombre d'animaux marins et particulièrement des torpilles, avant, pendant et après la décharge. Toutefois, j'ai eu soin d'ajouter (1) : « Ceci ne veut pas dire qu’il faille renoncer à l'espoir de trouver que les êtres vivants sont susceptibles d'émettre des radiations obscures autres que celles que nous connais- sons : c’est, au contraire, une voie nouvelle dans laquelle les expéri- mentateurs doivent s'engager résolument. » La constatation des rayons N confirme mes prévisions, nées des nom- breuses expériences que j'ai faites sur la lumière physiologique, mais ce que j'ai voulu surtout rappeler aujourd’hui, c’est qu'en 1885 j'ai montré que des êtres vivants pouvaient émettre des radiations capables de provoquer des phénomènes de fluorescence, aussi bien au dedans qu'au dehors des organismes qui les produisent. Ils doivent en émettre sans doute beaucoup d’autres, car il y a de tout partout. LE VIRUS RABIQUE TRAVERSE LES BOUGIES BERKEFELD /V ET W, par M. P. REMLINGER. J'ai démontré dans de précédentes publications (2\ que le virus rabique traverse la bougie Berkefeld V, mais je n'étais pas encore arrivé à faire franchir à ce virus des bougies plus serrées, telles que N ou W. Partant de cette idée que l'organisme ultra-microscopique de la rage était arrêté en raison moins de ses dimensions que du colmatage des parois filtrantes par les matières albuminoïdes de l’émulsion, j'ai essayé tout d’abord de tourner la difficulté en diluant beaucoup la matière à filtrer. Le passage a été plus rapide, mais les résultats des trépanations ont été négatifs. Les germes inoculés étaient sans doute trop rares pour conférer la rage. Le petit tour de main suivant m'a donné par contre des résultats satisfaisants : on use légèrement à l’aide d’un couteau à verre par exemple les parois d’une bougie Berkefeld V ; on la stérilise à l’auto- clave et on filtre au travers l’émulsion d’un cerveau entier de lapin dans 300 centimètres cubes d’eau. Le filtrat légèrement louche est à la fois riche en virus rabique et débarrassé à peu près comptètement de substances albuminoïdes susceptibles de colmater les mailles d’une deuxième bougie. Il est passé avec les précautions d'usage à travers une Berkefeld N ou W. L'opération s'effectue instantanément. Le liquide est (HALoC cit. p.1510: (2) Société de Biologie, séances du 13 juin, du 11 juillet, du 21 novembre 1903 et Annales de l’Institut Pasteur, 25 décembre 1903, SÉANCE DU 930 JANVIER 151 inoculé à la dose d’un centimètre cube à un mètre cube et demi sous la dure-mère d’un certain nombre de lapins. Une moyenne de 2 animaux sur 10 (Bougie N), d'un animal sur 10 (Bougie W) contracte la rage après une période d’incubation de dix à douze jours. Les passages con- firment le diagnostic (1). Ce petit tour de main très simple permettra sans doute de faire passer le virus rabique à travers la Bougie Chamber- land. Peut-être aussi sera-t-il appliqué avec succès à d’autres microor- ganismes ultra-microscopiques auxquels il pourra faire traverser des bougies plus serrées que celles qu'on était arrivé à leur faire franchir Jusqu'à présent. ({nstitut impérial de Bactériologie, à Constantinople.) ÉTUDE SUR LE TREMBLEMENT PHYSIOLOGIQUE, par MM. A.-M. Bcocn et H. Busquer. Les expériences que nous désirons soumettre à l'appréciation de la Suciété de Biologie, ont été effectuées au moyen d'un procédé que l’un de nous a exposé incidemment dans une communication faite en 1903. Ce procédé consiste dans l'emploi d’une tige de bois de 90 centimètres de long mobile sur un pivot placé à 10 centimètres d’une des extrémités. La région du corps dont on veut étudier le tremblement agit directe- ment sur le petit bras de levier, et les mouvements qu’elle lui imprime s'inscrivent sur le cylindre enregistreur au moyen d’un style de baleine fixé à l'extrémité de la tige de bois. Ces mouvements sont donc ampli- fiés dans la proportion de 8/1. Ce procédé, comme il a été dit dans la communication citée plus haut, permet de constater l'existence de trem- blements musculaires normaux que les méthodes en usage ne pouvaient pas déceler. En effet, certains tracés montrent des oscillations dont la hauteur ne dépasse pas 2 millimètres, ce qui représente dans la réalité des tremblements ayant une amplitude inférieure à 3 dixièmes de milli- mètre : c’est pour ce motif qu ils ont passé inapercus. Le tremblement physiologique se manifeste dans deux conditions : dans l'effort extrême de contraction musculaire et dans la recherche inslinetive ou volontaire d’une position d'équilibre. Nous avons exa- miné ces deux causes de tremblement en multipliant et en variant les conditions de l'expérience, et ce sont les premiers résultats de nos re- cherches que nous allons exposer. Tout d’abord il convenait de s'assurer que les oscillations inscrites (4) Le détail des expériences sera publié dans les Annales de l'Institut Pas- teur. 154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Débris pigmentaires où autres, gros parasites peuvent être retrouvés par ce procédé qui ne les allère en aucune façon, mais nous ne parle- rons ici que des cellules cancéreuses. IT. — Chez un malade atteint de lymphadénome avec leucocytose légère nous avons distingué au milieu d'éléments nucléés du sang normal des cellules lymphatiques à noyeau bourgeonnant et un élément lym- phoide en karyokinèse. Négative jusqu'ici chez des malades atteints d’épithéliomas, il est vrai localisés et peu étendus, notre recherche a été positive chez les sarcomateux. Tout d’abord nous avons pu, sur une même lame, compter de nom- breuses cellules sarcomateuses dans un cas de sarcomatose généralisée, plusieurs dans un cas de sarcome de l’épaule, quelques-unes seulement dans un cas de sarcome de la région cervicale. Pour nous assurer que nous étions bien en présence de cellules néo- plasiques nous avons étudié avec soin la forme, le volume de ces cellules, l'aspect, la richesse chromatique de leur noyau, les réactions colorantes respectives. Ce sont des cellules beaucoup plus volumineuses que les polynu- cléaires, plus volumineuses même que les grands mononueléaires, à protoplasma coloré en rose violet par l'hématéine-éosine, en violet par l’éosine bleu, à noyau plus ou moins volumineux mais fortement teinté; très riche en chromatine, souvent bourgeonnant ou même karyokiné- tique et parfois double. ve Nous les avons comparées aux cellules trouvées dans le sang d’une veine voisine de la tumeur, aux cellules de raclage de la tumeur elle- même et nous pouvons affirmer leur identité. Ù IV. — Nous croyons donc qu'il existe dans le sang au cours de l’évo- lution des sarcomes une migration persistante ou passagère de cellules néoplasiques que l'hématolyse préalable par l’eau acétifiée et la centri- fugation permettent de mettre en évidence. Il serait intéressant de voir si les éléments cellulaires pigmentés constatés dans le sang des sarcomes mélaniques ne sont pas des cellules néoplasiques plutôt que des globules blancs. V. — Des recherches ultérieures nous montrerons quelle est la fré- quence de cette cytémie sarcomateuse et quel est son importance diagnos- tique ou pronostique; diagnostique si les cellules néoplasiques se ren- contrent dans la majorité des cas; pronostique si elles n'apparaissent que dans les tumeurs très étendues ou en voie de généralisation. (Laboratoire du professeur Dieulafoy et du D' Brault.) . SÉANCE DU 90 JANVIER 155 VARIATIONS MORPHOLOGIQUES ET STRUCTURE DU BACILLE TYPHIQUE, par MM. Turerceun et L. Jounaun (de Limoges). Le bacille d'Eberth dans les vieilles cultures sur bouillon prend des formes bizarres : les bacilles sont renflés, moniliformes, se colorent mal -et sont couverts de granulations chromatiques : certains ont même perdu la forme bacillaire pour adopter une forme coccique ou diplococcique plus ou moins nette, ou bien au contraire sont devenus filamenteux. Si on cultive le bacille d'Eberth dans du vin blanc peptoné (1), il prend la forme coccique ou diplococcique, et, dans ces cocci bien colorés par le violet ou le ziehl dilué on peut reconnaître quatre taches chromatiques séparées par une croix plus claire. Cette disposi- tion rappelle celle que nous avons reconnue chez l’entérocoque (2); il n’y a donc pas de différence de structure nette entre l’entérocoque et le coccobacille typhique. La reproduction de cette forme nouvelle du bacille d’'Eberth se fait par division suivant le plan équatorial ou suivant le plan méridiennal du coceus, chacune des taches centrales pouvant donner naissance à un coccus. L'existence de ces taches centrales rend compte de l'aspect en navette du bacille typhique ; dans cette forme en effet les taches sont groupées deux à deux à chaque pôle et l’espace central clair représente le plan équatorial élargi. Si on cultive le bacille d'Eberth sur bouillon ou mieux sur gélose pep- tonée additionnée par tube de 1 à 5 gouttes de bichromate de potasse à 5/100, on obtient des filaments extrêmement longs, immobiles et rappe- lant tout à fait le mycélium des champignons inférieurs. Ces filaments se colorent bien après vingt-quatre heures de culture à 37 degrés; puis après quarante-huit heures, ils présentent des granulations chroma- tiques libres, appendues à leurs parois ou incluses à leur intérieur, et dont certaines sont susceptibles de donner naissance à un coccus. Cette reproduction par microblastes a lieu tant que la gaine du microbe durcie et fixée par le bichromate empêche le filament de se diviser; dès que le germe est suffisamment affaibli par l'émission continuelle de granulations périphériques, le filament, s'il n’est pas tout à fait privé de son protoplasma chromatique, se fragmente. Mais il ne donne pas nais- Sance à des bacilles par bipartition successives ; une assez longue partie (1) Pour préparer ce milieu, prendre 100 grammes de vin blanc, ajouter 1 gr. 50 de peptone spongieuse de Poullenc, neutraliser avec la lessive de soude diluée à 10 p. 100, stériliser à 120 degrés, filtrer, répartir en tubes et stériliser à nouveau à 110 degrés. (2) Pour l'explication des termes : taches centrales, granulations périphériques, microblastes, voir Thèse de Jouhaud (Paris 1903) et Thiercelin et Jouhaud, Soc. de Biol., 30 mai et 6 juin 1903. 156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE terminale se détache par suite de mouvements en tous sens, car à ce. moment elle a recouvrésa mobilité et ses cils. Puis ce fragment détaché se disloque en un certain nombre de bacilles à peine un peu plus volu- mineux que les bacilles d'Eberth normaux. À côté de ces formes filamenteuses simples on en voit d’autres, énormes, dont la partie moyenne est renflée en fuseau. Ces fuseaux, au bout de deux ou trois jours de culture, présentent une striation longi- tudinale et chaque strie s’individualise en un filament. Si bien que ces filaments fusiformes se transforment en faisceaux de filaments d’irrégulière longueur dont le groupement rappelle quelque temps encore l’aspect du fuseau originel. Chaque élément de ce faisceau maintenu à ses voisins à la façon des queues des spermatozoïdes dans un tube séminifère ne tarde pas à devenir libre par un clivage longitu- dinal, méridiennal et définitif (4). Done, si les formes cocciques du bacille d’Eberth récupèrent leurs quatre taches centrales indistinctes dans le bacille normal et sont sus- ceptibles de se multiplier en se clivant suivant un plan méridiennal ou un plan équatorial, les formes filamenteuses elles aussi sont susceptibles de se fragmenter suivant une série de plans équatoriaux, ou une série de plans méridiennaux. Le coccobacille d'Eberth doit être considéré au point de vue histologique comme un coccus, le filament anormal des vieilles cultures et des milieux bichromatés comme une chaïnette de cocci susceptible de se fragmenter longitudinalement ou de se cliver suivant sa largeur, parallèlement à son grand axe. PROPRIÉTÉ VACCINANTE DE CERTAINES CULTURES FILTRÉES DE TUBERCULOSE, par M. E. WAHLEN. Si on cultive, en dehors de l'organisme, des échantillons de bacilles tuberculeux produisant chez l'animal une tuberculose spontanément vaccinante, on retrouve dans les cultures filtrées la même propriété vaccinante. Cette activité spécifique des filtrats est extrêmement variable avec les échantillons microbiens, avec le temps de culture, et surtout avec les bougies filtrantes. La bougie Chamberland B donne un filtrat presque toujours inactif; la bougie F donne quelquefois un filtrat très actif. En injectant sous la peau, le liquide filtré brut, il est possible de guérir (1) Ges faits se rapprochent de ce qu'a observé Metchnikoff sur Pasteuria ramosa (Annales de l'Institut Pasteur, 1888, IX, p. 165. SÉANCE DU 30 JANVIER 157 l’ulcération expérimentale du cobaye, même un mois après l’inoculation. Dans ces cas, on observe un relèvement continu de la courbe des poids, suivi quelquefois d'une mort brusque, en contradiction apparente avec l'amélioration progressive présentée par l’animal. Cette mort brusque chez les animaux traités tardivement se produit toujours vers la fin du premier mois du traitement et ne dépend pas sensiblement des doses injectées. Si on traite les cobayes dès le jour de l’inoculation, on observe toujours la mort: mais elle peut être très retardée. Dans le cas d’une tuberculose de virulence moyenne, évoluant en deux mois environ chez les témoins la survie des animaux traités peut être de plus d’un an. En traitant les animaux seulement pendant le premier mois à partir de l’inoculation, la survie atteignit sept mois, au maximum. Dans cette expérience, les cobayes n'avaient reçu que huit injections d’un filtrat brut très actif. DOSAGE DU POUVOIR HÉMOLYTIQUE, par M. G. Mronr. Plusieurs auteurs ont déjà essayé de doser le pouvoir hémolytique des liquides de l’organisme et ont employé des méthodes plus ou moins exactes. Carré et Vallée, Falloise, etc. observaient simplement si l’hé- molyse était forte, moyenne ou faible, etc. Nolfrecherchait à quelle limite de dilution le sérum n agissait plus sur les globules. London exprimait le pouvoir hémolytique par une formule où le numérateur représentait la dilution limite agissant encore sur les globules et le dénominateur la dilution limite produisant l'hémolyse totale. Gousse dosait l’hémoglobine mise en liberté au moyen de l’hémomètre de Fleischl ou du spectropho- tomètre, en faisant agir le sérum hémolytique sur un excès de globules à dissoudre. Toutes ces méthodes, sauf celle de Gousse, donnent des valeurs qui ne sont pas comparables entre elles. Le dosage de l’hémoglobine peut nous renseigner d'une manière exacte sur le degré d’hémolyse atteint. Mais il faut prendre une série de précautions sans lesquelles Les résul- lais ne restent pas constants. Sur les conseils de M. Battelli, j'ai fait une étude détaillée des condi- tions qui peuvent exercer une influence sur l’action hémolytique d’un liquide (sérum sanguin), et j'ai établi la méthode que je vais expliquer ! Après avoir mélangé le sérum avec l'émulsion de globules lavés, on place le tout dans un thermostat à eau maintenu à 37 degrés, en ayant Soin d'agiter souvent. Dans ces conditions, l'hémolysine exerce toute son action durant la première heure; il est donc inutile de prolonger le 158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE contact plus longtemps. Au bout d’une heure on centrifuge, on décante le liquide coloré, et on y dose l’hémoglobine. La quantité des globules mis en contact avec le liquide hémolytique doit naturellement être en excès, c’est-à-dire qu'une partie de ces glo- bules ne doit pas se dissoudre. Mais pour obtenir des résultats concor- dants, il faut que la quantité des globules reste autant que possible la même. Je me sers de la proportion suivante : 1 centimètre cube de liquide hémolytique pour 1 centimètre cube d’émulsion globulaire ren- fermant à peu près le même nombre de globules que le sang. Dans quatre tubes on introduit respectivement 3 centimètres cubes de sérum tel quel, de sérum dilué à 1/2, à 1/5, à 1/10; et on ajoute dans chaque tube 3 ou 5 centimètres cubes d'émulsion globulaire. En procé- dant ainsi, on est sûr que dans 2 ou 3 échantillons l'hémolysine sera suffisamment concentrée et qu'elle se trouvera en même temps en pré- sence d'un excès de réactif. J'ai dosé l'hémoglobine au moyen de l’hémomètre Fleischl-Miescher. Dans cet appareil, un milligramme d'hémoglobine dissoute dans 1 centi- mètre cube et demi d’eau donne une coloration correspondant au chiffre 105 de l'échelle colorimétrique. Avec un calcul très simple, on connait la quantité totale d’hémoglobine qui se trouvait en solution dans toutle liquide examiné. Nous pouvons ainsi exprimer en poids la quantité d'hémoglobine dissoute. | Cette méthode permet de constater que la quantité d’hémoglobine dissoute est exactement proportionnelle à la quantité d’hémolysine qui se trouve dans le liquide. Voici un exemple où le sérum normal de bœuf pur ou dilué est mis en présence d’une émulsion de globules de lapin pendant une heure à 37 degrés. Dilution du sérum. Sérum. Globules. Hb. dents Pure er 5 cent. cubes. 5 cent. cubes. 05322 A 1,72 APE ds) Te 5 — 0 168 A 1/4 EEE Hs) — 5 —— 0 086 À 1/8. 5 ue 5 2 0 042 A 1/16 5 — Li) — 0 023 En résumé, ma méthode consiste à faire agir un volume constant de liquide hémolytique plus ou moins dilué sur une quantité constante de globules rouges lavés à 37 degrés, pendant une heure, en ayant soin d'agiter souventet de doser ensuite l’'hémoglobine dissoute. La quantité d'hémoglobine dissoute est exprimée en grammes, ce qui permet de comparer facilement le pouvoir hémolytique de deux liquides différents vis-à-vis d'une même espèce de globules. (Travail du Laboratoire de physiologie de l'Université de Genéve.) SÉANCE DU 30 JANVIER 4159 ViTALITÉ DU TRYPANOSOME DE L’ANGUILLE DANS DES SÉROSITÉS HUMAINES ET ANIMALES. OSMONOCIVITÉ DE L'EAU, par MM. J. Saprazës et L. Murarer (de Bordeaux). Dans le sang d’anguille laissé à la température ambiante (10 degrés à 19 degrés) in vitro les Trypanosomes de ce poisson vivent plus d’une semaine. Dans le sang de chien et dans le sang défibriné, lorsque la quantité de sang étranger est considérable par rapport à celle du sang d'anguille, les Trypanosomes ne restent vivants que quelques heures. Par contre, si on mélange entre lame et lamelle une goutte de sang humain défibriné à une goutte de sang d'anguille on trouve, pendant trois jours, des Trypanosomes vivants. Dans le sérum de chien, les con- ditions étant les mêmes, la survie est de trois jours. Dans un liquidé céphalo-rachidien normal (recueilli sur l’homme par ponction lombaire) additionné d'un peu de sang d’anguille, soumis à une agitation fré- quente, les Trypanosomes vivent aussi pendant trois jours el à la tem- pérature de 36 degrés à 365 (le tube étant placé sur le thorax en perma- nence) pendant deux jours pleins. La solution de NaCI à 7 p. 1000 les conserve aussi pendant trois jours. Diverses causes nocives pour les hématies de l’anguille mettent éga- lement en souffrance les Trypanosomes : ainsi, le développement de bactéries, la rupture de l'équilibre oesmotique, etc. Faisons, par exemple, agir sur le sang d’anguille de l’eau distillée : Les globules rouges sont dissous et les Trypanosomes détruits; ils sont devenus introuvables par la centrifugation. Au microscope, après l’adjonction d’eau on voit les Trypanosomes se raccourcir, devenir globuleux, trans- lucides, vibrer sur place, succomber et disparaître. Ils nous ont même paru plus vulnérables vis-à-vis de l’eau que les hématies. Il en est de mème, du reste, pour le Trypanosome du rat, l'immersion dans l’eau distillée le tue et le désagrège. De ces faits nous retiendrons : 1° la possibilité de conserver vivants, pendant deux jours, dans des sérosités humaines, le Trypanosome de l’anguille, et cela à une température élevée (36 degrés à 36%); 2° L’osmonocivité de l’eau sur le Trypanosome de l’anguille et sur celui du rat (rendant impossible la recherche de ces hématozoaires dans les dilutions aqueuses de sang par centrifugation), phénomène dont il faudra tenir compte dans l’étude des substances parasiticides. Cette nocuité des liquides hypotoniques est peut-être susceptible d’ap- plications dans le traitement des Trypanosomatoses. 160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PHOTOGRAPHIE SIMULTANÉE DES MOUVEMENTS EXTÉRIEURS DE LA RESPIRATION, DES COURBES PNEUMOGRAPHIQUES ET PLEURO-MANOMÉTRIQUES, par M. Cu.-A. FRANCOIS-FRANCK. Mes expériences de photographie simultanée des mouvements thora- co-abdominaux et des courbes pneumographiques, s'inspirent de la même idée que mes expériences de chronophotographie simultanée du cœur et des courbes cardiographiques (Comptes rendus de la Société de Biologie, 8 novembre 1902). J'ai cherché à préciser, par cette compa- raison, les rapports exacts des changements de forme de l'organe en mouvement et des courbes qui expriment quelques-uns des effets méca- niques de ces mouvements, tout en réalisant le contrôle le plus fidèle des appareils enregistreurs. Cette même méthode se retrouvera dans la suite des recherches qui seront exposées à la Société sur les contractions musculaires et lamyographie, sur les variations du volume des organes et l’'oncographie ; elle est, comme on voit, féconde en applications aux études de recherche et aux expériences de contrôle. Je me bornerai dans cette note à indiquer, sous une forme aussi con- densée que possible, la technique de mes expériences sur les mouve- ments respiratoires du thorax et de l’abdomen, avec variations corres- pondantes de l'aspiration pleurale. Â9 Exploralions graphiques. — L'animal (le chien, dans cette série, est soumis à la chloralisation après injection de morphine et respire spontanément avéc lenteur et régularité, sauf interventions variées à la volonté de l’expérimen- tateur. Il est soumis à l’exploration pneumographique, avec des appareils multi- ples, simplifiés, formant des ceintures au niveau des premières côtes, à la base du thorax et sur l'abdomen au-dessous de l’ombilic : à défaut de pneu- mographes métalliques multiples du modèle de M. Marey, j'emploie des tubes élastiques du genre de ceux de Paul Bert qu’on fabrique soi-même, avec un ressort boudin inclus dans un large tube de caoutchouc qui est fermé à ses deux bouts par un bouchon de caoutchouc et dont la cavité communique avec un tambour à levier d’une sensibilité appropriée. L’exploration des variations de l'aspiration pleurale est pratiquée à l’aide de l’un des procédés que j'ai employés autrefois dans mes recherches sur les effets respiratoires des exci- tations sensitives variées et sur ceux des contractions bronchio-pulmonaires. Les courbes pleurales s'inscrivent à côté des courbes pneumographiques sur un enregistreur qui reçoit en même temps l'indication des divisions du temps et celle des excitations nerveuses ou autres. 2° Prises de vues photographiques. — La poitrine du sujet est préparée,avec la moindre mutilation possible, de façon à rendre visible une partie des côtes: leurs mouvements ne peuvent être appréciés nettement sous la peau; elles glissent, en effet, sous les téguments, et les lignes tracées à la surface du corps ne correspondraient en aucune façon aux déplacements chondro-costaux. SÉANCE DU 930 JANVIER A6T Une simple-incision, n’entamant que la peau, permet de fixer au niveau de la jonction du cartilage et de la côte une large punaise qu'on blanchit à la gouache et qui marque en toute sécurité les déplacements des côtes. De même, la ligne sterno-abdominale est fortement indiquée par une bande de peinture noire ou blanche suivant la couleur de l’animal et se détache sur un fond approprié. Les appareils pneumographiques sont ensuite fixés sur les régions choisies pour les explorations et reçoivent une touche de couleur qui les dessine clairement ainsi que les tubes de transmission. Au devant de cette préparation est fixé un cadre de 40 X 50 portant un réticule très fin (corde à boyau) qui circonscrit des divisions centimétriques destinées à préciser faci- lement les déplacements de chaque point du thorax et de l'abdomen; ce réticule ne gêne en rien l'éclairage des régions qui sont en mouvement derrière lui. Tout étant ainsi préparé, on dispose l’enregistreur au-dessus de l'animal si l'on veut prendre des vues de profil, ou à côté de lui s’il doit être examiné de face ; l'appareil doit être autant que possible dans un plan vertical, parallèle au plan médian antéro-postérieur du sujet pour les prises de vues de profil, dans un plau horizontal perpendiculaire au plan médian de l’animal pour les prises de vue de face. Celles-ci nécessitent une installation un peu compliquée en raison de la distance assez grande, environ 1 m. 80 à 2 mètres, à laquelle doit être placé l'appareil photographique, chambre à portrait ou cinémato- graphe pour embrasser le champ photographique tout entier. Il faut, en effet, opérer de haut en bas, l'animal étant déposé dans sa gouttière sur le plancher; l'appareil photographique, avec son objectif orienté vers le sol, doit être supporté par un pied rigoureusement fixe, élevé de plus de 2 mètres au-dessus du sujet. Faute de pieds à échelle du modèle de ceux des services anthropo- métriques de Paris, Berlin ou Lausanne (1), nous avons fixé nos appareils sur une planchette munie d’une tête de pied et faisant un angle droit avec une forte tige de support horizontale, solidement attachée elle-même à une table photographique. Il serait plus facile de prendre les vues de face en plaçant l'animal dans l'attitude verticale : mais celle-ci amène chez le sujet rendu inerte par la morphino-chloralisation, n'ayant qu'une paroi abdominale sans résistance, de telles pertubations respiratoires et circulatoires, qu'il n’y a plus à compter qu'avec des accidents, intéressants sans doute, mais incompatibles avec une étude méthodique des mouvements respiratoires. (J'en ferai, du reste, tout à l'heure, l’objet d’une communication spéciale.) Les prises de vues s’opèrent, comme il est inévitable dans cette saison, au magnésium à déflagration lente ou rapide suivant le cas (2). (1) Riess, de Lausanne (La photographie judiciaire.), Mendel, 1903. (2) Le compte rendu du Congrès de Photographie tenu au Havre au mois, de juillet 1903 et rédigé par M. Pector, secrétaire général, m'est parvenu par les soins du Photo-Club de Paris, il y a quelques jours à peine (18 janvier 1904). J’y ai lu avec le plus vif intérêt le travail de M. A. Londe sur les prises de vues successives que son appareil à objectifs multiples permet de réaliser pendant la durée d’un éclair magnésique avec les poudres rapides; j'y ai surtout relevé BioLogiE. Compres RENDUS. — 1904. T. LVL, 12 162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans tous les cas, qu'il s'agisse d’explorations horizontales ou verticales, de face ou de profil, nous avons procédé par séries discontinues, comparables grâce à la fixité absolue des appareils photographiques après une première mise au point. La reconstitution chronophotographique prolongée des mou- vements respiratoires et de leur interception simultanée ne nous intéresse qu'accessoirement; notre programme consiste essentiellement dans la déter- mination du détail de chaque mouvement respiratoire en rapport:avec la courbe qui le traduit sur l’enregistreur. Dans ce but, les prises de vues successives sur plaques fixes sont à peu près suffisantes : il suffit d'ouvrir l'objectif pendant l’illumination magnésique à des instants différents de chaque phase de la respiration : en suivant de l'œil l’une des plumes inscrivantes, il est facile de saisir l'inspiration et l'expiration à leur début, pendant leur durée et au moment de leur terminaison : six plaques suffisent pour recueillir ces six instants différents, en fonction du point de la courbe pneumogräphique ou pleuro-manométrique qui leur correspond. Non seulement on peut ainsi établir en toute sécurité le contrôle des appareils pneumographiques, mais fixer sans aucune hésitation le rapport entre le mouvement et la courbe qui l’exprime. Au lieu de procéder par prises de vue partielles, ne portant chacune que sur un instant très court de chaque mouvement respiratoire, on peut tout aussi simplement recueillir des images à peine discontinues gräce à la chronophotographie. Ici nous procédons par courtes séries dont chacune. correspond à quelques doubles mouvements d'inspiration et d'expiration; chaque série est recueillie, en mettant l'appareil en marche d’après les indi- cations des leviers pneumographiques, pendant la durée d’un éclairage au magnésium à déflagration lente. Avec une illumination moyenne de 40 secondes et 38 à 40 images, on recueille plusieurs actes respiratoires complets repré- sentés chacun par les mouvements du thorax et de l'abdomen et par les courbes correspondantes. le desideratuti si Justement exprimé par M. À. Londe dans les termes sui- vants : « On doit tendre à réaliser des poudres d’actinisme suffisant, mais très lentes, de manière à obtenir un éclairage de quelques secondes. Ce progrès permettra d'effectuer la chronophotographie à la lumière artificielle dans toutes les hypothèses de Ja pratique. Si cette durée pouvait être prolongée un temps quelconque, la cinématographie bénéficierait de suite de cette découverte, car on pourrait opérer dans tous les endroits où la lumière naturelle est insuffi- sante » (A. Londe, loc. cit., p. 88). Je suis heureux d’avoir pu remplir ce programme grâce aux poudres à déflagration lente dont j'ai indiqué l'emploi dans mes notes à la Société de biologie des 21 novembre, 5 et 26 décembre 1903 et 9 et 23 janvier 1904. J'ai obtenu par ce procédé des prises de vues chronophotographiques de durées variant en 5 et 30 secondes, et permettant, comme je l’ai dit, de réaliser en tout temps et en tous lieux les expériences cinématographiques qui n'étaient possibles que dans les grands espaces fortement éclairés par la lumière solaire, SÉANCE DU 30 JANVIER 163 En abordant ces recherches, qui me paraissaient fort simples, j'avais pensé réaliser rapidement mon programme d’une étude des mouvements respiratoires et pouvoir aborder sans retard l’examen méthodique des mouvements du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon. Je n'ai pas tardé à m'apercevoir que dans cette mécanique extérieure de la respiration, beaucoup de questions étaient à reprendre, celle du jeu des intercostaux par exemple, dont j'ai entretenu la Société (9 janvier 1904), et celle du jeu du diaphragme beaucoup plus complexe encore, qui fera l’objet d’une prochaine communication. (Laboratoire de Physiologie pathologique de l'Ecole des Hautes-Etudes.) MÉCANISME DES TROUBLES RESPIRATOIRES DUS A LA PERTE DE TONICITÉ DES PAROIS ABDOMINALES ET A LA PTOSE VISCÉRALE DANS L'ATTITUDE VERTICALE, par M. Cu.-A. FRANÇOIS-FRANCK. L'étude des effets produits sur la paroi costo-abdominale par les con- traclions spontanées ou provoquées du diaphragme ne peut être pour- suivie sur un guadrupède dans la position verticale. Cette attitude anormale modifie profondément le jeu de la respiration . et supprime presque complètement la fonetion du diaphragme. Quand un animal, comme le chien, se dresse sur ses pieds de derrière, il exécute une série d’actes musculaires qui lui sont évidemment péni- bles et qui nécessitent de sa part un grand effort d’attention. L'examen de sa respiration dans cette attitude anormale montre faci- lement qu'il se produit un changement notable dans le type habituel : la paroi abdominale se contracte, le ventre s’excave, les côtes se soulèvent énergiquement. Si la respiration est déjà profondément troublée dans l'attitude verti- cale complète chez le quadrupède, chez le chien pris comme type, quand cet animal jouit de toute son activité musculaire et peut mettre libre- ment en œuvre ses procédés de défense et de compensation, à plus forte raison cette perturbation s’accentue-t-elle si l’on supprime chez le sujet la direction des mouvements respiratoires et la tonicité des muscles. C'est ce qui arrive dans les expériences où, pour obtenir l'immobilité et l’impassibilité du sujet, on le soumet à une anesthésie assez complète pour obtenir ce double résultat, mais assez régulière en même temps pour qu'aucun accident d’ordre toxique ne vienne troubler l'expérience. Ici le chloroforme serait d’un maniement difficile et dangereux; il nécessiterait une surveillance continue incompatible avec la tranquillité de l’expérimentateur. 164 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons employé de préférence la chloralisation par injections intra-veineuses après morphinisalion préalable. Le chien, rendu ainsi presque complètement passif, mais respirant régulièrement, est placé dans l'attitude verticale sur une gouttière, l’arrière-train soutenu par deux sangles qui S’entrecroisent sous le siège, laissant libre l'abdomen et se fixant à droite et à gauche du sujet : ainsi le poids du corps est supprimé et aucune traction n’est exercée sur le tronc. Dès que le sujet est placé debout, sa respiration se trouble profondé- ment; elle se ralentit, devient superficielle et insuffisante (sans compter les autres perturbations circulatoires dans lesquelles domine la dépres- sion artérielle). En examinant de plus près l'appareil respiratoire, on constate que le thorax est aplati transversalement, les côtes déprimées, les espaces intercostaux affaissés, et surtout que toute la moitié inférieure du thorax reste immobile ainsi que l’épigastre. Il est évident que le diaphragme ne fonctionne plus et que A one respire uniquement par la partie supérieure du thorax. La condition de l'expérience est donc aussi défavorable que possible pour l’étude des mouvements du diaphragme; mais elle comporte des enseignements importants sur une question qui n était pas en cause et qu'on doit examiner avec soin puisque l’occasion s’en présente. Je veux parler de l’entrainement mécanique, de haut en bas, que subit le diaphragme du fait de la ptose des viscères abdominaux que rend facile la diminution de résistance de la paroi abdominale : l'animal est debout, ses muscles sont relàchés, leur tonicité est très amoindrie par l’anesthésique; la paroi de l'abdomen ne sangle plus les organes con- tenus dans la cavité et ceux-ci tombent, par la pesanteur, dans la me- sure que leur permet la résistance du diaphragme. Ils lui sont en effet intimement unis par contiguïté, à la facon de la lame de cuir sur la pierre dans l'expérience du tire-pavé : il n'y a pas d'espace libre entre la convexité du foie, de l’estomac et la concavité du diaphragme ; de plus, foie et estomac sont liés anatomiquement au dia- phragme l’un par la veine cave inférieure, l’autre par l’œsophage. De toute nécessité le diaphragme est entrainé vers le bas et descend avec les viscères abdominaux jusqu’à la limite de la résistance antago- niste que lui oppose l'aspiration thoracique. Le diaphragme ne peut plus dès lors exécuter un mouvement d’abais- sement complémentaire, puisqu'il a atteint le maximum de descente pos- sible. Aussi la respiration devient-elle costale et costale supérieure, les 4 où 5 dernières côtes étant entraînées et immobilisées par le déplace- ment diaphragmatique. S'il se produit des contractions du diaphragme dans cette position anormale, elles ne peuvent plus porter sur les côtes que pour y déter- SÉANCE DU 30 JANVIER 465 miner, comme quand l'abdomen est ouvert et le point d'appui diaphrag- matique supprimé (Magendie-Duchenne, elc.), un retrait vers le centre phrénique, autrement dit un acte expiratoire. Cependant la fonction diaphragmatique n’est pas complètement sup- primée ; la partie postérieure descendante, qui s'étend du centre phré- nique à la colonne vertébrale par les piliers, peut encore agir, et son raccoureissement reste capable d'agrandir le diamètre vertical du thorax si la limite d'expansion pulmonaire n’est pas atteinte. En effet cet abaissement maximum du diaphragme n’a pas manqué de produire d’une facon permanente, et à un degré qui ne s’atteint guère dans la respiration normale, une ampliation du poumon que limite seule l’extensibilité de l'organe. De là, en même temps qu'un obstacle important à l'évacuation de l'air emmagasiné dans le poumon qui ne peut plus se rétracter élastiquement, l'impossibilité d’une expansion supplémentaire notable, même si la por- tion postérieure du diaphragme continue à se contracter rythmiquement à chaque effort inspiratoire. Toutes ces conséquences de l'attitude verticale chez le sujet dont l’ab- domen ne résiste plus à l’effet de la pesanteur apparaissent clairement liées à la cause qu'on leur attribue, quand on examine l'abdomen lui- même. Celui-cise présente sous la forme d’un globe volumineux faisant sailiie à la partie inférieure et qui est constitué par les viscères abdominaux mobiles descendus autant que le leur permet la résistance élastique du diaphragme aspiré dans leur mouvement de haut en bas. Sans tarder, nous entrevoyons ici l'explication des accidents de la ptose abdominale chez l'homme dont la paroi est devenue flasque et en quelque sorte trop grande pour son contenu : cetle interprétation des faits cliniques recoit sa confirmation des faits expérimentaux. Ce n'est pas celle qu’a adoptée Frantz Glénard, si compétent dans la question : pour lui la ptose résulte essentiellement de la perte de tonicité des parois gastro-intestinales. Toutefois Glénard, qui a assisté à mes démonstrations, admet volontiers aujourd’hui la part importante qui revient à la perte de tonicité de la paroi abdominale. L'explication des troubles respiratoires de l’attitude verticale dans les conditions ci-dessus énoncées se vérifie par une simple expérience de contrôle qui consiste à supprimer, au moins en partie, la laxité de la paroi abdominale et ses conséquences, par une compression large soute- nant l'abdomen et refoulantles viscères en état de ptose : c’est le rôle que remplit chez l'homme la large ceinture abdominale et que pense réaliser également le corset nouveau modèle qui a fait tant de bruit ces Lemps derniers. Dans notre expérience, en effet, dès que la compression péri-abdomi- nale esl pratiquée, les viscères étant remontés et soutenus, le diaphragme 166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE reprend en grande partie sa liberté d'action et la respiration redevient costo-abdominale, de costale supérieure qu'elle était. Mais, en outre, la circulation, alanguie par l’emmagasinage d’une grande masse de sang dans la cavité abdominale, se relève, la pression artérielle remonte, le cœur moins précipité et moins faible se remplit à nouveau du sang veineux qui lui faisait défaul, et, par suile, la cireu- lation pulmonaire se rétablit. Nous trouvons ici la contre-épreuve de l'interprétation mécanique des accidents respiratoires qu'entraine l'attitude verticale quand la paroi abdominale a perdu sa résistance normale. (Travail du laboratoire de physiologie pathologique des Hautes Études.) NOUVELLES OBSERVATIONS SUR L'ACTION KINASIQUE DE LA FIBRINE, par M. C. DELEZENNE. Dans une série de recherches poursuivies pendant ces trois dernières années et dont les principaux résultats ont été communiqués à la Société. de Biologie, j'ai montré que les leucocytes contiennent un ferment so- luble analogue à l’entérokinase, c’est-à-dire capable de conférer un pouvoir protéolytique au suc pancréatique primitivement inactif. Les expériences sur lesquelles je me suis appuyé pour affirmer P exis- tence de la kinase leucocytaire sont de divers ordres. Je les rappellera en quelques mots. On peut mettre la kinase en évidence en s'adressant : 1° Aux exsudats leucocytaires artificiellement provoqués (chien) ; 2° Aux ganglions mésentériques (chien, porc, etc.); ; 3° A la couche leucocytaire obtenue par centrifugation rapide de sang oxalaté ou fluoré (chien) ; %° À la fibrine de battage qui inclut, comme on le sait, un très grand nombre de globules blancs ; 5° Aux leucocytes qui passent dans l'urine à la suite des injections de pilocarpine (chien) ; 6° Au sérum sanguin lui-même (Delezenne et Pozerski), qui manifeste : une action kinasique extrêmement marquée lorsqu'on a Up arti- ficiellement le ferment antagoniste. Si certaines de ces expériences ne peuvent être réalisées qu’au prix de quelques difficultés, les autres, au contraire, sont d'une exécution facile et leurs résultats sont toujours des plus démonstratifs. Rien n’est plus simple à la vérité que de démontrer l’action kinasique de la fibrine, celle des exsudats leucocytaires, ou des leucocytes qui passent dans l'urine de pilocarpine ; on réussit toujours également, lors- qu'on opère avec précaution (action ménagée du chloroforme), à mettre SÉANCE DU 30 JANVIER 167 en évidence la kinase des ganglions lymphatiques ou celle du sérum. Ce sont des expériences que mes collaborateurs et moi-même répétons en- core journellement dans un autre but et toujours avec le même succès. Quelques-unes de ces expériences, celles relatives à la fibrine et aux ganglions lymphatiques, les seules qu'ils aient répétées d’ailleurs, ont cependant donné à Bayliss et Starling (1) des résultats négatifs. La kinase, concluent-ils, est spécifique dans sa distribution comme dans son action; elle est produite exclusivement au niveau de l'intestin, elle n'existe ni dans la fibrine ni dans les glandes lymphatiques ou les leucocytes. A ces résultats négatifs, qui ne peuvent être attribués qu'aux condi- tions particulières dans lesquelles ont été faites les expériences, je me bornerai à opposer les résultats de mes premières recherches et ceux que m'ont fourni de nouvelles et nombreuses observations. Je ne revien- drai aujourd’hui que sur les expériences relatives à l’action kinasique de la fibrine; ce sont en effet les plus simples et celles qui paraissent avoir retenu davantage l'attention des deux physiologistes anglais. J'ai repris ces expériences en substituant à l’ovalbumine coagulée, la gélatine solide en tubes de Mette, c'est-à-dire que je me suis placé, pour apprécier la digestion, dans les conditions où ont généralement opéré Bayliss et Starling, et j'ai obtenu, par ce procédé, des résultats plus démonstratifs encore que ceux que j'avais rapportés précédemment. La plupart des expériences ont été faites en utilisant la fibrine de chien. Les animaux, à jeun depuis vingl-quatre ou quarante-huit heures, sont saignés à blanc au moyen d’une canule introduite dans la carotide. Le sang est reçu dans un grand verre conique et défibriné par battage au moyen d’agitateurs. La fibrine séparée du sang aussitôt la défibrina- tion terminée est débarrassée par malaxation sous un filet d'eau (pen- dant dix à quinze minutes) de la plus grande partie des globules rouges et du sérum qu'elle a entrainés ; puis elle est introduite dans une éprou- vette recouverte d’une tarlatane et soumise, pendant une à deux heures, à un lavage sous un courant d’eau réglé de facon à produire une agita- tion constante de la fibrine. La fibrine, séchée légèrement entre deux feuilles de papier buvard, est pesée et répartie par lots de 0 gr. 15 environ dans des tubes à essai con- tenant 1 cc. de suc pancréatique frais (suc de sécrétine). On ajoute du toluol et on porte à l'étuve à 40°. La fibrine de chien est habituellement dissoute (2) au bout de quatre (1) Journal of Physiology, t. XXX, n° 1, p. 30, 1903. (2) Pour expliquer la digestion de la fibrine par les sucs pancréatiques inac- üfs Bayliss et Starling supposent que ces sucs, bien que dépourvus de trypsine, contiennent un ferment analogue à l’érepsine. Cette opinion ne peut être sou- tenue : on sait en effet (Lambert) que les sues inactifs vis-à-vis de l’albumine n'attaquent pas davantage les albumoses ou la peptone. [Il n’est pas douteux 168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à six heures, mais en général ce n’est que de la 15° à la 20° heure que le mélange acquiert un pouvoir digestif {rès manifeste sur la gélatine. Pour mettre en évidence ce pouvoir digestif, qui atteint progressivement un maximum et disparait peu à peu, on introduit dans les divers échan- tillons, que l’on retire à différents intervalles de l’étuve à 40°, des tubes de Mette de gélatine à 40 p. 100 (dans NaFl à 1 p. 100), et on porte aussitôt à l’étuve à 20° pour vingt-quatre heures. En général les lon- gueurs digérées sont maximales dans les échantillons ayant séjourné au préalable vingt heures environ à l’étuve à 40°. Elles ont varié en moyenne dans nos expériences entre 8 millimètres et 11 millimètres. Dans quel- ques cas elles n’ont pas dépassé 2 millim. 5 mais par contre elles ont pu atteindre exceptionnellement 15 et 18 millimètres. Il faut d’ailleurs tenir compte de ce fait que la fibrine est rarement homogène et que l'on peut obtenir avec des portions même immédiatement voisines des diffé- rences d'activité très appréciables. Pour me mettre à l’abri de toute objection relative à une aclion possible des germes apportés par la fibrine, j'ai fait, en outre, plusieurs séries d'expériences en opérant tout à fait aseptiquement. Les résultats ont été identiques aux précédents. On peut encore mettre en évidence avec facilité la kinase fixée sur la fibrine, en s'adressant, comme je l'ai déjà indiqué antérieurement, aux solutions de fibrine dans le fluorure de sodium. La fibrine de chien préparée comme il a été indiqué plus haut, et mise à l’étuve à 40° dans cinq à huit fois son poids de NaFl à 2 p. 100, se dissout presque totalement en l’espace de quelques jours. Filtrées sur papier, ces solutions dans lesquelles aucun germe ne peut se développer agissent énergiquement sur le suc pancréatique. Il est utile toutefois de préparer, dans chaque cas particulier, plusieurs échantillons si l’on veut obtenir l'effet maximum; telle fibrine, en effet, donne des solutions très neltement kinasiques après vingt-quatre ou trente-six heures d’étuve, alors qu'une autre demande trois, quatre et même cinq jours. Inactifs par eux-mêmes sur l’ovalbumine coagulée ou la gélatine en tubes de Mette, ces liquides perdent complètement leurs propriétés kinasiques lorsqu'ils sont portés à la température de 70° pendant une demi-heure. Voici quelques chiffres qui donneront une idée de l’activité moyenne des solutions fluorées de fibrine. Les solutions employées ont été obte- d’ailleurs que la digestion de la fibrine soit due à la kinase qu'elle fournit elle-même au suc pancréatique. Si la fibrine chauffée préalablement à 70° se digère encore lentement dans les sucs inactifs, c’est que la kinase, à l'exemple d’autres diastases, résiste davantage aux températures élevées lors- qu'elle est fixée sur la fibrine. En effet, comme on le verra plus loin, en solution fluorée, la kiuase de la fibrine se comporte comme celle du suc intestinal, c'est-à- dire qu’elle est complètement détruite par un chauffage d'une demi-heure à 70°. SÉANCE DU 30 JANVIER 169 nues en ajoutant à 2 gr. de fibrine de chien 16 ce. (exp. [) et 10 cc. (exp. Il) de NaFI à 2 p. 100. Après un séjour à l’étuve de 36 et 64 heures, les liquides ont été ajoutés à dose variable à 1 cc. de suc pancréatique:; on a ramené partout au même volume avec la solution de NaFl à 2 p. 100 et on a fait agir les mélanges sur des tubes de Mette, de gélatine à 10 p. 100, pendant 24 heures, à l’étuve à 20°. NATURE LONGUEURS DIGÉRÉES des mélanges. en millimètres. LD) ONU AE UE A ER EN tt a RU EEE 0 SP 1 c.c. + solution fl. de fibrine. ANcent cube 10815 SP 1 c.c. + — OPcACAONE 6,25 SP 1 c.c. + — ONCE ARE SP 1 c.c. + — 10 cent cube ren0 EXD SPACE SCAN ANR ER ER RS RAA A Te ECO : SP 4 c.c. + solution fl. de fibrine. A cent. cube . 11 SP 1 c.c. + — 0 c.c. 5 8,5 SP 1 c.c. + — OrcicHoe: 6 SP 1 c.c. + — ONCECAARE 2,15 Comme le montrent nettement les tableaux ci-dessus, il suffit géné- ralement d’ajouter à À cc. de suc pancréatique 0°°,5, 0‘‘,3 et quelque- fois même 0,1 de nos solutions fluorées de fibrine, c’est-à-dire le produit correspondant à quelques centigrammes de fibrine humide, pour obtenir des digestions très appréciables. Je crois inutile d'insister davantage sur ces faits qui me paraissent suffisants pour lever tous les doutes. Je répondrai dans une prochaine communication aux objections relatives à l’origine et au mode d'action de la kinase intestinale. DE L’ABSORPTION DES GRAISSES DANS LINTESTIN GRÈLE, par MM. F. Ramonp et F. FLANDRIN. On a beaucoup discuté, et on discute encore sur le mode d'absorption des graisses dans l'intestin grêle. Les uns supposent que la graisse passe à travers les parois de l'intestin à l'état de très fine émulsion, et gagne ainsi la circulation par les chylifères. Les autres croient à une absorp- tion préalable de la graisse par les leucocytes des tuniques intestinales, qui de là la transportent dans le chyle. Enfin un grand nombre de physiologistes, se basant sur l’action in vitro du suc pancréatique et de l’entérokinase sur les graisses, prétendent que les graisses ingérées sont dédoublées dans l'intestin en glycérine et en acides gras. Gette 170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE glycérine et ces acides, rapidement transformés en savons alcalins, tra- versent par osmose les parois, puis se reforment par synthèse en graisse émulsionnée. Celle-ci se retrouve dans l’épaisseur de l’épithé- lium intestinal, dans les interstices qui séparent les pieds des cellules cylindriques (Renaut), puis dans le chyle, et accessoirement dans la veine porte. Quoi qu'il en soit, toutes ces hypothèses tendent à admettre que la grande voie d'absorption des graisses est l'appareil chylifère. Nous ne discuterons pas chacune de ces théories; elles ont d’ailleurs donné lieu à une foule de travaux, surtout en Allemagne, et tous plus ou moins contradictoires. La seule chose que nous voulons essayer de démontrer, c’est qu'une partie de la graisse est dédoublée en glycérine et acides gras; et pour cela faire nous avons recherché méthodiquement la glycérine par le procédé de Nicloux dans le chyme, dans le chyle, le sang portal, le foie, les veines sus-hépatiques et l’aorte du chien. Disons tout de suite que cette recherche est longue et délicate; que de plus, il est nécessaire d'opérer sur un grand nombre de chiens; car la diges- tion de la graisse varie chez cet animal d'un moment à l’autre; et il serait présomptueux de généraliser les résultats d'une seule expérience. Nos investigations ont donc porté sur 6 chiens de taille moyenne, à jeun depuis vingt-quatre heures, et auxquels nous avons fait ingérer 125 grammes de beurre frais dans 2/3 de litre de lait pur. Les animaux ont été sacrifiés de la sixième à la dixième heure de leur digestion, intervalle qui correspond au maximum de l'absorption des graisses. La graisse el les acides gras non encore absorbés ont été dosés après extrac- tion par l’éther; et nous avons prélevé la plus grande quantité possiblé de chyme et des divers liquides précédemment énumérés. La recherche de la glycérine par la méthode de Nicloux a donné lieu à des expériences de contrôle; par exemple à une quantité de sang, dont la contenance préalable en glycérine nous était connue, nous avons ajouté une quan- tité donnée de glycérine pure; et les résultats ainsi obtenus nous ont confirmé l'excellence de cette méthode. Voici les conclusions générales auxquelles nous sommes arrivés. Le contenu gastrique ne renferme pas de glycérine. Le chyme jéjunal pris à 50 centimètres de l'ampoule de Vater contient toujonrs de la glycé- rine en proportions notables (depuis 0 gr. 1298 p.100 chiffre maximum, jusqu’à 0 gr. 00655 p. 100 chiffre minimum trouvé). La quantité de gly- cérine diminue au fur et à mesure que l’on s'approche dela fin de liléon, où dans deux cas elle était même indosable. S'il en existe à ce niveau, c'est toujours en quantité beaucoup moindre qu’à l’origine du jéjunum. Le chyle puisé dans la citerne de Pecquet renferme de la glycérine en proportion très variable avec chaque cas. La moyenne a été de 0 gr. 00150 p. 100. La veine porte par contre semble en contenir davan- tage, Les quantités ontoscillé entre 0 gr. 0051 p.100 et 0 gr. 0078 p.100, chiffres vraiment considérables, comme nous verrons plus loin. Le foie SÉANCE DU 30 JANVIER 171 est toujours riche en glycérine; la moyenne trouvée a été de 0 gr.0049 p. 100 à O gr. 005 p. 100. En revanche le sang sus-hépalique est beau- coup plus pauvre, ce qui tend à démontrer que le foie arrête une partie de la glycérine apportée par la veine porte. Dans un cas, la quantité élait inappréciable ; en moyenne nous avons trouvé de O0 gr. 0015 p. 100 à 0 gr. 0025 p. 100. Enfin le sang aortique renferme environ de 0 gr. 0025 p. 100 à 0 gr. 0035 p. 100, chiffres un peu plus élevés que ceux déjà trouvés par M. Nicloux. Ces quantités de glycérine rencontrées dans le sang portal et dans le chyle paraissent peu considérables à première vue; mais si l’on admet qu'en pleine digestion, un chien de taille moyenne sécrète de 250 à 300 grammes de lymphe par heure (Lesser), et que le débit de la veine porte est de % litres à l'heure (Flügge), on voit la quantité considérable de glycérine absorbée au cours de la digestion. Cette glycérine ne repré- sente probablement pas toute la graisse absorbée; car la veine porte renfermerait beaucoup de graisse neutre (Drosdortff), de même que le chyle (Munk) ; d'autre part, le chien dépancréatisé absorbe une petite partie de la graisse ingérée (Minkowski, Abelmann, Gmeiner). Cepen- dant cette glycérine nous semble répondre à la plus grosse portion de graisse assimilée. Dans la seule expérience où nous ayons pu le faire avec rigueur, nous avons calculé, en effet, que sur 115 grammes de graisse ayant disparu du chyme, la quantité de glycérine ayant pris nais- sance dans l'intestin, et absorbée pendant les heures de la digestion, correspondait à environ 72 grammes de graisse neutre. Ce qui semble bien montrer que le mode d'absorption des graisses par osmose, après saponification, est loin d’être négligeable, et que cette absorption se fait surtout par la veine porte. (Travail du laboratoire de M. le professeur Chantemesse.) LA DESQUAMATION DE L'ÉPITHÉLIUM DE L'INTESTIN GRÉLE AU COURS DE LA DIGESTION, par M. F. Ramonn. L'arrivée du chyme dans l'intestin provoque une desquamation épithé- liale que signalent tous les physiologistes, mais qui n’a jamais été étudiée dans ses détails. Aussi nous a-t-il paru intéressant d'analyser ce phéno- mène, et voici les principales constatations que nous avons faites sur le cobaye, le lapin, le chien, celui-ci se prêtant mieux que tout autre à l'étude de cette desquamation. Cette desquamation se produit dès que le premier bol alimentaire passe de l'estomac dans le duodénum, c’est- à-dire à un moment variable avec le genre d'alimentation; très rapide- 172 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment avec un repas d'albuminoïdes ou de lait, plus lentement, au bout de cinq à six heures, avec de la graisse. La desquamation est précédée d'une vascularisation intense de la muqueuse; elle est si abondante, que l'intestin semble recouvert d’un enduit pultacé. De plus elle ne se pro- duit que par segments, et coïncide avec l'arrivée du chyme dans un de ces segments. Mais dès que la cellule est tombée, elle est emportée avec le chyme, et, dans sa progression, elle subit une série de modifications. Comme, chemin faisant, elle rencontre de nouvelles cellules qui tombent au moment de l’arrivée des aliments, on a loujours sous les yeux en un point quelconque diverses cellules en état différent de dégénération. Pour la commodité de la description, nous allons suivre schématique- ment une cellule desquamée, depuis le duodénum jusqu'au cæcum. Les frottis du chyme ont été fixés par l'acide osmique, le chloroforme, ou l’alcool-éther, examinés sans coloration ou après coloration par la thio- nine, le bleu de toluïdine, le violet de gentiane formolé, ou l’'hématoxyline- éosine. Un simple frottis, fait avec le contenu de l'intestin, en ayant soin de ne pas racler la muqueuse, montre une quantité considérable de cellules, 4 à 500 pour une anse de platine. Ces cellules sont agminées, rangées en palissade, ou bien isolées. Elle sont surtout du type cylin- drique, les cellules à mueus étant relativement peu abondantes: nous n'avons que très rarement rencontré des formes leucocytiques. On recon- naît facilement toutes les parties constituantes de la cellule cylindrique : plateau strié, protoplasma avec sa zone sous-basale éosinophile, sa zone sus-nucléaire moins colorée, son pédicule granuleux, son noyau assez volumineux. Parfois, surtout chez le cobaye, et plus rarement chez l& chien, on observe des cellules de volume moitié moindre, de forme cubique plulôt que cylindrique, avec un plateau non encore strié, un protoplasma non encore différencié et uniformément teinté, un noyau volumineux, fortement coloré, avec souvent des figures karyokinétiques. Ce sont là, à n’en pas douter, des cellules tout récemment desquamées, et sur la signification desquelles nous aurons à revenir. Un peu plus loin, environ à 50 ou 80 centimètres chez le chien, nous assistons à une modification déjà profonde de toutes ces cellules. Le plateau strié est gonflé; sa bordure externe disparait, et les extrémités des stries apparaissent libres, le restant encore agglutiné; ce plateauest séparé du protoplasma par un liséré très net et facilement colorable. Au dessous se trouve la portion sous-basale, encore très-visible, et forte- ment colorée par l’éosine. La zone sus-nucléaire par contre se creuse de nombreuses vacuoles qui peuvent se rencontrer, mais moins abondantes dans le pied de la cellule. Le noyau de son côté est agrandi, subit un commencement de karyolyse, et se colore moins électivement. Plus avant dans sa progression, la cellule dégénère davantage; à 150 du pylore, chez un chien de moyenne taille, elle devient arrondie, le plateau strié disparait, la zone sous-basale se reconnaît encore facile- SÉANCE DU 30 JANVIER 173 ment; la portion sus-nucléaire est très fortement vacuolisée, et à peine colorée. Le noyau est boursouflé, l’hématoxyline lui donne une légère teinte bleutée uniforme. Un peu plus loin, le protoplasma n’est plus représenté que par la zone sous-basale (l’ultimum moriens de la cellule) détachée souvent du noyau, très volumineux, vacuolisé à son tour, et à peine teinté. Plus tard, on ne rencontre plus dans le résidu intestinal que des vestiges de noyaux énormes, à contours irréguliers, peu colorés, fortement vacuolaires, el souvent agglutinés entre eux. Tel est Je cycle évolutif de la cellule cylindrique. Il reste à se demander comment se produit cette desquama- tion, et quel en est le but. La première question n’a pas encore reçu de réponse satisfaisante. La cellule vient-elle de la glande de Lieberkühn ou de la villosité? Tout semble prouver que c’est de cette dernière qu’elle dérive. Renaut, se fondant sur ses observations personnelles, etsur celles de Flemming, de Gruenhagen et de Nicolas, qui notent la fréquence de figures de karvoki- nèse dans les glandes, et leur absence au niveau de la villosité, professe une opinion mixte. La cellule desquamée provient de la villosité, mais elle est remplacée par les cellules des glandes de Lieberkühn qui par leur prolifération gagnent de proche en proche le sommet de la villosité. Pareille conception est passible de nombreuses objections, qui trouve- ront leur place dans un travail ultérieur. Il nous paraît plus vraisemblable que la cellule dérive de la multiplication propre des cellules de bordure des villosités. La présence de figures karyokinétiques dans les cellules desquamées semble le prouver, Si les cellules restantes ne présentent pas les mêmes formations karyokinétiques, cela tient probablement à la rapidité plus grande de leur évolution. Reste la deuxième question. Il est rationnel de supposer que celte chute cellulaire est plus qu'un fait d'ordre mécanique; il nous semble que ces cellules desquamées portent au contact du suc pancréatique l’entérokinase qui lui est nécessaire, sans nier pour cela cependant que l’entérokinase puisse dériver d'autres éléments cellulaires (Delezenne). De L'ORIGINE DES CELLULES DE REMPLACEMENT DE L'INTESTIN CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES, par M. J. ANGLas. Chez les larves d'Hyménoptères, l'intestin moyen est formé par un épithélium à grosses cellules cubiques ou cylindriques. Peu après l’éclo- sion de l'œuf, il n'existe pas encore de cellules de remplacement ; celles-ci apparaissent d'ailleurs de très bonne heure et envahissent rapidement le bord périphérique de l’épithélium. 174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Plusieurs faits indiquent clairement leur origine extérieure par rap- port au tube digestif : 1° Leur répartition est irrégulière et, pour ainsi dire, quelconque ; 2 Elles se localisent, soit entre deux cellules contiguës, soit à la base externe des cellules larvaires ; 3° Dès le début et constamment, elles sont toujours libres par leur face périphérique ; la coupe par le rasoir les entraine facilement hors de la crypte où elles sont exactement logées ; SL 4° Elles apparaissent d'emblée avec la taille qu’elles conserveront pendant la vie larvaire ; 5° Le gros noyau épithélial reste constamment au repos, loin des eryptes, et ne peut en aucune façon donner naissance aux cellules de _ remplacement. Un examen attentif montre que de très fines trachéoles, en nombre considérable, s’insinuent à travers la couche musculaire péri-intestinale jusqu’à l’épithélium ; qu’elles se mettent étroitement en rapport avec la membrane basale et plus particulièrement avec les cellules de rempla- cement elles-mêmes. Il n’est pas rare de rencontrer celles-ci abordées soit directement, soit tangentiellement par un de ces nombreux tubes chitineux. Les cellules de remplacement, par leur disposition, leur dimension, leur grande colorabilité, rappellent donc les cellules tra- chéales que l’on voit d’ailleurs, sur ces mêmes tubes trachéens, en des points voisins des préparations. La rapidité d'invasion de ces éléments concorde également avec ce qu'on sait de [a manière dont prolifèrent les ramifications trachéennes à certaines phases du développement. Ce qui est plus démonstratif, ce sont les rapports anatomiques fré- quemment constatés, que représentent les schémas ci-joints : $ e, épithélium intestinal larvaire ; N, noyaux ; ch, couche chitineuse du plateau interne ; m, m', muscles péri-intestinaux ; 7, cellules de remplacement ; T,'‘trachées et cellules trachéales ; 4,, tubes trachéens aboutissant à des cellules de remplace- ment ; {,, tubes trachéens cassés ou coupés. Ces rapports sont assez délicats à mettre en évidence pour plusieurs raï- sons : SÉANCE DU 30 JANVIER 475 1° La finesse des tubes trachéens et leur faible colorabilité. 20 Leur fragilité et leur trajet sinueux, ce qui rend plus rares les coupes démonstratives. 3° La rapidité avec laquelle les cellules de remplacement perdent leurs rapports primitifs avec les tubes trachéens. Les cellules de remplacement peuvent donc être considérées comme des cellules trachéales devenant libres peu après leur immigration à la base externe de l’épithélium intestinal. Leur noyau commence à se diviser en trois ou quatre petits noyaux ; mais bientôt commence une phase de repos et d'attente qui dure pen- dant toute la vie larvaire. Dès le début de la nymphose, les îlots de remplacement sont repris d’une nouvelle activité et reconstituent l’épithélium imaginal, tandis que le tissu larvaire est détruit et rejeté, comme nous l'avons décrit antérieurement (1). Du ROLE DES TRACHÉES DANS LA MÉTAMORPHOSE DES INSECTES, par M. J. ANGLas. Dans un récent mémoire, S. Breed (2) a étudié l’histolyse des mus- cles d’un Coléoptère, T'hymalus marginicollis. D'après cet auteur, ce sont des cellules trachéales qui, s’insinuant à l’intérieur des fibres larvaires morcelées, constituent, par leur prolifération, les noyaux énigmatiques sur lesquels on a tant discuté (leucocytes ? noyaux musculaires ?). Reprenant à ce point de vue les Hyménoptères que J'avais déjà étu- diés, et plus spécialement la Guêpe, j'ai constaté les faits suivants : Au début de la nymphose, il se produit une poussée trachéenne con- sidérable, qui porte à la fois sur les gros troncs jet sur la prolifération centripète de leurs branches : Des prolongements trachéens, quelquefois de gros troncs eux-mèmes, se meltent en contact avec les muscles larvaires ; les cellules de leur paroi ou les cellules trachéales de leurs extrémités s’insinuent dans la couche de sarcoplasme qui entoure la fibre souvent au voisinage même d’un noyau larvaire, et elles s’y multiplient rapidement. Le myoplasme est ainsi fendu longitudinalement en bandelettes, et coupé en fragments _ à la surface desquels glissent les éléments envahisseurs. Les rapports de ces éléments avec les trachées sont relativement faciles à constater, et bien évidents en de nombreux endroits des pré- paralions. (1) Sur l’histolyse et l'histogenèse du tube digestif des Hyménoptères, Comptes rendus de la Société de Biologie, 17 décembre 1898. (2) The changes in the muscles of a beetle, Bulletin of the Museum of com- parative Zoology at Harvard College, vol. XL, n° 7, octobre 1903, p. 317-382, avec 7 planches. 176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai constaté une concordance parfaite entre l'aspect de mes coupes et les planches très explicites du travail de Breed. : Il serait fort intéressant de vérifier si une interprétation analogue ne doit pas être donnée aux figures classiques représentant chez les Muscides une phagocytose intense et la formation de Kôrnchenkugeln, - et d’une manière générale chez les Insectes, où l'étude du développe- ment trachéen a été jusqu’à présent trop négligée. Quoi qu'il en soit, chez les Hyménoptères, comme chez les Coléop- tères, les cellules trachéales ne jouent aucun rôle phagocytaire. Elles ont évidemment une action destructive mécanique en morcelant la fibre, et probablement une action destructive chimique externe, dont elles profitent, — (ce que j'ai nommé lyocytose). Les choses se passent de même pour les muscles du thorax, de l’abdomen et de l'intestin. Les cellules trachéales intra-musculaires deviennent rapidement libres, au moins pour la plupart; beaucoup d’entre elles disparaissent à leur tour ; peut- être certaines subsistent-elles dans la cavité générale ; certaines, enfin, four- nissent les trachéoles des muscles imaginaux ; (on sait que ceux-ci proviennent du remaniement des muscles larvaires). Les métamorphoses proprement dites des Insectes, qui ne portent Jamais que sur l'intestin moyen et la musculature, seraient donc corré- latives de poussées trachéennes successives. Une première poussée, précoce, donnerait les éléments de remplace- ment de l'intestin; une deuxième, nymphale,remanierait les trachées et les muscles, landis que s'achève le tube digestif. ë À ces phénomènes, s'ajoutent la prolifération des tissus ectodermi- ques et l'achèvement des organes tels que : appendices locomoteurs, æsophage, rectum, tubes de Malpighi définitifs, système nerveux; l'épuisement des réserves du corps adipeux, et l'histolyse suivie de dis- parition des organes spécialisés pendant la vie larvaire (intestin moyen, glandes salivaires, tubes de Malpighi, cerlains museles, ete.). Au point de vue morphologique, la poussée trachéenne est un cas particulier de la prolifération de l’exoderme. Au point de vue physiologique, elle correspond à la phase de troubles respiratoires décrits par Bataillon chez Bombyx Mori. ERRATUM Note de M. Ch. Porcher, séance du 9 janvier : p. 37, 8° ligne, au lieu de : ne se posent lire : ne me portlassent; 11e ligne, au lieu de : apportée, lire apportées ; P. 38, 5° ligne, au lieu de : Orange, poivrier, lire : Orangé Poirier, LIT. Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. à OP RS CAT ne 5 108 HG En SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1904 ,LIURAR ne, : V2 “ee 5 “Un SOMMAIRE # rl BarrezLr (F.) : Pouvoir hémolyti- . que du sérum sanguin comparé à celui de la lymphe.., Bizzarp (G.) et Dreucaré (L.) : fluence de la tension superficielle des solutions aqueuses sur leur ab- sorption par les végétaux. . . . . . Box (GEORGES) : Sur les mouve- ments respiratoires musculaires des annélides MATINS Le MAEMNENNE PA RE CHARRIN : À propos de la commu- nication de MM. Le Play et Corpe- Crisrrant (H.) : De la greffe thy- roïdienne chez les oiseaux. . . . .. Crisrianr (H.) : Conservation de tissu thyroïdien vivant dans l’eau salée physiologique. . . . . . . . .. Doxox (M.) et Karere (N.) : Action de l’atropine sur la coagulabilité du sang Doxon (M.), Karerr (N.) et FEenes- rRiER : Hyperglycémie consécutive à l'injection de pilocarpine dans la MEIMERDORC RENE DE PP Dovow et Morez (A.): Action de quelques corps ternaires sur le gly- SCO AR PL EDP OMONENIUNNOOES EC EC COMÉNEAMUMONE MANIERE Dugors (RAPHAEL) : Sur le sens de Nolfaction de l'Escargot, - + .: .. . FERRET (P.) et Weger (A.) : Mal- formations du système nerveux central de l'embryon de poulet obte- nues expérimentalement : Anoma- lies résultant de l'absence de fer- meture partielle ou totale de la gouttière nerveuse 199 198 Ferrer (P.) et Werer A.) : Absence de développement de portions de la DlaquemequTIANTe PAPERS Frouix (A.) et Pozersxt (E.) : Sec- tion intra-thoracique des pneumo- gastriques, chez le chien, par voie a d'OMIN AE NEA EPA FrouIN (ALBERT) : Sur l'origine et le lieu de résorption de la pepsine UPS QUE © MR ANR ERREUR AA HePrp (Mavrice) : Note sur l’action excito-sécrétoire du suc gastrique physiologique de porc sur la mu- queuse gastrique malade , , . . .. LAGuEssE (E.) : À propos de l’his- togenèse de la fibre conjonctive (Réponse à M. Zachariadès). . . . . Le PLay et Correcuor : Action des néphrolysines. Hérédité des lésions. LeTuLLE (MAURICE) : Varices lym- phatiques de l'intestin grêle. . . . . Nicocas (E.) : La tension superfi- cielle de l'urine des herbivores. . Rexaut (J.) : Sur les fibrilles con- jonctives (Réponse à M. P. Zacha- PAALE SA nee Pr A A VERDUN : Procédé de coloration de l'amibe de la dysenterie et des abcès DUATOLE NN AMEL MR er sRe ei VerDuN (L.) : Sur quelques carac- tères spécifiques de l’amibe de la dysenterie et des abcès tropicaux du foie (Amæba coli Loesch) . . . . WERTHEIMER (E.) et Dusors (Cn.) : Des effets antagonistes de l’atropine et de la physostigmine sur la sécré- HONPANCRÉAIQUE RE PL RX Présidence de M. O. Larcher, vice-président. OUVRAGE OFFERT 203 20% M. H. Courin fait hommage à la Société du livre qu'il vient de publier : L'Amour chez les bêtes (1). C’est un recueil de faits empruntés (1) Un volume in-18 de 326 pages. Paris, J. Tallandier, éditeur, 1904. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 13 pe 178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aux observateurs les plus consciencieux. On y trouvera réunis de nombreux documents relatifs aux formes multiples par lesquelles se manifeste et se réalise, chez les vertébrés, l'instinct sexuet ou l'amour maternel ou paternel. SUR LES FIBRILLES CONJONCTIVES (RÉPonNsE À M. P. ZACHARIADËS), par M. J. RENAUT. Dans sa note Sur la structure de la fibrille tendineuse adulte et sur l'origine de la substance collagène (1), M. P. Zachariadès rappelle ses travaux sur la constitution des fibrilles du tissu conjonctif. Il expose cette constitution derechef, et aussi son opinion sur l'origine cellulaire des fibrilles conjonctives, ou plutôt de ce qu'il appelle le «filament axile » de ces mêmes fibrilles. À ce propos, il fait remarquer que les auteurs des travaux les plus récents sur le tissu conjonctif n’ont tenu aucun compte de sa manière de voir. Après quoi, dans-une note au bas de la page, il me range sans commentaire aucun parmi ces auteurs, en citant | ma note récente sur La substance fondamentale continue du tissu con- jonctif lâche (2). Les membres de la Société de Biologie qui m'ont entendu développer cette note seront étonnés certainement de voir M. Zachariadès produire cette réclamation. Il leur est, en effet, aisé de se souvenir que le fait que j'ai fait connaître, — c’est-à-dire l'existence d’une substance con- tinue noyant faisceaux, fibres élastiques, cellules fixes et dispositif tramulaire, et régnant partout où le tissu conjonctif lâche forme une masse, — ce fait, dis-je, n’a absolument rien à voir avec la constitution plus ou moins complexe des fibrilles connectives, ni avec la question de l’origine de celles-ci. J’ai simplement dit que, dans la substance fon- damentale où s’éploient les cellules fixes et leurs prolongements, on voit aussi naître et s’embrouiller les fibrilles tramulaires, origine des fibrilles conjonctives des faisceaux connectifs, Je n'avais pas à donner, en outre, mon opinion sur le rapport entre les fibrilles et les cellules fixes, ni par suite à entreprendre la discussion des idées de M. Zacha- riadès à ce sujet. J'avais à démontrer l'existence d’une substance fon- damentale continue au sein des espaces du tissu conjonctif, quon croyait auparavant occupés seulement par de la Iymphe. C'est ce que j'ai fait, et je me suis borné là sans ajouter de hors-d'œuvre. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie (Séance du 23 janvier 1904, p. 102-103). (2) Ibidem — (Séance du 19 décembre 1903, p. 1620-1623;. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 179 Mais, en dehors de la Société de Biologie, il est des histologistes qui, en lisant la note de M. Zachariadès et n'ayant pas les termes de la mienne présents à l'esprit, pourraient me ranger, sur sa gratuite asser- tion, au nombre de ceux qui n'auraient pas rendu justice aux travaux si intéressants de ce travailleur consciencieux et distingué. Une telle situation ne saurait me convenir. C'est pourquoi je me vois forcé de dire maintenant ce que je pense des travaux que M. Zachariadès prétend que j'ai passés sous silence : car, cela une fois fait, ni lui ni personne ne demeurera autorisé à croire que je n’en tiens pas compte. M. Zachariadès à démontré un fait el émis une hypothèse. Le fair, c’est que la fibrille connective, dans les faisceaux tendineux adultes du Rat et de la Grenouille, a une organisation complexe. Elle est formée d’un filament qui constitue son axe, et que le bleu de méthyle acide teint énergiquement (filament axile); par une gaine de substance particulière qui enveloppe le filament central et que les acides gonflent, tandis que le bleu de méthyle la colore en bleu pâle; enfin par une membranule limitante. Ce fait est incontestable ; il ressort avec évidence des pré- parations montrées publiquement à Liége. Il appartient à M. Zacha- riadès, et doit entrer en ligne toutes les fois qu'on discute la structure de la fibrille connective adulte : ce qui n’était point le cas quand j'ai parlé, à la Société de Biologie, de la substance continue et non figurée du tissu conjonctif lâche, Le 19 décembre dernier. L'hypothèse est double, et consiste à admettre : 1°, que le filament axile de la fibrille connective est de nature protoplasmique; 2°, que ce filament est le prolongement d’une cellule fixe du tissu conjonctif. Or, jusqu'ici, M. Zachariadès n'a fourni aucune autre preuve de la nature protoplasmique du filament axile, que son aptitude à se colorer intensément par le bleu de méthyle acide. Ce n'est pas assez pour conclure. D'une part, le bleu de méthyle acide n’a pas d'élection spé- ciale pour les cellules conjonctives du tissu tendineux; d’autre part, M. Zachariadès ne nous montre pas que le filament axile se colore électivement par les autres colorants bien connus du protoplasma. La question de la nature, protoplasmique ou non, du filament axile, reste donc pendante; et l'opinion de M. Zachariadès à ce sujet demeure une simple opinion. En second lieu, de faits observés sur un tout autre objet d'étude, pris chez des batraciens en des points du tissu conjonctif dont la catégorisa- tion exacte n’est pas encore précisée, M. Zachariadès, avec une mé- thode toute différente de celle des acides et du bleu, à conclu que certaines cellules connectives poussent des prolongements protoplas- miques qui deviennent des fibrilles conjonctives, — ou du moins qui se comportent comme ces dernières par rapport au violet de mé- thyle 5 B, après fixation par l'acide osmique. Mais cette manière de voir ne vaut pas, pour démonstration, la moindre préparation qui montre- 180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rait : 1° un prolongement de cellule conjonctive se continuant, dans un faisceau tendineux ou conjonctif quelconque, par un filament axile de fibrille connective ; 2° un filament axile qui, dans un tendon de Rat ou de Grenouille, se poursuivrait jusqu’à un prolongement d’une cellule connective pour se continuer avec lui. Je ne serai convaincu que lorsque M. Zachariadès aura fait cette double démonstration, ou bien une autre de valeur équivalente. Telle est, puisqu'il a semblé regretter que je ne l’aie pas exprimée, mon opinion sur la question ét sur ses travaux personnels. (Laboratoire d'Anatomie générale de l'Université de Lyon.) À PROPOS DE L'HISTOGENÈSE DE LA FIBRE CONJONCTIVE, (RÉPONSE À M. ZACHARIADES), par M. E. LAGuEsse. Dans la dernière séance de la Société de Biologie, M. Zachariadès me reproche doucement de ne pas avoir tenu compte des faits qu'il a décou- verts. Je tiens à répondre quelques mots, pour bien montrer que je ne dédaigne aucunement les travaux consciencieux de cet auteur. M. Zachariadès a établi la structure complexe de la fibrille tendineuse:; j'ai vu ses préparations à Liége (Association des Anatomistes), et de ai été si pleinement convaincu que j'ai fait entrer de suite ces faits dans mon enseignement. Donc, j'en tiens compte. Je ferai une réserve : l'auteur considère le filament axile comme étant de nature protoplas- mique ; cela ne me paraît pas actuellement démontré. Les étranglements, d'autre part, peuvent représenter autre chose qu'une membrane refoulée ; j'admets pourtant l'interprétation à titre provisoire. Mais ce sont là des faits établis chez l'adulte, et sur Ia fibrille tendi- neuse. Je n'ai pas eu à en parler, ne m'occupant pour l'instant que d'histogenèse, el en un tout autre point. Ici j'ai rencontré un autre travail de M. Zachariadès, et je l’ai cité (Arch. d'An.mic., p. 102, 162). Je ne l’ai fait qu’en passant (comme pour Flemming d'ailleurs, et pour d’autres), parce que, j'ai eu soin de le dire, je ne prétends point que le résultat de mes recherches soit applicable sans aulre contrôle à tout le- tissu conjonctif, si protéiforme, et je me propose d'étendre ces recherches à d’autres objets (4). (1) Si j'ai fait à la fin un court essai de généralisation, mais sous toutes réserves, et sous forme d’appendice, c'est parce que les commentateurs l’auraient fait à ma place, et peut-être m'auraient fait dire tout autre chose que ce que je voulais dire. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 181 Or, M. Zachariadès était engagé dans une voie parallèle mais toute différente, toute spéciale. Il tire sa théorie histogénétique de l’observa- tion d’un tissu adulte, et qui n’est certainement plus en voie de déve- loppement (1); il n’a done pu suivre la formation de la fibrille. Si inté- ressants qu'ils soient, les faits qu'il a décrits ont par conséquent une place à part, et secondaire, me semble-t-il, puisqu'il ne s’agit plus à proprement parler d'histogenèse. Ils demandent à être contrôlés sur le même objet. Je n'ai fait que quelques recherches en ce sens (2). Elles sont très incomplètes, il est vrai; mais actuellement je ne suis encore pas convaincu que les beaux et longs prolongements cellulaires décrits deviennent plus loin des fibrilles; j'en ai suivi quelques-uns fort loin, qui s’y accolaient, rectilignes, presque homogènes, mais en restaient distincts. En deviendraient-ils, que cela ne serait aucunement en con- tradiction avec ce que j'ai soutenu, puisque j'ai vu des prolongements entiers se transformer en substance amorphe, puis se fibriller. En résumé, les faits décrits par M. Zachariadès me paraissent très intéressants ; je me promets de les étudier de plus près et ne m'interdis aucunement de les confirmer un jour s’il y a lieu. Mais j'ai pris la ques- tion par un bout, celui qui m'a paru le meilleur, le plus solide, et je n'ai qu'une prétention, celle de suivre tranquillement mon plan. Je dois ajouter encore un mot. Je n'ai jamais parlé de blastème, comme semble me le faire dire M. Zachariadès. Le blastème est bien mort, et je n'ai pas la moindre envie de le ressusciler. PROCÉDÉ DE COLORATION DE L’AMIBE DE LA DYSENTERIE ET DES ABCÈS TROPICAUX DU FOIE, par M. VERDUN. Nous avons eu l’occasion d'examiner, dernièrement, le contenu d'un abcès du foie, provenant d'un individu, ancien dysentérique, ayant séjourné en Cochinchine. Dans le but de déterminer l’agent pathogène, microbe où amibe, nous avons recueilli dans un premier tube stérilisé une certaine quantité du liquide purulent et dans un deuxième tube le produit du raclage de la paroi de l’abcès, car d’après les observateurs c'est dans cette zone que les amibes, quand elles existent, sont parti- culièrement abondantes. Des parcelles assez notables du contenu du premier tube ont été ense- (1) Tissu sous-achilléen de la grenouille adulte; l'aspect est déjà le même chez les individus jeunes. (2) L'été dernier. 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mencées, deux heures après, sur gélatine, sur agar et dans du bouillon. Après plusieurs jours, toutes les cultures, maintenues les unes à la tem- pérature ordinaire du laboratoire, et les autres à 37 degrés, sont restées absolument stériles. Le contenu du deuxième tube, examiné à l’état frais peu de temps. après avoir été recueilli, nous a laissé voir, sous un fort grossissement. des masses plasmodiques mobiles ayant bien l'aspect d'amibes. Pour préciser les caractères de ces organismes, qui sous le microscope. perdaient vite leur mobilité, nous avons eu recours à leur fixation et à leur coloration. En consultant les auteurs qui se sont occupés de l’amibe de l'abcès du foie nous avons vu que plusieurs d’entre eux insistaient sur les difficultés que l’on éprouve à bien fixer et à bien colorer ces parasites; il nous a semblé, en effet, que les procédés qu'ils ont utilisés, dans l'exposé desquels nous ne pouvons entrer ici, n'ont pas donné entre leurs mains des résultats bien satisfaisants. En présence de ces faits, nous avons eu l'idée d'employer la méthode qui donne de si bons résultats pour l'étude des Protozoaires du sang, tels que l'Hématozoaire de Laveran et les Trypanosomes. Voici la tech- nique que nous avons suivie. Le Lube contenant le produit de raclage de la paroi a été plongé pen- dant vingt minutes environ dans un vase contenant de l’eau maintenue à 37 degrés. Immédiatement après, saisissant avec une pince un des fragments du raclage, nous avons fait rapidement des frottis sur lame. La dessiccation ayant été presque instantanée, nous avons alors fixé les éléments par un séjour de 10 à 15 minutes dans l'alcool absolu. Chaqwe lame a été ensuite placée dans un petit cristallisoir, la face à colorer en dessous et les bords reposant sur deux supports, ainsi que cela est recommandé. Nous avons ensuite versé simultanément sur chaque lame les deux solutions suivantes : : A. — Solution aqueuse d'éosine à 4 p. 1.000. 6 centimètres cubes. Faut dishlée Te een ep nee) MAS — B. — Bleu de Borrel 1 — Bleu de Unna. 1 _ Pau distihlée 20e SES RER 00 — Après dix minutes, nous avons lavé à l’eau et traité par une solution aqueuse de tannin. Cette méthode nous a donné d'excellents résultats pour toutes les préparations, sans exception. Au milieu des globules rouges et des leucocytes on pouvait voir très _neltement les amibes, reconnaissables à leur dimension, à leur forme arrondie, à leur protoplasma coloré en bleu assez foncé, et à leur volu- mineux novau, arrondi, et d’une couleur rouge vineux. Comparativement nous avons eu recours à l’un des meilleurs procédés SÉANCE DU 6 FÉVRIER 183 connus pour l'étude histologique des amibes. Les fragments du raclage, chauffés à 37 degrés, ont été découpés en petits morceaux, fixés au Flemming, déshydralés et inclus dans la paraffine. Les coupes très minces, collées sur lame par la gélose bichromatée, ont été colorées à chaud par la safranine de Babès et décolorées par une solution de vert lumière ou de wasserblau. Les résultats obtenus ont été notoirement inférieurs aux précédents, particulièrement en ce qui concerne le noyau dont la coloration se réduisait à un mince liséré rouge périphérique, à un volumineux nucléole central et à un très fin réticulum dans l’espace intermédiaire. En outre les mensurations nous ont permis de constater que tous les éléments avaient subi une assez forte rétraction. SUR QUELQUES CARACTÈRES SPÉCIFIQUES DE L’AMIBE DE LA DYSENTERIE ET DES ABCÈS TROPICAUX DU FOIE (Amæba coli Loesch), par M. VERDUN. La détermination des caractères spécifiques des Amibes susceptibles de vivre dans l'intestin de l’homme est une question fort délicate, de telle sorte que la différenciation de ces organismes peut être parfois très difficile et donner lieu à des confusions de noms. Cependant il paraît amplement prouvé à l'heure actuelle, qu’en outre de diverses Amibes banales et inoffensives (1) qui peuvent s’observer accidentelle- ment dans les fèces des cholériques, des typhiques et même des per- sonnes saines, il existe une espèce pathogène (Amæba coli Loesch 1875; A. intestinalis R. Blanchard 1885 ; A. dysenteriæ Councilmann et Lafleur 1891; À. dysenteriæ Krusse et Pasquale 1893; A. coli felis Quincke et Roos 1893; £niamæba histolytica Schaudinn 1903) qui produit une forme clinique spéciale de dysenterie (dysenterie amibienne), à marche généralement chronique et différente des dysenteries bacillaires, plus fréquente dans les pays chauds et désignée pour cette raison sous le nom impropre de dysenterie tropicale puisqu'elle peut s’observer sous tous les climats (2). Cette affection se complique fréquemment d’abcès (4) Amoæba intestini vulgaris Quincke et Roos; Entamæba hominis Casagrandi et Barbagallo — Entamæba coli (Loesch) emend. Schaudinn (— A. coh Loesch?); A. lobosa guttula Celli et Fiocca (A. guttula Dujardin); A. lobosa oblonga C. et KF. (A. oblonga Schmarda); A. lobosa coli G. et F. (A. coli Loesch?); A. lobosa undulans C. et F.; A. diaphana C. et F.; A. spinosa G. et F.; À. reticularis C. et F. (non A. reticulosa Bütschli) ; A. vermicularis Weisse. (2) D'après Jaëger (Centr. f. Bakt., Abt. I., Orig. 32, 1902, p. 865) les observa- tions de Shiga sembleraient indiquer qu'aux Philippines et au japon, l'amibe 184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du foie, dans le contenu desquels on retrouve très souvent la même Amibe seule où associée à des Bactéries. Les descriptions de l'A. coli données par les auteurs reposent pour la plupart sur l'observation de cet organisme à l’état vivant. Parmi ces descriptions, les unes sont fort peu détaillées; les autres, plus complètes, indiquent parfois des différences notables dans les caractères spécifi- ques. Il serait peut-être avantageux pour obtenir plus d’uniformilé de ne décrire quelques-uns de ces derniers qu'après fixation et coloration des Amibes. Les préparations que nous avons obtenues par la méthode indiquée dans la note précédente nous permettent de préciser certains caractères de l’A. coli. Forme et Dimensions. L'Amibe du côlon après fixation est générale- ment ronde; c’est d’ailleurs la forme qu'elle affecte à l’état de repos. Ses dimensions, comme l'indiquent les mensurations faites à létat vivant, sont très variables. Sur les frottis, son diamètre est compris entre 16 w et 35 u; ces chiffres se rapprochent des moyennes données par beaucoup d'auteurs. Sur les fragments fixés au Flemming on trouve des nombres plus faibles (10 u à 25 u.). Protoplasma. Sur les Amibes fixées il n’y à pas de différenciation en ecto et endoplasma. Le protoplasma se colore fortement en bleu et a un aspect granuleux. Chez les formes jeunes il ne renferme qu'un très petit nombre de vacuoles (1 à 3). Ce chiffre augmente considérablement avec l’âge, et sur les grands individus ces vacuoles, de tailles très diverses, serrées les unes contre les autres, donnent au protoplasma un aspect alvéolaire. “€ Inclusions. Il n’est pas rare de voir dans le protoplasma des grandes Amibes des corpuscules en partie digérés, bien mis en évidence par la coloration, dont les uns représentent des leucocytes et les autres des globules rouges. La présence d'hématies à l'intérieur de l'A. coli paraît être un fait constant, car il est signalé par tous les observa- teurs. Noyau. Le noyau est généralement arrondi, quelquefois ovalaire ou légèrement arqué. Rarement central, il est le plus souvent excentrique ou même périphérique chez les formes jeunes. Il se colore d'une façon intense par notre méthode; son contenu parait formé de grosses granu- lations rouge vineux ou rouge violacé, dessinant un réseau très épais et au milieu desquelles on peut voir une, deux et même trois vacuoles incolores. Son diamètre, assez fixe, est compris entre 10 et 15 uw. Ces chiffres sont notablement supérieurs à ceux donnés jusqu'ici. Toutefois sur les fragments fixés au Flemming et colorés à la safranine il ne de la dysenterie serait différente, surtout comme taille, de l'Amæba coli “Loesch observée dans la dysenterie amibienne de l'Egypte, de la Russie et des régions de l’est de la Prusse. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 185 mesure plus que 9 . D'ailleurs, dans ce cas, son facies est tout autre el a été déjà signalé par quelques auteurs. Il montre un contour bien coloré, d'épaisseur irrégulière, un gros nucléole central, parfois deux, et de fines granulations dessinant un vague réticulum. SUR LES MOUVEMENTS RESPIRATOIRES MUSCULAIRES DES ANNÉLIDES MARINS, par M. GEORGES Boux. Presque tous les annélides marins présentent des mouvements respi- ratoires, ciliaires ou musculaires, nettement distincts des mouvements de locomotion, et qui n'ont guère attiré jusqu'ici l'attention des obser- vateurs. Le renouvellement de l’eau est produit par les muscles de deux facons différentes : ou bien le corps se met à onduler, tout point subis- sant des oscillations rythmiques suivant une perpendiculaire au support (mouvements sinusoidaux), ou bien un renflement annulaire de la paroi du corps se propage d’un point à un autre (m. annulaires). A. Mouvements sinusoïidaux. — Les annélides « primitives » se meu- vent et respirent à l’aide de mouvements sinusoïdaux. 1° Phyllodociens. — Chez les Æulalia, par exemple, ceux-ci sont de deux sortes : les uns ont lieu dans un plan parallèle au support et se propagent d'arrière en avant, facilitant la reptation ou déterminant la natation; les autres apparaissent de temps en temps quand le corps est au repos, ont lieu dans un plan perpendiculaire (plan sagittal), et se pro- pagent d'avant en arrière sur une région limitée du corps, déterminant un courant respiratoire très net. 2° Véréidiens. — On retrouve ces mouvements chez les Néréides qui vivent, comme les Phyllodociens, parmi les rochers (Lepiphile cultrifera, après un repos de 10 minutes, longueur d’onde : 1 centimètre; rythme : chaque 3 secondes); mais ils s’accentuent et ont lieu plus fréquemment quand les Néréides vivent dans des tubes. Tel est le cas de la Praxithea wrorala, qui habite, parmi les algues ou dans la vase des zostères, les tubes muqueux qu’elle séerète; quand l’eau du tube s’altère par suite de la respiration, le ver peut changer de position, mais souvent aussi il reste en place, présentant les ondulations décrites (longueur d'onde, 2 centimètres; rythme, chaque 2 secondes); dans de l'eau chargée de CO”, les mouvements deviennent plus énergiques. Ils sont encore plus nets et plus fréquents chez la Vereilepas fucata, dont le corps est replié sur lui-même à l'extrémité de la coquille habitée par un Pagure. 3° Aphroditiens. — Ceux-ci sont essentiellement des formes tubicoles 186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE commensales. Les cas précédents conduisent à penser que chez eux les mouvements respiratoires doivent être très intenses, mais on conçoit difficilement qu'ils puissent rester adhérents aux parois verticales des tubes tout en subissant les ondulations sagittales. Chez eux, précisé- ment, les mouvements sinusoïdaux n'’intéressent plus que la paroi dor- sale du corps, et il en résulte une différenciation spéciale des faisceaux musculaires qui se rendent à cette paroi ; les téguments dorsaux, d’une part tiraillés par des contractions musculaires, d'autre part en contact plus ou moins intime avec l’annélide auquel l’Aphroditien est associé et éprouvant de ce fait des excitations mécaniques et chimiques, onf subi une différenciation particulière : ils présentent les élytres dont les mou- vements oscillatoires, en se propageant d'avant en arrière, déterminent, sur Ja face dorsale, un courant d’eau continu et assez vif (Darboux). B. Mouvements arnnulaires. — Quand les annélides s’enfouissent direc- tement dans le sable, les mouvements respiratoires musculaires s’affai- blissent, bien que souvent les « branchies » prennent un développement considérable; mais celles-ci, couvertes de cils, peuvent être considérées comme des organes moteurs; les mouvements musculaires réapparais- sent avec des caractères nouveaux chez ceux qui creusent et cimentent des galeries et qui se déplacent par des élongations et raccourcissements alternatifs de certaines régions, munies de bandes uncinigères et sou- vent d'écussons adhésifs. J'ai décrit (Bulletin du Muséum, 1902, p. 96), chez les Arénicoles et les Pectinaires, des bourrelets annulaires qui pro- gressent dans la paroi du corps, jouant le même rôle qu’un piston dafis un corps de pompe et déterminant un courant d’eau; le parcours est limité et a lieu dans un sens ou dans l’autre. Il en est de même chez les Térébelles et les Sabelles. Chez une Pispira volutacornis, par exemple, les ondes se propagent sur une étendue variable de l'abdomen (1/3, 2/3) à partir de l’une ou l’autre extrémité; quatre segments se contractent dans le sens de la longueur et par conséquent augmentent de diamètre (bourrelet) ; ensuite ces anneaux s’allongent, les suivants se contractant. Ainsi, les mouvements respiratoires, souvent caractéristiques des fa- milles, sont essentiellement en rapport avec le genre de vie; ils ont une importance biologique assez considérable et peuvent entraîner (comme chez les Aphroditiens) des modifications morphologiques accusées. Je montre l’action morphogène des mouvements chez les annélides dans un mémoire déposé pour les Annales des sciences naturelles (Atlitudes et mouvements des annélides). SÉANCE DU 6 FÉVRIER 187 MALFORMATIONS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DE L'EM3RYON DE POULET OBTENUES EXPÉRIMENTALEMENT : I. — ANOMALIES RÉSULTANT DE L'ABSENCE DE FERMETURE PARTIELLE OU TOTALE DE LA GOUTTIÈRE NERVEUSE. Note de MM. P. Ferrer et À. WEBER, présentée par M. Ép. RETTERER. Nous avons fait connaître dans ces comptes rendus notre procédé tératogénique (16 janvier 1904); nous n'y reviendrons donc pas ici. Nous avons pu établir un certain rapport entre la position de la piqûre de l'œuf et les régions de la plaque médullaire où la fermeture en un tube nerveux ne s'est pas effectuée. Lorsque la piqüre porte en avant de l'embryon, la non-soudure des lèvres de la goutlière médul- laire s’observe surtout dans la région cérébrale et se prolonge rarement dans la zone médullaire du tube nerveux. Par contre, dans les cas de piqûre en arrière du germe, il est rare de trouver la plaque médullaire établie seulement dans la région cérébrale ; plus rare encore de trouver l’absence de transformation en tube ner- veux limitée àla région médullaire ; le plus fréquemment lorsqu'il y à non-soudure des lèvres de la goutlière médullaire, c'est sur toute la longueur de l’axe nerveux qu’elle s’est produite. On sait que normalement la soudure des lèvres de la gouttière médul- laire commence à se produire au niveau du cerveau postérieur. Lorsque la piqûre a porté en avant du germe, si la soudure commence à se faire, elle trouvera en progressant vers le cerveau antérieur une influence téra- togène croissante puisqu'elle se rapprochera du point lésé, une influence décroissante en se propageant dans la région médullaire; ceei tendrait à expliquer que dans les cas de piqûre en avant du germe, l’élalement de la plaque médullaire soit généralement limité à la région cérébrale. Par contre, lorsque la piqüre est située en arrière du germe, elle paraît avoir une influence tératogène plus considérable sur les phénomènes de soudure des lèvres de la gouttière médullaire ; sa zone d'action parait s'étendre sur tout l’axe cérébro-spinal. Un certain nombre de processus secondaires développés vraisembla- blement assez tard se surajoutent à cette anomalie et compliquent d'ordinaire les phénomènes de non-soudure de la gouttière médullaire : ils peuvent même simuler celte dernière malformation. Le plus simple des cas où les lèvres de la gouttière nerveuse ne sont pas fusionnées est celui d’une fermeture discontinue du tube nerveux. Il peut ainsi rester ouvert dans la partie moyenne de la région médul- laire ; c'est du reste là un locus minoris resistentiæ pour l'influence téra- togénique de la piqûre. Quelquefois aussi la plaque nerveuse reste 188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE étalée seulement dans les territoires du cerveau antérieur et du cerveau moyen. Dans ces cas d’étalement, la croissance de la plaque médullaire, due surtout à la multiplication de ses cellules les plus superficielles, se fait principalement en épaisseur. Malgré ce fait, la lame nerveuse peut pré- senter dans la région cérébrale, par exemple, une extension, dans le sens transversal, assez considérable. Il n’est pas très rare alors de voir prendre naissance un tube nerveux d'apparence normale par un processus d'ordre secondaire. Il se produit sur la ligne médiane ou dans une région voisine une véritable gouttière nerveuse secondaire dont l’oc- clusion donnera naïssance à un tube nerveux de forme normale, à peine plus petit que ne le comporterait l’âge de l'embryon. D’autres fois, la plaque nerveuse se renfle en certains points, et dans la masse cellulaire ainsi formée peut apparaitre une lumière d'ordinaire peu étendue, qui sert de cavité à un tube nerveux d'aspect normal; ce dernier se détache parfois de la face profonde de la plaque nerveuse. Aux processus que nous venons de décrire, il faut opposer celui qui transforme un tube médullaire fermé en une plaque nerveuse étalée. Nous avons rencontré quelques embryons chez lesquels une partie de la région cérébrale du tube nerveux était ouverte; des débris cellulaires ou des phénomènes de dégénérescence visibles en avant et en arrière sur le toit, soit du cerveau moyen, soit du cerveau postérieur, indi- quaicnt la manière dont s'était produit ce pseudo-étalement de la lame nerveuse. e & (Travail du Laboratoire d'anatomie de la Faculté de Médecine de Nancy.) + 5 F IT. — ABSENCE DE DÉVELOPPEMENT DE PORTIONS DE LA PLAQUE MÉDULLAIRE. Note de MM. P. Ferrer et A. WEBER, présentée par M. Éo. RETTERER. Nous parlerons tout d’abord de quelques embryons dont certaines parties du tube nerveux sont moins développées qu'elles devraient l'être par rapport au reste de l'embryon. Nous citerons par exemple un embryon de quatre-vingt-treize heures d'incubalion chez qui le cerveau antérieur, bien qu’en dégénérescence, présente encore des parois suffisamment nettes pour être reconnues comme normales. L'ébauche oculaire droite existe seule, mais ce qui. est surtout remarquable, c'est l’état rudimentaire dans lequel est resté le cerveau antérieur au point de vue de ses dimensions. Toutes les autres parties de l'embryon ont un développement correspondant à son SÉANCE DU 6 FÉVRIER 189 àge; le cerveau antérieur est celui d’un embryon de deux JOURS et demi environ. Chez un autre embryon âgé de soixante-huit heures d'incubation, de l'ébauche hépatique à l’extrémité caudale, le tube nerveux est représenté par un cordon cellulaire cylindrique et creux, à peine plus volumineux que le canal de Wolff. Nous exposerons ultérieurement les modifications dans la forme de l'embryon ou la disposition des autres organes qui sont sous la dépendance de cet état rudimentaire du tube nerveux. D'autres fois, c'est réellement à une absence partielle de différenciation de l’ectoderme en ébauche nerveuse que nous avons eu affaire. Ainsi nous avons observé l'absence de la portion la plus antérieure de la plaque médullaire. Dans ce cas, l'extrémité céphalique de l'embryon peut se présenter de différentes facons : elle est quelquefois constituée par un amas de mésenchyme recouvert d’'ectoderme non différencié ; dans le mésenchyme se trouve un intestin céphalique normal; à son côté ventral la portion la plus antérieure de l’ébauche cardiaque se recourbe vers le tube digestif en aortes branchiales. Ou bien, le tube cardiaque peut former en avant de l’embryon et de l'extrémité anté- rieure du tube digestif une courbe assez accentuée dans une cavité parié- tale très spacieuse. Dans le premier de ces deux cas, l'absence de développement paraît surtout intéresser la région du cerveau antérieur et une partie du cer- veau moyen; dans le second, il semble que la non-différenciation en ébauche nerveuse ait porté sur toute la région cérébrale. Le tube ner- veux ne représente qu'une ébauche médullaire; il est néanmoins fermé à son extrémité antérieure. PAIN À côté de ces anomalies, nous rangerons celles où la différenciation de l’ectoderme en ébauche nerveuse se fait d’une facon discontinue. Nous avons observé ce fait particulièrement accentué chez un embryon de cinquante et une heures d’incubation. Dans la région antérieure l’'ectoderme et l’entoderme sont régulièrement étalés. Le premier de ces feuillets présente des épaississements irréguliers qui .bourgeonnent dans la profondeur tout en restant étalés en surface et qui correspondent à une plaque médullaire déformée. En un certain point, apparaît nette- ment une dépression médiane de l’entoderme, qui rèprésenté une gout- tière digestive. À ce niveau la plaque médullaire envoie vers la profon- deur un petit tube creux qui est peut-être le représentant d'un infundi- bulum. En arrière de cette région, l’ectoderme ne présente aucune trace de différenciation sur la ligne médiane au côté dorsal de la gouttière diges- tive; ce n'est qu'à l'extrémité caudale de l'embryon que réapparaît une ébauche nerveuse sous forme d’un petit tube en contact avec l’ecto- derme. La majeure partie de l'embryon est donc privée d’ébauche ner- veuse. 190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Chez l'embryon que nous avons eité plus haut, dont le tube médullaire est de dimensions si réduites, la partie la plus reculée du cerveau posté- rieur est représentée par des fragments de cordons cellulaires, les uns pleins, les autres possédant une cavilé, et nettement isolés les uns des autres. Il est impossible de décider à ce stade si cette fragmentation de l'ébauche nerveuse est primitive ou secondaire. (Travail du Laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) ACTION DE QUELQUES CORPS TERNAIRES SUR LE GLYCOGÈNE DU FOIE, par MM. Doxon et A. MOREL. Méthode d'investigation. — La méthode consiste à prélever un pre- mier échantillon de foie, puis à injecter la substance considérée dans une veine provenant de l'intestin et à prélever ensuite un second échan- tillon de foie. EEE GLYCOGÈNE 0/0 DE FOIE | L1ps SUBSTANCES INJECTÉES CONDITIONS FT Ou avant. après. An. SIREN poeme MN A ne EPP RATES AE Alcools polyatomiques : gr. gr. kil. Glycérine . . « « « - CH°O® |A jeun depuis 24 h.|—de 0,10/0|—de 0,10/0| 4 300 Vanne er SAT O! Id. 0,9 0,1 43 » Aldoses : | Arabinose dextrogyre. CH10° |A jeun depuis 24 h. 0,8 0,9 1» Glucose dextrogyre. + CSH®0$ |A jeun depuis 24 h. 3,34 4,40 — À jeun depuis 16 j. 0,15 0,42 1 50 En pl. digestion. 2,62 4,25 2 8 À jeun depuis 24 j. traces 1,8 V0) Cétoses : Lévulose,. 1e CH Of A jeun depuis 42h20 DS RES A jeun depuis 24h. 0,9 1,62 8 Saccharobioses : |'Saccharosess 20 CHU: — 2,95 3,05 — | A jeun depuis 12h. 1,5 1,3 DD || Mallose (1). sv CPH0"/Ayjeun depuis 12h. 1,70 1,82 US lÉBacios cer PUCEE O0 — 2,16 2,58 —— HU TINENMNENENEN AMENER — À jeun depuis 12h. 0,5 0,5 14 » Nos expériences ont été faites sur le chien. L’injection avait lieu au (1) On à pu injecter seulement 95 centimètres cubes de la solution à 50 p. 150. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 191 moyen d'une burette de Mohr, avec une vitesse uniforme pendant cin- quante minutes, On injectait 50 grammes de substance dans 150 centi- mètres cubes d’eau. La quantité de foie prélevée était de 20 grammes. Le second échantillon était prélevé dix minutes après la cessalion de l'injection. Pour enlever le fragment, le mieux est d’enserrer un lobe ou un fragment de lobe entre deux tubes de caoutchouc; on étire les tubes et on place des pinces de Péan de chaque côté du lobe sur les tubes, puis on excise. On évite ainsi toute hémorragie. Le glycogène a été dosé le plus souvent par la méthode de Fraenkel modifiée par Gar- nier, exceptionnellement par la méthode de A. Gautier. Pendant toute la durée de l'expérience le sujet est prolégé avec du coton contre le refroidissement. Résultats. — Nous avons injecté de la glycérine, de Ia mannite, de l’arabinose, du dextrose, du lévulose, du saccharose, du maltose, du lactose, de l’inuline ; seuls le dextrose et Le lévulose ont augmenté d’une facon sensible le glycogène du foie. HYPERGLYCÉMIE CONSÉCUTIVE À L'INJECTION DE PILOCARPINE DANS LA VEINE PORTE, par MM- M. Doxow, N. KAREFF et FENESTRIER. L'injection de pilocarpine dans une veine provenant de l'intestin provoque la diminution du glycogène du foie et l'augmentation du glucose dans le sang artériel. Les résultats concernant le glycogène ont été annoncés dans la séance précédente. Nous donnons aujourd'hui la preuve de l’hyperglycémie. Tous nos résullats sont univoques. Voici, à titre d'exemple, une de nos expériences. Expérience. — Chienne de 13 kilogrammes. On prélève un premier échantillon de 50 grammes de sang dans la carotide droite. On injecte aussitôt après, dans une veine provenant de l'intestin, 1 décigramme de chlorhydrate de pilocarpine dissous dans 1 centimètre cube d’eau. On prélève ensuite deux autres échantillons de 50 grammes de sang : le premier, dans la carotide gauche, une heure après l'injection du poison; le second, dans une fémorale, cinq heures et demie plus tard. Le glucose à été dosé par la méthode de DASTRE. On a trouvé les chiffres suivants : 1.000 grammes de sang con- tenaient : Avantiiniections 1.00)... 100 #M0iar 82/de rrlucose: Unelheuee apres: 2400, 1714 0e MNT: 0% — Cinq'hewres/plusitard:.. + 4000/0900 — (Travail du laboratoire du professeur Morat.) 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTION DE L'ATROPINE SUR LA COAGULABILITÉ DU SANG, par MM. M. Doyox et N. KAREFF. L'atropine injectée dans la veine porte détermine chez le chien une baisse sensible de la pression et l’incoagulabilité du sang. Les phéno- mènes sont passagers; ils ne paraissent se produire que chez un sujet en pleine digestion. La durée de la période pendant laquelle le sang circulant est incoagulable est assez courte, sans que nous puissions fixer encore actuellement des limites précises. Le sang recueilli pendant la période d'incoagulabilité peut rester liquide pendant plus de trente- six heures. Exemple. — Chien de 12 kilogr. 500. À 11 heures du matin, repas de 500 grammes de viande. À 3 heures, première prise de sang; le sang recueilli coagule en moins de quatre minutes. On injecte dans une veine 0,3 de sulfate neutre d'alropine dissous dans 3 centimètres cubes d’eau. On pratique ensuite de dix minutes en dix minutes trois prises de sang; le sang recueilli dans ces conditions reste liquide. (Travail du laboratoire du professeur Morat.) DE LA GREFFE THYROÏDIENNE CHEZ LES OISEAUX, par M. H. CrisTrant (de Genève). Dans une première série d'expériences de greffe thyroïdienne chez les oiseaux j'avais été fort étonné d’obtenir des résultats très différents de ceux que j'avais obtenus chez les Mammifères et les Reptiles. En effet, tandis que chez ceux-ci les résultats étaient presque constamment favo- rables et les échecs ou les complications exceptionnels ou nuls, il en élait tout autrement chez les oiseaux; ces premières expériences étaient failes chez des poulets et des pigeons. Parfois il survenait des suppura- tions; d’autres fois la plaie guérissait vite, mais l'étude ultérieure de la greffe montrait à sa place des formations pathologiques diverses, des infiltrations cellulaires, des productions kystiques, ou même des noyaux de calcification, ou des blocs d'aspect caséeux. J'ai pensé d’abord que les tissus sous-cutanés chez les oiseaux se prêtaient mal à la nutrition des greffes et en ai varié l'emplacement (péritoine, espaces inler-muscu- laires), mais sans beaucoup de succès. Ce n’est que quelques années plus tard, en pratiquant des greffes avec la glande thyroïde morcelée, que j'ai pu obtenir de véritables greffes d’une manière plus régulière, mais non encore constante; il y SÉANCE DU Ô FÉVRIER 193 avait toujours un certain nombre de greffes donnant lieu, soit à des sup- purations immédiates soit à des néoformations pathologiques tardives. J'ai tenu à me rendre compte, quelle pouvait être la cause de ces phé- nomènes,eten étudiant d’abord histologiquement les différentes glandes thyroïdes d'oiseaux et en en suivant l’évolution jour par jour après la transplantation, j’ai trouvé que la cause de tous ces déboires était la présence, sur une des faces de l’organe, du revêtement épithélial d’un: des sacs aériens des oiseaux. En effet, pour pratiquer la thyroïdectomie chez le poulet, quelle que soit la méthode employée, on est obligé d’ou- vrir un sac aérien. Si cette opération est faite, comme je le fais souvent, au moyen d'une incision pratiquée à la partie inférieure du cou, entre l'articulation scapulo-humérale et la base du cou, on arrive bientôt sur une membrane qui se gonfle à chaque inspiration; il arrive parfois qu'on peut écarter cette membrane et arriver latéralement sur la glande, mais ce cas est exceptionnel; en général, on est obligé d'inciser. le sac aérien et les glandes thyroïdes avec d’autres formations, les gros vaisseaux et les nerfs apparaissent recouverts par une mince membrane transparente ; cette membrane est fortement adhérente et pendant l’ablation de la thyroïde on est obligé d'enlever la partie de la mem- brane qui couvre cet organe. C’est à cette membrane que sont dus bon nombre des inconvénients que j'ai mentionnés : elle se recroqueville, s'enkyste, s'entoure d'une coque inflammatoire qui empêche ou gêne la régénération de l'organe thyroïdien qui est obligé d’en partager les vicis- situdes pathologiques. Depuis que j'ai évité cet écueil et qu’en pratiquant la greffe chez les oiseaux j'ai soin de prendre les parties de la glande non recouvertes par le sac &érien, ou la glande entière décortiquée, les résultats des greffes chez les oiseaux (poulets, pigeons, éperviers) sont analogues à ceux que j'ai obtenus chez les mammifères et les reptiles. On observe en effet chez cette classe de vertébrés les mêmes phénomènes de revivification immédiate de la périphérie de la glande, accompagnés ou non, selon les dimensions de la greffe, d’une nécrose de la partie centrale de l'organe transplanté ; la glande se régénère de la périphérie au centre et finit par récupérer l'aspect histologique de la glande primitive. Les anciens vais- seaux se mortifient et une nouvelle vascularisation venant de la péri- phérie s’avance vers le centre et ne tarde pas à acquérir, si la greffe se irouve dans de bonnes conditions de vitalité, une richesse comparable à celle de la glande normale. BioLocrEe. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 14 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CONSERVATION DE TISSU THYROIDIEN VIVANT DANS L'EAU SALÉE PHYSIOLOGIQUE, par M. H. CRiSrrant. J'ai précédemment montré que le tissu thyroïdien détaché de l’orga- nisme reste vivant très peu de temps, s'il est exposé à l'air : des par- celles de ce tissu ne peuvent plus être greffées avec succès après une exposition de plus de 10 secondes. J'ai fait cependant remarquer que ces conclusions ne sauraient être: généralisées, mais s'appliquaient aux petits débris de tissu, tels que je: les emploie dans la pratique des greffes thyroïdiennes en semis. Or, dans l'exécution de la greffe, notamment chez l’homme, il serait très important de pouvoir disposer d’un temps plus long entre l’abla- tion et l'implantation : j'ai donc recherché s'il n'y aurait pas moyen de. prolonger la vie de ces tissus séparés de l'organisme, en les maintenant dans différents liquides conservateurs. Dans cette étude je ne me suis. pas contenté de constater la survie immédiate du tissu, mais en ai poursuivi l'observation pendant un certain temps pour m'assurer que- la greffe était régénérée et avait acquis les caractères propres aux greffes persistantes. i La première série d'expériences à été faite avec l’eau salée physio- logique (NaCI 9 p. 1000). J'ai pratiqué des semis thyroïdiens sur les oreilles de rats et de lapins: selon la méthode que j'ai décrite précédemment, avec cette différence que les tissus greffés avaient ici séjourné d'abord un certain temps dans la solution conservatrice. Les animaux étant anesthésiés, Je mets à nu le corps thyroïde et détache à chaque lobe une ou plusieurs parcelles de la grosseur approxi- mative d’un grain de chénevis : ces parcelles sont mises immédiatement. chacune dans un petit godet contenant de la solution de NaCI à 9 p. 1000 : chaque godet porte la marque de l'heure exacte où le tissu y a été introduit. Ces godets sont portés à l’étuve à 37 degrés. Les greffes ont été faites après un séjour de 2, 5, 7, 10, 22, 25, %5 minutes, À heure, À h. 20 minutes. Voici résumés en un tableau les. résultats obtenus, contrôlés, après un temps variable, par l'extirpation. de la greffe à l’emporte-pièce et l'examen histologique : — + signifie bonne greïe; + — greffe médiocre ou en voie d'atrophie; — greffe nulle, disparition ou atrophie complète. Les tissus greffés des n°1 — % ont une belle apparence, se rappro- chant du tissu thyroïdien normal : les alvéoles, de grandeur moyenne, contiennent de la substance colloïde, dans des proportions normales : on remarque cependant, surtout au n°3, quelques cellules desquamées, englobées dans cette substance. La vascularisation est très riche : on SÉANCE DU 6 FÉVRIER 195 voit de nombreux vaisseaux sillonner les espaces interalvéolaires: ceux-ci sont cependant, surtout dans la greffe plus jeune (n° 4, 26 jours), encore passablement infiltrés de cellules embryonnaires: cette infiltra- tion existe encore, mais à un moindre degré, dans les greffes plus âgées (1-3); elle paraît plus marquée que sur des gretfes du même âge, pratiquées directement, sans séjour préalable dans la solution saline. La greffe n° 5 est en état d’inflammation, elle présente l’image d’une thyroïdite aiguë. (Cette altération, que je n’ai jamais observée sur des greffes de cet âge (50 jours) à ce degré, est vraisemblablement acciden- telle, le lapin portant aux oreilles des traces de morsures. DURÉE DU SÉJOUR = dans EXTIRPATION De ANIMAL | Ja solution NaCl après e la OBSERVATIONS 5 0/00. greffe. —_—_—_—————————— rat 2 minutes | 4 mois 1/2 + + Très beau tissu thyroïdien. rat 5 — 3 MOIS + + » rat 1 — 4 mois + + > lapin 10 — 26 jours + + » lapin 22-95 == 50 jours di Inflammation (thyroïdite de na- ture traumatique). rat 45 — 2 mois 1/2 + — » rat 1 heure 24 jours ie Tissu thyroïdien en voie d'atro- phie. rat Lh#2 0m 40 jours a Pas de trace detissu thyroïdien. La greffe n° 6 présente une régénération partielle du tissu greffé et est mal vascularisée; dans la greffe n° 7 (1 heure) on remarque une atrophie très nette du tissu thyroïdien, les follicules sont rares et petits; et dans la greffe n°8 on ne voit plus aucune trace du tissu greffé. Il résulte donc de ces expériences que des petits morceaux de tissu thyroïdien peuvent être greffés avec succès après avoir séjourné dans de l’eau salée physiologique. Les greffes sont très bonnes après un séjour de 2 à 10 minutes, moins florissantes, avec tendance à l’atrophie, après un séjour de 25 minutes, 1 heure et complètement atrophiques après un temps plus long (1 h. 20 minutes). DES EFFETS ANTAGONISTES DE L'ATROPINE ET DE LA PHYSOSTIGMINE SUR LA SÉCRÉTION PANCRÉATIQUE, par MM. E. WERTHEIMER ET Cu. DuBois. La physostigmine, en injection intra-veineuse, accélère la sécrétion pancréatique, comme l’a déjà vu Popielski (1). Mais nous avons constaté (1) Ueber secretorische Hemmungsnerven des Pankreas, Centrabl. f. Physiol. 1896, p. 405. 196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qu'une injection préalable d'atropine supprime complètement, à dose appropriée, les effets de la physostigmine. Deux milligrammes de ce dernier alcaloïde sont déjà suffisamment actifs. Si cependant un chien de 5 à 6 kilogrammes a reçu 5 Centigrammes d'atropine, l'injection ultérieure même de 8 milligrammes de physostigmine laisse la glande indifférente. L’atropine se comporte donc vis-à-vis de cet alcaloïde, comme vis-à-vis de la pilocarpine (1). On sait, par contre, que chez un animal atropinisé l'injection d'une solution acide dans les parlies supérieures de lintestin grêle (2) ou l'in- jection de sécrétine dans une veine (3) gardent toute leur efficacité. L'expérience est surtout instructive quand, dans ces conditions, on voit la glande cesser de réagir aux fortes doses de physostigmine, alors que, immédiatement après, un centimètre cube d’une macération acide de la muqueuse intestinale, introduit dans une veine, amène une sécré- tion aussi rapide et aussi abondante que chez l'animal normal. Il y a intérêt à insister sur ce contraste, parce qu’il montre clairement l'intervention du système nerveux dans le mécanisme de la sécrétion pancréatique. Il est évident, en effet, d’après les expériences de ce genre, que l’atropine respecte l’activité de la cellule glandulaire. Si, par contre, elle met obstacle à l’action de la physostigmine, de la pilocarpine (et très vraisemblablement aussi de la muscarine), c’est qu’elle paralyse des éléments sans l'intermédiaire desquels ces alcaloïdes sont inca- pables d'exercer leur influence sur l’épithélium sécréleur ; et ces élé- ments ne peuvent être que nerveux. Ces exemples d’antagonisme physiologique sont donc bien faits pour démontrer que le système nerveux, dont le rôle a pu paraître superflu depuis la découverte de Bayliss et Starling, participe bien réellement à la sécrétion pancréatique; et puisque la sécrétine agit sans son con- cours, il faut bien que l'appareil nerveux intrinsèque de la glande :ut ea destination propre, autre que celle de répondre à l'excitation pro- duite par des alcaloïdes toxiques, étrangers à l'organisme. Un second point à relever dans l’action de la physostigmine, c’est que le suc dont elle provoque l'écoulement, jouit des mêmes propriétés que le « suc de pilocarpine » (4). Dans les quelques expériences que nous avons faites, nous avons toujours trouvé quil digère rapidement l’albu- mine. Le contenu d’un tube de Mette, de T à 8 millimètres de long, déposé dans 0 e.c. 5 à 0 c.c. 6 de ce suc fraîchement recueilli, peut avoir totalement disparu en douze à quinze heures, en même temps qu'il s’est formé de la tyrosine en abondance. (1) Wertheimer et Lepage. Soc. de Biol., 1901, p. 879. (2) Wertheimer et Lepage. Ibid, 1901. p. 759. (3) Bayliss et Starling. Journ. of. Physiol., 1902, XXVIIT. Camuset Gley. Soc. de Btol., 1902, 465. (4) Wertheimer. Soc. de Biol., 1901, p. 139. Camus et Gley, Ibid., 194. SÉANCE DU D FÉVRIER 197 1] sera intéressant de voir si l'explication qu'a donnée Delezenne (1) du mode d'action du suc de pilocarpine est applicable aussi au suc de physostigmine, et ce qu'il en est pour le suc de muscarine. INFLUENCE DE LA TENSION SUPERFICIELLE DES SOLUTIONS AQUEUSES SUR LEUR ABSORPTION PAR LES VÉGÉTAUX, par MM. G. Bicrarp et L. Disuraré (de Clermont-Ferrand). Dans notre dernière communicalion à la Société, nous avons indiqué que la TS nous paraissait être le seul facteur physique capable d’expli- quer les différences de vitesse d'absorption des solutions toxiques que nous avons étudiées. Nous tenons particulièrement à insister sur ce mot de vitesse d'absorption. Avec des osmomètres de Dutrochet remplis de sirop de sucre et plongés dans des solutions à tension superficielle variée nous avons vu les colonnes d'ascension atteindre sensiblement la mème hauteur finale, mais la vitesse de l'élévation était toujours plus grande au début dans les liquides à tension superficielle faible. Des membranes de même nalure que celles utilisées pour la construction des osmo- mètres se laissent rapidement imbiber quand on les plonge dans des solutions à tension superficielle faible; cependant au delà d’une certaine limite d’abaissement de tension, les substances qui provoquent cet abaissement semblent intervenir par leur action propre sur la mem- brane et diminuer l’affinité que la solution avait pour celle-ci. Par suite il nous paraissait logique de supposer que jusqu'à un certain point les substances capables d’abaisser la tension de surface d’une solution devaient aussi favoriser les échanges osmotiques. Notre supposition se trouve confirmée par les résultats que nous avons obtenus au cours de nos recherches sur l'absorption chez les végétaux. Nous citerons seule- ment les deux exemples suivants : I. — Le 8 novembre, 4 feuilles de lierre choisies aussi comparables que possible, sont détachées de leur tige, leurs poids sont alors : À, O0 gr. 73: B,0 gr. 77; C, 0 gr. 67; D, 0 gr. 60. Laissées vingt-quatre heures à l'air libre, dans le laboratoire, leurs poids deviennent : A, 0 gr. 62; B, 0 gr. 67; C, 0 gr. 57; D, 0 gr. 48. Elles sont alors placées dans 4 flacons contenant respectivement : de l'eau, de l’eau savonneuse faible (TS — 6), moyenne (TS — 5), forte (TS —3 gr. 60). Vingt heures après les poids sont devenus : À, 0 gr. 57; B, O0 gr. 60; C, O gr. 73; D'Or 01 IT. — Dans une autre expérience sans dessiccation préalable des (1) Soc. de Biol., 1902, p. 890. 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE feuilles, celles-ci sont placées dans des solutions analogues aux précé- dentes lesquelles ont perdu les poids suivants : 0 gr. 43, O0 gr. 10, 0 gr. 17, 0 gr. 11. Dans une autre série d'expériences effectuées avec de jeunes plantes (Triticum sativum) dont la racine est plongée dans des solutions du même genre, nous constatons que les résultats sont similaires et il en est de même lorsque nous remplaçons le savon par l'alcool. Ces faits sont certainement à rapprocher de la vitesse d'absorption des solutions toxiques, chez les animaux, que nous avons constatée dans plusieurs cas déjà signalés. Toutes nos observations tendent à corro- borer ce fait que la tension superficielle des solutions mises en présence de tissus vivants, est capable, en augmentant la vitesse des échanges, de modifier dans une certaine mesure la loi des échanges osmotiques. Nous supposons mème que les substances à tension superficielle très faible comme l’éther et le chloroforme, introduites dans l'organisme peuvent troubler l'équilibre des échanges intercellulaires, à ce point que les fonctions de cellules délicates comme la cellule nerveuse peu- vent être profondément modifiées. Nous croyons possible d'expliquer _ par ce mécanisme l'action anesthésique du chloroforme, de l’éther et de l'alcool; l’activité de ces diverses substances est en effet inverse de leur. tension superficielle. De plus, le mode d'intoxication par l'alcool nous apparaît sous un jour particulier et pour nous cette substance agirait surtout en favorisant l’auto-intoxication par suite de la rupture de équilibre des échanges osmotiques intercellulaires. e 7& (Laboratoire de physiologie de l'Ecole de Médecine.) SUR LE SENS DE L'OLFACTION DE L'ESCARGOT, par M. RapaaEz DuBors. Je lis dans le premier numéro de la Æevue des idées (1) : « Après de longues recherches, M. Émile Yung conclut que l’appareil sensoriel de l’Escargot n'est pas différencié. La sensibilité olfactive semble répandue sur toute la surface de la peau; elle est plus vive aux ten- tacules, mais la sensibilité tactile y est plus vive également (2). » Qu'il me soit permis de rappeler ce que j'ai écrit, en 1892, à ce sujet (3) : (1) P. 79, 15 janvier 1904. (2) Archives de psychologie de Genève, numéro de décembre. (3) Anatomie et physiologie comparées de la Pholade dactyle, structure, locomotion, tact, olfaction, gustation, vision dermatoptique, photogénie, avec une théorie générale des sensations. Ann. de l'Université de Lyon, t. I, 2e fasc. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 199 « J'ai démontré (1), au moyen d’un grand nombre de réactifs odo- rants, que la sensibilité olfactive n’est pas localisée chez ce mollusque pulmoné (Helix pomatia), comme on l'a prétendu, à l'extrémité des tentacules, mais qu'elle est diffuse ét seulement plus ou moins pro- noncée et spécialisée suivant les diverses régions du manteau qui recouvre la partie protractile du corps de l'animal. » En outre, en 1903, j'ai écrit dans mes Leçons de physiologie géné- rale et comparée (2) : « L'irritabilité tégumentaire de l'Escargot est mise en jeu particulièrement par certains excitants olfactifs ou com- posés odorants. » En raison de ces faits, je me suis reporté au travail original de M. Émile Yung, et ce n’est pas sans une véritable stupéfaction que j'y ai trouvé la phrase suivante (3) : « Nous revenons avec les auteurs qui suivent à la notion du tentacule, «organe nasal. » « Raphaël Dubois a essayé l’action de quinze substances... ete. » Je me demande par quelle illusion psychique mon savant collègue de Genève me range précisément parmi ceux que j'ai combattus. Il me prête une opinion fausse, mais en échange il m'en prend une vraie, que j'ai soutenue, il y a longtemps. Non seulement les faits que j'ai observés et provoqués m'ont per- mis de faire sortir la supposition de Cuvier du domaine de l'hypo- thèse, mais encore de consolider certaines idées générales que j'ai émises à propos du mécanisme des sensations et dont je retrouve pour ainsi dire « l’écho », dans quelques conclusions que M. Emile Yung nous présente aujourd'hui comme des nouveautés scientifiques (4). POUVOIR HÉMOLYTIQUE DU SÉRUM SANGUIN COMPARÉ A CELUI DE LA LYMPHE, par M. F. BATTELLI. Le pouvoir hémolytique de la lymphe a été étudié par Pagano (1893), et par Falloise (1903). Pagano a trouvé que la lymphe de chien est dépourvue d'action hémolylique pour les hématies de lapin. Cet auteur avait peut-être (1) Sur la physiologie comparée de l’olfaction, Comptes rendus de l’Académie «les Sciences, 9 juillet 4890. (2) Chez Carré et Naud, éditeurs, Paris 1903, p. 205. (3) LocYcit.p/ 10: (4) Voir les ouvrages précités, et aussi Traité de physique biologique, t. Ils p. 292 et suivantes, chez Masson et Cie, Paris, 1903. 200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE expérimenté sur des lymphes un peu vieilles, ayant ainsi perdu leur alexine. En analysant les expériences de Falloise, il semblerait que la Iymphe de chien possède, vis-à-vis des hématies de lapin, un pouvoir hémoly- tique à peu près égal à celui du sérum sanguin; mais la méthode de dosage de Falloise n'est pas assez exacte, pour pouvoir fournir des données précises. Falloise arrive à la conclusion que l’alexine hémolytique préexiste dans le sang et dans la lymphe en circulation. Cette question de la préexistence de l’alexine hémolytique dans les liquides de l'organisme a été étudiée récemment par Mioni. Cet auteur, contrairement à Falloise el d’autres expérimentateurs, a confirmé les idées de Metchnikoff d'après lesquelles le sang circulant est dépourvu d’alexine. J'ai entrepris une série d'expériences dans le but de comparer le pouvoir hémolytique du sérum sanguin et celui de la lymphe du chien. La lymphe a été recueillie en introduisant une canule dans le canal thoracique, défibrinée par le battage et débarrassée de leucocytes par centrifugation. Le sang tiré d’une artère du même animal a été soumis au même traitement. Les chiens étaient à jeun depuis 24 heures; la narcose a été obtenue au moyen de l’éther. Le pouvoir hémolytique du sérum sanguin et de la lymphe a été dosé en employant le procédé de Mioni; on a fait agir ces liquides sur les hématies de lapin lavées. Je rapporte dans le tableau suivant les résultats de 5 expériences : CHIENS LYMPHE SÉRUM HB. DISSOUTE — — = = de: AS 5 cent. cubes — 0 gr. 35 « = 5 cent. cubes 0 gr. 52 B7:: 5 cent. cubes — 0 gr. 39 «c = 5 cent. cubes 0 gr. 65 ‘ C. 5 cent. cubes — 0 gr. 43 « — 5 cent. cubes 0 gr. 12 D: > cent. cubes = 0 gr. 28 « — 5 cent. cubes 0 gr. 46 Ke. 5 cent. cubes — 0 gr. 40 «« — 5 cent. cubes Our ot Chez le chien B, j'ai aussi recueilli la lymphe du canal cervical; 5 centimètres cubes de cette lymphe ont dissous 0 gr. 16 d'hémoglo- bine ; son pouvoir hémolytique n'’atteignait pas la moitié de celui de la lymphe prise dans le canal thoracique. Ces résultats montrent que le pouvoir hémolytique de la Iymphe a toujours été inférieur à celui du sérum sanguin; en prenant une moyenne, on peut dire que le pouvoir hémolytique de la lymphe thora- cique el celui du sérum sont entre eux comme les chiffres 7 et 11. . La lymphe ne renferme pas de leucoeytes polynucléaires, ou elle en SÉANCE DU 6 FÉVRIER 201 renferme une quantilé très faible; son pouvoir hémolytique ne peut donc provenir que des mononueléaires. Ge fait confirme les résultats de Metchnikoff, Klein, Tarassewilch, etc., d’après lesquels l'alexine hémo- lytique est produite par les mononucléaires. Il reste encore à rechercher si tous les mononucléaires (gros mononucléaires et lymphocytes) con- tribuent à la production de l’alexine, ou si ce sont seulement les gros mononucléaires qui y prennent part. Or, d’après les recherches de Winternizt confirmées par Biedl et Decastello, la Iymphe du canal thoracique contient chez le chien de 3 000 à 7000 leucocytes par millimètre cube. Ces auteurs n'ont pas recherché la proportion entre les gros mononueléaires et les petits lymphocytes, mais le nombre de ces derniers est de beaucoup supérieur à celui des gros mononucléaires. D'autre part Tallqwist et Willebrand ont trouvé dans le sang de chien une moyenne de 1 000 gros mononu- cléaires et de 300 petits lymphocytes. Les gros mononucléaires sont donc plus nombreux dans le sang que dans la lymphe et les petits lymphocytes sont beaucoup plus nombreux dans la lymphe du canal thoracique que dans le sang. Or, puisque la lymphe possède un pouvoir hémolytique moindre que celui du sang, il faut admettre que les petits lymphocytes ne prennent pas une part importante dans la production d’alexine hémolytique. Ces expériences permettent de conclure : 1° Chez le chien le pouvoir hémolytique du sérum sanguin et celui de la Iymphe du canal thoracique sont entre eux, en moyenne, dans le rapport de 11 à 7. 2° La lymphe des extrémités a un pouvoir hémolytique plus faible que celle du canal thoracique. 3° L’alexine hémolytique provient des gros mononucléaires; les petits lymphocytes n'en produisent pas, ou n'en produisent que de faibles quantités. (Travail du Laboratoire de Physiologie de l'Université de (renève.) LA TENSION SUPERFICIELLE DE L'URINE DES HERBIVORES, par M. E. Nicoras. La tension superficielle des urines normales du cheval et du bœuf est toujours plus faible que celle des urines d'homme et de chien. Ces urines laissent, en général, tomber lentement le soufre dont on les a saupoudrées, ce que ne font pas les urines humaine et de carnivores, et avec plus ou moins de lenteur suivant les cas (). (1) Porcher et Nicolas: Soc. de Biologie, 28 juin 1902, p. 804. 2092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La valeur de la tension de surface des urines d'herbivores se trouve considérablement abaissée lorsqu'on ajoute du chlorure de sodium à ces liquides. L'abaissement produit est proportionnel à la quantité de sel dissous ; il est toujours notablement plus élevé que celui qu'on observe, dans les mêmes conditions, sur les urines d'homme et de chien. Cet abaissement entraîne une accélération dans la chute du soufre ; il suffit, en effet, d'ajouter du chlorure de sodium à une urine de cheval, dans les proportions de 1 partie de sel pour 10 d'urine, pour voir le soufre répandu à la surface de cette urine tomber très rapidement; l'addition de 2 parties de sel marin pour 10 d'urine rend la chute ins- tantanée. Les mêmes quantités de sel dissoutes dans 10 parties d’urines d'homme ou de chien ne provoquent qu'une descente très lente des parcelles de soufre. Cet abaissement notable contribue encore à diminuer la stabilité de l’'émulsion chloroformique que l’on obtient en agitant 10 centimètres cubes d'urine avec 5 centimètres cubes de chloroforme, émulsion géné- ralement stable dans les conditions habituelles. L'’abaissement de la tension superficielle de l'urine par le sel marin a été signalé et reconnu comme à peu près constant chez l'homme par MM. Billard, Dieulafé et Mally (1). Nous l'avons toujours vu se produire dans toutes les urines animales que nous avons examinées, mais, ainsi que nous l'avons dit, avec une intensité remarquablement plus grande chez les herbivores que chez les carnivores. Il montre que le chlorure de sodium, ajouté à l'urine, joue, à l'égard de ce liquide, le même rôle, mais à un degré plus faible, que les sels biliaires; il permet de sur poser, avec une apparence de raison, que ce sel, et peut-être aussi les autres substances minérales de l'urine, contribuent, aidés de certains composés organiques (phénols en particulier), à donner à la tension superficielle de l’urine normale des herbivores sa valeur relativement faible. L'abaissement produit par le chlorure de sodium peut ètre également obtenu par l'addition à l'urine de diverses autres substances minérales, telles que les bromure, icdure et azotate de sodium, les chlorure, bro- mure, iodure et azotate de potassium. Nous avons observé que les sels de potassium diminuent moins la tension de surface de l’urine que les sels de sodium correspondants; que, d'autre part, les bromures, iodures et azotates produisent une diminution moindre que les chlorures. Il semble qu'il y ait une relalion entre la valeur de cet abaissement et le degré d'ionisation des sels dissous dans l'eau (les chlorures sont, en effet, les sels les plus dissociés). (1) Soc. de Biologie, 20 décembre 1902, p. 1465. . (Laboratoire de chimie de l'Ecole vétérinaire de Toulouse.) SÉANCE DU 6 FÉVRIER 203 SECTION INTRA-THORACIQUE DES PNEUMOGASTRIQUES, CHEZ LE CHIEN, PAR VOIE ABDOMINALE, par MM. À. FrouIx et E. Pozerskl. Pour étudier l'influence des nerfs vagues sur les sécrétions gastrique et pancréalique, on a pratiqué souvent la section de ces nerfs. Dans ce but on a proposé trois modes opératoires différents. 1° Section des pneumogaslriques au niveau du cou. — Cette opération est généralement mortelle quand elle est faite en un seul temps. Dans les cas les plus favorables, la survie ne dépasse pas huit jours. Pour conserver les animaux, il faut laisser un intervalle de plusieurs mois entre la section de chaque nerf; mais on a encore des troubles cardiaques et respiratoires qui peuvent influer indirectement sur les sécrétions. 20 Section sous-diaphragmatique des pneumogastriques. — Cette opé- ration réussit toujours ; elle peut se faire en un seul temps, mais n'offre pas de sécurité parce qu'elle est généralement incomplète. Les pneu- mogastriques se divisent, — en effet, au niveau du diaphragme. Les filets nerveux, qui suivent ce muscle, et ceux qui se trouvent dans les tuniques de l’æœsophage, échappent ainsi à la section. 3 Section intra-lhoracique des pneumogastriques. — La section est complète, et permet de respecter l’innervation cardiaque et pulmonaire. Ce serait le procédé de choix, mais il est long et difficultueux parce qu’il implique généralement la résection de côtes et l'emploi de la respiration artificielle. D'autre part il amène souvent des complications dues à l’ou- verture de la cage thoracique. Dans le but 1° d'éviter les accidents cardiaques et respiratoires, qui résultent de la section des nerfs au niveau du cou; 2° de ne laisser aucun filet nerveux indemne; 3° de se mettre à l'abri des complications qui peuvent suivre l'ouverture du thorax, nous avons pratiqué la sec- tion des pneumogastriques chez le chien, au-dessus du diaphragme sans faire de pneumothorax, sans employer la respiration artificielle, en passant par la voie abdominale. Voici le mode opératoire que nous avons suivi : Anesthésie par injection sous-cutanée de morphine et administralion de chloroforme. Asepsie et antisepsie chirurgicale. Ouverture de la cavité abdominale, par incision de la ligne blanche, sur 10 centimètres, à partir du sternum. On saisit entre les mors d’une pince intestinale courbe, le ligament gastro-phrénique et le diaphragme, en arrière de l’œsophage. On sectionne les fibres conjonctives qui forment l'orifice æsophagien du diaphragme. Cette solution de continuité se trouve fermée par la pince placée antérieurement et qui réunit déjà les deux moitiés, droite et gauche, du diaphragme. On évite ainsi le pneumothorax. On attire alors 204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'œsophage, de facon à faire passer, au-dessous du diaphragme, le plus possible de la portion thoracique; on le saisit alors avec un fort fil de soie, les pneumogastriques sont visibles et on les sectionne au-dessus de leur bifurcation diaphragmatique. On recoud alors le diaphragme par une suture en surjet et on enlève la pince qui jusque-là s’opposait à la formation du pneumothorax. On ferme la plaie abdominale par trois plans de suture. Après quelques jours le chien est complètement rétabli et peut servir à l’expérimentation. (Travail du laboratoire de Physiologie de l’Institut Pasteur.) SUR L'ORIGINE ET LE LIEU DE RÉSORPTION DE LA PEPSINE URINAIRE, par M. ALBERT FROUIN. Depuis la découverte de la pepsine dans la muqueuse gastrique par Schwann, on a caractérisé cette diastase par la réaction acide du milieu dans lequel elle agit et l’on a longtemps admis qu'elle ne pouvait mani- fester son action ni exister dans l'organisme en dehors de l'estomac dont la sécrélion est acide. | En 1861, Brücke a trouvé cette diastase dans l'urine de chien et dans le suc de viande; plus tard, Munke a noté le pouvoir digestif de la salive en milieu acide et Kühne a caractérisé la pepsine dans différents organes. Toutes ces recherches montrent que ce ferment peut se fixer dans divers tissus ou encore qu'il peut être sécrété par des cellules diverses. Sa présence dans l'urine maintes fois confirmée prouve, en tout cas, qu'il existe dans le sang circulant; elle permet de se demander par le fait si les différents organes et le sang dans lesquels on le trouve ne concourent pas à sa formation ou même ne sont pas les sources réelles de sa production. Dans cette hypothèse, peu vraisemblable d’ailleurs, l'estomac, au lieu d'être le générateur du ferment, ne serait que l'organe de choix de la sécrétion pepsique. Pour résoudre la question de l'origine de la pepsine urinaire nous avions, M. Delezenne et moi, entrepris en 1901 une série d'expériences sur un chien agastre et sur un chien à estomac séquestré. J'ai fait depuis des observations prolongées sur d’autres animaux opérés dans les mêmes conditions que les précédents : les résultats obtenus me per- mettent d'appuyer sur de nouvelles preuves les conclusions que nous avions déjà brièvement formulées (1). (1) Ces conclusions, qui ont été communiquées verbalement au Congrès de physiologie de Turin {septembre 1901), ont été relatées quelques mois plus tard, par M. Metchnikoff, dans son livre sur l’immunité (Paris, Masson, 1901, SÉANCE DU Ô FÉVRIER 205 Je ne rapporterai ici que les expériences faites en utilisant la fibrine de pore qui a été souvent employée, avant nous, comme réactif de la pep- sine urinaire. La fibrine, O0 gr. 200 environ, préalablement chauffée à 65-70 degrés vendant une heure, était plongée dans 100 ou 200 centimètres cubes d'urine de l’animal agastre, recueillie directement dans un vase au mo- ment de la miction, et placée à la glacière pendant douze heures. Lavée à l’eau distillée pendant dix minutes puis séchée entre des feuilles de papier à filtre, la fibrine était mise dans 50 centimètres cubes d'HCI à 2 p. 1000 et placée à l’étuve à 37 degrés. Contrairement à ce que l’on observe toujours, lorsqu'on s'adresse à l'urine de chien normal, cette fibrine ne présentait jamais aucune trace de digestion, même après soixante-douze heures. Des expériences faites dans les mêmes conditions avec l'urine de l'animal auquel j'avais séquestré l'estomac en le sectionnant au niveau du cardia et du pylore (les aliments passaient directement dans l'intestin par suite de la suture de l’œsophage au duodénum, et la sécrétion de l'estomac, dont les orifices œsophagien et pylorique avaient été fermés par une suture, était déversée toutes les vingt-quatre heures au dehors au moyen d'une fistule) ont au contraire donné dans tous les cas un résultat positif. E’absence de la pepsine dans l'urine de l’animal agastre, et la pré- sence constante de ce même ferment dans l'urine de l’animal à estomac séquestré, prouvent que la pepsine urinaire est d’origine stomacale et qu’elle est résorbée au niveau de cet organe. On pourrait peut-être supposer que la résorption chez le chien à estomac séquestré était due simplement au séjour prolongé de la sécré- tion dans cette cavité. Pour répondre à cette objection, j'ai retiré le sue gastrique de cet animal à des intervalles équivalents à ceux qui corres- p. 70), qui les résume ainsi : «MM. Delezenne et Frouin, dans le but de recher- cher l’origine de la pepsine urinaire, ont pratiqué l’ablation totale de l'estomac à un chien. Après son complet rétablissement, il se nourrissait très bien; ils ont alors examiné son urine à différentes périodes de la journée. Par tous les procédés qui ont révélé la présence de la pepsine chez tous les chiens nor- maux pris comme témoins, ils n’ont jamais pu déceler la moindre trace de cette diastase dans l’urine du chien opéré; par contre, un chien dont on avait simplement séquestré l'estomac renfermait, dans son urine, sensible- ment la même quantité de pepsine que les chiens normaux. Celte expérience prouve, entre autres, que la pepsine, avant d’être éliminée par les reins, a dû être résorbée par la paroi de l’estomac ». Tout récemment Matthes (Archiv für. experim. Path., t. 49, p. 107), qui sans doute ignorait notre travail, en a confirmé le premier point, c'est-à-dire quil a noté l’absence de la pepsine dans l'urine d’un animal auquel on avait extirpé l'estomac. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pondent à l'évacuation de l'estomac dans la digestion normale, c’est-à- dire toutes les six heures. , Dans une autre série d'expériences qui a duré sept jours, j'ai retiré le suc gastrique toutes les deux heures, de huit heures à minuit. Dans ces deux séries d'expériences, l’urine recueillie aux divers moments de la journée contenait toujours de la pepsine. Il y avait lieu de se demander toutefois si, dans les conditions physio- logiques, le ferment qui passe avec le chyme n’est pas résorbé au niveau de l'intestin. On sait, il est vrai, que la pepsine est détruite in vitro par les alcalis, la bile, le mélange des sécrétions pancréatiques et intesti- nales, mais on ignore s’il en est ainsi 2n vivo. Pour trancher cette ques- tion j'ai fait ingérer pendant quinze jours le suc gastrique de l'animal à estomac séquestré, soit 350 centimètres cubes chaque jour, à l’animal agastre, et je n'ai jamais pu trouver de pepsine dans l'urine de ce der- nier. ; On peut donc conclure de ces expériences : 1° que la pepsine urinaire est d’origine stomacale, puisqu'elle fait défaut dans l'urine des animaux agastres ; 2 Qu'elle est résorbée au niveau de l'estomac, puisqu'on la retrouve dans l'urine d’un animal à estomac séquestré chez lequel là sécrétion est déversée au dehors; 3° Qu'elle ne peut pas se résorber au niveau de l'intestin, puisqu'elle manque dans l’urine d’un animal agastre auquel on fait ingérer du suc gastrique. (Travail du laboratoire de Physiologie de l'Institut Pasteur.) © ACTION DES NÉPHROLYSINES. — HÉRÉDITÉ DES LÉSIONS, par MM. LE PLay et CorPEcHor. Nous présentons des reins de lapins qui, à la simple inspertion, témoignent de lésions considérables; le rein gauche pesait 35 grammes, le rein droit 32, au lieu de 7 à 9. La surface plulôt lisse offre des zones rougeätres juxtaposées à d’autres d’un blanc jaunâtre ; la résistance est ferme, la décortication facile. Le microscope montre la totalité du parenchyme rénal sclérosé, surtout dans la région papillaire. Le tissu conjonctif qui se présente à divers stades d'évolution est en majeure partie fibreux. La lésion la plus frappante consiste en des déformations pseudo-kys- tiques manifestes portant sur le tube urinifère dans toute son étendue; le calibre des canaux est considérablement élargi. La fixation défec- tueuse de la pièce primitivement placée dans un liquide conservateur SÉANCE DU Ô FÉVRIER 207 ne permet pas de se rendre un compte exact des lésions del’épithélium. Cependant en nombre de points cet épithélium paraît réellement avoir disparu pendant la vie de l'animal, car l’espace occupé normalement par le canalicule urinifère est limité par des cellules conjonctives lamel- leuses formant un revêtement continu. L'intérêt de cette observation consiste dans le développement du tissu conjonctif qui s’est réalisé autour des tubuli, éléments plus spéciale- ment glandulaires ; il s'agit, en effet, d'altérations attribuables à des néphrolysines formées à la suite d’injections de tissu rénal de cobayes. Toutefois, il est exceptionnel, surtout chez l'animal dans les plasmas duquel s'élaborent ces néphrolysines, de constater des modifications aussi profondes. M. CuaRRIN. — A cette occasion je puis rappeler des faits et montrer des pièces qui ne sont pas sans analogie avec les observations qu'on vient de rapporter : il s’agit de faits et de viscères provenant de nou- veau-nés issus de mères brightiques. LA Il y a longtemps qu'on a noté la fréquence des albuminuries dans la descendance des néphrétiques. Avec M. Delamare j'ai recueilli une véri- table collection de ces reins de nouveau-nés descendant de mères dont le rein était également malade. Nous avons donc apporté les preuves anatomiques de ces albuminuries familiales enregistrées au point de vue clinique par la vieille médecine. Grâce à une série d'expériences, nous avons établi (tout en réservant la.possibilité d’autres mécanismes) que, chez le fœtus, soit en injectant à la mère des émulsions de reins, soit en pratiquant chez elle de larges altérations rénales dans certains cas on provoque de pareilles altéra- tions. Dans ces conditions, ainsi que nous l'avons prouvé, grâce à des hétéro ou des auto-injections, il se forme au sein de l'organisme mater- nel des néphrolysines qui, à travers le placenta, vont altérer les tissus fragiles du fœtus. — On voit ainsi comment, à distance et par lintermé- diaire de substances solubles physiologiquement définies, les cellules agissent sur les cellules. D'autre part, ces fails éclairent le mécanisme de la transmission de certaines maladies. NOTE SUR L'ACTION EXCITO-SÉCRÉTOIRE DU SUC GASTRIQUE PHYSIOLOGIQUE DE PORC SUR LA MUQUEUSE GASTRIQUE MALADE, par M. Maurice HEPp. J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie quelques observa- lions dues à l’obligeance du professeur von Noorden et de son assistant 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le D' Ludwig Carl Mayer qui permettent de juger le mode d'action phy- siologique, sur la sécrétion de l'estomac malade, du suc gastrique que j'extrais de l'estomac exclu du pore vivant. Dans tous les cas, traités par ce suc, il s'agissait d'insuffisance gas- trique sécrétoire avec ou sans dilatation. Je me borne à citer les chiffres analytiques de la sécrétion gastrique de ces malades au cours de leur traitement. OBs. I. — Mie M.…., vingt-quatre ans. Exainen des repas d’épreuve avant le traitement. = LITE LA AER A END RAP EREERRS HCI : 0 Acidité totale : 26 (RE 2 AUS HCI (1 — 30 ER ETES EAP RO ES EARR SAT HCI (l — 3% Examen des repas d'épreuve au cours du traitement. 16 juillet, 8e jour du traitement, HCI : Traces. Acidité totale : 30 DEN AE — HCI 10 — 30 DANONE PEN C — HCI 10 — 32 DS LOS — HCI 1% — 38 Guérison clinique maintenue depuis plusieurs mois. O8s. I. — Mne S..., vingt et un ans. Examen des repas d’épreuve avant te. traitement. Gone mA Een HOÆEMTracesse Acidité totale : 32 Dr tarons MCNTCL 0 — 2% JO SANS TER S'SÉtHGI 0 # 98 Examen des repas d'épreuve au cours du traitement. ; 15 juillet, 5e jour du traitement, HCI : 18 Acidité totale : 40 DIRE RUE = HCI 14 — 34 QUES UIGE = ICI 32 — 62 jer août, 24€ — HCI 22 — 52 Guérison clinique. — Augmentation de poids : 10 livres et demie. Os. III. — Mie À. H..., trente-quatre ans. Examen du repas d’épreuve avant le traitement. SUN EE - MHCliibre Et \cidité totale : 28 Annee era Loto : — 0 — 10 Poe re — 0 — 0 Examen du repas d'épreuve au cours du traitement. 15 juillet, 10° jour de traitement, HCI : 10 Acidité totale : 48 22 — 17e = HCI 1% — 40 29 — 24e — HCI 16 — 36 Du 2? août au 19 août, pas de médication, simple régime alimentaire. Examen du repas d'épreuve à la fin de cette période. GNT ÉEEMONO LE SA ARTE EEE RAI EL HCI : 18 Acidité totale : 36 ASUS NA AR AE AO A Re HCI 16 — 50 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 209 Du 19 août'au 22 août nouvelle administration quotidienne du suc gastrique. Examen du repas d'épreuve, après ce second traitement. 22 août, 48° jour du traitement, HCI libre : 20 Acidité totale : 50 Os. IV. — Mie B.., trente-sept ans. État très grave : malade depuis deux ans. Examen du repas d'épreuve avant le traitement. Alle ETS PANIER ET TRE O Acidité totale : 0 Examen du repas au cours du traitement. 23 juillet, 6e jour du traitement, HCI : 0 Acidité totale : 18 21 — 10e — HCI 0 — 16 Grande amélioration. Le 3 août on suspend l'administration du suc gastrique, les souffrances et les vomissements recommencent. Examen du repas d’épreuve à la fin de cette période. ARE OU EE SEEN A Re MAUR EEE () Acidité totale : 0 Administration régulière du suc gastrique du 17 août au 19 septembre amélioration progressive; reprise de l'alimentation normale augmentation de poids de 4 kilos. Examen du repas d'épreuve à lu fin de cette période. 1e Septembre HAE ETCIMDreS: 210 Acidité totale : 14 3e Os. — L. H..., vingt-sept ans. Examen du repas d'épreuve avant le trai- tement. ; 15#Septembhre ME SR HClMiIbre Er: 20 Acidité totale : 22 Traitement inutile par le régime et une limonade chlorhydrique. — Perte de poids. — Le 6 octobre on commence à administrer le suc gastrique qui dès le second jour améliore la malade. Examen du repas d’épreuve au cours du traitement. 10 octobre, 4e jour du traitement, HCI libre : 30 Acidité totale : 46 19 — 13e — HCL — 20 _— 42 23 — 11e a HCL — 20 — 44 Guérison physiologique et clinique complète; en dix-huit jours le poids de la malade a augmenté de 2 kilos. Ces observations démontrent indiscutablement que le suc gastrique physiologique exerce une action excito-sécrétoire puissante et durable sur la sécrétion de la muqueuse gastrique malade, action qui tend à régénérer, Sans y parvenir toujours parfaitement dans les cas graves, les rapports sécréloires normaux. Elles le démontrent d'autant mieux que les malades n’ont jamais absorbé une dose supérieure à 50 centi- inètres cubes de suc gastrique par jour, qu’ils n’ont pas pris de suc le BioLOGIE. ComPpTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 45 210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE jour où l'analyse de leur contenu stomacal a été effectuée et que ce sue qui contient beaucoup de chlore combiné organique, contient peu ou pas d’HCI libre et peu de pepsine. Le suc gastrique physiologique agit donc en ramenant la sécrétion physiologique : il n’agit pas comme un digestif vrai. VARICES LYMPHATIQUES DE L’'INTESTIN GRÊLE, par M. MAURICE LETULLE. En pratiquant l’autopsie méthodique de l'intestin chez l'homme, on observe parfois, de préférence à la surface de la muqueuse du jéJunum, des taches jaunâtres, planes, de forme variable et petites, car elles ne dépassent guère le volume d’une graine de lin ou d’une lentille et font un relief peu marqué. Ces plaques n’épaississent pas d’une facon notable la muqueuse qu'elles soulèvent à peine et dont, le plus souvent, elles semblent faire partie intégrante. Leur nombre est, suivant les cas, des plus inattendus; j'en ai pu compter de deux à trois, jusqu’à cinquante et davantage. Aucune lésion macroscopique concomitante de l'intestin n’explique cette disposition structurale anormale et l'examen microscopique, seul, en fournit la genèse. Il s'agit, en effet, de varices lymphaliques déve- loppées dans la couche sous-muqueuse et pouvant se prolonger jusqu'#la surface même de la muqueuse, surtout au sommet d’une valvule conni- vente. Les vastes lacs lymphatiques soulèvent alors la muqueuse, franchissent la muscularis mucosæ et dissocient de bas en haut les glandes de Lieberkühn, sans les détruire. Quel que soit leur volume, les varices lymphatiques n’affectent aucune corrélation avec les folli- eules lymphatiques, hôtes normaux de la même région. La lymphe retenue dans ces cavités est fort pauvre en éléments lymphatiques et ne paraît pour ainsi dire pas graisseuse, caractère suffisant à la différencier du chyle ordinaire. Les parois de ces eclasies variqueuses sont irrégulières, rendues sinueuses par de nombreux capillaires lymphatiques surdistendus qui leur font souvent escorte. Une couche endothéliale unique tapisse toutes ces cavités. Pour établir l'origine de cette lésion peu connue, quoique typique, l'orcéine (qui dessine d’une facon aussi saisissante que spécifique Île squelette élastique des tissus) est à mon avis le moyen décisif. Sur les coupes les plus heureuses, la cause de cette « ectasie insulaire » des lymphatiques d'un segment de la muqueuse intestinale apparaît, sans aucune contestation possible : elle se montre, tantôt à proximité même de la varice, tantôt dans la couche sous-séreuse, non loin du péritoine SÉANCE DU G FÉVRIER 211 viscéral (mais toujours au voisinage du paquet artério-veineux tributaire de la zone variqueuse), sous forme d’un gros chylifère efférent dont la lumière est plus ou moins largement comblée, atteint en un mot d’endo- lymphite chronique oblitérante. Les préparations et les dessins que je présente sont, à cet égard, des plus démonstratifs. Ils font rejeter une première hypothèse, à laquelle j'avais tout d’abord songé, de lymphan- giomes congénitaux et révèlent la nature inflammatoire de tous ces désordres. La « chyliférite oblitérante » n’est pas bien connue dans ses causes; les onze observations par moi recueillies à ce jour ne peuvent prétendre résoudre le problème. Il me suffit, pour le moment, de noter la coïnci- dence, constante dans mes faits, de la néphrite chronique et des varices lymphatiques de l'intestin grêle. J'ajoute, pour être complet, que six fois sur onze il s'agissait de l’autopsie de vieux syphilitiques avérés. Je me crois donc en droit de comparer de telles altérations vasculaires Iymphatiques aux inflammations chroniques des parois artérielles ou veineuses, aussi connues que fréquentes dans la syphilis viscérale. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. NS SÉAN GE DUMP NF EVRIE BV F90 4 ‘ABELOUS (J.-E.) et Aroy (J.) : Sur l'existence de la diastase oxydo-ré- ductrice chez les végétaux. Action antioxydante des oxydases propre- MEN CES NAN EMA ENEE SS ANRe Berry (IENRI) et Perrir (Au- GUSTE) : Sur le pouvoir sytotoxique de certains sérums, consécutif à l'injection de nucléoprotéides. .. Bikrry (H.) et Lazou (S.) : Varia- tions du sucre du sang et du liquide céphalosrachidien etre en Bonx (GEORGES) : Les mouvements hélicoïdaux des annélides . . . . .. BrancA (ALBERT) : Le testicule chezAaxolotiNentcaDtiviTé Een Crisrrant (H.) : Action du sérum de lapin sur les tissus vivants du PO 00 00 dlbrtd oloto te letelen a Dole CRistianr : De la greffe thyroiï- dienne chez les poissons et les am- DM SL NIGER ER EE Ere is Carisrumas (J. DE) : Le diagnostic précoce de la tuberculose par la fuberculine-réaction 710. Dorrer et Gouraup : Les capsules surrénales dans l’urémie expéri- TONAIG o-aNr dene nrPern Grarp (A.) : Sur la synonymie de la petite Pintadine de la Méditer- TANÉ Sn LU A EX AE AGE EE COR AR aN RENE GLEY (E.) : À propos de l’action de l’atropine sur la coagulabilité du SAS NA TA M PAS Henri (Vicror) et MAYER (ANDRÉ) : , Actiou des radiations du radium sur lESferments/solublest1:71 4.00. Henri (Vicror) et MAYER (ANDRÉ) : Action des radiations du radium sur lescoloidess est en enrs srs Henri (Vicror) et Srope (G.): Rôle des hémisphères cérébraux dans la disparition des troubles résultant de la destruction du labyrinthe chez les ÉTETOUINES ASE LaurER (R.-J.) : La tension arté- rielle et la pathogénie de l’ædème. Le régime hydrique et hypochloruré dinsslesméphrites de er Launoy (L.) : La cellule pancréa- tique dans l'intoxication par la pilo- BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T, 213 SOMMAIRE CADRE SAN A Lens AE EU 245 Lauxoy (L) : Diapédèse et sécré- tion pancréatique active. . . . . .. 241 999 A Puisarix : Attaques épileptiformes elzone épileptogène chez un cobaye. 221 Ricuër (CnarLes) : Etudes sur la : fermentalion lactique. I. De l’action soi-disant antiseptique du chloro- tormeret/durbenzéne) ne nl 216 Ricuer (CHarLes) : Etudes sur la fermentation lactique. II. Effets de la fluorescence sur la fermentation TOO A A NN A A LA 219 Trousssart (E.-L.) : Sur la coexis- tence de deux formes d’'Hypopes dans une même espèce chez les Acariens du genre Trichotarsus. . . 234 WaAuLEn (E.) : Nucléine vaccinante sécrétée par le microbe de la tuber- CO Se CE Ne MEN Rte eee 231 ZACHARIADES (P.-A.) : Sur la struc- ture de la fibrille tendineuse adulte et sur l’origine de la substance col- lagène (Réponse à MM. Renaut et ÉADUESSE) ESA SANS ESS Ne AT 214 Réunion biologique de Bordeaux. BERGONIÉ (J.) : De la résistance thermique ou coefficient d'utilité des vêtements confectionnés. Mé- thode et instrument de mesure . . . 9265 CavaLté {M.) : Note sur le déve- loppement de la partie terminale des nerfs moteurs et des terminai- sons nerveuses motrices dans les muscles striés, chez le poulet. . . . 9269 Durouy (R.) : Sur l'action de la quinine sur les oxydations intraor- SaniqUes HOPPER CES A ereniE 259 Durouy (R.) : Sur la prétendue SALUE NASA RU Rene Ars tee 260 PÉREz (CH.) : Sur les larves d'hy- racine SAS ERA NU nee nus 263 PITRES (A.) : Lymphocytose du liquide céphalo-rachidien dans trois cas de névralgie du trijumeau. . . . 270 SELLIER (J.) : Sur le pouvoir amy- lolytique du sang des poissons et des ACRUS IA ES AMENER LS RS Ne AT 261 LVI. 16 214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TRIBONDEAU : Sur les enclaves con- Ferrer (P.) et WEBER (A.) : Spéci- tenues dans les cellules des tubes ficité de l’action tératogénique de contournés du rein chez la tortue, la piqüre des enveloppes secondaires étudiées comparativement en été et dansiieutdetPoule PE 284 ENNNIVET AS A EUR ARE RUES 266 Ferrer (P.) et Weger (A.) : Mal- formations du système nerveux. Réunion biologique de Nancy. central de l'embryon de Poulet obtenues expérimentalement. III. ANceL (P.) et Bouin (P.) : Tractus Anomalies des ébauches oculaires géuital et testicule chez le Porc PrÉMATIMESS ESRI DEN NE RE CRE 286 CEVDIONC NIUE PAR EMESCREIP IE 281 FERRET (P.) et WEBER (A.) : IV. Bouin (P.) et ANGEL (P.) : La glande Cloisonnements et bourgeonnements interstitielle chez le vieillard, les du tube nerveux d’embryons de animaux âgés et des infantiles ex- Poulet a M SR RE 288 DÉDIMENTAUX MEN CERN ARNO 282 MaTiEu (XAVIER) : De la prolon- CHARPENTIER (AUGUSTIN) ; Nouveaux gation de l’inexcitabilité périodique faits sur les rayons N et sur leur du cœur dans certaines intoxica- observation physiologique . . . .. DAS TON 226 22 ON NE 219 CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Nouvelles MEYER (Ep.) : Emission de radia- sources et nouveaux effets physio- tions N par les végétaux maintenus logiques des rayons N. . ...... 260] NA SOb SCALE AN ERP RNNE 218 Présidence de M. O. Larcher, vice-président. SUR LA STRUCTURE DE LA FIBRILLE TENDINEUSE ADULTE, vs ET SUR L'ORIGINE DE LA SUBSTANCE COLLAGÈNE. (RÉPONSE À MM. RENAUT ET LAGUESSE), par M. P.-A. ZACHARTADÈS. MM. Renaut et Laguesse ont cru devoir répondre dans la dernière séance de la Société à la note que j'avais publiée antérieuremeni (1) sur la structure de la fibrille tendineuse adulte. Je suis heureux de voir que des histologistes aussi réputés aient admis et confirmé les faits que j'ai fait connaître. C’est là pour moi la chose importante. De plus, je persiste à croire que ces faits sont, dans la question de l'histogenèse du tissu conjonctif, d’une importance capitale. g Quant à la manière de voir que j'en ai donnée autrefois comme une simple hypothèse, et que, depuis, mes recherches ont confirmé de plus en plus, je comprends que d’autres histologistes puissent ne pas la considérer encore comme satisfaisante et définitive, mais je la main- tiens énergiquement jusqu'à ce qu’on en ait donné ou que j'en aie trouvé une meilleure. (1) Comptes rendus de la Société de biologie, séance du 23 janvier 1904. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 915 À PROPOS DE L'ACTION DE L’ATROPINE SUR LA COAGULABILITÉ DU SANG, par M. E. GLey. L'intéressante note de MM. Doyon et Kareff (Société de biologie, 6 février 1904, p. 192) me donne l’occasion de signaler quelques expé- riences que j'ai faites, lorsque j'étudiais le rôle du foie dans l’action des substances anticoagulantes (Gley et Pachon, 1895-1896; Gley, 1896- 4899), et que je n'ai nulle part mentionnées, parce qu’elles sont restées inachevées. Il ne sera peut-être pas inutile de les indiquer maintenant. Guidé par l’idée que le foie, sous l'influence d'une injection intra- veineuse de propeptone, sécrète une substance anticoagulante, j'avais recherché si une injection préalable d’atropine ne supprimerait pas l’action de la propeptone. Les essais que j'ai tentés dans ce sens, en 4898, n'ont pas été favorables à cette supposition. Sur deux chiens cependant (12 kilogrammes 400 et 13 kil.), préalablement atropinisés, la coagulabilité du sang n'a pas été supprimée, mais diminuée (se fai- sant en 25 à 30 minutes au lieu de 4 ou 5) par l'injection de propeptone. Quoique, avec la dose de peptone de Witte que j'employais (0 gr. 30 par kilogramme d'animal), il soit de règle très générale que l’incoagulabi- lité du sang soit complète, comme toutefois il arrive chez quelques ani- maux que le sang ne reste pas absolument liquide, mais que la coagu- lation se trouve simplement retardée, je n'ai tiré aucune conclusion de ces faits. Je pensais les étudier ultérieurement. IL est vrai aussi que l’atropine, à la dose de un demi-milligramme ou un peu plus par kilo- gramme, par conséquent à une dose trop faible sans doute, fut injectée dans une veine de la circulation générale et que, injectée par la veine porte, elle se serait peut-être montrée plus efficace. Quoi qu'il en soit, le résultat obtenu par MM. Doyon et Kareff est tout autre, puisqu'ils ont vu l’atropine, injectée dans le système porte, amener par elle-même l’incoagulabilité du sang. On doit remarquer, à la vérité, que la dose d’atropine qui a produit cet effet a été considé- rable; dans l'expérience que citent les auteurs, elle est de plus de 0 gr. 02 par kilogramme d'animal. L'effet produit ne serait-il pas, par suite, un de ces effets contraires des substances médicamenteuses, bien connu pour un certain nombre de corps, et dont Doyon lui-même, si je ne me trompe, a rapporté des exemples? J'avais aussi cherché quel serait ie résultat d’une injection de pilo- carpine dans la veine porte sur la coagulabilité du sang. Mes premiers essais ne m'ont montré aucune modification qui fût à signaler. En somme, le fait que MM. Doyon et Kareff viennent de mentionner mérite une élude qu'ils ont certainement entreprise et dont ils sauront ürer l’exacte signification. 216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉTUDES SUR LA FERMENTATION LACTIQUE. I. DE L'ACTION SOI-DISANT ANTISEPTIQUE DU CHLOROFORME ET DU BENZÈNE Note de M. CuarLes RIicHEer. La plupart des auteurs admettent que le chloroforme, soit à l’état gazeux, soit en dissolution, soit sous forme de couche sous jacente aux liquides fermentescibles, arrête la fermentation. Sans donner ici lindica- tion des travaux anciens, depuis ceux de Claude Bernard jusqu'à ceux de Salkowski, je noterai seulement trois mémoires plus récents Büchner et Segall, « Ueber Gasfürmige antiseplische Wirkungen des Chloroform, Formaldehyd und Creolin », (Mäünch.med. Woch., 1889, 29), Lossen (W), « Beiträge zur Kenniniss der desinficirden Wirkungen der Chloroforms, namentlich in gasfürmigen Zustand » ({Diss. Heidelberg, 1899, An. in Paumgarten’s Jahresbericht, 1899, XV, 943); Kirchner, « Untersuchungen über die Einwirkung des Chloroforms auf Bacterien » (Zeitsch. für Hygiene, VIT, 1890, 465). Il est dit dans ces trois mémoires que le chloroforme arrête complètement la fermentation. Je. dois noter qu'un auteur américain, P. Erwin Smith, a constaté au contraire que le chloroforme n’empêchait pas le développement des bactéries (« Growth of bacteria in the presence of chloroform and thymol, American Congress of Bacteriologists, 27 déc. 1901, in Centralbl. f. Bañt., 1901, XXIX, 445). Pour le benzène, parmi les auteurs modernes, Bartoschewitsch, tire lyse d’un mémoire russe, in Baumgartens Jahresberichte, VIT, 1892, 185) et À. Chassevant. Action antiseptique et physiologique du benzène : (Arch. de Pharmacodynamie, 1, 235-254, et Bull. de la Soc. de Biol., 1896, 473, et Dict. de physiologie, art. « Benzène », II, 1899, 66), concluent à l’action tout à fait antiseptique du benzène. ; Aussi bon nombre d'expériences ont-elles élé faites en laissant des liquides fermentescibles en contact avec du chloroforme ou du ben- zène pour étudier les transformations chimiques dues aux diastases. On admettait que les phénomènes microbiens sont par là même supprimés. Salkowski, dans ses importantes études sur l’autolyse, mettait les liquides organiques en contact avec l'eau chloroformée, et d’après lui, tout phénomène bactérien s’arrêtait alors, de sorte que les changements observés seraient dus dans ces conditions uniquement aux actions chimiques des ferments solubles, diastases ou enzymes. M. Jacoby (« Zur Frage der specifischen Wirkung der intracellulären Fermente », (Beiträge zur chemischen Physiologie und Pathologie, 1903, IX, 441) à remplacé le chloroforme par le toluène, pour éliminer les actions bac- tériennes. Mais l'opinion que, soit le chloroforme, soit le benzène empêchent les fermentations microbiennes est une pure illusion, et la preuve en peut SÉANCE DU 13 FÉVRIER 9217 ètre donnée par une simple expérience. Il suffit d'ajouter à du lait non bouilli son volume de chloroforme ou son volume de benzène; on verra que la fermentation lactique, ralentie au début, plus tard se poursuit, comme si nulle substance antiseptique n'y avait été ajoutée. Acidité de 50 centimètres cubes de lait (1). (en volumes d'une solution de KOH à À p. 100). 24 h. 48 b. H2Rne 96 h. 120 h. 144 h. de fermentation. — — ZE — — Bates pleins San 12,8 20,3 23,1 16,3 APAURS Lait avec son vol. de CHCFK. 5 10,5%0712;0 deal 22,1 8,7 Lait avec son vol. de CfHS. 4,2 124 13,8 14,2 16,6 14,0 ) . Cette expérience montre que ni le chloroforme ni la benzène n'ont empêché la fermentation lactique. Cependant, dans les ballons de fer- mentation, le chloroforme ou la benzène étaient restés, à la fin de l'expérience, encore en grand excès. - On remarquera la marche de la fermentation lactique, qui, après avoir atteint un maximum au troisième jour, rétrograde, par suite de la consommation de l'acide lactique produit ; tandis que dans les ballons à chloroforme ou à benzène où la fermentation a été retardée, ce n’est qu'au sixième jour que commence cette rétrocession de l'acidité. . D'autres expériences faites avec 250 centimètres cubes de lait dans lequel tantôt on avait mis du chloroforme (à volume égal) tantôt on faisait passer de l’air saturé de chloroforme, ont donné le même résultat (au bout de 48 heures). Moyenne de trois expériences. On rapporte les chiffres à l'acidité du lait mis au froid, non agité par un courant d'air, et mélangé à du chloroforme. Non agité, avec chloroforme. . . . 100 Non agité, sans chloroforme. . . . 529 Agité, avec chloroforme. : 135 Aile Sans Chloro orme tee 431 M ébuve : 12 Non agité, avec chloroforme. . . , 136 Non agité, sans chloroforme. 2.946 Atité, avec chloroforme. . 1° 177 Aaité (sansichlorotorme| 146 00958 Celte expérience prouve d’abord que le passage d’un courant d'air dans du lait est une entrave à la fermentation lactique (431 à 529; 4:938 à 2.916). Elle établit ensuite que le chloroforme n’a pas empêché toute fermen- (1) L’acidité primitive de ce lait était de # centimètres cubes. 218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tation, puisque l'acidité a cru de 160 à 136; et de 100 à 177; le courant d'air chloroformé a même semblé être moins efficace que le simple contact avec une couche de chloroforme. J'ai pensé alors à faire un mélange de chloroforme et de benzine dans des proportions telles que le liquide formé par le mélange de ces deux corps ait la même densité que l’eau ou le lait. (1 volume de chloro- forme pour 5 volumes de benzène). Dans ces conditions, si l’on agite le lait, l’'émulsion persiste, ou ne se dissipe que très lentement; et l'action empêchante sur la fermentation lactique est presque complète. Acidité de 50 centimètres cubes de lait. (Même expérience que plus haut). 22h SR Te Ne EN06 ME 0 RENE RRIS Lait avec son vol. d’un mélange de chloroforme et de benzène . . 4,4 4,2 4,% 4,8 4,1 4,9 Lait avec le même mélange, mais préalablement stérilisé . . . . 4 4 4,1 4,1 4,1 4,1 Lait avec 4 p. 100 de salicylate de Nadir 000 DA Aer Sel UP et A GR e 4e SG Il semble donc que le mélange de chloroforme et de benzène, dans les proportions susdites qui donnent à ce mélange exactement la densité de l’eau soit nécessaire pour permettre le contact prolongé de l’un ou l’autre de ces deux corps avec les liquides susceptibles de fermenter. Pourtant, même dans ces conditions, il est probable qu'il se produit encore quelque fermentation acide, encore qu’elle soit très ralentie. De même la très forte dose de 4 0/0 de salicylate de soude ne suffit pas pour empêcher toute action du ferment lactique. Une dose plus forte 8 gr. p. 100) est nécessaire. Acidité de 50 centimètres cubes de lait. jer jour. 3° jour. 5° jour. 6° jour. (8° /jour. 405 jour. Lait avec mélange de chlo- roforme et benzène. . . 4,9 4,8 555 4,5 Soil 5, Lait avec 8 p. 100 de salicy- late de soude "Ra 000 4,5 4 3,2 30 3,2 on Pait normal es ATLAS 44,0 69 16 dise La conclusion pratique qui se dégage de ces expériences, c’est que, si l’on veut éliminer complètement dans les opérations chimiques auto- lytiques ou diastatiques, les phénomène dus aux microbes, il ne faut pas se servir de chloroforme ou de benzène. Tout au plus pourra-t-on employer le chloroforme et le benzène; car le mélange de ces deux corps insolubles, mélange, qui, dans certaines proportions, possède la SÉANCE DU 13 FÉVRIER 219 densité de l'eau, donne avec le ïiquide fermentescible une émulsion plus ou moins durable, qui ralentit et empêche presque complètement la fermentation par des microbes. ÉTUDES SUR LA FERMENTATION LACTIQUE. IT. EFFETS DE LA FLUORESCENCE SUR LA FERMENTATION LACTIQUE- Note de M. CnARLES RicurT. On peut, a priori, supposer que, puisque l'organisme dégage des rayons N qui agissent sur la fluorescence du sulfure de calcium, réci- proquement la fluorescence du sulfure de calcium doit agir sur l’acti- vité des cellules vivantes. Pour faire cette étude, j'ai choisi la fermentation lactique, laquelle a cet avantage d’être facilement mesurable par la quantité d'acide pro- duit. 1 La précision du dosage est extrême, si l’on ne va pas jusqu'à laisser le lait se coaguler, car alors les fragments de caséine, difficilement dissociables, empêchent tout dosage très précis. Donc, comme il ne peut s'agir que de très faibles différences, il faut éviter la coagulation de la caséine. On l’obtiendrait en rendant le lait légèrement alcalin; mais, ainsi que je l’ai maintes fois constaté, le lait, même très légère- ment alcalinisé, fermente beaucoup moins bien que le lait non addi- tionné de potasse. Voici quelques chiffres indiquant la précision du dosage (par la phé- nolphtaléine et une solution titrée de potasse à O. 5 p. 100 de KOH) dans un lait non coagulé (1). Exp. A. — Cinq flacons de lait (50 ce.), à l'étuve trois heures : Digi TBE OU ALL SIA SA7iD al SE Exp. B. — Quatre flacons de 50 cce., à l’étuve dix heures : 10 MO LU) 10197 eos: Exp. C. — Trois flacons de 50 ec., à l’étuve vingt-quatre heures : 194 AS SUN AISNE Après avoir fait divers essais en mettant du lait dans des ballons recouverts à l'extérieur d’un vernis contenant du sulfure de calcium phosphorescent, j'ai renoncé à cette méthode; car on peut lui faire une (1) Les chiffres représentent des centimètres cubes de la solution potassique. TUE M L'OMPI AN LONATTAIENTER RTE A A 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE objection importante, c’est que les conditions de rayonnement, et, par conséquent, de température, ne sont pas rigoureusement les mêmes, entre les flacons vernis et les flacons non vernis : ce qui expliquerait les faibles différences trouvées. Avec le petit lait, et avec le lait bouilli et stérilisé, puis ensemencé, es résultats ont été incertains. Mais l'expérience suivante a fourni un résultat posilif, encore qu'il soit très faible. 500 cc. de lait, non bouilli, sont mis dans un flacon qu'on expose à l’étuve. Dans le flacon plongent des tubes de verre contenant du sulfure de calcium disséminé sur de l’ouate, et exposé préalablement au soleil, par conséquent très fluorescent. Dans un autre flacon absolument iden- tique au premier, on mel 500 ce. d’un lait identique, et on y plonge autant de tubes de verre de même forme et de même diamètre que les tubes au sulfure de calcium, mais ne contenant que de l’ouate sans sulfure de calcium. Le dosage a été fait après lrois, quatre et cinq heures d'étuve (40°). = Dans ces conditions les chiffres trouvés ont été : Numéro Flacons Flacons Les flacons phosph. de sans avec étant — 100, on a l'expérience. SCa phosph. SCa phosph. flacons non phosph. 1. 19,8 18,6 106 II. 10,6 10,0 106 IL. 68,2 60,7 114 IV. 78,0 69,7 112,6 Y. 70,7 68,1 96,6 … VI. 71,8 77,8 100,0 VII. 82,0 19,3 103,0 VIIL. 69,7 72,1 96,7 DXE 15,2 69,8 108,0 x 73,6 68,8 107 + XI. 68,0 66,1 103 s Moyenne : 104,7 Dans une autre expérience six flacons contenant 50 ce. de lait sont mis dans une caisse phosphorescente. Six autres flacons identiques contenant aussi 50 cc. du même lait sont placés dans une caisse semblable, non phos- phorescente. Les deux caisses sont placées dans la même étuve. Après 24 heures de fermentation (caséine coagulée) on trouve : Flacons non phosphorescents. Flacons phosphorescents. 11073 16.5 18,6 16,3 17,5 102 18,2 17,8 17,9 16,9 17,3 18,4 Moyenne : 18,1 Moyenne : 16,7 Différence : + 7,7 p. 100. Mais, comme la caséine a été coagulée, le dosage tout à fait précis est impossible. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 291 Par conséquent il me paraît probable que les ravons dégagés par le sulfure de calcium ont une faible action (retardante) sur la fermentation lactique. IT est permis de penser que c'est là un phénomène plus ou moins analogue à celui qui a été découvert pour le radium, lequel retarde notablement l’évolution des cellules el des organismes jeunes. On ne peut guère supposer, en effet, qu'il s'agit d’une influence de la lumière; car j'avais soin d'exposer les flacons à la lumière du jour, dans l'étuve; et dans ce cas la luminosité des tubes fluorescents est, en tant que lumière même, une quantité absolument négligeable, quant à son influence, d’ailleurs douteuse, sur l’évolution des ferments lactiques du Jait. ÂTTAQUES ÉPILEPTIFORMES ET ZONE ÉPILEPTOGÈNE CHEZ UN COBAYE, par M. Puisarix. Brown-Séquard a montré (1) qu’on peut déterminer l’épilepsie chez le cobaye par la section du sympathique et de la moelle, et que, dans ce cas, il existe à la face, du côté lésé, une zone épileptogène dont l'irri- tation provoque l'attaque; mais jusqu'ici on n’a pas observé, à ma conñaissance du moins, de phénomèmes analogues survenus à la suite d'une infection microbienne. C'est pourquoi il m'a paru intéressant de vous présenter le cobaye dont voici brièvement l’histoire : OBsERvaATION. — Le 16 février 1901, il a recu sous la peau 1/10 de centi- mètre cube d’une culture virulente de choléra des poules; après avoir éprouvé des symptômes assez graves, il résista à cette première inoculation, et au bout d’un mois et demi, il fut éprouvé avec une dose mortelle d’une culture de Pasteurella caviæ,; il eut de la fièvre pendant quarante-huit heures, mais guérit complètement. Depuis, il a recu, à intervalles convenablement espacés et à doses croissantes douze inoculations du même microbe dont il peut aujourd'hui supporter sans inconvénient quatre doses mortelles. La dernière inoculation à été faite le 17 novembre 1903. Il va sans dire que le sang de ce cobaye possède, vis-à-vis de la Pasteurella caviæ, des propriétés agelutinantes très accentuées. C'est au moment où le 13 janvier dernier je le saignais par l'oreille pour obtenir quelques gouttes de sang que jai constaté la première attaque épileptiforme. Descriplion de l'attaque provoquée. — Si on lui chatouille l‘gèrement avec le doigt la joue droite, au-dessous de l'œil, le cobaie lève la patte postérieure droite, en même temps qu'il lourne la tête du : ême côté comme s'il voulait se gratter, et en effet, il exécule les mouvements (1) Sociélé de Biologie, 1869. 299 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE correspondant à cet acte, mais ces mouvements n'aboulissent pas au but ; la cuisse est de plus en plus soulevée par la contracture des muscles, et la patte est agitée de mouvements convusifs rapides non coordonnés. Si l'excitation de la zone épileptogène n'a pas été suffisante, l'attaque reste localisée à la patte postérieure droite, elle dure quelques secondes seulement et tout rentre subitement dans l'oräre. Si, au contraire, on exerce une pression un peu forte soit au-dessous de l'œil, soit de préfé- rence au niveau de l’angle de la mâchoire inférieure, l’attaque se géné- ralise. La patte postérieure gauche est prise à son tour, puis le train postérieur, puis la tête et les membres antérieurs, tout le corps est agité de mouvements convulsifs rapides, les yeux se ferment, la bouche est. grande ouverte, puis l'animal tombe sur le flanc, tantôt à droite, tantôt à gauche, il roule sur le dos où il reste courbé sur lui-même, agité de secousses cloniques; puis brusquement, en moins de deux secondes, la crise cesse, l'animal revient à lui, se remet aussitôt sur ses pattes et ne paraît éprouver aucun malaise. Il n’y a eu ni salivation, ni émission d'urine. On peut provoquer plusieurs crises successives partielles ou totales, en renouvelant chaque fois l'excitation de la zone épileptogène. Au bout de cinq ou six attaques, il semble cependant se produire un certain épuisement du système nerveux, et il faut des excitatious de plus en plus fortes pour déterminer les attaques. À la suite de ces altaques successives, on observe un peu d’essoufflement passager. Ces accidents épileptiformes ne semblent pas pouvoir se produire spontanément; on observe bien quelques crises convulsives de la patte. quand l'animal est dans la cage avec d’autres cobayes, mais si on l’isole complètement, on ne voit plus survenir d'attaque spontanée. Quelle est la cause de ces accidents? Si on se reporte à l’histoire de ce cobaye, il est difficile de ne pas les attribuer à quelque lésion produite par les. inoculations successives du virus. Ces lésions ont dû être peu accentuées el très passagères, car l'animal n'a manifesté aucun trouble de sa santé générale, et il est maintenant en très bon état. Il est probable que l'autopsie révèlera la cause de ces accidents et fournira, à cet égard, des documents intéressants. SUR L’EXISTENCÉ DE LA DIASTASE OXYDO-RÉDUCTRICE CHEZ LES VÉGÉTAUX. ACTION ANTIOXYDANTE DES OXYDASES PROPREMENT DITES, par MM. J.-E. AsEeLous et J. Aroy. Nous avons montré qu'il existe dans l'organisme animal une dias- tase oxydo-réductrice, qui, pour oxyder certaines substances, dans l'es SÉANCE DU 13 FÉVRIER 293 oo pèce, l'aldéhyde salieylique, au lieu d'emprunter de l'oxygène libre ou dissout, le prend à des combinaisons oxygénées qu'elle réduit. Cette diastase existe-t-elle dans le règne végétal? Si on pulpe des pommes de terre et si on exprime cette pulpe à la presse, on obtient un suc abondant qui brunit rapidement à l'air. Ce suc jouit de propriétés réductrices manifestes vis-à-vis des nitrates alcalins, propriétés qui disparaissent quand il a été sgumis au préalable à l’ébullition. L’expé- rience doit naturellement être faite en présence d’un antiseptique (chlo- roforme) pour éviter l'intervention des microorganismes. On nous a montré que tous les extraits d'organes animaux qui rédui- sent les nitrates oxydent l'aldéhyde salicylique et que toutes les condi- tions qui favorisent ou entravent la réduction agissent de même vis-à-vis de l'oxydation. En est-il de même pour le suc de pommes de terre? À priori, il semblerait qu'il n’en est point ainsi, mais ce n'est là qu’une apparence comme nous allons le montrer. On peut constater que le suc de pommes de terre seul n'oxyde sensi- blement l’aldéhyde salicylique ni en présence de l’air ou de l'oxygène pur, ni dans le vide, et quelle que soit la quantité de suc employé. Done, à ce point de vue, le suc végétal paraît différer des extraits d'organes animaux. Mais si on ajoute au suc végétal une petite quantité de chlorate de potässe, l'oxydation se produit. Elle n’a pas lieu, par contre, quand le suc a été soumis au préalabie à l'ébullition avant l'addition de chlorate de potasse. A. — Suc de pommes de terre normal. . 200 centimètres cubes. Co°K° 5 HSE 0 gr. 50 Aldéhyde sine RE 5 4c.c.0 Bb Suc de pommes de terre bouilli s 200 centimètres cubes. CORRE 0 gr. 50 KCIO® . : à 3 grammes. Aldéhyde te hare Rs En 462 c. D C. — Suc de pommes de terre non Dont 200 centimètres cubes. Co Cr AE 0 gr. 50 KCIO* . Ne ATP ER 3 grammes. Aldéhyde salicylique . . Ace. 5 Ces trois lots sont abandonnés dans le vide à 40 degrés pendant vingt- quatre heures. Résultats. Acide salicylique formé. À. . 0 gr. 000 BU Late Mel eu in 0 gr. 000 (CEA fn RARES RAA RAA Ra me de NE 0 gr. 127 Il suffit donc d'ajouter au suc végétal du chlorate de potasse pour 29% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que l'oxydation se produise. Le chlorate de potasse agit comme combi- naison oxygénée réduelible par Le ferment; la preuve, c'est qu'une autre combinaison oxygénée, le nitrate de potasse par exemple, agit de la même manière, mais l'oxydation est beaucoup plus faible qu'avec le chlorate de potasse. Prenons en effet le même suc et additionnons-le de nitrate de potasse dans la proportion de 2 p. 100. Nous obtenons, dans les mêmes conditions, 0 gr. 016 d'acide salicylique. Pourquoi cette pro- portion beaucoup plus faible qu'avec ie chlorate? C'est parce que le produit de réduction du nitrate, Ie nitrite, est un poison pour le ferment oxydo-réducteur. L'expérience suivante le prouve. Toujours avec le même suc nous faisons deux lots À et B; chacun contient la même quantité de chlorate de polasse, mais le lot B contient en outre un peu de nitrile de sodium, 1 gramme p. 100 de suc. On constale que le lot À donne 0 gr. 102 d'acide salicylique, tandis que le lot B, additionné de nitrite, n’en donne pas du tout. On peut. obtenir le même résultat avec les extraits d'organes animaux. Le nitrite y paralyse également la diastase oxydo réductrice. Donc, le suc de pommes de terre renferme une diastase oxydo-réduc- trice. Pourquoi faut-il ajouter une combinaison oxygénée, telle que le chlorale de potasse, pour que son action oxydante se manifeste? C’est que le suc végétal renferme, à côté de la diastase oxydo-réduc- trice, des oxyduses vraies, du type laccase. Nous pensons que ces oxydases transforment en présence de l’air et dès que le suc est exprimé, les combinaisons oxygénées dissociables qu'il contient en composés stables que ne peut plus dissocier le ferment oxydo-réducteur. L'expé- rience suivante tend à le prouver. On fait trois lots de 150 centimètres cubes chacun d'extrait de foie de cheval A, B, C. Aux lots À et C on ajoute 100 centimètres cubes-de suc d’épluchures de pommes de terre (très riche en oxydase), au lot B 100 centimètres cubes du même suc mais bouilli. On lance ces trois lots en présence d’air à 37 degrés pendant trois heures, de facon à permettre à l'oxydase d'agir, puis à chacun on ajoute la proportion uasituelle de carbouate de soude et d'aldéhyde salicylique (4 ce. €. »). Au lo: G on ajoute en plus 3 grammes de chlorate de potasse. Après vingt-quatre heures de séjour à l'étuve, l'extraction de l'acide salicylique donne les résultats suivants : A a ET A A MEET Ces diacrde salicylique. Bi RER San RE SE A RS 0 gr. 038 GET CR An re A 0 gr. 060 Donc, le mélange du suc de pommes de terre non bouilli avec l'extrait de foie de cheval supprime à peu près complètement les propriétés oxydanles de ce dernier, tandis qu’elles persistent quand le sue végétal a été bouilli et plus manifestement encore quand on a ajoulé au mélange SÉANCE DU À13 FÉVRIER 295 du chlorate de potasse. C’est donc que l’oxydase du suc végétal agit non pas sur le ferment lui-même, mais sur les combinaisons oxygénées nécessaires à ce ferment. L’oxydase aurait ainsi une action anlioxydante. Cette action, nous l'avons d’ailleurs constatée aussi pour les oxydases animales. L’extrait aqueux d’huiîtres, riche en oxygène, produit les mêmes effets sur l'extrait de foie de cheval que le suc de pommes de terre. En résumé : La diastase oxydo-réductrice existe chez les végétaux comme chez les animaux. Mais dans les sucs végétaux, son action est entravée par la présence des oxydases vraies que stabilisent les combinaisons oxygénées néces- saires à la diastase oxydo-réductrice. Il suffit d'ajouter au suc végétal une combinaison oxygénée disso- ciable, comme le chlorate de potasse, pour que le pouvoir oxydant de ce suc se manifeste nettement. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse). Es ACTION DU SÉRUM DE LAPIN SUR LES TISSUS VIVANTS DU RAT, par M. H. Cristian (de Genève). En recherchant de quelle manière on pourrait conserver vivants les tissus séparés de l'organisme pour faciliter la pratique des greffes thyroïdiennes, j'ai montré précédemment (1) que l’eau salée physio- logique permet une conservation assez bonne pendant dix minutes; le tissu cependant commençait à souffrir après un temps plus long, pour perdre toute faculté de revivre si on le transplantait au bout d’une heure. J'ai poussé plus loin ces recherches et fait des essais avec de nombreux autres liquides, notamment avec des liquides naturels. Lorsqu'on emploie dans ce but du sérum sanguin, les résultats ne peuvent évidemment s'appliquer qu'au sérum expérimenté et à l'animal dont les tissus ont été employés, car les différents sérums ont une action différente sur les tissus des différents animaux. Aussi les expé- riences que je vais rapporter ne sauraient-elles s'appliquer, sans contrôle préliminaire, qu’au tissu thyroïdien de rat et au sérum de lapin. Dans du sérum de lapin obtenu par centrifugation rapide je place des parcelles de tissu thyroïdien de rat : le sérum est maintenu à l’étuve, à 30 degrés. Ces parcelles sont, après un temps de séjour variable dans (1) Cristiani. Greffe thyroïdienne sur organes transparents (C. R. hebd. des S. de la Soc. de Biol., 30 mai 1903), 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le sérum, greffées dans des oreilles de rat, selon la méthode que j'ai précédemment décrite (1), et l’évolution des greffes est d’abord sur- veillée par transparence et enfin ces greffes sont extirpées et étudiées au microscope. Quatre greffes de rat ayant séjourné 5, 10”, 25” et une heure dans du sérum de lapin ont donné le résultat suivant : Greîffes de rat ayant séjourné dans le sérum de lapin (2). Temps de séjours. Extirpation après 2-4 mois. NE 5 minutes. + + No 2. Où 08 sue, NS TR OS Lee N° 4. 1 heure. ni Le tissu thyroïdien est très beau dans les numéros 1 et 2, mais ne s’est bien reconstitué qu'à la périphérie, la partie centrale est oceupée par du tissu conjonctif. Dans la greffe numéro 3 il y a très peu de tissu thyroïdien et dans la greffe numéro 4, il y a atrophie absolue. J’ai refait ces expériences avec du sérum chauffé pendant une heure à 60 degrés. : Greffe de rat dans sérum de lapin chauffé à 60 degrés. Temps de séjours. Extirpation après 2-4 mois. NS r AdUtminUtES. + + No 6 ont es Aa Nos M Theure; ee ‘3 Après une heure on voit encore des traces de tissu thyroïdien; cependant l'aspect général de cette greffe n’est pas florissant, et il est douteux qu’elle eût continué à évoluer d’une manière progressive. Ces expériences ont été répétées avec du sérum desséché et dilué avec de l’eau distillée (des petits tubes de sérum analogues à ceux qui ont servi à la première série d'expériences ont été conservés pendant des semaines et des mois jusqu'à exsiccation; au moment de s'en servir on dissolvait le résidu sec, de manière à le ramener au titre primitif). Greffe de rat ayant séjourné dans du sérum de lapin préalablement séché. ; Temps de séjours. Extirpation après 2-4 mois. Nos Eee D rninutese + + No Qu 2 ES DA ERt RNA NOM ON AN ANSE Je (1) Cristiani. C. R. hebd. des S de la Soc. de Biol., 6 février 1904. (2) + + signifie belle greffe, + — signifie greffe avec traces de tissu thyroïdien. — — signifie atrophie complète. SÉANCE DU 13 FÉVRIER ON Toutes ces greffes ont donné un très bon résultat; il est intéressant de considérer que la greffe numéro 10, après un séjour de 45 minutes dans un sérum préalablement desséché, offre histologiquement, après quatre mois, une image du tissu thyroïdien qu'il serait difficile de différencier d'avec du tissu thyroïdien normal. J'aurai l’occasion de revenir sur la conservation du tissu thyroïdien dans différents sérums en traitant du rôle de la cytolyse thyroïdienne dans la transplantation hétérothyroïdienne; je tiens cependant dès à présent à noter l'importance que pourrait avoir pour la pratique chirur- gicale de la greffe la possibilité de conserver assez longtemps vivant et capable de reprise le tissu thyroïdien dans du sérum desséché et dilué au moment de s’en servir. (Laboratoire d'hygiène de l’Université de Genève.) DE LA GREFFE THYROIDIENNE CHEZ LES POISSONS ET LES AMPHIBIES, par M. Cristian: (de Genève). Pour compléter le cycle d'expériences de greffe thyroïdienne dans les différentes classes de vertébrés, j'ai tenu à faire quelques essais de trans- plantation chez les poissons et les amphibies. Tous ceux qui ont fait des expériences sur des poissons connaissent les dif- ficultés inhérentes à ce genre de recherches : les opérations sur le corps thyroïde sont encore compliquées de la difficulté de trouver l'organe et de l’extirper sans léser les tissus voisins. Jai d'abord étudié la topographie de la glande thyroïde chez quelques espèces de poissons et essayé, comme Lanz (1) l'avait déjà fait, quelques extirpations de l'organe, mais on ne saurait tirer aucune conclusion de ces expériences, car les lésions produites étaient assez considérables et les conditions dans lesquelles je gardais les animaux plutôt défectueuses. J'ai aussi essayé de greffer la thyroïde extirpée à des tanches et des cyprins, mais jamais l’extirpation n’a pu être faite d’une manière complète et exclusive : il y avait toujours d’autres tissus avec le tissu thyroïdien. Ces essais n’ont donc pas une valeur absolue, mais je tiens à les mentionner en parlant des expériences plus concluantes faites chez les amphi- biens. J'ai opéré sur des grenouilles, des crapauds et des salamandres. L'extirpation du corps thyroïde à une grenouille est une opération dif- ficile et si on ne se donne pas la peine de bien en étudier préalablement la topographie, on risque fort de faire fausse route. (1) Lanz (0.) Schilddrüsenfrage. Bern, 1894. 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si par une incision antérieure et médiane on met à nu la partie antérieure du cou chez la grenouille, on rencontre d’abord de chaque côté deux organes jaunâtres adipeux qu'il n’est pas facile de confondre avec la glande thyroïde à cause de leur aspect extérieur et de leur emplacement superficiel. Mais plus profondément, annexés aux gros vaisseaux du cou, se trouvent les deux organes qui ont été décrits par Leydig (1), Maurer (2),S. Mayer (3) : ces organes rappellent par leur position et leur aspect macroscopique le corps thyroïde des oiseaux; l’étude histologique de leur structure cependant montrera vite qu'ils n’ont aucun rapport avec le tissu thyroïdien. Les vrais corps thyroïdes se trouvent cachés derrière l'extrémité antérieure du muscle sterno-hyoiïdien, dans l'angle formé par la grande et la petite corne de los hyoïde avec le corps de cet os. L'organe est petit, diffus, peu apparent sur le tissu muscu- laire, et les follicules thyroïdiens peuvent être comme infiltrés entre les fais- ceaux du muscle; il faut parfois se donner beaucoup de peine pour l’extirper sans trop léser le voisinage, et il m'est arrivé parfois de devoir y renoncer. La difficulté est à peu près la même chez les crapauds, mais si le sujet est gros, Le travail est facilité. Quand à la salamandre, sur laquelle quelques essais de thyroïdectomie ont déjà élé pratiqués par Gley et Phisalix, et par Nicolas (4), elle présente aussi des difficultés, mais l'organe est plus superficiel, moins caché; cependant les petites dimensions des animaux sur lesquels j'ai fait mes essais m'ont rendu l'opération difficile ; nous aurons à en reparler prochainement à propos des: greffes hétéro-thyroïdiennes. C’est sur la grenouille que j'ai pu obtenir les meilleurs résultats. Dans trois cas opérés il y a quelques années (je ne parlerai pas des opéra- tions précédentes faites encore à une période où la topographie de la glande thyroïde ne m'était pas encore familière) j'ai greffé les petites glandes (de la grandeur de grains de millet), y compris quelques débris musculaires, dans le sac dorsal. De ces grenouilles deux sont mortes spontanément dans le cou- rant de la première semaine et une a été sacrifiée après guérison des plaies opératoires environ un mois plus tard. A l’autopsie je n’ai pas retrouvé ces greffes. Il y avait dans le sac dorsal, chez les deux premières, des traces d’inflammation et le contenu du sac examiné au microscope présentait des globules blancs et de nombreux microbes de toute forme : le sac dorsal de la troisième grenouille était normal, mais je n’y ai pas trouvé de trace du petit débris thyroidien. Pour éviter qu’une parcelle si petite de tissu ne soit perdue dans le sac, j'ai pratiqué sur une nouvelle série de quatre grenouilles des transplantations intermusculaires dans les masses musculaires du thorax et de la cuisse. J'ai (1) Leydig. Anat. hist. Untersuchunzen ueber Fische und Reptilien. Berlin, 1853. (2) Maurer. Morph. Jahrbücher, Bd XIIF, page 296. (3) S. Mayer. Anat. Anzeiger, 1888. (4) Gley et Phisalix. Comptes rendus de la Soc. de Biol., 13 janvier 1894; — Nicolas. Comptes rendus de la Soc. de Biol., 13 janvier 1894. ETES SÉANCE DU 13 FÉVRIER 299 retrouvé deux de ces greffes de douze et trente-sept jours : elles présentaient déjà une régénération du tissu thyroïdien avec vascularisation bien évidente et adhérence au tissu conjonctif voisin; les alvéoles dégénérés étaient pleins de substance colloïde, très grands comme dans la glande thyroïde normale des amphibiens; d’autres étaient en train de bourgeonner, comme ceux que j'ai décrits chez les reptiles (1). Il y avait dans la greffe de douze jours une forte infiltration interstitielle et la substance colloïde d'aspect trouble dans quelques alvéoles contenait un grand nombre de cellules dégénérées. La greffe de trente-sept jours était déjà revenue à l’état normal; elle res- semblait à une greffe de cet âge que j'ai décrite chez le lézard et la vipère (1). En somme il est possible de pratiquer aussi avec succès des greffes chez les amphibiens, comme dans les autres classes de vertébrés, et si l’on échoue souvent, cela tient à la difficulté d’extirper l’organe sans créer des lésions graves et en conservant à la glande l'intégrité néces- saire à une bonne régénération. (Laboratoire d'hygiène de l’Université de Genève.) ACTION DES RADIATIONS DU RADIUM SUR LES COLLOÏDES. par MM. Vicror HENRI et ANpRÉ Mayer. Dans de précédentes communications faites en commun avec MM. S. Lalou et G. Stodel, nous avons insisté sur la division naturelle des colloïdes en deux catégories, colloïdes positifs, colloïdes négatifs, division imposée par leurs propriétés de transport électrique et de précipitation par les électrolytes. On sait en effet que, placés dans un champ électrique, les uns sont transportés vers le pôle positif, les autres vers le pôle négatif; que leur précipitation par les sels dépend . pour les uns surtout de l’anion, pour les autres du cathion. D'autre part, les physiciens ont été amenés à considérer plusieurs des radiations récemment découvertes comme formées de particules trans- portant une charge électrique, positive pour les unes, négative pour les autres. Dès lors il était intéressant d'étudier l’action de ces diverses radia- tions sur les colloïdes. Hardy, ayant rendu l’albumine positive ou négative en la transformant en acide, ou alcali-albumine, observa sous le micro- Scope des gouttes pendantes de ces solutions, tandis qu'il faisait agir Sur elles les radiations éloignées d’un sel de radium; dans ces con- ditions, il vit ces solutions se précipiter. Nous avons étudié l’action des radiations 5 du radium, radiations à (4) Cristiani. Journal de Physiol. et de Pathol. générale, 1903. BioLocie. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 17 230 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE charge négative, sur plusieurs colloïdes métalliques. Nous placions le tube contenant le radium tout près d’un tube de verre contenant 2 cen- timètres cubes de solution colloïdale métallique. Nos expériences ont porté sur l'argent colloïdal (négatif), et l'hydrate ferrique (positif). Si on abandonne telles quelles les solutions à l’action du radium, pen- dant un temps plus ou moins long (jusqu'à quatre jours), on n’observe aucune action appréciable. Il n'en est plus de même si l’on dispose autrement l'expérience : On ajoute à la solution colloïdale une petite. quantité d'un électrolyte ; mais cette quantité ne doit pas être suffisante pour amener la précipitation. On expose ensuite aux radiations le colloïde ainsi sensibilisé, cepen- dant qu'un tube, également sensibilisé, est conservé comme témoin. Dans ces conditions l'expérience donne des résultats très nets. C'est ainsi que 2 centimètres d'hydrate de fer, soumis à l’action des radiations 3 après addition d’une quantité déterminée de NaNO, insuffisante pour le précipiter, précipite entièrement après un temps qui varie de trois à cinq jours, tandis qu'il n y a point de précipité dans le tube témoin. Nous pensons que c’est de ces résultats qu'il faut rapprocher l’action des radiations du radium sur l'hémoglobine (1), et sur les globules rouges, action que nous ayons précédemment exposée. En résumé, l’action des radiations du radium sur les colloïdes est telle qu'on le pouvait prévoir théoriquement, les radiations $, par exemple ajoutant leur action à celle des cathions pour précipiter les col- loïdes positifs. Mais cette action est très faible et très lente. Nous comp- tons poursuivre ces recherches en employant les radiations plus actives émanées du tube de Crookes. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ACTION DES RADIATIONS DU RADIUM SUR LES FERMENTS SOLUBLES, par MM. Vicror HENRI et ANDRÉ MAYER. Nous avons entrepris l'étude de l’action des radiations émises par le radium sur différents ferments solubles. Nos expériences ont été de deux ordres. D'une part, nous avons fait agir les radiations pendant un temps variable, sur des solutions de fer- ments dont nous ayons ensuite essayé l’activité. D'autre part, le ferment et la substance à transformer étant mis en présence, nous ayons fait agir sur eux les radiations, et nous avons suivi la marche de la transfor- mation. (1) Des expériences nouvelles sur les dérivés de l’hémoglobine nous ont appris que les radiations ne transforment pas l’hémoglobine oxycarbonée, SÉANCE DU 13 FÉVRIER 231 I. — Pour les premières expériences on dissolvait dans l’eau une certaine quantité de ferment; la solution était ensuite soigneusement filtrée. Puis 2 centimètres cubes étaient versés dans un tube, destiné à servir de témoin ; dans un autre on versait aussi 2 centimètres cubes, puis on plongeait dans le liquide le tube de verre contenant du bromure de radium (0 gr. 10 environ). Pour empêcher le développement des microorganismes, du toluène, du chloroforme ou du fluorure de sodium étaient ajoutés à la solution de ferment. Les tubes étaient ensuite soi- gneusement bouchés; celui qui était soumis à l’action du radium était enfermé dans une boîte de plomb, et tous deux portés dans une étuve à 25 degrés. Voici nos résultats : Invertine (Merck). — Une solution d’invertine soumise à l’action des radiations pendant huit heures devient un peu moins active que la solu- tion témoin. Une solution d’invertine soumise à la même action pendant quinze heures devient très nettement moins active. S1 on la fait agir sur 50 centimètres cubes d'une solution au 1/5 N de sacecharose (contenant 68 gr. 4 saccharose par litre), au bouf d’une heure on observe une déviation du plan de polarisation moins grande de 1°4 de ce qu'elle était au départ; tandis qu’au contraire si l’on observe l’action de la Solution témoin, on voit que la différence pour elle est de 4°40'. — Après quatre heures d'action du ferment sur le saccharose, on a une _ déviation de 5°50’ pour la solution témoin, et de 3°55° seulement pour la solution irradiée. rs L'mulsine (Merck). — Après dix heures d'irradiation, l'activité du fer- ment est faiblement diminuée. Après vingt heures, la diminution est environ de 1/3. Après quarante-huit heures, la diminution est de plus des 2/3. Labferment (Hensen). — Après douze heures d'irradiation, l’activité du ferment n’a pas varié. Trypsine. — Le suc pancréatique (sue de sécrétine). Le suc est irradié pendant un temps variable; puis on l'additionne de kinase, et on en essaye l’action, soit sur des cubes d’albumine dont on apprécie la dimi- nution, soit sur la gélaline, en employant la méthode de mesure de V. Henri et Larguier des Bancels; on sait que cette méthode consiste à apprécier la conductivité électrique de la gélatine, pendant le cours de la digestion. Le suc pancréatique soumis pendant six heures à l’action du radium n'est pas modifié. Le suc pancréatique soumispendant quarante-huit heures à cette action et additionné de kinase est devenu complètement, inactif. Il n’opère plus la moindre transformation de l’albumine. IL. Nous avons soumis diverses substances à l'action du radium, et 232 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous avons ensuite fait agir sur elles les ferments ; nous n'avons pu observer aucun phénomène bien marqué; par exemple il n’y a pas de différence entre la digestion, par un même suc pancréatique d’albumine coagulée ou non, soumise à l’action des radiations pendant quarante- huit heures et d’albumine qui n’y a pas été soumise. IT. Nous avons fait agir le radium pendant la coagulation du sang, celle du lait, pendant la digestion de l’albumine. Les expériences sur la coagulation du sang sont très délicates. IL faut faire un grand nombre d'essais pour corriger les erreurs inévitables provenant de la saignée elle-même, du passage préalable de sang dans la canule qui sert à faire la prise, etc. Nous avons toujours opéré en rece- vant le sang de la carotide du chien dans des tubes dans lesquels nous plongions soit le tube contenant le radium, soit une simple baguette de verre. Nous n'avons observé aucun phénomène marqué, soit dans le sens d'un retard, soit dans le sens d’une accélération du processus de coagu- lation. De même l'étude de la coagulation du lait ne nous a pas permis de déceler une action du radium sur la vitesse de caséification. Enfin, en plongeant le tube contenant le radium dans du suc pancréa- tique activé par la kinase pendant qu'il agit sur l’albumine, nous avons quelquefois observé une légère accélération du processus par rapport à la digestion dans le tube témoin; dans d’autres cas nous avons observé un retard, et, le plus souvent aucune action nette. En résumé, les seules expériences positives que nous ayons obtenues sont celles qui consistaient à faire agir les radiations du radium sur des solutions de ferments pendant un temps très long. L'activité des fer- ments est progressivement diminuée, jusqu'à s’abolir totalement. L'action de ces radiations parait être lente, faible et continue. Dans ces conditions, nous pensons que nous obtiendrons des effets plus nels, en étudiant l’action des radiations émanées du tube de Crookes. (Travail du Lahoratoire de physiologie de la Sorbonne.) RÔLE DES HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX DANS LA DISPARITION DES TROUBLES RÉSULTANT DE LA DESTRUCTION DU LABYRINTHE CHEZ LES (GRENOUILLES, par MM. Vicror HENRI et G. STODEL. Nous avons entrepris une série de recherches sur la coordination des mouvements. Nos expériences ont porté sur la contraction des muscies antagonistes, sur le rôle des racines postérieures chez les Grenouilles, les Pigeons et les Chats, et sur le rôle du labyrinthe. | SÉANCE DU 13 FÉVRIER 233 Nous communiquons aujourd’hui quelques résultats sur les effets produits par la destruction des labyrinthes chez des Grenouilles nor- males et décérébrées. Lorsque l’on détruit le labyrinthe d’un côté chez une Grenouille nor- male, on observe les phénomènes décrits par les auteurs (Ewald, ete.) : inclinaison du côté opéré de la tête et des deux tiers antérieurs du corps, extension légère des membres du côté opposé; si l’on fait sauter l'animal, il retombe sur le dos et se remet immédiatement dans la position primitive. Les animaux opérés ne restent pas dans cet état indéfiniment; on observe une amélioration progressive. Après quelques jours (2, 3 et même 15), l'animal au repos ne diffère presque en rien d'un animal normal; l’inclinaison de la tête a disparu et l'extension unilatérale des pattes est à peine apparente. Mais si on fait sauter cet animal, il retombe sur le dos et, en se remettant dans la position normale, pré- sente nettement les symptômes primitifs de destruction du labyrinthe ; quelques minutes après, la Grenouille ramène en flexion ses membres et corrige l’inclinaison de la tête. Au bout d’un temps plus long (1 à 3 mois), la rééducation est com- plète; même en sautant, la Grenouille ne retombe pas sur le dos. Si, à ce moment, on procède à l'ablation des hémisphères cérébraux, on voit réapparaitre les troubles primitifs de destruction du labyrinthe avec une netteté et une intensité comparables à celles des troubles pré- sentés par une Grenouille récemment opérée. Ces troubles ont persisté pendant les quelques semaines durant lesquelles nous avons pu observer ces animaux. Il était indiqué de faire l'expérience en renversant l’ordre des opé- rations. Nous avons préparé une série de Grenouilles décérébrées, et, un mois après l’extirpation des hémisphères, nous avons détruit le labyrinthe d’un seul côté. Immédiatement après l'opération, ces Grenouilles présentent les troubles classiques, quelquefois même un peu exagérés. Ces troubles persistent maintenant sans aucun changement pendant trois semaines. C'est dans cet état que nous présentons les animaux à la Société de Biologie. Nous verrons si ces troubles persisteront pendant plusieurs mois. (Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA COEXISTENCE DE DEUX FORMES D HYPOPES DANS UNE MÊME ESPÈCE, CHEZ LES ACARIENS DU GENRE TRICHOTARSUS, par M. E.-L. TROUESSART. Dans la famille des Z'yroglyphidæ, on désigne sous le nom général d'Hypopes des nymphes qui se présentent sous deux formes bien dis- tinctes. L'une est enkystée et inerte comme un Acarien subissant sa mé- tamorphose; l’autre, au contraire est active et très agile. Ces deux formes ne se ressemblent que par l’atrophie plus ou moins complète de la bouche et par suite du rostre; elles ne prennent aucune nourriture sous cette forme, de telle sorte que le nom d’Astoma proposé par ba- treille en 1806, pour des formes analogues (1), serait beaucoup plus exact que celui d'Aypopus (Dugès, 1834), qui a néanmoins prévalu. Ces deux formes, si différentes par leurs caractères, doivent être dis- tinguées par des noms particuliers. Je propose celui d'HYPOPE ENKYSTÉ pour la première qui n’a encore été observée que dans le genre Glyci- phagus. La seconde est beaucoup plus répandue, attendu qu'elle se voit communément sur un grand nombre d’Insectes et même de Vertébrés auxquels les Acariens se fixent pour se faire transporter d’un lieu à un autre. Cette forme est le « costume de voyage » des individus émigrant pour fonder une nouvelle colonie; je l’appelle HYPOPE MIGRATILE. On admet généralement que ces deux formes sont adventives, c'est-à- dire accidentelles et en dehors du cycle évolutif normal de l'espèce. Les faits que je vais exposer tendent au contraire à prouver que ce sont la des phases normales, se reproduisant périodiquement chaque année, et de plus, que les deux formes sus-mentionnées coexistent simultanément dans une même espèce, au moins dans le genre richotarsus. M. le professeur F. Ludwig (de Greiz), m'adressait récemment, pour en avoir ia détermination, des Acariens vivant en commensaux dans le nid de Megachile lonalap, Hyménoptère commun à Ponapé (Iles Caro- lines), et qui creuse sa demeure dans le tronc d'un Æybiscus, se nourris- sant du pollen de cette plante. En effet, dans la poussière jaune formée par l’accumulation de ce pollen, je trouvai des centaines d’Acariens des deux sexes et de tous les âges, appartenant à une espèce non encore décrite de Zrichotarsus que je nommerai 7richotarsus Ludwigi n. sp. À côté des adultes, màle et femelle, on trouve des hypopes migratiles ayant les caractères ordinaires de cette forme, mais, en outre, on trouve des hypopes enkystés et l’on constate que la très grande majorité des nymphes a pris cette forme d'hypope enkysté qui n’était pas connue jus- qu ici dans le genre Zrichotarsus. Sur 300 Acariens environ, fixés dans mes préparations, on compte, à peu près : 50 adultes sexués, 50 hy- (1) Les Astoma sont des larves hypopiales de Trombididæ. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 235 popes migratiles, 3 ou 4 larves où nymphés normales et 200 hypopes enkystés. Pour aller au-devant d’une objection que l’on pourrait me faire, je dirai que je crus d'abord à la présence de deux espèces : un 7richotarsus et un Glyciphaqus. Mais il me fut impossible de trouver trace de cette seconde espèce. Bien plus, la comparaison attentive de deux nymphes a, Trichotarsus Ludwigi, hypope enkysté; — à!, l'hypope isolé, retourné et plus fortement grossi ; — b, Trichotarsus osmiæ, hypope enkysté ; — b', le même isolé et plus fortement grossi. renfermant l’une un hypope migratile, l’autre un hypope enkysté, me prouva que tous deux appartenaient à une seule et même espèce. La forme du rostre et des pattes, le nombre et la disposition des appendices épidermiques (poils), sont identiques des deux parts. L’hypope enkysté du Trichotarsus Ludwigi présente des caractères très remarquables. Il est presque sphérique, muni de quatre paires de pattes coniques et très courtes, dépourvues de griffes; de plus l’ab- domen se termine par une petite plaque saillante qui porte deux ven- 936 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE touses. Mais, ce qui est le plus singulier, c'est que dès qu'il est isolé de la peau qui forme son kyste, et recouvert seulement d’une cuticule très mince, l’hypope se retourne bout pour bout, et se place dans la position de l'embryon chez les Acariens vivipares. Il se fixe alors par ses ven- touses à la région sternale du kyste. Cette position s'explique lorsqu'on sait que, chez tous les Acariens, les téguments de la région nctogas- trique ou abdominale sont minces et peu résistants; c’est d’ailleurs en ce point que se fera la déhiscence du kyste. L’hypope a donc l'instinct de se tourner vers la porte de sortie qui lui servira lorsque, par une nouvelle transformation, il aura repris sa forme normale. Ses courtes pattes lui servent à se retourner dans son kyste, et ne lui servent pas à d'autre usage. | Il était intéressant de rechercher si cette forme d’hypope enkysté n'existait pas également chez nos 7richotarsus de France. Précisément, dans le courant de cet hiver, j'avais reçu de M. Semichon, qui étudie les mœurs et l'organisation des Osmies, un tube bourré d’Acariens com- mensaux de ces Abeilles maçonnes, et que je n'avais pas encore exa- miné. J'ouvris ce tube et dès ma première préparation je retrouvai, chez Trichotarsus osmiæ, un hypope enkyté semblable à celui de 7°. Ludwigi, ou n’en différant que par des caractères spécifiques. Cet hypope a la même forme et présente deux paires de pattes antérieures courtes et coniques, mais les deux paires postérieures sont transformées en ven- touses (1), et par suite la plaque abdominale avec ses deux ventouses terminales est rudimentaire ou nulle. En outre cet hypope ne se retourne pas dans son kyste. Les hypopes enkystés sont aussi nombreux dans cette espèce que dans l'espèce précédente. De ces faits, je me crois en droit de tirer les conclusions suivantes : 1° Les deux formes d’hypopes (hypope enkysté et hypope migratile) se montrent simultanément, en hiver, dans les colonies de 7richotarsus . osmiæ et 7. Ludwigi installées dans les nids d’Osmia cornuta et de Me- gachile lonalap. 2° La forme d'hypope enkyslé est de beaucoup la plus nombreuse : elle parait englober toutes les nymphes à l'exception de celles qui ont la forme d’hypope migratile. 3° Ces deux formes sont provoquées par la disette qui règne en hiver dans les nids d’Abeilles maçonnes, toutes les provisions ayant été con- sommées à l'automne. L'hypope enkysté est une forme d’hibernation, l’hypope migratile une forme de dissémination. 4° Ces deux formes ne sont pas adventives, mais s'intercalent dans le (1) Une transformation identique s’observe sur l’hypope d’un Sarcoptide plumicole, le Dermoglyphus minor (Nürner). — Voyez Nôrner, Verhandl. Zool.- | | Bot. Ges. Wien, 1882, p. 391, pl. XIX, fig. 4 et 5. SRE En Ve; Ps | SÉANCE DU 13 FÉVRIER 21 41 cycle évolutif de l'espèce aussi régulièrement et aussi constamment que les formes analogues déjà connues dans d’autres groupes (l'œuf d'hiver du Phylloxera par exemple, ou les hypermélamorphoses des Sitaris). NUCLÉINE VACCINANTE SÉCRÉTÉE PAR LE MICROBE DE LA TUBERCULOSE, par M. E. WauLew. Dans deux notes antérieures, j'ai indiqué qu'il y a au cours de la tuber- culose une vaccination spontanée, et que cette vaccination est due à une substance diffusible qui est également sécrétée dans le liquide des cultures. Je suppose que cette vaccination spontanée se produit très rapide- ment après l’inogulation : en quelques heures, elle ralentit la multipli- cation du microbe, et, dans le cours de la maladie, elle tend sans cesse à arrêter l’'envahissement. C'est par ce mécanisme d’auto-vaccination rapide que la maladie prend son allure lente, chronique ou plutôt périodique, et c’est aussi grâce à cette auto-vaccination spéciale que la tuberculose tend à guérir et guérit le plus souvent chez l'homme. Mais spontanément, cette auto-vaccination ne peut jamais atteindre une grande valeur, puisque c’est le microbe lui-même qui la produit par ses sécrétions. Ce phénomène est en somme analogue à l'arrêt de la vie aérobie dans la cuve à fermentation, et aussi aux transformations chimiques limitées. Dans la tuberculose, et probablement aussi dans les maladies micro- biennes à évolution lente, ce qui est caractéristique, c’est que cette limi- tation automatique est très rapide, et qu'elle s'adresse à un microbe résistant. Quoi qu’il en soit, j'ai cherché à caractériser la substance vaccinante du liquide des cultures. Ce n'est ni un alcaloïde fixe, ni un alcaloïde volatil; car le liquide chauffé à 60° pendant une heure, dans des ampoules scellées, perd presque complètement son activité protectrice. Cette propriété est due à un corps protéique que précipitent l’alcool et les acides, et que les alcalis remettent en solution. | Si, après précipitation par les acides, on attend plusieurs jours avant de faire agir les alcalis, il reste un résidu coagulé insoluble. Cette substance, fraichement précipitée, est insoluble dans l'eau et dans l’eau physiologique. Elle se dissout bien dans les alcalis, moins bien dans leurs carbonates, acétates, monophosphates. Elle est incoa- gulable à l’ébullition. Ces caractères appartiennent aux nucléo-albumines. 238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LE POUVOIR CYTOTOXIQUE DE CERTAINS SÉRUMS, GONSÉCUTIF A L'INJECTION DE NUCLÉOPROTÉIDES, par MM. HENRI BierRy et AUGUSTE PETTIT. 1° Préparation des nucléoprotéides. — Les foies ou reins de Chien, prélevés immédiatement après la mort, sont traités de la façon sui- vante : le parenchyme rénal où hépatique, préalablement broyé, macère, pendant vingt-quatre heures, à la glacière et en présence d’antiseptiques, soit dans l’eau distillée, soit dans une solution de carbonate de soude à 2 p. 1000. Les nucléoprotéides sont précipilées par l'acide acétique, lavées à l’eau acidulée, puis à l’eau distillée. Elles sont redissoutes dans un alcali très étendu et reprécipitées de cette dernière solution par l'acide acétique. En renouvelant trois à quatre fois cette opération, afin de les purifier, on obtient par filtration un liquide incolore, dans lequel on précipite une dernière fois les nucléoprotéides qu’on recueille suf un filtre et qu’on lave successivement à l’eau, à l'alcool et à l’éther. Les nucléoprotéïdes sont séchées à l’étuve, ou dissoutes dans une solution faible de carbonate de soude. 2° Mode d'administration. — Les nucléoprotéides du foie ou du rein du Chien sont injectées dans le péritoine de Lapins de forte taille, soit en dissolution, soit à l’état sec et émulsionnées dans du NaCI à 7,5 p. 1000, à la dose de 20 centigrammes en moyenne, par kilogramme et par in- jection. Celles-ci sont pratiquées, au nombre de 7 à 8 par animal, à des époqués variables; toutefois, un intervalle minimum de trois Semaines sépare loujours les quatrième et cinquième injections. Dans tous les cas, le sang a été recueilli à la carotide (1), huit jours après la dernière injection. : Le sang des Lapins ainsi traités a été injecté à la dose de 10 — 15 cen- timètres cubes dans la cavité péritonéale de Chiens (2) de 12 à 15 kilo- grammes, Sous une des formes suivantes : «, Sang total; 6, sérum; y, Sérum et globules. 3° Phénomènes observés. — Tout d’abord, il est à remarquer que seuls les Chiens, injectés avec du sérum de Lapins, ayant reçu des nucléopro- téides de rein, présentent, dès les premiers jours, une albuminurie intense (3); dans le cas de sérum préparé avec des nucléoprotéides de (1) Toutes les opérations décrites dans cette note ont été effectuées asepti- quement. (2) Tous ces Chiens étaient jeunes et leurs urines avaient été analysées préalablement. (3) Voyez : H. Bierry, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1903, p. 476-477. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 9239 foie, on peut également observer le passage de l’albumine dans les urines, mais ce phénomène est tardif et derneure peu accusé. Au point de vüe histologique, on note les modifications suivantes : a) ein. — Congestion des glomérules de Malpighi, — disparition de l'ectoplasma, destruction du réticulum cytoplasmique et dégénérescence graisseuse des cellules des tubes contournés, — formation de cylindres granuleux, — apparition de granulations acidophiles dans le cyto- plasma des cellules des tubes droits, — production d'hémorragiés inter- tubulaires. Ici encore, les lésions rénales affectent la systématisation (1) déjà signalée à la suite de l'intoxication par le sérum des Murénides, le venin des Opidiens, du Scorpion, etc. BG) Foie. — Congestion, — dégénérescence graisseuse, vacuolaire et granuleuse du cytoplasma des cellules hépatiques, — en certains points, dilatation des canalicules biliaires. 4° Conclusion. — Des faits précédents, il résulte que le sérum de Lapins, ayant reçu, par voie d'injections intra-cœlomiques, non plus des cellules entières mais des nucléoprotéides préalablement isolées, est doué de propriétés cytotoxiques énergiques pour l'organe (2), dont ces albüuminoïdes dérivent. LE DIAGNOSTIC PRÉGOCE DE LA TUBERCULOSE PAR LA TUBERCQULINE-RÉACTION, par M. J. DE Cnrisrmas. M. Marmorek, dans une récente communication, a essayé d’expliquer la tuberculine-réaction comme étant le résultat d'une sécrétion des bacilles tuberculeux, qui, sous l'excitation de la tuberculine injectée, sécréteraient un poison de nature différente de la tuberculine et produi- sant la réaction fébrile caractéristique (3). Que les bacilles de Koch renferment d’autres poisons que la tubercu- line, cela ne nous paraît pas douteux, mais nos expériences ne nous permettent pas d'adopter l'explication de M. Marmorek, et nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de faire intervenir une sécrétion (1) Voyez : Aug. Pettit, Archives internationales de pharmacodynamie, p. 409-428, 1901. (2) Pour le rein, dans les conditions où ont été faites les présentes consta- tations, l’action cytotoxique n’est pas strictement limitée à l’épithélium rénal, elle s'exerce également sur le foie et même sur les cellules nerveuses. Dans des expériences en cours, nous cherchons à déterminer le degré de spé- cificité de ces sérums. (3) À. Marmorek. Effet de la tuberculine injectée immédiatement après l'injection tüberculeuse, Société de Biologie, séance du 19 décembre 1903. 240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE exaltée de toxine pour comprendre le phénomène de la réaction pré- coce constatée par lui. En effet l'injection d’une émulsion de bacilles ou de tuberculine produit — aux doses indiquées par M. Marmorek — une élévation de température sensible chez le cobaye sain, élévation qui peut dépasser un degré. Deux injections se suivant à courte intervalle ne pourront donc que se superposer et produire une hyperthermie pro- proportionnelle, et c'est bien ce qu'on observe en répétant l'expérience de M. Marmorek. Mais nous ne croyons pas qu'il peut être question . ici d’une sécrétion activée de toxine par les bacilles injectés, car cette élévation de température se produit aussi bien avec les bacilles vivants qu'avec ceux tués par la chaleur. L'émulsion bacillaire agit donc comme une simple injection de tuberculine, et c’est là, en effet, l’explication la plus simple du phéno- mène, dont la cause, selon nous, est la suivante. Dans les cultures de bacilles non mouillés, c'est-à-dire poussant en surface sur la pomme de terre ou sur le bouillon, les corps bacillaires sont pour ainsi dire engainés dans une couche de tuberculine, produit biologique du bacille, et dont il ne peut se débarrasser n'étant pas mouillé. Pour enlever cette toxine, il faut émulsionner finement la culture dans l’eau distillée. On réussit par ce moyen et, à la suite d’une assez longue macération, à désintoxiquer, en grande partie du moins, les bacilles qui restent vivants dans l’eau. Si notre explication est vraie, on doit pouvoir produire le phénomène de Marmorek sans l'intervention bacillaire. C’est ce que nous avons réalisé dans l'expérience suivante. Une solution de tuberculine est mélangée avec de la poudre de charbon finement pulvérisée, qui absorbe et retient en grande partie la toxine. La poudre imprégnée et émulsionnée dans l’eau après filtration pour la débarrasser de l’excès de tuberculine est injectée, à la dose de 1/2 centimètre cube, dans le tissu sous-cutané d'un cobaye neuf. Une telle injection produit chez l’animal de contrôle une élévation de température de 1 degré environ. Mais, si une demi-heure après cette première injection, on injecte une petite dose de tuberculine, l'hyperthermie peut dépasser 2 degrés, donc une vraie réaction fébrile sans intervention bacillaire. L'injection intracérébrale de tuberculine chez l'animal sain est tou- jours suivie d’une élévation de température considérable, qui augmente si on la fait suivre d’une injection sous-cutanée de bacilles, même en assez petite quantité. Ici non plus nous n'avons pu constater de diffé- rence entre les bacilles vivants ou tués par la chaleur. Quant à l'application de cette réaction au diagnostic précoce de la tuberculose, elle nous semble assez difficile. Outre qu'il n’est pas encore démontré qu'une émulsion de quelques rares bacilles dans un liquide organique, épais comme le pus ou le liquide pleurétique, se comporte comme une émulsion de bacilles dans l’eau, les différences de SÉANCE DU À3 FÉVRIER SM température qui, selon M. Marmorek, se mesurent par quelques dixièmes de degré, ne suffiront pas pour établir un diagnostic sûr. Pour preuve de ce que nous avançons, nous nous contenterons de mentionner l'expérience suivante : Deux cobayes du poids de 250 grammes recoivent 0 c.c. 25 d’une très faible émulsion de bacilles de tuberculose humaine dans le tissu sous-cutané. N° 1 recoit les bacilles vivants, n° 2 la même émulsion chauffée un instant à 100 degrés. Un troisième cobaye du même poids sert de témoin. Une heure après la première injection, les trois animaux reçoivent, après trépanation, 0 c.c. 1 d’une très faible solution de tuberculine dans le cerveau. La température avant l'injection était : n° 1, — 38°8; n° ?, — 3806; témoin, — 38 degrés. Une heure et demie après l'injection cérébrale, on constate les tempéra- tures suivantes : n° 1, — 41°; n° 2, — 4008; témoin, 39°. Trois heures après, les températures constatées sont : n° 1, — 3906; n° 2, — 41 degrés; témoin, 4008. Deux heures plus tard, on mesure : n° 1, — 39°; n° 2, — 40°8; témoin, 41 degrés. Les différences de température notées dans cette expérience ne per- mettraient aucune conclusion quant à la nature tuberculeuse du liquide injecté. Or, quand il s’agit d’un diagnostic d’une gravité exceptionnelle comme celui de la tubereulose, diagnostic d’où peut dépendre souvent . l’avenir du sujet, on ne peut s’entourer d’assez de garanties avant de se prononcer. Il est pourtant certain que le diagnostic par inoculation de produits supposés tuberculeux ne demande pas de délais aussi longs que ceux nécessités par l'observation, pendant plusieurs semaines, de l'animal inoculé, jusqu'à la constatation des tuméfaclions glandulaires ou de l’'ulcération caractéristique. Ces délais peuvent être diminués dans des proportions très sensibles par l’épreuve à la tuberculine. Nous nous proposons d'indiquer, dans une communication prochaine, le minimum de temps d'observation que nous croyons nécessaire pour pouvoir poser un diagnostic sûr. LES MOUVEMENTS HÉLICOÏDAUX DES ANNÉLIDES, par M. GEORGES Bonn. Les annélides, pour nager, pour progresser dans le sable ou à l’inté- rieur de leurs galeries, présentent fréquemment des mouvements héli- coïdaux. 1° Natation hélicoidale. — Les annélides qui vivent exclusivement 249 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans les rochers ne présentent que la natalion sinusoïdale. Teis les Phyllodociens, mais l’Æteone foliosa, qui vit dans le sable, peut le quitter et nager par des mouvements alternatifs d’enroulement et de déroule- ment; dans ces mouvements, une boucle hélicoïdale se propage cons- tamment d’une extrémité à l’autre du corps. Chez les Glycères, qui vivent dans le même habitat, les phénomènes sont plus nets. Dès qu'une Glycera convoluta quitte Le sable, son corps s’enroule en une hélice dont les tours se touchent; il peut alternativement s’enrouler et se dérouler: au lieu de cinq tours, il n’y en a plus que trois, deux, un, mais à ce moment le corps s’affaisse et présente une boucle en son milieu ou à une des extrémités; pendant la natation, la boucle progresse, et en même temps le corps toutentier tourne autour de son axe longitudinal; le ver avance dans l’eau comme une vis. La Lysidice ninetta, parmi les Euniciens, présente une natation analogue. Chez ces divers annélides, les parapodes sont uniramés, ou ont deux rames réunies sur un pédon- cule commun. | : Les annélides à doubles parapodes nagent par des mouvements sinu- soïdaux (certains Hésioniens, Néréidiens). Toutefois les Lepiphile cultri- fera ont une natation bien particulière : le corps, constamment courbé en 5 et légèrement tordu autour de l'axe longitudinal (fragment d’hé- lice), oscille légèrement autour de cet axe, un peu à la facon d’une godille ; certaines formes hétéronéréidiennes, tout en nageant par des mouvements serpentiformes, maintiennent rigide l'extrémité antérieure du corps, et la font osciller autour de l’axe longitudinal. - L 2° Forage hélicoiïdal du sable et de la vase. — De même beaucoup d'annélides pour forer le sable présentent des mouvements de rotation oscillatoires de l'extrémité antérieure; ces mouvements, qui existent chez les Arénicoles, sont plus accentués chez les Maldaniens (r. cépha- lique, quelquefois r. postérieure). Mais les Pectinaires, les Stylarioides et les Térébelles sont les anné- lides foreurs par excellence. Dans le sable la Pectinaire progresse par un mouvement de va et vient (avancées et reculs), combiné à un mouve- ment rotatoire oscillant (rotation de 120° dans un sens, puis de 160° dans le sens opposé...) ; les peignes facilitent le forage : ce ne sont que des soies hypertrophiées par le frottement. Le forage de la vase par la Stylarioïdes plumosa se fait de même, et les soies des premiers anneaux ! mélastomiaux hypertrophiées conslituent l'appareil foreur. De même, encore le forage des Térébelles, dont la région céphalique est entourée de tentacules préhenseurs (Lanice conchyleqa en particulier). 3° Confection d'un tube. — Les mouvements de rotation facilitent l'application du ciment sur les parois des galeries. Chez les Sabelles, qui ne fouissent plus, ils sont très accentués et ils contribuent à la sécrétion d'un tube parcheminé de forme régulière; chez la Sabella pavonina, ils sont très fréquents; les changements de sens se produisent très irrégu- SÉANCE DU 13 FÉVRIER 243 lièrement; parfois le ver effectue, d’une traite, trois tours et demi, sur lui-même. De même chez la Brachiomma vesiculosum (Soulier); chez le Spirographis Spallanzani, on peut provoquer facilement une rotation de 180° ; c’est beaucoup plus difficile chez le Bispira volulacornis, Chez tous les Sabelliens, le thorax est devenu asymétrique, et les parapodes entraînent par leurs mouvements la rotation. 4 Progression hélicoïdale dans un tube. — Les Aphroditiens commen- saux, et parfois les Néréidiens tubicoles, progressent dans leurs tubes, suivant une trajectoire hélicoïdale (pas de vis très long); il y a là un avantage mécanique pour le ver qui essaie de s’insinuer entre la paroi du tube et le corps de l’annélide associé. La substitution des mouvements hélicoïidaux aux mouvements sinusoidaux toutes les fois gu’il y a un effort à vaincre : résistance du sable, résistance de l’eau dans la natation, résistance d'un animal associé, montre la supériorilé mécanique des mouvements hélicoïdaux. LE TESTICULE CHEZ L'AXOLOTL EN CAPTIVITÉ, in par M. ALBERT BRANCA. Dans un travail précédent, j'ai montré que, chez certains mam- mifères, réduits à l’état de captivité, le testicule est frappé de stérilité. Le mécanisme histologique de cette atrophie est tout différent, chez les animaux jeunes et chez les animaux adultes. Chez les premiers, la glande prolonge outre mesure sa période de préspermatogenèse : elle n'arrive pas à différencier ses éléments sexuels. Chez les seconds, le testicule est le siège de phénomènes régressifs : il a été fécond, il cesse de l’être. I] m'a paru intéressant de poursuivre l'étude de ces arrêts de la spermatogenèse chez des animaux dont la glande séminale présente une évolution cyclique, et j'ai fait choix de l’axolotl qu'on élève aisé- ment dans les laboratoires. Ghez les axolotls en captivité, il est fréquent de voir le testicule cesser d'élaborer des spermatozoïdes. Mais pour juger des modifications dont la glande est le siège, il est de toute nécessité d'examiner, à diverses époques de l’année, le testicule de deux axolotls, l’un stérile, et l’autre fécond. Tandis que le testicule de l’animal fécond nous montre une série d’aspects qui sont les stades successifs d'un même processus, le testicule de l’axolotl infécond se présente sous une forme toujours identique à elle-même. Glandes à canalicules pleins ou creux, canalicules de diamètre 24 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE variable (30 à 90 u), largement espacés par du tissu conjonctif, tel est la formule histologique qui ressort d’un examen pratiqué à faible grossissement. Je me bornerai ici à caractériser en quelques mots la constitution du revêtement épithélial, étagé sur la paroi propre; mais pour éviter des redites, je rappellerai tout d'abord que le diamètre du canalicule est complètement indépendant de la nature des éléments qui le tapissent. Je noterai d'autre part que les petits caralicules (30-40 v) sont des cor- dons pleins; les plus volumineux sont des tubes creux, munis d’une étroite lumière, c’est là la règle : elle souffre quelques exceptions. Dans sa forme la plus simple, le revêtement est composé de cellules folliculeuses, disposées sur un seul rang. Un noyau ovoïde, très riche en chromatine, allongé perpendiculairement à la membrane propre; un corps cellulaire tantôt nettement individualisé, tantôt fusionné avec celui des cellules voisines, caractérisent les cellules folliculeuses. Mais aux cellules folliculeuses peuvent se joindre des spermatogonies. Les cellules folliculeuses prennent rang à côté des spermatogonies ou les entourent d’une facon presque complète. Les spermatogonies se pré- sentent à divers stades de leur évolution et ces stades peuvent coexister sur le même canalicule. Tantôt il s’agit de spermatogonies à noyau polymorphe, aisément reconnaissables à leur noyau profondément incisé, capricieusement con- tourné sur lui-même; ce noyau est très pâle et souvent la safranine n’y colore qu'un nucléole; il est entouré, à distance, par un anneau‘de cyloplasme remarquablement granuleux. Tanlôt on observe des spermatogonies dont le noyau sphérique est plus ou moins riche en chromatine. Ces spermatogonies sont pour la plupart au repos; quelques-unes (1) se rencontrent à l’une des phases de la division, et leur plan de division est tantôt parallèle, tantôt per- pendiculaire à la membrane propre. Jamais on ne trouve d'élément au delà du stade où les noyaux issus de la mitose se reconstituent, tandis que les corps cellulaires sont encore unis par un pont fusorial. C’est dire que la période de croissance (2), de maturation des spermatocytes, que la transformation des sperma- tides en spermatozoïdes ne sont point représentées, alors qu'à la même période de l’année, ces étapes de la spermatogenèse s'étudient, avec la plus grande facilité, sur le testicule des axolotls en pleine fécondité. Les phénomènes dégénératifs qu'on peut observer sont beaucoup plus discrets chez l'axolotl que chez les mammifères : je veux dire par là (1) Ces mitoses sont rares, on n’en trouve qu'une ou deux par coupe. (2) Je noterai en passant que le synapsis, que Meves n’a jamais vu dans la croissance des spermatocytes, s’observe fréquemment dans le testicule des axolotls féconds. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 245 qu'ils sont beaucoup moins fréquents et beaucoup moins variés dansleur processus, et ce fait s'explique : l’atrophie du testicule est de date ancienne; on ne la surprend plus sur le fait, comme chez les Lémuriens. Ces phénomènes se rapportent surtout à la chromatolyse et à la dégé- nérescence graisseuse. Le noyau réduit à un bloc massif de chromatine se colore en rouge foncé par la safranine, puis se fragmente. Les fragments nés de la sorte perdent leurs réactions typiques ; ils se colorent en jaune d’ocre avec la méthode de Benda. Dans les cas de dégénérescence graisseuse le cytoplasma est infiltré de boules ädipeuses, de taille inégale. La plupart d’entre elles sont volumineuses et grosses comme le noyau. Elles sont si nombreuses qu'elles remplissent parfois le canalicule et masquent les éléments cel- lulaires que ce canalicule peut contenir. En résumé, le testicule perd parfois sa fonction spermatogène chez les axolotls en captivité. Les transformations cycliques dont ilest le siège s'arrêtent d’une façon définitive, au moins dans un certain nombre de cas. La lignée séminale est réduite aux spermatogonies. L’atrophie du testicule est connexe d’un énorme développement du tissu conjonctif et de la glande interstitielle, comme nous aurons bientôt l'occasion de le montrer. LA CELLULE PANCRÉATIQUE DANS L'INTOXICATION PAR LA PILOGARPINE, par M. L. Launoy. J'ai précédemment (1) fait connaître les modifications présentées par _ la cellule pancréatique, sous l'influence de la sécrétine. Il est permis de penser que l'excitation de la cellule glandulaire au moyen de cette substance, se rapproche autant que possible de l'excitation physiolo- gique ; à ce titre, on peut donc être autorisé à dire que les variations cytologiques observées dans les conditions données (2), représentent assez exactement les différentes phases de l'acte sécréteur normal. Avant la découverte de Bayliss et Starling, certains corps chimiques étaient employés dans le but de provoquer expérimentalement un flux de suc pancréatique. Parmi ces agents, réputés — au double point de vue physiologique et histologique — comme sécréteurs, la pilocarpine se place en première ligne. Mais, dans ces années dernières, les phy- (1) Comptes rendus de la Société de Biolcgie., 26 décembre 1903. (2) Le matériel d'étude a été fixé aux liquides de Zenker et de Tellyeniezky. Les pièces ont été débitées au microtome vertical de Radais, en coupes de 5 Elles ont été colorées par la triple coloration dont j'ai indiqué la technique. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. | 18 26 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE siologistes ont montré combien les sucs de pilocarpine étaient différents des sucs de sécrétine. Ces différences sont quantitalives et qualitatives; elles sont surtout marquées, lorsque l'animal est intoxiqué d'emblée, par de fortes doses (0 gr. 001 par kilog.). La physiologie a déjà élueidé en grande partie le pourquoi de ces différences. Je ne les crois pas expliquées jusqu'ici, par la méthode histologique. J'ai tenté de le faire dans ces notes. Après l'injection de pilocarpine à fortes doses, dans le (orrent cireu-. latoire d'animaux (chiens) porteurs d’une fistule du canal de Wirsung, deux cas peuvent se présenter, à savoir : 1° obtention d'une quantité relativement grande d'un sue fluide, peu actif sur l’ovalbumine coagulée ou bien; 2° obtention d’une très petite quantité d’un suc épais, très actif sur l’albumine. | L'étude histologique des faits relatés dans cette note, concerne ces deux cas extrêmes. Chien VII, G', 36 kilos, à jeun de 24 heures recoit en 3 fois, à dix minutes d’intervalle, 0 gr. 03 centigrammes de HCI de pilocarpine d’une solution à 0 gr. 001 milligramme par centimère cube. Après deux heures et demie de sécré- tion on a recueilli 18 centimètres cubes d’un suc limpide, peu actif sur l’oval- bumine coagulée. L'animal a présenté d’abondantes débâcles diarrhéiques. Avec ces débâcles coïncidait une accélération très marquée de la sécrétion. L’urine prise dans la vessie s’est montrée peu sensibilisatrice pour un suc inactif. (Voy. Delezenne, C. R. Soc., Biol. 1902, p. 890. Action kinasique de l'urine de pilocarpine.) re Chien IX, 20 kilos, «', dans les mêmes conditions que précédemment opéré sous morphine-chloroforme. Est injecté en une seule fois, en 47 secondes, avec 20 centimètres cubes de la solution de pilocarpine. On a recueilli en trois heures et demie, 3 centimètres cubes d’un suc très épais, opalescent, très actif sur l’ovalbumine coagulée. Dans l'urine très sensibilisatrice, il est passé une énorme quantité de leucocytes. Dans Les deux cas la diurèse et la salivation furent très abondantes. Examen histologique. — Pancréas VIII. En général les cellules acineuses sont un peu diminuées de hauteur (14 à 17 +.) ; toutes sont encore bourrées de grains de prozymase, répartis dans le corps cellulaire tout entier. Dans ces cellules, le noyau plurinucléolé, à grains de chromatine fuchsinophile est en léger turgor (diam. moyen 6 y.); pas ou faible antéropulsion. L’ergasto- plasma s’accuse en lignes sinueuses, fortement gravées dans la zone basale. Peu de figures de coryodiérèses, et parmi celles que l’on remarque, un certain nombre sont anomales : on observe des divisions nucléaires asymétriques, des phénomènes de bourgeonnement, Caryodiérèses successives et hâtives, On rencontre des noyaux en caryolyse. Un très grand nombre de ceilules renferment des pyrénosomes. Pancréas IX. — Les cellules sont hautes, bourrées de grains de sécrétion dans toute leur hauteur. Dans le noyau (diam. = 5 y. — 5 ;. 5) le réseau chro- matique est net. Le plus grand nombre de ses éléments sont uninucléolés, rarement à deux nucicoles. Ils peuvent être déprimés en un point de leur SÉANCE DU À13 FÉVRIER 9217 périphérie par une vacuole claire (hyalosphère ?); les pyrénosomes sont habi- tuels; les amitoses excessivement rares. Pas d’antéropulsion. La chromatine _se colore mal par l’hématéine. Assez fréquemment la zone basale est occupée par un corps en croissant, safranophile coiffant l’un des pôles du noyau, quelquefois séparé de celui-ci par un halo clair. Ces formations représentent des débris leucocytaires. Je signale enfin la persistance de l’ergastoplasma et la présence de noyaux vésiculeux, clairs, sans réseau chromatinien, uninu- cléolés ou anucléolés. On rencontre également des noyaux en pycnose. La comparaison avec des pancréas de sécrétine me permet de con- clure que : dans l'intoxication d'emblée par de fortes doses (0 gr. 001 mil- lig. par kilog), on ne peut déceler aucun fait de structure se rapportant aux différentes phases, superposables, de l'acte sécrétoire normal. Quand les animaux {Pancréas VIII), reçoivent la même quantité de pilocarpine (0,001 millig. par kil.), à doses fractionnées, on peut observer certains détails morphologiques (amitoses) qui semblent en rapport avec l'activité de l'élément cellulaire. Mais cette activité est très affaiblie; peut-être est-elle sous la dépendance d'un stimulus non encore défini (passage de la sécrétion gastrique acide dans le duodénum)? En tout cas, elle s'exerce dans des conditions pathologiques (amitoses anomales, caryodiérèses avortées) détérminées par la pilocarpine injectée. En résumé, au point de vue hislolagique, la pilocarpine (injectée à doses fortes, par la voie veineuse) ne peut pas être regardée comme un véritable agent sécréteur pour la cellule pancréatique. (Travail du Laboratoire de Physiologie de l'Institut Pasteur). DIAPÉDÈSE ET SÉCRÉTION PANCRÉATIQUE ACTIVE, par M. L. Launoy. On sait que les sucs pancréatiques obtenus sous l'influence des injections intra-veineuses de fortes doses de pilocarpine, possèdent une activité protéolytique propre, pour l’ovalbumine coagulée. Au contraire, les sues sécrétés spontanément ou ceux recueillis après injertion de sécrétine se montrent toujours inactifs. D'après Delezenne, cette activité anormale des sues de pilocarpine s'explique par le passage des leucocytes dans la sécrétion, et l'apport d'une kinase par ces éléments. Comme l’a démontré cet auteur, on trouve toujours dans les sucs pancréatiques de pilocarpine un nombre variable de leucocytes, et, en grande abondance, leurs produits de désintégration. Dans les sues de sécrétine, convenablement recueillis, l'examen le plus minutieux ne révèle aucune trace d'éléments figurés. 248 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PA Quelles sont les modifications qui, dans la glande, correspondent à l'absence ou à la présence des leucocytes dans le produit de sécrétion ? C'est ce que j'ai rechercaé, en faisant varier les conditions expéri- mentales. La descriplion qui suit, est faite d’après des fragments de glande, prélevés sur un chien, de la façon suivante : Chien XT. — Injecté de sécrétine pendant quatre heures. On recoit 60 centi- mètres de suc inactif sur l’ovalbumine coagulée. On prélève un fragment de glande qui est fixé. La paroi abdominale est refermée. On injecte de la pilo- carpine (6 gr. 001 milligramme par kilogramme). On laisse sécréter deux heu- res; on a recueilli 9cm° de suc moyennement actif.On fixe à nouveau du pancréas. L'examen est fait sur des pièces colorées à la triple coloration hématéine-safranine-lichtgrün. Pancréas de sécrétine. — Dans les lumières acineuses, dans les canalicules radiés, aucune granulation comparable au grain de zymogène. A l'extrémité apicale des cellules, une zone hyaline, claire, nous apprend que l'excrétion est faite sous forme liquide. Dans les canaux de moyen et de grand diamètre à épithélium cubique ou cylindrique, on trouve un coagulum acidophile, constitué par un amas de très fines granulations. Celles-ci ne possèdent aucunement l'aspect des grains de sécrétion. Dans le tissu conjonctif, de très rares leucocytes. Il faut, pour reconnaître quelques-uns de ces corps, exa- miner des centaines de préparations. | Pancréas; pilocarpine après sécrétine. — La zone apicale des cellules n'a pas changé d'aspect. On peut seulement constater des modifications anormales qui n’existaient pas précédemment (amitoses anomales, pyrénoromes® en grande quantité). Dans les lumières et les canalicules pas de grains de sécrétion. Dans les canaux excréteurs, le coagulum est tout à fait différent du précédent. En effet, au milieu de la masse coagulée, on reconnaît la présence de petites granulations très réfringentes, safranophiles, parfaitement sphé- riques, isolées ou réunies en massues. Ailleurs, ces granulations font place à des inelusions en forme de bâtonnets ou de corps {1 , 1 5,) anguleux forle- ment safranophiles. Ailleurs encore, il s'établit autour de ces inclusions safra- nophiles une zone claire, plus ou moins définie ; dans les petits canaux à revêtement cubique ou endothélial, la zone claire périphérique à l'inclusion safranophile se précise, et, on se trouve en présence d’un leucocyte. Sur une même série de coupes on peut facilement passer du leucocyte parfaitement intact, à ses produits de désintégration : corps anguleux ou granulations réfringentes, safranophiles. A la présence des leucocytes dans la lumière des canaux correspond dans ie tissu conjonctif, une poussée de diapédèse intense. L’exode des cellules migra- trices se fait surtout au niveau des capillaires veineux, dilatés. Leur passage dans les canaux a lieu principalement au niveau des voies d’excrétion de petit et moyen calibre. Dans le tissu conjonctif, les amas de leucocytes sont assez abondants pour simuler parfois une petite collection purulente. Ils sont constitués par des mononucléaires et des polynucléaires, il y a néanmoins une prédominance SÉANCE DU 13 FÉVRIER 249 marquée des polynucléaires, comme vous pouvez le remarquer sur la prépa- ration que je vous présente. | Je n'ai pas rencontré un seul éosinophile. Cette circonstance me permet de penser que cette espèce leucocytaire — en ce qui concerne les pancréas de pilocarpine tout au moins — ne concourt pas à l’apport de kinase. Les faits que je viens de faire connaître sont absolument d'accord avec la théorie défendue par M. Delezenne. On peut dire qu'ils en constituent la preuve anatomique. Dans une série de notes ultérieures, je me réserve d'examiner les conditions de la diapédèse que je viens de signaler, ainsi que les modifications concernant l’épithélium des canaux excréteurs et les cellules des îlots de Langerhans. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Institut Pasteur.) LA TENSION ARTÉRIELLE ET LA PATHOGÉNIE DE L'OEDÈME. — LE RÉGIME HYDRIQUE ET HYPOCHLORURÉ DANS LES NÉPHRITES, par M. R.J. LAUFER. Dans deux cas de néphrite que nous avons eu l’occasion d'observer, nous avons noté quelques faits intéressants qui sont peut-être de nature à éclairer la pathogénie des œdèmes. Le premier cas concerne un malade âgé de quarante-huit ans, artério-sclé- reux, qui présentait, depuis un an déjà, un léger œdème malléolaire et un peu de bouffissure des paupières, lorsqu'il fut pris, à l’occasion d’un refroi- dissement, de douleurs rénales intenses, d’anasarque et d’un gonflement prononcé de la face. Sa pression sphygmomanométrique au niveau de la radiale gauche marquait alors 22. Volume des urines : 1.000 à 1.100 grammes par vingt-quatre heures. Albumine 0 gr. 75 par litre. Nous l’avons soumis au régime lacté absolu. Au bout de sept jours, l'ædème n'avait que légèrement diminué et la pression artérielle n’avait pas sensible- ment varié. Quant à l’urine, son volume n'avait augmenté que de 100 grammes environ par Jour. Nous avons alors substitué au régime lacté, un régime spécial d'hypo- chloruration composé de la manière suivante : ENS Rene ES Le CS NEO 00 Sr anante s* Harimerde froment stp. IS MMS 00 —- Pommetdenterren 20/10) NAME RREnts O0) — Eromaresblanc tea nee 00) — SUEDE Ut AR Are A Sa nA O 0) — Eau d'Eva AS RER AN A Tirer Cette alimentation ne contient que 0 gr. 25 environ de NaCl au maximum, 250 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quantité infime à laquelle nous avons fait adjoindre 1 gramme de sel en nature pour faire assaisonner les pommes de terre par le malade. Nous avons pu ainsi réaliser un régime d’hypochloruration poussé aussi loin que possible que le malade prenait avec plaisir. La farine était absorbée sous forme de bouillie et, de même que le riz, additionné de sucre. L'ædème ne tarda pas à se résorber, en même temps que la pression arté- rielle passait de 22 à 34. Quant au volume des urines, resté à peu près sta- tionnaire pendant cette période d'hypertension considérable, il n'a commencé à augmenter qu'au bout de quatre jours Jusqu'à atteindre 1.800 grammes, tandis que la pression artérielle s’abaissait peu à peu jusqu’à 20. Celle-ci marchait donc en raison inverse de la quantité d'urine émise. Pour nous rendre compte de l’état fonctionnel du rein, nous avons alors, le régime d'hypochloruration étant maintenu, fait absorber au malade 2 litres d’eau d’Evian en une matinée. Le soir même, la pression vasculaire remontait à 30. Urine dans les vingt-quatre heures : 1.400 grammes, et, le lendemain matin, réapparition de l’œdème qui n’a disparu de nouveau que lorsque nous avons ramené à un litre la quantité d’eau ingérée. Nous avons renouvelé encore une fois cette expérience, et, sur la simple constatation de l’élévation de la pression, nous avons pu prévoir la réapparition de l’œdème vingt-quatre heures à l'avance. Il en a été de même lorsque nous avons fait ajouter 10 grammes de sel au régime : la pression s'élevait et le lendemain l'ædème se reformait. Mais, chaque fois, où celui-ci disparaissait : la pression sanguine s'élevait également, puis s’abaissait en même temps qu'augmentait ie volume des urines. Le second cas à trait à une femme de cinquante ans, atteinte de néphrite subaiguë à prédominance épithéliale, avec anasarque, qu'elle faisait remonter à une fièvre typhoide contractée sept ans auparavant. Albumine : 3 gr. 50. Nous avons pu faire ici les mêmes constatations que dans le cas précédent. En ce qui concerne l’action de la quantité d’eau ingérée, deux litres d’eau d Evian n’ont élevé qu’un peu la pression artérielle (de 18 à 24), et l’œdème a augmenté légèrement sous cette influence. Mais ce que nous avons observé de spécial dans ce cas, c’est que l'élévation de la tension, soit sous l'influence de l’eau et surtout sous l'influence du sel, ne durait que très peu (2 à 4 heures au lieu d'un jour et demi à deux jours dans le cas précédent), en sorte que, si nous n'avions pas suivi assidûment celte malade, l'élévation de la pression précédant l'apparition de l'œdème aurait pu passer inappercue. De ces deux cas, nous tirerons les conclusions suivantes : 1° Dans la formation des œdèmes, il faudra tenir compte, non seule- ment de la quantité de sel, mais aussi de !a quantité de liquide ingéré, au moins dans certains cas. 2° L'élévatior de la pression sanguine, qui peul être transitoire et de très courte durée, a toujours précédé la formation et suivi la résorption de l’ædème, et a permis d'en prévoir l'apparition comme la disparition. 3° Dans ces conditions, la pression serait le facteur déterminant de la formation œdémateuse. L'organisme passerait par les étapes suivantes : Rétention et accumulation du sel ou des liquides dans la circulation, SÉANCE DU {3 FEVRIER 951 augmentation de la masse et de la pression sanguine, transsudation à travers les capillaires. Pour nous rendre compte de l’action du sel sur la pression sanguine, nous avions fait quelques recherches sur dix individus normaux auxquels nous avions donné, le matin, 40 ou 15 gr. de sel par voie stomacale. Deux heures après, la pression était déjà sensiblement augmentée, et elle atteignait son maximum quatre ou cinq heures après l'absorption. Elle ne baissait que quand une certaine quantité d'urine avait élé émise, au bout de huit à dix heures. Si l’on suppose empêchée l’action élimina- trice, on comprend que par suite de l’exagération de la pression, le liquide, ne pouvant passer par le rein, filtre dans le tissu cellulaire. Le malade urine, pour ainsi dire, dans son tissu interstitiel. I est certain, en tout cas, qu'il existe, entre la rétention de sel ou de liquides et la pression sanguine, une relation étroite. Il suffit sans doute à l’organisme en imminence d'œdème, une augmentation de pression plus ou moins brusque pour en déterminer l'apparition. Ces faits ne représentent d’ailleurs autre chose que des phénomènes de régulation, tels que les ont bien mis en relief les recherches de M. Achard. LES CAPSULES SURRÉNALES DANS L'URÉMIE EXPÉRIMENTALE, 4 par MM. Doprer et GouRAUD. Chez sept lapins, nous avons produit l’urémie aiguë par la néphrec- tomie double. L'étude des capsules surrénales, prélevées peu de temps avant la mort pour éviter toute lésion cadavérique, nous a fourni l’oc- casion de faire des constatations intéressantes. Dans une première catégorie de faits, les capsules surrénales ne pré- sentent macroscopiquement aucune modification, ni dans l'aspect, ni dans la consistance, ni dans l'augmentation de volume. A la coupe on ne percoit qu'une légère coloration rosée, due à un certain degré de vascularisation diffuse. Histologiquement, on note des altérations pouvant porter sur toutes les parties constiluantes de la glande. 5 Substance corticale. — Par endroits, la couche glomérulaire, rare- ment intacte dans toute son étendue, est le siège d’une prolifération cellulaire, atteignant certains groupes de tubes glandulaires : cellules et noyaux se sont multipliés; tous deux prennent plus facilement les colo- rants que le reste du parenchyme environnant, si bien que le groupe ainsi atteint d'hypertrophie tranche par sa teinte plus foncée sur le fond plus clair de la coupe. Parfois, dans cette zone, se montre une vascula- 19 ©O6 LO SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4 risation assez intense, les capillaires dilatés arrivant parfois à dissocier les tubes glandulaires d’avec leurs voisins. Dans la couche fasciculée, même vascularisation mais plus marquée, et plus constante. Les lésions cellulaires qui existent sont d'ordre méca- nique, par suite de la compression exercée par les capillaires distendus, leur importance est minime. | Dans la couche réticulée, les phénomènes se montrent identiques, mais avec moins d'intensité. Substance médullaire. — Ici, c'est encore la congestion qui domine; elle peut donner lieu à des hémorragies qui entraînent la destruction plus ou moins étendue du parenchyme, refoulé par l’épanchement sanguin. Les faits de la deuxième catégorie montrent des lésions revêtant un autre aspect. Macroscopiquement, les capsules surrénales sont fran- chement hypérémiées, ou même hémorragiques, mais seulement par foyers. Les capsules surrénales sont de poids supérieur à la normale. Subslance corticale. — On retrouve histologiquement ces derniers foyers hémorragiques qui se sont produits sous la capsule de l'organe, mais aussi dans les différentes zones, ils ont détruit une plus ou moins grande partie du parenchyme, le sang s'étant épanché souvent en masse. Outre les altérations ainsi provoquées, on trouve des lésions cellulaires, nettement indépendantes de toute action mécanique. Elles portent sur la couche glomérulaire et surtout sur la couche fasciculée, La cellule est déformée, ses limites sont irrégulières, anguleuses. Le pro- toplasma, d'aspect vitreux, et comme ratatiné, prend mal les colorants ; parfois il se divise en boules qui se désagrègent, amenant l’atrophie de l'élément glandulaire : le noyau s’atrophie, et se résout en granulations. Ces lésions se font aussi par foyers, autour desquels on constate parfois une barrière de leucocytes, arrivés sans doute pour s'opposer à l‘exten- sion du processus dégénératif. Substance médullaire. — Mêmes altérations, hémorragies énormes, véritable apoplexie surrénale, puis des lésions cellulaires de même nature que précédemment. On pourrait décrire un troisième type, intermédiaire aux deux pre- miers, où sur la même coupe les lésions ci-dessus décrites existent, où d'autres régions paraissent saines, mais au milieu desquelles se sont développées, comme dans les premiers cas, des figures d'hypertrophie glandulaire. Ù Ces faits sont de nature à faire supposer que la capsule surrénale réagit d’une façon particulière devant l'intoxication urémique, comme devant les intoxications arsenicale, phosphorée, tétanique, diphté- rique, etc. (1). La vascularisation et l’hypertrophie de certains éléments (1) Oppenheim et Loeper. Sociéte de Biologie, 8 février 1902. — Oppenheim. Thèse de Paris, 1902. SÉANCE DU À13 FÉVRIER 299 glandulaires semblent démontrer la suractivité de l'organe en vue de la défense contre l’envahissement toxique. Mais le plus souvent, la cellule ne peut rester à la hauteur de sa tâche : sous l'influence d’un apport toujours croissant de poisons non éliminés, sa vitalité est compromise, elle est vouée à une dégénérescence rapide. Ces faits expérimentaux paraissent se rapprocher assez étroitement de ceux qui ont été décrits chez l’homme, au cours de l’urémie, par Parrot, Droubaix, Arnaud, Hawthorn. VARIATIONS DU SUCRE DU SANG ET DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN, par MM. H. Bierry et S. Larou. La propriété réductrice du liquide céphalo-rachidien a été signalée par CI. Bernard et attribuée par lui au glucose. La présence du glucose dans le liquide céphalo-rachidien, mise en doute par Hoppe-Seyler, Hill et Halliburton, a été démontrée (à l’aide de la fermentation, du pouvoir rotatoire, et de la phénylhydrazine) par Cavazzani, Panzer, Zdareck et surtout par E. Nawratzki (1). Récemment MM. Grimbert et Coulaud (2), ont identifié par ses propriétés et son point de fusion (232°) l’osazone du liquide céphalo-rachidien de l’homme à la phénylglucosazone. Les auteurs qui ont fait des dosages du glucose du liquide céphalo- rachidien ont trouvé des chiffres variant entre 0 gr. 50 et 1 gramme par litre. Ils ont opéré souvent post-mortem, ils ne se sont pas mis à l’abri de la glycolyse et des bactéries et ont négligé de faire comparativement le dosage du sucre du sang et du liquide céphalo-rachidien, ce qui nous . paraît très important. Nous avons opéré sur le chien. L'animal est anesthésié au chloroforme. Le liquide obtenu par fistule du quatrième ventricule (on arrive facile- ment dans un intervalle de une heure et demie à deux heures à en reti- rer environ 20 centimètres cubes chez des chiens de 25 à 30 kilo- grammes), est recueilli dans son volume d’une solution saturée de fluorure de sodium. Le sang pris à la carotide est reçu également dans son vol. de NaFl saturé. Les dosages du sucre du sang et du liquide céphalo-rachidien ont été faits simultanément par le procédé indiqué par M. Portier et l’un de nous (3). Toutes les fois que nous avons dosé le glucose, nous l'avons caractérisé (1) E. Nawralzki, Zeitschr. f. physiol. Chemie, pp. 532, 554, XXIII, 1897. (2) Grimbert et Coulaud, Comptes rendus de la Société de Biologie, février 1903. (3) Comptes rendus de la Société de Biologie, 15 nov. 1902. 25% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. dans le sang et le liquide céphalo-rachidien par une osazone présentant les caractères et le point de fusion (232°) de la glucosazone. Dans ces conditions la teneur en glucose du liquide céphalo-rachidien s'est toujours montrée inférieure à celle du sang et voisine de 4 gr. 20 pour 1000. Après injection intra-péritonéale de 10 centimètres cubes d’une solu- tion d’adrenaline au millième, chez des chiens de 25 à 30 kilogrammes, nous avons observé que la teneur en glucose du liquide céphalo-rachi- dien variait et pouvait devenir supérieure à celle du sang. Exemple : LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN SANG I. Après 1 heure. k 1ESrSS 2 gr. 66 p. 1000 II. — _1 h. 30 munutes: 4 gr. 69 2 gr. 4 — IT. — 3 h. 50 minutes. AWor-N0/1 4 gr. 21 — IV. — 5 h. 45 minutes. À gr. 61 À gr. 41 — V. — 6 heures 0e 1 gr. 16 — Une heure après l'injection, nous avons constaté dans l'urine la pré- sence d’un peu de glucose et d’une autre substance réductrice dont nous poursuivons l'étude. Quelque lents que soient les échanges du liquide céphalo-rachidien (idée bien mise en vue par Claude Bernard), on voit qu'il existe une certaine relation entre la teneur en sucre du liquide céphalo-rachidien et celle du sang. Toutes les fois que nous avons observé de l'hypergly-, cémie, nous avons constaté en même temps une augmentation du glucose dans le liquide céphalo-rachidien. Exemple : Un chien, dontle sang contenait 2 gr. 66 p. 1000 de glucose, avait 1 gr. 83 dans le liquide céphalo-rachidien. Il en est de même chez l’homme. Le sang et le liquide céphalo-rachidien d’un diabétique, que nous avons examinés, contenaient respectivement 5 gr. 38 et 2 gr. 70 de glucose par litre. Il résulte de ces faits que, sous l'influence de l’adrénaline, l’augmen- tation du sucre du liquide céphalo-rachidien une fois établie se main- lient au moins pendant six heures, tandis que l’hyperglycémie disparaît assez rapidement. | Dans une autre note nous montrerons que le même phénomène a lieu sous l'influence de diverses substances. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SÉANCE DU 13 FÉVRIER 255 SUR LA SYNONYMIE DE LA PETITE PINTADINE DE LA MÉDITERRANÉE, par M. À. Grarp. M. E. Vassel reconnut le premier dans la petite Pintadine de la Méditerranée, l'espèce signalée de la mer Rouge et distingua nettement cette espèce d'avec la grande Pintadine qui habite les mêmes eaux, mais n'a pas franchi l’isthme de Suez. Il y avait à cela quelque mérite si l’on songe que de savants conchyliologistes (Issel 1869, Keller 1882) confondaient encore assez récemment les deux espèces. Les recherches poursuivies dans la vaste étendue de mers occupée par le genre Wéleagrina (ou Margaritifera) nous prouvent aujourd'hui qu à côté de formes se rattachant à M. margaritifera, à coquille grande, sur- tout nacrière et vivant dans une certaine profondeur, on trouve cons- tamment d’autres formes appartenant à un type plus petit, à nacre peu abondante et sans grande valeur, mais souvent très perlières et habi- tant des eaux beaucoup moins profondes. On pourrait établir un inte- ressant tableau parallélique de ces associations considérées dans les diverses localités. E. Vassel d’une part, L. Jameson d’autre part, ont essayé de fixer la synonymie des formes de ces deux groupes. Tâche relativement facile pour les grandes espèces, mais très ardue pour les petites Pintadines! Car: il est curieux de constater que les synonymies établies par les deux auteurs pour l'espèce la mieux connue ne renferment qu'une indi- cation commune, celle de la planche 11, figures 8 et 9, de l'ouvrage de Savigny sur l'Égypte. Malheureusement notre grand zoologiste n’a pas publié de texte descriptif et n’a même pas nommé le Mollusque qu'il a figuré avec un soin tel que tous les conchyliologistes l'ont depuis una- nimement reconnu. En combinant les indications données par Vassel et par Jameson et en cherchant à en apprécier la valeur spéciale pour chaque nom parti- culier, on obtient le tableau suivant : 478572. . . . . . Caemirz. Conch. Cab., pl. 80, fig. 717. Leds es SAVIGNY. Egypte, pl. 11, fig. 8 et 9. 1817?? Perlamater vulgaris, Sauumacaer. Essai d'un nouveau système, p. 108, pl. 20, fig. 8. 1819? Meleagrina albina, Lamarck. Anim. sans vert., t. VI, 1'e partie, p. 152. 1830? Avicula albina Lk., Desnayes. Encycl. méthod., t. II, p. 102, n° 12. 1830? Avicula radiata, Desmaves (non Leach, 1814). Encycl. méthod., t. IT, p-102/n°/15; 1852? Avicula fucata, Gourr. Expl. Exp. p. 441, pl. 39, fig. 551 (Nouvelle- Zélande). 256 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1852?? Avicula badia, Dunker. Zeitschr. für Malakoz, p. 79. 1857! Avicula occa, Reve. C. Icon., fig. 24. 4857? Avicula fucata Gld. Reeve. C. Icon., fig. 74. 1857? Avicula aerata, Reeve. C. Icon., fig. 32. 1857? Avicula perviridis, Regve. C. Icon., fig. 20. 1865! Avicula radiata (Desh), VarzLanr (non Leach). Journ. de conch., p. 114. 1869! Meleagrina margaritifera, Xssez (non Linné). Malac del Mar Rosso, p, 368 (ex parte). 1870! Meleagrina albina Lk., var. b. Lk., Fiscner. Journ. de conch, p. 169. 1872?? Avicula (Meleagrina) badia, Dunrer. Monogr. in Conch. Cab., 2° édit., p. 12, pl. 2, fig. 7 (sans loc.). | 1872! Avicula (Maleagrina) varia, Dunxer. Monogr. in Syst. Conch. Cab., 2e édit., p. 17, pl. 4 fig. 6 (mer Rouge). | 1884! Meleagrina Savignyi, MonrerosatTo (non Avicula Savignyi Deshayes). Nomencl. gén., 3 fig. p. 7. 1895! Meleagrina radiata (Desh), DAurzENBERG. Moll. rec. sur les côtes de Tunisie et d'Algérie in Mém. Soc. zool. Fr., p. 371. 1896! Avicula (Meleagrina) albina Lk. var. Vaillanti, Vassez. Pint. du golfe de Gabès. Ass. fr. av. des sc., p. 10. 1898! Avicula (Meleagrina) albina Lk. var. Vaillanti, Vassec. La Pintadine de Vaillant, in Revue tunisienne, p. 8. Quel choix convient-il de faire dans cette trop riche synonymie pour désigner la petite Pintadine de Gabès qui est, à n’en pas douter, l'espèce de la mer Rouge et aussi la Lingakh shell de Ceylan ? Nos hésitations ont été longues et nous n'avons pu sortir d'embarras que grâce aux conseils éclairés d’un conchyliologiste très expert, M. Ph. Dautzenberg à qui nous avons soumis nos doutes et nos seru- pules. 1° Il nous paraît difficile de suivre l'exemple de Jameson et d'adopter le nom de vulgaris Schumacher. On ignore complètement de quelle localité provenait la coquille qui a servi de modèle pour la figure donnée par Schumacher, et on n’est pas mieux renseigné pour la figure de la planche 80 de Chemnitz à laquelle se réfère également l’auteur de l« Essai d’un nouveau système ». On ne reconnaît pas dans ces deux figures la charnière de la petite Pintadine. « En outre, nous dit M. Dautzenberg, la grande épaisseur des valves ne s'accorde guère avec les figures de Savigny non plus qu'avec les nombreux spécimens que je possède tant de la mer Rouge que de la Méditerranée. » En somme, la figure 717, planche 80 de Conchylien Cabinet portant une grosse perle au centre de la valve semble plutôt convenir à M. margaritifera L, car elle ne présente pas trace de sinuo- sité postérieure. % Le nom de radiata Deshayes (1830), ne peut être conservé cer il SÉANCE DU 13 FÉVRIER 19 ©Oc = existe un radiata Leach (4814), s'appliquant à une espèce différente ori- ginaire des Antilles (1). 3° Le nom M. albina Lamarck, adopté par E. Vassel, laisse malheu- reusement quelque incertitude. La figure citée de Rumphius est fort médiocre et la description de Lamarck est un peu vague. Deshayes a ajouté dans l'£ncyclopédice comme deuxième référence, la figure 8, planche 11 de Savigny, mais d’une manière dubitative puisqu'il dit : « Celte espèce se trouve à la Nouvelle-Hollande, dans le détroit d’'Entre- caslaux et à la Terre de van Diemen. Si c'est bien celle que Savigny a figurée dans le grand ouvrage sur l'Égypte elle vivrait aussi dans la mer Rouge. » Or, d'après Jameson, les exemplaires de la Lingah shell au British Museum, de provenance australienne, ont été trouvés au Nord, dans le détroit de Torrès, sur la côte Est, jusqu’à Sydney et sur la côte occidentale jusqu’à la baie des Requins en descendant vers le Sud. S'il élait démontré que l'habitat de cette coquille s'étend plus au Sud jus- qu'en Tasmanie, le nom d’albina devrait, à mon avis, être définitive- ment conservé sans hésitation. En attendant, il nous reste tout le lot des synonymes d'auteurs anglais (Gould, Reeve) ou allemands (Dunker), les seuls dont Jameson ait tenu compte. Parmi ceux-ci le nom de fucata Gould (1852), a été longtemps en faveur pour désigner la pelite Pintadine de Ceylan, et, en effet, la figure 551 a de Gould, montrant une coquille vue à l’intérieur convien- drait assez bien; mais les figures 551 b et 551 c représentant une forme très oblique et sans squamules paraissent fort douteuses. D'ailleurs la localité indiquée est la Nouvelle-Zélande et M. Ph. Dautzenberg pense que, pour ces synonymes mal définis, il y a lieu de rejeter ceux qui s'appliquent à des formes habitant les régions où la présence de la Lingah shell n'a pas élé récemment bien constatée et de ne retenir que les noms donnés à des coquilles de la mer Rouge et dont les figures concordent certainement le mieux avec l'espèce qui nous occupe. Tels sont ceca Reeve (1857) et varia Dunker (1872). C’est donc le nom occa Reeve qui paraîtrait le plus convenable, comme étant le plus ancien. Toutefois, nous ne l’adopterons qu'avec la réserve faite ci-dessus en faveur du nom albina Lamarck; celui-ci devrait être admis de préfé- rence au cas où la petite Pintadine &Ge la mer Rouge et de Ceylan se retrouverait sûrement au sud de l'Australie et en Tasmanie. (1) M. Dautzenberg avait autrefois admis ce nom sur l'affirmation verbale de Vaillant, déclarant qu’il avait soumis ses exemplaires à Deshayes qui y aurait reconnu son radiata. id: en Ada à ts : K \ REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX ST SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1904 SOMMAIRE BERGONIÉ (J.) : De la résistance muscles striés, chez le poulet. . . . 269 thermique ou coefficient d'utilité Pérez (C8.) : Sur les larves d'hy- des vêtements confectionnés. Mé- didchnes A Ne SAN Re (cnent 263 thode et instrument de mesure. . . 265 PrTREs (A.) : Lymphocytose du li- Duroux (K.) : Sur l’action de la quide céphalo-rachidien dans trois quinine sur les oxydations intraor- cas de névralgie du trijumeau. . . . 210 DAMNOUE SRE al MRC ee 259 SELLIER (J.) : Sur le pouvoir amy- Duroux (R.) : Sur la prétendue lolytique du sang des poissons et existence de l’eau oxygénée dans la. ES CRUSLACÉ SR IP PSE ER 261 SAYS RS Tr it 260 TRiIBONDEAU : Sur les enclaves con- CavaLIÉ (M.) : Note sur le déve- tenues dans les cellules des tubes loppement de la partie terminale contournés du rein chez la tortue, des nerfs moteurs et des terminai- étudiées comparativement en été et sons uerveuses motrices dans les EN FMIMET En Ne M part MR AR 266 Présidence de M. Pitres, Président. SUR L'ACTION DE LA QUININE SUR LES OXYDATIONS INTRAORGANIQUES, par M. R. Dupouy. Dans une précédente communication (1) j'ai montré que, contraire- ment à l'opinion généralement admise et reproduite dans la plupart des traités de thérapeutique ou de pharmacodynamie, la quinine et quelques autres alcaloïdes usuels n'avaient pas in vitro d'action empêchante ou retardatrice sur les phénomènes d’oxydation intraorganiques provoqués par le ferment oxydant indirect contenu dans le sang. J'ai coraplété ce travail en étudiant in vivo l’action de la quinine sur l’'hémoxydase du sang de lapin. Dans ce but j'ai injecté à cet animal par voie hypodérmique une solution aqueuse contenant 50 centigrammes (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1903. 260 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX | (7) de chlorhydrate de quinine neutre, ce sel étant comme on le sait soluble dans l’eau, et n’exigeant pas l'intermédiaire d’un acide pour favoriser sa dissolution, ce qui évite les causes d'erreur dues à l’action empé- chante des acides sur les diastases oxydantes. Un essai préliminaire a démontré la présence de l’hémoxydase dans le sang de l’animal mis en expérience ; pour cela il suffit, en faisant une piqûre à l'oreille, de recueillir une goutte de sang qu'on dilue au 1/10, et au mélange on ajoute un égal volume d’une solution aqueuse récente de paraphénylènediamine à 0550 p. 100 et une goutte d’eau oxygénée du commerce diluée au 1/10 ; on obtient une coloration noire due à la présence du ferment oxydant. La même recherche est effectuée, deux heures après l'injection de chlorhydrate de quinine, on constate alors que comme précédemment la paraphénylènediamine mélangée au sang noircit au contact de l'eau oxygénée, ce qui indique que le ferment oxydant exerce son action comme auparavant. D'autre part en opérant sur une prise de sang un peu plus grande et ep utilisant la méthode indiquée par Denigès (1) on peut mettre en évi- dence la présence de la quinine dans le sang. D'après ce qui précède, on voit que l’action des diastases oxydantes n'est pas gênée par la quinine et que ses propriétés antithermiques ne sont pas dues à une diminulion des oxydations intraorganiques, provoquées par les ferments oxydants indirects ou anaeroxydases. SUR LA PRÉTENDUE EXISTENCE DE L'EAU OXYGÉNÉE DANS LA SALIVE, par M. R. Dupour. La salive contiendrait, d'après Schünbein, un azotite, qui est mis en évidence d'après cet auteur en ajoutant à la salive de l’empois d’amidon, un peu d'iodure de potassium et quelques gouttes d'acide sul{urique étendu; la coloration bleue qui apparaît ainsi démontrerait l'existence d'acide azoteux ou d’un azotite. D'après Wuster (2), qui a repris cette étude, la salive fraîche ne con- tiendrait pas d’acide azoteux, mais de l’eau oxygénée qui produirait à la longue de l’acide nitreux aux dépens de l'ammoniaque. À l'appui de cette hypothèse, Wuster fait remarquer : 1° Que la salive fraîche ne donne pas de coloration avec le réactif de Griess qui permet cependant de déceler les plus faibles traces d'acide azoteux ou d’azotite; (1) Journal de Pharmacie et de Chimie, XVII, 1903, p. 508. (2) Berichte der. D. Ch. G. 1889, p. 1901. (8) SÉANCE DU 2 FÉVRIER 261 9 que la salive colore immédiatement en violet un papier imbibé de tétramethylparaphenylènediamine, qui est, d’après l’auteur, un réactif très sensible de l’eau oxygénée. D'autre part, Wuster a pu constater dans la salive la présence de quantités assez notables d’ammoniaque, qui, comme on le sait, peut, dans certaines conditions, être transformée en azotite sous l'influence des agents d’oxydation, comme l’eau oxygénée par exemple. C'est en se basant sur cette série de considérations et de faits expéri- mentaux que Wuster a été amené à admettre l'existence possible de l'eau oxygénée dans la salive, bien que la réaction au bichromate de potasse et à l’éther ait été négative. il est facile cependant de démontrer qu'il n'existe pas d’eau oxygénée dans la salive en tenant compte des remarques suivantes : J'ai démontré qu'il existait dans la salive un ferment oxydant indi- rect, capable par conséquent de décomposer l’eau oxygénée, el d’en libérer de l'oxygène actif pouvant oxyder un corps facilement oxydable comme le gaïacol. Si on ajoute à 1 centimètre cube environ de salive un égal volume de solution aqueuse de gaïacol à 1 p.100 el une goutte d’eau oxygénée diluée au 1/10, on obtient une coloration brun acajou qui s’accentue à la longue. Or, cette réaction se produit avec les plus faibles traces d'eau oxygénée; on peut dès lors en déduire que si la salive contenait, comme le prétend Wuster, de l’eau oxygénée, même en quantité faible, cette - sécrétion mélangée au gaïacol devrait donner immédiatement un mélange coloré en brun acajou. Or, comme aucune coloration n'appa- rait, on peut presque affirmer que la salive ne contient pas d'eau oxy- génée pouvant produire de l'acide nitreux aux dépens de l'ammoniaque. : SUR LE POUVOIR AMYLOLYTIQUE DU SANG DES POISSONS ET DES CRUSTACÉS, par M. J. SELLIER. On sait depuis Magendie et CI. Bernard que le sang des animaux supérieurs possèce la propriété de saccharifier l'amidon. Bial (1) a le premier fourni les preuves de l’action diastasique du phénomène, et Dubourg (2) a montré que l’amylase du sang comme celle de l'urine poussait l’hydratalion de l’amidon jusqu’au glucose. Or, on savait déjà que les amylases du malt, de la salive et du suc pancréatique ne donnent dans les mêmes conditions d'expériences que du maltose. Il (1) Pfüger’s Arch., t. LIT et LIV. (2) Ann. de l’Institut Pasteur, t. I, 1889. BrozocrE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 19 262 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (9) semble donc, d’après ces faits, qu’il existe plusieurs variétés de diastases amylolytiques ; et Duclaux a été amené à admettre dans le sang l'exis- tence d'une maltase capable de transformer le maltose en glucose et d'une amylase proprement dite donnant des dextrines et du maltose. De nombreux travaux ont fait connaître les propriétés des diastases amylolytiques du sang des animaux supérieurs, mais à ma connaissance rien n’avait encore été fait de général chez les poissons et les inver- tébrés. Ch. Richet (1) pourtant avait signalé l'existence d’une diastase amylolytique dans le pancréas et le liquide péritonéal des poissons, ainsi que dans le foie des crustacés. Une pareille étude était facile à réaliser à la station biologique d'Arcachon, grâce à l'abondance de poissons d'espèces diverses et d'animaux invertébrés de toute sorte. Dans chacune des très nombreuses expériences que j'ai réalisées, le sang était obtenu par saignées pratiquées aseptiquement sur des ani- maux vivants. Le sérum était obtenu par centrifugation. Des volumes déterminés de ce dernier étaient mis en contact avec un volume con- stant de la solution ordinaire d’ empois d'amidon, nee ou toluénée. Après vingt-quatre heures de séjour à l’étuve à 40 degrés, et après défécation préalable au sous-acétate de plomb, les matières réductrices obtenues étaient dosées avec la liqueur de Fehling ferro-cyanurée, mais avec la technique, importante pour un dosage précis, préconisée par Denigès et Bonnans. P2 Un flacon témoin accompagnait toujours chaque expérience. ‘Mes recherches ont porté sur plusieurs espèces de poissons ((aleus canis, Torpedo marmorata, Scyllium catulus, Squatina angelus, Conger vulgaris, Trigon pastinaca) et de crustacés (Maïa squinado, Cancer pagurus, Carcinus mœænas, Porthunus puber). J'ai presque constamment trouvé dans le sang de ces êtres une : diastase saccharifiante, mais avec des leneurs diverses. Toutefois, il. m'est arrivé de ne point obtenir trace de réduction de la liqueur ferro-. cyanurée en opérant avec le sang d'espèces qui en avaient fourni anté- | rieurement (Galeus canis, Maïa squinado, Cancer pagurus). Cette diastase ne serait donc pas constante dans le sang, et sa présence résul-, terait très probablement de certaines conditions physiclogiques qu. restent à déterminer. | Dans les expériences où je faisais varier le volume de sérum, et par conséquent la quantité d'amylase, en maintenant constantes les autres conditions (volume de la solution d'empois, température, réaction neutre du milieu), j'ai constamment trouvé une variation de l’activité (1) Ch. Richet. De quelques faits relatifs à la digestion des poissons, Archives de physiologie, 1882. (10) SÉANCE DU 2 FÉVRIER 263 dans le même sens, sans cependant obtenir une proportionnalité cor- respondante. R L'activité amylolytique du sérum déterminée après des temps variables de séjour à l’éluve à 40 degrés, les autres conditions restant les mêmes, augmente aussi avec le lemps, jusqu'à une certaine limite où la quantité de matières réductrices produites reste constante, quelle que soit la durée de l’expérience. Ces derniers faits sont en concordance avec ee qui est actuellement connu sur les propriétés des ferments solubles, ete. J'ai, de plus, longuement étudié la marche de la saccharification à des températures diverses. Le maximum d'action, dans les conditions expérimentales déterminées plus haut, m'a toujours paru être vers 40 degrés. ; (Travail de la station biologique d'Arcachon.) SUR LES LARVES D'HYDRACHNES, par M. Cu. PÉREZ. Dans. une note présentée à la Société de Biologie (16 janvier 4904), M. H:Gros a signalé l'observation qu'il avait faite d'Acariens parasites sur des Anopheles. J'avais tout de suite, pensé qu'il devait s'agir de - jeunes Hydrachnides; et, dans la séance suivante, MM. Ed. et Et. Sergent ont fait savoir en effet que des parasites recueillis par eux dans des conditions semblables avaient été reconnus par le D' Trouessart comme appartenant à ce groupe d’Acariens. Je suis porté à croire que ce sont là des parasiles en quelque sorte . accidentels. Toutefois ce fait mérite d’être retenu, que les Anopheles sont seuls parasités à l'exclusion des autres Moustiques, si les Diptères examinés provenaient des mêmes pièces d’eau, habitées par des Hydrachnes; car, en général, les jeunes de ces Acariens ne paraissent pas faire de leurs hôtes un choix bien déterminé. Au moment de leur éclosion, les larves hexapodes ne sont pas mouillées par l'eau; et on peut les voir courir sur la surface libre avec une très grande agilité. Puis elles élisent domicile sur un Insecte, et cela, semble-t-il, au hasard de la rencontre : soit un insecte aquatique plongeur, soit un insecte de surface, soit même un insecte exclusivement aérien, et tombé à l’eau par accident. Dans les mares de la Forêt de Fontainebleau, les Ranatra hébergent souvent de ces larves d'Hydrachnes:; et je me rappelle avoir vu à Chelles, il y a quelques années, sur le canal de la Marne, des Gerris qui étaient à ce point couvertes de larves hexapodes, qu'elles en étaient littéralement tout habillées de pourpre, et se faisaient par là remarquer de fort loin. Outre le moment de l’éclosion, celui de 264 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (41) la ponte est évidemment pour les Moustiques un moment dus où ils peuvent être pris d'assaut par les jeunes Acariens. Dans une première période, où les larves hexapodes se promènent sur le corps de l’hôte, ou se cramponnent à ses poils, sans avoir enfoncé leur rostre dans ses tissus, il n’y a point encore de parasitisme à proprement parler; tout au plus l'hôte peut-il être gêné par le grand nombre dés passagers qu'il véhicule, comme dans le cas des Gerris cité plus haut. C’est sans doute pendant cette période seule qu'il peut y avoir changement d'hôte, en ce sens qu'une larve tombée pour une raison quelconque de son premier porteur est encore en état de se déplacer et d’en trouver un autre. Puis la larve enfonce son rostre suceur à travers la peau de l'hôte, et se met à se nourrir à ses dépens. C’est alors exclusivemeni son abdomen qui grossit assez vite, et se renfle en une sorte d’ampoule piriforme, tandis que la partie antérieure, rostre, région céphalothoracique et pattes, reste absolument à l'état stationnaire. En cet état la nymphe est absolument incapable de trainer son volumineux abdomen avec ses petites pattes qui n’ont pas grandi depuis la naissance, et qui paraissent tout à fait rudimentaires, avortées, par rapport au reste du corps. Ces paltes sont même immobiles, et je ne serais pas étonné qu'il y eût à ce moment une histolyse musculaire, accompagnée d’une réédification, substituant à la musculature primitive celle des quatre paires de pattes définilives. Les faits récemment annoncés par Bonnet sur les Ixodes (1) autorisent cette supposition. Ce Pendant cette période de parasitisme effectif, l’Hydrachne soulire évidemment à l'hôte une quantité assez importante d'éléments nutritifs; et si l'on ne constate pas facilement l'épuisement de l'hôte, c'est qu'en “énéral le nombre des parasites est restreint sur chaque individu, soit à cause de frottements qui ont provoqué leur chute, soit par ce fait que les parasites sont obligés de se fixer en des places restreintes et déter- minées, où la chitine offre moins de résistance à la perforation (mem- branes articulaires par exemple). Il est bien évident que Les Gerris dont j'ai parlé auraient pu être épuisées par le grand nombre de leurs para- sites; mais il est non moins certain qu'un bien petit nombre auraient | seuls réussi à se fixer définitivement sur elles, parmi la foule des larves hexapodes qui les recouvraient. J'ajouterai enfin que la fixation sur un Moustique n'est pas, si l'on | peut dire, pour une larve d'Hydrachne, indice de perspicacité. Car! lorsque, la nymphose terminée, l'Hydrachne aura pris sa forme défini-, tive, et devra commencer sa vie libre aquatique, il y a bien des chances pour que le Moustique ne le rapporte pas à ce moment précis à une mare ou à un fossé. (1) Comptes rendus Académie des Sciencrs, 1903. 19) SÉANCE DU 2 FÉVRIER 265 DE LA RÉSISTANCE THERMIQUE OU COEFFICIENT D'UTILITÉ DES VÊTEMENTS CONFECTIONNÉS. MÉTHODE ET INSTRUMENT DE MESURE, par M. J. BERGONIÉ. La détermination des constantes physiques des étoffes qui servent à confectionner nos vêtements a souvent été faite déjà ; c’est ainsi que l’on a déterminé leur conductibilité thermique, leur perméabilité, leur _ épaisseur, leur compressibilité, leur grossièreté, etc. (1). Toutes ces déterminations ne sont guère applicables pratiquement au vêtement tout confectionné tel que nous le portons, d’abord parce que chaque pièce du vêtement se compose d’étoffes superposées, quelquefois trois, et que d'autre part, la forme du vêtement, sa coupe et la manière dont nous en superposons les pièces plus ou moins nombreuses font varier à peu près toutes ces constantes. La détermination de l'utilité d'un vête- ment pour être vraiment pratique doit donc se faire sur ce vêtement tout confectionné et tel qu'il doit être porté. D'autre part pour que les mesures soient comparables, il faut choisir un terme de comparaison aussi simple aue possible. Voici sur quelles considérations on s'est appuyé. Le vêtement est l'obstacle, la résistance au flux de chaleur qui va de * la surface de notre corps vers le milieu extérieur et réciproquement - (quoique très rarement dans nos climats). Si I est l’intensité de ce flux de chaleur, c’est-à-dire le nombre d'unités de chaleur rayonnées dans . l'unité de temps, I sera d’autant plus grand que la différence de tempé- _rature qui produit le flux sera elle-même plus grande et que la résistance R tant, nous pourrons écrire, pour deux résistances thermiques diffé- ! rentes Re r et comme toute intensité de flux thermique est égale à thermique du vêlement sera plus petite ( = R). Sinous faisons E cons- une quantité de chaleur divisée par un temps, nous pouvons en utilisant ; ï os Le R, # toujours une même quantité de chaleur écrire : ee C'est-à-dire que les résistances thermiques considérées seront entre elles comme le temps qu’aura mis une même quantité de chaleur à traverser ces résistances, les différences de température au niveau de leurs faces internes et externes étant les mêmes. Tout se réduit donc, (1) J'ai indiqué moi-même des méthodes simples de mesure s'appliquant à la résistivité thermique et à la résistivité acrodynamique des étoffes. Association française pour l’'Avancement des Sciences, Congrès de Montauban, 1902, p. 355. « Méthodes et appareils pour la détermination des constantes physiques des étoffes à vêtement ». 266 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (43) pour mesurer des résistances thermiques des vêtements à mesurer un temps de refroidissement après avoir rempli les conditions expérimen- tales énoncées ci-dessus. J'ai essayé de remplir ces conditions de la manière suivante : J'ai fait mouler le buste d’un sujet à ma disposition pour lequel je possédais une série complète de vêtements et j'ai fait reproduire ce buste sans têteni bras aussi exactement que possible en cuivre rouge, de manière à ce qu'il constituät un récipient calorimétrique. La surface de ce récipient calorimétrique a été dépolie et noircie de manière à en augmenter autant que possible son pouvoir émissif. Il suffira de dire, pour montrer comment cette condition importante à été remplie, que le buste en question était capable de laisser passer plus de 100 grandes calories à l'heure, pour une différence de 25 degrés entre sa température interne et celle de l'air ambiant. C'est ce buste que j'ai revêtu des vêtements les plus divers à une pièce ou à plusieurs pièces superposées. Les coefficients d'utilité ou résistances thermiques des divers vêtements sont exprimés d’après la (L l : relation R'—R "4 dans laquelle R est pris pour unité, c’est la résistance thermique du buste nu, {' est le temps pendant lequel le buste laïsse passer à travers le vêtement 32 calories pour une différence de tempé- rature toujours la même de 25 degrés Centre l'air extérieur et la température du buste; £ est le Lemps pour la même déperdition, le buste étant nu. (Une prochaine note fera connaître les résultats obtenus.) (Travail du laboratoire de Physique biologique et Electricilé médicale de l’Université de Bordeaux.) SUR LES ENCLAVES CONTENUES DANS LES CELLULES DES TUBES CONTOURNÉS DU REIN CHEZ LA TORTUE, ÉTUDIÉES COMPARATIVEMENT EN ÉTÉ ET EN HIVER, par M. TRIBONDEAU. J'ai, dans une précédente note (1), signalé l'abondance et la netteté des enclaves dans les tubes contournés du rein de Testudo græca. La structure des | cellules est identique chez Testudo maurilanica, qui m’a servi pour les recher- ‘| ches dont je donne ici le résultat. \ Je rappelle que ces enclaves sont de trois sortes : 4° Les unes ont recu de MM. Regaudet Policard le nom de grains de ségré- gation. J'avais appelé, chez le serpent, ces mêmes formations : grains uri- (1) Tribondeau. Société de Biologie, 25 juillet 1903. (14) SÉANCE DU 2 FÉVRIER : 267 naires. Je voulais dire par là, non qu’elles se retrouvaient dans lurine, maïs qu'elles avaient, à mon avis, un rôle important dans l'élaboration de l'urine. MM. Regaud et Policard ont critiqué le mot (1); j'adopte très volontiers le leur. Ces grains de ségrégation sont les enclaves les plus nombreuses et les plus faciles à déceler. Ils possèdent une teinte jaune naturelle {fixation par l'alcool absolu ou le liquide de Carnoy-Van Gehuchten — coupes assez épaisses si l’on ne fait qu'une simple recherche — montage au baume, sans colora- tion). Ils sont visibles après la plupart des fixations et des colorations (voir ma note de juillet 14903); 20 Des vésicules graisseuses noircies par üs0"; 3° Des vésicules lipoïides colorées en gris-bieu par l’hématoxyline cuprique de Weigert-Regaud (2), et généralement considérées comme des produits de sécrétion appartenant au groupe des lécithines. Le rôle exact de ces diverses enclaves est très difficile à déterminer. Elles n’en sont pas moins des preuves histologiques certaines — les seules que nous possédions — de l’activité glandulaire des tubes con- tournés. En leur évidence chez la tortue giît la raison d’être et l'intérêt de recherches faites sur un animal si éloigné de l’homme dans l’échelle des êlres. On sait que, pendant l'été, les tortues excrètent en abondance une urine liquide tenant en suspension une poussière blanche d’urate d'am- moniaque. Pendant l'hiver, au contraire, chez un animal qui ne se nourrit plus et n’absorbe plus de liquide, la déperdition d’eau par l'urine “doit être réduite au minimum. En fait, l'excrétion urinaire s'arrête, el, même dans la vessie, on ne trouve plus, à la fin de janvier, qu'une petite quantité de mucus épais et de poussière uratique. Cette suspension de l’excrétion urinaire répond-elle à un arrêt de la sécrétion rénale? Si les enclaves sont pour nous la preuve de l’activité “sécrétoire du rein, que deviennent-elles en hiver? À priori, on serait tenté d'admettre que ces enclaves doivent dimi- nuer Ou disparaitre, et que, si elles persistent, elles doivent rester comme figées dans leur composition. C'est exactement le contraire que j'ai observé : 1° Les enclaves m'ont paru plus nombreuses en hiver qu'en été; 2° leur composition se mo- ‘difie. (Observations faites en juillet, au commencement de décembre et fin janvier.) I. — Les grains de ségrégation paraissent sensiblement plus abondants en hiver qu’en été. En été ils sont localisés au-dessus du noyau sous formes de sphérules ou de petites masses bourgeonnantes. En hiver, la plus grande (1) Regaud et Policard. Recherches sur la structure du vein de quelques ophidiens, Archives d'anatomie microscopique, 1963. (2) Comptes rendus de l'Association des anatomistes, 1903, p. 180. 268 REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX partie des grains a la même situation, mais on en trouve aussi beaucoup sur les côtés et au-dessous du noyau. En été ils sont plongés dans un proto- plasma à réticulum dense. A la fin de l'hiver, le protoplasma de nombreux tubes s’est creusé de grandes vacuoles claires dans lesquelles sont placés des grains volumineux ou réunis en grosses grappes. La coloration jaune des grains existe dans les deux saisons. L'action des colorants varie un peu : pendant l'été la thionine picriquée colore tous les grains en bleu noir, l’'hématoxyline ferrique en noir intense; pendant l'hiver, un très grand nombre de grains se teignent en marron fauve par la thionine, en noir moins franc par l’hématoxyline ferrique, — principalement ceux qui siègent dans les cellules à protoplasma vacuolisé. II. — Les globules graisseux situés à la base des cellules sont plus volumi- neux en hiver qu’en été. Le Flemming donne de plus aux grains de ségré- gation une teinte verdâtre plus foncée en hiver qu’en été, OsO*‘ du mélange, colore en noir, dans ces grains, des granulations graisseuses punctiformes bien plus constantes et abondamment réparties en hiver qu’en été. Certains grains sont enfumés, ou même complètement noircis par OsO*. III. — Les vésicules bleuies par la méthode de Weigert-Regaud sont déjà abondantes et d’une parfaite netteté dans le rein de la tortue en été; on en trouve un peu partout dans les cellules mais surtout à leur base. En hiver, elles sont très sensiblement plus nombreuses. Elles siègent alors de pré- férence au sommet de la cellule, où elles sont manifestement superposables aux grains de ségrégation. On les trouve aussi en amas müriformes dans des vacuoles protoplasmiques, disposition identique à celle que j'ai déjà signalée pour les grains. L'examen attentif de préparations sœurs démontre que très fréquemment les grains de ségrégation et les vésicules lipoïdes ont même siège, même substratum. L'étude du rein de la tortue pratiquée l'hiver permet donc de se rendre compte encore plus nettement qu’en été de la composition complexe des grains de ségrégation. Ces grains ne sauraient être formés exclu- sivement d’urates, si peu résistants aux dissolvants comme on le sait, pas plus que d'acide urique, qui très peu soluble ne résiste cependant pas à certains réactifs tels que la piperazine (voir ma précédente note). Ils comprennent un substratum albuminoïde présentant certaines réac- tions de la chromatine, de fines particules de graisse, un pigment jaune; enfin ils sont parfois imprégnés de substances voisines des lécithines. Pourquoi les enclaves sont-elles plus nombreuses en hiver qu’en été? Il ne saurait être question d’une suractivité glandulaire à proprement parler, alors que toutes les fonctions organiques sont si ralenties. Mais le travail sécrétoire n’est certainement pas aboli. Il se fait dans la cellule des transformations importantes, quoique lentes. Si les encla- ves sont abondantes, c'est probablement que l'apport liquide ne suffit pas à balayer les matériaux accumulés dans les cellules. (16) SÉANCE DU 2? FÉVRIER 269 NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA PARTIE TERMINALE DES NERFS MOTEURS ET DES TERMINAISONS NERVEUSES MOTRICES DANS LES MUSCLES STRIÉS, CHEZ LE POULET, par M. M. CavaLié. J'ai essayé d'imprégner par le chlorure d’or (procédé de Ranvier et de Lüwit) les nerfs à leur terminaison dans les muscles striés de l'embryon de poulet. Les premiers résultats que j'ai obtenus concernent des embryons au 44°, au 16° et au 17° jour de l'incubation. | Dans un fragment de muscle provenant, soit des membres postérieurs, soit de la paroi du tronc, après dissociation, on rencontre des traînées cellulaires, courant obliquement ou presque perpendiculairement à la direction des fibres musculaires striées. Ces lraïînées cellulaires pouraient être prises pour des vaisseaux en voie d’accroissement. Elles en diffèrent par leur forme et leur aspect, leur direction et leur termi- naison. Elles se bifurquent ou se trifurquent et leurs branches de division viennent se terminer chacune à la surface d’une fibre muscu- laire, rappelant la disposition des fibres nerveuses préterminales et des terminaisons nerveuses motrices dans les muscles striés, chez l'adulte. -. Ces trainées cellulaires sont colorées en violet foncé tranchant sur la teinte plus pâle des fibres musculaires. Elles paraissent consti- luées, exclusivement, par des cellules très étirées dans le sens de la - direction du cordon, pourvues d’un seul noyau très apparent et d’un protoplasma où l’imprégnation n’a pas mis en évidence d'éléments fibrillaires. Ces cellules, sans être au contact, sont simplement placées les unes à côté des autres. Lorsqu'une traînée cellulaire vient se terminer sur une fibre mus- culaire, les cellules s’étalent, au nombre de cinq à dix, à la surface de la fibre, constituant à ce niveau une éminence grossière, volumineuse et disproportionnée avec le calibre de la fibre musculaire. En aucun point de ces trainées cellulaires, il n’est possible d’aperce- voir un cylindre axe, ou des arborisations, soit que leur apparition n'ait pas encore eu lieu, soit que l’imprégnation n'ait pas été réussie. C'est là un point qui me paraît important à fixer, par des recherches nouvelles, eu égard aux théories contradictoires sur le développement des fibres nerveuses périphériques. Conclusions. — Chez l'embryon de poulet, du quatorzième au dix- septième jour, il existe, dans l’intérieur des muscles, des traînées cellu- laires rappelant la disposition des nerfs moteurs préterminaux et des ter- minaisons nerveuses motrices. Dans ces trainées cellulaires les cylindres 270 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (17) axes et leurs arborisations ne sont pas mis en évidence par l’imprégna- tion au chlorure d’or. æ (Travail du Laboratoire de M. le professeur Viault.) LYMPHOCYTOSE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS TROIS CAS DE NÉVRALGIE DU TRIJUMEAU, par M. A. PITRESs. Chez trois malades atteints de névralgie rebelle du trijumeau j'ai constaté dans le liquide céphalo-rachidien extrait par la ponction lom- baire et traité par les procédés devenus classiques depuis les recherches de M. Widal (centrifugation pendant dix minutes, fixation du culot par l’alcool-éther, coloration à l'hématéine-éosine) la présence de lympho- eytes. Voici le résumé très succinct de ces trois observations : Os. I. — Marie Béd..…., quarante-sept ans, domestique, vierge. Pas de présomptions de syphilis ni de tuberculose. Début de la névralgie en 1883, à trente-deux ans, à la suite d’un coup de froid. Les douleurs, partant du point mentonnier droit, acquirent bientôt une violence extrême. Elles furent inutilement combattues par une foule de médica- tions internes et externes (opium, quinine, aconiline, électricité, etc.) et par quatre opérations de résection du tronc ou des branches du nerf dentaire infé- . rieur pratiquées en 1893, 1896, 1898 et 1900. Après chacune de ces résections il y eut une amélioration temporaire qui dura de huit mois à un an; puis la névralgie reparut, aussi violente qu'auparavant. Entrée à l'hôpital le 47 mars 1902. Caractères des douleurs : crises explosives. excruciantes, survenant le plus souvent sans provocations extérieures, débu- tant toujours dans la région du trou mentonnier droit et s’irradiant rapide- ment dans toute la joue. Dans les intervalles des crises la pression du trou mentonnier ne provoque pas de douleurs. Sensibilité de la face conservée. Pas de troubles trophiques. Pupilles légèrement inégales ne réagissant ni à la lumière ni à la douleur, mais réagissant bien à l’accommodation. Réflexes rotuliens normaux; achilléens, faibles. Les injections de cocaïne au niveau de la région du trou mentonnier droit ne modifient pas les crises névralgiques. Ponction lombaire le 25 novembre 1902. Liquide clair, limpide, coulant goutte à goutte. Examen cytologique : lymphocytes très abondants. Ogs. II. — V. Sch.…, soixante-huit ans, mariée. Quatre enfants venus à terme. Pas de syphilis; pas de tuberculose. Névralgie faciale droite, ayant débuté à cinquante-cinq ans, à la suite d’un érysipèle de la face, traitée sans succès par la quinine, l'aconitine, l'extrait thébaïque à doses progressives, etc., C4 (LS) SÉANCE DU 2 FÉVRIER 274 et par l'arrachement de toutes les dents (saines cependant) du côté droit de la mâchoire inférieure. | Entrée à l'hôpital le 5 décembre 1903, en pleine exacerbation névralgique. Crises violentes se succédant à de courts intervalles, nuit et jour, durant chacune de dix à vingl secondes. Elles sont souvent, mais pas toujours, pro- voquées par la mastication, par la déglutition, par les efforts faits pour se moucher, ou pour cracher, par le frôlement des gencives ou de la peau. La douleur apparaît invariablement au niveau du trou mentonnier; elle naît subi- tement et s'étend rapidement à toute la joue. La malade porte la main sur les points endoloris et Les comprime avec son mouchoir. La crise cesse aussi brusquement qu’elle est survenue. Dans les intervalles des crises il n’y a pas de douleur persistante. La pression du point mentonnier est indifférente. Sen- sibilité de la face normale. Pupilles égales, réagissant bien à la lumière et à l’accommodation. Réflexe rotulien normal à droite, faible à gauche ; réflexe achilléen nul des deux côtés. L'injection sous-cutanée de cocaïne au niveau du trou mentonnier n’apaise pas les crises névralgiques en cours d'évolution et ne parait pas retarder l’explosion de crises nouvelles. Ponction lombaire pratiquée le 22 décembre 1903. On retire 8 centimètres cubes de liquide clair dans lequel l'examen cytologique démontre la présence de quelques globules rouges et de lymphocytes relativement très nombreux (1 Ivmphocyte pour 15 hématies). >: Oss. IT. — M. Laf.…., cinquante-cinq ans, voyageur de commerce, niant “catégoriquement tout antécédent syphilitique, d’une constitution très robuste, est atteint depuis quatorze mois d’une violente névralgie du côté droit de la iace. Les crises douloureuses sônt quelquefois provoquées par la mastication ou la déglutition, par le fait de se laver la figure avec de l’eau chaude ou froide, par le passage du rasoir sur le visage, etc. Plus souvent, elles éclatent spon- tanément. Elles sont caractérisées par des élancements très vifs qui, partant de la canine inférieure droite (laquelle n’est nullement altérée), traversent les chairs de la joue pour aboutir à 2 centimètres en avant de l’orifice externe du canal auditif. Pendant leur durée, le malade porte la main à sa joue et la frotte énergiquement. Dans les intervalles des crises, la percussion de la canine inférieure droite est indifférente. Il en est de même de la pression au niveau des régions malaire, sous-orbitaire, pré-auriculaire et mentonnière. Sensibilité de la face conservée. Pupilles égales, réagissant bien à la lumière, à l’accommodation et à la piqûre, mais ne se dilatant pas pendant les crises névralgiques. Les injections sous-cutanées de cocaïne aux points où siègent les douleurs névralgiques (régions mentonnière et pré-auriculaire) n’apaisent pas ces dou- leurs et ne les empêchent pas de se reproduire. Une ponction lombaire faite le 5 janvier 1904 donne issue à l'écoulement en jet de 40 centimètres cubes de liquide limpide, dans lequel l'examen cytolo- gique, pratiqué par M. le Dr Brandéis, révèle la présence de globules rouges assez nombreux (40 à 50 par champ de microscope), de quelques polynu- \ 272 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (19) cléaires et de lymphocytes dans la proportion de 1 à 2 pour 50 hématies. Ce liquide renferme donc, en outre des éléments leucocytaires provenant du sang, des lymphocytes lui appartenant en propre. Les observations précédentes mettent en relief un fait assez imprévu, c'est à savoir l'existence, dans certains cas de névralgie du trijumeau, d’une réaction méningée se traduisant par de la lymphocytose du liquide céphalo-rachidien. Je me borne pour le moment à la constatation pure et simple de ce fait, réservant pour un autre travail la discussion des problèmes de pathogénie et de séméiologie qu'il soulève, problèmes qui sont. d’ailleurs tout à fait analogues à ceux qu'a soulevés récem- ment la découverte faite par MM. Brissaud et Sicard de la lymphocy- tose céphalo-rachidienne chez les malades atteints de zona ou de névralgie zostérienne. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY SÉANCE DU 9 FEVRIER 1904 AxcEL (P.)et Bouin (P.) : Tractus génital et Testicule chez le Porc cryptorchide Bouin (P.) et ANcELz (P.) : La glande interstitielle chez le vieillard, les animaux âgés et des infantiles ex- périmentaux CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Nouveaux faits sur les rayons N et sur leur observation physiologique . . . .. CHARPENTIER (AUGUSTIN) Nou- velles sources et nouveaux : effets physiologiques des rayons N . . .. FERRET (P.) et WEBER (A) : Spéci- QC POM ON NICUEOM MOMOMOPCEND DR OMOMIEDMONNICUIOMOMATE.C. HOME ficité de l’action tératogénique dela piqûre des enveloppes secondaires dans l'œuf de Poule SOMMAIRE 281 Ferrer (P.) et Weser (A.) : Mal- formations du système nerveux cen- tral de l'embryon de Poulet obtenues expérimentalement. III. Anomalies des ébauches oculaires primitives. FerRET (P.) et WEeBer (A.) : IV. Cloisonnements ethbourgeonnements du tube nerveux d’embryons de ROUTELS SARA ENNEMI SETE pCTME Matniec (XAVIEKX) : De la prolon- gation de l’inexcitabilité périodique du cœur dans certaines intoxica- THON EANE LCE SRE APT RE TEA MExERr (Eo.) : Emission de radia- tions N par les végétaux maintenus AO DSCUTITÉ ANNEE SENTE Présidence de M. Charpentier. NOUVEAUX FAITS SUR LES RAYONS N ET SUR LEUR OBSERVATION PHYSIOLOGIQUE, par M. AUGUSTIN CHARPENTIER. 286 288 219 Depuis notre dernière réunion, j'ai fait de nouvelles observations et expériences sur les rayons N, les unes au point de vue physique, les autres au point de vue physiologique. Comme les secondes découlent en grande partie des premières, je résumerai d'abord celles-ci, le plus briévement possible. J'ai étudié d’abord un nouveau mode de propagation des rayons Net des radiations physiologiques : au lieu de se propager en ligne droite suivant les lois de l'optique comme elles le font dans l’air, ces radiations, 274 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (22) lorsqu'elles rencontrent un fil de cuivre, semblent suivre ce dernier, et, malgré les formes diverses qu'on peut leur donner et les obstacles qu'on peut placer entre la source et l'écran sensible, arrivent à cet écran s'il est en contact même imparfait avec l'extrémité du fil conducteur. On peut donc constituer un système qui transmettra à des distances variables les rayons émanés d’une source, et qui comprendra : à l’ori- gine un {ransmelteur, petile plaque métallique destinée à recevoir les rayons; un fil conducteur, et un écran sensible, qui sera le petit carton déjà convu, recouvert d’une tache de sulfure phosphorescent et qu'on entourera par deux ou trois boucles faites par le fil conducteur. Le sul- fure préalablement insolé s’illuminera davantage quand le-transmetteur sera placé au voisinage d’une source de rayons N. î J'ai observé cette espèce de conduction d’abord pour les rayons émenés de sources physiologiques, muscles, cœur, centres nerveux; je l'ai retrouvée ensuite pour les différentes sources inorganiques, acier trempé, hyposulfite insolé, etc. Parmi ces dernières la phosphorescence est une source importante de rayons N, qu'elle fournit en même temps que des rayons lumineux et autres déjà connus (Blondlot). Or, cette source, comme les autres, trans- met à distance par un fil les radiations conduites, lesquelles augmen- tent la luminescence de l'écran sensible; de cette façon la phosphores- cence semble se transmettre en partie d'un bout à l’autre du fil; en réalité le mécanisme est différent, mais le résultat est le même, et l'écran sensible s’éclaire dans ce cas d’une façon particulièrement remarquable. Si on prend le système transmetteur décrit ci-dessus et qu'on chauffe la plaque initiale, rien de particulier ne se produit sur l’écran sensible avant qu'une quantité notable de chaleur ait eu le temps de se propager jusqu’à lui. Au contraire éclaire-t-oun la plaque par une source de rayons N, comme par un bec Auer (avec un écran d'aluminium au devant de la plaque), l'écran de sulfure s’illumine. Remplacons la plaque de cuivre initiale par un écran de carton recouvert de sulfure, et éclairons-le par le ma- gnésium en combustion ou d'une autre facon, l'écran terminal brillera. Avec M. Blondlot j'ai fait les expériences suivantes : l'extrémité initiale du fil (dépourvue de sa plaque) est mise en contact avec un flacon de sulfure bien lumineux et qui peut être placé dans une autre pièce; l'écran brille à l’autre bout du fil. Il brille encore davantage si on plonge l'extrémité initiale du fil dans le sulfure. La section du fil dans sa conti- nuité empêche la transmission; le rapprochement des parties seclion- nées la rétablit. On place entre les deux bouts sectionnés un condensa- teur à air, la transmission s'opère; elle cesse si on sépare l’un quel- conque des fils avec le plateau correspondant, etc. La transmission demande un temps appréciable, se mesurant par plusieurs secondes. Ce temps augmente, entre autres conditions, avec la } « (23) SEANCE DU 9 FÉVRIER 975 longueur du fil; avec un fil de 10 mètres de long, je l'ai vu s'élever jus- qu'à douze secondes et davantage, le momeut du début de l’éclairement sur l'écran élant d’ailleurs délicat à préciser. En outre, phénomène important et suis nous devrons retenir, l’équi- libre définitif ne s'établit sur l'écran qu'après une série d’oscillations souvent nombreuses et assez lentes, chaque période ayant plusieurs secondes. Ces oscillations se montrent aussi dans la source. Cette période peut être plus courte dans certaines conditions particu- lières : on peut opérer la transmission, par exemple, en remplaçant le fil de cuivre par une ficelle recouverte de sulfure phosphorescent, lequel devient plus lumineux et semble parcouru par des ondulations dont l'œil suit plus ou moins bien le déplacement. La théorie du phénomène ne peut être faite pour le moment. La transmission à distance peut s’opérer du reste par des isolants comme par des fils conducteurs : le verre, le bois dense conduisent, d’autres corps comme le caoutchoue se comportent d’une facon spéciale qui sera décrite plus tard. Le cuivre et d’autres métaux tels que l'argent sont les corps à préférer comme intensité de transmission et facilité d'emploi. Les applications de ces faits, rapprochés d’autres connus, sont de deux sortes : 1° ils nous donnent de nouvelles méthodes d'observation des sources physiologiques de rayons N; 2 ils nous fournissent de nou- velles sources de ces rayons ou des rayons similaires, et nous per- mettent d'étudier leur action sur l'organisme. Le phénomène de la transmission par un fil permet de faire des observalions avec l'écran à demeure, la plaque initiale seule étant déplacée vis-à-vis des divers points à étudier. La localisation des points d'émission peut-être aussi étroite qu’on le désire, la plaque initiale pouvant être petite sans affecter la visibilité de l'écran. Cette plaque peut même être supprimée, et le bout du fil sert d’explorateur des points à étudier. On peut ainsi étudier les diverses parties d'un nerf, d'une racine sensitive ou motrice, comme je l’ai fait avec M. le professeur Meyer, etc.; on différencie de cette façon des points très rapprochés. L'écran peut être constitué comme je l'ai indiqué plus haut; on peut aussi le former par une plaque de cuivre soudée au fil et recouverte de sulfure, ce qui assure un meilleur contact. En dehors de cet ordre d'idées, un écran sensible qui semble bizarre mais qui peut donner de très bons résultats en facilitant la perception des changements de luminosité du sulfure consiste dans la simple ficelle, plus ou moins longue, enduite sur toute sa longueur de sulfure phosphorescent. Si l’un des bouts est appliqué contre une partie émettant des rayons N, la ficelle s'éclaire dans toute son étendue et on peut lui donner des formes diverses {rectiligne, sinueuse, en boucle, en paquet, etc.), s’'adaptant à la sensibilité de l'œil observateur. 276 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (24) Par ces procédés on répète toutes les expériences décrites ou énu- mérées précédemment et faites avec un écran direct. On en peut faire de nouvelles qui n'étaient que difficilement réalisables au début. Ainsi en enfonçant le transmetteur à l'extrémité initiale du fil le plus possible contre le trou occipital, on se rapproche du bulbe et on peut observer la facon dont varie à ce niveau l'innervation respiratoire : l’éclai- rement est plus fort pendant l'inspiration que pendant l'expiration, signe d'une activité fonctionnelle plus grande. En plaçant le transmet- teur plus bas contre la partie supérieure de la région cervicale, le maximum d'activité fonctionnelle a lieu au début de l'expiration, l'écran est moins éclairé pendant l'inspiration. Je donne ce fait à titre de simple exemple des applications possibles. NOUVELLES SOURCES ET NOUVEAUX EFFETS PIYSIOLOGIQUES DES RAYONS N, par M. AUGUSTIN CHARPENTIER. Comme corollaire des faits contenus dans la note précédente, j'ai à indiquer maintenant comment on peut renverser le problème en réalisant de nouvelles sources de rayons N et étudiant leur action physiologique en même temps que celle des sources habituelles. Puisqu'on peut transmetire à distance les radiations d'une source, on peut utiliser comme source secondaire ces radiations conduites, comme je les ai nommées. Dans le cas de la phosphorescence, cela nous permettra de réaliser des sources secondaires d’une assez grande intensité. Un flacon de sulfure qui a été insolé fournit des rayons N. En placant dans ce flacon l'extrémité plus ou moins large d'un fil conducteur et terminant ce fil à l’autre bout par une plaque de cuivre, celte plaque émettra par sa surface des radiations conduites. Or, le sulfure s’épuise s'il n'est pas insolé de nouveau; mais rien ne nous empêche de le laisser exposé au grand jour en dehors de la pièce où on opère, il fournira alors d'une façon continue des radiations conduites. Au lieu d’un flacon qui n'utilise pas toute la surface du sulfure, on peut couvrir de celui-ci un écran derrière lequel on mettra une plaque de cuivre, ou devant lequel on mettra un grillage métallique à larges mailles, laissant arriver suffisamment les rayons solaires, et commu- niquant par soudure avec le fil conducteur et sa plaque terminale. On disposera alors de radiations d’une plus grande intensité. Ces ra- diations sont-elles exactement les mêmes que les rayons N décrits ? La question est à l'étude ; tout ce qu'on peut dire pour le moment, c'est que, prises en masse, elles ne paraissent pas en différer essentiellement. (25) SÉANCE- DU 9 FÉVRIER 277 Comme effets physiologiques, elles sont d’ailleurs comparables, sauf l'intensité, aux rayons N. Les rayons N ont certainement une action sur l'organisme. Il con- vient d'étudier cette action méthodiquement sur les différentes fonc- tions. Peut-être n’observera-t-on pas tout d’abord de phénomènes bien probants, car il ne faut pas oublier qu’on ne dispose pas de grandes quantités de ces rayons. Cependant les dispositifs ci-dessus permettent déjà d'opérer avec quelque intensité, si on arrive à éclairer très vive- ment le sulfure de la source. J'ai utilisé concurremment avec eux d’autres sources commodes, mais plus faibles : une bille d’acier trempé pour roulements, de 2 centimètres de diamètre; des ciseaux longs; le poing fermé: un flacon de sulfure entouré de papier noir, etc. On peut observer, avec les unes ou les autres de ces sources diverses, des effets certains sur le système nerveux. On connaît déjà l'effet Blondlot sur la rétine, c’est le premier phé- nomène de cet ordre. J'ai pu mettre en évidence une action faible mais nette de ces rayons sur quelques points du cerveau. En promenant une source assez intense dans la demi-obscurité sur le côlé gauche du crâne, il y a un certain effet produit dans la plus grande partie de la région postérieure du pariétal et dans la région occipitale voisine ; le maximum se trouve chez moi à 4 centimètres environ en dehurs et un peu en haut du sommet de l’occipital : il se traduit surtout par une faible augmentation de netteté de la perception des détails, qui persiste lorsqu'on interpose devant l'œil un diaphragme à ouverture de 1 à 2 millimètres. J'ai aussi dans les mêmes conditions de très faibles sensations lumineuses diffuses dans l'obscurité, ce qui implique excitation directe du centre nerveux intéressé. Il y a dans toute cette région des réactions pupillaires fort variables, mais une qui paraît constante est un certain degré de rétrécissement correspondant à une direction el une inclinaison déterminées d’une longue lame d'acier, qui irait passer, semble-t-il, par les centres gan- glionnaires optiques (voisinage des tubercules quadrijumeaux). La source de radiations conduites agit, en outre, d’une façon cons- tante sur le centre cilio-spinal de la moelle. Lorsqu'on place la petite plaque de cuivre au-dessus de la 7° vertèbre cervicale, il y a une dila- talion pupillaire variant de 1 demi à L millimètre, et quelquefois plus, suivant les sujets et suivant la source. M. E. Meyer a fait avec moi cette constatation, maintes fois répétée depuis. D'autres excilations de la moelle, sur l’homme et sur les animaux, seront recherchées; on étudiera notamment les effets cardio-vascu- laires et calorifiques éventuels. Indépendamment des phénomènes visuels qui précèdent, j'ai, en outre, BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 190%. T. LVI. 20 ETAT A 278 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (26) des observations qui me donnent lieu de croire qu'il y a action positive des rayons N sur d’autres modes de sensibilité, notamment dans l’olfaction et la gustation, ainsi que sur certains centres auditifs. Ce sera l'objet d’une prochaine communication. EMISSION DE RADIATIONS N PAR LES VÉGÉTAUX MAINTENUS A L'OBSŒURITÉ, par M. Ep. MEYERr. Pour compléter les observations relatées dans la dernière séance, on a maintenu des végétaux, ou fait germer des graines à l’obscurité. Dans ces conditions, on a observé dés radiations fort nettes dans toutes les parties d’une plante, maintenue dans la chambre noire de quatre à six jours; des oignons déjà en gèrmination, mais privés de lumière pen- dant vingt jours, ont augmenté la luminosité de l’écran ; de même, des germinations, placées dans une boîte de carton hermétiquement close. Pour essayer de se mettre à l'abri des rayons N, ne provenant pas directement du jour, on a fait des germinations comparatives de la facon suivante : 1° Une germination était placée dans une boîte faite d’une ue de plomb de 4 millimètres d'épaisseur, et recouverte d’un couvercle de même métal, entourée de papier mouillé, par conséquent, à l'obscurité et à l'abri des rayons N. 9° Une autre était placée dans un bocal de verre, fermé et plongé sous l’eau, par conséquent, à la lumière, mais à l'abri des rayons N extérieurs. L’une et l’autre, émettaient des radiations. Enfin, l'observation a été faite à l'abri des radiations, pouvant pro- venir des récipients; à cet effet, tantôt, on faisait flotter dans l’eau d’un cristallisoir, comme un îlot, le tampon de coton, où se dévelop- paient les jeunes pousses, qui, seules, émergeaient; tantôt on recouvrait le récipient à germination d’un disque de papier mouillé, soutenu par un disque de carton, l’un et l’autre percés d'un orifice par où émergeaint les jeunes pousses, dont l'extrémité inférieure était plongée dans l’eau. Dans l’un, comme dans l’autre cas, ou par le procédé par conduction, ou par le procédé ordinaire, on observait un maximum au-dessus des plantes. (Laboratoire de physiologie), LA (27) SÉANCE DU 9 FÉVRIER 279 DE LA PROLONGATION DE L'INEXCITABILITÉ PÉRIODIQUE DU COUR DANS CERTAINES INTOXICATIONS, par M. XAvIER MATHIEU. Le repos compensateur (Marey) qui succède dans le cœur à une systole supplémentaire est dû, d’après la nouvelle théorie d'Engelmann, à ce que le ventricule se trouve en état d'inexcitabilité au moment où la syslole auriculaire lui transmet l'excitation rythmique. Cette inexcitabi- lité est l'expression de la phase réfractaire provoquée par l’extra-systole. La prolongation de la diastole ne tiendrait donc pas à une sorte de compensation, mais résulterait, d’après Engelmann, de la loi de la conservation du rythme. D'autre part, en dehors de ce fait expérimental provoqué, il est des circonstances (certaines intoxications, mort du cœur), où se produit une dissociation auriculo-ventriculaire telle qu’à 2 systoles auriculaires ne correspond qu'une systole ventriculaire (rythme 26/1V, — halbirung, des auteurs allemands). Ainsi, en l'absence de toute excitation supplé- mentaire, se trouve réalisé par un processus pour ainsi dire physiolo- gique, un rythme qui, sans extra-systole, correspond à l'explication d'Engelmann, traduite en schéma (une systole auriculaire non suivie d’une systole ventriculaire). --Il est intéressant de rechercher comment se comporte, dans cette circonstance, l’excitabilité propre du cœur. C’est ce qu'ont fait Straub pour l’antiarine (1), et N. H. Alcock et Hans Meyer(2), pour la carpaïne; ils ont conclu dans ces conditions à une diminution de réactivité du cœur. Que valait cette explication pour d’autres poisons du muscle cardiaque”? M. le professeur E. Meyer m'a engagé à le rechercher. Je me suis servi pour cette étude, de bile et de chlorure de potassium. Le procédé que j'ai employé pour inscrire les mouvements du cœur est celui de la suspension totale, d'Engelmann. Le cœur, in situ, était suspendu horizontalement, afin d’entraver le moins possible la circula- ton de la grenouille, et de faciliter l'application de la substance toxique, qui était instillée sur le ventricule. Le levier inscripteur, très sensible, relié directement à la pointe ventriculaire, reproduisait fidèlement les moindres variations de mouvement du cœur. Dans ces conditions, bien que l’on n’obtienne qu’une seule courbe pour représenter le tracé des mouvements auriculaires et celui des mouvements ventriculaires, cette courbe est suffisamment fidèle et déliée pour que l’on puisse distinguer et analyser ces deux pulsations, même lorsqu'elles se superposent. Voici comment s'établit habituellement ce rythme dissocié : — On (1) Walther Straub. Arch. für exp. Path. und Pharm., t. XXXXV (1901). (2) N. H. Alcock et Hans Meyer. Arch. für Phys., 1903. 280 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (28) peut en suivre l'apparition sur les 3 tracés de la planche I. — En A, pulsations normales. En B, instillation d’une solution de KCI à 0,5 p. 100 sur le ventricule. Au bout de quelques minutes le rythme alterne apparaît (C). On observe alternativement une systole ventricu- laire assez ample, suivie d’une plus petite. Cette dernière, tandis que l’autre augmente peu à peu d'amplitude, diminue de plus en plus, jusqu'à disparaitre complètement. À ce moment (D) est constitué le le rythme dissocié (1 systole V pour 2 systoles A). Si nous continuons à observer le cœur, nous voyons à leur tour les systoles auriculaires se ralentir, et être à nouveau suivies chacune d’une systole V. L’excilation du ventricule faite à ce moment, au moyen d’un choc d'induction, démontre que la période réfractaire est considéra- blement allongée, car pour une excitation d'une intensilé donnée, le ven- tricule ne répond qu’au voisinage de la systole A. suivante. De plus, le seuil de l'excitation est fortement surélevé relativement à ce qu'il était pour le cœur normal (Planches IL et III). La phase réfractaire s'étend donc à toute la période diastolique. Il est évident, dans ces conditions, que si le nombre des systoles auri- culaires était doublé, la $S. À. intercalaire, qui se produirait à un moment où les excitations artificielles sont inefficaces sur le ventricule, n'aurait pas plus de suecès que ces dernières, et ne provoquerait pas de S.V. C'est précisément là le cas du rythme 20/1 V que nous allons analyser maintenant. L'examen des tracés correspondant à ce rythme (PI. IV, V, VI, VII) sur lesquels sont inscrites et répérées les excitations envoyées au ventricule pendant son repos, démontre nettement l’inexcilabilité ventriculaire avant, pendant et même après la S. A. non suivie d'une S. V. Lorsque le rythme 20/1V est bien établi, le ventricule ne retrouve son excitabilité pour une excitation donnée, qu'au voisinage de la SA qui donnerait lieu à la S. V. spontanée. (PI. IV et V). Si l'intensité de l'exei- tant augmente, la période d’inexcitabilité est raccourcie, comme le montre le tracé 1, planche VII, sur lequel on voit une excitation plus forte, inefficace cependant avant la S.A. intercalaire, être efficace immédiatement après elle. Dans ce cas, la S.V, ainsi prématuré- ment provoquée, est suivie elle-même d'une phase d'inexcitabilité qui rend inefficace l'excitation transmise au V. par la SA suivante, qui sans l'intervention expérimentale aurait déterminé une S.V. Ceci démontre bien que l’inefficacité que présente alternativement l’excita- tion due à chaque 2° S.A. ne tient pas à une particularité propre à cette S. A. intercalaire, mais bien à la réactivité ventriculaire. Du reste, si, sans modification du rythme de l'O, la réactivité ventri- culaire diminue de plus en plus, on voit alors 1 S$. V. pour plusieurs $. A. La planche VIIT (inetill. de bile) montre ce phénomène. Sur le tracé 1, on voitencore le rythme dissocié, puis les $S. V. deviennent de plus en plus rares. Les excitations envoyées, et malgré cela, ne deviennent efficaces (29) SÉANCE DU 9 FÉVRIER 281 (tr. 2) qu'après la 4° puis la 6° S.A., l’inexcitabilité qui a suivi la S. V. ayant persisté pendant toute cette période. On peut donc admeltre que ces rythmes dissociés tiennent à une dimi- nution de la réactivité du ventricule, comme l'avaient observé Straub et N. H. Alcock et Hans Meyer, et sont en rapport avec l'explication don- née par Engelmann de la prolongation de la diastole, consécutive à la provocation expérimentale d'une extra-systole. (Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Nancy.) TRACTUS GÉNITAL ET TESTICULE CUEZ LE PORC CRYPTORCHIDE, par MM. P. ANGEL et P. Bouin. La castration chez les Mammifères adultes amène l’atrophie du tractus génital et de ses glandes annexes; elle supprime, en outre, l’activité génitale. La même opération faite dans le jeune âge arrêle le dévelop- pement du tractus génital et empêche l'apparition de l'instinct sexuel. À quels éléments du testicule est dévolue cette puissante action sur l'organisme? On peut la rapporter aux cellules interstitielles, aux cel- lules séminales, au syncytium sertolien ou à tous ces éléments réunis. A”notre avis, le rôle général reconnu au testicule appartient à la glande interstitielle seule. Notre démonstration doit être divisée en deux parties. © I. — La glande interstitielle chéz les Mammifères adultes maintient l'intégrité du tractus génital et l’activité génitale. Les autres éléments constituants du testicule, cellules séminales et syneytium sertolien, n’ont pas cette action. Les pores cryptorchides, semblables aux entiers, possèdent, en effet, des testicules ne renfermant pas de cellules séminales; seule, la glande interstitielle et le syncytium sertolien y sont développés. Nous avons, d'autre part, éliminé l'influence possible du syneytium sertolien en montrant qu'après ligature du canal déférent d’un côté et enlèvement du testicule du côté opposé, seule la glande interstitielle s'hypertrophie; la glande séminale (cellules sémi- nales + syncytium sertolien) dégénère et disparaît. L'opéré reste, de tous points, semblable à l’entier. L'hypertrophie de la glande intersti- tielle dans cette expérience et sa présence dans le testicule des cryptor- chides nous permet de rapporter l’action générale du testicule chez l’adulte à la glande interstitielle seule. Il. — La glande interstitielle, chez les Mammifères jeunes, tient sous la dépendance de sa sécrétion interne le développement du tractus génital et l’apparition de l’activité génitale. Chez les Pores eryptorchides adultes, nous ne trouvons pas de cellules 282 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (30) séminales; mais ces éléments apparaissent peut-être à une certaine période du développement ontogénétique, puis disparaissent, et dans ce cas peuvent avoir une certaine influence sur le développement du lractus génital et l'apparition de l’instinct sexuel. Pour trancher cette question, nous avons examiné une série de jeunes pores cryptorchides; nous n'avons jamais vu de cellules séminales dans leurs testicules; cependant le tractus génital était chez eux en voie de développement et l'activité génitale était apparue chez les plus âgés. Habituellement, on trouve dans le testicule des cryptorchides jeunes, la glande interstitielle et le syncytium sertolien. Chez l’un d’eux, cependant, le syncytium n'existait pas. Ce porc, âgé de six mois et demi, possédait un tractus génital nor- malement développé. A côté de la glande interstitielle, on trouvait dans le testicule une glande séminale embryonnaire. Cet exemple montre que le développement du tractus génital et de ses glandes annexes ne dépend pas plus du syncytium sertolien qu’il ne dépend des cellules séminales. En somme, le porc eryptorchide peut acquérir les mêmes caractères que l'animal entier, tandis que, dans son testicule, la glande intersti- tielle évolue seule normalement. La glande séminale subit, au Con- traire, un retard dans son évolution (elle peut garder longtemps ses caractères embryonnaires, jusqu'à l’âge de six mois et demi dans notre exemple, tandis qu’à six semaines la préspermatogénèse apparaît chez le porc) et n'arrive que dans des cas absolument exceptionnels à ren- fermer certains représentants de la lignée spermatogénétique. Nous pouvons donc conclure : le développement du tractus génital avec ses annexes et l'apparition de Don seœuel chez le jeune animal sont sous la dépendance de la glande interstitielle, comme le maintien de l'inté= grité du tractus et de l'activité génitale chez l'adulte. Cette manière de voir, établie par des recherches sur le Porc, le Chien, le Cobaye et le pp doit, à notre avis, être étendue à tous les Mammifères. LA GLANDE INTERSTITIELLE CNEZ LE VIEILLARD, LES ANIMAUX AGÉS ET DES INFANTILES EXPÉRIMENTAUX, par MM. P. Bouin et P. ANCEL. Les cellules interstitielles du testicule possèdent chez les Mammifères des caractères communs et des caractères particuliers à chaque espèce. Les caractères communs consistent dans l'aspect général de ces cellules qui permet de les différencier facilement des éléments conjonetifs, dans la division plus ou moins nette du cytoplasme en deux zones con- centriques, dans la situation périphérique et la structure du noyau, et enfin dans la présence d'un matériel de sécrétion plus ou moins abon- # (31) SÉANCE DU 9 FÉVRIER 283 dant. Les caractères particuliers à chaque espèce portent sur la forme des cellules et sur la nature du produit de sécrétion. Chez l'homme adulte, par exemple, il existe dans ces éléments interstitiels des cristal- loïdes qui n’ont été retrouvés chez aucune espèce animale. Chez le chien, le chat, on y rencontre surtout de la graisse colorable en noir par l’acide osmique. Chez le rat, le cobaye, le lapin, les cellules sont petites et le matériel graisseux peu abondant. Chez le porc, les cellules interstitielles élaborent surtout des produits colorables par la laque cui- vrique d’hématoxyline, etc. L'étude des testicules appartenant à des individus âgés montre que les cellules interstitielles subissent une involution sénile cytologique- ment reconnaissable aux caractères suivants. Chez le vieillard, les cris- talloïdes disparaissent complètement et l’on voit s’accumuler dans la cellule, en beaucoup plus grande quantité que chez l'adulte, de très fines granulations pigmentaires. Leur présence donne à la cellule une teinte générale jaune brunâtre. Chez de vieux chevaux, nous avons retrouvé cette accumulation de pigment qui donne à l’élément inters- titiel de l'animal âgé un aspect si particulier (1). Au cours de la vieillesse, nous voyons donc se manifester dans la cellule interstitielle.une aberra- tion du métabolisme normal que trahit l'apparition de pigment et la disparition de produits normaux. Ces transformations des cellules interstitielles dans la vieillesse sont - intéressantes à rapprocher de certains phénomènes généraux qui accompagnent l’âge avancé, tels que la disparition progressive de l’ins- tinct sexuel et l’atténuation des caractères sexuels secondaires. Ces différences morphologiques entre les cellules interstitielles de l’animal adulte et vieux, correspondant à des différences physiologi- ques, se retrouvent chez les infantiles expérimentaux. Nous avons sectionné chez des lapins âgés de six à huit semaines le canal déférent et les parties voisines en respectant l'artère spermatique et les plexus veineux. Ces animaux ont été examinés six mois après l'opération ; ils sont absolument semblables à tous égards aux animaux de la même portée castrés à la même époque. Le tractus génital est rudimentaire et l’activité génitale tolalement absente. Le testicule est situé dans l'abdomen et de volume inférieur au vo- lume du testicule normal. À la coupe, les canalicules séminifères se montrent très peu développés, leur diamèlre est petit et leur contenu est uniquement constitué par de petites et de grandes cellules germinatives. Dans aucun des tubes testiculaires, on ne trouve d'éléments Sertoliens (1) Il est peu d'éléments dont la sénescence s'affirme par des signes cyto- logiques nets et précis. L’accumulation de pigment dans les cellules inters- titielles des vieillards et des animaux âgés n’en devient que plus significative; elle est à rapprocher de faits analogues observés dans les cellules nerveuses. 284 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (32) ou l’un quelconque des représentants de la lignée séminale. La plu- part des cellules interstitielles sont aplaties ou fusiformes, elles ne renferment pas ou très peu de produits de sécrétion. Un très petit nombre de ces éléments atteint à peu près les dimensions normales, mais le noyau est central, le protoplasma ne présente pas les signes fournis par les éléments en activité sécréloire. De plus, toutes ces cel- lules fabriquent du pigment, pigment diffus constitué de particules extrêmement lénues qui imprègnent tout le corps cellulaire. En un mot, elles se caractérisent par tous les signes cytologiques d’un arrêt de leur fonction glandulaire et par un dévoiement de leur métabolisme normal. De ces différentes observations, nous tirerons les conclusions sui- vantes : Les différences morphologiques constatables dans les cellules interstitielles ; correspondent à des différences physiologiques (concer- nant l'instinct sexuel et les caractères sexuels secondaires) chez le vieil- lard, les animaux âgés et des infantiles expérimentaux. Nous avons, d'autre part, démontré que le développement des carac- tères sexuels secondaires (ce terme étant pris dans ce qu’il a de plus général) et l’activité génitale sont sous la dépendance de la glande interstitielle; aussi trouvons-nous dans nos observations sur les infan- tiles expérimentaux une vérification indirecte de notre opinion. Nous sommes, dès lors, autorisés à formuler cette nouvelle conclusion : l’infantilisme testiculaire est dû à l’arrêt précoce du fonctionnement des cellules interstitielles. SPÉCIFICITÉ DE L'ACTION TÉRATOGÉNIQUE DE LA PIQURE DES ENVELOPPES SECONDAIRES DANS L'ŒUF DE POULE, par MM. P. FerRET et A. WEBER. Jusqu'ici, on n’a pas trouvé de cause tératogénique ayant une action spécifique sur les embryons des Vertébrés supérieurs, spécialement sur les œufs d'Oiseaux. Dareste est seulement arrivé à modifier la forme de l'aire vasculaire, par échauffement inégal de l'œuf de Poule; mais Rabaud fait très justement remarquer qu’on ne peut réellement parler ici de déterminisme expérimental. Il n’y a pas là formation d’une ano- malie touchant un organe ou un système déterminé, mais simplement modification d'un ensemble de tissus disparates, suivant le hasard d’une action purement locale. Fol'et Warynski ont cru trouver un procédé spécifique capable de donner des acéphales ou des anencéphales; mais leurs expériences ont été conduites avec une brutalité n'ayant rien de physiologique. Quoi d'étonnant à ce que le thermo-cautère détruise la tête de l'embryon et (33) SÉANCE DU 9 FÉVRIER 285 produise un acéphale, ou supprimant le système nerveux, donne lieu à un anencéphale ? Dans nos expériences, nous avons réussi à produire d’une facon cons- tante des déformations par défaut de l’aire vasculaire ; mais pas plus que pour les résultats de Dareste, il n’y a là un déterminisme tératogé- nique. Lorsque l’action tératogène s’est fait sentir sur l'embryon, elle a porté d’une façon presque exclusive sur le système nerveux central ou ses dérivés ; les anomalies d’autres organes sont très rares, et peuvent quelquefois être mises sur le compte de modifications secondaires de l'embryon. Voici quelques chiffres indiquant combien l’action de la piqüre des enveloppes de l’œuf se localise sur une partie du germe. Dans le cas de piqûre au voisinage du blastoderme, 78 p. 100 des malforma- tions produites appartiennent au tube nerveux; la plupart des autres anomalies notées intéressent les torsions de l'embryon et ne touchent aucun autre organe; d’autres modifications, très rares il est vrai, paraissent bien sous la dépendance des troubles de l’évolution du sys- tème nerveux : ainsi l’absence d’une ou des deux vésicules auditives. À la suite de piqûre faite par la chambre à air, 87 p. 100 des malforma- tions produites intéressent le tube nerveux; tous les embryons obtenus après piqûre par la petite extrémité de l’œuf ont des anomalies du sys- tème nerveux. Nous n'avons pas encore étudié suffisamment de stades jeunes d’embryons soumis à l’action de la piqûre des enveloppes de l'œuf, pour pouvoir dire si dans des conditions identiques et déterminables, . cette lésion produit toujours le même trouble du côté du système nerveux. Après le deuxième jour de l’incubation, un grand nombre d'anomalies secondaires se sont surajoutées aux malformations ini- tiales ; ces phénomènes lardifs résultent de causes multiples qui n’ont rien à voir avec la lésion de l’œuf lui-même. Dans des notes parues dans ces Comptes rendus, on verra que les anomalies du système nerveux central obtenues par notre procédé, peuvent se rapporter à des processus assez simples et vraisemblablement à leur origine, elles étaient peu différentes les unes des autres. De nouvelles recherches éclaireront sur ce point, mais, dès à présent, nous tenons à attirer l'attention sur la localisation tout à fait élective de l’action tératogène obtenue par notre procédé. Pareil résultat n’a jamais été atteint à notre connaissance chez les Amniotes ; nous ne pouvons le rapprocher que de ceux de 0. Hertwig, Gurwitsch, Herbst, qui ont opéré sur des Amphibiens. Chez ces ani- maux, il est plus facile d'orienter à son gré l’évolution de l'embryon. L'œuf est accessible aux influences expérimentales avant même d’être fécondé ; il n’en est pas de même pour l'œuf d'Oiseau. Il renferme déjà au moment de la ponte un germe segmenté très développé. A l'œil nu, 286 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Hs (34) il est possible de constater des différences sensibles entre des œufs d'une même ponte. Dans toute expérience de tératogenèse portant sur l'œuf d’Oiseau, on agit réellement sur des embryons diversement déve- loppés, possédant vraisemblablement en outre, des tendances hérédi- taires différentes. | Malgré cette individualité du germe incontestable, il ne nous paraît - pas impossible d'arriver à un véritable déterminisme expérimental en ce qui concerne les recherches de tératogénèse sur les œufs d'Oiseaux. Si modeste soit-il, nous croyons avoir fait faire dans ce sens un nouveau pas à l’embryologie expérimentale. (Travail du Laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) MALFORMATIONS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DE L’EMBRYON DE POULET OBTENUES EXPÉRIMENTALEMENT. IIT. ANOMALIES DES ÉBAUCHES OCULAIRES PRIMITIVES, par MM. P. Ferrer el À. WEBER. Nous avons observé fréquemment l'absence d’une ou des deux ébauches oculaires primitives. Ces anomalies sont rangées le plus sou- vent sous le nom de cyclopie ou d’anophtalmie. Récemment a paru une importante étude de Rabaud qui touche cette question. D'après cet auteur, l’invagination optique se fait chez les Cyclocéphaliens suivant*s trois modes différents. Dans le cas le plus simple, la formation des vésicules optiques primitives se rapproche du processus normal, autant que le permet l’étalement de la lame nerveuse cérébrale. Ces invagina- tions s'accroissent dans le sens dorso-ventral et se rapprochent de l'ectoderme non différencié. Nous avons observé un certain nombre d’embryons qui offrent une disposition identique. Dans le second mode d'invagination que Rabaud considère cemme le plus fréquent, il se produit une seule invagination parfois cloisonnée, occupant la ligne médiane. Elle représenterait deux diverticules optiques primitifs plus ou moins rapprochés et confondus. Cette gouttière formée aux dépens de la région moyenne de la plaque nerveuse donne naissance, par sa face ventrale, aux ébauches réti- niennes. Nous avons observé quelquefois des dispositions identiques; mais, le plus souvent, entre les deux pédicules oculaires portés par l’invagination unique, nous avons trouvé un diverticule infundibulaire, allant se mettre en rapport avec une fossette hypophysaire ou s’en rapprochant beaucoup. Nous croyons qu'il faut envisager cette gout- tière médiane de la lame nerveuse étalée comme le résultat d’un phé- (35) SÉANCE DU 9 FÉVRIER 287 nomène de constitution secondaire d'un tube nerveux, aux dépens d’une plaque cérébrale primitivement étalée. À ce niveau, il se forme parfois sur la ligne médiane, ou sur les côtés de la plaque nerveuse, une invagination longitudinale présentant tous les caractères de la partie latéro-ventrale d’un cerveau antérieur primitif. Nous n'avons pas observé dans notre série d'embryons anormaux le processus de prolifération massive donnant naissance aux invagina- tions optiques. Rabaud signale aussi un autre mode de formation des vésicules optiques chez les Cyclocéphaliens : c’est une invagination transversale de la portion antérieure de la plaque cérébrale. Des diverticules laté- raux en naissent, ce sont les ébauches rétiniennes. Rabaud ajoute que la partie médiane de cetle dépression unique est nettement infundibu- liforme; elle se rétrécit graduellement pour n'être plus qu’une cavité tubulaire se terminant en cul-de-sac un peu en avant de la poche de _Rathke, sans prendre contact avec l’ectoderme ventral. Nous avons aussi observé, dans un certain nombre de ces cas, un infundibulum se rapprochant de l’ectoderme. Souvent, il n’y a aucune trace de fossette hypophysaire. Nous croyons que l’invagination anté rieure de Rabaud doit être considérée également comme ayant la valeur non pas d'un pédicule optique primitif, mais bien d’une partie ou même de la totalité d’un cerveau antérieur primitif formé secondaire ‘-, ment. Nous rapporterons quelques cas d'absence de vésicule optique primi- tive : ainsi chez un embryon de 98 heures d'incubation dont le cerveau antérieur est rudimentaire mais de forme normale, la vésicule oculaire droite, seule existante, naît à sa place habituelle. Le cerveau antérieur d’un embryon de 76 heures est normal, mais la vésicule optique gauche est seule visible. Il est moins rare de trouver celte anomalie dans le cas de malformation plus ou moins grave de la région anté- rieure du tube nerveux. De nos observations, il ne résulte pas que l'absence d’une vésicule optique chez des embryons assez développés et dont le cerveau anté- rieur a une forme normale ou presque normale, doive être rapportée toujours à des phénomènes lératologiques très importants et s'étant passés chez de très jeunes embryons. Nous avons constaté l’absence presque totale d’une des vésicules opliques sur un cerveau antérieur en voie de développement; les processus normaux qui auraient pu ensuite diriger l'accroissement de cette région du tube nerveux auraient pro- bablement fait disparaître le rudiment de vésicule oculaire. Dans d’autres cas, l'absence d’une des ébauches oculaires peut être mise sur le compte de troubles très graves qui ont altéré le système nerveux dans la région céphalique de l'embryon. Bien que les malformations de l’ébauche cristallinienne ne puissent 288 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY ne (36) pas être rangées dans les altérations du système nerveux central, nous les rapprocherons néanmoins ici de celles de la vésicule optique. À ce sujet, nos observations confirment entièrement celles de Rabaud. Nous avons constaté un certain nombre de fois l'absence complète du cristallin. 11 se peut même, dans ce cas, que la vésicule oculaire primi- tive ait alteint l’ectoderme ou se soit déprimée en une cupule réti- nienne. Cette invagination secondaire de la vésicule optique primitive n’est done pas un processus d'ordre purement mécanique. Il existe des phénomènes de corrélation entre la réline et le cristallin, phénomènes signalés par Rabaud, que nous avons pu également observer. Il n’y a jamais d’ébauche cristallinienne du côté où l’une des deux vésicules optiques ne s’est pas développée. L’ébauche du cristallin correspond toujours, même à distance, à une invagination optique. Nous n’avons jamais eu l’occasion d'observer les formations cristalli- niennes doubles ou très rapprochées décrites par Rabaud. (Travail du Laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) IV. CLOISONNEMENTS ET BOURGEONNEMENTS DU TUBE NERVEUX D'EMBRYONS DE POULETS, par MM. P. FERRET et À. WEBER. Ce sont des anomalies résultant de la croissance excessive ou désor- donnée de l’axe cérébro-spinal de l'embryon. Parmi les malformations les plus simples à ranger dans cette classe, anomalies qui peuvent vraisemblablement être compatibles avec un développement ultérieur normal du système nerveux central, sont les cloisonnements de la lumière du tube nerveux. Ces cloisonnements ne s'observent jamais dans la région cérébrale, sans que des malforma- tions plus ou moins compliquées aient permis leur formation. Normalement, en effet, la lumière du tube nerveux dans la région céphalique est trop large pour permettre à des ponts d'éléments cellu- laires de s’élablir d’un côté à l’autre de la cavité. Par contre, il n’est pas très rare de rencontrer sur des embryons dont la plus grande partie du tube nerveux est bien conformée, des phénomènes de cloisonnement dans la région médullaire. A l’élat normal, même, chez le Poulet et chez le Canard, on peut observer de semblables formations dans la partie la plus reculée de l’ébauche médullaire, immédiatement en avant du bouton de Hensen, au-dessus des traces du canal neurentérique. On peut trouver ainsi plusieurs petites lumières dans la partie la plus reculée du tube nerveux. Dans un cas d’anomalie très légère de PA ë (37) SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 289 l'ébauche nerveuse, ce cloisonnement normal s’étendait plus loin en avant qu'habituellement; mais la région de choix pour cette anomalie est la partie moyenne de l'ébauche médullaire, en avant du point où les artères omphalo-mésentériques naissent des aortes descendantes. A côlé de cette anomalie relativement légère, nous en placerons d’autres qui présentent différents degrés d'importance. Ce sont les mal- formations résultant de bourgeonnements anormaux du tube nerveux. Ces bourgeonnements, qu'ils se produisent dans la région cérébrale ou dans la région médullaire du tube nerveux, ont tous un caractère commun, celui de se faire à l'extérieur de cette ébauche. Nous étudierons tout d’abord les bourgeonnements peu importants qui n’intéressent qu'une portion très localisée dans l’ébauche du système nerveux central. Dans la région cérébrale, ils sont surtout très fréquents quand la plaque nerveuse reste étalée. Ils naissent le plus souvent de la façon suivante : En un point de la lame cérébrale, il se produit un bourgeon plein; dans cette masse cellulaire se creuse une cavité par écartement des cellules. Il est très rare qu'il y ait formation puis pédiculisation d'un diverticule. Les vésicules ainsi formées se détachent pour la plupart de la substance nerveuse et se retrouvent quelquefois à une certaine dis- tance du point où elles ont pris naissance. En ce qui concerne leur position par rapport au tube nerveux, elle est très variable. Souvent “siluées sur les bords de la lame nerveuse ou au côté dorsal des ébauches cérébrales, on peut tout aussi bien les trouver sur la ligne médiane dans une région voisine de celle occupée par la corde dorsale. Nous reviendrons plus tard sur l'interprétation que Saint-Remy a donnée d’un certain nombre de ces vésicules. Les bourgeonnements du tube nerveux dans la région médullaire sont presque aussi fréquents que les cloisonnements. Ils occupent presque toujours la région moyenne du tube nerveux. Nous avons déjà fait remarquer combien cette portion de l'ébauche médullaire était sensible à l'influence tératogène de la piqûre de l'œuf. Ces bourgeonnements médullaires présentent les mêmes caractères que dans la région céphalique. Le plus souventils forment des vésicules creuses sans communication avec la cavité du tube nerveux. Il est plus rare de rencontrer de véritables diverticules. Lorsqu'ils existent ils se Séparent quelquefois du tube nerveux, donnant alors des vésicules qui se placent le plus souvent de chaque côté de la ligne médiane, contre les parois latéro-dorsales du tube nerveux. D'une façon très générale, lorsque le tube nerveux donne naissance dans la région médullaire à des bourgeons nombreux, ses dimensions diminuent beaucoup. Il peut arriver qu'une plaque médullaire étalée fournisse des bourgeons multiples, sous forme de vésicules creuses. Sans qu'il y ait formation de gouttière, l’une de ces vésicules peut se h 290 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (38) transformer peu à peu en un tube nerveux petit, mais deforme normale. Il y a là comme dans la région céphalique, la possibilité de la formation secondaire d’un tube nerveux, aux dépens d’une plaque médullaire étalée. (Travail du Laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) Le (rérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. sécrétion du suc intestinal. crétion duodénale. . . . . . . . . .. SÉANCE DU 20 FEVRIER [904 SOMMAIRE AuBaRD et BEAUJARD : Hypertension artérielle et rétension chlorurée . CourrADE (D.) et Guyon (J.-F.) : Action motrice du pneumogasirique sur la vésicule biliaire. . . . . . . . CrisTIANt (H.) : La culture des tissus comme moyen de contrôle du pouvoir cytolytique . . . . . .. DEuEzENNE (C.) et FRouIN (A.) : Action de l’acide chlorhydrique sur la sé- 31 GALLAUD : Sur la nature des cham- pignons des mycorhizes endotro- (A.)\ : Sur une faunule Ca- ractéristique des sables à diatomées d'Ambleteuse (Pas-de-Calais) . . .. 29 HALLION : À propos de la com- munication de MM. C. Delezenne et 317 313 300 9 307 AUTRUI 0 0 0 oo badlone dant 322 MARCHADIER (L.) : Influence en- ‘travante de l'alcool dans la coagu- létoniduisans net Ie ON 315 Perrir (AuGusTe) : Remarques ana- tomiques sur le foie de l’AUigator leu SOUMET NEA Ricaetr (CuarLes) : Des effets pro- phylactiques de la thalassine et anaphylactiques de la congestine dans le virus des actinies. . . . .. SEURAT (G.) : Sur les Méléasrines du lagon de Temoe (Crescent). . . . SEURAT (G.) : Sur la biologie des huitres perlières et nacrières des ile SGAM ER REA PRES STERN (L.) : Pouvoir hémolytique du sérum sanguin normal chez dif- férentes espèces animales. . . . .. TROUSSAINT : Procédé simple pour mettre en évidence le colibacille dans les eaux qui le renferment en très petite quantité. ., . LL. .: .. Vincent (H.) : Etiologie de la sto- matite ulcéro-membraneuse primi- LIVO RO US Se ee de ROUE À YonG (Eire) : Sur le sens olfactif denPESCArs ONE PE a enne ZACHARIADES (P.-A.) : Sur la nature des filaments axiles. Fibrilles con- jonctives avec collagène et fibrilles conjonctives sans collagène. . . .. Présidence de M. O0. Larcher, vice-président. SUR LE SENS OLFACTIF DE L'ESCARGOT, par M. EmiLe YunG (de Genève). 291 293 Dans une note parue ici (1), M. Raphaël Dubois se plaint de ce que dans mon récent mémoire intitulé : Recherches sur le sens olfactif de l’Escargot (2), j'ai méconnu le travail publié par lui sur le même sujet. Or, par une circonstance bizarre, il justifie sa plainte par la citation écourtée du passage où, non seulement, je signale, mais j'analyse avec les détails voulus ce travail. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 12 février 1904, n. 198-199. (2) Archives de Psychologie, t. IIT, novembre 1903, p. 1-80. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904, T. LVI. 21 299 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PA Mon savant collègue de Lyon me reproche de l'avoir classé au nombre des physiologistes pour lesquels ies tentacules sont les principaux organes de l’odorat chez l'Escargot, et cela par opposition aux physiolo- gistes qui contestent cette fonction aux tenlacules pour l’attribuer à d’autres organes. Enfin il se demande par quelle « illusion psychique » (sic) je le range parmi les savants qu’il prétend avoir combattus ? Ma réponse se bornera à lui remettre sous les yeuxles termes mêmes de son mémoire original (1), le seul de lui auquel j'aie eu à me reporter, car il est le seul où il s'agisse de l'Escargot. Voici, et c’est moi qui sou- ligne : « Des essais nombreux ont été faits avec plus de quinze substances odorantes, de natures très diverses, sur des Escargots munis de leurs quatre tentacules ou amputés soit des deux tentacules supérieurs, soit des deux infé- rieurs seulement ou bien encore des quatre tentacules à la fois. Ces essais ont permis d'adopter les conclusions suivantes : 1° Les grands tentacules sont plus sensibles que tous les autres pointsdu légument. 2° La sensibilité des petits tentacules aux divers excitants olfactifs, bien que très générale encore, est néanmoins plus restreinte et moins vive que celle des grands. 3° La sensibilité olfactive du reste du téqument cutané externe n’est évi- dente que pour un nombre très restreint d'excitants (vapeur de benzine, de nilrobenzine, par exemple) et est beaucoup moins vive pour ées mêmes agents que celle des tentacules. » Il résulte clairement de ce texte que M. Dubois, tout en admettant une sensibilité olfactive de la peau restreinte à certains excitants, admet en même temps que cette sensibilité est plus vive dans les tentacules. C'est exactement ce que J'ai rapporté de lui. Je ne comprends donc point la « stupéfaction » qu'il assure avoir ressentie en parcourant certain pas- sage de mon mémoire et je regrette qu'elle semble l'avoir empêché de le lire tout entier. Il y aurait vu que j'y apporte une copieuse contribution expérimentale à l'appui des idées qu'il soutient avec un talent auquel je rends hommage, et cela l'aurait dispensé de m'’accuser injustement de lui emprunter des opinions que je dois exclusivement à mes recherches personnelles. (4) Sur la physiologie comparée de l’olfaction, Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, t. CXI, p. 66-68, 1890. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 293 SUR LES MÉLÉAGRINES DU LAGON DE Temoe (Crescenr)(L), par M. G. SEURAT. Quand on pénètre à l’intérieur du lagon de Temoe, on est immédiate- ment frappé de sa pauvreté en formes animales et végétales vivantes. ‘Ce lagon présente, à considérer, une zone littorale peu profonde, qui s'étend assez loin, et une partie centrale où la profondeur ne dépasse pas quinze brasses. Le fond, dans la zone littorale, est formé d’un plateau de récifs morts recouvert de vase calcaire; de place en place on trouve des Madrépores branchus qui ont été amenés de la zone profonde; un petit nombre de ces Madrépores sont vivants, bien que n'étant fixés sur aucun support; la plupart sont morts, recouverts par la vase calcaire et perforés par les Cliones. Cette zone littorale est caractérisée par l'extrême abondance d’une Méléagrine de petite taille (l'échantillon le plus grand parmi ceux que nous avons recueillis mesure 55 millimètres de diamètre transversal, de la charnière au bord libre) dont l’assise nacrée a une couleur jaune paille, la Margaritifera panasesæ Jameson; ce Mollusque existe dans le lagon de Mangareva, mais il n’y est pas fréquent : il est assez commun dans le chenal de Vaiatekene et nous l'avons trouvé, à plusieurs reprises, attaché sur la coquille de la Méléagrine marga- ritifère (Meleagrina margarilifera var. Cumingi Reeve). Le lagon de Taiaro, - (archipel des Tuamotu) est également caractérisé par l'abondance de ces petites Méléagrines, qui ont été signalées d’autre part dans le détroit de -Torrès, la Nouvelle-Guinée anglaise, l'Australie, les îles Fiji et Samoa. Tandis que les perles sont fréquentes dans les Méléagrines, ou « pipi» de Taiaro, elles sont, au contraire, très rares ou même absentes dans celles du lagon de Temoe. De même que l’Huitre perlière, M. panasesæ s'attache par un byssts de couleur vert brillant aux Madrépores, Coraux et coquilles morts, et jamais sur les Madrépores vivants; ce Mollusque a le pouvoir de se détacher et d’aller se fixer en un endroit qui lui convient mieux : nous avons constaté ce fait chez un individu jeune conservé en aquarium et qui, fixé primitivement sur une tige de verre centrale, s’est détaché et en l’espace d’une nuit a filé un nouveau byssus formé de dix-huit fils, à l’aide duquel il s’est attaché aux parois du tonneau de verre (nous avons observé les mêmes phénomènes chez la Méléa- grine margaritifère dans son jeune âge), sur les valves de la coquille des individus adultes de M. panasesæ du lagon de Temoe, nous avons trouvé fréquemment de jeunes individus dont la coquille mesure quelques miülimètres de diamèire. La coquille de ces Méléagrines est couverte de tubes de Serpules, d'Orbito- lites et quelquefois elle est perforée par les Cliones. On peut se demander si l’'Huitre à nacre, la Méléagrine margaritifère, pourrait prospérer dans le lagon de Temoe. La densité et la salure de (1) Le nom indigène de l'ile Temoe signifie « la cachée », île qui se dérobe à l’œil ; toutes les cartes mentionnent à tort Timoe. 9294 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'eau de ce lagon sont les mêmes que la densité (1,026) et la salure de l’eau du lagon de Mangareva. Cependant, on n'y a jamais trouvé d'Huitres perlières, même dans la partie profonde. Quelques personnes ont trouvé des valves de ce Mollusque sur le sable des motus ; M. Donat a trouvé, lors de notre dernier voyage, une valve isolée dans l’un des bras de mer qui séparent deux motus. | Il semble v avoir antagonisme entre les conditions favorables au développement de M. panasesæ et celles favorables au développement de M. margaritifera (1). Là où le première se développe normalement, la seconde ne se déve- loppe pas ou se développe mal et réciproquement, en sorte que nous ne pensons pas que l’Huître à-nacre, mise dans le lagon de Temoe, puisse prospérer; l'abondance des « pipi » la gênerait assurément beaucoup, et on peut se demander si, mème dans la zone profonde, elle trouverait une nourrilure suffisante. La zone littorale du lagon de Temoe est également caractérisée par l'abondance d'une Chamu fixée sur les Madrépores morts; cette C'hama est très commune sur le plateau extérieur des motus de Mangareva. Les Biches de mer ‘Holothuries) sont très communes dans celte partie du lagon ; ce sont les Biches de mer de couleur noir pourpre qui laissent exsuder un liquide rouge sombre à la surface du corps quand on les saisit et qui donnent le trépang connu sous le nom de ZLolly fish (Chong Sum). Rikitea, 1° mai 1903. SUR LA BIOLOGIE DES HUITRES PERLIÈRES ET NACRIÈRES DES ILES GAMBIER, par M. G. SEURAT. : De Mangareva je suis allé deux fois visiter l'ile de Marutea du Sud (Lord Hood Is.) où j'ai séjourné trente-cinq jours seul avec un indigène. C'est dans cette île que Hugh Cuming a fait ses plus belles trouvailles; depuis Cuming (1828) pas un naturaliste n’était retourné à Marutea (2). Au point de vue de l’Huître perlière la situation des lagons n'est pas très prospère et, si l'Administration ne me permet pas d'intervenir à bref délai, c'en est fini de cette source de richesse. (1) Nous émettons cette opinion en nous basant sur les observations que nous avons faites dans le lagon de Mangareva et en particulier dans le chenal de Vaiatekene. (2) Il faut ajouter à la faune très pauvre des îles Gambier les Oncidium et les Ischnochiton (ces derniers de taille moyenne). Cette découverte a quelque importance, l'absence de ces deux groupes étant considérée comme un des caractères négatifs les plus saillants de la faune de la Polynésie orientale. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 295 L'acclimatation et le transport des petites espèces telles que 4. vulgaris ne présente aucune difficulté. J'ai fait subir des voyages de trois jours dans un seau en toile, sans eau, à des M. panasesæ Jam. et celles-ci sont arrivées en bon état. À Marutea du Sud où ces petites rues sont très communes sur la coquille de l’'Huître à nacre (NW. margaritifera var. Cumingi Reeve), on peut voir ces Mollusques résister à deux jours d'exposition au soleil ; les Chama ont encore plus de résistance. Le nombre des Pintadines à ouvrir pour trouver des perles est très variable. À Taiaro (archipel des Tuamotu) les perles jaune d’or sont très fréquentes chez M. panasesæ Jam., tandis qu’à Temoe et à Marutea du Sud je n'ai jamais trouvé de perles dans ce Mollusque. Les Huitres nacrières du lagon de Marulea du Sud, M. margaritifera var. Cumingi Reeve, contiennent rarement des perles (mais celles qu’on y trouve sont très belles), tandis que cerlains bancs du lagon des Gambier (Tearae, Atituiti et Tearia) sont habités par des Huîtres à nacre où les perles sont très fréquentes, la grenaille élant très abondante. À mon avis la propagalion de la maladie n’est susceptible d'aucun résultat pratique, du moins comme l'entend M. R. Dubois. J’ai vu des Huiîtres perlières dont les branchies, le cœur et les parties latéro-dor- sales du corps étaient infestées d’embryons enkystés de Cestodes et qui ne renfermaient pas de perles. En infestant une Méléagrine on pourra “produire de la grenaille, c’est-à-dire des perles de petites dimensions et sans valeur, mais on ne sera jamais sûr d'obtenir une belle perle. Le problème pratique à résoudre est celui-ci : trouver moyen de Des un embryon enkysté dans la région latéro-dorsale du corps et n’en loger qu'un! Je crois de plus en plus que les Zrygon sont les hôles intermédiaires et, par suite, la seule solution pratique que comporte le problème est de protéger ces derniers, surtout dans les lagons peu riches en Huiîtres productrices de perles. Mes observations remontent au mois d’août et septembre 1902. Je ne les ai pas publiées jusqu'ici, espérant toujours produire des documents plus complets. Rikitea, 31 décembre 1903. SUR UNE FAUNULE CARACTÉRISTIQUE DES SABLES A DIATOMÉES D'AMBLETEUSE (PAS-DE-CALAIS), par M. A. Grarp. La plage qui s'étend entre le laboraloire maritime de Wimereux (Pointe à Zoiïe) et la rivière d'Ambleteuse (estuaire de la Slack) est formée par un sable meuble, assez fin, creusé à marée basse de nom- 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE breuses cuvettes dans lesquelles séjourne de l’eau de mer rendue plus ou moins saumätre par les infiltrations et les ruisselets d’eau douce venant de la dune voisine. Au bord de celles de ces cuvettes qui sont situées dans la zone sublittorale correspondant à la région des Fucus, on observe, quand l’eau est reposée, un liséré marginal de plusieurs centimètres de large où le sable présente une teinte d’un brun foncé presque noirâtre, due comme il est facile de s’en assurer à la présence d'innombrables Diatomées positivement phototactiques. Si on recueille délicatement la couche supérieure de ce sable diato- mifère et qu’on l’examine méthodiquement au microscope, on découvre bien vite une florule et une faunule très spéciales et très intéressantes, dont l’ensemble biologique nécessiterait de longues années d'étude. J'en donnerai dès à présent un bref aperçu sommaire, destiné à attirer l’attention des naturalistes sur les localités de ce genre. La Diatomée qui caractérise essentiellement ce dépôt est une jolie espèce généralement considérée comme très rare, l'Actinocyclus (Eupo- discus) Roperi Bréb. Vivante, elle est accolée aux grains de sable dont elle se détache dès qu’elle est morte. De très nombreuses espèces variables avec la saison accompagnent l’Actinocyclus. Je citerai seule- ment parmi les plus abondantes : Druridgea geminata Donk., Na- vicula humerosa Breb., N. granulata Breb., N. cancellata Donk., 4. tre- velyana Donk., Hantzschia virgata (Roper) Grun., Vitschia lanceolata W. Sm. forma minor, Niütschia insignis Greg., Nitschia longissima Breb., Donkinia recta Donk., Anorthoneis excentrica Donk., Synedra affinis Kütz, ete., etc. De nombreux Flagellates habitent la même zone, notamment une- Euglena parfaitement adaptée à l’eau de mer et une forme nouvelle très curieuse qui me paraît constituer le type d’une famille spéciale voisine des. Chromomonadinées. Cet être singulier, que nous appellerons Ocyglossa velox, mesure de 30 à 40 & de long: il présente, vu du côté dorsal, üne: forme rappelant celle d’un pépin de raisin ; ventralement les deux côtés. du corps se replient comme les deux valves d’un Pélécypode minuscule, et la ressemblance est complélée par l’existence d’un prolongement médian linguiforme rappelant tout à fait le pied des Bivalves. Ce prolon- gement très contractile et toujours en mouvement sert à la natation de l'animal, bien plus que les flagelles qui sont situés à la partie antérieure, non loin du noyau placé comme chez Hexamitus. De chaque du corps on voit deux gros chromoblastes, colorés en brun verdâtre et renfermant chacun un granule central refringent. Le groupe si aberrant des Suctociliés est représenté par une espèce de Mesodinium assez fréquente dont je parlerai ultérieurement. Les Infusoires ciliés comptent aussi dans ces sables à Diatomées de très nombreuses espèces, dont plusieurs de très grande taille et, Je crois, non ercore décrites. SÉANCÉ DU 20 FÉVRIER 297 Parmi les Turbellariés Rhabdocæles, j'ai observé quatre espèces de Monotidés excessivement abondants. Mais je voudrais signaler surtout une forme de Proboscidé très remarquable, malheureusement très rare, et dont je n'ai pu rencontrer d'individus à maturité sexuelle. Ce Rhabdocæle que je désignerai sous le nom de Cicerina lelradactyla nov. gen. et nov. sp. est long de 4 millimètre à À millim. 5, d’une forme élancée progressivement amincie vers l'extrémité caudale (voir fig. 1). La couleur est blanchâtre. Le tégument entière- ment cilié présente cà et là des cils plus longs que le revêtement général. Il contient des rhabdites -plus abondants dans la région postérieure. Vers le tiers antérieur ilexiste du côté dorsal une rangée de quatre verrues équidistantes non ciliées. Au tiers postérieur quatre verrues de même nature -sont situées, deux latéralement, deux un peu plus haut sur la partie médiane du dos. À moitié che- min entre ces papilles et l'extrémité caudale, se trouvent trois saillies tégumentaires en forme de crochets à pointe recourbée vers l'arrière. La queue est élargie et se Lermine par quatre digi- tations égales entre elles, qui s’étalent pour fixer l'animal sur le substratum pendant qu'il agite en = tous sens la partie antérieure du corps. : - Celle-ci porte une trompe volumineuse divisée en deux parties, l’une basilaire cylindrique, l’autre terminale conique. Le tout est renfermé dans une gaine s’ouvrant à l'extérieur par un pore terminal étroit formant sphincter. Entre la base de la trompe et la première rangée de verrues, on voit une paire d'yeux en croissants à convexité interne, pigmentés .de noir. La bouche forme à la partie ventrale une fente Cicerina telradactyla. longitudinale située à égale distance à peu près des deux rangées de papilles verruciformes; le pharynx est cylindrique, légèrement courbé dans le sens dorsoventral. Presque aussi rare que Cicerina,on trouve dans la couche diatomifère d'Ambleteuse une jolie espèce de Protodrilus pour laquelle je propose le nom de Protodrilus symbioticus sp. nov. (voir fig. 2). Cette curieuse Archiannélide est longue de 4 millimètre environ. Le corps aplati et fortement contractile présente à peu près la même largeur dans toute son étendue. L’extrémité postérieure est échancrée et profondément bilobée. Toute la face inférieure du corps est abondamment ciliée. Les tentacules sont courts. Il n’y a pas trace d’yeux ni d'autres organes des sens. La trompe et le tube digestif sont disposés comme chez les re 1 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE autres espèces du même genre, mais l'intestin à une tendance manifeste . à la régression. La particularité la plus curieuse et que j'ai cherché à rappeler par le nom de symbioticus est l'existence, dans le tégument transparent blan- châtre, d’un très grand nombre de zoochlorelles vivant avec l'animal dans un état de symbiose. Le fait n'avait pas élé observé à ma connais- sance chez les autres formes de Protodrilus décrites jusqu'à ce jour. Dans les autres groupes d'invertébrés habitant le dépôt qui nous occupe, je citerai une quinzaine d'espèces de Nématodes libres dont plusieurs appartenant à des types nouveaux; un beau Chætonotus qui est sans doute la pre- mière forme marine de ce genre largement représenté dans nos eaux douces ; deux Tardi- grades du genre £'chiniscus, ete., etc. Parmi les Crustacés, l'espèce tout à fail ca- ractéristique des sables à Actinocyclus est un petit Herpactide, le Laophonte similis Claus, qu'on y rencontre en abondance extraordinaire. L'étude de la faunule dont nous venons d’énu- mérer très sommairement les principaux élé- ments présente quelques difficultés pratiques. Les matériaux doivent être recueillis autant que possible pendant les périodes de morte eau, Protodrilus symbioticus. afin d'éviter les bouleversements de la plage fréquents à l’époque des grandes marées. Il est bon aussi de faire les récolles aux diverses heures de la journée pour * tenir compte des états de répartition des animaux dus à la chaleur, à la lumière, etc. Enfin, il faut s’armer de patience pour la séparation sur le porte-objet des diverses formes que l’on doit examiner successivement. Presque tous les habitants de cette couche arénacée sont d’une dimension avoi- sinant celle des grains de sable au milieu desquels ils se dissimulent ou parmi lesquels ils circulent, parfois avec une agilité qui gène beau- coup les observations sur le vif et rend difficile la capture individuelle des échantillons qu'on veut fixer pour une étude plus approfondie. Fic. 2. REMARQUES ANATOMIQUES SUR LE FOIE DE L'Alhigator lucius Cuv., par M. AUGUSTE PETTIT. Le foie de l'Alligator lucius Guv. est essentiellement constitué par des cordons cellulaires, n’affectant pas, en général, d'ordonnancement net; toutefois, à proximité de certaines veines efférentes, on conslale SÉANCE DU 20 FÉVRIER 299 une disposition radiaire des lravées hépatiques, mais celle-ci demeure loujours.peu accusée et ne s'étend guère au delà des régions limi- trophes du vaisseau. Eparses irrégulièrement dans l'épaisseur du parenchyme hépatique, on observe des masses de tissu conjonctif renfermant des rameaux de la veine porte et de l'artère hépatique ainsi que des canaux biliaires. Les cordons hépatiques ont une forme cylindrique, mais ils sont toujours plus ou moins contournés et présentent d'assez nombreuses anastomoses; leur diamètre oscille entre 25 et 30 y. Ils sont formés par Foie de l’Alligator lucius Cuv. Le foie est formé de cordons cellulaires, parcourus par un canalicule central; par places, des masses pigmentaires. En haut et à droite, trois cordons, plus fortement grossis, coupés perpendiculairement à l'axe longitudinal. des cellules cylindriques (1) de 12 w environ de hauteur, disposées cir- culairement au nombre de 4-6 en moyenne et comprenant un noyau, un spongioplasma bien visible, un hyaloplasma, ainsi que des granulations de diverses espèces. Les limiles intercellulaires sont neltement marquées par une conden- salion cytoplasmique forlement acidophile ; la paroi distale est le siège (4) Les deux Alligators que j’ai eus à ma disposition étaient dans un état des plus précaires; leurs foies présentaient même des altérations qui m'ont empêché d'en poursuivre l'étude cytologique. 300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'un épaississement ectoplasmique encore plus accusé, très chromo- phile, dessinant une lumière glandulaire, qui parcourt le cordon dans toute sa longueur. En outre, le parenchyme hépatique renferme des masses pigmentaires et quelques rares cellules de Kupffer. Les zoologistes contemporains s'accordent presque unanimement pour considérer les Crocodiliens comme les Reptiles les plus perfectionnés de la faune actuelle, et on doit reconnaitre que la constitution du sys- tème circulatoire de ces animaux légitime cette conception; mais à ce propos, il convient de remarquer que les autres organes ne révèlent pas une supériorité comparable; au point de vue de la structure du foie, notamment, certains représentants de l’ancien. groupe des Crocodiliens, dont l'apparition à la surface du globe remonte à l’époque secondaire, n'ont pas même dépassé le stade primitif que certains Ichthyopsidés (Lamproie adulte, Pleuronectes, etc...) ont cependant franchi (4). Il en est, d’ailleurs, du parenchyme hépatique comme des enveloppes des centres nerveux (2), et la discordance qu’on constate entre la phy- logenèse des divers groupes de Vertébrés et le développement organi- que du foie chez les mêmes êtres est une preuve nouvelle que nombre d'appareils anatomiques relèvent d’une évolution spéciale, susceptible de se manifester indépendamment des affinités zoologiques. LA CULTURE DES TISSUS COMME MOYEN DE CONTRÔLE DU POUVOIR CYTOLYTIQUE, par M. H. Cnisriaxr (de Genève). L'étude des.actions bactériolytique, hémolytique et cytolytique, pré- occupe aujourd'hui à bon droit les biologistes, et il est importañt, non seulement d'en connaître l’existenee, mais aussi d'en déterminer l'étendue. Le contrôle du pouvoir bactériolytique se fait notamment par l’obser- vation des modifications morphologiques (changement de forme, phéno- mène de Pfeiffer, etc.), et par l'étude des changements survenus dans les propriétés physiologiques des germes (mouvement, reproduction; ete.). Le contrôle du pouvoir hématolytique est plus limité, car si nous pou- vons, pour les globules rouges, en constater facilement l'existence et le (1) Les quatre ordres actuels de Reptiles présentent, au point de vue de la structure du foie, une assez grande homogénéité; chez tous, cet organe est plus ou moins nettement tubulé ; cette disposition constitue ainsi un carac- tère différentiel entre les deux grands groupes de Sauropsidés. (2) A. Pettit. — Sur les enveloppes des centres nerveux. Bulletin du Muséum, 1903 n°13: æ SÉANCE DU 20 FÉVRIER a01 degré, il nous est impossible de préciser le moment où le globule atteint est fatalement perdu. En effet, la dissolution de l’hémoglobine qui teinte uniformément le liquide nous permet de déterminer s’il y a hématolyse et dans quelles proportions, mais nous ne pouvons pas ici, Comme pour les microbes, connaitre par des cultures, si l'élément attaqué est encore susceptible de vivre. Pour ce qui regarde les globules blancs, il est pos- sible d’en suivre les différentes allérations et l’affaiblissement ou la ces- sation de leurs mouvements, mais on ne saurait affirmer que leur mort survienne juste au moment où apparaît une altéralion donnée ou lorsque leurs mouvements cessent; l’immobilité pourrait être passagère et la vie n'être qu'arrêtée; par contre il existe des mouvements agoniques et l'organisme ou l'élément qui les produit peut être incapable de survie. Nous pouvons, il est vrai, mettre les leucocytes dans des condilions se rapprochant des conditions naturelles en Îes plaçant, en cellule de verre ou sac de collodion, dans une cavité séreuse d’un animal vivant; mais il n’est pas aisé, même dans ces cas, de contrôler exactement le degré de leur vitalité. L'action eytolytique exercée sur des tissus plus complexes, dont les cellules sont dépourvues de mouvements apparents, est encore plus dif- ficile à contrôler : il y a cependant des cas, comme nous allons le voir, où ce contrôle peut très efficacement s'exercer au moven d’une sorte de culture. -. J'ai précédemment décrit sous le nom d'ensemencement thyroïdien un procédé de greffe de cette glande permettant, par la transplantation de très petits morceaux de tissu thyroïdien, de semer et de cultiver en quel- * que sorte ce tissu, mais cet ensemencement thyroïdien exige, pour donner de bons résultats, que la graine ensemencée soit douée d’une vitalité suffisante. Or, dans le cours de ces recherches, j'ai eu l’occasion souvent de m'occuper de transplantations de tissu thyroïdien d’un animal à un autre d'espèce différente et j'ai pu voir que ces greffes hétérothyroi- diennes ne donnaient pas de bons résultats comme les greffes homothy- roïidiennes. J'ai essayé de déterminer les causes de ces échecs et, en sui- vant heure par heure et jour par jour le sort histologique de pareilles greffes, j'ai pu voir survenir dans leurs tissus des phénomènes mar- qués de cytolyse. En poussant plus loin cette étude, j’ai essayé de pro- duire in vitro ces mêmes phénomènes en faisant agir sur du tissu thy- roïdien du sérum sanguin d'animaux d'espèce différente et en ai suivi les différentes altérations. J'ai ainsi essayé d’abord de déterminer quel pouvoir cytolytique possédaient les sérums de différents animaux vis-à- vis d'un tissu thyroïdien déterminé, et ensuite quel était le degré de cytolyse apparente que ce tissu était capable de supporter tout en con- servant la possibilité de revivre si on l’ensemencait sur un bon terrain nutritif, c'est-à-dire si on le greffait sur un animal de même espèce. 302 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Après avoir fait ces essais in vitro j'ai voulu voir si on pouvait aussi les pratiquer avec les mêmes résultats sur l’animal lui-même, et ai fait dans ce but ce que j'appelle la greffe provisoire, opération qui consiste à praliquer des greffes hétérothyroïdiennes; et après un séjour plus ou moins long chez leur hôte (quelques minutes à quelques jours), ces greffes sont de nouveau extirpées et transplantées avec les précautions d'usage chez l'animal qui les avait fournies. Ces différentes expériences faites avec du tissu thyroïdien, surtout de rat et de lézard, et des sérums de différents animaux, m'ont permis de voir que l’action cytolytique était plus ou moins longue à se produire et présentait une intensité variable avec les différents sérums employés: et en outre que le tissu à greffer soumis à leur action conservait pendant quelque temps la capacité de survivre et de se régénérer lorsqu'on le transplantait. : Je donnerai prochainement quelques détails sur ces expériences : Je me borne aujourd'hui à attirer l'attention sur l’imporlance que peut avoir ce procédé pour contrôler l’action cytolytique exercée sur des tissus complexes et même sur des organes. DES EFFETS PROPHYLACTIQUES DE LA THALASSINE ET ANAPHYLACTIQUES DE LA CONGESTINE DANS LE VIRUS DES ACTINIES. Note de M. CHARLES RICHET. Les substances toxiques contenues dans le venin des actinies sont principalement, comme je l’ai montré dans des notes successives pré- sentées à la Société de Biologie,au nombre de deux; la thalassine et la congestine. à La thalassine, qu'on peut avoir tout à fait pure et cristallisée, sous forme de cristaux parfaitement blancs, est un corps soluble dans l’eau en toute proportion, soluble dans l'alcool à 50 p. 100, un peu soluble dans l'alcool absolu bouillant, presque insoluble dans l'alcool absolu froid, et ayant tous les caractères chimiques des acides amidés (10 p. 100 d'azote). Sa préparation est extrêmement laborieuse et délicate. J'ai pu néanmoins en obtenir des quantités suffisantes pour établir qu'elle con- fère une immunité relative contre la congestine. Au contraire, la congestine est insoluble dans l'alcool à 50 p. 100, qui la précipite. Elle a certains caractères des matières albuminoides (1% p. 100 d'azote). Elle n'est pas altérée par la chaleur en solution diluée; et les solutions de congestine diluée peuvent être chauffées à 107° pendant cinq minutes sans perdre leurs propriétés toxiques. Au lieu de conférer l’immunité, elle rend plus sensibles les animaux injec- SÉANCE DU 20 FÉVRIER 303 tés. Autrement dit elle produit l'anaphylaxie, alors que la thalassine est prophylactique. Les expériences suivantes prouvent bien ces effets nettement antago- uistes de la thalassine, prophylactique, et de la congestine, anaphy- lactique. Congestine injectée. (En centigr. de matière organique par kil. d'animal.) Chiens normaux. Charles Nr 12 Mort en quelques heures. Charles VEN 0,6 Mort en quelques heures. Rabubtine 00e 0,47 Mort en quarante-huit heures. PÉPID PAU 0,46 Survit. Agnès Sorel. . . 0,46 Mort en dix-huit jours, Mavoisel "0 0,42 Survit. LAN EN NTENrrNE 0,42 Survit. Méridora . . . . 0,35 Survit. La dose loxique, mortelle, est donc voisine de O gr. 005 par kilo- gramme d'animal. | Dans d’autres expériences, une congestine plus pure et plus active a été préparée, qui provoque des effets de vomissements et de diarrhée sanguinolente, même à 0 gr. 00075 par kil. d'animal. C’est donc un -poison d’une activité extraordinaire. Chiens ayant recu antérieurement de la thalassine. Louis le Hutin. . 0,60 Survit. Clotaires/4400 0,54 Survit. Pharnace. . . . 0,46 Survit. Malois en en 0,35 Survit. Chiens ayant recu antérieurement de la congestine. Catherine. : :.: 0,53 Mort en vingt heures. Clovis ane 0,53 Mort en quelques minutes. Chiipéric erreur 0,46 Mort en quelques minutes. Marienyr0 0,46 Mort en vingt jours. Henni NEEAENRAME 0,42 Mort en quelques heures. LPÉHNTEMATAIEEUS 0,42 Survit. Ainsi dans le virus des actinies coexistent deux substances toxiques antagonistes l’une de l’autre, que l'analyse chimique parvient à séparer, et le même virus possède à la fois des propriétés anaphylactiques et prophylactiques. 304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PROCÉDÉ SIMPLE POUR METTRE EN ÉVIDENCE LE COLIBACILLE DANS LES EAUX QUI LE RENFERMENT EN TRÈS PETITE QUANTITÉ, par M. le D' Troussainr. L'extrême résistance et la grande vitalité du colibacille en présence des autres germes aérobies pathogènes ou saprophytes auxquels il est associé dans les eaux nous a suggéré l’idée d'utiliser ces qualités pour en tirer une méthode de recherche courante servant en même temps de contrôle pour les procédés usuels. Le colibacille pullule, en effet, dans les bouillons où il est ensemencé en compagnie des germes ordinaires des eaux; on l'y retrouve vivant après un mois d'étuve à 37 degrés, à côté d'espèces qui ne cultivent plus; nous n'avons pas cherché à l’en isoler au delà de cette limite. On comprend, dès lors, qu’une eau de très faible teneur colibacillaire au moment des ensemencements ordinaires puisse ne pas être soupçconnée qui le deviendra, grâce à un artifice de cullure permettant de mettre en évidence le germe accusateur, par la multiplication de ses repré- sentants. Voici comment nous procédons : À la technique, connue de tous, pour l’analyse biologique des eaux, nous ajoutons l'ensemencement de la quantité totale restante de l'échantillon dans un bouillon concentré de la composition suivante : 1 DHEA EU A EPA CAE AE ATOS Miande/dehbœuelbnenu tt nnee Se sr SAS 00 — De pLoneise Cher ANR LAN ANA SR ODS — EI RAR RE AA EAU AR EG ER 2 or 50 préparé, stérilisé d’après les procédés habituels. Le bouillon est réparti par fractions de 25 centimètres cubes dans des flacons d’'Erlenmeyer. On ajoute à chacun des flacons une quantité de l’eau à analyser telle que l’on oblienne une dilution de coloration sem- blable à celle du bouillon ordinaire fait avec la même viande. On porte à l’étuve à 37 degrés. On réalise ainsi ce que les bactério- logistes du laboratoire d'hygiène publique de France appellent la culture totale de l’eau. C'est dans cette culture que sera recherché le Bacterium coli si les isolements par les autres méthodes sont restés sans résultat. Il suffit d'ensemencer, pour cela, quelques gouttes de la culture totale dans une série de tubes de bouillon phéniqué à 41/1000 placés à l'étuve à 42 degrés, . suivant la méthode de Vincent, et de faire ensuite des isolements sur plaques de gélatine avec ces derniers bouillons. Il résulte de notre expérience personnelle, basée sur une pratique de SÉANCE DU 20 FÉVRIER 305 plusieurs années (sept ans), que l’on peut déclarer vierges de colibacille les eaux qui n’en ont point montré par ce procédé. Celui-ci présente, en outre, l'avantage de servir de contrôle aux autres méthodes. SUR LA NATURE DES FILAMENTS AXILES. FIBRILLES CONJONCTIVES AVEC COLLA- GÈNE ET FIBRILLES CONJONCTIVES SANS COLLAGÈNE, par M. P. A. ZACHARIADES. Des trois éléments qui constituent la fibrille tendineuse adulte, c’est- à-dire du filament axile, du collagène intra-filamentaire et de la mem- brane, j'ai considéré le filament axile comme la partie essentielle, vivante et protoplasmique de la fibrille. En effet, il s'accroît, assimile, produit, ne fait jamais défaut et représente souvent seul, notamment à l’état jeune, la fibrille. À vrai dire sa colorabilité n’est pas absolument la même que celle du protoplasma, mais cela constitue ici, comme par- tout ailleurs, un caractère de moindre importance que les précédents Or, j'ai démontré que la fibrille, ou plutôt le filament axile, provenait directement d’un prolongement cellulaire par une sorte de différenciation directe du protoplasma, mais je n'ai jamais dit que la fibrille, ou le -filament axile, était du protoplasma tel, par exemple, que celui qui entoure le noyau : au contraire, j'ai eu soin de faire remarquer que le protoplasma des prolongements change /de réfringence, ne se colore * plus que par places, par le violet 5 B, n’est plus représenté que par de simples grains intercalés dans le filament incolore et finit par ne plus être visible. Ce filament incolore est le filament axile. Ainsi, tout ce que j'ai observé, dès 1898, sur le développement de la fibrille conjonctive s'applique en réalité au filament axile; quant au collagène intra-fila- mentaire, c’est un produit tardif (formation pariétale), et non constant, du filament axile. J'avais comparé dernièrement les filaments axiles aux fibrilles nerveuses et musculaires et j'estime qu'on peut répéter à leur sujet tout ce qu’on a écrit à propos de la nature des fibrilles nerveuses et musculaires ; on les considère aujourd’hui comme des différenciations du protoplasma (Apathy, M. Heidenhain, etc.), et non pas comme des produits paraplastiques (Kupffer); c’est du protoplasma qui a évolué, qui s'est spécialisé; ce sont les organes alloplasmatiques de A. Meyer. Dans une dernière communication j'avais dit que le mot fibrille n’est pas du tout synonyme du mot collagène, puisque ce n’est pas la fibrille in loto qui gonfle dans les solutions acides. Aujourd'hui, j'ajouterai qu'il existe des fibrilles conjonctives, qui ne gonflent pas du tout dans ces conditions, et qui par conséquent sont réduites pour ainsi dire à leurs filaments axiles. Lorsqu'en effet, on étudie les fibrilles conjonce- 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tives chez différents animaux de différents âges et dans différents objets d'étude, on constate que ces fibrilles peuvent être classées en deux groupes : 1° les unes gonflant plus ou moins dans les solutions acides et par conséquent contenant du collagène, je leur donnerai le nom de fibrilles conjonctives avec collagène ; 2° les autres ne gonflant point dans les mêmes conditions et que je désignerai sous le nom de fibrilles con- jonctives sans collagène. Dans ce dernier groupe on pourrait, je crois, faire rentrer les Güter- fasern (fibres en treillis) de V. Kupffer et A. Oppel, que l’on rencontre dans le foie, dans la rate, dans les ganglions lymphatiques des différents mammifères, etc., et sur la nature desquelles on n’est pas encore fixé. Les fibrilles sans collagène peuvent se voir à côté de fibrilles avec col- lagène; si l’on veut bien se rapporter à la figure de la coupe transver- sale que j'ai fait figurer dans les comptes rendus de l'Association des anatomistes (V° session, Liége, 1903, p. 73, fig. 9), et qui provient d’un tendon de la queue du rat adulle, on peut voir que toutes les fibrilles n’ont pas le même calibre, ne sont pas également gonflées, et de plus que quelques fibrilles ne gonflent pas du tout. Cette figure est très ins- tructive, car, dans la même préparation, on a sous les yeux tout l’en- semble de fibrilles conjonctives que l’on rencontre dans les différents tissus plus ou moins jeunes de substance conjonctive de différents ani- maux. J'ajouterai en terminant que de ce que les fibrilles d’un tissu de subs- tance conjonctive ne gonflent pas dans les solutions acides, il ne s’en- suit pas que le tissu en question ne puisse pas gonfler; il n’est pas rare de voir que certains de ces tissus (par exemple les tendons de l’homme) gonflent notablement, tandis que leurs fibrilles restent presque sans modifications appréciables. Ceci nous oblige à admettre l'existence d’un collagène intertfilamentaire; il s'agirait là d’une substance qui gonfle par les acides et sur laquelle j'avais déjà autrefois attiré l'attention. Je reviendrai plus en détail sur ces différents sujets (1). (Travail du laboratoire d'histologie des Hautes Études au Collège de France). (1) Afin que tous les histologistes soient à même de contrôler mes observa- tions, il me parait utile d'indiquer la provenance du bleu de méthyle acide que j'ai employé dans ces recherches; il m'a été fourni par la fabrique des matières colorantes de Saint-Denis (105, rue Lafayette). Pour éviter toute confusion, il a été convenu qu'il sera désigné sous le nom de bleu pour micro- graphie n° 1; depuis, j'en ai trouvé deux autres également bons et qui sont, comme le premier, des dérivés phénylés trisulfoconjugués de rosanilive; ils seront désignés sous les noms de bleu pour micrographie n° 2 et n° 3. J'em- ploie de préférence le n° 2 en solution aqueuse saturée. Le Säureviolett de Grübler colore aussi, mais moins bien, les filaments axiles. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 307 SUR LA NATURE DES CHAMPIGNONS DES MYCORHIZES ENDOTROPHES, par M. GALLAUD. La détermination de la nature des champignons des mycorhizes endo- trophes a depuis longtemps préoccupé les auteurs qui ont étudié ces hôtes singuliers, si fréquents dans les racines. Beaucoup ont échoué dans cette tentative; quelques-uns ont cru pouvoir leur assigner une place dans la classification. Je me propose de montrer que leurs résul- tats sont contestables et que la question reste entière et à besoin d’une solution plus précise. Pour quelques-uns, l’endophyte serait un Oomycète. Treub (1) attribue l'infection des prothalles de Lycopodium ernuum à une Saprolégniée, un Pythium, qu'il distingue d’ailleurs du Pythium Equiseti, parasite des Equisetum signalé par Sadebeck (2); peu après, Bruchmann (3) croit aussi reconnaitre dans le ZLycopodium annotinum les oogones d’un Pythium; Gæbel (4) rapproche aussi d'un Pythium l’endophyte des pro- thalles de Lycopodium inundatum; Janse (5) àa montré que les organes reproducteurs attribués par tous ces auteurs au Pythium n'étaient que des « vésicules », sortes de kystes très fréquents dans les endophytes. Dans une seconde étude sur les Lycopodiacées, Treub (6) pense que dans le prothalle du ZLycopodium Phlegmaria vit une Péronosporée, sans donner d’ailleurs aucune raison en faveur de cette opinion. C’est encore à une Péronosporée que Nobbe et Hiltener (7) attribuent l'infection du Podocarpus, mais Shibata (8) a reproduit sur cet endophyte la réaction de la chitine qui, d’après Van Wisselingh (9), n’existe pas dans les Péro- nosporées. Il semble qu'on soit mieux fixé sur la nature des champignons qui habitent les racines des Orchidées. La plupart des auteurs qui les ont (1) Etudes sur les Lycopodiacées, Annales du Jardin botanique de Buitenzorg, vol. IV, 1884. (2) Unters. über Pythium Equiseti, Cohn’s Beitrage, Heft IIT, 1875. (3) Das Prothallium von Lycopodium,Botan. Centralblatt, 1885. (4) Ueber Prothallien und Keimpflanzen von Lycopodium inundatum, Bot, Leitung, 1887. (5) Les Endophytes radicaux de quelques plantes javanaises, Ann. du Jard. de Buitenzorg. Vol. XIV, 1897. (6) Etudes sur les Lycopodiacées, Ann. du Jurd. de Buitenzorg. Vol. V, 1886. (7) Die endotrophe Myccorhiza von Podocarpus, Landwirthschaft. Versuchstat. Bd LI, 1898. (8) Cytologische Studien über die endotrophen Mykorrhizen, Pringsheim's Jahrbuch. Bd 37, 1902. (9) Microchemische Untersuchungen über die Zellwände der Fungi, Prings= heim's Jahrb. Bd 31, 1898. Broï.oG1E. COMPTES RENDUS. — 1904, T. LVI. EL [Ho] _ 308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE étudiés à ce point de vue s’accordent pour y reconnaître des champi- gnons présentant en culture artificielle des chlamydospores et des formes conidiennes de Fusarium ou des formes voisines. Cette opinion est fondée à la fois sur des faits d'observation directe et sur des essais d'isolement de l’endophyte. Wahrlich (1), le premier, signale dans le voile des trachées de Vanda et de Phajus des chlamydospores qu'il rattache à des champignons donnant des périthèces de Vectria. Nul- lemin (2) à vu également sur des racines d'Orchis mascula les filaments mycéliens pénétrer dans les poils radiaux et y former des chlamydos- pores. Chodat et Lendner (3) pour le Zistera cordata ont apercu aussi des organes reproducteurs dans les tissus. Les tentatives d'extraction et de culture des endophytes semblent confirmer ces résultats. Tous les auteurs retirent des racines infestées avec un égal succès et une remarquable constance un mycelium à chla- mydospores et à conidies du type Fusarium, donnant parfois des péri- - thèces qu’on a pu ranger dans les genres voisins Vectria et Hypomyces. Reissek (4), dès 1846, obtient un #usisporium; Wabrlich cultive, à partir d'Orchidées variées (Platanthera bifolia, Vanda suavis, V. ticolor, V. furva), des myceliums à chlamydospores et spores fusarium, avee périthèces rattachés aux MVectria (N. Vandæ, N. Goroshankiana). Ber- natzki (5) obtient avec Vanilla aromatica et Psilotum triquetrum des cultures avee chlamydospores et conidies de Verticillum qu'il range parmi les Aypomyces. Enfin N. Bernard (6) a extrait de nombreuses Orchidées, de la Ficaire, de la Pomme de terre des Fusarium dontil a eu, dans un cas, des périthèces de Vectria. À la suite de ces résultats, tout à fait concordants, s’est établie las croyance générale que les endophytes, au moins pour les Orchidées, sont des champignons du groupe des Fusarium. En réalité, les auteurs précédents ont tous employé une seule et même méthode d'extraction, qui prête le flanc à de nombreuses critiques. Wahrlich, qui le premier l'a-fait connaître, place de minces coupes des racines à expérimenter en chambre humide sur une solution étendue de sucre, ou bien aban- donne sous cloche des racines entières préalablement lavées à l'eau bouillie. Les auteurs suivants aseptisent au sublimé la surface des racines qu'ils laissent ensuite dans l’eau stérile ou sur milieu nutritif. Dans ces conditions, ils obtiennent toujours un Fusarium, et, de la pré- s (1) Beiträge zur Kenntniss der Orchideenpilze, Bot. Zeitung, 1886. {2) Les Mycorhizes, Rev. gén. des Sciences, 4890. (3) Sur les Mycorhizes du Listera cordata, Revue mycologique, 1898. (4) Die Endophyten der Pflanzen zellen, Wien, 1846. (5) Beiträge zur Kenntniss der endotrophen Mykorrhizen, Beih. z. Bot. Cen- tralbl., 1900. (6) Etudes sur la tubérisation, Rev. gén. de botanique. T. XEV, 1902. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 309 sence constante de ce champignon dans leurs cultures de racines infes- tées, ils concluent à l'identité avec le champignon produisant l'infection. De nombreuses expériences d'isolement répétées avec cette méthode et aussi dans des conditions d’asepsie rigoureuse, que je compte exposer bientôt, m'ont montré que cette constance dans les résultats tenait simplement aux défauts de la méthode d’extraction. Par des inocula- lions artificielles sur plantes poussant aseptiquement, j'ai pu m’assurer que les Fusarium retirés des racines sont des parasites ou des sapro- phytes, ainsi que le faisaient d'ailleurs prévoir les nombreuses maladies dues à ces champignons. POUVOIR HÉMOLYTIQUE DU SÉRUM SANGUIN NORMAL CHEZ DIFFÉRENTES ESPÈCES ANIMALES, par Mie L. STER\. À ma connaissance, nous n'avons pas jusqu'à présent de données exactes relatives au pouvoir hémolytique des sérums sanguins nor- maux. Sous la direction de M. Battelli, j’ai déterminé le pouvoir hémoly- tique des sérums dont on se sert habituellement dans les laboratoires. J'ai choisi les sérums de bœuf, de mouton et de chien. Comme réactif, je me suis servie de globules de lapin et de cobaye. Le dosage du pou- . voir hémolytique a été fait d’après la méthode de M. Mioni en faisant agir 5 centimètres cubes de sérum plus ou moins dilué sur 5 centimètres cubes d’émulsion globulaire. Dans une première série d'expériences, j'ai constaté que les globules sanguins appartenant à divers individus de la même espèce animale présentent une résistance à peu près constante vis-à-vis d'un même sérum. L Voici, à titre d'exemple, une expérience faite sur les globules de trois cobayes avec le sérum du même chien : Cobaye. Globules. Sérum de chien. Hémoglobine dissoute. L. 5 cent. cubes. 5 cent. cubes. 05 505 IL. 5 — à] — 0 525 IT. a) — p] — 0 510 La résistance globulaire étant à peu près la même, les différences observées dans l’action hémolytique de divers sérums ne peuvent donc tenir qu'au pouvoir hémolytique de ces sérums. Dans le tableau suivant sont exposés les résultats que j'ai obtenus. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sérum. ep 5 ceutimètres cubes. Sérum. 5 centimètres cubes. Sérum. 5 centimètres cubes. HÉMOGLOBINE DISSOUTE ET Globules lapin. 08183 283 252 347 177 D92 967 708 023 428 473 315 297 d35 188 410 CROSS RONSNO ON OMIS CROSS Globules cobaye. HÉMOGLOBINE DISSOUTE TES Globules lapin. 05057 075 110 079 328 402 330 205 215 258 095 158 Oo © © © © © © © © © © Globules cobaye. HÉMOGLOBINE DISSOUTE PT Globules lapin. 05 578 265 272 383 382 512 945 708 He Ces © Globules cobaye, SÉANCE DU 20 FÉVRIER 311 PAS je a Ces chiffres peuvent être résumés dans le petit tableau suivant où sont seulement rapportées les valeurs maxima, moyennes et minima du pouvoir hémolytique des sérums sur les globules de lapin :. Sérums. Maxima. Minima. Moyenne. Bœuf. 18023 08177 08421 Mouton. 0 402 0 057 0 196 Chien. 0 945 0 2 65 0 487 Ces résultats permettent de conclure : 1° Le pouvoir bémolytique des sérums sanguins normaux présente des différences individuelles considérables. Un sérum peut présenter un pouvoir hémolytique six à sept fois supérieur à celui d’un autre sérum provenant de la même espèce et recueilli dans les mêmes condi- tions. 2° Le sérum de bœuf et de mouton est environ cinq fois plus hémoly- tique pour les globules de cobaye que pour ceux de lapin. Le sérum de chien est légèrement plus hémolyiique pour le cobaye que pour le lapin. Ces rapports sont assez constants. 3° Vis-à-vis des globules de lapin, les sérums se présentent quant à la valeur moyenne de leur pouvoir hémolvtique dans l’ordre décroissant suivant : sérum de chien, sérum de bœuf et sérum de mouton. Wis-à-vis des globules de cobaye, l'ordre décroissant est le suivant : sérum de bœuf, sérum de mouton et sérum de chien, comme il avait _été constaté déjà par plusieurs auteurs (Ehrlich et Morgenroth, Carré et Vallée, etc.). | (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) ÉTIOLOGIE DE LA STOMATITE ULCÉRO-MEMBRANEUSE PRIMITIVE, par M. H. VINCENT. Les recherches bactériologiques qui ont été faites sur la stomatite ulcéro-membraneuse primitive tendent à rattacher uniformément cette affection à une seule cause: l'infection mixte par les spirilles et les bacilles fusiformes, dont je me suis efforcé d'étudier les diverses mani- festations. Pour Bernheim, Salomon, Lacoarret, Lesueur, etc., la stomatite ulcé= reuse ne reconnaitrait pour origine que les microbes ci-dessus, et cette opinion semble confirmée par les recherches de Panoff, Ch. Nicolle, Niclot et Marotte, Siredey et Mantoux, Vigdortchick, Mayer, Fischer, Loblowitz, etc., qui ont abouti au même résultat. = 312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mes recherches personnelles ne concordent pas absolument avec celles qui précèdent. Elles semblent montrer que la symbiose fuso-spi- rillaire ne peut être considérée comme la cause univoque de la stoma- tite primitive pas plus qu De ne l’est de toutes les angines ulcéro-mem- braneuses. Sur vingt et un cas de stomatite idiopathique ou primitive siégeant aux gencives, à la muqueuse des joues, des lèvres, de la langue, du palais, que j'ai étudiés, dix étaient sous la dépendance de l'infection à spirilles et bacilles fusiformes. Sur ces dix cas, il en élait quatre qui s’accompagnaient simultanément d’angine due aux mêmes parasites. L'évolution dentaire, soit chez l'enfant, soit chez l'adulte, particu- lièrement au moment de l'éruplion de la dent de sagesse, me parait jouer le plus grand rôle dans l'étiologie de cette forme de stomatite,. Le iambeau de muqueuse soulevé et ulcéré par la dent qui émerge devient une région très favorable à l’ensemencement des spirilles et des fusiformes. J'ai signalé antérieurement que ces microbes existent dans la bouche de presque tous les sujets sains. L'association d’un autre microbe à la symbiose précédente, et part- culièrement celle du streptocoque, peut provoquer soit des adénites suppurées, soit des accidents infectieux, érythèmes, purpura, néphrite, endocardite, et parfois la mort. Le deuxième groupe de stomatites a une origine polymicrobienne. J'en ai observé quatre cas. L'examen microscopique et la culture ont montré à la fois les bactéries les plus diverses (2. flavus, B. coli, staphylo- coque, Leptothrix, Z. crassus sputigenus, Spirochætes, etc.), et il était impossible d'incriminer plus spécialement l’une ou l’autre d’entre elles. Cette variété de stomatites correspond à celles qui ent été décrites par Galippe. Enfin les stomatites peuvent être assez fréquemment sous la dépen- dance des bactéries pyogènes (staphylocoques, streptocoques, M. tetra- sène) seules ou associées entre elles. Le nombre de ces cas à été de sept. Un fait important, c’est qu'il n'existe pas, dans les symptômes de ces groupes respectifs de stomatites ulcéro-membraneuse, dans leur marche ou leur durée, des caractères qui permettent de les différencier, le plus souvent, par le seul examen clinique. Seules les stomatites à spirilles et bacilles fusiformes ont des signes bien constants: fièvre initiale, ‘exsudat grisätre, mollasse, à odeur très fétide, reposant sur une ulcéra- tion plus ou moins profonde, adénite. Mais l’individualité clinique des “autres stomatites, d’origine polymicrobienne ou pyogène, bien quelle n'ait pas la même fixité, se confond assez souvent avec celle de la sto- matite à bacilles fusiformes et spirilles. En conséquence, si l’on veut apprécier la signification et la gravité d’une stomatite, et en faire le trai- tement, les mêmes préceptes lui sont applicables ainsi qu'aux angines en SÉANCE DU 20 FÉVRIER 313 général et à la diphtérie en particulier : il faut, pour en faire le dia- gnostic, recourir à l'examen microscopique et à la culture de lexsudat. (Travail du Laboratoire de Bactériologie du Val-de-Gräce.) ACTION MOTRICE DU PNEUMOGASTRIQUE SUR LA VÉSICULE BILIAIRE, par MM. D. Courrape et J. F. Guyow. L'action motrice du grand sympathique sur les voies biliaires, admise par Heidenhaïin, établie d’une manière précise par M. Doyon, est aujourd’hui hors de conteste. Il n’en est pas de même de celle du pneu- mogastrique, négligée ou niée par la plupart des auteurs. On peut se demander, cependant, si la sphère d'influence de ce dernier nerf est réellement limitée au tube digestif seul, à l’exelusion des organes qui en dépendent d'une facon immédiate, comme la vésieule et les conduits biliaires. Telle est la question que nous nous sommes efforcés de résoudre, au moins en partie, en étudiant les réactions motrices de la wvésicule biliaire lorsqu on excite le pneumogastrique. Pour éviter les causes d'erreur provenant des mouvements concomitants “de l'estomac, il convient d'ouvrir l'abdomen de l'animal (chien) aussi large- “ment que possible. Dans ce but, on mène une incision tout le long de la ligne blanche et, après avoir sectionné les muscles droits entre deux ligatures, on fait, perpendiculairement à la première, une seconde incision qui, à travers le diaphragme fendu dans toute sa moitié gauche, pénètre dans le huitième ou le neuvième espace intercostal du même côté. Ce dernier a été ouvert au préalable pour mettre à nu les deux pneumogastriques thoraciques au niveau où, après s'être anastomosés réciproquement, ils se placent, l’un en avant, l’autre en arrière de l’œsophage. On a ainsi un large champ opératoire qui permet de relever complètement le foie et d'empêcher tout contact entre la vésicule biliaire et l'estomac. Il est utile, en outre, d’évacuer la bile contenue dans le cholédoque en introduisant dans l’ampoule de Vater une canule qui maintient béante la partie inférieure du canal. Nous avons enregistré les contractions de la vésicule par un procédé ana- logue à celui de M. Doyon : ampoule en caoutchouc très mince, introduite par le bas-fond de l'organe et communiquant, par l'intermédiaire d’un mano- mètre à eau, avec un tube en U, à l'extrémité libre duquel un flotteur trans- met à un levier amplificateur les diverses impulsions qu'il recoit de l’am- poule. Celle-ci est modérément gonflée avec de l’eau tiède, de manière à faire équilibre à une colonne d’eau de 10 à 12 centimètres de haut. — Notons enfin que, dans la plupart de nos expériences, nous opérions sur des chiens à bulbe sectionné. Dans ces conditions, en excitant avec un courant suffisamment 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE intense (+ 20 ou + 30 bobine Gaiïffe) le bout périphérique de l’un ou de l’autre pneumogastrique thoracique sectionné, on obtient presque toujours une élévation très nette de la colonne manométrique. Celle-ci, suivant la sensibilité de l'appareil inscripteur, se traduit par une courbe plus ou moins accentuée, dont le début brusque coïncide avec la con- traction du pylore, et dont la durée n'excède pas dix ou vingt secondes en général. Elle ne peut être attribuée, croyons-nous, qu'à une contrac- tion de la vésicule biliaire (contraction suivie, dans certains cas, d'une dilatation secondaire du même organe). Il parait impossible, en effet, en raison des précautions prises, d'admettre que la vésicule subisse une compression quelconque de la part de l'estomac, voire même du diaphragme. Une expérience bien simple, contre-épreuve de la précédente, permet d’ailleurs d'écarter absolument une telle hypothèse. Cette contre-épreuve consiste à placer une ligature serrée sur le canal cystique, dans le but de détruire les nerfs qui se rendent à la vésicule. Dès lors, une nouvelle excitation du pneumogastrique, si intense soit-elle, ne donne plus lieu à la moindre élévation manométrique. Cependant l'estomac se contracte comme tout à l'heure et les causes possibles de compression de la vésicule par un organe voisin sont restées les mêmes. Que si, malgré la présence d’une canule dans le cholédoque, on veut incriminer un reflux de la bile vers la vésicule, sous l'influence des contractions duodénales, on peut réfuter cette objection de la manière suivante. Au lieu de lier le canal cystique, on injecte dans sa paroi quelques gouttes d'une solution de cocaïne à 2 p. 100 : de cette facon, la conduction nerveuse est interrompue, comme par la ligature, mais la lumière du canal n’est pas interceptée, et rien ne s'oppose au reflux de la bile, s’il existe réellement. Or, l’excitation de l’un ou de l’autre pneumogastrique thoracique, pratiquée dans ces nouvelles condilions, ne produit plus aucun mouvement de la vésicule. Par contre, si on recommence l’excitation au bout de vingt ou trente minutes, temps suf- fisant pour permettre l'élimination de la cocaïne, on observe, du côté de la vésicule, les mêmes effets moteurs qu'avant la cocaïnisation. Cet ensemble de faits n’est nullement en contradiction avec ceux qui ont établi l'influence motrice du sympathique sur la vésicule biliaire. Il conduit simplement à étendre à cette dernière les notions que nous possédions déjà sur l’innervation du tube digestif proprement dit. Nous avons montré, en effet, il y a quelques années, que l'excitation du sym- pathique donne lieu, comme celle du pneumogastrique, à la contrac- tion de la couche circulaire de l'estomac et de l'intestin. Mais tandis que, lorsqu'on excite le grand sympathique, la contraction est lente et cor- respond à une simple augmentation de la tonicité musculaire, elle est brusque, accentuée et relativement brève, lorsqu'on excite le pneumo- gastrique. Aujourd'hui, nous apportons des expériences qui élablissent; æ SÉANCE DU 20 FÉVRIER 315 pensons-nous, que l’excitation du pneumogastrique provoque la contrac- tion de la vésicule biliaire, contrairement à ce qu’on admettait jusqu'ici. Nous montrons, de plus, que cette contraction, au lieu d'être progres- sive et soutenue comme celles que produit l'excitation du sympa- thique (Doyon), survient d’une façon brusque et se traduit par une courbe bien marquée, dont l'ascension et ia descente sont également rapides. Ces résultats concordent donc avec ceux que nous avons observés naguère sur l'estomac et sur l'intestin et nous autorisent à con- clure que, nerf moteur du tube digestif, le pneumogastrique est aussi nerf moteur de la vésicule biliaire. INFLUENCE ENTRAVANTE DE L'ALCOOL DANS LA COAGULATION DU SANG, par M. L. MARCHADIER. Au cours d'expériences sur la coagulation du sang, j'ai été amené à me préoccuper de l’action que pouvait exercer l'alcool sur ce phéno- mène. J'ai fait, à cet égard, diverses observations que je crois utile de publier, cesobservations montrant que l'emploi des liquides alcooliques, dans l’étude de la coagulation, n'est pas sans inconvénient. - Il est admis que les extraits de beaucoup d'organes activent la coagu- fation du sang. Mais on pouvait penser qu'il en élail ainsi parce que le véhicule employé à la préparation de ces extraits, le plus souvent l’eau pure ou salée, avait modifié la composilion des cellules animales et qu'avec un véhicule différent des effets différents aussi apparaïîtraient. Je fis donc, dans le but d'examiner cette hypothèse, quelques macérations de muscles, notamment de myocarde, en me servant de solvants variés, mais surtout d'alcool. Dès les premières expériences, je remarquai que le sang, recu au sein d’un filtrat alcoolique provenant d’une macération myocardique, con- servait sa fluidité d’origine, et je possède des échantillons datant de deux ans chez lesquels cette fluidité se maintient encore. Je remarquai de plus qu’en diminuant la proportion de filtrat j'obtenais, pour une proportion donnée, une coagulalion partielle. J'avais cru avoir enlevé au myocarde par l'alcool une substance anti- coagulante et je considérai que s’il y avait coagulation partielle dans ce dernier cas, cela pouvait tenir à ce que la proportion de substance anti- coagulante était insuffisante. Comme vérification, j'augmentai, dans la macération, la quantité de myocarde et diminuai en même temps le volume d'alcool : malgré cela, la coagulation partielle ne put ê're . évitée. J’essayai, sur le filtrat, l’action de la chaleur : une température de 80 degrés environ maintenue de cinq à dix minutes n'eut aucun effet # 316 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur ses propriétés. Il fallut dès lors envisager le cas où l’incoagulation du sang devrait être attribuée à l’alcool. Je reçus, à cet effet, le sang d’un bœuf dans cinq flacons de 250 centi- mètres cubes, de facon à les remplir exactement, ces flacons contenant déjà de l’alcool à 91 degrés dans les proportions suivantes : AD 1 1247. ltMOrcentimètres cubes: B. ARS EM LR 25 = C. MERE 50 — D. DA OA EEE AE) == F E. a SAS 0) De et j'obtins ces résultats : Dans À une coagulation normale mais avec une très faible exsudation de sérum ; Dans B une coagulation partielle ; Dans C une incoagulation parfaite ; Dans D et dans E une précipitation analogue à celle produite par la chaleur et donnant un produit solide, brun, de consistance et d'aspect voisins de ceux du boudin ordinaire. D'abord très adhérent aux parois du flacon, ce produit se contracte peu à peu et, vers le huitième jour environ, exsude en partie le liquide qu'il retenait. De ces résultats je conclus que l'alcool se comportait de différentes façons à l'égard du sang; que son action dépendait des proportions du mélange; qu'il était un anticoagulant remarquable dans la mesure d'une partie d'alcool pour quatre de sang. Comment dans ces circonstances l'alcool réagit-il exactement? C'est ‘ce que l’on ne saurait trop dire. Cependant si l’on prend trois tubés à essais contenant chacun 20 centimètres cubes du sang incoagulé pro- venant du flacon C, et si l’on ajoute à tous du sérum de bœuf, c’est-à- dire une solution naturelle de plasmase, dans les proportions sui- vantes : a. » centimètres cubes de sérum pur. b. % cent. cubes de sérum mélangé d’un cent. cubes d’alcool à 91 degrés. c. 8 cent. cubes de sérum mélangé de deux cent. cubes d'alcool à 91 degrés. on remarque que la coagulation ne se produit dans aucun tube. La plasmase dans ces milieux alcooliques est donc nettement réduite à l'impuissance et le résultat de l'expérience est de porter à conclure que l'alcool, par sa présence, crée des conditions nouvelles impropres au développement de l’action de cette diastase. (Fravail du laboratoire de M. le professeur Bourquelot.) Le SÉANCE DU 20 FÉVRIER 317 HYPERTENSION ARTÉRIELLE ET RÉTENTION CHLORURÉE, par MM. AmBarD et BEAUJARD. Parmi les phénomènes en relation immédiate avec l'hypertension, un des plus remarquables et des plus généraux est la rétention chlorurée; à tel point qu’à notre avis on peut dire que tout individu capable de faire de la rétention chlorurée est aussi capable de faire de l'hypertension arté- rielle : d’ailleurs toute réserve faile sur le point de savoir si la rétention est la cause de l'hypertension ou si elle n'en est qu’un témoin. À consi- dérer ainsi les choses nous voyons d’abord que : 1° Si l'hypertension est si fréquente chez les brightiques, c’est que ces malades réalisent le maximum de la rélention chlorurée. Nous compre- nons qu'inversement l'hypertension du brightique puisse être reduite quand on pourra réaliser une déchloruration suffisante : À l'appui de ce fait nous avons relevé sept observations toutes de même allure dont voici un type : Brightique sans albumine âgé de quarante-cinq ans. À son entrée soumis au régime lacté. Au bout de dix jours de régime sa pression est encore à 22 centimètres Hg. Alors en l’espace de cinq jours déchloruration de 46 grammes, et chute progressive de la pression à 15 centimètres. Dans les cinq jours qui suivent le malade mange une côtelette en plus de 3 litres de lait : la pression se maintient à 45 centi- -.mèêtres. On donne ensuite 2 litres de bouillon en remplacement de 2 litres ‘de lait : au bout de cinq jours le malade a retenu 32 grammes de sel et sa _pression remonte à 18. Après suppression du bouillon mais persistance - de la côtelette le malade décharge ses chlorures et sa pression tombe à 15 centimètres. A côté des brightiques de ce type où l'on fait et l’on défait aisément l'hypertension en provoquant la déchloruration ou la rechloruration, nous en avons observés d’autres chez qui malgré le régime lacté ou le régime déchloruré la tension ne baisse que peu : on constate alors que le malade ne déchlorure pas ou au contraire se rechlorure par intermit- tences. Enfin i! y a des malades chez qui malgré une déchloruration notable la baisse de pression se fait longtemps attendre, car, même en l'absence de tout æœdème les réserves chlorurées de certains individus peuvent être extrêmement abondantes. : 2° En accord avec cette théorie nous nous expliquons au moins en partie pourquoi chez les tuberculeux la tension est basse. Sous réserve de l’action de la toxine tuberculeuse, ici encore hypochloruration et hypo- tension marchent de pair. Les tuberculeux même à un régime salé n’ont qu'une faible tension parce que, comme on le sait bien, les tuberculeux diminéralisent intensément. Mais si le tuberculeux pour une raison incidente est capable de faire de la rétention chlorurée, sa pression 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE se relève comme celle du brightique. Voici à cet égard un exemple typique : Femme de trente-cinq ans, tuberculeuse avancée, albumi- nurie : mise au régime lacté, la malade déchlorure et sa tension descend progressivement de 16 à 14; plus d’albumine. On donne 2 litres de bouillon, la malade charge environ 20 grammes de chlorure; sa: pression monte de 1% à 19. Au bout de trois jours la malade se décharge spontanément et fait de la diarrhée, et sa pression tombe brusquement à 13. Autres exemples classiques : une tubereuleuse qui fait de la pneumonie (maladie à rétention), voit sa pression s'élever, etc. 3° Il est classique que dans la pneumonie, maladie réputée à tension moyenne (parce que le malade pendant sa maladie garde la chloruration qu'il avait pendant la santé), la tension baisse brusquement à la défer- vescence au moment où l’on constate la décharge chlorurée. 4 Dans la fièvre typhoïde, maladie réputée à tension basse (parce que le malade durant sa maladie est au régime lacté et déchlorure), la tension déjà basse s'abaisse encore au moment de la convalescence, c’est-à-dire au moment même où l’on observe une décharge chlorurée (Pression artérielle de l’homme, etc., par Potain, 1902). 5° Chez l'homme sain les tentatives de chloruration ou déchloruration sont sans effets durables sur la tension, parce que l’homme sain se met presque immédiatement en équilibre chloruré (nous avons de ce fait deux observations). Si nous passons maintenant dans le domaine de la thérapeutique la rétention chlorurée nous éclaire d’un jour nouveau l’action de la digitale sur la tension. 6° Les auteurs ne s'entendent pas sur leffet de la digitale sur la tension. Pour les uns elle l'élève, pour les autres elle l'abaisse. Ces contradictions s'expliquent facilement en considérant exactement les cas où elle estadministrée. Chez l'hommesain comme d’ailleurs chez l'animal, la digitale à dose thérapeutique et non toxique laisse la pression impas- sible. Mais chez l'individu hypertendu, si la digitale est suivie de diurèse la pression baisse considérablement (Potain loco citato); or on sait que cette diurèse comporte une déchloruration intense. La digitale n'’agit donc sur la tension que par l'intermédiaire des chlorures ou par une action physiologique dont la décharge de chlorure est l'indice le plus manifeste. D'une façon générale, nous voyons donc que tous les faits connus en pathologie confirment les rapports étroits que nous avons signalés entre les chlorures et la tension. Ainsi s'expliquent les faits restés obscurs des maladies à tension basse, moyenne ou élevée : qui ne sont que des maladies à tensions normales, mais chez lesquelles l'organisme aidé ou desservi par la diététique a réalisé une déchloruration, une chloruration ou un équilibre chloruré. Nous ne pouvons achever cette rapide revue sans parler ici de l’action “4 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 319 du régime carné. Pour les observations de courte durée (nous en avons qui ont duré plus d’un mois), la viande (200 grammes par jour + bouil- lon non salé, 1 litre fait avec 300 grammes de viande), n’influence en rien la tension si l’on évite d’y joindre du sel. (Travail des laboratoires de MM. Jeanselme et Béclère) LA SÉCRÉTION PHYSIOLOGIQUE DU SUC INTESTINAL. ACTION DE L'ACIDE CHLORHYDRIQUE SUR LA SÉCRÉTION DUODÉNALE, par MM. C. DELEZENNE et A. FROUIN. Malgré les nombreux travaux publiés sur cette question, on n'est encore que très imparfailement renseigné sur les conditions physiolo- giques de la sécrétion du suc enlérique. On sait que l'isolement tem- poraire d'une anse intestinale ne fournit que des indications incons- tantes, le plus souvent même négatives ou douteuses, et qu'il est nécessaire pour faire l'élude de cette sécrétion, de s'adresser à des animaux chez lesquels on a pratiqué l'isolement permanent d'un seg- ment intestinal par le procédé de Thiry. Or, les données fournies par les auteurs qui ont eu recours à ce procédé, pour l’étude de la sécrétion -entérique, sont elles-mêmes contradictoires. Tandis que certains expé- rimenlateurs ont observé, par exemple, une sécrélion spontanée de l’anse isolée, sécrétion qui paraissait nettement en relation avec l’acti- vité digestive, d'autres ont nié l'existence de toute sécrétion spontanée: d’après eux, « la sécrétion intestinale paraît suivre des lois particulières, en ce sens qu'elle est purement locale : ellé ne se produit que dans le segment d'intestin directement excité » et le seul excitant qui se montre véritablement efficace est l’excitant mécanique (1). En reprenant systématiquement l’étude de cette question, nous avons pu facilement nous convaincre que ces divergences d'opinion ne peuvent être attribuées qu'aux conditions différentes dans lesquelles ont été faites les observations. Si quelques expérimentateurs se sont adressé, pour l’étude de la sécré tion intestinale, à des animaux pourvus d'une fistule de Thiry duodé- nale, d'autres, et c'est le plus grand nombre, ont pratiqué la fistule sur la portion moyenne ou terminale du jéjunum, ou plus souvent encore sur l'iléon. Or, chez le chien, ces trois segments intestinaux sont loin de se comporter de la même façon pour ce qui a trait à la sécrétion spon- tanée. (1) Pawlow. — Le travail des glandes digestives. Traduction française, Mas- son et Cie, Paris, 1904, 320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sur huit animaux possédant des fistules de Thiry de 20 centimètres de longueur et intéressant la portion duodénale de l'intestin, à partir de l'embouchure du canal de Wirsung, nous avons toujours observé une sécrétion spontanée qui se manifestait trois à sept heures après le repas. Gelte sécrétion qui n'a été étudiée que sur des animaux remis depuis plusieurs semaines du traumatisme opératoire, élait recueillie en évitant soigneusement toute excitation directe de la muqueuse intesti- nale et spécialement l'excitation mécanique. Dans ce but on appliquait au niveau de l’orifice de la fistule un entonnoir dont les bords assez largement évasés s’appuyaient sur la peau el n'avaient aucun con- tact avec le bourrelet de muqueuse intestinale limitant l'ouverture de la fistule. Sur des chiens de 25 à 30 kilogrammes, nous avons recueilli en moyenne pendant la période d'activité sécrétoire maximale, c’est-à- dire de la 4° à la 6° heure après le repas, 10 à 20 centimètres cubes de suc. À jeun, les mêmes animaux ne fournissaient, bien entendu, aucune sécrétion appréciahle. À l'inverse des fistules duodénales, les fistules pratiquées sur la por- tion moyenne ou terminale du jéjunum ne nous ont jamais fourni, pendant la période d'activité digestive, que des quantités extrêmement faibles de suc intestinal (1 à 2 centimètres cubes au plus en 3 ou 4 heures). Quant aux fistules de l’iléon, elles n’ont jamais donné de sécrétion spontanée. On ne peut, en effet, considérer comme répondant à une véritable sécrétion l'expulsion, à intervalles irréguliers, de quelques gouttes de liquide entraînant avec elles des débris cellulaires résultant de la desquamation épithéliale de l'intestin. * [Il était utile de contrôler l’ensemble de ces résultats en comparant, sur un même animal, à la période d'activité digestive, la sécrétion spon- tanée des divers segments intestinaux. En s'adressant à des animaux, pourvus de plusieurs fistules de Thiry, l’un de nous a pu faire, à cét égard, des observations qui concordent en tous points avec les précé- dentes. Les résultats détaillés en seront publiés ultérieurement. Ces observations sur l'existence d’une sécrétion duodénale, en rela- tion avec la période d'activité digestive, nous ont conduits à rechercher quelle est la nature de l’excitant et le mécanisme de l'excitation phy- siologique qui provoque celte sécrétion. Nous nous sommes demandés si l’acide chlorhydrique de l’estomac ne peut pas, lors de son passage dans l'intestin, provoquer localement ou à distance la sécrétion du suc duodénal, comme il provoque la sécrétion pancréatique et la sécrétion biliaire. Nous avons tout d'abord constalé que si on introduit, chez un chien à jeun, 10 à 20 centimètres cubes d'acide chlorhydrique à 4 p. 1000 dans l'anse duodénale isolée et qu'on laisse en contact pendant cinq minutes, on détermine toujours une sécrétion plus ou moins marquée de suc entérique. L'action locale de l'acide sur la sécrétron duodénale n'est SÉANCE DU 20 FÉVRIER 321 done pas douteuse. On pourrait supposer cependant que cette action ne présente aucun caractère de spécificité, qu'ici encore la sécrétion ne se produit que dans le segment directement excité et qu'en fait, il s'agit avant tout d’une excitation mécanique due au seul contact du liquide avec la muqueuse intestinale. Il est facile de démontrer qu’il n’en est pas ainsi, que l’action de l’acide sur la sécrétion duodénale peut s'exercer à distance et que dans ces conditions l'excitation qu'il provoque a bien son point de départ au niveau de l'intestin lui-même. Si on introduit dans l'estomac d’un chien à jeun, pourvu d’une fistule duodénale, 200 à 300 centimètres cubes d’acide chlorh ydrique à 4 p. 1000, on observe toujours la sécrétion presque immédiate d'une grande quan- .tité de suc duodénal ; il n’est pas rare de recueillir dans ces conditions, à 5, 6, 8 et quelquefois même 10 centimètres cubes de suc en l’espace de dix minutes. La même expérience répétée sur des animaux munis d’une fistule jéjunale permet encore d'observer une légère sécrétion si la fistule porte sur la première partie du jéjunum:; elle ne donne par contre aucun résultat lorsqu'on s'adresse à des animaux dont l’anse intestinale isolée correspond à la dernière portion du jéjunum ou à l'iléon. Il était vraisemblable, que dans cette expérience, l'acide introduit dans l’estomac n'exerce une action sécrétoire sur l’anse duodénale -isolée, que par le fait de son passage immédiat dans l'intestin. En nous adressant à des animaux porteurs dé deux fistules de Thiry, il nous a été facile de nous assurer que le point de départ de l'excitation qui provoque à distance la sécrétion du suc duodénal se trouve bien dans l'intestin lui-même. Sur des chiens porteurs de deux fistules du duo- dénum, nous avons pu constater en effet que l'introduction de l’acide chlorhydrique dans l’une des deux anses isolées, détermine invaria- blement la sécrétion immédiate du suc entérique au niveau de la seconde fistule. Cette action, exercée par l'acide chlorhydrique sur la sécrétion duo- dénale (et beaucoup plus faiblement sur la sécrétion jéjunale), relève- t-elle d’un mécanisme reflexe ou se fait-elle suivant un processus humoral? Il est possible que les deux mécanismes interviennent dans les conditions physiologiques, mais il n’est pas douteux qu'ici, comme pour la sécrétion pancréatique et la sécrétion biliaire, l'acide soit capable d'exercer son action par l'intermédiaire de la sécrétine. Nous avons pu observer, en effet, que l'injection intra-veineuse de la macé- ration acide de l'intestin (bouillie et neutralisée) détermine toujours une sécrélion plus ou moins abondante de suc duodénal. La sécrétion physiologique du suc duodénal se fait done sous l'influence du même excitant que la sécrétion pancréatique et la sécré- tion biliaire, et c’est le passage du liquide acide de l'estomac dans 322 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'intestin qui excite simultanément les trois organes glandulaires, dont les sucs sont nécessaires à la digestion intestinale. M. HALuION. — Nous avons fait, Enriquez et moi, une série d’expé- riences d'où il nous a paru résulter que des chiens soumis à des injec- tions sous-cutanées de sécrétine présentaient une muqueuse duodénale plus riche en sécrétine que celle des animaux témoins; or, un fait nous a frappés au cours de ces expériences : habituellement l'injection de sécrétine était suivie à bref délai d’une évacuation de matières fécales, et ces matières étaient souvent liquides en partie. L'hypersécrétion intestinale que provoque la sécrétion, d'après les expériences si intéressantes de Delezenne, contribue à expliquer cet effet. De notre côté, nous avons cherché si la macération de muqueuse duodénale ne stimulerait pas spécifiquement les fonctions motrices de l'intestin, d'autant plus que nous avions noté, de visu, des contractions du duodéno-jéjunum à la suite des injections de sécrétine pratiquées dans le réseau artériel afférent. De fait, des expériences spéciales, instituées avec la méthode gra- phique, nous conduisent à admettre que dans la macération acide de muqueuse duodénale qui contient de la sécréline, il existe une substance identique à cette dernière ou de nature différente, qui jouit vis-à-vis de l'intestin d’une propriété excito-motrice très marquée — une motiline, si on veut lui attribuer un nom en rapport avec cette propriété. Nous poursuivons en ce moment les expériences et nous injectons compara- tivement des extraits préparés avec d’autres organes que la muqueuse duodénale et suivant des procédés divers. Je puis ajouter que Enriquez a eu l’idée d’appliquer à la clinique nos données expérimentales. Par l'administration d’un acide mis en liberté au contact de la muqueuse duodénale, il a réalisé avec succès les con- ditions les plus propres à stimuler les fonctions sécrétiniques dans divers cas de dyspepsie intestinale. Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 27 FÉVRIER Bosc (F.-J.) : Note préliminaire à l'étude des parasites du cancer. . . Bouin (P.) et AnceL (P.) : Sur le déterminisme des caractères sexuels secondaires et de l'instinct sexuel. BRANcA (ALBERT) : Sur le réseau vasculaire de la muqueuse vésicale. Branca (Azsertr) : Cellules inter- stitielles et spermatogénèse. . . . . Desmors (Henri) : Production de l’acétylméthylcarbinol par les bac- téries du groupe du B. mesentericus. Dusots (Cn.) : Action de l’adréna- line et de l’anagyrine sur la circu- lation des muqueuses linguale et DuCcoa bia ler CEE EE Farcoise (A.) : Pouvoir hémoly- tique du sérum sanguin comparé à celui de la lymphe. A propos d’une note deMBattelli- 120000272000 FRANCOIS-FRANCK (CH.-A.) : Note ‘complémentaire sur le mécanisme des troubles respiratoires dus à la perte de tonicité des parois abdo- minales dans l'attitude verticale, à propos d’un travail antérieur de A. Mosso et d'une réserve formulée parsErantzGlén ares eee ete Francois-FrAnNcr (Cn.-A.) : Appli- cation à l'étude des mouvements respiratoires du procédé des images multiples sur plaque fixe. Photogra- phie simultanée des déplacements costaux, diaphragmatiques, abdomi- naux et des courbes pneumogra- phiques et pleuro-manométriques. . GicBERT (A.) et Lirpmaxx (A.) : Le microbisme salivaire normal . . . . GouiIx (ANDRE) et ANDOuARD (P.) : De la réaction de l'urine des bovi- D'ÉSAA ES ÉRNRN E e A R AR EL Eee Ein Hexri1 (Vicror) : Etude théorique de la dissociation de l’oxyhémoglo- bine. |. — Influence de la concen- tration Hexrr (Vicror) : Etude théorique CROIDAROM OM ENON TC NOUS CDN PATIO SEC) (1904 SOMMAIRE 355 360 339 de la dissociation de l’oxyhémoglo- bine. IT. Influence de la température. LauBerr (M.): Sur quelques cau- ses de production de rayons N. .. LAvVERAN (A.) : Sur des Culicides de Rochefort-sur-Mer et de Camargue. LAVERAN (A.) : Sur l'existence d’une Trypanosomiase des Equidés dans J'afGuinéeranCaISe EAN MEN LAVERAN : À propos de ia commu- nication de M. Ch. Nicolle. . . . .. Marixesco (G.) : Etude sur les troubles de la sensibilité vibratoire dans les affections du système ner- NU DEN E Res Re OPAES CARS MEesiz : À l’occasion de la note de Me Ch Nicole "NEMRECNreerE NicoLLE (CH.) : Sur une hémosré- garine du Crapaud. 4. 0. 0 Pgaisarzix (C.) : Influence des ra- diations du radium sur la toxicité du venin de vipère Ramon x CagaL (S.) : Trois modi- fications pour des usages différents de ma méthode de coloration des neuro-fibrilles par l'argent réduit. Ramon x CaJAL : Variations mor- phologiques du réticulum neurofi- brillaire dans certains états nor- maux et pathologiques Ramon» (F.) : Agglutination des DTAIS SOS LS NOR AN MU REHNS (JULES) l'étude de l’immunité acquise contre Habriners resserre REMLINGER (P.) : Contribution à l'étude de la toxine rabique (faits expérimentaux). . . . .. CE PE RENLINGER (P.) : Contribution à l'étude de la toxine rabique (faits cliniques) SicARD : Névralgie du trijumeau et ponction lombaire. . . . . . . .. TrouEssarr (E.-L.) Deuxième note sur les Hypopes du genre Tri- chotarsus ee + + + NP eee le enietie Neal BiozoGie. ComPrTEs RENDUS. — 190%. T. LVI. 23 329 Contribution à 324 TrourssanT (E.-L.) : Sur le mode SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bacille de Yersin. Indications tech- de fécondation des sarcoptides et niques à SR ARC NRTIEANER ANR EAN SOI desttiyro lipides PE PEER 367 GAUTHIER (J.-ConsranTIN) et Ray- WanLex (E.) : La nucléo-protéide BAUD (A.) : Sur l’agglutination du des cultures de tuberculose et sa bacille de Yersin. Applications à la JÉrIVÉ MOMIE MAMAN 328 | séro-identification et au séro-dia- GNOSHICL NE LUS NN AT AURONT 392 Réunion biologique de Marseille. Huox et Monrer : Des accidents produits par les conserves de viande ; ALezais et BrickA : Les altérations leurs causes, et les moyens de les des'muselesichez/le lapinrabique. -MS850)MEviter- 2 ITEM el ne 383 ARTHUS (MAURICE) : Le transsudat Oppo et Ones : Recherches expé- péritonéal du cheval contient-il un rimentales sur la stéatose phospho- Drotbrinfenment the Re 288). rée du foie: FAR Re Eee 386 Boxer : De l'abondance des pep- RavBaup et P&LLISSIER (J.) : A pro- tones et des graisses dans le liquide pos du pouvoir hémolytique ën vitro ascitique comme élément de dia- durhacile/pesteux PR PARERS are gnostic de l’oblitération du tronc de Troussainr : Procédé simple pour laveine ponte ere PEER 381 | mettre en évidence le colibacille Gautier (J.-CoxsraxTix) et Ray- dans les eaux qui le renferment en - BAUD (A.) : Sur l’agglutination du tréstpetite QUANTITÉ VA AMEN | Présidence de M. O. Larcher, vice-président. Pouvoir HÉMOLYTIQUE DU SÉRUM SANGUIN COMPARÉ A CELUI DE LA LYMPHE. À PROPOS D'UNE NOTE DE M. BATTELLT, par M. A. FALLOISE. Dans une note parue iei même dans le numéro du 12 février, M. Bat- telli, faisant allusion à un mémoire que j'ai publié ailleurs (1), s'exprime. comme suit : « En analysant les expériences de Falloise il semblerait que la lymphe du chien possède vis-à-vis des hématies du lapin un . pouvoir hémolvytique à peu près égal à celui du sérum sanguin, ete... » Cette interprétation de mes résultals est erronée. Il résulte claire- ment de mes expériences que le sérum sanguin normal est notablement plus hémolytique que le sérum de lymphe normale. Cela ressort à l’évi- dence des protocoles d'expériences contenus dans le mémoire cité plus haut. Il n’en est pas de même pour les sérums provenant d'animaux ayant reçu des injections intraveineuses de propeptone. Les résultats obtenus par M. Battelli confirment donc entièrement ceux que j'ai obtenus moi-même. (1) A. Falloise. Sur l'existence de l’alexine hémolytique dans le plasma sanguin. Bullet. de l'Acad. roy. de Belgique (classe des sciences), 1903, n° 6. C à SÉANCE DU 27 FÉVRIER C2 19 Qc Du fait que la lyrnphe est moins hémolytique que le sang et que les gros lymphocytes mononucléaires sont plus nombreux dans le sang que dans la Iymphe, M. Battelli conclut que l’alexine hémolytique provient des gros mononucléaires. On en pourrait tout aussi légitimement con- clure qu’elle provient ldu plasma sanguin par filtration, la lymphe élant un transsudat plus pauvre en substances protéiques que le plasma sanguin. SUR DES CULICIDES DE ROCHEFORT-SUR-MER ET DE CAMARGUE, par M. A. LAVERAN. L'endémie palustre dont le domaine se restreint de plus en plus en France règne encore avec une assez grande intensité dans la Charente- Inférieure, aux environs de Rochefort; il était donc intéressant d’exa- miner les Culicides de cette région et de voir si des Anopheles S'y ren- contraient et dans quelle proportion. M. le D' Touin a eu l’obligeance de m'adresser, par l'intermédiaire de M. Kermorgant, inspecteur du service de santé des troupes coloniales, des échantillons de moustiques recueillis à Rochefort dans la première quinzaine de novembre 1903. “7; Bien que ces Culicides aient été recueillis à une époque tardive et dans la ville de Rochefort elle-même, c’est-à-dire dans des conditions peu favorables à la recherche des Anopheles, j'ai trouvé plusieurs 4. * maculipennis ® parmi les Culicides provenant du jardin de la préfecture. Dans les échantillons recueillis dans la partie sud de Rochefort (Martrou et Polygone) je n’ai vu que des C. pipiens et des C. annulalus. D'après les renseignements fournis par M. le D’ Touin, il n’est pas très rare que l’on contracte la fièvre dans le jardin de la préfecture, à Rochefort; l'existence d’Anopheles dans ce jardin est tout à fait d'accord avec les observations de ce confrère. Il y aura lieu de rechercher où se développent les larves de ces Culicides et de faire disparaître ces foyers d'infection, d'autant plus dangereux que le beau jardin de la préfecture est un lieu de promenade plus fréquenté. Notre Collègue M. le D' Borrel a bien voulu me rapporter de Camar- gue, au mois de juin dernier, des Culicides parmi lesquels j'ai trouvé également des À. maculipennis. Au cours d'une excursion à Aigues-Mortes et dans les environs de cette ville où l’'endémie palustre règne encore avec une assez grande intensité, comme en Camargue, j'avais pu constater déjà l'existence des A. maculipennis dans toutes les localités palustres (1). (1) A. Laveran. Soc. de Biologie, 24 novembre 1900. 396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai montré qu'en Corse cet Anopheles abonde dans toutes les loca- lités insalubres (1). Enfin j'ai signalé l'existence de À. maculipennis dans la région de Montargis (Sologne), naguère très insalubre, aujourd'hui assainie en grande parlie, mais dans laquelle on observe cependant encore des cas assez fréquents de paludisme (2). En Italie, en Espagne, en Grèce, sur les rives du Danube, en Hollande c'est A. maculipennis qui domine, dans toutes les régions palustres, comme en France, et l’on peut dire que, dans l'Europe entière, c'est ce Culicide qui joue le rôle le plus important dans la propagation du palu- disme. SUR L'EXISTENCE D'UNE TRYPANOSOMIASE DES ÉQUIDÉS DANS LA (IUINÉE FRANÇAISE, par M. A. LAVERAN. M. le D' Tautain, secrétaire général de la Guinée francaise, m'a envoyé récemment des préparations du sang de trois chevaux morts à Conakry et il m'a demandé de rechercher s'il n’y avait pas d’hématozoaires dans ces préparations. Dans le sang de deux de ces animaux je n’ai vu aucun parasite, mais dans le sang du troisième j'ai constaté l'existence de Trypanosomes. Ces Trypanosomes ont la plus grande ressemblance avec le Trypanosome du Nagana, 77. Brucei (aspect général, structure, dimensions), mais on sait aujourd'hui que plusieurs espèces de Trypanosomes ne peuvent pas être différenciées d’après les seuls caractères morphologiques; je crois donc ne pas devoir conclure d’une façon absolue à l'existence du Nagana dans ce cas. ï Les symptômes observés n'étaient pas caractéristiques. M. le D' Tau- tain n'a vu d’ailleurs le cheval en question que la veille de la mort. L'animal était affaibli, insensible aux excitations ; par moments il perdait l'équilibre et paraissait sur le point de tomber; il était presque complè- tement aveugle. Il n’y avait pas d’œdèmes et notamment pas d'œdème sous-abdominal. A l’autopsie : rate augmentée un peu de volume; infil- tration gélatineuse sous le péricarde viscéral; poumons un peu conges- tionnés. Jusqu'ici on n'avait pas signalé l'existence d’une Trypanosomiase dans la Guinée française ; je crois donc qu'il était intéressant de faire con- naître ce cas. Les maladies à Trypanosomes donnent lieu à des épizooties (1) A. Laveran. L'assainissement de la Corse, Acad. de Méd., 7 octobre 1902. (2) A. Laveran. Soc. de Biologie, 17 octobre 1903. SÉANCE DU 27 FÉVRIER 327 redoulables ; il serait indiqué d'ouvrir dans la Guinée française une enquête sur ces maladies et de prendre les mesures prophylactiques convenables. M. le D' Tautain, qui, tout en remplissant d'importantes fonctions administratives, a continué à s'intéresser aux questions scientifiques, ne manquera certainement pas de procéder à cette enquête. INFLUENCE DES RADIATIONS DU RADIUM SUR LA TOXICITÉ DU VENIN DE VIPÈRE, par M. C. PuisaLix. Tout récemment MM. Victor Henri et André Mayer (1) ont montré que les radiations émises par le radium atténuent plus ou moins l'activité des ferments solubles suivant le temps pendant lequel ils ont été soumis à celle action. C'est ainsi que la trypsine irradiée pendant quarante- huit heures est devenue complètement inactive. En raison des analogies du venin de vipère avec Les ferments digestifs il était à présumer que ce venin soumis à l’action du radium pourrait être atténué dans sa viru- lence. L'expérience suivante, que l’obligeance de M. Victor Henri m'a permis de réaliser, démontre que cette prévision est exacte. EXPÉRIENCE. — Du venin sec de vipère est dissous dans l’eau chloro- formée dans la proportion de 1 p. 1000. Cette solution est répartie dans quatre Lubes différents dont trois sont soumis aux radiations du radium et l'autre conservé comme témoin. Le premier tube a élé irradié pen- ‘dant six heures, le deuxième pendant vingt heures et le troisième pen- dant cinquante-huit heures. Le contenu de ces différents tubes est ensuite inoculé à la même dose à trois cobayes de même poids, en même temps qu'un témoin reçoit la même quantité de venin qui n'a pas subi l’influence du radium. Voici les résultats obtenus : le témoin est mort en dix heures, le deuxième cobaye en douze heures, le troisième en vingt heures, et le quatrième a complètement résisté. Chez les trois premiers animaux, les symptômes de l’envenimation ont évolué de la même manière, mais il s'est produit un retard très accentué chez le troisième cobaye qui a reçu le venin irradié pendant vingt heures. Au contraire, chez le quatrième cobaye (venin irradié pendant cinquante- huit heures), il ne s’est manifesté ni action locale ni action générale; la température n’a oscillé que de 0°5 au-dessus et au-dessous de 39 degrés. Bien plus, au moment où les cobayes précédents étaient déjà très malades, j'ai pu lui inoculer une nouvelle dose de venin irradié sans provoquer d'autre trouble qu'un abaissement passager de température de 0°5. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 13 février 1904. 398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Au bout de quatre jours ce cobaye, éprouvé avec une dose mortelle du même venin, non irradié, a succombé en même temps que les témoins: les substances vaccinanles ont donc été détruites. Il résulte des faits précédents que les rayons émis par le radium exercent sur le venin de vipère une influence atténuante dont l'intensité est fonction du temps et probablement aussi de l’activité du sel de radium. LA NUCLÉO-PROTÉIDE DES CULTURES DE TUBERCULOSE ET SA DÉRIVÉE IODIQUE, par M. E. WanLEn. La nucléine spécifique sécrétée dans les cultures de tuberculose possède une toxicité relativement faible. Vingt centimètres cubes de culture filtrée injectés sous la peau ne tuent pas habituellement le cobaye adulte; mais cette dose tue souvent en moins de vingt-quatre heures le cobaye âgé de quelques mois. L'injection est suivie au bout de deux ou trois heures d’une élévation de température qui est très fugace, si l'animal doit survivre. La précipitation par les acides diminue l’activité toxique de celte nucléine; le chauffage à 60 degrés pendant une heure, qui diminue considérablement son pouvoir vaccinant, détruit aussi sa toxicité. Si avant la précipitation par les acides on ajoute à la solution de l’eau iodée, le précipité entraîne une certaine quantité d’iode, qui reste : combiné au produit microbien. Cette dérivée iodique est beaucoup moins toxique : une dose de un centigramme, injectée en trois fois à huit jours d'intervalle à un cobaye adulte, produit chaque fois une élévation de la température rapide et très courte; mais l'injection de ces doses relativement considérables n’est pas suivie d’abaissement de poids sensible, ni de cachexie éloignée. La nucléo-protéide spécifique en combinaison avec l'iode présente les mêmes caractères chimiques distinctifs que la nucléine primitive; elle jouit comme eiïle de propriétés vaccinantes; mais elle est plus maniable. Ces propriétés de la nucléine primitive et de sa dérivée iodique en solution dans l’eau iodée se conservent plus de six mois, en présence de l'air, à l'obscurité ou à la lumière diffuse. SÉANCE DU 27 FÉVRIER 329 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'IMMUNITÉ ACQUISE CONTRE L'ABRINE, par M. Juzes REnNS. Si l’on instille de l’abrine dans l'œil d'un lapin en commençant par des solutions extrêmement étendues, qu’on renforce peu à peu, on voit cet œil s'’accoutumer à des doses de plus en plus fortes même sans avoir jamais présenté de réaction saisissable. Il finit par supporter sans le moindre trouble des doses quelconques d’abrine en nature finement pulvérisée. L'autre œil, longtemps normalement sensible au cours de cette immunisation locale, finit aussi par devenir réfractaire; c’est qu'alors le sérum de l’animal contient de l’antiabrine. Ces curieux phénomènes ont fait l’objet d'une magistrale esquisse d'Ehrlich, reprise ensuite et complétée de La facon la plus intéressante par P. Rômer (1): j'ai pu vérifier la plupart des faits de Rômer, et leur ajouter quelques détails nouveaux. I. — Au cours de l’immunité ophtalmogène, à quelque stade qu'on en soit, local ou généralisé, l'humeur aqueuse de l'organe immunigène reste absolument dépourvue d’antiabrine. Chez l'animal immunisé par toute autre voie, tant activement que passivement, la même chose reste vraie. La conjonctive de l’œil hyperimmunisé fixe et neutralise un cer- tain nombre de doses mortelles in vitro, ainsi que l’a vu Rômer (mais ce fait expliquerait bien mieux une hypersensibilité qu'un état réfrac- taire). Quant aux globules blancs des animaux immunisés, ils ne diffè- . rent pas de ceux des animaux normaux : ils fixent de l’abrine, mais sans la neutraliser. Étant donné un lapin abrinimmunisé par voie unioculaire, toute trace d'antitoxine peut après trois mois avoir disparu du sang, et l’œil non traité avoir perdu sa résistance d'emprunt d’origine humorale : à ce moment l'œil immunisé résiste encore à de fortes doses d’abrine. L'état réfractaire des cellules auquel s'est superposée assez tardivement la propriété antitoxique des humeurs survit donc à celle-ci. Sans doute, on a signalé que des chevaux supportaient encore d'énormes doses des poisons tétanique et diphtérique après disparilion totale des anti- toxines de leur sang. Mais ce sont faits exceptionnels, qu’on est loin de pouvoir reproduire à volonté, comme dans le cas actuel, où nous voyons persister dans son indifférence acquise l'organe immunigène et toxiphile lui-même. IT. — Comme Rümer, j'ai vu au fur et à mesure des injections succes- sives d’abrine le foie, la rate, la moelle des os, à l'exclusion de tout autre organe, acquérir des propriétés antitoxiques égales et süpérieures à celles du sérum. (1) Græfe’s Archiv für Ophtalmologie, Bd. t. Il, Heft 1. 330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'immunisation crée iei de toutes pièces la propriété neutralisante, naturellement présente à l’égard de la tétanotoxine dans le cerveau de cobaye (Wassermann.) Mais ici non plus on ne peut détacher des cellules l'antitoxine présumée, encore que passer dans le sang soit sa fonction théorique (1). Ici aussi, l'organe broyé, rapidement desséché dans le vide, puis repris dans l’eau salée physiologique, ne fixe plus la toxine. Enfin, des bains de sérum antiabrinique restituent le pouvoir neutralisant au foie abriné; on peut à volonté lui conférer et retirer sa charge de toxine neutra- lisée, comme a fait Besredka pour le cerveau tétanotoxique. Peut-être à la lumière de ces faits mainte conclusion au sujet du phé- nomène de Wassermann-Takaki paraîtra-t-elle sujette à revision. HI. — L'immunisation ophtalmogène par la Ricine donne lieu à des observations exactement analogues. Le venin, qui exerce sur l'œil des lapins, des cobayesune action phlogogène intense, n'a jamais entre mes mains donné lieu au développement de la moindre immunité locale; l'œil du chien est réfractaire aux plus fortes doses de Ricine, d’abrine ou de venin; des tentatives répétées d'immunisation active par cette voie n'ont pas eu le moindre succès. J'ajoute, pour mémoire, que l’accoutumance de l’œil du lapin à la saponine est aussi impossible à obtenir que pour le venin. La quantité de sérum normal de chien, lapin. cobaye, etc., qui protège tel ou tel globule rouge contre l'hémolyse par la saponine préserve aussi l'œil, quoique nullement antitoxique. Pour la technique je me suis conformé aux indications de Rümer. Dans maints cas, j'ai préféré à l'essai sur la souris le test par les glo-. bules rouges, pour l’abrine et l’antiabrine. Il y a en effet un parallélisme suffisamment rigoureux entre la toxine et l'agglutinine, et leurs anti- Corps. SUR UNE HÉMOGRÉGARINE DU CRAPAUD. Note de M. Cu. Nicoze (Tunis.) Les recherches de ces dernières années ont fait connaitre un grand nombre d'espèces nouvelles d'Hémogrégarines de Reptiles. En revanche, on ne connait toujours que 4 espèces d'Hémogrégarines de Batraciens, dont 3 chez la seule Rana esculenta et 1 chez une Salamandre de Cali- fornie, Batrachoseps attenuatus. Pourtant, en 1902, Durham (2) a signalé (1) Le broyage dans l’air liquide nous livrerait-il maintes de ces endoanti- toxines, qu'on pourrait alors scruter d’un peu plus près? (2) Durham. Report of the Yellow fever Expedition to Parà 1900. Liverpool school of tropic. Med., Mém. VII, 1902. Voir page 78. SÉANCE DU 27 FÉVRIER 33 une hémogrégarine constante chez tous les individus d'une petite espèce de crapauds de Parà (Brésil); il n’en donne pas de description. Nous avons examiné le sang de cent cinquante crapauds (moitié Pufo maurilanicus, moitié Bufo viridis) de Radès (près Tunis). Un seul ren- fermait des hémogrégarines; c'était un Pu/o mauritanicus de forte taille (15 centimètres de longueur). Dans le sang périphérique, le parasite se présente sous deux formes distinetes, endoglobulaires toutes les deux : 1° La forme la plus fréquente : vermicule replié sur lui-mème ; les deux branches de l'U sont sensiblement égales. Une des extrémités du vermicule est légèrement renflée, l’autre un peu atténuée. La grosse branche renferme le noyau, qui est souvent situé jusque dans l’extré- mité renflée, plus rarement vers le milieu de la branche ; on ne le ren- contre jamais dans le coude des deux branches. Dans les préparations colorées par la méthode de Laveran, le noyau se colore en bleu violacé assez intense et on distingue dans le protoplasme un nombre variable de granulations rouges, surtout abondantes dans la partie renflée, mais il y en a aussi de disséminées dans tout le corps. Dans les préparations colorées par l'hémalun-éosine, le noyau seul prend fortement la couleur. Ce vermicule replié est certainement enveloppé d’une membrane (ef. Hémogrégarines des tortues), généralement assez mince, car elle ne gène pas la coloration. Le vermicule replié occupe toute la cavité de ‘la coque qui le contient, sauf aux deux extrémilés du grand axe, où se trouve une substance, sans doute liquide, qui se colore d'une façon assez intense par l'hémalun. La coque ovoïde a 12 à 15 v de long sur 8 de large. 2° Forme plus rare : haltère incurvée, s'étendant sur presque toute la longueur de l'hématie, à concavité embrassant généralement le noyau de l’hématie. Les deux extrémités sont arrondies ; la parlie intermé- diaire parait souvent très mince, mais cela tient surtout à ce que cette région se colore très faiblement surla plus grande partie de sa largeur ; la partie convexe seule prend bien la couleur. Le noyau est d’abord situé dans celle partie moyenne du corps; puis il remonte peu à peu vers une extrémité. On retrouve les mêmes granules rouges que dans la la forme repliée. Cette forme allongée se présente comme l'état jeune de la forme repliée. Elle arrive à mesurer 18 y sur 4 à 5 u. Tous ces parasites n'ont aucune action hypertrophiante sur l'hémalie ou son noyau. Les formes entourées d’une membrane refoulent géné- ralement le noyau à un pôle de l’hématie. Les frottis de rate et surtout de foie sont beaucoup plus riches en parasites que les préparations de sang (sang périphérique ou sang du cœur). Les vermicules repliés, entourés de leur coque devenue parfois très épaisse, s’y rencontrent très souvent libres, débarrassés de l'hématie. 332 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons naturellement cherché avec soin dans ces frottis d’or- ganes les formes de multiplication endogène, par mérozoïtes, de l’hé- mogrégarine. Jusqu'ici nous n'avons rien trouvé d’absolument caracté- ristique. Le noyau des vermicules, au lieu d’être compact, a souvent l'aspect d’un « peloton lâche », suggérant l’idée d’une préparation à la division; nous avons vu de plus des états où la chromatine était répartie en deux amas. Il y a peu de doute qu'il s’agit là d’un: début de multi- plicalion du parasite. Durham dit, sans autres détails, avoir trouvé dans le foie des formes de multiplication de son hémogrégarine des crapauds. Les études faites sur les hémogrégarines de Reptiles voisins ont montré qu'en règle générale, à chaque espèce de Reptile, correspond une espèce distincte d'hémogrégarine. En verlu de cette règle, nous n'hésitons pas à créer, pour la première espèce décrite d'hémogrégarine de crapaud, un nom spécifique nouveau; ce sera Pæmogregarina luni- siensis. M. MEsniz. — Il y a déjà plusieurs mois que M. le D' Ch. Nicolle m'avait informé qu’il étudiait une hémogrégarine de crapaud. Dans une lettre datée du 18 janvier dernier, M. le D' A. Billet, de Constantine, m'a informé de son côté qu'il étudiait, entre autres hémogrégarines, une espèce parasite de Bufo mauritanicus. Comme M. Billet n'a encore rien publié à cet égard, je crois devoir signaler cette coïncidence et cette indépendance dans les recherches des deux savants. M. LAVERAN. — A propos de la communication de M. Nicolle je crois devoir dire que M. Brumpt m'a remis en 1901 deux préparations de sang de crapaud recueillies à Immi (Abyssinie), dans lesquelles les hémogrégarines abondaïent. Je crois d’ailleurs que ces hémogrégarines des crapauds d'Immi appartiennent à une autre espèce que celles qui sont décrites dans la note de M. Nicolle. Les hémogrégarines d'Immi sont plus longues, plus grosses que celles de Tunisie, elles se replient assez tard et très incomplètement sur elles-mêmes et elles produisent par suite un allongement notable des hématies dans lesquelles elles se sont développées; enfin elles n’ont pas l'aspect enkysté des dernières. J'ajoute que le crapaud dans le sang duquel M. Brumpt a trouvé des hémogrégarines ne paraît pas êlre Pu/fo mauritanicus, si j'en juge par les différences qui existent entre les dimensions des hématies normales du crapaud d’Immi et celles de Bufo mauritanicus. Je signale en passant que dans les préparations du sang de crapaud d'Immi il y avait, en même temps que des hémogrégarines, quelques Trypanosomes ayant la structure des Trypanosomes ordinaires de la grenouille mais beaucoup plus petits. SÉANCE DU 27 FÉVRIER 393 ÉTUDE SUR LES TROUBLES DE LA SENSIBILITÉ VIBRATOIRE DANS LES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX, par M. G. MaARINESCo. Les recherches de Egger, Dejerine, Rydel et Seiffer ont attiré l’atten- tion des neurologistes sur la sensibilité vibratoire et ses allérations dans les différentes affections nerveuses. J’ai repris ces recherches dont j'ai communiqué les résultats à la Société, D'une manière générale, les troubles de la sensibilité vibratoire sont plus accusés dans les différentes affections du système nerveux au niveau des os des extrémités. Dans les affections des cordons postérieurs d’origine radiculaire et notamment dans le tabes, l’anesthésie vibratoire intéresse tout d’abord les os du pied, puis ceux de la jambe et de la cuisse. Les os du pelvis, des vertèbres y compris le sacrum, la cage thoracique et les membres ne sont touchés que dans le stade très avancé de la maladie. Lorsque l’anesthésie vibratoire intéresse les os des membres inférieurs et des membres supérieurs, on trouve en même temps de l’ataxie dans ces membres, mais assurément celte dernière n’est pas produite par l’anes- thésie vibratoire. Chez les ataxiques avec arthropathie tabétique, l’anes- thésie vibratoire est complète au niveau des os où siège l’arthropathie. Lorsque le processus d’arthropathie existe dans la période préataxique, l’anesthésie vibratoire est moins intense et peut n’exister qu’au niveau des extrémités osseuses altérées. D'une facon générale, les troubles de * la sensibilité superficielle précèdent les troubles de la sensibilité vibra- toire, mais il arrive parfois le contraire, c'est-à-dire que le seul signe par lequel se traduit la lésion des cordons postérieurs, c’est l'anesthésie vibratoire : cette dernière n’est pas indissolublement liée à la perte des mouvements passifs. Dans le tabes combiné, accompagné d’ataxie, l'anesthésie vibratoire est la règle, elle peut élucider un diagnostic hésitant. Dans le tabes combiné à forme spasmodique, l’anesthésie vibratoire peut constituer la seule manifestation traduisant la lésion des cordons postérieurs. La compression de la moelle épinière donne souvent lieu à des troubles de la sensibilité vibratoire, ces derniers sont plus étendus lorsque la compression est plus accusée. L’anesthésie vibratoire peut intéresser tous les os des extrémités inférieures, y com- pris les os du pelvis. Dans les compressions de la moelle dorsale, les vertèbres participent à cette anesthésie, de même que les dernières côtes, et dans les cas de lésion profonde de la moelle avec paralysie des membres inférieurs et troubles accusés de la sensibilité. Dans certains cas de paraplégie, on rencontre la coexistence de l’anesthésie vibratoire et de la thermo-anesthésie ; la sensibilité tactile étant beaucoup moins touchée, ou bien restant intacte. Dans l'hémiplégie organique, accom- 334 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pagnée de troubles de la sensibilité superficielle ou profonde, on ren- contre fréquemment de troubles de la sensibilité vibraloire, plus accusés parfois au membre supérieur. La sensibilité des os de la tête, du crâne, ne reste intacte que du côté de l’hémiplégie. Dans la lèpre anesthésique, avec troubles trophiques, il y a constamment de l’anes- thésie vibratoire aux extrémilés des membres inférieurs et supérieurs. L'anesthésie vibratoire à une marche ascendante, et parfois elle est plus accusée au cubitus qu'au radius. Les conducteurs de la sensibilité vibratoire siègent dans les cordons postérieurs, tout près de la substance grise, ce qui nous explique la coexistence fréquente de l'anesthésie vibratoire et de la thermo-anes- thésie avec analgésie. Ces conducteurs sont directs. Les ondes vibra- toires sont conduites par les nerfs centripètes du périoste et de l'os. Les téguments, les muscles et même les ligaments ne participent pas à la transmission des vibrations osseuses. La dissociation fréquente de la sensibilité cutanée et de la sensibilité osseuse prouve que les nerfs cutanés superticiels ou profonds ne servent pas à la transmission des ondes vibratoires. D'autre part, l'intégrité de la sensibilité vibratoire dans les myopathies où les muscles sont presque complèlement détruits, de même que la conservation de la notion des attitudes avec abohtion de la sensibilité vibratoire, démontre que ni les muscles, ni les liga- ments ou les surfaces articulaires ne prennent pas part à la transmis- sion de la sensibilité vibratoire. SUR QUELQUES CAUSES DE PRODUCTION DE RAYONS N QUELQ 1 par M. M. LAMBERT. - Dans une note récente j'ai signalé l'émission de rayons N dans les fer- mentalions. Cette émission, constatée particulièrement dans le cas des ferments digestifs agissant sur l’albumine coagulée, me paraissait devoir être rapportée au cas général des phénomènes de contrainte. On assiste en effet à des modifications physiques facilement visibles des corps mis à digérer. Les divers autres ferments solubles produisent également au cours de leur action une émission très sensible de radiation. J'ai observé ce fait pour l'invertine, le maltase, l'amylase, le lipase et le tyrosinase, et l'exploration à l’aide de l’écran fluorescent permet de décider si la fer- mentation s’accomplit ou si elle est déjà terminée depuis un certain temps. Pour ces fermentations, l'altération des substances dissoutes est évi- demment de nature moléculaire. Il était intéressant de rechercher si les SÉANCE DU 27 FÉVRIER 339 —-. modifications analogues produites en l'absence de ferments solubles par des moyens purement chimiques conduiraient au même résultat. En produisant l’inversion de la saccharose par l’action combinée de l'acide chlorhydrique étendu et de la chaleur on constate aussi bien qu'avec l'invertine l'émission de rayons N. En versant dans un tube à essai contenant une solution fraiche d'acide pyrogallique quelques gouttes de lessive de soude on assiste à une émission manifeste accompagnant l’oxydalion. Des modifications chimiques analogues à celles qui s’'accomplissent à tout instant au sein des êtres organisés sont donc une cause de produc- tion de rayons N. Certains faits physiques très simples sont également une cause d'activité. Dans toutes mes expériences, je me suis mis naturellement à l'abri de toutes causes d'erreur, particulièrement de celles pouvant provenir de la chaleur, ou d’une observation inconsciemment partiale (1). Elles ont été effectuées dans une obsecurité complète, l'écran phosphorescent fixé sur un support, et les modifications de son éclat appréciées sans connaitre les alternatives d'approche et d'éloignement de Fobjet actif exécutées par un aide. La profusion des rayons N dans la nature inorganisée permettra sans doute d’en expliquer aisément la production dans un certain nombre de phénomènes dont sont le siège des êtres vivants, et d'éviter les lenteurs qu'a connues jusqu'à Lavoisier le problème de la chaleur animale. S'ils n'apparaissent pas comme mystérieux, ils n’en consti- tuent pas moins un réactif extraordinairement sensible et un puissant _ moyen d'investigation. SUR LE DÉTERMINISME DES CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES ET DE L'INS- TINCT SEXUEL, par, MM. P. Bouin et P. ANCEL. Dans une série de communications, nous avons cherché à établir que l'action du testicule sur l'organisme, chez les Mammifères, doit être rapportée à la glande interstitielle seule. Cetle manière de voir est-elle d'accord avec tous les faits concernant le mode d'action des glandes génitales sur le soma des Mammifères, et, d'autre part, est-elle suscep- tible d’une certaine généralisation ? Bien qu'il soit impossible de donner actuellement une solution à ce dernier et difficile problème, nous sommes cependant amenés à l'envisager dans son ensemble par la (1) Emission de rayons de Blondlot au cours de l'action des ferments solubles. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 25 janvier 190%. 390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE récente et suggestive communication de M. le professeur Giard à la Société de Biologie. I. — Certains faits, chez les Mammifères, paraissent inconciliables avec notre opinion sur le rôle de la glande interstitielle et avec toutes les théories humorales qui admettent l'introduction dans le sang de substances modifica- trices du soma. La présence de la glande interstitielle dans les espèces où les deux sexes sont homomorphes est incompréhensible si on lui accorde unique- ment une influence sur l'apparition des caractères sexuels secondaires. Mais existe-t-il réellement des formes homomorphes ? Silessexes ne se différencient pas par leurs caractères extérieurs et leurs phanères, on trouve cependant entre eux des dissemblances profondes portant sur le squelette, les systèmes mus- culaire et nerveux, le tégument externe, le volume des organes, la constitu- tion du sang, etc. Les études de zootechnie ont montré que ces différences sexuelles sont sous la dépendance des glandes génitales et nos observations nous permettent de rapporter, chezle mâle, cette influence à la glande inters- titielle seule. Ne nous étonnons donc pas de la trouver très développée chez des formes dont les sexes paraissent homomorphes. Certaines observalions de Rôrig chez les Cervidés semblent aussi s'élever contre les théories humorales, Cet auteur avance que la castration unilaté- rale détermine l’atrophie de la ramure du côté opposé, et que les lésions osseuses des membres postérieurs agissenten diagonale sur les bois.Ges faits sont difficilement compréhensibles si l'on admet que le développement de la ramure est sous l'influence de substances sécrétées par le testicule et unifor- mément répandues dans le sang. Mais cette action en diagonale ne paraît pas constante (1). De plus, comme le remarque Hauchecorne, la disparition ou l’atrophie d’un des bois « peut facilement s'expliquer par des causes d'ordre mécanique ». Les constatations de Rürig ne sont pas suffisantes pour infir- mer les théories humorales établies d'après une masse considérable de faits positifs et en particulier celle que nous avons émise sur le rôle de la glande interstitielle. ï IL. — Cette dernière théorie peut-elle être généralisée ? Remarquons qu'elle refuse toute action aux cellules séminales et à leurs éléments nourriciers. Cette proposition, que nous soutenons à propos des Mammifères, nous paraît susceptible d'être étendue aux autres Métazoaires. Mais on n’a tenté que fort peu d’expérimentations capables de nous renseigner à cet égard. Il en est une, cependant, qui possède un intérêt considérable par la netteté de ses résultats. Oudemans (2) a montré que la castration, chez Ocneria dispar, n’a aucune influence sur l'apparition des caractères sexuels secondaires et de l'instinct sexuel; observation surprenante si on la compare avec les effets de la castra- tion chez les Mammifères. Or, le testicule des Insectes est dépourvu de cel- 1) D' G. Wirkung der Kastration und andere Einflusse auf die Geweihbil- dung der Hirsche und Gehôrnbildung der Rehbôke, Deutsche Jägzeit., XXVII. — Floderus. Recherches cliniques sur les relations qui existent entre la pros- tate et les testicules, Semaine médicale, 1897. : (2) Oudemans. Falter aus castrirten Raupen. Zool. Jahrb. (System. Geograph u. Biol. d. Thiere). Bd 12, 1898. SÉANCE DU 271 FÉVRIER ET lules interstitielles et renferme seulement une glandes séminale. Les résultats d'Oudemans peuvent donc se formuler de la facon suivante (1) : la dispari- tion de la glande séminale, chez les Insectes, n'empêche pas l’apparition des caractères sexuels secondaires et de l'instinct sexuel. Ceite conclusion con- corde, comme on le voit, avec celle que nous avons formulée à propos des Mammifères : chez ces derniers, le déterminisme des caractères sexuels secondaires est, à notre avis, sous la dépendance des cellules interstitielles et non pas des cellules séminales. Ce déterminisme est-il soumis, dans les autres groupes, aux cellules interstitielles ou à des éléments homodynames? Nos études ne nous permettent pas d'émettre une opinion à ce sujet. Nous ferons seulement remarquer que les cellules interstitielles paraissent exister chez tous les Vertébrés et chez certains Invertébrés (Friedmann). Peut-être existe-t-il des cellules somatiques qui jouent un rôle analogue à celui des cellules interstitielles des Mammifères chez les êtres dont le testicule est dépourvu de ces derniers éléments ? C'est un fait non démontré, mais théori- quement possible. _ Il est évident qu'il y a des difficultés considérables à la généralisa- tion des théories humorales ; le professeur Giard en a récemment signalé un cerlain nombre, et ses belles recherches sur les effets de la castration parasitaire montrent bien les obstacles que rencontre la généralisation des théories sur le déterminisme des caractères sexuels _ secondaires. Il faut tout d'abord réaliser des études systématiques sur tous les groupes de la série zoologique pour élucider dans chacun d'eux la cause déterminante des caractères sexuels secondaires et de l'instinct sexuel. C’est alors qu'on verra si une seule loi biologique est suscep- tible de s'appliquer à tous les cas. Mais ce que nous connaissons de la biologie ne nous oblige pas à en concevoir la nécessité. La contingence s'y manifeste même dans les phénomènes essentiels et fondamentaux (2), et des processus différents peuvent déterminer dans les différents groupes des résultats identiques. NOTE PRÉLIMINAIRE A L'ÉTUDE DES PARASITES DU CANCER, par M. F.-J. Bosc (de Montpellier). Les recherches que j'ai poursuivies, dans ces dernières années, sur la nature parasitaire du cancer, me permettent de ne rien relrancher de (1) Nous nous occupons seulement ici des résultats obtenus par Oudemans chez le mâle. (2) Comme, par exemple, les phénomènes de maturation, la réduction chromatique, la génération, la régénération, l'existence ou la non-existence d'une lignée germinale, etc... 338 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ce que j'ai publié, sur la morphologie et la structure des inclusions can- céreuses parasitaires, dans mon livre de 1898 (1), dans le mémoire des Arch. de Médecine expér. de mai 1901 et dans plusieurs communications à la Société de Biologie. L’objection obsédante et stérilisante des « dégé- nérations » a fait son temps. En démontrant que le cancer n’est pas quelque chose d’anormal et d’isolé en pathologie, mais qu'il est intime- ment lié par la similitude des réactions lésionnelles à tout un groupe de maladies inflammatoires ; en rétablissant, d’une façon indubilable l'existence d’épithéliomas infectieux (2), comme l’épithélioma claveleux, nous avons permis de classer le cancer parmi les maladies virulentes. Or, dans l’épithélioma claveleux, les formations intracellulaires ne laissent aucune place à une interprétation dégénérative et revêtent des caractères qui permettent de les ranger dans la classe des proto- zoaires (3) et, d'autre part, elles présentent lu ressemblance la plus catégo- rique avec les inclusions que nous avons observées dans le cancer. Nous aboutissons donc à celte conclusion que le cancer est une maladie de nature inflammatoire, virulente, due à des parasites vrais, intracellu- laires, de la classe des protozoaires. Cette conclusion, nous ne sommes pas seuls à la soutenir nettement. A la suite des recherches récentes sur les parasites de la vaceine (4), de la variole, de la clavelée, et grâce à la phase nouvelle dans laquelle entre l'étude des protozoaires (qui nous montre combien avec ces der- niers on s'éloigne des choses connues), — nous voyons non seulement des médecins, mais des naturalistes spécialisés dans l'étude des proto- zoaires, comme Calkins, arriver à cette opinion, que « les inclusions cellulaires du cancer ne sont pas des produits de sécrétion ou de dégé- nération des cellules, ni des centrosomes ou des sphères, mais des phases d’un organisme appartenant au groupe des protozoaires » (5). Calkins ne base pas son opinion seulement sur l’étude directe des inclusions cancéreuses, mais aussi sur la ressemblance étroite de ces dernières avec les inclusions de la vaccine et de la variole qui, pour lui, sont indubitablement des protozoaires. C'est bien là ce que nous soutenons, sans défaillance, depuis 1901 et (1) E.-J. Bosc. Le Cancer, maladie à sporozoaires. Paris, Carré et Naud, 1898. (2) F.-J. Bosc. Les Epithéliomas parasitaires. La clavelée et l’épithélioma claveleux. Cent. f. Bakter., n°5 5, 6, 7, 1903. (3) Nos dernières publications (Cent. f. Baht. 1903, et Soc. Biol., 17 oc- tobre 1903) nous ont permis grâce à l'emploi de nouvelles méthodes d'établir des points de structure très délicats et de noter avec précision les diverses phases de cycles évolutifs réels. (4) Notre mémoire général sur la vaccine va paraitre prochainement avec 2 planches en couleur et 10 figures en noir dans le texte. (5) Calkins. Suggestions for the biological study of cancer, Fourth annual report of the Carcer Laboratory of the New-York state. University of Buffalo, 1903. (4 : SLRNTEE SÉANCE DU 27 FÉVRIER 339 nos recherches publiées de 1901 à 1904, en apportant des faits de plus en plus précis, veulent montrer : que les inclusions ne sont pas autre chose que des parasites (voir, en particulier, les formes enkystées intra- nucléaires de la variole, Comptes rendus de la Soc. de Biol, 17 oc- tobre 1903); que les inclusions sont identiques, dans la vaccine, la variole, la clavelée, le cancer ; et nous avons enfin ajouté cette notion fondamentale qu'à ces parasites de même ordre correspondent, pour toutes ces maladies, des lésions spéciales et identiques, sauf pour la question d'intensité et de durée (maladies bryocytiques). Nos recherches sur le cancer nous permettent d'aller plus loin : non seulement elles nous ont permis d'observer encore et bien plus nette- ment qu'en 1898, des stades enkystés et sporulés du parasite, mais elles nous ont permis de vérifier nos expériences de culture des parasites du . cancer. Nous avions déjà en effet publié en 1898 (Le Cancer, Carré et Naud) avec figures en couleur à l'appui et nous nous sommes convain- cus à nouveau, et sans aucun doute dans notre esprit tellement les figures sont précises, qu'il est possible d'obtenir des cultures des proto- zoaires du cancer si l’on entend par culture la succession, en un milieu nutrilif étranger, des phases évolutives du parasite. Les recherches de Nils Sjobring ont également vérifié nos premiers travaux et nous pen- sons que les notes qui vont suivre apporteront des documents probants _sur ces divers points. ÉTUDE THÉORIQUE DE LA DISSOCIATION DE L'OXYHÉMOGLOBINE. I. — Influence de la concentration, par M. Vicror HENRI. La dissociation de l’oxyhémoglobine a fait l'objet d’un très grand nomtlre de recherches expérimentales. Depuis les études très précises faites par Hüfner la question était considérée par la plupart des auteurs comme résolue; dans tous les traités de physiologie on reproduit sans discuter les considérations théoriques de Hüfner et on cite ses résultats expérimentaux (p. ex. dans Lambling, Encycl. chim., t. IX, p. 261). Or, lorsqu'on étudie les travaux de Hüfner on voit qu'en réalité la question de la dissociation de l’oxyhémoglobine est loin d’être élucidée, et, mème plus, la discussion de ces recherches montre que l’on doit reprendre complètement toute l’élude de la dissociation de l'oxyhémoglobine ; nous verrons que l’on doit envisager deux questions essentielles : 4° l’action de la concentration de l'hémoglobine ; 2° l’action de la température. J'avais fait cette discussion théorique des résul- tats expérimentaux de Hüfner il y a plus d’un an dans mes conférences sur la chimie physique faites à la Scerbonne, mais je ne les avais pas publiées, pensant apporter en même temps aussi les résultats d'expériences person- nelles sur cette question. Je me décide à publier cette partie théorique avant BioLocte. COMPTES RENDUS. — 1904. T, L\VI. 24 340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la fin de mes recherches expérimentales, puisque Bohr d’une part (Centralblatt für Physiologie, 13 février 1904), Zuntz et Lœwy d'autre part { Arch. für Ana- tomie und Physiologie, 24 février 1904) viennent de publier des études expé- rimentales dans lesquelles ils reprennent complètement la question de la dis- sociation de l’oxyhémoglobine. Hüfner en étudiant la dissociation de Foxyhémoglobine a montré qu'il y avait un équilibre entre l'oxyhémoglobine, l’hémoglobine et l'oxygène; il appliqua la loi d’équilibres chimiques, mais dans cette application il fit implicitement l'hypothèse qu’une molécule d'oxyhémoglobine pro- venait de la combinaison d’une molécule d’hémoglobine avec une molécule d'oxygène. C'était une hypothèse absolument arbitraire qui n'était exigée par aucun fait expérimental. Si on désigne par k,, h, et p, les concentrations de l’oxyhémoglobine, de l’hémoglobine et de l’oxygène dans la solution, cette hypothèse con- - duit à la formule : | (1) RAR he Dans cette formule, K doit rester constant. Or, Hüfner lui-même a montré que les valeurs de K variaient lorsqu'on faisait varier la concentration en hémoglobine : K augmente avec la con- centration. Il avait fait des raisonnements complexes pour expliquer cette variation. Dans tous les cas, la formule k, = Kh,p, ne correspond pas aux données expérimentales. Il semble en résulter qu'il faut faire une autre hypothèse relativement à la dissociation de l’oxyhémoglobine. On sait que si un équilibre chimique a pour formule chimique mA 22 nB + sC et si C,, G,, C, sont les concentrations des corps À, B, C au moment de l'équilibre on a d’après la loi de l’action des masses de de Guldberg et Waage : C”’—KC,"C, K étant une constante indé- pendante de la concentration. Si on essaie pour la dissociation de l’oxyhémoglobine différentes for- mules on peut en trouver quelques-unes qui donnent pour K des va- leurs plus constantes que celles trouvées par Hüfner pour sa formule. Ainsi, par exemple, si l’on suppose que : & 1 moléc. oxyhémogl. — 2 moléc. hémogl. + 1 moléc. oxygène, la loi de l'équilibre devra être : (2) RE KR 2h Voici les valeurs de K, calculées pour les expériences de Hüfner d'après celte formule : SÉANCE DU 27 FÉVRIER 341 OU RE HONTE EL) DABUNINEUS LS NTI SOL USING 075 D Le a Qi AA SOUL A,34e 114,480 0 AARIN (09704 010,01 HACMOASIE ES 14,82 10 019 0 118.811 AS 2120 EU INU6 0 = 0,39 DNA NT NET NE NET) ho x pus 0,23 DNS 0 02 10/70 0100 lr°Po On voit nettement que les valeurs de K, sont plus constantes que celles de K. Il est possible qu'une autre hypothèse (par exemple 2 oxyh. — 3 hém. — 1 oxyg.) donne lieu à une contenance encore meilleure. Nous ne cherchons pas maintenant de formule de ce genre puisque le nombre d'expériences que l’on trouve dans la littérature n’est pas suffisant pour permettre une discussion complète du problème. ÉTUDE THÉORIQUE DE LA DISSOCIATION DE L'OXYHÉMOGLOBINE. IT. — /nfluence de la dilution avec l’eau distillée. # par M. Victor HENRI. - La discussion théorique montre que c’est en faisant varier la concen- tration que l’on pourra décider quelle est la formule chimique de la dis- - sociation de l’oxyhémoglobine. En effet, si l’on désigne par v le volume de la solution, la loi d'équi- D MARS 407 plupart de ces granulations résultent de la destruction et de la tranfor- mation des neuro-fibrilles. Cette phase de désintégration granuleuse des neuro-fibrilles est précédée par la fragmentation de ces der- nières; phase pendant laquelle on peut apercevoir des filaments et des débris de neuro-fibrilles dans le cytoplasma. Des lésions semblables à celles décrites plus haut peuvent être constatées dans les cellules du noyau dorsal du pneumogastrique après l’arrachement de ce nerf. Les altérations sont même plus précoces ; la plupart des cellules du noyau dorsal du nerf vague, dépourvues de prolongements, sont colorées en brun foncé et ne contiennent plus la moindre trace de neurc-fibrilles. Comme dans les cellules du nerf hypoglosse, il existe également dans le cytoplasma des cellules du noyau dorsal du vague des granulations fines, parsemées à l'intérieur du corps cellulaire. En dehors des granu- lations décrites, il existe-dans mes préparations un grand nombre de granulations noires dans les cellules altérées, sur la valeur desquelles je ne peux pas me prononcer, parce que j'en ai trouvé également, moins nombreuses il est vrai, dans les cellules du côté normal. Après la rupture de l'hypoglosse, l’altération des neuro-fibrilles est moins grave que dans le cas précédent, elle est aussi plus variable. J'ai trouvé tout d’abord des cellules qui par leur aspect ne diffèrent pas de celles qui sont décrites plus haut. Dans d’autres, la structure fine des neuro-fibrilles est pour ainsi dire simplifiée ; il existe des neuro- fibrilles dans tout le cytoplasma, ou bien dans une région de ce dernier, mais on ne voit pas beaucoup de travées secondaires se détachant des filaments primaires pour constituer un réseau. Aussi, l'aspect cellulaire ressemble-t-il à celui décrit par Bethe, la méthode de ce dernier auteur ne colorant pas, du moins toujours, les branches £nes qui partent des neuro-fibrilles primaires. Après l'arrachement, et aussi après la rupture violente du nerf hypo- glosse, la destruction des neuro-fibrilles commence dans la région péri- nucléaire et envahit plus tard les prolongements. Il m'est arrivé de constater parfois que le réseau superficiel est moins altéré que le réseau profond. Le. nucléole est päle, et dépourvu de granulations noires. La simple section du nerf hypoglosse détermine des lésions beaucoup moins profondes des neuro-fibrilles. J'ai pu constater,comme Gajal, que les neuro-fibrilles sont pâles, d'aspect finement granuleux et d’une coloration moins intense que celles des cellules du côté normal. 408 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR UN TYPE NOUVEAU (Sphæractinomyxon stolci n. g. n. sp.). D ACTINOMYXIDIES, ET SON DÉVELOPPEMENI. Note de MM. Maurice CauLLery et Fécix MEsniz. Les Actinomyxidies sont des organismes parasites qui n'ont été étudiés jusqu'ici que par A. Stolc (41). Cet auteur les a découverts dans des Oligochètes d'eau douce, de la famille des Tubificides; il en a décrit trois espèces : Synactinomyxon lubificis, Triactinomyxon ignotum et Hexactinomyxon psammorycths; les Oligochètes infectés sont très rares, mais renferment le parasite en grande abondance. Stole n’a décrit que l'état adulte des Actinomyxidies; leur développement est totalement inconnu. Elles se présentent sous forme de spores qui renferment à leur intérieur un contenu pluricellulaire, offrent à un de leurs pôles trois capsules polaires, et sont enveloppées par des cellules de formes très spéciales disposées suivant une symétrie lernaire. Ajoutons que ces spores sont toujours groupées par huit dans une enveloppe kystale commune. Nous avons, à notre tour, rencontré un organisme de ce groupe dans la cavité générale de Tubificides marins de l’anse Saint-Martin (près du cap de la Hague (2). Nous rapportons lous les cas observés à une seule espèce. Les vers infectés étaient, comme en Bohême, extrêmement peu nombreux et abondamment parasités. Le parasite se présente dans l'hôte sous forme de nombreux kystes sphériques de 90 x de diamètre, pourvus d’une enveloppe mince et renfermant 8 spores sphériques mesurant 28 x, disposées géométrique-# ment. Toutefois, à maturité complèle, par rupture de l'enveloppe, les spores peuvent se disperser dans le cœlome de l'hôte. Sur chacune d'elles, on distingue deux pôles opposés : à l’un, aboutissent trois fines lignes de suture, se coupant à 120 degrés, sur lesquelles s'ouvrent, près du pôle, trois capsules polaires logées dans la cavité de la spore et tout à fait analogues aux organes de ce nom chez les Myxosporidies; de l'autre, partent trois bandes de renforcement, se coupant aussi à 120 degrés, mais bissectant les lignes du premier pôle et se perdant vers l'équateur. L'ensemble de la paroi est constitué par plusieurs cel- lules. Dans la spore mûre, on voit une masse protoplasmique, où l’on ne distingue pas de limites de cellules, mais où les colorants révèlent (1) Antonin Stolc.— Actinomyxidies, nouveau groupe de Mésozoaires, parent aux Myxosporidies. Bull. intern. de l’Acad. des Sciences de Bohéme, 1898, 13 p., 3 pl. (2) Dans 2 Clitellio arenarius (sur plus d'une centaine examinés) et dans 5 Hemitubifex benedii (2 avaient les caractères de Tub/fex papillosus Clpde, 3 ceux de Clitellio ater Clpde; Beddard réunit les deux espèces en une seule). Les observations ont été faites in vivo et sur des frottis et des coupes. | - SÉANCE DU D MARS 409 des noyaux très nombreux et très petits. Il s’agit donc bien d’une Acti- nomyxidie, la première que l’on rencontre dans la mer et pour laquelle nous croyons utile de créer un genre nouveau. Nous l’appellerons Sphæ- raclinomyxon Slolci n. g. n. sp. Nous avons pu reconstituer une fraction importante de l’évolution de ce parasite, et y avons constaté des particularités intéressantes. Nous avons observé à peu près complètement la formation des kystes. Le premier stade rencontré est un petit corps, sensiblement sphérique, de 7-8 uw de diamètre, à protoplasme granuleux, renfermant deux noyaux étroitement accolés (1) et libres dans le cælome de l’hôte. Les deux noyaux se séparent progressivement, sans qu'il se fasse immédia- tement une division en deux cellules. Un deuxième stade comprend quatre cellules; deux d’entre elles sont différenciées en une enveloppe; pour les deux autres, elles s’amincissent et leurs noyaux s'aplatissent. Les deux cellules internes sont sphé- riques et ont un noyau également sphérique, avec beau nucléole et réseau chromatique. Dès lors est constituée l'enveloppe générale du parasite, qui ne comprendra jamais que les deux cellules décrites et se distendra en s amincissant progressivement; les noyaux s’allongeront, seront de plus en plus pauvres en chromatine, et finalement disparai- tront. Quant aux deux cellules internes, elles vont se multiplier par karyo- kinèse, mais les divers éléments formés s'isoleront immédiatement les uns des autres. On trouve ainsi, dans l'enveloppe bicellulaire, d'abord 2, puis 3, puis 4, puis 6, puis 10 cellules sphériques indépendantes. Dans ‘les derniers stades, deux d’entre elles sont manifestement plus grandes que les autres; nous considérons comme extrêmement probable qu'elles résultent, par une division unique, de l’une des deux cellules internes du deuxième stade, les huit autres provenant par trois bipartitions de la seconde. Les huit cellules plus petites donneront naissance aux parois des huit spores. Chaque paroi sporale se forme, aux dépens de la cellule ini- tiale correspondante, par un certain nombre de divisions karyokiné- tiques (elle comprend en effet trois cellules produisant les capsules polaires, et au moins six cellules pariétales), dont nous ne pouvons donner le détail ici. Les deux cellules plus grandes vont se multiplier activement et former un tissu logé entre les parois sporales et l'enveloppe kystale commune; il se partagera en huit masses, dont chacune renferme un grand nombre de noyaux finalement très petits. Quand les spores ont atteint leur taille e 7 (1) Peut-être faut-il considérer comme un stade antérieur des corps ana- “logues, les uns mono-, les autres binucléés, que l’on trouve dans les muscles pariétaux de l’Oligochète, à l’état intracellulaire. 210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE définitive et que le tissu est arrivé au terme de sa prolifération, les huit masses qui le composent, jusque-là exlérieures aux spores encore vides, pénètrent respectivement à l’intérieur de ces huit spores, très probablement par un petit orifice, situé exactement au pôle opposé aux capsules polaires. Il ne reste plus alors aucun élément cellulaire hors des spores, entre elles et l'enveloppe kystale générale. La paroi des spores paraît s'épaissir encore et se durcir, si l'on en juge par la résis- tance de plus en plus grande qu’elle offre à la pénétration des colorants. Si l’on a reconstitué ainsi l’histoire à peu près entière de la formation de chaque kyste, il reste encore à savoir comment se transforme la masse plasmodiale renfermée dans chaque spore, lorsqu'elle arrive dans l'hôte nouveau, et comment elle donne, en grand nombre, les petits corps binucléés dont nous sommes partis. Nous n'avons pas eu entre les mains de cas d'infection récente, permettant de résoudre ce problème, et nous nous y attacherons dans de nouvelles recherches. SUR LES AFFINITÉS DES ACTINOMYXIDIES. Note de MM. Maurice CAuLLERY et FÉLIX MESNIL. Les données que nous fournissons dans la note précédente sur Sphcæ- ractinomyxon permettent de préciser la position systématique des Acti- nomyxidies. Stole a noté leurs ressemblances évidentes avec les Myxosporidies; Mräzek (1) a accentué cette opinion en les rapprochant des Ceratomyxa, à cause des prolongements latéraux que possèdent les spores de ce genre et qui, à première vue, rappe.lent les types décrits par Stolc (2). Minchin (3) les place à la suite des Myxosporidies typiques. D'autre part, Stole a fait un parallèle entre les Actinomyxidies et les Dicyé- mides, insistant sur ce que les premières comme les seconds sont plu- ricellulaires, formés de deux couches de tissu, une couche externe (protectrice chez les Actinomyxidies) et une couche interne reproduc- trice. Sans cependant préciser de relations phylogéniques entre les deux groupes, il range les Actinomyxidies dans les Mésozoaires, à côté des Dicyémides; ce sont, dit-il, des êtres restant à l’état de planula, et (1) Mräzek. Analyse du travail de Stolc, dans Zoo!. Centralbl., t. VIT, 1900, p. 994. (2) Ces prolongements manquent chez Sphæractinomyxon, ce qui infirme le rapprochement de Mrazek. (3) Minchin, 1903, Sporozoa in : Treatise on Zoology, ed. by Ray Lankester, part. I, p. 298. Fa CANRATS D SÉANCE DU 5 MARS All que leurs cellules urticantes (capsules polaires) rapprochent aussi des Cœlentérés: Nous croyons, quant à nous, que les véritables et les seules affinités des Aclinomyxidies sont avec les Myxosporidies. Leur sporulalion, malgré des différences secondaires considérables, par sa complication même et par la présence de capsules polaires, suffit à imposer le rap- prochement des deux groupes. La comparaison des capsules polaires (qui doit nécessairement s'appliquer en même temps à toutes les Myxosporidies) avec les cnidoblastes des Cœlentérés, ne peut aboutir qu'à constater la ressemblance des deux dispositifs au point de vue mécanique, mais ne peut impliquer aucune parenté effective. Des cnido- blastes existent aussi chez des animaux comme les Æolidiens, que per- sonne ne rapprochera des Cœlentérés, et, de plus, chez les Actino- myxidies et les Myxosporidies, les capsules polaires ont un rôle tout différent (fixation de la spore dans le lieu et au moment où elle va germer) des cnidoblastes, ne sont pas régénérables, et doivent avoir eu une origine indépendante. Aucun autre point de contact n'apparaît d'ailleurs entre les Myxosporidies et les Cœlentérés. La comparaison des Aclinomyxidies avec une planula et partant un rapprochement plus ou moins précis avec les Dicyémides, nous semble nettement écartée par l'étude que nous avons faite du développement des kystes et des spores. Si la spore mûre est formée de deux couches, celles-ci ne peuvent être comparées à des feuillets embryonnaires. L'histoire du tissu endosporal et de ses migrations écarte toute homo- logie de cette nature. ‘ Reste donc à préciser les affinités avec les Myxosporidies. Il manque, pour le faire complètement, la connaissance des transformations du tissu endosporal dans le nouvel hôte, après sa sortie dela spore, mais on peut . sans crainte assimiler ce tissu au plasmode des Myxosporidies. La réa- lisalion d’un état plurinucléaire dans la spore même apparaît comme un processus cœnogénétique, par rapport à ce qui se passe chez les Myxosporidies typiques. Les détails mêmes de la sporulalion chez les Actinomyxidies ne révèlent aucune opposition formelle avec les Myxo- sporidies, où la formation des spores dans le plasmode est un phéno- mène compliqué exigeant le concours de plusieurs noyaux. Il est pro- bable que, chez les Actinomyxidies, il y a dissociation du plasmode lors de la formation des sporontes, et ceux-ci subissent isolément leur évo- lution, d’ailleurs beaucoup plus compliquée que chez les Myxosporidies ordinaires. La haute différenciation de cette sporulation, la symétrie ternaire des spores (et en particulier le nombre 3 des capsules polaires), la compli- cation de l’enveloppe sporale, l’histoire du tissu endosporal et son état multinucléé sont autant de particularités importantes qui, tout en n'’effa- çant aucunement, dans l’ensemble, le faciès myxosporidien des Actino- BIOLOGIE. COMPTES RENDUES, — 1904, T,. LVI, 29 A12 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE myxidies, en font un groupe spécial que nous regardons comme équivalent aux Myxosporidies s. str., aux Microsporidies et aux Sarco- sporidies. F3 | Sans admettre la comparaison de ces animaux avec une planula (pour les raisons tirées du mode de développement décrit par nous), y aurait-il lieu cependant, eu égard à la complication et à l’état pluricel- lulaire des Actinomyxidies, de les faire sortir des Protozoaires et d’en faire des Mésozoaires? Le critérium d’unicellularité. des Protozoaires, tout en gardant sa valeur générale, est loin d’être aussi strict qu’autre- fois; dans tous les groupes de ce vaste embranchement, on y connaît des états multinueléés au moins temporaires. D'ailleurs, dans cette question, les Actinomyxidies seraient complètement solidaires des Myxosporidies, dont elles constituent un rameau spécial plus haute- ment organisé. Ce seraient donc toutes les Myxosporidies, dont l'at- tribution aux Prolozoaires serait discutable. Or, en cette matière, toute d'appréciation d’ailleurs, il nous parait plus sage de voir, dans ce groupe, un type de Protozoaires qui a évolué en se compliquant vers un état multicellulaire, mais, selon toute vraisemblance, d'une facon com- plètéement indépendante de la lignée qui a abouti aux Métazoaires. SUR LA KARYOKINÈSE DE PEZIZA RUTILANS, par M. A. GUILLIERMOND. ds: Nous avons récolté aux environs de Lyon une Pezize qui correspond à l'espèce décrite par Gooke sous le nom de Peziza rutilans. Cette espèce présente des caractères eytologiques très curieux, qui diffèrent de ceux qui ont été observés jusqu'ici dans tous les Ascomycètes. Elle renferme partout dans les cellules du périthèce, un gros noyau rempli de chro- maltine, qui ressemble, par sa haute différenciation, à un noyau de Phanérogame. On rencontre fréquemment, dans les extrémités des para- physes, des stades de mitoses s’effectuant de la manière que nous dé- crirons plus loin dans les cellules mères des asques. Les cellules mères des asques naissent par le procédé ordinaire, par formation de crochets : les cellules qui se recourbent en crochet, ren- ferment deux noyaux qui se divisent simultanément par mitose : malheureusement, nous n'avons rencontré que des stades diastroïdes et il ne nous à pas été possible de compter le nombre des chromosomes, pas plus d’ailleurs que dans les mitoses des paraphyses, ce qui eut été très important et eut pu résoudre le problème de la réduction chroma- tique. Deux des noyaux ainsi formés se placent dans la partie bombée de la crosse qui se délimite par une cloison et produit une cellule binu- SÉANCE DU D MARS 413 - © ‘ * SIOUU GG GI ST 0& Sté CI £c 0) « (Q « £9 “FOGT IA] LI 9 6 GF 6& CF 8 8 « « « « ° ‘91q{W999P 68 9 6 Sy 0€ 6 8 L « ( « = ° *91{W999P 08 « « «« « « « « OC 98 9 CG : ‘CO06T 99P S7 "III GE 07 GE 6} c} a €} é « R LO * ‘#0GT ‘IA9J 88 0€ 0€ vs 0G ra! rai 8 « w « &9 °"9IQU99P DE CG « 0€ « « « 8 « « « « °‘21{W999P CF 5 « « « « « « « £e OC (6 8 ‘£OGF ‘AOU GE IT ca ce €T &G CE . CC « & ce LQ ‘O6 “XA9F 8€ CG GG GF 0G Où ST « ç fé Se : 914999 CT Ç « K & S « £E GT Of 8 ° ‘£OGF ‘AOU GE] TT oinotgJut | einomydns ; oanonmgqur | oanompdns 9184978] oye197eT OfR18 EI 9IQUIIE u9 ee jueAe uo D eus dns | TN | cn S9BqUT HA sjoequy [ononb ej op SHSINIT SHANIT 91830} . * CR © ojuiod ej ep rene InorQque [epneo UoÏUoIy np RS . HESPNSE SiLVva SOBJUNN SUISISNAS SHALHNITIIN HAGNHLA SATTISNAS SAULANITILN SLVLTASHYH ù à NOILVUHdO Tes G } out VA o Ye NT PRESENT EU TER / q ; (A ie Vera C4 Ke 584 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Conclusions. — 1° La limite de la sensibilité, tant dans le tronçon antérieur que dans le tronçon postérieur, présente, par rapport à la section médullaire, un recul de quelques millimètres au niveau de la ligne latérale, un recul plus prononcé sur les bords des limbes supé- rieur et inférieur. 2° Ce transport postérieur de la zone d'innervation des centres méta- mériques voisins de la région opérée est plus accentué en arrière qu’en avant. 3° La ligne frontière de la sensibilité métamérique conserve la même forme de V largement ouvert en arrière, fermé en avant sur la ligne latérale. 4° La zone d'insensibilité reste semblable à elle-même; elle décroit cependant, autant par atrophie propre que par empiètement des seg- ments voisins qui régénèrent; l'augmentation d'étendue des zones sen- sibles est attribuable pour la plus grande part à la croissance des seg- ments correspondants. (Travail du laboratoire de M. Houssay, à l'Ecole normale supérieure.) NOUVELLES OBSERVATIONS SUR L'ACIDITÉ DU SUC GASTRIQUE. L’ACIDE CHLORHYDRIQUE EST ENTIÈREMENT LIBRE, par M. ALBERT FROUIN. Dans des publications antérieures (1) j'ai montré que le suc gastrique pur, recueilli chez des animaux à estomac séquestré, se comporte sen- siblement comme une solution aqueuse d’'HCI dans toutes ses réactions. Si l’on évapore du suc gastrique pur dans le vide, à la température ordinaire, on constate que tout l'HCI disparaît; la faible acidité qui reste après l'évaporation est due aux phosphates acides et à l'acidité propre des matières albuminoïdes (2). Cette conclusion est en désaccord avec les résultats obtenus par M"° Schoumow-Simanowska (3) et avec ceux de Nencki et Sieber (4). Ces auteurs, en recueillant la pepsine du suc gastrique, le premier par refroidissement du liquide au-dessous de 0 degré, les seconds par (1) A. Frouin. Sur l'acide du suc gastrique. Journ. de Phys. et de Path. gén., 1899, p. 447, et Soc. de Biol., 1899. (2) Mes résultats ont été confirmés par Friedenthal, qui a trouvé, pour le suc gastrique, le même abaissement du point de congélation que pour une solution d'HCI de même titre. Arch. f. Anat. u. Physiol., Sahrg 1900. physiol. Abth. 186. (3) Schoumow-Simanowska. Arch. de Sc. biol. de Méd. Exp. de Saint-Pé- terspourg 1893, p. 463. (4) Nencki et Sieber. Leütch f. Physiol. chem., 1901, t. XXXII, p. 291. Er SÉANCE DU 26 MARS 585 dialyse, trouvent que cette diastase renferme environ 1 p. 100 d'HCI; ils concluent que cet acide fait partie de la molécule même de la pepsine. Les recherches de M° Schoumow-Simanowska ont été faites avec du suc gastrique recueilli à la suite d’un repas fictif sur des ani- maux porteurs de fistules gastriques et œsophagotomisés. Le suc qui a servi à ses expériences avait une acidité de 4 gr. 6 à 5 gr. 8 par litre. L’acide chlorhydrique qu'il renferme n’est qu'en partie volatilisable dans le vide. D’après l’auteur, ce suc se trouble sensiblement à une basse température; au-dessous de 0 degré, le trouble se dépose, parfois très facilement, au fond du récipient sous forme d’une masse granuleuse entièrement homogène. Il faut cependant observer que la quantité de précipité qui se dépose sous l’in- fluence du refroidissement dans les différentes portions du suc de différents chiens n’est pas toujours la même; ainsi, parfois, le suc se trouble déjà à la température de la chambre; dans d’autres cas, même au-dessous de 0 degré, il ne donne qu'un trouble à peine visible qui ne se dépose pas du tout. Sou- vent cela dépend évidemment de la concentration du suc; si l’on introduit moins de liquide dans l’animal avant de recueillir le suc, ce dernier est plus concentré et se dépose plus facilement. Mais il semble que l'individualité et le genre d’alimentation y jouent aussi un rôle. J'ai soumis à des congélations et à des décongélations successives des sucs gastriques dont l'acidité variait de 2 à 5 grammes par litre, sécrétés par des animaux à estomac séquestré. Je n’ai jamais pu obtenir Ja moindre trace de précipitation. J'ai étudié ainsi la sécrétion de 7 animaux, ce qui, je l'espère, est suffisant pour écarter l'influence de l’individualité; je les ai soumis alternativement aux régimes de la viande, du pain et du lait, pour déterminer l'influence du régime. Le résultat a toujours été négatif. Il y avait donc lieu de se demander d’abord à quoi tient cette contra- diction absolue entre les résultats de M%° Schoumow-Simanowska et les miens, d'autre part, si la précipitation formée quelquefois dans le suc gastrique sous l'influence du refroidissement, précipitation que l’auteur considère comme normale, ne serait pas une anomalie, une exception, et si le précipité qu'il considère comme de la pepsine pure ne serait pas constitué par une impureté entraînant le ferment. Chez les animaux auxquels on a sectionné l’æœsophage au niveau du cou, la sécrétion de toute la partie de l’œsophage située entre le point de section et l’estomac s'écoule dans cette cavité ét se mélange au suc gastrique. D'autre part, d'après l’aveu de l’auteur, le contenu intestinal peut refluer aussi dans la cavité gastrique. Les liquides qui refluent de l'intestin, c’est-à-dire le mélange de bile, de suc pancréatique et de suc intestinal, sont capables de donner à la température ordinaire, en pré- sence du suc gastrique, un précipité, constitué par de la mucine, rt STE MANS 4°? 586 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la cholestérine, des acides biliaires qui entraînent la pepsine. Le 'mucus œsophagien ou la macération de muqueuse œsophagienne dans l'HCI produisent dans le suc gastrique pur une opalescence, un trouble ou un précipité suivant les proportions dans lesquelles ils sont ajoutés. Dans le cas où l’on ajoute de la sécrétion de l’æsophage ou de la macération acide de muqueuse œsophagienne en quantité suffisante “pour produire simplement une légère opalescence, on obtient par refroi- dissement au-dessous de O0 degré un précipité ayant les mêmes pro- priétés que celui obtenu par M° Schoumow-Simanowska. Il résulte de ces faits que le précipité obtenu par refroidissement du suc gastrique de chiens à fistule gastrique et à œsophage sectionné au niveau du cou est déterminé par une substance étrangère, par une impureté; il peut être causé par le mucus œsophagien qui s'écoule dans l'estomac ou par les sécrétions qui refluent de l'intestin. Dès lors, il est impossible de dire si l'acide contenu dans le précipité obtenu est com- biné à la pepsine ou s’il est fixé sur les matières étrangères qui déter- minent ce précipité dans le suc gastrique. Le travail de Nenckiet Sieber, ayant été fait avec du suc recueilli dans les mêmes conditions, est pas- sible des mêmes critiques; il est marqué de la même cause d'erreur fondamentale. Les résultats de ces auteurs ne sont donc pas compa- rables avec ceux obtenus sur du suc gastrique pur. J'ai indiqué en 1900 (1) que, d’après des expériences en commun avec M. Dastre, on pouvait augmenter ou diminuer la quantité et l’aci- dité du suc gastrique en faisant varier les chlorures de l’alimentation. D'après les nombreuses expériences que j'ai faites sur ce sujet, je puis, affirmer à nouveau mes conclusions. En introduisant 15 à 20 grammes de sel dans la nourriture d’un animal de 30 kilogrammes à estomac séquestré, on obtient un suc gastrique qui renferme seulement 2 gr. 50 à 3 grammes de matières organiques par litre, et dont l'acide est tota- lement volatilisable dans le vide à la température ordinaire. (1) A. Frouin. Des causes de la résistance de l'estomac à l’autodigestion, Soc. de Biol., 1900 p. 149. Vacances de la Société. En raison des vacances de Pâques, la Société ne reprendra ses séances que le.samedi 16 avril. Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SIÉVA NICE MBAUMIIG ANR I" 119024 © SOMMAIRE Bayeux (RaouL) : Expériences l'étude de la réaction normale et faites au Mont-Blanc en 1903 sur pathologique des fèces. Utilité dia- l’activité des combustions organi- ONOS ETC E TE SN M A ME AMIE te 60% ques aux hautes allitudes . . . . .. 634 Gran (A.) : À propos des travaux Bizzer (A.) : À propos de l'hémo- de Miss Harriet Richardson sur les grégarine de l'hémyde lépreuse BORNE NE AE PNA PNA DEA RNA 591 (Emys leprosa, Schw.) de l'Afrique GrarD (A.) : Sur la parthénoge- ŒUUNOL RAA ARABE EN AA NE A 601 | nèse artificielle par dessèchement Branca (Azgerr) : Formations cy- DÉVSIQUE AS EN ETES nee nr 594 toplasniques du revêtement épithé- Gouin (Anpré) et AnpouarD (P.) : lial du fourreau de la langue chez Influence du régime alimentaire MODITONOLUSANA TRS SNA NEC 639 | surl'hydratation des tissus du corps. 625 BrancA (AL8Eert) : Sur les glandes Gouin (ANDRÉ) et AnpouarD (P) : intra-épithéliales de l'urètre anté- Variation de l'hydratation des tissus meunehezthhonmie trente 640 de l'organisme, sous l'influence du BruwpT : Sur une nouvelle espèce bicarbonate de soude EP TRE 627 de Mouche Tsé-tsé, la Glossina De- GrIMBERT (L.) : Recherche de corsei, 0. Sp., provenant de l'Afrique l’urobiline daus les urines. . . . .. 599 ACER © Er EMA Ne RPe Rene LE 628 HER vIEUX (C.) : Recherche de l’in- Brumwpr (F.) : La Filaria loa Guyot doxyle dans le sang. 40. LR 622 est la forme adulte de la microfi- Hervreux (C.) : Recherches sur la laire désignée sous le nom de Fi- présence de l’indol et du scatol dans lonaaditinaManson ere eee 630 san ortEse eeT ANT ne RE ANR 623 Camus (JEAN) et Pacnrez (Pa) : Hy- LAPicquE (L.) : A propos de la pohémoglobinie musculaire. . . .. 644 | communication de M. Bayeux. . . . 636 Dovon et Karerr (N.) : Action LesAGE (J.) : Toxicité de l’adréna- comparée de l'atropinue sur le sang line en injection intraveineuse pour in vitro et in vivo. Unfluence de la l'eChen EMEA ER EUR 632 dIS ES LIO De EU Un NT RATE Ales 588 NicoLLE (Cu.) : Sur une hémogré- Doxox (M.) et Karerr (N.) : Action garine kariolisante de Gongylus de l’atropine sur la coagulabilité du OCOUTDIUS RS RS 0 EN Male ATEN 608 Sano 2ROIC AUOT PC AIENERR 589 MarINEsCo (G..) : Lésions des neuro- Doyon et KaRerr (N.) : Effet de fibrilles consécutives à la ligature l’ablation du foie sur la coagulabi- de l'aorte abdominale . . . . .. .. 600 lHEÉRdUS an ee FRS REV RE A RIEURE 612 Moussu (G.) : Le lait des vaches k DRZERVINA (ANNA) : Sur l'organe tuberculeuses . . . . . No: dou 0 ae Gi lymphoïde de l'æœsophage des Séla- NosécourtT (P.) et Vitry (G.( : Mo- CLÉS ASE SL AA CAM Ne AN Cd ed 631 | difications des solutions chlorurées Dusors (RapaaeL) : Rectification à sodiques dans les différentes por- propos de deux de ses notes anté- tions de l'intestin du lapin . . . .. 642 PIC UT Sn AE ACT Pt es ee neue 621 Pacis (C.) : De l’abatage des aui- Durourr : Note sur l'influence des maux Je POUChERe Er er: 615 alcalins sur le métabolisme des albu- PerRAUD (Josepx) : Sur la per- MINOITeS ER eS nenL 613 | ception des radiations lumineuses FÉRÉ (Ca.) : Note sur le rôle des chez les papillons nocturnes et attitudes et des mouvements asso- l'emploi des lampes-pièges . . . .. 619 ciés dans le travail à l'ergographe. 596 Piotr BEy (J.-B.) : Hyperthermie FÉRÉ (Cu.) : L'influence du chan- cadavérique dans la malaria bovine. 606 gement de rythwe surle travail sui- REuxs (Juces) : Sur le mode d'ac- vant l’état de fatigue. . . . . . . .<. 597 | tion des cytotoxines in vivo. . . . . 609 GAULTIER (RENÉ) : Contribution à SALMON (PauL) : Recherches expé- BIOLOGIE. COMPTES REnDus. — 190%, T. LVI. 42 588 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rimentales sur l'inoculabilité de la Cas :de/z0n a PARENT Tes Es 649 gomme syphilitique . . . . . RO CAvALIÉ (M.) : Recherches sur les ramifications nerveuses dans les lames de l'organe élvique de Tor- Réunion biologique de Bordeaux. pedo Go ei ENCORE ER 653 Covxe et Cavazré : Les néphrites Branpeis (R.) : Cytologie du li- expérimentales (chloroforme, iodo- quide céphalo-rachidien dans quatre forme} : 01.0 SR NEENNeEte 650 Présidence de M. O. Larcher, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. Cour fait hommage à la Société d’un ouvrage qu'il vient de publier, concernant les mœurs, les habitades, l’organisation sociale, etc., des fourmis, sous le titre de : Le monde des fourmis. ACTION .-COMPARÉE DE L'ATROPINE SUR LE SANG IN VITRO ET IN VIVO. INFLUFNCE DE LA DIGESTION, par MM. Doyon et N. KAREFrr. (Communication faite dans la séance du 19 mars). de. I. — L'incoagulabilité provoquée par une injection d’atropine àans la veine porte nedépend pas d'une action directe du poison sur le sang. Si en effet on recoit le sang au sortir du vaisseau dans untube contenant de l’atropine, la coagulation n’est pas sensiblement retardée. Expérience.— Chien de deux à trois mois du poids de 3 kilogr. 100 grammes. On prélève par une carotide deux échantillons de 10 centimètres cubes de sang dans des tubes à essais; l'un des tubes contenait un centimètre cube d'une solution à 10 sur 50 de sulfate neutre d’atropine. On injecte ensuite avec brusquerie dans une veine provenant de l'intestin un centimètre cube de la solution à 10 sur 50 de sulfate neutre d'atropine, puis on prélève plu- sieurs échantillons de 10 centimètres cubes de sang artériel à des intervalles déterminés. Le tableau suivant résume les résultats que nous avons obtenus. Moment des prises de sang. Moment de la coagulation des échantillons. 12 mars. — 3 heures 45, témoin. 3 heures 47 3 heures 45 + atropine. 3 heures 51 3 heures 46, injection. » 3 heures 52 4 heures 4 Dans la nuit du 14 au 15 mars. & heures 15 VAR LATEN NE K ren SÉANCE DU 16 AVRIL 589 _ Dans d’autres expériences nous avons reçu une même quantité de sang (10 à 20 centimètres cubes) dans une série de tubes contenant des quantités croissantes d’atropine (une goutte à 2 centimètres cubes des solutions au 1/10 et 1/5) et une même quantité d'eau distillée ou d’eau salée à 9 p. 1000 . Les doses très faibles d'atropine paraissent hâter la coagulation ; les doses massives provoquent un retard, mais ce retard ne dépasse pas dix à douze minutes dans les cas les plus favorables. IT. — La digestion n'est pas une condition nécessaire à l'apparition de l’incoagulabilité sous l'influence de l'injection d'atropine dans la veine porte. Le chien dont nous publions l'observation dans cette note était à jeun. Nous avons constaté de nombreux cas analogues. L’incoa- gulabilité apparait d'une façon constante si l’on fait pénétrer l’atropine avec force et brusquerie dans une veine intestinale. (Travail du laboratoire de M. Morat.) ACTION DE L'ATROPINE SUR LA €EOAGULABILITÉ DU SANG. ROLE DU FOIE 7 par MM. M. Doyon et N. KAREFF. Le (Communication faite le 26 mars). Nous avons démontré dans une note antérieure que l'atropine ne provoque pas l'incoagulabilité du sang par une action directe sur ce liquide. Nous pouvons établir que l’atropine agit par l'intermédiaire du foie. La démonstration repose sur les faits suivants : 1° On prélève simultanément sur un chien deux échantillons de sang : l’un dans une arlère (carotide ou fémorale), l'autre dans une veine sus-hépatique. On note le moment de la coagulation des échan- tillons prélevés. On injecte ensuite une solution d’atropine dans une veine mésentérique, puis on prélève un nouvel échantillon de sang, simultanément, dans une artère et dans une veine sus-hépatique. Lorsque la deuxième prise est faite à un moment très rapproché de l'injection, on constate que seul le sang provenant des veines sus-hépa- tiques est incoagulable. Si l'intervalle qui sépare l'injection et ia deuxième prise est plus prolongé, on constate généralement que les deux échantillons de sang deviennent incoagulables, mais il arrive parfois que le sang artériel coagule avec un retard de quelques minutes alors que le sang des veines sus-hépatiques coagule seulement au bout de plusieurs heures. Le sang est recueilli directement dans l'artère et la veine sans que la circulation soit interrompue, au moyen d'une pipette munie à son extrémité 590 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE inférieure d'une fine aiguille métallique. Pour découvrir les veines sus-hépa- tiques il suffit d'inciser largement l’abdomen et de récliner le foie en bas; on place d'avance dans la veine la pipette munie d'une aïguille courbe. Il suffit de prélever 2 ou 3 centimètres cubes de sang. % L’injection d'atropine dans la jugulaire ne nous a jamais donné de résultats positifs. Remarque. — Si on ajoute au sang modifié par une injection d’atropine dans une veine mésentérique un fragment de foie, la coagulation est provoquée au bout de quelques instants. L'action du tissu hépatique n’est pas spécifique; elle est exercée, au degré près, par d’autres tissus, notamment par le sang normal ou le sang défibriné et les sue lymphatiques (mésentériques). MOMENT ; ORIGINE MOMENT EXPÉRIENCES des prises de sang du sang de la coagulation a), Chien, 5 k. 500, 9 h. 32 Artère carotide. 2 h. 37 m. à jeun. Le Veinesus-hépatique.| 2 h. 32 m. 58 s Injection un cent. 2h. 43 m cube solution 1/5 sulfate atropine. 2 h. 43 m. 5 s. à) Artère fémorale. 2 h. 47 m. 305. = 2 h. 43 m. 125 Veinesus-hépatique.| Quelques flocons le soir, mais prise en masse seulementle lendemain matin. Art. carotide gauche.| 2 h. 50 m. 30 s. b) Chien, 15k. 800, 2 h. 48 m. Veine sus-hépatique.| 2 h. 50 m. 30 s. à jeun. ë Injection 3 cent. cub. 2 h. 56 m. solution 1/5. 2 h..56 m. 20 s. à( Art. carotide droite.| 3 h. 23 m. 2 h. 56 m.35s./ Veinesus-hépatique.| plus de 12h. de retard. c) Chien, ÿ kilog. Artère fémorale. Din à jeun. 718 h. 15 m. Veinesus-hépatique.| 3 h. 18 m. ) Injection 2 cent. c. 3 h. 22m solution. 3 h. 22 m. 6 s. à( Artère fémorale. \ Retardde plus de 24 3 h. 22 m.20s Veine sus-hépatique./ heures. (Travail du laboratoire de M. Morat.) SÉANCE DU 16 AVRIL 594 À PROPOS DES TRAVAUX DE Miss HARRIET RICHARDSON SUR LES BOPYRIENS, par M. À. Gran». Miss Harriet Richardson a publié depuis cinq ans une série de tra- vaux fort intéressants sur les Isopodes et, en particulier, sur les Epica- rides de diverses régions. On peut nee toutefois que, même dans les plus récentes de ces publications, il ne soit tenu aucun compte de certains mémoires antérieurs, de celui notamment que nous avons fait paraitre, J. Bonnier et moi, en 1890, sous le titre Prodrome d'une mono- graphie des Epicarides du golfe de Naples (B) (4). Miss Richardson parait aussi ignorer complètement l’importante Contribution à l'étude des Bopyridæ, par J. Bonnier (A). Ce beau volume, qui forme le tome VIII des Zravaux du laboratoire de Wimereux (1900), a été publié également comme Thèse de doctorat de la Faculté des sciences de Paris, et, sous cette forme, il a été distribué largement aux Universités étran- gères. Il doit se trouver à Washington. La lecture de ces mémoires aurait permis à notre collègue améri- caine d'éviter plusieurs erreurs, dont nous relèverons seulement les principales. [. — À maintes reprises (E, p. 12, 15, 17), Miss Richardson cite côte à côte, en les comparant entre eux, ke genres £rgyne Risso et Portuni- cepon Giard et Bonnier. Or, nous avons démontré en 1890 (B, p. 369) que, non seulement ces genres sont identiques, mais que l'espèce type de Risso, Ærgyne cervicornis, n’est autre que Portunicepon portuni (Kossm). Les raisons qui nous ont empêché d'adopter le nom générique Ergyne, qui a incontestablement la priorité, sont les mêmes qui m'ont déterminé également à rejeter le nom de Potryllofer Dalyell, antérieur à Athelges (À, p. 213) (2). IT. — Le genre Parapenæon Richardson, 1904 (E, p. 43) devra proba- blement se confondre avec le genre Orbione Bonnier, 1900 (A, p. 280); les mâles Orbione penei et Orbione incerta étant inconnus, la compa- raison n'a pu être étendue à ce sexe, mais la concordance est remar- quable pour le sexe femelle. Le genre C/robopyrus Richardson, 1904 (1) Les lettres majuscules entre parenthèses renvoient à la bibliographie placée à la fin de la présente note. (2) Je connais pas mal de noms anciens ainsi oubliés depuis longtemps dans divers groupes du règne animal, mais je me garderai bien de les rap- peler. J'estime que les auteurs de monographies ont seuls le droit d'apprécier l'opportunité qu'il peut y avoir de modifier la nomenclature, malgré une longue prescription. Il m'a toujours paru inutile d'encourager les pirates scientifiques, qui essaient de se faire une notoriété par le tripatouillage des synonymies. 592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (E. p. 86) est très voisin du genre Palaegyge & et B 1888, dont il n'est peut-être qu un synonyme. III. — D'après Miss Richardson, le Bopyrien qu'elle a décrit sous le nom de Probopyrus Alphei (E, p. 67), et qui ne serait autre que le Bopyrus mentionné par Fritz Mueller comme trouvé par lui sur un Alpheus de la côte du Brésil, aurait été rapporté par nous à Grapsicepon Fritzi, parasite de la cavité branchiale d’un Grapsus (Leptograpsus rugulosus). Et Miss Richardson ajoute gravement : « Une différence non seulement dans l'espèce, mais même dans le genre de l'hôte, rend cette opi- : nion plutôt inconciliable avec une certaine hypothèse défendue par ces auteurs (Giard et Bonnier), à savoir qu'une méme espèce d'Epicaride ne peut pas infester différentes espèces de Crustacés. » Miss Richardson serait bien embarrassée si nous lui demandions de citer le passage de nos écrits où nous aurions identifié le Grapsicepon Fritzi au parasite d’Alpheus sp., dont à parlé Fritz Mueller. Dans son mémoire fondamental que Miss Richardson paraît avoir lu bien légèrement, Fritz Mueller (C, p. 68) cite, sous le nom de Popyrus (sensu latiori), plusieurs Epicarides appartenant entre autres aux formes Cepon et Athelges. Maïs il les énumère avec soin et les distingue spéci- fiquement par un numéro d'ordre, en indiquant leurs hôtes respectifs. Nous avons appelé Grapsicepon Fritzi un de ces Bopyrus sp. parasite de Pachygrapsus transversus Gibbes (= Leptograpsus rugulosus M. Edw.). Nous avons d'autre part donné le nom de PBopyrus (?) Alphei (B, p. 369) à l’espèce que Miss Richardson a appelée du même nom onze ans plus tard et qu’elle a rangée depuis dans le genre Probopyrus; J. Bonnier a placé avec raison cette espèce dans son genre Popyrella (A, p. 352). IV... — Il est fâcheux que Miss Richardson n’ait pas lu la description si complète que Bonnier a publiée d'Zone thoracica (À, p. 238 et suiv.) ni celle d’Zone brevicauda J. Bonnier. C’est surtout à ee dernier type qu'il convient de comparer Zone Thompsoni Richardson. Étant donnée l'insuffisance de la description d’/one cornuta par Spence Bate, il est très possible que ce Bopyrien soit nn jour reconnu identique à Zone brevicauda qui selon toute vraisemblance est parasite de Callianassa longimana Stimpson. Cailianassa longimana et Ione cornuta seraient dans le Pacifique les formes vicariantes parallèles à Callianassa Stimp- sont et {one Thompsoni de l'Atlantique. V. — Il ne peut y avoir doute sur la validité de Bopyroides acutimar- ginatus Stimpson. Le Bopyroides parasite de Spirontocaris spinus est aussi bien différent de Bopyroides hippolytes Kroeyer comme l'a pouvé J. Bonnier qui l'a décrit et figuré sous le nom de PBopyroides Sarsi (A, p. 376, et pl. xLr). Si Miss Richardon avait étudié les Popyroides hip- polytes, les Phryxus abdominalis, les Argeia pugettensis provenant de divers hôtes avec le même soin que nous avons mis à l'examen des Bopyrus des divers Palaemons ou des Pleurocrypta des diverses Grala- SÉANCE DU 16 AVRIL 93 thées, elle aurait sans nul doute reconnu que ces trois noms recouvrent chacun un complexe d’espèces, voisines peut-être, mais néanmoins bien distinctes. L'hypothèse de la spécifité des Epicarides que G. 0. Sars et Miss Richardson nous reprochent d'avoir formulée prend de plus en plusle caractère d’une induction maintes fois vérifiée, c'est-à-dire d’une loi naturelle. Voir à ce sujet la très belle discussion de J. Bonnier (A, p. 136 à 149). VIT. — En se reportant à ce que nous avons écrit des lames pleurales (p. 23 de notre mémoire de 1887) et en lisant aussi ce que dit J. Bonnier à l’occasion de Parargeia (À, p.331), Miss Richardson pourra facilement se convaincre que nous ne confondons pas ces organes avec les produc- tions épimériennes, comme elle parait l'insinuer bien à tort (E, p. 64). VII. — Miss Richardson semble croire (E, p. 21, note a) que la seg- mentation de l’œuùf doit être un processus à peu près uniforme dans un groupe zoologique aussi étendu que les /sopoda. C'est là une concep- tion embryogénique erronée contre laquelle avait déjà protesté Fritz Mueller en 1864, dans son admirable livre Für Darwin. I serait facile de démontrer par de nombreux exemples que, suivant les conditions étho- logiques, la formation de la morula est différente chez les représentants d'une même division systématique. Malgré ces critiques, nous n hésilons pas à déclarer que les recherches de‘Miss Harriet Richardson comptent parmi celles qui ont le plus augmenté nos connaissances sur la famille des Epicarides au cours de ces dernières années. Bibliographie. (A). Boxnrer (J.). Contribution à l'étude des Epicarides. Les Bopyridæ. Tra- vaux de la station zoologique de Wimereux, t. VIII, 14900. (B) Grarp (A.) et Bonnier (J.). Prodrome d’une monographie des Epicarides du golfe de Naples. Bull. scient. Fr. et Belgique, t. XXI, 1890. (C) Müccer (Fritz) Bruchstücke zur Naturgeschichte der Bopyriden. Jenaische Zeitsch. f. Naturw, VI Bd. 1871. (D) RicHaroson (Harriet) Isopods collected at the Hawaïian islands by the United States Fish Commission Steamer Albatross. U. S. Commission of Fish and Fisheries. Bulletin for 1903, p. 47-54, 17 sept. 1903. (E) Ricuarpson (Harriet). Contributions to the natural history of the Iso- poda. Proceedings of the U. S. National Museum, vol. XXVIL, p. 1-89, 1904. 594 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA PARTHÉNOGENÈSE ARTIFICIELLE PAR DESSÈCHEMENT PHYSIQUE, par M. A. Gran. On sait que Greef a observé le premier, il y a une trentaine d'années, la parthénogenèse accidentelle de l'Etoile de mer (Asterias rubens). Il m'a semblé intéressant de chercher quel pouvait être, dans les expé- riences du professeur de Marbourg, le facteur déterminant de ce déve- loppement anormal. Et comme la plupart des cas de parthénogenèse expérimentale, actuellement connus, me paraissent devoir être attribués à un phénomène de déshydratation suivie de réhydratation, je me suis demandé si un simple dessèchement physique ne suffirait pas à pro- duire le même résultat. Le hasard d’une dissection interrompue, un simple retard dans l'immersion des œufs extraits de la glande génitale femelle n'auraient-ils pas déterminé une déshydratation physique com- parable dans ses effets, à la déshydratation chimique causée par les solutions salines hypertoniques ? Pour m'en assurer, j’ai recueilli à Wimereux, dans les derniers jours de mars, des Asterias rubens en parfait état de maturité génitale. Les glandes femelles, aussitôt extraites de l'animal, ont été placées sur des feuilles de papier buvard et retournées plusieurs fois jusqu à ce que la trace d'humidité qu’elles laissaient sur le papier au point de contact devint insignifiante. On avait auparavant fait sur chaque glande deux prises d'œufs aus- sitôt immergés dans deux récipients témoins, les uns sans addition de spermatozoïdes, les autres normalement fécondés. Ces derniers présen- tèrent une évolntion régulière; les autres demeurèrent complètement stériles. Quant aux œufs prélevés quelques minutes plus tard, après dessèchement de la glande et non fécondés, ils se segmentèrent comme je l'avais supposé, et offrirent une proportion de développements parthé- nogénétiques que je puis évaluer à 15 p. 100 environ dans les cas les plus favorables. : Aussitôt replacés dans l’eau de mer les œufs déshydratés perdent leur vésicule germinative et donnent naissance aux globules polaires. Toute- fois ces processus et ceux qui les suivent, c'est-à-dire les premières phases de la segmentation, marchent avec une grande lenteur. C'est. ainsi que, cinq heures après le début de l’évolution, on trouve de nom- breux stades IV, de rares stades VIII, et surtout diverses formes de segmentation anormales. Après dix-huit heures seulement on observe des morules très avancées et de très rares blastules normales (embo- liques). À partir du stade IV la segmentation montre une tendance générale à devenir épibolique au lieu d’être égale et régulière comme dans les œufs fécondés d’Asterias. Chez beaucoup d'œufs l’épibolie est même SÉANCE DU 16 AVRIL 595 aussi régulière que chez les œufs de Gastropodes ou d'Annélides Chæ- topodes qui présentent ce mode de segmentation (Lil/orina, Nerens, etc.). Les quatre premiers blastomères qui sont d'abord disposés en tétraèdre se rangent ensuite dans un même plan, et deux d’entre eux sont en contact par un plan qui se projette horizontalement suivant une ligne déterminant l'orientation de l'embryon et qu'on voit par transparence à travers les petites cellules épiboliques du côté du pôle animal (côté des globules polaires). Contrairement à ce qui a lieu dans les développements parthénogé- nétiques obtenus à l’aide de solutions salines, les divers blastomères possèdent chacun un noyau et un seul. J’ai observé cependant un petit nombre d'œufs chez lesquels il y avait eu division des noyaux sans division corrélative du cytoplasme, et qui, par conséquent, présentaient l’aspect d'une segmentation intravitelline. Il arrive très fréquemment aussi qu’une ou plusieurs des sphères de segmentation s'arrêtent dans leur évolution tandis que les autres con- tinuent à se diviser et, comme ces arrêts peuvent se produire à un moment quelconque à partir du stade If, il en résulte que l’on peut voir les formes les plus variées de segmentation totale mais irrégulière. Par- fois aussi les arrêts ne sont pas définitifs; ce sont de simples retards évolutifs et tout se régularise dans la suite avec plus ou moins de len- teur. Én somme, dans ces expériences, comme dans celles que j'ai faites antérieurement sur les développements parthénogénéliques par d’autres procédés, le fait qui domine est le ralentissement du processus physio- logique de la segmentalion ; mais il semble que, par une sorte de com- pensation, il y ait tendance à la production, ehez les œufs à développe- ment normal palingénétique, de modes abréviatifs et cœnogénétiques analogues à ceux qu'on rencontre d’une façon régulière et constante à la suite de la fécondation chez d’autres animaux. C’est ainsi que, dans le cas actuel, l’épibolie tend à remplacer l’embolie. Dans d’autres cas la segmentation intravitelline se substitue à une morula ordinaire. Il m'est arrivé au début de mes recherches sur ce sujet de jeter comme œufs non segmentés des blastodermes qui m'auraient donné plus tard, si j'avais eu plus de patience, des embryons semblables à ceux qui dérivent d’une fécondation. Pour obtenir des développements parthénogénétiques par dessèche- ment physique, il importe de saisir d’une facon très précise le moment où ce dessèchement est suffisant mais non exagéré. Si l’on attend trop longtemps, la glande génitale, au lieu de garder son aspect et sa con- sistance normales, se gonfle et devient élastique, légèrement résistante au toucher, et malgré la perte d’eau, l’ensemble de l'organe parait plus volumineux. À ce moment les œufs replacés dans l’eau de mer ne se développent plus. La vésicule germinative reste intacte avec son nucléole 596 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE parfaitement net. Mais on voit dans le cyteplasme une ou plusieurs (deux ou trois) grosses vacuoles à contenu réfringent qui semblent indiquer une altération du plasma ovulaire. Le dessèchement paraît agir en modifiant les rapports du noyau et du protoplasme et en faisant ainsi cesser l’état de dépression où se trouve l'œuf mûr, conformément aux idées ingénieuses récemment: exposées par R. Hertwig (1). D'une façon générale on pourrait peut-être com- parer l’action excitante du dessèchement physique sur le développe- ment de l’œuf à l’excitation produite par l’évaporation sur le système cutané, de même que l’action similaire de la déshydratation chimique peut être assimilée d’autre part à celle des purgatifs salins sur la muqueuse intestinale. Dans l’un et l'autre cas l’activité des divisions cellulaires est provoquée par des causes de même nature, et si on laisse de côté l’amphimixie qui est un phénomène d'un autre ordre, la multi- plication des cellules dérivées de l'œuf obéit aux mêmes lois que la pro- lifération des cellules somatiques. NOTE SUR LE RÔLE DES ATTITUDES ET DES MOUVEMENTS ASSOCIÉS DANS LE TRAVAIL A L'ERGOGRAPHE, par M. Cu. FÉRÉ. L'ergographe de Mosso permet d'étudier les variations du travail du médius. Le travail s'exécute dans une attitude fixe, le poignet est immc- bilisé de même que l'index et l’annulaire. On sait que les mouvements des autres membres, comme ceux de la face (2), peuvent avoir une influence sur le travail ergographique. Il en est de même de l'atlitude du tronc; quand le tronc est adossé au dossier droit d'une chaise le travail conserve, dans toutes les expériences, les mêmes caractères ; on le voit augmenter si le tronc se penche en avant, diminuer au contraire s'il se penche en arrière, attitudes qui font varier la tension des muscles de l’avant-bras. Le travail varie si le tronc est appuyé ou non. Lorsque l’on a travaillé souvent en conservant la même attitude et la même immobilité des membres et de la face, on peut remarquer des variations des ergogrammes successifs, dont quelques-uns se relèvent en hauteur et en longueur, relativement aux précédents. Ces relève- (1) R. Hertwig.Ueber das Wechselverhältnis von Kern und Protoplasma. Sizungsb. d. Gesell, für Morph. u. Phys. München, 4 nov. 1902 et 19 mai 4903. (2) Ch. Féré. L'influence sur le travail volontaire d’un muscle de l’activité d’autres muscles. (Nouvelle iconographie de la Salpétrière, 1904, p. 432. — Travail et plaisir, 1904, p. 358.) SÉANCE DU 16 AVRIL 597 ments peuvent être très considérables et produits par léchauffement général de l'individu; plus souvent ils sont légers et leur cause passe inaperçue au premier abord. À un examen prolongé on arrive à recon- paitre la coïncidence des soulèvements avec des mouvements des doigts restés libres : le pouce et le petit doigt, dans lesquels où remarque des mouvements d'adduction ou d'opposition, d'extension ou de flexion générales ou spécialisées à une phalange, à la phalangelte. Le rôle de ces mouvements associés peut être rendu évident si on répète les expériences en immobilisant totalement ou partiellement le pouce et le petit doigt ensemble ou isolement pendant le travail. Lorsqu'on a fait préalablement, à la même heure, des expériences des médius droit et gauche, comprenant quarante ergogrammes (3 kilogrammes chaque seconde) séparés par des intervalles de une minute; si on refait les mêmes expériences en faisant, pendant les vingt premiers ergogrammes, l'immobilisalion du pouce dans l'extension ou dans la flexion avec opposition, dans la flexion ou l'extension de la phalangette seule, ou du petit doigt dans l'extension, ou dans la flexion, ou dans la flexion de la phalangette; on voit que ces ergogrammes ont diminué tous, et que leur somme totale peut avoir perdu un tiers ou la moitié de la quantité normale. Si on a continué les expériences sans modifier les intervalles ordinaires en enlevant la bande de tarlatane humide qui servait à réaliser l'immobilisation, on voit que le travail remonte immédiatement, au lieu de continuer à exprimer une fatigue croissante ; quelquefois, cette recrudescence caractérise un état d’exci- ‘ation et donne plus de travail qu'un effort normal après le repos com- plet. Cetle recrudescence et cette excitation sont peu durables, mais elles suffisent à démontrer le rôle de l’immobilisation. Silôt qu’elle a cessé, le travail du médius coïncide avec des mouvements associés de l’un ou de l’autre doigt libéré, mouvements variables en étendue et en énergie, mais qui cessent en même temps que la recrudescence du travail. Ces mouvements peuvent passer inaperçus si on n'y prête pas une grande attention, mais la valeur de leur suppression renseigne sur la valeur de leur production. Ces faits ne manquent pas d'intérêt au point de vue de l'étude de la solidarité du système musculaire. L'INFLUENCE DU CHANGEMENT DE RYTHME SUR LE TRAVAIL SUIVANT L'ÉTAT DE FATIGUE, par M. Cu. FÉRÉ. On admet en général que la quantité du travail diminue quand, le poids à soulever restant le même, le rythme du mouvement s'accélère. 598 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cependant on a observé qu’au cours du travail ergographique, lorsque la hauteur des soulèvements à déjà diminué, l'accélération du rythme peut s’accompagner d’un relèvement des soulèvements (Oseretkowsky et Krœæpelin) (1), qui coïncide ordinairement avec le relèvement du travail. Dans une suite d'expériences nous avons étudié l'effet de l'accélération du rythme réalisée d’une manière uniforme. On travaille à l’ergographe de Mosso avec le médius droit soulevant un poids de 3 kilogrammes. Après un deuxième soulèvement fait deux secondes après le premier, les soulèvements suivants se succèdent à une seconde d'intervalle. Si on compare le produit de ce travail à rythme accéléré au même travail exécuté dès ïe début au rythme uniforme d'un soulèvement à chaque seconde, et répété de la même manière avec une minute de repos on observe des caractères distinctifs, suivant que le travail à rythme accéléré a été exécuté après le repos, ou dans la fatigue. Les ergograrmes à travail accéléré exécutés après le repos complet donnent une diminulion notable du travail qui va généralement en s’accentuant à mesure qu'on prolonge l'expérience. Lorsqu'on a déjà travaillé au rythme uniforme d'une seconde jusqu’à la fatigue, le travail au rythme accéléré exécuté aux mêmes intervalles sans changement de position donne le relèvement croissant pendant trois ergogrammes, puis diminue de nouveau graduellement. Quand la fatigue est retardée artificiellement par une excitation inter- currente ou autrement, le même changement de rythme peut rester« sans effet. Cet effet, au contraire, peut se manifester très tôt après le début du travail si la fatigue a été accélérée par une excitation précoce ou autrement. : En somme le même changement de rythme peut être dépressif après le repos et excitant momentanément dans la fatigue. Il a des effets divers suivant l’état de l'individu; il peut donc avoir des effets divers suivant les individus. Il n’est pas sans intérêt de remarquer que lorsque, dans la fatigue obtenue par le travail au rythme d’une seconde, on a travaillé, après le même intervalle d'une minute de repos, au rythme de deux secondes pour le second soulèvement seulement, le premier soulèvement de cet ergogramme ralenti seulement au début, est généralement plus élevé que le soulèvement le plus élevé des ergogrammes précédents au rythme d'une seconde uniformément : il semble que la représentation d'un repos plus long donne, au moins dans quelques conditions de fatigue, un repos plus efficace. (1) Ch. Féré. Travail et plaisir, 1904, p. 27. SÉANCE DU 16 AVRIL 599 RECHERCHE DE L'UROBILINE DANS LES URINES 1 par M. L. GRIMBERT. Parmi les nombreux procédés employés pour la recherche de l’uro- biline dans les urines, deux surtout sont recommandables. Celui de Denigès (1) qui consiste à déféquer l'urine au moyen d'une solution acide de sulfate mercurique afin d'éliminer les pigments biliaires et à examiner l'urine ainsi traitée au spectroscope, et celui de Roman et Delluc (2) dans lequel l'urine est agitée avec du chloroforme après aci- dification à l'acide chlorhydrique, et le chloroforme traité par une solu- tion alcoolique d’acétate de zinc au millième. On obtient ainsi une fluo- rescence verte caractéristique. Malheureusement le chloroforme dissout d’autres pigments que l'urobiline et l'addition de quelques gouttes d'acide chlorhydrique dans une urine riche en indeoyxle suffit à faire passer de l’indigotine en solution. Aussi le procédé de Roman et Delluc se trouve-t-il en défaut quand il s’agit de déceler des traces d’urobiline dans des urines riches en indoxyle ou en pigments divers. D'autre part, la recherche de l’urobiline par le procédé Denigès nécessite l'emploi d'un spectroscope et ne permet pas de retrouver des traces du pigment. Mais si on applique la technique de Roman et Delluc légèrement modifiée non plus à l'urine brute, mais à l'urine déféquée par la méthode de Denigès, on élimine de ce fait toutes les causes d’erreur et le procédé acquiert une sensibilité remarquable. — Voici comment il convient d'opérer. — On commence par préparer les deux réactifs suivants : 1° Réactif de Denigès. — Versez avec précaution et en agitant 20 cen- timêtres cubes d'acide sulfurique pur dans 100 centimètres cubes d’eau distillée, ajoutez 5 grammes d'oxyde jaune de mercure, faites dissoudre et filtrez. 2° Réactif de Roman et Delluc. — Faites dissoudre 10 centigrammes d’acétate de zinc dans 100 centimètres cubes d'alcool à 95 degrés et ajoutez quelques gouttes d'acide acétique pour avoir une solution limpide. Mode opératoire. — À 30 centimèlres cubes d'urine ajoutez 20 centi- mètres cubes de réactif mercurique, laissez en repos pendant cinq mi- nutes et filtrez. Agitez le liquide filtré avec 5 centimètres cubes de chlo- roforme. Séparez le chloroforme au moyen d’un entonnoir à robinet, filtrez-le sur un petit filtre de papier bien sec et recevez-le dans un tube à essai. Versez alors goutte à goutte la solution alcoolique d'acétate de zinc tant qu'il se produit un trouble. Au moment où le liquide s'éclair- (1) Journal de Pharmacie et de Chimie (6°), t. V, p. 293, 1897. (2) Journal de Pharmacie et de Chimie (20), t. XIF, p. 49, 1900. 600 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cit, apparaît la fluorescence verte caractéristique. Si la réaction est faible, il est bon d'examiner le tube sur un fond noir. Ce mode opératoire diffère de celui de Roman et Delluc qui ajoutaient 2 volumes de réactif pour 4 volume de chloroforme. La solution chloro- formique se trouve ainsi lrop diluée et la réaction perd de sa sensi- bilité. On peut par ce procédé déceler des traces d’urobiline dans des urines très chargées de pigments biliaires ou très riches en indoxyle. Nota. — L'urine déféquée par le réactif de Denigès donne rarement une émulsion quand on l’agite avec le chloroforme. Si cet accident se produisait ou ferait passer le liquide émulsionné sur un petit tampon de coton maintenu au fond d'un entonnoir ; la séparation des deux liquides se fait alors facilement. LÉSIONS DES NEURO-FIBRILLES CONSÉCUTIVES A LA LIGATURE DE L'AORTE ABDOMINALE, par M. G. MARINESsco. Les neuro-fibrilles sont extrêmement sensibles à la suspension de la circulation artérielle. Quatre heures et demie après la ligature perma- nente de l'aorte, il n'existe presque plus de cellules nerveuses conte- nant des neuro-fibrilles. Les neuro-fibrilles des cellules des cordons, grandes et moyennes, sont allérées à des degrés divers. Dans les cel- lules radiculaires les moins altérées, les neuro-fibrilles ont un aspect granuleux, se colorent en brun, les mailles du réseau sont parfois dila- tées. La plupart des fibrilles du cytoplasma ont subi la dégénérescence granuleuse et, dans cette masse de granulations, on voit çà et là des fibrilles qu'on peut suivre sur un certain trajet et qui vont se perdre dans la masse granuleuse, d'autres cellules ont un aspect vacuolaire et granuleux, aspect qui est dû à la dilatation des mailles du réseau cyto- plasmalique ou bien à leur rupture et à la présence d’une substanee amorphe contenue dans ces mailles. Les massues terminales réduites de volume, sont päles et fortement granuleuses. Les neuro-fibrilles des prolongements, quoique allérées aussi (dégénérescence granuleuse ou fragmentalion) paraissent cependant moins lésées que les fibrilles du cytoplasma. Le nucléole est pâle. Parmi les cellules des cordons les moins altérées, j'ai rencontré des cas où un certain nombre de fibrilles persistent et peuvent être suivies sur un trajet plus ou moins long. Mais entre celles- ci, il ya une substance granuleuse due à la dégénérescence des fibrilles. Même les neuro-fibrilles les moins atteintes sont fragéesment. SÉANCE DU 16 AVRIL 601 J'ai examiné encore la moelle lombo-sacrée d'un lapin qui a vécu quatorze heures après la ligature de l'aorte abdominale; comme les lésions ressemblent à celles que déterminent dix-sept heures de liga- ture,.je me bornerai à donner la description de ces dernières. Les lésions sont plus graves par le fait qu'elles intéressent un plus grand nombre de cellules et que le noyau et les prolongements participent à la lésion (homogénéisation du noyau, ruplure et atrophie des prolongements). La lésion la plus légère des cellules radiculaires consiste dans la päleur des neuro-fibrilles du cytoplasma et leur aspect granuleux. D'autres cel- lules ne présentent pas la moindre trace de neuro-fibrilles, leur cyto- plasma conlient un grand nombre de granulations brillantes, les pro- longements cellulaires qui persistent encore peuvent présenter quelques neuro-fibrilles plus ou moins intactes. Les cellules des cordons, grandes, moyennes et petites, de même que les cellules radiculaires, situées à la périphérie de la substance grise, antérieure et postérieure, semblent mieux résister au traumatisme, néanmoins elles sont également alté- rées, le réseau superficiel et profond de ces dernières est granuleux. les mailles en sont dilatées ou même rompues, ce qui donne à la cellule un aspect vacuolaire. Parfois, on constate un épaississement des neuro- fibrilles. Les massues terminales sont très souvent altérées. Leur forme et leur volume sont variables, elles sont granuleuses et parfois hyper- trophiées. Dans l’anémie expérimentale, comme du reste dans la rage, l'atrachement des nerfs, etc., les neuro-fibrilles des différentes espèces de cellules sont lésées à des degrés variables. . On savait que la substance chromatophile est extrêmement sensible à l’action des différents agents chimiques et physiques. L'étude des lésions consécutives à l’anémie expérimentale due à la ligature de l'aorte démontre que les neuro-fibrilles sont encore plus sensibles que la substance chromatophile à l’action de l'anémie. Quatorze heures après la ligature de l'aorte abdominale j'ai trouvé un bon nombre de cellules complètement dépourvues de neuro-fibrilles qui possédaient encore des éléments chromatophiles. À PROPOS DE L'HÉMOGRÉGARINE DE L'ÉMYDE LÉPREUSE (Æmys leprosa Schw.) DE L'AFRIQUE pu Non», par M. À. Bicrer. Dans la séance du 26 mars 1904 de la Société de Biologie et à la suite de l’intéressante communication de M. L. Ducloux sur l’hémogrégarine d'Emys leprosa, M. Laveran a bien voulu faire remarquer que je lui avais récemment adressé une préparation du sang de cette tortue d'Algérie + 602 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE \ où ce parasite se voyait très nettement. J'ajouterai que j'avais signalé la présence de l’hémogrégarine dans le sang d'un grand nombre de tortues de la même espèce capturées dans le Rummel, près de Constan- tine, dès l’année 1901, non seulement à M. Laveran, mais aussi à M. Giard. M. Giard en date du 31 mars 4901, avait même eu l’amabilité de me renseigner exactement sur le nom de cette Emyde, si commune dans les oueds de la région, et il me faisait remarquer que « l'étude de son hématozoaire serait très intéressante. » Sans vouloir discuter la question de priorité, j'insislerai ici sur quelques points complémentaires du développement de cetle hémogré- garine . Ce parasite est très fréquent. J'ai eu l'occasion d'étudier une vingtaine d'exemplaires d'Emuys leprosa provenant de diverses localités du département de Constantine; je l'ai rencontré dans tous les individus adultes, sans exception, quelquefois en grande quantité. Son ubiquité dans la région de Constantine, sa fréquence également constatée par M. Ducloux en Tunisie, semblent donc faire prévoir qu'il abonde dans les émydes lépreuses du reste de l'Afrique du Nord. D'après l’étude que j'ai pu en faire, j'ai été amené à distinguer, chez cet hématozoaire, deux formes bien séparées : la première (A), vermi- culaire, aboutit à la grande forme, décrite par M. Ducloux, à deux branches accolées l’une à l’autre, en forme d’U ; l’autre (B), correspond à la grande forme ovalaire du même auteur. La forme vermiculaire À se reconnait, à première vue, à son proto- plasme très clair, ne prenant que faiblement le bleu de méthylène. Elle, se recourbe de bonne heure en deux branches sensiblement égales (2), et le noyau plus ou moins arrondi, ovalaire, reste toujours central et se place à l'intersection des deux branches repliées dans la forme adulte (3). C'est dans cette forme qu’on voit très nettement les granulations arron- dies (A), assez volumineuses, signalées par M. Ducloux et qu'il considère comme des centrosomes. Parfois le parasite semble s'échapper des globules (4); ce qui semble indiquer qu'il peut avoir une phase libre dans le sérum. La seconde forme (B), plus trapue, prend vivement le bleu et se recourbe comme la première de très bonne heure, mais en deux bran- ches très inégales (1°) : l’une renflée, arrondie s'accroît rapidement (2) et de plus en plus aux dépens de l’autre branche, très courte et très effilée. Finalement cette dernière branche disparait peu à peu (3°) et la forme adulte, volumineuse, prend un aspect réniforme (4). Le noyau très déve- loppé est situé à la base de la grosse branche, s'étend sur toute la lar- geur du parasite, sous forme de plaque nucléaire rectangulaire à filaments chromatiques transversaux et parallèles. C'est dans cette forme seule que j'ai pu observer, sur trois exemplaires différents, aux mois de mars et d'avril 1903; le début de la multiplication endogène (#), LR" d' SÉANCE DU 16 AVRIL 603 et seulement sur des frottis du foie, ainsi que l'ont constaté M. Laveran d’une part, :hez À. Stepanowi (1), et MM. Laveran et Mesnil (2) d'autre part, chez Æ. stepanowiana, hémogrégarines de deux autres tortues d'eau : C'istudo europæa et Damonia Reevesii. Comme aulres particularités, je signalerai l’enkyslement bien plus appréciable chez la seconde forme (B) que chez la première (A), ainsi que l'hypertrophie des globules et la déformation du noyau de ces der- niers qui sont également bien plus accusées dans les globules parasités Hémogrégarine d'Emys leprosa. À, forme vermiculaire à branches repliées et égales (2, 3, 4 stades successifs), — . 1, globule normal d'Emys leprosa. B, forme volumineuse, réniforme, aboutissant à la phase de multiplication endo- gène (1!, 2, 3! 4! stades successifs). Obj., immersion, 1/18; ocul. n° 3, compensateur Stiassnie. par la forme B. Néanmoins ces deux ordres d’altérations n’atteignent pas à beaucoup près les proportions qu'elles acquièrent dans les glo- bules de certains reptiles infectés par d’autres hémogrégarines, comme, par exemple, c’est le cas pour les hémogrégarines de Platydactylus mauritanicus et de Tropidonotus viperinus que j'ai décrites ailleurs (3). (1) Soc. de Biologie, 1°" et 8 octobre 1898. (2) Comptes rendus Acad. des Sciences, 20 octobre 1902, (3) Soc. de Biologie, 9 juin 1900 et 19 mars 1904. IS Co Biorocie. CoMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 604 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA RÉACTION NORMALE ET PATBHOLOGIQUE DES FÉCES. UTILITÉ DIAGNOSTIQUE. par M. RENÉ GAULTIER. On se préoccupe très rarement en clinique de l'examen des fèces, et le plus souvent, sauf quelques cas particuliers, on déduit plutôt de la maladie existante ou présumée la composition des matières stercorales qu'on ne tire de celle composilion un élément de diagnostic, comme on en tire un de l'analyse des urines. Nous croyons que cet examen peut dans certains cas être utile, et ne nous attachant aujourd'hui qu'à l'étude de la seule réaction, nous allons tàcher d'en fournir une preuve. Tout d’abord, quelle est la réaction normale des fèces? Ne trouvant dans les auteurs classiques que des divergences d’opinion, nous avons tenu à nous faire une opinion personnelle. 2 Pour cela nous avons eu recours à l'examen qualitatif à l’aide du papier de tournesol en opérant sur des fèces fraiches, et liquides ou solides, tou- jours diluées dans l'eau distillée pour bien mélanger toutes leurs parties; puis la réaction acide étant reconnue, puisque c'est de cette réaction que nous nous sommes occupés surtout, nous prélevions une petite quantité de la der- nière garde-robe, quantité toujours la même, en volume, si liquide, en poids, si solide, que nous diluions dans l’eau distillée et, en présence de la phénol- phtaléine, à l’aide de la liqueur décimale tout de suite nous dosions par un facile calcul l'acidité pour 0/0 des matières fécales. En procédant ainsi, nous avons pu conclure qu'à l’état normal, quand l'alimentation est mixte et l'intestin sain, la réaction est toujours neutre. Et cela s'explique facilement si l’on tient compte des données physiolo- giques : le bol alimentaire au sorlir de l'estomac se présente dans l'intestin avec une acidité de 1 gr. 80 en HCI, acidité qui se poursuit jusque dans les 2/3 de l'intestin grêle (Gley et Lambling) (1), et se sature progressivement par l'alcalinité des glandes intestinales, si bien que devenu bol féeal il s’élimine par l’anus avec une réaction neutre après la traversée du gros intestin. Plusieurs conditions peuvent modifier cette réaction; nous les avons recherchées en cas de matières dures et en cas de matières liquides. A) Matières dures. — 1° Le régime hydrocarboné entraîne une réaction acide des fèces, soit que suivant l'opinion courante il se soit produit des processus de fermentation exagérés, soit plutôt, croyons-nous, que l'acide chlorhydrique n'ait pu être neutralisé dans l'estomac par les hydrocarbonés, comme il l’est en présence des albumines, et se trou- vant libre en plus grande quantité il ait donné lieu à une acidité du (4) Gley et Lambling, Société de Biologie, 24 fév. 1894. SÉANCE DU 16 AVRIL 605 contenu intestinal qui se poursuit à travers tout le conduit sans pouvoir êlre saturé. 2° Le défaut de motricité de l'intestin grèle et la stagnation des fèces -en ce point du tube digestif où se fait encore sentir l’action normale acide du suc gastrique, tandis qu'elles passent rapidement dans le gros inteslin sans s’y saturer, comme nous avons pu le constater dans des cas de pseudo-constipation à l’aide de poudre de carmin qui ingérée avec les aliments nous renseignait (ayant éliminé les causes d’erreurs venant de l'estomac) sur leur fraversée digestive. 3° L'insuffisance des sécrétions glandulaires : l'absence de sécrétion biliaire amène habituellement l'acidité ; de même l'absence de sécrétion pancréatique, s’il ne se produit pas de putréfaction alcaline provenant de la digestion incomplète des albuminoïdes, entraîne l'acidité des fèces par la présence d'acides gras. B) Diarrhées acides. — Dans la plupart des cas de diarrhées acides -chez l’adulte quelles que fussent les maladies où nous les rencontrions, et cela explique peut-être pour l’utilisation diagnostique le septicisme des auteurs vis-à-vis de la réaction des fèces, nous avons toujours trouvé un chimisme gastrique hyperacide, et si nous dosions cette aci- dité des matières fécales, nous constations qu'il y avait un rapport de proportionnalité direct entre le chiffre trouvé et l’ACI de l'estomac, bien plus qu'entre lui et celui de l'acidité totale. Exemple : Il y avait acidité moins marquée des fèces dans un cas où A = 3 gr., 50 — HCI = 1 gr., 60 dont 0 gr., 40 pour H; 1 gr., 20 pour Cet 1 gr., 90 pour F. que dans un autre où nous n'avions que À — 2 gr., 80, mais où il y avail 2 gr., 20 d'HCI dont 0 gr., 80 d'H et 1 gr., 40 de C. pour 0 gr., 60 d'F. L'influence des troubles dyspeptiques sur la production des diarrhées est chose bien connue (1), mais nous avons pu préciser la cause de ces diarrhées acides d’une part en notant l'hyperchlorhydrie de l’estomac, d'autre part, en constatant, à l’aide d’une expérience chez un chien auquel on faisait ingérer avec ses aliments une solution d’HCI à 2 0/0 après lui avoir au préalable lié le pylore et abouché l'estomac avec une anse éloignée de l'intestin grêle de façon à amoindrir l’action des sécrétions biliaire et pancréatique, que l'insuffisance des sécrétions glandulaires intestinale est avec l’hyperchlorhydrie stomacale la cause de ces débâcles diarrhéiques où l'acidité est la règle. Pour conclure nous noterons une fois de plus la solidarité fonction- nelle de l'estomac et de l'intestin, comment la réaction acide des fèces est influencée par la sécrétion gastrique, comment elle peut dépendre d’une viciation dans la motricité de l’I. G. et enfin d’une insuffisance de (4) Bardet, Société de Thérapeutique, avril 1902 ; Albert Robin, Traité des ma- ladies de l'estomac, 1903. 606 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sécrétion des glandes intestinales ; et nous nous expliquerons facilement maintenant la divergence d'opinions des auteurs classiques sur la réaction normale par ce fait qu'ils n’ont vraisemblablement pas tenu compte du contenu gastrique el de son chimisme particulier. Ces recherches ont non seulement une utilité diagnostique, mais une ulilité thérapeutique, puisque nous avons pu diminuer et même arrêter ces diarrhées acides en salturant l'estomac par les poudres absorbantes et les alcalino terreux. HYPERTHERMIE CADAVÉRIQUE DANS LA MALARIA BOVINE, par M. J.-B. Pror BEY Dans les premières heures après la mort de bœufs égyptiens ayant succombé à la piroplasmose (malaria, redwater, fièvre du Texas, ete.), la température intra-abdominale atteint et dépasse même 44 degrés centi- grades. À l'appui de cette proposition, nous citerons les faits d’obervation suivants, qui nous sont personnels. Au mois d'octobre 1903, dans un village de la Basse-Egypte, sur um troupeau de soixante bœufs, âgés de quatre à sept ans, nouvellement achetés, puis isolés en quarantaine sévère, en raison de l'existence de la peste bovine dans le Delta, cette maladie se déclare dans le troupeau, concurremment avec la malaria, causant en quelques semaines la perte de trente et un animaux. Les symptômes et les lésions de la peste se montrent d'abord seuls sur les quatre premières victimes, puis, sur les malades suivants, le tableau clinique se complique de signes propres à la malaria (héma- turie) ; ensuite cette dernière affection apparaît exclusivement dans le troupeau, et enfin, la peste bovine seule revient achever le cycle tétra- phasique de cette intéressante épizootie. Or l'hyperthermie cadavérique s'est manifestée indistinetement et exclusivement sur sept animaux de la deuxième et de la troisième pé- riode, et ne fut pas même atténuée sensiblement par l'injection intra- veineuse de collargol (50 centigrammes pour 50 grammes d’eau) tentée sur quelques sujets typho-malariques en vue de juguler la maladie. En outre, un dernier cas permettant de spécialiser nettement ce phé- nomène d'hyperthermie à la seule malaria concerne un bœuf mort le 16 février 1904 des suites de cette affection, dans un autre village de la Basse-Egypte jusque-là indemne du typhus bevin et resté tel jusqu'à l'heure actuel le (41°° avril). À l’autopsie de ces huit animaux, pratiquée de la première à la qua- SÉANCE DU 16 AVRIL 607 trième heure après la mort, on est immédiatement surpris par la sensa- tion de chaleur intense que produit le contact des viscères abdominaux ; l'impression est si imprévue et si vive que nos aides indigènes interlo- qués lächent prise en disant que l'animal a le feu dans les entrailles ! Une série de thermomètres médicaux ordinaires, de diverses fabrica- tions, gradués jusqu'à 43 degrés centigrades et introduits entre la panse et le diaphragme, montent rapidement à l'extrême limite du tube capillaire, atteignant ainsi et dépassant même 44 degrés, la température ambiante variant de 25 à 27 degrés. Cependant, trois de ces animaux étaient morts en hypothermie (375 — 38 degrés) et quatre en hyperthermie (40°3 — 41°4). Ces effets thermogénétiques paraissent circonscerits à la cavité abdo- minale, au pourtour des réservoirs gastriques, plutôt qu’en arrière, au niveau de la masse intestinale grêle. Le poumon et le cœur ne partici- pent pas au phénomène, ni la partie du rectum explorable au thermo- mètre, et d’ailleurs, l'extérieur du cadavre montre au toucher que le thorax et les membres sont déjà refroidis, lorsque le ventre est encore chaud. L'examen microscopique des viscères abdominaux permet de cons- tater un ballonnement constant, mais plus ou moins accusé, du rumen et de l'intestin ; la tunique musculeuse du premier compartiment gas- trique est dilacérée en de nombreux points; les fibres musculaires apparaissent dissociées à travers la séreuse restée intacte. L’inteslin grêle, fortement distendu sur certaines de ses circonvolutions, est com- plètement paralysé dans ces parties, tandis que les mouvements péristal- tiques persistent sur le reste du conduit. Les deux feuillets de la séreuse péritonéale sont soulevés en diffé- rents points par l'emphysème, très accusé autour des reins, du foie et de la rate. Ces diverses altérations sembleraient indiquer une putréfaction hätive du cadavre, une pullulation du vibrion septique plus rapide que dans tout autre cas pathologique, ce qui s’expliquerait très rationnelle- ment par la diminution de l'oxygène du sang, à la suite de l'énorme destruction d'hématies qui caractérise l’évolution de la piroplasmose tuguë, et la constilulion ipso facto d'un milieu éminemment favorable au développement, à la culture d'anaérobies tels que le vibrion septique. Toutefois, l'odeur que répandent les cadavres malariques au moment où se constate l’hyperthermie ne saurait êlre comparée à celle, sui generis et si caractéristique, de la putréfaction vibrionienne qui n’appa- rait que bien plus tardivement et qui ne s'accompagne jamais de pro- duction calorique sensible. Il nous semble plulôt que la thermogenèse et les lésions spéciales ci-dessus décrites doivent être rattachées à une cause commune, à une sorte de fermentation dont l'agent actif nous est encore inconnu, mais 608 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE auquel la piroplasmose préparerait le terrain favorable à son évolution. Des recherches ultérieures nous permettront sans doute d’élucider l’étude encore bien incomplète de ce curieux phénomène non décrit jusqu'ici dans la science vétérinaire, mais qui semble connu en patho- logie humaine, par exemple dans le choléra asiatique et dans certains. cas de fièvres pernicieuses, quoique avec une moindre intensité. SUR UNE HÉMOGRÉGARINE KARYOLYSANTE de Gongylus ocellalus. Note de M. Cu. Nicoze (de Tunis). Le Gongyle ocellé, saurien de la famille des Scincoïdiens, est très com- mun dans l'Afrique du Nord. Examinant le sang de plusieurs individus capturés aux portes même de Tunis et appartenant à la variété la plus ordinaire (var. tiligugu), nous y avons trouvé une hémogrégarine spéciale, voisine par son action karyolysante des espèces décriles par Danilewsky, Labbé et Marceau chez les Lacertiens, les seuls Sauriens où l'on ait signalé jusqu'ici des hémogrégarines. Cette hémogrégarine paraît assez fréquente; nous l’avons, en effet, rencontrée chez quatre. individus sur un total de 30 examens. Dans le sang périphérique, elle se présente sous une forme pour ainsi dire invariable : corps allongé, très légèrement incurvé, d'aspect par conséquent réniforme, mesurant en moyenne 415 à 18 y de long sur 5 à 6 environ de large ; les extrémilés en sont arrondies et identiques. Le noyau situé tantôt à la partie moyenne, tantôt à l’une des extrémités ou bien en un point intermédiaire, se colore assez fortement en violet par la méthode de Laveran; le protoplasma présente des granulations nom- breuses disséminées sans ordre, que la même méthode de coloration teinte en rouge. Ces granulations se teignent par l'emploi du bleu de méthylène seul; l’hématéine alnnée ne les colore pas ou à peine. Ce parasile est généralement endoglobulaire; il occupe le grand axe de l’hématie dont il détermine, par suite de son accroissement, l’'hyper- trophie. Le noyau du globule, refoulé soit sur les côtés dn parasite, soit à l’une de ses extrémités, ne tarde pas à présenter des modifications intéressantes. Il se colore d'une façon plus intense, s’aplatit et s'allonge (il peut alors mesurer 20 y sur 2 y, au lieu de la normale, 7 y sur 3,5), puis souvent se fragmente. La fragmentation se produit parfois sur un noyau situé en un pôle du globule, et le mécanisme est sans doute dans ce cas celui décrit par M. Laveran et auquel M. Billet faisait encore allusion dans une communication récente sur une hémogrégarine très voisine de celle que nous décrivons (1). Nous n’avons cependant Jamais (1) H. viperini, parasite de Tropidonotus viperinus.— Soc. Biol., 19 mars 1904. SÉANCE DU 16 AVRIL 609 constaté l'existence d’une extrémité effilée chez notre parasite. Dans cer- tains cas, d'autre part, la fragmentation se dessine sur un noyau disposé parallèlement au grand axe de l'hémogrégarine, sans que l’action directe de celle-ci puisse être facilement expliquée. Les débris du noyau, géné- ralement au nombre de deux, affectent ensuite les rapports les plus variés avec le parasile. Par suite de son accroissement, l’'hémogrégarine finit par faire dispa- raître entièrement le protoplasma du globule. Elle devient alors libre, mais généralement le noyau de l’hématie ou ses débris lui restent accolés; il semble même que, dans certains cas, une substance vraisem- blablement dérivée du noyau lui forme comme une très mince enve- loppe. Cette apparence est exceptionnelle. Exceptionnels également sont les parasites absolument libres. L'aspect est sensiblement le même dans les frottis du foie, de la rate et de la moelle des os. Nous n'avons pu reconnaitre, même dans ces frottis, les formes de multiplication endogène du parasite. Celui-ci paraît partout semblable à lui-même, La seule particularité qui nous ait frappé, assez fréquente dans le foie, est le peu d'affinité que présente le contenu de certains parasites pour les matières colorantes. Souvent, en effet, sur une préparation qui montre, d'autre part, les formes ordinaires colorées de la façon la plus intense, on trouve des individus dont noyau et granula- tiéns sont peu ou pas colorables. L'hypothèse d'un épaississement de la membrane d’enveloppe, sans doute préparatoire à la multiplication -endogène du parasite, nous paraît vraisemblable. Nous proposons pour cette hémogrégarine nouvelle de Gongylus ocel- latus le nom de A. Sergentium, en l'honneur de MM. Ed. et Ét. Sergent. SUR LE MODE D'ACTION DES CYTOTOXINES IN VIVO, par M. Jures REuns. J'ai cru pouvoir conclure d'expériences relatées dans une note du 23 mars 1901 à la présence de l’alexine hémolytique circulant à l'état libre dans le liquide sanguin. C'estqu'alors on n’assignait d'autre origine à cette substance qu'une destruction des leucocytes; or, une étude même sommaire des conditions de résistance et de survie, même in vitro, de ces éléments ne permet pas facilement de leur reconnaitre tant de fragilité. Par contre, mes essais basés sur des injections intra-vei- neuses assez abondantes n'étaient pas à l'abri de la critique, dès que la stimulalion sécrétoire de cellules vivantes libres ou non (telle qu'on est en voie de l’admettre pour le fibrinferment\ entre en ligne de compte. 610 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La solution du problème de l’état de l’alexine dans l'organisme a paru devoir trouver sa solution dans l’élude des plasmas rendus incoagu- lables : Soit in vivo (extrait de sangsue, peptone), soit au moment de la sai- . gnée (sang paraffiné, oxalaté, citraté, fluoré). Mais quiconque a fait ces essais, tous sujels à diverses objections, sait qu'ils ne donnent jamais deux fois de suite des résullats compa- rables ; aussi rien d'étonnant si les expérimentateurs ont pu aboutir par des voies en apparence identiques à des conclusions de tout point con- tradictoires. I. — C'est donc à l'expérience sur le vivant qu’on se trouve ramené en dernière analyse. C'est ce qui me détermine à donner sommairement les expériences remontant à janvier 1902 et qui dès cette époque avaient totalement modifié mes premières convictions. De très forts lapins (de 4 à 5 kilogrammes) sont énergiquement immu- nisés par voie péritonéale contre le sang de chien. L’hémolysine très puissante obtenue est inactivée par chauffage à 55 degrés pendant 30 minutes et une très forte dose de 4 centimètres cubes est injectée à de jeunes chiens d'une même portée, ne dépassant pas 1.500 grammes : 1° sous la peau; 2° par la trachée dans le poumon ; 3° dans le périloine. Un quatrième animal reçut par la lrachée 4 centimètres cubes du sérum hémolytique frais. Celui-là succomba dans les vingt-quatre heures, avec des infarctus dans le poumon (dus à l’agglutinine, forcéz ment présente?), des urines hémoglobiniques, un sang partiellement laqué; il avait eu quelques phénomènes convulsifs. Tous les autres manifestèrent simplement les symptômes d'une fai- blesse rapidement croissante et succombèrent du deuxième au troisième Jour. À l’autopsie, la rate était énorme ; le cœur et les vaisseaux, bien loin de contenir du sang dissous, renfermaient comme une lymphe à peine colorée par quelques globules, nullement agglutinés. Les urines ne con- tenaient pas d’hémoglobine (ce qu’une intense destruction d hématies par voie phagocytaire eut d’ailleurs permis d’attendre). Il me fut difficile de voir si les érythrocytes présents dans le sang y avaientsubi la sensibilisation; mais des fragments de rate broyés placés dans du sérum frais de chien normal le coloraient en rouge très rapide- ment par diffusion d'hémoglobine, à l'inverse de rate de chien normale servant de contrôle. Ces expériences ne nous donnent évidemment pas sur le mécanisme de l’hémolyse in vivo les renseignements que j'attendais du contrôle his- tologique compétent en vue duquel elles étaient combinées et qui fit malheureusement défaut au dernier moment. Elles permetlent néan- SÉANCE DU 16 AVRIL GI moins d'affirmer que les globules rouges atteints par le fixateur injecté n’ont pas rencontré d'alexine libre dans le plasma. Les spermatoxines agissent-elles in situ? — On sait que des cobayes, injectés de spermatozoïdes de cobaye, donnent un sérum spermatoxique in vilro. J'ai eu la curiosité d'examiner les spermatozoïdes pris dans les vésicules séminales de tels cobayes à sérum self-spermotoxique entre la première et la huitième semaine suivant l’'immunisation.Ces spermies sont bien sensibilisées comme l'avait vu Metalnikoff, nullement aggluti- nées et parfaitement mobiles. De même pour d’autres séries de cobayes injectés de cobaye-spermotoxine, active ou non, provenant de lapins immunisés. Un examen, il est vrai sommaire, de coupes des testicules n’y a rien montré d’anormal, notamment aucun début d’atrophie ou de sclérose. On trouverait dans la littérature des cytotoxines passablement de faits témoignant de la non alteinte d'un tissu in situ par son immuntoxine spécifique. Or, à la base de toute thérapeutique cytotoxique est le pos- tulatum contraire, au moins sous-entendu. Il y a là une difficulté, d'une portée plus que théorique, et qui mérite examen. RECHERCIES EXPÉRIMENTALES SUR L'INOCULABILITÉ DE LA GOMME SYPHILITIQUE, par M. PAUL SALMON. La présence du virus dans le pus de la gomme syphilitique n’a pu être démontrée ni par la clinique, ni par l'expérimentation. La plupart des syphiligraphes admettent que l’on n’observe jamais de vérole trans- mise par les malades porteurs de gommes ulcérées. À l’époque où l’on discutait sur la contagiosité des accidents successifs de la vérole, on à publié les résultats positifs indiscutables obtenus sur l’homme sain inoculé avec le liquide recueilli, soit sur le chancre induré, soit sur les plaques muqueuses; mais on n’a pu communiquer ja syphilis à l’homme sain avec la gomme comme source de virus. Ce fait, la non contagiosité, a été donné comme une des caractéristiques des accidents de la période tertiaire », et même « quaternaire ». Nous avons pris comme sujets d'expérience deux singes non anthro- poïdes, de races susceptibles de contracter dans certaines conditions la syphilis: un macacus cynomolgus etun macacus sinicus. L'homme choisi portait au bras une vaste ulcéralion, une gomme syphilitique authentique. Huit ans auparavant, le malade avait eu un chancre induré, des plaques muqueuses, puis une syphilis maligne avant laissé sur la peau de larges cicatrices. Depuis sept ans, le malade a cessé 612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tout traitement. Depuis quatre jours, il à absorbé de l’iodure et deux pilules de protoiodure. Le malade, depuis quatre jours, a recouvert sa plaie d’un simple pansement à l’eau bouillie (ceci pour éviter la présence d'un antiseptique dans le pus). Le pus de l’ulcère gommeux a été inoculé par scarification multiples, superficielles, en divers points de la peau du singe, la peau du sourcil en particulier ; le pus a été largement ensemencé sur les points d'inocu- lation. Nous avons obtenu un résullat négatif. Ceci est d'accord avec le fait classique : le liquide exsudé à la surface de la gomme tertiaire ne serait pas doué du pouvoir infectant. Nos animaux cependant n’élaient pas réfractaires au développement du virus syphilitique; et d'autre part, le pus de la lésion gommeuse ne contenait pas un virus atlénué, une sorte de vaccin capable de donner l’immunité antisyphilitique; en effet, inoculé avec des lésions de syphilis secondaire, un singe a contracté la vérole. Soixante-dix jours après l'expérience faite avec la gomme, nous avons scarifié ces deux singes avec le tissu pris par raclage sur les papules sèches de deux hommes svphilitiques. L'un de ces malades était atteint d’une éruption très intense sous forme de syphilides pustuto crustacées; le chancre induré avait débuté il y a trois mois et demi. Le second malade était porteur d'un chancre induré non guéri et de papules syphi-. litiques; sa vérole était de date toute récente. Seule, l’inoculation faite avec le virus prélevé sur le second malade à donné un résultat posilif : deux chancres indurés de la conjonctive pal- pébrale avec adénopathie sous-maxillaire du côté correspondant, Ceci n'a élé observé que sur le macacus cynomolgus, le macacus sinicus étant mort au cours de l'expérience. Nous pouvons donc conelure : 1° On n'a pu, avec le liquide provenant d'une gomme syphilitique (syphilis datant de huit ans) provoquer l'in- fection syphilitique ; 2 Chez un singe inoculé avec ce liquide, on a ulté- rieurement, avec une lésion syphililique jeune (papule coexistant avec le chancre) déterminé l'apparition d'un chancre induré. (Travail du laboratoire du professeur Metchnikoff.) EFFET DE L'ABLATION DU FOIE SUR LA COAGULABILITÉ DU SANG, par MM. Doyon et N. KAREFrF. Si on enlève le foie et si on fait communiquer la veine porte avec une veine sus-hépatique le sang devient très rapidement incoagulable d'une facon définitive. Expérience. — Chien de 12 kilogrammes environ, à jeun depuis la veille. » à] P SÉANCE DU 16 AVRIL 613 On prélève dans une carotide avec une pipette un premier échantillon de quelques centimètres cubes de sang. On pose ensuite à la base de chaque lobe du foie une ligature au caoutchouc, puis on excise les fragments isolés. Un * pratique la respiration artificielle, on fait ensuite communiquer par un tube de caoutchouc la veine porte avec une veine sus-hépatique, puis on pratique de nouvelles prises de sang dans la carotide ou la fémorale. Le tableau sui- vant résume les résultats obtenus : Moment des prises de sang. Moment de la coagulation. Hénnseh/0Nheures LOST ; 10 heures 32. Ablation du foie; fin de l'onéraifon. 10 hi ph DMDTSe AMUMREUTE SAT MPREURS SRE RE 11 heures 7, Ligature . la veine porte et du Nile du foie, 10%h°05 pute de la communication, 11 h. 1. SeAprisere dtheures ht AUD MMM EEE ESA carllot mouse dissolvant peu à peu. ke) prise : 11, heures 8} Se nrseitheutes ASIA Mort du chien : 11 heures 20. Le sang est incoagulable. A l’autopsie pas de sang ni de caillots dans le cœur; dans le tube qui faisait communiquer la veine porte avec la veine cave on a trouvé un petit caillot mince et mou qui n'empêchait nullement le passage du sang. Les intestins très congestionnés après la ligature de la veine porte s'étaient peu à peu anémiés. Les canules établissant la communication entre la veine porte et la veine cave étaient bien placées. Le foie pesait 157 grammes; 15 grammes seu - lement étaient restés en dehors des ligatures. Le sang obtenu ne coagulait pas lorsqu'on l’additionnait de sérum, de foie ou d’un fragment de tout autre tissu. (Travail du laboratoire de M. Morat.) 1 NOTE SUR L'INFLUENCE DES ALCALINS SUR LE MÉTABOLISME DES ALBUMINOIDES, par M. Durourr (de Vichy). J'ai éludié les variations du rapport azoturique ou coefficient d'uti- lisation azotée des albuminoïdes chez des animaux soumis à l’alimen- tation carnée et à l’alimentation végétale. L'action des alcalins sur la nutrition est encore controversée. Ils est certain qu'ils augmentent les oxydations in vitro, mais Rabuteau, Ritter auraient constalé la diminu- tion de l’urée sous leur influence. Au contraire, Hyades et Martin-Da- mouretle ont vu augmenter l’urée et diminuer l'acide urique. Stadel- mann a dit que l'excrétion de l’urée devenait irrégulière pendant 614 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'administration des alcalins, tandis que Lapicque aurait assisté au phénomène inverse. Des raisons théoriques font supposer que c'est l'opinion de Hyades et Martin-Damourette qui répond à la réalñé des faits. On aurait pu penser que s’il y avait une différence dans le taux du coefficient d'ulilisation azotée sous l'influence des alcalins, elle serait plus manifeste avec l'alimentation carnée qui encombre l'organisme des déchets des matières protéiques, j'ai donc fait porter ma première série d'expériences sur un chien ne consommant que de la viande. Dans cette première série, le chien étudié, du poids de 21 kilogrammes, recevait une alimentation abondante, 750 grammes de viande maigre. Le coefficient azoturique était de 87,36 p. 100 (moyenne de trois jours); il n’a pas subi de modification notable en ajoutant 4 grammes de bicar- bonale de soude à la ration ; mais lorsqu'on a porté la dose à 8 grammes, il s’est élevé à 92,24 p. 100 (moyenne de trois jours). L’urine des vingt- quatre heures est devenue alors franchement alcaline, tandis que lors- qu'on se bornait à 4 grammes, l'urine ne devenait alcaline que pendant les heures suivant l’ingestion du sel alcalin, et la réaction des vingt- quatre heures restait acide. Après la suppression du bicarbonate de soude, le coefficient est redescendu à 88,25 p. 100. La quantité de l'ammoniaque éliminée a suivi une marche inverse. De 1,09 en vingt- quatre heures (alimentation carnée abondante), elle est tombée à 0,67 pendant l’ingestion du bicarbonate de soude pour remonter à 1,04 avec sa suppression. La deuxième série a porté sur un chien pesant 16 kil. 500, ne recé=« vant que de la soupe, c'est-à-dire soumis à l'alimentation végétale. Chez cet animal, le rapport azoturique était de 81,12 p. 100 (moyenne de trois jours), plus bas par conséquent qu'avec l'alimentation carnée, comme c’est la règle; 4 grammes de bicarbonate de soude ajoutés à la soupe ne le firent point varier, mais avec 7 grammes il s'éleva à 85,68 p. 100 (moyenne de quatre jours). Le coefficient azoturique augmenta ainsi de plus de quatre unités, et lorsqu'on supprima le sel alcalin, il redescendit à 80,20 p. 100. Comine dans la série precedente, l'ammoniaque diminu: pendant que le coeflicient azoturique s'élevait. On savait déjà que les alcalins diminuent l’ammoniaque de l'urine, il faut donc ajouter à cette notion que leur usage augmente le coeflicient d'utilisation azotée chez les sujets soumis, soit au régime carné, soil au régime végétarien : ils contribuent ainsi à améliorer la nutrition et protègent l'organisme contre l’auto-intoxieation par les dérivés des matières proléiques insuffisamment élaborées, car les corps puriques, les acides amidés, Fammoniaque ont une toxicité beaucoup plus forte . que celle de l’urée. ; Cette action n’a que peu d'importance dans le cas de l'alimentation végétale, parce que dans ces conditions il y a peu d'azote total, et SÉANCE DU 16 AVRIL GLS quoique le coefficient azolurique soit naturellement bas, la quantité d'azote que l’on peut appeler toxique par comparaison avec l’urée est minime. Mais il n’en est pas de même dans le cas de l'alimentation carnée. Alors, quoique le coefficient soit augmenté, la quantité d’azote toxique peut devenir considérable, et il est d’un grand intérêt pour le sujet de la faire baisser. En résumé, de mes expériences découlent les conclusions suivantes : 41° Les alcalins augmentent la quantité de l’urée par rapport à l'azote Lotal de l'urine ; | 2 Cette action s’est produite dans les expériences relatées ici aussi bien avec l'alimentation végétale qu'avec l'alimentation carnée ; 3° Pour constater nettement ces faits, il faut donner des doses fortes de bicarbonate de soude, et en tout cas, il faut que la réaction de l’urine des vingt-quatre heures devienne franchement alcaline. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de Médecine de Lyon). DE L’ABATAGE DES ANIMAUX DE BOUCHERIE, à par M. G. Pacs. Si l’abatage des animaux destinés à l'alimentation est une nécessité, le devoir de l'homme est de sacrifier avec le minimum de souffrance pos- sible. Parmi les procédés d’abatage préconisés, deux seulement sont d'usage courant : l'’assommement, la jugulation ou transfixion. La transfixion est de règle pour les petits animaux, moutons, chèvres et veaux, l'incision du cou allant jusqu’à la colonne vertébrale. Elle est complétée d'ordinaire soit par la luxation en arrière de l’articulation atloïdo-occipitale (moutons et chèvres), soit par la piqüre ou section partielle du bulbe en avant chez le veau. Dans ces cas la mort, ou tout au moins la perte de l’état conscient est instantanée. Gelte intervention favorise au maximum l'écoulement du sang, facilite la conservation des viandes et leur donne un aspect qui flalte l'œil. Pour l’abatage du bœuf par jugulation ou transfixion, c'est tout diffé rent, car il s'agit alors d'un animal que l’on ne peut plus immoler avant qu'il s’en doute, parce qu'il est impossible de l’immobiliser à volonté et sans difficulté. Il faut le ligoter, le coucher et le mettre dans une posi- tion telle que l'opération devienne facile. Sans parler des manœuvres maladroites imputables aux opérateurs, et au cours desquelles les sujets à sacrifier arrivent à s’écarteler, le temps matériel nécessaire pour entraver, ligoter, coucher et placer le sujet en position dorsale convenable est d'au moins cinq à dix 616 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE minutes. Orsile bœuf, généralement indifférent, ne semble pas appréhen- der la mort tant qu'il est laissé à peu près tranquille, il n’en est certai- nement pas de même dès qu'il se voit entravé et renversé sur le dos. Durant ces instants il a réellement l'appréhension de la mort. Il mugit lamentablement, présente du pirouettement des yeux, et pleure presque toujours abondamment. Pour si courts qu’ils soient, ces ins- tanis de douleur sont de trop puisqu'on peut les supprimer. L’appréhension de la mort ne se constate d’ailleurs pas seulement sur les sujets que l’on prépare pour le sacrifice selon la méthode juive, mais aussi sur des animaux que l’on amène simplement des bouveries vers les échaudoirs, et que l'on fait stationner un temps variable à la porte de ces échaudoirs. Il n'est pas d'inspecteur sanitaire, pas de surveillant et bien peu de tueurs, qui n'aient vu à différentes reprises cette appré- hension de la mort, caractérisée par des tremblements convulsifs, du larmoiement intarrissable, des beuglements plaintifs et des regards éperdus. À Paris il n’est pas de lundi ou de jeudi où l’on ne constate cette crainte de la mort chez des taureaux que l’on conduit du marché aux premiers échaudoirs de l’abattoir général ; des rassemblements se forment invariablement autour d’eux et les bouchers eux-mêmes, émus par un spectacle aussi pénible, se pressent de les sacrifier. lei, c'est l'odeur du sang qui prévient l’animal de sa fin prochaine ; et c'est pour cela que le taureau qui a le sens de l’olfaction très développé, est pris de terreur beaucoup plus souvent que le bœuf ou que la vache. Sous le rapport de l'hygiène, il est incontestable que les animaux tués par la méthode israélite saignent plus abondamment et que la viande paraît plus claire. Peut-être, comme le prétend Dembo, peut-elle se conserver un peu plus longtemps, mais on ne saurait nier par contre que l’agonie ne soit longue et douloureuse, ce qui au point de vue huma- nitaire classe le procédé juif comme le plus impitoyable de tous. Dans le procédé de l’assommement, au contraire, le but cherché est de supprimer instantanément toute sensibilité consciente par une action sur l'encéphale, mais le point délicat se trouve justement dans l’applica- tion d'une méthode absolument sûre. Même avec la masse en forme d'œuf de Roger, qui, ne frappant qu'une petite surface (une pièce de 2 francs environ), assomme bien plus complètement que les masses ordinaires; même avec le merlin Truchot, qui, formant un léger biseau, pénètre plus facilement que le merlin ordinaire; même avec le masque Bruneau, qui, fixant l’emporte- pièce au milieu du front, supplée à l'adresse du tueur, la perte de con- science est incomplèle, en tout cas très passagère. Souvent les garcons inhabiles ou faibles sont obligés de frapper plusieurs fois. L'introduction d'un jonc pour dilacérer les centres nerveux est toujours nécessaire. Ces reproches ne peuvent plus être adressés aux nouveaux appareils que l’on emploie aujourd'hui, en particulier au « pistolet de Stahel », SÉANCE DU 16 AVRIL 617 que M. E. Verger, préposé à l'abattoir de Saint-Denis, s'efforce de faire adopter en France. Sans entrer dans une description sans intérêt ici, j'indiquerai que ce pistolet se compose d’une culasse, d’un canon et d’un percuteur. On le charge d'une cartouche à poudre sans fumée (nitrocellulose) et à balle. — L'emploi est d'une simplicité absolue : L'animal étant amené à l’échaudoir sur le lieu d’abatage, masqué ou non, le tueur applique le pistolet chargé, qu'il tient de la main gauche, eur le milieu du front du bœuf à abattre. Avec la main droite il frappe un petit coup de maillet sur la tige du percuteur. La cartouche part avec un bruit sec (bruit de vitre cassée) et l'animal tombe foudrovyé. I n’y a plus qu’à le saigner comme d'ordinaire. Le passage de vie à trépas a été instantané, les souffrances sont sup primées et l'on n’a jamais plus sous les yeux ces spectacles écæurants qui se renouvellent trop souvent avec l'abalage par la masse ou le merlin. La balle traverse l’encéphale et se retrouve vers le plancher de la boite eranienne. Un autre avantage de cet appareil, c'est de permettre à l'individu le plus faible d’abattre sans danger l'animal le plus vigoureux. Au point de vue humanitaire, c'est donc parfait, et c'est pourquoi, après expérimentation, j'ai tenu à le signaler. LE LAIT DES VACHES TUBERCULEUSES, par M. G. Moussu. Le nombre des laitières frappées de tuberculose est tel que l'on ne peut guère à l'heure actuelle, en France comme ailleurs, songer à l’éli- mination en bloc de tous les sujets frappés par cette maladie. Notre loi sanitaire établit d'autre part une distinction formelle entre la tuberculose caractérisée par des signes nettement cliniques, et la tuberculose latente que tous les vétérinaires savent aujourd’hui dia- gnostiquer grâce à l'emploi de la tuberculine. — I1 résulte de cet état de choses que dans l’industrie laitière, nombre de femelles tuberculeuses sont entretenues pour la production d’un lait qui est journellement livré à la consommation. Le problème s'est posé, il y a fort longtemps déjà, de savoir si le lait de ces bêtes qui ont conservé d'ordinaire les apparences de la santé pouvait être malsain, nocif ou virulent. Sans entrer dans de longs détails et sans vouloir refaire ici un historique qui serait hors de propos, je dirai que l'opinion générale en France jusque vers notre époque, admettait que le lait fourni par des vaches tuberculeuses n'était pas malsain, et qu'il ne se montrait virulent que lorsque la ma- 618: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE melle était elle-même envahie par le processus infectieux. — Quand la mamelle est frappée de tuberculose, et quand surtout ces lésions tuberculeuses mammaires peuvent être diagnostiquées cliniquement, le moindre doute ne peut exister, le lait est chargé de bacilles virulents et tous les expérimentateurs sont d'accord sur ce point. Mais la tuber- culose mammaire peut être fort difficile à diagnostiquer au début, elle peut exister sous forme latente comme celle des autres organes, de telle sorte qu'il y avait lieu de se demander si avec du lait de vaches tuber- culeuses on ne se trouve pas toujours en imminence de danger d'in- gestion de bacilles. On a cherché à résoudre la question par l'examen bactériologique du lait, mais nous savons aujourd’hui que cette méthode expose à de nom- breuses erreurs, depuis la distinction des bacilles acido-résistants. Au contraire l'inoculation à des sujets éminemment réceplifs, au cobaye par exemple, met à l'abri de ces causes d'erreur, et c'est la méthode qui est universellement adoptée. Si l’on n’opère que sur un petitnombre de sujets, avec quelques échan- tillons et de petites quantités de lait, on s'expose à des interpréta- tions fausses parce que l’on peut tomber sur des séries de résultats nuls que l'on a naturellement de la tendance à généraliser. C'est sans doute pour cette raison que l’on trouve tant de contradic- tions dans les expériences publiées il y a quelques années. Je me suis servi, dans les recherches que j'ai faites, de laits provenant de vaches tuberculeuses, toutes en assez bon état de santé apparente, entretenues pour la production du lait livré au commerce ou à la con- sommation locale. Chez aucune de ces bêtes il n°y avait de lésions déce- lables dans la mamelle par les méthodes courantes d'exploration, mais chez toutes l'existence de la tuberculose avait été révélée, soit par la tuberculine seule, soit par l'exploration clinique directe et l'inoculation révélatrice. Les échantillons de lait dont je me suis servi étaient recueillis direc- tement, aussi aseptiquement que possible, dans des fioles stérilisées à l'avance. Ces échantillons étaient ensuite centrifugés, et mes cobayes d'expériences furent inoculés avec les culots de centrifugation. J'ai depuis l'été dernier fait cinquante-sept inoculations au cobaye, et sur ces cinquante-sept j'ai eu sept résultats positifs, sept infections tuberculeuses des cobayes d'expérience. Dans la grosse majorité des cas le résultat a donc été négatif, mais ces faits n’en montrent pas moins, comme c’est d’ailleurs l'opinion de certains auteurs étrangers, que chez des vaches laitières qui n'ont pas de gros signes cliniques de tuberculose, qui n’ont pas de lésions mam- maires décelables à l'exploration attentive; chez lesquelles la tubercu- lose n’a été le plus souvent diagnostiquée qu’à la suite de l'injection révélatrice de tuberculine, la mamelle peut laisser passer ou éliminer des SÉANCE DU 16 AVRIL _ 619 bacilles en quantité suffisante pour infecter des sujets d'expériences dans les conditions précédemment indiquées. Comment et pourquoi trouve-t-on des bacilles tuberculeux dans le lait fourni, alors que la mamelle paraît intacte, nous n’en savons encore exactement rien, mais j'espère que les recherches que je continue de ce moment me fourniront bientôt l'explication du phénomène. Ces constatations ont une importance considérable au point de vue de l'hygiène générale, car elles suffisent à démontrer à quels dangers se trouvent exposés des enfants qui peuvent consommer journellement pendant des mois du lait tuberculeux, lorsqu'ils sont élevés au biberon. La stérilisation du lait écarte bien en partie ces dangers, mais elle présente d’autres inconvénients; aussi serait-il logique de réglementer l’industrie laitière de telle facon que toute bête tuberculeuse ou atteinte de lésion mammaire quelconque soit scrupuleusement écartée. SUR LA PERCEPTION DES RADIATIONS LUMINEUSES CHEZ LES PAPILLONS NOCTURNES ET L'EMPLOI DES LAMPES-PIÈGES, par M. Josepx PERRAUD. a lumière exerce sur beaucoup d'animaux une attraction remar- quable et. de tout temps, semble-t-il, on a su utiliser cette propriété pour capturer certains insectes nuisibles. Mais, jusqu’à ce jour, aucun auteur ne s’est préoccupé de déterminer par des expériences compara- tives les conditions les plus favorables pour l'emploi des pièges lumi- neux : nous allons exposer les résultats des Ro que nous avons faites dans ce but. On peut admettre, a priori, que certains animaux, he éloignés de nous par leur constitution, ne voient pas les rayons du spectre que nous percevons et en voient d’autres que nous ne percevons pas. On peut supposer aussi que tous les rayons du spectre n’impressionnent pas de la même facon l'œil de tous les animaux. La solution de ces questions présente un grand intérêt tant au point de vue des conséquences pratiques qu à celui dela philosophie générale. Paul Bert a le premier démontré que certains Crustacés, les Daphnia pulex, savaient apprécier les différences d'éclairage et distinguer les couleurs. Les recherches de Raphaël Dubois, de Lubbock, de Graber, d'Exner ne laissent aucun doute sur l'existence d’un sens chromatique chez les invertébrés. Nous avons constaté le fait pour plusieurs Lépi- doptères nocturnes : Pyrale de la Vigne (Tortrix pilleriana), Cochylis (Tortrix ambiquella), Pyrale du Pommier (Carpocapsa pomonella). En faisant tomber les rayons du spectre dans une chambre obscure BioLoetiE. CompTes RENDUS. — 190%. T. LVI. &n 620 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 où sont enfermés des papillons de Pyrales ou de Cochyiis on observe un groupement curieux de ces insectes : la majorité se trouve dans le jaune, le vert, l'orangé, une assez grande quantité dans le rouge, un petit nombre dans le bleu et quelques-uns seulement dans le violet. En remplaçant les radiations spectrales par autant de lumières représentant les mêmes couleurs et de la valeur initiale d’une bougie, nous avons constaté une distribution semblable dans le déplacement des papillons. En ajoutant à la série une lumière blanche, de source identique, et en adaptant un piège à chacun des foyers, la capture des insectes s’est opérée dans les conditions indiquées ci-après : Lumière blanche 201 MA AMEN TAN Ve N608 DA ODA in AQURES ES APE ATEN es Se — Mere nl ee RAS RS Le ON — OPANGÉ CL MEN NS Eee ETS _ — TOUL RARE UC ETS PERS AU — bleues nn tie Et) EME O RE — violettes it SRE UNSS AENEr NeNrOeS L'expérience, répétée plusieurs fois dans les vignes, nous a donné des résultats absolument comparables. La puissance captivante dela lumière vis-à-vis des los nocturnes, sur une surface donnée, n’est pas proportionnelle à son intensité comme l’indiquent les chiffres suivants, fournis par douze chasses : NOMBRE DE PAPILLONS CAPTURÉS À L Moyenne par nuit. due INTENSITÉ DES LAMPES PIÈGES « 2 Lampes avec manchon. Lampes sans manchon, 1Pbouvie décimale etre 569 BAL kibousies décimales Peru ar 518 390 RE De RME Me à Le 545 409 Le rayon d'attraction d’un foyer n’est pas davantage en rapport avec son intensité lumineuse : de 12 à 1% mètres pour une lampe d'une bougie on peut le fixer de 16 à 18 mètres pour une lampe de sept bougies. Ces constatations peuvent paraître paradoxales; elles trouvent leur raison dans les aptitudes de ces papillons, dont le vol est très court et l'organe visuel incapable de percevoir à de grandes distances. Ces mêmes insectes paraissent s’accommoder mieux d'une lumière diffuse que d’une lumière éclatante; nos prises, relatées dans le tableau ci-dessus, ont été, en effet, plus abondantes avec des lampes munies ie manchons diffuseurs. La hauteur des lampes-pièges au-dessus du sol n’est pas indifférente; elles devront être placées dans la zone où les papillons évoluent habi- SÉANCE DU 16 AVRIL 621 tuellement : pour la Pyrale de la Vigne et la Cochylis de 40 à 50 centi- mètres dans les vignes basses sans support et, dans les autres, à un niveau juste suffisant pour que les pampres n’emprisonnent pas trop les rayons lumineux; pour la Pyrale du Pommier, à la hauteur des arbres. Les observations rapportées précédemment nous autorisent à for- muler les conclusions suivantes : Les Lépidoptères nocturnes soumis à cetle étude perçoivent les diverses radiations lumineuses du spectre et sont, par elles, difé- remment impressionnés. La lumière blanche est celle qui exerce la plus grande attraction sur ces papillons. La lumière diffuse est plus captivante que la lumière vive. Il y a donc avantage, pour l'emploi des lampes-pièges, à diminuer l'éclat intrin- sèque de la source lumineuse et, pour lui conserver la m'me intensité totale, à augmenter la surface éelairante en utilisant les diffuseurs. On captera, au moyen d'un écran blane, disposé en manchon, le flux de lumière le plus grand possible. Le pouvoir éclairant sera Huinde par l'absorption, mais certains rayons émis au-dessus du plan horizontal seront ramenés dans celte direction à leur sortie de l'écran diffusant et pourront avoir un effet utile alors que, dispersés, ils n’auraient pu être aperçus par l’insecte qui évolue près du sol. a chasse aux papillons la plus efficace est obtenue avec des lampes- pièges dont l'intensité est celle d’une bougie décimale, munies de man- chons diffuseurs et placées à 25 mètres environ les unes des autres. 2] RECTIFICATION A PROPOS DE DEUX DE SES NOTES ANTÉRIEURES, par M. RaAPpnaAEL Dupors. 1° Dans la note que j'ai communiquée à la Société de Biologie dans la séance du 19 mars 1904, sur l’action foudroyante du chlorure d'éthylidène, il s’est glissé une erreur d'impression : au lieu de « composés chlorés de l’éther », il faut lire « composés chlorés de l’éthane », 2° Je dois également signaler une modification à apporter à la note que j'ai présentée dans la séance du 12 mars, intilulée Lumière animale et lumière minérale. Les granulations projetées en gerbes, observées dans des tubes de gélatine peplone où j'avais introduit des particules de corps radio-actifs. ne sont pas de nalure cristalline, ainsi que Je l’avais cru, avec d’autres observateurs, après simple examen à la loupe. L'examen microscopique, pratiqué ultérieurement, a montré qu'il s'agissait de projections de 622 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE spores dans l'épaisseur du bouillon gélatineux, dont le mécanisme est en lui-même assez intéressant. Celte observation prouve que les sels de baryum et de radium ne sont pas antiseptiques, au moins d’une manière générale. Le fait que j'ai signalé n’a rien de commun avec la radio-activité d'ordre minéral. La présente rectification s'applique également à la note que j’ai pré- sentée sur le même sujet à l'Académie des sciences, mais elle ne modifie en rien le fond de la théorie que j'ai proposée, en vue de rapprocher la radio-activité minérale de la radio-activité biologique. RECHERCHE DE L'INDOXYLE DANS LE SANG, par M. C. HERVIEUX. Carter, en 1859 (1), signale la présence de l’indican dans le sang, mais sa technique était si défectueuse qu'aujourd'hui nous avons le droit d'être surpris qu'il se soit cru autorisé à dire qu'il avait bien eu affaire à de l’indican. En quelques mots, nous rappellerons la technique employée par Carter. Après avoir précipité le sérum par un excès d'acétate basique de plomb, il traitait le filtrat par un excès d'ammoniaque; l’indican étant cette fois entrainé, il décomposait ce deuxième précipité par l'acide sulfurique concentré, et observait une coloration rouge foncée qu'il attribuait à l’éndicane. Or, le précipité plombo-ammoniacal entraîne beaucoup de substances autres que l'indican, lesquelles se colorent en rouge plus ou moins brun sous l’action des acides forts; de plus, cette coloration ne passe pas nécessairement dans le chloroforme, ainsi que nous nous en sommes assuré; il ne saurait donc s’agir d'indirubine. Nos recherches ont porté sur du sang de cheval et d'âne. Ce sang était recueilli sur les animaux vivants, en parfaite santé, et provenait des veines coliques, de la veine cave postérieure et de la carotide. La quantité d'indoxyle conjugué dans le sang étant très faible, nous avons dû opérer sur de grandes quantités de liquide. La technique employée fut la suivante : Le sang recueilli dans des vases est laissé au repos pendant vingl- quatre heures. Le sérum (1 litre) est décanté et additionné de son volume d’eau; on porte au bain-marie, puis on ajoule de l’acétate basique de plomb pour aider à la précipitation de l'albumine. Après un (4) Carter. Edinburgh medical Journal, t. V, 119, 1859. SÉANCE DU 16 AVRIL 693 quart d'heure, on jette sur une toile métallique. Le liquide obtenu est additionné d’une nouvelle quantité d'acétate basique jusqu'à cessation de précipité; on filtre et on chasse l'excès de plomb par une solution concentrée de sufate de sodium. Après filtration, on alcalinise légère- ment la liqueur par CO‘Na”, puis on concentre au bain-marie jusqu’à environ 20 centimètres cubes; la liqueur, d’abord incolore, se fonce de plus en plus. On l’additionne de son volume d'isatine chlorhydrique (isatine : O0 gr. 05; HCI : 1 litre), puis on porte au bain-marie bouillant pendant sept minutes environ. Après refroidisssement, on agite avec quelques centimètres cubes de chloroforme et on décante. Le chloro- forme a pris une teinte légèrement jaunâtre, mais lorsqu'on le lave à plusieurs reprises par la potasse à 2/1000, sa teinte devient rose, et l'on arrive à la rendre très nette et assez riche em évaporant la majeure partie du dissolvant. Évaporée dans une petite capsule de platine, puis portée sur la flamme, la substance se volatilise en donnant des vapeurs violettes dues à de l’indirubine qui se sublime. Les quantités d’indoxyle conjugué contenues dans Le sang étant (rès faibles, il serait illusoire d’en vouloir faire un dosage exact; aussi nous nous sommes contenté de comparer les intensités de coloration des liqueurs chloroformiques obtenues avec les différents sérums. Le sanz de la veine cave postérieure nous à donné plus d’indoxyle que celui des veines coliques; il en a élé de même avec le sang de la carotide. # (Laboratoire du professeur Porcher, Ecole vétérinaire de Lyon.) RECHERCHES SUR LA PRÉSENCE DE L'INDOL ET DU SCATOL DANS LE SANG, par M. C. HERVIEUX. Des expériences antérieures nous ayant montré d'une façon certaine l'absence d’indoxyle conjugué dans le tube intestinal et les fèces, il deve- nait intéressant d'étudier quelle est la répartition de l’indol et de son homologue, le scatol, dans le tube digestif et de rechercher la présence de ces corps dans le sang. Dans la présente note, nous nous en tien- drons à ce dernier point. Nos recherches ont porté sur des chevaux et des ânes. Le sang était: recueilli sur les animaux vivants, soit après laparotomie, soit après ouverture de la cage thoracique. . Les saignées ont eu lieu : 1° Aux veines mésaraïques ; 624 SOCIÉTÉ DE PIOLOGIE 2° Aux veines coliques; 3° À la veine cave postérieure, à sa sortie du foie; 4° A la carotide externe. Après de nombreux tàtonnements, nous nous sommes arrêté à la technique suivante : Le sang recueilli après la saignée est laissé au repos dans un endroil frais pendant vingt-quatre heures. Dans tous les cas, on recueille le même volume de sérum que l’on additionne d'un volume égal d'eau distillée et on agite à plusieurs reprises avec du benzène. Il se produit une émulsion consistante; on laisse reposer, puis on décante. L'émul- sion est jelée sur un filtre imbibé d’eau; la partie aqueuse et quelques globules rouges entrainés passent d’abord et l’'émulsion benzénique reste sur le filtre. On la disloque facilement au moyen d'un agitateur, puis on jette à nouveau sur un filtre imbibé de benzène. Les quantilés d'indol et de scatol résorbées au niveau de la muqueuse intestinale étant très faibles, le benzène n'en peut renfermer que des traces infinitésimales. On peut néanmoins les mettre en évidence en utilisant l'extrême sensibilité de la réaction que fournit la paradiméthyl- aminobenzaldéhyde en milieu acide en présence des corps du groupe indol; il y a formation de produits de condensation fortement colorés dont quelques-uns ont été étudiés par Fischer (1). Avec les solutions aqueuses d'indol, il se produit une coloration rouge cramoisi, avec celles de scatol une coloration bleue; lorsqu'il s’agit d'un mélange de ces deux corps on peut observer des tons plus ou moins violacés. Si, au contraire, on opère avec des solutions benzéniques diluées de scatol, on observe d’abord l'apparition d'une coloration rouge violacée, ne virant au bleu que quelques heures après. Voici maintenant comment nous opérons : 10 centimètres cubes de la solution benzénique sont placés dans un tube à essais: on ajoute 2 cen- tümètres cubes d’une solution alcoolique de paradiméthylaminobenzal- déhyde (1 gramme dans 25 centimètres cubes d'alcool à 90 degrés) et on agite. Au moyen d'une pipette très effilée, on prélève quelques centi- mètres cubes d'acide chlorhydrique et on introduit cette pipette jusqu’au fond du tube, puis on laisse l’acide s’écouler de lui-même. En vertu des différences des densités, l'acide chlorhydrique déplace la solulion alcoo- lique, et il se produit, au niveau de la séparation des deux liquides, un liséré rouge cramoisi, lequel augmente avec le temps et forme une zone très nette. Cette méthode par superposition est d'une extrême sensibilité. Pour réaliser l'expérience avec loute la rigueur nécessaire, il faut éliminer toute trace d'albumine ; sinon il se formerait un anneau bleu (4) Fischer. Ueber das Methylketol. Annal. d. Chemie von Liebig. Band 242, Seite 372; 1887. SÉANCE DU 16 AVRIL 625 vif dû au noyau scatoligène renfermé normalement dans la molécule albuminoïde et plus particulièrement dans la sérine. Les quantités d'indol et de scatol contenues dans le sang élant exces- sivement faibles, tout dosage serait illusoire et on ne peut que comparer les intensités des colorations fournies par la réaction ci-dessus. Résultats. — Les nombreux échantillons de sang prélevés aux diffé- rents points du torrent circulatoire nous ont tous donné la réaction; celle-ci était plus ou moins franche suivant le lieu d'extraction. 1° Avec le sang provenant de la veine colique, nous avons obtenu des réactions immédiates et très nettes; au bout d'une heure, quelquefois plus, on observe que la couleur présente une pointe de violet, ce qui indique la présence de seatal; 2° Dans le sang des veines mésaraïques, la réaction fut presque imper- ceptible et ce n’est qu'après plusieurs beures qu'il se forme un anneau légèrement rosé; 3° Dans la veine cave postérieure, à sa sortie du foie, nous avons pu . mettre l'indol en évidence, mais la réaction est beaucoup moins nette et moins rapide que dans le sang avant son arrivée dans le foie; 4° Dans le sang de la carotide, les résultats sont très analogues à ceux que fournit le sang de la veine cave postérieure. Conclusions. — Ces faits nous montrent d’une facon indiscutable qu'il est possible de déceler l’indol et parfois le scatol dans le sang. Comme , l'indol se forme en grandes quantités dans les gros réservoirs intesti- naux, on s'explique pourquoi on le trouve surtout dans les veines coliques. (Laboratoire du professeur Porcher; Ecole vétérinaire de Lyon.) INFLUENCE DU RÉGIME ALIMENTAIRE, SUR L'HYDRATATION DES TISSUS DU CORPS, par MM. ANDRÉ Gouin et P. ANDOUARD. Depuis des années, nous avions constaté que le poids des bovidés faiblissait souvent, au moment où leur nourriture devenait plus riche en aliments azotés. Nous avons cru intéressant d'en rechercher la cause. | Nous avons fait choix pour sujet d'une génisse très jeune. L'échan- tillonnage exact des aliments et des déjections est alors plus facile. Pendant cinquante-cinq jours, nous l’avons soumise à un régime for- tement azoté (relalion nutritive de la partie des aliments digérée 2,86 à 1). Puis, en remplacant par des betteraves et un foin assez médiocre 626 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les légumineuses en vert qui entraient dans sa ration, nous avons élevé celte relation dans le rapport de 6,35 à 1. Au cours de la première période, l'accroissement journalier moyen était de 882 grammes. Pendant la seconde période, de la deuxième à la cinquième semaine (nous écartons la semaine du début), l'augmentation accusée par la bas- cule a monté à 1.125 grammes par jour. | Ce progrès n’était qu’apparent. En effet, lors du premier régime, la génisse ne gagnait L kilogramme qu'après avoir utilisé, par 100 kilo- grammes de son propre poids, 1.918 grammes de protéine, hydrates de carbone et graisses, ces dernières multipliées par le coefficient 2,25. Avec le second, 1.236 grammes lui suffisaient pour réaliser le même accroissement. Il est donc bien évident que l'augmentation devait com- prendre une proportion de matière sèche moindre que précédemment et était, en partie, le fait de l'eau qui venait, en plus grande quantité, se fixer dans les tissus. Si nous avions pu avoir quelques doutes, la suite de notre observa- tion se serait chargée de les dissiper. Aussitôt les cinq premières semaines du nouveau régime écoulées, l'accroissement journalier flé- chissait sensiblement; il n’était plus que de 742 grammes, en moyenne, pendant les dix semaines qui suivirent. La quantité d'aliments digérés correspondait assez bien à celle qui nécessitait l'accroissement de la période initiale. Nous avions pris soin d'établir le bilan azoté pour toute la durée de l'expérience. Nous ne saurions cependant lui demander de nous rensè# gner, d’une mauière absolument certaine, sur l'importance de la matière sèche fixée par notre sujet. Des fuites d’azote, à l’état gazeux, sont tou- jours à craindre, soit qu’elles proviennent du fait de l’animal lui-même, soit qu'elles aient lieu avant ou pendant l’analvse. Î Le bilan de l'acide phosphorique nous fournit un élément d’appré- ciation autrement assuré. La quantité d'acide phosphorique fixée dans l'organisme est en rapport avec l'accroissement des tissus. Lors du premier régime, nous avons constaté qu’elle était de 17 gr. 75 par kilogramme gagné. Au début du second, elle tombait à 13 gr. 25, contribuant ainsi à nous donner la preuve que l'accroissement énorme constaté par la bascule était dû, en partie, à une augmentation de l'hydratation des tissus. Sur la base de 17 gr. 75 d'acide phosphorique retenu, par kiiogramme gagné avec une proportion normale d’eau, nous constatons que notre génisse a dû emmagasiner dans ses tissus, pendant chacune des deuxième et troisième semaines du second régime, un supplément d’eau de 2.500 grammes, puis 3.500 grammes la quatrième et seulement 1.500 grammes la cinquième. Le nouvel équilibre hydraté correspon- dant au changement de nourriture se trouvait alors établi. SÉANCE DU 16 AVRIL 627 De ce fait, le poids de la génisse avait augmenté de 5,50 p. 100. Dans le second rationnement figurait post une partie des aliments dis- tribués dans le premier. Il est donc prudent, on le voit, avant de commencer des expériences où la bascule doit servir de guide, de soumettre au préalable, et pen- dant un temps assez long, le sujet au régime qui devra être le sien. On se gardera d’y apporter aucune modification, pendant toute la durée de l'expérience. Avec l'animal qui nous a servi pour cette observation, cinq semaines ont été nécessaires pour que le nouvel équilibre hydraté se réalise. Nous ne voudrions pas affirmer que ce délai sera toujours suffisant. VARIATION DE L'HYDRATATION DES TISSUS DE L'ORGANISME, SOUS L'INFLUENCE DU BICARBONATE DE SOUDE, par MM. ANDRÉ Gouin et P. ANDOUARD. Dans leur communication du 12 mars dernier, MM. Widal et Javal ont montré que l'hydratation des lissus du corps humain augmente sensiblement, sous l'influence du chlorure de sodium. Au cours d'expériences entreprises dans un ordre d'idée différent, nous avons constaté un fait analogue, dû à l'absorption d'un autre sel, le bicarbonate de soude. L'an passé, pendant deux semaines, nous avions donné à la génisse que nous maintenions depuis longtemps en observation une quantité d'acide chlorhydrique ordinaire équivalant à 5 centimètres cubes par 100 kilogrammes de son poids. Un peu plus lard, nous lui avons admi- nistré, pendant une quinzaine, 3 grammes de bicarbonate de soude, également par 100 kilogrammes,. _ La digestion n’a pas été influencée par l'acide chlorhydrique : la quantité de principes nutritifs digérés était de 1316 grammes par 100 kilogrammes et précédemment de 1390 grammes. Avee le bicarbo- nate de soude, cette quantité tombait à 1121 grammes. La nourriture n'avait pas varié. Or, malgré la diminution dans la proportion des aliments utilisés, lorsque l’animal ingérait du bicarbonate, la balance indiquait alors une augmentation de poids sensiblement plus grande que pendant les autres périodes. Il y avait donc là un fait bien marqué d'hydratation des tissus du corps. En nous basant sur ce que l'étude suivie du bilan de l'acide phos- .phorique nous avait démontré : que le gain d’un kilogramme de poids vif, dans les conditions normales, correspondait pour notre sujet à la 628 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fixation de 17 gr. 75 d'acide phosphorique, nous avons pu évaluer l’ac- croissement réel de la génisse à 820 grammes par jour, pendant la période témoin, 901 grammes avec l’acide chlorhydrique et seulement 555 gram- mes lors du bicarbonate de soude. Nous ne tenons compte, dans aucun eas, des résultats de la première semaine de chaque expérience. La dépression causée par le bicarbonate s'explique facilement : il a excité l'animal à boire beaucoup plus qu'auparavant. Une fraction non négligeable de sa nourriture a servi uniquement à élever cetle eau à la température de son corps. Ses aliments étant plus dilués, il n’a pu con- sommer la même proportion de matières nutritives que pendant les autres périodes. La seconde semaine du régime au bicarbonate, la bascule accusait une augmentation journalière de 1071 grammes, qui n'avait jamais guère été dépassée. D'après les données fournies par la quantité d'acide phosphorique retenu, cette augmentation devait être ramenée à 000 grammes. Pendant celte seule semaine, l'organisme à donc con- servé dans ses tissus une quantilé d’eau supplémentaire de 3612 gram- mes. Elle équivaut à 1,57 p. 100 du poids de l'animal. SUR UNE NOUVELLE ESRÈCE DE MOUCHE TSÉ-TSÉ, LA Glossina Decorsei, n. Sp., PROVENANT DE L'AFRIQUE CENTRALE, par M. E. Brumprr. Dans la collection de Glossines, appartenant au Muséum d'histoire naturelle, dont le professeur Bouvier a bien voulu nous confier l’étude, nous avons eu la bonne fortune de rencontrer une espèce nouvelle parmi les échantillons entomologiques récoltés récemment par le D’ Decorse, au cours de la mission Chevalier. Pour établir l'identité de cette Mouche nous avons eu à notre dispo- sition 22 exemplaires sees et 29 dans l’alcool] (11 ©, 18 7. Il nous a été facile de la comparer avec la collection du Muséum et avec notre collec- üon personnelle. La monographie loute récente d'Austen (1) nous a été de la plus grande utilité. La Glossina Decorsei, n. sp., peut être caractérisée comme suit : Espèce de couleur assez claire, de petite taille et grêle {moyenne des mâles: long. du corps: 733, long. de l'aile, 6""16; femelles : L. corps : 8297, L. aile, 72%), Le thorax est tacheté de noir à la partie supérieure, la couleur (1) E. E. Austen. À monograph of the Tselse-flies, Londres, 1903. SÉANCE DU 16 AVRIL 629 de fond est gris cendré. Abdomen présentant une bande dorsale mé- diane longitudinale, très nette, jaune terne, large sur le 2° segment, se rétrécissant régulièrement sur les 3°, 4° et 5° segments, très étroite sur le 6°. Les bandes transversales interrompues, d'une belle couleur noire, occupent les 4/5 antérieurs du segment, laissant derrière elles une mince bande jaune terne croisant à angle droit la bande médiane longitudinale. Sur le 2° anneau abdominal les taches noires sont circulaires. Les pattes sont d'une couleur ambrée uniforme, le tarse des pattes postérieures est noir. Ces caractères permettent de la distinguer facilement des autres espèces de Glossines. | Histoire naturelle. Cette espèce a été trouvée uniquement dans le bassin du Chari et sur les bords du lac Tchad, où elle semble exister exclusivement au bord de l'eau. Dans tout le bas Congo et dans lOu- banghi, le D' Decorse n’a récolté que des Mouches tsé-tsé foncées (Gl. palpalis). Sur quatre Mouches recueillies dans Ja brousse, loin de la rivière, à l’ouest de Fort-Archambault, il y avait dm exemplaires mâles et deux femelles de Glossina morsitans. La piqûre de G!. Decorsei est désagréable, comme celle de toutes les Glossines, maïs pas très douloureuse ; elle provoque quelque temps après la piqüre un prurit assez violent. Les deux sexes se nourrissent de sang. Au mois de mars, époque à laquelle ont été récoltés les échan- tiflons dans l'alcool, le nombre des mâles est supérieur à celui des femelles (18 à 11); dans certaines espèces (Glossina palpalis, Glossina morsitans) la différence, comme nous l'avons observé, est beaucoup plus grande; c'est peut-être dû simplement à la saison. Les indigènes du Chari redoutent la piqûre de la Glossine pour leurs troupeaux ;.comme les habitants de beaucoup d’autres pays, ils ont re- connu l'existence de liens étroits entre la présence du Nagana et la piqüre de cette Mouche. Le Nagana est irès répandu au Chari où il a été signalé par Morel (1) et retrouvé par la mission Chevalier. Il a également été rencontré à Léopoldville par Broden, avec lequel nous avons pu observer les lésions caractéristiques de la maladie. D'ailleurs, dans tous les points du Congo que nous avons visités, on réussit à élever les troupeaux pendant quelques mois ou quelques années, puis tout à coup la maladie se déclare et tous les animaux meurent avec les symptômes du Nagana. Dans ces régions, la Glossina palpalis se ren- contre exclusivement. Voilà donc une maladie transmise par un grand nombre de Glossines d'espèces différentes : par la G{. longipennis dans le pays somali, par la Gl. morsilans et la G{. pallidipes dans le Zululand et un grand nombre (4) Laveran et Mesnil. Recherches morphologiques et expérimentales sur le Trypanosome du Nagana, Annales de l'Institut Pasteur, janv. 1902. 630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’autres points de l'Afrique, par la Gl. palpalis dans le bassin du Congo, enfin, par la G/. Decorsei au lac Tchad et au Chari. Il est bien probable que toutes les autres espèces sont également pathogènes, mais aucune expérience n’a encore été faite à ce sujet. D'autre part, la distri- bution géographique ne peut nous fournir aucun document par suite de la coexistence de plusieurs espèces dans une même localité infectée. Les recherches que nous poursuivons sur la maladie du sommeil nous permettent aussi de croire que cette affection peut être transmise par plusieurs espèces de Tsé-Tsé. (Laboratoire de parasitologie.) La Filaria loa, GuYoT, EST LA FORME ADULTE DE LA MICROFILAIRE DÉSIGNÉE SOUS LE NOM DE lilaria diurna, Manson, par M. E. Brumpr. À la séance de l'Académie de Médecine du 17 mars 1903, le profes- seur Blanchard donnait lecture d’une lettre datée de Faratj (Haut- Ouellé) dans laquelle je donnais la description d’une nouvelle micro- filaire que je désignais sous le nom de #ilaria Bourg, n. sp. Je me basais pour établir cette espèce qui ressemblait étroitement à la filaria nocturna et à la Filaria diurna sur les différences de structure anato- mique; elle possède quatre taches embryonnaires au lieu de deux, et de plus, au lieu de se rencontrer exclusivement la nuit ou le jour, on la ren- contrait d’une facon constante dans le sang, plus abondante cependant le jour que la nuit. ; Quelque temps plus tard, en faisant l’autopsie d’un indigène du Kassaï, mort de dysenterie chronique et ayant la /ilaria Bourgü dans son sang, je rencontrais sur le cœur cinq Vers dont quatre enkystés et calcifiés, et un échantillon long de 6 centimètres, appartenant à une femelle, n'ayant malheureusement ni têle ni queue. Je pus, en en sacri- fiant un morceau, étudier frais et colorés vivants les embryons que j'identifiai avec ceux que l’on rencontrait dans le sang. Je venais de découvrir la forme adulte. Rentré à Paris, en comparant nos échantillons avec des formes typiques, nous avons observé que tous les embryons de Filaires pos- sèdent tous plus de deux taches embryonnaires, de sorte que notre Filaria Bourgü n'était autre que la microfilaire décrite par Manson sous le nom de filaria diurna. L'espèce était donc connue, mais la forme adulte n'avait jamais été rencontrée. En déterminant notre Ver adulte, malgré son état incomplet, nous nous sommes aperçu qu'il était im- possible de le différencier de la fi/aria loa. Comme elle, il possède le SÉANCE DU 16 AVRIL 631 même diamètre du corps, la même épaisseur de cuticule, et surtout les mêmes bosselures caractéristiques. Dans un échantillon de Loa éludiée par le professeur Blanchard (1), les papilles étaient quelquefois réunies en plaques ; dans ceux qui ont été décrits par Manson, ces plaques n’existaient pas; ces différences doivent tenir simplement à la taille des spécimens; celui du professeur Blanchard était très petit. Notre forme adulte de #ilaria diurna est donc identique ou voisine de la Filaria loa; pour pouvoir l’affirmer par la seule morphologie, il faudrait que notre échantillon possède ses deux extrémilés qui sont caractéristiques de toutes les Filaires. Quelques considérations de géo- graphie médicale vont nous permettre de les identifier. Nous avons rencontré la Filaire diurne dans tout le bassin du Congo. Nous n'avons pas eu l'occasion de voir de Loa, mais cette espèce est connue partout des indigènes qui vous décrivent d’une façon expressive ses pérégrinations dans l'œil. Au moment de la traite des Noirs, des milliers d'esclaves de la côte occidentale d'Afrique sont allés en Amé- rique. Des filaires de l’œil ont été souvent opérées dans les Antilles, en Guyane et au Brésil, puis elles ont complètement disparu. En même temps la Filaire diurne devait être transporlée dans un quart au moins du contingent noir africain. Or, cette espèce n’a jamais été signalée en Amérique depuis l’époque récente où l’on s'occupe de ces questions. Voilà des arguments qui ont une grande valeur; les deux Vers ont une distribution géographique identique et disparaissent simultané- ment. Manson ayant trouvé la filaire diurne chez un malade ayant eu une Loa dans l'œil avait émis l'hypothèse que la seconde était la forme adulte de la première. Ce fait n’a pas été confirmé par de nouvelles recherches ; souvent la filaire diurne fait défaut quand la Loa existe, et inversement. Ces arguments n’ont qu'une faible valeur car si l'individu ne porte qu'une filaire dans l’œil on a bien peu de chances de trouver des embryons dans une masse sanguine de plusieurs litres; d'autre part la filaire diurne trouvée dans le sang indique simplement que les parents sont nombreux et fixés dans un point autre que l'œil. Des Loas ont été signalées comme pouvant émigrer de l'œil dans le bras, dans les mains, etc., il est beaucoup plus logique d'admettre qu'il y en a à la fois dans les bras, les mains et les yeux. Elle est un parasite accidentel de l'œil au même titre que plusieurs espèces de Filaires des Oiseaux et des Mammifères. : Pour avoir des embryons dans le sang il faut un grand nombre d'adultes, c'est par l'accumulation des Vers adultes dans le corps que les embryons augmentent de nombre. Toutes les espèces de Filaires sont (4) R. Blanchard. Nouveau cas de Filaria loa, Archives de parasitologie, I, 1899, p. 504. 632 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rares chez les enfants, elles augmentent en nombre avec l’âge de l’in- dividu. Dans une autopsie, d’une femme Mangbattou, qui présentait de 8 à 10 embryons de Filaria perstans par millimètre cube de sang, nous avons trouvé des quantités de Filaires adultes dans le mésentère, les cap- sules des reins, sur le cœur, etc. Nous avons essayé de chercher l'hôte intermédiaire de la Filaria Loa, c’est probablement un Insecte spécial à l'Afrique et plus particulière- ment diurne. Nos recherches sur ce point ne sont pas terminées. Au pre- mier abord on pourrait penser à une Glossine quelconque ; néanmoins notre statistique faite sur un grand nombre de régions du Congo nous fait plutôt éliminer cette hypothèse car la filaire diurne est plus rare chez les pagayeurs de l’[timbiri et de l'Ouellé où les Glossines abondent, que chez les indigènes qui vivent dans les savanes où ces Mouches sont rares ou absentes, (Laboratoire de parasitologie.) TOxICITÉ DE L'ADRÉNALINE EN INJECTION INTRAVEINEUSE POUR LE CHIEN, par M. J. LESAGE. MM. Bouchard et Claude (1), d’une part, M. Battelli (2) d’autre part, ont établi que la dose d’adrénaline mortelle pour le lapin et le cobaye était intermédiaire à 0 milligr. 1 et O0 milligr. 2, par kilogramme de poids corporel. Dans les recherches qui suivent, nous nous sommes proposé de déterminer la toxicité pour le chien. La solution dont nous nous sommes servi est la suivante : / Adrénaline it 10, D ES Con tieranmnne SRE Bau distillée, ee, DOUANES HO rer annees: Acide:chlorhydrique #24 1er I goutte. neutralisée exactement par l'addition de quelques gouttes d’une solu- tion saturée de carbonate de soude au moment de l'emploi. L'injection a été poussée tantôt dans la veine jugulaire, tantôt dans la veine externe du jarret. Sa durée a été de cinq secondes lorsquil s'est agi de faibles doses et de huit à dix secondes pour les doses (1) Bouchard et Claude. Recherches expérimentales sur l’adrénaline ; Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 17 décembre 1902, p. 928. (2) Battelli. Toxicité de l'’adrénaline en injections intraveineuses; Comptes rendus de la Société de Biologie, 4902, p. 1247. SÉANCE DU 16 AVRIL 633 fortes. L'administration du médicament a été faite d'une façon massive, sauf dans l’expérience 6 où elle à été fractionnée. Avant toute chose, il convenait d'identifier, au point de vue de sa toxicité, l'adrénaline dont nous nous servions avec celle qu'employèrent les autres expérimentateurs. C’est ce que nous avons fait dans une série d'expériences préliminaires. NUMÉRO ESPÈCE DOSE || Dose k de ù POIDS # RESULTAT l'expérience animale par kilogr. globale Fr [del mg 0,0 Survie. 0,1 Mort, 5 minutes après 0.0 Survie. 0,09 - | Mort, 5 minutes après. Lapin. Lapin. Cobaye. Cobaye. 1. SOS ESS | © + Qt © DOI L Dans ces quatre expériences préliminaires, l'injection a été faite dans la veine jugulaire ; sa durée a été de cinq secondes et le titre de la solution était à 1 p. 20.000. Les animaux 1 et 3, remis à terre immédiatement après l'injection, n'ont présenté aucun symptôme anormal; le lapin n° 2, au contraire, à montré de la paralysie du train de derrière, des convulsions cloniques, de l'opisthotonos et l'écoulement d'écume sanguinolente par les narines ; les symptômes relevés sur le cobaye n° 4 ont été assez analogues. A l'autopsie de ces deux sujets, on trouva de l’æœdème et de la conges- tion du poumon. Donc à la dose de 0 milligr. 05 par kilogramme, l’adrénaline en injec- tion intraveineuse n'a déterminé aucun symptôme d'intoxication; par contre à la dose de 0 milligr. 20 par kilogramme elle a déterminé une mort rapide. C'est ce qu'avaient trouvé nos devanciers; les symptômes et lésions constatés furent analogues. Voici le résumé de nos expériences faites sur le chien (voir le tableau ci-contre) : Après l'injection de 0 milligr. 20 à O milligr. 25, 4 animaux sur 6 survivent; les deux autres suecombent 4 et 6 minutes après. Cette dose doit donc étre considérée comme mortelle, d'autant plus qu'un autre chien meurt immédiatement après l'injection de 0 milligr. 12 par kilogramme. Comme pour le lapin et le cobaye, la dose mortelle pour le chien de ladrénaline injectée en solution dans les veines se trouve donc intermé- daire entre O milligr. 4 et O0 mulligr. 2, par kilogramme. Par contre, la dose de O0 milligr. 05 par kilogramme, 10 fois sur 40 ne provoqua aucun phénomène loxique. Elle peut être considérée comme dose thérapeutique limite. 634 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LIEU DURÉE de de RÉSULTATS l'injection | l'injection globale|par kg l'expérience jeune |1‘ saphène |10 secondes adulte — (1) = 9,500! jugulaire | 5 secondes jeune ES adulte |! — jeune |! saphène Mort, 4 minutes après. Mort, immédiate. (SAep] e s adulte jeune adulte |’ jeune âgé jeune tr Ot Or O7 = © © & © © © OUI à CN © Or Or NEEDS IQ SOC ND OI (ér (1) 5 injections successives et à 2 minutes d'intervalle de chacune 1 mg. La mort est sur- venue immédiatement après la dernière injection. (*) Les animaux 5 et 6 avaient été anesthésiés préalablement avec morphine-chloroforme. Il convient d’opposer ces conclusions à celles de M. Samuel Amberg (1) qui donne 4 à 2 milligrammes par kilogramme, comme dose mortelle de l’adrénaline en injection intraveineuse, chez le chien. Par contre elles doivent être rapprochées des observations de MM. Dupuis et Van der Eekhout (2) qui signalent deux empoisonnements consécutifs à l'injection intraveineuse de 0 milligr. 08 et de 0 milligr. 06, d'adrénaline par kilogramme. « (Travail du Laboratoire de Physiologie d’Alfort.) EXPÉRIENCES FAITES AU MonNT-BLANC EN 1903 SUR L'ACTIVITÉ DES COMBUSTIONS ORGANIQUES AUX HAUTES ALTITUDES. par M. RaouL BAYEUx. L'action des hautes altitudes sur les combustions organiques n'a pas encore été traduite par une formule définitive. J’apporte quelques chiffres personnels pour contribuer à la solution de ce problème; ils proviennent d'expériences que j'ai faites, en août et (1) Samuel Amberg. Ueber die Toxicität des wirksamen Princips der Nebennieren; Arch. intern. de Pharm. et Thér. 1903, p. 58. (2) Dupuis et Van der Eekhout : « L’Adrénaline »; Ann. de Méd. vét., 1903, p. 480. SÉANCE DU 16 AVRIL 635 en septembre 1903, à Chamonix et à quelques altitudes supérieures, notamment dans les deux observatoires fondés par M. Janssen aux Grands Mulets et au Sommet du Mont-Blanc. J'ai étudié l’activité des échanges organiques en observant les variations de l’oxyhémoglobine, en quantité et en réduction, et en même temps les variations de la température du corps. J'y ai joint l'étude du pouls, de la respiration et de la pression artérielle. Pour l’oxyhémoglobine, j'ai suivi la méthode et les formules de Hénocque. J'ai effectué trois observations à chaque alti- tude, et j'en donne les moyennes : j'ai fait en tout 468 expériences. Le tableau suivant indique les résultats obtenus. DATES 6 août. 6 août. ALIITUDES PARIS EU NAN tt Chamonix, 1050m ., Brévent, 2525m Chamonix. DER Montanvers, 1924. Chamonix EMEA Gris Mulets, 3020. Bosses, 4365m, . . Mont-Blanc, 4810m Grands Mulets. Chamonix. Brevent . . Paris Chamonix. Brévent . . . Chamonix. Montanvers . Chamonix. Grands Mulets. BOSS ES ne UNI Mont-Blanc . . . .|Grands Mulets. . Chamonix. Brévent . . PATIS AUS PHÉNOMÈNES des deux bandes QUANTITÉ d'oxyhémoglo- de la réduction en secondes FRÉQUENCE du pouls FRÉQUENCE de la respiration PRESSION du sang artériel de réduction M. Raoul Bayeux. 52 67 Sù GS TS 13 105 120 60 66 T9 57 Les chiffres de ce tableau permettent vantes : ! © NN © -7 © © © OOo D Fe 0 ND © © © 10 ss à QE D 1 © s = 1 © © O0 CO = 2 ) 9 © 1-1 © ND à ss 02 © © © Cr MODO S SOL Oo = © D = Où KO Or OO O7 TEMPÉRATURE EO [=] H © O9 LI CO CO O2 CO Lo CZ >) © d'énoncer les formules « La dépression barométrique des altitudes 1° Augmente la quantité de l’oxyhémoglobine ; BioLoGte. Compres RENDUS. — 1904. T. LVI. sui- 636 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ° Diminue la rapidité de sa réduction: ° Diminue l’activité des échanges; ° Abaisse la température du corps; 5° Augmente la fréquence du pouls et de la respiration; 6° Augmente, mais irrégulièrement, la pression artérielle. L'activité des échanges et la température du corps subissent des varia- tions parallèles et simultanées; elles augmentent ou diminuent en rai- son inverse de l'altitude ; ces deux facteurs biologiques concordent pour établir enfin la loi suivante : Ù Les combustions organiques diminuent à mesure que l'altitude augmente. Le mal de montagne coïncide avec un extrême ralentissement des combustions ; le tableau ci-dessus indique bien ce phénomène patholo- gique : atteint de mal de montagne aux Bosses du Dromadaire, j'y ai noté des chiffres de combustion inférieurs à ceux que j'ai obtenus au sommet du Mont-Blanc, où mon état général était excellent, bien que l'altitude y soit plus élevée. Je reviendrai plus tard sur ce point important, dont il faut tenir compte pour l'interprétation de certains résultats en apparence contra- dictoires. & ©2 19 M. L. Lapiooue. — M. Bayeux, avec les chiffres que lui a fournis la méthode de Hénocque, conclut sans hésiter que les combustions res- piratoires diminuent avec l'altitude. Je me souviens qu'il n’y a pas bien longtemps, ici même, Hénocque apportait d’autres expériences faites avec sa méthode et nous donnait comme absolument démontré que les combustions augmentent avec l'altitude. En réalité, les chiffres que cette méthode fournit si facilement sont dénués de toute signification. Ce qu’elle montre grossièrement sous le nom de durée de la réduction paraît en relation surtout avec des phéno- mènes vaso-moteurs périphériques; et je ne vois pas comment elle pourrait donner à aueun degré la mesure de l’activité des combustions pour l’ensemble de l’organisme. Le fait que, parallèlement à la diminution de l'activité des échanges ainsi mesurée, la température du corps s’abaisse, ne peut être consi- déré comme une vérification, du moment que cette température a été prise dans l’aisselle : le second phénomène n'est probablement pas plus réel que le premier. Tous les chiffres de M. Bayeux me paraissent s'ex- pliquer par des phénomènes circulatoires périphériques, et n'avoir que des rapports tout à fait indirects avec les phénomènes de nutrition quil a cru étudier, si nous n'avons pas encore une formule définitive de l’action des altitudes. à F D'ailleurs, nous connaissons, par un ensemble imposant d'expériences sérieuses, bien des choses sur les conditions qui règlent l’activité des échanges chez un homéotherime. À,” NB à dde Li WP 0 SÉANCE DU 146 AVRIL 637 Cette activité se montre, dans une très large mesure, indépendante de la tension de l'oxygène offert à la respiration; par contre elle est influencée au plus haut point par les variations de la température am- biante. Or, M. Bayeux ne parait tenir aucun compte de cette tempéra- ture. Le seul intérêt du travail de M. Bayeux est donc d'apporter une nou- velle preuve expérimentale des illusions que peut donner la méthode d'Hénocque. SUR L'ORGANE LYMPHOÏDE DE L'CŒSOPHAGE DES SÉLACIENS. (Note préliminaire), par M'° ANNA DRZEWINA, présentée par M. AUGUSTE PETTIT. Au cours des recherches que je poursuis en ce moment, relativement aux localisations du tissu lymphoïde chez les Anamniotes (1), j'ai été amenée à m'occuper de la structure de l'organe, communément connu sous le nom d'organe de Leydig. Dans la présente note, je désire con- signer les résultats que m'a fournis l'étude de cette formation chez Raja clävata Rond., Mustelus vulgaris Müller et Henl., Scyllium catulus Cuv., Squatina angelus Riss., Galeus canis Rond., et 7rygon pastinaca Müll. el Henl. Une coupe à travers la paroi œsophagienne de Galeus canis, exa- minée au microscope, présente : 1° un épithélium cylindrique; 2° une couche de tissu conjonctif assez serré, à éléments lymphoïdes rares; 3° une forte couche de muscularis mucosæ, suivie 4° d’une nouvelle couche de tissu conjonctif lâche, la sous-muqueuse, également pauvre en élé- ments lymphoïdes ; 5° une large bande de tissu lymphoïde, organe de Leydig; 6° une couche de tissu conjonctif lâche; 7 une couche cireu- laire de muscles lisses; 8° une couche circulaire de muscles striés; 9 une couche longitudinale musculaire. L’organe lymphoïde des Sélaciens n'a pas de limites précises; il est, notamment, dépourvu de capsule conjonctive propre; toutefois, à sa périphérie, on observe une série de vastes sinus, revêlus d’un endothé- lium surbaïissé, qui établissent une sorte de démarcation vis-à-vis des tissus enveloppants. Le parenchyme est morcelé en une série de lobes, plus ou moins nets, plus ou moins anastomosés; l’ensemble est par- couru par des sinus, des capillaires et des vaisseaux à large lumière, qui assurent une vascularisation abondante. Les éléments cellulaires, qui constituent l'organe en question, sont inclus dans les mailles d'un réseau de nature controversée (travées et (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, juillet 1903. 638 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trabécules pour Edinger, fibrilles conjonctives pour Pilliet et Oppel). L'examen des préparations, traitées par des méthodes appropriées, montre que cette trame est de nature cellulaire. Chez le Galeus canis, des petites cellules, souvent triangulaires, à noyau assez volumineux et pauvres en cytoplasma, émettent par leurs extrémités des prolonge- ments, qui S'anastomosent avec ceux des cellules voisines et forment ainsi des mailles allongées, peu serrées. L'ordonnancement longitudinal des mailles est parfois fort bien prononcé (7rygon pastinaca), les élé- ments lymphoïdes étant alors disposés en longues séries linéaires. Chez les Sélaciens que j'ai étudiés, les cellules à granulations repré- sentent la grande majorité des éléments de l’organe lymphoïde. Chez le (raleus canis, on voit, au sein d'un protoplasme volumineux, des granu- lations petites et nombreuses, qui ont une électivité spéciale pour les colo- rants acides. Le noyau est presque toujours excentrique, clair, vésicu- leux, riche en suc nucléaire, à chromatine läche. Assez souvent, on voit des acidophiles à noyau double, ou encore le noyau affecte un aspect lobé, à 2, 3, 4 lobes, et on a un acidophile à noyau polymorphe typique. Dans la série des Sélaciens que j'ai examinés, les cellules granuleuses de l'organe lymphoïde ne présentent pas toujours les mêmes réactions envers les colorants acides. Ainsi, tandis que chez le Galeus canis l'aci- dophilie des granulations est assez prononcée, les granulations sont plutôt basophiles chez le 7rygon pastinara : dans les coupes de l’æœso- phage de ce dernier, fixées dans le Lindsay et colorées par le magenta et le Benda, ou par la safranine et le lichtgrün, les granulations prennent le colorant nucléaire, magenta ou safranine, suivant le cas. Mais, comme ces mêmes granulations se colorent par l’éosine, elles sont probablement de nature amphophile. On nolera également la manière différente dont se comportent les cellules granuleuses vis-à-vis du triacide; alors que les acidophiles de Galeus canis se colorent par cette teinture typiquement en rouge vif, au contraire les grosses granu- lations de la Âaja clavata affectent invariablement une coloration orange. Dans les préparations de l'œsophage de Aaja clavata colorées par le triacide, à côté des cellules à grosses granulations colorées en orange, on voit de nombreuses cellules à noyau souvent excentrique et à proto- plasme bien développé, parsemé de fines granulations, colorées en rouge vineux. En se basant sur leurs caractères morphologiques et chromatiques, on doit considérer ces éléments comme des neutrophiles dans le sens d'Ebrlich. Dans les préparations de l’œsophage de Galeus canis et de Scyllium calulus, colorées au triacide, on distingue aussi des neutrophiles, mais ici ils sont moins bien différenciés, vu que le volume et la coloration des granula neutrophiles se rapprochent plus ici de ceux des cellules acidophiles. 0 OT LS UE SÉANCE DU 16 AVRIL 639 A côté des cellules granuleuses (acidophiles, amphophiles ou neutro- philes), j'ai trouvé dans l'æsophage de tous les Sélaciens examinés de nombreux lymphocytes, à protoplasme très réduit et noyau bien déve- loppé, dont le volume varie du simple au double et même plus. Les lymphocytes sont tantôt irrégulièrement distribués, tantôt réunis par petits groupes, qui tranchent par leur coloration sur le reste du tissu. Parfois, on voit cerlains noyaux d'un amas lymphocytaire s'enlourer de quelques granulations acidophiles, dont le nombre augmente de plus en plus jusqu'à ce que la cellule atteigne le volume d'un acidophile typique. Le troisième type des éléments lymphoïdes de l'organe de Leydig est constitué par des mononucléaires à noyau plus ou moins central, à corps proloplasmique volumineux, le plus souvent polygonal. Il est à noter que le protoplasme homogène de ces mononucléaires fixe fréquemment les couleurs acides d'une manière élective. L’excentricité du noyau des mononueléaires est, chez certains Sélaciens, la règle. Les polynucléaires à protoplasme homogène sont assez rares. FORMATIONS CYTOPLASMIQUES DU REVÊTEMENT ÉPITHÉLIAL DU FOURREAU DE LA LANGUE, CHEZ Z'ropidonotus natrix, par M. ALBERT BRANCA. . Dans l'épithélium stratifié qui revêt la cavité du fourreau de la langue, chez les Colubridés, on observe constamment, à la périphérie de l’en- doplasme, de curieuses formations qui manquent totalement au niveau de l'assise basilaire. Il s'agit de corpuscules qui fixent avec élection les réaclifs nucléaires. Avec la laque ferrique d’hématoxyline, ils prennent des teintes qui varient du gris au noir d'ivoire; sur les coupes colorées par l'hématéine-éosine, ils se colorent en rouge violacé, parfois en . violet pur. Cette coloration porte également sur toute leur étendue; d'autre fois leur contour se teint énergiquement; leur portion centrale est de teinte beaucoup plus claire. Ces corpuscules représentent des sphères ou des ovoïdes irréguliers, ou des cônes plus ou moins allongés. Ce sont parfois des bâtonnets droits, incurvés en faux ou contournés. Leur taille n'est pas moins variable que leur forme : elle oscille dans de larges limites. Rien n’est moins fixe d’ailleurs que le nombre de ces corpuscules. Certaines cellules n’en contiennent qu’un; d’autres en comptent jusqu'à huit ou dix. Quand les corpuscules sidérophiles sont en petit nombre, ils se groupent au-dessous du novau; c’est là, du moins, leur siège le plus constant ; quand ils sont nombreux, ils se rassemblent encore dans le pôle inférieur de la cellule, mais il n’est pas rare de les voir se dissé- 640 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE miner au pourtour du noyau : ils siègent dans l’endoplasme, ou à la limite de l’endoplasme et de l’exoplasme. Examine-t-on les rapports qu'affectent entre eux ces divers corpus- cules? on les voit parfois se grouper parallèlement les uns à côté des autres; d’autres fois ils simulent une couronne discontinue qui encadre, à distance, le noyau: d’autres fois encore, il existe des corpuscules agminés au pôle inférieur du noyau el des corpuscules disséminés autour du même noyau. Il y a lieu de se demander si ces aspects divers des corpuscules sidé- rophiles sont des aspects qui s’observent successivement quand la cellule évolue et s'élève progressivement à la surface du revêtement épithélial. Si l’on remarque que les gros corpuscules sont uniques et localisés au pôle inférieur du noyau; si l’on remarque, d'autre part, que les petits corpuscules sont généralement multiples, et disséminés dans l'endoplasme, on sera tenté de supposer que les petits corpuscules résultent de la fragmentation des corpuscules volumineux, mais il m'est impossible de donner une solution ferme à ce point d’histo- genèse. Il importerait, enfin, de rechercher comment il convient d'inter- préter ces eorpuscules sidérophiles? S'agit-il là d’une différenciation cytoplasmique, morphologiquement comparable à l'ergastoplasme? J’incline à le croire, pour des raisons qu'il serait hors de propos de discuter ici. Mais faute d'argument décisif, je dois faire des réserves sur la signification qu’il convient d'attribuer aux corpuscules dont je viens d'indiquer les caractères majeurs. e 7 SUR LES GLANDES INTRA-ÉPITHÉLIALES DE L'URÈTRE ANTÉRIEUR CHEZ L'HOMME, par M. ALBERT BRANCA. Les glandes de l’urètre qui débouchent dans les lacunes de Morgagni affectent avec ces lacunes des rapports variables. Tantôt la glande occupe le chorion : elle est intra-dermique; tantôt, au contraire, elle est logée dans l’épithélium de revêtement : elle est intra-épithéliale. Bien que de type stratifié, le revêtement des lacunes se distingue de l’épithélium urétral proprement dit. Les cellules de l’assise superfi- cielle peuvent être aplaties, parallèlement à la surface du chorion. Plus souvent encore, ces éléments s’allongent, au point de mesurer 20 ou 25 4; ils prennent une forme pyramidale, leur sommet effilé s'engage entre les cellules sous-jacentes ; leur base s'accuse par un feston con- vexe qui fait saillie dans la lumière de la lacune. Le noyau, de forme ovoïde, est très riche en chromatine. Il occupe constamment le pôle SÉANCE DU 16 AVRIL GA inférieur de la cellule ; il est done surmonté d’une zone de protoplasma nettement délimitée, qui fixe énergiquement les colorants diffus. Par tous ces caractères, l’assise superficielle se différencie aisément des assises cellulaires sous jacentes (1). Les glandes intra-épithéliales annexées aux lacunes se rapportent à deux types; les unes, figurées par Kolliker, s'ouvrent sur la paroi (glandes latérales), les autres occupent l'extrémité profonde de la lacune (glandes du ford). 1° Les glandes du premier type sont petites, de forme sphérique ou ovoïde, et nettement isolées les unes des autres. Elles sont, par endroits, assez nombreuses, et, sur la coupe transversale d’une lacune de taille moyenne, on en peut trouver six, huit, et davantage. Ces glandes, qui sont pleines, ou munies d’une étroite lumière, sont incluses dans l'épi- thélium de revêtement, sauf au niveau de leurs deux extrémités. Leur pôle profond effleure la surface du chorion, mais n’y accuse sa présence par aucune saillie; leur pôle superficiel arrive au contact de la lacune de Morgagni. Les glandules intra-épithéliales se reconnaissent aisément à leurs éléments volumineux et clairs, à leurs noyaux énergiquement colorés ; elles tranchent sur les cellules qui les englobent et présentent des caractères précisément tout opposés (éléments petits, à cytoplasme assez bien coloré, à noyau pâle). Leur aspect n’est pas sans analogie avec celui des bourgeons du goût, comme l'ont dit Klein et Groschuff (2). ‘%,Les glandes qui s'ouvrent à l'extrémité des lacunes (glandes du fond) sont plus volumineuses, et il est facile de prendre connaissance de leur disposition sur les coupes parallèles au grand axe de la lacune. A l’union des 2/3 superficiels et du 1/3 profond de la lacune, la lumière s’élargit assez brusquement; l’épithélium de revêtement se modifie; ses cellules superficielles s’abaissent progressivement; à la dernière cellule indifférente font suite des cellules glandulaires, dont la taille s'accroît progressivement. Les cellules profondes diminuent de nombre, à mesure qu’on se rapproche du fond de la lacune; elles finissent par disparaître. En un mot l'invagination épithéliale qui limite la lacune de Morgagni garde sensiblement le même calibre; laccrois- sement de sa lumière est compensé par la réduction des assises cellu- laires qui la limitent. Le fond de la lacune est occupé par des cellules claires et volumi- (4) Pour fixer les idées, je rappelle que l’assise superficielle constitue la moitié du revêtement quand ce revêtement mesure 50 ou 55 . Le reste du revêtement est formé de trois rangs de petites cellules, dont le cytoplasme se colore faiblement et dont les contours sont souvent indistincts. (2) Klein et Groschuff n’ont d’ailleurs observé de glandes que chez les fillettes de un à trois ans. 642 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE neuses. Je me borne à noter que les cellules muqueuses de lurètre diffèrent notablement des cellules muqueuses de l'intestin et par leur structure et par leur mode de groupement. En résumé, les glandes intra-épithéliales de l’urètre antérieur se rapportent à deux types : les unes occupent la paroi latérale de la lacune ; les autres siègent au fond de cette même lacune. Les premières sont petites et nombreuses; leur cavité est étroite et parfois nulle. Les secondes sont rares, mais volumineuses, leur lumière est large; elles s'abouchent dans la lacune par une zone de transition. Elles constituent une forme de passage entre les glandules éparses dans l'épaisseur du revêtement et les glandes volumineuses qui se ramifient dans le chorion de la muqueuse urétrale. MODIFICATIONS DES SOLUTIONS CHLORURÉES SODIQUES DANS LES DIFFÉRENTES PORTIONS DE L'INTESTIN DU LAPIN, par MM. P. NogécourT et G. Virry. Nous avons cherché à préciser les modifications que subissent dans le tube digestif l’eau distillée et les solutions chlorurées sodiques. Malgré les recherches d'Heidenhain, ce sujet présente encore des inconnues. Voici notre technique expérimentale. Les lapins, à jeun depuis vingt-quatre heures, étaient laparotomisés. Pour l'intestin grêle, on injectait dans l’anse choisie, isolée sur une longueur de 22 centimètres entre deux ligatures et vidée de son contenu, 14 centimètres cubes du liquide à étudier porté à la température du corps. On recouvrait de compresses imbibées d’eau salée tiède. Au bout d'une heure et demie, le liquide contenu dans l’anse isolée était mesuré; une quantité déterminée était portée à l’ébullition pendant quelques minutes, puis filtrée, et sa teneur en NaCl dosée à l’aide d’une solu- tion titrée de nitrate d'argent. Les liquides employés étaient l’eau distillée, et les solutions de NaCI à 7 p. 1000, 10 p. 1000, 20 p. 1000; les injections étaient faites dans les segments suivants : 1° duodénum, la ligature supérieure étant placée à trois centimètres environ du pylore pour éviter l’arrivée de la bile; 2 portion suivante de l'intestin grêle jusqu’à 170 du pylore ; 3° partie de l'intestin grêle allant de ce point jusqu'à 25 centimètres de la valvule iléo- cæcale ; 4° anse terminale, c'est-à-dire les 25 centimètres restant. Quant au gros inteslin, nous avons injecté seulement 5 ou 6 centimètres cubes dans un espace de 5 centimètres de longueur compté à partir de 10 ou 12 cen- timètres de l'anus. Nous ne pouvons publier ici le détail de nos expériences qui con- duisent aux données suivantes : A. Dans le duodénum. — On retire au bout d’une heure et demie, SÉANCE DU 16 AVRIL 643 quand il a été injecté de l'eau distillée, une quantité sensiblement égale de liquide (12, 13 et 15 centimètres cubes); quand il a été injecté du NaCI, une quantilé plus grande de liquide (24 à 36 centimètres cubes), sans qu'il y ait de relation précise avec la teneur en NaCIl de la solution employée. La teneur en NaCI de ce liquide est supérieure à la quantité de NaCI introduite dans tous les cas, sauf avec la solution à 20/1000, où il y a diminution. L'augmentation est sensiblement la même avec l’eau distillée et la solution à 7/1000 (0 gr. 05 et 0 gr. 06); elle est moindre avec la solution à 10/1000 (0 gr. 03) ; avec la solution à 20/1000 la dimi- nution est de 0 gr. 04 et O gr. 07 (4). B. Dans la première partie de l'intestin grêle. — 11 y a diminution de la quantité de liquide pour l’eau dislillée (4 et 11 centimètres cubes) et la solution à 7/1000 (9 et 13 centimètres cubes); il n’y a pas de modifica- tion pour la solution à 10/1000, il y a augmentation pour la solution à 20/1000 (30 centimètres cubes). Quand on a injecté de l’eau distillée, le liquide retiré contient du NaCl (0 gr. 02 et O gr. 06); il y a diminution du NaCIl avec les solutions à 7/1000 (89/100 et 69/100), à 10/1000 (44/4100), à 20/1000 (12/100). C. Dans la deuxième portion de l'intestin grêle, les résultats sont analogues à ceux constatés dans la première portion pour les quantités de liquide et pour la quantité de NaCI trouvée dans l'intestin, quand on.a injecté de l’eau distillée. Quant à la quantité de NaCI résorbée, elle est moindre que dans la portion précédente avec les solutions à 17/1000 et 10/1000 (37/1400 et 33/100) et plus grande avec les solutions à 20/1000 (33/100). D. Dans l'anse grêle terminale, la résorption du liquide est très mar- quée avec l’eau distillée, un peu moindre avec la solution à 7/1000; il y a augmentalion du liquide avec les autres solutions (18 et 23 centi- mètres cubes). Avec l'eau distillée, la résorption est telle qu'il n’est pas possible de doser le NaCI. Avec les solutions salines à 7/1000, 10/1000 et 20/1000 il y a résorption de 46/100, 21/100 et 26/100 du NaCI. E. Dans le gros intestin, la quantité du liquide reste la même, sauf pour la solution à 20/1000, où elle a été doublée. Quand on injecte de l’eau distillée, on retire 0 gr. 029 de NaCI (pour les 5 centimètres cubes d'in- testin isolé); il y a légère diminution avec les solutions salées à 7/1000 et 10/1000 (18 et 20 p. 100) et légère augmentation avec la solution à 20/1000. En résumé, l'eau distillée et les solutions de NaCI à 7, 10, 20/1000 se modifient d'une façon variable, après une heure et demie, suivant la portion de l'intestin considérée, au point de vue du volume et de la (4) Il est intéressant de noter que sans aucune injection préalable, le duo- dénum dans les mêmes conditions contenait 42 centimètres cubes de liquide et 0 gr. 05 de NaCIL. 644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE teneur en NaCl; l'apport ou la résorption soit d’eau soit de NaC!, plus ou moins marquées, tendent à réaliser en certains points une solution voi- sine de l’isotonie (1). Des expériences en cours nous permettront de cons- tater les variations produites pendant des périodes de durées différentes. (Travail du Laboratoire des Enfants-Assistés.) HYPOHÉMOGLOBINIE MUSCULAIRE, par MM. JEAN Camus et Pa. PAGNIez. La pàleur anormale des muscles peut être expliquée de deux ma- nières: elle peut dépendre : 4° d’une diminution de l'apport sanguin ou de modifications qualitalives du sang; 2° d’une diminution dans la teneur du muscle en hémoglobine, car on sait que le muscle contient de l'hémoglobine propre comme le globule sanguin. De ces deux états, le premier a été étudié à plusieurs reprises, le second ne semble pas avoir été envisagé indépendamment des modifications sanguines. En effet, si l’on signale bien dans les traités la pâleur des muscles au cours de différents états anémiques, ce fait n’a qu'une valeur relative puisqu'il n’a pas été tenu compte séparément des deux facteurs qui peu- vent intervenir pour expliquer cette päleur. C'est cette étude que nous avons voulu entreprendre au point de vue expérimental. Elle fait suite à celles dont nous avons publié les résul- tats sur le rôle de l’hémoglobine musculaire dans l'hémoglobinurie et dans l’intoxication par l’oxyde de carbone. Nous donnons le nom d'hypohémoglobinie musculaire à cette sorte d’anémie de la fibre musculaire qui, comme nous allons le voir, est indé- pendante du sang. Technique. — Ces recherches ont élé faites sur le chien. L'animal est sacrifié par piqûre du bulbe et saigné à blanc en tranchant immédiatement tous les vaisseaux du cou le cœur battant encore. L’abdomen est ouvert et on introduit dans l'aorte abdominale une canule en communication avec un récipient contenant plusieurs litres d'eau salée isotonique à 38 degrés. Le lavage du train postérieur est effectué avec une pression voisine de la pres- sion sanguine. Les muscles du train postérieur sont massés légèrement et l'eau du lavage s'écoule par la veine cave inférieure préalablement ouverte. (1) C’est ainsi que nous trouvons comme NaCI pour 1000 avec l’eau dis- tillée 6,47 (duodénum et 5,85 (gros intestin); — avec la solution à 10 p. 1000, 6,86 (duodénum), 7,13 (2° portion de l'intestin grêle), 7,98 (gros intestin);, — avec la solution à 20 p. 1000, 7,38 (duodénum), 7,50 (2° portion de l'intestin grêle) et 5,85 (gros intestin). LIECITAI LAURE PA WALES L''RRCES G U SÉANCE DU 16 AVRIL 645 En recueillant ce liquide de retour on voit à quel moment il est complète- - ment clair: Le lavage terminé, les muscles sont enlevés et coupés finement aux ciseaux. Si l'opération a été convenablement conduite, le muscle est encore vivant et se contracte sous les ciseaux. D'autre part, si l’on met ces muscles hachés dans une solution isotonique et que l’on centrifuge après mélange intime le liquide décanté, on ne doit pas recueillir de globules rouges en quantité appréciable à l'œil nu. Le muscle haché et, par conséquent, aussi frais que possible, est mis dans de l’eau distillée froide et le tout est laissé à macérer à la glacière. Pour avoir des résultats comparables, il importe d'employer une propor- tion toujours identique de muscles et d’eau. La durée de la macération doit être assez longue si l’on veut que toute l’'hémoglobine du muscle passe dans l’eau distillée. Nos macérations ont duré vingt heures à la glacière. Au bout de ce temps le liquide est filtré; il est d’un beau rouge, absolument clair et peut être colorimétré. Si la macération n’a pas été faite à la glacière, des microbes se développent et apportent des causes d’erreur en troublant le liquide et en altérant l’hémoglobine. Ce procédé, on le voit, se rapproche de celui du laquage du sang qui est à la base des procédés hémochromométriques. Dans plusieurs cas, nous ne nous sommes pas contentés d'opérer sur des poids bruts de muscles, mais nous avons tenu compte des quantités res- pectives d’eau de ces muscles en pesant leur extrait sec. ‘Dans ces conditions, nous avons constaté, par la colorimétrie, que la teneur des différents muscles en hémoglobine chez un même animal était très inégale el que cette teneur variait également avec l’âge des animaux, faits qui avaient déjà été vus par Ranvier, Knoll, et récem- ment par Lehmann (1), sans qu'il ait été tenu compte toutefois dans ces recherches de la part attribuable au sang dans la coloration du muscle. Il est bien connu que certains animaux, le lapin entre autres, ont des muscles rouges contenant de l'hémoglobine et des muscles blancs qui en sont dépourvus. Cette particularité semble n'être que l’exagération de ce qu’on constate chez les autres animaux, et de ce que nous avons vu, en particulier, chez le chien. Mais un fait a surtout attiré notre attention, c'est que la teneur en hémoglobine des mêmes muscles, examinés chez des animaux de même âge, était sujette à des variations individuelles; chez certains celle-ci s'écartait de la moyenne dans des proportions telles qu'on était amené à affirmer l’existence d’une véritable hypohémoglobinie musculaire. (Variations presque du simple au double.) Nous avons essayé de reproduire expérimentalement cette hypohé- moglobinie. Nous avons d’abord dans une série de chiens effectué des (1) Lehmann. Untersuchungen über den Hæmoglobingehalt der Muskeln, ZLeits. f. Biol., XLV, 324, 1903. 646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE saignées très abondantes (correspondant à la moitié de la masse de sang); les modifications apportées les jours suivants à la teneur des muscles en hémoglobine ne nous ont pas paru appréciables. Dans une autre série de chiens, des saignées répétées nous ont donné des résultats inégaux; certains chiens, dans ces conditions, ont présenté une hypohémoglobinie musculaire marquée, mais ce phénomène n’était pas constant. Les résultats les plus nets obtenus expérimentale- ment nous ont été fournis par des chiens que nous avons soumis simul- tanément à des saignées répétées et à une diète relative : ces animaux ont perdu un quart de leur poids, la moitié de leur hémoglobine globu- laire, mais la perte en hémoglobine musculaire bien que réelle a été proportionnellement moindre (ne dépassant pas un quart). Si nous avons rencontré plusieurs cas d'hypohémoglobinie muscu- laire, nous n'avons par contre jamais observé de surcharge hémoglo- bique certaine sur un total de 47 chiens. De ces recherches, nous concluons : 1° qu’il existe une hypohémoglo- binie musculaire ; 2° que cette hypohémoglobinie ne dépend ni directe- ment, ni immédiatement de la teneur du sang en hémoglobine; 3° que cette hypohémoglobinie nous semble dépendre surtout de l’état général du sujet; l’anémie sanguine n’agirait qu'indirectement dans sa produc- tion, ou s’observerait simplement en concomitance avec l'hypohémoglo- binie musculaire, les deux phénomènes étant alors sous la dépendance de la même cause. ERRATA he Dans le n° 12 des Comptes rendus de la Sociéle de Biologie, séance du 26 mars 1904, p. 579, lignes 10, 11, 17, 27, 28 et 36, lire : 0 gr... au lieu de : 0 kilos. Page 582, 25e ligne : au lieu de : céphalisation locale d'un organe transitoire, lire : cépbalisation locale des centres nerveux dans un organe transitoire. ne en td ” OUVRAGES RECGUS PAR LA SOCIÉTÉ PENDANT LES MOIS DE JANVIER, FÉVRIER ET MARS 1904. Jues Corte. — Contribution à l'étude de la nutrition chez les spongiaires (extrait du Bull. scientifique de lu France et de la Belgique, XXX VII, p. 420-573, 1903). ARMAND GAUTIER. — L'alimentation et les régimes chez l’homme sain et chez les maludes, un vol. in-8° de xvi-528 p. Paris, Masson et Cie, 1904. H. Coupix. — L'amour chez # bétes, un vol. in-16 de 326 p. Paris, J. Tal- landier, 1904. DE Sinéty. — Déviation menstruelle et cloisonnement du vagin (extrait de la Revue de Gynécologie et de Chirurgie abdominale, janvier-février 1904, p. 39-44). Levapiti. — La nutrition dans ses rapports avec l'immunité, un vol. in-16 de 201 pages. Paris, Masson et Cie et Gautier-Villars, 1904. A. LoranD. — L'origine du diabète et ses rapports avec les états morbides des glandes vasculaires sanguines, in-8° de 83 pages. Paris, C. Naud, 1904. H. Courix. — Le monde des fourmis, in-16 carré de 160 pages, Paris, Ch. De- lagrave, 190%. TT «i CREER EN VER (32) 649 REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX SÉANCE DU 12 AVRIL 1904 SOMMAIRE Branpeis (R.) : Cytologie du li- lames de l'organe électrique de Tor- quide céphalo-rachidien dans quatre DEUONGOIVOT EEE RENE 653 Cale ZONES RNA 649 Cove et CAVALIÉ : Les néphrites CAvALIÉ (M.) : Recherches sur les expérimentales (chloroforme. iodo- ramifications nerveuses dans les TOME) RER RO ER RER 650 Présidence de M. Pitres, Président. CYTOLOGIE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS QUATRE CAS DE ZONA, par M. R: Branpeis. J'ai l'honneur de présenter à la réunion biologique les résultats de . l'examen cytologique du liquide céphalo-rachidien dans quatre cas de Zona. Os. I. — Léon P.…., entré le 19 novembre 1903 à l'hôpital Saint-André, salle XVI, lit 4, pour zona ophtalmique ayant débuté le 16 novembre. Les antécédents du malade ne révèlent ni tuberculose, ni éthylisme, ni syphilis. Ponction lombaire le 23 novembre. Le liquide coule sous moyenne pres- sion, très légèrement teinté de sang au début, limpide par la suite. On évacue 30 centimètres cubes de liquide et on soumet à la centrifugation le liquide limpide recueilli à la fin de l'opération. Les préparations montrent de 10 à 15 lymphocytes par champ de micro- scope et des cellules rondes peu nombreuses, sans noyaux visibles, doubles comme volume de celui d’un lymphocyte. Ogs. II. — Lucien B..., hôpital Saint-André, salle XVI, lit 34, entré le 4 mars 1904 pour zoua thoracique. Ses antécédents ne revèlent ni tare, ni traumatisme. Ponction lombaire le 8 mars 1904. Le liquide coule goutte à goutte, à gouttes rapprochées. On en évacue 7 centimètres cubes. L'examen microscopique montre de 16 à 20 hématies par champ de micro- scope, pour 3 à 4 lymphocytes. Étant donné ce rapport, il y a lieu de conclure que le liquide céphalo-ra- chidien renferme des lymphocytes lui appartenant en propre. 650 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (33) Ogs. III. — M. B... (malade du D' J. Abadie auquel nous devons cette obesrva- tion). Névralgie datant de onze mois, succédant à un zona de la fesse et de la cuisse. s Ponction lombaire le 29 décembre 1902 : liquide coulant goutte à goutte au début, puis en jet continu. On en laisse écouler 25 centimètres cubes. L'examen microscopique montre des globules rouges et des lymphocytes en nombre à peu près égal (18 à 20 par champ}. Il y a donc lieu de conclure que tous les lymphocytes ne proviennent pas du sang mélangé au liquide céphalo-rachidien, mais qu'un certain nombre de ces éléments appartient au liquide lui-même. Ogs. IV. — Anne L..., atteinte de grippe, entre le 5 janvier 1904 à l'hôpital Saint-André, salle VII, couchette 2. À l’interrogatoire, elle signale dans ses antécédents personnels une éruption intercostale dont elle fut atteinté il y a dix ans. Lé diagnostic zona, porté à cette époque par son médecin, les cica- trices encore visibles, plus sombres que la peau, un peu gaufrées et dont le plus grand nombre est insensible à la piqûre, démontrent bien la nature zos- térienne de l'éruption. Les antécédents de la malade ne revêtent pas de tare. Ponction lombaire le 12 janvier 1904. Le liquide coule lentement, à gouttes espacées, légèrement teinté de sang au début, clair vers la fin. On évacue 4 centimètres cubes de liquide. L'examen cytologique décèle la présence de lymphocytes peu abondants (de 1 à trois par champ de microscope). : Il nous a paru intéressant de signaler les résultats de l'examen ecyto- logique dans ces quatre cas de zona. Ils montrent tous la réaction méningée se traduisant par de la lymphocytose. Les observations I et Il sont à rapprocher de celles publiées par MM. Brissaud, Sicard, Achard, Lœper, etc. - Les observations III et IV trouvent leur place à côté des cas relatés par MM. Chauffard et Froin à propos de la durée de la réaction ménin- gée; l'observation III, montre cette réaction subsistant onze mois après l'apparition du zona, cette durée concordant avec celles constatées par Sicard (dix mois, treize mois). La malade de l'observation IV présente une réaction à bien plus long terme. Nous ne croyons pas que la littérature médicale mentionne de lymphocytose postzostérienne aussi durable. Cette réaction méningée, subsistant dix ans encore après la guérison d’un zona, n’a pu, malgré nos investigations, pouvoir être rapportée à une autre cause et nous a semblé par cela même, digne d’être signalée. LES NÉPHRITES EXPÉRIMENTALES (CHLOROFORME, IODOFORME), par MM. CoynE et CAVALIÉ. Les lésions dégénératives de l'épithélium rénal dues à l’intoxication par l'iodoforme sont acceptées par tous les auteurs. Il n’en est pas de 4 (34) SÉANCE DU A2 AVRIL 651 même des alléralions que l’on peut attribuer à l'action du chloroforme. M. Terrier (1) à constaté l’albuminurie post-chloroformique et l’a attribuée, un des premiers, au chloroforme. D’autres auteurs ont noté, en outre, de la cylindrurie et la présence de cellules épithéliales rénales dans les urines. Nothnagel (2), Ostergag (3), etc., ont observé de la dégénérescence graisseuse des reins. M. Bouchard (4) a constaté une congestion intense avec extravasations sanguines dans les canalicules sans lésions épithéliales. M. Renaut (5) a trouvé des lésions portant sur les cellules des tubes contournés à bordure en brosse. Il y a disparition de cette bordure sur le pôle libre des cellules. Nous avons étudié, chez le lapin et chez le cobaye, l’action du chloro- forme et de l'iodoforme sur le rein. Nous n’envisagerons, dans cette note, que l’état de la substance corticale. 1° Zodoforme. — Nous avons introduit directement dans le tissu sous-cutané de l’iodoforme en poudre, ou bien nous avons injecté, par la voie hypodermique, de l’iodoforme en suspension dans l’éther ou dans l'huile de vaseline. Les animaux ont été sacrifiés, soit deux, soit quatre, soit six jours après l’intoxication. Chaque fois, l'examen histologique des reins nous a permis de constater des lésions de néphrite parenchymateuse subaiguë à des degrés variables suivant les points examinés du rein. Rien à signaler du côté du tissu conjonctif et des vaisseaux. Peu de conges- tion. On rencontre parfois un exsudat plus ou moins abondant entre le glomérule et la capsule. Les noyaux des cellules endothéliales sont gonflés. Il existe des lésions plus ou moins prononcées d’une région rénale à une autre, dans les fubuli contorti. Tantôt la lumière centrale est peu apparente, sous forme de fente en ligne brisée; les cellules sont tuméfiées, à contours nets. Les noyaux sont bien apparents, bien colorés; on y voit le réseau de linine, les grains de chroma- tine et un ou deux nucléoles; assez souvent un nucléole est en voie d'expulsion ou est expulsé dans le protoplasma. Le protoplasma foncé et strié au pôle basal, devient granuleux et vacuo- (1) Terrier. Communication à la Société de Chirurgie, 884 et 1886. (2) Nothnagel. Fettdegeneration der Organe bei Oether und Chloroform, Berl. klin. Vochenschrift, 1886. (3) Ostergag. Todtliche Nachwirkung des Chioroforms, Wirchow’s Arch., t. 118: (#) Bouchard. Etude expérimentale sur la mort qui succède à l'injection … sous-cutanée de chloroforme chez les animaux et sur l’albuminurie chlorofor- mique, Gazette hebdom. de méd. et chir., 1884. (5). Renaut. Communication à l’Académie de Médecine, avril 1902. - Biocoaïe. Compres RENDUS. — 1904. T, LVI. 46 652 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX laire autour du noyau et au pôle apical de la cellule. Des amas de grosses : granulations alternent avec des vacuoles. La bordure en brosse n’est pas visible. Tantôt la lumière centrale est apparente, plus ou moins étendue. Ou bien ses contours sont réguliers; les cellules épithéliales sont décapi- tées à un niveau sensiblement égal; il y a des débris nucléaires et proto- plasmiques dans la cavité; la portion cellulaire restée contre la paroi, avec ou sans noyau, a un protoplasma fortement coloré el granuleux. Ou bien ses contours sont déchiquetés; on y rencontre également des débris nucléaires et protoplasmiques, et, en plus, des éléments épithéliaux entiers. Les portions des cellules. épithéliales restées contre la paroi des fubuli contorti sont déchiquetées, en voie de nécrose. Des lésions analogues s’observent dans les anses de HÉnes 2° Chloroforme. — Nous avons anesthésié les lapins et les cobayes, pendant plus d’une heure, et avec précaution. L'examen histologique des reins a été pratiqué, soit chez les animaux morts sous l’anesthésie, soit chez les animaux sacrifiés pendant l’anesthésie. Comme l’a observé M. Bouchard, il y a une congestion intense des vais- seaux et des glomérules; quelquefois, on observe un léger exsudat entre le glomérule et la capsule de Bowmann. Mais, d’autres fois, les glomérules gon- flés s'appliquent contre la paroi de la capsule. Nous n’avons pas trouvé d’extravasations sanguines dans la lumière des tubes contournés. Les tubuli contorti offrent un aspect variable suivant les régions envisagées du rein, mais les altérations sont généralement peu marquées. En certains points, assez rares, autour d'un glomérule, par exemple, les tubuli conlorti apparaissent avec une lumière centrale nette, agrandie, renfer- mant quelques rares débris cellulaires. ; Les cellules épithéliales sont déchiquetées sur leur bord libre Le noyau est plus ou moins coloré; on voit souvent le nucléole en voie d'expulsion ou expulsé dans le protoplasma. Le protoplasma est granuleux, fortement coloré au pôle basal, vacuolaire autour du noyau et au pôle apical. En d’autres points, moins rares, la lumière centrale est sous forme de fente en ligne brisée; les cellules épithéliales sont gonflées, à contours nets; du côté de la lumière centrale, la bordure en brosse est visible, mais incom- plète, détruite par places. Les noyaux sont tantôt bien, tantôt mal colorés; on rencontre souvent un nucléole sorti ou en train de sortir du noyau. Autour du noyau se dessine une vacuole claire, puis, plus loin, le protoplasma est assez fortement granuleux. Enfin, dans le reste de la substance corticale, les fubuli contorti semblent être normaux, sauf qu'il y a accentuation des granulations protoplasmiques. Les lésions des anses de Henle sont comparables. Conclusions. — Les lésions que nous avons observées dans l'intoxica- tion par l’iodoforme et par le chloroforme sont constantes. æ Mae EE TA Es RATES F AY (YUYUT W (36) | SÉANCE DU À2 AVRIL 653 Elles ne sont pas réparties uniformément, mais le sont à des degrés différents dans les différents points de la substance corticale. 1° Par l’iodoforme, il y a néphrite parenchymateuse subaiguë, sans congestion marquée; il y a nécrose et abrasion de l’épithélium par places; 2° Par le chloroforme, on rencontre une congestion intense avec glo- mérulite. L'épithélium rénal est légèrement atteint la plupart du temps (état granuleux, apparition de vacuoles, exode de nucléoles, disparition de la bordure en brosse). RECHERCHES SUR LES RAMIFICATIONS NERVEUSES DANS LES LAMES DE L'ORGANE ÉLECTRIQUE DE Z'orpedo galvani, par M. M. CAvaLié. Après avoir fixé, par l'acide osmique, suivant les indications fournies par M. le professeur Ranvier (1), quelques fragments de prisme de l'organe électrique, l'examen au microscope d’une des lames qui com- posent le prisme, lame étalée sur une plaque de verre porte-objet, la face ventrale dirigée en haut, permet de reconnaître sur un premier plan des vaisseaux et des nerfs, sur un second plan une couche gra- nulée correspondant aux dernières terminaisons nerveuses, sur un troisième plan des noyaux arrondis, et plus profondément une nappe conjonctive. Dans le premier plan il est facile de reconnaître : 1° Des fibres nerveuses à myéline (1"° couche); 2° Des vaisseaux (2° couche); 3 Des fibres nerveuses plus grêles qui se ramifient en fibres nerveuses sans myéline (bois de cerf de Wagner, 3° couche). Les fibres nerveuses à myéline possèdent une gaine de Schwann et une gaine secondaire (protoplasma avec noyaux); au centre se trouve le tube nerveux à myéline, avec ses étranglements annulaires et ses seg- ments interannulaires. Les fibres nerveuses sans myéline conservent leur membrane de Schwann et leur gaine secondaire ; leur gaine secondaire s'arrête brus- quement à partir de la deuxième ou troisième ramification (ramificalion en bois de cerf). La gaine de Schwann paraît accompagner encore le cylindre axe. Les ramifications en bois de cerf se perdent peu à peu dans les arbo- risations terminales. (1) Ranvier. Leçons sur l’histologie du système nerveux (1878, t. IT, p. 111 et suivantes). 654 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (37) Les arborisations terminales, que j'ai pu obtenir isolées, sont formées de fines fibrilles paraissant quelquefois s’anastomoser, mais donnant plutôt l'illusion d'un épanouissement en bouquet. Ces fibrilles dépas- sent la couche granulée et vont dans la couche des noyaux arrondis. En imprégnant subséquemment par le chlorure d’or des lames élec- triques fixées au préalable par l'acide osmique et étalées sur la lame porte-objel, j'ai obtenu des détails de structure qui, à ma connaissance, n’ont pas encore été signalés. dJ’ai utilisé le procédé d’imprégnation trouvé et indiqué par M. de Nabias (1) avec virage instantané à l’aide de l’eau anilinée. Ce procédé m'a permis de mettre en évidence des fibrilles, d'une netteté remarquable, entourant les ramifications RIÉNEUERE. ou bien courant isolément dans la lame électrique. Ces fibrilles s’'anostomosent très rarement : elles ne sont pas ondulées, ni groupées en faisceaux ni colorées comme les fibres conjonctives. Alors que dans une même lame électrique les fibrilles conjonctives d’un faisceau prennent avec le chlorure d’or, une coloration se rappro- chant plutôt d’un rouge vineux, un peu sale, les fibrilles qui accom- pagnent les fibres nerveuses, ou qui courent isolément, sont d’un beau violet noir. Il y en a de grosses, de moyennes et de fines. Elles sont placées sur la gaine de Schwann, ou dans la gaine secon- daire des fibres nerveuses. Elles se ramifient comme les fibres nerveuses elles-mêmes. De place en place, on voit des fibrilles quitter la paroi d’une fibre nerveuse pour s’enfoncer en pleine lame électrique, et s’y ramifier. Je n’ai pas pu établir encore la provenance de ces fibrilles ni leur destinée exactes. On pourrait en faire un rapprochement avec les fibrilles décrites ‘ récemment par Perroncito (2), dans les gaines des fibres nerveuses motrices et dans les plaques motrices. Mais les fibrilles représentées dans les dessins de cet auteur ne sont nullement comparables avec fibrilles que j'ai observées et dont les dessins seront incessamment publiés. (Travail des laboratoires biologiques maritimes d'Arcachon.) (1) De Nabias. Nouvelle méthode au chlorure d’or pour la coloration rapide du système nerveux (Comptes rendus Soc. de Biol., Paris, 1904, n° 9, 11 mars). (2) Perroncito (A). Études ultérieures sur les terminaisons des nerfs dans les muscles à fibres striées (avec 2 pl.) (Arch. ital. de Biol, t. XXX VII, fase. III, 1902). Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. a SÉANCE DU 23 AVRIL 1904 SOMMAIRE Acov (J.) : Sur les oxydations et réductions produites par les extraits d'organes Bar (Paur) et Daunay (R.) : Du carbone urinaire à la fin de la gros- SESSeRROTMAlC NN ERP Bzoca (A.-M.). Mesure numérique et courbes graphiques des bruits fournis par la percussion médiate. Lendéchometre CPE 1e vd Bonn (GEORGES) Influence de linanition sur les métamorphoses. Boan (GxorGes) : Influence de l'in- solation des œufs d'amphibiens sur l'évolution de l'embryun. . . . . .. Bourquezot (Eu.) et Hérissey (H.) : Nouvelles recherches sur l'aucubine. Beumwpt (E.) : La maladie désignée sous le nom d’Aïno par les Somalis dél'Ogaden est une Trypanosomose probablement identique au Nagana de l'Afrique orientale . . . . . . .. Brumpr : La peste du cheval en ÉTÉ 2e 107 Go A ete RER TAN CHAssEvANT et GARNIFR (M.) : Toxi- cité de dérivés carboxylés du ben- zène CHENU (JEAN) et More (ALBERT) : Localisation de l’ivde dans les glan- DMC OSMNOMOMOMOMO TO MONO TALENTS 658 659 667 dules parathyroïdes externes. . . . 680 Herpix (A.) : Note sur la distribu- tion des veines dans le rein. . . . . LEsAGE (J.) : Toxicité de l’adréna- line en injection intraveineuse pour JONCHA SERA EEE NRA MaurEez (E.) : Rapport de l’azote alimentaire à l'azote uréique, avec la ration moyenne d'entretien et ses VARIAULON SNS AT NE NEA NaTTAN LaRBIER (L.) : Les myélo- cytes basophiles du foie fœtal. . . SCHMITT (CH.) : Existence de fer- ments oxydants et réducteurs dans la peau. Leurs rapports avec la for- mation des pigments. . . . . . . .. Vizce (J.) et DERRIEN (E.) : Condi- tions d'application du procédé de Mobr dans le dosage du chlore uri- MUST A ON RE NN BEI Das 671 665 669 682 618 Réunion biologique de Marseille. ALEzAIS et BrickA : Les altérations des muscles dans la rage . . .... 687 RayBaup (A.)et VERNET (L.) : Splé- nomégalies chroniques avec anémie chez le nourrisson. ......... 688 Présidence de M. O. Larcher, vice-président. NOUVELLES RECHERCHES SUR L'aucubine, par MM. Ém. BourqueLor et H. HÉRISSEY. Dans une note précédente (1), nous avons donné le procédé qui nous a permis de retirer, de la graine d’Aucuba japonica L., un glucoside (1) Sur un glucoside nouveau, l’aucubine, retiré des graines d’Aucuba japo- nica L. (Société de Biologie, séance du 14 juin 1902). » BrozociEe. Comptes Kenous. — 1904. T. LVI. 47 656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nouveau : l’aucubine, et nous avons indiqué quelques-unes de ses pro- priétés. Il nous reste à décrire les autres propriétés de ce composé, et à exposer les recherches que nous avons faites dans le but d'établir sa : composition. Propriétés physiques. — L’aucubine est soluble dans l’eau, l'alcool ordinaire et l'alcool méthylique. Pour 100 parties de dissolvant et à la température de 20 à 22 degrés, l’eau en dissout 35 parte 6; l'alcool à 95 degrés, 1 partie 1; l'alcool à 85 degrés, 7 parties 7; et l'alcool mélhy- lique, exempt d’acétone, 13 parties 8. Elle est MeobIe dans l’éther et le chloroforme. L'’aucubine cristallisée renferme une certaine proportion d’eau de cristallisation qui ne disparait complètement que si l’on chauffe assez longtemps à 115-120 degrés, le produit se colorant légèrement. Dans nos délerminations, nous avons trouvé que cette proportion est comprise entre 5,36 et 5,90 p. 100 (chiffres trouvés 5,36, 5,57; 5,66; 5,90), ce qui ponte comme on le verra plus loin, à 1 molécule. Propriétés chimiques : 1° Dédoublement de l'aucubine par les acides. — L'aucubine est très stable: elle ne s’effleurit pas à l'air et ses solu- tions aqueuses peuvent se conserver longtemps sans altération. Mais les acides minéraux et cerlains acides organiques la dédoublent même à froid et en solution très diluée. Ainsi en est-il de l’acide sulfurique à 4 p. 1:000, et de l'acide tartrique également à 1 p. 1.000, ce qui montre combien il est nécessaire, dans la préparation du glucoside, de main- tenir la neutralité des liquides par addition de carbonate de chaux. A froid, et d'autant plus lentement que l'acide est plus dilué, on voit d'abord le liquide prendre une leinle jaune verdâtre; il se fait ensuite un précipité brun. Finalement, on a un liquide incolore tenant en sus- pension ce produit brun, floconneux. j À chaud, on observe les mêmes faits, sauf qu’on percoit une odeur aromalique provenant, comme nous nous en sommes assurés d’une action secondaire de l'acide sur le précipité. Dans tous les cas, il se forme en outre un sucre réducteur. Ce sucre eat du dexirose qui reste en solution, et dont la proportion, rapportée à l'aucubine cristallisée, a été trouvée égale à 54 et même à 55 p. 100. 20 Analyse élémentaire el essai cryoscopique. — La dessiccation de l'aucubine à 115-120 degrés déterminant, comme on l’a dit, un com- mencement de décomposition, l'analyse élémentaire a été faite sur le produit hydraté (en tube ouvert). Elle a donné les chiffres suivants en centièmes : Ra Il HIT Gi AA RATE ASE 48,48 LEGS Te 6,2? 6,46 6,47 Des essais cryoscopiques effectués sur l’aucubine en solution aqueuse SÉANCE DU 23 AVRIL 657 ont donné, comme poids moléculaire du produit anhydre, 304 et 306. En rapprochant ces résultats, on arrive pour l’aucubine cristallisée, à la formule suivante : C'*H2:0° où mieux C'*H2°05 L H°0. Poids moléculaire . . ,. . . . : . 303 +18. Composition en centièmes . . . . C—48,59 et H==6,54; eau 5,6. Il suit de là que l’aucubine ne peut renfermer qu’une seule molécule de dextrose, et que l'équation de son dédoublement doit être : CSH4208 H°20 — C‘H120° + CTH°0°. À ce dernier produit complémentaire du dextrose dans le dédouble- ment, nous proposons de donner le nom d’aucubigénine. Propriétés biochimiques. — Comme nous l’avons déjà publié, l'émul- sine dédouble l’aucubine. L'action du ferment est la même que celle des acides dilués. Toutefois la formation du précipité est lente à se pro- duire, et la réaction s’arrête avant la fin, même en solution étendue (0,5 p. 100). L’aucubine ne parait pas toxique : on a pu en injecter 0 gr. 40 en solution aqueuse et sous la peau à un cobaye de 330 grammes sans pro- voquer d'accident. Il en a été de même en injectant la solution après addition d’émulsine, ce qui permet de penser que le composé qui se forme en même temps que le glucose dans le dédoublement de l’aucu- bine est, lui aussi, sans toxicité. . Recherche de l’émulsine et de l’aucubine dans les différents organes de la plante. — On sait que lorsqu'un glucoside existe dans un organe végétal, cet organe ou tout autre organe de la plante renferme, au moins à certains moments de la végétation, un ferment susceptible d'hydrolyser ce glucose. L’Aucuba ne fait pas exception à la règle. Nous avons pu préparer, avec les feuilles de ce végétal, un produit fer- mentaire dédoublant l’aucubine. Comme d’ailleurs ce même produit détermine le dédoublement de l’amygdaline, et que, d'autre part, l'émulsine des amandes dédouble l’aucubine, on doit en conclure que le ferment des feuilles d’Aucuba est de l’émulsine. L’aucubine sur laquelle ont été faites nos recherches a été retirée de la graine d'Aucuba. Les feuilles, la tige et la racine en renferment éga- lement, et en notable proportion. Il nous a été possible, en effet, d'en extraire de tous ces organes et de la caractériser par ses diverses pro- priétés, notamment par son pouvoir rotatoire. Dans tous les cas, elle est accompagnée de sucre de canne. Enfin, on la retrouve encore dans les feuilles desséchées à l'étuve, à 30-33 degrés, d’où elle a pu être retirée également à l’état cristallisé. 658 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES OXYDATIONS ET RÉDUCTIONS PRODUITES PAR LES EXTRAITS D'ORGANES, par M. J. ALoy. Dans une série de recherches effectuées en collaboration avec M. Abe- lous nous avons déterminé les conditions de l'oxydation de l’aldéhyde salicylique par les organes et extraits d'organes animaux. Nous avons montré que l'oxygène libre, loin de favoriser l’action du ferment oxy- dant, l'entrave dans une certaine mesure et peut même la supprimer. Nous avons en outre constaté un paraïlélisme très étroit entre les phé- nomèênes d’oxydalion et de réduction et nous avons été conduits ainsi à la conception d'un ferment oxydo-réductleur. Nos expériences avaient porté principalement sur les organes du cheval; j'ai pensé qu'il serait intéressant de généraliser ces résultats en opérant sur divers représentants de la série animale; j'ai choisi l'oiseau, la carpe, l’écrevisse, l'huître et le ver de terre. Une partie de l'animal ou l'animal tout entier préalablement broyé avec du sable exempt de nitrates est soumis à l’action d'une presse hydraulique qui développe 300 atmosphères. La solution obtenue est additionnée de son volume d’eau chloroformée, puis d’un excès de chloroforme, et portée pendant trente-six heures à l’éluve à 40 degrés. On filtre et l'on fait quatre lots. 4° 400 cent. cubes d'extrait + 1 cent. cubes d’aldéhyde salicylique 20 — + — bouilli. 3° 400 cent. cubes d'extrait + 2 grammes de nitrate de K pur. 40 = + = bouilli. Ces divers lots sont alcalinisés par une petite quantité de carbonate de sodium. Après vingt heures de séjour à l'étuve à 39-40 degrés, on recherche l'acide salicylique par la méthode d'extraction à l'éther et les nitrates par le réactif de Tromsdorff ou la métaphénylène diamine. J’ai constaté dans tous les cas la coexistence des actions oxydantes et réductrices : le foie d'oiseau est particulièrement très actif, le ver de terre réduit fai- blement les nitrates et produit très peu d'acide salicylique. J'ai cherché à obtenir le ferment en utilisant les méthodes habituelles : de préparation des diastases. Les précipités minéraux et en particulier le phosphate de calcium entraînent très peu de ferment; l'acide picrique en solution acide le sépare au contraire complètement. On peut enlever l’acide picrique en le dissolvant dans la soude à 1 p. 100 et en dialysant. La méthode qui m'a donné jusqu'ici les meilleurs résultats consiste à effectuer des précipitations successives par le sulfate d’ammonium à demi-saturation en opérant dans des liqueurs neutres, puis à soumettre à la dialyse. Le ferment reste associé au précipité de globuline. SÉANCE DU 23 AVRIL 659 La plupart des oxydations produites par les tissus ont été manifestées par des transformations de substances à chaîne fermée appartenant à la série aromatique; j'ai essayé d'oxyder des composés à chaîne ouverte etje me suis adressé à l'acide glycolique et à un sucre, le lévulose. Les premiers résultats de mes expériences me permettent de conclure à la possibilité de la formation d’acide oxalique à partir de l'acide glyco- sique par l'extrait de foie de cheval. Dans une communication ulté- rieure, je préciserai les conditions de cette transformation. (Travail du laboratoire de Biologie de la Faculté de Médecine.) DU CARBONE URINAIRE A LA FIN DE LA GROSSESSE NORMALE, par MM. Pauc Bar et R. DaAunay. Nous avons recherché les variations du carbone urinaire chez 24 femmes (13 primipares [voy. tableau de 1 à 14! et 8 multipares) arrivées à la fin de la grossesse. Si on admet qu'à l'état normal, la quantité de carbone urinaire par rapport à l’azote est chez une femme jeune, de 0,83, que le poids d’azote total est par jour de 12 gr., le poids du carbone sera de (9 gr. 9,6) 10 grammes environ. Nous avons constaté que le poids du carbone chez les primipares a été de 9,60; elle a été sensiblement inférieure chez les mullipares, 8,63. He .. CT CU CT CE Nous avons déterminé la valeur des quatre rapports : CA CI AT AE , CT ai port de 0,25, c’est-à-dire normal; chez 12, il a été supérieur à 0,95, atteignant au maximum 0,46; chez 6, il a été inférieur à 0,25, le mini- mum ayant été 0,17. 1 Il a été en moyenne de 0,28; 3 seulement ont présenté un rap- CA Jus ie : Le rapport CT © donc une tendance à être supérieur à la normale et nous avons relevé les rapports 0,44-0,46. En général, les chiffres les plus élevés se rencontrent chez les multipares, moyenne 0,31: (moyenne chez les primipares 0,26.) _ Il à été en moyenne de 0,36; chez 3 femmes, on a trouvé un rapport supérieur à 0,43 ; chez toutes les autres il a été inférieur à 0,43. co di L Cu APE ï Chez les femmes enceintes, CT est inférieur à la normale. Chez les multipares, il s’est montré un peu plus bas (0,24) que chez les primipares (0,37). 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CT pe à Le Tapporb est donc supérieur à la normale chez les femmes : enceintes, plus chez les multipares que chez les primipares; ce résultat est superposable au précédent. CE sn Le AU AR sb AE Rent: AE Ce rapport s'est élevé à 5,23 en moyenne. Il a été moins élevé Z chez les primipares, 4,13, que chez les multipares, 7,02. 4° L'élude de ces quatre rapports montre que chez les femmes enceintes le carbone urinaire est aceru par rapport à l'azote; il l’est davantage chez les multipares que chez les primipares. : Chez nos femmes le rapport azoturique à été en moyenne 0,85, c'est- à-dire sensiblement normal, plus élevé chez les multipares (0,89) que chez les primipares (0,83). - L'augmentation du carbone urinaire est donc due à la présence dans Purine de corps riches en carbone, mais non azotés. INFLUENCE DE L'INANITION SUR LES MÉTAMORPHOSES, par M. GEORGES Bonn. Suivant les diverses conditions de l'habitat, le développement de la Rana temporaria présente des différences notables. Voici la marche moyenne quand les œufs se trouvent dans une eau profonde, froide, peu éclairée, pauvre en aliments et bien aérée (étang de Fresnes). Quinze jours environ après la ponte, l'éclosion a lieu et des coques albu- mineuses sortent des embryons inertes en apparence; deux ou trois jours après, les mouvements musculaires se substituent progressivement aux mouvements ciliaires (Soc. de Biologie, 16 mai 1903), mais l’embryon n’est pas encore ce qu'on est convenu d'appeler un tétard. Celui-ci résultera d'une métamorphose partielle (bec corné, opercule), coïnci- dant avec un changement de régime (aliments autres que vitellus et albumine de l'œuf), s’effectuant sept à huit jours après l'éclosion. Vers le quatrième jour, les branchies qui viennent d'acquérir progressive ment un développement très considérable (houppes branchiales) entrent en régression, un opercule va se développer et les recouvrir; le commen- 662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cement de celte régression correspond au moment où les réserves vitellines sont utilisées complètement et où les mouvements natatoires entraînent les embryons loin des coques albumineuses dont ils pour- raient se nourrir. Les modifications que l’on peut observer dans le développement portent, d'une part sur la rapidité des transformations, d'autre part sur la rapi- dité de la croissance; ces deux sortes de variations sont indépendantes dans une certaine mesure, parfois même inverses l’une de l'autre. La quantité d'eau paraît avoir peu d’influence. L’éclairement et Vaéra- tion agissent uniquement sur la taille, n’entrainant ni avance ni retard dans le moment de la métamorphose. Au contraire, la température et l’alimentalion agissent à la fois sur la rapidité des transformations et sur celle de la croissance; mais la {empérature agit parallèlement sur les deux (accélération, sans modification), tandis que l'alimentation peut. les influencer en sens inverse (modification). C’est là un fait capital, pas suffisamment mis en évidence jusqu'ici, et qui parait devoir jeter quelques lumières sur l'étude des variations du développement suivant les habitats. ExP. I. — Des embryons, les uns isolés des coques albumineuses (a), les autres restant dans leur voisinage (b), sont placés, à part cela, rigoureuse- ment dans les mêmes conditions. À parlir du quatrième jour, la croissance de b est un peu plus rapide. — 6ejour.|11mm br. régres-|12nm br. dévelop- » sent. pées. ù Il br. pr. ca-|15mm — 12mm br. régres. |1322 br. régres. chées. 12 ltetards. 16 — létards. 13 tétards. » : T br.régressent » S tlélards. Ainsi une alimentation abondante (b) favorise la croissance et relarde la trans- formation en tétards. Exp. II. — Le sixième jour, onisole un certain nombre d'embryons 6, pour les placer, les uns (c) dans l’eau impure provenant de b, les autres (4) dans de l’eau pure. Le lendemain les branchies ont presque disparu : la métamor- phose se fait très rapidement, surtout dans l’eau impure (anomalies pos- sibles). Ainsi lu suppression brusque de l'aliment délermine une métar:orphose immé- diate. Exp. ITf. — Le sixième jour, on isole des embryons b, pour les placer dans de l’ean très impure (CO®), mais avec des aliments; les embryons viennent respirer l'air en nature, mais ne se transforment pas en tétards. 0 SÉANCE DU 23 AVRIL 663 Ces faits sont à rapprocher de ceux relatés dans un travail récent de Power (American naturalist, juin 1903) : la transformation de l’axolotl en amblystome ne s’observe pas dans les mares qui se dessèchent, sous l'influence de la lumière et de la chaieur, dans des milieux asphyxiants, mais la suppression des aliments la détermine immédiatement. Il y a là un point de vue nouveau, intéressant, qui diminue l'impor- tance de la théorie asphyxique de Bataillon, qui s'accorde en revanche avec la théorie phagocylaire de Metschnikoff: {a larve, à qui on supprime les aliments, se nourrirait, par l'intermédiaire des phagocytes, aux dé- pens des organes destinés à disparaître (branchies externes... queue...). Il y aurail Jà une explication de la névténie (Giard) : croissance exagérée de l'embryon qui devient physiologiquement adulte, sans subir les modifications morphologiques qui caractérisent l'adulte. INFLUENCE DE L'INSOLATION DES OŒUFS D'AMPHIBIENS SUR L'ÉVOLUTION DE L'EMBRYON, par M. GEORGES Bonn. - Les expériences qui suivent, comme celles qui précèdent, effectuées pour la première fois en 1879, ont été reprises systématiquement depuis un mois. L'influence des variations de l’éclairement dépend de l’époque -du développement où elles ont lieu. Voici les résultats des premières expériences faites. Une ponte de #ana temporaria a été partagée en plusieurs parts : de la ponte à l’éclosion, les unes (S) ont subi une insolation de quatre heures pendant trois matinées non successives (12 heures en tout), les autres (0) ont été placées constamment dans une obscurité absolue (autres con- ditions, identiques; chaleur éliminée). 1° Aucune modification de la date de l’éclosion et de la date de la transformation en létards ne s’est produite (toujours le huitième jour); 2° Au moment de l’éclosion, les embryons étaient semblablement constitués et sensiblement de même taille ; S = 7 mill. 5; O0 — 7 millimètres. 3° Après l’éclosion, l’éclairement de certains lots a été modifié, d’où quatre sortes de lots :S S$ (soleil avant et après), S O (soleil, puis ombre), 0 $, O O. C'est seulement alors que, quel qu’ait été le nouvel éclaire- ment, on a vu se manifester les effets tardifs d’un éclairement trop fort ou trop faible de l'œuf. a) Les trois premiers jours, les mouvements ciliaires des embryons qui sortent des œufs insolés S sont moins intenses que ceux des embryons qui 664 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sortent des œufs O; dès le deuxième jour, la majorité de ces derniers effectuent déjà leur ascension contre les parois verticales. b) Le troisième jour, les mouvements musculaires des embryons qui sortent des œufs S sont déjà assez énergiques pour produire la natation vers la surface; les embryons qui sortent des œufs O nagent mal et en petit nombre. SS et SO, 60 et 66 p. 100 nagent. OS et O0, 30 et 33 p. 190 nagent. Dans la suite, les mouvements musculaires restent plus énergiques chez les embryons des premiers lots (S). c) Le cinquième jour (maximum de développement des branchies externes, les embryons provenant des œufs insolés S sont de plus grande taille que ceux provenant des œufs O; la croissance moyenne depuis l’éclosion ayant été : SS — 4 millimètres ; SO = 4 milli. 1; OS — 3 millimètres; 00 —= 3 milli. 2. d) Du cinquième au huitième jour, la métamorphose se fait progres- siment, et elle est accompagnée d’une croissance plus considérable des embryons provenant des œufs insolés. SS = 3 millimètres ; SO — 2 millimètres; OS — 00 = 1 mill. 25. Finalement (9° jour), quel que soit l'éclairement de l'embryon, les tétards qui proviennent d'œufs insolés sont plus gros que ceux qui pro- viennent d'œufs non insolés. < SS — 15 millimètres ; SO — 14 millimètres ; OS — 11 millimètres; 00 — 12 millimètres. ” e) Ces derniers peuvent continuer encore leur développement, même s'ils ne trouvent pas d'aliments en dehors d'eux, tandis que dans ces conditions les premiers régressent et meurent, mais alors le corps seul se développe, la queue restant rudimentaire; d’où dimorphisme entre les tétards suivant qu'ils proviennent d'œufs insolés ou non. Le Bufu vulgaris s'est somporté de même. ConcLusIon. L'énergie solaire s'emmagasine en quelque sorte dans les œufs, et se manifeste par des effets physiologiques (mouvements) et mor- phologiques (croissance) tardifs, d'autant plus accentués qu'on se rapproche plus de l’époque de la transformation des embryons en tétards. Je rappel- lerai qu'avec les rayons cathodiques émis par le radium, j'ai observé éga- lement une action tardive, maxima à cette époque de l'évolution. Dans une prochaine note, je ferai intervenir l'influence des variations de l’éclairement de l'embryon. SÉANCE DU 23 AVRIL 665 ToxICITÉ DE L’ADRÉNALINE EN INJECTION INTRAVEINEUSE POUR LE CHAT, par M. J. Lesace. Dans une précédente communication (1), nous avons établi que la dose mortelle pour le chien, comme pour le lapin et le cobaye, de l’adrénaline injectée en solution dans les veines, est intermédiaire entre 0 milligr. 1 et 0 milligr. 2 par kilogramme. Nous avons poursuivi l'étude de la toxicité de l’adrénaline en déter- minant la dose mortelle pour le chat. La solution dont nous nous sommes servi est la même que dans les expériences précédentes ; l'injection est faile dans la veine jugulaire, sa durée est de 5 secondes. Deux fois, elle est faite par doses fractionnées (exp. 20 et 21); le reste du temps, elle est donnée d’une façon massive. Le tableau suivant résume nos expériences : É N° DE |sexe| Ace | Porns | POSE | DOSE RÉSULTAT expérience. globale.| par kilog. kilogr. | millier.| millier. d agé. 3590111025 5 » Mort, 3 h. 15 min. aprés. ei » 2,500 | 10 » 4 » Mort, 4 heures après. oi adulte. | 32 0 0,8 0,25 Survie. Q agé. 3,200 1,6 0,50 Id. Q Id. 3,420 3 » 0,81 Mort, 22 minutes après. d. Id. 5,360 5 » 0,9 Survie. ei Id. 3,500 3, 1 » Mort, 8 minutes après. Q Id. 2,9 0 3 » À » Mort, T heures après. ® | jeune. | 2,410 | 5 » 2 » Mort, 3 h. 30 min. aprés. d' Id. 3,450 0,86 0,25 Survie. ei Id. 2,360 0,60 0,25 Id. ei INR 3,8 30 0,95 0,25 Id. @ agé. | 2,810 | 0,10 0,25 Id. (1) Doses fractionnées. (1) et (2) Anesthésie préalable avec morphine-chloroforme. Si l’on compare ce tableau avec celui de notre dernière note, le fait ‘important qui se dégage de cet examen, c'est que le chat présente, vis- à-vis de l'adrénaline, une résistance beaucoup plus grande que le chien. Chez le chien, l'injection de 0 milligr. 20 à 0 milligr. 25 par kilogramme détermina la mort deux fois sur six; celle-ci arriva même avec 0 milligr. 12. Au contraire, chez le chat, après l'injection de cinq fois 0 millig. 25 et de une fois 0 milligr. 50 par kilogramme, six animaux sur six survivent. Le (4) J. Lesage. Toxicité de l’adrénaline en injection intraveineuse pour le chien, Comptes rendus de la Soc. de Biol., 16 avril 1904. #66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chat n° 25 survit même à 0 milligr. 9, mais le n° 24 succombe avec 0 milligr. 81. Plus élevée que pour le lapin, le cobaye et le chien, l& dose mortelle, pour le chat, de l'adrénaline injectée en solution dans les veines, se trouve donc intermédiaire entre O milligr. 50 ef O mailligr. 84 par kilogramme. La dose de O0 milligr. 25 par kilogramme n'ayant pas provoqué la mort cinq fois sur cinq pourra être considérée comme dose thérapeu- tique limite. Faisons remarquer en passant que le jeune chat n° 29, âgé seulement de treize mois, résiste aussi bien à cette dose de O0 milligr. 25 par kilogramme que le n° 22, adulte, et que le n° 32, âgé. Si nous comparons maintenant les doses globales administrées chez le chien et chez le chat, nous constatons que, chez le chien, les doses de 4 milligr. 5 et 5 milligrammes ont déterminé la mort trois fois sur trois, même lorsqu'il s’est agi d’un chien de très forte taille, pesaut 39 kilo- grammes (exp. 6). Par contre, le chat n° 25 supporte parfaitement cette même dose de ÿ mit- lhigrammes. Une autre constatation qui découle de l'examen comparatif de ces deux séries d'expériences est relative à la durée de l’évolution des manifestations phénoménales toxiques chez les deux espèces. Chez le chien, que l'animal soit anesthésié, ou qu’il ne le soit pas, l’intoxicalion par l'adrénaline est très rapide. Dans un cas, elle a lieu 6 minutes après l'injection; dans un autre, 4 minutes après; et, dans le troisième, immédiatement après. Chez le chat, la mort par l'empoisonnement adrénalique ne se pro- duit pas, d’une façon générale, aussi rapidement; elle est lente chez l'animal normal, très lente chez l'animal anesthésié. Une fois seulement sur six, elle a eu lieu 8 minutes après l'injection -de 1 milligramme par kilogramme. Avec la même dose, sur un animal anes- thésié, elle s’est produite, au plus tôt, 7 heures après (la mort ayant eu ‘ieu dans la nuit). Sur l'animal non anesthésié, on la constate, une autre fois, 22 minutes après l'injection de 0 milligr. 81, puis 3 h. 30 après l'injection de 2 milli- grammes; tandis que sur l’animal endormi, elle se produisit 4 heures après l'injection de 4 milligrammes par kilogramme; et 3 h. 15 après l'injection de 5 milligrammes par kilogramme. En somme, sans anesthésie, la mort est arrivée 8 minutes, 22 minutes et 3 h. 30 après l'injection; et, après anesthésie, 3 h. 15, 4 heures et plus de 1 heures après l'injection. Nous nous proposons, d’ailleurs, de revenir ultérieurement sur cette influence de l’anesthésie dans l’évolution du syndrome adrénalique. (Travail du Laboratoire de Physiologie d’Alfort.) SÉANCE DU 23 AVRIL 667 MESURE NUMÉRIQUE ET COURBES GRAPHIQUES DES BRUITS FOURNIS PAR LA PERCUSSION MÉDIATE. L’ENDÉCHOMÈTRE, par M. A.-M. BLocx. Il n'existe pas de procédé permettant la mesure comparative des bruits fournis par la percussion clinique. L’appréciation de la valeur de ces bruits est seulement qualitative et si les expressions dont on ge sert en médecine sont très nombreuses, très significatives, elles ont le grave inconvénient de ne pouvoir être comparées entre elles. Il n’y 3 pas de liens, pas de degrés entre la désignation des sons correspondant à la matité, à la submatité, à la sonorité, au tvmpanisme ; toutes nos connaissances se résument dans le plus ou le moins. Il résulte de cette insuffisance l'impossibilité de conserver le souvenir des résultats obtenus antérieurement. S'agit-il d’une pleurésie, on pourra noter de jour en jour l'élévation ou l’abaissement du niveau de l’épanchement, mais l'intensité de la matité sur cet épanchement même peut se modifier sans que nous soyons capables actuellement de juger ces variations et de noter la facon dont elles évoluent. Le procédé que je vais décrire et l'instrument que j'ai l'honneur de présenter à la Société sont destinés à combler cette lacune. L'endéchomètre permet d'apprécier numérique- ment les bruits de la percussion et par conséquent de construire des graphiques qui montrent, soit en fonction du lieu, soit en fonction du temps, les différences d'intensité des bruits que l’on perçoit en per- _cutant les cavités, à l’état physiologique, ou pendant le cours des maladies. Il se compose d'un fort stéthoscope sur la partie médiane duquel est branchée perpendiculairement une tige de bois pleine, longue de 30 cen- timètres et graduée en demi-centimètres depuis son point d'attache. Lorsque, tenant d'une main le stéthoscope appliqué sur une région du corps d'un sujet, on frappe légèrement avec la pulpe d’un doigt de l’autre main sur la tige graduée, on observe les faits suivants : les coups portés près de l'attache de la tige produisent un son amplifié par la résonance de là cavité sur laquelle s'appuie l'instrument et, lorsqu'on frappe en s'éloigrant peu à peu du stéthoscope, le son va en diminuant, puis, arrivé à un certain point, [a résonance cesse de se produire et on ne perçoit plus que le bruit mat du bois de la Llige graduée. Là est la limite qu'on lit en demi-centimètres. Plus la région du corps explorée est sonore, plus il faut éloigner les chocs de la jonction des deux tiges pour éteindre le son. On a donc une échelle numérique, métrique, des bruits de la percussion médiate. Pour opérer convenablement, il faut, comme je l'ai dit plus haut, frapper très doucement. Lorsque les chocs sont forts, ils font vibrer la lige elle-même et les sons qu'on produit masquent par leur intensité 668 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ceux des cavités qu'on examine. On commence par frapper loin du sté- thoscope et on s’en rapproche en tâtonnant jusqu'à ce quelle bruit mat du bois soit remplacé par le son cavitaire ; avec un peu d'habitude, on détermine à un demi-centimètre près la limite cherchée et on note la division métrique qui y correspond. Tel est le mode opératoire le plus simple. Il permet l'établissement de courbes variées, d’endéchogrammes qui établissent des rapports de sonorités entre les différentes parties du thorax et de l’abdomen, soit à l’état normal, soit à l’état pathologique. Pour éviter l’objection qu'on pourrait me faire de frapper avec une intensité variable dont l’appréciation reste incertaine, j'ai fait ajouter à l’endèchomètre un acoumètre qui se compose d’un anneau glissant sur la tige graduée et portant un petit marteau de caoutchouc dont le. manche est articulé au-dessus de l’anneau et dont la course est limitée par une lame métallique. Au lieu de frapper directement avec le doigt, comme j'ai dit précé- demment, on laisse tomber le marteau un grand nombre de fois, en éloignant ou en rapprochant l'anneau du stélhoscope, et on recherche la distance à laquelle le son cavitaire disparait. Dans une prochaine séance, je soumettrai à la Société un certain nombre d’endéchogrammes et je montrerai les premiers résullals que j'ai obtenus relalivement à la sonorité des diverses régions du thorax. CONDITIONS D'APPLICATION DU PROCÉDÉ DE MOHR DANS LE DOSAGE . DU CHLORE URINAIRE, par MM. J. Vizze et E. DERRIEN. Parmi les procédés volumétriques utilisés en urologie pour le dosage des chlorures, on a quelquefois recours, à cause de sa simplicité et de la rapidité de son exécution, au procédé de Mohr appliqué directement sans destruction préalable de la matière organique, c’est-à-dire en opé- rant sur l'urine simplement étendue de dix fois environ son volume d’eau. Les résultats fournis par ce procédé direct, que l’on considère comme comparables, nele sont en réalité que dans certaines conditions d’appli- cation. En effet, l'étude comparative des procédés volumétriques générale- ment employés peur le dosage des chlorures dans l'urine (1) nous a montré que, à partir environ de la densité 1010, on observe, entre les résultats du procédé direct et ceux des autres procédés (en particulier (1) Etude qui sera développée dans le Bulletin de la Sociélé chimique. SÉANCE DU 23 AVRIL 669 EL re celui de Charpentier considéré à juste titre comme l’un des plus exacts), un écart qui augmente avec la densité de l'urine, d'une manière sensi- blement proportionnelle, cette augmentation élant environ de 0,07 par millième de densité. Au contraire, tant que la densité de l'urine ne dépasse pas 1010, les nombres fournis par ces différents procédés de dosage sont sensiblement identiques. Dès lors, pour que les résultats fournis par le procédé direct soient réellement comparables, il faudra opérer dans des conditions conve- nables de densité, ou bien tenir compte du coefficient d'écart et faire subir à ces résultats une correction qui, à partir de la densité 1010, sera fonction de la densité urinaire. Autrement dit, on pourra, pour le dosage des chlorures dans l'urine, adopter le procédé direct, à la condition de diluer, s’il y a lieu, conve- nablement l'urine, de manière que sa densité devienne inférieure ou tout au plus égale à 1010. C'est sur l'urine ainsi diluée, additionnée ensuile de dix fois environ son volume d’eau, que l’on opérera. On pourra encore employer le procédé direct avec une urine de densité D supérieure à 1010, mais dans ce cas, il faudra, du chiffre obtenu dans le dosage, retrancher le produit de la différence D — 1010 par le coefi- cient d'écart 0,07. | Ces indications peuvent s'appliquer aux urines albumineuses et même aux urines glucosiques. Mais pour ces dernières, il faudra, si l’on veut opérer directement sur l'urine, tenir compte de l'influence qu'exerce, sur sa densité, la proportion le plus souvent très notable et quelquefois considérable de glucose que peut renfermer ce liquide; ce à quoi l'on arrivera, d’une manière suffisamment approximative en l'espèce, en utilisant les données de Windisch, d’après lesquelles une variation de :0,26 de glucose pour 400 de liquide fait varier de 1 millième la densité des solutions aqueuses de cette substance. Par suite, le quotient de la -quantité P de glucose pour 100 d'urine par 0,26 exprimera, en millièmes -de densité, la part approximative qui revient à cet élément pathologique, et l'expression D—0,26 représentera sensiblement la densité de l'urine à l'exclusion du glucose; c'est cette densité corrigée qu'il faudra faire intervenir dans l'application du coefficient d'écart. ‘RAPPORT DE L'AZOTE ALIMENTAIRE A L'AZOTE URÉIQUE, AVEC LA RATION MOYENNE D'ENTRETIEN ET SES VARIATIONS, par M. E. MauRez. Dans une note précédente (1), en m’appuyant sur les travaux de P. Bert, de Bouchard et sur les miens, je crois avoir établi que l’urée, (i) Société de Biologie, 1 novembre 1903. 670 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE même quand on supprime les azotés d'une manière à peu près complète dans l'alimentation, ne s'élève pas moins à 0 gr. 17 ou 0 gr. 20 par kilog de poids, soit sensiblement 0 gr. 09 à 0 gr. 10 d'azote. Dans ces condilions d'alimentation, c’est-à-dire lorsque l'azote des aliments reste au-dessous de celui dépensé par l'organisme, il n’y a donc pas de rapport entre l'azote ingéré et celui éliminé par les urines. Mais il en est autrement dès que l'azote alimentaire est au moins égal à celui qui est nécessaire à l'organisme. A partir de ce moment, en effet, l'azote alimentaire et l'azote uréique sont liés par un rapport constant; si bien, qu’en connaissant l’un d'eux, on peut, au moins approximativement, calculer l’autre. Ce calcul devient même assez exact, comme on va le voir, quand l'alimentation est bien dosée. Dans les expériences que je vais résumer, j'ai fait varier l’alimenta- tion avec les climats et avec les saisons de telle manière qu’elle corres- pondit aussi exactement que possible aux besoins de l'organisme, et qu'elle maintint ce dernier à son poids initial. Autant que possible également, le poids des azotés a été au poids total des ternaires dans les proportions de 0 à 4. Enfin, sur les ternaires, il y a toujours eu sensiblement : 1 gramme de corps gras, 0 gr. 50 d'alcool contenu dans une boisson de table, et le reste a été complété par des amylacés. Or, en procédant ainsi, j'ai trouvé les chiffres suivants que je résume dans le tableau ei-contre : Le dosage comparatif de l'azote alimentaire et de l'azote uréique a donc été fait 25 fois et comprend un total de 326 jours. L'azote alimen-=« taire a été fixé successivement à 0 gr. 85; 1 gr.; 1 gr. 25; 1 gr. 35; 1 gr. 50; 1 gr. 66; 1 gr. 75 et 2 grammes par kilog; et sous l'influence de ces variations, l'azote uréique a subi les suivantes: 0 gr. 09; O0 gr. 09; 0 gr. 43; O0 gr. 12; O gr. 135; O gr. 154; 0 gr. 177. Quant aux différences entre les deux représentant la partie de l'azote alimentaire qui n'a pas été éliminée par les urines, et qui, ou bien n'a pas été absorbée ou bien s’est éliminée autrement, nous trouvons : 0 gr. 040; O0 gr. 070; 0 gr. 072; 0 gr. 105: 0 gr. 130; O gr. 126; 0 gr. 143. Ces différences ent donc augmenté au fur et à mesure que l'azote alimentaire l'était lui- même. De l’ensemble de ces faits et de leur comparaison, on peut donc conclure : 1° Ainsi que je l'avais établi dans un travail précédent (1), les quan- tités d'urée éliminées sont sous la dépendance étroite des quantités d'azotés absorbées. i) Influence de l'alimentation sur l'excrétion de l'urée, Archives de méd. exprimentale, janvier 1900. VON rTTCRE PRO MELUN, CITE PIE ” + TES M LA /SÉANCE DU 23 AVRIL 671 : UANTITÉS ; AZOTES | AZOTE 9 kilo DIFFERENCE (par kilogramme) Er = Re , DA RE. RS l'azote ali- alimentaires 'az mentaire Années et mois TE (par kilogramme) uréique | €t l'uréique a , 1902. Juin-Juillet (1). .| | 0885 0513 OE1SS | 009 080% 1902. Juillet-Août (1). .| 4° | 0,16 0,20 0,09 0,07 1884. Juillet (: | 1885. Mars (: 1886. Août (2). 18$6. Septembre (3) 1880-Manviens(3).E-1F06 1890. Août et ep (2): 1895. Juillet. (2) £ 1903-01 TP TETE A 1886. Août et Sept. (3) 1886. Septembre (3) . . “f889. Février (&))o : 1890. Octob. et Nov. (2). 1903. 1884. Novembre & sue 1886. Nov. et Déc. (2) .| 1886. Septembre (3) . 1888. l'évrier et M rs (2). 1X89. Janvier, Février et, Mars (2 re 1890. Février (2). . | 1890. Décembre (2). . | 1891. Janvier (2). | | (1 ) Expériences non publiées. (2) Archives de Mé recine navale, Novembre 1900 et Janvier-Février, 1901. (3) Archives de Médecine expérimentale, Janvier 1900. 2° A la condition derester dans une certaine mesure comme quantités d’azotés ingérées, on peut dire que les quantités d’urée éliminées sont dans un rapport suffisamment exact avec les quanlités d’azolés ingérées. Avec 1 gramme d’azotés, l’urée a élé de 0 gr. 20; avec 1 gr. 95, l’urée M C9 Co 2 Go RS SSII LS HEURES Æ =1+ QG 10 CO = C0 CO SR SOS ©9 CO CS CO 1886. Septembre (3). a. C0 [=] BIOLOGIE. CouPTES RENDUuS. — 1904. T, LVI. 48 672 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a été de 0 gr. 28; avec 1 gr. 50, l'urée a été de 0 gr. 31; avec 1 gr. 75, l’urée a été de 0 gr. 34; et avec 2 grammes l’urée a été de O0 gr. 38. De plus, les écarts n’ont jamais été considérables : avec 1 gr. 25, les moyennes ont varié de 0 gr. 25 à 0 gr. 31; avec 1 gr. 50, de 0 gr. 29 à 0 gr. 33; avec 1 gr. 75, de 0 gr.32 à O gr. 87 et avec 2 grammes de 0 gr. 37 à O gr. 40. 3° Toutefois, la différence entre l'azote alimentaire et l'azote uréique va toujours en augmentant : de 0 gr. 0% avec 0 gr. 85 d'azotés, cette différence arrive à 0 gr. 143 avec 2 grammes. 4° Mais, si nous prenons la ration moyenne d'entretien de l'adulte, celle qui correspond aux saisons intermédiaires des pays tempérés, qui est de 1 gr. 50 d'azotés par kilogramme du poids normal, on voit que la différence est sensiblement de 0 gr. 10 par kilogramme. Or, cela étant, pour cetle ration, qui est celle de la plus grande partie de l’année dans la zone tempérée, on peut accepter comme règle que, d'une manière approximative, tout l'azote alimentaire, sauf 0 gr. 10 par kilog du poids du sujet, doit se retrouver dans les urines et à l’état durée. 5 Les 0 gr. 10 qui manquent correspondent forcément à l'azote qui s'élimine par la desquamation (peau et intestin), par les divers mucus et aussi à celui qui n’est pas absorbé. Or, rien ne faisant supposer que les quantités s’éliminant par la desquamation et les mucus doivent augmenter au fur et à mesure que l'azote alimentaire l’est lui-même, nous sommes conduits à cette autre conclusion que l’augmentation de la différence est due surtout à l'azote non absorbé. 6° Il semblerait donc résulter de ces observations qu'il n’est peut être pas nécessaire d'élever les azotés autant que je l'ai fait pour l’hiver et les elimats froids: qu'on pourrait se contenter de 1 gr. 50; et qu’en tout cas il est sans utilité de dépasser 1 gr. 75, au moins en ce qui concerne la ration d'entrelien (1). | 1° Dans les conditions de suralimentation azotée thérapeutique, comme on la pratique dans la tuberculose, il y a lieu de s'assurer que la différence entre l'azote alimentaire et l'azote uréique ne dépasse guère 0 gr. 12 à 0 gr. 13 par kilogramme du poids normal du sujet. Une üiffé- rence plus considérable indiquerait que sûrement l'azote alimentaire n'est pas tout absorbé; et que, dès lors, son séjour dans les voies digestives ue peut être que dangereux, en favorisant l'infection intes- tinale. Les conclusions les plus importantes qui se dégagent de cette étude sont donc les suivantes : 1° D'une manière générale et suffisamment approximative, l'azote (4) Influence des climats et des saisons sur les dépenses de l'organisme, Archives de méd. navale, 1900 et 1901. SÉANCE DU 23 AVRIL 673 uréique est fonction de l'azote absorbé, et, jusque dans une certaine mesure, de l’azote ingéré. 2 Dans ls conditions de la ration moyenne d'entretien, tout l'azote alimentaire, sauf environ 0 gr. 10 par kilogramme du poids normal, doit se retrouver dans les urines et à l’état d'urée. LA MALADIE DÉSIGNÉE SOUS LE NOM D'AÏNO PAR LES SOMALIS DE L'OGADEN EST UNE TRYPANOSOMOSE PROBABLEMENT ILENTIQUE AU NAGANA DE L'AFRIQUE ORIENTALE, par M. E. Bruwprt. Du mois de juillet au mois d'octobre 1901, nous avons eu l’occasion d'étudier, dans le pays somali, au cours de la mission du Bourg de Bozas, une Trypanosomose atteignant les animaux de charge. Nous avons obs-rvé la maladie spontanée chez le Chameau et le Mulet. Nos expériences ont porté sur le Chameau, l’Ane, le Chien, le Zébu et deux espèces de Singes. La seule mouche Tsé-Tsé que nous ayons rencontrée dans ces régions est la Glossina longipennis, Corti; son nom somali est Aïno, | Les Chameaux sont très sensibles à la maladie spontanée ; néanmoins, s'ils ne travaillent pas, ils peuvent vivre assez longtemps, se reproduire et-donner du lait; mais dès qu'on les oblige à porter des charges ils succombent rapidement. Les signes extérieurs de la maladie sont faibles et inconstants; on observe, cependant, assez souvent de l’æœdème de la fosse sus-orbitaire. L'ago ie se produit toujours de la même façon. La température est basse : 35 degrés en général; elle ne s'élève que quand l’animal est exposé au soleil; le pouls est pelit. Les mouvements respiratoires affectent le rythme de Cheynes-Stokes; pendant le stade d’apnée, l'animal asphyxié est agilé de convulsions, les jambes se tordent; il ne se produit ni miction ni défécation. La tête est allongée sur le sol; les lèvres, les paupières sont agitées d'un tremblement fibrillaire; un grognement sourd sort de la poitrine ; le Chameau essaie en vain de respirer une dernière fois ; le cou se redresse sur le dos; les paltes convulsées se détendent; lPanimal est mort. Cette agonie peut durer d'un quart d'heure à une heure. Les résultats obtenus dans trente-sept autopsies nous permettent de considérer, au point de vue anatomo-pathologique, une forme œdema- teuse, une forme hémorragique et une forme mixte. Dans la première, l’œdème infiltre le tissu cellulaire sous-cutané de la paroi abdominale, des flanes, et souvent celui de la fosse sus-orbitaire. La cage thoracique 614 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE est normale ; rarement on observe un léger hydropéricarde ; le cœur est généralement en systole. À l'ouverture de l'abdomen, une’ quantité variable, de 2 à 95 litres, de liquide clair comme de l'eau, rarement citrin, s'écoule. Le mésentère est infiltré autour du tube digestif : il peut atteindre 7 à 8 centimètres d'épaisseur, de sorte que le contenu abdo- minal ressemble à un énorme bloc de gelée hyaline traversé par des canaux grêles qui sont les intestins. Nous n'avons vu l’hypertrophie de la rate que dans un cas où il y avait également une pneumonie. Dans la forme hémorragique, on rencontre des hémorragies capil- laires un peu partout, dans les ganglions, sur les organes, ete. Il y a parfois des infarctus pulmonaires assez volumineux. Cette forme con- stitue probablement une phase initiale et aiguë de la maladie. Trois semaines après notre arrivée dans la zone suspecte, un Mulet mourut avec des trypanosomes nombreux, de l’anasarque, de la dyspnée. et une température basse, 33 degrés ; pendant l’agonie, il se produisit des convulsions comme pour le Chameau. A l’autopsie, en dehors de l'ædème sous-cutané, il y avait encore de l’ædème du poumon, ce dernier étant cependant plus léger que l'eau, et environ 15 litres de liquide ascitique. Tous les autres organes normaux, sauf un léger ædème du mésentère. Un Singe d'Abyssinie (Cercopithecus sabaeus, I. Jeof.) présente une infection aiguë. Un mois après l’inoculation, il semble en voie de gué- rison. Il est tué accidentellement. ; Un Singe du groupe des Cynocéphales (T'heropithecus gelada, I. Jeof.), inoculé sous la peau, s’est montré réfractaire. # Une jeune Chienne de deux mois est inoculée dans la jugulaire le 10 septembre, les parasites se multiplient rapidement. Deux semaines après l’inoculalion, il se produit une éruption de bulles séro-purulentes sur l'abdomen. Puis, successivement, il se produit du strabisme de l'œil gauche, de l’anémie et de l’amaigrissement ; l'œil gauche, d’abord recouvert d'une taie, s’ulcère; deux jours avant la mort, l'animal est paralysé du train postérieur; il meurt le 24 décembre après avoir poussé des gémissements lamentables toute une nuit. Aucune lésion à l’autopsie. Un Zébu, inoculé sous la peau, n’a pas montré de parasites à l’exa- men direct pendant les trois semaines qu'il est resté en observation. Je me suis également inoculé 2 centimètres cubes de sang virulent sous la peau de l’avant-bras gauche, sans résultats, ni locaux, ni généraux. Les expériences très incomplètes que nous avons faites ne nous per- mettent pas de déterminer exactement la nature de cette maladie. Les Trypanosomes étudiés ressemblent étroitement à ceux du Nagana. Les singes Cynocéphales ainsi que certains Cercopithèques (Cercopithecus fuliginosus) semblent réfractaires à plusieurs trypanosomoses. Le Singe SÉANCE DU 23 AVRIL 675 que nous avons inoculé avec succès est une espèce qui n'a pas encore été expérimentée avec le véritable Nagana. Le Chien que nous avons inoculé à eu des symptômes identiques à ceux du Nagana et du Surra : la durée un peu plus langue est due peut-être à une simple différence de race. Néanmoins, comme les pays où nous avons observé cette maladie sont en conlinuité avec les régions de l’Afrique orientale (vallée de la Djouba), où le Nagana exerce de grands ravages, et comme, d'autre part, les habilants de ces pays sont en relations commerciales ou hostiles continues, je me crois autorisé d'admettre que le Nagana de l'Afrique orientale s'est acclimaté en pays somali, grâce à la présence des Mouches qui peuvent assurer sa dissémination. (Laboratoire de Parasitologie. LA P4STE DU CHEVAL EN ABYSSINIE, par M. Brumrrt. Les voyageurs qui veulent passer des montagnes de l’Abyssinie dans les,pays environnants ont à redouter la peste du cheval, épizootie que nous signalons pour la première fois en Abyssinie. Elle attaque les équidés et respecte les chameaux. - Le 4 mars 1902, la mission du Bourg de Bozas quittait Addis-Ababa avec un troupeau de 45 Chevaux, 100 Anes et 55 Mulets; le voyage s'effectua très bien dans les régions montagneuses jusqu'au lac Abbaye (alt. 1176 mètres). À partir de ce point nous devions pour atteindre le lac Rodolphe passer constamment des hautes montagnes peuplées (alt. 3.000 mètres) dans des vallées basses, désertes, refuge des Mous- tiques et des animaux sauvages. Au dire des Abyssins c'est dans ces régions basses que les hommes et les bêtes contractent la fièvre. Leurs prévisions ne tardaient pas à se réaliser et du 20 avril au 12 juin nous perdions 35 Chevaux, 11 Mulets et 2 Anes. Arrivés au lac Rodolphe il ne nous restait plus un Cheval. Parmi les Mulets qui restaient 8 étaient malades. En traversant le désert Tourkouana, la maladie sembla enrayée, six Mulets guérirent, 2 suc- combaient le 8 août en pays Lango. La morbidité fut donc de 77,5 p. 100 chez les Chevaux, de 34,5 p. 100 chez les Mulets et de 2 p.100 chez les Anes. La mortalité fut égale à la morbidité chez les Chevaux et les Anes, elle fut de 23,6 p. 100 seulement chez les Mulets. Je dois ajouter que nos animaux étaient fatigués et mal nourris. Symptômes. — Les animaux atteints de la « fièvre » sont pris d'une dyspnée intense accompagnée de quintes de loux; la respiration est 676 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE purement abdominale et fréquente, de 40 à 60 mouvements à la minute. Au repos, les animaux semblent piqués sur leurs jambes, la têle est = basse et les yeux larmoyants. A l’auscultation on entend des râles sibi- lants dans toute la cage thoracique. La marche de la maladie est très variable; des animaux semblant bien portants sont chargés au départ de la caravane, et meurent en “ours de route. Un Mulet que je montais pour aller à Gofa fut pris subitement de toux pendant la nuit et mourut le lendemain matin avec des convul- sions. En général la maladie dure plusieurs jours et les animaux pré- sentent de l'œdème de la fosse sus-orbitaire et des œdèmes sous-cutanés en différents points du corps, Pendant la vie le jetage-est faible et ne se produit que pendant les quintes de toux, mais une fois morts tout le contenu des bronches sort par les naseaux sous forme de deux spirales d’une mousse blanche, souvent roussâtre. À l’autopsie, les lésions observées sont variables suivant les animaux. Dans les formes aiguës le sang est noir et semble rester liquide assez longtemps; on constate également une pleurésie légère, quelques hémor- ragies sur le tube digestif, et un peu d’ascite. Dans la forme œdémateuse on observe de la pleurésie et de l’œdème du poumon; sur la coupe on dirait absolument un poumon péri-pneumonique; la paroi pleurale et les travées conjonclives ont une épaisseur de 1 à 2 centimètres, elles sont gélatineuses et d’une couleur jaune verdâtre, le parenchyme pul- monaire est congestionné mais perméable, en le pressant on en fait sortir une mousse blanc jaunâtre identique à celle qui est rendue par les animaux. Le poumon est plus léger que l'eau. En outre des lésions pulmonaires on rencontre de l’ascite et des taches hémorragiques sur les inteslins, les ganglions lymphatiques sont congestionnés. La rate et tous les autres organes abdominaux semblent normaux. “2 L'aspect des animaux et les œdèmes sous-cutanés m'avaient fait prendre cette maladie pour le nagana. Les examens de sang constam- ment négatifs et les lésions caractéristiques de péri-pneumonie me firent changer d'avis. En causant de cette maladie avec notre ami M. Carré, de l'École d’Alfort, je fus tout surpris d'apprendre que la péri-pneumonie du Cheval ne pouvait être que la peste chevaline ou une maladie nou- velle. Les symptômes que nous avons exposés ainsi que les résultats nécros- copiques et le pourcentage de morbidité chez les divers équidés sont tout à fait en faveur de la peste chevaline. Distribution géographique. — Au dire des Abyssins cette maladie est commune dans toutes les régions basses de leur pays. Pendant la cam- pagne du Tigré contre les Italiens, des quantités de Chevaux et de Mulets, - déjà fatigués par la route, en seraient morts. Ce document est tout spécia- lement‘intéressant, car c’est également en passant par le Tigré que les Anglais ont atteint l'empereur Théodoros en 1867; ils ont perdu pendant SÉANCE DU 23 AVRIL 677 cette campagne beaucoup d'animaux de transporl; les symptômes pré- sentés ressemblaient beaucoup à ceux que l’on rencontre dans le surra des Indes. Avant de faire des examens de sang j'avais moi-même fait un rapprochement identique avec le nagana. La mission de Bonchamps, d’après le récit de M. Charles Michel, à également perdu un grand nombre de Mulets de cette maladie après être descendue des plateaux abyssins dans la plaine basse du Baro. À Addis-Ababa nous avons perdu, de cette maladie, un Mulet qui venait de traverser la vallée de l’Aouache. Diagnostic. — La toux convulsive et la dyspnée intense, la faible durée de la maladie et sa guérison dans un certain nombre de cas, la faible mortalité des Anes et la non-réceptivité des Chameaux sont autant de caractères qui permeltent de faire facilement le diagnostic avec le nagana. Il résulte de cette étude que pour voyager dans les régions basses, il ne faut jamais emmener de Chevaux :; ce sont les Anes, les Chameaux et les Mulets qui rendent les plus grands services. (Laboratoire de Parasitologie.) y. MES. NOTE SUR LA DISTRIBUTION DES VEINES DANS LE REIN, par M. A. HeRPIN. Nous avons déjà signalé (1) le mode de ramification des veines rénales chez l'homme ; leur disposition est parallèle à celle des artères, mais leur distribution n’est pas nettement terminale à cause de l'exis- tence d’anastomoses placées dans la région corticale. Chez divers ani- maux nous n'avions pas trouvé d'anastomoses, mais de nouvelles obser- vations nous amènent à donner des descriptions plus précises. D'autre part, Gérard et Castiaux (2) ont trouvé dans le rein du mouton des anastomoses veineuses sus-pyramidales fort importantes. Nous avons examiné des reins de veau, cochon, mouton d’après des radiographies et d'après des préparations par corrosion : chez le veau et le cochon la distribution ressemble beaucoup à celle de l’homme, mais il existe quelques anastomoses dans la région sus-pyramidale en même temps que dans la zone corticale. La distribution est tout autre chez le mouton et ner une mention spéciale : au niveau du hile la veine rénale se divise en deux branches, (1) Bibliographie anatomique, t. XIII. (2) Gérard et Castiaux. Communication au Congrès des anatomistes. Tou- Jouse, 1904. 678 | SOCIÉËTE DE BIOLOGIE correspondant l’une à la portion antérieure, l’autre à ja portion posté-, rieure du rein ; chacune d'elles donne plusieurs troncs disposés en éven- tail qui dans la région sus-pyramidale s'unissent entre eux et avec ceux du groupe opposé (antérieur et postérieur) par des branches de calibre moyen; celles-ci, étendues aussi bien en sens vertical qu'en sens antéro- postérieur (le rein étant supposé en place), décrivent des arcades très régulières dont l’ensemble a la forme d’une corbeille enserrant la subs- tance médullaire. À partir du niveau des anastomoses chaque tronc veineux n'émet plus que des vaisseaux de petit calibre; de ceux-ci et des arcades partent de fins ramuscules qui vont se distribuer dans la substance corticale. Nous n'avons encore trouvé que chez le mouton cette disposition qui correspond si bien à la description classique de voûte sus-pyramidale. Nous nous proposons d'étendre ces recherches à d'autres groupes de mammifères. (Travail du laboratoire d'anatomie de l'Ecole de Médecine de Clermont-Ferrand. EXISTENCE DE FERMENTS OXYDANTS ET RÉDUCTEURS DANS LA PEAU. LEURS RAPPORTS AVEC LA FORMATION DES PIGMENTS, par M. Cu. Scamirt. M. Phisalix (1) a signalé la présence d'une oxydase dans la peau de la* grenouille. Nous avons pu mettre en évidence l'existence d'un ferment - de même nature dans la peau du cobaye et du lapin en procédant de la facon suivante : 1 L'animal tué est dépouillé immédiatement. La peau est rasée le plus rapidement possible et lavée à l'eau salée tiède. On la divise en petits fragments de même dimension. On les introduit sans tarder dans des ballons contenant soit une solution de chlorure de sodium à 1 p. 100 additionnée de quelques gouttes de chloroforme, soit une solution de. fluorure de sodium au même titre. La première de ces solutions est pré- férable. Après addition des réaclifs dont nous parlerons plus loin on porte à l'étuve à 39-40 degrés. Il est indispensable pour réussir que ces diverses manipulations ne traînent pas. Pour faire la contre-épreuve une partie de la peau est plongée dans l'eau bouillante pour détruire les ferments, puis elle est répartie dans des flacons qui serviront de témoins. Les réactifs employés ont été les suivants : La teinture de gaïac qui ne donne de coloration appréciable que dans (1) M. Phisalix. Soc. de Biol., t. V, série 10, p. 193, 1898. SÉANCE DU 23 AVRIL 679 certains cas et à certains moments. Ce réactif n’est donc pas à recom- mander ici à cause de son irrégularité. Le gaïacol se colore régulière- ment en jaune brun mais d'une facon peu intense. L'aldéhyde salicylique se transforme en acide salicylique facile à enlever par l'éther et à caractériser par le perchlorure de fer. Si l'étuve est placée dans l’obscurité ou si on remplace la plaque de verre obtura- trice par une plaque de tôle, l'oxydation est faible et ce n'est qu'au bou d'un temps très long qu'on voit apparaitre l'acide salieylique. L'aldéhyde benzylique donne naissance dans les mêmes conditions à de l'acide benzoïque. La solution neutre au début prend une réaction acide. Nous avons dosé cette acidité dans trois cas : 4° Avec de la peau ayant été bouillie, la réaction est restée neutre; 2% Avec de la peau non bouillie il a fallu 0 ce. e. 5 de KOH décinormale pour neutraliser ; 3° Avec de la peau non bouillie et en ajoutant toutes les quarante- huit heures un peu d’eau oxygénée neutralisée, il a fallu 2 c. c. 5 de la liqueur alcaline pour faire virer la phtaléine. Ces déterminations ont été faites après un séjour de huit jours à l’étuve. Il y a donc dans la peau les deux sortes de ferments oxydants direct et indirect; ce dernier étant de beaucoup le plus actif. ‘La peau contient en outre un ferment réducteur qui transforme les nitrates en nitrites que nous avons caractérisés par les réactifs de Troms- dorff et de Griess. Ces ferments peuvent jouer un rôle dans la pigmentation de la peau. Nous n'avons pas la prétention de l’établir d’une facon péremptoire, mais les considérations qui vont suivre méritent d’être signalées. Nous avons démontré (1) l'existence d'une matière colorante, l’uromé- lanine, qui dérive de l’urochrome par oxydation. Ce pigment présente de grandes analogies avec la mélanine de la peau étudiée par Hirsch- feld (2). (Solubilité dans les alcalis, dont les acides le précipitent, pouvoir colorant intense, résistance aux agents oxydants, décoloration par les réducteurs.) Nous avons établi que dans ce dernier cas il se forme de l’uroérythrine et de l’urochrome, corps générateurs de l'uroméla- nine. Si ces pigments sont identiques (3) ou de même nature, nous pouvons nous rendre compte de la facon dont la mélanine se forme puis se fixe dans la peau. (1) Schmitt. Thèse, Paris, 1898. (2) Hirschfeld. Zeit. f. phys. Chem., XIE, p. 407. Bull. Soc. Chim. (3), I, p2230; (3) Ils sont certainement différents des mélanines de certaines tumeurs qui sont plus pauvres en C, H, N, et surtout en S (3,5 p. 100 au lieu de 7,9 en moyenne), mais plus riches en fer (0 gr. 6 p. 400 au lieu de 0 gr. 2 p. 100). 680 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sous l’action des rayons solaires les ferments oxydants, nous l'avons vu, redoublent d’activilé. Dans ces conditions les pigments ou les chro- mogènes générateurs de mélanine qui sont en circulation sont oxydés à leur maximum: en même temps les glandes sudoripares sécrètent en grande quantité la sueur qui, on le sait, est acide. La mélanine qui se trouvait en dissolution dans le milieu alcalin est précipitée et se localise dans le derme. Comme le pigment se fixe énergiquement, que les liquides alcalins qui pourraient l'enlever sont neutralisés par la sécré- tion acide des glandes sudorales on comprend que la coloration soit permanente chez les nègres el qu'elle disparaisse avec une certaine lenteur chez les autres races lorsqu'elle apparaît en élé par exemple. On peut comprendre également le mécanisme de la production de certaines sueurs colorées. Les pigments rouges ou bruns intermédiaires entre le chromogène et la mélanine qui sont plus solubles que celle-ci et ne sont pas précipités par les acides sont entraînés par la sueur dans toutes les circonstances où les ferments oxydants n’exercent pas leur action. Ceux-ci, au contraire, voient-ils leur fonction s’exagérer pour une raison quelconque, si en même temps une sudation abondante s'établit (on sait que dans ce cas la réaction devient alcaline) la mélanine n'est pas précipilée, elle est entraînée au dehors à l'état de mélanate alcalin et cause probablement les sueurs noires qui ont été signalées par quelques auteurs. La pigmentation semble donc dépendre de la réaction de la sécrétion des glandes de la peau et de l’activité de ses ferments. 7 LOCALISATION DE L'IODE DANS LES GLANDULES PARATHYROIDES EXTERNES, par MM. Jean CHENu et ALBERT MOREL. Suivant les conseils de M. Doyon, nous avons recherché si la présence de l’iode signalée dans les parathyroïdes du chien et du lapin par M. Gley a quelque rapport avec les fonctions de protection contre les accidents aigus mortels qui suivent la parathyroïdectomie complète. M. Doyon, considérant que l’iodothyrine {seule substance iodée recon- nue dans l'appareil thyroïdien) semble être étrangère à la fonction des parathyroïdes, croit, en raison du faible poids de ces organes comparé à celui du corps thyroïde, que leur puissance d’action qui esténorme doit être due à autre chose qu'à une substance iodée. Pour vérifier cette hypothèse nous avons établi la faible teneur en iode des parathyroïdes en dosant comparativement ce métalloïde dans les parathyroïdes externes et dans le corps thyroïde. œ SÉANCE DU 23 AVRIL 681 Méthode d'expérience. — On prend sur des chiens, des lapins ou des poulets récemment sacrifiés les glandules parathyroïdes externes sépa- rées complètement de loutes les parties étrangères au lissu étudié : on les sèche sur du papier filtre et on pèse en-emble les deux glandules de chaque animal. D'autre part on prend sur les mêmes animaux au même moment les thyroïdes et on prélève sur l’un et l’autre lobe en plein tissu un poids identique à celui des parathyroïdes. L'iode est alors dosé en suivant la méthode de Baumann : 1° Destruction de la matière organique dans une capsule de nickel après addition d’une quantité de potasse toujours la même, puis de - nitrate de potasse pur : 2° Mise en liberté de l’iode par SO‘“H®? dilué et NO’Na et dissolution de l’iode dans le sulfure de carbone pur ; 3° Dosage de l’iode par colorimétrie dans un demi-centimèêtre cube de CS? avec une précision de 0 milligr. 0025. POIDS des deux parathyroïdes corps thyroïde fraîches frais Chiens. . 011 2 QUE 1012 PI 1025 r. 025 or. 033 Tr. 033 4032 . 032 . 023 . 023 de Lapins. r. 018 r. O18 0 de 0 gx 0 gr. 011 0 0 D de de . 011 de . 014 . 014 de Poulets. 0 gr. 019 de 0 or. 019 de 0 gr. 0 gr. 216 0 gr. 026 de TENEUR EN en milligrammes parathyroïde, corps thyroïde, parathyroïde, corps thyroïde, parathyroïde, corps thyroïde, par:thyroïde, corps thyroïde, parathyroïde, corps thyroïde, parathyroïde, corps thyroïde, parathyroïde, corps thyroïde, parathyroïde, corps thyroïde, de parathyroïde, corps thyroïde, parathyroïde, £ corps thyroïde, or. 026 de parathyroïde, corps thyroïde, IODE moins de 0,0025 0,0025 0,0025 0,0025 — 0,0025 0,0040 moins de 0,0025 0,0080 moins de 0,0025 0,0090 moins de 0,0025 0,0030 moins de 0,0025 0,0030 moins de 0,0025 0,0025 moins de 0,0025 0,0025 moins de 0,0025 9 0110 moins de 0,0025 0,0140 (1) Les dosages de l'appareil thyroïdien animal ont été effectués par la méthode recom- mandée par M. Gley comme préférable à celle de Baumann. 682 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La quantité d’iode dans les deux parathyroïdes externes de nos ani- maux est donc inférieure à 0 milligr. 025; elle est beaucoup plus faible que la quantité d'iode renfermée dans le même poids de corps thyroïde. Cependant il serait extraordinaire que les parathyroïdes ne continssent pas un peu d’iode, comme tous les autres organes où les travaux de Bourcet, élève du professeur Gaulier, ont décelé ee métalloïde. Pour mettre en évidence l’iode dans les parathyroïdes externes et pour établir la véritable teneur en iode de ces glandules nous avons dû erouper les parathyroïdes de plusieurs animaux. Huit chiens. POIDS TOTAL ER ne TENEUR EN IODE des corps des corps |des parathy-|des parathy- thyroïdes thyroïdes roïdes roïdes frais. secs. fraiches. sèches. en milligrammes. Dans 0 gr. 038 de parathyroïde sèche, soit 0 gr. 133 de parathyr. É \ fraîche, 0.0075. se x AAA QE RAD UIS ne Dans 0 ur. 038 de corps thyreïde 19 gr. 982 | 4 gr. 569 0 gr. 133 (0 GT 038 « sec, soit 0 gr. 173 de COTpS thy- roide frais, 0,000. Dans les réactifs (poids employé) | moius ae 0,0025. | _ Ges dosages montrent que 1 gr. de parathyroïde contient O0 millige. 0563 d'iode chez le chien à l’état frais. Donc 32 milligr , poids maximum des glandules de nos chiens, en contiennentO millig.0018, quantité inférieure à O0 milligr. 0025 qui est la limite de sensibilité de la méthode. Conclusions. — L'analyse chimique comme l'expérience physiolo- gique permet de différencier nettement le corps thyroïde des parathy- roïdes externes, celles-ci contenant beaucoup moins d'iode (environ 4 fois moins chez le chien). Ces résultats prouvent que les fonctions des parathyroïdes, si indis- pensables à la vie, doivent mettre en jeu autre chose que l'iodothyrine et que le rôle de cette substance doit être limité aux fonctions du corps thyroïde moins indispensables que les premières. LES MYÉLOCYTES BASOPHILES DU FOIE FOETAL. par M. L. NATTAN-LARRIER. Le tissu hématopoiétique du foie fœtal, chez l'homme et chez le cobaye est constitué par quatre groupes d'éléments : les globules rouges SÉANCE DU 23 AVRIL 683 nucléés — les éléments à protoplasma basophile homogène — les cel- lules géantes à noyaux mullilobés auxquels il faut joindre quelques leucocytes éosinophiles. Ces diverses cellules, disséminées dans l'inter- valle des cellules hépatiques ou réunies dans de petites dilatations des capillaires sanguins, constituent un vérilable tissu myéloïde diffus, réparti dans tout l'organe. Nous avons étudié les cellules basophiles dans le foie du fœtus de cobaye du quinzième au soixantième jour de la gestation ; sur le fœtus humain, nous les avons rencontrées sur un embryon de 30 millim. et nous les avons retrouvées jusqu'au septième et au huitième mois de la vie intra-ulérine. Sur le fœtus humain aussi bien que sur le cobaye, les cellules basophiles sont situées dans l'intervalle des cellules hépatiques et pla- cées en contact immédiat avec elles. Sur le fœtus très jeune elles sont groupées par ilots de cinq ou six ; elles sont plus rares à une période ultérieure du développement. Dans le foie du fœtus de cobaye, à la sep- tième semaine, la cellule présente un noyau très volumineux délimité par un contour très accentué, ce noyau forme la majeure partie de la cellule ; il montre vers son centre un ou deux grains de chromatine volumineux et anguleux d’où part un fin réseau chromatinien qui vient s'appuyer sur quelques grains disposés à la bordure de la membrane nucléaire. Ce “noyau est arrondi, ovoïde, ou polygonal. Le bleu polychrome lui donne une teinte diffuse violelte, sur laquelle les grains de chromatine se détachent en un violet plus foncé. La réaction par la thionine permet ‘ également d'observer sur un fond d'un bleu pâle des grains d'an bleu noirâtre. Le protoplasme forme un mince cadre à la cellule; ses con- tours sont d'un aspect variable; tantôt il forme une sorte de calotte conique qui coiffe l’un des pôles du noyau, tantôt il l'entoure régulière- ment, tantôt il envoie à sa périphérie des prolongements en forme de larme, tantôt il lance des prolongements triangulaires qui s’insiouent entre les cellules voisines : ces figures paraissent indiquer que la cel- lule, saisie par les réactifs, est mobile à l’état vivant. Ce protoplasme pos- sède des affinités basophiles très nettes et se colore d’une facon homo- gène en lilas par le bleu de toluidine, en bleu foncé par la thionine. La cellule basophile se multiplie par karyokinèse dans le tissu hépatique lui-même ; ces figures de karyokinèse sont très belles et très typiques et s’observent à Lous les stades ; il est rare de n’en pouvoir pas rencon- trer à l’examen de quelques champs de microscope. Le filament chro- malinien est très délicat mais très tassé, il se détache nettement sur un protoplasme réfringent, coloré par l’éosine unie au bleu de toluidine, en un ton légèrement mauve : la cellule en voie de multiplication a perdu ses aftinités colorantes. Nous n'avons encore pu savoir comment dispa- raissaient les éléments basophiles à la fin de la vie fœtale. Ces myéclocytes basophiles du foie ne sont pas toujours semblables à 684 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE eux-mêmes. Si l'on étudie le foie d’un fœtus de cobaye long de 15 à 20 millimètres on les voit sous trois aspects principaux : 1° Un tiers des éléments comprend des basophiles dont les dimen- sions ne dépassent pas celles d’un globule rouge ; leur noyau est très condensé, très riche en chromatine, leur protoplasme est légèrement basophile. | 2 La majorité des éléments est composée de leucocytes d’un volume double de celui des précédents; mais, dans ces nouveaux éléments, noyaux et protoplasmes sont de tous points comparables à ceux des leu- cocytes de la première variété. 3° Quelques éléments très rares possèdent l'apparence complète du myélocyte basophile, tel que nous l'avons décrit plus haut; il existe des formes de transition entre ces leucocytes et le mégakaryocyte. Entre ces trois types toutes les formes de passage existent, comme on les rencontre dans le thymus entre la petite cellule arrondie et le myélocyte basophile; mais sur les foies du fœtus de cobaye, jusqu'à pré- sent, nous n'avons Jamais vu l’élément poursuivre plus loin son évolu- tion. Sur le fœtus du lapin, des frottis du tissu hépatique nous ont montré la transition entre le myélocyte basophile et le myélocyte à gra- nulalions amphophiles. l ToxICITÉ DE DÉRIVÉS CARBOXYLÉS DU BENZÈNE, par MM. A. Cuassevanr et M. GARNIER. Nous avons montré, dans deux notes antérieures, les changements apportés aux propriétés toxiques du noyau cyclique du benzène quand on modifie sa structure en substituant à un ou plusieurs atomes d’hydro- gène des radicaux hydrocarburés {1) el hydroxylés (2). Les modifica- tions obtenues par la substitulion du radical carboxyle ne sont pas moins remarquables. La méthode employée a été celle que nous avons déjà exposée. Les solutions étaient faites au taux de 10 p. 100 d'acide, à l'état de sels sodiques, neutres au tournesol. La quantilé de soude nécessaire pour solubiliser les acides expérimentés était déterminée une fois pour toutes pour chacun des corps étudiés. L’acide paraphtalique et l'acide gallique peu soluble ont élé employés à la concentration de 5 p. 100 d'acide. (4) Chassevant et M. Garnier. Toxicité du benzène et de quelques hydrocar- bures aromatiques homologues. Société de Biologie, 31 octobre 1903, p. 1255. (2) Chassevant et M. Garnier. Toxicité de quelques dérivés hydroxyles du benzène. Société de Biologie, 12 décembre 1903, p. 1584. SÉANCE DU 23 AVRIL 685 Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau suivant : ; TOXICITÉ POIDS par kilogr. d'animal NOM DU CORPS FORMULE CHIMIQUE | molécu- | mr T7 | OBSERVATIONS en molé- en poids cule grammes laire Benzine | ce Do Dore Acide benzoïque . . .| C°H° (COOH) 0,0114 |[Hypothermie. || Aciüle orthophtalique |C£H* (COOH)* 1.2. 0,0106 Acide métaphtalique .|CSH4# (COOHY 1.3.) 166 È 0,0077 Acide paraphtalique .[U°H' (COOH)? 1.4 0 ,0096 Une seule substitution COOH diminue la toxicité du noyau; pareil fait se rencontre avec la substitution hydrocarburée quand le poids molé- culaire du radical substitué est élevé: il est intéressant de remarquer que le poids moléculaire du radical carboxyle est voisin de celui du radical isopropyle; le rapport du poids moléculaire total au poids molé- culaire du radical substitué est pour le cumène 0,558 et pour l'acide benzoïque 0,369; les chiffres qui expriment ces rapports sont donc très voisins comme aussi ceux des toxicités. : . Deux substitutions en COOH déterminent une toxicité voisine de celle d& benzène. Les dérivés bisubstitués sont donc plus toxiques que le monosubstitué; l'acide métaphtalique est même légèrement plus actif que le benzène. L'hydroxyle se comporte d'une facon analogue, deux radicaux hydroxyles substitués dans une molécule augmentent sa toxi- cité; les hydrocarbures, au contraire, diminuent beaucoup le pouvoir toxique du benzène dès qu'une seconde substitution entre dans les molécules. Nous rapprocherons de l'étude de ces corps celle des dérivés formés d’un radical earboxyle et d'un ou plusieurs hydroxyles. Le tableau sui- vant indique leur toxicité : TOXICITÉ POIDS |par kilogr. d'animal NOM DU CORPS FORMULE CHIMIQUE | molécu- | 1 #7 | OBSERVATIONS laire en molé- en poids cule grammes Acide salicylique ( (or-fcen (Ce (O0 (OH) : 0,90 0,0065 |Hypothermie. || thoxy'enzoïque) Acide méta-oxyben- cu (cod (OH) c 2,80 0,0203 zoïque. Acide para- oi un oo (OH) : à 0,0217 1.4 2.3.4. 20 5 Acide gallique . . he (COOH) (OH)* 2 0,0111 686 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Comparées aux dérivés bisubstitués à deux radicaux hydroxyles, les substances à substitution mixte, hydroxyle et carboxyle, sont moins toxiques; l'intervention du radical carboxyle a diminué la toxicité, et des trois isomères, c’est le composé ortho, qui, dans les deux cas, est le plus toxique. Comparés aux dérivés bisubstitués à deux radicaux carboxyles, un seul, le dérivé ortho, est plus toxique; les autres le sont moins. Le radical hydroxyle n’a augmenté la toxicité que pour le dérivé ortho. Pourquoi les deux autres isomères sont-ils au contraire très peu toxiques? moins toxiques que les acides phtatiques? Il est difficile de le dire actuelle- ment. Il faut faire remarquer que l'acide salicylique seul a des propriétés thérapeutiques tandis que les deux autres n’ont aucune action. Enfin, l'acide gallique composé à quatre substitutions est peu toxique; il est moins toxique que les dérivés trisubstitués à radicaux hydroxyles, tels que la phloroglucine; c’est sans doute non seulement la pluralité de substitution mais la présence du radical carboxyle qui expliquent le peu d'activité. {Travail du laboratoire de thérapeutique de la Faculté de Médecine.) LUEA RENE LEARN OMR PRO RUN TN ES RO RE DT RM FER ÿ (30) | 687 REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE SÉANCE DU 19 AVRIL 1904 ALezais et Brick : Les altérations des muscles dans la rage . . . . .. 687 Raysaup (A.) et VERNET (L.): Splé- nomégalies chroniques avec anémie CheAMEAMOURTISSONMER PARA 688 Présidence de M. Jourdan. LES ALTÉRATIONS DES MUSCLES DANS LA RAGE, par MM. Azezaïs et BRICKA. Les altérations des muscles que nous avons précédemment signa- lées (1) dans la rage ont une distribution inégale, que l’on considère les stades initiaux ou la période finale de la maladie. Nous les avons étudiées sur Le lapin et sur le chien, après durcissement soit dans le formol au dixième, soit dans un mélange de formol au dixième et de liquide de Müller. Les fragments musculaires étaient prélevés vers la fin de la rigidité cadavérique et inclus soit dans la paraffine, soit dans la celloïdine. Les résultats sont à peu près les mêmes avec les deux méthodes, mais beaucoup plus nets, comme l'indique Durante, après addition de liquide de Müller et inclusion dans la celloïdine. C’est la méthode que nous avons adoptée. On peut citer comme exemple de l’inégale répartition des lésions de muscles rabiques celles des muscles masticateurs au début de la rage mue. Sur un chien atteint de rage mue et mort sous l'influence du froid trois jours après le début. des accidents, la prédominance des altérations du masséter était manifeste. Il nous a paru, d'autre part, résulter des examens que nous avons multipliés, que les muscles des membres postérieurs étaient généralement plus altérés que ceux des membres antérieurs, fait qui est en à tapes avec l’évolution iles symp- tômes. à Le Aux stades initiaux de la maladie, les lésions que l’on observe sont la. multiplication nucléaire, la tuméfaction des fibres dont le calibre (1) Les altérations des muscles chez le lapin rabique. Réunion biologique de Marseille, 23 février 1904. Broocte. CompTes RENDUS. — 1904, T. LVI. « 49 688 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (34) reste régulier, leur fibrillation longitudinale, puis leur fissuration avec conservation ordinaire des stries transversales. Sur le triceps brachial du chien précédemment cité, sur celui d'un chien tué d'un coup de fusil deux jours après le début de la rage furieuse, la fibrillation était souvent peu marquée, comme une augmen- tation partielle et disséminée de la striation longitudinale. Les divisions par fissuration étaient assez rares, souvent à peine ébauchées par des files de noyaux. Beaucoup de fibres étaient saines, quelques-unes même sans prolifération nucléaire. Au contraire, sur le biceps fémoral, sur le gastrocnémien, la fibrilla- tion longitudinale est très importante. En certains points, les fibres épaissies et transformées en faisceaux de fibrilles se juxtaposent sans limites précises. Ailleurs, on trouve des fibres de calibre très inégal. Entre deux fibres volumineuses, on en trouve de plus petites qui ne sont que le résultat de division par fissuration. On s'en rend compte aisément sur les coupes longitudinales en suivant leur trajet, qui amène au point de séparation occupé par des noyaux. Au stade ullime de la maladie, par exemple sur le lapin succombant le onzième ou le douzième jour, après inoculation du virus fixe, les lésions sont beaucoup plus avancées, mais conservent la même pro- “portion dans leur marche. Prenons les mêmes muscles que précé- demment. Le triceps brachial offre de grosses fibres granuleuses ou fibrillaires, avec de nombreux noyaux; quelques-unes ont une striation transversale très pâle, et manifestent une tendance à se tuméfier par endroits ou à devenir onduleuses. Mais à côté de ces bosselure$ plasmodiales, toujours rares, il y a de nombreuses fibres bien calibrées et situées transversalement, et la coupe dans son ensemble est beaucoup plus normale que celle du biceps fémoral ou du gastrocnémien. Ce sont ces muscles qui offrent à leur maximum les lésions du paren- chyme. Outre une forte multiplication nucléaire, et une fibrillation très étendue, on voit de nombreuses fibres pâles et homogènes présenter des séries de renflements munis de noyaux qui refoulent les fibres environnantes. Il semble donc qu'aux divers stades de la maladie, chez le chien et chez le lapin, les muscles que nous avons étudiés sont plus altérés aux membres postérieurs qu'aux membres antérieurs. SPLÉNOMÉGALIES CHRONIQUES AVEU ANÉMIE CHEZ LE NOURRISSON, par MM. A.-RAyBAuD et VERNET. L'étude de la splénomégalie chronique avec anémie chez le nourrisson est encore incomplète. Les travaux de von Jacksch et de Luzet ont par- (32) .. SÉANCE DU 19 AVRIL 689 _ faitement précisé ses caractères cliniques et nettement différencié de la leucémie le type morbide que Luzet a dénommé anémie pseudo-leucé- mique infantile. Les éludes hématologiques de P.-Emile Weill et Clerc ont dissocié la maladie de von Jacksch-Luzet en deux formes, myélé- mique et lymphocytémique. Mais l’étiologie de ces affections est encore très obscure et réduite dans la plupart des cas à des données hypothé- tiques. Nous avons eu récemment l’occasion d'observer deux enfants présen- tant l’une et l’autre formes d’anémie décrites par Weill et Clerc ; chez l’un d'eux la cause de la maladie a pu être affirmée avec une netteté qui donne à cette observation une importance capitale (1). I. -— Enfant de huit mois, amené le 19 mai 1903 à la consultation gratuite de la Clinique des maladies des enfants. Pas de tare héréditaire. Naissance normale à terme. L'enfant mis en nourrice s’est parfaitement développé jus- qu’à trois mois, depuis lors, il a présenté une grande anémie et ne s’est pas amélioré malgré trois changements de nourrice. À la date où il est amené à la consultation, on constate que le ventre, ballonné, est occupé par une rate énorme, descendant jusqu'à la fosse iliaque; gros ganglions dans les aïnes et au cou, surtout à droite. Les bosses frontales sont proéminentes et la fonta- nelle est encore largement ouverte; une seule dent est sortie. Coryza puru- lent. Rien à l’auscultation. Selles verdâtres, dyspeptiques. Pas de lésions cutanées. : L'examen du sang donne : Glopules/roureshe tp PE Are EN AR CNE EDS SS NAT A DIANCS Re RenN A et ss Arte 21.090 7e TOUSES NUuCIéés ne NE por 3.585 Un grand nombre d'hématies nucléées D Cocnten deux noyaux, ou un noyau unique, mais bi ou trilobé. Sur 100 leucocytes, on compte : Lymphocytes . pale Petits mononucléaires . Grands mononucléaires . Formes de transition . Polynucléaires neutrophiles. Eosinophiles . . AE Myélocytes neutrophiles à no) 9 + IN > OÙ CO = O2 19 O0 Æ © 00 Oo) Enfin, et c’est là le point particulièrement intéressant, l’examen qu'a bien voulu faire M. le D' Toussaint, médecin principal à l’hôpital militaire, a mon- tré des hématozoaires typiques, — deux corps endoglobulaires, — un corps sphérique libre, — un corps pigmenté (2). Les caractères hématologiques, — abondance des normoblastes avec proportion élevée des formes mitosiques, leucocytose manifeste et (4) Voir Thèse Vernet, Montpellier, 1904. (2) Nous remercions notre éminent confrère dont la compétence en matière d’hématologie palustre permet de donner toute sa valeur à notre observation. 690 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (33) - présence de myélocytes, — classent ce cas clinique dans le groupe des ‘anémies myélémiques de Weill et Clerc. La constatation des héma- tozoaires dans le sang, en nous donnant un diagnostic étiologique - inattaquable, permet d'attirer l’attention sur le rôle que le paludisme peut-jouer dans la genèse des splénomégalies chroniques infantiles. L'infection palustre évolue fréquemment dans la première enfance sans “provoquer les manifestations majeures spécifiques, et ces formes frustes _ passent aisément inaperçues à défaut d'un examen suffisant du sang. Il suffira sans doute qu'on recherche l’hématozoaire avec plus de soin pour le découvrir plus souvent et pour donner au paludisme la part qui lui revient dans l’étiologie des anémies spléniques infantiles. La seconde observation répond au type, créé par Weill Gil Clerc, des splénomégalies avec anémie et lymphocytémie, II. — Enfant né le 28 août 1902, à terme, sans tare héréditaire. Évolution normale pendant les neuf premiers mois. En mai 1903, refroidissement suivi de toux pendant trois mois. Le médecin de la famille constate à la fin août une anémie très prononcée et de la splénomégalie et adresse l'enfant au professeur d’Astros. 3 septembre. — Anémie intense; rate très hypertrophiée; foie débordant un peu le rebord des fausses côtes. Traitement : quinine pendant une quinzaine de jours, puis arsenic. Examen du sang, le 28 septembre : Globules rouges Pare Ne een PAR 4.790.000 bits ire a vs 4.100 nn TOUBES NUCIÉÉS TAN A RAI 16 x. LYMpPhOCY TE SU RE RES Ar UN Nr et OS END AIO Petits mononucléaires . . . . . . . . . .. 14,3 — Grands \mononueléaires PP ne -- Polynueléaires neutrophiles her ER air Se : Mastzellen . . . ee ER AE SEULE OMAN A D OUAIS Mvélocytes neutrophiles. 0,7 — 3 décembre.— Le foie et la rate sont encore un peu gros, mais l’état général est très amélioré. L'enfant est ensuite perdu de vue. La lymphocytose sans augmentation du nombre total des leucocytes, la faible proportion des normoblastes, différencient nettement ce cas de l'observation précédente et le rapprochent au contraire du second groupe — splénomégalie chronique avec anémie et lymphocytémie — de Weill et Clerc. Nous ne pouvons apporter ce fait que comme contri- bution numérique à l'étude du syndrome, en raison de l’absence de don- nées -éliologiques suffisamment précises et du défaut de vérification anatomo-pathologique: (Travail du laboratoire et de la clinique de M. le professeur L. d'Astros. ) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX. directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 30 AVRIL AmganD : OEdème expérimental. . BrRanca (AuBert) : Transformation de la spermatide en spermatozoïde, Chez laxolotl ENTER EE Carnor (P.) et AuEr (P.) : Sur l’ab- sorption des solutions salines par l'intestin en nee een CHarrin et Léri : Lésions du cer- veau chez des rejetons issus de mères malades (Conséquences). . . Dovon et Karerr (N.) : Les para- thyroïdes chez la tortue (tortue ANTIQUE) PEN EN CR AR ee Dugois (RAPHAEL) : Cultures miné- rales sur bouillons gélatineux . . . GILBERT (A.), HERSCHER (M.) et PosTERNAK (S.) : Présentation d’un appareil pour doser la bilirubine dans, le sérum sanguin (cholémi- HE CRE) er de Ste de a Unes Le JacoBsonn (D.) : La fluorescence et la tuberculine-réaction précoce. LesAGEe (J.) : Action générale de l’airénaline en injection intra-vei- neuse chez le chien. Influence de la dose. Influence de l’anesthésie. Mé- canisme de la mort. ......... LoEPER et CANTONNET (A.) : Varia- tions du volume de l'œil sous l'in- fluence des modifications de l’équi- libre moléculaire du sang. . . . . . Maurez (E.): Evaluation approxi- mative des quantités minima de chaux et de magnésie urinaires, et des quantités minima de ces sub- stances nécessaires à l'organisme dans les conditions de la ration moyenne d'entretien. . . . . . . .. Niccoux (MAURICE) : Sur un pro- cédé d'isolement des substances cytoplasmiques . . . . . .. SRE Niccoux : Sur le pouvoir saponi- fiant de la graine de ricin. . . . . . SOMMAIRE 714 104 119 697 109 711 706 [904 Pariser : Influence de l'injection du suc pancréatique dans la veine porte sur la disparition du glyco- BÉDENAUAOIEN EE MA NNMASETNENRNNEntE Reans (JuLes) : Tétanotoxine, car- min, bétaïne. Faits et commentaires. SPIEss (CAMILLE) : Sur les différen- ciations épithéliales du tube digestif d'Hæmopis sanguisuga. . . . . ... TouLouse et DamaAye : Valeur de l'hérédité collatérale similaire en pathologie . . . .. ; TouLouse (En.) et ® 9 © 9 6 + + Winrregert (P.; : Sur la régéné- ration des membres postérieurs chez l’axolotl adulte, après ablation de moelle lombo-sacrée. . . . ® à + + + Réunion biologique de Nancy. CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Ecrans phosphorescents à propriétés spéci- fiques pour l'exploration des ditfé- rents organes sur le vivant. . . .. Durour : Les verres cylindriques et toriques et la correction de l’as- Élemafis ne ir MI NU PAR EEE FerRer (P.) et Weser (A.) : À pro- pos de la piqûre des enveloppes se- condaires de l’œuf de poule Guizzoz (TH.) : de l’astigmatisme. . . . ....,.. Guizoz (TH.) : Un procédé de mi- croophtalmoscopie . . .,...,... MaIRE (R.) : Sur l'existence des corps gras dans les noyaux végé- CRU IENE ER GS DRRD ORAN TA Maraieu (XAVIER) : Réactions du cœur de la grenouille sous l'in- fluence de la chaleur Sur la correction aifreltotleilelie lle t;s ie BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 50 694 696 692 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. O. Larcher, vice-président. TÉTANOTOXINE, CARMIN, BÉTAINE (FAITS ET COMMENTAIRES), par M. Juzes REHNS. 4. Du carmin finement broyé en suspension dans l’eau salée physio- logique peut fixer d'assez grandes quantités de toxine tétanique (Stu- densky) ; conformément à une règle générale en matière d’antigènes absorbés spécifiquement ou non par des éléments solides (cerveau et toxine tétanique, foie de lapin immunisé et abrine ou ricine), la dose neutralisée est plusieurs fois sous-multiple de la dose absorbée. Tel carmin (Carmin 40 Poulenc) dont 1 décigramme neutralise douze doses mortelles en quatre jours pour cobaye de 400 grammes peut retirer 200 de ces doses d’une dilution de toxine en quelques minutes de con- tact, à la température ordinaire. D'ailleurs, la toxine neutralisée, comme l'autre, s’en va dans un bain de sérum antitétanique et le car- min lavé à l’eau salée physiologique est rétabli dans ses propriétés tétanophiles (1). Le parallélisme est complet avec ce que Besredka a montré pour le cerveau de cobaye. 2. On peut injecter à des lapins jusqu’à 500 doses mortelles de tétanotoxine surcompensée sur carmin ou cerveau de cobaye, jusqu'# 100 doses analogues à des cobayes par voie sous-cutanée ou péritonéale sans que des essais ultérieurs permettent de reconnaitre : 1° le moindre état antitoxique des humeurs, 2° le moindre état réfractaire des indi- vidus injectés, 3° la moindre hypersensibilisation. Au regard de l'organisme, la toxine injectée sous cette forme est donc inopérante à tous égards ; l’artifice employé Fempêche d'en atteindre les zones vulnérables, mais aussi la soustrait aux organes antitoxigènes, sans doute en interposant l'acte phagocytaire, qui l’intercepte. C'est la synthèse, au moins partielle, des faits analytiquement établis pour Fendotoxine typhique. Injectée avec les corps bacillaires, elle ne provoque nulle formation d’antitoxine. Libérée de son support phago- cytable par macération (Chantemesse) ou trituration à l'air liquide (Macfadyen et Rowland), elle devient capable d'impressionner les organes où l’antitoxine s’élabore. (1) Dans mes notes précédentes, j'ai souvent usé de ce mode expérimental (Ricine, globules et antiricine, par exemple). Les faits de ce genre se sont depuis multipliés; j'en signalerai brièvement un nouveau : c’est la désensi- bilisation par l’antivenin des globules rouges de lapin sensibilisés par le venin pour les sérums normaux. { ' SÉANCE DU 30 AVRIE 693 3. On sait que la bétaïne a pour la toxine tétanique un certain pouvoir neutralisant (Roger et Josué). D'une solution à 4 vingtième dans l’eau salée physiologique, il faut environ 0 e.c.3 pour neutraliser une dose mortelle sous-cutanée pour cobaye. Dans cette « neutralisation », la bétaïne, restée intacte, est récupérée du mélange par uné courte ébul- lition. Il ést probable que toute sa fonction, en l'occurrence, est de main- tenir la toxine en solution, par rapport au système nerveux, comme fait la cholestérine pour la saponine par rapport aux globules sanguins (Ransom), aux branchies des poissons (Hédon), à l’épithélium de la conjonctive (J. Rehns). Ce faisant, elle donne aux divers organes ou éléments de l'organisme le temps d'intervenir pour détruire ou éliminer le poison (1). &. Avec le mélange bétaïne-tétanotoxine, il serait curieux de répéter les essais d'Ehrlich sur Lo et Lt, et surtout de chercher si le mélange neutre a gardé ou non quelque valeur immunisante. Mais la bétaïne, quoique peu toxique, l’est assez encore (et surtout nécrosante) pour qu'une recherche de ce genre soit malaisée ; néanmoins, avec 50 doses mortelles bétaïnisées, en trois semaines, un lapin n’a jamais présenté trace d’antitoxine dans lé sang ; 10 à 25 doses analogues en 3, 5 fois ne protégèrent pas des cobayes, mais ne déterminèrent pas aranièse d hypersensibilité. “La « neutralisation physiologique » semble donc complète. Au reste, « l’affinité » de la bétaïne est assez grande pour qu’un bain de bétaïne aux dilutions indiquées dététanise complètement le tétano-carmin, voire le cerv eau tétanotoxique, en quinze à 30 minutes d’éluve. 5. J'ai dû interrompre des recherches exactement symétriques aux pré- cédentes et portant sur la botulotoxine. Ce poison est, comme on sait, neutralisé et par la substance cérébrale et par divers produits, l’antipyrine, par exemple. J'ai trouvé que le carmin, qui, d’ailleurs, neutralise aussi parfois le poison diphtérique (Studensky), est très énergique à l'égard de la botulotoxine. Il y a donc là un programme tout indiqué d'essais variés, dont il ne faut pas trop attendre la confirmation ou l'infirmation des précédentes; les questions d'espèce étant tout en ces matières, il s’en faut de beau- coup sans doute qu’un mode unique d'élaboration ou d'annulation domine la destinée des divers antigènes (toxines ou autres) dans l’orga- nisme. On ne saurait ici, pas plus qu'ailleurs, trop accumuler de faits: divergents ou non; aux systèmes de s’en arranger comme ils pourront. (1) IL est telles toxine et antitoxine on ne peut plus authentiques dont le mécanisme antagonique est incontestablement celui qu’on vient d'indiquer. Ainsi la Ricine et l’Antiricine, comme l’a montré J. Danysz, le poison. du. bacille de l’ædème malin (Schattentron et Grassherger). ‘694 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE VALEUR DE L'HÉRÉDITÉ COLLATÉRALE SIMILAIRE EN PATHOLOGIF, par MM. Tourouse et DAMAYE. Nous voudrions atlirer l'attention de la Société sur une question qui nous a semblé présenter une réelle importance dans le diagnostic et le pronostic des affections mentales comme de toutes les maladies chroniques. Il s’agit de la fréquence comparée des affections similaires chez les ascendants et chez les collatéraux. La simple réflexion portait à se demander si les ressemblances entre frères et sœurs ne sont pas plus nombreuses et plus saisissantes que celles constatées chez les descendants par rapport à leurs générateurs. En effet, les deux êtres qui s'unissent pour donner naissance à un tiers doivent être différents, puisque les lois civiles et religieuses proscri- vent les unions consanguines. D'autre part, les enfants de mêmes génileurs résument en eux les deux mêmes influences, les deux mêmes groupes de caractères, combinés souvent il est vrai en proportions différentes, mais en tout cas dus aux mêmes facteurs. La question peut donc se poser ainsi : ne serait-on pas plus parent avec son col- latéral qu'avec son ascendant direct? Et ce problème est gros de consé- quences, car s’il est résolu par l’affirmative, la clinique devra s'inspirer de l'état pathologique des frères et sœurs d’un individu beaucoup plus que de celui du père et de la mère. Des recherches entreprises dans le but d’élucider quelque peu cette. question nous ont montré qu'elle n'était point une simple vue théorique, mais qu'elle répondait à un fait existant et que de nombreuses observa- tions, pouvaient mettre en lumière. C’est ainsi que dans différents groupes morbides (cancer, tuberculose, diabète, affections dites familiales), la maladie similaire est retrouvée chez les frères et sœurs du sujet examiné avec une plus grande fréquence que chez les ascendants et les descendants. Malheureusement, les cliniciens adonnés à l’étude de ces affections n’ont pas jusqu'ici dressé de stalistiques comparalives. Lebert avait signalé, à propos du cancer, l'utilité qu’auraient des conslatalions numériques de cet ordre faites dans une même lignée d'individus. Bouchardat, remarquait que le diabèle est plutôt une maladie fraternelle qu'une maladie héréditaire. Enfin, dans un autre ordre d'idées, les travaux d’Héricourt ainsi que les observations de Ricochon, de Torkamion et de rombreux spécialistes pour la tuber- culose ont montré que cette affection n'était pas aussi héréditaire qu’on semblait le croire et que les enfants des tuberculeux jouissaient souvent d'une immunisation plus ou moins accentuée vis-à-vis de la maladie de leurs parents. Pour la syphilis et l'alcoolisme, la différence est (très nette entre ascen- dants et descendants. Ici, le principal héritage est surtout un état SÉANCE DU 30 AVRIL 695. biologique inférieur avec les tares banales qui le manifestent et les maladies qui viennent se greffer sur lui. Dans la famille du syphilitique et de l'alcoolique, la mortinatalité, la diathèse convulsive, les lésions de la peau, des organes des sens et du système nerveux, la tuberculose rapprochent les collatéraux alors que toutes ces altérations n'existent pas chez les ascendants. En ce qui concerne la neurologie et la psychialrie, les observations disséminées dans les auteurs rendent également évidente la prédominance de l'hérédité. Les maladies familiales, les folies gémellaires font parlie de ces manifestations collatérales identiques, et les délires à deux ou un plus grand nombre ont lieu fréquemment entre frères ou sœurs. Nous nous sommes livrés, à des recherches précises dans les familles d’épileptiques. L’épilepsie présente, en effet, l'avantage d’être un aspect généralement caractéristique et à peu près semblable dans ses grandes manifestations’ convulsives. Elle permet parfaitement l'étude de l’hérédité similaire. Étant donnée la tendance actuelle à rapprocher les convulsions infantiles de l’épilepsie commune, nous avons englobé sous le nom de convulsifs les cas d’épilepsie et ceux de convulsions dans le jeune âge. Voici les résultats de nos-investigations : Soixante-treize familles ont été examinées : quarante-quatre seulement nous ont fourni des résul- tats utilisables et concernaient 88 ascendants directs et 152 collatéraux. Les résultats numériques sont consignés dans le tableau suivant : Hérédité directe : Hérédité collatérale : ‘2 0. E Moy. Parents observés : 88. Collatéraux observés : 152. Parents convusifs.. . . . . . 4 4,5 | Collatéraux convulsifs . . . . 26 17,1 Les chiffres que nous venons de relater indiquent nettement la pré- dominance chez les collatéraux des états morbides similaires. Nos résultats deviennent encore plus probants si l'on songe que les parents, eu égard à leur âge, ont eu le temps de contracter des affec- tions et de tomber dans les états pathologiques beaucoup plus: que les collatéraux moins avancés dans la vie. Les différences seraient bien plus manifestes encore, si, au lieu des parents pris isolément, nous avions envisagé les groupes familiaux. Toutes ces considérations nous ont engagés à éveiller l'attention sur les ressemblances des collatéraux entre eux, tant au point de vue nor- mal qu'à celui de leurs affinités pathologiques. Et les frères et sœurs soutenant mieux la comparaison entre eux qu’avec leurs ascendants, nous croyons que l'étude de la collatéralité est de nature à préciser et à éclairer souvent les renseignements fournis par l’hérédité directe. C'est en pathologie que l'on peut dire que l'individu ressemble plus à ses frères qu’à ses parents. de VS er Re: Yi Pre: ae 696 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR LES CONDITIONS ET LES CARACTÈRES DE LA FIÈVRE ÉMOITIVE, par MM. En. TouLouse et CL. VurPaASs. Nous apportons dans cette note les observations de trois cas de fièvre émotive comme documents à l'étude de la pathologie des émotions et de l'influence du moral sur le physique. O8s. I. — B..… (Marie), cinquante-deux ans, entrée à l'asile de Villejuif, avec le diagnostic suivant : « Idées de persécution mal systématisées, avec hallucinations de l’ouie ». Généralement calme, la malade s'occupait peu. Elle s’entretenait fréquem- ment avec ses voix, parlait seule et discutait. La température était ordinai- rement réglée autour de 36 degrés avec des variations d'une faible amplitude diurne. Le 43 juin 1903 on Jui apprit le matin que son mari était très grave- ment malade. Elle en ressentit une vive émotion. Comme le soir elle parais- sait fatiguée, on prit sa température, et on constata que le thermomètre marquait 398. Le lendemain la fièvre s'élevait encore le matin à 3893, le soir à 37°9. Le surlendemain elle était retombée à 37 degrés. Dès lors elle resta normale et réglée autour de 37 degrés. Oss. IL. — B... (Anna), cinquante et un ans, journalière, entrée à l'asile de Villejuif avec le diagnostic d'épilepsie avec débilité mentale. Cette malade a toujours eu un caractère difficile, elle est irascible et aime à être flattée. Elle se dispute fréquemment dans son quartier avec d'autres malades pour des motifs futiles. Dernièrement à la suite d’une observation que lui fit une infirmière au sujet de la couture, elle entra dans une vive colère, et présenta” à la suite une courte crise d’excitation. Le 2 mars 1904, alors qu'elle était déjà « énervée » depuis quelques jours, elle se prit de querelle pour un propos futile avec une autre malade. Et lorsque l'infirmière, attirée par le bruit de la dispute arriva, elle trouva B... le visage congestionné et presque cyanosé. Elle calma de son mieux notre malade, et la crise sembla passée. Une heure après B.. se mit à table et commenca de manger. Mais de nou- veau son visage redevint cyanosé. A ce moment le pouls était à peine percep- tible. On frictionna la malade et on lui prit la température. Le thermomètre marquait 38°2. La malade fut alors couchée. Le lendemain matin la tempé- rature était de 38 degrés, le soir de ce jour de 378; le surlendemain elle était retombée à 37 degrés, depuis lors elle fut normale. Oss. IL, — M. X..., trente ans. Bonne santé habituelle; un peu émotif. X... avait eu une journée pénible, pendant laquelle il avait assisté à un enter- rement, qui l'avait impressionné. Déjà fatigué par cette émotion, il eut le soir une altercation avec une personne, qui fut grossière à son égard. Îl en ressentit une vive colère. Quelques instants après il se coucha. Il dormit mal. La dispute lui revenait à la mémoire et il eut quelques frissons. Le len- demain matin on lui prit la température : le thermomètre s'élevait à 39 de- grés, le soir il marquait encore 39 degrés. Le lendemain matin la température était retombée à 37 degrés. Dès lors elle resta normale. SÉANCE DU 30 AVRIL 697 Un fait intéressant qui semble se dégager de la lecture de ces obser- vations est, outre l'élévation thermique, la durée de cette élévation. Nous pouvons en effet constater que la fièvre a toujours duré plus de vingt-quatre heures et qu’elle persistait longtemps après la disparition de l'émotion, On sait qu'une vive émotion provoque un véritable désarroi dans la vie psychique; mais cet élat est passager, et l'équilibre normal est généralement assez vite recouvré. L'augmentation du pouls suit presque toujours une émotion, mais elle est généralement passagère. Les modifications de la température constituent au contraire un phénomène plus rare. Il semble qu'il faille une émotion intense pour provoquer ce désordre somatique. Mais une fois produit, il persiste longtemps et l'équilibre normal est plus long à revenir que lorsqu'il ne s'agit que d’une augmentation du pouls. Il semble qu'ainsi la durée pendant laquelle une fonction reste troublée est proportionnelle à la résistance que cette fonction a opposé à l’élément perturbateur et au temps que le trouble a mis à s'établir. Il s’agit probablement de l'application d'une loi physiologique géné- rale d’après laquelle la supériorité biologique tendrait à un équilibre instable. On sait que les réactions de la vie végétative sont toujours plus lentes dans leur production et leur manifestation que celles de la vie de relation. D'autre part les réactions musculaires relevant d’une vie rudimentaire sont bien plus lentes que celles d’une vie supérieure, ainsi que nous l'avons déjà établi (1). Encore dans les réactions de la vie végétative y aurait-il un classement à faire. Le cœur réagirait plus vite que d’autres systèmes, et corrélativement le retour ad integrum serait en rapport direct avec la rapidité réactionnelle. _ D'autre part, la constatation de ces courbes thermiques aide à la con- naissance des rapports si obscurs du physique et du moral. Elle montre qu'il n’y a pas parallélisme étroit entre ces deux sortes de phénomènes, physiologiques et psychologiques, puisque le trouble mental, provoca- teur du désordre physique, cesse bien avant que la modification physio- logique soit terminée. CULTURES MINÉRALES SUR BOUILLONS GÉLATINEUX, par M. RAPuAEL DuBoïis. Si l’on est en droit de donner le nom de génération spontanée à certains phénomènes de la vie des cristaux, comme l'a proposé von (1) Toulouse et Vurpas. Contribution expérimentale à la connaissance de la vie et de Ja réaction musculaires. C. R. Académie des Sciences, 1903 (séance du 9 février), p. 408-410. 698 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. Schrôn (1), a fortiori pourra-t-on l'appliquer à ceux que j'ai signalés dans ma note du 12 mars 1904, mais que j'avais trop superficiellement examinés. Après avoir considéré comme des granulations cristallines, à la suite d'un simple examen à la loupe, les corpuscules qui sont projetés dans toutes les directions par une particule de chlorure ou de bromure de baryum (radio-actif ou non) déposé à la surface d’un bouillon de cul- ture gélatineux pour photobactéries, j'ai été conduit à penser par l’exa- men microscopique que j'étais en présence de spores (note du 16 avril). Ces corpuscules présentent, en effet, la plus grande ressemblance avec des spores dont les unes seraient à l’état de repos et les autres en voie de division par segmentation. Le mécanisme de la division est absolument le même que dans les êtres vivants: il y a une membrane d’enveloppe, un contenu distinct, colorable par l’éosine, etc. Si l’on joint à cela que l'aspect de ces cullures minérales rappelle au plus haut point celui de certaines cultures jeunes de moisissures, on pouvait croire à un ensemencement accidentel. Mais la rapidité consi- dérable (quelques minutes seulement) avec laquelle se fait la culture minérale de chlorure de baryum avait laissé des doutes dans mon esprit. Il n’y en a plus maintenant, car j'ai obtenu les mêmes résullals en dé- posant des parcelles de baryum et de chlorure de baryum et de radium préalablement portées au rouge dans un creuset de platine, avec toutes les précautions que comportent les ensemencements auxquels je suis habitué de longue date. Enfin, aucune culture étrangère n’accompagnait ces spores minérales, dont je me propose de suivre attentivement le dé-… veloppement ou l’évolution, car il est évident qu'il ne s’agit ici que d'un stade provisoire de la substance minérale. (Laboratoire de physiologie générale de l Université de Lyon, 28 avril 1904.) SUR LES DIFFÉRENCIATIONS ÉPITHÉLIALES DU TUBE DIGESTIF D'Aæmopis sanguisuga, par M. CAMILLE SPIESS. D'après ses différenciations épithéliales, nous distinguons dans le tube digestif d'Aæmopis sangquisuga les parties suivantes : 1° une cavité buccale; 2 un œsophage; 3° un estomac, présentant 8 paires de renfle- ments latéraux et deux longs appendices pyloriques; 4° un intestin, présentant dans sa portion initiale une paire de cæcums, 5 paires de (1) Voy. La vie dans les cristaux, par MM. di Brazza et P. Pirenne, Revue scientifique, 5° série, t. I, p. 518, 23 avril 1904. SÉANCE DU 30 AVRIL 699 renflements latéraux et une porlion terminale renflée (rectum ou cloaque) Cavité buccale. — L’épithélium qui lapisse la cavité buccale appar- tient au type d’épithélium pavimenteux simple; chaque cellule présente, dans sa partie apicale, un plateau non strié. Œ'sophage. — L'épithélium de la cavité buccale passe insensiblement à celui de l’æsophage, qui appartient au type d’épithélium cylindrique simple. I est formé de cellules prismatiques, peu élevées, dont l'extré- mité libre est terminée par un plateau non strié. Estomac. — Le revêtement épithélial de la région moyenne du tube digestif, comprise entre l'œsophage et l'intestin, est distinct de celui des autres parties du tractus. Nous distinguons dans l'estomac : 4° une portion cardiaque, recouverte par un épithélium prismatique, mais absolument dépourvue de glandes; 2° une portion pylorique, pourvue de glandes appartenant à la muqueuse gastrique. Les cellules épithéliales de la muqueuse cardiaque sont de nature glandulaire; elles séerètent une substance homogène, basophile, qui présente les réaclions micro- chimiques de la mucine. L'épithélium de la portion pylorique de l’estomac joue aussi un rôle sécréleur; son produit de sécrétion, ainsi que celui des glandes pyloriques, est oxyphile et présente, avec le bleu de toluidine, la métachromasie des grains de zymogène. Le seul auteur qui, à notre connaissance, ait fait allusion à l'existence de glandes dans la paroi intestinale d'Aæmopis est Leuckart (1), mais sans en reconnaitre la véritable signification. . Intestin. — La paroi intestinale, (ortementplie dei est recouverte par un épithélium cylindrique dont les cellules présentent, dans leur por- tion supérieure, un plateau strié. Ce dernier possède une bordure en brosse, ainsi que des granulations sidérophiles. Nous n'avons pas con- staté la présence de cils vibratiles, admis par Bourne (2). Des glandes unicellulaires, analogues à celles du pylore, sont répandues sur toute l'étendue de la muqueuse intestinale. Elles constituent un produit de différenciation de l’épithélium dans le but spécial de sécréter des fer- ments digestifs, et forment le passage entre les cellules épithéliales glandulaires et les glandes pluricellulaires de la muqueuse intestinale des Vertébrés supérieurs. Grâce à son régime alimentaire carnivore, les différencialions épithéliales du tube digestif d’/æmopis sont lrès avancées ; elles diffèrent de celles que nous présente le tube digestif de la Sangsue médicinale (3). Elles nous fournissent enfin un exemple des modifications que peut subir le tube digestif sous l'influence du régime alimentaire. (l'ravail de l’Institut de Zoologie de l’Université de Büle.) (1) R. Leuckart. Die Parasiten des Menschen, 1894. (2) A.-G. Bourne. Quarterly Journ. of micrasc. Sc., XXIV, 1884. (3) G. Spiess, Revue Suisse de Zoo!., XI, 1903. 100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PRÉSENTATION D'UN APPAREIL POUR DOSER LA BILIRUBINE DANS LE SÉRUM SANGUIN (CHOLÉMIMÈTRE), par MM. À. GiLBERT, M. HERSCHER et S. POSTERNAK. Dans une communication précédente (1), nous avons décrit un pro- cédé de dosage dé la bilirubine dans le sérum sanguin (cholémimétrie). Guidés par le désir de déterminer avec le plus de précision possible le degré de dilution dans le sérum artificiel du sérum à doser, nous avons fait construire par M. Berlemont un appareil spécial que nous présen- tons aujourd’hui à la Société. Notre cholémimètre est renfermé dans une boîte dont la face antérieure se rabat pour permettre l'accès des diverses pièces de l'appareil. A l'intérieur sont étagées trois planchettes : la supérieure est fixe; les deux inférieures, mobiles, peuvent être facilement extraites à l’aide de tirets, ; La planchette supérieure, creusée en gouttière, loge, à côté les uns des autres, vingt tubes cylindriques, à fond plat, ayant un calibre exact d'un centimètre. De ces tubes, quatre ont une hauteur de 4 cent. 1/2 et servent pour les dilutions correspondant aux numéros 0,95, 0,375, 0,50 et 0,75 de notre tableau; seize mesurent 4 centimètres de hauteur ét doivent être utilisés pour les dilutions ordinaires, depuis U n° À jus- qu'au n° 60 et au delà. Sur la planchette inférieure sont deux supports constitués par une lame de verre dont la face supérieure, creusée de six trous destinés à. recevoir verticalement les tubes précédemment décrits, est dépolie, de manière à permettre des inscriptions servant de point de repère. La planchelte moyenne, enfin, outre deux agitateurs pour méme intimement les dilutions, supporte trois pipettes. Celles-ci, en verre Le Bohème, ont été construites avée un soin tout spécial. Leur calibre est de 3 millimètres. Leur pointe, fortement effilée, permet d'obtenir 50 à 55 gouttes par centimètre cube. De la sorte, l'écoulement est très lent et l’on arrive facilement à mesurer exactement des vingtièmes de centimètre cube (2). Chacune des pipettes porte dans le sens longitudinal l'indication en toutes lettres de son usage et dans le sens transversal des initiales (1) Gilbert, Herscher et Posternak. Société de Biologie, 12 décembre 1903. Pour tout ce qui est relatif à la technique de la cholémimétrie, nous renvoyons à cette communication ainsi qu'à la thèse de M. Stankewitch (14 avril 1904, Paris) dans laquelle sont donnés tous les détails de notre méthode. (2) Les dimensions minimes de l'orifice des pipettes nécessitent un net- toyage complet après chaque séance sous peine d’obstruction pouvant être la cause d’une brisure de la pipette quand on veut la déboucher. SÉANCE DU 30 AVRIL 701 majuscules rappelant cet usage. C’est ainsi que la première est marquée sérum artificiel et SA, la deuxième sérum naturel et SN, la troisième réactif nitrique et RN. La pipette servant à répartir dans les né le sérum artificiel permet de mesurer 2 centimètres cubes. Le premier centimètre cube et demi à partir de la pointe est divisé en quarts de centimètre cube; le dernier demi-centimètre cube est séparé en vingtièmes de centimètre cube : cette dernière gradualion permettant de prélever une faible quantité de sérum artificiel lorsque le sérum à doser est peu riche en bilirubine. La pipette destinée à mesurer le sérum naturel à doser a une conte- nance de 2 centimètres cubes divisés en vingtièmes de centimètre cube. Enfin, la pipette RN, présentant une effilure plus longue que celles des précédentes, de manière à déposer facilement l'acide nitrique au fond des mélanges, est graduée en quarts de centimètre cube. SUR UN PROCÉDÉ D'ISOLEMENT DES SUBSTANCES CYTOPLASMIQUES, par M. Maurice NicLoux. Ce procédé s'adresse jusqu'ici aux cellules végétales; il s'applique particulièrement bien aux cellules de l’albumen des graines contenant, comme substances de réserve, de l’aleurone, de l'huile, de l’amidon. Je prendrai comme exemple la semence de Ricin dans laquelle l’al- bumen est constitué par des cellules polyédriques gorgées de grains d'aleurone accompagnés de l'huile et d’un cytoplasma finement granu- leux. Pour arriver à dissocier les différentes parties constitutives de la cellule, nous avons opéré ainsi : La graine de ricin de préférence décortiquée est broyée, on ajoute à la masse de l'huile de ricin, ou mieux de l'huile de coton plus fluide, ce qui facilite les manipulations. Le mélange rendu bien homogène est filtré d’abord sur un tissu à maille lâche, puis sur toile fine. À cette première opération correspond déjà une séparation grossière. Sur le tissu se trouvent en effet réunis la plus grande partie des tégu- ments, des parois cellulaires, des grains d’aleurone et une certaine quantité de cytoplasma avec ses noyaux. L'huile filtrée qui s'écoule est trouble, elle contient en suspension un mélange de grains d'aleurone et de cytoplasma avec quelques fins débris des membranes cellulaires. . Reste à séparer ces deux composants de la cellule. - On peut y arriver de la façon suivante : On centrifuge l'huile, additionnée ou non d'un dissolvant, au moyen d’un appareil de grande puissance, et on obtient dans les tubes du cen- 702 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trifugeur après un cerlain temps variable avec la fluidité du mélange et la vitesse de l'appareil deux couches bien distinctes. L'examen micros- copique de celles-ci permet de faire les constatations suivantes : ia couche inférieure blanchâtre est constituée par les grains d'aleurone accompagnés par quelques débris de membranes cellulaires, la couche supérieure grisätre, n'en renferme plus ou à peu près, la vitesse de l'appareil et la différence de densité ayant eu pour effet de bloquer au fond du tube les grains d’aleurone petits ou gros. Cette couche supé- rieure est alors presque uniquement constituée par le cytoplasma, un certain nombre des noyaux, fort petits dans le cas actuel (1), et quel- ques-uns des grains d’aleurone ayant pu échapper à la filtration et à la centrifugation. On peut débarrasser le cytoplasma ainsi préparé de l'huile qu’il con- tient encore en forte proportion en ayant recours à un solvant et cen- trifugeant à nouveau; on l’obtient alors à l'état sec. Ainsi se trouvent réalisées par un procédé très simple, purement mé- canique, qui n’altère nullement les substances mises en expérience : 1° La préparation de grains d’aleurone pratiquement exempts de cytoplasma ; 2° La séparation des substances cytoplasmiques. En partant de grains d'orge décortiqués (orge perlé), je suis arrivé aux mêmes résultats; l’'amidon lient lieu et place de l’aleurone et la différenciation des deux couches est extrêmement nette. Tels sont les résultats obtenus par cette méthode qui peut, je crois, présenter un cerlain intérêt, d'une part au point de vue chimique ens fournissant pour la première fois comme matériel d'étude les substances protoplasmiques de la cellule à peu près pures, d'autre part au point de vue physiologique en donnant la possibilité d'observer in vitro certains ! phénomènes dont le cytoplasma est le siège pendant la vie. Ce dernier point fera l’objet de la note suivante. J'exprime ici ma vive et profonde reconnaissance à M. le professeur Guignard pour les conseils qu'il n’a cessé de me prodiguer au cours de ce travail. SUR LE POUVOIR SAPONIFIANT DE LA GRAINE DE RICIN, Note de M. Maurice NicLoux. Le fait que les graines oléagineuses contiennent une substance albu- minoïde capable de provoquer le dédoublement de leur propre huile est (1) La grosseur des noyaux unique dans chaque cellule, est bien inférieure à celle de la plupart des grains d'aleurone, et si petite par rapport aux di- mensions de la cellule, qu'il n’y a, pour ainsi dire, pas lieu d’en tenir compte dans le cas actuel. SÉANCE DU 30 AVRIL 703 un fait connu depuis longtemps; J. Pelouze (1) l'avait signalé en 1855 ; ses expériences ont été faites avec des graines de lin, colza, moutarde, pavot, elc.; les acides gras ont été dosés après un certain temps dans la farine de ces graines donnant ainsi la valeur de l'intensité de la saponi- fication. Pelouze, dès cette époque, n’hésita pas à attribuer cette aclion à celle d'un ferment. Plus tard, E. Maillot (2) puis J.-R. Green (3), W. Siegmund (4) tentent l'extraction du ferment mais n’arrivent à préparer que des substances d’une activilé très faible. Le premier de ces auteurs, E. Maillot, signale, en même temps, dans les graines de ricin la présence d’un ferment dissolvant les matières albuminoïdes. Tout récemment W. Connstein, Hoyer et H. Wartenberg (5) ont montré que l'huile de ricin ou toute autre huile triturée avec des graines de ricin ou le tourteau, est le siège d’une saponification intense, si on a soin d'opérer en présence d’une petite quantité d’acide minéral ou orga- nique. K. Braun et Behrendt (6) ont confirmé ces dernières expériences et ont signalé en outre la même action lipolytique pour les semences de Jequirity (abrus precatorius). Tous ces auteurs comme J. Pelouze attribuent l’action saponifiante à la présence d’un ferment. Celte conclusion est prématurée, aucun des auteurs mentionnés n'ayant isolé ce ferment. L'étude histologique permettait au contraire d'aborder indirectement le problème en cherchant quel est, dans la graine, l'élément doué du pouvoir saponifiant; la préparation du cytoplasma telle que je l'ai décrite (même numéro p. 701) m'a permis de résoudre la question. On reconnaît bien vile en effet que la propriété lipolytique si remar- quable de la graine de ricin est exclusivement réservée au cyloplasma à l'exclusion de toutes les parties de la graine. Voici comment on peut le démontrer. Un procédé dosage très simple et suffisamment exact basé sur la détermination de la proportion d'huile saponifiée, en se placant dans (1) J. Pelouze. Sur la saponification des huiles sous l'influence des matières qui les accompaguent dans les graines, Comptes rendus, 1855, t. XL, p. 605-611. (2) Ed. Maillot. Étude comparée du pignon et du ricin de l'Inde. Thêse de Pharmacie, 1 vol., 108 p., 3 pl., Nancy, 1880. (3) J. R. Green. On the germination of the castor oil Plant (Ricinus communis) Proreedings of the Royal Society of London, 1890, t. XLVIIE, p. 370-392, (4) W. Siegmund. Ueber fettspaltende Fermente in Pflanzenreiche, Mona- tsheft für Chemie, 1890, t. XI, p. 272-276. (5) W. Connstein, E. Hoyer et H. Wartenberg. Ueber fermentative Eettopal. tung. Berichte der D. Ch. Ges., 1902, t. XXXV, p. 3988-4007. (6) K. Braun et E. Bebe die Beilius zur fermentative Fetlspaltung, Berichte der D. Ch. Ges., 1903, t. XXXVI, p. 1142-1145 et même tome, p. 1900-1911. 704 -_ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des conditions expérimentales identiques, (1), permet d'évaluer la quan- tité de cytoplasma contenu dans la graine. Cette quantité est variable avec l'origine ; elle est d'environ de 2 à 3 p. 100 (cytoplasma pesé à l'état sec\ de la graine entière, pour le ricin commun, graines de tout venant et non choisies. Or, la séparation du cytoplasma d’après le procédé indiqué plus haut, montre qu'un premier épuisement par l'huile fournit 50 à 60 p. 100 du cytoplasma total, un second épuisement dans les mêmes conditions 30 p. 100 environ. En même temps et tout naturellement le pouvoir lipolytique disparait quasi complètement des tourteaux restant cons- titués presque uniquement, lorsqu'il s’agit de graines décortiquées, par les grains d’aleurone. On comprend alors aisément que le cytoplasma ainsi préparé présente un pouvoir saponifiant considérable ; les deux expériences suivantes peuvent en donner une idée : Le cytoplasma considéré à l’état sec(2) mis en suspension dans 50 fois son poid d'huile de coton et en présence d'acide acétique très dilué (acide acétique à 6 p. 1000 : 4 parties pour 10 parties d'huile) saponifie cette huile dans la proportion de 80 p. 100 en trente minutes et à la tempéra- ture de 20 degrés. En répétant la même expérience en prenant 500 fois le poids d’huile de coton, le même résultat est obtenu en quinze heures. Conclusion. — La substance active douée de propriétés lipolytiques contenue dans la semence du ricin est le cytoplasma à l'exclusion de tous les autres éléments de la graine. : Ce cytoplasma est-il doué de propriétés spécifiques, ou peut-on le considérer comme le support d’un ferment soluble d’une diastase? Quelles sont ses propriétés, comment agit-il? Ceci fera l’objet d'une prochaine communication. se & TRANSFORMATION DE LA SPERMATIDE EN SPERMATOZOÏDE, CHEZ L'AXOLOTL, par M. ALBERT BRANCA. * La spermatide de l’axolotl est une cellule irrégulièrement sphérique, de 14 à 17 » de diamètre. Pour arriver à constituer le spermatozoïde mür, c'est-à-dire une cellule longue de 605 à 610 & et large d'un v au (1) Je donnerai dans un mémoire plus étendu tous les détails techniques. -(2) En réalité, étant donné les difficultés que l’on à pour remettre en sus- pension dans l’huile.le cytoplasma amené à l’état sec, mieux vaut toujours s'adresser. au produit qui, dans la préparation décrite plus haut, provient de la centrifugation. et renferme encore une certaine proportion d'huile. -SÉANCE DU 930 AVRIL 705 maximum, la spermatide doit subir des modifications profondes qui portent sur toutes ses parties. Le cytoplasme s’allonge, s’effile, et disparait finalement au pourtour du noyau. La sphère, opaque et granuleuse, occupe d’abord un territoire quel- conque du cytoplasme. Puis, elle se transforme en une vésicule claire qui s'applique à l’un des pôles du noyau et fait bientôt hernie en dehors du cytoplasme. La vésicule, d’abord sphérique, prend la forme d’un cône ; elle diminue progressivement de taille. Au moment où la sphère s’accole à l'extrémité du noyau, elle est séparée de ce noyau par une mince lamelle qui prend les réactifs de la chromatine. Cette plaque chromophile est d'abord excavée, puis plane, puis convexe. Elle donne implantation à une formalion conique qui monte dans l’axe de la sphère. Cette formation disparaît avant la sphère qui, elle-même, disparaît avant la plaque chromophile. Le noyau prend successivement l'aspect d'une sphère, d’un ovoïde et d’un cône. C'est finalement un filament très long, très grêle, recourbé en faux. Il est constitué tout d'abord par un réseau délicat semé de grains chromatiques rares et volumineux. À mesure que le noyau s’allonge, le réticulum est plus serré; ses granulations chromatiques sont plus fines et plus nombreuses; ses mailles, de plus en plus étroites, finissent par se colorer. Puis, toute apparence de réseau disparaît du champ nucléaire, qui semble réduit à un fond uniformément coloré. Sur ce fond homogène se détachent des grains chromatiques, pareils à des épines. Dans la région du noyau qui supporte la sphère, ces grains persistent et semblent se fusionner. Ils disparaissent, au contraire, dans le reste du noyau. De là, la distinction d'un segment apical et d’un segment basal, tous deux homogènes. Le segment apical est court (12 à 15 L), effilé, très avide des colorants nucléaires. Le segment basal est très long (100 x) et relativement large. Il fixe à peine le violet de gentiane dans la triple coloration de Flemming. Au début de l’évolution de la spermatide, il existe, près de la surface de la cellule, deux centrosomes. L'un petit, punctiforme, est tourné vers le noyau. L'autre est annulaire et relativement volumineux. Bientôt les deux centrosomes se rapprochent du noyau. Du centrosome distal s'échappe un cil qui flotte au dehors du cytoplasme, et ne présente aucune connexion avec le noyau. Puis, le centrosome proximal prend contact avec le noyau, et, à partir de ce moment, les deux centrosomes présentent des réactions différentes. Le centrosome antérieur s'enfonce dans une dépression du noyau et se met à grossir. Sa taille l'emporte bientôt sur celle du centrosome annulaire, jusque-là le plus volumi- neux. Finalement, le centrosome antérieur se dégage du noyau et change de forme. Ce n’est plus une sphère, mais un cylindre arrondi à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIK son extrémité nucléaire. Ce cylindre est d'abord large et court (3 u 2 sur 2 y 4); il n'a plus qu'à s’allonger et à s’amincir (7 5 sur 1 x), il cons- titue la majeure partie de la pièce intermédiaire. Le centrosome postérieur paraît émigrer du cytoplasme au moment où le centrosome antérieur devient cylindrique. Quand la plaque chro- mophile disparaît, il disparaît en tant que formation annulaire; à sa place, on observe une tige étroite et courte qui réunit, un moment, le centrosome antérieur et la queue du spermatozoïde. La queue du spermatozoïde est représentée d'abord par le filament axile. La formation de la membrane ondulante coïncide avec la dispa- rition de la sphère. La membrane se différencie d'emblée, sur toute la longueur du filament axile. Elle s’élargit et se festonne de plus en plus. C’est elle seule qui constitue la portion terminale de la queue. Dans une note ultérieure, j'indiquerai quelles modifications subit encore le spermalozoïde pour arriver à maturité, et je montrerai en quoi la spermatogenèse de l’axololt diffère des processus qu'on a obser- vés jusqu'ici, chez les amphibiens. ÉVALUATION APPROXIMATIVE DES QUANTITÉS MINIMA DE CHAUX ET DE MAGNÉSIE URINAIRES, ET DES QUANTITÉS MINIMA DE CES SUBSTANCES NÉCESSAIRES A L'ORGANISME DANS LES CONDITIONS DE LA RATION MOYENNE D'ENTRETIEN, e- par M. E. Maure. Caux. CaO. — Dans une note précédente, consacrée à l'étude de la potasse (1), j'ai déjà indiqué quel a été le but de mes expériences sur le dosage des matières solides, ainsi que la marche que j'ai suivie dans la fixation de leurs quantités urinaires minima et dans l'évaluation des quantités minima nécessaires à l'organisme. Cette expérience, comprenant, je l'ai dit, un total de vingt-sept jours, du 23 mars au 18 avril 1903, a été divisée en trois périodes. Pendant la première, de six jours, une alimentalion, réglée à 2,400 calories environ, a correspondu à la ration moyenne d'entretien. Pendant la deuxième, au contraire, j'ai fait baisser mon alimentation jusqu’à 1.300 calories environ, en choisissant, en outre, comme aliments, les moins riches en matières minérales. Enfin, dans la troisième, de quinze jours, mon alimentation réglée à 2.500 calories, a dépassé mes dépenses, puisque mon poids a augmenté de près de 100 grammes par jour. Or, pendant ces trois périodes, mon poids étant resté entre 58 et (1) Société de Biologie, 7 novembre 1903, pages 1283. Saut SÉANCE DU 30 AVRIL 707 { 60 kilogrammes, les quantités de chaux, CaO, ingérées et celles élimi- nées par les urines ont été les suivantes : DÉPENSES CHAUX — CaO | cHaux = CaO PÉRIODES \ Î à DIFFÉRENCES f en calories. alimentaire. urinaire. Première . . 2386 08657 05265 Deuxième . . 1285 0,285 0,271 Troisième . . 2490 0,739 0,315 Je rappelle, en outre : 1° Que, pour Lapicque et Richet(1), l'adulte parisien trouve dans ses aliments 4 gr. 30 de chaux; et que, d'après les mêmes auteurs, les quantilés éliminées dans les urines sont de 0 gr. 260 pour Saborow, de O0 gr. 330 pour Neubauer, et de 0 gr. 375 pour Schetelig, soit en moyenne de 0 gr. 325; À 2° Que le lait de femme ne renferme que 0 gr. 034 pour 100 grammes, quantité de lait correspondant à la ration moyenne d’un kilogramme de nourrisson ; 3° Que 100 grammes de lait de vache, qui correspondent à la même ralion, en contiennent 0 gr. O0, soit au moins quatre fois plus; ‘4 Enfin que l'adulte de 63 kilogrammes qui prend 3 litres de lait de vache, recoit 0 gr. 07 de chaux par kilogramme de son poids. De mes recherches, des indications fournies par Lapicque et Richet et aussi de celles déduites du régime lacté, on peut donc conclure : 1° Que notre organisme peut se suffire avec 0 gr. 66 de chaux, soit sensiblement avec 0 gr. O1 par kilogramme de notre poids normal; mais qu'il ne semble pas que l'on puisse descendre beaucoup au-dessous de cette quantité; \ il 2° Que nos besoins, en effet, dépassent. sûrement 0 gr. 005, puisque notre organisme perd cetle quantité rien que par la voie urinaire (2° période), même quand la quantité ingérée est insuffisante pour couvrir ses dépenses totales. C'est, en effet, ce qui doit avoir eu lieu pen- dant cette deuxième période, la quantilé ingérée ne dépassant la chaux uiinaire que de O gr. 014; 3° Que la quantité de 0 gr. OL par kilogramme, nécessaire à notre entretien, est contenue normalement dans nos aliments habituels pris en quantité suffisante pour constituer notre ration moyenne d'entretien (4 gr. 50 d’azote et 38 calories par kilogramme); (4) Article « Aliments », du Dictionnaire de physiologie. BIOLOGIE. COMPTES uenvos. — 190%. T. LVI. 51 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - 4° Que le régime lacté, fait avec le lait de vache et à trois litres de lait pour un homme de 65 kilogrammes, assure à ce dernier une quan- tité de chaux bien supérieure à ses besoins ; 5° Qu'en ce qui concerne l'alimentation du nourrisson, on doit admettre que 0 gr. 034 de chaux suffisent non seulement pour son entre- tien, mais aussi pour sa croissance; puisque c’est cette quantité qui est contenue dans 100 grammes de lait de femme ; et que cette quantité de lait représente la ration d’un kilogramme de nourrisson; 6° Enfin que le lait de vache contenant une quantité de chaux au moins quatre fois supérieure à celle contenue dans la même quantité de lait de femme, on est sûr de donner au nourrisson une quantité suffi- sante de chaux quand ce lait est substitué à l'allaitement naturel. MacnésiEe. MGO. — Les quantités de magnésie contenues dans nos élé- ments pendant les trois périodes de la même expérience, el celles ali- minées par les urines, ont été les suivantes : MAGNÉSIE MAGNÉSIE CALORIES : DIFFÉRENCES - alimentaire. urinaire. PÉRIODES Première . Deuxième. . 1285 0,176 0,166 0,010 Troisième. . 2490 0,476 0,216 0,260 J'ajoute de plus : 1° Que la quantité de magnésie contenue dans l'alimentation de l'adulte de Paris, d’après Lapicque et Richet, est de Ogr. 66, soit sensi- blement de 0 gr. O1 par kilogramme ; 2° Que le régime lacté, fait avec le lait de vache, à la dose de trois litres pour un homme de 65 kilogrammes, lui assure 0 gr. 63 de magné- sie, soit également environ 0 gr. O1 par kilogramme: 3° Que le lait de femme ne contient que 0 gr. 0065 de magnésie pour 100 grammes et que cependant celte quantité est suffisante non seule- ment pour l'entretien du nourrisson, mais aussi pour sa Croissance ; 4° Enfin que le lait de vache, à la dose de 100 grammes, assure au nourrisson environ 0 gr. 01 de magnésie par kilogramme de son poids. De mes recherches, de celles de Lapicque et Richet, et des indications tirées du régime lacté, on peut donc conclure : 1° Que la quantité de magnésie nécessaire à notre organisme ne doit pas dépasser environ 0 gr. 005 par kilogramme de notre poids; 20 Que cette quantité est contenue normalement dans les aliments habituels composant une ration moyenne d'entretien; SÉANCE DU 30 AVRIL 709 3° Que la quantité minima de magnésie urinaire semble être dans les «environs de 0 gr. 0025 par kilogramme ; : À Que par conséquent cette quantité doit être considérée comme insuffisante comme magnésie alimentaire, puisque Rorsenisrne élimine cette quantité rien que par cette voie, même quand il n’en reçoit que cette quantité ; 5° Qu'en ce qui concerne l'alimentation du nourrisson, il doit pouvoir se suffire avec 0 gr. 0065 par kilogramme de son poids, puisque c’est la quantité contenue dans 100 grammes de lait de femme ; 6° Enfin que 100 grammes de lait de vache lui assurant une quantité supérieure, 0 gr. 01, ce lait peut être substitué sans inconvénient au lait de femme, au moins à ce point de vue. ACTION GÉNÉRALE DE .L'ADRÉNALINE EN INJECTION INTRA-VEINEUSE CHEZ LE CHIEN. INFLUENCE DE LA DOSE. INFLUENCE DE L’ANESTRÉSIE. MÉCANISME DE LA MORT, par M. J. LESAGE. Le cortège symptomatique de l’intoxication adrénalique chez le chien et le cobaye, déjà décrit par MM. Bouchard et Claude, Battelli et par nous-même, est en deux mots le suivant : paralysie du train postérieur, convulsions cloniques, opisthotonos, dilatation pupillaire, écume san- guinolente, mort. Notre but est de faire connaître aujourd’hui le résultat de nos obser- vations prises sur des chiens auxquels l’adrénaline fut injectée dans les veines à des doses variables. Nous avons antérieurement publié le résultat relatif à la détermination de la dose toxique qui se GR eut de ces expériences (1). Pour l'appréciation des modifications respiratoires et circulatoires, nous avons eu recours à la méthode graphique. Le pneumographe de Marey nous a renseigné sur les variations de la respiration, le manomètre inscripteur de Chauveau sur les modifications de la pression artérielle, et la pince sphyg- mographique de Laulanié sur les variations du pouls. Le détail de nos expériences sera publié autre part; nous nous bornerons simplement ici à en donner les résultats. Les phénomènes consécutifs à l'administration de l’adrénaline chez le chien varient avec la dose, et, avec l’état de veille ou de sommeil anesthésique du sujet. Examinons-les d'abord chez l'animal non anesthésié. A la dose non toxique de O milligr. 05 par kilog., le seul symptôme que l’on observe est l'accélération et la violence des battements du cœur. (1) J. Lesage. Toxicité de l’adrénaline en injection intra- veineuse. pour le chien, Coupes rendus de la Société de Biologie, 16 avrik 1904. 710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce symptôme est d'ailleurs fugace et, peu de temps après l’injection, le sujet revient à son état normal. Si l’on opère sur des animaux à jeun depuis dix-huit à vingt-quatre heures, ils ne lardent pas à manger d'un très bon appétit la ration qu'on leur présente. À la dose de O0 milligr. 20 à 0 milligr. 25 par kilog., on observe encore cetle même violence des battements cardiaques, mais aussi d’autres symptômes. C'est d'abord une repiration accélérée, haletante ; de l’in- quiétude. Puis, des nausées et des efforts de vomissements; des évacua- tions alvines, du ténesme rectal, de la miction urinaire. Enfin, dans certains cas, le retour à l’état normal; dans d’autres, l'arrêt du cœur et la mort au bout de cinq à dix minutes. Chez l'animal anesthésié au préalable par l'injection hypodermique de 5 centigrammes de morphine et les inhalations de chloroforme, l'injection d’une faible dose d’adrénaline (0 milligr. 02 par kilogramme) produit encore une accélération considérable du cœur, pendant les secondes qui suivent, alors que la pression artérielle monte très nota- blement. Puis, le cœur se ralentit par alternatives, pendant cinq à six secondes et la pression baisse. Une minute après l'injection, les sys- toles acquièrent une force remarquable, et, petit à petit, elles vont se régulariser pendant les deux ou trois minutes qui suivent, alors que les variations de pression vont devenir de moins en moins considé- rables. La respiration ne s'accélère pas. Elle se ralentit au contraire un peu, tout en conservant un rythme régulier. Au commencement de la quatrième minute, tout est rentré dans l'ordre, les pulsations seules restent ralenties. 3: Voici, par fractions de dix secondes, le nombre des pulsations, celui des respirations et les valeurs de la pression artérielle enregistrées avant, pendant et après l'injection intraveineuse de 0 milligr. 02 par kilogramme, d'adrénaline chez le chien. NOMBRE Mens ARR de la pression artérielle o TEMPS de pulsations| en centimètres Hg. : NOMBRE ÿ en d'inspirations. RE e Max. Min. 10 secondes. 5 à 3 h. 54 . Injection. à 3 Q 0] 3 a 0) 9 D 2110 20 30 s 40 50 $s. D D © & & N 00 © US Q9 09 CO Go NO N9 DO CO U2 (2°) @- D p- @ @- pp po SÉANCE : DU: 30 AVRIL 711 Avec une dose toxique, les phénomènes sont différents. Voici, par exemple, ce que nous avons observé après l'injection intraveineuse de 0 milligr. 26 d'adrénaline par kilogramme : Durée de l'injection : dix secondes. Six secondes après la fin de l'injection, la respiration s'arrête en expiration, en même temps que la pression monte de 8 centimètres de Hg, le cœur conservant sa régularité et son rythme normaux. Le maximum de pression est atleint en neuf secondes. Alors, le cœur s'arrête et la pression diminue rapidement. L'arrêt du cœur s’est pro- duit déjà depuis seize secondes, lorsque les mouvements respiratoires reprennent à nouveau, au nombre de quatorze en trente secondes. Enfin ils s'éteignent à leur tour, après avoir diminué d'amplitude. I] y a exactement quarante-deux secondes que le cœur est arrêté. Si au lieu d’une dose massive on administre l’adrénaline à doses fractionnées, le cœur s'arrête dans les mêmes conditions lorsque la dose toxique est atteinte. La respiration peut ne présenter aucune modification ; elle se poursuit toujours après l’arrêt du cœur. Chez le chien, anesthésié ou non, la mort dans l’'empoisonnement par injection intraveineuse d'adrénaline est rapide; elle a lieu par arrêt du cœur. fs (Travail du Laboratoire de Physiologie d'Alfort.) VARIATIONS DU VOLUME DE L'ŒIL SOUS L'INFLUENCE DES MODIFICATIONS DE L'ÉQUILIBRE MOLÉCULAIRE DU SANG, par M. LoErEr et A. CANTONNET. Les cavités oculaires peuvent être considérées comme des diverticules de la circulation générale et les liquides qu’elles contiennent subissent avec une rapidité plus ou moins grande les variations de la composition du sang. L'un de nous a montré avec M. Achard l’accumulation persistante dans l'humeur aqueuse des substances telles que le ferrocyanure de potas- sium injecté dans le sang des animaux dont la voie rénale n'est pas perméable (1). Nous avons voulu rechercher si des modifications des milieux oculaires pouvaient se produire sous l’influence de variations brusques ou pro- gressives, non plus seulement de la composition chimique, mais de l’équi- libre physique et moléculaire du milieu sanguin. 1. Ch. Achard et M. Loeper. Passage du ferrocyanure de potassium dans l'humeur aqueuse. Soc. de Biol., décembre 1901. 1. À. Cantonnet. Arch. d'ophtalmologie, janvier 1904. 719 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'impossibilité de mesurer exactement la quantité de liquide contenu dans l’œil nous a obligés à recourir à un procédé indirect : la mensu- ration du volume du globe oculaire. | Pour cela nous avons opéré sur des iapins jeunes, dont les enve- loppes de l'œil sont très extensibles. I. La ligature des deux pédicules du rein qui accroît notablement la concentration du sérum sanguin ne fait pas subir à l’œil sain des varia- tions constantes. Pourtant dans deux cas sur cinq le volume de l'œil a diminué et diminué de facon durable et progressive. Lorsqu'on injecte dans le sang des animaux des solutions de nl. loïdes les modifications varient avec la concentration de ces solutions. L’injection de solutions isotoniques, chlorure de sodium, sulfate de soude, glucose (30 ou 50 centimètres cubes) augmente assez notablement après l'avoir diminué momentanément, le volume de l'œil, qui revient ensuite à la normale. Cette augmentation de volume est plus précoce quand le liquide est introduit dans les veines que lorsqu'il est introduit sous la peau. Les solutions hypertoniques entraînent une diminution plus bru- tale mais elles sont suivies d’une augmentation moins marquée. Les oscillations sont plus considérables quand l'injection est faite dans les veines que lorsqu'elle est faite sous la peau. Chez les lapins dont on a lié les artères rénales des injections isoto- niques et hypertoniques entraînent des changements plus considérables. Mais dans tous les cas, les effets produits par les substances achlorées. sont plus marquées que ceux délerminés par le chlorure de sodium. II. Dans le but de vérifier l'influence signalée par l’un de nous, de l'administration des substances cristalloïdes sur l’œil glaucomateux nous avons chez douze lapins déterminé un glaucome artificiel par le procédé de Bentzen (grattage de l’angle iridokératique), et mesuré comparati- vement le volume de l’œil sain et de l’œil malade. Les variations de l’œil malade furent de même sens, mais plus pré- coces, plus fortes que celles de l'œil sain et souvent la diminution du -volume fut plus durable. Ce dernier fait cadre bien avec la diminution de tension oculaire observée chez nos malades. III. L'ensemble de ces résultats montre avec queile rapidité reten- tissent sur l'équilibre des milieux oculaires les changements apportés à la composition du sang. En vertu du « mécanisme régulateur », le sang hÿperconcentré attire le liquide nécessaire au rétablissement de sa concentration normale et le volume de l'œil subit une diminution d’autant plus marquée que l’afflux est plus considérable. Puis, avec une rapidité plus ou moins grande, le liquide des cavités oculaires et le liquide sanguin FÉNEARENT au volume normal. La nature de la substance injectée, Vinritation ssebialé qu'elle déter- SÉANCE DU 30 AVRIL 713 a à SRE ue A7) "Ro ALEReQ "IS mine sur Îla paroi vasculaire ou sur les tissus, les excilations réflexes qu’elle entraine entrent sans doute aussi en ligne de compte (Mayor), mais toutes ces causes sont dominées par un phénomène d'ordre purement physique : la rupture de l'équilibre moléculaire du sang. LA FLUORESCENCE ET LA TUBERCULINE-RÉACTION PRÉCOCE, par M. D. JAcoBsonn. Plusieurs travaux publiés ces derniers temps ont démontré l’action de la lumière fluorescente sur les êtres inférieurs. On a pu constater que le pouvoir de certains ferments et toxines, ainsi que le développe- ment de certains infusoires, et microbes se trouvent retardés ou même entravés par les rayons fluorescents. Le bacille de Koch subit-il . ment cette influence inhibitoire ? Pour résoudre cette question nous nous sommes adressé à la tuber- culine-réaction précoce, récemment décrite par M. Marmorek. Ce dernier a montré que la tuberculine, injectée à un animal une vingtaine de minutes après qu'il à reçu une faible émulsion des bacilles de Koch, provoque une ascension thermique égale ou supérieure à 2 degrés. Il suffit de très faibles quantités de bacilles, avec des traces presque minimes de tuberculine, pour que le phénomène de Marmorek se produise. Nous avons ulilisé ce fait expérimental pour étudier l’action de la fluorescence sur les bacilles de la tuberculose. Nous avons ainsi pu constater que les bacilles rendus fluorescents ne donnent plus avec la tuberculine l'ascension thermique caractéristique de 2 degrés. Notre facon de procéder a été la suivante : On prépare une émulsion très faible et uniforme de bacilles de Koch qu'on partage en trois parties. La première, non modifiée, sert pour les animaux témoins. Puis on ajoute une très faible quantité d’éosine à la seconde partie, qu'on laisse exposée à la lumière diffuse pendant vingt-quatre heures, et l’éosine sous l'influence de la lumière dégage des rayons fluorescents. On ajoute également une petite quantité d'éosine à la troisième partie de la culture qu’on enferme aussi rapidement que possible dans des tubes métalliques. On a ainsi une culture contenant de l’éosine non fluo- rescente. Le lendemain on injecte dans le péritoine de cobayes dont la tem- pérature initiale ne dépasse pas 38°5 une faible quantité de ces trois cultures, le premier lot des animaux recevant la culture simple, le deuxième la culture fluorescente, et le troisième lot la culture conte- nant de l’éosine non fluorescente. Vingt minutes après, les trois lots [l h » o e é AE VINQIE PET ERNST ÿ 4 : k { Y SNA Ne à ar ci 1 x 3 st 42 TL4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE recoivent sous la peau 0,3 centimèlres cubes d'une faible solution de tubereuline (une goutte par gramme d'eau). L'ascension thermique indi- quée par M. Marmorek atteint son maximum dans deux à quatre heures après le début de l'expérience, et c’est alors qu'on- peut constater l'effet de la fluorescence. Tandis que le premier lot, ayant reçu la culture simple, réalise le phénomène de Marmorek, et présente une élévation thermique égale ou supérieure à 2 degrés, le deuxième lot, aux bacilles fluorescents, ne présente pas ce phénomène, son élévation Re ne dépassant jamais 15, oscillant généralement entre 0°5 à 1°2. Quant au troisième lot, son ascension thermique tout en étant mar- quée n’atteint pas cependant 2 degrés. Nous pensons que malgré toutes nos précautions, un jeu de fluorescence à dû se produire quand même, probablement au moment de l'ouverture et de la fermelure des tubes métalliques. Nous avons également tenté l'expérience inverse, en rendant fluores- cente non pas la culture bacillaire, mais la tuberculine. Les résultats n'ont pas été les mêmes. L'influence de la fluorescence a été peu marquée. De ces faits expérimentaux on peut conclure que la lumière fluores- cente n’agit pas sur la tuberculine contenue dans le corps bacillaire. La diminution de l'ascension thermique est due probablement à un pouvoir inhibitoire que la lumière fluorescente exercerait sur le bacille, en affai- blissant ses propriétés de sécrétion de toxine. Ce fait semble prouver encore, quoique d'une façon indirecte, que le phénomène de Marmorek est dû à l’action biologique de la tuberculine sur le bacille : ce dernier * sécrète, sous l'influence de l’excitation que lui imprime la tuberculine, une plus grande quantité de toxine qui, elle, provoque l'élévation ther- mique caractéristique. LU (Travail du Laboratoire de M. Marmorek.) OEDÈME EXPÉRIMENTAL, par M. AMBARD. Si depuis les travaux de M. Widal nous savons faire à volonté de l’œdème chez certains brightiques, il est encore communément admis que nous sommes impuissants à produire de l’æœdème rose chez les animaux. Pourtant Magnus (Arch. für Pharmak. und exper. Path., Bd 42, 1899) avait indiqué des procédés pour avoir des œdèmes généralisés à coup sûr. Nous avons repris les expériences, qui semblent encore peu con- nues, de Magnus. Cette note qui, faute de place, ne peut comporter SÉANCE DU 30 AVRIL 745 qu'un bref protocole de nos expériences, se bornera à décrire les genres d'æœdèmes que l’on peut obtenir expérimentalement et les moyens à meltre en usage pour y parvenir. Il y a dans la production de l’æœdème une succession de faits tout à fait constante et par cela même remarquable. Le premier œdème qu’on obtient même dans les conditions d’expérimentation les plus défavorables est l'œdème péritonéal. Les reins, les uretères et les gros vaisseaux apparaissent plongés dans une masse géletiniforme, tremblotante, trans- lucide, souvent épaisse de 1 à 2 centimètres, laissant écouler lentement une sérosité abondante après sa déchirure. Cohnheim et Lichtheim (Virch. Arch., Bd. LXIX, 1877), l'avaient noté dans leurs expériences; Magaus le signale à nouveau, nous l’avons toujours retrouvé dans toutes nos expériences. Dans des conditions plus favorable, à l’œdème péri- viscéral se joint un œdème intermusculaire ; entre les muscles de l'abdo- men se développent de véritables plaques d’un tissu gélatiniforme très épais. Cet œdème intermusculaire ne nous semble pas avoir encore été décrit. 11 peut être considérable et siège entre tous les muscles du corps. Enfin dans les conditions oplima on obtient en plus de l’æœdème viscéral et de l'œdème intermusculaire l’&ædème cutané. C'est l'œdème qui appa- raît en dernier lieu, c’est le plus difficile à obtenir ; c’est sa réalisation qu’a décrite minutieusement Magnus dans son mémoire. Cet œdème rappelle l’æœdème sous-cutané de l’homme, il envahit toute la peau du chien en commençant par la peau abdominale. Il y à donc une hiérarchie d'apparition entre les divers œdèmes, l’œdème viscéral paraissant le premier, l’intermusculaire le deuxième, le sous-cutané le troisième. Faut-il voir dans ces deux premiers œdèmes un élément du préædème de M. Widal? nous le croirions volontiers. Parmi les moyens de produire l’œdème il y a également une vérilable hiérarchie d'efficacité. Le moyen le plus simple et le moins bon est l'injection intraveineuse considérable et très rapide, déjà décrit par Cohnheim et réétudié par Magnus ; il donne l’œdème minimum, surtout l’œdème périviscéral. Un moyen meilleur est l'injection aussitôt après ligature des uretères ou ligalure de l’urètre. Magnus dans ces condi- tions a pu obtenir un très léger œdème cutané. Un moyen meilleur ‘encore est d'attendre vingt-quatre heures entre la ligature des uretères et l'injection. Dans ces conditions, nous avons eu en plus de l’æœdème périviscéral un œdème inlermusculaire énorme. Enfin l'effet optimum est obtenu lorsque l'injection agit plus de vingt-quatre heures après liga- ture des uretères, dans ces cas nous avons obtenu un œdème sous- cutané considérable. Magnus avec des injeclions relativement plus con- sidérables que les nôtres a eu un œdème généralisé énorme. (Lorsque nous parlons d'ædème il s’agit, bien entendu, d’un œdème macroscopique indiscutable, analogue à celui qu'on constate à l'œil nu chez les brightiques.) 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les solutions injectées ont été de l’eau de Seine « pure », des solu- tions de sel marin à 10, 15 et 20 p. 1.000, des solutions de sucre de canne à 10 p. 100. Les quantités variaient de 100 à 300 grammes par kilogr. de chien. Avec tous ces liquides, nous avons obtenu un œdème périviscéral abdominal et un œdème intermusculaire des plus nets; l’œdème sucré ne réduisait pas la liqueur de Fehling, mais après hydro- lyse indiquait 20 p. 1000 de glucose. Exp. I. — Chien de 14 kilogrammes. Ligat. des 2 uretères le 1° mars 1904 à 5 heures du soir. Injection immédiate de 300 centimètres cubes de NaCl à 30 p. 1.000. Le lendemain à midi injection nouvelle de 600 centimètres cubes de la même solution. Le chien meurt dans la nuit. Autopsie le 3 mars. O0Edème péritonéal très marqué, œdème sous-cutané très marqué, œdème intermuscu- laire non recherché. Exp. II. — Chien de 14 kilogrammes. Le 4 mars ligat. des 2 uretères à 2 heures, aussitôt après injection de 2 litres de sérum contenant NaCl 45 p. 1.000 en l’espace de trois heures. Le chien meurt dans la nuit. Le lendemain malin autopsie. OEdème sous-péritonéal. Gros caillot dans le ventre, œdème sous-cutané légèrement hémorragique. y Exp. IIL. — Chien de 11 kilogrammes. Ligat. des 2 uretères à midi # mars. Le 5 mars injection de 1300 grammes de NaCI à 35 p. 1.000 puis de 200 grammes du sang du chien de l’expér. II. Chien tué par le chloroforme. Pas d'œdème sous-cutané. OEdème intermusculaire considérable de la paroi abdominale, les divers muscles de l'abdomen sont séparés par des plaques gélatiniformes. Le rein, les uretères et les vaisseaux abdominaux apparaissent plongés dans une gelée tremblotante, translucide, très épaisse. Ascite 200 grammes. re Exp. IV. — Chien de 13 kilogrammes. Ligat des uretères le 7 mars. Le 8 mars injection de 1750 grammes d’eau de Seine en l’espace de trois heures. OEdème rosé sous-péritonéal et intermusculaire discret mais net. Pas Hi pas d’æœdème sous-cutané. : Exp. V. — Chien de 17 kilogrammes. Ligat. des uretères le 25 av Le 26 avril injection de 2 litres de solution de sucre de canne à 10 p. 100. Le chien est tué par le chloroforme deux heures après l'injection. OEdème puimo- naire, œdème péritonéal et œdème intermusculaire. Le liquide d'œdème ne eut pas la liqueur de Fehling, mais traité par HCI et chaleur donne une réduction équivalente à une solution de glucose à 20 p. 1.000. Exp. VI. — Chien de 15 kilogrammes. Ligat.des uretères le 27 avril. Injec- tion le 29 avril de 4 lit. 500 de NaCI à 10 p. 1.000. OEdème sous-péritonéal. OEdème intermusculaire entre les muscles de l’abdomen, du thorax et du cou; la trachée baigne dans un véritable manchon de gélatine. OEdème sous- cutané à la paroi abdominale. (Travail du laboratoire de M. le professeur Chantemesse). SÉANCE DU 30 AVRIL 717 LÉSIONS DU CERVEAU CHEZ DES REJETONS 1SSUS DE MÈRES MALADES. (CONSÉQUENCES.) [e par MM. Cnarri et Lérr. Dans une Note présentée à l’Académie des Sciences (1), nous avons indiqué que l’on trouve avec assez de fréquence des hémorragies, soit capillaires, soit parfois assez volumineuses, dans la moelle et le tronc cérébral des enfants dont les mères ont été atteintes pendant la gros- sesse, surtout peu de temps avant l'accouchement, de diverses mala- dies infectieuses ou toxiques. Nous avons rappelé que, d’après les recherches antérieures de l’un de nous, ces extravasations sanguines sont communes dans les organes, entre autres le foie et les reins, des rejetons de ces mères affectées de processus morbides variés : chez ces nouveau-nés les lésions le plus souvent consécutives aux infections et aux intoxications sont, en effet, des hémorragies. Ces altérations se ren- contrent dans le système nerveux central comme dans les autres vis- cères; mais peut-être ces lares ont-elles pour ce système une pré- dilection spéciale due à la structure même du névraxe, à se consistance extrêmement faible à l’époque de la naissance ou encore à l’excessive friabilité de ses vaisseaux dont la paroi est extrêmement mince. Nous avons appelé l'attention sur le fait que des altérations de ce genre, qui dans nos cas n'avaient amené aucun trouble apparent et n'avaient pas été la cause de la mort des sujets, pouvaient très vraisem- blablement, dans certaines conditions de volume et surtout de localisa- tion, soit s'opposer au développement ultérieur des faisceaux de la moelle, soit détruire des fibres déjà formées, soit amener la production de cavités, de déformations ou de scléroses médullaires. Ces altérations pourraient ainsi déterminer, entre autres symptômes cliniques, les dif- férentes paralysies spasmodiques de l’enfance, telles que le syndrome de Little, certaines formes de syringomyélie, etc. Notre démonstration portait uniquement sur la moelle et le tronc cérébral; il était toutefois vraisemblable que le cerveau comme les autres parties des centres devait subir ces mêmes influences pathologiques. Nous avons voulu néanmoins, à ce sujet, entreprendre des recherches : ce sont nos premiers résultats que nous communiquons aujourd'hui. Nous nous sommes trouvés en présence de difficultés tout autres que pour l'examen de la moelle. Il était, en effet, mal aisé de couper un cer- veau sur toute sa surface et toute son épaisseur; nous avons dû nous contenter d'examiner une partie relativement restreinte des hémis- phères de chacun de nos sujets; par contre, il nous avait été facile d'examiner une étendue assez grande de leur moelle. Aussi c'est pour (1) Acad. des Sciences 16 Mars 1903. 7118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ainsi dire par hasard que nous pouvions saisir dans la zone examinée des lésions qui sans doute ne devaient pas être étendues à toute la masse cérébrale. D'autre part, le volume relativement considérable des vaisseaux du cerveau, leur nombre énorme, leur trajet nullement déli- milé, de plus, l'extrême minceur de leur paroi, même lorsqu'ils ont un certain diamètre, rendaient difficile la constatation d’hémorragies légères qui sur la surface réduite d'une coupe de moelle auraient paru tout à fait nettes. Aussi ne pouvons-nous baser sur nos recherches aucune statistique : nous pouvons dire seulement que, dans les hémisphères cérébraux comme dans la moelle des nouveau-nés issus de mères malades, il peut exister des hémorragies. Nos recherches nouvelles ont porté sur le cerveau de 6 sujets et sur le cervelet de 2, en tout sur 8 encéphales; sur 5 de nos cerveaux, nous” avons choisi l'extrémité supérieure des circonvolulions rolandiques, parce que ces circonvolutions sont le centre des mouvements du membre inférieur et que la clinique permet de supposer qu'à ce niveau les lésions sont peut-être plus fréquentes. Or, chez 5 sujets sur 8, nous avons trouvé, dans les méninges, des épanchements sanguins diffus; chez 3 seulement, nous avons décelé des extravasations manifestes dans l’épaisseur même de la substance nerveuse; dans 3 cas, il exis- tait aussi, semblait-il, par places, des hémorragies capillaires ; maïs, pour les raisons que nous avons indiquées, nous ne saurions être affir- matifs. Ajoulons qu'un cerveau de fœtus de cinq mois nous a pré- senté des foyers hémorragiques manifestes. à Parmi les 3 sujets porteurs de ces extravasations constatées dans le tissu nerveux, l’un, mort le huitième jour, était atteint de sclérème (température : 29 degrés: poids : 2.150 grammes); sa mère, avant Fac- couchement facilement réalisé à ierme, avait eu une congestion pulmo- naire. — Le second de ces rejetons, qui a succombé au bout de trente jours, était né d’une albuminurique éclamptique; il avait lui-même, dans le foie, de profondes lésions et, dans la moelle épinière, des hémor- ragies considérables. — Le troisième était issu d’une femme alteinte d'une affeclion du poumon mal déterminée. — De 3 sujets présentant des foyers méningés, 2 étaient fils d'albuminuriques et sont morts, l’un à neuf, l’autre à dix-sept jours, en forte hypothermie; le dernier provenait d'une mère souffrant de gastralgie. Chez deux enfants, nous n'avons pas observé d'hémorragie indiseu- table; l’un, cachectique, pesant 2.625 grammes, a survécu quatre mois, et était peut-être syphilitique; l’autre, venu à sept mois et demi, était le rejelton d'une tuberculeuse et n’a résisté que cinq jours. Sans nier le rôle des causes physiques ou autres (traumatismes, posi- tions défectueuses, accouchements laborieux d’après Couvelaire) et sans accorder (nous le répétons) à nos chiffres une valeur propor- SÉANCE DU 30 AVRIL 719 tionnelle, attendu que des hémorragies ont pu nous échapper, l'influence des tares loxiques ou infectieuses des ascendants, dans l'espèce, semble manifeste; peut-être même ces lares interviennent-elles, pour une part, grâce aux délériorations que, chez ces sujets, elles impriment si com- munément au foie, organe surtout à cet äge si important au point de vue hématopoiétique. Quoi qu'il en soit, en dehors de l'intérêt qui s'attache à des constata- tions de cet ordre, il est capital de rappeler que ces lésions sont sus- ceptibles d'entraver le développement des fibres, de provoquer des réactions, des scléroses, de déterminer la formation de cavités, de dé- formations, de préparer une série de processus qui, un jour ou l’autre, pourront évoluer. Ainsi, de plus en plus, nos recherches relatives à ces tares des reje- tons issus d’ascendants malades montrent à quel point il convient . d'élargir le cadre de la pathologie intra-utérine. Pour concevoir l'évo- lution de différentes manifestalions morbides, il est indispensable de remonler au delà de la naissance, jusqu’à la fécondation et même plus haut. L'ignorance de ces données éclate à chaque instant dans la publi- cation d'observations de néphrites, d'hépatites, de lésions nerveuses, etc., dont l’éclosion, durant les tout premiers mois et en dehors des causes classiques (alcoolisme, syphilis, etc.), paraît surprendre nombre d'auteurs. LES PARATIYROÏDES CHEZ LA TORTUE (TORTUE D'AFRIQUE), par MM. M. Doyon et N. KAREFF. I. — Les parathyroïdes sont au nombre de deux, une de chaque côté, à la base du cou. Elles sont situées très près et au-dessous du thymus, contre la crosse de l'aorte (droite ou gauche) au niveau du point où le vaisseau s'infléchit en arrière. Elles ont une coloration jaune; leur forme est arrondie. Leurs dimensions sont extraordinairement petites ; chez les tortues dont la carapace a 15 centimètres de longueur, les parathyroïdes n’ont pas plus d’un millimètre de diamètre. Sur des coupes colorées à l’hématéine et à l’éosine après fixation par le liquide de Bouin, on observe une enveloppe conjonctive qui envoie dans l’inté- rieur de la masse des tractus fibreux; ceux-ci séparent des cordons cellulaires pleins. Les cellules qui forment les cordons ont un proto- pläsme très finement grauuleux et un noyau ovalaire ou légèrement déformé; leurs limites sont peu nettes. Entre les cordons existent de nombreux capillaires sanguins. Il. — Il est relativement facile de détruire les parathyroïdes. Le 720 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mieux, à cet effet, est de suivre un procédé déjà utilisé chez les oiseaux par Doyon et Jouty. On cautérise les glandules avec une pince à mors très effilés. Pour découvrir les organes, on pratique une incision de chaque côté du cou et ôn attire avec un crochet la crosse de l'aorte cor- respondante. Lorsque la glandule à été cautérisée, on suture la plaie. Toute l'opération peut être conduite sans qu’on provoque la moindre hémorragie et sans dégâts. On évite facilement l'infection. III. — La destruction d’une seule parathyroïde est sans effet. La destruction des deux glandules provoque des paralysies et la mort. Les paralysies débutent toujours par le train antérieur. La durée de la survie paraît dépendre principalement de la température. Chez les tortues conservées au laboratoire à 12 degrés, 18 degrés, la mort sur- vient du troisième au huitième jour. IV. — L'ablation du corps thyroïde est sans effet, au moins chez les tortues âgées dont on dispose le plus souvent. Nous reviendrons ulté- rieurement sur les effets de pop de la glande chez les très jeunes tortues. INFLUENCE DE L'INJECTION DU SUC PANCRÉATIQUE DANS LA VEINE PORTE SUR LA DISPARITION DU GLYCOGÈNE DU FOIE, par M. PARiser. e 4 Ayant entrepris l'étude des mécanismes qui interviennent dans la régulation du glycogène hépatique, j'ai été amené à discuter d’abord le rôle que peuvent jouer les ferments dans cette fonction. j Mes expériences ont consisté à étudier si par l'addition au sang porte de ferment hydrolysant le glycogène, on n'arrivait pas à modifier la transformation du glycogène en sucre dans le foie. Pour répondre à cette question, il était important de se mettre à l'abri des causes d'erreur si nombreuses dans des recherches de ce genre. Le manuel opératoire a été le suivant : chien à jeun depuis la veille; anesthésie : morphine-chloroforme. Laparotomie. Canule en T dans la veine porte. Sonde passée dans la veine sus-hépatique par la jugulaire externe droite, le cœur et la veine cave. Prises de sang alternativement dans la veine porte et dans la veine -sus-hépatique ; chaque prise — 50 centimètres cubes. Injection par la branche latérale de la canule en T de 20 centimètres cubes de suc pancréatique stérile, pris sur un chien par la sécré- tine. “ Prises de sang (50 centimètres cubes) consécutives à l'injection. SÉANCE DU 30 AVRIL 721 . Dosage du sucre par la méthode employée au laboratoire avec la liqueur de Violette ferrocyanurée. I. 10 février. — Sang sus-hépatique . . . 2806 par litre. SAN EPDOREMENRNNE AUS MOULE EE HAS vrier. SAN IDOR EME CC PAMUINE ANR Sang sus-hépatique . . . 233 — SANÉDON LE MEN NE NÉNPAPA — Sang sus-hépatique . . . 193 _— Dans ces deux expériences le sang de la veine porte n'était pas pris par une canule en T, mais par une canule ordinaire; il y avait donc oblitération de la veine porte. II 20/février. Sang porte, 1.07 . 28 par litre. Sang sus-hépatique . . . 2317 — IN EVrIeR Same ponte te NAN 16825 — Sang sus-hépatique . 1 16 — Sa pDOnte PAT 001025 — Sang sus-hépatique . . . 111 — Sang sus-hépatique . . . 1 52 (1) — V. 3 Mars. — Sang porte . . . . . . . 2806 — Sang sus-hépatique . . . 178 — 1 Sans porte Hem MM RAIDS Ta Sang sus-hépatique . . . 1 93 — SANS DOTE MAMA RE 2 21 (2) — MEMMMars Sang porte ALES RME pre . Sang sus-hépatique . . . 213 — Injection de 10 centimètres cubes de suc pancréatique. Sang sus-hépatique . . . 25517 — VIP avril Sans Dore Me . . 2840 — Sang sus-hépatique . . . » _ Injection de 20 centimètres cubes de suc pancréatique. Sang sus-hépatique . . . 4518 — Sang sus-hépatique . . . 516 — Sang sus-hépatique . . . 3 44 — Sang sus-hépatique . . . 369 — Sang sus-hépatique . . . #42 — VIN 2 4/avril. Sans porte … LL 1RAMMSTU NE Sang sus-hépatique . .. . 198 — Injection de 20 centimètres cubes de suc pancréatique. Sang sus-hépatique . . . 28550 — SAT pOTte 1 MERE 1294 — Sang SuS-hÉpatique Ne PROMO .:(4) Après oblitération de la veine porte. (2) Après oblitération de la veine porte. HUE NITURER FRS 729 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NX Do av SSanPsnonte CENT MAINS Sang sus-hépatique . . . 132 — Injection de 20 centimètres cubes de suc pancréatique. Sang sus-hépatique . . . 2521 — Les résultats de ces expériences nous permettent de constater que l'injection de suc pancréatique dans le sang porte augmente parfois du simple au double la quantité de sucre dans la veine sus-hépatique. Ces résultals seront analysés et discutés par de nouvelles expériences que nous publierons prochainement. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SUR L'ABSORPTION DES SOLUTIONS SALINES PAR L'INTESTIN, par MM. P. CaRNoT et P. AMET. La note récente de MM. Nobécourt et Vitry nous engage à publier certains résullats d’un travail, entrepris depuis plusieurs mois et encore fort incomplet, sur l'absorption des solutions salines par l'intestin. La méthode que nous avons employée pour cette étude consiste à injecter, entre deux ligatures, en divers seuments de l'intestin de même longueur, préalablement vidés de leur contenu, une quantité donnée de solutions sa- lines dont on connaît le point cryoscopique et, par là même, la concentration moléculaire ; on laisse ces solutions dans l'intestin un temps variable, l’abdo-"« men étant refermé; puis on sacrifie l'animal, on recueille la totalité du liquide restant dans l’anse, et on en mesure le volume et le point cryoscopique : on a ainsi les éléments d’un-calcul permettant de suivre les variations quantita- tives de l’eau et du sel introduits. oi Cette méthode, a déja été employée par Heidenhain, par Hôber, etc.; mais nous avons déterminé avec plus de précision différents facteurs (étendue de la surface absorbante; temps de la résorption, etc.), et surtout nous avons fait varier systématiquement le temps et la concentration dans des limites plus étendues qu’on ne l'avait fait précédemment. Cette méthode, à peu près la seule utilisalle, comporte diverses causes d'erreur que l’on doit, tout au moins, connaître : il est difficile, à cause de la rétractihté de l'intestin, de mesurer exactement la surface absorbante; il est plus difficile encore de n'avoir aucune perte dans la récolte du liquide et de n'avoir pas, mélangés à lui, des impuretés et surtout du mucus, d'autant plus abondant que les solutions sont plus concentrées; enfin les ligatures, tout en respectant la circulation, modifient peut-être, par voie réflexe, le pro- cessus d'absorption. D'autre part, on observe, d un noel à l’autre, dans la vitesse d'absorption, des variations assez grandes qui gênent beaucoup pour la comparaison des résultats. Nous ne faisons que signaler ici ces variations individuelles dont le mécanisme est encore à l'étude. On observe, également, des variations SÉANCE DU 30 AVRIL 793 d'absorption assez considérables entre les diverses anses d'intestin, qui peuvent parfois atteindre le 1/5 de la valeur totale. Ces variations nous ont paru n'’obéir à aucune règle fixe et présenter des types assez différents : parfois on constate une diminution graduelle de la résorption ou de l’excré- tion aqueuse vers le milieu de l'intestin, une augmentalion graduelle, au contraire, de la résorption saline; mais d’autres fois, les variations sont très irrégulières ; elles sont probablement en rapport avec la différence de struc- ture (follicules clos, plaques de Pevyer, etc.) des divers segments intestinaux. Toutes ces causes d'erreur ne permettent de suivre, par cette méthode, que les phénomènes les plus grossiers du processus d'absorption. Nous n’étudierons, dans cette première note, que l'absorption des solutions de NaCI, chez le chien, en comparant successivement, en fonction du temps et de la concentration, les variations quantitatives des deux éléments en pré- sence, l’eau et le sel : Les variations quantitatives de l’eau sont mesurées par la différence entre la quantité Q de liquide introduit et la quantité Q de liquide retrouvé. Q'— Q aura une valeur négative s'il y a absorption, une valeur positive s’il y a excré- f tion d’eau. Le rapport ES donnera le rapport de la quantité manquante ou excédente à la quantité totale introduite (coefficient d'échanges). Les variations quantitatives du sel ont été appréciées par la cryoscopie : Aet A'étant les points cryoscopiques au début et à la fin dé l’expérience, Q À et Q'A' représentent des valeurs proportionnelles au nombre de molé- ‘eules contenues dans le liquide, c’est-à-dire à la quantité du sel, NaC, qui est le seul élément en solution : Q' A — Q À représente donc une valeur négative OA OA QA proportionnelle à la quantité de sel absorbée et donnera le rap- port du sel absorbé au sel introduit. Les variations quantitatives d’eau paraissent obéir aux règles sui- vantes : Avec des solutions salines faibles (A variant de O° à — O°5) ül y à absorption d’eau immédiate et rapide : la vitesse d'absorption est maxima, non pour l'eau distillée, mais pour les solutions qui se rap- prochent, sans l’atteindre, de la concentration sanguine (A compris entre — 0°3 et — 0°5). Au delà de ce titre, même avec des solutions hyperto- niques (A compris entre — 0°6 et — 1°2) l'absorption se fait aussi d'emblée, mais avec une vitesse graduellement décroissante. Avec des solutions salines de concentration supérieure {A inférieur à — 1°2), il y à inversion du courant intestinal, au moins au début: il y a d'abord dilution de la solution et ultérieurement résorption, la dilution ini- tiale étant d'autant plus forte et la résorption ultérieure durant d’au- tant plus longtemps que la concentration saline est plus grande. Par exemple, pour A — — 1°2, la quantité de liquide excédent atteint en 1/2 heure, la moitié de la quantité initiale ; après une heure, la quan- tité retrouvée est sensiblement égale à la quantité introduite; la résorp- tion totale est terminée en 2 heures. Pour À — — 2, l'excédent de liquide atteint, en 1/2 heure, 73 p. 100 de la quantité initiale : la résorp- BloLoare. CoMPTEs KENDUS. — 1904. T. LVI. 52 724 , SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tion ultérieure est totale après 3 heures. Pour À — — 2,40, on retrouve encore, après 2 heures, une quantité excédente représentent le 1/3 de la quantité introduite. Si À — — 5°%64, on retrouve, après trois heures, une quantité de liquide excédente représentant 160 p. 100 de la quantité initiale. On voit ainsi le lien qui unit l'absorption des solutions salines d’une part, et, d'autre part, l'action purgative qu’elles exercent, au moins au début, lorsque leur concentration vient à augmenter. Les variations quantitatives du sel sont presque toujours négatives et indépendantes des variations d’eau. On ne note une augmentation totale de sel, par excrétion intestinale, que dans quelques cas, après injection d’eau distillée (excrétion, en 20’, de 0 gr. 5 de NaCI pour 20 cc.) ou de solulion très hypolonique. Mais le plus souvent, quelle que soit la concentration saline des solutions, et dans quelque sens que se pro- duise le courant aqueux, la quantité du sel diminue constamment et régulièrement, depuis le début jusqu’à la fin de l'expérience. Dans un cas, par exemple, (A = — 1,80), le sel a diminué en 1/2heure dans la proportion de 20 p. 100, alors que le liquide augmentait dans la proportion de 60 p. 100. D'autre part, l’absorplion du NaCl est d'autant plus rapide et complète que la solution est moins concentrée : 4 BL .. Q'A' — QA C'est ainsi que, en une demi-heure, le rapport d’absorption “ONE est de 66 p. 100 si A — — 0°70 ; de 36 p. 100 si A= — 1°22; de 12 p. 100 si À — — 1°44, etc. s Aprèsune heure,lerapportd’absorption est de100p.100s1 À — — 0°92; de 63 p. 100 siA=—1°50; de 33 p. 100 si4——2°10; de 0.25 si A—— 92054, elec. ; Après deux heures, l'absorption de sel est totale jusqu'à À = —92°; elle atteint 68 p. 100 si A — — 2210; 44 p. 100 si A = — 2°54; 17 p. 100 œ si À — — 3°26, elc. Après trois heures, l'absorption est totale jusqu’à À = — 4° : pour A — — 4°06 elle est de 64 p. 100; pour A — — 5°96, elle est de 57 p. 100. L'absorption du NaCl n’est donc nullement proportionnelle à l'absorp- tion d’eau : tanlôt il y a excrétion de sel, en même temps qu'absorption d’eau (solutions très hypotoniques); tantôt il y à à la fois résorplion d'eau et de sel (solutions moyennement hypo et hypertoniques), tantôt et plus souvent (solutions très hypertoniques), il y a absorption de sel,. alors qu'il y a excrétion initiale, puis absorplion consécutive d'eau. Dans une prochaine note, nous comparerons la facon dont se com- porte l'intestin vis-à-vis des différents sels. Nous verrons également comment les coefficients d’absorplion pour tel ou tel corps se modifient suivant les besoins de l'organisme, ce qui explique, en partie, les varia- tions individuelles que nous avons observées. à SÉANCE DU 30 AVRIL 79. CO SUR LA RÉGÉNÉRATION DES MEMBRES POSTÉRIEURS CHEZ L'AXOLOTL ADULTE, APRÈS ABLATION DE LA MOELLE LOMBO-SACRÉE, par M. P. WINTREBERT. Dans une étude récente, critique et expérimentale, Goldstein (1), repre- nant à nouveau pour les défendre les expériences de Schaper, adopte les idées de Rubin sur la régénération et conclut, en ce qui concerne les vertébrés, que, chez l'adulte (p. 104), « le système nerveux central prend de plus en plus d'influence sur la régénération » et que « la suppres- sion du système nerveux se manifeste alors par un ralentissement, puis par un arrêt complet du processus régénérateur. » (Rubin.) Contrairement à cette opinion, je désire présenter à la Société l’étude d'une régénération du membre postérieur droit chez un Axolotl adulte (femelle de trois ans, de 24 centimètres de long, ayant déjà pondu) obtenue après ablalion de la moelle lombo-sacrée. L'ampulation du pied fut pratiquée le 5 octobre 1903 ; l’ « amédullisa- tion », le 13 octobre ; le 23 novembre, sortait du moignon une lame saillante de 2 à 3 millimètres, dont l'extrémité enroulée était divisée par un sillon ; le 9 décembre, la palette de régénération, redressée, pré- sentait les deux premiers doigts tout à fait libres, recourbés en crochets, et, sur le bord externe du deuxième doigt, l'ébauche saillante des troi- sième et quatrième doigts; le 15 janvier 1904, apparition du cin- quième doigt; le 1° février, après 118 jours, le membre régénéré est sectionné de nouveau. Un Axolotl adulte témoin (mâie) de même âge, de même longueur, placé dans les mêmes conditions de nourriture, de température et de milieu, amputé du pied droit le même jour, présenta seulement le 15 janvier 3 ondulations terminales de son cône de régéné- ration; le 3 février, on voyait nettement 3 grosses digitations ; le qua- trième doigt s’ébauchait; on devinait la place du cinquième; dans cet état, après 120 jours, le membre fut sectionné. Voici en millimètres les dimensions respectives des deux pieds régé- nérés, prises en des points comparables: Produit , Longueur. Larceur. Epaisseur. des trois dimensions. 1 9,2 39mms] 3 DUO 11mms7 Régénération normale . . . 5,3 4, Régénération anerveuse . . >,9 4 Les caractères qui distinguent la régénération en l'absence du système nerveux médullaire se présentent ici de la même façon que chez les larves précédemment étudiées (2). Je ferai remarquer : le développe- (4) Archiv. für Entw. Mech., Bd XVII, février 1904. : (2) Acad. des sciences, 9 novembre 1903, 126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment rapide de la forme en longueur et en largeur, et sa très minime épaisseur, le maintien en longueur des proportions relatives des seg- ments, la marche générale de la régénération qui suit la même voie que l'ontogenèse, le redressement de la déformalion primitive (palette enroulée en cornet), l'aspect des doigts pointus, effilés, recourbés vers la face palmaire et contrastant avec la masse charnue des digitations du témoin. La palette présente jusqu’à sa base le même aspect de lame aplatie et mince, de sorte qu’elle se dégage du moignon brusquement, sans transition, séparée même de lui du côté palmaire par un fossé; le pied du témoin au contraire a des faces qui se raccordent insensible- ment par une base arrondie et puissante avec le pourtour du membre. L'intervalle de temps, nécessaire à la régénération fut double de celui qui est suffisant, pour une réfection semblable, chez des larves de 12 centimètres. L'avance dans la restauration générale de la forme, prise d’abord par l’opérée, diminue peu à peu; le processus se ralentit à mesure qu'il se perfectionne; mais ce ralentissement dans le perfectionnement définitif n'implique pas de tendance à l'incapacité absolue de la régé-. nération, car depuis février, les moignons bien régularisés de l’opérée et du témoin ont de nouveau poussé une palette; chacune d'elle à 6 millimètres de long et 3 de largeur; on compte quatre doigts bien ébauchés chez l’opérée, 3 ondulations plutôt que des digitations véri- tables chez le témoin. Les membres postérieurs de l’animal «amédullisé » sont actuellement encore inertes et insensibles, ce qui écarte toute objection relative à une régénération nerveuse, parallèle à la restauration du membre. Conclusions. La régénération peut être obtenue chez l’adulte comme chez les larves, en dehors des centres médullaires. ; Elle présente dans les deux cas les mêmes phénomènes spéciaux; ils se résument dans la restitution précoce de la forme obtenue par le main- tien des longueurs relatives dans les divers segments, et malgré l'épaisseur infime des parties molles. correspondantes. La régénération effectuée dans ces conditions constitue un nouvel argument à l'appui de cette idée, que les forces héréditaires, quelles qu'en soit la nature ou l'essence, ne limitent pas leur action à la période de l’ontogenèse, qu’elles durent autant que la vie, dont elles dominent les manifestations. Elles sont capables, chez l'adulte notamment, de rétablir la forme spécifique. Les matériaux qui servent à cette reconstitution dans la régénération normale, sous l'influence du système nerveux, donnent à la forme, en plus et seulement, une puissance et un volume qui la mettent en har- monie de corrélation précise avec l’état actuel de l'individu. (Travail du laboratoire de M. Houssay, à l'Ecole normale supérieure.) & LS © ©Ot —— =1 19 tt SÉANCE DU 19 AVRIL 1904 SOMMAIRE CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Ecrans GuiLLoz (TH.) : Sur la correction phosphorescents à propriétés spéci- de lastiomatisme A PR ONE 130 fiques pour l'exploration des ‘diffé- Guizoz (Ta.) : Un procédé de mi- rents organes sur le vivant. . . . . 121 | croophtalmoscopie . . . . . . ..,.. 131 Durour : Les verres cylindriques MaïRE (R.) : Sur l'existence des et toriques et la correction de l’as- corps gras dans les noyaux végé- HAMSTER ASE PARC F2 00 ÉTAT RENE ARS D PAR NÉE te 136 Ferret (P.) et WEgEr (A.) : À pro- Marnieu (Xavier) : Réactions du pos de la piqûre des enveloppes cœur de la grenouille sous l'in- secondaires de l'œuf de poule. . . 732 ! fluence de la chaleur. . . .. AE COS Présidence de M. Charpentier. ECRANS PHOSPHORESCENTS A PROPRIÉTÉS SPÉCIFIQUES POUR L'EXPLORATION DES DIFFÉRENTS ORGANES SUR LE VIVANT, par M. AUGUSTIN CHARPENTIER. J'ai reconnu que les alcaloïdes et les autres substances toxiques émet- taient des rayons N en proportion plus ou moins considérable. De plus, si on place ces corps au voisinage d’une aulre source de rayons N, j'ai constaté une sorte d'effet de résonance analogue à celui déjà observé pour les substances odorantes : l’action sur l'écran phos- phorescent est généralement plus forte que la somme des deux actions produites l’une par le toxique, l’autre par la source secondaire. Ce renforcement n’est pas le même dans tous les cas ; il offre ceci de particulier que, si l’on prend comme source secondaire un organe du corps, cet organe renforcera d’une façon spéciale l’émission du toxique pour lequel il offre une affinité physiologique particulière. Si donc on 728 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY ; (56) construit des écrans en placant la tache de sulfure phosphorescent au- dessus d’une couche assez épaisse de différents alcaloïdes, chacun de ces écrans brillera davantage au-devant des parties du corps sur lesquelles se localiserait l’action toxique de l’alcaloïde employé s’il était introduit dans l'organisme. Ainsi on peut faire des écrans adaptés plus spécialement à l’explora - tion du cœur en employant comme base des poisons cardiaques, digita- line, spartéine, etc. Un écran à base de strychnine brille surtout le long de la moelle, beaucoup moins sur le cerveau, tandis qu’un écran au chloral brille plus sur le cerveau que sur la moelle. L’apomorphine donne un éclat plus marqué au niveau du bulbe, la nicotine sur les parties les plus rapprochées de la protubérance, etc. La pilocarpine permet de localiser certaines glandes, glandes sali- vaires, foie; elle indique même la situation du pancréas, plus difficile- ment à cause de sa profondeur. L’atropine, au contraire, diminue l'éclat de l'écran aux points précédents. Le contrôle de ces faits a été fait sur l'animal vivant, par la mise à nu des organes, avec le SUR obligeant de mon collègue M. Ed. Meyer. La-santonine est remarquable par l'éclat qu’elle donne à l'écran au voisinage des centres visuels et du globe oculaire. J'ai étudié, avec des résultats plus ou moins analogues, d’autres sub- stances parmi lesquelles le curare, le chloralose, l’ergotine, la théobro- mine, la caféine, etc. La cocaïne, dont l’action est générale et qui influence tous les proto- plasmas, fournit un écran sans spécialisation déterminée, mais dont les variations d'éclat sont plus sensibles que celles d’un écran simple. En partant de ces faits il était indiqué de rechercher si en prenant comme intermédiaire non plus une substance toxique pour un orgâne, mais la substance de cet organe lui-même, on aurait encore un renfor- cement spécifique. J'ai échoué dans mes premiers essais portant sur le cœur et le foie de la grenouille. Ces organes frais ou desséchés, ne m'ont pas paru agir sur le cœur ni sur le foie de l’homme vivant. Au contraire, en m'adressant aux extraits d’organes qui sont préparés couramment et empruntés aux mammifères, j’ai obtenu le renforcement spécifique cherché. J'ai opéré avec la thyroïdine et l’ovarine en poudre sèche, et avec l'extrait testiculaire glycériné. Ces diverses substances prises comme bases d'écrans phosphorescents ont donné lieu sur le vivant à un éclat plus marqué vis-à-vis des organes correspondant à leur provenance. On peut donc fabriquer des écrans à propriétés électives en se basant sur les faits précédents. Si la substance utilisée est solide on peul l’employer de deux façons : 1° en coller une couche épaisse et assez étendue sur un carton noir, puis, au-dessus et au centre de cette couche, déposer la tache de sulfure:; 2 placer simplement la substance dans \ (57) SÉANCE DU 19 AVRIL 729 une petite boîte très aplatie, sur le couvercle de laquelle sera fixée la tache phosphorescente. Si la substance à expérimenter est liquide on en emplira un flacon très plat sur la paroi ou le bouchon duquel sera déposé le sulfure. Il y a lieu de remarquer que plus la couche interposée est épaisse, plus sera grande l’inertie de l'appareil, ce qui entraîne une leuteur plus considérable dans ses variations d'éclat. Indépendamment de leur applicalion pratique, ces faits nous montrent avec évidence la complexité du rayonnement physiologique et la diver- silé de sa composition, en rapport avec celle de son origine. LES VERRES CYLINDRIQUES ET TORIQUES ET LA CORRECTION DE L'ASTIGMATISME, par M. Durour. On détermine couramment dans les cliniques la différence de puis- sance de l'œil astigmate dans ses méridiens principaux, et on prescrit une lentille asymétrique dont les distances focales principales sont choi- sies pour donner même puissance à ces deux méridiens de l’œil. On prescrit en France des verres cylindriques, en Amérique des verres toriques, sans toutefois que l'emploi exclusif de l’une ou de l’autre sorte ‘de lentilles ait été pleinement justifié. Je me suis proposé de rechercher si, théoriquement, il y avait lieu, de faire un choix a priori entre les diverses formes; voici les principaux résultats de mon travail. Si on se borne à considérer des rayons lumineux situés dans les sections prinei- pales, et passant par Le centre des lentilles supposées infiniment minces et présentant des faces planes, sphériques, cylindriques ou toriques, la distribution des lignes focales pour ces rayons centraux ne dépend que des deux distances focales principales ; elle ne dépend pas de la forme des lentilles, ni du sens dans lequel la lumière passe. Envisagées à ce point de vue, toutes les lentilles répondant à l'indication posée par la cli- nique, c'est-à-dire ayant les distances principales convenables, s’équi- valent. En réalité, ce n’est pas tout à fait exact pour les faisceaux lumineux très inclinés sur l’axe, car les rayons lumineux qui pénèirent dans l'œil ne passent plus alors par le centre de la lentille ; mais c’est très appro- ché pour les rayons centraux qui, seuls, nous intéressent effectivement. L'œil schématique présente, en effet, un astigmatisme d'incidence de 1 dioptrie pour les rayons faisant avec son axe un angle de 20 degrés, de 3 dioptries pour 40 degrés, de 11 dioptries pour 60 degrés. Pour l'œil normal, les images périphériques ne valent pas grand'chose; mais 730 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (58) l’image, même mauvaise, nous avertit de la présence des objets et nous renseigne sur leur direction : c’est là tout son rôle, et elle le remplira aussi bien, que l’astigmatisme de l'œil soit plus ou moins modifié par la lentille. Il se pourra seulement que l’œil melte plus ou moins long- temps à s'habituer aux déformations dues au verre correcteur. Le champ de vision nette étant peu étendu, c'est la mobilité de l'œil qui nous permet de voir nettement un grand nombre d'objets dans un court espace de temps, et constamment nous remuons les yeux sans remuer la tête. Si l'œil est muni d’un verre correcteur solidaire du reste de la tête, ilfaut, pour que dans ces mouvements de l’œil seul la vision reste bonne, que la correction de l’astigmatisme dans la direction de son axe ne soit pas sensiblement modifiée par le déplacement relatif de l'œil et de la lentille, c’est-à-dire que l'orientation et la position des lignes focales restent convenables. Les lois de Donders et de Listing, qui règlent les mouvements de l'œil, montrent que les lignes focales ne restent convenablement orientées que pour les mouvements de l'œil, laissant fixe un de ses plans méridiens principaux. Pour toutautre mouve- ment, l’œil tourne d’un certain argle que Helmholtz a appelé l'angle de torsion et entraîne avec lui ses méridiens principaux. L'astigmate se trouve alors dans les mêmes conditions que si, devant l’œil immobile, le verre avait tourné en sens inverse d’un angle égal à l’angle de tor- sion, et l'expérience journalière nous apprend l'importance de l’orien- tation correcte des verres. Quant à la position des lignes focales, elle ne reste convenable que si l'axe de l’œil fait un angle assez petit avec l’axe de la lentille. ; Pour les rayons lumineux situés en dehors des plans des sections principales du verre l'orientation des lignes focales n’est pas bonne. La correction de l’astigmatisme ne peut donc être complète que pourles points situés dans les plans des sections principales de la lentille et visés par des mouvements peu étendus de l'œil. Ces résultats de l’étude optique du phénomène ne suffisent pas à nous permettre de faire un choix exclusif entre les diverses formes de verres. Pour avoir des conclusions pratiques précises, l'observation cli- nique est nécessaire, ef nous nous proposons de poursuivre sur ce ter= rain la comparaison des différents verres. œ SUR LA CORRECTION DE L’ASTIGMATISME, par M. Tu. Guiccoz. M. Dufour nous indique que l'œil astigmate peut mettre plus ou moins longtemps à s'habituer aux déformations des images périphériques dues au verre correcteur de l’astigmatisme central. Ceci explique-t-il pourquoi (59) SÉANCE DU 19 AVRIL 731 certains astigmales, surtout quand ils sont jeunes, supportent mal la correction intégrale de leur astigmatisme pour les rayons suivant l’axe et se déclarent, tout au moins au début, plus satisfaits d’une correction incomplète? J'ai rendu M. Dufour témoin de cette constatation qui ne fait pas de doute pour nous. L'adaptation nouvelle qui doit s'exercer chez l’astigmate corrigé, pour l'interprétation d'images périphériques différemment déformées par la correction centrale, se ferait d'autant plus facilement que ces déformations seraient moins différentes de celles existant sans correc- tion, c'est-à-dire de celles auxquelles l’œil est habitué et d’après les- quelles il porte ces jugements. Ainsi s'expliquerait pourquoi une correction incomplète donnerait, au début, plus de satisfaction à l’astigmate qu'une correction complète. Ce serait d’après l’ensemble de ses sensations visuelles, vision cen- trale, vision périphérique, que l’astigmate établirait la valeur pratique de sa correction. Une vision centrale un peu moins bonne qu'avec la correction intégrale mais une vision périphérique plus facilement inter- prétable le ferait se décider pour une correclion incomplète que, dans son ensemble, il jugerait meilleure. Il y a sans doute dans ce fait une des causes pour lesquelles l'astigmate n'accepte souvent volontiers qu'une hypocorrection de son astigmie. -- Cependant cette explication n’est pas complète car, méme pour la vision centrale, cette hypocorrection est souvent réclamée par l’aslig- mate. La correction centrale de l’astigmie déterminée avec exactitude après atropinisation, objectivement et subjectivement, pour un diamètre pupillaire moyen, n’est pas toujours, chez certaines personnes pré- sentant un degré accentué d’astigmatisme celle qui sera adoptée quand l’action mydriatique aura cessé. La correction qui donnera la meilleure acuité, celle qui permettra la meilleure vision sans fatigue, lui sera souvent inférieure. Ceci me semble très nettement résulter des con- tractions astigmatiques du cristallin qui, possibles chez des yeux jeunes non astigmatés (1) intéressent surtout les astigmates chez lesquels elles tendent à adapter l'œil aux conditions optimum pour la netteté de la vision. L’œil pour accepter la correction intégrale doit imposer à son muscle ciliaire des habitudes nouvelles, c’est-à-dire abandonner l’accommodation astigmatique qui lui était auparavant favorable. Cette influence de l'accommodation sur l'astigmatisme ne demeure pas iden- tique à elle-même; elle n’est pas permanente. Elle varie avec le temps depuis lequel la correction a élé effectuée et il semble que l’on puisse se rapprocher progressivement de la correction théorique. Dans certaines (1) Th. Guilloz. Sur l'existence d’un astigmatisme cristallimère accom- modatif. Arch. d'ophtalmologie, novembre 1893. 132 RÉUNION BIOLO5IQUE DE NANCY (60) observations il a fallu un an, deux ans et plus pour que la correction théorique soit admise comme la meilleure, alors que les hypocorrec- tions données précédemment n'étaient plus acceptées. En résumé, dans l'explication du fait que les astigmates n’acceptent souvent qu'une hypocorrection, tout au moins au début, il faut faire intervenir non seulement l'adaptation de l’astigmate à l'interprétation d'images périphériques autrement déformées, mais encore l'adaptation progressive de son accommodation astigmate aux conditions optiques nouvelles dans lesquelles le place un verre correcteur. Cetle accommo- dation asligmatique diminue et tend à disparaître, mais ne le fait pas rapidement dans les forts degrés d'astigmatisme. D'où, quelquefois, ïa nécessilé de modifier en plusieurs fois, pendant un certain temps, les verres correcteurs de l’astigmie. À PROPOS DE LA PIQURE DES ENVELOPPES SECONDAIRES DE L'ŒUF DE Pouce, par MM. P. Ferrer et A. WEBER. Dans des notes précédentes, nous avons exposé les résultats fournis par la piqûre des enveloppes secondaires de l'œuf de Poule. Cette piqûre, faite soit au voisinage du germe, soit au niveau de la grosse extrémité ou de la petite extrémité de l'œuf, donne très fréquemment des em- bryons monstrueux. Nous nous étions demandé si la piqûre au niveau du point déclive de l’œuf donnait des résultats identiques. La mauvaise saison nous surprit dès le début des expériences; les œufs témoins et les œufs piqués nous fournirent un certain nombre d’embryons aor- maux, beaucoup d'embryons atrophiques et quelques embryons mons- trueux. Ces derniers temps, nous avons repris ces expériences. Voici les résullats que nous avons obtenus par la piqüre de douze œufs fraiche- ment pondus, incubés soixante-dix heures. Six embryons sont normaux, présentent l'orientation caractéristique et ont une aire vasculaire par- faitement régulière. Parmi les six derniers, deux sont normaux, mais l’un est dévié de 90 degrés à droite, l’autre de 35 degrés à droite; un troisième, bien que parfaitement conformé, a le côté gauche de l’aire vasculaire aplati et on constate deux petits anévrismes sur les branches de l'artère omphalo-mésentérique droite; deux autres sont normaux alors que l'aire vasculaire est ovalaire, les artères omphalo-mésenté- riques inégalement ramifiées et que l’un d'eux est couché sur le côté droit; enfin le dernier est normal, mais a subi un retard dans son déve- Joppement. Les six œufs témoins ont fourni cinq embryons normaux dont l’un est æ (64) _ SÉANCE DU A9 AVRIL 135 très peu développé pour son âge; le sixième est un Re atro- phique. On voit donc que la piqüre au niveau du point déclive de l’œuf n’est pas susceptible d'’altérer l’évolution de l'embryon. Il semble néanmoins qu’elle ait une action légère etinconstante sur l'orientation de l'embryon etsur la forme de l’aire vasculaire. On peut supposer que les malformations de l'embryon produites par la piqûre des enveloppes secondaires de l’œuf de Poule sont dues à une action locale et non à une variation dans l'équilibre des milieux de l'œuf. Un certain nombre d’expérimentateurs ont injecté différents liquid es à l’intérieur de l’albumen de l'œuf, pour se rendre compte de leur influence tératogène. Leurs injections, qui semblent avoir été lailes au niveau de points quelconques de la coque, ne seraient à l’abri de toute critique que si elles avaient porté sur le point le plus déclive de l'œuf. Encore faudrait-il démontrer que l’augmentation de pression ou la sous- traction d’albumine ne sont pas susceptibles de troubler le développe- ment de l'embryon. Nous ferons enfin remarquer que la couche d’albu- mine en contact avec le germe étant toujours la même, on a à lutter avec le peu de diffusibilité des liquides à l’intérieur de l’albumine. -{Travail du laboratoire d'Anatomie de la Faculté de Médecine de Nancy.) RÉACTIONS DU COŒUR DE LA GRENOUILLE SOUS L'INFLUENCE DE LA CHALEUR, par M. Xavier MATHIEU. L'échauffement de la totalité du cœur en accélère le rythme. C'est un fait classique. Des travaux déjà anciens de Gaskell (1) dont on n’a pas tiré parti jusqu'à ces derniers temps (ils ne se trouvent du moins pas relatés dans nos traités classiques) ont montré que le rythme cardiaque sur la grenouille n’était accéléré que si l'élévation de température por- tait sur la région des oreillettes et du sinus. L’échauffement du ventri- cule seul ne donne lieu qu'à une diminution d'amplitude de la contrac- tion de ce dernier. Il était intéressant de rechercher quelles sont les caractéristiques des courbes ventriculaires ‘ainsi diminuées, et ce que produit l'excitation thermique limitée à l'oreillette seule ou à la région du sinus. C'est le cœur de grenouille qui a servi pour ces recherches ; les contractions du ventricule ou de l'oreillette étaient enregistrées par (1) Gaskell. On the rythm of the heart ofthe frog., Proceed. Roy. Soc., 1881, in Jahresberich. Phys., 1881. 734 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (62) la méthode de suspension d'Engelmann. L'instillation d’une solution de NaCI à 7 p. 1000 est le procédé qui m'a paru le meilleur pour permettre de localiser le plus facilement l’action de la chaleur et pour la limiter, à condition que l'on trace pour ainsi dire d'avance le chemin à la goutte de liquide chaud au moyen d’une mèche de coton hydrophile placée sur la région à échauffer. Il faut remarquer que, dans ce cas, la tempé- rature de l'organe n'est pas celle du liquide instillé; elle lui est infé- rieure, mais tend à s’en rapprocher de plus en plus si l’on continue l'instillation. La succession plus ou moins rapide des gouttes permet de graduer l'élévation de température. Les faits suivants ressortent de recherches que j'ai effectuées en opérant dans ces conditions. a) Lorsque l'élévation de température porte exclusivement sur le ven- tricule : 4° Le rythme cardiaque n’est pas modifié, ainsi que l'a vu Gaskell et que Le rappelle Engelmann (1). 2° L’amplitude de la contraction ventriculaire est diminuée. Elle. baisse de plus en plus au fur et à mesure que la température croît. Si celle-ci n'a pas dépassé une certaine limite (instillation de NaCl à 40 degrés pendant huit secondes, par exemple), la courbe qui a paru baisser dans la proportion de 4 à 40 reprend sa hauteur normale, et même la dépasse légèrement par le retour à la température initiale. ‘3° Le tonus musculaire est diminué. 4° La courbe inscrite est plus resserrée, les divers éléments de la secousse s’effectuant plus rapidement. Cette plus grande rapidité des deux temps de la secousse (systole et diastole\ commence en même temps : que la diminution d'amplitude, et persiste encore un certain temps, alors que la courbe est remontée à son niveau primitif. (Sur un des tracés que voici, nous avons par exemple, comme durée des phénomènes sui- vants, exprimés en dixièmes de secondes, respectivement avant et après l'instillation de NaCIl à 35 degrés : pour la contraction ventriculaire totale : avant instillation, 13; après instillation, 5. Pour la systole avant, 9,5; après, 3,5. Pour la diastole : avant, 3,5; après, 1,5. La rapidité est plus que doublée.) Si l'on ne chauffe qu'une portion du ventricule, celte partie seule présente les réactions spéciales décrites ci-dessus, notamment la plus grande rapidité de contraction. C'est ainsi que si l’on ne chauffe que la pointe ventriculaire celle-ci exécute très rapidement sa révolution tandis que la base du ventricule termine la sienne avec un retard très marqué, ce qui donne à la courbe diastolique la forme d’un escalier. : b) L’oreillette réagit à la chaleur de la même manière que le ventricule : 1° Le rythme n’est pas modifié, ou l’est très faiblement, le sinus pouvant s’échauffer très légèrement par conduction. (1) Engelmann. Arch. für d. ges. Physiol., Bd. 59, p. 309. x (63) SÉANCE DU 19 AVRIL 735 2 L’amplitude de la courbe de contraction auriculaire baisse. 3° La systole et la diastole se font avec une plus grande rapidité. En résumé, l’action de la chaleur adapte la réactivité des muscles ventriculaire et auriculaire à la plus grande fréquence des excitations qui leur viennent du sinus veineux, lorsque le cœur {out entier est chauffé, comme dans l'expérience classique. ec) Qu’advient-il si l’on élève seulement la température du sinus veineux? Le rythme, ainsi que l’a vu Gaskell, est bien accéléré, mais le muscle cardiaque, selon sa réactivité plus ou moins grande, et selon aussi le degré d'accélération du rythme, répond ou ne répond pas, en sorte que, comme l’a constaté Engelmann (1), « une action accélératrice au niveau des orifices veineux peut se traduire par une diminution des pulsations au niveau de l'oreillette et du ventricule ». Pour l'analyse de ce phénomène j'ai enregistré simultanément les contractions de l'oreillette et celles du ventricule, sur un cœur détaché de l'animal, et fixé au niveau du sillon auriculo-ventriculaire. La pointe ventriculaire et la partie inférieure des oreillettes étaient reliées aux leviers inscripteurs. Si l’on chauffe à la fois les oreillettes ainsi que le sinus, le rythme s'accélère, ce qui est indiqué par les pulsations auriculaires. Le ventricule qui n’est pas chauffé essaie de suivre également, et de tépondre à toutes les excitations venues des oreillettes. Mais à un moment donné il se produit des discordances auriculo-ventriculaires ) donnant lieu à la pulsation allerne, puis au rythme dissocié _ La raison en est que les excitations tombant sur le ventricule, de plus en serrées, lui parviennent à des moments où, sa révolution n'étant pas achevée, il est en période d’inexcitabilité. en sorte qu'une excitation physiologique sur deux est inefficace. On a alors une systole ventricu- laire pour deux systoles auriculaires. Il suffit à ce moment de chauffer le ventricule, pour le voir répondre à toutes les excitations auricu- laires. Inversement, si sur un cœur chauffé en entier sur lequel on observe de l’accélération auriculaire et ventriculaire, on vient à refroi- dir le ventricule seul, sa réactivité diminue, et il cesse de pouvoir ré- pondre à toutes les excitations qui lui viennent de l'oreillette. (Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Nancy.) (1) Engelmann. Arch. für die gesammte Physiol. B. 65, p. 161. 136 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 1 (64) SUR L'EXISTENCE DES CORPS GRAS DANS LES NOYAUX VÉGÉTAUX, par M. R. MAIRE. En dehors des cristaux protéiques, il n’y a qu’un petit nombre des substances de réserve si abondamment emmigasinées dans le cyto- plasma de certaines cellules végétales qui aient été signalées d’une facon certaine dans le noyau. Les affirmations de l'existence dans cet organe cellulaire de corps tels que l’amidon, la chlorophylle, le tanin, ont été démenties ou fortement entachées de suspicion. Il en était de même pour les corps gras : Carnoy signale des corps gras dans certains noyaux animaux et dans les oogones de champignons, sans indiquer les espèces chez lesquelles il les a rencontrés. Zacharias, qui a recherché les corps gras dans le noyau de nombreuses cellules dont le cytoplasma en était farci n’en à jamais rencontré. Toute- fois dans les zoospores des Chytridiacées, Zopf et Novakowski ont trouvé des corps très réfringents, qu'ils considèrent comme des noyaux chargés de corps gras. Nous avons rencontré des noyaux, de taille assez considérable et de structure compliquée, ne permettant aucune erreur d'interprétation, qui contenaient indiscutablement des goulteleltes graisseuses, colora- bles en noir par OsO*, solubles dans les carbures et le chloroforme, disparaissant par les alcalis. Ces noyaux sont ceux des jeunes protoba- sides du Coleosporium Campanulæ. Ces gouttelettes étaient situées dans le karyoplasma et refoulaient sur un côté le réticulum chromatique et le nucléole. La formation des corps gras commence dans le noyau secondaire après la fusion des deux noyaux primaires; on voit ensuite seulement les corps gras apparaitre dans le cyloplasma, et, au fur et à mesure que ce dernier s'enrichit, le noyau s’appauvrit et bientôt n'en contient plus. Les noyaux de ces protobasides présentent les phénomènes d'inversion de la colorabilité si fréquents dans les cellules sécrétrices. La membrane nucléaire restant intacte durant ces phénomènes, il y à lieu de penser que les corps gras subissent une transformalion chimique qui leur permet de se diffuser à travers la membrane pour être reformés dans le cytoplasma. Ce cas est un argument de plus pour admettre que le primum movens de la sécrétion est le noyau. On trouve également des Corps g gras dans le noyau de la Spore d'Æla- phomyces variegatus. Ces corps gras envahissent d’abord le noyau, puis tout le A cn et l’ensemble se présente à la fin comme une goutte graisseuse occupant tout le centre de la spore. Be . (65) SÉANCE DU 19 AVRIL 737 Si l’on rapproche des faits ci-dessus les descriplions des anciens auteurs, qui décrivent dans les spores d’un assez grand nombre de cham- pignons des « globules oléagineux » que la technique moderne montre être des noyaux, il y a lieu de penser que cette présence des corps gras dans les noyaux est très générale et peut faire méconnaitre parfois leur véritable nature. En particulier on voit qu'il y a de bonnes raisons pour que l'interpré- tation de Zopf citée plus haut au sujet des globules réfringents des z00s- pores des Chytridiacées soit exacte. (Laboratoire de Botanique de la Faculté des Sciences.) UN PROCÉDÉ DE MICRO-OPHTALMOSCOPIE, par M. Ta. Guiroz. Ïl consiste à examiner le fond de l'œil, par un procédé analogue à celui de l’image renversée, au moyen d’une lentille convexe de faible puissance, 1 dioptrie à 2 dioptries par exemple, et dont l'ouverture est aussi grande que le permet la production de bonnes images. Une de ces larges lentilles montées sur pied et servant dans les laboratoires de physique aux projeclions et aux expériences d'optique sera d’un emploi commode. Le sujet pose le coude sur une table, et, levant l’avant-bras vertical, appuie le menton dans la paume de la main pour assurer l'immobilité de la tête. On lui fait diriger le regard un peu en dedans par rapport au plan médian comme dans l'examen ophtalmoscopique à l’image ren- versée, si l'on veut examiner la région papillaire. La lentille est placée devant l'œil examiné à une distance supérieure à la distance focale (supérieure à 0%50 pour une lentille de 2 dioptries). On se serl comme appareil d'éclairage d’un filament de lampe Nernst placé dans un petit tube noirci de nickel de 3 à 4 millimètres de dia- mètre, percé antérieurement d'une fente pour la sortie du faisceau utile de rayons. Les extrémités du filament sont reliées aux prises de courant, isolées du tube. Après l'établissement du voltage convenable, on allume la lampe en dirigeant sur le filament la flamme d’un chalu- meau. J'ai déjà indiqué l'utilité de ce dispositif dans divers cas, et en particulier dans les examens el la photographie endoscopique (1). C'est cet éclairage ophtalmoscopique par rayons directs qui permet l’utilisation pratique de la méthode indiquée. L'emploi de la lumière (1) Traité de physique biologique, t. IL, p. #10. 138 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (66) réfléchie serait beaucoup plus difficile, car il faudrait dans les différents cas un réglage particulier de la source et du système réfléchissant. De plus l'emploi du filament, comme source de lumière directe, donne des reflets très limités, beaucoup moins gênants, qu'il est facile de rejeter hors du champ par une légère inclinaison et un petit déplace- ment latéral de la lentille comme dans l’examen ophtalmoscopique ordi- naire à l’image renversée. L'observé et la lentille étant disposés comme il vient d'être indiqué, l'observateur tient à la main la lampe et se place à 2 ou 3 mètres du sujet, à peu près dans la direction du plan médian. Il regarde tangen- tiellement au bord du petit appareil d'éclairage et se déplace avec lui pour obtenir le champ d'observation direct. Il s'éloigne ou s'approche du sujet, de manière à bien s'adapter pour la vision de l’image. La condition la plus favorable pour l'éclairage est celle dans laquelle la lentille occupe une position telle que la pupille de l’observé et l'ap- pareil d'éclairage soient foyers conjugués. C’est également dans ces conditions que l’image de l'iris disparaît et ne limite plus le champ d'observation. Il existe, du reste, une certaine latitude dans ces réglages, et c'est ce qui rend facile l'examen du fond de l'œil humain avec un grossissement atteignant 40 à 50 diamètres et plus. L'examen réussit sans dilatation pupillaire préalable par les mydriatiques, et l'image ophtalmoscopique observée est produite dans de bonnes conditions optiques. Un œil emmétrope examiné ainsi avec une lentille de 2 dioptries donne en diamètre un grossissement d'image de 33. Avec une lentille de * 1 dioptrie, le grossissement est de 66. L'image observée est l’image réelle et renversée se faisant au foyer de la lentille, entre elle et l’obser- vateur. Le grandissement augmente si l'observateur se rapproche: de l’image, mais alors, pour que le champ ne soit pas limité par l’image de l'iris, il faudra, si ce rapprochement dépasse la latitude dont il a été précédemment question, éloigner encore la lentille de l’œil observé. Lorsque l'œil est amétrope, les conditions de formation de l’image ne sont pas toujours celles de l’image renversée dans l’examen ophtal- moscopique ordinaire avec de fortes lentilles. Ne prenons ici comme exemple que le cas d’un œil fortement myope. Il donnera une image ophtalmoscopique réelle et renversée à son punctum remotum, c’est-à-dire entre lui et la lentille. Celle-ci fonc- tionnera alors comme loupe pour l'examen de cette image renversée qui est alors virtuelle, tandis que dans l'examen ophtalmoscopique, l'image renversée, elle, est réelle. Le (rérant : OCTAVE PORÉE. e——— En Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 739 SÉANCE DU 7 MAI 1904 Acnarn (Cu.) et PAIssEAU (G.) : À propos de l’æœdème expérimental. . BATAILLON (E.) : La segmentation parthénogénésique des œufs imma- tures de Bufo dans l’eau ordinaire. BarTrTELLI (F.) et Mront (G.) : Leu- copénie et leucocytose par injection de sang hétérogène chez le chien. . Brzcet (A.) : Sur l'hémogrégarine du lézard ocellé d'Algérie Bonn (GEorGes) : Influence des va- riations de l’éclairement sur les pre- miers stades larvaires des amphi- Lo ARR AO 0 OR EE OS AOL Er Bonn (GEORGES) : Sur une sym- biose déterminant une pœæcilogonie. Brumpr et WurTz : Essais de trai- tement de la maladie du sommeil + + expérimentale "Cream US -BrumPpr (E.) : Les filarioses hu- maines en Afrique . . . . . . . . ‘ Camus (JEAN) et PAGNIEZ (Px.) : Hy- pohémoglobinie cardiaque . CHapur: La stovaine, anesthésique LOC AN RSS UE Ce Re Sr ne nt Caapur : Valeur de la stovaine comparée à la cocaïne. . . . . . .. DELAMARE (GABRIEL) : Coloration de l'hypophyse par le Triacide BATCH TAN ARE NEA PR An TE FAURÉ (EMMANUEL) : Sur la struc- ture du protoplasma chez les Vorti- CE DA LE SNS DEVISE EU D SE PME Francoïs-FrANGK : Réactions vaso- motrices pulmonaires desirritations endopulmonaires 168 SOMMAIRE LESAGE (J.) : Action générale de l’adrénaline en injection intra-vei- neuselchezle Chat APE Te MaurEL (E.) : Evaluation approxi- mative de la quantité minima d'acide phosphorique urinaire et de la quan- tité minima de cette substance né-. cessaire à l'organisme dans les con- ditions de La ration moyenne d’en- TO HE NAN PER ES SEE RARE ES Mioni (G.) : Action anticoagulante du sang hétérogène chez le chien. . Moussu et CHARRIN : Ostéomalacie expérimentale chez le lapin . . . . . Ricaer (CHarLes) : Nouvelles expé- riences sur les effets prophylac- tiques de la thalassine. . . . . . .. Ricxetr (CHARLES) : De la thalas- sine pruritogène chez les crevettes (CRAN TON) MERE RE ARE PI RE CEE RouGEeT (J.) : Trypanosome de la dourine : son inoculation aux souris CC AUXITALS EL MINCE, PACS NDS ES 775 HET Réunion biologique de Bordeaux. PÉREZ (C.) : Sur les sphères de granules dans la métamorphose des MUSCIdes eee en re er Pérez (Ca.) : Résorption phagocy- taire des spermatozoïdes chez les DRLÉO NS RTE ENTRE Re SIGALAS (C.) : Sur la constance du volume de quelques liquides orga- niques pendant la coagulation . . . Présidence de M. O. Larcher, vice-président. OUVRAGE OFFERT 181 183 184 M. Gustave Loisez, au nom de M. Gabriel Delamare, fait hommage à la Société de Biologie d'une monographie des Glandes surrénales, extraite du Trailé d'anatomie humaine publié par MM. Poirier et Charpy. BioLociE. CompTEs RENDuS. — 1904. T, LVI. 53 740 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans cet important ouvrage de 60 grandes pages, M. Delamare considère successivement la morphologie comparée, l’évolution et l'histo-physiologie : influence de l’activité sexuelle, de la gestation, du travail musculaire, de la pilocarpine, etc. Une bibliographie des plus complètes termine cette monographie et en fait ainsi le travail d'ensemble de beaucoup le plus considérable que nous ayons eu jusqu'ici sur les glandes surrénales. ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT, A L'OCCASION DE LA MORT DE MM. Duccaux, His ET ROUGEr. Messieurs, En ouvrant cette séance, au cours de laquelle nous aurons tout à l'heure à élire un nouveau membre titulaire, j'ai le pénible devoir de vous entretenir de trois pertes que nous venons de faire depuis notre dernière réunion : C'est, d’abord, M. le professeur W. His, de l'Université de Leipzig, l'illustre anatomiste et embryologiste, que nous nous étions attaché, en 1895, comme correspondant étranger, et que nous avions successive- ment élu, comme associé, dès 1896, puis, en 1902, comme membre honoraire. ce C'est, ensuite, M. Charles Rouget, dont le nom figure parmi ceux des plus anciens membres de notre Société où il fut admis, en 1850, alors qu'il était encore interne des hôpitaux de Paris. Nommé professeur de physiologie à la Faculté de Médecine de Montpellier, il avait échangé, en 1864, son titre de titulaire contre celui de correspondant national, qu'il avait conservé, longtemps même après être revenu à Paris en qualité de professeur de physiologie générale au Muséum d'Histoire naturelle. Nommé membre titulaire honoraire, en 1887, il vient de mourir loin de nous, à Saint-Jean de Villefranche. Un autre de nos confrères, Messieurs, vient également de nous être enlevé. C'est M. le professeur Duclaux, l’un de nos collègues les plus éminents, que notre Société comptait parmi ses membres titulaires depuis 1883 et qu’elle avait élu vice-président en 1889. Notre savant et laborieux collègue ayant souhaité qu'aucun discours ne fût prononcé à l’occasion de ses obsèques, notre Société, comme les divers autres corps savants auxquels il appartenait, a dû se borner à venir saluer sa dépouille, au moment où on allait la transporter direc- tement vers le sol natal, en Auvergne. Aujourd'hui, je crois répondre à la pensée de M. Duclaux, en SÉANCE DU 7 MAI 741 _m'abstenant d'improviser son éloge, et je me borneraï, si vous le voulez bien, à exprimer, en votre nom, les unanimes regrets que nous causent sa mort et celle de nos deux autres collègues, les professeurs His et Ch. Rouget. SUR L'HÉMOGRÉGARINE DU LÉZARD OCELLÉ D'ALGÉRIE, par M. A. BILLET. Dans sa récente communication sur l'hémogrégarine du gongyle ocellé de Tunisie (1), M. Ch. Nicolle insiste sur les curieuses altérations que ce parasite fait subir au noyau des globules qu'il attaque. J'ai eu l’occasion de vérifier ces faits chez un certain nombre de gon- gyles ocellés des environs de Constantine, où ce Scincoïdien est égale- ment très répandu. Presque tous les individus que j'ai examinés (cinq sur sept) étaient porteurs de l’Aæmogregarina Sergentium, mais tou- jours dans une faible proportion. Il existe à Constantine un autre Saurien, beaucoup plus commun encore que le gongyle ocellé et dans le sang duquel on rencontre, le plus souvent en abondance, une autre hémogrégarine karyolysante. C'est le vulgaire lézard ocellé (Lacerta ocellata) représenté par les deux belles variétés propres à l'Afrique du Nord : la var. pater Lataste et la var. tangitana Boulenger. Ces deux variétés sont l’une et l’autre infes- tées dans de fortes proportions, soit de 60 à 80 p. 100, surtout au pre- mier printemps, en février et mars, où il n’est point rare de trouver 2 et 3 parasites sur 100 à 150 globules. Ces parasites, à différents stades de leur cycle évolutif, appartiennent tous à une seule et même espèce d’hémogrégarine, qui se rapproche à la fois du Æaryolysus lacertarum Lahbé de quelques lacertiens de France, et de l'hémogrégarine de M. Nicolle du gongyle ocellé. Elle s’en distingue toutefois très nettement, et par ses caractères morpholo- giques, et par son mode d'action sur le noyau des globules qu'elle parasite. Sous sa forme complètement développée, c’est un long vermicule (15 & environ), assez mince, et qui occupe à peu près toute la longueur du plus grand diamètre du globule. Une des extrémités est arrondie; l’autre, plus amincie, s'incurve fréquemment en forme de crochet. L'action karyoly- sante se manifeste dès ce stade. Non seulement le globule est déjà notable- ment hypertrophié, mais le noyau, aplati et refoulé à la périphérie, présente plusieurs encoches, véritables entailles produites par l’action directe et méca- (1) Gh. Nicolle. Comptes rendus de la Société de Biologie, 16 avril 1904. 742 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nique du parasite (2), comme l’on peut s’en rendre compte sur le croquis ci- joint (3), où j'ai figuré une hémogrégarine attaquant le globule de son rostre recourbé. Le procédé est analogue à celui que j'ai noté chez l’hémogrégarine de la couleuvre vipérine (Soc. de Biologie, 19 mars 1904). Généralement le résultat est la scission complète du noyau (4) en deux masses, ainsi que M. Nicolle l’a décrit pour son hémogrégarine, et comme l'avait du reste déjà signalé Labbé pour Karyolysus lacertarum. HÆMOGREGARINA CURVIROSTRIS. 1, Globule normal de Lacerta ocellata, var. pater avec une hémogrégarine à l'état jeune. — 2, 3, 4, 5, Stades successifs du développement du parasite avec les altéra- tions qu'il fait subir au noyau des globules. — 6, 7, 8, 9, 10, phase enkystée et réniforme du parasite ; ses rapports avec le noyau des globules et altérations cor- L respondantes de ce dernier.— Objectif : 1/18 Immersion homogène, ocul. 3 Stiassnie. Plus tard, le parasite évolue en deux sens différents. Tantôt il conserve sa forme primitive, en augmentant simplement de volume, et en affectant une forme sensiblement renflée au milieu, où l’on voit le noyau, plus ou moins arrondi et assez volumineux (5). L'hypertrophie du globule atteint alors son maximum (20 & environ dans son plus grand diamètre). La forme ovalaire générale n'est point altérée, mais l’oligochromémie des globules est très accusée. Elle se manifeste très nettement à l’aide des divers procédés de colo- ration qui dérivent du Romanowsky, en particulier par le Laveran. Sous l'influence de cette réaction colorante, les globules parasités et arrivés à leur maximum d’hypertrophie se colorent en rouge violacé plus ou moins vif, et contrastent d'une façon frappante avec les globules normaux teintés en rose clair uniforme. Cette intensité dans la coloration des globules parasités est due à la présence d’un grand nombre de fines granulations teintées en rouge violet et disposées en cercles coucentriques (plus ou moins accusés) autour du parasite et d'autant plus denses qu’elles avoisinent ce dernier. J'ai signalé une disposition analogue des mêmes granulations dans les globules infestés \ par H. viperini (loc. cit.) et les ai assimilées à celles décrites par Schüffner et Maurer pour l'hématozoaire de la fièvre tierce. On ne les observe que dans les SÉANCE DU 7 MAI 743 globules envahis par le parasite; elles semblent bien être endoglobulaires et liées à l’action même de celui-ci sur le noyau des globules. Tantôt enfin le parasite, arrondissant ses deux extrémités, s’incurve légè- rement sur une de ses faces et prend l'aspect d’un kyste réniforme. Dès lors il se colore moins facilement. Mais ce qui donne un cachet spécial à cette seconde phase du développement de l'hémogrégarine, c’est l’action toute par- ticulière qu'elle exerce sur le noyau du globule, action bien différente de celle que je viens de décrire plus haut, lors de la première phase. Le para- site cette fois semble se faconner une sorte de loge aux dépens du noyau. A certains moments, en effet, ce dernier est comme enroulé autour de lui (6); ailleurs, des parcelles nucléaires restent accolées à chacune des extrémités du parasite qui semble ainsi coiffé par deux calottes de chromatine (7, 8); d’autres fois, enfin, des particules granuleuses, débris de ce noyau, entourent plus ou moins entièrement le parasite et lui forment une véritable atmo- sphère kystique, à l’intérieur de laquelle il poursuivra son cycle évo- lutif (9, 10). Ces particularités concernant le mode d'action karyolysante de cette hémogrégarine se représentent avec une constance telle qu’elles sem- blent être caractéristiques. Elles nous paraissent suffisantes pour la dif- férencier des autres hémogrégarines karvolysantes décrites jusqu'ici. Nous la désignerons sous le nom d'Aæmogregarina curvirostris. _ COLORATION DE L'HYPOPHYSE PAR LE TRIACIDE D'EBRLICH, par M. GABRIEL DELAMARE. Si l’on colore une coupe d’hypophyse humaine par l'hématoxy- line de Bæœhmer, l’éosine et l'orange, on constate aisément qu'elle ren- ferme des cellules chromophes et des cellules chromophiles. On distingue aisément, parmi les cellules chromophiles, les deux types classiques : éosinophiles et cyanophiles (hématoxylinophiles). Mais. tandis que les cellules cyanophiles paraissent nettement granu- leuses et que leurs grains violacés tranchent bien sur le fond proto- plasmique rouge, les cellules éosinophiles semblent posséder un proto- plasma homogène car cette coloration ne permet pas de différencier avec une netteté suffisante les grains sécrétoires el la trame protoplas- mique également colorables par l’éosine. La confluence apparente ou réelle des granules, augmente encore la difficulté de l'interprétation. Au contraire, si l'on traite une coupe de la même hypophyse, fixée par le formol à 10 p. 100, par le Triacide d'Ehrlich (Grübler), on cons- tate, avec une très grande facilité, que les deux types cellulaires chro- mophiles sont granuleux. Les granulations des cellules éosinophiles se colorent en rouge vif (fuchsine acide pure) ou en rouge violacé (fuchsine acide + vert de méthyle). 144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les granulations des cellules cyanophiles se colorent nettement en violet (fuchsine acide + vert de méthyle). La matière colloïde est d’un violet plus ou moins sombre. Cette colorabilité est intéressante car elle semble attester l'existence des liens de parenté entre les deux types granulaires et la matière col- loïde. En tout cas il est assez curieux de constater que des cellules sûrement glandulaires possèdent des granulations qui, vis-à-vis d’un réactif au moins, se comportent comme les grains « neutrophiles » des leucocytes à noyau polymorphe. TRYPANOSOME DE LA DOURINE : SON INOCULATION AUX SOURIS ET AUX RATS, par M. J. RouGer. Des expériences récentes, entreprises sur des souris blanches avec un parasite provenant de l'étalon Bou Roumi (dépôt de remonte de Blida) contaminé en 1902, confirment absolument de tous points ce que j'écrivais déjà en 1896, dans un mémoire paru dans les. Annales de l'Institut Pasteur, à savoir que « les trypanosomes de la dourine, ino- culés (peu importe la voie) à des souris blanches, se multiplient rapi- dement, et que leur nombre va croissant jusqu’à la mort, qui survient du cinquième au onzième jour : quel que soit l’animal infecté fournis- sant le parasite (souris, rat, lapin, chien) (1), quel que soit le nombre de passages pour chacune de ces espèces, mes conclusions restent au- jourd’hui identiquement les mêmes. J'ajouterai que des expériences de contrôle faites obligeamment par M. Mesnil ont abouli aux mêmes résultats : dans un seul cas, la mort de la souris n’est survenue que le douzième jour. La souris grise et le rat blanc se sont également montrés réceptifs, comme je l'avais écrit. Mes résultats sont donc catégoriques; ils diffè- rent totalement de ceux obtenus par les divers auteurs qui se sont oc- cupés de la question. En effet, MM. Buffard et Schneider n'ont jamais réussi à infecter la souris et le rat. Nocard, qui a expérimenté avec un de leurs trypanosomes, n’est arrivé qu'accidentellement à obtenir quel- ques inoculations positives. M%* Lydia Rabinovitch et M. Kempner n'ont abouti qu'après de nombreux passages à renforcer la virulence du parasite de Nocard, vis-à-vis des souris et des rats. Enfin, M. Billet, à Constantine, a toujours échoué dans ses inoculations. (1) Je laisse de côté intentionnellement le cobaye, devant y revenir dans une séance ultérieure; quant au cheval, je n’en parle pas, et pour cause, puisque je n’ai jamais inoculé de souris avec du sang. provenant directement du cheval. SÉANCE DU 7 MAI 745 La discordance est donc frappante. Voilà les faits. Quelle interpréta- tion peut-on en tirer, ou plus exactement quelles sont les hypothèses qu'on est en droit d'émettre ? La première est qu'il existe en Mere plusieurs trypanosomiases. C’est l'opinion avancée par MM. Buffard et Schneider. Elle est plausible. Toutefois, je ferai remarquer que le diagnostic de dourine qu'ils sem- blent ne pas vouloir admettre pour l’élalon X... qui a été le point de départ de mes expériences de Constantine ne saurait être mis en doute pour l’étalon bou Roumi de Blidah. Dans ce dernier cas, il y a eu con- trôle expérimental. On a inoculé un cheval hongre avec du sang para- sité de bou Roumi. L'observation de la maladie ainsi transmise a été suivie pas à pas, précisément au moment où était soulevée l'hypothèse de la coexistence en Algérie d’une trypanosomiase autre que la dou- rine, par le rapporteur de la question lui-même, M. le vétérinaire mili- taire Chenot, auquel je dois le parasite qui a servi aux expériences dont je communique aujourd’hui les résultats. Pour ma part, je suis plus disposé à incriminer une différence dans le degré de virulence des parasites. Si cette hypothèse est exacte, elle me parait grosse de conséquences. En effet, si le trypanosome de la dourine peut, dans certains cas, pour des raisons qui nous échappent, infecter ou non les souris et les -ats, sommes-nous, dès lors, en droit d’attacher aux résultats des ino- culations faites sur les autres espèces animales une importance suffi- sante pour différencier entre eux les diverses variétés de trypanosomes qui sont connues à l’heure présente ? En d’autres termes, au lieu d'admettre en Algérie la coexistence de plusieurs trypanosomiases distinctes, ne peut-on pas penser qu'il n'existe qu'une seule et unique infection à trypanosomes, dont le ta- bleau symptomatique pourrait présenter quelques variantes, résultant par exemple de la porte d’entrée du parasite ? Au dire des vétérinaires eux-mêmes, la symptomatologie de la dourine différerait peu de celle _ du surra. Il re faut pas perdre de vue que, chez les animaux parasités, le trypanosome existe non seulement dans le sang, dans la sérosité des ædèmes, mais aussi dans le sperme et dans le produit de jetage, où j'ai décelé sa présence au microscope. Enfin l'infection peut se faire par des voies diverses, même par les muqueuses saines en apparence, comme je l'ai observé chez le lapin. C'est à l’expérimentation qu'incombe le soin de confirmer ou d’in- firmer cette hypothèse, d'autant plus que certains auteurs ne tendent rien moins aujourd'hui qu'à nier au trypanosome de la dourine tout rôle pathogène spécifique. 746 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À PROPOS DE L'OŒDÈME EXPÉRIMENTAL, par MM. Cu. Acuarp et G. PAISSEAU. Dans la communication de M. Ambard, faite à la dernière séance, sur la pathogénie de l’œdème expérimental, nous relevons deux faits que des expériences en cours nous ont mis à même de constater également : c'est la production d'œdème par des injections de liquides hypotoniques et par des solutions d’autres substances que le chlorure de sodium. On sait depuis les recherches de MM. Hallion et Carrion que l’æœdème peut apparaitre sous l'influence des grandes injections hypertoniques de chlorure de sodium dans les veines. Or, nous en avons observé aussi à la suite de l'injection d'une solution hypotonique de ce sel (A — — 0°24) dans les veines d’un lapin, à la dose de 910 ec. L’ædème occupait le tissu cellulaire rétro-péritonéal et était fort abondant. D'autre part, à la suite d’une injection de 270 cc. de solution hyper- tonique de sulfate de soude (A = — 1°93), également dans les veines d'un lapin, nous avons constaté la formation d’un œdème circumrénal et d'un épanchement de 30 cc. dans le péritoine. Ce liquide hydropique: congelait à — 0°86, comme le sang de l'animal, puisé dans ie cœur. Il renfermait 10 gr. 4 p. 1000 de sulfate de soude et le sang 18 gr. 3. Sa teneur en chlorure de sodium était de 3 g. 20 p. 1000 et celle du sang de 2 g. 75. Ainsi cette hydropisie, qu'on peut considérer comme une réaction régulatrice ayant pour effet de débarrasser le sang d'une parties de l’excès de sulfate injecté, se rapprochait davantage, par sa teneur plus forte en chlorure et plus faible en sulfate, de la composition des milieux normaux. L'’issue du sulfate hors des vaisseaux sanguins a donc donné lieu à la sortie simultanée non seulement d’une certaine quan- tité d’eau de dilution mais d’eau chlorurée. C'est une preuve nouvelle que, dans ses déplacements à travers les membranes vivantes et en particulier les séreuses, l’eau entraîne une certaine quantité de chlorure de sodium. RÉACTIONS VASO-MOTRICES PULMONAIRES DES IRRITATIONS ENDOPULMONAIRES, par M. FRANÇOIS-FRANCK. Le premier fascicule des Archives internationales de Physiologie (1) qui vient de paraître, renferme un intéressant travail de M. L. Plu- (1) Arch. int. de Phys. de Frederiq et Heger. Bruxelles-Paris, 1904. à SÉANCE DU 7 MAI 747 mier (1) Sur les réflexes vasculaires et respiratoires conséculifs à l'irrita- tion chimique des nerfs centripètes du poumon. | L'auteur résume, au début de son étude, mes travaux antérieurs (2) sur le même sujet. « Francçois-Franck, dit-il, admet que l’'inhalation trachéale de vapeurs irri- tantes (NH*,S0?) provoque, par voie réflexe, la constriction locale des vais- seaux pulmonaires, constriction qui explique la baisse concomitante de la pression artérielle. « En effet, cette baisse est indépendante des réflexes cardiaques (ralentis- sement ou arythmie du cœur) et respiratoires (suspension des mouvements res- piratoires avec resserrement actif du poumon) observés dans les expériences d'irritation pulmonaire. » M. L. Plumier rappelle ensuite les expériences de M. Ad. Bayet (3) qui, au point de vue des réactions vaso-constrictives pulmonaires, ne sont pas d'accord avec mes conclusions. « Bayet, dit-il, ne constala aucune modification dans la pression de l’artère pulmonaire au cours des mêmes insufflations irritantes (chien à poitrine ouverte). Il en conclut que les irritations vives portées directement sur la surface broncho-alvéolaire ne modifient pas le calibre des vaisseaux du poumon. » -- C’est pour fixer le point en discussion que M. L. Plumier a repris mes expériences en introduisant dans la technique plusieurs modifications dont l’une est intéressante à signaler. Il pratique tout d'abord l'ouverture du thorax pour fixer la canule d’un manomètre dans la branche gauche de l'artère pulmonaire et, selon la pratique indiquée en 1885 par Fredericq, il referme le thorax après en avoir chassé l’air par l'insufflation du poumon : l'aspiration pleurale se trouve ainsi rétablie. Il enregistre, en même temps que les variations de la pression arté- rielle pulmonaire, celles de la pression carotidienne et les mouvements extérieurs de la respiration avec le pneumographe de Knoll. En prenant la précaution que j'avais indiquée, de supprimer par la section des récurrents l'intervention de la sensibilité de la muqueuse de la trachée et des grosses bronches, l’auteur fait inhaler à l’animal des vapeurs d’'ammoniaque, d'acide sulfureux ou d’aldéhyde formique, assuré ainsi que l'irritalion ne mettra en jeu que la muqueuse broncho- alvéolaire. (1) Arch. int. de Phys. de Frederiq et Heger, p. 35-46. Bruxelles-Paris, 1904. (2) Francois-Franck. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 2 déc. 1878; Comptes rendus de la Société de Biologie, 8 nov. 1879 et 23 déc. 1880. — Mémoire détaillé in Comptes rendus Laboratoire Marey, IV, p. 374, 1879. (3) Ad. Bayet. La circulation pulmonaire, Thèse de l'Université de Bruxelles, 1892, 1-61. 7118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il observe, en outre, des effets moteurs respiratoires auxquels il ne s'arrête pas, la chute de la pression aortique que j'avais signalée et, contrairement à mes prévisions, une chute, parallèle de la pression dans l'artère pulmonaire. C’est l’exclusion du phénomène vaso-constricteur pulmonaire admis dans mes anciennes recherches. La double réaction circulatoire aortique et pulmonaire observée par l’auteur est attribuée par lui, en majeure partie, à l'intervention du cœur troublé par voie réflexe. En modifiant le procédé d’irritalion pulmonaire, en injectant directe- ment dans le tissu du poumon ou bien en l’imprégnant de liquide ammoniacal par la voie veineuse cave, M.L. Plumier retrouve les mani- festations du spasme vasculaire pulmonaire que j'avais admis, mais l’attribue ici à l'action stimulante directe que le liquide irritant mélangé au sang exerce sur les parois vasculaires. Je ferai abstraction de cette nouvelle série dans laquelle intervien- nent trop de facteurs compliqués (le contact du liquide irritant avec l’endocarde du cœur droit, le passage rapide, inévitable, d’une partie de ce même liquide dans la circulation générale), pour revenir aux condi- tions plus simples des premières expériences, les seules, du reste, qui puissent entrer en parallèle avec les miennes. Depuis 1879, j'ai eu bien des fois l’occasion de revenir sur cette ques- tion des réflexes d’origine respiratoire en modifiant la technique des explorations; en ce moment même, je reprends cette étude qui forme un chapitre de mon travail d'ensemble sur la fonction respiratoire : je répète mes expériences d’autrefois en appliquant ici mes procédés de photographie associée à l'inscription des réactions. Sans entrer dans le détail que je réserve pour des présentations ‘ulté- rieures, je donnerai seulement les conclusions des expériences relatives à cette question nullement tranchée à mon avis. Résumé des expériences. — 1° Le contact d'un liquide irritant (chloral) de vapeurs ou de gaz irritants (ammoniaque, acide sulfureux) avec la muqueuse bronchio-pulmonaire provoque (indépendamment des trou- bles cardiaques qui font défaut avec l’atropine et quand on emploie les doses minima d’irritants), une contraction des vaisseaux pulmonaires. 2° Ce spasme vasculaire s’accuse, comme je l’ai indiqué, dès 1879, en y insistant tout spécialement dans mon travail de 1895 (Arch. Phys.) par la chute de la pression dans les veines pulmonaires (voies efférentes), et par une augmentation plus ou moins notable de la pression dans l'artère pulmonaire {voies afférentes). 3° Cet effet vaso-moteur résulte d’un réflexe ayant son point de départ dans la muqueuse bronchio-alvéolaire, se transmettant vers les centres par les nerfs vagues et se réfléchissant par le sympathique pulmonaire : tous points déjà établis dans mes précédentes recherches. SÉANCE DU 7 MAI 749 4° Je ne crois pas qu'il s'agisse ici d’un effet de contact, d’une irrita- tion directe des parois vasculaires, comme M. L. Plumier a été amené à l’admettre à la suite de ses expériences d'injection d’ammoniaque dans la veine cave. Une expérience précise permet de maintenir la con- ception réflexe. On introduit dans une division de la trachée une sonde munie d'une ampoule insufflable qui obture complètement la bronche correspon- dante : de ce côté le poumon sera préservé du contact des vapeurs irri- tantes.” Si les veines efférentes de ce poumon présentent la même dépression que celles du côté opposé qui, seul, a subi le contact irritant, en même temps que la pression s'élève dans l'artère pulmonaire, on en pourra conclure que le resserrement vasculaire dans le poumon isolé est un acte réflexe ayant son origine dans le poumon irrité. Cest, en effet ce qui s'observe. De même, si l’on injecte quelques gouttes d’une solution concentrée de chloral dans une bronche avec une sonde fine qui pénètre assez pro- fondément, on observe le resserrement des vaisseaux pulmonaires du côté opposé : ici encore le contact fait défaut et c’est par voie réflexe que se produit la vaso-construction pulmonaire du côté indemne de l'irritation. On peut donc maintenir à la fois la réalité de la vaso-constriction pul- _monaire et son mode de production réflexe, double conclusion que . J'avais autrefois énoncée. LA SEGMENTATION PARTHÉNOGÉNÉSIQUE DES OEUFS IMMATURES DE BUFO DANS L'EAU ORDINAIRE, par M. E. BATAILLON. La parthénogénèse expérimentale n'offrant jusqu'ici qu'un intérêt théorique, les modifications plasmatiques auxquelles on la rattache doivent encadrer, autant que possible, les phénomènes de maturation et la parthénogénèse normale. J'ai suggéré l'idée d'une courbe de turgescence qui, d’une part, s'abaisse par l'émission des globules polaires et des fluides qui les accompagnent, qui d'autre part se relève soit par l'addition spermatique soit sous l'influence d’agents extérieurs variés mais non spécifiques (1). (1) E. Bataillon. Étude expérimentale sur l’évolution des Amphibiens. Les degrès de maturation de l'œuf et la morphogénèse. (Arch. f. Entw. Mech. Bd. XII. 4 Heft, 1901). 750 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si, dans bien des cas, après l'expulsion d’un seul globule, l'œuf est susceptible d'évolution parthénogénésique, telle étape de la maturation ne réaliserail-elle pas, chez certains types, au moins les conditions d’une segmentation limitée? Maintes fois, j'ai expérimenté sans succès sur les œufs de ana fusca pris en liberté dans la cavité générale. Immergé dans l’eau ordinaire, soumis à l’imprégnation ou aux divers traitements parthénogénésiques, ce matériel ne m'a jamais fourni jusqu ici aucune division. J’eus récemment l’idée de féconder des œufs recueillis de la même manière chez Bufo vulgaris. Une segmentation des plus nettes débutait après cinq ou six heures, et, en moins d’un jour s’étendait à presque tout le stock, segmentation tardive comme on le voit, souvent irrégu- lière et toujours limitée, rappelant celle des œufs mûrs de Aana fusca traités par la chaleur en vue de la parthénogénèse expérimentale. Ici se posait la même question que pour les anides mobiles ou immo- biles sortis des œufs immatures de grenouille. Les œufs, soumis au contact d’un sperme éprouvé au point de vue de l'efficacité, sont-ils fécondables et réellement fécondés? » (1) Je pris d’autres femelles désaccouplées dont le tégument fut stérilisé par un lavage prolongé au bichlorure. Les œufs, prélevés dans la cavité sans ganque, furent immergés dans l’eau ordinaire. Ces éléments vierges -entrèrent en mouvement dans les mêmes délais et d’une facon tout aussi uni- forme après avoir écarté leur membrane. De même que pour les œufs mürs traités par la ee une hydra- tation rapide accompagnée de vacuolisation entrave bientôt la division; et j'ai pu obtenir un émiettement plus prononcé en transportant une partie du matériel en activité dans le sucre à 5 p. 100. La segmentation est accompagnée de mouvements internes qui paräis- sent identiques à ceux des œufs vierges matures soumis aux traitements parthénogénésiques. Cinèses anormales, éléments centrés et nucléés, multiplication active des asters aboutissant vers la quarantième heure à de belles constella- tions, vacuolisation précoce au pôle animal avec persistance des mou- vements au pôle vitellin, élaboration chromatique intense : tous ces phénomènes rappellent si exactement ce que j'ai déjà décrit qu'une étude détaillée de ce cas spécial me paraît superîlue. Ainsi les œufs turgides en déhiscence dans la cavilé générale réalisent d'une facon passagère un équilibre imparfait mais compatible avec un début de segmentation dans l’eau. Je suis porté à croire qu'il y a excès de pression osmotique intérieure en considérant : 1° l'allure des mouvements plasmatiques et nucléaires; 2° le fait que certains œufs éclatent dès le début et qu'un grand nombre, (1) E. Bataillon. Loc. cit. p. 644. SÉANCE DU 7 MAI 751 après division, finissent par percer la membrane vitelline pos pousser des hernies on A maturité, ces œufs régulièrement alignés dans leur gangue restent immobiles, flasques et ridés. À la question posée plus haut au sujet de l'imprégnation, je réponds simplement aujourd'hui que les résultats ne sont pas meilleurs quand je fais intervenir le sperme. Il faudra préciser sur ce point, préciser égale- ment en ce qui touche les globules polaires. En tout cas, cette expérience simple et que j'ai pu répéter, apporte un argument direct à l'idée d'une courbe de turgescence qui s'abaisse pendant la maturation de l'œuf, idée que j'avais appuyée déjà d'observations diverses. Le résultät négalif obtenu au même stade chez ARana fusca serait également significatif et coïnciderait avec le fait que chez cette forme les figures polaires sont plus tardives que dans le genre Bufo (1). ÉVALUATION APPROXIMATIVE DE LA QUANTITÉ MINIMA D'ACIDE PHOSPHORIQUE URINAIRE ET DE LA QUANTITÉ MINIMA DE CETTE SUBSTANCE NÉCESSAIRE :A L'ORGANISME DANS LES CONDITIONS DE LA RATION MOYENNE D'ENTRETIEN, par M. E. MAUREL. ‘ Dans une première note communiquée à la Société de Biologie le 16 mars 1901, j'ai déjà résumé deux expériences faites pour étudier les mêmes questions. Dans une première expérience (août et septembre 1890), qui avait duré quarante-cinq jours, je m'étais contenté d'évaluer l'acide phos- phorique alimentaire et de le comparer avec l'acide phosphorique urinaire. Mes aliments, pendant cette période, contenaient très approximative- ment 2 gr. 40 d'acide phosphorique, soit environ 0 gr. 04 par kilo- gramme de mon poids; et la quantité perdue par les urines avait été de 1 gr. 60, soit 0 gr. 026 également par kilogramme. Cette expérience, pendant laquelle mon alimentation avait élé celle de la ration d’entre- tien pendant nos étés, soit 1 gr. 25 d’azotés et 32 calories par kilo- gramme, prouvait done que la quantité de 0 gr. 04 d'acide phosphorique est suffisante dans ces conditions pour notre entretien. Dans la deuxième expérience, faite en novembre 1899, qui a duré douze jours, outre que j'avais cherché à évaluer la quantité d’acide (4) Voir Lebran (H,), La vésicule germinative et les globules polaires chez les Anoures, 5° et 6° mémoire. (La Cellule, 1902. T. 19 et 20.) 152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE phosphorique contenue dans les aliments qui suffisaient à mes dépenses, et que je l'avais comparée avec l'acide phosphorique des urines, j'avais employé le procédé de l'alimentation partielle insuffisante, pour voir quelle est la quantité minima de cette substance nécessaire à notre entretien. Or, les résultats avaient été les suivants : pendant que je prenais 2 gr. 60 d'acide phosphorique, avec une alimentation corres- pondant à 1 gr. 50 d’azotés et 38 calories, j’en trouvais dans mes urines A gr. 26. Puis, pendant la période de l'alimentation partielle insuffi- sante, ma ration ayant été ramenée à 0 gr. 50 d’azotés, à 95 calories et à 1 gr. 20 d'acide phosphorique, celui contenu dans mes urines est descendu à 1 gramme. Enfin, il est remonté à 1 gr. 53 dès que je suis revenu à une alimentation en contenant 2 gr. 40. On pourrait done conelure de ces expériences : 1° Que la quantié de 2 gr. 40 était suffisante pour couvrir nos dépenses, puisque c’est la quantité contenue dans mon alimentation habituelle, ce qui confirmait mon expérience de 1890; 2° Que la quantité d'acide phosphorique s'éliminant par les urines ne doit pas pouvoir descendre au-dessous de 1 gramme, puisque j'avais éliminé cette quantité même en n’en prenant que 4 gr. 20. Or, il me paraît probable que la quantité non absorbée et celle qui s'élimine autrement que par les urines, doit dépasser 0 gr. 20, représentant la différence entre l’acide phosphorique alimentaire et l’urinaire pendant cette expérience; - 3° Que si notre organisme peut on se suffire avec 2 gr. 40 d'acide phosphorique, ses besoins dépassent cependant 1 gr. 20 C’est pour confirmer ces premiers résultats que je me suis livré une seconde fois à cette même expérience par le procédé de l'alimentation partiellement insuffisante. : Cette expérience, faite en mars et avril 1903, a duré vingt-sept jours, répartis en trois périodes. Pendant la première, de six jours, mon alimentation, réglée à 1 gr. 50 d’azotés et à 40 calories, contenait 2 gr. 62 d’acide phosphorique, et j'en ai éliminé 1 gr. 38 par les urines, soit environ 0 gr. 044 d'acide phosphorique alimentaire et O0 gr. 023 d'acide phosphorique urinaire par kilogramme de mon poids. Pendant la deuxième période, également de six jours, mon alimenta- tion étant ramenée à 0 gr. 47 d’azotés et à 21 calories, ne contenait plus que 1 gr. 54 d'acide phosphorique, et celui contenu dans les urines der. 27: Enfin, dans une troisième période, de quinze jours, mon alimentation a été élevée à 1 gr. 66 d’azolés,, à 43 calories el à 3 gr. 05 d’acide phos- phorique. Or, pendant ce temps, celui des urines a été de 1 gr. 37. Cette troisième expérience confirme donc les deux premières sur ces deux points : 1° que l'acide phosphorique alimentaire peut ne pas SÉANCE DU 7 MAI dépasser 0 gr. 05 par kilogramme; et 2 que l’urinaire, dans les condi- tions des dépenses normales, ne peut guère descendre au-dessous de 0 gr. 016. Mais, de plus, elle rend probable que la quantité de 1 gr. 54 est insuf- sante, puisque la différence pendant cette période n’a été que de 0 gr. 27, quantité que je juge inférieure à celle qui s'élimine autrement que par les urines. n’est pas absorbée ou qui Je résume ces expériences dans le tableau suivant : AZOTÉS | CALORIES par kilog.|par kilog. AO EEE Septembre . . . Novembre . À ces recherches personnelles, j'ajoute les 1° D'après Lapicque et Richet, l'adulte de ACIDE PHOSPHOR. TOR © |DIFFÉRENCES alimen- urinaire taire 1562 renseignements suivants : Paris trouve dans son ali- mentation 4 gr. 02 d'acide phosphorique, soit 0 gr. 065 par kilogramme de son poids. Mais cette quantité correspond à une ration de 2 grammes d’albumine et à 53 calories par kilogramme, quantités qui dépassent sûrement celle de la ration moyenne d'entrelien. 2° Le lait de femme ne contient que 0 gr. 05 d’acide phosphorique pour 100 grammes, quantité qui correspond sensiblement à la ration de 1 kilogramme de nourrisson; et, cependant, cette quantité suflit à ce dernier pour faire sa croissance. De mes recherches et des faits que je viens de ciler, je crois pouvoir conclure : 1° Que la quantité d'acide phosphorique nécessaire à l'organisme dans les conditions de la ration moyenne d'entretien peut être évaluée entre 0 gr. 04 et 0 gr. 05 par kilogramme de son poids; 2 Que cette quantité est contenue dans les aliments composant habi- tuellement notre alimentation, pris dans les proportions que comporte la ration moyenne d'entretien; 3° Que sur cette quantité, un peu plus de la moitié s'élimine par les urines ; 754 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . 4° Que la quantité urinaire totale ne doit quère descendre au-dessous de 1 gramme; 5° Que les 0 gr. 05 contenus dans 100 grammes de lait de femme suffisent pour assurer la croissance du nourrisson; 6° Que le nourrisson doit également trouver une quantité d'acide phos- phorique suffisante dans 100 grammes de lait de vache, puisque cette quantité en contient O0 gr. 10; 1° Enfin, que 3 litres de lait de vache, qui constituent la ration de l'adulte, lui en assurent également une quantité suffisante, soit environ 0 gr. 10. ACTION GÉNÉRALE DE L'ADRÉNALINE EN INJECTION INTRA-VEINEUSE CHEZ LE CHAT, par M. J. LESAGE. Tout en établissant la toxicité de l’adrénaline en injection intra-vei- neuse pour le chat, nous avons montré dans une précédente note (1), l'influence retardatrice qu'exerçait l'anesthésie sur l’évolution des phé- nomènes toxiques. La mort se produit plus tardivement chez le chat morphino-chloroformé que chez le chat normal. Il nous reste aujourd'hui à étudier dans le détail les manifestations que provoquent ces injections. * À la dose non toxique de 0 milligr. 23 par kilogramme, chez l'animal non anesthésié, l’adrénaline détermine de la faiblesse générale. Aussi- tôt libéré de ses entraves, l'animal se couche sur le côté, sa respiration est accélérée, parfois très accélérée, en même temps que s'observe la discordance respiratoire. La salivation est abondante, la pupille dila- tée ; parfois on observe des nausées, des vomissements, parfois l'expul- sion d'exeréments. Six à dix minutes après l'injection, la respiration, quoique pouvant rester gênée se ralentit, la pupille commence à se contracter, et l’on peut noter de l’hypersécrétion lacrymale. L'animal se relève. Une demi- heure après l'injection, l’état est redevenu normal. Avec une dose toxique de 4 à 2 milligrammes par kilogramme, ces mêmes phénomènes se précipitent et après une période de coma de durée variable, de l'écume sanguinolente s'écoule des narines. En même temps, la respiration devient asphyxique, elle s'arrête, et, quelque temps après, le cœur s'arrête à son tour. C'est chez l'animal anesthésié et avec l’aide de la méthode graphique (1) Lesage. Toxicité de l’adrénaline en injection intra-veineuse pour le chat. Comptes Rendus de la Société de Biologie, 23 avril 1904. SÉANCE DU 7 MAI 7199 que nous avons étudié les modifications circulatoires. Nous avons enre- gistré le pouls à l’aide du sphygmoscope de Chauveau et Marey. À faible dose, 0 milligr. 914 par kilogramme, voici ce qu'on observe : EE NOMBRE de pulsations TEMPS ne OBSERVATIONS 10 secondes. 4 h. 50 m. à 4 h: 50 m. 10, s. 34 » 4 h. 53 m. Injection. » Durée 10 secondes. 4 h. 53 m à 4 h. 53 m. 10 s. 34 La pression commence à mon- ter à partir de la 1° seconde. 2h ES mm MDES ANS m2 0NS 38 Le pouls devient irrégulier à partir de la 17° seconde. — 20 s. à = 30 s. 33 » — 30 s. à — 40 s. 33 » — 40 8. à — 50 s. 39 Le pouls redevient régulier à partir de la 40e seconde. 1 — 50 s. à 4 h. 54 m. 39 » 4 h. 54 m. à 4 h. 54 m. 105. 40 La pression redevient nor- male 1 m. 10 s. après l’in- jection. Le pouls s'est donc d’abord arrêté, puis ralenti, en même temps qu'il est devenu irrégulier comme rythme, intermittent, puis il s’est régularisé tout en restant légèrement accéléré. À forte dose,0 millig. 50 par kilogramme, voici quelles sont les modi- fications : NOMBRE TEMPS de DUAORS OBSERVATIONS 10 secondes. 2NHP MO TIANE ah 5 mAAUEs: 33 » 2 h. 58 m. Injection. » Durée 10 secondes. 2 h. 58 m. a 2h 5 SNMEAADRES 32 La pressioncommence à mon- ter à partir de la 5° seconde après le début de l'injection. DÉh 58m MNNS a 20h 58m xs 42 Maximum de pression à par- tir de la 17e seconde. 29 h-159%m; a 24h%59Pme LOS: 46 La pression commence à bais- ser. 3 heures. à 3 h. 10 s. 46 » Din At fine & ne MU rate ADS 42 » 9h24: NS Un IS 44 La pression est revenue à sa valeur initiale; elle est mème un peu au-dessous. L’accélération du pouls et l'augmentation de la pression sanguine sont plus accusées que précédemment et durent un peu plus longtemps. Somme toute, les phénomènes sont les mêmes, mais amplifiés. (51 Le BIoLOGrE. COMPTES RENDUS. — 190%. T. LVI. 756 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La mort cependant n'a lieu que quatre heures après, par asphyxie. Les modifications cardiaques provoquées par l’adrénaline sont donc bien moins accusées chez le chat qu’elles ne le sont chez le chien; autrement dit, le cœur de ce premier animal présente vis-à-vis de l’'adrénaline une résistance beaucoup plus considérable que celui du second. Chez le chat, la mort dans l'empoisonnement par injection intra-vei- neuse d'adrénaline est lente; elle à lieu par arrêt de la respiration. (Travail du Laboratoire de Physiologie d’'Alfort). ESSAIS DE TRAITEMENT DE LA MALADIE DU SOMMEIL EXPÉRIMENTALE (Note préliminaire), par MM. Brumpr et Wurrz. La maladie du sommeil à, jusqu à présent, été considérée comme incu+ rable par tous les médecins qui s'en sont occupé. Après quelques amé- liorations passagères, attribuées à la médication, et peut-être spontanées, la terminaison a toujours été fatale (1). Parmi les animaux d’expériences nous nous sommes servis de celui chez lequel la maladie a là marche la plus fatale et la plus régulière, le Ouistiti. Les recherches que nous poursuivons sur plusieurs autres espèces de Singes feront l'objet de communications ultérieures. ” Voici les résultats de nos premières expériences. Ouistiti 1. — Poids, 175 grammes. Inoculé le 24 mars avec 1 centimètre cube de sang riche en Trypanosomes. Il recoit simultanément 1 cc. 1/4 de sérum de Porc i (1). Les 2°, 3° et 4° jours il est injecté avec 2 centimètres cubes de sérum, et, avec 3 centimètres cubes les 5° et 6° jours. Les parasites se montrent le 6° jour, le 7° 1ls ont doublé de nombre; l'animal reçoit une injection de 1 milligramme d’arrhénal; malgré le médicament les parasites ont triplé en nombre le 8° jour. Il est trouvé mort le 9° jour. On trouve dans son sang de nombreuses formes d’involution. La rate pèse 0 gr. 75. Ouistiti 2. — Poids, 290 grammes. Inoculé le 24 mars avec 1 centimètre cube de sang virulent et simultanément avec 1 cc. 1/2 de sérum de porc. Il recoit 2 centimètres cubes de sérum les 1°", 2°, 3° jours et 3 centimètres cubes les 4e et 5°. Les parasites se montrent le 5° jour. Malgré les injections continues l'animal meurt le 12° jour avec un nombre considérable de Trypanosomes dans le sang. La rate pèse 1 gr. 22. Ouistiti 3. — Poids, 230 grammes. Inoculé le 21 mars avec 2 centimètres cubes de sang très virulent. Les 2° et 3° jours après l'inoculation, il recoit 1 milligramme d'acide arsénieux en injection. Le 4° jour l’animal est parésié et meurt d'intoxication sans avoir eu de parasites dans le sang. Rate, 0 gr. 55. (4) Voir Société de Biologie, séance du 26 mars. SÉANCE DU 7 MAI 157 Ouistili 4: Poids, 270 grammes. Inoculé le 21 mars avec 2 centimètre cubes de sang très virulent. Il reçoit les 2° et 3° jours après l’inoculation, en injec- tion, ! milligramme d’arrhénal. Il meurt le 4° jour d'intoxication. Rate, 0 gr. 67. Ouistiti 5. — Poids, 120 grammes. Inoculé le 24 mars avec 1 centimètre cube de sang virulent, et simultanément reçoit une injection de 1 milligramme de bleu de méthylène de Hôüchst. Il meurt d'intoxication le lendemain. Rate, 0 gr. 22. Ouistiti 6. — Poids, 355 grammes. Cet animal est injecté à différentes re- prises avec des doses de cacodylate de soude de 1 et de 2 milligrammes qu'il supporte bien. Les accidents arrivés aux Ouistitis 3, 4 et 5 nous obligent à modifier nos expériences et il est inoculé le 11 avril avec des Trypanosomes. L'animal à une lésion de la queue et est assez faible. IL recoit le 12 avril en injection 1/2 milligramme d'acide arsénieux. Il meurt le 15 avril intoxiqué par cette faible dose de médicament. Rate, 0 gr. 55. Ouistiti T1. — Poids, 175 grammes. Inoculé le 31 mars avec du virus de Marmotte. Les parasites se montrent le 6° jour, leur nombre augmente pro- gressivement jusqu’au 9° jour (70 par champ, à l'objectif 6). Il recoit alors une injection de 1/2 milligramme d’acide arsénieux; le lendemain tous les para- sites ont disparu. Il meurt néanmoins le 11° jour sans parasites dans le sang. Rate 0 gr. 55. Ouistiti 8. — Poids, 260 grammes. Inoculé le 31 mars avec { centimètre cube de sang de Marmotte. Il recoit le lendemain de l’inoculation ainsi que le 5° jour 0 milligr. 75 d'acide arsénieux, le 6° jour il ne présente pas de parasites, et reçoit encore 0 milligr. 50 de médicament. Il meurt intoxiqué le 7° jour sans avoir présenté de Trypanosomes. Rate, 0 gr. 75. Ouistiti 9. — Poids, 200 grammes. [noculé le 31 mars avec 1 centimètre cube de sang de Marmotte. Le lendemain et le 5e jour il recoit 0 milligr. 75 d’ar- rhénal, et 0 milligr. 50 le 6° jour ; le 7° jour les parasites se rencontrent dans le sang et augmentent en nombre comme chez l’animal témoin (Ouistiti 7), il reçoit encore 0 milligr. 50 le 9° jour. Le 10° jour les parasites ont augmenté, et l'animal meurt le 11° jour avec de nombreux Trypanosomes dans le sang. La rate pèse 1 gr. 55. Ouistiti 10. — Poids, 270 grammes. Inoculé le 31 mars avec 1/2 centimètre cube de sang de Marmotte. Il reçoit en injection les 1°", 5° et 6° jours 0 milligr. # de bleu de méthylène de Hôchst. Le 7° jour les parasites se montrent dans le sang et augmentent progressivement comme chez le témoin. Le 9° jour il recoit encore 0 milligr. # de bleu ; le 10° jour les parasites pullulent et l'animal meurt le 11° jour. Après la mort les formes d’involution du Trypanosome abondent dans le sang, ce phénomène se rencontre également dans d’autres Trypanosomoses. La rate pèse 1 gr. 1. En résumé, si incomplètes que soient ces expériences que le prix élevé des Ouistitis nous a empêché de renouveler, mais que nous continuons sur d’autres espèces animales, nous pouvons dire que des différents médicaments employés l'acide arsénieux seul a eu une action parasi- ticide, malheureusement il est très toxique même à la dose de 4 milli- gramme pour 600 grammes d'animal. Nous sommes d'accord sur ce point. 758 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avec les résultats obtenus dans diverses Trypanosomoses par MM. La- veran et Mesnil. Dans le cas du Ouistiti 7 l'acide arsénieux s’est montré très parasilicide à la dose de 2 milligr. 8 par kilog d'animal, ce qui porterait la dose à 120 ou 150 milligrammes pour un homme adulte. C'est une quantité bien éloignée de ce que l’on donne d'habitude en thérapeutique, mais il est certain que l’accoutumance peut se faire assez rapidement par la voie intestinale. En saupoudrant les aliments avec 25 à 30 milligrammes par jour une ou deux fois par semaine on peut arriver à supporter facilement des doses de 200 à 300 milligrammes. De semblables quantités de mé- dicament pourraient probablement arriver à entraver l’évolution de la maladie du sommeil si on la prenait au stade de début ( 7pypanosomose fébrile) mais serait probablement sans effet dans le stade ultime de la maladie caractérisé par le sommeil et les lésions cérébrales, ces der- nières qui ressemblent beaucoup à celles de la paralysie générale sont produites peut-être par une infection secondaire. (Laboratoire de parasitologie.) LES FILARISOSES HUMAINES EN AFRIQUE, par E. BRuMPT. Les Filaires parasites de l'homme sont communes dans certaines régions de l'Afrique; nous allons donner dans les notes qui suivent un résumé des études que nous avons poursuivies pendant la mission du Bourg de Bozas depuis Djibouti jusqu à l'embouchure du Congo.” Nous nous occuperons exclusivement ici des espèces sanguicoles, laissant, pour d’autres communications, l'étude de la Filaria medinensis et de la Filaria volvulus dont nous avons observé un grand nombre de cas. Depuis Djibouti jusqu'aux Monts N'dirfi qui séparent le bassin du Congo de celui du Nil nous n'avons jamais observé de microfilaires dans le sang de 400 indigènes Somalis, Gallas, Abyssins, Chankallas et Niloti- ques, examinés. Dans le bassin du Congo au contraire les Filaires sont fréquentes. Pour dresser une statistique à peu près exacte je me suis adressé d’une part aux indigènes des régions traversées, d'autre part aux soldats arrivés récemment de leur pays et n’ayant pas encore eu le. temps de contracter de nouvelle filariose. | Filaria perstans, Manson. — Les embryons dépourvus de gaine se rencontrent en nombre variable, le jour et la nuit. Dans certains cas (1 sur 10 en moyenne) on observe une variété très petile signalée la pre- mière fois par Van Campenhout, c’est probablement une forme embryon- paire jeune. Nous avons rencontré la forme adulte en grand nombre SÉANCE DU 7 MAI 159 dans le mésentère et divers autres tissus conjonctifs d'une femme Mang- battou. NOMBRE F1L. FIL. LES DEUX PAYS RACES . examiné diurna perstins ensemble Mondou 20 » 6 2 Baka . 72 1 25 2 | Gambé ë 12 1 3 » Loggo . 67 10 13 1 Azandé. : 173 31 66 23 Mangbattou. 242 10 131 34 Ouéllé .(Bazolo-Kakoua . 10 » 5 » Mamvou . . 2 » 2 » Makrakra 8 » 2 » Mombouttou . 30 » 25 » Bacango . . 186 4 61 5 Pygmé . 2 » 1 » Ababoua . 91 8 43 17 | San£go 3 » 2 » Oubangui. . .{Bobengui. 4 » 2 » Yakoma ,. 25 2 3 6 | É Likouangoula. 33 1 6) 3 Himbiri. . . ./Mobengué 65 14 20 » Ibembo 6 4 » » Arrouimi . . .|Bazoko. 18 2 6 3 TOUR INNAN Itouri 18 6) 6 » Haut Congo. .|Manyéma. 18 2 2 3 Moyen Congo .|Bangala 21 3 8 3 A Bacongo . 6 6) » » Bas Congo ‘(Batéké . 10 » » 2 | Tanganika . .|Bacoumbé 2 » 1 » Haut Kassaï, .|Batétéla . 16 » 2 l Moyen Kassaï.|Balouba . 21 3 6 » Bas Kassaï . .|Mongo . 26 ” «ll 4 Loango. 14 » 4 2 Gabonais. 4 1 1 » Côte d'Or. . À » » À Divers .Achanti. . LA 40 » » » Sierra-Leone . 4 » 2 » Sénégalais n 6 » » » Européens . 24 » 2 » = 760 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette Filaire, comme l'ont établi les recherches de divers auteurs, et les nôtres, ne joue aucun rôle dans l’étiologie de la maladie du sommeil. Filaria diurna, Manson. — Nous avons montré dans une précédente note (1) que cette filaire est identique à la filaria loa, Guyot. Néanmoins en attendant que de nouvelles recherches en cours, aient démontré ce fait d’une façon définitive, nous conserverons le nom de filaria diurna pour ne pas compliquer notre exposé. Les embryons se trouvent dans le sang durant le jour et aussi pendant la nuit mais en moins grande abon- dance. Filaria nocturna, Manson. — Nous avons examiné le sang de 45 indi- gènes la nuit. Sur ces hommes 6 étaient atteints d’éléphantiasis (3 d’entre eux avaient de la. fil. perstans), 3 de filaria diurna, 4 de filaria volvulus et 3 de filaria perstans. Nous avons retrouvé la nuit 3 fois la fil. diurna et 6 fois la fil. perstans. Le tableau ci-joint donne la distribution des diverses espèces. En ne tenant compte que des indigènes du Congo, nous oblenons les moyennes suivantes. Sur 1.225 individus 692 possèdent des Filaires (moyenne = 55,5 p. 100,. La filaria diurna a été rencontrée seule 113 fois (= 9,2 p. 100), et associée 111 (— 9,6 p. 100), elle a été trouvée en tout 224 fois (= 18,1 p. 100). | La filaria perstans à élé rencontrée seule 468 fois (— 38,5 p. 100) et associée 111 (— 9,6 p. 100), et en tout 579 fois (— 47,2 p. 100). Cette statistique basée sur une seule lame de sang prise à chaque individu, donne comme tous les travaux de ce genre un résultat mi- nimum, et certainement bien inférieur à la moyenne. 5 (Travaux du laboratoire de Parasitologie.) LEUCOPÉNIE ET LEUCOCYTOSE PAR INJECTION DE SANG HÉTÉROGÈNE CHEZ LE CHIEN, par MM. F. Barrezu et G. Mioni. On connaît un certain nombre de substances qui produisent, soit la diminution, soit l'augmentation du nombre des leucocytes dans le sang circulant. Parmi les substances qui provoquent la leucopénie, on trouve la peptone, les produits de sécrétion de certains microbes, etc. Goldscheider et Jacob (1893) trouvent que chez le lapin l'extrait de (1) Société de Biologie, séance du 16 avril 1904, p. 630. Le SÉANCE DU 7 MAI 761 certains organes (rate, thymus, moelle des os) produit une leucopénie passagère suivie d’une leucocytose ; Lœwit (1892) avait déjà constaté le même phénomène en faisant des injections de peptone. Goldscheider et Jacob trouvent, en outre, que lorsque la leucocytose s’est établie à la suite de l'injection d’un extrait d'organe, une nouvelle injection fait de nouveau baisser le nombre des leucocytes. Nous avons recherché les variations que présente le nombre des leu- | cocytes à la suite des injections intraveineuses de sang hétérogène chez le chien. Nous nous sommes servis de sang de mouton, de cheval, de lapin et de bœuf. Le plus souvent, au lieu d'injecter le sang défibriné, nous avons lavé les globules avec de l'eau salée, et nous avons injecté l’'émulsion des globules ramenés au volume primitif du sang, par addition d’une solution de NaCI à 9 p. 1.000. Les prises du sang ont été faites au moyen d'une canule introduite dans l'artère fémorale. L'injection de 50 à 70 centimètres cubes de sang pour 40 kilogrammes d'animal produit une leucopénie considérable, qui est suivie quelques heures plus tard par une leucocytose. Si, à ce moment, on fait une nouvelle injection de sang hétérogène, le nombre des leucocytes diminue de nouveau dans les vaisseaux du chien, Ce sont surtout les polynucléaires qui disparaissent, comme l'avaient déjà observé Gold- scheider et Jacob dans leurs expériences. -. Les plaquettes sanguines ne subissent pas de modifications appré- Ciables. Elles restent longtemps intactes dans le sang qui ne se coagule pas après l'injection du sang hétérogène. Elles se comportent donc d’une manière analogue à ce qui a élé trouvé par Salvioli (1891) et par Spangaro (1899) dans le sang peptonisé. Nous rapportons ici comme type une expérience dans laquelle on a fait, chez un chien à jeun, deux injections de 60 centimètres cubes cha- cune d’une émulsion de globules de mouton. Le nombre des leucocytes est calculé pour un millimètre cube de sang. INJECTIONS POLYNUCLÉAIRES MONONUCLÉAIRES TOTAL et prises du sang. et lymphocytes. des leucocytes. 9 h. 45 m. Avant l'injection. . 7.200 2,400 9.600 10 h. 45 m. Première injection. — — — 106 /4%05//m Prise de/saner. 10. 460 790 1.250 10/h2/4110%m; » SARA 250 600 850 10 h. 20 m. » SRE 290 MPH20 910 21h: 20 m. » SRE 29.300 9.100 38.400 2 h. 20 m. Seconde injection . = — = 20h: /25m"Brise delsane 1. 100 3.400 4.200 2 h. 40 m. » a 180 5.100 5.900 Le sérum du chien hémolyse très rapidement à la température de 762 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 38 degrés les globules sanguins des animaux dont nous nous sommes servis, comme il avait déjà été constaté par Landois (1875). Ces mêmes globules injectés dans les vaisseaux du chien y subissent aussi une hémolyse très rapide. Les globules mettent ainsi en liberté, par leur destruction, une ou plusieurs substances qui amènent, outre la chute de pression et l’incoagulabilité du sang, une leucopénie suivie d’une hyperleucocytose. Ces substances contenues dans les globules sanguins agissent donc d'une manière analogue à la peptone. Nos résultats peuvent être résumés comme suit : En injectant dans les vaisseaux du chien des globules sanguins hété- rogènes, se laissant hémolyser par le sérum du chien, on observe une hypoleucocytose considérable suivie d’une forte hyperleucocytose. Une seconde injection faite après l'établissement de l’hyperleucocytose pro- duit une nouvelle hypoleucocytose. La diminution des polynucléaires est plus considérable que celle des mononucléaires. Les plaquettes sanguines restent longtemps inaltérées dans le sang incoagulable sorti des vaisseaux. (Travail du laboratoire de Physiologie de l'Université de Genève.) ACTION ANTICOAGULANTE DU SANG HÉTÉROGÈNE CHEZ LE CAIEN, par M. G. Miont. On admet comme un fait bien élabli que le sang défibriné d’un animal, injecté dans les vaisseaux d'un autre animal d'espèce différente, peut provoquer chez ce dernier des coagulations intravasculaires ou du moins produire une augmentalion de la coagulabilité du sang. Chez le lapin, l'injection de sang étranger en quantité suffisante amène une mort rapide par formation de coagulations intravasculaires massives. Le fait a été observé par de nombreux expérimentateurs, tels que Naunynn (1873), Landois (1875), Plôsz et Gyorgyai (1874), etc. D’après Naunynn, on obtiendrait le même résultat en se servant d’une solution d’hémoglobine cris- tallisée. Le chat se comporterait à ce point de vue comme le lapin (Naunynn), de même que le chevreau (Hayem). Les auteurs qui ont expérimenté chez le chien n’ont pas remarqué chez cet animal la formation rapide de caillots intravasculaires par l'injection de sang étranger. Landois, dans ses expériences très nombreuses sur la transfusion du sang, a pu injecter chez le chien des quantités même très élevées de sang de mouton sans amener la mort immédiate de l'animal. Pour étudier les pro- priétés du sang chez les chiens injectés, Landois fait à ces animaux une petile SÉANCE DU 7 MAI 7163 blessure à l'oreille et observe, entre autre, que ce sang coagule, mais que le caillot ne se rétracte pas. Hayem, dans des expériences faites dans des conditions ({rès A ère (en cherchant à remplacer tout le sang du chien par du sang défibriné de cheval), constate que le sang de chien devient à la fin incoagulable. Gley (1896) a trouvé que l'injection de sang de lapin dans les veines du chien diminue beaucoup la coagulabilité du sang de ce dernier animal; le sérum seul n’a pas cette propriété. Gley n’a tiré de celte constatation &ucune conclusion d’ordre général. Sous la direction de M. Battelli, j'ai fait une série de recherches pour étudier la coagulabilité du sang chez les chiens auxquels on injecte le sang d’une autre espèce animale. J'ai employé le sang de lapin, de cheval, de mouton et de bœuf. Le sang était défibriné et, dans quelques cas, injecté tel quel; mais le plus souvent on enlevait le sérum en lavant plusieurs fois les globules avec de l’eau salée. Le sang défibriné ou l’'émulsion des globules était injecté dans la veine fémorale; une canule introduite dans l'artère fémorale permettait de faire des prises de sang. On prenait en même temps un tracé de la pression carotidienne au moyen du kymographion. Les expériences étaient faites chez les chiens à jeun. … L'injection rapide de 50 à 70 centimètres cubes de sang défibriné ou d’émulsion de globules rouges pour 10 kilogrammes d'animal produit les effets suivants : Au bout de trente à soixante secondes, l'animal donne des signes de douleur; il crie et s’agite; en même temps, la pression tombe rapide- ment de 160 à 40 ou 50 millimètres environ de mercure. Bientôt, l'animal devient tranquille; sa sensibilité est un peu diminuée; la pression arté- rielle tend peu à peu à se relever et reprend sa valeur normale au bout d'une dizaine de minutes. Une seconde injection de sang ou de globules faite à ce moment n’est pas ressentie par l’animal et ne détermine que des changements peu appréciables dans la pression artérielle. Les prises de sang faites cinq minutes après l'injection coagulent très lentement après cinq ou six heures, ou ne coagulent pas du tout. Les prises faites dix à vingt minutes restent liquides au delà de vingt- quatre heures. Les prises faites après quarante à cinquante minutes coagulent généralement après quelques heures. Les prises faites après deux ou trois heures coagulent rapidement et quelquefois un peu plus vite que le sang extrait avant l'injection, c'est-à-dire dans l'espace de une à trois minutes environ. Si, au lieu d’extraire le sang par la canule fémorale, on pratique une petite incision dans l'oreille, de manière que le sang coule goutte à goutte, on constate que ce sang, recueilli dix à vingt minutes après l'injection, coagule au bout de plusieurs minutes. Le caillot formé ne se rétracte pas. Le sang, qui était spontanément incoagulable, coagule # 164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ainsi en venant en contact avec les tissus de la plaie. Ce fait est à rap- procher de ce qui a été constaté pour le sang normal chez les oiseaux (Delezenne) et chez les mammifères (Spangaro). On s'explique en outre pourquoi Landois n'avait pas constaté l'incoagulabilité du sang chez le chien après l'injection de sang de mouton. En injectant rapidement des quantités de sang ou de globules étran- gers supérieures à la quantité de 50 à 70 centimètres cubes pour 10 kilo- grammes d'animal, les phénomènes sont les mêmes; mais la chute de la pression et le temps de l’incoaägulabilité du sang persistent plus long- temps. On obtient les mêmes effets en injectant du sang préalablement laqué au moyen de l’eau distillée. Le sang défibriné et l’émulsion de globules d'espèce différente doivent donc leur action au fait que les globules sont détruits avec une grande rapidité dans l'organisme du chien. Le sang de chien laqué injecté à un autre chien provoque aussi chez ce dernier un abaissement de la pression artérielle et une diminution de la coagulabilité du sang, mais les résultats m'ont paru moins mar- qués qu'en injectant le sang d’une espèce différente. Ces expériences permettent de conclure : En injectant rapidement dans les veines d’un chien Le sang défibriné ou les globules sanguins d'un animal dont les globules sont hémolysés par le plasma du chien, on constate que le sang du chien pris dans une artère devient incoagulable pendant quelque temps, et que la pression artérielle subit une chute plus ou moins prolongée. Si au lieu de prendre le sang dans une artère on le recueille en fai=* sant une plaie à l'oreille, le sang coagule, mais moins rapidement que chez l'animal normal. Une seconde injection faite quelques heures ou quelques jours après la première n’exerce plus d'action marquée ni sur la pression artérielle, ni sur la coagulation du sang. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) SUR LA STRUCTURE DU PROTOPLASMA CHEZ LES VORTICELLIDÆ, par M. EMMANUEL FAURÉ. Au point de vue structural, il y a lieu de distinguer, dans le proto- plasma des Vorticellidæ, le cytoplasma et le karyoplasma. Cytoplasma. — Le cytoplasma comprend : l'endosarque, qui forme la majeure partie de l'infusoire, et l'ectosarque, couche résistante superfi- cielle. SÉANCE DU 7 MAI 165 L'endosarque ou endoplasma est constitué, comme M. Fabre-Domergue l’a montré en 1887, par un réseau de hyaloplasma, baigné par le para- plasma. Le hyaloplasma est la partie la plus active du protoplasma, en lui réside la contractilité, et il est l’origine de nombreuses différen- clations. L’ectosarque ou ectopiasma est une enveloppe résistante, constituée par du protoplasma condensé. On y distingue quatre couches concentriques qui sont, en commençant par la plus externe : a) Une mince couche cuticulaire. b) Une couche hyaloplasmique fortement condensée avec des bandes circulaires transversales dessinant des stries à la surface du corps, et reliées entre elles par de fins tractus. c) Une couche contractile, comprenant un réseau hyalo- plasmique différencié en fibrilles ou myonèmes reliés par un très fin réticulum. d) Une couche vésiculaire, constituée par un réseau formant [a transition avec le réticulum endoplasmique, et dans les mailles duquel se trouvent de petites sphérules. Voici, d’après un grand nombre d'observations faites sur différentes espèces desgenres Vorticella, Carchesium, Zoothamnium, Epistylis, etc., les caractères de ces sphérules. Ce sont de petites vésicules protéiques, cons- tituées par une mince membrane résistante contenant un liquide homogène; leur indice de réfraction est sensiblement égal à celui du cytoplasma,; leurs dimensions ne dépassent pas 1 u, excepté chez Campanella où elles mesurent 3 MICrons. | Ces sphérules manifestent toutes les réactions du protoplasma. Elles sont “constantes chez tous les individus, leur nombre seul étant variable dans une certaine mesure; elles se comportent donc comme des éléments constitutifs de l’infusoire, et non comme des substances de réserve. Elles ont une indivi- dualité au même titre que le noyau, car elles se multiplient par division, et il est probable que toutes les sphérules d’un individu proviennent par bipartition de celles de ses ancêtres. Elles peuvent quelquefois, surtout chez certaines espèces, envahir le protoplasma tout entier, Ces sphérules entrent dans la constitution anatomique de quelques parties des Vorticellidæ : le réservoir de la vésicule excrétrice et le cordon plasmatique des pédoncules contractiles. ‘J'ai observé ces éléments, maïs avec moins de netteté, chez Stylonichia, peut-être aussi chez Amæba, et l’ensemble de ces faits me porte à les identi- fier aux sphérules découvertes par Kunstler chez un grand nombre de Pro- tozoaires, Flagellés et Foraminifères entre autres. D'autre part, toutes les observations que je viens d'exposer pouvant s'appliquer aux hydroleucites des végétaux, je pense qu'un rapprochement est possible entre ces diverses formations vésiculaires. C’est pourquoi je propose de nommer les sphérules plasmatiques des Vorticellidæ, vésicules de Kunstler ou tonoplastes, terme général employé par De Vries et Went pour désigner les hydroleucites. Karyoplasma. — Le macronucleus des Vorticellidæ comprend une mem- brane, et un karyoplasma de constitution complexe. On y distingue un réseau (linine?) sur les mailles duquel sont disposés les microsomes, petites sphé- rules de chromatine mesurant environ 0,3 &. La structure de ces microsomes ne peut être nettement distinguée, mais la régularité de leurs formes, la constance de leurs dimensions, les distinguent des granulations banales, et un examen attentif porte à les faire considérer comme de petites sphérules, 766 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE analogues aux vésicules de Kunstler. On voit, d’après ces faits, que les forma- tions vésiculaires sont très répandues dans le protoplasma des Vorticellidæ. On sait, qu'en 1867, M. Kunstler souleva une discussion à propos de la structure réticulée du protoplasma, signalée et étudiée par M. Fabre Domergue chez les Infusoires ciliés. M. Kunstler admettait que les élé- ments du protoplasma sont de petites vésicules de plus ou moins grande taille, plus ou moins individualisées, et qui, lorsqu'elles atteignent de grandes dimensions, peuvent être pressées les unes contre les autres; ce sont leurs contours qui, dans ce dernier cas, donnent l'illusion d'un réseau. M. Fabre-Domergue démontra au contraire l'existence d’un véritable réticulum. Or, chez les Vorticellidæ, on observe en même temps un réseau hyaloplasmique et de petiles vésicules de Kunstler; comment ratlacher ces deux structures l’une à l’autre, et quelle est la structure primaire du protoplasma? Deux solutions apparaissent aussitôt. Dans la première (Fabre Domergue), on peut considérer la structure réticulée du protoplasma comme l'essence de son organisation servant de base inépuisable aux différenciations de l’infusoire, ou structures secondaires, telles que l’ectoplasma, les fibrilles contractiles, les tono- plastes; ces derniers seraient des bulles de hyaloplasma enveloppant du paraplasma, qui auraient acquis l’individualité au même titre que l'appareil nucléaire. Dans la seconde manière de voir (Kunstler), la structure vésiculaire apparaîlrait au contraire comme la structure primaire du protoplasma chez les Vorticellidæ. Le réticulum hyalopiasmique est finement granuleux; on peut donc supposer que, semblable au réticulum nucléaire, ses trabécules sont des rangées de sphérules plasmatiques de très petite taille, reliées par une substance intermédiaire. Le réseau hyaloplasmique existerait donc, contrairement aux assertions du pro- fesseur Kunstler, mais il représenterait une structure secondaire, et ses différenciations des structures tertiaires. Les tonoplastes ne seraient autre chose que des sphérules de Kunstler de grende taille, jouant sans doute un rôle dans la physiologie de l’infusoire, comme les tonoplastes des végélaux. Cette interprétation serait en accord avec les idées de Hofmeister, lorsque ce savant conclut que dans le protoplasma : « l'universalité des phénomènes chimiques amène à la nécessité d’une formation très abondante de vacuoles, éventuellement au-dessus de la limite de visibilité; ainsi des considérations biochimiques viennent appuyer les raisons qui ont été données ‘par des morphologistes, en faveur de l'existence d’une slructure vacuolaire. Au surplus, de nouvelles études sont nécessaires pour choisir entre ces deux manières de voir, et pour concilier les divergences d’interpré- tation qui existent encore entre les divers observateurs. SÉANCE DU 7 MAI 767 INFLUENCE DES VARIATIONS DE L'ÉCLAIREMENT SUR LES PREMIERS STADES LARVAIRES DES AMPHIBIENS, par M. GEORGES Box. Avec la ana temporaria, j'ai effectué 4 séries d’expériences. l'° série. Insolation de l’œuf (durée totale, 12 heures). — Les résultats observés ont été consignés dans une séance précédente. 2° séme. Insolation de l'embryon pendant les quatre premiers jours (durée totale, 12 heures). — Voici les résultats : a) Au bout de trois jours, aucun effet appréciable. b\ Le 5° jour, diminution de la croissance. Croissance depuis l'éclosion : — 4 millimètres et O0 —#4 mil. 25. S —3 millimètres et 0O—3 mil. 5. c) Pendant la mélamorphose (du 5° au 8° jour), augmentation de la Croissance. Croissance pendant la métamorphose : S —3 mil. 25 et 02 millimètres: mil 5 et00 = HPmil 625; ‘28° série. Insolation de l'embryon du 4° au 6° jour (durée totale, 12 heures). Voici les résultats. . à) Le5° jour, augmentation de la croissance. Sr miles et 0 °millimetres. b) Pendant la métamorphose {du 5° au 8° jour), diminution de la crois- sance. S—1, millimètre, et O—3 mil. 5. X° série. — Insolation pendant la métamorphose. — Arrêt complet de croissance. Avec le Bufo vulgaris, les effets ont été moins nets, mais du même ordre. Au moment de l’éclosion, les embryons provenant d'œuf insolés (S) avaient 3 millim. 5; ceux provenant d'œufs restés dans l'ombre (O0), 9 millimètres; le 7° jour, à la veille de la métamorphose, l'écart entre ces deux sortes d’embryons était encore le même, mais les embryons insolés après l’éclosion (SS et OS) avaient subi une croissance plus grande depuis l’éclosion. SS — 5 millimètres. SO miles" OS—4 mil. 75. 00 — #4 millimètres. Au contraire les embryons insolés pendant la métamorphose (du 7° au 9° jour) cessent presque complètement de croître. Si Dimil #25 — 1 mil. 50. 768 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE Conclusions. — 1° Les variations de l'éclairement ont des effets de moins en moins tardifs, de plus en plus accentués, à mesure qu'elles ont lieu plus avant dans le développement de l'embryon. Ces effets se mani- festent surtout pendant la métamorphose en têtard. 2% Si l'insolation a porté sur l'œuf ou sur l'embryon très jeune (trois premiers jours chez /?ana), la métamorphose s'accompagne d’une crois- sance assez notable; si l'insolation à porté sur l'embryon plus âgé, la métamorphose est accompagnée d’une croissance faible ou presque nulle. La question de l'influence de l'éclairement est beaucoup plus com- plexe qu'on aurait pu le croire au premier abord; à un éclairement donné d’un stade donné correspondent certains effets qui se manifestent dans la suite du développement; finalement les effets .des éclairements variés aux divers stades s'ajoutent algébriquement ; la somme peut s'an- nuler à certains moment, et la lumière paraît ne pas agir. Toutes ces expériences ont porté sur plusieurs centaines d'embryons, groupés en lots de 10, placés dans des conditions rigoureusement iden- tiques SUR UNE SYMBIOSE DÉTERMINANT UNE POECILOGONIE, par M. GEORGES Bou. M. Giard a désigné sous le nom de pæcilogonie les modifications du développement suivant les conditions du milieu extérieur; les exemples classiques sont ceux du Palæmonetes varians et de l’Aurelia aurita, dont le développement varie avec le climat, avec la saison, et en dernière analyse avec la quantité de vitellus renfermé par l'œuf. J'ai montré récemment que les embryons de la ana temporaria ont un développe- ment qui varie avec la quantité de nourriture qu'ils absorbent (Biologie, 23 avril). Mais la même espèce présente un cas de pæcilogonie beaucoup plus curieux et qui est provoqué par ce fait que l'œuf est infesté de bonne heure par des algues vertes unicellulaires. J'ai observé depuis plusieurs années dans certaines mares du bois de Verrières une symbiose des plus intéressantes entre l'embryon qui se développe dans la coque de l'œuf et des algues qui envahissent cette coque. L'infection a lieu très rapi- dement après la ponte : les algues viennent se grouper sur deux sphères concentriques, sur la surface interne de la coque et à la limite des deux zones de consistance différente qui la constituent. Elles se trouvent dans des conditions très favorable de nutrition (albumine de la coque, CO* dégagé par l'embryon et utilisé dans l'assimilation chlorophyllienne). Quant à l’embrvon, il se développe dans des conditions particulières d'oxygénation et d'éclairement : quand les œufs sont exposés aux SÉANCE DU 7 MAI 769 rayons solaires, des bulles d'oxygène apparaissent à l'extérieur de la coque et déterminent leur flottaison; l'oxygène dégagé au contact de l'embryon est consommé par lui; si celui-ci se trouve souvent dans un milieu suroxygéné, par contre il est soustrait, derrière un double écran de chlorophylle, à un grand nombre de radiations solaires. Ces conditions spéciales de vie retentissent sur le développement, qui est résumé dans le tableau suivant, à partir de l'apparition des bran- chies, c’est-à-dire de l’éclosion pour les œufs non infestés. TAILLE JOURS BRANCHIES ÉCLOSION a à | : embryons ce témoins algues millim. millim. 0 |Apparition de branchies . » 5,5 1,5 1 |Deux courts filaments . . » » » 3 |1 des deux filaments bifurq.|Eclosion 1er lot, la nuit, après insolation . . . . 9,0 11,0 4 |Opercule apparaît . . . .|Eclosion 2 et 3e lots : lu- mière diffuse et obscurité. 9,5 14,5 5 » Eclosion 4e lot : eau char- : 6e de CO RU A AO 0 19,0 9 |Têtards (nourris) complète- ment formés. . . . . . » 12,5 225 GE » » 14,0 32,5 < 15,0 35,0 1° Les branchies, surtout chez les individus insolés chaque jour, n’ont acquis qu'un très faible développement. 2° L'éclosion a eu lieu à une date variable, plus ou moins tardive. En avril 1903, j'ai trouvé, dans la mare même, encore à l'intérieur de l'œuf, des têtards complètement formés. 3° Un écart de croissance se manifeste de bonne heure, devient consi- dérable pendant la métamorphose (5°-9° jour) et va toujours en s'accen- tuant (même condition d'aération, d'éclairement, de nourriture — après l’éclosion). La pigmentation est bien moins prononcée. 4 Une différence d’allure s'observe également : immobilité fréquente contre les parois et à la surface. En résumé, la réduction des branchies et le retard de l’éclosion paraissent être liés surtout à l’aération toute spéciale de l'œuf; la dimi- nution de croissance, tardive, à l’éclairement particulier de l'embryon et sans doute à d’autres facteurs. Je donne pour le moment les résultats de mes observations, je les coordonnerai dans la suile; je ferai remarquer seulement que ces têtards qui ont subi une variation morphologique et physiologique à la fois ont une vitalité beaucoup moindre que les têtards normaux; C'est là un fait général, des plus importants, sur lequel je reviendrai prochainement. 770 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA STOVAÏNE, ANESTHÉSIQUE LOCAL, par M. Cuapur. Je n'ai pas l'intention de reprendre l’étude chimique de la stovaine qui a élé traitée à fond dans les récentes communications de MM. Four- neau (Académie des Sciences) et Billon (Académie de Médecine). Les expériences et recherches cliniques de MM. Reclus, de Laper- sonne, Sauvez, Billon, établissent d’une manière définitive que la sto- vaine possède une loxicité beaucoup moindre que la cocaïne, avec un pouvoir analgésique presque égal ; elle est, en outre, nettement vaso- dilatatrice. Pour me rendre compte du pouvoir analgésique de Ja stovaine com- parée à la cocaïne, j'ai fail deux fois (ablation d’une balle dans le bras et incision d’abcès sous-deltoïdien) l’anesthésie de la ligne d'incision pour une moitié à la cocaïne à 1/200 et pour l’autre moitié à la stovaïne au même titre; or, l'analgésie a été absolument identique sur toute la longueur de l'incision. Dans les nombreuses anesthésies locales relatées plus loin, je me suis toujours servi de stovaïne à 1 p. 200 et j'ai toujours obtenu une anes- thésie parfaite, identique à celle de la cocaïne au même titre. Je diviserai mes observations en deux catégories : 1° Anesthésies locales; 2° anesthésies lombaires. 10 Anesthésies locales. J'ai fait avec mes internes, MM. Tanon et Le Jemtel, 18 anesthésies locales à la stovaine à 1 p. 200, avec 17 anesthésies parfaites et une assez bonne. Les 17 anesthésies parfaites sont relatives aux opérations suivantes : 3 ténotomies (3 centig., 3 centig., 1 centig.); 4 ongle incarné (2 centig.): 4 panaris (5 centig.); 1 kyste sébacé de la main (5 centig.), ; 1 balle de l’avant-bras (7 centig.) ; 1 trachéotomie (2 centig.); {À mammite tuberculeuse (17 centig.) ; 2 abcès froids du bras (6 cent. 1/2 et 3 centig.) ; 1 ostéite tuber- culeuse de la tête humérale, évidement (7 centig. 1/2) ; 2 péritonites par per- foration (7 centig. 1/2 et 8 centig.) ; 1 récidive de tumeur du sein (20 centig.) ; 1 ponction du genou (3 centig.) ; 4 anthrax de la main (2 centig.). Dans ious ces cas l’anesthésie a élé tout à fait parfaite. Dans une opération pour corps étranger du genou, l’anesthésie de la peau a étéexcellente, mais celle de la capsule articulaire insuffisamment injectée a été médiocre. Le malade présenta en outre après l’opéralion une agitation assez intense qui n’eut d’ailleurs aucune suite fâcheuse. Ce sujet avait vingt ans et c’est un fait d'expérience que chez les sujels jeunes, l’anesthésie locale aussi bien à la cocaïne qu'à la stovaïne pro- voque souvent de l’agitation. C'est ce cas que je qualifie d’anesthésie assez bonne. SÉANCE DU 7 MAI 2774 Anesthésie lombaire. — Pour l’anesthésie lombaire, je me suis servi, dans toutes mes observations, de solutions au 1/10, soit de stovaïne pure, soit de stova-cocaïne à parties égales, soit de stova-cocaïne avec 2/3 de stovaïne. La dose a été, dans tous les cas, de 5 gouttes de solu- on, soit 2 centigr. 1/2 d'agent anesthésique. Les anesthésies à la stova-cocaïne, à parties égales ou aux 2/3, ont donné des résultats identiques et tout à fait semblables au point de vue de l’anesthésie, à ceux de la stovaïne pure. Sur 30 cas, l’anesthésie a remonté : À la cuisse : pied-bot. A l’épine iliaque : fistule stercorale, hernie inguinale, hémorroïdes, pyo- salpinx colpotomie, ablation de ganglions iliaques, fistule anale. Au-dessous de l’ombilic : hystérectomie abdominale, sarcome de la cavité de Retzius, hémorroïdes. A l’ombilic : prolapsus utérin, fistule auale, hémorroïdes, fistules de l’ure- tère, hernie inguinale. Au-dessus de l’ombilic : hémorroïdes, laparotomie exploratrice, hernie cru- rale, péritonite enkystée colpotomie, hystérectomie pour fibrome. Appendice ziphoïide : ovariotomie, suture de rotule, grossesse extra-utérine rompue, hystérectomie pour fibrome, fibrome utérin, hystéreetomie abdo- __ minale. “Milieu du sternum : tumeur récidivée du sein, kyste hydatique du foie. À la clavicule : hystérectomie pour fibrome. Aux membres supérieurs et cou : hystérectomie pour fibrome, cure radicale de hernie. Avec la stova-cocaïne comme avec la cocaïne, l’étendue de l’anes- thésie est très variable; on peut compter, d'une manière constante, que l’anesthésie atteindra au moins l’épine iliaque: Toutefois, dans mon observation de pied-bot, l’anesthésie n’a pas dépassé la partie infé- rieure de la cuisse. Ces anesthésies, très limitées, s'observent chez les sujets jeunes et très nerveux, comme c'était le cas ici. J’ai d’ailleurs observé des cas identiques avec la cocaïne pure. J'ai employé la stovaïne pure au 1/10 dans deux cas qui m'ont fourni deux échecs; dans l’un, il s'agissait d’une laparotomie pour pyosalpinx; dans l’autre, de varices du membre inférieur; l’anesthésie n’eut pas lieu. Ce fait s'explique par ceci, que la stovaïne avait précipité au con- tact du liquide céphalo-rachidien. M. Billon explique cette précipitation par l’alcalinité du liquide céphalo-rachidien. Il me proposa d'ajouter du NaCI à la stovaïne, et avec une telle solution j'ai obtenu de bonnes anesthésies, bien qu'il y ait eu encore un léger précipité. Biouocie. Compres RENDuSs. — 1904. T. LVI. 55 T2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE VALEUR DE LA STOVAÏNE COMPARÉE A LA COCAÏNE, par M. Caapur. À. Anesthésie locale. — Pour l’anesthésie locale, la stovaïne à 1 p. 200 présente un pouvoir analgésique sensiblement égal à celui de la cocaïne au même titre; l'expérience relatée plus haut consistant à anesthésier la moitié d’une ligne d’incision à la cocaïne et l’autre moitié à la sto- vaine au même titre est tout à fait démonstrative. Relativement à la toxicité, je suis disposé à admettre les conclusions de M. Billon,j'ai pu injecter 22 centigr. 1/2 de stovaïne à une malade qui n’a présenté aucune agitation ni aucun phénomène d'intoxication. La grande différence qui existe entre la stovaïne et la cocaïne, c'est que la première possède une action vaso-dilatatrice bien nette. Les rhinologistes apprécieront peu le saignement de la muqueuse nasale, saignement qu'on pourrait éviter par adjonction d’adrénaline; mais les chirurgiens auront tout avantage à employer un médicament qui, en les forçant à une hémostase rigoureuse, les garantira contre les hémorragies ultérieures. L'action vaso-dilatatrice est, d’ailleurs, peu génante, car elle ne dure pas plus de dix à quinze minutes. La vaso-dilatation de la stovaïne rougit la face des malades et en même temps congestionne leur bulbe; aussi n’observe-t-on jamais de syncopes opératoires ou post-opératoires avec la stovaïne. On peut même, comme je l'ai fait plusieurs fois, opérer les malades assis et les laisser levés après l'opération, à l'inverse de la cocaïne. En somme, la stovaïne locale présente sur la cocaïne les avantages suivants : analgésie égale, toxicité moindre, absence d’anémie bulbäire, possibilité d'opérer les malades assis et de les laisser lever après l’opé- ration. Le saignement des plaies est plutôt avantageux en chirurgie générale. B. Anesthésie lombaire. — Mes recherches confirment l'opinion de Billon, que la stovaïne pure précipite au contact du liquide céphalo- rachidien en raison de l’alcalinité marquée de ce dernier. Pour éviter cet inconvénient, il suffit d'ajouter du NaCI à la solution et de diluer celle-ci (solution à 5 p. 100 au lieu de 10 p. 100). La stovaïne lombaire procure une anesthésie aussi complète et aussi étendue que la cocaïne et ne s'accompagne pas d’anémie bulbaire. Quelques perfectionnements de technique m'ont permis d'obtenir presque constamment des anesthésies sus-ombilicales avec la stovaïne lombaire, permettant d'entreprendre toutes les opérations abdominales. Je reviendrai sur ce point dans une communication ultérieure. On pourrait craindre que sur des sujets prédisposés à l’hémorragie cérébrale, la stovaïne lombaire favorise l'hémorragie en question; la SÉANCE DU 7 MAI je cocaïne n'est pas sans inconvénient non plus, car il est possible que l’anémie de cerlaines régions ne favorise l'hypertension des vaisseaux cérébraux. Je crois que, dans l'espèce, il sera avantageux d’associer la stovaïne à la cocaïne, car ces deux agents paraissent additionner leur pouvoir analgésique en neulralisant leurs propriétés vaso-motrices, Conclusions. — L'action analgésique de la stovaïne locale à 1/200 est identique à celle de la cocaïne. La stovaïne est moins toxique que la cocaïne; elle a une action vaso-dilatatrice qui en congestionnant le bulbe supprime la syncope et permet aux malades d’être opérés assis et de se lever aussitôt après l'opération. Pure ou associée à la cocaïne, la stovaïne améliore considérablement l’anesthésie lombaire, car elle ne pâlit pas les malades et supprime les chances de syncope. La stovaïne lombaire permet d'entreprendre toutes les laparotomies, même les plus difficiles, et de les conduire à bien quand les malades ne sont pas trop émotifs. HYPOHÉMOGLOBINIE CARDIAQUE, par MM. JEAN Camus et PH. PAGNIEZ. - Nous avons dans une note antérieure (1) proposé le nom d’hypohémo- globinie musculaire pour désigner la pàleur des muscles dépendant de la diminution de leur hémoglobine propre (2). Sans nous dissimuler l’incorrection de ce terme, nous avons pensé qu'il pourrait être d’un emploi commode par son analogie avec les termes couramment employés aujourd’hui d'hyperglobulie et d'hypoglobulie. Nous appel- lerons done hypohémoglobinie cardiaque la diminution de la teneur en hémoglobine de la fibre musculaire cardiaque. Technique. — Nous avons opéré sur des chiens et la détermination de la teneur en hémoglobine de leur myocarde a été établie de la manière sui- vante : aussitôt après sacrifice de l'animal par piqûre du bulbe suivie de section des vaisseaux du cou, le thorax est ouvert. Le cœur, on le sait, con- tinue à battre pendant plusieurs minutes après la piqûre du bulbe; il peut donc être enlevé de la poitrine en plein fonctionnement. Une grosse canule est introduite dans la portion ascendante de la crosse de l’aorte et fixée solidement (1) Jean Camus et P. Pagniez. Hypohémoglobinie musculaire. Comptes rendus de la Société de Biologie, 16 avril 1904. (2) Nous avons déjà signalé à ce propos les recherches d'autres auteurs, en particulier de Lehmann : Untersuchungen über den Hämoglobingehalt der Muskeln, Zeitschr. f. Biologie, 1903. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = IN par une ligature. Cette canule est en relation par un tube de caoutchouc avec un récipient contenant une solution isotonique de NaCl à la température de 38 degrés. L’eau salée passe ainsi dans les coronaires et débarrasse le myo- carde du sang qu'il contient. Ce lavage est fait à une pression voisine de la pression sanguine. Dans ces conditions nous avons vu plusieurs fois le cœur du chien reprendre ses battements rythmés des ventricules et des oreillettes, et ceci chez des animaux n'ayant reçu aucune injection préalable pouvant agir sur le cœur. Nous attirons en passant l’attention sur ce fait qui n’est pas clas- sique, quand on opère, comme nous le faisions, avec une simple solution de NaCI. Nous avons même vu quelquefois les battements continuer longtemps après cessation du lavage et même encore d’une facon rythmique pour la pointe du ventricule séparée par section. Nous ne savons pas exactement à quoi est dû ce phénomène, nous avons seulement noté que. quelques de ces cœurs appartenaient à des animaux anémiques. Quand le lavagé est suffisant, le myocarde est haché finement aux ciseaux et mis à macérer à la glacière dans une quantité d’eau distillée froide tou- jours proportionnelle à la quantité de myocarde employée. Cette macération est prolongée pendant vingt heures ; au bout de ce temps le liquide est filtré sur papier et soumis à l'examen colorimétrique. Nous avons en résumé suivi la même technique que celle que nous avons déjà indiquée pour les muscles des membres, ayant aussi tenu compte dans plusieurs de nos examens de la quantité d'hémoglobine rapportée au poids de l’extrait sec du muscle. Le myocarde contient relativement moins d’hémoglobine que la plu- part des autres muscles; il est notablement moins riche par exemple que le droit de la cuisse sur lequel ont porté nos déterminations antérieures, mais il n'existe pas chez un même animal de rapport entre la richesse en hémoglobine du myocarde et du droit de la cuisse. De même que pour les muscles striés ordinaires on trouve, quand on détermine chez des chiens pris au hasard la teneur en hémoglobine du myocarde, des différences individuelles considérables. Nous avons vu pour les muscles des membres que l’âge influait manifestement sur cette teneur, puisque des écarts du simple au double, et mème plus grands, peuvent en résulter. Cetté influence de l’âge ne nous à pas paru aussi importante pour le myocarde. L’hémoglobinisation de la fibre muscu- laire parait plus tôt réalisée pour le myocarde que pour la fibre muscu- laire striée des muscles des membres. Nos expériences ayant porté sur quarante-cinq chiens, nous avons pu en opérant sur un groupe d'animaux de même âge présentant les appa- rences de la santé, établir une moyenne colorimétrique de la teneur du myocarde en hémoglobine. Nous avons ensuite cherché dans quelle mesure s'écartait de celle-ci le myocarde de chiens auxquels nous avions fait des saignées abondantes (la moitié de la masse sanguine par exemple). Ces animaux n'ont présenté aucune hypohémoglobinie immé- diate. Mais nous avons pu dans quelques cas obtenir une hypohémoglo- binie myocardique nette en soumettant des animaux à des saignées SÉANCE DU 7 MAI 775 répétées, combinées avec un jeûne relatif. Dans ces conditions, nous avons vu l’hémoglobine cardiaque diminuer d'un quart et d'un tiers par rapport au chiffre moyen. Dans ces expériences, la teneur en hémoglo- bine ne s’est pas trouvée en rapport constant avec le poids de l'extrait sec. De ces recherches nous pouvons donc conclure à l'existence d’une hypohémoglobinie cardiaque, quelquefois spontanée, mais qu’on réussit à provoquer chez le chien. Cette hypohémoglobinie cardiaque ne nous semble pas dépendre directement ou immédiatement de la richesse sanguine, mais plutôt être sous la dépendance des modifications de l'état général. Elle est indé- pendante, non proportionnelle à l’hypohémoglobinie des autres muscles. NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR LES EFFETS PROPHYLACTIQUES DE LA THALASSINE, par M. CHARLES RICHET. Je donnerai ici une nouvelle expérience confirmative de eeile que j'ai communiquée à la Société (20 février 190%, p. 302-303), sur les effets prophylactiques de la thalassine. Le 13 avril, trois chiens témoins reçoivent de congestine actinienne la même quantité par kilogramme, soit 0 gr. 0043. 0.0043 Gensonné meurt le quatrième jour. 0.0043 Rolandia survit. 4 0.0043 Barras meurt le deuxième jour. Cette dose de 0 gr. 0043 étant précisément la dose limite, déterminéé par des expériences antérieures, de la toxicité de la congestine. Le même jour trois chiens ayant préalablement reçu de la thalassine (prophylaxie) recoivent de la même congestine : ; Caylus 20007006 Chico AMEN 100006 Mirabeau . . . 0.0082 Ces trois chiens survivent, et même c'est à peine s'ils ont été malades. Par comparaison j'injecte le même jour à deux autres chiens ayant recu antérieurement de la congestine (anaphylactisante). Carine NE 0E 0026 Méridora … . . 0.0043 Carlin est tout de suite tellement malade qu’au bout d’une demi-heure après l’injection on le croit mort. Pourtant il se relève et ne meurt que 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le lendemain. Méridora, tout de suite après l'injection, est très malade: deux heures après, sa température n’est que de 35%5, et elle meurt dans la nuit. Je n'aurais pas publié cette expérience, qui confirme d’une manière saisissante celles que j'ai publiées déjà, si je n'avais un fait nouveau important à ajouter. En effet, le même jour, j'injectai trois autres chiens ayant recu successivement thalassine et congestine. Il s'agissait de savoir si, chez les animaux ayant reçu et la substance prophylactique et la substance anaphylactique, il y a prédominance, soit de l’une, soit de l’autre substance dans les effets consécutifs. Bourdaloue, Louis-le-Hutin, Amyot, qui avaient recu, depuis plus d'un mois, une dose forte de la congestine, après avoir été prophylactisés par la thalassine, reçoivent tous trois la même dose de congestine, 0 gr. 006; et ils sont tous trois aussitôt extrêmement malades. Deux heures après l'injection, Louis-le-Hutin a 32°5, et il meurt dans la nuit; Amyot (39°) meurt aussi dans la nuit; PBourdaloue meurt dans la journée suivante. Par conséquent, des deux substances introduites dans l'organisme, c’est la substance anaphylactique qui avait prédominé, et annihilé les effets de la substance prophylactique. Enfin une autre expérience montre que la cons ChAMEe à 105 degrés pendant cinq minutes n’a perdu qu’une partie de sa viru- lence. Mavoisel ayant antérieurement (5 février) reçu de la congestine recoit 0,0082 et meurt dans la nuit. Barnavia, chienne témoin, recoit 0,0132, et, ‘quoique ayant été assez malade, ne meurt pas. Par conséquent, les chiens anaphylactisés demeurent très sensibles à l’action de la con- gestine même chauffée à 105°. Ninon et Gorenflot, ayant recu de la thalassine survivent à 0,0% de congestine chauffée. Couthonia, chienne témoin, survit à 0,0165. Louis XV, témoin, meurt après 0,016. Nous pouvons donc faire le tableau suivant pour la congestine chauffée : Mavoisel (congestine antérieure), 0.0082 Mort. Ninon (thalassine antérieure) . 0.022 Survit. Gorenflot (id...) AD 2022 PPSULVILE Barnavia témoin 0.013, Survit. Couthonia — NE EMA ESUTVLEE Louis XV — à AU UP TDAOID 2 Meunie La thalassine préserve donc aussi bien contre la congestine chauffée que contre la congestine non modifiée par la chaleur. La durée de l’effet pruritant de la thalassine est considérable. Même au bout de trois ou quatre mois après l'injection, certains chiens ont gardé un prurit intense, et on les distingue facilement, par cela même, des chiens non injectés. SÉANCE DU 7 MAI Tel Ce qui prouve que la thalassine ne disparaît pas de l'organisme (ou qu’elle se reproduit ??), c’est que le sérum des animaux anciennement injectés de thalassine provoque des démangeaisons très vives quand il est injecté à des chiens normaux. DE LA THALASSINE PRURITOGÈNE CHEZ LES CREVETTES (Crangon), par M. CHARLES RIcHET. J'ai pu retrouver dans le corps des crevettes la substance cristallisable que j'ai appelée thalassine et qui donne aux actinies leur propriété urti- cante et pruritante. J'ai pu caractériser la présence de la thalassine aussi bien par ses propriétés chimiques que par ses propriétés physio- logiques. Il semble que la préparation de la thalassine avec le corps des crevettes soit plus facile qu'avec les actinies. Voici comment il a été procédé. La préparation est fondée sur ce fait que la thalassine, en solution aqueuse froide, se précipite par l'alcool avec les matières albuminoïdes. “15 kilogrammes de crevettes fraîches (encore vivantes) sont broyées inti- mement avec un mélange à parties égales d’eau et d’alcool à 95 degrés. La masse bien agitée est filtrée et, après filtration, le résidu est soumis à la “presse; le liquide qui exsude est filtré, et mélangé au filtrat primitif. Le tout est alors soumis à la distillation dans le vide à une température qui ne dépasse pas 35°. Lorsque tout le liquide a été réduit de manière à ne plus faire que 4 litres environ, on le précipite par trois fois son volume d'alcool à 95 degrés. On a un précipité abondant qui contient la thalassine, les albu- mines et peptones solubles dans l’aicool dilué, mais insolubles dans l'alcool à 66 degrés. Alors on traite la masse précipitée, et rapidement desséchée, par une petite quantité d'eau tiède; on malaxe à plusieurs reprises et on filtre. Le liquide filtré, additionné de chloroforme et de benzine, pour qu'il n’y ait pas d’altéra- tions, est de nouveau évaporé à consistance demi sirupeuse, et on le précipite par son volume d'alcool à 95 degrés. IL se précipite encore de la congestine; la thalassine reste en solution. On filtre de nouveau et on obtient alors un liquide faiblement coloré qu’on concentre dans le vide pour l’amener à con- sistance franchement sirupeuse. Alors on le mélange avec deux ou trois fois son volume d'alcool absolu, et la thalassine se précipite sous la forme de flo- cons blancs, qu’on peut après une ou deux précipitations obtenir tout à fait incolores, et qui cristallisent par refroidissement de leur solution alcoolique chaude. Cette thalassine semble être très abondante chez les crevettes puisque, avec À. Perret, j'ai pu en extraire environ 5 grammes de 718 SOCIÉTÉ DE PIOLOGIE 15 kilogrammes de crevettes. Comme 15 kilogrammes de crevettes ne représentent guère que 4 kilogrammes de matières solides, on voit que, même en supposant qu'il n’y ait pas eu de perles, ce qui est extrême- ment peu vraisemblable, cela fait, au minimum, 0,1 pour 100 grammes de matières solides. Mais, d'après les réactions physiologiques du liquide primitif, il ya lieu de penser qu'il y a au moins 0,5 de thalassine dans 100 grammes de matières solides du corps des crevettes. Cette thalassine possède toutes les propriétés chimiques de la thalas- sine des Actinies. Elle est soluble en toutes proportions dans l’eau, se dissout un peu dans l'alcool absolu brillant, et cristallise par refroidis- sement. Elle se sublime en se décomposant partiellement et en don- nant de l’ammoniaque et des composés ammoniacaux. Injectée à des chiens, elle provoque, à la dose très faible de 0 gr. 0001 par kilogramme, un prurit intense, avec excitation générale, démangeai- sons violentes, éternuements, etc. Il est donc maintenant possible de préparer de notables quantités de thalassine ; de sorte que l'étude chimique de cette substance pourra être poussée plus loin qu'il ne m'avait été donné de e faire, par suite de la petite quantité de substance que j'avais réussi à extraire des Actinies. Ainsi il est démontré que les Actinies et les crevettes contiennent de la thalassine; des expériences, inachevées encore, semblent prouver qu'il en existe dans les moules, et dans le liquide des kystes hyda- tiques. On peut donc supposer que c'est une substance très répandue . dans les organismes, et que c’est elle qui est la cause immédiate, sinon unique, des prurits toxiques divers observés dans les conditions les plus différentes. OSTÉOMALACIE EXPÉRIMENTALE CHEZ LE LAPIN, par MM. Moussu et CHARRIN. Il existe chez les animaux domestiques des espèces chevaline, bovine, caprine et porcine, une maladie qui est désignée sous les appellations de cachexie osseuse ou d’ostéomalacie. Cette maladie sévit de préfé- rence durant les années de sécheresse et de disette fourragère sur les vaches et les chèvres, mais on l’observe presque-en permanence à l’état enzootique sur l'espèce porcine. — Chez le cheval, au contraire, elle ne. cause des pertes importantes que dans nos colonies de Cochinchine et de Madagascar, sur des chevaux d'importation française ou algérierne vivant avec les ressources du pays. L'un de nous à établi le parallèle qui existe entre les symptômes évo- SÉANCE DU 7 MAI 779 - lutifs chez les différentes espèces, et montré qu'il s'agissait vraisembla- blement d’une maladie unique, dont la cause était jusque dans ces der- nières années considérée comme d’origine exclusivement alimentaire (1). Des observations poursuivies sur l'espèce porcine nous ont permis d'affirmer : 1° Que la théorie de l'insuffisance alimentaire ne pouvait expliquer tous les cas observés, et ; 2 Que la coexistence de la maladie sur un assez grand nombre de sujets d'une même exploitation d'élevage, ou d'exploitations différentes, ne pouvait trouver son unique raison dans le régime nutritif. Des recherches expérimentales poursuivies depuis 1900 chez l’espèce porcine nous ont permis de démontrer d'autre part : 1° Que la transmissibilité de la maladie peut être obtenue par séjour prolongé de sujets d'expérience dans un local piece nent habité par des malades et infecté; % Que la transmissibilité est réalisée par cohabitation prolongée entre malades et sujets sains; 3° Que l'évolution expérimentale de la maladie est obtenue directement par l’inoculation à des sujets réceptifs d’émulsions de moelle osseuse de malades sacrifiés au cours de la période aiguë. ‘Les inoculations de sang à une période quelconque de la maladie, et les inoculations de moelle osseuse en dehors de la période aiguë, ne nous ont donné que des résullats négatifs. D'ailleurs la baie n'avait pu être réalisée au début que chez les espèces caprine et por- cine. Nous désirons vous montrer aujourd’hui des pièces caractérisant l’évo- lution expérimentale de l'affection chez le lapin. — Sur les fragments de squelette que voici, scapulum, os du bassin, tibia, etc., il est facile de s'assurer par la simple palpation que les os sont comme spongieux, très mous et flexibles au point que, pour le scapulum, on peut réunir le bord supérieur de l'os à la cavité glénoïde. — Mais les lésions sont encore plus démonstratives par l'examen de la tête du sujet qui a fourni ces pièces. La plus petite pression permet d’aplatir la région du chan- frein ou de déprimer la région cranienne. Il semble que les os ne soient plus formés que par des plaquettes élastiques qui se soumettent à toutes les inflexions qu’on leur imprime. On peut notamment mettre la région de la face à angle droit sur la région cranienne. L'état ostéomalacique ne peut donc être mieux caractérisé. Ces pièces ont été conservées dans une solution de chloral, pour que (1) Moussu. « Traité des maladies du bétail. » Librairie Asselin et Houzeau, Paris, 1902. 780 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'action chimique du liquide conservateur ne puisse modifier la carac- téristique des lésions (1). Voici maintenant un lapin encore vivant, qui vous montrera les mêmes altérations osseuses ostéomalaciques. Ge malade ne peut plus marcher, à peine manger, et c'est parce que nous estimons qu'il succombera d’ina- nition d'ici quelques jours que nous avons tenu à le présenter. — Par la palpation et la pression des différents points de la région céphalique on acquiert immédiatement la conviction que les os sont totalement ramollis, aussi flexibles que sur les pièces squelettiques précédentes. La face peut être infléchie à droite et à gauche sans la moindre difficulté, presque perpendiculairement au plan médian céphalique. Dans ces con- ditions le malade ne peut plus se nourrir, ses mâchoires n’offrent plus la résistance voulue pour qu'il puisse broyer ses aliments, et il succombera sûrement d'ici peu. L'évolution de cette affection chez le lapin paraît être très tot car le malade que voici a été inoculé il y a plus de cinq mois. Rien durant les premiers mois ne semble caractériser, en apparence, la marche pro- gressive de l’altération osseuse. Les recherches concernant la caractéristique de l’élément pathogène ne nous ont encore rien donné de certain ; peut-être arriverons-nous à un meilleur résultat s’il nous est possible d'entretenir la maladie sur de petits sujets tels que le lapin. En tout cas, ces expériences apportent à l’étude de la maladie une notion nouvelle qui peut être mise à profit pour sa prophylaxie. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. Nombre de votants : 43. Ont obtenu : MM: Vincent. 22 2 DE LE 26 voix Elus NiclOux: 5 2 PR ER ICE Nictor Henvi HE or Lee (1) Des lésions comparables ont été réalisées expérimentalement par divers auteurs, sur des rats et des souris, particulièrement par Petrone, Morpuryo, Arcangeli et Fiocca, etc. (38) | 181 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX SÉANCE DU 3 MAI 1904 SOMMAIRE PéREz (Cx.) : Sur les sphères de ritons, AU AMENER An ET 183 granules dans la métamorphose des SIGALAS (C.) : Sur la constance du NUS Ce SAMIR ES U A A te 181 | volume de quelques liquides orga- Pérez (Cu.) : Résorption phagocy- niques pendant la coagulation . . . 184 taire des spermatozoïdes chez les Présidence de M. Pérez, Vice-Président. SUR LES SPHÈRES DE GRANULES DANS LA MÉTAMORPHOSE DES Muscines, # par M. CH. PÉREZ. Les mémoires récents relatifs à l’histolyse nymphale des Insectes laissent percer un sentiment de suspicion de moins en moins dissimulé à l'égard de l'interprétation phagocytaire établie sur les beaux travaux de Kowalevsky et de Van Rees. Et au fur et à mesure que s'accumulent de nouveaux travaux relatifs aux résorptions cellulaires de la métamor- phose, on ne peut nier que toute notion générale se perd dans le chaos croissant des affirmations contradictoires. Aussi m'a-t-il paru nécessaire de reprendre encore une fois à nouveau ce sujet, pourtant déjà si souvent abordé, de l'histolyse musculaire chez les Mouches ; et je tiens à affirmer tout de suite que les résultats obte- nus par une technique perfectionnée sont la confirmation la plus écla- tante des vues annoncées dès 1887 par A. Kowalevsky. La résorption des muscles larvaires a lieu par l’action des phagocytes leucocytaires ; cette destruction est totale, en ce sens qu'elle porte à la fois sur le myoplasme et sur les noyaux d’un muscle qui disparait. J’ai cherché à me rendre compte des erreurs d'interprétation que je pouvais relever dans les travaux antérieurs, et il m’a paru qu’une cause de méprises particulièrement fréquentes réside dans le procédé même PE ANR REA RER En D ARE LUE VO Nr FIN & ’ L ATK A L' 4 782 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (39) des coupes, généralement employé par les auteurs. Les phagocytes gorgés d’'inclusions, les sphères de granules comme on les appelle, atteignent en effet des dimensions telles (40 &), que l’un de ces éléments se trouve fréquemment distribué par tranches dans plusieurs coupes consécutives. Son noyau, souvent rejeté par les inclusions dans une situation excentrique, peut être enlevé avec une calotte polaire, qui n’attire pas l'attention; au contraire les sections plus larges, parce que plus voisines d’une position diamétrale, et attirant par cela même davantage l'attention des yeux, se montrent bien souvent privées de cetimportant élément morphologique, qui caractérise leur individualité. Oublie-t-on que l’on a dans la préparation une tranche et non une cellule entière, la conclusion erronée se présentera qu'il existe des amas de sarcolytes sans noyau leucocytaire, qu'il y à une désintégration spontanée du muscle, sans phagocytose. Je me suis en conséquence astreint à remplacer, autant que possible pour l'étude des sphères de granules, le procédé des coupes par celui des frottis. Il permet, comme on sait, l’observation complète d'éléments entiers étalés en surface, et fournit des préparations au plus haut degré démonstratives, qu'il n'existe pas une seule sphère de granules sans noyau leucocytaire attestant sa première origine. L'étude attentive des frottis met en évidence une autre cause d'erreurs. Les noyaux musculaires englobés se transforment par dégénérescence en boules compactes, qui, en raison de leur difficile élaboration par digestion intracellulaire, conservent longtemps leur affinité élective pour les colorants de la chromatine. Ils obscurcissent les sphères de granules de boules fortement colorées, opaques, qui souvent peuvent occulter par conjonction le propre noyau du phagocyte, dont le réseau chromatique très délié est au contraire d’une couleur beaucoup plus pâle. Mais, ’sur ce point encore, l'examen de préparations bien réussies ne peut laisser. subsister le moindre doute pour aucun histologiste. Seul ce noyau leuco- cytaire présente une structure chromatique indéniable, seul il est un véritable noyau; les inclusions chromatophiles foncées n’ont jamais aucune structure nucléaire; elles ne sont que des boules de dégéné- rescence ; leur morcellement progressif en boules de plus en plus petites ne peut pas être interprété comme une prolifération d'éléments jeunes et vivants, pas plus que leur affinité persistante pour le vert de méthyle, par exemple, ne suffit à les faire considérer elles-mêmes comme des noyaux. J'ajouterai, d’ailleurs, que je n’ai réussi à trouver dans mes prépa- rations aucun indice permettant de croire à la naissance de tissus ima- ginaux (muscles ou cellules adipeuses) aux dépens de ces anciens caryolytes. Les muscles imaginaux, en particulier, sont entièrement néoformés aux dépens d’histoblastes préexistants et solidaires des ébauches épidermiques des appendices; ou bien ils résultent d'une (40) SÉANCE DU 3 MAI 183 transformation sur place, et sans aucune immigration, de muscles larvaires (abdominaux). Le fait le plus saillant est dans ce cas une - division multiple des noyaux larvaires ; et, pas plus dans cette transfor- mation que dans la résorption des muscles qui disparaissent, on ne peut attribuer aucun rôle à la prolifération des jeunes trachées ima- ginales. Quant aux nappes adipeuses imaginales, qui dériveraient aussi, d'après Berlese, des anciens noyaux musculaires, je me borne à signaler ici que cet auteur a méconnu les ænocytes qui les accompa- gnent. Il à interprété ces cellules binucléées comme des stades transi- toires de la prolifération des cellules grasses imaginales, alors que ce sont, au contraire, des éléments d’une catégorie toute spéciale, qui, d'une manière très précoce acquièrent, pour le conserver définitive- ment, cet état binucléé qui est un des signes de leur différenciation histologique. (Communicalion accompagnée de démonstration de préparations.) -. RÉSORPYION PHAGOCYTAIRE DES SPERMATOZOÏDES CHEZ LES TRITONS, par M. Cu. PÉREZ. J'ai observé, chez des Tritons capturés au moment de la maturité sexuelle et conservés en captivité, des phénomènes de résorption pha- gocytaire des spermatozoïdes, qui me paraissent intéressants à signaler. Je mets, en particulier, sous Les yeux de la Société, des préparations d’un testicule de Molge vulgaris (L). On voit tout de suite, même à un faible grossissement, la glande se décomposer en trois régions bien distinctes : dans l’une, les noyaux serrés des spermatogonies sont au repos ; on ne trouve que de rares mitoses, et l'on aperçoit plutôt les bourgeonnements directs de ia préspermatogenèse, dans l’autre la spermatogenèse est achevée ; et les spermatozoïdes, groupés d’une manière dense en faisceaux contournés, distendent au maximum leur enveloppe de cellules folliculaires (Cystenzellen). Enfin, entre ces deux régions, une ou deux assises de lobules se font remarquer par leur dis- tension moindre, par l’absence plus ou moins complète de sperma- tozoïdes intacts, par l'aspect de leur contenu grenu, finement ponctué de noir par des gouttelettes grasses fixées à l'acide osmique. C'est cette région intermédiaire qui, examinée à un fort grossisse- ment, montre toutes les étapes de la résorption des éléments mâles. Celle-ci à lieu par englobement et digestion à l’intérieur des cellules folliculaires. L’enveloppe syncytiale qu’elles constituent envahit pro- 184 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 01). gressivement l’intérieur du lobule testiculaire, en empiélant sur sa cavité, et forme une sorte de plasmode, qui dissocie les faisceaux de spermatozoïdes, déchiquèle ces éléments et les englobe par fragments à son intérieur. Le plasmode se remplit ainsi d'inclusions polymorphes : les unes, globuleuses, prenant les colorants cytoplasmiques, dérivent sans doute des parties protoplasmiques des éléments mâles: et ce sont elles seules, sans doute, dont la digestion ultérieure donne naissance aux gouttelettes grasses déjà signalées. Au contraire, les tronçons de la tête des spermatozoïdes, en raison de la digestibilité difficile inhérente à leur nature nucléaire, persistent fort longtemps reconnaissables sous forme d'inclusions filiformes, contournées, vermiculaires, fixant tou- jours avec une certaine électivité les colorants de la chromatine. Le terme le plus évolué présenté par ces préparations montre le remplace- ment complet d'un lobule testiculaire par un petit ABS conjonctif chargé d'inclusions grasses. Ce processus est en somme l’homologue exact de celui que J'ai décrit pour la résorplion des ovules de ces mêmes animaux; les seules diffé- rences liennent aux différences histologiques mêmes du testicule et de l'ovaire, à la taille relative en particulier des cellules folliculaires et des ovules ou des spermatozoïdes; elles entraînent des variations notables dans l'aspect des préparations, mais ne sauraient affecter la significa- tion générale d'un seul et même processus. Au reste, les Tritons sont loin d'être à ce point de vue un exemple isolé dans le règne animal; plusieurs cas analogues ont été déjà décrits . dans des groupes divers. Dans le cas actuel, la taille des éléments pha- gocytaires donne à certains égards aux phénomènes une netteté particu- lière; par contre, la taille et la forme très allongée des éléments phago- cytés entraîne une difficulté spéciale à interpréter sur des coupes les stades initiaux du processus atrophique. (Communication accompagnée de démonstration de préparations.) SUR LA CONSTANCE DU VOLUME DE QUELQUES LIQUIDES ORGANIQUES PENDANT LA COAGULATION. par M. C. SicaLras, L'élude des phénomènes physiques qui accompagnent la coagulation des liquides organiques a souvent tenté les biologistes cherchant des données susceptibles d'éclairer le mécanisme intime de la coagulation. M. Jolyet et moi avons montré, en 1893, que la coagulation du sang se fait sans dégagement de chaleur appréciable. Ce résultat a été (42) E SÉANCE DU 3 MAI 185 confirmé, en 1900, par MM. Chanez et Doyon qui ont montré, en outre, qu’il en est de même dans la coagulation du lait sous l'influence de la présure. Les mêmes auteurs n’ont pas observé non plus de phénomène électrique — même de l’ordre du 1/4.000 de volt — dans la coagulation du sang et du lait. Enfin, en 19014, M. G. Galeotti, s'adressant à la con- ductibilité électrique, est arrivé à cette conclusion que « pendant la coagulation enzymatique du sang il se produit une diminution, probable- ment sous la dépendance de combinaisons chimiques accompagnant le phénomène, tandis que la coagulation par la chaleur ne provoque aucune variation de conductibilité » (Lo Sperimentale — 1901, p. 812). Reprenant des mesures dans cette voie, nous avons été amené à nous demander tout d’abord si la coagulation des liquides étudiés s’accom- pagnait d’une variation de volume. À priori et considérant simplement le changement d'état physique plus ou moins comparable à la solidification d’un liquide, on peut penser qu'il se produit une variation de volume, mais il est difficile de prévoir le sens de cette variation; si, en effet, la plupart des liquides se con- tractent au moment de la solidification, d’autres, par contre, tels que l’eau, la fonte, le bismuth, subissent une dilatation. Voici comment nous avons procédé : le liquide d'essai, maintenu depuis un certain temps à une température déterminée, était introduit dans un ballon en verre également maintenu à température constante et surmonté d’un tube étroit dans lequel le liquide au moment du bou- chage du ballon plein atteignait un certain niveau. Dans la plupart de nos expériences, nous nous sommes servi d'un ballon d'environ 250 cen- timètres cubes, muni d’un tube dans lequel l'addition de À goutte d'eau — soit 1/20 de centimètre cube — produisait une dénivellation nettement appréciable au viseur à échelle micrométrique que nous utilisions pour nos lectures. Nous pouvions ainsi apprécier une variation de l’ordre de 1/20 : 250, soit 1/5.000. Nous avons successivement opéré : 1° Sur des solutions de gélatine, à 4 ou 5 p. 100, qui étaient intro- duites dans le ballon, à l’état liquide, sans aucune addition, et dont la gélification ne se produisait qu'au bout d’un certain temps. 2 Sur du plasma oxalaté (cheval) dont on remplissait le récipient après avoir répandu sur $es parois intérieures la quantité de solution de chlorure de calcium nécessaire pour rendre possible la coagulation ultérieure. 3° Sur du lait (généralement de brebis) qu'on versait dans le ballon après y avoir préalablement introduit la quantité voulue de présure. Ici, pour que la lecture se fasse avec précision, on ajoutait dans le tube deux ou trois gouttes d'huile de vaseline dont le ménisque se détachait beaucoup plus nettement que celui du liquide lacté. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX | Les résultats des expériences que nous avons faites, dans ces con tions, sur ces trois catégories de liquides, ont toujours été concordants A température constante, la Aou on de la gélatine, la coagulation du plasma sanguin et celle du lait ne S'accompagnent d'aucune variation de volume appréciable. \ Le Gérant : OCTAVE PORÉE. HUE Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU AcuArD (CH.) et GaiLLaARD (L.) : Sur la transsudation de chlorures provoquée par l'injection d'autres substances dans les séreuses et daus les muqueuses . . . . . . . .. Acuarp (Cx.) et CLErc (A.) : Sur l'abolition du pouvoir lipasique du sérum par le chauffage et sa régéné- ration par l'addition de sérum frais. Bonn (GEORGES) : Intervention des influences passées dans les mouve- ments actuels d'un animal Box (GEORGES) : Intervention des influences passées dans la résis- tance à l’inanition d’un animal. . . M. et Mue BourGuIGnon : Formes microbiennes du muguet. . . . . .. CarVALLO (J.) : Table d'expérience pour le chien, le chat et le lapio. . Cierc (A.) : Ferments digestifs de quelques Echinodermes DasrRe : À propos de la commu- nication de M. R. Dubois Dopter (Ca.) : Sur l’agglutination des streptocoques recueillis chez les SGARJATIEUX AE ER AIO OMOMOMCMIONONO 0200 45208: 14 MAI 1904 SOMMAIRE SI1 Dupois (RAPHAEL) : Sur la cytogé- NÉSERMINETA LE D NP EN ANES : FranGors-Franck : Phrénographes etpneumographes différentiels. Etu- des graphiques et photographiques COMITÉ SEAT ADN UN ETES FRouIx (ALBERT) : Sécrétion et ac- tivité kinasique du suc intestinal ChezMES DOTE NN PSE LErÈvRE (J.) : Sur une transfor- mation de la formule de Chauveau. LESAGE : Phénomènes ‘d'accoutu- mance du cœur du chat à l’adréna- LRO RS PP ARE Pa ee Rene MaureL (E.) : Evaluation approxi- mative de la quantité minima de soufre urinaire et de la quantité mi- nima de cette substance nécessaire à l’organisme dans les conditions de la ration moyenne d'entretien. . Ropet (A.), LAGRIFFOUL et ALy Wamgy : La toxine soluble du ba- Cle AEDErt he 0 A AU Vaquez et AuserriN : Nature de l’anémie spiénique myéloïde , ... Présidence de M. O0. Larcher, vice-président. 781 805 802 806 807 806 SUR L AGGLUTINATION DES STREPTOCOQUES RECUEILLIS CHEZ LES SCARLATINEUX, par M. Cu. Doprter. Les travaux de Moser et de ses collaborateurs sur la sérothérapie anti- scarlatineuse, quelques résultats paraissant concluants, concernant l'agglutination des streptocoques de scarlatineux, obtenus par certains auteurs, ont contribué à tenter de rendre au streptocoque des scarlati- neux le pouvoir scarlatinogène qui lui avait été contesté. Récemment, MM. Hasenkoïf et Salge, opérant non plus avec du sérum d'animal BIOLOGIE. ComPTES RENDUS. — 1904. T, LVI. 56 188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE immunisé, mais avec du sérum de scarlatineux, ont pu arriver aux constatations suivantes : Le streptocoque, isolé de la gorge, du sang, des viscères de scarlati- neux, est agglutiné à des taux variables, suivant la période de la maladie, par le sérum de scarlatineux, et rien que par le sérum de scarlatineux. Inversement, ce même sérum reste inactif vis-à-vis du streptocoque venant de malades atteints d'angines, de suppurations, d'érysipèle, etc. Il résultait de cette double notion : 1° la spécificité de cette variété de germe; 2° la possibilité d'établir rapidement au lit du malade un diagnostic ferme dans les cas douteux, et principalement dans les cas de scarlatine qui ne se manifestent que par une angine, sans exanthème. Grande devait être l'importance de pareils faits, si la confirmation en était apportée. Dans ce but, j'ai entrepris des essais d’agglutination avec 20 échan- tillons de streptocoques de scarlatineux, dont 2 provenant de Vienne, et 5 échantillons de streptocoques venant d’abcès, d'érysipèle, de septicé- mie et de deux angines banales. | Sur ces 25 streptocoques, j'ai fait agir 18 sérums de scarlatineux prélevés à différentes périodes de leur maladie : au début, à la fin du 1 septénaire, au cours de la 2°, 3, 4°, 5° et 6° semaine. Le taux de l’agglulination cherchée a été d’au moins 1/20. Sans vouloir entrer dans le détail des faits, mes constatations ma- croscopiques et microscopiques m'autorisent à poser les conclusions suivanles : 1° Un streptocoque de scarlatineux est habituellement agglutiné par le sérum du malade qui l’héberge de 1/20 à 1/100 environ. 20 Le streptocoque recueilli chez un scarlatineux peut être agglutiné à 4/80, à 1/100 par divers sérums de scarlatineux; mais les résultats ne sont pas constants. En admettant même que le pouvoir agglutinant du sérum puisse varier suivant la période de la maladie à laquelle il a été prélevé, on constate cependant qu'un sérum recueilli au 2° septenaire, agglutine nettement 12 échantillons sur 20, et reste inactif sur les 8 autres. 3° Tel sérum de scarlatineux agglutinant divers échantillons de streptocoques de scarlatineux, possède la même action sur un streplo- coque provenant d’un abcès ou d’un érysipèle. Inversement, sur 5 sérums venant de malades atteints d’angine vulgaire à streptocoque, d'érysipèle, etc., et n'ayant pas eu de scarlatine antérieure, 2 d'entre eux agglutinaient certains streptocoques de scar- latineux. Ces constatations, rapprochées de ce fait qu'un sérum de cheval immunisé contre le streptocoque de scarlatineux agglutine à des taux même très élevés toute espèce de streptocoques (Aronson, Menzer, elc), SÉANCE DU 14 MAI 7189 permettent de supposer que la scarlaline ne reconnait pas pour cause la variété de streptocoque à’qui on a voulu conférer la spécificité scarlati- neuse, et que le germe pathogène de cette maladie éruptive est encore à trouver. Le rôle joué par le streptocoque dans la scarlatine n’est donc toujours qu'un rôle d'agent d'association secondaire. À (Travail du Laboratoire de Bactériologie du Val-de-Grüce.) INTERVENTION DES INFLUENCES PASSÉES DANS LES MOUVEMENTS ACTUELS D'UN ANIMAL, par M. GEoRGEs Bonn. J'ai indiqué précédemment qu'il faut considérer les curieux mouve- ments oscillatoires des Convoluta comme un souvenir des oscillations de la marée. Je vais montrer que les mouvements des embryons et des ‘tétards de la Rana temporaria et du Bufo vulgaris sont influencés mani- festement par l’éclairement auquel ont été soumis les œufs. 1° Les embryons de ana éclos depuis deux à trois jours, ceux de Bufo éclos depuis trois à six jours ont tendance, gràce aux mouvements ciliaires, à s'élever contre les parois verticales et à gagner la surface de l’eau. Voici la proportion pour cent des individus situés contre les .parois verbicales (vases et eau identiques). RANA BUFO Deux jours Trois jours UM AA ( Embr. à la lumière . . . . 9 0 OEufs insolés (12 h.) ? Embr. dans l'obscurité. . . 20 (] ; eUtEmMbr alla lumiere MEN ou 20 OEufs dans l'obscurité ) Embr. dans l'obscurité. . . 60 50 Moins l’œuf a été éclairé, plus l'embryon gagne facilement les régions où l’éclairement est le plus intense; il en HE une sorte de compen- salion. 2° Il en est encore de même lorsque les mouvements musculaires se sont substilués aux mouvements ciliaires. Les tétards provenant d'œufs qui ont évolué dans l'ombre nagent fréquemment près de la surface de l'eau; de même ceux qui se sont formés derrière un double écran du chlorophylle restent immobiles près de la surface (Biologie, 7 mai) et de préférence dans les régions les mieux éclairées. 790 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3° Un mois après l’éclosion, la répartition des tétards par rapport aux régions éclairées et aux régions obscures est influencée par l’éclaire- ment auquel ont été soumis les œufs et les embryons. Dans plusieurs séries de très nombreuses expériences, les tétards ont été disposés dans des vases allongés (23 cm. X 3 cm.) dont une moitié était éclairée et l’autre placée dans l’obscurité (enveloppe de papier noir); ils ont été observés depuis le matin, après le repos de la nuit, jusqu'au soir; ils allaient de l'ombre vers la lumière et de la lumière vers l'ombre, s'agitant à la lumière, se reposant plus ou moins long- temps dans l'ombre; aussi la proportion pour cent des individus situés à un instant donné à la lumière variait, comme l'indiquent les tableaux suivants : SOLEIL de midi dt | > MATINÉE SOIRÉE Os. I. — Tétards de Bufo. || OEufs insolés. Embr. et tèt. élevés dans l'O bSCULITE AMEN ANA ER Er ED 29 || OEufs dans l'obscurité : Embr. et têt. élevés à la lumière . .| 33 ee — dans l'obscurité.| 66 SOLEIL DE MIDI et après l'insolation OR OS MATINÉE SOIRÉE Os. 11. — Tétards de Rana en voie d'inanition. OEufs à la lumière : Embr. insolés. Têt. élev. à la lumière. 18 | Ermbr. et têt. élevés dans l'obscurité. 30 H OEufs dans l'obscurité : | Embr. et têtards élevés à la lumière. 20 Embr. et têt. élevés dans l'obscurité. 53 Plus l'œuf et l'embryon ont été éclairés, plus le tétard de un mois reste longtemps dans l'ombre; il y a encore compensation. De nombreuses expériences faites à la lumière diffuse, aussi bien pendant la soirée que pendant la matinée, ont concordé. Seule une insolation intense a troublé le phénomène; dans l'observation 1, les tétards de Pufo insolés à midi fuient tous vers l’ombre, sauf un cerlain nombre de la seconde caté- gorie, qui restent fatigués le reste de la journée; dans l'observation 2, les télards de ARana fuient également, sauf un certain nombre de la pre- mière catégorie, épuisés au point de ne plus se nourrir que très diffici- lement, et un certain nombre de la dernière catégorie qui recherchent avidemment la lumière dont ils ont été privés, mais qui restent fati- _gués un certain temps. SÉANCE DU 14 MAI 791 À part les effets variables d’une insolation subite, tous les résultats concordent et conduisent à cette conclusion remarquable : si, au cours de son développement, l'organisme a subi une variation d'éclairement dans un sens, dans la suile il tend à se placer dans les conditions où il peut subir la variation inverse. On retrouve là un nouvel aspect de la loi de constance lumineuse formulée par R. Quinton. (Revue des idées, 15 janvier 1904, p. 47.) INTERVENTION DES INFLUENCES PASSÉES DANS LA RÉSISTANCE A L'INANITION D'UN ANIMAL, par M. GEORGES Bonn. Le tableau suivant indique ce que sont devenus un certain nombre de têtards dont les œufs ou les embryons ont été soumis à des variations d’éclairement. 30€ Jour 9e Jour 20e Jour TN Ë après l’éclosion. illimètr illimètres: PC millimètres millimètres OEufs insolés : Embr. à la lumière . . . . 15 11 Mort. Embr. dans l'obscurité . . 1% 14 Mort. OEufs dans l'obscurité : Embr. à la lumière. . . . 11 52m Embr. dans l'obscurité . . 12 corps—5,5X3,5 Bufo : OEufs insolés : Embr. à la lumière. . . . 1 Mort 13mm Embr. dans l'obscurité . . : corps —5X2,ù OEufs dans l'obscurité : : Embr. à la lumière. . . . 12mm corps —5X3 13mm (J Embr. dans l'obscurité . . dk corps —7X4,5 1° Les têtards provenant d’œufs qui ont été insolés pendant quelques heures, privés d'aliments, meurent rapidement d’inanition s'ils sont placés à la lumière, moins rapidement s'ils sont placés à l'ombre; mais dans ce dernier cas, tout phénomène de croissance est arrêté à partir du neuvième jour (/ana) ou du vingtième jour (Bufo). 2° Les têtards provenant d'œufs qui ont évolué dans l'obscurité continuent à croître, puis s'arrêtent (Rana) ou se transforment (Bufo\ : dans ce dernier cas, en effet, le corps continue à s’accroitre aux dépens 7192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la queue qui se réduit notablement, et cela surtout à l'obscurité; il en résulte des têlards à gros corps et à queue très courte, et qui ont une vitalité très grande. Un certain nombre d'auteurs ont cherché l'influence de la lumière sur la résistance à l’inanition de divers animaux : le chat (Bidder et Schmidt, 1852), la grenouille (Fubini, 1876), les tétards d'amphibiens (Yung, 1878); tous ont reconnu que la perte de poids se fait plus rapidement sous l'influence des rayons solaires, et en particulier des radiations chimiques; ces expériences ne sont pas contredites, comme semblent le dire Leredde et Pautrier (Photothérapie, Photobiologie, 1903), par celles de Borissoff qui montrent que les chiens et les lapins nourris croissent plus vite à la lumière qu’à l'obscurité; dans tous ces cas, la lumière est un excitant de la nutrilion. Contrairement à lous ces auteurs j'ai fait intervenir l'influence déjà lointaine de l'éclairement des premiers stades. du développement : /a lumière présente et la lumière passée amènent une déchéance rapide de l'individu qu'on ne nourrit pas assez; l'ombre, au contraire, en ralentissant les phénomènes nutritifs, permet au tlélard de résister longtemps contre l’inanilion el à une partie du corps de se nourrir aux dépens d'une autre; l'ombre présente paraît dans tous les cas excessi- vement favorable aux transformations et aux métamorphoses. NATURE DE L'ANÉMIE SPLÉNIQUE MYÉLOÏDE, par MM. VAQUEz et AUBERTIN. L'anémie splénique ou pseudo-leucémique de l'adulte, qui s’accom- _pagne dans la majorité des cas de réaction myéloïde du sang, comme l'ont montré Weil et Clerc, a été considérée par certains auteurs comme une forme d’anémie pernicieuse, par d'autres comme une forme fruste de leucémie myélogène. Nous avons étudié comparalivement ces trois affections d’après nos observations personnelles et nous croyons qu'on peut considérer l’anémie splénique comme une maladie distincte, se rapprochant de la leucémie myélogène, mais très différente de celle-er. La rate revenue à l’état myéloïde produit à la fois des mononucléaires granuleux et des hématies nucléées : mais ces deux fonctions sont jusqu'à un certain point dissociées bien que l’une s’accompagne toujours d'une certaine mise en branle de l’autre activité du tissu myéloïde. Quand c'est la première qui a lieu on se trouve en présence de la leu- cémie myélogène; quand c'est la seconde, on a le tableau de l’anémie splénique myéloïde. En effet, entre les deux affections, le paraliélisme est frappant, mais les différences sont bien nettes. SÉANCE DU 14 MAI 743 Dans la leucémie myélogène, le phénomène essentiel est la présence de myélocytes dans le sang; accessoirement on y trouve des globules nucléés, mais toujours en nombre relativement restreint (sur 4 obser- vations personnelles, nous trouvons les chiffres de 2,70; 2,75; 3; 5,80 globuies nucléés pour 100 myélocytes, et la proportion serait encore plus faible si on les rapportait au nombre total des globules blancs). Dans l’anémie splénique myéloïde, le phénomène essentiel est la pré- sence de globules nucléés, en nombre beaucoup plus considérable que dans toute autre affection, et c'est leur présence qui a, de tout temps, attiré l'attention des auteurs, plus peut être que l’anémie, qui est très variable et souvent à peine marquée. Accessoirement on trouve dans le sang des myélocytes, mais toujours en proportion relativement très faible : À p. 15 globules nucléés (cas personnel); 2 p. 16 (Hamel); 3 p. 100 (Jawein); 3 p. 40 (Weil et Clerc). Leur nombre est si peu con- sidérable qu'ils avaient généralement passé inaperçus dans beaucoup de cas publiés avant ces dernières années. On voit donc que la nature de la myélémie est différente dans les deux affections. Quant aux globules rouges, ils sont relativement peu diminués de nombre dans la leucémie, tandis que dans la splénomé- galie myéloïde la déglobulisation est généralement beaucoup plus accentuée, au moins pendant la période d’état de la maladie. Il est de même des phénomènes de poïkilocytose, d'inégalité de diamètre, de polychromatophilie, que l’un de nous a montré être des phénomènes de réparation ; ils sont peu accentués dans la leucémie, très marqués au “contraire dans la splénomégalie myéloïde, et sans rapport d’ailleurs avec l'intensité de l’anémie. On peut donc dire que, dans la leucémie myélogène, il existe une suractivité de la rate pour la série blanche et que, dans l’anémie splé- nique myéloïde, il existe une suractivité de la rate pour la série rouge (coïncidant d’ailleurs avec une déglobulisation plus ou moins forte, peut-être d’origine hémolytique). L'anatomie pathologique confirme ces données en montrant, dans la moelle aussi bien que dans la rate, une surproduction plus grande de globules rouges nucléés que dans la leucémie myélogène (observ. de Dominiei, Arneth, Hamel, ; la proportion des globules nucléées peut ètre double de celle des myélocytes, ce que nous n’avons jamais observé, même dans l’anémie perniciense. La maladie nous semble donc de toute autre nature que l’anémie pernicieuse où d’ailleurs la poussée de globules nucléés et de myélocytes est beaucoup moins intense et en rapport direct avec l'intensité de l’'anémie. : Les analogies avec la leucémie myélogène sont au contraire frap- ‘ pantes : même âge d'apparition, même splénomégalie énorme, même évolution chronique, durant souvent plus d’un an, généralement fatale, 794 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mais susceptible d'améliorations soit spontanées, soit thérapeutiques, d’arrêts, et même les régressions parfois durables. Il nous semble donc qu'on ne peut considérer l’anémie splénique à forme myéloïde comme un avant stade de la leucémie myélogène, ni même comme une forme larvée ou incomplète de cette maladie, d'autant plus qu’elle ne se transforme jamais en leucémie; elle en est parfaite- ment distincte et c’est une maladie spéciale ; pourtant, les deux affec- tions sont du même ordre, puisque l’une est causée par la transfor- mation myéloïde de la rate spécialisée vers la série blanche, l’autre par une transformation analogue, mais spécialisée vers la série rouge. LA TOXINE SOLUBLE DU BACILLE D'EBERTU (1), par MM. A. Roper, LAGRIFFOUL et A1y Way. Au sujet de la nature des principes toxiques élaborés par le bacille d’Eberth, les bactériologistes sont restés divisés en deux camps: les par- tisans de la toxine intra-cellulaire {endotoxine); les partisans de la toxine soluble. Malgré les asserlions de ces derniers, notamment de Chantemesse, l'opinion dominante est restée acquise à la première. Dès le début de ses recherches, l’un de nous s’est classé parmi les partisans de la toxine soluble (Soc. de Biol., 1898). Les expériences que nous avons poursuivies depuis lors sur les conditions les plus favorables à la toxicité des cultures du bacille d'Eberth, et sur le pouvoir toxique comparé des cultures filtrées et des corps bacillaires, nous ont affermis dans la conviction qu'il s’agit bien d’une véritable sécrétion toxique. I. — Les cultures de bacille d’Eberth en bouillon, filtrées sur porce- laine, sont toxiques, pourvu qu’elles soient préparées dans des condi- tions convenables. Il importe tout d’abord que les conditions de culture permettent une pullulation rapide et abondante des bacilles et assurent à ceux-ci le maximum de vitalité et de bon fonctionnement, une large aération notamment est favorable au rendement toxique. Il importe également, au premier chef, de chercher la toxicité dans les cultures jeunes; dans de bonnes conditions d'aération (bouillon très étalé, à large surface), le maximum de toxicité peut être atteint dès le troisième jour d’étuve. Le pouvoir toxique s’abaisse rapidement, sous l'influence d’un séjour même très peu prolongé à l’étuve, grâce à une très grande (1) Cette note est le résumé d'un mémoire qui paraîtra prochainement dans les Archives de médec. expér. et d'anat. pathol. (voir aussi la thèse de l’un de nous : Aly Wahby : Recherches expérimentales sur la toxine typhique, Thèse de Montpellier). + SÉANGE DU Â4 MAI 795 _ fragilité de la toxine. Vraisemblablement, l’altération de la toxine dis- soute, au fur et à mesure que de nouvelles doses s'ajoutent, s'oppose à ce qu'on puisse saisir à un moment donné la totalité de la toxine pro- duite. La constatation de la toxicité dépend, en tout cas, étroitement de l'âge auquel on éprouve la culture : laisser vieillir celle-ci dans l'espoir d'y voir s’accumuler la toxine, comme l'ont fait certains auteurs, est le meilleur moyen de méconnaître la sécrétion toxique du bacille d’Eberth. La substance qui donne de la toxicité aux cultures filtrées est préci- pitable par l’alcool et sensible à ia chaleur modérée; ces caractères la rapprochent des loxines proprement dites. Les cultures filtrées de bacille d’Eberth, préparées dans de bonnes conditions, tuent le cobaye, en injection intra-péritonéale, dans le cours des premières vingt-quatre heures, à la dose de 4 p. 100 du poids des sujets; en injection inlra-veineuse, la dose toxique est moins élevée et s’abaisse, surtout pour le lapin, au-dessous de 1 p. 100. II. — Cette toxicité est faible, il est vrai. Mais les corps bacillaires, pris dans des conditions similaires, et étudiés d'une facon rigoureuse- ment comparative, ne sont pas plus toxiques que les cultures filtrées ; ils le sont généralement moins. C'était là le point important : nous avons étudié la toxicité comparée, en donnant à des cobayÿes en injections dans lé-péritoine, d’une part les produits de filtration d'une quantité donnée de cultures, d'autre part les corps bacillaires, séparés par filtration et tués par le thymol, provenant de la même quantité de culture par rapport ‘au poids des sujets. Ainsi éprouvés, les corps bacillaires sont, en effet, toxiques. Mais leur toxicité est très variable : elle peut être nulle ou extrêmement faible dans des bacilles très jeunes. La substance toxique ne parait pas ètre un élément constitutif nécessaire des éléments bacillaires, mais un pro- duit d'élaboration secondaire. Comparés aux cultures fillrées, les corps bacillaires se sont montrés presque toujours moins toxiques. Dans quélques cas, ils ont présenté une toxicité égale ou un peu supérieure, mais jamais beaucoup plus forte, tandis que la supériorité des cultures filtrées à été parfois très marquée; et, lorsqu’a été observée l'égalité ou un léger avantage des corps bacil- laires, c’est que les produits solubles étaient de médiocre activité. IIT. — Nos expériences démontrent en un sens la toxine intra-cellu- laire : les bacilles vivants sont vecteurs de toxine. Mais il n’est pas exact que, suivant la conception de l’endotoxine, le principe toxique, élaboré par les bacilles, soit retenu solidement par eux tant qu'ils sont vivants, et ne soit libéré que par leur mort et leur désagrégation. La substance qui donne aux cultures filtrées leur toxicité, diffuse pendant la vie même des bacilles, est au maximum pendant leur plein fonctionne- ment. Les bacilles ne se chargent pas de toxine sans en verser en même 196 é SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE temps dans le milieu ambiant, et plus qu'ils n'en gardent en eux. Les bacilles morts sont moins aptes que les bacilles vivants à communiquer la toxicité au liquide ambiant. La diffusion ‘dans le milieu n’est pas un phénomène cadavérique ; c’est un acte vital, une sécrétion, avec cette particularité qu'une quantité notable du produit parait rester incorporée aux cellules productrices. Parmi les produits au moyen desquels Le bacille d'Eberth peut nuire (et quelle que soit l'importance à attribuer aux substances vraiment intra-cellulaires), se trouve donc une toxine soluble, une toxine propre- ment dite, responsable sans doute des aclions à distance et des troubles généraux. La toxine du bacille d'Eberth peut se préparer par la méthode géné- rale de préparation des toxines. ÉVALUATION APPROXIMATIVE DE LA QUANTITÉ MINIMA DE SOUFRE URINAIRE ET DE LA QUANTITÉ MINIMA DE CETTE SUBSTANCE NÉCESSAIRE A L'ORGA- NISME DANS LES CONDITIONS DE LA RATION MOYENNE D ENTRETIEN. par M. E. MAUREL. Pour les substances minérales dont je me suis occcupé jusqu’à pré- sent, potasse, chaux, magnésie et acide phosphorique (1), j'ai donné le poids de leur combinaison avec l'oxygène, K°?0, CaO, MgO, P°0, parce *. qu'en effet c'est sous cette forme que ces substances pénètrent dans l'organisme et qu'elles y restent dans les composés minéraux dont elles font partie. Pour le soufre, au contraire, et pour les mêmes raisons, Je donnerai son poids à l’état métallique. : C'est qu'en effet, si une partie pénètre dans l'organisme et y reste à l’état de SO'H”, la plus grande partie y pénètre et y reste à l'état de S, dans les substances albuminoïdes (CTH'"®Az"O?S). Lapicque et Richet ont calculé en effet que, si l'adulte de Paris trouve dans sa ration 0 gr. 15 de soufre à l’état de SO'H”, il en trouve 1 gr. 66 à l’état de S dans ses azotés. Le soufre à l’état de SO'H° ne représente donc que le dixième de la totalité du soufre que reçoit l'organisme dans ses aliments ordinaires. Cette même proportion, du reste, se retrouve dans le lait de femme et dans le lait de vache. Le premier en contient que 0 gr. 03 de soufre par lilre à l’état de SOA”, tandis qu'il en contient 0 gr. 30 à l’état de S dans la caséine ; et, dans le lait de vache, nous en trouvons 0 gr. 08 à l’état de SO'H” et 0 gr. 60 à l’état albuminoïde. (4) Société de Bioligie, 1 novembre 1903, 30 avril 1904, 7 mai 1904. SÉANCE DU 14 Mat 797 RL URL TR TN EEE — Je n'ai qu'une expérience concernant le soufre. Elle a été faite du 23 mars au 15 avril 1903. Pendant cette expérience, divisée en trois périodes, le soufre a été dosé en même temps que les autres substances minérales et les résultats sont réunis dans le tableau suivant : Ë : SOUFRE. DURÉE | AZOTÉS |cALORIES . DATES = à CR UN | DIERÉRENCES Jours [Per kilog.|par kilog. cu TE 1903. Mars-avril. Première période . . . 6 1835 40 1839 0850 0889 Deuxième période . . . 6 0,47 21 0,39 0,42 0,03 Troisième période 15 1,66 43 1,46 0,56 0,90 Ainsi, pendant la première période, de six jours, correspondant à la ration d'entretien, la quantité de soufre contenue dans nos aliments à l’état de SO‘H”, ou dans les azotés à l’état de S, a pu être évaluée à 1 gr. 39; et j'en perdais 0 gr. 50 par les urines. Pendant la deuxième période, correspondant à une alimentation insuffisante, la quantité de soufre alimentaire totale est descendue à 0’gr. 39. Or, fait important, pendant cette période mes urines n’en con- tenaient pas moins 0 gr. 42, c’est-à-dire une quantité supérieure à celle que J'ingérais. IL faut donc en conclure que le soufre urinaire ne peut guère descendre au-dessous de cette quantité de 0 gr. 42 pour mon poids de 58 à 60 kilogrammes, puisque mon organisme l’éliminait même quand il ne le recevait pas. Dans la troisième période, de quinze jours, le soufre alimentaire s’est élevé à 1 gr. 46, et le soufre urinaire à 0 gr. 56. Ce dernier a donc dépassé légèrement celui de la première période et surtout celui de la seconde. À ces expériences personnelles, je puis ajouter les faits suivants : 1° Que la ration de l'adulte de Paris, ration qui, je l’ai déjà fait remar- quer, dépasse probablement les besoins de l'organisme, contient 1 gr. 81 de soufre, soit sensiblement 0 gr. 03 par kilogramme de son poids ; 2° Que 100 grammes de lait de femmme ne contiennent que 0 gr. 033 de soufre, et que cependant cette quantité suffit au nourrisson pour faire sa croissance ; 3° Que le lait de vache contient O gr. 68 de soufre par litre, et que les 3 litres qui font la ration de l'adulte lui assurent environ 0 gr. 03 par kilogramme. 798 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE De mes expériences et de ces faits, j'arrive donc à ces conclusions au moins comme probables : 1° Que l'adulte doit pouvoir se suffire avec 0 gr. 095 de soufre par kilo- gramme; et qu’en tous cas 0 gr. 03 sont sûrement suffisants ; 2° Que la dépense urinaire, dans les conditions normales, ne peut quère descendre au-dessous de O gr. 40; 3° Que la quantité de 0 gr. 033 doit étre suffisante pour le nourrisson; 4° Que la quantité de O gr. 025 à 0 gr. 03 est contenue dans l’ensemble de nos aliments habituels constituant la ration moyenne d'entretien telle que je l'ai fixée. FERMENTS DIGESTIFS DE QUELQUES ECHINODERMES, par M. À. Czerc. Bien que les ferments digestifs des Echinodermes aient fait l’objet d’un certain nombre de travaux (1), les auteurs se sont, pour la plupart, bornés à les signaler brièvement ou à n'’étudier que partiellement l’acti- vité fermentative. Aussi croyons-nous pouvoir exposer, en résumé, les recherches que nous avons poursuivies en novembre 1903. Nous nous sommes adressés aux espèces suivantes : Asterias Gla- cialis, Holothuria Tubulosa, Spatangus Purpureus, recueillies à Cava- lière (Var); nous iavions soigneusement l'intestin, puis nous le hachions grossièrement et nous mettions à macérer un volume de la bouillie ainsi obtenue dans cinq volumes de glycérine en présence de thymok Nous avons aussi préparé un liquide diastasique par un procédé voisin de celui indiqué par M. Moutor (2). | 1° Sucrase. — Trois centimètres de solution glycérinée ou d'extrait diastasique en présence de 10 centimètres cubes de saccharose à 10 p. 100 et d’un demi centimètre cube de thymol à 10 p. 100 ont pro- duit au bout de vingt-quatre heures, à 38 degrés, les quantités sui- vantes de substances réduisant la liqueur de Felhling : Solution glycérinée. Liquide diastasique. Astérie (cæcums gastriques . . . 05037 05026 — (intestin terminal). . . . 0 015 0 013 Holothurte ares RSnens 0 016 0 O10 OUTSIND ASP ECOMQUEE RENNES 0 01 traces. (1) L. Fredericq. Archives de zoologie expérimentale, t. VIT, 1878. — Krüken- berg, Untersuch. der physiol. Instit. der Univ. Bd. IT H. 3.— Griffiths, Proceedings of Royal Soc. 1888, t. 44. — M. Chapeaux. Bulletin Académie des sciences de Bel- gique, t. 26, 1893. — P. Portier. Thèse, Paris 1897. — Cohnheim, Z. für phys. Chemie, 1901, t. 33. — Kobert. Pfüger's Archiv, t. 99, 1903. — V. Henri, Soc. de Biol., 1903. (2) Annales de l'Institut Pasteur, 1902, n° 7. SÉANCE DU Â4 MAI 799 2o Amylase. — Cinq centimètres cubes additionnés de 50 centimètres cubes d’empois d'amidon stérile et d’un centimètre cube de thymol, puis laissés vingt-quatre heures à 38 degrés, ont produit les quantités suivantes de subs- tances réduisant la liqueur de Fehling : Solution glycérinée. Liquide diastasique. Astérie (cæcums gastriques) . . . 05 084 05042 Astérie (intestin terminal) . . . . 0 018 » Halothu rie) Semen IE O0? 0 018 OUES NN RSR D LUE ER 2 0 012 traces. 3° Diastase protéolytique. a) Gélatine. — Nous avons pu constater que les extraits d’oursin (1) n’exerçaient pas d'action appréciable. En revanche les extraits d’astérie ont amené au bout de vingt-quatre heures de séjour à l’étuve une liqué- faction totale et définitive ; ceci ne concerne que les cæcums gastriques, car, avec l'intestin, nous n'avons obtenu qu'un léger retard de la solidification par rapport à celle des tubes témoins; même remarque pour l'extrait d’Holothurie. b) Blanc d'œuf. Nous prenions de petits cubes de blanc d'œuf coagulé que nous abandonnions à l’étuve en présence de 5 centimètres cubes de liquide diastasique à réaction sensiblement neutre au tournesol. Les divers extraits sont demeurés entièrement inactifs, même au bout de deux jours, sauf celui d’Astérie (cæcum gastrique). Avec ce dernier, on observe au bout de vingt-quatre heures un effritement marqué du cube d’albumine, qui est visiblement attaqué au bout de quarante-huit heures. La digestion nous a semblé presque nulle, si l'on acidifie légè- rement le milieu; en revanche elle semble favorisée par une alcalinité légère. Toutefois bien que la réaction du biuret fût manifeste, nous n'avons oblenu aucune coloration par l’adjonction d’eau bromée. 4° Présure. — Les extraits de cæcums gastriques d’Astérie se sont seuls montrés actifs, en ce sens que deux centimètres de solution gly- cérinée et de liquide diastasique amenaient la coagulation de dix cen- timètres cubes de lait à 38 degrés respectivement en vingt et trente- cinq minutes. En prolongeant l’action pendant quelques heures, en présence de tubes témoins, on obtient une liquéfaction notable du caillot, due probablement à l'existence d'une diastase liquéfiant la caséine. | 5° Oxydases. — Nos expériences sont restées négatives ; seul l'extrait d'Astérie en présence d'eau oxygénée et de paraphénylène-diamine à déterminé une faible réaction, nulle avec l'hydroquinone et le gaïacol. 6° Lipase. — Un centimètre cube de solution glycérinée nous a pré- (1) Cependant M. Henri a pu constater que le liquide contenu dans le cæcum de Spatangus pouvait liquéfier la gélatine et attaquer le blanc d'œuf. 800 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE senté les pouvoirs lipasiques suivants, mesurés par le procédé de M. Hanriot. Astérien{cæcum pylorique) 0/0 Astérie {intestinsterminal) 0eme Holo three 000 et nent ne 6 OUEST RE Da ee RE Re 2 1° Nos extraits sont restés inactifs vis-à-vis d'une solution d'amygda- line à 1 p. 100. Nous ferons remarquer en terminant la très grande activité des extraits d'Astérie par rapport à celles des deux autres espèces d’Echino- dermes étudiées. Il est facile de rapprocher ce fait de l’activité nutritive des diverses espèces d’Astéries qui sont très voraces et se prennent en grand nombre aux lignes de fond amorcées avec de la seiche. Nos échantillons ont tous été recueillis par ce procédé. PHÉNOMÈNES D’ACCOUTUMANCE DU COEUR DU CHAT A L'ADRÉNALINE, par M. LESAGE. Nous avons dit, dans une précédente note (1), que le cœur du chat était beaucoup moins sensible à l’action de l’adrénaline injectée dans les veines que le cœur du chien. L'influence du principe actif des capsules surrénales, chez le chat, est, en effet, beaucoup moins marquée; elle est de plus courte durée et la mort, au lieu de se produire par arrêt immédiat du cœur, est au contraire lente à se produire et reconnait pour cause l’asphyxie. - L'action de l’adrénaline sur le cœur du chat est encore intéressante à étudier à un autre point de vue : celui de l’accoutumance. Sur un animal morphino-chloroformé, prenons le tracé des pulsa- tions artérielles et injectons-lui dans la jugulaire une première dose d’adrénaline de 0 milligr. 05, soit 0 milligr. ULA par kilogramme pour # un chat de 3 kilogr. 500. Prsoque immédiatement après, le pouls devient, très irrégulier en même temps qu’accéléré. Une minute et demie après, l'effet a cessé. Deux minutes après la première injection, injectons à nouveau une deuxième dose égale. Cette fois, il n'y a plus de modifica- tions. Une troisième injection faite toujours deux minutes après peut être efficace et une quatrième rester sans effet appréciable. En employant ainsi des doses progressivement croissantes, il nous a été possible d'injecter dans l’espace d’une heure plus de 19 milligrammes, (1) Lesage. Action générale de l’adrénaline en injection intra-veineuse chez le chat, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1 mai 1904. SÉANCE DU 14 MAI 801 soùt 5 milligr. 42 par kilogramme, d'adrénaline, sans déterminer l'arrêt du cœur. L'animal ne mourut que quatre heures après la fin de la der- nière injection, par arrêt de la respiration. Le tableau ci-contre résume les constatations de cette expérience : EFFET 4 h. 53 m. — 1" injection de 0 milligr. 05. ce Accélération. 59 m. — 2e = = 0 » 57 m. — 3e — — - Ralentissement,. 59 m. — 4° — — 0 » 5h. 4 m. — 5: — — Se + Ralentissement, 5 m. — 1" injection de 1 milligramme. “in == 6 m. — 2e — — 0 » 11 m. — 3° —_ — — Ralentissement, 15 m. — 4° — = ne — 47 m. — 5e _ — à + — 5 h. 28 m. — 1'° injection de 2 milligrammes . + Ralentissement, SEAT A2 — — Ë 2E — 38 m. — {'° injection de 5 milligrammes . 0 » 45 m. — 20 — = à 0 » La mort a lieu à 9 heures, soit 3 h. 15 après la dernière injection, L'absence de réaction du cœur à une deuxième dose de 0 milligr. 05, puis à une deuxième dose de 1 milligramme, et enfin aux doses succes- sives de 5 milligrammes, prouve nettement l'accoutumance. Nous avons voulu savoir, en outre, si cette accoutumance se manifes- lerait d'emblée avec de fortes doses. À cet effet, un autre animal anesthésié, du poids de 3 kilogrammes, recoit dans la jugulaire 5 milligrammes d’adrénaline, soit 0 milligr. 60 par kilogramme. Immédiatement après la pression artérielle augmente, en même temps que le pouls s’accélère. Quatre minutes après, la pres-- sion est redevenue normale, le pouls restant légèrement accéléré. Six minutes après la fin de cette première injection, nous injectons à nouveau 5 milligrammes. Cette fois, il n'y a plus de modifications de la pression, ni du nombre des pulsations. 2 h. 45 m. — 1° injection de 5 milligrammes , + Accélération. 3 h. #4 m.— 2° — — 0 Lai La mort a lieu à 7 heures, soit quatre heures après la deuxième injection, Le cœur du chal anesthésié présente donc très rapidement pour les doses faibles, comme pour les doses fortes, une accoutumance très remar- quable à l’adrénaline. (Travail du Laboratoire de Physiologie d'Alfort.) 802 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PHRÉNOGRAPHES ET PNEUMOGRAPHES DIFFÉRENTIELS. ÉTUDES GRAPHIQUES ET PHOTOGRAPHIQUES COMBINÉES. TECHNIQUE. par M. FRançÇois-FRrANck (1). I. Phrénographie différentielle. — L'étude directe des mouvements du diaphragme, au moyen de la méthode graphique, a été souvent pratiquée depuis Rosenthal jusqu’à Louria (1902) : les procédés ont varié, mais le principe est resté le même. C'est toujours la face abdominale du diaphragme qui a été mise en contact avec une tige rigide ressortant par la paroi abdominale antérieure et agissant sur un appareil enre- gistreur. J'ai suivi cette marche dans mes expériences sur le diaphragme, en modi- fiant l'instrument explorateur de facon à pouvoir interroger SN ENT ent plusieurs points de la concavité diaphragmatique. Mes explorateurs phrénographiques se composent essentiellement d'une tige d'acier enfermée comme un mandrin dans une gaine de cuivre; la tige, fendue à son extrémité diaphragmatique, forme une pince à ressort fermée quand elle est dans sa gaine et s’ouvrant quand on la fait saillir au dehors : on introduit l'appareil fermé dans l'abdomen par une boutonnière pratiquée le long du bord externe du grand droit, et on le pousse, en ménageant le foie à droite et l'estomac à gauche, jusqu'au contact du diaphragme ; quand on s’est assuré, par les mouvements imprimés au système, que le diaphragme. est atteint, on pousse la tige inférieure en maintenant le tube métallique qui la contient ; l'extrémité de la tige s'ouvre au contact du diaphragme et pince tel ou tel point de la surface quand on refoule la gaîne qui referme les deux mors de la pince. Le diaphragme, saisi de cette facon, refoule le phréno- graphe en s'abaissant et reste en contact avec lui dans son retrait expira- toire, grâce à un ressort extérieur qui assure sa solidarité avec l'explorateur. Ce système métallique est lui-même enveloppé d’un tube de verre introduit dans la boutonnière abdominale et qui lui permet de coulisser librement. Il agit sur le levier d’un tambour explorateur transmettant à un tambour enre- gistreur tous les mouvements de la partie du diaphragme à laquelle est fixée la pince phrénographique (2). La figure 1 montre la disposition générale de cette exploration diaphrag- matique, pratiquée ici comparativement sur la moitié droite et sur la moitié gauche du diaphragme : c'est le procédé de phrénographie différentielle qui m'a servi à étudier simultanément le fonctionnement des deux moitiés du (1) Note présentée dans la séance du 7 mai 1904. (2) Les mêmes explorateurs phrénographiques ont été appliqués à la face supérieure du diaphragme après introduction par la base du cou, l’orifice pleural étant oblitéré avec une ampoule de baudruche. SÉANCE DU 14 MAI 803 diaphragme dans les expériences de paralysie unilatérale par section d’un phrénique à l'entrée du thorax, par hémisection du collet du buibe, et dans les expériences d’excitation unilatérale du diaphragme, du phrénique ou des centres bulbo-médullaires, toutes recherches dont je soumettrai les résultats à la Société, me bornant ici à des indications techniques. Ce HUE de bull} rio y re ae exo, Julion des Pré or abdominale 24 pale. ETS Fig. 1. — Photographie du dispositif de Phrénographie différentielle. (Réduction d’un agrandissement annoté.) (Photogravure.) “Un explorateur phrénographique est en rapport avec la moitié droite du diaphragme (tige DD); un second explorateur semblable est fixé à la moitié gauche (tige DG) Chaque phrénographe agit sur un tambour à air qui transmet ses mouvements à un tambour à levier de Marey (courbes de l’enregistreur). Ici sont pratiquées en même temps l'exploration de la pression abdominale avec des ampoules conjuguées (Pr. A), et pleurale avec une ampoule à pression négative (Pr. PL.). Chien avec morphine-chloral. La photographie simultanée des mouvements et des graphiques est recueillie aux différentes phases de l'expérience. Les mêmes appareils permettent d'interroger les mouvements de plusieurs points d’une moitié du diaphragme, de comparer les excursions du centre phrénique à telles de la portion latérale, costale et postérieure dorso-lom- baire de cette cloison musculaire qui se meut suivant des plans différents dans les divers points et exécute des excursions d’étendue très variable sui- vant la région examinée. On associe facilement les explorations phrénographiques doubles ou mul- tiples à telle ou telle exploration manométrique (comme dans la figure 1 où sont combinées aux indicateurs diaphragmatiques des indirateurs de pression pleurale et de pression abdominale) ; on les associe également à des appareils pneumographiques comme dans la figure 2 qui montre un dispositif de pneumographie différentielle sur lequel je donnerai quelques détails. BIOLOGIE. COMPTES KENDUS. — 1904. T. LVI. 57 804 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il. Pneumographie différentielle. — On a déjà réalisé l'examen com- paratif des deux moitiés du thorax et de l'abdomen avec des stéto- graphes doubles (celui de Riegel, par exemple) avec des pneumographes comparatifs (ceux de Toussaint et Colrat), avec d’autres encore, en s’assurant, autant que possible, de l'indépendance des appareils destinés à donner l'indication des déplacements de la moitié correspondante. Cette indépendance est difficile à assurer chez l'homme; elle est simple à réaliser chez les animaux qui fournissent des points d'appui beaucoup: plus fixes. Fic. 2. — Dispositif des explorations pneumographiques et phrénographiques différentielles associées. (Photogravure.) Sur chaque côté du thorax sont fixés deux pneumographes tubulaires (1er modèle Marey), rendus indépendants à droite et à gauche par leur mode de fixation au sternum et à une apophyse épineuse. Deux phrénographes D (Voy. fig. 1) fournissent l'indication des mouvements du diaphragme à droite et à gauche, en même temps qu'un pneumc6graphe métallique (dernier modèle Marey) donne la courbe des effets épigastriques totalisés. Les graphiques et les mouvements de la paroï et des appareils sont photographiés simultanément. Nous nous sommes arrêté à la disposition suivante que représente la figure 2. Ë . Une tige à vis, comme celle d’un simple piton, est fixée à une pièce osseuse du sternum, tandis qu'un crochet de métal traverse en arrière une apophyse épineuse; un ruban large et inextensible étant accroché à droite et à gauche SÉANCE DU 14 MAI 805 à chacun de ces points d'attache, on interpose sur son trajet le plus simple des pneumographes s'inspirant du premier modèle de M. Marey reproduit par P. Bert. On peut disposer ainsi, de chaque côté de la poitrine, deux ou plusieurs pneumographes qui fonctionnent indépendamment de ceux du côté opposé, comme le montre l'expérience de l’hémisection du bulbe ou de la moelle. Les indications phrénographiques et pneumographiques différentielles sont FRERES en même temps que sont pholographiés (selon la méthode que j'ai indiquée dans mes notes antérieures) les mouvements respiratoires et ceux des appareils exploraleurs. (Travail du laboratoire de physiologie pathologique des Hautes-E'tudes. SUR LA CYTOGÉNÈSE MINÉRALE, par M. RAPHAEL DuBors. J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie des photographies montrant les aspects singuliers que prennent les granulations émanant d'une parcelle de chorure de baryum déposée à la surface d'un bouillon gélatineux. Ces granulations s’accroissent à la manière des cellules vivantes, et quand elles ont atteint un certain volume, elles se seg- Mmentent et finissent par présenter l'apparence d’une morula (4). M. DasTRE rappelle que Harting a obtenu des sphéro-cristaux en mettant des sels alcalino-terreux en contact avec des solutions d’albu- mine, et qu'il a obtenu lui-même des résultats analogues dans ses recherches sur les corpuscules biréfringents. M. R. Dugors fait remarquer que, dans le mémoire de Harting, il n’est pas question de phénomènes d’accroissement de même nature, ni de segmentation. [l peut exister quelques analogies entre les faits observés par MM. Harting et Dastre et ceux qu'il signale aujourd'hui, mais il n'y a certainement pas identité. M. R. Dubois fait également observer que dans les milieux où se forment les sphéro-crislaux de Harting, on n'observe pas de projections de corpuscules dans l'intérieur d'un milieu colloïdal, qui ne peuvent s'expliquer que par un procédé énergétique nouveau. (4) Voir Cultures minérales sur bouillons gélatineux, Soc. de Biol., t. LVI, p. 697: 806 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SÉCRÉTION ET ACTIVITÉ KINASIQUE DU SUC INTESTINAL CHEZ LES BOVIDÉS, par M. ALBERT FROUIN. Dans le but d'étudier les conditions de la sécrétion et l’activité kina- sique du suc intestinal des herbivores, j'ai fait des fistules de Thiry chez les bovidés. L'opération nécessite une asepsie chirurgicale. Elle se fait avec une anes- thésie relative,obtenue par ingestion d'alcool ou par un lavement de chloral, l'animal étant debout, ou avec une anesthésie complète, obtenue par inhala- tion de chloroforme, l'animal étant couché. Dans les deux cas, on se sert des procédés de contention habituels employés en chirurgie vétérinaire. On pénètre dans la cavité abdominale par une incision de 10 à 12 centime- tres de long faite dans le flanc droit, parallèlement et à 4 ou 5 centimètres des côtes. La fistule jéjunale se fait avec facilité, cette partie de l'intestin étant libre et mobile, il suffit d'attirer une anse dans la plaie et d’en isoler une certaine longueur. Ayant observé des différences considérables dans l’activité sécrétoire du duodénum, du jéjunum et de l'iléon chez le chien (1), il était intéressant de voir comment se comportent les différentes parties du tube intestinal des bovidés. La fistule duodénale présente d'assez grandes difficultés à cause des dispo- sitions anatomiques. Le duodénum, en effet, après l'embouchure du canal cholédoque et du canal de Wirsung, longe le cæcum du côté droit, il se porte ensuite à gauche en croisant transversalement la région sous-lombaire der rière l'artère grande mésentérique, et dans cette partie il est fixé au colon flottant par un frein très court; il gagne ensuite le flanc gauche et s’y loge en formant des replis qui flottent librement. ; A cause de ces adhérences, de cette fixité, il est donc nécessaire dé suivre le duodénum à la main dans tout son trajet, jusqu’à ce que l’on trouve une portion libre que l’on amène au niveau de l’ouverture abdominale. On établit alors une fistule de Thiry suivant la technique ordinaire et en pratiquant la première section à quelques centimètres du canal de Wirsung. On ne peut pas isoler une anse duodénale de moins de 1*60 de long. Sur deux vaches munies l’une d’une fistule duodénale de 1260 de long et prise immédiatement après l'embouchure du canal de Wirsung, l’autre d’une fistule jéjunale de même iongueur prise à douze mètres de l'embouchure de ce même canal, j'ai pu observer que la sécrétion abondante chez la première était presque nulle chez la seconde. Ce résultat est tout à fait identique à celui que j'ai obtenu chez le chien. Il est donc permis de penser que celte diminution de l’activité . (1) Voir Delezenne et Frouin. Soc. de Biol., 1904, page 319 et Frouin, tbid., p. 461. SÉANCE DU 14 MAI 807 : sécrétoire des différentes portions de l'intestin à partir du duodénum est un fait général chez les mammifères, puisqu'on l’observe chez le chien qui peut représenter un type de carnivores et chez les bovidés qui sont des herbivores. Il y avait aussi lieu de se demander si les différentes substances qui déterminent ou augmentent directement la sécrétion intestinale chez le chien, ont la même action sur la sécrétion intestinale chez les bovidés. J'ai pu constater que les acides, les savons, l’éther, le chloral, intro- duits directement dans l’anse intestinale isolée des bovidés, provoquent la sécrétion du suc entérique. J'ai étudié le pouvoir kinasique du suc des bovidés, comparativement avec le suc intestinal de chien, en employant un même suc pancréa- tique de fistule permanente, recueilli par cathétérisme et tout à fait inactif par lui-même sur l’albumine. Expérience. — On emploie un cube d’albumine de 5 millimètres de côté, et on a noté dans les deux cas le moment de la digestion complète; l'expérience est faite dans un tube à essai à l’étuve à 37 degrés en présence de toluol comme antiseptique. I. Suc pancréatique de vache. . . . 2 centimètres cubes. Suc duodénal devache "400.105 Digestion complète en 36 heures. É II. Suc pancréatique de vache. . . . 2 centimètres cubes. Suciduodénalderchenpe POS Digestion complète en 36 heures. TT. Suc pancréatique de chien. . . . 2 centimètres cubes. Suc duodénal de vache . . . , . 0° Digestion complète en 26 heures. IV. Suc pancréatique de chien. . . . 2 centimètres cubes. Suc duodénal de chien , . . . . O5 Digestion complète en 26 heures. On voit, d’après ces expériences, que les sucs intestinaux du chien et des bovidés, ont la même activité kinasique sur un même suc pancréa- tique. Ce qui prouve qu’il n'existe pas de spécificité de la kinase, même pour des espèces très éloignées et soumises à des régimes tout à fait différents. SUR UNE TRANSFORMATION DE LA FORMULE DE CHAUVEAU, par M. J. LEFÈVRE. M. Chauveau, au cours de ses belles et patientes recherches sur le travail musculaire, à été conduit à répartir la dépense d'énergie d’un moteur entre trois termes principaux, à savoir : l'exécution du travail 808 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mécanique, la création et l'entretien de l'énergie de soutien des charges, la production de Ja vitesse du moteur à vide (1). On a donc la relation fondamentale : Dépense — Travail + Énergie de soutien + Énergie de vitesse (à vide). M. Chauveau a soumis cette formule au contrôle expérimental dans le cas du moteur électrique (2). Le travail, connu d'avance par le produit de la charge et du soulèvement, est identique au travail calculé sur la formule précédente après détermination expérimentale de la dépense et des deux termes d'énergie. La relation fondamentale est done pleine- ment justifiée par les moteurs électriques; elle l’est également par les moteurs à eau, comme l'ont prouvé les très intéressantes recherches de M. Weiss (3). Avant de donner à la relation fondamentale de Chauveau sa forme algébrique, remarquons deux choses : 1° Chacun des trois termes — dépense, énergie de soutien, énergie de vilesse — exige une épreuve expérimentale particulière ; il y à donc trois épreuves distinctes. 2% Dans tout moteur existe une dépense d'énergie stérile Q, destinée à vaincre les résistances pour le démarrage à vide et à placer la machine au seuil du fonctionnement. De ces deux faits il résulte que, dans les trois épreuves expérimen- tales précédentes, la quantilé Q, s'est enregistrée avec chacune des gran- deurs étudiées. Celles-ci ne peuvent donc Ss'introduire dans l’équation's fondamentale qu'après avoir été corrigées, chacune, du terme sous- tractif Q.. ie Représentons maintenant par D, Q,, Q, les quantités déterminées dans les trois épreuves de dépense, de soutien et de vitesse à vide ; nous pourrons écrire : ou, en simplifiant : (1) DER 0 00 Cette formule est la formule de Chauveau. Mais il y a intérêt à lui donner une autre forme. (1) Chauveau, Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 26 mai 1902. (2) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 2 juin 1902. pe (3) G. Weiss, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1903, p. 377 et 379. Le moteur à eau de M. Weiss possède une fuite systématique. Il présente ainsi, comme le muscle et comme le moteur électrique au,repos, un courant cou- tinu d'énergie stérile. SÉANCE DU 14 MAI 809 Remarquons, en effet, d’après l'analyse précédente que Q, et Q, ne représentent pas les termes purs du soutien et de la vitesse ; on doit donc se proposer de chercher une expression où ces termes entrent avec leur valeur exacte. Or, on a évidemment : Q,—=0Q,+-0Q,. 0,=0Q,+0Q,. En portant ces valeurs dans l’équalion (1) celle-ci deviendra : DE TES (USINE NO RON 0 -ou, en simplifiant : (2) = Tee CSEO SE s Telle est la forme nouvelle que je propose. Elle montre que la dépense totale est la somme de 4 termes distincts, affectés aux 4 fonctions sui- vantes : a) Travail extérieur; b) Energie réelle du soutien des charges ; c) Energie réelle de création de la vitesse à vide; d) Energie stérile surmontant la résistance à vide et amenant l'appa- rerl au seuil du fonctionnemeut à vide. En explicitant le terme additif Q,, cette forme indiquera mieux, -croyons-nous, le partage et la dissociation de l'énergie dépensée; elle facilitera la comparaison des termes de dépense, chez les moteurs animés et chez les moteurs inanimés. FORMES MICROBIENNES DU MUGUET, par M. et M° BouRGUIGNON. Le point de départ de nos observations est un exsudat buccal et lingual, survenu dans les conditions étiologiques du muguet, chez un bacillaire avancé et très cachectisé. Un peu plus jJaunàtre et un peu plus humide que le muguet classique, cet enduit était formé presque exclusivement par des cellules arrondies ou ovales el bourgeonnantes : il n’y avait que de très rares filaments absolument indépendants des cellules. Nous avons alors entrepris de déterminer par les cultures s'il s'agis- sait d'un muguet à forme levure ou d’une levure analogue à celle _d’Achalme et Troisier, et, après séparation en tubes de gélose, nous 810 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avons obtenu des cultures pures de cellules rondes ou ovales et bour- geonnantes. C’est en partant de ces cultures en gélose que nous avons obtenu les cultures qui ont présenté les transformations qui font l’objet de ce travail, et celles qui nous ont montré qu'il s'agissait bien du muguet. Dans nos premières cultures en gélose, datant d’un mois environ, les cellules rondes étaient assez mal colorées et semblaient avoir un protoplasme rélracté et entouré d’une auréole, dans laquelle, de place en place, on voyait de petits grains mieux colorés par le bleu poly- chrome que la cellule. Une culture de six semaines, présentant cet aspect, est ensemencé en gélose : en vingt-quatre heures nous obtenons des cellules ovales, bien colorées en masse, et dont quelques-unes sont bourgeonnantes. Cest dans celte culture, au bout de quatorze jours, qu'au lieu de trouver des cellules mal colorées, auréolées, à protoplasma rétracté, comme précédemment, nous trouvons pour la première fois, à côté des. cellules, qui sont petites et bien colorées en masse, deux sortes d'élé- ments; d’une part des bâtonnets analogues à de gros bacilles, tantôt isolés, tantôt bout à bout; d'autre part des bâtonnets avec un renfle- ment à l’une des extrémités, sans être absolument terminal. Entre les bâtonnets simples et les bâtonnets à renflement net, existent tous les intermédiaires dus à la taille du renflement. Frappés de la coïncidence de l'apparition de ces formes et de la modification des cellules, nous avons institué une série d'expériences qui nous ont montré qu'il s'agissait d'un mode de reproduction du muguet, et non d'un élément étranger introduit dans les cultures. En effet, en changeant de milieu, nous n’avons obtenu de formes bactériennes qu'en gélose, en pomme de terre et en bouillon, et toujéurs accompagnées de cellules. En carotte, nous avons eu les cultures blanches caractéristiques du muguet et formées uniquement de cellules, et par trois fois, en passant de gélose en carotte, et vice versa, nous avons obtenu les cellules accompagnées de formes bactériennes en partant des formes levures pures, et des formes levures en partant des levures accompagnées de formes bactériennes. En milieu sucré, additionné de tartrate de potasse, nous avons obtenw la forme globulo-filamenteuse classique du muguet. En bouillon, les bâtonnets prennent une forme spirillaire. Enfin, en partant des cellules pures, on n'obtient jamais, en gélose, de bâtonnets qu'après avoir eu des formes à renflement, et cela jamais avant le cinquième jour. La transformation ne se fait qu'à vingt degrés etau-dessus, mais pas à une température inférieure. Au bout de quelques jours les formes à renflement disparaissent et l’on n'a plus alors que des cellules et des bâtonnets. SÉANCE DU 14 MAI | 811 En réensemençant en gélose une culture n'ayant que des cellules et des bâtonnets on obtient d'emblée des cellules et des bâtonnets en vingt-quatre heures. En réensemencant en gélose une culture ayant des cellules, des bâtonnets et des formes à renflement, on n’obtient que des cellules et des bâtonnets si les formes à renflement datent de plus de vingt-quatre heures, tandis qu’on obtient des formes très courtes à très gros renflement, semblant revenir à la forme cellulaire, si les formes à renflement n'existent que depuis vingt-quatre heures ou moins. D'autre part, non seulement nous avons ainsi fait apparaître et dis- paraître à volonté les bâtonnets et les formes à renflement, mais encore nous avons surpris leur mode de formation en examinant Jour par jour une série de géloses ensemencées le même jour avec la dernière culture de cellules pures sur carotte. Après avoir été ovales et bourgeonnantes, les cellules s’arrondissent, puis elles s’entourent d’une fine auréole avec de petits grains bien colorés, tandis que certaines cellules sont réunies entre elles par des bâtonnets. Enfin, le cinquième jour les auréoles ont disparu et l’on constate une merveilleuse efflorescenee de bâtonnets et de formes à renflement. Toutes ces formes prennent fortement le Gram et le bleu polychrome. À l’état frais, les bâtonnets, avec et sans renflement, et les spirilles sont mobiles. Les formes à renflementetles petits bâtonnets se déplacent en masse. Les longs bâtonnets et les spirilles ont des mouvements de flexuosité. | En résumé, nous pensons qu'il s’agit d’un mode particulier de repro- ‘duction du muguet dans lequel la cellule semble se diviser en deux parties, une partie centrale qui reste inactive et une partie périphé- rique qui se divise en donnant naissance, soit à des bâtonnets, soit à des formes à renflement, qui peuvent, suivant qu’on les réensemence à temps ou non, soit reproduire la cellule, soit se transformer en bâtonnet. (Travail du laboratoire du service de M. le D' Ménétrier). SUR LA TRANSSUDATION DE CHLORURES PROVOQUÉE PAR L'INJECTION D'AUTRES SUBSTANCES DANS LES SÉREUSES ET DANS LES MUQUEUSES, par MM. Cu. AcaarD et L. GAILLARD. Lorsqu'on introduit dans le péritoine une solution de substance inof- fensive, il se produit, en même temps que l'absorption de cette sub- stance, un afflux de chlorures que nous avons étudié précédemment (1). (1) Société de Biologie, 24 octobre 1903, p. 1189, et Archives de médecine expé- rimentale, janvier 1904, p. 40, 812 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cet afflux se produit également lorsque, au lieu d'opérer dans une séreuse, on opère dans une cavité muqueuse, absorbante et sécrétante, comme l'intestin. Il à été observé récemment par MM. Nobécourt et Vitry, P. Carnot et Amet, à la suite de l'injection d’eau distillée dans l'intestin. Nous l'avons provoqué avec des solutions diversement con- centrées d’urée et de sulfate de soude, introduites dans des anses intes- linales voisines et de longueur sensiblement égale. Dans le même temps et pour une même substance, la solution la plus concentrée est absorbée en proportion relativement plus grande et donne lieu aussi à une transsudalion de chlorures plus forte. Pour deux substances différentes, au même litre pondéral mais en concentra- tion inégale, celle dont les molécules sont les plus grosses et les moins nombreuses (le sulfate de soude) est absorbée en proportion moindre, mais provoque une plus forte transsudation de chlorures. Nous avons cherché, en outre, à comparer ce double courant d’absorp- tion et de transsudation dans la séreuse et dans la muqueuse. Pour cela, nous avons pris deux cobayes de même poids; chez l’un, nous avons introduit, dans une anse intestinale d'environ 1 mètre de long, une certaine dose de solution isotonique ou hypertonique d’urée ou de sulfate de soude, et, chez l’autre, nous avons injecté la même dose de la même solution dans le périloine; puis, nous avons sacrifié les deux ani- maux après le même temps écoulé, et nous avons recueilli la totalité de liquide trouvé dans la muqueuse et dans la séreuse. La surface d’absorp- tion et de transsudation était évidemment beaucoup plus grande pour la séreuse que pour la muqueuse; aussi, faut-il considérer non la valeur absolue de l’absorption et de la transsudation, mais le rapport de l’une à l’autre. Or, nous avons constaté que le rapport entre le taux de l'absorption et la quantité de chlorures transsudés avait toujours une valeur plus élevée pour la muqueuse que pour la séreuse. En outre, le rétablisse- ment d’une concentration voisine de A— —(0°60 dans le liquide était obtenu avec une moindre transsudation de chlorures dans la muqueuse que dans la séreuse. En d’autres termes, dans la muqueuse, l'absorption de la substance injectée était relativement plus active et la transsuda- tion de chlorures relativement moindre que dans la séreuse. SUR L'ABOLITION DU POUVOIR LIPASIQUE DU SÉRUM PAR LE CHAUFFAGE ET SA RÉGÉNÉRATION PAR L'ADDITION DE SÉRUM FRAIS, par MM. Cu. Acuarp et A. CLERC. On sait qu'un sérum hémolytique chauffé à 55 degrés perd ses pro- priétés spéciales, mais les récupère par l’adjonction d’une très faible SÉANCE DU 14 MAI 813 quantité du même sérum non chauffé. Nons avons cherché si le pouvoir lipasique du sérum, découvert par M. Hanriot et caractérisé par le dédoublement de la monobutyrine, pouvait, une fois affaibli par le chauffage, se régénérer aussi par l'addition du sérum frais. I. — SÉRUM CHAUFFÉ ADDITIONNÉ DU MÈME SÉRUM FRAIS. à SÉR. CHAUFFÉ| SÉRUM FRAIS à EXPÉRIENCES MÉLANGE GAIN POURCENTAGE || (1 ec.) (1/2 ec.) I. Homme . 1,5 6,5 1455 D 30 0/0 JA 1,5 6,5 11,5 3.5 30 HUE 1,5 8,5 14,5 4,5 31 IS = 2 9 15,5 2,5 29 VA 1,5 7 11 2,5 92,7 NIEURE 3 12 21,5 6,5 30,9 VIT NE 1 5,5 8.5 2 23.5 NI 2 5 8,5 4,5 17.5 EXRARLE 1,5 4 6,5 1 15,3 X. — Où 10 20 7 39 XL. 1 3 5 1 20 XI. Lapin ( 19 27 7 25 XIII î 20,5 33 11,5 34,8 UE 1e 1,5 19 28 7,5 26,7 IT. — SÉRUM CHAUFFÉ ADDITIONNÉ DE SÉRUM ÉTRANGER FRAIS. à D le SÉR. FRAIS 2 POURCEN- EXPÉRIENCES TO ULE MÉLANGE GAIN avant après PIQUE TAGE chauffage chauffage 1/2°ec. a) Sérum humain + sérum humain. XVe 7 1,5 6,5 11,5 3,5 30,3 XVI. 8,5 1,5 9,5 14,5 4,5 31 XVII 3 Il 11 18 6 33,3 XVIII. % 1,5 7 10 1,5 15 XIX:. 6 15 a 5,5 0,5 9 XX! 10 2 3 D 0 0 b) Sérum de lapin + sérum de lapin. DOTE NE 19 | 1 8,5 13,5 4 29,6 D'OR ENENE 19 l 9 16 6 31,5 DO CITIE MATE 5 1 S 12 3 25 NX 5 1 7,5 12 3,5 29 c) Sérum humain + sérum de lapin. XXV 4 | 1785 | 19 | 27 | T5) PAR Or, nous avons constaté tout d’abord que, pour détruire sûrement le ferment lipasique, il est nécessaire, comme l'avait observé déjà M. Han- riot, de chauffer le sérum à une température relativement élevée, entre er 814 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 60 et 62 degrés, pendant une heure, et ensuite que pour obtenir un effet de régénéralion appréciable, il faut ajouter au sérum chauffé non pas des traces seulement, mais une quantité assez considérable de sérum frais. Dans nos expériences, nous avons mélangé, à À centimètre cube de sérum chauffé, 1/2 centimère cube de sérum frais. Le dosage du pouvoir lipasique a été fait dans le sérum chauffé, dans le sérum frais et dans le mélange. Tantôt le sérum frais provenait du même individu que le sérum chauffé, tantôt d'un autre individu ou même d'une autre espèce. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau ci-joint. Il ressort de ces constatations que l’activité lipasique du sérum, détruite à peu près entièrement par le chauffage, peut se régénérer par- tiellement par l'addition de sérum frais (1), pourvu que cette addition soit assez copieuse. En outre, il importe aussi que ce sérum frais soit doué d’une activité lipasique assez considérable, car la régénération paraît dépendre bien moins de l’activité iniliale du sérum chauffé que de l'activité du sérum frais. On peut voir en effet sur notre tableau que, si ce sérum est faible- ment lipasique, la régénération est elle-même peu prononcée (expér. VIII, IX, XI, XIX), alors même que le sérum chauffé était, avant le chauffage, assez fortement lipasique (expér. XX). Au contraire, un sérum frais fortement lipasique, agissant sur un sérum faible et chauffé, peut susciter une régénération relativement forte (exp. XVI, XVII, XXIII, XXIV, XXV). TABLE D'EXPÉRIENCE POUR LE CHIEN, LE CHAT ET LE LAPIN(2), par M. J. CARVALLO. La table que nous avons l'honneur de présenter à la Société offre à notre avis, sur les autres appareils employés actuellement pour la fixation des animaux, plusieurs avantages que nous voudrions signaler. En premier lieu, cette table est construite avec des matériaux solides, absolument imperméables et d’un entretien facile. Le pied et le cadre qui soutiennent le plateau sur lequel l'animal repose sont en fer et peints en blanc. Quant au plateau lui-même, il est en cuivre. D'autre part, cette table est facilement basculable, et, grâce à un (1) M. Hanriot (Société de Biologie, 26 janvier 1901) a observé une régénéra- tion analogue dans le sérum dont le pouvoir lipasique avait été détruit par l’acidifiation. (2) Cette table a été construite par M. Guyot, 305, rue Saint-Jacques, Paris. SÉANCE DU A4 MAI 815 système des plus simples et des plus ingénieux inventé par le construc- teur, elle peut être fixée rapidement dans n'importe quelle position. Ajoutons qu'une fois fixée, elle supporte 800 kilos sans fléchir (fig. 1). On peut en outre se servir de cette table pour-chauffer ou refroidir l'animal à volonté. Pour le chauffage, la table possède une rampe à gaz qu'on peut approcher plus ou moins du plateau en cuivre, au moyen de Fi. 1. — Table d'expérience pour le chien, le chat et le lapin, vue de profil, en position horizontale. Dimensions de la table : hauteur, 1m10; longueur, 120; largeur, 050. S, système de bascule; — R, rampe à gaz; — r, robinet de la rampe à gaz; — M, mors; — T!, tringle no 1; — T? tringle n° 2; — T*, tringle n° 3; — B, barre latérale fixe; — C, cadre; — P, pied de la table; — A, attaches. deux coulisses placées aux extrémités du cadre métallique. Deux robi- nets situés au milieu de la rampe permettent de chauffer indistinctement tel ou tel côté de la table. En ce qui concerne le refroidissement, il peut être obtenu en versant directement de l’eau sur l'animal, car le plateau en cuivre étant légèrement centré, toutes les eaux de lavage s'échappent par un tuyau placé au milieu du plateau (fig. 2). 816 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le système de contention de cette table est ainsi compris. Tout autour du cadre métallique il existe un grand nombre de pièces en acier de la forme ici dessinée TT, servant à fixer les attaches de l'animal. Ces FiG. 2. — Table d'expérience pour le chien, le chat et le lapin, vue de face et en posilion inclinée. R, rampe à gaz; — M, mors; — T!, tringle n° 1; — T°, tringle n° 2 : — T*, trin- gle n° 3; — B, barre latérale fixe; — C, cadre; — Pc, plateau en cuivre ; — t, tuyau d'échappement; — A, attaches; — P, pied de la table. attaches sont constituées par de simples courroies ayant des boucles renversées. Dans la plupart des cas, ce système seul suffit. Néanmoins, SÉANCE DU 14 MAï 817 la table possède encore trois tringles en fer, nickelées, pourvues des mêmes accroches que celles du cadre, et à l’aide desquelles on peut immobiliser les animaux de toule taille dans les positions les plus diverses. À cet effet, les tringles peuvent se déplacer le long des deux barres en acier, situées parallèlement aux grands côtés du cadre, et une forte vis de serrage les maintient dans la position voulue. Pour immo- biliser la tête de l’animal, on trouve à l’une des extrémités du cadre le moyen d'y adapter un mors. Enfin, dans le but de pouvoir déplacer facilement la table, tout en lui conservant une grande stabilité, nous l'avons fait monter sur des roulettes, mobiles seulement dans le sens longitudinal. Nous ajouterons pour terminer que, dans toutes nos opérations chirur- gicales, nous interposons entre le plateau en cuivre et l'animal une bonne couche de ouate ordinaire, stérilisée à sec. De cette façon, l’ani- mal se trouve dans un lit moelleux, absolument propre, et le chauffage devient beaucoup plus facile et efficace. (Travail du laboratoire des travaux pratiques de physique de la Faculté de médecine de Paris.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 319 SÉANGE DU 21 MAL 1904 Présidence de M. O. Larcher, vice-président. ALLOCUTION DE M. O. LARCHER, VICE-PRÉSIDENT A L'OCCASION DE LA MORT DE M. MAREY, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ Mes chers Collègues, Vous savez tous ce que je dois vous annoncer officiellement aujour- d’hui : M. ie professeur Marey nous a été enlevé, depuis notre dernière réunion. Avec notre cher et illustre maître disparaît un des rares survivants de l’ancienne pléiade dont s’honorait déjà naguère la jeune Société dont nous célébrions ensemble le Cinquantenaire, il y à quelques années. Il n’était étranger à aucune des sciences qui font partie du domaine de la Biologie, et les résultals bien connus des travaux auxquels il a plus spécialement consacré ses remarquables aptitudes et son grand talent, l’avaient élevé, de très bonne heure, et maintenu au premier rang parmi les physiologistes les plus célèbres. La longue maladie, qui, justifiant trop tôt son pressentiment, l’em- pêchait, depuis près de dix-huit mois, de venir assister à nos séances, avait pourtant fait trève, un moment. Vous vous rappelez, Messieurs, avec quel empressement il était alors aussitôt venu, le 12 mars de cette année même, à notre grande satisfac- tion, présider la séance au cours de laquelle le scrutin lui réservait, dans l'élection d’un de nos plus distingués collègues, la réalisation d'un de ses derniers désirs. Malheureusement, le répit qui lui avait permis de venir, un jour, se joindre à nous, n’a pas duré. Graduellement, dès lors, le mal fit de rapides progrès, et, si éclairés, si-dévoués, qu'aient été les soins divers dont il fut entouré, notre cher BIoLOG1E. COMPTES RENDUS. — 1904. ANA DAV LE 58 820 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE malade, conservant jusqu'au dernier moment une douce sérénité, a fini par s’éteindre. : En sa demeure hospitalière, où tant de savants amis, tant d'élèves affectionnés, sont venus, si souvent, et où les jours malheureux les ont fait se presser encore plus nombreux, un deuil profond règne aujourd'hui. A la famille de notre regretté Président, j'envoie respectueusement, en votre nom, nos plus vives et bien sincères condoléances ; et, avant de lever la séance, en signe de deuil, je crois être aussi l'interprète exact de nos sentiments unanimes, en disant au plus ancien, au plus célèbre collaborateur de Marey, à notre vénéré collègue, M. le professeur Chau- veau, combien nous comprenons, combien nous partageons avec lui la douleur profonde que lui cause la perte inoubliable d'un de ses meil- leurs amis. Messieurs, la séance est levée. (67) 821 REUNION BIOLOGIQUE DE NANCY SÉANCE DU 10 MAI (904 SOMMAIRE CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Applica- | THÉ TONNES ENNEMI ANERe 821 tion des rayons N à l'étude des os- Maire (R.) : Sur les divisions nu- Gillations nerveuses M NC 826 | cléaires dans l’asque de la morille CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Ecrans et de quelques autres ascomycètes, 822 testiculaires ayant pour base l’ex- Mercier (L.) : Quelques réactions trait de glande interstitielle. . . . . 828 | microchimiques des corps figurés Guizcoz (Tu.) et SPrLLuanN (L.) : dureinidelGrenouille ee tmneer 824 Action des rayons X dans un cas SENCERT (Louis) : De l’ouverture deleucémielsplénique ser" 828 | large de la plèvre en chirurgie in- LE MonxiER : Sur un cas de aisso- trathoracique expérimentale . . . . 851 ciation des caractères chez le né- Présidence de M. Charpentier. SUR UN CAS DE DISSOCIATION DES CARACTÈRES CHEZ LE NÉFLIER DE BRONVAUX, par M. LE Monnier. M. Le Monnier présente, à la Réunion, une branche présentant tous les caractères de l’Aubépine, qui pousse sur un pied de Véflier de Bron- vaux. On sait que, sous le nom de ÂVéflier de Bronvaux, on cultive depuis quelques années une forme végétale intermédiaire entre l'Aubépine et le Néflier. Cette forme a été rencontrée à Bronvaux, près de Metz, par M. Jouin, chef de culture des pépinières de Plantières. Au moyen de la greffe sur Aubépine, les exemplaires de cette plante remarquable ont été multipliés et M. L. Simon, propriétaire des pépinières, a bien voulu donner au Jardin botanique de Nancy trois de ces greffes. Actuellement ces plantes forment de vigoureux arbustes abondamment pourvus de rameaux qui conservent les caractères mixtes du MWéflier de Bronvaux. NES Pr SE Vie BA Sr Ra ES: QE a Pr iQ à ARE) 74 ( 822 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (68) C'est au milieu de ces formes anormales qu'est apparue la branche d'Aubépine. On observe donc ici une dissociation des caractères mélangés dans les autres branches du même pied. On a déjà signalé des faits de même ordre chez le Cylisus Adami Poir., dont les allures sont si semblables à celles du Véflier de Bronvaux, inais comme le Cytisus Adami ne donne pas fréquemment ces rameaux à port de C. purpureus, il a paru intéressant de signaler aux membres de la Réunion un exemple sur lequel ils puissent étudier par eux-mêmes un phénomène peu répandu. SUR LES DIVISIONS NUCLÉAIRES DANS L'ASQUE DE LA MORILLE ET DE QUELQUES AUTRES ASCOMYCÈTES, par M. R. MAIRE. Depuis nos dernières notes sur la cytologie des Ascomycètes, Guil- liermond a publié dans ce recueil une note sur la karyokinèse de Peziza rutilans, dans laquelle il dit incidemment que chez Peziza vesiculosa il a observé 8 chromosomes et non 4 comme nous l’avions annoncé. Nous avons étudié à nouveau nos préparations et constaté que le nombre des chromosomes est bien de quatre, mais qu'il est facile de croire ‘à l'existence de huit, parce qu'à la première division il y a d’abord formation de protochromosomes qui persistent très tard, et parce que d'autre part il est impossible d'effectuer une numération à l’anaphase, les chromosomes se fusionnant très rapidement. De plus, lors de la division des chromosomes, ceux-ci s’étirent en filaments toruleux dont chaque granulation pourrait compter pour une unité si l’on n'y prenait garde. Les divisions suivantes présentent les mêmes inconvénients pour lanumération, moins l'existence de protochromosomes, mais en revanche l'extrême ténuité des éléments les rend difficiles à analyser. Frappé de ce fait que Guilliermond trouve le plus souvent dans les espèces d'Ascomycètes étudiées par lui 8 chromosomes, alors que jusqu’à présent nous en avons toujours compté quatre, nous avons étudié à ce point de vue quatre espèces appartenant à des groupes différents : une Helvellacée, la Morille (Worchella esculenta), deux Lichens, Anaptychia ciliaris et Pelligera canina, et enfin un pyrénomycète, Æypomyces Tlu- ryanus. La Morille est la plus facile à étudier. Sur des coupes de matériel fixé au Flemming et au Merkel et colorées au Flemming, nous avons pu étudier les trois divisions. La première division présente à la prophase 6 à 8 protochromosomes qui se réunissent en quatre chromosomes (69) SÉANCE DU 10 maï . 823 définitifs qui se divisent par étirement, autant qu'il est possible d'en juger. Cet élirement n'est pas considérable et les chromosomes fils se séparent définitivement à une faible distance l’un de l’autre. A l'anaphase, les chromosomes fils se réunissent rapidement en une seule masse. La seconde division, comme la première, a son axe longitudinal, mais les deux noyaux, au lieu d’être situés tous deux sur l'axe de l’asque, comme dans les Pézizes, se divisent l’un à côté de l’autre, parallèlement à cet axe. Les troisièmes divisions sont plus ou moins obliques. Dans les deuxièmes et troisièmes divisions il n'y a pas formation de proto- chromosomes, il se forme d'emblée quatre chromosomes. Ces quatre chromosomes ne se divisent pas absolument en même temps, de sorte que l’on peut trouver des figures de métaphase où l’on voit sur le fuseau deux grosses masses et quatre petites masses, ou six petites masses et une grosse. Dans toutes ces mitoses, les pôles du fuseau sont occupés par une granulation safranophile entourée d’irradialions très nettes, prenant le violet de gentiane, comme le fuseau lui-même. Après la troisième divi- sion, les asters se recourbent autour de huit noyaux fils et délimitent les huits spores. Celles-ci, primitivement uninucléées, possèdent à la maturité huit noyaux. Les divisions se font très rapidement dans la spore et sont très difficiles à étudier; il ne paraît pas s’y former de fuseau bien différencié; on voit chaque noyau donner quatre masses chromatiques qui se divisent et donnent naissance à deux noyaux fils, maisles détails sont indistincts Pendant les divisions et la formation des spores, l’asque ne cesse de sécréter du glycogène; il contient de nombreuses graines de sécrétion métachromatiques et basophiles, qui se retrouvent également dans beaucoup de spores pendant leur maturation. Dans l'Anaptychia ciliaris, le développement des asques est successif et très lent, de sorte que nous n’avons pu trouver autre chose que des prophases de la première division dans lesquelles se formaient huit masses chromatiques après disparition de la membrane nucléaire. Chez le Pelligera canina, nous avons pu compter quatre chromosomes à la troisième division dans l’asque. Les spores se forment de la manière ordinaire, par recourbement des asters autour du noyau, puis s’allongent, elles et leur noyau, comme dans le Rhytisma. Le noyau se divise ensuite longitudinalement; cette division est suivie d’un eloisonnement, puis les noyaux fils subissent également une division longitudinale suivie de cloisonnement transversal, ce qui constitue une spore cylindrique tri- septée. Chez l’Hypomyces T'hiryanus, l'étude des divisions nucléaires est très difficile, même dans l’asque; nous croyons cependant qu’il y a quatre chromosomes dans les mitoses conjuguées qui donnent naissance aux deux noyaux du jeune asque, et à la deuxième division du noyau secon- 824, RÉENION BIOLO5IQUE DE NANCY _ (70) daire de l’asque. Les divisions dans l’asque sont toutes longitudinales, et les noyaux fils sont tous placés sur l’axe de l’asque, de sorte que les spores qui en résultent sont disposées sur une seule rangée. On trouve chez cette espèce de nombreuses cellules contenant des cristaux d'oxa- late de calcium ; ces cellules sont encore vivantes et présentent un noyau très net. QUELQUES RÉACTIONS MICROCHIMIQUES DES CORPS FIGURÉS DU REIN DE (GRENOUILLE, par M. L. MERGER. Si, sur un fragment de rein de Grenouille (Aana esculenta) fixé par le liquide de Golgi, on pratique des coupes à l’aide du microtome de Ran- vier, on constate l'existence, dans les cellules des tubes rénaux, de corps figurés de différentes sortes : 1° Des petits grains grisätres disposés en lignes régulières semblant correspondre aux bâtonnets; 2 Des granulations plus grosses, de même teinte et de taille variable ; 3° Des granulations de même taille que les précédentes, surtout situées vers la base des cellules et colorées en jaune brunûtre. Tribondeau (1), C. Regaud et À. Policard (2) ont signalé des enclaves intracellulaires de nature différente dans les reins des Vertébrés, ef” particulièrement chez les Ophidiens. J'ai cherché à vérifier leurs résullats chez les Batraciens, à l’aide de quelques réactions chimiques, spécifiques d'après Loisel (3), qu'offrent ces corps figurés vis-à-vis de certains réactifs, comme le rouge neutre, le Soudan II et l'acide osmique. Une coloration vitale du rouge neutre après raclage nous montre, colorés en rouge, les petits grains disposés régulièrement, et quelques autres granülations, moyennes el grosses, tandis que de nombreuses granulations de taiile moyenne et de grande taille restent incolores. Par contre, le Soudan IIT colore en brun rougeûtre ces dernières gra- nulations sur lesquelles le reuge neutre est sans action, et laisse les premières incolores. Nous sommes donc en présence de graisses neutres ou de lécithine. Or, l'acide osmique donne à ces mêmes granu- (1) Tribondeau. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1902 (1), 1902 (2), (3), (4). — 1903 (3). — Actes de la Société linn. de Bordeaux, 1902 (3), 1903 (2). (2) G. Regaud et A. Policard. Recherches sur la structure du rein de quelques Ophidiens, Arch. d'anat. micros., 1903 (VI, 2 et 3). (3) Loisel. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1903, t. LV, p. 703. (74) SÉANCE pu A0 mat 895 Jations, colorables par le Soudan III, ainsi que nous l'avons précédem- ment constaté avec le liquide de Golgi, une teinte jaune brunâtre, bien différente de la teinte noire encre de Chine que prennent les graisses en présence de l'acide osmique. Nous pouvons donc conclure à la présence de lécithine. La nature de ces éléments figurés nous explique pourquoi, sur des coupes obtenues par un montage à la paraffine en passant par le toluol, nous ne trouvons plus trace de ces granulations, le toluol dissolvant les lécithines. Le tableau suivant donne l’ensemble des résultats obtenus : Rein de grenouille. GROSSES GRANULATIONS ET GRANULATIONS MOYENNES (les grosses à la base des cellules.) PETITS GRAINS ACER alignés régulièrement. re mmtemmesmmteee | ; à Les unes grisâtre Acide osmique, CA 80 p. 400. Grisätres. Les autres jaunes brunâtres. ex Incolores. SORA IE HCiQnes. Couleur brun rougeûtre (pon- ceau.) Les unes rouges. houge neutre. Rouges. Les autres incolores. En résumé, nous nous trouvons en présence de trois sortes de granu- lations : 1° Des grains petits, disposés régulièrement, colorables par le rouge neutre ; % Des granulations colorables par le rouge neutre; 3° Des granulations colorables par l'acide osmique en jaune brunâtre, et par le Soudan III en brun rougeûtre. Je signale, dans cette note préliminaire, ces formations à titre de simples faits sans vouloir présumer de leur rôle histo-physiologique, n'étant pas encore suffisamment fixé sur leur nature. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Nancy.) 826 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY APPLICATION DES RAYONS N A L'ÉTUDE DES OSCILLATIONS NERVEUSES, par M. AUGUSTIN CHARPENTIER. Dans une série de communications antérieures (1), j'ai montré que le nerf soumis à des excitations électriques brèves présentait un pro- cessus oscillatoire particulier caractérisé par une fréquence de 750 à 800 par seconde et une vitesse de propagation semblable à celle de l'influx nerveux, d'où une longueur d'onde voisine de 35 à 36 milli- mèêires. D'autre part, j'ai montré qu'un nerf excité d'une facon quelconque émettait des rayons N ou analogues capables d'augmenter, soit direc- tement, soit par transmission à l’aide d’un fil, la luminosité d'un écran phosphorescent. Étant donné un tel écran mis en contact avec un fil de cuivre ou d'argent, dont l'extrémité libre peut être déplacée le long du nerf, on trouve partout cette augmentation de luminosité sous l'in- fluence d’une excitation. Relions maintenant à l'écran un second fil semblable au premier, et de même longueur, on pourra explorer simultanément deux points différents du nerf et superposer les effets photo-excitateurs émanant de ces deux points. Or, si on appelle A et B les points explorés sur le nerf, on soaiae que l’action produite sur l'écran sous l'influence de l’excitation varie avec l'intervalle AB, ce qui ne devrait pas être si l'émission de rayons N étail continue. Cette action est maxima quand les deux points sont aussi voisins que possible; elle diminue quand AB augmente jusqu'à une certaine valeur où elle s’annule, puis elle reprend, atteint un maxi- mum, et ainsi de suite. / La valeur de AB pour laquelle l'effet de l'excitation devient nul sur l'écran est précisément celle obtenue pour la demi-longueur d'onde de l'oscillation nerveuse, soit 17 à 18 millimètres. Il s’agit là, évidemment, d’un phénomène d’interférence montrant par une méthode nouvelle l'existence des oscillations étudiées précédemment. Ce qu'il y a d'imporlant dans cette nouvelle expérience, c'est que l'excitation mécanique produit tout aussi bien le phénomène que l’exei- tation électrique, unipolaire ou bipolaire, instantanée ou périodique. Le nerf non soumis à une excitation extérieure est déjà à l’état actif, comme le prouve le tonus musculaire. Je me suis demandé si l’excita- tion tonique continue ne donnerait pas lieu aux mêmes interférences, et l'expérience m'a donné un résultat positif, à l'intensité près. Si on coupe le nerf à sa partie supérieure, il n’en est plus de même. 4 (4) Acad. des sciences, juin et juillet 4899; février, mars et avril 4901 ; Société de Biologie (Réunion biologique de Nancy), 43 juin 1903. (73) SÉANCE DU 10 mai 827 { L'excitation tonique est donc fournie par les centres, et elle est oscilla- toire, avec la même période que dans le cas d’une excitation extérieure : ce cas se distingue, d’ailleurs, du précédent en ce que les interférences par excitation extérieure persistent après la seclion du nerf. J'ai supposé dans tout ce qui précède que l'excitation était portée sur le nerf (sciatique de grenouille) à la partie supérieure, les points explorés A et B étant situés tous deux plus bas, et recevant par consé-: quent l'excitation transmise dans la même direction. On peut, au contraire, appliquer l'excitation entre les deux points A et B, auxquels elle sera transmise alors en sens opposés. Dans ce cas, on trouve un résultat nouveau et qui nous renseigne sur le mode de production et de propagation de l’oscillation nerveuse. On pouvait se demander si celle-ci était transversale ou longitudinale : l'expérience nous apprend qu’elle est longitudinale. _En effet, il y a interférence dans ce second mode d’excilation, toutes les fois que les points explorés À et B sont à égale distance du point excité, quelle que soit, d’ailleurs, la valeur absolue de cette distance. Il s'ensuit qu'en mème temps que l'excitation transmet vers le bas une onde positive, par be elle donne en haut une onde négative, et inversement. C’est le mode de vibration d’une corde métallique ébranlée vers son milieu par une friction dans le sens de sa longueur. Je me suis assuré, du reste, par la même méthode, que l’interférence se produisait sur une telle corde entre deux points symétriques par rapport à l’origine du mouvement. Cette analogie de forme avec l’oscillation nerveuse n'implique, évi- demment, en aucune façon, une analogie de nature. Dans l'excitation intermédiaire du nerf, il y a encore une autre posi- tion de À et B pour laquelle doit se produire l’interférence : c’est lorsque la distance de A point d’excitation diffère de celle de B à ce même point ou inversement d’une longueur d'onde entière. On trouve, en effet, que l'écran ne réagit QUES quand cette différence est voisine de 35 à 36 milli- : mètres. Partout, ailleurs, l'écran réagit plus ou moins. Il montre pourtant encore des minima moins accusés indiquant dans l’oscillation nerveuse la présence d’harmoniques. C’est là un point sur lequel je me propose de revenir. Il résulte de ce qui précède une nouvelle démonstration des oscilla- tions nerveuses et la mise en évidence de leur propagation longi- tudinale, CA SE RE A LR RE PACE UE OR ER ANR LR RS È NE DE Ur PERS DA) LAN MAR rte Caren ga TRE ORNE A 898 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY ECRANS TESTICULAIRES AYANT POUR BASE L'EXTRAIT DE GLANDE INTERSTITIELLE, "2 par M. AUGusrIN CHARPENTIER. J'ai montré que l'extrait testiculaire de Brown-Séquard et d'Arsonval interposé entre la glande génitale mâle et un écran phosphorescent pro- duisait une sorte de phénomène de résonance augmentant l'effet pro- duit sur l’écran par le voisinage de cet organe. La même propriété est- elle dévolue aux extraits de la glande interstitielle dont MM. P. Bouin et Ancel ont démontré récemment le rôle et l'importance? J’ai étudié avec ces auteurs deux substances provenant de pores cryptorchides : une substance liquide résultant de la macération du testicuie dans l'eau salée, avec filtration à l'acide carbonique; l’autre constituée par une bouillie provenant du broiement de l'organe avec de la glycérine à l’aide du broyeur Borrel. Les deux substances introduites dans de petits flacons plats munis à leur surface d’une tache de sulfure phosphorescent ont fourni l’une et l’autre un accroissement d'éclat sensiblement plus grand vis-à-vis du testicule que contre les autres parties du corps. Ces sortes d'écrans présentent aussi un éclat très net en regard des centres nerveux, spé- cialement du cerveau. Ils permettent surtout de localiser facilement un point de la moelle qui correspond vraisemblablement au centre génito- spinal et qui se manifeste chez l’homme par un maximum d'éclat limité. au voisinage de la première vertèbre lombaire. L'extrait testiculaire entier permet de faire, du reste, les mêmes con- statations. / ACTION DES RAYONS X DANS UN CAS DE LEUCÉMIE SPLÉNIQUE, par MM. Tu. Gurrzoz et L. SPILLMANN. Nous avons eu l’occasion de soumettre à l’action des rayons X une malade atteinte de leucémie splénique. Tous les moyens thérapeutiques actuellement indiqués, y compris les injections arsenicales intra-paren- chymateuses, avaient été successivement utilisés sans que le résultat ait été bien satisfaisant. C’est en présence d'un état grave, dont l'issue ne semblait pas faire de doute, et connaissant d'autre part les résultats favorables obtenus par les rayons X dans deux cas de leucémie (1), que (1) Senn (de Chicago), Med. Record, 1903, 22 août; Bryant et Crane-Bangor, Med. Record, 1904, 9 avril. (75) SÉANCE DU 10 MAT 829 M. le professeur P. Spillmann nous demanda de pratiquer le traitement radiothérapique. Nous croyons intéressant de communiquer à la Réu- nion les résultats de cette observation, car nous pensons qu’elle se pré- sente avec la valeur d’une expérimentation. L'un de nous appliquait la radiographie dans des conditions aussi définies que possible, l’autre suivait la malade par des analyses de sang répétées sans être au courant du traitement pratiqué, pendant que M. le professeur P. Spillmann obser- väit la malade au point de vue clinique. Il s'agissait d'une jeune fille de vingt-sept ans qui présentait depuis deux ans des symptômes de leucémie splénique. Anémie profonde avec souffle mésocardiaque intense, rate débordant de cinq travers de doigt les rebords des fausses côtes, hémorragies sous-cutanées, épistaxis, amaigrissement considérable, entérite chro- nique. - Dans le cas particulier mais sans vouloir établir d’une façon définitive la technique, nous avons limité l’action des rayons à la zone splénique: Nous estimons même qu'il y aurait intérêt dans d'autres cas à soumettre entièrement le malade à l’action des rayons. Sans pouvoir entrer dans tous les détails, nous dirons que les tubes utilisés ont été de divers modèles, en particulier des tubes à anticathodes de chrome platiné, qu’ils étaient en général puissamment alimentés par une bobine de 50° centimètres d’étincelles, avec interrupteur Wehnelt fonctionnant sous un voltage de 80 à 110 volts. On notait l'intensité du courant dans l'inducteur, la résistance équivalente du tube au spintérémètre et, lorsque le tube était bien poussé, il acceptait en série avec une soupape de Villard une intensité de 2 à 3 Ma. Le sujet était placé de 30 à 40 centimètres de l’anticathode et la qualité des rayons définie par une radiographie du radio-chromomètre de Benoist prise pendant l’applica- tion dont la durée variait de 3 à 5 minutes, en général 5 minutes. L'analyse du sang faite le 1°" décembre avant l'application des rayons X indiquait par millimètre cube, . . . Gl. r., 2.724.000 et GI. bl., 11.200. 4 séances de radiothérapie (1°", 4, 8, 14 déc.). Dureté, # à 5 au radiochro- momètre. 14 décembre. — Examen du sang. . . . Gl. r., 1.074.000 et GI. bl., 8.400. 2 séances de radiothérapie (17 et 19 déc.). Dureté, 6 et 7 au radiochro- momètre. 19 décembre. — Examen du sang. . . . Gl. r., 1.181.000 et GI. b]., 6.600. 4 séances de radiothérapie (21, 23, 26, 28 déc.). Dureté, 6 à 7. 29 décembre. — Examen du sang. . . . Gl. r., 1.300.000 et GI. bl. 6.700. La rate ne déborde plus que de deux travers de doigt. 5 séances de radiothérapie (31 déc. 2, 5, 7, 9 janv.). Dureté, 6. 11 janvier, — Examen du sang , . . . . Gl. r., 1.280.000 et Gl. bl. 4.600. : : 830 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (76) 6 séances de radiothérapie (12, 14, 16, 19, 21, 23 janv.). Dureté, 3 4 et 5, durée moins prolongée, rayons moins intenses par suite d’une légère pigmen- tation de la peau qui apparut le 12 janvier, et mit un mois à disparaître. Cessation de la radiothérapie jusqu'au 22 mars. 25 janvier. — Examen du sang . . . . Gl. r., 1.794 000 et Gl. bl,, 5.600. 13 février. — Examen du sang . . . . Gl. r., 2.732.000 et GL.bl., 6.500. 24 février. — Examen du sang . . . . Gl. r., 1.680.000 et Gl. bl,, 41.600. 9 mai. — Examen du sang . . . . . . Gl. r., 1.772.000 et Gl bl 9200 1 séance de radiothérapie le 22 mars. 23 mars. — Examen du sang . . . . . Gl. r., 1.320.000 et Gl. bl°,8:000, 4 séances (24, 26, 29 et 31 mars). Dureté, 5 à 6; durée 3 minutes; entre 2 Ma et 3 Ma dans le tube. Radiothérapie suspendue jusqu’au 25 avril. 5 avril. — Examen du sang . . . . . . Gl. r., 2.588.000 et Gl. bi., 6.000. 23 avril. — Examen du sang. . . . . . Gl. r., 2.500.000 et Gl:bl:,6:000: 7 séances de radiothérapie (25, 28, 30 avril, 3, 5, 7 et 10 mai). Tube dur (7 environ), durée 4 minutes. 10 mai. — Examen du sang. . . . . . . Gl. r., 1,560.000 et G1. bl. 4.400. On voit qu'après chaque série d'application des rayons il y a des modifications du sang caractérisées par la diminution des éléments glo- bulaires, mais surtout des leucocytes. Il y eut cependant une fois aug- mentation des globules rouges pendant le traitement tandis que les globules blancs diminuaient. Les formules leucocytaires sont égale- ment modifiées. s Constamment en rapport avec la diminution des leucocytes, M. P. Spillmann observa une diminution de la rate et une amélioration de l’état général. Les épistaxis cessèrent dès les premières séances. Il y en eut cependant quelques-unes lors de l'interruption principale du traitement. Nous concluons qu'il est possible d’agir sur les tissus profonds sans qu'il se manifeste de lésions superficielles, qu'on peut ainsi obtenir une action sur les organes hématopoiétiques et sur le sang qui s’est mani- festé dans ce cas de leucémie par une diminution des globules blancs; qu'il est possible, vu les manifestations cliniques concomitantes, d'uti- liser cette action dans un but thérapeutique. En comparaison de l’état cachectique dans lequel la malade se trouvait il y a dix-huit mois, on peut dire qu'il s’est produit chez elle une véritable transformation. (77) SÉANCE DU 10 MAI 831 DE L'OUVERTURE LARGE DE LA PLÈVRE EN CHIRURGIE INTRATHORACIQUE EXPÉRIMENTALE, par M. Louis SENCERT. Au cours de mes recherches sur la chirurgie expérimentale de l’œso- phage thoracique, j'ai été amené à aborder la portion thoracique de l’æœsophage par la voie transpleurale, préconisée chez l’homme par Tuffier et par Gosset. J'ai teutésur 8 chiens de faire des résections partielles de l’æœsophage thoracique en opérant de la facon suivante. Je fais une incision en U dans la région postéro-latérale droite du thorax, et relève un lambeau cutanéo-musculaire de la même forme. L’hémostase assurée, je fais une petite ponction dans l’espace intercostal qui se trouve à l'extrémité inférieure de la plaie et je laisse le pneumothorax s'installer lentement. Après quelques minutes d’attente, pendant lesquelles je modère à volonté l’entrée de l'air dans la cavité pleurale, je relève rapidement vers le haut un volet costo-pleural, de forme quadrangulaire, à base supérieure adhérente. L'hémostase des vaisseaux intercostaux est rapidement assurée à l’aide de l’angiotribe de Doyen. Le poumon est fortement rétracté sur lui- même. Dès que la plèvre est ponctionnée, le rythme respiratoire de l'animal à changé; il est devenu moins ample et plus fréquent. Le plus souvent, le ‘nombre des mouvements respiratoires, qui était de 20 par minute au début de l'opération, monte à 30 dès l’ouverture de la cavité pleurale, puis atteint 36, 40 quand le pneumothorax est complet. Dès que le thorax est largement ouvert, une barrière de compresses asepti- ques et chaudes isole et masque le poumon et toute la partie inférieure de la cavité pleurale droite. Restent seulement visibles, dans la partie supérieure, la veine azygos et l’œsophage soumis à des mouvements de va-et-vient très prononcés, qui sont dus à l'aspiration provoquée sur les organes du médiastin postérieur par le vide pleural gauche. Je passe sur l'opération pratiquée à l’æœsophage. Très peu de temps après l’ouverture large du thorax, temps qui ne dépassa jamais vingt minutes chez mes animaux, le chien fait 2 ou trois grands mouvements inspiratoires, puis s'arrête de respirer. La respiration artificielle est impuissante à le ranimer. Le cœur est arrêté. Sur les 4 premiers de mes chiens, l'opération à suivi exactement ce cours. Seul le temps écoulé entre l'ouverture large du thorax et la mort a varié. Chez l’un j’eus à peine le temps d’inciser la plèvre médiastine et de saisir l’æsophage; sur deux autres, je pus isoler l'æœsophage, l’attirer et commencer le surjet postérieur (10 minutes); sur le quatrième, je finissais le surjet muqueux antérieur (quinze minutes) quand le chien mourut. Dans l'impossibilité de faire une opération durant plus de dix minutes à un quart d'heure à cause de l’asphyxie résultant du pneumothorax, je tentai de ‘remédier aux effets de ce pneumothorax en pratiquant d'emblée la respira- he Y 892 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (78) tion artiticielle après trachéotomie. J’opérai de cette manière sur deux chiens et pus mener à bien la résection transpleurale de l’æsophage thoracique ; l'opération terminée et le lambeau rabattu, je vidais d’air la cavité pleurale par aspiration à la pompe à eau, à la manière de Frédéric. Les deux chiens moururent de broncho-pneumonie, l’un après vingt-quatre, l'autre après trente-six heures. Mettant cette complication sur le compte de la trachéotomie, si aseptiquement qu’elle eût été faite, je pratiquai le tubage du larynx et de la trachée sur deux nouveaux chiens, avec le même résultat. De ces quelques expériences, il résulte que les chiens ne résistent pas au pneumothorax consécutif à l'ouverture large de la cage thoracique. Les expériences de Rodet et Pourrat les avaient amenés d'ailleurs à cette conclusion, que le pneumothorax ouvert est mortel chez le chien « au bout de peu d'instants ». C’est aussi la conclusion des expérimen- tateurs allemands (Gerulanos). Ce fait n'a d’ailleurs rien qui puisse surprendre un physiologiste. La respiration artificielle après trachéo- tomie ou tubage permet aux animaux de supporter momentanément la perte fonctionnelle de la moilié de leur champ respiratoire. Mais dans ces conditions les chiens meurent très rapidement de complications pulmonaires. Tuffier et Haiïillon ont pu cependant, par un procédé analogue, «conserver pendant de longs mois des chiens à qui ils avaient fait des opérations impliquant des délabrements assez considérables », Les chiens de Tuffier et Haillon résistaient à l'insufflation pulmonaire « dans un laboratoire non approprié à des vivisections aseptiques ». Les miens ont été opérés dans une salle d'opération parfaitement aseptique, à une température de 28, 29 degrés; ils étaient portés après l'opération dans une infirmerie voisine de la salle d'opération et également chauffée à 18, 20 degrés, et ils sont morts de bronchopneumonie. Le refroidisse- ment est absolument à rejeter dans la genèse de leurs inflammations pulmonaires. Mais il n’est pas besoin, à mon sens, de l'invoquer ici. Il y a dans l'ouverture large du thorax une cause de congestion irès puissante, tenant à l'exposition prolongée à l'air extérieur, même à travers une barrière de compresses, de la cavité pleuraie et de toute la surface pulmonaire; ajoutons le refroidissement, si minime soit-il, comme cause de congestion, et par-dessus tout l’insufflation pulmonaire, manœuvre toujours aveugle et traumati- sante pour les alvéoles pulmonaires, et nous nous expliquerons la gra- vité de l'ouverture large et tant soit peu prolongée d’une cavité pleurale. Tuffier et Haïllon ont évité ces causes de congestion. Cela tient peut- être aux petites dimensions de l'ouverture qu'ils faisaient à la paroi thoracique. Ces auteurs se contentaient en effet d'inciser un espace intercoslal sans même réséquer une côte. Mais comment, dans ces con- ditions, les organes intrathoraciques peuvent-ils être accessibles à l'intervention chirurgicale, ce qui est le but de nos recherches? Il me paraît bien difficile, par. cette ouverture qui permet juste le passage du (19) SÉANGE DU 10 MAI 099 doigt, de pratiquer même le simple isolement du pneumogastrique ou de l’œsophage. En somme, sans insufflation pulmonaire, le pneumothorax est trop rapidement mortel, surtout à droite, pour permettre une opération de longue durée; la respiration artificielle, de son côté, dans les conditions du moins où on la pratique dans les laboratoires, nous paraît également, dans les cas qui nous occupent, impuissante à sauver les animaux en expérience. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Nancy.) ÉLECTIONS MM. Le Monnier et Cuénot sont élus vice-présidents, en remplacement de MM. Nicolas et Prenant. MM. Aimé, P. Bouin et M. Bouin sont élus secrétaires annuels. Le (rérant : OCTAVE PORÉE. . Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. STE RE LME AH AE LE RON | rene Éd NERO AA ES PAL, MECS EU A LRCIUTI EE AS DÉMARRER P. y SÉANCE DU 28 MAI 1904 SOMMAIRE AcHarp (Cn.) et PaissEAu (G.) : L'élimination comparée du bleu de méthylène et de l’urée Barrezut (J.) : L’hémolyse in vivo chez les animaux normaux . . . .. BourqQuecoT (Eu.) et Marcua- DIER (L.) : Etude de la réaction pro- voquée par les ferments oxydants indirects (anaéroxydases) Bourquezor (Em.) : Remarques à propos des fèves de Pythagore . . . CourTADE (J.) et Guyon (J.-F.) : Trajet des nerfs extrinsèques de la VÉSICUleMbIlTAIrTe RER ES SERRE de DecBer (Paur) : Remarques sur les abcès appendiculaires. Infection puerpérale guérie par le sérum de Raymond Petit Doyon, Karcrr et Bizet : Action de la pilocarpine sur le glycogène AUSTOIE EEE PATENT Aer GrrARD-MANGiN et HeNRt1 (Vicror) : Etude du phénomène d'agglutina- tion. — I. Agglutination des glo- bules rouges par l’hydrate ferrique colloïdal GILBERT (A.) et LEREBOULLET P.) : Le soi-disant xanthelasma sans ic- ® + + + + see iel lee Mel olle ele e GDHIORO VO MOME OO M0-F DO IDNO0 Lou 0116 Henri (Vicror) et MAYER (ANDRÉ) : Etude des complexes de deux col- loïdes. — III. Reversibilité de la précipitation des colloïdes négatifs par les colloïdes positifs. Irréversi- bilité de la protection des colloïdes instables par les colloïdes stables. Humgert (G.) : De la résistance globulaire dans la tuberculose expé- PNOnElO a SCT eee D'ENCr ETERre Laprevyr (F.) : Sur le pigment de Sipunculus NUS PEAU LAPICQUE (Louis) : En quoi peut être utile à la sensitive le mouve- ment par lequel elle répond à un LéGer (Louis) : Sur la sporulation UMA GUNONU TONNES LéGer (Lours) : Considérations sur 861 874 872 _ Brozocre. Compres rendus. — 1904, ut le genre Triacltinomyxon et des Ac- tinomyxidies LESAGE (J.) : na D IOIS RENE EAN nes Lesace (J.) : Toxicité des naphtols Get BP chezMleXchat A ENEOERe Levapiri : Sur l'origine des anti- corps antispirilliquese2. M0 LoiSEL (GUSTAVE) : Les poisons des glandes génitales (suite). III. Recherches comparatives sur les toxalbumines contenues dans divers tissus de grenouille, 000 me Maurez (E.) : Nouvelles recher- ches sur l’action du vêtement sur leSCcODayers se HenR En ANA MSI Méxérrier et AUBERTIN : L'hémo- globine musculaire dans les états AN ÉTMIOUE SANS ENCRES Meyer (En.) et Lampert (M.) : Emis- sion de rayons N pendant la coagu- Ja ton dus an os NicLoux (MAURICE) Etude de l’action lipolytique du cytoplasma de la graine de ricin. Action de la LeMPÉTAIUTE ER PNR EEE Niccoux (MAURICE) Etude de l’action lipolytique du cytoplasma de la graine de ricin. Vitesse de SAPOMNHEATONE- NE Ce IE EN Niczoux (Maurice) : La propriété lipolytique du cytoplasma de la graine de ricin n’est pas due à un ferment/soluble tree RENE ES Nogsécourt (P.) et Virry (G.) : Mo- difications des solutions de chlorure de sodium à 7 et 20 p. 1000 daos l’in- testin grêle du lapin au bout d’un temps variable eh Serres PATEIN (Gr. ) et Micuez (Cn.) : Con- tribution à l'étude de Déluneeune debencesJones ere RRere RicHarDsON (HARRIET) : À reply to certain criticisms of prof. Alfred Giard respecting the Bopyrids . . GIARD (ALFRED) Remarques à DC PO OMNO MOMOMOAAONMONO LL ONMPE Sur la toxicité des propos de la communication de M. Harriet Richardson. . . .. ... LVI. 59 870 839 868 836 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE De Tissor (J.) : La respiration dans une atmosphère dont l'oxygène Réunion biologique de Bordeaux. est considérablement raréfié n’est accompagnée d'aucune modification Brior (A.) : Sur la sécrétion rouge des combustions intraorganiques, des /ADLysies CPE PP 899 évaluées d’après les échanges res- Oppo et OLMER : Recherches sur DiTA LOT E SAN CAEN RÉ CNENCNEUS 816 | l’intoxication phosphorée expéri- WERNER (ALExIS) : Sur la toxine mentale #00 REP ER 901 sécrétée par le bacille typhique. . . 882 Rigrscu : Caféine et bacilles ty- WLAEFF : Transmission de l'im- Phique eLICONANEN PE NMEENERPE 898 MLD 4 0 0 0 cb 0 0 oo bib o oo vie S91 Présidence de M. O0. Larcher, vice-président. Mort pE M. Joserx MicnoN. M. O. LARcHER : J’ai le regret, Messieurs, d’avoir à vous annoncer la mort récente de M. le D' Joseph Michon. Notre confrère, dont le père (1) a été, à Paris, un des chirurgiens les plus estimés, faisait partie de notre Société, où il a été élu, très jeune encore, comme membre titulaire, en 14860 (2). Devenu membre titulaire-honoraire, en 1869, il donna, bientôt après, à son activité une nouvelle direction, qui l’éloigna longtemps de nos séances, où il fit pourtant, dans la suite, quelques apparitions. M. J. Michon, qui était Docteur ès lettres, a publié, outre sa thèse de Doctorat en médecine (3) et un Æloge historique d'Alfred Moquin- T'andon (4), divers travaux historiques, dont il a fait hommage naguère à notre bibliothèque (5). ; OUVRAGE OFFERT M. DELEZENNE fait hommage à la Société, au nom de M. L. Launoy, d’un Précis de technique histologique, avec préface de M. le professeur Laguesse. (1) Michon (Louis-Marie), 1803-1866. (2) Voy. de lui : « Tubercules du foie et de l'intestin chez la Poule », C. R. de la Soc. de Biol., 3° série, t. II, p. 21; Paris, 1860, et « Ablation du ganglion cervicai supérieur chez les Oiseaux », Ibid., 4° série, t. II, p. 185. Paris, 1865. (3) Étude d'histoire médicale : documents inédits sur « la grande peste de 1348»; Paris, 1860. (4) In-4°; Paris, 1864, et Bulletin de la Société zoologique d'acclimatation, 2ersérie, t. I, p. XLIV: Paris, 1864: (5) En 1860 et en 1863. SÉANCE DU 28 MAI 831 REMARQUES SUR LES ABCÈS APPENDICULAIRES. INFECTION PUERPÉRALE GUÉRIE PAR LE SÉRUM DE RAYMOND PETIT, par M. PAUL DELBET. En observant l’évolution de plusieurs cas d’appendicite abandonnés à eux-mêmes ou opérés par des procédés et à des moments divers, j'ai été amené à considérer l’appendice enflammé comme un centre toxi-infec- tieux et le pus qui l'entoure comme une barrière défensive élevée entre l’organisme et ce foyer infectieux. J'ai de plus montré, dans des exa- mens rapportés ici même, en 1900, que le sérum des péritonites appen- diculaires n'était pas toxique et Jouissait de propriétés bactéricides. J'en ai conclu que dans l’appendicite à chaud, c'était une faute d’éva- euer le pus sans toucher à l'appendice, qu'il fallait au contraire extirper l’'appendice sans enlever, et même en conservant le pus. Les faits clini= ques que j'ai observés, la guérison constante des appendicites opérées suivant ces principes n’ont fait que me confirmer dans mon opinion. Si d’ailleurs mes idées ont été jugées révolutionnaires par les chirurgiens, je pense qu'elles soulèveront moins d’étonnement au sein de cette so- ciété ; le pouvoir bacléricide du pus est une notion ancienne et scienti- fiquement démontrée. Poussant les conclusions à l'extrême, je me suis demandé si l’on ne pourrait suppléer l’organisme dans certains cas en lui apportant le pus bactéricide, et j'ai cherché à extraire du pus un sérum anti-infectieux. Je n’ai pu réaliser ce désidératum. Mais M. Raymond Petit, qui sur toutes ces matières professe des opi- nions analogues aux miennes a pu constituer un sérum chimiotactique qu'il a d'ailleurs présenté déjà dans cette société. Ce sérum est suscep- tible d'applications diverses. Je viens de l’'employer dans un cas d'infec- tion puerpérale grave. Voici dans quelles conditions : Je suis consulté le 19 novembre 1903, à Saint-Quentin, dans la maison de santé Dariel Larrey, par une femme D..., âgée de trente-quatre ans. La ma- lade a des pertes depuis vingt jours, et depuis quatre mois son ventre aug- mente de volume. Jamais les règles n’ont été suspendues : au toucher, on sent une tumeur faisant corps avec l'utérus. Cette tumeur est sphérique, elle présente des inégalités de consistance, ferme par place, fluctuante ailleurs ; son volume est supérieur à celui d’une tête d’adulte. Je pense à une gros- sesse, puis rejette ce diagnostic, la malade, femme honnête, mariée, affir- mant que les règles n’ont jamais cessé. Il n’y a d’ailleurs ni souffle ni bruit de cœur fœtal. On met la malade en observation chez elle, puis à partir du 24 novembre à la maison de santé. Dans la nuit du 25 au 26 no- vembre, la malade avorte et met au monde un fœtus mort et macéré, de cinq mois environ. Le 28 au soir, deux jours après l'avortement, la malade est prise d’un frisson et la température monte à 38 degrés. La température se 835 __ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE maintient les jours suivants et atteint, le 30 au soir, 39 degrés. En même temps, l'état général devient sérieux : Pouls, 120 ; peau sèche, langue chargée, inappétence et même envie de vomir. Le vagin, l’utérus examinés ne parais- sent nullement malades. Il n’y a pas de lochies fétides, et de l’utérus un peu mou ne coule qu’un liquide clair et transparent. Je n’en décide pas moins un cureltage qui est pratiqué le 30 au soir avec l’aide des docteurs Rigaut, de Saint-Quentin, et Capart, de Montbrehain. Ce curettage ne ramène que des débris insignifiants, la valeur en volume d’une pièce de dix sous. Des exa- mens de lamelles par frottis n’en révèle pas moins la présence du strepto- coque. Le lendemain matin, la température reste à 3824; elle remonte à 39 de- grés le soir et le surlendemain; le pouls toujours aux environs de 120; l'état est de plus en plus grave, inquiétant même. C'est alors que je me décide à re- courir au sérum de Petit. Le 1° décembre, l'utérus ayant été dilaté, j'introduis dans sa cavité des mèches de gaze stérilisée abondamment imprégnées de sérum. Le lendemain matin, la température est tout d'un coup tombée à 37 degrés; le pouls est à 90; la malade a reposé et les traits sont détendus. C’est une vraie résurrection. En même temps, il se fait par le vagin un écou- lement fade et purulent. Le 3, la malade fait une phlébite de la cuisse droite et du bras gauche, mais sans phénomènes généraux; le 5, nouvelle application de sérum. La malade est en pleine convalescence ; elle sort guérie Le 17 dé- cembre. Le fait est donc absolument typique. Infection grave streptococeique post abortum ; état inquiétant, échec des injections, du curettage, du sérum sous-cutané, disparition immédiate des accidents infectieux quel- ques heures après l'application du sérum de Raymond Petit. L’appari-« tion de la phlébite suivant l'application du sérum, survenant après la chute des accidents fébriles doit, à mon avis, être rapportée à une préci- pitation sur l’endoveine des microbes circulant dans le sang. Cette pré- cipitation est le fait du sérum. L'observation que je rapporte est typi- que et cependant ce qui m'a frappé dans cet essai ce n’est pas la chute _de la température, le ralentissement du pouls, la dispartion des phé- nomènes infectieux, la phlébite survenant après l'application du sérum, c'est surtout la transformation profonde des phénomènes locaux. L'uté- rus était mou, ne laissait couler qu'un peu de liquide séreux sans odeur. Dès l'application du sérum il devint plus ferme, et on vit apparaître un écoulement abondant, riche en leucocytes. C'est leur présence qui a assuré la guérison. SÉANCE DU 28 MAI 839 : à ÉTUDE DE L'ACTION LIPOLYTIQUE DU CYTOPLASMA DE LA GRAINE DE RICIN. ACTION DE LA TEMPÉRATURE, par M. Maurice NicLoux. (Communication envoyée le 21 mai.) J'ai montré précédemment (1) que la dissociation obtenue par des moyens mécaniques, des éléments cellulaires de l’albumen de la graine de ricin, permet de localiser sur le cytoplasma l’action saponifiante si remarquable de la graine entière. Cette action lipolytique qui s'effectue d’une part en présentant un maximum d'activité à la température d'environ 35 degrés, et qui d'autre part ne mei en jeu que de petites quantités de cytoplasma vis-à-vis de la quantité de substance à transformer, fait immédiatement penser à une action diastasique. Dès lors, il était intéressant de se demander si les propriétés géné- rales des diastases, si les lois qui régissent leur action, telles que nous les ont fait connaître les travaux de Duclaux, Tammann, Brown, Victor Henri (2), se vérifieraient en ce qui concerne l'hydrolyse des substances grasses par le cytoplasma. C'est cette étude que j'ai entreprise et dont je-donne aujourd’hui les premiers résultats. Nous étudierons dans cette note l’action de la température. Deux cas peuvent se présenter : ‘ a) Le cytoplasma seul en suspension dans l'huile subit l’action d’une température régulièrement croissante. On constate dans ces conditions une résistance remarquable à l’action de la chaleur : l’activité du cytoplasma (après retour à la température ordinaire) mesurée par la proportion d'huile saponifiée une fois l'acide acétique très étendu ajouté à l'huile, n’est nullement modifiée pour des températures comprises entre 40 degrés et 100 degrés et même pour la température de 100 degrés maintenue pendant vingt hewres. Pour les températures supérieures à 100 degrés, en représentant, par exemple, par 10 l’activité initiale on trouve après un séjour de : 1bminules a MAO CÉSAR RRNt een et) ibiminutes 24120 decrés ip ARR Eee G SE oMninUles MAS Ode SES TAN CS ES RS loninutes tam Nde rés eee An ete 0 (1) Maurice Nicloux. Sur un procédé d'isolement des substances cytoplas- miques. Comptes Rendus Académie des Sciences, 1904, t. CXXX VII, p. 1112, et Société de Biologie, 1904, t. LVI, p. 701. Même auteur. Sur le pouvoir saponi- fiant de la graine de ricin, Comptes Rendus Acudémie des Sciences, 1904, t. CXXX VII, p. 1175, et Société de Biologie, 1904, t. LVI, p. 702. (2) Victor Henri. Lois générales de l’action des diastases, 1 vol., 130 pages, Paris, 1903. On trouvera dans ce recueil la bibliographie. 840 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE b) Le cytoplasma en suspension dans l'huile (huile de coton), puis additionné d’eau acidifiée (acide acétique), c’est-à-dire effectuant une saponilication, subit l’action d'une température régulièrement cerois- sante. On reconnait alors que pour une même quantité de cytoplasma sapo- nifiant en trois heures à 20 degrés de l'huile de coton dans la propor- tion de 60 p. 100 environ, l'élévation de température favorise l'action saponifiante jusqu'aux environs de 35 degrés ; à partir de celle-ci l'ac- tion est retardée. Le tableau suivant permet de se rendre compte de l'ensemble de ces résultats. HUILE SAPONIFIÉE POUR 100 EN TEMPÉRATURE (1). TT — —— 30 min. 60 min. 90 min. 420 min. ‘180 min. 5 degrés. “A0 13,95 18,35 2913 28,3 10 — 9,95 LS 24,3 30,3 ZA ,5 45 — 9,95 47,5 25,5 31,9 45,8: 20 — 417,1 27,9 36,65 46,7 59,8 25 — 18,3 34,9 41,5 50,6 62,55: 30 — 24,3 33,9 . 45,45 03,4 65,85 35 —- 29,1 38.3 49 » 56,6 66,55: 40 — DAS 30,15 39,45 45 » 49,85: 45 — 14,35 245,9 25,9 28,85 30,65 D'autre part, on constate que la température de 55 degrés maintenue dix minutes arrête la saponification. Le fait que le cytoplasma à l'abri de l'humidité peut être porté à 100 degrés et même davantage sans perdre son activité, et que en miliew où i! exerce son action la température de 50 degrés à 55 degrés le rend rapidement inactif, concorde avec ce que nous savons des diastases. chauffées, soit à l’état sec, soit en cours d'action. ÉTUDE DE L'ACTION LIPOLYTIQUE DU CYTOPLASMA DE LA GRAINE DE RICIN. VITESSE DE SAPONIFICATION, par M. Maurice NicLoux. (Communication envoyée le 21 mai. Comme suite à la note précédente il nous faut maintenant étudier : 1° La constance d’action du cytoplasma ; 2° L'action des produits de la réaction ; (4) Les températures, obtenues par immersion dans un bain d'eau, sont exactes à un degré près environ. SÉANCE DU 28 MAL 841 re ms gsm rennes rentronmetmeeememntneee 3° L'action de la quantité de cytoplasma sur la vitesse de saponiti- cation ; 4° La loi exprimant la vitesse de saponification. 4° Le cytoplasma reste comparable à lui-même pendant toute la durée de la saponification. Voici le tpye d'expérience qui le démontre : On prend 25 grammes d'huile de coton, 0 gr. 2 cytoplasme (considéré à l’état sec, en réalité en suspension dans l'huile), 10 centimètres cubes acide acétique N/10; on trouve, après une demi-heure : proportion saponifiée p. 100 : A — 30,55. On partage la masse en deux, on ajoute à l’une d'elle 12 gr. 5 d'huile, 5 centimètres cubes acide acétique N/10, et on laisse continuer la saponification; la quantité de cytoplasma qui agit n’est plus alors que de 0 gr. 4; on trouve, après une demi-heure : proportion saponifiée pour 100 : B = 31,35. D'autre part, on prend : 25 grammes d'huile, 0,1 cyto- plasme, 10 centimètres cubes acide acétique N/10; on trouve, après une demi-heure : proportion saponifiée p.100 : C = 17,05. Si le ferment reste comparable à lui-même, on doit avoir : A CSS: = C'est ce que l'expérience vérifie avec une approximation tout à fait suffisante. 2 Action des produits de la réaction sur la vitesse de saponification. — Toutes choses égales, d’ailleurs, la glycérine, les acides gras exercent une action retardatrice. 3° Action de la quantité de cytoplasma:sur la vitesse de saponification. — Pour de petites quantités de cytoplasme agissant en un temps très court, la quantité d'huile saponifiée en un temps donné est proportion- nelle à la quantité de cytoplasma. Voici les résultats de deux expériences faites sur une quantité cons- tante de 1 gr. d'huile de coton : Exp Quantité de cytoplasma (1). . 0501 0502 050% Huile saponifiée p. 100 en : S0Pminutes te EU NE 9 85 19 70 41 » Exp. Il : Quantité de cytoplasma. . . . 0501 0502 0503 05 04 0505 Huile saponifiée p. 100 en SO MINULES ES ON PEN 9 25 18 9 27. 35 38 1 43 05 (4) Il s’agit de cytoplasma en suspension dans l'huile, la proportion de cytoplasma sec est d'environ le cinquième, soit 0 gr. 002, 0 gr. 004, etc. 842 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Loi exprimant la vitesse de saponificalion. — Nictor Henri a donné la formule générale exprimant l’action des diastases. Si « représente la quantité de substance à transformer au début de l'expérience, x la quantité transformée au temps {, met n deux constantes caractéris- tiques du ferment, la valeur de la constante de vitesse K est donnée par l'équation. a L K=—= mMm—n n L= =1ÿ rl Du ln D dans le cas ou m = n, on a : on _— ma =; (14m) LE, et toutes conditions re D restant nn mêmes, On à : K, —* log J == x formule qui correspond, comme on le sait, à l’action hydrolysante des acides, à condition de laisser constante, au cours d’une expérience, les proportions relatives d'huile et d’eau. Voici les résultats d’une expérience choisie parmi un très grand nombre d’autres semblables : PROPORTION D'HUILE SAPONIFIÉE (). DURÉE Pour 100 (a). VALEUR DE K, x 100. S0MMINUteS EL RE 23,6 0,388 AS ÉMINQUtES EN - Soil 0,387 COBMINUtES RAM 40 ,X 0,375 90minutese APCE 04,8 0,382 AD TÉMIQUIES ENS 67,0 0,392 5 150minUutEsSS EN 13,2 0,381 : 210 minutes. |. . . . 85,5 0,399 AS0ÉMINULES MEME . 94,4 0 278 La valeur de K, est donc remarquablement constante dans le cas d'une Saponification rapide alteignant 95 p. 100 environ en 730'. Pour les saponifications durant 24 heures, la valeur de K, baisse sensiblement en fonction du temps. Conclusion. — Ainsi donc, l’action de la température, la constance d'action du cytoplasma, l’action des produits de la réaction, la propor- tionnalité entre la quantité de cytoplasma et la quantité d'huile sapo- nifiée, la loi qui exprime la vitesse de saponification montrent qu’il y a parallélisme complet entre la cytoplasma (1) et les diastases (invertine, x (1) On pourrait ajouter à ces cinq caractères déjà si nets un sixième, à savoir : le chloroforme, l’arsénite de soude en petites quantités sont sans action ou à peu près sur le pouvoir saponifiant du cytoplasma. SÉANCE DU 28 MAI 843 émulsine, amylase, trypsine, maltase) (1). Nous montrerons prochaine- ment qu'une propriété tout à fait inattendue (action de l’eau) distingue essentiellement le cytoplasma de toutes les diastases connues. EMISSION DE RAYONS N PENDANT LA COAGULATION DU SANG, par MM. En. Meyer et M. LAMBERT. (Communication envoyés le 21 mai.) Divers auteurs ont envisagé la possibilité de manifestations physiques au cours de la coagulation. Si Galeotti a pu observer une diminution de la conductibilité électrique dans la coagulation enzymatique, les recherches anciennes de Jolyet et Sigalas, celles toutes récentes de ce dernier (Société de Biologie, T mai 1904) ont montré au contraire que la coagulation du plasma sanguin ne s'accompagne ni de déga- gement de chaleur, ni de variation de volume appréciable. Chanoz et Doyon ont également obtenu des résultats négatifs en recher- chant une production d'électricité. Somme toute, il ne semble pas que les réactions physiques étudiées jusqu'ici aient montré des phéno- mènes bien sensibles accompagnant la coagulation du sang. Il n’en est pas de même, ainsi que nous l'avons observé il y a quelque temps déjà, pour l'émission de rayons N. En effet, le sang au sortir des vaisseaux ou défibriné augmente bien la luminosité des écrans phosphorescents, comme le font du reste tous les tissus vivants, mais de plus en observant un tube dans lequel se trouve du sang qui va se coaguler on voit un renforcement très mani- feste et très brusque de l'éclat au moment de la coagulation. Différents essais nous ont montré que le sang reste fluide jusqu'au moment de ce renforcement, mais qu'aussitôt après le sang est complètement coagulé et que le caillot reste adhérent au fond du tube retourné. Le changement d'état qui se produit dans ie sang s'accompagne donc ici d’une manifestation extérieure aussi nette que celle observée d’autre part par M. Bichat pour les points critiques des gaz. (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. CXXXVIIT, p. 550, 29 février 1904.) (1) Victor Henri. Lois générales de l’action des diastases, 1 vol., 130 pages. Paris, 1903. (On trouvera dans ce recueil la bibliographie et tout ce qui concerne l’invertine, l’émulsine, l’amylase.) Victor Henri et Larguier des Bancels. Lois de l’action de la trypsine sur la gélatine, Comptes rendus, 1903, t. CXXXVI, 1088, 1581, et Société de Biologie, 1903, t. LV, p . 563, 787, 788 ; Victor Henri, Me Philoche et E. Terroine. Études sur la loi d'action de la maltase, Comptes rendus, 1904, t. CXXXVIII, 778, 779 et Société de Biologie, 1904, t. LVI, p. 494, 493, 497. 844 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il serait prématuré cependant de préjuger, des faits que nous rap- portons, la cause intime de l'émission de rayons N. La complexité des phénomènes de la coagulation du sang pouvant créer des causes mul- tiples de production de ces radiations, il est fort possible qu'elles soient dues à autre chose qu’à des modifications de volume. Quoiqu'il en soit, le fait que nous signalons, à côté de son intérêt direct, pourra sans doute servir à cause de sa sensibilité dans la déter- mination souvent si difficile du moment précis de la coagulation. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de Médecine de Nancy.) SUR LA SPORULATION DU /iactinomyxon, par M. Louis LÉGER. (Communication envoyée le 21 mai.) Dans la séance du 10 août 1903, au Congrès de l'Association française pour l’avancement des sciences, à Angers, j'ai exposé les premiers résultats de mes recherches sur les Actinomyxidies, et montré que les éléments en forme d’ancre à trois branches qui se trouvent réunis par 8 dans les kystes de 7riactinomyxon ignotum Stolc ne doivent pas être considérés comme des individus mésozoaires, ainsi que l'interprète Stolc, qui les a découverts (1), mais comme des spores myxosporidiennes, de structure compliquée par la présence de trois cellules recouvrantes qui s'ajoutent aux trois cellules urticantes du sommet pour constituer l'enveloppe de la masse protoplasmique centrale multinucléée. Jai montré aussi que, au terme de son développement, cette masse centrale se découpe en huit sporozoïites distincts. Dans cette même séance, j'ai exposé, en présence de plusieurs zoolo- gistes parmi lesquels le professeur Joubin, président de section, Pelse- neer, président d'honneur, Künckel, Fauvel, etc., les premiers stades du développement des kystes de 7riactinomyxon en insistant notam- ment sur la différenciation précoce de deux cellules d'enveloppe au début de l’évolution, mais je ne puis revendiquer ici la priorité de cette découverte, car ma communication n’a pas été publiée in extenso dans les Comptes rendus du Congrès, pour lesquels je n'ai donné qu'un résumé très succinct (2). Je rappellerai done seulement que le dévelop- (4) Antonin Stolc. Actinomyxidies, nouveau groupe de Mésozoaires, parent aux Myxosporidies. Bull. intern. de l’Ac. d. Sc. de Bohéme, 1898. (2) Louis Léger. Sur les Actinomyxidies. Assoc. franc. pour l'avancement des sciences. Compte rendu de lu 32° session. Congrès d'Angers, 1903, p. 228 (distribué le 11 janvier 1904). SÉANCE DU 28 MAI 845 pement de Zriactinomyxon s'accorde dans ses grandes lignes avec celui de Spheractinomyxon que nous ont fait connaître récemment Caullery et Mesnil (1), en insistant sur quelques-unes des particularités qu'il présente. Le développement de 7riactinomyxon, que j'ai suivi chez Tubifex lubifex Müll, s'effectue tout entier dans l’épithélium intestinal. L'infec- tion est ordinairement si intense que celui-ci parait remplacé par une Triactinomyxon ignotum Stolc. I. — Stade de développement du kyste à deux cellules internes : c, cellules enve- loppantes ; s, cellules-mères des spores, X 1300. Il. — Stade à dix cellules internes : p, cellules-mères de la paroi sporale ; 9, noyaux des cellules-mères des germes. X 1500. III. — Spore de Triaclinomyxon ignotum Stolc : r, partie recouvrante des cellules pariétales ; a. partie libre. X 400. IV. — Sommet de la tige de la spore montrant l'appareil urticant et les sporo- zoïtes; n, noyaux des cellules urticantes; sp, sporozoïtes; n', noyaux résiduels. X 1.000 env. couche de parasites. Malgré cela les cellules ou parties de cellules épi- théliales qui subsistent ne montrent pas d’altération sensible. Le point de départ du kyste est une cellule ovoïde ou piriforme de 8 v, (1) Maurice Caullery et Félix Mesnil. Sur un type nouveau d'Actinomyxidies et son développement et Sur les affinités des Actinomyxidies. Comptes rendus Soc. de Biologie, 5 mars 1904. 846 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à sans paroi, à cytoplasme fortement colorable avec un noyau sphérique à chromatine en réseau pourvu d’un gros nucléole et d’un centrosome très apparent. Un stade à deux noyaux lui succède, puis, après une nouvelle division, se forment quatre cellules, dont deux deviennent des cellules enveloppantes destinées à former la paroi kystique (fig. 1), tandis que les deux autres continuent à se diviser par des mitoses typiques pour donner le contenu définitif du kyste. Je n’ai pas jusqu'ici observé de stade à 3 cellules internes, mais des stades à 4, 6, 10 cellules dont 2 plus grosses (fig. 2), comme ceux que Caullery et Mesnil décrivent chez Spheractinomyxon. J'ai exposé ces faits au Congrès, mais je n'avais pas alors suivi plus loin l’évolution du kyste. Aujourd'hui, après de nouvelles observations, j'admets avec Caullery et Mesnil que les 2 grosses cellules sont destinées à former les éléments germes et les 8 autres l'appareil protecteur des spores. Chez 7riactinomyxon, les 2 grosses cellules se multiplient par mitose et donnent d’abord 8 cel- lules germigènes, puis le noyau de chacune de ces dernières continue à se multiplier et il se forme ainsi 8 masses germigènes comportant chacune 10 noyaux dont 2 plus petits. En même temps les enveloppes sporales se sont développées aux dépens des 8 petites cellules qui don- nent chacune un petit corps morulaire de 6 cellules dont 3 deviendront les cellules urticantes et les trois autres les cellules pariétales (cellules enveloppantes de Stolc). Ces dernières s’allongent en se renflant au niveau de leur noyau et il se constitue ainsi un appareil protecteur dans lequel se trouve enfermée finalement chacune des masses germigènes à 10 noyaux. A l’intérieur de ces deruières, le plasma se découpe de bonne heure en 8 corps d’abord sphériques, puis ovoïdes, comprenant chacun un noyau. Ce sont les sporozoïtes. Chaque spore renferme ainsi 8 spo- rozoïtes avec deux noyaux résiduels plus une boule chromatique. Au cours de ce développement, de nombreuses boules chromatiques sont expulsées dans le kyste au moment des mitoses. CONSIDÉRATIONS SUR LE GENRE Jiiaclinomyxæon ET LES ACTINOMYXIDIES, par M. Louis LÉGER. (Communicalion envoyée le 21 mai.) La forme de la spore de 7'riactinomyxon ignotum Stolc a été décrite avec précision par Stolc (1); elle représente une ancre à trois branches couronnée par les trois cellules urticantes au-dessous desquelles se trouve la masse germigène multinucléée. Celle-ci est enveloppée par les trois cellules pariétales dont la partie recouvrante (r, fig. 3) se prolonge (4) Stolc. Loc. cit. .SÉANCE DU 28 MAI 847 pour constituer la tige de l'ancre, et se termine par une portion libre (a, fig. 3) qui en forme les branches. Les cellules pariétales sont tout à fait transparentes, et leur noyau est situé ordinairement à la naissance des branches. Au terme de son développement, la masse germigène s’est divisée en huit sporozoïtes et il reste deux noyaux résiduels et une boule chroma- tique. Les sporozoïtes, d’abord en forme de petites boules à cytoplasme fortement colorable, deviennent bientôt ovoïdes, puis en fuseau renflé de 6 y de long avec un rostre court à l’un des pôles. Ils renferment un gros noyau sphérique à paroi chromatique pourvu d’un nucléole et d'un beau réseau chromatique. Sur la paroi, se voit un grain géminé assez fortement colorable qui est probablement un centrosome. Dans une autre espèce de 7riactinomyxon, qui vit également chez Tubifex tubifex, la masse germigène donne trente-deux sporozoïtes en forme de navette aplatie dont l’individualisation s'effectue le plus sou- vent alors que la spore est déjà presque complètement formée. Les kystes mürs de 7riactinomyxon ignotum tombent dans l'intestin de l'hôte où la plupart doivent se rompre et mettre leurs spores en liberté, car leur enveloppe est alors très fragile. Ce n’est qu'après leur sortie du kyste que les spores étroitement pressées à son intérieur, et dont toutes les parties sont télescopées, se dévaginent et prennent la --forme d'ancre caractéristique, ainsi que l’a observé Stolc. La moindre pression suffit alors pour mettre les sporozoïtes en liberté, lesquels s'engagent dans le conduit compris entre les trois cellules pariétales et ‘* s’échappent entre les trois branches de l'ancre, à l'opposé des capsules urticantes. Je pense que la sortie des sporozoïtes s'effectue le plus souvent dans l'intestin même, ce qui explique l'intensité de l'infection dans un même individu et le petit nombre des individus parasités. Le fait que l’on trouve dans les frotlis d’intestin infesté des sporo- zoïtes libres, puis des slades un peu plus gros à deux noyaux, et enfin les stades à un seul gros noyau qui constituent le point de départ du kyste, permet de supprimer l'existence d’une copulation entre des élé- ments dérivés du sporozoïte et précédant le développement des kystes; mais c’est là un point que je n'ai pu encore confirmer par mes obser- vations sur le vivant. Tous les Tubifex infestés par Triactinomyxon montraient en même temps dans leurs cellules chloragogènes un Sporozoaire du groupe Coccidies-Grégarines sous forme de grands sporozoïtes à mouvement lent munis d’un rostre très mobile, ou de croissants de taille variée renfermés souvent en grand nombre dans une même cellule phagocy- taire. Je reviendrai plus tard sur ces parasites qui sont, je crois, sans relation avec l'Actinomyxidie, car on les trouve dans des T'ubifex uon envahis par ces derniers parasites. 848 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En résumé, les recherches de Caullery et Mesnil et les miennes montrent que Spheractinomyxon et Triactinomyxon ont un mode de développement à peu près semblable, malgré des différences impor- tantes dans la forme de leurs spores et dans leur habitat. Les Actinomyxidies forment done un groupe homogène qui doit rentrer dans les Myxosporidies sensu lalo, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer en 1903, et que le pensent Caullery et Mesnil à la suite de leur étude sur Spheractinomyxon. Dans les Myxosporidies, elles doivent constituer une famille à part caractérisée surtout par la formation précoce de l'enveloppe kystique aux dépens d'éléments cellulaires complets, la complexité de la paroi sporale et la présence de germes nombreux dans chaque spore mûre. L’HÉMOLYSE IN VIVO CHEZ LES ANIMAUX NORMAUX, par M. J. Barrezi. (Communication envoyée le 21 mai.) Plusieurs auteurs ont déjà étudié le sort des globules rouges infectés chez un animal d’espèce différente. La plupart de ces auteurs ont fait la majorité de leurs expériences chez des animaux immunisés, ont constaté la dissolution des globules rouges infectés et ont conclu à l'existence de l’alexine dans le sang circulant. Les données qu’on trouve sur la rapidité de l’hémolyse in vitro, sur la quantité d’'hémoglobine mise en liberté etc., sont incomplètes. Mes expériences ont été faites chez des chiens et des lapins normaux, auxquels j'ai injecté les globules levés de mouton, de porc, etc. J'ai examiné le pouvoir hémolytique du sérum sanguin avant et après les injections, la quantité d'hémoglobine dissoute dans le sang circulant, le nombre des leu- cocytes avant et après l'injection. L’émulsion des globules était injectée dans la veine fémorale ou dans la jugulaire; la prise de sang était faite dans l'artère fémorale ou dans la caro- tide, et on recueillait le sang dans ùn égal volume d’une solution de fluorure de sodium à 3 p. 100, qui empéche toute action hémolytique. L'hémoglobine était dosée au moyen de l’hémomètre de Fleischl et le pouvoir hémolytique du sérum au moyen de la méthode de Mioni. Chez le lapin j'ai surtout injecté des globules de porc et de mouton qui sont bien hémolysés par le sérum de lapin normal; chez le chien, des globules de porc, de mouton, de cheval et de bœuf. En injectant rapidement chez un chien de 10 kilogrammes 50 centi- mètres cubes d’une émulsion de globules de mouton, de porc, ou de Ua SÉANCE DU 28 MAI 849 cheval (1), on consiate que la dissolution des globules est déjà presque complète une minute après la fin de l'injection, et elle est complète après deux minutes. Exemple. — Chien de 8.700 grammes. — Injection de 50 centimètres cubes d’une émulsion de globules de mouton. Au bout de 30 secondes, Hb. dissoute dans 1 cent. cube de plasma : 0#0022 — 1 minute, Hb. — — — 0 0076 — 2 minutes, Hbh. — — — 0 0095 — 5 minutes, Hb. — — — 0 0093 Avec ces globules de bœuf l’hémolyse est un peu plus lente et elle n'est complète qu'au bout de dix minutes environ. En injectant rapidement un excès de globules, le maximum d'Hb dissoute dans le sang est atteint plus lentement en dix ou quinze mi- putes environ, mais la plus grande partie est déjà mise en liberté dans la première minute. La quantité d'Hb dissoute dans le plasma circulant, après l'injection d'un excès de globules étrangers ne présente pas de grandes diffé- rences entre un animal et un autre. Exemple : chez cinq chiens j'ai injecté de quinze en quinze minutes 50 centimètres cubes de globules de mouton jusqu à atteindre une valeur constante d'Hb dissoute dans le “-sang. _ Les valeurs trouvées ont été les suivantes pour 1 centimètre cube de plasma : (DES ot a SAR nn AS A APE een A 05029 Chien Il EE A AS 0 024 OA à LRU ET EAN carte A A tn TD 74 Chien IV . 0 022 Chien V 0 019 Ces différences sont moindres que celles qu’on trouve in vitro dans le pouvoir hémolytique des différents sérums. Après l'injection des globules on constate une diminution du pouvoir hémolytique du sérum proportionnelle à la quantité de globules injectée. Si on a injecté un excès de globules, le pouvoir hémolytique du sérum devient nul. Quelques heures après l'injection chez le chien de 50 centimètres cubes d'une émulsion globulaire le nombre des leucocytes augmente considérablement. Or le pouvoir hémolytique du sérum sanguin pris à ce moment a toujours été, dans mes expériences, inférieur à celui du sérum pris avant l'injection. (1) Un centimètre cube de l'émulsion renferme le même nombre de globules qu'un centimètre cube de sang. 850. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans ces conditions le pouvoir hémolytique n’est donc pas en rapport avec le nombre des leucocytes. Exemple. — Chien de 5.600 grammes. Injection de 30 centimètres cubes de globules de mouton. Avant l'injection : 1 millimètre cube de sang renferme 9.800 leucocytes; 1 centimètre cube de sérum dissout, 0 gr. 052 d'Hb (globules de mouton). Après l'injection : À millimètre cube de sang renferme 36.500 leucocytes ; 1 centimètre cube de sérum dissout, 0 gr. 041 d'Hb. Chez le lapin on ne peut constater que quelques-uns des résultats que je viens de citer, parce que l'injection de quantités considérables de globules étrangers se laissant facilement hémolyser (porc, mouton), produit très souvent la mort rapide de l'animal. Conclusions. 1° Les globules sanguins étrangers injectés dans les vaisseaux d'un animal normal d'espèce différente subissent une hémolyse extrêmement rapide, si le sérum de cet animal possède une action hémolytique contre ces globules. 2° La quantité d'hémoglobine dissoute dans le sang circulant est tou- jours inférieure à celle qu’on obtient par l’action du sérum in vitro. 3° Le pouvoir hémolytique du sérum sanguin n’augmente pas avec la formation rapide de leucocytes très jeunes. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) SUR LE PIGMENT DE SIPUNCULUS Nupus. L., S par M. F. Lapreyr. (Communication envoyée le 21 mai.) Le pigment de Sipunculus Nudus revêt trois formes essentielles : 1° gouttelettes d'un jaune vif présentant un aspect huileux; 2° vésicules renfermant une ou plusieurs boules jaunes ou orangées; 3° granulations isolées ou formant des amas de forme irrégulière. L'extrême facilité avec laquelle on peut se procurer en très grande quantité le Sipunculus Nudus à la Station zoologique de Cette, le développement souvent con- sidérable qu'il atteint dans l'étang de Thau, nous ont permis d'acquérir des notions précises sur l’évolution et la nature du pigment de ce géphyrien. Depuis longtemps, les naturalistes ont signalé chez Sipunculus Nudus le rôle des cellules chloragogènes dans la production des formations pigmentaires, mais ils semblent avoir méconnu l’activité d'un organe, SÉANCE DU 28 MAI 851 le canal-æsophagien dorsal, dont le rôle est aussi très important. Sur tout le trajet de ce canal, se trouve une bande brunâtre volumineuse, surtout chez les Siponcles qu'un séjour dans l'aquarium n'a pas ané- miés. Celte bande se termine postérieurement par un renflement très volumineux que Metalnikoff (1900) à considéré comme un organe bien défini (glande hématopoiétique), nettement circonscrit dans des limites déterminées. Nos observations personnelles nous permettent d'émettre les con- elusions suivantes : 1° Il n'y a aucune glande dans les parois du canal dorsal ; 2° l’épithélium externe de ce canal est un épithélium dia- lyseur perméable en tous ses points à certains produits de désassimila- tion (pigment des auteurs) qui, après l'avoir traversé, se creusent une loge dans le conjonctif du canal dorsal. Bon nombre d'auteurs (Andrea, Greeff, Metalnikoff, etc,) ont émis sur la nature de ce pigment des opi- nions qui, d'une façon générale, ne résistent. pas à une analyse rigou- reuse. Est-ce un parasite? Son extraordinaire résistance aux agents chimiques (SO‘H?, Az'OH, HCI, même à chaud, ne l'attaquent pas) détruit cette hypothèse; de plus nous avons vainement cherché dans ce pigment les éléments propres à tout être organisé, animal ou végétal (noyau, protoplasme, cellulose, amidon). Est-ce une matière de réserve (graisse, lutéine\? Pas davantage, car l’acide osmique, l'alcool, l’éther, les acides, les alcalis, ne nous donnent aucune indication; de plus, l'élimination constante de ce pigment serait un fait absolument illogique, s’il s'agis- sait d’une matière de réserve. Quelques naturalistes ont pensé que ‘c’élait un pigment respiratoire, une sorte de Zoonérythrine ; les faits suivants nous font repousser cette opinion : 1° la térébenthine, la ben- zine, l’éther, l'acide acétique n’ont aucune action sur ce pigment; 2° il existe chez Sipunculus Nudus un albuminoïde respiratoire des mieux caractérisés, l’'émérythrine qui assure amplement l'hématose. Ce ne peut être une chlorophylle animale, car aucune réaction ne nous l'a décelée el nous n'avons pu constater la fonction chlorophyllienne chez Sipunculus Nudus, malgré de nombreuses expériences; de plus, ce pigment existe chez Sipunculus Norvegicus vivant à une profondeur moyenne de 1.350 à 1.400 mètres et chez Sipuneulus nitidus rencontré à une profondeur de 4.400 mètres; d'après les expériences de Fol et Sarrasin, dans le golfe de Gênes, l'influence de la lumière à une profon- deur de 600 mètres étant presque nulle, on ne saurait attribuer à ce pigment une fonction dépendant de la lumière. Ce n’est pas davantage un ferment digestif (acide cholestérique, ferments biliaires), car les réactions de Gmelin et de Pettenkoffer ne nous donnent aucune indi- cation. Nos observations personnelles nous ont admirablement convaincu que les formations pigmentaires de Sipunculus Nudus étaient consli- tuées par de l'acide urique : la réaction de la murexide, surtout faite Biococie. CoupTEs RENDus. — 1904. T. LVI. 60 852 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ’: d’après la méthode de Denigès, nous a donné des résultats très con- vaincants. | axe L'acide urique des amas pigmentaires provient de la métamorphose régressive des substances albuminoïdes, les nucléines, par exemple. Les nucléines (Altmann) sont formées d’un albuminoïde et d’une subs- tance très riche en phosphore (acide nucléique) assez lächement com- biné. L’acide nucléique, en se décomposant, donre d’après Rossel des produits de la série pyrimidine, présentant de grandes affinités chi-. miques, surtout par la xanthine (C°H*Az‘0”), avec l'acide urique (CH*Az‘0”), ce dernier correspondant à un degré plus élevé d’oxy- dation. Conclusion. — Le pigment de Sipunculus Nudus n’est pas un pig- ment dans le sens siriet du mot : il esl constitué par une substance (acide urique), excrétée par les Chloragogènes ou s’accumulant dans les parois du canal œsophagien dorsal, pour être transportée par les excré- tophores dans l'organisme tout entier. Chez Sipunculus Nudus il y a donc de très grands points de contact entre l'excrétion et le pigment qui n’est qu'une résultante de la nutrition. SUR LA TOXICITÉ DES NAPHTOLS. (Note préliminaire), par M. J. LesacEe (d’Alfort.) (Note déposée le 21 mai.) Il est admis que la toxicité des naphtols pris par la voie digestive est faible. Les expériences de M. Bouchard (1), d'une part, celles de M. Maximovitch (2), d'autre part, prouvent, en effet, qu’il faut une dose de naphtol 6 supérieure à 3 gr. 80 par kilogramme d'animal, et une dose de naphtol « supérieure à 9 grammes par kilogramme, pour tuer le lapin. En se basant sur ces expériences, « la dose de naphtol 8 capable d'être toxique pour un homme de 65 kilogrammes serait voisine de 250 grammes (Bouchard), » et « la dose de naphtol « nécessaire pour intoxiquer un homme de 65 kilogrammes serait de 585 grammes (Maximovitch) ». « En présence d'une si faible nocuité de cette substance, ajoute M. le (1) Bouchard. Sur le naphtol comme médicament antiseptique, Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. CV, p. 702. (2) Maximovitch. Des propriétés antiseptiques du naphtol « ; Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. CVI, p. 367. # SÉANCE DU 28 MAI 853 professeur Bouchard, en parlant du naphtol 8, on se demande comment à pu s'établir la légende de la toxicité du naphtol qu’on dit être capable de produire l'hémoglobinurie, les Does les syncopes, les con- vulsions éclampliques. » Les recherches expérimentales que nous avons entreprises sur les naphtols « et 5, nous ont montré que chez le chien et le chat ces symp- tômes ne sont pas imaginaires, et que pour ce dernier animal le naphtol est extrêmement toxique. S'il nous était permis d'évaluer la toxicité pour l’homme d’après ce qu’elle est chez le chat, notre conclusion serait que la dose capable de tuer fatalement un homme de 65 kilo- grammes est voisine de 6 gr. 50. ToxICITÉ DES NAPHTOLS & ET $ CHEZ LÉ CHAT, par M. J. LESAGE. (Note déposée le 21 mai.) J'ai établi dans une série de précédentes notes (1) que le chat pré- sentait une résistance remarquable vis-à-vis de l’adrénaline, par rap- --iport au chien, au cobaye et au lapin. Il n’en est malheureusement pas “de même pour d'autres médicaments vis-à-vis desquels les animaux de l'espèce féline accusent, au contraire, une sensibilité toute spéciale, ‘Seuls, les naphtols retiendront aujourd'hui notre attention. Les naphtols dont nous nous sommes servi dans ces expériences sont le naphtol 8 médicinal et le naphtol « pur, marque Poulenc. Les animaux, tous en parfait état de santé, étaient à jeun depuis au moins vingt-quatre heures. L'administration du médicament a été faite avec la sonde œsophagienne. Une première fois, le naphtol fut donné en suspension dans du lait ; mais, en raison du caillot de caséine que l'on a retrouvé à l’autopsie, et qui, par sa compacité, aurait pu pro- voquer des troubles étrangers à l’action pure du médicament, nous avons préféré, dans tous les autres cas, faire ingérer le médicament en suspension dans une faible quantité d’eau distillée. L'appareil ser- vant à l’administration du breuvage était ensuite soigneusement rincé avec une quantité d'eau plus considérable. Le volume total de l’eau ingérée en même temps que le médicament oscillait ainsi entre 50 et 10 centimètres cubes. NaparoL 8. — Nos expériences avec le naphtol 8 sont au nombre de 8. Deux fois, le médicament fut donné à la dose de 0 gr. 05 par kilogramme (1) Lesage. Comptes rendus de la Société de Biologie, 23 avril, 7 et 14 mai 1904. 654 ... SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'animal; cinq fois à la dose de 0 gr. 10 et une fois à la dose de 0 gr. 15. Le tableau suivant résume ces expériences : Naphtol f. NUMÉRO : de SEXE| AGE | POIDS POSE j, DORE RÉSULTAT l'expérience. globale.| par kilog. ———— — kil. or. e) 9 ; adulte. | 2,800 0,42 0,15 Mort, 6 heures après. jeune. | 0,850 0,09 0,10 Mort, 8 heures après. 0,21 0,43 adulte. | 2,050 0,10 Mort, 6 heures après. agé. 4,330 0,10 Mort, 22 heures après. À 3,910 0,35 0,10 Mort, 10 heures après. Id. 2,560 0,25 0,10 Mort, 5 jours après. adulte. | 1,150 0,06 0,05 Survie. Id. 2,250 0,12 0,05 Id. D IDORUNE AA HO +0+1040 [==] [en NAPHTOL «. — Les doses de ce médicament ont été successivement de 0 gr. 03,0,05, 0,10 et 0,15 par kilogramme d’animal. Naphtol ©. Re NUMÉRO de SEXE AGEN POIDS NE DOS RÉSULTAT l'expérience globale.| par kilog. kil. or. gr. er. | 9 (®) agée. 3,090 0,54 0,15 Mort, dans la nuit. 10 d. » 1,350 0,14 0,10 Mort, Id. Lil ei HE 2,050 0,21 0,10 Mort, Id. 42 (1) @$! jeune. | 2,920 0,09 0,03 Survie. L 13 (2) d' agé. 3,100 0,15 0,05 Id. K (1) et (2) Chez ces deux derniers sujets le naphtol a été administré dans du lait; il a été bien toléré. CONCLUSIONS. Les conclusions à tirer de cectte étude sont relatives à la grande toxi- cité que les naphtols présentent vis-à-vis du chat, et à l'égalité de puis- sance toxique que possèdent les naphlols & et B pour ce même animal. Chez le lapin, la dose toxique du naphtol $, en ingestion, est supé- rieure à 3 gr. 80 par kilogramme (Bouchard) (1). Chez le chat, au con- traire, la mort s’est produite 6 fois sur 6 avec des des doses de 0 gr. 10 et 0 gr. 15 par kilogramme. Nous dirons donc que le chat est au moins %5 fois plus sensible que le (1) Bouchard. Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. CN, p. 705. SÉANCE DU 28 MAI 855 lapin vis-à-vis du naphtol 6, puisqu'il suffit de doses plus de 25 fois moindres pour le tuer. | Très différente de ce qu'elle est chez le lapin, la dose toxique du naphtol $, en ingestion, pour le chat, est voisine de O gr. 10 par kilo- gramme. Contrairement à ce qu'a trouvé Maximovitch (1) pour le lapin, le naphtol « n'est pas moins toxique que son isomère lorsqu'il s'agit du chat. Me méme que pour le naphtol 6, la dose toxique du naphlol « en ingestion est voisine de 0 gr. 10 par kilogramme. (Travail du Laboratoire de Physiologie d’Alfort.) ACTION DE LA PILOCARPINE SUR LE GLYCOGÈNE DU FOIE, par MM. Doyon, KAREFF et BILLET. (Communication envoyée le 21 mai.) I. — Doyon et Kareff ont démontré, par des dosages dans des frag- ments de foie prélevés sur un même sujet à des intervalles déterminés, que la pilocarpine et l’adrénaline, injectées dans une veine mésaraïque, diminuent lrès rapidement la teneur du foie en glycogène. Chez le chien, soumis au préalable à un jeûne de quarante-huit heures, le glycogène du foie peut disparaître (ou à peu près) en trente minutes sous l'influence d'une injection de pilocarpine. Il. — L'examen histologique confirme ces résultats. Des coupes pra- tiquées par M. Billet dans le laboratoire de M. Renaut, sous la direction de M. Regaud, sont à cet égard très démonstratives : 1° Nos expériences ont été faites sur deux chiens du poids de 12 kilo- grammes environ, à jeun depuis la veille. On prélevait un premier échantillon de foie, puis on injectait dans une veine provenant de l’in- testin un centimètre cube d’eau contenant un décigramme de chlorhy- drate de pilocarpine. Trente minutes après l'injection on prélevait un nouvel échantillon de foie. 2° Les pièces fixées par l'acool à 80°, ont été, sans inclusion préalable, colorées par la méthode de Lubarsh et celle de Zanghans. La méthode de Lubarsh colore les noyaux cellulaires en rouge ou en violet foncé; le protoplasme est très légèrement coloré en rose; le glycogène pré- cipité par l'alcool apparaît sous forme de granulations bleues. La méthode de Langhans, à base d’iode, colore les noyaux en rouge ; le protoplasme, impré- gné de glycogène, se colore en jaune brun; si le glycogène fait défaut, le pro- toplasme reste à peu près incolore. 3° Dans les échantillons de foie normal, les granulations bleues du (4) Maximovitch. Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. CVI, p. 367. 856 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE glycogène masquent à peu près complètement le protoplasme cellulaire: et même les noyaux. Ces granulations sont en nombre considérable, presqu'à l’état diffus et à peu près uniformément réparties dans toute l'étendue du lobule. Dans les échantillons de foie recueillis après l'injection de pilocar- pine, la quantité de glycogène a très notablement diminué, à tel point qu'en examinant les préparations par transparence il est facile de voir: la différence de coloration. La répartition du glycogène qui persiste n’est pas uniforme, mais il ne semble pas qu'une loirégisse cette répar- tition. Dans une série de pièces, le glycogène, relativement abondant à la périphérie du lobule, fait à peu près défaut à son centre; dans d’autres pièces provenant d’un autre sujet, l'inverse se produit, les cellules cen- trales seules possèdent du glycogène. | À REPLY TO CERTAIN CRITICISMS OF PROF. ALFRED GIARD RESPECTING THE BOPYRIDS, by HARRIET RICHARDSON. Prof. Alfred Giard, a master in the knowledge of the Bopyridæ, has done me the favor to examine and criticise the results of my recent studies on that group. Professor Giard has aptly affirmed that a copy of Bonnier’s volume « Contributions à l'étude des Bopyridæ » (a) ought to be found in Washington. Unfortunately none of the libraries here has been favored with his work, — not even the Smithsonian Institution. wich is very liberal in the distribution of its publicalions throughout the world. It is to be regretted that the institutions in France have not responded to the offer of exchanges from the Smithsonian Institution, and as a result many of their publications are not to be had here. Before: the publication of my « Contributions to the Natural History of the Isopoda » (e) { made every effort to secure Bonnier's work without success. After writing to other libraries in this country, I have since succeeded in securing the loan of the volume from the Museum of Com- parative Zoology at Harvard College. With the humility of a disciple, L admit that I was in error (as I dis- covered before the criticism appeared) in considering that Giard and Bonnier had identified Grapsicepon frilsi with the species of Popyrus found by Fritz Müller on an A/pheus (c). The name Popyrus alphei, it appears, was given by Giard and Bonnier in 1890 (b) to the form found by Muller on a species of Alpheus, but as no descriplion or figure ever appeared until the one I gave in 1909 (d), ten years later, I think no: zoologist would quote Giard and Bonnier as the authority of the species, SÉANCE DU 28 MAI 857 a name without a description and figures not being usually accepted. I do not agree with Professor Bonnier in placing Bopyrus alphei in the genus Popyrella, for I consider it a true Probopyrus, where I have recently placed it, the abdomen of the female being segmented. My figure is misleading, as it shows no segmentation, but at the time it was made [ could not distinguish any segmentation in the specimen at hand, which was very transparent and colorless. Since receiving other spe- cimens, 1 have been able to see distinctly the segmentation of the abdomen. In Popyrella, the abdominal segments are all fused. During the short time that D" Bonnier’'s work was in my possession, I was not able to examine all that it contains, but I noted the great similarity of my genus Parapenæon to his genus Orbione. I do not, however, consider my genus a syronym of Orbione, for it differs in not having the sixth segment of the abdomen of the female produced into pleural lamellæ, that segment in Parapenæon being very small and rounded. In the type species of Orbione the pleural of the sixth segment lamellæ are produced to such an extent thas they reach beyond the extremity ofthe uropoda. The second species of Orbione, O. incerta, described by D' Bonnier, differs in this respect from the type species and may come under my genus Parapenæon. The author suggests that the second species of Orbione may represent a new genus. The ‘female of Parapenæon agrees more with the female of Cryplione Hansen than it does with the female of Orbione, but the males in the tow genera are very unlike. When the male of Orbione is known, there may be other characters to differentiale Orbione from both Para- penæon and Cryptione. At present Parapenæon is quite as distinct from Orbione as Orbione is from Cryptione. Urobopyrus Richardson is certainly very close to Palægyge Giard and Bonnier, but cannot be considered a synonym. In Urobopyrus ‘ the uropoda are a pair of double-branched appendages attached to the terminal abdominal segment; the inner branches are smaller and more slender than the outer branches ”. Palægyge has small, simple, rudimen- tary knob-like uropoda, not lamellar in shape or elongated so as to extend beyond the terminal segment, as is found in Urobopyrus. In speaking of the thoracic processes in Argeia as not being of epi- meral origin, but arising from the posterior portion of the segment, [ made the statement that it was incorrect to. refer to them as ‘‘ lames pleurales ”. Myidea was not to suggest that Giard and Bonnier had confounded the ‘ lames pleurales” with the ‘‘ productions épimé- riennes”, but rather to point out that, in a strict sense,it was not exact to speak of them as ‘ lames pleurales”. They may be considered as the posterior divisions of the ‘‘ lames pleurales”, that view being now generally accepted, the anterior division of the ‘* lames pleurales” being placed lateral to the ovarian bosses on the anterior portion of the seg- 858 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mente. In Argeia, therefore, the ‘‘ lames pleurales ? are in two parts, an anterior and aposterior part, and it is not exact to refertoeither the one or the other as the ‘ lame pleurale” ofthe segment. Ju conclusion, I wish to state that I am not more willing to accept the & Joi naturelle ” than 1 was to accept the ‘‘ hypothèse” postulated by Giard and Bonnier untilits confirmation has been maintained by facts. Professor Giard states that I have not carefully studied Argeia puget- tensis coming from different hosts. I hope soon to give in greater detail the results of my researches on this formand on Bopyroides hippolytes. BiBLIOGRAPHY. (a) Bonnier (J.). Contribution à l'étude des Epicarides. Les Bopyridæ. Tra- vaux de la station zoologique de Wimereux, NII, 1900. — (b) Giard (A.) and Bonnier (G.).Prodrome d'une monographie des Epicarides du golfe de Naples, Bull. scient. Fr.et Belgique, XXII, 1890. — (c) Muller (Fritz). Bruchstücke zur Naturgeschichte der Bopyriden. Jenaische Zeiütsch. f. Naturw., VI, 1871. — (d) Richardson (H.). Results of the Branner Agassiz Expedition to Brazil. Pt. 2, The Isopod Crustacea. Proc. Wash. Acad. Sci., [l, 1900. — (2e) Richardson (H.). Contributions to the Natural History of the Nbeue Proc. U. S. Nat. Me XXXII, 1904. M. Gran. — La station maritime de Wimereux fait l'échange de ses publications avec Smithsonian Institution depuis 1878 pour le Bulletin scientifique, depuis l'origine (1877) pour les 7ravaux du laboratoire. Les envois sont confiés au service des échanges internationaux du Ministère de l'Instruction publique. Ce n’est pas seulement le mémoire de J. Bonnier « Contributions à l'étude des Bopyridæ » que miss Richardson n’a pas consulté. Elle a ignoré également notre travail de 1890 « Prodrome d’une monographie des Epicarides du golfe de Naples » et celui que nous avons publié en 1888 sous le titre : « Sur deux nouveaux genres d’Epicarides, Probo- pyrus et Palaegyge », Bull. scient. Fr. et Belg.,t. XIX, p. 53. Si miss Richardson arrive à établir la validité des genres Parapenaeon et Urobopyrus, cela ne pourra que nous être très agréable en nous ren- seignant d’une façon probable sur l'hôte inconnu d’Orbione incerta eten apportant un nouvel argument à l'appui de la loi de spécificité : car il est naturel qu'Urobopyrus parasite de Processa (Nika) diffère de Palaegyge parasite des Palaemons. Je dois faire observer toutefois que certains Palaegyge (P. fluviatilis Max Weber, P. Weberi Boss.) ont les uropodes allongés et dépassant le dernier segment abdominal. SÉANCE DU 28 MAI 859 ÉTUDE DE LA RÉACTION PROVOQUÉE PAR LES FERMENTS OXYDANTS INDIRECTS (ANAÉROXYDASES), par MM. Em. BourqQuezor et L. MARCHADIER. L'un de nous a classé les différentes substances oxydantes que l'on peut rencontrer chez les êtres vivants en quatre groupes. Les plus intéressantes, parmi ces substances, sont celles qui possèdent les pro- priétés d’un ferment. Elles constituent deux groupes : 1° les oxydases proprement dites ou aéroxydases qui donnent à l'oxygène de l’air la pro- priété de se fixer sur les composés oxydables ; 2° les oxydases indirectes ou anaéroxydases (que l’on a encore appelées peroxydases), qui ne peu- vent agir qu'indirectement, en décomposant certains corps oxygénés, des peroxydes, dont une partie de l'oxygène qui se dégage se porte sur les composés oxydables (1). Dans ces derniers temps, on a étudié d'un peu plus près qu'on ne l'avait fait antérieurement, l’action des oxydases proprement dites. C’est ainsi, par exemple, qu’on sait aujourd hui comment elles agissent, non seulement sur le pyrogallol (2), mais encore sur la morphine (3) et la vanilline (4). . 1l nous a paru intéressant de rechercher, pour un composé déterminé, si la réaction provoquée par les ferments oxydants indirects est la même que celle qui est provoquée par une oxydase proprement dite. Nous avons choisi pour étudier cette question : 1° comme source de ferment, la macéralion de gruau qui est, comme l'on sait, riche en anaéroxydase ; 2° comme composé oxydable, la vanilline, composé sur lequel la réaction des aéroxydases est bien connue et dont le produit d'oxydation est facile à caractériser. Après nous être assurés que la vanilline est bien oxydée sous l'influence de l'eau oxygénée additionnée de macération de gruau, nous avons cherché, par tätonnements, quelles étaient les conditions expérimen- tales les plus favorables à l'oxydation. Ces conditions, sur lesquelles nous ne pouvons insister ici, se trou- vent remplies dans l'expérience suivante : Solution aqueuse de vanilline à 4 p. 100, 25 centimètres cubes. (1) Em. Bourquelot. Remarques sur les matières oxydantes que l’on peut rencontrer chez les êtres vivants; Société de Biologie, 1897, pp. 402 et 687. (2) H. Struve. Ueber die Einwirkung des activen Sauerstoffs auf Pyrogallus- saüre; Ann. d. Chem. und Pharm., CLXIIL, p. 160, 1872. (3) J. Bougault. Oxydation de la morphine par le suc de Russula delica Fr. ; J. de Pharm. et de Chiüm. {6}, XVI, p. 49,1902. (4) R. Lerat. Oxydation de la vanilline par le ferment oxydant des champi- gnons; Société de Biologie, 1903, p. 1325. 860 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Eau oxygénée à douze volumes, neutralisée par le carbonate de cal- cium, 10 centimètres cubes. Macération de gruau à 10 p. 100, 100 centimètres cubes. On mélange d'abord l'eau oxygénée à la solution de vaniline, puis on ajoute, peu à peu, la macération de gruau et on porte le tout dans une étuve à 50-33 degrés. En opérant dans ces conditions, on obtient en vingt-quatre heures, pour 0 gr., 25 de vanilline. 0 gr., 475 d'un produit ceristallisé qui, dès l'abord, nous a paru être de la déhydrodivanilline. Pour l'étudier de plus près, nous en avons préparé une plus grande quantité en opérant sur 5 grammes de vanilline. Le produit d'oxydation obtenu a été dis- sous dans une quantité suffisante de lessive de soude très étendue. On a filtré et ajouté au liquide filtré de l'acide acétique, ce qui a amené la précipitation du produit purifé. Ce produit desséché fondait au bloc Maquenne vers 302 degrés, exac- tement à la même température que de la déhydrodivanilline préparée avec la vanilline et le perchlorure de fer selon le procédé de Tiemann. Pour nous assurer définitivement de l'identité de ce produit, nous en avons préparé l'éther diméthylique. Cet éther. purifié par cristallisation dans l'alcool absolu, présentait toutes les propriétés de la diméthyldé- hydrodivanilline; en particulier, il fondait à 136 degrés comme ce der- nier COMpOsé. Il est done bien établi que la réaction provoquée par un ferment oxydant indirect et l'eau oxygénée sur la vanilline est la même que celle qui est provoquée. en présence de l'air, par l'oxydase proprement dite. Le phénomène de la décomposition de l'eau oxygénée n'est pas le seul qui intervienne pour produire l'oxydation de la vanilline. Si, en effet, on emploie le bioxyde de manganèse comme agent décomposant, on ne constate aucune modification du produit oxvdable. Il faut done admettre que l'oxygène dégagé sous l'action du ferment se trouve, au moins en partie, dans un état moléculaire différent de celui qui est dégagé sous l'action du bioxvde. Enfin, quelques propriétés communes à l'oxydase indirecte et aux oxydases proprement dites paraissent relier entre eux ces agents d'oxv- dation. En particulier, la présence d'une assez forte proportion d'alcool (50 p. 100 (4) n'entrave pas leur action. D'autre part de faibles propor- tions d'acide cyanhydrique la paralysent (fait déjà publié par Schænbein en 1868). On serait presque tenté de voir dans les aéroxydases un mélange de deux ferments : une sorte d'hydroxydase susceptible de don- ner au contact de l'air des peroxydes, et une oxydase indirecte décom- posant ces derniers avec production d'oxygène actif. (1) Pour ce qui concerne l'oxydase proprement dite, voir : J. de Pharm et de Chim. {6,, IV, p. 241, 4896. SÉANCE DU 28 MAI 861 REMARQUES A PROPOS DES FÈVES DE PYTHAGORE, par M. Eu. BouroueLor. On sait que les Pythagoriciens s’abstenaient de manger la chair des animaux : €'élait la conséquence de leur doctrine de la métempsycose. Ils s’abstenaient également de manger les fèves qui constituaient, cepen- dant, et constituent encore un aliment fort apprécié des peuples médi- terranéens. On croit généralement, d'après Clément d'Alexandrie, qui vivait à la fin du 1° siècle, que cette dernière abstention provenait de ce qu'on attribuait aux fèves la propriété de rendre les femmes stériles. A ce compte, Pythagore eût pu ne pas les défendre aux hommes. La véritable raison me paraît être celle que donne Lucien dans ur petit opuscule intitulé : Les sectes à l'encan. L'écrivain met en seène une vente des philosophes aux enchères, dans le but évident d'exercer sa verve caustique à l'égard des doctrines philosophiques de l’ancien monde, C'est Mercure qui, dans cette vente, représente, en quelque sorte, le commissaire-priseur. C'est lui qui appelle successivement, pour les présenter au public, Pythagore, Diogène, Démocrite, Socrate, Épi- cure. Mais les acheteurs veulent savoir à quoi ceux-ci pourront bien … leur servir, et ils les interrogent. Pythagore expose donc, d’abord sa “doctrine, puis sa manière de vivre : « Je ne me nourris, dit-il, en der- nier lieu, d'aucune chose qui ait eu vie; je mange de tout le reste, excepté des fèves (1). » Et comme l'acheteur s'étonne de cette exception singulière, Pythagore s'explique : « Je les regarde comme sacrées. Leur nature a quelque chose d’ad- mirable, car elles renferment toute espèce de génération : si tu dépouilles des fèves vertes, tu verras qu’elles ressemblent beaucoup aux testicules de l'homme, et si, après les avoir fait cuire, tu les exposes pendant un certain nombre de nuits aux rayons de la lune, elles le donneront du sang. » L’explication, si l’on se reporte à l'époque où elle fut donnée, ne parait pas aujourd’hui aussi ridicule qu’elle le paraissait à Lucien. Evi- demment, on avait dù observer, sur des fèves cuites, le développement spontané de quelqu'un de ces microbes chromogènes dont les cultures ont une telle ressemblance avec des taches de sang frais, qu'on com- prend que les anciens aient pu s’y tromper. Le fait a frappé Pythagore qui y à vu une preuve de la nature animale de la fève. Il m'a paru intéressant d'étudier la manifestation du phénomène. Je n'ai pas cru devoir, pour cela, exposer des fèves cuites aux rayons de la (4) Traduction de Belin de Ballu, revue par Louis Humbert. Paris, Garnier frères, 1896, p. 222. 862 SOCIÉTÉ DE PIOLOGIE lune; mais je les ai ensemencées avec un bacille chromogène bien connu, le bacille de Kiel. J’ai ainsi pu constater que les conditions per- mettant d'obtenir facilement une abondante production de taches rouges sont précisément celles qu'indiquait Pythagore. Il faut que les fèves vertes soient dépouillées de leur tégument et cuites ; autrement, on ne réussit pas ou on ne réussit qu'imparfaitement. Le mieux est, après avoir stérilisé à 110 degrés les fèves préalablement humectées, de les ensemencer, de les porter à l’étuve à 33 degrés pendant vingt-quatre heures, puis de les abandonner à la température du laboratoire (18 à 20 degrés). Au bout d’une huitaine de jours, les fèves sont recouvertes de taches sanguinolentes. Je dois ajouter que l'expérience réussit aussi bien, — mais à condition d'opérer de la même façon, — avec les haricots secs. Par une association d'idées toutes naturelles, les fèves sanglantes de Pythagore reportent la pensée vers les hosties sanglantes dont l’observation eut tant de retentissement mille huit cents à deux mille ans plus tard. Des tableaux célèbres nous en ont transmis le souvenir. C'est, par exemple, la fameuse fresque de Raphaël, au Vatican, qui représente le miracle de Bolsena : l'hostie apparaît sanglante aux yeux d’un prêtre incrédule. C'est encore le tableau du peintre espagnol Claudio Coello, à l’'Escorial, qui représente la déposition, dans la sacristie, de l’hostie qui s'élait couverte de sang à Gorcum (Hollande), des soldats protestants l'ayant foulée aux pieds (1525). Il est curieux de rapprocher ces phénomènes dont l'origine est la même, et qui ont pu, cependant, être invoqués à l'appui de deux doc- trines philosophiques ou religieuses si dissemblables. Avec un peu de réflexion, on saisit facilement la différence essentielle qui caractérise les deux interprétations. a Dans la doctrine de Pythagore, le phénomène était un phénomène naturel que l’homme pouvait reproduire. Dans la religion du Christ, c'était un miracle, c'est-à-dire un phéno- mène dont la production, contraire aux lois de la nature, exigeait l'in-. tervention divine. En réalité, et sur ce point particulier, c'est Pythagore qui avait raison. EN QUOI PEUT ÊTRE UTILE A LA SENSITIVE LE MOUVEMENT PAR LEQUEL ELLE RÉPOND A UN CONTACT ? par M. Louis LAPICQUE. Je n'ai trouvé dans la science aucune réponse à cette question: je ne sais même pas si quelqu'un se l’est posée, et pourtant il me paraïil diffi- SÉANCE DU 28 MAI ‘863 cile d'admettre qu'un mécanisme si spécial et si délicat ait pu s'éläblir et se conserver sans qu'il soit par quelque côté une adaptation. J'ai eu l'occasion l'hiver dernier d'observer dans l'Inde la sensitive (1) formant de véritables tapis. En un grand nombre de points de la région montagneuse, au bord des bois, sous les taillis pas trop épais, le long des routes peu fréquentées, la terre est couverte d’une nappe de verdure, fraiche et compacte comme un gazon dru, piquée de petites fleurs roses. L'attention du moins observateur des hommes est attirée sur ce tapis d'herbe par le fait suivant : la piste de tout passant, piéton ou cavalier, s accuse immédiatement derrière lui, par une traînée large de plus d'un mètre dont l'aspect tranche fortement sur la surface environnante : on dirait que non pas un homme, mais une troupe d'hommes sur plusieurs files a piéliné la végétation; le passage d’une compagnie en colonne faisse dans nos prés une trace analogue. Il suffit de se baisser et de constater que cette végétation est com- posée d’une petite mimosée pour reconnaître qu’on a affaire à une sensi- tive et s'expliquer le phénomène. Mais je voudrais insister sur l'aspect même que présente dans ses conditions naturelles ce phénomène bien connu, car cet aspect suggère à l'observation rapide du voyageur une réflexion qui peut ne point apparaitre dans les études approfondies faites au laboratoire sur des sensitives en pots. En cherchant une comparaison pour traduire le phénomène vu de la hauteur d'un cavalier, je n'ai pu trouver rien de mieux que l'herbe foulée aux pieds et flétrie. Regardé de près, ce phénomène apparait comme une éclipse de la plante. Des attouchements ménagés, des pin- cements même énergiques d’une foliole ou d’un pétiole ne le reproduisent pas ; s'iln’y a pas eu ébranlement généralisé, on observe le phénomène classique de reploiement des folioles et d’abaissement du pétiole dans la feuille touchée et dans les feuilles voisines suivant une propagation pas très rapide et plus ou moins étendue suivant l’inlensité de l’exci- tation. Mais si l’on arrache une feuille ou un petit rameau, presque instantanément, en une fraction de seconde, on voit, dans la plus grande partie de l'étendue du champ visuel (je parle d'un homme accroupi et regardant la terre) la verdure disparaitre; au lieu de la nappe fraiche qu'on avait sous les yeux, on ne voit plus que le sol, des cailloux, des feuilles mortes et des brindilles qui paraissent nues et comme sèches. Chaque pied de sensitive, en effet, se compose d’un certain nombre de branches rampantes irradiées autour de la racine et donnant naissance aux rameaux dressés qui portent les feuilles. Un pied s'étend sur un (1) Je ne puis dire exactement de quelle espèce il s’agit. Siles remarques que je présente ici ont quelque intérêt, cet intérêt est indépendant de la déter- mination, ces remarques peuvent s'appliquer à toute espèce possédant les mêmes propriétés. 804 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE diamètre de 4 mètre à 150. L'ébranlement mécanique produit par l’ar- rachement d’une partie de la plante se transmet instantanément à l’en- semble et chaque renflement moteur est au même moment excité directement par cet ébranlement : la chute de la feuille et le reploiement des folioles sont dans ces conditions aussi rapides et aussi complètes que possible. J'ai photographié le changement d'aspect en prenant d'abord avec l'appareil incliné à 45 degrés d’une hauteur d'environ 1°50 une certaine étendue du tapis de sensitive dans son état naturel : puis, ayant découvert une nouvelle plaque et armé l’obturateur, j'ai arraché à mes pieds une poignée d'herbe en dehors du champ de l'objectif, et fait aussitôt fonclionner l’obturateur. La comparaison des deux photogra- phies stéréoscopiques ainsi obtenues regardées successivement donne bien cette impression d’éclipse dont je parlais. Voici l’idée qui s’est alors d'elle-même présentée à moi. La forme d'excitation dont je viens de me servir est exactement celle que produi- rait un herbivore, un cerf ou une vache, venant brouter le tapis de sen- silives, la plante touchée prend un aspect flétri et sec, qui fait contraste avec la belle verdure des pieds voisins. Il y a de grandes chances, évidemment, pour que l’herbivore, faisant un pas, quitte cette plante peu appétissante pour attaquer la voisine. Chaque pied est ainsi entamé, mais non détruit, et l'individu qui ne présenterait pas ou qui présen- terait à un degré moindre la motilité serait dans un état d’infériorité dans la concurrence vitale par rapport à ses voisins, La sensibilité au contact chez la sensitive peut ainsi être ramenée à une adaptation darwinienne. ÉTUDE DES COMPLEXES DE DEUX COLLOÏDES. III. — REVERSIBILITÉ DE LA PRÉCIPITATION DES COLLOÏDES NÉGATIFS PAR LES COLLOÏDES POSITIFS. ÎIRREVERSIBILITÉ DE LA PROTECTION DES COL- LOÏDES INSTABLES PAR LES COLLOÏDES STABLES, par MM. Vicror HENRI et ANDRÉ MAYER. Nous avons étudié dans deux communications précédentes (19 dé- cembre 1903) relatives à des complexes formés de deux colloïdes diffé- rents : 1° quelles étaient les conditions dans lesquelles un colloïde stable (c'est-à-dire difficilement précipitable par les électrolytes), préserve un colloïde instable (c'est-à-dire sensible aux électrolytes) contre l’action de précipitation des électrolytes; 2° dans quelles conditions un colloïde posilif pouvait précipiter un autre colloïde instable mais négatif (par exemple l'hydrate ferrique, colloïde positif, précipite dans des condi- tions bien déterminées l'argent colloïdal, qui est négatif). Ces derniers SÉANCE DU 28 MAI 865 résultats viennent d'être confirmés et étendus à un grand nombre de colloïdes par M. Biltz (1). ; | En étudiant les conditions de précipitation des colloïdes par des élec- trolytes, nous avons montré (2) que dans beaucoup de cas Les précipités étaient reversibles et que dans ces cas on pouvait étudier d'une manière systématique Les conditions de précipitation de ces colloïdes en appli- quant la « règle des phases » aux solutions colloïdales. Nous avons développé ces résultats à la Société de physique au mois de mars 1904. Ces résultats nous conduisaient nécessairement à étudier : 1° si la précipitation des colloïdes par d’autres colloïdes était un phénomène reversible ; 2 si l’action préservatrice exercée par un colloïde stable vis-à-vis d'un colloïde instable était reversible ou non. Ces expériences ont élé faites par deux procédés généraux : 4° Nous avons étudié les phénomènes de précipitation visibles à l’œil nu, sans entrer dans les modifications intimes qui pourraient se produire pour un complexe de colloïde, sans qu'il y ait précipitation; 2° Nous avons entrepris avec M. G. Stodel des expériences sur certaines actions chimiques exercées par des colloïdes; par exemple, l'argent colloïdal décompose l'eau oxygénée avec une certaine vitesse ; l’azotate de magnésium précipite l'argent colloïdal et ralentit considérablement .-la vitesse de décomposition de l’eau oxygénée. L'amidon, en faible quantité, préserve l'argent colloïdal contre la précipitation par l’azotate de magnésium ; nous avons étudié si l’amidon aura une action « préser- vatrice » de l'argent colloïdal vis-à-vis de l’azotate de magnésium, égale- ment en ce qui concerne la vitesse de décomposition de l’eau oxygénée. Nous communiquons aujourd'hui seulement les résultats des expé- riences sur la précipitation des colloïdes : 1° La précipitation d'un colloïde négatif, tel que l'argent colloïdal, par un colloïde positif, tel que l'hydrate ferrique, est un phénomène reversible. On sait que si l’on précipite un colloïde instable, tel que l'argent colloï- dal par un électrolyte, par exemple l’azotate de magnésium, le phéno- mène est irreversible, c'est-à-dire le précipité d'argent ne donne plus lieu à la solution colloïdale quand on le met dans l’eau distillée, ou même si on le met dans une solution d'argent colloïdal. Au contraire, si on précipite de l'argent colloïdal par addition d’une certaine quantité d’hydrate ferrique colloïdal, le précipilé obteuu ne se redissout pas dans l’eau distillée, mais il se dissout très facilement dans une solution d'argent colloïdal. On a le droit d'appliquer à l'étude des équilibres entre l'argent colloïdal et l'hydrate ferrique la règle des phases et la loi de Guldberg et Waage, puisque les condilions de rever- sibilité exigées par ces lois sort remplies par ce cas. (1) Berichte d. deuts. Chem. Ges., 11 mars 1904. (2) Comptes rendus. Académie des sciences, mars 1904. 866 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE É i 2 La stabilisation d'un colloïde instable par l'addition d'un colloïde stable de même signe n’est pas reversible. Exemple : 5 centimètres cubes d'argent colloïdal sont précipités par une goutte d’azotate de magnésium à 10 p. 100. Cinq centimètres cubes d'argent colloïdal additionnés d'une goutte de solution d’amidon à 2 p. 100 ne sont pas précipités même par 5 goultes d'azotate de magnésium à 40 p. 100. Le précipité d'argent obtenu dans le premier cas (argent colloïdal + azotate de magnésium) ne peut pas être redissout à l'état colloïdal dans de l’eau contenant de l’amidon. Donc l’amidon préserve l'argent colloïdal contre l’action précipitante de l’azotate de magnésium, à condition qu'il soit ajouté avant l'azotate. Le nombre de ces cas est très considérable, on peut les présenter schématiquement de la facon suivante : un colloïde instable CG; addi- tionné d'un colloïde stable CG, reste en solution colloïdale en présence d'un électrolyte E; au contraire, C, additionné de E et puis de C, ne donne plus lieu à une solution colloïdale. Si la solution colloïdale de C, exerce une action chimique quelconque, il est évident qu’en faisant les deux mélanges : a) GC +C+HE et 6) C+E+C. le mélange a exercera cette action, tandis que le mélange b nel'exercera pas. Par conséquent, l'ordre dans lequel on fait les mélanges est iei d'une importance capitale. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ÉTUDE DU PHÉNOMÈNE D'AGGLUTINATION. ÎI. — AGGLUTINATION DES GLOBULES ROUGES PAR L'HYDRATE FERRIQUE COLLOÏDAL, par M®° GirARD-ManGix et M. Victor HENRI. La précipitation des colloïdes les uns par les autres présente de grandes analogies avec les phénomènes d'agglutination des globules rouges et des microbes décrits par les microbiologistes. Nous avons entrepris toute une série de recherches pour étudier d'une manière sys- tématique les phénomènes d’agglutination et voir ainsi jusqu'à quel point la précipitation des colloïdes ou des émulsions par les colloïdes . pouvait servir de « modèle » aux phénomènes d’agglutination. Nous nous adressons d’abord à l’étude de l’agglutination des globules rouges. 1° Il a été montré par l’un de nous (Victor Henri) avec MM. A. Mayer Lalou et Stodel qu’un colloïde négatif pouvait être précipité par un col- LAMPE SÉANCE DU 28 MAI 867 loïde positif. Nous savons de plus qu'un colloïde stable préserve un col- loïde instable de même signe contre sa précipitation par des électrolytes. Il fallait d'abord voir si un colloïde stable pouvait préserver un colloïde instable également contre la précipitation produite par un colloïde de signe électrique opposé. Ainsi l’argent colloïdal (négatif) est précipité par l'hydrate ferrique (positif); le sera-t-il encore si on ajoute de l’amidon ou de la dextrine ou de l’albumine ou un mélange de colloïdes tel que du sérum? Les expériences montrent que l'addition d'un colloïde stable empêche quelquefois, mais le plus souvent retarde nettement la précipitation d'un colloïide négatif par un colloide positif. Exemple : 5 centimètres cube d’argent colloïdal + une goutte de sérum de chien sont à peine précipités au bout de trente minutes par l’addition de 5 gouttes d’hydrate ferrique colloïdal; au contraire 5 cen- timètres cube d’argent colloïdal sont immédiatement précipités par cinq gouttes d'hydrate ferrique colloïdal lorsqu'il n’y à pas de sérum. Les mêmes phénomènes se produisent avec une netteté plus ou moins grande lorsque au lieu de colloïdes on prend des suspensions très fines. Il existe au point de vue de la précipitation par les électrolvtes et de le préservation par les colloïdes stables un parallélisme complet entre les suspensions fines ou émulsions et les solutions colloïdales. "29 Pour étudier l’agglutination des globules rouges, il fallait d'abord déterminer leur signe électrique. En plaçant dans un champ électrique . de 110 volts des globules rouges de chien lavés dans de l’eau physiolo- gique ou dans une solution de saccharose, on voit nettement les glo- bules rouges se déplacer vers l’anode, ils sont donc chargés négativement. Ceci étant nous trouvons que : Si l’on additionne des globules rouges émulsionnés dans de l’eau physiologique d’une quantité très faible d’hydrate ferrique colloïdal (colloïde positif) on observe une agglutination très nette. Cette agglutination peut facilement être étudiée et elle présente de très grandes analogies avec l’agglutination des mêmes globules produite par l'addition de sérum de lapin ayant reçu plusieurs injections intra-péri tonéales de globules rouges de chien. Si l'on additionne les globules rouges d’abord d’une faible quantité de sérum de chien ou d’un colloïde stable (par exemple amidon) et puis d'une certaine quantité d'hydrate ferrique, l’agglutination ne se produit plus. Le sérum de chien ou l'amidon empêche ou retarde considérable- ment l’agglutination des globules rouges par l’hydrate ferrique. Nous donnerons dans la prochaine séance les résullats quantitatifs de ces différentes expériences comparées avec l’agglutination produite par le sérum de lapin. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) Biococr£. Compres RENDUS. — 1904. T,. LVT. 6] 863 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA PROPRIÉTÉ LIPOLYTIQUE DU CYTOPLASMA DE LA GRAINE DE RICIN N’EST PAS DUE A UN FERMENT SOLUBLE, par M. Nicroux. J'ai montré (Société de Biologie, même numéro p. 839 et 840) le pa- rallélisme complet entre l’action du cytoplasma et l’action d'une dias- tase en ce qui concerne l’hydrolyse des substances grasses. Connaissant alors le mode de préparation générale des diastases et ayant à ma disposition le cytoplasma, présentant, comme je l’ai démon- tré une activité lipolytique considérable (je rappelle que dans la propor- tion de 1/50, l'huile de coton est saponifiée dans la proportion de 80 p. 100 en trente minutes, à la température ordinaire), j'essayai de pré- parer le ferment soluble. A cet effet, le eytoplasma est amené à l’état sec (1) et lraité simple- ment par l'eau. On reconnait alors immédiatement : 1° Que le filtrat est inactif; 2° que le résidu sur filtre encore humide est également inactif. Dès lors toute propriété lipolytique ayant disparu, il est inutile de pousser plus loin les opérations. L'eau très légèrement acide (acide acétique à 6 p. 1000) donne le même résultat ; il en est de même pour la glycérine pure, l'alcool absolu ou étendu, les solutions de NaCI comprises entre 7 et 20 p. 1000, les solutions de saccharose à 5 et 50 p. 100. : Cette action particulière de l’eau ou de l’eau très légèrement acidifiée peut être mise en évidence par les deux expériences suivantes très faciles à réaliser. On pèse des quantités absolument égales de cytoplasma, d'huile, d'acide acétique étendu (4/10) et on fait, dans deux petits mortiers, les mélanges dans les deux ordres suivants : a) Cytoplasma + huile + eau distillée ; b) Cytoplasma + eau acidifiée + huile. On constale alors que le mélange a est le siège d'une saponifieation . régulière ; le second mélange D ne présente pas la moindre trace de sapo- nification (2). (1) On se débarrasse à cet effet de l'huile, qui tient en suspension le cyto- plasma, par un dissolvant approprié, de préférence la benzine ou l’éther de pétrole. On évitera avec soin la présence de l'humidité; à cet effet, avant toute opération on maintiendra à l’étuve à 100° pendant plusieurs heures le mélange cytoplasma et huile. (2) Il en est de même si, dans la formule b, avant d'ajouter l'huile on des- sèche le mélange cytoplasma + eau dans le vide sur l'acide sulfurique à la température ordinaire : le cytoplasma prend une forme cornée, ne se pulvé- rise plus sous le pilon dans l'huile. SÉANCE DU 28 MAI 869 Cette expérience comparative absolument nette, montre que l’action de l’eau enlève à l'agent lipolytique, et cela instantanément, son pou- voir hydrolysant (1). | Comment alors la saponification, qui correspond à une fixation d’eau et qui exige la présence de l’eau, peut-elle avoir lieu ? On pourrait pen- ser que celte action de l’eau pure ou légèrement acidifiée sur le cyto- plasma est trop artificielle, trop brutale, et on peut faire l'hypothèse que c'est au cours de la saponification, par le fait de la présence de l'huile, que le ferment soluble, s’il existe, est mis en liberté par le cyto- plasma en activité. Pour s’en rendre compte, on fait l'expérience suivante : On met en train une saponification d'huile de coton et lorsque 35 p. 100 environ de l'huile est dédoublée on centrifuge la masse dans deux tubes à une température voisine de 30-35°; on obtient trois couches : 4° Une couche inférieure d’eau glycérineuse acide claire ; 2° Une couche intermédiaire formée par une émulsion semi-solide relativement plus riche en acides gras que la couche supérieure. 3° Une couche supérieure d'huile et d'acides gras clairs ; Sion mélange intimement de nouveau les trois couches de l’un des tubes, la saponification reprend; donc, la substance active n’est pas détruite. Dès lors, on doit retrouver celle-ci dans l’une des trois couches ‘:de l'autre tube. À la première couche (glycérine + eau - acide), on ajoute de l'huile ; il n’y a pas saponification ; à la troisième(acide gras et huile) l'addition d’eau acide ne provoque pas la saponification ; quand à la seconde (émulsion), après addition d'huile et d’eau acide, elle devient le siège d’une saponification régulière. Cette expérience démontre donc très nettement qu'il n’y a pas, au cours de la saponification, production d’un ferment qui pourrait se dis- soudre dans l’eau pas plus d’ailleurs que d’un principe actif soluble dans l’huile ou les acides gras. Conclusions. — En définitive, ces expériences répétées un grand nombre de fois, d'une simplicité telle qu'elles ne peuvent laisser dans l’esprit aucun équivoque, entrainent les conclusions suivantes : 4° L'agent lipolytique (dont le cytoplasma n’est vraisemblablement (1) MM. Victor Henri et André Mayer viennent de montrer dans une commu- nication qu’on lira plus haut (même numéro p. 864), que dans un très grand nombre de cas un colloïde stable pouvait préserver un autre coiloïde ou une émulsion contre l’action de précipitation d’une solution quelconque, à condi- tion que ce colloïde stable soit ajouté avant la solution précipitante ; si, au contraire, on l’ajoute après la solution la préservation n’a plus lieu. Il paraît donc tout indiqué de rapprocher ces faits de la propriété que je viens de montrer relative à la protection du cytoplasma par l'huile avant l’action de l’eau et l’absence de protection par l'huile après l'addition de l’eau. 870 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que le support), n’est pas un ferment soluble dans l'eau; par là il se différencie des lipases actuellement connues. 2 L'eau enlève à l'agent saponifiant et cela instantanément son pou- voir hydrolysant dès que celui-ci n’est plus protégé par l'huile. J'ajouterai que si les travaux de Büchner ont comme conséquence, quand on les généralise, de conférer aux agents chimiques cellulaires un caractère de solubilité dans l’eau que l’on peut considérer comme essentiel, l'étude des propriétés du eytoplasma montre qu'il n'en est pas ainsi et que ce caractère n'est pas spécifique. L'HÉMOGLOBINE MUSCULAIRE DANS LES ÉTATS ANÉMIQUES, par MM. MÉNÉTRIER et AUBERTIN. Nous avons déjà attiré l’attention sur la surcharge hémoglobique des muscles striés dans l’anémie pernicieuse et certaines anémies graves symptomatiques (1). Chez deux sujets morts d'anémie pernicieuse et dans un cas de cancer de l'estomac à forme anémique, nous signalions ce fait que tous les viscères, même la rate, étaient d'une extrême päleur et que cette pâleur était rendue plus frappante encore par la coloration rouge vif de tous les muscles striés. Nous insistions également sur ce fait que le muscle cardiaque, se comportant comme les viscères, était notablement pàle et décoloré, et contrastait ainsi avec les muscles de la vie de relation. Depuis, nous avons eu l'occasion de vérifier encore ces faits dans trois cas d’anémie pernicieuse, dont l’un à forme aplastique et dans un autre cas de cancer de l'estomac à forme anémique. ja IL y a là un fait important qui montre que la teneur des muscles en hémoglobine est absolument indépendante de celle du sang. Les recherches expérimentales de MM. J. Camus et Pagniez (2) montrant que l’hypo-hémoglobinie musculaire est sans rapport bien net avec l'hypo- hémoglobinie hématique, et que, d'autre part, le myocarde se comporte d'une manière différente des autres muscles, sont absolument en rap- port avec nos faits. Ainsi ces deux ordres de recherches, faites indéven- damment les unes des autres, se confirment mutuellement. Ces auteurs disent n'avoir pu réaliser nettement une hypohémoglo- sinie musculaire par les anémies expérimentales : le fail ne saurait sur- prendre puisque, chez des sujets atteints d’anémies extrêmement intenses (de 1 million à 300.000 globules rouges, avec une valeur globu- (1) Sur un cas de cancer de l'estomac à forme anémique. Archives générales de médecine, juin 1902. (2) Soc. de Biologie, 16 avril et 7 mai 4904. SÉANCE DU 28 MAI 871 laire dépassant de très peu l'unité), anémies qui duraient depuis plu- sieurs mois, nous n'avons constaté aucune diminution apparente de l'hémoglobine musculaire. Il y a d'ailleurs des degrés dans cette conservation de la teneur des muscles en hémoglobine. Chez la plupart des cachectiques sans anémie intense (tuberculeux, cancéreux, artério-scléreux) les muscles sont pales et décolorés. Dans le cancer de l'estomac avec cachexie et anémie moyenne, ils sont souvent également assez décolorés. Mais dans le cancer de l’estomac à forme anémique, où l’'hypoglobulie est considé- rable tandis que les troubles digestifs restent au second plan et l'amai- grissement est peu marqué, les muscles sont d’une coloration normale, malgré la päleur des viscères. Enfin, dans l’anémie pernicieuse crypto- génétique, où l’'hypoglobulie est extrême et où pourtant les malades ne sont pas cachectiques et aucunement amaigris, la teinte rouge vif des muscles est conservée et paraît extrêmement intense. Ici encore l’expérimentation concorde de tous points avec les faits anatomo-cliniques. MM. J. Camus et Pagniez n'ont pu provoquer une hypohémoglobinie bien nette qu'en soumettant les animaux qu'ils ren- daient anémiques à l'inanition prolongée : l’anémie à elle seule était incapable de provoquer une diminution notable de l’'hémoglobine mus- …Culaire. De même nos anémiques non cachectiques avaient une hémo- globine musculaire sensiblement normale. C'est bien, en effet, à l’'hémoglobine propre de la fibre striée qu'il faut en l'espèce attribuer la coloration rouge vif des muscles. L'examen his- tologique nous a montré, en effet qu'il n’y avait à leur niveau ni une con- gestion locale qui eût d’ailleurs été bien médiocre étant donnée l'hypo- globulie énorme, ni une transformation quelconque du tissu musculaire pouvant ressembler au tissu hématopoiétique. L’anémie à elle seule, même prolongée, même considérable, est donc incapable de retentir sur l’hémoglobine musculaire, puisque c’est dans les cas les plus purs et les plus nets que cette hémoglobine semble le mieux conservée. Peut-être même pourrait-on considérer cet état de la fibre striée comme une véritable surcharge hémoglobique caractérisant peut-être un effort compensateur des muscles pour suppléer à l'insuffi- sante formation d’hémoglobine sanguine, ou comme une déviation générale la fonction hémoglobinifère de l'organisme. Mais ce n’est là qu'une hypothèse qu'on ne peut affirmer en l'absence de dosages. Ce qui est indiscutable c’est que la notion classique de la décoloration des muscles dans les états anémiques est en contradiction avec les faits et qu'il y a indépendance entre l'hémoglobinie musculaire et l'hémoglobinie sanguine. La pathologie nous montre ici des faits évidents et facilement appré- ciables sans qu'il soit besoin de dosages et réalise avec la plus grande netteté l'expérience qui prouve l'indépendance des deux hémoglobines. 872 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE SOI-DISANT XANTHELASMA SANS ICTÈRE, par MM. A. GizserT et P. LEREBOULLET. Nous avons établi dès 1900 que le xanthelasma, alors même qu'il ne s’accompagnail pas d’ictère vrai, pouvait être un des signes révélateurs d’une affection des voies biliaires, et notamment de la cholémie simple familiale ; à plusieurs reprises depuis cette époque, nous avons montré, en nous basant sur de nombreux faits, que {out sujet porteur de xanthe- lasma est par là même suspect de cholémie. La xanthochromie des xanthomateux, décrite par Carry et par M. Besnier, séparée par ces auteurs de l’ictère vrai, est en réalité bien due à la présence des pigments biliaires dans le sang circulant, et se superpose à la teinte jaune de la peau habituelle dans l'ictère acholu- rique. Il en résulte done qu'il n’y a plus lieu d’opposer le xanthelasma sans ictère au xanthelasma des ictériques, puisque, dans l’un et l’autre cas, le xanthelasma relève de la même cause générale, la cholémie chronique, et que l'intensité seule de la teinte jaune de la peau diffère, non sa nature. Cette conception du xanthelasma, considéré comme étant toujours une manifestation de la cholémie chronique, permet d’ailleurs d’expli- quer certains points spéciaux de son étiologie. Sa plus grande fréquence chez les israëélites, relevée par l’un de nous il y à quelques années, est due sans doute à la plus grande fréquence chez eux de la cholémie fami- liale et des diverses affections des voies biliaires. De même, l’hérédité du xanthome, son caractère familial, notés dans d’assez nombreux faits, sont explicables par l’hérédité du terrain biliaire sur lequel il se déve- loppe, et récemment MM. Morichau-Beauchant et Bessonnet (1) ont, dans un travail très documenté, appuyé de nouveaux arguments cette manière d'interpréter les faits. Tous les cas que nous avons observés depuis quatre ans ont été confir- matifs des idées que nous venons de résumer. Nous n'avons notamment pas vu un seul fait de xanthelasma des paupières, si fréquent lorsqu'on sait le rechercher, sans que l'analyse clinique et l'examen du sérum ne nous aient permis d'affirmer son origine cholémique. Récemment même, nous avons pu préciser davantage la question en examinant dans un cas typique le sérum sanguin et en y dosant la bilirubine. Ce cas concerne une femme de soixante ans, qui présente un xanthe- Jasma des paupières remarquablement net, contournant l'angle interne des globes oculaires, et surtout marqué à la paupière supérieure. Ce (1) Morichau-Beauchant et Bessonnet. Archives générales de médecine, 1903, pp. 2313-2329. SÉANCE DU 28 MAI 813 xanthelasma existe déjà depuis quinze ou vingt ans, et la malade dit n'avoir jamais eu aucune affection hépatique, n'avoir notamment pas eu d'ictère, tout en ayant depuis l'enfance le teint jaune. C’est donc un type de xanthelasma des paupières sans ictère. Or, un interrogatoire précis ‘et un examen un peu détaillé permettent d'affirmer que la malade est atteinte de cholémie simple familiale, et de préciser par suite l’origine biliaire du xanthelasma. Elle ne peutrenseigner sur ses antécédents familiaux, mais elle-même à eu à maintes reprises des vomissements bilieux, elle accuse quelques légers troubles dyspeptiques, présente de la constipation habituelle, a plusieurs fois souffert d'hémorroïdes d’ailleurs peu prononcées. Son teint est celui de l’ictère acholurique; il est en effet nettement jaune, avec léger bistre périoculaire, sur lequel se détache le xanthe- lasma; on constate en outre quelques taches pigmentaires disséminées sur le front; il est donc superposable au teint bilieux noté par nous chez un grand nombre de sujets atteints de cholémie familiale. Enfin son sérum est franchement cholémique. Grâce au procédé décrit par l’un de nous avec MM. Herscher et Posternak, nous avons pu apprécier l'intensité de cette cholémie. La cholémimétrie nous a permis de voir que la proportion de bilirubine contenue dans le sérum sanguin -.S'élevait à 1/15000, alors que normalement elle reste bien au-dessous de ce chiffre. La cholémie ne peut donc être révoquée en doute chez cette malade, - “et cette constatation permet de conclure, conformément à l'opinion ‘exprimée par nous en 1900, que le xanthelasma des paupières est bien un signe révélateur d’une affection biliaire, et que la xanthochromie qui l'accompagne n’est autre que Le teint spécial à l’ictère acholurique. Il ne faut pas par suite nier l’origine biliaire du xanthelasma, parce qu'il n’y à pas ou qu’il n’y a pas eu d’ictère cholurique; de même l’ab- sence d'insuffisance hépatique (elle faisait défaut dans notre cas comme dans beaucoup d’autres examinés par nous) ne doit pas non plus faire rejeter le rôle d’une altération du foie dans la production du xanthelasma. IL faut, dans de tels cas, avoir soin de rechercher l’état du tégument, et, s’il y a doute, examiner les urines et le sérum. On voit alors qu'en réalité le zanthelasma est toujours lié à l’ictère, mais qu’il faut à ce point de vue distinguer deux ordres de faits. Tantôt il y a ictère cholurique et xanthelasma, ce sont les cas les plus rares. Tantôt, comme dans le fait que nous venons de résumer, il y a ic{ère acholurique et xanthelasma; cet ictère acholurique est plus ou moins apparent, mais il est toujours possible de le mettre en évidence. Il en est ainsi dans les faits très nom- breux de xanthelasma au cours de la cholémie familiale, et, d’après nos observations, le xanthelasma des diabétiques rentre dans ce groupe de faits ; c'est vraisemblablement à cause du terrain biliaire sur lequel il se développe souvent que le diabète s'accompagne souvent de xanthe- 814 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lasma, et, dans ce cas, le xanthelasma est même un des signes qui per- mettent de présumer l’origine hépatique du diabète. Enfin, sans vouloir tirer des conclusions fermes du seul cas où nous ayons fait la cholémimétrie, mais en le rapprochant de ceux déjà anciens où nous avions apprécié approximativement le degré de la cholémie, nous croyons que, dans la règle, le xanthelasma correspond à des faits où la cholémie est assez notable, plus marquée que dans bon nombre de eas de cholémie simple familiale, et sa constatation acquiert de ce fait une certaine valeur diagnostique. TRAJET DES NERFS EXTRINSÈQUES DX LA VÉSICULE BILIAIRE, par MM. D. CourTane et J.-F. Guyon. Dans une précédente communication, nous avons montré, contraire- ment à l'opinion admise jusqu'ici, que le pneumogastrique envoie des rameaux moteurs à la vésicule biliaire. Quel est le trajet suivi par ces : rameaux? Telle est la question que nous avons cherché à résoudre dans les recherches que nous publions aujourd'hui. D'après la plupart des auteurs, les nerfs de la vésicule biliaire sont contenus dans le plexus hépatique, constitué, on le sait, par les filets nerveux qui accompagnent l'artère du même nom. Si on sectionne ces derniers, on supprime, il est vrai, ou on diminue considérablement l’action motrice du grand splanchnique. Par contre, on ne diminue en rien celle du pneumogastrique, dont l'excilation, nous avons pu nous en convaincre, continue à produire, après la section, les mêmes con- tractions qu'auparavant sur la vésicule biliaire. Les filets que le pneu- mogastrique envoie à cet organe n'empruntent donc pas la voie du plexus hépatique, laquelle paraît réservée aux seuls nerfs sympa- thiques. En réalité, nous avons constaté que ces filets cheminent dans les rameaux gastriques des deux vagues. On sait que ceux-ci longent la petite courbure de l'estomac, aux deux faces duquel ils se distribuent, l’un en avant, l'autre en arrière. Or, il suffit de les sectionner pour priver les deux pneumogastriques thoraciques de leur influence motrice habituelle. Au contraire, lorsqu'on excite leur extrémité périphérique, en particulier dans la région pylorique, on détermine une contraction très nette de la vésicule biliaire, qui survient en même temps que celle du pylore. Le résultat est donc identique à celui que nous avions obtenu antérieurement par l'excitation des pneumogastriques thoraciques, et montre que l'influence motrice de ces derniers nerfs est transmise à la vésicule biliaire par leurs rameaux gastriques. SÉANCE DU 28 MAI 8175 A la vérité, ces rameaux semblent se terminer à quelques centimètres du pylore, et il est impossible, par la simple dissection, de les suivre au delà. Sans doute, certains anatomistes ont admis qu'ils remontent» le long de l'artère pylorique, vers les plexus hépatique et cystique. Mais celte opinion a été contestée, et, pour nolre part, nous n'avons pu la vérilier chez le chien. En revanche, lorsqu'on examine altentivement la région comprise entre le pylore et l'embouchure du cholédoque, on découvre un certain nombre de filets nerveux très fins, qui rampent à la surface de l’épi- ploon hépatico-duodénal. Ils forment un pont entre le duodénum, dont ils émergent, et le cholédoque, vers lequel ils se dirigent à angle aigu et auquel ils ne tardent pas à s’accoler. Toutefois, il est facile de les en isoler sur une certaine longueur. Lorsqu'on les excite, on voit appa- raître, dans la vésicule, une contraction absolument semblable à celle de tout à l'heure. Cette contraction n'est certainement pas due à des courants dérivés. D'une part, en effet, elle se produit, même avec un courant faible, lorsqu'on excite le segment périphérique du nerf sec- tionné et isolé; d’autre part, elle ne se produit plus si on lie le nerf au- dessus du point excité, de façon à interrompre sa continuité physiolo- gique. Nous sommes donc en droit de conclure que ces nerfs sont bien … des nerfs moteurs de la vésicule biliaire. ° Ce point établi, peut-on les considérer comme issus des rameaux gastriques du vague ? L'expérience suivante le démontre d’une façon péremptoire, à notre avis. Si, en effet, on sectionne ces nerfs préalable- ment isolés, ou, ce qui revient au même, on lie en masse toute la partie superficielle du ligament hépatico-duodénal dans lequel ils sont con- tenus, l'excitation des rameaux gastriques du vague n'a plus aucun effet sur la vésicule biliaire. Il en est absolument de même si on lie seulement le cholédoque vers la partie médiane de son trajet, c’est- à-dire au delà du point où les filets venus du duodénum s’accolent à lui. Si, au contraire, on se borne à lier le cholédoque tout près de son embouchure duodénale, ce qui laisse intacts la plupart des nerfs aux- quels il sert de support, l'excitation des rameaux gastriques du vague continue à provoquer la contraction de la vésicule biliaire. Ces diffé- rents faits montrent nettement que l'excitation se propage par l'inter- médiaire des filets nerveux que nous avons décrits, et non pas par le cholédoque lui-même. : Il existe donc un circuit nerveux ininterrompu entre ceux-ci et les rameaux gastriques du vague. Bien que nous n’ayons pu constater la continuité anatomique de ce circuit (établie très probablement par les plexus nerveux de la région pylcrique), nos expériences nous paraissent mettre hors de doute sa continuité physiologique. 81:06 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA RESPIRATION DANS UNE ATMOSPHÈRE DONT L'OXYGÈNE EST CONSIDÉRA- BLEMENT RARÉFIÉ N’EST ACCOMPAGNÉE D'AUCUNE MODIFICATION DES COM- BUSTIONS INTRAORGANIQUES, ÉVALUÉES D'APRÈS LES ÉCHANGES RESPIRA- TOIRES. Note de M. J. Trssor, présentée par M. CHAUVEAU. Les expériences faites par Schumburg, Zuntz et Lœwy (1) au sommet du mont Rose, puis par Schrætter et Zuntz (1) dans deux ascensions en ballon indiquent une augmentation des combustions intraorganiques aux hautes altitudes. Les recherches que j'ai effectuées en ballon ont démontré que jusqu’à l'altitude de 4.300 mètres les combustions respi- ratoires restent invariables. D'autre part, les expériences faiies par _ Lœvy puis par moi-même dans les atmosphères décomprimées, c’est-à- dire dans les conditions qui se rapprochent le plus de la vie aux grandes altitudes, ont montré que les combustions intraorganiques ne subissent pas de variation jusqu'à un degré de décompression très considérable. Ce travail a pour but, en éliminant l'influence de la dépression baro- métrique, d'étudier l’action de la diminution de tension de l'oxygène atmosphérique sur l'organisme. Dispositif expérimental. — Les expériences ont consisté dans la détermi- nation des coefficients respiratoires de l’homme au repos respirant soit de air atmosphérique ordinaire, soit de l'air dans lequella proportion d'oxygène était diminuée. Cette diminution a varié entre 20,9 p. 100, proportion normale, et 9,5 p. 100, c'est-à-dire dans des limites considérables. Cette diminution a été obtenue en mélangeant à de l’air atmosphérique ordinaire une quantité déterminée d’azote. ia Le sujet en expérience respirait à l'aide de l'appareil respiratoire à sépara- tion des courants d'air inspiré et expiré déjà décrit (1). Cet appareil étant fixé solidement et adapté aux narines du sujet était relié, d’une part au gazo- mètre contenant le mélange gazeux destiné à la respiration, d’autre part à un spiromètre destiné à recueillir les gaz expirés. Ce spiromètre, ainsi que le gazomètre contenant le mélange gazeux sont à compensation automatique, c'est-à-dire parfaitement équilibrés pour toutes les positions de la cloche. Les expériences ont été effectuées sur deux sujets différents que j'appel- lerai sujet n° 1 et sujet n° 2. Le sujet n° 1 à vingt-six ans, une taille de 12,59 et pèse 56 kilogrammes. Le sujet n° 2 a quarante ans, une taille de 1,72 et pèse 94 kilogrammes. Dans toutes les expériences les deux sujets étaient à jeun. Dans le tableau qui suit, on a pris la moyenne de deux déterminations des coefficients respiratoires faites pendant l'inhalation du mélange gazeux et de deux autres déterminations effectuées avant et après l'inhalation. Le tableau ci-contre indique les résultats obtenus. (1) Traité de physique biologique, de d’Arsonval, Chauveau, etc. t. I, p. 754. *sopuyrye S09 e quepuodsert09 suorssorid sr onbrpur ajueAINS AUUO[OD ET OJPUUI XN0Z8S OBUBIOU O[ SUBP onb ouQur ef 350 onbuoudsorue are] op eue8{xo,] op uoisuoy 8] sopponhxne sapnyrqie so[ onbipur ouuotoa 07399 (1) c‘9re LIS'9 Ly'06 EGÉG 666: 0 JTE 092 ( « « £ES 0 G°868 898€ 87° S 9€°68 70° 07 3260 RAS ; 092 (l « « 80 G'GIE 688 At TE TV ET 606: 0 f'LEC GÉFTG 091 û « LES" 0 G° 668 G'YTE 86 006°T FG°ES 9% 97 906: 0 HAT PTE 09 0 « « 978 0 |:6"68 G° 808 ICE C1 9 7606 99°6 96: 0 GET S'LTE 09L { G ÿ GTS 0 dd 184 ‘ILE 898" € LL‘68 ea‘ OT 1660 qfyce LTc o9L 0 « « G£8 ‘0 LTe 687 86€ 008€ 0°68 66° 07 26,0 L'GET JG 09L û « « LES" 0 (OCT G°YST CF 88 7 GL°LS GG CI Y6 L'OTE 3° 0 09L û « “ 888 G°GTG ne S91JQUETT [EUX S2179u saqn9 ‘LUTJU99 | Saqno ‘WI]U99 . ZV 20 pqiosqe ARE) quoçeambo (y) Nm | OO AIAS OX 0 #00 onbrou aquoçeaimpbo ( d 007 ‘d opeuu) Ro. _0: è es 9: € soxrroqetrdsox a. 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On peut tirer de ces résullats les conclusions suivantes : 1° La ventilation pulmonaire ne commence à subir d'augmentation qu'à partir du moment où la proportion d'oxygène dans Pair inspiré tombe au-dessous de 11 p. 100 (altitude équivaiente : 5.000 mètres). 2° Les combustions intraorganiques, mesurées par la quantité d'oxy- gène absorbée ne sont pas influencées par des varialions considérables dans la proportion d'oxygène de l’air inspiré. La quantité d'oxygène absorbée n'a subi que des variations insignifiantes dues à l’augmenta- tion de la ventilation pulmonaire, lorsque la proportion d'oxygène de l'air inspiré est tombée à 9,5 p. 100 (altitude équivalente : 6.500 mètres). 3° La quantité d'acide carbonique exhalée reste sensiblement inva- riable tant que la proportion de l'oxygène de l'air inspiré ne s’abaisse pas jusqu’à 11 p. 100. Si elle s’abaisse au-dessous de ce chiffre, la quan- tité d'acide carbonique exhalée subit une augmentation notable cu est due à l'accroissement de la ventilation pulmonaire. 4° Le quotient respiratoire commence à s’accroître lorsque la pro- portion d'oxygène s'abaisse au-dessous de 41 p. 100 dans l’air inspiré. Cette augmentation du quotient respiraloire provient de l'accroissement de la ventilation pulmonaire dont l’action s'exerce inégalement sur la quantité d'acide carbonique exhalée et sur la quantité d'oxygène absor- bée. Cette action qui est insignifiante sur l'oxygène absorbé est très marquée sur la quantité d'acide carbonique exhalée. (Travail du laboratoire de M. Chauveau au Muséum.) - MODIFICATIONS DES SOLUTIONS DE CHLORURE DE SODIUM À 7 ET 20 p. 1.000 DANS L'INTESTIN GRÊLE DU LAPIN AU BOUT D'UN TEMPS VARIABLE, par MM. P. Nosécourt et G. Virry. Dans une note précédente (1), nous avons étudié les modifications de l’eau distillée et des solutions chlorurées sodiques à 7, 10 et 20 p. 1.000 dans les différentes portions de l'intestin du lapin au bout d'une heure et demie. Dans une nouvelle série d'expériences nous avons recherché, en suivant la même technique, les modifications subies par les solutions à 1 et 20 p. 1.000 au bout d'une demi-heure,une heure, une heure et demie el trois heures. (1) Nobécourt et Vitry. Société de Biologie, 16 avril 1904. SÉANCE DU 28 MAI 879 A. — SoLur1on À 7 P. 4.000. — 1° Dans le duodénum. Le volume du liquide augmente progressivement (il est doublé après 1 h. 1/2 et presque triplé après 3 heures); la teneur pour 1.000 en NaCl diminue progressivement (6 gr. 43 au bout d’une heure, 3 gr. 91 au bout de 3 heures); la quantité totale de NaCl augmente peu au bout d'une heure (0 gr. 017), davantage au bout d’une heure et demie (0 gr. 050), puis reste sensiblement la même (0 gr. 058) au bout de 3 heures. 2° Dans la 1° portion de l’anse moyenne. La quantité d'eau diminue peu au bout d’une heure et demie (11 centimètres cubes), beaucoup après 3 heures (3 c. c. 5). La teneur en NaCI pour 1.000 qui est très faible au bout d'une heure et demie (1 gr. 74), est relativement peu diminuée après une heure (5 gr. 67). La résorption de NaC], commencée dès la première heure (36 p. 100), atteint son maximum au bout d’une heure et demie (79 p. 100), puis reste stationnaire (81 p. 100 après 3 heures). 3° Dans la 2 portion de l'anse moyenne. Le liquide diminue: on trouve 10 centimètres cubes après 1 h. 1/2 et 8 centimètres cubes après 3 heures. La teneur en NaCI pour 1.000 ne diminue qu'après 1 h. 1/2 (6 gr. 08); elle alteint 4 gr. 92 après 3 heures. La résorplion de NaCI augmente progressivement (23 p. 100 au bout d'une demi-heure; 59 p. 100 après 3 heures). “24 Dans l'anse terminale. Le liquide diminue de moitié après 1 h. 1/2 et disparait presque complètement après 3 heures. La teneur en NaCI p. 1.000, qui est presque normale après 1 h. 1/2 (7 gr. 06), a d’abord diminué (5 gr. 85) après une demi-heure et est indo- sable après 3 heures. La résorplion de NaCl commence dans la première demi-heure (33 p. 100) et est presque totale au bout de 5 heures. | B. — Sozurion A 20 p. 1.000. — 1° Dans le duodénum. La quantité d'eau augmente plus rapidement qu'avec la solution à 7 p. 1.000 (24 centimè- tres cubes au lieu de 17 au bout d’une demi-heure), mais au bout de 3 heures elle est identique (40 centimètres cubes). La teneur en NaCI pour 1.000 diminue rapidement après une demi- heure (13 gr. 48) et une heure (7 gr. 46), puis se modifie peu (5 gr. 36 après 3 heures). La quantité totale de NaCl augmente légèrement après une demi-heure (0 gr. 043), puis diminue (25 p. 100 après 1 heure; 19 p. 100 après 1 h. 1/2; 23 p. 100 au bout de 3 heures). 2 Jjans la portion immédiatement sous-jacente au duodénum, deux expériences ont montré que les fails se passent après 1 h. 1/2 et 3 heures, comme dans le ducdénum. 3° Duns la 2° portion de l'anse moyenne. I] y a augmentation du liquide qui atteint 22 centimètres cubes au bout d’une demi-heure, mais reste sta- tionnaire au bout de 3 heures (25 centimètres cubes). La teneur en NaCl p. 1.000 diminue rapidement après une demi-heure (12 gr. 25) et plus 880 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lentement après 1 heure (9 gr. 95) et 3 heures (6 gr. 87). La résorptiom p. 100 augmente progressivement (3 p. 100 au bout d’une demi-heure : 27 p. 100 au bout d’une heure; 33 p. 100 au bout d’une heure et demie; 38 p. 100 au bout de 3 heures). 4° Dans l'anse terminale, les modifications se font dans le même sens que dans la 2° portion; la résorption du NaGl est un peu plus forte et plus rapide (29 p. 100 après 1/2 heure; 26 p. 100 après 1 h. 1/2 et 48 p. 100 après 3 heures). Conclusions. — Ces nouvelles expériences viennent confirmer les résultats déjà obtenus au bout d’une heure et demie. Elles montrent que les diverses portions de l'intestin du lapin se comportent d’une facon variable vis-à-vis des différentes solutions chlorurées sodiques (L); mais dans chaque portion, pour chaque solution, les modifications se font toujours dans le même sens : elles commencent aw bout d’une demi-heure, se comportent au bout d’une heure et demie comme nous l’avons indiqué dans une première note et s’accusent généralement, mais non toujours, au bout de 3 heures. La seule différence constatée dans le sens des phénomènes dans des temps variables, l'est avec la solution à 20 p. 1.000 introduite dans le duodénum : avec cette solu- tion, il y à au bout d’une demi-heure une légère augmentation de la quantité totale de NaCI contenue dans l’anse, à laquelle succède déjà au bout d’une heure une diminution. (Travail du laboratoire des Enfants-Assistés.) SUR L'ORIGINE DES ANTICORPS ANTISPIRILLIQUES, par M. LEvaprrt, Le lieu de formation des anticorps a été déjà étudié pour le bacille typhique, le pneumocoque et le vibrion cholérique par Pfeiffer et Marx (2), Wassermann (3) et Deutsch (4) et pour les précipitines, par Kraus et Levaditi (5). Nous avons repris la question, en nous servant de l’agent pathogène de la spirillose des poules, découvert par MM. Mar- (1) Avec la solution à 7 p. 1.000 Les résultats sont à rapprocher, quant aux variations de la quantité de liquide, de ceux obtenus par Charrin et Levaditi avec la toxine tétanique (Soc. Biol., 4 mars 1899, p. 165). (2) Zft für Hyg. vol. 27, 1898, p. 272. (3) Berl. Klin. Woch., 1898, n° 10, p. 209 et Deutsche med. Woch., 1899, no 9,p. 141. (4) Ann. Inst. Pasteur, 1899, p. 689. (5) Comptes rendus de l’'Acad. des Sciences, séance du 5 avril 1904. SÉANCE DU 28 MAI 881 choux et Salimbeni (1), et étudié par nous-même (2) au point de vue du mécanisme de la crise. Voici notre dispositif expérimental : Plusieurs lapins recoivent dans la cavité péritonéale de 20 à 25 centimètres cubes de sang riche en spirilles, prélevé sur une poule au troisième jour de l'infection. Ces lapins sont sacrifiés au bout d’un nombre variable de jours (de deux à huit jours) et leurs organes servent à la préparation d'extraits (10 p. 100 dans de l’eau salée à 8 p.100; séjour à 38 degrés pendant deux heures, filtration). On apprécie les propriétés immobilisantes et le pouvoir bactéri- cide de ces extraits vis-à-vis des spirilles. Ce dernier est déterminé en injec- tant les mélanges d'extrait et de spirochètes (2 centimètres cubes pour 2 grammes de sang) sous la peau des animaux sensibles (calfats, dominos et poulets). 4 Ces expériences ont montré qu'aucun des extraits d'organes ne pos- sède des propriétés spirillicides manifestes, si on les emploie en absence de cytase de lapin. Par contre, si l’on prend cette dernière précaution, on constate que de tous les tissus examinés, seuls les organes leucopoïétiques, en particulier la rate, la moelle osseuse et les ganglions lymphatiques, ren- ferment des quantités assez considérables de sensibilisatrice spécifique. On voit en même temps, que l’épiploon contient également des anticorps actifs. … Etant donné que d’une part, dans certaines expériences, l'existence ‘des anticorps dans les extraits d'organes précède l'apparition de ces anticorps dans le sérum sanguin, et que, d'autre part, il n’y à aucune relation entre la teneur de ces extraits en sang et leur richesse en prin- cipes immunisants, on doit conclure que les tissus leucopoiétiques sont non seulement un dépôt mais aussi une source d'anticorps. De plus, si l'on tient compte du fait que le seul trait commun que l’on peut révéler entre les organes qui engendrent des substances immunisantes, c'est leur fonction leucopoïétique ou leur richesse de leucocytes (par exemple l’épiploon après l'injection intra-péritonéale), on est en droit de conclure que les globules blancs sont les principaux producteurs d'anticorps chez les organismes immunisés. Nos expériences nous ont montré en outre, que les spirilles pénètrent dans les tissus générateurs d'anticorps, par l'intermédiaire de la voie sanguine. En effet, l'injection de ces spirilles dans la cavité périto- néale des lapins est rapidement suivie de l'apparition de ces spirilles dans les vaisseaux périphériques, d’où ils disparaissent au bout de quarante-huit heures. 11 est impossible de réaliser plus de trois pas- $ages, en injectant de lapin à lapin, le sang riche en spirilles. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff à l'Institut Pasteur.) (1) Ann. Inst. Pasteur, 1903, p. 569. (2) Ann. Inst. Pasteur, 1904, p. 129. 882 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA TOXINE SÉCRÉTÉE PAR LE BACILLE TYPHIQUE, par M. et M®° ALExIS WERNER. L'attention a été appelée de nouveau sur la toxine du bacille typhique, par le récent travail de MM. Rodet, Lagriffoul et Wahry (1). Le bacille d'Éberth n'est pas un microbe aérobie, en ce sens qu'il n’a pas besoin de l'oxygène gazeux, comme le Sublilis ou le 2. diphteriæ; on sait, en effet, qu'il forme un trouble uniforme dans le bouillon. Mais il s'empare avidement de l'oxygène dissous ou faiblement combiné, car il décolore très énergiquement le Æresylblau d'Ehrlich additionné au bouillon. On peut affirmer que sa pullulation est, jusqu’à un cerlain degré, proportionnelle aux quantités d'oxygène dissous dans un milieu nutrilif. D'autre part, le pouvoir toxigène de chaque individu des bacilles d'Éberth est plus élevé dans les milieux riches en oxygène que dans les milieux pauvres; on peut en conclure que l'oxygène favorise la sécrétion de la toxine typhique ou le développement des bacilles toxi- gènes. Nous avons cherché à obtenir de la toxine typhique en faisant bar- boter l'air à travers de l’eau peptonisée à 4 p. 100, légèrement alcaline, dans laquelle nous avons ensemencé des bacilles d'Éberth provenant directement des malades, sans passage préalable par l'animal. Nous obtenions ainsi des cultures très abondantes (souvent quatre fois plus riches que les cultures ordinaires), dans lesquelles les microbes — même après cinq jours — étaient parfaitement mobiles et avaient l'apparence de jeunes cocco-bacilles. Mais les cultures filtrées donnaient des pro- duits de toxicité très variable, en partant d’un même virus. L'étude de quelques échantillons obtenus a permis d'établir : 4° que la toxine s'oxyde facilement en perdant son activité; 2 qu'elle se décompose rapidement à 37 degrés, et qu'elle peut rester trois à quatre jours sans s’altérer sensiblement à 25 degrés, température assez favo- rable au développement des bacilles d'Éberth. On voit ainsi que l'oxygène joue un rôle double et contradictoire vis-à-vis de la toxine typhique : d’une part, il est nécessaire à la pul- lulation des bacilles toxigènes et, de l’autre, il détruit la toxine sécrétée par eux. Ceci explique pourquoi, dans toutes les cullures artificielles, il n’y a que des quantités insignifiantes de toxine. Il faut penser aussi que, dans l'organisme injecté, la toxine étant fixée par les cellules au fur et à mesure qu'elle se forme échappe ainsi à l'action destructive de l'oxygène et de la chaleur à 37 degrés. Voici notre technique établie sur ces données. Nous faisons nos cul- tures en deux temps : 1° période d'oxydalion quand le milieu est tra- (1) Sociélé de Biologie, 14 mai 1904. SÉANCE DU 28 MAI 883 versé par un courant d’air pendant deux à trois jours, à 37 degrés ou à 25 degrés; il se forme pendant ce temps beaucoup de bacilles toxi- gènes, mais la toxine sécrétée est partiellement oxydée; 2° période d'asphyxie (4); les cullures sont transvasées dans des ballons scellés et abandonnées pendant un ou deux jours à 25 degrés pour leur laisser le temps de sécréter leur loxine. Après filtration sur la bougie de Chamberland EF, ces cultures donnent un liquide dont l’activité ne dépend plus que du pouvoir loxigène du virus — point de départ. Avec nos meilleurs virus, nous avons pu obtenir des toxines dont 1 centimètre cube, et quelquefois 3/4 de centimètre cube, représentait la dose mortelle pour des cobayes de 300 grammes, en injection intra- péritonéale (c’est-à-dire 1/3 p. 100 à peu près du poids d’animal). Une dose de 2 centimètres cubes entrainait la mort des lapins de 1.800 à 2,000 grammes, en injection intra-veineuse (soit 4/10 p. 100 du poids d’animal) (2). La mort survenait habituellement en douze à vingt-quatre heures, après diarrhée, dyspnée, convulsions et abaissement considé- rable de température. Il faut ajouter aussi que la dose de toxine, insuf- fisante pour tuer les cobayes, ieur confère une immunité solide contre l'infection par les cultures entières de bacille d'Éberth. (Travail du Laboratoire de M. le Professeur Metchnikoff, à l'Institut Pasteur.) LES POISONS DES GLANDES GÉNITALES (Suile) (3). III. — RECHERCHES COMPARATIVES SUR LES TOXALBUMINES CONTENUES DANS DIVERS TISSUS DE GRENOUILLE, par M. GUSTAVE LoIsEL. Dans une précédente communication à la Société de biologie, nous avons montré que les ovaires de Grenouille pris un peu avant le rut, mais en ovogénèse active, renfermaient des toxalbumines et des alca- (1) Ici le mot «asphyxie » n'implique pas la mort des bacilles et un arrêt de leur vie; au contraire, l'examen microscopique démontre qu'ils sont mobiles pendant ce temps, et que la toxine doit être considérée comme leur vraie sécrélion vitale. (2) Comparer avec les résultats de MM. Rodet, Lagriffoul et Wahry. (3) Première note : Recherches sur les testicules et les ovaires de l’oursin. Comptes rendus de la Société de Biologie, 14 novembre 1903, p. 1329. — Deuxième note : Recherches sur les ovaires de grenouilles vertes. Comptes rendus de la Société de Biologie, 19 mars 1904, p. 504. Brococir. CoMPTES RENDUS. — 1904, T, LVI. 62 884 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE loïdes excessivement toxiques. Nous venons apporter aujourd'hui le résultat de recherches que nous avons entreprises depuis pour savoir si les toxalbumines se retrouvent également dans tous les tissus de la grenouille ou bien si l'élaboration de ces substances est une des carac- téristiques de l’activité génitale. Technique. — Organes desséchés à 35 degrés, réduits en poudre, traités par eau salée à 50 p. 1000 (10 grammes de poudre en moyenne pour 400 à 150 centimètres cubes de solution salée); puis les extraits salés ramenés au même degré cryoscopique et enfin injectés dans. l'oreille marginale de lapin avec une seringue à double jet, d’une conte- nance de 20 centimètres cubes. b Pour déterminer le degré eryoscopique auquel je devais m’arrêter, j'ai pris comme point de départ l'extrait ovarien. Malheureusement, cet extrait, qui est d’un beau jaune limpide dans un excès de sel, précipite en flocons blanchâtres, quand on abaisse la solution au-dessous du titre 25 p. 1000; je n'ai donc pu la ramener à l'isotonie et ai été obligé de m'arrêter à cette dernière solution, qui congèle à — 2°02. C’est donc à ce: degré que j'ai ramené tous les autres extraits après avoir fait un nombre plus ou moins grand de tätonnements passablement fastidieux. Il est inutile de rappeler ici ces opérations. Voici, à titre d'exemple, celles que j'ai été obligé de faire avec l'extrait musculaire. Trompé par ce que m'avait donné l’extrait ovarien, j'ajoute d’abord beaucoup trop d’eau distillée et j’obtiens un liquide qui congèle à bee En effet : 150 centimètres cubes d'extrait salé à 50 p. 1000 +350 centimètres. cubes d'eau so Conpele ane ete nue 15 ROMUIS J'ajoute alors 2 grammes de sel, ce ne me pue le degré. —1°10: J'ajoute éncore 4 — — — —1°65 J'ajoute enfin 4 — -—- — — 220 auquel je pouvais m'arrêter. Première expérience. —1° Ovaires de grenouilles sacrifiés le 9 mai 190%, un mois et demi après l’époque de la ponte, mais remplis encore d'œufs (4). Extrait congelant à — 2°02 injecté dans lapin mâle de 2.270 grammes. Dès la deuxième seringue, convulsions tétaniques qui continuent inces- santes jusqu’à la mort; celle-ci arrive après avoir injecté 90 centimètres cubes; il faut donc 39 centimètres cubes d'extrait ovarien pour tuer un kilogramme de lapin. Deuxième expérience. — Reins de grenouille rousse femelle portant des. capsules surrénales très développées et fortement pigmentées. Extrait congelant à — 203 injecté dans lapin mäle de 1.130 grammes. A partir de (4) Poids moyen des ovaires, calculé sur vingt-deux femelles, 48 gr. 07; Le. poids moyen du corps entier était de 79 gr. 40. # SÉANCE DU 28 MAI 389 SOON ON EE la première injection, convulsions tétaniques qui durent tout le temps; à la huitième (160 centimètres cubes), cris ; respiration cesse ; mouvements rapides des lèvres continuant jusqu'à la dixième injection, moment où la mort parait complète. Il faut donc 177 centimètres cubes d'extrait rénal et capsulaire pour tuer un kilogramme de lapin, mais en réalité la toxicité est plus grande qu’elle ne paraît ici, car ma solution salée avait été faite avec 6 grammes seulement de poudre de rein au lieu de 10 grammes. Troisième expérience. — Muscles de grenouilles vertes mâles sacri- fiées au commencement de février, desséchés comme ci-dessus et con- servés pendant deux mois dans une étuve à 55 degrés. Extrait congelant à — 2°20 injecté dans lapine pleine pesant 3.065 grammes. A la cin- quième injection, convulsions qui se répètent aux septième, huitième et neuvième injections. À partir de la treizième, dyspnée légère et petites contractures généralisées très fréquentes; mort à la vingtième injection. A l'aulopsie, liquide dans le cœlome, vessie très distendue ; utérus renfermant dix fœtus vivants pesant ensemble, avec le pla- centa et les annexes, 474 grammes : c’est donc 400 centimètres cubes d'extrait musculaire qui ont tué une lapine pesant en réalité 2.591 gr., soit 154 centimètres cubes par kilogramme. Il faut ajouter de plus que Yétat de gestation pouvait placer cette lapine dans un état de moindre résistance. Quatrième expérience. — Testicules des grenouilles vertes de la troi- sième expérience, traités et conservés comme pour le muscle ci- dessus. Extrait congelant à — 2°06 injecté dans lapin mâle de 2.860 gr. A la quatrième injection, convulsions qui vont durer presque tout le temps de l'expérience; de même pour les mictions qui apparaissent dès la sixième injection et la dyspnée qui commence à la septième. À la vingt et unième injection, mouvements fibrillaires de tout le corps; réflexes oculaires très diminués, conjonctive presque insensible; j'arrête l'expérience à la vingt-quatrième injection, n'ayant plus de liquide; le lapin respire très faiblement ; détaché, il montre une paralysie complète des quatre membres, la tête tombe sur le côté, mais les mictions conti- nuent; il meurt quelques heures après, ayant recu 233 centimètres cubes par kilogramme. Cinquième expérience. — Foie sans fiel de grenouilles rousses appar- tenant aux individus ayant servi aux deux premières expériences. Extrait congelant à — 1°99 injecté dans un lapin mâle de 2.490 gram- mes. À la septième injection, dyspnée commençante; à la huitième et à la neuvième, deux convulsions tétaniques, mais à partir de ce moment le lapin urine abondamment et ne présente plus aucun phé- nomène d'intoxication; je m’arrête à la douzième injection. 886 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans une sixième expérience, je prends un lapin de 2.200 grammes : auquel j'injecte de même, impunément, 400 centimètres cubes d'extrait hépatique ramené à 1 degré (0,79) voisin de l’isotonie. Là encore j'observe une diurèse très abondante après la onzième injection. En résumé, si ces expériences ne peuvent donner une mesure exacte de la quantité de toxalbumines contenues dans les différents tissus étudiés, nous pouvons classer ces tissus par ordre de virulence décrois- sante et nous avons alors la série suivante : 39 cent. cubes d’extrait salé d’ovaire (R. Perte je la pole) tuent ee . 1 kil. de lapin. 154 cent. cubes — — muscles (A. be FE Sont l'ebrurt) TUE NUE MSN — 171 cent. cubes — — reinset capsules surrénales (R. fasea, ; aprésilaponte) tuent-dch- Arme — 233 cent. cubes — — testicules (R. esculentla, avant le rut) dent MEN ATOUT EE = L’extrait salé de foie (À. exulenta après la ponte) parait peu ou pas toxique pour le lapin. Ces expériences viennent done confirmer entièrement nos expériences précédentes qui nous avaient montré la présence de poisons en grande quantité dans les glandes génitales et la très grande prépondérance de virulence de l'ovaire comparé à celle du testicule. Nous les conlinuerons prochainement en nous adressant aux glandes génitales de mammifères. (Travail du laboratoire du professeur Bouchard.) NOUVELLES RECHERCHES SUR L'ACTION DU VÉÊTEMENT SUR LE COBAYE, . par M. le D' E. MacreEL. Dans le mois de décembre dernier (1), j'ai communiqué une note sur le même sujet. Contrairement à mes prévisions, j'avais vu les animaux recevant exactement les mêmes aliments, et en mêmes quantités, perdre de leur poids, quand ils étaient vêtus, et, au contraire, en gagner quand ils étaient nus. Or, vu ce que ces résultats avaient d'inattendu, j'ai cru devoir recommencer ces expériences, et j'ai fait deux nouvelles séries d'observations, l’une de dix jours et l’autre de quinze : les résultats sont restés les mêmes. Ces nouvelles recherches ont été faites sur les deux cobayes angoras qui ont servi aux premières et leurs conditions sont restées exactement les mêmes. On trouvera ces conditions indiquées dans la note précé- dente. (1) Action inaltendue du vêtement chez le cobaye (Société de Biologie, 12 décembre 1903, page 1575). à SÉANCE DU 28 MAI 887 ExP. 1: — Elle comprend dix jours, du 4 au 14 décembre 1903. Je la résume dans le tableau suivant : POIDS DATES | ALIMENTS | TEMPERA- COUVERTS UT HE É ; DIFFÉ- 1903 évalués : ANIMAUX ou Début Fin maxlina Û décembre | en calories | + inima NUS a En MAENCES des 24 heures 4 au à 170 100— 7o Noir. Couvert. 145 136 = () Blanc. Nu. 108 721 + 413 5 au 6 170 go Go | Noir. Nu. 73 1800 #2 Blanc. Couvert. 721 100 — 21 6 au 7 170 11o— So Noir. Couvert. 750 754 L 4 Blanc. Nu. 700 702 + 2 Taus 170 119— 80 Noir. Nu. 154 148 — 6 Blanc. Couvert. 702 106 207 8 au 9 170 130— 100 Noir. Couvert. 148 154 + ‘6 Blanc. Nu. 106 718 + 12 9 au 10 170 130— 9o Noir. Nu. 154 NEC) Blanc. Couvert. 118 716 112 é L 0 au 11 170 140 — 110 Noir. Couvert. 715 745 — 30 Blanc. Nu. 716 7140 + 24 11 an 12 170 130— 100 Noir. Nu. 145 762 + 17 Blanc. Couvert. 7140 710 — 390 12 au 13 170 120— 11° Noir. Couvert. 162 es") Blanc. Nu. 710 148 + 38 13 au 14 170 139— 100 Noir. Nu. 753 76 + 12 Blanc. Couvert. 148 7111 — 34 Cette période de dix jours, il est vrai, sur vingt observations à pré- senté quatre exceptions : Du 6 au 7 et du 8 au 9, l'animal couvert a augmenté chaque fois de 4 grammes, et du 7 au 8, pendant que l’ani- mal couvert augmentait également de 4 grammes le découvert dimi- nuait de 6 grammes. Mais le résultat général n’en reste pas moins tout à fait contfirmatif de mes premières recherches. C’est, en effet, ce qui ressort nettement du tableau suivant, comprenant les différences quo- tidiennes de poids : Nus : Noir = +14 —6+19 LA1T+H12= +56. . . . . . . Soit + 11 gr. par jour. Blanc = + 13 +2 +12 L 9% + 38— +89. . . . . . . Soit + 19 gr. par jour. Couverts : Noir —— 9+4+6—30— 9——38 . . . . . . . Soit— 8 gr. par jour. Blanc ——21+4—2—30—31——80 . . . . . .. Soit — 16 gr. par jour. 888 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————————————————— En prenant la moyenne des deux animaux, nous trouvons que pendant les dix jours où ils ont été nus, ils ont gagné 14 gr. 50 par jour, et qu'au contraire, pendant les dix jours où ils ont été couverts, ils ont perdu 12 grammes par jour. Exr. II. — Elle a été faite en mars 1904 et a compris quinze Jours. [| 18 || 19 10 O2 au ) au au au au au z au ‘au 4 au au 2? ) AU 7 au au 18 19 POIDS ALIMENTS | TEMPÉRA- COUVERTS évalués ue ANIMAUX ou Début Fin Maxima CN TS en calories | &{ minima SRE des 24 heures 12 120—41%0 Noir. Couvert. S03 182 14 Blanc. Nu. 823 825 130 140-120 Noir. N1. 182 190 143 Blanc. Couvert. S925 817 135 120—150 Noir. Couvert. 790 196 145 Blanc. Nu. 817 825 140 150 — 130 Noir. Nu. 796 796 145 Blanc. Couvert. 825 s12 140 150— 120 Noir. Couvert, 196 Tu 145 Blanc. Nu. 812 805 135 è … Noir. Nu. 115 787 153 Blanc. Couvert. 05 805 151 ? Noir. Couvert. | 787 7192 150 Blanc. Nu. 805 799 140 160— 1920 Noir. Nu. 792 800 160 Blanc. Couvert. 799 800 157 160—130 Noir. Couvert. S00 710 137 Blanc. Nu. 800 800 157 ? Noir. Nu. 110 S10 137 Blanc. Couvert. 0 800 Cette journée n'a pas été prise. 155 170—100 Noir. Couvert. 795 780 155 Bianc. Nu. 7190 790 155 130— 109 Noir. Nu. 180 797 155 Blanc. Couvert. 190 185 151 139— 100 Noir. Couvert. 797 763 155 Blanc. Nu. 185 7196 153 140—100 | Noir. Nu. 763 795 148 Blanc. Couvert. 796 785 155 140— 110 Noir.' Couvert. 795 715 150 Blanc. Nu. 785 785 DIFFÉ- RENCES || ©) oo I © ++ SÉANCE DU 28 MAI 889 Cette expérience, comme la précédente, a présenté quelques excep- tions. Outre que le poids est resté six fois le même, pendant trois fois l'animal couvert a augmenté de poids et deux fois l'animal nu a perdu du sien. Mais de même que précédemment le résultat général confirme mes premières observations, ainsi qu'il résulte du tableau suivant : Nus\ : Noir —=+ 8+ 0+19+ 8 + 40H17 + 32— 117. . . . . . Soit + 11 gr. par j. Blanc—+ 2+ 8— T— 6+ 0+ O+HI1+HO—S. .... Soit+ 1gr. pari. Couverts : Noir ——19+ 6—21+ 5 — 30 —15— 34— 20 — 128. . . Soit — 16 gr. par j. Blanc —=— 8—13— OH 1— 0— 5—11— 36. . . . . . Soit — 5 gr. pari. En prenant la moyenne des deux animaux nous trouvons donc que, pendant qu'ils étaient nus, ils ont augmenté de 9 grammes par jour et qu’au contraire ils ont diminué de 10 gr. 50 par jour pendant qu'ils étaient couverts. Ces deux expériences confirment donc de tous points les précédentes et rendent définitive cette même conclusion : qu’au moins d’une manière générale, certains vétements font diminuer le poids des cobayes pourvus de Jeurs poils. Ee CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ALBUMOSURIE DE BENCE-JONES, par MM. les D'° G. PATEIN et Cu. Micner. Les Albumoses, ainsi que l'indique M. le professeur Gautier, se distinguent surtout des A/bumines par les trois caractères suivants : 4° elles ne sont pas coaqulées par la chaleur, même en présence de sels neutres; 2 elles sont solubles duns l'alcool faible; 3° elles donnent, avec l'acide azotique, un précipité qui se dissout à l'ébullition pour repa- raitre après refroidissement. On peut rencontrer des urines contenant des albumoses; on a signalé le fait dans l'ostéomalacie ; l'urine, dans ces cas, contiendrait un mélange de protalbumose, de dysalbumose et peut-être d'hétéroalbumose. Mais on a, en outre, donné le nom d’a/bumosurie de Bence-Jones à un symptôme que ce dernier a signalé en 1847, el qu'on a constaté depuis un certain nombre de fois chez des malades atteints de sarcomatose multiple des os (4). L’albumose de Bence-Jones, qui présenterait quelques propriétés des véritable albumoses, est caractérisée par la solubilité plus ou moins complète, à l'ébullition et sans addition d'aucun réactif, du précipité (4) Maly's-Jahresbericht; Revue de médecine, 1904. 890 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE obtenu à une température inférieure. De plus, la coagulabilité par la cha- leur disparait en présence de l'acide acélique. M. Déchaume (1) décrit très bien le phénomène de la coagulation. Nous avons eu plusieurs fois, et dans des cas pathologiques différents, l’occasion d'examiner des urines semblables; celle qui fait l’objet de la présente note a la composition suivante : Urines des vingt-quatre heures . . . . 1.480 cent. cubes. DNS AMEN RE inc M ARE N ArSR TE LE 1,019 ACiAITÉSeNALOIS TR NAS NA Net Et dou ACidephosphorique MAMMA 1,92 CHIORURES MANS Sr Eee et 7,90 RÉ ENS EE Er ae A RE TA DRE LS Se 419747 ATDUMINE RENE ENCRES A RAS CANNES, QUO 0 SON AR A EE EEE ne PAR Néant. Au microscope : cristaux d'acide urique, leucocytes, cellules épithéliales de la vessie. Action de la chaleur. — a) Si on chauffe l’urine seule au bain-marie, on constate qu'elle commence à se troubler à 52 degrés; la coagulation est maxima à 65-70 ; si on dépasse cette température, le coagulum semble subir une sorte de fusion et disparaître en grande partie; on filtre à 98 degrés; il reste sur le filtre une masse pâteuse adhérente au ther- momètre et correspondant à 12 grammes par litre. Le liquide filtré se trouble par refroidissement et abandonne un dépôt floconneux qui se redissout dès qu'on chauffe; b) L’urine est additionnée de quelques gouttes d'acide acétique au dixième; sous l'influence de cette augmentation d’'acidité, le trouble apparaît à 42 degrés. Mais le dosage ne donne plus que 4 grammes par litre, et le liquide filtré chaud abandonne le restant de l’albumine dissoute, par refroidissement, pour redevenir limpide dès qu'on le chauffe ; c) Si la proportion d'acide acétique est augmentée, il n’y a plus coagulation ; d) Si on diminue, au contraire, l’acidité de l'urine en l’additionnant de moitié de son volume d’eau de chaux de façon qu'elle rougisse à peine le papier de tournesol bleu, le trouble n'apparaît plus qu'à 63 degrés; la coagulation est complète à 75 degrés, et, quoique la tem- pérature ait atteint 98 degrés, le liquide filtré est absolument privé d'albumine et se trouble à peine par le réactif de Tanret. Le dosage à donné 13 grammes d’albumine par litre. Action de l'alcool. — L’urine est additionnée de son volume d'alcool à 90 degrés centésimaux et chauffée vers 60 degrés; l’albumine est (1) Bulletin des Sciences pharmacologiques, 1904. SÉANCE DU 28 MAI 891 entièrement coagulée et le liquide filtré n’en retient pas. Les albumoses sont solubles dans ces conditions. Action de l'acide azotique. — Précipité à froid, ne se dissolvant pas d'une façon sensible à l’ébullition ; insoluble dans l'alcool. Action de NaCl. — L'urine saturée directement de NaCI précipite abondamment; mais si elle a été préalablement neutralisée, il ne se forme que quelques flocons. Action de MgSO*. — L'urine neutralisée et saturée de MgSO‘ perd toute son albumine; après filtration, elle ne précipite plus par le réactif de Tanret. oi rotatoire. — On a trouvé : «3 — — 48 degrés; Gautier in- dique — 47°2 pour la globuline. La ne albuminoïde est donc de la sérumglobuline pure. Si elle présente des caractères anormaux au premier abord, ceux-ci tiennent à la nature du milieu dans lequel elle se trouve en dissolution et deviennent normaux dès qu'on neutralise ce milieu. L'un de nous a signalé ces faits pour les albumines urinaires et pour les dlbumines du sang (1). Conclusions. — La matière albuminoïde qui a recu le nom d'albu- mose de Bence-Jones n'est pas une albumose et doit être rangée parmi . des albumines. Dans la présente observation, elle est constituée par ‘de la globuline: elle peut l'être également par de la sérine dans d’autres cas. On ne doit faire rentrer dans la classe des albumoses que des malières albuminoïdes non coagulables par la chaleur, en liqueur neutre. Il parait bien probable qu'entre les albumoses véritables et les albu- mines proprement dites, il existe un terme de passage. Dans ce groupe rentreraient les albumines acétosolubles qui seraient une sorte de subal- bumoses, sur les propriétés desquelles il conviendrait de se mettre d' ou TRANSMISSION DE L’IMMUNITÉ, par M. WLAEFF. On sait qu'avec les blastomycètes pathogènes isolés de tumeurs ma- lignes, on a pu produire chez les animaux des tumeurs endothéliales, épithéliales et même ostéomes (Sanfelice, Roncoli, Léopold Korovin, ete.). Er étudiant depuis cinq ans le rôle dans l'organisme des différentes cultures des blastomycètes isolés de tumeurs malignes chez l’homme (1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1889; Comptes rendus de la Société de Biologie, 1891, p. 210. ‘892 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par Sanfélice, Curtis, Phimmer et moi, j'ai fait des expériences sur plus de 500 animaux différents (rats, souris, cobayes, lapins, chats, chiens, singes, pigeons, änesses, chevaux, chèvres, poulets, oies, etc. Entre les autres processus pathologiques, j'ai constaté l’engorge- ment des ganglions lymphatiques et prolifération de l'épithélium avec formalion d’adénome typique et de tumeur adéniforme chez les rats, souris, cobayes et singes. J'ai essayé d’immuniser en même temps les animaux plus réfractaires (oies, chevaux, änesses, chèvres) en leur injectant de l’émulsion de culture pure des blastomycètes tous les dix, vingt et trente jours ; les uns pendant douze et les autres pendant quarante-huit mois. J'ai pu obtenir ainsi un sérum qui guérit les animaux moins réfrac- taires inoculés par les blastomycètes, si le traitement est commencé au début de l’inoculation, ou bien, si l'infection n’est pas généralisée ele si les ganglions lymphatiques ne sont pas pris. Autrement, le sérum ralentit seulement la marche de la maladie et prolonge ainsi la vie de l’animal. Après avoir fait de nombreuses expériences et m'être convaincu de l'inocuité de ce sérum, je m'étais décidé à l'appliquer aux malades atteints de tumeurs malignes. En lui appliquant ce sérum, on obtient presque les mêmes résultals chez l'homme que chez les animaux. Tous ses effets ont été l’objet d’un minutieux examen dans plusieurs sociétés savantes, et les résultats obtenus par les expériences et la sérothérapie sont publiés (4). Entre les intéressants effets observés pendant l’immunisation, j'ai l'honneur de vous en communiquer quelques-uns. Une petite ânesse ayant sucé de sa mère pendant la période de l’im- munisation, c'est-à-dire pendant douze mois, est devenue plus réfrac- taire contre les blastomycètes que le témoin. Pour lui produire une réaction égale, il était nécessaire de lui injecter une dose double d’émulsion. Cet effet était plus remarquable chez la génération née deux ans après l'immunisation de leur mère. Le sérum de ces animaux agglutine les blastomycètes, dissout leur couche périphérique et les rend dans une masse granuleuse, quoique moins remarquable qu'avec le sérum de leur mère. (4) Voir : Bulletins et mémoires de la Sociélé anatomique, octobre 1899 et février 1900. Les blastomycètes dans la pathologie humaine, Presse médi- cale, 30 mars 1901, Vratchebnaja gazet, n° 39 et 43, 1903. Comptes rendus de la Société de Biologie (23 juin et 1 décembre 1900; 2 février et 16 mars 1902; 12 avril 1903). Journal de Médecine de Paris {N° 3 et 17, 1901). Archives théra- peutiques de Paris (février 1903). Vratch Russe (1901, n° 25 et 26). Bulletins et mémoires de la Société de chirurgie de Paris (1900, n° 36; 1904, n° 6 et 7; 1902, n° 13). Bulletins de l'Académie de médecine de Paris (20 novembre 1900). SÉANCE DU 28 MAI 893 Le lait des animaux immunisés agglutine aussi les blastomycètes el les rend dans une masse granuleuse, mais dans des proportions moindres que leur sérum. _ Les animaux mis en immunisation supportent plus facilement une dose plus élevée d’émulsion de culture pure préparée avec le sérum des animaux déjà immunisés, et la réaction passe plus vite que chez les ani- maux inoculés par l’'émulsion préparée avec de l’eau physiologique. Après une amélioration considérable de l’état général et l’état local chez les malades cancéreux, avec un arrêt dans la marche de la maladie pendant l'application du sérum anti-cellulaire dans une période de 12 à 48 mois, leur sérum est devenu capable d’agglutiner les blastomy- cètes, avec une intensité variable, suivant le degré de l’amélioration. Le liquide ascitique d'une malade atteinte du cancer des ovaires et du péritoine était au début sanguino-purulent et contenait des staphylo- - coques et des levures. Pendant le traitement avec le sérum anticellulaire, le liquide asci- tique, peu à peu, est devenu limpide et stérile. Pendant le traitement qui a duré quatre ans, la malade a recu quatre vingt-dix injections à 10 centimètres cubes chaque de ce sérum. L’état général et l’état local de la malade se sont tellement améliorés qu à l'heure actuelle, elle se sent tout à fait bien portante ayant gagné Ta43 kilogrammes de son poids. Au début du traitement, la malade était tout à fait cachectique et ino- pérable, à cause de la généralisation de la néoplasie. Après trois ans et demi de traitement elle fut opérée par le professeur Richelot. Tandis que quatre ans auparavant le D' Doyen n'avait pu l'opérer. Peu à péu, parallèlement à l'amélioration de l’état général et local de la malade, les ponctions purent être espacées de trois en trois mois, au lieu de tous les 25 jours. Six mois sont passés depuis les dernières ponclions et le liquide ascitique n’est pas revenu. Ce liquide est devenu en même temps lim- pide, stérile, et plus alcalin, et il agglutine les blastomycètes. Cette malade et une autre avec cancer au sein, traitée &ussi pendant quatre ans sans récidive, étaient opérées il y a trois ans et demi par le professeur Reynier; elles ont été présentées à la Société de médecine et de chirurgie pratique {5 mai 1904). Les malades cancéreuses ne se sentaient moins faibles si, immédiate- ment après la ponction, on leur injectait sous la peau une dose de 150 à 200 centimètres cubes du liquide ascitique en question. Les malades atteints de cancer à l'estomac et à l'intestin supportent bien le lait des animaux immunisés. Les symptômes de la maladie deviennent moins intenses et même quelques-uns disparaissent, et les fonctions physiologiques des organes malades s’améliorent, en appli- quant en même temps le sérum anticellulaire. 894 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'ÉLIMINATION COMPARÉE DU BLEU DE MÉTHYLÈNE ET DE L'URÉE, par MM. Cg. Acnarp et G. PAISSEAU. Nous avons comparé l'élimination par le rein de la substance normale la plus importante de l'urine, l’urée, avec celle d’une substance étran- gère fréquemment utilisée pour l'exploration clinique, le bleu de méthy- lène. Il importe, pour faire cette comparaison, de connaître les quantités respectives de ces deux corps qui pénètrent dans le rein et qui en sortent. Or, la recherche du bleu et de l’urée dans l'urine étant assez simple, on peut aisément évaluer ce que le rein en excrète. Mais il est moins facile de déterminer ce qu’il en reçoit. Car si la quantité de bleu introduite dans l'organisme ne dépend que de l’expérimentateur, par contre, la quantité d'urée qui s’y forme est plus difficile à fixer. Pour plus de simplicité, nous avons d’abord unifié cette quantité en mettant les sujets à un régime fixe pendant quelques jours, de manière à obtenir l'équilibre azoté, puis nous leur avons fait ingérer une dose constante et quotidienne de 20 grammes d’urée. Le bleu était administré à la dose de 5 centigrammes en même temps que l’urée, de sorte qu'il devenait lui aussi, pour un temps, une substance habituelle de l'urine. En comparant de cette manière des sujets sains avec des malades atteints de néphrite interstitielle, nous avons obtenu les résultats sui- vants. | Pour le bleu, si l’on établit les courbes d'élimination, on voit, comme l’un de nous l’a déjà signalé avec M. Clerc en 1900 (1), que chez le sujet sain, la quantité éliminée s'élève rapidement, puis se maintient en plateau, et enfin, lorsqu'on cesse d’administrer cette substance, tombé brusquement. Au contraire, chez le brightique, l'ascension est graduelle et plus lente, le plateau moins net, et la descente trainante. La courbe peut d’ailleurs s'élever aussi haut, et plus haut même parfois que chez le sujet sain, par suite de l’accumulation : car, l'élimination étant incomplète, à la dose nouvellement introduite chaque jour, s'ajoute le reliquat de la veille: c’est donc comme si l’on donnait une dose plus forte, et le rein arrive ainsi à en excréter davantage, sans améliorer pour cela son fonctionnement. À ce moment on pourrait croire, à considérer seulement la quantité trouvée chaque jour dans l'urine, que l'élimination rénale se fait bien, mais l’état pathologique se révèle de nouveau quand on supprime l'ingestion de bleu et il se traduit par la lenteur avec laquelle descend la courbe d'élimination. (1) Ch. Achard et A. Clerc, L'élimination des doses répétées de bleu de méthylène. Bull. et Mém. de la Soc. médic. des hôpitaux, 30 mars 1900, p. 405. CL SÉANCE DU 28 MAI 895 Pour l'urée, les courbes sont tout à fait comparables à celles du bleu : même brusquèrie dans la montée et la descente chez le sujet sain, même lenteur chez le brightique. L’accumulation se manifeste aussi de la même manière chez ce dernier : au bout de quelques jours, la quan- tité d'urée excrétée en vingt-quatre heures peut s'élever aussi haut que chez le sujet sain, et même, si l’on considère le taux initial de l’urée urinaire avant l'ingestion de la dose supplémentaire, on voit qu’en réalité la courbe s'élève davantage. Sur le vu de cette excrétion abon- dante, on pourrait donc croire aussi, à ce moment, que le brightique ; ï r man CHEN LEA LES) ae g Pr (AN PRE ro IUT ni + —— + EE | ï D Pr NE AA | [ 5 L (ESA ER 2 30 30 | il A 12 IL el Bent ++ T 20 REIN j | “ Jus a | JE | 4 FL | | RENE 2 | 10 j Ie 1 © il SE 17 S à | | | à | BA El En | | | | I IT Élimination comparée du bleu de méthylène et de l’urée. I, sujet sain. — II, néphrite interstitielle. — Les deux sujets, soumis à un régime fixe, ont absorbé quotidiennement pendant à jours 5 centigrammes de bleu de méthylène et 20 grammes d’urée. élimine fort bien l’urée et que son rein est parfaitement perméable à cette substance, si l'on n'était averti des effets de l'accumulation qui masque, en quelque sorte, l'imperméabilité rénale. Par suite, on ne peut déterminer la perméabilité du rein à l’urée en se bornant à doser ce corps dans l'urine et à calculer la quantité que doivent en produire les aliments quotidiens. Ce qu'il faut, c’est ou bien comparer la quantité d'urée qui sort du rein avec celle qui y pénètre, en dosant l’urée dans le sang avec toute la précision que les recherches de M. Gréhant ont apportée à cette recherche, ou bien augmenter d’une quantité connue l’urée de l'organisme, au moyen d'une épreuve d’azo- turie provoquée. Dans ces conditions, l'élimination de l’urée se montre assez bien parallèle à celle du bleu de méthylène. 896 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE LA RÉSISTANCE GLOBULAIRE DANS LA TUBERCULOSE EXPÉRIMENTALE, par M. G. HuuBerT (de Genève), La plupart des auteurs qui ont éludié la résistance globulaire chez les tuberculeux ont constaté une diminution plus ou moins nette de cette résistance. C’est ce qui ressort notamment des travaux de Mara- gliano, Chkliarewitch, Baumholtz, Veyrassat. Seul, Gozdsitski admet une augmentation de la résistance moyenne dans la tuberculose pulmonaire. L'interprétation des résultats donne lieu à de nombreuses diver- gences, les uns refusant toute valeur pronostique à l’étude de la résis- tance, les autres pensant qu'elle dépend avant tout de l’état gén de la température des malades. Devant ces incertitudes, nous avons pensé qu'il serait intéressant d'étudier les modifications de la résistance globulaire dans la tubercu- lose expérimentale. Nos expériences ont porté sur le lapin. Nous avons employé le pro- cédé de MM. Vaquez et Ribierre, contrôlé par la méthode des numéra- tions. Nous aurions voulu recourir aussi au procédé de Chanel; mais nous avons dù y renoncer, attendu que, chez le lapin normal, la presque totalité des hématies sont détruites par le liquide II de Gran- cher (sulfate de soude 10, eau distiilée 800) qui, chez l’homme, sert à déterminer la résistance moyenne. Nous avons donc fait à chaque examen une numération des globules rouges dans le liquide de Hayem et une dans le liquide I de Grancher (sulfate de soude 20, eau distillée 800). Nos animaux ont été inoculés par voie intra-veineuse et par voie péri- tonéale. Nous avons injecté à chacun d'eux 1 centimètre cube d’une émul- sion faible de tuberculose d’origine humaine, de virulence moyenne. Nous avons pu suivre pendant plus de deux mois les modifications san- guines qu'ils ont présentées. Dans tous les cas et avec les deux méthodes, nous avons constaté une diminution nette de la résistance globulaire. La résistance était dimi- nuée surtout dans les deux premières semaines consécutives à l'injec- tion. Par la suite, il s’est toujours manifesté une tendance au relour à la normale, sans que cependant celle-ci fût jamais atteinte. Dans tous. les cas, ce phénomène a coïncidé avec une diminution relativement modérée du nombre des globules rouges. On est done en droit de se demander si ce fait n'est pas dû à la destruction, dans l'organisme, des globules les moins résistants. Par la méthode de MM. Vaquez et Ribierre, nous avons trouvé chez nos animaux, avant nos une résistance minima de 42 à 44, une: résistance maxima de 30 à 32, ce qui fait une étendue de résistance de 10 à 12. 7 SÉANCE DU 28 MAI 897 Dans les deuxième et troisième semaines après l'injection, la résis- tance minima diminuait très notablement, jusqu'à 54 el 56; la résistance maxima diminuait aussi, mais d'une manière moins marquée, de sorte que l'étendue de la résistance était manifestement augmentée (jus- qu’à 16). À ce moment-là, le nombre des globules rouges était très peu diminué (4.500.000 en moyenne). Dans la suite et jusqu'à la fin, la résistance minima s'est maintenue au voisinage de 50, alors que la résistance maxima restait aux environs de 40, ce qui constituait une étendue de résistance de 10 en moyenne. Le nombre des globules rouges était, à cette époque, un peu inférieur à 4.000.000. Au cours de nos expériences, nous n’avons Jamais constaté de diminution de plus du quart du chiffre initial des globules. Par la méthode des numérations, nous avons obtenu des résultats: analogues. Alors que, avant l'injection, la destruction par le liquide I de Grancher ne dépassait guère 5 p. 100 du nombre total des globules, elle s’éleva, dans les deux ou trois premières semaines après l'injection, jusqu'à 30 à 35 p. 100, pour redescendre ensuite à 15 à 20 p. 100. Nous n'avons pas observé de relation entre les oscillations de la tem- pérature et celles de la résistance globulaire, non plus qu'entre celles-ci et les variations du poids de l'animal. En somme, ce premier point nous parait bien établi, que la tubercu- - lose diminue d’une facon très notable la résistance des hématies chez l'animal. Peut-être, de ces deux facteurs : nombre des globules rouges et résis- tance globulaire, pourra-t-on tirer un utile élément de pronostic. C'est dans ce sens que nous dirigeons actuellement d’autres recherches expérimentales. Il nous paraît en tout cas que l'étude de ces phénomènes permettra d'éclairer certains points du mécanisme de production de l’anémie chez les tuberculeux. (Travail du Laboratoire de la Clinique médicale de l'Université de Genève : M. le Professeur L. Bard.) 898 | VE REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE SÉANCE DU 17 MAI 1904 BrioT (A.) : Sur la sécrétion rouge mentale ts ae MUNIE 901 des PADHVSIES AMEN SCENE 10809 Rrersca : Caféine et bacilles ty- Ovno et OLuer : Recherches sur phiquie re tiCo lire MEN OPEN F8 0S l'intoxication phosphorée expéri- Présidence de M. Esquive. CAFÉINE ET BACILLES TYPHIQUE ET COLI, par M. Rirrscu. E. Roth (Æygq. Riundschau, 15 mai 1993) a indiqué la caféine comme pouvant, dans certaines proportions, empêcher le développement du coli- bacille tout en laissant encore végéter l’Eberth; les limites entré lesquelles l'Eberth pousse et le coli ne poussant pas seraient assez restreintes. Néanmoins la découverte d’un agent chimique plus gènant pour le coli que pour le typhique semblait tellement heureuse que la publication de Roth a certainement attiré l'attention de tous ceux qui se sont occupés de la recherche du typhique en présence du coli, notam- ment dans les selles et dans l’eau. J. Courmont et L. Lacomme (Société médicale des hôpitaux de Lyon, 8 décembre 1903), puis L. Lacomme (7hèse de Lyon, février 1904) ont repris la question : Lacomme, notamment, a signalé la sensibilité très inégale vis-à-vis de la caféine des Eberth de provenances différentes; ceux retirés de l'urine des typhiques en supportaient 1 p. 400, ceux des selles seulement une proportion beaucoup moindre. Les coli poussaient encore dans 0,9 p. 100 de caféine, mais non dans 1 p. 100. La culture des selles typhiques dans du bouillon à 1 p. 100 de caféine a permis d'éliminer le coli, mais non de déceler le typhique. J'ai préféré au milieu nutritif de Lacomme (35 p. 100 du bouillon (35) SÉANCE DU 17 MAI 899 peptonisé ordinaire et 65 p. 400 d’eau) une solution neutre à 4 p. 400 de peptone Defresne, comme plus constante dans sa composition. J'ai essayé dans ce milieu l’action de la caféine sur 22 cultures typhiques et 4 de coli. Sur les premières, 1 seule à supporté 1 p. 100 de caféine (développement sensible après 7 jours seulement). D OntAISUPDOELE MAC MANIERE 0,80 p. 100. 1/4 SUDDOPLE ANS UN MAN O CON ALO TOME 11) ont Supporte RE OS OA D C0 EE 2 — A et At 0,50 au maximum. A ANSUDDORCÉ MEN EAN MEN 0,45 — 1 5 APN ARE (RICA 0,35 ie Pour les 4 coli. À a supporté. . 1 p. 100 de caféine; végétation visible après 24 heures, 1 —_ 410,50 pt00 — LAMEMITE — l PO CA pb 100 Le 2 14 1 = . . pas même 0,36 p. 100. La sensibilité est donc très inégale pour l’une et l’autre espèce, et il me parait difficile actuellement d'espérer grand résultat de la caféine pour aider à déceler l’Eberth en présence du coli. SUR LA SÉCRÉTION ROUGE DES APLYSIES, par M. A. Brior. (Première note). Krukenberg, dans son ouvrage Physiologie der Farbstoffe und der Farben, signale le désaccord qui existe entre les observations spectros- copiques de deux auteurs anglais, Moseley d’une part, Mac Munn d’autre part, sur le suc des Aplysies. Il en cherche une explication dans la différence d’origine des matériaux de recherche, Moseley travaillant au cap Vincent, Mac Munn sur la côte ouest d'Irlande. D’après Moseley, le spectre d'absorption de la solution alcoolique présente une bande sombre entre b et F, qui se continue plus faible- ment au delà de E. Par acidulation, ce spectre présente trois bandes, l’ancienne entre b et F, et deux nouvelles, l’une petite, immédiatement avant D, et une large, au milieu de D à E. D’après Mac-Munn, les spectres des solutions aqueuses ou alcooliques présentaient trois bandes, l’une avant D, deux plus larges avant E et avant F. Par adjonction d'acide, le spectre se modifie et a une large à Brocoare. ComPres kENDUS. — 1904. T. LVL. 63 900 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (36) bande sombre de D à E, une plus faible avant F. En alcalinisant, on ne trouve plus qu'une bande d’absorption dans le spectre, celle avant D. J'ai opéré quelques recherches à la station d’Endoume sur la sécré- tion rouge des Aplysies, et ce sont les premiers résultats des observa- tions que j'ai faites que je signale ici. J'ai opéré d’abord sur ‘deux sortes d’Aplysies, sur Aplysia depilan. L. grosse espèce de couleur noirâtre et sur Aplysia punctata, Cuv. Le suc de ces deux espèces est rouge violacé. L’acidulation, soit par H?S0", soit par HCI, donne une teinte violette foncée très marquée. En rame- nant à la neutralité par l’ammoniaque, on revient à la couleur primi- tive, et si l’on alcalinise, la liqueur devient rouge. Ceci s’observe lorsqu'on opère sur la sécrétion directement réonetle des animaux hors de l’eau. Si on sectionne la glande productrice de rouge, qui est située immédiatement en dessous de la coquille du mol- lusque, et qu'on la plonge dans l'alcool, on obtient une belle liqueur rouge, différente de teinte de la solution aqueuse. L’acidulation la fait virer au violet et l’'ammoniaque ramène à un rouge plus franc que la liqueur primitive. Par l'observation au spectroscope, ces différentes solutions paraissent identiques, qu'elles proviennent d’une espèce ou de l’autre. La solution aqueuse suffisamment diluée présente un spectre avec deux bandes d'absorption l’une entre D et E, l’autre entre b et F. Par acidulation, soit par l’acide sulfurique, soit par l'acide chlorhyÿ- drique, la première bande s’élargit, s’accentue vers la gauche et tout l’orangé est absorbé presque vers E. La deuxième bande n’a pas changé sensiblement. À L’ammoniaque supprime la première bande, et on a une absorption uniforme à partir du milieu de D à E. Si les solutions sont plus concentrées, les deux bandes d'absorption se réunissent, n’en formant plus qu'une seule large, que l’adjonction d'acide sulfurique déplace vers la gauche, comme elle déplaçait la pre- mière bande des solutions suffisamment diluées. Ces observations spectroscopiques ont été faites avec des solutions fraichement préparées. Pour conserver les solutions aqueuses et les débarrasser de quelques impuretés, on les faisait bouillir, ce qui amenait la coagulation des ma- üères albuminoïdes, violacées, et la solution filtrait rouge. Son spectre n'était pas changé et subissait les mêmes modifications par acidulation ou alcalinisation. Mais à la longue ces solutions s’altèrent, elles prennent une teinte brunâtre, opalescente. L’adjonction d'acide ne provoque plus le chan- gement de teinte, l’apparition du violet, comuwe dans les solutions fraiches. L'adjonction d’alcali à la solution acidulée ne produit comme (37) SÉANCE DU Â7 MAI 901 changement qu'une légère diminution de la teinte brune qui a tendance à passer au jaune. Le spectroscope décèle les mêmes bdifations de la substance. Ii n’y a plus ces bandes d'absorption caractéristiques de la solution fraîche. Il y a seulement une légère bande entre le bleu vert et l’indigo. Les solutions alcooliques se conservent beaucoup mieux. Deux mois après la préparation, elles ont encore la belle teinte rouge et la pro- priété de virer au violet par les acides, de revenir au jaune rouge par l’'ammoniaque. Quant au spectre, il a les mêmes caractéristiques que celui des solutions fraiches. Dans une prochaine note, je donnerai de nouvelles indications sur la malière colorante des Aplysies. RECHERCHES SUR L'INTOXICATION PHOSPHORÉE EXPÉRIMENTALE 3 par MM. Opno et OLuEr. Dans une communication précédente, nous avons constaté que la dégénérescence graisseuse pouvait faire défaut dans l’empoisonnement par le phosphore à doses massives entraînant la mort dans les vingt- quatre premières heures et qu'elle pouvait même manquer après l’in- . jection d'une dose moyenne n'entraînant la mort qu'après quatre ou cinq jours. Nous avons recherché si la mort pouvait être expliquée dans ces divers cas par une lésion autre que la dégénérescence graisseuse. Nous n'avons trouvé aucune lésion de la cellule hépatique lorsque la stéatose manquait ou lorsqu'elle était à ses débuts, l'intégrité du protoplasma et du noyau était à peu près complète. Les lésions cellulaires : défor- mation du noyau, Kariokinèse, nécrose cellulaire, dislocation du lobule hépatique n'apparaissent qu'à une période plus avancée et QUE la dégénérescence graisseuse est totale. Lorsqu'on observe la stéatose au début, après fixation par le mélange fort de Flemming, on voit la graisse apparaître sous forme de très fines granulations réparties d'une facon diffuse dans la préparation mais prédominant cependant autour de vaisseaux sus-hépatiques, tandis que les cellules périportales sont relativement peu altérées. On trouve même, au voisinage des vaisseaux sus-hépatiques et dans leur lumière, quelques leucocytes assez fortement chargés de granulations graisseuses. Il se produit d’ailleurs une diapédèse proportionnelle à l'intensité de l’infil- tration graisseuse, et celte diapédèse paraît aussi avoir pour siège exclusif le système sus-hépatique où l’on observe constamment une stase vei- neuse parfois considérable. Cette stase veineuse paraît être la cause de 902 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE | 0 (88) la prédominance de la stéatose autour des vaisseaux sus-hépatiques. À la phagocytose se rattache étroitement le problème de l’origine de la graisse du foie dans l’intoxication phosphorée. La phagocytose a-t-elle pour objet le transport dans le foie de granulations graisseuses venues d’ailleurs et simplement emmagasinées dans la cellule hépatique? Ou bien, au contraire, les phagocytes se chargent-ils de l'élimination de la graisse formée primitivement dans le foie? La diffusion des lésions indi- querait plutôt un processus survenu primitivement dans la cellule hépa- tique ; d'autre part, la présence exclusive de leucocytes chargés de graisse dans les vaisseaux sus-hépatiques indique bien que les phagocytes éli- minent la graisse venue de la cellule du foie. Enfin, l'absence de dégé- nérescence graisseuse dans les autres organes à cette RE vient encore appuyer cette manière de voir. En effet, du côté des autres organes nous n’avons pas non plus trouvé de lésions suffisantes pour expliquer la mort : la fibre cardiaque est constamment normale; les poumons présentent seulement de la con- gestion et parfois des suffusions hémorragiques; l’intestin, le pancréas, la rate, les capsules surrénales ne semblent pas altérés. Dans un cas, les reins nous ont présenté une stase veineuse considérable aboutissant parfois à l’hémorragie et accompagnant une néphrite épithéliale légère avec intégrité des glomérules. Maïs dans tous les organes et notamment dans le rein nous n’avons pas trouvé trace de dégénérescence graisseuse alors que cette lésion est déjà appréciable au niveau du foie, ce qui prouve bien l'élection particulière du phosphore dans la cellule hépa- lique. Quant aux centres nerveux, ils ne présentent que quelques lésions banales de chromatolyse. A défaut de lésions histologiques suffisantes, on peut se demander si la mort est produite en dehors de la dégénérescence graisseuse dans l’empoisonnement phosphorique par un trouble général de la nutrition moléculaire ou par des perturbations du système nerveux. (Travail du Laboratovre de Pathologie interne de l’École de Médecine de Marseille.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. M4RETREUX, directeur, 1, rue Cassette. Ur SÉANCE DU 4 JUIN CLauDe (Henri) et Viccaret : Les éliminations urinaires sous l'in- fluence du chlorure de sodium chez les animaux en état d'inauition. . . CorDrer (Marcer) : Chlorophylle et coagulation du sang. . . . . . .. GérarD (E.) et RicouIer : Oxyda- tion de la morphine et réduction de l'oxymorphine par la pulpe rénale. Gicsert (A.) et Carnor (P.): Ac- tion du chlorure de sodium sur le pneumocoque et l'infection pneu- mococcique. — Signification de la rétention des chlorures dans la PETITES 0 0 à do o-ditloiblororate GirarD-ManGin et Henri (VICTOR) : Etude du phénomène d’agglutina- tion. — II. Agglutination des glo- bules rouges par l’hydrate ferrique Héolloidalé ue Rs es As Grearp-ManGix et HENRI (Victor) : Agolutination des globules rouges de chien par le sérum agglutinant ‘ de lapin . GiRaARD-ManGix et HENRI (Victor) : Agolutination des globules rouges par le sérum du même animal . . . GirARD-MaxGiN et HENRi (Victor) : Agglutination des globules rouges par le chlorure de sodium et par des mélanges d'agents agglutinants. Laurent (J.) : Action comparée de la glycérine et d'un parasite sur la structure des végétaux. . . . . . .. LErèÈvRE (J.) : Essai d'extension de la formule dite de Chauveau aux moteurs animés, à l’aide des études classiques de M. Chauveau sur la mécanique musculaire... 1. LEerèvre (J.): Sur quelques consé- quences de l'application de la for- mule de Chauveau aux êtres vivants. LEsAGE (J.) : Effets physiologiques du suc pancréatique naturel en in- jection intra-veineuse. Action sur la circulation et la respiration. . . .. OS MONO OLECRIOREO SION METIENC LECHECUNC EC BioLociE. CompTes RENDUS. — 1904. T. [904 SOMMAIRE 925 931 LESAGE (J.) : Extrait sec du suc PANCRÉAUIQUE AP APR PAPE Mourre (Cn.) : Sur la variation des corpuscules de Nissl dans di- verses conditions physiologiques. . Mourre (Cu.) : Modifications struc- turales des cellules nerveuses consé- cutives à l’administration de quel- ques substances toxiques . . . . .. NicoLLE (CHARLES) : Sur une hémo- grégarine de Lacerta ocellala. . Perrir (AUGUSTE) : Sur la produc- tion expérimentale de la pyknose. . Renaur (J.) : Sur une espèce nou- velle de cellules fixes du tissu con- jonctif; les cellules connectives MNADIO CLITE SENS ER ES ROSENTHAL (GEORGES) : Culture des anaérobies gazogènes en tubes ca- chetés : le tube cacheté étranglé. ROSENTHAL (GEORGES) et CHAZARAIN (PAUL) Effets cachectisants des toxines de l’Entérocoque . . . . . . Roucer (J.) : Liquide céphalo-ra- chidien des génisses vaccinifères. . SERGENT (EoMonb) et SERGENT (E.) : Seconde note sur une trypanoso- miase des dromadaires d'Algérie. . Tissor (J.) : Les combustions in- traorganiques sont indépendantes de la proportion d'oxygène conte- nue dans le sang artériel ; la respi- ration dans une atmosphère à oxy- gène fortement raréfié provoque un abaissement considérable du taux de l'oxygène dans le sang artériel, 903 mais ne modifie pas la valeur des : échanges respiratoires . . . . . ere VasiLescu : Cultures homogènes du bacille tuberculeux. .\: . . . . - VixcENT (H.).: Influence favori- sante du chlorure de sodium sur certaines infections "#10 0000 Wei (EMILE) et CLERG (ANTONIN) : Note sur la splénomégalie avec anémie et myélémie. . . . . si LVT. 904 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. O. Larcher, vice-président. OXYDATION DE LA MORPHINE ET RÉDUCTION DE L'OXYMORPHINE PAR LA PULPE RÉNALE, par MM. E. GÉRARD et RICQUIEr. MM. Abelous et Gérard ont établi la coexistence, dans l’organisme animal, d’un ferment soluble oxydant et d’un ferment soluble réducteur. MM. Abelous et Aloy, à la suite de diverses recherches, ont conelu à l'identité de la diastase oxydante et de la diastase réductrice, et ils ont admis que ce ferment qu'ils appellent oxydo-réducteur, dissociant les combinaisons oxygénées, agit comme réducteur, et portant l'oxygène libéré sur des substances oxydables, agit comme oxydant. Dans un même ordre d'idées, nous avons essayé de transformer la morphine, par un processus d’oxydation, en oxymorphine, et de réduire ensuite de l’oxymorphine pure en morphine par des extraits aqueux de rein de cheval. Ces recherches nous ont été suggérées par une obser- vation faite par M. Bourquelot (1), dès 1896, à savoir qu'une solution alcoolique de morphine, additionnée de suc de Æussula delica, donne lieu à la formation d’un précipité qu'il pensa être un produit d'oxyda- tion de l’alcaloïde. Du reste, sur les conseils de M. Bourquelot, M. J. Bou- gault (2) a étudié plus tard ce précipité, et il a pu établir, d’une facon très nette, quil était constitué par de l’oxymorphine. Cet auteur ajoute même qu'il est présumable que cette transformation de la morphine par un suc végétal oxydant doit également s'effectuer dans l'organisme animal. Dans une première série d'expériences, nous avons fait agir l'extrait aqueux de rein de cheval sur le sulfate de morphine. Pour cela, on a préparé une macération avec parties égales de pulpe rénale et d’eau chloroformée, et on l’a divisée en deux lots : l'un A est additionné d'un gramme de sel de morphine pour 250 grammes de macération aqueuse filtrée, et on ajoute 2 centimètres cubes de chloroforme; l’autre B est porté à l’ébullition avant l'addition de la morphine et du chloro- forme. Les deux lots sont portés à l’étuve chauffée à 38-40 degrés, et on fait passer dans chacun des mélanges un courant d’air. Au bout de vingt-quatre heures, on observe dans le lot À un trouble très net qui ne se produit pas dans le lot B, qui avait été filtré après avoir été porté à (1) Journ. de pharm. et de chim. [6], t. IV, p. 382. (2) Journ. de pharm. et de chim. [6], t. XVI, p. 49. SÉANCE DU 4 JUIN 903 l'ébullition. Après trois jours de séjour à l'étuve, le dépôt formé dans la macération non bouillie est recueilli, lavé à l’eau, puis traité par de l'acide sulfurique additionné d’une goutte d’une solution très diluée d'aldéhyde formique; on obtient très nettement la coloration verte caractéristique de la présence de l’oxymorphine. Cette réaction est celle qui est recommandée par M. J. Bougault. Quant au lot B, bouilli, on l’évapore à moitié de son volume et on refroidit ; il se forme un précipité floconneux, qui, après lavage, est soumis à la réaction de l'acide sulfurique formolé : le résultat est négatif. Les macérations aqueuses de rein de cheval transforment donc, par une action diastasique, la morphine en oxymorphine. Dans une seconde série d'expériences, nous avons voulu voir si le rein est susceptible de transformer, par un processus de réduction, de l'oxydimorphine en morphine. À cet effet, deux lots de macération de pulpe rénale, l’un A, non bouilli; l’autre B, bouilli, ont été additionnés d'oxydimorphine pure préparée suivant le procédé de Karl Polstorff (1), et ils sont enfermés dans des flacons au sein d’une atmosphère d’hydro- gène. Le tout est mis à l’étuve à 38-40 degrés. Au bout de quarante-huit heures, les deux lots sont évaporés séparément au bain-marie, les - résidus sont repris par de l'alcool à 97 degrés, et les produits d’évapo- ration des liquides alcooliques filtrés sont examinés par l'acide sulfu- rique formolé : le lot À, non bouilli, donne seul la coloration violette + intense de la morphine résultant de la réduction de l’oxymorphine. En conséquence, les macérations aqueuses de rein de cheval sont donc susceptibles, par une action diastasique, d’oxyder la morphine et de réduire l’oxymorphine dans des conditions déterminées. On obtient des résultats absolument identiques avec le rein tel quel ou avec le rein complètement privé de sang par une injection prolongée d’eau distillée faite par les vaisseaux de l’organe excisé. {Travail du laboratoire de pharmacie de la Faculté de médecine de Lille.) SUR LA PRODUCTION EXPÉRIMENTALE DE LA PYKNOSE, par M. AUGustrE PETTIT. Le sérum du sang de l'Anguille exerce, sur un grand nombre d'espèces cellulaires (2) du corps des Mammifères et des Oiseaux, une action cyto- (1) Ber. d. d. chem Gelsell., t. XII, p. 87. (2) Cellules rénales, hépatiques et nerveuses, hématies, etc. ATEN 906. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lytique énergique, affectant surtout le cytoplasma; à ce point de vue, les éléments qui constituent la portion glandulaire de l’hypophyse de certains Oiseaux (Poule et Pigeon) méritent une mention spéciale car, chez ces animaux, les altérations nucléaires (1) prédominent, et elles frappent par leur intensité et leur précocité : une dose de sérum égale approximativement à 1/5000 du poids de l'animal suffit, en effet, pour provoquer, en un laps de temps variant entre une heure et une heure et demie, des modifications profondes dans la structure nucléaire (2). Les lésions hypophysaires consécutives à l'administration (3) de sérum d'Anguille n'offrent pas de systématisation nette; cependant, les cordons les plus lésés sont, en général, groupés les uns à côté des autres et occupent la partie centrale de l'organe. Les modifications intéressent à la fois, mais avec une intensité diffé- rente, le cytoplasma et le noyau : a) La trame spongioplasmique devient de plus en plus lâche, de plus en plus apparente; elle se détruit progressivement et peut même, par places, disparaître complètement. b) À l’état normal, les noyaux sont nettement limités et renferment un certain nombre de fins karyosomes, réunis par un réseau de linine et baignant dans un suc nucléaire abondant. La modification initiale paraît consister en une diminution de volume du noyau, d’où résulte une sorte de condensation de la substance chro- matique. Les karyosomes se rapprochent les uns des autres, le sue nucléaire se raréfie, et, par une contraction progressive, l’ensemble se transforme en une masse compacte, ne mesurant guère que la moitié du diamètre normal, ne présentant plus trace de structure et fixant inten- sivement et confusément les colorants basiques (4); en un mot, le noyau est frappé de pyknose (5). Il est d’ailleurs à remarquer que, dans les conditions où ont été réa- lisées ces expériences, certains noyaux dépassent le stade pyknotique (1) Ces phénomènes ne sont pas spéciaux aux Oiseaux, mais, chez aucun des autres animaux étudiés, ils n’affectent une gravité comparable. (2) La karyolyse s’observe également, avec une certaine intensité, dans les cellules des tubes contournés du rein des Mammifères. (3) Le sérum d'anguille a été injecté aux Oiseaux par voie intra-veineuse, suivant la technique indiquée précédemment : À. Pettit, Archives internatio- nales de Pharmacodynamie, 1901, 469-528. (4) Les faits observés par J. Jolly sur les hématies vivantes du Triton con- cordent avec les présentes constatations. Archives d'anatomie microscopique, VI, 4, 1904. (5) Rapprocher de ces observations les phénomènes qui ont pour siège le noyau des normoblastes évoluant en normocytes, et surtout le noyau des hématies de Triton en voie de karyokinèse (J. Jolly, loc. cit.). SÉANCE DU 4 JUIN 907. DT A A LA LR PARMI SR et S’effritent en menus fragments (karyolyse) qui se disséminent dans le cytoplasma. Les pyknoses nucléaires sont extrêmement nombreuses; dans cer- tains cordons, leur pourcentage s'élève à 75 et même 80 p. 100; mais les noyaux sont très inégalement frappés, de telle sorte qu'on peut aisé- ment les grouper en séries de figures régressives, unies les unes aux autres par des transitions insensibles. En résumé, l’injection intra-veineuse de quantités minimes de sérum d'Anguille détermine, chez la Poule et le Pigeon, en un laps de temps variant entre une heure et une heure et demie, la pyknose d’un grand nombre de noyaux des cellules constituant le lobe glandulaire de l’hypo- physe; cette dégénérescence consiste essentiellement en la disparition du suc nucléaire et en la condensation de la chromatine, qui se trans- forme en un bloc anhiste et fortement réfringent. Dès lors, la question se pose de savoir si cette modification dans la structure du noyau n'est pas imputable à une déshydratation (1), et si, par conséquent, il ne convient pas de rechercher dans des processus analogues la cause plus ou moins prochaine des réactions cellulaires en apparence les plus diverses, mais présentant toutes ce caractère com- mun de relever de variations dans la tension osmotique (2). SUR LA VARIATION DES CORPUSCULES DE NIssL DANS DIVERSES CONDITIONS PHYSIOLOGIQUES, par M. Cu. MourRE. J'ai recherché si les corpuseules de Nissl avaient dans les cellules médullaires de même catégorie un aspect fixe ou étaient susceptibles de variations. J’ai examiné (3) la moelle dorsale de dix cobayes normaux. Les cellules de même catégorie présentent incontestablement un ensemble de faits de structure communs, d’où résulte une ressemblance manifeste; cependant les corpuscules de Nissl offrent une différencia- (1) Voyez les publications de A. Giard, relativement à l’anhydrobiose et à la tonogamie,Comptes rendus de la Société de Biologie, passim, 1894-1904. (2) Tous les phénomènes de mérogonie (température, Viguier — substances chimiques, Læb, O. et R. Hertwig, Morgan, Delage, Viguier, Giard) « prennent une clarté inattendue, si l’on se débarrasse des idées de prédestination de l'œuf et du spermatozoïde, de la sexualité de la chromatine, qui ont tout obscurci, et si l’on se borne à considérer les éléments génitaux comme des cellules ordinaires dont la chromatine a été réduite... » Ed. Perrier et Ch. Gravier, Annales des sciences naturelles, XVI, 345, 1902. (3) Méthode de Nissl. 908 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tion, une densité et un volume variables : certains éléments, mênte de grande taille, peuvent ne renfermer qu’un très petit nombre de corpus- cules exigus. Il m'a paru également intéressant de rechercher quelle influence pourraient exercer sur les corpuscules de Nissl diverses conditions physiologiques, susceptibles de modifier l’état général, sans cependant compromettre l'existence. J'ai ainsi constaté, dans la moelle de deux femelles de cobayes épuisées par la lactation d’un trop grand nombre de petits, un aspect confus des corpuscules de Nissl qui se différenciaient à peine du reste du cytoplasma. De même chez un autre cobaye, qui se trouvait dans un état d’amaigrissement prononcé, mais dont l’autopsie n’a révélé aucune lésion organique, les corpuscules affectaient une apparence poussiéreuse très anormale. En faisant subir à un cobaye, par suite d’une alimentation insuffisante et en un laps de dix-sept jours, une perte de poids de (831-570 —) 261 grammes, les mêmes formations ont présenté un degré de diffusion extrèmement léger. En résumé, chez le cobaye, l’aspect des corpuscules de Nissl varie dans de larges limites, non seulement dans les mêmes cellules des sujets de même espèce, mais aussi dans les cellules de même catégorie d’un sujet déterminé. En second lieu diverses conditions physiologiques semblent susceptibles d'augmenter les variations normales des corpus- cules. Toutefois il convient de remarquer que tous les animaux ne présentent pas une semblable variabilité. Dans la moelle dorsale du lapin notam- ment les corpuscules de Nissl affectent des caractères plus constants que dans celle du cobaye (1). L De ces constatalions se dégage une notion pratique : la méthode de Nissl paraît impuissante à déceler, chez le cobaye tout au moins, les lésions légères produites par une cause déterminée, car on ne peut les distinguer de celles antérieures à l'expérience. Seules les méthodes analogues à celles proposées par Pick (2) et par Luxemburg (3), qui excitaient avec les précautions voulues une moitié de l’axe nerveux et la comparaient à l’autre, paraissent échapper à la crilique. (1) Je dois signaler que Van Gehuchten et Nelis, en éludiant les ganglions spinaux du lapin normal,.y ont rencontré des cellules ayant une disposition, une forme et une richesse en corpuscules chromatiques des plus variables. Ils font observer que beaucoup de cellules ressemblent à celles que de nombreux auteurs ont données comme altérées à la suite de diverses intoxications (Bulletin de l'Académie royale de Belg., 1898, p. 336.; (2) Deutsche med. Wochenschrift, 1898. p. 341. (3) 1bid., p. 414. SÉANCE DU À JUIN 909 MODIFICATIONS STRUCTURALES DES CELLULES NERVEUSES CONSÉCUTIVES A L'ADMINISTRATION DE QUELQUES SUBSTANCES TOXIQUES, par M. Cu. Mourre. Je me suis proposé de dégager le mode de réaction des cellules ner- veuses consécutivement à l'administration d’eucaïne, d'alcool, d’antipy- rine, de curare, de morphine, d’éther, de chloroforme ainsi que dans l’anémie expérimentale. Les substances toxiques ont été administrées par voie d’injections sous-cutanées, à l'exception du chloroforme qui a été utilisé sous forme de vapeurs en inhalations. L'étude histologique de la moelle dorsale et du bulbe a été effectuée suivant la méthode de Nissl. Voici les résultats principaux des recherches en question. I: Eucaine. — Premier cobaye. 12 centigrammes d’eucaïne (1). Mort en dix minutes. Dyspnée. Moelle dorsale intacte. Deuxième cobaye. 12 centigrammes. Mort en Garanties cinq minutes. Dyspnée. Moelle dorsale intacte. Troisième cobaye. 11 centigrammes. Mort en une heure dix. Dyspnée. Nom- breuses cellules normales. Dans d’autres, diffusion des corpuscules chroma- tiques. Quatrième cobaye. 16 centigrammes. Sacrifié au bout de deux heures. Con- vulsions pendant une heure. Altérations extrêmement légères. Un peu de dif- fusion et d'irrégularité des corpuscules chromatiques. Cinquième cobaye. 16 centigrammes. Mort en deux heures. Convulsions pendant quarante minutes. Cellules de forme normale, mais se colorant diffici- lement. Sixième cobaye. 9 centigrammes. Sacrifié au bout de cinq heures. Convul- sions pendant trois heures. Corpuscules un peu irréguliers et diffus. Septième cobaye. 50 centigrammes. Mort en neuf heures. Dans la moelle dor- sale, altérations très légères. Dans le bulbe, diffusions des plus accusées. Il. ALCOOL. — Premier cobaye. 26 centimètres cubes d'alcool absolu. Sacrifié après trois heures un quart d'intoxication. Altérations douteuses de la moelle et du bulbe. Deuxième cobaye. 15 centimètres cubes. Mort en deux heures et demie. Bulbe légèrement anormal. Mêmes lésions que par l’eucaïne. Dans la moelle, altérations douteuses. Troisième cobaye. 8 centimètres cubes. Mort en dix heures et demie. Dans le bulbe altérations très profondes. Diffusion et fonte granuleuse. Moelle dor- sale saine. IT. CURARE. — Un cobaye mort en onze heures et demie. Lésions du bulbe (1) Les doses des différents poisons ont été administrées à des intervalles de temps variables qui ont nécessairement beaucoup influé sur l’évolution et la gravité de l’intoxication. 910 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE peu graves et du même type que celles produites par l’eucaine. Dans la moelle, des cellules saines, mais d’autres d’un aspect caractéristique, corpus- cules clairsemés, irréguliers et se détachant bien sur le fond absolument incolore du cytoplasma. IV. CHLOROFORME. — Premier cobaye. Sacrifié après deux heures d’intoxica- tion. Altérations douteuses dans la moelle. Premier lapin. Mort en deux heures. Dans le bulbe, diffusion. Moelle intacte. Deuxième lapin. Mort en trois heures et demie. Dans la moelle, lésions des plus graves et des plus caractéristiques. Cytoplasma incolore, noyaux et nucléoles très altérés. Troisième tapin. Mort en sept heures et demie. Lésions très nettes, mais diffé- rant de celles du précédent animal, et moins profondes. Corpuscules irrégu- liers. Contour du noyau indécis. V. MoRPINE. — Premier lapin. 1 gr. 84 de chlorhydrate de morphine. Morten huit heures et demie. Dans le bulbe, diffusion des plus prononcées. Lésions semblables à celles produites par l'eucaine. Deuxième lapin. 2 gr. 46. Mort en dix heures. Même lésions que l'animal! précédent. VI. ANTIPYRINE. — Un lapin. T grammes. Mort en quatre heures et demie. Diffusion des corpuscules dans la moelle dorsale. Lésions semblables à celles de l’eucaïne. VII. Erner. — Diffusion des corpuscules de Nissl dans la moelle. Lésions semblables à celles de l’eucaine. VIII. ANÉME. — Prise de sang de 60 centimètres cubes sur un lapin de 3 kilogs. Le lendemain ouverture de l'artère fémorale et mort en une heure et demie. Diffusion des corpuscules dans les cellules de la moelle dorsale. Altérations moins prononcées dans le bulbe. Des expériences précédentes ressortent les conclusions suivantes : 1° Il n'existe pas de corrélation entre le genre des symptômes provo- qués par l’empoisonnement et la nature des lésions cellulaires : en par- ticulier, que la mort survienne au milieu de convulsions ou de phéno- mènes dyspnéiques, les altérations des éléments nerveux ne présentent pas de différences tranchées (1). 20 Ansi que Camia l’a établi, les lésions cellulaires ne sont pas spéci- fiques pour un toxique déterminé. J'ai prouvé en outre que, pour une même substance chimique, elles peuvent dans certains cas affecter des types d’altération profondément différents, suivant la dose administrée, la durée de la survie, et le degré de résistance individuelle. 3° La gravité des altérations structurales n'est pas non plus en rapport direct avec la durée de la survie (2). (4) Camia. Rivista di patologia nervosa e mentale, n° 1, 1901. * (2) Un lapin, tué en trois heures par des inhalations de chloroforme, pré- sente des lésions beaucoup plus profondes qu'un lapin empoisonné en sept heures et demie. Mais, vraisemblablement, il faut tenir compte du degré de æ Le SÉANCE DU # JUIN 911 4 Des convulsions, même très accusées, ne suffisent pas pour provo- quer constamment des modifications des corpuscules de Nissl. 5° La réaction de la cellule nerveuse n’est pas toujours immédiate. Peut-être une certaine quantité de substance toxique est-elle fixée par d’autres tissus que le lissu nerveux qui n'est que peu attaqué au début de l'empoisonnement. D'autre part, la technique histologique mise en œuvre demeure peut-être impuissante à révéler les lésions initiales. LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DES GÉNISSES VACCINIFÈRES, par M. J. Roucer. Chez dix génisses vaccinifères, j'ai pratiqué la ponction lombaire, d'une part avant l’inoculation, et d'autre part au cinquième jour de l’évolution vaccinale, c'est-à-dire au moment de la récolte. L'étude du liquide céphalo-rachidien recueilli a donné lieu aux cons- tatations suivantes. Chez les génisses vaccinées, le liquide s'écoule ordinairement en jet, parfois avec une projection puissante accusant une hypertension consi- x -dérable, mais quelquefois aussi il s'écoule goutte à goutte, en bavant, comme chez les génisses neuves. Limpide, semblable à l'eau de roche de réaction faiblement alcaline, le liquide céphalo-rachidien s’est constamment montré stérile dans les milieux de culture usuels, même ensemencé à hautes doses. Traité par la chaleur après acidification, et par l'acide nitrique, il donne ordinairement chez les génisses inoculées un léger trouble, soit par les deux procédés, soit avec l’une ou l'autre seulement de ces mani- pulations. Mais la réaction n'est pas constante. De plus, on peut, parfois aussi, l'obtenir avec le liquide des génisses non inoculées. Cette particularité laissait à penser, que la réaction albumineuse pou- vait être sous la dépendance d'une minime quantité de sang mélangée au liquide céphalo-rachidien. L'examen microscopique ne confirme pas cette hypothèse; en sorte que la présence de traces d’albumine parait être indépendante de la nature des éléments figurés (hématies, leucocytes) existant dans le liquide. La constatation la plus importante est fournie par l'examen cytolo- résistance individuelle et surtout de l'intensité des troubles fonctionnels. En effet, le second animal avait succombé avec des symptômes moins accusés que le premier. 912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gique. Toujours négatif chez les génisses non inoculées, il a constam- ment montré une lymphocytose des plus nettes chez les vaccinifères, au cinquième jour de l’évolution vaccinale. Cette lymphocytose paraît être transitoire. En effet, chez deux génisses conservées à l’étable après récolte, sans aucune protection du champ opératoire, une nouvelle ponction lombaire, pratiquée le septième jour, a montré une diminution du nombre des lymphocytes et une certaine proportion de polynucléaires. La constance de cette lymphocytose permet donc de conclure que la vaccination provoque chez les génisses une réaction méningée évidente. Cette réaction méningée est absolument latente : aucun symptôme cliniquement appréciable ne permet d'en soupçonner l'existence. En est-il de même chez l'enfant et chez l'adulte? C'est ce qu'il serait intéressant de rechercher. On est en droit de le supposer, puisque au cours de diverses mala- dies infectieuses, même d’allure bénigne, telles que les oreillons par exemple, on à constaté une lymphocytose passagère des plus mani- festes. Aucun trouble, quelque léger qu'il soit, n’a été observé chez les vac- cinifères après ces différentes rachicentèses. (Centre vaccinogène du Val-de-Grâce.) SUR UNE HÉMOGRÉGARINE DE Lacerta ocellata, par M. Cuarces Nicozce (de Tunis). Dans une communication récente (1), M. Billet a décrit d’une façon très complète une hémogrégarine découverte par lui chez plusieurs échantillons de ZLacerta ocellata des environs de Constantine; il lui a. donné le nom d'Jæmogregarina curvirostris. Antérieurement, Labbé avait signalé la présence d'hémogrégarines chez certains lacertiens de la même espèce capturés en France, et avait rattaché ces parasites à l'espèce Aaryolysus lacertarum, observée éga- lement par lui chez L. agilis et L. muralis. (Cette espèce est devenue Haæmogregarina lacertarum dans la nomenclature de Laveran.; Il ne semble pas y avoir identité entre l’hémogrégarine de Labbé et celle nouvellement décrite par M. Billet. Nous étudions depuis quelques mois une hémogrégarine, parasite comme les deux précédentes de L. ocellata, et qui ne semble pas non plus devoir être confondue avec elles. (1) Soc. de Biologie, T mai 1904. SÉANCE DU 4 JUIN 913 Cette hémogrégarine, rencontrée par nous chez deux individus sur quatre examinés (var. pater; provenance Tunis et Porto-Farina) et toujours en grande abondance (1 hématie parasitée sur 20), montre dans le sang des aspects variables qui représentent des stades successifs du parasite. La formejeune (fig. 1) est constituée par un vermicule endoglobulaire, allongé, 412 à 15 y), mince, tantôt droit, tantôt légèrement incurvé, disposé parallè- lement au grand axe de l’hématie; les extrémités en sent arrondies et géné- ralement égales; quelquefois cependant le parasite s'’amincit régulièrement d'une extrémité à l'autre. Cette forme présente un noyau central ovalaire, compact et des granulations chromatophiles disposées sans ordre, ne man- quant que chez les individus les plus jeunes. A cette période, l’altération du globule-hôte est déjà évidente. H. biretorta, parasite de Lacerta ocellata (var. pater.) Un stade plus avancé est réalisé par la forme suivante : vermicule en forme de cornue ou de biberon, présentant un corps arrondi, renflé, et une extré- mité amincie, tantôt droite (fig. 3), tantôt incurvée (fig. 2); gros noyau situé dans la partie la plus large; nombreuses granulations disséminées. L'aspect à ces deux stades est celui décrit par Billet chez H. curvirostris. L'évolution ultérieure distingue notre hémogrégarine de la précédente. La taille du parasite s’accroissant, ses deux extrémités, toutes deux amincies, se recourbent symétriquement et forment comme deux têtes reliées au corps par un pédicule très échancré, si mince parfois qu’il se rompt dans la mani- pulation et que l’on peut rencontrer des têtes isolées (fig. 4). Le noyau est toujours central, les granulations disséminées sans ordre dans le corps et les extrémités; souvent l'une de celles-ci contient une granulation plus volu- mineuse qui lui donne un aspect un peu particulier. Dans un cas (fig. 5), nous avons vu, à ce stade, le noyau divisé en cinq fragments, sans autre chan- sement dans la structure du parasite. Nous n'insistons pas sur les modifications que subit la cellule hôte sous l’action de l'hémogrégarine : hypertrophie considérable, anémie progressive, allongement, aplatissement, désagrégation du royau, rapports les plus étranges 94% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de ses débris avec le parasite; ce sont là les effets bien connus de la karyo- lyse. (Voir les travaux de Labbé et de Marceau sur H. lacertarum; ceux de Billet sur H. viperini et H. curvirostris et les nôtres sur H. sergentium.) Nous n'avons jamais constaté dans le protoplasma du globule-hôte la présence de gra- nulations du type Schüffner-Maurer, analogues à celles décrites par M. Billet dans sa note sur H. curvirostris; jamais non plus notre parasite ne nous a montré l’aspect réniforme que présente cette hémogrégarine. Dans les frottis du foie et de la rate, les formes sont sensiblement les mêmes que dans le sang; les individus libres (accolés ou non au noyau et à ses débris) sont seulement plus nombreux. Plus heureux que M. Billet, nous avons pu trouver dans les frottis du foie des formes de reproduction endo- gène. Ce sont des kystes ronds ou ovalaires, de grandes dimensions, à grand axe pouvant atteindre 40 à 45 u; leur paroi est épaisse, leur contenu vide de granulations chromatophiles. Le noyau d’abord unique et central se divise en deux, puis quatre et jusqu'à vingt fragments constituant les mérozoïtes (fig. 6,7); ceux-ci, en forme de losanges à angles arrondis (fig. 8), sont mis en liberté par la rupture du kyste. Nous proposons pour cette hémogrégarine de Z. ocellata, qui nous paraît distincte de Æ. lacertarum (Labbé) et A. curvirostris (Billet), le nom de /7. birelorta. SECONDE NOTE SUR UNE TRYPANOSOMIASE DES DROMADAIRES D'ALGÉRIE, par MM. Epmonp SERGENT ET ÉTIENNE SERGENT. Nous avons exposé dans une première note (1) les résultats de nos recherches sur une Trypanosomiase des Dromadaires d'Algérie qui semble bien être une maladie connue par les indigènes de l'Afrique du Nord, sous le nom de El. Debeh ou maladie de la mouche. Nous apportons aujourd'hui la suite de l'étude expérimentale de notre Trypanosome, inoculé à différents animaux. Nous avons effectué des séries de passages du Trypanosome à travers la même espèce animale; la virulence est restée la même pour le lapin et pour le cobaye, tandis qu'elle s’est accrue chez les rats blanes et les souris blanches. Chez les rats blancs et Les souris blanches, le Trypanosome est devenu plus virulent dès le 4° ou 5° passage; à partir de ce moment, la durée moyenne de la maladie a été de 10 jours (rats) et de 12 jours (souris) après l’inoculation sous-cutanée, de 8 jours (rats) et de 6 jours 1/2 (souris) après l’inoculation intra-péritonéale; un fait très net a été aussi l'apparition des Trypanosomes (4) Soc. de Biol., 23 janv. 1904, p. 120. % SÉANCE DU 4 JUIN 915 en nombre toujours croissant dans le sang, sans aucune régression, comme cela avait lieu auparavant. La virulence n’a pas augmenté du 5° au 15° passage. Les rats d'égout réagissent d’une façon très irrégulière au virus; le plus souvent les Trypanosomes apparaissent de temps en temps, par poussées, dans leur sang. Chez ceux qui sont morts, la durée moyenne de la maladie a été de 18-19 jours après l’inoculation sous-cutanée ou intra-péritonéale. Un rat gris inoculé le 12 janvier est encore vivant (après plus de 4 mois 1/2); il présente de temps à autre dans son sang des Trypanosomes, parfois très nombreux. Les souris grises réagissent toujours d’une façon très irrégulière; les unes prennent l'infection exactement comme les souris blanches et meurent en 7 à 10 jours, après avoir montré une quantité toujours croissante de Trypano- somes dans le sang; d’autres ne meurent qu’au bout de 3 à # semaines après avoir montré des poussées de Trypanosomes; certaines résistent à 1 et parfois 2 inoculations de sang virulent, mais jusqu'à présent aucune n'a résisté à uve 3° inoculation. L’une d'elles, inoculée il y a 4 mois, est encore vivante et infectée ; les Trypanosomes, présents d’une facon inconstante dans le sang, n'y sont jamais nombreux, La moyenne de la durée de la maladie chez les souris grises qui sont mortes a été de 15 jours 1/2. Les lapins, chez qui la maladie dure de 18 à 150 jours (45 jours en moyenne), présentent toujours peu de Trypanosomes dans le sang ; les lésions extérieures sont constantes : chute des poils à la base de la queue et des oreilles, autour des yeux, conjonctivite purulente, œdème du fourreau et de l'anus. -+,Chez les cobayes, la virulence du Trypanosome ne s’est pas accrue, et est restée fort irrégulière dans les nouvelles expériences que nous avons faites ; un cobaye est mort après 48 jours, d'autres après 3 mois, # mois, # mois et 1 semaine, mais nous en avons encore un vivan( après # mois 1/2, et la femelle inoculée le 18 octobre 1903 (il y a 7 mois 1/2) avec le sang de la chamelle est encore vivante, après avoir mis bas et allaité deux petits. Durant cette longue survie, les Trypar. apparaissent fréquemment et parfois en très grand nombre dans le sang. Une seule fois, nous avons constaté de l’opacité de la cornée. Les Trypanosomes du dromadaire ont tué deux nouveaux chiens en 35 et 37 jours; ils apparaissaient dans le sang de temps en temps, en provoquant une élévation de température de 1 à 2 degrés. Il n’y a pas eu d'hypothermie à la fin de la maladie comme chez le premier chien. Les animaux ne perdaient du poids que dans les derniers jours ; ils engraissaient au contraire au début de j'infection, Les seuls symptômes étaient de l’abattement et, sur le tard, de la diarrhée et une marche titubante. : Une chèvre est morte en 3 mois, après avoir montré dans son sang des Trypanosomes à deux reprises, dans les 15 premiers jours; elle n’en montra jamais plus depuis lors, mais son sang, inoculé à des rats blancs dans le péritoine, fat toujours virulent. La courbe thermique subit de légères oscilla- tions (jusqu’à 40°,7). Après avoir perdu 13 kilos, elle avait remonté de poids au moment de sa mort. À l’autopsie, rate petite, non hypertrophiée. Un macaque (bonnet-chinois) est mort au bout de 69 jours après avoir montré des poussées de Trypanosomes de plus en plus rares. Durant les 12 derniers jours, son sang n'en contenait point, mais il en présenta le jour même de la mort. Dans les derniers temps, le singe dormait constamment, la 916 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tête fléchie entre les genoux, ne mangeant presque plus, atteint d'une abon- dante diarrhée. En même temps, sa température s'abaissait beaucoup, jus- qu'à 2595 le jour de la mort. Un cheval est mort en 102 jours. Il a eu une fièvre intermittente avec 10 poussées de température, la 1'° du 8° au 11° jour après l’inoculation, les autres à des intervalles assez réguliers ; aux 2 premières poussées, la tempé- rature est allée au voisinage de 40 degrés, à la plupart des suivantes, entre 40 et #1 degrés, parfois même au-dessus de 41 degrés. La présence des Trypa- -nosomes à l'examen microscopique du sang a coïncidé très exactement avec les poussées fébriles ; les Trypanosomes ont été assez souvent nombreux. Dès le 8e jour, était apparu de l’œdème du fourreau et un bourrelet œdémateux longitudinal sous le ventre. La marche de la maladie du cheval rappelle surtout celle du Surra et diffère de celle de la Dourine. Notons enfin, avec M. Laveran, la ressemblance de notre Trypanoso- miase avec la Mbori des dromadaires de Tombouctou (1) qui, elle aussi, serait propagée, non pas par une tsétsé, mais par un Z'abanus (debab des indigènes de Tombouctou). SUR UNE ESPÈCE NOUVELLE DE CELLULES FIXES DU TISSU CONJONCTIF : LES CELLULES CONNECTIVES RHAGIOCRINES, par M. J. RENAUT. I. — Parmi les cellules fixes du tissu conjonctif, il en est qui subis- sent une variation bien connue et qui fait d'elles, en fin de compte, des cellules glandulaires : ce sont celles qui donnent naissance aux vésicules adipeuses. Si l’on étudie ces cellules déjà différenciées, sur le vivant, à l’aide du rouge neutre en solution récente et faible dans une eau salée isotonique, à aucun stade de leur croissance on n’y constate de grains de ségrégation non graisseux, ni autour des grains graisseux de vési- cules, colorables par le rouge neutre. Ce fait est d’ailleurs général, et tel partout que Regaud et Policard (2) l'ont constaté pour l'épithélium rénal à bordure en brosse. L'activité sécrétoire du mode que j’appellerai dorénavant lipocrine (3), c'est-à-dire aboutissant à la formation de corps gras, est done, — au point de vue de sa signalétique cytologique du (1) A. Laveran. Rapport sur les mémoires de Cazalbou, Bull. Acad. Médec., 30 juin 1903 et 26 avril 1904. (2) Regaud et Policard. Recherches sur la structure du rein de quelques Ophidiens, Arch. d'anat. microsc., 1903. (3) De Axos, substance pour graisser, et xplvw, je choisis. SÉANCE DU À JUIN 917 moins, — essentiellement différente de l’activité sécrétoire du mode que je propose de nommer rhagiocrine (1), c’est-à-dire répondant à la for- mation de grains albuminoïdes de ségrégalion naissant, puis évoluant dans une vacuole, au sein d'un liquide sélectionné que le rouge neutre teint intensément sur le vivant. On sait enfin que, sur nombre de cel- lules exerçant l’activité glandulaire sous l’un ou l’autre des modes pré- cédents ou sous tous les deux à la fois, certaines vésicules de dégréga- tion ne développent jamais de grains, bien qu'elles se colorent par le rouge neutre. Ce sont celles que j'ai appelées « vésicules à cristal- loïdes » (2). Elles traduisent l’activité sécrétoire la plus simple du protoplasma, celle qu’on pourrait nommer plasmocrine (3). Je m'arrête pour le mo- ment à ces trois distinctions, parce qu’elles me suffisent pour faire bien comprendre les faits que je veux maintenant faire connaître. IL. — Sur un lapin qu’on vient de sacrifier, je fais une préparation du tissu conjonctif lâche par le procédé de la boule d’œdème. Comme liquide d'injection interstitielle, j’emploie l’eau salée à 8 p. 1000 chargée d'une petite quantité de rouge neutre. Je monte dans le même liquide et je borde à la paraffine. Dans une telle préparation, la trame connec- tive entière demeure incolore. Les noyaux des cellules fixes le sont également : ils sont donc restés vivants. Les nappes protoplasmiques, ‘même quand les prolongements sont rompus et qu’il existe, de par le retrait brusque du protoplasma, de nombreuses vacuoles de signification — comme je l’ai jadis montré — traumatique, ne prennent dans l’im- mense majorité des cellules fixes, aucune coloration par le rouge neutre. Mais en revanche toujours, de distance en distance, apparaissent de rares cellules fixes rameuses, toutes semblables aux cellules ordinaires, souvent même encore reliées à celles-ci par des prolongements, et ce- pendant bien différentes. Car leur protoplasma et leurs prolongements membraniformes, souvent même les filiformes, apparaissent criblés de tout petits grains sphériques, inégaux, teints en rouge vif sur tout leur pourtour. Ou plutôt, ce sont là des grains de ségrégation logés dans une vacuole et circonserits par le liquide de celle-ci, que le rouge neutre à électivement coloré, — exactement comme il arrive dans une cellule glandulaire quelconque à sécrétion rhagiocrine. Ce sont donc là des cellules connectives et glandulaires tout à la fois : ce sont les cel- lules connectives rhagiocrines du tissu conjonctif lâche. Il convient dès maintenant de les mettre.en regard, et de les distinguer des cellules (1) De Saytov, petit grain de raisin (grain dans une vésicule), et z2plvw, je choisis. (2) J. Renaut. Sur quelques phénomènes intimes de la nutrition et de la sé- crétion, Bull. gén. de Thérap., 1903, p. 208. (3) De 7Aäsux, chose formée de toutes pièces, et xplvw, je choisis. G18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —————_—_—_—_——— — —…—…—…— —… "—…—"—"—…—."—"—"——_"—"—_————— connectives également glandulaires, mais lipocrines, qui aboutissent aux vésicules adipeuses, et des cellules connectives ordinaires, qui ne séerètent rien du tout. III. — Cependant la première idée qui m'est venue après que j'eus constaté le fait qui précède, c’est que les « cellules connectives rhagio- crines » pourraient bien n’être autre chose que les clasmatocytes du tissu conjonctif lâche. Pour vérifier cette hypothèse, j'ai repris l’épi- ploon du lapin, où les clasmatocytes ont été étudiés, décrits et figurés par Ranvier (1). Je l’ai observé tendu vivant dans le sérum artificiel chargé de rouge neutre. J'y ai vu, en effet, toutes les cellules décrites par Ranvier comme clasmatocytes, abondamment chargées de grains de ségrégation teints en rouge magnifique. Mais, en outre, j'ai constaté que d’autres et innombrables cellules, également comprises entre les plans endothéliaux, renferment des grains de ségrégation exactement pareils à ceux des clasmatocytes, el teints en rouge de la même facon au sein d'un protoplasma de réfringence et — vérification faite — d’his- tochimisme identique. De plus, entre elles et les clasmatocytes de Ran- vier, on trouve tous les intermédiaires possibles. Ces cellules qui, de même que les clasmatocytes, renferment des grains de ségrégation mis en évidence par le rouge neutre, sont tout d'abord celles des taches laileuses soit primaires, soit secondaires; puis celles qui occupent en grand nombre le pourtour et les intervalles des capillaires sanguins. Autrement dit, ce sont toutes celles que j'avais provisoirement nommées, en 1902, « cellules érythrophiles » (2). Je fis voir alors que, tout comme celles catégorisées par Ranvier sous le nom de clasmatocytes, ces cellules ont pour origine des cellules sphériques volumineuses, venues de la cavité péritonéale et dont le pro- toplasma vitreux et réfringent, criblé de vacuoles, est éosinophile à une nuance près comme le disque des globules rouges du sang. Comme celui des clasmatocytes, leur noyau est irrégulier, à réseau chromatique massif ; et l’'hématéine le teint en violet presque noir. Pour former les taches laiteuses vasculaires ou non vasculaires, les cellules rondes adhè- rent d'abord à la surface de l’épiploon, puis elles poussent une série d'expansions comparables à des pseudopodes en aiguilles et terminées par des bourgeons. Parvenues entre les deux plans endothéliaux, elles se fixent. C'est-à-dire que leurs bourgeons s'étendent, s’arborisent; puis, qu'elles deviennent ainsi anastomotiques les unes des autres. En même temps, elles se multiplient par division ordinairement directe, (1) L. Ranvier. Des clasmatocytes, Trav. du lab. d'histologie du Collège de France de l'année 1890. Paris, Masson, 1902. (2) J. Renaut. Sur la variation modelante des vaisseaux sanguins, etc. Deuxième communication préalable, C. R. de l’Ass. des Anatomistes, 1902, p. 230. F SÉANCE DU À JUIN 919 plus rarement par mitose. Leurs prolongements, devenus innombrables, interceptent un rêts dont les fils protoplasmiques s’intriquent avec ceux fournis par la partie profonde des cellules endothéliales. Enfin, on voit certains clasmatocytes circonvoisins entrer ou totalement, ou bien s’'en- gager partiellement dans le rêts. Ce sont ces derniers qui fournissent les images les plus instructives, parce qu’elles étaient inattendues ; car on peut voir que seule la partie engagée se transforme. Elle s’arborise et pousse des prolongements qui deviennent rapidement anastomotiques avec ceux des cellules ou restées rondes, ou devenues rameuses, issues des cellules rondes cœlomiques. Histochimiquement, noyaux, proto- plasma vitreux et érythrophile, grains de ségrégation : tout devient identique dans les deux sortes de cellules. Clasmatocytes et cellules érythrophiles appartiennent donc à une seule et même espèce cellu- laire : ce sont des cellules connectives rhagiocrines capables, à un moment donné, d'édifier, au sein du tissu conjonctif, un réseau d'abord particulier de cellules fixes. Voici donc une nouvelle différence entre les clasmatocytes des mam- mifères et ceux des batraciens.J. Jolly en avait, dès 1900, déjà signalé une très importante : à savoir que les clasmatocytes des batraciens ré- pondent à des Mastzellen, tandis que ceux des mammifères ne sont pas des Mastzellen (1). Dans une note ultérieure prochaine, je montrerai qu'il existe entre les deux de nouvelles différences. Je ferai connaître en outre quels rapports on peut dès maintenant établir entre les cel- lules connectives ordinaires et les rhagiocrines, et entre ces dernières et la production de la substance fondamentale du tissu conjonctif. (Travail du Laboratoire d'anatomie générale de la Faculté de médecine de Lyon.) CHLOROPHYLLE ET COAGULATION DU SANG, par M. MARCEL CORDIER. Dans une note précédente, j'ai signalé les propriétés anticoagulantes d’une solution alcoolique du chlorophylle; cette action, comme je l'ai indiqué, est indépendante de celle de l’alcool; des expériences rigoureu- sement comparatives ont, en effet, montré que pour certaines propor- tions l'alcool hâte la coagulation, tandis que la solution chlorophyl- lienne l'empêche définitivement ; toutefois, des doses plus faibles d'alcool (4) J. Jolly. Clasmatocytes et Mastzellen, Comptes rendus de la Soc. de Bio- logie, 23 juin 1900, p. 609. Biooare. CoupTEs RENDuS. — 1904. T. LVI. 65 990 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE étant capables elles aussi de rendre le sang incoagulable, je me suis altaché depuis à provoquer le même phénomène en préparant la chlo- rophylle par un procédé tout différent me permettant d'éliminer l’al- cool. A cet effet, je me suis en général servi de feuilles d’épinard; la solu- tion alcoolique obtenue, le plus concentrée possible, est laissée en con- tact avec les feuilles ayant servi à sa fabrication et le tout est porté à l'étuve; quand tout l'alcool à disparu, quand les feuilles sont bien sèches et bien broyées, la poudre ainsi confectionnée est triturée avec un peu d’eau dans un mortier; on obtient ainsi après avoir séparé les déchets de feuilles par une filtration grossière un liquide contenant en suspension une grande quantité de corps chlorophylliens. Cette pseudo-solution présente du reste tous les caractères de la chlo- rophylle alcoolique : examinée au spectroscope, elle présente dans le rouge une bande d'absorption caractéristique; cette bande résiste aux acides, même forts, ajoutés en assez grande quantité et il est nécessaire pour la faire disparaitre d'ajouter une dose relativement forte d'alcali; cette solution est susceptible de se dédoubler en deux eouches après addition de benzine et elle s’altère rapidement à la lumière. Quoi qu'il en soit, cet état de la chlorophylle m'a été particulièrement précieux en me permettant d'éliminer l'alcool toujours gênant dans des recherches de ce genre. Mes expériences ont porté sur le sang de jeune veau et le sang d’oi- seau ; toujours la coagulation a été définitivement empêchée. Voici du reste un tableau mettant en relief les actions obtenues paral- lèlement avec des doses égales d’eau pure et de chorophylle aqueuse. Les expériences ont porté sur 5 centimètres cubes de sang. Les signes (—) indiquent une non-coagulation. Les signes (+) indiquent une coagulation. Exp. |. — Sang de poulet. 5 cent. cubes. 5 cent. cubes. 5 cent. cubes. 3 cent. cubes. 3 cent. cubes. Sang Chlorophylle Eau Chlorophylle Eau pur aqueuse pure aqueuse pure (H D) en = th) Exp. II. — Sang de veau. 5 cent. cubes. 5 cent. cubes. 5 cent. cubes. 3 cent. cubes. 3 cent. cubes. Sang Chlorophylle Eau Chlorophylle Eau pur aqueuse pure aqueuse pure (H) () (ar) (rs (Ge) Comme on le voit, les doses les plus favorables sont comprises entre a SÉANCE DU # JUIN 991 none cubes et 10 centimètres cunes de chlorephylle pour 10 cen- timètres cubes de sang. Il semble bien que cette action soit due au pigment lui-même. En effet, en traitant le sang incoagulé par la benzine, on sépare nettement de sa . masse une certaine quantité de chlorophylle; cette séparation est quel- quefois assez.-longue, mais aussitôt qu'elle a eu lieu, on voit le sang privé du pigment qui lui conservait sa fluidité se prendre en caillots et se coa- guler; bien plus, il suffit de séparer la chlorophylle en faisant passer le sang sur du noir animal et aussitôt la coagulation a lieu. En résumé, la chlorophyile aqueuse comme la chlorophylle alcoolique empèche la coagulation du sang; son mode d’action s'exerce probable- ment sur le fibrin ferment; le fibrinogène, en effet, demeure intact (la précipitation par le chlorure de sodium à 25 p. 100 et l’addition de sels de calcium ne change rien au phénomène). Il est possible que là encore on se trouve en présence d'une énergie spéciale emmagasinée par le pigment et capable d'agir comme agent antidiastasique; dans une prochaine note, nous nous réservons de faire connaitre le résultat des expériences que nous avons entreprises au sujet de l’action sur les diastases de la chlorophylle d’abord, des pigments en général ensuite. ca Travail du laboratoire de physiologie générale et comparée dé M. le professeur Raphaël Dubois. Faculté des Sciences de Lyon). Es ULTURE DES ANAÉROBIES GAZOGÈNES EN TUBES CACHETÉS : LE TUBE CACHETÉ ÉTRANGLÉ, par M. GEORGES ROSENTHAL. Un grand nombre de microbes anaérobies dégagent dans leur culture une quantité considérable de gaz. Il en résulte que la gélose du tube de Liborius-Veillon-Zuber éclate, que le bouchon de lanoline du tube cacheté est projeté quelquefois hors du tube, que le tube d’Achalme (voir G. Rosenthal, Thèse 1900) devient dangereux à ouvrir. Il est facile de remédier à ces difficultés par l'emploi du tube cacheté étranglé (4). Sous ce nom nous désignons un tube ordinaire de culture, dont la partie moyenne a été légèrement étirée à la flamme. Ce tube sera rempli du milieu liquide de culture jusqu'à l'extrémité inférieure de la partie étranglée. La lanoline occupera la partie rétrécie et la dépassera très légèrement. Après stérilisation à l’autoclave, le tube est prêt à être utilisé. ë _ (4) Voir Soc. Biol., 18 oct. 1902. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE © 19 1O Si l'on cultive un anaérobie gazogène dans un tel tube, le dégage- ment de gaz refoule le bouchon de lanoline, qui passe de la partie effilée à la partie supérieure non effilée. Les gaz s’échappent, et le lende- main un léger chauffage au brûleur Bunsen redissout la lanoline et recachète le tube. Ainsi le tube redevient un véritable tube anaérobie. Au contraire, dans le tube Liborius-Veillon-Zuber, l'éclatement de la gélose est définitif et l'air pénètre facilement dans le tube. | (Laboratoire de M. le professeur Hayem.) EFFETS CACHECTISANTS DES TOXINES DE L'ENTÉROCOQUE, par MM. GEORGES ROSENTHAL et PAUL CHAZARAIN. Dès ses premières recherches, Thiercelin a constaté la puissance cachectisante des toxines de l’Entérocoque. Jouhaut dans sa thèse a publié des faits intéressants sur cette propriété de ce germe. Nous venons présenter aujourd’hui quelques expériences précises sur les toxines de l’Entérocoque. Les cultures dont nous nous sommes servis venaient d’un cas d'entérite aiguë infantile, et de crachats puru- lents de tuberculeux frappés de fièvre hectique ; ces crachats nous ont paru renfermer toujours l'Entérocoque. De nombreux repiquages faits pendant deux mois avaient fait perdre la virulence primitive. C’est donc avec un Entérocoque de laboratoire que nos expériences ont été pratiquées. Les voici : u A. Cachexie par injection de toxines. — Le 18 mai 1903, le lapin n° 8 pesant 41.230 gr., recoit sous la peau du flanc droit 3 centimètres cubes de culture sur bouillon, culture àgée de trois jours, d’entérocoque non virulent. Le 25 mai, le lapin n° 8 pèse 1.040; il recoit une nouvelle injection de 5 centimètres cubes de culture en bouillon âgée de six jours. Il s’amaigrit et meurt le 30 mai; les cultures avec les viscères restent négatives. B. Cachexie par toxines bouillies. — Le lapin n° 9 pèse 2.110 le 2 juin. Il recoit une injection de 3 centimètres cubes de bouillon âgé de dix-sept jours. Le lendemain son poids tombe à 2 kil. 20 ; il recoit alors sous la peau 3 cen- timètres cubes de culture de cinq jours bouillie un quart d'heure. Le 45 juin, le poids tombe à 1.970 ; nouvelle inoculation de 3 centimètres cubes de culture bouillie. Le 20 juin, le poids tombe à 1.750; la cachexie paraît extrême; le membre antérieur droit est parésié. L'animal est sacrifié ; les cultures sont négatives. Le lapin n° 40 pèse le 22 juin 1.970. Il recoit 1 centimètre cube de bouillon âgé de plusieurs jours et bouilli une demi-heure. Le 24 juin, il pèse 1.620; le 26 juin, 1.530 ; le 28 juin, 1.545 ; le 2 juillet, 1.490. Il meurt le 4 juillet dans une attaque convulsive. SÉANCE DU 4 JUIN 993 C. Cachexie par toxines bouillies additionnées de solution iodée. — Le lapin n° 11 pèse le 24 juin 1.550. Il reçoit ce jour même une injection sous-cutanée d’un mélange de bouillon, 1 centimètre cube, et de 1 centimètre cube de solution de Gram. Le 26 juin, il pèse 1.340 grammes ; le 28 juin, 1.235 ; le 2 juillet le poids remonte à 1.330 ; le 3 juillet, nouvelle inoculation d’un mélange de 1 centimètre cube de bouillon et de solution de Gram. Le 6 juillet, le poids tombe à 1.190, et le 9 juillet à 1.065; la mort survient dans la matinée ; l’autopsie révèle une congestion intense du foie. C’. Cachexie par toxines ayant subi une température de 110 degrés. — Le lapin n° 15 pèse 2.085 grammes le 28 juin; il recoit un mélange de 1 centi- mètre cube de culture sur bouillon stérilisé à 110 degrés pendant une demi- heure, et de 1 centimètre cube de liqueur de Gram. Le mélange a été fait cinq minutes avant l'injection. Le 2 juillet, il pèse 1.815 grammes ; le 6 juillet, 1.550 ; il meurt le 8 juillet, pesant 1.290. Le foie est très congestionné. D. Cachexie après un début d’immunisation par toxines iodées. — Le lapin n° 16 recoit le 6 juillet une injection de 3 centimètres cubes de liqueur de Gram. Il pèse à ce moment 1.930 grammes. Le 8, il pèse 1.960 et recoit une inoculation de 1 demi-centimètre de culture sur eau peptonée bouillie après vingt-quatre heures, et de 2 cent. 1/2 de liqueur de Gram. Le 13 juillet, le poids est de 1.975 ; il recoit alors une injection de 3 centimètres cubes de culture sur eau peptonée bouillie après vingt-quatre heures et 2 centimètres cubes de liqueur de Gram. Le 16 juillet, le poids est de 4.950; le 19 juillet, le poids est de 2 kilogrammes. Nouvelle injection de 3 c. c. 1/2 de liqueur de Gram et “de 1 c. c. 1/2 de culture sur lait bouilli après quarante-huit heures. Le 25 juillet, le poids est de 1.880; le 30 juillet, 2 kilogrammes. Le 24 sep- tembre, le poids atteint 2.310 ; nouvelle injection de 2 centimètres cubes de liqueur de Gram et de 1 centimètre cube de culture sur lait, bouillie. Le 6 octobre, le lapin n° 16 pèse 2.350; il recoit une inoculation de 2 centimètres cubes de Gram et de culture bouillie sur lait. Dans l'espoir d'immuniser l’animal, on lui injecte, le 19 octobre, un mélange de 2 centimètres cubes de Gram et de 2 centimètres cubes de culture sur lait dilué au cinquième, et le 24 octebre on renouvelle cette injection. Le 30 oc- tobre, l'animal pèse 2 kil. 510 et paraît vigoureux. Une nouvelle injection de 3 centimètres cubes de culture sur lait dilué au cinquième, bouillie, et de 2 cem- timètres cubes de Gram, est pratiquée le 1°" novembre. Dès lors, la déchéance survient, le poids tombe à 2.315 le 17 novembre, à 2.200 le 5 décembre, à 1.390 le 26 janvier, et la mort survient en février dans un état squelettique. Un cobaye de 740 grammes inoculé avec 1 centimètre cube de culture en bouillon bouillie, le 3 juin, meurt le 10 juin pesant 580 grammes. Ces expériences nous prouvent la puissance cachectisante des toxines de l’Entérocoque. Les principes cachectisants ne sont détruits ni par l’ébullition ni par la température de 110 degrés ; et l'addition de solu- tion iodée, si elle les atténue, est impuissante à arrêter leur action. (Laboratoire de M. le professeur Hayem.) 924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE FAVORISANTE DU CHLORURE DE SODIUM SUR CERTAINES INFECTIONS, par M. H. VINCENT. Injecté à dose anormale ou absorbé dans les mêmes proportions par le tube digestif, le chlorure de sodium peut déterminer, ainsi que Stok- wis, Lévi, Castaigne et Rathery l'ont constaté, des altérations dégéné- ratives et inflammatoires des reins, chez les animaux. Achard et Lœper ont vu également que les solutions salines hypertoniques détruisent les éléments cellulaires avec rapidité. Ces considérations ne sont pas exclu- sivement du domaine expérimental. Torindo a publié deux câs de néphrite, dont un mortel, chez des enfants primitivement sains, mais ayant fait un usage immodéré et prolongé de sel de cuisine. En raison de l’action délétère de ce sel lorsqu'il est absorbé en excès, j'ai pensé qu'il pouvait aussi favoriser, dans des conditions semblables, la multiplication de certains agents infectieux. Si l’on inocule, en effet, sous la peau d’un cobaye, un quart de centi- mètre cube de tétanos sporulé, privé de toxine, et qu’on injecte en même temps, soit au même point, soit du côté opposé, 3 centimètres cubes d'une solution hypertonique, à 1/10, de NaCI, l’animal prend un tétanos grave, à marche aiguë, auquel il succombe en quarante-huit heures, en moyenne. Le cobaye témoin, n'ayant reçu que la culture tétanique, reste indemne. À l’autopsie du premier, on constate, au point où a été injecté le chlo- rure de sodium, un petit placard pseudo-membraneux jaunâtre dont l’ensemencement fournit le bacille de Nicolaïer, même si ce dernier a été inoculé en un point éloigné. L’injection chloruro-sodique a appelé le bacille du tétanos en ce point. J'ai constaté également que l'infection intrapéritonéale par le bacille x typhique est favorisée, à un degré remarquable, par l’injection simul- tanée de 3 à 5 centimètres cubes de solution hypertonique de NaCI. Les. cobayes ont une hypothermie précoce, de la dyspnée, du ballonnement abdominal. La mort survient en trente-six à quarante-huit heures, et résulte d’une multiplication intense du bacille dans le péritoine, la rate, les viscères, le sang. C’est un procédé à recommander pour provoquer chez le cobaye l'infection éberthique, parfois si difficile à réaliser. Lorsqu'on injecte une solution isotonique de NaCI à des animaux ayant recu, soit des spores tétaniques, soit du bacille typhique, on n'ob- serve, le plus souvent, aucun résultat. Toutefois cette injection n'est pas toujours inoffensive : une fois sur quatre, le tétanos a pu apparaître à la suite d'injections de 5 à 10 centimètres cubes de solution physiologique, chez les cobayes porteurs de spores tétaniques. On peut donc tirer de ces expériences cette conclusion pratique qu'il n'est peut-être pas toujours & SÉANCE DU À JUIN 9935 indifférent d'injecter du sérum artificiel aux malades atteints d'états infectieux. Fait important, le chlorure de sodium ne paraît pas offrir, lorsqu il est ingéré, le même danger qu'il détermine en injection sous- cutanée. Une dose quatre fois supérieure à celle qui a été injectée, intro- duite par la voie buccale, chez le cobaye inoculé de tétanos ou de bacille typhique, ne provoque pas l’éclosion de ces infections. L'explication du rôle favorisant du NaCl à l’égard des agents micro- biens est fondée sur ce que le sel, en solution concentrée, détermine une désorganisation locale des tissus et qu'il atténue l’activité défensive des leucocytes. En introduisant sous la peau de l'oreille du lapin des tubes capillaires fermés à une extrémité et emplis de la solution salée con- centrée, on constate que cette dernière repousse les leucocytes. Au contraire les solutions salées faibles possèdent des propriétés chimio- taxiques positives. (Travail du laboratoire de Bactériologie du Val-de-Gräce.) ACTION DU CHLORURE DE SODIUM SUR LE PNEUMOCOQUE ET L'INFECTION PNEUMOCOCCIQUE. — SIGNIFICATION DE LA RÉTENTION DES CHLORURES DANS LA PNEUMONIE, par MM. À. GizgerT et P. Carnot. La rétention des chlorures dans la pneumonie est un fait connu depuis longtemps : dès le début de la pneumonie, les éliminations uri- naires quotidiennes de chlorure diminuent brusquement et tombent parfois à moins d'un gramme : elles remontent brusquement à 10 ou 12 grammes au moment de la crise. Ce phénomène, qui s'observe égale- ment, quoiqu'à un moindre degré, dans d’autres infections, a été soigneu- sement étudié (Achard, Widal, Lœper, Laubry, etc.), quant au méca- nisme de sa production et à ses rapports avec les altérations du rein, mais on s'est beaucoup moins préoccupé de sa finalité. Nous nous sommes demandés si la rétention des chlorures n’avait pas la signification d’un phénomène défensif de l'organisme contre l’infec- tion : il s'agirait alors d’un processus, à la fois réactionnel et inten- tionnel et non plus d’un processus passif lié par exemple à une lésion rénale. La soudaineté dans l’apparition et dans la disparition de ce phé- nomène est en faveur d'une semblable hypothèse. Elle fait penser beau- coup plutôt à une action nerveuse, s’exerçant par l'intermédiaire du rein, qu'à une imperméabilité rénale par suite d’une lésion anatomique, qui n’a jamais été constatée d'ailleurs, et dont on s’expliquerait mal la disparition soudaine. Nous avons cherché à vérifier expérimentalement cette hypothèse en VAR EONEARET TIRE 9926 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ÿ « étudiant l’action du chlorure de sodium, d’une part, in vitro, sur la végé- tabilité et la virulence du pneumocoque, d’autre part, in vivo, sur l’évo- lution et la gravité de l’infection pneumococcique. 1° Action du NaCI, in vitro, sur la végétabililé et la virulence du pneu- mocoque. — La végétabilité du pneumocoque parait étre tout particuliè- rement impressionnée par le chlorure de sodium : nous avons constaté, dans plusieurs séries d'expériences, en pratiquant des cultures de pneu- mocoques sur bouillons additionnés de proportions croissantes de sel, que, tandis que les cultures sont abondantes dans les milieux conte- nant de 5 à 8 p. 1000 de NaCI, elles sont de plus en plus claires dans les milieux contenant de 8 à 12 p. 1000 de NaCI : elles apparaissent alors souvent en retard, et seulement dès les deuxième et troisième jour. Au delà de 13 p. 1000 de NaCI, les milieux paraissent de plus en plus impropres à la culture, qui est claire, très retardée et bientôt nulle. Il convient d'ajouter que l'accoutumance du pneumocoque à des solutions salines de concentration croissante se fait assez rapidement. La virulence du pneumocoque, cultivé sur milieux salés, nous a paru, par contre, souvent augmentée : par exemple, dans un de nos cas, l’in- jection d’un demi-cenlimètre cube d’une culture très claire de vingt- quatre heures dans un milieu salé à 12 p. 1000 tuait un lapin de 1.900 grammes en douze heures, alors que l'injection d'une dose double (4 centimètre cube) d'une culture beaucoup plus fournie, de même âge et de même provenance, mais sur milieux non salés, tuait un témoin de même poids en vingt-six heures, c'est-à-dire en un temps sensiblement double. # Dans une autre expérience, avec un autre pneumocoque, l'injection d'une culture (1/2 cent. cube) sur milieu salé à 11 p. 1000 tuait en vingt- quatre heures, alors que celle d’une culture, sur milieu salé à 5 p. 1000 seulement tuait, en trente-six heures. ; Il semble donc que des doses modérées de NaCI déterminent, à la fois, une diminution de végétabilité et une augmentation de virulence. Le sel, à petites doses, exciterait la virulence, tout en paralysant déjà la fonction reproductrice. Cette dissociation des fonctions d'un microbe est peut-être susceptible d'applications ; car on connaît fort peu de moyens capables d’exalter, in vitro, la virulence d'un microorga- nisme. 2° Action du NaCl, in vivo, sur la marche de l'infection pneumococcique. — Nous avons déterminé, chez des lapins, une série d'infections pneu- mococciques, après absorption de quantités croissantes de chlorure de sodium, Les résultats obtenus nous ont paru différer suivant la quantité de sel ainsi introduit : Lorsque la dose de sel est peu considérable et surtout fractionnée jusqu à 0 gr. 50 par jour en injection veineuse et en solution étendue), l'animal traité présente une survie transitoire par rapport au témoin. SÉANCE DU # JUIN 927 Dans un cas, par exemple, le témoin est mort en vingt-six heures; l'animal, traité et salé pendant trois jours avant l'infection, est mort en cinquante-quatre heures, soit en un temps à peu près double. Avec une dose plus forte, l'animal succombe en même temps que le témoin. Enfin, si la dose est plus forte encore (1 gramme de sel par jour en injection veineuse), le lapin salé meurt plus vite que le témoin : dans une expérience, par exemple, le lapin salé mourut en cinquante heures, le témoin en soixante-dix heures. Le chlorure de sodium, introduit in vivo, par diverses voies, produit donc, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, des effets différents suivant la dose à laquelle il a été injecté. À petites doses, il semble agir favorable- ment contre l'infection et là est peut-être la finalité de la rétention des chlorures. Mais à grosses doses, il agit au contraire défavorablement, ce qui est conforme à ce que M. Vincent vient d'observer, relativement à l'influence défavorable du sel sur l'infection typhique et sur l’into- xication tétanique. | Le fait n’a d’ailleurs, rien de surprenant; car le sel est alors un poison d’une toxicité propre, et nous avons perdu plusieurs animaux, morts d'œdème aigu du poumon, après simple absorption, par la bouche, de 2 grammes de sel par jour. Nous relatons ces différents faits, sans en tirer de conclusion ferme, à cause de leur complexité. Il semble, cependant, que le sel agisse, d'une part sur le pneumocoque en diminuant sa végétabilité, et d’autre partsur l'organisme en augmentant, à petites doses, sa résistance, par divers pro- cédés (formation d’æœdème, modification dans l’affinité des toxines, excitation des organes phagocytaires, etc.), sur lesquels on ne peut faire actuellement que des hypothèses. Là est peut-être la signification du processus si curieux de la rétention des chlorures au cours de la pneu- monie. ACTION COMPANÉE DE LA GLYCÉRINE ET D'UN PARASITE SUR LA STRUCTURE DES VÉGÉTAUX, par M. J. LAURENT. Dans ses « Recherches anatomiques sur les galles de lLiges », C. Houard (1) établit que sous l'influence d'un parasite animal, on peut observer dans ces organes de profondes modifications de structure, parmi lesquelles il signale les suivantes : Hypertrophie et hyperplasie des cellules; Fonctionnement exagéré des assises génératrices normales; (1) Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, t. XXXVIIH, 1904. 998 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Apparition d'assises génératrices nouvelles ; Arrêt dans la lignification normale des tissus. La nature spécifique du parasite ne paraît intervenir que secondaire- ment dans ces modifications et la réaction du végétal dépend principa- lement de la position occupée par la larve et de la différenciation plus ou moins avancée des tissus au moment de la contamination. Les expériences que j'ai entreprises sur la nutrilion carbonée des plantes vertes (1) semblent indiquer la possibilité de ramener à des causes physico-chimiques ces changements de structure anatomique, et il suffit de jeter un coup d'œil sur les planches 4 à 7 de ma thèse pour se rendre compte que les solutions concentrées de chlorure de sodium et surtout de glycérine provoquent chez certains végétaux des réactions de même ordre. Je rappellerai brièvement que mes cultures sont faites en ile stéri- lisés à l’aide d’une solution minérale additionnée de NaCl, glucose ou - glycérine à des concentrations plus ou moins élevées. J’ai indiqué parmi les anomalies les plus caractéristiques l’hypertrophie des cellules et le fonctionnement exagéré des ‘assises génératrices normales; mais j'ai signalé en même temps le cloisonnement des cellules péricycliques de la racine, et pour le cas particulier de la glycérine, un arrêt ou tout au moins un retard dans la lignification normale des tissus. Depuis la publication de mon travail, j'ai pu observer des modifica- tions encore plus marquées sur des racines de Pois cultivées dans des solutions renfermant au début des cultures 50 grammes de glycérine par litre et un chiffre sensiblement plus élevé à la fin de l'expérience. Sur les tissus déjà différenciés, ces concentrations élevées déter- minent une tension énorme qui provoque une déchirure du cylindre central de la racine analogue à celle que l’on observe assez souvent sûr l’écorce de la tige hypocotylée dans les germinations de grosses graines de Haricot. Après la déchirure, les cellules de parenchyme qui se trou- vent au voisinage font hernie dans la cavité centrale à la façon des thylles dans les vaisseaux; de telle sorte qu’on peut déjà penser que la formation des thylles est en rapport avec l'augmentation de pression osmotique déterminée au printemps par la digestion des réserves accu- mulées dans le parenchyme ligneux. Sur les parties jeunes de la racine, les cloisonnements anormaux ne sont plus localisés au péricycle, mais on voit la couche génératrice libéro-ligneuse s'étendre entre le bois primaire et les premiers éléments du bois secondaire enveloppant complètement ce dernier et donnant naissance à des faisceaux cylindriques à bois interne entièrement com- parables à ceux que Vanophyes telephii Bedel, détermine dans la tige (4) J. Laurent. « Recherches sur la nutrition carbonée des plantes vertes à l’aide de matières organiques. » Revue générale de botanique, 1904. SÉANCE DU À JUIN 929 de Sedum Telephium L. Comme il existe trois faisceaux primaires dans la racine, il apparaît tout d’abord trois faisceaux cylindriques sem- blables, mais on voit leur nombre s'accroitre lorsque la concentration augmente; le bois secondaire en massifs étroits reste parenchymateux ; le liber est mal différencié et la section transversale de la racine jeune ne présente plus qu'une série d’ilots cellulaires à structure concentrique, dont chacun peut être considéré comme un faisceau cylindrique. L'analogie avec la galle de Sedum est évidente et l’on songe en même temps à rapprocher ces résultats de la polystélie locale provoquée chez les Légumineuses par leur symbiose avec un Æhizobium comme aussi des systèmes étoilés à liber interne considérés comme normaux dans le rhizome de la Rhubarbe. Il y a dans tous ces exemples multiplication de la plupart des cellules non différenciées du cylindre central, et il est vraisemblable d'admettre que les causes déterminantes sont celles qui interviennent d’une manière générale dans la division cellulaire. On peut remarquer enfin que, d’après les recherches de Palladine (4), les solutions de saccharose augmentent à la fois l’activité respiratoire et la proportion de matières protéiques non digestibles; il est vraisem- blable que le glucose dans les expériences de N. Bernard (2) sur la tubé- _risation, la glycérine dans mes cuitures exercent une action comparable à celle du saccharose: les blessures suivies de cicatrisation (3) provo- quent les mêmes phénomènes qui sont en rapport dans ces divers cas avec les multiplications cellulaires ; et il y a là un nouveau rapproche- ment à établir entre la tubérisation et la formation des galles avec tissu cicatriciel d’une part, et d'autre part l’action de la glycérine en solutions concentrées sur les végétaux. CULTURES HOMOGÈNES DU BACILLE TUBERCULEUX. Note de M. VasiLescu, présentée par M. Acxarp. J'ai imaginé un procédé très pratique et très simple pour obtenir des cultures homogènes de bacille de Koch. Voici en quoi consiste ce procédé : | (1) W. Palladine et M'e À. Komleff. « Influence de la concentration des solutions sur l'énergie respiratoire et sur la transformation des substances dans les plantes. » Revue générale de botanique, t. XIV, p. 497. (2) Noël Bernard. « Les conditions physiques de la tubérisation chez les végétaux. » Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1901. (3) J. Kovchoff. « L'influence des blessures sur la formation des matières protéiques non digestibles dans les plantes. » Revue générale de botanique, t. XIV, p. 449. 930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans un récipient de verre stérilisé, on recueille deux litres de sang de veau en procédant d'une façon rigoureusement aseptique. Aussitôt le caillot formé, on le détache des parois du vase, à l’aide d’une baguette de verre stérilisée; on recouvre ensuite le vase et on le laisse pendant quarante-huit heures dans l'obscurité dans un endroit frais. Au bout de quarante-huit heures, on recueille à l’aide d'une pipette le sérum exsudé, mais seulement la partie absolument limpide (on recueille ainsi environ 200 centimètres cubes de sérum). Dans un flacon d'Erlenmeyer on met alors 25 centimètres cubes de sérum ainsi recueilli (après s'être assuré qu'il n’a pas été infecté) et on y ajoute 75 centimètres cubes d’eau distillée et 3 centimètres cubes de glycérine pure. On agite le tout et on met le flacon d’ Erlenmeyer dans un bain-marie froid que l’on porte à l’ébullition. Le mélange ne se trouble pas mais devient légèrement opalescent. On distribue alors le liquide dans des tubes à culture à large diamètre (environ 2 centimètres) en veillant à ce que la hauteur de la colonne liquide ne dépasse pas 3 centimètres. Les tubes sont ensuite portés à l’autoclave à 120 degrés pendant un quart d'heure. Le milieu de culture est ainsi prêt. Je désire attirer Spécialement l'attention sur ce que, si l’on procède exactement suivant mes indications, le mélange sus-mentionné ne subit à l’autoclave à 120 degrés aucune coagulation. Dans le milieu de culture ainsi préparé, on ensemence abondamment le bacille de Koch et on met les tubes à l’éluve à 37 degrés, en ayant soin d’agiter les cultures chaque jour. Au bout de trois à quatre jours on observe au fond des tubes ense- mencés un dépôt qui se dissocie par agitation mais qui se reproduit âu bout de huit à douze heures. Au bout de huit jours, à partir de l'ensemencement, la culture est aussi abondante qu'une culture de bacille typhique en bouillon de vingt- quatre heures et la culture devient encore plus riche à mesure qu'elle vieillit. Si on l’agite, elle ne s’opacifie pas mais seulement se trouble légèrement. Si on met sous le microscope une goutte de cette culture, on constate que les bacilles sont parfaitement bien isolés et ne forment pas même des amas de trois ou quatre éléments. On peut se dispenser d'ajouter de la glycérine au milieu que nous venons de décrire; on n’en obtient pas moins des cultures homogènes, mais leur développement se fait beaucoup plus lentement en ce cas, et demande au moins quinze à vingt jours d’étuve. Il est possible que la première culture que l'on fera par ce procédé contienne quelques amas : ils proviennent de l’ensemencement. Mais si on ensemence un deuxième tube avec un demi-centimètre cube de la SÉANCE DU À JUIN 931 première culture, on obtiendra une culture rigoureusement homogène, et les générations suivantes le seront à plus forte raison. Ce n’est que dans les vieilles cultures d'environ trente jours que l’on voit se former une agglutination spontanée, les bacilles formant des amas de cinq à six éléments. Ces amas ne sont plus dissociables par agitation. Avec ces cultures ainsi homogénisées le séro-diagnostic de la tuber- culose se pratique avec la même facilité que celui de la fièvre typhoïde. J'ai entrepris dans ce sens une série de recherches que je me réserve de publier plus tard. (Travail du laboratoire municipal de Bucarest (Roumanie... ÉTUDE DU PHÉNOMÈNE D'AGGLUTINATION. Il. — Agglutination des globules rouges par l'hydrate ferrique colloïdal, par M° GrrarDp-ManGiN et M. Victor HENRI. -. Nous avons indiqué dans la communication précédente (Soc. de Biol., 28 mai) que l’hydrate ferrique colloïdal additionné en faible quantité à des globules rouges de chien suspendus dans une solution de chlorure de sodium à 7,5 p. 1000 provoquait une agglutination de ces globules. Nous étudierons maintenant cette agglutination en détails. Méthode : on centrifuge du sang défibriné de chien, de cheval ou de lapin; les globules rouges puisés dans le fond de chaque tube sont délayés de deux volumes d’une solution de NaCI à 7,5 p. 1000 ou de saccharose à 70 p. 1000 (solu- tion isotonique). On centrifuge et on sépare les globules rouges ainsi lavés. Dans quelques expériences nous avons fait deux lavages successifs. Les hématies ainsi lavées sont délayées avec une solution isotonique de chlo- rure de sodium ou de saccharose. Nous avons employé quatre émulsions dif- férentes de globules rouges contenant respectivement : Émulsion I. 10° » d’hématies centrifugées dans 100 cent. cubes. — HER = = 100 — — IL. O0 62 — —= AO = — INA O7LS — = 100 — Pour étudier l’agglutination, nous placons 5 centimètres cubes d’une émul- sion de globules et nous ajoutons un certain nombre de gouttes (1 goutte — 0 c. c. 05) du liquide étudié. On observe s’il y a agglutination dans les pre- mières minutes et puis au bout d’un intervalle de trente minutes ou de plu- sieurs heures, 932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE G J RÉSULTATS. I. — GLOBULES ROUGES LAVÉS PAR LA SOLUTION DE NACL ET ÉMULSIONNÉS DANS NACL 4 7,5 p. 1000. A. Agglutination produite par l'hydrate ferrique colloïdal. 1° Lorsqu'on additionne une émulsion de globules rouges de quantités croissantes d'hydrate ferrique colloidal à partir d’une certaine limite - minimum il se produit une agglutination des globules rouges; cette agglu- tination se produit d'abord seulement pour une partie d'hématies, pour une dose plus forte en colloïde l'agglutination est totale, enfin pour une dose encore plus grande l'agglutination devient plus faible. : Ce résultat apparaît surtout d'une façon nette lorsqu'on examine les tubes après une heure. Ainsi, par exemple, si l'on additionne 5 centi- mètres cubes de l’émulsion I de 1, 2, 4 gouttes d'hydrate ferrique (solu- tion C), on voit que le tube 1 diffère à peine du tube témoin, le tube 2 présente une agglutination incomplète, une partie de globules sont tombés au fond agglutinés, le reste se trouve dans le liquide surnageant; dans le tube 3 l’agglutination est un peu plus forte; enfin pour avoir une agglutination totale de toutes les hématies de cette émulsion il faut ajouter à gouttes d'une solution d’hydrate ferrique deux fois et demie plus concentrés (solution B), ce qui équivaut à 12 gouttes de la solution précédente. Enfin si l’on ajoute 20 gouttes de cette solution B, l’agglutination est de nouveau incomplète et comparable à celle du tube 3. Pour ces fortes quantités d'hydrate ferrique il se produit une certaine hémolyse, sur laquelle nous reviendrons plus tard. 2 La quantité d'hydrate ferrique colloïidal nécessaire pour produire une certaine agglutination (partielle ou totale) de globules rouges augmente avec la concentration de l’émulsion en hématies. Ainsi l’agglutination partielle produite par 1 goutte d'hydrate Re rique C dans 5 centimètres cubes de l’émulsion IT est égale environ à l'agglutination produite par 4 gouttes de C dans 5 centimètres cubes de l'émulsion i; de même 2 gouttes de C agglutinent complètement les hématies de l’émulsion III et 4 gouttes de C suffit pour l'agglutination totale de IV. Disons dès maintenant qu'il y a à ce point de vue une analogie com- plète avec l'agglutination des globules rouges de chien produite par le sérum agglutinant de lapin (v. 90). 3° La quantité d'hydrate ferrique colloïdal nécessaire pour provoquer une certaine agglutination est la même pour les globules rouges de cheval, de chien, de lapin normal et de lapin ayant reçu des injections intrapéri- tonéales d'hématies de chien. IL.est évident que pour faire ces comparaisons il faut traiter ces diffé- rentes hématies de la même facon et employer des émulsions de même teneur. & SÉANCE DU 4 JUIN 933 4 Lorsque par l'addition d'hydrate ferrique colloidal on provoque une agglutination totale, la majeure partie du colloïde est entraïnée par les globules, maïs le liquide surnageant en contient pourtant une certaine dose. Ainsi on agglutine des hématies de l’émulsion I par 5 gouttes de l’hy- drate ferrique B ; après dépôt complet des globules, on prélève 2 cent. 5 du liquide surnageant qui est clair, et on met 3 gouttes de l’émulsion T; les globules sont agglutinés partiellement. 5° L'addition d'une faible quantité de sérum ou d’une solution d’amidon ralentit ou arrête complètement l'agglutination produite par l'hydrate fer- rique colloïidal. Ainsi il suffit d'ajouter une goutte de sérum de chien à 5 centimètres cubes de l’émulsion [ pour empêcher l’agglutination par À goutte d'hy- drate ferrique B; il faut environ 5 gouttes d’une solution d’amidon à 2 p. 100 pour provoquer le même arrêt. 6° Les sérums de cheval, de chien et de lapin exercent la même action retardatrice sur l’agglutination par l'hydrate ferrique colloïdal. Il n'y a donc pas de différence entre ces trois sérums quant à leur action protectrice. Nous verrons qu'il diffèrent par leur propriétés agglu- tinantes (v. 17). : 7° L'action protectrice du sérum de chien châuffé à 62 degrés est égale _à celle du sérum normal. ‘: Ces deux sérums diffèrent, comme nous le verrons, par leurs actions d’agglutination des globules lavés par le saccharose (v. 48). III. —— AGGLUTINATION DES GLOBULES ROUGES DE CHIEN PAR LE SÉRUM AGGLUTINANT DE LAPIN, par M Girarp-ManGin et M. Victor HENRI. B. — Agglutination produite par le sérum agglutinant de lapin. Nous avons préparé des sérums agglutinant en injectant dans la cavité péritonéale de lapins des globules rouges de chien; les lapins recevaient pendant un mois deux injections de 10 centimètres cubes par semaine. Les résultats suivants relatifs à l’agglutination des globules rouges de chien par le sérum agglutinant et hémolysant de lapin étant déjà connus en grande partie d'après les recherches de beaucoup d'au- teurs, nous ne faisons que de les mentionner ici sans insister sur les données quantitatives. 8° Lorsqu'on additionne une émulsion de globules rouges de chien de quantités croissantes de sérum agglutinant de lapin, il se produit à partir d'une certaine dose minimum une aggqlutination partielle d'abord, qui gagne petit à petit la totalité des hématies ; pour une dose plus forte on observe souvent une diminulion d'agglutination, suivie d’hémolyse. 934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———— — —"—"…"…"—"—"—"—"—"———…"…"…"—…"…"…"…"—"…"…—…"…"—…—"—"—" —"…"— — ————— 9° La quantité de sérum de lapin nécessaire pour provoquer une cer- taine agglutination des globules rouges de chien croit avec la teneur de l'émulsion en hémalies. 10° L'addition de sérum de chien, de chevalou de lapin normal, de méme que l'addition d'une solution d'amidon à 2 p. 100, ne ralentit pas sensi- blement l'agglutination des hématies de chien produite par le sérum agglu- linant de lapin. Ce point distingue nettement l’agglutination par l'hydrate ferrique colloïda] de l’agglutination par le sérum de lapin. 41° Si à des hématies de chien on ajoute d'abord une certaine quantité de sérum agglutinant el.qu'ensuite on additionne de l’hydrate ferrique colloïidal, ce dernier n'augmente pas l'agglutination produite par le sérum. Il n'y à donc pas d’additivité entre l’agglutination produite par l'hy- drate ferrique colloïdal et celle produite par le sérum agglutinant. On peut déduire des expériences nombreuses que nous avons faites à ce sujet que le sérum agglutinant exerce deux actions sur les globules rouges de chien : d’une part il les agglutine (et c’est une action spéci- fique), et d'autre part il les préserve contre l’action d’agglutination de l'hydrate ferrique colloïdal. Ce résultat doit être rapproché de celui que nous indiquons plus loir relatif aux hématies lavées par le saccharose. IT. — GLOBULES ROUGES LAVÉS PAR LA SOLUTION DE SACCHAROSE ET ÉMUL- SIONNÉS DANS CETTE SOLUTION. C. Agglutinalion par lhydrate ferrique colloïdal. 12° Les globules rouges lavés et émulsionnés dans une solution de sac- charose isotonique sont agqlutinés par une dose d'hydrate ferrique colloidal cinq à dix fois plus faible que les mêmes globules émulsionnés dans une solution de NaCl à 7,5 p. 1000. it Ainsi, par exemple, il faut ajouter à l’'émulsion I dans saccharose il 3 gouttes d'hydrate ferrique colloïdal E (solution E — 5 de solution (tie 53 solution B) pour avoir la même agglutination que par 1 goulte de B dans l'émulsion ! contenant NaCI. Un résultat qui se rattache à celui-ci est que si on additionne une émul- sion sucrée d’une quantité suffisamment grande (par exemple 2 c. c. 5) de solution physiologique [NaCJ, on diminue la sensibilité des globules rouges vis-à-vis de l'hydrate ferrique colloïdal. 13° La proportion d'hématies agglutinées par des quantités croissantes d'hydrate ferrique colloïdal varie dans la solution de saccharose de lamême facon que dans la solution de NaCl{(voy. 4°); ily a un maximum d'agglu- tinalion pour une certaine dose. De même les globules rouges de cheval sont agglutinés par la même quantité d'hydrate ferrique que ceux de chien. F SÉANCE DU # JUIN | 935 IV. — AGGLUTINATION DES GLOBULES ROUGES PAR LE SÉRUM DU MÊME ANIMAL, par M° GirarD-MaANGIN ET M. Vicror Herr. D. — AGGLUTINATION DES HÉMATIES LAVÉES ET ÉMULSIONNÉES DANS LE SAC- CILAROSE PAR TOUS LES SÉRUMS. En voulant étudier si le sérum préserve les hématies émulsionnées dans la solution isotonique de saccharose contre l’agglutination par l'hydrate ferrique colloïdal, nous avons trouvé un fait nouveau et qui présente un intérêt théorique pour la question de la nature de l’agglu- tination. 1% Le sérum de cheval, de chien ou de lapin additionné en faible quan- lité à des hématies de cheval ou de chien lavés et émulsionnés dans la solu- lion isotonique de saccharose produit une agglutination de ces hématies. Ainsi, par exemple, si on ajoute 1 goutte de sérum de chien à 5 centi- mètres cubes d’émulsion I des globules rouges du même chien dans le saccharose, il se produit une agglutination partielle; l’agglutination est plus forte pour 3 gouttes de sérum; elle l’est encore plus pour 5 gouttes ; uün peu plus Dee 10 gouttes; elle diminue ensuite, et si on ajoute 40 gouttes il n'y a presque plus d’agglutination. Donc un sérum quelconque, et en particulier celui de l'animal dont on ‘a pris les hématies, lesagglutine lorsqu'elles ont été lavées et émulsion- nées dans la solution isotonique de saccharose. 15° Lorsque à des globules rouges émulsionnés dans le saccharose on ajoute des quantités croissantes d'un sérum quelconque, l'agglutination augmente d'abord, passe par un maximum et diminue ensuile pour des doses fortes de sérum. La position du maximum d’agglulination se trouve pour les héma- ties de chien et le sérum de chien environ pour 10 gouttes de sérum additionnés à 5 centimètres cubes de l’émulsion 1; elle est environ égale à 5 gouttes pour l’émulsion IT. 16° Les hématies de cheval et celles de chien sont agglutinées par les mêmes quantilés d'un sérum donné. Il n’y a pas de différence au point de vue de l’agglutination entre Îles globules rouges de cheval et ceux de chien lavés au saccharose; c’est un résultat identique à celui que nous avons trouvé pour l’agglutination par l'hydrate ferrique colloïdal. 17° Le sérum de cheval agglutine plus fortement que celui du chien et ce dernier plus que celui du lapin normal. Ainsi on obtient la même agglutination des hématies de chien ou de cheval par 3 gouttes de sérum de cheval, 5 gouttes de sérum de chien et Brozocie. Courtes RENDUS. — 1904, T, LVI. 66 936 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 19 gouttes de sérum de lapin normal. Il ÿ a là une différence avec l'action préservatrice de ces sérums (v. 6°). Lorsqu'on additiorne les hématies de chien lavées au saccharose de sérum de cheval, il y a agglutination et hémolyse partielle ; si la quan- tité de sérum de cheval est forte (par exemple 30 gouttes pour 5 centi- mètres cubes), il n’y a presque plus d’agglutinalion, mais après deux heures on trouve tous les globules rouges hémolysés. Le même phéno- mène d'hémolyse a lieu pour l'action du sérum de chien vis-à-vis des hématies de cheval. Cette hémolyse (que nous étudierons en détail plus tard) est bien plus nette dans les .émulsions sucrées que dans les émul- sions faites avec la solution de NaCl. Il était tout indiqué de se demander quels étaient les facteurs qui interviennent dans l'agglutination des hématies lavées et émulsionnées dans le saccharose, produite par le sérum. Les sels exercent-ils une action quelconque ? Les colloïdes et autres corps contenus dans le sérum ont-ils une influence? Les expériences faites avec les solutions de chlorure de sodium et avec le sérum chauffé répondent à ces questions. 189 Le sérum de chien chauffé pendant cinq minutes à 62 degrés agqlu- line beaucoup plus faiblement les hématies de chien émulsionnées dans le saccharose que ne le fait le sérum de chien non chauffé. Si on ajoute de faibles quantités, par exemple 1 à 3 gouttes de sérum de chien chauffé pour 5 centimètres cubes de l'émulsion I, il n’y à pas d’agglutination; il faut en ajouter 5 à 10 gouttes pour obtenir une agglu- tination partielle qui dans le cas de 5 gouttes est égale environ à l’agglu- tination produite par une goutte de sérum normal. 7 V. AGGLUTINATION DES GLOBULES ROUGES PAR LE CHLORURE DE SÔDIUM ET PAR DES MÉLANGES D'AGENTS AGGLUTINANTS, par Me Girarb-ManGin ET M. Vicror HENRI. E. AGGLUTINATION DES HÉMATIES LAVÉES ET ÉMULSIONNÉES DANS UNE SOLUTION ISOTONIQUE DE SACCHAROSE PAR UNE FAIBLE QUANTITÉ DE CHLO- RURE DE SODIUM. 19° Si on ajoute quelques gouttes d’une solution de NaCT à 7,5 p. 1000 à une émulsion d'hématies dans le saccharose il se produit une agçlutination. Cette agglutination croît d’abord avec la quantité de chlorure de sodium, passe par un maximum (pour 15 gouttes NaCT) et puis décroît pour des doses plus fortes de la solution physiologique. Ce maximum d'agglutination par la solution de NaCI se produit pour la même dose pour les globules rouges de cheval et pour ceux de chien. SÉANCE DU À JUIN 937 Pour donner un exemple, disons que l'agglutination produite par 5 gouttes de chlorure de sodium (pour 5 centimètres cubes d'émulsion 1) est inférieure à celle produite par 5 gouttes de sérum de chien, et elle est un peu plus forte que celle produite par 3 gouttes de sérum. 20° L’addition d'une faible quantité d'amidon à des hématies émulsion- nées dans le saccharose ralentit considérablement l'agglutination produite par l'hydrale ferrique colloïdal, par le sérum du cheval, du chien ou du lapin, et par le chlorure de sodium. Elle ne ralentit pas l'agglutination des hématies de chien produite par le sérum agglutinant de lapin. I suffit d'ajouter 3 gouttes d'amidon à 2 p. 100 pour voir nettement ces effets de préservation. 21° L’agglutination des hémalies émulsionnées dans le saccharose par le mélange de chlorure de sodium et de sérum est plus faible que la somme des deux actions séparées. Aïnsi par exemple : 5 gouttes de NaCI à 7,5 p. 1.000 agglutinent moins que 5 gouttes de sérum de chien (il s’agit des hématies de chien, émul- sion 1); 10 gouttes de NaCI agglutinent moins que 10 gouttes de sérum ; 5 gouttes de NaCI plus 5 gouttes de sérum agglutinent moins que 10 gouttes de NaCI, mais elles agglutinent plus que 5 gouttes de NaCI ou de sérum pris séparément. Lorsqu'on prend une quantité suffisamment grande (par exemple 30 gouttes) de solution de NaCl, le sérum n’agglutine plus les hématies : de même une grande quantité de sérum empêche l’agglutination des hématies par le chlorure de sodium ou par l’hydrate ferrique. 22° L'agqlutination des hématies de chiens émulsionnées dans le saccha- rose produile par une certaine quantité de sérum de chien, n’est pas aug- mentée par l'addition d'hydrate ferrique colloïdal. Il y à là un parallélisme complet avec le résultat que nous avons trouvé pour l’agglutination des hématies de chien par le sérum de lapin agglutinant (v. 11°). Le sérum de chien exerce donc sur les globules rouges (émulsionné dans le saccharose) du même chien d’une part une action d’agglutination et d'autre part une action de préservation contre l'hydrate ferrique. Tels sont les principaux résultats que nous avons obtenus pour ces différents phénomènes d’agglutination ; par manque de place nous ne pouvons pas donner ici toute une série de résultats partiels (par exemple action de la quantité de sang, de la durée d'action, des proportions quantitatives, etc.) que nous avons obtenus et qui seront publiés plus tard. Conclusions. — Deux faits essentiels ressortent de ces expériences : 1° En lavant les globules rouges d’un animal par une solution isoto- nique de saccharose, on les rend sensibles à leur propre sérum; ils sont agglutinés par une faible quantité de leur sérum. Il en résulte que dans un milieu formé d’une solution de saccharose la spécificité du sérum AUTANT M Æ : STEAM 938 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE agglutinant de lapin disparait; on ne distingue pas ün sérum aggluti- nant de lapin d'un sérum quelconque à condition que l’on emploie de faibles quantités, et même plus le sérum agglutinant de lapin est moins actif vis-à-vis des hématies de chien que le sérum du chien lui-même. Ce n’est qu'en prenant de grandes quantités (par exemple 30 gouttes) que l’on aperçoit une différence nette entre le sérum agglutinant de lapin etun sérum normal quelconque. 20 L'absence d'additivité de l'agglutination produite par l'hydrate fer- rique et par les sérums, l'égalité de l’action préservatrice des différents sérums vis-à-vis de l'hydrate ferrique et la différence d'activité de ces sérums par rapport aux hématies émulsionnées dans le saccharose, l’action de la chaleur sur le sérum de chien ainsi que d’autres résultats montrent que le phénomène d'agglutination par les sérums diffère en plusieurs points de l’agglutination par l'hydrate ferrique colloïdal. Ces résultats nous semblent présenter des difficultés pour les théories des écoles de Metchnikoff et d'Ebrlich relatives aux phénomènes d’ag- glutination, etune révision complète de ces théories s'impose. Nous communiquerons d’abord les résultats de nos expériences sur l'agglutination par la ricine,et ce n’est qu'après avoir terminé nos expé- riences en cours que nous aborderons les problèmes de l’agglutination et de l'hémolyse au point de vue théorique. (Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) EFFETS PHYSIOLOGIQUES DU SUC PANCRÉATIQUE NATUREL EN INJECTION INTRA-VEINEUSE. ACTION SUR LA CIRCULATION ET LA RESPIRATION, par M. J. LESAGE. Dans une note présentée à la Société de Biologie le 29 janvier 1898, M. Livon(1) a établi que l'extrait préparé avec le pancréas, injecté dans les veines d'un animal curarisé, déterminait une chute de la pression sanguine. Il nous a paru intéressant de rechercher si Le suc parcréatique recueilli par le procédé des fistules jouissait également de celte pro- priété hypotensive. En même temps que les variations de la tension artérielle, nous avons déterminé les modifications de la respiration et du pouls. A cet effet, une fistule du canal de Wirsung est établie sur un chien morphino-chloroformé et par l'injection intra-veineuse de sécrétine, on obtient en une heure et demie environ 20 centimètres cubes de suc pan- créatique. (4) Livon. « Sécrétions internes : Glandes hypotensives. » SÉANCE DU À JUIN 939 C'est ce suc pancréatique de sécréline qui va être injecté dans la veine saphène externe d’un autre chien préparé de la façon suivante : Anesthésie par injection hypodermique de 5 centigrammes de chlorhy- drate de morphine et inhalations de chloroforme. Isolement de l'artère fémorale, mise en place d'une canule établissant la communication avec le manomètre à mercure inscripteur de Chauveau. Isolement de la caro- tide, adaptation de la pince sphygmographique de Laulanié. La respira- lion est enregistrée avec le pneumographe de Marey. Avant l'injection, la mesure de la pression sanguine dans l'artère fémorale donne les renseignements suivants : c. m. Hg. Pression constante MNT ER ANAnNREOUNS = LAS LES 0 D ERA PA REA A [OU — HO VE UNE PNEU EAN EAN ST Le pouls est tri ou quadri-géminé; les pulsalions au nombre de 60 par minute. La respiration est très régulière et les inspirations au nombre de 18 par minute. Le suc pancréatique est injecté lentement dans la veine externe du jarret, à la dose de 5 centimètres cubes. - Quelques secondes après la fin de l'injection, la pression artérielle -baisse progressivement; pendant une vingtaine de secondes, la pression moyenne se maintient à 6 cent. 2; puis, au moment d'une expiration profonde elle baisse à nouveau et atteint le minimum de 5 centimètres. Elle se relève alors petit à petit et deux minutes après la fin de l'injec- tion elle a repris sa valeur initiale. Pendant ce temps, le pouls est devenu plus fréquent tout en se régu- larisant. Pendant que la pression est de 6 cent. 2, le rythme est de 112 pulsations à la minute, mais pendant le minimum de 5 centimètres, on ne compte plus que 14 battements en douze secondes. De son côté, la respiration est troublée; pendant la durée de l’action sur la pression sanguine, le rythme est très manifestement ralenti en mème temps que l'amplitude des mouvements respiratoires a successi- vement augmenté et diminué d’une facon progressive. Une deuxième injection de la même dose, faite cinq minutes après et une troisième, faite dix minutes après, ont reproduit exactement les mêmes phénomènes. L'animal qui a ainsi recu 15 centimètres cubes de suc pancréatique en injection intra-veineuse,ne présente cliniquement, dans les jours qui suivent, aucun symptôme anormal. Une seconde expérience faite sur un autre sujet, avec un suc pancréa- tique d’une autre provenance nous a donné un résultat identique. L'injection fut de 10 centimètres cubes de suc pancréatique; sa durée de dix secondes. STE RER ANT, 24 7° Ge Loi 940 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous nous croyons donc autorisé à conclure que le suc pancréalique du chien, injecté dans les veines du même animal, détermine une chute très remarquable de la pression sanguine, accompagnée d’une accélération notable du pouls, d'un ralentissement des mouvements respiratoires avec augmentation de leur amplitude. Ces effets sont de courte durée et se reproduisent sans accoulumance. | (Travail du Laboratoire de Physiologie d'Alfort.) EXTRAIT SEC DU SUC PANCRÉATIQUE, par M. J. LESAGE. On a reconnu depuis longtemps les variations qui existent dans la quantité des matériaux solides que contient le suc pancréatique. Les analyses de Schmidt établissent une différence notable entre le suc des fistules permanentes et celui des fistules temporaires. D'autre part, les nombres trouvés à l’analyse du suc de fistule temporaire par différents expérimentateurs, varient également dans de grandes propor- tions. Enfin, tous les physiologistes qui ont utilisé la sécrétine ont noté les variations de viscosité que le suc pancréatique présente, non seule- ment sur les sujets différents, mais même sur un même sujet, au début et à la fin de l'expérience. C'est donc uniquement à titre de documents, que nous rapportons ici les nombres trouvés à la pesée de l'extrait sec, obtenu dans le vide sulfurique à une température de 35 à 40 degrés, de différents échan- tillons de suc pancréatique recueillis par fistule temporaire, chéz le chien, après injection intra-veineuse de sécrétine. QUANTITÉ POIDS EXTRAIT ÉCHANTILLONS de suc pancréatique de l'extrait sec recueillie. sec. p. 100. il 4cc5 0542 9,39 2 10 » 0,315 3,15 3 16 5 0,57 3,49 k 60 » 199 3,16 5 20 » 0,49 2 » 6 42 » 0,714 6,45 1 42 » 0,24 2 » 8 14 » 0,38 2,71 9 30 » 1,18 3.90 Les échantillons 4 et 5 sont de même provenance, mais on a recueilli sépa- rément les 60 premiers centimètres cubes et les 20 derniers. Li x SÉANCE DU À JUIN 941 Le poids de l'extrait sec pour 100 grammes de suc pancréatique, de sécrétine, peut donc varier de 2 à 9,33 grammes suivant la quantité sécrétée dans un temps donné. (Laboratoire de Physiologie d’Alfort.) LES COMBUSTIONS INTRAORGANIQUES SONT INDÉPENDANTES DE LA PROPORTION D'OXYGÈNE CONTENUE DANS LE SANG ARTÉRIEL; LA RESPIRATION DANS UNE ATMOSPHÈRE A OXYGÈNE FORTEMENT RARÉFIÉ PROVOQUE UN ABAISSEMENT CONSIDÉRABLE DU TAUX DE L'OXYGÈNE DANS LE SANG ARTÉRIEL, MAIS NE MODIFIE PAS LA VALEUR DES ÉCHANGES RESPIRATOIRES. Note de M. J. Tissor, présentée par M. CHAUvVEAU. Les expériences que j'ai exposées dans une note précédente ont montré l’invariabilité des combustions intraorganiques évaluées par les échanges respiratoires, chez un sujet qui respire de l’air dont la tension de l'oxygène a été considérablement diminuée. Il était nécessaire de déterminer les modifications que ces mêmes conditions produisent dans les gaz du sang artériel; il était aussi du plus grand intérêt de démon- “trer que, sur le même sujet, il n’y a aucune relation entre les variatious des gaz du sang artériel et les combustions intraorganiques; c’est là le but des expériences qui suivent et qui ont été effectuées sur le chien. Dispositif expérimental. — C'est le même que celui qui a été décrit dans une note précédente, sauf que l’appareil respiratoire adapté aux narines de l’homme s'adapte ici à une muselière qui s’ajuste parfaite- ment sur le museau de l'animal, sans laisser de possibilité à une rentrée d'air extérieur. Le sujet respire à l’aide de cette muselière un mélange gazeux de composition connue contenu dans un gazomèêtre à compensa- tion automatique, et le rejette dans un spiromètre également à compen- sation automatique. Le tableau suivant contient les résultats obtenus dans quatre expé- riences ; dans la quatrième il a été fait, en même temps que la recherche des gaz du sang, la détermination des coefficients respiratoires au moment même des prélèvements de sang artériel qui ont été effectués dans la carotide. On peut conclure de l'examen de ces résultats :. 1° Une diminution considérable de la tension de l'oxygène dans l'air inspiré provoque une forte diminution du taux de l'oxygène dans le sang artériel. Cette diminution a lieu même quand la diminution de tension de l'oxygène dans l'air inspiré produit une augmentation notable de la ventilation pulmonaire (Exp. Il). r 09L 0 « « « « 8LY 069°€ GT'ET « « À 09L 0 « « « « 092 0 « « « k LAS 0L9°9 866 « « & 092 0 « « « k 09L 0 « « « t 6GY 979°7 8°‘rr « « * 09L 0 « « « « SAT} QUETTTTU S21JQut 9({I10SA{E a[Eeux9 z0 30) aquoreampbo Xn9785 ojuoeaimbe |oSuerour nplertoyexrdser ŒLISNELNI onbrijou ougs{xo p 0180 : SONLILT1Y NOIL INIILONO 9110} NOISSAHd -HOdOMd -eudsor SoSuvy29 Sop 6 SOIT oqnurtu ed europexdsoi LAS A rate Ye 1 GC) CG Yc 1 | 9 ce cS°r | 8 LT OS 1 £9{09"}0009 | Sa{n9"qu90 2V 0) Aues op soqno soxjeuriu09 (O7 anod AHIUHLUV ONVS AG ZVO LT dE *A4BUIPIO AV : | | xn9705 9SuCI9N | y * QATBUIPAO ATV \ ‘ Feel | GL°68 | 0£°8S | "AITBUTPAO AY 068 | FOIS 107 ‘Xn9785 9SUCI9N £ 91°cY | 0€°09 | + QIBUIPIO ATV \ Eee | 96°08 | 0668 Fe QUBUIPIO AY 8r°6G | 96'LY 167 ‘xno7e5 Sur) & 988€ | GI G9 . * DATBUIPAO AY ee | | 98 86 | GI €9 à *"OATBUIPIO AY TS | 16 Xn9788 9SUPI9 I | ni 008€ | cr‘ 19 *OITBUTPIO ATV soqno-quoo | soqno-quo0 z5 9p :09 1807 QUO À | UOlJE[EUUL] soadsur z84 saouor19dx ep Sop sep aaunq HUALYN SOYANA SÉANCE DU 4 JUIN 943 2° La grande diminution du taux de l'oxygène dans le sang artériel, provoquée par la diminution de la tension de l'oxygène dans l'air inspiré, nest pas accompagnée d’une modification de l'intensité des échanges respiratoires. 3° Les combuslions intraorganiques, éaaluées d'après les échanges respi- raloires, sont indépendantes de la proportion d'oxygène contenue dans le sang artériel. (Travail du Laboratoire de M. Chauveau au Muséum.) LES ÉLIMINATIONS URINAIRES SOUS L'INFLUENCE DU CHLORURE DE SODIUM CHEZ LES ANIMAUX EN ÉTAT D'INANITION, par MM. Henri CLAUDE et M. VILLARET. Pendant longlemps on a considéré que les injections de solutions hypo- toniques ou isotoniques de NaCI avaient une influence favorable sur la diurèse. Puis dans ces derniers temps on s’est attaché à démontrer les inconvénients de ces injections dans un grand nombre de cas et particu- lièrement chez les rénaux. On a même douté que le NaCI introduit en excès dans l'organisme pût favoriser, chez les sujets indemnes de lésions rénales, les éliminations. Le rôle du NaCI dans l’économie est très difficile à définir. Il est nécessaire pour être dans des conditions d'observation régulières de tenir compte de la quantité de NaCl injecté par kilogramme, du poids du corps de l'animal, de la concentration des solutions intro- duites, de la voie de pénétration, des aliments et de l’eau ingérée pen- dant l'expérience, de l'état de l'organisme et du rein, etc. Nous avons déjà indiqué, d’après nos observations cliniques, que chez certains rénaux le NaCl en excès augmentait le taux des éliminations. Dans une série d'expériences poursuivies dans des conditions bien définies, nous avons repris l'étude des effets du NaCl sur le taux des éliminations. La présente communication à trait à l’action du NaCl injecté sous la peau des lapins en solution hypertonique à la dose élevée de 2 gr. 5 environ par kilogramme d'animal. Ces animaux étaient observés pendant des périodes de jeùne absolu ou relatif et les éliminations étaient étudiées par la eryoscopie en tenant compte surtout de la valeur à, point de congélation calculé des susbtances achlorées, et V volume des urines de vingt-quatre heures, celte valeur ÔV représentant assez bien d’après notre expérience anté- rieure le total des éliminations achlorées appréciables par l'analyse chimique. 1° Un lapin de 2.150 grammes est mis à un régime alimentaire insuffisant, 160 grammes de choux en moyenne par jour. Son poids s’abaisse en quatre 944 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE jours du 24 au 28 mars à 1.860 grammes. Il reçoit pendant cette période 100 centimètres cubes d’eau distillée sous la peau ou dans le péritoine. Les éliminations mesurées par la valeur àV sont en moyenne pour ces quatre jours représentées par 6.200. A partir du 28, pendant trois jours il reçoit 100 cen- timètres cubes d'une solution de NaCI à 5 p. 100, ou 5 grammes de NaCl en solution hypertonique; l'alimentation également réduite se compose de 120 grammes de son pour cette période. Les éliminations évaluées par dV furent en moyenne chaque jour représentées par 12.220. Le 1° avril le poids était de 1.700 grammes; l'animal reprit l'alimentation ordinaire, 300 grammes de choux et 60 grammes de son par jour; l'élimination du chlorure absorbé les jours précédents n’était pas encore terminée (3 gr. 06 par vingt-quatre heures), et malgré l’état d'amaigrissement, sous l'influence de l'alimentation copieuse la valeur èV s’éleva à 18.700 par vingt-quatre heures. 2° Deux lapins A et B de même taille pesant respectivement 2.380 et 2.110, absorbant la même nourriture copieuse, 200 grammes de choux, 60 grammes de son par jour, sont observés pendant plusieurs jours. La moyenne des élimi- nations représentées par àV est pour À 14.200, pour B 16.000. Du 18 au 23 avril, ces animaux sont privés de nourriture et absorbent seulement 100 centimètres cubes d’eau par jour. Leur poids tombe à 2.010 (lapin A), 1.820 (lapin B). Pendant ces cinq jours les éliminations représentées par V sont en moyenne 6.320 pour A et 4.630 par jour pour B. Le 23, on injecte sous la peau du lapin A 100 centimètres cubes d’eau salée à 5 p. 100 ou 5 grammes, et sous la eau du lapin B 100 centimètres cubes d’eau distillée. Le lapin À meurt au bout de quarante-huit heures après avoir émis pendant ce temps 265 centi- mètres cubes d'urine; la valeur des éliminations par vingt-quatre heures représentée par ÔV, fut de 19.000 en moyenne. Le lapin B ne fut nullement malade ; il rendit 1410 centimètres cubes d'urine et la valeur ôV par vingt- quatre heures fut d'environ 8.300. 3° Ce même lapin B fut mis à une alimentation plus copieuse, il reprit son poids à peu près. Le 29 avril il pesait 1.980, avec une alimentation composée de 200 grammes de choux et de 60 grammes de son, la valeur BV pro die était de 15.000 environ. Le 28, on commence à lui injecter sous la peau 100 centi- mètres cubes de NaCI à 5 p. 100; on continue le 29, le 30, le 2, 3 mai; les urines recueillies pendant six jours du 29 au 4 mai inclus donnent comme moyenne des valeurs de àV pro die 19.800. L'animal maigrit, mais survécut, son poids le 4 mai était de 1.840. Les éliminations étaient donc pendant la période d'injections chlorurées très supérieures à la moyenne des éliminations durant la période précédente, et cependant l’alimentation avait été moins abondante car l’animal au lieu de 200 grammes de choux et 60 grammes de son ne. mangea que 200 grammes de choux et 20 à 30 grammes de son en moyenne. Il ressort de ces expériences que chez des animaux en état de jeûne absolu ou relatif, chez qui les éliminations étaient tombées notablement au-dessous de la moyenne, l'injection de NaCl dans les conditions indiquées a déterminé une augmentation notable de l'amaigrissement et a surtout augmenté les éliminations qui sont devenues supérieures à celles qui ont été notées pendant la période d’alimentation normale. Ces éliminations exagérées d’eau et de substances en dissolution ont © SÉANCE DU 4 JUIN 94 entrainé dans un cas la mort de l'animal probablement par spoliation trop active d’eau de l'organisme, tandis que le témoin qui avait reçu une injection d’eau simple supportait le jeûne sans accident, en présen- tant des éliminations peu au-dessus de la normale. Par conséquent des doses massives de NaCl en solution hypertonique entrainent, même chez un organisme dontles éliminations sont aussi réduites que possible, une augmentation considérable de ces éliminations qui peuvent être assez fortes pour entrainer la mort de l'animal en état d’inanition. Chez l’ani- mal dont la ration alimentaire est seulement diminuée l'amaigrissement s'accentue et les éliminations sont également très exagérées. NOTE SUR LA SPLÉNOMÉGALIE AVEC ANÉMIE ET MYÉLÉMIE, par MM. P. Ewze WEic et ANTONIN CLERC. Nos différentes publications sur la splénomégalie avec anémie et myélémie ‘chez l'adulte et le nourrisson (1) ont été suivies de divers travaux qui, en confirmant l'existence d’une affeclion spéciale, ont mis en relief plusieurs notions intéressantes (Labbé et Armand-Delille (2), -Raybaud et Vernet (3), Vaquez et Aubertin (4); grâce à ces travaux et à l'étude de cas récents, il nous est possible d'apporter plus de précision dans la classification des faits. En ce qui concerne le nourrisson, on peut attribuer à des causes multiples le développement de la splénomégalie avec anémie qui corres- pond en grande partie à la maladie de von Jaksch-Luzet que nous avons tenté de dissocier. Nous devons mettre au premier rang la syphilis héréditaire, cause principale des splénomégalies du nourrisson, suivant M. Marfan (5), bien que le syndrome myélémique n'accompagne pas (1) P.-Emile Weil et Antonin Clerc. De la splénomégalie avec anémie et myélémie, Semaine médicale, 12 novembre 1902, Archives générales de médecine, novembre 1902; De la splénomégalie avec anémie et myélémie (forme infan- tile), Revue des maladies de l'enfance, janvier 1903. (2) Labbé et Armand-Delille. Syphilis héréditaire précoce avec splénomé- galie, anémie et réaction myéloïde du sang guérie par le traitement mercu- riel, Société médicale des Hôpitaux, 6 février 1903. (3) A. Raybaud et Vernet. Splénomégalie chronique avec anémie chez le nourrisson, Comptes rendus. Sociélé de Biologie, 29 avril 190%. (4) Vaquez et Aubertin. Nature de l’anémie splénique myéloïde, Comptes rendus, Société de Biologie, 20 mai 1904. (5) Marfan. De l’hypertrophie chronique de la rate dans la syphilis héré- ditaire précoce et de sa valeur pour le diagnostic de cette maladie, Revue des maladies de l'enfance, mai 1903. 946 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nécessairement la splénomégalie. MM. Labbé et Armand-Delille ont, grâce au traitement mercuriel, obtenu la guérison d’un petit malade chez lequel les lésions sanguines caractéristiques se trouvaient réalisées. Récemment MM. Raybaud et Vernet ont constaté dans un cas la pré- sence de l’hématozoaire du paludisme. Rappelons aussi qu'on a fré- quemment noté la coexistence du rachitisme. En dehors des cas où la cause de l'affection est connue, il en est d’autres où l’on ne peut trouver aux lésions aucune ion salisfai- sante. Chez l'adulte, la splénomégalie avec myélémie est moins fréquente que chez le nourrisson. Bien que l’étiologie en soit presque toujours indécise, l'un de nous récemment dans un cas de tuberculose primitive de la rate, à forme nécrotique et hémorragique, a pu constater, vers la période ultime, une anémie rapidement progressive avec réaction myé- locytaire et poussée intense de normo et mégaloblastes, se traduisant à l’aulopsie par une dégénérescence myéloïde des organes hémato- poiétiques. En dehors de ce fait isolé, il a été possible d’incriminer soit des tumeurs lympho-conjonctives des organes hématopoiétiques, soit des néoplasies épithéliales secondaires développées dans la moelle osseuse. | En somme, on voit que, chez le nourrisson comme chez l’adulte, il faut considérer l'affection isolée par nous non comme une maladie autonome, mais comme un syndrome. Tantôt les lésions sont secon- daires, tantôt elles semblent primitives, parce qu'elles ne relèvent d'aucune cause connue. Ce dernier groupe de faits peut n'être que pro- visoire, comme celui des anémies pernicieuses dites essentielles, et devenir susceptibles de dissocialion, grâce à des travaux ultérieurs; mais, à l'heure présente, ces formes, dites primitives, se rapprocherit manifestement, par leurs symptômes et leur anatomie pathologique, de la leucémie myélogène, maladie elle aussi cryptogénétique. Toutefois, “comme nous l'avons fait observer, et comme l'ont également signalé MM. Vaquez et Aubertin, les lésions prédominantes de la série rouge médullaire et les réactions myélocytaires, qualitativement et quantitati- vement incomplètes, séparent nettement l'affection de la véritable leu- cémie myélogène, même fruste, et lui assignent une place distincte. M. Dominici (1), MM. Mahar, Nau et Roze (2), ont insisté sur certains cas voisins des précédents, où la réaction normoblastique atteignit une extraordinaire intensité; ces observations, trop rares encore pour pou- voir être classées d'une manière définitive, méritent cependant d'être signalées. (1) Dominici. Globules rouges et infection, Archives de médecine expérimen- tale, novembre 1902. (2) Mahar, Nau et Roze. Anémie infantile pseudo-leucémique, Revue des maladies de l'enfance, mars 1903. Te SÉANCE DU À JUIN 947 SUR QUELQUES CONSÉQUENCES DE L'APPLICATION DE LA FORMULE DE CHAUVEAU AUX ÊTRES VIVANTS, par M. J. LEFÈVRE. Dans une précédente note, j'ai montré que l'équation de Chauveau s'applique au moteur-muscle. — Cette équation mise sous la forme : G (1) = Su UE CES montre clairement le partage de la dépense totale d'énergie exigée par le travail nositif T, en quatre fonctions : travail, soutien, vitesse, énergie tonique du repos. Etendue au moteur animé tout entier, cetle formule schématise donc le partage de l'énergie entre le travail et les diverses sources de chaleur. Au repos, la thermogénèse se réduit à Q,: elle a comme source unique le tonus physiologique du repos. Dans la contraction statique, dans l'effort soutenu, la thermogénèse prend la valeur : G == où “ie Q, (L). Elle comprend la dépense des forces de soutien et le chiffre du repos. En contraction dynamique, la thermogénèse s'accroît encore de - l'énergie consacrée à la création de la vitesse; elle s'exprime par : G—=0Q,+Q. +0, (2). - Il est intéressant de reprendre la formule 1 dans le cas du travail résistant où le moteur résiste à la chute des charges. Deux termes de l'équation changent de signe, à savoir : le travail et le terme de vitesse. En effet, le travail effectué est résistant, c'est-à-dire négatif. Quand à la force l'expérience prouve qu'elle est, dans ce cas, soustractive. La for- mule devient donc pour la dépense d'énergie qui accompagne le travail résistant — Ph : G (9 (2) 1) me Er, Comparons les formules (4) et (2); il y a plusieurs conséquences à tirer de cet examen : a) La chaleur du travail moteur est plus grande que celle du travail résistant correspondant. Cette formule opposée à l’ancienne hypothèse (1-2) Il est possible que la quantité Q- s’accroisse dans le passage du repos au travail. 948 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du plus grand échauffement par le travail négatif, contredit également la théorie plus récente de l'égalité thermique. — En effet, on a bien : D+D'—92(0Q, + 0,)+0,—0"1. b) Dans les mouvements de va-et-vient autour d’une position moyenne {type du travail musculaire) l’échauffement total (ou la dépense totale) pour un même travail grandit avec la vitesse des mouvements. En effet on a : G—G=Q + Q" c'est-à-dire G > G'. L'expérience justifie bien ces deux lois (1). c) Enfin, il est aisé de constater que, pour un même travail, le rende- ment mécanique grandit avec la vitesse du mouvement. Ces renseignements sont déjà précieux. Ils le seraient davantage si l’on connaissait les termes exacts de l'équation. Q, est à peu près connu par les chiffres du repos; on connaît mal la dépense totale D en fonction du travail; au lieu des méthodes respiratoires dont les conditions sont flottantes, il faudrait recourir au calorimètre. Quand à Q.et Q ,on ne connaît même pas leur somme, celle-ci n'ayant pas encore été séparée de Qr. Il reste donc beaucoup à faire. Ces quantités représentant dans la pratique chargées du terme Q,, il y aura lieu pour l'expérience d'employer la formule D—5+Q,+0,—OQ,, Q, et Q, sont en effet les quantilés directement accessibles à l'expé- rience. On peut encore, suivant le conseil de M. Weiss, se servir pour le con- trôle expérimental, de cette dernière formule immédiatement déduite de la précédente. (D 0)es 0 E0)) 6 1DON ESSAI D'EXTENSION DE LA FORMULE DITE DE CHAUVEAU AUX MOTEURS ANIMÉS, À L'AIDE DES ÉTUDES CLASSIQUES DE M. CHAUVEAU SUR LA MÉCANIQUE MUSCULAIRE, par M. J. LEFÈVRE. L'équation de Chauveau n'a pas encore reçu chez les êtres vivants la justification décisive qu'on lui a donnée chez les moteurs inanimés. IL nous semble pourtant qu'il suffit d'analyser avec soin les points (1) Chauveau, Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 28 janvier 1901. : “ SÉANCE DU À JUIN 949 essentiels et indiscutables de l’œuvre de M. Chauveau pour montrer que celte équation est encore l'expression exacte et adéquate du partage de la dépense chez les moteurs animés. Je suppose un muscle en contraction statique pour soutenir la charge P. La force élastique de tension musculaire f comprend alors deux parties que l’on peut isoler et étudier séparément, à savoir : 1° Une force /”, spécialement créée et entretenue pour le soutien de la charge P, force variable avec la grandeur de cette charge et le degré du raccourcissement musculaire, suivant les lois classiques de M. Chauveau |(L); 2° Une force constantet, représentant la résistance élastique passive du muscle VIVANT entièrement relâché. Cette force, qui n'existe plus chez le cadavre, est attribuable au tonus musculaire dans l’état de repos complet (2). On a donc: io Supposons maintenant que le muscle soulève la charge P à la hau- teur À, avec la vitesse v, en faisant ainsi le travail extérieur 6 — FA. On sait, depuis les patientes recherches de M. Chauveau, que la force élastique musculaire, qui mesure le travail physiologique intérieur, s’accroit alors d'une quantité o sensiblement proportionnelle à la VITESSE du soulèvement (1) (3). En appelant F la force totale du muscle pendant le soulèvement de la charge P, on aura donc : Br one Mie Et, si la force o est bien proportionnelle à v, on pourra écrire : F=/f'+i+ av. Faisons maintenant le calcul de l’énergie employée à créer la force F. (1) Chauveau. Journal de physiologie et de pathologie générale, 15 mars 1900, p. 316. (2) Voir le mémoire de Tissot : Journal de physiologie et de pathologie géné- rale, 15 mars 1899, p. 187. (3) Il est clair a priori, au point de vue de la mécanique pure, qu'il y a quelque inconvénient à donner à © le nom de force motrice; car c’est la force F (c'est-à-dire la force de soutien de P) ou, tout au plus, F +e qui effectuera le travail moteur égal au travail résistant des charges P. Quant à », elle représente essentiellement la force nécessaire à la produc- tion de la vitesse à vide. En effet, les charges étant équilibrées en chaque point du déplacement par la force F, n’offrent aucune résistance à l’action de ®. 1l serait néanmoins intéressant de justifier ces déductions théoriques par des mesures expérimentales comparatives de +, à la même vilesse, avec des charges croissantes à partir de zéro. 950 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On sait qu'eile est sensiblement proportionnelle à F. En désignant cette énergie par E, on aura donc: E — Vi + XX + Xav, E—àh/'+L + no. Mais cette expression, indépendante du travail moteur, ne concerne encore que l'énergie destinée à la création et à l'entretien des forces f',g etC (1). En tenant compte de l'énergie extérieure, on trouvera donc pour la dépense totale D : D=s+if +x (2). 5 représente le travail moteur; À” est l'énergie consommée par la force de soutien; nv est l'énergie employée à la création de la vitesse à vide; X est l'énergie dépensée au repos pour l'entrelien de l’état museu- laire tonique qui met le muscle vivant au seuil du fonctionnement. Nous reconnaissons là les trois quantités Q. Q, Q, déjà définies pour les moteurs inanimés : et nous retrouvons pour le moteur-muscle l’équa- tion de Chauveau, sous la forme exacte que nous lui avons donnée à la fin de la note précédente, à savoir : D—Ss+Q0.+Q +Q. Concluons donc que, pour les moteurs animés, aussi bien que pour les moteurs vivants, les expériences classiques de M. Chauveau per- mettent déjà d'enseigner que l'énergie totale se laisse dissocier en quatre termes qui sont: 1° le travail moteur; 2° l'énergie consacrée à la force de soulien des charges ; 3° l'énergie employée à lacréation de la vitesse à vide; 4° l'énergie tonique qui met le muscle vivant au seuil du fonction- nement. ou, plus simplement : 7 (1) Chauveau. Comptes Rendus Académie des Sciences, t. CXXXIV, 26 mai 1902, et t. CXXXIT, 28 janvier 1901. (2) Observons qu'il n’est pas absolument prouvé que les coefficients et n soient constants. Il est possible que le terme Q. grandisse plus rapidement que P. Je pense même que l'expérience prouvera que (+, grandit proportion- nellement à v°. Mais, quoi qu'il arrive, il est prouvé que la formule du partage de l’énergie en 4 termes, suivant les quatre fonctions indiquées, s’applique aux êtres vi- vants; et c’est l'essentiel. ERRATA Séance du 28 mai, p. 836, au lieu de : Réunion biologique de Bordeaux, lire : Réunion biologique de Marseille. Page 847, ligne 33, lire : supposer, au lieu de : supprimer. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MaRETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 951 SÉANCE DU II JUIN 1904 ABELOUS (J.-E.) : Sur l’origine mus- culaire des troubles consécutifs à la destruction des glandes surrénales. ABELoUs (J.-E.) : Les troubles de pigmentation de la grenouille à la suite de la destruction des glandes SURTÉNAl CSN A APN ARR AugarD et BeauyarD : Du rôle de certains lymphagogues dans la for- mation \desiædèmes MANN :AUBERTIN et BEauyaRrD : Modifica- tions immédiates du sang leucémi- que sous l'influence de la radiothé- ere à PEN een 0 On EME ONE CHARRIN (A.) : Au sujet de la com- munication de MM. Le Play et Cor- DEChOLE MES AE RER PEER DeLezenxE (C.) et Pozerskt (E.) : Action de l'extrait aqueux d'intestin sur la sécrétine. Etudes prélimi- naires sur quelques procédés d’ex- (ractHonnde laRSÉCrÉtine Nue Dogrovicr (A.) : Les leucocytes du ‘sang chez les vieillards . . . . . . . Dovon (Maurice) et Kakerr (N.) : Action comparée de l’atropine, de la pilocarpine, de l'hyoscyamine . . DrzewinA (A.) : Sur la non-spéci- ficité des cellules granuleuses du rein de l’Acipenser sturio L. . . . . FRrancois-FRANCK (CH.-A.) : Explo- rations graphiques et photographi- ques simultanées des mouvements intrinsèques du larynx (I.Technique DéNnénAle) ANR PRE NME ER PDO Francors-FrRANck (Cn.-A.) : II. Ré- SOMMAIRE 960 sultats des expériences graphiques et photographiques sur les muscles CHICOSLMYTOITEN SANTE 962 Giz8ert (A.) et LErgsourrer (P.) : L'origine hépatique deshémorroïdes. 967 GiRARD-MANGIN et Henri (Vicron) : VI. Agolutination des globules rou- SeSIparalanniCin CREER 974 LE Pay et Correcnor : Physiolo- DIeNTeSMSÉTEUSESMAP TERRE TARN 964 LEsAGE (J.) : Etude expérimentale des phénomènes toxiques provoqués par l’ingestion du naphtol. . . . .. Je Maurer (E.) : Action du vêtement SUMIECODAVEMONAUN PEER ENT 978 Maurez (E.) : Adaptation de la section thoracique à La surface cu- tanée, par rapport au poids, depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte. . 980 Parsarix (C.) : Recherches sur les causes de l’immunité naturelle des Vipéresietides Couleuvre REINE 976- SALOMON (PauL) : Syphilis expéri- mentalerdetlaiconnée entr EN 953 SALOMON (PAUL) : Syphilis expéri- mentale de la c3änjonctive . . . . . . 955 Réunion biologique de Bordeanx. CHAINE (J.) : Remarques sur la musculature de la langue des Oi- SOAUX VUS EN RL EN CA Pr a EEIENE té 991 Pérez (Cu.) : Digestion intra-cel- lulaire des sarcolytes dans l'histo- lyse nymphale des muscides : . . . 992 Présidence de M. O. Larcher, vice-président. SUR L'ORIGINE MUSCULAIRE DES TROUBLES CONSÉGUTIFS A LA DESTRUCTION DES GLANDES SURRÉNALES, par M. J-E. ABELOUS. À la suite des premières recherches que nous fimes, Langlois et moi, sur les capsules surrénales, nous attribuâmes les phénomènes parétiques BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 67 952 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE et paralytiques qui précèdent la mort à l’action des toxines élaborées par les muscles. Nos conclusions furent confirmées d’abord par Albanese et dans ces dernières années par les intéressantes recherches de Battelli sur l’adrénaline. Au point de vue histo-physiologique je rappellerai également les travaux de Bernard et Bigart, de Bonne et Bardier, etc. J’apporte dans cette note un supplément de preuves à l'appui de nos premières conclusions. À la suite d'un très grand nombre d'expériences je puis dire que la survie moyenne des grenouilles après destruction des surrénales est, à cette époque de l’année, par une température moyenne de 20 degrés, de 48 heures. Or cette survie peut être notablement prolongée, si après avoir détruit les capsules on énerve les membres postérieurs, en sectionnant dans l’abdomen les filets nerveux qui vont à ces membres. Les museles perdent leur tonicité, leur chimisme se réduit considérablement et par suite l'élaboration de substances toxiques diminue également. Les grenouilles à train postérieur paralysé présentent une survie moyenne de % à > jours, deux fois plus longue par conséquent que les grenouilles simplement au repos dont les muscles ont gardé la tonicité normale. Par contre, si, après la destruction des surrénales, on injecte aux grenouilles de faibles doses de strychnine, de façon à ne provoquer que des convulsions légères et de courte durée, la survie est abrégée, elle n'est plus en moyenne que de 36 heures. Chez le lapin, j'ai constaté des faits qui peuvent s’interpréter de la même facon. La survie moyenne des animaux que j'ai opérés a été de 24 à 36 heures. Si, quelques heures après l'opération (8 ou 10 heures après), on fait le massage des membres postérieurs, si on fait pendant quelques instants exécuter des mouvements passifs, on constate que l’animal se paralyse rapidement. Sa température s’abaisse et la mort est manifestement hâtée. Tous ces faits viennent donc à l’appui des conclusions que nous avons présentées il y a douze ans, Langlois et moi, à savoir que les troubles consécutifs à la destruction des glandes surrénales sont essentiellement d'origine musculaire. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) LES TROUBLES DE PIGMENTATION DE LA GRENOUILLE À LA SUITE DE LA DESTRUCTION DES GLANDES SURRÉNALES, par M. J.-E. ABELOUS. Les grenouilles opérées présentent, au bout de quelque temps, une teinte plus foncée qu’à l’état normal. Ge changement est très net sur les C1 à LS SÉANCE DU A1 JUIN 953 _— grenouilles à peau claire, pauvre en amas pigmentaires et dont le tronc a une teinte sensiblement uniforme. . Au bout de vingt-quatre heures (souvent moins), la peau de ces ani- maux s’est foncée, et de jaune clair est devenue noirâtre, bronze foncé. Ces modifications sont évidemment la conséquence d’un changement d'état des chromoblastes. Naturellement, ces animaux doivent être pla- cés à La lumière du jour diffuse et tous dans les mêmes conditions d’éclai- rage, les normaux comme les opérés. IL se passe du côté des chromoblastes quelque chose d’analogue à ce qui se produit du côté des petits vaisseaux. Je suis tout porté à croire que c'est à la suite d'une paralysie, d’une hypotonicité des cellules pig- mentaires que s’observent ces changements de teinte. On peut les faire disparaître et ramener la coloration primitive en injectant dans un sac lymphatique une petite quantité de chlorhydrate d'adrénaline (1 à 2 dixièmes de milligramme). Quelques minutes après l'injection, la peau s’éclaireit graduellement et finit par reprendre sa teinte primitive. Puis, de nouveau, au bout d'un certain temps (8 à 10 heures), elle redevient foncée. Il est donc-probable que le changement de couleur est la conséquence de la suppression de la sécrétion interne des surrénales; l’adrénaline disparaît et la tonicité des chromoblastes s’affaiblit de plus en plus, de même que la tonicité vasculaire. Les phénomènes sont, en quelque sorte, parallèles. On sait, d’ailleurs, comme Paul Carnot l’a établi, que les agents qui agissent sur le calibre des vaisseaux agissent également sur les chromoblastes. Dans les instants qui précèdent la mort, la peau s’éclaircit de nouveau, mais partiellement seulement. Ceci est dû, selon toute probabilité, à l’anémie qu'entraîne le ralentissement et l’affaiblissement progressifs du cœur. La ligature du cœur entraine, en effet, l’éclaircissement de la peau. Je dois, en terminant, signaler le fait que les grenouilles dont on a détruit les surrénales sont tuées par des doses d’adrénaline auxquelles résistent parfaitement des grenouilles normales de même poids. L'adré- naline paralyse très vite les muscles striés. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse). SYPHILIS EXPÉRIMENTALE DE LA CORNÉE, par M. Paürz SALMON La cornée est un organe de structure peu compliquée : pas de glandes, pas de vaisseaux. Il était intéressant de savoir comment le virus syphi- 954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE litique manifesterait son activité dans une région dépourvue de voies sanguines. D'autre part, nous espérions, à travers la cornée transparente, sur- preudre le syphilome primordial à un époque précoce, bien avant son apparition sur la peau, et ainsi abréger la longue période d’incubation du chancre syphilitique. Nous avons recueilli le virus sur deux malades atteints de syphilis récente; l'un, couvert de syphilides florides (syphilis maligne précoce) avait eu le chancre initial deux mois auparavant; le second malade présentait un chancre de la verge et une éruption discrète de syphilides des papuleuses. Nous tenions, pour cette expérience, à utiliser non le pus infecté secondairement d’un chancre induré, mais le virus recueilli dans le syphilome fermé. Les animaux choisis étaient trois singes : deux macacus cynamolgus et un macacus sinieus; ce dernier a succombé au cours de l'expérience. L'inoculation a été pratiquée avec le scarificateur de Vidal : stries multiples sur la cornée n'’intéressant que l’épithélium et ouvrant au minimum la couche celluleuse cornéenne. | On a ensemencé l’œil gauche des animaux avec le virus prélevé sur le malade à vérole intense, l’œil droit avec le virus recueilli sur l’indi- vidu à syphilis bénigne. Sur quatre cornées, une seule (œil droit) a réagi sous l'influence du développement du parasite de la syphilis. Le 33° jour apparaît le premier symptôme : la conjonctivite. Le 37° jour, conjonctivite très prononcée : dilatation des vaisseaux, æœdème de la muqueuse, larmoiement. Iritis concomitante; changement de couleur de la membrane irienne, pupille rétrécie, peu sensible à la lumière, cercle périkératique. Le 40° jour, l’inflammation du pourtour de la cornée est surtout prononcée à la partie inférieure de l’organe : infiltration, épaisissement semi-lunaire. Dans la chambre antérieure, on voit un petit caillot hémor- ragique. Le 47° jour après l’inoculation, le 14° jour après l'apparition du syphilome, on pratique l’ablation du globe oculaire. L'examen microscopique montre les lésions suivantes. A la partie inférieure de la cornée, l’épithélium apparaît augmenté dans le nombre des couches cellulaires et dans sa hauteur; ceci est comparable à la pustule de la vaccine et la clavelée. Entre les cellules épithéliales, des globules blancs se frayent un passage : polynucléaires, mononucléaires et cellules migratrices, étoilées, chargées de pigment. La syphilis réagit en ce point par la mobilisation des mononucléaires et des cellules à fonction pigmentaire. Dans le tissu celluleux, au niveau de l'insertion de la conjonctive sur la sclérotique, siège le néoplasme spécifique à contours bien délimités, æ SÉANCE DU AL JUIN 955 ———————————————————— ——————————————— ————.————————...——————————— —————————.—— composé presque uniquement de mononucléaires. Dans une artériole, les cellules endothéliales proliférées dessinent des villosités; l’artérite est très nette. On rencontre des mastzellens dans et autour le foyer inffammatoire. L'infection cornéenne a retenti sur les procès ciliaires, organe vasculaire. On y trouve en abondance des mononucléaires et des plasmazellen. A la partie supérieure de la cornée, la région épithéliale est traversée par des polynucléaires. Au-dessous, dans le tissu celluleux, on constate la présence de divers espèces microbiennes. Cette polynucléose (preuve d'infection secondaire) se distingue nettement de la mononucléose, signature de la syphilis. Les vaisseaux de la conjonctive, très dilatés, sont remplis de polynu- cléaires; de même pour les vaisseaux de l'iris. L’humeur aqueuse est troublée par la présence de leucocytes multinuclées. La leucocytose locale est donc très tranchée, très différente, dans le syphilome et à distance du syphilome, dans les points infectés secondairement. En résumé, nous avons provoqué l'infection syphilitique de la cornée. La nature syphilitique de cette lésion est prouvée par le temps d’incu- bation (33 jours), la réaction sur l'organe vasculaire et Iymphatique : les procès ciliaires (iritis syphilitique primitif). L'examen histologique (hypertrophie de l’épithélium, réaction pigmentaire, mononucléose, endartérite) confirme, au besoin, le diagnostic de syphilis oculaire. (Travail du laboratoire du professeur Metchniko/ff.) SYPHILIS EXPÉRIMENTALE DE LA CONJONCTIVE, par M. PAUL SALMON. Nous avons obtenu un chancre induré typique de la conjonctive, avec adénopathie (un gros ganglion unique) sous-maxillaire du côté correspondant. Le singe employé était un Macacus cynomolgus, inoculé en même temps à la cornée du même côté. L'inoculation à la cornée fut négative : elle réussit à la conjonctive. La muqueuse conjonctivale, humide, vascu- laire, est peut-être plus propice à la réussite de l'expérience que fa cornée transparente. Ou peut-être il s’agit du mode d'introduction du virus dans les tissus : avec le scarificateur de Vidal pour la cornée, avec une pince à dents se rejoignant pour la conjonctive. Le malade vaccinifère nous a déjà fourni ur virus actif et une infec- tion syphilitique de la cornée, dans l'expérience précédente. Nous avons utilisé le tissu d’une papule fermée, d’une syphilide d'apparition récente. 956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le chancre est devenu visible quarante-neuf jours seulement après la date d’inoculation, sous l'aspect d’une petite croûte indurée, siégeant au rebord libre de la paupière inférieure. Cinq jours après, le chancre, avec son aspect d’ulcération plane, à bord net, sa couleur spéciale, l’in- duration visible et tangible, presque cartilagineuse, la paupière légère- ment en ectropion, tout rappelait exactement la physionomie du chancre induré de la conjonctive de l’homme. Cinq jours après l'appa- rition de ce chancre, un deuxième chancre débute à la paupière supé- rieure. On pratique l’ablation du premier chancre, le cinquante-septième jour après l’inoculation, le huitième jour après l'apparition de cette lésion. La plaie se réunit par première intention. Le chancre de la paupière supérieure a une tendance à la guérison rapide; tout autour, la peau s'hyperpigmente. A l'examen histologique, la paupière est infiltrée par d’abondants leu- cocytes. Dans la croûte, au point où la peau et la muqueuse de la pau- pière se rencontrent, de nombreux globules polynucléaires s’éliminent. L'épiderme cutané est hypertrophié, les papilles très allongées. : L'inflammation spécifique est surtout marquée du côté de la muqueuse de la conjonctive palpébrale. Là, entre les cellules de l’épithélium altéré, filtrent des polynucléaires ; au-dessous de la couche épithéliale, la présence de nombreux capillaires très dilatés, gorgés de sang, explique la teinte rouge, vernissée, de l’ulcère primitif. Plus profondé- ment, de vastes nodules infectieux sont composés presque exclusive- ment de cellules mononucléaires, en rangs serrés ; c’est le syphilome. Ce néoplasme est limité par du tissu conjonctif plus ou moins altéré, tissu connectif contenant des vaisseaux entourés d'un manchon de mono- nucléaires. Parmi ces vaisseaux, des artères présentent les altérations de l’endartérite proliférante. Ces leucocytes à noyau unique filtrent entre les cellules de l’endothélium artériel et remplissent les artères. La mononueléose se retrouve et dans le tissu conjonctif, et dans la paroi artérielle, et dans la lumière du vaisseau. La leucocytose locale caracté- ristique de la syphilis, la mononucléose pure, intense, permet de faire. en quelque sorte un cyto-diagnostic de la syphilis. Vers les papilles épidermiques se dirigent des cellules étoilées, rami- fiées, chargées de pigment. Des mastzellen se voient çà et là. Le diagnostic clinique de syphilis primitive de la conjonetive était facile, et le chancre identique d'aspect à un chancre humain. L’analomie pathologique apporte une preuve supplémentaire. La mononucléose dans le tissu connectif, la leucocytose locale des voies sanguines (mono- nucléose), l'influence connue de la vérole sur lhyperpigmentation, l’endartérite et la périartérite, tout confirme le diagnostic de syphilome. Cette expérience où, la cornée et la conjonctive étant inoculées avec un même virus, seule la conjonctive a été le point de développement du C4 # SÉANCE DU AÀ JUIN 957 parasite syphilitique, cetle expérience est d'accord avec la clinique humaine qui montre la fréquence du chancre de la conjonctive et la non-existence du chancre de la cornée. | (Travail du laboratoire du professeur Metchnikoff.) SUR LA NON-SPÉCIFICITÉ DES CELLULES GRANULEUSES DU REIN DE L'ACIPENSER STURIO L, par M'° À. DRZEWINA. (Note préliminaire.) D'après les notions introduites dans la science hématologique par Ebrlich, on sait que la classification des leucocytes à granulations est basée sur l’affinité spéciale que ces éléments présentent pour les colo- rants : acides, basiques ou neutres. À ce point de vue, il m’a paru inté- ressant de consigner ici les observations que j'ai pu faire sur un exemplaire de l’Acipenser sturio L. Le rein de l'Esturgeon est, comme celui de one d’autres -Ichtyopsidés, formé de deux tissus différents : un tissu glandulaire, représenté par les canalicules urinifères, et un tissu Iymphoïde, fort bien développé, surtout dans la partie antérieure et moyenne du rein. Les éléments de ce tissu lymphoïde se rapportent à plusieurs types leucocy- taires. À côté des petits lymphocytes, à noyau rond et à cytoplasme étroit, on y voit des cellules plus grandes, à noyau plus ou moins central et corps protoplasmique bien développé, — les mononucléaires. Il est à noter que le eytoplasme de ces lymphocytes et mononucléaires est franchement acidophile dans le cas étudié. Le troisième type leucocytaire est représenté par des cellules qui ont toutes un protoplasme acidophile et assez peu développé, mais dont le noyau est très variable au point de vue morphologique. Depuis une cellule à petit noyau excentrique, à structure nucléaire bien nette, tordu ou incurvé, ou encore émettant une sorte de bourgeon, on trouve tous les stades intermédiaires, jusqu'à une cellule à deux, trois noyaux isolés, entre lesquels il n’est plus possible de voiries filaments unissants. Les différentes phases de la fragmentation du noyau semblent être en rapport avee la division directe, d'autant plus qu'il n’est pas rare de voir le cytoplasme cellulaire plus ou moins élranglé. Mais la grande majorité de leucocytes est représentée par des cellules granuleuses. Dans les coupes du rein de l'Esturgeon, fixées dans le Lindsay et colorées par le rouge Magenta et le Benda, où par la safra- nine et le vert lumière, on voit certaines de ces cellules se colorer avec élection par le colorant acide, les autres par le colorant basique. | 958 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le nombre et la dimension des granula de ces cellules sont sujets à beaucoup de variations. Ce sont tantôt (s'il s’agit d’une cellule basophile, de grosses sphérules rouges, bourrant le corps cellulaire de telle sorte qu'elles masquent complètement le noyau, tantôt quelques granulations espacées, plus ou moins grandes, se dessinant nettement sur le fond vert du protoplasme acidophile. Quant aux granulations acidophiles, elles sont en général plus petites, quoique ici aussi on observe des variations de volume ainsi que des différences dans la quantité des granulations renfermées dans la même cellule. La dissémination irrégulière des granulations est parfois très particulière; ainsi, par exemple, on voit une cellule basophile allongée, à noyau excentrique, présentant d’un côté de l’axe longitudinal de la cellule des granulations très serrées, de l’autre des granulations plus grandes, espacées et distinctes; la partie centrale est formée par du cytoplasme homogène d’un vert nel. Mais à côté de ces cellules, dont la spécificité est nettement pro- noncée, cellules acidophiles ou basophiles, suivant le cas, on voit des cellules granuleuses très nombreuses, qu'il est impossible de faire rentrer dans les cadres de la classification d'Ehrlich. Ce sont notamment des éléments présentant côte à côte dans la même celluie des granu- lations de deux sortes : acidophiles et basophiles. La coexistence des granulations de différentes espèces dans la même cellule a été déjà signalée par quelques auteurs (d’ailleurs réfutés par d’autres). Ainsi Arnold, Hesse, Hirschfeld... ont vu dans certaines cellules de la moelle osseuse des granulations éosinophiles et pseudo-éosinophiles côte à côte, ou encore des granulations acidophiles et basophiles. Engel, dans un cas d’anémie pernicieuse, a vu des granulations neulrophiles et même éosinophiles dans des mastzellen isolées. Le fait de la non-spécificité des cellules granuleuses se présente dans le rein lymphoïde de l’Esturgeon avec une netteté tout à fait exceptionnelle. Aïnsi, dans les coupes colorées par le Magenta et le vert lumière, on voit des granulations rouges et vertes dans la même cellule. Le mode de distribution de ces granulations est tellement variable qu'il défie toute description. Tantôt, entre les granulations rouges, on remarque quelques granulations vertes, ou ce sont les dernières qui prédominent, ou encore elles sont en nombre à peu près égal. Parfois, les granulations rouges occupent les deux pôles opposés de la cellule et les granulations vertes le centre ou vice versa. Dans la mème cellule, toutes les granulations rouges et vertes peuvent être petites, ou on en voit des grosses et des petites côte à côte, tantôt serrées, tantôt tellement espacées qu'on peut parfaitement les compter. Elles sont le plus souvent arrondies, mais il y en à aussi en forme de bâtonnets courts. La nuance des granulations est aussi sujette à des varialions, depuis le rose clair jusqu'au rouge très foncé, dans la même cellule ou dans les cellules voisines, Il en est a # SÉANCE DU A1 JUIN 959 de même pour la coloration verte des acidophiles. Dans les coupes, colorées au bleu de Unna et à l’éosine, la non-spécificité des cellules granuleuses est non moins évidente, les granulalions rouges et bleues se dessinant très nettement dans la même cellule. J'ai pu constater également la présence des cellules renfermant deux sortes de granulations dans l’amas lymphoïde qui siège au niveau de l'union de la moelle épinière et du bulbe chez l'Esturgeon. Les différences de coloration, de volume et de répartition, offertes par les granula inclus dans la même cellule, doivent probablement être considérées comme des différents stades évolutifs de la même formation. ACTION COMPARÉE DE L'ATROPINE, DE LA PILOCARPINE, DE L'HYOSCYAMINE, par MM. Maurice Doyon et N. Karxurr. I. Nous avons annoncé dans des notes antérieures que l'injection de sulfate d'atropine dans une veine intestinale, à la dose de 1 centigramme par kilogramme d'animal, provoque chez le chien la narcose et une baisse considérable de la pression artérielle. Nous présentons des tracés qui malérialisent les modifications cireulatoires observées. La valeur de la pression peut tomber et se maintenir au-dessous de 2 centimètres de mercure. Le tracé obtenu dans ces conditions au moyen ‘d'un manomètre inseripleur à mereure n’est parfois plus représenté que par une ligne droite, on ne constate pas la moindre inflexion. À un pre- mier examen on est. tenté d'admettre l'existence d’un caillot dans la canule placée dans l’artère; toutefois il n’en est rien; le cœur est très accéléré, mais les impulsions communiquées au mercure sont si faibles qu'elles ne peuvent affecter le tracé. Peu à peu cependant les pulsations du cœur augmentent d'amplitude, le tracé se relève, des ondulations réapparaissent. Une nouvelle injection d'atropine détermine la répé- tition des mêmes phénomènes. II. Sous l'influence de l’atropine, larespiration est nettement ralentie, l’amplitude des mouvements respiratoires est augmentée. Nous présen- tons des tracés très démonstratifs à cet égard. On remarquera l’absence de toute répercussion sur le tracé de pression. III. Administré aux mêmes doses et dans les mêmes conditions, le chlorhydrate de pilocarpine provoque en général une baisse de pression pendant un temps très court. La pression se relève ensuite assez rapi- dement et peut même (en particulier chez le lapin) dépasser sensiblement la valeur initiale. Exceptionnellement la baisse de la pression se main- tient pendant uu temps assez long, mais le tracé très accidenté diffère toujours nettement de celui qu'on observe après une injection d’atro- 960 : ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pine. Ajoutons que l’animal intoxiqué dans ces conditions par la pilo- carpine est agité et fait de nombreux efforts de vomissements. IV. Rappelons que l’atropine et la pilocarpine provoquent à doses faibles des phénomènes absolument inverses de ceux qu'ils déterminent à haute dose. L’atropine provoque une grande tendance au mouvement ; Morat et Doyon ont signalé l'élévation de température et l'accélération du rythme respiratoire. Les animaux intoxiqués par la pilocarpine sont au contraire immobiles, mornes, leur température baisse; la respiration est ralentie (Morat et Doyon) (1). V. L’hyoscyamine, à la dose de 1 centigramme par kilogramme d’ani- mal, détermine les mêmes effets que l’atropine, aux mêmes doses. Qhez le chien, nous avons observé l’incoagulabilité du sang. (Travail du laboratoire de M. Morat.) EXPLORATIONS GRAPHIQUES ET PHOTOGRAPHIQUES SIMULTANÉES DES MOUVEMENTS INTRINSÈQUES DU LARYNX (1. TECHNIQUE GÉNÉRALE), par M. Cu.-A. FRANÇOIS-FRANCK. J'ai appliqué à l'étude de l'innervation motrice du larynx la méthode de photographie instantanée associée à l'exploration graphique dont j'ai entretenu la Société dans une série de communications depuis 1902. La photographie de la cavité laryngée a été poussée très loin chez l’homme depuis Czermak, Mandl et Stein (1860) jusqu'à J. Garel (1899), qui a perfec- tionné la méthode de French (1882) et donné de belles épreuves stéréosco- piques de la glotte en mouvement. Je ne sache pas que les physiologistes aient appliqué la photographie à l'analyse des mouvements du larynx chez les animaux : c’est cette lacune que je me suis attaché à combler. Mes premiers essais remontent à 1892, époque à laquelle nous avions entamé, avec M. Hallion, une étude critique de l’inner- vation motrice du larynx. J'ai repris ces recherches cette année même avec des procédés plus précis et, grâce à l'éclairage au magnésium à déflagration lente, j’ai pu les poursuivre l'hiver dernier. Quant à la méthode graphique, qui a été appliquée par quelques physiolo- gistes à cette même recherche, elle a consisté uniquement dans l'introduction d’une ampoule à air dans l’espace inter-glottique et dans l'inscription des effets produits par la compression qu’exercent les parois du larynx sur cette ampoule, quand les muscles:laryngés sont sollicités à la contraction. Avec ce procédé, on peut, en effet, signaler la réponse des muscles à l’ex- (1) Biologie, 1892, 9 et 23 juillet. SÉANCE DU AA JUIN 961 citation, comme dans les expériences de M. Chauveau sur la vitesse de trans- mission dans le long trajet vago-récurrent, comme dans mes expériences d'excitation äe la zone motrice (1878-1885), mais on n’en doit pas attendre de renseignements détaillés sur le fonctionnement des muscles du larynx. Tout au plus l’ampoule laryngée indiquera-t-elle les changements de diamètre de la cavité laryngée, si elle est correctement placée et ne subit pas de déforma- tions de sens inverse : les régions glottique et sus-glottique ne se modifient pas toujours dans le même sens sous l'influence de l’excitation massive de leurs nerfs moteurs, et leurs effets contradictoires ne se traduisent que par une résultante sans signification; parfois même, avec les ampoules ova- laires, on obtient l'indication d’une dilatation glottique initiale, bien que les cordes vocales se rapprochent, dès le début d'une excitation; ce n’est que quand la section de l’ampoule comprimée a atteint la forme circulaire que la constriction glottique est traduite sur le graphique : nous avons constaté cette cause d’erreur dès 1892 avec M. Hallion et sommes restés convaincus qu'elle était intervenue dans les résultats paradoxaux énoncés par plusieurs expérimentateurs. | Il y avait donc lieu de reviser la technique des explorations gra- phiques et de la soumettre, en tout cas, au contrôle de l’exploration photographique simultanée. C’est ce que je me suis attaché à réaliser dans les expériences dont je soumets aujourd'hui, à la Société, la première partie, la plus simple, celle qui est relative à l’action des muscles crico-thyroïdiens ; cette étude servira, en quelque sorte, d'introduction à l'analyse plus complexe de l'action des muscles profonds. j Etude graphique et photographique de l'action et de l’innervation des muscles crico-thyroïdiens. De tous les mouvements laryngés, ceux que déterminent les muscles reliant le cricoïde au thyroïde sont les mieux connus, étant les plus faciles à étudier de visu : depuis les recherches méthodiques de Longet (1841), jusqu aux expériences récentes et très précises de M. de Beule (Le névraxe, 1903), l'accord est presque complètement établi sur l’action des muscles crico-thyroïdiens. Il reste toutefois quelques points à préciser, par exemple l’action encore discutée du laryngé moyen de Exner, celle du récurrent, l'effet uni où bilatéral de l'excitation localisée aux nerfs moteurs d’un côté, et surtout la question de la bascule du cricoïde autour d'un axe transversal reliant les articulations crico-thyroïdiennes. Une étude méthodique poursuivie à l'aide de nos explorations com- binées était donc toute indiquée. L'examen graphique est pratiqué de la facon suivante : Sur le chien, engourdi de préférence par le chloralose, le larynx est mis à découvert sans autre préparation que l’ablation des muscles sterno-thyroï- 962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE diens. Le bord inférieur du cricoïde est traversé, à droite et à gauche, par un fil qui va actionner le levier d’un tambour explorateur, soumis à une légère contre-tension : les mouvements de chaque moitié du cricoïde sont ainsi enregistrés simultanément. Ceux du thyroïde sont, de même, recueillis à l’aide d’un tambour explorateur dont le levier est en rapport par un fil avec l’échancrure médiane du cartilage : les trois courbes cricoïdiennes et thyroïdiene s'inscrivent ainsi les unes au-dessus des autres. En même temps, on enregistre les mouvements respiratoires, de préférence avec une ampoule æsophagienne qui fournit des indications multiples. L'examen photographique donne, selon le but de l'expérience, des vues de profil ou de face, et nécessite, en tout cas, une préparation complémentaire. Chaque partie du larynx est mise en valeur, les muscles par l’application d'une couche de bleu de méthylène qui supprime les reflets et donne une bonne teinte photogénique (1), les cartilages par une ligne de gouache blanche ou de Ripolin qui en détermine nettement les contours ; une épingle à tête brillante est piquée sur le cricoïde et sur le thyroïde aux points d’at- tache des fils reliant ces cartilages aux leviers des tambours explorateurs : on a ainsi, dans l’image photographique, tous les éléments dont il y a intérèt à connaitre les changements de forme et de position, ainsi que les appareils sur lesquels ils agissent. Dans le champ photographique figurent également les courbes correspondant aux mouvements qui sont fixés sur la plaque, l'appareil enregistreur étant placé au voisinage de la préparation et photo- graphié en même temps qu'elle. Les épreuves que je montre à la Société (2) rendent compte de ce dispositif, en réalité fort simple, qui permet des prises de vue successives sur une même plaque, l’une pendant le repos des muscles, l’autre pendant leur mise en jeu. Il. RÉSULTATS DES EXPÉRIENCES GRAPHIQUES ET PHOTOGRAPHIQUES . SUR LES MUSCLES CRICO-THYROÏDIENS, par M. Cu.-A. FRANÇOIS- FRANCK. Mes recherches ont fixé par la photographie et par les graphiques, qui n'avaient pas encore été appliqués à ces études, les résultats énoncés, (1) M. le Dr R. Odier (de Genève) a donné, dans la Semaine médicale du 27 janvier 1904, de très intéressantes indications “sur l'emploi du bleu de méthylène, du violet de gentiane et de la thionine pour rendre translucides les tissus vivants. J'ai tiré parti de cette technique dans mes recherches dia- phanoscopiques, et l’application que je mentionne ici m'a été inspirée par le travail de M. Odier. (2) J'ai renoncé à intercaler dans le texte les photogravures des dispositifs grapho-photographiques, l'expérience que j'en ai faite dans la publication de ma dernière note (Bulletin du 1# mai dernier) n’étant guère encourageante; il est difficile, en effet, d'obtenir de meilleurs résultats sur le papier du Bulletin, malgré tout le soin qu'on y peut mettre. a SÉANCE DU AA JUIN 963 depuis Longet, sur l'effet que les crico-thyroïdiens exercent sur le car- tilage cricoïde ; elles ont précisé quelques points encore discutés. 4° Dans la théorie classique de l’action des muscles crico-thyroïdiens, il est admis que l'anneau cricoïdien s’élève en avant et s'abaisse en arrière, bascu- lant verticalement autour d'un axe transversal fictif qui passerait par le centre des deux surfaces articulaires crico-thyroïdiennes. En même temps que s’abaisserait la partie postérieure, le chaton de la bague cricoïdienne entraînant vers le bas les cartilages arythénoïdes et les cordes vocales qui s'y insèrent, le cartilage thyroïde basculerait en sens inverse, se relevant en arrière et s’inclinant en avant, entraînant l'extrémité antérieure des cordes vocales qui s’attachent à son angle rentrant. Ainsi serait réalisée la tension passive des cordes vocales par les muscles crico-thyroidiens. Ces divers déplacements sont figurés partout sous la forme schématique et acceptés sans conteste. Or, nos expériences sur le larynx du chien mis à nu et conservant ses rap- ports avec les parties voisines, l'examen de visu de lorifice supérieur du larynx et la fixation de ses déplacements par la photographie, nous amènent à une toute autre interprétation de l’action des muscles crico-thyroïdiens. Quand on excite soit le laryngé externe, soit le muscle crico-thyroïdien d’un côté, on voit la région arythénoïdienne qui surmonte le bord supérieur du chaton cricoïdien s'élever en bloc et se dévier du côté excité. «Si l'excitation porte simultanément sur les deux laryngés externes ou sur les deux muscles crico-thyroïdiens, la région arythénoïdienne tout entière s'élève sans déviation et glisse sur la paroi postérieure du pharynx. Par consé- “quent, il n’y a pas de bascule autour de l’axe transversal; le cricoïde s'élève en totalité aussi bien en arrière qu’en avant avec prédominance antérieure. Ce cartilage en s'élevant se porte aussi légèrement en arrière, entraînant dans ce double mouvement les cartilages arythénoïdes qui tendent ainsi pas- sivement les cordes vocales. En même temps, en effet, la glotte ligamenteuse se ferme à demi par le rapprochement des apophyses vocales, alors que la glotte interarythénoï- dienne reste ouverte en arrière. Le cartilage thyroïde s'élève en arrière et s’abaisse en avant, comme il est admis : d'où l’inclinaison du plan glottique et une tension des cordes vocales s’ajoutant à celle qui résulte du déplacement des arythénoïdes. Le changement de position et de tension des cordes vocales ne résulte pas d'une action directe du nerf laryngé supérieur, fait directement constaté, et, d'autre part, se retrouve identique quand l'excitation est localisée aux muscles crico-thyroïdiens. Le mouvement de bascule nous paraît donc avoir été admis surtout théo- riquement et d’après des expériences exécutées sur des larynx isolés, ou ce qui est plus, contestable encore, sur des larynx morts et soumis à des tractions mécaniques qui n’ont rien de commun avec des actions muscu- laires. L'articulation crico-thyroïdienne par sa configuration inême, implique la possibilité de mouvements étendus de haut en bas et d'avant en arrière et 964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE non pas seulement celle de mouvement de rotation autour d’un axe trans- versal. 20 Le déplacement du cricoïde est bilatéral et symétrique dans l'excitation unilatérale des nerfs moteurs crico-thyroïdiens ; mais le mouvement du côté opposé au côté excité est notablement réduit. On voit en même temps le muscle du côté non excité se raccourcir et gonfler comme s'il était en con- traction, mais à un moindre degré. Ces observations pourraient conduire à admettre l’action bilatérale croisée des nerfs moteurs de chaque côté, hypothèse déjà éliminée par M. de Beule dans ses examens de visu et qu'écartent définitivement les expériences sui- vantes : le gonflement du muscle crico-thyroïdien est passif et résulte du tas- sement de ses faisceaux par l'élévation du cricoïde ; le muscle reste mou au toucher. Sa paralysie par l'injection interstitielle de cocaïne, son ablation au thermocautère, ne changent rien à l'élévation totale du bord supérieur du cricoïde. La section verticale du cartilage sur la ligne médiane, en avant, immobilise la moitié opposée à l'excitation, mais ce résultat inévitable n’a pas le même intérêt que le précédent dans la critique de l’action croisée des nerfs. 3° Le nerf laryngé externe, branche du laryngé supérieur, reste le principal nerf moteur crico-thyroïdien, mais il partage cette innervation avec le nerf laryngé moyen, branche du nerf pharyngien du pneumogastrique, décrit par Exner et au sujet duquel beaucoup de discussions se sont produites. L’exci- tation de ce nerf produit, atténué, le même effet que celle du laryngé externe ; il ne semble pas agir plus spécialement sur le groupe postéro-externe du crico-thyroïdien ; l’innervation laryngée paraît, grâce à lui, plus étroitement associée à l’innervation motrice du sphincter pharyngien. J'indiquerai dans une prochaine communication les résultats des recherches grapho-photographiques sur l’action profonde des récur- rents dont l’action directe sur les muscles crico-thyroïdiens, admise par quelques expérimentateurs, ne ressort pas de mes expériences. ' (Travail du laboratoire de physiologie pathologique des Hautes-Etudes.) PHYSIOLOGIE DES SÉREUSES, par MM. LE PLAY et CORPECHOT. Avec M. Charrin nous avons poursuivi une série de recherches con- cernant les séreuses, en particulier le grand épiploon. — A ce sujet nous présentons des pièces recueillies chez des animaux qui, quinze ou trente jours auparavant, avaient recu, dans le péritoine, des perles en nombres variables. Or, il est aisé de constater que sur deux des épi- ploons que nous montrons, ces perles, introduites cependant en les disséminant avec soin un peu partout, sont agglomérées en un point SÉANCE DU A1 JUIN 965 déterminé, près du bord libre de la séreuse ; toutes ou presque toutes, 35 à 38 sur 40, sont fixées à ce niveau par du [tissu fibreux qui tend à les enkyster. — Dans un troisième cas, ces corps étrangers sont dis- persés sur toute la surface de la membrane et près de la moitié fait défaut; notons dans ce cas l’existence de dépôts fibrineux ou néo-mem- braneux, indices cerlains d'adhérences péritonéales. Il parait, en effet, établi que, pour obtenir ce groupement des perles, la pleine liberté de ce grand épiploon est indispensable. Ce fait con- court à prouver que cette réunion n’est pas uniquement le résultat d’un simple contact, de la pesanteur. Si, d’ailleurs, il en était ainsi, ces petites sphères devraient se fixer plus bas et partiellement au moins sur le feuillet pariétal du péritoine. Sans rejeter complètement, en raison de la situation déclive de ces éléments, une pareille influence, nous admettons, avec Fernand Heger qui a fait de ce phénomène une très intéressante étude, une intervention active de la membrane (1). — Une mobilité d'emprunt, attribuable aux déplacements du diaphragme, de l'estomac, de l'intestin ou de la paroi, jointe à une mobilité peut-être propre, due à des contractions amiboïdes ou fibrillaires, facilite des changements de position plus considérables qu’en général on ne l’ima- gine : M. Cornil et surtout son élève Millian ont mis ces données en lumière. . En stérilisant à divers degrés des perles, en les chauffant entre 40 et 100 degrés et, d'autre part, en les injectant souillées, nous avons pu préciser certaines conditions. Nous avons, par exemple, reconnu qu'une légère réaction congestive, sans doute en excitant les mouvements, se révèle, pour réaliser ces agglomérations, plus favorable qu’une parfaite asepsie et plus encore qu'une contamination génératrice d'inflammations trop prononcées. Eu somme, le grand épiploon constitue, pour la cavité abdominale, une sorte de balai, une véritable défense motrice. M. CHARRIN. — En m'appuyant sur les travaux de Fernand Heger et sur ceux que j'ai poursuivis avec MM. Le Play et Corpechot, j'ai montré, dans mon cours, comment le grand épiploon englobe des greffes dépo- sées dans l'abdomen ou bien des parasites, des particules de différents ordres qui parfois sont amenées jusqu à la glande hépatique. Du reste, des expériences entreprises avec M. Moussu nous appren- nent que la physiologie des séreuses, telle qu’on l’envisage, est trop restreinte. Une première série de travaux nous à permis de montrer qu'en pas- sant au travers de ces membranes des produits organiques, microbiens (1) Nous avons habituellement opéré chez le lapin; toutefois, grâce à M. Moussu, nous avons aussi observé ces faits chez un chien. 966 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ou cellulaires, perdent ordinairement une parte de leur toxicité. La fré- quence de ce passage, de cette dialyse, au cours d’une foule de pro- cessus morbides (1), confère à cette constatation une réelle importance, d'autant qu'autour de chaque cellule, par voie d’exosmose ou d’'endos- mose et grâce à la membrane d'enveloppe ou à la couche épaissie du protoplasma périphérique, ce phénomène à tout instant et en tout lieu se réalise. Nous avons, en outre, avec de Renzi, reconnu que, si on lie le pédi- cule splénique, la mort survient plus aisément, quand en même temps on enlève le grand épiploon. Cette membrane semble destinée à atlé- nuer ou à détruire des substances nocives qui, formées par autolyse dans la rate et à cause de l’obstruction de la veine de ce viseère, tombent en quelque sorte dans le péritoine. C’est sans doute parce que, chez les animaux privés de cet épiploon, celte fonction fait défaut que, chez eux, lorsqu'on introduit des principes nuisibles dans l’abdo- men, le foie s’altère plus aisément. En définitive, les attributs antitoxiques de cette membrane sont indéniables ; ce sont évidemment, en dehors de son rôle phagocytaire, bactéricide, également incontestable, ces attributs qui expliquent pourquoi l'ablation de cette séreuse (Durham, Roger) favorise l'infec- ‘tion. La formation d'anticorps (Levaditi) dans l'épaisseur de cette toile épiploïque, sa structure, sa richesse en leucocytes, sa promptitude à réagir, etc., éclairent ces résultats. Ajoutons, comme on le sait, que les lésions des séreuses envelop- pantes retentissent sur les parenchymes enveloppés. Les scléroses qui vont des unes aux autres oblitèrent plus ou moins des communications lacunaires ou canaliculaires où circule la lymphe. Or, qu'on tienne ce liquide pour un produit d’excrétion ou de sécrétion, de ces modifica- tions il n’en résulte pas moins, dans les organes sous-jacents, des troubles nutritifs, troubles qui existent aussi lorsque ces membranes manquent; avec M. Moussu, nous avons constaté, chez un jeune sujet, qu'un testicule privé du feuillet viscéral de la vaginale offrait une .assez molle consistance. — A ces tares, en particulier pour certains appareils tels que le poumon, s'ajoutent des désordres moteurs; des adhérences sont susceptibles de provoquer, dix-huit à vingt fois par minute, des tiraillements, un surmenage localisé propice aux stases congestives. Aussi, dans l'opinion qui veut que presque toutes les pleurésies a fri- gore soient initialement tuberculeuses, il n'y a de nouveau que l'exagé- ration. Avec une technique indiscutable, qui exige le bacille, le vrai, non des pseudo-bacilles, non des acido-résistants, et dans l'épanchement (1) Dans certaines auto-intoxications, les cavités séreuses deviennent des sortes de diverticules où, pour exonérer les tissus plus importants, s’entassent des éléments nuisibles. Ci SÉANCE DU AA JUIN 967 du malade et dans les lésions du cobaye inoculé, le germe spécifique se rencontre tout au plus dans la moitié des cas (1); dans les conditions invoquées, l'acquisition ultérieure du mal n’est que trop aisée à com- prendre. Quoi qu'il en soit, on voit combien est étroite la conception qui des sé- reuses fail des organes exclusivement destinés à fixer des viseères ou à faciliter leurs glissements : comme la muqueuse intestinale, ce sont, pour une part, des glandes étalées. L'ORIGINE HÉPATIQUE DES HÉMORROIDES, par MM. À. GisBERT et P. LEREBOULLET. Le rôle de la congestion et notamment de la congestion passive d'origine portale dans la production des hémorroïdes a longtemps été considéré comme capital. Toutefois, dans ces dernières années, divers travaux sont venus essayer de démontrer l'influence prépondérante des causes locales. D'une part Gosselin, Verneuil et surtout M. Duret, se basant sur l’étude anatomique des veines hémorroïdales, ont invoqué l’étranglement sphinctérien comme l'élément pathogénique essentiel. D'autre part les recherches d’anatomie et d’histologie pathologiques de M. Quénu l'ont amené à rejeter au second plan le rôle des troubles mécaniques, et à incriminer surtout l'infection locale, entraînant la production d’une endophlébite avec altération des parois -vasculaires et dilatation veineuse secondaire. Le rôle des affections lointaines dans la production des hémorroïdes, sans être nié formellement, a été dis- cuté et considéré comme nul dans la grande majorité des cas. Or une observation actuellement fort étendue nous a conduits à des con- clusions opposées d’après lesquelles Le rôle de la congestion passive portale par altération hépatique reste prépondérant. Sans doute l’étranglement sphincté- rien et les conditions locales de la circulation peuvent et doivent agir, mais ils n'ont qu un rôle secondaire, consistant à localiser au niveau des veines hémor- roidales les conséquences de l'hypertension portale. De même, les lésions veineuses ne sont pas discutables, mais elles sont loin de revêtir toujours le type de l’endophlébite; caractérisées surtout par l'épaississement fibreux ou fibro-musculaire de la tunique moyenne, elles ont la signification de lésions réactionnelles d'hypertrophie, opposées à l'hypertension portale, et secondaires à la dilatation veineuse ; peut-être aussi doit-on invoquer dans leur production l’action exercée par les altérations hépatiques sur tout l’ensemble du système vasculaire, capillaire, artériel et veineux. Toute une série d'arguments peuvent d’ailleurs être apportés à l'appui de l’origine hépatique des hémorroïdes. (1) En inoculant la même tuberculose dans des testicules ou des poumons, dont l’un aura sa séreuse endommagée, nous préciserons, avec M. Moussu, cette influence des tares des séreuses sur la résistance des tissus. BroLoGiEe. Comptes rendus. — 1904. T. LVT. 68 968 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'éliologie montre la fréquence des hémorroïdes dans toutes les affections du foie, qu'elles soient d'origine biliaire ou veineuse, qu'elles soient évidentes ou latentes. Il y a longtemps qu'on a constaté l'existence d'hémorroïdes au cours des cirrhoses veineuses et, bien que le rôle de celles-ci ait été discuté, il parait difficile à révoquer en doute, lors de cirrhose avérée; mais, lors- que l'affection du foie reste latente, les hémorroïdes sont souvent à tort regardées comme primitives. Il en est ainsi dans certains cas de cir- rhose latente, dans la cirrhose graisseuse latente, dans la stéatose hépa- tique latente. De même, toutes les affections composant la famille biliaire peuvent s'accompagner d'hémorroïdes. Nous les avons observées fréquemment chez des malades atteints de cirrhose biliaire chez lesquels elles sont un des symptômes révélateurs de l'existence d’un syndrome d'hypertension portale. Il en est également ainsi dans l’ictère chronique simple, dans les splénomégalies méla-ictériques, et surtout dans un grand nombre de cas de cholémie simple familiale, où, la maladie biliaire étant com- munément méconnue, les hémorroïdes sont souvent considérées comme primitives. La lithiase biliaire enfin s'accompagne souvent d’hémorroïdes. Afin de préciser le degré de cette fréquence, qui depuis longtemps nous avait frappés, l’un de nous a établi une statistique portant sur 20 malades de la ville, observés dans un court espace de temps; or, sur ces 20 malades, atteints tous de lithiase-biliaire avérée, mais souvent légère, 17 avaient eu des hémorroïdes soit avant, soit après leur première crise de coli- ques hépatiques. Cette énorme proportion d’hémorroïdaires — 85 p. 100 — montre qu'il y a là plus qu'une simple coïncidence. Les hémorroïdes traduisent bien un trouble de la circulation intra-hépatique; et, si elles sont si fréquentes dans la lithiase biliaire, c'est une preuve de plus qu'il y a dans cette maladie autre chose que l’altération vésiculaire, qu’il y a une angiocholite profonde intra-hépatique, substratum anatomique de la cholémie simple familiale, et c’est d’elle que découlent non seule- ment les hémorroïdes, mais toute une série d’autres symptômes pré- sentés par les lithiasiques. Si la plupart des affections du foie s’accompagnent ainsi d'hémor- roïdes, c’est qu'elles entraînent de l'hypertension portale. Gelle-ci com- mande la dilatation des veines hémorroïdales qui constitue dans les hémorroïdes le phénomène initial. Quant à l'hypertension portale elle- même, elle se comprend facilement lorsqu'on se rappelle le retentisse- ment facile des lésions même minimes des voies biliaires sur les rami- fications portales; nous en avons donné des preuves anatomiques et cliniques certaines. Les hémorroïdes peuvent être la seule conséquence de l’hypertention portale ou s'associer à d’autres, parmi lesquelles les Lématémèses (résul- SÉANCE DU AL JUIN 969 tant de, varices gastriques ou œsophagiennes et réalisant le syndrome du pseudo-ulcère stomacal décrit par nous), la splénomégalie (beaucoup plus fréquente qu'on ne l’admet classiquement au cours de la lithiase biliaire), la circulation sous-cutanée abdominale, l'ascite, ete. La possi- bilité de l'existence à l’état isolé ou prédominant de telle ou telle de ces manifestations montre que les conséquences de l'hypertension por- tale peuvent être régionales, et qu'il y a lieu de décrire des hyperten- sions portales partielles, comparables aux asystolies partielles. Les hémorroïdes sont, d'après notre observation, avec l’opsiurie, la conséquence la plus fréquente de la pléthore portale; elle en sont aussi une conséquence précoce. Nous les avons vues dans nombre de cas apparaître dès l'enfance à un âge où les seules conditions locales et même les altérations veineuses ne sauraient guère être invoquées. Cette fréquence des hémorroïdes et leur précocité, comparées aux autres conséquences de l'hypertension portale, se comprennent aisé- ment si l’on réfléchit aux conditions de la circulation veineuse et capil- laire au niveau du rectum. Il s’agit là en effet du point le plus déclive de la circulation portale où par conséquent l’action de la stase doit, malgré l'existence de voies collatérales, se faire sentir le plus activement. Si l’on joint à cela l'existence du sphincter anal, on voit combien diffé- rentes sont les conditions cireulatoires à ce niveau et dans les autres segments du tube digestif, notamment au niveau du cardia. La dilata- tion veineuse doit naturellement y être plus précoce. Quant aux lésions veineuses, elles ne doivent pas selon nous être inter- prétées comme des lésions de phlébite primitive. Dans les cas que nous avons étudiés, nous n'avons trouvé que des lésions d’hypertrophie fibreuse et par places fibro-musculaire de la tunique moyenne. Que l’en- dophlébite puisse se produire secondairement, surtout dans les hémor- roïdes de date ancienne, rien de plus vraisemblable, surtout lorsque des hémorragies se sont produites, créant des portes d'entrée à l'infection ; toutefois il ne s’agit en aucun cas d’une cause, mais d’une conséquence. L'influence prépondérante de la congestion portale dans la production et le développement des hémorroïdes est au surplus démontrée par quel- ques faits observés par nous. Un de nos malades, lithiasique, avait des hémorroïdes facilement saignantes; récemment il eut des hématémèses et, du fait de cette saignée porlale, ses hémorroïdes disparurent au moins temporairement. Un autre, comme lui lithiasique, ayant eu également des hématémèses, avait une splénomégalie marquée, pouvant en imposer pour une maladie de Banti, et des hémorroïdes prononcées. Or, chaque fois que les hémorragies hémorroïdaires apparaissaient, la rate dimi- nuait de volume. Il y a donc dans ces faits un rapport étroit et évident entre les hémorroïdes d'une part, les hématémèses et la splénomégalie d’aulre part; ce sont autant de conséquences de l'hypertension portale, et un balancement s'établit naturellement entre elles, 970 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Toutes ces constatations amènent à cetle conclusion, que réserve faite de quelques exceptions, tout hémorroïdaire est un hépatique avéré ou latent, et par suite la valeur diagnostique des hémorroïdes est considé- rable. Ainsi envisagées, les hémorroïdes ont parfois une signification pronos- tique favorable, puisque le flux sanguin qui en est souvent la consé- quence, en diminuant la pléthore portale, peut être fort utile. Quelque- fois cependant, par leur répétition, les hémorragies hémorroïdaires, même peu abondantes, créent un état d'anémie prononcée qui, dans certains cas, reproduit le tableau de l’anémie pernicieuse progressive. Le traitement des hémorroïdes peut s'inspirer de ces données patho- géniques. Il est basé sur le régime alimentaire et les divers moyens thérapeutiques propres à modifier l’état du foie et à rétablir la circula- tion intra-hépatique. Parmi eux se place le massage direct du foie, qui, pratiqué dans deux de nos cas par M. de Frumerie, à eu une action favorable rapide et indiscutable; c’est là une preuve thérapeutique de l'origine hépatique des hémorroïdes qui doit être ajoutée à celles que nous venons de donner. LES LEUCOGYTES DU SANG CHEZ LES VIEILLARDS, par M. A. DoBrovrcr. La morphologie du sang des vieillards a été peu étudiée. En 1897, M. Jolly, examinant le sang de vieillards dans le service de M. P. Marie à Bicêtre, trouva constamment une augmentation du chiffre des leuco- cytes à noyau polymorphe (1). Il était intéressant de confirmer ce fait par un nombre plus considérable d'examens, car on sait que dans beau- coup d'états pathologiques la proportion des leucocytes à noyau poly- morphe augmente dans le sang. Dans le service de mon maître, le D' Pierre Marie, à Bicètre, j'ai choisi onze vieillards de soixante-sept à quatre-vingt un ans, chez lesquels on ne pouvait trouver la moindre tare pathologique qui aurait pu être une cause d'erreur. Deux d'entre eux ont subi des examens successifs à des intervalles réguliers. Pour avoir des points de comparaison exempts d’erreurs, j'ai examiné dans les mêmes conditions techniques (2) le sang de neuf hommes de vingt-deux à quarante-cinq ans. Chez ces différents sujets du reste, (1) J. Jolly. Soc. de Biolog., 1897, 23 oct. Proportion des différentes variétés de globules blancs du sang de l'homme. (2) J. Jolly. Sur la numération des différentes variétés de globules blancs du sang. Archives de Méd. expér. et Anat. pathol., 1°" Juillet 1896. æ ÈS SÉANCE DU AA JUIN 971 aussi bién chez les adultes que chez les vieillards on constalait l'absence de leucocytose. Les tableaux suivants indiquent mes résultats : Hommes de 67 à 81 ans (!). Age. Lymphocytes. Gr. mono. Total : mono, Polynucléaires. Éosinophiles. H. 67 ans. 30 4,5 34,5 64,5 1 L. 70 ans. 19,5 8,5 28 70,5 1,5 B. 710 ans. 22 4, 26,5 1225 1 M. 72 ans. 15 3 18 80,5 195 G. 72 ans. 13,5 CL ES 23 75,5 1,5 B. 73 ans 19 8 27 72 1 Cu74\ ans 24,5 3,9 28 70,8 1159 NV. 75 ans. 22 4 26 73 1 B. 80 ans. 24 3 27 72 1 R. 80 ans ,0 4,8 18,4 80,4 1,2 M. 81 ans. 21,2 035 26,1 74,5 145 Moyenne. . 20,4 5,4 25,8 73 : 1.2 Hommes de 22 à 45 ans. Age. Lymphocytes. Gr. mono. Total : mono. Polynucléaires. Éosinophiles. C. 22 ans. 30,5 8 38,5 60,5 il G, 24 ans. 34 1 41 58,5 0,5 B: 25 ans. 25,5. 10 35,5 63 425 A. 26 ans. 32 5,5 31,5 61,5 1 K. 28 ans. 28 6 34 65 1 J. 30 ans. 32 6 38 60,5 ie D. 30 ans. 35 3 38 61 fl B. 40 ans. 30,5 5 39,0 62,5 2 L. 45 ans. 32 D) 31; 61,5 15 Moyenne. . 3 6,2 aTTES 61,5 1,2 La différence des résultats des deux tableaux est frappante. Le chiffre des leucocytes à noyau polymorphe est d’une façon constante plus élevé chez les vieillards que chez les adultes et la différence est très appré- ciable puisque la moyenne des examens des hommes adultes nous donne 61,5 °/, tandis qu’elle est de 73 °/, chez le vieillard. Il existe donc chez les vieillards une proportion plus grande de leuco- cytes à noyau polymorphe que chez l'adulte. Si on se rappelle que chez les enfants ce chiffre est au contraire plus faible que chez l'adulte, on voit que la morphologie du sang subit une évolution d’un bout à l’autre (1) Les deux derniers vieillards ont subi 6 examens à des intervalles de quinze jours pendant trois mois. Les résultats chez le même individu ont très peu varié. Pour le premier, nous avons trouvé un minimum de 78 polynucléaires et un maximum de 82, Pour le deuxième, un minimum de 76 et un maximum de 75,5, 972 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la vie. Comme le leucocyte à noyau polymorphe peut être considéré comme le terme ultime de l'évolution de la cellule lymphatique dans le tissu hématopoïélique de la moelle, on voit que chez l'individu âgé il y a excès des formes cellulaires qui ont atteint leur maturité, tandis que chez l'enfant il y a au contraire excès des formes jeunes. Il ne serait pas difficile de citer des exemples du même genre, et les résultats que j'ai oblenus se relient peut-être a une loi générale. (Travail du laboratoire d’histologie du Collège de France et du service du D' Pierre Marie à Bicétre.) ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DES PHÉNOMÈNES TOXIQUES PROVOQUÉS PAR L'INGESTION DU NAPHTOL, par M. J. LESAGE. Les expériences de MM. Bouchard et Maximovitch nous ont appris que l'organisme du lapin constitue un très mauvais réactif pour l'étude des effets physiologiques des naphtols, en raison de son insensibilité remar- quable pour ce médicament. Avec cet animal, il faut en effet user de « certains artifices » pour voir se produire des symptômes toxiques. Nous avons dit (1) qu'au contraire le chien et le chat se prêtent beau- coup mieux à cette étude, et que chez ce dernier animal, en particulier, les phénomènes toxiques sont de la plus grande évidence. A la dose de 10 centigrammes par kilogramme, en MoUc le naphtol $ tue fatalement les animaux de l'espèce féline. Le symptôme qui, avant tout, attire l'attention chez l'animal intoxiqué, c’est la salivation très abondante qui se manifeste de vingt à trente minutes après l'ingestion du poison. Cette salivation est tellement exagérée qu'il nous a été possible, chez un animal ne pesant pas plus de 870 grammes, de recueillir, dans les deux heures qui suivirent l’admi- nistration du médicament, plus de 30 centimètres cubes de salive ne pouvant être déglutinée. C’est de la salive mixte. Lorsqu'on la transvase, la salive visqueuse du système antérieur se sépare nettement, par paquets, de la salive claire et mobile du système postérieur. Elle ne contient pas de naphtol. Ce n’est donc pas en s'éliminant par la glande que le médicament provoque une exagéralion de la sécrétion; nous sommes, au contraire, porté à croire qu'il s'agit plutôt d'un mécanisme réflexe. (1) Lesage. Sur la toxicité des naphtols. Comples rendus de la Société de Biologie, note déposée le 21 mai 1904. 4 SÉANCE DU Î1 JUIN 973 Le larmoiement est un autre symptôme important. Il commence à se manifester quelques minutes après l’ingestion du poison et se continue jusqu'à la fin. Au début, les yeux sont simplement humides, puis, les larmes coulent abondamment. Le flux qui se déverse par le canal lacrymal obstrue les narines de l’animal en formant un liquide spu- meux qui gêne considérablement la respiration. Les paupières sont tuméfiées; le corps clignotant recouvre la partie interne de l’æil; la conjonctive est pâle. | Les éternuements sont extrêmement fréquents. Dans leurs inter- valles, l'animal contracte convulsivement ses muscles de la face et se gratte la tête avec les membres antérieurs. Ces mouvements spasmo- diques prennent une importance plus grande encore dans les derniers moments, se généralisent aux membres antérieurs, quelquefois aux membres postérieurs, mais n’offrent pas l'allure des convulsions épilep- tiformes. La toux et le vomissement ne se manifestent qu'exceptionnellement chez le chat. L'urine, de la teinte jaune clair qu’elle présente normalement, devient jaune brunâtre d’abord, puis franchement brune. Elle renferme du naphtol. Les excréments sont ramollis, de couleur jaune, sans mauvaise odeur. La difticulté de la respiration, dans les dernières heures, devient ‘extrême; l'animal porte la tête en extension, écarte fortement les membres antérieurs et ouvre largement la bouche; mais, l’asphyxie arrive quand même et le cœur s'arrête à son tour. La mort par le naphtol est lente à se produire. Généralement, on la constate de six à dix heures après l’ingestion. Dans certains cas, cepen- dant, l’agonie se prolonge pendant plusieurs Jours. Chez le chien, la mort a rarement lieu après l’ingestion du naphtol, car les vomissements qu'il provoque sont tellement énergiques que la presque totalité du poison est rejetée par la voie antérieure. Cependant, la quantité restante est encore suffisante pour qu'on puisse retrouver les symptômes inquiétants décrits plus haut. Les réjections qui suivent l’administration d’une dose de 50 centi- grammes par kilog. ne se manifestent pas immédiatement après. Elles n’ont lieu que longtemps après (une heure et demie à deux heures, et même davantage), mais elles se reproduisent fréquemment. La salivation abondante, le larmoiement, les éternuements, la diarrhée, voire même l'expulsion par l’anus de sang en nature, se manifestent alors, avec une intensité variable, suivant l'importance de la quantité évacuée par l'estomac à la suite des premières nausées. Ces notions nous semblent suffisantes pour rétablir la légende de la 974 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nocuilé du naphtol et faire considérer ce médicament comme dangereux. Il n'est pas démontré, en effet, que l'organisme de l’homme se rap- proche plus de celui du lapin que de ceux du chien et du chat. (Travail du Laboratoire de Physiologie d'Alfort.) VI. — AGGLUTINATION DES GLOBULES ROUGES PAR LA RICINE, par M%° GrraRD-ManGIN et M. Vicror HENRI. Nous avons étudié dans les notes précédentes différentes conditions d'agglu- tination des globules rouges par l'hydrate ferrique colioïdal, les sérums et le chlorure de sodium. Les globules étudiés étaient lavés et émulsionnés dans une solution isotonique de NaCI ou de saccharose. Nous présentons maintenant quelques-uns des résultats relatifs : 1° à l'ag- x glutination par les sérums chauffés et non chauffés; 2° à l’agglutination des globules rouges lavés et émulsionnés dans une solution isotonique de man- nite (à 30 p. 1000); 3° à l’agglutination par la ricine. 23 Le sérum de cheval chauffé pendant cing minutes à 62 degrés agglu- tine les globules rouges de cheval ou de chien émulsionnés dans le saccha- rose beaucoup plus faiblement que le sérum non chaujfé. Ainsi par exemple 5 centimètres cubes d’émulsion I des hématies de cheval - dans le saccharose (à 70 p. 1000) sont moins agglutinés par dix gouttes de sérum chauffé que par 3 gouttes de sérum normal. 24° Lorsqu'on suit la marche de l'agglutination pour des doses croïs- santes de sérum chauffé, on voit que l'agglutination augmente d'abord, passe par un maximum el puis diminue. Le maximum d’agglutination se produit par une dose de sérum chauffé qui est plus forte que la dose de sérum normal donnant le maximum d’aggluti- tination. F. — AGGLUTINATION DES HÉMATIES LAVÉES ET ÉMULSIONNÉES DANS UNE SOLU- TION ISOTONIQUE DE MANNITE. | 250. Les globules rouges de chien lavés et émulsionnés dans la mannite sont agglutinés dans les mêmes condilions que ces jlobules émulsionnés dans le saccharose. Ainsi tous les sérums et en particulier celui de l'animal dont on a pris les hématies sont agglutinants. Le chlorure de sodium agglutine. Le sérum de chien chauffé agglutine beaucoup moins que le sérum normal. L’agglutination présente uh maximum pour une dose déterminée, etc. & SÉANCE DU A1 JUIN 975 G. — AGGLUTINATION DES GLOBULES ROUGES PAR LA RICINEÉ. On connait l'intérêt que présente la ricine pour l'étude des agglutinines et des toxines. Nous avons entrepris l'étude de l’agglutination et de l'hémolyse produite par la ricine (de chez Merck). Üne solution à 1 p. 100 est faite dans l’eau distillée et filtrée plusieurs fois. Une goutte de cette solution ajoutée à 5 centimètres cubes d’une émulsion I de globules rouges produit une agglu- tination visible. 26° La ricine agglutine plus fortement les globules rouges émulsionnés dans NaCl que ceux émulsionnés dans la mannite, et ces derniers plus que des hématies émulsionnées dans le saccharose. La même différence s’observe pour l’action hémolysante de la ricine. 27 L'addilion de sérum de chien diminue l'agglutination par la ricine des globules rouges de chien émulsionnés dans NaCl. L'addition d'amidon n'a aucune influence. Il suffit d'ajouter 3 ou 5 gouttes de sérum à 5 centimètres cubes de l’'émul- sion [I pour observer neltement ce retard. 28° L'addition de ricine à une émulsion salée de globules rouges préserve -ces globules contre l’'agglutination par l'hydrale ferrique colloïdal. Ainsi par exemple on fait les quatre expériences : I. 5 c. c. émulsion I + 5 gouttes ricine. AD CCe — — 5 gouttes ricine + 1 goutte hydraté ferrique B. NS CC EE + 1 goutte hydraté ferrique B. AVEC nc: — + 1 goutte hydraté ferrique B. + 5 goultes ricine. On trouve que l’agglutination est la plus forte dans 3 et 4, elle est égale dans 2? à celle du tube 1. Donc on n’augmente pas par l’hydrate ferrique l'agglutination produite par la ricine; mais la ricine ajoutée après l’hydrate ferrique ne diminue pas l’agslutination produite par ce colloïde. Ce résultat s'obtient aussi bien pour les émulsions des hématies dans le saccharose ou dans la mannite. 29 L’agglutination des globules rouges de chien lavés et émulsionnés dans le saccharose produite par l'addition du sérum de chien n’est pas aug- mentée par l'addition de ricine. Au contraire, l’agalutination des mêmes hématies par la ricine est augmentée lorsqu'on ajoute ensuite du sérum de chien. Ainsi, par exemple, nous faisons les quatre expériences suivantes : I. 5 c. c. émul. I, dans saccharose + 5 g. sérum de chien. I, 5 ©. ©. — — + 5 g. — 10 g. ricine. RENAN — — —- 10 gouttes ricine. IV) D/c0cs — — + 10 gouttes ricitie -- 9 g. sérum, 976 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'agglutination est égale dans les tubes 4 et 2: donc la ricine n’augmente pas l'action du sérum; l’agglutination dans 3 est plus forte que dans 1; l’agglu- tinalion dans 4 est nettement supérieure à celle dans 3 : donc la ricine ne pré serve pas les globules rouges contre l’agglutination par lé sérum, tandis que le sérum les préserve contre l’action de la ricine, (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) RECHERCHES SUR LES CAUSES DE L'IMMUNITÉ NATURELLE DES VIPÈRES ET DES COULEUVRES, par M. GC. Pnisauix. Dans une précédente communication (1), j'ai montré que l'immunité naturelle des vipères et des couleuvres, quoique très élevée, n’est pas absolue, et qu’elle varie considérablement suivant que le venin est introduit dans le péritoine ou dans la cavité cranienne. Dans le premier cas, il faut 100 à 120 milligrammes de venin pour déterminer la mort, tandis que dans le second cas, deux à quatre milli- grammes suffisent. La plus grande partie du poison introduit dans le péritoine ou sous la peau n'arrive donc pas aux centres nerveux. Que devient-il? Les expériences qui font l’objet de cette note ont pour but de répondre à cette question. Voici comment elles ont été exécutées : une forte dose de venin de vipère de 15 à 20 milligrammes était dissoute dans 2 centimètres cubes d’eau salée et inoculée dans le péritoine ou sous la peau d'une vipère ou d'une couleuvre. Au bout d'un temps variable de une à quinze heures, on sacrifiait le reptile et on recherchait par la méthode physiologique (inoculation au cobaye) si une partie du venin restait dans les tissus, en particulier dans le sang et dans le foie. Or, dans aucune des quinze expériences ainsi faites, il n’a été constaté d'augmentation sensible de la toxicité du sang ou du foie. Et cependant, il suffisait que sur les 15 ou 20 milligrammes de venin injecté, il en restât seulement un demi-milligramme dans la circulation pour que le sang extrait d'une vipère pût donner la mort à un cobaye. D'autre part, il est facile de vérifier que cette dose de venin introduite sous la peau en a disparu au bout de deux heures; l'absorption dans le péritoine est encore plus rapide. D'après ces faits, il est naturel de penser que le venin a été détruit ou neutralisé et qu'il existe dans le sang des substances capables (1) Société de Biologie, 23 juillet 1903; Comptes rendus de l'Académie des sciences, 27 juillet 1903. SÉANCE DU AA JUIN 977 d'opérer cette neutralisation. C’est l'hypothèse que nous avions admise, Bertrand et moi, quand, après avoir chauffé du sérum de vipère à 58 degrés pendant quinze minutes, nous avions constaté que ce sérum primitivement toxique devenait antitoxique. Dans notre opinion, le chauffage détruisait les substances toxiques tout en respectant les substances antitoxiques. Notre expérience pouvait être et a été inter- prétée d’une autre manière. Les substances antitoxiques ne préexis- teraient pas dans le sang, mais prendraienl naissance sous l'influence du chauffage; quant aux substances toxiques elles ne seraient pas constituées par du venin en nature, puisque celui-ci résiste à la tempé- rature de 58 degrés, mais par une substance albuminoïde analogue à l'ichthyotoxine du sérum d’anguille. Pour démontrer que l’antitoxine n'apparaît pas sous l'influence de la chaleur, il suffit d'employer un procédé où le chauffage n'intervient pas: c'est la filtration. En effet, si l'on dilue du sérum de vipère avec de l’eau _salée et qu'on le filtre sur bougie Chamberland ou Berkfeld, il perd complètement ses propriétés toxiques et devient antitoxique. Cette expé- rience répond donc à la première objection. Quant à la seconde, rela- tive à la nature du poison contenu dans le sang de vipère, le fait que ce poison est détruit à 58 degrés ne suffit pas pour affirmer que ce n'est pas du venin en nature, et voici pourquoi : si, à une solution de venin, on ajoute du sérum de vipère et qu'on porte le mélange à la température de 58 degrés pendant quinze minutes, on en détruit à coup sûr les pro- priétés toxiques. Le sérum chauffé à 58 degrés a donc le pouvoir de détruire le venin, et on peut admettre que le poison du sang, dont les propriétés physio- logiques sont identiques à celles du venin est, lui aussi, du venin en nature. | Mais alors une nouvelle objection se présente. Pourquoi le sérum est-il toxique, pourquoi le venin qu’il renferme n'est-il pas complète- ment neutralisé par l’antitoxine? On peut expliquer de deux manières cette contradiction apparente. Ou bien la quantité d’antitoxine est inférieure à celle qu'il faudrait pour neutraliser le venin, ou bien son action est entravée par celle d'une substance antagoniste. La première hypothèse ne peut être admise; en effet, le sérum qu'on peut extraire du sang d’une vipère de taille moyenne (environ 2 centimètres cubes), ne contient pas assez de venin pour tuer un cobaye, et cependant, il suffit de 2 centimètres cubes de sérum filtré pour neutraliser une dose mortelle pour un animal du même poids. Quant à la seconde hypothèse, elle s'accorde mieux avec les faits pré- cédents. On s'explique aisément qu'une diastase antagoniste soit détruite par la chaleur et reste sur le filtre, alors que l’antitoxine a des pro- priétés différentes ; celle-ci résiste, en effet, à un chauffage à 68 degrés pendant quinze minutes et traverse le filtre. Quelle est la nature de 978 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE celte substance antitoxique ? Il est difficile pour le moment d’esquisser une réponse à cette question ; mais on peut affirmer que cette substance est complexe : elle contient au moins deux principes distincts dont l’un agit sur l’échiduotoxine et l'autre sur l’échidnase. Dans certaines con- ditions, on peut dissocier les effets produits par chacun d’eux. C'est ainsi que du sérum filtré sur une bougie peu poreuse n’a qu’une faible action sur l’échiduotoxine ; si la dose est insuffisante, il n'empêche pas la mort ; mais, à l’autopsie, on ne constate aucun des effets caractéris- tiques de l’échidnase. En résumé, l’immunité des vipères et des couleuvres, pour leur: propre venin, doit être attribuée à la présence dans le sang d'une antitoxine libre qui neutralise le venin injecté à mesure qu’il pénètre dans la circulation. (Travail du Laboratoire de M. Chauveau.) ACTION DU VÉTEMENT SUR LE COBAYE TONDU, par M. E. MAUREL. Dans les trois expériences précédentes (1), j'avais opéré, je l’ai dit, sur deux cobayes angoras et aussi sur un cobaye à poils ras, mais ayant tout son poil. Or, j'avais pu supposer que si le vêtement tendait à faire diminuer le poids de ces animaux, c'estqu'il tassait leur toison, et que, diminuant ainsi son pouvoir isolateur, il augmentait par conséquent la radialion cutanée, qui, on le sait, représente environ les deux tiers des dépenses totales de l'organisme. Si cette hypothèse était vraie, je devais en tondant l'animal renverser le résultat de mes expériences : le vêtement devait reprendre, sur cet animal tondu, son rôle général d’instrument de protection et favoriser l'augmentation de son poids au lieu de le diminuer. C'est l'animal à poil ras qui a servi à cette courte épreuve qui a été faite quelques jours seulement après la première. Les poils ont été coupés aussi courts que possible sur tout le tissu et les paltes. Seuls ceux de la tête ont été conservés. J'ajoute que l’expé- rience à été faite en hiver par une température comprise entre 14 degrés et 7 degrés. Or, de nouveau, mes prévisions ont été trompées ; et d’une manière encore plus régulière que pour les animaux ayant conservé leurs poils, l'animal a perdu de son'poids pendant qu'il était couvert et il en a (1) Société de Biologie, 12 décembre 1903 et 3 juin 1904: SÉANCE DU A4 JUIN 979 regagné pendant les jours où il restait nu. Je réunis mes observations dans le tableau suivant. POIDS DATES ALIMENTS is COUVERTS Dre le Ée où Début Fin 1903 en calories un NUS nt rame NU MENCES des 24 heures du 28 au 29 nov. 137 140— 120 | Couvert. 540 502 du 29 au 30 nov 137 1%0— 100 Nu 502 524 du 30 au 1° déc. 137 120— 90 | Couvert. 524 505 du 1er au 2 déc. 137 120— 90 | Ni. 505 532 Les deux jours suivants manquent. du 4%au 5 déc. 135 100— To | Couvert. 520 50% du 5 au 6 déc 145 110— 80 Nu. 504 512 du 6 au 7 déc. 143 119— 80 | Couvert. 512 498 ldu Tau 8 déc. 133) 410080 Nue 198 | 520 du 8 au 9 déc. 137 130— 100 | Couvert. 520 496 du 9 au 10 déc. 137 130— 9o Nu. 496 500 du 10 au 11 déc. 137 140— 9° | Couvert. 500 493 du 11 au 12 déc. 137 130— 100 Nu. 4193 526 du 12 au 13 déc. 137 | 190110 | Couvert. | 526 521 du 13 au 14 déc. 137 130— 100 Nu. 521 Sal Comme on le voit par ce tableau, l'animal a été couvert un jour sur deux; son alimentation n’a subi que des modifications tout à fait négligeables, et son poids moyen est resté sensiblement le même. Or, les variations quotidiennes du poids ont été constantes. Celui-ci, pendant les quatorze jours, que comprend l'expérience, a toujours augmenté quand l’animal était nu, et, au contraire, il a toujours diminué quand il étail couvert. Cette différence ressort nettement du tableau suivant : Couvert : = — 38 — 19 — 16 — 14 — 2% — 7 — 5 — — 195 — — 18 par jour. Nue + 22 + 27 + 8 + 22 LE 4% + 299 + 6 — + 118 — + 11 par jour. Ainsi, pendant ces quatorze jours, il n'y a pas eu une seule exception 980 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à la règle ; et, de plus, quoique l’animal soit d'un poids plus faible que celui des précédents, les écarts sont plus marqués. Cette expérience nous conduit donc à cette conclusion : que la dimi- nution du poids du cobaye, sous l'influence du vétement, ne doit pas étre attribuée au tassement de sa toison. ADAPTATION DE LA SECTION THORACIQUE A LA SURFACE CUTANÉE, PAR RAPPORT AU POIDS, DEPUIS LA NAISSANCE JUSQU'A L'AGE ADULTE, par M. E. MAUREL. Dans des travaux antérieurs, j'avais constaté que chez les différentes espèces animales, ainsi que Richet l’avait fait pour le chien, le volume du foie, rapporté au kilogramme du sujet, diminue de la naissance à l’âge adulte, comme il en est, du reste, pour la surface cutanée (1). En ce qui concerne l’homme, cette dernière est environ de 5 déei- mètres carrés pour le nourrisson de 3 kilogrammes, et seulement de 2 décimètres carrés pour l’aduite. Or, il en est de même pour le volume du foie. La quantité de cet organe, par kilogramme du sujet, diminue de la naissance à l’âge adulte et sensiblement dans les mêmes propor- tions. Cherchant l'explication de ce rapport, j'ai émis cette hypothèse qu'étant donné que c’est la surface cutanée qui, par son rayonnement, dépense la plus grande partie des calories provenant aussi en grande partie du glucose, il devenait naturel que le foie qui élabore ce glucose, dont l'oxydation donne ces calories, s’adaptât à l'organe qui le dépense. Or, poursuivant les mêmes recherches sur les adaptations que pré- sente l'organisme à l’état normal, j'ai essayé de comparer l’évolution de la surface pulmonaire avec la surface cutanée. Il m'a paru logique de penser, en effet, et pour les mêmes raisons, qu'il devait y avoir un rap- port entre la surface pulmonaire qui absorbe l'oxygène et la surface cutanée qui en dépense la plus grande partie; et ne pouvant mesurer la surface pulmonaire, je me suis contenté de mesurer la section thora- cique, prise au niveau de l'articulation sterno-xyphoïdienne. Cette arti- culation, outre qu’elle me présentait l'avantage d’être facile à retrouver, avait aussi celui de correspondre à une hauteur de la cage thoracique (4) Maurel et Lagriffe. Rapport du poids des différents organes au poids total chez le hérisson (Soc. d’hist. natur. de Toulouse, T mars 1900), — Rapport du poids des différents organes au poids total chez le lapin (Soc. d’hist. natur. de Toulouse, 2 mai 1900). — Rapport du poids du foie et du cœur au poids total chez le poulet (Soc. d'hist. natur. de Toulouse, juillet 1900). SÉANCE DU À JUIN 981 où le processus atteint sa plus grande section (1). Je m'étais, du reste, déjà servi de celle section dans mes travaux antérieurs (2). Quant à la surface cutanée, j'ai continué, comme dans mes précé- dentes recherches, à l’assimiler à celle d’un cylindre, de même poids et de même densité que le sujet dont on cherche la surface, et dont la hauteur serait le double du périmètre. Quel que soit l’âge du sujet, grâce à une formule très simple, il suffit de connaître son poids pour calculer sa surface. Celte formule est la suivante : 7.35 X W/P’; c'est-à-dire que le poids du sujet élant connu, pour avoir la surface totale du cylindre à laquelle la sienne est assimilée, il suffit d'élever ce poids au carré, d'extraire la racine cubique de ce carré, el de multiplier cetle racine par 7.35 qui est invariable. Or, en procédant ainsi, et quoique les deux procédés d'évaluation ne soient que tout à fait approximatifs, j'ai pu constater qu'il y à un rap- port constant entre ces deux surfaces, seclion thoracique et surface cutanée. Les deux se modifient, non seulement dans le même sens, mais aussi d’une manière si nettement proportionnelle que j'ai été confirmé dans cette idée que ces modifications sont bien liées par un rapport de cause à effet. > (1) Maurel et de Rey-Pailhade. Influence des surfaces sur les dépenses de l'or : ganisme chez les animaux à températures variables pendant l’hibernation (Société de Biologie, 8 décembre 1900). — Rapport du poids du foie au poids total et à la surface totale de l'animal (Congres français de médecine de Tou- louse, avril 1902; Sociéti de Biologie, novembre 1902, 10 janvier et 7 février 1903; Académie des sciences de Paris, 10 janvier et 2 février 1903). — Rapport du poids de la rate et du rein au poids total et à la surface totale de l'animal (Soc. de méd. de Toulouse, 1°* février 1903, et Soc. d’hist. natur., 18 février 1903). (2) Moyens de mensuration de la poitrine (Société d'antluopologie de Paris, 419 juin 1887). — Stéthométrie et stéthographie (Bulletin général de thérapeu- tique, 6 novembre 1887). — Rapport de la section thoracique à la taille (Société de médecine de Toulouse, 1888). — Sthéthométrie et stéthographie (Gazette médico-chirurgicale de Toulouse, 1888; Manuel de séméiologie technique, Doin, Paris, 1889). — Mémoire sur la stéthographie normale (Académie de médecine de Paris, 1889). — Mémoire sur l'hypohématose (Académie de médecine de Paris, 19 juin 1889). — Note sur l'hypohématose (Archives générales de méde- cine, juin 4889). — Étude clinique sur l'hypohématose (Conyrès pour l'avance- ment des sciences de Paris, août 4889). — Rapport de la taille et du poids avec la section thoracique dans les deux sexes et aux différents âges (Congrès pour l'avancement des sciences de Paris, 1889). — Trailé de l’anémie par insuffisance de l'hématose (Doin, Paris, 1890). — De la gymnastique respiratoire comme moyen prophylactique de la tuberculose (Congrès pour l'avancement des sciences de Marseille, 1890). — Dix cas d'hypohématose suivis de guérison (Bulletin général de thérapeutique, 30 septembre 1892). | 982 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C'est, en effet, ce qui semble ressortir des chiffres suivants : SECT. THORACIQUE | SURFACE CUTANÉE RAPPORT AGE POIDS par kilogr. par kilogr. de la sect. thoracique. cent. carrés. décim. carrés. à la surface cutanée. kil. cent. carré. Nourrissons. 3 25 5 5 8 ans. 24 40, 5 2,6 4 14 ans. 40 9 dal AS 18 ans. 59 8, 20 1,80 4,5 Adulte. 65 7, 90 1,80 4,3 Comme on le voit, avec quelques légers écarts, le rapport de la section thoracique à la surface cutanée reste sensiblement constant. Depuis la naissance jusqu'à l'âge adulte, nous avons loujours de 5 à 4 centimètres carrés de section thoracique pour 1 décimètre carré de surface cutanée. Les quantités de ces deux surfaces, rapportées au kilogramme du sujet, varient beaucoup : de 25 à 8 pour la section thoracique, de 5 à 2 pour la surface cutanée, mais leur rapport reste constant. L'hypothèse qui a servi de point de départ à ces recherches se trouve ainsi confirmée : la section thoracique s'adapte à la surface cutanée, et probablement pour les mêmes raisons qui font que le volume du foie s'adapte à cette même surface. C'est là, je me permets de le faire remarquer, un phénomène d’adap- tation qui me paraît présenter quelque intérêt, ne serait-ce qu’au point de vue biologique, mais qui, de plus, en présentera, au point de vue pathologique, ainsi que j'ai déjà pu le constater pour la pleurésie, les déviations de la colonne vertébrale et l'obésité. < MODIFICATIONS IMMÉDIATES DU SANG LEUCÉMIQUE SOUS L'INFLUENCE DE LA RADIOTHÉRAPIE, par MM. AUBERTIN et BEAUJARD. Un certain nombre d'auteurs (Senn, Bryant et Crane, Brown) ont publié récemment des cas de leucémie myélogène guéris cliniquement et hématologiquement par la radiothérapie. Nous suivons actuellement un cas analogue ainsi traité et amélioré dans les services de MM. Vaquez et Béclère. Nous avons constaté dans ce cas la diminution progressive du nombre des globules blancs déjà notée par les auteurs américains; mais, de plus, nous voudrions appeler l’attention sur les modifications immédiates du sang après chaque séance de radiothérapie. æ SÉANCE DU AA JUIN 983 Homme de soixante ans, atteint de leucémie myélogène a forme splé- nique pure, don! les premiers symptômes datent de neuf mois environ; rate énorme atteignant presque le pubis, foie gros, pas de ganglions; anémie moyenne; le nombre des globules blancs est monté régulière- ment et progressivement de 99.600 (février 190%) à 124.000 (avril), malgré le traitement arsenical et opothérapique. Début du traitement Le:20 avril (séances hebdomadaires de dix-huit minutes sur la région splénique; rayons n° 6 radiochromomètre de Benoist); 5 H (chromoradiomètre de Holzknecht) ; distance de l’anticathode : 25 centimètres. En six séances le malade a recu 30 H, quantité assez élevée qui à fini par provoquer une assez forte radiodermite ; dans les six semaines, le nombre des globules blancs est tombé de 124.000 à 52.000 en même temps que l’état général s'améliorait considérablement. Huit jours après la première séance, le nombre des leucocytes était déjà tombé de 124.000 à 102.000. Pratiquant un examen du sang trois quarts d'heure après la fin de la seconde séance, nous trouvons une augmentation brusque de 30.000 (131.000 au lieu de 102.000 chiffre trouvé immédiatement avant la séance); huit jours après la troisième séance, il est tombé à 79.000. Le jour de la quatrième séance, nous examinons le sang toutes les deux heures, et nous trouvons, avant: 79.200; à midi (1/4 d'heure après la fin de la séance) : 74.400; à 2 heures : 90.000 ; à 4 heures : 91.000 ; à 6 heures : 105.000; le lende- main matin le chiffre des leucocytes a presque doublé : 194.000. Le surlendemain il était tombé à 88.300 pour continuer à baisser encore ‘les jours suivants : 73.000, 84.000, 61.000. À la suite des séances suivantes les modifications sont moins marquées; l'augmentation n’est que de 12.000 (de 64.000 à 76.000) et elles se pro- duisent plus tardivement (48 heures). Ces modifications ne dépendent pas d'une concentration du sang (le nombre des globules rouges n’a pas varié parallèlement) et sont beaucoup plus marquées que les modifications spontanées du sang leucémique. Au point de vue qualitatif, cette hyperleucocytose est due non pas aux myélocytes, mais surtout aux polynucléaires adultes. Ainsi on comptait avant le traitement, sur 112.000 globules blancs : 34 p. 100 de polynucléaires ; 65 p. 100 de myélocytes (parmi lesquels nous comptons les cellules de Turck), et 0,6 p. 100 de lymphocytes. Le lendemain de la troisième séance (192.000 gl. bl.) la formule est : polynucléaires, 52 p. 100; myélocytes, 47 p. 100; lymphocytes, 0,3 p. 100. Le surlen- demain, en même temps que baisse le chiffre total (73.000) la formule revient au type primitif. Nous n'avons pas noté de différences de structure des leucocytes après la radiothérapie; ni modification du protoplasme ou des granula- tions, ni figures de dégénérescence, ni figures de caryocinèse. BioLoGtE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVL. 69 984 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les globules rouges à noyau n’ont pas sensiblement varié de nombre mais les hématies ont subi, après chaque séance, une augmentation parfois considérable mais non parallèle à celle des globules blancs. Enfin, malgré ces modifications si nettes du côté du sang et l’amélio- ration considérable de l'état général, nous ne trouvons pas encore actuel- lement de diminution appréciable du volume de la rate; mais le malade aurait remarqué que, le lendemain de la séance, sa rate diminuerait de volume pour reprendre son volume primitif les jours suivants. Ce fait est à rapprocher de l'augmentation leucocylaire que nous avons cons- tatée pendant la même période. En résumé la radiothérapie de la région splénique provoque, dans la leucémie myélogène, une diminution du nombre des leucocytes, mais cette diminution n'est pas régulièrement progressive. Chaque séance est suivie d’une augmentation brusque et considérable des globules blanes, puis leur taux baisse lentement et progressivement jusqu’au dessous du chiffre primitif. Dans les premières séances, cette augmen- tation est presque immédiate, puis, au fur et à mesure de l’accouitumance de l'organisme, elle ne se produit plus que le lendemain de la séance et même plus tard. À certain moment, ou plutôt à partir d’une certaine quantité de rayons absorbés, l'augmentation immédiate devient à peine perceptible et la diminution définitive est seule appréciable. Cette leucocytose porte, non sur les myélocytes, mais surtout sur les polynucléaires, soit qu'il y ait surproduction et maturation plus hâtive des myélocytes en polynucléaires, — hypothèse bien improbable étant donnée la rapidité de cette leucocytose, — soit par une action inconnue. des rayons X sur le tissu splénique myéloïde, action qui fait émigrer tout d'abord dans le sang les leucocytes adultes, comme cela se pro- duit à l’état normal au niveau de la moelle osseuse. Notons enfin que ce sont là les premières modifications objectives de l'amélioration par la radiothérapie; en effet, alors que la rate n’a pas encore commencé à diminuer de volume d’une manière appréciable, il existe déjà de profondes modifications dans l’état du sang. (Travail des laboratoires de MM. Vaquez et Béclère.) Du RÔLE DE CERTAINS LYMPHAGOGUES DANS LA FORMATION DES OEDÈMES, par MM. Ausarp el BEAUJARD. Il existe à l'heure actuelle au moins trois théories pathogéniques des cœdèmes (non ardiaques). a) Une théorie qui fait de l’imperméabilité rénale la cause essentielle de l'accumulation de l’eau salée dans les tissus. SÉANCE DU À JUIN 985 b) Une théorie pour laquelle les humeurs œdémateuses sont directement attirées dans les Lissus par des subtances albuminoïdes toxiques rentrant toutes dans la première catégorie des lymphagogues de Heidenhain (peptone, nucléines, extraits de sangsues, toxines microbiennes, etc.). c) Une théorie mixte pour laquelle la lésion rénale causerait l’accumula- tion de ces lymphagogues dans les tissus et indirectement la rétention hydro- saline. L'objet de cette note est de montrer quels faits on peut invoquer en faveur du rôle des lymphagogues dans la formation des æœdèmes. Les lymphagogues de la première catégorie de Heidenhain ont parmi leurs nombreuses propriétés celle de concentrer le sang, contrairement aux lymphagogues de deuxième catégorie, qui, en solution hyperto- tonique (exemple : sel marin) diluent le sang — du moins momentané- ment dans les deux premières heures de l'expérience. D’après la théorie lymphagogue on admet que « concentration du sang — esquisse d’ædème ». Dans quelle mesure cette formule peut-elle être prise en considération ? 3 La concentration du sang invoquée est-elle réelle? correspond-elle réellement à une hydratation des tissus? est-elle un phénomène géné- ral? est-elle intense ? 1° La concentration du sang invoquée est réelle. Elle est établie sur des examens de résidu sec du sang total, sur des numérations de glo- bules. Après l'injection de la plupart des Iymphagogues de première catégorie, tous les auteurs ont constaté que la globulie s’exagère et que le résidu sec augmente. 2° Cette concentration du sang correspond bien à une hydratation des tissus. L'eau qui quitte le sang passe bien dans les tissus, car la con- centration du sang s’observe même après ligature des uretères et d'autre part la sécrétion salivaire n'est pas augmentée {la sécrétion intestinale n’a élé signalée comme augmentée par aucun auteur). 3° Cette concentration est un phénomène général pour tous les Iym- phagogues de première catégorie. Heidenhain l’a observé pour un très grand nombre de ces substances. Gley et Camus (Soc.de Biol., 1896, p.787) l'ont particulièrement étudiée pour les peptones. Charrin, Athanasiu et Carvalho | Soc. de Biol., 1896, p. 860) pour la toxine pyocyanique, etc. (1). Par analogie on attribue un pouvoir concentrateur du sang analogue aux déchets toxiques provenant du fonctionnement de l'organisme lorsque ces déchets ne sont pas éliminés par le rein. (1) Hamburger (Osmotischer Druck und Ionen Lehre, Wiesbaden, 1903), dans son chapitre OEdem u. Hydrops expose la théorie lymphagogue des ædèmes- L’argument qu'il donne pour prouver que les lymphagogues qu'il envisage sont œdémisants nous semble insuffisant. Il se contente de constater que les lymphagogues sont lymphagogues. Mais le sel marin n'est-il pas à la fois lymphagogue et diluteur du sang en injection hypertonique ? 986 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4° Cette concentration est un phénomène intense. a) Elle se produit très vite. Elle est appréciable au bout de dix minutes et progresse souvent durant une heure. b\ Elle atteint un degré considérable. Exemple : Athanasiu et Carvalho, Société de Biologie, 1896, p. 169 : Avant injection de peptone, globules rouges . 6.800.000 Après — —- — . . 8.676.000 Expériences personnelles. — Lapin de 2 kil. 400. Injection de l'extrait de 20 têtes de sangsues : Globules rouges avant l'injection . une heure après . Chien de 11 kilogrammes : Résidu sec avant l'injection. 4.340.000 1.130.000 178 0/00 — 10 minutes après 4 gr. 8 (de rome DA, c) Elle se réalise en dépit d’injections hypertoniques intra-veineuses de sel marin dont l’action bien connue est de diluer le sang. £xemple : INJECTION DE NaCIl SEUL Dilution du sang. Chiens de 13 kilogrammes. Résidu sec du sang, avant toute AL) 6 CLONES AM A ANCIEN 234 0/00 Injection de 55 cent. cubes de NaCI à 30 p. 100. Résidu sec après 35 minutes. 215 — — 1 h. 25 min. 228 — Chiens de 14 kilogrammes. Ligature des uretères. Résidu sec du sang avant toute INJECTION DE NaCl + PEPTONE Concentration du sang. Chiens de 12 kilogrammes. Résidu sec du sang, avant toute a IN)CCÉON ERP RTEN RES 181 0/00 Injection de 55 cent. cubes de NaCI à 30 p. 100 + 6 gr. 50 de peptone - Résidu sec après 35 minutes. . 204 — — 1 h.25 min . 206 — Chiens de 18 kilogrammes. Ligalure des uretères. Résidu sec du sang avant toute 1n)e CLONE EME ERNEST EN 252 0/00 IN) CHONEE COPA AN ANUS 193 0/00 Injection de 50 cent. cubes de Injection de 50 cent. cubes de NaCI à 30 p. 100. NaCI à 30 p. 100 + 7 gr. de peptone. Résidu sec du sang après 20 m. 198 — Résidu sec du sang après 20m. 216 — — — 1 h.. 207 — — — ORALE — Sous réserve de savoir dans quelle mesure les lymphagogues inter- viennent dans la formation des œdèmes, il est au moins établi que cer- tains lymphagogues ont une action concentratrice du sang ou hydré- miante des tissus et que cette action est si intense quil suffit d'ajouter quelques grammes de peptones dans une injection hyperto- SÉANCE DU  JUIN 987 nique dé sel marin pour non seulement voir s'annuler l'effet hydrémiant du sel marin, mais même pour faire apparaître le phénomène inverse de la concentration du sang. (Travail du laboratoire de M. le professeur Chantemesse.) ACTION DE L'EXTRAIT AQUEUX D'INTESTIN SUR LA SÉCRÉTINE. ÉTUDES PRÉLIMINAIRES SUR QUELQUES PROCÉDÉS D'EXTRACTION DE LA SÉCRÉTINE, par MM. C. DELEzENNE et E. Pozerski. Si à une solution de sécrétine, obtenue par action de l’acide chlorhy- drique sur la muqueuse duodéno-jéjunale (solution rigoureusement neu- tralisée et bouillie) on ajoute, à égal volume, le filtratum d’une macéra- tion de muqueuse intestinale dans l’eau salée à 9 p. 1000, on constate qu'après un temps de contact relativement court les propriétés sécré- toires du mélange ont complètement disparu. La neutralisation de la sécrétine s'effectue progressivement : à la température de l’étuve (39°) elle est habituellement complète au bout de trente à quarante minutes; élle est plus lente à la température du laboratoire; elle est nulle ou presque nulle si le mélange est fait à 0° maintenu au voisinage de cette température jusqu'au moment de l'injection dans les veines de l'animal. ‘ La sécrétine, neutralisée par l'extrait aqueux d'intestin, ne peut plus être mise en évidence à nouveau par acidification du mélange : il s’agit donc, selon toute vraisemblance, d’une véritable action destructive exercée sur la sécrétine par l'extrait intestinal. Cette action ne se manifeste pas si le mélange est acidifié de façon à renfermer 4 p. 1000 environ d'HCI. Il n’est même pas nécessaire pour obtenir ce résultat d'opérer en milieu acide; il suffit de traiter préalablement le filtratum de la macération salée par l’'HCL à 4 p. 1000. Si le contact de l'acide a été suffisant le liquide ramené à la neutralité ne.manifeste plus d'action empêchante vis-à-vis de la sécrétine. On obtient le même résultat, c’est-à-dire la disparition complète des propriétés empêchantes de la macération salée si, après filtration, on porte le liquide à la température de 100° pendant quelques minutes, ou à 70° pendant une demi-heure. La substance empêchante contenue dans l'extrait intestinal se comporte done comme une diastase qui serait détruite à la fois par la chaleur et les acides. Il ne nous a pas encore été possible de déterminer exactement la nature de cette substance; tout ce que nous savons, c'est qu'il n'y a pas lieu de rapporter l’action empê- chante des macérations salées d’intestin à la trypsine ou à la kinase, On retrouve en effet la même action lorsqu'on. s'adresse à certains 988 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE extraits d'organes qui possèdent un pouvoir antitryptique ou antikina- sique des plus manifestes. Les macérations aqueuses de foie, de rate ou de rein, par exemple, possèdent également, quoiqu à un moindre degré que les macérations intestinales, la propriété de neutraliser les solu- tions de sécrétine; nous pouvons ajouter que le sérum sanguin lui- mème n'est pas sans action. Traités par les acides, ces divers extraits d'organes se comportent comme l'extrait aqueux d'’intestin, c’est-à-dire qu'ils perdent tout pou- voir empêchant. La chaleur exerce également la même action : le chauffage à 100° pendant quelques minutes ou à 70° pendant une demi- heure supprime complètement leurs propriétés. Tous ces faits que nous résumons brièvement, nous réservant d'en publier prochainement les détails, permettent, semble-t-il, d'expliquer aisément le rôle de l'acide dans la production ou plus exactement dans la mise en évidence de la sécrétine. Au lieu d'admettre avec Bayliss et Starling que la sécrétine se trouve dans la muqueuse intestinale sous la forme d’une substance mère, la prosécrétine, que l'acide transformerait, en sécréline, on peut supposer que cette substance préexiste dans la muqueuse et que l'acide a surtout pour rôle de neutraliser ou de détruire la substance empêchante qui passe avec elle dans les macérations. S'il en est ainsi, la chaleur, qui exerce sur l'extrait aqueux d’intestin la même action que les acides, doit agir sur la macération intestinale in toto comme ces derniers et permettre d'obtenir d'emblée des solutions riches ‘en‘sécrétine. En fait nous avons pu nous assurer qu'il en était ainsi : la muqueuse intestinale additionnée de trois ou quatre fois son poids d’eau salée physiologique et portée à la température de 100° pendant dix minutes fournit des solutions de sécrétine généralement aussi actives que celles que l’on obtient par macération de la muqueuse dans l’'HCL à la température du laboratoire. Le chauffage à une tempéra- ture moins élevée (80° environ, pendant une demi-heure) suffit d’ailleurs le plus souvent pour obtenir des solutions de sécrétine nettement actives (1). Nous avons vu d'autre part, que la substance empéchante, contenue dans l'extrait aqueux d’intestin, n’exerce pas d’action appréciable sur la sécrétine lorsque les mélanges sont faits et maintenus à la tempé- rature de 0°. Cette donnée nous a conduits à rechercher s'il n’était pas (1) Cette action de la chaleur sur les macérations aqueuses d’intestin a cer- tainement 616 entrevue par Bayliss et Starling, qui la signalent incidemment dans la phrase suivante de leur mémoire fondamental sur la sécrétine (The Journ. of Phys. t. XXVITE, p. 340) sans y revenir par ailleurs : « Secretin is formed from its mother substance apparently by a process of hydrolisis, mineral acids beinz more powerful than organic acids, altough even boiling water has some action in this respect ». SÉANCE DU AA JUIN 989 possible d'extraire directement la sécrétine par l’eau salée en faisant toute la manipulation à basse température. De la muqueuse intestinale broyée dans l'air liquide et mise à macérer dans l’eau physiologique à 0°, nous a fourni des liquides qui, débarrassés complètement des débris cellulaires par centrifugation et filtration à 0° exerçaient une action sécrétoire des plus évidentes sur le pancréas, lorsqu'ils étaient injectés directement dans les veines d'un animal. Les mêmes liquides abandonnés pendant moins d’une heure à la tem- pérature du laboratoire perdaient complètement leurs propriétés sécré- toires initiales. Ces expériences démontrent nettement que la sécrétine préexiste sous sa forme définitive dans la muqueuse intestinale, et qu'il est nécessaire pour l'obtenir en solution d’avoir recours aux agents capables de détruire où de paralyser la substance empéchante qui passe avec elle dans les liquides de macération. (44) 994 SÉANCE DU 7 JUIN 1904 SOMMAIRE CHaixE (J.) : Remarques sur la PÉREZ (CH.) : Digestion intra-cel- musculature de la langue des Oi- lulaire des sarcolytes dans l’histo- SCEAUX ep) A AU Er AU El as A In EE 999 | lyse nymphale des muscides . . . . 999 Présidence de M. Pérez, Vice-Président. REMARQUES SUR LA MUSCULATURE DE LA LANGUE DES ÜISEAUX, par M. J. CHAINE. Chez les Oiseaux, la langue est mue par un certain nombre de muscles qui s’insèrent tous sur l’entoglosse ou os de la langue, et qui, d’autre part, se fixent sur une partie voisine quelconque du squelette : mandi- bules, corps de l’hyoïde, cornes de l’hyoïde. Ces muscles, comme d’ailleurs toutes les autres formations similaires, ont recu des auteurs une foule de dénominations; parmi celles-ci, nous choisissons actuelle- ment celles qui semblent le mieux convenir, quitte à modifier plus tard notre choix, lorsque nous aurons terminé l'étude de la langue, si nous y sommes contraint par les faits. Dans cette note, nous ne nous occuperons seulement que de deux de ces muscles, le cérato- sie et l’hyoglosse droit. Le cérato-glosse s’insère, en arrière, par des fibres charnues, sur la première portion de la corne hyoïdienne, et, en avant, par l’intermé- diaire d’un tendon long et mince, sur la face inférieure de l’os ento- glosse. L’hyoglosse droit s'attache en arrière sur le corps de l’hyoïde, et, en avant, près de l'extrémité antérieure de l’entoglosse. Ces deux muscles sont situés sur la face ventrale de l'appareil hyoïdien. Ordinairement les muscles cérato-glosse et hyoglosse droit sont 992 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 0/5) indépendants l’un de l’autre; ils n'ont, entre eux, que des rapports de voisinage. Cependant, chez quelques espèces, j'ai pu observer une union plus ou moins intime entre ces déux formations. C’est ainsi, par exemple, que chez le Pingouin torda (Alca torda Lin.), ces deux muscles sont confondus en avant, bien que distincts vers leurs parties postérieures. En arrière, le cérato-glosse est identique à ce qu'il est chez les autres espèces; mais, en avant, son tendon d'insertion donne naissance à des fibres musculaires qui constituent un deuxième faisceau, de sorte que le muscle a un aspect digastrique. Ce faisceau antérieur est intimement soudé à la première portion de l’hyoglosse droit qui, ici, comme à l'ordinaire, s'insère toujours, en arrière, sur la face inférieure du corps de l’hyoïde. Autrement dit, le cérato-glosse et l’hyoglosse droit sont fusionnés suivant une longueur qui corres- pond aux trois quarts de celle de ce dernier muscle, et leurs insertions antérieures sont communes. Chez d’autres Oiseaux, l'union du cérato-glosse et de l'hyoglosse droit est encore bien plus intime qu’elle ne l’est chez le Pingouin torda. C'est ainsi que chez le Courlis corlieu (Mumenius phæopus Lath), e’est à peine si quelques fibres de l'hyoglosse se fixent sur l'hyoïde; dans la moitié des cas même ce muscle ne prend aucune insertion sur l'appareil hyoïdien. Le cérato-glosse alors semble être un muscle parfaitement digastrique; mais, d'après ce qui précède, la partie antérieure de cette formation correspond à l'hyoglosse droit. Enfin, chez l'Autruche (Struthio camelus, Lin.), les deux muscles sont entièrement fusionnés et reconnaissables alors à leurs insertions. De ce qui précède, il semble que l’on puisse déjà conciure qu'il existe une parenté étroite entre les muscles cérato-glosse et hyo-glosse droits. C’est bien là notre manière de voir qui se trouve encore fortifiée par diverses autres considérations sur lesquelles je ne puis insister dans cette courte note; mais avant de la formuler d’une facon définitive, nous attendons d’avoir étudié un plus grand nombre d'Oiseaux et d'avoir poussé plus loin nos recherches sur la langue des Vertébrés. (Travail du laboratoire d'anatomie comparée et d’embryogénie de la Faculté des sciences de Bordeaux.) DIGESTION INTRA-CELLULAIRE DES SARCOLYTES DANS L'HISTOLYSE NYMPHALE DES MUSCIDES, par M. Cu. PÉREZ. Dans son volumineux travail consacré aux métamorphoses des Insectes, Berlese se pose en adversaire résolu des interprétations phago- Le (46) | SÉANCE DU 7 JUIN : 993 cytaires ; et s'il ne peut nier chez les Mouches la présence de fragments musculaires à l’intérieur de cellules, indiscutablement reconnaissables pour des globules du sang, il conteste du moins à ces leucocytes toute action digestive sur leurs inelusions. Leur rôle se bornerait à englober des particules déjà digérées en dehors d'eux, et à les transporter en d’autres régions de l'organisme, où elles serviraient à nourrir les tissus imaginaux en prolifération. Quant à la digestion humorale des muscles, Berlese essaye de la justifier, en imaginant qu'au début de la nymphose le contenu du tube intestinal, riche en diastases, se répand dans la cavité générale de l’insecte. Aucune preuve n’est donnée de ce fait; mais admettons-le un instant; nous nous trouvons alors en présence d’une autre difficulté. Si les humeurs circulant dans la cavité du corps sont susceptibles de digérer les muscles, elles devraient les digérer tous indistinctement, et simultanément. Or, on sait qu'il n’en est rien; le processus atrophique affecte d'abord les muscles les plus antérieurs, puis ceux des segments suivants; chaque muscle disparait à son tour, et pendant ce temps d’autres muscles larvaires, ceux des segments abdo- minaux, persistent etsont, au contraire, le siège d’une active prolifération nucléaire, qui les transforme en muscles imaginaux. À cette critique a priori, il est aisé d'ajouter des objections directes de faits. Le procédé de coloration de l’hématoxyline au fer, employé avec des précautions particulières, et suivi d'une coloration du fond à “. l'éosine, donne à cet égard des préparations particulièrement instruc- tives. La différenciation ayant été poussée assez loin pour décolorer en grande partie les noyaux, le myoplasme se présente avec une teinte vieux rose, aussi bien dans les muscles normaux que dans les muscles histolysés, et dans ces derniers la striation transversale persiste par- fois alors que le muscle est déjà profondément déchiqueté par les phagocytes. Ceux-ci présentent au contraire un protoplasme semé d’une multitude de gouttelettes, qui conservent électivement la laque de fer, et apparaissent comme des granulations couleur d'encre, jalonnant avec une netteté remarquable les pseudopodes des phagocytes insinués dans le myoplasme. Au fur et à mesure que le processus atrophique s’accentue, les phagocytes englobent à leur intérieur les fragments du myoplasme qu'ils ont désagrégés. On peut constater alors que les frag- ments englobés depuis peu, de contour irrégulier, ont exactement la couleur rose et l'aspect des portions encore extérieures aux phagocytes; leur structure fibrillaire est encore parfaitement reconnaissable. Plus tard le contour des inclusions s'arrondit, en même temps que la structure fibrillaire disparaît; les sarcolytes se transforment, à l’intérieur des phagocytes, en grains plus ou moins arrondis, à peu près homogènes, réfringents, et qui acquièrent la propriété de conserver électivement la laque de fer. Ces boules d’un bleu noirâtre qui remplissent les sphères de granules tranchent de la manière la plus nette sur les rares débris L] 994 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX vu C1) de myoplasme, toujours fibrillaires et roses, qui ne sont point encore englobés. Il me paraît naturel d'interpréter ces changements d’aspect et de colo- rabilité des sarcolytes comme les signes d’une digestion progressive, consécutive à l’englobement par les phagocytes. La permanence d'aspect des fragments, même minimes, de myoplasme encore extérieurs aux phagocytes montre au contraire l'absence de toute modification que l’on puisse interpréter comme une dissolution humorale. (Communication accompagnée de démonstration de préparations.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 4 # SÉANCE DU 18 JUIN 1904 ABELOUS (J.-E.) : Sur l'existence d'une diastaseoxydo-réductrice chez les végétaux : les conditions de son AC LL ON NA AA A AU EN EEE EAP AIRES SOANANEE US CAL ES AUS AO AE PE ae Agric (PauL) : Sur le fonctionne- MALLOrZEL : Sécrétion sous-maxil- ment des nématocystes des Cœlen- laire du chien après section des L'ENCRE PAR EI A HN RNAR EAP LE 10080 nerfs sustatits{(sy27e) he OPEN BaroEeL : Relations des tempéra- MARIE (A.) : De quelques proprié- tures, concentrations moléculaires. tés du sérum antirabique . . . . .. pressions osmotiquesanimales entre MaureL (E.) : Action!du vêtement elles et avec l'atmosphère. . . , .. 1039 | sur les fonctions digestives chez le BarreLzt (F.) : Toxicité des glo- CODAVE CN RE NEA En Rai bules rouges de différentes espèces Mioxt (G.) : Modifications de la animales chez le lapin . . . . . . .. 1040 | pression artérielle chez le lapin, par Bierry (H.) et Mayer (ANDRÉ) : l'injection des globules sanguins de Sur l’action du sang rendu hépato- différentes espèces animales . . . toxique par injections intrapérito- PaiLocxe (Cn. Mie) : Etude sur laloi néales de nucléoprotéides du foie. 1016 | d’action de la maltase. II. Nouvelle CHARRIN (A.) : Au sujet de la com- preuve de la constance du ferment. -munication de MM. Le Play et Cor- Rerterer (Év.) : L'influence du DechoU PNA EL CU AE a IN À 1021 | milieu sur l’évolution de la cellule Garnier (M.) et SABARÉANU (G.) : ÉPARÉM Al PME RAR Des modifications du poids dans la Roper (A.). LacriFrouz et Wanpy pneumonie. Importance de la réten- (ALY) : La toxine du bacille d'Eberth. tion de l’eau au cours des infections Taaon (PauL) : Le liquide céphalo- DEUeS NS A NeeE DER ne er 1032 | rachidien dans la variole . . ... .. GAUTIER (CLAUDE) et ViLLARD (J.) : VizLaARD (JULES) : À propos d'une Recherches sur le pigment vert prétendue chlorophylle de la soie. jaune du tégument des Aplysies. . 1037 WERNER (ALExIS): Sur un nouveau Henri (Victor) et PaiLocnEe (Cu) : procédé pour exaller la virulence Influence du glucose sur l’hydrolyse du bacillestyphique: NSP du maltose par la maltase . . . .. 1005 Lerèvre (J.) : Sur quelques con- séquences de l’application de la for- Réunion biologique de Nancy. mule de Chauveau aux êtres vivants. 1014 LE PLay et CorpecHot : Sérum cytotoxique et ophtalmie sympa- CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Persis- LILI OU EMEA DEA MAPS ARR SULGAEN 1021 | tance d'émission des rayons N après LESAGE (J.) : Modifications uri- la mort, chez la grenouille dessé- naires consécutives à l’ingestion du CEE A RME NE MAC EDEN MAOINEOIs 6 010 0 db bic D ES IDR NE 1026 CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Relations LESAGE (J.) : Noir animal contre- spécifiques entre plusieurs centres poison des naphtols #0 mn 1028 | nerveux sensoriels et leurs exci- Lesxe (PrerRe) : Nouveltes obser- tants ordinaires, étudiées au moyen vations sur les mœurs de la mouche des rayons NH NEA EAN del Asperse eee onsen ttes 1006 CHARPEN1IER (AUGUSTIN) : Action Logper (MAURICE) : Sur quelques desrayons N sur la sensibilité ther- points de l'histologie normale et DU A PR MR CN AA ERRNEE E pathologique des plexus choroïdes Cuéxor (L.) : Un paradoxe héré- delhommen se anne En rs 1010 | ditaire chez les Souris. . . . . . .. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 10 SOMMAIRE MaALLorzeL : Sécrétion sous-maxil- laire chez le chien à fistule perma- nente après la section des nerfs 995 1022 102% 1030 1018 . 1012 1003 1000 998 1029 103% 996 1045 996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Guizzoz (Tx.) : Sur la stéréoscopie restés longtemps inactifs . . . . .. 1054. obtenue par les visions consécutives MercteR (L.) : Sur la présence du d'images monoculaires. . . . . . . . 1053 | tissu graisseux en rapport avec les GuizLoz (T.) : Sur une réaction taches blanches de la robe chez le électrique des nerfs et des muscles jetine Chat en NP 1052. Présidence de M. Paul Richer, vice-président. SUR UN NOUVEAU PROCÉDÉ POUR EXALTER LA VIRULENCE DU BACILLE TYPHIQUE. par M. ALcexIS WERNER. On sait que les vieilles cultures du B. d'Eberth en bouillon ne sont pas. virulentes. À partir de la vingt-sixième heure, leur virulence commence déjà à s'atténuer. En même temps les bacilles s’allongent, perdent leurs cils, s’enchevêtrent et tombent en amas au fond du tube, tandis que- dans le liquide il se forme une substance qui empêche la production de jeunes microbes. On peut supposer que ces deux phénomènes sont dans le rapport d’effet à cause — c'est-à-dire que c’est grâce à son empoison- nement par cette auto-toxine que le B. d'Eberth perd de sa virulence et donne naissance à une race moins virulente. S'il en est ainsi, on devrait — pour augmenter sa virulence — soustraire le Bacille autant que pos- sible à l'action de son auto-toxine. Voici les expériences que j'ai faites à ce sujet : - J'ai choisi dans les collections de l'Institut Pasteur trois échantillons de B. d'Eberth de provenance différente et ayant perdu leur virulence: presque totalement (6 centimètres cubes de culture en bouillon, âgée de : vingt-quatre heures, ne tuaient pas les cobayes en injection intrapéri- tonéale). En partant de ces irois virus, j'ai obtenu trois séries de cul tures par réensemencement de huit heures en huit heures. Ayant observé que, pendant ce temps si court, il ne se formait que peu d’auto- toxine, j'ai été amené à penser qu une petite dose de cette substance, x insuffisante à empoisonner et rendre non virulents tous les individus. des bacilles, ne pouvait que gêner la pullulation des individus les plus sensibles à l’auto-intoxication, de sorte que le passage d’un tube à l'autre après un temps très court pouvait produire une sélection des individus les plus réfractaires à l’auto-toxine. En effet, la virulence de chacun de ces trois virus augmentait nota- blement d’un tube à l’autre. La dose mortelle du neuvième tube était déjà de 4 centimètre cube à peu près, celle du quinzième tube était. MAR Le MAT ES ee 2 2 en ANENE CEA PA L SÉANCE DU A8 JUIN 997 pour l’un des virus de 3/4 de centimètre cube et pour les deux autres de 1/2 centimètre cube. Après 20-22 passages, ces lrois virus-sont devenus virus fixes à la dose mortelle minima de 1/4 centimètre cube en injec- üon intrapérilonéale pour les cobayes de 400 grammes. Je suis en train en ce moment de vérifier si un procédé semblable ne peut pas être appliqué aux autres microbes qui produisent des anti- toxines, tels que le vibrion cholérique, le pneumocoque, etc. SUR L'EXISTENCE D'UNE DIASTASE OXYDO-RÉDUCTRICE CHEZ LES VÉGÉTAUX : LES CONDITIONS DE SON ACTION, par M. J.-E. ABELOUS. Dans des communications antérieures, j'ai démontré l'existence dans l'organisme animal d’une diastase oxydo-réductrice. Ce ferment em- prunte l'oxygène qui lui est nécessaire à des combinaisons oxygénées qu'il réduit, et l'oxygène, libéré ainsi à l’état naissant, constitue un puissant agent d'oxydation. La diastase oxydo-réductrice diffère des oxydases proprement dites, non seulement en ce qu'elle n'utilise pas “loxygène libre, mais encore en ce que la présence d’une atmosphère d'oxygène pur entrave son action. J'ai recherché l'existence de ce ferment chez les végétaux, dans la pomme de terre en particulier. Comme les extraits d'organes animaux, le suc retiré de la pulpe de pomme de terre réduit énergiquement les nitrates, mais contrairement à ce qui a lieu pour les extraits animaux qui présentent cette action réductrice, le suc végélal en nature est inca- pable d'oxyder l’aldéhyde salicylique. Pour qu'il l'oxyde, il suffit d'ajouter au suc une pelile quantité de chlorate de potasse. Le chlorate est réduit au moins en partie, et l'oxy- gène libéré oxyde l'aldéhyde ; le sue bouilli additionné de chlorate est absolument inactif. Donc, le suc de pomme de terre renferme bien une diastase oxydo- réductrice, mais il faut réaliser certaines conditions pour qu’elle agisse. D'où vient cette diftérence entre le sue végétal et les extraits d'organes animaux ? La pomme de terre renferme des oxydases proprement dites (laccase, tyrosinase). C’est à elles qu'est dû le noircissement du suc au contact de l’air. Ce noircissement n'impliquerait-il pas justement une transforma- tion des combinaisons oxygénées, qui, de dissociables qu'elles étaient, deviennent plus stables et ne peuvent plus être réduites par la diastase oxydo-réductrice ? C'est très probablement ce qui a lieu, en effet. J'en trouve une première preuve dans ce fait, que j'ai signalé, qu'il 998 SOCIETÉ DE BIOLOGIE suffit de faire agir en présence de l'air des oxydases végétales ou ani- males sur de l'extrait de foie de cheval, pour que le pouvoir oxydant de celui-ci soit considérablement affaibli. Ce pouvoir oxydant subsiste, au contraire, quand la solution d’oxydases à été bouillie ou quand on ajoute du chlorate de potasse à l'extrait de foie soumis à l’action des oxydases. D’autres expériences que je viens de réaliser, démontrent le bien fondé de celte hypothèse. A. — On soumet à la presse de la pulpe de pomme de terre. On obtient 200 centimètres cubes de suc qui brunit rapidement à l'air. On ajoute à ce suc 0 gr. 40 de CO'K”; on fait le vide dans le ballon, et on y introduit 1 centimètre cube d'aldéhyde salieylique. Le mélange aban- donné pendant vingt-quatre heures à 40 degrés ne renferme pas d'acide salicylique. B. — Au lieu d'exprimer le suc, on épluche une pomme de terre du poids de 200 grammes. On la débite en tranches extrêmement minces qu'on introduit dans un ballon contenant 200 centimètres cubes d’eau distillée bouillie au préalable pour en chasser l'oxygène dissout et maintenue à une température de 45 degrés. On ajoute 0 gr. 40 de CO*K? et on fait le vide le plus complet posssible ; on introduit 1 centimètre cube d'aldéhyde salicylique et le mélange est laissé à 40 degrés pendant vingt-quatre heures. Après un traitement approprié on trouve 30 malli- grammes d'acide salicylique qu'on extrait sous forme de cristaux très purs. Ainsi la pomme de terre peut oxyder l'aldéhyde salicylique, mais à condition que les oxydases qu'elle renferme ne puissent agir en pré- sence de l'air sur les combinaisons oxygénées qui doivent être réduites par le ferment oxydo-réducteur. Cette condition est réalisée quand les cellules ne sont pas détruites par la pression, et quand on opère à l'abri de l’air. {Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) LA TOXINE DU BACILLE D ÉBERTH, par MM. A. Roper, LAGRIFFOUL et AzY Wanpy. Notre note du 14 mai dernier, sur la toxine typhique, était le résumé irès concis d’un mémoire sous presse (1). Nous n’y avons dit que (1) Notre mémoire était prêt à paraître dans le numéro de mai des Archives de médecine expérimentale. Un léger retard dans la correction des épreuves l’a fait ajourner au numéro de juillet. SÉANCE DU 48 JUIN 999 l'essentiel, nous bornant à insister sur la question fondamentale, à savoir que le bacille d'Eberth sécrète une loxine soluble, ce qui est encore si contesté. La récente note de M. et M° Werner (28 mai) nous engage à revenir ici sur certains détails qui n'ont pas trouvé place dans notre note concise. En ce qui concerne le rôle de l'oxygène, nous nous sommes bornés à dire qu'une large aération est favorable au rendement toxique. Dans notre mémoire, ainsi que dans la thèse de l’un de nous (Aly Wahby), nous insistons beaucoup sur les nombreuses expériences que nous avons faites concernant l'influence de l’aération plus ou moins favorisée, ou au contraire plus ou moins réduite à partir de divers âges de la culture ; et nous disons que c’est dans les cultures soumises à un cou- rant d'air barbottant bulle à buile dans le milieu que nous avons obtenu le meilleur rendement toxique. Quant à la réduction de l’aération à un certain âge de la culture, nous l’avons réalisée surtout par l'addition, sur le bouillon d'une couche d'huile de vaseline ; nous n’avons pas obtenu de bien bons résultats. En tout cas, nous avons conclu, comme M. et M*° Werner (et nous insistons beaucoup sur cette considération dans notre mémoire), que la toxine, éminemment fragile, s’altère au fur et à mesure qu'elle est versée dans le mäieu, que l'oxygène, et sans doute aussi la chaleur, y contribuent, et, par suite, que ces conditions jouent un double rôle : elles favorisent l'élaboration de la toxine en permettant une abondante pullulation des bacilles et en stimulant leur fonctionnement ; mais aussi elles concourent à altérer la toxine dis- soute. Étant données ces deux influences antagonistes, nous faisons remarquer que, de la part d'une même condition, telle que la réduction plus ou moins précoce de l’aération, on peut obtenir deux résultats contraires, suivant que l’une ou l’autre influence prédomine; mais nous n'avons pas réussi à faire prédominer nettement l'influence utile, si bien qu’en pratique nous avons cru devoir renoncer à la restriction secondaire de l’aération. D’après M. et M" Werner, ce serait cependant cette méthode (cultures d’abord aérées, puis soustraites à l'action de l’air) qui assurerait un bon rendement toxique. Ce peut être une ques- tion de détail dans l'application. Cependant, nous attendons la preuve que c’est à cette partie de leur technique qu'est dû leur bon résultat. S'ils obtiennent un meilleur produit que nous, n'est-ce pas en partie parce que le milieu de culture est différent (eau richement peptonée au lieu de bouillon de viande) ? N'est-ce pas encore, et peut-être surtout, par suite de l'emploi de races bacillaires particulièrement toxinogènes? À ce dernier point de vue, nous remarquons que les auteurs ne se préoccupent pas de faire passer leurs bacilles par l'animal, et s’atta- chent, au contraire, à les employer tels que les livre l'organisme humain ; nous notons aussi dans notre mémoire que les passages nous paraissent inutiles. 1000 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Quoi qu'il en soit, nous nous félicitons de l'excellent résultat de M.et M°° Werner. Ils ont obtenu une toxine bien meilleure que la nôtre : au point de vue pratique, cela a évidemment son importance. Au point de vue théorique, auquel nous nous sommes surtout placés, le rende- ment était secondaire : notre but étant d'établir que la toxine dissoute que nous cbtenions, quelle que fût son activité, était versée dans le milieu par un processus vital de sécrétion, nous nous sommes surtout appliqués aux expériences susceptibles d’élucider cette question. La chose en valait la peine : ne voyons-nous pas des bactériologistes, comme Macfadyen et Rowland, conclure très nettement qu'il est impos- sible d'obtenir une sécrétion toxique diffusible, et qu'il faut de toute nécessité chercher le produit toxique dans les corps bacillaires ; et J. Rehns, dans une note récente, affirmer que la toxine soluble de Chantemesse n’est qu'un produit de macération des bacilles ? Notre but a été de protester contre cette thèse de l'endotoxine : nous croyons que nos faits sont probants tels qu'ils sont ; et nous sommes heureux que des recherches poursuivies dans le laboratoire de M. Metchnikoff im= posent à leurs auteurs la même conviction, et que par surcroit ils aient réussi à obtenir une excellente toxine typhique. L'INFLUENCE DU MILIEU SUR L'ÉVOLUTION DE LA CELLULE ÉPITHÉLIALE par M. Éd. RETTERER. En poursuivant les recherches expérimentales sur le vagin du cobaye et en variant le nombre des décollements sous-cutanés, ainsi que les conditions locales et générales des animaux, j'ai obtenu des résultats que je groupe sous les chefs suivants : évolution muqueuse, cornée, multileucocylaire et indifférente. A. Évolution muqueuse. — Si l'on répête les décollements à courts inter- valles (deux en trois jours ou un tous les deux jours) pendant un mois ou un mois et demi, le segment supérieur du vagin continue à présenter un revêtement épithélial muqueux comme chez le cobaye normal. Seulement, sous l'influence de l'irritation, les cellules épithéliales s'hypertrophient et s’hyperplasient, ce qui permet de suivre aisément les changements de struc- ture et de préciser les endroits où se fait la multiplication des cellales, ainsi : que les modifications qui se passent dans le cytoplasma aux diverses phases de l’évolution cellulaire. Les décollements limités uniquement aux tissus cutané et sous-cutané amènent rapidement l’épaississement de la couche basilaire de l’épithélium, grâce aux mitoses très abondantes qui portent sur les noyaux la seule couche basilaire. Ces noyaux, gros de 8 à 10 u, y sont réunis et séparés les uns des æ SÉANCE DU 18 JUIN 1001 autres par un cytoplasma, dont l'épaisseur (entre deux noyaux voisins) ne dépasse pas 2 à 4 p. C’est un cytoplasma chromophile commun aux divers noyaux, dans lequel il est impossible de distinguer des limites cellulaires. Il fixe énergiquement la fuchsine acide, mais, si l’on surcolore à l'hématoxyline, le cytoplasma à fond rouge montre de très fines granulations violettes très -serrées qui donnent un aspect sombre à la couche basilaire. Voici les changements qui surviennent dans ce cytoplasma, à la limite des couches Past et muqueuse : sa masse augmente dans l'intervalle des noyaux el son apparence devient autre. Des points clairs de protoplasma homogène où hyaloplasma apparaissent par places et le cytoplasma granu- leux et très colorable (chromophile) prend la forme de travées qui se divi- sent, se subdivisent et s’'anastomosent pour constituer un réseau chromophile. Par la dissociation, on peut isoler des cellules muqueuses comprenant un noyau, un corps formé d’un réseau réticulé et à mailles remplies d’hyalo- plasma. Les limites de ces cellules, très nettes, seraient constituées par une paroi exopiastique, du protoplasma condensé ou une substance fondamentale, Cet ectoplasma ou substance fondamentale serait le produit d’un endo- plasma ou bien élaborerait un mucigène, des grains de sécrétion (Secretgra- nula) se transformant finalement en mucus. Les termes si multiples appliqués au même objet et ces interprétations si variées sont dus à l'examen d’un seul stade et de quelques stades isolés. Si, après avoir modifié l'évolution des cellules, on étudie sur les coupes les éléments muqueux dans leurs relations naturelles, les faits se présentent sous un autre jour et s'enchaînent entre eux. A la limite des couches basilaire et muqueuse, les limites ou parois cellu- laires ne sont que les prolongements du cytoplasma granuleux et chromophile -de la couche basilaire. Chacun de ces prolongements qui persiste dans l’in- tervalle des individualités cellulaires représente une cloison mitoyenne et indivise qui appartient au même titre à l’une et l’autre cellules adjacentes. Le cytoplasma granuleux et chromophile de cette cloison ne s’est pas différencié en réticulum chromophile et en hyaloplasma, tandis que les portions inter- médiaires entre la cloison et le noyau ont élaboré de l’hyaloplasma qui reste compris dans les mailles des trabécules chromophiles. Une fois que les cellules muqueuses ainsi constituées ont un volume de 20 à 30 & avec un noyau de 9 à 10 y, leurs divers éléments commencent à subir des transmutations nd a Leur réticulum chromophile devient de plus en plus délicat; ses mailles s’élargissent et l'hyaloplasma qui y est con- tenu augmente et se teinte en rose violacé par la thionine, c'est-à-dire qu'il se transforme en mucine. Plus loin encore, près de la surface libre du revêtement muqueux, il se liquéfie par places ; d’où l'apparition de vacuoles dans les mailles du réticulum. Les filaments du réticulum chromophile participent à cette évolution régres- sive, car ils montrent des granulations très colorables qui se dissocient et se disposent en files au milieu du fluide muqueux. Quant au noyau de la cellule muqueuse, il se déforme durant ce processus; sa membrane nucléaire de- vient indistincte et se confond avec la masse chromatique; toute la substance nucléaire se condense en un bloc allongé ou un corpuscule anguleux. A mesure que le cytoplasma environnant se fluidifie, le noyau, avec sa zone : 1002 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE périnucléaire, devient libre, se fragmente et se transforme en élément leuco- cytaire. Jamais je n’ai vu une cellule, dont le cytoplasma est différencié en réticulum chromophile et en hyaloplasma, se diviser par mitose. En résumé, c’est par accroissement et métamorphose protoplasmique que les éléments granuleux de la couche basilaire donnent naissance aux cellules muqueuses. Réunis par un cytoplasma commun, qui est granuleux et chromophile, les éléments basilaires se transforment cha- cun en une individualité cellulaire, composée d’un noyau et d'un corps réticulé dont les mailles sont pleines d’hyaloplasma. Les cellules mu- queuses constituent un complexus cloisonné régulièrement par des travées chromophiles, mitoyennes, qui les réunissent entre elles. Les cellules muqueuses ne prolifèrent plus; elles ne font que s’accroître et subir des transmutations protoplasmiques qui aboutissent à la désagré- gation et à la fluidification de toutes leurs parties constituantes. B. Evolution cornée. — Lorsqu'on pratique des décollements de trois jours en trois jours, durant plus d’un mois, le revêtement épithélial se transforme en couches d’épithélium pavimenteux stratifié, dont les assises superficielles élaborent un sératum granulosum et un stratum corneum. On obtient des résultats identiques si l’on répète les décolle- ments de deux jours en deux jours, durant une période de deux mois. La couche cornée continue à s’épaissir, c'est-à-dire de nouvelles cellules malpighiennes continuent à se kératiniser, si, après des décollements répétés, on cesse toute atteinte opératoire, et si l’on a soin de nourrir abondamment les animaux. Dans nos expériences, on ne peut invoquer l'influence de l'air ou des irritations mécaniques portant directement sur la surface externe de l’épithélium. La kératinisalion est la conséquence directe de la sur- nutrition des couches épithéliales profondes. Les cellules malpighiennes commencent par élaborer des fibrilles épithéliales ou chromophiles épaisses, qui sont surtout très prononcées dans les couches périphé- riques du cytoplasma. Puis, on voit apparaitre, dans les zones moyennes et périnucléaire du corps cellulaire, des grains très avides d’héma- toxyline et disposés, à l’origine, dans l'intervalle des fibrilles chromo- philes. Ce sont des grains de kératohyaline qui augmentent de nombre et acquièrent la taille de 2 à 4 x dans les assises superficielles du stra- tum granulosum. Enfin, ils deviennent si abondants et si serrés qu'ils confluent en une masse ou trainée continue se colorant énergiquement et en masse, de sorte qu'on ne distingue plus de limites cellulaires dans l'assise superficielle du stratum granulosum. La couche cornée figure une bande épaisse de 0""03, parsemée de quelques noyaux en bâtonnets. Cette couche cornée s’est développée secondairement, après que le revêtement épithélial avait subi l’évolution muqueuse, car sa face superficielle est surmontée d'une couche muqueuse de 015 en voie de désagrégation. SÉANCE DU Â8 JUIN 1003 CG. Zvolution multileucocytaire. — Les phénomènes sont tout autres, si, après des décollements pratiqués de deux jours en deux jours pen- dant un mois ou un mois et demi, on affaiblit les animaux par une sai- gnée copieuse et qu'on les soumette pendant deux ou trois semaines à une alimentation insuffisante, de façon que le poids du corps diminue tous les jours de 10 à 20 grammes. Dans ces conditions, les couches épithéliales subissent des transfor- mations régressives qui se traduisent par la dégénérescence de terri- toires entiers d'éléments épithéliaux. Le revêtement épithélial est sil- lonné de trainées cellulaires, épaisses de 005, et offrant, en coupes transversales, 10 à 15 noyaux. Sur le pourtour de ces trainées, le cyto- plasma se raréfie et se résorbe, de sorte que chaque trainée devient libre; de plus, le cytoplasma qui réunit les noyaux de chaque trainée devient transparent et se ratatine, pendant que les noyaux rapprochés les uns des autres, prennent les caractères des noyaux de leucocytes mononueléaires ou polynucléaires. En un mot, des masses épithéliales, mal nourries, dégénèrent en cordons de cellules géantes. D. Ævolution indifférente. — Lorsqu'on pratique des décollements à longs intervalles (12 en trois mois) et qu’on fait suivre chaque décolle- ment d'une injection de quelques centimètres cubes de paraffine fusible à 36 degrés (qu'on laisse à demeure dans la plaie), l'épithélium évolue différemment encore. Le revêtement épithélial se réduit, au bout de cette période, à quelques assises de cellules, dont les superficielles, très aplaties, sont nucléées et dont la constitution rappelle le revêtement . épithélial de la muqueuse buccale dans l'espèce humaine, par exemple. Conclusions. — Les conditions de nutrition locales ou générales suf- fisent pour changer l'évolution d’une seule et même cellule épithéliale. Selon les circonstances, le revêtement épithélial prend des caractères indifférents ; ou bien les cellules évoluent en éléments cornés ou muqueux, ou bien encore ii en est qui dégénèrent en masses multi-leucocytaires. ÉTUDE SUR LA LOI D'ACTION DE LA MALTASE. If. NOUVELLE PREUVE DE LA CONSTANCE DU FERMENT, par M'° Cu. PHILocnE. Dans la communication précédente (Soc. Biol. 25 mars), j'avais montré que le maltose conservait son activité pendant vingt-quatre heures à 40 degrés. Ce résultat était obtenu par une première méthode consistant à faire agir le ferment sur des mélanges différents de mal- tose et de glucose. On peut employer une seconde méthode consistant à faire agir la mal- 1004 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tase sur du maltose pendant un certain temps; on ajoute alors une nou- velle quantité de maltase et on cherche si l’hydrolyse se fait avec la même vitesse que dans la première partie de l'expérience. J’ai employé la diastase Taka de chez Merck; température 39 decrése à 39°5, solutions fluorées à 5 p. 1000. Vitesse d'hydrolyse mesurée au polarimètre après au moins une demi- heure d'attente; l’aclion de la diastase est arrêtée par une légère alcali- nisation. Quatre séries sont faites . 19 4 p. 100 maltose. 2° 4 p. 100 maltose + 2 p. 100 glucose. 3° 2 p. 100 maltose + #4 p. 100 glucose. 4° 2 p. 100 maltose. Dans chacune la diastase Taka est employée à la concentration de 1 p. 100. La marche de l’hydrolyse est suivie pendant quinze heures de suite; trente-huit heures après le début on ajoute dans les séries 2, 3 et 4 de nouvelles quantités de maltose, de facon à avoir des solutions conte- nant : ip 2 bis. Maltose, 4 p. 100 + glucose, 2 p. 100. Taka, 1 p. 300. 3 bis. Maltose, 4 p. 100 glucose, 2 p. 100. Taka, 1 p. 300. 4 bis. Maltose, 4 p. 100 + glucose, 1 p. 100. Taka, 1 p. 200. Des expériences sur l'influence de la quantité de diastase, que je ne publie pas aujourd'hui, montrent que la vitesse d’hydrolyse est propor- tionnelle à la quantité de ferment. Le tableau suivant contient les variations du pouvoir rotatoire qui sont proportionnelles aux quantités de maltose hydrolysé. Une variation de 1° dans le pouvoir rotatoire correspond à 0 gr. 67 de maltose trans- formé en glucose. Durée. 1° Maltose 4 p. 100 2° Maltose 4 p. 100 3° Maltose 2 p.100 % Maltose 2 p. 100 Glucose 2 p. 100 Glucose 4 p. 100. Lane 0°80 0°63 0°50 0°67 ne 1947 1940 112 1°23 3 h. 1993 1980 1950 1973 4 D. 2057 2050 29 2023 6 h. 1/4 3°87 3083 2050 20173 one 4053 4047 2087 2067 10h: — 4083 2081 2067 12 h. 1/2 me 4093 2083 2067 15h 0013 Addition de maltose 2 bis. Maltose 4 spi 100 3 bis. Maltose 4 p.100 4 bis. Maltose 4 p. 100 Durées après addition. Glucose 2 0 100 Glucose 2 p. 100. Glucose 1 p. 100. 421. 2063 2053 3037 18 b. 2007 3097 me Les valeurs numériques des variations dans les séries 2 bis et 3 bis au EEE SÉANCE DU 1À8 JUIN 1005 bout de. douze heures et dix-huit heures sont comparables à celles de la série 2 au bout de quatre heures et six heures; la série 4 bis doit être comparée avec la première série au bout de six heures un quart. L’exa- men des chiffres montre qu'il y a un accord parfait. En eflet, on trouve dans 2 bis 2°63, dans 3 bis 253 et dans 1 257, etc. Conclusion : La maltase, après avoir hydrolysé du maltose el être restée en contact avec les produits de la réaction pendant trente-huit heures à 39 degrés, a conservé son activité primitive. INFLUENCE DU G£LUCOSE SUR L'HYDROLYSE DU MALTOSE PAR LA MALTASE, par M. Vicror Henri et M'° Cu. PHILOCHE. Pour l'étude théorique de l’action de la maltase il est nécessaire de connaître l’action exercée par les proue de l’hydrolyse, c'est-à-dire par le glucose. Les expériences ont été faites pour des concentrations différentes en glucose. Les solutions contenaient 4 ou 2 grammes maltose et 2, 4, 10 -ou 20 grammes glucose dans 100 centimètres cubes. Les expériences dont les valeurs numériques se trouvent dans la note précédente montrent que l'addition de 2 à 4 p. 100 de glucose à 2 ou 4 p. 100 de maltose retarde un peu l’action de la maltase. Ainsi, on voit que les nombres de la 2° série sont inférieurs à ceux de la 1", de même les nombres de la 3° série sont plus faibles que ceux de la 4°. Ce retard exercé par les produits de la réaction est exlrèmement faible. Sion prend des doses plus fortes de glucose (10 et 20 p. 100) le retard est plus fort. Ainsi on trouve comme variation du pouvoir rotatoire après trente heures : paramaltose, ip 400 MR RME NAN A Ru lO) par maltose, 4 p. 100 + glucose, 10 p. 100 D PAT 0 0 par maltose, 4 p. 100 + glucose, 20 p. 100 . . . . . 2977 Il est intéressant de rapprocher ces retards des expériences avec lin- vertine que l’on fait agir sur des mélanges de saccharose et de sucre interverti. Le sucre interverti (glucose — levulose) retarde bien plus fortement l'hydrolyse par l'invertine que ne le fait le glucose dans le cas de la maltase. 1006 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ainsi, par exemple, on trouve comme variation du pouvoir rotatoire, après quatre heures : par saccharose 0,2 normale, 0°" 0OMROLr ES CIO par saccharose 0,2 nor. + sucre interverti 0,1 nor. . 10°02 par saccharose 0,2 nor. + sucre interverti 0,2 nor. . 9015 par saccharose 0,2 nor. + sucre interverti 0,5 nor. . 6°67 par saccharose 0,2 nor. + sucre interverti 0,8 nor. . 4043 Lorsqu'on analyse l’action exercée par le sucre interverti, on trouve qué cette action est bien plus forte par le lévulose que par le glucose. Exemples, voici les proportions de saccharose interverties dans quatre séries : Saccharose Saccharose 0,2 nor. Saccharose 0,2 nor. Saccharose 0,2 nor. Durée. 0,2 normale. + glucose 0,2 nor. + levulose 0,2 nor. + sucre interv. 0,2 nor. 15 min. 0,142 0,144 0,123 0,119 184 — 0,385 0,362 0,317 0,306 215 0,564 0,532 0,457 0,440 z4B — 0,798 0,746 0,672 0,648 605 — 0,906 0,878 (ONCE) 0,794 On voit que la différence entre la 2° et la 1° série est très faible et que, par contre, elle est plus forte entre la 3° et la 1"° série. En résumé : l'action retardatrice du glucose est très faible pour la mal- tase de même que pour l'invertine. Ce résultat présente un intérêt théo- rique et il montre que l'étude de la loi d'action de la maltase est plus simple que ne l’est celle de l’action de l'invertine. Nous reviendrons prochainement sur celle-là. (Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES MOŒURS DE LA MOUCHE DE L'ASPERGE, par M. PIERRE LESNE. Bien que la mouche de l'Asperge (Platyparea pœciloptera Schrank) soit connue depuis fort longtemps(1) et que ses dégâts aient été déjà signalés il y a plus d’un demi-siècle(2), on ne connaîl pas encore d’une facon satisfaisante les conditions principales de son évolution. L'appa- (4) Schrank, Beiträge zur Naturgeschichte 95, tab. II, f. 22 (1776). (2) P.-Fr. Bouché, Beiträge zur Kenntniss der Insekten-Larven, in Séeéliner Entomologische Zeitung, 1847, p. 145. SÉANCE DU 18 JUIN 1007 rilion de cette mouche il y a quelques années aux environs de Paris, dans les cultures d'Argenteuil el d'Épinay-sur-Seine, a ramené sur elle l'attention des observateurs. Récemment, M. le professenr Giard(1) a mis en lumière divers points de l’histoire de l’insecte. De son côté, M. le professeur E.-L. Bouvier, chef du service entomologique du Muséum avait reçu, à la fin de l'hiver dernier, par l'entremise de M. Vincey, pro- fesseur départemental d’agriculture, un lot de turions attaqués, qui lui avaient été adressés par M. G. Millat, secrétaire général du syndicat agri- cole d'Épinay. M. Bouvier voulut bien nous confier ces matériaux d'étude. Sur ses conseils, nous entreprimes une série d'observations destinées à compléter nos connaissances sur le mode de vie du Platyparea. L'objet de la présente note est d'indiquer d'une façon sommaire quelques-uns des résultats auxquels nous sommes parvenus parmi ceux offrant un intérêt au point de vue économique. Les premières éclosions de mouches ont eu lieu dans nos bocaux d'élevage, le 13 avril, c'est-à-dire qu’elles ont à peu près coïncidé avec la sortie de terre des premières pousses de la plante nourricière. Les éclosions se sont ensuite succédé d’une facon assez régulière pendant la seconde moitié d'avril et pendant tout le mois de mai, elles ont même continué à se produire jusqu'au 9 juin, date à laquelle nous notions encore l'éclosion d’un mâle. Durant toute cette période d'environ deux mois, les insectes n’ont pas cessé de s’accoupler et de pondre sur les Asperges que nous introduisions dans les bocaux où nous les obser- vons. Nous pouvons affirmer, qu’à l’air libre, dans les cultures d'Épinay, elles manifestaient la mème continuité dans leur activité. Ces derniers jours (13 juin) nous y constations encore l'abondance des adultes et nous y surprenions des individus accouplés et une femelle occupée à pondre. D'autre part, nous avons pu recueillir dans les mêmes cultures et à la même date des larves déjà transformées en pupes, à l’intérieur de jeunes pousses mortes el desséchées. Nos élevages nous avaient déjà fournis de ces pupes dès avant le 8 juin. Ainsi tandis que les dernières éclosions de mouches se produisent, des larves issues des adultes de la même génération ont déjà alteint le terme de leur développement et se sont transformées en pupe. D'autres constatations ne sont pas moins importantes au point de vue de la connaissance des habitudes de l'insecte. IL était admis jusqu’à présent que la femelle pondait exclusivement dans les pousses au moment où celle-ci sortent de terre ou peu de temps après, c'est-à-dire à l'époque où elles sont comestibles. Nos recherches nous permettent d'affirmer qu’elles pondent également sur les tiges âgées même sur (1) A. Giard. La mouche de l'Asperge (Platyparea pœciloptera Schrank) et ses ravages à Argenteuil, in Compt. rend. de la Soc. d2 Biologie, séance du 4 juillet 1903, p. 907. 1008 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE celles dont la hauteur au-dessus du sol dépasse 50 centimètres et qui sont abondamment ramifiées. Dans ce cas l'œuf est déposé près du sommet de la tige, dans les tissus encore tendres et en voie de croissance. Tout d’abord la jeune larve venant d’éclore chemine vers Le bas en se: tenant immédiatement au-dessous de ‘ l’épiderme. Sa présence est décelée au dehors par une ligne jaunâtre en saillie qui marque le trajet de la galerie, ou bien par une cicatrice longitudinale résultant de la déchirure du mince plafond de celle-ci. À partir d’un certain niveau, la galerie s'enfonce dans la région médullaire de la tige et n’est plus - apparente à l'extérieur. Mais le signe le plus remarquable et très caractéristique de la présence de la larve, est l'avortement du sommet de la tige qui se dessèche, brunit et se recourbe en crosse sur lui- même (1). t Les deux faits que nous signalons brièvement, à savoir : l'écart consi- dérable dans l’époque du développement des larves provenant des adultes sortis des pupes ayant hiverné et le dépôt des œufs dans les tissus de l'extrémité des tiges déjà hautes et voisines de l’époque de la floraison, sont de nature à faire pressentir l'existence d’une seconde génération annuelle de l’insecte. Nous avons l'espoir que nos recherches. ultérieures permettront d'éclaireir ce point. SUR LE FONCTIONNEMENT DES NÉMATOCYSTES DES COELENTÉRÉS, par M. PauL ABric. C'est une question encore fort obscure, bien qu'elle ait donné lieu à un assez grand nombre de travaux, que celle de l'éclatement des néma- tocystes des Cœlentérés. Comme il existe au moins deux espèces de nématocystes chez les mêmes individus, et jusqu à quatre ou cinq chez les Siphonophores, d’après Iwanzoff (1896) (2), il est bien évident que les diverses sortes correspondent à des besoins physiologiques diffé- rents, ce qu'ont d’ailleurs établi les expériences directes de M. Nuss- baum (1887) (3) chez les Hydra. Dès lors, il est très possible que le (4) Dans un article inséré dans La Nature (n° du 8 août 1903, p. 147-148). M. A.-L. Clément signale cette atrophie du sommet des tiges ; mais il ajoute que, d'après M. Diegner, les mouches ne pondent plus sur les Asperges dès que celles-ci ont atteint 5 centimètres au-dessus du sol. (2) N. Iwanzoff, 1896. Ueber den Bau, die Wirkungsweise und die Entwicke- lung der Nesselkapseln der Cülenteraten, Bull. Soc. nat. Moscou [2], t. X, p- 95-161, 323-355, pl. IIT-VI. (3) M. Nussbaum, 1887. Ueber die Theïlbarkeit der lebendigen Materie 2 " mith. — Beiträge zur Naturgeschichte des Genus Hydra. Arch. für mik. Anat. 29, Bd., p. 265-366, pl. XIII-XX. SÉANCE DU 18 JUIN 1009 mode de dévagination du filament ne soit pas unique dans toute la série des Cœlentérés et dans les divers enidocytes d’un même individu. Il est au moins prudent de pas généraliser hätivement. J'ai opéré principalement sur des Actinies. (Actinia equina Lin., T'ealia crassicornis Gosse, Sagartia diverses.) Il est facile d'obtenir par certains réactifs l'émission des nématocystes sans dévagination du filament spiral. La proportion du nombre de ces nématocysies à celui des nématocystes dévaginés est, en général, assez grande, et comme elle varie avec les réactifs employés, on ne peut admettre que le fait de se dévaginer ou de ne pas se dévaginer corresponde à une sorte de malurilé ou de non maturité de la cellule urticante. R Iwanzoff (1896) avait admis que la dévagination est due au gonfle- ment, par l’action de l’eau, d'une gelée (Gallerte) intérieure au némato- cyste. Von Lendenfeld (1897) (1) repousse avec raison cette opinion, s'appuyant sur ce que certains colorants dissous pénètrent la capsule cnidocystique sans déterminer la dévagination. Grosvenor (1903) (2) combat l’objection de von Lendenfeld en faisant intervenir l'influence de la concentration. « It seems to be, dit-il (p. 478), the passage from a solution of greater to one of less concentration which causes the ever- sion of the thread. » Or, cette explication imaginée pour expliquer ia non dévagination par l’action du bleu de méthylène et autres colorants -employés par Iwanzoff devait être, puisqu'elle se pose comme générale, vraie pour tous les colorants dissous. J'ai reconnu qu'il était loin d'en être ainsi; en particulier la thionine aqueuse employée sur le vivant, est, dans certains cas, un excitant spécifique du nématoblaste qui déter- mine la dévagination du nématocyste avec la plus grande intensité. (Méduses d'Obelia sp.). Sur quelques espèces, ce même réactif produit, par contre, l'émission sans dévagination (Actinies diverses). K.-C. Schneider (1900) (3) croit devoir rejeter l’objection de von Len- . denfeld à la théorie de N. [wanzoff, car ce qu’on colore ce sont des pièces fixées, mortes, indévaginables dès lors. « Die Cnide nimmt aber im leben- den Zustande keine Farbstoffe auf, wie vitale Färbungen der Nesselknüpfe mit Methylenblau und Congoroth erweisen. » (Loc. cit., p. 221 — 89 du tiré à part.) — À quoi l’on peut répondre : 1° que les fixateurs sont aussi, le plus souvent, des liquides aqueux; 2° que tous les réactifs susceptibles de tuer les nématoblastes déterminent la dévagination des nématocystes d’un certain nombre d’entre eux. Les nématocystes isolés des nématoblastes peuvent demeurer chargés dans l’eau distillée, sans (1) Von Lendenfeld, 1897. Nesselzellen der Cnidaria, Biol. Centrbl., 17, Bd. (« Zusammenfassende Uebersicht » remarquable.) (2) G.-H. Grosvenor, 1903. On the nematocysts of Æolids, Proc. Roy. Soc. London, vol. 72, p. 462-486, 13 figures. (3) K.-C. Schneider, 1900. Mittheilungen über Siphonophoren. — 5. Nessel- zellen, Arb. zool. Inst. Wien, 12, Bd., p. 133-242, 7 pl. 1010 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— ——————————…— …— —" ———— traitement préalable par aucun réactif. (Aconties de Zealia crassicornis Gosse.) Selon moi, le phénomène (normal) nécessite l'intervention du néma- toblaste. Un nématoblaste excité dévagine son nématocyste. Tué brus- quement par un réactif, son action directrice sur le nématocyste devient anormale, et c’est dans de tels cas que le nématoblaste met en liberté des nématocystes chargés. L'action du nématoblaste sur le nématocyste doit être d'ordre chimique, non d'ordre physique. On ne peut attribuer l'éclatement à la contraction du nématoblaste, car cette contraction a lieu dans le cas de nématocystes émis et non dévaginés. En effet, ils ne sont pas seulement laissés libres par le nématoblaste, mais projetés par lui. Dès lors, les fibres musculaires admises par Chun (1881) et par Murbach (1894) (1) n'ont rien à faire dans la dévagination même du filament. L'hypothèse de Grenacher (1895) (2) est de même à rejeter. Je pense plutôt, sans vouloir insister sur cette idée, que le némato- blaste excité produirait une sécrétion qui, pouvant traverser la membrane du nématocyste, soit en l’attaquant, soit par osmose, réagi- rait sur le contenu de la capsule cnidocystique de manière à produire l'explosion. | Conclusions. — 1° La dévagination du filament urticant n'est pas pro- duite par l'action de l’eau de mer sur une gelée intérieure au némato- cyste qu'elle gonflerait; 2° elle n’est pas produite non plus par une action physique (contraction, pression) du nématoblaste sur le néma- tocyste; 3° c’est une action chimique du nématoblaste qui me semble seule pouvoir expliquer le fonctionnement du nématocyste. {Travail du laboratoire de zoologie maritime de Wimereux.) SUR QUELQUES POINTS DE L'HISTOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE DES PLEXUS CHOROÏDES DE L'HOMME, par M. Maurice LOEPER. Si la constitution anatomique des plexus choroïdes est bien connue, l'étude histologique en est encore incomplètement faite. C'est pourquoi (4) Murbach. Voir surtout la note suivante qui renferme Île résumé de ses travaux antérieurs, 1895 : Observations on the development and migration of the urticating organs of the sea-nettles, Proc. U. S. nat. Mus., vol. 18, p. 733-740. (2) Grenacher, 1895. Ueber die Nesselkapseln von Hydra. Zool. Anz. 18, Bd., p. 410-321, 7 figures. — L'auteur emploie une méthode de raisonnement par analogie (comparaison de l’évagination des nématocystes à celle de la trompe CT SÉANCE DU Â8 JUIN 1011 nous croyons devoir signaler quelques-unes des neÉRERCREE que nous avons entreprises à l'étal normal et pathologique. I. — L'axe conjounctif des plexus et des villosités est constitué par un tissu conjonctif lâche où l'on ne rencontre à l'état normal aucun leucocyte. Les capillaires en sont parfois si volumineux qu'ils viennent au contact de l’assise épithéliale. Outre les kystes qui s'y forment, et les grains de sable que l’on y rencontre, on peut noter un certain nombre d’altérations ; Tout d'abord la vasodilatalion qui est extrèmement marquée dans les infections et intoxications, dans les méningites, l’urémie et l'hémorragie cérébrale du côté de la lésion : la rupture du capillaire, l'éclatement de la villosité, le passage des hémalies dans le liquide ambiant n'est pas extrêmement rare. La réaction lymphoconjonclive nous à paru fréquente dans la paralysie générale, la sclérose combinée, le Labes même. On peut y constater des placards de cellules mononucléées très étendus et des villosités épaissies ou atrophiées avec ou sans kystes. L'afflux de polynucléaires est constant dans les processus méningés aigus, méningite cérébro-spinale : ces éléments franchissent l'épithélium qui desquame et se répandent à la surface. La formation de granulations tuberculeuses se retrouve 8 fois sur 10 eas de méningite tuberculeuse evaminés. Le tubercule débute dans le tissu conjonctif autour des vaisseaux qui se thrombosent, la villosité devient globuleuse, l'épithélium s’amincit, tombe ou disparaît, le tuber- cule fait saillie dans le liquide qui la baigne et y répand les éléments el les bacilles qui le constituent. La symphyse de plusieurs villosités n'est pas rare et souvent un tubercule congloinéré se forme qui peut se caséifier. Les altérations des plexus dans ces différents états semblent done jouer un rôle dans les varialions histologiques du liquide céphalo- rachidien où on retrouve des hématies, des leucocytes et peut-être des cellules épithéliales. IL. — L'épithélium des plexus choroïdes est très caractéristique. Chez le fœtus il est cubique, vacuolaire et rempli de volumineuses granula- tions glycogéniques qu’on ne rencontre en aussi grande abondance en aucun autre point du cerveau (Braull et Loeper). Chez l'adulte ces cellules vues à plat sont polygonales, de champ, cylindrocubiques. Le protoplasma est bourré de granulations, visibles sans coloration, légèrement réfringentes que l’éosine colore de facon intense. Le noyau est ramassé, petit, sa chromatine est très dense. des Tetrarhynchus) qu'on ne saurait trop réprouver. Les observations directes ont été faites sur du matériel fixé par l'acide osmique, déshydraté et examiné dans l'huile de ricin! Brococre. Compres kENDUS. — 1904. T. LVI. 74 1012 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Quelques cellules sont creusées de vacuoles, arrondies ou policycliques Le volume de certaines cellules augmente dans les états infectieux, le protoplasma est plus floconneux, les vacuoles sont plus nombreuses, les granulations moins nettes et pour la plupart fondues. IL. — On peut trouver dars la cellule choroïdienne des corps granu- leux et du pigment. Certains grains pigmentaires sont visibles sans coloration. Ils sont ocre, ne se dissolvent dans aucun réactif et ne se colorent pas par le ferrocyanure. Ils augmentent dans l'intoxication phosphorée et en général dans les cas de congestion intense du plexus. D'autres granulations sont plus volumineuses, occupent les vacuoles que nous avons signalées. Elles se dissolvent dans le xylol, l’éther, se teintent par l’acide osmique en noir franc. Les unes sont fines, poussié- reuses, les autres plus volumineuses sont uniformément teintées et régulières, les autres ont un centre clair réfringent, un grand nombre sont constituées par plusieurs granules réfringentes et ont l'aspect müriforme que l’on trouve dans les cellules de l'hypophyse (Launois, Loeper et Esmonet). Ces granulations sont très voisines des granulations graisseuses. Elles sont extrémement nombreuses dans les infections, intoxications, méningites et même hémorragie cérébrale. Le pigment ferrugineux n’existe pas dans ces cellules si ce n’est dans le diabète bronzé où il peut être extrèmement abondant. Quant au glycogène nous n’en avons trouvé que dans 3 cas : il s'agissait de diabète intense avec augmentation considérable du sucre du liquide céphalo-rachidien. Tout ces faits permettent de considérer la CAE choroïdienne comme une cellule glandulaire, ainsi que Pettit et Gérard l’ont déjà montré chez l'animal. Son aspect granuleux, les corps müriformes qu'elle con- tient la rapprochent même de certaines cellules de l’hypophyse. (Travail du laboratoire du professeur Dieulafoy.) MODIFICATIONS DE LA PRESSION ARTÉRIELLE CHEZ LE LAPIN, PAR L'INJECTION DES GLOBULES SANGUINS DE DIFFÉRENTES ESPÈCES ANIMALES, par M. G. Mionr. Dans une note précédente (7 mai 1904), j'ai résumé les résultats que j'ai obtenus chez le chien par l'injection des globules sanguins provenant de différentes espèces animales. J’ai étendu ces recherches au lapin et je communique ici les résultats qui se rapportent aux modifications de la pression artérielle. Ces expé- 4 SÉANCE DU 18 JUIN 1013 riences se rattachent aussi à celles faites récemment par M. Battelli, qui a étudié la toxicité des globules rouges chez le lapin. J'ai employé le sang de bœuf, de chien, de chat, de cobaye et de rat. Le sang obtenu par la saignée est défibriné. Les globules sont lavés deux fois avec de l'eau salée et le dépôt globulaire est dissout dans deux volumes d'eau distillée; on ramène ensuite le liquide à une concen- tration isotonique en ajoutant la quantité voulue d’une solution con- centrée de NaCI. C'est cet extrait globulaire qui sert à l'injection. L'injection était faite dans la veine jugulaire et on enregistrait la pression carotidienne. Les effets des injections de l'extrait globulaire sur la pression arté- rielle du lapin sont variables suivant l'espèce animale qui a fourni le sang. À ce point de vue, nous pouvons diviser les animaux en trois groupes. L'extrait globulaire des animaux du premier groupe (bœuf, chien, chat, lapin) n’exerce aucune action appréciable sur la pression ne du lapin. L'extrait globulaire des animaux du second groupe (cobaye et rat) fait quelquefois baisser la pression artérielle, mais le plus souvent il ne produit pas d'effet. L’extrait globulaire des animaux du troisième groupe (porc et mouton) éxerce toujours une action dépressive très con- sidérable. - En injectant chez un lapin de deux kilogrammes l'extrait globulaire -de deux ou trois centimètres cubes de sang de pore ou de mouton on constate que quelques secondes (45 à 60 secondes) après l'injection l'animal s’agite. En même temps la pression artérielle descend rapi- dement à 35 ou 45 millimètres de mercure. La respiration s'accélère. Dans quelques cas la pression artérielle, après être restée basse pendant quelques minutes, se relève peu à peu et revient à sa valeur normale après une quinzaine de minutes. L'animal paraît alors HEON € Dans d’autres cas la pression ne se relève pas, mais tend encore à descendre. La respiration devient dyspnéique, l'animal présente des convulsions et ne tarde pas à mourir. Si après l'injection l'animal s'est rétabli, une nouvelle injection d'extrait globulaire n’exerce plus d’action appréciable sur la pression artérielle. A l’autopsie, pratiquée immédiatement après la mort, on constate que dans la très grande majorité des cas le cœur droit et tout le système veineux sont remplis de sang liquide sans aucune trace de coagulation. Le cœur gauche est vide de sang. J'ai constaté la formation de coagu- lations intravasculaires seulement dans trois'expériences sur trente-cinq. Mes résultats, comme ceux de Schiffer et de Battelli, diffèrent donc de ceux de Naunyn et Franken et de Hayem; ces auteurs obtenaient tou- jours des coagulations intravasculaires massives par HEISCUOR d'extrait globulaire ou d'hémoglobine. 1014 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les lapins qui résistent aux effets immédiats de l'injection, meurent souvent deux ou trois jours après, probablement à la suite de lésions rénales. Battelli a attiré l'attention sur la relation qui parait exister entre l’ac- tion toxique du sang d’un animal vis-à-vis du lapin, et le pouvoir hémo- lytique que le sérum de lapin possède vis-à-vis des globules de cet animal. L'étude de la pression artérielle permet de constater encore plus nettement les différences que l’on observe dans l’action de l'extrait glo- bulaire des diverses espèces animales. L’extrait globulaire de porc et de mouton, dont les globules sont hémolysés par le sérum de lapin, font toujours baisser la pression. L'extrait globulaire de rat et de cobaye, dont les globules sont hémo- lysés par le sérum de lapin, offrent une action variable, le plus souvent nulle. j On pourrait peut-être expliquer cette fréquente innocuité des globules de rat et de cobaye par le fait que tous ces animaux appartiennent, comme le lapin, à l'ordre des rongeurs. Dans une note précédente (7 mai 1904), j'ai montré que l'injection intra-veineuse des globules de tous les animaux dont je me suis servi (lapin, cheval, mouton, bœuf) produit chez le chien une baisse consi- dérable de la pression sanguine. Or le sérum normal de chien possède un pouvoir hémolytique vis-à-vis des globules sanguins de tous ces animaux. Ce fait confirme l’idée qu’il existe un rapport entre l’action d’un extrait globulaire sur la pression sanguine d’un animal et le pouvoir hémolytique vis-à-vis des globules dont on a tiré l'extrait. (Travail du laboratoire de phsyiologie de l'Université de Genève.)° SUR QUELQUES CONSÉQUENCES DE L'APPLICATION DE LA FORMULE DE CHAUVEAU AUX ÊTRES VIVANTS, (Commentaire de la note du 10 juin.) par M. J. LEFÈVRE. Plusieurs erreurs et transpositions dans la composition typogra- phique rendant incompréhensible l'une de mes notes du 10 juin sur la formule de Chauveau(1), je crois nécessaire d'en redonner le résumé et le commentaire (2). (1) J. Lefèvre. Sur quelques conséquences de l'application de la formule de Chauveau aux êtres vivants. (2) Il y a eu également inlerversion entre mes deux communications : celle de la page 948 doit être lue avant celle de la page 947. SÉANCE DU À8 JUIN 1015 Nous partons de la formule de dépense, Hp nGuE le moteur- muscle, dans la note de la page PAR à savoir G (1) D 600. Cette formule donne le partage de l'énergie entre quatre fonctions qui sont le travail mécanique, le soutien des charges, la vitesse à vide, le tonus de repos. Étendons cette formule au moteur animé tout entier. a) Au repos, la chaleur produite se réduira à Q,; b) En contraction statique, elle deviendra égale à (Q, + Q,); c) En contraction dynamique, elle s’accroitra de l'énergie employée à créer la vitesse et s’exprimera par la formule : G—=Q,+0,+Q,. Comparaison du travail moteur et du travail résistant. — Supposons que le muscle, au lieu de soulever les charges, lutte simplement contre leur chute. Puisque les charges descendent, le travail mécanique du muscle est négatif. — D'autre part, des expériences de M. Chauveau on peut conclure que, dans le travail résistant, le terme de vitesse est soustractif. La formule (1) devient donc dans ie cas du travail résistant : (EY (2) DER 60 OR QE Comparons maintenant les formules (1) et (2), nous arriverons aux lois suivantes : À. — La chaleur produite par le travail moteur est plus grande que la chaleur produite par le travail résistant correspondant (1). En effet, en retranchant G' de G, on a : G—G—0Q +0; c'est-à-dire G>> G'. B. — La chaleur totale produite dans un mouvement double d'aller et retour, grandit avec la vitesse du mouvement. En effet, en ajoutant G' à G, on a : G+6=2(0,+0,)+0,—0/,. Cette expression dépend bien de la vitesse et l'expérience directe prouve d’ailleurs que Q, est plus grand que Q”,. (1) Cette loi s'oppose formellement à l’ancienne loi de Béclard sur le plus grand échauffement produit par le travail négatif; elle détruit aussi la première loi, déjà ancienne, de M. Chauveau sur l'égalité thermique des deux types de travail. 1016 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE in Sans prolonger cet exposé théorique, j'ajoute que l'on établirait encore aisément par le calcul, sur les formules précédentes, que : C. — Pour soulever la charge P à une hauteur donnée h, l'opération est d'autant plus économique que la vitesse est plus grande. On peut encore exprimer cette loi en disant que, pour un même travail el une même charge, le rendement du moteur grandit avec la vitesse d'exé- culion de ce travail. Cette dernière loi a recu, elle aussi, de M. Chauveau, sa démonstration expérimentale (1). Remarquons, en terminant, que les différents termes de la formule de Chauveau sont encore mal déterminés. Q,, il est vrai, est à peu près connu pour les conditions moyennes de température; mais on ne connait D que par les méthodes respiratoires. Quant à Q, et Q,, on ignore complètement leur valeur moyenne et la loi de leur variation, que la calorimétrie directe pourrait seule faire connaître. Dans la pratique, les grandeurs expérimentales qui s’offriront à nos mesures seront, non pas Q. et Q.,, mais Droite (QUO Posons, comme je l’ai déjà fait : L'équation de Chauveau prendra la forme connue : DÉS GES OR CIO TOP On pourra aussi, d’après le conseil de M. Weiss, dans le contrôle expérimental de la formule de Chauveau, employer celle-ei sous ka forme suivante : D—Q—(0 0)+(0, —0): SUR L'ACTION DU SANG RENDU HÉPATOTOXIQUE PAR INJECTIONS INTRAPÉRITONÉALES DE NUCLÉOPROTÉIDES DU FOIE, par MM. H. Brerry et ANDRÉ MAYER. Nous avons préparé des hépatotoxines, en suivant la technique déj# indiquée par l’un de nous (2) pour la préparation des néphrotoxines. À des lapins vigoureux, on a fait, à court intervalle (2 fois par semaine), (4) Chauveau. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 28 janvier 1901. (2) Cf. H. Bierry. C. R. de la Société de Biologie 1903, p. 476-477. — H. Bierry et Auguste Pettit, C. R. de la Société de Biologie 1904, p. 238-240. a SÉANCE DU 18 JUIN 1017 une quinzaine d'injections de nucléoprotéides du foie. Les nucléopro- téides ont été injectées dans la cavité péritonéale, soit solides, en sus- pension dans l'eau physiologique, soit solubilisées dans une solution très légère de carbonate de soude. Ces dernières ont toujours été por- “tées cinq minutes à l’ébullition. Le sang des lapins ayant recu les injections a été recueilli asepti- quement, défibriné et centrifugé. On en a fait trois parts, composées : 1° de sérum ; 2° de globules (obtenus par centrifugation et décantation); 3° de globules en suspension dans le sérum. À des chiens jeunes de 12 à 15 kilogrammes, préalablement mis en observation, on a fait des injections intrapéritonéales de sérum ou de globules, ou du mélange des deux. Dans la présente communication nous n’envisagerons que les effets produits par l'injection de faibles doses, 10 à 15 centimètres cubes de ces différents produits. L'action des injections se traduit par l'apparition de lésions histo- logiques dont l'examen a été publié ici même par M. Auguste Pettil et l’un de nous. Ces lésions consistent en dégénérescences graisseuse, va- cuolaire et granuleuse du cytoplasma des cellules hépatiques. Les autres organes (rein, pancréas) ne sont pas lésés. En même temps apparaissent divers troubles. Immédiatement après l'injection, l'animal présente un abattement “qui peut durer plusieurs jours, et maigrit. Mais progressivement la santé générale semble se rétablir, et il revient à son poids primitif en deux mois environ. Les animaux ne présentent pas d’albuminurie. Dans deux cas seule- ment nous avons observé une albuminurie légère et transitoire, nulle- ment comparable à celle que produisent les injections de néphrotoxines. Quand les animaux sont à jeun depuis quarante-huit heures ou nourris de viande depuis plusieurs jours, on peut observer le passage dans les urines de pigments biliaires, d'acide lactique, d'acide homogentisique. Elles présentent parfois un pouvoir réducteur marqué. L'étude chimique a montré quil n'était pas dû à la présence de glucose. = Quand on fait prendre à ces animaux, à n'importe quel moment, même quand ils sont à jeun, une dose même faible d'un sucre (par exemple 10 grammes de saccharose), on observe un phénomène analogue à la « glycosurie alimentaire ». Mais la nature et la quantité de sucre qui passe dans les urines sont très différentes suivant le sucre ingéré. Nous avons étudié à ce point de vue les hexoses et les bioses, en examinant comparetivement leur élimination chez les animaux normaux. Nous nous proposons de revenir sur ce sujet. Ces différents symptômes ont été également accusés chez les animaux ayant recu du sang hépatotoxique chauffé à 55 degrés pendant 20 mi- nutes. Ils ont été plus marqués chez ceux qui ont reçu des injections de globules. 1018 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En résumé les troubles physiologiques, comme les lésions histolo- giques que présentent les chiens ayant reçu des injections de sang hépatotoxique, permettent d'affirmer la spécificité de son action. On constate, d'une part, des lésions indiquant la dégénérescence du foie, et du foie seulement, et, d'autre part, un phénomène analogue à la glyco- surie alimentaire. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ACTION DU VÉTEMENT SUR LES FONCTIONS DIGESTIVES CHEZ LE COBAYE, par M. E. MAUREL. Pendant l'expérience faite du 4 au 15 décembre 1903 (1), j'avais remarqué que les matières fécales étaient sensiblement plus abondantes pendant les jours où les animaux étaient couverts que pendant les jours où ils ne l’élaient pas. Cette différence avait toujours été indiquée à peu près avec les mêmes proporlions, mais je n'avais pas pesé les matières. Mon attention s'est de nouveau portée sur ce point pendant lexpé- rience faite en mars dernier; et, de plus, pour mettre plus de précision dans ces recherches. j'ai pesé les matières fécales assez exactement tous les jours. Je donne le résultat de ces pesées dans le tableau suivant, en y joi- gnant le poids total des aliments (2), et l'augmentation ou la diminution du poids des animaux prises dans une note précédente (Société de Bio- logie, comptes rendus du 3 juin 1904, page 888). Comme on peut le voir, il y a une concordance fréquente entre l'exa- gération des matières fécales et la diminution du poids de l'animal; et réciproquement, l'augmentation du poids coïncide souvent avec la diminution des matières fécales. Cette explication se présente donc naturellement à l'esprit que la diminution du poids, constatée pendant que l’animal est couvert, est due seulement à ce que ses matières fécales sont rendues en plus grande quantité; et, qu'au contraire, l’augmentalion serait due surtout à ce que ces matières ne seraient pas expulsées. Incontestablement cette explication doit contenir au moins une partie de la vérité. Mais, d’abord ce fait intéressant n’en subsisterait pas moins, que sous (1) Société de Biologie, 3 juin 1904. « Nouvelles recherches sur l’action du vêtement sur le cobaye ». (2) Soit 30 jours environ. Carottes et chicorée parties égales. 4 SÉANCE DU 18 JUIN 1019 l'influence du vêtement les matières fécales sont rendues en plus grande quantité; et ce fait n’en demanderait pas moins à être expliqué. QUANTITÉS | AUGMENTATION | POIDS DATES COUVERTS MNENTÉS ANIMAUX ou SLR A AE eE 1C04 Se an , diminution matières " grammes. de poids. fécales. Du 13 au 14 mars. . Noir. Couvert. 195 — 19 55 gr. Blanc. Nu. 241 + 2 25 Du 14 au 15 mars. . Noir. Nu. 223 + 8 20 gr. Blanc. Couvert. 236 — 8 65 or. Du 15 au 16 mars. .| Noir. Couvert. 233 2 60 gr. Blanc. Nu. 236 + 8 29 Du 16 au 11 mars. . Noir. Nu. 235 () 20 gr. Blanc. | Couvert. 237 le) 55 Du 17 au 18 mars. .| Noir. Couvert. | - 25 — 21 55 gr. Blanc. Nu. 237 = À 20 Du 18 au 19 mars. .| Noir. Nu. 2333 Al? 23 87. Blanc. Couvert. 240 () 63 l'Du 19 au 20 mars. . Noir. Couvert. 251 en) 60 gr. Blanc. Nu. 249 — 6 22 || Du 20 au 21 mars. .| Noir. N 1. 240 ne 20 gr. Blanc. Couvert. 252 il 65 Du 21 au 22 mars. .| Noir. Couvert. 251 — 30 60 gr. Blanc. Nu. 219 0 25 Du 22 au 23 mars . Noir. Nu. ? — 40 20 gr. Blanc. Couvert. D 0 55 Du 23 au 24 mars. . Cette journée manque. Du 24 au 25 mars. .| Noir. Couvert. 252 — 15 65 gr Blanc. Nu. 252 0. 20 Du 25 au 26 mars. .| Noir. Nu. 250 + 17 22, or. Blanc. Couvert. 250 — 5 62 Du 26 au 271 mars. .| Noir. Couvert. 251 — 34 65 gr Blanc. Nu. 250 + 11 22 Du 27 au 28 mars. . Noir. Nu. 240 + 32 18 gr Blanc. Couvert. 238 — 1 70 Du 28 au 29 mars. Noir. Couvert. 241 — 20 58 or Bianc. Nu. 239 0 22 De plus, cette explication contient-elle toute la vérité? Je suis porté à 1020 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE croire que le vêtement, pour diminuer le poids de l’animal, agit par d'autres mécanismes. D'une part, en effet, les concordances indiquées ci-dessus sont loin d’être constantes. Le 15-16, le 19-20, nous voyons le poids augmenter de 5 grammes, quoique les matières fécales atteignent 60 grammes. Le 18-19 et le 22-23, le poids est resté le même, quoique celui des matières fécales ait été de 63 et de 55 grammes. D'autre part, avec de faibles quantités de malières fécales, nous avons constaté assez souvent de très faibles augmentalions ou même des diminutions du poids. C'est ce qui a eu lieu le 13-14, le 16-17, le 17-18, le 21-22, le 24- 25 et le 28-29. Enfin, s'il y a réellement une fréquente concordance entre l’augmen- tation des matières fécales et la diminution du poids, il n’y a pas de rapport étroit entre l’augmentalion de ces matières, qui a lieu sensible- ment toujours dans les mêmes proportions, et la diminution du poids qui est des plus variables. Pour toutes ces raisons, j'estime donc que cette augmentation des matières fécales pendant que l'animal est couvert, doit bien réclamer . une part de la diminulion du poids de l'animal, mais que d’autres causes doivent également-intervenir. Ce qui tend à me le faire croire, c’est qu’en outre de la variation dans les quanlités, ces matières pré- sentent d’autres modifications. Sous l'influence du vêtement, elles ue sont pas seulement plus abondantes, mais elles sont aussi beaucoup plus molles et elles prennent une odeur beaucoup plus forte. Il ne s'agi- rait donc pas seulement de l'expulsion de matières fécales en relard, mais de véritables modifications dans les actes chimiques de la diges- tion. Mais, en attendant que des études plus complètes nous fixent sur la nature de ces modifications, et surtout sur les causes réelles de la dimi- nution de cet animal sous l'influence du vêtement, je crois pouvoir con- clure : 1° Que le vêlement porté par le cobaye, un jour sur deux, augmente sûrement et d'une manière très marquée la quantité des matières fécales pendant le jour où l'animal est couvert ; ë 2° Que celte augmentation des matières fécales doit contribuer, au moins dans certains cas et dans une certaine mesure, à la diminution de som poids ; 3° Que ce vêtement, ainsi porté, trouble également les phénomènes chi- miques de la digestion, ce qui se traduit par la fétidité des selles ; 4° Que ces troubles digestifs peuvent contribuer à la diminution du poids de l'animal. PE es F SÉANCE DU 18 JUIN 1021 SÉRUM CYTOTOXIQUE ET OPHTALMIE SYMPATHIQUE, par MM. Le Pray et Correcnor, Avec M. Charrin, nous avons, chez vingt-quatre lapins ou cobayes, inoculé deux gouttes de culture pyocyanique dans la chambre anté- rieure de l'œil gauche; puis, avec une aiguille de Pravaz, nous avons pratiqué une plaie aseptique de l'œil droit. Chez douze animaux, nous avons injecté trois gouttes de sérum dit ophtalmotoxique dans cette chambre antérieure de l'œil gauche et quel- ques centimètres cubes du même sérum sous la peau de l'abdomen. Chez les douze autres sujets, pris comme témoins, nous avons opéré de même avec du sérum artificiel (solution de chlorure de sodium à 1 p. 1000). Ce sérum ophtalmotoxique est simplement du sérum de lapin ou de cobaye ayant recu, à sept ou huit reprises différentes dans le tissu cel- lulaire sous-cutané, à des intervalles de quatre à six jours, des macéra- tions d’yeux de cobaye ou de lapin. Dans la grande majorité des cas (9 sur 12), la lésion de l'œil gauche a été plus marquée chez les animaux qui ont reçu ce sérum ophtalmo- toxique; chez sept d’entre eux l’infection s'est généralisée; enfin, plus - fréquemment que chez les animaux du deuxième groupe (six contre un), l'œil droit a été contaminé. . Ces faits n’infirment, d’ailleurs, en aucune facon, les différentes explications proposées (infection par continuité, voie nerveuse) pour -éclaireir le mécanisme des ophtalmies dites sympathiques; mais il semble bien que, pour cet organe, comme pour les autres viscères symétriques, il y ait lieu de tenir également compte de cette pathogénie cylotoxique. M. CHARRIN. — À diverses reprises, en particulier avec M. Léri, et bien que les sérums cytotoxiques ne jouissent pas toujours (influence des doses) d’attributs spécifiques absolus, — je me suis servi de ces éléments pour localiser les agents pathogènes. Quand, par exemple, on injecte dans la circulation le bacille pyocya- nique, ce bacille se rend un peu partout; mais on peut obtenir des som- mations dans le foie, le rein ou les centres nerveux, etc., en utilisant les sérums correspondants, hépatotoxique, néphrotoxique, neuroto- xique, etc. Or, nous avons montré que, sous l'influence des tares de ces divers organes, des cellules ou simplement des débris cellulaires, des sucs, en passant dans la circulation, peuvent amener, par réaction, la genèse d'une cytotoxine; d’un rein, d’un œil lésés, par une sorte d’auto-injec- tion, proviennent des éléments provocateurs de cette cytotoxine homo- 1022 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE logue, qui (bien que peu active, quand on ne change pas d'espèce), facilitera l’évolution des altérations des reins ou des yeux, ou encore la greffe, sur leurs tissus, des agents morbifiques. -— Ces faits ont donc une portée à la fois théorique et pratique. (Travail du laboratoire de pathologie générale et comparée du Collège de France.) SÉCRÉTION SOUS-MAXILLAIRE CHEZ LE CHIEN A FISTULE PERMANENTE APRÈS LA SECTION DES NERFS GUSTATIFS par M. MALLOoIZEL. Nous avons opéré sur deux chiens à fistule sous-maxillaire perma- nente. Le chien n° 1 a subi la section des deux nerfs linguaux, immédiatement avant leur anastomose avec la corde du tympan; le chien n°2, la section des deux glosso-pharyngiens à leur sortie du crâne. Enfin, trois semaines après la première section et, une étude détaillée, nous avons également sectionné les glosso-pharyngiens du chien n° 1. Ces expériences avaient pour but de séparer la salivation par impres- sions gustatives de la salivation psychique par représentation d'images. Nous avons déjà montré, dans une note précédente, que cette dernière pouvait être développée par l’éducalion chez un chien habitué aux expé- riences avec des excilants gustatifs variés. Nous opérons avec un pinceau imbibé de solutions concentrées de diverses substances qu'on dépose, soit en avant, soit en arrière de la langue. Nous notons en même temps l'impression agréable ou désa- gréable produite chez l'animal par la substance, et la réaction salivaire. Nous montrons les excitants avant de les donner. Avec la viande et le sucre, nous donnons forcément les morceaux entiers. Les deux chiens ont été étudiés tout d’abord avant toute section nerveuse. Ils réagissent, comme les chiens que nous avons précédemment étudiés, vis-à-vis des différents excitants. Ils sont très friands de sucre. Le premier est doux, mais très peureux, il subit vraiment l'expérience; le deuxième est jeune, très vif el très joueur. La première fois; à la vue du tube de sel, il eut une salivation visqueuse, comme avec la viande qu'il venait de goûter. Voici le protocole de quelques expériences : Excitants employés. — Solutions saturées de sucre, de sel, quinine sèche et pâteuse, SO!Na? saturé. Acide acétique à 1 p. 100. Tous ces excitants sont déposés avec le pinceau. La vue des tubes à essai SÉANCE DU Â8 JUIN 1023 provoque à peine d'abord de salivation psychique ; les chiens ayant été soumis seulement avant l'opération à deux expériences préliminaires il y a un mois. CHIEN, N° À CHIEN N° 2 linguaux coupés glosso-pharyngiens coupés EXCITANTS ee —— EE Gouttes de salive Gouttes Caractère ; de salive Caractère a —— Ja En avant : En avant : Fluide. Eau distillée. . . . .\En arrière : En arrière : Solution saturée, avant : En avant : TO ANIME NEA ! arrière : En arrière : avant : ( En avant : 0 Quinine sèche . arriére : 0 En arrière : 0 Onnnelnétence avant : En avant: 1 à2 Et P DEA arrière : En arrière : À SO!Na>?, solution satu- avant : En avant: © TÉ CNE PAR EE RO AS arrière : En arrière : ! avant : En avant : arrière : En arrière : Acide acétique à 1 0/0. EL | || Solution saturée. Sac-(En avant : ! En avant : charose . . . . . ./En arrière : à peine En arrière : | plus visqueuse De ces expériences résultent des faits déjà connus et même plus détaillés par les auteurs qui ont déterminé exactement en quels points de la langue telle ou telle saveur élait perçue : La sensation salée est perçue partout ; la sensation acide, par la partie antérieure de la langue; l’amère, par le tiers postérieur. Ces faits sont très nets au moment des premières expériences, mais se modifient bientôt. Si on excite continuellement la zone insensible, l'animal se laisse faire, et-il s'écoule très peu de salive ; mais dès qu'on a, par exemple, déposé deux ou trois fois du sel sur la partie antérieure de la langue du chien 2; si on recommence l'expérience en arrière, la salivation se produit, et se produit même souvent avant qu'on ait déposé le sel sur la flangue. La quinine elle-même qui ne provoque aucun dégoût chez l'animal, le fait saliver avant même, qu'il l'ait sur la langue. Il ne dis- cerne pas la substance en expérience, mais il se méfie et salive pour ainsi] dire préventivement. Il est bon alors, pour obtenir le résultat réel, d’exciter à diverses reprises la zone insensible avec de l’eau pure: et alors chez le chien n° 2 on obtient. Quinine pâteuse. BRÉACRE Lee RE AE ETOILES ENNEMI t net ARR ET OUCIESE 4024 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ne — Chez ce chien, du reste, 1 gramme de quinine avalé en entier ne pro- voque que IV gouttes fluides, et l'animal ne fait presque aucun geste de dégoût. La vue de la viande crue provoque toujours chez les deux chiens une salive visqueuse. Si l’animal a les yeux bandés, la salive est également visqueuse, même si on évite que le chien flaire la viande. L'animal manifeste son contentement. (Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SÉCRÉTION SOUS-MAXILLAIRE DU CHIEN APRÈS SECTION DES NERFS GUSTATIFS (Suite), par M. MALLOIZEL. On ne peut guère pour l'étude des sensations sucrées se servir des solutions concentrées, surtout si on n'emploie que quelques gouttes. Même chez le chien normal, à n’importe quel endroit de la langue, la sensation est faiblement perçue et la sécrétion insignifiante. Nous savons que les deux chiens sont friands de sucre. La première expérience faite après l'opération concurremment chez les deux chiens 1 et 2, nous montre un résultat intéressant. Chez les deux chiens, la vue du morceau de sucre provoque une sécré- tion abondante et visqueuse. Donnons alors le morceau au n° 4. Il le croque avec plaisir et continue à sécréter abondamment une salive vis- queuse. Le n° 2 au contraire, casse aussi le sucre, le mâche, mais parait décu; il laisse retomber le sucre. Pendant ce temps ne s’écoulent que Il gouttes de salive. Si on recommence, l'animal mâche à nouveau le sucre, il s'écoule à peine une goutte; enfin, à la quatrième reprise, il refuse même d’y toucher. On obtient les mêmes résultats en badigeon- nant la gueule d’un animal normal, 15 minutes avant l'expérience du sucre, avec une solution alcoolique d’acide gymnémique (extrait d’une plante, exotique le Gymnema). Dans ce cas, sion cache le sucre, le chien a une salive fluide comme avec du sable. Cette dernière expérience montre bien que la sécrétion par perception gustative et la sécrétion psychique par images visuelles sont différentes, bien que la dernière puisse être développée par l’exercice de la première. L'étude du chien n° 4 après la section des deux paires de nerfs gustatifs nous semble présenter aussi quelque intérêt : Avec la viande, on obtient une salivalion abondante et visqueuse, dès que le chien l’apercçoit. Quand il en avale de petits morceaux, il s'écoule encore 1 à 2 gouttes de salive visqueuse. L'animal mangerait indéfi- S SÉANCE DU 18 JUIN 1025 niment de la viande et, malgré l'absence de perception gustative, la salivation psychique est toujours abondante. Si on donne des os à l'animal, la salivation psychique est la même, mais de plus il s'écoule tardivement au moment de la déglutition quelques gouttes de salive visqueuse. [Il semblerait que les nerfs gustatifs ne sont pas entièrement coupés. Cependant, si on répète sur ce chien les expériences avec le pinceau imbibé de diverses substances, aux différents endroits de la langue, Jamais avec n'importe quelle substance, on n’oblient plus de 2 gouttes de sécrétion. Il n’en est pas de même si on emploie de grandes quantités de substance. Un tube à essai de sel, de sulfate de soude, de quinine mélangée à CO'Ca, de CO‘Ca pur, deux morceaux de sucre à la fois provoquent la salivation: mais cette salivalion est spéciale à divers points de vue. (L'expérience avec le sucre en morceaux n’a réussi qu'une fois ; la deuxième fois l'animal l’a rejeté comme avait fait le chien n° 2). Sitôt la substance introduite dans la gueule, l’animal fait de nombreux mouvements de mastication. Il paraît agacé, mais jamais ne témoigne de dégoût même avec un tube à essai entier de sel dans la gueule. Il n'essaie même pas de le rejeter. Jusque-là à peine une goutte de salive, mais dès que la déglutition commence, la salivation apparaît. Elle n’est jamais aussi abondante avec la même dose que sur le chien normal, elle ést néanmoins très sensible. Voici quelques chiffre obtenus : Avectun-hubeide sel Heu Ne NC M OMODULTES" avec 1/2 tube (1 gr. de quinine 5 CO$Ca) DELA DE QUES AVEC 2NTUDE CU Care See en OA Er avec 2? morceaux de sucre ee nhle ER R Re 6. — Quand on voit cette salive s’écouler on est tout de suite frappé de ce fait qu’elle n’est pas fluide et aqueuse, comme chez le chien normal avec les excitants précédents. Au contraire elle est filante, assez lim- pide; el sans être aussi visqueuse que la salive habituelle de viande, elle atteint le taux de mucine de la salive habituelle de sucre (0 centigr. 80 de mucine desséchée à 100 degrés par centimètre cube). L'ingestion de grandes quantités de substances quelconques provoque donc chez le chien à nerfs gustatifs coupés une salivation relativement abondante et visqueuse, débutant avec la mastication, mais surtout intense pendant la déglutilion. Il est probable que c’est une salivation réflexe, dont le point d'origine est l’excitation des terminaisons des nerfs sensitifs du pharynx. On pouvait se demander s’il était possible de provoquer chez ce chien une salivation fluide. Nous y sommes parvenus par deux moyens. On peut en obtenir 5 ou 6 gouttes par la salivation psychique par perception olfactive, en faisant sentir au chien une essence, de l’éther, ou du 1026 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sulfhydrate d’'ammoniaque. Mais il est également possible d’en obtenir davantage par l’ingestion d’une assez grande quantité (1 tube à essai) d'acide acétique à 1 p. 190. L'animal ne fait aucun mouvement de répulsion, il avale tout, mais au moment de la déglutition apparaissent alors 12 gouttes de salive fluide. Comment interpréter cette expérience ? L’acide acétique est-il perçu comme corps sapide (et c’est l'opinion de Kiesow que le pharynx perçoit un peu l'acidité), ou comme corrosif léger du pharynx? Ou bien est-ce simplement parce que c’est un liquide? Or l’eau distillée à la même dose provoque beaucoup moins la sali- vation. L'une des deux premières hypothèse paraît donc plus vraisem- blable. Rappelons encore que, malgré la salivation, l'animal manifeste moins de dégoût avec 1 tube entier qu’un chien normal avec 1 centi- mètre cube. (Travail du Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) MODIFICATIONS URINAIRES CONSÉCUTIVES A L'INGESTION DU NAPETOL, par M. J. LESAGE. La coloration intense que prend l'urine à la suite de la médication naphtolée a pu faire croire à certains observateurs qu'ils se trouvaient en présence de la matière colorante du sang; et, de fait, l’'hématurie et l’hémoglobinurie, se produisant dans ces conditions, ont été décrites par quelques auteurs. Nous avons entrepris, sur ce point, un certain nombre d’expériences chez le chien et le chat. Voici, au hasard, le protocole de trois d’entre elles : Chien, n° 4-482, jeune, 18 kilog. — Administration par la sonde œsopha- gienne de 9 grammes de naphtol £, soit de 50 centigrammes par kilogramme, dans 250 centimètres cubes d’eau distillée. 2 h. 35. — Administration. Immédiatement après, émission d'urine de cou- leur jaune clair, à réaction acide, ne renfermant ni sucre, ni albumine. Au spectroscope, sous une forte épaisseur, spectre de l’urobiline (absorption de toute la partie droite du spectre à partir du vert). L'animal est enfermé dans une cage d’où on le sort de temps à autre pour recueillir des échantillons successifs d'urine, au moment même de la miction. 4 heures. — Vomissements abondants ; salivation; excréments diarrhéiques. 6 h. 15. — Nouveaux efforts de vomissement ; rejet d’une grande quantité de suc gastrique tenant du naphtol en suspension. Le lendemain. — Évacuations alvines liquides; diarrhée jaune; expulsion par l’anus de quelques centimètres cubes de sang en nature; ténesine rectal. SÉANCE DU 48 JUIN 1027 Re PA AN re AT Les jours suivants. — Tristesse, abattement, puis retour progressif, mais lent, à l’état normal. Les variations de l'urine au cours de cette expérience sont consignées dans le tableau suivant : NUMÉRO HEURE TEMPS PPS PAS ER écoulé depuis RÉACTION COULEUR {| l'échantillon d'urine l'ingestion RÉACTION de d'Yvon 31 mai. ea légt acide. | jaune clair. neutre. incolore. légt acide. | jaune vert. — vert olive. neutre. jaune rouge. — orangé acide. Or © 2 2 RE ES Ler juin. CS OT -S > C2 [=] légt acide. alcaline. légt acide. S alcaline. légt acide neutre. Co ÉRRSIBISRSIRISÉSSSSSS 2) S SK Op oœ CCE cp co Ce eo 1 © Ge Go NO SES EE ESESESE Æ Pas de sucre, ni d'albumine en quantité appréciable. Au spectroscope, urobiline. Les échantillons recueillis à partir de la sixième heure donnent avec l'acide azotique une zone hémaphéique de Gubler parti- culièrement nette. La réaction d’Yvon (alcool, acide azotique, nitrate acide de Hg) ne s’est manifestée qu'avec des échantillons 2 à 8 et avec une netteté décroissante suivant la série 6, 5, 4, 7, 3, 2,8. Chat & âgé, 4 kg. 310. — Administration par la sonde œsophagienne de 0 gr. 43 naphtol $, soit 10 centigrammes par kilog., dans 50 centimètres cubes d’eau distillée. 20 mai, 9 h. 30 matin. — Administration. À ce moment l'animal urine; le produit de la miction est un liquide jaune pâle, trouble. 5 heures soir. — Émission d'urine à réaction alcaline , de couleur rouge brun, fonçant à l'air. Examinée au spectroscope, cette urine montre une absorption à peu près complète de la partie droite du spectre, mais on ne reconnaît ni la bande de l'hémoglobine, ni celle de ses dérivés. 21 mai, 7 h. 35 matin. — Mort. Chat © adulte, 2 kilog. 560. — Administration par la sonde œsophagienne de 0 gr. 25, naphtol B, soit 10 centigrammes par kilogramme dans 50 centi- mètres cubes d’eau distillée. 19 mai, 10 heures du matin. — Administration. Émission d’urine jaune. 20 mai, 7 heures du soir. — Urine brune. 1 Lo BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. T. LVI. 1028 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 21 mai, dans la nuit. — Emission d'urine brune, à réaction neutre ou très. légèrement alcaline. Cette urine donne le spectre de la méthémoglobine neutre. L’addition de quelques gouttes d'’ammoniaque fait disparaître la. bande d'absorption située dans la partie rouge du spectre. 23 mai. — L'’urine présente les mêmes caractères. 24 mai, 5 heures du soir. — Mort. A l’autopsie, la lésion la plus intéressante est la congestion des glomérules de Malpighi et la présence de sang, en nature, dans les tubes urinifères. Les modifications urinaires consécutives à l’ingestion du naphtol sont donc les suivantes : 1° Présence du naphtol dans l'urine dans les heures qui suivent l’ad- ministration. La réaction d'Yvon se manifeste déjà une heure après, atteint son maximum de netteté de la sixième à la quinzième heure, devient négative après la dix-huitième heure. Pendant ce temps, l'urine prend une coloration vert olive; 2° Pendant les jours qui suivent, grand excès d’urobiline qui commu- nique à l'urine une couleur rouge orangé ; 3° La méthémoglobine ne se rencontre qu'exceptionnellement, lorsque les phénomènes toxiques se sont prolongés et que la mort s’est fait attendre pendant plusieurs jours. (Travail du Laboratoire de Physiologie d’Alfort.) NOIR ANIMAL CONTRE-POISON DES NAPHTOLS, par M. J. LEsace. si En recherchant si les naphtols s’éliminent par la bile, chez les ani-. maux intoxiqués, j'ai constaté que ces médicaments possèdent pour le noir animal une affinité très remarquable. La propriété absorbante du charbon, animal ou végétal, a été connue : de tout temps ; on sait que le charbon de bois absorbe jusqu'à 90 fois son volume de gaz ammoniac, et que le noir animal fixe, sans les détruire, un certain nombre de substances minérales ou organiques, parmi lesquelles les alcaloïdes. C’est là un fait connu, que ce dernier médicament constitue un excellent antidote dans les empoisonnements par la quinine ou la digitaline. Rien d'étonnant, par conséquent, à ce qu'il se comporte de même vis-à-vis des naphtols. -Les faits, tels que nous les avons constatés, sont les suivants : qu’il s'agisse d’une solution saturée de naphtol «, ou d’une solution saturée de naphtol 5, un contact de quelques minutes avec le noir animal suffit pour fixer ces corps, qui ne se retrouvent, ni à la filtration, ni à la dia- a SÉANCE DU À8 JUIN 1029 lyse. Le liquide de filtration, pas plus que le liquide extérieur du dialy- seur, n'accusent la présence de qu ou de l’autre des naphtols, par les réactions classiques. J'ai pensé que ce phénomène pourrait n'être pas sans intérêt lorsqu'il s'agit des accidents d'empoisonnement provoqués par l'ingestion des naphtols ; et, effectivement, par l'emploi du noir animal, il m'a été pos- sible d’atténuer les accidents toxiques et d'obtenir de la survie chez des animaux ayant ingéré une dose toxique de naphtol « ou 8. Le résultat a été variable suivant la rapidité avec laquelle était faite l'administration du contre-poison, et, aussi, suivant la dose à laquelle il était donné. Pour être efficace, le noir animal doit être absorbé à forte dose. Dénué de toute toxicité, il n’y a aucun inconvénient à cet égard. Comparativement au charbon animal, j'ai expérimenté, in vilro, avec le charbon végétal. En raison de l'extrême ténuité de cette substance, les particules les plus fines passent au travers des filtres, entrainant avec elles des traces de médicament qui donnent les réactions caractéris- tiques. Si on place le mélange dans un dialyseur, l'eau se charge de napbtol. Cependant, la quantité de naphtol qui dialyse est incompara- blement moindre que celle qui passe dans un dialyseur témoin ne ren- fermant que la solution naphtolée pure, sans poudre de charbon. Le charbon végétal, fixe donc aussi les naphtols, mais avec une inten- sité beaucoup moindre que le noir animal. (Laboratoire de Physiologie d'Alfort.) LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LA VARIOLE, par M. PAUL Tao. L’invasion de la variole étant si souvent marquée par des troubles cérébro-spinaux (rachialgie, parfois même paraplégie, céphalées, vomis- sements, rashs à distribution métamérique...) j'ai pensé qu'il y avait lieu de savoir si de pareils phénomènes s’accompagnent d'une modifica- tion correspondante du liquide céphalo-rachidien. J'ai pratiqué des ponctions lombaires dans 10 cas de variole, parmi lesquels les uns ont débuté par les troubles nerveux habituels, les autres au contraire sans ces symptômes. L'examen du liquide céphalo-rachidien à différents points de vue n’a pas montré de relation constante entre ses modifications et les symp- tomes cérébro-spinaux. C'est ainsi que dans certains cas j'ai not quelques rares lympho- cytes avec quelques hématies, et une fois seulement quelques cellules endothéliales. 1030 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le À a varié de — 0,54 à — 0,72, chiffres extrêmes, avec une ten- dance moyenne à l’abaissement au-dessous de la normale. Les chlorures ont oscillé de 6 gr. 50 à 7 gr. 50. La recherche des albumines a montré le plus souvent l'existence d’un coagulum de sérine. Le liquide s’est toujours écoulé avec une limpidité normale et avec une pression légèrement exagérée dans quelques cas seulement. En résumé, d’une façon générale, il n'y a pas eu parallélisme entre les modifications constatées du liquide et les troubles nerveux clini- quement appréciables. Si, dans un cas de variole grave avec rachialgie violente le liquide céphalo-rachidien au début de l'éruption, a montré des modifica- tions chimiques, physiques, ainsi qu'une lymphocytose minime, puis est revenu à peu près à la normale après guérison, au contraire, dans plusieurs cas où les symptômes nerveux étaient nettement caractérisés, nous n'avons rien pu déceler par la ponction lombaire, et récipro- quemenL. De plus, chez un malade atteint de variole hémorragique mortelle avec hémorragies multiples (cutanées, muqueuses...) le liquide céphalo- rachidien ne contenait pas d’hématies, ni autre élément anormal. (Travail du laboratoire de M. Roger à Aubervilliers.) DE QUELQUES PROPRIÉTÉS DU SÉRUM ANTIRABIQUE, par M. À. MARIE. Nous avons déjà montré (1) que le sérum antirabique, incapable par lui seul de protéger les animaux contre la rage, devait être ulilisé en mélange avec le virus fixe. Dans ces conditions, la préparation se montre douée d’un pouvoir immunisant des plus énergiques; en outre, elle pré- sente une innocuité absolue. Nous désirons aujourd'hui parler de cette action neutralisante, exercée in vitro par le sérum antirabique. Pour la mettre en évidence, il faut prendre soin de filtrer à travers un linge l’'émulsion virulente, et de puiser dans les couches supérieures du filtrat pour préparer le mélange avec le sérum; on passe de nouveau sur une toile fine, dans le but de séparer les grumeaux de matière nerveuse qui auraient échappé à l’action neutralisante. Alors, si les proportions ont été convenablement établies, la préparation pourra être inoculée dans le cerveau des animaux; elle restera inoffensive. (1) C. R. Soc. de Biologie, séance du 29 novembre 1902. SÉANCE DU 18 JUIN 1031 Un point intéressant dans cette neutralisation du virus fixe par un sérum antirabique, c'est de voir le phénomène s’opérer, pour ainsi dire, instantanément: que les deux liquides restent en contact seule- ment quelques minutes, ou bien plusieurs heures, à la température de la chambre, le résultat sera le même, et l’on est aulorisé à se demander si l’action du sérum antirabique est vraiment spécifique. Ne pourrait-on pas supposer que le sérum d’un animal, vacciné par des injections répétées de substance cérébrale rabique, eût acquis en même temps des propriétés névrotoxiques, se traduisant in vw/ro par certaines modifications de la substance nerveuse, d’où un obstacle à l’action pathogène du microbe de la rage ? Un sérum d’animal-traité par des injections de matière nerveuse normale ne suflirait-il pas pour neutraliser du virus rabique ? Pour résoudre cette question, il fallait du sérum névrotoxique de mammifère, le sang de certains oiseaux présentant normalement un faible pouvoir antirabique. Déjà, nous avions reconnu l'absence compo de ce dernier dans le sang d'un mouton qui avait reçu des émulsions abondantes de cerveau neuf de lapin. Mais il était intéressant de répéter l'expérience avec un sérum exerçant in vivo une action névrotoxique réelle. Nous avons donc entrepris d'étudier comparativement sur le virus fixe l'effet produit par un sérum antirabique et par un sérum névrotoxique (1) de cobaye traité par des inoculations de malière cérébrale de chien normal. On ajoute à 1 c.c. d’une émulsion virulente à 1:100 (bulbe ne de chien 1 gr., eau physiologique 100 c.c.)des quantités différentes 0,2 c 4 c.c., 5 c.c., du sérum névrotoxique; on prépare de même des one ges semblables avec le sérum antirabique, et l'on injecte 0,10 c.c. de chacun d'eux dans le cerveau de plusieurs lapins ; un dernier animai recoit la même dose d'un mélarge de 5 c.c. de sérum de cobaye neuf et de 1 c.c. de l'émulsion virulente. Au neuvième jour, tous les animaux sont pris de paraplégie rabique, à l’exception d'un seul, qui demeure par la suite bien portant, celui inoculé avec le mélange contenant 1 c.c. du sérum antirabique. De cette expérience découlent plusieurs conclusions : 1° Un sérum névrotoxique ne peut neutraliser le virus fixe ; 2 C'est bien sur la matière virulente que porte l’action du sérum antirabique, preuve de sa spécifieité; 3° Le sérum employé par nous étail aclif à raison de À cc. pour 0,01 gr. de bulbe virulent ; 4° Une quantité einq fois plus grande de même sérum empéchait la neutralisation du virus de se produire. (4) Ce sérum, que nous devons à l’obligeance de notre ami le Dr P. Armand- Delille, fuait le chien par injection intra-cérébrale, à la dose de 0,7 c.c. par kilogramme d'animal. 1032 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette dernière particularité pourrait être rapprochée du phénomène suivant, observé à plusieurs reprises avec le sérum antirabique de mouton, que nous préparons à l'Institut Pasteur. Si on soumet ce sérum à des températures voisines de 60 degrés cen- tigrades pendant 30 minutes, on peut obtenir, suivant les échantillons, des résullats différents qui paraissent dépendre de la durée des vacci- nations subies par l'animal. Ainsi, au cours de nombreuses expériences, nous avons été surpris de voir le chauffage favoriser l’action d’un sérum, lui-même inactif auparavant. Trois lapins recoivent dans le cerveau, chacun 0,20 e.c. d’un mélange sérum-virus. Le même sérum, chauffé 30 secondes à 59 degrés sert à préparer une émulsion semblable que l’on injecte sous les méninges de trois autres Japins : ces derniers seuls demeurent bien portants, les trois premiers prenant la rage entre le 12° et le 14° jours. Qu'il s'agisse de sérum en excès, comme dans notre première expé- rience, ou bien d'un sérum non chauffé, on pourrait supposer l’exis- tence, dans ce liquide, d’une substance thermolabile, nuisible à la neutra- lisation. Mais on peut aussi appliquer à ce phénomène l'hypothèse de MM. Neisser et Wechsberg, d’après laquelle un sérum ne s’opposerait à une action microbienne qu'à la condition de contenir les deux sub- stances fondamentales, sensibilisatrice et cytase, à l’état de combinai- son en proportions définies. S'il en est ainsi, un sérum antirabique, recueilli chez l'animal à la suite d’un très grand nombre de vaccinations, devra son inactivité à un excès de fixateur, et la température de 60 degrés, insuffisante pour détruire cette dernière substance, pourra, en l’affaiblissant, révéler l’activité du sérum spécifique. * DES MODIFICATIONS DU POIDS DANS LA PNEUMONIE. IMPORTANCE DE LA RÉTENTION DE L'EAU AU COURS DES INFECTIONS AIGUES, par MM. M. GARNIER et G. SABARÉANU. Si on pèse tous les jours dans les mêmes conditions un malade atteint de pneumonie, on constate que les variations du poids suivent une marche caractéristique. En effet, pendant les premiers jours, et tant que la fièvre reste élevée, le poids se maintient sensiblement au même niveau; il n’a pas de tendance à diminuer, ou, si un abaissement se pro- duit dans les formes prolongées, il coïneide avec une rémission passa- gère des symptômes; le plus souvent la courbe s'élève légèrement; l'augmentation ne dépasse pas habituellement 500 grammes; nous a SÉANCE DU 18 JUIN 1033 l'avons vue pourtant atteindre dans un cas 2.000 grammes en trois jours. L'amaigrissement se montre cependant, mais il n'apparait qu'au moment de la défervescence; il est en général en retard de deux à trois jours sur la chute de la fièvre, surtout quand le thermomètre oscille encore pendant quelques jours autour de 38 degrés. Quand le mouvement de descente est commencé, il continue les jours suivants; la chute du poids atteignit ainsi 5.500 grammes en neuf jours dans un de nos cas, 4.000 grammes en neuf jours dans un autre, 2.500 gram- mes en trois jours dans un cas bénin où la défervescence eut lieu le septième jour. Puis la courbe de poids remonte; parfois elle le fait de suite, et dans cette dernière observation nous l’avons vue prendre une marche nettement ascendante dès le lendemain du jour où elle avait atteint le minimum; le malade prit ainsi 7.000 grammes en huit jours de temps. Dans les cas plus graves, le poids reste stationnaire plus . ou moins longlemps : sept jours chez un de nos malades, plus long- temps même chez une alcoolique de quarante-cinq ans, dont la conva- lescence fut traversée par des poussées fébriles et qui sortit sur sa -demande avant que l’ascension de guérison püt être constalée. Le schéma de la courbe du poids dans la pneumonie est donc iden- tique à celui que nous avons relevé dans la scarlatine (1) et dans la variole (2). L’explication qu'on peut donner de ces variations de poids doit donc être applicable aussi à ces maladies. … Or, si l'ascension de la convalescence s'explique facilement par suite de l'abondance des aliments que prend le malade à ce moment, le ‘maintien et même le relèvement du poids que l’on observe à la période fébrile est plus difficile à comprendre. Les variations de poids dépen- dent uniquement du rapport qui existe entre les ingesta et les excreta. Pendant la période fébrile, il y a diminution des ingesta; le malade ne prend que 2 litres à 3 litres et demi de liquide (lait et limonade) suivant les cas. Puisque, malgré cela, le poids se maintient pendant quatre, sept, -dix jours, ou même présente des augmentations notables, c'est que la diminution des excreta est suffisante pour contrebalancer le défaut d'apport des aliments. Il en est ainsi, en effet, pendant la période fébrile; les urines diminuent, les sueurs sont absentes, peut-être même l’exha- laison de vapeur d’eau par le poumon devient-elle plus faible. Cette diminution des urines porte principalement sur deux éléments : l’eau et le chlorure de sodium; en effet, la densité est augmentée; le point cryoscopique, bien qu'assez variable, est souvent élevé; les urines, en un mot, sont concentrées. (4) M. Garnier et G. Sabaréanu. Des variations de poids au cours de la scar- ‘latine. Presse médicale, 23 mars 1904. (2) M. Garnier et G. Sabaréanu. Des variations de poids au cours de la variole. Étude clinique et pathogénique. Revue de médecine, juillet 1904 (sous presse). 1034 SOCIÉTÉ DE PIOLOGIE Il y a donc rétention de l'eau et des sels dans les tissus, et cette rétention paraît être un phénomène actif en rapport avec les nécessités de la défense de l'organisme (1). En effet, elle cesse seulement au moment où la lutte est terminée, et la guérison est marquée par la polyurie de la convalescence concomitante de la chute du poids. Elle cesse aussi à l'approche de la mort : dans deux autres cas de pneu- monie, nous avons vu, au moment de la mort, le poids baisser brusque- ment, une fois de deux kilogrammes en vingt-quatre heures, et corréla- tivement la quantité d'urine augmentait et dépassait 2 litres: Alors, l'organisme est vaincu et laisse échapper ses réserves. De ces deux éléments, eau et chlorure de sodium, c’est l'eau qui joue le rôle primordial. On s’en rend compte facilement dans la variole où l'ædème de la période de suppuration constitue, comme l'a montré Trousseau, un symptôme favorable. On le reconnaît encore par l’ana- lyse chimique qui a montré à M. Roger et à l’un de nous l’augmentation de l’eau au niveau du foie au cours des infections aiguës, en particulier chez les animaux; comme l’a établi M. Roger, plus un tissu est actif, plus il contient d’eau. Mais l'eau ne peut être retenue dans les tissus sans maintenir avec elle une certaine quantité de chlorure de sodium, pour satisfaire aux lois de l’osmose. La rétention du chlorure, en permettant celle de l’eau, est donc un phénomène salutaire; les expériences récentes de MM. Gil- bert et Carnot confirment cette idée; ces auteurs ont vu en effet que dans l'infection par le pneumocoque, le chlorure de sodium injecté à petites doses en solution étendue exerçait une action favorable sur la marche de l’infection. Ainsi la rétention du chlorure est la conséquence de l'appel d’eau qui se fait dans les tissus, et cette rétention de l’eau explique le maintien du poids. Aussi sur nos tracés voit-on la courbe des urines s'élever avec celle des chlorures pendant que celle du poids s'abaisse. À PROPOS D'UNE PRÉTENDUE CHLOROPHYLLE DE LA SOIE, par M. JULES ViLLaRr. Contrairement aux résultats publiés par M. le professeur R. Dubois (2), MM. Levrat et Conte (3) ont prétendu que la matière colorante de la soie verte de Antheræa Yama-mai et de Rhodia fugax est « identique à la chlorophylle ». (1). Voir, pour plus de détails, l’article de là Revue de médecine (sous presse). (2) Laboratoire d'études de la soie, 1889-90, vol. V, p. 359. (3) 1bid., 1901-02, vol. XI, p. 53. ue L ss = SÉANCE DU A8 JUIN 1035 J'ai-comparé les propriétés de la matière verte de la soie de Yama- mai à celles de la chlorophylle des feuilles de chêne. Voici les différences que je relève : PIGMENT VERT Solution verte dans l’eau bouillante. Insolubilité dans l'alcool à froid et dans l’éther. Solution dans l'alcool bouillant; le liquide vert bleuäâtre ne cède rien à la benzine. La solution aqueuse laisse déposer des cristaux verts. La solution alcoolique, concentrée au bain-marie, filtrée et évaporée à siccité, laisse un résidu vert insoluble dans l’éther, qui dissout seulement une matière jaunâtre ; lavé à la ben- zine, le résidu vert est également insoluble; si on le dissout dans l'alcool absolu et qu'on laisse éva- - porer lentement, il se dépose de petits cristaux bleus refringents à la lumière polarisée, non aiguillés et non dichroïques. Traitée par l'acide chlorhydrique et l’éther, la solution alcoolique, ne donne pas de cyanophylle. La soie verte donne une solution verte avec dépôt de précipité vert, par l’action des acides étendus à l’ébulli- tion (HCI). Si l’on applique aux parties vertes du cocon ou à la soie la méthode de saponification de Hansen par les alcalis concentrés, il n’y a pas forma- tion de savon vert, même après addi- tion d'éther de pétrole; mais on obtient un liquide jaune. CHLOROPHYLLE Insolubihté dans l’eau bouillante, grande solubilité dans l'alcool à froid et dans l’éther. Solution dans l'alcool bouillant; le liquide, vert jaunâtre à concentration égale, se dédouble par la benzine en une couche supérieure plus verte. Le résidu vert obtenu par le même traitement est tout entier soluble dans l'éther; il est également soluble dans la benzine; de nouveau desséchée, et reprise par l'alcool absolu, la chloro- phylle ne laisse pas déposer de cris- taux dans ces conditions, quand on l’abandonne à l'évaporation lente. La cristallisation de la chlorophylle s'ob- tient plus difficilement et sous forme de cristaux aiguillés et dichroïques. Traitée de même, la solution alcoo- lique donne une couche de cyano- phylle (réaction de Frémy). Le chlorophylle des feuilles donne une solution jaune avec dépôt de même couleur, par l’action des acides étendus à l’ébullition. Saponifiée par les alcalis (même méthode) la chlorophylle des feuilles se transforme en un savon vert (chlo- rophylle verte de Hansen), l’éther de pétrole entrainant toute la xantho- phylle. Si le pigment vert était identique à la chlorophylle, s'il était formé par de la chlorophylle ingérée et simplement transportée sans altération sur la fibroïne de la soie, on ne s’expliquerait pas ces différences at- tendu que ces réactions ontlieu sur le pigment une fois extrait de la soie. MM. Levrat et Conte se sont bornés à l'étude du spectre, insistant / 21241 NSP ? ; FERA ANS 1036 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - notamment sur la présence avec la soiution du pigment vert de la soie d’une bande d'absorption dans le rouge, à peu près à la même place que celle qui est regardée comme caractéristique de la chlorophylle. Le bleu de méthylène, comme on le sait, sans avoir aucun rapport avec la chlorophylle, présente une bande d'absorption semblablement placée dans le rouge. J'ai repris cette analyse spectrale en examinant la chlo- rophylle des feuilles de chêne, et le pigment vert de la soie, dans les mêmes véhicules, sous la même intensité colorante et en les additionnant de quantités égales de réactifs. Dans le spectroscope que j'ai employé, la raie du sodium correspond au n° 10 du micromètre. Voici les diffé- rences que je relève : PIGMENT VERT CHLOROPHYLLE Solution dans l'alcool à l'ébullition. Extinction dans le rouge jusqu'à 6; bande d'absorption dans le rouge de 6,5 à 1; par l'addition d'une goutte d'alcali (potasse, bande disparaît; de même par addi- tion de sulfhydrate d'ammoniaque. Solution dans l'eau Extinction jusqu’à 7 dans le rouge; pas de bande d'absorption; obscur- cissement faible de tout le spectre. ammoniaque) la Extinction jusqu'à 6; bande d’ab- sorption dans le rouge de 6, à 7; par addition d'une goutte d'alcali la bande persiste et même avec plusieurs gout- tes; par addition d’une goutte de sul- fhydrate d'ammoniaque la bande persiste. acidulée à l’ébullition. Extinction dans le rouge jusqu’à 6; bande d’absorption entre 6,6 et 7 obscurcissement du spectre à partir de 14. Solution dans l'alcool après traitement à l’eau acidulée. Extinction jusqu'à 6; bande d'ab- sorption dans le rouge de 6,8 à 7; la bande disparaît avec quelques gouttes d’alcali; pas d'autres bandes. Extinction jusqu'à 6; bande d’ab- sorption dans le rouge de 6,6 à 7,4; autre bande de 9 à 9,8; deux autres bandes dans levert(11à11,6et13à13,9); extinction à partir de 16,5; bande persistant sous l’action de l’alcali. Solution par saponification à l'acide de la potasse chlorhydrique. Couleur jaune; aucune bande d'ab- sorption. Couleur verte; bande d'absorption caractéristique. Ainsi, malgré la présence, dans les deux spectres des solutions alcoo- liques, d'une bande d'absorption dans le rouge, on peut conclure qu'ils ne sont pas identifiables; la bande caractéristique de la chlorophylle résiste aux alcalis, celle de la soie verte ne résiste pas, etc. Conclusion. La malière colorante de la soie verte n'est donc pas iden- tique à la chlorophylle, ce qui confirme pleinement les conclusions de M. le professeur Raphaël Dubois. SÉANCE DU 18 JUIN 1037 RECHERCHES SUR LE PIGMENT VERT JAUNE DU TÉGUMENT DRS APLYSIES, par MM. CLaupe GAUTIER et JULES VILLARD. Les destinées de la chlorophylle alimentaire chez les Mollusques ont été étudiées par un certain nombre d'auteurs : Dastre (1) a prouvé, en nourrissant des escargols avec des aliments non chlorophylliens (navets blancs, fragments de papier à filtre imprégnés de substances alimen- taires), que l'hépatochlorophylle devait être simplement considérée comme une forme d'arrêt dans l'organe hépatique, de la chlorophylle des aliments. Bottazzi (2) ignorant les recherches antérieures de Dastre et Floresco sur certains Gastéropodes, étudia chez l'Aplysie les pigments du foie et trouva qu'un d’entre eux présentait le spectre de la chloro- phylle acide. Sur le conseil de cet auteur, P. Enriquez (3) étudia micros- copiquement chez les mêmes animaux les transformations digestives de la chlorophylle d'Ulva lactuca, dont les Aplysies font leur nourriture presque exclusive, et montra que les corpuscules chlorophylliens étaient absorbés amæboïdement par les cellules hépatiques, où l’on pouvait suivre leur décoloration progressive et leur disparition complète à la suite d’un long jeûne. Il vit aussi, nettement, la couleur verte diffuser parfois dans le protoplasme. Restait à savoir si la relation pigmentaire “établie par Dastre et Floresco (4) entre le foie et les téguments des Gastéropodes existe aussi pour les Aplysies. Les téguments de ces Gas- téropodes Tectibranches contiennent-ils de la chlorophylle? Les téguments très épais, de couleur brunâtre, avec parfois des tons d'un vert livide, étaient recueillis après section des lames parapodiales pour les débarrasser de leur contenu sanguin (5), puis desséchés pen- dant vingt-quatre heures sur le CaCl? après avoir été finement pulpés par broyage avec du sable siliceux. Nous avons en outre opéré rigou- reusement de la même facon pour des fragments de foie extirpés en respectant le tube digestif, et pour des lames d'Ulva lactuca bien vertes. Le tableau ci-contre donne les réactions de solubilité. L'étude spectrale a été faite ensuite : les lectures au spectroscope n’ont eu pour but que de permettre des comparaisons : la largeur de la fente, la position de la lunette et celle du prisme par rapport à l'échelle restant constantes. Les solutions éthyliques et amyliques de chlorophylle et d’hépalo- 1) Journ. de Phys. et Path. gén., 1899, t. I. 2) Arch. ital. de Biologie, t. XXXV, p. 317. 3) Arch. ital. de Biologie. 4) Arch. de Physiologie, 1898. 5) Ce sang fera l’objet d’une communication ultérieure de lun de nous. ( ( ( ( SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ALCOOL ae chloroforme amylique Trouble persistant|persistant | plusieurs ALCOOL amylique + benzine Trouble plusieurs ALCOOL amylique 4 éther Soluble. ALCOOL amylique Soluble. alcool ALCOOL évaporé absolu Soluble. . TAINE évaporée + alcool TÉRÉBEN- Soluble. BENZINE évaporée thine + térében - Soluble. évaporé + benzine Soluble. Id. + + résidu. Id. résidu. ALCOOL éthylique évaporé + éther Soluble. ans ALCOOL éthylique + benzine Dédoublement benzine plus colorée qu'’alcool. Deux couches à peu près équivalentes. Passe presque tout d benzine. ALCOOL Soluble, Soluble. Soluble. d'Ulva. Chlorophylle Hépatochlo- rophylle. gumentaire. f 2 — — Î || Pigment té- chlorophylle donnent un spec- tre analogue, le dernier étant un peu déplacé à droite. Le pigment légumentaire, éthyli- que ou amylique, donne uni- quement une extinction à droite laquelle, dans les conditions de l'expérience (emploi delamême cuve spectroscopique), Coïnci- dait avec les extinctions de tous les spectres précédents. On n’ob- tient rien de plus pour toute valeur de l'intensité colorée du pigment tégumentaire. Nous avons alors étudié l’ac- tion de la lumière : les solu- tions amyliques pures de chlo- rophylle et de pigment tégu- mentaire se-décolorèrent totale- ment par insolation: la première en douze heures, la seconde en quinze heures. Les solutions amyliques traitées par la ben- zine, l’éther, le chloroforme se décolorent pour les trois cas dans l’ordre suivant : {a chlo- roforme, b) éther, c) benzine dans des lemps allant de trois quarts d'heure à six heures et tels qu'il faut un temps plus court pour la chlorophylle que pour l'hépatochlorophylle, plus court pour cette dernière que pour le pigment tégumentaire. En résumé, il existe dans les téguments des Aplysies un pig- ment vert jaune dont les pro- priétés de solubililé et de réac- tion à la lumière sont compara- bles à celles de la chlorophylle dont il se sépare nettement par l'absence des bandes d’absorp- tion caractéristiques du pigment végétal. 2 SÉANCE DU 18 JUIN 1039 Nos recherches ullérieures nous permettront de savoir s’il n'y a pas néanmoins de relations de ce pigment avec l’hépatochlorophyÿlle. (Travail du laboratoire de physiologie générale et comparée du professeur Raphaël Dubois à Tamaris et à Lyon.) RELATIONS DES TEMPÉRATURES, CONCENTRATIONS MOLÉCULAIRES, PRESSIONS OSMOTIQUES ANIMALES ENTRE ELLES ET AVEC L'ATMOSPHÈRE, par M. BARDEL. Voici les faits sur lesquels s’appuie la théorie, leur démonstration ne pouvant trouver place ici. Soit T la température absolue d’une solution aqueuse physiologique ou non, A son abaissement cryoscopique, H sa pression osmotique en centimètres de mercure. Une solution aqueuse de pression osmotique H—76, à la tempéra- ture absolue T — 273 ou 0 degré centligrade, se congèle à — 0°639. Les variables À, T, H des solutions aqueuses sont liées entre elles par la condilion suivante, quelles que soient les valeurs qu’elles puissent prendre : AT 0,639 X 273 — Do . (1) ü 76 15 — Constante D'où l’on tire la mesure de l'une, en fonction des deux autres : 2.275 H (2) La température T — à (3) La concentration moléculaire À — 7 — . (4) La pression osmotique H — T97s' Cette dernière expression est remarquable; c'est une méthode nou- velle, rapide et rigoureuse, de détermination de pression osmotique au moyen de deux mesures faciles à exécuter. AT) Chez les êtres vivant dans l’atmosphère, l'expression Ne est tou- jours égale à la pression barométrique du moment de l'expérience H”. * CICAR 9) 2.275 — H' = H. La pres. osmot. animale — la pres. atmosph. D'un autre côté, les mêmes relations que 1, 2, 3, 4 existent entre les grandeurs correspondantes H!', T', A' de l'atmosphère. AT" 9.975 H' DROLE JAVA (6) TT = 2.975 — constante, T'— Ga Ar 307 1040 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE si l'on convient de désigner par A l’abaissement que produirait, dis- _ sous dans un même volume de solution aqueuse à la température T' et à la pression osmotique H' un volume de gaz à la température T' et à la pression barométrique H'. Les rapports qui lient A, T, H physiologiques aux A'T' H' atmosphé- riques sont contenus dans les égalités 5 et 6. à AT AIT! (7) Dose. d'où AT — A'T', hétérothermes. (8) et dans le cas où T —T, l’on a A — A” homéothermes. Puisque, pour un milieu aqueux ou gazeux, deux mesures suffisent pour connaître la troisième, la connaissance intégrale des rapports qui unissent entre elles les trois grandeurs physiques dans le même animal, ou ces trois grandeurs avec les mêmes d’un autre animal, ou encore avec celles de l’atmosphère, exige en tout quatre mesures : une tempé- rature animale, une température atmosphérique, une mesure baromé- trique, une mesure cryoscopique. Cette dernière doit être prise avec une approximation d'un millième de degré, une erreur de 1 centième produisant dans l’estimation de la température une différence de 1°73 et dans celle de la pression osmotique une de 1 c. 85 en plus ou en. moins. 1° La température de l’homme étant de 37 degrés centigrades ou T—273+37—310 degrés, si la pression osmotique égale la pression atmosphérique à H'=—76 nous avons, d’après (3) : 2,915 H4 2.978076 0 = = 76 — 0e. Quelques auteurs donnent 0,56, d’autres 0,55; les uns et les autres peuvent avoir raison, si l'on réfléchit qu'ils n'ont pas tenu compte de la pression atmosphérique : AT 0.56 X 310 A — 0°56 sous la pression H— > 575 — 0.761 = AT 5 X 310 A — 0°55 sous la pression H'— 5978 — 0.149— a 2° Le blanc d'œuf de poule se congèle à —0,52. Température de la poule, 314,5 degrés (41°5 C.); pression barométrique, 0,72; altitude, 480 mètres. AT 05250315 . === Ly AE) Hp a 1 La pression osmot. H — 5975 — 9973 — 0.72 = pression barom. 3° À de la grenouille —0,591; sa température T —278%5 (5°5 C.); T'atm. — 278 degrés (5° C.); pression barométrique H'—0,72; altitude, 480 mètres. AT 0.591 X 278,5 - La pression osm. H—=> STE — EE —= 0,72 = pression barom. a SÉANCE DU 18 JUIN 1044 Ces trois exemples, choisis parmi des types de Vertébrés à tempéra- ture et à concentralion moléculaire bien différenciées, nous permettent de conclure que : 1° La pression osmotique animale égale la pression barométrique et varie comme elle ; 2° La température d’un animal est la température qu'il faut donner à sa concentration moléculaire pour que sa pression osmotique égale la pression barométrique (5); 3° À la même température, animal et atmosphère ont même concen- tration et même pression (8); 4° Le produit de la température par la concentration divisé par la pression est un nombre constant, le même pour tous les animaux, le même pour toute l’atmosphère à toute altitude, le même pour toutes les solutions gazeuses, aqueuses ou autres. ToxICITÉ DES GLOBULES ROUGES DE DIFFÉRENTES ESPÈCES ANIMALES CHEZ LE LAPIN, par M. F. BATTELLI. C'est un fait connu depuis longtemps (Landois, Hayem, etc.), que chez le lapin l'injection intraveineuse de sang étranger provoque très sou- vent la mort immédiate de cet animal. Les auteurs ne sont pas d’ac- cord sur la cause de la mort, mais le plus grand nombre l’attribue à la formation de thrombus ou de coagulations intravasculaires. En injec- tant le sang défibriné dans sa totalité, on a l'inconvénient d'introduire dans la circulation de notables quantités de fibrin-ferment. En outre le sérum étranger dissout les globules rouges de lapin. Pour éviter ces complications et rendre les résultats plus facilement comparables j'ai lavé les globules rouges destinés à l'injection. Parmi les globules dont j'ai étudié la toxicité chez le lapin, les uns sont hémolysés par le sérum normal de lapin (globules de porc, de mouton, de cobaye, de rat), les autres ne sont pas dissous par ce même sérum (globules de chien, de chat, de bœuf, de lapin). Si on injecte dans les veines du lapin les globules qui ne sont pas dissouts par le sérum de cet animal, on constate que ces globules restent en circulation pendant deux ou trois jours sans donner lieu à aucun trouble grave (Sachs). Les globules, au contraire, qui sont hémolysés par le sérum de lapin sont dissous immédiatement, en quantité plus ou moins grande, lorsqu'on les injecte dans les veines de cet animal. Pour mettre les globules des différentes espèces animales dans les mêmes conditions jai laqué ces globules au moyen de l’eau distillée. Voici comment j'ai procédé. 1042 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le sang est défibriné par le battage. Les globules sont rapidement lavés deux fois avec de l’eau salée, en centrifugeant. Le dépôt des globules obtenu après la deuxième centrifugation est additionné de deux volumes d’eau dis- tillée qui dissout complètement les globules. On ajoute une solution de NaCI à 40 p. 100 en quantité suffisante pour que le liquide total possède 9 p. 1000 environ de NaCI. C'est ce liquide qu'on injecte dans la veine jugu- laire du lapin. Les résultats que j'ai obtenus sont les suivants. Les solutions de glo- bules de chien, de chat, de bœuf et de lapin sont bien supportées par le lapin. L'injection de 9 centimètres cubes de liquide (renfermant le con- tenu globulaire de 3 centimètres cubes de sang) par kilogramme d’ani- mal ne produit aucun trouble immédiat appréciable. L'animal ne présente pas de convulsions, ne donne pas de signes de douleur, etc. Les solutions de globules de porc, de mouton et de rat sont au con- traire toxiques. L'injection d'un centimètre cube et demi d’une solution de globules de porc (renfermant le contenu globulaire d'un demi-centi- mètre cube de sang) par kilogramme d'animal provoque presque tou- jours la mort au bout de quelques minutes. Trois centimètres cubes d'une solution de globules de mouton ou de rat par kilogramme d’ani- mal produisent souvent le même résultat ; mais dans d’autres cas, après une période de vive agitation, de convulsions, etc., l'animal se rétablit. Les globules de porc possèdent la toxicité la plus élevée. Landoïs avait déjà constaté que le sang de porc est très toxique pour le lapin. Les effets obtenus avec les globules de cobaye sont variables. L’injection de trois centimètres cubes d’une solution de globules de cobaye par kilo- gramme d'animal à occasionné la mort immédiate dans deux cas; ee on de 7 centimètres cubes par kilogramme d'animal n’a proue aucun effet appréciable dans quatre cas. Je n’ai presque jamais constaté la formation de coagulations intra- vasculaires, contrairement aux résultats de Naunyn. Il paraît donc exister une relation entre la toxicité des globules pour le lapin et le pouvoir hémolytique que le sérum de lapin possède vis-à- vis de ces globules. L'organisme du lapin est intoxiqué par le contenu des globules qui sont dissous par son sérum (globules de porc, de mouton, de rat); il supporte au contraire le contenu des globules que son sérum n'atlaque pas. Il existe une exception en ce qui concerne le cobaye dont les globules sont hémolysés par le sérum de lapin et qui toutefois, dans la majorité des cas, ne sont pas toxiques. Jusqu'ici toutes mes expériences ont été faites sur des lapins nor- maux, non immunisés. Conclusions. — 1° Le contenu des globules de chien, de chat, de bœuf, de lapin, injecté dans les veines du lapin, n’est pas toxique pour cet animal. Ces globules ne sont pas hémolysés par le sérum de lapin. 2° Le contenu des globules de porc, de mouton, de rat est toxique SÉANCE DU À8 JUIN 1043 pour le lapin. Ces globules sont hémolysés par le sérum de lapin. Ce sont les globules de porc qui possèdent la toxicité la plus élevée. 3° Le contenu des globules de cobaye dans quelques cas a été toxique, dans d’autres cas il s'est montré dépourvu de toxtcité. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) ERRATA Séance du 11 juin 190%, dans le sommaire, p. 951, au lieu de : Salomon, lire : Salmon; — p. 953,'à la fin de la note de M. Abelous, au lieu de : L'adrénaline para- lyse les muscles slriés, lire : L'adrénaline paralyse les centres nerveux qui commar dent au tissu musculaire strié. : —} Co Brouocie. CompTES RENDUS. — 1904. T. I,VI. FRS PEN té 1045 REUNION BIOLOGIQUE DE NANCY SÉANCE DU CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Persis- ‘tance d'émission des rayons N après la mort, chez la grenouille dessé- CHE CRE en RE te CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Relations spécifiques entre plusieurs centres nerveux sensoriels et leurs exci- tants ordinaires, étudiées au moyen desrayOonseN ANSE SAT Re CHARPENTIER (AUGUSTIN) : Action des rayons N sur la sensibilité ther- -mique 13 JUIN [904 SOMMAIRE Cuénor (L.) : Un paradoxe héré- ditaire chez les Souris GuizLoz (Tu.) : Sur la stéréoscopie obtenue par les visions consécutives d'images monoculaires. . . . . . . . GuizLoz (Tx.) : Sur une réaction électrique des nerfs et des muscles restés longtemps inactifs . . . . .. Mercier (L.) : Sur la présence du tissu graisseux en rapport avec les taches blanches de la robe chez le jeunerChab ns rene ea Présidence de M. Charpentier. PERSISTANCE D ÉMISSION DES RAYONS N APRÈS LA MORT, CHEZ LA GRENOUILLE DESSÉCHÉE. Note de M. AUGUSTIN CHARPENTIER. 1050 1053 1054 Dès le début de mes recherches sur les rayons N d’origine physiolo- gique, je me suis préoccupé de savoir si l'émission de ces rayons se continuait après la mort au moins apparente de l'organisme. J'ai con- servé depuis le mois de décembre des grenouilles ayant subi la curari- sation, et qui maintenues dans un milieu chaud et très sec ont été promptement réduites à l’état de momies. J'en ai tué d’autres depuis par excision du cœur et je les ai aussi desséchées, ce qui permet de les garder très longtemps à l'abri de l’envahissement par des organismes inférieurs qui par eux-mêmes émettraient des rayons N. Dans ces conditions, le corps de ces animaux examiné de temps en temps donnait lieu à une augmentation de luminosité de l'écran phos- phorescent comme aurait pu le faire un corps vivant, mais avec une 1046 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (82) moindre intensité, et une intensité décroissante avec le temps. L'émission était plus forle au niveau des centres nerveux, et le maximum se montrait contre le cerveau, généralement entre les yeux, donc vers la partie postérieure des hémisphères. Pour éliminer l'absorption possible de rayons N par ces corps laissés au grand jour, je les ai maintenus dans un cabinet noir, bien clos, et l'émission a persisté, ce qui montre bien qu'elle est de cause directe et qu'elle ne tient pas à une restitution lente des rayons absorbés. Des préparations des centres nerveux (moelle et cerveau) enlevées sur l'animal vivant et soumises à la dessiccation sur des plaques de verre ont montré de même une émission persistante après avoir été conservées à l’obscurité. Sur les corps momifiés j'ai de plus observé un autre phénomène inté- ressant, c'est que l'excitation du nerf sciatique desséché lui-mème détermine un accroissement de luminosité de l'écran vis-à-vis des centres nerveux, accroissement persistant en dernier lieu au niveau du cerveau; il y a donc là une sorte de réaction réflexe phospho-active comparable, à l'intensité près, à ce qui se passe pendant la vie. L'excilation du sciatique a été faite d’abord par la faradisation. Il ya lieu de lenir compte, dans ce procédé, de la faible augmentation d'éclairement de l'écran due à la proximité d’un champ magnétique variable (effet Gutton);, on le réduit à une valeur négligeable en éloignant suffisamment la bobine. D'ailleurs l'application du courant sur du papier buvard imbibé d’eau salée à 8 p. 1.000 ou sur le support en liège ne produisait pas de réaction analogue à celle constatée sur l'animal. L’excitation de la peau produisait une faible réaction. Pour éliminer tout effet attribuable à l’électricité, j'ai eu recours én dernier lieu à la simple compression du sciatique au moyen d’une pince en cuivre. Cette compression déterminait comme l'excitation faradique une émission réactionnelle de rayons N par le cerveau. Au contraire la compression des masses musculaires voisines ne donnait lieu à aucun effet de ce genre. (Le nerf comprimé reste pendant un cerlain temps plus phospho-actif que les parties voisines. J'ai pu observer la réaction réflexe phospho-active ur mois après la mort. L'émission de rayons N par le cerveau a pu être encore légèrement appréciable après deux mois et demi. Mais il est difficile de poursuivre indéfiniment l'expérience, car, dès que la surface du corps commence à être envahie par des moisissures, ces organismes émettent des rayons N pour leur compte, ce qui masque les phénomènes précédents et introduit un nouveau processus tout différent. On sait que des grenouilles desséchées pendant quelque temps peuvent revivre, et des exemples m'en ont été communiqués par MM. Le Monnier et Cuénot. Mais ce ne saurait être le cas dans l'exemple actuel. F3 (83) SÉANCE DU 13 JUIN 1047 Admettra-t-on la persistance prolongée d'un état moléculaire spécial du système nerveux permettant au moins l’'ébauche, la préparation des réactions fonctionnelles incapables de se produire jusqu'au bout? On sera tenté de rapprocher de ces faits les expériences que d’Arsonval a com- muniquées en 1886 à la Société de Biologie sur le muscle téléphonique et desquelles il résulte que l’excitabilité des nerfs moteurs et de leurs muscles sur les animaux à sang chaud persiste bien plus longtemps que ne l'indique la possibilité d’une contraction musculaire appréciable in globo, la perte de la réaction musculaire de totalité étant suivie de con- tractions ébauchées, mais appréciables par le bruit musculaire syn- chronique qui accompagne l'excitation faradique du nerf. Quelle que soit l'interprétation à donner aux faits précédents, ils montrent tout au moins qu'il peut se produire dans certains cas une persistance assez longue de quelques propriétés soit intrinsèques, soit réactionnelles du système nerveux après la mort au moins apparente de l'organisme (1). RELATIONS SPÉCIFIQUES ENTRE PLUSIEURS CENTRES NERVEUX SENSORIELS ET LEURS EXCITANTS ORDINAIRES, ÉTUDIÉES AU MOYEN DES RAYONS N. Note de M. AUGUSTIN CHARPENTIER. Dans des communications antérieures, j'ai montré que si on inter- pose entre un organe et un écran phosphorescent certaines substances ayant une affinité physiologique ou une communauté d'origine avec l'organe en question, il se produit un renforcement spécifique dans l'émission des rayons N accusée par l’écran. En partant de ces faits, je me suis demandé si la présence vis-à-vis d’un centre nerveux de l'agent physique qui l’excite d'habitude par l’in- termédiaire des terminaisons sensorielles correspondantes, ne décélerait pas une adaptation analogue se traduisant par un pareil renforcement spécifique de l'émission phospho-active. Par exemple, j'ai déterminé pour l’olfaction, la vision, l’audition, par voie purement expérimentale et sans idée préconçue, des points du crâne spéciaux, dont l'excitation, par des sources de rayons N, pro- duisait une certaine augmentation de la sensibilité olfactive, visuelle ou auditive. Ces points, dont il est difficile, d’ailleurs, de préciser exacte- ment la topographie cérébrale quoiqu'ils paraissent correspondre à des régions corticales déterminées, appelons-les points olfactifs, points visuels, points auditifs. Je rappelle que les premiers (points olfactifs), {4) Sur le chien, M. Gilbert Ballet a pu constater une certaine émission de rayons N par le cerveau le lendemain de la mort. 1048 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (84) + | sont situés, l’un au-dessus de la saillie formée par la réunion interne: des arcades sourcillères, l’autre vers le milieu de la suture fronto- pariélale ; que les points visuels sont: l'un, au milieu de l'intervalle compris entre les bosses pariétales et le sommet de l’occipital, l’autre, à quelques centimètres en avant de ce sommet sur la suture sagittale, et qu’enfin les points auditifs occupent une zone située à un ou deux cen- timètres au-dessus du pavillon de l’oreille. Or, en plaçant vis-à-vis de ces points, qui doivent correspondre à des. centres sensoriels, des excitants physiques appropriés, mais dans des conditions telles qu'ils ne puissent produire d’excitation périphérique ou centrale, un écran phosphorescent voisin accusera-t-il une influence spécifique, un renforcement analogue à celui des cas précédents? C'est précisément ce que j'ai observé. Pour l’olfaction, j'ai pris, soit une tablette de camphre munie sur sa face supérieure d'une tache phosphorescente, soit un petit flacon très plat bien bouché contenant une essence et portant une tache analogue. Ces sortes d'écrans approchés des points olfactifs ont présenté une augmentation d'éclat plus forte relativement que partout ailleurs (quoi- qu'ils brillent aussi en d’autres points du crâne). | Pour la vision, je ne pouvais guère prendre autre chose qu'une petite lampe à incandescence sous-voltée pour qu’elle ne s’échauffe que très lentement et ne puisse troubler, de ce fait, les comparaisons à opérer entre les différentes zones craniennes. Cette source lumineuse était entourée complètement de papier noir opaque portant une tache de sulfure ; elle ne pouvait donc nullement agir sur l'œil. Or, rapprochée des points visuels, elle donne sur la tache phosphorescente un éclaire- ment relalhivement plus fort qu'ailleurs; c'est-à-dire qu'il se produit par- tout, quand la lampe fonctionne, un accroissement d'éclat, mais que cet accroissement est plus considérable vis-à-vis des points visuels. De même pour l'audition : j'ai pris des diapasons, ou des lames de cuivre en U, ou des sifflets, munis d’une tache de sulfure, soit à l’ex- irémité d’une lame, soit autour de l'embouchure ; j'ai promené ces instruments sur le crâne à l'état de repos en notant les points les plus brillants ; j'ai répété la même manœuvre après avoir mis l'instrument en vibration, mais assez faiblement pour que, les oreilles étant bouchées, aucun son ne fût perçu par le sujet. Or, dans ces conditions, l’augmen- tation d'éclat du sulfure, dû à la fois à la vibration mécanique et àu voi- sinage du cerveau, était plus forte au niveau de la zone auditive signalée- plus haut. Il y à donc vis-à-vis de chaque centre ce que j’appellerai, simplement à titre de comparaison, une résonance spéciale, en ce qui concerne les rayons N, entre ce centre et l’excitant physique correspondant, dans des conditions où aucune excitation sensorielle n'est appréciable. Est-ce l'émission centrale qui est renforcée, est-ce l'émission de l’excitant ? æ (85) SÉANCE DU 13 JUIN 1049 — 2 Ce point est difficile à résoudre, mais tout ce qu'on connaît des rayons N autorise à croire qu'il y a réaction récipropre comme dans la résonance proprement dite. On peut se représenter (à titre d’hypothèse) que, dans la gamme très étendue des rayons N, dont une partie seulement, les rayons de Blondlot, est aujourd’hui déterminée exactement, le spectre du centre sensoriel à une certaine communauté avec le spectre de l'exci- tant, ce qui suffirait pour expliquer le renforcement dans le cas d’une vraie résonance. Mais il est possible aussi qu'il s'agisse d'un méca- nisme différent. On pourrait admettre, par exemple, que les excitants naturels sont susceptibles de produire une cerlaine action directe sur les centres sen- soriels qui ont l'habitude de les percevoir par l'intermédiaire de la péri- phérie : action ébauchée, non perçue, mais réelle, et appréciable par une émission augmentée de rayons N. Il y a encore d'autres hypo- thèses possibles. Quoi qu'il en soit, les faits considérés en eux-mêmes montrent d’abord la spécificité des centres sensoriels; ils montrent, en outre, l’existence d’une certaine adaptation, non seulement entre l'agent physique et l'organe sensoriel correspondant, mais entre cet agent et le centre ner- veux ; enfin, ils sont la preuve d’une cerlaine communauté de propriétés - entre l'énergie extérieure et l’organe central. ACTION DES RAYONS N SUR LA SENSIBILITÉ THERMIQUE. Note de M. AuGusTIN CHARPENTIER. Je n’ai pu qu'indiquer très brièvement, dans des notes précédentes, le résultat de mes expériences relatives à l'influence exercée par les rayons Net N, sur divers ordres de sensibilité; cette influence est toujours du même ordre : pour les rayons N, augmentation de sensi- bilité, faible en ce qui concerne la vision et l'audition, plus marquée pour le goût, très remarquable pour l’olfaction, non seulement par action périphérique, mais aussi par action sur certains points du cerveau; influence inverse, moins marquée, des rayons N. J'ai pu étendre cette loi à certains domaines de la sensibilité cutanée, spécialement aux sensations de chaleur et aux sensations de froid. Pour les premières, on peut placer de l’eau à la température ordinaire dans une éprouvette allongée, et verser doucement à la partie supé- rieure une quantité moindre d'eau vers 100 degrés. Le mélange se fait très lentement et on dispose de couches de températures régulièrement croissantes de bas en haut. Un doigt (que l’on devra changer souvent pour éviter la fatigue) pourra être mis au contact du verre à une 1050 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (86) hauteur propre à donner une sensation de chaleur assez forte, mais supportable. Le seul fait d'approcher du doigt une source de rayons N (bille d'acier, sparklet, tube rempli de sulfure phosphorescent et récouvert de papier noir, etce,) produit une augmentation très nelte de la chaleur perçue, avec tendance à donner une impression douloureuse ; ces phénomènes diminuent en éloignant la source pour se reproduire quand on la rapproche de nouveau, mais l'expérience ne peut être prolongée, la sensation s'émoussant très vite; seulement on peut la répéter avec une autre partie de la peau et à un autre endroit de l’éprouvette. On aura des résultats analogues en plongeant un doigt dans l’eau uniformément chaude, entre 40 et 50 degrés, par exemple; soit qu'on appuie le doigt contre le verre et qu’on approche la source extérieure- ment, soit qu'on la fasse agir au-dessus du liquide, l'effet se produit, plus ou moins fort suivant les cas. Je ne puis insister ici sur tous les détails ni sur les précautions à prendre dans cette expérience. L'influence des sources précédentes sur la sensation de froid s’étudie avec des dispositifs analogues : longue éprouvette avec eau glacée au fond, et eau commune au-dessus, ou bien éprouvette à eau froide ou à glace, de température sensiblement uniforme. La sensation de froid est augmentée par l'approche de la source et diminuée par son éloignement. Dans ce cas comme pour la sensation de chaleur, il y a tendance à la production d’impressions douloureuses. Les sources de rayons N, (j'ai employé surtout des ampoules à vide, indiquées par Julien Meyer) donnent lieu, avec moins d'intensité, à des phénomènes contraires des précédents. J'ai fait des essais pour apprécier l'influence des rayons N sur là sensibilité tactile déterminée à l’aide de l’esthésiomètre ; seulement j'ai employé un instrument en bois au lieu de l'instrument habituel en acier, ce métal émettant des rayons N. J'ai cru voir se produire en différents endroits de la peau des mains une augmentation de la discri- mination tactile, mais les résultats sont plus indécis que dans les cas précédents, qui ne peuvent faire doute pour un observateur habitué à ces sortes de recherches. UN PARADOXE HÉRÉDITAIRE CHEZ LES SOURIS, par M. L. CuÉNor. Parmi les croisements entre les diverses races de Souris, il en est un qui donne un résultat vraiment inattendu : c’est le croisement entre la œ (87) SÉANCE DU 13 JUIN 1051 Souris albinos ordinaire, et une race valseuse, peut-être d’origine japo- naise, qui présente un pelage panaché de jaune clair. Ces deux formes ont des yeux rouges, c'est-à-dire sans pigment rétinien et iridien, et sont d'une parfaite constance ; quand on croise des albinos entre eux, d’une part, et ces valseuses entre elles, d'autre part, on obtient toujours, indéfiniment, des Souris semblables aux parents et loujours à yeux rouges. Le plasma germinatif de l’une et l’autre forme ne contient donc pas le ou les déterminants nécessaires à la formation du pigment ocu- laire. Or, voici ce qui semble paradoxal : lorsqu'on croise entre elles ces deux races à yeux rouges, on obtient toujours, sans exception, des Souris dont les yeux sont parfailement noirs (Darbishire) (1); quant au pelage, il est le plus souvent gris uniforme, sa couleur dépendant de la lignée ancestrale de l’albinos employé. Invoquer l’atavisme n'est pas une explication; il doit y avoir une raison actuelle pour l'apparition du caractère « yeux noirs » qui n'existe absolument pas chez l’un et l’autre des parents, si loin qu'on veuille remonter dans leurs lignées ancestrales. Dans des travaux antérieurs (2), j'ai montré que le pigment de la peau et des yeux des Souris grises, par exemple, était représenté dans le plasma germinatif par deux substances ou déterminants, que j'ai appelés Cet G : l’un correspond à la faculté générale de produire du pigment, l’autre est en rapport avec la teinte précise ‘de ce pigment; chez les Souris albinos, G existe toujours, mais C est remplacé par un autre déterminant A, substance aux dépens de laquelle ne peut se former la matière chromogène. Le paradoxe de Darbishire peut s'expliquer de la facon suivante (laissons de côté la panachure et la valse qui sont des mutations spé- ciales, superposées à la coloration) : la formule du plasma germinatif des Souris japonaises à yeux rouges pourrait être OX, c'est-à-dire qu'il renfermerait le déterminant ordinaire C (puisqu'en fin de compte le pelage est pigmenté en jaune), et un déterminant nouveau X, corres- pondant à la couleur jaune pure, sans mélange de noir (en effet, les poils de ces Souris ne renferment pas un seul grain de pigment noir). Dans ces conditions, la pigmentation noire des yeux ne pourrait se pro- duire, X ne pouvant former avec C du pigment foncé, et cependant le pelage serait de teinte jaune. L'hybride CX X AG doit avoir forcément les yeux noirs, puisqu'il ren- ferme les deux déterminants nécessaires C et G. (4) Voir dans Biometrika, vol. 2, 1902 et 1903, les trois Reports préliminaires de Darbishire et vol. 3, 1904, son travail in extenso. (2) L’hérédité de la pigmentation chez les Souris (3° note), Arch. z00l. exp. (4), 1904, vol. 2, Notes et Revue, p. XLV. 1052 RÉENION BIOLOGIQUE DE NANCY (88) Pour démontrer le bien fondé de cette hypothèse, jusqu'ici d'accord avec les faits, il suffit de croiser entre eux deux hybrides CXAG. Dans. chacun d'eux, conformément aux règles de la disjonction des caractères. mendéliens dans les gamètes, il se forme quatre types de gamètles : CX, CG, AX, AG. Les combinaisons possibles de ces différents gamètes sont les sui- vanles : ae . 3 Souris jaunes à yeux rouges. AX AX AG AG : #4 albinos. AX AG CX CG de 9 Souris grises à yeux noirs. CG CG DEN D La progéniture doit donc comprendre neuf Souris à veux noirs pour sept à yeax rouges, et parmi ces dernières, il doit y avoir quatre albi- nos pour trois jaunes. : Je suis en train de poursuivre l'expérience, et bien qu'elle ne soit pas encore assez avancée pour que je puisse publier les résultats numé- riques, je puis dire qu'elle donne bien le résultat prévu : elle comprend en effet, les trois formes jaunes, albinos et grises (jusqu'ici j'ai quinze Souris à yeux rouges, jaunes et albinos, contre dix-sept grises à yeux noirs). L'hypothèse émise plus haut, expliquant très simplement le- paradoxe héréditaire, paraît donc se vérifier. SUR LA PRÉSENCE DU TISSU GRAISSEUX EN RAPPORT AVEC LES TACHES BLANCHES DE LA ROBE CHEZ LE JEUNE CHAT, - par M. L. MERCIERr. Dans une conférence faite à la Royal Irish Academy (1), M. Barrett Hamilton cherche à établir le déterminisme de la présence des taches blanches dans la robe des animaux. Recherchant les causes de la déco- loration de la fourrure de certains animaux en hiver, M. Barrett Hamilton remarque que la blancheur de la fourrure des animaux accompagne toujours le développement que prend le tissu adipeux en été, et que les taches blanches se montrent précisément aux endroits où le développement est le plus marqué. Le développement du tissu grais- seux serait la manifestation d'une nutrition inégalement distribuée, (1) Nature du 3 décembre 1903. (89) SÉANCE DU 15 JUIN 1053 jointe à une oxydation incomplète, et le tout s'étendrait au pigment des poils. _ Généralisant, M. Barrett Hamilton étend sa manière de voir à la pré- sence des taches blanches de la robe de tous les animaux. J'ai constaté, pour ma part, le grand développement du tissu adipeux en rapport avec les taches blanches de la fourrure. Mes observations ont porté sur quinze jeunes Chats de un à six jours. Le fait était très nettement marqué chez ceux de ces animaux dont la fourrure était à fond noir avec taches blanches. Toujours sous ces taches, adhérant à la peau, se (rouvait un épais coussinet graisseux, faisant défaut sous le territoire recouvert de poils noirs. Ce rapport de présence semble réaliser un moyen de défense de l’animal contre le milieu. En effet, les parties du corps recouvertes de poils blancs constituent des centres de déperdition de chaleur. Or, chez les jeunes Chats, qui naissent à la fin de l'hiver, c’est là un fait à considérer, et la présence du tissu graisseux très développé en ces points, constitue un véritable écran protecteur. (Laboratoire de zoologie de la Faculté des Sciences de Nancy.) SUR LA STÉRÉOSCOPIE OBTÉNUE PAR LES VISIONS CONSÉCUTIVES D IMAGES MONOCULAIRES , par M. Tu. Guicroz. Dans des recherches relatives à la radioscopie stéréoscopique (1; j'ai été amené à établir que la sensation de relief se crée facilement par la vision successive, des deux yeux, avec alternance très lente, sans qu'à aucun moment la vision soit binoculaire. On fait tourner devant un slé- réoscope ordinaire un disque présentant deux secteurs vides passant alternativement devant les verres du stéréoscope de telle sorte que la vision ne puisse jamais se faire au même moment que par un seul œil. Les secteurs vides ont leurs prolongements à peu près sur le même rayon de telle sorte que l'éclipse totale qui se produit pour les deux yeux, entre le moment où l'un cesse de voir et celui où l’autre est démasqué, ne soit pas de longue durée. Au lieu d'examiner des épreuves stéréoscopiques on peut examiner ainsi directement des objets réels dans lesquels il y a à juger des rapports en profondeur. La sensation parfaite de relief est obtenue dans ces conditions avec une vitesse de rotation du disque qui, suivant les observateurs (1) Procédé de radiographie stéréoscopique. C. R. Acad. des Sciences, 9 mai 1903. 1054 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY : (90) et les conditions de l'observation, ne dépasse pas 5 tours à la seconde, est en moyenne de 3 et peut être abaissée à un tour par seconde. Cette sensation de relief est aussi parfaite avec ces images successives que si. les deux yeux voyaient simultanément d’une manière continue. Un observateur dont les yeux restent immobiles et qui localise les objets dans l’espace en visant avec les deux yeux abaisse facilement la vitesse de rotation à un tour par seconde. Dans le cas plus fréquent où l'observateur vise avec un œil il voit avec les faibles vitesses de rotation des déplacements parallactiques des diverses régions de l'objet suivant leur profondeur. C'est alors qu'il faut une vitesse de 3 à 5 tours au maximum pour faire disparaitre tout mou- vement dans l’objet et le voir comme dans la contemplation directe. Il y a dans ces conditions une persistance cérébrale suffisante de l'im- pression des images successives des deux yeux pour donner le relief : stéréoscopique. On ne peut pas dire, en particulier pour les observa- teurs visant avec les deux yeux et pouvant abaisser la vitesse de rota- tion à 1 tour par seconde qu'il y a une persistance suffisante des impres- sions lumineuses pour produire le même effet sur chaque œil qu'une vision continue de l’objet. Lorsque les deux yeux sont ouverts et voient alternativement, jamais en même temps mais avec une période d’éclipse totale très réduite, toute sensation de papillotement disparait et la sensation de relief est aussi parfaite que dans la contemplation directe des objets, même avec des alternances pouvant s’abaisser à 1 par seconde, même avec un éclaire- ment relativement faible. Ces expériences montrent combien la sensa- tion parfaite du relief stéréoscopique peut dépendre de jugements surajoutés continüment quoique étant formés à l’aide d’impressions successives dont physiologiquement une est déjà effacée ou à peu près quand l’autre agit. SUR UNE RÉACTION ÉLECTRIQUE DES NERFS ET DES MUSCLES RESTÉS LONGTEMPS INACTIFS, par M. Tu. GuiLLoz. Lorsque l’on détermine l’excitabilité électrique des muscles en notant l'intensité du courant minimum qui, par application d'une électrode de dimensions déterminées sur le point moteur, provoque la contraction musculaire, on doit souvent, après avoir observé cetle contraction, diminuer l'intensité du courant nécessaire pour la produire. Il en est généralement ainsi parce que l'on procède en graduant le courant jusqu’à ce que l’on observe une contraction plus forte que celle que l’on a coutume de prendre comme marquant le seuil de l'excitation. Pour (91) SÉANCE DU 13 JUIN 1055 effectuer la détermination, on diminue alors l'excitation pour amoindrir la secousse musculaire et la réduire au.minimum perceptible. C'est à ce . moment que l’on fait la lecture. Cette manière de procéder est la plus rapide pour effectuer une délermination. Elle est en quelque sorte ins- tinctive. C'est sans doute pour ce motif que le fait que je vais signaler . n'a pas jusqu'ici, à ma connaissance, atliré l'attention. J'ai déterminé l’excitabilité électrique chez l'homme en notant le courant nécessaire pour donner la secousse musculaire minimum per- ceptible par la palpation du tendon, le mouvement provoqué ou le changement de forme apparente du muscle sous la peau, choisissant de ces signaux celui qui, suivant le muscle observé, apparaît comme le plus précis. Le courant est gradué lentement depuis zéro jusqu'à provocation de la première secousse minimum perceptible. On effectue à ce moment la lecture. En augmentant l'intensité de l'excitation, on produit successi- vement un certain nombre de contractions très franches du muscle (quatre, cinq ou une dizaine par exemple), puis on diminue l'intensité jusqu'au moment où l'on observe à nouveau la contraction minimum. Cette excitation comparée à celle qui a élé précédemment notée, lui est en général un peu inférieure. . S'il s'agit de muscles qui fonctionnent encore plus ou moins au moment de l'examen et quelles que soient leurs réactions électriques qui peuvent être normales ou anormales, les différences ne sont pas grandes et peuvent même rentrer dans l’ordre des erreurs de ce genre de recher- ches. Elles n’entraineraient donc pas d'erreur dans les notations de ce que l’on appelle l’électrodiagnostic. Il n’en est plus de même pour les muscles qui n'ont plus fonctionné depuis quelque temps, que ces muscles apparaissent comme altérés ou non, c’est-à-dire qu’ils aient finalement des réactions électriques nor- males ou anormales. L'excitation suffisante pour provoquer la secousse minimum de ces muscles après qu'on les a fait se contracter très nettement quelques fois, peut tomber de 20 à 30 p.100, et même plus, au-dessous de l'excitation primitive nécessaire pour provoquer la première contraction minimum du muscle. On peut encore observer le même phénomène en produisant plusieurs fois de suite la contraction avec le courant qui a donné la pre- mière secousse. Celle-ci augmente d’'ampleur avec le nombre des contractions et il faut diminuer l'excitation pour obtenir la contraction minimum. J'ai observé ces faits sur des muscles qui avaient été soumis à une immobilisation prolongée par suite, soit de l’immobilisation d'un mem- bre dans un appareil de contention, soit par suppression de leur mou- vement volontaire (paralysie hystérique, paralysie saturnine, paralysie d’origine cérébrale, névrites diverses). 1056 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (92) Cette réaction électrique s’observe sur des muscles présentant des réactions normales ou des réactions de dégénérescence et se manifeste à l’excitabilité faradique, comme à l'excitabilité galvanique, et à cette dernière aux secousses de fermeture et d'ouverture de la cathode, comme à celle de l’anode. En somme cette réaction motrice apparait pour tous les modes d’excitation électrique et dans un cas de paralysie saturnine. Je l’ai observée pour l'excitation mécanique des museles. Dans le cas où, lors de l’immobilisation d'un membre, des muscles sont alteints pathologiquement à des degrés différents, ce qu'indiquent leurs réactions électriques, et où d'autres muscles sont normaux, on observe, à des degrés divers, cette réaction sur tous les muscles. J'ai pris souvent la précaution dans ces déterminations de faire passer pendant un certain temps, un courant constant avant de produire les chocs galvaniques. On élimine ainsi les influences que le passage du courant peut avoir entre les deux déterminations, et en particulier (Dubois, Leduc), on rend comparable le circuit lors des deux mesures. En résumé, cette réaction électrique est liée à l'inactivité mécanique du muscle, et se présente, que celui-ci soit altéré ou non. Elle est carac- térisée par ce fait qu'il faut un courant très notablement plus fort pour provoquer la première contraction que les conséeutives. C’est comme si, lors de la première contraction, il y avait une inertie très grande à vaincre pour obtenir le mouvement. Je-crois la connaissance de ces faits importante, tant par elle-même, que pour les erreurs qu'elle peut per- mettre d'éviter en électrodiagnostic. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. — > Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. * z\GIARD (A.) 4 1057 SE AINC EN DIU 25 JUIN? "119/074 SOMMAIRE AcHaARD (C.) et Paisseau (G.) : Sur quelques effets physiques de la ré- tention de l'urée dans l'organisme mo a ele EUR RENE AL j'en rs Carxor (PauL) : Sur les grefles vé- sicales et sur la formation de cavi- tés kystiques et polykystiques. . . 1080 Carnot (P.) et Amer (P.) : De l’action locale des anesthésiques et de la pilocarpine sur les échanges. Salin Se TNTe SÉINAURMEN ENS _ CaassevanT (A.}et Garnier (M.) : Toxicité de certains dérivés du ben- zène (crésols et acides toluiques). . FRoIN (G.) : Réactions pigmen- taires dans les épanchements san- auinsidesSÉEEUSES Le CEE FRoix (G.) : Réactions cellulaires dans les épanchements sanguins CES RS ÉTENSE STE EE APE AR 1092 Sur l'éthologie du Hareng des côtes du Boulonvais. . 1058 Giarp (A.) : Sur une faunule ca- ractéristique des sables à diatomées d'Ambleteuse. II. Les gastrotriches OPEN los la Adi e der) SoUDe Giarp (A.): Sur une faunule ca- ractéristique des sables à diatomées d'Ambleteuse. III. Les gastrotriches CD ENTER Url RS Henri (Vicror) et MarLorzeL (L.) : Etude sur l’agglutination du bacille LS DAT CRUTE A EPA Er RE A AE AUS LAVERAN (A.) : Sur des Culicides recueillis dans les régions du Tchad et du Chari par M. le Dr Decorse . . 1069 LAVERAN (A.) : Sur des Culicides du Haut-Tonkin MarcnaL (PauL) : Sur la formation de l'intestin moyen chez les Platy- DAS ICRSINNPMEN EEE Pr Ne" Nicocas (Josepa) et Dumourin Influence de la spiénectomie sur les leucocytes du sang chez le chien. . 1075 Perrir (AuGusTe) : Sur un cas de leucoplasie vaginale chez la Guenon mone (Cercocebus mona, Schreb). . PEriir (AuGusre) et GEAY FRan- cois : Sur la glande cloacale du Caïman (Jacarelinga sclerops). . . . 1087 1083 109% 1061 1063 1073 1086 Brococtre. Courres Renpus. — 1904. T. LVI. 74 1066 RENAUT (J.) : Les cellules fixes des tendons de la queue du jeune Rat sont toutes des cellules connectives RhaaTocrin es 1067 RerTeRer (Éo.) : Réactions du té- oument externe à la suite d’un seul décollement sous-cutané. . . . . . . 1077 TRILLAT (A.) : Présence de la for- maldé My ed an SAIT ENMPNEAERENCEEE 1089 Réunion biologique de Marseille. Borpas (L.) : L'appareil digestif des larves d'Arctiidæ (Spilosoma LOIS OS LAS) POP REP EREtE Borpas (L.) : Anatomie et struc- ture histologique du tube digestif de l’'Hydrophilus piceus L. et de l'Hydrous\caraboides LM Boy-Teissier : Sur la non-toxicité des liquides d’æœdème Brior (A.) : Sur l'existence d’une kinase dans le venin de la Vive (Tra- chinus draco) Corre (JuLEs) : Observations sur le dosage des solutions diluées d'alcool à l’aide du bichromate de D'OLASSC NEA nee AS ANNEE GEr8ER (C.) : Théorie carpellaire de la fausse cloison des crucifères. GERBER (C.) : Faisceaux inverses et destruction du parenchyme des cloisons correspondantes dans la si- liquerdesNerucitèness rene Hvox (E.) : Sur un cas de tuber- culose humaine iransmis à une va- (ÉINENE A N Ed ANe SN CRe EE) nee Livon (Cx.) : Protoxyde d'azote. Action sur la respiration et la cir- culation Livox (Cn.) : Destruction de l’adré- naline dans l’organisme. . . . . .. Riersca et GAvarp : Sensibilité du bacille typhique à l'air ozonisé . . . 4102 Rrersoa : Typhique et coli. . . . . 1105 Rierscx : Sur la séparation du ty- phique et du coli par la bougie Chamberland (procédé Cambier) . . 1106 SrEPHAN (P.) : Remarques sur le tissu conjonctif d'Aplysia punctata. 1097 ete let e ettiefliatle DR OBLNOQMAVON OL TMO MOMOND AO 111% 1109 1111 1109 1116 1118 1058 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. O0. Larcher, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. N. GRÉHANT. — J'ai l'honneur d'offrir de la part du D' BraNcur, pour la Bibliothèque de la Société de Biologie, une Thèse pour le Doc- torat en Médecine intitulée : Recherches expérimentales sur le traitement de l'ivresse alcoolique. — Ce travail a été fait dans mon laboratoire de physiologie générale du Muséum, sous ma direction, et avec l’aide du D" Nrccoux. SUR L'ÉTHOLOGIE DU HARENG DES CÔTES DU BOULONNAIS, (Deuxième note) (1). par M. A. Grarp. Par sa morphologie le Hareng du Pas-de-Calais se rattache nettement à la race du Hareng d'hiver de la partie sud de la mer du Nord, telle que l’a définie Heincke. Moreau avait déjà insisté sur le caractère de l’élancement de la forme du Hareng de Calais comparé au Hareng de Dieppe et du Havre. Chez le premier la hauteur mesure, dit-il, seulement le sixième de la longueur totale au lieu du cinquième environ chez le second. he En employant des procédés de mensuration plus précis et en rem- placant les moyennes par les types biométriques, Heincke a établi que le rapport de la longueur totale T à la hauteur H du corps mesurée au point antérieur de la nageoïire dorsale est : HOMO pour le Hareng du Havre Hé ous sp 1e le Hareng d'hiver du Dog LAN Or eee pour le Hareng d'hiver du Dogger Ban Aie le H du Zuyderzee L — 22 5,3 pour le Hareng du Zuyderree = — 5,3. En calculant le même rapport par la même méthode pour le Hareng qui séjourne à la côte à Wimereux après la ponte, nous avons trouvé : 97m Tr 0 Re k De À (4) Voir Comptes rendus des sciences de la Société de Biologie. Séance du 9 mai 1903,t. LV, p. 573. à SÉANCE DU 25 JUIN 1059 La race du Pas-de-Calais constitue donc comme celles du Dogger bank et du Zuyderzee ce que R. Baron appellerait une anamorphose longiligne du type du Havre(1). Elle est tout au plus une sous-race de la forme désignée par Heincke sous le nom du //areng d'hiver du sud de lu mer du Nord. Au point de vue éthologique, la concordance paraît aussi complète. L'époque de la ponte est seulement un peu plus tardive. Dans la mer du Nord les lieux de ponte sont vraisemblablement d’après Heincke les hauts fonds tels que le Dogger-bank. Dans le Pas-de-Calais c’est aussi au pourtour des bancs du Gris-Nez, de la Bassure de Baas, etc. que l’on pêche les Harengs pleins. Si les œufs n'ont pas été recueillis jusqu'à présent c’est parce qu'aucun des engins de pêche usités dans le détroit n’est propre à cette récolte. Mais, quelques mois après la ponte, les jeunes arrivent à la côte et pénètrent à l'embouchure des fleuves mélés plus ou moins avec des jeunes Sprats. C'est le white-bait des Anglais, la blanche des environs de Boulogne. De même que la ponte est plus précoce dans la mer du Nord, l’arrivée du white-bait dans la Tamise a lieu en mai-juin, tandis que les blanches se montrent surtout en juillet-août, sur la côte du Boulonnais (2). Plus tard encore, longs de 8 à 10 centimètres et plus, les jeunes Harengs se mêlent aux Harengs qais lorsque après la ponte ceux-ci s’approchent à leur tour du rivage où, comme nous l'avons dit antérieu- rement, ils font un assez long séjour. Mais au moment où la pêche dans le détroit est pratiquement terminée il se produit un phénomène sur lequel nous avons déjà attiré l'attention et qui, par sa constance, s'impose à l’étude du biologiste en même temps qu'il pourrait sans doute être mis à profit par les pécheurs. Les courants qui amènent dans le Pas-de-Calais le riche plankton d'hiver à Phaeospora Poucheti déterminent l'entrée dans le détroit de bandes innombrables de Harengs gais accompagnés de Sprats et d'indi- (1) Les autres données biométriques du Hareng du Pas-de-Calais sont en employant les notations de Heincke et en prenant pour unité le millimètre : T—cd—242%n d—16 rayons. ou it p—i6 — Ie 20) D'ATRMEE NA 1 DOME AA SA cd—19 — Nombre des écailles carénées ventrales : 16. Appendices pyloriques : 21. (2) Chose singulière, tandis que le white-bait est très recherché en Angleterre où on en consomme d'immenses quantités à Londres pendant la saison, cet excellent poisson est complètement dédaigné en France où d’ailleurs on attend pour le pêcher qu'il ait atteint une taille à laquelle il perd ses qualités culinaires. 1060 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vidus jeunes qui semblent venir de la mer du Nord. Parfois ces bandes arrivent jusqu’à Boulogne comme cela eut lieu fin janvier 1901 et 1902. D’autres fois elles paraissent ne pas descendre aussi bas vers le sud. Cette année, par exemple, un bateau de Petit-Fort-Philippe, sorti le A février à midi, rencontra un de ces bancs de Clupeides et rentra à qualre heures avec une forte cargaison de flarengs gais mais de très bonne qualité. Je ne pense pas que ces poissons soient descendus jus- qu'à Boulogne. Ces bandes ont une tendance à entrer dans les baies, les estuaires, les plages découvertes. En 1899, un pêcheur d’Ambleteuse vit en mars ses filets tendus en pare à la côte remplis de Harengs non rogués sous le poids desquels ils avaient fléchi. Contrairement à ce qui a lieu pour la pêche en Lemps normal où, comme l’on sait, le Hareng se prend la nuit, c'est en plein jour que se montrent souvent les bandes migratrices dont nous parlons. Leur présence.est facile à reconnaître par le mouvement très particulier de l’eau qu’elles produisent sur leur passage. Il est facile aussi de constater que le mélange des Harengs adultes, des jeunes et des Sprats n’est pas dû, comme le pensait Ljungmann pour des cas analogues, à un rapprochement artificiel de poissons divers dans un coup de filet prolongé, mais qu'il y a bien là un rassemblement biologique volontaire de la part des individus associés. De ces bandes il reste dans le voisinage de la côte de nombreux indi- vidus qui se mêlent à la race locale du Boulonnais et dont la pêche pourrait se-continuer plus tard dans la saison. Il n’est pas rare en effet « de voir les pêcheurs au Maquereau en mai-juin prendre des Harengs dans leurs manets (filets flottants et dérivants). On en prendrait aussi facilement à la côte avec des filets appropriés, car on en trouve très fré- quemment dans les parcs et c'est même de cette facon que nous avons pu suivre graduellement la restauration des glandes sexuelles chez les individus demeurés au rivage après la ponte. La restauration génitale se fait trop lentement pour qu'on puisse supposer quil y ait plus d’une ponte par an. Cette année un Hareng màle du poids de 125 grammes pêché le 28 avril en face du laboratoire de la Pointe-à-Zoie avait un testicule du poids de 15 grammes d'une teinte encore rougeâtre. La laitance suintait péniblement à la pression : les spermatozoïdes étaient fort peu mobiles. La maturité correspondait donc seulement au degré IV de Heincke. Les migrations de Harengs du sud de la mer du Nord dans le Pas-de- Calais ont pour conséquence un mélange périodique de la race de la mer du Nord avec celle du Pas-de-Calais empêchant une différenciation plus grande de ces deux races. L'existence de semblables migrations suffit à elle seule pour prouver qu'il n’y a pas pêche exagérément intensive (over/fishing) du Hareng dans la mer du Nord, et que, par les conditions éthologiques dans & K SÉANCE DU 25 JUIN 1061 lesquelles il vit, ce poisson est à l'abri des causes de destruction qui menacent d'autres espèces ichthyologiques. SUR UNE FAUNULE CARACTÉRISTIQUE DES SABLES A DIATOMÉES D'AMBLETEUSE II. LES GASTROTRICHES NORMAUX (1), par M. À. Graro. À la fin de mars et au commencement d'avril les sables diatomifères d'Ambleteuse ne renferment qu'un petit nombre d’Actinocyclus Roperi. Les espèces dominantes sont en cette saison Anorthoners excentrica Grun., Amphora cymbifera Greg et Druridgea geminata Donk. A ces espèces sont mêlées en plus ou moins grande quantité beaucoup de formes intéressantes et notamment : Attheya decora West., Navicula hyalosira Cleve, N. Northüumbrica Donk., Amphiprora venusta Grev.. etc. À certains moments, lorsque les vents du sud ont soufflé pendant plusieurs jours, quelques ffaques sont bordées d’un dépôt épais, formé presque exclusivement par Amphiprora (Tropidoneis) lepidoptera, var. delicatula Grun. - Ces Diatomées sont attirées à la surface du sable par l’action de la lumière. L'espèce qui présente le phototropisme le plus accentué est l'Amphora que j'ai appelée cymbifera Greg., d’après la détermination qu’a bien voulu m'indiquer M. J. Tempère, bien que cette Diatomée ne paraisse répondre qu'imparfaitement à la figure donnée par Peragallo et pas du tout à celle du Traité de Van Heurck. Les Anorthoneis adhèrent généralement à la surface des grains de sable à la manière des Actinocyclus lorsqu'ils sont vivants. Leurs valves en surfaces gauches, à contour irrégulièrement circulaire, faci- litent cette adhérence. Un certain nombre d'individus présentent en face de la partie concave du chromoblaste une échancrure marginale plus ou moins prononcée, qui peut même donner au test un aspect cordiforme. L'Attheya decora West et sa variété minuta appartiennent au plankton néritique à Phæospora et leur fréquence varie corrélativement à ce plankton. J'ai déjà fait connaître quelques-uns des animaux microscopiques intéressants qui habitent ces dépôts diatomifères où ils trouvent une nourriture substantielle et abondante. Je signalerai aujourd’hui trois formes appartenant au groupe si archaïque des Gastrotriches. Une d'entre elles se rattache à un genre déjà connu mais représenté jusqu’à (1) Voir Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, séance du 20 fé- vrier 14904, t. LVI, p. 295. ; 1062 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE présent uniquement par des espèces d’eau douce. Les deux autres con- stituent des types génériques nouveaux et très aberrants. Les descrip- tions que j'en donnerai sont, je le sais mieux que personne, très frag- mentaires et très insuffisantes. Il y a à cela des raisons multiples, pour la plupart indépendantes de ma volonté : Facient meliora potentes! Fig. 1. — Chaelonotus marinus, vue dorsale et de profil. L'individu de droite figuré sans les soies présente deux gros œufs réniformes. CHAETONOTUS MARINUS nov. sp. — Ce Chælonotus, de taille assez grande ({— 120 à 180 u), est la première espèce marine du genre. Zelinka (1) a divisé les Chaetonotus en deux groupes : le premier com- prenant les espèces dont les soies dorsales sont toutes à peu près de (1) G. Zelinka. Die Gastrotrichen. Zeitschr. f. wiss. Zoologie, t. XLIX, 1890, p. 209-384. Taf. XI-XV et 10 figures dans le texte. e SÉANCE DU 25 JUIN 1063 même grandeur; le second renfermant les formes où ces soies sont de longueur très inégale. Notre C. marinus rentre dans le premier groupe. Par ses aiguillons sans pointe accessoire, il se sépare immédiatement des C. hystrix Metsch, smils Zelinka et Schultzei Metsch. La tête bien séparée du corps le rapproche des €. maximus Ehr., formosus Stock et Slackiæ Gosse. Mais C. maximus . présente cinq lobes frontaux; formosus en a trois; c’est à Slackiæ que notre espèce ressemble le plus par la forme ellip- tique ou parabolique du bord frontal. Elle en diffère d’ailleurs considé- rablement par la disposition quinconciale très régulière des insertions des soies dorsales et surtout par l’écartement des cerques caudaux beaucoup plus grand chez C. marinus que chez aucune autre espèce. L'animal est aveugle; ses mouvements sont relativement assez lents. Les femelles en gestation portent deux gros œufs réniformes. Voir l’in- dividu de droite, sur la fig. 1 ci-dessus. SUR UNE FAUNULE CARACTÉRISTIQUE DES SABLES A DIATOMÉES D'AMBLETEUSE LIT. LES GASTROTRICHES ABERRANTS, par M. À. GraRD. I. ZELINKIA PLANA nov. gen. u. nov. sp. — Je désigne sous ce nom un très curieux Gastrotriche que j'ai rencontré fort rarement en avril-mai dans le sable à Diatomées. L'animal est long de 054, de forme très aplatie, plus large antérieurement que dans la partie postérieure, gra- duellement rétrécie. Le corps se termine en pointe, mais de chaque côté du prolongement caudal se trouvent deux expansions digitées qui permettent à l’animal d’adhérer sur le substratum (voir fig. 1). Toute la face ventrale est parcourue par deux larges bandes cilices, comme cela a lieu chez les autres Gastrotriches. Les téguments sont d'une transparence parfaite. Les fibres musculaires longitudinales sont très visibles sur l’animal vivant. Le corps est d’ailleurs excessivement contractile, et la longueur peut être réduite au moins des deux tiers. Il n’y à pas de tête bien définie. La partie antérieure porte de chaque côté deux protubérances insérées sur la face ventrale et terminées par de courtes soies tactiles au nombre de trois. Dorsalement, la peau est armée de quatre rangées longitudinales de soies très fines, irrégulièrement métamériques, à la base desquelles on voit des glandes unicellulaires à contenu réfringent. Les soies des ran- gées latérales sont engainées à leur naissance dans une sorte d'étui rappelant par l'aspect général les papilles tactiles des élytres de cer- taines annélides du genre Polynoe. le tube digestif est droit et formé de deux régions. 4 n æsophage _ occupe près du tiers de la longueur du conne et qui esse ble à ai à Ga F1G. 1. — Zelinkia plana, vu du côté Fic. 2. — Philosyrtis monotoïdes, dorsal. vu du côté dorsal. ; beaucoup de Nématodes libres, et un intestin plus étroit à parois légè- rement glandulaires. L'ouverture buccale, munie de cils vibratiles ven- SÉANCE DU 25 JUIN 1065 traux, se trouve à l'extrémité antérieure, sur une sorte de mufle animé de mouvements de contraction très fréquents et très accentués. Au point où l’œsophage communique avec l'intestin proprement dit, il existe des glandes spéciales ayant sans doute un rôle digestif. Le système nerveux ne diffère pas de celui des autres Gastrotriches. Je n'ai trouvé aucune trace d'appareil excréteur ni de glandes génitales. IT. PHILOSYRTIS MONOTOIDES nov. gen. et nov. sp. (1). — Ce Gastrotriche, beaucoup plus fréquent que le précédent, a échappé longtemps à mon attention, parce que je le confondais avec les formes jeunes des nom- breux Turbellariés du groupe des Monotidés qui habitent les mêmes sables. Sa taille est plus petite que celle de Zelinkia. La longueur du corps est de O0""34 à 0%%40. La forme est cylindrique, assez aplalie. Le tégument est d’une grande transparence et porte de longues soies (plus longues dans la région antérieure) irrégulièrement dispo- sées. La partie postérieure, légèrement rétrécie, est munie de papilles adhésives. Il y a généralement quatre de ces papilles disposées en rangées transversales à l'extrémité de la queue. Le corps est élargi antérieurement en une sorle de prostomium séparé de la région sui- vante par un léger étranglement et muni de cils courts. Dans ce prosto- mium, on distingue par transparence quatre petits corps réfringents (glandes ou organes sensoriels?). Immédiatement au-dessous de loto- cyste, le tube digestif droit et peu glandulaire est renflé vers le tiers antérieur en trois dilatations successives. Un autre renflement existe vers la région médiane, à la naissance de l'intestin terminal. Un péu au-dessous de ce renflement, il existe parfois dans la partie dorsale une masse ovoïde opaque qui est peut-être un rudiment de glande génitale (voir fig. 2). L'otocyste rappelle beaucoup l'organe analogue qu'on observe chez de nombreux Turbellariés, et notamment chez les Monotus. Mais l’oto- litbe, parfaitement sphérique, n’est jamais accompagnée de corpuscules accessoires, et d’ailleurs l'aspect de l'animal, la structure histologique de la paroi du corps, la répartition des cils vibratiles, etc., ne per- mettent guère de placer Philosyrtis parmi les Rhabdocæles. Malgré les différences considérables qui existent entre Zelinhia et Philosyrtis il y a entre ces deux formes beaucoup de points de ressem- blance dans l'allure générale, la disposition de la musculature, le mode de locomotion. Aussi, tout en reconnaissant qu’elles s’éloignent beau- coup l’une et l’autre des Gastrotriches connus jusqu'à ce jour, j'ai cru devoir les ranger côte à côte provisoirement dans ce groupe dont les limites sont d’ailleurs loin d’être définies d’une façon très précise. (1) De Pos, ami, et Zvprt, sables mouvants. + 1066 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR QUELQUES EFFETS PHYSIQUES DE LA RÉTENTION DE L'URÉE DANS L'ORGANISME MALADE, par MM. Cu. AcuarD et G. PAISSEAU. L'excès d’urée dans l'organisme peut déterminer des effets physiques analogues à ceux que provoque l'excès de chlorure de sodium. Il y a toutefois des différences. Elles tiennent à ce que l’urée a une molécule plus volumineuse, que son abondance est moindre dans les humeurs, et que son rôle est tout autre, car, loin d’être une substance utile dont l'organisme retient soigneusement une importante provision, c'est au contraire un déchet dont l'organisme se hâte de se débarrasser. Pour ces raisons, la rétention de l’urée n'atteint généralement pas un aussi haut degré que celle du chlorure de sodium, et les effets physiques qu'elle détermine ne sont ni aussi accusés ni aussi faciles à observer. Rappelons toutefois que, expérimentalement, comme l’un de nous l’a montré avec M. Lœper, chez des animaux dont les reins ont été liés, on peut obtenir avec l'urée injectée dans les veines en solution hyperto- nique les mêmes phénomènes de régulation qu'avec le chlorure de sodium : concentration excessive du sang (A pouvant dépasser — 1°) suivie d’une diminution qui indique une tendance au retour à l'équilibre normal. Chez l'homme, là rétention d'urée peut se démontrer en faisant ingérer 20 grammes de cette substance, après avoir pris la précaution d'obtenir l'équilibre azoté au moyen d’un régime fixe. Cette rétention n'est pas rare dans les maladies les plus diverses : affections aiguës, car- diopathies, néphrites. ; Chez les sujets en état de rétention, l’ingestion d’urée peut augmenter la pression artérielle. Dans un cas de néphrite interstitielle, nous avons vu la pression monter ainsi de 21 à 30; puis l’ingestion étant continuée quotidiennement, la diurèse survint et la pression retomba à 21 et 18. Dans un autre cas la pression s’éleva de 15 à 19 après cinq jours d’ingestion, pour redescendre à 16 et 17 après cessation de l’urée. L'ingestion d’urée peut provoquer la fixation d’eau dans les tissus, et même l’æœdème. Chez une femme atteinte de néphrite interstitielle et soumise à un régime fixe, l’ingestion de 20 grammes d'urée pendant neuf jours, sans aller jusqu'à produire un œdème visible, fit monter le poids de 1100 grammes, alors qu'il était resté stationnaire auparavant et qu'il redescendit de 400 grammes en trois jours aussitôt après la suppression de l’urée. Dans un autre cas de néphrite interstitielle avec urémie, chez une malade soumise au régime déchloruré qui, d’ailleurs, demeurait sans effet, nous avons vu, après l'ingestion de 20 grammes d'urée continuée pendant trois jours, de l’œdème apparaître à la face; une a SÉANCE DU 25 JUIN 1067 saignée ayant été faite pour des accidents convulsifs, l'analyse du sérum donna, avec 7 gr. 10 de chlorures pour 1000, le taux de 4 gr. 80 d’urée. On peut rapprocher cet ædème de l'hydropisie obtenue expérimen- talement par l’un de nous avec M. Gaillard (1), en injectant dans le péritoine une solution hypertonique d’urée : cette injection provoque un afflux d’eau salée. Répétée chez l’homme, l'expérience nous a donné le même résultat : dans un cas de cirrhose dont l’ascite avait à peu près disparu par le régime déchloruré, nous avons injecté dans le péritoine 6 grammes d’urée dans 30 centimètres cubes d’eau ; quelques heures après, l'épan- chement s'était notablement accru, le liquide renfermait plus d’urée qu'avant l'injection (0 gr. 71 au lieu de 0 gr. 50 p. 1000), mais la propor- tion des chlorures n’y avait point varié (6 gr. 60), ce qui veut dire qu'il y avait eu dans la séreuse afflux non pas seulement d’eau, mais d’eau chlorurée (2). Ces faits donnent à penser que la rétention de l’urée dans les tissus — comme l'excès de toute autre substance, d’ailleurs — peut entrainer une rétention secondaire des chlorures. Sans doute, la quantité d’urée qui s’accumule dans les tissus n’est pas considérable; mais si le phéno- mène se poursuit d’une façon continue et si d’autres produits de désassi- milation que l’urée sont en même temps retenus, on conçoit que ce facteur de rétention chlorurée ne soit pas négligeable. Lorsque cesse la rétention d’urée, la rétention de chlorures qui en est la conséquence doit également prendre fin, et c'est vraisembla- blement pourquoi la crise chlorurique suit assez fréquemment la crise azoturique. LES CELLULES FIXES DES TENDONS DE LA QUEUE DU JEUNE RAT SONT TOUTES DES CELLULES CONNECTIVES RHAGIOCRINES, par M. J. RENAUT. I. — Sur une lame de verre et dans l’eau salée isotonique, je tends un ou plusieurs des tendons filiformes de la queue d'un Rat blanc, jeune adulte (3). J'ajoute ensuite à la préparation quelques gouttes de (1) Achard et Gaillard. Société de Biologie, 24 oct. 1903, et Arch. de méd. expérim., janv. 1904. (2) Il est à remarquer que dans ces expériences on ne saurait compter sur une augmentation du poids pour traduire la formation de l'hydropisie, car il s’agit d’une rétention locale et d’un simple déplacement de l’eau et des chlorures déjà contenus dans l'organisme. (3) Jeune Rat blanc de quarante-trois jours, par exemple. 1068 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ce même sérum artificiel, faiblement coloré par le rouge neutre. Je recouvre d'une lamelle; je borde à la paraffine; puis j’observe le tendon vivant (1). Il reste tel un certain temps, durant lequel aucun noyau ne se colore ni dans le tendon, ni dans aucune cellule hors de lui. Au bout de peu d'instants, et dans chaque fil tendineux (pourvu qu'il ait été entièrement pénétré par le colorant vital), toutes les cellules fixes, dessinant les chaînes bien connues de Ranvier dans les espaces interfasciculaires, apparaissent bourrées de grains de ségrégation colorés en rouge. Les grains de ségrégation, toujours très nombreux dans chaque cellule fixe, occupent le protoplasma en dehors des noyaux. En plus petit nombre, ils parsèment les expansions en ailes, qui relient les cellules fixes en contournant les faisceaux connectifs. Le long des crêtes en relief qui forment le pied de ces mêmes expansions aliformes, les grains de ségrégation se rangent en files serrées, longi- tudinales comme les crêtes elles-mêmes. On dislingue aisément les ligues de ciment qui unissent les cellules fixes bout à bout. En majorité, ces interlignes ne renferment point de grains de ségrégation; quelques- uns seulement en possèdent; plus rarement, les grains dessinent le trait intercellulaire par une file serrée. Ceci se voit surtout bien à la surface du tendon. J'en conclus que la ligne cimentaire répond à une modification progressive du protoplasma sur les confins des deux terri- toires cellulaires. Quand cette transformation est encore incomplète, l’activité sécrétoire n’est pas entièrement abolie sur l'interligne dessiné déjà. Chacun pourra très aisément reproduire la préparation que je viens de décrire, et constater les faits car ils sautent aux yeux. Il est également facile de rendre ensuite une telle préparation persistante (2). On la conservera utilement comme témoin du large pouvoir glandulaire” dévolu à certaines des cellules fixes du tissu conjonctif. IT. — En effet, comme l’a fait remarquer Ranvier, le tissu tendineux fournit le type extrème, pour ainsi dire, et aussi celui de la différen- (1) Observation faite le 23 juin, la température du laboratoire étant de 26 degrés centigrades. (2) La coloration par le rouge neutre monte progressivement pendant une demi-heure environ. Quand elle est bien complète et que les grains de ségré- gation sont colorés en pourpre foncé, on traite la préparation par une solution aqueuse saturée d’acide picrique. L’acide picrique rend immédiatement le rouge neutre insoluble, et fixe ainsi les grains de ségrégation d’une facon très satisfaisante. On ajoute ensuite un liquide additionnel formé d'un mélange à parties égales de gomme arabique, de sucre de canne et de solution aqueuse saturée d'acide picrique. On laisse écouler ce liquide visqueux, jusqu'à ce qu'il ne forme plus à la surface de la préparation qu’un mince vernis, qui sèche rapidement, Au bout de quelques heures, on ajoute sur ce vernis com- plètement sec une goutte de baume au chloroforme ou au xylol, et l’on pose ensuite la lamelle. La préparation devient ainsi persistante et inaltérable. SÉANCE DU 25 JUIN 1069 ciation la plus exacte et la mieux réglée du tissu conjonctif modelé en organe. Tout y est bien connu, ordonné de façon définie et pour ainsi dire géométrique. J’ajouterai qu’il n’y a pas là à discuter sur la signifi- cation des cellules interfasciculaires, soudées bout à bout et occupant la surface des faisceaux tendineux : ce sont les cellules fixes du tissu. On ne peut les confondre avec rien autre chose. Or, toutes ces cellules, sans aucune exception, jouissent, — on le voit, — du pouvoir glandu- laire du mode det et défini que j'ai appelé récemment rhagiocrine (4). Je puis donc conclure que j'ai ainsi démontré qu’il y a, dans le tissu conjonctif, des cellules fixes et glandulaires rhagiocrines tout à la fois. Car il s’agit bien ici de cellules connectives fixes; et ces mêmes cellules conneclives fixes, élaborant des grains de ségrégation comme le feraient celles d’une glande rhagiocrine quelconque, sont donc bien aussi des cellules glandulaires. C’est même là une démonstration qu'on pourrait appeler « cruciale ». Si j'insiste sur un tel caractère rigoureux, c’est qu'il s’agit d’un fait non seulement nouveau, mais encore d'importance, je crois, capitale dans l'histoire ultérieure du tissu conjonctif. (Travail du Laboratoire d'Anatomie générale de la faculté de médecine de Lyon.) SUR DES CULICIDES RECUEILLIS DANS LES RÉGIONS DU TcHAD ET DU CuaARt, PAR M. LE D' DECORSE, par M. À. LAVERAN. M. le D' Decorse a bien voulu me confier, pour en faire l'examen, des échantillons de Culicides recueillis par lui, au cours du voyage de Ia Mission Auguste Chevalier, dans les régions du Tchad et du Chari. Parmi ces Culicides, beaucoup sont en mauvais état, ce qui s'explique facilement quand on songe au long voyage qu'ils ont dû faire pour arriver à Paris; la détermination exacte de plusieurs espèces a été par suite impossible. 4° Culicides recueillis à Kousri (Fort Lami), au mois d'août 1903. Sur 33 Culicides, il y a 30 Anopheles costalis et seulement 3 Culex. L’endémie palustre est grave dans cette localité (Bas-Chari). 2 Culicides recueillis à Goulfei (Bas-Chari) au mois de septembre 1903. Sur 21 Culicides je ne trouve qu’un Anopheles (A. costalis probablement); pour le (1) J. Renaut. Sur une espèce nouvelle de cellules fixes du tissu conjonctif : les cellules connectives Rhagiocrines, Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 4 juin 1904, t. LVI, p. 916. 1070 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE reste, il s’agit de Culex (plusieurs espèces). D'après les renseignements que M. le Dr Decorse a bien voulu me fournir, l'endémie palustre est moins grave. à Goulfei qu'à Kousri. 30 Culicides recueillis à Kouka, non loin de la rive occidentale du lac Tchad, au mois de septembre 1903. Une cinquantaine de Culicides; il s’agit, dans tous les cas, de À. costalis. Endémie palustre grave. 4° Culicides recueillis à Dougia (même région que Kouka, très palustre), au mois de septembre 1903. 42 Culicides; il s’agit, dans tous les cas, de À. costalis. 3° Culicides recueillis à Djimtilo, au mois de septembre 1903. Djimtilo est sur la rive orientale du Tchad, dans le delta que forme le Chari. Sur 68 Culi- cides, je compte : 8 Anopheles et 60 Culex. Les Anopheles appartiennent à deux espèces : A. costalis et A. funestus. 6° Culicides recueillis sur les bords du Tchad, au mois de septembre 1903. Sur 8 Culicides, il y a 2 A. costalis et 6 Culex du groupe pipiens. 7° Culicides recueillis au fort Archambault, au mois de novembre 1903. Sur 30 Culicides, je compte : 28 Mansonia, M. africana peut être, 1 Culex-et 1 Anopheles qui diffère des Anopheles trouvés dans les autres échantillons (A. costalis et À. funestus) mais qui n’est pas en assez bon état pour être déterminé exactement. Peut-être s'agit-il d’une espèce nouvelle. Le paludisme est très rare au fort Archambault. Les faits les plus intéressants résultant de l'examen de ces échantil- lons de Culicides peuvent se résumer comme il suit : 1° Les Anopheles abondent dans les localités notées comme les plus insalubres du Bas-Chari ou des rives du Tchad; dans certaines localités (Kouka, Dougia) la proportion des Anopheles par FRbbOEL aux Culicides recueillis est de 100 p. 400. 2 Tous les Anopheles recueillis dans le Bas-Chari.et au voisinage du Tchad appartiennent aux deux espèces les plus communes dans les régions de l'Ouest africain : A. costalis et A. funestus; c’est À. costalis qui est, de beaucoup, l'espèce dominante. 3° Au fort Archambault l'espèce dominante est une Wansonia,les Ano- pheles sont très rares (1 seul sur 30 Culicides) ; il est vrai de dire que, dans ce poste, les Culicides ont été recueillis au mois de novembre, tandis que les autres échantillons ont été recueillis d’août à septembre. SUR DES CULICIDES DU HAUT-TONKIN, par M. A. LAVERAN. . M. le D' Kermorgant, inspecteur du service de santé des troupes colo- niales, a bien voulu me remettre récemment des échantillons de Culi- cides provenant de différentes localités du Haut-Tonkin. Je crois devoir indiquer les principaux résultats de l'examen que j'ai fait de ces échan- SÉANCE DU 25 JUIN 1071 tillons; les Culicides du Haut-Tonkin sont encore peu connus, et la plu- part des envois provenaient de postes militaires dont il importe de con- naître le degré de salubrité. 49 Culicides recueillis à Dong-Dang, dans la chambre du D' Arathoon. — Cette chambre est basse, sombre et humide. Sur 72 Culicides recueillis du 10 au 45 septembre 1903,je compte : 31 Anopheles, dont 29 A. Vincenti el 2 À. sinen- sis. Les autres Culicides sont des Culex appartenant presque tous à la même espèce. 20 Culicides du poste de Bi-nhi sur le Song-qui-Quong. — Ce poste fournit beaucoup de fiévreux. Sur une centaine de Culicides recueillis du 29 octobre au 4° novembre 1903, il n’y a que 2 Culex. À l'exception de 2 À. sinensis, il s’agit, dans tous les autres cas, de A. Vincenti. 3° Culicides de Nam-Quan. — Poste situé à # kilomètres de Dong-Dang, _ fournissant beaucoup de fiévreux. Sur 42 Culicides recueillis au mois de novembre 1903, je compte : 38 À. Vincenti, 1 A. sinensis et seulement 3 Culex. 40 Culicides de Na-Khan. — Poste en construction; ce poste en contre-bas est environné par un arroyo et quelques mares. Sur 120 Culicides environ recueillis au mois d'octobre 1903, je compte : 2 Culex seulement et 17 À. si- nensis; dans tous les autres cas il s’agit de A. Vincenti. 50 Culicides de Ban-Roi. — Poste en construction. Sur 80 Culicides recueillis au mois de novembre 1903, je compte : 2 Culex et 29 A. sinensis; pour le reste, il s'agit de À. Vincenti. 6° Culicides provenant de blockaus aux environs de Dong-Dang. — Région malsaine ; fièvres avec hyperthermie se compliquant souvent de syncope et de dyspnée. Sur 95 Culicides recueillis au mois de novembre 1903, je note : 56 A. Vincenti, 4 A. sinensis et 35 Culex; un Culex du groupe pipiens domine. To Culicides de Na-Cham. — Poste des environs de Dong-Dang. Sur 41 Culi- cides recueillis pendant les mois d'octobre et novembre 1903, je note : 20 Culex, 19 A. Vincenti et 2 Anopheles d’une espèce indéterminée, probable- ment nouvelle. 8° Culicides de Na-Thong. — Poste insalubre. Sur 130 Culicides recueillis au mois de novembre 1903, il y a 108 A. Vincenti, 2 À. sinensis et 20 Culex. 90 Culicides de Bau-Xom. — Poste insalubre; endémie palustre d'intensité moyenne. Sur 90 Culicides recueillis au mois de novembre 1903, je compte : 45 A. Vincenti, 22 A. sinensis et 23 Culex. 109 Culicides provenant de l’ambulance de Cao-Bang. — Sur 30 Culicides, je compte : 7 À. Vincenti et 23 Culex; le Culexæ qui domine de beaucoup est du groupe pipiens. | 119 Culicides de Bao-Lac. — Sur 30 Culicides recueillis aux mois de juin et juillet 1903,je compte : 13 À. Vincenti, 3 À. sinensis, 9 Culex et 5 Stegomyia fasciata. Sur 63 Culicides recueillis dans la même localité pendant les mois d’août et de septembre 1903, je trouve : 4l A4. Vincenti, 1 A. sinensis, 1 Mansonia Seguini, 4 St. fasciata et 16 Culex. Sur 58 Culicides recueillis dans la même localité pendant les mois d'octobre et de novembre 1903, je trouve : 50 A. Vincenti, 1 M. Seguini, 1 St. fasciala et 6 Culex. 1072 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 420 Culicides du poste de Pou-Mo. — Sur 10 Culicides recueillis au mois d'octobre 1903, je trouve : 7 À. Vincenti et 3 Culex. 43° Culicides provenant de Lao-Kay. — Sur une centaine de Culicides notés comme ayant été recueillis sur le plateau, je ne trouve qu'un A. Vincenti;. pour le reste, il s'agit de Sf. fasciata (24 au moins) et de Culeæ. 44° Culicides de Coc-Leu. — A. Casernement de l'artillerie : sur 120 Culicides, je compte : 5 A. Vincenti, 3 St. fasciata, 1 Mansonia et 111 Culex; À Culex du groupe pipiens domine. — B. Casernement de la 15° Compagnie de tirailleurs : sur 100 Culicides environ, je compte : 5 A. Vincenti et 1 Mansonia; pour le reste, il s'agit de Culex. On voit que presque tous les Anopheles lrouvés dans ces échantillons se rapportent à deux espèces : À. sinensis et A. Vincent. L'Anopheles sinensis du Haut-Tonkin répond à la description de cette espèce qui à été donnée par Wiedemann, et non à celle de Theobald (ailes de couleur sombre, costa brunätre avec deux pelits espaces clairs, — pas d'annelures blanches des palpes, — annelures jaunâtres, peu visibles aux extrémités apicales des tarses, sauf aux extrémités des der- nières pièces). J'ai donné précédemment une description de A. Vincenti (1). Get Anopheles est voisin de A. Rossi Giles; il s'en distingue par les carac- tères suivants : tandis que A. ossi Q mesure de 4 à 6 millimètres de long (proboscide non compris), A. Vincenti © ne mesure que 3 à 4 mil- limètres. Chez A. Vincenti, les taches sombres qui existent sur la costa n'ont pas la même disposition que chez À. ossi; on ne trouve pas la tache en T qui est un des principaux caractères de cette dernière espèce. Chez A. Vincenti, la petite fourche antérieure est plus grande que la postérieure, alors que chez À. Rossi ces deux fourches ont à peu près les mêmes dimensions. La disposition des nervures transverses (en échelons chez À. Vincenti) est un peu différente dans les deux espèces. Chez À. Fincenti, les tarses sont faiblement annelés de jaune à l’extré- mité apicale; chez A. Àossi, les annelures jJaunâtres, plus marquées, existent aux extrémilés apicales et basales des pièces des tarses. L'aspect des palpes est à peu près le même dans les deux espèces. Au point de vue pralique, la grande fréquence des Anopheles dans le Haut-Tonkin est importante à noter; c’est dans les localités les plus insalubres que ces Culicides ont été trouvés en plus grand nombre. Des mesures de protection contre les Culicides s'imposent dans les postes déjà construits et, à l'avenir, il y aurait lieu, avant d'installer un poste, de faire une enquête sur l'abondance et sur la nature des Culicides qui s’y rencontrent. (1) Société de Biologie, 23 novembre 1901, p. 993. \ / SÉANCE DU 25 JUIN 1073 ÉTUDE SUR L'AGGLUTINATION DU BACILLE TYPHIQUE, par MM. Vicror HENRI et LUCIEN MALLOIZEL. Après les récentes communications de l’un de nous sur l'agglutina- tion des globules rouges, nous avons entrepris l'étude de l'agglutination des microbes. Voici nos premiers résultats : Matériaux employés. — Bacille typhique pur, isolé de la rate d’un malade par M. le D' Mosny(E M.) et essayé sur le milieu de Drigalski- Conradi. Sérum agglutinant (S) au 60° en 1/4 d'heure d’une typhique convalescente de Saint-Antoine (Bacilles retrouvés dans le sang). Sérum d’un malade n'ayant jamais eu la typhoïde (£), atteint de pyo- néphrose calculeuse. Hydrate ferrique colloïdal solution B. I. BACILLE TYPHIQUE EN BOUILLON. (Culture de 24 heures où on ne constate aucune agglutination spontanée.) — Le sérum S produit l'agglutination au 1/60 en 15 minutes, au 1/40 en 5 minutes, au 1/20 instanlanément. Le sérum E agglutine légèrement à 1/5. L'hydrate B même à 1/2 ne produit aucune agglutination; il précipite en flocons jaunâtres reconnaissables au microscope, ne comprenant aucun bacille. Les bacilles ne sont pas réunis et s’agitent librement. B ajouté soit avant, soit après le sérum S, ne retarde ni n'empêche l’ag- glutination instantanée à 1/20. IT. BACILLE TYPHIQUE EN SOLUTION SUCRÉE. (Culture sur gélose de EM diluée dans une solution de saccharose dans l’eau distillée à 20 p. 100, de manière à avoir 50 à 60 bacilles par champ d'immersion). — Cette solution ne tue pas les bacilles qui y sont demeurés mobiles à la température ordinaire au bout de 6 heures. A. Agglutination par le sérum S. — Le pouvoir agglutinant de $ se trouve di- minué. S n’agglutine plus à 1/40 qu’en 16 minutes. Il agglutine à 1/20 seulement en 5 minutes. Les paquets de bacilles sont beaucoup moins gros et plus lâches que dans le bouillon; ils sont aussi moins nombreux. B. Effets de l'hydrate ferrique colloïdal. — À. 1/40, l’agglutination par la so- lution B est immédiate et totale. On voit au microscope de nombreux placards jaunâtres contenant une masse de bacilles. L’hydrate ne précipite pas tota- lement, car le liquide surnageant est légèrement jaune. Quoique il précipite : avec les bacilles et outour d'eux, dans un paquet qui contient des milliers de bacilles on ne peut avec l'immersion reconnaître la limite des bacilles et de l’hydrate, car celles-ci sont confondues. Les paquets sont énormes, beaucoup plus serrés qu'avec le sérum. Aucun bacille n'est mobile, on en voit à peine 2 ou 3 par champ qui restent isolés. C. Effets du sérum S sur l'agglutination par l’hydrate ferrique. — Si, dans une solution de saccharose contenant des bacilles, on ajoute 1 goutte de B pour BroLoGtE. COMPTES RENDUS, — 1904. T. LVT, 15 1074 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE LX gouttes de solution, puis de I à VIII gouttes de sérum S, l’agglutination reste la même. Cependant avec LX de S$, il y a, après agitation, quelques bacilles isolés, très rarement mobiles. D. Effets de l'hydrate ferrique sur l'agglutination par le sérum. — Ces effets sont différents suivant les doses : «) Si à XL gouttes de bacilles dans l’eau sucrée on ajoute I goutte S, puis III gouttes de B, l’agglutination se produit comme par B seul. 6) Si à XL gouttes EM en eau sucrée on ajoutte II gouttes S puis IT gouttes de B, il y aagglutination; mais elle est différente de l’agglutination ©. Elle a lieu en cinq minutes par nombreux petits paquets lâches analosües mais plus nombreux qu'avec II gouttes de S seul. Si on ajoute III gouttes de B l’agglutination se fait à nouveau comme «. y) Avec Il gouttes S puis I goutte de B, l’agglutination se fait comme avec S seul; elle n’est nette, en petits paquets làches, qu’en 20 minutes. à) En augmentant la dose de $, l’agglutination est plus forte, plus rapide, en paquets lâches plus nombreux. Avec XVI gouttes S pour I goutte de B, on retrouve quelques paquets jaunes, mais jamais l’agglutination ne se fait comme avec B seul. On peut la pro- duire secondairement en augmentant la dose de B. e) Le sérum 2 se comporte identiquement comme S à doses à peine plus fortes (II gouttes en plus), en présence de B. Conclusions. — On voit donc que l’agglutination des bacilles typhi- ques se comporte d’une façon très analogue à l’agglutination des glo- bules rouges par l'hydrate ferrique colloïdal. Pour en faire l’étude, on doit d’abord examiner au microscope, car les aspects macroscopiques des précipités sont identiques, ensuite faire dés émulsions dans l’eau sucrée : 1° L'hydrate ferrique colloïdal peut être précipité sans agglutiner les microbes ; 2° Lorsque l'hydrate ferrique agglutine les microbes, il se forme des flocons qui contiennent les bacilies englobés dans le précipité de l'hy- drate ; 3° Le sérum, agglutinant ou nou pour certaines doses, préserve Îles microbes contre l’agglutination par l'hydrate ferrique, mais l'inverse n’a pas lieu. (Jravail des laboratoires du D° Mosny, à l'hôpital Saint-Antoine, et de Physiologie de la Sorbonne.) SÉANCE DU 25 JUIN 1075 9 a DJ 30 INFLUENCE DE LA SPLÉNECTOMIE SUR LES LEUCOCYTES DU SANG CHEZ LE CHIEN, par MM. Joserx Nicoras et DumouLin. Sur deux chiens splénectomisés les leucocytes ont présenté les modi- fications suivantes : Dates. juillet 1902 . août 1902. . Nombre totel. Lymphocytes. Polynucléaires. Mononucléaires. Eosinophiles. 11.000 8.400 8.600 9.200 12.940 9.200 8.200 : Spléneclomie. septembre 1902 . novembre 1902 . décembre 1902 . janvier 1903. . , février 1903 . . MASSE mai 1903 . juin 1908460: 5 novembre 1902 . 35-000 16.800 14.000 13.600 12.550 9.000 6.400 13.000 11.800 8.050 9.700 9.000 7.000 11.000 7.700 10.200 » 7 13.500 7.000 10.000 10.000 11.500 9.200 11.500 8.000 14.400 1.400 9.200 2 décembre. . . . Splénectomie. Chien I 10 12 9 8 15 ill 11 D © EX = © © NN [=] [=] Cr ® Chien II p. 100 O2 ©t C2 s D [er] [°A] D p. 100 25 20 D = NN = x 2 C2 Æ Ed O7 © & 1 9 © OT Co © 2 == © ND re p. 100 3 Or 2) © QU D & D s oe s XX ® (=) M [UE] US ©2 en I D D À À N + O0 Où 1 À (C7 Co S Q2 1076 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dates. Nombre total. Lymphocytes. Polynuciéaires. Mononucléaires. Eosinophiles. p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 3 Et 22.900 10,1 86,5 3,1 0,33 5 — 14.300 6,66 87,33 ù 0 6 — 00415 :200 6 87,66 d,33 0 9 cui . 15.800 6 86,67 3,66 1,66 10 — 12.800 6 88,66 3 2,33 11 = 25.400 4,33 89 4,66 1) 16 = . 25-000 13,66 80 4,66 0,66 110) — .. 15.200 8 81,5 8 2,0 29 a . 10.160 15,66 70 13 1,33 8 janvier 1903. . . 1.500 9,33 18,66 9,60 2,33 DIMEVTLER MANU » 0,66 94885 î 1 Résumons ces résultats et faisons des moyennes pour rendre les variations plus frappautes. Chien I Nombre total. Lymphocytes. Polynucléaires. Mononucléaires. Éosinophiles. p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 Aanti 0. 2.0 ne 9.648 11 68 17 4 Après (6 premiers mois) . 13.240 1354 60,5 13 12,5 — (6 mois suivants) . 9.236 1.6 68,17 24,56 … 2,58 Chien II Avant CR PAST 9.750 sl ul 18,7 2,6 ADPÉS NU NE 18.260 4,7 85 7,4 20) Rappelons que sur le Chien II, une collection suppurée assez volumineuse s’est développée sous la peau et a certainement influé sur l'hyperleucocytose et sur l’hyperpolynucléose. Conclusions. — Après la splénectomie chez le chien on observe : 1° Une augmentation du nombre des globules blancs persistant assez longtemps après l'opération avec retour au chiffre normal après plu- sieurs mois. 2 Une diminution immédiate des lymphocytes, suivie d’une élévation passagère de ces leucocytes qui fait place enfin à un abaissement mar- qué et prolongé lorsqu'on peut suivre assez longtemps les animaux en expérience. Ce fait est important en ce qui concerne le rôle de la Rate dans la genèse de ces éléments. 3° Une variation peu marquée des polynucléaires " hyperpolynu- cléose du chien II devant être mise vraisemblablement sur le compte de la suppuration) ; 4° Une éosinophilie marquée dans un cas (chien I) sur deux. Ces conclusions, à quelques variantes près cependant, se rapprochent SÉANCE DU 25 JUIN 1077 assez de celles exprimées par les différents observateurs qui nous ont précédés : Winogradoff, Tchistowitch, Wlaeff, Hartmann et Va- quez, etc (1). Mais la variabilité des chiffres auxquels nous sommes arrivés montre combien il est difficile d'obtenir des résultats nets et constants et par conséquent de formuler des conclusions précises. (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloinq.) RÉACTIONS DU TÉGUMENT EXTERNE A LA SUITE D'UN SEUL DÉCOLLEMENT SOUS-CUTANÉ, par M. Én. RETTERER. J'ai montré (2) qu'il est facile de vérifier, par l’expérimentation, les résultats histogénétiques en ce qui concerne la transformation constante de l’épiderme en trame conjonctive du derme. En continuant ces recherches, j'ai observé d’autres faits qui confirment ce mode d'évolution de l’épiderme. Voici les nouveaux procédés que j'ai employés et lies résultats que j'ai obtenus. Je pratique sur dix animaux un seul décollement, et j’enlève de vingt- quatre heures en vingt-quatre heures le lambeau décollé que je fixe dans les mêmes réactifs et que je débite en coupes sériées. Par cette méthode, on se procure la série complète des pièces comprenant l’ensemble des phénomènes cellulaires qui se sont passés pendant dix jours dans une portion de tégument dont la face profonde a été séparée mécaniquement des tissus sous-jacents. Le décollement du derme provoque dans le lambeau cutané et les parties avoisinantes une série de troubles circulatoires et cellulaires. Dans le lambeau décollé, il se fait un arrêt temporaire de la circulation; les vaisseaux coupés s’oblitèrent très vite; car, comme je m'en suis assuré, si l'on pratique un deuxième ou troisième décollement deux ou trois jours après le premier ou le deuxième, pas une goutte de sang ne s'écoule, à moins qu'on ne dépasse les limites du premier décollement. Les téguments qui avoisinent le lambeau décollé présentent, au contraire, de la rougeur inflammatoire. | La solution de continuité est occupée par un épanchement sanguin ; les bords de la solution de continuité sont infiltrés eux-mêmes de plasma, d’hématies et de leucocytes. (1). Voir notre mémoire du Journal de Physiologie, novembre 1903, et aussi, dans les C. R. de la Soc. de Biologie (1897), les notes de MM. Hartmann et Vaquez, sur ce sujet. (2) Voir ma communication à l'Association des Anatomistes, 6° session; Toulouse, 1904, 1078 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À. Derme. — Comparés au derme normal, les éléments conjonctifs du derme dont la face profonde a été décollée montrent de nombreuses modifications morphologiques et micro-chimiques : les parties chromo- philes des cellules conjonctives fixent d'une façon plus intense l’héma- toxyline et la thionine; elles ont augmenté d'épaisseur et forment un réseau qu'il est facile de mettre en évidence au milieu des faisceaux conjonctifs. Les noyaux sont gros et semblent tuméfiés; mais dans la couche papillaire et les portions superficielles, ils ne sont pas plus nombreux qu'à l’état normal. Je n'ai pas pu y apercevoir d'image mitosique. Dans les parties profondes, au contraire, de la couche réticulaire, les noyaux sont serrés et très abondants; la plupart ne possèdent plus de contours nets; ils se sont fragmentés en amas nucléaires qui ressemblent de tous points aux leucocytes polynu- cléaires qu'on observe dans l’épanchement de la solution de continuité. Les prolongements chromophiles n’ont plus un trajet ni un contour réguliers comme dans le derme normal ou les couches superficielles; ils sont-renflés de distance en distance, quoiqu'ils continuent, dans la portion périnueléaire du moins, à rester reliés par de minces filaments chromophiles. Si l’on compare la disposition des renflements chromo- philes à ceux des filaments chromophiles continus des portions sus- jacentes, on voit que leur groupement étoilé résulte de la désagrégation partielle du réseau chromophile. En un mot, les portions chromophiles des cellules conjonctives se sont transformées et ont dégénéré en clasma- tocyles. Quant aux fibres conjonctives de la couche profonde du derme, elles ont diminué de volume, et la substance transparente qui les réunit est beaucoup plus abondante que dans les couches superficielles. À mesure qu'on approche du foyer hémorragique, cette substance amorphe prend une apparence finement grenue, il ne reste que des traces de fibres conjonctives colorées en rouge par la fuchsine acide. Les renflements chromophiles sont isolés les uns des autres et se colorent en violet ou en bleu par l'hématoxyline et la thionine. Les noyaux morcelés en amas de sphérules chromatiques sont dispersés dans le magma commun et ne peuvent plus être distingués des renflements chromophiles. En résumé, la division mécanique du tissu conjonctif cutané produit un foyer hémorragique dans la solution de continuité et une infiltra- tion sanguine entre les éléments des bords de la plaie. Les divers éléments du tissu infiltré dégénèrent : les fibres conjonctives se résorbent, les filaments chromophiles se renflent de distance en dis- tance, puis se désagrègent et les noyaux se fragmentent. Les éléments cellulaires du tissu se transforment en leucocytes polynucléaires qui s'ajoutent à ceux que l'hémorragie avait déjà versés dans les mailles conjonctives. Pas plus que les fibres conjonctives ou chromophiles, les polynucléaires ne subissent d'évolution progressive. En étudiant, de 7 BETA À Ca SÉANCE DU 25 JUIN 1079 jour en jour, la face profonde du lambeau décollé, on les voit se mor- celer de plus en plus et former un magma granuleux au milieu de la masse désagrégée et en voie de résorption. En un mot, la couche pro- fonde du derme est le siège de phénomènes d'ordre exclusivement régressif (1). B. £piderme. — Dès le premier jour, les cellules malpighiennes s’hypertrophient et s’hyperplasient. Leurs noyaux acquièrent une lon- gueur de 14 et une largeur de 7 à 8 v. Les fibrilles chromophiles ou épithéliales prennent les dimensions de fibres longues et larges que réunit un hyaloplasma abondant. Cette hypertrophie n’est pas une simple tuméfaclion telle que celle qui se fait dans les éléments du derme; elle s'accompagne d’hyperplasie. On observe, en effet, des mitoses si nombreuses qu'on en voit plusieurs dans chaque champ du microscope. Les conséquences de l'hyperplasie et de l’hypertrophie épithéliale sont l’épaississement des couches épidermiques et l'allongement des papilles. Les troisième et quatrième jour, par exemple, la couche malpighienne présente un corps muqueux épais de 0 millim. O1 au niveau des papilles et de 0 millim. 02 à 0 millim. 25 dans les intervalles interpapillaires. Le stratum granulosum lui-même se compose de huit à dix assises cellulaires formant une couche épaisse de 0 millim. 05 à 0 millim. 06. Quant aux papilles dermiques, elles s’allongent, non pas par prolifération de leurs propres éléments, mais grâce aux transforma- tions qui s'effectuent dans les cellules épithéliales. Je le répète, je n’ai pas vu une mitose dans les cellules conjonctives, ni du derme réticu- laire, ni de la portion papillaire. Dans les cellules malpighiennes, au contraire, les mitoses abondent et produisent des amas cellulaires dont le cytoplasma très colorable, se différencie, surtout au-dessus du sommet et sur les parties latérales des papilles, en substance chromo- (1) Les couches profondes du derme et la solution de continuité présentent tous les caractères de ce que Virchow a décrit, vers 1858, sous le nom d’infiltra- tion diffuse. Mais cet état, que Virchow et nombre de pathologistes mettent sur le compte de la prolifération des cellules conjonctives, et que d’autres attri- buent uniquement à l’émigralion des leucocytes hématogènes, n'est que l'image produite par l’épanchement sanguin, le fractionnement des cellules et la régression de tous les éléments conjonctifs. - L'origine, la structure et la destinée de ces amas de leucocytes polynu- cléaires diffèrent essentiellement de celles du cystoplasma commun à nom- breux noyaux qu'on observe dans les amygdales, les ganglions lymphatiques ou le derme qui à été soumis à une irritation prolongée. Dans ce dernier cas, on a affaire à un tissu conjonctif jeune, que les classiques décrivent, à tort, à mon avis, du moins, sous le nom de nodules lymphocytaires où d'infiltration de lymphocytes, car il ne s’agit nullement d'éléments libres dans les mailles d'un réticulum. 1080 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE phile périnucléaire et en James ou irradiations chromophiles formant un réticulum anastomotique. Dans les mailles de ce réticulum s’accu- mule de l'hyaloplasma de plus en plus abondant. Dès que les amas épithéliaux ont subi ces transmutations, ils possèdent tous les carac- tères du tissu qui constitue les papilles dermiques. En un mot, un dé- collement sous-cüutané provoque, dans l’épithélium sus-jacent, des mo- dificalions progressives, de tous points identiques à celles que j'ai dé- crites et figurées dans l’épithélium cornéen, à la suite des plaies de la cornée (1). À partir du huitième ou neuvième jour, les miloses diminuent dans l’épiderme encore épaissi, mais les cellules profondes continuent à s’y transformer en éléments conjonctifs. Conclusions. — Un seul décollement sous-cutané détermine une infiltration sanguine et la régression des éléments conjonctifs avoisi- nant la solution de continuité. Le derme s’hypertrophie ou plutôt ses éléments se tuméfient, mais ne se multiplient point. L'épiderme sus- jacent, qui n’a pas été lésé par le couteau, s’hypertrophie également, et ses couches s’épaisissent; de plus, les cellules épithéliales s’hyperpla- sient par division mitosique. Enfin, les cellules malpighiennes se trans- forment en tissu conjonclif réticulé, aux dépens duquel les papilles dermiques s’allongent et ce nouveau tissu sert à remplacer, c'est-à-dire à réparer la perte de substance produite par la résorption des couches profondes du derme. SUR LES GREFFES VÉSICALES ET SUR LA FORMATION DE CAVITÉS KYSTIQUES ET POLYKYSTIQUES, : par M. PauLz Carnor. La faculté qu'ont les diverses cellules animales de se greffer et de proliférer après transplantation paraît être en raison inverse de leur fragilité et de leur différenciation. Si les cellules épidermiques, très résistantes, se greffent facilement et définitivement (ainsi que nous l'avons constaté, en suivant pendant plusieurs années des greffes pig- mentées sur épiderme blanc), il n’en est pas de même pour les cellules glandulaires, très fragiles et hautement spécialisées, du foie et du rein : en effet, ce n’est que tout à fait exceptionnellement, ainsi que nous l’avons précédemment décrit, que nous avons pu obtenir une extension passagère et même une évolution adénomateuse de ces greffes glan- dulaires. Les greffes de cellules muqueuses, à l'étude desquelles nous sommes (1) Journat de l'Anatomis ét de la Physiologie 4903, pb, 488, Pl, XIII et XIV, # SÉANCE DU 25 JUIN 1081 maintenant arrivé, fournissent des résullats intermédiaires aux précé- dents, et, si elles évoluent plus difficilement que ies greffes cutanées, elles se développent, par contre, beaucoup mieux et beaucoup plus sou- vent que les greffes glandulaires. Cela tient vraisemblablement, d’une part, à la moindre différenciation de ces cellules; d'autre part à leur résistance considérable (car elles résistent normalement à l’action toxique des liquides qui les baignent : urine, bile, contenu intes- tinal, etc.) ; d'autre part, enfin, à leur activilé proliférative intense, sur laquelle nous avons déjà attiré l'attention, avec M. Cornil, dans nos recherches sur les réparations des cavités muqueuses. Nous avions, d’ailleurs, au cours de ces recherches, signalé un pro- cessus de greffes spontanées des cellules muqueuses, que l’on observe principalement lorsque les réparations à effectuer sont volumineuses, et qui se produit, après constitution d’une paroi nouvelle, épiploïque ou fibrineuse, par décalque de l’ancienne paroi sur la paroi nouvelle qui lui est accolée : ces greffes spontanées essaiment ainsi une série de ‘centres prolifératifs secondaires qui raccourcissent beaucoup la durée totale de la réparation. Ces diverses considérations pouvaient amener à penser que les cel- lules muqueuses étaient susceptibles de se greffer artificiellement à dis- tance : c'est ce que l'expérience directe a confirmé. Dans le présent travail nous ne parlerons que de la greffe des cellules vésicales, chez le chien. La technique que nous avons employée est la suivante : un lambeau vésical, de quelques millimètres, aussi mince que possible, est trans- porté chez le même animal ou chez un animal de même espèce, sur la surface séreuse de l'estomac ou de l'intestin. Pour maintenir les” greffes en place, sans intervention d'un corps étranger, nous avons utilisé l’artifice suivant : avec le bistouri passé en seton, on soulève un mice pont de séreuse sous lequel on engage la greffe par son milieu : celle-ci est ainsi maintenue en place, en même temps qu’elle est mise en contact avec la petite plaie, très vascularisée, que l’on provoque ainsi. L'animal était sacrifié dans un délai variable (huit jours, quinze jours, vingt-six jours); nous communiquerons ultérieurement les résullats obtenus après un plus long temps. Une première remarque s'impose : toutes les greffes vésicales pra- tiquées d’un animal à un autre animal de même espèce ont, jusqu'ici, échoué et se sont résorbées rapidement. Au contraire, toutes les greffes, au nombre de huit, pratiquées à distance, sur l'animal lui-même, ont évolué et ont déterminé des cavités kystiques. Ce fait, très remarquable par sa constance, peut s'expliquer de la facon suivante : les cellules vésicales greffées sur la face séreuse du tube digestif ont pu vivre et proliférer lorsqu'elles se sont trouvées dans les conditions nutritives 1082 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les plus voisines de leurs conditions antérieures ; habituées aux humeurs d’un organisme, elles retrouvaient, après transplantation chez le même animal, les mêmes humeurs et le même type nutritif. Au con- traire, transplantées chez un autre animal, fût-il de même espèce, elles subissaient d'autres influences et se trouvaient, par là même, dans de beaucoup moins bonnes conditions de culture. Nous avons, d’ailleurs, observé et signalé un phénomène analogue, quoique moins constant, pour l’évolution des greffes épidermiques pigmentées. Ces faits mon- trent l'extrême délicatesse des cellules animales, et combien sont importantes les moindres modifications humorales pour la réussite ou l'échec des greffes cellulaires. Lorsqu'après un délai variable on sacrifie l'animal, on retrouve, très facilement, l'emplacement des greffes : il s’est produit, en effet, à ce ni- veau, des cavités kystiques facilement visibles et de dimensions plus ou moins grandes : Les plus petits kystes sont représentés par une fente transversale de uelques millimètres de long, que l'examen histologique ultérieur queiq 5 5 montre lapissée d’épithélium vésical sur toute sa surface. Les plus grands kystes observés: jusqu'ici sont du volume d’une grosse noisette, généralement plus larges que hauts, étalés sur la paroi stomacale ou intestinale. Plusieurs de ces cavités kystiques ont une tendance évidente à la multiloculation. Certaines sont séparées par des travées transversales. D'autres ont déjà de petits kystes accolés à la grande cavité et qui com- muniquent avec elle. Le contenu de la poche est constitué par un liquide qui s'échappe à la coupe, dont nous n'avens pas encore fait l'analyse chimique, el par une masse plus ou moins considérable de mucus. L'étude histologique des cavités kystiques ainsi développées com- prend l'étude du stroma et celle de l’épithélium. Le stroma de la poche est constitué, du côté de l'estomac ou de l’in- testin, par la paroi digestive. Celle-ei est, le plus souvent, refoulée ‘par le développement du kyste : elle semble présenter également une légère tendance au bourgeonnement intérieur. Les couches musculeuses sont normales, un peu plus minces que dans les parties voisines, mais sans atrophie considérable et sans trace d’inflammation. Le toit du kyste, qui représente la paroi nouvelle, est constitué, soit par du tissu conjonctif, mince, provenant surtout de l’aceclement de l’épiploon, dont on retrouve la structure et les masses adipeuses, soit par l’organisation conjonctive d’un caillot fibrineux. Une grande partie de cette nouvelle paroi présente des fibres musculaires et pro- vient, par conséquent, des tuniques intestinales ou stomacales refoulées. Ceci s'explique très simplement de la manière suivante : la cavité étant constituée et la poche se dilatant progressivement, la nouvelle paroi peu extensible n'a pas assez d’étoffe pour couvrir la poche et tire à elle SÉANCE DU 25 JUIN 1083 LR) une partie des tuniques intestinales voisines et de leurs fibres muscu- laires. L'épithélium tapisse souvent foule la cavité kystique. Dans les pièces de huit et de quinze jours, il y a encore des interruptions qui ne sont pas encore comblées, et l'on observe, alors, des îlots épithéliaux séparés, analogues à ceux que nous avions figurés avec M. Cornil dans la répa- ration des muqueuses et qui proviennent du décalque et de la greffe de l’épithélium primitif sur la nouvelle paroi. Le tapissement de l’épithélium se fait donc, pour ces cavitéskystiques comme pour les organes régénérés, par un triple processus de glisse- ment sur les bords, de greffe par décalque et de multiplication cellu- laire. — Les mitoses sont cependant assez rares. Très fréquemment, au niveau de la greffe initiale surtout, on observe une végétation extrême de l’épithélium. Celui-ci s’épaissit sur un grand nombre de couches : il bourgeonne; mais surtout, par places, il pousse des prolongements creux, multiples, juxtaposés, différemment contour- nés, avec un aspect particulièrement vivace et prohfératif qui donne l’aspect de figures pseudo-néoplasiques. Ces invaginations épithéliales se développent en quelques points de prédilection, surtout au point de rebroussement de la muqueuse. Elles peuvent s'élargir, se distendre de liquide et donnent lieu à la for- mation de petits kystes secondaires surajoutés au kyste principal. Il y a donc là, par places, un début de formation polykystique. En résumé, l'épithélium vésical est susceptible de se greffer. Ces greffes évoluent beaucoup mieux sur l'animal lui-même que sur un autre animal de même espèce : elles déterminent, probablement par suite de l'impossibilité de l'épithélium muqueux de s'accoler à lui-même, la formation de cavités kystiques, entièrement tapissées d'épithélium vésical, et tendent à la prolifération ultérieure, au développement de nouveaux kystes et à la formation de cavités polykystiques. Nous reviendrons ultérieurement sur l’évolution tardive de ces kystes et sur les résultats des greffes des autres muqueuses (vésicule biliaire, intestin, etc.). (Laboratoire de Thérapeutique de la Faculté de Médecine.) DE L'ACTION LOCALE DES ANESTHÉSIQUES ET DE LA PILOCARPINE SUR LES ÉCHANGES SALINS INTESTINAUX, par MM. P. Carnor et P. AMEr. Dans une note précédente, nous avons étudié les échanges aqueux et salins qui se produisent dans des anses intestinales isolées, au contact 1084 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de solutions de chlorure de sodium à différents titres de concentration. Nous avons constaté que de doubles échanges intervenaient pour réa- liser finalement des proportions sensiblement isotoniques aux liquides de l'organisme. La question qui se pose est de savoir si cette tendance à l’isotonie résulte de phénomènes purement physiques, comme ceux qui se pas- sent dans un appareil à dialyse, ou s'il ne s’agit pas plutôt de phéno- mènes actifs et défensifs tendant à rendre les solutions isotoniques aux liquides de l'organisme pour en diminuer la toxicité avant leur absorp- tion. Pour résoudre cette question, nous avons étudié l’action, sur la vitesse d'absorption, des anesthésiques locaux qui suppriment en partie l’activité cellulaire, et de la pilocarpine qui exalte, au contraire, cette activité. La suppression partielle de l’activité vitale des cellules par les anes- thésiques locaux a été réalisée par l'addition, aux diverses solutions salines, de quelques gouttes de chloroforme, de laudanum et de cocaïne. La technique était d’ailleurs celle que nous avons indiquée précédem- ment : injections de 20 centimètres cubes du liquide dans une anse intestinale de 20 centimètres de long, liée aux deux extrémités; durée de séjour variable, d’une demi-heure à trois heures. Voici quelques résultats obtenus : Pour une solution de NaCI, de concentration À = — 0°68, et pour une durée d’une demi-heure, le coefficient d'absorption aqueuse a été de 50 p. 100 pour la solution simple, de 45 p. 100 pour la même solution additionnée de quelques gouttes de laudanum, de 32 p. 100 seulement pour la solution additionnée de quelques gouttes de cocaïne. — Le coefficient d'absorption saline, a été de 55 p. 100 pour la solution simple de NaCI, de 53 p. 100 pour la solution additionnée de laudanumi, et enfin de 34 p. 100 pour la solution additionnée de cocaïne. Dans une autre expérience et avec un autre animal, pour A = — 1° et pour une durée d’une heure, le coefficient d'absorption aqueuse a été de 35 p. 100 pour la solution simple de NaCI, de 25 p. 100 pour la même solution additionnée de chloroforme, de 15 p. 100 pour la solu- tion laudanisée et de 50 p. 100 pour la solution cocaïnique. — Le coefficient d'absorption saline a été de 56 p. 100 pour la solution simple, de 40 p. 100 pour la solution chloroformique, de 39 p. 100 pour la solu- tion laudanisée, et enfin de 39 p. 100 pour la solution cocaïnique. Dans une autre expérience et avec un autre animal, pour À = — 1° et pour une durée de deux heures, le coefficient d'absorption aqueuse a été de 77 p. 100 pour la solution simple, de 50 p. 100 pour la solution chloroformique, de 55 p. 100 la solution laudanisée, de 37 p. 100 seule- ment pour la solution cocaïnique: Le coefficient d'absorption saline a SÉANCE DU 25 JUIN 1085 été de 85 p. 100 pour la solution simple, de 71 p. 100 pour la solution laudanisée et de 61 p. 100 seulement pour la solution cocaïnique. Enfin dans une autre expérience encore et avec un autre animal, pour A = — 0°86 et pour une durée de trois heures, toutes les solutions ont été absorbées en totalité. Quelles que soient les causes d'erreur, assez considérables, de la mé- thode, causes que nous avons signalées dans notre note précédente, et dont il faut tenir compte, la constance des résultats oblenus nous permet cependant de conclure que l’action locale des anesthésiques sur l’épi- thélium intestinal diminue l'absorption aqueuse et saline, ce qui semble indiquer un rôle actif de cet épithélium. L'action de la pilocarpine sur la vitesse d'absorption des solutions salines plaide en faveur de la même hypothèse. En effet, dans une première expérience, avec des solutions à titres crois- sants de NaCl et pour une durée d'absorption uniforme d'une heure, nous avons obtenu : pour une solution de NaCI de concentration À — — 0°58, un coefficient d'absorption aqueuse de 30 p. 100 pour la solution simple, de 30 p. 100 pour la solution additionnée de pilocarpine. D'autre part, le coefficient d'absorption saline a été de 19 p. 100 pour la solution simple ; il a été de 22 p. 100 pour la solution additionnée de pilocarpine. Avec une autre solution plus forte, A — — 1°76, le coefficient d’ab- sorption aqueuse a été de 30 p. 100 (solution simple) de 45 p. 100 (solution avec pilocarpine). Le coefficient d'absorption saline a été de 21 p. 100 (solution simple), de 20 et 19 p. p. 100 (solution avec pilo- carpine). Ces résultats sont peu différents, mais avec des solutions plus fortes les différences s’exagèrent. Si A — 1°90 le coefficient d'absorption aqueuse est de 70 p. 100 (solution simple) et de 30 p. 100 seulement (solution avec pilocarpine). Le coefficient d'absorption saline est de 20 p. 100 (solution simple) et de 33 p. 100 (solution avec pilocarpine). Si À — —— 239, le coefficient d'absorption aqueuse est de 80 p. 100 (solution simple) et de 50 p. 100 (solution avec pilocarpine). Le coeffi- cient d'absorption saline, est, de son côté, de 27 p. 100 (solution simple) et de 45 p. 100 (solution avec pilocarpine). En d’autres termes, l'addition d’une faible quantité de pilocarpine (0,01 centigramme de chlorhydrate) diminue sensiblement l'absorption aqueuse et augmente, au contraire, l'absorption saline, et dans des proportions d'autant plus considérables que les solutions sont plus éloignées de l’isotonie. L'action de la pilocarpine sur l’épithélium intestinal se trouve donc être ici, comme sur les autres épithéliums glandulaires, une action excitante qui aboutit à une absorption plus rapide du sel, l’absorption moins rapide d’eau tient peut-être à une hypersécrétion aqueuse concomitante. 1086 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'action de la pilocarpine est donc inverse de l’action des anesthé- siques, les premiers diminuant la rapidité d'absorption aqueuse et saline, alors que la pilocarpine augmente, au contraire, la vitesse d’ab- sorption saline, tout en diminuant la vitesse d'absorption aqueuse. Les deux méthodes semblent indiquer une part considérable de l’ac- tivité cellulaire dans le processus d'absorption des solutions salines, et leurs résultats sont, par là-même, plutôt favorable à la théorie de Hei- denhain qu'à celle d'Hamburger. (Laboratoire de Thérapeutique de la Faculté de Médecine). SUR UN CAS DE LEUCOPLASIE VAGINALE CHEZ LA GUENON MONE (Cercocebus mona Schreb), par M. AuGusrEe PErrir. La présente observation (1) est relative à un Cercocebus mona Schreb 9, mort, en 1898, à la Ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, de tuberculose pulmonaire avec propagation au foie, au rein et à la rate. Les organes génitaux sont sains; toutefois, la surface interne du vagin présente un aspect nacré anormal rappelant la teinte que prend une muqueuse touchée légèrement au crayon de nitrate d'argent ; en outre, elle donne la sensation d’une membrane parcheminée, rugueuse, hérissée même en certains points de petites aspérités. L'examen des coupes pratiquées à divers niveaux montre que les lésions consistent essentiellement en une kyperkératinisation accusée est une hypertrophie des papilles. a) Derme. — Le derme est légèrement sclérosé et présente quelques ilots de cellules inflammatoires; ses papilles sont anormales au point de vue de la forme, du nombre et du développement. b) Epiderme. — Le stratum germinativum est nettement limité par le vitrée qui dessine une ligne extrêmement irrégulière mais ininterrompue. Au niveau du stralum filamentosum, dont les ponts et les espaces inter- cellulaires sont remarquablement développés, on observe un certain nombre de noyaux pyknotiques. Le stratum granulosum frappe par son ‘épaisseur ; il comprend 4-5 rangées de cellules bourrées de granulations d’éléidine, qui diffusent dans la couche cornée sus-jacente. Cette der- nière représente, en moyenne, le tiers de la hauteur totale du revête- ment épidermique et est formée d'éléments kératinisés présentant encore (1) Cette observation a été déjà signalée par Mantilla (Thèse Fac. Méd., Paris, 1901) et par Perruchet (La Gynécologie, 2, 1904), auxquels je l'avais communiquée. UC PURPEN SÉANCE DU 25 JUIN 1087 des vestiges de noyaux; on n’y distingue pas de $stratum disjunctum nettement différencié. | En résumé, les lésions vaginales constatées chez ce Cercocebus mona sont caractérisées par : «, l’hypertrophie de la courbe à éléidine ; B, le développement exagéré du stratum corneurh : y, l’irrégularité des papilles. Coupe du vagin leucoplasique de Cercocebus Mona Schreb, Elles doivent donc prendre place dans la catégorie des altérations leucoplasiques. Ce cas de leucoplasie vaginale observé chez un Singe, dont l'immu- nité vis-à-vis de la syphilis est établie par les recherches récentes, m'a paru mériter une brève description, en raison des théories pathogéni- ques trop exclusives de certains auteurs. SUR LA GLANDE CLOACALE DU CaïmaAN (Jacaretinga sclerops Schneid.), par MM. AuGustE PETrIT et FRANÇOIS GEAY. La rareté des documents relatifs aux glandes à musc des Crocodi- liens (1) nous engage à consigner ici quelques observations sommaires (1) La question vient d’être très exactement mise au point par R. Dissel- horst, in Oppels Lehrbuch, IV, 1904. 1088 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que nous avons pu faire relativement à la structure de la glande cloa- cale dite glande à musc du Jacaretinga sclerops Schneid. (1). Cette dernière comprend : a) Une enveloppe conjonctive formée de faisceaux circulaires, abon- damment vascularisée. b) Une couche épithéliale. Celle-ci se fait remarquer par son épaisseur (2-3 millimètres au minimum, 5 millimètres en moyenne) et par les sinuosités frangées qui la délimitent du côté de la lumière centrale; en outre, il est à remarquer qu’elle présente une grande analogie avec un revêtement épidermique. Les cellules qui la constituent sont volumineuses, de forme polyé- drique et renferment un abondant cytoplasma ainsi qu'un noyau muni d’un ou deux nucléoles. Suivant le mode de préparation, l’aspect des cellules varie profondé- ment; sur les pièces qui n'ont subi que l’action du formol,le cytoplasma est imprégné d'une substance grasse, fixant intensivement le Sudan II]; au contraire, sur les coupes deshydratées et traitées par le xylol, le toluène ou la benzine, le spongioplasma affecte l'apparence d’un réseau à larges mailles inégales, vides. Les cellules en question sont le siège d’une évolution régressive cen- tripète; au voisinage de la lumière, elles offrent un aspect ratatiné, leur noyau est nécrosé et elles dessinent trois à quatre assises qui se déta- chent successivement. À proprement parler, il n'existe pas de liquide de sécrétion ; la cavité centrale de l'organe est en effet occupée par une masse huileuse, formée presque exclusivement de cellules encore reconnaissables, présentant des vestiges de noyau et bourrées de la substance signalée précé- demment; cette dernière dégage un parfum musqué alors que, chez la plupart des autres Crocodiliens, le produit de la glande cloacale a une odeur franchement nauséabonde. Enfin, nous signalerons une disposition assez spéciale : la couche conjonctive périphérique émet de place en place des rameaux anasto- mosés qui cloisonnent les cellules glandulaires et qui s’avancent fort avant au milieu de celles-ci; ils renferment, en général, des vaisseaux sanguins qui,en certains points, peuvent affecter des rapports très étroits avec les éléments épidermiques; les capillaires s’observent à peu près à tous les niveaux, seule la couche desquamante en est dépourvue. En résumé, la glande à muse du Jacaretinga sclerops est une invagi- nation de l’ectoderme dont les caractères essentiels persistent encore et (1) Le matériel utilisé provient d’un Jacaretinga mâle, adulte, de 22,50 de longueur, tué à Mana (Guyane); il a été fixé par Geay dans le formol à 10 p. 100; des circonstances indépendantes de sa volonté l'ont empéché de faire les autres fixations nécessaires pour une étude approfondie. SÉANCE DU 25 JUIN 1089 sa sécrétion consiste essentiellement en l'accumulation de cellules ayant subi une métamorphose graisseuse spéciale, se desquamant à la facon du stratum disjunctum de l’épiderme ; elle doit donc être consi- dérée comme un stade primilif de la série des appareils glandulaires. PRÉSENCE DE LA FORMALDÉHYDE DANS L'AIR, par M. A. TRiIcLAT. L'étude de la présence de la formaldéhyde dans l'air atmosphérique présente un grand intérêt au point de vue physiologique et qui découle de l’affinité de cette aldéhyde pour la matière albuminoïde, comme je l'ai déjà fait ressortir (1). _ J'ai cherché à établir si la production de la formaldéhyde dont la pré- sence a été signalée déjà dans la combustion incomplète de quelques corps (2) était un phénomène d'ordre général se produisant dans les combustions courantes. L'intérêt de ces recherches réside en ce que la présence normale de l’aldéhyde formique dans les fumées pourrait être une des causes de la présence de ce corps dans l'atmosphère et vien- drait confirmer les intéressantes expériences faites au laboratoire de Montsouris par MM. Albert Lévy et Henriet. Je me suis, dans cette étude, rapproché le plus possible des condi- - tions usuelles dans lesquelles se font les combustions et adressé dans ce but aux substances qui sont journellement brülées aussi bien dans les ménages que dans l'industrie. Ces substances, bois, charbon, papier, tissus, etc., étaient placées dans un tube horizontal en verre faisant fonction de foyer : on les y faisait brûler en présence d’un courant d’air purifié et soigneusement débar- rassé de toute trace éventuelle d’aldéhyde formique. Les produits de la combustion à l'état de vapeurs et de fumées étaient condensés dans une série de récipients et finalement analysés. La présence de l’aldéhyde formique a été caractérisée par toutes ses réactions, mais j'ai donné la préférence à la réaction obtenue en combinant la formaldéhyde avec la diméthylaniline et qui permet d'arriver à la formation du benzhydrol tétraméthylé, facilement reconnaissable à la coloration bleue intense qu'il prend quand on l’oxyde en présence du bioxyde de plomb et de l'acide acétique. J'ai indiqué maintes fois les conditions dans lesquelles on devait se placer pour réussir avec certitude cette recherche (3) : à (4) Comptes rendus de l'Ac. des Sciences, 1893, p. 891; ibid., 1894, p. 563; ibid., 1904, p. 720. (2) Tbid., 1903, p. 203; 1904, p. 1272. (3) Comptes rendus de l'Ac. des Sc., 1893, p. 290; ibid., 1898, p. 292; Bulletin de la Sociélé de chirurgie, 1898, p. 684. Biozocie. Compres RENDUS. — 190%. T. [,VI. 76 1020 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE propos des présentes expériences, J'ai pu perfectionner la méthode à tel point que la formaldéhyde peut être décelée avec une certitude absolue: à la dose de 1/100000 et évaluée colorimétriquement. À celte dose, les autres procédés de recherche donnent des résultats incertains, soit parce qu'ils peuvent être fournis par d’autres aldéhydes, soit parce que les colorations obtenues ne correspondent pas à des corps connus. Les substances expérimentées ont été les suivantes : charbons, tourbe, diverses essences de bois (noyer, chêne, sapin, etc.), papiers apprêtés ou non, cellulose pure, liège, caoutchouc, tissus divers, tabacs (1). Dans tous les cas sans exception, la présence de la formaldéhyde a élé caractérisée et évaluée à une dose variant de 14/1000 à 1/100000 selon la nature du combustible. Une série d'expériences ont élé faites avec les hydrocarbures et ont en outre démontré que le benzène lui-même fournissait des traces d’aldéhyde dont le poids augmentait avec la complexité des homologues. (Exemple : le benzène a donné une dose d’aldéhyde évaluée à 1/120000, le toluène, 1/80000 ; le xylène, 1/45000). Si l’on rapproche ces résultats de ceux que j'ai déjà donnés (2) en opérant avec des corps bien définis : alcools de diverses séries, éthers, cétones, etc., qui ont tous fourni en fin de compte de l’aldéhyde formique, on est donc en droit de con- clure que cette aldéhyde doit se former dans toutes les combustions. Les influences qui peuvent faciliter la formation de l’aldéhyde for- mique dans les produits de combustion sont, cela élait à prévoir, les. mêmes que celles que j'ai signalées à propos de l'oxydation catalytique des vapeurs d’alcool. En premier lieu, la nature des parois du foyer joue un rôle considérable. En voici la démonstration. On fait passer un courant d’air chargé de vapeurs de benzène dans 2 tubes de verre iden- tiques de mêmes dimensions et chauffés rigoureusement à une même température (environ 400 degrés); l’un de ces tubes contenait des débris. de porcelaine, l'autre contenait en outre de la tournure de cuivre. Pour la même quantité de benzène le poids de l'aldéhyde formique à été seu- lement de 0 gr. 0007 pour le premier et de 0 gr. 075 p. 100, soit environ 100 fois plus pour le second. Dans cet essai, on a employé chaque fois 12 centimètres cubes de benzène. En résumé, l'ensemble de mes expériences, dont le détail sera publié à part, démontre donc ce fait nouveau que l’aldéhyde formique existe dans toutes les fumées et que par suite l’atmosphère, surtout l’atmos- phère des villes, doit en contenir normalement. (1) Bulletin de la Société de chirurgie, f. XXIX, 1893, p. 939. (2) Bullelin de la Société de chirurgie, t. XXIX, 1893, p. 939. à SÉANCE DU 25 JUIN 1091 SUR LA FORMATION DE L'INTESTIN MOYEN CHEZ LES PLATYGASTERS, par M. Pau MarcuaL. Il résulte des observations que j'ai faites sur le développement embryonnaire de plusieurs Hyménoptères parasites du groupe des Platygasters (Synopeas rhanis, Trichacisremulus, Inostemma sp.) que l’entéron (endoderme, à moins que l’on ne considère ce dernier comme absent) se forme par une grande invagination dorsale prenant nais- sance au niveau du hile, c’est-à-dire au point de contact de la région caudale et de la région céphalique de l'embryon. Le point où se forme cette invagination correspond à la séreuse dorsale des Insectes pourvus de vitellus. Ce processus rappelle entièrement celui d’une gastrula- tion; mais ce qui empêche de rapporter le stade qui en résulte à une gastrula c’est que le mésoderme est à ce moment déjà différencié sur la face ventrale. L'entéron qui résulte de ce processüs se met ensuite d’une façon secondaire en communicalion avec le stomodaeum, puis l’orifice primitif comparable à un blastopore se ferme graduellement. .Ce mode de formation de l'intestin moyen s'écarte, comme on le voit, entièrement de ce qui se présente chez les autres Insectes. Mais on peut dire que, si chez ces derniers l’invagination donnant naissance à l’in- testin moyen ne se produit pas, c’est à cause du vitellus qui comble l'œuf; peut-être même faut-il considérer l'organe dorsal qui se forme chez un certain nombre d’Insectes et de Crustacés, comme représentant à l’état de vertige ce processus. — Chez les Platygasters, le vitellus faisant défaut et l'embryon étant au début représenté par une blastula typique, il est naturel de voir un phénomène comparable à celui de la gastrulation prendre naissance et, malgré son caractère excep- tionnel, ie mode de formation de l'intestin moyen chez les Platygasters s'explique ainsi sans difficulté. RÉACTIONS PIGMENTAIRES DANS LES ÉPANCHEMENTS SANGUINS DES SÉREUSES, par M. G. FRoin. Quand on lit la plupart des travaux qui traitent la question de l’héma- tolyse, on voit que les observateurs se sont surtout préoccupés de la couleur rosée communiquée au liquide dans lequel a lieu la destruction des globules rouges. Seule cette apparence laquée a été bien mise en évidence. Mais ce qui se passe dans l'organisme est plus complexe que le fait brutal produit in vitro. 1092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÿ M. Bard a été l’un des premiers à voir au delà du sérum simplement laqué, dans l’hématolyse intrarachidienne (1). Nous avons étudié très complètement, plus de trente-cinq hémor- ragies arachnoïdo-pie-mériennes et un cas d’hémathorax, au point de vue de la résorption des globules rouges. Cette résorption s'accom- pagne de trois réactions pigmentaires fondamentales du liquide exa- miné, qui sont : la coloration sérochromique ou jaune clair, due à la lutéine ou sérochrome; la coloration rosée due à l’hémoglobine, et la coloration jaune foncé due aux pigments biliaires. Leur apparition correspond à l'intensité plus ou moins marquée de lhématolyse : ainsi, on peut considérer que la sérochromie résulte d'une hématolyse légère, la coloration hémoglobinique d’une hématolyse importante, et la teinte biliaire d’une hématolyse considérable. Au cours d'une même hémorragie, selon le degré de cette hématolyse, on peut voir ces réactions pigmentaires se succéder. Mais, d'une facon générale, si l’hémorragie est petite (au-dessous de 100.000 globules rouges par millimètre cube), la Leinte sérochromique n’est pas dépassée; si elle est plus abondante (au-dessus de 100.000) il y a sérochromie, puis teinte hémoglobinique et on revient à la limpidité normale en repassant par la teinte sérochromique. L'hémorragie est-elle très im- portante (4 million ou plus), il y a sérochromie, teinte rosée et enfin coloration biliaire, puis les mêmes teintes réapparaissent inversement, avant le retour à la limpidité normale. RÉACTIONS CELLULAIRES DANS LES ÉPANCHEMENTS SANGUINS DES SÉPREUSES, par M. G. FRoin. Les trois réactions pigmentaires que nous venons d'étudier corres- pondent et se superposent assez étroitement à l’afflux de trois sortes d'éléments leucocytaires. J'ai remarqué que la sérochromie légère ou moyenne est accompagnée surtout d'une irruption des lymphocytes, qui peuvent ainsi prédominer sur les autres leucocytes, au début et à la fin de l'hématolyse. La séro- chromie intense et la teinte hémoglobinique se manifestent toujours par un appel tout particulier des polynucléaires neutrophiles. Mais dès que la réaction des pigments biliaires est constatée, il existe en même temps une éosinophilie très évidente dans la séreuse hémor- ragique Faut-il rapporter ces réactions cellulaires à une différence de toxicité, (1) Bard. Société de Biologie, 6 juillet 1901. SÉANCE DU 25 JUIN 1093 variant avec la nature des diverses substances chimiques mises en liberté, el admettre que les lymphocytes se chargent surtout de détruire le sérochrome, les neutrophiles d'attaquer l'hémoglobine tandis que les éosinophiles luttent particulièrement contre la toxicité des pig- ments biliaires? Je ne le crois pas. J’admets au contraire que ces éléments leucocytaires jouent un rôle dans la production des pigments et agissent peut-être par l'inter- médiaire de ferments. On aurait donc : 1° Le ferment des lymphocytes, suffisant pour transformer l'hémoglobine en sérochrome. Le processus pathologique est alors si atténué qu'il se com- porte à peu près comme dans le sang normal, ou l'hémoglobinolyse physiolo- gique ne doit pas dépasser un certain degré de sérochromie. C'est sans doute le ferment normal hémoglobinolytique. 2° Le ferment des neutrophiles deviendrait nécessaire, quand il y a trop d'hémoglobine dissoute dans la sérosité. Aussi l'aspect laqué n’est jamais pur et l’on observe seulement des teintes jaunes rosâtres. 3° Le ferment des éosinophiles dans les hémorragies considérables, vien- drait ajouter où combiner son action à celle des deux ferments précédents, alin de muer l'hémoglobine en pigments biliaires. Je puis apporter, en dehors de l’étroite concordance et du parallé- lisme absolu de ces réactions pigmentaires et cellulaires, des faits qui sont tout en faveur de cette dernière théorie. J’ai vu des liquides, colo- rés par le sérochrome venu du sérum sanguin, ne contenir aucun élé- ment leucocytaire. Si l'appel des éosinophiles était provoqué par la toxicité de la bile, on devrait trouver ces éléments dans les sérosités biliaires. Or, l'examen de nombreuses ascites présentant une sérosité nettement biliaire, et plusieurs pleurésies de la base droite, également à sérosité biliaire, ne m'a pas montré d’éosinophilie, parmi les éléments cellulaires qui flottaient dans ces sérosités. Dans ces cas d’ailleurs, les pigments avaient été fabriqués par la cellule hépatique et venaient soit des lymphatiques du foie, soit de la circulation sanguine. Dans les épan- chements sanguins au contraire, les pigments biliaires sont élaborés sur place et il semble que le petit organisme qu'est l’éosinophile soit nécessaire à leur création. On arrive ainsi à une dissociation très nette des processus de résorp- tion sanguine ou hématolyse, en trois réactions fondamentales : 1° La globulolyse, représentée par la déformation ou la dissociation des hématies. 20 L’hématophagie réalisée par les cellules endothéliales transformées en macrophages. Le microphage en globe très exceptionnellement des hémalies. 1094 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3° L’hémoglobinolyse, réalisée selon son activité et son intensité, par trois sortes de ferments leucocytaires dont l’action est isolée ou plutôt s'ajoute et se combine. L'organisme envoie selon les besoins de cette hémoglobinolyse le ferment des lymphocytes (sérochrome) le ferment des neutrophiles et celui des éosinophiles (pigments biliaires). Ces notions précisent les données de l’hématolyse dans les tissus vivants et accentuent encore l'opposition entre les cellules conjonclive ou endothéliale locales qui résorbent surtout le stroma albuminoïde, et prennent la voie des Iymphatiques, tandis que le sang circulant fournit plus spécialement les éléments leucocytaires, dont chaque variété est chargée d'élaborer soit des substances chimiques différentes, soit des substances chimiques de plus en plus actives. Je l'appelle une leucocy- tose hémoglobinolytique. C’est une leucocytose locale. L'hématolyse dans les organes, pourra trouver d'utiles points de repère dans la succession des réactions qu’on peut observer au niveau des séreuses. Les faits qui m'ont autorisé à avancer ces déductions seront longue- . ment publiés dans ma thèse qui paraîtra prochainement. (Travail des services de MM. Chauffard et Widal). ToxICITÉ DE CERTAINS DÉRIVÉS DU BENZÈNE (CRÉSOLS ET ACIDES TOLUIQUES) par MM. A. CnassevanT et M. GARNIER. ir Nous avons étudié antérieurement les variations de la toxicité du noyau cyclique du benzène quand on modifie sa structure par la substitution à un ou plusieurs atomes d'hydrogène d’un radical hydrocarburé, hydroxylé ou carboxylé (1). Poussant plus loin nos recherches, nous nous sommes demandés quelle influence aurait la substitution dans un même noyau de deux radicaux différents. Déjà, dans notre dernière note, nous avons rapporté les résultats obtenus avec l'acide salicylique et ses isomères et avec l'acide gallique, dérivés ayant à la fois, dans leur molécule, un radical carboxyle et un ou plusieurs hydroxyles. Nous donnons aujourd'hui la toxicité des crésols et des acides toluiques déter- (1} Chassevant et Garnier. Toxicité du benzène et de quelques hydrocar- bures aromatiques homologues, Société de Biologie, 31 octobre 1903; — Toxi- cité de quelques dérivés hydroxylés du benzène, Société de Biologie, 12 décem- bre 1903 ; — Toxicité des dérivés carboxylés du benzène, Société de Biologie, 23 avril 1904. SÉANCE DU 29 JUIN 1095 minée pour le cobaye en FHpIsAres la méthode qui nous. à déjà servi antérieurement. TOXICITÉ POIDS bar kilogr. d'animal NOM DU CORPS FORMULE CHIMIQUE | moléeu- [7 "#7 = | OBSERVATIONS : en molé- Doc en poids cule crammes Benrene te Pan CSHS 18 0,656 |0,0084 |Convulsions. Hypothermie. Or HOERÉS OMAN CHE CFO 108 0,36 |0,0033 [Convulsions. k ï (l Hypothermie. MÉtACTÉS OI EN CSHCH* oH 108 0,10 |0,000925|Convulsions. 12 Hypothermie. BATACLÉS OI MRNENENS GASROE 108 0,10 |0,000925|Convulsions. ; Hypothermie. Acide orthotoluique .| CSH*CHS GOOH 136 0,90 |0,00661 |Hypothermie. 1 2 Acide métatoluique . CASE PQ 136 0,74 |0,00543 |Hypothermie. Acide paratoluique. . CH:CH°G00H 136 | 41,20 |0,00882 |Hypothermie. 1 4 En comparant la toxicité des crésols avec celle des dérivés méthylés, on conslate que les crésols sont plus toxiques que le toluène (dérivé monosubstitué), et que les xylènes (dérivés bisubstitués). L'introduction du radical OH a donc augmenté la toxicité. Pour les crésols comme pour les xylènes, les dérivés en ortho sont les moins toxiques. Si on rapproche la toxicité des crésols de celle des dérivés hydroxylés, on reconnait que l'orthocrésol est moins loxique que le phénol (dérivé monosubstitué), mais que le métacrésol et le paracrésol sont notable- ment plus toxiques que le phénol. De même, l'orthocrésol est moins toxique que les dérivés hydroxylés bisubstitués, pyrocatéchine, résor- cine, hydroquinone; le métlacrésol et le paracrésol le sont plus. C'est donc l’orthocrésol qui doit être préféré pour les usages thérapeutiques. Pour les acides toluiques, leur toxicité comparée à celle des dérivés hydroxylés est moins grande que celle du toluène, mais plus élevée que celle des xylènes. Comparés aux dérivés carboxylés, les acides toluiques sont plus toxiques que l'acide benzoïque (dérivé monosubstitué) et que les acides phtaliques (dérivés bisubstitués). Par exception, l'acide paratoluique est un peu moins toxique que l'acide métaphtalique. Nous avons déjà constaté que l'addition du radical CH° augmente la toxicité du noyau du benzène, qu'il en est de même pour le radical OH, tandis que le radical CO*H diminue cette toxicité. Nous avons vu aussi que deux substitutions en CH° atténuent le pouvoir toxique, que deux substitutions en OH l’augmentent, mais que l'élévation est moins grande 1096 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par l'addition du deuxième OH que par celle du premier, enfin que trois substitutions en OH ramènent la toxicité au voisinage de celle du noyau. Ainsi, quand un même radical est substitué à plusieurs atomes d'hydro- gène, l'influence exercée par ce radical lui-même s’atténue; les corps plurisubstitués à substitutions semblables sont d'une façon générale moins toxiques que les monosubstitués. Il n’en est plus de même quand les radicaux 'substitués sont diffé- rents; alors l'influence de chacun de ces radicaux semble se faire sentir comme s'il était seul : les crésols sont plus toxiques que les xylènes et que les diphénols; les acides toluiques sont plus toxiques que Les xylènes et que les acides phtaliques. (Travail du laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine.) ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. Nombre de votants : 45 Ont obtenu : MM Nicloux: 0 vin en RON Er SR ET TA 1 AO) A HER AE CP EC AS EN A A ee ne TéTSSTer et Ra Pa RE en RE ERRATUM RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Page 1056 (92), lig. 6 et 7, lire : et, dans un cas de paralysie salurnine, je l'ai observée pour l'excitation mécanique des muscles, au lieu de : et dans un cas de paralysie saturnine. Je l'ai observée pour l'excitation mécanique des muscles. (39) | | 1097 SÉANCE DU 21 JUIN 1904 SOMMAIRE Borpas (L.) : L'appareil digestif et destruction du parenchyme des -des larves d’Arctiidæ (Spilosoma fu- cloisons correspondantes dans la si- TOROSGALS) POP NME 1009 Plrquetdestcruciteres MEME 1111 BorpAs (L.) : Anatomie et struc- Huox (E.) : Sur un cas de tuber- ture histologique du tube digestif de culose humaine transmis à une va- l’'Hydrophilus piceus L et de l’Hy- CHE AE AAA a EE ARR ENS 1109 HnOUSICAR DOTE SM MENT EE MEN 1100 Livon (Cx.) : Protoxyde d'azote. Boy-Teissier : Sur la non-toxicité Action sur la respiration et la circu- déstl'qudesdædeme tape ne MON ETAtTOnE CUS RE PAU 1116 Brior (A.) : Sur l'existence d’une Livox (Cu.) : Destruction de l'adré- kiuase dans. le venin de la Vive naline dans l'organisme . . . . . .. 1118 Cache) MEME ENS 1113 Riersou et Gavarp : Sensibilité Cortk (Juces) : Observations sur du bacille typhique à l'air ozonisé. 1102 le dosage des solutions diluées Rrersca : Typhique et coli. . . . . 1105 d'alcool à l’aide du bichromate de Rrerscx : Sur la séparation du ty- POBSBs 0 ae root o lo po orbvolone 1114 | phique et du coli par la bougie Gerger (C.) : Théorie carpellaire | Chamberland (procédé Cambier) . . 1106 de la fausse cloison des crucifères. 1109 STEPHAN (P.) : Remarques sur le GERBER (C.) : Faisceaux inverses tissu conjonctif d'Aplysia punctata. 1097 Présidence de M, Livon. REMARQUES SUR LE TISSU CONJONCTIF D'Aplysia punclala, par M. P. STEPpyan. Le tissu conjonctif des mollusques et notamment celui d’Aplysia punclata à été étudié depuis longtemps déjà avec beaucoup de soin et de précision par Brock (1); cet auteur a parfaitement mis en évidence ce fait, très important au point de vue de l'histologie générale, que les fibrilles conjonetives groupées, en plus ou moins grande abondance, (1) Brock. Zeitschr. f. wiss. Zool., 1883. 1098 RÉUNION BIOLGGIQUE DE MARSEILLE en faisceaux, qui s'étendent en tous sens, prennent directement leur origine dans le protoplasma de certaines cellules. Je me suis proposé de revoir les particularités qui avaient été décrites par Brock et d'appliquer en même temps à l'étude du tissu conjonctif d'A. punctata les méthodes qui ont été utilisées en ces derniers temps dans les recherches sur le tissu conjonctif des Vertébrés. De simples préparations colorées par un procédé quelconque à l'hématoxyline et à l’éosine permetlent de se rendre compte immédiatement du détail fondamental, de la continuité des fibrilles avec le protoplasma des cellules : on voit parfaitement les travées du protoplasma granuleux sordonner parallèlement, aux deux pôles opposés de la cellule, et se continuer avec les fibrilles; celles-ci, bien que très fines, sont assez rares pour rester complètement distinctes les unes des autres et très visibles; elles se montrent nettement comme un produit de différen- ciation du protoplasma cellulaire, produit que l’auteur lui-même con- sidère comme comparable aux fibrilles musculaires. Or, dans ces der- niers temps, Zachariadès (1) a admis pour les fibrilles conjonctives des Vertébrés un mode de formation tout à fait comparable à celui de l’Aplysie, et lui aussi, considérant la partie axiale de la fibrille comme un produit de différenciation protoplasmique, la compare à une fibrille musculaire ou nerveuse. Tout en faisant des réserves sur un sujet aussi discuté que celui de l’origine des fibrilles conjonctives des Vertébrés, je dois constater la similitude qui existe entre la conception que se fait Zachariadès de ces éléments et les faits constatés chez l’Aplysie; cette analogie des fibrilles conjonctives avec des fibrilles nerveuses ou mus- culaires est encore augmentée de ce fait que certaines d’entre elles, situées vers la périphérie, traversent le protoplasma en conservant leur intégrité, parcourant ainsi le faisceau dans toute sa longueur. Les fibrilles dont nous venons de parler possèdent, par leurs réactions diverses, une grande analogie avec la partie axiale des fibrilles con- jonctives des Vertébrés, telle que Zachariadès l’a étudiée : elle se colore en particulier d’une façon très intense par le bleu de méthyle acide; l'adjonction d'acide acétique n’en change pas l'aspect. Mais les divers procédés employés par Zachariadès ne permettent pas de retrouver une structure de fibrille semblable à celie des Vertébrés, c'est-à-dire l’exis- tence d’un manchon collagène autour de chaque fibrille, entouré lui- même d’une gaine colorable par le bleu de méthyle. Toutes les fibrilles sont plongées dans une masse hyaline, homogène, faiblement colorable par le bleu de méthyle et qui se gonfle un peu par les acides, mais beaucoup moins, semble-t-il, que la substance collagène. Les faisceaux de fibrilles, issus d'une même cellule et englobés dans cette masse interstitielle, semblent être revêtus d’une gaine délicate qui, d’après # (1) Zachariadès. Comptes Rendus Soc. Biol., 23 janv. 1904. (41) SÉANCE DU 21 JUIN 1099 Brock, doit être mieux marquée chez d’autres mollusques. Enfin les faisceaux sont réunis entre eux par une substance qui paraît semblable à la masse interfibrillaire. Dernièrement Laguesse (1) et Renaut (2) ont insisté sur lexistence d’une substance fondamentale continue du tissu conjonctif, interposée aux divers éléments. Il me semble que l’on peut comparer à cette substance fondamentale la substance hyaline interfibrillaire et inter- fasciculaire de l’Aplysie, et alors les fibrilles seraient analogues aux fibrilles les plus simples des Vertébrés, décrites par Zachariadès, aux fibrilles composées seulement de la partie axiale, sans adjonction de collagène ni de fourreau périfibrillaire. L'APPAREIL DIGESTIF DES LARVES D'ARCTIDÆ (Spilosoma fuliginosa L.), par M. L. Borpas. Le tube digestif des larves de Spilosoma fuliginosa L., comme celui des Hétérocères appartenant à la famille des Arctiidæ, est droit et ne dépasse pas la longueur du corps de l’Insecte. L'organe est remarquable par le grand développement de l’ampoule rectale et le mode d'embou- chure des tubes de Malpighi. Le pharynx est étroit, infundibuliforme et situé en arrière des man- dibules. Il est suivi par un æsophage assez court, étroit et eylindrique. Le reste de l'intestin antérieur comprend une région dilatée, tubuleuse, plissée antérieurement et correspondant au jabot de l'adulte. La cavité de l'organe est limitée par une mince membrane chilineuse, portant des soies cornées, disposées suivant certaines lignes irrégulières, et surtout abondantes au sommet des replis. Ces soies sont généralement simples, mais parfois ramifiées à leur sommet, L'intestin moyen débute par un bourrelet antérieur qui dépasse laté- ralement le diamètre œsophagien. Ce bourrelet porte un certain nombre de digitations arrondies, séparées par des dépressions longitudinales peu profondes. La séparation des deux parties intestinales apparait donc très nettement à l’extérieur. Les caractères internes ne sont pas moins nets et marqués par un orifice circulaire, plus étroit que le reste de la cavité digestive. A la suite de cet orifice vient une valvule en forme de manchon qui s'avance dans la cavité interne de l'intestin moyen. Cette valvule a environ 2 mitlimètres de longueur et se termine par une ouverture circulaire à bords plissés. Entre la valvule et les parois inlestinales existe un espace annulaire assez étroit. (1) Comptes Rendus Soc. de Biol., 31 oct. 1903. (2) Id. 19 déc. 1903. 11090 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 110028) Le reste de l'intestin moyen est large, cylindrique et ne décrit aucune sinuosité. Il traverse la région abdominale de la larve, recouvre le système nerveux, les glandes séricigènes; puis, arrivé vers son quart postérieur, il diminue sensiblement de diamètre et se termine par une dépression circulaire qui marque l’origine de l'intestin terminal. C'est dans cette dépression que viennent déboucher les Tubes de Mal- pighi. Ces organes vonts'ouvrir dans une vésicule ovoïde, sorte de réser- voir urinaire, de 1 millimètre environ de diamèlre, suivie d’une partie tubuleuse courte qui traverse les parois intestinales et débouche dans l'intestin terminal. Les deux orifices sont opposés et situés aux deux extrémités d’un même diamètre. Celte disposition et ce mode de termi- minaison des canaux urinaires se rencontrent fréquemment chez les larves de Lépidoptères. Extérieurement et en avant, la vésicule se continue par un tube étroit, suivi d’une partie sphérique de laquelle naissent trois canaux excréteurs malpighiens. Il existe donc, chez ces larves, six tubes de Malpighi, groupés en deux faisceaux de trois tubes. Ces organes, tout d'abord cylindriques et incolores, se dirigent en avant en s'appliquant à la surface de l'intestin moyen. Ils changent ensuite de direction, reviennent en arrière, prennent une teinte blane laiteux et affectent une disposition progressivement irrégulière, vari- queuse et moniliforme des plus caractéristiques. De plus, ils affectent, avec l'intestin terminal, une adhérence très étroite, gràce à la présence d'innombrables filaments trachéens. La présence de nombreux cristaux d’urates qu’on peut recueillir, soit dans les tubes, soit dans le réservoir ovoïde terminal, ne permet pas de douter de la fonction urinaire de ces organes. L'origine de l'intestin postérieur est marquée par une zone circulaire comprenant un certain nombre de plaques sétigères internes, de forme et de dimension très variables. C’est entre ces plaques que sont situés, en deux points opposés, les deux orifices des réservoirs urinaires. L’organe comprend une région antérieure, courte et cylindrique, et une partie postérieure large, allongée et fusiforme. Les parois de cette dernière (rectum), sont très épaisses, plissées intérieurement et lapissées par une puissante intima chitineuse. ANATOMIE ET STRUCTURE HISTOLOGIQUE DU TUBE DIGESTIF DE L’/ydrophilus piceus L. ET ne L'Aydrous caraboides L., par M. L. Borpas. Le tube digestif de V'Fydrophilus piceus L. est remarquable par le grand développement de ses parties médiane et postérieure et par l’extrème réduction de l'intestin antérieur. Complètement développé, (43) SÉANCE DU 2 JUIN 101 l'organe atteint une longueur de près de 16 centimètres, c'ést-à-dire plus de trois fois la dimension longitudinale du corps de l'insecte. Le pharynx et l'&sophage sont très courts et à peine distincts l’un de l'autre. Il n'y à pas de jabot, et le gésier est représenté par une masse cylindrique ou légèrement ovoïde, dont la cavité interne est limitée par une lamelle chitineuse, d'épaisseur variable, présentant quatre bande- lettes plissées, dans l'intervalle desquelles se trouvent d’autres bande- lettes longitudinales, beaucoup plus réduites que les premières. Ces replis internes, peu accentués, sont recouverts de lames chitineuses qui atteignent leur maximum d'épaisseur au sommet des replis. L’extré- mité postérieure de cette armature du gésier, infiniment plus réduite que celle des Carabiques et des Dytiscides, proémine légèrement dans l'intestin moyen et s’y termine par quatre dents triangulaires. Ces dents chitineuses limitent un orifice qui affecte une disposition cruciale très caractéristique. L'étude histologique de l'intestin moyen des Hydrophilides a été faite tout récemment par C. Rengel 1). L'auteur, après avoir fait l'historique de la question et résumé les travaux de ses prédécesseurs, est arrivé à des conclusions fort peu différentes de celles de Frenzel et de Vangel. Il termine son mémoire par des observations sur la chute périodique et le renouvellement épithélial de l'intestin moyen. D’après Rengel, cet organe comprend un certain nombre d'assises qui sont, en partant de la cavité interne : 1° une couche épithéliale reposant sur une mince membrane chitineuse. Ces deux parties sont expulsées à l’époque des mues; 2° une membrane propria; 3° une mince couche de muscles lon- gitudinaux internes; 4° une épaisse assise formée par plusieurs fais- ceaux musculaires disposés circulairement, et enfin 5° un ensemble de faisceaux musculaires longitudinaux externes, espacés les uns des autres, placés, au moment de la digestion, entre les diverticules ou cæcums intestinaux et rejetés en dehors de ces derniers au moment du phéno- mène de la chute épithéliale. Notre étude a porté tout spécialement sur la structure histologique de l'intestin antérieur, de l'intestin terminal et du rectum. L'œæsophage présente intérieurement un grand nombre de replis longi- tudinaux. Il est constitué, en allant de dedans en dehors, par une infima chitineuse dont l'épaisseur va en augmentant, à mesure qu'on s’ap- proche du gésier; d’un épithélium formé par des cellules cubiques ou aplaties, constituant l’assise chilinogène, et par quelques muscles longi- tudinaux, disposés en cordons espacés et recouverts extérieurement par deux ou trois couches concentriques de faisceaux musculaires annu- laires. Le gésier présente extérieurement une membrane péritonéale très (1) Voy..Zeitschr. für Wissensch. Zoologie, t. LXIIT, 1898. 1102 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (44) mince, qui s'étend sur le tube digestif tout entier. Au-dessous, viennent quelques faisceaux musculaires longitudinaux, très grêles et irréguliè- rement espacés. L'assise musculaire annulaire qui lui fait suite est épaisse et constituée par plusieurs faisceaux directement superposés, dont les uns entourent complètement le gésier et les autres sont surtout localisés dans les bourrelets longitudinaux. L'épithélium chitinogène sous-jacent est formé de cellules cubiques disposées entre les replis et de cellules cylindriques ou fusiformes placées sous les bourrelets. Enfin, tout à fait à l’intérieur, se trouve l’infima chitineuse, qui présente son épaisseur maxima au sommet des replis. | La cavité de l'intestin terminal est très irrégulière, par suite des nom- breux replis longitudinaux qui sillonnent l’organe. On trouve extérieu- rement : 1° une lamelle péritonéale très ténue recouvrant une assise musculaire dont les faisceaux longitudinaux, très rapprochés les uns des autres, forment une mince membrane continue; 2° une assise de fibres circulaires, formée par un ou deux faisceaux superposés, consti- tuant de la sorte une couche relativement mince; 3° intérieurement se trouve une membrane basilaire, très ténue, supportant l’assise épithé- liale. Cette dernière comprend des cellules hautes, cylindriques, et à parois latérales généralement indistinctes. Le protoplasme affecte une structure fibrillaire du côté interne, et granuleuse autour du noyau. Enfin, le bord libre des cellules est recouvert d’une intima chitineuse, irrégulière, denticulée, hyaline et transparente, se continuant, par d’in- sensibles transitions, avec le protoplasme des cellules sous-jacentes. Le rectum, court et de forme tubuleuse, comprend les mêmes assises que l'intestin terminal; les seules différences résident dans la structure de la couche musculaire circulaire qui est formée de 6 à 8 assises super- posées et joue le rôle de puissant sphincter. D'autre part, la membrane cellulaire chitinogène est constituée par de petites cellules aplaties, revètues intérieurement par l’intima chitineuse, généralement mince et ornée de courts denticules. SENSIBILITÉ DU BACILLE TYPHIQUE A L'AIR OZONISÉ, par MM. Rierscx et GAVARD. L'un de nous a rendu compte à notre Réunion d'expériences sur l’épuration bactérienne de l’eau par l'ozone et a décrit un appareil per- mettant de faire agir l’air ozonisé industriellement sür de l’eau chargée successivement de divers microbes pathogènes (1). (1) Rietsch. Réunion biologique de Marseille, 21 avril 1903. Voir aussi Mar- seille médicale 15 mai et 15 juin 1903. (45) SÉANCE DU 21 JUIN 1103 Nous avons fait observer de suite que cet appareil était de dimensions trop faibles pour permettre d'étendre à une exploitation en grand les résultats obtenus. Aussi avons nous essayé d'établir un appareil de plus grandes dimen- sions, autorisant des conclusions pratiques tout en évitant les dangers pouvant résulter de la manipulation de grandes quantités d’eau chargée de microbes pathogènes. Nous nous sommes donc servi d'un ne tôle de fer de 170 de hauteur et 3% centimètres de diamètre. Ce cylindre porte à sa partie inférieure un fond incliné se terminant à sa partie déclive par une poche dans laquelle s’amorce le robinet de vidange. À l'opposé de ce robinet et à 8 centimètres du fond un tuyau de plomb de 12 centimètres de diamètre qui pénètre jusqu'au milieu de l’appareil, amène l'air 0z0- nisé. À 12 centimètres du fond et au-dessus de ce plan incliné une grille soutient les cailloux remplissant le cylindre. Ces dispositions assurent à la fois l'écoulement de l’eau et la circulation de l’air ozonisé. Le cou- vercle de l'appareil est boulonné à une collerette située à l'extrémité du cylindre; il porte à l'extérieur les tubes de sortie de l’air ozonisé, le tube d'entrée de l’eau et un arbre de transmission mis en mouvement de l'extérieur. Sous ce couvercle et supporté par lui se trouve une boîte -de distribution pour l’eau portant quatre tubes horizontaux en plomb percés de trous à leur face inférieure. Boîte et tubes reçoivent un mou- vement de rotation au moyen de l'arbre de transmission mentionné ci- dessus. Pour éviter autant que possible la contamination et l’action de l'air ozonisé sur le fer de l'appareil, celui-ci est revêtu inlérieurement d’une chemise de plomb soudée à tous les tubes traversant les parois. Le couvercle est doublé aussi intérieurement d'une feuille de plomb soudée à celle du cylindre. Une fermeture hydraulique empêche toute conlamination par l'arbre de transmission. L'eau soumise à l'expérience arrive dans la boîte de distribution, passe dans les tubes horizontaux et s'écoule en pluie fine sur les cailloux, sa répartition régulière étant encore facilitée par le mouvement de rotation. Les cailloux de diverses grosseurs remplissant l'appareil ont été sté- rilisés d’abord à l’autoclave; après remplissage du cylindre on à tâché de stériliser celui-ci avec son contenu par passages fréquents d'ozone, de l’eau stérile circulant lentement en même lemps. Nous n’y sommes pas complètement parvenus, certains cocci et les spores résistant trop énergiquement à l'ozone. Néanmoins les germes vivants ont été assez raréfiés pour permettre des expériences concluantes avec l'appareil. On commençait chaque fois par faire descendre dans l'appareil de l’eau stérilisée pendant que l'air ozonisé montait; puis seulement l’eau stérile était remplacée par de l’eau chargée de bacilles typhiques de telle facon que chaque anse de cette eau donnait une culture en bouillon. 110% RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (46) Nous avons borné nos expériences à l’'Eberth, estimant qu'il est le plus intéressant à étudier dans le cas actuel. Un débit de trois litres à la minute de notre cylindre correspond sen- siblement à la marche normale de l’appareil industriel de la Brasserie Velten, dans laquelle nous avons exécuté encore ces expériences. Nous sommes heureux de remercier ici MM. Velten pour la grande obligeance avec laquelle ils ont facilité ces essais. La richesse en ozone a varié de 5 milligr. 44 à 7 milligr. 2 par litre d'air. Avec un débit de trois litres et demi à la minute la durée de contact de l’eau avec l'ozone est sensible- ment de 55 secondes. Exp. I. — L'eau chargée de bacilles {yphiques a passé avec une vitesse - croissante de 363 à 820 centimètres cubes à la minute; 10 échantillons ont été prélevés pendant l'écoulement correspondant aux vitesses de 2363 — 503 — 523 — 535 — 731 — 794 — 801 — 820 centimètres cubes à la minute. De chaque échantillon on a ensemencé en tubes de bouillon 2 centimètres cubes — { centimètre cube — 5 gouttes — 1 goutte; dans aucun des 32 tubes n’a apparu l’Eberth ; onze tubes se sont montrés contaminés par des cocci et un tube par un bacille prenant le Gram et n'agglutinant pas par le sérum de typhique. Ex». Il, — 23 échantillons ont été prélevés, correspondant aux vitesses de 192 — 810 — 1080 — 1462 — 160% — 1629 — 1644 — 1722 — 1924 — 1966 — 2073 — 2085 — 2091 — 2184 — 2190 — 2220 — 2505 — 2515 — 2587 — 2664 — 2685 — 2730 — 3150 centimètres cubes par minute. Dans aucun des 69 tubes de bouillon ensemencés il ne s’est développé de bacille typhique, dans un seul des cocei. Exp. I. — 28 échantillons correspondant aux vitesses de 446 — 1476 — 2151 — 2164 — 2192 — 2232 — 2420 — 2504 — 2584 — 2587 — 2828 — 2840 2880 — 2980 — 2988 — 3048 — 3088 — 3088 — 3088 — 3092 — 3240 — 3252 3260 — 3384 — 3400 — 3620 — 3668 — 3768 centimètres cubes par minute. Dans aucun des 84 tubes de bouillon ensemencés il ne s’est développé de bacille typhique ; Six tubes contaminés dont 4 par des cocci et 2 par des bacilles pre- nant le Gram. Exp. IV.— 26 échantillons correspondant aux vitesses de 2392 — 2632 — 2680 — 2884 — 2980 — 3044 — 3050 — 3116 — 3124 — 3200 — 3232 — 3252 3272 — 3300 — 3344 — 3360 — 3432 — 3492 — 3504 — 3512 — 3512 — 352 3580 — 360% — 3672 — 3748 centimètres cubes par minute. 4 Point d’Eberth dans aucun des 78 tubes de bouillon ensemencés dont 16 cependant se contaminèrent à la longue soit par des cocci, soit par des bacilles prenant le Gram ou n’agglutinant pas. On pourrait donc augmenter sensiblement le débit des appareils (207) A SÉANCE DU 21 JUIN 1105 industriels et tuer encore sûrement le bacille d'Eberth qui est le microbe que nous avons le plus à redouter dans nos eaux d'alimentation. Cela montre encore une fois de quelle précieuse ressource peut être l’ozonisation pour assurer aux agglomérations une eau saine et de tout repos. TYPHIQUE ET COLI, par M. Rrerscn. I. — J'ai montré précédemment (Marseille médical, 1° et 15 sept. 1903) que le bacille typhique, immergé pendant une heure à quatre jours dans une culture en bouillon d'un coli (culture stérilisée par filtra- tion au Chamberland ou par chauffage à 65 degrés), se trouve retardé dans son développement, quand on ensemence ce mélange en bouillon frais, par rapport au même bacille typhique immergé parallèlement dans la solution physiologique, mais qu'il finit par s’acclimater à cette cul- ture colienne stérile et même par s'y développer sensiblement après environ quatre jours. J'ai constaté la même influence, non empéchante, mais simplement retardatrice, du même coli par des cultures sur gélose de ce bacille qui ont été stérilisées à 100 degrés; après refroidissement et solidification en posilion inclinée des tubes, la surface à été ense- mencée de différents bacilles d’Eberth comparativement avec des tubes de gélose neufs. Indubitablement, le développement a toujours été bien plus abondant et vigoureux sur la gélose vierge, mais il se manifeste cependant aussi d’une façon sensible sur la gélose colienne déjà au bout de vingt-quatre heures à 36 degrés; le retard était inégal pour les diffé- rents types d'Eberth; il n’a pas été beaucoup plus prononcé pour des géloses coliennes provenant de cultures de 19 jours que pour celles des cultures de 4 jours. Il. — Le coli qui a servi dans mes expériences est doué d’une grande vitalité dans l’eau stérilisée où on l’introduit seul ou en compagnie d’un Eberth. Je l'ai constaté, vivant encore après 373 jours ; cependant cette vitalité s’est montrée inégale dans des ballons préparés et placés dans des condilions identiques. C’est ainsi qu à côté des récipients où il se montrait vivant après 271 et 289 jours, il avait péri dans d’autres sem- blables après 42 à 163 jours. Ses propriétés caractéristiques se sont révé- lées aussi en général constantes, quoique ici encore il y ait eu des iné- galités pour des conditions identiques, en apparence du moins; ainsi dans un cas après 289 jours dans l’eau la réaction de l'indol était plus forte que pour la même race conservée toujours en culture, la coagula- tion du lait et la fermentation du bouillon lactosé carbonaté se trou- vaient seulement un peu retardées, tandis que dans le ballon de BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1904. DAMNIE 7 1 1106 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (48) 271 jours placé à côté du premier ces trois caractères étaient, non pas abolis, mais sensiblement plus atténués. Dans un seul cas j'ai trouvé la coagulation du lait abolie après 73 jours. Cependant, en général, il faut constater pour ces caractères un certain affaiblissement, quoique très lent, par ce séjour fort prolongé dans l’eau. III. — Le bacille typhique a montré aussi une vitalité très variable dans l’eau, même quand on s’efforçait de rendre les conditions aussi semblables que possible; ainsi dans des ballons semblables, remplis de la même eau, stérilisés dans des conditions identiques, et placés côte à côte dans la même pièce à température ne variant que de 18 à 22 degrés, l’Eberth que j'ai désigné par T, a été constaté mort une fois au bout de 29 jours, une autre seulement après 59 jours ; Le T, avait succombé après 28-29-31 et 59 jours : Le T, après 18-26-35-51 jours ; Le T, après 18 et 26 jours; Le T, après 23-26-54 jours. La faculté d’agglutination se conserve très bien pour ces bacilles immergés dans l’eau, même jusqu'à la veille de leur mort par inanition, quand il faut ensemencer jusqu'à 5 centimètres cubes d’eau pour obtenir des cultures. L'agglutination a toujours été essayée comparati- vement avec le même type d'Eberth maintenu en culture; ce n’est que dans une partie des cas que l’on a pu constater une faible différence en faveur de l'Eberth maintenu en culture. Le fléchissement par un long séjour dans l’eau pour la faculté d’agglutination n'a jamais été que très faible; pour le constater il fallait employer une faible proportion de sérum et avoir soin de saisir les premiers symptômes d’agglutinatiôn. SUR LA SÉPARATION DU TYPHIQUE ET DU COLI PAR LA BOUGIE CHAMBERLAND (PROCÉDÉ CAMBIER), par M. Rierscs. M. Cambier (1) a montré que dans une solution de peptone Defresne à 3 p. 100 plus fortement alcalinisée et salée que le bouillon habituel, le colibacille devient immobile contrairement à l’Eberth; se basant sur cette différence, il a pu, grâce à la bougie Chamberland F, isoler l'Eberth de son mélange avec le coli. J'ai suivi strictementles indications données par M. Cambier, j'ai bien mélangé à froid les trois solutions stérilisées : peptone, sel et soude; j'ai toujours conservé le mélange (1) Cambier. Revue d'hygiène, 1902, n° 4, p. 64. 4 (49) | SÉANCE DU 21 JUIN 1107 plusieurs jours à 37 degrés avant de l’employer afin de bien contrôler sa stérilité; les filtres, garnis dans l’éprouvette extérieure du mélange, ont aussi été soumis au même contrôle avant de verser dans le filtre le même bouillon Cambier ensemencé des deux bacilles. J'ai vérifié que le coli employé semblait avoir perdu sa mobilité après quarante-huit heures de culture dans le mélange Cambier, tandis que les Eberth l'avaient au contraire conservée. Je suis arrivé à plusieurs reprises aux heureux résultats signalés par M. Cambier, mais j’ai aussi eu à enregis- trer de nombreux insuccès. Il est vrai que me préoccupant surtout de Ja recherche du bacille typhique dans l’eau, j'ai soumis à l'essai le plus souvent des mélanges des deux bacilles ayant séjourné ensemble dans l'eau, plus ou moins longtemps. Voici le résumé de mes expériences; je désigne comme d'habitude par la lettre T suivie d’un numéro les diffé- rentes races typhiques employées, G indiquant le colibacille. 1. Mélange à volumes égaux de deux cultures récentes de même âge de T, et de G; aussitôt le mélange fait une goutte est ensemencée dans 5 centimètres cubes de liquide Cambier qui est aussitôt versé dans l’éprouvette intérieure d’un filtre genre Kitasato. Le liquide extérieur devient louche après quarante-huit heures; ensemencé alors en gélose ilne donne que des colonies de typhique (50 colonies contrôlées par le liquide Grimbert et Legros) (1). 2. Même mélange que dans l'expérience précédente sauf que la cul- ‘ture Frarélé oblenue en ensemençant dans 8 centimètres cubes de bouillon 2 centimètres cubes d’eau chargée depuis trente-cinq jours de T, (culture de vingt-quatre heures à 36 degrés). Le liquide extérieur du filtre ne se trouble qu'après huit jours; il est alors ensemencé en 3 tubes Grimbert et Legros; ceux-ci restent bleus. L’Eberth avait donc encore passé seul, mais il lui a fallu pour cela cette fois huit jours au lieu de deux jours dans le premier cas. Dans les expériences suivantes je me suis contenté de soumettre à ce contrôle le liquide extérieur du filtre devenu louche; quand le bouillon lactosé tournesolé devenait rouge j'ai inscrit C sans chercher à voir si le liquide contenait aussi de l’Eberth, l'emploi de la bougie n'offrant de l'intérêt qu’à la condition de laisser passer l’Eberth seul. 3. T, mis en culture après séjour de #8 jours dans l’eau. C en culture ordi- naire, 2 volumes de la première pour uñ volume de la seconde. Liquide extérieur trouble, après 3 jours : C. 4. Culture T,, 2 volumes; culture C, 1 volume. Liquide extérieur trouble, après #8 heures : C. (1) Grimbert et Legros. Bull. Soc: Biol., 1901, p. 912, 1108 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (50) 5. T,— CG ensemble dans l'eau depuis 5 j. L. ext. trouble ap. 3 j. WE 6. es JADE a 2 j. T qi — 13j. — — GA TA 8. — 12). — —- 2 j. Filtre A : T (2). — clair ap. 22j. Filtre B 9. — 46 j. — trouble ap. #)j. ai 10. — : 20 j. — clair indéfiniment (3). 11. — 22 j: — trouble ap. 61]. : G(4). 12. — 13j. — — ie C5) 13. Le AR AE “el 31. : C (6). 14. — 2x IN ÉNANAE ES — 2 1- : CU: 15. — 2%. — — 3j. : C (8). 16. — 30j. — clair indéfiniment (9). 1 — 3kj. — trouble ap. 3 j. A (LO)E 18. T,+C — 5j. — — an: : G 19. nn FA MERE _ à : C ONDES — HR D 10 | 10 21, T,+C = ER ROUES _ He à (0 22, T,+C — Ai — — 63: AC En somme, j'ai obtenu huit résultats positifs sur quatorze négatifs, et dans plusieurs de ces derniers le simple ensemencement en gélose de l’eau a permis de retrouver le bacille typhique; sa constatation par le procédé des cultures en plaques a même été des plus faciles dans la moitié de ces cas négatifs où les colonies de typhique ont été bien plus nombreuses que celles du coli. D’après cela il me semble à crain- dre que la bougie donne souvent des résultats négatifs pour des eaux contenant réellement de l'Eberth; qu’elle peut même conduire à des résultats négatifs quand le typhique existe en proportion suffisante pour être facilement décelable par les procédés ordinaires. T4 (1) La même eau ensemencée en gélose a donné comme colonies : 30 C pour 5T (2) BAC UUAG NE (3) SOC OUT (4) GC RE MST (3) JU en SO (6) CEE 0 (1) 8 CU oO (8) 28ICI TONI (9) 10 Mon (10) 19:C 2%) Na (51) | SÉANCE DU 21 JUIN 1109 SUR UN CAS DE TUBERCULOSE HUMAINE TRANSMIS A UNE VACHE, par M. E. Huon. Je fais entrer dans mon service de vaccination jennerienne une vache tarentaise âgée de six ans destinée à l'entretien des veaux vacci- nifères. L'animal soumis à l’épreuve de la tuberculine donne une réaction nulle. Mise dans un local absolument isolé de tout contact d’autres animaux, je la confie aux soins d’un employé, M.., ancien alcoolique, atteint depuis plusieurs années de broncho-pneumonie. Au bout d'une année, M... mourut après une courte maladie, d’une tuber- culose à marche subaiguë. Quelques jours après, je soumis de nouveau ma vache à une seconde épreuve de tuberculine dont le résultat fut nettement positif. À l’autopsie de la vache, on peut se rendre compte que la tuberculose est uniquement localisée à la cavité pulmonaire et siège dans les ganglions bronchiques et pulmonaires et sur la séreuse pleurale. De cette observation, je puis donc conclure que cette vache a été contaminée par mon employé. Cet homme avait la mauvaise habi- tude de cracher partout, et c'est par les expectorations desséchées que la maladie s’est transmise. THÉORIE CARPELLAIRE DE LA FAUSSE CLOISON DES CRUCIFÈRES, par M. C. GERBER. En 1899, nous avons signalé, dans la fausse cloison d'un certain nombre de crucifères, l'existence de deux faisceaux libéro-ligneux, à liber interne et à bois externe, c'est-à-dire renversés par rapport aux faisceaux de la paroi de l'ovaire. A la suite de cette découverte, bientôt confirmée par Martel, Hannig, Celakosky, nous nous crûmes autorisé à considérer les deux faisceaux inverses comme appartenant à deux feuilles carpellaire concrescentes en la cloison. D'où la théorie carpellaire de la fausse cloison des crucifères que nous proposions de substiluer aux nombreuses théories anciennes et en particulier à celle émise autrefois par Eichler et Cela- kosky. D’après ces savants botanistes, la fausse cloison serait formée par une prolifération des tissus parenchymateux des bords des deux feuilles carpellaires constituant suivant eux les parois de l'ovaire. Notre théorie a été vivement combatlue par Hannig, lequel proclame que l'anatomie est incapable de jeter quelque lumière sur cette ques- tion. Pour lui, il n’est pas possible de conclure de la présence d'un fais- ceau libéro-ligneux à l'existence d'un organe foliaire plus ou moins nlrophie: | 1110 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (32) Et cependant, en zoologie, la constatation d’une artère, d'une veine et d’un os serait considérée comme suffisante pour permettre d'affirmer l'existence d’un membre en voie de régression. Hannig, pour attaquer la théorie carpellaire de la cloison, s’est adressé au siliques tri et quadriloculaires de la Giroflée qu'avaient étudiées avec beaucoup de soin : Chodat et Lendner. Eh bien, c’est en reprenant la question des fruits à trois et quatre loges des crucifères que nous avons trouvé des preuves telles que nous espérons entraîner la convic- tion de tous lés bolanistes. Lepidiun Villarsii G. et G présente très fréquemment, dans plusieurs stations du Queyras (Hautes-Alpes) des ovaires tri et quadriloeu- laires. Les ovaires à quatre loges ont la forme d’un prisme lozangique dont les quatre arêtes verticales se prolongeraient en une aile. Une coupe transversale passant par le milieu d’un de ces ovaires pré- sente presque l'aspect d'un carré. Du milieu de chacun des côtés partent deux cloisons qui rejoignent le milieu des deux côtés voisins. De ja sorte, la cavité est divisée en une portion centrale, rectangulaire 6t en quatre portions périphériques triangulaires. Nous allons décrire rapidement la structure de la paroi externe ët celle des cloisons. Paroi. Elle présente deux épidermes : l’un, externe, à grosses cellules bombées vers l'extérieur, presque sphériques; l’autre interne, regardant le centre de l'ovaire, à cellules aplaties, allongées tangentiellement sur la coupe transversale; entre ces deux épidermes, on trouve un paren- chyme à larges cellules, sauf celles de l’assise appliquée contre lépi- derme interne qui sont très petites et à parois ligniliées. Celle assise est des plus caractér isliques. Dans le parenchyme, plongent huit gros faisceaux libéro- ligneux : un à l'extrémité de chaque aile, un au milieu de chaque côté. Ces gros faisceaux ont tous, ainsi que le petits intercallés entre eux, le bois vers l’intérieur, le liber vers l'extérieur. Cloisons. Les cloisons offrent la même structure générale que la paroi : c'est-à-dire deux épidermes : l’un externe regardant l’arête correspon- dante de la silique, à grosses cellules presque sphériques, l’autre interne regardant le centre de l'ovaire, à cellules aplaties, allongées targentielle- ment sur là coupe transversale et entre ces deux épidermes est un parenchyme à larges cellules avec l’assise caractéristique, à pelites cellules lignifiées appliquée contre l’épiderme interne. Dans le parenchyme des cloisons plongent : aux deux extrémités un gros faisceau libéro-ligneux situé à la face inlerne du faisceau de la région médiane du côté correspondant de la paroi externe. Ces deux faisceaux extrêmes sont à liber externe et à bois interne. Ils occupeñt la place des faisceaux inverses, mais ont la même orientation que les & (53) SÉANCE DU 21 JUIN aa faisceaux médians de la paroi. Entre eux existent quelques petits fais- ceaux semblables aux faisceaux coïréspoñdants de la paroi. Ainsi done, rien ne distingue, au point de vue de la structure les quatre parois de l'ovaire et les quatre cloisons. Par suile, si l'on dit que les parois de l'ovaire sont formées par des feuillès différenciées en carpelles, on est obligé de convenir qu'il en est de même des cloisons. Assez fréquemment, dans ces ovaires prismatiques à quatre côtés. il y à deux grands côtés opposés, présentant en léur milieu le gros fais- ceau iédiaï Caractéristique, et deux petits côtés, également opposés et né présentant pas dé faisceau médian. Dans ce cas, on n’obsérve qu’une cloison réliant es milieux des deux grands côlés opposés; mais celte cloison est formée par déux parois limitant une cavité assez étroite et chacuné dé cés parois présente la structure de chacune des quatre cloi- sons du type précédent; nous avons donc, ici deux feuilles carpellaires dans la cloison dédoublée. Faisons un pas de plus. Les deux petits côtés ont disparu, la cloison qui relie les deux régions médianes dés grands côtés né se dédouble pas. Cette cloison est réduite à deux épidermes (les épidermes externes des déux cloisons du cäs précédent); tout le reste du tissu, sauf le faisceau de chaque extrémité de la cloison est détruit; nous avons le type silicule ordinaire dans lequel, grâce aux éxemples précédents nous somimes obligé dé considérer la cloison comme formée par deux feuilles carpellaires, en voie de régression, il ést vrai, mais représèntées néanmoins, au même litre que la feuille staminale dans les staminodes des Erodiüm. FAISCEAUX INVÉRSES ET DESTRUCTION DU PARENCHYME DKS CLOISONS CORRESPONDANTES DANS LA SILIQUE DES CRUCIFÈRES, par M. C. GERBER. Dans une note précédente nous avons montré que là structure ana- tomique des quatre cloisons des siliques à quatre ailes du Zepidium Villarsii G et G était là même que celle des parois du fruit et nous en avons conclu à l'identité de nâture foliairé dés quatre cloisons et de la paroi. En un mot, nous avons considéré les cloisons des siliques à quatre ailes comme formées par des feuillés carpellaires. Puis nous avons étendu cette théorie à la cloison dés siliqués nor- males biloculaires de notre planté et, en généralisant, de toutes les cru- Cifères. Cependant deux caractères séparent la cloison unique des fruits nor- maux des cloisons multiples des fruits dits anormaux que nous avons étudiés. . 1112 RÉUNION BOLOGIQUE DE MARSEILLE (54). 1° Tout le tissu compris entre les deux épidermes est généralement détruit dans la cloison unique, alors qu'il persiste dans les cloisons multiples considérées. 2 Le faisceau libéro-ligneux qui est placé aux deux extrémités de la cloisoh unique, à la face interne du faisceau normal de la paroi, est in- verse, c'est-à-dire présente le liber dirigé du côté du centre de l'ovaire et le bois dirigé du côté de l’extérieur; au contraire, ce faisceau est normal, à liber externe et à bois interne, dans les cloisons multiples. Disons tout d’abord que ces deux caractères de la cloison unique se rencontrent dans les cloisons multiples d’un certain nombre de siliques à quatre ailes de Lepidium Villarsii G et G, plus grosses que les siliques tétraloculaires du premier type et portées par des pieds spéciaux. Comme il est bien difficile d'admettre que les cloisons multiples de l'un et de l’autre type de fruit à quatre ailes n'ont pas la même valeur foliaire, notre raisonnement étendant à la cloison unique des siliques normales cette vaieur foliaire semble logique. D'ailleurs, les deux caractères différentiels que nous avons rappelés plus haut ont leur explication naturelle et simple dans la façon diffé- rente dont le cylindre central se rompt pour fournir les faisceaux du gynécée. Considéré au-dessus du point où les faisceaux staminaux s’en déta- chent, le cylindre central est dialydesme, c’est-à-dire formé de faisceaux isolés, dans un cas; il est gamodesme, c’est-à-dire formé d’un anneau continu libéro-ligneux, dans l’autre. Le cylindre central dialydesme comprend douze faisceaux ou groupes de faisceaux. Tout d’abord quatre faisceaux disposés en croix se déta- chent et vont à l'extrémité des arêtes de l'ovaire, arêtes qui sont accusées dès la base de l'organe et qui deviendront plus tard les ailes. Un peu plus haut, quatre faisceaux disposés en diagonale avec les précédents se détachent à leur tour et vont occuper le milieu de chacun des quatre côtés de la paroi de l'ovaire. Il ne reste plus, au centre, que quatre faisceaux. À ce moment quatre cavités, triangulaires en section transversale, ap- paraissent vers la périphérie et viennent butter contre le massif central qui se raccorde aux parois de l'ovaire par les milieux des quatre côtés de la paroi. Les quatre faisceaux centraux se dirigent sans modifier l'orientation de leur bois et de leur liber à la périphérie de ce massif cen- tral; ils se placent contre la face interne du faisceau médian de la parot correspondante, tandis que dans l'axe de l'ovaire apparaît une cavilé qui transforme le massif en quatre cloisons dont les faisceaux extrêmes, on le voit, ont la même orientalion que les faisceaux de la paroi; ils ne sont donc pas inverses, mais normaux, et envoient des ramifications dans le parenchyme des cloisons correspondantes, Le cylindre tentral gaïnodesme se rompt suivant qu'il ÿ aura deux; à \D5) SÉANCE DU 21 JUIN 1143 trois ou quatre ailes au fruit en quatre, six, huit méristèles, alternati- vement petites et grandes. Les deux, trois ou quatre petites méristèles se rendent dans les ailes; les deux, trois ou quatre grandes méristèles recourbent leurs bords latéraux vers l’intérieur et reconstituent bientôt deux, trois ou quatre anneaux continus libéro-ligneux, à liber entourant complètement le bois, lequel entoure lui-même une portion de la moelle primitive. Un peu plus haut, ces deux, trois, quatre pseudo-cylindres centraux se dirigent vers la périphérie, dans la région médiane des côtés limités par les ailes. Deux, trois quatre cavités triangulaires correspondant aux ailes se forment, en même temps qu'une cavité centrale se constitue dans le cas ou il y a trois ou quatre ailes. Résultat : formation d'une, trois ou quatre cloisons. À ce moment les deux portions latérales de chaque pseudostèle se détachent pour passer dans les parois de l'ovaire ; et à la place de chaque stèle périphérique il reste deux méristèles, l’une externe, à bois dirigé vers le centre de l'ovaire et à liber extérieur, l’autre interne, à bois extérieur et à liber dirigé vers le centre de l'ovaire. Les quatre faisceaux inverses sont donc constitués. Aussitôt, dans chaque cloison, les tissus autres que les deux épidermes se détrui- sent. /{ nous est difficile de ne pas voir, là, une relation de cause à effet et de ne pas attribuer la mortificalion des tissus des cloisons à l'ORIENTATION INVERSE DU FAISCEAU, grâce à laquelle la nutrition des cellules de la région centrale de ces cloisons ne peut plus se faire normalement. D'ailleurs aucune mortification ni destruction de parenchyme ne se produit dans le cas du cylindre central dialydesme, où les faisceaux périphériques de la cloison sont normalement orientés. SUR L'EXISTENCE D'UNE KINASE DANS LE VENIN DE LA Vive (7rachinus draco), par M. A. Brior. Delezenne, dans une note publiée aux comptes rendus de l'Académie des Sciences (11 août 1902), a montré l'existence d’une kinase dans les venins de serpents, kinase assez active dans le venin de Bothrops, moins active dans le venin de cobra. Les expériences de Delezenne ont consisté à activer un suc pancréa- tique inactif par la présence simultanée du venin. Launoy, dans les Annales des Sciences naturelles, Zoologie, &. XVIII, relate quelques expériences d'action de venins sur la pancréatine. Il a opéré avec du venin de Cobra et a constaté une action accélératrice sur le ferment digestif attribuable au venin: Mais avec le venin de la Vive, le résultat & été négatif HA RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (56) Mes expériences ont été failes non plus pour chercher à constater un effet accéléraleur ou retardateur dü venin dé l4 Vive sur un ferment digestif, mais pour voir $i le venin de la Vive par sa présence äctivera un suc pancréatique inactif. J'ai obtenu des résultats très nettement posilifs qui permeltent d'affirmer l'existence d'üne kinase dañs lé venin de la Vive tout comme dans le venin de serpents, moins dclive 4ssu- rément. L'expérience élait conduite de la manière suivante. Une Série dé tubes recoivent chacun À céntimètre cube de suc pañcréätique inactif, ét un pelit cube d'albüminé d'œüf coagulé. Le tube à reste ainsi comme témoin. Au tube 4 on ajoute Ü c.c. À de la mäcération glÿcérinée du venin de Vive. Auù tube c ün äjoule 0 c.e. 4 de la même maäcération. Au tübe d 0 €.c. 5 de venin de Vive. Le tube e recoit 0 c.c. 3 de glycéfine et reste cotime témoin. Le tubé f reçoit 0 €.c.5 de macération glycérinéé de venin de Vive qui à été chauffée préalablement üuné demi-héure à 100°. Après vingt heures dé contact à l'étuve à 36 degrés, ôn observe üñe dissolution dü cube d’albumine assez avancée dans €, et bien commencée dans b et d. Après quarante-huit héures, l4 dissolution est effectuée complètement dans les tubes b, cet d, el les cubès d'alburniné sont intacts dans les tubes a, 6 ét f. Cette action kinasiqué du venin de la Vivé n'ést pas tellement puis- santé qu'elle ait pu influencer sur la iarché d'une digestion tryptique dans l'expérience de Launoy. On conçoit dôhc qué le phénomène lui ait échappé, et il n’y a pas contradiction entre son expérience et la mienne. Le suc pancréatique inactif m'a été procuré par MM. Dastre et Stassano. OBSERVATIONS SUR LE DOSAGE DES SOLUTIONS DILUÉES D ALCOOL A L'AIDE DU BICHROMATE DE POTASSE, pär M. Jures Corre. Les procédés chimiques de dosage des solutions d'alcool très diluéés soht assez peu hombréux; un des plus connus ést célui qui à été pro- posé par M. Nicloux (1). On ajoute une solution de bichromaté dé potässe à 20 grammes p. 100 à dés solutions diluéés d'alcool (3 c. c.) acidulées par l'acide sulfurique; quand le bichromäte n’èst pas en excès, la liqueur est vert bleuâtré; elle ést vért jaunâtre quand il est en éxcès. (4) Maurice Nicloux. Comptes rendus Soc. de Biol. (10), t. III, 1896. (57) SÉANCE DU 21 jUIN A5 Il suffit de Comparer les essais que l’on vieñit de faire à des mélanges préalablement préparés, et dans lesquels l'alcool était à un titre déter- miné, pour connaître la teneur en alcool du liquide examiné. M. Nicloux ne précise pas suffisamment la quantité d'acide sulfu- rique à employer. Or l'addition d'acide en plus où moins grande pro- portion a pour effet de porter à un degré plus où moins élevé la température du mélange, par conséquent d'agir d’une manière variable sur lä réduction de l’äcide chromique (1). M. Pozzi-Escot (2) à Constaté aussi qu'une forte äcidité facilite beaucoüp l'oxydation de l'alcool, mais il ajoute « qu'elle nuit proportionnellement À son exactitude ». D'autre part, ia réduction de l’acide chromique ne se fait pas réguliè- : rement dans les conditions de température où üpère M. Nicloux. Elle est presque instantanée à ses débuts, puis de plus en plus lente à mesure que l’on ajoute la solution chromique; elle demande, pour s’ac- complir, des secondes, puis des minutes, enfin des heures. Comment pourra-t-on comparer un essai que l’on vient de faire avec des types qui auront été obtenus depuis un temps variable et qui auront une teinte, par conséquent une valeur variable avec le temps depuis lequel ils auront été préparés ? MM. Bordas et Raczkowski (3) ont fait disparaître en partie ces incon- vénients. IIS ont fixé à 2 ce. 5 la quantité d’acide sulfurique à ajouter, et ont supprimé l'emploi des types obtenus ävec des solutions titrées d’al- cool. Ils se servent encore d’une solution de bichromate à 20 grämmes par litre dont À Centimèlre Cube Correspondrait exactement à U°1 d’al- cool p. 400 en volume de solution alcoolisée. Le volume de la solution de bichromaäte nécessaire pour amener la liqueur à la couleur voulue représente le titre alcoolique de la solution. La réaction se fait à la tem- pérature d’ébullition. Mais le contact à haute température n’est pas assez prolongé entre l’älcool et le corps oxydant et l'acide chromique n'a pas épuisé son äâction après une courte ébullition. De plus il n’est, pas tou- jours facile de saisir la teinte de passage, et il faut opérer sur des solutions alcooliques suffisaämment faibles pour que deux à trois gouttes de solution de bichromate produisent un changement net de coloration. M. Pozzi-Escot a essayé aussi d'opérer à l’ébullition. Il verse goutte à goutte dans le liquide alcoolique additionné d’acide sulfurique une liqueur renfermant 19 grammes de bichromate par litre; 1 centimètre cube correspondrait à 0 gr. 001 d’alcobl. M. Pozzi-Escot n’a pas obtenu de résultats très encourageants et conclut que la méthode de M. Nicloux n’a qu'une valeur très relative. (1) Jules Cotte. Thèses Éc. Pharm. Montpellier, 1897. | (2) M. E. Pozzi-Escot. Ann. et Rev. Chim. añalyt., 15 avril 1904. (3) Bordas et S. de Raczkowski. Comptes rendus Soc. Biol. (10), t. III, 1896. — Comptes rendus, Ac. Se., t. CXXIIT, 1896, 1116 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (58) J'ai proposé (1) d'opérer, d’après le procédé opératoire suivant : Un ajoute l’alcoo! à doser (pas plus de 0 gr. 30) à 50 centimètres cubes de la solution suivante : Bichromate de potasse. . . . . . 1403 gr. 816 Acide sulfurique. . NN LA NE 150 centimètres cubes. Eau distillée q. s. pour . ET Es OO —— On chauffe pendant une heure au bain-marie. Après refroidissement on dilue à 100 ou 200 centimètres cubes; prélèvement de 1/10, soit 40 ou 20 cen- timètres cubes, qui est dilué de manière que le volume final, une fois le titrage effectué, soit de 150 centimètres cubes environ. La solution suivante est . ajoutée alors graduellement : Sulfate de fer ammoniacal. . . . 50 à 60 grammes. ACide sulfurique. NE) OMAN 20 centimètres cubes. Eau distillée q. s. pour.. . . . . 1.000 — On surveille l'addition de la solution ferreuse en prélevant des gouttes du mélange qui sont déposées sur une plaque de porcelaine avec une goutte d’une solution faible et récente de ferricyanure de potassium. On s'arrête quand il y a formation d’une teinte bleue sur la porcelaine. Il faut ensuite voir quelle est la quantité de solution ferreuse qui doit être ajoutée à 150 centimètres cubes d’eau distillée pour obtenir la couleur bleue avec le ferricyanure. Il est nécessaire aussi de doser la solution de sulfate fer- reux chaque fois que l’on commence une série d’essais, en opérant à blanc, avec 50 centimètres cubes de solution chronique. 10 centimètres cubes de solution chronique représentent 0 gr. 25 d'alcool absolu. L'emploi d'un réfrigérant à reflux est à conseiller; à défaut, recouvrir le mieux possible les matras où se font les réactions. Même à la température de 100 degrés, le traitement de l’alcoo!l par le bichromate acide donne naissance à un mélange de produits (acide acé- tique, aldéhyde, etc.). Aussi est-il impossible d’accepter le procédé Reischauer (2), dans lequel on admettait a priori qu’il ne se produisait que de l'acide acétique, à une température inférieure à 100 degrés, et le procédé Argenson (3), dans lequel on dose par colorimétrie l’aldéhyde produit pendant la réaction et recueilli par la distillation. PKOTOXYDE D'AZOTE. ACTION SUR LA RESPIRATION ET LA CIRCULATION, par M. CH. Lrvon. Pendant mes recherches sur l’état des gaz du sang, dans l’anesthésie par le protoxyde d’azote(4), j'ai étudié graphiquementes modifications (A) Loc: cit. (2) Repert. f. Pharm. t. XI, 1866. (3) G. Argenson. Bull, ëve. Chim, Paris (3), t, XX VII, 1902: (4) Socidté de Biologie, novembre 1903, (59) _ SÉANCE DU 21 JUIN 1117 que la respiration et la circulation Don en éprouver pendant les inhalations de ce gaz pur. Respiration. — Ce gaz ne paraît pas avoir d'action irritante sur la muqueuse respiratoire. Cependant, dès le début des inhalations, on remarque sur les tracés un léger arrêt en demi-inspiration, de quatre à cinq secondes à peine. Ensuite les mouvements respiratoires deviennent amples et de plus en plus fréquents. De un en cinq secondes, ils arrivent à un par seconde pendant l’anesthésie. Dès que l’on cesse les inhalations, il y a un arrêt en expiration de onze à douze secondes et peu à peu la respiration reprend son rythme et ses caractères. Deux minutes après, la respiration est tout à fait normale. Circulation. — L'appareil cardio-vasculaire paraît être plus impres- sionné que celui de la respiration. | Beltrami et G. Reynaud dans leur étude sur l’anesthésie générale au protoxyde d'azote (1) disent que la pression artérielle présente les variations suivantes : hypotension brusque de 2 à 3 centimètres dès les premières inhalations avec baisse progressive jusqu'au sommeil, moment où l'on note en général des chiffres inférieurs à 9 et 8 centi- mètres; puis la pression se relève rapidement, toutefois plus lentement que le pouls qui a subi dès le début une accélération très grande et qui devient très petit et même insaisissable. L'étude directe de la pression artérielle avec le manomètre ne m’a pas . donné des résultats tout à fait analogues. De l'examen des tracés obtenus pendant les inhalations de protoxyde d'azote, il ressort que la pression artérielle subit bien une légère chute au début, mais de courte durée, car elle se relève bientôt pour ne pas se modifier profondément. D’un autre côté les pulsations deviennent plus fréquentes, et vers la fin des inhalations il y a plutôt tendance à une hypertension qui correspond à des pulsations rapides et petites. Cette hypertension n’est cependant pas un phénomène constant. L'hypotension est plus marquée lorsque l’on a cessé les inhalations, pendant l'arrêt respiratoire signalé plus haut. Chez quelques chiens, pendant les inhalations, j'ai observé une hypertension de plusieurs centimètres avec grandes irrégularités, et dans ces cas, l'hypotension terminale fait défaut. En présence de ces résultats variables on est en droit de se demander si l'on ne devrait pas tenir compte d'une sorte de sensibilité individuelle de l'appareil cardio-vasculaire, les expériences ayant été faites toutes avec le même gaz et de la même façon. (Travail du laboratoire de physiologie de Marseille.) (1) Marseille médical, 1903. Dans ce travail la pression a été mesurée avec le sphygmomanomètre de Verdin. 1118 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (60) DESTRUCTION DE L'ADRÉNALINE DANS L'ORGANISME, par M. Cu. Livon. Dans leur travail sur la destruction de l’adrénaline dans l'organisme, G. Embden et 0. von Furth{1) disent que de l’adrénaline mélangée à du sang défibriné ou du sérum, traversés par un courant d'air à Ja température du corps, disparait rapidement. Recherchant le lieu de destruction de l’adrénaline dans l'organisme, j'ai fait un grand nombre d'expériences qui viennent infirmer cette conclusion. Ce n’est pas dans le sang que cette substance se détruit, car si, après avoir injecté une solution d'adrénaline dans une veine fémorale, on recueille du sang soit dans la veine jugulaire, soit dans Ja carotide de une à cinq minutes après l'injection, on voit que ce sang conserve un pouvoir hypertensif proporlionné au temps écoulé depuis le moment de encore après un séjour de vingt-quatre heures à l’étuve. Si, d'un autre côté, à du sang de chien défibriné on ajoute de l’adré- naline et que le mélange, traversé par un courant d'air, soit placé à l’étuve à 39 degrés, ce mélange conserve son pouvoir hypertensif non seulement après une heure et demie et deux heures d'’étuve, mais même après vingt-quatre heures, comme le prouvent les tracés obtenus. Les expériences que J'ai faites depuis ma communication du 15 mars 1904 sont venues confirmer l'opinion que je partage avec d’autres expérimentateurs, que la destruction de l’adrénaline se fait surtout dans les muscles et que cette destruction est d'autant plus active que le muscle travaille davantage. En injectant un cinquième de milligramme d'adrénaline dans l'artère fémorale d'un chien dont la patte entière est soumise à des excitations rythmées, à trois ou quatre à la seconde, il n'y a plus de modification de la pression artérielle. Mais cette destruction semble ne se faire que dans le muscle non seulement vivant, mais réunissant toutes les conditions biologiques normales. J'ai, en effet, mis à macérer pendant des périodes de temps variables des muscles frais de cobaye, avec une solution d’adrénaline: et faisant des extraits par expression j'ai obtenu, en injectant ces extraits dans les veines, des résultats contradictoires qui m'ont surpris au début, mais dont j'ai pu trouver la cause. (1) Sur la destruction de l’adrénaline dans l'organisme, Hofmeister's Beitr. IV, p. 421. Là (161) SÉANCE DU 21 JUIN 1119 Si l'extrait est obtenu par une très forte pression, le suc musculaire que l’on obtient, étant très hypotensif en injection intra-veineuse, masque l'effet de l’adrénaline; si, au contraire, la pression est faible, la quantité de suc musculaire n’est pas suffisante et l’on retrouve l’action hypertensive de l’adrénaline qui n’est nullement détruite par son contact plus ou moins prolongé #n vitro avec les muscles. (Travail du laboratoire de physiologie de Marseille.) SUR LA NON-TOXICITÉ DES LIQUIDES D'OEDÈME, par M. Boy-TEissiER. Depuis les travaux sur la constitution des liquides d'œdème, de nom- breuses publications d'ordre clinique ont tendu à démontrer, qu’un certain nombre d'accidents graves : crises épileptiformes, encéphalo- pathie, crises bulbaires avec leurs conséquences pulmonaires ou car- diaques, sont sous la dépendance directe de la résorption rapide des ædèmes. Des faits semblables, envisagés au point de vue purement clinique, ne peuvent pas être mis en doute. Mais on peut demander que l'interprétation de ces faits soit laissée un peu moins au hasard, et exiger plus de précision dans l'exposé äes causes; car la seule explication donnée résiderait uniquement dans la résorption d'éléments toxiques qu'on prétend exister dans les liquides d'œdème. Dans plusieurs séries d'expériences, j'ai essayé de trouver le degré de toxicité des liquides d'æœdème d'origine mécanique, toxique ou dyscrasique. Dans une pre- mière série, nous n'avons pu, avec le D' Rouslacroix, déterminer la mort d’un lapin, même après l'injection dans les veines de plus de 300 gram- mes de liquide d’œdème; des animaux ont résisté à plus de 500 gram- mes injectés en deux jours dans le périloine; un seul lapin est mort, mais il avait recu 200 grammes dans les veines et 500 grammes dans le péritoine ; le lendemain, comme il n'avait pas l'air d’avoir été éprouvé, il recut les mêmes doses; c'était un samedi; le dimancheil parut dolent, ne mangeant point; le lundi matin il était mort. On peut se demander ce qui serait advenu d'un pareil traumatisme liquidien chez le même animal avec de l’eau pure. Dans une série dernière d'observations serrées de plus près, des lapins ont recu 10, 15 et 20 centimètres cubes dans les veines et le double dans le péritoine; les températures ont été prises avant et après, de trois heures en trois heures. Les résultats ont été : 1° aucune influence apparente, les animaux n'ayant pas l'air incom- modés ; 2° le maximum d'’élévation de température a été constaté de 3 à 6 heures après l'injection ; il n'a jamais été supérieur à 6 dixièmes de 1120 RÉUNION BIOLOGIQUE DË MARSEILLE (62) degré; 3° les mêmes lapins ont recu deux fois les mêmes doses sans plus de résultat. On peut conclure : 1° que la sérosité d'œdème a un pouvoir toxique des plus réduits ; 2° que les accidents par résorption d’œdème doivent être rattachés à une autre cause qu’à la résorption d'éléments toxiques qui seraient contenus dans la sérosité d'œdèmes. Le Gérant : OcTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX. directeur, 1, rue Cassette. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LES COMPTES RENDUS DE LA SOCIÉTÉ DE-BIOLOGIE DE L'ANNÉE 1904, PREMIER SEMESTRE Abatage des animaux de boucherie, par G. PAGts. 5 Abcès appendiculaires. Infection puerpérale guérie par le sérum de Rd Be END AM PA ULE DE TBE TA RER AUEEN NN PRE EAU RERt Abrine. — Voir Immunilé. : Acariens. — Deux formes d’'hypopes, par E.-L. TKouEsssarr. . Acide formique.— Voir Travail. Acide phosphorique.— Quantités minima dans les urines et dans la ration moyenne d'entretien, par E. MAUREL. me Acromégalie. — Pathogénie du diabète, par A. Lo AND. Actinies. — Voir Venin. ACtINOMyIleS DAT OUISUEEGERE CNE NP PI SPAS nt — Nouveau type et son ae par AU CAULLERY et Has AL RDS D EN NA DCE AS EE PAIE QE CE AR : — Leurs affinités, par Liarriton CauLLery et FéLIx MESNIL . . REA Adducteurs du Maki, DATA ZELATS UE CN ART Ent se AA at AE NT Adrénaline. — Action sur le glycogène du foie, par M. Doxox et N. Ra AChonidesivienlesssolutions par (CH MLTVONE MERE PE RE ES — et anagyrine. Action sur les muqueuses linguale et bucco-labiale, par CH DUR OISE MAR ATEN Te SA DE ee eat te A PAR SON SON dansElorSantsmMe DATA CH LTVON MEN PRES ARR en MROXICLtEMpoUuRMerC he MpATEIF DES AGE AMP ENST SERRE — Toxicité pour le chat, par J. LESAGE . . . . . . . —ACionreéneralemchezdlechen par JDESAGES "NE NEANRSEERe Action céneralechez/lerChat par Je LESAGES APN P SAUT —) ACcoutumance du Cœur duiCchat Par DESAGE PANNES ent : — 1 Destructionidansilorcanisme par CH MD IYON IE NE NES Eee — Voir Lymphe, Surrénales (glandes). BIOLOGIE. — TABLES. 78 Pages. 8 « { 7) 1122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Aéroscope bactériologique, par H. CHRISTIANI + . . . Le Agglutination des hématies par l'hydrate ferrique colloïdal, par Grrarp- MANGIN ELA VICRORS HENRI DE) ANNE VAT A CRE MEME PT EN EE — des hématies par l'hydrate ferrique, par Grrarp-MANGIx et Vicror Heu. — des hématies de chien par le sérum agglutinant de lapin, par GrrARD- MANGIN ELU NVIGTOR HENRI 2) NS TES NE LAC ER HENRI A ER Pac es Ne AT A ne TA Los Re c 5 — des hématies par le chlorure de sodium et par le mélange d'agents ire tinants, par GiraRD-MaxGiN et Vicror HENRI. . . . . . . . ARE a D : — des hématies par la ricine, par GirarD-ManGin et Vicror HENRI . . . . . AÏnOn'est qu'une trypanosomose Paris BRUMET 0 CU CON CC NN Air Présencede la/formaldéhyde par A SMRICEAT RE NS CCEE Albuminoïdes. — Influence des alcalins sur leur métabolisme, par Du- POURT Lu, ANS SE) Re er een A re ER ER PSN ASE Albumosurie de Bence-Jones, par G. Pare et CH. MICHEL. . . , . . . . . Alcool. — Toxicité, fonction de la tension superficielle, par G. Bizcarp et Le DIEULATÉS LS LCA ER A nr M ET SE ER NS — Rapports entre la tension superficielle, la viscosité et la toxicité, par G. BirnARDIe Cl ADIEUL ARE MEN Ce C0 PE. 2 AAA NRA — Dosage des solutions diluées, par J. COTTE . . . . . . . . . . . — Voir Sang. Alimentationlet régimes, Par ARMAND GAUTIER. "UE Allocution de M. O. Lancer sur la mort de Duclaux. de His, de Rouget. . —surilamort de Marey. par MeIO/FLARCHER EC CNE NEC RE — sur la mort de Joseph Michon, par M. O. LARGAER. . . . . . . . : Altitude. — Activité des combustions organiques, par RAOUL BAYEUx. — Activité des combustions organiques, par L. LAPICQUE. : . + . . - Anaérobies. — Cultures en tubes cachetés, par GEORGES ROSENTHAL. . . . . Anaéroxydases. — Réaction des ferments oxydants indirects, par Eu. Boue- OUELOTHE LOL MAR GHADIER ES NE EE NET Se AE Anagyrine.— Voir Adrénaline. Anemie. — Hémoglobine musculaire, par MÉNÉTRIER et AUBERTIN . . . . . Anémie splénique myéloïde. — Sa nature. par VAQUEZ et AUBERTIN . . Anesthésie chloroformique. Nouvel appareil, par RAPnAEL DuBois. . . . . . Anopheles. — Acarien parasite, par H. Gros. . — Acarien parasite, par LAVERAN. . . . . . . . . . . ë — Acariens parasites, par EpmoNp et ETIENNE SERGENT . . . . . Anophelinæ. — Leur répartition à Madagascar. par LÉéON Dé. . Anticorps) antispirilliques Jpar DEVADENT EE NPA UNE NE SEEN CCS — Voir Formol. Antigènes. — Voir Formol. Antipyrine. — Voir Néphrite. Aplysies—/Sécrétion rouge, Par A BRIOT. I: 0 0. CNE CREER Artères. — Hypertension et rétention chlorurée, par AmBARD et BEAUJARD. . — Modifications de la pression par injection des globules sanguins d’autres AM AUXS DELA CE EMTONT EU EN SR a NP ee Ascomycètes. — Leur cytologie, par R. MAIRE. . . . . . . . . . ! Astigmatisme. — Verres cylindriques et toriques, par Dürour. . . RH SRICOLTE CLLON ID AL DA A GUIELO Zn IN ee Atmosphère. — Ses relations avec la température, les concentrations mo- léculaires et les pressions osmotiques animales, par BARDEL. . 936 974 673 1089 613 889 452 493 1114 899 317 1012 “86 7129 130 1039 4 TABLE DES MATIÈRES Atropine, pilocarpine, hyoscyamine. — Action comparée, par Maurice Doyon et N. KAREFr. . — Voir Sang. Aucubine.— Nouvelles recherches, par Em. BourqueLor et IH, Hérissex. . Audition et représentation colorées reversibles, par L. AzOULAY. . Azote alimentaire. Rapport à l'azote uréique, par E. MaureL. — (Protoxyde d'). — Action sur la respiralion et la ee NE, par SG LIVON . B Bacille de Yersin. — Son agglutination, par J. ConsraAnTiN, GaAuTmIER et A. RaAYBAUD. : MENT ee — Sérodiagnostic, par “je Da ones 4 ne PA PR RASE OT Ie Bacille pesteux. — Pouvoir hémolytique in vitro, par RavpauD et J. PeLris- SIER . à é : Bacille Perou — Crimes Mn EE par enineor . Bacille d'Eberth.— Toxine soluble, par A. one, LAGRIFFOUL et ALY Wa AHBY. — Procédé pour établir sa Een, PAT ALEXIS IWIERNERE Me ETIENNE — $Sa toxine, par A. Roner, LacrirrouL et ALy Waupy . ere Bacille typhique. — Ses variations, par TniERCELIN et L. Han AUD) RUN ENS — Toxine sécrétée, par ALExIS nt NN RAnIEe PAR CRC APRES A LE — et coli. Action de la caféine, par RIETSscH. . . . . . ! — Son agglutination, par Vicror Henrr et L. MALLorzEL . — Sensibilité à l’air ozonisé, par RIETSCH CLACAVARD TENUE DE AT EE le ICO NPA EUENSCHA EM D Le E ED E 1e A AE Ne LE NES VIE die — Séparation d'avec le coli par Je FR aute Cire a BIGTSGH 2 NE Bacillus mesentericus. — Production ne par Henri ID) CUT EN LEA LI ts AO AR Se ESS ER RC SP VS Te Benzène. — Toxicité des tés bon les Fe Gagne _ M. GARNIER . — Toxicité de certains dérivés, par A. CHassevanT et M. GARNIER. Bétaïne. — Voir Télanotoxine. Bile. — Utilité des fistules gastrique et intestinale chez les animaux munis derfistules biliaires par ALBERT FROUIN 0 0 NN Bilirubine. — Voir Cholémimètre. Bleu de méthylène et urée. Élimination comparée, par Cu. AcHaRD et CENPATSSEAUM AE CERN Bopyrides. — Réponse à Are Gard, par An en D an =0n. — Réponse à Harriet Richardson, par ALFRED GARD. . .… : . . . . . Bopyriens. — À propos des travaux de miss Harriet Richardson, par A. Ban) C Cancer. — Ses parasites, par F.-J. Bosc. AADIÉ — Formes parasitaires et non enkystées, par F. à. one ce — Divisions nucléaires des parasites, par F.-J. Bosc. . . Cantharidine. — Voir Néphrile. Garmin. — Voir Télanotoxine. Castration. — Action sur les caractères sexuels secondaires, par ALFRED GIARD . 463 ES 112% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Cellules. — Résistance aux solutions isotoniques de diverses substances, par CR: ACHARD et) LOEPERS /202002 0 2 EURE LS AN DIE PRE (ER ES Ne EUR — Altérations produites par les aarens de none Hype ‘ hypertoni- ques, par CH. ACHARD et PAISSEAU. — connectives rhagiocrines, par J. RENAUT. . . . . . . . ; — déciduales. — Particularité de structure, par ALBERT HAN — du placenta humain, par ALBERT BRANCA . + 0: : . ©: NOM — épithéliale.— Influence du milieu sur son évolution, par En. RETTERER. Céphalo-rachidien (Liquide). — Variations du sucre, par H. Brerry et SAMMÉATO UN ANTENNES MS A RE ra ARE Ne NE ES — Voir Névralgie, Vaccine, Variole, Zona. Cerveau. — Influence sur les troubles résultant de la destruction du lahy- rinthe chez la Grenouille, par Vicror HENr1 et G. STOoDEL. - — Lésions chez les rejetonus issus de mères malades, par CHArRIN et ns Champignon des mycorhizes endotrophes, par GALLAND . Chaux et magnésie. Quantités minima dans les urines et es 1 re moyenne d'entretien, par. E MAUREL : + 1 NN RUN Chlore urinaire. Dosage par le procédé de Mohr, par J. Viire E. Dens ATEN AS ee Do ONE re En — Voir: Foie, Intestin grêle. Chlorophylle de la soie, par JULES VILLARD . . . . . . PRE: ie Chloruration et hydratation. Variations dans organise sain, par FA HWVIDALIE LAS PTANVALNENENT ES EE CERN PES ERREUR à — Auomentation du poids du corps par hydratation, Chers un non Don tique, par G. LEVEN et CAUSSADE. . : è . . . . | Chlorurémie gastrique, par F. Wipar et A. Java. Chlorure de sodium. — Action sur les gastropathies, par GROS GES H: AYEM. — Voir Artères, Dyspepsie, Inanilion, Infection, Intestin, Néphrile, Pneumocoque. Chlorures. — Transsudation sous l'influence d'injections d’autres substances dans les séreuses et dans les muqueuses, par Cu. Acaarp et L. Gaïr- NE UD RAA SR PURGE CS L Cholémimètre, par À. GILBERT, M. RG ets. Don Choléra. — Son vibrion en Cochinchine, par Brau et DENIER . AU à Choroïdes (Plexus). — Histologie normale et pathologique, par Maurice LOEPER. + . + . FAN CHAN EEE AU PEUR PS Chromoblastes du emmnent Dern dorsal de Torpedo Co par M. che VON EN Modelo os HOMO MONITOR EI LES IEEE EN SMS ST Se Cloacale (Glande) chez le caïman, par AUGUSTE BA et BR OIS Een Cloison (Fausse) des crucifères. Théorie carpellaire, par C. GERBER. . Coagulation. — Constance de volume de quelques liquides organiques, par C'HSIGALAS EMEA INR NET CR EEE — Voir Sang. Cœur. — Réaction à la chaleur chez la grenouille, par Xavier Marareu. — Voir Adrénaline, Hypohémoglobinie. Colibacille. — Méthode de recherches, par Troussainr. — Mise en évidence facile, par TROUSSAINT. . — Voir Bacille typhique. GColloïdes positifs et négatifs, stables et instables, par Vicror HENRI et ANDRÉ MSIE RE MAIDEN OA RE LE RS NA RS RP A See — Voir Radium. Congestine. — Voir Venin. Conjonctif (Tissu) chez l’Aplysia punctata, par V. STEPHAN . . . . . 503 516 133. 1097 TABLE DES MATIÈRES E Echanges salins et intestinaux. Action locale des io et de la pilocarpine, par P. Carnor et M. AMET . . Ecrans phosphorescents pour l'exploration des organes sur le on . ATGUSDIN I CHARPENTIER MENT NRNNS RM eE let ne etREnRe : — testiculaires à base d'extrait de ne cle Der verse CHAR- PENIDTERS lee Re Élecnen MM ou er — de M. Vincent. te MA ENICIO UTC Er rene SORA ee en SE Er Er Electrique (Organe). — Ramifications nerveuses dans les lames de Torpedo ca lVanIMDA IC OMNENELE CAVALIERS MENU EME SENPNENNSNNE le r 1195 Pages, 118 180 909 697 329 1069 1070 146 805 805 300 701 609 Conjonctive (Fibre). — Ilistogenèse, par J. RENAUT — Histogenèse, par E. LAGuESSE. : Nr Corpuscules de Nissl. — Variations Ne EC par Cn. Mot RRE Czristaux. — Cultures minérales sur bouillon gélatineux, par RAPHAEL Die CGulicides de Rochefort-sur-Mer et de Camargue, par A. LAVERAN. — des régions du Tchad et du Chari, par A. LAVERAN. . . — du Haut-Tonkin, par À. LAvVERAN. Curare. — Influence de la tension ape Ectlle ds Star sur Me ot par.G. Bizzarp et L. Dreurart. ie minérale, par RAPHAEL Dore — par DASDRE. 2) At ë Cytolyse. — Culture des “cb comme Here 4 Dole Re I. RE TIANI. PA RENNES AU AE OS EE TE A Cytoplasmiques NÉnbetaneee — Procédé d'isolement, par MAURICE MAINTOT OUR MEME GO 0 OR : Cytotoxines. — Mode dacton in vivo, per Juirs ne D Déférent (Canal). — Effets de la ligature, par P. Bouix et P. Axcer. Développement. — Insuffisance d’origine pue par CHARRIN et LE Pray. Diabète. — Voir Acromégalie. Diastase oxydo-réductrice chez les végétaux, par J.-E. ABeLous et J. ALoy. — oxydo-réductrice chez les nes Conditions de son action, par J.-E. ABELOUS . : - Digastrique (Muscle), tie de Gare : Rte Digestif (Tube). — Différenciations Ébithéliales eus An sanguisuga par CAMILLE NSPIESS . 0. 01e Distomum hepaticum. — Se des oies En Helioles See par A. PRENANT. — ‘Présentation. EPS Es nn AN EN lE Don de 200 francs, par M Guns FRaNcoIs-FRANCK . Dysenterie. — Coloration de l’amibe, par L. VERDUN. — Caractères spécifiques de l’amibe, par L. VERDEN ; Dyspepsie. — Action du chlorure de sodium, par G MN 1126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : Pages ÆEmbryon. — Malformations chez les oiseaux. par me — du système + nerveux ceniral, par P_ Fenncr et A: Wapsr. 005 MR Ce — Variété des ébauches épiphysaires et paraphysaires. chez le Pont. par [ P. Reraer et A: Wen. 00 EE LS PES ERP 520 : — Influence de Finsolation des œufs d'amphibiens sur son évolution, par 4 Gronees hou 2". 2 nel ART Tente SE I DEL OURERSSE 663. — Piqüre des enveloppes secondaires de l'œuf de Poule, par P. Fearer et AN ERRR D © JE ER a ne RO ETS PRE EU RT = Endéchomètre, par AM. Bron." 2... 00002 EL TMS EEE 667 ÆEntérocoque. — Effets cachectisants de la toxine, par Gronces Rosenraar GE PAUS CHAZARARN 222 2. RE à CORTE Er pe Epilepsie. — Attaques épileptiformes et zone épileptogène chez le cchaxe, | ; por PISE Se Le = CL ie - ee 2 OCR 24 Ergographie.— Rôle des attitudes et des mouvements-associés dans le tra- + WA par CH APÉRR Mr CE ee - = ee ce LOC .. 39% Estomac. — Action sur le chimisme du régime hyper ou hypochloruré, par FT NERGERTS = ET ee ee eee 4 — Sa motricité et dosage des éléments du sue gastrique, par Léox MEGNIER. 148- — Action de la pilocarpine sar la sécrétion, par L. Lauxox. . . . - . - - 311 — Voir Bile, Larves, Sang, Suc gastrique. ÆEthylidène (Chlorure d : — Action foudroyante, par RaPasez Dupois. 492, 624 Extraits d'organes. — Oxydation et réduction quils produisent, par JL AEOE LU LL I TE EEE 658 FE = = | Fatigue. — influence de la fatigue sur le contrôle, par Ca. FÉRE. - - - - 558 Faunule des sables à diatomées d'Ambleteuse, par A Grsmp . . . - - - -. 395 Fèces. — Réaction normale et pathologique, par RENÉ GACETIER. . . - - - 60: Fécondation des sarcoptides et des tyroglyphides, par E.-L. TRowEssaRT. - = 361 — Rôle de l'eau, par Rapaare Dos À -. 2... -L Fermentation lactique. Action du chloroforme et du benzëne, par CaaRrrs Te REZ Du LEE LP PT RES EEE r (D — Effets de la fluorescence, par Causses RICHEr . - 0. . |} . 219 Ferments digestits de quelques Echinodermes, par A. CLERC . - - - - 198 — Voir Radiur. Fèves de Pythagore; par Ex BOGRQUELOr ! 0 DU RES s61 Fibrine. — Action kinasique, par C. DEEEZENNE. . . . . . . 2 _ - 166 Fièvre émotive. — Conditions et caractères, par Er. Tocrouse et Cr. Verpas. 696 — puerpérake. — Voir 4heës. Filaria loa. forme adulte de Filaria diurna, par F.BREMPT . 630 Filarioses humaines en Afrique, par E. BREMPT. _ = - 758 Fluorescence et tuberculine. Réaction précoce. par D. Jacossons. - … - - - 153 Foie.— Destruction du chlore organique ue gastrique, par Léox Gar- TT A Ed cn de PA me ee = = = =. 15 — Action de la pilocarpine sur le glycogène, par M. Doxox.et N. Kanerr. - Æe — Action des corps ternaires sur le glycogène, par Doxox et Mon _ - - - 190 -— de l'Alligator lucius, par Aveusre Perer 2 2 : L LOS 298 — Stéatose phosphorée, Re Onnu-et Ones Lt NU. 2 NC EEE 386 — fæœtal. Myélocytes basophiles, par L. Narrax-LaBRier - . - . . _ _ F5 {RE TABLE DES MATIÈRES Foïe.— Influence de l'injection du suc pancréatique dans la veine porte sur le:stcogéengtpar PARISED po ol AE US RCE 1 ae — Action de la pilocarpine sur le glycogène, par Doxox, Kanerr et ec — Voir Adrénaline, Typhoïde (Fièvre). Formaldéhyde. — Action sur le lait, par A. TRILLAT . . . . . . . . . . ; Formol. — Action des vapeurs sur les anticorps et les Free par JULES REBNS . D BR GIE LOTS LOUE Mate er EN AUOT PT PS DIE Formule de Share — ds rt om par J. TR ; — Conséquence de l'application aux êtres vivants, par J. LEFÈVRE . — Essais d'extension, par. LEFÈVRE. . . . . . . . . — Quelques ns ones par J. LEFÈVRE. G Gastrotriches normaux des sables à diatomées d’Ambleteuse, par A. Gran. — aberrants des sables à diatomées d'Ambleteuse, par A. GrARD . . . . . Génitales (Glandes). — Toxalbumine des tissus de grenouille, par GUSTAVE DISEASES SE ENS nr Glycogène. — Voir Adrénaline, Foie. Graisses. — Leur agglutinalion, par F. Rauoxp. . . . . — Existence dans les noyaux végétaux, par R. MAIRE . — Voir Hypophyse, Pancréas. aisseux (Tissu). — Relation avec les taches blanches de la robe chez le jeune chat, par L. MERCIER. DR LAN En An VE Greïfe. — Action du sérum du ae sur les Heone Hiva du rat, par H. CRISDTANEES ER NO CNE CR Greîfe thyroïdienne chez les oiseaux, par He Greus I. — chez les poissons et les amphibies, par H. CRrISTIANI. J Greîfes vésicales et formation des cavités kystiques, par ae. He rossesse. — Carbone urinaire, par Pauc Bar et R. Dauxay . . . . . — Voir Sang. H Hareng des côtes du Boulonnais. Son éthologie, par A. GrARD. . . . . . . . Hématies des différents animaux. Toxicité pour Le lapin, par F. BAïTELL:I. . — Voir Agglutination. Hématozoaires des oiseaux d'Algérie, par Enmoxp et ÉTIENNE SERGENT . . . Hémogrégarine chez la tortue, par Eomoxn et ÉTIENNE SERGENT. . . . . — du crapaud, par On. NICOLLE . . . . . — du crapaud, par MESNIL. . . . — du crapaud, par A. LAvVERAN . — du crapaud, par A. BILLET . - — karyolysante de la couleuvre vipérine, par ke PA ; —_1de Emys leprosa’“par-L: Ducrogx — par LAVERAN. — par A. BILLET. MÉSLRE — karyolysante de Copanlie lee par Ca. NICOLHE -Ee — du lézard ocellé d'Algérie, par A. BILLET — de Lacerta ocellata, par CHARLES NICULLE . . 'VRRr Ds) ' 1128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Hémolyse. — Dosage, par G. MioNt . . . . . D VIN — in vivo, chez les animaux normaux, par F. Bonn ANTENNES MNT. ISA) Hémorroïdes. — Origine hépatique, par A. Gizusrr et P. nant. Re NO ON Hérédité collatérale similaire en pathologie, par Tourouse et DAmayEe. . . . 694 (Un paradoxeichez latsouris pari ACUÉNOT MM NC RENE DS D Horripilation unilatérale paroxystique, par Cu. Féré. . . . . . . . . . . . 546 Huîtres perlières et nacrées. Leur biologie, par G. SEURAT. . . . . . . . » ” 29% Hydrachnes. — Leurs larves, par CH. PEREZ. . . . AIRES Hydratation des tissus du corps. Influence du régime noue e, par ANDRÉ GOUIN et P. ANDOUARD . . .. . . HP TND S — Influence du bicarbonate de soude, par A. Et é P. FE ARDS. NN 2 — Voir Chloruralion. Hydrophilus piceus et hydrous caraboïdes. Leur tube digestif, par L. BORDAS EE. : SE PRG re OSEO Hydrous Sr EÈLE, — Mon pen ae Hyoscyamine. — Voir Aéropine. Hyperchlorhydrie. — Traitement par le régime hyperchloruré, par Laurer. 117 Hypohémoglobinie cardiaque, par JEAN Camus et Pa. PAGNIEZ. . . . . . . - 713 — Voir Muscles. Hypopes du genre Trichotarsus, par E.-L. TrouEssarr . . . . sale 2 RUES 00 Hypophyse. — Sécrétion graisseuse, par Lauxois, Losper et Son SU MON — Coloration par le triacide d'Ehrlich, par GABRIEL DELAMARE . . . . . . . 7143 Ictère catarrhal d'origine eberthienne, par A. GtLBerT et H. LiPpmanx . . . . 1379 — Augmentation du pouvoir antihémolytique du sérum, par E. Risr et L. RIBADEAU DUMAS Mere DAS en anse AAA CENN .. 445 — Résistance du sang, par Vaouez et RIBIERRE. FR NN EMEA GE Immunité contre l'abrine, par JULES RERNS- 20 ON NN EEE — Transmission, par WLAEFF. . . - 1 CNRS OI — naturelle des vipères et des songes Sen c. De. AS do 976 Inanition. — Influence sur la polypnée thermique, par J. En niaus et dje _p. L'ANGLOIS- 00 NERO LC CR Re Rad 20) — Influence sur les a done Dan ÉnuRere Pons DA il — Intervention des influences passées dans la résistance, par Croce Do. H91 — Eliminations urinaires sous l'influence du chlorure de sodium, par Henri CHAUDE et VILLARER 4 LIENS, MEN RARE MER TE A OA SO Indoxyle. — Voir Sang. Infection. — Influence du chlorure de sodium, par H. VINCENT. . . . . : . 924 Influences passées. — Voir Inanilion, Mouvements. Interstitielle (Glande). — Deux sortes chez le cheval, par P. ANcer et REPBOUN A MNIEAC RE A RATES ELA Ge BERNIE sl — Hypertrophie on rien age P. an CLXPAEBOUINE MEN PENRERS Gr — Voir Teslicule. — Cellule). — Origine et double signification, par Gustave Loisez. . . . 448 — Voir Spermatogenèse. Intestin. — Rôle kinasique des microbes, par M. BRETON . . . . . . . . . . 35 — Origine des cellules de remplacement chez les Hyménoptères, par J. An- (EN RE EU A PES MU RE LE A CU RE © LE GS UE TABLE DES MATIÈRES 6 1129 Intestin. — Utilité de plusieurs fistules de Thiry pour l'étude de la sécré- tin; Dar AMBERTFROUIN AVR ME RE RENONCER ON £A7T — Action des savons, des acides, de l'éther et du chloral, par Arsert ROUEN MEET NE : : ." 461 — Modifications des Store Corée Loi tee ne le e par P. No BÉCOURIME TIGE NIIRYEN 0 si SAR Pol (7 — Absorption des solutions nes par où. NO: et D frere CR CL CN NT — Présence du chlore organique, par LÉON GARNIER . : . . + : . . . à . | 76 — Absorption des graisses, par F. Ramon» et F. FLANDRIN . . . . NC MG0 — Desquamation de l'épithélium dans la digestion, par F. Ranoxp et F. FLAN- DRINEN METTRE Te en 2 RRIAR IT TE DT — Modifications des solutions de chlorure de un 7. le Jen par PÉÉNOBÉCOURR IC LIGR-NADRN NME AE MENU NE AE NNE R RUE — moyen. Formation chez les Platygastres, par Pauz Maronaz. . . . . . 1091 — Voir Bile, Sécréline, Varices. Iode. — Voir Paralhyroïdes (Glandes). K Karyokinèse de Peziza rutilans, par GUILLIERMOND. 112 Kinase. Voir {nleslin, Venin. 1 Lait des vaches tuberculeuses, par G. Moussu . . . . 617 Langue. — Formations cytoplasmiques du revêtement épithéli il de Dune chez Tropidonotus natrix, par ALBERT BRANCA + . . . . à . : : . . . . 639 — Musculature chez les oiseaux, par J. CHAINE. . . . PANIER Re ae ODA Larves de Diptères provenant d'un estomac bo, par oo ANT SDS — d’Anoures. Centres nerveux réflexes de la queue, par P. WINTREBERT. . . 581 — d’Arctidiæ. Leur appareil digestif, par L. Borpas . . . . . . PME NA019 Larynx. — Sac ventriculaire extra-laryngien chez l'homme par none et CONMERS AREA : ARE . Re 0 — Exploration des ON ETOnE bras, den ci 1 He OIS- ee RO GÙ — Mouvements des muscles cricothyroïdiens, par Cu.-A. FRancois-Franck. 962 Leucémie. — Action de la radiothérapie, par AUBERTIN et BEAUJaARD. . . . . 982 — splénique. — Voir Rayons N. Leucocytose.— Voir Leucopénie. Leucopénie. — Leucocytose par ne de sang hétérogène sur le chien, Par EP BANTES EE AG EMIONTE NE NES 00 : A ES en e es 0 Leucoplasie vaginale chez la guenon mone, Re, hace Burn ere 80) Lipolyse. — Voir Pancréas. Lipome. — Analogie chez les Hi malgaches et Chez les animaux, par PADEVAUXEMENEN UE ÉRAN CE AL ARENA EEE 5 9 Lumière animale et bre nc oles par RarHazr Deoe EME TOME SEEN GA — Perception chez les papillons nocturnes, par Josepn PERRAUD. . . . 4 610) — Action de ses variations sur les premiers stades larvaires des nn ibie par GEORGES BOHN . . . . ; à : 161 Ton dé one à évolution ee dene, . Ana ne Pa) et Aponn A EN APE A IE RAA A LL QC EG CG RES RS LE 1130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Lymphe. — Étude de l'écoulement par la fistule du canal thoracique dans lethorax par LUCIENNICAMUSE AE PO ANNE TENUE AE — Action de l'adrénaline sur son écoulement, par LucIEN Camus . . Lymphoïde (Organe) de l’œsophage des Sélaciens, par ANNA DRZEWINA . M Magnésie. — Voir Chaux. Magnésium (Peroxyde de). — Emploi thérapeutique, par A. GicBerr et d. TOMTER ANR EURE ARE Se AE ER ANR AE PAS PARU 0 Maladie du sommeil expérimentale, par Baumrr et Wurrz . . . 5617, 569, — Essai de traitement, par Brumrr et WuRTzZ . . . . . à 1. : Malaria bovine. — Hyperthermie cadavérique, par d.-B. Prior Bey . ÿ Maltase. — Loi d'action, par Vicror Henrr, Mlle Paicocne, E.-F. TERROME. . — La vitesse de son action sous l'influence de la concentration de la mal- CoSeMpar EE EENTERROINE EAN EEE — Constance du ferment, par Mlle Cu. PaiLocue. à — Loi d'action. Constance du ferment, par Mile Cu. ter Maltose. — Influence du glucose sur l’hydrolyse par la maltase, par no ÉENRT CR CH-NPHILO CHEN NCA RECENSE NE Méléagrines du lagon de Temoe, par G. SEURAT. ; Métamorphose. — ltôle des trachées chez les insectes, par dd Pope — Sphères de granules chez les Muscides SIDA CH MPEREZAN SEE RE AIRE — Voir Inanilion. Microophtalmoscopie, par Tu. GuILLOZ. Microcotyle draconis, n. sp., par A. BriorT. ; Moelle épinière. — Sur la bandelette externe de Pectets SEE di NA : Montre monosomien. Sa myologie, par J. CHAINE. . . . . . . . . . . : . Mouche de l'Asperge.— Nouvelles observations, par P1ERRE LESNE . Mouvements. — Intervention des influences passées, par GEorGEs Bonn . . Muge de l'étang de Mimizan. Ses mœurs, par J. KUNSTLER. . . . . Muguet. — Formes microbiennes, par M. et Mme BOURGUIGNON. Muscles. — Palpation méthodique, par L. MANOUVRIER . — Fonctions du fascia lata, par L. MANOUVRIER. . . . . — Hypohémoglobinie, par Jean Cauus et PH. PAGNIEZ. à s c — et nerfs. Réaction électrique après une inactivité ibn te, Du Tu. GUILLOZ EAP $ — Voir Formule de Chaos ades Myélocytes. — Voir Foie. en ete ere eNete ie EAU N&phtols:= Moxicité; pari J: ALESsAGE CN NERO RENE NP AE RS MS DA — Phénomènes toxiques, par J. LESAGE — Modifications urinaires, par J. LESAGE . : — Noir animal, contre-poison, par J. LESAGE . . Te Natation. — Mouv ements hélicoïdes chez les het par nier Bonne Nématocystes. — Fonctionnement chez les Cœlentérés, par PAuL Agric. Néoplasies. — Formations ergastoplasmiques dans les cellules épithélioma- teuses, par CHARLES GARNIER. Pages. & TABLE DES MATIÈRES Néphrite expérimentale, par M. Coyne et CAVALIÉ, mu — Pathogénie des œdèmes et régimes hydrique et terre, par R.-J. LAURER LS ET TE Te PRES ES LISA NT Ares A Néphrolysines. — Ilérédité des lésions, par Le PLay et ConprcHor . — Hérédité des lésions, par CHARRIN "0. MU 0 CR Nerf. — Développement des terminaisons motrices et de la partie Eine des nerfs moteurs, par M. CAVALIÉ 2 0 2. + ne Un Ne — Voir Muscles. Nerveux (Centres). — Relations avec leurs excitants ordinaires, par Au- GUSIEINN CRAIRRENTE RO NERO EE PE SN ICN A MENU EMI — (Système). — Malformations expérimentales chez l'embryon du poulet, part #RerReraet/A WEBER Ve CIN PC E NE EE RENE ACER — Anomalies de la plaque médullaire, par P. Ferrer et A. WEBER. . . . . — Coloration rapide au chlorure d’or, par B. ne NaBras. . . . . . . . . . Neurofibrilles. — Coloration par l'argent réduit, par RAMON w CaJaL. . . . — Variations morphologiques du réticulum, par Ramon y CaJAL . . . . … . — Dégénérescence après l’arrachement et la rupture des nerfs, par Mae NES COMMENTS Ne are NON Ce AE EU a EN En ER — dans ies cellules nerveuses situées autour du tube digestif de la sangsue, PAR PAZOULANA ENORME PNEU ER EEE EEE TA — Lésions consécutives à la ligature de l'aorte abdominale, par G. Mari- Ge de a a OU LAND Tr DS EE EE ALL A ON ENCRES ZA EN ra AUS RACE ESC Nouveau-né. — Sa formule leucocytaire normale, par A. Raygaup et L. VERN ETAPE LP LAN AE BA AN RP PER ENS Noyau. — Division dans l'asque de la morille et de quelques ascomycètes, DEAN RARE POS SO NPA EN PE PER RS EAP QG EUR CCC QU OUT ES Œdème expérimental, par AMBARD . . . . . — par CH. Acnaro et G. PAISSEAU . . . . . . — Rôle des lymphagogues, par AmBarp et Be 5 — Non-toxicité des liquides, par Bovx-TEISSIER . . . . . . . . . . . Œil. — Variations du volume sous l'influence des modifications de Ma tilinre moléculaire du sang, par Losper et A. CANTONNET. . . . . . . . Olfaction chez l’Escargot, par RAPHAEL Dugois . . . ; — chez l'Escargot, par EMILE YUNG. - - . : - . . . D © user Ophtalmie sympathique et sérum cytotoxique, par LE PLay et Correnon. Oranges prolifères, par CH. FÉRÉ. . . . . . . . . . RENE NEO AE Ostéomalacie expérimentale chez le lapin, par Moussu et CHARRIN. Ouvrage offert par M. Cn.-A. FRANCOIS-FRANCK . . - : . . . . . . — par M. H. Cour . . — par M. MEsir. — par M. DE SINETY. — par M. Couprix . — par M. Lauxoy. Meppe se ARR A NUE = ADAM IGRERANTS A A PAPER SNS RE ren ent ne ne Ovaires. — Poisons des glandes génitales chez les grenouilles, par rave DOISELE PSN AREPIRENATRS 1132 © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ovalbumine. — Voir Urelère. Oxyhémoglobine. — Dissociation sous l'influence de la concentration, par Victor. HENRI & © ra — Dissociation sous bin “ la tin par Vacnor Han : AP Paludisme. — Index endémique dans la Guinée, par A. LAVERAN. Pancréas. — Microbisme normal, par A. Grceert et H. LipPMANN . ; — Effets antagonistes sur sa sécrétion de Ru et de la phy een) par E. WerrTueimer et Ca. Dupors. à — Action de la pilocarpine sur la sécrétion, Dur 1e Me — Diapédèse et sécrétion active, par L. Lauxox. 2 Vs RENE — Absorption des graisses en cas de ligature des re su U. LomBroso. — Lipolyse dans le tube We en cas de di des soute par U. Lou- BROSON- Ne Are — Absorption des graisses Dre son ton en cas ce ligature préalable des conduits, par U. LomBroso . . . . ; — Influence des phénomènes lipolytiques ons Pom ion (es graisses chez les chiens dépancréatisés, par U. Loueroso. — Rapports avec la thyroïde, par A. Loranp. . : Parasitisme normal, par V. GALIPPE . - . . : è US Di Parathyroïdes (Glandes). Ablation chez loco par M Don et A. JouTY. — chez la tortue, par Doyox et N. KAREFrr. 5 — Localisation de l'iode, par JEAN CHenu et Ararnn Moss Parfum. — Mesure de l'émission chez les fleurs, par G. Brzzarp et L. D LAFÉ . ; ar Per tHé do enese ar Dneles Dar ebdidaen Pre. Ste. Der 1 Cane 5 Peau. — Ferments oxydants et réducteurs, par Cu. Scamitr. Pelmatosphæra polycirri, par Maurice Cacziery et FÉLIx Mens : Pepsine urinaire. Origine et lieu de résorption, par ALBERT FROUIN . Perle. — Son acclimatation, par EUSÈBE VASSEL. Perles fines, par RAPHAEL DuBors. ë Peste du cheval en Abyssinie, par En. : : à Phlœa, Hémiptères mimétiques de Lichens. par Cn. Pere ! Phosphore. — Intoxication expérimentale, par Oppo et OLMER Phrénugraphes et pneumographes combinés, par FRANCoIS-FRANCK Pigment de Sipunculus Nudus, par F.-LADREYT. É : — vert-jaune du tégument des Aplysies, par CLAUDE ire . J. Ve Pilocarpine. — Hyperglycémie par injection dans la veine porte, par M. Dovow, N. Karerr et FENESTRIER. — Voir Afropine, Eslomac, Foie. Pintadine. — Synonymie, par A. GTARD MERE LEA Plèvre. — Ouverture large en chirurgie men le . Laure Sn Pneumocoque.— Action du chlorure de sodium. Signification de la réten- tion des chlorures dans la pneumonie, par A. GILBERT et P. CARNOT. . es (Nerf). — Section Done par A. Froux et POZERSKT ON NT L Bale 0 — — . sur la see diras. Da D. Conen ADE et J.-F. Bon. Pneumographe. — Voir Phrénographe. = 339 3% C9, IL OL DO & & © D 1 Cr ot LD 19 a © Fa S OO D OO & © & D OO © © ND it & = Ou NN ECO CT NOM 4 TABLE DES MATIÈRES 1133 Pneumonie. — Modifications du poids, par M. GanniErR et (x. SABARÉANU . Pæcilogonie. — Sur une symbiose qui la provoque, par GEORGES Bonn . Poissons. — Lésions en cas de pêche à la dÿnamite, par P. SrEePuaN. Polyembryonie. — Voir Sexe. Polygenese =NThéones DatIJEANMDURMMEN NE MERE MEN EEE Polypnée. — Voir Inanilion. Ponction lombaire dans la névralgie du trijumeau, par SIcARD . . . Portrait de Charcot offert par M. GALIPPE. . . . 3 Poumon. — Réactions vaso-motrices des néons cnelonninemertes, par FRANGOIS-FRANCK . . . . SAP EE M PA CEE 1 Pression osmotique. — Te nos here Profibrinferment dans le transsudat péritonéal du cheval, par Maurice SANT ELU GP ONE RM LU ES A ES ST AQU AE A LA UE EE ET BR PRE PAPE Prononciation. — Défauts consécutifs à la rapidité des mouvements articu- laires, par GELLÉ. - . , ah c ë lois Protoplasma. — Structure de es Vonnoaltere, DR Sn Bac 3 Purpura_ — Etat du caillot, par R. BENSAUDE. . . . . . . . . . . . . Pyknose. — Production expérimentale, par AUGUSTE PETTIT . . . . . . . . Q Quinine. — Action sur les oxydations intraorganiques, par R. Durouy . R - Radiations physiologiques. — Leurs caractères et le mode d'observation, par AUGUSTrIN CHARPENTIER HSE — Nouveaux écrans, par Au. Drncenner ANT ARR A RE En Role Radiothérapie. — Voir Leucémie. Radium. — Action sur les colloïdes, par. Vicror HENRI et ANDRÉ MAYER. — Action sur les ferments solubles, par Vicror HENRI et ANDRÉ MAYER. — Influence sur la toxicité du venin de vipère, par C. PHisauix . . . . . . Rage. — Absorption du virus par la muqueuse pituitaire, par P. REMLINGER. — expérimentale de la souris et du rat, par P. REMLINGER — Virulence de la salive, par P. REMLINGERI. : : à. ©: — Filtration du virus, par P. REMLINGER. . . . . . . — Sa toxine, par P. REMLINGER. . . . DURÉE Pen sn A D ele — Altérations musculaires chez les lc, à par ler AIS et ou — chez les oiseaux, par A. MARIE . . . . . . . . . — Altérations des muscles, par ALEZAIS cl BRICKA . — Propriétés du sérum antirabique, par A. MARIE. . . . . . . . . . . . Rate. — Rôle dans l’immunisation contre le A ocholate de soude, par E. Risr et L. RIBADEAU-Dumas . : . . c “ie c — Influence de l’ablation sur les leucocytes de Se, par Cosner Ne et DUMOULIN. - - +. ouE Bt it 0e do NO MR AE BU Rayons N. — ass SE les saine par br Me Fo DT AR — d’origine physiologique, par RAPHAEL DuBois . . . . . . — Emission après la mort, chez la grenouille, par AuGusTiN Cana L — Causes de production, par M. LAMBERT . . 69 521 C2: NO NO Sr co ee © © à & 1 © 1 ZT I D Le 1 = =) tt + = Æ Cr Oe 1O Cx uw © Co CS 1134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Rayons N. — Effets sensoriels et généralisation d'action dans l'organisme, par AUG. CHARPENTIER. . 2 DiSCUSSTONANAN TARA AN CRC AN TANERRR Er ANR NE TE) er RTE ÿ — de Blondlot et nn effets sensoriels, De A CRE ; SENTE — Application à l'étude des oscillations nerveuses, par AuGusTIN CHARPEN- TE PAU A REA EE RON DE ES het lai ete NME — Action dans la lenrernre A bros par Tu. Ge ce mn SPILLMANN . — Emission pendant la coagulation du sang, par En. Meyer et M. Lauserm. — Action sur La sensibilité thermique, par AUGUSTIN CHARPENTIER. . . . « . — Voir Écrans. Régénération des membres postérieurs chez l’axolotl après ablation de la moelle lombaire, par P. WINTREBERT : .). 0 0. . Rein. — Mode d'administration du macératé, par J. RENAUT. — Distributiontdes veines; Pan AMMHERPINE EN NO PEN EN RES — Quelques réactions microchimiques des corps figurés chez les grenouilles, DATA PMERCIERO NT ARENA NE Duc cc — Action de la pulpe sur la morphine et Re Der E. GÉRARD et RTCOUIETe MAR : SI NOE LETENS ATNCREMERPRE — Non-spécificité des alies gr aus chez Moienees sturio, par A. DR ZE INA EN NS PSE NO RE EN RE Er QE NP SES Représentation colorée. — Vos oi Respiration. — Action des côtes et des muscles intercostaux, par Cu.-A. FRANCOIS RANCE NO er PESTE Nr ANS SAR ENS LEE RS — Action des muscles bons mi Ca.-A. FRANCOIS-FRANCK. . . . . . — Photographie des mouvements et des courbes, par Cu.-A. FRraNcois- RANCE PR SR RS CO Te PEU en na Do .0 — Troubles par nent di not ca HQE et par ptose viscérale, par Cu.-A. FRANCOIS-FRANCK.. . . . . . — chez les annélides marins, par GEORGES ou GE — Troubles par perte de tonicité des parois abdomidales. Fe. eu A Frans COIS-FRANCRE EAP ANSE TPE ARE Es — Procédé des images Tales sur plaque ie De CH.-A. Hnano ts à FRANCO HRMRSERR CS ARRE EUR PNUD EEE are — dans l'air à oxygène raréfié, par J. Tissot. NT TRQRES — Combustions intra-organiques, par J. Tissot . . . . . . . Ricin. — Influence de la température sur l'action lipolytique cha Li ko de la graine, par Maurice NicLoux . . . . — Vitesse de la saponification, par M. NicLoux . — Nature de l’action, par M. NicLoux . . . . . . . — Pouvoir sapouifiant de la graine, par Niczoux. . eNelle hetihre let reee S Salive. — Sur la prétendue existence de l’eau oxygénée, par R. Durouy. . . — Microbisme normal, par A. GiLBERT et A. LIPPMANN. . . . . . . . . ae Sang. — Densité dans la grossesse, par Pauz Bar et R. Daunayx. . . . . . . _— Etat à la fin de la grossesse, par Pauz Bar et R. DaAUNax. : . . . —INéocytémie, par: M. -Lorrer et Al LOUSTe EEE EN VEUT — Action de l’atropine sur la coagulabilité, par M. Donun et N. eu “ie — Action de l’atropine sur la coagulabilité, par E. GLEY. . . . . . . . 260 314 104 105 153 192 215 TABLE DES MATIÈRES 1135 Pages. Sang. — Variations du sucre, par H. Brerny et S. Larou. . . , . . TE PNA TELE — Pouvoir amylolytique chez les poissons et les crustacés, par J. SeLrrer. 261 — Influence de l'alcool sur la coagulation, par L. MaARCHADIER. +: . . . . . 315 — Durée de la période de l’incoagulabilité sous l’influence de l’atropine, par DOYON ELIN SAR AREDEN SNMP TPE AR OI ARE 421 — Action de l’atropine in vitro et in vivo. Rôle de l'estomac, par Doro “ Nc RAR ET NT NRA PTE En A ENS EL RE ER EU ET ISA 588 — Action de l’atropine sur la coagulabilité. Rôle du foie, par Doxox et N. RÉAL A SEN San ge D RTE CS PE AE EST SAN ON AURA UE 580 —"Rhecherchelde indoxyle PañiG-MHERVIEUX. MERE NUE HART 62S — hétérogène. Action anticoagulante chez le chien, par G. Miont . . . . . 762 — Chlorophylle et coagulation. par MARCEL CORDIER. . . . . . . . CONS ETES MMA — Leucocytes chez les vieillards, par A. DoBrovicr. . . . . . . . MEN AUTO — hépatotoxique. Son action, par H. Brerry et ANDRÉ MAYER. . . . . . . . 1016 — Réactions pigmentaires dans les épanchements des séreuses, par G. FRox. 1091 — Voir dŒil, Rale, Rayons N. Sarcolytes. — Digestion intracellulaire dans l'histolyse nymphale des mus- CAS ET ENEON AMEN PER EE ee ENTER Dr Re RE OS SSP D ECS 992 Saturnisme. — Voir Surrénales (Glandes). Scarlatine. — Agolutination des streptocoques, par CH. DOPTER . . + . . . 187 Sécrétine. — Action de l'extrait aqueux d'intestin. Procédés d'extraction, par CDEPEZENNENC ND OZERS ETS Re Re NN NEAR NES TRS 987 Segmentation parthénogénétique des œufs immatures de Bufo dans l’eau, D AE BAT TETE ONCE SANS PORN MSIE RER ER RRIRs 2 A IRL RCA ARS 149 ‘Sensibilité vibratoire. — Troubles dans les maladies nerveuses, par GAMES RINES CONS NME EN ARE R RCATES A A A ERP ON A PERD 333 Sensitive. — Réponse au contact, par L. LapiCQuE. . . . . : . . . . . . . 862 + Séreuses. — Leur physiologie, par LE PLAY et CORFECHOT . . . . . . . MO CZ D PAS CAR TNT ee ee te Ve Medecine eee ete 965, 1021 Sérum. — Propriétés hémolytiques, par Jues REHNS . . . . . . . . . . . . 65 — Pouvoir hémolytique par A UBATTELLT. 22e 2 20 PEU SIRET 199 — Pouvoir cytotoxique consécutif à l'injection de nucléoprotéides, par HENRNBIERRNAIE PAUCUSLEMP ENT EE NES ENNEMI NICE 238 — Pouvoir hémolytique des différents animaux, par L. STERN FOR NUE 309 Pouvoir hémolytique par AFALLOISE MEME EME NT DE RENTE 324 — antihémolytiques, par Marc-Aruanp Rurrer et Mizron CRENDIROPOULO. . . 419 — Son pouvoir bactéricide, celui de la lymphe et du liquide péricardique, Dar RM PATTELLNeL IG EMIONTI ENCRES AT ee 490 — Abolition du pouvoir lipasique par le chauffage et régénération par addition de sérum frais, par CH. AcnaRo et A. CLERC . . . . . . . . . 812 Sexe. — Son déterminisme et celui de la polyembryonie spécifique chez les Hyménoptères, par PAUL MARCHAL 4. 0. 10 à: - SAN de eee ne 468 — Voir Interstilielle (Glande), Teslicule. Souîre. — Quantité minima dans l'urine et dans la ration moyenne d’entre- Densip an EP MMTAIURE NE APE PNEU RIRE ee RG Se 196 Sous-maxillaire (Glande). — Sécrétion après section des nerfs gustatifs, D'AAMA BL OIZEL ENONCE EE ER Rene en 1022, 1024 Spermatide. — Transformation en spermatozoïide chez l'axolotl, par ALBERT BRANIC ANNEE SN ANSE SIN eEr Res ER a A CRT RS es TE er Rat 704 Spermatogenèse et cellules interstitielles, par ALBERT BRANCA. . . . . . . 390 Spermatozoïde. — Résorption phagocytaire chez les Tritons, par Cu. Pérez. 188 — Voir Spermalide. 1136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Splénectomie. — Voir Rate. Splénomégalie chronique avec anémie chez le nourrisson, par A. RAyBauD et L'OVERNET Ve ë o DE E avec anémie et AE, à par DRE D ci ANTONIN CLERC. Sporulation du Triactinomyxon, par Louis LÉGER . . . nue Stéréoscopie par visions consécutives d'images OAGTE par Tu. Euea Stomatite ulcéro-membraneuse primitive. FHpOES par H. Vincent Stovaïne anesthésique local, par CHapur . . . . . Sa valeur comparée à celle de la cocaïne, par Caarur . Strabisme volontaire par BUSQUET CO 0 CUS NEO PAIEMENT Streptocoque. — Voir Scarlaline. Strychnine. — Influence de la respiration d'oxygène sur A chez la grenouille, par XAVIER MATHIEU . : Suc gastrique. — Action sur la muqueuse one fete Dan Ne Hepp. À — Sur son acidité, _. Lean RER. — intestinal. — Sa sécrétion, par C. Dan et À Rae — Sa sécrétion, par HALLION : ! ko — Sécrétion et activité kinasique chez 12 He, on Dee non — pancréatique.— Action sur la circulation et la respiration en cas d'in- jection{intraveineuse par J'ALESAGE CN ICE RENE 0 PLEASE — Extrait, par J. LESAGE . ! ; Surrénales (Glandes). — Seins Jane ne cie diner a Léon BERNARD et BIGART . . Ë — Réaction chromaffine, par PauL io ë MaË — Réaction de l'adrénaline, în vitro, par Pau MUOS AE — Origine des troubles consécutifs à leur destruction, par J. “ eus — Troubles de pigmentation de la grenouille à la suite de leur destruction, par E "ABELOUS 62-0000 — Voir Urémnie. Syphilis. — Inoculabilité de la gomme, par PAUL SaLuoN. expérimentale de la cornée, par Pauz SALmox. expérimentale de la conjonctive, par PauL SALMON héréditaire. — Lésions du foie, par F.-J. Bosc. Signification des .gommes, par F.-J. Bosc. Table d'expérience, par J. CARVALLO. : Tégument externe. Réactions à la suite d'un décoller. sous- Jontene, par Evo. RETIERER. . Tendon. — Structure de la Ans _. P. FA AN ADES. Origine de la fibrille, par P.-A. ZacnaRrAnËS . Nature du filament axile, par P.-A. ZacraRrADES . : de la queue du jeune rat. Sur les cellules fixes, par J. Fe AUT Tension superficielle. — Influence sur l'absorption par les végétaux, par G. BILLARD et DIEULAFÉ. . . POP A NS AND es des urines des herbivores, nee E. NA Tératogénie. — Nouveau procédé, par P. Ferrer et Pb Wx EBER. Pages. 688 925 844 1053 311 S14 1077 102 214 305 1067 197 201 18 æ TABLE DES MATIÈRES Tératogénie. — Influence de la lésion des enveloppes secondaires dans l'œuf de poule, par P. Ferrer et À. WEBER. c Testicule. — Sécrétions chimiques, par Gustave Loiser. . . — Le rôle de la glande interstitielle, par P. Ancez et P. Bouin. — Sur la glande interstitielle, par P. ANGEL et P. Bouin. — Sécrétions chimiques, par Gusrave LoiseL. — chez l’axolotl en captivité, par ALBERT BRANCA. — Déterminisme des caractères sexuels, par P. Boum et P. cr — Pigments élaborés par le poulet, par GcsTAVE Loïsez. : — Fonctionnement chez la grenouille et caractères sexuels ae tes en GUSTAVE) LOISEL nn Tétanotoxine, carmin, bétaïne, Er ne ne : Thalassine. — Effets prophylactiques, par Ca. Ricuer . — pruritogène chez les crevettes, par CH. RICHET . — Voir Venin. Thorax.— Adaptation de la section à la surface de la peau, par rapport au poids, par E. Maurez . k Typhoïde (Fièvre). — Variations cn one à fie, De ca Moon Thyroïde (Glande). — Influence de l’ablation sur la a par L. RICHON et P. JEANDELIZE É , : — Accidents aigus dans la neo après son ablation, par . For ce P. JEANDELIZE . : — Action de DIatio sur “a on ci le Édition, DE Lens ones JAcoB. Bee — Ablation chez le lai Tacaique, par NE GLEY — Action des rayons X, par R. Lépine. . ù — Conservation dans l’eau salée phy ibn De H. Den ne à — Voir Cytolyse, Greffe ue Tonogamie, par A. GIARD. . . . SE UE EDA Ne Travail. — Hypothermie oasaui te, par J. LEFÈVRE. — Influence de l’acide formique, par Cu. Féré. : ! — Influence du changement du D suivant l'état ie Éane par ex! FÉRÉ. UE Tremblement nine duel par ne M. Docs et H. Peer QE Trijumeau. — Voir Névralgie, Ponction lombaire. Trypanosome de l’anguille. Sa division, par J. Saprazës et L. MuraTeT. — de l’anguille. Sa division, par LAVERAN, . . . . . AN ER TE AL — de la grenouille verte, par Enmonp et ETIENNE Sreqr — de l’anguille. Vitalité dans les sérosités, par J. Saprazès et L. ain. — de la dourine. Inoculation aux souris et aux rats, par J. ROUGET. . . . . Trypanosomiase des Equidés dans la Guinée Française, par A. LAVERAN. — des Dromadaires d'Algérie, par Epmono SERGENT et E. SERGENT. . — des Dromadaires, par EbMonb et ÉTIENNE SERGENT. . . HypAnoSOmOoSC; — Voir Aëno. Tsé-Tsé. — Nouvelle espèce, par Bruupr. : Tubes de Mette gradués et stériles, par G. Maur FITANO . Tuberculine.— Réaction précoce, par A. MARMOREK . . — Étude des liquides tuberculeux, par L. NaïTaN-LARRIER . — Diagnostic précoce de la tuberculose, par J. DE CHrisruAs . — Voir Fluorescence. Tuberculose. — Vaccination spontanée, par E. WAHLEN . : : — Transmission héréditaire du pouvoir agglutinant, par En. Mano Û BIOLOGIE. — TABLES. 19 1137 Pages. 1138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Tuberculose. — Propriété vaccinante des cultures filtrées, par E. Wagrex . 156 — Nucléine vaccinante sécrétée par le microbe, par E. WABLEN. . . . . . . 937 — Dérivée iodique de la nucléoprotéide, par E: WAHLEN . . . . - . . . . . 328 — Pouvoir agglutinogène et agglutinabilité, par S. ArLoING et PAUL Courmonr. 454 — aviaire. Agglutinabilité et pouvoir agglutinegène des cultures liquides, Pan J-INICOLAS ELIPAULICOURMONTI A MED MENENONR MONS NES 455 — Diagnostic expérimental de l’intoxication, par Mnnres RUE. : 561 — expérimentale. Résistance globulaire, par G. HumBERT. . . . . . . . . 600 — humaine transmise à une vache, par E Huox . . . . . … . . . : . . | 1109 (8) Urée. — Dosage par l'acide nitreux, par NESTOR GRÉHANT . . . . . . . . . . 465 — Effets physiques de la rétention, par Ca. AchaD et G. PAISSEAU . . . . . 1066 — Voir Bleu de méthylène. Urémie.— Action de l'extrait de rein, par CAPITAN: … à . à 26 — Action des capsules surrénales, par Doprer et GOuRAUD. . . . . . . . Na Uretère. — OEdème par leur ligature et injection d'ovalbumine, par Bicarr. 51 Urèthre. — Glandes intraépithéliales, par ALBERT BRANCA. . . . . . . . . . 640 Urine. — Réaction chez la vache, par CH. PORCHER . . . . . . . . . . . fe 31 — Réaction chez les bovidés, par ANDRÉ GouIn et P. AUDOUARD. . . . . . . . -358 — (Recherche de lurobiline par AGRIMBERT CLONE EN NE RE 529 Urobiline. — Voir Urine. Urodèles.— Innervation réflexe des centres nerveux us la queue, par P. WINTREBERTS Nesle Miam nee Lien eee CON USSR OP RE 582 V Vaccine. — Liquide céphalo-rachidien des génisses vaccinifères, par dj ROUGETL MATTER PERTE ET ER ES APE RAM TE CARE SRE OH Valériane.— Action physiologique du suc, par CH. FÉRÉ. . . . . . . . . . 541 Varices lymphatiques de l'intestin grêle, par MAURICE LETULLE . . . . . . . 210 Variole. — État du liquide céphalo-rachidien, par PauL THAON. . . . . . . 1029 Vaso constricteurs (Agents). — Indicateur du mécanisme d'action, par CHMDUBOTS MINS APE ONE RES STE RNA EE LP EE RU EE 562 Végétaux. — Action comparée de la glycérine et d’un ae sur la struc- ture \par Je LAURENT AN MONS AN ANR RETENU ANNEE Sr RENE 927 Veine-porte.— Diagnostic de son oblitération, par BoINEr . . : . . . . . . 381 Venin. — Effets de la thalassine et de la congestine dans le virus des acti- nies, PAL CHARLES RICHET. 00. RENE SRE 302 — Sécrétion de l'Orinthorhynchus paradozxus, par F. Noc . . . . . . . . . 451 — de la Vive. Existence d’une kinase, par A. BRIOT : . . . . . . . . . . PAUSE — Voir Radium Vésicule biliaire.— Trajet des nerfs extrinsèques, par J. CourTADE et 4.-F. GOYONS PARA LR AUTEUR eee UD RE CENT rQRE SIRET RRES 814 Vessie. — Vaisseaux de la muqueuse, par ALBERT BRANCA. . . . . . . . . . 351 Vêtement. — Résistance thermique, par J. BERGONIÉ. . . . . . . . . . . . 265 — Coefficients d'utilité pratique, par J. BERGONIÉ. . . . . . : . . . . . . . 431 TABLE DES MATIÈRES Vêtement. — Action sur le cobaye, par E. Maurer. . — Action sur le cobaye tondu, par E. Maurer. ae — Action sur la digestion ee le cobaye, par E. Nue RUE Viande.— Accidents produits par les conserves, par Huon et Mon ei : Vive.— Voir Venin. X Xanthelasma sans ictère, par A. GILBERT et P. LEREROULLET . Z Zona. — Cytologie du liquide céphalo-rachidien, par R. BraNpeis . 1139 Pages. 886 978 1018 383 649 TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS ANNÉE 14904. — PREMIER SEMESTRE A AggLous (J.-E.). . Sur l'origine musculaire des troubles consécutifs à la des- truction\destelandesiSnrréenales he PC EMEA — Les troubles de pigmentation de la grenouille à la suite de la destruction des glandes surrénales. . . . . ... . . . 4 — Sur l'existence d'une diastase oxydo-réductrice chez-les végétaux : les conditions de son action. . . . . . . . . AgeLous (J.-E.) et ALoy (J.). Sur l'existence de la diastase oxydo-réductrice chez les végétaux. Action antioxydante des oxydases Proprementidites 207" PPOR MER Agric (Paul) . . . Sur le fonctionnement des nématocystes des Cœlentérés. Acaarp (Ch.) et CLerc (A.). Sur l'abolition du pouvoir lipasique du sérum par le chauffage et sa régénération par l'addition de sérum AcaRD (C.) et Garzzarvo (L.). Sur la transsudation de chlorures provoquée dar l'injection d'autres substances dans les séreuses et dans les'muqueuses 1 20 MEME ER EE AcHarp (Ch.) et Lorper. Résistance cellulaire aux solutions isotoniques de diverses substances M EMEA EN PRNENIEEEEUnS AcuarD (Ch.) et Parsseau (G.). Altérations cellulaires produites par les EE injections de solutions hypotoniques et hypertoniques. _ APproposide lœdème expérimentale NME TE _ L'élimination comparée du bleu de méthylène et de l’urée. — Sur quelques effets physiques de la rétention de l’urée dans l'organisme malade PASS TOR ADEZATS ON ENS lessadducteurs du Mae ARCRE P ERCERE ALEzaIs et Bricka. Les altérations des muscles chez le lapin rabique. . . . . — Les altérations des muscles dans la rage. . . . . . . . . ALoy (J.). . . . . Sur les oxydations et réductions produites par les extraits d'OrTATES NE D NE RER. LT RS = Voir ABELOUS. ASMB ARD AMAR MAPS OEdème ‘expérimental ARMÉE SE NET RENE NES 222 1008 7 812 F TABLE PAR NUMS D'AUTEURS Auearp et BEausarp. Hypertension artérielle et rétention chlorurée . :. . — Du rôle de certains lymphagogues dans la formation des UCI ES NME TON VA DNA UNE AMET (P.). « . ." Voir CARNOM- AnceL (P.) et Bouin (P.). Sur l'existence de deux sortes de cellules interstitielles dansilentesticule duiChevalE NME MO MENU — La glande interstitielle du testicule. Examen critique de essais de vérification expérimentale de son rôle sur POANIEMME aol) 0 OSEO NOMOMANNEMENCIS ORAN ; — Sur la glande interstitielle du testicule des al nES. (Réponse à M. Gustave Loisel.). . . . . . . . db — Tractus génital et testicule chez le Porc cr GRO, — Voir Bouin. AxGLas (J.) . . . . De l'origine des cellules de remplacement de l'intestin chez les HN MÉNOPRÈNCS À db 318 So NE MOMENT NE — Du rôle des trachées dans la métamorphose des insectes. ANDOUARD (P.). . . Voir Gouin. ARLOING (S.) et Courmoxr (Paul). Agglutination comparée des cultures homo- gènes de tuberculose humaine et bovine par les sérums obtenus en inoculant de ces cultures. . . . . . . . . . Arraus (Maurice). Le transsudat péritonéal du cheval contient-il un profi- brimiernment AMP Pre Rene Last AusertIN et BEauJarp. Modifications immédiates du sang ue sous l'influence de la radiothérapie . . . . . . . . AUBERT DEN MEN Voir VAQUEZ. — Voir MÉNÉTRIER. AzouLay (L.) . . . Un cas d’audition et de représentation colorées reversibles. — Les neurofibrilles dans les cellules nerveuses situées autour du tube digestifide la sangsue . : : : - . . . . . B Bar (Paul) et Daunay (R.). Densité du sang pendant le dernier mois de Îa BROSSESSENNOLMAlE MP EMNNE 020.0 0 CC CU = Proportion du plasma; richesse en ions et en hémo- globine; alcalinité du sang à la fin de la grossesse MOPINENE 4 ot 66) 2 oral er ere : = Du carbone urinaire à la fin de la LERREE ol, Banpez... . . . . Relations des températures, concentrations moléculaires, pressions osmotiques animales entre elles et l'atmosphère. BaraiLLon (E.). . . La segmentation parthénogénésique des œufs immatures de Bufo dans l’eau ordinaire. . . . . . . . ë BarreuLr (F.) . . . Pouvoir hémolytique du sérum sanguin comparé à caen era NMpN encre ne ! — L’hémolyse in vivo chez les animaux normaux . . . . . . = Toxicité des globules rouges de différentes espèces ani- malestchez Ale lapin ere ACER en nnt BarrezLr (F.) et Mronr (G.). Pouvoir bactéricide comparé de la lymphe, de sérum sanguin et du liquide péricardique — Leucopénie et leucocytose par injection de sang Héeree DéneNChez A leNCRIENEAEANERPMENARARIE I ENNRRErR Atne 81 11492 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages: Bayeux (Raoul). . Expériences faites au Mont-Blanc en 1903 sur l’activité des combustions organiques aux hautes altitudes. . . . BEAUJARD . . . . . Voir AMBARD. — Voir AUBERTIN. BENSAUDE (R.). .: . Etat du caillot dans le purpura : +. 0 CN BErGonté (J.). . . De la résistance thermique ou coefficient d'utilité des è -vêtements confectionnés. Méthode et instrument de MESURE LE LATE RE ANA EE 2 AE PE ARE) ICONE — Sur quelques coefficients d'utilité pratique des vêtements confectilonmeés) Aie MR NMIEMPONERE EN ANNE Bernarp (Léon) et Bicant. Suractivité fonctionnelle des glandes surrénales dans l’intoxication saturnine expérimentale BrANGAT MMS OU vra Be) 0 Mer bii TI ERMANTREE Pepe ere AE NS RS Bierry (H.) et Larou (S.). Variations du sucre du sang et du liquide CR RACINE EAN UE ANNE USE Bierry (H.) et Mayer (André). Sur l'action du sang rendu pate toxique par injections intrapéritonéales de nucléoprotéides du foie. Brerey (Henri) et Perrir (Auguste). Sur le pouvoir cytotoxique de certains : sérums, consécutif à l'injection de nucléoprotéides . . . TOR TEEN ENS OEdèmes par ligature des uretères et injection intra-vei- neuse d’ovalbumine . — Voir BERNARD (L.). BizcarD (G.) et Dreuraré (L.). Influence de la tension superficielle des solu- tons de-curare surtileuri tonte EME SERRE — Procédé de mesure de l'émission du parfum des fleurs . -- Influence de la tension superficielle des solutions aqueuses sur leur absorption par les végétaux. . . . . . . — La toxicité des alcools, fonction de leur tension bible. — Rapport entre la tension superficielle, la viscosité et la toxicité des alcools et de quelques boissons alcooliques. sa PB eitte Te la) he 6 ee MSN Bizcer (A.). . . . À propos de l’'hémogrégarine du crapaud de l'Afrique du DC 0 EL AMEN AN PR A — Sur une hémogrégarine karyolysante de la couleuvre vipé- rime et Hier tee NRA US TE ECO ME CPE — À propos de l’hémogrégarine de l'hémyde lépreuse (Emys leprosa, Schw.) de l'Afrique du Nord. . . . . . . . . - — Sur l'hémogrégarine du iézard ocellé d'Algérie. BIDUETM RE AE Or DO MONS BLocu (A.-M.) . . Mesure numérique et courbes graphiques des bruits fournis par la percussion médiate. L’endéchomètre. . . . . . . BLocx (A.-M.) et Busouer (H.). Etude sur le tremblement physiologique. . Boun (Georges). . Sur les mouvements respiratoires musculaires des anné- ALtIeP lides/marins UAPERNERSAENE RSS PNN ES CN) ec — Les mouvements hélicoïdaux des annélides . . — Influence de l’inanition sur les métamorphoses. . . . . . — Influence de l’insolation des œufs d'amphibiens sur l’évo- — lubiontde embryon Men RENTE RSS RER ESS RE — Influence des variations de l’éclairement sur les premiers stades larvaires des amphibiens . . . . . . . : = Sur une symbiose déterminant une pœæcilogonie. . Eo ne Intervention des influences passées dans les mouvements actuels d’un animal ere let Aa sente la Es ÉEte e tente LA Te Le ee ie nEe 265 431 59 1058 253 1016. 938 5T TABLE PAR NOMS D AUTEURS 1143 Pages. Bonn (Georges). . Intervention des influences passées dans la résistance à linanitiontäumRanimal 0 A0 MONNAIE IEEE REA: 191 BONE MR De l'abondance des peptones et des graisses dans le liquide ascitique comme élément de diagnostic de l'oblitération durtroncidelalveinesponte nee ARE LE NT MENT 381 Boxer et Comees. Sac ventriculaire extra-laryngien chez l’homme. . . . .. 53 Borvas (L.). . . . L'appareil digestif des larves d’Arctiidæ (Spilosoma fuligi- LL ae Lee er ter NAT MEL OU RO Le 0er AUS O ANNE nIC 1099 — Anatomie et structure histologique du tube digestif de l'Hydrophilus piceus L. et de l'Hydrous caraboides L. . . 1100 Bosc (F.-.J). . . . Recherches sur les lésions du foie dans la syphilis hérédi- — Recherches sur les lésions du foie dans la syphilis hérédi- taire et sur la signification des gommes syphilitiques . . 144 — Note préliminaire à l'étude des parasites du cancer . . . . 331 — Recherches sur le parasitisme du cancer (formes parasi- tairesmonienksyStées) EMA 7 ÉCRIT 0 470 — Recherches sur le parasitisme du cancer (Modes de divi- sion nucléaire des parasites) MOMIE MEME 472 Bouix (P.) et ANGEL (P.). Sur la ligature des canaux déférents chez les animaux JEUNE SEEN LEE CE RE EAN CE SAS NOR An 84 — Sur l’hypertrophie compensatrice de la glande interstitielle du testicule (Réponse à M. Gustave Loisel). . . . . . . 97 — La glande interstitielle chez le vieillard, les animaux âgés ebidestiniantiles expérimentaux MEME TENE NET 282 — Sur le déterminisme des caractères sexuels secondaires et dehlnstinCiSexUClA MAMAN NN PR NENENP RE et 330 6 — Voir ANCEL. BourGurGnon (M. et Mme). Formes microbiennes du muguet. . . . . . . . . . 809 BourquELoT (Em.). Remarques à propos des fèves de Pythagore . . . . . . . 861 BourquELor (Em.) et Hérissey (H.). Nouvelles recherches sur l’aucubine. . . . 655 BourqueLzor (Em.) et Marcaanrer (L.). Etude de la réaction provoquée par les ferments oxydants indirects (anaéroxydases) . . . . . . 859 Boy-TEIssiEeR . . . Sur la non-toxicité des liquides d'æœdème. . . . . . . . . 1119 Braxca (Albert). . Le testicule chez l’axolotl en captivité . . . . . . . . . . 243 — Cellules interstitielles et spermatogenëèse. . . . . . . . . 350 — Sur le réseau vasculaire de la muqueuse vésicale. . . . . 351 — Sur une particularité de structure des cellules déciduales. 499 — Sur les cellules déciduales du placenta humain. . . . . . 500 — Formations cytoplasmiques du revêtement épithélial du fourreau de la langue chez Tropidonotus natrix. . . . . 639 — Sur les glandes intra-épithéliales de l’urètre antérieur chez Linoninesiir ae TANT RE oo eo ren loue 640 — Transformation de la spermatide en spermatozoïde chez ESRI AE DRE D CAN D Adi e releve 10% BranDets (R.). . . Cytologie du liquide céphalo-rachidien dans quatre cas de ATEN Sato er eo te ut ot oio Bo on bios grlol lot air 'orlle 649 Brau et DeniEr . . Un vibrion cholérique en Cochinchine. Ses propriétés biolo- GHONOS EU HALEINE ie clos Dore ave 00 oo de 433 Breton (M.). . . . Sur le rôle kinasique des microbes normaux de l'intestin, parhcutréerementionez Nentant PR 35 BRICKA M TO IT ATEZAIS 1144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Brior (A.) . . . . Nouvelle espèce de Trématode, microcolyle draconis n. sp. 126 — Sur la sécrétion rouge des Aplysies . . . . . . . . . . . 899 — Sur l'existence d'une kinase dans le venin de la Vive (Tra- CRÉNUSIARA GO) MEN PARSEENCRE A EAU D ue Le 1113 BRuMpr. . . . . . Sur une nouvelle espèce de Mouche Tsé-tsé, la Glossina Decorsei, n. sp. provenant de l'Afrique centrale. . . . . 628 — La Filaria loa Guyot est la forme adulte de la microfi- laire désignée sous le nom de Filaria diurna Manson . . 630 — La maladie désignée sous le nom d'Aïno par les Somalis de l’Ogaden est une Trypanosomose probablement iden- tique au Nagana de l'Afrique orientale. . . . . . DR MO TS 7 — Latpeste du cheyal'en tAbyssinie.0-1. 2000 Ne NP GTE — Les filarioses humaines en Afrique . : . . . . . . . 158 Broupr et Wurrz. Maladie du sommeil expérimentale chez les Souris, Rats, Cobayes, Lapins, Marmottes et Hérissons . . . . . .-. . 561 — Maladie du sommeil expérimentale chez les Singes d'Asie etid'Afrique. ces AMENER Eten he NRA 569 — Maladie du sommeil expérimentale chez les Singes d'Amé- rique, les Makis de Madagascar, le Chien et le Porc. . . 571 = Essais de traitement de la maladie du sommeil expérimen- tale RRE Rene NN VEN LES TA ANT NN 0 BUSOUER APM Le strabisme volontaire. . . . . . A ALT ELEMENT SNS SRE DD — Voir BLocx (A.-M). C Camus (Jean) et PaGxrez (Ph.). Hypohémoglobinie musculaire LUC Dale 1e AC MENACE — Hypohémoglobinie cardiaque. . . . . . . 113 Canus (Lucien). . Procédé d'étude de l'écoulement de la nine er de fistule du canal thoracique dans le thorax.12 71 OCT - 551 — Action de l’adrénaline sur l'écoulement de la lymphe. . . 552 CaprrAN (L.). . . . Un cas d'’urémie grave guérie par l'extrait de rein en injec- tons iSONS-CUTAnC es EE NC PRE 26 CARNOT (Paul). . . Sur les greffes vésicales et sur la formation de es kystiques et polykystiques. . . . . . 1080 CarNoT (P.) et Amer (P.). Sur l'absorption des solutions JAnes par = Manet. 722 on De l'action locale des anesthésiques et de la pilocarpine surules échanges salins et intestinaux 1} - "EN CPI Carwor (P.). . . . Voir GILBERT. CaARvALLO (J.). . . Table d'expérience pour le chien, le chat et le lapin . . . 814 CauLLerY (Maurice et Mesniz (F.). Sur un organisme nouveau (Pelmatosphæra polycirrin. g., n. sp.), parasite d’une annélide (Polycirrus hæmatodes Clap.) et voisin des Orthonectides . . . . . . 92 = Sur un type nouveau (Sphæractinomyxon Stolci n.g. n. sp.) d'Actinomyxidies, et son développement . . . . . . . . 408 — Sur les affinités des Actinomyxidies . . . . . . . . AT AE) CAUSSADE. . . ., Voir LEVEN-. CAVaLIÉ (M.) . . . Les Chromoblastes du tégument externe dorsal de Torpedo GAlDAN TIENNE NE EE EAN AD AE a ART EL 46 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS CavaLIÉ (M.) . . . Note sur le développement de la partie terminale des nerfs moteurs et des terminaisons nerveuses motrices dans les muscles striés, chez le poulet. : — Recherches sur les ramifications nerveuses dans les tite de l’organe En de Torpedo Galvani . — Voir Coyxes. CHAINE (J.). . . . Nouvelle contribution à l'étude du digastrique . — Myologie d'un monstre monosomien . c c — Remarques sur la musculature de la langue des Oisennes CHAPUT NN aNstovainetanesthésiquetloc al Met — Valeur de la stovaine comparée à la cocaïne . à ‘CRARPENTIER (Augustin). Moyens d'observation et caractères divers des sales tions d'origine physiologique. : — Nouveaux faits sur les rayons N et sur Mets Das ion physiologique . : — Nouvelles sources et nouveaux À be nues de. rayons N . Ë : _ Nouveaux écrans pour obama des adliiens s physic logiques. . : — Effets sensoriels et Léna on deco ds 7 N dans l'organisme. . . Dur Ë ; — Les rayons.N, de Blondiot et laut lclrets ner — Écrans phosphorescents à propriétés spécifiques pour l'exploration des différents organes sur le vivant . . . — Application des rayons N à l'étude des oscillations nerveuses. == Écrans testiculaires ayant pour base l'extrait de glande interstitielle eu" RTE M EURE — Persistance d'émission is rayons N après ai non, cie la grenouille desséchée. . . . . D RAS — Relations spécifiques entre Histo CénRee nerveux sen- soriels et leurs excitants ordinaires, étudiées au moyen des rayons N. Shen : = Action des rayons N sur la Se CIDinte era e ; CHARRIN . . . . . A propos de la communication de MM. Le Play et Corpechot. — Au sujet de la communication de MM. Le Play et Corpechot. — Au sujet de la communication de MM. Le Play et Corpechot. — Voir Moussu. CHaRRix et LE PLAY. Insuffisance de développement an Fun (origine intestinale) » . : + SUAAIRE Caarrin et LÉrr. . Lésions du cerveau chez des one) 1ssus de mères roles (Conséquences) MEME É CHASSEVANT et GARNIER (M.). Toxicité de dre ao lES de Den — Toxicité de certains dérivés du benzène (crésols et acides LOIUIQUIES HER ANONEr eE PEA En Dent a Re A Ou CHAZARAIN (P.) . . Voir ROSENTHAL (G.). Cent (Jean) et Morer (Albert). Localisation de l’iode dans les glandes para- thyroïdes externes. . . . o CaristTMAs (J. DE) . Le diagnostic précoce de la Gibeneuteeo En 1Ë beneles réaction . CLAUDE (Henri) et VizLarer. Les inaniore urinaires sous r Ai ence da ie rure de sodium chez les animaux en état d'inanition . 1145 Pages. 1146 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages CLerc (A.) . . . . Ferments digestifs de quelques Echinodermes . . . . . . 198 — Voir ACHARD. — Voir WEIL (Em.). COMBES MP NENENEN Voir Boxer. Corprer (Marcel) . Chlorophylle et coagulation du sang . . . . . . . . . . . 919 CORPECHOT . . . . Voir Le PLay. Corte (Jules) . . . Observations sur le dosage des solutions diluées d'alcool à l’aide du‘bichromaite de pofasse UP UN 1414 Cour: (Hi) te lOnvrare AO er ti SEEN PE Re AE NN E ss 1717 — Ouvrare offer tiges ES RE ESS EEE 588 Counuont (Paul). . Voir ARLoING (S.). — Voir Nicozas (J.). CourTADE (D.) et Guyon (J.-F.). Action motrice du pneumogastrique sur la MÉSICUTE DIITAURE ee EN EAENS NFANEENIe = Trajet des nerfs extrinsèques de la vésicule biliaire. Coyxe et Cavaré. Néphrites expérimentales (cantharidine, antipyrine). . — Les néphrites expérimentales, chloroforme, iodoforme. . . CRENvIropPouLOo (M.). Voir RuürrER. Crisriant (H.). . . Aéroscope bactériologique s'adaptant aux différents tubes dekculure ti us t ERU MOIRAN IR REP RSSERERSReEne == De la greffe thyroïdienne chez les oiseaux . . . . . , . . — Conservation de tissu thyroïdien vivant dans l’eau salée phySio ko Ie MEME ANG EU MERE EC PA Beer — Action du sérum de lapin sur les tissus vivants du rat . . — De la greffe thyroïdienne chez les poissons et les amphibies. — La culture des tissus comme moyen de contrôle du pou- MOI COUV LE LT Ee ARE RESORT SAR Ccéxor (L.). . . . Un paradoxe héréditaire Chez LES SOUS AT ORNE D DANAGE ANSE US Voir TouLousE. DASTRE MALUS A propos de la communication de M. R. Dubois . . . . . DauNAY (R.}: . . : Voir BAR. DErAMARE (Ge) re Ouvrasetent MEN REUTERS AU — Coloration de l'hypophyse par le Triacide d'Ehrlich. . . . DELBET (Paul). . . Remarques sur les abcès appendiculaires. Infection puer- pérale guérie par le sérum de Raymond Petit. . . . . . DELEZENNE (C). . . Nouvelles observations sur l'action kinasique de la fibrine. DELEZENNE (C.) et FrouiIn (A.). La sécrétion du.suc intestinal. Action de l’acide chlorhydrique sur la sécrétion duodénale. . . . . . . . DELEZENNE (C.) et Pozersxt (E.). Action de l'extrait aqueux d'intestin sur la sécrétine. Etudes préliminaires sur quelques procédés d'extraction de laisécrétine Me PNR Re MON PAC REReRER DENIER 2 0 Voir BRAt. DErRiEN (L.) . . . Voir Vive. Desmors (Henri). . Production de l'acétylméthylcarbinol par les bactéries du STOUPENAU PMESENLENCUSNME MN ME EIRE NES DEvaux (E.). . . . Analogie entre les lipomes artificiels des porteurs mal- gaches et les lipomes naturels de certains animaux . . . 313 814 4 650 38 192 194 225 221 300 1050 987 459: DUMOULIN .. . . 1. Voir NicoLzas (J.). TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1447 Pages. Dieucaré (L.) . . . Voir BizcARD. Dosrovict (A.). ... es leucocytes du.sang chez les vieillards. . . . . . . . . 970 Dopter (Ch.) . . . Sur l’agglutination des streptocoques recueillis chez les SCA PITEUX en eee de ee NME) MOSS 187 Doprer et Gouraup. Les capsules surrénales dans l'urémie expérimentale . . 25! Doxon (M.) et Jourx (A.). Ablation des parathyroïdes chez l'oiseau. . . . . . 11 Doyox (M.) et Karerr (N.). Action de l’adrénaline sur le glycogène du foie . . 66 — Action de la pilocarpine sur le glycogène du foie . . . . . 111 — Action de l’atropine sur la coagulabilité du sang . . . . . 192 — Action de l’atropine sur la coagulabilité du sang. Durée de latnémodendincoaeulabiite MMA 421 — Action comparée de l’atropine sur le sang in vilro et in | vivo-alniluencerderlaidisestion MSNM 588 — Action de l’atropine sur la coagulabilité du sang. Rôle du MOD SE A y AR LIENS DES DEA RTE ASSURER rs ANNEE NES 589 — Effet de l'ablation du foie sur la coagulabilité du sang . . 612 — Les parathyroïdes chez la tortue (tortue d'Afrique) . . . . 719 —— Action comparée de l'atropine, de la pilocarpine, de DhYO SCVOMIN ERP EEE A OO MEN LS MER JA 959 Doxon, Karerr et BiLcer. Action de la pilocarpine sur le glycogène du QUE CDN NES SIA PAS LA AE RIRES PA MNT AC GO Et tout 855 Dovon (M.), Karerr (N.)et Fexesrrier. Hyperglycémie consécutive à l'injection de pilocarpine dans la veine-porte . . . . . . . . . . . 191 Doxon et More (A.). Action de quelques corps ternaires sur le glycogène du : foie Au aa he Len ta AE M NEA Ven LE Lien 190 DrzEwINA (Anna) . Sur l'organe lymphoiïde de l'æœsophage des Sélaciens . . 637 — Sur la non-spécificité des cellules granuleuses du rein de lAGiDens DAS LULLONI MERE A NENE 957 Dusois (Ch.) . . . Action de l’adrénaline et de l’anagyrine sur la circulation des muqueuses linguale.et bucco-labiale . . . . . . . . 390 — Les changements de la coloration de la muqueuse linguale comme indicateur du mécanisme d'action des agents VASO=CORSITICIEUTS EME ARE SNS CCE Ne 562 — Voir WERTHEIMER. Dusois (Raphaël). Sur l'appareil à chloroformer de MM. Guglielminetti, Roth (ED AD) NEEDS PRE RER LES LAS RARE A A AP 54 — À propos des rayons N d'origine physiologique. . . . . . 145 — Surele sens:de l’olfaction de l'ESCars ot NN Une 198 = À propos de diverses communications récentes sur les D'éntesl'Hne store eneEMeb acnre ne pass EN RUE 412 — Lumière animale et lumière minérale. . . . . . : . . . . 438 — Durôlerde l'eau dans la fécondation. 1 NN NN. 416 — Action foudroyaute du chlorure d'éthylidène. . . , . . . 492 — Rectification à propos de deux de ses notes antérieures . 621 — Cultures minérales sur bouillons gélatineux . . . . . . . 697 — Sur lacytosenèse minérale, Le MMA EP NENINERENE 805 Duczoux (L.) . . . Sur une hémogrégarine de Emys leprosa . . . . . . . . . 564 Durour. . . . . . Les verres cylindriques et toriques et la correction de las tiomiatS ner SN AN ee MEN ER NR Eine x 129 Durourtr . . . . . Note sur l'influence des alcalins sur le métabolisme des AIbDNINOINLES ANNEE MMNENEELE ES MERS net se 613 1148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Durouy (R.). . . . Sur l’action de la quinine sur les oxydations intraorga- MIQUE SARA PET EME LEUR ÉUVAL LEARN EVE Te EN 259 — Sur la prétendue existence de l'eau oxygénée dans la SAVE TA RENE R AU Area ES MENU RARE PSI 260 Dyé (Léon). . . . Sur la répartition des Anophelinæ, à Madagascar. . . . . 4% E HSMONETAMP NAN AE Voir Lauxois. F FALLOISE (A.). . . Pouvoir hémolytique du sérum sanguin comparé à celui de la lymphe. À propos d'une note de M. Battelli . . . . . 324 Fauré (Emmanuel). Sur la structure du protoplasma chez les Vorticellidæ . . 76% FENESTRIER . . . . Voir Doyox. FÉRÉ (Ch.) WOranges iprohfèrest Pa V0 MS SEne ARE NN ARR" 546 Horripilation unilatérale paroxystique . . . . . . . PRE al Note sur l’action physiologique du suc de valériane. . . . 547 Note sur l'influence de l'acide formique sur le travail. . . 5 Faits expérimentaux relatifs à l'influence de la fatigue sur lekContro less ENS RRQ AEA A EMUtEE RE NB RS AN AUS 550 Note sur le rôle des attitudes et des mouvements associés dansile-travail#ätl'ergosraphe 0420600 REne ANNEE ARE 596 L'influence du changement de rythme sur le travail suivant l'étatiderfatioue 2560 CREER EUR ne RE 597 Ferrer (P.) et Weser (A.). Nouveau procédé (Htc nlaue applicable aux œuiS dois eaux 9 MES EE EE PUS AE ES 18 Recherches sur l'influence tératogénique de la lésion des enveloppes secondaires dans l'œuf de Poule. . . . . . . 19 Malformations du système nerveux central de l'embryon . ° de poulet obtenues expérimentalement : anomalies résul- tant de l'absence de fermeture partielle ou totale de la SOUÉTÈTEMENVEUSE. RAR NRA MERS 187 Absence de développement de portions de la plaque médullaire: una EAN eee AU ge PE ENT 188 Spécificité de l'action tératogénique de la piqüre des enve- loppes secondaires dans l'œuf de Poule . . . . . . . . 284 Malformations du système nerveux central de l'embryon de Poulet obtenues expérimentalement. III. Anomalies des ébauches oculaires primitives . . . : . . . . . . . 286 IV. Cloisonnements et bourgeonnements du tube nerveux d'embryons/de Poulets MERS PEU ER ee 288 Modifications apportées à la forme du corps des jeunes embryons d'oiseau par les malformations du système NETVEUXACENETAI NAN ANTENNES À propos de la parité des ébauches épiphysaires et para- physaires (chez embryon deétPoulet PHONE EME 520 A propos de la piqüre des enveloppes secondaires de l'œuf dei) poule x HEURE MER AAA ARE AU A A OI A 132 FLANDRIN (K.). FLORENTIN. . TABLE PAR NOMS D AUTEURS . Voir RAMonNp. . Préparations de larves de Diptères (Homalomyia canicu- laris L.) provenant d'un estomac humain. Francois-Franck (Cn-A.). Nouvelles recherches sur l’action des muscles ae FROIN (G.).. FrouIx (Albert). . ratoires exécutées à l’aide de la photographie instantanée et de la chronophotographie avec le magnésium à défla- gration lente; 1. Les côtes et les muscles intercostaux. Étude de l’action des museles intercostaux internes et EXTERNES NN Te Photographie Sollams de more detre fe la respiration des courbes A et pleu- romanométriques - Mécanisme des troubles ones ‘dus. à Je Porte de tonicité des parois abdominales et à la ptose viscérale dans l’attitude verticale. . . . . - Note complémentaire sur le mécanisme Abe nee res- piratoires dus à la perte de tonicité des parois abdomi- nales dans l'attitude verticale, à propos d’un travail anté- rieur de A. Mosso et d’une réserve formulée par Frantz Glénard . EU see Application à l'étude ds nero nee de procédé des images multiples sur plaque fixe. Photogra- phie simultanée des déplacements costaux, diaphragma- tiques, abdominaux et des courbes pneumographiques et pleuromanométriques . . . . . . Réactions vaso-motrices pulmonaires de one cle pulmonaires . Phrénographes et One den cle Études gra- phiques et photographiques combinées . . . . . . . . Explorations graphiques et photographiques anses des mouvements intrinsèques du larynx ([. Technique DÉNEDANE) RANCE) HEAR re Le RAD II. Résultats des certes De ee et phetogra- phiques sur les muscles crico-thyroïdiens. . Réactions pigmentaires dans les épanchements sanguins des ÉTeUSES EEE HT se Réactions cellulaires tes les épauchements ne des SÉTUS ES Are pu ae Sur l'origine et le Hu de br on de la Sans urinaire. De l'utilité de plusieurs fistules de Thiry chez un même animal pour l'étude des conditions de la sécrétion intes- binale rar 6 SD te Action directe et el es nee éGe savons, de léthers du chloral, introduits dans une anse teste Action à distance de ces substances sur la sécrétion entérique. . Utilité des fistules gastrique et intestinale pour l'étude de la sécrétion et de l’excrétion de la bile chez des animaux muniside fistules/biliairest. 217000 D POUR Nouvelles observations sur l'acidité du suc gastrique. L'acide chlorhydrique est entièrement libre. : Sécrétion et activité kinasique du suc intestinal chez ls bovidés . 160 163 360 417 1150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Frouix (A.) et Pozersxt (E.). Section intra-thoracique des pneumogastriques, chez le chien par voie abdominale 1000 EN FROUIN (A.) . . . . Voir DELEZENNE. G GAILLARD (L.). . . Voir ACHaARp. GALIPPE (V.). . . . Le parasitisme normal. . . : . . . — ParasitismenTronmal eee ARS — Lettre au secrétaire général pour offrir à la So te le p'ortrantdet Char ob Teen E AA TRINREAAETET nR ES CA LAURE EME Sur la nature des champignons des oies endotro- PRES 24 HN A RENE RE D NE AREAS ARE Aer. GARNIER (Charles) . Présence de formations Er nes oues dans le cellules épithéliomateuses d’une tumeur primitive du foie. . . Garnier (Léon). . Le chlore organique d'origine gastrique n'arrive pas jus- QU'AULOTENE MNMNLE EAN CEE RONDE ESS NUE — Démonstration de la présence d'un De den Dern (CI organique dans la muqueuse de l'intestin grêle) . . . GARNIER (ML) et SaparÉanu (G.). Des modifications du poids dans la pneu- monie. Importanee de la rétention de l’eau au cours des A NEA QG à ONE à Da ES ARRACIN ES CSG ANUS FER og ESS REG GS Garnier (M.) . . . Voir CHASSEVANT. GauLriEeR (René). Contribution à l'étude de la réaction normale et patholo- gique des:fèces. Utilité diagnostique. 0:00 GAUTHIER (J.-ConsTAxTIN) et RaysauD (A.). Sur l’agglutination du bacille de Yersin. Indications techniques . . . . . . . . . — Sur l'agglutination du bacille de Yersin. Poiarone à à ia séro-identification et au séro-diagnostic. : . . . . . . . Gautier (Armand). L'alimentation et les régimes chez l’homme sain et chez les ; Ha la des A TRAME SERRE Gt APR EN ETES RS ie Le : Gaurier {Claude) et VizLARD (J). Recherches sur le pigment vert jaune du Ro mMentides Aplystes nn AENCE Are ROReTeeE GaurreLet (J.) et LanGzoïs (J.-P.). Influence de l'inanition sur la polypnée CRETE VAN REINE a EE ERA EE : CCAVEAR DE MENENIC NUE Voir RIErscH. GEAR ETS) SE MEME OP ETES GELLÉ. . . . . . . De la rapidité des mouvements articulatoires comme cause des défauts de prononciation. . . . . . . ; GérarD (C.) et Rreourer. Oxydation de la morphine et her de note phirepar laspulpe rénale mener : Gër8Er (C.). . . . Théorie carpellaire de la fausse cloison den. cr ee — Faisceaux inverses et destruction du parenchyme des cloi- sons correspondantes dans la silique des crucifères. . . Giarp (A.) . . . . Comment la castration agit-elle sur les caractères sexuels SÉCOMTAINE SH SU PARA ERNENN EUR LEE SEAT ARS AVATARS — Sur la synonymie de la Delite Pintadine de la Méditerranée. — Sur une faunule caractéristique des sables à diatomées d'Ambleteuse (Pas-de-Calais) . . : . . . . . . . . — lonosamietlaichoseletile mo Ne NE AIR ARE 205 1032 392 & TABLE PAR NOMS D'AUTEURS GTARDE CA) MEME À propos des travaux de Miss Harriet Richardson sur les BOPYLIENS TAN ATP EME TIENNE AL NA Ier — Sur la parthénogenèse artificielle par dessèchement phy- SIQUE TPE T cena MN PEN EL ET 2 ARTE MAN PIPANEEE ET RENE — Remarques à propos de la communication de Miss Harriet REChATAS ONE AMANDINE TS SUN — Sur l’éthologie du Hareng des côtes du Boulonnais . . . . — Sur une faunule caractéristique des sables à diatomées d'Ambleteuse. IT. Les gastrotriches normaux . . . . . . — Sur une faunule caractéristique des sables à diatomées d'Ambleteuse. III. Les gastrotriches aberrants . ... . . G:18ErT (A.) et Carnor (P.). Action du chlorure de sodium sur le pneumocoque et l'infection pneumococcique. — Signification de la rétention des chlorures dans la pneumonie. . . . . . . Gizsert (A.), HersCHER (M.) et PosternaK (S.). Présentation d’un appareil pour doser la bilirubine dans le sérum sanguin (cholémimètre). GizserT (A.) et JouiEr (J.). Note sur l'emploi thérapeutique du peroxyde de IMAC NTÉ SUN En NP RARE TR PR EMA ere Penn GILBERT (A.) et LEREBOULLET (P.). Le soi-disant xanthelasma sans ictère . . — P'onsinet hépatique des hémorroiles Un GILBERT (A.) et Lippmanx (A.). De l'ictère catarrhal d’origine éberthienne . . . — Le microbisme pancréatique normal. . . . . . . — Le microbisme salivaire normal . . . . . EME MEN EI RE GirARD-MANGIN et Ho (Victor). Étude du phénomène d’agglutination. — I. Agglutination des globules rouges par l’hydrate fer- RiquerCONOTdaL AM AeNANUR SLEESISrSRNN AR Ene — Etude du phénomène d'agglutination. — II. aaniion des globules rouges par l’hydrate ferrique colloïdal. — Agglutination des globules rouges de chien par le sérum aoolutinantidenlanine enr EtESeNeerR RL — Agglutination des globules rouges par le sérum du même SIM ALARME ARS TR re RER RTE — Agglutination des globules rouges par le chlorure de sodium et par des mélanges d'agents agglutinants. . . . — VI. Agglutination des globules rouges par la ricine . . . . GENE) AMENER Sur la thyroïdectomie chez le lapin. Technique opératoire. (Remarque au sujet de la note de M. Lortat-Jacob) . — A propos de l’action de l’atropine sur la coagulabilité du Gouin (André) et Axpouarp (P.). De la réaction de l'urine des bovidés. . . . . — Influence du régime alimentaire sur l'hydratation des tiSSUS CORPS LUN SE Enr EN Re er 7, — Variation de l’hydratation des tissus de l’organisme, sous l'influence du bicarhanate,de soude "Le nn Un GOURAUDE MEME Voir DoprEr. | Gré£nanr (Nestor) . Sur l'exactitude du procédé de dosage de l’urée par l'acide MASTERS 0 DE EN USE Re Ar AE LR AE EU QU AN Er GRIMBERT (L.). . . Recherche de l’urobiline dans les urines . . : . . . . . . Gros (H.} © © Sur un Acarien parasite dés Anapheles. 1.1. GUILLIERMOND . . . Sur la karyokinèse de Peziza rutilans . . . . . . . . .. Guizzoz (Th.). . . Sur la correction de l’astigmatisme. . . . . . . . . . . = Unprocéde demiceroophtalmoscopie 20e CE 1151 Pages. 591 1152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages Guizioz (Th.). . . Sur la stéréoscopie obtenue par les visions consécutives d'imasesimonoculaires = He OEM PE UNS CORRE 1053 — Sur une réaction électrique des nerfs et des muscles restés l'onetempshinactiis ee NEC NE PER AD0Z Guiczoz (Th.) et Sprczmanx (L.). Action des rayons X dans un cas de leucémie Splénique teaser 0 10 SO MAMAN AS RES 828 Guyon (J.-K.). . . Voir CouRTADE. H HALLION . . . . . À propos de la communication de MM. C. Delezenne et À ARRET OUR APPART RS Bu NAS AMIENS Ne 3 LAN DNIENRENEE ER 322 Hawraorn (Ed.). . Sur la transmission du pouvoir agglutinant de la mère au fœtustde la tuberculose expérimentale. "#1," 127 Haven (Georges) . Note sur les effets du chlorure de sodium dans les gastro- pathies st er Nas ends SR 133 Hexer (Victor) . . Etude théorique de la dissociation de l'oxyhémoglobine. | lUnfluencerdetlalconcentration the bee Een 339 — Etude théorique de la dissociation de l'oxyhémoglobine. IlMnfluence detlattempérature PME OPEN 341 Henri (Victor) et MazLorzez (L.). Etude sur l’agglutination du bacille typhique. 1073 Hexrr (Victor) et Mayer (André). Action des radiations du radium sur les col- ToiTeS RTS ae le TRS AU AT ete CES Re MES ASE 229 — Action des radiations du radium sur les ferments solubles. 230 — Etude des complexes de deux colloïdes. — III. Reversihi- lité de la précipitation des colloïdes négatifs par les col- loïdes positifs. Irréversibilité de la protection des col- loïdes instables par les colloïdes stables. . . . . . . . . 864 Hexri (Victor) et Mlle PaiLocne (Ch.). Influence du glucose sur l’hydrolyse du maltose parilarmaltase ce UE Pr ER 1005 Hexrr (Victor), Mile ParLocne et TERROINE (E.-F.). Etudes sur la loi d'action de - la: Malta Ses AL AMAR ASE SRE ER RNA NS ln 49% Hexri (Victor) et SroneL (G.). Rôle des hémisphères cérébraux dans la dispa- rition des troubles résultant de la destruction du laby- rinthecheztleseGrenouille se PIE RAR OR RER TER 232 Hexri (V.). . . . . Voir GiRaRD-MANGIn. Her (Maurice) . . Note sur l’action excito-sécrétoire du suc gastrique phy- siologique de porc sur la muqueuse gastrique malade . . 207 Herscner (M). . . Voir GiLBert. Hérissey (I). . . Voir BOURQUELOT. ; Herpix (A.). . . . Note sur la distribution des veines dans le rein |. . . . . . 617 Hervieux (CG) N'Recherche del'indoxyle dans le Sans RER RE 622 — Recherches sur la présence de l'indol et du scatol dans le SAND 20e noise UT tune der AM EMPIRE VC SE PONPAIENRE 623 Huweert (G.) . . . De la résistance globulaire dans la tuberculose expérimen- LL LEE NE RUE QU ESS ER A RE LL 896 UONE (EE) 0 Ar Sur un cas de tuberculose humaine transmis à une vache. 1109 Huox et Monnier. Des accidents produits par les conserves de viande; leurs causes/et lesimoyens ide leSlé VIe CNE OR OCR JacoBsoun (D.) . JAVAL (A). . |. JEANDELIZE (P.). JOMIER (J.) : - JOUHAU KAREEE (N.). . . . KUNSTLER (J.). LaDREeyT (E.) . . LAGRIFFOUL . . . LAGUESSE (E.). . . DaAzou (S°) - Lamgert (M.) . . LaxcLors (J.-P.). TABLE PAR NOMS D'AUTEURS . La fluorescence et la tuberculine-réaction précoce. . . . . Voir WipAL. . Voir RICHON. . Voir GILBERT. 5 (be) are . Voir THIERCELIN. Voir Doyon. . Note sur les mœurs du Muge de l'étang de Mimizan . . Sur le pigment de Sipunculus Nudus L . Voir Ropert. L OMC HO MOTO A propos de l’histogenèse de la fibre conjonctive (Réponse à M. Zachariadès) OO NO MOOV ECS ROMEO OO NT OMUOLE MOI . Voir BiErey. Laricque (L.). . # PARGRER (O.) 1" PAUBER CREME" Launois, LOEPER et . La cellule pancréatique dans l'intoxication par la pilocar- Launox (L.).. LAURENL (J): 0... LAVERAN BIOLOGIE. . Sur quelques causes de production de rayous N Lee tete Voir MEYEr. . Voir GAUTRELET. A propos de la communication de M. Bayeux En quoi peut, être utile à la EHETUNE le mouvement “ar Rouget SATA Allocution à l’occasion de la mort de M. Marey. . . . . . DÉCeS de MENTEMIC RON AR RUE NME RENE REA Note sur deux cas d’ hyperchlorhydrie traités par le régime HD 0 CHLORE MEME HS ALAN ANS ARENA en eee PQ La tension artérielle et la pathogénie de l’æœdème. Le régime hydrique et hypochloruré dans les néphrites . . Esuoner. La sécrétion graisseuse de l’hypophyse CNOMMONEONOMEOMEOUOS EM ONU EEE LOT TIC ICT ECM UED eee ele pine Diapédèse et sécrétion pancréatique active Action de la pilocarpine sur la sécrétion gastrique . . . . Action de la pilocarpine sur la sécrétion pancréatique . . Ouvrage offert Action comparée de la glycérine et d’un parasite sur la structure des végétaux A propos de la communication de MM. Muratet Sur des Culicides de Rochefort-sur-Mer et de Coranane, Sur l'existence d’une Trypanosomiase des Equidés dans la Guinée française eee let /lete ne CHROME MIO MOMIE EE EDR ICS ISO O M QUO OST TO LEON M CAN Svre 1 elAle,te Melreferlentoltlettetienreoeronliet tete NeAErelIEEe TARLES. 1153 Pages. 850 180 1054 Lerèvre (J.) LÉGER (Louis). . LE MONNIER. . . LÉPINE (RE) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. Sur des Culicides de la Guinée francaise et sur l'index eudé- mique du paludisme dans cette région . . . . . . . . . Au sujet de la communication de M. L. Ducloux. . . . . . Sur des Culicides recueillis dans les régions du Tchad et du Chari par M. le Dr Decorse. . . . . Sur des Culicides du Haut-Tonkin + . Sur l’hypothermie consécutive au travail intense, chez le MOLEUT NUM ANNE SEAL ER AE ANNEE ASE Sur une transformation de la formule de Chauveau . . Essai d'extension de la formule dite de Chauveau aux moteurs animés, à l’aide des études classiques de M. Chau- veautsur laimécaniquelmusculaire ERP MENE CEE Sur quelques conséquences de l'application de la formule delChauveau auxiétres vivants CNE Re Sur quelques conséquences de l'application de la formule de Chauveau aux êtres vivants. . . . . . . . Sur la sporulation du Triactinomyxon . . . . . . . . . . Considérations sur le genre 77 lactose et les Actino- Uyx LATE SA EPA ES ET Re A SO RE . Sur un cas de dissociation des caractère chez le néflier de Bronvaux 2 HUE ERREUR NE SANTO NEA EE . Excitation fonctionnelle dx corps thyroïde, au moyen de TAVONS AIX RAR pet EAN ESA AE SE Le PLay et CorPecaor. Action des néphrolysines. Hérédité des lésions. . . IDANT DES io dla usto LESAGE (J) . LESNE (Pierre). . Physiologie des iséreuses ee NE RER nee Sérum cytotoxique et ophtalmie sympathique . Voir CHARRIN. . Voir GILBERT. Voir CHARRIN. . Toxicité de l’adrénaline en injection intraveineuse pour le (OR ENV AE CAES LE TEE REA RE Es EAN RU EL Toxicité de l’adrénaline en injection intraveineuse pour le CHA ER EE AN ES ARS AE TA PO RAR sie VERRE Action générale de l'adrénaline en injection intraveineuse chez le chien. Influence de la dose. Influence de l’anes- thésie Mécanisme derlamor AE EEE Action générale de l'adrénaline en injection nenabu ee chez:le Chat MINT RL ENS CAT IE arr PE Surlastoxiciténdes Maphtols MANN EN ESC R Toxicité des naphtols « et 8 chez le chat . . . . . . Effets physiologiques du suc paucréatique naturel en ee tion intraveineuse. Action sur la circulation et la respi- PAHLON EL ANT ARNO LIRE RS ALI ANSE CO AP GE A RE Extraitisec dusucipaneréatique een 4e Étude expérimentale des phénomènes toxiques provoqués par lincestion(du naphtol entorse set Modifications urinaires consécutives à l'ingestion dunaphtol. Noir animal contre-poison des naphtols. . . . . . . . . . . Nouvelles observations sur les mœurs de la mouche de l'ASperSe ii EN AE eut ARRET EE SRE etes MEVADITNIS eue Linossier (G.). LIPPMANN (A.). . Losrer (Maurice) . LoisEL (G.). Louproso (U.). LoranD (A.). . . Pages Leturre (Maurice). Varices lymphatiques de l'intestin grêle . . 210 OO NET NAMENC LE ML CS PART ee 435 Sur l’origine des anticorps SSD oIN tes PAPER A EN 880 LEVEN (G.) et Caussane. Augmentation de poids par hydratation simple chez un malade, non brightique, soumis au régime chloruré. 503 . Action du chlorure de sodium sur la digestion gastrique dans les diverses formes de dyspepsie . . . . . . . . . 50: . Voir GILBERT. . Action des vieilles solutions d'adrénaline. . . . . . . 125 Que devient l’adrénaline dans l'organisme?. . , . . . . . 539 Protoxyde d'azote. Action sur la respiration et lac'reulation. 1116 Destruction de l'adrénaline dans l'organisme . . . . . . . 1118 Sur quelques points de l’histologie normale et patholo- gique des plexus choroïdes de l'homme . . . . . . .. 1010 Logper et CANTONNET (A.). Variations du volume de l'œil sous l'influence des modifications de l'équilibre moléculaire du sang 111 Lorper (M.) et Lousre (A.). Recherche des cellules néoplasiques dans le sang. INÉOCYLEMIES NME ARTE NON AA RER a a Us Tarn 153 Voir ACHARD. Voir’Lauxors. . Sur les sécrétions chimiques de la glande génitale mâle (à propos d’une prétendue glande interstitielle du testi- CUIE) A ET A AE CROIS COINS A AE RUE LE Lt : 27 A propos de la communication de MM. P. Bo et AD LD LR EN IS à D PAR RO A LA AE A AS 100 Contributions à l'étude des sécrétions chimiques dans les glandes génitales (suite). Les pigments élaborés par le testicule du/Poule EDEN Re ONCE Nes 40% Les caractères sexuels secondaires et le fonctionnement des testiculestchez latsrenouile mme 0 En 446 Sur l'origine et la double signification des cellules intersti- elles duniesticoler Aie AMENER ERA ER 148 Les poisons des glandes génitales (suite). Recherches sur léstovairessde grenouilleswentest MAAANNENe EN ONEt 504 Les poisons des glandes génitales (suile). — TITI. Recherches comparatives sur les toxalbumines contenues dans AIVERSETISSUS AC NE TENOUIIE PA ONARAPNNPRIENSENEE NE EUR 883 . De l’absorption des graisses chez les chiens avec conduits panCréatiqQues és PAM NAN Annee eee 396 De la lipolyse dans le tube digestif des chiens avec con- duits pancréatiques Nés ANTENNES 398 Sur l'absorption des graisses après l'ablation du pancréas dont les conduits ont été précédemment liés. . . . . . 399 De l'influence des phénomènes lipolytiques dans l’absorp- tion des graisses chez les chiens dépancréatisés . . . . 400 . Les rapports du pancréas (îlots de Langerhans) avec la TPE Ode NRA BR RES AL RAA AT NT LA QU 488 Pathogénie du diabète dans l’acromégalie. . . . . . 594 LorrAr-Jaco (Léon). Influence de la thyroïdectomie partielle sur la ion etHadactationtehez/lanlapine PEAU Re PE 61 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS ASE SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Maine (R.) MALFITANO MALLOIZEL. . \ Manouvrier (L.). . MARCHADIER (L.). . MarcHaLz (Paul). MARIE (A.\. MaRiNEsCO (G.) . MARMOREK (A.) . Marareu (Xavier MavreL (E.). (GE M . Remarques sur la cytologie de quelques Ascomycètes. . . Sur l'existence des corps gras dans les noyaux végétaux. Sur les divisions nucléaires dans l’asque de la morille et de quelques autres Ascomycètes. . Tubes de Mette d'albumine et de gélatine gradués et SE riles. . Sécrétion sous- retire Chez le cn à à dure en nente après la section des nerfs gustatifs. Rae Sécrétion sous-maxillaire du chien après section des en gustatifs. Voir HENRI. Elu membre titulaire . È : La palpation méthodique, comme anne d'étude, ds actions musculaires . Les fonctions du musele du Pose Da Influence entravante de l'alcool dans la Héeniaion a sang Voir BOURQUELOT. . Le déterminisme de la polyembryonie spécifique et le déter- minisme du sexe chez les ee à développement polyembryonnaire . Sur la formation de etes too noyer Ces le Plate . Note sur la rage chez les oiseaux. De quelques propriétés du sérum Sn Caae, . Etude sur les troubles de la sensibilité vibratoire dans lee affections du système nerveux . Sur la dégénérescence des neuro- brille après cie ment et la rupture des nerfs . . à Lésions des neuro-fibrilles consécutives à & are de l'aorte abdominale. . Constatation de la présence de PO lIES tuberculeue Je les liquides par la tuberculine. Réaction précoce . . De la prolongation de l’inexcitabilité en du cœur dans certaines intoxications . à NA ANNE Influence de la respiration donreeno sur Donuneenne ment par la strychnine. chez la grenouille. Réactions du cœur de la grenouille sous l'influence He la chaleur . . Rapport de l'azote Sabah à lo due, avec la ration moyenne d'entretien et ses variations . 3 Evaluation approximative des quantités minima de ohars et de magnésie urinaires, et des quantités minima de ces substances nécessaires à l'organisme dans les conditions de la ration moyenne d'entretien. Evaluation approximative de la Fbaité à minima ac de phosphorique urinaire et de la quantité minima de cette substance nécessaire à l'organisme dans les conditions de la ration moyenne d'entretien. . Pages. 86 136 706 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1157 Pages. MaureL (E.).. . . Evaluation approximative de la quantité minima de soufre urinaire et de la quantité minima de cette substance nécessaire à l'organisme dans les conditions de la ration moyennendientretient}et. TARN UE TER 196 — Nouvelles recherches sur l’action du vêtement sur le co- OO ace a ON EN PAP EE ARS Et En AE APRES 886 — Action du vêtement sur le cobaye tondu . . . . . HOT — Adaptation de la section thoracique à la surface CARE. par rapport au poids, depuis la naissance jusqu’à l'âge AIDE PAR ER A PA RO EL A I A ge PA PR A 980 —— Action du vêtement sur les fonctions digestives chez le GOÏD AN ER PNR NE STE LR pat EDG RER OR 1018 Mayer (André) . . Voir BteRry. = Voir HENRI. Méxérrier et AuBentIN. L'hémoglobine musculaire dans les états anémiques. 870 Mercier (L.) . . . Quelques réactions microchimiques des corps figurés du : RO CO CRAN SEM PEN NE RENE DEAN Sa 824 — Sur la présence du tissu graisseux en rapport avec les taches blanches de la robe chez le jeune chat . . . . . 1052 MÉRIEUX PC Diagnostic de l’intoxication tuberculeuse chez l'homme par l’inoculation sous-cutanée à des cobayes tuberculeux de divers liquidesidel'orsanisme ee En 561 MESNIL... "0 A l'occasion dela note de M..Ch. Nicolle 0. 100000 332 — Voir CACLLERY. Meunier (L.) . . . Nouvelle méthode permettant l'étude de la motricité sto- macale et le dosage des éléments du suc gastrique . . . 18 MEYER (Ed.). . . . Emission de rayons N par les végétaux . . . . . . . . . 12 — Emission de radiations N par les végétaux maintenus à ODS CURE SRE IR eee tan es rene 218 Meyer (Ed.) et Lamgrrr (M.). Emission de rayons N pendant la coagulation CUS SAN DD PE NA Rene AR AIR D nn PR Ne 813 Micuec (Ch.) . . . Voir PATEIN. Mront (GC) MMIDosase du pouvoir hémolytique 0 cLCUe CNE ÿ [Re — Action anticoagulante du sang hétérogène chez le chien. — Modifications de la pression artérielle chez le lapin, par l'injection des globules sanguins de différentes espèces ANIMALES MEME NM ANT E IR RS enr Rs ete 1012 — Voir BATTELLI. Moxcour (Ch.).. . Variations de volume du foie dans le cours de la fièvre UVIDI OT CUS TM Eee ee ee ne ES 42 IMTONTERE PMP IT ER Voir Huox. MoreL (A). . . . Voir CHEnu. Cr Voir Doxon. Moucxer (A.).. . . Voir Perrir. Mourre (Ch.). . . Sur la variation des corpuscules de Nissl dans diverses conditions physiologiques 124.212 MMM 907 — Modifications structurales des cellules nerveuses consécu- tives à l'administration de quelques substances toxiques. 909 Moussu (G.). . . . Le lait des vaches tuberculeuses . . . : . .& : . . . . . . 617 Moussu et CHARRIN. Ostéomalacie expérimentale chez le lapin . . . . . . . . 178 Mucon (Paul). . . Spécificité de la réaction chromaffine : glandes adrénalo- D'ÉTE SE ER Re PE REG Enter AS ANA EU ARTS D DUO à 113 1158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Mucox (Paul). . . Sur une réaction de l’adrénaline i» vitro; son application da létuderdesssurrénales tree ete PEN 1110 MUR ATEMIEEORENE Voir SABRAZÈS. N INA BASES Nouvelle méthode au chlorure d'or pour la coloration TAPIde TUNSYSTÈMENNENVEUX- NAME RENE 426 NaGeoïrtE (J.). . . Note sur la topographie, la forme et la signification de la bandelettetextecmende Pierre MM ONE ENTER 30 Narran-Lauerer (L.). Etude des liquides tuberculeux par la tuberculine-réac- ton indirectes UP rEMEANENE RENE NN SE AN 135 — Les myélocytes basophiles du foie fœtal . . ... . . . . . 682 Niczoux (Maurice). Sur un procédé d'isolement des substances cytopias- MIQUEE STE de ee el ever ler rever ent 0) Ne re ee 70! — Sur le pouvoir saponifiant de la graine de ricin. . . . . . 102 — Etude de l’action lipolytique du cytoplasma de la graine detricin-ACtiontdetla temperature 0 POP ENEUR CE 839 — Etude de l’action lipolytique du cytoplasma de la graine dericin: Vitesse /delsaponifcation MEME NT ENE RANCE 840 — La propriété lipolytique du cytoplasma de la graine de ricin n’est pas due à un ferment soluble . . . . . . . 868 — Éluimembreititulaire. MEMOIRE REA FL O0M096 Nicoras (E.). . . . La tension superficielle de l’urine des herbivores . . . . . 201 NicoLcas (J.) et Courmonr (Paul). Agglutinabilité et pouvoir agglutinogène des cultures liquides de tuberculose aviaire. . . . . . . .. 455 Nicozas (Joseph) et Dumourix. Influence de la splénectomie sur les leucocytes dursangichezile Chien RES ENT ANNEES 1075 Nreor CR ME SuTunerhémogrésarninendu Crapaud MENACE 330 — Sur une hémocrégarine karyolysante de Gongylus ocel- AAC RONA QE ru EAN AE AN NT LS 608 — Sur une hémogrégarine de Lacerta ocellata. . . . . . . .. 912 Nosécourr (P.) et Virry (G.). Modifications des solutions chlorurées sodiques dans les différentes portions de l'intestin du lapin. . . . 642 _— Modifications des solutions de chlorure de sodium à 7 et 20 p. 1000 dans l'intestin grêle du lapin au bout d'un Lémps variable RARES EP 818 NC (Ha) Eee Note sur la sécrétion venimeuse de l'Ornithorhynchus para- COLUS NUE NN PR ee Re ere te ARC Re 451 Onvo et OLuEr . . Recherches expérimentales sur la stéatose phosphorée du AO NE RAT ANR TA CARE ALT EN DRM ed tt Los, D DOME ON 386 — Recherches sur l’intoxication phosphorée expérimentale . 901 P PAGÈs (C.) . . . . De l'abatage des animaux de boucherie. . . . . . . . . . 615 Pacniez (Ph.). . . Voir Camus (Jean). TABLE PAR NOMS D'AUTEURS PalssEAU (G.) . PARISED Me 00 PATEIN (G PELLISSIER (J.). . Pérez (Ch.). . PerrauD (Joseph). Perrier (Auguste) Perrir (Auguste) et Geax (Francois). . Voir AcHaRp. . Influence de l'injection du suc pancréatique dans la veine porte.sur la disparition du glycogène du foie. , . . . . .) et Micxez (Ch.). Contribution à l'étude de l'aibuminurie de Bence- Jones À MONO BIOMIOMONECELS ED IONIOMMOM TENTE OC MONO OO LCNORIONO/0 . Voir RAYBAUD. . Sur les larves d'hydrachnes OMDE CDMOMMOMOUED MID OLA ED FUO0C/NIOND Sur les Phlæœa, Hémiptères mimétiques de Lichens . . . . Sur les sphères de granules dans la métamorphose des MSN AMEN CHE AE LE CE VA AE ES SES Résorption phagocytaire des spermatoïdes chez les Tri- Digestion intracellulaire des nymphale des muscides Sur la perception des radiations lumineuses chez les ne lons nocturnes et l'emploi des lampes-pièges. . . . . . sarcolytes dans l Poe se . Remarques anatomiques sur le foie de l’Alligator lucius Cuv. Sur la production expérimentale de la pyknose. . . . . . Sur un cas de leucoplastie vaginale chez la Guenon mone (Cercocebus mona. Schreb) Sur la glande cloacale du Caïman (Jaca- mrtroletite entier perrienre lei ferteilate relinga sclerops) . . . . . NI MOLS VO MO MON OO TON CMCMONNIOENMCEMRO ETC Pevrir (Auguste) et Moucuer (Albert). Sur un lymphadénome à évolution irré- Repunne (VAR) EL PHILOGHE (Ch.) PHISALIX 20 Prot Bey (J.- Prrres (A) . Porcer (Ch.). . POsTERNAK (A.) . Pozersxi (E.) . PRENANT (A.) BA ANIME Se MOD OMIS MAMAN EU SPRU ESP ne eee) On eo CN SNS . Voir BIERRY. . Etude sur la loi d’ action de la maltase. Constance du fer- Etude sur la loi d'action de la maltase. II. Nouvelle preuve derlaconstance duMerment Ep RAT DEN ENCORE OP Voir HENRI. Attaques épileptiformes et zone épileptogène chez un CODE NE NN Ce PA SR LR ET AE CU US. 0 Influence des radiations du radium sur la toxicité du venin TEVIDÈTE EME RATE eSATA Ra Recherches sur les causes de l’immunité naturelle des vipères et des couleuvres DO LREIUNIO MON TO . Hyperthermie cadavérique dans la malaria bovine . . . . . L'ymphocytose du liquide céphalo-rachidien dans trois cas de névralgie du trijumeau else Montre lle te tlionterde elfe is)/reNNe WSurlatréactiontde l'urine de: vache. NM MCE . Voir GILBERT. . Voir DELEZENNE. Voir FRoUIN. . . Sur la structure des cellules épithéliales intestinales de DS TOMUMMNEPALICUMEN NIET EN EE R Ramon x CasaL (S). Trois modifications pour des usages différents de ma mé- thode de coloration des neuro-fibrilles par l'argent ré- eee tenter Ne lis er lele nie Mere bris le tre Pages. 1160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Ramon y CaJAL (S.). Variations morphologiques du réticulum neurofibrillaire dans certains états normaux et pathologiques. . . . . . 312 Ramoxp (F.). . . . La desquamation de l’épithélium de l'intestin grêle au cours delasdisestion. MATIN ENTER ENER 171 — Aocjubiration (des ieraiss es PME RCE RNCS 353 Ramoxo (F.) et FLaxprin (F.) De l'absorption des graisses dans l'intestin grêle. 169 RawBaun (A.) et PELLISSIER (J.) À propos du pouvoir hémolytique in vitro du D AE MDE STE UE PTE MARNE 318 Raygaup (A.) et VERNET (L.). La formule hémoleucocytaire du nouveau-né OA nel MENT MOIS EIRE One dE OCT Oo MO MEN S ol © 0 D40 — Splénomégalies chroniques avec anémie chez le nourrisson. 688 RayBauD (A.; . . . Voir GAUTHIER (J.-C.). Renxs (Jules). . . Action des vapeurs de formol sur divers anticorps et anti- DÈNES LA LÉ LAL,S CL ANNE EME se Etre PAL EPE E 64 — Sur les propriétés antihémolytiques des sérums normaux. 65 — Contribution à l’étude de l'immunité acquise contre l'abrine. 329 — Sur le mode d'action des cytotoxines in vivo . . . . . . . 609 — Tétanotoxine, carmin, bétaïne. Faïts et commentaires. . . 692 RemLiNGErR (P.) . . Absorption du virus rabique par la muqueuse pituitaire. . 41 — Rage expérimentale de la souris et du rat . . . . . . . . 42 — La salive d'un homme atteint de rage est-elle virulente ?. 107 — Le virus rabique traverse les bougies Berkefeld N et W. . 150 — Contribution à l'étude de la toxine rabique (faits expéri- MENTAUX) EMEA Se RITES Te ts AN SAR QE TS - 346 — Contribution à l'étude de la toxine rabique (faits cliniques). 348 RENauT (J.). . . . Sur le mode d'administration de la macération du rein. . Qu — Sur les fibrilles conjonctives (Réponse à M. P. Zachariadès). 178 — Sur une espèce nouvelle de cellules fixes du tissu conjonc- * tif; les cellules connectives rhagiocrines . . . . . . . . 916 Les cellules fixes des tendons de la queue du jeune Rat sont toutes des cellules connectives rhagiocrines. . . . 1067 Rerrerer (Ed.) . . L'influence du milieu sur l'évolution de la cellule épithéliale. 1000 — Réactions du tégument externe à la suite d'un seul décol- : lementiSoUS=CULANÉ MEME NE PE IC NC OP RE 1077 RipapEau-Duuas (L). Voir Risr. RTBIERREM eee Voir VAQUEZ. Ricnarpson (Harriet). À reply to certain criticisms of prof. Alfred Giard res- pectinowthe Bopyrids PME RENE UE 856 Ricrer (Charles). . Études sur la fermentation lactique. I. De l'action soi- disant antiseptique du chloroforme et du benzène. . 216 — Études sur la fermentation lactique. II. Effets de la fluo- rescence sur la fermentation lactique. . . . . . . . . . 219 — Des effets prophylactiques de la thalassine et anaphylac- tiques de la congestine dans le virus des actinies. . ° 302 — Nouvelles expériences sur les effets prophylactiques de la thalässine #20 4er Te ce NA A re 115 — De la thalassine pruritogène chez les crevettes (crangon). T11 RicHon (L.) et JEAxDELIZE (P.). Influence de la thyroïdectomie sur la lactation chez la lapine. Effets de la thyroïdectomie sur la lapine ALES AU PINELNNAEL RE SUB ERR SERA tr RE RE RES 19 — Thyroïdectomie et accidents aigus au cours de la gestation Chez Une ADINe) MEME AAC IT USE ERNRERE Aie de 22 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS a mo mm mememmermnememmemmeem=e RICQUIEr, .L. . . . Noir GÉRARD: RrerscH. . . . . . Caféine et bacilles typhique et coli. . . . . .. — Typhique et coli. ne — Sur la séparation du tre el on Ro Dr la re Chamberland (procédé Cambier). . . . . . . . . Riesrcn et Gavarp. Sensibilité du bacille typhique à Deste ozonisé. pute Risr (E.) et Risaneau-Dumas (L.). Rôle de la rate dans l’immunisation expéri- mentale contre le taurocholate de soude . ; : — Augmentation du pouvoir antihémolytique du an bre main dans l'ictère . . . Ropet (A.), LAGrirrouz et Wangy (Aly). La ne Sabie Ati Seine d’ Eberth. — La toxine du bacille d'Eberth. AC rc RosenxrHAL (Georges). Culture des anaérobies mOnÈnes en Gb noie le tube cachetélétranplé ee mu Sue RosEnTHAL (Georges) et CHAZzARAIN (Paul). Effets cashanfeunts tes ae de MÉNTÉROCOQME LM AN UE ES D ENTREE EEE RE RoucGgr (J.). . . . Trypanosome de la ae : son inoculation aux souris et aux rats. — Liquide céphalo- SR HE ls génisses vaccinifères . Rurrer (Marc-Armand) et Micron CRENDIRoPOuLO. Note sur les sérums antihé- AO VE CE SE M TEE SABARÉANU (G.) . . Voir GARNIER (M.). SaBrAzÈs (J.) et Murater (L.). Trypanosome de l'anguille. — Processus de di- vision . — Vitalité du D dé ul en de Sc ociee humaines et animales. Osmonocivité de l’eau. SALMON (Paul). . . Recherches expérimentales sur l’inoculabilité de la gomme SYPRIEIQU'E CHAN pres — Syphilis expérimentale de fa cornée . — Syphilis expérimentale de la conjonctive . : Scamirr (Ch) . . . Existence de ferments oxydants et réducteurs dns Di peau. Leurs rapports avec la formation des pigments. L SELLIER (J.). . . . Sur le pouvoir amylolytique du sang des poissons et des CRUSTACÉS NU APE SENCERT (Louis). . De l'ouverture large de la eve 6 en ne bastion cique EXPÉRIMENTAIC EN ENPENEAPRENE NT SsrGext (Edmond et Étienne). Note sur les Acariens parasites ét re — Note préliminaire sur une Trypanosomiase des Droma- dires d'Al ÉTIENNE DU nu Sur un Trypanosome nouveau, parasite de ie no ile verte : a 661 toire Ê = Sur une Hémogrégarine, menserte de Testudo den. _ Sur les Hématozoaires des oiseaux d'Algérie . 6 Eu Seconde note sur une trypanosomiase des romanes GE OT Me AEAE ARS AMEN SEURAT (G.). . . . Sur les Méléagrines de lagon de De Crest : us Sur la biologie des huîtres perlières et nacrières des îles CANADIEN EE RE Re 1162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. STORE NE . Névralgie du trijumeau et ponction lombaire. . . . . . . 357 SiGALAS (C.). . . . Sur la constance du volume de quelques liquides orga- niques pendant laicoasulation NPA PEN PIERRE 18% SINÉTY (DE) . HOUvIATeRO MENACE PRE SR MO AMEL 0 à à 476: Spiess (Camille). . Sur les différenciations épithéliales du tube “ges d'Hæmopis San gquistot NORME NME NOIRE 695 SPILLMANN (L.) . . Voir GuiLLoz. STEPHAN (P.). . . . Existe-t-il des lésions constantes ie les poissons pêchés a ladynaniitier den een NES MER) PEER 128 — Remarques sur le tissu conjonctif d'Aplysia punclala. . . 1097 STERN (L.) . . . . Pouvoir hémolytique du sérum sanguin normal chez diffé- rentestespeCces animales APE PEER NE RENE 309 STOLEL (G.). . . . Voir HENnrI. T TERROINE (E.-F.). . Etude sur la loi d'action de la maltase. Influence de la concentration du maltose sur ne vitesse d'action de la MA lLASE SN ALT AUTEUR USE Ne Are Jet RS 495 — Voir HExei. THaon (Paul) . . . Le liquide céphalo-rachidien dans la variole . . . . . : . 41029 Turerceuin et JouxAup (L.). Variations morphologiques et structure du bacille ÉVPHIQUE RUES NTSC NP EE 155. Tissor (J.) . . . . La respiration dans une atmosphère dont l'oxygène est considérablement raréfié n'est accompagnée d'aucune modification des combustions intraorganiques, évaluées d'apres estéchangses respiratoires AE ER 816. — Les combustions intraorganiques sont indépendantes de la proportion d'oxygène contenue dans le sang artériel; la respiration dans une atmosphère à oxygène fortement raréfié provoque un abaissement considérable du taux de l'oxygène dans le sang artériel, mais ne modifie pas la valeur des échanges respiratoires . . . . . . . . . . Toucouse et DamayEe. Valeur de l’hérédité collatérale similaire en pathologie. TouLouse (Ed.) et Vurpas (CIl.). Note sur les conditions et les caractères de la HÉMEE ÉMOLVE NT CNRS ETES NU EAP TRIBONDEAU . . . Sur les enclaves contenues dans les cellules des tubes contournés du rein chez la tortue. étudiées comparati- vement'enniétéMe ten dNIver MENU MRILLATN A) AA Con del latiormaldényde sunile later Mere Eee — Présence de la formaldéhyde dans l'air. . . . . . 0 TrouessarT (E.-L.). Sur la coexistence de deux formes d'Hypopes dame une même espèce chez les Acariens du genre Tricholarsus. — Deuxième note sur les Hypopes du genre Trichotarsus . . _— Sur le mode de fécondation des sarcoptides et des tyro- ARS NOM AUS à OO ARMES GS or 0 0 00 © 0 Troussainr . . . . Procédé simple pour mettre en évidence le colibacille dans les eaux qui le renferment en très petite quantité. . 304, Tur (Jean) . . . . Contributions à la théorie des polygenèses. . . . . . .” 319 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS V Vaovezet Auger. Nature de l’anémie splénique myéloïde. . . . . . . Vaouez et Risrerre. De la résistance du sang dans l’ictère et au cours AE te munisation contre le taurocholate de soude. . . VasiLescu. . . . . Cultures homogènes du bacille tuberculeux. . - VasseL (E.). . . . Sur la question de l’acclimatation de la mère-perle . MERDUNR MERCI Procédé de coloration de l’amibe de la dysenterie et des DCS LUN TOlEr = UM CAT PENSE RER — Sur quelques caractères SPéciiques de Tamibe de la dysen- terie et des abcès tropicaux du foie (Amæba coli Loesch). VERNET (L.). . . . Voir RAyBAUD. VizzarD (Jules). . À propos d’une prétendue chlorophylle de la soie — Voir GAUTIER (A.). NOT AREN NEA Voir CLAUDE. Vice (J.) et DERRIEN (E.). Conditions d'application du procédé de Mohr dans JetdosaserduChloreurinaite NEC Vincent (H.) . . . Influence du régime alimentaire hyper ou Oo ennne Subtlelchimismenstomacal et PE RUES — Etiologie de la stomatite ulcéro-membraneuse nel — Élumembrentitulaires (24: PAIE EEE Un Annre — Influence favorisante du chlorure de sodium sur certaines TE CULONS EN EMENNEE Virav (G:) . - . . Voir NoBécOURT. ÆNurpas (CL) : . . Voir TouLousE. W WanBy (Aly) . . . Voir Roner. WVaHLEN (E.) . . . Vaccination spontanée au cours de la tuberculose . — Propriété vaccinante de certaines cultures filtrées de tuber- CUIOS ENNEMIS REA TETE LT LA AC CRE SR — Nucléine oran Sécrétée par le microbe de la tuber- culose. NT Me OP nn TNA Al des S Aa 5 — La nucléo- = oicue ‘des cultures de tuberculose et sa dérivée iodique . . Weser (A.). . . . Voir FERRET. Wei (Emile) et Crerc (Antonin). Note sur la splénomégalie avec anémie et TA ÉTÉ CALE NAS ete TR De Ne Pete eee OA EAU Werner (Alexis). . Sur la toxine ne par le bacille typhique: — Sur un nouveau procédé pour exalter la virulence du en repedierres (ele lente ete Melbretnie Merle; /ifs bacilletyphique- ere nel A SN NE WERTHEIMER (E.) et Dugois (Ch.). Des effets antagonistes de Frenine et de la physostigmine sur la sécrétion pancréatique . . . . . . Wipaz (F.) et JAvaL (A.). Variations de la chloruration et de l'hydratation de NorsanismessonerermeR ere EU — Parchlonurémienras rique Men PP AN Rens WinTREBERT (P.). . Sur la position des centres nerveux néllenes de la queue chez les larves d'Anoures. Etude expérimentale. . . . . — Sur la limite des zones périphériques d’innervation réflexe des centres nerveux dans la queue des urodèles . . . . 1163 Pages. 582 1164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. WinTREBERT (P.). . Sur la régénération des membres postérieurs chez l'axolotl adulte, après ablation de la moelle lombo-sacrée . . . . 725 NWLAERD M ETransmrission de lMmMUNILE EE PRESENT NAN RS O7 NVUREZ 1.0.1. Voir BRUMPT. É Mune (Emile) #0Surile sens olfactiide l'ESCars ot MEN 201 Z ZacnarrADÈs (P.-A.). Sur la structure de la fibrille tendineuse adulte et sur l'origine de la substance collagène . . . . 102 — Sur la structure de la fibrille tendineuse adulte sur Vo ori- gine de la substance collagène (Réponse à MM. Renaut et Lapuesse) 00 RP SOREE — Sur la nature des Hornet nee Fibrilles Co Nantes sanst:collagènes tete One PE RNRNe NRRS lE ERRATA P. 22, ligne 17, au lieu de : 3 kil. 608, lire : 3 kil. 600. P. 23, ligne 35, au lieu de : 9 kil. 930, lire : 3 kil. 930. P. 37, ligne 8, au lieu de : ne se portassent, lire : ne me portassent; — ligne 11, au lieu de : apportée, lire : apportées. P. 38, ligne 5, au lieu de : orange, poivrier, lire : orangé Poirier, LI. P. 579, lignes 10, 11, 17, 27, 28 et 36, au lieu de : 0 kil., lire : 0 gr. P. 582, ligne 23, au lieu de : céphalisation totale d'un organe transitoire, lire : céphalisation locale des centres nerveux dans un organe transitoire. P. 836, au lieu de : Réunion biologique de Bordeaux, lire : Réunion biologique de Marseille. P. 847, ligne 33, au lieu de : supprimer, lire : supposer. P. 951, 2° colonne, lignes 23 et 25, au lieu de : Salomon, lire : Salmon. P. 953, lignes 34 et 35, au lieu de : l'adrénaline paralyse les muscles striés, lire : l'adrénaline paralyse les centres nerveux qui commandent au lissu musculaire strié. P. 1056, ligne 6 et 7, au lieu de : et dans un cas de paralysie saturnine, je l'ai ob:ervée pour l'excitation mécanique des muscles, lire : et, dans un cas de paralysie saturnine, je l'ai observée pour l'excitation mécanique des muscles. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Casseite. BL WHOI Library - Serials ÿ ': th sé Le Wa ca #g is ANT tn SRE LATE at KA! Ets HAEAR ou } CE 4" + Ë f ff GC vi RRQ F AA H HE fin LAS i él AAA $ !, \ pi RAI 4 Le BANE i ! NHpra 2e TA ê + k AATHATHU FL RAS Et AA NP sx, (s ADOPTE MARIE UC PET en 1! AA SE VAN AUTANT dép HAINE 2 DE CT ASTUA DAS A toi ï É Fr EU 4 {: NS 74 dt A YOMENTE \ æ # 14004 bi Le MAO NAT F 114 SU ol 158